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(Vingt heures vingt-trois minutes)
Le Président (M. Bordeleau): Mesdames et messieurs,
à l'ordre, s'il vous plaît!
La commission permanente des affaires sociales répond au mandat
que lui a donné l'Assemblée nationale d'étudier article
par article le projet de loi no 27 qui est la Loi modifiant diverses
dispositions législatives dans le domaine de la santé et des
services sociaux.
Les membres de la commission pour la séance de ce soir sont: M.
Boucher (Rivière-du-Loup) remplacé par M. Laplante (Bourassa); M.
Brouillet (Chauveau), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), M. Houde (Berthier), M.
Johnson (Anjou), Mme Juneau (Johnson), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Leduc
(Fabre), M. Rochefort (Gouin), M. Sirros (Laurier).
Les intervenants sont: M. Beauséjour (Iberville), M.
Bélanger (Mégantic-Compton), Mme Harel (Maisonneuve), M. Kehoe
(Chapleau), Mme Lachapelle (Dorion), M. Lafrenière (Ungava); M. Mathieu
(Beauce-Sud) remplacé par M. Rivest (Jean-Talon); M. O'Gallagher (Robert
Baldwin).
Est-ce que j'aurai une suggestion pour nommer un rapporteur de la
commission?
M. Rochefort: Le député de Bourassa, M. le
Président.
M. Rivest: C'est débattable. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que tout le monde est
d'accord?
M. Rivest: C'est débattable, M. le Président, la
nomination d'un rapporteur.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous demande si vous
êtes d'accord.
M. Rochefort: Consentement?
Mme Lavoie-Roux: On va consentir pour cela.
M. Rochefort: On peut vous donner quelques minutes pour y
penser.
Le Président (M. Bordeleau): On peut dire qu'à
l'unanimité le député de Bourassa est proclamé
rapporteur.
M. Laplante: Merci.
M. Johnson (Anjou): Regardez comment c'est allé ailleurs,
c'est un grand pas.
Une voix: Je suis d'accord.
M. Johnson (Anjou): Je vous avertis, je ne me satisferai pas de
cela.
M. Rivest: M. le ministre, c'est l'une des concessions majeures
que nous allons vous faire.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Le Président (M. Bordeleau): Si vous avez des propos
préliminaires, M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Pierre-Marc
Johnson
M. Johnson (Anjou): Oui. M. le Président, il me fait
plaisir de déposer formellement auprès des membres de la
commission les amendements que nous apportons au projet de loi 27, à la
partie relative à la Loi sur l'assurance-maladie, comme à la
partie touchant les autres dispositions législatives. Pour votre
information, je dois vous dire que nous avions transmis ces textes à nos
collègues de l'Opposition informellement hier, ainsi qu'à
certains de nos collègues du côté ministériel. Il me
fait plaisir de déposer les dossiers s'ils peuvent être utiles
à quelqu'un.
Je ne sais pas si je peux faire quelques remarques préliminaires
à ce stade.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre,
exactement. Je veux simplement vous rappeler qu'en commission parlementaire on
distribue les documents. Vos documents sont distribués.
M. Johnson (Anjou): Pardon, merci.
Le Président (M. Bordeleau): Vous pouvez y aller de vos
remarques préliminaires.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, compte tenu des
amendements qu'on va retrouver dans ces textes, qui sont déjà
connus de la plupart des intéressés, je pense que nous pouvons
dire que la commission parlementaire que nous avons tenue et qui
nous a permis d'entendre des mémoires d'une vingtaine
d'organismes aura produit les fruits normaux que produit cet exercice
démocratique. On remarquera, à travers ces amendements, que
plusieurs des dispositions sont touchées, certaines pour des raisons
purement techniques, d'autres qui viennent clarifier des intentions, et on nous
a, en cours de route, dit à l'occasion que ce n'étaient pas
tellement les intentions comme les textes qui comptaient. Je pense que c'est un
principe qui est absolument valable quand on fait de la législation et
c'est pour ça qu'on verra que ces intentions n'ont pas changé,
comme les objectifs seront précisés, je pense, dans la plupart
des cas avec beaucoup de satisfaction pour ceux qui sont intervenus et, je
pense, avec passablement de satisfaction pour nos collègues d'en
face.
J'aimerais, par ailleurs, dire qu'il est évident que, dans le
secteur des affaires sociales, comme j'ai eu l'occasion d'échanger sur
ces questions avec mes collègues d'en face à 11 h 30, hier matin,
chaque fois qu'on touche au réseau des affaires sociales, notamment
à ses structures, on voit, comme cela est parfaitement légitime
et normal, poindre de nombreuses interventions revendicatrices de groupes
organisés, qui ont une vision et des intérêts à
défendre. En ce sens, il est extrêmement difficile, dans un projet
de loi comme celui-là, qui touche des dispositions législatives
au niveau des structures, de s'attendre qu'on puisse répondre à
100% aux demandes de ces différents groupes et de ces différents
intervenants.
Je pense, néanmoins, qu'il est possible de faire des efforts, que
cet effort a été très largement fait jusqu'à
maintenant et que vous en constatez le résultat et le fruit dans les
amendements que j'ai déposés tout à l'heure. Je suis
sûr qu'au cours de l'étude article par article nous aurons
l'occasion - je sais que ma collègue responsable, la
députée de L'Acadie, a travaillé très fort avec ses
collaborateurs depuis 24 heures là-dessus - de retenir aussi certaines
suggestions, pas nécessairement dans la forme absolue dans laquelle
elles nous sont présentées, mais certaines des suggestions qui
pourraient nous être faites par l'Opposition en cours de route, pas
nécessairement sur tous les sujets, mais sans doute et sûrement
sur certains sujets au fur et à mesure que nous avancerons dans nos
travaux.
M. le Président, sans plus tarder, je souhaite que nous puissions
aborder l'étude article par article du projet de loi no 27 pour le plus
grand bien des parlementaires, mais surtout pour le plus grand bien de ceux qui
pourront en profiter, j'espère, les citoyens du Québec.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de L'Acadie.
(20 h 30)
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président, Nous nous
retrouvons, après un périple assez mouvementé et qui dure
depuis dix jours maintenant, à l'étude article par article du
projet de loi no 27. J'aimerais, non pas pour obtenir la reconnaissance du
gouvernement ou du ministre responsable, mais pour le journal des
Débats, indiquer à quel rythme presque infernal on a exigé
de nous que nous travaillions. Nous avons essayé, dans des circonstances
extrêmement difficiles, d'entendre des groupes durant une semaine, dans
des commissions parlementaires qui se sont prolongées tard dans la nuit
- je ne voudrais rien exagérer, la plus tard a été 1 h 45,
M. le Président; comparé à huit heures le matin, c'est
quand même tôt - et nous avons été rappelés en
deuxième lecture extrêmement rapidement. J'aimerais, à ce
moment-ci, rendre hommage à mes collaborateurs et collaboratrices de
tout le travail qu'ils ont accepté de faire dans un laps de temps
extrêmement court. Hier soir, à 19 h 30, je recevais la plus
grande partie de la brique des amendements et il a fallu faire diligence.
J'apprécie que, cet après-midi, le ministre ait obtenu du leader
du gouvernement que nous puissions retarder de trois heures. Ceci nous a permis
de réagir aux amendements du ministre, de tenir davantage compte des
représentations qui ont été faites par les divers
organismes, que ce soit à la commission, que ce soit par lettres,
télégrammes ou autrement, et de soumettre des amendements. Je
tiens à le dire, avant le souper, nous avons envoyé au ministre
une vingtaine d'amendements qui sont évidemment d'importance relative
les uns par rapport aux autres. Dans l'hypothèse où ils
deviendraient caducs, je voudrais au moins indiquer dans quel sens ils se
situent et quels étaient les objectifs que nous poursuivions en les
préparant.
Il y a deux remarques que je voudrais faire avant que je parle de ces
amendements. La première n'est pas un reproche au ministre, bien au
contraire, mais c'est peut-être dû à la mauvaise
interprétation qu'on fait quelquefois d'arrangements, si je peux dire,
de décisions auxquelles, de part et d'autre, de bonne foi, nous en
arrivons, qui parfois sont déformées en commission parlementaire
et qui m'ont valu les foudres de certaines personnes ce soir. Le ministre avait
convenu qu'il tenterait d'obtenir du leader du gouvernement cette
possibilité de retarder la séance à ce soir pour nous
permettre de compléter notre travail et, cet après-midi, dans une
commission parlementaire, on a dit que, si la commission de l'habitation ou des
affaires municipales, je ne sais trop, avait
été appelée, c'était la faute de la
députée de L'Acadie qui l'avait suggéré, ce qui est
absolument faux. Je pense que le ministre en conviendra fort bien. Quand le
gouvernement décide de déplacer quelque chose, je ne crois pas
que ce soit très correct, alors que cela a été de bonne
foi, d'utiliser ce type d'argumentation. C'est un détail, mais je tenais
à le dire.
Quant aux amendements que le ministre a déposés et qui
nous ont été remis hier, je voudrais indiquer qu'il est vrai que
ces amendements marquent, à bien des égards, un progrès
important par rapport au projet de loi initial qui avait été
déposé et qu'ils tiennent compte, à bien des
égards, des points de vue qui nous ont été soumis au
moment de la commission parlementaire ou que l'Opposition a fait valoir
elle-même tout au long de ces auditions. Il reste que, dans les
amendements que nous avons soumis au ministre ce soir, avant le dîner,
l'intention poursuivie, M. le Président, se situe dans les domaines
suivants. Il y a eu beaucoup de progrès eu égard aux
réclamations des fédérations des médecins et
omnipraticiens ou de tout le régime syndical, mais il restait encore
certaines choses. Nous avons essayé d'en présenter, au moins pour
améliorer le projet de loi. C'est davantage au niveau d'un effort de
décentralisation qui a déjà été fait en
partie, mais qui à notre point de vue devrait être accentué
pour justement se rendre aux arguments fort valables que différents
organismes ont fait valoir devant nous et qui, je pense, susciteront davantage
la participation, l'initiative et la créativité auxquelles le
gouvernement lui-même fait souvent appel de la part de ses partenaires
dans le réseau parapublic. Une partie de nos amendements sont dans ce
sens-là.
Une autre partie, c'est peut-être de resserrer - même si
à cet égard-là aussi je dois dire qu'il y a eu du
progrès - tout ce qui, croyons-nous, n'assure pas le plus possible tout
le caractère confidentiel que l'information médicale doit
protéger. L'autre objectif que nous poursuivons - je pense que le
ministre, en deuxième ou troisième lecture, s'est exprimé
dans ce sens-là; c'est ce que nous avons aussi essayé de faire
valoir en deuxième lecture - c'est qu'il faut le plus possible,
évidemment un des endroits privilégiés pour le faire c'est
au niveau des conseils d'administration, privilégier la participation
des citoyens et que ceux-ci aient vraiment le sentiment de pouvoir, à
l'intérieur des conseils d'administration, véritablement
influencer. Dans ce sens c'est une représentation qui a
été faite par certains organismes.
Pour notre part, nous privilégions une représentation
supérieure venant de l'extérieur des établissements, des
citoyens en général, plutôt que celle des membres d'un
conseil d'administration qui ont, même s'ils peuvent très bien
accomplir leur tâche, des intérêts plus personnels et qui
peuvent plus facilement se trouver en conflit d'intérêts, non pas
à partir de mauvaises intentions, je ne veux pas accuser qui que ce
soit, mais c'est une réaction bien humaine. On n'a qu'à regarder
les députés autour de cette Chambre pour savoir que c'est facile
de vouloir chacun défendre ses points de vue, et des fois ce n'est pas
toujours à l'avantage des citoyens que l'on veut servir.
Dans le sens de rendre ces conseils d'administration à mon point
de vue beaucoup plus représentatifs des citoyens en
général et favoriser leurs rapports dans la vie des conseils
d'administration, il y a également au niveau de certains
mécanismes que nous croyons importants pour traiter avec le plus
d'équité possible, compte tenu de certaines dispositions qui sont
dans la loi qui prévoient de fusionner, de changer les vocations, etc.,
qui sont quand même des mesures nécessaires, des décisions
qui doivent être rendues dans un contexte qui assure le plus possible des
décisions équitables à l'égard des citoyens. C'est
dans ce sens-là aussi que nous avons fait quelques
représentations dans les amendements que nous avons envoyés au
ministre.
C'étaient les grands principes qui nous ont guidés. Il y a
aussi d'autres amendements plus mineurs qui visent davantage, à notre
point de vue en tout cas, à améliorer le projet de loi.
Même si je suis d'accord, et je le répète, que le ministre
sur bien des points et dans cette direction a amélioré le projet
de loi avec les amendements qu'il nous a soumis, je pense qu'il y a encore du
chemin à parcourir. Si on peut ensemble en faire un autre bout, ce sera
dans l'intérêt, d'abord, du ministre lui-même; je pense
qu'il s'en félicitera un peu plus tard, mais ce sera surtout dans
l'intérêt de la population. Ce sera surtout également, je
pense, la meilleure façon de conserver ou de ranimer, si c'est
nécessaire, le dynamisme des personnels ou des personnes qui oeuvrent
à l'intérieur de l'ensemble du réseau.
À ce moment-ci, je n'ai pas d'autres remarques
préliminaires à faire, M. le ministre. Je n'ai pas eu de
réaction du ministre, je comprends, je trouvais cela un peu amusant. Il
dit: Je les ai reçus seulement à 18 heures. On est prêts
à suspendre jusqu'à demain, si vous voulez les examiner.
M. Johnson (Anjou): Quelqu'un pourrait dire que c'est ma faute
dans une autre commission.
Mme Lavoie-Roux: Quelqu'un pourrait dire que c'est votre faute.
On est prêts à suspendre jusqu'à demain. Mais, plus
sérieusement, nous sommes encore prêts à offrir notre
collaboration, comme nous
l'avons fait jusqu'à maintenant dans des circonstances
extrêmement difficiles, je tiens à le répéter au
ministre des Affaires sociales. Cependant, je voudrais aussi sentir cette
même collaboration de sa part à l'endroit d'amendements qui nous
semblent non pas faits pour s'amuser, absolument pas, mais des amendements qui
veulent vraiment orienter davantage le projet de loi dans le sens que je viens
d'indiquer. C'est dans ce sens-là que j'espère que nous
trouverons chez le ministre une ouverture d'esprit qui nous permettra
d'accomplir ce travail encore important qu'il nous reste à faire dans
les quelques heures qu'il nous reste avant l'ajournement de cette session.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, Mme la
députée de L'Acadie.
M. le ministre, vous voulez...
M. Johnson (Anjou): Simplement pour rectifier. Je comprends un
peu la préoccupation de Mme la députée de L'Acadie quant
à ces événements qui se seraient produits dans une autre
commission parlementaire cet après-midi. Je peux simplement confirmer,
pour les fins de la transcription au journal des Débats,
qu'effectivement c'est de consentement mutuel, je pense, que cette commission,
cet après-midi, a été retardée. Si c'est vrai que
la députée de L'Acadie a pris l'initiative de cette demande, j'y
ai concouru et, en ce sens, je pense qu'elle n'a pas à en porter le
fardeau, on ne devrait pas lui en faire l'accusation.
Deuxièmement, je voudrais peut-être remettre aussi
certaines choses en perspective. Nous avons eu jusqu'à maintenant une
collaboration, notamment en commission parlementaire, extrêmement
intéressante de nos collègues d'en face. Je pense que les
nombreux amendements que nous avons déposés, et surtout leur
contenu -ce n'est pas tellement le nombre qui est important comme le contenu -
démontrent à quel point nous avons été
réceptifs à cette collaboration et à l'expression des
différents points de vue qui ont été émis lors de
la commission précédant la deuxième lecture.
En ce sens, je sais que nous aurons, à l'occasion, à
croiser le fer dans les heures qui viennent ou dans les jours qui viennent sur
certaines dispositions. Peut-être faudrait-il le mettre dans cette
perspective, à savoir que nous avons déjà fait un grand
bout de chemin de notre côté. J'espère que dans les moments
les plus difficiles de cette commission, s'il devait y en avoir, on s'en
rappellera tous.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre.
M. le député de Jean-Talon.
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: M. le Président, je voudrais être
très bref, moi aussi. D'abord, le ministre place comme l'effet ou les
mérites de la commission parlementaire des changements substantiels qui
sont survenus, et sans doute a-t-il raison. Néanmoins, je pense qu'il
est du devoir de l'Opposition, en particulier dans cette partie du projet de
loi qui me préoccupe davantage, quant à moi, c'est-à-dire
le contexte prénégociation avec les professionnels de la
santé, de dire certaines choses au ministre et de les faire inscrire moi
aussi au journal des Débats, dans la mesure où cela a
certainement une valeur d'historicité.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'en a pas d'autre. (20 h 45)
M. Rivest: Cela n'en a pas d'autre. Ou d'archives. Je voudrais
quand même souligner cette absence totale de consultation sur
l'encadrement que le projet effectuait d'une façon unilatérale
des voies préliminaires de négociations. Les réactions qui
ont été suscitées dans le milieu des professionnels de la
santé devraient, je pense, rappeler au ministre des Affaires sociales
que, quelles que soient les intentions fort louables qu'il dit avoir et que
nous ne contesterons sans doute pas, ce n'est peut-être pas la seule
manière pour un ministre des Affaires sociales de procéder parce
qu'on multiplie les problèmes. Évidemment, c'est toujours
intéressant et très subtil par la suite d'attribuer à une
commission parlementaire le mérite des correctifs et des changements
d'attitude qu'on adopte ou qu'un ministre adopte. Je ne le personnalise pas
dans le cas du ministre actuel, mais, d'une façon
générale, c'est ainsi pour le gouvernement. Le ministre est
parfaitement conscient de cela. Sans doute qu'aujourd'hui il pourra se vanter
du caractère substantiel des amendements qu'il apporte, mais ce n'est
personne d'autre que lui qui a introduit dans le texte de son projet de loi des
notions comme les conditions de travail qui ont, avec raison, je pense,
amené les fédérations professionnelles à
s'inquiéter de ce qui arrivait de leur aire de négociation au
niveau des modes de participation au Régime d'assurance-maladie, au
niveau de la rémunération et surtout au niveau des conditions
d'exercice de la profession médicale.
Il a fallu que les groupes fassent la bataille. Je pense que, si le
ministre avait procédé par les voies de la consultation
préliminaire, on aurait peut-être épargné à
tout le monde une mobilisation qui a dépensé beaucoup
d'énergie.
Deuxièmement, quant à l'objectif du ministre au niveau des
effectifs médicaux en
région, je pense que c'est clairement sa responsabilité
d'inscrire un tel objectif dans la loi. Même si cet objectif doit trouver
sa voie de réalisation au niveau des ententes, je pense que c'est une
responsabilité ministérielle tout à fait indiscutable.
Bien sûr, le ministre a maintenant consenti, d'une part, par ses
amendements, à une chose quand même importante, soit à
respecter les voies d'accès de réalisation de cet objectif par le
principe d'une entente négociée. Cela n'était pas non plus
dans le projet de loi, en tout cas certainement pas d'une façon aussi
concrète que dans les amendements apportés par le ministre. Le
droit des intervenants syndicaux n'était à peu près pas
respecté. Nous aurons l'occasion d'en parler à nouveau. C'est
bien de dire qu'il va y avoir une entente, mais, à défaut
d'entente, il y a toujours possibilité de décret. Je tiens
à inviter - ce n'est peut-être pas nécessaire - le ministre
ainsi que les fédérations professionnelles à chercher
à négocier de bonne foi, parce qu'au bout de la ligne, à
défaut d'entente, le ministre -dans l'état actuel des amendements
présentés à cette commission - pourra l'imposer.
Sur les moyens qu'a choisis le gouvernement au sujet de la
répartition des effectifs en région, le principe de la
rémunération différenciée est sans doute
légitime. Nous aurions aimé, et d'autres sans doute, qu'on songe
aussi à d'autres moyens ainsi qu'à cette espèce de
réquisition, dans un sens non péjoratif, des jeunes
médecins. Je rappelle au ministre - je pense que c'est important - entre
autres, les inquiétudes que la Fédération des
médecins spécialistes a voulu manifester sur les
conséquences pour les jeunes médecins d'être ainsi
réquisitionnés et également cette espèce de
mécanisme qui demeure encore des mesures "désincitatives" au
niveau des rémunérations différenciées.
Enfin, je voudrais dire au ministre - je pense qu'on a dû le faire
- que j'aimerais bien qu'on introduise la dimension temps en ce qui concerne
les ententes particulières ainsi que les ententes à titre
expérimental, compte tenu du caractère dérogatoire
à l'économie générale du respect des ententes, qui
est corrigé, bien sûr, d'une façon drôlement
substantielle par la correction majeure apportée à l'article 31,
ce qui avait soulevé beaucoup de craintes, peut-être, chez le
ministre. Sans aller aussi loin que d'aucuns l'ont suggéré, on
devrait introduire dans la rédaction de ces deux articles la dimension
temps; qu'on dise que ce sera pour un temps déterminé. Lorsque
vous procéderez par entente pour des fins expérimentales ou bien
par entente au titre de la sécurité publique, que cet
élément puisse faire l'objet d'une entente. Vous déciderez
ad hoc la possibilité. J'aimerais bien qu'on introduise cela. Nous
aurons un amendement. Sans aller dans des délais précis, je pense
que ce ne serait pas raisonnable d'exiger cela de la part du ministre, mais
néanmoins... Ces aspects, je le rappelle, ont été
évoqués, je pense, avec des délais précis par les
professionnels de la santé, mais, puisque maintenant c'est assujetti
à la voie de la négociation, que le projet de loi donne une base
juridique à la possibilité d'introduire une dimension d'entente.
Alors, nous reprochons, je pense bien qu'il le prendra de bonne part, au
ministre son manque de consultation dans l'ensemble des dispositions
là-dessus; la consultation aurait pu éviter
énormément de débats. Nous reconnaissons volontiers que
les représentations des professionnels de la santé ainsi que les
discussions que nous avons eues avec eux en commission parlementaire, comme l'a
dit le ministre, ont amené celui-ci à réaliser des
changements importants; je pense qu'on doit le reconnaître. Je veux lui
indiquer que, lorsque nous arriverons aux articles pertinents, nous aurons des
amendements qui essaieront d'amener le ministre à aller peut-être
un peu plus loin, mais pas beaucoup plus loin qu'il ne l'a été
avec ses amendements. Nous aurons par ailleurs un certain nombre de questions
à poser au ministre sur les raisons qui fondent son attitude actuelle
telle qu'elle apparaît au projet de loi théoriquement
amendé par les amendements qu'il nous a remis.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Jean-Talon. On est prêt? Non, Mme la
députée de L'Acadie, un petit commentaire
préliminaire.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on se souviendra
qu'à des demandes que nous avions adressées au ministre des
Affaires sociales au cours de la commission parlementaire il nous avait dit
qu'il faisait préparer par ses fonctionnaires un certain nombre de
documents qui pourraient nous être utiles; évidemment, je suppose,
ils ont été aussi occupés que nous, je voudrais en
mentionner un en particulier. Si vous avez des données précises
sur les effectifs médicaux, il serait intéressant d'essayer de
mesurer l'importance du problème en termes de nombre, du moins.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): J'avais promis à la
députée de L'Acadie que nous dresserions une liste de
différents documents. Il y en a qui sont disponibles, j'espère
qu'on en aura suffisamment pour les transmettre. Dans le cas du rapport Landry
cependant, en voilà un. Le président de la régie vient de
remettre un des documents - d'ailleurs, c'est celui de la corporation, je crois
probablement le plus récent qui existe sur cette question. Sur le plan
des données
statistiques, sans doute, c'est probablement un des documents les plus
exhaustifs. Sur le plan de l'analyse des moyens au-delà des
statistiques, ce n'est pas un document qui prétend présenter des
solutions; c'est un document qui prétend être descriptif de
quantités. Il n'évalue pas nécessairement les notions de
volume, de qualité, ni les moyens de parvenir à une meilleure
distribution.
En ce qui a trait au rapport Landry, j'aimerais confirmer ceci, puisque
j'ai eu l'occasion de le dire à un membre de la commission qui me posait
la question dans un couloir. Le Dr Landry, avec qui j'ai communiqué, n'a
pas terminé son travail d'administrateur provisoire de l'hôpital
de Rouyn-Noranda. Il considère que ce rapport est finalement assez
relié à cette situation, même si en soi le rapport sur le
problème des médecins en région qu'il a fait, notamment
à Rouyn-Noranda, pourrait être dissocié techniquement de
son rapport sur la tutelle; ce travail n'étant pas terminé, il a
des annexes. Le Dr Landry, m'a dit qu'il avait des retouches à faire
à ce rapport. Les seules copies qui, théoriquement, sont
disponibles sont entre les mains du Dr Landry ou entre les miennes. J'ai bien
dit "théoriquement". Il s'agit d'un rapport qui n'est pas final. Comme
il n'est pas final, son auteur, m'ayant demandé de ne pas le rendre
public dans les circonstances, je ne le rendrai pas public pour ces raisons.
