Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude des projets de loi nos 37,11 et 23
(Dix heures quarante minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires sociales est réunie pour faire
l'étude article par article, après l'adoption en deuxième
lecture, des projets de loi nos 37, 11, 23 et 42. Les membres de la commission
sont: M. Boucher (Rivière-du-Loup); M. Charron (Saint-Jacques)
remplacé par M. Laberge (Jeanne-Mance); M. Clair (Drummond), M. Forget
(Saint-Laurent), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M. Grenier
(Mégantic-Compton); M. Lavigne (Beauharnois) remplacé par M.
Beauséjour (Iberville); Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly);
M. Marois (Laporte), remplacé par M. Rancourt (Saint-François);
M. Martel (Richelieu) remplacé par M. Gagnon (Champlain); Mme Ouellette
(Hull); M. Paquette (Rosemont) remplacé par M. Lévesque
(Témiscouata-Kamouraska); M. Saindon (Argenteuil), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier), M. Shaw (Pointe-Claire).
Je vous suggérerais de nommer M. Gosselin (Sherbrooke) comme
rapporteur des travaux de cette commission. Est-ce que cette proposition est
acceptée?
M. Saint-Germain: Accepté.
Projet de loi no 37
Le Président (M. Marcoux): Accepté. D'abord nous
allons commencer, selon l'ordre de l'Assemblée, à étudier
le projet de loi no 37, Loi modifiant la Loi de l'assurance-maladie. Avant
d'entreprendre l'étude, article par article, est-ce que M. le ministre a
des choses à dire?
M. Lazure: Oui, M. le Président, simplement
présenter les collaborateurs. Mme Pelletier qui est chef du contentieux
au ministère des Affaires sociales; M. Jean-Paul Brulotte,
secrétaire adjoint; Me Lafrance, du contentieux de la régie; M.
Moc-kle, de la régie aussi, adjoint au directeur général,
et Me Julien de la Commission des affaires socia-les. Cela va, M. le
Président, je n'ai pas d'autres remarques. Il s'agit d'un projet assez
simple, qui contient seulement une demi-douzaine d'articles, exactement six
articles. Je n'ai pas de remarques préliminaires autres que celles que
j'ai faites en Chambre, en deuxième lecture, l'autre jour.
M. Saint-Germain: M. le Président, il me faut tout de
même remarquer que nous avons pris 40 minutes pour avoir assez de
députés pour former le quorum.
On s'aperçoit qu'il est difficile de siéger
l'été, surtout par ces belles journées où tout le
monde voudrait bien profiter de l'été et des vacances. De toute
façon, je regrette cette perte de quarante minutes. Je dois dire tout de
suite qu'il n'appartient pas à l'Opposition de voir à ce que le
quorum soit atteint, mais de toute façon, nous aurons probablement le
temps dans les heures qui vont suivre de terminer l'étude de ces projets
de loi.
M. le Président, en ce qui concerne l'article 1, je ne sais pas
si on ne devrait pas commencer par faire des...
Le Président (M. Marcoux): Je demanderai à M. le
député de Pointe-Claire, s'il a des remarques
générales à faire.
M. Saint-Germain: C'est justement le sujet que je voulais...
C'est tout ce que je voulais vous demander, M. le Président, à
savoir s'il serait mieux de commencer par des remarques générales
ou... D'une façon générale, je crois bien que pour tout
homme public et tout député, il est difficile de s'opposer
à une telle loi, pour la bonne raison qu'il n'est pas facile de refuser
aux personnes de 65 ans et plus, surtout dans un temps d'inflation comme celui
que nous vivons actuellement, lorsqu'on reconnaît si bien la
difficulté des gens de 65 ans et plus qui sont obligés de vivre
soit de leur pension, soit des revenus de leurs économies, lorsque,
surtout, on considère le coût des logements et le coût des
maisons unifamiliales si lourdement taxées, il est difficile, dis-je,
pour un homme public de refuser à ces personnes l'aide que ce projet de
loi peut leur procurer.
Il reste tout de même, M. le Président, que d'une
façon générale, et surtout ici dans la province de
Québec, le budget du ministère des Affaires sociales est
écrasant. Le ministre en sait quelque chose et, comme ses
prédécesseurs, je ne doute pas qu'il fasse tous les efforts pour
essayer de restreindre les coûts de notre politique de
sécurité sociale, et ceci, à tous les niveaux.
Dans Québec, il y a très peu d'années que nous
avons un régime d'assistance sociale et une politique sociale aussi
structurée.
Bien souvent ce régime de sécurité sociale s'est
établi au rythme des campagnes électorales. Je m'explique. Dans
toutes les campagnes électorales, il y a toujours des promesses qui se
font par les différents partis afin d'améliorer ce régime
ou, du moins, afin de rendre ce régime de plus en plus
généreux. Il est facile, lors d'une campagne électorale,
d'essayer d'attirer la sympathie des gens en leur promettant des avantages
personnels et souvent des avantages qu'il serait plutôt difficile de leur
refuser surtout pour ce qui regarde une législation comme celle que nous
étudions ce matin.
Bien souvent ce régime s'est établi par étapes,
sans nécessairement de philosophie de base pour sous-tendre toutes ces
législations et toutes ces politiques. On s'est vite aperçu que
ce régime est de plus en plus lourd, dispendieux et qu'il est une des
causes principales de la lourde taxation qui a cours actuellement dans cette
province.
C'est entendu que dans un temps d'inflation et lorsque l'économie
progresse, tout ce phéno-
mène est masqué par les revenus qui augmentent
constamment, même sans augmentation de taxe, au niveau de la
taxation.
Il en reste que lorsque la situation au point de vue économique
devient difficile, comme par le temps que nous vivons aujourd'hui, les
difficultés qu'on rencontre pour acquitter les coûts de notre
régime de sécurité sociale sont très
marquantes.
On a vu le gouvernement obligé de s'astreindre au point de vue de
l'investissement, on a vu le budget conçu de façon très
conservatrice, on a vu un budget qui limite énormément les
capacités du gouvernement à combattre le chômage et le
manque d'emploi qui existe actuellement dans la province de Québec.
Ce budget corsé est probablement encore une des causes les plus
évidentes des coûts très lourds de nos politiques sociales
et de nos politiques en éducation. Ce projet de loi a été
promis par le gouvernement qui est aujourd'hui au pouvoir et, comme les autres,
il essaie de faire face à ses responsabilités ou, du moins,
à ses promesses, et nous voilà aujourd'hui avec cette loi
modifiant la Loi de l'assurance-maladie. On entend souvent dire qu'en politique
plus cela change plus c'est pareil!
Ceci dit, il reste que ce projet change profondément la
philosophie qui sous-tendait la distribution des médicaments par le
ministère. Auparavant, on fournissait les médicaments aux
personnes qui, pour des raisons diverses, ne pouvaient pas se les procurer.
Aujourd'hui, en ce qui regarde au moins les gens de 65 ans et plus, la
gratuité des médicaments sera généralisée.
C'est dire que même si ce citoyen de 65 ans et plus est millionnaire on
peut vivre très luxueusement, indépendamment de cette loi, il
aura droit, lui comme les autres, comme il aura droit, d'ailleurs, à sa
pension de vieillesse, à la gratuité des médicaments.
Il arrive enfin que des personnes qui travaillent, qui peinent dur mais
qui ont un revenu minime relativement à leurs obligations de famille
seront obligées de payer pour leurs propres médicaments et, de
plus, des personnes qui ont 63, 64 ou 65 ans ou même en bas de 60 ans qui
vivent de leur travail mais qui ont énormément de
difficulté à joindre les deux bouts, devront elles aussi payer
leurs médicaments. Il arrive même que, dans certaines familles, on
soit obligé de payer de l'impôt sur le revenu, même si les
revenus familiaux sont juste suffisants pour joindre les deux bouts.
Dans certaines familles, on sera obligé de payer pour
défrayer les coûts de cette loi et pour des médicaments qui
seront nécessairement remis à des personnes qui,
financièrement, avaient les moyens de se les payer. C'est dire que cette
loi augure d'une nouvelle philosophie qui fera qu'avant bien longtemps les
médicaments, en toute justice, vont devenir gratuits pour tout le
monde.
Ceci concourra dans l'avenir à augmenter les budgets de
l'assurance-maladie ou du ministère des Affaires sociales. C'est la roue
qui tourne. C'est le même processus qui continue. Ce sera certainement
moins alléchant pour les travailleurs, pour la petite et moyenne
industrie, pour tous ceux qui sont obligés de payer un impôt qu'on
dit actuellement trop lourd et tellement lourd qu'il peut être un
inconvénient sérieux au développement industriel et
financier de cette province.
Ceci dit, M. le Président, j'aimerais demander au ministre si des
études ont été faites pour établir le revenu moyen
des gens de cette tranche de 65 ans et plus qui recevront, maintenant, les
médicaments gratuitement. Il faut bien penser que la majorité,
que les deux tiers de ces citoyens sont déjà couverts, mais c'est
couvert sur une base sélective relativement à leurs moyens. Le
tiers qui n'est pas couvert, actuellement, ce sont des gens qui n'ont pas le
droit de recevoir le surplus de pension de vieillesse parce qu'ils ont
déjà des revenus personnels. J'avoue, humblement qu'on peut bien
ne pas être qualifié pour recevoir un surplus de pension de
vieillesse et ne pas avoir les moyens financiers pour se procurer les
médicaments que l'état de santé de certains citoyens
exige. Il y a aussi, parmi tous ces gens, des gens, comme je le disais tout
à l'heure, qui peuvent se passer de cette aide. Est-ce que des
études ont été faites là-dessus relativement au
revenu des gens qui vont être, si vous voulez, aidés par ce projet
de loi no 37?
M. Lazure: M. le Président, je n'ai évidemment pas
les chiffres en main. Des études ont été faites pour les
revenus des personnes âgées de 65 ans et plus.
On peut essayer de les procurer au député
éventuellement. Mais, chose certaine, comme le député le
dit lui-même, des personnes âgées de 65 ans et plus qui sont
riches au Québec, il y en a très peu. Dans bien des cas, pour
payer des médicaments au prix où ils sont aujourd'hui et avec
l'incidence des maladies chroniques chez les personnes âgées, il
faut pratiquement être riche pour payer des médicaments à
l'année longue, pendant plusieurs années. C'est pour cette raison
qu'on a cru bon de ne pas imposer des frais modérateurs pour ce groupe
de citoyens.
Il y a au-delà de 170 000 personnes. On a le nombre de personnes
touchées, mais on n'a pas les revenus ici à portée de la
main.
M. Saint-Germain: II y a des études qui ont
été faites là-dessus, tout de même?
M. Lazure: II y a des études qui ont été
faites, comme c'est le cas pour toutes les tranches d'âge, sur les
revenus, mais elles ne sont pas disponibles ici aujourd'hui. On va en prendre
note, on pourrait essayer de vous les procurer.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous pourriez nous les procurer sans
trop de difficulté? Il y a tout de même une portion de cette
troisième tranche des personnes de 65 ans et plus qui sont
déjà couvertes par les laboratoires, les pharmacies et les
services pharmaceutiques qu'il y a au niveau des hôpitaux, dans les cas
d'un revenu minimum, où les coûts des médicaments, comme
vous venez
de le dire, sont extravagants relativement au revenu de ces personnes.
Elles sont déjà couvertes, ces personnes, avec nos lois
actuelles.
M. Lazure: Ce n'est pas selon les revenus de la personne, c'est
plutôt selon le type de médicaments. Par exemple, il y a des
médicaments qui sont particulièrement dispendieux pour des
maladies chroniques. Peu importe l'âge de la personne ou les revenus de
la personne. Cela peut être un enfant, un adulte. A ce moment, c'est
fourni gratuitement par les hôpitaux; fibrose kystique, tous les
médicaments psychotropes, les médicaments tranquillisants, les
médicaments utilisés en psychiatrie, et certains autres
médicaments qui doivent être donnés à des malades
chroniques. Ceux-là sont accessibles dans les pharmacies
d'hôpitaux, gratuitement, pour tous les âges, et tous les
revenus.
M. Saint-Germain: Avez-vous fait une étude aussi pour
savoir le nombre de ces personnes qui vont être couvertes maintenant
directement par le projet de loi qu'on nous présente aujourd'hui?
M. Lazure: Encore là, je n'ai pas les chiffres à
portée de la main. Sur les 170 000 personnes qui vont être
couvertes, j'oserais dire que le pourcentage pourrait se situer autour de 15%
environ, qui reçoivent, soit des médicaments psychiatriques ou
des médicaments rattachés à d'autres sortes de maladies
chroniques.
M. Saint-Germain: J'ai terminé, M. le Président. Je
ne sais pas si mon collègue a d'autres choses. Il a probablement quelque
chose à ajouter.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci. Premièrement, je voudrais féliciter
la Régie de l'assurance-maladie pour le système américain
qu'elle a établi, depuis quelques années, dans la province de
Québec. En tant que personne nommée, parmi les membres de ma
profession, pour étudier le système d'assurance-maladie dans
beaucoup de pays du monde, dans les autres provinces du Canada, j'ai pu
constater que notre système américain est le plus efficace, celui
qui donne le plus de protection et celui qui dispense la plus étroite
surveillance au monde.
J'ai même pu constater que parmi les provinces du Canada, c'est
notre province qui offre le plus de services. Nous avons en même temps
conservé la qualité des services; quant au service hospitalier,
c'est une autre question. Je parle, surtout, de la Régie de
l'assurance-maladie elle-même. Il est évident que le
système d'administration a été efficace au point qu'il n'y
ait pas de question. L'utilisation de la carte, les formules de
réclamations bien étudiées, les codes de service
rodés à fond facilitent la communication entre les professionnels
et la régie. Donc, cet ensemble diminue les problèmes de
communication. La surveillance est aussi importante.
Je crois que la chose la plus importante est le système
d'augmentation des services d'une année à l'autre. Voilà
une preuve que l'Etat a accepté ses responsabilités en regard des
questions de coûts de services qui sont rendus. C'est pour cette raison
que nous pouvons dire que, chaque année, il n'y a aucune régie de
l'assurance-maladie au Canada qui peut démontrer des profits, même
avec des paramètres qui sont établis pour donner ces
services.
Alors, M. le Président, je crois que c'est aussi important, comme
député, de temps en temps, de faire face à ses
responsabilités et de dire que quelque chose marche bien et de constater
que les projets de loi qui sont présentés pour améliorer
ce présent système sont en règle avec la situation
actuelle.
Je peux même constater que les principes qui sont impliqués
dans ce projet de loi sont des principes avec lesquels je suis totalement
d'accord. Premièrement parce qu'une assurance-maladie doit couvrir tout
le monde également. Il y a certaines personnes qui n'ont pas
accès à ces services, parce qu'elles ont travaillé toute
leur vie, et même dans leur période de retraite, elles doivent
encore payer une différence parce qu'elles ont fait leur ouvrage comme
il faut avec efficacité. Deuxièmement, c'est évident que
tous ont un style de vie qu'ils ont développé, dans toutes leurs
expériences, et à un moment donné ils arrivent à la
retraite et c'est triste qu'ils soient exclus du système parce que leur
revenu était plus élevé que la normale.
