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Etude du projet de loi no 9
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires sociales est réunie pour poursuivre
l'audition des mémoires concernant le projet de loi no 9, Loi assurant
l'exercice des droits des personnes handicapées.
Les membres de la commission sont les suivants: M. Boucher
(Rivière-du-Loup), M. Charron (Saint-Jacques) remplacé par M.
Gagnon (Champlain), M. Clair (Drummond), M. Forget (Saint-Laurent), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M. Grenier (Mégantic-Compton)
remplacé par M. Biron (Lotbinière), M. Lavigne (Beauharnois), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Marois (Laporte), M. Martel
(Richelieu), Mme Ouellette (Hull), M. Paquette (Rosemont), M. Saindon
(Argenteuil), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Shaw (Pointe-Claire).
Aujourd'hui nous entendrons les mémoires suivants: La Corporation
professionnelle des travailleurs sociaux du Québec, le Centre de
services sociaux Ville-Marie, l'Ordre des infirmières et infirmiers du
Québec. J'inviterais d'abord la Corporation professionnelle des
travailleurs sociaux du Québec à s'approcher pour nous
présenter son mémoire.
Corporation professionnelle des travailleurs sociaux
du Québec
Est-ce que Mme Claire Sylvestre-Arseneau est là?
Mme Sylvestre-Arseneau (Claire): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous pourriez
présenter les membres de la corporation qui vous accompagnent?
Mme Sylvestre-Arseneau: Oui, je voudrais présenter,
à ma gauche, Claire Janelle, de l'Institut de réadaptation de
Montréal, qui est également présidente du comité
d'étude du projet de loi no 9; à la gauche de Mme Janelle, Maria
Nicoloff, du Centre hospitalier Douglas; Pierre Venne de l'Atelier
protégé Captrol; à ma droite, Hervé Gaignard, de la
Maison Lucie-Bruneau; Gisèle Cossette, de la Maison Lucie-Bruneau.
En passant, je voudrais mentionner que Gisèle Cossette a
été, l'été dernier, invitée à un
symposium international sur les problèmes sexuels des personnes
handicapées physiques qui a eu lieu en Belgique. Elle en a
profité pour rencontrer les représentants de différents
pays avec lesquels elle était déjà en contact et la
Suède particulièrement qu'on a mentionnée, je pense,
à plusieurs reprises, hier. Et, enfin, Sandra Ross-ner, de l'Institut de
réadaptation.
Le Président (M. Marcoux): Alors, les règles de
cette commission, vous les connaissez peut-être, mais je voudrais les
rappeler pour tous les organismes. Vous avez une vingtaine de minutes pour
présenter soit les mémoires ou en présenter les parties
essentielles, ou le résumé. Ensuite, le parti ministériel
a 20 minutes pour vous interroger et discuter avec vous, l'Opposition
libérale, 15 minutes et le parti de l'Union Nationale, 10 minutes.
La parole est à vous.
Mme Arseneau: M. le Président, M. le ministre, membres de
la commission parlementaire, comme vous avez pu le constater par la
présentation de mes collègues, le comité a voulu regrouper
en son sein des travailleurs sociaux qui travaillaient dans différents
milieux de réadaptation de personnes handicapées soit
physiquement, soit mentalement. Chacun de mes collègues possède
une moyenne de douze années d'expérience de travail pratique
auprès des personnes handicapées, à l'intérieur
d'équipes multidisciplinaires. Ils sont donc familiers avec la
problématique présentée, c'est-à-dire la situation
de la personne handicapée, un être humain qui désire vivre
dans son milieu familial et social. Cette problématique est
reliée en grande partie avec l'attitude de notre société
qui a malheureusement trop longtemps fait sienne ce conseil qu'on a
attribué à Mackenzie King: "La meilleure façon de
régler un problème, c'est de l'oublier".
Nous sommes donc familiers avec les énormes difficultés
inhérentes à la création de solutions destinées
à renverser cette situation. Soyons réalistes, les personnes
handicapées ont besoin de certains services spéciaux qu'on ne
retrouve pas à l'intérieur des ressources mises a la disposition
de la population en général. Par exemple, l'Institut de
réadaptation n'est pas un hôpital général, la maison
Lucie-Bruneau n'est pas une maison de chambres, le Centre hospitalier Douglas
est un hôpital spécialisé et on ne trouve pas de fauteuil
roulant dans les magasins généraux.
D'un autre côté, les personnes handicapées ont,
comme tout le monde, droit au travail, aux loisirs et à tous les autres
avantages. Elles pourraient exercer ces droits moyennant certaines
modifications. Il s'agit donc d'établir ou d'améliorer les
services spéciaux, d'adapter les services existants de la façon
la plus normale possible. Le juste milieu de la vertu n'est pas facile à
trouver. Il s'agit d'un dilemme de taille et, M. le ministre, nous sommes
très sympathiques à votre situation.
Les travailleurs sociaux attendaient depuis longtemps ce projet de loi
dont ils ont besoin comme aide technique pour rendre leur action plus efficace
et qui répondrait aux aspirations légitimes des personnes
handicapées. Je pense, entre autres, au besoin de logements
intégrés. Le projet de loi no 9 nous a profondément
déçus. Les logements y étaient effectivement
prévus;
cependant, pour les habiter, il fallait de gré ou de force les
identifier publiquement comme logements utilisés par des personnes qui
ne sont pas comme les autres. Pour être accompagné d'un
chien-guide dans un restaurant, il ne suffisait plus tout simplement
d'être aveugle façon de parler il fallait encore le
prouver en présentant une carte d'identité portant une mention
spéciale; il fallait ensuite présenter la médaille
spéciale de son chien-guide.
Nous avions l'impression d'être en présence d'un document
de travail non revu et non corrigé. Notre déception était
d'autant plus profonde que le ministère des Affaires sociales nous avait
habitués à du travail mieux fait. Qu'on me permette de citer
à titre d'exemple le livre blanc sur l'adoption publié il y a
environ un an. Ce n'était pas un premier projet de loi dans ce domaine
et, pourtant, les organismes concernés furent invités à
faire connaître leurs commentaires et des consultations eurent lieu. Il
n'est donc pas utopi-que d'affirmer que, lorsque le projet sera
présenté, il ne demandera fort probablement que des amendements
d'ordre mineur. C'est peut-être un risque que je prends en faisant cette
affirmation, mais je pense que c'est un risque calculé. Je suis certaine
que le ministre des Affaires sociales me le rappellera en temps et lieu.
Presque en même temps que le projet de loi no 9, le gouvernement
déposait le projet de loi no 24, la loi sur la protection de l'enfant.
Cette loi n'était pas, non plus, la première dans ce domaine. Le
projet de loi faisait suite à deux ans de discussions avec le
Comité de la protection de la jeunesse, les centres de services sociaux,
les centres d'accueil, les cours de bien-être social et le reste. Ce
projet de loi a été fort bien accueilli. On peut même dire,
sans jeu de mots, qu'il fut accueilli par un front commun, mais cette fois un
front commun très positif.
Qu'est-ce qui s'est produit lorsque le projet de loi no 9 est
arrivé? On peut se demander s'il y a eu une crise d'hypoénergie
au niveau des fonctionnaires, mais nous ne cherchons pas à analyser les
raisons. Les premiers amendements annoncés hier matin par le ministre
nous font espérer que cette situation sera peut-être
corrigée. Nous espérons que le ministre écoutera
très attentivement les différents groupes qui continueront
à se présenter à cette commission et qu'il sera en mesure
de nous présenter, dès la prochaine session, un projet de loi
tout neuf. Les réactions des différents groupes à ce
projet de loi ont été parfois similaires et parfois
différentes. Les réactions différentes devraient faire
réaliser au gouvernement la nécessité absolue de
prévoir une loi qui soit suffisamment souple pour permettre aux
différents sous-groupes de la population concernée d'utiliser un
droit strict qui est de se développer selon son propre rythme et selon
ses propres caractéristiques.
Les autres réactions, les réactions similaires semblaient
se concentrer autour d'une loi qui comprendrait deux parties. La
première partie consisterait à créer un office des
personnes handicapées du Québec dont le rôle serait un
rôle de recherche, d'inventaire, d'information, de planification, de
coordination. Son mandat principal serait d'élaborer et de
réévaluer constamment avec les organismes concernés une
politique globale de réadaption. Notre corporation continue d'être
opposée à l'émission de cartes d'identité, qu'elles
soient obligatoires ou facultatives.
La seconde partie de ce projet de loi fait une sorte de section omnibus
qui consisterait uniquement à apporter des changements à d'autres
lois, telles que la Charte des droits et libertés de la personne, le
Code civil, la Loi de la Société d'habitation du Québec,
etc.
Il y a d'ailleurs plusieurs de ces amendements qui ont été
suggérés hier par le ministre et nous avons
présenté au ministre des Affaires sociales, hier, un document en
ce sens. Ce document a été produit par un regroupement
d'associations connu sous le nom de Front commun pour les droits des personnes
handicapées dont nous sommes membres depuis le début.
Comme nous sommes le premier de ces organismes du front commun à
être entendu, nous représentons donc ce qui a été
décrit hier comme l'opposition au projet de loi actuel, tel que
présenté en juin. Nous savons que le ministre comprendra que
cette opposition se veut constructive et stimulante. Evidemment, une loi aussi
modeste, telle que nous venons de la décrire, est peut-être moins
rentable publiquement et politiquement, mais je crois que c'est beaucoup plus
réaliste parce qu'elle tient compte du fait que les besoins ne sont pas
encore suffisamment identifiés pour permettre une loi plus
détaillée.
Concurremment à l'implantation de cette loi, modeste mais
très importante, nous croyons que le ministère des Affaires
sociales aurait beaucoup de travail à effectuer directement par ses
propres services en maximisant les ressources déjà existantes
dans le réseau des établissements des services sociaux et des
services de santé. La première et peut-être la plus
importante de ces améliorations regarde la politique globale de la
famille. Cette corporation en a parlé de la nécessité de
cette politique globale lors de la présentation du projet de loi 24 et
nous en parlons encore. Nous avons eu, hier, le témoignage
émouvant de parents qui en ont souligné l'absence.
M. le ministre, que pouvons-nous faire ensemble? Vous avez
mentionné, M. le ministre, hier, le rôle des corporations
vis-à-vis du contrôle de la qualité des services. Je pense
que c'est une question qui nous intéresse tout particulièrement
comme corporation professionnelle. Encore une fois, M. le ministre, comment
pouvons-nous collaborer? Il y aurait également lieu d'assurer et
je pense que cela ne demande pas un projet de loi la cohérence
entre la loi 26 et la réglementation des bourses d'étude du
ministère de l'Education; il y aurait lieu de clarifier les politiques
vis-à-vis des personnes handicapées qui ne peuvent pas aller sur
le marché du travail et ne peuvent pas être
intégrées dans les ateliers protégés; il y aurait
lieu de
fournir des subventions adéquates qui permettront d'assurer le
droit à la mobilité aux personnes handicapées et ce, sept
jours par semaine. Je pense que les personnes handicapées ont le droit
de sortir le samedi et le dimanche et, dans certains endroits, cela
arrête le vendredi. Il faudrait assurer, je crois, par des mesures
adéquates, le suivi ou "follow-up" des malades mentaux qui sont
passés, ces dernières années, d'un lit d'hôpital
mental à celui d'une maison de chambres. Nous préférerions
maintenant, M. le Président, passer immédiatement, même si
notre période n'est pas écoulée, à la
période de discussion que nous percevons comme une période de
consultation où chacun pourra réussir à articuler le
principe d'une politique de base de réadaptation. Nous espérons
que les questions que nous avons soulevées en conclusion serviront de
point de départ à cet échange.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie pour la
présentation de votre mémoire. M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier et
féliciter la Corporation des travailleurs sociaux du Québec pour
leur apport, leur contribution. Je comprends un peu la déception qui est
exprimée et qui ressort surtout de la première partie de votre
mémoire. Hier, j'ai tenté de démontrer dans l'allocution
d'ouverture jusqu'à quel point nous étions prêts à
réviser à peu près n'importe quelle clause de ce projet de
loi. Le projet de loi n'a pas pour objectif une rentabilité politique
quant à moi. J'admets qu'il a subi des transformations
déjà dans un climat un peu d'incertitude, pour employer une
expression chère à nos amis d'en face à
l'Assemblée, en ce sens qu'il y avait eu un projet de loi 55 de
déposé et de discuté aussi.
Il y avait eu des consultations de faites à l'époque. On
ne réinvente pas les boutons à quatre trous à chaque jour.
Il y en a eu aussi lors de la nouvelle rédaction de ce qui est devenu le
projet de loi no 9. On partait d'un projet de loi 55 qui était
axé presque exclusivement sur l'intégration au travail.
C'était dans un objectif assez restreint. On a voulu élargir ce
projet. Quant au climat d'incertitude, quand il y a un changement de
gouvernement, on nous dit, les serviteurs de l'Etat nous disent: Oui, il y a eu
des consultations amplement sur la loi 55 et il y aurait lieu d'en avoir
d'autres sur la loi 9, mais ce n'est pas la peine de revoir tous les groupes
qui ont déjà manifesté leurs désirs par des
mémoires.
Il y avait eu des mémoires d'envoyés. A tout
événement, vous dites que vous êtes très
déçue du projet. Je pense que vos remarques ont été
rédigées avant la rencontre d'hier matin, peut-être, avant
l'ouverture de la séance. Si vous voulez parler du projet de loi, il
faut en parler, non seulement en regard du texte déposé en juin,
mais en regard des amendements que nous avons proposés hier. Je pense
que c'est à partir de cela qu'on doit essayer de dialoguer. Et si on en
a oublié, ce qui est très probablement le cas. on aimerait
tantôt, dans la discussion, que vous nous fassiez des propositions plus
précises.
Il ressort de votre mémoire, le message suivant: "Prenons le
temps qu'il faut, mais faisons un meilleur projet de loi". Mais j'ajoute que
pas plus tard qu'hier matin justement, des gens nous disaient: "Cela presse,
cela fait longtemps qu'on attend après cela". Il y a un mémoire
qui devait être présenté aujourd'hui et qui ne le sera pas,
le CRSSS de l'Outaouais qui nous dit exactement la même chose: "C'est
urgent, cela fait longtemps que les personnes handicapées attendent un
tel projet de loi".
Quant à la confidentialité, j'ai trois ou quatre remarques
à exprimer. A la page 21 de votre mémoire, vous faites allusion
à l'article 27 qui est une formule consacrée dans les moeurs de
législation, mais quant à moi, cela va trop loin. Je pense qu'il
faut respecter comme vous le dites et d'autres groupements nous l'ont
dit l'esprit et la lettre du chapitre 48 en matière de
confidentialité.
Sur la composition de l'office, vous proposez de le former de quinze
personnes. Certains nous ont suggéré que la majorité des
membres de l'office soit des personnes handicapées. J'aimerais
peut-être avoir votre commentaire à ce sujet tantôt, parce
que la composition du conseil que vous donnez ne refléterait pas une
telle hypothèse.
Le nom de la loi. Vous proposez de le modifier et d'appeler cette loi,
loi pour le développement social. Est-ce que, dans votre esprit,
"développement social" recouvre vraiment tous les besoins ou tous les
droits qu'ont les personnes handicapées? Peut-être. Je ne le sais
pas. Il faudrait voir la définition que vous avez de
"développement social". Je sais que cela peut être très
large.
Quant aux fonctions de l'office, comme vous les présentez, je
n'ai pas du tout d'objection. Je trouve que c'est pertinent. Cela rejoint les
fonctions telles qu'on les accentuait hier matin dans le texte d'ouverture.
En somme, on a reçu au-delà de 60 mémoires pour ce
projet de loi. Je peux vous dire que la très grande majorité des
mémoires est favorable à l'ensemble du projet de loi. Je pense
que vous, les travailleurs sociaux, qui êtes au carrefour d'à peu
près toutes les sortes de handicaps, qu'ils soient physiques, mentaux ou
sociaux, avez des observations dans votre mémoire dont on doit tenir
compte et dont on va tenir compte. Vous avez accumulé une
expérience dans ce domaine qui est probablement plus considérable
que celle de la plupart des autres professions qui, elles, sont plus
jeunes.
En terminant, je veux réitérer à la corporation
notre désir de faire le plus vite possible, mais le mieux possible. Si,
pour avoir le mieux, il faut retarder un peu, on va retarder un peu. Par
contre, on veut tenir compte du fait que cette loi-ci va signifier un
déblocage dans les mentalités, d'une part, mais aussi dans la
dispensation
des services. Plusieurs milliers de handicapés ont besoin de ces
services le plus tôt possible.
Mme Sylvestre-Arseneau: M. le ministre, quand on a
mentionné notre déception, on faisait allusion, évidemment
on l'a d'ailleurs dit au projet de loi tel que nous le
possédons. Je pense que c'était clair. Maintenant, je peux vous
assurer que nous sommes très conscients des difficultés, de la
situation, de l'incertitude dans laquelle vous étiez à cause de
toute la situation politique. C'était un peu sous-jacent quand on a dit
qu'on était très sympathique à votre situation, pour
toutes sortes de raisons et qu'on vous offre notre collaboration. On va faire
ce qu'on peut.
