(Onze heure vingt-huit minutes)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bonjour à tous. Ayant le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'aménagement et du territoire ouverte.
La
commission est réunie aujourd'hui afin d'entreprendre l'étude détaillée du
projet de loi n° 31, Loi
modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation.
M. le secrétaire,
est-ce que nous avons des remplaçants?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata)
est remplacée par M. Lefebvre
(Arthabaska); Mme Jeannotte (Labelle) est remplacée par Mme Haytayan (Laval-des-Rapides); M. Rivest
(Côte-du-Sud) est remplacé par M. Allaire (Maskinongé).
Étude détaillée (suite)
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, le mardi 17 octobre dernier, nous étions à l'étude de l'amendement du député de Laurier-Dorion, proposé
à l'article 1 du projet de loi. Selon mes connaissances, je comprends
qu'une erreur s'est glissée dans
l'amendement soumis la semaine dernière et que vous souhaitez le retirer.
Alors, avec le consentement, nous
pouvons le retirer, il n'y a pas de problème. C'est bien ça, M. le député de
Laurier-Dorion? Parfait. Est-ce qu'il y a le consentement de la table
pour le retrait de l'amendement?
Des voix :
Consentement.
Le Président (M.
Schneeberger) : Parfait. Alors, nous poursuivrons nos travaux. Je ne
sais pas, la personne qui voulait reprendre? M. le député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Donc, je retire un consentement où est-ce qu'il y avait
une coquille, là... un amendement, pardon, là, et puis...
Le Président (M.
Schneeberger) : Il y avait une coquille dans l'amendement.
M.
Fontecilla : ...je dépose... je redépose l'amendement sans coquille.
Le Président (M.
Schneeberger) : Parfait. Alors là, vous redéposez l'amendement. Est-ce
que vous l'avez reçu? Oui. Est-ce que tout
le monde l'a reçu? Est-ce que... Non. Alors, à ce moment-là, je vais suspendre
pour en prendre connaissance. C'est bien ça? Parfait.
Alors, nous
suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à
11 h 30)
(Reprise à 11 h 31)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Alors, député de Laurier-Dorion, je vous
laisse lire votre article, et, par la suite, il y aura un échange.
M.
Fontecilla : Donc, c'est un amendement à l'article 1 modifiant
l'article 1955 du Code civil du Québec :
À
l'article 1 du projet de loi, modifiant l'article 1955 du Code civil
du Québec, ajouter, à la fin, l'alinéa suivant :
Et
par la suppression, au deuxième alinéa, après «nouvellement bâti», des mots «ou
dont l'utilisation à des fins locatives résulte d'un changement
d'affectation récent».
L'article1, tel
qu'amendé, se lirait ainsi :
1. L'article 1955
du Code civil du Québec est modifié par le remplacement du troisième alinéa par
le suivant : «Ces restrictions ne peuvent être invoquées à l'encontre du
locataire par le locateur [...] si elles sont prévues dans le bail et, lorsqu'il s'agit d'un logement visé au
deuxième alinéa, que si le bail indique le loyer maximal que le locateur
pourrait imposer dans les cinq années qui suivent la date à laquelle
l'immeuble est prêt pour l'usage auquel il est destiné.»
Et
par la suppression, au deuxième alinéa, après «nouvellement bâti», des mots «ou
dont l'utilisation à des fins locatives résulte d'un changement
d'affectation récent».
Donc, voilà,
commentaire. Cet amendement vise à ce que la clause F ne s'applique qu'aux
constructions neuves pour qu'il y ait un incitatif à la construction des
logements et non à l'acquisition d'un immeuble destiné commercial, par exemple, et dont on
change l'affectation. Et ceci est important, M. le Président, parce qu'un grand
nombre et même, selon nos
informations, la majorité des transactions dans le marché locatif concerne
souvent des bâtiments soit qui avaient déjà une fonction locative ou
soit qui avaient un autre type de fonction qu'on transforme en logements
locatifs, là.
Donc, pour
nous, la clause F, même si on est en désaccord, on a un désaccord fondamental
avec l'existence même de cette
clause, la clause F, pour nous, elle doit être sérieusement balisée et ne
concerner que la construction... la construction neuve pour éviter une
multiplication des cas où la clause effet F s'applique et qui permet aux
locateurs d'augmenter les loyers de façon inconsidérée pendant cinq ans, même
s'il y a plafond. Donc, il nous semble qu'on doit restreindre l'application de
la clause F seulement aux bâtiments qui ont été récemment construits.
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci, député de Laurier-Dorion. Est-ce qu'il y a
des commentaires, questions?
Une voix : Non.
Le
Président (M. Schneeberger) : Aucun. O.K. Alors, s'il n'y a pas de commentaire
officiel, je vais devoir...
M. Fontecilla : Moi, j'aimerais...
M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Est-ce que... J'aimerais savoir si la ministre
possède la... des données concernant le nombre de bâtiments neufs où la
clause F peut être... construits récemment, là, qui peut... où la clause F peut
être appliquée ou si elle a des chiffres qui nous disent que... qui nous
informent sur le nombre de bâtiments qui ont subi un changement d'affectation.
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci. Est-ce qu'il y a des... Est-ce que nous
avons des réponses ou la ministre souhaite commenter?
Mme
Duranceau : Oui, M. le Président. Bien, écoutez, on reprend les
discussions, hein? On reprend d les discussions de la semaine dernière à
peu près au même point. Donc, la modification proposée, là, je pense qu'elle ne
s'applique pas, là, ou, en tout cas, qu'elle
n'est pas pertinente parce que, quand tu changes d'affectation pour que ça
devienne d'habitation à habitation,
ce n'est pas un changement d'affectation. Donc, je ne suis pas trop sûre où on
s'en va avec ça, là, mais l'article, tel que proposé, je pense, couvre,
comme je l'ai dit à plusieurs reprises, les deux volets, la prévisibilité qu'on veut donner aux locataires et tout de même
garder un climat qui est pertinent, là, et qui est intéressant pour qu'on
ait plus de monde qui décide de construire
du logement. Alors, peut-être que le député de Laurier-Dorion veut préciser, là,
les cas précis qu'il veut viser par cette modification-là, mais...
M. Fontecilla : Tout à fait, tout à
fait. Par exemple, lorsqu'il s'agit d'un bâtiment qui a une vocation... une affectation commerciale, qui est acheté, et il y a
un changement d'affectation, par exemple, pour une vocation d'habitation, donc
c'est assez clair. Mais j'aimerais... juste pour le bien... pour la
connaissance de tout le monde, ce serait bien de clarifier, Mme la ministre, et
je vous pose la question : Si un bâtiment a une vocation d'habitation et
il est acheté, il y a un changement de propriétaire, est-ce que la
clause F s'applique pour le nouveau propriétaire ou la clause F ne s'applique
pas?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Si j'ai quoi? Une
habitation?
M.
Fontecilla : Si un bâtiment d'habitation qui est vendu, acheté
par quelqu'un, est-ce que le nouveau propriétaire peut appliquer la
clause F ou pas?
Mme Duranceau : Bien non, ce n'est
pas un nouveau logement, ça fait que ça ne s'applique pas, là.
M. Fontecilla : Parfait. Et, si le
bâtiment était déjà existant, il avait une vocation commerciale, par exemple,
et maintenant il est transformé, il a une vocation résidentielle, là, la clause
F, elle pourrait s'appliquer?
Mme Duranceau : C'est ça,
exactement, quand on change l'affectation. Si on passe d'habitation à
habitation... Puis les exemples qui ont été donnés la semaine dernière,
c'est... Disons, qu'on a quelqu'un qui reçoit un condo en héritage ou quelqu'un
qui a un condo qui décide de louer ça par la suite, bien là on décrivait ces
situations-là comme des changements d'affectation, mais ce n'est pas le cas,
parce qu'on avait un usage habitation et on a un nouvel usage habitation en
habitation locative, si on veut. Ça fait que ça, ce n'est pas visé...
Premièrement, ce n'est pas des changements d'affectation, ça fait que ce n'est
pas visé par la clause F, de toute façon.
La clause F viserait ou vise un immeuble
commercial bureaux qu'on veut convertir en habitation... Dans le non neuf, là,
si vous voulez, c'est commercial bureaux qu'on veut convertir en habitation ou
bien commercial hôtel qu'on veut convertir en habitation. Dans ces cas-là, il y
a vraiment un changement d'affectation, puis ça, ça serait visé par la clause
F. Puis je pense que c'est juste, que ça soit visé par la clause F, parce
qu'opérer un immeuble bureaux puis convertir ça, avec le
prix que ça coûte puis les risques que ça représente, en immeuble
multilogement, bien, c'est un projet d'envergure puis c'est un projet qui
mérite d'être considéré comme un investissement dans du neuf puis qui mérite de
donner une prévisibilité de part et d'autre, ceci dit, mais une prévisibilité à
celui qui investit puis qui décide de s'embarquer dans ce projet d'affaires là.
Alors, je pense que
la clause F doit continuer de s'appliquer à ces situations-là, d'autant plus
que c'est comme un des sujets de l'heure, comment on peut faire pour convertir
nos bureaux en résidentiel, qui sont... bureaux qui sont vacants, là, dans beaucoup de cas, surtout pour des immeubles,
là, qui sont de catégorie B ou C dans le bureau. Alors, je pense qu'il
ne faut pas venir couper l'herbe sous le pied à ceux qui auront des bonnes
opportunités de redéveloppement.
Alors, voilà, moi, ma
position, là, je pense qu'elle est exprimée clairement sur ce sujet-là. Je l'ai
répété à maintes reprises, on a un bon équilibre dans cet article de loi là, on
vient donner la prévisibilité qui est souhaitée pour les locataires, pour que
personne ne se fasse prendre par surprise par des augmentations qui n'ont pas
de bon sens et, par contre, on laisse une souplesse, compte tenu des risques
que des projets commerciaux représentent pour les développeurs. Puis on veut
s'assurer qu'ils bénéficient d'un écosystème qui va faire qu'ils vont continuer
d'investir puis livrer le logement dont on a besoin, M. le Président.
• (11 h 40) •
Le Président (M.
Schneeberger) : Merci pour vos explications, Mme la ministre. D'autres
commentaires? Non, ça va? Député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Oui. Est-ce que c'est... la ministre a des chiffres
concernant l'échange de bâtiments au Québec,
là, qui ont une... je reviens avec ma question, qui ont eu un changement
d'affectation récent, là, du commercial vers le résidentiel, vers
l'habitation?
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme
Duranceau : Oui. Écoutez, mon commentaire va se résumer à dire que
c'est de l'information, là, qui est connue au niveau municipal, selon le
zonage, selon les permis qui sont émis, puis ce n'est pas une information que
j'ai, moi, en ma possession.
M. Fontecilla :
Donc, en d'autres mots, on n'a aucune idée, d'une part, de combien de fois
le changement de la clause F s'applique dans les bâtiments ayant un changement
d'affectation récent, et, d'autre part, si vous n'avez pas cette information, vous ne devez pas non plus avoir d'information
concernant le nombre de bâtiments résidentiels où la clause F
s'applique, là, quel pourcentage du marché, etc., là.
Mme
Duranceau : Écoutez, je comprends que vous voulez faire un point avec
ça, là, mais c'est vous qui voulez la changer, la clause F, ça fait que
j'imagine que vous, vous avez des données pertinentes qui appuient vos
prétentions à l'effet que ça doit être changé. Moi, je pense que ce qu'on
propose, c'est très équilibré dans le contexte actuel, où il faut des gens qui
construisent du logement. C'est ça, la problématique. Toute la chaîne débarque
parce qu'il manque de logements. Alors, je pense qu'on va assez loin dans les
modifications qu'on fait à cet article-là.
Le Président (M.
Schneeberger) : Merci. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
La clause F existe depuis quand
même quelques années. J'aimerais savoir si elle a des études... Moi, je
n'ai pas une société d'habitation derrière moi, Mme la ministre, je n'ai pas
une armée de fonctionnaires, là, qui me
fournissent des chiffres. C'est vous qui êtes à la tête, quand même, d'un gros
ministère. C'est vous qui devrais avoir
accès à des données, là. Moi, j'aimerais savoir si la clause F atteint son but,
celui de promouvoir la construction neuve, là. Oui ou non?
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme
Duranceau : Écoutez, M. le Président, on a entendu beaucoup de gens en
commission parlementaire. On a rencontré beaucoup de gens dans le cadre de
l'élaboration du plan en habitation, et tous les intéressés, tous ceux qui peuvent livrer du logement urgemment nous
disent qu'ils sont face à des circonstances très difficiles pour faire arriver
les projets. Puis là je le dis, mais je pense qu'on le lit amplement dans les journaux,
les conditions financières sont difficiles, les risques sont importants, et
tous les gens dont on a besoin insistent sur le fait qu'il faut garder une
souplesse pour leur permettre de s'ajuster puis de s'assurer que,
financièrement, ce sera viable. Les projets où la rentabilité n'est pas le premier élément, ce sont les... Puis,
encore là, je veux m'assurer d'une solidité financière des projets, là, mais
ce n'est pas au secteur privé à prendre... à assumer toutes les pertes dans un
projet qui ne tient pas la route, là.
On veut que les gens
aient un environnement favorable pour construire, et la clause F doit demeurer
dans sa forme actuelle et modifiée pour conserver cet environnement-là qui est
favorable, sinon les gens ne construiront plus. Alors, si c'est ce que le député de l'opposition souhaite, bien, O.K.,
mais on ne va pas la régler, la crise du logement, là.
Le Président (M.
Schneeberger) : Merci. Questions?
M. Fontecilla : Donc, ce que je
comprends, c'est que...
Le
Président (M. Schneeberger) : ...député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Merci, M. le Président. Ce que je comprends, à part
quelques informations que la ministre a obtenues,
on n'a aucun moyen de savoir si, effectivement, la clause F produit son effet
escompté, c'est-à-dire produire plus
de nouveaux logements. On est en train de légiférer un peu sur des impressions.
Bon, O.K., c'est une façon de faire, mais
j'aurais une question précise, M. le Président, là. On voit, en ce moment, là,
beaucoup de résidences pour personnes aînées, les fameuses RPA, là, qui sont en
train d'être transformées. Donc, on finit la vocation des RPA, et elles
deviennent du locatif normal. Mais moi dans ma vie personnelle, dans la
vie de ma famille, je rencontre cette situation-là où des RPA ferment. On
demande aux locataires de payer le nouveau loyer ou s'en aller ailleurs, aux
aînés.
Est-ce,
que lorsqu'il s'agit d'une résidence pour personnes aînées, lorsqu'elle change
de vocation, de RPA à locatif normal, on va l'appeler ainsi, est-ce que
la clause F peut s'appliquer?
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme Duranceau :
Oui. M. le Président,
j'inviterais le député de Laurier-Dorion à consulter le projet de loi n° 37, la clause... à l'article 1955.1, c'est déjà prévu que la
clause F ne s'applique pas dans ces cas-là.
M.
Fontecilla : Donc, parfait, parfait. Écoutez, je vois qu'il manque
beaucoup de députés d'opposition. Je demanderais un ajournement, M. le Président...
une suspension, pardon.
Le Président (M.
Schneeberger) : Vous aimeriez ça avoir une suspension?
M.
Fontecilla : Oui.
Le Président (M.
Schneeberger) : Il y a-tu une raison?
Mme
Duranceau : Bien non, là, on avance. Je veux dire, on est là, là.
M.
Fontecilla : Pas de consentement? Parfait. Moi, j'ai fini mes
interventions, M. le Président.
Le Président (M.
Schneeberger) : Parfait, merci. Alors, s'il n'y a pas d'autre
question, alors nous allons soumettre au vote l'amendement. Est-ce que
l'amendement déposé par le député de Laurier-Dorion est adopté?
M.
Fontecilla : Par appel nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Schneeberger) : Appel nominal.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M.
Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme
Duranceau : Contre.
Le Secrétaire :
M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire :
M. Gagnon (Jonquière)?
M. Gagnon :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Allaire (Maskinongé)?
M. Allaire :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme
Haytayan : Contre.
Le Secrétaire :
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous poursuivons nos travaux. Mme la
ministre...
Des
voix : ...
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui, un instant.
Des voix :
...
Le Président (M.
Schneeberger) : Article 1.
Mme
Duranceau : Oui, M. le Président. Alors, bien, on retourne à
l'article 1 dans sa version déposée en juin dernier, si je ne me trompe
pas.
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui, exactement.
Mme
Duranceau : Donc, alors, on est rendu au vote. Les discussions ont eu
lieu.
(Suspension de la séance à
11 h 49)
(Reprise à 11 h 50)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Je constate qu'il y a des absents autour de la
table, mais, par contre, je n'ai pas le choix, moi, de poursuivre, le quorum
est existant. Alors, nous allons prendre le vote sur l'article n° 1. Est-ce que l'article n° 1
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Schneeberger) : Adopté, parfait. Article n° 2,
Mme la ministre.
Mme
Duranceau : Alors donc, l'article 2...
Des voix : ...
Mme Duranceau : Alors, l'article 2
vise l'article 1962 du code, qui est modifié par l'insertion, après «reprise»,
de «ou d'éviction».
Alors,
l'article 2. L'article 2 du projet de loi modifierait
l'article 1962 du Code civil afin d'harmoniser cette règle relative
à la reprise d'un logement et à l'éviction, de sorte que le locataire qui omet
de répondre à une éviction soit présumé
avoir refusé de quitter le logement, comme c'est le cas actuellement lors d'une
reprise de logement. Alors, voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Alors, est-ce qu'il y a des questions? Si je n'ai
pas de question, nous allons...
(Consultation)
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre, est-ce que vous êtes correcte? Voulez-vous qu'on suspende?
Mme Duranceau :
Écoutez, c'est un peu le «free for all», là, je trouve.
Le Président
(M. Schneeberger) : Oui, je sais.
Mme Duranceau :
Ça manque tout à fait de respect, là.
Le Président
(M. Schneeberger) : Moi, je... On va suspendre, si vous le
désirez.
Une voix : ...
Le Président
(M. Schneeberger) : Alors, nous allons suspendre.
(Suspension de la séance à
11 h 53)
(Reprise à 12 h 15)
Le Président (M.
Schneeberger) : Alors, nous reprenons nos travaux.
Je voudrais juste mentionner qu'en tant que
président de la commission, j'en suis à mon cinquième mandat, des commissions comme ce matin, je n'avais pas
encore vu ça. Alors, je souhaiterais et je demande que le bon uniforme convienne. On peut être contre, on peut être pour les
articles, les amendements, peu importe, mais je pense que les discussions se
passent autour de la table et non dans les corridors.
Alors, sur ce, je souhaite que la commission
reprenne ses travaux en bonne et due forme et dans le calme. Maintenant, j'ai eu... vous m'avez mentionné que
l'article 1 souhaitait être réouvert, parce qu'il vient d'être adopté.
Alors, je n'ai pas problème là-dessus. Pour ça, par contre, je dois
suspendre l'article 2. Est-ce que j'ai le consentement de suspendre
l'article 2?
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Et est-ce que j'ai le consentement pour réouvrir l'article 1?
Consentement?
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Consentement.
Parfait. Alors, Mme la ministre, je vous laisse la parole.
Mme Duranceau : Bon, merci, M. le
Président. Alors, tout un baptême pour moi. Merci. Merci, tout le monde, là, d'être revenus à la table. En bon
français, on fait un «reset», on recommence, O.K., dans le... dans la perspective
de faire avancer ça de manière organisée,
structurée. Je pense que c'est un sujet important puis que les Québécois
s'attendent à ce qu'on aboutisse sur le dossier.
Alors, on était rendus au vote pour
l'article 1, ça fait que, si vous voulez bien, on va reprendre à cet...
Mme Dufour : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : ...
Le
Président (M. Schneeberger) : D'habitude, on l'ouvre... c'est la console qui
l'ouvre automatique, mais vous êtes correct, là.
Mme Dufour : Voilà. Voilà. Merci.
Donc, on peut commenter l'article 1?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Oui, allez-y.
Mme
Dufour : Écoutez, moi, je voulais simplement souligner que,
bon, nous sommes d'accord avec les cinq années pour des... les cinq années de la... que la clause F prévoit pour du
nouveau logement, des nouveaux logements. Et nous croyons qu'il est
important... Je n'ai pas commenté l'amendement de mon collègue de Laurier-Dorion,
mais nous croyons qu'il est important aussi
qu'il y ait une prévision pour les logements qui changent d'affectation, donc
c'est ce que je voulais souligner.
Nous avions proposé un amendement pour le
réduire à trois ans, dans ce cas-ci, que... un amendement qui n'a pas été retenu par le gouvernement, mais nous
croyons qu'il est quand même important... Parce qu'il y a quand même une
certaine imprévisibilité quand on change d'affectation. Il y a toutes sortes de
cas de figure. Des fois, peut-être, c'est très,
très clair, mais, des fois, c'est moins clair quel est le marché. Donc, établir
le coût du loyer peut être plus périlleux. Et donc c'est pour ça qu'on croit que c'est important de garder une
prévision, là, de clause... de la clause F pour des logements qui sont existants depuis fort longtemps, mais qui
changent d'affectation et qui deviennent, pour une première fois, locatifs.
Alors, c'était... c'était mon commentaire, M. le Président.
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci de vos commentaires. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires? Non. Alors... Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : D'autres
commentaires sur?
Le Président (M. Schneeberger) : Sur
l'article 1.
M. Fontecilla : Oui, tout à fait.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. J'ai un
amendement, M. le Président, et je pense que c'est déjà rendu.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que vous l'avez soumis? Oui. M. le secrétaire? Oui. O.K.
M. Fontecilla : Tout à fait.
Le
Président (M. Schneeberger) : Est-ce que vous l'avez... est-ce que tout le monde
l'a reçu? Tout le monde a reçu
l'amendement? Si vous ne l'avez pas reçu, à ce moment-là, je vais suspendre
quelques instants pour que vous en... puissiez en prendre connaissance.
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
suspension? Parfait.
(Suspension de la séance à 12 h 19)
(Reprise à 12 h 20)
Le
Président (M. Schneeberger) : Alors, nous reprenons les travaux. Alors, M. le
député de Laurier-Dorion, je vous laisse lire votre amendement et,
par la suite, émettre des commentaires, si vous le désirez.
M.
Fontecilla : Merci, M. le Président. Donc, à l'article 1
du projet de loi, modifiant l'article 1955 du Code civil du Québec, donc, c'est :
1° remplacer les mots «cinq années» par les mots
«deux années»; et
2° ajouter, à la fin, l'alinéa
suivant : Et par le remplacement, au deuxième alinéa, des mots «cinq
années» par «deux années».
L'article 1 du projet de loi, tel
qu'amendé, se lirait comme suit :
1.
L'article 1955 du Code civil du Québec est modifié par le remplacement du
troisième alinéa par le suivant :
«Ces restrictions ne peuvent être invoquées à
l'encontre du locataire par le locateur que si elles sont prévues dans le bail
et, lorsqu'il s'agit d'un logement visé au deuxième alinéa, que si le bail
indique le loyer maximal que le locateur pourra imposer dans les deux années
qui suivent la date à laquelle l'immeuble est prêt pour l'usage auquel il est
destiné.»