Le nombre de personnes, comme l'a dit le ministre, qui ont ces revenus
est assez petit, dans la province. Le coût d'administration pour les
exclure est plus élevé que ce que nous pouvons épargner en
les enlevant du programme. Mais pour le principe, pour ceux qui ont
travaillé toute leur vie pour avoir une période de retraite digne
qui paient chaque année des contributions au régime
d'assurance-maladie, c'est juste que tout le monde soit traité
également grâce à un programme comme celui que vise ce
projet de loi.
M. le Président, je crois qu'il y a quelques articles sur
lesquels nous avons besoin d'explications, mais pour ma part, et je peux dire
de la part de mon parti, j'appuie totalement le concept de ce projet de
loi.
Le Président (M. Marcoux): On peut maintenant passer
à l'étude article par article. Article 1.
M. Saint-Germain: Adopté.
M. Shaw: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 2.
M. Saint-Germain: Au sujet de l'article 2, M. le
Président, je suppose que ces médicaments seront ceux compris sur
la liste qui sert actuellement...
M. Lazure: C'est exact, oui.
M. Saint-Germain: Je me souviens qu'au tout début de
l'application de la première loi concer-
nant les médicaments il y avait une liste de 250 ou 300
médicaments, je crois, qui avait été établie au
tout début. C'était un nombre bien peu considérable.
M. Lazure: M. le Président, je peux en parler en
connaissance de cause parce que j'ai été artisan de la
préparation de la liste des médicaments à l'origine; j'ai
même siégé au conseil de pharmacologie. La liste que nous
avons actuellement, nous en sommes rendus à la douzième
édition puisqu'on fait une édition aux six mois, est exactement
la même que la première édition. C'est-à-dire, par
conséquent, que la plupart des médicaments qu'on y trouve
actuellement s'y trouvaient à la première édition, sauf
les quelques médicaments nouveaux qui sont apparus sur le marché
depuis.
Une Voix: Combien environ?
M. Lazure: 2500, ce qui peut faire 4000 produits parce que, quand
on parle de médicaments, c'est différent de ce qu'on appelle un
produit pharmaceutique.
M. Saint-Germain: Je vous dis de mémoire, je croyais que
le nombre de médicaments qui avait été admis au tout
début était beaucoup moins considérable, du moins la liste
des médicaments qui étaient absolument gratuits.
M. Lazure: Non. La première liste de médicaments a
été mise en vigueur, en août 1972 avec l'implantation du
programme des médicaments pour les bénéfices de l'aide
sociale. Si l'on regarde la deuxième édition, quand on compare
les deux, ce sont les mêmes médicaments sauf ceux que les
compagnies ont retirés du marché et les quelques
médicaments nouveaux que vous avez sur le marché.
M. Saint-Germain: Non, pour les médicaments
composés au début, il me semble qu'il n'y en avait pas. Il n'y en
a pas plus maintenant.
M. Lazure: II n'y en avait pas et il n'y en a pas plus
maintenant. Au début, on avait 4% des médicaments composés
et, aujourd'hui, c'est à peu près le même pourcentage.
M. Saint-Germain: II me semble que c'est une liste suffisamment
longue, si vous voulez, pour permettre à n'importe quel médecin
de pratiquer en toute liberté. Seulement, je remarque que plusieurs
médecins ne semblent pas accepter cette liste ou prescrire très
souvent en dehors de la liste, ce qui oblige les gens à faire des
déboursés, n'est-ce pas?
M. Lazure: L'information que nous avons à la Régie
de l'assurance-maladie est que la très grande majorité des gens
obtiennent des médicaments de la liste. Ce qu'on a demandé aux
personnes, c'est: Dîtes à votre médecin ou à votre
dentiste ce sont les deux qui ont le droit de prescrire actuellement
que vous êtes bénéficiaire du programme de
médicaments et que, par conséquent, vous aimeriez avoir un
médicament de la liste des médicaments.
Et dans ce cas-là, par conséquent, le professionnel s'y
prête de bonne grâce. Il peut arriver des cas d'exceptions.
M. Saint-Germain: A titre de député, on
reçoit souvent des citoyens. Est-ce que vous avez les moyens, au niveau
du ministère, de présenter cette liste aux médecins et de
bien leur expliquer, si vous voulez, médicament par médicament,
le but de ces médicaments, leur réaction, si vous voulez,
l'utilité que cela peut avoir, comme les inconvénients que cela
peut avoir?
Je vous dis cela parce que vous savez pertinemment qu'au niveau de la
distribution des médicaments les médecins reçoivent des
dépliants des représentants de compagnies pharmaceutiques; ils
reçoivent à la queue leu leu bien souvent. Je me demande,
lorsqu'on sait que les médecins sont très occupés, comment
ils peuvent faire pour prendre connaissance de la qualité ou du
bien-fondé d'un médicament ou d'un autre. Je sais pertinemment
aussi que bien des médecins, comme de raison, j'imagine, prescrivent
habituellement des médicaments qu'ils connaissent et dont ils ont
observé les effets par l'usage ou des médicaments qui sont
produits peut-être par une compagnie en particulier, compagnie dans
laquelle les médecins ont confiance, mais c'est pratiquement impossible
pour un médecin de connaître tous les médicaments que vous
avez.
Alors, est-ce que vous laissez les compagnies vendre aux
médecins, ou présenter aux médecins votre liste de
médicaments ou si vous avez une façon de renseigner les
médecins sur la liste de vos médicaments et sur le pourquoi qu'un
tel médicament est inscrit sur la liste et qu'un autre ne l'est pas et
ainsi de suite?
M. Lazure: Lorsque la liste des médicaments a
été implantée avant février 1972, nous avons
rencontré les associations correspondantes des dentistes, des
pharmaciens et des médecins pour leur expliquer les concepts de base de
l'élaboration de la liste. Il y a plusieurs critères qui ont
servi pour établir la liste des médicaments, dont deux
critères fondamentaux: la valeur thérapeutique
éprouvée du médicament et sa qualité. Par
conséquent, pour la valeur thérapeutique, c'est
évalué en fonction des écrits scientifiques. Dans la liste
des médicaments, il n'y a pas de médicaments dont la valeur
thérapeutique n'est pas éprouvée.
Ce qui veut dire, par conséquent, que le médecin ou le
professionnel peut se fier à sa valeur, c'est-à-dire a un produit
qui agit et non à un produit qui n'agit pas.
La deuxième chose, c'est la qualité. On a exigé que
toutes les compagnies qui présentent des médicaments pour les
inscrire sur la liste, répondent aux exigences du programme sur la
qualité des médicaments du gouvernement
fédéral.
Une compagnie qui ne répond pas à cela, même si son
produit à une valeur thérapeutique éprouvée n'est
pas sur la liste. Les médecins sont au courant, puisque ceci est
indiqué dans l'introduction à la liste et dans les renseignements
généraux. D'ailleurs, on l'avait dit aussi avant 1972 à
toutes ces associations. Finalement, M. le Président, la liste est
envoyée à tous les médecins, dentistes et pharmaciens
à chaque mise à jour. Ils sont au courant. Ils peuvent prescrire
en connaissance de cause.
M. Saint-Germain: Vous n'avez pas plus de relations que cela avec
le médecin personnel, en particulier?
M. Lazure: Non, parce que les compagnies pharmaceutiques font
leur travail de présentation de leurs médicaments; un
médicament qui n'est pas sur la liste, elles peuvent l'offrir au
médecin ou au dentiste.
M. Saint-Germain: Je veux dire que ce sont les
représentants de la compagnie qui vendent au médecin...
M. Lazure: Ils ne vendent pas au médecin; selon la
nouvelle loi, ils offrent au médecin.
M. Saint-Germain: Non, mais dans le terme générique
du mot...
M. Lazure: ...ils présentent leur produit.
M. Saint-Germain: Ils présentent le produit et vendent au
médecin leurs médicaments qui sont "listés", si je peux
dire.
M. Lazure: Vente doit être pris dans le sens de vanter son
produit.
M. Saint-Germain: C'est cela que je veux dire.
Au point de vue d'étude scientifique sur la qualité des
médicaments, vous ne faites pas cela au niveau du gouvernement, au
niveau de l'assurance-maladie. Vous vous fiez aux études
approuvées ou faites par le gouvernement fédéral.
M. Lazure: C'est le Conseil de pharmacologie, dont le
président se rapporte directement au ministre c'est donc un
organisme indépendant de la Régie de l'assurance-maladie,
qui établit la liste des médicaments. Cette liste est
établie en fonction des critères et tous les critères
apparaissent dans les renseignements généraux. C'est le premier
chapitre où on dit que la liste est préparée par le
Conseil de pharmacologie qu'en recommande au ministre l'approbation. Ensuite,
on met les critères sur lesquels on se base pour reconnaître les
produits. Evidemment, on a recours au gouvernement fédéral pour
la qualité des produits, mais le reste se fait de façon autonome,
c'est-à-dire qu'à partir de la documentation scientifique que le
conseil reçoit, il,peut porter un jugement sur la valeur des produits.
De plus, le Conseil de pharmacologie a environ 100 personnes
considérées comme expertes dans ce domaine. Ce sont des
médecins, des pharmaciens ou autres personnes qui font de la recherche
à travers la province et le Canada. Dans certains cas, on demande leur
expertise avant d'approuver un produit au niveau du Conseil des pharmacologie.
Donc, il y a toutes les garanties que le produit qui est présent sur la
liste a une valeur thérapeutique et répond à des
qualités.
M. Saint-Germain: Je sais bien que c'est une question qui est un
peu subjective, mais est-ce que cette liste, au point de vue des
médecins, a un prestige tel que...
M. Lazure: Enorme, M. le Président, parce que depuis 1972,
elle fait partie de l'enseignement des universités du Québec au
niveau des facultés de médecine, de médecine dentaire et
de pharmacie. On enseigne la liste aux étudiants, donc les futurs
praticiens, les futurs médecins dentistes et pharmaciens.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous vous apercevez qu'il y a des
médecins qui se servent de cette liste pour prescrire, même si
leur patient n'a pas de médicaments gratuits, j'entends...
M. Lazure: II faudrait demander aux pharmaciens de vous
répondre. Je n'ai pas ces données.
M. Saint-Germain: Vous n'avez pas ces données.
M. Lazure: Je ne peux que répondre en fonction de ce que
je sais.
M. Saint-Germain: Vous n'avez pas d'idée jusqu'à
quel point...
M. Lazure: Je présume qu'ils doivent l'utiliser pour
l'ensemble de leurs patients puisque ce sont des produits de valeur. On peut
traiter toutes les pathologies avec cette liste des médicaments.
M. Saint-Germain: Oui, parce que si l'on parle,
familièrement ou amicalement, à des médecins, il y en a
beaucoup qui soutiennent qu'on peut pratiquer la médecine moderne avec
très peu de médicaments, malgré le nombre énorme de
médicaments qu'il y a sur le marché, et le nombre que ces
médecins disent suffisant est beaucoup inférieur aux 3000 que
vous avez sur votre liste.
Avant d'inscrire un médicament sur la liste, je suppose que vous
recevez des représentations des producteurs qui ont un avantage direct
à être sur la liste.
M. Lazure: Ces producteurs sont au courant qu'à chaque six
mois, ils savent les dates, on fait... D'ailleurs, l'Ontario a une liste de
médicaments basée sur la nôtre, qui est calquée sur
la nôtre. On a eu des ententes avec elle, et on s'est également
entendu sur les périodes de mise à jour de la liste
des médicaments. Donc l'Ontario et le Québec ont les
mêmes périodes de mise à jour, les mêmes
périodes de demande aux fabricants de produits pharmaceutiques de nous
envoyer de la documentation pour un produit qu'ils veulent placer sur la liste.
Par conséquent, c'est connu. Cela se fait maintenant de façon
systématique.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous vous êtes aperçu,
maintenant, vu que ces médicaments sont gratuits, que cela a concouru
à une exagération au point de vue de la consommation?
M. Lazure: II y a de l'exagération comme dans tous les
domaines. Il y en a, par exemple, au niveau des services médicaux,
dentaires, de l'optométrie et des médicaments. D'une façon
générale, il n'y a pas d'abus, mais il y a des cas d'exception
où il y a des abus. C'est général, à la
Régie de l'assurance-maladie, dans tous les secteurs, que ce soient les
services médicaux comme les médicaments.
M. Saint-Germain: Pour ce qui est de la médecine, est-ce
que c'est l'Ordre des médecins qui a autorité pour voir à
ce que les médecins qui font abus de prescriptions soient
pénalisés?
M. Lazure: Ce sujet, que vous abordez, relève de
l'éthique professionnelle de chaque individu. Si un patient, ou
n'importe quel citoyen a des raisons sérieuses de croire qu'un
médecin ou un dentiste manque de compétence professionnelle,
c'est son devoir et son droit de rapporter le cas à la Corporation
professionnelle des médecins, comme à l'Ordre des dentistes. Mais
ce n'est certainement pas le rôle de la régie ni celui du
ministère de surveiller la façon de prescrire d'un médecin
ou d'un dentiste.
M. Saint-Germain: Je dois vous dire que c'est la raison pour
laquelle je posais cette question.
Je croyais que c'était l'Ordre des médecins qui devait
voir à ce que l'éthique professionnelle soit observée.
Pour ce sujet en particulier, j'ai terminé.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Drummond.
M. Clair: A l'article 2, M. le Président, au dernier
paragraphe on constate qu'en vertu de la loi telle qu'elle est proposée,
les personnes âgées de 60 à 65 ans peuvent, dans certaines
conditions, bénéficier des médicaments gratuits,
c'est-à-dire si elles sont admissibles à l'allocation au conjoint
prévue par le régime fédéral de
sécurité de la vieillesse. S'ils sont admissibles à l'aide
sociale, est-ce comme individu ou comme couple?
M. Lazure: Comme individu.
M. Clair: Ce serait peut-être à indiquer, parce que
ce passage pourrait entraîner des imprécisions.
M. Lazure: Non, la loi est très claire. On dit: Toute
personne qui, entre 60 et 65 ans, bénéficie d'une allocation de
conjoint et qui, sans cette allocation, serait admissible à l'aide
sociale, a droit aux médicaments.
C'est très clair, il n'y a pas d'ambiguïté. Cela
existait, cela existe actuellement. Autrement dit, la loi 37 ne l'ajoute pas,
elle ne fait que corriger le texte de l'ancienne loi. Cette partie est
déjà couverte. Donc, ce n'est pas ajouté.
M. Clair: De sorte qu'il n'y a pas de discrimination entre la
personne de 60 à 65 ans qui est célibataire ou veuve et celle qui
est mariée.