Je vous remercie de la précision que vous avez apportée
sur la confidentialité. Cela a été je pense que
vous êtes au courant mal interprété, que les
travailleurs sociaux se battent tellement pour la confidentialité. Il y
a toujours eu une seule et unique raison derrière cela, c'est qu'on a
toujours considéré, depuis le début, que le dossier
appartient au client. On va le faire circuler tant et aussi longtemps que ce
sera nécessaire, mais strictement et c'est notre code
d'éthique qui nous l'ordonne avec la permission de la personne
concernée. Ce qu'on n'aimait pas dans le projet de loi, c'est que la
personne avait l'air oubliée. Je vous remercie d'avoir clarifié
la question de la confidentialité. J'espère que cela est
clarifié une fois pour toutes et qu'on ne recommencera plus à
argumenter sur ce problème autour duquel on a dépensé
beaucoup trop d'énergie.
Mme Cossette (Gisèle): J'aimerais peut-être relever
une remarque de M. le ministre qui dit que la plupart des organismes ont dit:
Cela presse de faire quelque chose. On ne vous dit pas le contraire. La seule
chose qu'on vous dit, c'est que cela presse de créer un office qui va
vraiment s'occuper d'identifier les besoins, d'identifier les populations d'une
façon autant géographique que par handicap, par groupes
d'âge, etc. Ce n'était peut-être pas clair, mais, pour le
moment, c'est ça qui presse, de créer un organisme qui va se
pencher là-dessus.
Vous dites que la loi 55 n'était qu'une loi économique,
une loi de retour au travail. On retrouvait cela dans la loi 9. On ajoute, dans
la loi 9, une question d'équipement collectif, comme les logements, le
transport, etc. Par exemple, on pourrait faire allusion aux services à
domicile.
Mais la grande lacune de la loi, si vous vous référez aux
pages 6 et 7 de notre mémoire où on fait un assez grand
développement sur l'acquisition des habiletés sociales, on vous
dit qu'on remarque que les gens sont peut-être plus scolarisés. Je
discutais avec des gens de la Suède et ils ont là-bas des gens
qui sont surscolarisés, particulièrement chez les
handicapés congénitaux, et qu'ils ne peuvent pas placer sur le
marché du travail. Une des grandes raisons, c'est que la Suède a
oublié, pendant des décennies, qu'il n'y avait pas qu'à
mettre en place des équi- pements collectifs, qu'il n'y avait pas
qu'à s'attacher, disons, au côté physique.
Ils ont découvert, il y a à peu près 15 à 18
mois, que tout le conflit intérieur, toute la question psychologique, si
vous voulez, est préalable à tout cela. On a beau scolariser les
gens, s'ils n'ont pas été en position d'acquérir des
habiletés sociales et d'apprendre à fonctionner, cela ne marche
pas. Nous, on trouve que c'est la grande lacune de la loi et c'est pour cela
qu'on voudrait qu'elle s'appelle la loi de développement social, parce
que la personne non handicapée suit un développement social qu'on
appellerait normal, et on voudrait bien que ce soit normalisé pour les
personnes handicapées. On fait allusion là-dedans, dans
l'ensemble, à toute une acquisition comme, par exemple, jouer avec les
autres, commencer à aller à l'école, etc. Souvent, les
enfants handicapés n'ont pas la chance de faire ces apprentissages.
Alors, c'est tout cet aspect, l'aspect psychosocial qui, pour nous, est
préalable au retour aux études.
En fait, dans la loi 9 actuelle, on oublie toute cette partie. On tient
pour acquis que les gens sont prêts à s'en aller aux
études, à s'en aller au travail, alors que cela, c'est la fin de
ligne, et c'est le reste qui a été complètement
oublié. C'est là-dessus que l'office devrait se pencher. On
devrait mettre en place des mécanismes pour que cela s'acquière,
autrement on va rester, comme d'autres pays, la fin de la ligne.
Mme Nicoloff-Giroux (Marie): J'aimerais ajouter quelques
commentaires à ce que ma collègue vient de dire. Je voudrais
parler un petit peu de la raison de notre déception. Evidemment, nous
sommes tous des praticiens dans une pratique quotidienne auprès, je
dirais, des plus défavorisés, des handicapés. Selon nos
calculs, la déception de la majorité de ces personnes vient du
fait que nous ne sommes pas en mesure d'utiliser adéquatement cette loi
si on veut vraiment les aider. Moi-même j'ai relu la loi, avant-hier, et
j'ai essayé d'imaginer quel est l'article qui pourrait, en fait, aider
les personnes dont on s'occupe actuellement beaucoup, qui sont
déchargées des grands hôpitaux psychiatriques, qui sont
actuellement dans une situation, un conditionnement sous-humain, souvent dans
des chambres, complètement isolées, ayant, comme seule
référence sociale, les visites hebdomadaires ou peut-être
mensuelles pour le renouvellement de l'ordonnance dans les cliniques externes
ou psychiatriques.
Alors, on se demande, dans la masse des personnes qui possèdent
un handicap, quel sera le nombre de personnes qui peuvent être
aidées par cette loi. On a le sentiment, peut-être à tort
ou à raison, que ce sera une infime minorité de ces personnes qui
pourront bénéficier d'une réinsertion aux études ou
au travail. C'est dans ce sens que notre déception était
peut-être assez grande.
Mme Arseneau: Est-ce que je pourrais de-
mander à M. Gaignard de répondre à la question que
le ministre a posée sur la composition des membres de l'office.
M, Gaignard (Hervé): Vous avez mentionné que
certains organismes ont demandé que l'office soit composé, par
exemple, uniquement de personnes handicapées. En fait, moi, en tant que
personne handicapée, ce que je crois par rapport à cela c'est que
ce n'est pas parce qu'une personne est handicapée qu'elle est
nécessairement compétente. Quant à la
représentativité de chacun des secteurs, je pense qu'on devrait
d'abord se baser sur la compétence des candidats, que cette personne
soit handicapée ou non. Je pense que c'est bien important.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux, au nom
de l'Opposition officielle, remercier la Corporation des travailleurs sociaux
de son mémoire. Historiquement, je pense qu'il est un groupe qui s'est
toujours intéressé de très près au problème
des handicapés, quelle que soit la nature du handicap et qu'il a
contribué beaucoup au développement des ressources et ceci, en
collaboration avec les différentes associations bénévoles
qui se sont organisées et ont toujours eu pour objectif de faire
connaître les besoins des handicapés et de promouvoir le
développement du service adéquat.
Je voudrais vous poser quelques questions. Je suis d'accord avec vous
que le projet de loi no 9, tel qu'il existe, ne répond pas à
certaines questions que vous vous posez, mais c'est un peu le problème
que l'on rencontre avec tous les projets de loi de nature sociale, si je peux
dire. On avait le même problème avec le projet de loi 24 qui a
été étudié il y a quelques semaines. C'est que ces
projets de loi ne peuvent évidemment pas donner les réponses
concrètes à des problèmes particuliers. Je pense que c'est
simplement un cadre que l'on assure aux individus ou aux personnes ayant
à faire face à des problèmes et probablement dans le but
de sensibiliser la population, également de protéger des
personnes. Il reste que la grande partie n'est pas faite, que dans le fond ce
projet de loi peut devenir tout à fait inopérant, comme
d'ailleurs le projet de loi 24 à bien des égards, s'il n'y a pas
à côté de ces lois les ressources nécessaires pour
répondre aux besoins des individus, tant dans le projet de loi 24 que
dans le projet de loi 9. On sait fort bien qu'il y a une carence de services
très considérable qui existe encore.
La représentante de l'hôpital Douglas disait: On a
été déçus parce qu'il y a quand même un grand
nombre de handicapés mentaux qui sortent des hôpitaux
psychiatriques et qui ne trouvent aucune réponse adéquate dans un
tel projet de loi. Je me demande si vous pourriez préciser davantage
votre pensée. De quelle façon pourriez-vous, dans un projet de
loi qui, quand même, demeure toujours un cadre, trouver ces
réponses au genre de problème que vous soulevez? Je regrette, et
je suis heureuse d'avoir l'occasion de le dire présentement, il y a
presque un scandale dans ce problème de réhabilitation des
personnes qui sortent des hôpitaux psychiatriques.
Finalement on a débloqué les grands hôpitaux et on a
isolé les gens souvent dans des logis individuels ou dans des familles.
J'ai eu l'occasion d'en voir concrètement. J'espère qu'on aura
l'occasion de revenir sur ce dossier, un jour. Le problème est loin
d'être solutionné. On a peut-être débloqué
à un certain niveau, mais on a créé des problèmes
très considérables dans les solutions qu'on a mises de
l'avant.
Je voudrais quand même que vous essayiez de m'expliquer de quelle
façon, ce problème que vous soulevez et qui est très
réel, pourrait trouver, dans un projet de loi, des réponses un
peu plus adéquates que celles que vous jugez tout à fait
inexistantes dans le projet de loi actuel?
Mme Nicoloff-Giroux: II y a peut-être deux volets auxquels
on peut s'attacher. Par exemple, un projet de loi pourrait peut-être
prévoir certaines structures d'accueil pour ces personnes qui reviennent
dans la communauté sans aucune possibilité de pouvoir vraiment
s'intégrer et qui deviennent des parias.
Il y a aussi un autre aspect que je trouve très peu
exploité dans cette loi. C'est tout l'aspect de l'éducation
populaire auprès de la population qui devrait vraiment essayer de
changer un peu de mentalité et avoir une ouverture d'esprit pour
accueillir ces personnes afin de leur permettre une certaine insertion
sociale.
Je crois que ces domaines sont absents dans la loi actuelle. Il me
semble qu'il y a déjà certains indices qui sont évidemment
très subjectifs; mais il faudrait que la population devienne un peu plus
tolérante dans certains domaines, en acceptant l'anormal ou le
déviant, en quelque sorte. C'est une loi qui pourrait davantage insister
sur la possibilité, pour la population, de devenir plus accueillante,
tolérante à l'égard de ces personnes.
Je trouve que cela n'existe pas vraiment dans la loi. Il n'y a pas
vraiment un organisme ou peut-être un aspect de promotion
là-dedans qui s'occupe de l'éducation populaire pour sensibiliser
la population à l'accueil de ces personnes. Selon moi, seulement les
services ne pourront jamais résoudre jusqu'au bout ces problèmes,
même si on multiplie les services, même si on devient de plus en
plus efficace dans ces services. C'est une question d'attitude
générale qu'il faudrait souligner aussi un peu.
M. Lazure: Permettez-moi, Mme le député, juste
une...
Mme Lavoie-Roux: Dans l'office, vous avez cela.
M. Lazure: Je m'excuse, mais dans le projet, à la page 9,
le troisième paragraphe dit ceci:
"L'office prépare, réunit et diffuse la documentation ou
l'information relative à l'amélioration de la situation des
personnes handicapées, etc." Hier, dans mes remarques, j'ai parlé
de cette fonction d'information, d'éducation populaire qui nous
paraît primordiale vis-à-vis des besoins des
handicapés.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais poser une autre question. Je ne sais
pas à qui la poser cependant. Je me rends compte peut-être
que je me trompe que les représentants qui sont ici sont surtout
des personnes qui viennent des grandes agglomérations urbaines. Vous me
corrigerez si je me trompe. Est-ce que votre corporation s'est quand même
penchée ou a obtenu la collaboration des travailleurs sociaux qui
fonctionnent davantage dans les régions rurales?
A votre point de vue, est-ce qu'il y des problèmes particuliers
pour les handicapés dans les régions rurales, moins urbaines ou
semi-rurales par rapport à ceux qui existent dans les grandes
agglomérations urbaines? J'ai l'impression qu'il y a là des
problèmes différents au point de vue de la scolarisation, de la
réinsertion sociale et j'aimerais avoir votre opinion
là-dessus.
Mme Sylvestre-Arseneau: Vous avez raison, pour la composition du
comité, à cause de raisons d'ordre très pratique, ce sont
six personnes de Montréal. La raison très pratique à cela,
c'est qu'on se réunit toutes les semaines, tous les vendredis matins,
depuis la fin de juin jusqu'au début de septembre. Alors,
concrètement, cela aurait été très
intéressant, mais quand même assez difficile et assez
onéreux de faire venir quelqu'un du Lac-Saint-Jean ou de l'Abitibi,
etc.
Il y a des endroits où certains des membres peuvent
répondre; je pense par exemple, à la Maison Lucie-Bruneau ou
à l'institut de réadaptation. Ce sont des instituts où
vous avez des gens de milieux ruraux qui viennent à Montréal pour
une période de temps. Donc, ces travailleurs sociaux ont à
négocier avec de leurs collègues des régions
éloignées. Je pense que je vais laisser Mme Cossette
peut-être répondre là-dessus.
Mme Cossette: II y a la Maison Lucie-Bruneau. J'ai
travaillé à l'institut de réadaptation; donc, il y avait
là des gens de toute la province qu'on devait retourner dans les milieux
ruraux. Alors, j'ai mesuré, à un moment donné, le manque
de ressources. Après une période d'isolement, vraiment où
il n'y a aucune ressource les gens sont cloisonnés dans des
maisons, souvent dans des maisons rurales avec des marches, par exemple, quand
il s'agit de handicapés qui sont en fauteuil roulant il y a aussi
une perception que la personne handicapée ne peut rien faire
socialement.
L'autre volet de cela, c'est qu'à un moment donné on a des
demandes d'admission à la Maison Lucie-Bruneau parce que les gens sont
isolés et on sait dans quel état on les reçoit. C'est un
état de détérioration affective au niveau de la perception
de soi, etc. Alors, c'est assez long de rebâtir cela. Maintenant, ils ont
le potentiel. La preuve, c'est que l'an dernier, par exemple, avec les
programmes de logements intégrés et de foyers de groupe, sur 146
résidents, il y en a 150 qui sont sortis de l'institution. Il y en a
plusieurs qui y avaient passé un assez long séjour pour corriger
une situation qui s'était vraiment détériorée. Je
pense que plusieurs, s'ils étaient laissés là... Il y a
des cas de suicide dans ces régions isolées. On en entend peu
parler, mais parfois on reçoit des gens qui n'en sont pas tellement loin
et ils ont le potentiel vraiment de cheminer, d'évoluer.
On a des services, mais, malheureusement, on n'a que 146 places; on ne
peut pas répondre à toute la province, dans le moment. J'ai
l'impression qu'il faudrait je parlais tout à l'heure d'une
étude géographique situer où sont les besoins,
comment on pourrait organiser des ressources, mais des ressources qui sont
d'abord une réponse à ce problème que je mentionnais tout
à l'heure d'acquisition d'habileté sociale, d'acquisition, par
exemple, de la capacité d'aller au centre de loisirs de la paroisse.
C'est un corollaire de l'éducation populaire, mais il y a aussi autre
chose qui doit se faire au niveau de la personne elle-même et de sa
famille. On peut compléter?
Mme Janelle (Claire): M. le Président, j'aimerais ajouter
quelques commentaires basés sur mon expérience vécue
à l'institut de réadaptation qui accueille une population plus
âgée venant de tous les coins de la province. Nous vivons,
actuellement, cette réalité que, si nous acceptons de travailler
avec les CLSC, de faire ce travail d'éducation populaire, de les aider
à accepter le retour, nous vivons une expérience
intéressante et rentable.
Je pense qu'on revient toujours à la question d'éducation
populaire, lorsque notre objectif premier est le retour de la personne
handicapée dans son milieu familial. Lorsqu'on essaie d'utiliser une
ressource communautaire, souvent la réaction initiale est celle-ci. On
ne sait pas comment agir, il y a une réaction de peur,
d'anxiété. Si le travailleur social accepte de jouer son
rôle d'éducation, de support, d'interprétation, le pas va
se faire et la ressource communautaire va devenir plus capable d'assumer ce
rôle nouveau d'accueillir la personne handicapée dans son milieu.
Alors, il y a une expérience intéressante qui se fait
actuellement et qui va porter, je pense, d'intéressants fruits.
Mme Lavoie-Roux: Si le ministère des Affaires sociales
devait établir des priorités quant au développement des
services de toute nature pour la réinsertion sociale des
handicapés, croyez-vous qu'à ce moment-ci, compte tenu des
services disponibles, l'accent devrait être mis sur les régions
éloignées ou sur la grande région montréalaise, ou
la grande région de la ville de Québec?
Mme Janelle: Je ne peux pas choisir, tellement les besoins sont
importants dans les deux aspects.
M. Gaignard: J'aimerais dire par rapport à cela, à
l'intégration sociale des personnes handicapées et
particulièrement ceux des handicapés physiques moteurs, c'est
qu'il faut résoudre le problème presque simultanément dans
tous les secteurs. Par exemple, il faut vraiment intervenir à la fois au
niveau du transport, au niveau du logement, de l'éducation, de l'aide
à domicile pour que ces personnes en viennent éventuellement
à pouvoir s'intégrer dans la société, incluant
l'entrée sur le marché du travail. Au niveau des régions,
par exemple, on a souvent constaté que les personnes handicapées
voulaient venir à Montréal, soit, par exemple, à la Maison
Lucie-Bruneau, simplement parce qu'il y a une absence flagrante de services de
soutien à domicile, particulièrement dans les villages, mais
aussi dans les petites villes.