Et par le remplacement, au deuxième alinéa, des
mots «cinq années» par «deux années».
Cet amendement-là, M. le Président, est destiné
à restreindre la portée temporelle, la durée de l'application de la clause F, au lieu de cinq ans, à deux ans.
On connaît tous et toutes les nombreuses histoires d'abus de l'utilisation
de la clause F, qui dépasse largement la prévisibilité, là. Donc, on entend
parler des augmentations de... du cinq ans ou même de 100 % à terme, et ce
qui est carrément abusif dans le cas des logements récemment construits.
Et la question... la motivation principale pour...
pour avoir la clause F, c'est pour permettre au constructeur immobilier de se donner un temps où il peut
ajuster ses prix de location afin d'arriver à une... certains diraient à la
viabilité financière de son
investissement de son bâtiment, et d'autres diraient à la rentabilité assurée,
mais rentabilité souhaitée... en tout cas, il y a rentabilité et
rentabilité, là.
Et donc
pourquoi cinq années? Dans le contexte actuel, ça nous parait... de crise de
logement et d'augmentation... C'est une crise de logement qui se caractérise,
entre autres, par des augmentations généralisées des loyers. Et il nous paraît que la clause F contribue grandement à cette
augmentation généralisée des loyers, ce qui a une répercussion sur l'ensemble du marché locatif, là. Ça ne concerne pas
seulement un bâtiment, parce que l'augmentation d'un seul bâtiment contribue
à augmenter une moyenne qui affecte finalement tout le monde. Donc, nous
pensons que cinq années pour rentabiliser un bâtiment, c'est trop, c'est trop.
Il faut... un constructeur qui travaille
correctement aurait besoin de beaucoup moins de temps. Nous, on croit qu'en deux ans... en deux ans, un constructeur
peut très bien rentabiliser son bâtiment, mais, puisque, justement, là, nous
avons une ministre de l'Habitation qui a de
l'expérience en gestion immobilière, elle pourrait... elle pourrait nous
expliquer plus en profondeur pourquoi
ça prend autant d'années, cinq ans, pour savoir si un... pour assurer la
rentabilité, avec les ajustements
qui... les ajustements à toutes les variables. Pourquoi ça prend autant de
temps, là, pour assurer la rentabilité d'un investissement immobilier en
construction neuve, là? Donc, c'est la question que je lance à la ministre,
là, qu'elle nous explique pourquoi ça prend cinq ans, là, pour voir cette
rentabilité-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le député de Laurier-Dorion, pour vos commentaires. Est-ce qu'il y a des
questions, réponses? Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien, écoutez, M. le
Président, je vais juste répéter ce que j'ai dit la semaine dernière, puis ce que j'ai dit tantôt, puis ce que je répète
en Chambre à chaque fois que j'ai une question, le contexte actuel n'est
pas du tout propice à la construction et au développement de nouveaux projets
immobiliers. Les taux d'intérêt sont élevés,
et la Banque du Canada n'a pas augmenté les taux hier, mais a dit que
peut-être qu'elle va les augmenter au prochain trimestre, les pénuries
de main-d'oeuvre qui rend les coûts relatifs à la main-d'oeuvre plus élevés,
hausse des coûts des matériaux. À un moment
donné, là, on veut que les gens construisent, parce que, je vais le rappeler,
on a une crise du logement, puis il y a un manque d'offre de logement.
Si on met des bâtons dans les roues, si on crée un contexte qui n'est absolument pas favorable et incitatif à
la construction, bien, il n'y en aura pas, de construction. Puis savez-vous quoi?
Les gens vont aller construire en Ontario, puis on n'en aura pas, de logements
au Québec.
Alors là, je
le répète, les modifications qui sont proposées actuellement visent à donner
plus de prévisibilité aux locataires pour qu'ils ne se fassent pas
prendre par des augmentations qui n'ont pas de bon sens. Et on veut garder le contexte favorable, souple, qui tient compte des risques
pour les investisseurs, donc on ne touche pas au cinq ans pour... Dans le
contexte actuel, là, qui est un peu dramatique, là, bien, je pense que ce n'est
vraiment pas une bonne idée de toucher au cinq ans, puis ce n'est pas la
proposition qu'on a faite. Alors, moi, j'ai dit ce que j'avais à dire sur le
sujet. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la ministre. Commentaires? Ça va? Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Bien, O.K. Merci, M. le
Président. Bon, moi, je vais dire un peu ce qui a été dit, là. Je pense que
c'est important qu'on ait un certain moment d'ajustement. Deux ans m'apparaît
très peu. Il y a une crainte aussi qu'advenant
le cas où c'était adopté tel quel, bien, les promoteurs... Personne ne veut
perdre de l'argent, personne, personne ne
veut perdre de l'argent, donc ils risquent de sortir avec des loyers de façon
beaucoup plus importante... des hausses de loyer dès le début. En fait, en fait, ce n'est pas des hausses de
loyer, c'est qu'ils vont sortir sur le marché à des loyers beaucoup plus élevés pour se garder une marge
d'ajustement. Donc, ça va être... Éventuellement, on va arriver au même niveau,
mais de façon plus... La côte va être plus haute et plus rapide.
Mais il y a un autre élément, et là je vais
parler de mon expérience au municipal, c'est que, souvent dans les nouveaux
développements, on parle de nouvelles infrastructures, et ça, ça peut prendre
des fois quelques années avant de se conclure.
Les travaux... Moi, j'ai vu beaucoup, là, des bâtiments qui se construisent
pendant que la rue est en train de se
faire, et, avant que tout soit terminé, ça peut prendre plusieurs années. Et
là, avant que toutes les factures... Les sous-traitants, les extras
étaient convenus. La deuxième couche d'asphalte, c'est toujours l'année
suivante. Donc, il y a toujours... C'est déjà sur deux ans, ce genre de travaux
là, donc, avant d'avoir la facture finale, ce n'est pas deux ans, ça va prendre
plus que ça, donc ça ne pourrait pas s'appliquer. Et, je répète encore une
fois, c'est que, là, il y aurait une marge
qui serait prise d'avance, et là, compte tenu du marché, bien, on risque de
voir des baisses de mises en chantier encore plus dramatiques.
Alors, je ne crois pas que ce soit... ce soit...
en tout cas, qu'on devrait aller vers cette option-là, là. Je pense que le cinq
ans, c'est ce qui est actuellement préférable dans les conditions du marché.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci pour vos commentaires, Mme la députée de
Mille-Îles. Commentaires? Députée... députée et ministre, allez-y.
Mme Duranceau : Bien, je voudrais
remercier la députée de Mille-Îles pour son commentaire très terrain et très
pratico-pratique, oui, très pratico-pratique. Il faut connaître ça,
l'immobilier, puis je pense que le commentaire de la députée des Mille-Îles est
très pertinent dans ce sens-là.
Le Président (M. Schneeberger) : ...oui,
j'avais déjà une main levée. Député des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Arseneau : Oui, bien,
connaître l'immobilier, on a déjà discuté de la possibilité de ramener ça à
trois ans, là, je vous le rappelle,
et c'était votre... la collègue Andrée Laforest, ministre des Affaires
municipales, qui était prête à réduire à trois ans. Est-ce que c'est
parce qu'elle ne connaît pas l'immobilier?
On nous dira
que le contexte a changé, mais n'empêche que c'est une règle absolument et
totalement arbitraire, le cinq ans.
Pourquoi pas trois? Pourquoi pas 10? Le marché, il change, il évolue aux trois
ans, aux cinq ans... années, à chaque
mois. Alors, moi, j'estime que ce cinq ans-là, il est arbitraire, on peut
décider de le garder, mais la justification du cinq versus le deux ou le
trois n'est pas convaincante. À preuve, ce même gouvernement était prêt à le
réduire à trois il n'y a pas un an et demi.
Alors, moi, je dis que la proposition, elle se défend, à moins qu'on ait un
argument solide sur l'idée que le cinq ans est absolument essentiel, ce
que je n'ai pas entendu.
• (12 h 30) •
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Non, ça va? Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, tout à fait, M.
le Président. En effet, moi, je n'ai sans doute pas la même trajectoire dans l'immobilier que Mme la ministre de l'Habitation,
mais je connais par contre très, très bien les difficultés des locataires qui
s'appauvrissent en payant des loyers extrêmement élevés dans un contexte où il
n'y a pas d'autres logements disponibles. Donc, c'est soit payer un loyer
extrêmement cher, s'appauvrir ou n'aller nulle part, et les locataires choisissent d'avoir un toit pour leur famille.
Cette réalité, je la connais très, très bien, là, et c'est la réalité que je
mets ici de l'avant, non pas tellement la réalité des constructeurs
immobiliers, là.
Je comprends bien qu'il peut y avoir une
deuxième couche d'asphalte ou de peinture qui doit être appliquée la deuxième année, mais je me demande bien quelle
est la couche qui doit être appliquée après cinq ans, là, et c'est ça,
l'explication que j'aimerais avoir, pourquoi cinq ans. Nous, on propose deux
ans, là, et la ministre nous a dit que, oui,
elle... Si on n'adoptait pas telle quelle la clause F, telle qu'elle la
propose, de cinq ans, les promoteurs... les constructeurs vont aller
trouver leur rentabilité en Ontario, mais... tout à fait, mais, en Ontario, ils
ont aussi aboli la TVQ sur la construction
des logements. Pourquoi la ministre n'emprunte pas l'avenue d'abolir la TVQ sur
la construction même?
Le
Président (M. Schneeberger) :
Merci, M. le député de
Laurier-Dorion. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
Mme Duranceau : Bien là, je
pense qu'on a assez de...
Le
Président (M. Schneeberger) : Oui, Mme la ministre?
Mme Duranceau :
Oui, oui, oui.
Le Président
(M. Schneeberger) : Bon, O.K., bien, moi... si vous ne levez pas
vos mains, moi, je ne peux pas deviner.
Mme Duranceau :
Je m'excuse, il faut que je... oui, O.K., mais je vais essayer de... Je
pense qu'on a assez de sujets à discuter, là, concernant le projet de loi n° 31 qu'on ne parlera pas de la TVQ. Puis, tu sais, si
vous voulez qu'on se compare à l'Ontario,
ils n'en ont pas, de clause F, en Ontario. Il n'y en a pas, de contrôle des
loyers, en Ontario, pour tous les immeubles neufs depuis 2018. Ça fait que, si
vous voulez qu'on aille là, on peut aller là aussi, là.
Le Président
(M. Schneeberger) : Oui. Alors, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
Je ne dis que ça, M. le ministre, de voir la situation de l'Ontario. On va
aller voir combien ça coûte, les loyers, en Ontario, là. On peut passer le
reste de la commission parlementaire à discuter de l'Ontario. C'est un exemple
très éclairant, là, sur ce que, justement, il ne faut pas faire. Et peut-être
que les Ontariens font des biens choses... des belles... bien... choses si on
voit l'obsession du premier ministre du Québec, là, qui passe son temps à se
comparer à l'Ontario. Donc, parlons-en, de l'Ontario, tout à fait.
Le Président
(M. Schneeberger) : Voilà, d'autres commentaires? Non? Ça va?
Alors, à ce moment-là, s'il n'y a pas d'autre commentaire, nous allons procéder
au vote de l'article 1.
Une voix : ...
Le Président
(M. Schneeberger) : Excusez-moi, l'amendement, c'est vrai,
excusez-moi, parce que ça bouge ce matin. Alors, est-ce que l'amendement est
adopté?
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Sur
division, on peut dire, ou peu importe. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix :
...
M. Fontecilla :
Je demande l'appel nominal. Je veux voter pour mon amendement.
Le Président
(M. Schneeberger) : Appel nominal, M. le secrétaire.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme Duranceau :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire :
M. Gagnon (Jonquière)?
M. Gagnon :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Allaire (Maskinongé)?
M. Allaire :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour :
Contre.
Le
Secrétaire : M. Schneeberger
(Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) :
Abstention.
Le Secrétaire :
Rejeté.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
l'amendement est refusé. Alors, nous retournons à l'article 1. Est-ce
qu'il y a des questions, commentaires?
Alors, à ce moment-là, s'il n'y a pas d'autre question, je vais procéder au
vote de l'article 1. Est-ce que l'article 1 est adopté?
Une voix :
...
Le Président
(M. Schneeberger) : Appel nominal, M. le secrétaire.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme Duranceau :
Pour.
Le
Secrétaire : M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Pour.
Le
Secrétaire : M. Gagnon (Jonquière)?
M. Gagnon :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Allaire (Maskinongé)?
M. Allaire :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président
(M. Schneeberger) : Abstention. L'article 1 est adopté. Oui,
Mme la ministre.
Mme Duranceau : J'aimerais demander une
suspension de quelques minutes. On est en train d'organiser nos travaux.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que je comprends que c'est une suspension pour les procédures, oui,
entre les partis? Parfait. À ce moment-là, c'est une suspension... parfait.
Alors, suspension.
(Suspension de la séance à
12 h 35)
(Reprise à 12 h 41)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, suite à la demande de suspension, nous avons...
j'ai eu connaissance que la ministre et, en tout cas, les députés de
l'opposition souhaitaient... qu'il y avait entente, souhaitaient que nous procédions par blocs de sujets au niveau
du projet de loi. Alors, nous allons y aller par blocs. Mme la ministre, si vous avez d'autres
commentaires à faire sur cette entente-là, il n'y a pas de problème, je vous
laisse aller.
Mme Duranceau : Bien, merci. Bon,
bien, écoutez, je suis bien heureuse, là, on est partis sur des chapeaux de roue, mais là on a, tout le monde, réussi à se
parler, à s'entendre. Ça fait que c'est une bonne nouvelle. On a une séquence,
on a une séquence logique, puis je souhaite qu'on avance
dans cet ordre-là et cette perspective-là. Alors, merci à tout le monde de
votre collaboration. On continue?
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, je vous laisse aller par l'article que vous souhaitez étudier.
Mme Duranceau : Oui. Alors, je
pense, on a convenu... Là, on était à l'article 1. On a convenu de sauter
à l'article 33, qui est la disposition transitoire et finale en lien avec
l'article 1.
Donc, les
dispositions de l'article 1955 du Code civil, donc, qui était visé à
l'article 1, telles qu'elles se lisaient le — là,
il faudra indiquer la date qui précède celle de la sanction de la présente loi — continuent
de s'appliquer à l'égard :
1° d'un bail conclu avant le — on va
indiquer la date de la sanction de la présente loi); puis
2° d'un immeuble qui est prêt à l'usage auquel
il est destiné avant le...
Alors là, je lis... Alors, je vais vous lire les
commentaires. L'article 33 du projet de loi prévoit des règles
transitoires liées à la modification proposée à l'article 1955 du Code
civil par l'article 1 du projet de loi. L'article aurait pour effet de maintenir les règles applicables, avant la date
d'entrée en vigueur de la présente loi, à un recours en fixation de
loyer d'un logement dont le bail a été conclu avant cette date ou d'un logement
situé dans un immeuble nouvellement bâti prêt à l'usage auquel il est destiné
avant cette date.
Le
Président (M. Schneeberger) : Alors, merci pour vos commentaires. Est-ce qu'il y
a des questions au niveau de l'article 33? Oui, député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Bien, est-ce que...
Pour les fins de ceux qui... de clarification pour ceux qui nous écoutent,
qu'est-ce que ça signifie exactement, là? C'est-à-dire que les nouvelles règles
s'appliquent à compter de l'adoption de la
loi, mais, pour ce qui est d'un recours devant le tribunal, ce qu'on comprend,
c'est que c'est les règles antérieures qui continuent de s'appliquer,
c'est ce qu'il faut comprendre, tout simplement?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme
Duranceau : Bien oui, en fait, c'est que, quand la clause F
s'applique, il n'y a pas de recours en fixation de loyer qui est applicable pendant cette période-là, pendant le cinq
ans. Ça fait qu'on dit : Les anciennes règles... tous les baux signés
avant la date de la sanction de la présente loi puis, pour les immeubles qui
étaient déjà prêts à l'usage, donc,
dans lesquels il y a déjà des baux qui se signaient, bien, ils sont assujettis
aux anciennes règles. Donc, c'est la notion de venir inscrire dans le
bail les augmentations futures, bien, ça, ça ne s'applique pas à ce qui est
déjà en cours, c'est seulement pour les nouveaux baux puis les nouveaux
immeubles prêts à l'usage que ça va s'appliquer.
M.
Arseneau : Donc, essentiellement, il n'y avait pas de... il
n'y avait pas de chiffre, il n'y a pas de maximum pour les cinq premières années. Donc, s'il y a
quelqu'un qui a signé un bail l'an dernier pour les quatre années qui
viennent...
Mme Duranceau : Il est sous les
anciennes règles.
M.
Arseneau : C'est ça, les anciennes règles s'appliquent. Donc,
il n'y a pas de montant quelconque. D'accord.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Députée des Mille-Îles.
Mme
Dufour : Merci. Bien, je vais continuer dans le même sens.
Quelqu'un qui a signé un bail l'an dernier, bon, mais qui vient à échéance, et la personne ne le renouvelle pas, nouveau
bail signé l'an prochain, qu'est-ce qui va être écrit? Parce que, là, ce n'est plus cinq ans qu'il reste.
Donc, comment ça va être... Visuellement, là, comment les gens pourront
voir ça dans le bail? Ça va ressembler à quoi?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Je pense qu'il
faut... Il va y avoir des modifications au bail, là, qui vont être faites, mais
on ne peut pas appliquer ça rétroactivement.
Bien, je vais attendre les commentaires de mon équipe sur comment ça va être
reflété...
Mme Dufour : C'est ça, le
questionnement, c'est : Un bail... tu sais, parce que, dans le fond, on va
modifier le bail, le bail va être différent,
mais là est-ce que ça veut dire que des immeubles construits dans les deux
dernières années, par exemple,
seraient opérés sous un ancien bail et seulement les nouveaux construits à
partir de l'an prochain seraient opérés
sous le nouveau bail? Comment on va savoir que ça fonctionne? Tu sais, il faut
juste comprendre la mécanique, là.
Mme
Duranceau : Bien, la mécanique, c'est ça, il va y avoir un
changement au formulaire de bail pour clarifier tout ça puis que ça soit
clair pour tout le monde, là.
Mme Dufour : Donc,
on peut comprendre que toute nouvelle personne qui signerait un bail, quand le
bail sera modifié... bien, dans le fond, à partir du moment que ce sera
en vigueur, la loi, toute nouvelle personne qui signe un bail devrait être sous le nouveau bail qui va
préciser le loyer maximum dans les cinq prochaines années, mais, dans les faits, il y en a que ça va être dans les deux
prochaines années parce qu'il va leur rester juste deux ans aux cinq ans. Donc,
comment ça va être écrit dans le bail?
Mme
Duranceau : Je vais référer à mon... administratif pour préciser.
Le Président (M.
Schneeberger) : Alors, consentement pour... Alors, juste vous nommer
par nom et titre.
M. Savoie (Jocelyn) : Jocelyn Savoie,
sous-ministre adjoint aux politiques au ministère des Affaires
municipales et de l'Habitation.
En fait,
essentiellement, on se souvient, les bâtiments... La clause F a une durée de
cinq ans. Donc, c'est comme si ça faisait déjà deux ans, puis qu'on arrivait à
un moment où la personne doit renouveler, il va rester juste trois ans à la clause F, donc la clause va
s'appliquer seulement trois années dans son cas. Quelqu'un qui serait au tout
début va avoir son plein cinq ans. Bon, comme, là, on va attraper des
renouvellements, c'est certain que tous ceux qui sont en cours vont avoir entre
quatre et un an qui vont leur rester puis ceux qui vont arriver au-delà du cinq
ans vont être automatiquement dans le système régulier. C'est la façon que ça va
marcher. La raison pour laquelle la clause est proposée, c'est pour éviter
d'avoir à réouvrir des contrats déjà conclus entre des parties consentantes.
Mme Dufour : Non, ça, je le comprends, mais j'essaie de voir
comment, dans le bail, ça va être écrit pour que ça soit clair pour
autant les locataires que les locateurs, parce que, si, demain... O.K., si,
l'année prochaine, O.K., une personne va signer un bail avec un... dans un
immeuble que, dans le fond, il reste deux ans à la clause F légalement, mais que le bail dit, bien, c'est quoi, le loyer
maximal dans les cinq prochaines années, bien là la personne, elle n'est pas
consciente que, dans le fond, légalement, il reste juste deux ans. Il ne
faudrait pas créer plus de confusion.
M. Savoie (Jocelyn) : Bien, dans le fond, ce
qui va être fait, ça va être via les formulaires de baux que va produire
le Tribunal administratif du logement, puis
en ce moment, déjà, les locataires savent... il leur reste d'années quand ils
sont en échange avec leur locateur.
Mme Dufour : Bien,
en fait, des nouveaux locataires ne le savent pas nécessairement, ne savent pas
l'année de construction, nécessairement, de
l'immeuble, ne savent pas que, ah! ça, ça s'appliquait. Donc, je comprends que
ça va être via les formulaires de
baux, mais c'est ce que je demande. Ça va avoir l'air de quoi dans le
formulaire de bail? Ça va être écrit comment? C'est ça, ma question.
M. Savoie
(Jocelyn) : On n'a pas encore d'exemple à vous donner.
Mme
Duranceau : M. le Président?
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui, Mme la ministre.
Mme
Duranceau : Donc, si l'immeuble, il était prêt à l'usage, là, avant
l'adoption du projet de loi, bien, l'immeuble,
il n'est pas assujetti aux nouvelles règles, donc, la prévisibilité ou
l'inclusion dans le bail des loyers à anticiper ne sera pas indiqué.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que ça va comme ça? Est-ce que... Non? Mme
la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Non, non, là, ce n'est pas du tout la même chose
qu'on disait il y a deux instants, là. Là, je viens d'avoir deux
informations contraires, là. La ministre a dit que, dans le fond, un immeuble
construit avant l'entrée en vigueur de la
clause F ne serait pas... cette modification-là ne serait pas applicable. Donc,
il y aurait deux formulaires de bail différents.
Mme Duranceau :
On va indiquer, dans le
formulaire de bail... Là, c'est en avance, là, mais on va indiquer, dans
le formulaire de bail, la date de mise en
fonction, là, la date de mise en usage, puis ça, ça va nous nous guider sur ce
qui doit par la suite être indiqué au niveau du loyer ou pas en
application de la nouvelle disposition.
• (12 h 50) •
Mme Dufour : O.K.
Ça va se complexifier, un bail, à ce moment-là.
Mme
Duranceau : Bien là, c'est ça qui arrive. Ça fait que...
Mme Dufour : O.K.,
non, mais c'est parce j'essaie encore toujours de...
Mme
Duranceau : Mais, ceci dit, on en a déjà parlé, il va falloir aussi en
arriver à un bail qui est...
Mme Dufour : Qui
est simplifié?