Mais je n'hésiterai pas, sûrement, dès que la chose sera
possible, à le rendre accessible aux membres de l'Opposition.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. On peut donc
entreprendre l'étude article par article, non... Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre vient
d'expliquer les difficultés, je les comprends fort bien, ou les
désirs du Dr Landry de pouvoir à ce moment-ci nous remettre son
rapport.
M. Johnson (Anjou): Son étude.
Motion pour entendre le Dr Léo-Paul
Landry
Mme Lavoie-Roux: Son étude. Alors, pour pallier ce
problème, j'aimerais faire la motion suivante, M. le Président:
Que cette commission invite le Dr Jean-Guy Landry, tuteur à
l'hôpital de Rouyn-Noranda, à se présenter devant cette
commission le jeudi 17 décembre 1981, à quinze heures, afin de
renseigner les membres et intervenants de cette commission sur les implications
du projet de loi no 27.
M. Johnson (Anjou): La motion est-elle appuyée, M. le
Président?
M. Rivest: II faut savoir si elle est recevable.
M. Johnson (Anjou): C'est vrai. Elle n'est pas recevable, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous entendrai sur la
recevabilité.
M. Johnson (Anjou): Sans faire un long débat, je n'ai
aucune objection à entendre Jean-Guy Landry, qui qu'il soit, mais il ne
s'agit pas du tuteur que j'ai nommé à Rouyn-Noranda, étant
donné qu'il s'appelle Léo-Paul. S'il y a un M. Jean-Guy Landry
qui a quelque chose à nous dire, cela reste une autre question. Je
présume que vous déciderez de faire...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on peut corriger pour
Léo-Paul.
M. Rivest: On peut l'amender, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je crois que le meilleur avocat pour plaider la
recevabilité de cette motion serait le député de Bourassa
qui, à titre de président de commission, a rendu des
décisions sur des motions analogues en les déclarant
recevables.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, sur la
recevabilité, je pense...
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II est tout à fait régulier de
présenter une motion pour inviter quelqu'un et l'entendre devant une
commission parlementaire pour apporter un éclairage qui nous
apparaît important.
M. Laplante: Est-ce que je peux parler, M. le
Président?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bourassa, oui, sur la recevabilité.
M. Laplante: À mon point de vue, il est tout à fait
normal de tenir compte de la proposition de la députée de
L'Acadie, mais il reste que la commission a déjà
été convoquée pour recevoir des mémoires et
entendre des gens qui étaient touchés par la loi no 27. C'est
là-dessus que je me demande si cette motion est recevable en fonction de
cette commission qui avait déjà été
convoquée pour entendre des personnes; je doute beaucoup de sa
recevabilité justement sur la base du principe qu'il y a
déjà eu une commission spéciale.
M. Rivest: Sur la recevabilité...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon, oui.
M. Rivest: M. le Président, sur la recevabilité,
j'ai fait des recherches cet après-midi et j'ai découvert
qu'à la séance du mardi 4 avril 1978 une motion a
été faite par un spécialiste de ce genre de motion, je
pense qu'if fait autorité dans cette Assemblée, le
député de Marguerite-Bourgeoys, qui a présenté la
motion suivante dans le cadre de l'étude du projet de loi sur l'amiante:
"Que cette commission invite le groupe de travail sur l'amiante du
ministère des Richesses naturelles à se faire entendre le 4 avril
1978 à seize heures devant cette commission afin de renseigner les
membres et intervenants de cette commission".
La motion a été déclarée recevable, il y a
eu vote après cela sur la motion. Malheureusement, la majorité
ministérielle avait rejeté par 5 voix contre 3 une telle motion.
Évidemment, elle avait été déclarée
recevable. J'ai d'autres précédents, je pourrais sortir la
jurisprudence mais je ne veux pas prolonger le débat inutilement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, toujours sur la question de
recevabilité de cette motion, il me semble, c'est mon avis personnel,
qu'elle est irrecevable, surtout que la commission des affaires sociales s'est
réunie après l'adoption en première lecture du projet de
loi par l'Assemblée nationale pour entendre différentes personnes
et différents organismes nous faire part de leur point de vue, et tenter
de nous éclairer sur certaines dispositions du projet de loi no 27.
Cette liste de personnes et de groupes qui ont été entendus en
commission parlementaire a fait l'objet d'une entente claire entre l'Opposition
et le parti ministériel. (21 heures)
Deuxièmement, jamais, M. le Président, au cours de la
commission et en deuxième lecture, je n'ai entendu une allusion, non pas
une motion, mais une allusion à l'idée de faire comparaître
M. Landry, au moment où c'était pertinent de le faire, au moment
où l'Assemblée nationale nous avait donné le mandat
d'entendre un certain nombre d'intervenants sur cette question. À partir
du moment où cette étape, cette période d'écoute,
d'audition des membres de la commission parlementaire de différents
groupes est passée, il me semble que nous devons respecter non seulement
le mandat qui nous a été confié, qui est d'étudier
article par article le projet de loi 27, mais que nous devons tenir compte
aussi qu'un mandat d'audition a été exécuté et
ramené sur le parquet de l'Assemblée nationale. Il me semble
qu'on devrait donc procéder au mandat que l'Assemblée nous a
confié à nouveau et qui était différent de celui
que nous avons exécuté.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Pour ceux qui ont assisté à la
commission parlementaire, c'est vrai que le député de Gouin a
certainement entendu le nom du Dr Landry durant cette commission parlementaire,
il n'y a aucun doute, à plusieurs reprises et même à
l'Assemblée nationale. Mais, si vous vous souvenez bien, c'était
toujours dans le but d'obtenir l'étude du Dr Landry qui nous avait
été promise de bonne foi, je ne veux pas mettre cela en doute,
à l'Assemblée nationale par le leader, à la commission
parlementaire par le ministre; il y avait une certaine confusion. Et
finalement, après que la commission parlementaire a fini ses travaux, je
pense que c'est mardi que mon collègue de Laurier a redemandé
à la commission permanente le fameux rapport Landry. C'est là que
nous avons appris que nous ne pouvions pas obtenir le rapport Landry, parce
qu'il devait subir des retouches que nous comprenons fort bien.
Maintenant, quant à la commission parlementaire elle-même,
je voudrais vous faire remarquer que c'est vrai qu'elle a été
convoquée après consultation de l'Opposition, mais c'était
une commission parlementaire limitée. On sait fort bien qu'il a fallu
beaucoup d'effort pour que nous puissions même entendre tous ceux qui
désiraient être entendus. Il y en a qui n'ont pas pu l'être,
M. le Président, et cela, il faut bien en convenir, malgré
certaines dispositions qui avaient été prises entre le leader et
l'Opposition. Je pense, M. le Président, que cette motion est recevable
et les arguments qu'on a fait valoir devant vous selon lesquels nous aurions pu
l'entendre... C'est une commission limitée, il s'agissait d'un rapport
que nous avons demandé à plusieurs reprises et que nous nous
attendions d'avoir pour les raisons qu'on connaît. Nous ne pouvons pas
l'avoir et je pense que M. Landry, au premier chef, est très
intéressé à cette question qu'il vient d'examiner
très récemment.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. Vous voulez ajouter...
M. Rochefort: Juste une petite note, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous demanderais
d'être quand même très concis.
M. Rochefort: Oui, très bref, parce que, quand
même...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: ... l'intervention de Mme la députée
de L'Acadie faisait allusion à mon intervention de tantôt. Je veux
dire que oui, effectivement, j'ai entendu, en commission comme à
l'Assemblée nationale, des demandes pour recevoir le rapport du Dr
Landry, mais jamais, M. le Président, il n'a été question
de demander au Dr Landry de venir comparaître devant la commission, ni en
Chambre, ni en commission parlementaire. D'autre part, quand Mme la
députée de L'Acadie nous dit: La commission était
limitée, nous ne pouvions pas recevoir tous les organismes, justement,
la consultation qui a été tenue entre le parti ministériel
et l'Opposition visait à permettre à tout le monde de faire un
choix de ceux qu'on privilégiait, de ce qu'on voulait accorder en termes
de temps pour entendre différents individus ou organismes, mais ce n'est
jamais apparu au cours de toutes ces délibérations et
discussions.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une dernière
remarque.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, je me
prétends suffisamment éclairé maintenant pour prendre une
décision.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: On ne peut pas avoir le droit égal de
parole? Ils ont commencé. Normalement, c'est moi qui aurais dû
plaider la recevabilité et c'est le ministre qui a commencé
à plaider la recevabilité.
M. Rivest: On n'a pas de réplique.
Le Président (M. Bordeleau): On est sur la
recevabilité de la motion, on n'est pas sur la motion comme telle, M. le
député de Jean-Talon. Alors, il n'y a pas de droit de
réplique pour le moment.
Mme Lavoie-Roux: On va faire confiance à votre bon
jugement, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que je vous ai
laissé parler suffisamment, ce qui m'a donné le temps de
réfléchir. Je regarde d'abord le mandat de la commission - je
vous le rappelle - qui nous vient de l'Assemblée nationale. On sait que
la commission doit répondre à un mandat précis de
l'Assemblée nationale qui est d'étudier article par article le
projet de loi no 27.
Bien sûr, votre motion est que la commission invite M.
Léo-Paul Landry à se présenter devant cette commission. Je
pense qu'étant donné le mandat précis qui nous vient de
l'Assemblée nationale la commission comme telle n'a pas le pouvoir de
recevoir quelqu'un d'autre à ce moment-ci.
Il est toujours permis à un membre d'une commission parlementaire
d'exprimer un souhait envers le ministre ou envers un autre membre de la
commission, mais il n'est pas, je pense, dans son mandat de recevoir ici
d'autres personnes et, par le fait même, d'étendre son mandat - on
n'a pas ce pouvoir - mais bien plutôt de répondre au mandat de
l'Assemblée nationale qui est d'étudier article par article le
projet de loi no 27...
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Vous allez me laisser finir,
s'il vous plaît, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Oui, très bien.
Le Président (M. Bordeleau): Je déclare donc la
motion irrecevable.
M. Rivest: M. le Président, sans remettre en cause votre
décision qui est sans appel, paraît-il - je ne le sais pas, je le
présume - à ce moment-là, c'est une demande de
directive.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
M. Rivest: L'on doit, selon la jurisprudence de cette
Assemblée, maintenant abandonner des décisions qui ont
été prises, entre autres celle que je vous ai citée, dont
vous n'avez pas disposé dans votre jugement, lorsque l'on a
invité le groupe sur l'amiante à venir alors que le mandat de la
commission était d'étudier article par article le projet de loi
sur l'amiante. Cette décision-là se trouverait maintenant
rescindée par votre décision.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon, bien sûr que je ne discuterai pas de ma décision
tellement longtemps, mais je vous rappellerai que si l'on fouillait dans la
jurisprudence on pourrait trouver...
M. Rivest: M. le Président, je pense...
Le Président (M. Bordeleau): ... des dizaines de cas
allant peut-être dans le sens d'avoir rendu recevables certaines
motions...
M. Rivest: Justement.
Le Président (M. Bordeleau): ... et d'avoir jugé
certaines autres motions irrecevables. Je déclare la motion irrecevable
et j'appelle l'article no 1.
M. Rivest: M. le Président, j'en fais une question de
règlement...
Une voix: Pas si vite. On est allé assez vite
jusqu'à maintenant.
M. Rivest: ... parce que, quand vous invoquez cela, lorsque vous
dites que vous pourriez citer des décisions, je pense que c'est le droit
de la commission de demander que vous en citiez. Je pense qu'on a droit
à cela.
Le Président (M. Bordeleau): J'ai rendu ma
décision, M. le député de Jean-Talon, et je n'ai pas
l'intention d'y revenir.
M. Rivest: D'accord, si vous le prenez comme cela, on
réglera cela.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie, oui, sur...
Mme Lavoie-Roux: ... vous comprenez que je ne voudrais pas
remettre en question une si sage décision, mais je dois vous dire que je
suis dans ma sixième année à l'Assemblée nationale
- cela ne fait pas encore très longtemps comparé à
d'autres -et que c'est la première fois que ce type de motion est
refusé.
J'aimerais quand même à ce moment-ci présenter une
autre motion, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): C'est votre droit, Mme la
députée de L'Acadie, allez-y.
Motion pour présenter un rapport
intérimaire
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais faire motion
que cette commission fasse un rapport intérimaire en vertu de l'article
161.2 de notre règlement. La raison de ceci...
M. Rivest: Au rythme...
Mme Lavoie-Roux: Au rythme où il a lu la première,
c'est la première fois que je me fais faire cela...
Oui, oui, oui...
M. Johnson (Anjou): II a une bonne réponse et c'est clair.
Elle est absolument limpide. Vous écouterez cela, c'est brillant comme
argument.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, sur la
recevabilité, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Sur la recevabilité, je pense que vais
laisser le député de Bourassa...
M. Laplante: M. le Président, je ne voudrais pas...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Bourassa.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement. Est-ce vous le président ou si c'est le
député de Bourassa?
M. Laplante: Non, on m'a donné la parole.
M. Rivest: C'est lui, parce que le député de
Bourassa a déclaré recevable une motion analogue à celle
qu'on a présentée.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
député de Jean-Talon! Si c'est encore moi qui suis
président, je vous demanderais de me demander la parole, si vous voulez
parler. J'ai compris qu'un membre de la commission me demandait de relire la
motion, je peux bien la relire pour éclairer tous les membres de cette
commission: Que cette commission fasse un rapport intérimaire en vertu
de l'article 161.2 de notre règlement. Sur la recevabilité, M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Je m'excuse, M. le Président, ce n'est pas
mon intention d'intervenir souvent dans cette commission. La motion que
l'Opposition propose actuellement est irrecevable dans le sens que la
commission n'a pas commencé ses travaux encore, elle n'a donc pas de
rapport à faire. Pour qu'une commission puisse dire qu'elle a
commencé ses travaux, il faut qu'elle ait au moins commencé
l'étude de l'article 1 et que quelqu'un ait parlé sur cet
article, M. le Président. C'est une décision qui a
été rendue, c'est une jurisprudence établie lors de
l'étude, article par article, de la loi no 16, M. le
Président.
M. Rivest: M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Bordeleau): Sur la recevabilité,
M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: C'est bien dommage pour le député de
Bourassa mais, malheureusement,
vous avez appelé l'article 1. Donc, la commission a
commencé ses travaux.
M. Laplante: Vous avez appelé l'article 1?
M. Rivest: Oui, M. le Président, je vous ai entendu
l'appeler.
M. Laplante: Non, personne n'a parlé dessus.
M. Rivest: Non, le président a parlé.
Écoutez le président quand il parle.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, sur cet
aspect-là, effectivement, je n'ai pas eu le temps d'appeler l'article 1.
J'ai dit: "J'appelle l'article no 1", mais on m'a empêché de
terminer l'appel de l'article 1. Je pense qu'à ce
moment-là...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez appelé l'article no 1, et j'ai
dit, M. le Président, que je désirais présenter une
motion.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, sur la
recevabilité, M. le député de Berthier, ou... S'il vous
plaît, M. le député de Berthier.
M. Houde: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Sur la recevabilité,
M. le député de Berthier, ou...
M. Houde: La seule chose que je veux dire...
Le Président (M. Bordeleau): Sur la recevabilité,
M. le député de Berthier, ou sur un autre...
M. Houde: Vous avez appelé l'article 1, c'est ça
que je veux vous dire ici, ce soir, vous l'avez appelé tantôt. On
n'est pas sourd et on n'est pas fou non plus. Je regrette, mais c'est
ça.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, sur cette question
précise, à savoir si vous avez appelé ou non l'article 1,
j'ai entendu le président dire: Est-ce que nous pouvons passer à
l'étude de l'article no 1? Et j'ai aussi entendu, comme tous les
collègues des deux côtés de la table, Mme la
députée de L'Acadie dire: Non, M. le Président, parce que
j'ai une autre motion à présenter. Alors, écoutez, il y a
peut-être un problème de synchronisation, mais il n'est pas de ce
côté-ci de la table pour l'instant.
M. Rivest: M. le Président, avant de...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ...résoudre ce noeud gordien qui, sans doute,
préoccupe l'ensemble des citoyens du Québec, je voudrais vous
demander en vertu de quel article du règlement faut-il que l'article 1
ait été appelé, si tant est qu'il ne l'aurait pas
été ou qu'il l'aurait été d'une façon que
certains membres de la commission n'auraient pas entendu. Pardon? Question
embêtante!
Le Président (M. Bordeleau): Je vous avoue que je ne l'ai
pas comprise, je n'ai pas entendu votre question. Répétez-la
donc, pour voir.
M. Rivest: Quel article du règlement dit qu'avant de
présenter une motion en vertu de 161.2, qu'on vient de me communiquer,
c'est intéressant ça, il y a longtemps que je n'ai vu
ça... "Une commission peut en tout temps faire à
l'Assemblée des rapports spéciaux ou intérimaires, sur une
motion qui ne peut être faite qu'une seule fois au cours d'une
séance." Alors, si c'est en tout temps, d'où vient cette
théorie qui veut que l'article 1 ait été appelé? Au
cas où vous trouveriez quelque article répondant à ma
question dans ce livre très intéressant, je répète
qu'effectivement vous l'avez appelé, mais ça c'est une autre
question. Je pose une espèce de question préliminaire dont vous
saisissez, je pense, le sens. C'est correct ça.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous pouvez
m'aider à le trouver, M. le député de Jean-Talon?
M. Rivest: Non, M. le Président, parce que je vais nuire
à ma cause.
M. Rochefort: Cela appelle une décision, M. le
Président.
M. Johnson (Anjou): II y a des gens qui trouvent qu'on ne
négocie pas de bonne foi, nous autres. Ils ne vous connaissent pas!
M. Rivest: Oui, mais tantôt j'ai essayé de critiquer
sa décision et il m'a dit: Vous vous prenez pour le président.
Maintenant, il faudrait que je fasse le job du président. Choisissez.
(21 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Cela va très bien, cela va très
bien. Suspension, M. le Président?
Le Président (M. Bordeleau): Non, non, ce ne sera pas
nécessaire.
Alors, sur la deuxième motion...
Mme Lavoie-Roux: Le ministre des
Affaires sociales avait demandé que cela aille vite.
Le Président (M. Bordeleau): Sur la recevabilité de
votre motion, Mme la députée de L'Acadie, j'ai entendu plusieurs
membres s'exprimer. Comme je l'ai mentionné, j'ai suggéré
à la commission de passer à l'article 1 mais je n'ai pas eu le
temps d'appeler l'article 1 parce que certains membres de la commission s'y
sont opposés puis on avait d'autre chose à dire. Je
considère que votre motion est prématurée et, donc,
irrecevable.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Rivest: M. le Président, pourrais-je savoir - la
question que je vous ai posée sur une demande de directive, très
brièvement -en vertu de quel article du règlement il faut qu'il y
ait eu appel de l'article 1? Le libellé de l'article 161.2 dit: "En tout
temps". D'où vient qu'il faut qu'il y ait eu appel de l'article 1 du
projet de loi?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon, pour répondre à votre question, je considère -
je n'ai pas nécessairement de référence à faire
à un article du règlement - que c'est une simple question de
logique à savoir que, tant que l'article 1 d'un projet de loi n'est pas
appelé, on ne peut logiquement demander au rapporteur de faire rapport
à l'Assemblée nationale, même pour un rapport
intérimaire. Je me demande vraiment ce qu'il pourrait mettre dans son
rapport. Ça va?
Est-on prêt à appeler l'article 1?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Sur une question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: Je me fais intimider.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, j'ai entendu
juste "sur une question de règlement".
Mme Lavoie-Roux: J'ai dit que je me fais intimider par le leader
du gouvernement.
M. Rivest: Adjoint.
Mme Lavoie-Roux: Adjoint.
M. Rivest: Au moins si c'était l'autre!
Un adjoint, franchement, pauvre madame!
M. Bertrand: Bon, je pense que ça va commencer.
Le Président (M. Bordeleau): Puis-je appeler l'article
1?
J'appelle donc l'article 1.
M. Rivest: On n'est pas chanceux ce soir.
Peut-on refaire la même motion maintenant que vous avez
appelé l'article 1, M. le Président?
Le Président (M. Bordeleau): Lisez l'article 161.2
jusqu'à la fin, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Je ne le referai pas. Lorsqu'elle est
déclarée irrecevable, me dit le règlement, c'est comme si
elle n'avait jamais existé.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous avez appelé
l'article 1?
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Étude article
par article
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que le ministre a quelque chose
à dire.
Le Président (M. Bordeleau): II n'y a personne qui a
demandé la parole à ce moment-ci, Mme la députée de
L'Acadie.
M. Johnson (Anjou): Alors, adopté, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: C'est tout ce que vous avez à dire?
Le Président (M. Bordeleau): Adopté? Est-ce que
l'article 1 sera adopté?
M. Johnson (Anjou): M. le Président, j'ai un papillon
à l'article 1. Alors l'article 1, comme on le sait...
Le Président (M. Bordeleau): Un papillon. M. le
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. On est des gens... On veut un peu de
collaboration.
M. Johnson (Anjou): Si vous êtes capables, vous allez en
avoir.
Bon. Alors, M. le Président, l'article 1 vise à permettre
- et c'est un article extrêmement important dans le cadre de la
négociation - à la Régie de l'assurance-maladie de
transmettre, compte tenu de ce qui aura été
négocié, la rémunération pour
l'exécution de tâches administratives qui sont
reliées à l'organisation et au fonctionnement des services
dispensés dans un établissement.
Deuxièmement, c'est l'article où il est question de la
non-rémunération des médecins qui sont en
résidence. En d'autres termes, ce sont ces dispositions de la loi qui
visent à faire en sorte que les résidents, ceux qui sont en stage
de formation d'une spécialité, à moins qu'ils travaillent
dans le cadre d'un établissement - nous ajouterons un papillon -dans le
cadre d'un conseil régional, ne puissent être
rémunérés pour ce faire.
Une inquiétude qui avait été manifestée au
sujet de cet article provenait notamment des doyens et des spécialistes
surtout dans le milieu de l'enseignement. Nos juristes nous affirment - et ils
m'ont convaincu - que les dispositions de l'article tel qu'il est ne posent
aucun problème quant à la rémunération de ce qu'on
appelle des patrons dans le cadre universitaire pour les actes accomplis sous
leur surveillance. Cependant, nous avons trois dispositions qui viennent
préciser le texte. Au deuxième alinéa, je
présenterai donc les amendements suivants: Au deuxième
alinéa, ajouter dans la troisième ligne après le mot
"établissement" ce qui suit: "ou un conseil régional au sens de
la Loi sur les services de santé et les services sociaux".
Deuxièmement, au deuxième alinéa, ajouter à
la fin les mots: "ou pour un conseil régional". Par ailleurs, remplacer
le troisième alinéa par le suivant: "Un service fourni par un
médecin qui est en stage de formation pour l'obtention d'un premier
certificat de spécialiste n'est un service assuré que s'il est
fourni dans un établissement autre que celui où il est en stage
ou pour un conseil régional. Lorsqu'il fournit un service qui n'est pas
assuré au sens du présent article à une personne qui
réside au Québec, ce médecin doit, dans les cas et en la
forme prescrits, aviser cette personne que ce service n'est pas
assuré."
Alors, à l'égard des deux premiers amendements que nous
déposons, il s'agit en fait de préciser que lorsqu'un
médecin résident oeuvre dans un autre établissement que
celui où il est en stage de formation, donc en dehors du cadre
universitaire, il peut être rémunéré de la
même façon que quand il oeuvre dans le cadre d'une activité
d'un conseil régional. En pratique, les conditions de
rémunération de ces médecins sont celles qui sont
négociées par la Fédération des médecins
omnipraticiens, puisque dans ces occasions ils oeuvrent à titre
d'omnipraticien.
Deuxièmement, nous introduisons également une notion
voulant que, s'ils devaient décider d'oeuvrer en dehors d'un
établissement ou des activités d'un conseil régional, les
médecins en formation de spécialité qui feraient cela le
feraient tout à fait en dehors du régime d'assurance-maladie.
Voilà le but de ces trois papillons que nous avons
présentés au premier article du projet de loi.
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, seulement quelques
questions. Est-ce qu'on peut nous dire dans quelle mesure - parce qu'au premier
papillon vous avez ajouté la présence du conseil régional
- il fait appel à des...