Par exemple, au niveau du transport, on sait très bien que c'est
nettement insuffisant d'avoir quelques minibus parallèles pour aider les
personnes handicapées à aller soit au travail ou étudier.
Il faut absolument qu'il y ait une gamme de services concrets qui soient
développés le plus rapidement possible, même s'il est
évident qu'actuellement le ministère n'a pas fait une
étude exhaustive de tous les besoins en élaborant une politique
vraiment globale. Mais, il y a quand même des besoins urgents auxquels il
faut répondre, qui seraient des mesures palliatives en attendant une
intervention beaucoup plus planifiée.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question, pour le moment. Je
ne sais pas s'il me restera du temps après. Il y a eu beaucoup de
discussions au sujet de l'obligation qui était faite aux entreprises
j'espère que cela ne faisait pas partie de vos amendements hier,
M. le ministre, je m'excuse, je n'y étais pas ...
M. Lazure: Oui, cela en faisait partie. Mme Lavoie-Roux:
Dans quel sens?
M. Lazure: Dans le sens de demander aux entreprises un plan,
comme je disais hier en badinant, non pas de francisation, cette fois-ci, mais
un plan d'embauche des personnes handicapées.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: En d'autres termes, c'est par voie d'incitation,
quitte...
Mme Lavoie-Roux: Sans créer d'obligation.
M. Lazure: Sans créer d'obligation. Et on espère
que ce sera suffisant.
Mme Lavoie-Roux: J'arrête à ce moment-ci. Je
reviendrai s'il me reste quelques minutes. Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Lotbinière.
Mme Cossette: Nous aurions des commentaires à faire
là-dessus.
Le Président (M. Marcoux): Allez-y,
immédiatement.
Mme Lavoie-Roux: Faites-en donc. Je voulais savoir quelle
était votre philosophie là-dessus parce que cela a
été un sujet de discussion assez important dans le projet de
loi.
Mme Cossette: C'est quelque chose en fait qu'on critiquait dans
notre mémoire. Je pense que c'était assez clair. Maintenant,
quand on a entendu les amendements d'hier, on se demande vraiment s'il y a une
différence fondamentale entre obliger les employeurs à
présenter un plan d'embauche, enfin un plan où on va faire une
place aux personnes handicapées, et leur dire: Vous allez employer des
personnes handicapées. Cela se ressemble drôlement, c'est une
différence peut-être de délais, etc. D'autre part, il y a
un autre point où là, peut-être, mes discussions avec les
gens du continent européen ont été intéressantes,
c'est que cela a très bien fonctionné en Europe, la question des
quotas, etc., tant qu'ils ont eu le plein emploi.
Mais, depuis deux ans, ils connaissent, eux aussi, une situation de
récession économique. Particulièrement en Suède, on
m'a dit que les premières personnes qu'on met de côté, ce
sont les personnes handicapées. Et cela se reproduit dans d'autres pays,
la Belgique, la France, etc. Il existe quand même une discrimination. Par
exemple, il y a le fonds de reclassement en Belgique, mais,
particulièrement en Suède, les gens qui passent par les centres,
ce qui est l'équivalent de nos centres de main-d'oeuvre, quand on essaie
de placer les handicapés, il y a une discrimination qui
s'établit. Les employeurs ne sont pas intéressés à
employer des personnes handicapées.
Alors, dans un pays qu'on trouve très avancé, la
discrimination existe quand même, même s'ils ont une obligation. Il
y a cette autre chose, la situation économique qui, actuellement, fait
qu'ils sont congédiés les premiers. Je pense qu'il faut
réfléchir à tout cela et on se demande vraiment s'il y a
une différence dans la philosophie d'approche sur ces choses.
M. Lazure: M. le Président, il y a une différence
énorme, en tout cas, à notre point de vue et au point de vue de
plusieurs avec qui on en a discuté. D'abord, le pourcentage qu'on avait
arrêté disparaît automatiquement, les 3%.
L'hypothèse c'est que certaines entreprises vont même aller
au-delà des 3%, selon le genre d'entreprise. C'est concevable. Il n'y a
pas de limite, il n'y a pas de nombre précis quant au pourcentage de
personnes handicapées embauchées et il n'y a pas de
période de temps rigide non plus d'imposée aux entreprises.
Ce qu'on veut au fond c'est que l'entreprise comme l'ensemble de la
société tantôt on parlait d'éducation
populaire débloquent au plan des mentalités. Cela reste
très discutable. On peut bâtir un cas assez positif pour une
clause obligatoire, parce qu'il y a plusieurs pays qui l'ont et des pays qui
ont réfléchi longtemps à ces problèmes. Comme vous
le dites, s'il n'y a pas de clause obligatoire, en temps de chômage, ce
sont les premiers à disparaître de l'entreprise, les personnes
handicapées.
Mme Cossette: Ces pays ont une clause obligatoire et,
malgré cela, ils paient l'amende.
M. Lazure: C'est pour cela qu'on se rallie à la
méthode incitative puisque cela semblait être le voeu de la
majorité des gens. On s'y rallie. Mais qu'elle soit incitative ou
obligatoire, il est évident que la discrimination, comme vous le dites
encore, va continuer, que ce soit en Suède ou au Québec. C'est
une chose pour laquelle il faut être vigilant constamment, comme la
discrimination vis-à-vis de la religion, de la couleur de la peau.
M. Gaignard: M. le ministre, j'aimerais ajouter que nous sommes
d'accord avec les mesures incitatives, mais pas n'importe quelles mesures. Je
pense qu'il pourrait y avoir, par exemple, des mesures pour faciliter à
l'employeur l'embauche. Par exemple, cela pourrait être des
dégrèvements d'impôt, cela pourrait être des
subventions pour adopter des postes de travail. Cela pourrait être des
subventions pour faciliter la modification de base architecturale de
l'entreprise.
Un deuxième point que j'aimerais bien soulever aussi qui est en
rapport avec la nécessité de l'éducation populaire tel que
vous avez mentionné, c'est de faire connaître aussi le
résultat d'études statistiques qui ont été faites
auprès de personnes sur le marché du travail. Par exemple, au
niveau du dossier du travail, on sait très bien que, dans le cas des
personnes handicapées dont l'état de santé est
considéré comme stable, leur taux de productivité et leur
taux d'assiduité et d'accident sont comparables à ceux des autres
travailleurs. Par exemple, pour ce qui est de leur stabilité au travail,
à savoir leur permanence au travail et leur satisfaction, les
études statistiques montrent que les personnes handicapées ont
souvent un degré supérieur aux autres travailleurs.
Je pense qu'il faut vraiment faire connaître ces résultats
d'études pour que la personne handicapée puisse entrer à
l'intérieur de l'entreprise sur une base concurrentielle avec les autres
travailleurs.
Personnellement, en tant que personne handicapée je n'irai pas
travailler dans une place sous la protection d'une loi.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Merci, M. le Président. Je veux d'abord
remercier la Corporation des travailleurs sociaux de sa présentation.
Mais je veux surtout les remercier et les féliciter du travail qu'ils
accomplissent à travers le Québec pour nos gens et surtout parce
qu'ils travaillent avec des êtres humains. Il faut faire prendre
conscience de plus en plus à ces gens qu'ils sont des êtres
humains à part entière, qu'ils ont des droits et qu'il faut que
leurs droits soient respectés. La première étape pour
cela, il faut que ces gens prennent conscience qu'ils sont vraiment
considérés à part entière comme les autres.
Mes remarques seront brèves, parce que j'ai plusieurs questions
à vous poser. La première question c'est que vous nous parlez de
l'absence d'une politique gouvernementale globale concernant les droits des
personnes handicapées. Lorsque vous parlez de politique globale, cela
comporte-t-il tous les problèmes possibles comme le transport, la
formation, le logement, le travail et tout cela? Est-ce que vous pourriez
détailler un peu là-dessus? Si vous parlez d'une politique
globale, est-ce que vous ne craignez pas que finalement cela devienne tellement
compliqué que ce ne serait pas applicable par le gouvernement?
Mme Janelle: Lorsqu'on parle d'une politique globale, c'est qu'on
veut que la personne humaine, le handicapé soit perçu comme un
être humain, avec des besoins humains pas tellement nombreux, mais
essentiels et que l'ensemble de ces besoins soient perçus et
intégrés dans une politique. Par exemple, prenons la personne
handicapée, qui nous intéresse ce matin; c'est un être
humain, vivant dans une famille, ayant les mêmes besoins que vous et moi
dans une journée de nos activités. C'est dire que les besoins
sont de base, ce n'est pas tellement complexe quand on veut en faire la
priorité.
Dans une politique globale, il faut essentiellement que l'être
humain soit perçu comme un être pouvant vivre dans sa famille.
C'est un des éléments les plus importants.
M. Biron: Cela veut dire que vous voulez que tout soit compris
dans la vie d'un être humain.
Mme Janelle: Oui.
M. Biron: C'est pour cette raison que j'ai posé ma
dernière question tout à l'heure. J'ai demandé: Ne
craignez-vous pas que cela devienne tellement compliqué, tout cela
ensemble, que cela ne sera pas applicable par un gouvernement?
Mme Janelle: Au contraire, ce sera plus sim-
ple parce que les besoins essentiels auront été
pensés. On aura pensé, par exemple, à la
possibilité de retour au travail, à la nécessité
d'une assistance financière adéquate, à la perspective de
vie dans une famille. Ce n'est pas compliqué, bien au contraire. Plus
les besoins essentiels seront reconnus, effectivement, plus les services
peuvent être simples.
M. Biron: Vous parlez aussi, un peu plus loin dans votre
mémoire, des difficultés souvent insurmontables d'admission des
personnes handicapées dans des familles d'accueil, des centres d'accueil
ou des foyers de groupe; si c'est insurmontable à l'heure actuelle,
qu'est-ce que vous voulez faire pour que cela devienne finalement plus
facile?
Mme Cossette: On peut vous donner un exemple très simple.
L'an dernier, dans une municipalité où la maison Lucie-Bruneau a
essayé d'établir un foyer de groupe, la municipalité a
refusé d'avoir un foyer où il y avait des personnes
handicapées physiques pour des raisons de sécurité. On a
donné toutes sortes de raisons. De toute façon, à un foyer
où il y avait huit personnes handicapées physiques, cette
municipalité refusait un permis; c'est aussi simple que ça.
M. Lazure: En guise d'information, si vous me permettez, M. le
Président, le bill 10 qui a été adopté,
étant un amendement au chapitre 48 sur la Loi des services de
santé, prévoit que dorénavant une municipalité ne
pourra pas refuser d'émettre un permis à un foyer, dans son
territoire, pour la seule raison qu'il serait réservé à
des handicapés. Nous pensons avoir réglé ce
problème du rejet des municipalités.
Mme Cossette: C'est un exemple. J'aimerais compléter ce
que Claire Janelle disait. Il reste que la personne handicapée est une
personne qui a des problèmes, mais je pense aux jeunes adultes quand,
dans les lois, on demande aux familles de contribuer à la question de
l'éducation, etc. Il faudrait peut-être aussi que la loi
reflète qu'il est très important pour tout jeune adulte qui doit
se séparer de sa famille de fonctionner par lui-même; mais c'est
peut-être encore plus important, quand quelqu'un est une personne
handicapée, de lui donner la chance de devenir indépendante,
autonome. Je pense que le gouvernement devrait suppléer au niveau des
subventions. Il y a un article dans la loi qui dit que, par exemple, dans les
plans de service, etc., la famille pourrait contribuer. On a vu des cas
où la famille doit contribuer en ce qui regarde les études et
autre. Les gens ont 30 ans, 35 ans et, normalement, ils devraient être
autonomes. Il y a une question de fierté. Ou on croit à
l'autonomie, ou on n'y croit pas. Si on y croit, on met en place des
mécanismes qui vont permettre aux gens de devenir autonomes
affectivement et financièrement pour leur permettre d'atteindre un but,
c'est très motivant.
M. Biron: Vous vous opposez à la carte d'identité
pour les personnes handicapées. Avez-vous une suggestion? Comment
va-t-on remplacer la carte d'identité? Comment va-t-on reconnaître
les handicapés et leur donner certains services?
M. Gaignard: Je ne crois pas, personnellement, que la carte
d'identité soit vraiment nécessaire pour faire des
handicapés des citoyens comme les autres. Au contraire, je pense que le
danger est vraiment de les suridentifier et de les marginaliser de cette
manière. Je pourrais donner un exemple qui prouve que ce n'est
absolument pas nécessaire. Certains nous on dit qu'on pourrait utiliser
cette carte d'identité pour des stationnements réservés.
Il existe un symbole international concernant les handicapés moteurs qui
pourrait être utilisé dans des situations précises, comme
lors de l'utilisation d'un véhicule automobile.
M. Lazure: Justement, ça c'est une carte
d'identité. On peut risquer de noyer le poisson si on revient toujours
à ce concept de marginalisation. Moi, je vous dis que la personne
handicapée, surtout la personne handicapée physique, ce n'est pas
la loi qui la marginalise; c'est le handicap en question, l'accident à
la naissance ou l'accident génétique ou l'accident de route, peu
importe. C'est ce qui l'a identifiée. Justement, c'est l'exemple que
j'allais donner; pour le stationnement privilégié, le
stationnement préférentiel pour les personnes handicapées,
il faut qu'il y ait une identification quelconque. Vous n'en sortez pas. Dans
les transports publics, si on veut qu'il y ait des mesures spéciales
prises pour les personnes handicapées, il faut qu'il y ait une
identification quelconque. On l'a pour les personnes âgées. La
personne âgée n'est pas obligée de se servir de cette
clause qui lui permet un tarif à rabais, si elle s'identifie. Dans les
pays européens, les personnes mutilées de guerre ou peu importe
comment on les appelle ont des cartes d'identification si elles veulent avoir
un siège dans le métro ou dans un autobus.
Il y a deux façons d'envisager une clause comme celle-là.
De toute façon, on est décidé, nous, à la mettre
facultative. Mais vous allez assez loin; vous dites: Même facultative, il
ne devrait pas y en avoir. Là, c'est aller très loin, parce que
vous brimez les droits de la personne qui voudrait s'en servir de façon
facultative.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie voudrait entrer dans le débat; je pense qu'on va lui
permettre.
Mme Lavoie-Roux: Moi, c'est un point sur lequel je suis d'accord
non seulement avec la corporation, mais avec d'autres organismes qui ont
manifesté ou ont protesté contre cette carte d'identité.
Quand vous la rendez facultative, vous allez, à plus ou moins long
terme, la rendre obligatoire, parce que les gens finiront par l'exiger,
si quelqu'un demande quelque chose. Je ne vois vraiment pas la
nécessité...
M. Lazure: Peut-être que cela répond à un
besoin.
Mme Lavoie-Roux: Non, quelqu'un peut l'exiger des individus pour
faire la preuve justement. Etant donné qu'il y en a qui les auront et
que d'autres ne les auront pas, je pense qu'on crée une situation
où finalement vous allez arriver à la carte d'identité
obligatoire. Je comprends fort bien les handicapés de ne pas être
obligés d'aller quérir une carte d'identité. Le ministre a
fait un rapprochement avec la plaque sur le coin du stationnement qui dit que
c'est réservé aux handicapés; à ce
moment-là, ce n'est pas un individu, c'est un endroit approprié
pour des gens qui veulent s'en servir.
M. Lazure: Je regrette, mais l'individu devra mettre sur son
pare-brise une identification quelconque. Autrement, le proposé au
stationnement va dire: Monsieur, ce n'est pas ici que vous stationnez, vous
c'est là-bas. Il faut qu'il y ait une identification quelconque. Quand
vous dites: Je comprends les handicapés, je vous fais remarquer que la
très vaste majorité des mémoires acceptent la carte
d'identité, à condition qu'elle soit facultative.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, on y reviendra.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous voulez ajouter
quelque chose sur ce sujet?
M. Gaignard: Moi, je pense qu'on pourrait procéder de la
même manière que pour les personnes aveugles à qui on
interdisait d'aller dans certains endroits publics. Je pense que ce qu'on
devrait faire plutôt, c'est pénaliser les personnes qui
utiliseraient, par exemple, le symbole international, pour prendre l'exemple du
stationnement, si vraiment elles ne sont pas handicapées et non pas
frapper de suridentification la personne handicapée elle-même.
M. Lazure: Le symbole international, pour nous, c'est une forme
d'identification.
Mme Lavoie-Roux: Qui serait individuelle quand même.
M. Lazure: II n'est pas dit là que celle qui sera
facultative doit être individuelle. C'est une très bonne
suggestion. Le problème, évidemment, c'est que cette carte ne
s'applique pas aux handicapés mentaux, par exemple, ou
difficilement.
Mme Cossette: M. le ministre, je pense que la discussion qui
vient d'avoir lieu confirme ce qu'on disait tantôt, comme corporation,
soit qu'on recommande une très grande prudence dans l'élaboration
de la loi. Là, on a vu des gens autour de la table, des
députés de la commission parlementaire qui interprètent
différemment la signification de la carte d'identité. On a eu des
contacts bihebdomadaires depuis cinq semaines avec différentes
associations de personnes handicapées et on s'aperçoit que la
carte d'identité, cela ne veut pas dire la même chose pour tout le
monde.
