Journal des débats (Hansard) of the Committee on Planning and the Public Domain
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
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Thursday, May 29, 2025
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Vol. 47 N° 111
Special consultations and public hearings on Bill 97, An Act mainly to modernize
the forest regime
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14 h (version non révisée)
(Quatorze heures sept minutes)
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, bon après-midi à tous. Ayant le quorum, je déclare la Commission de l'aménagement
du territoire ouverte. Juste vérifier vos téléphoneries, qu'elles soient bien éteintes.
Alors, la commission est réunie afin d'entreprendre des consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 97, Loi
visant principalement à moderniser le régime forestier. Alors, je sais qu'il y
a des remplaçants. Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice); M. Gagnon (Jonquière), par M. Rivest
(Côte-du-Sud); Mme Jeannotte (Labelle), par M. Bernard
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue); Mme Poulet (Laporte), par Mme Guillemette
(Roberval); M. Ciccone (Marquette) par M. Fortin (Pontiac); Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont) par Mme Dufour (Mille-Îles); et Mme Labrie
(Sherbrooke), par M. Fontecilla (Laurier-Dorion).
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup. Alors, cet après-midi et en soirée, nous allons entendre le
Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec, l'Ordre
des ingénieurs praticiens du Québec, la Fédération des producteurs forestiers
du Québec, conjointement avec l'Association des grands propriétaires forestiers
du Québec, la Société des établissements de plein air du Québec et la Société
pour la nature et les parcs du Québec. Alors, nous recevons ici même le groupe...
une personne, Patrick Morin, qui est en visioconférence. Est-ce que nous avons
retrouvé le son? Non. Parfait. Et le Regroupement national des conseils
régionaux en environnement du Québec. Mais tout d'abord, nous allons débuter
par les remarques préliminaires de chaque groupe parlementaire.
Mme Blanchette Vézina : Merci,
M. le Président. Permettez-moi d'abord de saluer mes collègues de la partie
gouvernementale qui sont avec moi aujourd'hui, tous de fiers représentants...
Mme Blanchette Vézina : ...des
communautés forestières. Alors, mon adjointe parlementaire pour le volet
Forêts, la députée de Laviolette-Saint-Maurice, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, qui a piloté l'étape de réflexion sur l'avenir de
la forêt, le député de... la députée de Roberval, le député de Lac-Saint-Jean,
également, le député de Côte-du-Sud, merci d'être là. Permettez-moi aussi de
saluer les équipes du ministère des Ressources naturelles et des Forêts qui
m'accompagnent aujourd'hui. Salutations également aux députés des oppositions.
J'aimerais profiter de l'occasion, là,
pour réitérer mon grand intérêt à participer à ces consultations particulières
et aussi à écouter tous les groupes qui vont... qui vont y participer. Je tiens
à être très claire, je suis très ouverte à poursuivre le dialogue et à venir
bonifier le projet de loi, au besoin. Mais j'y vois toutefois une condition
importante, M. le Président. Pour qu'un dialogue soit sain, soit constructif,
pour que ça puisse porter ses fruits, on doit tous prendre de la hauteur et
aussi nous baser sur des faits, pas des slogans, pas de désinformation, pas de
campagne de peur, des faits. J'aimerais donc rappeler certains faits concernant
le projet de loi n° 97.
• (14 h 10) •
Premièrement, nulle part dans le projet de
loi il est inscrit que le territoire sera privatisé au profit de l'industrie
forestière. Un arbre, ça ne pousse pas en quatre ans. Parfois, l'espace de
temps entre deux récoltes dans le même secteur peut prendre jusqu'à
70 ans, et même plus parfois. Alors, dans les zones d'aménagement
forestier prioritaire, tous les utilisateurs de la forêt seront les bienvenus,
en autant qu'ils ne restreignent pas les opérations forestières lorsqu'elles
ont lieu. Alors, ça, c'est un fait.
Au-delà de l'industrie forestière, le
projet de loi fait également une place centrale à plusieurs utilisateurs de la
forêt, notamment en réservant une place importante à la production acéricole.
D'ailleurs, j'aimerais rappeler l'entente conclue avec les producteurs
acéricoles du Québec la semaine dernière, c'est plus de 100 000 hectares
de forêt publique qui sont réservés pour les prochaines années pour notre sirop
d'érable. Et, ça, M. le Président, c'est un fait.
Contrairement à ce qui est avancé, nous
n'éliminons pas les processus de consultation dans le nouveau régime forestier.
Au contraire, avec les aménagistes forestiers régionaux, nous consulterons en
amont du zonage et de la planification forestière pour permettre aux
partenaires de pouvoir soumettre leurs besoins et leurs enjeux. En plus, avec
une planification de 10 ans, tous les partenaires régionaux auront une
bien meilleure prévisibilité. L'aménagiste forestier régional pourra également
arbitrer les conflits d'utilisation et sera imputable. Ça, ce sont des faits.
On ne met pas en place non plus un régime
forestier qui va saccager le territoire forestier. Notre gouvernement, on a
d'ambitieux objectifs en matière de protection du territoire, et la
modernisation va nous aider à les atteindre en contribuant concrètement à
l'atteinte du 30 % d'aires protégées au Québec avec les zones de
conservation.
Et on a aussi un vérificateur général de
la forêt, notre forestier en chef qui monitore son état et détermine qu'on ne
coupe pas plus que ce qui représente les intérêts de notre capital forestier.
Ce rôle, on vient le renforcer. Ça, ce sont des faits.
Nous ne... dépossédons pas, pardon, non
plus les communautés autochtones de leurs territoires ancestraux. Au contraire,
on leur tend la main en reconnaissant davantage leurs droits, tout en
protégeant leurs activités traditionnelles, et ce, partout sur le territoire.
On veut développer également avec les communautés une politique de consultation
qui leur sera unique et qui pourra tenir compte de leurs besoins. Ça, ce sont
des faits.
Enfin, il est aberrant de prétendre
qu'aucune consultation n'aurait eu lieu en amont du projet de loi. En février
2024, nous avons débuté les consultations avec l'étape de réflexion sur
l'avenir de la forêt. Pendant cet exercice, ce sont environ
1 000 personnes et groupes de toute la société qui ont été consultés
partout au Québec. À la suite de cet exercice, un rapport de synthèse qui a été
publié en juin 2024 pour annoncer les bases du régime... de la réforme du
régime et plusieurs rencontres supplémentaires ont été tenues avec les
communautés autochtones, notamment, avant le dépôt du projet de loi. Une
trentaine de groupes partenaires ont aussi été rencontrés à l'automne pour
recueillir de la rétroaction sur les orientations du projet de loi, dont les
syndicats et les groupes environnementaux.
Alors, oui, M. le Président, on a
consulté, et extensivement même. Mais, à un moment donné, il faut passer à
l'action parce que tout le monde s'entend pour dire que le statu quo n'est plus
possible. La filière forestière, c'est 57 000 emplois dans plus de 900 municipalités
partout au Québec. Ces emplois, ce sont les poumons des communautés
forestières, et ils ont grand besoin d'oxygène. Les communautés ont besoin d'un
régime forestier qui offre plus de prévisibilité, plus d'agilité...
Mme Blanchette Vézina : ...afin
de protéger ces emplois et rendre nos forêts plus productives, plus
résilientes, notamment face aux changements climatiques. Ça, ce sont des faits,
M. le Président.
Maintenant, est-ce que le projet de loi
peut être bonifié? Est-ce que des éléments peuvent être précisés à l'intérieur
de certains articles? Certainement. Alors, sur la base de ces faits,
poursuivons le dialogue et travaillons ensemble afin de se munir d'un nouveau
régime forestier qui viendra pérenniser les communautés forestières pour les
décennies à venir. Quand je parle d'une communauté forestière, je pense aux
travailleurs, aux familles, à leur famille, leurs amis, leurs voisins, le
dépanneur du coin, la PME, les PME qui gravitent autour des communautés, dans
les communautés, le casse-croûte, bref, je pense à tout ce monde-là, M. le
Président, et on le fait pour eux, on a un devoir d'agir. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle, et j'entends le député de Pontiac.
M. Fortin :Merci, M. le Président. Je salue tout le monde qui est avec
nous aujourd'hui. Merci d'être là. Ça commence raide, M. le Président. Ça
commence avec une ministre qui lance des accusations sans nommer à qui elle
s'adresse par rapport à l'utilisation de slogans, de la désinformation, mais
qui, en même temps, nous dit qu'il y a une ouverture. C'est difficile de relier
ces deux façons de faire, M. le Président. Enfin, ce qui est vrai, c'est que
l'industrie forestière au Québec, elle vit des moments très difficiles, et donc
que les travailleurs forestiers vivent des moments très difficiles. Et donc,
aujourd'hui, on a un devoir de se pencher sur comment on utilise notre forêt
publique, entre autres, au bénéfice, oui, des industries forestières et des
travailleurs, mais également des pourvoiries, des villégiateurs, des projets
miniers qui s'installent en forêt publique au profit des réserves écologiques
qui ont une valeur inestimable, au profit, oui, des acériculteurs qui, également,
demandent encore une plus grande utilisation de la forêt publique. On se penche
aussi sur la forêt privée puis des gens qui y ont investi toutes leurs
économies, bien souvent. On se penche sur le sort des entrepreneurs sylvicoles
puis on se doit de trouver une façon d'être compétitifs avec des juridictions
voisines qui font les choses très différemment chez nous.
Le régime forestier qui a été déposé par
la ministre, il était très attendu et c'est un projet de loi qui suscite, d'une
part, un certain enthousiasme par rapport à la nécessité d'avoir un projet de
loi, mais, en même temps, beaucoup d'inquiétudes. Nous, M. le Président, on
était à Chicoutimi la semaine dernière et ce qu'on a vu, c'étaient beaucoup de
gens qui étaient prêts à collaborer pour avoir la meilleure façon... pour
trouver la meilleure façon possible d'encadrer l'utilisation qu'on fait de
notre forêt. Et il y avait des industries, il y avait des environnementalistes,
il y avait des Premières-Nations, il y avait des universitaires, il y avait des
syndicats de travailleurs, il y avait des pourvoiries, et le message qu'ils
avaient, c'est que : Nous, on est prêt à faire le travail qui n'a pas été
fait par la partie gouvernementale. Nous, on est prêt à voir comment on peut
travailler sur les tensions sociales qui étaient déjà annoncées lorsque la
ministre a choisi de faire des consultations en forçant les groupes à signer
des avis à l'effet qu'ils ne pourraient pas parler de ce qu'ils entendent.
Ce qu'on a retenu, M. le Président, de
cette séance-là, la semaine dernière, de gens qui sont très, très, très ferrés
dans le milieu, c'est que, oui, on est pressé d'avoir un nouveau régime, mais
on n'est pas pressé de se tromper. Alors, c'est dans cet esprit-là, c'était de
voir, c'est-à-dire, comment on peut faire mieux que ce qui est sur la table en
ce moment, qu'on se penchera sur les nouveaux concepts qui sont introduits dans
la réforme du régime forestier pour s'assurer que ça fonctionne, pour s'assurer
qu'on ait les résultats escomptés pour l'ensemble des utilisateurs de la forêt
et l'ensemble des gens qui en vivent. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le député de Pontiac. Nous allons maintenant du côté de la deuxième
opposition, et j'entends le député de LaLaurier-Dorion pour
1 min 30 s.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Effectivement, les remarques préliminaires de la ministre font en
sorte que le processus commence par une voix rugueuse. Il y a beaucoup,
beaucoup de craintes et de critiques envers ce projet de loi là provenant de
secteurs fort différents.
Tout d'abord, j'aimerais glisser un mot
sur les Premières Nations et Inuits qui critiquent fortement ce projet de loi.
Mme la ministre dit qu'ils ont été consultés. Les sources qu'on a consultées,
nous, ils nous ont... les peuples, les premiers peuples, ils nous ont dit
qu'ils ont été mal consultés. Et, d'autre part, on entend de fortes critiques
du monde scientifique, alors que la ministre nous dit que...
M. Fontecilla : ...ce projet
de loi est fortement fondé sur la science. Il y a un débat à faire sur la
question et sur les données scientifiques qui justifient la présentation de ce
projet... ce projet de loi là. Et donc nous allons regarder ça attentivement.
Nous allons tenter de protéger le mieux possible, là, une des grandes richesses
du Québec, nos forêts publiques. Il y va non seulement de la survie auquel nous
tenons, et du bien-être des communautés locales, mais aussi de la protection de
la biodiversité et de la protection des droits des premiers peuples sur la
forêt. Et on va éviter de faire en sorte que ce projet de loi donne, au fond,
une carte blanche à l'industrie forestière et qu'on retourne à l'ère prérapport
Coulombe, un retour à l'erreur boréale. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Schneeberger) : Merci beaucoup. Alors, nous avons terminé les
remarques préliminaires. Nous allons suspendre quelques instants pour faire le
test de son et savoir si nous avons retrouvé notre M. Morin. Alors, je
suspends quelques instants.
(Suspension de la séance à 14 h 20)
(Reprise à 14 h 24)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Nous avons retrouvé les... réglé les problèmes... problèmes
de son. Alors, comme je le disais tout à l'heure, nous recevons le...
Regroupement national, pardon, des conseillers régionaux de l'environnement du
Québec. Alors, en visioconférence, on a M. Patrick Morin et M. Martin
Vaillancourt, directeur général, et Tommy Tremblay, directeur général,
conseiller régional de l'environnement et du développement durable du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Alors, bonjour à vous trois. Vous avez, dans un
premier temps, 10 minutes pour faire votre exposé. Et, par la suite, nous
allons procéder à une période d'échange avec les députés. Allez-y.
M. Vaillancourt (Martin) : M.
le Président, Mme la ministre, messieurs et mesdames, membres de la commission,
d'abord, merci de nous donner l'occasion de contribuer à vos travaux sur le
projet de loi n° 97. Je me présente, Martin Vaillancourt, D.G. Du
Regroupement national des conseils régionaux en environnement du Québec. Je
suis accompagné de M. Tommy Tremblay, D.G. du CRE du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
ainsi que de M. Patrick Morin, D.G. du CRE du Bas-Saint-Laurent.
Notre réseau regroupe 17 conseils
régionaux en environnement actifs sur l'ensemble du territoire québécois qui
mobilisent plus de 220 professionnels dans la transition écologique et le
dialogue territorial.
Nous présentons aujourd'hui un mémoire
structuré autour d'un principe directeur, la durabilité des forêts québécoises.
Cette préoccupation guide l'ensemble de nos recommandations dans un esprit
constructif et en cohérence avec les engagements du Québec en matière de biodiversité,
d'aménagement du territoire et de lutte contre les changements climatiques.
Le projet de loi n° 97 marque une
réforme importante du régime forestier. Toutefois, il nous apparaît qu'il
s'écarte sur plusieurs aspects des fondements qui ont inspiré la réforme
précédente, donc celle qui était issue de la commission Coulombe et du livre
vert qui nous appelait à un régime fondé sur la concertation puis la gestion
écosystémique.
Bien sûr, le Québec a évolué depuis. On
s'est engagé notamment à poursuivre une trentaine de pour cent, là, d'aires
protégées sur le territoire, ce qui fait en sorte qu'on a quand même certaines
préoccupations.
Premièrement, il y a des aspects qui
changent beaucoup en lien avec l'introduction des zones d'aménagement intensif
dans lesquelles seules les activités d'exploitation seraient permises et qui
limitent grandement, là, des pouvoirs des hautes instances gouvernementales,
là, à légiférer sur ces territoires-là.
Deuxièmement, on a aussi des craintes
vis-à-vis la nouvelle orientation qu'on donne à l'aménagement écosystémique,
qui s'éloigne, à notre avis, là, des fondements scientifiques, là, qui la
définissaient.
Enfin, notre dernier point, puis on va...
on aura l'occasion d'y revenir, on constate l'abolition de certaines instances
de concertation qui, selon nous, avaient un très grand rôle à jouer dans le
développement, là, du secteur forestier.
Je vais donner la parole à mon collègue
Tommy Tremblay.
M. Tremblay (Tommy) : Oui,
bonjour, M. le Président. Le projet de loi n° 97 est présenté dans un
contexte où le... où le Québec a pris des engagements majeurs en matière de
biodiversité, notamment dans le Cadre mondial biodiversité de Kunming-Montréal
dont les cibles, je ne vous apprends rien, incluent la protection de 30 %
des milieux naturels et l'intégration de la biodiversité dans l'ensemble des
politiques publiques. À l'échelle provinciale, ces engagements ont été traduits
dans le Plan nature 2030 qui appelle à une gouvernance forestière
inclusive fondée sur la science et les savoirs autochtones.
Dans ce contexte, la réforme proposée
devrait impérativement représenter ces orientations. Pourtant, dans
l'article 15 du projet de loi... introduit le fameux zonage d'aménagement
forestier prioritaire, les ZAFP, qui interdit toute activité autour de
l'exploitation forestière, y compris les mesures de conservation relevant du
ministre de l'Environnement. Nous croyons que cette disposition limitera
considérablement la capacité du gouvernement à remplir ses engagements en matière
de protection de la biodiversité.
Cependant, nous reconnaissons que
certaines zones d'intensification pourraient justifier des règles
particulières. Mais, une exclusion systématique du ministère dans l'ensemble
des ZAFP n'est ni proportionnée ni compatible avec la capacité de support des
écosystèmes. Le regroupement national recommande de maintenir le pouvoir
d'intervention du ministère de l'Environnement dans les ZAFP et d'articuler le
nouveau régime avec les plans de conservation en vigueur.
Le regroupement national souhaite
également souligner qu'aucun mécanisme d'identification des zones de
conservation n'est prévu en ce qui... ce qui risque d'entraîner des conflits
d'usage si les zones d'exploitation intensive sont désignées prioritairement...
M. Tremblay (Tommy) : ...nous
recommandons d'identifier en priorité les zones de conservation et de définir
les cibles précises pour l'ensemble du territoire forestier.
Le zonage introduit dans le projet de loi
évoque le principe de la triade mais sans les contreparties nécessaires. En
imposant que le 30 % soit consacré à l'exploitation intensive, sans
stratégie claire de conservation, le projet s'éloigne des fondements du modèle.
Nous recommandons donc d'inclure dans la loi des cibles précises pour chaque
type de zonage afin de s'assurer d'une répartition équilibrée et conforme au
principe de durabilité.
Sur la question de l'aménagement
écosystémique maintenant, le projet de loi modifie la définition actuelle en
retirant un critère fondamental, c'est-à-dire la réduction de l'écart entre la
forêt aménagée et la forêt naturelle. Cette référence est pourtant fondée sur
plus de 20 ans de recherche scientifique et constitue une base reconnue
notamment par les chercheurs du Centre d'études sur la forêt. Nous croyons que
cette évolution du texte pourrait affaiblir l'ancrage scientifique de
l'aménagement écosystémique alors même que ce concept reste sous-appliqué sur
le terrain. Le regroupement national recommande de conserver la référence aux
forêts naturelles dans la définition et d'encadrer son application par les
balises identifiées par les scientifiques.
• (14 h 30) •
En ce qui concerne l'adaptation aux
changements climatiques, le projet de loi ne propose aucune mesure structurante
malgré les alertes du Bureau du Vérificateur général du Québec et l'existence
d'une stratégie d'adaptation soumise en consultations en 2021 mais jamais
adoptée. Cela constitue un vide préoccupant. Dans une logique de précaution,
l'aménagement écosystémique doit être reconnu comme un levier d'adaptation,
notamment en maintenant des forêts structurées, diversifiées, capables de
résister aux perturbations. Le regroupement national recommande de bonifier
l'ébauche de stratégies d'adaptation en intégrant les commentaires issus des
consultations publiques précédentes.
Donc, merci beaucoup. Je vais passer la
parole à mon collègue Patrick Morin pour la suite.
(Visioconférence)
M. Morin (Patrick) : Merci,
Tommy. Merci, le Président. Donc, le projet de loi propose d'abolir les tables
locales de gestion intégrée des ressources du territoire, les tables GIRT, tout
en affirmant vouloir mieux harmoniser les usages. Or, en supprimant ces espaces
de dialogue, il devient difficile de comprendre comment cette harmonisation pourra
se concrétiser. Le RNCREQ considère que la concertation est une condition
essentielle à la gestion durable des forêts. Nous recommandons donc de
conserver et renforcer les tables GIRT en élargissant la représentativité des
acteurs qui y siègent pour qu'elles reflètent réellement les intérêts liés à
l'ensemble des ressources du territoire et pas uniquement ceux du secteur
forestier.
Par ailleurs, la concertation doit exister
au-delà du niveau opérationnel. Il est crucial d'établir un lieu d'échange régional
sur les grands enjeux de planification stratégique. Par le passé, ce rôle était
assuré par les commissions régionales sur les ressources naturelles et
territoires, les CRRNT. Depuis leur abolition, un vide s'est installé alors
même que plusieurs chantiers, comme les OGAT, les projets d'aires protégées ou
le développement des énergies renouvelables exigent une vision territoriale
intégrée. Nous recommandons que le projet de loi prévoie la création d'une
instance de gouvernance régionale similaire aux ex CRRNT et que celle-ci soit
formellement impliquée dans la planification forestière. En conséquence, les
articles 116.7 et 116.13 devraient être modifiés pour inclure explicitement le
rôle de cette instance dans la planification et la programmation.
Sur la question des consultations
publiques, le projet de loi limite considérablement les occasions où les
citoyens et les communautés pourront se faire entendre. À l'exception d'une
consultation obligatoire tous les cinq ans pour la zone multi-usages, la grande
majorité des autres zones, y compris les ZAFP, ne prévoient aucune consultation
publique. Ce recul démocratique est inacceptable. Nous recommandons que le
projet de loi prévoie des consultations à toutes les étapes de la planification
et de la programmation forestière, y compris pour les ZAFP.
Autre sujet de préoccupation, le transfert
des responsabilités de planification vers l'industrie forestière. Confier à des
titulaires de droits la programmation des activités, dans les zones
multi-usages comme dans les ZAFP, affaiblit le rôle de l'État comme garant de
l'intérêt collectif. Ce changement rompt avec l'esprit de la réforme de 2013,
qui visait à renforcer la planification publique et à éviter les conflits
d'intérêts. Nous recommandons de maintenir ses responsabilités au sein des
directions régionales du ministère, qui disposent de l'expertise, du lien avec
le territoire et de la légitimité pour assurer...
14 h 30 (version non révisée)
M. Morin (Patrick) : ...ce
rôle. Dans cette optique, le rôle nouvellement introduit d'aménagiste forestier
régional, bien qu'utile sur le plan conceptuel, nous semble mal arrimé à la
structure territoriale actuelle. Rattaché au Forestier en chef, il risque
d'éloigner la planification des réalités régionales. Nous recommandons que
cette fonction soit rattachée aux directions régionales du MRNF pour assurer
une gouvernance de proximité ancrée dans les milieux.
En ce qui concerne la forêt privée, nous
saluons l'objectif d'en accroître la contribution à l'approvisionnement, mais
cette transition exige une meilleure coordination entre les acteurs,
propriétaires, syndicats, agences, industries, et un appui à la planification
conjointe des territoires publics et privés. La création des sociétés
régionales d'aménagement forestier, comme proposée lors du Sommet sur la forêt
de 2025, nous apparaît comme une piste structurante. Nous recommandons de
réunir les acteurs du milieu de la forêt privée afin de bâtir un effort commun
et coordonné et de renforcer le cadre réglementaire applicable à l'aménagement
en forêt privée pour l'harmoniser avec celui de la forêt publique, notamment en
ce qui concerne la protection des habitats et la connectivité. Il y a un lien à
faire ici avec les OGAT. Enfin, nous émettons des réserves sur la notion de
maintien des possibilités forestières telle que proposée dans le projet de loi.
Cette orientation rigide pourrait restreindre la capacité d'adaptation du
régime aux réalités environnementales, sociales et économiques. Le maintien du
volume ne devrait pas être une fin en soi. Nous recommandons de remplacer cette
notion par celle de respect des possibilités forestières, tout en permettant de
viser la valeur, et la qualité, et la résilience des forêts.
De plus, le projet de loi introduit la
possibilité de dépasser les possibilités forestières par règlement en dehors
des cas exceptionnels déjà prévus. Cela fragilise le principe de prudence et
crée une redondance inutile. Enfin, nous recommandons de retirer cette proposition
du projet de loi afin de préserver l'intégrité du régime forestier à long
terme.
Nous vous remercions pour l'occasion de
nous exprimer à la commission et nous serons heureux de répondre à vos
questions. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, merci à vous trois pour votre présentation. Nous débutons une
période d'échange avec madame la ministre. Vous avez un 15min 15 s.
Mme Blanchette Vézina : Merci,
Monsieur le président. Merci à vous trois. Salutations, Monsieur Morin.
M. Morin (Patrick) : Mme la
ministre, bonjour.
Mme Blanchette Vézina : Contente
de voir des représentants du Bas-Saint-Laurent qui sont présents aujourd'hui.
Donc, encore une fois, merci pour la présentation de vos recommandations.
Vous dites que les seules activités
d'exploitation, là, seraient autorisées dans les ZAFP, les zones d'aménagement
forestier prioritaire, excluant notamment toute intervention du ministre de
l'Environnement, là, vous avez mentionné, y compris pour la protection
d'espèces vulnérables. Mais plusieurs lois vont s'appliquer, là, toujours en
zone d'aménagement forestier prioritaire, dont l'article 69.1 de la Loi sur la
conservation du patrimoine naturel, qui permettrait, là, de prendre une
ordonnance en cas d'atteinte sérieuse au patrimoine naturel lorsque le ministre
est d'avis, puis ça, c'est le ministre de l'Environnement, là, bien sûr,
monsieur le Président, qu'il existe une menace réelle ou appréhendée que soit
dégradé de manière irréversible un milieu naturel, un territoire désigné. En
fait, là, l'article, je ne vous le lirai pas au complet, mais il a des
pouvoirs. Donc, si, par exemple, on découvre le dernier spécimen d'une espèce
en danger dans une zone d'aménagement forestier prioritaire, on pourrait, là,
prendre... le ministre pourrait prendre une ordonnance, ensuite l'activer...
activer l'article 17.4 du projet de loi,; parce qu'il y a un article qui est
prévu dans le projet de loi.
Alors, nous, on considère que c'est un
processus qui est existant, et il y en a d'autres, là. Je pense que ça offre
les leviers nécessaires au besoin, s'il arrivait une nécessité de venir
protéger un patrimoine naturel. Alors, j'aimerais comprendre, là, en ce
sens-là, pourquoi vous dites qu'il n'y a aucune intervention du ministre de
l'Environnement qui est possible.