Mme
Duranceau : ...qui est plus simple, puis que les gens
comprennent, puis que, justement, ils sont capables de voir c'est quoi,
leurs droits et obligations là-dedans. Ça fait que ça, on s'entend là-dessus.
Ça fait qu'on va trouver une formule qui fonctionne puis qui... Ça, c'est à
l'épreuve de...
Mme
Dufour : Ça, ce serait intéressant, qu'il y ait un comité
qui puisse se pencher là-dessus. Moi, ça va me faire bien plaisir de
participer pour simplifier le bail.
Mme Duranceau : Je le sais, je le
sais.
Mme Dufour : Mais j'aimerais quand
même reposer ma question, là, c'est qu'est-ce que ça aurait l'air... Tu sais,
pour un immeuble construit l'an prochain, qui sort de terre... bien, qui tombe
sur le marché l'an prochain, et que, là,
deux ans plus tard, il y a un autre locataire qui arrive, comment ça va être
écrit? Ça va être clair, pour la personne qui loue, que, bien, il reste
juste trois ans, il reste juste deux ans, il reste juste un an à l'application
de la clause F?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme
Duranceau : Oui, là, attendez, il y a beaucoup d'informations,
mais la date de départ ou la date de mise en usage, elle va être dans le bail, puis elle va être dans le bail pour
tout locataire subséquent. Donc, à un moment donné, tu vas savoir qu'il te reste moins... tu sais,
moins trois, moins deux, moins un, puis, à un moment donné, ce ne sera plus
pertinent, là, mais cette information-là va être inscrite.
Mme Dufour : O.K. Ça fait que, là,
cette information-là va être, de bonne foi, fournie par le propriétaire. Il n'y
aura pas de vérification de cette date-là.
Mme Duranceau : Bien là, on présume,
de manière générale, que les gens sont de bonne foi. C'est dans le Code civil,
ça, c'est une présomption... c'est déjà le cas.
Mme Dufour : D'accord, d'accord,
c'est bon.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Arseneau : Bien, je veux aussi clarifier les choses. On parle
de deux paragraphes, le premier, d'un bail conclu avant la date de la
sanction de la loi. On présume donc que c'est un bail pluriannuel, j'imagine,
dans la...
Mme Duranceau : Bien, dans ce
cas-là, oui, mais aussi c'est pour avoir le corrélatif des deux côtés. Tu sais,
il y a... L'application de cette mesure-là
est par rapport à un bail, mais par rapport à un immeuble aussi. Donc, on veut
s'assurer qu'on vise les deux...
M. Arseneau : Mais, plus
spécifiquement pour le bail, si le bail se renouvelle à chaque année, dans le
cas, bon, des immeubles visés, l'année prochaine, la loi est adoptée, la
nouvelle loi est en vigueur, on renégocie le bail, est-ce que la clause, la
nouvelle clause, s'applique ou elle ne s'applique pas?
Mme Duranceau : Non, elle ne
s'applique pas parce que l'immeuble était déjà prêt à l'usage avant la mise en application, avant l'adoption de la loi, parce
qu'il y avait déjà un bail. Donc, l'immeuble était déjà en usage. Donc,
on ne peut pas toucher à ce qui était déjà convenu entre les parties, mais, tu
sais...
M. Arseneau : Mais ce qui était
convenu, c'était convenu pour un an?
Mme Duranceau : Oui, je sais,
mais...
M. Arseneau : J'essaie de comprendre
pourquoi on n'a pas envisagé la possibilité qu'à la fin d'un bail, bien, que la loi entre en vigueur, est-ce que... parce
qu'on nous a dit tout à l'heure que ce n'était pas pour intervenir dans un bail
qui a été convenu entre deux parties consentantes, mais le bail, quand il vient
à échéance, il doit être renouvelé. Au
moment de renouveler le bail, pourquoi la nouvelle clause ne s'appliquerait pas
puisque c'est une nouvelle entente entre deux parties consentantes, mais
sous le coup d'une nouvelle loi qui nous gouverne?
Mme Duranceau : Oui, mais je pense
que, d'un point de vue... Oui, je m'excuse, il faut toujours que je vous
demande la parole, hein, non?
Le Président (M. Schneeberger) : Non,
pas obligé, mais, dans les circonstances des fois...
Mme
Duranceau : Je suis spontanée, O.K., mais on veut... Dans le
fond, on n'intervient pas rétroactivement dans l'ensemble de l'oeuvre, mais moi, je pense que cette disposition-là,
bien que non applicable ou non obligatoire, les locataires sont bien informés. C'est une discussion qui peut
être... qui peut avoir lieu en bonne et due forme avec le propriétaire aussi. Tu sais, à un moment donné, il y a beaucoup de cas... il y a
des cas d'abus, mais je pense qu'il y a beaucoup de cas où on sait que propriétaires et locataires veulent s'entendre. Alors, je
ne vois pas... Je pense qu'un locataire pourrait très bien dire :
Écoute, je le sais, que ça ne s'applique pas à moi, mais, regarde, je suis un
bon locataire, es-tu capable de me donner un
peu de prévisibilité pour les deux, trois années qui restent à venir? Puis un
propriétaire de bonne foi va... bien que non obligé ou non contraint de
le faire, va aussi, tu sais, vouloir collaborer. Ça fait qu'il y a des cas où
ça ne fonctionnera pas, mais, bon, on a un
paquet d'autres dispositions, là, pour s'assurer qu'il n'y a pas des
augmentations... Là, évidemment, dans
le premier cinq ans, ça ne s'applique pas, mais je pense que... On ne retourne
pas sur le passé, mais, pour le futur, on va prévoir ce qu'il faut, puis
il faut... Non, c'est ça, c'est ce que j'ai à dire.
M.
Arseneau : Bien, je comprends l'idée de ne pas retourner vers
le passé, mais, quand on signe un bail ou quand on renouvelle un bail,
on n'est pas dans le passé, là, on est dans le présent pour le futur. C'est ce
que j'essaie de comprendre, c'est l'espèce de droit acquis du propriétaire.
Mme Duranceau : Bien, ce n'est pas
un droit acquis.
M. Arseneau : Est-ce qu'il est
légalement obligatoire de l'octroyer ou est-ce que c'est une décision politique
de dire : On va laisser le privilège de
ne pas inscrire un montant maximal à ceux qui avaient déjà un immeuble prêt à
l'usage ou qui avaient déjà signé un bail?
Mme Duranceau : Je vous dirais que
ce n'est pas politique, c'est un respect de ne pas changer les paramètres. Il y
a une décision financière qui a été prise à un moment x par quelqu'un de
construire un immeuble, et, si on venait toucher à ça, bien, on change les
paramètres dans lesquels cette personne-là a décidé de construire son immeuble.
Ça fait que la rétroactivité, dans les lois, ce n'est jamais encouragé. Ça
enlève de la prévisibilité. Ça vient changer
les paramètres. Puis quelqu'un aurait pu prendre des décisions différentes si
ces règles-là avaient été en vigueur à ce moment-là. Donc, c'est pour ça
que c'est appliqué prospectivement. Bon, c'est ça, la raison.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait,
merci pour les explications. Député des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Arseneau : Je comprends l'idée, mais, encore une fois, en
quoi est-ce que c'est... ça pose un problème, là, à quelque égard que ce
soit si, rendu à l'année 3 de la relation d'affaires entre le locateur et
le locataire, on fixe un prix, mais le prix
peut-être fixé... le plus élevé? On sait qu'il n'y a pas de barème, il n'y a
pas de limite. Alors, en quoi est-ce que celui qui a construit est lésé?
C'est ça que je veux comprendre. Il n'a qu'à fixer un prix qui est à la hauteur
de ce qu'il peut imaginer.
Mme Duranceau : On va avec une
application qui est proactive comme toutes les autres lois. On ne veut pas
venir changer les paramètres dans lesquels cette personne-là a décidé de faire
son investissement. Tu sais, tant qu'à ça,
on aurait dû l'appliquer rétroactivement, là, l'article de loi. Ce n'est pas ça
qu'on fait. Ce n'est pas ça qu'on fait, on va vers l'avant pour ne pas changer
les paramètres. Puis moi, je pense que les cas que vous énoncez ou... tu sais,
les cas que vous énoncez vont être mineurs, somme toute, à l'ensemble de
l'oeuvre, là.
M. Arseneau : Je vais essayer de
poser ma question autrement. Si on avait inscrit dans la loi : «À compter
de — justement,
là — la
sanction de la loi, tout renouvellement de bail serait soumis à cette nouvelle
clause», est-ce que vous risquiez des poursuites? Est-ce qu'il y avait des
enjeux légaux, de la part du gouvernement, qui disaient : Bien là, vous venez changer les règles en milieu
de partie? Est-ce que c'est ça qu'on doit comprendre? Vous avez des avis
légaux qui vous disent que ce serait brimer les droits des propriétaires qui
ont construit puis qui sont rendus à mi-chemin du cinq années?
Mme
Duranceau : Bien, je pense que... Je pense que, oui, là, ça
serait... c'est venir changer les paramètres de... c'est venir changer
les paramètres dans lesquels quelqu'un a décidé de prendre une décision
d'investir puis ce n'est pas là qu'on veut aller, là.
M. Arseneau : Les deux...
Mme
Duranceau : Puis, tu sais, le bail... l'autre chose, c'est que
le bail, il est reconduit à chaque année, ce n'est pas comme un nouveau bail. Normalement, il y a une
reconduction du bail. Ça fait que c'est dans cette logique-là aussi.
C'est les mêmes paramètres qui s'appliquent.
M. Arseneau : Les mêmes paramètres,
sauf les paramètres du loyer, si le locateur en décide ainsi.
Mme Duranceau : Bien, écoutez, le
locateur qui a commencé son aventure, disons, avec un locataire sur un
nouveau... un nouvel immeuble, dans un cas x, là, il pourrait avoir décidé de
ne pas en faire, d'augmentation l'année 1,
l'année 2, puis finalement il va en faire l'année 3, l'année 4,
l'année 5, pour... Bien, premièrement, ce n'est même pas cinq, là,
c'est quatre, en bout de ligne, parce que la première année, elle compte dans
le cinq.
• (13 heures) •
M.
Arseneau : Oui, c'est ça.
Mme
Duranceau : Bien, tu sais, là, on s'en vient se mêler d'une
planification qui a été faite il y a trois ans, quatre ans par quelqu'un sur comment il va gérer son immeuble, puis je
ne pense pas que c'est juste de rentrer là-dedans, c'est certain que ce n'est pas une bonne idée,
mais le ton, par contre, qu'on donne avec ça, c'est : Écoutez, là, les
règles sont différentes, là, ça fait
que réveillez-vous, puis il y a une loi, elle ne s'applique peut-être pas à
vous, mais il va y avoir des réactions ou vous n'aurez pas bonne presse,
là.
Puis les gens, là,
veulent... Il ne faut pas... Je comprends que le marché est serré, tout ça, là,
mais il demeure qu'il n'y a pas un propriétaire qui ne veut pas louer son...
ses logements, puis, s'il y a des augmentations qui sont exagérées, à un moment
donné, ils ne les loueront pas, leurs logements. On parle du neuf, là, on
s'entend bien, puis, dans le neuf, au prix que ça coûte, on a des gens qui sont
sophistiqués puis qui ont une perspective long terme sur la location de leurs unités. Alors, je pense que leur
but, ce n'est pas d'augmenter de 30 % pour mettre le monde à la rue.
On le voit dans des...
Le Président (M.
Schneeberger) : Merci.
Mme
Duranceau : C'est ça, c'est bon.
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui. Alors, merci beaucoup.
Alors, compte tenu de
l'heure, nous suspendons les travaux jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 01
)
(Reprise à 14 h 02)
Le Président (M.
Schneeberger) : Alors, la commission reprend ses travaux.
Alors,
nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 31, Loi modifiant diverses dispositions législatives
en matière d'habitation.
Avant
la suspension, nous en étions à l'article 33. Alors, il y avait des
questions et réponses là-dessus. S'il y a des questions sur l'article 33, bien, juste à le soulever. Sinon, bien,
nous allons procéder au vote de l'article 33. M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
Oui, merci, M. le Président. Quelques questions d'éclaircissement pour bien
comprendre la mécanique, là. Tout d'abord, à
partir de quand un bâtiment est... Quel est le jour 1 de la période de
cinq ans, là? Est-ce que c'est le début de la construction? Est-ce que
c'est la fin de la construction? Quand est-ce, la fin de la construction?
Qui certifie que le bâtiment est prêt pour
l'habitation? Donc, c'est quoi, le... En termes de compteur, c'est quoi, le
jour 1, là, de la période de cinq ans, là?
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme Duranceau :
Oui. Alors, la notion de prêt à
l'usage, ça varie selon les circonstances. C'est la plus ancienne des dates suivantes, c'est-à-dire soit le moment
où les gens ont commencé à habiter l'immeuble, soit le moment où la plus ancienne... la plus récente, en fait... Non? Ça
fait que c'est... ou bien les gens ont commencé à habiter dans l'immeuble
ou bien l'immeuble a été reçu, en termes
de... les travaux ont été approuvés, puis les travaux sont terminés, puis il
est prêt, prêt pour la location. Alors, c'est ça, la notion de...
M.
Fontecilla : Mais encore...
Mme Duranceau :
Ça fait que ça ne commence pas au
début de la construction, là, ça commence quand tu peux avoir des gens
qui peuvent l'habiter.
M. Fontecilla :
O.K. Bon, je peux comprendre, un
bâtiment, je ne sais pas, avec 30 logements, dès que le premier
locataire rentre dans un logement, c'est... on l'appelle le jour 1. Pour
tous les autres locataires, c'est la même... c'est la même chose, n'est-ce pas?
Mme
Duranceau : Oui. Oui.
M. Fontecilla :
Parfait. Donc, c'est... La
deuxième possibilité, je la comprends moins, là, parce que la première
me semble très claire.
Des voix :
...
Mme
Duranceau : Alors, on... c'est... Évidemment, c'est une
déclaration de bonne foi, là, de celui qui construit l'immeuble, là. Puis, s'il y avait mésentente sur
cette date-là, bien, à ce moment-là, le tribunal va la fixer, là, mais c'est...
M.
Fontecilla : Il va la fixer en fonction de la date où le premier
locataire a occupé un logement?
Mme Duranceau :
Bien, à une date qui est raisonnable dans les circonstances, là, oui, puis
qui risque d'être la date où quelqu'un a commencé à l'habiter.
M. Fontecilla :
Très bien. Et il n'y a pas
d'autre possibilité? Parce que, tantôt, vous aviez dit : C'est un moment
ou un autre, mais... Est-ce que c'est juste
cette possibilité-là ou est-ce qu'il y a une autre possibilité pour
comptabiliser?
Mme
Duranceau : Non. Non, je ne pense pas, à moins que vous m'en donniez
une autre, là.
M. Fontecilla :
Non, non, je vous pose la question.
Mme Duranceau :
Non. Non, non, c'est ça qu'on
voit comme contexte, là. Puis, tu sais, il faut s'entendre, là, quelqu'un...
quand c'est prêt à l'usage, tu ne fais pas exprès de ne pas avoir de locataires,
là, tu sais, c'est prêt à l'usage, tu veux que les gens commencent à venir
habiter, là, parce que, chaque mois, ça coûte quelque chose, là.
M.
Fontecilla : Très bien. Plusieurs cas de figure, là, pour bien
comprendre comment ça va fonctionner, cette disposition-là. Il y a un locataire
qui rentre à la quatrième année de construction, et donc il reste un an
aux cinq ans. Est-ce que... Dans le
formulaire du bail, le locateur, il va indiquer un chiffre à la case G,
n'est-ce pas? Est-ce que ce chiffre-là va être le même que pour le
locataire qui est rentré le jour 1 de la construction du bâtiment, là, dès
que le... ou est-ce que ça va être au prorata des années construites, des
années depuis qu'il est construit, là?
Mme
Duranceau : Bien là, là, je ne suis pas trop sûre, là.
M.
Fontecilla : Par exemple, je vous explique, pour aller à...
Mme
Duranceau : Oui, c'est ça, recommencez.
M. Fontecilla :
Le locataire rentre au
jour 1 du bâtiment, et le locateur lui dit : D'ici cinq ans, je
peux t'augmenter le loyer de 100 $. Le locataire qui rentre à la
quatrième année, est-ce que le propriétaire va... il est toujours en mesure de
lui charger 100 $ dans l'année qui reste?
Mme
Duranceau : Bien là, l'année où ce bail-là se négocie, les parties
vont convenir du montant qui... sur lequel
ils s'entendent, puis ça va être ça, le chiffre, là. Il n'y a pas de fixation
de loyer, il n'y a pas... regarder c'était quoi, le chiffre de l'année
d'avant, le chiffre de l'année d'après. Ils vont s'entendre sur un chiffre.
M.
Fontecilla : Parfait. Si je comprends bien, tous les locateurs
pourraient avoir... C'est des montants discrétionnaires,
c'est-à-dire le locataire qui rentre le jour 1 du bâtiment et le locataire
qui rentre l'an 4, ça peut être des montants tout à fait... non
pas... en tout cas, ça peut être les mêmes montants, même supérieurs. Il n'y a
aucune règle qui régit...
Mme
Duranceau : Non, non. Comme maintenant, il n'y a pas de fixation de
loyer dans le premier cinq ans. Chaque
bail est distinct. Chaque bail est le fruit d'une négociation de bonne foi
entre les deux parties, puis ils vont s'entendre sur le chiffre qu'ils
veulent. Puis c'est juste pour la prévisibilité des années subséquentes, si
elles sont à l'intérieur du cinq ans, qu'il y aura un endroit dans le bail
où ce sera précisé.
M.
Fontecilla : Très bien. Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? O.K., parfait. Est-ce qu'il y a d'autres questions? Non. Alors, est-ce
qu'il y a... À ce moment-là, nous allons procéder au vote. Est-ce que
l'article 33...
M.
Fontecilla : ...
Le Président (M.
Schneeberger) : Comment?
M.
Fontecilla : Sur division.
Le Président (M.
Schneeberger) : O.K. Non, mais je vais commencer par appeler le vote.
Alors, est-ce que l'article 33 est adopté?
M.
Fontecilla : Sur division.
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Schneeberger) : Adopté. Alors, adopté. Mme la ministre, je vous
laisse aller sur le prochain article, qui est l'article... le 2, je
pense. Je ne veux pas me tromper.
Mme Duranceau : Oui, tout à fait.
Tout à fait.
Le Président (M. Schneeberger) : Ah!
madame...
Mme Duranceau : Ah non! O.K., je
m'excuse. Oui.
Des voix : ...
Mme Dufour : ...je pèse dessus pour
l'allumer, désolée.
Le
Président (M. Schneeberger) : Oui, députée de Mille-Îles. Non, mais... Députée
de Mille-Îles, ça fait plusieurs fois que je vous vois. Le bouton, pas
besoin, le régisseur va s'occuper de ça.
Mme Dufour : Bien, c'est parce que
je voulais être sûre, sûre qu'on sache que je voulais parler.
Le Président (M. Schneeberger) : C'est
bon.
Mme Dufour : Non, je voudrais
déposer l'amendement 1.1. Il est déjà dans le Greffier, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, le greffier l'a. Alors, allez-y, on vous écoute.
Mme
Dufour : Parfait. Donc, c'est l'article 1.1,
article 1959 du Code civil du
Québec : Insérer, après
l'article 1 du projet de loi, l'article suivant :
1.1. L'article 1959 du Code civil du Québec
est modifié par l'insertion, après «affectation», de «, sauf si ce changement
vise la conversion du logement en hébergement touristique de courte durée».
• (14 h 10) •
L'article se lirait comme suit :
«1959. Le
locateur d'un logement peut en évincer le locataire pour subdiviser le
logement, l'agrandir substantiellement ou en changer l'affectation, sauf
si ce changement vise la conversion du logement en hébergement touristique de
courte durée.»
Alors, M. le Président, ça, ça fait référence,
dans le fond, à un projet de loi que j'ai déposé en début de session, qui vise
à interdire les évictions pour faire de l'hébergement touristique de courte
durée, ce qu'on appelle communément du Airbnb, mais il y a d'autres plateformes
qui font ce même genre de location là.
On vit une crise du logement qui est quand même
importante, et donc on ne pense pas que c'est actuellement le bon moment d'évincer des gens pour rajouter
davantage d'hébergement touristique de courte durée comme les Airbnb. Et
donc je... c'est ça, c'est l'amendement que je propose ici.
Le
Président (M. Schneeberger) : Parfait. Merci beaucoup pour les explications.
Est-ce qu'il y a des commentaires? Mme la ministre.
Mme
Duranceau : Oui. Bien, écoutez, je suis d'accord avec la
députée de Mille-Îles, là, que la situation est difficile à cet égard de
manière générale, mais ce que je voudrais dire... puis je me la suis posée, la
question en lien avec l'hébergement touristique, puis j'ai eu des discussions
avec ma collègue au Tourisme, qui chapeaute cette loi-là. Puis notre avis,
c'est que les villes ont déjà tous les pouvoirs pour faire ça. Alors, ils ont
les pouvoirs de changer leur règlement de
zonage et d'interdire ces conversions-là, bien, en fait, d'interdire
l'hébergement touristique de courte durée dans les zones qu'ils définiront. Ça fait qu'on ne veut pas se substituer
aux villes. Ils veulent des pouvoirs. Ils veulent agir sur leur
territoire. Ils sont les mieux placés pour ça, bien, c'est ce qu'on maintient.
Mme
Dufour : Non, en fait, les villes, ce n'est pas tout à fait
ce pouvoir-là qu'elles ont, là. Ce qu'elles peuvent, c'est interdire dans certaines zones. Elles ne
peuvent pas l'interdire sur l'ensemble de leur territoire. On leur a interdit
de le faire.
Et, deuxièmement, il y a un processus
référendaire qui doit s'appliquer, qui est assez complexe. D'ailleurs, des villes sont venues en... La Fédération québécoise des municipalités est venue en consultation particulière pour nous
parler à quel point c'était pénible et
coûteux de faire ces processus de changement de zonage là. C'est long. Il y a
plus de 1 100 municipalités au Québec.
Donc, nous,
dans le fond, ce qu'on comprend, c'est que la ministre préfère laisser le soin
à 1 181 municipalités de faire
le changement. Il y en a beaucoup là-dedans qui n'ont pas les ressources
humaines pour faire ce genre de changement là et tenir des référendums. D'ailleurs, la FQM est venue nous en parler.
Et donc, ici, c'est un changement rapide, rapide, qui peut permettre...
Et là c'est vraiment... c'est spécifique aux évictions, là, ça ne touche pas...
ça n'enlève rien aux municipalités qui, elles, peuvent régir qu'est-ce qui peut
se faire sur leur territoire. Là, on parle d'évictions, et, à ma connaissance,
les villes ne peuvent pas... ne régissent pas les évictions. C'est le Code
civil qui le fait, donc c'est bien différent. On ne touche pas du tout aux
responsabilités ou de ce que fait... de ce que... les municipalités. On ne leur
enlève absolument rien ici, là. En fait, c'est spécifique aux évictions.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.Mme la ministre.