Est-ce qu'on peut vous demander de mettre cela au frigidaire, la carte
d'identité, pas pour longtemps, mais enfin pour quelques semaines et
qu'on réfléchisse, qu'on définisse qu'est-ce que c'est,
une carte d'identité? On n'avait pas compris, nous, que, pour vous, la
carte d'identité, c'était, par exemple, le symbole
qu'Hervé met sur sa voiture pour avoir un stationnement et qui,
d'ailleurs, lui a sauvé un billet de stationnement de $20, l'autre jour.
Pour lui, ce n'était pas une carte d'identité. J'ai l'impression
qu'on ne comprend pas peut-être la même chose, comme, hier, la
même confusion avait lieu au sujet de la personne handicapée. On
se demandait si cela comprend les enfants ou si cela ne les comprend pas. Ce
sont toutes ces choses-là qui font que la corporation vous dit: M. le
ministre, s'il vous plaît, soyons prudents avant d'émettre des
articles qui seront interprétés différemment.
M. Lazure: Je suis bien en faveur de la prudence.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: D'ailleurs, je pense qu'une commission parlementaire,
c'est pour réfléchir ensemble, c'est un exercice de
réflexion ensemble sur les problèmes que la loi peut causer.
Vous vous interrogez aussi sur "l'absence du serment ou l'affirmation
solennelle par les membres de l'Office..." Pourriez-vous commenter un peu plus
là-dessus? A la page 22: "de même que ses fonctionnaires et
employés de ne révéler ou faire connaître, sans y
être autorisés par la loi, quoi que ce soit..." Je peux
peut-être demander au ministre pourquoi il a enlevé le serment
qu'il y avait pour les fonctionnaires et les membres de l'office?
M. Lazure: C'est une question technique. On me dit que cela
devient superflu dans la mesure où tous les fonctionnaires sont tenus
à ce serment, en vertu de la Loi de la fonction publique. Ce n'est pas
nécessaire ensuite de l'ajouter dans un projet de loi
spécifique.
M. Biron: Cela veut dire que le serment est quelque part ailleurs
et, quand même, personne n'ira révéler les...
M. Lazure: C'est ça, exact. M. Biron: D'accord.
Mme Sylvestre-Arseneau: Si vous permettez, M. le ministre. Si je
me souviens bien, je pense que c'était mentionné dans le projet
de loi 55...
M. Lazure: Oui, c'est ce qu'on me dit.
Mme Sylvestre-Arseneau: ... cela fait peut-être partie de
la bonification que vous avez faite.
M. Lazure: Oui, c'est cela.
Mme Cossette: Je pense aussi que ce qui nous inquiétait,
au moment où on a étudié la loi dans le projet de
loi 9 en tout cas c'était que l'office donnait des services
directs et cela devenait extrêmement inquiétant. Actuellement, si
on comprend bien l'amendement que vous apportez, l'office ne donnera pas de
services directs.
M. Lazure: M. le Président, ce que j'ai exprimé
hier, c'est une nette préférence pour que les services directs
soient donnés localement et régionalement par les instances
déjà en place. Je ne suis pas certain qu'il faille enlever
complètement à l'office la possibilité d'intervenir
lui-même en établissant des services directs, par
suppléance et de façon exceptionnelle. Je ne suis pas sûr
s'il faut être catégorique au point de lui enlever toute
possibilité d'intervention directe. Chose certaine, c'est que la
direction générale est de lui enlever ce rôle et
peut-être de le laisser de façon exceptionnelle. Cela peut
être commode dans le cas des ateliers protégés, par
exemple. Tantôt, on parlait de développement dans les villes par
rapport aux centres éloignés. Il reste, comme vous le savez,
beaucoup de services à développer, genre ateliers
protégés, dans les régions éloignées, et il
peut y avoir des régions où il n'y a pas d'organismes prêts
au moment où on se parle à mettre sur pied un tel
atelier.
Mme Cossette: Ce qui nous inquiétait, c'est qu'avec des
services directs c'était dans notre chapitre sur la
confidentialité où on était vraiment inquiet, nous avons
quand même développé cela assez longuement dans le
mémoire les dossiers circulent, les informations circulent entre
les mains de n'importe qui, qu'il peut dévoiler n'importe quand et
n'importe où. Cela nous inquiétait. Puisque vous dites
qu'exceptionnellement il y aura services directs, cela va encore nous
inquiéter, mais moins.
M. Biron: Alors, la réponse du ministre de tout à
l'heure m'amène à une autre question concernant le milieu de vie,
le milieu rural, le milieu urbain. On sait que, techniquement, ce serait
peut-être plus facile de centraliser tous les services possibles dans
une, deux, trois ou cinq grandes villes. Mais est-ce que c'est plus facile ou
plus difficile de réadaptation ou d'adaptation à une vie normale,
considérant la philosophie de vie qui est différente en milieu
urbain et en milieu rural, pour un handicapé?
Mme Janelle: Je crois qu'il n'est pas plus facile de se
réadapter en milieu urbain qu'en milieu rural. Ce qui est important
et là, je me base encore sur mon expérience vécue
à l'institut c'est que la personne handicapée qui arrive
à l'institut pour un programme de services, pour nous, soit
perçue comme un être humain, vivant dans un milieu familial. Notre
objectif premier sera de l'aider à retourner dans son milieu familial
pour réassumer au maximum possible ses rôles sociaux. Evidemment,
il se fera une distinction entre un jeune handicapé pour qui vous avez
tout un programme de vie et même de fonctionnement possible au travail
à organiser, et une personne hémiplégique
âgée de 55 ans ou 60 ans pour qui il n'y aura plus de
problème de travail. Alors, cette personne, je crois qu'on doit
travailler activement afin qu'elle retourne dans sa famille et on doit aider la
famille à l'accueillir d'une façon positive.
Là vous évitez le guet-apens des placements
institutionnels qui ont toujours été de fausses solutions. Ce
n'est pas plus facile en milieu rural qu'en milieu urbain. C'est basé
sur les besoins très individuels de chaque personne handicapée.
C'est cela qu'il faut constamment se rappeler.
M. Biron: Compte tenu des services que nous voulons rendre aux
handicapés avec cette loi, si ce n'est pas plus facile ou plus
difficile, peut-être que pour le ministère ce sera plus facile de
centraliser tous les services au même endroit. C'était là
le but de ma question.
Mme Rossner (Sandra): J'aimerais ajouter quelque chose. Nous,
à l'institut et dans d'autres institutions, nous travaillons pour la
réadaption et la réinsertion sociale. Dans l'expérience
vécue à l'institut, on ne fait pas beaucoup de placement parce
qu'on travaille beaucoup avec la famille. Notre problème est qu'il n'y a
pas de services dans les villes. C'est cela notre problème. S'il n'y a
pas de services auxiliaires pour aider les personnes handicapées dans
leur milieu familial, cela est frustrant pour nous et aussi pour les personnes
handicapées. On voit le problème.
M. Biron: Le milieu familial ou l'hébergement en
institution, lequel des deux est le mieux pour le développement d'une
personne handicapée? Est-ce plus difficile, pour son
développement, la réadaptation en milieu institutionnel?
M. Gaignard: L'institution de réadaptation sociale, comme
la Maison Lucie-Bruneau, doit être utilisée comme mesure de
dernier recours. Une personne handicapée vient dans une région
urbaine d'abord pour recevoir des services d'éducation au niveau de
l'université. S'il existait des services concrets au niveau du transport
et du logement je pense à des logements adaptés et
des services d'aide à domicile, par exemple, des services d'aide
physique, de soins infirmiers ou quelque chose comme cela, dans chacune des
régions du Québec, un grand nombre de personnes
handicapées n'auraient pas à venir à Montréal ou
à Québec pour s'y installer.
Si on faisait une étude statistique, on constaterait qu'un grand
nombre d'entre eux sont ve-
nus dans les régions urbaines uniquement à cause de
l'absence de services dans leur milieu. Il y a aussi tout le problème du
déracinement de son propre milieu et qui est bien important. Si la
personne vient habiter en région urbaine, elle doit recommencer à
se fabriquer un milieu social et de nouveaux amis. C'est tout un
problème de réintégration un peu comme un immigrant qui
arrive dans un pays.
M. Biron: Mme Arseneau a dit, je crois, qu'elle s'opposait
à des logements spéciaux pour les handicapés parce qu'on
prenait le risque d'identifier les handicapés. Que suggérez-vous
autrement? On sait que des logements spéciaux peuvent avoir beaucoup de
services spécialement pour les handicapés alors que dans des
logements ordinaires il y manquera des services essentiels. Que
suggérez-vous à mi-chemin?
Mme Sylvestre-Arseneau: M. Biron, on ne s'oppose pas aux
logements spéciaux. Au contraire, on crie, on hurle et on en veut des
logements intégrés. La restriction qu'on a eue est la suivante.
C'est que, dans le projet de loi no 9, on rendait obligatoire l'identification,
par un symbole connu par tous, du logement, c'est-à-dire il y a un
symbole qui va être apposé sur la porte ou sur le mur disant "ici
gît une personne handicapée". Cela était de force. Les
gens, en fait, seront obligés de le mettre. Ce à quoi on s'oppose
et on s'oppose très fortement on n'est pas les seuls car on
s'oppose avec les personnes handicapées à cela c'est qu'on
a oublié, on n'a pas pensé que la personne handicapée est
un adulte qui est capable de décider elle-même si elle veut
prendre le risque calculé, même si elle est au deuxième
étage, de ne pas identifier son logement. C'est le seul point qu'on a.
On n'est ni pour ni contre l'identification. Dans certains cas c'est
nécessaire. Là où on est contre, c'est qu'on les oblige
sans les consulter. Là où on est pour on le dit la
personne handicapée est une personne autonome, qui a le droit strict
comme vous et moi à l'autodétermination; donc c'est à elle
de décider si elle veut ou non mettre son symbole. Il y en a qui ne
veulent pas le mettre parce qu'ils disent que cela attire les cambrioleurs.
Donc, je crois que c'est à la personne handicapée de le
décider. On n'est ni pour ni contre l'identification, mais on est pour
que ce soit la personne elle-même qui le décide. C'est tout. Des
logements, on en veut parce que les gens en veulent. On en veut aussi.
M. Biron: D'accord. J'en viens à ma dernière
question. Croyez-vous, pour atteindre une certaine autosuffisance pour les
handicapés, que c'est plus facile s'ils sont pris en charge très
jeunes? Que faire pour les identifier jeunes par les parents ou par l'Etat pour
les aider à atteindre cette autosuffisance le plus rapidement
possible?
Mme Sylvestre-Arseneau: Je crois que la ré- ponse à
cela a été donnée hier par Mme Lantei-gne à la
présentation de l'Association du Québec pour la déficience
mentale. C'est difficile pour nous d'ajouter quelque chose de plus. Ce fut un
témoignage qui a été très émouvant où
on a vraiment montré la nécessité de partir dès le
départ. C'est aussi une nécessité pour laquelle on plaide
depuis longtemps en demandant une politique globale de la famille, en demandant
de la prévention, de la détection au tout début. C'est
très important que ce soit détecté le plus rapidement
possible. C'est certain que c'est beaucoup plus facile si une personne a
été prise dès son jeune âge, quel que soit le
handicap, que si on est obligé d'essayer de refaire cette personne.
M. Biron: La détection se ferait, bien sûr, par les
médecins.
Mme Sylvestre-Arseneau: Oui, en fait, toutes les équipes
multidisciplinaires qui sont autour d'un enfant qui naît, et
l'école, après, qui est aussi un excellent milieu de
détection.
M. Biron: Je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Lazure: J'ai deux remarques très brèves.
Concernant les subventions pour l'adaptation de postes, c'est dans le texte
déposé, en juin, à l'article 71; tantôt, vous
faisiez la suggestion. Il est prévu que l'office peut accorder à
un employeur des subventions pour lui permettre d'adopter des postes de
travail, etc.
Quant à la question très importante que le
député de L'Acadie et que quelqu'un de votre groupe ont
soulevée en rapport avec les expatients psychiatriques, je pense que la
solution à ce problème ne doit pas reposer surtout dans un texte
de loi. Essentiellement, c'est la responsabilité des
établissements, quand ils mettent en congé des individus, de
s'assurer que les conditions de vie, d'hébergement soient
satisfaisantes, de faire le suivi de la relance.
On essaie, par l'augmentation des crédits aux soins à
domicile, aux services à domicile, d'aller dans cette direction, mais
c'est un phénomène généralisé. Dans les
grandes métropoles américaines, avec la sortie massive des
patients qui étaient dans les institutions psychiatriques depuis dix
ans, quinze ans ou vingt ans, on retrouve un taux de vagabondage beaucoup plus
élevé depuis une dizaine d'années, un nombre grandissant
de personnes, de pauvres gens qui vont pratiquement coucher dans les vestibules
de maisons d'habitation, ou un peu partout.
Alors, ce sont des victimes de ce qu'on appelle la psychiatrie
communautaire. Parfois, on est allé dans une position un peu
extrémiste. J'en parle parce que cela revient un peu de façon
indirecte quand vous dites: L'institution, en dernier recours. Je ne suis pas
tout à fait d'accord avec cette position. L'institution peut être
un premier recours, dans certains cas, aussi, que
ce soit pour faire un bon bilan de l'individu ou pour aborder un bon
traitement de l'individu. C'est une mentalité un peu à la mode,
en vogue, actuellement, de dire: L'institution, il faut l'éviter
à tout prix. Cette mentalité a amené ce que je viens de
décrire, aux Etats-Unis, dans les grandes métropoles, avec
l'exode des anciens patients psychiatriques des hôpitaux. On a,
jusqu'à un certain point, ce phénomène, dans la ville de
Montréal. Alors, il faudrait le regarder de très près, non
pas dans un texte de loi, mais dans la façon responsable dont on
administre les services actuellement.
Je veux remercier beaucoup la corporation de sa contribution.
Le Président (M. Marcoux): Oui, vous voudriez ajouter un
dernier mot.
Mme Janelle: Oui, je voudrais ajouter un dernier mot au nom de
mes collègues et vous dire que la rencontre de ce matin, nous l'avons
envisagée comme la possibilité de dialogue et de consultation, et
pour vous dire comment nous espérons que des consultations soient
planifiées, concertées et que notre collaboration vous est
acquise.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie de la
présentation de votre mémoire au nom de tous les membres de la
commission.
J'inviterais maintenant le Centre de services sociaux Ville-Marie
à s'approcher pour nous présenter son mémoire.
Est-ce que les représentants du centre de services sociaux sont
arrivés?
Une Voix: II ne semble pas.
Le Président (M. Marcoux): Non? Alors, j'inviterais
l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec à
s'approcher pour nous présenter son mémoire. Je sais que ses
représentants sont prêts.
Vous êtes la responsable, mais je ne connais pas votre nom. J'ai
le nom de M. Grou comme conseiller juridique. Vous êtes madame?
Ordre des infirmières et infirmiers du
Québec
Mme Tellier-Cormier: Mon nom est Janine Tellier-Cormier. Je suis
la présidente de l'Ordre des infirmières et infirmiers du
Québec.
Le Président (M. Marcoux): Je vous invite à
présenter vos collègues.
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, M. le ministre,
messieurs les députés, madame le député, je vous
présente mes collègues. Je commencerai par mon extrême
gauche: Lorraine Beaudin, qui est conseiller au secteur nursing au siège
social de l'ordre; Odile Larose, directeur du secteur nursing pour notre
organisme; Raymond Boulay, vice-président. A ma droite, Mme
Andrée Paulet, membre du comité administratif et, à
mon extrême droite, M. Jean-Paul Larue, administrateur externe
siégeant à notre comité administratif.
M. le Président, M. le ministre, madame et messieurs, au
début, j'aimerais remercier le président, le ministre et les
membres de cette commission de nous avoir donné l'occasion d'être
entendus aujourd'hui et aussi tôt, c'est apprécié
et d'échanger avec eux sur le projet de loi. Comme les autres
organismes qui nous ont précédés, certaines remarques
contenues dans nos commentaires ne sont plus à propos compte tenu des
déclarations faites par le ministre, M. Lazure, à l'ouverture de
cette commission, hier matin. Dans son exposé, le ministre nous a
précisé...
Le Président (M. Marcoux): Elles sont peut-être
encore à propos dans le sens qu'elles vont confirmer, ce qui a
été dit.
Mme Tellier-Cormier: Peut-être. Sûrement, parce que
la majorité a été reprise. Dans son exposé, le
ministre nous a précisé de façon très claire les
grands objectifs de ce projet. Je tiens à lui souligner que nous sommes
entièrement d'accord avec cette politique du gouvernement qui
était sous-jacente au projet de loi 9, Loi assurant l'exercice des
droits des personnes handicapées. Nous avions, pour notre part,
identifié un effet significatif et important de cette
législation, soit de sensibiliser les personnes placées dans des
situations plus heureuses, "les bien portants que nous sommes", au respect des
droits et des libertés des personnes "limitées de façon
significative et persistante dans l'accomplissement d'activités
normales".