M. Johnson (Anjou): À des résidents? Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): II y a un cas qui est connu notamment des
Montréalais, c'est celui de l'utilisation des services dans le cadre du
Centre de coordination des urgences, étant donné qu'il y a une
partie des médecins qui sont inscrits à ce régime à
ce jour qui sont des résidents; probablement qu'ils travaillent durant
les fins de semaine ou les soirs, les soirs de ces fins de semaine, quand ils
ne sont pas de garde. Reste à savoir cependant si c'est une chose
souhaitable à long terme. Tout cela se détermine dans le cadre
des activités universitaires.
On resserre considérablement ici, dans le sens de ce que
souhaitent à la fois les universités et les médecins
spécialistes qui sont dans l'enseignement, la possibilité pour
les résidents de faire ce qu'on appelle dans le jargon le "moonlighting"
mais on le leur permet quand même dans ces deux circonstances où,
à toutes fins utiles, cette activité est intégrée
à un service très précis qui est celui d'un
établissement ou encore d'un conseil régional, notamment celui de
Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Alors, en dehors...
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, en dehors de cette
possibilité qu'ils travaillent pour le conseil régional à
titre de médecins à la centrale des urgences, est-ce qu'il y a
d'autres circonstances où ils peuvent travailler pour le conseil
régional?
M. Johnson (Anjou): Oui. Je ne sais pas si on en a eu des cas, je
ne sais pas si on a des exemples, mais je sais que cela pourrait exister
notamment pour ceux qui font des spécialités dans le secteur de
la santé communautaire ou dans des domaines affiliés. Par
exemple, dans le cadre des ententes conformément à l'article
qu'on introduit au sujet de la notion d'organisation, ils
pourraient être rémunérés pour des
activités de planification ou d'étude sur la dispensation des
soins ou des choses qui sont de cette nature.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, peut-être le
ministre l'a-t-il dit, mais je cherchais un article dans la loi de la
Régie de l'assurance-maladie. La dernière phrase qui a
été ajoutée en C: "Lorsqu'il fournit un service qui n'est
pas assuré au sens du présent article à une personne qui
réside au Québec, ce médecin doit, dans les cas et en la
forme prescrits, aviser cette personne que ce service n'est pas assuré".
Si je comprends bien, je pense que vous avez voulu baliser davantage pour
éviter toute tentation peut-être, si on peut parler dans ce
sens-là, de telle chose. Est-ce que vous ne trouvez pas que cela
mettrait quand même le patient dans une drôle de situation?
M. Johnson (Anjou): Ce qu'on a repris, c'est la formulation de
l'article, dont on va vous donner le numéro dans quelques secondes, qui
affecte les médecins non participants. Un médecin qui n'est pas
participant au Régime d'assurance-maladie doit donner avis aux citoyens
qui le consultent qu'il est non participant, donc qu'ils doivent
débourser. Alors, en ce sens-là, s'ils pratiquent - cela
n'enlève pas les qualités qu'ils ont en tant que médecins,
cela n'enlève pas leurs qualifications - ce qu'on dit, c'est qu'ils ne
peuvent pas oeuvrer en dehors de ce qui est prescrit dans la loi, ce qui est un
voeu, comme je le dis, passablement partagé par la communauté
universitaire, les spécialistes eux-mêmes, etc. S'ils le font, ils
le font à titre, évidemment, de médecins parce qu'ils
restent médecins, mais non participants. Donc, ils sont soumis à
la même obligation qu'un médecin non participant,
c'est-à-dire d'aviser le client que les services qu'ils donnent ne
seront pas payés par la régie.
Mme Lavoie-Roux: Mais, est-ce que dans...
M. Johnson (Anjou): Par ailleurs, on ne pouvait pas l'envoyer
à l'article 29 pour des raisons de rédaction ou techniques, mais
on a repris le contenu de l'article 29 quant à l'avis qu'ils doivent
donner. Alors, dans ce sens-là, ce n'est pas un précédent;
c'était déjà dans la loi de 1971.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais dans le cas des médecins
non-participants généralement, sinon toujours ou presque, c'est
en cabinet privé qu'ils fonctionnent, tandis qu'ici c'est l'individu qui
se présente à l'hôpital.
M. Johnson (Anjou): Ce qu'on dit, c'est exactement la même
chose qu'en cabinet privé. Tant et aussi longtemps qu'il pratique en
établissement, il est considéré comme un omnipraticien, ce
que les universités même voudraient qu'on supprime. De ce
côté-là, je pense qu'il y a des limites, parce qu'il y a
aussi des services qui peuvent être rendus dans ce cadre-là,
notamment au niveau du remplacement dans certaines régions, surtout par
les résidents seniors qui font office non pas de consultants, mais qui,
en pratique, souvent peuvent assumer un travail assez hautement
spécialisé même à titre d'omnipraticiens et plus que
beaucoup d'omnipraticiens dans certaines disciplines. On ne veut pas
empêcher cela parce que c'est une contribution réelle à une
qualité de dispersion des services sur un territoire à bien des
occasions. Par contre, on dit: Tout ce qui est en dehors de cela et en dehors
des activités du CRSSS, dans les cas spécifiques que j'ai
mentionnés qui ne sont pas très nombreux, ce sont des
non-participants. On ne peut pas leur dire qu'ils ne sont pas médecins,
mais, s'ils décident de le faire, ce n'est pas dans le cadre de la
Régie de l'assurance-maladie.
Mme Lavoie-Roux: Une autre question. Quand on dit que "la
régie assume, conformément aux dispositions d'une entente, le
coût des services pour l'exécution de tâches
administratives," évidemment, c'est en fonction du chef de
département clinique, j'imagine. (21 h 30)
M. Johnson (Anjou): Ou toute autre activité sur laquelle
il y aurait eu, dans les ententes, une négociation.
Il faut se rappeler que ces dispositions du projet de loi qui touchent
la Loi sur l'assurance-maladie, dans le fond, ce que cela touche, c'est une loi
dont l'objectif essentiel c'est de donner un cadre de négociation. C'est
une espèce de loi-cadre à des ententes. On reviendra
là-dessus au sujet d'un autre article. En ce sens, il faut mettre dans
ces dispositions de la loi ce qui est autorisé au niveau des ententes
et, spécifiquement, nous introduisons le fait que les ententes peuvent
contenir de la rémunération, quelle qu'en soit la forme - ce sont
des choses qui sont dans les mandats de négociation - pour du travail de
nature administrative ou organisationnelle dans les établissements.
C'est donc assez général et la disposition de l'article 1 dont on
parle vise à habiliter la régie à faire le paiement, le
paiement étant celui qui sera négocié et qui sera contenu
dans une entente.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que - je suppose
que le ministre va me dire qu'il ne peut pas répondre à cela
particulièrement dans le contexte actuel -vous avez fait - s'il ne veut
pas répondre, il
me le dira - une estimation de la dépense que cela pourra
représenter, parce que ce ne sont pas de nouvelles fonctions, mais, pour
la première fois, des fonctions qui seront
rémunérées dans un grand nombre
d'établissements?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Effectivement, on me le confirme,
d'autant plus que je sais qu'il y aura des lecteurs de ce journal, sans compter
ceux qui sont dans l'auditoire et qui, au premier chef, sont
intéressés à ces questions de contenu de mandat de
négociation, que des évaluations ont été faites,
mais je vous ferai remarquer qu'elles ne sont pas nécessairement en
termes généraux au sens où on peut fixer les montants qui
seraient disponibles et, à partir de cela, expliciter le type de
rémunération auquel cela peut donner lieu. Ces
évaluations, encore une fois, se font dans le cadre spécifique de
la négociation. Les formes que cela peut prendre sont extrêmement
diversifiées. Je préférerais vraiment ne pas commenter
davantage ce sujet ici. Je pense qu'on entrerait vraiment dans la substance
même de la négociation.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je comprends que Je
ministre ne veuille pas répondre et je ne pourrais même pas
l'exiger de toute façon; il lui est toujours loisible de s'y refuser,
mais je pense que c'est une question qui se justifie quand même, compte
tenu que, quand on adopte un projet de loi, d'une façon
générale, il est légitime de savoir, au plan financier, au
plan budgétaire, quelles vont en être les conséquences.
M. Johnson (Anjou): Pardon, je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: J'ai dit: II reste que, quand on se
prépare à adopter un projet de loi, il est légitime
d'essayer d'avoir une estimation des dépenses budgétaires qu'un
projet de loi va impliquer.
M. Johnson (Anjou): Je vous ferai remarquer que les dispositions
du projet de loi n'ont intrinsèquement aucune implication
financière déterminée, mais il y aura, par
définition, des implications financières à
déterminer ou déterminables dans le cadre de la
négociation, les techniques utilisées et les domaines dans
lesquels cela peut être appliqué étant extrêmement
variés.
M. Rivest: M. le Président, une question technique.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Pourquoi, au lieu de rédiger l'article par
l'amendement - je parle toujours du troisième paragraphe, au niveau d'un
service fourni par un médecin - ne pas avoir rédigé
l'article directement en disant: Un médecin qui est en stage de
formation n'a le droit d'être rémunéré que pour des
services qu'il a fournis dans un établissement autre que celui où
il est en stage? Qu'est-ce que vous échapperiez? La suggestion est
faite. Ce serait beaucoup plus simple. On saurait exactement ce que vous visez,
de façon à ne pas introduire la confusion. Je voudrais comprendre
en tout cas, parce qu'on nous a...
M. Johnson (Anjou): C'est parce que la formulation, que j'ai vue
dans un document qui circulait, aurait l'inconvénient d'interdire toute
rémunération à ceux qui sont des résidents.
M. Rivest: Ah oui!
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas cela le but, c'est de limiter la
rémunération, c'est-à-dire qu'elle n'est applicable que
dans certains domaines, notamment de la pratique en établissement ou en
CRSSS. Par ailleurs, ils peuvent être rémunérés
s'ils vont sur la rue, se promènent et annoncent aux clients que c'est
le client qui va payer. Il n'y a rien qui leur interdise cela dans nos
lois.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Alors, est-ce que
d'abord les amendements à l'article 1 seront adoptés?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aurais une question
supplémentaire à poser au ministre.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre se souvient peut-être que
l'Association des pharmaciens des établissements de santé est
venue faire des représentations qui m'apparaissaient légitimes.
Les trois principales qu'elle a faites, c'est que le service de pharmacie
devienne un département clinique, que le chef du département de
pharmacie soit placé sous la surveillance des services professionnels et
que les pharmaciens soient membres du conseil. Les deux dernières
recommandations qu'elle a faites, je suis capable de les situer dans la loi,
c'est-à-dire que, si on veut faire un amendement, on le fera en temps
opportun. Mais une recommandation qu'elle faisait, c'est que tous les services
que rendent les pharmaciens dans un établissement soient inclus dans un
établissement visé par règlement, que tous les services
qu'ils rendent le soient au même titre, que ce soit inclus dans la loi.
Est-ce que vous avez examiné cette possibilité-là?
C'est parce que, honnêtement, je ne savais pas où
l'inclure; je vous la pose à ce moment-ci parce qu'on ne pourra pas y
revenir.
M. Johnson (Anjou): C'est qu'ils sont salariés, ces
pharmaciens d'établissement dont on parle en sont a une forme de
rémunération fixe. Par ailleurs, je peux peut-être dire
ici, étant donné qu'on aurait peut-être eu l'occasion de le
faire ailleurs - ça nous évitera de refaire ce débat plus
loin -que nous pensons effectivement que la suggestion qui est faite par les
pharmaciens d'établissement de relever du directeur des services
professionnels est logique. Mais cette intégration ne relève pas
de cette loi, elle relève d'un règlement qui découle du
chapitre 48. En ce sens, je vous donne peut-être une sorte de
préavis informel, c'est une modification à intervenir
éventuellement à ces règlements. Je pense qu'ils ont fait
une démonstration extrêmement intéressante de la logique de
relever beaucoup plus des services professionnels que, finalement, des autres
services comme l'accueil, la buanderie et les archives, étant
donné qu'essentiellement ils sont dans l'arsenal thérapeutique de
l'établissement.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. Est-ce que les
amendements seront adoptés?
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, les amendements sont
adoptés. L'article 1, tel qu'amendé, est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, est-ce que je
pourrais me permettre de faire une motion, peut-être pour simplifier,
sans présumer du fond? Pourrais-je faire motion pour que l'ensemble des
amendements que j'ai déposés soient considérés
comme partie intégrante du projet de loi? Ce qui nous évitera de
faire les votes en cascade chaque fois, ce qui n'empêchera pas qu'on ait
tous les bons débats, y compris les motions de toute nature.
M. Rivest: Les nôtres avec?
Mme Lavoie-Roux: On va consentir.
M. Rivest: Les amendements qu'on vous a transmis?
M. Johnson (Anjou): Ceux-là viendront, je pense...
M. Rivest: Ce serait plus simple.
M. Johnson (Anjou): Ceux-là pourront venir sous forme
d'amendements au projet plutôt que de sous-amendements à nos
amendements. Ça va être extrêmement intéressant.
M. Rivest: On pourrait faire d'une pierre deux coups, M. le
ministre. Dans un esprit de collaboration et de bonne foi, cette commission
parlementaire, bla-bla-bla...
M. Johnson (Anjou): Mais ça va être sûrement
beaucoup plus facile de considérer les désirs de l'Opposition si
on accepte ma motion que les amendements que j'ai déposés soient
considérés comme partie intégrante.
M. Rivest: Cela limite un peu le droit de parole, qu'on me dit.
Je ne le sais pas, mais on vient de me dire ça. M. notre
recherchiste...
M. Johnson (Anjou): C'est parce qu'il est dans la mauvaise
commission, c'est la loi 16, ça. Ce n'est pas la loi 16, ici.
M. Rivest: ... qui est un spécialiste parlementaire, nous
dit qu'on aurait des inconvénients majeurs sur le plan de nos droits de
parlementaires. Alors, moi, je suis un peu naïf pour ces
questions-là.
M. Johnson (Anjou): On a vu ça tout à l'heure
dans...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement, je ne sais pas...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... si c'était le député de
Jean-Talon qui était naïf ou si c'était le
président.
M. Rivest: Oui, je ne voudrais pas insulter le président,
mais si vous me demandez quoi dire.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas remettre en question votre
décision, je peux parler de vos qualités, de vos vertus.
Le Président (M. Bordeleau): Non, non, non, absolument
pas. C'est ça. Il y a toujours des défauts et des
qualités, ce n'est jamais...
M. Rivest: II paraît que, sur le plan du règlement,
il faut que ce soit un amendement du ministre; c'est ce qu'on me dit, je ne le
sais pas. Alors, réglez ça, M. le Président,
d'après vous.
Le Président (M. Bordeleau): Le ministre, bien sûr,
le ministre peut proposer les amendements.
M. Rivest: Pourquoi, M. le ministre, n'y allez-vous pas à
la pièce? Cela ne serait pas plus long.
M. Johnson (Anjou): Parce que cette loi est un tout.
M. Rivest: Oui, on a vu ça.
M. Johnson (Anjou): Encore une fois, je pense que c'est pour
permettre à la commission... C'est ce que j'ai fait comme motion, M. le
Président. Je fais motion que les amendements que j'ai
déposés en bloc soient considérés comme faisant
partie du projet de loi... Pardon!
M. Rivest: Je ne le sais pas, réglez ça, M. le
Président. Il n'y a pas de dépôt en commission, c'est un
peu embêtant.
M. Laplante: Pour éclairer la commission, je pense qu'on
n'a même pas besoin de motion pour cela. Le ministre vient avec son
projet de loi et ses amendements, et cela fait partie intégrante du
projet de loi. Cela évite toute motion. C'est un pouvoir que le ministre
a actuellement de réécrire un projet de loi ou d'apporter ses...
Ce ne sont pas des amendements nouveaux qu'il fait sur la table.
M. Sirros: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Laurier.
M. Sirros: ... étant donné que le but de la
commission est d'étudier article par article le projet de loi, on ne
peut pas prétendre qu'un article est étudié ou
appelé avant qu'effectivement on arrive au point où on l'appelle.
Donc, on ne peut pas avoir un amendement à l'article avant d'arriver
à l'article.
Le Président (M. Bordeleau): En fait, techniquement, cela
se fait très bien, dans le sens que si la commission est d'accord pour
que le ministre fasse valoir l'ensemble de ses amendements, on adopte quand
même chaque article...
M. Sirros: Si vous êtes d'accord, je serai d'accord avec
vous, mais, dans le cas où on n'est pas d'accord, on ne peut pas changer
cela comme ça. S'il y avait consentement unanime...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, cela prend le
consentement de tous les membres, sinon on va procéder amendement par
amendement.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je pense que non. Je
pense qu'il est de mon privilège, en vertu de notre règlement, de
vous annoncer que les amendements que j'ai déposés sont partie
intégrante du projet de loi. Peut-être que l'expression "motion"
que j'ai utilisée tout à l'heure a prêté à
quelque confusion, mais elle était superfétatoire. Dans les
circonstances, M. le Président, je vous annonce que je me prévaux
de mon droit de faire en sorte que l'ensemble des amendements que j'ai
déposés soient partie intégrante du projet de loi no 27,
compte tenu du fait que nous en sommes maintenant à l'étude
article par article, à 21 h 42, le soir du 16 décembre.
M. Rivest: La seule difficulté que je vois, M. le
Président, si vous permettez-Le Président (M. Bordeleau):
M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: ... c'est qu'étant donné le
caractère tout à fait substantiel des amendements, dans le
cheminement de l'adoption d'un projet de loi, en deuxième lecture on
adopte les principes. Or, vous introduisez à un nombre d'articles des
principes différents...
M. Johnson (Anjou): Non...
M. Rivest: ... et la Chambre n'en a pas disposé.
M. Johnson (Anjou): Absolument pas. Absolument pas.
M. Rivest: Elle ne s'est jamais prononcée
là-dessus.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, si je peux me
permettre, sur les commentaires, je ne sais pas exactement à quel stade
on en est, je ne prétendrai pas à la naïveté du
député de Jean-Talon quant à ses questions de
procédure mais, encore une fois, d'une part, sur le fond nous n'avons
pas introduit, à l'égard des principes dont nous avons
discuté en deuxième lecture, des modifications telles que les
évoque le député de Jean-Talon. Par ailleurs, encore une
fois, je me prévaux de ce qui se fait dans ces commissions pour demander
que l'on considère l'ensemble des amendements comme faisant partie
intégrante du projet de loi.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Je veux ajouter une chose, M. le Président,
surtout suite à
l'intervention du député de Laurier. Cela ne
préjuge d'aucune façon des débats et des décisions
que la commission prendra sur chacun des articles. C'est tout simplement une
façon mieux ordonnée de faire le débat sur chacun des
articles tels qu'amendés par le ministre. Je pense qu'on est en train de
faire un débat qui ne changera rien sur le fond; c'est une question de
mécanique, de procédure, de logique que de structurer un
débat, M. le Président, et le ministre se prévaut d'un
droit qu'il a.
M. Rivest: En tout cas, il fait une motion; disons qu'on la vote
et qu'elle va être adoptée, et ça va faire.
Le Président (M. Bordeleau): D'abord, je vais demander si
tous les membres de la commission sont d'accord ou donnent leur
consentement.
M. Rivest: Sur division en tout cas.
M. Johnson (Anjou): D'accord sur division.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord sur division.
Adopté sur division, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): L'article 1 est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui, l'article 1 est adopté, je pensais
que je l'avais dit.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, l'article 1 est
adopté. Je m'apprêtais à appeler l'article 2 au moment
où quelqu'un m'a demandé la parole. Alors l'article 2, M. le
ministre.
Médicaments dont le coût est
assumé par la régie
M. Johnson (Anjou): L'article 2, M. le Président, se lit
en ce moment comme suit: "L'article 4 de cette loi est modifié par le
remplacement du premier alinéa par le suivant: "4. Le ministre dresse la
liste des médicaments dont la régie assume le coût en vertu
du troisième alinéa de l'article 3; cette liste indique notamment
les dénominations communes, les marques de commerce, les noms des
fabricants et le prix ou la méthode de fixation du prix de chaque
médicament ou du montant maximum, s'il y a lieu, dont la régie
assume le paiement dans les cas, conditions ou circonstances qu'il
détermine."
L'introduction du papillon est pour remplacer, dans la quatrième
ligne, le mot "et" par une virgule et, dans la cinquième ligne, les mots
"ou du" par "et le", de telle sorte que le texte se lise ainsi à compter
de la quatrième ligne: "le prix ou la méthode de fixation du prix
de chaque médicament et le montant maximum, s'il y a lieu."
L'article est-il adopté, M. le Président?
Le Président (M. Bordeleau): L'article 2 sera-t-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Tel qu'amendé. Alors,
article 2, adopté tel qu'amendé.
Article 3.
M. Johnson (Anjou): À l'article 3, il y a un amendement de
concordance où on substitue "Fonds de la recherche" à "Conseil de
la recherche". Le papillon, par ailleurs, permet d'avoir une assurance
privée pour couvrir l'excédent des coûts de
médicaments qui sont payés par la régie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais qu'on me rectifie ce qui, je pense,
peut être une erreur. Dernièrement, quelqu'un m'a écrit
pour me dire qu'on ne pouvait pas prendre une assurance à
l'extérieur du Québec pour couvrir des frais excédentaires
de l'assurance-maladie; est-ce une chose qui est fausse?
M. Johnson (Anjou): Le président de la Régie de
l'assurance-maladie me dit qu'on a le droit de le faire.
Mme Lavoie-Roux: On a le droit, d'accord; je n'ai pas de remarque
là-dessus.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, l'article 3 tel
qu'amendé est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 4.
Ententes aux fins de l'application de la loi
M. Johnson (Anjou): Je ne pense pas avoir à faire la
lecture de l'article 4 tel qu'il figure au projet déposé en
première lecture; je pense que tout le monde le connaît pour
l'avoir lu à de nombreuses reprises. Je mentionnerai simplement le
papillon, de telle sorte qu'on puisse lire tout le papillon, dans un premier
temps, et je présume que nos collègues auront quelques remarques,
commentaires et projets à nous
soumettre. Le député de Jean-Talon évoque: Pour la
soirée.
M. Rivest: ...
M. Johnson (Anjou): J'ai cru comprendre que le
député de Jean-Talon disait: Pour la soirée.
M. Rivest: Vous êtes traumatisé, on va prendre le
temps qu'il faut pour étudier le projet de loi, mais mon Dieu!
M. Johnson (Anjou): Alors, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Vous ne trouvez pas qu'on vous apporte une belle
collaboration, vous avez trois articles d'adoptés après une
heure.
M. Rivest: Vous êtes le seul ministre à avoir cela
au cours de la présente session.
Mme Lavoie-Roux: Oui, tâchez d'être heureux de votre
sort.
M. Johnson (Anjou): Cela en dit long sur votre
intérêt de légiférer pour la population.
M. Rivest: Non, cela en dit long sur la qualité de vos
projets de loi.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
Alors, sur l'article 4.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, dans le liminaire il
s'agit de remplacer les mots "des premier et deuxième alinéas"
par "du deuxième alinéa".
Deuxièmement, supprimer le premier alinéa de l'article 19
proposé...
M. Rivest: Pourquoi...
M. Johnson (Anjou): ... ce qui enlève la notion de
conditions de travail, à laquelle je reviendrai tout à l'heure.
Ceci nous retourne à l'article initial à l'égard de la
notion de ce qu'est le contenu de la négociation; donc, ce n'est pas
limitatif bien que j'aie toujours prétendu que cela n'avait pas
nécessairement le caractère limitatif que certains auraient voulu
y voir, mais pour des fins de clarification nous revenons au texte
original.
Au troisième alinéa, ajouter à la fin les mots "ou
le genre d'activité qu'ils exercent".
Par la suite, au quatrième alinéa, ajouter dans la
troisième ligne après le mot "santé" ce qui suit:
"concernés". Il s'agit des professionnels de la santé
"concernés", c'est une précision.
Au cinquième alinéa, ajouter à la fin ce qui suit:
"Un décret qui diminue les conditions de rémunération
applicables aux médecins durant les premières années
d'exercice de leur profession ou spécialité ne s'applique qu'au
médecin qui commence à exercer sa profession ou
spécialité après la date d'entrée en vigueur de ce
décret". Le sens de cette disposition est de fournir cette garantie que
recherchaient, je pense à juste titre, pour que le texte le
précise, les fédérations, notamment celle des
résidents et internes, la Fédération des médecins
spécialistes et celle des omnipraticiens. En d'autres termes, on serait
assuré que la rémunération moindre ne suit un individu qui
est soumis, dans le cas du décret, au décret que pendant la
période maximale de trois ans qui est prévue, quelle que soit par
la suite sa mobilité sur le territoire. Si je comprends bien, c'est de
conserver finalement les droits qu'il a de sorte que cela ne peut pas aller
au-delà de trois ans, que cette rémunération à la
baisse ou moindre.