Mme
Duranceau : Bien, justement, tu sais, tu ne feras pas
d'éviction pour de l'hébergement touristique si le zonage ne te le permet pas. C'est un peu... Je veux dire,
ton projet d'entreprise ne fonctionne pas, là. Il part sur des mauvaises bases.
Mme Dufour : Mais, comme je l'ai
dit...
Mme Duranceau : Alors, c'est pour ça
qu'on se dit : Si la ville agit... Je comprends qu'il y a un processus... en tout cas, là, je vais laisser, là, mon collègue
préciser sur le plan affaires municipales. Mais, à partir du moment où tu
n'as pas le droit de faire quelque chose, je
veux dire, ton plan de match, il ne se base pas sur des conditions qui ne sont
pas... tu sais, où tu ne respectes pas la loi, je pense.
Mme Dufour : Mais, à la base, comme
j'ai dit, les villes ne peuvent pas l'interdire partout sur leur territoire. Celles qui voulaient le faire ne peuvent pas le
faire. Et, en plus, elles doivent y aller par zone et faire des référendums par
zone quand c'est demandé puis de... ce qui est demandé, le nombre de signatures
requises pour demander un référendum, on
l'a mis dans l'ancienne législature à 50 %. Donc, c'est encore plus facile
de demander un référendum pour empêcher l'interdiction d'une ville que
pour tout changement de zonage régulier. Déjà que partout, vous l'avez entendu,
tous les promoteurs disent : C'est trop
facile de bloquer des projets. Imaginez quand on ajoute une couche puis on
dit : Bien, ça va être 50 % des signatures. Finalement,
deux personnes, dans certaines zones, vont pouvoir bloquer une
interdiction de la municipalité, et donc ça ne viendra rien changer.
Là, on a une
possibilité d'agir rapidement. Il y a vraiment une saignée, on le voit. Il y a
beaucoup de gens qui s'en vont vers
ça parce que c'est plus payant. On le sait, que c'est plus payant, mais on
manque de logements. On manque de logements, alors il faut agir. Il faut
arrêter cette saignée-là. Je ne sais pas combien d'articles qu'il y a eu dans
les derniers mois sur ça. Il y a vraiment un enjeu majeur. Et d'ailleurs la
collègue... mon collègue de Laurier-Dorion, sa collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques en a fait part. Il y a eu des cas dans son comté à elle qui ont été
évincés. Puis là, après ça, les
villes devraient dire : Bien, O.K., on interdit complètement les Airbnb
partout. Mais, dans le fond, peut-être qu'ils vont dire : Bien,
ceux qui sont là, on veut leur permettre d'exister, mais on ne voudrait pas
plus de nouvelles évictions. Mais il n'y a
pas moyen de zoner ça de même. Il n'y a pas moyen de le zoner comme ça. Là, je
n'ai pas l'impression que je suis écoutée, ça fait que je vais arrêter.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Je m'excuse... Parce
que je vais passer la parole, si vous le permettez, à mon collègue des Affaires
municipales pour qu'il donne les précisions, qu'on soit sûrs qu'on se comprenne
tous, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme Dufour : Parfait.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
ça me prend le consentement. Et puis bien vouloir vous nommer avec votre titre.
M. Savoie (Jocelyn) : Jocelyn
Savoie, sous-ministre adjoint aux politiques.
Dans le fond,
en vertu de 113 de la LAU, paragraphe 21°, les municipalités peuvent
restreindre ou prohiber le changement d'usage résidentiel vers du
non-résidentiel, exemple, tourisme. Donc, ils peuvent le faire dans leur réglementation puis l'interdire pour les
différentes zones, ce qui fait en sorte que, si quelqu'un, comme l'a dit Mme la
ministre, veut évincer pour un motif de
faire ce type de conversation... de conversion là, puis ce n'est pas permis
dans la zone, il n'y a pas d'éviction possible. Elle n'est pas sur des
motifs fondés. À ce moment-là, il va y avoir un recours au TAL pour cette
question-là.
Puis la
référence qui a été évoquée au niveau, là, des seuils dans les référendums, et
autres, là où les conditions ont été facilitées pour permettre aux citoyens de
s'opposer, c'est ce qui concerne les résidences principales, donc celles
dans lesquelles les gens habitent déjà, ce qui fait que ce type de Airbnb là
n'a pas d'impact sur la disponibilité des logements
vu que c'est les résidences principales des gens. Dans le cas des autres
résidences, elles sont dans le régime régulier,
puis les municipalités ont les pouvoirs déjà en place pour pouvoir le faire, ce
qui permet d'avoir une adaptation par
ville en fonction de la situation vécue puis de l'absence ou de la
disponibilité de logements, là, dans leur... sur leur territoire
technique, là.
Mme
Dufour : J'aimerais poser une question : Est-ce que
les villes, actuellement, ont la possibilité d'interdire partout sur
leur territoire les hébergements touristiques de courte durée?
M. Savoie (Jocelyn) : Ils peuvent le
faire par zone puis ils peuvent...
Mme Dufour : Est-ce
qu'ils peuvent le faire sur l'ensemble de leur territoire, en totalité?
M. Savoie
(Jocelyn) : D'un coup, avec un règlement pour prohiber la
conversion? Je vais avoir besoin de l'aide de mon juriste pour ne pas
commettre d'impair. Oui? Non? Non.
Mme
Dufour : Non, voilà, c'est ce que je disais. Alors, ça
répond à ma question. Je le... Je connaissais la réponse, vous comprendrez. C'est pour ça que ce
changement-là est nécessaire. Et, je le répète, il y a
1 181 municipalités. Et je peux
vous dire, pour en avoir fait beaucoup, beaucoup, beaucoup, des changements de
zonage dans mon histoire, historique municipal,
c'est long et fastidieux, ça demande des ressources. À Laval, j'avais la chance
d'avoir un énorme service d'urbanisme, mais je peux vous dire que
Saint-Joseph-de-Kamouraska... Il y en a d'autres, des petites municipalités qui
n'ont pas ces ressources-là, et c'est
compliqué. Alors, toutes les villes devraient faire ça, et là, actuellement, ce
qu'elles vivent, c'est, en plus, ce
que monsieur disait, c'est par rapport aux maisons principales, des référendums
qui sont longs et coûteux, qui sont très, très chers.
Alors, bref, on pourrait faciliter la vie de
tout le monde. On ne dit pas que ce n'est plus permis, de faire de l'hébergement touristique de courte durée,
simplement de ne plus évincer personne pour en faire. On veut protéger, là, la
ministre l'a dit, on veut améliorer les
évictions. Ce matin, elle disait que, si on n'adoptait pas ce projet de loi là,
on aurait des évictions sur le dos, nous, les oppositions. Bien, ça, ici, là,
c'est une façon d'améliorer les évictions spécifiquement pour
l'hébergement touristique de courte durée.
Je ne pense pas qu'on manque d'Airbnb au Québec,
là, je ne pense pas qu'on en manque. Ce n'est pas... Je ne pense pas qu'actuellement, avec la crise du logement qu'on vit,
l'énorme déficit de logements qu'on a... qu'on peut se permettre de perdre
davantage de logements. Je comprends que les municipalités peuvent agir, mais
elles ne peuvent pas aller agir partout sur leur territoire et elles ne
peuvent pas agir, toutes, sur l'ensemble du territoire rapidement. Ça, c'est une possibilité, qu'on pourrait, dès
Noël, faire en sorte que ce ne soit plus possible de mettre des gens à la rue
pour simplement faire du Airbnb ou autres plateformes du genre.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci. Mme la ministre.
• (14 h 20) •
Mme
Duranceau : Oui. Alors là, ce que je... deux choses, là.
Je comprends qu'en zonage, O.K., il faut permettre tous les usages
licites...
Des voix : ...
Mme Duranceau : Je vais lui donner
le bénéfice d'entendre la réponse.
Mme Dufour : Excusez-moi,
excusez-moi.
Mme
Duranceau : En zonage, il faut permettre tous les usages
licites à au moins un endroit sur le territoire, ce qui n'empêche pas de
restreindre un usage sur 99 % du territoire, O.K.? Ça fait que ça, c'est
un des éléments.
L'autre...
Mme Dufour : Ce n'est pas tout à
fait de même que ça marche, là.
Mme Duranceau : Bien, en tout cas,
vous le savez mieux...
Mme Dufour : Par zones, ce n'est pas
tout à fait comme ça que ça fonctionne, mais je comprends.
Mme Duranceau : Bien non, mais là
c'est par zone, puis, je pense, le pouvoir, il existe. Là, il y a une chose
qu'il faut aussi garder en tête. Nous, là, on a notre lunette crise de
l'habitation, là, crise du logement, mais de l'hébergement
touristique, ça en prend au Québec aussi. Puis on a un enjeu, on avait un gros
enjeu de ça à Montréal, là, des conversions en Airbnb, mais, ailleurs
sur le territoire du Québec, bien, il y a des endroits où on en veut, de l'hébergement de tourisme, puis il y a des
endroits où est-ce qu'on veut le restreindre. On pense que les municipalités,
ils ont les pouvoirs. Puis, O.K., c'est peut-être un petit peu plus compliqué,
mais, à un moment donné, ils ont... tu sais, il y a un processus
administratif pour y arriver, puis ceux qui veulent vraiment le restreindre
vont ou l'ont déjà restreint. Alors, c'est
pas mal ça, notre position, là, parce qu'on le regarde globalement comme
gouvernement aussi, puis, tu sais, il faut soupeser les pour et les
contre.
Mme Dufour : Il ne manque définitivement
pas d'hébergement touristique de courte durée actuellement au Québec, parce
que, là, on a parlé de tourisme. Définitivement...
Mme Duranceau : Ça, je ne pense pas
que ce soit vrai.
Mme Dufour : ...il y a des hôtels,
il y a des... toutes sortes d'hébergement et il y a... Ça n'enlève pas le fait
que les gens qui ont des maisons principales, comme aux Îles-de-la-Madeleine,
vont pouvoir continuer à offrir leurs maisons
en été pour pouvoir les louer. Ça ne change rien. Là, on parle d'évincer des
gens qui sont locataires, peut-être parfois depuis
10 ans dans un même logement, pour simplement faire en sorte que la
personne propriétaire puisse faire davantage d'argent en le mettant sur le
marché. Puis, on ne se le cachera pas, c'est une façon de changer l'usage qui
peut être utilisé pour, à la suite, revenir et augmenter les loyers aussi.
Mais l'enjeu,
c'est... Puis, en passant, là, ce que je propose ici, là, New York, il y a un
paquet... Ottawa, et je ne sais pas combien
de villes dans le monde sont en train de faire exactement ça, parce qu'ils ont
compris qu'ils ont un enjeu de
logement et que ça, c'est une solution. Mme la ministre, je cherche des
solutions à mettre rapidement en place, c'en est une. Il faut arrêter la
saignée. Il y a une saignée actuellement, et il faut l'arrêter. C'est un enjeu
majeur.
Mme Duranceau :
Effectivement, c'est comme... les
exemples que vous avez donnés, ce sont les villes qui le font. Ça fait
que nous, on pense que les villes peuvent le faire, première des choses.
Deuxième des choses,
le Code civil, là, c'est long terme. Là, on a un enjeu parce que les taux
d'inoccupation sont en bas de 3 %,
mais, je veux dire, ça ne sera pas toujours ça. Puis il faut avoir une lunette
qui est globale dans cette intervention-là aussi. Cette modification-là,
là, ça ne nous donne pas un nombre de logements nécessairement. Je comprends que... c'est une tentative qui est très
pertinente puis qu'on a à explorer. Mais, du point de vue tourisme, ce
n'est pas vrai, en région, il en manque, du logement touristique, là, court
terme. Et c'est vrai à Rimouski, c'est vrai en Gaspésie, c'est vrai aux
Îles-de-la-Madeleine. Alors, ce ne serait pas favorable d'aller vers cette
loi-là.
Alors,
je le répète, puis là, malheureusement, je n'aurai pas d'autre chose à ajouter,
là, c'est... tu sais, c'est notre vision comme gouvernement pour prendre
en compte l'ensemble de l'oeuvre puis tenir compte du volet tourisme, du volet
entrepreneurial dans tout ça, et, bon, on va agir sur le logement, mais
autrement.
Le Président (M.
Schneeberger) : Merci.
Mme Dufour : Bien,
oui... Non, je n'ai pas terminé.
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui, députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Donc,
je suis contente, la ministre a parlé de Rimouski, des Îles-de-la-Madeleine.
J'étais aux Îles-de-la-Madeleine l'année passée puis je vais vous dire ce que
j'ai vu quand j'étais sur le groupe Facebook des Îles-de-la-Madeleine. J'ai vu
des gens qui étaient locataires et que là, rendu au mois de juin, ils devaient
quitter leur logement. Ils se cherchaient
désespérément une roulotte, un endroit où habiter, parce que les touristes
arrivaient et parce que les gens les
mettaient en location. Comme je l'ai dit, dans ce cas-ci, ça ne changeait rien,
mais là on parle d'évincer pour de bon, que les gens n'aient plus de
baux du tout pour faire de l'hébergement touristique.
Il
en manque à Rimouski, à Rimouski, c'est des logements pour les étudiants qui
manquent. L'université, le cégep ont dit aux étudiants : Ne venez
pas chez nous, là, on n'a plus de place pour vous loger, on manque de
logements. Qu'est-ce qui est le plus
important dans la pyramide de Maslow du gouvernement? Est-ce que c'est de
l'hébergement touristique ou du logement pour nos citoyens? Est-ce qu'on
veut accueillir des touristes ou accueillir... et permettre à nos citoyens de rester dans leur ville? Parce que
c'est ce que je viens d'entendre quand on dit : On manque de... on manque
d'hébergement touristique.
La
réalité, c'est qu'actuellement il n'en manque pas. Ce qui manque, c'est du
logement. Puis ça, c'est partout, dans toutes les régions du Québec. C'est à
Montréal qu'il en manque le moins. D'ailleurs, en passant, c'est là que
le taux d'inoccupation est le plus élevé. Ça fait que, quand on s'en va... plus on s'en va en région, pire que c'est,
alors... et, comme j'ai dit, c'est très fastidieux pour une ville de
faire ce changement-là. Et là on pourrait lancer un signal clair. Ça n'empêche pas que, plus tard, on peut revenir.
Si le marché revient en équilibre, on peut revenir puis changer ça. Pour
l'instant, il faut arrêter la saignée. C'est
vraiment... Actuellement, il y a des gens qui se rendent compte que, bien, tant
qu'à maintenir un loyer à quelqu'un qui vit
dans leur logement, bien, aussi bien de changer ça, faire des Airbnb. Puis,
pour l'équivalent de... d'à peu près quatre, cinq jours... mettons, un
mois de loyer, ils font ça en cinq jours de location, c'est sûr que c'est plus payant. Ça fait que les gens vont
continuer, continuer, surtout qu'on vient en plus de rajouter des règles
plus contraignantes pour tout le reste,
donc. En tout cas, moi, je suis un peu déçue de voir la fermeture, qu'on garde
cet amendement-là.
Le Président (M.
Schneeberger) : Merci. Mme la ministre.
Mme Duranceau :
Oui, M. le Président, si je peux
ajouter, on a des mesures pour les évictions, là, qu'on va étudier
subséquemment. Puis, justement, tu sais, on propose de venir mettre le fardeau
de la preuve. Dans un contexte d'éviction, on met ça sur le dos du
locateur, de venir présenter son projet. Et donc, si un projet est présenté
pour faire de l'hébergement touristique, tu
sais, reprendre un logement pour faire de l'hébergement touristique puis que la
preuve doit être faite devant le tribunal que c'est une bien bonne idée, bien,
si le zonage, déjà dans ce coin-là, ne permet pas de le faire, bien, je
veux dire, il n'y en aura pas, d'éviction. Ça fait que ce qu'on dit... Puis là
il faut le voir plus global. Il y a le
tourisme. C'est un des enjeux dont il faut tenir compte. Mais Affaires
municipales tient compte du fait que les municipalités veulent des pouvoirs,
veulent exercer ces pouvoirs-là sur leur territoire selon leurs préoccupations.
Alors, on prend ça en compte, là, dans notre application, là, ou dans
notre proposition.
Le Président (M.
Schneeberger) : Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Bien,
M. le Président, la ministre a ouvert un point intéressant quand elle
dit : Ils vont devoir désormais démontrer leur plan, démontrer qu'on va
agrandir substantiellement ou subdiviser un logement. Dans les deux cas, ça implique des investissements de la
part du propriétaire. Alors, entre les deux, entre subdiviser, agrandir ou... entre les trois, plutôt, ou changer pour faire du
Airbnb, drôlement plus facile à prouver et à faire, aucun investissement
requis, et, dès le lendemain, on peut générer des revenus substantiellement
plus importants.
Alors, avec
les règles supplémentaires qu'on s'est mises, est-ce qu'on ne va pas plutôt
encourager, d'une certaine façon, à avoir plus de locateurs passer vers
ce mode-là? Puis un coup que c'est fait, un coup que l'éviction est faite, il
n'y a pas de durée? Pendant combien de temps il faut faire du Airbnb pour que
ce soit considéré un changement d'affectation
permanent, entre guillemets? Si, après six mois, il retourne puis là,
finalement, il remet sur le marché, le changement
d'affectation a eu lieu, ça a été fait, c'est devenu commercial, puis après ça,
pouf! on retourne au résidentiel, on
risque d'en voir davantage. Alors, il faut encore plus encadrer, encore plus
encadrer que qu'est-ce que c'est actuellement.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la députée de Mille-Îles. Député des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Arseneau : Bien, en fait, je
m'étonne de la résistance de la ministre à faire preuve d'ouverture par rapport
à cette proposition d'amendement de ma collègue de Mille-Îles pour la raison
suivante, en fait, c'est... il est question d'évincer
un locataire avec pour objectif d'offrir de l'hébergement touristique. Alors,
moi, je pense que c'est une bonne idée
d'éviter que les gens qui ont de la difficulté à se loger, bien, ceux qui ont
déjà un logement, qu'ils risquent de se faire évincer lorsque le propriétaire souhaite subdiviser son logement,
l'agrandir substantiellement ou le changer d'affectation et en faire un hébergement touristique. Parce
qu'on semble mettre sur le même pied le besoin de logements touristiques,
d'hébergement touristique, avec le logement primaire d'une personne.
Et ça n'empêche pas un promoteur de construire
un hébergement touristique, ça n'empêche pas un locateur, une fois que
quelqu'un a décidé de quitter son loyer, de faire des transformations. Ce que
ça empêche de faire, c'est d'accentuer la vulnérabilité de ceux qui ont déjà de
la difficulté à se loger en les faisant sortir pour mieux accueillir des visiteurs. Et c'est là où je pense que cette
mesure-là, au-delà de la question du zonage, si on a un plus grand nombre
de personnes qui se cherchent un logement que de logements... bien, je pense
que cette mesure-là permet d'éviter qu'on
perde encore davantage de logements, au mépris des besoins essentiels, du
besoin essentiel de se loger d'un très grand nombre de Québécois.
• (14 h 30) •
Donc, c'est une mesure qui vient s'ajouter à ce
que les municipalités peuvent faire. Et je ne vois pas en quoi ça brime à ce
point le locateur, qui va continuer de pouvoir louer. La seule différence,
c'est qu'il ne pourra pas louer, à ce
moment-là, il ne pourra pas procéder à une transformation à dessein, de se
tourner vers le tourisme plutôt que vers... l'hébergement touristique
plutôt que le logement locatif pour les Québécois, pour... en fait, sur une
base annuelle.
Puis je voudrais juste revenir sur la question
des besoins un peu partout en région. Il est clair qu'aux îles le besoin, là, dans la crise du logement qu'on vit,
avec un taux de vacance qui est à peu près à zéro, là, il n'y a personne qui
souhaite qu'on transforme le petit peu de
logement locatif vers le logement touristique. Et, si on adopte cette mesure-là,
là, les gens vont applaudir, ils vont vous
porter aux nues, vous serez ministre pour le restant de vos jours. Non, blague
à part, c'est...
Mme Duranceau : Ce n'est pas mon
objectif.
M. Arseneau : Non, mais sincèrement,
là, je voulais détendre l'atmosphère, mais simplement pour dire que la crise est telle aujourd'hui, même dans les
régions touristiques qui sont habitées, la priorité pour tout le monde, c'est
que les habitants, les résidents de nos régions puissent se loger. Et,
si on va extraire ne serait-ce qu'un, cinq, 10 de ces logements-là pour les
tourner vers l'hébergement touristique, c'est une perte incommensurable.
Mme Duranceau : Bien, justement, à
votre point — ça,
c'est un anglicisme, je crois — dans le même ordre d'idée, donc, si tous
les habitants des Îles-de-la-Madeleine sont en faveur d'une telle mesure, bien,
écoute, si elle est proposée par leur maire,
O.K., bien, leur maire va être à la mairie tout le reste de ses jours, parce
qu'ils vont applaudir la mesure. Le
pouvoir, il existe déjà au niveau de la municipalité. Les municipalités nous
réclament plus d'autonomie; on leur a donné déjà.
Puis nous, là, écoute, on a regardé ça, venant
des municipalités, on ne l'a pas, la commande d'aller là, parce qu'ils les ont,
les pouvoirs. Oui, il faut que tu te donnes le trouble de proposer le
changement de règlement, mais, vous le dites
vous-même, la population est en faveur, donc la population, elle n'en demandera
pas, un référendum. Alors, le
changement de règlement va pouvoir se faire, puis ils vont pouvoir l'interdire
à leur niveau. Puis, s'ils veulent changer d'idée, ils vont faire un règlement
puis ils changeront d'idée. Mais, nous, le Code civil, changer ça, c'est compliqué,
là. Alors, ce n'est pas... On a dit aux
villes qu'on leur faisait confiance. Ils veulent cette confiance-là, ils
veulent ce pouvoir d'agir là, on leur a donné. Et puis je pense que tout
est là.
M.
Arseneau : Mais, en fait, on ne fera pas de bataille de
juridictions aujourd'hui, mais il est clair que la juridiction
municipale, c'est sur le zonage. Là, nous, au gouvernement du Québec, les
législateurs parlent du Code civil, et là on dit :
Est-ce qu'on peut resserrer le Code civil pour empêcher que des gens soient
évincés dans le but avoué par le locateur de se tourner vers l'hébergement touristique? Et nous, on dit :
Non, non, on ne veut pas resserrer ça, on veut que ce soient les
municipalités qui interviennent. On a le pouvoir de le faire, partout au
Québec, parce que la crise, elle est un peu partout au Québec. Et n'y aurait-il pas de crise
que ce serait encore une bonne idée quand même de ne pas... Pas parce qu'on veut restreindre le développement de
l'hébergement touristique, parce que le principe qui est défendu ici,
c'est : l'éviction du locataire ne peut pas se faire en faveur du visiteur
touristique. C'est là où, sur le plan du principe...
Mme Duranceau : Oui, mais là il
va...
M. Arseneau : ...on doit défendre
notre monde avant de défendre le tourisme, non?