Reconnaissant et respectant les droits et libertés des personnes
handicapées, à cause d'une déficience physique ou mentale,
nous nous devons de répondre ou de leur permettre de répondre
à leurs besoins fondamentaux, lesquels sont identiques chez toute
personne humaine. C'est dans cet esprit que nous recommandons aux
législateurs une participation active des handicapées à
tous les mécanismes prévus par le projet. De plus, le
handicapé ne pourrait-il pas participer à l'identification des
modifications nécessaires dans l'environnement, à
l'identification des besoins d'information ou de formation que lui-même,
sa famille ou la population requièrent pour assurer ce respect des
droits des personnes handicapées?
Dans les comités consultatifs spéciaux dont il est
question à l'article 32, ne serait-il pas favorable, dans certaines
circonstances, de songer à des comités de citoyens? Maintenant,
relativement à l'emploi, quand on parle de l'intégration au
marché du travail, le ministre nous disait qu'il inciterait les
entreprises à favoriser l'embauche de personnes handicapées.
Peut-on songer que le ministre favoriserait cette même politique pour les
établissements de santé? On nous a toujours dit: L'exemple
entraîne. Puisqu'on parle des établissements de santé,
permettez-moi d'ouvrir
une parenthèse vous n'en serez certainement pas surpris
pour vous signaler que les infirmières et les infirmiers sont
présents dans les établissements où on retrouve les
handicapés physiques ou mentaux.
Dans la communauté où on favorise de plus en plus leur
intégration, par définition et par le rôle qu'ils assument,
l'infirmière et l'infirmier sont des professionnels de la santé.
Elle doit être ou il doit être en mesure d'aider le
handicapé à reconnaître, utiliser, développer et
maintenir au maximum ses capacités et promouvoir chez lui le plus
d'autonomie possible.
L'infirmière doit aussi être très active pour aider
au dépistage des différents problèmes pour minimiser les
effets d'une déficience physique ou mentale. L'infirmière ou
l'infirmier, membre à part entière de l'équipe des
professionnels de la santé, peut aussi servir d'agent de liaison ou de
support aux familles afin de signaler ou rendre accessibles les ressources
disponibles dans la communauté.
En conclusion, permettez-moi de répéter que le bureau de
l'ordre supporte entièrement le but qui sous-tend ce projet de loi, soit
d'amener la société, individuellement ou collectivement, à
assumer ses responsabilités à l'égard de ses citoyens
handicapés pour que ceux-ci, limités dans l'accomplissement de
leurs activités normales, puissent être reconnus et exercer en
pleine égalité les droits et libertés de la personne.
Nous sommes à votre disposition pour tenter de répondre
à certaines de vos questions. Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec, leur rendre hommage aussi
pour leur fidélité à venir participer aux commissions
parlementaires sur des sujets qui les touchent de près. On les a
rencontrés il y a quelques semaines, lors de la commission parlementaire
sur le projet de loi no 24, sur la protection de la jeunesse. Je veux aussi
rendre hommage à leur patience. Je sais que la plupart des
représentants ici ont assisté hier toute la journée. J'ai
une couple de commentaires et une question.
Information au public. Vous en faites état dans votre
mémoire puis, encore une fois, nous, cela nous paraît de plus en
plus comme je le disais tantôt à l'autre groupement
une fonction prioritaire du futur office; autant information pour essayer de
changer les mentalités de la population, que pour prévenir des
handicaps, soit physiques, genre sécurité routière, ou que
ce soient des handicaps mentaux.
Votre dernière remarque concerne les emplois dans les
hôpitaux. Nous avons commencé, effectivement, à donner
l'exemple, dans le ministère des Affaires sociales et la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, il y a déjà plusieurs mois.
Cela a été fait par écrit, par une directive. Nous
demandons à tous les chefs de services de réserver un minimum de
2% de pos- tes pour des personnes handicapées. Nous avons aussi
incité les autres ministères à faire la même chose.
Je vous avoue que cela n'a pas été fait pour les
établissements du réseau des affaires sociales, mais c'est une
suggestion pertinente et nous allons inciter les établissements, y
compris les hôpitaux, à le faire.
Ma question, c'est en rapport avec l'enseignement à la future
infirmière, au futur infirmier. Hier, le groupe de l'Association du
Québec pour déficients mentaux nous a parlé longuement de
certaines attitudes qui prévalent encore dans les hôpitaux, chez
les médecins en particulier mais aussi chez les infirmières,
attitude qui veut que l'enfant mongolien ou autre enfant déficient
mental le moindrement, on encourage la famille à le placer en
institution dès le début, dès le départ. Une jeune
mère d'un enfant mongolien de deux ou trois ans nous en faisait le
récit assez touchant.
Je me pose la question je sais que ce n'est pas directement de
votre compétence, mais cela vous touche quand même de très
près à savoir si, dans l'enseignement aux CEGEP des
techniques infirmières, on a introduit beaucoup plus de contenu
qu'autrefois sur les attitudes à prendre en 1977 vis-à-vis de la
naissance d'un enfant déficient. On peut soupçonner qu'il y a
encore des lacunes de ce côté. Si oui, j'aimerais bien que vous
nous aidiez à améliorer l'entraînement, la formation de la
future infirmière dans ce sens, pour que les infirmières et les
médecins soient beaucoup plus conscients de toutes les
possibilités de développement qu'un jeune enfant déficient
peut réaliser s'il demeure à la maison plutôt que
d'être placé en institution.
Mme Tellier-Cormier: M. le ministre, je me sens très
à l'aise pour répondre à votre question. Je vous
signalerai que je suis relevée de mon enseignement pour le moment, mais
j'enseigne en techniques infirmières dans un CEGEP et j'enseigne
spécifiquement la santé maternelle et infantile...
D'un côté, au niveau de l'enseignement pour la mère
et l'enfant, on sensibilise. Vous comprendrez avec moi que les heures de cours
sont quand même limitées et on ne peut pas aller en profondeur. On
sensibilise nos étudiants à cette situation et, en plus, on fait
le point, on fait le pont avec d'autres matières connexes telles que les
problèmes sociaux, les relations humaines. On touche aussi
différents problèmes tels que l'adoption, l'avortement. Toutes
ces choses sont touchées, mais ce n'est pas en profondeur.
L'impact qu'on peut avoir au niveau de la formation de nos jeunes, de
nos étudiants est aussi tributaire de la société dans
laquelle on vit. Même si on voulait leur inculquer les meilleurs
principes à coups de masse, il demeure qu'ils font partie de cette
société dans laquelle on vit. J'ai très bien pris la
remarque de la dame hier et je suis consciente qu'il y a des faiblesses. J'ai
très bien pris sa remarque et je pense qu'on pourra insister au niveau
de la sensibilisation à ce type de problème.
M. Lazure: A la fois pour les jeunes mais peut-être aussi
aux cours de recyclage pour la remise à jour. Merci.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je veux également remercier l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec de la présentation de
son mémoire. Il est intéressant de voir que de plus en plus, de
façon constante, votre association s'intéresse à toutes
les répercussions sociales et médicales de ces projets de loi. Ma
première question est celle-ci. Vous avez, en bas de la première
page, ce qui suit: "Le bureau de l'ordre croit qu'il serait plus
approprié de fournir l'occasion aux personnes handicapées de
participer elles-mêmes à leur intégration au sein des
mécanismes prévus par la loi".
Le problème que vous soulevez est vraiment l'équilibre
qu'il faut garder entre l'intervention de l'Etat et l'initiative et la
participation des individus eux-mêmes à ces projets de loi qui,
finalement, peuvent instaurer une bureaucratie assez considérable aux
dépens de l'initiative et de la participation. Pourriez-vous, d'une
façon plus concrète, élaborer sur ce point particulier que
vous avez soulevé? Comment cela pourrait-il se concrétiser?
Mme Tellier-Cormier: Dans les différents
mécanismes, si on prend l'office en lui-même, c'est un
mécanisme que la loi met à la disposition des gens pour favoriser
la reconnaissance des droits et des libertés des personnes. Dans
l'optique que chaque être humain a des besoins fondamentaux auxquels on
doit répondre, on a le besoin d'appartenance; sinon, cela va causer des
perturbations qui vont apporter d'autres problèmes. Dans cette optique
de besoin d'appartenance, et pour faire en sorte que les effets, dans une
situation, vont donner de meilleurs résultats, si on est partie prenante
au départ, dans les mécanismes, si on a des gens de notre groupe
qui sont là pour participer et décider des différentes
étapes ou des différentes solutions, cela nous paraît
indispensable, si on veut prêcher la nécessité de
l'intégration, qu'on le prévoie déjà à
l'intérieur de la loi et qu'on les intègre aux différents
niveaux et aux différents mécanismes. C'est dans cet esprit que
nous voulons favoriser cet aspect.
Mme Lavoie-Roux: La deuxième question. A la page 3, vous
parlez de l'article 32. C'est peut-être davantage une question au
ministre que je devrais poser, plus qu'à vous-même, parce que je
saisis très bien votre préoccupation. Je me demande si le
ministre pourrait nous expliquer la justification d'obtenir cette approbation
préalable du ministre pour former des comités consultatifs
spéciaux. Je pense que votre remarque me paraît tout à fait
bien fondée. Evidemment, il y a toujours des répercussions
financières dont on pourrait parler, mais encore, à ce
moment-là, c'est dans les budgets que cela doit être prévu
et que l'office utilise ces budgets comme il le veut.
M. Lazure: Quant au ministre, cela pourrait
disparaître.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Lazure: Je viens de consulter le sous-ministre adjoint
à la planification, la clause en question pourrait disparaître.
C'est peut-être un excès de prudence de la part des gens qui ont
rédigé le texte, mais cela ne me paraît pas
nécessaire d'avoir l'approbation du ministre. Comme vous dites, pour
autant que cela reste à l'intérieur des budgets
déterminés.
Mme Lavoie-Roux: Parce que le risque est, sans prêter de
mauvaises intentions à qui que ce soit, de multiplier inutilement des
interventions politiques qui ne sont peut-être pas les mieux
placées, parce que trop loin des décisions ou des
réalités. L'autre point que vous soulevez à l'article 73
est aussi un point sur lequel j'ai accroché. On a voulu corriger une
situation qui peut survenir et oui est répréhensive à
certains égards; mais, par contre, c'est un peu comme le mouvement du
balancier, on peut aller trop loin à l'autre extrémité. Si
on s'en tenait strictement à la formulation du projet de loi, l'article
73, M. le ministre, on pourrait même au départ mettre les
employeurs en garde contre le fait qu'on puisse engager une personne
handicapée dont l'état pourrait se détériorer.
C'est un certain manque de réalisme aussi quand une personne devient
totalement handicapée d'en faire une obligation, telle que
formulée dans le projet de loi, de la garder.
Je pense que c'est au niveau des modalités, comment pourrait se
faire le système de compensation, etc., qu'on devrait... Il y aurait
peut-être lieu, je n'y ai pas pensé, de modifier quelque peu la
formulation de 73, parce que cela peut créer certains abus.
M. Lazure: Oui, on a déjà des points
d'interrogation sur cette formulation. Vous comprenez l'esprit de 73, c'est an
peu comme les règlements municipaux par rapport aux patients dans des
foyers de groupe dont on parlait tantôt, on ne veut pas que des
ex-patients ou des personnes handicapées dans les foyers de groupe
soient exclues tout simplement parce qu'elles sont handicapées. Quand on
parle de règlements municipaux, de la même façon on ne
voudrait pas qu'une entreprise puisse congédier la personne tout
simplement parce qu'elle devient handicapée; mais tout cela a besoin
d'être nuancé.
Mme Tellier-Cormier: Dans nos commentaires, si vous permettez,
justement, on a vu des dangers, on voyait la nécessité des
nuances, mais on s'est dit que dans les règlements qui vont probablement
suivre l'adoption de cette législation, on voulait être vigilant
pour voir comment la chose serait clarifiée. Parce qu'il
nous apparaît que de dire à un employeur: Vous n'avez pas
le droit de le congédier uniquement parce qu'il est handicapé, je
pense qu'on ne doit pas se limiter à cet aspect. On doit prévoir
des modalités pour une mobilité à l'intérieur, pour
qu'il puisse continuer à travailler, mais s'il a un handicap qui fait
que la tâche qu'il faisait auparavant, il n'est plus capable de
l'accomplir, qu'il soit en mesure d'être replacé dans un autre
endroit dans l'établissement, si c'est possible, pour continuer à
travailler. Alors, on se posait des questions au sujet des modalités
d'application de cet article et c'est dans cet esprit qu'on l'a soulevé
dans nos commentaires.
Mme Lavoie-Roux: Cela devrait aller, à mon point de vue,
au-delà des règlements, parce que quand cela reste inscrit dans
la loi, c'est ce qui a préséance sur tout; le ministre semble
sensibilisé à ce point de vue. Ce sont là les seules
questions que je voulais vous poser. Je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci, M. le Président. Premièrement, je
voudrais vous poser une question. Comme vous êtes obligés souvent
de donner des soins à des handicapés, est-ce que vous avez des
problèmes pour les identifier? Est-ce que cela demande une carte
quelconque pour les identifier ou si vous êtes capables, à l'heure
actuelle, de les identifier?
Mme Tellier-Cormier: Je vais essayer de vous expliquer, si je
comprends bien votre question. Je pense que vous me demandez: Pour donner les
soins, est-ce qu'on a de la difficulté à identifier les
handicapés?
M. Shaw: C'est cela. Premièrement, pour avoir une position
sur la question d'une carte d'identité, est-ce que c'est
nécessaire qu'une personne porte une carte d'identité pour que
vos professionnels puissent identifier ces personnes?
Mme Tellier-Cormier: Non.
M. Shaw: Est-ce que vous êtes capables, à l'heure
actuelle, de les identifier maintenant?
Mme Tellier-Cormier: Je pense que par notre formation on est
capable, non pas de diagnostiquer le handicap, mais de réaliser qu'il y
a des handicaps et d'aider le client.
D'autre part, on n'a pas pris de position, nous, quant aux articles qui
touchaient l'identification de ces personnes handicapées. Cependant,
compte tenu des commentaires qui ont été faits hier lors de
l'exposé du ministre, M. Lazure, je n'ai pas consulté mon bureau
depuis, mais je puis dire au ministre qu'on est comme lui; on réalise
qu'une forme d'identification peut être mise à la disposition des
handicapés et eux prendront la décision à savoir s'ils
veulent s'en prévaloir ou non. Mais qu'il y ait une carte
d'identité ou pas, cela ne nous dérange pas pour donner les
soins, pas une minute.
M. Shaw: Deuxièmement, vous avez parlé un peu
d'emplois dans le secteur de la santé. Avez-vous des handicapés
dans la profession d'infirmière?
Mme Tellier-Cormier: Si ma mémoire est fidèle
je demanderais à mes collègues de me reprendre si ce n'est
pas exact parce que je n'ai pas évalué cette question il y
a déjà eu des critères très spécifiques pour
admission à l'étude de la profession. Entre autres, on devait
fournir un certificat médical d'une façon très
spécifique et certains handicaps physiques pouvaient faire que le
candidat n'était pas admis à l'étude de la profession. Ce
sont des choses qui se sont déjà vues. Par contre, je sais
pertinemment qu'il y a des handicapés physiques, mais très peu
limités, qui ont fait leurs études en nursing et qui sont
capables de travailler en nursing. Je me le rappelle, parce que,
personnellement, j'ai enseigné à une étudiante qui avait
un handicap physique; cela m'a causé certaines inquiétudes
à un stade précis, mais, en dehors de cela, il est évident
que ce professionnel va être assez intelligent par lui-même pour
décider qu'il y a des limites dans des secteurs d'activités au
niveau de la profession. Donc, il optera pour un service où son handicap
ne le limitera pas. Mais on n'a pas de recensement, à ma connaissance,
qui nous permet de donner un pourcentage. Moi, je fais référence
à des exemples précis. A ma connaissance, on n'a pas de chiffres
précis là-dessus.
Comme dans la population en général, c'est sûr qu'on
a des infirmières ou des infirmiers qui ont, suite à des
accidents d'automobile ou à des choses comme cela, été
victimes de séquelles et qui sont des handicapés aujourd'hui. On
est dans la même situation que l'ensemble de la population dans ce sens.
Je ne sais pas si j'ai répondu è votre question.
M. Shaw: C'est la réponse que je cherche, parce que je
trouve, dans le principe du projet de loi, qu'on veut donner des emplois dans
tous les domaines et forcer les gens à le faire par un projet de loi.
Cela implique aussi qu'on accepte dans la profession de nursing, un certain
pourcentage. On dit 2%, mais est-ce rentable?
Mme Tellier-Cormier: Là, je viens de saisir un autre volet
de votre question. Vous nous dites: Si on préconise qu'il y ait des
emplois, est-ce que vous autres, au niveau du nursing, vous êtes
prêts à assumer qu'il y ait un nombre x d'emplois que vous
donneriez à des infirmières ou infirmiers qui seraient des
handicapés? Cette question, moi, je ne l'ai pas évaluée,
mais je vous ai dit tantôt, à partir d'un exemple précis,
que je connaissais des infirmières qui avaient des handicaps physiques
qui les limitaient, mais
qui ne les limitaient pas dans tous les champs d'exercice. Entre autres,
une que je connais travaille au niveau surtout de la recherche en nursing.
Donc, cela ne lui nuit pas d'avoir son handicap physique. Il demeure que c'est
la responsabilité de l'employeur de décider si, à
l'intérieur de certains cadres, dans une activité précise,
il y a des possibilités ou non d'embauche dans ce secteur.