M. Vaillancourt (Martin) : Je
vais y aller avec un début de réponse. Vous avez raison, il reste ce type
d'intervention là, qui est souvent considéré comme une intervention de tout
dernier recours. C'est le type d'intervention, là, qui fait intervenir le
ministre de l'Environnement pour des espèces, là, qui seraient sur le point...
en fait, qui sont déjà considérées comme en danger, là, ou à statut, et dont
leur habitat et menacé, là. Donc, on peut le voir, là, dans la région
montréalaise, sur certains habitats pour des espèces comme la rainette faux-grillon,
et c'est une option qui est très peu utilisée par le ministère de
l'Environnement, puis c'est vraiment fait quand toutes les autres options ne
sont pas possibles. D'en faire la norme dans l'esprit du nouveau régime
forestier, ça nous semble être un outil qui n'est pas adapté. De pouvoir
maintenir les autres prérogatives, là, du ministère de l'Environnement pour
s'assurer, avant les coupes, que les...
M. Vaillancourt (Martin) : ...les
inventaires puissent être faits et qu'on puisse avoir un regard sur ce qui s'y
passe, sur les nouvelles espèces qui ont pu coloniser ces espaces-là, là, en 70
ans, lors du reboisement puis de la repousse, nous semble plus pertinent.
Ceci dit, ça n'empêche pas l'exploitation
forestière comme telle, mais ça ne n'empêche pas, légalement, le ministre de
l'Environnement d'appliquer ses propres lois.
Mme Blanchette Vézina : O.K.,
bien, peut-être sur cet élément-là, là, en fait, on va faire l'exercice et on
est en train de le faire, là, vous avez, je pense, aussi soumis, là, des
projets d'aires protégées ou, en tout cas, les citoyens ont soumis des projets
d'aires protégées qui vont bien sûr se retrouver en zone de conservation.
Alors, on va venir, par là, verrouiller les meilleures zones de protection de
biodiversité. En fait, l'exercice a été fait partout au Québec. Donc, j'imagine
que, déjà, ces zones-là sont identifiées en date d'aujourd'hui.
• (14 h 40) •
Donc, il y a le pouvoir du ministre, au
besoin, s'il y avait des découvertes ultérieures ou des changements ultérieurs.
Alors, on va venir protéger du territoire, alors est-ce que c'est vraiment
nécessaire de venir avoir les mêmes contraintes en zone d'aménagement forestier
prioritaire, considérant qu'on aura fait l'exercice, avec le ministre de
l'Environnement et le gouvernement, de protéger les meilleures zones de
biodiversité?
M. Vaillancourt (Martin) : L'exercice
qui est en cours et dont on a reçu le mandat, là, celui de réaliser l'étape de
concertation, sur les propositions qui ont été faites, tantôt par les collectivités,
les communautés, les organismes, mais aussi les citoyens, fait en sorte que
c'est... on part, disons, de propositions régionales, on les amène à une étape
de concertation et d'analyse aussi gouvernementale. Donc, présentement, le
ministère de l'Environnement est en train, effectivement, de regarder si ces
propositions-là sont cohérentes avec les analyses de carence pour les
territoires, sur la valeur écologique de ces mêmes propositions-là, et
l'ensemble des ministères du gouvernement du Québec expliquent aussi les enjeux
qu'il y a sur ces mêmes territoires là, tantôt des contraintes forestières,
tantôt des contraintes d'exploitation minérales, tantôt transport d'énergie,
par exemple, etc.
Le consensus qu'on va chercher à obtenir,
ça va nous permettre de faire l'étape d'après, c'est-à-dire que la région
dise : Oui, sur un ensemble de ces propositions-là, on est prêts à aller
de l'avant pour poursuivre le processus, pour faire reconnaître ces espaces-là
comme des aires protégées.
Ceci dit, ça ne comblera pas l'ensemble
des zones de conservation, là. Ce n'est pas avec cet appel à projets là qu'on
va se rendre à 30 % du territoire protégé. Il va falloir que d'autres
mécanismes se poursuivent en parallèle, ce qui est prévu par ailleurs, et c'est
à la toute fin de l'ensemble de ces processus-là qu'on pourra avoir désigné
environ 30 % du territoire à protéger. Ce qui n'empêche pas que, dans le
70 % restant, il peut encore y avoir des éléments qui sont dignes de
conservation et qui devraient être, à la pièce, évalués.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Blanchette Vézina : Effectivement,
puis, je pense, les mécanismes on en a, et le ministre en aura. Je viens de
vous en nommer un, mais il y a des mécanismes qui vont permettre, au besoin, si
on trouvait d'autres informations pertinentes, d'ajuster. Il y a d'ailleurs
l'article 17.4, je crois, du projet de loi, là, qui prévoit un mécanisme pour
le gouvernement en cas de volonté de protection ou de changement qui sera possible
dans l'intérêt public.
J'aimerais peut-être vous parler de
l'écosystémique, parce que vous avez nommé, là, certains éléments, c'est...
Vous dites, bien sûr, que l'aménagement écosystémique, c'est un levier pour
favoriser. Vous dites que c'est pour favoriser l'adaptation des forêts. C'est
possible de le faire avec l'écosystémique, mais, bon, j'étais aux premières
loges, M. le Président, des feux de forêt de 2023, les récentes épidémies aussi
de tordeuse de bourgeons de l'épinette, visiblement... et ce que plusieurs
groupes environnementaux nous mentionnent qu'on doit aider les forêts à
s'adapter face aux changements climatiques. Vous demandiez notamment, là, qu'on
parle de stratégies d'adaptation des forêts qui a été mise en consultation,
qui, d'ailleurs, est toujours là. Simplement, il est important de l'adapter en
fonction du nouveau régime forestier, mais ça fait partie des éléments qu'on
souhaite qui soient intégrés. Donc, cette adaptation des forêts aux changements
climatiques, c'est au cœur de plusieurs articles du projet de loi, pouvoir
aider les forêts à traverser... à être plus résilientes face à ces changements
climatiques.
Alors, est-ce qu'on n'est pas mieux de
conserver certaines caractéristiques de l'aménagement écosystémique mais de
mettre l'accent sur d'autres caractéristiques qui sont vraiment orientées vers
les changements climatiques, comme la migration d'essences, par exemple, ou
l'utilisation de feuillus dans certaines régions comme pare-feu pour éviter la
propagation de feux à des communautés? Tout ça est restreint, en ce moment, par
le cadre de l'écosystémique. Donc, j'aimerais vous entendre parce que, pour
améliorer la résilience des forêts, moi, ce que...
Mme Blanchette Vézina : ...lu
et ce que j'ai entendu, dans les derniers mois, c'est qu'il faut changer nos
façons de faire. Et on en est là aujourd'hui pour ça. Ça fait que j'aimerais
comprendre comment on pourrait y arriver. En ce moment, ça ne me semble pas
possible.
Le Président (M. Schneeberger) : Qui
veut répondre? Alors, M. Morin.
M. Morin (Patrick) : Oui, je
vais y aller là-dessus. Écoutez, l'aménagement écosystémique, en fait, son
principe, c'est que les écosystèmes ont plusieurs millénaires d'adaptation... À
différentes périodes, ils ont déjà... les écosystèmes sont issus de la
glaciation puis ont déjà traversé plusieurs bouleversements climatiques. Donc,
les capacités d'adaptation sont à l'intérieur même des écosystèmes. Et ce que
l'aménagement écosystémique nous dit, c'est qu'il faut préserver les fonctions
des écosystèmes et que ces fonctions-là sont celles qui vont nous permettre...
qui vont permettre aux écosystèmes de s'améliorer eux-mêmes. Il faut résister à
la tentation de vouloir jouer à Dieu, parce que, quand on a fait ça... dans la
littérature scientifique, il y a plein d'exemples où on s'est trompé, malgré
toutes nos bonnes intentions. Et même si la niche climatique va changer, il y a
beaucoup d'inertie dans le système. Par exemple, les sols, l'acidité des sols,
la faune, la microfaune invertébrée qui est dans le sol ne va pas suivre la
niche climatique au même rythme. Donc, si on se met à faire de la migration
assistée, il y a quand même des dangers.
Ça ne veut pas dire de ne pas adapter
l'aménagement écosystémique. Comment on l'a fait dans les dernières décennies,
après le dernier régime? On a beaucoup axé notre travail sur essayer de
reproduire la composition. Donc, si, quand Jacques Cartier est arrivé ici, les
forêts étaient surtout résineuses, on aurait cherché à reproduire cette composition-là,
fortement résineuse, de nos forêts. Là, je pense qu'on pense, au regroupement,
qu'on doit peut-être moduler cette façon-là et de prioriser notre action sur
d'autres attributs des écosystèmes, comme leur composition interne, la
structure d'âge, la fréquence et l'intensité des perturbations, pour que les
processus des écosystèmes demeurent actifs. Donc, c'est... Peut-être qu'il y a
des ajustements dans notre façon de pratiquer l'aménagement écosystémique. De
faire des murs pare-feu autour de certaines communautés forestières en plantant
des feuillus, ce sont des actions qui sont très sporadiques sur le territoire
et ça ne veut pas dire qu'on va enfeuiller l'entièreté de la forêt boréale. Je
pense qu'il y a une marge entre les deux.
Et, voilà, ça fait que, donc, je pense
que... et la littérature scientifique, et plusieurs scientifiques se sont
prononcés là-dessus pour dire que les principes et les concepts d'aménagement
écosystémique tiennent déjà compte de l'adaptation aux changements climatiques.
Donc, on n'a pas à changer la définition dans le projet de loi, alors que cette
définition-là, d'aménagement écosystémique est dans les livres sur lesquels...
les nouveaux gradués, les nouveaux ingénieurs forestiers, ils vont se baser sur
une certaine notion d'aménagement écosystémique. Et, si on change la définition
dans le projet de loi, on va avoir une sorte de dissonance entre les concepts
scientifiquement reconnus et ce que le projet de loi promeut.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Autres questions?
Mme Blanchette Vézina : Bien,
moi, je tiens à vous rassurer, là, le but, ce n'est pas de jouer à Dieu. Puis
vous l'avez dit, il y a plusieurs recherches qui se font, qui se font depuis
plusieurs années par les équipes du ministère, par des... conjointes avec
d'autres chercheurs de plusieurs chaires de recherche partout au Québec, et je
sais que vous le savez, là, mais je me permets de le dire, qui donnent certains
résultats.
L'avis du Forestier en chef, d'ailleurs,
en septembre 2023, post feux, là, nous mentionnait qu'il faut essayer des
choses pour aider les forêts. Alors, c'est de cette... c'est en suivant ces
réflexions puis ces recherches qui sont fait qu'on vient bonifier la définition
de l'aménagement écosystémique pour tenir compte de l'avis, justement, de la
science.
Bien, comme je vous ai devant moi,
Bas-Saint-Laurent, on a des zones... des AIPL, là, qui sont déjà dans la loi,
actuellement. Au Bas-Saint-Laurent, c'est une des seules régions, avec la
Gaspésie, qui ont ces zones d'aménagement forestier qu'on va dire prioritaires,
en fait, aménagement intensif. J'aimerais que vous me parliez un peu du
contexte bas-laurentien, là, puis de la compensation qui peut être faite
entre... Parce qu'on sait qu'il y a des investissements qui sont faits dans ces
zones-là. S'il y avait des «swaps», excusez-moi le... pas le bon mot, là, mais
des échanges qui pouvaient être faits avec d'autres territoires, comment ça
fonctionne, par exemple, dans la détermination des sept merveilles du Bas-Saint-Laurent,
là, qui a été travaillée. J'aimerais vous entendre sur les possibilités de
faire des échanges puis comment on peut préserver des investissements aussi,
sylvicoles, qui sont mis de manière massive pour augmenter la production
ligneuse. Comment on peut le faire? Puis je sais que c'est un exemple qui s'est
fait... qui se fait au Bas-Saint-Laurent, en ce moment...
M. Morin (Patrick) : Oui,
c'est effectivement un bon exemple. J'ai été aux premières loges de tout ce
travail-là, c'est-à-dire que, dans le fond, on a travaillé en parallèle le
travail sur les sept merveilles du Bas-Saint-Laurent, qui... c'est 750
kilomètres carrés d'aires protégées. Et, d'un autre côté, on a travaillé sur
les AIPL.
Par contre, je tiens à souligner ici qu'on
s'est rendu très rapidement à 25 % du territoire de la forêt publique en
AIPL, mais on a avancé...
M. Morin (Patrick) : ...d'à
peu près 2 %, 3 % en aires protégées. C'est ce que les sept
merveilles représentent.
Donc, même si c'est un bel exemple, puis
c'est une sorte de deal, passez-moi l'expression, qu'on a fait au
Bas-Saint-Laurent, d'avancer en conservation puis en intensification main dans
la main, il reste que ça a pris plus de... voyez-vous, on est en... on a fini
le travail sur les aires protégées en 2013, ça fait plus de 12 ans, les aires
ont un statut encore temporaire, ne sont même pas définitivement protégées,
alors que les 25 % d'AIPL ont été placées sur le terrain très rapidement.
Donc, il y a toujours un peu cette tendance-là, d'aller très vite sur la partie
forestière et moins vite sur la partie conservation. Puis, ça, c'est le bout de
l'histoire bas-laurentienne que j'espère qu'on ne reproduira pas ici, en
finissant le travail qu'il y a à faire sur l'appel à projets d'aires protégées,
avant d'aller vers la délimitation des zones... des zones d'intensification qui
sont prévues dans le projet de loi si tel est le cas. Puis... Mais c'est vrai
qu'il y a là une capacité. Il y a... Il y a un bel outil pour dire : Bien,
ça peut dégager de la possibilité forestière parce qu'on intensifie à cet
endroit-là puis ça va libérer de la possibilité forestière pour faire la
conservation.
• (14 h 50) •
Par contre, je mets ici une... quand même
une mise en garde. C'est que, bien qu'on ait 25 % d'AIPL au Bas-Saint-Laurent,
à ce que je sache, on n'est pas capables de faire la pleine recette optimale
sylvicole sur l'entièreté de ces 25 % d'AIPL là. Puis là, si on parle de
se rendre à 30 % ou plus, les budgets d'aménagement forestier risquent
fort d'être un facteur limitant. Donc, oui, le Bas-Saint-Laurent a été
audacieux, puis le Conseil de l'environnement a été capable de cautionner cette
approche-là parce qu'il y avait un travail concertation, intensification qui
était fait, oui, c'est un bel exemple, mais il ne faut pas... il faut commencer
par la conservation quand on fait de la triade puis finir par
l'intensification. Et ce n'est pas parce que... Ce n'est pas du un pour un.
Puis il reste à voir quelles sont nos capacités d'intensification. Puis, si on
est capables de faire une séquence optimale de travaux forestiers sur 15 %
du territoire québécois en entier, bien, on devrait se limiter à 15 %
d'intensification et non pas essayer d'en faire 25 % ou 30 %. Puis,
si on n'est pas capables de livrer la pleine recette, on n'aura pas les pleins
rendements. Et c'est là qu'il y a peut-être un piège d'ambition au niveau de
l'intensification.
J'espère que je réponds bien à votre
question. Mais j'ai touché quand même à plusieurs enjeux.
Mme Blanchette Vézina : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, merci. Alors, c'est tout le temps qu'on avait du côté de... côté
ministériel. Nous allons du côté de l'opposition officielle. Et j'entends le
député de Pontiac pour 10 min 24 s.
M. Fortin :Très bien. Merci, merci, M. le Président. Merci à vous
trois d'être... d'être avec nous aujourd'hui.
Je commence avec le concept d'aménagiste
forestier régional. Vous aviez l'air, dans votre présentation, à nous dire
qu'il y a là un risque, peut-être, de centralisation, là. La ministre semble
avancer le contraire. Elle cite cet exemple-là comme étant un exemple de
décentralisation. Pouvez-vous nous expliquer votre point de vue? Parce qu'à
première vue, là, quand on dit «aménagiste forestier régional», ça semble être
donner plus de pouvoir aux régions. Mais je comprends que ce n'est pas
nécessairement votre position.
Le Président (M. Schneeberger) : M.
Tremblay.
M. Tremblay (Tommy) : Oui.
Bien, en fait, ce qu'on suggère dans le mémoire, c'est qu'effectivement au
niveau de... l'aménagiste régional ne soit pas associé au bureau du forestier
en chef, mais plutôt à la direction régionale du ministère des Ressources
naturelles et de la Forêt pour véritablement avoir une décentralisation, une
régionalisation. Parce que, ce qu'il faut dire, c'est que, dans le régime
actuel, la planification forestière se faisait au niveau des régions. C'étaient
les directions régionales du ministère qui réalisaient la planification. Donc,
de nommer un nouveau poste ou de créer un nouveau titre doit être en
collaboration et associé à cette direction régionale là pour obtenir une vraie
régionalisation de la planification forestière.
M. Fortin :Donc, ce qui vous inquiète, c'est qu'on prenne
l'aménagement forestier qui est décidé au niveau de la région en ce moment, là,
puis qu'en le mettant sur le forestier en chef, ça devienne... peut-être que
des travaux qui sont faits régionalement, mais que la décision se prenne,
appelons ça à Québec, là.
M. Tremblay (Tommy) : Absolument.
M. Fortin :O.K. Très bien. Sur les zones de conservation, je vois dans
votre mémoire, puis vous avez commencé à y toucher, là, tantôt, là, M. Morin
entre autres, vous nous demandez d'identifier des zones prioritaires... des
zones de conservation de façon prioritaire avant d'identifier les autres zones
parce que vous... et vous avez cité un potentiel de conflits d'usage.
Pouvez-vous nous expliquer ce que vous entrevoyez si on va de l'avant, par
exemple, en identifiant les zones d'intensification avant les zones de
conservation?
M. Tremblay (Tommy) : Oui. En
fait, si on va vers... si on priorise les zones...
M. Tremblay (Tommy) : ...intensification.
Ça va faire en sorte que peut-être, a posteriori, on va identifier un potentiel
de protection pour capter soit la rareté soit la représentativité de la
biodiversité. Et là, à quelque part, il va être trop tard.
L'idée, c'est de... possiblement, d'y
aller dans une vision stratégique du territoire, une analyse stratégique, puis
même, l'idéal, c'est d'y aller avec la détermination des trois zones,
c'est-à-dire intensive, extensive et de conservation, en même temps. Mais on
sait très bien, on l'a vu avec l'exemple du Bas-Saint-Laurent, qu'il est
préférable d'y aller avec la détermination de la zone de 30 %,
c'est-à-dire la zone de conservation en priorité. Surtout que l'objectif du
gouvernement du Québec, c'est d'atteindre 30 % de territoire protégé d'ici
2030. Donc, ça, ça va arriver quand même assez relativement bientôt.
M. Fortin :O.K. Sur la zone d'intensification... je passe de la zone
de conservation à la zone d'intensification, là, corrigez-moi si j'ai tort, M.
Morin, là, mais, si je vous ai bien compris, vous nous dites : Bien,
allez-y pas avec le maximum, le 30 %, là, qui est identifié, tout de suite
en partant, commencez peut-être avec une cible plus basse, quitte à l'augmenter
au fil de... au cours de la route si vous en avez besoin. Pourquoi c'est un
meilleur modèle, plutôt que de dire : On va identifier les hommes tout de
suite, là, un, deux, trois, puis ça va être fait, là?
M. Morin (Patrick) : Bien, on
a... D'ailleurs, c'est ce qu'on a fait au Bas-Saint-Laurent, c'est-à-dire qu'on
a commencé par... je ne me souviens plus si c'était 10, ou 12, ou 15, là, mais
ça a été une première tranche. On a testé les modalités avant de monter à 25.
Pourquoi? En fait, c'est pour tout le monde que c'est une bonne idée, parce
qu'en fait on veut choisir les meilleures zones pour chaque utilisation. Que ce
soit l'intensif, la conservation ou le multi-usage, il faut choisir les
meilleures zones, puis ça prend un temps. Il faut donner le temps aux
différentes parties prenantes de découvrir ces cartes-là, après ça, d'aller
valider sur le terrain. Puis ça peut être, par exemple, les territoires
fauniques structurés qui vont voir qu'il y a un potentiel de chasse, donc ils
vont préférer qu'une zone n'aille pas en intensif parce qu'ils vont vouloir
qu'elle reste multi-usage. Et, à l'inverse, ça pourrait être que les zones
qu'on a ciblées en premier pour l'intensif s'avèrent moins productives, moins
intéressantes, trop de contraintes à la récolte, puis que, finalement, on
aimerait mieux les garder en multi-usages.
Donc, d'y aller avec une certaine prudence
puis une certaine gradation permet d'optimiser nos choix et surtout de ne pas
délimiter trop de zones d'intensif pour rien si on n'a pas les budgets pour
livrer l'aménagement intensif sur l'entièreté de ces territoires-là.
M. Fortin :Très bien, je vous remercie. Puis merci de partager l'expérience
du Bas-Saint-Laurent, là, que le reste du Québec n'a pas en ce moment. Ma
collègue a quelques questions, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci. Merci
beaucoup à vous trois pour vos commentaires. Je vais revenir avec les zones
protégées et le conflit potentiel, là, avec les zones prioritaires, là, que le
projet de loi prévoit. La ministre a souligné qu'il y avait une analyse du
territoire qui avait été faite récemment et qu'il y avait eu des aires
protégées qui avaient été soumises ou des propositions d'aires protégées qui
avaient été soumises au ministère de l'Environnement, mais est-ce qu'à ce jour
c'est l'ensemble des territoires potentiellement... qui pourraient
potentiellement être protégés qui ont été soumis au ministère ou est-ce que...
tu sais? Parce qu'on... Est-ce qu'on a, à ce jour, une connaissance tellement
fine du territoire qu'on sait exactement partout où il devrait y avoir conservation?
M. Vaillancourt (Martin) : La
réponse courte, c'est non, malheureusement. Présentement, l'appel à projets,
c'était pour favoriser les initiatives régionales. Donc, il y a des
propositions, dans le cadre de l'appel à projets, qui sont probablement
d'excellentes propositions, et qui se rendront jusqu'au bout du processus, et
qui seront les prochaines aires protégées du Québec, et il y a probablement des
propositions qui ont été faites qui, parce qu'il y a des contraintes sur le
territoire, parce qu'il y a déjà d'autres usages... en fait, qui n'aboutiront à
rien, là, donc qui vont être disponibles pour... ou le multi-usages, ou
peut-être même l'intensif. L'enjeu qu'on a, c'est... Il y a eu un appel à
projets public pour que ça vienne de la base, pour qu'il y ait un intérêt des
régions à contribuer aux aires protégées, et c'est très bien, mais la
contrepartie de ça, c'est que les analyses viennent ensuite.
Donc, présentement, l'ensemble des
ministères au gouvernement sont en train d'analyser, sur ces mêmes
territoires-là les carences, en termes de représentativité, là où sont les hot
spots en matière de biodiversité. Puis les différents ministères se prononcent
sur leurs propres usages de ces mêmes territoires-là. Donc, on va recevoir
l'ensemble de ces analyses-là en cours d'année, et ça va pouvoir éclairer la
prise de décision en région, mais, à l'heure actuelle, est-ce qu'on ne le
portrait global et on sait où mettre les prochaines aires protégées? C'est non.
Dans quelques mois, ma réponse aura changé.
Mme Dufour : Bien, il y a
même des régions qui n'ont pas soumis de...
Mme Dufour : …et donc, là, il
n'y a pas d'analyse qui se fait dans ces régions-là.
M. Vaillancourt (Martin) : Le…
Oui, ça, il y a des cas particuliers, là, où les MRC… qui est impliquée dans le
processus, devaient donner leur aval pour que le processus se poursuive. Donc,
dans quelques MRC du Québec, il y a effectivement des gens qui ont dit :
Nous, non, on trouve que c'est précipité. On trouve que les analyses auraient
dû venir en amont avant les propositions de projets. Donc, il y a une certaine…
en fait, il y a une légitimité complète, là, à cette position-là aussi, là, de
la part des MRC. Et le… par contre, le ministère de l'Environnement,
présentement, lui, fait son analyse sur l'ensemble du territoire pour s'assurer
qu'on n'est pas en train de passer à côté de certaines zones où il y aurait des
potentiels. Et lui, il s'est réservé le privilège ou le devoir de proposer des
projets sur ces mêmes territoires là. Donc, on… il n'y aura pas d'aide de ces
projets-là, là, qui devront aller en concertation également.
• (15 heures) •
Mme Dufour : Mais il y a un
risque réel que dans… si, dans un an, il y a des zones prioritaires identifiées
dans le… avec la triade, qu'il y aurait du potentiel… qu'on n'ait pas encore de
potentiel de conservation qu'on n'a pas encore identifié, là.
M. Vaillancourt (Martin) : Le…
oui, puis il y a… le risque est même à plus court terme que ça, parce qu'il y a
des propositions qui sont faites un peu partout au Québec, qui sont
actuellement dans les planifications forestières pour l'année en cours. Et là
il est hors de question, bien sûr, de mettre un moratoire sur l'ensemble des
propositions québécoises, mais ce que nous, on souhaiterait, c'est qu'il y ait
un mécanisme pour agir au cas par cas, pour donner la chance à cette
proposition-là de se rendre à l'étape de concertation. Malheureusement, il y a
des endroits, là, puis il y a des exemples… On a une dizaine d'exemples, là, un
peu partout au Québec où on sait qu'il y a des travaux forestiers à très, très
court terme au sein même de ces propositions-là, sans qu'on sache la valeur
écologique des… de ces propositions-là à ce stade-ci.
Mme Dufour : O.K. Merci.
Peut-être une dernière question, là, sur la partie de votre mémoire. Vous
parlez de l'article quatre et vous… vous parlez de l'aménagement, là, la
définition d'aménagement écosystémique, et qu'on enlève dans le fond, la… le
critère de diminuer les écarts entre la forêt aménagée, la forêt naturelle et
que vous êtes inquiets face au retrait de ce critère-là. Est-ce que vous pouvez
nous en parler un petit peu davantage? Il reste moins d'une minute,
30 secondes, je pense.
M. Vaillancourt (Martin) :
Patrick.