M. Lazure: II faut que ce soit un cas de conjoint, c'est dans le
cas des conjoints. Lorsque la personne est seule, elle n'est plus conjoint, et
là, par conséquent, elle entre sous l'égide de l'aide
sociale. Ce n'est que lorsqu'elle est conjoint que cet article s'applique; si
elle est seule, elle n'est plus conjoint. Cela ne s'applique pas, mais cette
personne peut être bénéficiaire à titre de l'aide
sociale, dans ce cas. D'accord? Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Marcoux): Sur l'article 2, M. le
député de Pointe-Claire.
M. Shaw: J'aimerais poser un problème. Il arrive assez
souvent maintenant que des personnes n'ont pas de contrôle du tout sur
les médicaments qui sont prescrits. Normalement, ce sont les
médecins ou les dentistes qui les prescrivent. Dans le cas de celui qui
a une résidence à l'extérieur du Québec, disons en
Floride, en Arizona, ou ailleurs et qui, pour des raisons de santé, doit
profiter d'un climat plus clément que le nôtre, où l'hiver
est assez rigoureux. Or, ce patient reçoit une prescription pour un
médicament qui n'est pas sur la liste, y a-t-il moyen de faire des
compensations pour ceux qui sont disponibles, afin de rembourser ces
médicaments?
M. Lazure: Tous les médicaments qui sont sur la liste, en
très grande majorité, se retrouvent aux Etats-Unis ou dans les
pays européens, comme l'Angleterre, la France ou ailleurs, mais surtout
aux Etats-Unis. Il n'y a pas de problème, par conséquent, sauf
pour les médicaments composés, dans lesquels vous avez deux,
trois ou quatre produits dans une même pilule ou dans une forme
quelconque. Evidemment cela crée alors des problèmes, parce qu'on
n'a peu ou pas de médicaments composés dans la liste. Il n'y a
que là que cela crée un problème.
A part cela, aux Etats-Unis, il peut retrouver tous les
médicaments qu'on a dans la liste. Ce sont les mêmes fabricants
d'ailleurs.
M. Shaw: Je sais, mais disons qu'une ordonnance arrive à
un patient; elle a été composée, pour la partie de cette
ordonnance qui est sur la liste est-ce que toute l'ordonnance n'est pas
payée?
M. Lazure: Si vous avez, sur une ordonnance, trois
médicaments dont deux sont sur la liste et un pas sur la liste, la
régie n'assumera que les deux qui sont sur la liste et non pas l'autre,
c'est-à-dire que l'autre médicament c'est le
bénéficiaire qui assume les coûts et ceci, il n'y a aucun
doute, hors du Québec.
M. Shaw: Je sais, au Canada, les médecins et les dentistes
sont au courant de la liste. Aussitôt qu'un patient arrive dans leurs
bureaux, leurs ordonnances doivent être des médicaments sur la
liste. Le contrôle est alors plus facile au Québec. Mais les
récipiendaires qui sont en Floride n'ont pas ce contrôle. Je
trouve que ce n'est pas juste que les patients paient pour un médicament
composé sans avoir aucun bénéfice du programme.
M. Lazure: Le fondement de la Loi de l'assurance-maladie c'est
que le bénéficiaire est protégé partout où
il va; donc, s'il a une protection au Québec, il a la même
protection hors Québec. Il ne peut pas avoir une protection qu'il
n'aurait pas au Québec. Exemple: l'optométrie, vous avez huit
services d'optométrie. D'accord? Il y a beaucoup plus de services
optométriques que les huit, mais il y en a huit d'assurés. Si une
personne va en dehors du Québec et reçoit des services
optométriques autres que ceux qui ne sont pas assurés, elle ne
peut pas recevoir paiement pour les non-assurés parce qu'elle serait
plus protégée en dehors du Québec qu'elle l'est à
l'intérieur du Québec. La même chose pour les
médicaments. Donc, la protection, elle est garantie aux
Québécois, résidents du Québec, qu'ils soient hors
du Québec ou au Québec, pour autant qu'ils résident au
Québec au sens de la loi.
M. Shaw: II pourrait peut-être y avoir un petit "booklet"
pour ces patients qui passent leur hiver en Floride, pour donner à des
médecins, pour éviter le problème des ordonnances qui ne
sont pas couvertes?
M. Lazure: Ils n'ont qu'à se procurer la liste des
médicaments, elle est accessible à tout le monde.
M. Shaw: La liste est accessible.
M. Lazure: A la régie ou encore, quand la liste est
publiée dans la Gazette officielle, ils peuvent l'avoir chez l'Editeur
officiel. Elle est publiée dans la Gazette officielle.
M. Shaw: Deuxièmement, est-ce que vous avez, dans votre
système d'ordinateur, un système de surveillance pour les
patients qui abusent de ce service? Je connais et vous connaissez aussi,
vous-même, certains patients qui vont voir un autre médecin,
à chaque jour, parce que c'est dans leur style de vie et cela occupe
leur temps. Ils ont besoin de payer d'autres médicaments, alors ils
n'ont pas passé les ordonnances aux pharmacies.
Cela peut arriver qu'un patient visite un médecin chaque jour de
la semaine, avec les ordonnances. Est-ce que vous avez un moyen de programmer
votre ordinateur pour trouver ces abus?
M. Lazure: Lorsqu'on traite les réclamations, ce qu'on
appelle chez nous les demandes de paiements venant de tout le monde, on
introduit les données dans ce qu'on appelle une banque de
données, et à partie de cette banque de données, nous
faisons ce qu'on appelle des profils de dispensation de services et des profils
de consommation. Donc, on est capable de vérifier ce qu'un professionnel
dispense et faire son profil, voir s'il y a des abus, et la même chose au
niveau de la consommation des bénéficiaires, quel que soit le
service: médical, dentaire, optométrie ou médicaments.
Nous le faisons.
M. Shaw: Sur la même question, est-ce que vous avez
établi des systèmes de surveillance des médicaments qui
sont "listés", disons, des médicaments comme
Démérol, morphine? Est-ce que c'est indiqué dans votre
surveillance aussi?
M. Lazure: Oui. Tous les médicaments font partie de ce
qu'on appelle la vérification de la consommation ou de la dispensation
selon qu'on se place au point de vue des bénificiaires ou au point de
vue du dispensateur.
M. Shaw: L'autre question que j'ai ici, et je trouve que c'est
très important, on a besoin d'une définition "résider au
Québec".
M. Lazure: Elle est dans la loi. La notion de la résidence
est dans la loi et les règlements viennent spécifier ce qu'on
entend par résidence. C'est très clair dans les
règlements. Me Lafrance ou Me Pelletier pourrait vous
énumérer toutes les conditions qui ont trait à la notion
de résidence au Québec.
En fait, pour ceux qui sont au Québec, il n'y a pas de
problème. Il y a des problèmes pour les ressortissants
étrangers. Pour les personnes qui résident au Québec, il
n'y a pas de problèmes, si elles sont des canadiennes, si elles sont
venues au monde ici, tout cela.
M. Shaw: Avant de continuer, qu'est-ce que vous dites? C'est une
résidence, c'est un domicile?
M. Lazure: L'article 4 de la Loi de l'assurance-maladie dit: "Une
personne réside au Québec lorsque la loi l'autorise à
être ou à rester au Canada et qu'elle demeure au Québec et
y est ordinairement présente, sauf si elle est un touriste, si elle est
de passage au Québec ou est un visiteur." Article 5. "Une personne qui
quitte le Québec pour s'établir dans une province du Canada
où il existe un régime équivalent continue à
être une personne qui réside au Québec jusqu'à ce
que se soit écoulée la période d'attente, s'il en est qui
est prévue dans le régime équivalent. L'alinéa
pré-
cèdent ne peut toutefois s'appliquer à une personne plus
de quatre mois après son départ du Québec".
C'est parce que les ententes entre les provinces pour le moment, cela
couvre trois mois.
Si vous vous en allez résider en Ontario, l'Ontario va vous
couvrir après trois mois et l'Ontarien qui s'en vient au Québec,
on va le couvrir après trois mois.
M. Shaw: Pour éclaircir cette situation. Pour avoir une
résidence, le premier domicile doit être au Québec. Disons
que j'ai une grand-mère qui réside dans ma maison, deux, trois ou
quatre mois mais passe presque toute l'année en Floride; sa
résidence est au Québec?
M. Lazure: Le règlement prévoit que la personne ne
peut pas demeurer à l'extérieur du Québec plus de 183
jours.
M. Shaw: Plus de 183 jours.
M. Lazure: C'est-à-dire qu'il faut qu'elle revienne au
Québec pour garder son statut de résident après 183
jours.
A tous les six mois il faut qu'elle revienne.
Il faut qu'elle revienne pour garder son statut de résident; sans
cela elle le perd.
M. Shaw: C'est seulement cela.
M. Lazure: Elle peut revenir seulement 24 heures.
Elle peut revenir seulement pour une journée de 24 heures.
M. Shaw: D'accord.
M. Saint-Germain: C'est ce qui arrive, elles reviennent.
M. Shaw: C'est pour établir la résidence, le
domicile, parce qu'il y a une différence en loi entre les deux,
résidence et domicile?
M. Lazure: 183 jours.
Dans le règlement, on dit: Lorsqu'elle maintient une
résidence à l'extérieur du Québec alors ce
serait votre personne qui est à Miami à moins de
démontrer qu'elle demeure au Québec et est ordinairement
présente au moins pendant 183 jours par année. Elle peut
être six mois en Floride, mais il faut qu'il y ait une période de
183 jours qu'elle habite au Québec, qu'elle soit présente au
Québec.
Et non pas 24 heures, 183 jours.
Cela a été changé, c'était comme cela
avant.
Maintenant, la personne peut être à l'extérieur du
Canada mais pourvu que, dans une année donnée, elle soit au
Québec 183 jours.
C'est cela.
Dans nos règlements, c'est...
Cela a été changé en 1975. Avant, ils s'en
allaient, ils revenaient 24 heures, puis ils pouvaient recommencer...
M. Saint-Germain: Ils n'avaient pas de statut.
M. Lazure: II faut faire des règlements un peu plus
sévères.
M. Saint-Germain: Un cardiaque qui a besoin d'une
opération à coeur ouvert, c'est payant de se tenir...
M. Shaw: On doit être à Québec 183 jours par
année pour être résident.
M. Lazure: Pour être présumé résident
du, Québec et avoir tous les avantages d'un résident du
Québec.
Pas seulement pour les médicaments mais pour tous les services
assurés par la régie.
M. Shaw: Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Marcoux): Article 2, adopté?
M. Saint-Germain: M. le Président, j'aurais ici une
question. Lorsque vous avez trouvé ou constaté qu'un patient en
particulier fait abus de médicaments, comme l'a décrit le
député de Pointe-Claire, quel processus avez-vous?
M. Lazure: Nous avons un processus où on soumet le cas aux
enquêtes. Nous avons un secteur d'enquêtes à la régie
qui vérifie le bien-fondé de ce qu'on retrouve au niveau du
profil avérant et, si c'est trouvé fondé, le processus des
enquêtes se met en marche de façon à aller voir la personne
et même la poursuivre, le cas échéant. La loi dé
1970 prévoit des pénalités, pour un
bénéficiaire qui abuse du régime.
M. Saint-Germain: Maintenant, lorsqu'il s'agit de renouveler une
ordonnance, je suppose que cela prend une autre visite au médecin puis
une autre ordonnance.
M. Lazure: Pas nécessairement, parce que, selon les lois
fédérales et aussi les lois provinciales, le médecin peut
indiquer sur l'ordonnance le nombre de répétitions, de
renouvellements qu'il désire ou encore les dates auxquelles il voudrait
que la prescription soit répétée.
M. Saint-Germain: Merci.
En ce qui concerne le financement de ce nouveau régime, on a
constaté, par exemple, que les surplus de l'assurance-maladie avaient
été remis, si vous voulez, dans le fonds consolidé de la
province.
Il me semble qu'avec cette politique, qui est la porte d'entrée
vers une politique généralisée qui s'adressera à
tous les citoyens, à laquelle va s'attacher, par exemple, toute cette
question de l'assurance au point de vue dentaire, il faut certainement
prévoir un déficit, au niveau de l'assurance-maladie, dans les
années qui vont venir ou il faudra une augmentation des revenus pour
faire face à ces responsabilités nouvelles, je suppose.
M. Lazure: La somme d'argent qui sera nécessaire pour la
mise en marche de ce nouveau programme a été prévue dans
les crédits budgétaires. Maintenant, si vous parlez de l'avenir
général de la régie, je pense que cela déborde le
cadre de l'étude article par article. Il est évident que si on
augmente les services assurés, on va augmenter les
déboursés, ce qui voudra dire moins de profits puisque la
régie, jusqu'ici, pratiquement chaque année, a montré des
profits. Comme vous le savez, le mode de financement et le mode
d'opération financière de la Régie de l'assurance-maladie
est actuellement à l'étude entre les autorités de la
régie, le ministère des Affaires sociales, le ministre du Revenu
et le ministre des Finances. La formule n'est pas encore tout à fait
arrêtée.
M. Saint-Germain: Si je mentionne cela, c'est que, dans la vie,
malheureusement, il n'y a rien de gratuit. Ce peut être gratuit pour des
individus, mais il y a toujours quelqu'un qui paie. C'est exactement ce que je
disais au début, que malgré qu'on ne veuille pas s'opposer
à cette générosité, il faut toujours,
malheureusement, penser qu'il y a des gens qui doivent payer ces services. Bien
souvent, dans le contexte actuel, puisqu'on généralise pour
toutes les personnes de 65 ans et plus, il y a des gens qui sont dans des
situations difficiles, au point de vue budgétaire, et qui devront
nécessairement payer pour des personnes qui sont beaucoup plus à
l'aise.
Mais, enfin, qu'est-ce que vous voulez, c'est difficile, comme je le
disais tout à l'heure, de s'opposer à une telle loi. Je dis cela
sur l'article no 2 parce que c'est l'article de la loi qui contient, si vous
voulez, tous les changements. Il y a certainement des gens qui, même
s'ils ne reçoivent pas le surplus de la pension de vieillesse, seront
bien aises d'économiser ces sommes et qui trouveront le moyen de les
dépenser ailleurs bien souvent pour des services absolument
nécessaires à leur santé et à leur bien-être.
J'ai terminé.
Le Président (M. Marcoux): Article 2, adopté?
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 3?
M. Saint-Germain: Adopté.
M. Shaw: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 4?
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 5?
M. Saint-Germain: Adopté.
M. Shaw: Un instant, article 4, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Article 4?
M. Shaw: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 5?
M. Shaw: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 6?
M. Saint-Germain: Adopté.
M. Shaw: Comme je l'ai demandé en deuxième lecture,
quelle est la date prévue pour l'augmentation de ce programme?
M. Lazure: Pour ce qui est de la date, nous pouvons assurer la
population et la commission que cela ne sera pas plus tard que le 1er octobre.
Il y a une possibilité que ce soit avant le 1er octobre, mais
sûrement pas plus tard que le 1er octobre.
M. Shaw: La raison de ce délai, quelle est-elle? C'est
évident que vous avez les crédits.