Dans f, il s'agit de remplacer les sixième et septième
alinéas par les suivants, et je pense qu'en les lisant lentement on
comprendra les différences qui sont intervenues. "Le ministre peut,
à titre expérimental, conclure une entente particulière
avec les professionnels d'un département clinique d'un
établissement pour l'application à l'ensemble de ces
professionnels d'un mode de rémunération prévu à
une entente conclue en vertu du premier alinéa. Cette entente requiert,
au préalable, l'assentiment des professionnels de la santé
concernés, du conseil d'administration de l'établissement et de
l'organisme représentatif des professionnels de la santé
concernés". Quant à cela, c'est le paragraphe qui vise la notion
des expériences au niveau notamment de ce que pourrait être le
salariat dont on a parlé en commission parlementaire avant la
deuxième lecture. On y vient confirmer deux choses, d'une part que ces
expériences se font avec l'assentiment des personnes impliquées,
mais aussi que le concours de la fédération reconnue, donc la
FMSQ et la FMOQ, le cas échéant, est obligatoire pour que ces
expériences aient lieu. Je pense que cela répond à
l'objection essentielle qu'avaient les fédérations à cet
égard-là.
Par ailleurs, le dernier paragraphe se lirait comme suit: "Si la
diminution de services médicaux dans un territoire met en péril
la santé publique, le ministre peut, afin de permettre que ces services
soient fournis adéquatement dans un établissement de ce
territoire, conclure une entente particulière avec un professionnel de
la santé." Ce qui, comme on le voit, resserre le texte initial
prévu et est tout à fait conforme aux objectifs que nous avions
évoqués, dans la mesure où la notion de péril
à la santé publique qui existait dans le texte original n'est
plus seulement la notion subjective de
l'estimation qu'en fait le ministre, au sens de la loi, mais bel et bien
techniquement objectivable.
L'objectif, encore une fois, de cette disposition est, j'ai eu
l'occasion de le dire à plusieurs reprises, que, dans des cas de la
nature d'une catastrophe ou d'une urgence, il nous apparaît normal que
l'on puisse transporter des médecins à ces endroits, leur fournir
des conditions de rémunération, forfaitaire ou autres. Mais qu'on
puisse s'équiper finalement pour répondre à ces
situations, qui sont, encore une fois, des notions qui touchent la mise en
péril de la santé publique par diminution de services
médicaux dans un territoire donné, dans le cadre de
l'activité d'un établissement. Je pense que c'est assez
resserré.
Alors, cela deviendrait, M. le Président, l'article 4. L'article
4 est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II se croit en même temps le
président et le ministre. M. le Président, plus
sérieusement, je voudrais suggérer que nous procédions
paragraphe par paragraphe, avec des remarques sur chaque paragraphe.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, Mme la
députée de L'Acadie.
M. Johnson (Anjou): II faudra qu'on adopte l'article en entier.
Mais, pour les fins de la discussion, qu'on procède paragraphe, par
paragraphe sûrement.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais, M. le Président, ma demande va
au-delà de discuter paragraphe par paragraphe. Je pense qu'il y a des
paragraphes sur lesquels nous pourrions être d'accord, mais il y en a
d'autres que nous voudrions accepter sur division. Cela dépendra de la
façon dont le ministre peut nous convaincre du bien-fondé de ce
qu'il a retenu.
M. Rivest: Nous ne sommes pas deux excellents
procéduriers, M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: On manque de procéduriers à cette
commission.
M. Johnson (Anjou): Pas ce soir, vous êtes plutôt
concentrés sur le fond, depuis quelque temps. M. le Président, je
n'ai pas d'objection à ce que nous puissions discuter paragraphe par
paragraphe. C'est parce que je ne voudrais quand même pas que, pour les
fins d'une meilleure collaboration avec l'Opposition, on se fige les deux pieds
dans le ciment et qu'on permette qu'on procède par vingt minutes pour
chacun. C'est l'équivalent de sept articles. Je pense qu'on peut faire
le tour de ces choses de façon raisonnable et que nous pouvons nous
entendre pour discuter de chacun des éléments
séparément, mais...
Mme Lavoie-Roux: Vous nous soupçonnez de toutes sortes de
choses.
M. Johnson (Anjou): Non, c'est une certaine partie de l'expertise
parmi les collaborateurs et les collaboratrices de la députée de
L'Acadie. De plus, ils pourraient être mal inspirés se pensant ici
devant le projet de loi no 39 ou le projet de loi no 16. Ils pourraient faire
des erreurs et pousser, dans sa grande naïveté, le
député de Jean-Talon à faire des choses qu'il
regretterait. Dans les circonstances, il m'apparaît plus prudent - je
pense qu'on le comprendra - que nous précédions à
l'adoption de l'article tel quel, mais pour la discussion, quant à nous,
on est très ouvert, on la fera article par article.
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous me permettez, je
ne peux pas garantir pendant combien de minutes mes collègues vont
s'exprimer. On a quand même encore droit, à cette commission -
là, je ne veux pas...
M. Johnson (Anjou): Beaucoup.
Mme Lavoie-Roux: ... charrier - à la liberté
d'expression. Mais on ne le fait pas avec l'intention de prendre - nous sommes
combien? 6 - une heure et vingt pour chaque paragraphe. Je peux vous le
garantir, M. le Président, mais il reste que la motivation, la raison
première pour demander ceci, c'est qu'on veut faire des amendements
à certains paragraphes. On veut pouvoir, au moins à d'autres
paragraphes, indiquer notre division. Je pense que l'article 160 de notre
règlement nous permet de les adopter paragraphe par paragraphe. C'est
vraiment dans le but de pouvoir indiquer notre dissidence là où
on n'est pas d'accord et de faire...
M. Rivest: On est dans le livre du règlement depuis le
début.
M. Johnson (Anjou): C'est ce que cela nous inspire. Encore une
fois, le député de Jean-Talon connaît mon
intérêt pour la procédure.
M. Rivest: II est tout de même égal au mien, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Et au mien.
M. Johnson (Anjou): C'est un intérêt réel,
mais que j'ai été obligé de le mettre un peu dans un
tiroir depuis quelques mois. Je n'ai pas vu évoluer notre
règlement et surtout l'interprétation qu'en a faite le
député de Jean-Talon.
Mme Lavoie-Roux: C'est davantage l'interprétation qu'en
fait le président, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, puisque j'ai la
parole de la députée de L'Acadie qui vaut son pesant
d'honnêteté et d'intégrité, son pesant d'or, je
pense, sur le plan de la procédure, je veux bien que nous envisagions
que, lors de la discussion, nos collègues puissent manifester leur
dissidence ou leur réserve à l'égard de différentes
dispositions. Mais, si je comprends bien, l'objectif, c'est cela, ce n'est pas
d'entamer une nouvelle répartition possible du temps, ce qui pourrait
être une question qui se pose en cours de route et, dans les
circonstances, nous nous ferons bons seigneurs et accepterons.
Mme Lavoie-Roux: Oh! quelle condescendance. Vous allez payer
cela. C'est de la provocation.
M. Rivest: C'est une attitude que... M. le Président,
l'article 160... Le ministre devrait...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! Oui,
M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Cela change tout. Il nous a fait perdre vingt minutes
avec ses phrases et ses craintes. L'article 160, paragraphe 1: "Lorsqu'une
commission étudie un projet de loi ou des crédits, un
député peut prendre la parole sur le même point aussi
souvent qu'il lui plaît - non pas selon que cela plaît au ministre
- à condition de ne parler plus de vingt minutes en tout sur un
même article, un même paragraphe, une même motion -chaque
fois qu'on fait un amendement, c'est une motion? Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Rivest: "... ou même une question d'ordre ou de
règlement." Sur tout cela, on a le droit de parler tant qu'on
voudra.
M. Johnson (Anjou): Ah bon! M. Rivest: C'est cela.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas tellement votre droit comme
votre intention, pour reprendre le vocabulaire de la commission. (22
heures)
M. Rivest: Bien, là, attention! Vous avez fait des
lamentations très ondoyantes pour nous dire les intentions de votre
projet de loi, vous savez, toute votre petite chanson.
M. Johnson (Anjou): C'est ce que j'allais dire, justement.
M. Rivest: Ne nous en prêtez pas, de grâce.
M. Johnson (Anjou): Sûrement, je n'en prête pas.
Alors, M. le Président, peut-être qu'on pourrait commencer par le
premier paragraphe que nous suggérons de retirer du projet de loi.
J'espère qu'il n'y aura pas une trop longue discussion
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Non. M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... je voudrais simplement rectifier une chose,
compte tenu que le ministre a mis un poids très important à ma
parole. Je veux bien vous dire que je ne peux pas m'engager à l'endroit
de mes collègues. Mais, quand je vous l'ai demandé
personnellement, c'était dans le sens de pouvoir exprimer notre
dissidence. Le règlement permet à mes collègues de parler
20 minutes, mais je pense que ce n'est pas à partir de ma bonne ou
mauvaise volonté qu'il faudra juger du résultat à la fin
de l'article 19. Mais, sérieusement, ceci étant dit...
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie, si on s'entend, on peut les étudier; je pense, en tout cas,
à l'article 4 sur lequel on a un moyen de s'entendre.
Mme Lavoie-Roux: Alors, on va commencer le premier paragraphe, on
pourra passer au deuxième, M. le Président, si on fait le
premier.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Je veux simplement
qu'on mentionne que c'est d'abord pour l'article 4, parce que normalement un
article est étudié dans sa globalité. Alors, pour
l'article 4, comme nous avons l'accord de tout le monde, allons-y avec le
premier paragraphe.
Mme Lavoie-Roux: Le premier paragraphe....
M. Johnson (Anjou): Alors, le...
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous parler?
M. Johnson (Anjou): Quand on parle du premier paragraphe, cela
devient l'introduction de la...
Mme Lavoie-Roux: C'est celui qui est retiré.
M. Johnson (Anjou): Alors, celui qui est retiré?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, on n'est pas pour perdre 10
autres minutes pour savoir lequel est lequel. Ce que j'ai compris de
l'amendement du ministre - disons que cela va être plus simple comme
cela, et je pense que cela répond à un désir des
fédérations...
M. Johnson (Anjou): Et de l'Opposition aussi, je pense.
Mme Lavoie-Roux: ... et de l'Opposition également - c'est
qu'on enlève les termes "les conditions de travail" auxquelles les
fédérations s'étaient opposées parce qu'elles
trouvaient les termes beaucoup trop restreignants et limitatifs. Elles avaient
jusqu'à maintenant négocié dans leur entente à la
fois les conditions salariales et des dispositions relatives à
l'exercice de la profession et elles ne voulaient pas venir restreindre
l'entente dans les termes où c'était exprimé dans ce
premier paragraphe. Alors, M. le Président, immédiatement, sans
utiliser plus que ces deux minutes et demie, je peux vous dire que nous sommes
tout à fait d'accord avec ce premier paragraphe.
M. Johnson (Anjou): Nous aussi.
M. Rivest: M. le Président, je concours avec les remarques
de la députée de L'Acadie.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Jean-Talon, de votre concours. Donc, le paragraphe 1
est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Tel qu'amendé, bien
sûr.
M. Johnson (Anjou): Donc, il n'est plus là.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président... M. Johnson (Anjou):
II est supprimé.
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je peux vous faire remarquer que,
comme l'anxiété du ministre n'est pas fondée, il risque de
faire des ulcères sans raisons véritables?
M. Johnson (Anjou): II y a plein de médecins ici, il n'y a
aucun problème.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est long à guérir, un
ulcère. C'est lent à se développer, mais c'est long
à guérir. Mais, plus sérieusement, le deuxième
paragraphe...
Le Président (M. Bordeleau): Alors, le deuxième
paragraphe. Oui, Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... est plus important. Il a fait l'objet, M. le
Président... À moins que le ministre ne veuille dire quelque
chose, je suis prête à lui céder la parole.
M. Johnson (Anjou): Au deuxième paragraphe, M. le
Président, nous introduisons la notion de la possibilité d'avoir
une rémunération différente dans l'entente. Sur le fond,
indépendamment des techniques, il s'agit d'une revendication qui remonte
à un certain nombre d'années, je crois même, dans le cas
d'une des fédérations. C'est l'introduction de la
rémunération différente qui peut être prévue
dans l'entente sur la base du territoire ou du type d'activité, sur la
base, je m'excuse, du territoire où nous estimons que les effectifs sont
insuffisants, les territoires étant déterminés, comme on
le sait, par le ministre. En pratique, c'est ce qui permettra de prévoir
que certains territoires dans les mandats de négociation pourront faire
l'objet d'une rémunération supérieure pour ceux qui sont
dans ces territoires actuellement ou qui y seront éventuellement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, évidemment, s'il
n'y avait que le deuxième paragraphe touchant les régions
éloignées -parce que c'est ce à quoi on se
réfère puisqu'on parle de territoires où le ministre
estime que les effectifs de professionnels de la santé sont insuffisants
- s'il n'était rédigé qu'en ces termes, je pense qu'il
n'aurait pas créé les difficultés que l'on entend ou enfin
les protestations que l'on entend. Je pense que l'expérience a
démontré, même si on n'a pas encore en main le rapport
Landry, que, dans les provinces ou ailleurs où on a eu à faire
face au même problème de manque d'effectifs médicaux ou
d'effectifs de professionnels, on a, dans la plupart des cas, je crois,
prévu une rémunération différente dans ces
régions-là. Alors, moi, pour autant que je suis touchée,
je suis d'accord avec le deuxième paragraphe.
M. Rivest: J'ai une question.
Le Président (M. Bordeleau): M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Pour la question des effectifs en région, le
paragraphe 2 dit: "L'entente peut" mais je voudrais simplement entendre le
ministre. Quels sont les autres instruments dont dispose le gouvernement ou en
accord avec les fédérations qui peuvent apporter une solution
effective aux problèmes des effectifs en région? Bien sûr,
l'article du projet de loi mentionne le moyen de la rémunération
différée, mais je veux juste les voir énumérer
brièvement, pour avoir un peu l'idée de ce que le
ministère ou le ministre envisage pour résoudre ce
problème.
M. Johnson (Anjou): Pour ce qui existe ou ce qui pourrait
exister?
M. Rivest: C'est ça.
M. Johnson (Anjou): D'abord, il y a ce qu'on appellerait la
rubrique monnayable ou monnayée. La rubrique monnayée, une fois
que la loi sera adoptée, n'empêchera pas qu'au niveau des ententes
il y ait des choses qui existent déjà. Elle permettra d'abord, au
niveau même de la rémunération et de la tarification dans
certains cas, qu'il y ait une différence intégrée. C'est
quand même ce qui existe au niveau des ententes.
Deuxièmement, en ce moment, il y a possibilité - et la loi
n'empêchera pas que ce soit reconduit ou reformulé - de
différentes catégories ou types de primes qui font ou qui
pourront faire l'objet d'une négociation avec les
fédérations.
Troisièmement, toujours dans ce que j'appellerais monnayé,
il y a comme instruments les bourses sur lesquelles, je présume, on aura
l'occasion de revenir quand on poursuivra plus loin, et cela aussi
représente de l'argent. C'est là ce que j'appellerais la rubrique
"argent".
M. Rivest: Est-ce que c'est absolument invraisemblable, je ne
sais pas qui a mentionné ça - évidemment ce ne serait pas
dans le cadre d'une entente - la possibilité d'avantages fiscaux,
l'instrument de la fiscalité là-dessus? Parce que la
différenciation au niveau de la rémunération est toujours
évaluable dans ses conséquences fiscales. Est-ce qu'il y aurait
des avantages fiscaux qui seraient consentis? Évidemment, on ne peut pas
les inclure dans le cadre d'un tel projet de loi non plus que dans une entente,
mais seraient-ils des avenues qui pourraient également être
intéressantes?
M. Johnson (Anjou): Si je ne me trompe pas, il existe de telles
dispositions dans la province de l'Ontario, je crois, mais je ne suis pas
sûr, et ces dispositions pourraient théoriquement, c'est bien
évident, exister. Cependant, ces avantages fiscaux sont des principes au
sujet desquels les gouvernements hésitent toujours. Le
député de Jean-Talon le sait fort bien. Le jour où c'est
vrai pour une catégorie de professionnels, quelle qu'elle soit, pourquoi
ne serait-ce pas vrai pour d'autres? Toute l'économie
générale de notre fiscalité supporte mal ce type d'entorse
et, en ce sens, ce n'est pas un moyen que nous avons tendance a priori à
privilégier, bien que, techniquement, ce soit un moyen qui reste
toujours possible.
Le Président (M. Bordeleau): Ça va pour ...
M. Rivest: Bien, pour la partie monnayable, mais si le ministre
pouvait ...
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Rivest: Ça va pour les moyens monnayables, selon
l'expression du ministre, les autres ...
M. Johnson (Anjou): Alors, les moyens non monnayables, encore une
fois, ce n'est pas pour prétendre régler le problème,
parce que, lorsqu'on parle des moyens, on s'imagine que c'est pour
régler le problème avec ces moyens. Le problème, c'est
notamment le nombre à certains endroits. C'est pour cela qu'au niveau
des dispositions du paragraphe suivant qui touche la rémunération
différentielle dans le cas des nouveaux arrivants dans le système
on aura sûrement une discussion qui sera peut-être un peu plus
longue, si j'écoute l'Opposition; c'est l'ensemble des
éléments pour favoriser la venue et la rétention des
médecins en région.
Il y a ce qui est monnayable, il y a ce qui est relié à la
qualité de vie professionnelle, d'une part, et, d'autre part, la
qualité de vie tout court des médecins, et ça, ce sont les
conditions de la pratique professionnelle. Encore une fois, il y a beaucoup de
ces choses-là et ce n'est pas par une loi qu'on va les régler et
non plus par des ententes dans bien des cas. Dans certains cas, c'est par des
gestes administratifs, notamment le jumelage institutionnel, qui est
très complexe, surtout dans le genre de système qu'on a avec
l'autonomie des établissements, etc. c'est complexe, c'est long à
dégager, ces choses-là, et c'est d'autant plus difficile dans un
contexte où tout le monde sent le poids des contraintes
budgétaires dans le réseau, ici comme ailleurs.
Cela est au niveau professionnel. Comme, au niveau professionnel, ce qui
est une revendication - je pense notamment à la Fédération
des médecins omnipraticiens, depuis un certain nombre d'années ou
depuis un certain nombre de mois au moins, en tout cas à ma
connaissance, et les spécialistes
aussi peut-être, mais je ne peux pas l'affirmer - c'est la notion
du congé sabbatique pour fins de recyclage. Cela entre peut-être
aussi dans la dimension financière parce que, finalement, le
congé sabbatique ou enfin la semaine d'immersion présuppose en
général, si on veut s'en prévaloir, pour que ce soit
intéressant, que ce soit payé, bien qu'il y en ait beaucoup qui
le fassent sans être rémunérés. On est conscient
que, dans certains cas, c'est peut-être plus difficile de l'exiger, la
nature humaine étant ce qu'elle est et cette profession étant ce
qu'elle est, surtout en région, en certains endroits, où elle est
très difficile.
Au niveau de la qualité de vie tout court, indépendamment
de la qualité de vie professionnelle, il y a l'intégration au
milieu, sujet dont j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec des médecins
à Rouyn notamment, ceux qui avaient connu cette situation un peu
pénible. Le jeune médecin, qui arrive dans une région, ou
le médecin tout court, qu'il soit jeune ou pas, qui arrive dans une
nouvelle région peut parfois connaître des difficultés
d'intégration au milieu, connaît d'autant plus de
difficultés que son métier et le nombre insuffisant de
médecins l'obligent à un rythme professionnel exigeant,
stressant. Il n'a pas ses mercredis soir libres pour aller au club Richelieu ou
Kiwanis ou à la chambre de commerce, ou faire partie d'une association.
Plus sa vie professionnelle est exigeante, moins il est facilement
intégré au milieu.
Tout cela nous amène, je pense, à ce que sera l'article
suivant, qui est la notion des nombres. Donc je pense qu'il y a beaucoup de
facteurs dans la communauté. J'ai eu l'occasion de dire à des
gens du Nord-Ouest: J'ai hâte de voir des maires et des gens des chambres
de commerce du Nord-Ouest québécois ou de la Côte-Nord
venir expliquer aux finissants en médecine que, si c'est vrai qu'il n'y
a pas de place des arts à Sept-Îles, par contre, tu es pas mal
plus près de la pêche à la truite, de la pêche au
saumon et de la chasse au caribou que n'importe qui à Montréal.
Il y a des choses extrêmement intéressantes en termes de
qualité de vie...
Mme Lavoie-Roux: Quand pensez-vous vous établir en
région éloignée, M. le ministre?
M. Johnson (Anjou): Si on pouvait adopter le projet de loi no 27,
peut-être qu'on pourrait aller faire du ski de fond, tout le monde.
M. Rivest: ... il craint encore!
Mme Lavoie-Roux: II fait bien de craindre!
M. Johnson (Anjou): Ce ne sont pas des choses que l'on va mettre
dans la loi. Je pense que le député de Laurier a
évoqué, dans son discours de deuxième lecture, le fait que
ce projet de loi, finalement, ne répondait pas à beaucoup des
instruments. C'est vrai que, parmi les instruments, il y a de nombreux
instruments qu'on ne retrouve pas dans la loi, parce que ce n'est pas dans la
loi qu'ils doivent être. Dans certains cas, c'est dans les ententes,
c'est dans la vie universitaire, c'est dans les relations entre
établissements et c'est dans la qualité de vie des gens qui vont
en région. Dans certains cas, la qualité de vie est
déjà intrinsèque à certains de ces milieux et c'est
seulement qu'elle n'est pas connue. J'ai connu des gens, lorsque j'étais
étudiant en médecine, qui avaient l'impression qu'aller pratiquer
à Rouyn-Noranda, ça voulait dire aller pratiquer dans un
hôpital en rondins avec un toit de chaume. Cette méconnaissance de
ce que sont certains territoires et certaines régions n'a
évidemment pas contribué à faciliter l'appel de nouveaux
effectifs dans ces régions, mais le problème reste aigu et, dans
certains cas, il l'est de plus en plus. Je pense que c'est surtout dans le
cadre du prochain article qu'on aura l'occasion d'en discuter plus
précisément. (22 h 15)
M. Rivest: Des remarques du ministre...
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le
député de Jean-Talon?
M. Rivest: Je ne doute pas qu'il y ait chez le ministre comme,
d'ailleurs, j'imagine, au niveau du gouvernement, une volonté politique
d'apporter une solution à ce problème des effectifs
médicaux en région. Je concède volontiers que les moyens
proposés à l'article 4 n'épuisent pas le sujet. Je
voudrais demander au ministre, dans l'intérêt des professionnels
de la santé mais également dans l'intérêt des
populations qui vivent en région, qu'il nous dise quand il pense
être en mesure de traiter de cette question des effectifs médicaux
en région d'une façon globale et générale.
Autrement dit, quand donc pourrons-nous voir - quand je dis "nous", c'est
l'opinion publique en général et les gens qui sont directement
concernés -une véritable politique? Je conviens volontiers avec
le ministre que cela ne peut finalement ressortir, en termes concrets,
qu'à une série d'éléments qui sont de divers
ordres, mais est-ce qu'on peut s'attendre, parce que les besoins, le ministre
l'a évoqué lui-même, sont drôlement pressants,
d'atteindre les objectifs visés, où on pourra intégrer aux
uns et aux autres les moyens qui concernent directement les professionnels de
la santé, les établissements, le milieu et surtout les... La
volonté politique, finalement, des fois c'est bien brutal. Les
ministres peuvent faire les plus beaux discours, mais la volonté
politique s'apprécie souvent en termes de moyens financiers, non
seulement au niveau des ententes qu'on peut conclure, aux moyens financiers que
le gouvernement décide de mettre là-dessus... On a fait, dans
bien d'autres domaines, des programmes, des politiques, des livres blancs et de
toutes les couleurs et très souvent -ce n'est pas le propre du
gouvernement actuel - c'est resté de très beaux livres parce
qu'on n'a pas l'argent pour la réalisation. Je pourrais, par exemple, en
nommer un dans le domaine des loisirs et du plein air. Bon, il y a un paquet
d'initiatives qui sont bien généreuses, de belles intentions,
mais la volonté politique, malheureusement, ne va pas plus loin que les
discours que les ministres nous servent. Je voudrais, à l'occasion de
l'étude de ce projet de loi, que le ministre prenne, face à la
commission parlementaire, ici, à l'Assemblée nationale,
vis-à-vis de l'opinion publique, un engagement un peu plus
précis, parce qu'il évoque des choses qui peuvent se faire, ceci,
cela, bon, très bien, mais quand aurons-nous une politique ferme et
effective dans ce domaine?