M. Morin (Patrick) : Oui. Ce
que je peux vous dire, c'est que dans le fond, les écarts avec la forêt
naturelle, on… Ça veut dire de… en fait de regarder comment les écosystèmes
fonctionnent et d'essayer d'imiter ces caractéristiques-là. Donc, ça peut… On a
souvent pensé, comme je l'ai dit tout à l'heure, que ça voulait dire d'imiter
mixte résineux, feuillus, la composition. Là, on pense qu'il y a quand même
plus de travail à faire sur comment est structurée la forêt, quel âge, quelles
classes d'âge on a dans une même forêt. Est-ce qu'on a un mélange de jeunes,
vieux et moyens jeunes arbres dans le même peuplement? Tout ça sont des
caractéristiques de structure interne des peuplements. Donc, c'est ça qu'on
cherche à imiter. Parce que nos forêts anciennement étaient très étagées et
avaient plusieurs cohortes d'âges qui se collent… dans le même peuplement.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci. Alors, c'est tout le temps qu'on avait. Nous allons maintenant du côté
de la deuxième opposition et j'entends le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) :
Trois minutes, 28.
M. Fontecilla : Merci.
Bonjour, messieurs, merci d'être ici, nous apporter votre connaissance. Et moi,
j'aimerais savoir, dans votre… Selon vous, là, quels sont les secteurs qui…
c'est des gagnants, là, avec des projets… ce projet de loi? Sous sa forme
actuelle, est-ce que ça… ça peut être les communautés locales, la diversité… la
biodiversité, la lutte aux changements climatiques? Qu'est-ce qui est surtout
avantageux selon vous, avec ce projet de loi?
M. Vaillancourt (Martin) : Le
secteur forestier est avantagé, là, l'industrie forestière de façon générale,
elle gagne, oui, en prévisibilité. Elle gagne aussi sur des garanties qu'elle
va pouvoir conserver, les volumes de bois déterminés qu'elle va pouvoir
conserver… en fait, pourra même être compensée si jamais il y avait des
volumes, là, qui étaient moins utilisés. La... les autres volets que vous
évoquez, là, ont peu de gain en comparaison avec ces gains-là, qui sont,
je pense, importants pour l'industrie forestière. Pour nous, les volumes de
bois, là, ne sont pas une fin en soi. C'est-à-dire que notre industrie forestière
devrait chercher à créer de la valeur, donc d'avoir une stratégie industrielle,
là, qui accompagne un tel projet de loi pour aller vers des produits à haute
valeur ajoutée, qu'il y ait davantage de deuxième, troisième transformation.
Donc, d'autres éléments qui ne concernent pas, bien sûr, que la forêt, mais
l'industrie forestière en général, là, est essentiel. Donc, on pourrait faire
mieux avec les volumes de bois déjà disponibles et dynamiser les collectivités…
15 h (version non révisée)
M. Vaillancourt (Martin) : ...le
projet de loi n'aborde pas énormément, là, ces aspects-là. Oui, le principe de
la triade est évoqué. On... Dans la mise en œuvre de ce qui est précisé dans le
projet de loi, ce n'est pas clair pour nous comment les choses vont se faire
dans l'implantation. Donc, si on veut qu'il y ait des gains aussi du côté de la
conservation, il faut que les... comme mon collègue l'a dit précédemment, qu'on...
que la conservation se fasse avant de délimiter les zones zones, notamment les
zones intensives.
Et, là où il y a aussi une perte pour
certains publics, c'est l'ensemble des acteurs qui gravitent autour de la
forêt, qu'il n'y a plus de lieu d'échange, donc l'absence de lieu de
concertation ou la disparition de certains lieux, qui n'étaient pas toujours
parfaits, ceci dit. Mais, dans plusieurs régions du Québec, les tables GIRT
étaient fonctionnelles et apportaient une dynamique régionale. Puis, par le
passé, là, on l'a mentionné, les commissions sur les ressources naturelles et
le territoire permettaient aussi d'avoir une vision stratégique d'un ensemble d'enjeux
sur ce même territoire là. Puis c'était un endroit aussi où on pouvait parler
de complémentarité entre la forêt publique puis la forêt privée.
Ces éléments-là, dans le projet de loi,
ont tendance à s'étioler. Et, ça, ce serait une perte réelle pour favoriser un
dialogue entre les acteurs sur le terrain.
M. Fontecilla : On sait que
le projet de loi récupère, est fondé sur le concept de triade, qui vient de...
qui émane d'une pensée scientifique, là. Est-ce que vous pensez que le projet
de loi reprend fidèlement le principe de la triade?
Le Président (M. Schneeberger) : Rapidement.
M. Morin (Patrick) : En fait,
on pense... Dans les prémisses du projet de loi, on semble voir que oui, mais
nous, on pense que c'est dans la manière de l'implanter que le gouvernement
fait fausse route. C'est-à-dire que le projet de loi est plutôt restreint en
lui-même et ne nous donne pas l'entièreté de la vue d'ensemble. Quand on a fait
l'ancienne...
Le Président (M. Schneeberger) : M.
Morin, excusez-moi, je suis obligé de vous couper, là. J'ai déjà du temps
dépassé. Alors, je m'excuse, c'est la... J'essaie d'être le gardien du temps.
Nous allons du côté du député de Matane-Matapédia, et bientôt La Mitis, je
pense.
M. Bérubé : On y travaille!
Le Président (M. Schneeberger) : C'est
ça. Du travail. Alors...
M. Bérubé : Si je suis... Si
je suis réélu. Merci, M. le Président. Bienvenue à l'Assemblée nationale. Et, à
vous, M. Morin, qui semblez être à Matane, c'est un excellent choix, je vous
salue également.
M. Morin (Patrick) : Exactement.
Oui.
M. Bérubé : Je cite la
conclusion de votre mémoire : «Le projet de loi n° 97 repose sur une
vision de la forêt largement centrée sur sa valeur économique en accordant une
place prépondérante à l'industrie forestière dans la planification et la
gouvernance au détriment d'une approche réellement intégrée et durable. Il
réduit les espaces de concertation, limite les mécanismes de consultation
publique et affaiblit les garde-fous environnementaux qui faisaient la force du
régime forestier mis en place en 2013.» Je m'en souviens bien, j'étais le
ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent en 2013, quand ça a été
mis en application. Pouvez-vous nous expliquer l'importance de ces mécanismes
et pourquoi, dans ce domaine, il vaut mieux conserver le statu quo qu'aller de
l'avant avec ce que la ministre responsable de ma région propose?
M. Tremblay (Tommy) : Oui.
Bien, en fait, et mon collègue l'a mentionné tout à l'heure, là, les tables
GIRT, les tables de concertation où on retrouvait les industriels, où est-ce
que les autochtones... les autochtones étaient invités, les groupes
environnementaux, les groupes qui utilisaient le territoire étaient
regroupés... était imparfait, mais c'était un lieu d'échange justement pour
avoir une planification qui se veut intégrée, la planification forestière.
Donc, avec ce nouveau régime, bien, on ne retrouve plus ces instances de
concertation, ça fait que c'est ce qu'on... c'est ce qu'on déplore, là, à l'intérieur
de notre mémoire, là.
M. Morin (Patrick) : Je
compléterais, Tommy, en ajoutant que ce qu'on cherche à faire dans le nouveau
régime, avec une implantation de triade, ça nous a pris... à l'époque, on avait
trois tables GIRT au Bas-Saint-Laurent, une commission, puis je vous dirais que
ça nous a pris tout notre petit change pour arriver à ce deal-là en
concertation. C'était très serré. C'étaient d'âpres discussions sur la
conservation versus l'intensification. Et, sans ces espaces de concertation là,
je ne pense pas qu'on peut y arriver.
M. Bérubé : Où réside, M. le
Président... Où réside l'intérêt si on perd en concertation? Qui gagne? Qui
sont les gagnants de... qu'on enlève ces instances?
M. Vaillancourt (Martin) : Je
vais dire tout le monde perd. Écoutez, même l'industrie forestière, qui a des
obligations notamment en termes de certification forestière de collaborer avec
le milieu régional pour collaborer à des projets de conservation. Si on veut
garder notre certification FSC, par exemple, on doit montrer cette
possibilité-là. Donc, en faisant disparaître ces lieux d'échange là, on diminue
les chances de collaboration. Et ultimement, si les projets ne sont pas
conjoints avec l'industrie forestière, celle-ci peut même perdre leur
certification. Puis ça va être des Sésame! pour entrer sur certains marchés...
M. Vaillancourt (Martin) : ...comme
l'Europe, de conserver cette certification forestière là, là, dans les
prochaines années.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
c'est tout le temps qu'on avait. Alors, merci beaucoup à vous trois pour votre
contribution à la commission.
Nous suspendons quelques instants afin
d'accueillir le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 09)
(Reprise à 15 h 14)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Nous recevons notre deuxième groupe de cet après-midi :
l'Ordre des ingénieurs forestiers du Québec. Alors, bonjour à M. Patrick
Pineault, président, et François-Hughes Bernier, directeur général et
secrétaire. Bonjour à vous deux. Alors, comme je... vous avez un
10 minutes pour faire votre présentation et suivra une période d'échange.
Allez-y.
M. Pineault (Patrick) : Merci,
M. le Président. Mme la ministre, Mmes, MM. les députés, merci de nous
accueillir aujourd'hui pour entendre la voix de l'Ordre des ingénieurs
forestiers du Québec. Comme mentionné, je suis accompagné de
M. François-Hughes Bernier, directeur général et secrétaire de l'ordre.
L'Ordre des agents forestiers est un ordre
professionnel constitué en vertu du Code des professions. Notre mission est de
protéger le public. En foresterie, cela signifie de veiller à la santé de nos
forêts pour aujourd'hui et pour demain. Cette mission, nous la partageons d'une
certaine façon avec l'État. Nous avons la responsabilité de garantir que la
forêt québécoise soit gérée de manière durable, équitable et rigoureuse.
Nous ne représentons pas une industrie ni
une clientèle particulière, nous représentons le public à travers une
profession, des gens de terrain, de recherche, de pratique, des femmes, des
hommes qui travaillent dans toutes les régions du Québec, qui ont un point en
commun : leurs devoirs envers la forêt et envers la société.
Avant d'aller plus loin, je me permets de
porter une petite attention particulière... pardon, dans le projet de loi à un
article, l'article 17.6. Cet article prévoit qu'aucun gouvernement actuel
ou futur ne pourra modifier certaines zones d'aménagement prioritaires pour
établir des protections environnementales. D'abord, on s'est dit que c'est dans
un contexte de changements globaux, c'est un verrou peut-être contradictoire,
malgré que les investissements sylvicoles doivent être sécurisés. Par contre,
nous croyons que dans l'article 17.6, il y a une portée beaucoup plus
grande qu'on veut porter à votre attention, tant les parlementaires,
l'Assemblée nationale et tous les partis, peu importe l'allégeance. Donc, pour
le bénéfice de tous, c'est un peu un questionnement.
L'ordre a plus de 100 ans. Depuis les
30 dernières années, l'ordre a participé à chaque grande étape de
transformation du régime, dont la commission Coulombe qui marqua un point
tournant devant guider nos orientations. Nos positions historiques sont
publiques et constantes, elles défendent une foresterie rigoureuse, basée sur
la science, crédible et enracinée dans les régions. Nous avons récemment fédéré
les principaux partenaires du milieu forestier de toutes provenances et piloté
des travaux du groupe des partenaires dans lequel se sont dégagés des constats
et des pistes de solutions consensuelles que nous avons partagées. Depuis 2020,
nous avons sondé à trois reprises nos membres. Et tout récemment une
consultation spécifiquement sur le projet de loi sur lequel nous sommes en
consultation présentement. L'idée était ici, effectivement, d'entendre les
professionnels sur le terrain et les réalités concrètes.
Notre mémoire est structurée autour de
cinq fondements indispensables pour la pérennité du régime. Ces fondements sont
enracinés dans les réalités régionales, dans l'évolution de la science
forestière et dans le vécu des professionnels sur le terrain.
J'ai une vieille manie de professeur,
j'aime quand tout le monde est au même diapason, donc j'aimerais porter à votre
attention une définition toute simple de la foresterie : profession
englobant la science, l'art et la pratique de la création, de la gestion, de
l'utilisation et de la conservation des forêts et de leurs ressources dans
l'intérêt général, et d'une manière durable, et qui vise à atteindre des
objectifs et à répondre à des besoins et à des valeurs. C'est tiré du
dictionnaire de la foresterie. C'est une définition pure, il n'y a pas de bon,
il n'y a pas de méchant, seulement un simple fait. C'est la voie à prendre si
on veut faire de la foresterie au Québec.
Maintenant, nos cinq fondements. Le
premier, une gouvernance enracinée dans... pardon, dans les territoires. Un des
grands constats de nos consultations est clair : les régions doivent avoir
davantage leur mot à dire dans la planification forestière. Le modèle actuel
est perçu comme trop centralisé. Il est temps d'aller plus loin dans la régionalisation.
Le projet de loi n° 97 propose la création d'un nouvel acteur,
l'aménagiste régional, et évoque une certaine autonomie territoriale, mais pour
plusieurs ingénieurs, forestiers et partenaires consultés, ces éléments restent
flous et insuffisants. Si on veut une réforme fonctionnelle, il faut ancrer la
gouvernance dans les territoires de façon tangible, crédible et imputable. Cela
veut dire des instances régionales décisionnelles, pas seulement consultatives,
des instances regroupant des élus locaux, des représentants autochtones, des
experts et des citoyens, des instances qui définissent les priorités
régionales, adapter les interventions aux réalités du terrain et rendre compte
aux publics.
Un autre enjeu est l'articulation entre...
M. Pineault (Patrick) : ...le
rôle de l'aménagiste régional et celui du Forestier en chef. Est-ce un simple
changement de façade, avec les mêmes décisions prises au centre? On pose la
question. L'aménagiste régional doit être rattaché aux instances régionales, et
non uniquement au Forestier en chef, pour éviter une gouvernance à sens unique.
Si on veut une réforme légitime, acceptée par les régions, il faut leur faire
confiance, il faut leur donner des leviers, la transparence et les outils pour
planifier leur territoire avec ceux qui y vivent, et travaillent, et
investissent.
Deuxième fondement, l'imputabilité
professionnelle, l'imputabilité claire et forte. L'ingénieur forestier est un
professionnel formé, encadré et imputable, il porte une responsabilité envers
le public, la forêt, les générations futures. Pour que le régime forestier
fonctionne, ce rôle doit pleinement être reconnu dans la loi. Aujourd'hui, ce
n'est pas encore assez clair. L'ordre demande donc que la loi reconnaisse
explicitement la place de l'ingénieur forestier dans la planification,
l'exécution et le suivi des interventions forestières. Ce n'est pas une
question de statut, c'est une question de qualité, de rigueur et de protection
du public.
• (15 h 20) •
Nous proposons aussi un changement d'approche,
passer d'un régime basé sur une accumulation de normes à un régime fondé sur
des objectifs clairs, mesurables et suivis. Pour y arriver, le système
professionnel québécois est un allié précieux. L'ordre a les outils pour
encadrer ses membres et pour les accompagner. On va même aller plus loin.
L'ordre est prêt à moderniser ses propres pratiques, améliorer ses outils
législatifs et ses processus liés à l'inspection et à la discipline, notamment.
Pour ce faire, nous avons besoin d'un appui de l'État. Nous demandons donc un
engagement formel de la ministre afin que s'ouvre, avec l'Office des
professions, un chantier de modernisation de la Loi sur les ingénieurs
forestiers. Cette loi est ancienne et ne reflète plus la réalité complexe de
notre rôle en fonction des enjeux actuels. Un régime forestier moderne passe
notamment par une profession moderne.
Troisième fondement, concertation
structurée permanente. L'aménagement forestier est un exercice collectif, qui
repose sur le dialogue entre les acteurs du territoire. Le projet de loi n° 97, en abolissant les Tables GIRT, sans solution de
rechange, affaiblit cet espace essentiel de concertation. L'Ordre des
ingénieurs forestiers du Québec propose de les remplacer par une concertation
territoriale permanente, structurée et crédible à l'échelle des réalités
régionales. Cette concertation doit réunir les communautés autochtones, les
municipalités, les professionnels, l'industrie et les citoyens et jouer un rôle
réel dans la planification et la gouvernance forestières. Elle doit pouvoir
influencer la planification, évaluer les résultats, faire des recommandations
claires. La régionalisation souhaitée ne peut réussir sans structure de
dialogue transparente et imputable.
Une réalisation... régionalisation, excusez,
sans concertation n'est pas une décentralisation. Un exemple probant est le
zonage proposé. Pour prendre son sens, il doit reposer sur un véritable
diagnostic territorial, fondé sur la science, la résilience écologique et la
concertation régionale. Il faut un zonage souple, évolutif et ancré dans la
réalité des écosystèmes et des savoirs du terrain. Le zonage ne doit pas être
un cloisonnement. La vraie ambition du zonage est que chaque zone, que ce
soient la production, la conservation ou l'usage mixte, contribue à la santé
globale du territoire. Ça, c'est l'esprit de la triade. Il est clair, pour moi,
que ce projet de zonage pourrait engendrer des tensions plus qu'inutiles,
surtout s'il est imposé sans concertation. C'est un petit conseil d'ami.
L'ordre recommande donc d'inscrire dans la loi cette concertation, dotée de
ressources, de balises et de pouvoirs concrets.
Quatrième fondement, la résilience
écologique face aux changements climatiques. Notre forêt change, on l'a vu. Les
effets sont de plus en plus concrets, il n'y a plus d'abstraction, on les sent.
Pourtant, le projet de loi parle très peu de cette réalité. Si la forêt est un
levier dans la lutte contre les changements climatiques, elle doit aussi être
capable de réagir à ces bouleversements. Il ne suffit pas d'en faire une
mention dans un article d'introduction. Il faut que l'ensemble du régime
forestier en tienne compte. L'ordre croit que l'adaptation aux changements
climatiques doit devenir un principe structurant du régime. Cela signifie de revoir
certaines pratiques. Renforcer la résilience écologique, ce n'est pas freiner
le développement. La forêt est une infrastructure naturelle, dont dépend
l'avenir du Québec. Elle doit être pensée comme telle, avec une vision à long
terme, en cohérence avec les objectifs climatiques de l'État.
L'ordre demande donc que le projet de loi
reconnaisse explicitement l'importance de l'adaptation aux changements
climatiques, qu'il maintienne une définition rigoureuse de l'aménagement...
M. Pineault (Patrick) : …et
qu'il intègre des mécanismes concrets pour faire de la résilience écologique un
véritable pilier du régime.
Cinquième fondement : diversité de
modèles de gestion. Actuellement, les licences d'aménagement forestier durable
sont octroyées à des titulaires reconnus. Nous proposons… Dans le projet de
loi, évidemment, nous proposons d'aller plus loin et permettre à plusieurs
titulaires de se regrouper autour d'un mandataire de gestion commun. Ce modèle
existe déjà dans d'autres secteurs et d'autres provinces. Il permettrait à des
coopératives, des Premières Nations, des OBNL à… des consultants, des
entreprises en aménagement de travailler ensemble, de mutualiser leurs
expertises et de mettre en œuvre une stratégie cohérente à l'échelle du
territoire.
Est-ce que l'aménagiste du territoire ne
pourrait pas jouer ce rôle également? On lance ça comme ça. On se rapprocherait
dangereusement du concept d'aménagiste désigné, la graine est semée. Il importe
de rappeler les dizaines d'entreprises sylvicoles régionales, souvent dirigées,
encadrées par des ingénieurs forestiers qui jouent un rôle essentiel dans la
vitalité économique des régions. Elles ont besoin d'un environnement stable,
prévisible et équitable pour continuer de contribuer à l'entretien et à la
régénération de la forêt. Si on veut parler d'une foresterie du XXIᵉ siècle, il
faut qu'elle reflète la diversité des acteurs et des territoires du Québec.
Nous recommandons donc que le projet de loi prévoie explicitement la
possibilité des mandats collectifs de gestion et qu'il consolide les conditions
de succès… de succès de cette diversité.
En terminant…
Le Président (M. Schneeberger) :
…déjà une minute passée.
Mme Blanchette Vézina : …
Le Président (M. Schneeberger) :
Oui, bien, c'est déjà fait. C'est déjà fait.
M. Pineault (Patrick) : Je…
On va réitérer notre soutien dans le sens pour poursuivre le dialogue avec tout
ce qu'on a dit, tout ce qui est inclus dans le mémoire. Ce qui est important de
comprendre, c'est que c'est un début. On voit ça comme un début. C'est très
perfectible et on est là pour supporter de par notre… la nature de notre
organisation.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup. Alors, nous allons débuter de la période d'échange et vous avez
un total de 15 minutes, Mme la ministre.
Mme Blanchette Vézina : Oui,
merci. En fait, merci beaucoup d'être présents aujourd'hui. Puis effectivement,
pour moi, il est important de placer le rôle important des ingénieurs
forestiers, là, au cœur du travail qui sera fait et qui est fait actuellement
par les équipes. Donc, dans le cadre de la modernisation puis dans les
nouvelles façons de faire qui seront introduites. Donc, merci d'avoir pris le
temps de nous faire des recommandations, c'est vraiment apprécié. Vous parliez,
là, de la modernisation de la loi sur les ingénieurs forestiers. J'aimerais
voir comment vous voyez cette modernisation-là. Si vous avez, oui, une volonté
de travailler, je l'entends, là, sur ce chantier, mais comment on pourrait
mieux arrimer et… qu'est-ce qui pourrait être à moderniser?
M. Pineault (Patrick) : Bien,
je vais commencer, puis mon… François, il pourra compléter. C'est sûr qu'on a
une loi qui est… qui date de plus de 50 ans, donc les réalités
technologiques, puis juste mentionner l'intelligence artificielle, mais aussi
le changement complet du… de l'environnement de travail, l'environnement
forestier que je vais appeler, mènent à moderniser et mettre à jour des
éléments pour… Dans une notion de protection du public, c'est important de
prendre en considération le champ de pratique. Donc dans des lois
professionnelles. Donc, ça, c'est un élément qui mérite d'être modifié,
notamment.
M. Bernier (François-Hugues) :
Il y a aussi le fait que les autres ordres professionnels qui sont en sciences
appliquées ont modernisé leurs lois. Et puis les agronomes sont en train de le
faire. Ils sont accompagnés par l'ordre des agronomes du Québec et l'Office.
Ils ont des champs évocateurs. Nous, on n'en a pas. Donc, il y a une dichotomie
entre…
Mme Blanchette Vézina : C'est
quoi, des champs évocateurs, vous voulez dire des champs dans lesquels… O.K.
M. Bernier (François-Hugues) :
C'est notre patinoire, oui, c'est ça. Donc, les patinoires, c'est important
pour chaque ordre professionnel. C'est le contrat social qu'on a puis il faut
être en mesure de se comparer avec les autres ordres. Ça, c'est... c'est
extrêmement important. Ils l'ont fait aussi dans le milieu de la santé. C'est
plus que 50 ans, là, notre loi date de 1949. La vidange des bois, là, on
est loin de ça. Il y a aussi toute la question d'exercice légal qui est un… qui
est un item important dans la modernisation d'une loi. Il y a des gens qui
gravitent autour de notre champ de pratique. Puis ces gens-là, s'ils ne sont
pas membres de l'Ordre, ils sont en exercice illégal. Puis notre loi est
tellement très, très, très précise que nous, on n'a pas le choix d'administrer
cette loi-là, de la mettre en vigueur. Puis, ce qui arrive souvent, c'est que,
lorsqu'on prend des termes extrêmement précis, mais qui sont mis…
M. Bernier (François-Hugues) : ...comment
je dirais ça? Hors contexte. On est obligé d'aller vers ces gens-là puis de
leur mentionner qu'ils font de l'exercice légal. Je ne sais pas si c'était clair,
là, mais, en tout cas, il y a une façon de fonctionner avec le champ évocateur
qui permet de faire une différence, là, en fait, là, à travers ça.
Mme Blanchette Vézina : Ça
fait que, là, vous me dites... puis là je savais qu'elle datait, cette loi,
parce qu'on s'en était parlé, mais vous dites donc qu'elle date de 1949. Quel
serait, d'après vous, le bon timing? Ce serait en parallèle du projet de loi,
après? Idéalement, en parallèle, je comprends, à vous voir.
M. Bernier (François-Hugues) : C'est
là, parce que, lorsqu'on propose de faire de l'aménagement par objectif ou de
la foresterie par objectif, c'est quasiment une profession de foi, Mme la
ministre, on dit... Vous dites à vos professionnels : Je veux que ma
foresterie soit durable, je veux que les gens qui vivent sur le territoire
soient contents, je veux que mes industriels aussi soient contents, je veux que
ces gens-là puissent prospérer. Donc, dans un environnement comme ça, on donne
un contrat à un ingénieur ou à une équipe d'ingénieurs forestiers, mais ces
gens-là, là... vu qu'il n'y a plus de règles, là, écrites, bien, ça prend une
instance au-dessus pour vérifier si le travail est fait correctement. Puis
c'est ça, le rôle de... puis c'est ça qu'on veut amener encore plus. On veut aller
vers là.
• (15 h 30) •
Puis ça, là, c'est prouvé partout que
c'est extrêmement efficient, agile, dynamique, cette façon de faire là. Si on
veut tuer un ingénieur forestier, on lui met un paquet de normes en dessous du
nez, puis c'est des recettes, une secrétaire peut faire ça, ce n'est pas
intéressant, ce n'est pas le fun. C'est pour ça qu'on est là, en fait, c'est de
faire en sorte que nos professionnels aient encore du plaisir à faire de la
foresterie. Puis on parle de plaisir, là, ça a l'air un peu bizarre, là, ici,
là, mais le plaisir amène la compétence, amène le goût de travailler, amène le
sentiment d'appartenance avec le territoire pour faire en sorte que tout ça
fonctionne, tout ça fasse un tout.
Mme Blanchette Vézina : Merci.
Puis je sais que cette volonté-là d'améliorer l'agilité ou la possibilité
d'avoir un terrain de jeu qui est, oui, bien définie, mais qui permet au
professionnel d'exercer une profession plutôt que le rôle d'un technicien, par
exemple... Je le comprends, puis vous me l'avez nommé, votre prédécesseur me le
nommait, vous me l'avez nommé. Et moi, j'ai souhaité faire écho, dans le projet
de loi, de cette agilité-là. C'est pour ça, d'ailleurs, que certaines des
demandes que vous formuliez, là, en disant : On ne le voit pas à
l'intérieur du projet de loi, comment on va pouvoir faire des... disons, des
recommandations claires ou, disons, certains éléments qui ne sont pas dans le
projet de loi, j'en suis consciente. Il y a des politiques d'aménagement,
comment qu'on l'appelle... la Politique d'aménagement durable du territoire
forestier, qui va être... qui va permettre de prévoir ça, mais moi, j'ai bien
entendu que beaucoup de choses sont dans la loi, en ce moment, ou dans certains
règlements qui viennent tellement restreindre votre carré de sable qu'il n'y a
plus de latitude possible. Je me trompe?