Mme Duranceau : Tout à fait.
Alors...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Tout à fait. Alors,
les villes ont ce pouvoir-là. Là, dans le Code civil, on ne peut pas se mettre à rajouter tout plein d'exceptions. Là,
c'est l'hébergement touristique, après ça on va dire : Bien là, on ne veut
pas de salons de massage puis, après ça, on ne veut pas de salons de
coiffure. À un moment donné, le concept, c'est que, quand tu as un cas d'éviction, il faut que tu... pour subdivision,
agrandissement ou changement d'affectation, bien, les changements
d'affectation, c'est notamment quand tu convertis en usage commercial, bien, on
ne veut pas venir commencer à restreindre les usages commerciaux au niveau du
Code civil. Les villes ont ces pouvoirs-là, et, s'il est largement reconnu, répandu puis voulu par une
population qu'on favorise l'hébergement longue durée, donc le logement,
bien, la population ne va pas s'élever contre ça. Le maire va pouvoir faire les
changements réglementaires qu'il veut par zones, alors que, si on prend
Rimouski comme exemple, on sait pertinemment bien qu'il manque 300 logements
touristiques à Rimouski, bien, la population
locale pourrait dire : Savez-vous, nous, localement, on les veut, ces
logements-là aussi. On veut du logement, puis on va les aider, Rimouski,
à en avoir, du logement, mais on veut aussi du logement touristique. Puis là, à
un moment donné, comme je vous dis, il y a une lunette, mais il se passe
d'autres choses, là, au Québec, là, pas
juste la crise du logement. Alors, il faut tenir compte de tous les aspects de
la question. Et moi, je pense que les
villes ont les pouvoirs d'intervenir là-dessus, et, si elles ont l'appui de
leur population, le changement de zonage va se faire, puis c'est à leur
niveau.
M. Arseneau : Mais l'enjeu qu'on a à
l'heure actuelle, là, ce n'est pas un enjeu de zonage, c'est un enjeu de défense des droits des locataires. Vous prenez ça
sous la lorgnette du zonage municipal, alors qu'on n'est pas dans un conseil
municipal, on est dans une commission d'étude sur un projet de loi pour
essayer, selon l'amendement qui est proposé par ma collègue de Mille-Îles, de
moduler ou d'encadrer la possibilité, pour un locateur, d'évincer. Alors, on veut restreindre le pouvoir d'éviction du
locataire. Ça n'a rien à voir avec le zonage. On ne dit pas à quel endroit ça va
se faire, on dit qu'on veut défendre le droit d'avoir un toit, c'est un des
besoins essentiels.
Alors, on dit : Est-ce que c'est normal,
pour le gouvernement du Québec, de restreindre la possibilité pour un locateur
d'évincer quelqu'un qui a un toit dans l'objectif d'accueillir de l'hébergement
touristique? Moi, je pense que ça se défend
autrement que sur le plan du zonage, mais sur le plan de la défense des droits
des familles souvent les plus vulnérables, à logement, qui ont un
logement, qui s'y plaisent et qui se voient mettre à la rue parce qu'on
voudrait nommément... l'intention, c'est de subdiviser le logement, de
l'agrandir, en tout cas, peu importe, faire des travaux parce qu'on ne veut plus procurer un toit aux locataires, on veut
accueillir de l'hébergement touristique. C'est là où on peut, comme gouvernement, comme membres de la
commission, comme législateurs, dire que le pouvoir d'éviction peut être
restreint.
On peut par
ailleurs développer du logement touristique dans toutes les régions, respecter
le zonage, construire et transformer une fois que le locataire a décidé de ne
pas renouveler son bail, on peut encore le faire, on a encore la capacité de développer du logement touristique. Ce
qu'on n'a plus la capacité de faire, c'est de dire : Je vous mets à la
rue parce que je préfère recevoir des touristes.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
qu'il va y avoir des commentaires?
Mme
Duranceau : Bien, écoutez, moi, en conclusion, là, je vais
résumer ma pensée, ce n'est pas une question de ne pas vouloir empêcher les
évictions. On a d'excellentes mesures, si on peut y arriver, concernant les
évictions. D'ailleurs, dans la...
Puis on l'a dit, dans la crise du logement, là, ce n'est pas juste la ministre
de l'Habitation, il y a plusieurs paliers
de gouvernement puis il y a plusieurs instances et plusieurs ministères qui
doivent agir. Et ici ce qu'on dit, c'est que les municipalités ont un pouvoir, elles doivent l'exercer sur leur
territoire, et, si ce pouvoir-là est exercé correctement par la
municipalité, compte tenu de sa connaissance de son territoire puis des
volontés de sa population, bien, le bon zonage
va être en place, et donc une éviction pour conversion du logement en
hébergement touristique ne sera pas pertinente et ne pourra pas survenir, parce que le projet d'affaires ne
fonctionnera pas, à la base, ça ne sera pas dans un contexte où,
légalement, il peut être exercé.
Alors,
chacun, chaque palier à son bout de chemin à faire, puis ici, c'est
concomitant, c'est municipal et c'est nous, au niveau du gouvernement du Québec, à travers les autres modifications
qu'on propose aux articles, là, sur l'éviction.
• (14 h 40) •
M.
Arseneau : ...un dernier mot là-dessus. Moi, ce que je
voudrais, ce que j'essaie de passer comme message, c'est que les évictions,
de façon générale... Moi, je ne peux pas voir une éviction justifiée, une
éviction de famille québécoise qui ont un
logement, justifiée en fonction de la conversion en un logement touristique du
toit qu'ils ont déjà, peu importe le zonage. C'est ce que
j'aimerais vous convaincre de... je dirais, de convenir avec nous. C'est-à-dire
que, lorsqu'on dit que ça appartient à la municipalité, c'est comme si
on disait que, là où il y aurait l'éviction d'une famille dans une zone touristique, bien, c'est bien correct puis, là où
c'est ailleurs, bien, ce n'est pas correct parce que la municipalité a
décidé de mettre des règles. Moi, je vous suggère que ce n'est jamais correct
de mettre des familles à la rue pour
transformer le logement, peu importe le zonage... le logement en hébergement
touristique. Puis ce n'est pas une
question municipale et de zonage, mais c'est une question de défense des
droits. Puis ce droit-là, tant et aussi longtemps qu'on ne l'aura pas reconnu comme un droit, le
droit au logement, bien, on aura ce genre de discussion là qui ne mène
nulle part.
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci. Alors, d'autres commentaires? J'avais le
député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. Merci, M. le
Président. Écoutez, nous sommes ici sur une question sur le p.l. n° 31,
là, porté par la ministre de l'Habitation,
mais j'ai l'impression d'entendre la ministre du Tourisme. Et je crois, et la
ministre me le confirmera, là, que
son principal mandat en tant que ministre de l'Habitation, c'est d'assurer un
toit pour tous les ménages au Québec, là.
Moi, je suis tout à fait favorable à ce qu'il y
ait du tourisme au Québec et qu'il puisse s'héberger quelque part. Et je pense qu'au Québec, à moins que la
ministre de l'Habitation me dise le contraire, il nous manque... il me semble
qu'il ne manque pas d'infrastructures touristiques pour accueillir les
touristes, là. Mais jamais, jamais je ne mettrai les intérêts des touristes, que je respecte et que j'aime profondément,
mais... avant les intérêts des ménages du Québec, là, qui cherchent à se
loger décemment.
La ministre
nous a dit qu'elle laisse cette décision-là aux municipalités. Mais justement
les législateurs, nous, nous, les législateurs, l'Assemblée nationale du
Québec, on est là pour légiférer pour le bien commun, pour le bien de tous et toutes au Québec, là. Et si, d'un coup, il y a
une partie du Québec, une municipalité qui décide de prendre une décision
absurde et de ne pas... de favoriser les
intérêts du tourisme au détriment des intérêts des ménages qui méritent, qui
ont le droit fondamental d'avoir un
toit sur la tête, bien, il me semble qu'il y a un législateur au Québec, là,
qui devrait dire : Minute, il y a une limite, nous, l'orientation
c'est de donner... de loger tout notre monde.
Et Mme la
ministre de l'Habitation nous disait que la situation est différente à Montréal
que dans le reste du Québec, là, mais
je me permettrais de nous rappeler quelque chose qu'elle sait très bien déjà,
là, la situation, en termes de pénurie de logements locatifs, elle affecte
partout, toutes les régions du Québec, en particulier les régions touristiques,
justement, parce qu'il y a une pression touristique, là.
Et je me permets de nous rappeler des chiffres
sur le taux d'inoccupation, là : en 2022, Alma, 0,3 %, là; Gaspé, région très touristique, là, 0 %, là;
et je n'ose pas demander à mon collègue des Îles-de-la-Madeleine c'est quoi,
le taux d'inoccupation aux Îles-de-la-Madeleine, là; Rivière-du-Loup,
0,5 %; Sept-Îles, 0,4 %. Et, dans toutes ces régions-là, dont plusieurs peuvent avoir un attrait touristique, là,
l'afflux des touristes en ce moment contribue à accentuer la crise du
logement, bien que nous n'ayons pas des données pour l'ensemble des villes du
Québec, là.
Mais on va
revenir à Montréal, là, et, si c'est à Montréal, ça devrait se répéter
ailleurs, dans une moindre mesure, mais, à Montréal, on calculait, il y a
quelque temps seulement, qu'il y avait entre 12 000 et
15 000 logements locatifs qui étaient extraits, qui étaient soustraits du marché locatif, là, pour le
marché Airbnb légal et non légal, hein? Parce que, là, on parle du marché des
Airbnb légal, permis par les zonages, mais on sait que ce problème-là n'a pas
été encore réglé, malheureusement. Malgré toutes les lois qui ont été
adoptées, il y a un grand nombre d'Airbnb qui sont illégaux. Mais, dans ce... Et beaucoup de ces locataires-là
ont été peut-être évincés pour faire de la place à l'hébergement touristique à
court terme.
Donc, le mandat de la ministre de l'Habitation,
là, c'est non pas de protéger les touristes, là, c'est de protéger le droit au maintien dans les lieux des ménages du
Québec, là. Et je suis très content de l'amendement proposé par ma collègue de Mille-Îles. Moi aussi, je voulais
présenter un amendement dans le même sens, là. Mais elle devrait, puisqu'il s'agit d'un projet de loi qui concerne les
locateurs... elle devrait être très ouverte à explorer cette possibilité-là et
fermer la porte aux évictions qui causent et qui suscitent tant de
drames chez tant de familles québécoises, là, et elle devrait être ouverte à explorer la possibilité de mettre
un frein à cette hémorragie de logements vers le secteur touristique, là. C'est
ça, sa mission, là. On n'est pas ici pour parler du tourisme ni de
protéger les intérêts des touristes, nous sommes ici pour protéger les
intérêts, le droit fondamental des ménages québécois à avoir un toit. Donc là,
la question que je lui pose : Est-ce qu'elle est en train ici de défendre
les droits des locataires ou les droits des touristes?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme
Duranceau : Écoutez, je suis ici pour faire avancer le projet
de loi n° 31, là, qui vise à amoindrir les effets de la crise du logement, là, mais je dois aussi
tenir compte de l'ensemble de l'oeuvre, puis des demandes que les municipalités
nous ont faites, puis des pouvoirs qu'on leur a donnés.
Et je pense que ça vaut la peine de mentionner
qu'après le projet de loi n° 25 de ma collègue au Tourisme, les provinces maritimes, la Colombie-Britannique
ont rencontré le ministère du Tourisme pour savoir comment il était arrivé aux règles qui ont été mises en place,
parce que leur réglementation au niveau provincial, là, ne fonctionnait pas,
puis c'est au niveau municipal qu'ils voulaient régler ça.
Alors, je pense que, nous, c'est là qu'on est
allés. Je pense que les villes... là, je me répète, là, mais les villes ont tous les pouvoirs, c'est ce qu'elles nous
demandent, et il y a moyen d'intervenir dans le respect de ce que la population
souhaite dans chacune des villes. Alors, c'est ce que j'ai à dire, M. le
Président.
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci. Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci,
M. le Président. Alors, je comprends que la ministre souhaite que ce soient les
villes qui interviennent. Alors, est-elle ouverte à permettre aux villes à
l'interdire sur l'ensemble de leurs territoires comme plusieurs veulent le
faire mais ne peuvent pas le faire actuellement, et c'est la volonté de leur
population? Est-elle aussi ouverte à revenir
à des seuils de signatures réguliers, normaux, et non pas à 50 % qui
favorisent, en fait, beaucoup plus de référendums que si c'était du
régulier? Est-ce qu'elle est ouverte à ça?
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme
Duranceau : Oui, bien, la règle de 50 %, là, des seuils, c'est
pour l'histoire des résidences principales.
Mme Dufour : Ça
ne change pas ma question.
Mme Duranceau :
Non, c'est ça, ça fait que, là,
dans le cas de ce qui nous concerne, s'il y a un changement qui est
proposé par la ville, bien, c'est les seuils habituels, qui sont quand même
plus élevés, puis, s'il y a un intérêt de la population, bien, il ne devrait
pas y avoir de demande de tenue de registre pour contrer la demande, là.
Mme Dufour :
Mais ma première question : Est-ce qu'elle...
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre... Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : ...est ouverte à permettre aux villes de
l'interdire partout sur leurs territoires, comme plusieurs villes le souhaitent? Parce que, si on veut... si
on dit que les villes sont libres, à elles et que ça repose sur elles d'éviter,
dans le fond, des évictions, bien,
permettons-leur réellement d'agir comme elles le souhaitent et de pouvoir
l'interdire partout sur leurs territoires, si elles le souhaitent.
Mme
Duranceau : Bien, elles le peuvent, puis c'est ce que l'UMQ et la FQM
nous confirment.
Mme Dufour : ...mais je ne sais pas si... J'ai posé, tout à
l'heure, la question, le conseiller l'a dit à l'arrière, elles ne
peuvent pas l'interdire partout sur leurs territoires.
Mme
Duranceau : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Par
contre, je n'aimerais juste pas que vous vous interpeliez, l'un l'autre, là. Même
si je n'interviens pas, veuillez vous adresser à la présidence, parce que, là
je ne veux pas une bataille de...
• (14 h 50) •
Mme Dufour : Est-ce
qu'on peut permettre... (panne de son) ...sur leurs territoires, partout, et
non pas... Parce qu'actuellement elles
doivent permettre, dans des zones, du Airbnb, elles ne peuvent pas l'interdire
partout sur le territoire, ce n'est
pas permis. Elles ne peuvent pas le faire, non plus, d'un coup. Donc, est-ce
qu'on est ouverts à revoir ça pour le permettre partout?
Mme
Duranceau : Je pense que chaque élu peut regarder son territoire puis
il peut aller... s'il y a 10 zones, il
est capable de l'interdire dans neuf zones puis il va atteindre l'objectif qui
est souhaité, là. À un moment donné, on ne peut pas s'immiscer dans la
chambre à coucher de tout le monde, là.
Mme Dufour : Donc,
je comprends qu'elle est fermée à tout changement et préfère... Dans le fond,
ce qu'on comprend, c'est : la ministre
a un petit peu abdiqué son rôle de ministre de l'Habitation versus la ministre
du Tourisme. Alors, merci, M. le Président, je pense qu'on peut conclure
sur cet article-là... cet amendement-là et passer au vote.
Le Président (M.
Schneeberger) : Merci. Parfait. Député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Oui. Merci, M. le Président. Là, ici, nous sommes au
niveau non pas de l'application, de l'application par les municipalités d'une
pratique, là, l'hébergement touristique tel qu'Airbnb, nous sommes ici au
niveau d'un principe, là, un principe fondamental qui... et les principes
fondamentaux ne peuvent pas être laissés à la discrétion,
au bon vouloir des différentes... des 1 181 municipalités du Québec,
là. Il s'agit d'un principe fondamental sur lequel les législateurs, les
représentants légitimes de la population québécoise doivent s'exprimer, là.
Et
c'est tout à fait deux choses différentes que la ville permette et favorise
l'arrivée des touristes, même moyennant, et je ne suis pas d'accord, mais c'est une décision qui appartient à la
ville, là, moyennant l'arrivée de touristes par Airbnb, par exemple. Mais est-ce qu'une ville peut se
permettre de mettre des gens, des familles à la rue pour permettre l'arrivée
des touristes, là? C'est ça, le principe
fondamental, là. Ça n'appartient pas aux villes, cette décision-là, Mme la
ministre, là, ça appartient à la municipalité. Et je lui pose la
question à elle personnellement, là : Est-ce qu'elle pense, là, qu'on peut
évincer une famille pour héberger des touristes?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Bien,
M. le Président, là, je ne pense pas ça, là. Je pense qu'il y a des mesures
d'éviction qu'il faut qu'on regarde
ensemble, qui vont mettre le fardeau de la preuve sur les épaules du
propriétaire de démontrer que son
projet tient la route. S'il est dans une zone où est-ce que ce n'est pas
permis, le projet ne tient pas la route et ne peut pas aller de l'avant,
donc il n'y en a pas, d'éviction.
Et les
villes, il y a un principe, là, qui s'appelle l'autonomie municipale, qui nous
est demandé par les municipalités, qui est en négociation, d'ailleurs,
présentement, puis on a la pleine intention de respecter ça, et ça en fait
partie. Donc, par zones, ils peuvent statuer si, oui ou non, ils veulent
permettre de l'hébergement touristique, selon les besoins dans leurs
municipalités. Puis une ville comme Montréal, ce n'est pas la même chose qu'une
petite ville au bas... dans le Bas-Saint-Laurent. Alors, chacun réfléchit à son affaire en
fonction de sa réalité locale et a les pouvoirs locaux de le faire
compte tenu de son taux d'inoccupation.
Puis il n'est aucunement question... Puis je
trouve que c'est facile, un peu, là, puis ça sert bien les intérêts, là, peut-être, mais on n'est pas en Chambre, là, on
essaie de faire avancer un projet de loi, puis il n'y a pas de... de... je pense
que ce n'est pas utile, là, de mettre en...
en opposition tourisme versus logement. On a besoin des deux puis on veut aider
tout le monde là-dedans. Puis les villes ont les... ont les bons... les bonnes
ficelles pour aider à ce niveau-là, puis je pense qu'on on est à la
bonne place.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : En effet, dans un
monde idéal, on ne devrait pas mettre en opposition, là, le tourisme et le droit à avoir un toit sur la tête, un chez-soi.
Malheureusement, étant donné l'évolution de l'économie, l'économie actuelle,
ces deux principes-là, dans le cas d'Airbnb,
l'hébergement par les plateformes, l'hébergement touristique à court terme, font
en sorte qu'ici, au Québec, un peu partout à travers le monde, en Europe, à New
York, c'est le même... c'est le même type de
problématique, là, on arrive à la situation malheureuse où les deux phénomènes
rentrent en concurrence, c'est-à-dire le développement de... du tourisme de...
l'hébergement touristique à domicile rentre en concurrence, diminue le droit au logement et met en... fragilise
le droit au maintien dans le lieu. C'est la situation actuelle, et on voudrait
que ce soit différent, mais ce n'est pas le cas, et donc il appartient au
législateur de trancher la question de quel bord on se penche.
La ministre
nous disait qu'elle est... elle est tout à fait en faveur de... elle préconise
l'autonomie municipale. J'en suis, les municipalités doivent avoir beaucoup
d'autonomie pour... dans leurs champs de compétences, évidemment, là. Mais est-ce que, la question d'un droit fondamental,
c'est-à-dire qu'un ménage du Québec ne puisse pas être expulsé pour
accueillir des touristes, est-ce que ça fait partie des compétences de la ville
ou pas? Moi, il me semble que c'est une compétence...
c'est un principe fondamental qui devrait être tranché ici, à l'Assemblée
nationale, et non pas laisser cette latitude-là aux municipalités, là.
Lorsqu'il s'agit de principes de cet ordre-là, c'est ici qu'on doit trancher,
et, dans ce sens-là, la ministre devrait étudier attentivement la possibilité
d'adopter l'amendement apporté par ma collègue des Mille-Îles ou un autre
amendement dans le même sens qu'elle pourrait concocter, là. Mais c'est
important que le gouvernement du Québec
garde cette prérogative sur certains principes fondamentaux, celui de favoriser
la population québécoise lorsqu'il s'agit de leur assurer un toit.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos commentaires. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires ou suggestions,
peu importe? Ça va? Alors, le député des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Arseneau : Oui. Moi, je voudrais, pour être sûr d'avoir fait
le tour de la question, comprendre si l'objection de la ministre à cet
amendement est une objection de principe ou une objection liée au fait qu'on
veuille amender l'article 1959 du Code civil. Parce que vous avez
semblé évoquer le fait que le Code civil ne pouvait pas tout prévoir puis qu'il ne faudrait pas trop toucher au Code
civil, et tout ça. Bon, moi, je suis très, très ouvert à l'idée que le Code
civil ne peut peut-être pas être... tout prévoir, ne peut peut-être pas
tout prévoir, mais je voulais savoir si c'est la question du Code civil ou si c'est la question de principe,
qu'il ne faudrait pas empêcher un locateur d'évincer dans l'objectif de créer
un logement touristique.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Non, non, mais mon
approche, c'est juste qu'il y a l'autonomie municipale puis que, sur ce sujet-là, on pense que les villes ont ce qu'il
faut pour intervenir. Puis, vous l'avez dit éloquemment vous-même, là, les
citoyens ne pourraient qu'applaudir une telle mesure dans les municipalités où
c'est criant d'avoir du logement, alors les
citoyens décideront localement si c'est du logement qu'ils veulent ou si c'est
de l'hébergement touristique, puis les
villes vont trancher là-dessus, là. Parce que chacun a un cas qui lui est
propre, là. Puis nous, on va agir sur le logement, puis créer du logement, par ailleurs, puis
construire plus de logements. Ça, c'est en dehors du projet de loi n° 31,
puis on est en action plus que jamais
sur ça. Mais je pense que, sur cette mesure-là, ma logique, elle est
vraiment : autonomie municipale. C'est l'approche qu'on a, qu'on
choisit de prendre.
M. Arseneau : Encore une fois, en
tout respect, j'ai comme un peu l'impression qu'on détourne le sujet. Le logement... Vous reconnaissez quand même que le
gouvernement du Québec a une compétence eu égard au logement et à la
protection des locataires? Ce que l'on propose, c'est une protection des
locataires, ce n'est pas une question de zonage, c'est une question qui est
directement dans la cour du gouvernement du Québec. Peut-être que ce n'est pas au bon endroit, peut-être
que ce n'est pas dans le Code civil, mais de dire qu'un locateur peut
impunément évincer une famille, la mettre à la rue dans le but
d'accueillir des touristes, est-ce que ce principe-là, vous y souscrivez?
Vous nous dites : Bien, il y aura toujours
des recours pour la famille, pour les personnes qui sont évincées.
Imaginez-vous dans la peau d'une famille qui est à logement, qui a eu de la
difficulté à se loger, qui a probablement des
difficultés financières, puis ce qu'on lui dit, c'est : Vous allez être
évincés parce qu'on veut, bon, faire des travaux puis s'ouvrir au Airbnb, mais vous pouvez quand même aller vous battre.