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'on peut parler des mois qui
viennent. Une série de mesures seront entreprises qui correspondront,
notamment, à certains des instruments qu'on se donne à travers la
loi no 27. Le paragraphe suivant, sur lequel on reviendra, je ne sais pas si on
va épuiser tout le débat au sujet de... Peut-être que je me
garderai une partie des réponses aux affirmations de l'Opposition au
paragraphe suivant. Je dirai qu'en ce moment, pour parler d'un paragraphe qu'on
a déjà adopté, au ministère, à
l'égard des mandats de négociation, la désignation de ces
territoires, quand on l'a mise dans la loi, on avait une idée de ce que
ça représentait, même géographiquement à
certains endroits, puisque, dans de nombreux cas, cela fait l'objet de
discussions notamment avec les fédérations médicales,
parce qu'il y a là une expertise, une expérience concrète
du terrain, avec l'ordre des médecins ou enfin avec la corporation des
médecins, de façon encore informelle, mais il y a des rapports,
puis encore une fois une connaissance du terrain très concrète.
Au ministère on a développé aussi, au fur et à
mesure des années, des mois, cette expertise. Deuxièmement, cela
correspond aussi...
Mme Lavoie-Roux: II a passé la nuit debout, de la
façon dont nous traite le gouvernement... Excusez-moi.
M. Johnson (Anjou): Je vous en prie. D'autre part, il y a aussi,
en plus de ces territoires désignés, d'autres mesures au niveau
de l'analyse que l'on fait des services que doivent dispenser
différentes catégories d'établissements. Notamment, dans
quelle mesure une région est-elle pourvue des spécialités
de base? Dans quelle mesure un territoire accessible, compte tenu de la
population là il y a des univers mathématiques compliqués,
mais il y a aussi des chemins non ouverts en hiver. Ce ne sont pas juste des
univers mathématiques. Encore une fois, cela prend une expérience
très précise que le ministère a de plus en plus et qui
nous permettra d'amorcer bientôt - je ne voudrais pas donner de date -
à certains endroits, notamment au niveau de l'allocation des ressources,
par le budget et par d'autres mesures, un rapprochement entre certaines
catégories d'établissements pour les fins de favoriser ces
questions.
Par ailleurs, je ne prétendrais même pas qu'on va
régler de façon définitive le problème de la
répartition. Si on regarde l'expérience anglaise, c'est un
système passablement socialisé, mais dans une
société où les valeurs sont un peu comme les nôtres.
Il y a l'expérience de la Tchécoslovaquie, de l'Allemagne, de la
Hollande et de pays socialistes qui ont des régimes différents.
Par ailleurs, le régime américain est très
différent du nôtre même si, sur le plan de la
médecine, en termes de qualité et de types de médecine,
elle ressemble beaucoup à la nôtre, elle s'en inspire au niveau de
la qualité des standards. C'est un problème, vous savez, il
manque de médecins dans les Appalaches, aux Etats-Unis, il manque de
médecins dans certains endroits, au Missouri, et c'est vrai dans
l'ensemble du pays.
Ce problème-là ne peut jamais être totalement
réglé, parce qu'on sait, dans le cas de la santé, qu'on
parle d'un besoin illimité car il est relié finalement à
la condition humaine et à l'idée qu'on se fait de ce que la
médecine peut faire pour soulager des éléments de la
condition humaine ou son expression dans la souffrance. Mais entre ça et
rester assis et laisser les choses se développer ou ne pas se
développer, comme elles ne se développent pas, bien, il y a
quelque chose à faire. Ces choses-là, je pense qu'on en a
parlé quelque peu et je pense qu'on parlera d'une chose très
importante dans le cadre de l'article prochain.
Mme Lavoie-Roux: Alors, le deuxième paragraphe...
M. Rivest: Ce n'est pas un engagement très ferme.
Mme Lavoie-Roux: ... adopté?
Le Président (M. Bordeleau): Alors, deuxième
paragraphe, adopté tel qu'amendé?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté.
Une voix: C'est le second paragraphe?
Mme Lavoie-Roux: Oui, le deuxième paragraphe: "Une entente
peut prévoir une rémunération différente pour la
fourniture de services médicaux..."
M. Lincoln: J'aurais voulu poser une ou deux questions au
ministre, s'il vous plaît!
Le Président (M. Bordeleau): Sur le deuxième
paragraphe, M. le député de Nelligan?
M. Lincoln: Le ministre a parlé d'une
rémunération différente comme étant
supérieure. Il a dit différente et, en fait, cela veut dire
supérieure.
Mme Lavoie-Roux: On va le voir dans l'autre paragraphe.
M. Lincoln: Non, mais ce paragraphe-ci dit: "Une entente peut
prévoir une rémunération différente pour la
fourniture de services médicaux dans un territoire où le ministre
estime que les effectifs..." Le ministre, quand il a parlé de ce
paragraphe, a dit que la différence dans ce cas-là voudrait dire
"supérieure". En fait, c'est "différente" ou c'est
"supérieure" ou c'est "inférieure"? Je pense qu'il a dit que
c'était "supérieure". Pourquoi ne peut-il pas indiquer qu'elle
est supérieure dans ce paragraphe-ci? En fait, on parle des services
médicaux dans un territoire où on a un problème
d'effectif, les professionnels de la santé sont insuffisants en nombre.
C'est ce que vous avez dit.
M. Johnson (Anjou): La notion de différence n'est pas
seulement quantitative, elle peut tenir compte d'une réalité
différente, à certains endroits, que les
fédérations en particulier connaissent fort bien. Alors, ce n'est
pas seulement quantitatif et la notion de supérieure limite au
quantitatif. La notion de rémunération différente, si elle
prévoit par définition que ça veut dire
"supérieure" pour certaines choses, permet aussi autre chose. C'est pour
ne pas être limitatif.
M. Lincoln: Mais est-ce que vous vous...
M. Johnson (Anjou): En tous cas, on verra tout à l'heure
que, pour d'autres raisons, dans le paragraphe suivant, on parlera de ces
choses-là.
M. Lincoln: Plus loin, vous dites: "où le ministre estime
que les effectifs..." Je sais que vous parlez de ça plus loin mais, dans
ce paragraphe, pourquoi ne pas mettre, comme deux ou trois intervenants l'ont
suggéré: "où le ministre estime, après consultation
auprès d'organismes représentatifs intéressés", ce
qui voudrait dire les bénéficiaires, les médecins?
Qu'est-ce qui empêche de mettre ça dedans?
M. Johnson (Anjou): Non. Écoutez, les territoires c'est
après consultation et le deuxième paragraphe c'est la
négociation; alors il n'y a pas de problème, l'intervenant est
toujours en face de nous.
Ce qui nous permet de déterminer les territoires, c'est un
pouvoir qu'on se donne et qui d'ailleurs, je dois le dire, ne prend pas
vraiment qui que soit par surprise dans le milieu médical. On assignera
une responsabilité ministérielle gouvernementale à la
désignation des zones mais, évidemment, par définition,
c'est fait par tous les processus consultatifs imaginables, une expertise dont
on ne peut pas ne pas tenir compte. L'article qui permet la désignation
par le gouvernement est un article qui implique, de toute façon, la
consultation et le paragraphe 2, que le député est en train de
lire, est un paragraphe qui réfère à la
négociation. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, ça va pour le
paragraphe 2? Paragraphe 2, adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Tout en vous rappelant que ce
paragraphe 2 deviendra éventuellement le paragraphe 1 quand il sera
amendé.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Paragraphe 3, avec un
amendement.
Une voix: 2, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Même si j'ai
appelé le 3 ...
M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Vous parlez de quantitatif et de qualitatif; moi je
ne suis pas tout à fait convaincu. Si vous parlez de
rémunération, une rémunération c'est toujours
quantitatif; comment est-ce qu'une rémunération peut être
qualitative? C'est ce que j'aimerais comprendre. Si vous parlez de
rémunération, c'est une rémunération, c'est de
l'argent.
M. Johnson (Anjou): La rémunération n'est pas
seulement de l'argent, ce peut être une forme d'avantage.
M. Lincoln: Oui, mais des avantages, des bénéfices
marginaux...
M. Johnson (Anjou): Un bénéfice marginal n'est pas
de la rémunération.
M. Lincoln: Du côté de la fiscalité, c'est de
la rémunération. Vous parlez de quoi? C'est ce que je voudrais
savoir.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais cela peut être autre
chose.
M. Lincoln: Si c'est du logement, c'est de l'argent. Si c'est une
automobile, c'est de l'argent. Si c'est une pension, c'est de l'argent.
M. Johnson (Anjou): Cela dépend si c'est avant ou
après le budget de MacEachen.
M. Rivest: Au niveau de la rémunération.
Mme Lavoie-Roux: On devrait peut-être dire avant ou
après le budget de Parizeau.
M. Rivest: Non, il n'y en aura pas après!
M. Lincoln: Je ne sais comment vous faites d'une
rémunération une question qualitative. Une
rémunération consiste en des biens.
M. Rivest: Par exemple, vous pourriez demander à votre
ministre des Finances de diminuer la taxe sur l'essence pour
l'éloignement; cela aiderait.
M. Johnson (Anjou): Je pense que c'est ce que vous essayez de
faire dans une autre commission parlementaire.
M. Rivest: Non, parce qu'il n'y aura pas d'augmentation, on
bloque le projet.
M. Johnson (Anjou): Vous parlez du projet de loi no 27?
M. Rivest: Je ne sais pas le numéro.
M. Johnson (Anjou): Votre naïveté et votre ignorance
de la procédure ont vraiment atteint un sommet.
M. Rivest: Vous n'avez rien vu.
Mme Lavoie-Roux: C'est la loi 39, M. le ministre, dans ce cas du
carburant. Dans le cas de la santé c'est la loi 27.
Le Président (M. Bordeleau): C'est ça, Mme la
députée de L'Acadie.
M. Johnson (Anjou): Je me doutais que la députée de
L'Acadie savait où on en était puisqu'elle est porte-parole de
l'Opposition.
Le Président (M. Bordeleau): Je suggérerais de
revenir à la loi 27. M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Je pense, M. le ministre, que les paragraphes 2 et 3
sont interreliés. Si, par exemple, le paragraphe 2 prévoit qu'une
rémunération est supérieure, on n'a pas besoin du
paragraphe 3 parce qu'automatiquement le paragraphe 3 prévoit qu'une
chose est inférieure si l'autre est supérieure.
M. Rivest: C'est ça.
M. Lincoln: On ne veut pas qu'on suggère que les gens
soient diminués.
M. Houde: Vous avez deux ou trois mots et vous ne les comprenez
pas à deux. Tout le monde veut des explications. Je m'excuse, M. le
Président, je n'ai peut-être pas demandé la parole.
Une voix: Non, mais il insiste.
M. Houde: C'est vous autres qui les avez écrites, ces
choses-là.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je suggérerais
que vous donniez la parole au député de Berthier.
M. Houde: J'ai demandé la parole, j'ai demandé la
parole.
M. Johnson (Anjou): II a des choses intéressantes à
nous dire.
M. Houde: M. le ministre, j'ai demandé la parole au
président.
Une voix: On vous écoute.
M. Houde: On n'est pas capable d'avoir des explications claires.
Vous jouez avec les mots; les chiffres, on peut jouer avec, et les mots aussi,
on peut jouer avec. Ça prend du temps. Non, j'étais ici tout le
temps. C'est compliqué, votre histoire; quand je vois un projet de loi
qui a 112 articles et qu'il y en a 58 de changés, je te jure qu'on se
pose des questions.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: La pertinence du débat cela existe-t-il en
commission?
Le Président (M. Bordeleau): Cela existe à
l'occasion...
M. Rochefort: Je voulais être certain.
M. Houde: Tu voudrais le savoir, tu n'étais pas ici tout
à l'heure, c'est pour ça.
Le Président (M. Bordeleau): ...plus ou moins
fréquemment, dépendamment des membres de la commission.
M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Je suis tout à fait convaincu maintenant que,
si vous parlez de rémunération, ça ne peut pas être
une rémunération qualitative. Je ne peux voir qu'on puisse
penser...
M. Johnson (Anjou): Des avantages quelconques. (22 h 30)
M. Lincoln: Dites avantages, alors. Si vous parlez de
rémunération, donnez-moi un exemple de n'importe quoi qui est
qualitatif. Si vous donnez une maison à quelqu'un c'est quantitatif, si
vous donnez une automobile à quelqu'un c'est quantitatif; si vous donnez
une automobile à quelqu'un, c'est quantitatif parce que c'est fiscal,
ça devient quelque chose qui est imposable; n'importe quoi que vous
donniez, soit un bénéfice de pension, un bénéfice
de...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lincoln: Par supérieur, c'est ce que vous voulez dire?
Moi, je dis que si on parle de quelque chose de supérieur, une
rémunération supérieure, pourquoi ne pas le dire? Il n'y a
pas besoin d'avoir le paragraphe qui suit du tout parce que le paragraphe qui
suit dirait automatiquement que c'est inférieur. C'est
déjà inclus.
M. Rivest: Rémunération dit prix, donc prix d'un
travail, d'un service rendu. Je ne veux pas faire une exégèse. Au
sens de la Loi sur les impôts, je pense que le député de
Nelligan a un bon point, la rédaction est très floue.
M. Johnson (Anjou): II va falloir le lire avec l'article
suivant.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce qu'il a dit, que c'était
indissociable.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Chauveau, s'il vous plaît!
M. Brouillet: À mon avis, on parle dans les deux cas d'une
entente, alors on pourrait fort bien dire que ce serait dans le second
paragraphe que la rémunération pourrait être
supérieure, il n'y a rien qui dit que...
M. Lincoln: Vous parlez de quel paragraphe?
M. Brouillet: Le deuxième et le troisième...
M. Lincoln: Oui, le deuxième et le troisième.
M. Brouillet: Le fait d'avoir mis deux paragraphes, dans le
premier, "fourniture de services médicaux", dans le deuxième, on
spécifie "les médecins durant les premières
années", c'est évident que là il y a une
sous-catégorie de la première catégorie, des
médecins durant les premières années. C'est
évident, c'est clair; mais il n'y a rien qui dit dans la loi que cela
devra être inférieur là et supérieur là; il
n'y a rien qui le dit.
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous dire que les deux seront
inférieures?
M. Lincoln: Mais c'est le ministre qui a dit que ça allait
être supérieur, c'est là le litige dans cette affaire.
M. Brouillet: Ecoutez, c'est bien, c'est évident que cela
ne nous dit pas que dans un cas ça doit être inférieur,
l'autre supérieur; on ne le sait pas, c'est peut-être la
première qui doit être inférieure, mais dans les deux cas
on pense que cela sera une entente.
Mme Lavoie-Roux: On en camoufle des choses.
M. Johnson (Anjou): Alors, peut-être, pour les fins du
député de Nelligan dont on connaît l'intérêt
pour toutes ces questions linguistiques, le mode de
rémunération...
Mme Lavoie-Roux: II connaît bien la langue
française, le député de Nelligan.
M. Johnson (Anjou): Bien oui, c'est ce que j'ai remarqué,
le mode de rémunération ne serait pas couvert si on mettait le
mot "supérieur". C'est qualitatif, le mode de
rémunération. Parce qu'il faut savoir que dans le cas de
l'assurance-maladie il y différents modes de rémunération;
il y a des médecins payés à l'acte; des médecins
payés à vacation; des médecins payés à
salaire, on ne sait jamais. Peut-être qu'il pourrait y en avoir d'autres
aussi dans le cadre des ententes. Alors la notion de différence ouvre la
possibilité que soient négociées les
rémunérations, donc les modes, diverses manières. En ce
sens-là, ça me paraît être un texte qui n'est pas
exclusif et qui permet, par ailleurs, d'assurer une cohérence avec le
paragraphe suivant.
M. Lincoln: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: D'abord, mon intérêt n'est pas du tout
linguistique, ça n'a rien à faire avec cela, c'est une question
de principe. Tout ce que je crois que la loi est en train d'essayer de faire...
Beaucoup d'intervenants ont suggéré que, si on veut faire un
programme incitatif pour les médecins dans tes territoires
périphériques, on leur donne plus d'argent. Par exemple, des gens
ont dit que des compagnies ont des médecins dans des régions
périphériques, et elles les paient plus que les autres. Alors, le
ministre l'a dit avec juste raison, la différence, on parle de quelque
chose de supérieur, nous sommes tout à fait d'accord
là-dessus. Si, par exemple, on mettait supérieur, ce serait une
notion quelconque. Il y a des moyens légaux, ici, il y a des juristes
qui vont pouvoir trouver la solution. Mais si on avait un paragraphe qui
indiquait qu'un médecin, qu'il soit nouveau, de dixième ou de
vingtième année, et qu'il aille dans les territoires
périphériques, il aurait un incitatif d'une
rémunération supérieure, des avantages supérieurs;
tous les gens qui ne vont pas en périphérie et qui restent dans
la ville, automatiquement, ils vont toucher quelque chose de moindre, il y aura
un programme "désincitatif".
M. Johnson (Anjou): ...
M. Lincoln: Oui, différent de quoi et de qui? C'est cela
qui est le point; vous dites différent; différent de quoi?
Une voix: De Montréal, de Québec, de ta
Gaspésie?
M. Lincoln: C'est cela, alors...
M. Johnson (Anjou): C'est pour cela que c'est mieux de mettre le
mot "différent".
M. Brouille!: C'est supérieur par rapport à quelque
chose.
M. Johnson (Anjou): Différent, c'est par rapport à
n'importe quoi, ça fait une drôle de différence.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. le député de Chauveau.
M. Johnson (Anjou): Supérieur, c'est par rapport à
quelque chose.
M. Lincoln: Mais différent, c'est différent de
quoi?
M. Johnson (Anjou): Différent, c'est par rapport à
n'importe quoi. Cela fait une drôle de différence.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! M. le
député de Chauveau.
M. Brouillet: Je crois que le député de Nelligan
voudrait imposer encore beaucoup plus à la table de négociation
que ce qu'on veut. On ne préjuge pas de ce que les médecins
voudront lors de la négociation. Si certains veulent que ce soit
inférieur ou supérieur, laissons cela à la
négociation. Ce n'est pas dit si cela va être supérieur ou
inférieur ici. Une entente sur une différence de
rémunération. Laissons à la table de négociation de
décider si à des endroits c'est supérieur ou à
d'autres, inférieur. N'imposons pas supérieur.
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de Jacques-Cartier, toujours sur le même sujet ou, en tout cas, sur le
même paragraphe?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
Mme (Dougherty: Deuxième paragraphe. Je crois qu'on
pourrait régler tout ce problème en remplaçant les mots
"rémunération différente" par le mot "incentive", parce
que "incentive" ou incitatif, cela veut dire quelque chose de positif. Cela
pourrait être une rémunération augmentée, cela
pourrait être des bénéfices de toutes sortes. Mais
l'idée, c'est d'établir le principe qu'on peut ajouter quelque
chose pour attirer les effectifs dans les régions
éloignées. Si on change le deuxième paragraphe comme cela,
on pourrait éliminer le troisième, parce que je crois que tout le
monde est d'accord avec des incitatifs. Il y a toutes sortes d'incitatifs; on
peut les discuter avec les fédérations et tout cela, mais c'est
le principe qu'on veut établir ici. C'est quelque chose de positif qu'on
doit ajouter pour attirer, parce que je suis contre toute idée de
pénalité.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on offre le café maintenant
à la commission parlementaire?
M. Johnson (Anjou): J'en ai reçu un.
M. Rivest: Cela pourrait être une mesure incitative
à adopter le projet de loi si vous nous aviez payé le
café.
M. Johnson (Anjou): On pense que le projet a des qualités
intrinsèques que vous reconnaissez.
Mme Lavoie-Roux: Non, parce que je veux en offrir à mes
collègues d'ici.
M. Johnson (Anjou): Je comprends le type de préoccupation
de la députée de Jacques-Cartier. Mais c'est un fait, dans le
cadre du paragraphe 2, que ce qu'on vise, c'est de favoriser, notamment, la
rétention en région. C'est bien beau d'envoyer des gens; c'est
l'idée, notamment, je pense, du président de la Corporation des
médecins en 1980 qui suggérait une forme de service civique
obligatoire pour les médecins dans un article du Devoir. J'ai des
réserves quant à ce type d'approche, parce que la notion de
liberté saute. Même en admettant qu'on répartit plus
facilement des médecins sur le territoire par des modes, y compris ceux
que nous prévoyons, où il y a un mode qui est plus contraignant
dans le cas des plus jeunes, sans être coercitif au sens d'un service
civique obligatoire, il reste qu'il s'agit de garder ces gens en région.
Et, pour les garder en région, il y a une série de choses qui
peuvent être faites, dont beaucoup peuvent être prévues ou
négociables et dont d'autres, finalement, ne relèvent même
pas de la négociation, ni de décisions qui ont trait à la
rémunération ou autrement. Ce sont les critères que
j'évoquais un peu plus tôt sur la qualité du contexte
professionnel, comme la qualité de vie, tout ayant plusieurs aspects.
Mais, comme nous amendons cette loi qui était là, depuis qu'elle
existe, pour permettre de fournir un cadre essentiellement à une
entente, elle doit contenir toute la souplesse nécessaire pour que des
choses soient négociées. Mes quelques années
d'expérience dans les relations de travail m'ont appris qu'en
général l'approche d'une fédération
représentative, c'est d'exiger plus.
Mme Dougherty: Je ne suis pas contre.
M. Johnson (Anjou): Je pense que la réalité
s'occupera de cela et le mot "différent" pourra le prévoir, mais
il ne nous empêchera pas d'avoir toute la souplesse nécessaire
à l'égard des modes de rémunération. Il peut
être question de cela peut-être avec les fédérations.
En ce sens-là, je peux dire que cette intention et cette volonté
qu'a la députée de Jacques-Cartier, je suis sûr, se
traduiront dans les demandes des fédérations syndicales.
Mme Dougherty: Mais, dans la notion des incitations il y a
l'idée d'une rémunération spéciale. C'est une des
façons d'inciter les effectifs...
M. Johnson (Anjou): II pourrait effectivement y en avoir dans le
cadre de l'entente négociée, mais pas dans la loi, c'est
évident, la loi n'étant là que pour fournir le cadre. Le
cadre, prévoyant les mots "la notion de rémunération
différente", pourrait effectivement le prévoir, plus ou moins,
par définition, implicitement, mais ça reste des mandats de
négociation.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que ça va?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Le paragraphe 2, qui devient
le paragraphe 1, est adopté. Paragraphe 3.
M. Johnson (Anjou): Paragraphe 2, adopté sur division.
M. Rivest: Si vous me permettez juste un dernier commentaire, il
s'agit de savoir exactement ce que vous voulez, et Dieu sait que c'est
important que ce soit négocié, mais vous avez comme ministre une
expérience dans le domaine des relations de travail et les gens vont
s'attacher à savoir ce que ça veut dire. Il ne faudrait pas non
plus que le gouvernement, compte tenu de ce que le ministre a
évoqué comme perspective, donne, lui à la table de
négociation, dans les mandats de négociation qu'il va donner, une
interprétation. On en parle comme ça ici ce soir mais, à
un moment donné, il va falloir que vous déterminiez à vos
négociateurs ce que vous entendez par rémunération. Si la
partie des fédérations, pour des raisons professionnelles qui
leur sont propres dans le contexte de la négociation et qui sont sans
doute légitimes, arrive avec une autre définition, je vous jure
qu'on va arriver vite au décret.
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse, il n'y a pas de décret
dans le cas du paragraphe 2.
M. Rivest: Excusez-moi, mais il revient dans le paragraphe 3.
M. Johnson (Anjou): Je n'avais pas relevé ça dans
l'exposé liminaire ou dans les prolégomènes du
député de Jean-Talon au début de la commission.
M. Rivest: Non. Au paragraphe 3, je m'excuse.
M. Johnson (Anjou): II n'y a pas de pouvoir de décret du
gouvernement dans le cas de la négociation avec les
fédérations autrement que ce qui est visé par le
troisième paragraphe qui touche la rémunération de ceux
qui arrivent dans le système.
M. Rivest: Néanmoins, s'il y a un différend sur le
terme "rémunération" au niveau de la négociation de
l'entente, j'en
conviens avec le ministre, que va-t-il arriver? Qui va décider?
C'est une drôle de loi que vous faites. Je ne le dis pas pour embarrasser
le ministre, mais je soulève le problème, parce que je pense
qu'il est sérieux.
M. Johnson (Anjou): Mais c'est en général ce qui
arrive dès que l'on collectivise les rapports et qu'on les encadre.