M. Bernier (François-Hugues) : Entièrement
ça.
M. Pineault (Patrick) : C'est
ça. Exactement.
Mme Blanchette Vézina : Donc,
vous comprenez, disons, la volonté que j'ai d'avoir permis un certain flou,
dans le sens où... flou étant pour laisser de la latitude aux professionnels
d'agir, puis de prendre les mesures nécessaires, puis d'envoyer aux bons
endroits des orientations, disons, qui pourraient être nécessaires, qu'on
pourrait envoyer, mais qui ne seraient pas législatives, légales au sens
propre, au sens très strict.
M. Pineault (Patrick) : C'est
un peu le double tranchant d'une loi-cadre, c'est... effectivement, ça amène
l'agilité, ça demande de la précaution. Et, de notre côté, c'est un peu ça, là,
notre rôle, justement, de s'assurer que ce qui va suivre va permettre ce qui
est énoncé dans la loi, sans non plus que ça devienne restrictif.
M. Bernier (François-Hugues) : ...flou,
il faut trouver l'équilibre, puis les règlements... Il y a beaucoup
d'incertitude autour, hein, du projet de loi, énormément. On s'en va vers des
règlements. On l'a mis dans notre mémoire que... Moi, j'ai assisté aussi à la
modification de la Loi sur la qualité de l'environnement, puis le ministre de
l'Environnement a créé des tables de co-création pour aller vers les
règlements. Ça a été quelque chose d'extrêmement bien parce que tout le monde
s'est approprié les règlements puis tout le monde a participé. Je pense qu'ici,
là, ce serait comme la clé, on parle de clé de voûte, là, ce serait la bonne
serrure.
Mme Blanchette Vézina : Bien,
j'entends votre proposition puis je la trouve très intéressante. C'est comme ça
que j'ai fonctionné, que je fonctionne pour plusieurs choses dans mon
ministère, mais notamment.
15 h 30 (version non révisée)
Mme Blanchette Vézina : ...suite
à la modernisation de la Loi sur les mines. Donc, on travaille en collaboration
avec les partenaires des secteurs. Certainement que vous serez impliqués, puis
je vais m'en assurer, là, lorsque les règlements seront à revoir parce qu'effectivement
vous êtes au cœur de la crédibilité des actes qui sont posés en forêt. Moi, je
le sais, plusieurs ne le savent pas, mais nous, on le sait, ceux qui sont dans
le secteur, un peu plus connaissants du secteur forestier. Donc, oui, ça... tu
sais, je prends votre invitation puis je vous réponds immédiatement que vous
participerez. Je le souhaite, que vous participiez.
Puis je prends note aussi votre volonté de
moderniser, là. On va voir comment on peut intégrer ma collègue du Trésor parce
que vous savez que ça ne relève pas de moi directement. Mais je vais demander à
mes équipes qu'on regarde comment on peut faire. Puis je sais qu'elle a cette
volonté-là de moderniser. Elle en a fait quelques-uns, là, des ordres
professionnels. Alors, si on peut le faire pour l'ingénieur forestier, je
pense, ce serait effectivement intéressant.
Je reviendrais au rôle de l'ingénieur, un
peu, au cœur, là, de son... l'imputabilité de l'ingénieur, là, dans les actes.
En ce moment, prescriptions sylvicoles, quels sont les actes qui sont réservés,
qui doivent être faits et qui sont faits par les ingénieurs dans le cadre par
exemple d'une récolte? Il y en a plusieurs, là, mais peut-être pour le bénéfice
des gens qui connaissent moins.
M. Pineault (Patrick) : C'est
assez exhaustif. Mais, si on le résume, tout ce qui part de la planification à
aller jusqu'à la réalisation, le suivi puis un peu la conclusion de ce qui a
été réalisé, ça fait partie du champ de pratique de l'ingénieur forestier. L'ingénieur
forestier va partir avec les objectifs d'un propriétaire. Donc, si c'est en
forêt privée, ça va être un propriétaire unique ou un groupe, si on est en
forêt publique, bien, on parle... justement, c'est pour ça qu'on met beaucoup l'emphase
sur la concertation, pour aller identifier les objectifs à atteindre par
région. Puis, à partir de là, l'ingénieur forestier va arriver avec ses
différents livres de recettes qu'il a apprises, les guides sylvicoles, puis il
va pouvoir élaborer un suivi de traitement, de travaux pour un peuplement
forestier. Un peuplement forestier, c'est 70 ans à peu près. Donc, il s'en
passe, des choses. Il se passe des régimes forestiers aussi. Mais c'est
important qu'il y ait cette vision-là puis cette flexibilité-là à partir du
moment que l'ingénieur forestier va faire le diagnostic, va comparer par
rapport aux objectifs de son propriétaire puis, par la suite, va établir les
bons... les bons soins. Je ne veux pas dire que c'est le médecin de la forêt,
mais on est pas mal dans le même type de cheminement. Donc, on est partout.
Mme Blanchette Vézina : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : ...
Mme Blanchette Vézina : Quatre
minutes. Bien, je pense que la députée de Laviolette-Saint-Maurice avait une
question, qui, elle-même, je crois, connaît bien le secteur, au point où elle
est soit ingénieure ou l'a déjà été, là. Mme... Mme la députée.
Mme Tardif : Merci, Mme la
ministre. Merci d'avoir préparé le mémoire. Merci d'être venus aussi nous
présenter.
Permettez-moi de déduire que j'entends que
vous êtes d'accord avec la révision du régime actuel.
Une voix : Absolument.
Mme Tardif : Merci.
M. Pineault (Patrick) : Le
statu quo était consensuel.
Mme Tardif : C'est ça. C'est
ce que je pensais. Merci. C'est ce qu'on entendait aussi. Il y a beaucoup de
recommandations, dans votre mémoire, qui sont, selon nous, déjà incluses. Mais
là j'entends que ce n'est peut-être pas assez clair. Ce doit obligatoirement
être inclus de façon plus spécifique. Pas... Je ne veux pas voler du temps,
mais je veux vraiment entendre... Parce qu'au cours des 10 dernières
années, on a entendu beaucoup d'ingénieurs forestiers qui disaient, et c'est ce
que je veux vous entendre dire... Par rapport au régime forestier actuel, qu'est-ce
qui doit être changé pour un ingénieur forestier qui travaille de près ou de
loin à l'aménagement des forêts publiques?
M. Pineault (Patrick) : Par
où qu'on commence?
Mme Tardif : C'est ça.
Allons-y.
M. Pineault (Patrick) : C'est...
On a trois minutes, on va faire ça vite, merci. Mais il faut faire suite un peu
avec... où est-ce que l'ingénieur forestier se situe. Vous comprenez qu'il est
partout. Puis c'est important qu'on soit capables d'identifier... si je me mets
dans la position du public, c'est important pour l'ingénieur forestier qu'il
soit capable d'identifier où est-ce qu'il fait ses actes. Puis, à partir du
moment, dans la chaîne de tous les travaux de la planif, la succession de tous
les professionnels qui peuvent passer, ça amène souvent une lourdeur. Donc, on
parle souvent de lourdeur administrative, mais il ne faut pas perdre de vue non
plus l'identification du professionnel. Donc, c'est cet élément-là où est-ce qu'une
flexibilité, une agilité avec un... je vais dire un registre, une base de
données où est-ce qu'on est capables d'identifier les actes qui sont faits par
secteurs, ça peut aider.
Mme Tardif : Est-ce que c'est...
ce serait vrai de dire qu'ils trouvaient que les décisions étaient trop prises
à...
Mme Tardif : ...à Québec,
étaient trop loin du terrain et qu'il n'y avait plus de latitude décisionnelle
une fois rendu dans les différents bureaux régionaux? Est-ce que c'était un
point qui vous a été soulevé au cours des dernières années?
M. Bernier (François-Hugues) : Bien,
ça a été soulevé pas plus tard que la semaine dernière. On était en
consultation auprès des ingénieurs forestiers dans toutes les régions du
Québec, puis ça a été dit. Ça a été dit.
Mme Tardif : Alors, quand on
amène un aménagiste forestier régional, si c'est la bonne personne qui fait le
bon travail, qui reste à... peut-être, à définir un peu plus, c'est positif
aussi.
M. Bernier (François-Hugues) : Il
manque... Il manque une donnée dans l'équation, c'est-à-dire... Je vais faire
ça simple, là. Je vais juste vous dire, pour un ingénieur forestier, aménager
un territoire, c'est ça qui est important. C'est une vision 360 du
territoire. Ce n'est pas juste du bois, ce n'est pas juste de l'écosystème, ce
n'est pas... C'est tout ça mis ensemble. Puis c'est ça qu'on a plus au Québec.
C'est ça que les ingénieurs forestiers qui travaillent en forêt privée, par contre,
ont. Eux, ils ont du plaisir, disons ça comme ça, parce qu'ils commencent un
travail de l'inventaire jusqu'à la finalité, jusqu'à la coupe, au monitoring
jusqu'à la fin. Ils voient le résultat de leurs travaux. Puis ils savent que,
si je passe une route là, ce n'est peut-être pas la bonne décision, je devrais
la passer là parce que je connais mon territoire, parce que je sais que, dans
10 ans, c'est là que je vais aller. Là, c'est complètement morcelé. On ne
sait pas où on s'en va. C'est toujours un petit morceau, un petit morceau. Puis
ce n'est pas ça, la foresterie. Ce n'est pas ça, le génie forestier.
• (15 h 40) •
Mme Tardif : C'est exactement
là qu'on veut aller.
M. Bernier (François-Hugues) : Bien,
en fait, ça prend des entités qui soient indépendantes régionalement. Ça
prend... ce n'est pas... Je vais mettre ça simple. Il y a un bureau, il y a un
ingénieur forestier, une équipe multidisciplinaire puis, dans leur bureau, il y
a une carte, puis ça, c'est leur territoire. C'est leur terrain de jeu. Leur
plus grande fierté...
Le Président (M. Schneeberger) : En
terminant.
M. Bernier (François-Hugues) : ...c'est
de sortir le plus de valeur possible de ce territoire-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Mme Tardif : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle, et
j'entends le député de Pontiac.
M. Fortin :Oui. Merci, M. le Président. Merci. Bonjour à vous deux.
Merci d'être là. Là, vous avez un mémoire qui a 40 recommandations
environ, là, et ils sont... l'ordre des choses, c'est selon les différents
sujets, là, que vous avez amenés. Je vais vous donne un petit scoop, là. C'est
fort improbable, que vos 40 recommandations soient intégrées au projet de
loi, mais c'est fort probable, qu'il y en ait qui soient intégrées au projet de
loi, s'il y a une ouverture de la part des parlementaires. Alors, pouvez-vous
juste me donner un... Qu'est-ce que vous prioriser là-dedans, là? C'est quoi...
S'il y en a une, la première affaire, bien, incontournable, là, c'est quoi?
M. Pineault (Patrick) : La
clé de voûte, on va le réutiliser...
M. Fortin :Si vous voulez appeler ça comme ça, oui.
M. Pineault (Patrick) : ...la
concertation. Si on regarde l'ensemble, la gouvernance, la concertation
régionale, c'est des éléments qui sont essentiels pour tout le reste,
littéralement. C'est simple comme ça. Ce qu'on a eu des échos qu'on a eus dans
nos consultations la semaine dernière, on était loin d'avoir le système
parfait, mais le monde se retrouvait.
M. Fortin :Le système actuel, je voulais dire.
M. Pineault (Patrick) : Le...
Oui, excusez, on s'y perd à un moment donné, mais effectivement, le système des
tables GIRT, il est... il est imparfait. Mais c'était une place où est-ce que
le monde pouvait se retrouver. C'est une place qui a évolué avec le temps.
C'est une place qui ne s'est peut-être pas adaptée aux réalités régionales.
Donc, c'est ça qui manque beaucoup. Puis c'est vraiment la base, il faut
réussir à aller chercher cette espèce de contrat social là avec les régions.
Cette concertation-là va amener une vraie régionalisation.
M. Fortin :O.K. Je vais... On va pousser la réflexion un petit peu
plus, là, parce que c'est votre recommandation, appelons ça principale ou
première, là, disons. Là, le projet de loi élimine les tables GIRT. Vous nous
suggérez, là, dans votre mémoire, une table GIRT adaptée un peu, là, si je peux
m'exprimer comme ça. Là, vous nous dites : Les tables GIRT n'étaient
peut-être pas adaptées à la réalité régionale. Qu'est-ce qui... qu'est-ce qui
manque aux tables GIRT aujourd'hui pour qu'elles ne soient plus... appelons ça
imparfaite?
M. Pineault (Patrick) : Autant
de réponses que de régions. C'est carrément ça. Ça prend vraiment un reflet
régional. Il faut que les acteurs des régions soient impliqués en amont dès le
début. C'est eux qui vont être capables de trouver. Il va y avoir... Et puis,
il faut bien se comprendre ici, ce n'est pas d'enlever les devoirs de l'État,
mais pas du tout, mais il faut que les régions puissent s'organiser pour
réussir à répondre aux objectifs sociétaux que la forêt amène. Donc, c'est pour
ça que je vous dis : Il n'y a pas une réponse unique. Je pense, c'est de
regrouper les acteurs...
M. Pineault (Patrick) : ...puis
d'avoir une bonne réflexion territoriale sur le développement du territoire
forestier.
M. Fortin :O.K., ce qui rejoint... ça, ça rejoint votre recommandation
sur les tables GIRT, donc un maintien, mais une bonification, là, disons, par
rapport au mandat plus régional des tables GIRT, mais ça rejoint aussi, disons,
votre préoccupation sur l'aménagiste forestier régional, là, pour qu'il dépende
réellement de la région et non, encore là, de Québec, là, comme on disait avec
le groupe précédent plus tôt, là.
M. Pineault (Patrick) : Exactement.
Puis il peut y avoir de l'hybride. Il n'y a rien qui empêcherait que
l'aménagiste régional... Dans le projet de loi, comme il est là, il est
connecté sur le Forestier en chef, mais il a une connexion avec la table... je
vais l'appeler la table GIRT, là. C'est celle-là qui va permettre d'amener une
belle, une bonne reddition de comptes pour la région, mais aussi en amont. Il
faut que ça... il faut que ça circule fluidement, en amont puis en aval.
M. Fortin :Je veux juste... je vais essayer de vous comprendre, parce
que votre... une de vos recommandations, la recommandation 30, là, c'est pour
restaurer aux forestiers une fonction strictement indépendante et d'arbitrage
scientifique. Alors, quand vous me dites : Il doit y... il peut ou il doit
y avoir un lien quand même entre l'aménagiste forestier régional puis le
Forestier en chef, comment est-ce que vous voyez ça si, effectivement, là,
c'est une... c'est une fonction, strictement, d'arbitrage scientifique?
M. Bernier (François-Hugues) : Bien,
on décode que le Forestier en chef, il a une mission actuellement, et puis là
on va... puis ce n'est pas péjoratif, là, mais on va dénaturer sa mission,
hein? Donc, qui va faire cette mission-là? Qui va vérifier... être une espèce
d'ombudsman de nos forêts québécoises, de son aménagement? Qui va faire ça?
Est-ce qu'on a vraiment besoin que ce soit le Forestier en chef qui soit
l'espèce de maître d'oeuvre de la mise en... de la mise en œuvre de
l'aménagement forestier québécois? On se pose cette question-là.
M. Fortin :
Par rapport...
M. Bernier (François-Hugues) :
Pourquoi dénaturer cette fonction-là?
M. Fortin :
O.K. Dans votre... dans la section sur la diversité des modèles de gestion...
puis je pense que ça rejoint la concertation, là, qui est au cœur de vos
préoccupations, là... les licences d'aménagement forestier durable, là, vous
nous proposez un modèle, encore là, peut-être hybride, là, où il peut y avoir
des licences uniques, mais il peut y avoir une espèce de concertation ou de
travail commun fait entre des détenteurs de ces licences-là. Pourquoi est-ce
que vous nous proposez quelque chose comme ça, qui va peut-être plus loin que
ce que la ministre avait avait en tête quand elle a écrit le projet de loi?
M. Pineault (Patrick) : Parce
que nos professionnels en région nous en parlent. Puis ça existe, il y a des
modèles. Je vais le nommer, c'est Forap, Chaudière-Appalaches. C'est un...
c'est un détenteur... si on veut, c'est un bénéficiaire intégré. Donc, l'idée,
là, c'est, justement, d'essayer d'avoir quelque chose qui va rencontrer les
réalités régionales.
M. Fortin :...là où il y a des choses qui marchent, on peut l'exporter
ailleurs.
M. Pineault (Patrick) : Pourquoi
pas? Bien, si c'est fonctionnel ailleurs. Mais il ne faut pas prendre pour
acquis que ça peut fonctionner ailleurs. C'est un processus qui peut être
fastidieux, de trouver un bon modèle, mais je pense qu'il faut qu'il soit
débuté à la base avec tout le monde, pour, justement, voir c'est quoi, les
réels besoins.
M. Fortin :Il faut laisser ça aux détenteurs de licence de s'organiser
selon le modèle qu'ils privilégient, dans le fond.
M. Bernier (François-Hugues) :
Que ce soit une possibilité. Il faut comprendre que ce n'est pas tous les
industriels qui vont vouloir faire des plans opérationnels. Ils ont perdu leurs
équipes techniques depuis 10 ans. Oui, il y a des ingénieurs forestiers qui
travaillent chez nos industriels, mais les équipes techniques ont été épurées.
Beaucoup... bien, certains nous disent que... moi, dans ma région, je ne veux
pas prendre ça. Donc, ça prend une possibilité. Probablement que, dans la
réglementation qui s'en vient, ça va être une possibilité offerte. On aimerait
que ce soit offert.
M. Fortin :Mais ce n'est pas, là... ce que vous entendez, c'est que ce
n'est pas leur travail... dans certains cas, là, ce n'est pas leur travail
principal, ils ne se sont pas concentrés là-dessus, ils n'ont plus l'expertise
nécessaire. Donc, s'il y a des modèles autres à explorer, qu'on le fasse.
M. Bernier (François-Hugues) : ...ce
n'est pas qu'ils n'ont pas l'expertise, c'est... Je ne veux pas qu'on...
M. Fortin :
On n'a peut-être plus l'expertise, là.
M. Bernier (François-Hugues) :
...je ne veux pas dire que tous les industriels n'ont pas l'expertise. Ce n'est
pas vrai, là, il y a... tu sais, il y en a plusieurs qui sont... qui sont
restés très à l'affût, là. Mais il y en a certains que... ce n'est pas qu'ils
n'ont peut-être pas l'expertise, mais ils ne veulent pas le prendre, donc
l'idée de... Puis quand on dit «aller plus loin» dans le mémoire, là, si on
dit : On veut aller plus loin, si l'aménagiste régional devenait cette
organisation-là, qui non seulement fait la planification, mais planifie aussi
les opérations, on intègre tout ça, ça, c'est le meilleur des mondes. Ça
rejoint l'aménagiste désigné...
M. Bernier (François-Hugues) :
…qu'on propose depuis 25 ans, je pense. Mais puis pourquoi il y a 40… 40
recommandations, c'est parce qu'on veut être constructif.
M. Fortin :
Non, non, ce n'était pas une critique, en fait, vous avez fait un travail très
complet, puis je comprends votre point sur l'aménagiste qui pourrait jouer ce
rôle-là. Ça force cette décision-là régionalement, encore là, au lieu d'avoir
un modèle unique, là. Ça va. Je vous remercie. Je pense que ma collègue a des
questions.
Le Président (M. Schneeberger) :
Oui. Alors, députée de Mille-Îles, deux minutes.
Mme Dufour : Dans votre
mémoire, vous mentionnez que vos membres ont exprimé un malaise devant l'idée
que les plans opérationnels puissent être rédigés par des titulaires de droits,
sans obligation formelle de validation professionnelle. Peut-être, nous en
parler davantage. Puis est-ce que c'est parce qu'il manque d'ingénieurs
forestiers qu'on changerait la loi comme ça?
• (15 h 50) •
M. Pineault (Patrick) : On
est... Non, ce n'est pas qu'il manque… il ne manque pas d'ingénieurs
forestiers, ce n'est pas ça la question. C'est qu'il… C'est important que ce
soit bien mentionné. C'est important que ça soit bien spécifié. La
transparence, c'est sûr qu'on la retrouve moins dans une loi-cadre. Nous, ce
qu'on… notre devoir, c'est de mentionner qu'il faut… il faut que ça soit
transparent. Il faut que ça soit bien mentionné pour assurer une qualité
adéquate des services rendus par les agents forestiers.
Mme Dufour : Puis est-ce qu'il
y a un risque, selon vous, si les documents étaient… Tu sais, ce n'est plus un
acte réservé aux ingénieurs forestiers?
M. Pineault (Patrick) : Bien,
ça ne peut pas arriver, tout simplement. Il y a un risque d'y penser, mais ça
ne peut pas arriver. Il faut absolument que ça passe dans les mains d'un agent
forestier, là, quand on parle de planification.
Mme Dufour : C'est ça, c'est
ça. Vous dites que les étapes critiques doivent passer… mais là, vous avez
l'impression que le projet de loi est en train de modifier ça, là, c'est ce que
je comprends.
M. Bernier (François-Hugues) :
Ça, c'est une impression que, lors des consultations qu'on a faites en région,
les ingénieurs forestiers qui nous ont dit que les objectifs d'un industriel
forestier ne sont pas les mêmes objectifs qu'un groupe en région qui compose…
composé de divers acteurs du milieu. Là, ce n'est pas… ce n'est pas une… tu
sais, c'est quelque chose… c'est un fait, là, c'est… Les objectifs ne sont pas
les mêmes. Le malaise vient du fait que les opérations soient alignées en
fonction d'objectifs qui ne devraient pas ou qui ne sont pas intégrateurs de
toutes les sphères de la foresterie, disons ça comme ça.
Mme Dufour : Dernière
question, vous représentez aussi les ingénieurs forestiers de l'État?
Le Président (M. Schneeberger) :
…plus de temps.
M. Bernier (François-Hugues) :
Absolument.
Mme Dufour : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup.
M. Bernier (François-Hugues) :
Et ceux de l'industrie, oui.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci, nous allons du côté de la deuxième opposition, et j'entends le député de
Laurier-Dorion pour trois minutes 28.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président, bonjour, messieurs, merci beaucoup d'être ici avec nous. Écoutez, le
10 avril, dans un communiqué, vous nous avez rappelé que vous avez
participé à un colloque en février 2024, propositions de partenaires pour
l'avenir de la forêt du Québec, là, vous… il y a plusieurs acteurs dans la
foresterie. Et je vous en… J'ai entendu votre témoignage sur la question des
Premières Nations, d'ailleurs, et dans le document, vous dites que les
participants affirment que l'aménagement du territoire forestier devrait
reconnaître les droits des Premières Nations en leur accordant la place qui
leur revient. Est-ce que vous pensez que des projets actuels accordent une
attention suffisante à la participation des Premières Nations?
M. Pineault (Patrick) :
Écoutez, je veux juste dire… rectifier un peu par rapport au document. Ça,
c'est une initiative de nous, de l'ordre d'avoir rassemblé les différents
partenaires pour trouver des… identifier des constats puis des solutions. Donc,
les signataires n'avaient aucune obligation. C'est nous qui avons fédéré ce
mouvement-là. En lien avec les droits des Premières Nations, c'est une question
qui est sensible. C'est une question qui mérite amplement cette réflexion-là.
Puis, dans nos recommandations, c'est un peu pourquoi on mentionne leur place à
une échelle régionale aussi. C'est important justement d'avoir cette
représentativité-là aussi, ou du moins cette opportunité-là. C'est comme ça
qu'on l'approche. Donc, c'est… Le Québec est vaste et… et la province est
énorme. Puis il y a beaucoup de régions, différentes réalités régionales. Je
sais, je me répète, mais à ce niveau-là, on pense que ça le mérite d'être
éclairci, renforci.
M. Fontecilla : Et dans le
projet de loi actuel, là, celui qu'on a sous les yeux, est-ce que vous pensez
que cette représentation-là est assurée ou qu'on pourrait améliorer cet
aspect-là?
M. Pineault (Patrick) : Je ne
me considère pas nécessairement le mieux placé pour répondre oui, mais je peux…
M. Pineault (Patrick) : ...dire
que ce n'est pas suffisant.
M. Fontecilla : Merci
beaucoup. Vous m'avez intrigué lors de votre témoignage, parlant... et vous
avez me corriger, là, vous avez soulevé la possibilité de tensions lors du
déploiement, là, du modèle proposé par le projet de loi qu'on a sous les yeux,
là. Vous avez même dit : C'est un conseil d'ami. Qu'est-ce que vous avez
voulu dire exactement?
M. Pineault (Patrick) : En
fait, je pense qu'il faut prendre le temps. Puis l'expérience qu'on a eue avec
les partenaires forestiers, du document que vous nous avez... que vous venez de
citer, démontre que ça prend du temps pour se parler, s'écouter, s'abandonner,
trouver des solutions concrètes. Si on parle d'un zonage, on a un historique
sur le territoire, présentement. Donc, il faut prendre le temps collectivement
pour identifier quels sont les besoins puis à quoi va répondre le zonage. Et,
moi, de mon côté, le zonage, je ne le vois pas nécessairement comme une
solution, je le vois comme un outil d'aménagement. Donc, c'est à partir de là
que ça peut aider les collectivités, mais il faut prendre le temps. On ne peut
pas l'imposer. C'est à ce niveau-là.
M. Fontecilla : Vous parlez
de tensions. Comment peuvent-elles s'exprimer concrètement?
M. Bernier (François-Hugues) : On
regarde les journaux, on regarde la télévision, puis il y a des tensions. On ne
sait pas comment ça va s'atténuer. Ça fait que, c'est ça, les tensions.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Merci beaucoup. Nous allons maintenant du côté du député de Matane-Matapédia
pour deux minutes 38 s.
M. Bérubé : Merci. Bienvenue
à l'Assemblée nationale.
Recommandation 30, vous dites :
«Restaurer au forestier en chef une fonction strictement indépendante et
d'arbitrage scientifique recentrée sur le calcul des possibilités, les outils
de performance et la veille stratégique.» S'il faut restaurer, c'est qu'on a
dévié à un moment donné. Qu'est-ce qui ne fonctionne pas avec le forestier en
cher?
M. Bernier (François-Hugues) : Le
projet de loi demande... c'est le projet de loi qui lui donne une nouvelle
fonction, une nouvelle mission. Bien, «restaurer», c'est peut-être un peu fort,
là, mais dans le sens où...