Mais là elle dit : Moi, je ne veux pas me battre, je veux juste un
logement. Alors, les efforts vont être consacrés vers le logement plutôt que
vers une bataille devant le tribunal. Il me semble que c'est...
Même si vous dites que le fardeau de la preuve
revient sur le dos du locateur, le fait qu'il puisse imaginer qu'il ait le
droit de le faire, donc, mettre à la rue des citoyens québécois pour mieux
accueillir des touristes s'il arrive à prouver que c'est un beau projet, là,
c'est admis, c'est une bonne idée, alors que nous, on est en train d'essayer de
développer un projet de loi, le projet de
loi n° 31, pour résorber une partie des problèmes que vivent les Québécois
en lien avec la crise du logement.
• (15 heures) •
Mme
Duranceau : Bien, moi, je suis entièrement d'accord avec vous,
là, je suis bien d'accord avec vous sur le principe. Ce que je dis, c'est que
je ne vais pas me substituer aux villes, qui ont la capacité d'intervenir sur
leurs territoires et qui ont demandé ça. C'est la seule chose que je
peux dire.
Effectivement, je ne veux pas qu'il y ait des
familles qui soient mises à la rue pour faire du logement... de l'hébergement
touristique. Alors, je m'attends à ce qu'au niveau municipal quand les villes
ont les pouvoirs comme on leur a donné puis
comme elles ont demandé, bien, qu'elles agissent. Parce que, là, à un moment
donné, il y a 1 900 ou 1 971 villes, là, vous l'avez dit
tantôt, là, bien, si on se met à s'immiscer dans chaque affaire, bien, à ce
moment-là, qu'est-ce que ça donne, cette autonomie municipale là? Je pense
qu'elle n'est pas souhaitée.
Alors, je suis d'accord avec vous, il faut
protéger les gens. Il y a d'autres mesures pour protéger les gens, puis on va y voir, vous allez... si on peut
avancer. Et les villes ont leur rôle à jouer, puis on s'attend à ce qu'elles le
jouent. Puis c'est excellent qu'on
ait cette discussion-là, parce qu'évidemment elle va percoler, je présume, là,
puis les villes vont être bien au
courant qu'elles ont un rôle à jouer sur ça. Puis je pense que c'est important
qu'elles aussi contribuent à trouver des solutions.
M. Arseneau : Oui. Ça, je veux...
Mme Duranceau : Puis à les
appliquer.
M. Arseneau : Je ne veux pas qu'on
tourne en rond parce qu'on revient sur la discussion qu'on a eue tout à l'heure sur l'idée que les villes auront tout à
fait la légitimité de décider de leur zonage. Mais le gouvernement du Québec
a tout à fait la légitimité, je dirais même
le devoir, d'agir sur la question de l'éviction, donc de... Et c'est là-dessus
qu'on se refuse d'agir.
Actuellement, est-ce que, dans les compétences
municipales, on peut empêcher l'éviction de familles de leur logement? Moi, je pense que la réponse est non. Ce
n'est pas aux villes de déterminer si on évince des familles ou pas de
leur logement. C'est au gouvernement du Québec qu'il appartient... Là, on a un
article qui dit : On peut évincer le locataire,
il est possible de le faire. Donc, c'est notre pouvoir, là. On pourrait changer
les choses. On pourrait dire qu'on ne veut pas évincer les familles. Là,
on dit : C'est possible, à certaines conditions.
Nous, on
dit : On pourrait restreindre ces conditions-là pour empêcher que
l'éviction ait pour motif d'accueillir l'hébergement touristique plutôt
que les citoyens qui ont besoin d'un logement 12 mois par année. C'est...
C'est dans notre pouvoir de le faire. On
peut décider de ne pas le faire. On peut décider de ne pas le faire dans
l'article du Code civil qui est devant nous. Mais moi, je vous soumets bien
humblement que, si on décide de ne pas le faire, c'est parce qu'on fait
un choix politique de... par des moyens circonstanciels de zonage, de lancer la
patate chaude dans la cour des municipalités,
qui n'ont pas pour objectif de légiférer ou de réglementer sur l'éviction,
simplement sur le zonage. Nous, on a le pouvoir de légiférer sur
l'éviction et on se refuse de le faire.
Le
Président (M. Schneeberger) : Oui... Terminé? D'autres commentaires? Non. Ça va.
Oui. Députée de... Parfait. Ça fait que, s'il n'y a pas d'autre...
Mme Dufour : ...s'il vous plaît, M.
le Président.
Le Président (M. Schneeberger) :
Comment?
Mme Dufour : Un vote nominal, s'il
vous plaît, M. le Président.
Le
Président (M. Schneeberger) : O.K. Parfait. Alors, nous appelons le vote. Est-ce
que l'amendement de 1.1 est adopté?
Mme Dufour : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Nominal.
M. le secrétaire.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
Le
Secrétaire : Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme
Duranceau : Contre.
Le
Secrétaire : M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le
Secrétaire : M. Gagnon (Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le
Secrétaire : M. Allaire (Maskinongé)?
M. Allaire :
Contre.
Le
Secrétaire : Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme
Haytayan : Contre.
Le
Secrétaire : M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla :
Pardon?
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention.
M.
Fontecilla : Pour.
Le
Secrétaire : M. Schneeberger
(Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous poursuivons l'article par
article. Je passe à l'article n° 2, je pense, Mme la ministre? Oui. Député
de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Nous avions l'article 1.1.1. Est-ce que ça rentre
dans la numérotation?
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que... Oui, le secrétaire m'a dit que c'est... c'est correct, c'est approuvé.
Alors, c'est un amendement. Est-ce que le Greffier l'a? Vous l'avez déposé au
Greffier?
M.
Fontecilla : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, si vous l'avez déposé au Greffier, tout le monde l'a. Alors, je
vous invite à lire l'amendement.
M.
Fontecilla : Merci, M. le Président, là. Donc, c'est
l'article 1.1.1, modifiant l'article 1959 du Code civil du Québec. Il
s'agit d'insérer, après l'article 1 du projet de loi, le suivant :
1.1.1.
L'article 1959 de ce code est modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Le
locateur d'un logement ne peut en évincer le locataire lorsque le taux
d'inoccupation des logements locatifs est inférieur à 3 % dans le
secteur où se situe le logement.»
L'article 1959,
tel qu'amendé, se lirait comme suit :
«1959.
Le locateur d'un logement peut en évincer le locataire pour subdiviser le
logement, l'agrandir substantiellement ou en changer l'affectation.
«Le
locateur d'un logement ne peut en évincer le locataire lorsque le taux
d'inoccupation des logements locatifs est inférieur à 3 % dans le
secteur où se situe le logement.»
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article? M.
le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
Oui. Tout à fait. Donc, tantôt,
j'ai parlé des taux d'inoccupation en... en 2022, pardon. Je recule d'un
siècle! Et donc la question du taux d'inoccupation est cruciale dans le débat
qui nous concerne dans la crise du logement. C'est un indicateur fondamental
pour déterminer le niveau de gravité de la crise du logement. Plus le taux
d'inoccupation est bas, plus la crise du logement est accentuée.
Nous
avons des chiffres provenant de la société canadienne d'habitation et de
logement qui nous indiquent régulièrement le
taux d'inoccupation dans différentes régions du Québec, j'en fais... j'en ai
parlé de quelques-unes tantôt, mais c'est toujours utile de s'en rappeler,
parce que c'est un indicateur fondamental. Donc, à Alma, c'est 0,3 %,
Baie-Comeau, 0,5 %, Gaspé, 0 %, Joliette, 0,9 %, Rouyn-Noranda,
0,8 %, Sept-Îles, 0,4 %, Rivière-du-Loup, 0,5 %. Ces taux d'inoccupation, ça veut dire... aussi
bas, ça veut dire qu'il n'y a presque pas... à toutes fins pratiques, il n'y a
pas de logements disponibles pour la location. D'où l'importance, entre
autres, de la cession de bail, là, parce que cela permet le transfert de
logement au même prix, au même prix du loyer, là, entre locataires.
Donc... Et, ces
chiffres, M. le Président, ce n'est que... ce n'est qu'une moyenne, hein? Parce
que plus on change de typologie et on s'en
va vers des appartements plus grands, avec plus de chambres à coucher, donc,
par exemple, un cinq et demie, plus
les... il y a... ça va être, à toutes fins pratiques, inexistant sur le marché
locatif des différentes régions, entre
autres celles dont je viens de parler, là. Donc, avec un taux d'inoccupation de
0,8 % à Rouyn-Noranda, par exemple, ça, ça veut dire que des
cinq et demie pour une famille, là, vous n'en trouverez nulle part à Rouyn-Noranda.
Donc,
dans ce sens-là, il est excessivement important de... que les locataires
puissent démêler et respecter le droit au maintien dans les lieux, un principe
fondamental de notre système, du système qui régit le secteur locatif au
Québec, là. Donc, il serait très opportun, comme le proposent plusieurs
organisations de la société québécoise, là, d'interdire les évictions lorsque... lorsque le taux... le taux
d'inoccupation descend en dessous du seuil communément admis, là, pour
désigner un marché en équilibre, en bas de 3 %.
Et c'est la raison
pour laquelle j'avance... je me fais le porte-parole d'une revendication de
plusieurs comités logement du Québec, là, qui constatent quotidiennement, là,
le désarroi et la situation catastrophique des locataires qui se font évincer et qui doivent se reloger à
prix fort ailleurs, dans d'autres appartements. Parce que le marché, en ce
moment, le marché locatif, ne fonctionne
pas. Avec des taux d'inoccupation aussi bas, le marché est carrément à
l'avantage des locateurs, dont certains peuvent se permettre de demander des
loyers abusifs, là, tout en sachant que le locataire est souvent obligé d'accepter ces loyers abusifs parce
qu'il n'a aucun autre endroit où aller. Si vous avez une famille avec des enfants, et on vous charge un loyer tout... on
vous charge un loyer abusif, vous allez l'accepter tout en connaissance de
cause, là, parce qu'il n'y a rien d'autre pour héberger votre famille, là.
• (15 h 10) •
Donc,
il me semble que, dans une situation aussi préoccupante et aussi grave que la
situation actuelle, là, on devrait momentanément — et
c'est une... et c'est une décision momentanée — interdire les rénovictions,
là, dans les zones, dans les secteurs où le
taux d'inoccupation est en dessous de 3 %. Dès que le taux d'inoccupation
monte sur 3 %, là... au-dessus de 3 %, évidemment, le sens de
mon amendement, c'est que la possibilité d'évincer pour subdiviser... changer d'affectation ou subdiviser, bien, cette
possibilité-là revient, mais, lorsqu'il y a pénurie de logements locatifs,
là, on ne devrait pas accepter... on ne devrait pas tolérer les évictions.
Voilà, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le député de Laurier-Dorion. Est-ce que nous avons des commentaires?
Mme Duranceau : Mon seul commentaire, c'est que je comprends la préoccupation du député
de Laurier-Dorion, je sais où il s'en va avec cette proposition-là, mais
on n'ira pas là, là. C'est ce que je peux dire. Il y a des règles pour les évictions, on les resserre. Il y a des
propositions qui sont fort intéressantes, qui visent à resserrer ces règles-là,
mais, encore, il faut maintenir un
équilibre. Il est difficile à maintenir, mais il faut en maintenir un entre les
propriétaires puis les locataires. Puis ça, ce n'est pas une proposition
qui, à mon sens, est équilibrée, là.
Le Président (M.
Schneeberger) : Député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Bien, Mme la... M. le Président, Mme la ministre de
l'Habitation a parlé d'équilibre. Elle dit que
ma proposition n'est pas équilibrée. Moi, j'aurai... j'aurai la question
très... plutôt technique, là : Est-ce qu'un marché de l'habitation avec un
taux d'inoccupation de 0,9 %... en tout cas au-dessous de 3 %, est-ce
qu'il est équilibré, selon elle?
Mme
Duranceau : Je pense qu'il ne faut pas tout mettre dans le même
panier, là. Il ne faut pas faire porter la crise du logement sur les épaules des mêmes personnes, là. Puis, quand on
parle des propriétaires, puis là je ne suis pas ici pour faire l'apologie, là,
des propriétaires, mais il y a des grands propriétaires puis il y en a... Au
Québec, là, c'est beaucoup de petits propriétaires, O.K.? Alors, ce
n'est pas à eux de supporter toute la crise en question.
Ce qu'il faut faire
pour que le taux d'inoccupation, il soit à 3 % puis qu'il se rétablisse,
c'est construire du logement. C'est ça qu'on
fait. C'est ça qu'on finance. Il y a beaucoup de choses qui s'en viennent, puis
c'est ça qui va avoir un effet réel sur les taux d'inoccupation. Là, les règles
d'éviction, on a de très bonnes propositions, on va y venir, j'imagine.
Puis c'est de cette façon-là qu'on vient protéger les locataires.
Le Président (M.
Schneeberger) : Merci. D'autres commentaires? Ça va. Parfait.
M.
Fontecilla : ...
Le Président (M.
Schneeberger) : Député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Oui.
Le Président (M.
Schneeberger) : O.K. Parfait.
M.
Fontecilla : On sait qu'au Québec il y a plusieurs... je ne
suis pas le seul à le dire, là, une épidémie d'évictions. Souvent, on
les appelle les rénovictions. Et il y a beaucoup... il y a plusieurs indices
qui nous indiquent qu'un grand nombre de ces
évictions-là ne sont pas tout à fait conformes à la loi; on y reviendra à un
autre moment. Mais la situation est
que, dans la situation actuelle de crise du logement, le nombre d'évictions
tend à augmenter un peu partout à travers le Québec, et pas juste des
évictions, aussi les reprises. Donc, il y a comme une corrélation, là :
plus il y a pénurie de logements, plus il y a des évictions.
Donc, on
pourrait se poser la question : Est-ce qu'il y a quelque chose qui a
changé fondamentalement dans la dynamique du secteur locatif, là, qui
induit cette augmentation des évictions? On peut dire que oui. Et ce changement
dans la dynamique dans le secteur locatif, c'est qu'il y a plusieurs, plusieurs
locateurs — heureusement,
pas tout le monde — qui
ont tendance à profiter de cette situation de pénurie des logements pour mettre
à la rue. On sait... On sait quel type de logements... quel type de
locataires sont visés par les tentatives d'éviction. C'est souvent des
locataires qui restent depuis longtemps dans leurs logements, qui ne paient pas
un loyer élevé et, souvent, des personnes... des personnes aînées — on
y reviendra dans un autre sous-amendement — et donc des populations... des populations
fragiles.
Et la
motivation, la motivation de faire d'un grand nombre de ces évictions-là,
malheureusement, on le constate, là,
c'est une motivation pécuniaire. C'est de faire de l'argent. C'est de pouvoir
mettre à la porte un locataire qui ne paie pas cher et de procéder, après souvent des travaux cosmétiques, là, ou,
dans le cas des évictions qui ne sont pas conformes à la loi, aucun travail de
rénovation, et de louer beaucoup, beaucoup plus cher ou même, puisque c'est...
puisqu'on vient de l'adopter, même de le mettre sur Airbnb et faire
beaucoup plus d'argent, entre autres, qu'avec les locatifs. Parce qu'avec Airbnb on peut faire beaucoup plus
d'argent, là. Donc, il y a une dynamique, là, une dynamique vers l'obtention
de gains très concrets, de gains pécuniers
sur le dos des ménages vulnérables, des ménages qui vont s'appauvrir
considérablement, sans parler des traumatismes causés par une éviction.
Donc, la question est à savoir où est
l'équilibre dans tout ça. La ministre de l'Habitation nous a parlé de la nécessité de chercher un équilibre, mais on vit
dans une situation profondément déséquilibrée. Et cet amendement-là vise à
équilibrer, en quelque sorte, tant soit un peu une situation qui est
profondément au détriment des locataires les plus vulnérables.
Donc, dans ce
sens-là, la question qui peut se poser : Est-ce que le véritable motif de
la... la motivation, la volonté de la ministre de l'Habitation, c'est
d'équilibrer un marché qui est profondément déséquilibré au détriment des locataires,
des locataires vulnérables, ou c'est de
permettre des situations qui, heureusement, sont répandues, mais ce n'est pas
la généralité, encore une fois... mais permettre des situations où il y a
situations d'abus pour avoir des bénéfices pécuniers? Donc, il est où,
l'équilibre dans tout ça?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme
Duranceau : Bien, écoutez, moi, là, je vais répéter que, pour
rétablir l'équilibre, il faut augmenter l'offre de logements. Augmenter l'offre
de logements sociaux, c'est augmenter l'offre de construction et créer un
climat favorable pour la construction. Puis c'est comme ça qu'on va
rétablir l'équilibre.
Pour les
questions d'éviction, je pense que j'ai des bonnes propositions qui sont sur la
table, puis on y viendra. On y reviendra un peu plus tard.
Le
Président (M. Schneeberger) : D'autres commentaires? Ça va comme ça. Alors, s'il
n'y a pas d'autre commentaire...
M. Fontecilla : ...M.
le... M. le Président. La crise du logement, pour résoudre le déséquilibre, Mme
la ministre de l'Habitation nous dit que c'est... il faut construire
davantage de logements. Fort bien. D'ailleurs, on attend des annonces imminentes dans ce sens-là de la part de
la ministre, là, concernant les logements sociaux et communautaires.
Mais on sait — et
plusieurs intervenants, lors des auditions et des consultations particulières,
sont venus nous le dire — il
y a aussi la réglementation. La crise du logement... La gravité de la crise du
logement est aussi en fonction de la réglementation, de l'encadrement
législatif du secteur locatif : soit qu'il est plus lousse, ou plus
permissif, ou moins permissif.
Donc, dans ce sens-là, il n'y a pas juste un côté
de la médaille, là. Il ne faut pas juste construire des nouveaux logements. Il faut aussi protéger les locataires
qui sont dans le marché locatif actuel. Il ne faut pas seulement construire
des nouveaux logements, mais il faut aussi
conserver les parcs locatifs en termes quantitatifs, là. Par exemple, avec...
en interdisant les évictions pour installer un Airbnb, là, ça, c'est de
la protection du parc locatif.
Donc, la
question est pour... est pour la ministre, là. C'est... C'est : Est-ce
que, pour elle, la seule et unique solution, c'est l'augmentation hypothétique, un jour ou dans quelques années, du
parc locatif actuel ou c'est aussi... ça passe par une meilleure
protection des locataires?
Le Président (M. Schneeberger) : Questions?
Mme la ministre.
• (15 h 20) •
Mme Duranceau : Bien, M. le
Président, je le répète, là, le projet de loi propose beaucoup de mesures pour
améliorer les droits des locataires. Alors, on va y venir.
Puis, par
ailleurs, pour rétablir l'équilibre, ça va prendre plus de logements, puis on y
travaille. Et c'est ce que j'ai à dire.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
D'autres... Oui.
M.
Fontecilla : Je voudrais revenir sur cette question-là. Donc, pour la
ministre, la solution à la crise du logement passe uniquement par la
construction de nouveaux logements. Ça ne passe pas par une meilleure
protection des locataires. Pour elle,
c'est... d'après ce que je comprends, c'est accessoire. Ce n'est pas... Cet
aspect-là ne compte pas dans la solution pour la crise du logement, là.
C'est seulement des nouveaux logements?
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui. Député... Député de, voyons, Lac-Saint-Jean.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Oui. Puis, écoutez, c'est... c'est tellement un
gros enjeu puis un gros dossier. Puis, le
p.l. n° 31, c'est un projet de loi important. Puis je suis content qu'on
ait la chance d'en discuter, mais, tu sais, cher collègue, pour qui j'ai
beaucoup de respect, et je sais que vous... c'est un dossier qui vous tient
énormément à coeur, autant qu'à nous, mais
je pense que ça va bien, mais là je trouve que c'est un peu prêter des
intentions à Mme la ministre. Parce qu'on a tous à coeur, là, le
bien-être de tous les citoyens du Québec. On travaille tous fort en ce moment.
Puis ce n'est pas facile. Il faut trouver un équilibre. Et je pense qu'on va y
arriver. C'est tout, M. le Président.
Le Président (M.
Schneeberger) : Parfait. Alors, ça va comme ça? Alors, nous allons
procéder au vote de l'amendement 1.1.1. Est-ce que l'amendement... Oui.
M.
Fontecilla : Par appel nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Schneeberger) : Appel nominal. M. le secrétaire.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M.
Fontecilla : Pour.
Le
Secrétaire : Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme
Duranceau : Contre.
Le
Secrétaire : M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le
Secrétaire : M. Gagnon (Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le
Secrétaire : M. Allaire (Maskinongé)?
M. Allaire : Contre.
Le
Secrétaire : Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme
Haytayan : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
Le
Secrétaire : M. Schneeberger
(Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous revenons à l'article du... poursuivons
à l'article 2, je pense, Mme la ministre?
Mme
Duranceau : Semble-t-il. Oui. Il y a d'autres amendements, paraît-il.
Le Président (M.
Schneeberger) : Bien, moi, je n'ai pas... On ne m'a pas demandé, là.
Des voix : ...
Le Président (M.
Schneeberger) : O.K. O.K.
Mme
Duranceau : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que le... c'est déposé au Greffier? Oui. Alors...
M. Fontecilla : Oui.
Est-ce que c'est dans l'ordre...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, allez-y, M. le député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Très bien. Donc, amendement, article 1.1.2,
modifiant l'article 1959 du Code civil du Québec : Insérer,
après l'article 1 du projet de loi, le suivant :
1.1.2. L'article 1959 de ce code est
modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Toute reprise ou éviction de logement doit être
soumise au contrôle du Tribunal administratif du logement. La partie propriétaire doit faire preuve au
Tribunal administratif du logement de la réalisation du projet une année après
autorisation de la reprise ou de l'éviction
par le tribunal. Le manquement à cette obligation entraîne un jugement par
défaut.»
Donc, l'article 1959, tel qu'amendé, se
lirait ainsi :
«1959. Le locateur
d'un logement peut en évincer le locataire pour subdiviser le logement,
l'agrandir substantiellement ou en changer l'affectation.
«Toute reprise ou éviction de logement doit être
soumise au contrôle du Tribunal administratif du logement. La partie
propriétaire doit faire preuve au Tribunal administratif du logement de la
réalisation du projet une année après
autorisation de la reprise ou de l'éviction par le tribunal. Le manquement à
cette obligation entraîne un jugement par défaut.» Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Est-ce que vous... Commentaires? Oui.
M. Fontecilla : Je peux...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
allez-y, pour les commentaires.
M. Fontecilla : Si vous permettez,
je peux avoir... expliquer mon amendement. On a beaucoup d'indices qui nous
informent qu'un grand nombre d'évictions et de reprises aussi sont frauduleuses
dans le sens où elles ont été autorisées
par... en vertu de l'article 1959, elles ont été autorisées pour une
certaine fin, mais cette fin-là, finalement, n'a jamais été réalisée.