Comme on ne vit pas dans la république de Platon non plus que dans le
royaume de l'anarchie, il faut encadrer, et la loi-cadre est là;
d'ailleurs, elle a été adoptée sous le gouvernement
présidé par celui dont le député de Jean-Talon
était chef de cabinet; alors, il connaît ça.
M Rivest: Les prolégomènes, c'est l'ensemble des
notions préliminaires à une science. Je remercie le ministre.
Le Président (M. Bordeleau): Ça va.
Paragraphe 3.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas pour revenir en arrière,
mais je pense qu'il y a quand même des données
préliminaires qu'on devrait avoir. Le paragraphe 2 a été
adopté sur division, je ne veux pas revenir là-dessus, mais
ça touche autant le troisième paragraphe.
Il me semble qu'on devrait avoir un tableau de l'ampleur du
problème qu'on se prépare à résoudre. De
mémoire, et probablement que mes chiffres ne seront pas exacts - je
comprends que j'ai ça ici qu'on vient de me donner, et je vous en
remercie, mais, évidemment, je ne peux pas l'examiner de très
près ce soir - quelle est exactement l'ampleur du problème des
effectifs médicaux en régions éloignées? Il me
semble que le président de la corporation nous avait dit -et je cite les
chiffres sous toute réserve -que, dans le cas des omnipraticiens,
c'était inférieur à 200. C'était peut-être de
l'ordre de 175, c'est vraiment de mémoire que je le dis, et, dans le cas
des spécialistes, c'était à peu près de l'ordre de
140. (22 h 45)
Là on se prépare à prendre des mesures, et on va le
voir dans le paragraphe 3, parce que, tout à coup, dans le paragraphe 3,
la rémunération différente, ça veut dire à
la baisse; cela prend une autre signification. C'est quand même des
mesures assez exceptionnelles et la raison pour laquelle j'interviens, c'est
qu'on dit: Écoutez, les médecins, de toute façon, quand
bien même ils prendraient une rémunération... On a
trouvé toutes sortes de rationalisations pour faire valoir ce principe,
c'est de bonne guerre; on a dit, entre autres choses, quand bien même, en
début de pratique, ils gagneraient moins cher que leurs
aînés qui pratiquent depuis cinq, dix ou quinze ans, il n'y a rien
d'anormal là, parce qu'un avocat, en début de pratique, gagne
moins qu'un avocat qui a dix ou quinze ans de pratique. Par exemple, on imagine
que le conseiller juridique du ministre, un avocat éminent,
législateur, juriste, mérite plus que celui qui sort de
l'université, mais...
M. Rivest: Les nouveaux ministres gagnent toujours le même
salaire que leurs prédécesseurs, c'est curieux.
Mme Lavoie-Roux: Les députés, c'est la même
chose.
M. Brouillet: Ils ne sont pas longtemps ministres!
Comparativement à la pratique médicale, j'entends.
Mme Lavoie-Roux: On savait qu'il y avait des problèmes
avec le député de Sainte-Marie et le député de
Maisonneuve, mais on ne savait pas qu'il y en avait avec le
député de Chauveau!
M. Rivest: Je connais depuis longtemps le député de
Chauveau, il faut lui faire attention.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): J'ai cru comprendre que c'était le
premier verset. Le deuxième...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas fini. C'est un petit... Mais ce
raisonnement, dans le cas des médecins, si on se place uniquement en
fonction du raisonnement que, si vous êtes un jeune diplômé,
vous gagnez moins qu'un diplômé plus expérimenté et
si l'on prend comme point de comparaison le droit, fort probablement qu'il est
juste. Mais il ne tient pas tout à fait, il n'est pas tout à fait
étanche ce raisonnement puisque, dans le cas de ceux qui vont aller au
loin, on va leur donner la même rémunération qu'à
ceux qui ont quinze ans d'expérience; à moins que le ministre ne
me dise: Dans les deux cas, cela va être un peu moins, mais il y aura une
différence entre les deux.
Autrement, votre raisonnement là-dessus, je trouve qu'il n'est
pas tout à fait étanche. Cela est peut-être moins
important, mais c'est en fonction - et c'est cela qui me déplaît
davantage - du principe qu'on introduit et qui, à un moment
donné, pourrait s'appliquer dans d'autres champs. Vous savez que c'est
un précédent, finalement, que l'on crée. C'est vrai que
personne n'a droit, par quelque grand
principe religieux, à ce que toujours... Mais, dans le cas de la
médecine, en tout cas, on a introduit quelque chose de
différent.
On pourrait, à l'endroit d'autres professions, à l'endroit
d'autres travailleurs -je vais vous donner un exemple - décider qu'un
avocat qui vient de terminer, à moins qu'il n'aille à l'aide
juridique, ait une sorte de pénalité, si on peut dire; on
pourrait l'obliger à aller pratiquer ailleurs s'il ne veut pas aller
à l'aide juridique à Montréal ou à Québec.
Vous allez me dire: Vous allez chercher des mouches qui sont loin ou vous
faites des prophéties, mais c'est toujours comme cela que les
précédents se créent et vous pourriez le faire pour des
groupes de travailleurs qui manqueraient dans une région ou dans une
autre...
M. Laplante: II y a des primes additionnelles à la
hausse.
Mme Lavoie-Roux: C'est une prime d'éloignement, mais vous
ne les payez pas moins, je regrette...
M. Laplante: On les paie plus.
Mme Lavoie-Roux: Mais ici, c'est moins que vous voulez les payer.
Les professeurs ont une échelle de salaire qui, au point de
départ... Les chiffres importent peu, disons qu'elle est de 18 000 $,
ça n'a pas d'importance, mais celui qui va plus loin a droit à
une prime d'éloignement, mais tout le monde, tous les professeurs qui
ont une première année d'expérience sont sur une
échelle identique, sauf pour cette prime d'éloignement. Dans ce
cas-ci, tous les médecins qui sortiront, après une
première année...
M. Laplante: C'est sur la rémunération
même.
Mme Lavoie-Roux: C'est sur la rémunération
même...
M. Laplante: Oui, mais ils ont quand même une prime
d'éloignement, c'est substantiel.
Mme Lavoie-Roux: On peut faire un grand débat
là-dessus, et ce n'est pas ce que j'ai l'intention de faire pour nous
tenir occupés encore pendant vingt minutes. Je veux quand même
souligner que c'est un principe nouveau qui, en tout cas, devrait,
j'espère que le gouvernement l'a examiné... Tout le monde est
toujours plein de bonne volonté quand les législateurs font des
lois, mais il faut aussi voir, éventuellement, les
précédents que cela a créés. Vous savez comment on
s'en sert des précédents à l'Assemblée nationale,
on l'a vu. Je ne sais pas s'il s'est servi du bon précédent, par
exemple, mais on a vu tantôt le président se servir d'un
précédent. Je ne sais pas où il l'a trouvé, mais en
tout cas, lui, il l'a plutôt changé, le précédent.
C'est simplement ça que je voulais noter. Déjà mon
collègue de Jean-Talon... Évidemment, les deux sont
indissociables, le ministre l'a dit tout à l'heure. Ma première
question c'est: Pourquoi dans ce cas-ci une rémunération
différente va-t-elle vouloir dire une rémunération
inférieure? Dans le paragraphe d'en haut, vous nous avez expliqué
que ça voulait dire une rémunération supérieure.
C'est la première question que je voudrais poser.
M. Johnson (Anjou): C'est une qualité importante. D'abord,
sur l'aspect formel, indépendamment de la discussion de fond, la notion
de rémunération différente ici, je l'ai dit, vise en
pratique, puisque le pouvoir de décret qu'on se donne et qui n'est
applicable que dans ce cas-là... Pensez-vous vraiment que c'est pour
aller décréter des avantages au-dessus des autres? Non, c'est
évident. Si on veut négocier avec les fédérations
et se mettre tous dans la situation difficile d'être obligés
d'arriver à un décret, ce n'est pas drôle pour les
fédérations et ce n'est pas plus drôle pour le
gouvernement. Donc, ça va peut-être les inciter à
négocier. C'est que la différence qu'on a en tête, c'est
une différence négative. Cependant, nous n'avons pas mis
"inférieure" pour la bonne et unique raison qu'il se pourrait - ici je
n'insisterai pas plus qu'il ne le faut, encore une fois, parce qu'il y a la
négociation et il y a d'autre chose - que ce soit à la hausse
dans certains secteurs. Je vous donne un exemple. Montréal est un
territoire où, le fait qu'il y ait une population âgée
importante pose des problèmes, notamment au niveau de la
gériatrie. Il n'y a rien qui intrinsèquement interdirait, au
contraire, et c'est pour ça que le mot "différente" est
là, que dans certaines spécialités, pour des objets
désignés, pour des raisons spécifiques, dans le cadre de
la négociation, on puisse prévoir, même pour des nouveaux
qui arrivent dans certains secteurs, que la rémunération
différente soit avantageuse. Je ne dis pas que c'est l'essentiel du
mandat. Au contraire, l'essentiel, on le sait, c'est de prévoir qu'il
peut y avoir une rémunération différente qui, elle, soit
moins avantageuse pour celui qui choisit d'aller dans les centres bien pourvus,
mais on ne voulait pas que le texte nous empêche de faire des choses qui
pourraient être intéressantes, dans le cadre de la
négociation à l'égard de certaines
spécialités, certains types d'activités, notamment.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre me permettrait une
question?
M. Johnson (Anjou): Indépendamment de l'âge ou
de...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que, suite aux propos du ministre, on
pourrait conclure que dans la désignation des régions... Est-ce
qu'on les a appelées régions éloignées quelque
part? Non je pense qu'on n'y fait pas référence en tant que
telles. Ce sont les régions où les effectifs médicaux ne
sont pas suffisants. Est-ce qu'à un moment donné, à
l'égard de certaines spécialités, le territoire de
Montréal pourrait être désigné comme un territoire
où une spécialité est insuffisante, compte tenu des
besoins de la population?
M. Johnson (Anjou): C'est que la technique de désignation
de territoire... Encore une fois, on n'est peut-être pas au niveau du
débat de fond, mais des techniques. Je reviendrai sur le débat de
fond et je pense que...
Mme Lavoie-Roux: II répond non.
M. Johnson (Anjou): ... la députée a soulevé
des questions extrêmement intéressantes et importantes aussi. La
notion de désignation de territoire, elle a aussi ses limites. Cela peut
devenir un délire bureaucratique. Si on sait que pour parvenir à
régler, dans la réalité complexe de l'agglomération
de Montréal à l'égard des personnes âgées,
pour favoriser des gens dans certains types de spécialités, on
veut une rémunération plus avantageuse, pourquoi se mettre martel
en tête, se mettre à faire des découpages régionaux
dans les régions de grande densité urbaine? C'est simplement pour
simplifier la tâche à tout le monde. Il y a des choses qui tombent
sous le sens commun quand on est à une table de négociation et on
n'est pas obligés de faire exprès pour se mettre des enfarges en
cours de route.
Cependant, techniquement, on pourrait, en disant "supérieure" et
"inférieure", désigner tout le reste du Québec comme
étant adéquatement pourvu et la ville de Montréal comme
étant inadéquatement pourvue. Cela me fait penser à ces
articles de promulgation de loi et on va peut-être être pris avec
quelque chose qui dit: La loi entre en vigueur le jour ... J'ai l'impression
qu'on est 25 ici.
Mme Lavoie-Roux: C'est le président qu'il faudrait
rappeler à l'ordre.
M. Rivest: M. Laplante, vous êtes président de
commission, pourriez-vous rappeler notre président à l'ordre!
M. Laplante: Excusez, on est à discuter de nos
salaires.
Mme Lavoie-Roux: C'est le ministre qui vous trouve bruyant.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le ministre,
je tentais de régler un petit point technique sans déranger les
membres de la commission.
M. Johnson (Anjou): Je n'en fais pas une affaire personnelle,
c'est juste qu'on a un peu de difficulté à s'entendre, c'est
tout.
Mme Lavoie-Roux: C'est sur la motion qu'il a refusée tout
à l'heure, il n'est pas sûr si ...
Le Président (M. Bordeleau): Ce n'était pas
ça, Mme la députée de L'Acadie.
M. Johnson (Anjou): Je disais que c'est un peu comme ces articles
qui disent: La présente loi entre en vigueur sur proclamation à
l'exception des articles qui font mention ... Alors, si on veut faire entrer un
article en vigueur dans une loi de 600 articles, on est obligés
d'énumérer les 599 articles qu'on ne promulgue pas. C'est un peu
la même chose pour la notion de rémunération
différente qui pourrait être à la hausse, dans certains
secteurs, même pour les nouveaux arrivés dans le système.
C'est simplement pour ne pas se mettre une enfarge technique dans la
négociation.
M. Rivest: Sans regarder, peut-être qu'il y a une
réponse juridique, le "wording", le mot-à-mot de l'article.
Mme Lavoie-Roux: Le libellé.
M. Rivest: Le libellé. Pour les carences d'effectif
médical dans ce projet de loi, j'ai l'impression - je peux me tromper -
qu'on vise des territoires où il y a des pénuries d'effectif.
Mais quand le ministre donne l'exemple de Montréal en gériatrie
ou autre chose, a-t-il un pouvoir aussi large de désigner non plus des
territoires mais des...
Mme Lavoie-Roux: Spécialités.
M. Rivest: ...des spécialités? Est-ce que cela
ouvre la porte d'une façon aussi large? Il y a peut-être des
contraintes. Je n'avais pas saisi cette dimension-là, je pensais aux
territoires périphériques car il me semble que tout le monde a
parlé des territoires périphériques. Autrement dit, au
paragraphe 3, est-ce que la raison fondamentale pour conscrire les jeunes
médecins - et l'aspect décret joue - peu importe le territoire -
pas peu importe le territoire, car les gens sont toujours localisés
quelque part - pourrait également s'appliquer à des
spécialités? On pourrait faire ça? Je n'ai pas saisi
ça de cette façon.
Mme Lavoie-Roux: Dans votre amendement, "ou le genre
d'activité qu'ils
exercent", c'est ça qui est compris? M. Johnson (Anjou):
C'est ça.
M. Rivest: Dans votre amendement, vous faites ça?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Encore une fois, qu'on se comprenne bien. Il
ne s'agit pas de présumer qu'on pourrait bloquer tout un territoire
à la même rémunération. S'il manque de
pédiatres dans un territoire que je ne nommerai pas, mais que je peux
avoir à l'esprit en ce moment, pourquoi irait-on s'assurer que
l'ensemble ... Quand on regarde les coûts du système, il faut
regarder ça honnêtement aussi. On ne l'imprime pas, ce n'est pas
de l'argent de Monopoly, ça. Pourquoi la technique nous
amènerait-elle, dans le cas où c'est un montant qui s'adresse au
nouvel arrivant dans le système, à permettre à tous ceux
qui vont dans le territoire, quelle que soit leur catégorie
d'activité, d'en profiter? Demandez à ceux qui sont en place dans
certains cas et ils vont vous en parler.
Par ailleurs, dans le cas d'une rémunération additionnelle
qui pourrait être supérieure, différente dans le sens de
"non inférieure", donc, additionnelle ou supérieure, dans le cas
des jeunes médecins, elle nous permettrait effectivement de
déterminer que, selon le type d'activité ou de
spécialité ou d'objet visé, ce serait supérieur. On
pourrait s'en parler pendant deux ou trois heures, je pourrais vous parler
d'une demi-douzaine de choses que j'ai à l'esprit et dont je n'ai pas
l'intention de parler ici parce qu'on est en négociations et je ne suis
même pas sûr qu'on va régler tout ça dans la
négociation non plus. (23 heures)
M. Rivest: Cela ouvre un autre champ. Je ne suis pas sûr,
M. le ministre, que les gens qui sont venus en commission parlementaire et qui,
dans leur mémoire... Par exemple, ici, j'ai le mémoire des
spécialistes; ils parlent du caractère un peu réquisitoire
que ces mesures ont face aux jeunes médecins et même aux
résidents internes. On voit que toute l'économie de leurs
mémoires, eux aussi, semble - à moins que je me trompe, je ne
veux pas mal interpréter les mémoires - être uniquement la
dimension région et non la dimension spécialité.
Tantôt on va devoir discuter de ce qui arrive du statut que les jeunes
médecins vont avoir. La Fédération des médecins
spécialistes avançait des arguments par rapport à la
formation universitaire, aux besoins de spécialisation des jeunes
médecins, aux conséquences; ce sont là leur expression,
les jeunes pourront sortir banalisés de ces expériences, etc. On
s'entend pour ne pas prendre un terme trop fort, on conscrit les jeunes
médecins - conscrit c'est trop fort -on les embarque dans un programme,
non seulement pour des fins de faiblesse d'effectif en région, mais
également pour des fins de carence dans des spécialités;
on va jusque-là.
M. Johnson (Anjou): Non, dans le cas des
spécialités ça va dans le sens d'une
rémunération qui serait supérieure; c'est cela que
j'essaie de dire depuis tout à l'heure. Si on veut plus de gens en
gériatrie à Montréal, c'est évident qu'on ne mettra
pas des tarifs inférieurs. C'est ce que j'essaie de dire.
M. Rivest: Cela, je le comprends.
M. Johnson (Anjou): Alors, on dit que la règle
générale, c'est que le nouveau spécialiste ou le nouvel
omnipraticien qui arrive dans le système - on déborde le projet
de loi mais, si vous permettez, j'aimerais terminer là-dessus - la
règle générale c'est que, s'ils ne vont pas dans les
territoires désignés comme en pénurie, leur
rémunération sera inférieure à celle de leurs
collègues; c'est l'espèce de principe qu'il y a
là-dedans.
Qu'est-ce que la loi vient faire? Elle vient aussi permettre que si
c'est vrai qu'un spécialiste en X spécialité, que je ne
nommerai pas encore une fois, s'installe à Montréal après
avoir fait ses quatre années de résidence - et on sait qu'on a
besoin de ce type de spécialiste dans une série de territoires au
Québec - on va s'arranger peur rendre cela plus intéressant s'il
va dans ces territoires désignés. S'il reste à
Montréal, à Québec ou à Sherbrooke, le cas
échéant, on peut s'arranger pour lui rendre cela un peu moins
intéressant.
Cependant, comme c'est le principe, on dit: Tout d'un coup il y aurait
des exceptions à ça. Dans telle spécialité,
même dans un territoire, de façon générale,
suffisamment pourvu ou qui n'est pas désigné comme étant
en pénurie, comprenons-nous bien, on peut vouloir encourager la pratique
de tel type d'activité, et cela est négociable. Je pense entre
autres au cas des spécialistes; je veux dire que cela va faire des
négociations qui vont être dans le sens d'objectifs
gouvernementaux mais qui ne se traduiront pas par une contrainte; au contraire,
ce sera une "prime" en termes assez larges, sans encore une fois
prétendre que dans la négociation ça constitue un aspect
central du mandat.
M. Rivest: II y aura discrimination pour les jeunes
spécialistes de même discipline dans des endroits où cette
discipline a des effectifs suffisants; c'est toujours de la discrimination
quelque part, c'est le problème, mais ces arguments, vous ne
pouvez pas complètement... Je comprends le raisonnement du
ministre, enfin il fait ce qu'il peut.
M. Johnson (Anjou): Encore une fois, il faut bien voir que c'est
dans le cadre d'une entente, c'est de la discrimination consensuelle.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais cela, ça ne sera pas
consensuel, ce sera peut-être par décret.
M. Rivest: Celle-là risque d'être par
décret.
M. Johnson (Anjou): On reviendra, je présume, à une
discussion là-dessus.
M. Rivest: Tantôt à 2, je n'avais pas le droit,
vous...
M. Johnson (Anjou): Est-ce qu'on peut parler du décret?
Peut-on parler du problème de fond? La mécanique avant de parler
du problème de fond?
M. Lincoln: Si on revient au paragraphe 3 pour un instant,
l'amendement que vous suggérez ou le genre d'activité qu'ils
exercent, en fait cet amendement est restrictif, c'est restrictif par rapport
à ce qui était avant; avant on parlait de territoire, maintenant
on parle de toute la profession, des spécialités. Mais c'est
obligé d'être restrictif, cela n'ajoute rien par rapport aux
médecins. Si vous dites qu'il y a certaines spécialités,
comme mon collègue le souligne ici, qui vont être
rémunérées d'une façon supérieure parce
qu'il y a un manque de ces spécialités par rapport à
ailleurs... Si, par exemple, quelqu'un veut se faire cardiologue et que vous
décidez qu'il y a trop de cardiologues à Montréal, lui
est-ce qu'on peut le pénaliser? Ce n'est pas indiqué, mais
ça dit une rémunération différente. On dit que, si
on prévoit quelque chose de supérieur, on est obligé
d'avoir quelque chose d'inférieur. Je reviens à mon point de
départ. Est-ce qu'il y a quelque chose là-dessus dans le
paragraphe 2, puisqu'on parle d'une entente no 1, on parle d'une
rémunération différente, on parle des territoires?
Admettons que vous n'auriez pas eu votre...
Mme Lavoie-Roux: ... M. le ministre.
M. Lincoln: ... amendement "ou le genre d'activité qu'ils
exercent" dans le paragraphe 3. Admettons que ce ne soit pas inscrit. Admettons
que le projet de loi soit resté comme il était avant, est-ce que
vous pouvez me dire pourquoi le paragraphe 2 ne vous donne pas tous les
pouvoirs que vous cherchez dans le paragraphe 3? Si vous parlez d'une entente,
il y a une entente dans les paragraphes 2 et 3.
M. Johnson (Anjou): Je le répète, je pense qu'on
n'a peut-être pas été assez clair ou on a eu un moment de
distraction. Le paragraphe 3 ne vise que les finissants, les nouveaux
diplômés. On ne peut pas dire à un cardiologue, à
Montréal - et je ne prétends pas que c'est l'hypothèse,
mais, puisque vous avez pris l'exemple de la cardiologie, disons que c'est
l'exemple qui s'applique: Les cardiologues, à Montréal, vous
êtes moins payés que si vous êtes à Rimouski. Non,
c'est impossible, la loi ne permettrait pas cela et l'entente non plus, j'ai
l'impression, à moins que la Fédération des
médecins spécialistes tienne absolument à réduire
la rémunération des gens qui sont dans les centres urbains. Mais
j'ai comme l'impression qu'elle ne tenterait pas de faire cela
intrinsèquement. En tout cas, elle n'est pas portée par nature
à le faire, c'est normal.
Dans le cas des jeunes cependant, on dit: Bon, un jeune sort de cardio.
Alors, s'il va s'installer à Montréal, qui n'est pas un
territoire à pénurie, lui, sa rémunération c'est X,
X étant la rémunération à l'acte, à la
vacation, à tout ce qu'on voudra, telle que transposable pour quelqu'un
qui est dans le système actuellement. C'est X moins Y, Y étant un
pourcentage. Par contre, s'il va à Rimouski, il va avoir X, comme son
collègue, en admettant que Rimouski ne soit pas pourvue en cardiologue,
je pense qu'il y en a, mais on parle pour garder cela...
Mme Lavoie-Roux: À Montréal, il n'aura pas la
même chose que son collègue.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, à Montréal, il va
avoir un montant différent de son collègue, pour une
période de 3 ans, mais c'est un choix qu'il fera.
M. Rivest: C'est le problème de fond.
M. Johnson (Anjou): Là on arrive au problème de
fond, parfait. Je pense que, sur le plan de la technique, de la loi, on
comprend que les mots veulent dire ce qu'ils veulent dire. Maintenant, c'est
peut être le vrai débat sur le fond. Je passe d'abord à la
notion discriminatoire...
Mme Lavoie-Roux: Voyez-vous ce qu'on écrit à
l'article 19 de la charte des droits? "Tout employeur doit, sans
discrimination, accorder un traitement ou un salaire égal aux membres de
son personnel qui accomplissent un travail équivalent au même
endroit." Alors, dans Montréal, celui qui est un jeune cardiologue
aurait moins que son collègue qui a la même
spécialité.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Alors...
Mme Lavoie-Roux: Et qui peut-être n'aurait qu'un an
d'expérience de plus que le premier.
M. Johnson (Anjou): Le deuxième paragraphe, cependant, de
l'article 19 dit: "II n'y a pas de discrimination si une différence de
traitement ou de salaire est fondée sur l'expérience,
l'ancienneté, la durée du service, l'évaluation au
mérite, la quantité de production ou le temps
supplémentaire, si ces critères sont communs à tous les
membres du personnel."