M. Bérubé : C'est parce que,
quand vous avez dit qu'il est restauré, c'est par rapport au projet de loi?
M. Bernier (François-Hugues) : Par
rapport au futur, oui, c'est ça.
M. Bérubé : D'accord. Donc,
quels sont les risques, selon vous, de lui donner une fonction, telle que
prévue dans le projet de loi, qui n'est pas celle qu'il a présentement?
M. Pineault (Patrick) : C'est
un peu le principe juge et partie. Il faut faire attention. Puis je pense qu'on
a besoin, envers, là, la population québécoise, d'avoir une bonne reddition de
comptes avec justement une vérification. Idéalement, ce serait une vérification
externe, même. Oui, il y a la... il y a le Vérificateur général, mais
d'avoir... Il y a d'autres provinces où est-ce qu'ils ont des Forest
Stewardship Boards.
M. Bérubé : Est-ce que ça
risque de miner la confiance nécessaire dans l'institution qu'est le forestier
en chef, la proposition qui est faite?
M. Bernier (François-Hugues) : Il
change de mission. Ça devient un... Ça devient un... comme un... bien, c'est un
sous-ministre, mais là, son aura d'indépendance qu'il avait, on n'en a plus,
là. On met ça de côté. Puis qui va être imputable en bout de course? Dans tout
le régime forestier actuel, qui est imputable? Puis on ne voit pas comment on
va arriver à sentir de l'imputabilité dans le système avec le projet de loi
actuel. Mais c'est... tout ça est perfectible. Mais je le sais qu'on peut
arriver à ça. Puis il y a des solutions pour arriver à ça. Puis ce n'est pas...
ce n'est pas si compliqué.
M. Bérubé : Donc, cette
orientation-là n'est pas souhaitable, selon vous?
M. Bernier (François-Hugues) : Moi,
je laisserais le forestier en chef faire ce qu'il fait actuellement, puis je
trouverais une autre façon de faire.
M. Bérubé : Pas d'autre
question, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, ce qui met fin à notre... nos échanges. Merci beaucoup pour
votre apport à la commission.
Nous suspendons quelques instants afin
d'accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 58)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 05)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Nous recevons deux groupes en simultané, donc, la
Fédération des producteurs forestiers du Québec et l'Association des grands
propriétaires forestiers du Québec. Alors, bonjour à vous quatre. Vous vous
présentez à tour de rôle et, par la suite, vous avez un cinq minutes, chaque
groupe, pour faire votre présentation.
M. Boudreault (Gaétan) : Mme
la ministre, MM. les députés, M. le Président, merci. Je me nomme Gaétan Boudreault,
je suis producteur forestier dans Charlevoix, également président de la
Fédération des producteurs forestiers du Québec.
La fédération est une organisation
provinciale et démocratique qui vise à défendre les intérêts de 162 900
producteurs propriétaires forestiers du Québec, petits et grands, qui assurent,
au tour à tour, 21 % de l'approvisionnement en bois de l'industrie
forestière.
Pour un producteur forestier, la
ressource, bien, c'est son boisé, c'est sa demeure, c'est chez lui, ce n'est
pas une forêt parmi d'autres. Les producteurs forestiers sont redevables et
imputables, face à eux-mêmes mais aussi aux générations futures et à la
société, c'est pourquoi nous croyons que la forêt privée doit demeurer au cœur
du régime forestier et nous sommes heureux d'en discuter avec vous aujourd'hui.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais passer la parole à mon directeur général,
Vincent Miville, afin qu'il vous résume notre mémoire.
M. Miville (Vincent) : Donc,
bonjour. Le gouvernement du Québec, c'est un très grand allié pour les
producteurs forestiers, mais il faut comprendre aussi que c'est en même temps
son plus grand concurrent. 70 % du bois qui est consommé par l'industrie
forestière du Québec vient du fait des forêts publiques. Le volume de bois qui
y est récolté, mais également les redevances qui sont perçues par l'État, vont
avoir une incidence directe sur les marchés des producteurs forestiers. Au fil
du temps, l'État québécois a mis en place différentes politiques pour tenter de
venir circonscrire cette concurrence-là, notamment, la Loi sur l'aménagement
durable du territoire forestier, actuellement, prévoit que le ministère doit
considérer d'abord les volumes de bois disponibles en forêt privée avant d'octroyer
de manière résiduelle des volumes qui proviendront des forêts publiques. Ce qu'on
appelle le principe de résidualité. Ça, ça a été adopté en 1988 par le
gouvernement libéral de l'époque, après des décennies de revendications par les
producteurs forestiers.
Par contre, le principe de résidualité
souffre actuellement de trois défauts. Premier défaut, les volumes résiduels
des forêts publiques qui sont octroyés sur des longues périodes, il n'y a pas
nécessairement de mécanique d'ajustement prévue entre ces périodes-là. Deuxième
élément, les redevances, les autres subventions en forêt publique qui
permettent aux industriels de s'approvisionner dans des forêts publiques
éloignées, lointaines, alors qu'il y a déjà des volumes de bois disponibles en
forêt privée à proximité des usines. Et troisième élément, malgré le principe
de résidualité, les usines ont le loisir d'acheter ou non du bois des forêts
privées.
On pense qu'il est important de réaffirmer
que la forêt privée doit être une source d'approvisionnement prioritaire pour
les usines de transformation du Québec, c'est pourquoi on propose plusieurs
amendements dans notre mémoire pour tenter de venir renforcer le principe de
résidualité et s'assurer que les producteurs forestiers soient une source, on
pourrait dire, d'approvisionnement prioritaire pour l'industrie forestière. Il
faut quand même souligner que la ministre se réserve maintenant le droit d'ajuster
les licences d'aménagement forestier en forêt publique advenant une catastrophe
en forêt privée qui...
M. Miville (Vincent) : ...qui
viendrait causer la récupération massive de bois au niveau des forêts privées.
C'est vraiment une belle avancée pour venir équilibrer les marchés du bois... les
marchés du bois. Par contre, il y a peut-être d'autres situations qui
mériteraient que ce... un tel levier soit activé, pensons dans le cadre, notamment,
d'une crise économique où la demande en bois rond chuterait rapidement sur les
marchés.
En ce qui a trait aux redevances, il est
regrettable que le Bureau de mise... le projet de loi abolisse le Bureau de
mise en marché des bois qui encadrait de façon indépendante la vente et la
tarification du bois au niveau des forêts publiques. Pour nous, il est essentiel
que les mécanismes de transposition des redevances au niveau des forêts
publiques soient des mécanismes qui soient transparents, qui respectent les
coûts et la structure de... le coût de structure de production de bois au
niveau des forêts privées et qu'ultimement il permette à l'État de récupérer,
je vous dirais, l'ensemble de ces coûts de gestion au niveau de ses forêts
publiques, comme le ferait n'importe quel autre producteur forestier.
• (16 h 10) •
Sur une autre idée, le projet de loi
propose de simplifier l'environnement réglementaire pour les producteurs
forestiers. La fédération, ça fait maintenant 30 ans qu'elle suggère
fortement de transférer le pouvoir de réglementer l'aménagement des forêts
privées des municipalités locales vers les MRC. On pense que c'est... comment
dire, c'est une... Il était temps qu'un gouvernement, je pense, s'attaque aux
défis réglementaires de la forêt privée. On peut remercier la ministre pour
cette opportunité-là qu'elle offre aux producteurs.
La forêt privée, c'est une source de
richesse collective, notamment pour l'ensemble des coeurs villageois du Québec,
mais elle pourrait être davantage mise à contribution. Le nouveau régime
forestier, ce n'est pas juste pour l'immense forêt publique qui existe, mais
c'est également pour les producteurs forestiers qui souhaitent aménager un
boisé et léguer à leurs enfants, je vous dirais, une forêt qui est à la fois
saine et productive.
Puis on voudrait simplement remercier les
membres, les membres de la commission de prendre quelques minutes pour nous
écouter aujourd'hui.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup. Nous allons maintenant du côté de l'Association des grands
propriétaires forestiers du Québec. Vous avez un autre cinq minutes.
M. Gravel (André) : Merci. M.
le Président. Mme la ministre, Mmes, MM. les députés, je me présente, André
Gravel, président de Solifor et membre du conseil d'administration de
l'Association des grands propriétaires forestiers du Québec. Je suis avec
Jocelyn Lessard, le directeur général. Nous tenons à vous remercier pour
l'invitation et saluer notre partenaire de la Fédération des producteurs
forestiers du Québec.
Notre association regroupe des
propriétaires qui gèrent 800 hectares et plus dans toutes les régions du
Québec. Nos membres possèdent près d'un demi-million d'hectares dans
125 municipalités et mettent en marché annuellement près de 1 million
de mètres cubes de bois.
Nous sommes des propriétaires forestiers
gestionnaires, c'est ce qui nous distingue, de grands territoires. Nous visons
améliorer la résilience de nos forêts et gérons celles-ci selon une approche
multiressources.
Nos forêts sont des habitats qui
permettent d'accueillir une multitude de chasseurs, pêcheurs et de randonneurs.
Nous avons des ententes avec des acériculteurs, des producteurs d'énergie
renouvelable et sommes actifs dans le marché du carbone. Parce que la forêt et
les attentes de la société changent rapidement, parce que la forêt, c'est plus
que du bois, il est impératif de moderniser le régime forestier. Nous
appuyons...
M. Lessard (Jocelyn) : Nous
appuyons la proposition d'accroître les pouvoirs de la ministre en forêt
privée. Elle pourrait avoir un rôle semblable à celui d'un ombudsman. Elle
devrait disposer des pouvoirs suffisants pour intervenir auprès de ses
collègues qui adoptent des politiques publiques qui auront des impacts sur le
développement de la forêt privée. Le concept consiste à profiter de l'expertise
de la ministre pour s'assurer que les préoccupations des acteurs de la forêt
privée seront considérées.
Nous apprécions le nouvel article 92
qui priorisera les bois de la forêt privée en cas de perturbation naturelle. Il
faudrait aussi profiter du projet de loi pour clarifier les modalités
applicables au principe de la résidualité. Nous proposons pour cela cinq
dispositions pour tirer profit de tout le potentiel de la forêt privée.
L'association appuie la proposition
d'allègement de l'enregistrement des producteurs par des ingénieurs forestiers,
même s'il faudra suivre sa mise en œuvre. L'association a constaté que
l'obligation pour les grands propriétaires de produire un calcul de la
possibilité forestière est soustraite, mais la grande majorité poursuivra son
utilisation parce qu'il s'agit d'un outil indispensable.
L'association apprécie les modifications
proposées à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. L'harmonisation des lois
et règlements constitue un enjeu important pour le développement de la forêt
privée. Le projet de loi apporte des réponses concrètes et utiles. Il faut
disposer de plus grandes nuances de vert pour contribuer à l'effort de
conservation. La stratégie québécoise ne doit pas se limiter aux catégories de
protection les plus contraignantes, soit des aires protégées de catégorie de
1...
M. Lessard (Jocelyn) : ...il
existe d'autres couleurs de vert qui sont utilisées ailleurs par des pays qui
visent des objectifs de conservation similaires à ceux du Québec. L'aménagement
forestier durable permet de maintenir le couvert forestier qui protège la
biodiversité tout en accompagnant la forêt pour l'aider à s'adapter aux
changements. De grands propriétaires génèrent des forêts depuis plus d'un
siècle. Ceux-ci disposent d'un important capital de biodiversité. Ces forêts,
souvent certifiées, constituent aussi des corridors écologiques indispensables
pour la faune.
L'association demeure préoccupée par
l'ambiguïté persistante quant au statut des producteurs forestiers par rapport
au milieu agricole, une situation qui crée de l'incertitude et parfois des
préjudices. L'association croit que le projet de loi constitue une occasion
pour délimiter les frontières entre ces deux secteurs d'activités
complémentaires.
M. Gravel (André) : Forêt
privée et forêt publique ne sont pas deux mondes séparés. Les grands propriétaires
sont interpelés par la situation de la forêt publique qui a un grand impact sur
la forêt privée, sur les travailleurs, sur nos partenaires dans les régions et
sur les communautés.
Globalement, l'Association des grands
propriétaires forestiers estime que les modifications proposées par le projet
de loi pour la forêt publique sont nécessaires. Nous espérons que cette
commission servira à bonifier le projet et en améliorer son acceptabilité
sociale. Nos membres ont développé une expertise en gestion de grand territoire
qui pourrait inspirer certaines dimensions de la réforme. Par une gestion
équilibrée et durable, les grands propriétaires créent de la richesse et
rendent des services écologiques depuis plusieurs décennies. Ce modèle est en
partie transférable.
Merci. Nous sommes à votre disposition
pour des questions.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup à vous quatre pour votre... deux exposés. Nous procédons à une
période d'échange de 16 min 30 s avec la ministre.
Mme Blanchette Vézina : Merci.
Merci à vous quatre, à vos deux... deux groupes, d'être présents ce soir. Je
tiens à souligner le fait que la Fédération des producteurs est en congrès, je
pense, aujourd'hui. Je vais d'ailleurs venir voir, mais on est retenus ici, et
ils sont avec nous. Donc, merci d'avoir pris ce moment-là, bien que vous soyez
en congrès.
Je sais que vous avez noté plusieurs
éléments, là, qui sont positifs. Puis je suis contente de voir que, tu sais, il
y a des... il y a des grandes avancées, vous l'avez nommé, là, notamment pour
les MRC. Puis vous avez... je ne sais plus quel de vous deux avez parlé des
autres types de méthodes de conservation. Je pense que c'est vous, Solifor, qui
avez mentionné, là, les autres nuances de vert. Pouvez-vous m'expliquer? Parce
que je suis venu visiter, il y a quelques semaines, une de vos propriétés. Je
suis allée voir comment vous faisiez votre aménagement avec la conciliation des
différents usages que vous avez nommés. Pouvez-vous à la fois nous expliquer
comment on pourrait appliquer des nuances de vert dans la zone de conservation
ou ailleurs? Parce que ça pourrait être possible, là, et vous le faites.
J'aimerais ça vous entendre.
M. Gravel (André) : Oui.
Donc, le Québec au complet a pris une décision de se diriger vers 30 % de
conservation... pas nécessairement protection, mais de conservation pour 2030.
Et on a un coffre à outils qui est assez large, mais où, pour le moment, on se
limite. On se limite à certaines catégories d'aires protégées. Et il y a comme
une perception que, si on est dans une aire protégée stricte, on est dans un
paradis de la biodiversité. Alors que, si on est dans un territoire aménagé de
façon intensive, on serait peut-être dans un désert. Ce n'est pas le cas.
Il y a donc des trames de verts. Et, une
forêt aménagée à long terme, un grand bloc de territoire, une petite propriété
privée mais dont le propriétaire est engagé à protéger l'eau, à protéger les
paysages, à protéger la faune, normalement, il devrait être vu comme un contributeur
à cette trame-là. Donc, si on y allait avec une image, le vert foncé peut être
pour les parcs nationaux, alors que les verts... les dégradés de vert... par
exemple un propriétaire certifié au niveau environnemental qui serait dans un
vert à nouveau un peu plus foncé, alors que quelqu'un qui ne s'engage pas, ou
encore une terre, on va prendre un stationnement de centre commercial, bien, on
serait dans une couleur qui ne serait même pas verte. Donc, cette trame-là de
verts, si on allait puiser dans par exemple les catégories 5, qui sont les
paysages humanisés, ou si on allait puiser aussi dans les nouvelles mesures,
les autres mesures de conservation efficaces, les AMCE, et qu'en les
implantant, qu'on suivait un peu ce que fait le reste du monde au niveau de la
façon de les définir, on viendrait de mobiliser beaucoup plus de gens vers la
conservation.
Et, la conservation, pour nous, il y a
trois piliers : il y a la protection, il y a la restauration, il y a aussi
la gestion durable des ressources, dont l'aménagement des forêts. Parce que,
nous, on maintient les forêts à long terme...
M. Gravel (André) : ...et on
maintient aussi cette biodiversité-là. Et pour vous dire, le territoire que
vous avez visité, Nicolas-Rioux, qui est une ancienne seigneurie dans le
Bas-Saint-Laurent, c'est un endroit où on est en train d'implanter, dans un
projet pilote, un indice de biodiversité, et avec un tableau de bord clair, et
qu'on va vouloir exporter à nos autres propriétés, et qu'on aimerait peut-être
vous proposer d'exporter même ailleurs, dans les terres publiques du Québec
aussi.
Mme Blanchette Vézina : Bien,
merci. Je serais contente... pardon, je suis sur le bord de m'étouffer, je
serais contente qu'on puisse poursuivre, là, ces discussions-là, parce
qu'effectivement ma visite a été très éclairante, là, par rapport à comment on
veut aménager nos forêts, ça fait que, merci.
Peut-être une question pour la fédération.
Oui, le principe de résidualité qu'on vient renforcer, vous avez des suggestions,
là, mais comment... En fait, en ce moment, c'est environ 20 %, là, des
bois qui proviennent de la forêt privée, là, je fais un gros résumé, parce que
je sais que ce n'est pas ça partout, par exemple, au Bas-Saint-Laurent, où on
est beaucoup plus élevé, bon, mais bon, disons... faisons une grande moyenne
générale, on a une cible historique qui était à 30 %, là, je pense, là,
dans cette grande moyenne générale. Comment on pourrait faire pour s'en
approcher plus, selon vous?
• (16 h 20) •
M. Boudreault (Gaétan) : Bien,
premièrement, c'est... il faut trouver une voie... parce que, là, comme vous
avez dit... comme on a dit au début, par les règlements municipaux, avec les...
votre droit de veto sur les licences, vous nous donnez un genre de droit de
produire, tu sais. Les producteurs vont être confiants que, s'ils s'en vont
dans leurs lots, bien, ils sont... les règlements sont uniformes puis ils
savent qu'ils ne se feront pas claquer sur les doigts. Bien là, il faut avoir
une porte de sortie... pour une porte d'entrée, plutôt, pas une porte de
sortie, une porte d'entrée pour vendre nos bois, vendre notre bois. C'est ça,
la résidualité, tu sais. Si... On veut bien encourager les producteurs à y
aller, mais quand on arrive sur les marchés, si on a une concurrence de la
forêt publique ou si la forêt publique peut entrer son... l'usine va chercher
son bois sur la forêt publique avant le privé, bien, c'est là qu'on vient se
cogner à la porte. Puis là les producteurs, après ça... s'il n'y a plus
d'engouement, bien, on va perdre nos producteurs. Puis on sait que le
gouvernement veut prioriser la forêt privée, puis nos... puis ils veulent plus
aussi que... ils veulent qu'on augmente le 21 %, ça fait que... Puis on en
a, du bois, sur la forêt privée, ça fait que... Je laisse Vincent vous dire,
peut-être, les méthodes...
M. Miville (Vincent) : Non,
bien, dans les faits, c'est que... l'enjeu, c'est qu'en termes du calcul des
résidualités, en ce moment, il est calculé, disons, une fois aux cinq ans, lors
de la révision des garanties d'approvisionnement. Là, on voit que les licences
d'aménagement forestier vont passer sur une période de 10 ans, donc le calcul
de la résidualité va se faire sur de très longues périodes. Ça va... Dans le
fond, une fois aux 10 ans, il va y avoir un enjeu de reddition de comptes par
rapport à cette résidualité-là. Puis, vu qu'il n'y a pas de mécanique pour
venir ajuster les licences entre temps, là, on pense que, s'il y a des enjeux
de mise en marché pour le bois de la forêt privée, dans certains endroits, ça
va être un peu... ces enjeux-là vont être pérennisés. Donc, ça va être une
problématique.
Ce qu'on pense, c'est qu'avant toute
nouvelle attribution de bois des forêts publiques, là, que... de quelque sorte,
il faut absolument qu'il y ait une considération pour les volumes qui sont
disponibles au niveau de la forêt privée, là. Donc, ça faciliterait
probablement la mise en marché, puis une mise en marché qui est plus régulière
pour les producteurs forestiers.
M. Gravel (André) : ...un petit
complément. Le potentiel de la forêt privée est très grand, et on parle de
10 % de la superficie, maintenant, plus de 20 % de
l'approvisionnement, et on pourrait travailler ensemble à mobiliser les bois
pour nous amener peut-être à 25 % et peut-être jusqu'à 30 % de
l'approvisionnement. Le bois est là, le bois... il y a maintenant 40 %
plus de bois dans la forêt privée qu'il y en avait il y a 50 ans. Donc, il y a
eu... on a eu un succès avec les propriétaires privés, avec aussi les programmes
des agences avec... parce que l'État met des sous aussi en forêt privée. Donc,
il y a eu du succès, parce qu'il y a maintenant 40 % de plus de bois qui
peut créer de la richesse.
Mme Blanchette Vézina : Bien,
d'ailleurs, c'est en ce sens-là que je travaille les grands chantiers, là. Pour
ceux qui ne sont pas au courant, là, il y a... la Table nationale sur la forêt
privée travaille en ce moment sur trois chantiers, là, l'administration, les
programmes d'aide à la mise en valeur de la forêt privée, justement, pour...
avec aussi un autre chantier qui est pour la mobilisation des bois. Puis on a
l'engagement aussi des producteurs forestiers, sur lequel on travaille, puis il
y a des sommes colossales... bien, colossales, en fait, dans un contexte
budgétaire qui est plus difficile, qui sont quand même annoncées, là, pour
soutenir les producteurs forestiers privés, parce qu'on croit et on le sait,
que c'est important.
Vous avez parlé du bureau de mise en
marché des bois, là. Avant de céder la parole... Il reste combien de temps, M.
le Président, juste...
Le Président (M. Schneeberger) : Huit
minutes.
Mme Blanchette Vézina : Huit
minutes, O.K. Je vais aller rapidement, mais je voulais vous entendre sur le
bureau de mise en marché des bois, parce que, bon, vous avez mentionné que
l'abolition pouvait impacter... en fait, c'est surtout pour la tarification,
là, je pense que vous... si j'ai bien compris, là, sur le fait que ce ne serait
pas lié à la...
Mme Blanchette Vézina : ...la
tarification, donc... la tarification ne serait pas liée aux enchères. Mais, en
abolissant le bureau, de notre côté, on voit clairement qu'il y aurait une plus
grande volonté ou, en tout cas, il y a... les producteurs... pas les
producteurs, mais les licenciés n'auront plus le choix de se tourner vers la
forêt privée puisqu'ils n'auront pas l'approvisionnement possible sur le
bureau. Est-ce que vous voyez ça de la même façon? Parce que c'est certain que,
pour nous, on sait qu'en donnant des garanties sur 10 ans on s'attend à ce
que les producteurs... pardon, pas les producteurs, les licenciés se tournent
vers la forêt privée pour combler leurs besoins, là. C'est clair pour nous
que... on voit qu'il y a une tendance à aller vers la forêt privée. Bien,
j'aimerais... j'aimerais comprendre votre position.
M. Miville (Vincent) : En
fait, on le souhaite de tout cœur, qu'ils vont acheter du bois au niveau de la
forêt privée. Par contre, il faut comprendre que, dans un système ou une
situation où est-ce que la demande en bois est superforte, oui, ils vont
vouloir avoir du bois au niveau de l'ensemble des sources d'approvisionnement,
autant des producteurs forestiers que de la forêt publique au niveau de ces
licences-là. Par contre, l'enjeu survient toujours où est-ce qu'il y a... pour
différentes raisons, il y a une suroffre de bois. Il va y avoir une baisse de
la demande de bois sur les marchés. Tu sais, on le voit. On pourrait le voir,
par exemple, avec le contexte économique ou l'incertitude économique, où la
demande pourrait chuter sur les marchés. On va se ramasser avec une... un...
comment dire, une situation de suroffre de bois sur les marchés, trop de
volumes et, à ce moment-là, des baisses des conditions, probablement, de marché
qui vont être offertes aux producteurs forestiers qui ne seront pas suffisantes
pour les producteurs pour venir vendre, récolter leur bois, gérer l'ensemble
d'un... pour gérer l'ensemble de leurs coûts d'opération. Vous savez, un
producteur forestier, contrairement à l'État, ne peut pas vendre son bois en
deçà d'un certain coût de production pendant une très longue période, donc ça,
ça peut être certainement un enjeu de ce côté-là. Donc, c'est pour ça que c'est
très important que... Lorsque les redevances et la... on pourrait dire, la
vente du bois au niveau des forêts publiques va être établie, il va falloir que
ces redevances-là prennent en compte le coût de production des producteurs en
forêt privée, autrement on va leur couper l'herbe sous le pied.
Mme Blanchette Vézina : Merci,
M. le Président. J'aimerais céder la parole au député de Côte-du-Sud, là, qui
avait une question à vous poser.
Le Président (M. Schneeberger) : ien,
allez-y. Député de Côte-du-Sud.
M. Rivest : Merci. Je vais
me diriger peut-être vers vous, l'Association des grands producteurs. Dans
votre mémoire, vous nous parlez du règlement sur la loi...
Une voix : On est des grands
producteurs mais on est des grands propriétaires.
M. Rivest : ...des grands
propriétaires, excellent, de l'engagement, là, sur la loi de l'aménagement
durable du territoire forestier. Vous apportez l'élément que la ministre doit
encadrer l'aménagement des forêts privées. Puis là on ajoute l'élément dans la
loi : «L'aménagement des forêts privées et de favoriser leur contribution
à l'approvisionnement des usines de transformation». Mais, à plusieurs
reprises, vous abordez l'élément d'une clarification, je dirais, entre votre
situation de producteur forestier par rapport aux producteurs agricoles. Donc,
à plein d'endroits dans votre mémoire, vous ciblez cet élément-là, vous parlez
même d'ambiguïté. Pouvez-vous m'en dire un peu plus?
M. Lessard (Jocelyn) : En
fait, l'ambiguïté, elle est facile à voir. Quand on regarde la loi sur le
producteur agricole, on définit quels sont les produits, le bois en fait
partie, puis après on définit le producteur agricole, puis là le producteur
forestier qui n'a pas une autre production agricole est exclu, donc il est régi
par des règles d'un produit, mais il n'est pas un producteur. Et cet écart-là,
ça se transpose dans plusieurs règlements. Récemment, on a modifié la Loi sur
la protection du territoire agricole. Il y a des dispositions qui s'appliquent
aux producteurs agricoles. Le producteur forestier est régi par tout ça, mais lui
n'est pas producteur agricole. Donc, il y a vraiment une réflexion à faire pour
clarifier les règles.
M. Rivest : Assurément, parce
que vous...