M. Shaw: J'ai entendu souvent des représentations de
l'Ordre des infirmières disant que vous avez trop d'ouvrage par personne
maintenant. Si vous acceptez, à un moment donné, que 2% des
membres de votre profession soient des handicapés, est-ce que cela va
améliorer la situation ou si ce sera une autre forme de
désavantage?
Mme Tellier-Cormier: Je pense que la question que vous soulevez
n'est pas du tout dans la même optique que favoriser de l'emploi dans un
établissement, règle générale. Si on dit qu'on
favorise l'emploi, on devra reconnaître d'abord qu'il y a des
infirmières et des infirmiers qui vont réclamer de l'emploi et
qui sont des handicapés.
Compte tenu de cette situation si, dans un établissement, on
détermine qu'on accepte cette personne avec ce handicap, on devra tenir
compte la même chose qu'on va demander aux autres employeurs
de ses limites et lui donner une tâche à laquelle il pourra
répondre. C'est la seule réponse que je peux formuler à ce
stade-ci.
M. Shaw: Vous dites que, parmi les infirmières, ce sera un
handicap d'avoir besoin d'accepter des handicapés, mais dans les autres
lieux, peut-être qu'il y a certains moyens de les accepter plus
facilement.
Mme Tellier-Cormier: Je vais vous demander de reformuler. Je
m'excuse.
M. Shaw: Je veux dire que si vous dites qu'il y a certains moyens
d'accepter un certain nombre de handicapés chez vous, cela va même
être un handicap. Est-ce que vous pensez que c'est différent dans
d'autres professions ou même des emplois dans une usine?
Mme Tellier-Cormier: Ce n'est pas différent. Selon nous,
que je sois une orthopédiste, que je sois une infirmière, que je
sois une orthophoniste, j'ai les mêmes privilèges, en tant que
personne humaine, d'avoir un emploi si j'ai des possibilités de fournir
du travail. Il n'y a pas de restrictions, que ce soit pour le nursing ou pour
d'autres choses. Je n'y vois pas de problème.
M. Shaw: J'ai une troisième question. C'est sur la
question du diagnostic lui-même. Vous êtes souvent impliqués
dans le diagnostic des handicapés. Avez-vous des problèmes pour
les faire placer dans des centres d'accueil ou avec les services
spécialisés pour les aider? Avez-vous des problèmes pour
trouver le moyen de les aider?
Mme Tellier-Cormier: Si je ne veux pas être poursuivie pour
pratique illégale de la médecine, je devrai, dans un premier
temps, reconnaître que je n'ai pas le droit de diagnostiquer. Laissant la
responsabilité du diagnostic au médecin, mais étant
membre, à part entière, de l'équipe de santé, je
peux, par mes observations et par mes conversations avec l'équipe, aider
à préciser le diagnostic.
A savoir s'il y a des difficultés en regard des handicapés
pour les placer par la suite, l'infirmière, par sa formation et par son
emploi, n'est pas celle qui va, de façon précise, devoir placer
l'autre personne, mais elle doit être, comme je le disais au début
dans mes commentaires, un agent de liaison ou une personne ressource qui va
aider l'handicapé à trouver des ressources nécessaires
pour ajler plus loin, entre autres, au niveau de la possibilité de
trouver un endroit pour cette personne. Ce n'est pas elle qui doit faire la
démarche. Elle peut le faire au besoin, mais elle est surtout là
comme agent de liaison afin d'aider la personne, lui faire connaître
quelles sont les ressources dans la communauté auxquelles elle peut
faire appel. Il y a aussi un principe qu'il faut respecter. Si
l'handicapé est dans cette position, si nous on dit que, dans nos
principes, on doit reconnaître son autonomie, on ne doit pas
décider pour lui, mais on doit être l'agent de liaison ou le
support qui va lui permettre d'identifier des ressources, les mettre à
sa disposition afin que lui décide, par la suite, comment cheminer.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui désirent ajouter quelque chose? Parmi nos
invités, y a-t-il d'autres points que vous aimeriez soulever?
Je vous remercie au nom de tous les membres de là commission de
votre participation à nos travaux. Avant d'ajourner les travaux de cette
commission, j'indique qu'il est possible que nous reprenions nos travaux cet
après-midi, après la période des questions, s'il y a avis
du leader parlementaire en ce sens. Si c'est le cas, nous entendrons le
mémoire du Centre de services sociaux Ville-Marie. En attendant, je dois
ajourner les travaux de cette commission sine die.
Mme Tellier-Cormier: Merci, M. le Président. Nous sommes
toujours prêts à collaborer avec le gouvernement pour les
politiques de santé.
Le Président (M. Marcoux): Merci. (Fin de la séance
à 11 h 55)
Reprise de la séance à 17 h 1
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs! La
commission des affaires sociales s'est réunie pour poursuivre l'audition
des mémoires concernant le projet de loi 9 sur la protection des
handicapés.
Les membres de la commission sont M. Boucher (Rivière-du-Loup),
M. Charron (Saint-Jacques) remplacé par M. Desbiens (Dubuc); M. Clair
(Drummond), M. Forget (Saint-Laurent), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel
(Limoilou), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie) remplacée par M. Giasson (Montmagny-L'Islet); M.
Lazure (Chambly), M. Marois (Laporte) remplacé par M. Gagnon
(Champlain); M. Martel (Richelieu), Mme Ouellette (Hull), M. Paquette
(Rosemont), M. Saindon (Argenteuil), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M.
Shaw (Pointe-Claire).
Nous entendrons le mémoire présenté par le Centre
de services sociaux Ville-Marie. Nos règles sont que vous avez une
vingtaine de minutes pour lire votre mémoire ou en présenter
l'essentiel, le résumer, en citer les passages les plus importants,
ensuite c'est l'échange entre les membres de la commission et nos
invités.
Je vous demanderais d'abord de présenter vos collègues, de
vous présenter et de présenter votre mémoire.
Centre de services sociaux Ville-Marie
M. Metcalfe (Robert): Merci.
Le Président (M. Marcoux): Cela va, c'est automatiquement
branché.
M. Metcalfe: M. le Président, M. le ministre et les
membres de la commission parlementaire. Nous nous excusons d'être en
retard aujourd'hui. Nous étions pris dans la brume.
Les travailleurs sociaux professionnels du Centre de services sociaux
Ville-Marie, les usagers et les membres de la communauté approuvent les
commentaires exprimés dans le livre blanc. Même si les
recommandations du livre blanc ne semblent pas toujours compatibles avec les
propositions du projet de loi no 9, il est reconnu de façon
générale que l'adaptation et la réadaptation des personnes
handicapées requièrent une évaluation médicale et
éducative afin de pouvoir remédier à la situation de
façon appropriée. Le projet de loi reconnaît
également la nécessité d'accroître les techniques
sociales et matérielles aussi bien que celles reliées à
l'intégration professionnelle. Il s'agit là de concepts que nous
appuyons entièrement.
Malheureusement, le projet de loi no 9 ne fait aucune mention des
ressources institutionnelles existantes qui dispensent actuellement des
services à la population en général et qui devraient
être beaucoup plus utilisées par et pour les handicapés. En
fait, le comité d'étude a considéré que
l'utilisation des services aux handicapés existants était d'une
telle importance qu'il a même soulevé la question de la
nécessité d'un projet de loi spécial pour les
handicapés.
De façon générale, nous estimons que les droits et
services pour les personnes handicapées devraient être reconnus
par des ajouts ou des amendements à la législation se rapportant
à la population en général. Le chapitre VII du projet de
loi reconnaît cette approche multidisciplinaire car il mentionne une
série d'amendements à effectuer à certaines lois
existantes.
De façon plus spécifique, le chapitre II, qui traite des
droits de toute personne handicapée, devrait être renforcé
par un amendement à la Charte des droits et libertés de la
personne, loi no 50, à l'article 10 auquel on devrait ajouter les
personnes handicapées.
Le chapitre III, qui traite de la structure des tâches et
responsabilités de l'Office des personnes handicapées du
Québec, a également suscité de sérieuses
interrogations. La structure des services à la population en
général, tels que dispensés actuellement, est suffisamment
adéquate sans qu'il soit nécessaire d'ajouter une autre structure
bureaucratique à celle déjà existante. De plus, en tentant
d'identifier les personnes handicapées, l'office pourrait limiter le
développement de ces dernières dans un milieu de vie plus normal
en leur imposant de nouvelles restrictions alors que ce dont elles ont le plus
besoin, ce sont de nouvelles possibilités. La personne handicapée
désire mener une vie aussi normale que possible sans devoir faire face
à de nouveaux règlements plus restrictifs qui tendent à la
séparer du reste de la société.
On encourage l'adaptation des structures existantes, soit dans le
domaine de l'éducation et du transport, soit dans celui des services de
santé et des services sociaux, afin qu'elles soient accessibles aux
personnes handicapées sans les contraindre à mener une vie
complètement à l'écart de la société.
S'il est essentiel de créer un tel office, nous suggérons
que son rôle soit restreint aux fonctions suivantes: a)établir des
normes de services; b) dispenser au besoin des conseils
spécialisés sur les plans technique et professionnel;
c)évaluer les services en collaboration avec les autres
établissements; d) s'occuper de la formation du personnel et voir
à ce qu'il y ait un échange d'idées; e)sur recommandation
du CRSSS, reconnaître les ateliers et des organismes de promotion; f)
très important, agir à titre d'ombudsman pour les personnes
handicapées ne pouvant obtenir des services; g) conjointement avec
d'autres établissements, participer à la planification de
nouveaux services.
Je voudrais maintenant vous présenter M. Kowal pour le reste de
ce mémoire.
M. Kowal (Steve): Merci. Services généraux
dispensés à la population.
Notre comité soutient de plus que l'utilisa-
tion des services actuellement dispensés à la population
en général encourage la décentralisation et la
participation au niveau local, ce qui est très avantageux pour les
handicapés car cela leur permet, ainsi qu'à leur famille et
à la communauté au sein de laquelle ils vivent, de participer au
processus de leur intégration sociale et professionnelle.
Nous espérons que cela encouragera la création d'une foule
de nouveaux services destinés aux personnes handicapés. Bien que
le projet de loi no 9 reconnaisse le droit à un emploi
rémunérateur, il n'assure pas aux handicapés quelle que
soit l'importance de leur handicap, le droit à des services favorisant
leur croissance personnelle et l'amélioration de leur mode de vie.
même si ces services ne leur permettent pas d'être
indépendants sur le plan économique.
L'utilisation des services généraux permet d'éviter
de nouvelles structures bureaucratiques inutiles et est avantageuse en termes
de coût et d'efficacité. Nous proposons que la récente
allocation de fonds aux services à domicile pour les personnes
âgées, les handicapés et les malades chroniques, par
l'entremise du CRSSS soit considérée comme modèle.
Cela a permis: a)une participation communautaire par l'entremise des
centres de services sociaux, des centres locaux de services communautaires ou
d'autres organismes reconnus; b)encourager la coordination des ressources
existantes au niveau communautaire; c)de dispenser au maximum les services de
première ligne, compte tenu des sommes disponibles.
Par conséquent, nous recommandons que les services
proposés dans le projet de loi no 9 soient organisés et
implantés par l'entremise des conseils régionaux, des centres
hospitaliers, des départements de santé communautaires
associés aux centres hospitaliers, des centres de services sociaux, des
centres locaux de services communautaires, des centres d'accueil et d'autres
ressources communautaires. Nous recommandons de coopérer, aux niveaux
régional et local, avec le réseau de services offerts par les
ministères de l'Education, de l'Industrie et du Commerce ainsi que de la
Main-d'Oeuvre et de l'Immigration.
Deuxième point; l'utilisation de la structure des services
généraux permet d'encourager la prévention.
Une personne handicapée désire être
considérée tout d'abord comme une personne et que son handicap
vienne en second lieu. Une image positive de soi est un facteur important pour
que l'intégration au sein de la communauté soit une
réussite. Le fait de requérir les services d'un office de
personnes handicapées peut affecter la conception personnelle des
bénéficiaires de la façon suivante: a) ils doivent
accepter le fait d'être "handicapés"; b)dans leur propre esprit et
dans celui de la communauté, ils sont identifiés aux autres per-
sonnes ayant le même genre de handicap mais souvent à des
degrés différents. Les handicaps sérieux et les handicaps
moyens sont identifiés de la même façon. C'est ainsi que
l'image que l'on se fait du soi devient confuse; c) dans leur propre esprit et
dans celui de la communauté, ils commenceront à s'identifier aux
autres personnes ayant un handicap différent du leur. L'on attache plus
d'importance à certains types de handicap qu'à d'autres,
c'est-à-dire que les handicaps mentaux sont considérés
comme plus graves que les handicaps physiques. Dans cette identification des
personnes handicapées, la caractérisation enveloppe tout.
Les handicapés offrent peu de résistance à la
structure des services accessibles à tout le monde et c'est pourquoi ces
derniers seront utilisés bien avant une période de
dépression ou de désespoir. Il est à espérer que,
dans le cas d'une personne handicapée dès la naissance ou
l'enfance, les services seront disponibles dans sa propre communauté
avant et pendant ses années scolaires, au moment où ils sont le
plus efficaces et le moins coûteux.
L'utilisation de la structure des services généraux a
également un usage préventif: En général, soif que
les personnes sont handicapées de naissance, soit qu'elles le deviennent
suite à un accident ou à une maladie. Toutefois, les avantages
offerts par un office encourageront un grand nombre de personnes se situant aux
limites, à s'identifier à la catégorie des
handicapés. Dans un certain sens, ces personnes deviennent
handicapées par définition. L'utilisation de la structure des
services généraux amoindrit cet effet.
Maintenant, j'aimerais parler du projet de loi no 24, concernant la
protection de la jeunesse. Le projet de loi ne fait aucune mention de la
protection de la jeunesse handicapée. Nous considérons que
l'intégration sociale des handicapés devrait commencer au niveau
des lois. Comme notre but est l'intégration des handicapés dans
la société, on constate que les handicapés seront
isolés par la loi 9. Aussi dans la loi 9, la vie privée et la
confidentialité des personnes handicapées sont également
comprises par les dispositions suivantes: Au chapitre III, section II, article
33b qui stipule que l'office peut pourvoir à la reconnaissance des
personnes handicapées par la délivrance de cartes
d'identité selon les modalités qu'il prescrit.
L'article 33d qui stipule que l'office peut statuer sur le contenu, la
conservation et la consultation du dossier d'une personne
handicapée.
Maintenant, je veux seulement prendre une minute pour lire la
conclusion. "Nonobstant notre opinion selon laquelle il serait
préférable de remplacer le projet de loi no 9 par une
série d'amendements à d'autres lois déjà existantes
et par le développement des services actuellement offerts ou des
services futurs pour la population en général, qui peuvent
répondre à ses besoins et, sans restreindre ou limiter
l'affirmation ci-dessus, nous nous permettons de proposer une série
d'amendements au
projet de loi no 9. Nous espérons que ces commentaires seront
bien interprétés et permettront d'amender la loi assurant
l'exercice des droits des personnes handicapées". Merci.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie.
M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier et
féliciter le Centre de services sociaux Ville-Marie pour la contribution
que ce centre apporte à l'élaboration d'un projet de loi pour les
personnes handicapées.
Hier matin, à l'ouverture de la commission parlementaire, j'ai
exprimé la volonté de modifier plusieurs clauses et cela, suite
à la tournée que nos fonctionnaires ont effectuée dans
toutes les régions du Québec l'été dernier et
aussi, suite, évidemment, à la lecture des 60 mémoires que
nous avons reçus.
Je ne vais Das répéter toutes les remarques. Je pense que
vous avez le texte de l'allocution que j'ai donnée hier matin à
l'ouverture. Je m'attarde à deux ou trois commentaires. Les fonctions de
l'office: Dans notre esprit, et on va faire l'impossible pour que ce soit bien
clair dans la lettre du texte, l'office ne doit jamais essayer de créer
un réseau parallèle de services. L'office va principalement
s'assurer que les services disponibles dans la communauté, localement ou
régionalement, sont utilisés au maximum, et ça ne serait
que de façon très exceptionnelle que l'office pourrait, de temps
à autre, prendre l'initiative, devant une absence complète de
services, ou stimuler des groupements à mettre sur pied des
services.
Le rôle de coordination, donc, est tout à fait fondamental.
Il y a aussi le rôle d'ombudsman, dont vous avez parlé.
Pour nous, c'est clair que c'est un des rôles importants de
l'office aussi bien qu'un rôle d'éducation populaire
vis-à-vis des mesures discriminatoires qui sont encore appliquées
dans beaucoup de secteurs de notre société à
l'égard des personnes handicapées.
On a un travail gigantesque d'éducation populaire à
effectuer et on compterait beaucoup sur l'office pour faire ce travail,
toujours en collaboration avec les services qui existent
déjà.
Je note et vous êtes un des rares groupes à proposer
cette modalité votre suggestion voulant que l'office intervienne,
non pas directement auprès des services, mais auprès des conseils
régionaux, des CRSSS, et je note aussi avec satisfaction que vous
apportez un peu comme modèle la petite opération de distribution
de $3,5 millions d'argent additionnel pour les services à domicile,
distribution qui a été faite par l'intermédiaire des dix
conseils régionaux et, effectivement, cela a été une
opération fructueuse, une opération qui a donné de bons
résultats.