Alors, sur la notion de discrimination au-delà de son
exposé technique - et, en plus de cela, ce ne sont pas des
employés au sens de nos lois, mais c'est un argument juridique qui a sa
valeur indépendamment du fond, encore une fois - il faudrait demander
cela à n'importe quel avocat ou ingénieur, ou n'importe qui qui
sort des disciplines universitaires. Il est vrai que, dans le cas des
médecins, c'est un phénomène nouveau; on le
reconnaît, c'est un phénomène nouveau. Mais prenez, un
diplômé en médecine en 1962 au Québec qui arrivait
sur le marché du travail; il y avait bien des chances qu'étant
donné qu'il se bâtissait "une clientèle" il faisait pas mal
moins que celui qui était là depuis un certain nombre
d'années. Alors, est-ce qu'il y a quelqu'un qui criait à la
discrimination à cette époque-là? Non.
Là, ce qu'on dit, c'est que dans le cadre d'une entente... C'est
vrai pour les avocats. Je suis sûr que la plupart des avocats qui sortent
de l'Université du Québec, de l'Université de
Montréal ou de l'Université Laval, après être
passés au barreau, qui ont été diplômés l'an
dernier, qui ont 23 ans, qui ont plein de qualités et plein de
diplômes, ils ne demandent pas 125 $ l'heure comme certains avocats qui
ont 25 ans d'expérience et qui sont considérés dans
certaines spécialités comme étant de grands
spécialistes, mais ils ont pourtant, techniquement, la même
formation. En ce sens-là, s'il est vrai que c'est un changement pour
cette profession qu'est la médecine depuis 1971, où tout le
monde, depuis 1971 seulement, avait acquis cette possibilité de
non-différenciation, compte tenu de son activité, du revenu,
bien, je pense qu'on revient à une situation qui est celle, d'abord, de
l'ensemble des citoyens et, deuxièmement, à une situation qui a
existé longtemps dans notre société. En ce sens-là,
je pense que ce n'est pas discriminatoire et, en plus, je pense que ça
ne va pas à l'encontre de la charte.
M. Rivest: Oui, ça ne dispose pas, je comprends, du
problème de fond, mais la comparaison que le ministre fait avec la
situation de 1962, il convient lui-même qu'elle ne s'applique plus depuis
1971 et que, si ce n'est pas discriminatoire, parce que les mots peuvent avoir
différents sens selon les gens qui les prononcent, c'est drôlement
dérogatoire à ce qui existe depuis 1971. Il y a quand même
une "réquisition" - je le mets entre guillemets - des jeunes
médecins pour ça et ça, c'est un choix politique qu'on
peut faire, qui ne rencontre peut-être pas d'obstacle fondamental au
niveau de la charte des droits, malgré que la députée de
L'Acadie voudrait plaider la chose, mais il reste que ça ne dispose pas,
non plus, des arguments qui ont été amenés. Qu'est-ce qui
arrive ensuite à ces jeunes médecins qui vont aller dans ces
régions, sur le plan de leur formation, sur le plan de ce que le
mémoire de la Fédération des spécialistes appelait
la banalisation, sans donner un sens plus fort au terme? Ces
conséquences-là, est-ce que ça préoccupe le
ministre?
M. Johnson (Anjou); Sûrement, mais c'est toujours la
même chose, c'est une affaire d'équilibre. On revient
peut-être sur la question de l'ampleur du problème et des moyens
qui sont choisis pour le régler et pourquoi ces moyens-là.
D'abord, on peut faire des mathématiques. On peut dire: Sur la
Côte-Nord, il manque tant de médecins, mais la Côte-Nord,
cela a 800 milles de long et à peu près 1000 milles de large.
C'est bien beau d'appeler ça une région socio-économique,
mais je vais vous dire que partir de Blanc-Sablon pour aller faire une visite
à domicile à Natashquan, c'est un peu long. Donc, la notion de
territoire et la notion de répartition des effectifs sur le territoire,
on peut faire des mathématiques avec ce qui est utile pour les fins
d'avoir des espèces de grands équilibres des tendances, mais,
après ça, il faut voir qu'il y a des places où il n'y a
pas de routes et des places où il neige et ça ne marche pas en
hiver, le système.
Alors, devant ça, contrairement à certains chiffres qui
ont pu circuler où on dit, dans le fond, qu'en répartissant mieux
179 omnipraticiens au Québec et 196 spécialistes on vient de
régler le problème, je soumets respectueusement que non parce que
ces hypothèses minimalistes tiennent compte, notamment, des grandes
régions socio-économiques; donc, c'est des mathématiques.
Cela n'empêche pas que ça nous donne, si vous me permettez
l'expression, un "rock bottom", une espèce de plancher. Nous
prétendons que c'est pas mal plus que ça. On parle de plusieurs
centaines, notamment chez les spécialistes et même dans certaines
spécialités de base.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ce sont ces chiffres-là qu'on
voudrait avoir, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Je ne vous parle pas d'un spécialiste
dans les manifestations
aberrantes de certaines maladies en surspécialité en
dermatologie; je vous parle de gynéco-obstétrique.
Mme Lavoie-Roux: De la greffe de moelle osseuse.
M. Johnson (Anjou): Oui, de la greffe, non pas de la moelle
épinière, comme certains le prétendent - le jour où
on arrivera là, on aura réglé beaucoup de problèmes
en neurochirurgie - mais de la moelle osseuse. Il y a des
spécialités de base où il y a des manquements importants
et même quand on raffine la notion de spécialités, je parle
surtout ici des spécialistes, c'est vrai aussi pour les omnipraticiens
dans d'autres territoires. Là, on entre dans toute la distinction
concernant l'interniste dans un hôpital. Est-ce qu'avoir un
gastroentérologue, un endocrinologue, un cardiologue, ça suffit
ou si ça doit être considéré comme des internistes
au sens large? Il y a des problèmes de raffinement complexes qui
impliquent, par définition, de longues consultations, des
échanges avec la corporation, les fédérations, le
ministère qui a son expertise, les DSC, tout ce que vous voulez, les
CRSSS aussi qui ont développé certaines expertises à
certains endroits. Alors, ça, c'est la première dimension. Je
pense qu'en termes de chiffres on peut parler, dans le cas des
spécialistes, de plusieurs centaines, ainsi que dans le cas des
omnipraticiens, bien qu'à un moindre degré paradoxalement. Je dis
paradoxalement, parce qu'on a changé la tendance depuis cinq ans et il y
a maintenant un peu plus d'omnipraticiens, de gens qui vont en omnipratique
plutôt qu'en spécialité, mais il y a une espèce de
rééquilibrage qui va se faire dans le temps. (23 h 15)
L'ampleur du problème provient de quoi? Je pense qu'elle provient
de toutes les causes que nos amis d'en face connaissent et ont
évoquées, celles qui ont été évoquées
par la corporation, etc., mais d'autres qui n'ont pas été
mentionnées de façon très spécifique depuis un
certain temps et qui, empiriquement sont celles que j'ai vues notamment
à Rouyn-Noranda, celles dont on m'a parlé à certains
endroits sur la Côte-Nord, même dans l'Outaouais et dans certains
coins du Bas-du-Fleuve; il y a aussi d'autres régions, je ne les connais
pas toutes. Le problème vient d'une notion de masse critique pour de
nombreux médecins au Québec et je pense à ceux qui sont
diplômés depuis une dizaine d'années; ce n'est plus
nécessairement un idéal que de travailler 125 heures par semaine.
Je me souviens de l'époque où un ancien ministre des Affaires
municipales, ici, faisait ses accouchements les fins de semaine à
Repentigny. Ces choses-là ont changé et, pour de nombreux
médecins qui n'ont pas 40 ans - si je peux me permettre de dire
ça comme ça -...
Mme Lavoie-Roux: Le Dr Lussier.
M. Johnson (Anjou): Oui, le Dr Lussier.
Mme Lavoie-Roux: Le Dr Lussier, c'est celui qui...
M. Rivest: II a changé d'activité.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il va recevoir 24 000 $. C'est lui qui
reçoit 24 000 $ pour 80 jours.
M. Rivest: Quel scandale! Il a une rémunération
différente, dans un sens supérieur, étant donné ses
états de service péquistes.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez mal choisi votre exemple.
M. Rivest: C'est un très mauvais exemple, M. le
ministre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Le problème nous provient, d'une part,
du fait qu'une bonne partie des nouveaux professionnels de la santé que
sont les médecins - omnipraticiens comme spécialistes - ont
été habitués à l'université - je pense que
je fais partie de cette génération-là et il y en a
beaucoup qui n'ont pas 40 ans et qui font partie de cette
génération-là - à autre chose qu'une sorte de
médecine héroïque absolument admirable dont les
régions du Québec ont pu profiter pendant de nombreuses
années. C'était vraiment une médecine
héroïque, dans bien des cas, mais c'est un peu différent.
Ils n'ont pas le même type de pratique et la féminisation de la
profession, à cet égard-là et, effectivement,
là-dessus, on aura l'occasion de vous remettre une étude qui est
disponible au ministère - semblerait possiblement être un facteur.
Les discussions autour de ça ne sont pas définitives, c'est
peut-être plus une coïncidence, je pense qu'il y a d'abord et avant
tout un facteur culturel, c'est une question de valeurs. Travailler 75 heures
par semaine, c'est dur, et il y en a peut-être...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, je n'ai pas compris...
M. Johnson (Anjou): La féminisation de la profession.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce que cela fait à la
profession?
M. Johnson (Anjou): Certaines études...
M. Rivest: Vous venez de vous embarquer, là, M. le
ministre.
M. Johnson (Anjou): Non, mais certaines études...
Mme Lavoie-Roux: Cela l'améliore souvent.
M. Johnson (Anjou): Certaines études tendent à
associer un glissement vers une pratique de moins d'heures et les femmes
médecins. Ceci ne veut pas dire qu'elle est moins bonne, absolument
pas.
Mme Lavoie-Roux: J'ai hâte qu'on fasse ça pour les
députés aussi.
M. Johnson (Anjou): Bien oui! De moins d'heures chez les femmes
médecins. Je sais qu'il y a de l'expertise contradictoire autour de ces
études...
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est possible, c'est vrai.
M. Johnson (Anjou): ... mais c'est une chose qui a
été évoquée; en tout cas, empiriquement, on peut
l'avoir fait.
Mme Lavoie-Roux: Ensuite, elles restent dans certaines
spécialités, à part ça.
M. Johnson (Anjou): Aussi. Tout ça fait que, globalement,
quand on transpose cette question de la répartition des médecins
sur le territoire, ce n'est plus vrai qu'on peut régler certains
problèmes avec un médecin. Parfois, cela en prend un et demi en
temps, à cause de ces changements dans le type de pratique. C'est un
premier point.
Deuxièmement, le facteur qui, à mon avis, est encore plus
important et qui joue sur cette notion que nous recherchons dans le paragraphe
3 pour jouer au niveau de la masse critique et adopter des mesures qui
permettent d'influencer au niveau de la masse critique, c'est le fait que, dans
les régions, les citoyens exigent de plus en plus de notre
système de santé. On n'est plus en 1971 quand les gens, en
Abitibi, en Gaspésie ou ailleurs, acceptaient des arracheurs de dents au
lieu de dentistes. On n'est plus dans les années cinquante ou soixante
où les gens se disaient: Dans le fond, la vie est plus dure et c'est
tout, on souffre un peu plus ici. On est à une époque où
les citoyens, dans les régions, je pense à...
Mme Lavoie-Roux: Vous essayez de nous convaincre de quoi, M. le
ministre?
M. Johnson (Anjou): J'essaie de vous convaincre que tout cela a
créé, depuis dix ans, une situation différente des
paramètres dont on se sert en ce moment lorsqu'on parle de la
répartition des effectifs sur le territoire avec 142 omni et 172
spécialistes.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Johnson (Anjou): La situation est différente de celle
de 1971 à la fois à cause du mode de pratique des médecins
qui ont tendance à "faire moins d'heures". Devant un volume constant,
ça en prend plus. Deuxièmement, une augmentation du volume de la
consommation des services, parce que les citoyens, de plus en plus, en veulent.
Cela donne quoi? Cela donne, à l'hôpital de Rouyn-Noranda, ce
qu'on a connu récemment, des médecins qui n'en peuvent plus parce
qu'ils font 70 heures, parce qu'ils trouvent cela dur, parce que la famille ne
prend plus cela et qu'ils se disent: Dans le fond, je pourrais être
à Montréal, faire 55 heures et gagner la même chose, ne pas
être obligé de suivre les arythmies et trouver cela moins
fatigant. Je ferais une vie qui est aussi agréable et aussi
intéressante et sans doute moins stressante, et j'aurais une vie
familiale qui aurait plus d'allure.
Cela fait quoi? Cela fait qu'il y en a un qui lâche. Celui qui
lâche, il répartit ses 70 heures sur les neuf ou les dix qui
restent; cela fait plus d'heures et, à 77 heures, c'est encore plus dur.
Il y en a un deuxième qui lâche qui lui aussi répartit ses
77 heures sur le dos des neuf qui restent. Cela crée le genre de cercle
vicieux qu'on a vu à Rouyn-Noranda. Ce n'était pas un
problème de fond, à Rouyn-Noranda. C'était un
problème de masse critique. C'était un problème de nombre,
initialement. Or, les dispositions de l'article 3, encore une fois, je le
répète, ne sont pas coercitives, mais sont contraignantes, et je
pense que cela est important; coercitif, ça c'est le projet de loi de
Bisaillon, du député, pardon.
Mme Lavoie-Roux: Vous voyez comment on les traite dès
qu'ils ont quitté le parti!
M. Rivest: On commence déjà à
dévaluer le député Bisaillon!
Mme Lavoie-Roux: C'est qu'il n'est plus de l'orthodoxie.
M. Johnson (Anjou): Le moyen coercitif, c'est le type d'approche
du député de Sainte-Marie, on va les envoyer au salaire minimum
pendant deux ans. Qu'est-ce qu'on dit ici? On dit non, il va y avoir un tarif
différentiel; s'ils vont dans ces territoires-là, ils vont avoir
le même montant que leurs collègues et, en général,
c'est un peu plus que le salaire minimum, merci. On sait cela et je ne dis
qu'ils ne le gagnent pas, qu'ils ne le méritent pas, qu'ils ne
travaillent pas
et qu'ils n'assument pas les responsabilités; mais on ne parle
pas de cacahuètes, d'une part.
Deuxièmement, s'ils choisissent d'aller dans ces régions,
cet élément de choix est là. Psychologiquement, cela
m'apparaît important, au niveau de la capacité pour le milieu de
mieux les intégrer, au niveau de la réceptivité du milieu,
de créer une dynamique qui soit, je pense, plus positive.
Troisièmement, cette technique à moyen et à long
terme va permettre... J'entends certains députés qui disent: Dans
le fond, les universités devraient recruter des jeunes qui viennent des
régions éloignées dans les facultés de
médecine et ils y retourneraient.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas suffisant, il faut qu'elles
recrutent des femmes avec.
M. Johnson (Anjou): Des jeunes au pluriel et au féminin,
comme au singulier et au masculin.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne m'avez pas comprise.
M. Rivest: C'est un "filibuster".
M. Johnson (Anjou): Non, mais je sais que vous autres, vous en
préparez un avec des motions, vous allez peut-être exposer le
problème. Non?
Mme Lavoie-Roux: Non, mais on n'a même pas encore eu la
chance de faire nos motions, vous parlez tout le temps.
M. Rivest: Vous êtes le M. Jourdain des "filibuster", vous
en faites sans le savoir.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Johnson (Anjou): Vous êtes bien aimable. C'est dans
Tartuffe, cela?
M. Rivest: C'est dans Molière; l'auteur, c'est
Molière; Tartuffe, c'est le personnage.
M. Johnson (Anjou): Mais Tartuffe, c'est...
Mme Lavoie-Roux: Non, M. Jourdain n'était pas dans...
M. Johnson (Anjou): M. Jourdain, c'est...
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas dans Tartuffe...
M. Johnson (Anjou): M. Jourdain qui aimait les vers. Je sais bien
que ce n'est pas dans Tartuffe. Je regardais le député de
Jean-Talon en parlant de Tartuffe. Je pensais qu'il avait compris.
Mme Lavoie-Roux: Voyons, qui le sait? Le bourgeois
gentilhomme.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Rivest: M. le Président, est-ce que c'est
parlementaire, cette expression? La dernière fois...
M. Johnson (Anjou): Non, mais c'est théâtral.
M. Rivest: La dernière fois que j'ai entendu cela, on a
attribué cela au Dr François Cloutier. Les péquistes l'ont
traité de Tartuffe.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, tout
le monde!
Mme Lavoie-Roux: Nous, on ne se permettrait jamais une telle
chose envers le ministre.
M. Rivest: Jamais.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre! M. le
ministre.
M. Rivest: Alors, vous en arrivez où avec vos
prolégomènes?
M. Johnson (Anjou): Je conclurai peut-être sur deux
détails.
Mme Lavoie-Roux: II y a d'autres grands personnages de
Molière, le Bourgeois gentilhomme...
M. Johnson (Anjou): Je conclurai peut-être sur un
détail, qui est cette notion du recrutement pour les facultés de
médecine. Un des problèmes que cela pose, on le comprendra, si
une femme qui vient d'Abitibi s'en va à l'Université de
Sherbrooke faire son cours de médecine et rencontre un
Montréalais, ou le contraire, comme cela arrive, on n'est quand
même pas pour... Je veux dire qu'il y a peut-être un
élément de choix.
M. Rivest: Peut-être une norme.
M. Johnson (Anjou): On va faire une norme. Donc, je
prétends que celui ou celle qui vient d'Abitibi, qui ferait son cours de
médecine, en présumant que tel territoire en Abitibi, dans 4 ans
ou 5 ans, est dans le cas que je vise, va avoir un incitatif
considérable à retourner là d'où il vient, parce
que son niveau de rémunération va être celui des
collègues qu'il va retrouver. Je pense que
cela n'est pas négligeable quand on veut agir à moyen et
à long terme sur les nombres, sur une constance et sur des facteurs de
meilleure intégration au milieu. C'est un peu dans ce contexte-là
que l'ensemble de ces choses sont présentées.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Simplement, compte tenu des - comment est-ce
qu'on appelle cela -...
M. Johnson (Anjou): Prolégomènes.
Mme Lavoie-Roux: ... longs prolégomènes - c'est
peut-être redondant parce que je pense qu'au point de départ c'est
non - du ministre sur les besoins dans les régions
éloignées, je ne crois pas que le ministre ait essayé de
nous convaincre de cela. Ce dont il a essayé de nous convaincre, c'est
qu'il fallait des chiffres plus précis qui tiennent compte des
réalités d'aujourd'hui; que les gens de là-bas avaient
besoin au moins qu'on les amène vers la moyenne, et pas
nécessairement les tenir à une norme minimale. Je pense que c'est
cela que le ministre a voulu nous dire, et on est pleinement d'accord avec
lui.
Je voudrais juste faire une remarque. Si la féminisation de la
profession - je ne ferai pas un long débat là-dessus - a
amené certaines modifications, peut-être, dans la pratique de la
médecine, je dois vous dire que c'est aussi - cela me paraît ainsi
après en avoir entendu parler - un phénomène qui
amène dans les régions éloignées un peu plus de
médecins ou qui pourrait éventuellement y amener un peu plus de
médecins, parce qu'il y a souvent mari et femme qui sont médecins
et, à ce moment, c'est beaucoup plus facile pour eux d'aller en
régions éloignées. Je pense qu'il y a plusieurs
hôpitaux, en Abitibi entre autres, où justement - parce que les
deux peuvent travailler ils trouvent de l'emploi en arrivant - cela est le
facteur d'attrait. Alors, c'est peut-être quelque chose de positif.
Ce sur quoi je voudrais revenir, c'est la question des droits de la
personne. M. le ministre, peut-être que votre conseiller juridique
pourrait nous dire cela. Nous avons cité la première partie de
l'article 19 disant que tout employeur doit, sans discrimination, accorder un
traitement ou un salaire égal aux membres de son personnel qui
accomplissent un travail équivalent au même endroit. Le conseiller
juridique nous a lu le deuxième paragraphe où il est dit qu'il
n'y a pas de discrimination, si la différence de traitement de salaire
est fondée sur l'expérience, l'ancienneté, la durée
de service, l'évaluation au mérite, la quantité de
production et le temps supplémentaire.
Je voulais vous demander, pour clore ce point-là, parce qu'on ne
l'a pas fait - moi, je trouve que c'est quand même important -si, dans
ces cas-là, il ne s'agit pas de gens qui sont
rémunérés à partir d'un salaire, alors qu'il y a
des échelles de salaire et le fait, par exemple, que si vous avez tant
d'expérience vous êtes rémunéré
différemment, etc. Est-ce que le même raisonnement peut
s'appliquer quand quelqu'un est rémunéré à l'acte?
Est-ce qu'à ce moment-là il n'y a pas plus de danger de
discrimination? Parce qu'à l'acte, si les deux enlèvent un
appendice ou, enfin, ce qu'on voudra, dans le fond, c'est le même acte
qui est posé et c'est vis-à-vis de l'acte que vous avez une
rémunération différente. Tandis que ce à quoi le
deuxième paragraphe fait allusion, cela semble bien davantage
basé sur le contexte général de conditions de travail
établies dans les conventions collectives, et on parle
spécifiquement de traitement ou de salaire. En tout cas, je voulais
simplement vous poser la question, parce que je ne suis pas sûre que ce
soit exactement la même chose quand on rémunère des gens
à l'acte. (23 h 30)
M. Rivest: Pour compléter la question, s'il y avait un
doute, peut-être que le ministre, avec ses conseillers juridiques,
pourrait considérer la possibilité, dans ce projet de loi, de se
prévaloir des dispositions de l'article 52 de la charte des droits,
c'est-à-dire d'une clause nonobstant qui existe dans notre Charte des
droits et libertés. Vous l'avez fait dans d'autres cas de votre
législation.
M. Johnson (Anjou): Non, non, c'est le mot "nonobstant".
M. Rivest: II n'y a rien d'odieux là-dedans, compte tenu
du mérite des objectifs que vous avez.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, M. le ministre...
M. Rivest: Du point de vue juridique, ça serait beaucoup
plus...
Mme Lavoie-Roux: Je voulais seulement avoir un avis, je ne sais
pas si...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, monsieur, au nom du
ministre.
M. Johnson (Anjou): Très rapidement, je pense qu'il faut
lire le deuxième alinéa qu'on a évoqué avec le
premier. Le premier fait une prohibition à un employeur; si vous l'avez
noté, il prive un employeur de la discrimination dans le traitement
qu'il accorde au salarié. Je suis d'accord, je pense
que ça ne s'applique pas à un médecin qui est
rigoureusement à l'acte. Cependant, je pense que ça indique
l'esprit de la charte, qui prohibe de faire de la discrimination. Il faudrait
chercher ailleurs, dans le texte de la charte, une disposition à
laquelle le projet de loi contrevient. Je ne crois pas en avoir trouvé
pour ce qui me concerne, je ne pense pas que le projet de loi contrevienne
à une des dispositions de la charte. L'article 10, qui prohibe en termes
généraux la discrimination, la prohibe en raison de la race, de
la couleur, du sexe, de l'état civil, etc. C'est ce type de
discrimination à laquelle il ne faut pas déroger. Il y aurait un
autre type de discrimination, par exemple, si une disposition
législative venait à l'encontre d'un autre droit
conféré par la charte qui demanderait une clause nonobstant,
comme le député l'a évoqué tout à l'heure,
mais je ne pense pas que dans ce cas-ci il y ait une dérogation à
la Charte des droits et libertés de la personne.
Mme Lavoie-Roux: Mais ce n'est pas sur l'article 19 qu'on peut se
baser pour dire qu'il n'y a pas de...
M. Johnson (Anjou): Non, je ne pense pas. Non, on a cité
l'article 19, Mme la députée, parce que vous en aviez cité
le premier alinéa.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Évidemment, dans le contexte du
premier alinéa, il faut le lire avec le deuxième qui est une
exception au premier.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça, mais cette exception ne
s'applique pas...
M. Johnson (Anjou): Cela ne s'applique pas, sauf à ceux
qui sont salariés.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
M. Johnson (Anjou): L'âge est un facteur qui peut
être discriminatoire dans certains contextes, mais sûrement pas
dans celui-ci, parce que...
M. Rivest: Même les nouveaux médecins peuvent
être de tous les âges.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
M. Johnson (Anjou): Juste une dernière parenthèse,
je vous ai dit que je finirais par un détail. Il y a un autre
détail, dans le cas de la Fédération des médecins
omnipraticiens. Dans le cas des médecins qui sont à honoraires
fixes - il n'y en a pas tant que ça - l'entente prévoit
déjà une graduation des revenus selon le nombre d'années
d'expérience, allant de zéro à cinq ans et plus, avec un
escalier de six marches pour les omnipraticiens, dans le cas des honoraires
fixes. Ce n'est quand même pas dans le cas de l'acte, c'est dans le cas
des honoraires fixes.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le
député de...