M. Gravel (André) : On est un
produit agricole, mais on n'est pas considéré producteur agricole. Et, quand on
arrive à l'étape d'aménager les forêts, par exemple dans le zonage agricole,
47 % du territoire agricole est constitué de forêts. Souvent, on pense que
ce sont des champs agricoles, mais 47 %, ce sont des forêts. Et, quand on
aménage ces forêts-là, la sylviculture n'est pas placée à égalité avec... par
exemple, avec l'acériculture. Donc nous, on n'a rien contre l'une ou l'autre,
on pense que les deux peuvent se faire au même endroit dans des temps
différents et à long terme, mais on voit qu'il y a une ambiguïté entre
agricole, notre statut qui, des fois, est agricole, mais qu'on relève de la
ministre des Forêts et puis, d'autres fois, on n'est pas... on n'est pas une
production agricole.
M. Rivest : Puis vous
mentionnez même qu'il y a... il y a peut-être des éléments à considérer parce
qu'il y a à certains moments des arbitrages aussi avec la régie, probablement,
sur la mise en marché, mais il y a aussi l'élément que vous dites que vous
n'avez pas les mêmes avantages qu'un producteur agricole. Vous n'avez pas accès
à...
M. Rivest : ...quels sont ces
éléments-là que vous n'avez pas accès?
M. Lessard (Jocelyn) : Nous
amis pourraient en parler mieux que nous, mais il y a toutes sortes d'avantages
d'être reconnu comme un producteur agricole, comme avoir le... payer seulement
30 % des taxes puis l'avoir en tout début d'année, être admissible au... à
l'assurance récolte, et toutes sortes de modalités comme celles-là. Mais
peut-être, puis il va falloir qu'on en discute avec nos amis, c'est certain,
mais le ministre de l'Agriculture a un pouvoir dans la régie, dans la Loi sur
la mise en marché des produits agricoles, mais la ministre des Forêts n'a pas
un mot à dire. Là, elle... c'est vrai qu'elle déploie des efforts très
importants pour mobiliser plus de bois, et ça, c'est quelque chose qui devrait
être amélioré pour qu'on soit tous ensemble dans le même projet, de produire du
bois puis d'être considérés comme des producteurs complets.
M. Rivest : Si vous aviez une
baguette magique, ce serait quoi votre solution?
• (16 h 30) •
M. Gravel (André) : C'est...
On proposait un rôle d'ombudsman à la ministre, qu'à chaque fois qu'un projet
de loi ou règlement pouvait affecter les forêts privées, non pas pour contrer,
mais plutôt pour amener cette dimension-là, pour que ce soit constructif, bien,
qu'elle ait son mot à dire. Et ça, je crois, ce n'est pas pour exclure, mais on
parle toujours du garde forestier, là, on ne parle pas de... on ne parle pas
d'un autre cadre, là. Donc, on verra ça positivement.
M. Rivest : Tout à fait. Je
comprends bien, là. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : 1
min 40 s.
Mme Tardif : ...vous parlez
d'un environnement réglementaire... Vous parliez d'environnement... de
règlements environnement... réglementaires et vous souhaiteriez, et vous
souhaitez ça depuis plusieurs années, que ce soit transféré des municipalités
aux MRC. Pouvez-vous nous expliquer davantage, là, en quoi ça améliorerait?
M. Miville (Vincent) : En
fait, c'est qu'il y a déjà la possibilité pour les municipalités de transférer
ce pouvoir au niveau des MRC. Et ce qu'on constate, c'est aux endroits où
est-ce que ce pouvoir-là a été transféré au niveau des MRC, il y a une
facilité, je vous dirais, d'application à la fois au niveau des MRC, ce
règlement là, parce qu'ils sont en mesure d'engager les bons professionnels
pour s'en occuper. Donc, des ingénieurs forestiers qui vont comprendre la
réalité du terrain au niveau forestier, être en mesure d'interpréter les règlements,
l'appliquer puis avoir les bonnes manières, je vous dirais, d'enquêter et
d'inspection, ce que toutes les municipalités ne peuvent pas nécessairement.
L'enjeu aussi, il faut comprendre que ça
peut devenir hautement contraignant pour des producteurs forestiers ou les...
qui ont, disons, deux lots boisés dans deux municipalités voisines et avec des
réglementations totalement différentes.
L'enjeu aussi, vous avez plus de
1 000 municipalités au Québec, donc tous des règlements différents
qui n'ont pas été nécessairement travaillés, je vous dirais, de la même
manière, il peut avoir des ambiguïtés ou des éléments qui font en sorte
qu'ultimement ton règlement pour encadrer l'aménagement des forêts ne te permet
pas d'aménager des forêts. Donc, c'est vraiment problématique pour beaucoup de
producteurs dans plusieurs régions.
Le Président (M. Schneeberger) : C'est
beau? Parfait. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle
avec le député de Pontiac.
M. Fortin :
Merci, M. le Président. Bonjour à vous quatre. Merci de votre participation
aujourd'hui, surtout dans le contexte, très apprécié. O.K. Commençons par le...
ce que beaucoup de producteurs eux-mêmes, là, vont... et d'office vont
considérer comme étant le gros morceau, là, le principe de résidualité, là,
parce qu'on comprend que, dans certaines régions, le ministre faisait référence
à la sienne, il y a une grande proportion ou une proportion plus grande que la
moyenne de bois privé qui est utilisé par les usines. Ça veut dire qu'il y a
d'autres régions où il y en a très, très peu, peut-être qu'il y a un enjeu
géographique, il y a plus de forêts privées dans certaines régions en
proportion que dans d'autres, mais ça veut dire qu'il y a des usines qui...
s'approvisionnent, pardon, très peu dans la forêt privée.
Là, vous avez, entre autres, les grands
propriétaires ont quelques recommandations, là, par rapport à l'application
inadéquate du principe de résidualité, mais j'aimerais vous entendre sur
comment on fait pour s'assurer que le principe, il est respecté, pas juste dans
certaines régions où c'est plus facile, mais partout à travers le Québec.
M. Miville (Vincent) : Dans
le fond, il faut qu'il y ait des consultations qui soient effectuées, je vous
dirais, de manière rigoureuse auprès des offices de mise en marché, au niveau
des forêts privées. Lorsque ces consultations-là sont effectuées, à chaque fois
qu'il y a des allocations de forêt publique, que leur... comment dire, que
leurs considérations soient prises de manière... en fait, qu'on...
16 h 30 (version non révisée)
M. Miville (Vincent) : ...ce
qu'ils font. Tu sais, en ce moment, il y a... il y a des enjeux dans certaines
régions. Je ne nommerai pas. Mais on a comme 600 voyages de bois qui sont
à terre, coupés par des producteurs forestiers, prêts à être destinés à une
usine de transformation du bois, qui souhaitent... ne souhaitent pas recevoir
ce bois-là pour encore plusieurs mois, alors qu'en même temps ils demandent du
bois supplémentaire au niveau des forêts publiques. Donc, il y a des enjeux
de... il y a des enjeux de ce côté-là. Il faut que... Il faut que le ministère
soit très, très soucieux avant d'allouer de nouveaux... nouveaux volumes de
bois au niveau des forêts publiques, là.
M. Fortin :C'est une question de prix, j'imagine? S'ils aiment mieux aller...
puis, tantôt, vous avez fait référence à ça, là, il y a des... il y a des
entreprises qui aiment mieux aller puiser loin dans la forêt publique plutôt
que de s'approvisionner proche dans la forêt privée. C'est pour une question
uniquement monétaire, j'ose croire?
M. Miville (Vincent) : Généralement,
ça va être effectivement une question monétaire.
M. Fortin :Alors, si l'entreprise continue, là... malgré tout ce qui
est mis en place, malgré la consultation que vous souhaitez, puis tout ça,
continue de voir : O.K., j'ai un intérêt pécunier financier à aller m'approvisionner
dans le fin fond de la forêt publique plutôt que de prendre ce qui est déjà à
terre dans la forêt privée, comment est-ce qu'on change ça?
M. Miville (Vincent) : Bien,
dans le fond, je pense qu'en termes d'établissement des redevances au niveau
des forêts publiques, il faut que ça respecte le coût de la structure de
production de bois au niveau des forêts privées, pour ne pas arriver avec une
structure de redevances qui soit inférieure au coût de production de bois au
niveau des forêts privées. Et ça pourrait être fait en partenariat, disons, cet
établissement, le coût de production de bois, par exemple, avec un partenaire
comme nous, la Fédération des producteurs forestiers, pour s'assurer que le
ministère arrive avec une... arrive avec des prix de bois des forêts publiques
qui viennent un peu respecter la capacité des producteurs de poursuivre leur
production.
M. Fortin :Oui. J'essaie de... puis j'arrive à vous dans deux
secondes, là, mais j'essaie de lire entre les lignes de ce que vous nous dites,
là. Puis, sur le principe, ça se comprend bien, là, tu sais, s'il n'y a pas d'avantages
financiers, là, à aller... Mais, en même temps, est-ce qu'on est en train de
dire aux usines : Ça va vous coûter plus cher parce qu'on veut que le prix
soit... le prix de la forêt publique soit plus cher pour que la forêt privée
puisse être concurrentielle? J'essaie de lire entre les lignes de votre propos,
là.
M. Miville (Vincent) : Oui,
oui. Mais c'est parce que... c'est parce qu'à un moment donné c'est une
question, je vous dirais, d'équilibre... pas d'«équilibre», là, mais de...
M. Fortin :Vous avez raison. Je...
M. Miville (Vincent) : ...de
justice... de justice entre l'État et ses propres citoyens, ultimement, là, par
rapport à ça. Notre objectif, ce n'est pas que le... ce n'est pas que, comment
dire, l'industrie forestière, disons, fasse... fasse moins de profits, ou ne
soit pas en mesure de réaliser son aménagement, ou de récolter du bois au
niveau des forêts publiques. Mais c'est important que les producteurs
forestiers puissent vendre leur production pour être en mesure d'en vivre
également.
M. Fortin :Mais je suis d'accord avec vous là-dessus. Puis, je pense,
l'Association des grands propriétaires a une recommandation à l'effet qu'on
établisse des critères de volumes, là, qui sont mobilisables. J'aimerais ça
vous entendre là-dessus. Peut-être que ça peut être une partie, justement, de
la solution à cet enjeu-là. Oui. Pardon.
M. Boudreault (Gaétan) : Pour
ajouter un peu à Vincent, il faut penser aussi que l'apport des propriétaires
privés dans les municipalités, l'économie dans les municipalités... quand ils
ne prennent pas de bois, ils ne vont pas chercher de gaz, ils ne vont pas
chercher de fuel. Ils vont... Leurs machines... c'est ça, ils n'achètent pas de
machines, ils n'achètent pas de tracteurs. Tandis que les compagnies vont
prendre le bois sur forêts publiques, bien, ça ne permet pas ça, là. Ça fait qu'en
prenant le bois, bien...
M. Fortin :100 %. Puis venant d'une communauté forestière, là, à
chaque fois qu'on sort du bois de la forêt privée, c'est de l'argent qui reste
dans la communauté forestière. Je vous entends là-dessus. Vous avez raison.
Tandis que le bois de la forêt publique, ce n'est pas aussi simple que ça,
mettons.
M. Lessard (Jocelyn) : En
fait, ce qu'on a à ajouter à ça, c'est que le principe de la résidualité, c'est
compliqué de l'appliquer parce que ça s'étale dans le temps. Jusqu'à
maintenant, c'était à chaque renouvellement de garantie d'approvisionnement,
cinq ans. On est tout à fait d'accord avec la Fédération qu'il va falloir qu'il
y ait des mécanismes intermédiaires. Mais, une fois qu'on l'a établie, la résidualité...
Puis, nous, on est optimistes, là, on va manquer de bois au Québec, là. Le bois
de la forêt privée, il va prendre sa place, puis il va y avoir des preneurs, en
tout cas, on l'espère. Donc, les modalités... Parce que la possibilité
forestière, forêt privée, 18 millions de mètres cubes, mise en marché, 6 millions
de mètres cubes à l'industrie, 2 millions de bois de chauffage. Donc, il y
a un très grand écart. Quand on... Quand on effectue le calcul, on pense qu'il
faudrait préciser les critères pour établir c'est quoi le volume mobilisable. C'est
comme ça qu'on l'appelle. Après cinq ans, il faudrait faire le bilan. Et, comme
on essaie de discuter avec la ministre, dans les chantiers, il faudrait établir
des objectifs, puis toujours des objectifs plus ambitieux. Puis, ça, tous les
propriétaires vont être d'accord avec ça.
Un autre petit ingrédient de la recette
qui n'est pas facile, c'est qu'on ne s'engage pas. On réserve un bois... un
volume, mais on ne s'engage pas. Donc là, si on ne le fournit pas, bien, la
garantie, elle, elle a été diminuée. Et là, il y a des mécanismes importants,
les syndicats, ils travaillent ça depuis longtemps, puis, des fois, il y a des
arbitrages. Puis là, c'est le ministre de l'Agriculture qui intervient. Encore
une fois, on aimerait ça que la ministre des Forêts soit dans le dossier aussi,
avec son expertise forestière, pour qu'on s'entende tous...
M. Fortin :
…il y a un avertissement à l'industrie dans ce que vous êtes en train de dire,
là, quand même. Parce que si on fait fi du principe de résidualité puis s'ils
s'approvisionnent de façon prioritaire, disons dans la forêt publique, bien, à
un moment donné, comme vous dites, on va manquer de bois au Québec, puis la
forêt privée va avoir des volumes plus grands puis ils vont finir par être
obligés de s'approvisionner là quand même. Donc, il y a quand même un drapeau
rouge, là, pour l'industrie, qui préfère peut-être…
M. Gravel (André) : Peut-être
en complément, en 2014, on a mis en place la mobilisation des bois, et en forêt
privée, nous avons réussi à mobiliser 2 millions de mètres cubes de plus
et les industriels ont utilisé ce bois-là. Donc, il y a aussi des relations à
développer. Il y a des... il y a des entrepreneurs à développer, mécaniser la
forêt privée pour stabiliser l'approvisionnement vers ces usines-là qui vont
être tentées de prendre ce bois-là, parce que le bois de forêts privées est
souvent de meilleure qualité que celui de forêts publiques parce qu'il a été
aménagé.
• (16 h 40) •
M. Fortin :
Dernière question, puis il y a-tu... j'essaie de comprendre c'est quoi,
l'avantage de l'abolition des bureaux d'enregistrement pour les producteurs
puis je ne le comprends pas. Voyez-vous... en voyez-vous un quelconque, vous,
là?
M. Lessard (Jocelyn) : Moi,
je sais que des conseillers forestiers veulent recruter des propriétaires qui
désirent s'impliquer. Puis là, ils disent : Tu rempliras ce formulaire-là,
puis après ça, on va envoyer ça au bureau d'enregistrement, puis tu reviendras
dans un mois ou deux mois, quand tu… quand tu auras ton statut. Là, la
proposition, c'est que l'ingénieur forestier qui fait affaire avec le
conseiller l'enregistre lui-même dans le système.
M. Fortin :
O.K.
M. Gravel (André) : Simplification
et opportunité de mobiliser un propriétaire plus… qui est devant l'ingénieur
forestier en question.
M. Fortin :
O.K., puis je comprends que vous n'êtes pas… vous n'êtes pas en accord
là-dessus, là.
M. Lessard (Jocelyn) : Mais
il faut prendre des… il faut prendre des précautions, parce que ça… il ne faut
pas que ça devienne n'importe quoi parce que tout le monde le fait, là.
M. Fortin :
Oui. O.K.
M. Miville (Vincent) : Nous
autres, c'est sûr qu'on voit des enjeux en termes de vérifications, ultimement,
de l'enregistrement et le fait de devoir nécessairement toujours faire affaire
avec un professionnel pour réaliser un acte administratif, pour beaucoup de
propriétaires ou producteurs forestiers, ça peut devenir un enjeu financier,
là. Ça va amener des frais administratifs plus importants.
M. Fortin :
O.K. Ça va.
Le Président (M. Schneeberger) :
Ça va?
M. Fortin :
C'est beau.
Le Président (M. Schneeberger) :
Oui. Députée de Mille-Îles, quatre minutes…
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Vous avez…
Le Président (M. Schneeberger) :
3 min 30 s.
Mme Dufour : Oui, c'est ça.
Vous avez signé en février 2024 les propositions des partenaires pour l'avenir
de la forêt québécoise, là. Les deux groupes que vous êtes avez signé cet… ce
petit feuillet, là, qui avait des propositions fort intéressantes et vous
mentionniez qu'il y avait… les budgets sylvicoles devaient être connus et
suffisants. Donc, ça présuppose qu'actuellement ça ne l'est pas, ou en tout
cas, en février 2024, ça ne l'était pas. Et là, pour la Fédération des
producteurs forestiers du Québec, bien, dans votre mémoire, vous mentionnez que
les redevances versées à l'État devraient minimalement couvrir l'ensemble des
frais de gestion des forêts publiques, incluant toutes les activités
sylvicoles. Donc, est-ce qu'on comprend que l'enjeu est là? Les redevances ne
permettent pas les investissements suffisants pour régénérer la forêt publique.
Et vous, vous êtes des… ce que je comprends, là, vous… vous faites, tu sais,
une gestion exemplaire de la forêt privée. Donc, pour nous conseiller sur la
forêt publique, est-ce que c'est là l'enjeu, les redevances?
M. Miville (Vincent) : Ça peut
être… comment dire, ça peut être… ça peut être simplement un enjeu, mais c'est
juste de s'assurer que le prix qui est vendu par l'État pour le bois qui
provient la forêt publique, permette de… permette aux citoyens, en fait, de
récupérer les coûts qu'ils investissent au niveau de… au niveau de cette forêt-là.
Mais évidemment, si les investissements, en fait, qui sont… les coûts qui sont
récupérés par l'État sont inférieurs à ça, bien, c'est comme une subvention au
niveau du bois des forêts publiques qui devient une concurrence déloyale pour
les producteurs forestiers. Ça, c'est un enjeu. C'est sûr aussi que, pour un
producteur forestier qui réalise des investissements dans sa forêt, qui va
donner un… comment dire, le fruit de cet investissement-là va se réaliser dans
des décennies plus tard, avoir une certaine prévisibilité au terme de l'aide ou
le soutien de l'État qu'il va avoir au niveau de la forêt privée, ça va être…
ça va aider à l'ensemble des acteurs.
Le Président (M. Schneeberger) :
Une minute et demie.
Mme Dufour : Ah! O.K., j'ai
plus de temps que je pensais. Donc, ce que je comprends, là, c'est qu'il y a
actuellement un enjeu là, vous estimez que le… ce qui est... Disons que la
redevance ne représente pas toujours le coût réel pour la société de reboiser,
là, et l'entretien et…
M. Gravel (André) :
J'ajouterais peut-être en complément, le point de vue d'un propriétaire
forestier là-dessus, c'est qu'on a un actif, c'est un actif. La forêt que l'on…
que l'on a, c'est un actif et cet actif-là va nous générer des revenus, oui,
par exemple par la vente du bois, par la location d'entailles d'érablière, par
rapport à un bail de villégiature, par rapport à une pourvoirie, des chasseurs,
des pêcheurs qu'on…
M. Gravel (André) : ...tout
ça, et, en contrepartie, cet actif-là doit être maintenu ou sa valeur doit être
développée, elle doit être améliorée. Moi, mon propriétaire me demande de
maintenir ou d'améliorer la valeur de mon actif. Donc, pour y arriver, je suis
tenu de faire de la sylviculture parce que je dois maintenir ma valeur. Je le
traduis un peu comme en dollar, mais, à la fin, c'est des arbres que l'on
plante, c'est des forêts que l'on aménage, c'est des... que l'on éclaircit pour
maintenir ou améliorer la valeur de l'actif, mais pas juste pour le bois, pour
toutes les dimensions. Donc, on recule, on met plutôt une idée d'actifs, et non
pas de dépenses, quand on investit à planter des arbres, et de redevances.
Quand on prélève des sous, on ne sépare pas les choses. Mais à la fin, aussi,
il faut un rendement au bout de ça. Donc, on ne fait pas ça juste pour faire
tourner les sous, là, c'est... il faut aussi un rendement, et il y a
possibilité d'y arriver. Donc, je ne sais pas si j'ai bien répondu à la
question.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Nous allons maintenant du côté de la deuxième opposition, et
j'entends le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Afin de... Ma question va... s'adresse à l'Association des grands
propriétaires. Merci beaucoup d'être ici, M.. Je veux bien comprendre votre
position quand vous parlez d'une diversité de verts. Lorsque ça s'applique aux
zones de conservation, est-ce que ça vous... dans votre esprit, est-ce que ça
voudrait dire qu'il faudrait avoir différents critères pour qualifier les zones
de conservation? Qu'est-ce que vous entendez?
M. Gravel (André) : Bien, il
y a des règles et ces règles-là, pour les aires protégées par exemple, sont
déterminées par l'UICN au niveau international. Il y a donc des catégories
établies. Et, quand on compare les pays entre eux, prenons l'Allemagne par
rapport à... si on prenait le Québec, l'Allemagne atteint près de 40 % en
aires de... en conservation, et le Québec est autour de 20 % et vise
30 %, mais l'Allemagne va puiser dans des catégories d'aires protégées que
le Québec n'a pas encore voulu utiliser, entre autres les catégories V qu'on
appelle les paysages humanisés, qui permettent encore des activités par l'homme
et souvent par l'homme sur le territoire, alors que le Québec a pris plus des zones...
des aires de conservation, des aires protégées strictes.
Donc, on pourrait ensemble,
collectivement, ajouter des aires en conservation selon les mêmes critères, pas
des critères maison, là, des vrais critères internationaux. Et il y a des
mesures, entre autres les aires... les autres mesures de conservation efficaces
qui sont amenées, qui sont nouvelles par le ministère de l'Environnement, AMCE,
qui pourraient inclure, par exemple, l'aménagement forestier, conserver le
couvert forestier, aménager pour toutes les ressources, qui pourraient... Et
là... et là on hésite à aller vers ça au Québec, alors que ça nous permettrait
d'arriver plus vite à l'objectif de 30 %.
Puis, quelques fois, on est aussi frileux.
Hein, on va dire, par exemple : Il faut des activités d'aménagement
forestier exemplaires, mais on ne définit pas qu'est-ce que veut dire
exemplaire ou on donne l'exemple de la récolte de bois de chauffage de façon
artisanale. Vous savez, ce n'est plus ça, la foresterie au Québec. Mais notre
foresterie, ce qu'elle a comme avantage... Parce que, souvent, on ne parle pas
des forces du Québec au niveau forestier, mais, par rapport aux forces que nous
avons, nous avons une forêt qui est naturelle. Ce n'est pas une forêt de
plantation, contrairement à d'autres pays. Notre forêt est naturelle. Plusieurs
essences, plusieurs âges. Donc ,oui, elle a été récoltée, mais elle est
naturelle encore, vraiment des essences naturelles. Deux, on n'utilise pas, par
exemple, des phytocides depuis déjà plus de 25 ans en forêt. Donc, c'est
une particularité. Autour de nous, les autres le font.
Donc, il y aurait moyen, je crois, de
reconnaître l'aménagement forestier durable. Plusieurs territoires sont
certifiés au niveau environnemental par des normes reconnues internationalement
pour nous amener vers le 30 %, mais conformément aux règles qui sont
internationales, pas des règles maison. Est-ce que j'ai été clair? Oui. Merci.
M. Fontecilla : Oui, oui. Je
pense que... Il nous reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) : 50 secondes.
M. Fontecilla : 50 secondes.
Ouh! Vous avez parlé que vos membres utilisent davantage un modèle de gestion
dynamique, qui est différent à l'approche que vous avez proposée par le p. l.
n° 67. Quelles sont les leçons que vous tirez, là, que la forêt publique
pourrait intégrée dans son modèle, notamment pour accroître la valeur du bois?
M. Lessard (Jocelyn) : Ce
n'est pas beaucoup, il reste 30 secondes, là.
M. Fontecilla : Malheureusement.
Mais les grands propriétaires, ils aiment
les concepts du zonage, mais ils ne l'appliquent pas sur leur territoire. Ils
croient que le «chacun dans son coin», ça n'augmente pas...
M. Lessard (Jocelyn) : ...tout,
ça fractionne, et ils préfèrent la gestion dynamique. C'est-à-dire, il y a un
peuplement d'érables, il va y avoir une éclaircie, il va y avoir un prélèvement
de bois, il y a un utilisateur qui va venir s'installer, qui va exploiter les
érables, et il y a des chasseurs qui vont venir aussi. Mais, si on dit :
Ça, c'est le territoire réservé à l'érablière, bien là, les chasseurs viennent
de perdre du territoire, puis on va prélever moins de bois. Donc, nous, là...
La forêt, là, il faut la voir dans un temps long, très long. La forêt, ça... il
faut l'utiliser. Si on s'enferme dans des règles trop strictes, on va perdre du
potentiel.
M. Gravel (André) : Les
forêts changent. Les forêts changent rapidement. Donc, c'est pour ce dynamisme
qui est important.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, c'est tout le temps qu'on avait. Alors, merci à vous quatre
pour votre apport à la commission.
Nous suspendons quelques instants afin
d'accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 16 h 50)
(Reprise à 16 h 57)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Nous recevons maintenant la Société des
établissements de plein air du Québec, et j'ai M. Martin Soucy, président-directeur
général, et M. Jean-Sébastien Blais, directeur, Conservation, Environnement et
Faune. Alors, bonjour à vous deux. Vous avez 10 minutes pour faire votre
présentation et suivra une période d'échange avec les députés.
M. Soucy (Martin) : Parfait.
Merci de nous accueillir. Bonjour, tout le monde. Donc, je vais vous parler de
la SEPAQ. Depuis 40 ans, la SEPAQ met en valeur les richesses naturelles et
fauniques du Québec, ce qui génère vraiment un sentiment de fierté collective
parmi la population québécoise. On a donc 46 établissements, 23 parcs
nationaux, un parc marin, 13 réserves fauniques, une pourvoirie, Sépaq
Anticosti, et huit établissements touristiques. C'est 51 000 kilomètres
carrés pour les générations actuelles et futures, 3 400 employés
passionnés, un taux de satisfaction, est à noter, de 91 % parmi notre
clientèle. On est donc, avec nos retombées économiques au PIB, qui sont de
l'ordre de 885 millions de dollars, la plus importante entreprise
touristique, bien qu'elle soit d'État, du Québec. En moyenne, quand quelqu'un
vient nous visiter, il remet 62 $ dans l'économie de la région qui est...
qui est visitée.