M. Lazure: La disponibilité des crédits.
M. Shaw: Les crédits prévoient seulement...
M. Lazure: Les crédits qui ont été mis de
côté...
M. Shaw: Seulement, pour un quart de l'année.
M. Lazure: ... Non, non pas le quart, la moitié de
l'année, au moins la moitié de l'année. Au moins six mois,
il est possible que ce soit sept mois, soit qu'on puisse le mettre en vigueur
en septembre et probablement en octobre. Certainement pas après le 1er
octobre. Donc six mois durant l'exercice financier 1977/78.
Le Président (M. Marcoux): Article 6 adopté.
M. Shaw: Adopté.
M. Lazure: Merci, messieurs.
Le Président (M. Marcoux): Je remercie nos invités
de la régie qui ont bien voulu nous assister, dans l'étude en
commission parlementaire du projet de loi no 37.
Projet de loi no 11
Le Président (M. Marcoux): Maintenant nous allons
poursuivre l'étude du projet de loi no 11, Loi modifiant la Loi de la
Commission des affaires sociales.
Le principe du projet de loi a été adopté en
deuxième lecture avec certains amendements qu'on est en train de
distribuer. Est-ce que je pourrais en avoir une copie?
Avant de commencer l'étude article par article, est-ce que M. le
ministre a des observations globales?
M. Lazure: Sans vouloir répéter les remarques qui
ont été faites lors de l'étude en deuxième lecture,
je rappelle aux membres de la Commission que ce projet de loi a pour but
principal d'augmenter le nombre de commissaires et le nombre d'assesseurs. Si
cette augmentation est devenue nécessaire, c'est pour deux raisons
principales. La première: l'accroissement du nombre de
bénéficiaires de l'aide sociale, donc un certain accroissement de
contestations de la part de prestataires d'aide sociale. La deuxième: la
commission recevra éventuellement, dans quelque temps, si un certain
projet de loi est adopté, les appels des accidentés du
Travail.
Voilà donc le principal objectif de ce projet de loi. Le projet
de loi prévoit aussi le quorum de la commission, lorsque la commission
révise pour cause ses décisions.
Ce sont là les deux principaux aspects de ce projet de loi.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le
député de Jacques-Cartier a des remarques générales
sur le projet de loi, avant de commencer l'étude article par
article?
M. Saint-Germain: Ce projet de loi, M. le Président, a
été accepté en principe par le gouvernement
précédent. Il ne provoquera dono pas de longues discussions. Il y
a tout de même quelque chose qui me frappe au sujet de cette commission.
Ceux qui pourraient faire appel à cette commission ne semblent pas
très bien savoir qu'elle est à leur disposition. Ce n'est pas une
critique que je fais quant au travail de cette commission. Je crois que ceux
qui sont au courant...
M. Gagnon: M. le Président, est-ce que le
député pourrait parler près du micro ou un peu plus
fort?
M. Saint-Germain: Très bien, M. le Président. Je
disais que le principe de ce projet de loi avait été
approuvé par le Conseil des ministres, sous l'ancienne administration et
qu'il ne comporterait pas nécessairement de très longues
discussions.
Seulement, j'aimerais ajouter que ceux qui connaissent le travail de
cette commission et qui sont familiers avec son rendement n'ont que des
éloges pour le travail accompli par ces personnes. Il reste tout de
même qu'il y a beaucoup de gens qui pourraient faire appel à la
commission et qui semblent, en fait, ignorer que cette Commission des affaires
sociales est à leur service. Bien souvent, les gens qui doivent se
servir de cette commission, surtout ceux qui reçoivent les allocations
des Affaires sociales, sont peu au courant des lois et des règlements
qui la régissent et ils n'ont pas nécessairement les moyens
financiers de se déplacer. Ils semblent éprouver une certaine
difficulté à atteindre les services que cette Commission des
affaires sociales peut leur procurer.
Ceci dit, il y a une chose qui m'inquiète aussi un peu. Avec le
nombre de commissaires et d'assesseurs à la commission actuellement,
surtout dans certains secteurs du champ d'activité de cette commission,
il semble y avoir des retards dans l'audition et l'étude des causes. En
plus, on sait pertinemment que les gens qui sont des pensionnés ou des
personnes aidées par la Commission des accidents du travail auront le
droit de faire appel à cette commission.
Vu qu'il y a huit commissaires actuellement, et même avec les
charges de la commission qui sont moins considérables actuellement
qu'elles le seront à l'avenir, on prend du retard, je me demande si on
pourra récupérer ce retard et, en plus, faire face à ces
nouvelles responsabilités en ajoutant simplement deux membres de
plus.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, avant de céder la
parole à Me Julien, je veux d'abord renvoyer les membres de la
commission au rapport annuel. Je vois que le député de
Pointe-Claire, que les deux partis de l'Opposition ont le rapport. Vous verrez,
dans ce rapport, qu'une des raisons des retards qu'accusent les travaux de la
commission des affaires sociales, surtout dans la section de la régie
des rentes, des appels en rapport avec la régie des rentes, au
départ, dans les débuts des travaux de la commission, il y avait
une accumulation, une réserve de cas à étudier. C'est un
peu cette réserve qui explique les retards dans cette section de la
régie des rentes. Cette accumulation du passé, cet
héritage de plaintes est largement entamé. Je pense qu'il y aura
un facteur de moins dans les retards accumulés. Comme je l'ai dit
l'autre jour à l'Assemblée nationale, le principal secteur
où il y a des retards importants, c'est dans l'aide sociale. M. Julien
peut-il ajouter des détails?
J'aimerais compléter. Pour ce qui est du régime de rentes,
lorsque la Commission des affaires sociales est entrée en fonction, le
1er août 1975, elle a hérité de 354 appels de la Commission
d'appel des pensions, au fédéral, qui entendait, à cette
époque, les appels concernant les prestations. C'est une somme
énorme d'appels, si on considère que, dans chaque cas, trois
membres de la commission doivent siéger.
Depuis ce temps, la commission a tenté de reprendre ce retard.
Elle n'y est pas parvenue parce que, d'autre part, des appels nouveaux sont
entrés en aussi grand nombre qu'elle a pu en entendre depuis ce temps,
si bien qu'on se retrouve à peu près avec le même solde, le
1er avril 1977.
En aide sociale, il y a aussi des retards qui sont dus essentiellement
au fait que les membres ne sont pas assez nombreux. Vous parliez d'une
augmentation de deux membres. Il y a eu un amendement. C'est quatre membres
qu'on propose.
M. Saint-Germain: C'est l'amendement que nous...
M. Lazure: ...que vous avez en main, devant vous, à
l'heure actuelle.
M. Saint-Germain: Mes inquiétudes étaient
fondées, parce que je vois que, sans connaître...
M. Lazure: Oui, vos inquiétudes étaient
fondées, effectivement.
L'amendement déposé aujourd'hui porte à douze au
lieu de dix le nombre des commissaires. Vous aviez raison d'être
inquiet.
Il y a eu confusion, mais c'est vraiment douze. Donc, nous passons de
huit à douze.
Le changement de 10 à 12 est motivé par l'arrivée
des cas de la Commission des accidents du travail.
Dans un premier temps on devra reprendre le retard. Ce retard devrait
être repris d'ici le moment où la commission aura juridiction en
matière d'accident du travail.
M. Saint-Germain: D'après les déclarations du
ministre des Institutions financières, Coopératives et
Consommateurs, cette nouvelle loi que nous aurons au sujet de
l'assurance-automobile, il semble que la Commission des accidents du travail
sera l'organisme responsable...
M. Lazure: Les affaires sociales. Pour les accidents du travail.
Vous parlez des appels...
M. Saint-Germain: Pour les accidents d'automobile. On...
M. Lazure: Pour les accidents d'automobile, ce n'est pas encore
décidé.
M. Saint-Germain: Alors vous avez augmenté...
M. Lazure: Vous me permettez, il est évident que, si
jamais le gouvernement décidait que les appels découlant
d'accidents d'automobile devaient aller à la Commission des affaires
sociales, probablement qu'il faudra là aussi ajouter un certain nombre
de membres, mais c'est loin d'être décidé.
M. Saint-Germain: C'est ce que je voulais savoir.
Je ne blâme pas le nouveau gouvernement de vouloir faire en sorte
que cette Commission des affaires sociales soit à jour dans ses dossiers
parce que bien souvent ceux qui font appel à cette commission peuvent
être dans un état d'urgence au point de vue financier. Il serait
simplement raisonnable que la décision sur ces cas soit rendue dans un
laps de temps convenable, d'autant plus que cette commission est
semi-judiciaire, si on peut dire. On sait pertinemment que cette commission a
été établie pour ne pas embourber les tribunaux et qu'elle
puisse donner justice avec beaucoup plus d'efficacité que les tribunaux
peuvent le faire. Elle devient pratiquement inutile. Elle ne peut pas donner
des services plus efficaces que les tribunaux.
Je suppose que cette commission est l'organisme qui analyse la
signification des différents articles de la loi et les
règlements. Elle tend, par ses décisions, à uniformiser
l'interprétation des lois de l'assistance sociale. Le client de
l'assistance so- ciale a un premier droit d'appel au niveau local. C'est
après ce droit d'appel qu'entre en ligne de compte la Commission des
affaires sociales. Pourriez-vous me dire s'il arrive très souvent que la
Commission des affaires sociales rende des jugements qui sont opposés
aux jugements qui ont été rendus en première instance ou
si souvent ces jugements sont modifiés, même s'ils ne sont pas
complètement changés?
M. Lazure: Ces statistiques, vous pouvez les retrouver
sommairement dans le rapport annuel. Celui de l'an dernier est encore plus
complet à ce sujet, mais il couvrait seulement une période de
huit mois. On peut dire que dans les cas qu'on appelle les cas d'insuffisance,
c'est-à-dire les personnes en appel qui reçoivent le maximum qui
est permis par la réglementation, ces appels sont tous rejetés,
évidemment, parce que la commission ne veut pas accorder plus que ce qui
est prévu au règlement.
Dans les autres cas qui seraient peut-être des cas de refus de
l'aide sociale pour les motifs énoncés à l'article 12,
c'est-à-dire refus de fournir les documents pour étudier la
situation ou refus de travailler, celui qui abandonne un emploi ou refuse de
commencer à travailler, enfin plusieurs motifs, des cessions de biens
pour se rendre admissibles à l'aide sociale, dans ces cas on peut dire
que la décision de l'administration est changée au moins dans 40%
des cas. On aurait donc 40% d'appels accueillis dans ces cas.
M. Saint-Germain: Mais ces cas représentent quel
pourcentage d'appels puisqu'il y en a qui vont simplement appeler pour avoir
plus que la loi leur condède?
M. Lazure: Dans le dernier, de mémoire, il y avait environ
230 à 240 appels sur les 800 décisions rendues qui portaient sur
l'insuffisance de l'aide accordée, ce qui veut dire que le reste porte
sur divers problèmes.
M. Saint-Germain: Ces appels sont...
M. Lazure: II resterait quoi? 650 appels où les
problèmes sont très variés, et il y aurait environ 40% de
ces appels qui sont accueillis.
M. Saint-Germain: Ce premier groupe d'appels, cela n'exige pas
beaucoup de temps de la commission. Je suppose que les jugements sont
rendus...
M. Lazure: Ils sont rendus, mais la commission n'est pas
itinérante, elle est sédentaire, si vous voulez, elle
siège aussi à ses bureaux de Québec et de Montréal.
Dans le rapport de cette année, vous n'avez pas cette statistique qui
était contenue dans celui de l'an dernier. L'an dernier, on voit que la
commission a siégé, seulement en aide sociale, 155 fois dans 54
villes ou municipalités différentes dans le Québec,
c'est-à-dire que cela va de Gaspé à Rouyn-Noranda.
Seulement en
déplacements, c'est énorme, le rapprochement du
citoyen.
M. Saint-Germain: Est-ce que les bureaux de l'assistance sociale
informent leurs protégés de ce droit à l'appel?
M. Lazure: Oui. L'information, d'ailleurs, est
réglementaire. A la suite d'une décision rendue, si on suit un
peu les étapes, l'individu va à son bureau local,
c'est-à-dire le bureau le plus près de chez lui, demander de
l'aide sociale. S'il n'est pas satisfait, il est informé de son droit
à une révision qui, elle, est faite par le bureau régional
de chacune des régions administratives. Le bureau régional doit
rendre une décision écrite, et il doit aussi informer la personne
de son droit d'appel à la Commission des affaires sociales. Pour toutes
ces personnes qui font des demandes, il y a une information qui est
automatique. Il y a aussi une information que j'appellerais administrative,
c'est-à-dire qui est faite par des dépliants publicitaires qui
sont distribués dans les bureaux locaux, dans les bureaux
régionaux. Je ne sais pas si le ministère fait de l'information
télévisée à ce sujet, mais en tout cas...
L'existence de la commission comme telle pourrait être connue
davantage, comme vous le disiez tout à l'heure, mais il y a quand
même au moins trois dépliants qui sont faits à partir des
juridictions de la commission. Ces dépliants indiquent ce sur quoi la
commission a juridiction, quel est son travail, etc. Dans le cas des personnes
qui sont en cure fermée dans les établissements psychiatriques,
il y a un dépliant qui leur est distribué obligatoirement. Je ne
sais pas si c'est fait dans la pratique, mais je sais qu'il doit être
distribué obligatoirement; il fait même l'objet d'un
arrêté en conseil.
J'ajouterais, M. le Président, que le député a
raison jusqu'à un certain point, mais si la clientèle n'est pas
suffisamment informée, cela n'est pas parce que les règlements ne
le prévoient pas; cela n'est pas parce qu'il n'y a pas une information
écrite qui émane de la Commission des affaires sociales aussi
bien que du ministère. Il s'agit plutôt de négligence
locale, si vous voulez, il s'agit de lacunes dans l'application ou dans la
distribution de ces informations.
Je prends bonne note de cela, et je pense qu'il faudra redoubler
d'efforts pour mieux informer la population de ses droits. Ce que vous dites
est vrai de plusieurs lois, de plusieurs règlements, non seulement aux
Affaires sociales mais dans tous les ministères. Les gens ne sont pas
assez informés, malheureusement, de leurs recours.
M. Saint-Germain: Je comprends très bien. Ce n'est pas un
blâme que je fais, non plus. Avec un ministère aussi vaste, aussi
complexe, les relations entre le ministère et le client sont très
difficiles, je n'en doute pas. Cela a été l'objet de ma question.
Je ne doute pas que, pour le ministre, établir un système
où les protégés de nos politiques sociales soient
informés de leurs droits, ce n'est pas facile. Je pense qu'il faut se
rendre à l'évidence, et il y a toujours une limite aussi dans les
sommes dont on peut disposer pour atteindre ces buts.