Mme Lavoie-Roux: Non, j'y reviendrai.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. Pour ce qui concerne les
jeunes médecins, lorsqu'ils ont fini leurs études et qu'ils
veulent entrer sur le marché du travail, ne croyez-vous pas que cela les
aiderait s'ils avaient une prime d'éloignement et que tous les
médecins partaient sur une même base? À la suite de
ça, avec une prime d'éloignement, ne croyez-vous pas qu'ils
seraient tentés d'aller dans des endroits éloignés?
Lorsqu'ils viennent s'installer dans les villes de Montréal ou de
Québec, dans un grand centre, ils ont certainement plus de
difficultés parce qu'au départ, avant d'établir un bureau
et d'avoir une clientèle, c'est long. Alors, s'ils avaient une prime
d'éloignement, pour partir tout de suite avec une coche de plus, ne
pensez-vous pas que ça serait plus facile pour les nouveaux, M. le
ministre? Tous sur un pied d'égalité au départ,
mais...
Mme Lavoie-Roux: C'est justement le but de l'exercice.
M. Johnson (Anjou): Je vous écoute.
M. Houde: Oui, mais ils partiraient sur un même pied,
plutôt que d'avoir une déduction de salaire en étant
pénalisés en partant.
Mme Lavoie-Roux: Que ce soit une prime d'encouragement.
M. Houde: Oui, une prime d'encouragement pour le jeune, parce que
dans les grands centres - ma fille est à Montréal, elle a
été reçue médecin cet été -c'est
assez difficile, je pense. Pardon?
M. Johnson (Anjou): Elle ne sera pas touchée par la
rémunération différentielle inférieure.
M. Houde: C'est ça. Mais est-ce que...
M. Johnson (Anjou): Elle a été reçue cet
été?
M. Houde: Ils ont beaucoup plus de
difficultés à se placer dans la ville de Montréal
parce que des médecins, il y en a en quantité, je veux
dire...
M. Johnson (Anjou): C'est sûr. Il n'en manque pas.
M. Houde: C'est pour ça, ça serait peut-être
plus facile, ils ne seraient pas pénalisés.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. C'est évident que, dans la
mesure où on pense à la dimension purement financière, des
primes en soi ce n'est pas mauvais. Il y a deux choses. D'abord, les primes
n'ont pas nécessairement le rendement qu'on voudrait leur voir donner.
Deuxièmement, il y a des limites à ce qu'on peut faire avec des
primes. C'est évident, donnez-nous un demi-milliard, on va régler
cela. Je parlais tout à l'heure de nombre. Je pense que l'argument
principal, ce qu'on a comme problème en termes de répartition des
effectifs sur le territoire au Québec, c'est un problème, comme
je disais tout à l'heure, de masse critique à certains endroits.
C'est-à-dire établir une quantité suffisante pour que le
partage des tâches soit considéré comme adéquat pour
les professionnels eux-mêmes au niveau de leur qualité de vie
à eux.
Je dois vous dire qu'il y a eu une expérience de prime avec les
psychiatres au Québec, qui a été appliquée dans le
cadre des ententes et dans le cadre de ce qui avait été
négocié. Cela a permis d'impliquer une soixantaine de psychiatres
dans le programme de prime, cela a coûté quelques sous et cela
nous a permis essentiellement d'en diriger cinq en région et
peut-être cela nous a permis d'en maintenir parmi ceux qui étaient
déjà là. À moins d'y aller très fort, c'est
évident, si vous pouviez créer une différence telle sur le
plan financier... Sauf qu'il y a des limites, cela coûte
déjà cher. La différence, dans bien des cas, si elle n'est
pas intégrée à d'autres activités, il faut qu'elle
soit élevée. Deuxièmement, si l'on ne répond pas
à cette question de masse critique, je pense qu'on passe à
côté du problème à bien des endroits.
Troisièmement, il y a aussi des limites. Ce qu'on va essayer de faire
dans le cadre de la négociation au niveau de ce problème, j'ai
déjà eu l'occasion de l'annoncer. Je pense qu'il faut que le
problème de la répartition des effectifs sur le territoire au
Québec, comme le problème du nombre des médecins à
certains égards, soit partagé dans notre société
par tout le monde, par l'État, par l'ensemble des médecins et par
les jeunes médecins qui sortent. C'est cela l'effort qu'on fait
là-dedans.
M. Houde: Sans avoir une prime bien exagérée, il
pourrait recevoir de quoi l'encourager; lorsqu'il reste dans un grand centre,
bien souvent il va être porté à rester sur les tablettes un
petit bout de temps. Je ne parle pas d'avoir...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Je me permettrai juste de répondre à
une chose, M. le Président. Je ne veux pas prendre l'exemple de la fille
du député de Berthier, prenons l'exemple de mademoiselle ou
monsieur X. Cette personne vise à ouvrir une clinique ou un cabinet
privé à Montréal et elle considère que le
marché est un peu saturé. D'abord, il faut reconnaître que,
contrairement à des recommandations qu'on a entendues en commission
parlementaire, on ne procédera pas à un contrôle
d'implantation des cabinets privés.
Deuxièmement, cette personne pourrait très bien accepter
d'aller travailler dans un CLSC. C'est un choix qu'elle fait. Si elle ne veut
absolument pas aller travailler, par exemple, dans un CLSC ou avec d'autres
médecins en cabinet privé où il y aura peut-être des
problèmes d'ajustement ou d'adaptation, tout cela, elle a le choix
d'aller travailler en région; il est là, l'incitatif, comme c'est
le cas pour tout le marché du travail dans plusieurs secteurs
d'activité.
M. Houde: Je n'ai jamais dit qu'elle n'avait pas le choix. Ce
n'est pas cela que j'ai dit.
M. Rochefort: Vous avez fait allusion au fait qu'elle avait des
problèmes à se trouver un emploi, que ce n'était pas aussi
facile que ce qu'elle avait prévu.
M. Houde: Ce n'est pas un cas pour ma fille, quant à
cela.
M. Rochefort: Non, mais on prend un exemple X, Y, Z.
M. Houde: C'est parce qu'autrement on le leur impose, on leur
dit: Tu vas aller ici, tu vas aller là.
M. Rochefort: Non, on n'impose pas dans la loi, on leur permet un
choix.
M. Houde: On va les pénaliser, c'est un peu le leur
imposer. Un choix tout en les pénalisant?
M. Rochefort: Ce n'est pas une pénalité cela, c'est
un choix.
M. Houde: On va les diminuer, donc on les pénalise.
M. Rochefort: On ne les diminue pas, ils ne l'ont jamais eu cela.
On ne leur enlève rien, ils n'en ont jamais eu.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, est-ce que cela va
pour le paragraphe 3?
M. Lincoln: Je voudrais poser au ministre une question...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: ... sur l'addition qu'il suggère à ce
paragraphe 3, "ou le genre d'activité qu'ils exercent".
Déjà les intervenants aux audiences, les jeunes médecins,
les étudiants avaient trouvé cette notion restrictive. Est-ce que
le ministre est prêt à considérer de ne pas inclure cette
notion et laisser cela à la question territoriale? Après tout,
c'est une entente et il aura pas mal de latitude. Si on était d'accord
avant d'avoir le paragraphe 3 dans ce sens-là, cela ajoute un
élément restrictif qui est...
M. Johnson (Anjou): C'est, au contraire, pour donner plus de
souplesse, pour permettre que, par exemple le "désincitatif", la
rémunération inférieure, ne soit pas applicable
nécessairement à tout le monde, mais à certains, dans
certaines disciplines ou dans certains domaines, de telle sorte qu'on puisse
favoriser certains autres domaines, certains autres secteurs. Au contraire, ce
n'est pas restrictif, des conditions comme celles-là, c'est plus
large.
Le Président (M. Bordeleau): Le paragraphe 3 sera-t-il
adopté?
M. Rivest: Je crains le décret là-dessus parce que
là vous l'élargissez dans le sens que le député de
Nelligan dit: Des craintes ont été manifestées par les
intervenants au niveau du décret. Je pense qu'ils envisageaient le
problème, les mémoires en témoignent, je l'avais compris
comme cela, la dimension territoriale. Déjà, les gens
étaient bien sceptiques. Avez-vous besoin de cet article à
défaut d'entente et qu'il y ait un décret?
M. Johnson (Anjou): Oui, on pourrait peut-être en parler
rapidement de celui-là aussi.
Mme Lavoie-Roux: Ils annoncent cela dans le quatrième
paragraphe et on n'a pas fini le troisième.
M. Rivest: On reviendra tantôt, mais je dois vous signaler,
compte tenu du décret, cet élargissement évoqué par
le député. Vous pourriez procéder par décret
à un moment donné dans des spécialités. C'est
fort.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Cela rejoint peut-être un peu la
préoccupation de mon collègue. Est-ce qu'à l'inverse vous
pourriez... Cela, ça ne s'appliquerait pas aux jeunes
diplômés, même au deuxième paragraphe. Dans
l'hypothèse où vous jugeriez que dans la région de
Montréal - quelle que soit la région, c'est fort probable que
ça puisse arriver davantage à Montréal qu'ailleurs - vous
ayez trop d'internistes, est-ce que ceci vous donnerait la possibilité
de rémunérer à un tarif moindre les internistes dans la
région de Montréal parce qu'il y en trop?
M. Johnson (Anjou): On ne touche pas à ceux qui sont en
place, ça ne vaudrait que pour tout nouvel interniste dans le cas que
vous prenez; ça ne vaudrait que pour un nouvel interniste entrant sur le
marché du travail dans la région de Montréal, comme vous
dites, et pour une période maximum de trois ans.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, on parlait toujours des
régions éloignées, vous avez dit: Mais non, ça
pourrait être un stimulant, par exemple, même pour les gens de
Montréal, dans une région, pour susciter plus
d'intérêt à l'égard d'une
spécialité.
M. Johnson (Anjou): Exemple, la gériatrie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ça n'implique pas que vous
pourriez le faire à l'inverse pour "désinciter"?
M. Johnson (Anjou): Non, pas ceux qui sont dans le
système, non.
Mme Lavoie-Roux: À l'endroit d'une
spécialité, mais les nouveaux...
M. Rivest: Les nouveaux médecins, par exemple, eux autres,
ils l'ont.
M. Johnson (Anjou): Les nouveaux médecins, oui,
sûrement; c'est le but.
M. Rivest: Ces incitations, il me semble que c'est plus la
question de caractère "désincitateur", vous ne trouvez pas cela
un peu odieux?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai une dernière
question.
Le Président (M. Bordeleau): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Sur ce paragraphe 3, puisque là c'est
évident qu'on s'engage dans une rémunération à la
baisse pour ceux qui vont rester dans les grands centres, est-ce que le
ministre peut nous dire, il avait quand même...
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse, on vient de me le rappeler - sur
le plan de la technique, c'est important - il est bien évident que cette
notion ne vaudrait, celle que vous avez évoquée en prenant
l'exemple des internistes, on se comprend bien...
Mme Lavoie-Roux: On peut en prendre d'autres, cela peut
être les pédiatres, ce que vous voudrez.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est peut-être même pas les
internistes, mais disons, pour les fins de la discussion, les X; ça ne
serait possible que dans la mesure où il n'en manque pas ailleurs; il ne
faut pas oublier cela.
Mme Lavoie-Roux: Étant donné le manque d'effectifs
en régions éloignées, s'il arrivait que, dans une
région que vous avez désignée région
éloignée, à un moment donné, il y ait un taux
d'effectifs comparable à une moyenne provinciale, et que quelqu'un comme
omnipraticien... Supposons que, dans une région qui a été
désignée, vous changeriez la désignation pour un autre
type, parce qu'à ce moment-là il n'y aurait plus d'avantages
à les payer plus... (23 h 45)
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que
théoriquement... Je prends un exemple: les omnipraticiens dans un
territoire qu'on désigne, un endroit relativement isolé où
il y a deux omnis et où cela en prendrait huit. À partir du
moment où il y en a huit, il est bien évident que ce n'est plus
un territoire désigné pour les autres qui viennent s'y
ajouter.
Mme Lavoie-Roux: Alors, là, vous arriveriez avec quelqu'un
qui a deux ans d'expérience. Je comprends, on fait des
hypothèses. Lui, il est arrivé au moment où il y avait un
manque d'effectifs. Il a eu la rémunération supérieure,
mais il est venu combler ce qui semblait une chose normale. Le suivant, qui
arriverait l'année d'après ou même deux ans après,
dans l'hypothèse où vous gardez cela pendant trois ans, et qui,
simplement par désir, veut aller s'établir -disons qu'on va
parler de l'Abitibi pour honorer notre président - en Abitibi, est-ce
qu'il pourrait arriver qu'il gagne moins que l'autre?
M. Johnson (Anjou): Mais cela, c'est dans la
négociation.
Mme Lavoie-Roux: Vous attendriez jusqu'à l'entente
suivante pour changer ces règles-là?
M. Johnson (Anjou): C'est cela, cela dépend de ce qu'on
dit dans l'entente. Cela dépend du différentiel.
Mme Lavoie-Roux: Par décret, pourriez-vous le changer en
cours de route, si vous avez fixé la rémunération?
M. Johnson (Anjou): Oui, sauf qu'on s'engage à ne pas le
diminuer; on l'a mis dans l'article: "Un décret qui diminue les
conditions de rémunération applicables aux médecins durant
les premières années d'exercice de leur profession ou
spécialité ne s'applique qu'au médecin qui commence
à exercer sa profession ou spécialité après la date
d'entrée en vigueur de ce décret". Donc, on s'assure qu'on ne
peut pas modifier en réduction constamment. Tout ce qu'il peut faire,
c'est monter une fois qu'il est dans le système.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, la question que je voulais vous
poser: Quels sont les gestes que vous avez posés jusqu'à
maintenant, avec les outils que vous aviez entre les mains, pour solutionner
les problèmes qui se sont présentés, mise à part la
tutelle? Parce que vous aviez quand même entre les mains des outils. Vous
aviez, par exemple, déjà dans la loi l'entente avec les
professionnels de la santé à l'article 19, deuxième
paragraphe. Vous aviez également les possibilités de prime
d'encouragement. Vous pouviez aussi discuter par entente. Le problème ne
s'est pas solutionné. Est-ce que tous ces efforts-là ont
été tentés en toute loyauté depuis 1976?
M. Johnson (Anjou): Alors, on a évoqué, au
début de l'article 3, les différents moyens qu'il y avait. On
parle d'argent et des mécanismes qu'on a, notamment, l'utilisation des
primes. On le fait dans le cas des psychiatres. Je pense qu'il y a eu, quand
même, des efforts qui ont été consentis et qui, encore une
fois, pour une somme qui n'est pas négligeable, ont permis que des
primes soient versées. D'abord, cela a permis de recruter 5
spécialistes en psychiatrie et, par la suite, 25 et 30 personnes qui
étaient déjà en place ont bénéficié
des primes pour un montant d'importance encore une fois. Le programme aura donc
beaucoup mieux servi à garder en place ceux qui y étaient
qu'à en recruter de nouveaux. Encore une fois, si on met des sommes
illimitées, on n'a pas d'argent illimité, il y a des limites.
Deuxièmement, les bourses. On a entendu, je pense, les
résidents et internes
nous dire en commission parlementaire qu'ils n'étaient pas
très satisfaits; il y a des gens qui ont évoqué une notion
de "boycott", etc. Il faut bien voir...
Mme Lavoie-Roux: Cela les empêchait d'avoir les prêts
et bourses.
M. Johnson (Anjou): ... les désavantages du système
de bourses quel qu'il soit, encore une fois, à moins vraiment qu'on
donne le Pérou. J'entendais le député de Brome-Missisquoi,
à une heure hier matin, expliquer: Dans le fond, il faut que ces
gens-là soient heureux; donnez-leur ce qu'ils veulent. C'est bien
gentil, mais c'est un peu plus compliqué que ça. Si
c'était: Donnez-leur ce qu'ils veulent, il faut qu'ils soient heureux,
le député ne serait sans doute pas ici en train d'en parler et il
ne serait pas en train d'essayer de faire adopter la loi 39 à une autre
commission parlementaire.
M. Rivest: C'est le rôle de l'Opposition d'inciter le
gouvernement. C'est incitatif.
M. Johnson (Anjou): Oui, oui. Le succès du programme de
bourses est assez relatif dans la mesure où, d'abord, dans le cas des
étudiants, ça faisait qu'en pratique, en s'embarquant dans le
système - j'ai eu des collègues qui ont fait ça notamment
dans le cadre des bourses de l'armée canadienne - à toutes fins
pratiques c'était renoncer, d'une façon assez
prématurée, dans son cours de médecine, à aller en
spécialité. Ce qui n'empêche pas qu'après trois ans
le jeune médecin puisse décider de revenir, mais, en tout cas,
c'est renoncer, dans le prolongement de ton internat, à faire une
spécialité. Tu n'es pas toujours sûr, en première et
en deuxième année de médecine, si tu feras une
spécialité ou pas. Tu te découvres un intérêt
pour des domaines, et il faut du talent ou autre chose.
Il y a deuxièmement, l'engagement d'aller s'établir dans
une localité qui ne peut pas, par définition, être
désignée initialement. Si on donne une bourse, en 1980, un
diplômé va sortir en 1985, on ne peut pas lui dire: Tu vas aller
à telle place en 1985, on ne le sait pas. Il y a une couple de places
où on peut s'en douter, comme le nord de la Baie-James, et, encore
là... Donc, on ne peut pas désigner, a priori, à
cause...
Mme Lavoie-Roux: ... dans le nord de la Baie-James?
M. Johnson (Anjou): C'est ça, mais c'est un peu
particulier. On ne parle plus de territoire désigné, on parle de
région isolée. Je pense que Rouyn-Noranda n'est pas une
région isolée. C'est un territoire. Mais est-ce qu'on peut
présumer, en 1981 ou 1982, de ce que sera la situation en 1986, compte
tenu du fait que c'est une des professions les plus mobiles qui soient et qui
vont rester, assez intrinsèquement, passablement mobiles? Donc, un des
désavantages du système de bourses, c'est ça. La
troisième contrainte, c'est le fait que la bourse est imposable, mais on
rejoint la préoccupation du député de Jean-Talon, c'est
une dimension fiscale.
Quatrièmement, le boursier doit renoncer, pour toucher à
la bourse de 6000 $, à celle du ministère de l'Éducation,
qui est de 5000 $.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Johnson (Anjou): Cinquièmement, un endettement de 6000
$, 12 000 $ ou 18 000 $, habituellement, ne constitue pas, disons-le
très honnêtement, une montagne pour un futur médecin, dans
notre régime, compte tenu du fait qu'à la fin - je ne
prétends pas que ce n'est pas un fardeau financier - de son cours de
médecine un omnipraticien peut se faire un niveau de revenu de l'ordre
de 40 000 $ à 50 000 $. Encore une fois, je comprends qu'il peut y avoir
des dépenses de base, etc., mais disons qu'il est moins mal pris que la
plupart des gens qui sortent de la faculté de droit, disons.
Mme Lavoie-Roux: C'est 21 000 $, selon le rapport de votre
ministère...
M. Johnson (Anjou): De quoi?
Mme Lavoie-Roux: ... pour les omnipraticiens et de 23 000 $ pour
les spécialistes.
M. Johnson (Anjou): De...
Mme Lavoie-Roux: De dépenses.
M. Johnson (Anjou): De dépenses? Cela dépend des
endroits et ça dépend... Enfin, il y a de longues discussions
là-dessus, je pense qu'on va en parler beaucoup à la table de
négociation, sur la composante technique de la
rémunération à l'acte, en cabinet.
Mme Lavoie-Roux: On va se reparler de ça, nous aussi.
M. Johnson (Anjou): On va s'en faire parler à d'autres
endroits. Les limites de ces programmes, ce sont les limites budgétaires
de l'État et il faut que tout le monde fasse sa part là-dedans.
Deuxièmement, je reviens à la notion de masse critique, qui est
importante, et il faut agir sur les grands nombres, favoriser ça. Je
reviens au fait que ces dispositions sont contraignantes, mais ne sont pas
coercitives. Ce choix que le jeune médecin va exercer de
s'établir dans un centre bien doté, en termes d'effectifs,
c'est
un choix qui va quand même lui permettre de gagner, disons-le, par
rapport à d'autres catégories de citoyens, fort décemment
sa vie; deuxièmement, cette limite, c'est pour trois ans. C'est donc un
choix réel.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que ça ira pour
l'alinéa 3?
M. Rivest: Pas de précipitation, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Ah non, je ne suis pas
précipité non plus.
M. Rivest: Au paragraphe 3, aviez-vous autre chose?
M. Johnson (Anjou): Bon, adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Le paragraphe 3 sera
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Le paragraphe 3 adopté
devient le paragraphe 2. J'appelle le paragraphe 4.
Mme Dougherty: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Paragraphe 3, adopté
tel qu'amendé, bien sûr.
Mme Dougherty: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Avant d'adopter un autre paragraphe, je crois
qu'on confond deux choses. On est ici pour établir une loi. Je crois que
notre tâche, c'est d'établir une loi qui donne des
paramètres, des conditions pour faciliter des négociations
fructueuses sur le plan pratique. On ne peut pas régler la situation
pratique par une loi. On peut établir des paramètres pour
faciliter une solution sur le plan pratique par des négociations. On ne
peut pas négocier tout le problème ici. Je crois qu'on mêle
deux choses et, pour moi, c'est très important. Il y a le
problème de la loi et le problème sur le plan pratique. Tout ce
qu'on peut faire, c'est d'établir des conditions de latitude pour que le
ministre puisse négocier quelque chose sur le plan pratique avec les
médecins et les autres professionnels.
M. Johnson (Anjou): D'abord, c'est toute la notion, dans le cas
de la désignation des territoires, du droit qui, je pense, est une
responsabilité... Je pense que l'Opposition le reconnaît,
même si ce n'est pas avec beaucoup d'enthousiasme. Je pense que les
fédérations reconnaissent que c'est une préoccupation
légitime du gouvernement que de soustraire la désignation des
territoires à la négociation. Cela est très important.
D'abord, je ne pense pas que les fédérations aient jamais eu
d'obligation ou de responsabilité directe à l'égard de la
fourniture de services à toute la population du Québec. Je pense
que ce n'est pas leur rôle, c'est le rôle du gouvernement. Il y a
un sens des responsabilités qui existe de façon
générale chez les médecins, mais je ne pense pas que ce
soit leur responsabilité juridique ou autre, dans notre
société, que d'assumer cela. Si c'était cela, probablement
qu'on aurait une deuxième Chambre ici au Parlement et il y aurait trois
sièges qui appartiendraient à ces corporations. Il y a des pays
qui ont réglé cela comme cela, c'est-à-dire c'est du
gouvernement par corporations ou par groupes. On vit dans une
société qui est différente, c'est une
responsabilité qui est issue du vote populaire. C'est une affaire de
fonds, je pense, au départ.
Alors, cette question est devenue une question qu'il faut régler
ou à laquelle il faut s'attarder concrètement, et l'instrument
qu'on se donne, au niveau de la désignation du territoire, est
essentiel.
Deuxièmement, ça va permettre aux
fédérations de contribuer souvent au processus de
définition, mais probablement que ça leur permettra de ne pas
être obligées d'être embarrassées de certaines
situations. Il y a des situations où c'est difficile pour les
fédérations de désigner tel territoire ou tel
établissement, pour toutes sortes de raisons qui touchent les
intérêts normaux que les fédérations doivent
défendre pour les membres qui sont en place. Alors que nous, nos
impératifs, ce sont des impératifs de distribution de soins et de
services à la population. On peut les faire jouer de façon
systématique et essayer d'harmoniser cela de temps en temps, et c'est ce
qu'on fait à travers cette notion de consultation à laquelle on
s'astreint en pratique et qu'on va même mettre dans la loi. Mais je pense
que cela reste une responsabilité du gouvernement.
Le Président (M. Bordeleau): Je constate qu'il est
minuit.
M. Johnson (Anjou): Est-ce que nous avons le consentement, M. le
Président, pour continuer?
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président, je pense que le
ministre le sait d'ailleurs, parce qu'il m'en a parlé aujourd'hui. Je
vous avais dit que cela fait de longues nuits. Si vous voulez...
M. Johnson (Anjou): ... finisse, pour adopter 3?
Le Président (M. Bordeleau): Comme il n'y a pas
consentement, la commission va ajourner ses travaux.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas avoir l'air de dire que je
m'oppose, mais on a passé des nuits depuis 10 jours. Si vous voulez
qu'on revienne demain...
Le Président (M. Bordeleau): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)