Naturellement, comme les parcs nationaux,
c'est des aires protégées de catégorie II, et seront en fait exclus du présent projet
de loi, on va attarder notre présentation, vraiment, sur les réserves
fauniques, qui ont été fondées en 1979. Je vais revenir un peu sur l'histoire,
parce qu'il y a un élément de fierté également là-dedans. Ça a été réalisé
suite à une opération de décubage. Il faut savoir que les réserves fauniques,
il y avait des clubs...
M. Soucy (Martin) : ...en
fait, est détenue majoritairement par des Américains, donc nos voisins au sud.
Et ce nom évocateur des réserves fauniques, par sa mission première, c'était de
rendre la faune accessible aux Québécois et de le faire de façon très
équitable, par exemple, avec des tirages au sort. Donc, l'engagement du
gouvernement était de rendre ces territoires forestiers publics accessibles à
un plus grand nombre, de protéger les ressources naturelles pour les
générations futures, d'offrir une gestion durable en équilibrant la
conservation, le loisir et le développement économique et de renforcer le
sentiment d'appartenance des Québécois et des Québécoises à leur territoire.
C'est un des rares endroits dans le monde où les territoires publics de chasse
et de pêche sont accessibles à l'ensemble de la population.
Donc, si on prend... en vertu de la Loi
sur la conservation de mise en valeur de la faune, ce sont des territoires, je
répète la mission, qui sont... sont voués à la conservation, à la mise en
valeur, à l'utilisation de la faune ainsi qu'accessoirement à la pratique
d'activités récréatives. Leur gestion doit donc donner l'occasion à tous les
citoyens d'y avoir accès, notamment, pour la pratique d'activités chasse et
pêche et un certain nombre d'activités récréatives qui se sont développées avec
le temps en fonction de la popularité, comme vous savez, à la fois du tourisme
de nature et du plein air qui est... qui est vraiment en hausse.
• (17 heures) •
Dans le modèle... Je veux vous parler du
modèle économique de la SEPAQ comme société d'État. Donc, c'est un modèle
d'affaires qui s'appuie sur la chasse sportive, donc naturellement, la chasse à
l'orignal, au cerf, également, les activités de pêche. C'est...
L'accessibilité, donc, de la ressource est accordée à l'ensemble des Québécois.
Puis je veux vous parler du tirage au
sort. Donc, c'est contingenté, hein, parce qu'on a... on a plus de demandes que
d'offres. On est passés de 50 000 personnes qui s'inscrivent à
150 000 au cours des huit dernières années. Le modèle de la SEPAQ dans les
réserves fauniques, ça a été transféré en 1995 sans aucune subvention. On a
donc dû équilibrer les revenus et les dépenses pour être en mesure de le faire
de façon autonome. L'ensemble des profits qui sont générés sont réinjectés dans
l'entretien des actifs avec le temps, puis on a également... parce que le parc
d'actifs est important, on a aussi du soutien du gouvernement. Et tout notre
modèle repose sur une gestion durable puis une gestion intégrée des ressources.
Si on va du côté de ce portrait plus
précis, donc les réserves fauniques, c'est un modèle de gestion, puis je peux
vous dire, il est unique au monde. Il n'y a pas d'autres endroits sur la
planète qui est géré de la même façon. On peut être fière, comme population, au
Québec, de bénéficier de ce type de réseau là. Il y a près de 1 million de
jours/visite, si je prends les réserves, précisément. Et, dans le cas... je
vous ai parlé, la SEPAQ, globalement, a 51 000 kilomètres carrés,
dans le cas des réserves, c'est 41 000 kilomètres carrés, c'est donc
81... 91 %. Et là, la Loi sur, naturellement, le régime forestier va
s'appliquer.
Il y a SEPAQ Anticosti également, cet
élément... dans l'ensemble de notre portefeuille.
L'espèce emblème, puis c'est un peu le but
aussi de notre présence, c'est l'orignal. L'orignal, il règne vraiment comme un
symbole culturel, écologique, économique de notre nature québécoise. Et, la
clientèle des réserves fauniques, je le répète, est... c'est 95 % de la
population québécoise. Le reste, c'est vraiment plus sur Anticosti. Donc, les
gens de l'extérieur du Québec ne peuvent pas appliquer sur nos tirages au sort.
30 000 lacs, 500 chalets,
200 emplacements de camping, 10 000 kilomètres de chemins carrossables
forestiers, auxquels on contribue également. Il y a une cohabitation
harmonieuse également avec de nombreuses communautés autochtones qui y
pratiquent des activités traditionnelles. C'est un laboratoire aussi vivant de
recherches et d'aménagement sur la faune et son habitat et un leader dans le
développement d'activités, particulièrement pour la relève, donc les jeunes, en
chasse et en pêche.
Sur les retombées économiques
spécifiquement pour les réserves fauniques, on parle de 148 millions de
contribution au PIB, 1 800 emplois. Donc, ça vient bien compléter à
la fois la foresterie puis les activités récréatives.
Un point important qu'on veut porter à
votre attention, c'est l'harmonisation, je ne vous en cacherai pas, de la
faune, de la forêt et du récréotourisme. Il y a des efforts considérables et
soutenus d'harmonisation dans la planification et l'exploitation forestière
qu'on a réalisés depuis plusieurs années pour tenir compte de la vocation des
réserves fauniques. Dans notre cas, le multi-usage en forêt a connu une
croissance qui est significative. Les activités aussi se sont diversifiées,
comme je le disais tantôt, au-delà de la chasse et de la pêche, pour des
activités de plein air qui gagnent en popularité puis qui fait aussi du bien
dans la vie de la population, de pouvoir aller en forêt. Ça, c'est le message
commanditaire de notre ministre Isabelle Charest!
Donc, les facteurs de succès dans les
territoires fauniques, pourquoi on peut être bons, puis continuer à offrir ce
produit-là, puis de contribuer à l'économie des régions. Donc, l'aménagement et
l'exploitation des forêts, c'est important. Ça assure l'accès au territoire
pour les citoyens...
17 h (version non révisée)
M. Soucy (Martin) : ...dans
notre cas, la répartition spatiale et temporelle des coupes forestières est
essentielle pour maintenir un habitat faunique de qualité et une bonne
expérience de chasse. Notre animal emblème qui est l'orignal en a besoin, d'aménagements
qui sont adéquats pour préserver son habitat.
La conservation, vous comprendrez aussi l'expérience
de visites, la qualité de l'habitat faunique, des paysages, la connectivité
aussi, ça va... ça dépend beaucoup des décisions qui sont prises dans l'exploitation
forestière.
Les réserves et la... les réserves
fauniques et la pourvoirie SEPAQ Anticosti réussissent à constituer la
production ligneuse puis les besoins de la faune depuis des décennies. La SEPAQ
possède déjà des entités administratives et opérationnelles et aussi de
concertation régionale dans chacune de nos réserves fauniques.
Si on y va sur la loi n° 87, les
territoires voués à l'exploitation forestière, on a compris qu'ils se
divisaient, là, selon le terme utilisé, les triades, donc le multiusage, les
zones de conservation et les zones prioritaires. La SEPAQ est favorable, vous
le comprendrez, à l'application des zones multiusages et de conservation sur
les territoires fauniques placés sous sa gestion.
Je veux expliquer un élément. Contrairement
aux parcs nationaux, qu'il y a une limitation sur les cartes puis dans l'aménagement
forestier, donc parce qu'ils sont exclus, les réserves fauniques, il n'y a pas
de limitation. Donc, le territoire n'est pas défini de la même façon. C'est
pour ça que ça va être important de pouvoir en discuter avec vous.
Donc, on apprécie également dans le projet
de loi la mise en place d'un réseau routier fondé sur le principe d'utilisateurs
payeurs. Et si le zonage, dans le cas du zonage prioritaire, venait à être
appliqué au territoire, on dit souvent que le diable ou la diablesse va se
cacher dans les détails, c'est dans ce cas là qu'on veut avoir un certain
principe de précaution à l'égard de la qualité de l'habitat pour la faune,
ainsi que les répercussions qu'il pourrait avoir sur l'expérience client des
utilisateurs des réserves.
Je vais me concentrer sur les zones
multiusages, donc c'est l'option pour le cas des territoires des réserves
fauniques qui est vraiment la plus réaliste, permettant de concilier à la fois
les besoins de la faune et la production ligneuse. Ce zonage est le plus près
du modèle en place depuis des décennies et, dans cette formule, la
collaboration nécessaire entre la SEPAQ et les responsables de la planification
forestière afin d'assurer les aménagements qui vont permettre à la fois de
maintenir l'expérience de qualité mais de permettre la production également
dans la foresterie.
Le maintien des habitats fauniques de
qualité à la suite des coupes forestières est aussi essentiel au maintien de
populations fauniques de forte densité.
Dans le cas des zones de conservation,
bien, vous savez sans surprise que le plan nature... Ah, c'est correct. Merci. Le
plan nature identifie un objectif de préservation de 30 % d'ici 2030 ans.
Les zones de conservation, réserves fauniques, pourraient être utilisées en
continuant à voir de la foresterie. Nos collègues précédemment ont parlé des
AMCE. Donc, c'est un élément qui peut être important pour consolider le réseau
d'aires protégées, mais en poursuivant une foresterie applicable à ce type de
zone là. On collabore déjà avec le ministère de l'Environnement pour déterminer
des stratégies de protection adéquate. Et c'est ce statut d'aires protégées de
catégorie souple est tout à fait compatible avec la mission de conservation, de
mise en valeur de la faune des réserves fauniques. Donc, cette démarche
permettrait d'intégrer l'ensemble des enjeux inhérents à la gestion des
territoires, d'adopter des meilleures pratiques d'aménagement durable des
ressources, de favoriser davantage les espèces fauniques qui sont présentes et
en assurer leur unité pour les générations futures. Ça offre aussi une régénération
diversifiée pour une meilleure résilience écologique, un meilleur stockage du
carbone, une plus grande résilience pour faire face aussi aux changements
climatiques et aux épidémies. Donc, une approche globale mixant à la fois le
multizone et les zones de conservation est applicable. On considère donc qu'une
exploitation forestière durable tenant compte des besoins fauniques est tout à
fait réaliste.
Sur les zones prioritaires. L'intensification
de la foresterie entraîne une diminution de la qualité des habitats, densité
faunique et la biodiversité. On est très conscients que choisir, c'est aussi
renoncer. Donc, on comprend pourquoi, dans certains endroits, vous devez aller
dans le principe de la triade avec ce type de zonage là. Donc, la SEPAQ, dans
notre mandat public, on cherche le juste équilibre, on veut s'assurer que les
activités soient prises en compte dans la planification des forêts publiques.
Donc, en conclusion, nous soutenons les
dispositions de la Loi sur la modernisation de la prévisibilité, à préserver
les emplois associés dans les régions du Québec et à établir des zones dont
notamment le multizonage... le multiusage, excusez-moi, et de conservation,
ainsi qu'à mettre en place un réseau routier fondé sur le principe d'utilisateurs
payeurs. C'est dans la mise en place de ces différents zonages qu'on va assurer
le succès dans le futur. Donc, c'est la vision est une chose puis c'est dans l'exécution,
dans le fond, qu'on va pouvoir...
M. Soucy (Martin) : ...ce
succès-là. Et la SEPAQ soutient la récolte forestière avec laquelle on cohabite
avec succès depuis des années. Je veux juste rappeler, dans un rapport de Mme
Têtu de 2014, on indiquait : «La SEPAQ dès l'amorce... inclure la SEPAQ
dès l'amorce des processus de planification tactique et opérationnelle, entre
autres, pour assurer que les enjeux écosystémiques soient intégrés dans la
planification forestière sur le territoire des réserves. Une gestion durable
sauvegardera les activités économiques à la fois récréatives et forestières
respectant le mandat public de la SEPAQ. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous débutons une période d'échange avec la ministre. Vous
avez 10 minutes.
• (17 h 10) •
Mme Blanchette Vézina : Merci.
Merci à vous deux d'être présents aujourd'hui, vraiment, puis je fais miennes
également les paroles de votre ministre, parce qu'effectivement l'accès à la
nature, c'est vraiment important pour la santé mentale, la santé physique des
citoyens québécois. Puis je sais combien vous êtes importants pour plusieurs,
pour cet accès à la nature, là, ayant moi-même quelques-unes de vos réserves
fauniques sur le territoire de mon comté, mais aussi dans mes deux régions, là.
Donc, merci d'être là aujourd'hui.
Peut-être, là, rapidement, vous avez
mentionné un élément sur la concertation régionale, qui est importante pour
vous, puis j'aimerais vous entendre parce que c'est quelque chose qui est
soulevé, là, qui pourrait être amélioré, semble-t-il, là, dans le projet de
loi, mais j'aimerais vous entendre sur comment... votre vision par rapport à
cette concertation régionale ou l'harmonisation des usages.
M. Soucy (Martin) : En fait,
ce qu'on a compris, c'est que le... il y aurait un forestier régional, je vais
l'appeler comme ça, qui va voir la planification, mais on a l'abolition des
tables... On participe aux tables... depuis des années. C'est sûr que, dans le
cas de notre organisation, une participation en amont... Ensuite de ça, c'est
certain que nous, depuis des années, surtout en travaillant en développement
durable, on est inscrit dans la concertation avec l'ensemble des acteurs...
réserves fauniques, on a des conseils régionaux qui impliquent l'ensemble des
gens du milieu. Donc, s'il y a un processus ou un mécanisme simple, léger,
efficace, parce qu'il y a ça aussi, il faut alléger, puis ça, on le comprend
très bien, en amont, qui permette justement à chacune des parties prenantes de
pouvoir exprimer, puis de sauvegarder au maximum, puis de trouver les intérêts
de chacune des parties prenantes, c'est un élément qui peut continuer à être
intéressant dans la formule. À moins que mon collègue ait quelque chose à
ajouter, parce que, lui, il a participé aux tables... régionales. C'est un
élément, je pense, qui est important en amont, la détermination, même, je
dirais, du zonage final.
Mme Blanchette Vézina : Ah
bien, je pensais que vous alliez poursuivre, mais pas de problème.
M. Blais (Jean-Sébastien) : Bien,
écoutez, ce que je... ce qu'on comprend, c'est que les tables... ou un
équivalent des tables... sera maintenu dans les zones multi-usages. Donc, c'est
dans cette zone-là que nous, on considère que les établissements de la SEPAQ
devraient se retrouver, minimalement.
Mme Blanchette Vézina : Oui,
effectivement, il y a l'article sur l'aménagiste forestier, là, qui mentionne
nommément, là, la consultation des organismes gouvernementaux, là, dont font
partie la SEPAQ, là, mais... Donc, tu sais, je tiens à vous rassurer, là, il
est certain que vous serez... continuerez d'être consultés puis d'être... de
faire partie des discussions pour harmoniser les usages, c'est certain. Puis on
l'a mis nommément, là, justement, dans le projet de loi, pour s'assurer que ce
ne soit pas oublié, mais que l'aménagiste forestier, là, tienne compte, donc,
de ce qui est nommé par vous puis d'autres, notamment l'Environnement, là, et
d'autres fonctions du gouvernement. J'aimerais, oui, céder la parole à mon
collègue du Lac-Saint-Jean, qui avait une question pour vous.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : On
a encore du temps, M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) : Six
minutes... sept minutes.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : O.K.
Bien, écoutez, premièrement, vous avez raison, là, de dire qu'il faut être
fier, là, de nos SEPAQ. Moi, j'ai l'occasion, quand je descends au lac, de
passer dans la réserve faunique des Laurentides puis j'ai l'occasion aussi de
voir des aménagements forestiers. On voit de la récolte de bois, on voit des
aménagements.
Puis donc, vous travaillez, en fait, avec
nos bénéficiaires de garanties d'approvisionnement, qui sont nos scieurs. Vous
avez parlé des chemins multi-usages. On n'a pas encore abordé ce dossier-là,
mais il est dans le projet de loi, on en parle, tu sais, pour toute la
concertation, l'harmonisation puis aussi tous les travaux... en fait, les
travaux sylvicoles aussi qui suivent la foresterie. Donc, pour ne pas avoir à
refaire deux fois la même chose, on prévoit des choses dans le projet de loi
qui sont, à mon avis, extrêmement importantes. J'aimerais vous entendre parce
que, là, vous, vous êtes en haut de la pyramide, là, avec la SEPAQ, mais sur le
terrain, là, vous avez des gens qui travaillent puis vous avez des... On dit,
l'industrie forestière, tu sais, c'est un bien grand mot, mais nos producteurs
forestiers, comment ça se passe, la relation quand ils viennent chez vous,
là...
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
…puis que là on va faire un parterre de coupes. Expliquez-moi ça un peu, là.
M. Soucy (Martin) : Il n'y a
rien de mieux que le spécialiste pour le faire, qui travaille terrain.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Tu sais, vous avez des enjeux de chemin multi-usages. On a un problème, on a...
on a un chemin qui est magané. Comment ça va avec nous?
M. Blais (Jean-Sébastien) :
Bien, en général, ça va bien, là, tu sais, on se parle, on est sur le terrain,
puis c'est de là l'étape d'harmonisation qu'on peut discuter de ces enjeux-là,
puis on met vraiment les sujets sur la table. Puis normalement, comme on vit
sur le terrain, on a une bonne entente avec l'industrie forestière. Nous, vous
comprenez qu'on est vraiment pour le partage des dépenses en lien avec le… avec
l'entretien du réseau… du réseau routier. Et puis, bien, comme je vous dis,
concrètement, comment ça se passe bien, on les appelle, on dit : écoutez, on a…
on va dire, on a une calvette de sauter à tel endroit. Nous, on… c'est un
secteur de chasse qu'on priorise. Vous, vous allez utiliser ce secteur de…
forestier là à… Je ne sais pas, moi, au printemps ou à l'automne, on peut-tu
s'entendre pour partager le coût du ponceau? Donc, c'est un peu comme ça qu'on
travaille actuellement.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Puis ils sont… ils sont assez collaborateurs dans l'ensemble?
M. Blais (Jean-Sébastien) :
Normalement, oui.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Parce que vous savez, on parle beaucoup du secteur forestier puis on va se dire
les vraies choses. Moi, je trouve des fois qu'il est mis à mal à tort et à tort
et travers, parce que je suis quelqu'un qui vient d'une région forestière.
C'est 900 millions de… 900 millions en salaires chez nous par année.
C'est 7 900 emplois directs, 16 000 indirects. C'est 10,1 % de
mon PIB. C'est le secteur en priorité en termes d'emplois. Sans compter les retombées
économiques… Parce que, quand on a des chemins multis… qui sont faits, c'est
les activités de chasse, vous l'avez dit, 4 milliards de dollars que
les Québécois ont dépensé en 2023, je pense, en activités de chasse…
villégiature. C'est 270 millions chez nous de retombées économiques, moi.
C'est... c'est majeur.
Donc, c'est… Il y a une synergie autour du
secteur forestier. Puis nos producteurs forestiers qui font les chemins, là, tu
sais, s'ils ne sont pas là, il se passe quoi, tantôt, là? Ça fait que, tu sais,
puis les chemins multiressources sont tellement importants, puis vous… vous
êtes d'accord, l'enjeu qu'on amène, là, c'est de prévoir les chemins en
conséquence des travaux sylvicoles, puis du suivi de l'aménagement. Puis en
plus, bien, vous avez dit l'emblème qui est l'orignal, qui adore des parterres
de coupes, ça fait que ce que je tente… tu sais, quand on est au day to day,
là, le contremaître en travaux, là, en voiries forestières, ils sont assez…
assez d'arrangement, hein?
M. Soucy (Martin) : Vous avez
raison sur un élément. Moi, j'ai eu à gérer la réserve faunique… dans ma
carrière, puis ça se passe entre les individus. C'est deux humains qui se
rencontrent, qui développent une relation d'entraide. Ça fait qu'effectivement,
quand vous dites que cette industrie-là est parfois mise à mal, de terrain
concret dans les Laurentides, c'est une autre région, bien, effectivement, ça
peut être dans l'image, mais quand ça se passe sur terre, entre des humains qui
se rencontrent, puis qui ont de la bonne volonté, on va jusqu'au bout de tout
ça. Puis vous avez raison que dans les activités de plein air… nous, on a des
moyens à la Sépaq, pas tous les moyens pour faire les chemins, mais l'industrie
forestière a donné des coups de main, souvent à… pour ouvrir certains lieux de
plein air qui n'auraient pas été accessibles autrement. Ça fait que c'est… Moi,
je dis que… je compare ça à danser le tango, il faut danser ensemble, mais pour
que tout le monde gagne et sans se piler sur les pieds.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
C'est un bel exemple, là, d'harmonisation. Moi, ça me va. M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) :
Oui, deux minutes.
Mme Blanchette Vézina : …la
députée de Laviolette—Saint-Maurice voulait intervenir. Allez-y.
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, députée de Laviolette.
Mme Tardif : …de la
transfusion de mémoire…
Le Président (M. Schneeberger) :
Télépathie.
Mme Tardif : Ma question est
écrite, puis c'est la même question que lui, mais je vais vous en poser… je
vais vous en poser une autre. Par rapport au maintien des habitats fauniques,
là, suite aux opérations forestières, c'est une priorité essentielle pour les
Sépaq, les villégiateurs, les… Et on pourrait même rajouter l'hébergement,
parce que de plus en plus, vous avez des hébergements, des campings. Et ce que
je comprends de ce que vous avez dit, c'est… Vous avez une certaine crainte
avec la révision du nouveau régime forestier, bien, du… pardon, on ne devrait
plus dire le nouveau, parce que le nouveau, c'était 2013. Donc, la
modernisation du régime qu'on va faire maintenant, j'entends que vous avez une
certaine crainte. Qu'est-ce qui serait différent si on fait de l'aménagement en
zone intensive par rapport à ce qu'on fait maintenant? Parce que moi, je vois
ça plus positif, parce que de l'aménagement intensif, pour moi, c'est
d'entretenir le reboisement qu'on va faire, c'est aller au bon moment pour
faire le débroussaillage, de faire ça de manière encore plus optimale que ce
qu'on fait maintenant. Alors, je voudrais avoir votre position par rapport à
ça…
M. Soucy (Martin) : ...plus
spécifiquement de l'impact de la zone intensive, oui.
M. Blais (Jean-Sébastien) : Oui,
je vais répondre. On a parlé de l'orignal. On a beaucoup parlé de l'orignal, notre
espèce emblématique. Je vais vous répondre sur le besoin d'un orignal. Un
orignal a besoin, pour vivre, là, d'une mosaïque de forêts qui est mature, avec
des jeunes peuplements qui offrent à la fois un abri de... de la nourriture, un
abri, des zones riches en végétation feuillue pour se nourrir, des milieux
humides pour l'hydratation et de la thermorégulation et pour la protection
contre les intempéries et les prédateurs. Donc, ce qu'on voit, c'est que, dans
l'harmonisation, c'est des sujets que l'on discute avec une entreprise
forestière. Par contre, dans la zone intensive, on ne la connaît pas, on n'a
pas cette harmonisation-là. On n'a pas l'habitat de l'orignal qui va... qui va
passer, en premier lieu, dans nos négociations, donc on reste à risque pour
cette espèce vedette là.
• (17 h 20) •
Mme Tardif : O.K. J'entends
bien ce que vous dites, c'est que vous craignez que les zones intensives soient
priorisées par rapport aux autres zones. C'est ce que j'entends? Parce que vous
croyez qu'on va les exclure automatiquement, qu'on va tout exclure ça, mais un
n'empêche pas l'autre.
Le Président (M. Schneeberger) : ...on
n'a plus de temps. Alors... Merci beaucoup. Alors, nous allons maintenant du
côté de l'opposition officielle et... avec le député de Pontiac, pour huit
minutes 30.
M. Fortin :Merci, M. le Président. Bonjour à vous deux. Merci, merci
d'être là. Là, je veux juste continuer dans la même lignée parce que ça semble
être au cœur de votre préoccupation, là, puis, probablement, de la raison pour
laquelle vous vous êtes ici ce soir, là. Dans le fond, ce que vous nous dites,
c'est que la zone d'intensification, là, puis c'est... la députée parle
d'intensification de l'aménagement, mais ça vient avec une intensification
d'activités industrielles aussi, ce n'est pas compatible avec votre mandat.
Est-ce que je comprends bien?
M. Soucy (Martin) : Ça peut
mettre... Parce que, comme on ne connaît pas sur l'ensemble de la superficie
des réserves fauniques quelle va être l'attribution des trois types de zonage,
mettons qu'on prend... Si c'est 30 %, il y a un impact de y. Si c'est
moins, il y a moins d'impact. Nous, on privilégie le multi-usage pour être
capables de négocier, d'harmoniser les usages. Dans le cas de la foresterie
intensive, à ce stade-là, puis on est certains que le gouvernement va le
prendre en compte parce qu'on veut maintenir les retombées économiques,
l'importance de la forêt, comme il a été mentionné, mais également les
activités récréatives et de prélèvement, c'est plus cet élément là qu'on ne
sait pas à ce stade-là. Ça fait que nous, c'est un principe de précaution qu'on
vient mentionner, ne sachant quel pourcentage va être appliqué sur les 41 000
kilomètres de réserves fauniques.
M. Fortin :...puis que l'objectif général du gouvernement dans la
forêt publique, c'était d'avoir un 30 % pour ces activités intensives là.
Mais, je reviens, j'essaie de comprendre votre message spécifique, là.
C'est : Mettez-nous pas ou mettez-nous le moins possible dans cette zone
de production intensive là. Est-ce que c'est ça, votre message ce soir?
M. Soucy (Martin) : e
message, c'est : Si on veut, effectivement, maintenir la qualité puis le
magnifique réseau public qu'on a des réserves fauniques, bien, il faut avoir un
principe de précaution à l'application de la foresterie intensive dans une
réserve faunique.
M. Fortin :
S'il y a un principe de précaution, c'est parce qu'il y a un risque, donc,
si le gouvernement inclut une trop grande superficie, ou une partie importante,
ou même une partie, point, là, de réserve faunique, vous y voyez un risque à
être capable de poursuivre les activités dans le contexte que vous avez en ce
moment.