Vous savez comme moi, M. le ministre, que les gens qui font souvent
appel à ces services du ministère, c'est une classe de gens qui
arrivent souvent aux divers bureaux dans des situations extrêmement
difficiles. C'est une clientèle un peu spéciale; il faut toujours
la traiter en considérant ces faits. Il y a des gens qui
reçoivent des allocations sociales qui ne sont pas beaucoup au courant
des affaires, des lois, qui ont une scolarité qui est plutôt
limitée, qui sont souvent isolés, qui ont une certaine
difficulté de communiquer avec la société dans son
ensemble.
Il y a des facteurs tout à fait particuliers pour ces
citoyens.
Je vous remercie, M. le Président.
M. Shaw: J'ai quelques questions à poser. Vraiment, le
principe selon lequel vous avez besoin d'aide dans votre situation, c'est
évident; parce que si on lit les tableaux que vous avez dans votre
rapport annuel, votre efficacité est mise en question. Franchement,
quand on parle de déclarations reçues au nombre de 1398 et vous
avez des dossiers en cours qui montrent encore 526, c'est plus d'un tiers; et
seulement dans les allocations sociales. Vous avez la même situation,
soit une moitié pour la protection du malade mental; vous avez ici 606,
dans la situation du Régime des rentes et, même dans les services
de santé, les services sociaux vous... C'est incroyable. On sait,
franchement, que cela représente au moins un quart des cas réels.
C'est une vérité, à cause de la complexité de
présenter ces cas aux tribunaux disponibles comme le
député de Jacques-Cartier l'a dit, il n'y a pas assez de
communication avec la population. Cela représente seulement un quart des
cas qui doivent véritablement être présentés
à votre commission. Quant au besoin d'augmenter le nombre de personnes
à la commission de trois à quatre, l'effet de ce changement, que
va-t-il faire si on considère le vrai problème à savoir
qu'il n'y a pas de service à la population de la part de votre
commission? C'est pourquoi j'ai dit, au cours du débat de
deuxième lecture, hier ou mardi, que le problème n'est pas
l'augmentation du nombre de personnel dans votre commission. Le problème
est plus profond. Peut-être que vous auriez besoin de faire une
enquête pour essayer de savoir comment il se fait qu'une moitié
des cas ne sont pas déjà acceptés par votre commission. Il
ne s'agit pas d'un changement du nombre de personnel dans une commission. Il
est évident que trois ou quatre personnes, cela ne change pas le nombre
de cas que vous pouvez recevoir. Pouvez-vous m'indiquer si vous prévoyez
des changements dans votre système actuel? Parce que c'est une faillite,
si on aperçoit la vérité de votre situation.
M. Lazure: Je peux répondre? Bon. J'aimerais
rétablir des faits pour ce qui est de la statistique. Vous avez
parlé du premier tableau qui concerne l'aide et les allocations
sociales, page 80. Vous avez dit: Vous avez reçu 1398
déclarations, il en
reste 526. Il faut enlever quand même 137 dossiers de ce nombre.
Il en reste donc 389.
M. Shaw: Comment enlevez-vous ces dossiers, parce qu'il faut
aussi...
M. Lazure: Ce sont les personnes qui sont venues. Le personnel a
donc ouvert un dossier. Par exemple, on s'aperçoit qu'il n'y a jamais eu
de demande au bureau régional ou même au bureau local. On vient
directement à la commission. Il faut respecter les étapes. La
commission a juridiction seulement si la personne...
M. Shaw: Mais cela n'enlève pas vraiment le dossier. Le
dossier n'est pas encore complet. C'est encore un dossier qui n'est pas
encore...
M. Lazure: C'est un dossier qu'on n'entend même pas, dans
ces cas.
M. Shaw: Ah oui! mais ce n'est pas un dossier qui a
été réglé.
M. Lazure: Oui; il est réglé, pour la
commission.
M. Shaw: Pour la commission, mais non pas pour la personne. On ne
parle pas pour la commission. A mon point de vue, la commission, c'est une
fonction du gouvernement. Je pense, premièrement, à la population
qui a des problèmes. Or, si on enlève 137 cas, parce qu'ils ne
sont pas complétés comme il le faut, cela ne règle pas un
problème.
M. Lazure: Cela ne veut pas dire que ce dossier qui est
enlevé n'est pas réglé. On envoie la personne au bon
endroit. On l'envoie, par exemple, à son agent d'aide sociale au bureau
local ou elle doit faire sa démarche, en premier lieu. Il arrivera fort
souvent que son cas sera réglé à ce niveau. Cela ne veut
pas dire que cela comprend 137 dossiers où les personnes n'ont
absolument rien eu. Ce n'est pas le cas du tout. C'est qu'elles sont venues
chez nous par erreur. Dans ces cas, cela comprend tous les désistements.
Par exemple, une personne fait un appel et s'aperçoit, en cours de
route, qu'elle a le maximum; ou encore, elle est allée voir son avocat,
à l'aide juridique.
Celui-ci lui a dit: Ecoutez, madame, si vous voulez absolument, on peut
bien y aller, mais on perd notre temps. Trois semaines après avoir
interjeté appel, on téléphone au greffe, puis c'est
l'avocat qui envoie un désistement et dit: On ne s'y rendra pas. Alors,
on annule le dossier.
M. Shaw: Je le sais, mais...
M. Lazure: Alors la véritable statistique, il faut prendre
389 plus que 526. C'est encore énorme, je l'avoue.
M. Shaw: C'est énorme, oui.
M. Lazure: D'ailleurs, cela fait un an que le président de
la commission demande que le nombre des membres soit augmenté. Tout
à l'heure, on a dit que le gouvernement précédent avait
bien accepté cette proposition aussi, c'est dû peut-être
à toutes sortes de retards.
J'aimerais envoyer M. le député à la page 13 du
rapport pour compléter la statistique de ce tableau, pour montrer,
peut-être, que la faillite n'est pas aussi grande que celle qu'il a
constatée à première vue. A la page 13, on voit que le
solde est de 389 appels, comme il est indiqué dans la statistique; par
contre, de ces 389, il y en a 248 qui ont été entendus, au 1er
avril 1977. Il en reste donc à peu près 140 à entendre.
Les 248 appels ont été entendus, il reste la décision
à rendre, à écrire. Elle était peut-être
écrite, à un moment donné, on arrête le 31 mars, on
prend ce qui est sorti et puis... Lorsque l'appel est entendu, il y a quand
même une grande partie du travail qui est terminée. Parce qu'il
faut qu'on entende les gens, il faut se déplacer, il faut aller dans les
régions et tout. Il y avait 71 dossiers qui étaient à
compléter, c'est-à-dire qui devaient être mis sur le
rôle. Il y en avait 70, qui forment le reste, qui étaient
incomplets. On avait demandé soit des pièces à l'appelant
lui-même ou au bureau régional pour qu'on ait suffisamment de
matières pour mettre le cas sur le rôle. Cela atténue
grandement la faillite qu'on a constatée, il y a quelques instants.
Je pense que les critiques du député de Pointe-Claire sont
injustes vis-à-vis du travail de la Commission des affaires sociales.
D'accord, du côté de l'aide sociale, on accuse un retard de
quelques mois, mais je défie le député de Pointe-Claire de
trouver des tribunaux, soit au civil ou au criminel, qui n'accusent pas des
retards, non pas de quelques mois, mais de quelques années. Nous sommes
convaincus qu'avec l'addition de ces nouveaux assesseurs, ces nouveaux
commissaires, le délai, même à la section aide sociale, qui
est la plus achalandée, pourra être rabaissé à
environ un mois, ce qui est vraiment un délai raisonnable.
Il y a une quantité considérable de personnes qui ont
été vues, si on retourne, encore une fois au rapport annuel, et
ce sont des procédures qui sont longues. Aussi, la commission, en
s'efforçant de rendre un service proche des gens, se rend un peu partout
en province. Cela, évidemment, implique une certaine perte de temps pour
le voyage, par contre, cela donne une meilleure qualité de services.
M. Shaw: Je ne voulais pas blâmer la commission.
Premièrement, ce n'est pas mon but du tout. Je dis qu'il y a un manque
de services à la population. Que vous ayez tant de cas, c'est le
problème. Pourquoi arrive-t-il autant de cas à la commission?
C'est ça le problème. Si on augmente le nombre de personnes sans
soigner la cause du problème, cela ne règle pas le
problème du tout.
La raison pour laquelle je fais cette intervention, c'est qu'il est
évident que même avec l'ouvrage que votre commission fait, je suis
totalement d'accord que l'ouvrage est important, puis que c'est très
bien fait. Ce n'est pas la question. Si on
examine seulement le symptôme, au lieu de la maladie
elle-même, la maladie est que, parmi les fonctionnaires, trop de cas sont
rendus à la Commission des affaires sociales. C'est évident. Si
l'on fait l'étude de ce projet de loi sans examiner la cause de la
situation, on évite le problème.
M. Lazure: Le député de Pointe-Claire
répète c'est son droit une affirmation qu'il a
énoncée à l'Assemblée l'autre soir, à savoir
que la commission servirait un peu pour remplacer le travail normal des
fonctionnaires. Ce n'est pas exact. Je rappelle, encore une fois, qu'il y a des
mécanismes localement; à chaque bureau d'aide sociale les
fonctionnaires doivent répondre aux contestations, dans un premier
temps. S'il s'agit non pas d'aide sociale, cette fois-ci, mais de services
ailleurs, les autorités de l'établissement, de l'hôpital,
du centre d'accueil, ou peu importe, doivent y répondre.
Troisièmement, quand cela vient aux fonctionnaires du ministère,
ils doivent y répondre.
Je vous ferai remarquer qu'il y a environ 500 000 personnes par
année qui bénéficient de l'aide sociale. Le rapport annuel
démontre qu'un peu plus de 1000 cas, 1012 plus
précisément, se sont rendus jusqu'à la Commission des
affaires sociales, section de l'aide sociale. Un chiffre de 1000 sur 500 000,
cela ne me paraît pas une avalanche de cas. Je pense que vous
exagérez quand vous dites que le problème fondamental est qu'il y
a trop de gens qui se rendent à la Commission des affaires sociales; je
ne suis pas d'accord du tout qu'il y en ait trop. Encore une fois, les
fonctionnaires ont des directives très précises; ils ne doivent
pas s'esquiver, ils ne doivent pas abandonner leurs responsabilités et
passer le cas à la Commission des affaires sociales. Ils doivent,
eux-mêmes, faire ce qu'ils ont à faire. La Commission des affaires
sociales est une dernière instance.
A partir du moment où on crée un droit d'appel, il est
incontrôlable. C'est sûr que la mauvaise qualité des
services peut entraîner le fait que des personnes iront
systématiquement en appel; par contre, dans la mesure où une
information adéquate est faite, à ce niveau, pour les personnes
qui sont déjà dans le réseau, l'information est
très adéquate puisque, dans chacun des cas, on informe du droit
à l'appel. J'ai donné une statistique, tout à l'heure, qui
disait qu'il y avait environ 30% des cas qui concernaient des cas
d'insuffisance; est-ce qu'on peut dire que ces cas ont été
maltraités? Les personnes ont le maximum prévu par la
réglementation, ce sont des cas où il n'y a pas
d'interprétation possible. Mon rôle, ici, n'est pas de
défendre les fonctionnaires du réseau, mais, enfin, lorsqu'on
donne le maximum à une personne, c'est difficile, pour le fonctionnaire,
de faire davantage. Il y a quand même 30% de ces appels qui concernent
l'insuffisance. Est-ce qu'on doit être sélectif? Est-ce qu'on doit
permettre seulement les appels pour certains motifs ou si on va permettre
l'appel en général?
M. Shaw: Vous venez de dire que 40%... M. Lazure: 30%.
M. Shaw: ... de ces cas qui sont devant vous étaient
réglés.
M. Lazure: Non, 40% des autres. J'ai dit que dans tous les cas
d'insuffisance l'appel est automatiquement rejeté parce que la personne
a le maximum prévu par la réglementation. Autant l'administration
que la commission ne peuvent pas donner à la personne plus que ce qui
est permis par la réglementation. C'est seulement dans les cas où
il y a une interprétation possible du droit ou une appréciation
des faits qui peut être différente où il peut y avoir une
possibilité que la décision soit changée.
M. Shaw: Est-ce que c'est changé?
M. Lazure: Je l'ai dit tout à l'heure...
M. Shaw: 40%.
M. Lazure: ... pour ces cas-là, environ 40%.
M. Shaw: Oui.
M. Lazure: Mais il y a 30% de tous les appels logés qui
concernent des cas d'insuffisance où l'appel est rejeté
automatiquement.
Donc, c'est 40% des 70% qui restent. Cela va?
M. Shaw: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Dans l'ordre, les
députés de Rivière-du-Loup, Champlain, Sherbrooke,
Drummond.
M. Boucher: C'est justement sur cette question que j'ai
énormément de points d'interrogation. Quels sont les pouvoirs de
la commission d'appel dans les cas d'insuffisance où le bureau local a
déjà appliqué des normes, où le bureau
régional les a révisés? On arrive en appel encore avec les
mêmes normes et la commission d'appel n'a pas de pouvoirs plus grands que
le bureau régional ou le bureau local dans ces cas-là.
M. Lazure: Je dirais qu'elle n'a pas de pouvoirs plus grands que
le législateur, que la loi. C'est un peu normal.
M. Boucher: Pourquoi amener ces cas devant cette commission
d'appel? Cela grossit le rôle alors qu'on sait pertinemment qu'il n'y
aura rien de changé dans les normes, sinon de donner à la
commission des pouvoirs d'interprétation de l'esprit de la loi. J'ai
été appelé à représenter des gens devant la
Commission des affaires sociales alors qu'on savait pertinemment qu'avec les
revenus qu'ils avaient les commissaires le reconnaissaient les
gens crevaient et on ne pouvait rien.
Moi, je dis que l'esprit de la Loi de l'aide sociale c'est d'aider les
gens à vivre, pas de les aider à crever. Alors, si la commission
n'a pas les pouvoirs d'interpréter ou de passer outre aux normes, vous
avez quand même des cas d'insuffisance... Sur 1012 cas, avez-vous dit,
30% sont des cas
d'insuffisance. Cela ne représente quand même pas un nombre
exagéré de cas où la commission d'appel pourrait quand
même avoir le droit d'interpréter l'esprit de la loi et
d'outrepasser certaines normes qui sont simplement des règlements.
Autrefois, avant que la commission d'appel soit instaurée, on avait les
cas spéciaux comme on les appelait, où, par arrêté
en conseil, on pouvait augmenter les normes. Il y en avait pas mal plus de ces
cas spéciaux, qu'il n'y en a actuellement. Aujourd'hui, ces cas
spéciaux, on les ignore complètement et on les laisse quand
même crever à petit feu. C'est pour cela que je dis que si on ne
veut pas donner à la commission d'appel des pouvoirs plus grands
d'interprétation des normes, qu'on annule complètement ces 30%,
cela n'augmentera pas le rôle, et qu'on les arrête au bureau
régional. Si on les envoie devant la commission d'appel on fait perdre
le temps de la commission d'appel autant que des gens qui y vont.