Alors, je pense que c'est peut-être un mécanisme qui aurait
avantage à être analysé et peut-être à
apparaître dans la version finale du projet de loi, c'est-à-dire
le lien entre l'office et les CRSSS, plutôt que d'avoir un lien direct
entre l'office et toute la multitude des services locaux.
Quant à la vie privée, on en a discuté ce matin et
hier. En réalité, il y a des clauses, des articles dans le projet
de loi actuel qui vont trop loin et la position que nous prenons est que les
aspects de la vie privée doivent être garantis par les mêmes
normes que ce qui apparaît dans la Loi sur les services de santé
et les services sociaux, le chapitre 48.
Et, finalement, votre commentaire sur l'embauche des handicapés
par les entreprises... Nous avons aussi indiqué hier que notre
préférence, à la lumière des consultations, va
maintenant pour des mesures incitatives et non pas des mesures coercitives
vis-à-vis des entreprises et nous pouvons envisager aussi certaines
mesures d'incitation fiscale.
Il y a déjà, prévues dans le projet de loi, des
mesures de subvention financière à des entreprises qui veulent
transformer des postes de travail, adapter des postes de travail pour des
personnes handicapées. Il est prévu que l'Office pourra donner
des subventions aux entreprises pour modifier physiquement certains postes de
travail pour que ce soit adapté aux personnes handicapées. Dans
le même esprit on pourrait imaginer aussi que l'entreprise qui
embaucherait un certain nombre de personnes handicapées pourrait
bénéficier d'une espèce de compensation au niveau de la
fiscalité. Alors, c'est tout, pour le moment. Je reviendrai
peut-être à la fin de la discussion, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous avez des
commentaires à ajouter aux propos du ministre?
M. Metcalfe: Merci. M. le ministre la question reste encore. Si
l'office a identifié tous les handicapés de la province de
Québec, en ce qui nous concerne, c'est une question d'isolement de cette
personne handicapée, pour nous, c'est très important, si
possible, pour des handicapés, ce n'est peut-être pas possible,
leur intégration dans la société québécoise
normale. C'est une chose très importante. Si l'office créait une
situation telle, ce serait très difficile pour les handicapés
d'entrer dans la société normale.
M. Lazure: Sur ce point précis, dans l'allocution d'hier,
j'ai dit que, par exemple, la carte d'identification ne serait plus
obligatoire, elle serait facultative. Dans le même esprit, la plupart des
clauses qui apparaissent comme obligatoires actuellement dans le projet de loi
seront rendues facultatives. En d'autres termes, le plan de service, par
exemple, s'appliquerait de façon exceptionnelle à des
handicapés, enfants ou adultes, qui ne trouvent pas leur place dans les
services existants. Si un enfant handicapé est refusé dans une
école, par exemple, parce que l'école dit: Nous n'avons pas le
personnel spécialisé voulu ou les moyens physiques voulus,
l'équipement voulu, alors la famille de cet enfant pourrait
s'adresser à l'office de façon tout à fait exceptionnelle
et demander à l'office de s'assurer qu'il y ait un plan d'enseignement,
un plan de service approprié aux besoins de l'enfant. Ce plan ne serait
pas fait par l'office, dans un bureau; l'office le ferait en consultant le
personnel pédagogique de l'école et d'autres spécialistes,
et, si c'est nécessaire que l'office apporte une aide à
l'école, l'office l'apporterait, un peu comme l'office pourrait apporter
une aide à une entreprise pour modifier un poste de travail. Mais le
recours à l'office, l'intervention par l'office, serait toujours en
dernière analyse quand les services locaux, les services
régionaux ne sont pas adéquats.
M. Kowal: M. le ministre, l'emploi du terme handicapé,
dans le projet de loi no 9, est très vague. Franchement, on ne sait pas
ce que ce mot veut dire. Est-ce qu'il y a une définition claire qui dit
exactement quelle sorte de gens sont les handicapés.
Si cela implique seulement des handicapés mentaux, physiques,
qu'est-ce que ça veut dire ce terme, handicapé?
M. Lazure: Si on revient au texte actuel, à la page 2 du
projet de loi, au paragraphe m, on dit: "Toute personne limitée de
façon significative et persistante dans l'accomplissement
d'activités normales, à cause d'une déficience physique ou
mentale et reconnue comme telle par l'office." La dernière partie,
"reconnue comme telle par l'office", nous croyons qu'elle n'est pas
nécessaire. La reconnaissance du handicap se ferait par les certificats
habituels de professionnels.
Mais si on devient plus précis dans la description, dans la
définition de ce qu'est un handicapé physique, un
handicapé mental, on risque toujours, en faisant ça, d'oublier
certaines personnes handicapées.
Je pense qu'il y a intérêt à garder une
définition qui peut paraître trop vague, mais qui a le
mérite, en tout cas, d'être souple.
M. Kowal: Cela veut dire aussi, quand on pense à la
définition du handicapé, par exemple, quelqu'un qui est malade et
qui, pour quelque raison que ce soit, est classé comme handicapé.
Il ne sera plus par la suite, si on peut dire, handicapé. C'est
seulement pour une période brève, par exemple, une personne qui
se casse un bras, je ne sais pas. Il y a des paraplégiques qui sont
classés comme handicapés, mais qui, avec le temps, peuvent
redevenir presque normaux, ça dépend...
M. Lazure: Oui, on est bien d'accord, mais on veut
éviter... C'est pour ça que je vous ai dit tout à l'heure
que la classification, l'identification ou le plan de service par l'office,
tout ça sera facultatif. Une personne, suite à un accident de
travail, par exemple, qui s'attend à être handicapée, dont
le médecin s'attend aussi qu'elle soit handicapée pendant un ou
deux ans, pourrait, s'il n'y a pas de services appropriés à son
handicap dans sa ville, dans sa région s'adresser à l'office pour
avoir un plan de service spécial, individuel. Mais ça ne veut pas
dire qu'elle serait classée comme handicapée de façon
permanente.
M. Shaw: Est-ce que je peux poser une question au ministre, s'il
vous plaît? Sur la question du facultatif, ce serait rendu obligatoire,
parce que si vous avez un petit handicap, pour vous protéger
vous-même, vous allez essayer de démontrer, légalement, que
vous êtes handicapé. La carte d'identité qui dit que telle
personne est handicapée, qu'elle soit facultative ou obligatoire, c'est
la même chose. On veut enlever la stigmatisation d'une personne en disant
que, si elle est handicapée, on va créer des lois qui lui donnent
des avantages quand elle en a besoin.
Que ce soit facultatif ou non, ça ne change rien. C'est
même rendu...
M. Lazure: Oui, mais la personne, qui est
légèrement handicapée, neuf fois sur dix, va continuer de
faire ce qu'elle faisait auparavant. Elle va s'adresser, par exemple, à
son hôpital local, au service de physiothérapie, ou à un
centre de réhabilitation ou, s'il s'agit d'un enfant, l'enfant va aller
à l'école et peut-être que, s'il est déficient
mental moyen, il sera dans une classe spéciale à
l'école.
Mais tout cela va continuer comme avant, et sans aucune
interférence, aucune intervention de l'office. Encore une fois, l'office
ne va pas jouer un rôle actif dans le cas de tous les handicapés
du Québec. C'est seulement dans des cas où les handicapés,
individuellement ou en groupe, se rendent compte que, dans leur région,
ils n'ont pas les services voulus. La première chose que l'office fera,
s'il est créé un peu comme on désire qu'il soit
créé, ce sera de faire un bilan des ressources qui existent dans
tout le Québec, et des ressources qu'il y a à créer. Et,
à côté, faire le bilan aussi des besoins des
handicapés.
Si, une fois l'office en fonction, dans une région, un groupe de
handicapés fait une représentation auprès de l'office, en
disant: Dans notre région, on n'a pas du tout d'atelier
protégé et on veut avoir de l'aide de l'office pour mettre sur
pied, pour créer des ateliers... Et, dans une autre région, un
groupe de handicapés peut faire une représentation auprès
de l'office pour dire: Les handicapés, dans notre région, sont
discriminés par les employeurs. Il n'y a aucune entreprise qui veut
engager des handicapés. C'est le rôle d'ombudsman que l'office va
jouer auprès des entreprises.
C'est une série de rôles, mais qui demeureront toujours des
rôles, en dernière analyse, de dernier recours, si vous voulez. Et
les services actuels vont continuer d'être dispensés, sans aucune
interférence de l'office.
M. Shaw: Cela ne change rien. On parle d'une carte
d'identité. C'est facultatif. La question est: Pourquoi la carte? Vous
pouvez vous
renseigner n'importe quand, pour n'importe quelle sorte de handicap,
chez ceux qui sont handicapés, même avec la carte du
"medicare".
M. Lazure: Encore une fois, pour la carte, j'ai donné
l'exemple dans des situations précises. Une carte, c'est dans le sens
large. Pour l'automobiliste handicapé, qui veut avoir une place
préférentielle de stationnement, il faut qu'il y ait un signe
quelconque dans le pare-brise de son automobile.
M. Shaw: D'accord.
M. Lazure: Ce n'est peut-être pas le fait qu'il a une carte
dans sa poche, mais qu'il a un collant dans le pare-brise de son automobile.
C'est la marque d'identification dont on parle ici qui sera facultative.
M. Shaw: On parle de deux choses différentes. On parle
d'une carte d'identité. Mais si vous avez un handicap qui vous donne un
certain privilège, vous pouvez vous en servir...
M. Lazure: C'est cela.
M. Shaw: On ne parle pas d'un inventaire des handicapés
avec un système de cartes d'identité?
M. Lazure: Non. Il n'est pas question pour nous de faire un
inventaire de tous les 200 000 handicapés du Québec et d'essayer
de leur donner une carte à chacun. Il n'est pas question du tout de
faire cela.
Il en est question dans des cas précis, que ce soit pour le
stationnement ou pour le transport en public, comme les personnes
âgées qui veulent avoir une diminution du tarif dans le transport
en public présentent une carte. Mais, dans des cas où il y aurait
des privilèges rattachés à l'identification, à ce
moment-là, on pourrait donner l'identification sous forme d'un signe
international ou d'une carte, je ne le sais pas encore. Ce n'est pas
défini. Mais cela se fera seulement sur demande.
M. Kowal: Sur la question des... Le Président (M.
Marcoux): Allez-y.
M. Kowal: Excusez-moi, sur la question de collants pour mettre
derrière nos voitures, cela existe, mais cela ne donne rien.
M. Lazure: Je pense que ce n'est pas tout à fait exact de
dire que cela ne donne rien. Il y a une municipalité ici, à
Sillery, dans la région de Québec, où cela donne quelque
chose. Cela dépend de la sensibilisation, de la connaissance de la
population, de la police, enfin de toute la société. C'est un des
avantages d'avoir un office. C'est un des rôles d'information que
l'office va jouer.
Quand l'office, par ses programmes d'éducation populaire, aura
fait comprendre à toute la population qu'il y a intérêt
à ce que le handicapé ait des places de stationnement plus
proches que les autres...
M. Kowal: A-t-on besoin d'un office pour faire cela?
M. Lazure: Pardon?
M. Kowal: A-t-on besoin d'un office pour faire cela? Franchement,
je peux utiliser des services qui existent en général.
M. Lazure: Oui, là, on revient. Je pense que si on prend
chaque service en particulier, on pourrait discuter longuement, à savoir
si c'est nécessaire d'avoir un office pour cela ou simplement de laisser
le service. Comme on l'a dit à plusieurs reprises, dans une
société où il y a un retard vis-à-vis de l'attitude
de la société par rapport à un groupe de personnes, des
handicapés, on sait qu'il est utile d'avoir une loi spéciale,
pendant un certain temps, qu'il est utile d'avoir un groupe spécial au
niveau du gouvernement on l'appelle un office, cela peut être un
bureau, peu importe qui va être préoccupé
constamment des droits des personnes handicapées.
Théoriquement, on ne dit pas c'est pour cette raison que
je ne veux pas en faire une bataille théorique, parce qu'on n'en sort
pas que c'est nécessaire d'avoir un office, mais, en pratique, on
pense que c'est nécessaire d'avoir un office. Les pays où il y a
eu des progrès sensibles de faits dans le traitement, si je peux dire
des personnes handicapées, ce sont des pays qui ont des bureaux
spéciaux, des offices spéciaux.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président. Au nom de mes
collègues de l'Opposition officielle, du Parti libéral, qui sont
membres de la commission parlementaire des affaires sociales ils sont
retenus présentement ailleurs, c'est la raison pour laquelle j'arrive un
peu au pied levé je voudrais remercier les représentants
du Centre de services sociaux Ville-Marie pour la qualité du
mémoire qu'ils déposent devant notre commission et le
bien-fondé de plusieurs remarques mentionnées dans ce
mémoire.
Je crois comprendre vous me corrigerez si mon
interprétation n'est pas bonne que vous craignez que l'office
devienne une structure totalement additionnelle aux structures que nous avons
déjà à l'intérieur du réseau,
c'est-à-dire les services qui sont dispensés par
différents programmes.
Dans votre esprit, reconnaissez-vous tout de même la
nécessité d'avoir sur place un office de protection qui viendrait
combler les manques que nous avons présentement dans tous les ser-
vices qu'on peut donner aux handicapés? Acceptez-vous le principe
d'un office qui deviendrait un agent, une superstructure au-dessus de tous les
autres programmes qui existent présentement?
M. Metcalfe: Merci bien. Comme tous les participants de ce
mémoire, je pense toujours que ce n'est pas absolument essentiel d'avoir
cet office. Si l'office existe, nous voudrions un office à puissance
diminuée, avec les cinq articles que je vois. Notre
préférence ne va pas à un office. Nous voulons utiliser
les choses qui existent en ce moment, les services sociaux et toutes les autres
structures qui existent.
M. Giasson: Bon. C'est là votre choix, votre
préférence. Ce qui suppose que, dans votre esprit, tous les
organismes qui existent dans le milieu sur l'ensemble du territoire du
Québec peuvent répondre aux attentes et aux espoirs des personnes
handicapées pour assurer une meilleure reconnaissance de leur statut?
Est-ce que c'est cela?
M. Kowal: Seulement pour répéter ce qui a
été dit, quand on s'est réuni pour colliger nos
commentaires sur le projet de loi 9, on a dit tout le temps qu'on pouvait pour
le moment utiliser les services qui existent...
M. Giasson: Est-ce suffisant, les services qui existent
présentement?
M. Metcalfe: Avec des changements.
M. Kowal: Avec des améliorations et avec des
changements.
M. Metcalfe: ... On ne s'est pas battu nécessairement pour
une structure nouvelle.
M. Kowal: Franchement, on n'a pas besoin d'être un artiste
pour faire cela, parce que qui est cet artiste?
M. Giasson: Qui va être le superviseur ou le
contrôleur au-dessus de tous les services existants, même avec des
pouvoirs nouveaux qu'on mettrait à leur disposition en présumant
des ressources financières additionnelles suffisamment importantes pour
répondre à toutes les demandes, à tous les espoirs,
espoirs qu'il est logique de combler, il va sans dire. Il ne vous
apparaît pas nécessaire qu'au-dessus de tous les organismes de
services qui travaillent présentement et apportent de l'aide, il est
nécessaire d'avoir au moins un organisme qui supervise tout cela,
surtout dans certaines régions dit Québec où les
organismes existants sont plus faibles que dans d'autres. Vous avez des
régions), des territoires au Québec où la qualité,
la possibilité de services existants sont beaucoup moindres que dans
d'autres régions de la province. Vous ne croyez pas qu'il est essentiel
que nous ayons un orga- nisme, qu'il s'appelle l'office, ou d'un autre nom
on ne se chicanera pas là-dessus mandaté du pouvoir
pour superviser et voir à ce que tout le Québec soit vraiment en
état d'accorder aux handicapés les services que la
société actuelle veut bien leur donner?
M. Kowal: Ce que je veux faire valoir maintenant, c'est la
question du Protecteur du citoyen. Si cet organisme peut exister, si l'office
devait exister, c'est le Protecteur du citoyen qui devrait être en charge
pour régler les problèmes des handicapés avec l'office et
avec les handicapés. Cela veut dire que les handicapés passent
par le Protecteur du citoyen, et le Protecteur du citoyen passe par l'office.
Le Protecteur du citoyen doit essayer de régler tous les
problèmes qu'il peut. Cela veut dire que le Protecteur du citoyen
s'occuperait de tous les services qui existent maintenant, avec des
améliorations. Après cela, l'office peut seulement aborder cette
situation dans le sens d'aider, être d'accord avec ce que... Ce sont des
cas et des situations qui sont durs à régler.
De n'importe quelle façon dans la vie, on devrait régler
une situation. L'office, dans une situation comme celle-là, peut
régler des cas spéciaux. Mais, d'accord, je peux voir... L'office
peut régler des problèmes, mais cela veut dire des cas
spéciaux, et des cas spéciaux qui peuvent être
réglés par l'office, ça veut dire quoi? On devrait
peut-être le découvrir. Mais l'ombudsman, et ça, c'est le
groupe qui va essayer de régler principalement... On a parlé de
questions, et M. Lazure en a parlé aussi...