Par exemple, cas typique, on obtient une
autorisation pour évincer un locataire pour faire des travaux, certains types de travaux, et ces travaux-là ne
sont pas effectués. On obtient une reprise pour... ce qui entraîne l'éviction
complètement d'un locataire pour installer un parent, et finalement ce
parent-là n'a jamais été installé dans le logement qui a été vidé.
Et, jusqu'à présent, il n'y a pas de procédure
de vérification que le motif pour lequel l'éviction a été réalisée s'est concrètement réalisé, donc que les travaux
ont été réalisés, que la subdivision a été effectuée, que le changement d'affectation a été fait ou que le... dans le cas
de la procédure de la reprise, la personne qu'on disait vouloir installer n'a
pas... ne vit pas dans le logement concerné.
D'ailleurs, à
cet égard-là, il y a une étude du Comité logement de la Petite Patrie qui est
arrivée à la conclusion assez... comment dire, qui donne froid dans le
dos, qui nous informait que 85 % des reprises et des évictions en vertu de l'article 1959 sont frauduleuses.
8,5 %, ça veut dire concrètement, grosso modo, huit évictions ou reprises
sur 10 qui ne correspondent pas à... qui ne répondent pas aux critères
définis par la loi.
Donc, dans ce sens-là, M. le Président, je crois
qu'on devrait se doter d'une procédure afin de vérifier qu'effectivement les
évictions ont été réalisées pour les fins pour lesquelles elles ont été
autorisées un an après. Ça nous paraît... Ça
nous paraît un temps approprié. Ça donne le temps pour faire les travaux pour
une nouvelle... dans le cas d'une reprise, pour qu'une nouvelle personne, les
parents qu'on disait vouloir installer s'installent pour de vrai dans le
logement. Donc, il doit y avoir une procédure de vérification afin d'éviter
justement le grand nombre d'évictions et de reprises à caractère
frauduleux. Voilà.
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci pour votre commentaire. Alors, est-ce qu'il
y a des questions autour de la table? Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Bien, écoutez,
notre système au Québec, là, il est basé sur la bonne foi puis sur la négociation entre, dans ce cas-ci, un propriétaire
et le locataire. Puis les tribunaux s'impliquent, s'impliquent seulement
s'il y a un litige entre les parties, s'il y
a une problématique. Le tribunal, il ne s'implique pas en amont, dans une
négociation ou une entente entre deux parties. Alors, ça, ça ne
fonctionne pas, à mon avis.
Et ce qu'on vient faire avec l'article 6, là,
du projet de loi, qu'on étudiera un petit peu plus tard, bien, c'est justement
changer le fardeau de la preuve sur les épaules du propriétaire. Puis ce ne
sera plus au locataire, qui réalise que le
logement a été repris puis que finalement le propriétaire n'a pas fait ce qu'il
avait dit qu'il ferait... ce ne sera plus au locataire de faire... de faire
cette démonstration-là. La loi va prévoir que, dans un tel cas, le locataire va
aller devant le tribunal. Et la
preuve devra être faite, par le propriétaire, que sa reprise a été faite en
bonne et due forme puis a été faite selon... dans les règles de l'art,
si on peut dire. Et puis... Et puis c'est ça. Donc, on vient déjà prévoir, je
pense, là, en tout cas, l'esprit de ces modifications-là, autrement, à
l'article 6 du projet de loi.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Commentaires? Député de Laurier-Dorion.
• (15 h 30) •
M. Fontecilla : Merci,
M. le Président. Je ne sais pas si on se comprend bien, là. Moi, je parle d'une
procédure a posteriori, donc en aval, après le processus, là, pour voir si,
effectivement, les choses ont été faites, on va dire, entre guillemets, dans les règles de l'art, là.
C'est-à-dire, les choses pour lesquelles on a évincé le locataire, elles se
sont réalisées. Et il me semble que
l'article 6 correspond plutôt à une situation en amont, l'éviction. Donc,
le propriétaire... Je veux bien comprendre, là. Le locateur, il doit
prouver, par différents moyens. Par exemple, s'il fait des travaux, bien, il
doit apporter des plans, ou un permis de la municipalité, ou quelque chose qui
prouve sa volonté de faire des travaux.
Et, dans le cas de la
reprise, je ne sais pas comment un propriétaire pourrait faire la preuve qu'il
va amener sa grand-mère ou un fils, une
fille, etc., là. Quelle est les preuves qui peuvent être demandées? D'ailleurs,
je vous le demande, Mme la ministre.
Mais on peut toujours... Un locateur qui veut absolument évincer son locataire,
il peut toujours faire effectuer des plans mais ne jamais les réaliser.
Donc,
la procédure que je mets de l'avant, là, c'est a posteriori, pour vérifier que
les choses se sont passées de la
façon dont le locateur avait dit que ça allait se passer, là. Et,
l'article 6, ça concerne tout particulièrement une procédure en
amont. C'est... On est dans deux temps différents, là.
Donc,
la question, donc, c'est tout d'abord savoir si j'ai une bonne compréhension, à
la ministre. Et, d'autre part, la question qui me vient à l'esprit :
Comment va... Dans le cas d'une reprise, par exemple, ou dans le cas d'une
éviction pour subdivision,
agrandissement ou changement d'affectation, quel est le type de preuve qu'un
locateur doit apporter au Tribunal administratif du logement?
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui. Mme la ministre.
Mme
Duranceau : Oui. C'est ça.
Donc, a posteriori, le tribunal s'implique s'il y a un litige, sinon il ne
s'implique pas, tu sais. Puis, s'il
doit s'impliquer parce que, là, dans un... tel que proposé, là, le locataire
va... tel que proposé par l'article 6,
là, qu'on va voir plus tard, le locataire introduit une demande au niveau du Tribunal administratif du logement parce
qu'il dit : Regarde, mon logement a été repris, le propriétaire prétend
que c'était pour en faire bénéficier quelqu'un,
là, de sa famille, ce n'est pas le cas. J'ai des motifs de croire que ce n'est
pas ce qui s'est passé. Bien, dans ce cas-là, le tribunal va demander au
propriétaire de faire témoigner les bénéficiaires... les supposés bénéficiaires.
Alors là, il y aura une preuve qui sera établie ou un jugement qui sera rendu
par le tribunal de cette façon-là au moyen des témoignages des personnes intéressées,
là.
Et, si jamais c'était
une reprise pour une transformation, pour des travaux, puis qu'encore là le
locataire réalise que ce n'est pas ce qui
était prévu ou ce n'est pas ce qui s'est passé, mais le tribunal va demander
comme preuve au propriétaire... ou le propriétaire va devoir faire la
preuve qu'il a obtenu des permis ou il n'a pas été capable d'obtenir les permis pour x, y raison. Il y a la
capacité financière qui pourrait être aussi analysée pour dire : Sais-tu
quoi? Tu proposais ça, là, mais ce n'est même pas vrai, tu n'avais même
pas les liquidités ou la capacité de faire ça. Alors, tu sais, le projet
n'était pas un projet qui était valable, puis là la preuve sera faite qu'il a
une compensation à ce moment-là à verser aux locataires, là. Donc, c'est comme
ça que c'est prévu.
Mais que le tribunal,
de manière systématique, fasse des suivis a posteriori, là, notre système n'est
pas organisé de cette façon-là. Par contre,
justement, on vient proposer à l'article 6 de dire : Bien, écoutez,
quand ce projet-là émane d'un
propriétaire, c'est lui qui la connaît, l'histoire, là, puis qui sait vers où
il s'en va avec ça, alors ce sera à lui de démontrer la preuve si jamais
il ne fait pas ce qu'il a dit.
Alors
là, si les gens veulent frauder, là, puis ne pas respecter la loi, bien, ils
vont être pris avec la démonstration à faire aussi, là, puis c'est ça
qu'on veut, on veut que la loi soit appliquée.
Le Président (M.
Schneeberger) : Merci pour les commentaires.
Mme
Duranceau : Alors, c'est ce que je peux offrir comme explication.
Le Président (M.
Schneeberger) : D'autres commentaires? Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
Oui. Je comprends. Le problème
avec tout ça, M. le Président, c'est que je vois mal... Enfin, je ne connais
aucun locataire qui a été évincé, qui revient, un an après, voir par la
fenêtre, savoir si les travaux ont été faits ou si la grand-mère vit
dans le logement, là.
L'explication donnée
par la ministre fait en sorte que tout le fardeau de prouver le caractère
frauduleux de... l'éventuel caractère
frauduleux porte sur le dos du locataire qui n'a, à toutes fins pratiques,
aucun moyen de le savoir, à part de
se promener 24 heures par jour avec un appareil photo pour voir qui
rentre, qui sort, est-ce qu'il y a des travaux qui ont été faits, etc.,
là. D'ailleurs, ça paraîtrait un peu bizarre, là, mais c'est presque un travail
policier, là.
Donc,
le système actuel fait en sorte que le locataire a tous ces fardeaux-là. Et, à
toutes fins pratiques, là, à moins que la ministre me dise le contraire,
je ne connais aucun locataire qui se donne cette peine-là. Il a été évincé ou
son logement a été repris, et voilà, fin de l'histoire. Personne ne va revenir
voir si la chose a été faite ou n'a pas été faite.
D'ailleurs,
je lui pose la question : Est-ce que... Au Tribunal administratif du logement, combien de cas il y a de personnes qui sont revenues pour
contester une éviction?
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme
Duranceau : Oui, oui, oui. Un instant, je consulte mes
chiffres. Bien, on en a, hein, on en a des demandes devant le Tribunal
administratif du logement, là. Je les ai pour les 10 dernières années.
Reprises de mauvaise foi... Ah! reprises puis évictions,
c'est ça. Reprises de mauvaise foi, en 2020-2021, on en avait 62 puis, pour
évictions de mauvaise foi, on en avait 17.
Ça fait qu'à chaque année on est grosso modo dans ces eaux-là depuis une
dizaine d'années, là. C'est ça, ça varie. Le moins cumulatif, là, le moins,
c'est en 2015-2016, on en avait 49, puis le plus, ça a été en 2011-2012,
on en avait 106. Alors, il y en a, des gens qui... Mais, ceci dit...
M. Fontecilla : Mais sur combien?
Mme
Duranceau : Non, non... Bien là, sur combien, mais c'est pour
ça qu'on vient proposer, avec l'amendement... pas l'amendement, mais la
modification, là, avec l'article 6, de dire : Là, le fardeau de la
preuve dans ces chiffres-là, il est sur les
épaules du locataire. Ça fait qu'effectivement, quand tu ne la connais pas,
l'histoire, c'est un peu... puis, tu sais, tu es passé à d'autres
choses, c'est un peu compliqué de revenir en arrière.
Là, on vient
dire : Si finalement tu l'apprends, mais ce n'est plus toi qui as à
raconter l'histoire, c'est le propriétaire qui va devoir se défendre. Alors,
un, c'est une épée de Damoclès au-dessus du propriétaire qui dit qu'il va faire
quelque chose, puis que c'est faux,
là, puis qu'il ne respecte pas la loi. Alors, il y aura... Il y a l'épée de
Damoclès, puis il va devoir le démontrer ou s'expliquer devant le Tribunal
administratif du logement.
Puis on peut
s'attendre à ce que ces chiffres-là augmentent dans le contexte où on change le
fardeau de preuve de bord puis que ce n'est plus le locataire qui a à
faire la démonstration.
Évidemment,
il y aura toujours des locataires qui, malheureusement, vont être victimes de
situations, peut-être, comme
celles-là, qui vont passer à un autre appel puis qui ne retourneront pas contre
le propriétaire, mais là disons qu'on vient faciliter un recours en
changeant le fardeau de preuve de bord. Ça fait que je pense que ça, ça vient
améliorer... avec les autres mesures proposées, ça vient améliorer la
situation.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Merci, M. le Président. Écoutez, moi, je pense que
la procédure... que l'intention de la ministre de l'Habitation dans
l'article 6, c'est donc de changer le fardeau de la preuve, là, je suis...
on va en discuter, mais j'ai un
préjugé favorable à cette mesure-là. En tout cas, on va avoir la formulation
dans le détail, là. D'ailleurs, c'est moi-même, là, qui pousse pour que cette question soit considérée dans un projet de
loi sur le logement, et depuis quelques années que je pousse dans cette direction-là. Donc, oui,
c'est une amélioration concrète, cet article, en fait, une des rares
améliorations de ce projet de loi, et on doit le souligner parce qu'il
n'y en a pas beaucoup, là.
Donc, on va faire notre travail de législateur.
Mais, d'emblée, je suis d'accord avec l'esprit de l'article 6, mais mon amendement vise à compléter la protection
des locataires qui ont été évincés et peut-être souvent injustement, là,
en tout cas, avec des raisons qui ne sont pas... qui ne passent pas la rampe de
la légalité.
Ceci étant
dit, la ministre nous a informés de certains chiffres sur des locataires qui
ont contesté, soit, a posteriori, une reprise, si j'ai bien compris, là,
a posteriori, une reprise ou une éviction en vertu de l'article 1959,
mais, voilà, puis ça existe, je suis bien
content de le savoir, mais c'est... l'important c'est de savoir quel est le
pourcentage, c'est sur combien de reprises, sur quel est le nombre total
de reprises ou d'évictions qui ont été effectuées. Et le nombre de
contestations, a posteriori, ça correspond à quel pourcentage?
Moi, je
dirais que c'est une infime minorité, et donc que la très grande majorité, je
dirais, neuf sur 10 des locataires qui
ont été évincés ou qui ont été victimes d'une reprise ne contestaient pas cette
reprise, alors que beaucoup d'indices nous disent que, souvent, elle a
été effectuée de façon frauduleuse.
Donc, il faut, oui, consolider en amont la
protection des locataires. Je suis bien content que l'article 6 vienne
corriger... tente de corriger cette... en tout cas, tente d'instaurer cette
protection-là, mais il faut aussi consolider une protection a posteriori, en
aval, et c'est le sens de ma proposition. Et, comme ça, les locataires seraient
véritablement assurés que leurs droits ont
été respectés et que les évictions et les reprises correspondent aux finalités
prévues par la loi. C'est ça, le but de cet amendement-là, c'est de
compléter l'article 6, si l'on veut.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Réponses? Questions?
Mme
Duranceau : Bien, écoutez, dernier commentaire, là, si les
chiffres sont faibles, c'est peut-être que ça marche aussi, là, puis que
le monde s'entend, puis que le système n'est pas si corrompu que vous le
décrivez, là.
Puis, l'autre
chose, quand il y a des... Il y en a, des jugements rendus par le Tribunal administratif du logement quand les choses ne sont pas faites comme
il faut, là. Puis donc le système fonctionne.
Alors, il y a des améliorations à faire. Je
pense qu'on en propose plusieurs. J'entends vos préoccupations. Je pense qu'on y répond honnêtement, compte tenu des
mécanismes usuels, là, de fonctionnement d'un tribunal, puis c'est ça,
c'est ce que je peux dire.
Le Président (M. Schneeberger) : M.
le député Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Effectivement,
le système fonctionne souvent, heureusement. On peut voir le verre à moitié rempli ou à moitié... à moitié vide, hein? Vous me
dites que ça... le système fonctionne, et je veux bien le croire, mais,
je l'ai dit tantôt, il y a des indices qui nous disent qu'il ne fonctionne pas
si bien, là.
Encore une
fois, et je le répète, il y a une étude du Comité logement de La Petite-Patrie
qui nous... qui est arrivé à la
conclusion que 85 % des évictions en vertu de l'article 1959 et des
reprises sont frauduleuses. Donc, il y a des indices qui nous disent que tout n'est pas si... tout ne
fonctionne pas si bien dans le système qui régit la relation entre les... en
tout cas, qui régit les reprises et les évictions pour... en vertu de
1959.
Le Président (M. Schneeberger) :
Est-ce que... Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Bien, en fait, il y
aura plus de... On va en discuter davantage à l'article 6 du projet de
loi, mais je voudrais quand même souligner que c'est un fardeau qui n'est pas
évident, ce que le collègue de Laurier-Dorion mentionnait. C'est que tout ce qui est
subdivision, agrandissement, ça peut, à la limite, s'observer de l'extérieur,
mais, pour ce qui est d'une reprise, c'est vraiment très difficile de
valider si ça s'est fait, effectivement.
Donc,
par contre, la proposition du collègue m'apparaît créer peut-être un fardeau
trop important sur le Tribunal administratif
du logement, qui est déjà... Malheureusement, on l'a vu, là, les délais sont
déjà importants. Donc, il ne faudrait pas
l'embourber davantage. Je ne sais pas, et on en parlera à l'article 1968,
s'il y a une autre façon, peut-être, d'arriver au même objectif, mais en
n'ajoutant pas du fardeau sur le Tribunal administratif du logement.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Merci. Alors, nous allons procéder au vote. Est-ce que l'amendement 1.1.2
est adopté?
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
nous allons pouvoir procéder au vote. Est-ce que l'amendement 1.1.2 est
adopté?
M. Fontecilla :
Sur appel nominal.
Le Président
(M. Schneeberger) : O.K. nominal. Alors, M. le secrétaire.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme Duranceau :
Contre.
Le
Secrétaire : M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le
Secrétaire : M. Gagnon (Jonquière)?
M. Gagnon :
Contre.
Le
Secrétaire : M. Allaire (Maskinongé)?
M. Allaire :
Contre.
Le
Secrétaire : Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan :
Contre.
Le
Secrétaire : Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président
(M. Schneeberger) : Abstention. Alors, l'amendement est rejeté.
Alors, nous poursuivons nos travaux. Alors,
est-ce que nous allons à l'article... Oh! un autre amendement qui a été... Je
vois sur le Greffier qu'il y a un autre amendement qui est déposé.
Des voix : ...
Le Président
(M. Schneeberger) : Excusez. Députée de Mille-Îles, vous demandez
une suspension?
Mme Dufour : Une minute.
Le Président
(M. Schneeberger) : O.K. Une minute. Parfait.
(Suspension de la séance à 15 h 45)
(Reprise à 15 h 53)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Députée de Mille-Îles, vous m'aviez demandé une
suspension, est-ce qu'il y a eu entente?
Mme
Dufour : ...juste préciser, c'était une minute, hein, ça fait
que, s'il y en a qui ont décidé de prendre ça plus longtemps, là, ça ne relève pas de moi. Je fais
juste le préciser. Ça fait que, oui, oui, il y a entente. Le député de Laurier-Dorion
va pouvoir procéder, et ensuite ce sera à mon tour. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Alors, député de Laurier-Dorion, vous voulez prendre la parole?
M.
Fontecilla : Oui, M. le Président, j'aimerais présenter un
amendement. Je pense que le secrétariat l'a en sa possession. Il est...
Tout le monde l'a? Parfait.
Donc, c'est l'amendement à
l'article 1.1.2 : Insérer, après l'article 1 du projet de loi,
le suivant :
1.1.2. L'article 1959.1 de ce code est
modifié par le remplacement :
1° au premier alinéa, de «70 ans» par
«65 ans»;
2° au premier paragraphe du deuxième alinéa, de
«70 ans» par «65 ans»;
3° au deuxième paragraphe du deuxième alinéa, de
«70 ans» par «65 ans»;
4° au
troisième paragraphe du deuxième alinéa, après «âgé de», de «70 ans» par
«65 ans» et, après «de moins de», de «70 ans» par
«65 ans».
L'article 1959.1, tel qu'amendé, le lirait
ainsi :
«1959.1. Le
locateur ne peut reprendre un logement ou en évincer un locataire lorsque ce
dernier ou son conjoint, au moment de
la reprise ou de l'éviction, est âgé de 65 ans ou plus, occupe le logement
depuis au moins dix ans et a un revenu égal ou inférieur au revenu
maximal lui permettant d'être admissible à un logement à loyer modique selon le
Règlement sur l'attribution des logements à loyer modique (chapitre S-8,
r. 1).
«Il peut toutefois reprendre le logement dans
l'une ou l'autre des situations suivantes :
«1° il est lui-même âgé de 65 ans ou plus
et souhaite reprendre le logement pour s'y loger;
«2° le bénéficiaire de la reprise est âgé de
65 ans ou plus;
«3° il est
un propriétaire occupant âgé de 65 ans ou plus et souhaite loger, dans le
même immeuble que lui, un bénéficiaire âgé de moins de 65 ans.
«La Société d'habitation du Québec publie sur
son site Internet les seuils de revenu maximal permettant à un locataire d'être
admissible à un logement à loyer modique.»
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que vous avez des commentaires sur ce que vous venez de lire?
M. Fontecilla : Tout à fait.
Écoutez, M. le Président, cela fait suite à une avancée très importante dans le
droit qui régit le locateur et le locataire, une avancée qui a été effectuée en
2016 par l'adoption ici, à l'Assemblée nationale,
de la loi n° 492, aussi connue comme loi Françoise David, qui
vient faire en sorte de protéger une population, un segment de la
population particulièrement fragile et vulnérable, les aînés, contre les
évictions tout en gardant un certain nombre
d'exceptions. Mais cette pièce législative vient, en quelque sorte, compléter
la loi qui régit les relations entre les propriétaires et les locataires
par trois règles très simples, mais qui comportent quand même certains...
comment dire, certains critères.
Tout d'abord, on ne peut évincer... selon la loi
n° 492, on ne peut évincer un locataire qui a 70 ans et plus, qui, en plus, reste 10 ans et plus dans le
même logement et qui a un revenu maximal admissible équivalent à un logement...
à un revenu permettant d'accéder à un logement à loyer modique. C'est important
de comprendre, M. le Président, là, que ce n'est pas l'une ou l'autre de ces caractéristiques-là, c'est le
cumulatif des trois critères, donc avoir 70 ans et plus, en plus,
avoir résidé depuis au moins 10 ans dans le même logement et, en plus,
être une personne pas mal démunie, pas mal à faible revenu, donc qui est
admissible à un logement à loyer modique.
Sauf que
cette loi-là, bon, elle a été négociée, âprement négociée, en 2016 entre
l'ancienne députée Françoise David et le gouvernement de l'époque. Et on
est arrivé à un certain nombre de critères qui, aujourd'hui, en pleine crise du
logement, se révèlent obsolètes, parce que... pour toute une série de raisons,
mais en particulier parce que la vague d'évictions dont sont victimes les personnes
aînées va en grandissant, et on arrive aujourd'hui à la conclusion, par beaucoup d'acteurs de la société, qu'on doit
avancer dans une meilleure protection de ce segment de la population qui
est particulièrement vulnérable.
Et nous, on commence par le premier amendement.
Il va y en avoir trois, au minimum, peut-être qu'il va y en avoir plus, mais un amendement qui vise à abaisser
l'âge d'admissibilité à la protection de la loi n° 492 de 70 à 65 ans. Pourquoi
70? Pourquoi 65 ans? Évidemment, c'est un choix, en quelque sorte, qui est
le fruit d'une négociation, un choix arbitraire, on aurait pu dans le temps, en
2016, choisir 85 ans, ou 71 ans, ou 69 ans, ou 67, mais on a
choisi, par le fruit de... à la suite de négociations, à 70 ans, là. Sauf
qu'aujourd'hui dans la crise de la crise actuelle, là, il est nécessaire de réactualiser cette loi, la moderniser, la
rendre adaptée aux conditions actuelles, et 65 ans nous paraît un âge
minimal convenable, acceptable, pour toute une série de raisons.