M. Lazure: Vous soulevez des questions qui sont très
intéressantes, mais je pense que je relèverais deux choses.
D'abord vous avez parlé des barèmes qui ne sont pas assez
élevés. Vous touchez là une question qui est vaste...
M. Boucher: Dans certains cas.
M. Lazure: Oui, dans certains cas. C'est toute la question de la
répartition des richesses dans une société que vous
touchez là. Est-ce que vous, en tant que législateurs, vous
êtes prêts à consentir à ce que les
bénéficiaires d'aide sociale touchent beaucoup plus à
chaque mois? C'est votre problème à tous ici. C'est le
problème aussi des gens qui payent. Quel effort une
société est-elle prête à consentir pour ses pauvres?
Alors lorsqu'on donnera la latitude...
M. Boucher: La question est générale dans le sens
que je dis que dans ces 1012, cas d'insuffisance, où il y a 30% de cas
où simplement l'aide sociale n'était pas suffisante pour vivre.
Je pense qu'il y en avait certainement là-dedans qui avaient des
obligations qui dépassaient d'une façon excessive les normes qui
étaient appliquées par la Loi de l'aide sociale. Alors, ces
quelques cas, je pense, auraient pu être étudiés de
façon que l'esprit de la loi soit appliqué et non pas simplement
la norme.
M. Lazure: Un petit préambule. La commission, si on lui
donne ce pouvoir un jour l'exercera sûrement. Il n'y a pas de
problème là-dessus. Le problème que vous soulevez
là c'est tout le problème des lois catégorisées
aussi. Cela on l'a mis de côté en 1970; cela va à
l'encontre des politiques du ministère des Affaires sociales, de ce qui
se passe aussi ailleurs au Canada où on veut instaurer un revenu minimum
garanti. M. le ministre est sûrement beaucoup mieux placé que moi
pour vous en parler, mais je pense que ce que vous proposez va à
l'encontre de la tendance actuelle. Enfin, il est toujours possible de faire
des retours, mais ce n'est pas...
J'ajouterai que les 30% de 1000 les quelque 300, cela paraît un
tout petit nombre, mais vous pouvez être assurés que le jour
où la commission aurait le pouvoir d'outrepasser les normes, ce ne
serait plus un petit nombre, à ce moment, ce ne serait plus 300; ce
serait 3000, puis ce serait 30 000, puis ce serait 300 000. C'est ce qui est la
réalité, parce que là il y en a quand même
relativement peu qui se rendent jusqu'à l'appel pour de l'insuffisance,
parce que justement la population est pas mal au courant maintenant que c'est
rigide, qu'on ne peut pas outrepasser les normes. A tort ou à raison,
retourner maintenant à la période d'avant 1970 où on avait
les besoins spéciaux, c'est une possibilité aussi, mais moi, en
tout cas, d'après ce que j'en connais depuis les sept mois que je suis
à ce poste, c'est que cela a été un geste sage
d'éliminer les besoins spéciaux, en augmentant évidemment
le plafond des allocations mensuelles.
Parce que, à partir du moment où on ouvre la porte
à des besoins spéciaux, on assiste à de l'arbitraire de la
part des fonctionnaires qui ont à administrer la loi. Si on revenait aux
besoins spéciaux, des cas en appel, on n'en verrait plus 1000 par
année, mais on en verrait 10 000 par année et, 50 000. Encore une
fois, je pense qu'on peut faire la preuve que dans certains cas s'est
insuffisant, comme dans d'autres secteurs des affaires sociales on peut faire
la preuve facilement que les allocations quotidiennes qu'on donne pour les
parents nourriciers, minimum $3.80 par jour pour un enfant et qui vont
seulement jusqu'à $5.60 ensuite, c'est certainement insuffisant autant
que peut l'être l'aide sociale mensuelle aussi.
J'espère que l'on pourra, soit l'an prochain ou dans un avenir
prochain en tout cas, avec une meilleure situation financière, augmenter
ces prestations.
M. Boucher: J'en reviens à la deuxième partie de ma
question, à savoir ce que le député de Pointe-Claire
soulevait tout à l'heure, que cela augmente le nombre de cas qui
arrivent devant la commission d'appel, puis qui apparaissent insolubles...
M. Lazure: Est-ce que je peux répondre?
M. Boucher: Je dirais: Pourquoi ne les arrête-t-on pas au
régional si l'on ne veut pas aller plus loin? S'il y a une
vérification qui est faite au niveau régional et que le
fonctionnaire au bureau local a donné le maximum, pourquoi
n'arrête-t-on pas ces cas au bureau régional?
M. Lazure: Vous voulevez une question bien intéressante.
Nous avons étudié la possibilité, par exemple, de ne pas
accorder l'audition dans ces cas. Cela va à l'encontre du principe de
justice naturelle qui veut qu'une personne ait le droit d'être entendue,
mais cela n'implique quand même pas toujours une audition. La Cour
suprême va décider.
Par contre, on m'a dit que cela n'améliorerait pas tellement les
choses. Vous êtes de quelle région? De Sherbrooke?
M. Boucher: De Rivière-du-Loup.
M. Lazure: Rivière-du-Loup. On y va très souvent,
parce que c'est une bonne région pour nous. Il y a des gens dans ce
coin, la Gaspésie et le Bas-du-Fleuve, cela nous fait travailler.
Admettons que l'on va à Rivière-du-Loup pour sept, huit, ou dix
cas. Sur les dix, il y en a deux qui sont des cas d'insuffisance, où les
personnes ont le maximum prévu par la réglementation, c'est le
seul motif d'appel, le taux de l'aide accordée.
Est-ce tellement plus long, pour la commission qui est rendue à
Rivière-du-Loup, où elle a dépêché un membre
et un assesseur d'entendre ces deux cas-là? Cela va prendre
peut-être une demi-heure pour chacun; les citoyens auront eu la chance de
dire ce qu'ils ont à dire, leur rancoeur, etc. Puis rendre ces
décisions, ce ne sont pas les plus pénibles à rendre. Ce
n'est pas compliqué. Je pense qu'il est quand même important
d'entendre ces personnes.
A l'occasion de ces auditions, on peut faire un travail d'information.
La personne va parler de ses problèmes. On peut l'orienter vers d'autres
ressources du milieu, vers les centres de services sociaux. On peut même
lui dire de retourner à son bureau local. On peut découvrir
qu'elle a des besoins spéciaux, qu'elle n'a même pas
identifiés; malgré le fait qu'ils disparaissent tranquillement,
il reste encore de ces besoins spéciaux. Je pense que ce n'est pas du
temps perdu de rencontrer ces gens. C'est un service offert à la
population.
Je différerais d'opinion s'il fallait se rendre dans une
région seulement pour entendre les cas d'insuffisance. Je serais bien
d'accord avec vous.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je vais toucher sensiblement le même point, avec
probablement les mêmes réponses.
Le Président (M. Marcoux): Sur le même sujet,
permettez-vous au député...
M. Gagnon: C'est le même sujet, moi aussi, je pense
bien.
Le Président (M. Marcoux): Allez-y, M. le
député de Champlain.
M. Gagnon: Vous dites qu'on ne peut pas étudier de cas
spéciaux. Depuis 1970, en fait, on a de moins en moins de cas
spéciaux. Je me demande de quelle façon on peut appliquer cela en
pratique. Je suis d'accord aussi avec le principe que si on a des cas
spéciaux, la liste va paraître beaucoup plus longue. Il y a tout
de même des cas presque inhumains, parfois, qui se produisent. Je ne sais
pas dans quel tiroir on pourrait les placer. Je me demande s'il n'y aurait pas
possibilité d'avoir un mi-chemin entre ce qui existait avant et ce qui
existe aujourd'hui. Dans certains cas, on peut dire qu'il y a des gens qui sont
réellement mal pris et c'est un très faible pourcentage.
Je vais vous donner un exemple. Un vendredi, une femme arrive à
mon bureau, elle n'a plus rien pour passer la fin de semaine. Je n'ai pas
à la juger, mais elle est prise dans une situation absolument
pénible, elle n'a pas de logement, elle devait payer son loyer le
même vendredi, et ainsi de suite. Je ne vous raconterai pas toute son
histoire, mais j'ai été réellement au regret de l'envoyer
en haut, parce que mon bureau est près de celui du service social. Ces
gens me l'ont retournée. Finalement, il fallait essayer de faire quelque
chose pour cette femme, pour qu'elle puisse vivre jusqu'au lundi matin.
Il y a des problèmes réellement spéciaux,
même si on veut les éliminer, ils existent. Il y a certains
problèmes où on est réellement mal pris avec ces gens. Je
me demande si on ne devrait pas trouver un mi-chemin quelque part, pour essayer
d'aider ces gens, au moins les secourir temporairement.
J'ai deux ou trois autres questions, je vais vous les poser et vous
pourrez peut-être y répondre en même temps. Dans toutes les
régions, y a-t-il des enquêtes qui se font
régulièrement sur ceux qui retirent des prestations d'assistance
sociale?
Souvent, on nous dit: Un tel, dans tel coin, retire des prestations et
il n'y aurait pas droit. Fait-on des enquêtes régulièrement
là-dessus?
Est-ce que nous avons des statistiques au niveau des régions,
probablement que cela existe dans le rapport, en particulier la région
04 qui est la mienne, sur les cas de refus, d'insuffisance, pour qu'on puisse
s'alimenter pour leur envoyer les gens qui viennent nous voir?
M. Lazure: II y a une précision à faire. Est-ce que
c'est dans tout le réseau ou à la commission? Nous, on ne sait
pas ce qui se fait dans le réseau. La commission est un tribunal.
Il faut faire la mise au point, M. le Président. Il ne s'agit pas
de l'aide sociale là. Il s'agit de discuter des activités de la
commission. On peut apporter des réponses à ces questions,
surtout des statistiques région par région. Notre service d'aide
sociale a ces statistiques. La commission a ces statistiques aussi, pour la
partie qui la concerne.
Pour ce qui est des enquêtes, il y a aussi des enquêtes qui
se font régulièrement. Il n'est pas toujours opportun d'expliquer
le mécanisme dans des documents publics, mais n'importe quel
député peut être renseigné sur ces mécanismes
en rencontrant un fonctionnaire de notre service d'aide sociale.
Votre première question en ce qui concerne les cas vraiment de
misère flagrante, la population et aussi les députés ne
sont pas, assez souvent, renseignés. C'est la faute des
établissements du réseau des affaires sociales et du
ministère des Affaires sociales, dans bien des cas. Il existe,
indépendamment de l'aide sociale, des établissements dans le
réseau dont une des fonctions est précisément de
dépanner. Les centres de services sociaux, dans chaque région ont
des caisses de dépannage. Malheureusement, certains des centres de
services sociaux ne sont pas aussi accessibles
qu'ils devraient l'être, surtout en fin de semaine ou le soir.
Comme vous le savez, on fait beaucoup de pressions, depuis quelque temps, pour
que les centres de services sociaux soient disponibles 365 jours par
année, 24 heures par jour, au moins pour le service de la protection de
la jeunesse, lorsque le projet de loi sera devenu loi, dans X mois. On essaie
de rendre ces services sociaux accessibles à longueur d'année et
24 heures par jour. Il n'y a pas seulement l'aide sociale qui peut
dépanrier les gens. Même lorsque le bénéficiaire est
rendu au maximum de l'aide sociale, il peut être aidé par une
autre institution, comme le centre de services sociaux, dans des cas de
dépannage ou des organismes bénévoles qui existent encore
dans notre société.
Le Président: Le député de Sherbrooke.
Le député de Drummond.
Est-ce que je peux appeler l'article 1?
M. Saint-Germain: J'aimerais revenir, comme je vous le disais M.
le Président, sur ces appels à la Commission des affaires
sociales dans des cas particuliers, comme l'a mentionné le
député de Rivière-du-Loup. Dans des lois d'aide sociale,
même si ces lois sont très raffinées et même si, avec
le temps, on a essayé de les améliorer de façon qu'elles
soient le plus justes et efficaces possible, il reste que nous vivons dans une
société tout à fait anonyme. Il est très difficile
de faire des lois qui seraient justes pour tous les citoyens. Il y a
certainement toujours des cas spéciaux, comme l'a décrit le
député de Rivière-du-Loup. Je me demande s'il n'y aurait
pas un moyen de laisser tomber toute cette question de numéros, de tous
ces citoyens anonymes pour arriver à s'intéresser à un cas
bien particulier, qui ne cadrera pas dans la loi ou cette dernière n'est
pas adaptée aux conditions particulières d'un individu ou d'une
famille. La Commission des affaires sociales pourrait faire au ministre une
recommandation, dans ces cas particuliers, et par un arrêté en
conseil le ministère, le cabinet, l'exécutif pourrait
régler ces cas.
Cela amènerait certainement des appels plus considérables
à la Commission des affaires sociales. Mais si on laisse à la
Commission des affaires sociales la liberté d'établir ce qu'elle
croit, après enquête, après étude d'un cas,
être un cas particulier, je pense bien qu'on pourrait en venir à
ce que les gens connaissent très bien, ce qu'on appelle un cas
particulier, et de le régler par ce moyen.
On pourrait, si vous voulez, faire face aux cas particuliers en les
étudiant cas par cas, et je ne pense pas que cela amènerait des
problèmes insurmontables.
M. Lazure: M. le Président, c'est une question qui demeure
très subjective, le cas particulier. Certainement, à partir du
moment, comme je l'ai dit tantôt, où on annoncerait au public que
dorénavant la commission va pouvoir dépasser les normes devant
tel ou tel cas particulier, c'est certain qu'on aurait une avalanche. On n'a
malheureusement pas de sommes disponibles pour faire face à une telle
augmentation.
M. Saint-Germain: Non, je ne dis pas, M. le Président, que
la commission devrait avoir l'autorité pour dépasser les normes,
mais vous avez quoi? Vous avez dit 500 000 cas...
M. Lazure: ... bénéficiaires.
M. Saint-Germain: ... bénéficiaires. C'est entendu
que la loi ne peut pas être juste pour les 500 000. Parmi les 500 000, il
y a certainement une minorité de gens qui ne peuvent pas être
desservis convenablement par cette loi. Ils ne sont pas nombreux, certainement,
mais, seulement, ils existent. Cela me semble vrai à sa face même,
et, ces cas, la Commission des affaires sociales n'aura pas l'autorité
de les solutionner elle-même. Elle aurait l'autorité de faire ses
recommandations au ministre qui, lui, pourrait apporter une solution pratique
à ces cas particuliers.
M. Lazure: Je pense que la véritable réponse
à cela, ce n'est pas d'ouvrir cette porte, ce n'est même pas
d'augmenter les prestations mensuelles d'aide sociale. Comme on l'a dit tout
à l'heure, c'est d'aller vers la création d'un revenu annuel
familial garanti. Comme cette commission le sait, le parti qui est au
gouvernement actuellement s'intéresse beaucoup à cette question,
et on espère, dans un avenir pas trop lointain, pouvoir établir
un tel revenu annuel garanti.