M. Giasson: Mais, à la suite justement des propos tenus
par le ministre des Affaires sociales et compte tenu également des
expressions d'opinion qu'on retrouve dans son communiqué, j'ai cru
comprendre que le ministre lui-même ne voulait pas créer un
organisme parallèle aux services déjà existants. Il
voulait tout simplement, si j'ai bien compris, avoir des capacités
additionnelles de contrôle pour tout le territoire du Québec sur
les organismes qui sont déjà en fonction et qui travaillent avec
les handicapés.
Je n'ai pas compris et j'aimerais que le ministre me corrige si
mon interprétation n'est pas bonne que le ministre
désirait que l'Office des handicapés soit un nouvel organisme qui
vienne prendre la place d'autres services émanant de son
ministère, qui sont déjà en disponibilité
vis-à-vis des handicapés du Québec.
M. Lazure: Vous avez bien compris, M. le député de
Montmagny-L'Islet, et, encore une fois, je le répète: II s'agit
fondamentalement d'un rôle de coordination des services existants et d'un
rôle d'ombudsman et d'un rôle d'éducation populaire. Vous
dites: On n'a pas besoin de l'office. Comme M. le député l'a
laissé entendre tantôt, ça veut dire, à ce
moment-là, que vous êtes, à toutes fins pratiques,
satisfaits des services existants, et je vous dirais que c'est la très
petite
minorité des handicapés qui seraient prêts à
témoigner qu'ils sont satisfaits des services existants, la très
petite minorité.
Bon! Il existe... Je peux faire un parallèle, parce qu'il y a
encore pas mal de gens qui ne comprennent vraiment pas l'esprit de l'office. Si
on sort de la théorie et des principes, il existe une Régie des
loyers. C'est comme un office des loyers, la Régie des loyers. Les gens
qui se sentent lésés dans leurs droits ou le locataire qui pense
que le propriétaire exagère, use de discrimination contre lui,
peut recourir à l'office des loyers. C'est un rôle de protecteur
du locataire, en somme, mais ça ne veut pas dire que la Régie des
loyers va aller remplacer les services que le ministère des Affaires
municipales, par exemple, ou que la Société d'habitation du
Québec met à la disposition du public. C'est un peu la même
chose. Je pourrais donner l'exemple de l'Office de la langue française.
Ce n'est peut-être pas le bon groupe pour donner cet exemple. Mais la
Régie de la langue française, en principe, ne devrait pas
être nécessaire non plus si chaque ministère, chaque
administration publique faisait en sorte que la loi soit respectée.
Mais, on pense qu'elle est nécessaire quand même, surtout dans une
période de début, dans une période où il y a du
rattrapage à faire. Alors, c'est le cas des personnes
handicapées.
Pour nous, c'est une façon en même temps de signifier
l'importance que le gouvernement veut donner à ce problème en
créant un office qui sera l'entité, l'organisme vraiment
responsable, à qui on pourra demander des comptes. S'il existe encore
des régions au Québec, dans deux ou trois ans, où il n'y a
pas de services, on peut se tourner vers l'office des handicapés et
dire: Qu'est-ce qui arrive? Pourquoi n'y a-t-il pas de services dans cette
région?
M. Giasson: M. le Président, j'aurais une autre question
à poser au ministre. Dans sa perception d'un plan d'intégration
d'un certain nombre de handicapés au monde du travail, il faudra que
tout cela soit structuré. Le ministre croit-il que ce nouveau
rôle, dans une volonté d'intégrer le plus possible les
handicapés dans certaines fonctions dans le milieu du travail, quel
qu'il soit... Veut-il ce nouveau rôle entre les mains de l'office ou
peut-il le laisser entre les mains d'organismes ou de programmes existants, de
services existants dans le milieu?
M. Lazure: On demanderait à l'office, dans ce domaine, de
s'assurer que les entreprises l'hypothèse est de 50
employés et plus fournissent, périodiquement, à
l'office, un plan d'embauche de personnes handicapées.
Autrement dit, que l'entreprise informe l'office de ses intentions, ce
qu'elle entend faire pour favoriser l'embauche, l'intégration dans
l'entreprise régulière, de personnes handicapées.
L'office va, évidemment, recourir à l'aide de services
existants, qu'il s'agisse de syndicats ou de parties patronales. D'ailleurs,
dans l'office, selon la composition actuelle, on prévoit la
présence d'un représentant du monde patronal et d'un
représentant du monde syndical. Justement on veut s'assurer que l'office
ait des liens constants avec les services existants.
M. Giasson: Et dans ce contexte, si le ministre n'avait pas la
collaboration espérée des milieux de travail au Québec
et on peut s'en remettre à des expériences vécues
dans certains pays d'Europe qui ont fait des efforts soutenus en vue de
l'intégration du plus grand nombre de handicapés à
certaines fonctions quels sont les moyens qu'il entend prendre pour...
Là, le ministre sera tout simplement incitatif, non pas coercitif, mais
l'expérience va peut-être nous révéler d'autres
faits dans la pratique. Quels sont les moyens que le ministre entend mettre sur
pied pour forcer certains employeurs ou certaines entreprises à vraiment
prendre à son service des handicapés qui pourraient travailler
à certains postes dans l'industrie ou dans les bureaux?
On sait qu'en Europe, il y a des compagnies qui ont
préféré payer la note. Il y a eu des
pénalités et elles ont préféré payer tout
cela plutôt que de se pencher et de vouloir collaborer à
l'intégration des handicapés.
M. Lazure: Comme collègue parlementaire, M. le
député de Montmagny-L'Islet sait que c'est toujours
embêtant de répondre à une question hypothétique. Le
pari qu'on prend est qu'avec des incitations financières directes, par
exemple, en subventionnant une entreprise qui transforme des postes de travail
ou en alléguant le fardeau fiscal par des compensations, la grande
majorité des entreprises ouvriront leur portes et favoriseront
l'embauche des handicapés.
Il n'y a pas de réponse facile. Comme vous le savez, il y a des
pays en Europe qui ont été coercitifs, où cela a plus ou
moins bien marché. D'autres pays qui ne sont pas coercitifs où
cela a plus ou moins bien marché aussi. Il n'y a vraiment pas de formule
magique dans ce domaine, mais je pense que, suite à nos consultations,
il est préférable de s'en tenir à des méthodes
incitatives.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: I will ask my questions in English because it is almost
one of the handicaps of living in the Province of Quebec, at this time, to
speak English.
First of all, I was at the Pumpkin Festival yesterday afternoon and I
met with a number of representatives from various groups involved with the
handicapped in the Province of Quebec, and I felt a common concern about the
loss of their autonomy through the application of a superimposed structure such
as is proposed by the Régie des handicapés. Is this the
general
feeling that you are getting in reviewing the people involved with the
Ville-Marie social services? Are you getting a sort of feedback that there is a
concern that rather than being ab e to function in an expansionist way within
their own resource base, they are going to be constrained by the
superimposition of a "régie".
M. Metcalfe: There were two concerns, I think, that were raised
by most of the people who took part in the writing of our brief. One was that
the office was a further structure on one which, while, it may not be
functioning quite the way anyone would wish it to, had the potential to handle
some of the problems which the handicapped faced, that you could use the
structures outlined in Bill 65, 1971, and have an adequate response without
creating any particular new structures such as the office. But the other part
of the question, which was equally as important, was that the office was seen
as an instrument which would make it more difficult for the handicapped person
to live in a normal society and since the definition of the handicapped covers
a very broad category of people and with the identity card, even if it is not
obligatory and may be regarded as a privilege to let people see that you are
handicapped and you should perhaps get special rates on buses or airplanes,
nevertheless, there was a problem of identifying the handicapped and giving
them special treatment that isolated them or treated them as something other
than a person who has a right to normal living within the Quebec society. One
of our concerns, with regard to the rights in terms of chapter two, was that we
thought everything that the handicapped needed in terms of human rights could
be given by merely amending your Charter of Human Rights and Liberties.
M. Shaw: I think we have to understand that the Minister has done
a marvelous job of amending this section. You know, when I studied the law,
before we came in Parliamentary Commission and I went over some of the briefs
that I had received, I felt that we would come in and jump on him with both
feet about identification and he has already sort of pulled the rug out from
under our feet.
By understanding that the handicapped person would rather not be
identified and classified, but rather have access to certain things which would
identify him as to privileged rather than to being unprivileged, if you wish, I
think that we would be able to manage that area in the amendments. The thing
that bothers me, I read your recommandations about the office because I can
understand, appreciate what the minister is trying to do concerning this body
and if we can keep it in the perspective that it is a regular toil rather than
administrative, if we can keep it into a perspective where it is expanding
services.
For example, we know that in the province of
Quebec, there are approximately 10 000 blind, we have 90 guide dogs. So
to make a law for guide dogs, it is almost superfluous, unless we start
creating a few more people with guide dogs. To have a guide dog today, it costs
approximately $5000. And yet we have right now a dog training center in
Vaudreuil-Soulanges country, it is prepared to take on the responsibility of
training guide dogs for Quebecers to, for example, give him a training in
French if you want an example of discrimination, all the guide dogs now are
trained in the US, if you happen to be French speaking, you have to learn to
give your orders to your dog in English. I am just using this as an example.
Now, the office could work in this area to expand that area with cooperation
with the Montreal Center for the blind, etc, etc. I think this area we can work
out in the development of the law, if we can keep that function of this Office
des handicapés within the constraints that you recommend, there is one
another area I would like to ask you about...
M. Metcalfe: Could I interject a point along the line that you
are talking about Mr Shaw? We presented our brief, of course, not having
received the November 29th exposé by the minister and I must say that I
think what the minister had said in his exposé and what he has told us
today with regard to the office; makes the office looks something less than the
Leviathan, it appeared to be when we were studying this law back in September.
And we are hearten that the minister has been aware of some of the concerns and
we welcome the changes, which he has indicated today.
M. Shaw: The other thing that I am concerned about and the
minister is demonstrating a genuine concern and having seen this in Europe, in
Sweden for example, where they have a very enlightened law protecting the
rights of the handicapped, almost. It is extraordinary, every shopping center
has to have doors that open this way, and you have to have a ramp for your
wheelchairs. It is a fantastic set up.
We are not seeing this in Bill 9. We are seeing that this has to be
provided for in the Charte des droits de la personne. This is the type of
recommendation you are making in this brief.
M. Kowal: Could I make a comment? M. Shaw: Sure.
M. Kowal: The main concern of the handicapped people is that the
people who are involved by this law do not like to feel constraint but if there
could be an office that could help the handicapped, sure, by all means, but not
that this office should be taking the overall decisions on what should be
happening.
If you can encourage the handicapped to get more integrated into
society, why not? And if the
office could attain this sort of a position and remedy this position the
handicapped will be more and more recognized. Beautiful, like the idea of the
3% which is a very good idea. But as long as the office does not take 100% of
the control, and hinders the handicapped from his human rights.
If it could say: Do this. Beautiful. But it restrains the handicapped,
like take away his rights, for example, the identity cards. Let the person
choose, if he wants. If I am a handicapped person, which I am, let me choose.
If I want to, fine! And if somebody could, by the office, integrate me further
into society, I am integrated already, and I do not want to be reintegrated. I
am in society now. But, if they could help me, in a way, to gain a higher
position status in society, why not? Beautiful.
M. Shaw: One last question and that has to do with the two sided
aspect of the so-called disorganised present system, where we have the base,
the resource base of the community supporting it. For example, Mackay Center,
must get, at least, 50% of its budget from private donations, because it is
identified as a center that should have support from the community. So you see
the Kiwanis, and the Rotary, and the Lions Clubs, making specific donations to
specific handicapped areas.
This aspect of identification with the community and its responsibility
to support, and, secondly, in the physical... You know, we were talking about
the cost of a superimposed group. You notice now that most of the
administrations of the present organizations are gratuitous . They are
voluntary people. Maybe the minister should think seriously of having a
gratuitous aspect of the office to try and keep identity and community
involvement into this new office. What is your feeling on this area?
M. Kowal: On this area about new office, we mentioned that
because that is to relate back to what you said about volunteer people working
in the office. Volunteers should be on that office and be part of the staff.
You see, there is a certain number of people who would be on the office, plus
we mentioned, if you look at our brief, there are two or three people, I do not
recollect off hand exactly how it would be proportioned... You see, it is all
in relation to our brief, we presented, how the office should be curtailed. It
is in there.
M. Shaw: You also have the advantage of the local community in
the question of reinsertion. For example, if we could get community support in
employment, which we do get now, because of the fact that we have community
involvement from the base by not disidentifying it by imposing it, is not this
the means by which you are placing most handicapped people at the present
time?
M. Metcalfe: I could respond to your question about the
volunteers. This has certainly been of very great concern to Ville-Marie with
our central consumer's council and our entire organization working on a
volunteer basis, trying to encourage volunteers. The one question that has to
be posed though, volunteers are no longer free. There is a fairly lengthy
document that the federal government came out with in September with regard to
volunteerism in Canada and they raised several questions. I think we have to
face and certainly we are trying to face it at Ville-Marie the
problem of how to bring volunteers into your decision making process?
There are such obvious costs, for many of them, as baby-sitting, transportation
and, for some of them, even the question of with going wages at the time that
they are requested to volunteer. The volunteer question is a loaded one. It is
not one that necessarily offers you... It offers you certainly much cheaper
services from the community, but there is a price tag attached to it. I think
this is something the Government is going to have to look at. Certainly, we
have been with it at Ville-Marie's. Every year, our central consumer's council
price goes up.
M. Shaw: In other words, if I recapture what we are talking
about, basically, the fundamentals of the law, that were to establish a sort of
an umbrella organization to coordinate the handicapped, retaining the autonomy
of the individual organizations and perhaps improving them through being more
aware of what they are doing, is it something that is acceptable to you?
M. Metcalfe: Very much so.
M. Shaw: Also, that identification in a concept that the Minister
has changed, that this identification is not identifying you as being
handicapped, but identifying privileges that handicapped people can avail
themselves too, is it something that you are prepared to accept?
M. Kowal: What do you mean by privileges? M. Shaw: For
example, a privilege...
M. Kowal: Do you have any provileges all for yourself? Should I
have the same privileges than you?
M. Shaw: I think that handicapped people should have certain
privileges in certain situations.
M. Kowal: For example, transportation.
M. Shaw: Exactly. In the area of transportation, it is not
necessary...
M. Kowal: Excuse me. Is transportation a privilege or a
necessity?
M. Shaw: I will try to...
M. Kowal: Do you take a bus sometimes? I guess you do. Is it not
a privilege to take a bus?
M. Shaw: I think you are off the track. What I am trying to say
is that if certain support services are required for handicapped people, for
example, privileged parking in certain areas, obviously, in order to take
advantage of this privileged parking, you have to identify the vehicle that you
are in. Now, this kind of identification you are willing to accept, but not
identification of your handicap.
M. Kowal: If you look at this point, parking is a necessity. You
have to park. You are a handicapped. So, a certain section of the town where it
is is set aside for you. If you look apart from the person who is capable of
parking anywhere, for him, it is not a privilege. For another person, anyway...
So, I would see the necessity for that parking and having some...
M. Shaw: Having marks, I think, would be...
M. Kowal: I would see that as a necessity, not a privilege, but a
necessity.
M. Shaw: Thank you very much, Mr President.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Lazure: En terminant, je veux remercier les
représentants du Centre de services sociaux de Ville-Marie. Je veux les
assurer encore une fois que cette interprétation qu'ils ont eue du
premier texte de la loi, à savoir que l'office allait essayer de
remplacer des services ou allait essayer de tout contrôler, cette
interprétation n'est pas conforme à nos intentions du tout. Il y
a un certain nombre de groupes qui ont eu cette interprétation. Je dois
dire que c'est la minorité des 60 mémoires que nous avons
reçus.
La majorité des 60 mémoires, la grande majorité, a
vu l'office comme un organisme qui allait aider à améliorer les
services, et non pas comme vous le disiez tout à l'heure, qui allait
rendre l'accès aux services plus difficile.
C'est le seul message que je voudrais laisser aux représentants
du Centre de services sociaux Ville-Marie. Pour nous, il est important d'avoir
cette espèce d'organisme stimulateur de nouveaux services, si vous
voulez. J'espère que vous pourrez nous faire des propositions plus
précises si, à l'intérieur du texte, au fur et à
mesure qu'on va recevoir des mémoires, vous avez des suggestions
très concrètes, et nous pourrons en tenir compte pour la
deuxième lecture.
Merci.
Le Président (M. Marcoux): Je remercie nos invités,
les gens du Centre de services sociaux Ville-Marie, et je voudrais informer les
membres de la commission des organismes qui viendront nous visiter demain. Je
vais donner les numéros des mémoires. Le numéro 12, les
numéros 39,11, 14 et 26. Compte tenu qu'il y a cinq organismes demain,
je vous demanderais, autant que possible, d'être présents à
10 heures pour que nous puissions commencer à temps si nous voulons
entendre tous les organismes qui prendront la peine de se déplacer pour
venir nous visiter. Alors, avec cinq organismes, nous aurons besoin de tout
notre temps.
La commission ajourne ses travaux jusqs'à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 7)