• (16 heures) •
En général, dans
notre société, à moins que mes collègues députés contestent ce fait-là, mais
l'âge officiel, en tout cas, l'âge officiel
du début de l'âge aîné, c'est lorsqu'on prend notre retraite, c'est
65 ans. Malheureusement certains disent que les aînés... ça
commence avant, là, mais bon, on va aller avec une explication légaliste, à
partir de... à 65 ans, c'est la fin de
la vie active et le début... ça a des implications légales, ça a des
implications dans la situation juridique d'une personne, on commence notre vie de retraité. C'est le moment
officiel, et on doit faire concorder cette date-là... le moment de la
protection des locataires aînés avec cette date-là.
70 ans,
ça correspond à quoi, à part qu'on est un aîné, une aînée déjà officiellement
confirmée par notre entourage? Mais
ça ne correspond à rien. 71 ans, 69 ans, ça ne correspond à rien.
65 ans, ça correspond à l'âge légal de la retraite, donc,
formellement, on est une personne retraitée. C'est à partir de ce moment-là que
la protection des locataires devrait... locataires aînés devrait... et la loi n° 492
devrait commencer.
Donc,
il nous semble, encore une fois, qu'on doit moderniser cette loi-là, et nous ne
sommes pas les seuls à proposer cet âge minimal pour être... pour bénéficier
de la protection de la loi n° 92. La plupart des
grands regroupements des personnes aînées au
Québec, dont la FADOQ, l'AQDR ou l'ACROQ, appuient fortement cette
revendication-là, cette demande-là.
Et, cette semaine, on a vu que six... quelques ex-premiers ministres avaient...
étaient sortis de leur retraite pour donner leur opinion sur le projet
de loi n° 15 en santé, et le ministre de la Santé en Chambre, au salon
bleu, nous a dit que, oui, il écoutait quand
même la parole des ex-premiers ministres. Mais il y a aussi des ex-parlementaires,
des femmes parlementaires qui se sont
prononcées pas plus tard qu'aujourd'hui dans une lettre dans Le Devoir, une lettre qui s'intitule Les femmes sont les premières
victimes de la crise du logement, et elle est signée par les ex-députées Françoise David, Louise Harel, ex-présidente de
l'Assemblée nationale, soit dit en passant, Marie Malavoy et Christiane Pelchat, qui, entre autres, soulignent
que les femmes et les femmes aînées sont les principales victimes de la crise
du logement et soutiennent l'abaissement de l'âge minimal pour être
bénéficiaires de la loi n° 492 à 65 ans.
Et
donc je pense qu'il y a un consensus dans la société québécoise qu'en plein
milieu d'une crise du logement d'une
ampleur rarement vue, en tout cas, pas vue depuis longtemps, il est impératif
de protéger davantage les personnes les plus susceptibles d'être les
victimes de cette crise-là, d'être les victimes concrètement d'une éviction.
Parce qu'une éviction, pour une personne
aînée, est dramatique, là, parce que ça implique un déracinement de son milieu
de vie. Encore une fois, ça implique des conséquences physiques et
psychologiques pour ces personnes-là, en particulier des femmes, qui sont plus souvent pauvres, qui sont
plus souvent locataires, qui risquent de se retrouver dans cette situation-là,
sans parler des conséquences économiques,
parce qu'elles vont devoir se trouver un logement souvent en moins bonne
condition et beaucoup plus cher, ce qui implique un appauvrissement économique
certain et une dégradation de leurs conditions de vie.
Donc, en tant que
législateur, il nous semble approprié et très pertinent d'abaisser le seuil à
partir duquel une personne peut subir une éviction de 70 à 65 ans.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos commentaires. Alors, est-ce que nous avons des questions ou
des...
Mme
Duranceau : C'est à mon tour?
Le Président (M.
Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme
Duranceau : Oui. Écoutez, moi, je ne suis pas fermée à la proposition
du député de Laurier-Dorion, je comprends tout à fait la situation. La seule
chose, là, c'est que j'ai comme trois amendements sur le même sujet.
Honnêtement, j'aimerais ça vous proposer de vous entendre sur ce que vous voulez,
là, parce que moi, je ne l'ai pas dans mes cartons, ça. Comme je vous dis, je
ne suis pas fermée, mais là, à un moment donné, je veux savoir ce que vous
proposez collectivement, là, ce qui est le plus important pour vous.
M.
Fontecilla : Ce qu'on propose... ce qu'on met sur la table, là.
Mme
Duranceau : Non, non, mais là, après ça, il y a un autre amendement,
il y a un autre amendement. J'aimerais ça... On peut suspendre, si vous vous
êtes d'accord avec ça, puis que vous vous parliez, puis qu'on discute d'un
amendement sur le sujet.
Le Président (M.
Schneeberger) : Est-ce qu'il y a... Oui, il y a consentement pour
suspendre pour parler de ça ou...
Des voix :
...
Le Président (M.
Schneeberger) : Oui. O.K. Alors, nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 05)
(Reprise
à 16 h 13)
Le Président (M.
Schneeberger) : Alors, nous reprenons les travaux. Alors, si j'ai bien
compris, suite aux discussions, le député de
Laurier-Dorion va suspendre, avec l'approbation de tous les députés, va
suspendre le consentement... va
suspendre l'amendement. Par la suite, vous allez déposer un autre amendement,
et aussi le député des Îles-de-la-Madeleine va déposer un amendement,
qu'on va suspendre par la suite pour que la ministre puisse vérifier, de son côté, si on peut aller de
l'avant. C'est ça? C'est bien ça? Parfait. Alors, nous allons suspendre
l'amendement. Alors là, vous avez un autre amendement à déposer. Alors,
allez-y.
M.
Fontecilla : Voilà. Suite à l'ouverture de la ministre à la réflexion
sur ce sujet-là, bien, voilà, j'accepte de
suspendre l'amendement à l'article 1.1.2. Et je veux présenter et aussi
suspendre l'étude d'un deuxième article concernant le sujet, et je pense
que mon collègue des Îles-de-la-Madeleine...
Donc, à
l'article 1.1.4 modifiant l'article 1959.1. Insérer, après
l'article 1 du projet de loi, l'article suivant :
1.1.4.
Insérer, au premier alinéa de l'article 1959.1 de ce code, après «ou
inférieur au», les mots «montant équivalent à 150 % du».
L'article 1959.1,
tel qu'amendé, se lirait ainsi :
«1959.1. Le locateur
ne peut reprendre un logement ou en évincer un locataire lorsque ce dernier ou
son conjoint, au moment de la reprise de l'éviction, est âgé de 70 ans ou
plus, occupe le logement depuis [...] moins [de] dix ans et a un revenu égal ou inférieur au montant équivalent à
150 % du revenu maximal lui permettant d'être admissible à un
logement à loyer modique selon le Règlement sur l'attribution des logements à
loyer modique (chapitre S-8, r.1).
«Il peut toutefois
reprendre le logement dans l'une ou l'autre des situations suivantes :
«1° il est lui-même
âgé de 70 ans ou plus et souhaite reprendre le logement pour s'y loger;
«2° le bénéficiaire
de la reprise est âgé de 70 ans ou plus;
«3° il est
propriétaire occupant âgé de 70 ans ou plus et souhaite loger, dans le
même immeuble que lui, un bénéficiaire âgé de moins de 70 ans.
«La Société
d'habitation du Québec publie sur son site Internet les seuils de revenu
maximal permettant à un locataire d'être admissible à un logement à loyer
modique.».
Donc, je dépose cet
amendement-là, article 1.1.4, et je le retire en attendant de...
Des voix : ...
Le Président (M.
Schneeberger) : ...la suspension.
M.
Fontecilla : Non. Je le suspends. Merci.
Le Président (M.
Schneeberger) : Bien, vous pouvez...
M.
Fontecilla : Je ne le retire pas, je le suspends.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci, M. le député de Laurier-Dorion. Alors, pour bien comprendre, il a
été déposé et il est suspendu, pour les fins des greffes. Alors, M. le député
des... des Îles-de-la-Madeleine, pardon, allez-y pour votre amendement.
M. Arseneau : D'accord. Oui, alors,
c'est dans la séquence, c'est un troisième amendement sur le même
article 1959.
Donc,
l'article 1.1.5 se lirait comme suit : Le remplacement, au premier
alinéa, des mots «10 ans» par «5 ans».
L'article 1959.1 du
Code civil du Québec se lirait ainsi :
«1959.1. Le locateur
ne peut reprendre un logement ou en évincer un locataire lorsque ce dernier ou
son conjoint, au moment de la reprise ou de l'éviction, est âgé de 70 ans
ou plus, occupe le logement depuis au moins 5 ans
et a un revenu égal ou inférieur au revenu maximal lui permettant d'être
admissible à un logement à loyer modique selon le Règlement sur
l'attribution des logements à loyer modique (chapitre S-8, r.1).»
Et est-ce que je dois
lire le reste aussi de l'article? «Il peut toutefois...»
Le Président (M.
Schneeberger) : ...vous pouvez y aller.
M. Arseneau :
Alors : «Il peut toutefois
reprendre le logement dans l'une ou l'autre des situations suivantes...»
Le reste est inchangé, en fait.
Le Président (M.
Schneeberger) : Parfait.
M. Arseneau :
Alors, je dépose cette proposition d'amendement, et, si tout le monde est
d'accord, avec consentement, on le suspendrait.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
et on pourra y revenir ultérieurement. Parfait, c'est bon. Alors, ça va comme ça. Est-ce que... Je pense qu'on avait fait
le tour pour les amendements. Alors, si ma mémoire est bonne, nous
revenons à l'article 2, que nous avions suspendu. Alors, Mme la ministre,
c'est à vous. Consentement pour le...
Mme
Duranceau : Alors... Ah! est-ce que... Les libéraux ne
déposent pas tout de suite, là, leur amendement?
Le Président (M. Schneeberger) : Non.
Dépendamment...
Mme Duranceau : C'est correct?
Le Président (M. Schneeberger) : Ce
que j'ai entendu, Mme la députée de Mille-Îles avait un amendement, mais
qu'elle allait peut-être déposer, dépendamment des articles soumis par le
député des... Îles-de-la-Madeleine, pardon — je vais l'avoir — et le
député de Laurier-Dorion. Oui, allez-y.
Mme Dufour : Donc, j'ai une
question, M. le Président. Juste comprendre. Il y a eu plusieurs amendements qui ont été déposés avant l'article 1, qui
ont été suspendus, comment on va y retourner? À quel moment on va y retourner?
C'est ce que je voulais juste valider, parce
qu'il y a 0.1, 0.2... juste pour le bénéfice de tout le monde, là, parce que ça
n'a pas été dit. Je comprends que ça s'est parlé par «off cam», mais je
voudrais juste qu'on le confirme.
Le Président (M. Schneeberger) : Normalement,
généralement, on y revient à la fin des articles adoptés. Quand on aura adopté tous les articles, nous y
revenons, mais on peut y revenir avant, dépendamment des négociations.
Il n'y a pas de règlement qui enlève ça.
Mme Dufour : Ça, je voulais juste
peut-être que la ministre l'explique, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien là, ma
compréhension, là, c'est que ces amendements-là sont réalloués par thème, comme
on s'est entendus tantôt, puis les amendements pertinents par thème vont être
traités à l'intérieur du thème ou du bloc, là.
Mme Dufour : ...
Mme
Duranceau : Ce n'est pas à la fin, non, non, non, c'est selon
la pertinence du sujet, là, dans le cadre du thème.
Mme Dufour : Parfait.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
c'est vrai, étant donné que nous avons adopté ce matin, qu'on allait... En tout cas, il y a eu une entente, là,
qu'on adoptait les articles par bloc. Alors, c'est pour ça que ces articles-là qui
sont soumis, qui sont en lien avec le bloc, devront être aussi discutés en même
temps.
Mme Dufour : Parfait. Je voulais
juste que ce soit...
Mme Duranceau : Ça fait que, tu
sais, pour fins de compréhension, là, dans les amendements déposés du côté
libéral, il y avait la notion de modifier «le mois» par «trente jours»,
c'est dans ce thème-là. «...réviser, avec le locataire,
la liste des services se rattachant à la personne» lors d'une modification de
bail, c'est ici. QS, c'était «prévoir que certaines clauses d'un bail sont sans effet». Je ne
sais pas par rapport à quoi, là, mais c'était dans les thèmes, ça fait qu'on
va y revenir.
Mme Dufour : Parfait.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Mme Duranceau : O.K. Alors,
article 2. On finit à quelle heure, là? 4 h 30?
Une voix : 4 h 30.
Mme Duranceau : O.K. Bon, on va
essayer de faire l'article 2, en tout cas, on va le lire :
L'article 1962 de ce code est modifié par l'insertion, après «reprise», de
«ou d'éviction».
Donc, l'article 2 du projet de loi
modifierait l'article 1962 du Code civil afin d'harmoniser certaines
règles relatives à la reprise d'un logement et à l'éviction de sorte que le
locataire qui omet de répondre à un avis d'éviction soit présumé avoir refusé
de quitter le logement, comme c'est le cas actuellement lors d'une reprise de
logement.
Alors, M. le Président, je pense que ça, ça a
fait l'objet de ma première discussion à vie avec le député de Laurier-Dorion.
Alors, je pense que je n'ai pas d'autre chose à ajouter. Il doit être content
de cette proposition. Mais je pense... Oui, je vais quand même ajouter qu'il y
a une logique, là, on veut que ce soit simple puis que les locataires puis les locateurs aussi comprennent leurs droits
et obligations. Puis le fait, dans un cas de reprise pour soi-même puis dans un cas d'éviction, d'avoir le même
traitement, ça va faciliter la compréhension pour tout le monde, puis surtout
c'est que ça va éviter, dans ce
cas-ci, les surprises, du côté locataire, qu'il y a une éviction, puis là le
locataire est pris par surprise.
Souvent, on l'a dit, c'est
des gens vulnérables, des gens qui ne sont pas nécessairement pleinement au courant de leurs droits. Puis là, parce qu'ils ne
répondaient pas, ils étaient présumés consentir à l'éviction, puis, si c'était
juste... pas juste, compte tenu, souvent, de
la sophistication d'une des parties versus l'autre, alors je pense qu'on
vient... Comme les évictions, c'est
souvent lié à des projets de nature un peu plus commerciale, donc,
transformation, agrandissement, subdivision,
reprise pour changement d'usage, mais on pense que c'est du côté locateur qu'on
doit expliquer la situation, et ça, je pense que ça vient plus tard, là,
dans mes explications. Mais toujours est-il que, dans ce cas-ci, c'est pour que
les locataires ne soient pas pris par surprise parce qu'ils ne répondent pas à
un avis. Alors, voilà. C'est favorable.
Le
Président (M. Schneeberger) : Merci pour vos explications. Je pense que la
députée de Mille-Îles avait des questions.
Mme
Dufour : Bien, en fait, des commentaires, parce que ça, ça,
c'est un très, très bon point du projet de loi, là, qui a été présenté. Il y a effectivement des gens
qui ont été pris par surprise, mais, pire que ça, il y a des gens qui n'ont pas
reçu l'avis parce qu'ils étaient, par exemple, partis en voyage, partis deux
semaines en voyage. Ils ont 10 jours pour répondre, c'est un peu difficile
quand on n'y est pas et on ne le reçoit pas. Alors, c'était absolument une
grande injustice. Alors, de changer ça, c'est une grande avancée.
Il y a aussi
le fait que, bien, c'est que ça amenait un fardeau de contacter le tribunal, de
faire des démarches, et ce n'est pas
toujours facile. On a entendu l'an dernier, quand on faisait l'étude des
crédits, c'était à peu près à cette époque-là, qu'il y avait des bureaux
en Gaspésie, si je ne me trompe pas, peut-être c'est le même cas aux Îles-de-la-Madeleine,
mais qui étaient ouverts une fois par
semaine. Et là les gens essayaient de rejoindre leur bureau, c'était vraiment
difficile, et même moins qu'une fois
par semaine dans certains endroits, de mémoire. Donc, bref, ça vient simplifier
beaucoup, beaucoup, beaucoup la tâche
pour ceux qui, dans le fond, qui vont refuser... ne prendront tout simplement
pas la peine de répondre. Et, comme ça, bien, ça va être clair et ça va
enlever un fardeau sur les gens évincés.
Puis c'est un grand stress, hein, on a vu un
documentaire. Le député de Laurier-Dorion et moi-même étions vendredi soir au
documentaire Ma cité évincée, et on voyait à quel point les gens, quand
ils recevaient l'avis, là, d'évincement... Ça se dit, hein, d'éviction...
Olivier Niquet. Bon, donc, l'avis d'éviction, c'était absolument... tu sais, le stress, puis, comme l'a dit la ministre, ce
n'est pas tout le monde qui est en moyen de répondre. Mais là il y avait des personnes
d'un certain âge, là, qui se disaient : Mais qu'est-ce que je vais faire?
Là, les gens avaient très, très, très peu de
temps pour se mobiliser, se regrouper puis dire : O.K., il faut répondre
de telle façon, etc. Donc, 10 jours, c'est vraiment très, très
court.
Puis, de façon générale, d'ailleurs, il y a
d'autres amendements, là, qui sont prévus, là, pour, tu sais, unifier un peu les 30 jours de façon générale, mais,
dans ce cas-ci, de faire en sorte que ce soit réputé d'avoir refusé de quitter
logement, c'est vraiment une bonne avancée
pour les évictions, pour protéger les locataires. Alors, ça complète. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Oui, en effet, c'est un article... en fait, selon
moi, c'est l'une des rares cerises qu'on retrouve dans les p.l. n° 31,
et c'est une avancée certaine pour les locataires, et ça vient corriger à... ce
qui, à mon avis, est une incohérence du Code civil du Québec, même le
Code civil peut être incohérent des fois, puisque le fardeau de la preuve, dans
le cas d'une reprise, reposait sur le
locateur et, dans le cas d'une éviction, reposait sur les épaules du locataire,
alors que le résultat, dans les deux cas, est le même, c'est-à-dire la
sortie d'un locataire de son chez-lui.
Donc, j'ai eu
des bonnes discussions. On a même fait des consultations avec l'ancienne
ministre de l'Habitation à ce sujet-là, et je vois que les choses ont
évolué dans les officines gouvernementales, et on a décidé de corriger cette
incohérence, qui va quand même changer grandement et bénéficier à un grand
nombre de locataires. Et ma collègue de Mille-Îles
l'a nommé, ce n'est pas toujours facile ou... comment dire, pour les
locataires, d'avoir accès à la procédure de contestation. Donc, c'est vraiment
une bonne nouvelle. On connaît les conséquences néfastes sur le bien-être
sur... des personnes, des ménages
suite à une éviction. Ma collègue de Mille-Îles a parlé du film, du documentaire Ma cité
évincée, et d'ailleurs que je
recommande à tous mes collègues d'aller le voir. On m'a même informé que la
ministre de l'Habitation, elle y est allée il y a quelques jours.
Mme Duranceau : Hier soir.
M. Fontecilla : Ah! hier soir?
Mme Duranceau : Oui, monsieur.
M.
Fontecilla : Les nouvelles voyagent vite, Mme la ministre de
l'Habitation, avec la ministre de la Solidarité sociale, d'ailleurs, on
sait tout dans ce bas monde, que voulez-vous. Donc, je recommande...
Une voix : ...
M.
Fontecilla : ...je recommande à tous mes collègues d'aller voir
ça. Donc, ça vient corriger une incohérence qui était... qui causait un préjudice considérable à beaucoup, beaucoup
de locataires. Donc, ma formation politique va appuyer l'adoption de cet
article-là.
Le
Président (M. Schneeberger) : Parfait. Alors, compte tenu de cet enthousiasme,
je propose de passer au vote. Est-ce que l'article 2...
Mme Dufour : M. le Président, oui, M.
le Président...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : ...en fait, j'ai une
question. Parce qu'il y a un amendement qu'on a fait dans les zéros point quelque, qu'on va regarder plus tard, qui
concernait un autre article, mais, dans le fond, on venait corriger... puis là
c'est vraiment juste un terme, là, mais «dans le mois de la réception»,
on changeait ailleurs par «dans les 30 jours». Parce que, «dans le mois de la réception», on trouvait
que ça pouvait laisser... dire : Bien, si on le reçoit dans le mois, je ne
sais pas, moi, le 25 février, bien, le mois suivant, ce n'est plus le même
mois, on est rendu... Ça fait qu'on trouvait qu'il y avait une certaine ambiguïté. Puis il y avait des
juristes qui suggéraient de vraiment dire «dans les 30 jours», tu sais,
ou... pour que ce soit plus clair, donc, juste pour que ce soit clair
qu'on parle vraiment d'un... dans le mois suivant, finalement. Ici, on dit
«dans le mois de la réception».
Ça fait que,
tu sais, je comprends que la jurisprudence, c'était 30 jours, mais je veux
juste m'assurer, là, tu sais, que...
Est-ce que ce serait un amendement possible, «dans les 30 jours»? Et ça
vient... ce serait le même, même, même... la même valeur, entre
guillemets, mais ce serait plus clair.
• (16 h 30) •
Le
Président (M. Schneeberger) : O.K. Bien là, je ne sais pas. C'est-tu une
suggestion? Par contre, moi, je n'ai pas d'amendement...
Mme Dufour : Non, mais c'est parce
que je viens de le voir, là.
Le Président (M. Schneeberger) : ...et
je regarde l'heure, je vais devoir suspendre. Alors...
Mme Duranceau : Je comprends pour la
cohérence, là, pour que...
Mme
Dufour : Pour la question de cohérence, parce que, comme je
vous dis, on va le proposer ailleurs, ça fait que, là, on se dit :
Peut-être qu'on pourrait le modifier en même temps ici, tout simplement.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, je ne sais pas si...
Mme Duranceau : ...sur cette
question-là. Je trouve ça... Les jours, quand tu les comptes, des fois, ça...
Les gens se trompent, là, sur le nombre de
jours, ça fait que le... C'est plus complexe à calculer pour quelqu'un. Tu
sais, du 26 octobre au 26 novembre, c'est clair. 30 jours
du 26 octobre, tu comptes-tu le 26 ou tu commences le lendemain? Tu les
comptes sur tes doigts?
Mme
Dufour : Mais, en fait, c'est de la façon que c'est libellé
«dans le mois de la réception», si je le reçois le 5 février, dans le mois de la réception,
est-ce que c'est dans le mois de février ou c'est dans un mois après la
réception?
Mme Duranceau : Oui, je comprends ce
que...
Mme Dufour : C'est tout...
Mme Duranceau : Ça ne s'interprète
pas comme ça. Alors, on pourrait...
Mme Dufour : ...s'entendre...
Le Président (M. Schneeberger) :
Oui, ça va être la prochaine fois, parce que, compte tenu de l'heure, nous
ajournons la commission, et la commission reprendra ses travaux mardi prochain,
le 31 octobre, à 9 h 45.
(Fin de la séance à 16 h 32)