M. Saint-Germain: Je ne voudrais pas, M. le Président,
faire un débat à ce sujet mais on pourrait affirmer sans erreur
que même le revenu annuel garanti ne solutionnerait pas les cas
particuliers qui ne sont pas solutionnés par les politiques des Affaires
sociales actuellement. Ce sont réellement des cas tout à fait
exceptionnels. Il y a aussi toute cette question de dépannage que vous
avez mentionnée. Malheureusement, les bureaux locaux sont
extrêmement mal organisés pour dépanner les gens qui sont
réellement mal pris. Je sais bien que ce n'est pas facile. Ce n'est pas
un sujet qui entre directement dans ce que nous étudions ce matin, mais
j'aimerais tout de même, puisque j'en ai l'occasion, attirer l'attention
du ministre sur ces situations de dépannage. Puisque j'y suis, M. le
ministre, le ministère a envoyé dernièrement, aux bureaux,
des directives qui permettent difficilement à un député
d'intervenir dans les cas des assistés sociaux, et j'ai trouvé
cela assez pénible. Il y a quelques mois, j'ai appelé au bureau
local et j'ai senti, par la réticence des fonctionnaires qui
étaient là, qu'ils n'étaient pas libres de me donner les
informations qu'un citoyen exigeait, et on m'a confirmé qu'on avait
reçu des ordres de ne pas dévoiler au député les
dossiers...
M. Lazure: De quel type d'information s'agissait-il? Il n'y a
jamais eu aucune directive là-dessus.
M. Saint-Germain: J'ai trouvé cela curieux, mais j'ai eu
l'occasion d'en parler.
M. Lazure: Est-ce que le député a vu la directive
en question?
M. Saint-Germain: Non, mais j'ai parlé aux
employés. Ils me connaissent, les gens, même par ma voix; j'ai eu
l'occasion d'appeler souvent et il y avait une entière
collaboration.
M. Lazure: Je ne sais pas de quelle directive vous parlez. S'il y
en a une, c'est à mon insu.
M. Saint-Germain: Cela regarde le secret des dossiers.
M. Lazure: C'est vraiment une initiative locale. Il n'y a pas eu
de directive, à ma connaissance, du ministère. J'aimerais bien
que le député de Jacques-Cartier m'envoie une copie de cette
directive si elle existe.
M. Saint-Germain: Je ne suis pas prêt à soutenir que
la directive existe. Je transmets les informations que j'ai reçues, si
vous voulez, du bureau. D'habitude, j'avais sa collaboration et je pouvais
amicalement...
M. Lazure: Cela peut être une décision locale de ces
agents d'aide sociale du bureau. On prend note de cela et on va...
M. Saint-Germain: J'aurais été bien aise de le
savoir parce que j'aurais pris un autre ton pour dialoguer.
M. Lazure: On va s'informer auprès du directeur de l'aide
sociale.
M. Boucher: II y a une clause de confidentialité...
M. Lazure: II y a une clause de confidentialité dans le
tout, mais il ne s'agit pas de cela.
M. Saint-Germain: C'est le bureau local de Lasalle, et cela
comprend Lachine. Je sais bien que si on s'en tient à la lettre et
à l'esprit du règlement, on peut refuser à un
député de dévoiler quoi que ce soit au dossier. Il y a une
procédure d'établie, il faut que la personne, l'assisté
signe une formule, etc., autorisant le député à prendre
connaissance du dossier.
M. Lazure: C'est dans la loi. La loi dit que tous les dossiers
sont confidentiels. La seule façon dont vous puissiez y avoir
accès, c'est que vous soyez autorisé par l'assisté social,
à aller voir les pièces du dossier.
M. Saint-Germain: Je suis d'accord.
M. Lazure: Ce n'est pas là-dessus que vous soulevez le
problème
M. Saint-Germain: Non, je suis bien au courant. Habituellement,
vous savez comme moi que comme député on reçoit ces gens.
Il n'y a rien de nouveau là-dedans. S'il faut toute une procédure
pour en arriver à connaître ce qui en est, quelle est la
situation, ce n'est pas facile non plus. Habituel- lement, quand j'appelais au
bureau, on me connaissait par ma voix, on me faisait confiance et je n'avais
aucune difficulté. Bien souvent, l'assisté social était
devant moi. Le fait qu'il vienne nous voir, c'est certainement un consentement,
si vous voulez, à ce qu'on soit au courant du dossier.
M. Lazure: Encore une fois, M. le Président, on prend note
de la situation. Ce n'est pas une politique émanant du
ministère.
M. Saint-Germain: J'avais demandé cette information et on
m'avait laissé entendre qu'on avait reçu... Je ne dis pas que ce
soit fondé. Seulement, si vous pouviez, par un coup de
téléphone...
M. Lazure: Une sténographe pourra appeler votre
bureau.
M. Saint-Germain: Merci.
M. Lazure: J'ajouterais seulement une chose pour l'information
des membres de cette commission. Pour les cas qu'on appelle les cas d'urgence,
l'article 21 ou 22, je crois, de la loi, l'article 21 permet à la
Commission des affaires sociales d'en ordonner autrement dans les cas
d'urgence, c'est-à-dire que lorsqu'une décision est prise par une
administration, elle est exécutoire dès qu'elle est rendue. Par
contre, d'office, la commission peut en ordonner autrement lorsque l'appel est
logé devant elle. Elle peut aussi le faire à la requête
d'une personne. Vous avez, dans le rapport annuel, une statistique à ce
sujet. Ce n'est peut-être pas dans le tableau à la fin. Elle a
rendu, je crois, 35 décisions dans ces cas et la plupart étaient
des cas d'aide sociale où il y avait réellement urgence,
c'est-à-dire que les personnes étaient dans une situation fort
pénible. Il est bien certain, par exemple, que cela règle
seulement les cas d'urgence où il y a un appel qui est logé. Une
personne qui n'a rien à manger pour la fin de semaine, par exemple, cela
ne vaut rien, cet article, pour elle.
M. Saint-Germain: Si vous me le permettez, M. le
Président, pour terminer, je ne voudrais pas, non plus, qu'on
interprète mes paroles comme étant une critique de
l'administration du bureau local que je viens de mentionner, qui est le mien,
parce que je dois avouer que l'application de la Loi de l'aide sociale est
beaucoup plus efficace actuellement qu'elle ne l'était il y a quatre ou
cinq ans, quand on était surchargé d'appels. Comme
député, quand les choses vont bien, on n'a pas d'appels. On n'a
pas besoin d'aller vérifier si les choses vont bien. Les appels tombent
à pic. Quand cela va mal et qu'on ne fonctionne plus, c'est le
contraire. Là, on reçoit des appels régulièrement
et on est certain que cela ne fonctionne plus. Je ne fais pas de critiques du
bureau en particulier parce qu'il est très rare, maintenant, que je
reçoive des appels.
M. Shaw: J'ai seulement une question qui est une question de
principe. Je vois ici la liste des membres et des assesseurs de la Commission
des af-
faires sociales. Je ne vois aucun anglophone à cette commission.
Avec un cinquième de la population québécoise qui est
anglophone, je trouve incroyable c'est un tribunal, c'est la voix de
personnes qu'il n'y ait pas de représentation d'anglophones dans
ces tribunaux ni même parmi les assesseurs.
M. Lazure: Parmi les membres, il y en a un qui est d'origine
à la fois allemande et irlandaise qui s'appelle Wurtele, ou je ne sais
trop, c'est un francophone dans le bon sens du terme, mais enfin...
M. le Président, je prends note de la remarque du
député de Pointe-Claire. J'en tiendrai compte au moment où
on aura à nommer de nouveaux assesseurs, de nouveaux commissaires. Je
peux rassurer le député de Pointe-Claire que, quant à moi,
il n'y a pas une opposition systématique à nommer des anglophones
à une telle commission. Depuis que je suis en fonction, je n'ai pas eu
à nommer de membres de cette commission, mais je vais en tenir
compte.
M. Shaw: D'accord.
M. Lazure: Peut-être un point d'information. Lorsque les
personnes se présentent et qu'elles parlent anglais, les auditions sont
tenues en anglais.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que je peux appeler
l'article 1?
A l'article 1, il y a un amendement de proposé. Nous allons
d'abord discuter de l'amendement qui est proposé par le ministre de
remplacer 10 par 12.
M. Lazure: Les raisons ont été données
tantôt.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Shaw: Adopté.
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Est-ce que
l'article 1 tel'qu'amendé est adopté?
M. Saint-Germain: Adopté. M. Shaw:
Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 2. On propose de
faire un nouvel article 2, une addition, qui se lit comme suit, ajouter
après l'article 1 du paragraphe suivant de la loi: article 2. L'article
6a de ladite loi édicté par l'article 2 du chapitre 64 de la loi
de 1975 est modifié par le remplacement des deuxième et
troisième alinéas par le suivant: Lors de chaque nomination, le
lieutenant-gouverneur en conseil identifie les divisions auxquelles est
rattaché l'assesseur; le nombre total d'assesseurs ne peut être
supérieur à 15, au moins 8 assesseurs doivent être
médecins, dont 4 psychiatres, et, au moins deux autres doivent
être des travailleurs sociaux professionnels.
M. Boucher: Est-ce ajouté à l'article 2 ou à
l'article 1?
Le Président (M. Marcoux): Cela va être
intercalé entre l'article 1 et l'article 3. L'article 2 actuel va
devenir l'article 3, l'article 3 va devenir l'article 4 et ainsi de suite.
M. Lazure: C'est un nouvel article 2.
Le Président (M. Marcoux): C'est un nouvel article 2 qui
était complètement absent.
M. Shaw: C'est pour augmenter le nombre d'assesseurs à
quinze?
M. Lazure: Exactement.
M. Shaw: Ce sont presque tous des médecins. Est-ce que
vous avez une raison pour cela?
M. Lazure: C'est encore une fois, en prévision de la
nouvelle juridiction qui sera conférée à la Commission des
affaires sociales. Les quorums dans cette division, la division des accidents
du travail seront, selon les cas, d'un membre et de deux médecins ou
deux membres et un médecin.
Il s'agit d'appels sur des diagnostics médicaux ou des
évaluations médicales d'incapacité temporaire ou
permanente.
M. Saint-Germain: Est-ce que je pourrais demander au ministre
pourquoi cet article n'était pas dans le projet de loi originel, quel en
est le motif?
M. Lazure: On l'a expliqué tantôt. Au moment de la
première rédaction, il n'était pas encore sûr que
dans le projet de loi no 5, on prévoirait le transfert des appels des
accidentés du travail vers la Commission des affaires sociales. Quand
ceci a été décidé, il a fallu faire cet
amendement.
M. Saint-Germain: C'est le même motif qui a
amené...
M. Lazure: Oui, c'est cela.
M. Saint-Germain: Maintenant... Oui, allez.
M. Lazure: Lorsque le projet de loi no 5 sera adopté, vous
retrouverez à l'article 20, de la présente loi, trois nouveaux
paragraphes m, n et o pour les appels logés en vertu des
accidents du travail et les appels pour les victimes de l'amiantose et de la
silicose dans les mines et carrières.
M. Saint-Germain: Maintenant...
M. Shaw: Ce n'est pas dans ce projet de loi-ci?
M. Lazure: Non. Vous allez retrouver ces modifications dans le
projet de loi no 5 qui est présentement déposé.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 2 est
adopté? Adopté.
M. Saint-Germain: Un instant.
M. Laberge: Est-ce que les membres de la commission et les
assesseurs sont des employés du gouvernement à temps complet ou
bien s'ils sont employés à temps partiel, certains d'entre
eux?
M. Lazure: La loi crée l'obligation pour le
président, le vice-président et au moins un autre membre
d'employer tout leur temps à leur fonction de commissaire.
Les autres sont tous, les cinq autres sont tous, en ce moment, à
temps complet. Il y a cinq assesseurs dans la division de l'aide sociale; ils
sont tous à temps complet. Les assesseurs psychiatres et médecins
sont à temps partiel; selon le nombre des cas et leur vacation.
M. Laberge: Merci, cela répond à ma question.
M. Lazure: Ils viennent selon les appels qu'on doit entendre.
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qui a amené le
lieutenant-gouverneur en conseil à vouloir faire lui-même la
division des assesseurs.
M. Lazure: Vous voulez dire le rattachement des assesseurs aux
différentes divisions?
M. Saint-Germain: Oui. On dit: Lors de chaque nomination, le
lieutenant-gouverneur en conseil identifie les divisions auxquelles est
rattaché l'assesseur. Pour quelle raison cette liberté d'action
n'est-elle pas laissée au président?
M. Lazure: Dans la loi, on a d'abord voulu qu'il y ait des
assesseurs, on a identifié un besoin. Prenons le cas, par exemple, des
appels des médecins et dentistes; il y a un médecin qui est
assesseur dans ces cas-là. On a voulu aussi, pour compléter la
loi, obliger qu'il y ait au moins un assesseur médecin qui siège
dans ces cas-là. On voyait là une nécessité. On a
décidé que, lorsque les nominations seraient faites, on
indiquerait à quelle division doit être rattaché
l'assesseur nommé.
M. Saint-Germain: Pour quelle raison la loi ne dicte-t-elle pas
tout simplement au président de la commission ce que le
législateur veut, et laisser, après cela, au président de
la commission, la responsabilité de se servir de son personnel en
concordance avec la loi et le règlement?
M. Lazure: Cela part du principe que le lieutenant-gouverneur
nomme quelqu'un à une fonction. Comme, antérieurement, il
était tenu d'attacher un assesseur à une division, ce qui
enlevait de la latitude au président pour diviser le travail selon les
besoins en cours d'année, on suggère, par le projet de loi, que
le lieutenant-gouverneur le nomme à plusieurs divisions, qui vont
être suggérées par le président de la commission,
et, en cours d'année, le président va pouvoir affecter tel
assesseur à l'une des divisions auxquelles il peut être
attaché selon les besoins. Il y a des périodes de l'année
où il y a plus d'appels du côté de l'aide sociale, et
à d'autres périodes, c'est à une autre division, etc.
M. Saint-Germain: Un assesseur pourra changer de division selon
les besoins?
M. Lazure: C'est cela. C'est une formule plus souple que celle
qui existait. Dans la loi existante, on disait: Lors de chaque nomination, le
lieutenant-gouverneur en conseil identifie la division de la commission
à laquelle est rattaché l'assesseur. Là, il peut
être rattaché, comme on vient de le dire, à plus qu'une
division.
M. Saint-Germain: A la condition qu'il fasse appel au
lieutenant-gouverneur en conseil?
M. Lazure: Non.
M. Saint-Germain: Pas nécessairement?
M. Lazure: Non. Le lieutenant-gouverneur, aux mises en
nomination, va dire: M. Untel pourra être attaché à telles
divisions. Il pourra les énumérer. Il n'aura pas de latitude,
vous avez raison, le président; ils seront rattachés aux
divisions par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Saint-Germain: Et ce ne sera pas nécessairement une
division; il pourra être rattaché à deux...
M. Lazure: C'est cela, à deux ou trois.
Actuellement, c'est une division. Le but est qu'un assesseur puisse
être attaché à plus qu'une division. C'est le
changement.
M. Saint-Germain: Bon. Vous les nommez pour dix ans?
M. Lazure: Cinq ans.
M. Saint-Germain: Cinq ans.
M. Lazure: Cela peut être moins, c'est le maximum, cinq
ans.
M. Saint-Germain: Et vous nommez pour dix ans les commissaires;
ai-je raison?
M. Lazure: C'est encore un maximum, ce peut être moins.
M. Saint-Germain: Ce peut être moins, ce peut être
cinq ans aussi. Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Alors, article
2, adopté. Je propose d'adopter que les arti-
des 2 à 8 du projet de loi deviennent les articles 3 à 9,
un amendement de concordance.
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Puisque c'est
adopté je vais les lire dans leur nouvelle formulation. L'ancien article
2 qui devient le nouvel article 3: Adopté?
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. L'ancien article
3 qui devient le nouvel article 4. Adopté?
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'ancien article 4 qui devient
l'article 5. Adopté?
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. L'ancien article
5 qui devient le nouvel article 6? Adopté?
M. Saint-Germain: A l'article 5 vous permettez à la
commission de réviser ses décisions. Cela laisse entendre
qu'actuellement elle n'en a pas le droit?
M. Lazure: C'est cela, oui.
M. Saint-Germain: De quelle façon cet article va-t-il
modifier la loi, si vous voulez?
M. Lazure: Oui. la Commission des affaires sociales entend les
appels; les décisions qu'elle rend sont finales et sans appel. Finales,
c'est-à-dire qu'elle ne peut pas elle-même les réviser et,
sans appel, on ne peut pas en appeler à un tribunal supérieur.
Alors, je pense qu'il est assez important de prévoir un droit de
révision pour cause de certaines décisions où il pourrait
s'être glissé une erreur de copiste ou une erreur qui vicie
fondamentalement la décision et crée une injustice flagrante pour
le citoyen. Les tribunaux de droit commun ont ce qu'on appelle la
rétractation de jugement, le pouvoir de rétracter leur jugement
pour diverses causes. Je pense que c'est d'autant plus important pour un
tribunal qui rend des décisions qui sont sans appel d'avoir une
possibilité de...
M. Saint-Germain: Quels sont les facteurs qui peuvent amener la
commission à revenir sur un dossier? Cela prendrait des
éléments nouveaux, je suppose? Mettons de côté
les...
M. Lazure: Peut-être qu'un fait qui existait au moment
où l'administration a pris sa décision, ce fait n'a pas
été rapporté par exemple à l'audition en appel, la
connaissance de ce fait aurait pu changer totalement la nature de la
décision rendue. Enfin les causes pourraient être celles qu'on
retrouve au Code de procédure civile pour la rétraction de
jugement.
M. Saint-Germain: Adopté. M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 6,
adopté. Article 6 qui devient article 7?
M. Shaw: J'aurais une question. Le quorum, vous dites que
normalement c'est trois personnes à la commission qui siège.
M. Lazure: Cela dépend des divisions. Cela dépend
des problèmes traités à l'intérieur même des
divisions. Cela va d'une personne, pour les contestations d'élection
dans les établissements de santé, jusqu'à trois personnes,
par exemple, dans le cas des appels des mécecins, des cas des appels
provenant des décisions en réexamen dans la Régie des
rentes.
M. Shaw: Alors ces décisions c'est contrôlé
maintenant avec cette disposition par la commission elle-même.
M. Lazure: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Article 7 qui devient l'article
8. Adopté?
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 8 qui devient l'article
9. Adopté?
M. Saint-Germain: Adopté.
M. Shaw: Adopté.
Le point que j'ai soulevé au début n'est pas quelque chose
de négatif, parce que franchement je crois que vous avez un gros travail
à faire.
M. Lazure: Ah non! je ne l'ai pas pris dans ce sens-là non
plus. D'ailleurs, la commission, comme tout le monde, n'est pas tenue à
l'impossible. Cela fait plus d'un an que le président a demandé
une augmentation des membres et les commissaires sont déjà
surchargés. Voyez le nombre de décisions rendues, comparez-les
aux décisions qu'ont à rendre aussi les juges dans les tribunaux
de droit commun, et vous verrez que le rôle est beaucoup plus
chargé chez nous, énormément plus chargé.
Je pense qu'ils sont plus efficaces que beaucoup de tribunaux, si l'on
compare les deux.
A part cela, il y a des auditions qui sont fort longues, il y a les
appels... On a fait jusqu'à dix jours complets d'auditions dans le cas
d'un médecin qui voulait entrer dans un hôpital. On a fait une
dizaine de jours d'audition dans le cas d'une réclamation de $100
000.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie, M. Fortier,
au nom de tous les membres de la commission, de sa généreuse
participation.
M. Lazure: M. Julien.
Le Président (M. Marcoux): M. Julien, je m'excuse.
M. Lazure: M. Julien, qui venait au nom de M. Poirier,
président de la Commission des affaires sociales.
Le Président (M. Marcoux): Je le remercie de sa
généreuse participation à nos travaux et des explications
qu'il a données aux membres.
M. Saint-Germain: Qu'il me soit permis, M. le Président,
au nom de l'Opposition officielle, de remercier M. Julien de ses explications
claires, précises et convaincantes.
M. Lazure: Cela m'a fait plaisir.
Le Président (M. Marcoux): J'appelle maintenant le projet
de loi no 23, Loi modifiant la Loi de la protection de la santé publique
et d'autres dispositions législatives.
M. le ministre.
Projet de loi no 23
M. Lazure: M. le Président, j'ai fait les remarques
générales qu'il y avait à faire il y a deux jours à
l'Assemblée, et je suis prêt à la discussion article par
article.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre, pourriez-vous
présenter vos collègues?
M. Lazure: II y a le Dr Hould à ma gauche, qui est le
sous-ministre en charge de l'agrément, M. Ladouceur, du
ministère, Mme Pelletier, qui était déjà ici, le
chef du contentieux.
Le Président (M. Marcoux): Y a-t-il des remarques
générales avant que j'appelle l'article 1? Le
député de Pointe-Claire?
M. Shaw: J'ai quelques remarques.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, M. le
député de Jacques-Cartier. Je ne sais pas si c'est de la
prémonition.
M. Saint-Germain: Je cède volontiers mon droit
d'aînesse au député de Pointe-Claire.
M. Shaw: II y a quelques amendements qui pourraient être
considérés ici aujourd'hui. Je pense que c'est une loi qui
pourrait être modifiée quant à la terminologie, l'anglais
et le français, premièrement.
Deuxièmement, il y a la question de mettre les termes dans une
forme plus raisonnable.
On voit ici que la section m) de la loi 42...
M. Lazure: II y a quelques modifications qu'on est en train de
distribuer. Je m'excuse du retard.
M. Shaw: Premièrement, en anglais, "prosthetic device":
"prosthesis". Si on traduit le mot "prothèse", à mon avis, le mot
"prosthesis" est scientifiquement meilleur quand on parle d'un membre ou d'un
organe. Si c'est seulement un membre, vous dites: "prosthetic device". Et
"prosthesis", c'est différent; le mot en anglais est vraiment
"prosthesis".
Le Président (M. Marcoux): Cela fait partie des notes
explicatives, mais est-ce que dans le texte de loi comme tel on...
M. Shaw: Dans le texte de loi comme tel, c'est "prosthetic
device".
M. Lazure: Un instant, M. le Président, c'est à
l'article m et n.
Le Président (M. Marcoux): Voulez-vous proposer un
amendement?
M. Shaw: Oui, en anglais je propose qu'on change les mots
"prosthetic device"...
Le President (M. Marcoux): Je vais appeler l'article 1. S'il n'y
a pas de remarques générales, parce que j'en étais aux
remarques générales... Est-ce qu'il y a des remarques
générales?
M. Shaw: Oui, oui.
M. Saint-Germain: Comme remarques générales, M. le
Président, je ne voudrais pas reprendre le débat en
deuxième lecture que le député de Saint-Laurent a fait
d'ailleurs avec beaucuup plus de brio que je pourrais le faire...
M. Shaw: ...
M. Saint-Germain: ...et comme cette loi, ou du moins, la loi
précédente est une loi dont les études ont
été amorcées sous l'ancien gouvernement et que, en
principe...
M. Lazure: C'est l'encensoir dont on a parlé l'autre
soir.
M. Saint-Germain: Non, pas nécessairement, M. le
Président, c'est une question de fait. On pourrait bien faire un
débat là-dessus.
M. Lazure: Ah non! surtout pas.
M. Saint-Germain: Mais je pourrais dire au ministre que cela va
toujours dans la même ligne de pensée...
Le Président (M. Marcoux): On peut l'adopter ainsi en
bloc?
M. Saint-Germain: ... que j'ai mentionnées, ce matin.
Parfois, plus cela change, plus c'est pareil.
C'est lorsque le gouvernement change qu'on peut voir la force, le
prestige, la force d'inertie des fonctionnaires, si je peux me servir de ce
terme.
Le Président (M. Marcoux): Ce sont des remarques
générales pas mal éloignées du projet de loi.
M. Saint-Germain: On voit que si les ministres changent, au fond,
il y a des choses qui restent extrêmement stables.
Le Président (M. Marcoux): Je ferai remarquer au
député de Jacques-Cartier que ses remarques
générales sont pas mal éloignées du projet de
loi.
M. Saint-Germain: Bien non! Je continuais dans la même
pensée que les observations du ministre, et c'est dans ce sens qu'il m'a
amené à bifurquer. De toute façon, je serai très
court. Il y a énormément de ces lois qui ont été
étudiées par les gouvernements précédents. Les
ministres changent, mais, comme je le dis, la façon de voir du
ministère ne change pas nécessairement. Je vais me montrer bon
prince et je vais dire que mes remarques sont terminées.
Le Président (M. Marcoux): J'appelle l'article 1. Il y a
un amendement de proposé, par le député de Pointe-Claire,
dans les paragraphes m) et n) du texte anglais, changer le mot... Quel est
l'amendement précis? Pourriez-vous l'écrire?
M. Shaw: C'est "orthesis" and "prosthesis", ce sont des mots
propres en anglais.
M. Lazure: A chaque fois qu'en français on utilise
"prothèse" et "orthèse", il faudrait les traduire par
"prosthesis" et "orthesis".
M. Shaw: C'est cela.
M. Lazure: Je suis d'accord.
Le Président (M. Marcoux): D'accord? L'amendement est
adopté?
M. Lazure: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Si on peut m'apporter le texte
écrit, pour être certain que je ne fais pas... Adopté.
Article 1, adopté?
M. Saint-Germain: Au sujet de l'article 1, aux Etats-Unis, par
exemple, on remarque qu'il y a certains commerces établis, pourriez-vous
me dire si, au Québec, il y a des entreprises qui font un commerce, si
vous voulez, d'organes et de tissus qui peuvent être en demande d'une
façon tout à fait urgente, à un moment donné, par
certains patients?
M. Lazure: Non, à notre connaissance, il n'en existe pas
au Canada ni au Québec qui en font une commercialisation. Un des
objectifs, dans certains endroits, de ce projet, c'est d'éviter, comme
pour les donations de corps complets, qu'on ait une commercialisation parce
qu'il s'en fait dans certaines régions et Etats américains. Il
s'en fait dans certains pays. Il s'en est fait au Québec dans l'histoire
des facultés de médecine, il y a 100 ans, où on achetait
les corps et les étudiants vivaient de cela. Mais, dans le moment, il
n'y a pas de commercialisation de dons d'organes. Il y a beaucoup de
sociétés, il y en a sept ou huit qu'on connaît, soit pour
les yeux, les reins, tout cela, qui sont purement bénévoles, sans
but lucratif.
M. Saint-Germain: Cette loi veut concourir, si vous voulez,
à voir à protéger le public contre ce commerce...
M. Lazure: Restreindre les tentations.
M. Saint-Germain: Restreindre les tentations. Pourriez-vous nous
expliquer en peu de mots, par exemple, ce qui regarde les donneurs de sang? De
quelle façon cela fonctionne-t-il exactement? Je sais que la Croix-Rouge
joue un grand rôle à ce sujet.
M. Lazure: Si je peux, en deux mots, en faisant exception de la
situation actuelle que l'on vit où dans le moment des individus sont
appelés par leur famille à donner du sang puisqu'il y a une
grève dans le moment, en temps normal la Croix-Rouge est
subventionnée par le ministère des Affaires sociales, de l'ordre
de $5 millions à $6 millions. Une organisation et une coordination sont
faites à partir de la Croix-Rouge pour, non seulement que du sang soit
recueilli et donné à des malades qui en ont les besoins, mais
aussi pour que le sang recueilli, s'il n'est pas utilisé dans des
périodes définies, puisse être utilisé pour du
fractionnement de composantes du sang qui sont utilisées pour fins
d'immunisation ou autres.
Dans le moment, il n'y a aucune commercialisation et le Québec
n'a jamais été impliqué dans les commercialisations
d'Haïti, de certains endroits de France ou du Chili qui ont
été dénoncées il y a quelques années.
M. Shaw: II y en a à Montréal. Il y a le centre de
fractionnement du sang, par un M. Hecht c'est une grosse affaire, c'est une
industrie qui fait des millions de dollars. Ses produits n'étaient pas
achetés ici au Québec?
M. Lazure: Dans les produits de fractionnement du sang, il y a
des laboratoires, au niveau du Canada et du Québec, qui font du
fractionnement et à la Croix-Rouge, à Montréal, il s'en
fait en relation avec la Croix-Rouge canadienne. D'autres laboratoires, comme
Connaught Laboratories et CANLAB en font. L'approvisionnement se fait
actuellement par la Croix-Rouge.
Il y a certains extraits du sang qui ont posé certains
problèmes financiers au législateur, à savoir certains
extraits pour les maladies hémophili-ques de ceux qui saignent
indûment, qu'on appelle des cryoprécipités pour le facteur
8, tout cela, qui ont été achetés en dehors du pays, mais
le ministère fait la surveillance et le contrôle en rapport avec
le financement pour que ce soit acheté à des coûts beaucoup
moindres. La différence est très importante entre ce que vend la
Croix-Rouge et ce que vendent des instituts
commercialisés, en Ecosse, par exemple, ce qu'il y avait en
hôpital.
Vous dites, M. le député de Pointe-Claire, qu'il y a un
laboratoire privé de fractionnements de sang à
Montréal?
M. Shaw: II y en a un, mais je ne sais pas si les produits sont
vendus à Montréal.
M. Lazure: Vous pourriez nous donner des renseignements
très précis là-dessus?
Le Président (M. Marcoux): Je constate qu'il est treize
heures. Est-ce que vous désirez adopter l'article 1 avant
d'ajourner?
M. Shaw: Non, je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Marcoux): La commission des affaires
sociales ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 2)