M. Soucy (Martin) : Bien, je
vous donne un exemple. Ça ne veut pas dire de les exclure totalement parce
qu'on a des zones qui ont eu déjà de la plantation. Ceux-là, s'ils sont dans un
zonage de zones prioritaires de la foresterie intensive, honnêtement, ça ne
posera pas de problème parce qu'ils sont déjà dans les endroits qui n'ont pas
d'impact sur la qualité visuelle, sur l'habitat faunique, sur les activités de
pêche et de chasse. Après, bien, je disais tantôt, le diable se cache dans les
détails, c'est comment l'ensemble du Québec va être réparti, étant que, je
répète, dans un parc national, c'est sûr qu'il n'y en aura pas. Dans une
réserve faunique, il n'y a pas de limite. Ça fait que c'est sûr que, si on veut
préserver... C'est une question d'équilibre. Puis, en même temps, tu sais,
j'aimerais ça vous dire : Pas chez nous, mais il y a plein de groupes qui
vont dire ça : Pas chez nous, là. Nous, ce qu'on veut, on... Il y a-tu
moyen de trouver le meilleur équilibre possible dès le départ, avant que les
zones soient déterminées? Puis ça ne veut pas dire qu'on les exclut totalement,
parce qu'il y a des endroits dans les réserves qu'effectivement il pourrait y
avoir le zonage intensif. On a essayé de mesurer. Si c'était appliqué...
disons, la carte est complète puis on applique 30 % dans les réserves
fauniques, quel impact ça peut avoir? Bien oui, il y en a un, impact. Mais on
pense qu'il y a moyen d'équilibrer tout ça. Donc, c'est un peu ça, le principe
de précaution.
M. Fortin :C'est un appel à...
M. Fortin :...s'asseoir avec des gens qui vont élaborer c'est quoi, la
zone intensive, elle est où, la zone intensive, pour dire : On a besoin de
travailler avec vous autres, pour dire : Ce bout-là de notre réserve, ça
fait du sens parce qu'elle est déjà en régénération, ou en repousse ou, peu
importe, là, et donc on peut la jardiner pour les 70 prochaines années, jusqu'à
tant qu'elle soit prête pour de la coupe, ça n'affectera pas nos activités
quotidiennes, là, par exemple.
M. Soucy (Martin) : Exact.
Moi, je vous dirais qu'à l'idéal, si on voulait dire : À long terme, on
a... on a deux grands réseaux de territoire au Québec, on a des parcs nationaux
de calibre... de calibre international, que tout le monde connaît, puis qu'on
veut avoir la même valeur pour les réserves fauniques, bien, déterminons-les
sur une carte. Puis, ceux-là, on sait qu'il faudra faire attention. C'est un
réseau public accessible à la population, tirage au sort. Pour nous, ce serait
l'idéal. Maintenant, c'est... c'est... On travaille ensemble pour arriver au
juste équilibre parce que... Mais on est tout à fait sensibles aux retombées
économiques de la foresterie en région, que c'est important, pas au même titre
que... je sais que les gens sont sensibles aux activités de chasse et pêche.
M. Fortin :Oui. Absolument. Puis il y a des... Un, il y a des
retombées économiques, vous les avez mentionnées d'entrée de jeu, là, de la
SEPAQ en région aussi. Alors, c'est... c'est de s'assurer qu'on le fait, dans
ce cas-là, correctement pour vous permettre de maintenir vos activités. Mais il
y a comme un... il y a un voyant rouge, là, j'espère que la partie
gouvernementale entend quand même dans vos propos. C'est-à-dire, si on ne le
fait pas correctement, si on ne fait pas le bon processus de consultation, si
on ne s'assoit pas ensemble, il risque d'y avoir un impact sur nos activités à
court et à long terme, là, quand même.
M. Soucy (Martin) : Puis, si
je peux me permettre, je veux confirmer qu'on sent que cette voix-là est
entendue, déjà, là, préalablement, oui.
M. Fortin :O.K. Ça va pour moi, M. le Président... des questions.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Trois
minutes.
Mme Dufour : Oui, merci, M.
le Président. Vous avez parlé... Puis, d'abord, je veux juste mentionner le
parc de la SEPAQ Anticosti, c'est absolument extraordinaire, pour avoir eu la
chance d'y aller avec la famille. C'est... c'est vraiment une merveille.
J'invite tous les collègues à y aller s'ils le peuvent. Vous avez parlé des
autres mesures de conservation efficaces qui permettraient de poursuivre la
consolidation des aires protégées tout en permettant la foresterie, donc la
récolte de bois. Peut-être nous parler davantage, là, de l'expérience vécue sur
le terrain avec cet outil-là.
M. Blais (Jean-Sébastien) : Bien,
écoutez, c'est sûr que les mesures de conservation... les autres mesures de
conservation ou même les zones de conservation, c'est... c'est des endroits où
est-ce qu'on peut quand même faire de la foresterie, là. Les autres mesures de
conservation, qui sont beaucoup plus souples, permettent d'avoir ce type
d'industries là dans nos secteurs. Donc, on est bien ouverts à en accueillir de
plus grandes... de plus grands secteurs, là. Je ne sais pas si je réponds à
votre question, là.
Mme Dufour : Mais je veux
juste comprendre. Actuellement, il y a de la récolte de bois qui se fait dans
des territoires de la SEPAQ?
M. Blais (Jean-Sébastien) : Oui,
oui, totalement.
M. Soucy (Martin) : Oui. Dans
les réserves fauniques, tout à fait, en multi-usage.
Mme Dufour : Oui. C'est ça.
Et comment ça se... tu sais, ça... sur le terrain, comment ça se passe, là?
M. Blais (Jean-Sébastien) : Ça
se passe par mesures de... On a des tables d'harmonisation, les tables GIRT.
Donc, sur le terrain, on a... il y a un regroupement de gens qui sont impactés
par les coupes forestières qui se regroupent. Je ne sais pas trop exactement la
récurrence. Mais les gens s'assoient puis ils voient les impacts de la
foresterie puis ils discutent pour savoir : Bon, on pourrait aménager ici,
on pourrait aménager là. On fonctionne comme ça. Donc c'est harmonisé. Et puis
on a... on a notre mot à dire sur les coupes qui sont prévues.
Mme Dufour : O.K. Donc, la
SEPAQ participe à la table. Et j'imagine que vous vous attendriez de participer
à une table de... régionale qui viendrait établir les zones où il pourrait y
avoir des coupes dans le futur.
M. Blais (Jean-Sébastien) : Exactement.
Mme Dufour : O.K. Je ne sais
pas combien de temps, M. le Président, il me reste.
Le Président (M. Schneeberger) : Une
minute.
Mme Dufour : Ah! il me reste
une minute. Il y a plusieurs groupes qui sont venus dire que, pour que le
principe de la triade fonctionne bien, il faudrait identifier en priorité la
désignation d'aires protégées avant les zones d'intensification. Est-ce que
vous partagez leur opinion?
M. Soucy (Martin) : Bien oui.
Tu sais, on peut commencer par là puis ensuite de ça... mais c'est la réponse
évidente, mais, en même temps, je sais que c'est beaucoup plus complexe dans
l'application... que vous posez comme question. Donc, il n'y aura pas... il n'y
a pas un scénario miracle, c'est... on commence par où, quelle région?
C'est certain que l'objectif de 30 %
en 20 ans... puis nos collègues avant disaient qu'en Allemagne, 40 %, donc
c'est tout à fait possible d'avoir une industrie forestière qui est structurée,
structurante puis qui amène des retombées économiques... ensemble, mais il y a
eu une détermination, effectivement, des aires protégées avant. Puis c'est
comme deux lois ou deux... dans le cas, c'est une intention aussi, qui va plus
loin, mais ça se fait en même temps, hein? Il faut apprendre... comment ils
disent ça, mâcher de la gomme en même temps qu'on marche? Donc, c'est un peu
ça, là, il faut faire les deux en parallèle, à notre avis.
Mme Dufour : Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, nous allons du côté de la deuxième opposition, et j'entends le député de
Laurier-Dorion pour 3min 28s.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Bonjour, M.. Merci beaucoup d'être...
M. Fontecilla : …avec nous.
Écoutez, j'aimerais aller d'emblée sous la question des… combien… quel impact ça
pourrait avoir, l'application du projet de loi tel qu'on… tel qu'il est
présenté sur vos activités, là? On sait qu'il y a une analyse d'impact
réglementaire, là, qui a conclu à 80 millions, je crois, là, d'impacts
positifs pour l'industrie forestière. Vous n'apparaissez pas dans cette… dans
cette étude-là, est-ce que vous avez effectué des analyses concernant l'impact
que ça pourrait avoir sur votre secteur d'activité?
M. Soucy (Martin) : Vous
voulez dire : L'impact de l'implantation des zonages?
M. Fontecilla : Tout à fait.
• (17 h 30) •
M. Soucy (Martin) : C'est sûr
que si on reste en multi-usages, donc, zones de conservation, il n'y aura pas
d'impact. Donc, ça va être… on va être capable de gérer, harmoniser les deux
usages. Bon, là, je ne cacherai pas qu'on s'est fait poser la question à
l'étude des crédits directement, ça fait qu'on l'a regardé, on estime que
30 % de zones prioritaires de foresterie intensive, ce serait un impact,
l'équivalent à peu près 20 % de nos revenus parce qu'on va avoir plus de
difficultés à pouvoir offrir, par exemple, le même cheptel d'orignal,
l'expérience de visite pour la pêche, et tout ça. Mais c'est virtuellement une
hypothèse seulement parce qu'on pense qu'effectivement on va être capable, dans
le cas des réserves fauniques, puis les discussions qu'on peut avoir à
l'implantation du futur régime, de pouvoir préserver ces éléments-là, mais
c'est l'équivalent de 20 %, là, qui 12,6 millions.
M. Fontecilla : Mais vous…
même si c'est hypothétique, vous pensez que ça peut avoir un impact quand même,
là?
M. Soucy (Martin) : Bien,
définitivement. C'est… je dis encore, choisir, c'est renoncer, la foresterie
intensive est moins compatible avec la pratique, les habitats, puis pour toutes
sortes de raisons d'aménagement. Mais encore là, c'est hypothétique. C'est au
maximum s'il y a 30 % qui est appliqué dans le cas des réserves faunique.
M. Fontecilla : Merci
beaucoup. Est-ce que… pensez vous que le projet de loi pourrait améliorer la
reconnaissance de la diversité des vocations de la forêt… de la forêt publique,
par exemple, qu'on pourrait aller plus loin, là, dans cette… dans la
reconnaissance de… justement de cette diversité d'usage, ou est-ce que ça…
est-ce que ce qui est là, ça vous paraît tout à fait suffisant?
M. Soucy (Martin) : Bien,
c'est une belle opportunité de le faire. En tout cas, en ayant
trois zonages, on peut effectivement reconnaître ce qui se passe déjà sur
le terrain puis ce qui peut avoir de la valeur dans les autres... par exemple,
les activités de plein air ou de... pour prélever... la chasse, la pêche, tout
ça. C'est une belle occasion, dans le fond, de se donner une vision du Québec
dans les prochaines années, puis d'arriver à dire : Bien, nous, on va être
un lieu où on va être capable de faire l'ensemble des activités puis optimiser,
dans le fond, les retombées économiques de l'ensemble des secteurs. Moi, je
pense qu'il y a une très belle opportunité en ce moment. C'est une définition à
très long terme de ce qu'est le Québec. Puis la forêt, au Québec, c'est
important. Donc, oui, moi, je pense que c'est une belle opportunité de le
faire.
M. Fontecilla : Il y a des
acteurs dans votre domaine d'activités qui déplore un manque de clarté
entourant le mécanisme pour intégrer le secteur récréotouristique, là. Est-ce
que vous partagez cet avis-là? Est-ce qu'on pourrait mieux codifier le
mécanisme de concertation, là, qui inclut... comprenant le secteur
récréotouristique?
M. Soucy (Martin) : Bien,
avec l'échange...
Le Président (M. Schneeberger) :
Très rapidement, très rapidement.
M. Soucy (Martin) : Avec les
chances qu'on a eues tantôt pour les zones de multi-usage, là, à ce moment-là,
on comprend qu'il va y avoir un mécanisme. Donc, ça, pour nous, c'est clair.
Puis on comprend aussi qu'on va y participer avec d'autres utilisateurs. Donc,
ça, là-dessus, on est rassurés.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup. Nous allons maintenant du côté du député de Matane-Matapédia
pour 2 min 28 s.
M.
Bérubé
:
Merci, M. le Président. Bienvenue. Vous avez parlé tout à l'heure des
conditions gagnantes pour l'orignal. J'en ai ajouté une : la lutte au
braconnage. Je suis le député de Matane. Réserve faunique de Matane. Vous savez
que je lutte contre le braconnage de façon intensive. Puis c'est dans votre
revue de presse depuis décembre dernier, donc je sais que vous le savez, mais
on a une responsabilité collective, ça fera l'objet de d'autres débats. Sur la
ressource originale, qui est intimement liée à la forêt, avez-vous des
inquiétudes sur la préservation de l'orignal? Tout à l'heure, vous sembliez
l'avoir indiqué. Si oui, quelle est cette source d'inquiétude?
M. Soucy (Martin) : Bien,
encore une fois, si la priorité... Dans les zones de foresterie plus intensive,
c'est sûr que la priorité, ce n'est pas de préserver l'habitat que cet animal
emblème là a besoin. Dans le multi-usage, là, à ce moment-là, ça va être...
c'est qu'on... ça va être considéré. Donc, l'inquiétude est vraiment à l'égard
de la foresterie intensive, où là, dans le fond, la priorité, c'est... puis on
le comprend, là, c'est d'enlever le plus de contraintes possible aux
forestiers, dans une perspective économique, puis ça, on le comprend tout à
fait.
M.
Bérubé
: Les
conflits d'usage.
M. Soucy (Martin) : Oui.
Bien, dans le fond, l'usage prioritaire sera la foresterie...
17 h 30 (version non révisée)
M. Soucy (Martin) : ...l'usage
prioritaire sera la foresterie. On comprend cet élément-là. Nous, ce qu'on dit,
c'est : appliqué dans un lieu de chasse et de pêche. Bien là, à ce
moment-là, le multi-usage permet de venir mieux harmoniser.
M. Bérubé : Est-ce qu'il y a
un élément du projet de loi qui serait à améliorer? Avez-vous le droit de le
dire?
M. Soucy (Martin) : Oui.
Bien, moi, dans le fond, je le répète, c'est... Le projet de loi de la façon qu'il
est articulé va permettre d'amener la foresterie ailleurs...
M. Bérubé : En tout respect,
ce n'est pas ma question. Est-ce qu'il y a quelque chose à améliorer?
M. Soucy (Martin) : Bien, c'est
parce que c'est dans l'application que ça va... C'est l'exécution, dans le
fond, qui va faire la différence.
M. Bérubé : Avez-vous été
consultés?
M. Soucy (Martin) : Tout à
fait.
M. Bérubé : De quelle façon?
M. Soucy (Martin) : Bien, on
a été consultés via le ministère des Ressources naturelles.
M. Bérubé : O.K. Avez-vous
fait des recommandations qui n'ont pas été retenues?
M. Soucy (Martin) : as jusqu'à
maintenant.
M. Bérubé : Donc, toutes les
recommandations, dans le cadre de la consultation que vous avez faite, ont été
retenues?
M. Soucy (Martin) : Encore
une fois, ce sera dans l'application du projet de loi par la suite.
M. Bérubé : Avez-vous
objection à nous partager ce que vous avez soumis à la ministre pour cette
consultation-là?
M. Soucy (Martin) : ien, tout
à fait, ça va exactement dans le sens de ce qu'on vient de mentionner là. Oui,
oui, il n'y aurait pas de...
M. Bérubé : Pas d'autre
question, M. le Président. On consigne qu'on va obtenir ce document-là. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : C'est
bon? Alors, merci beaucoup. Alors, merci beaucoup à vous deux pour l'apport à
la commission.
Nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 36)
(Reprise à 17 h 39)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Nous recevons le prochain groupe qui est la Société
pour la nature et les parcs, Québec. Alors, directeur général, M. Alain
Branchaud...
Le Président (M. Schneeberger) : ...directeur
de conservation et climat, M. Nicolas Mainville, et nous avons, en
visioconférence, M. Pier-Olivier Boudreault, directeur de la conservation.
Bonjour à vous trois. Alors, comme les autres, précédemment, vous avez 10
minutes pour faire votre exposé et, par la suite, une période d'échange.
M. Branchaud (Alain) : M. le
Président, Mme la ministre, membres de la commission, mes salutations. La
SNAP-Québec a pour mission de rendre la nature protégée, aimée et accessible
dans chaque région et pour 1000 générations. Nous œuvrons principalement à
soutenir la protection du territoire public, tant terrestre que marin, et à
influencer les politiques publiques touchant la biodiversité. Nous sommes un
groupe porteur de solutions basées sur la science, de même que sur les savoirs
autochtones et locaux.
Depuis son dépôt, à la fin du mois
d'avril, le projet de loi no 97 a été vivement dénoncé par les Premières
Nations, les syndicats des travailleurs forestiers, les groupes
environnementaux, les scientifiques et les utilisateurs du territoire public.
D'entrée de jeu, nous souhaitons informer la commission que nous ne sommes pas
contre une réforme du régime forestier ni contre une réforme inspirée du
concept de la triade. Nous tenons également à souligner que la SNAP-Québec se
soucie de l'avenir de nos travailleurs et travailleuses du milieu forestier.
• (17 h 40) •
Pour assurer une réforme du régime
forestier permettant d'atteindre ses objectifs socioéconomiques et de garantir
la paix sociale, nous demandons au gouvernement de retirer le projet de loi no
97 et de revenir à l'automne avec une version plus consensuelle et qui repose
davantage sur la science. On voit partout dans le monde des gouvernements mener
une guerre idéologique contre la science, certains allant jusqu'à couper le
financement d'universités prestigieuses. N'est-il pas aussi dramatique et
incohérent de voir un État investir des sommes considérables dans la science de
la forêt et de la biodiversité, mais ignorer l'avis des scientifiques quand
vient le temps de développer ses politiques publiques? Si la commission cherche
des faits à cet égard, nous vous invitons à lire les prises de position
publiées aujourd'hui dans les médias.
L'actuel projet de loi est dangereux pour
l'avenir de la forêt et constitue un retour en arrière inconcevable en matière
de gestion de nos forêts publiques. Le projet de loi met en péril d'autres
missions de l'État, notamment l'engagement du gouvernement du Québec de
protéger et conserver 30 % de son territoire d'ici 2030. Le projet de loi
est une illustration claire du travail en silos, du manque de cohérence et de
cohésion dans l'action gouvernementale en matière de protection du territoire,
un fait dénoncé récemment par la Commissaire au développement durable.
Nous joignons notre voix au syndicat du
secteur forestier pour demander une nouvelle politique forestière industrielle
qui mise sur la valeur ajoutée des produits du bois pour demander la création
d'un bureau de transition forestière et d'un fonds de transition pour
accompagner les travailleurs et entreprises touchés par des mesures de
conservation ou par les aléas du marché du bois.
Voici rapidement quelques recommandations qui sont
tirées de notre mémoire. La SNAP n'est pas opposée à une forme de zonage de la
forêt publique qui aurait pour résultat d'assurer davantage de prévisibilité et
aussi la protection du territoire, mais encore faut-il que ce soit fait comme
il faut. Le principe de la triade nécessite une planification écologique du
territoire. Cela veut dire qu'il faut impérativement faire une évaluation des
zones importantes pour la biodiversité et des écosystèmes essentiels avant de
désigner des zones prioritaires pour la foresterie. Concrètement, la
SNAP-Québec demande à ce que les territoires nécessaires à l'atteinte des
objectifs pour protéger 30 % du territoire soient identifiés et mis à
l'abri avant de désigner les zones prioritaires pour la foresterie.
M. Mainville (Nicolas) : Je
vais continuer. Bonjour, tout le monde. Donc, parmi les autres éléments du
projet de loi qu'on considère comme des reculs inconcevables, parlons du Plan
Nord. En termes de cibles de conservation, la SNAP-Québec dénonce le fait que
le projet de loi prévoit le retrait de l'engagement de consacrer 50 % du
territoire du Plan Nord à des fins autres qu'industrielles en modifiant la Loi
sur la Société du Plan Nord. En ouvrant la porte à des interventions
industrielles dans les territoires de conservation, le projet de loi va à
l'encontre des principes de conservation à l'international et des dernières
recommandations de la Commissaire au développement durable, qui, justement,
appelait le gouvernement à augmenter les efforts de conservation dans les
territoires nordiques.
Sur cette idée de donner des zones
prioritaires à la foresterie, si un jour elle se concrétise dans peut-être une
nouvelle mouture du projet de loi, il s'agirait d'un changement majeur de
vocation du territoire. Donc, le processus de désignation des zones
prioritaires à la foresterie devrait être aussi robuste que la désignation
d'aire protégée. C'est pour ça que cette désignation, selon nous, devrait être
assujettie à une consultation publique dirigée par le Bureau d'audiences
publiques en environnement et surtout naître d'une décision gouvernementale, au
même titre que la désignation d'une aire protégée...
M. Mainville (Nicolas) : ...Sur
l'enjeu de planification des consultations sur les opérations forestières, la
SNAP-Québec ajoute sa voix aux multiples acteurs du milieu forestier qui
dénoncent la carte blanche offerte à l'industrie forestière, en lui redonnant
la planification forestière opérationnelle, et en lui confiant la
responsabilité des consultations publiques à ce niveau. C'est le loup qui garde
la bergerie. Nous ne... On s'est dotés d'un régime forestier, en 2013, où
l'État est imputable face à la gestion de nos forêts publiques. Nous ne faisons
pas un virage à 180 degrés. Pour assurer, en fait, une acceptabilité
sociale et la confiance du public, le gouvernement ne devrait surtout pas se
déresponsabiliser à ce niveau. Il s'agirait d'un recul monumental, qui nous
ramène à l'ère avant la commission Coulombe.
Par rapport à l'enjeu climatique, on se
rappelle, hein, ça a été l'élément déclencheur de cette réforme du régime
forestier, avec la saison des feux sans précédent de 2023. Mais, outre quelques
mentions rapides dans le projet de loi, la crise climatique et les outils pour
y faire face ne semblent pas avoir été intégrés dans le projet de loi.
Pourtant, nos forêts publiques jouent un rôle sans précédent pour atténuer les
changements climatiques, et leur résilience face à ces changements est d'une
importance capitale. Moderniser le régime forestier veut dire de mettre en
place un aménagement forestier qui tient compte des changements à venir et qui
assure de maintenir la résilience de nos forêts.
Et, justement, qu'est-ce que nous dit la
science par rapport au maintien de la résilience des forêts? Bien, en fait, le
meilleur outil qu'on a pour assurer cette résilience, c'est la diversité. Ici,
le mot... le mot clé, là, c'est la diversité. Donc, pour faire face à la crise
climatique, le cœur de la réforme doit être basé sur le maintien de la
diversité en forêt. Diversité biologique, oui, hein, diversité des espèces, des
essences, diversité génétique des arbres, mais aussi la diversité des structures
d'âges, diversité des pratiques, diversité des acteurs du milieu. Donc,
simplifier nos forêts, les rendre de plus en plus vulnérables aux changements,
donc ignorer l'importance de la diversité, serait de scier la branche sur
laquelle tout le secteur forestier repose.
Il est aussi important de reconnaître la
réelle empreinte climatique du secteur forestier. Couper nos forêts publiques
diminue drastiquement leurs stocks de carbone. Si le bois peut jouer un rôle
important pour remplacer du béton ou de l'acier dans certains... dans certaines
conditions, il faut aussi reconnaître que ce bois représente moins du quart du
carbone contenu dans les arbres. Le bilan carbone des produits forestiers sur
l'ensemble de leur cycle de vie implique d'importantes émissions de gaz à effet
de serre, entre autres, lors de la fin de vie de ces produits. Mais le Québec,
encore aujourd'hui, ne comptabilise pas ses émissions de gaz à effet de serre.
Au même titre que les autres secteurs industriels, nous considérant... nous considérons
que le bilan climatique du secteur forestier devrait être comptabilisé, de
façon à encourager les bonnes pratiques forestières et la mise en valeur des
produits du bois de longue durée.
Je vais passer la parole à mon collègue.
M. Branchaud (Alain) : La
SNAP-Québec travaille avec plusieurs partenaires autochtones, et nous
souhaitons faire écho aux Premières Nations qui ont vivement dénoncé autant le
processus qui a mené au dépôt du projet de loi n° 97
que son contenu. Une réelle consultation... Une réelle consultation des
Premières Nations, qui tient compte du principe de consentement préalable,
libre et éclairé, est essentielle si le gouvernement souhaite régler l'enjeu
forestier. Il faut une écoute beaucoup plus attentive de la part du gouvernement,
notamment face aux différentes visions et valeurs accordées à la forêt, qui
représentent beaucoup plus que des volumes de bois. Nous allons conclure en
réitérant qu'il est crucial que l'aménagement forestier et la sylviculture au
Québec soient basés sur la science et sur les meilleures connaissances
disponibles, incluant le... incluant le savoir des peuples autochtones. Il faut
miser sur la science autant pour vérifier l'impact de nos pratiques sur les
écosystèmes forestiers que pour avoir l'heure juste sur les bénéfices réels que
la foresterie apporte au niveau économique ou l'efficacité de nos
investissements sylvicoles, assurer la cohérence entre les différents choix
politiques et cibles mises en place par le gouvernement. Finalement, nous ramenons
de l'avant l'idée de créer un observatoire indépendant de la forêt publique qui
pourrait avoir pour mandat la réalisation d'un bilan quinquennal d'aménagement
durable des forêts, la réalisation d'études socioéconomiques sur les différents
usages de la forêt. Son rôle serait complémentaire à celui du Bureau du
forestier en chef, et des institutions comme le Centre d'études sur la forêt
pourraient être mises à profit pour établir cet observatoire. Nous vous
invitons à consulter les 21 recommandations de notre mémoire et nous
attirons votre attention sur le fait qu'on a amené un caribou comme
observateur. Un peu comme la chaise des générations, on pense que cette
espèce-là aurait droit de parole sur l'étude de ce projet de loi. Merci de
votre écoute.
Le Président
(M. Schneeberger) : Merci beaucoup. Alors, nous allons débuter
une période d'échange avec la ministre. Vous avez un temps de
13 min 30 s.
Mme Blanchette Vézina :
Par où commencer? Écoutez. À vous entendre, j'ai l'impression, là, qu'en ce
moment, c'est le capharnaüm qu'on redonne des clés à une industrie...
Mme Blanchette Vézina :
...c'est qu'il y a des pratiques qui sont épouvantables alors qu'elles sont
reconnues comme étant bonnes à travers le monde. On a une grande partie du
territoire qui est certifiée FSC. Les certifications, si c'était si terrible,
ça ne serait pas ça, la situation.
Ceci étant, vous nommez quelques éléments
que je pense qu'il est important de rappeler. Ce n'est pas parce que vous
n'êtes pas d'accord avec les moyens qu'on utilise. Ça, on peut en débattre, que
vous pouvez indiquer à tort qu'il n'y a pas eu de consultation, qu'il n'y a pas
eu de prise... d'occasion à laquelle vous avez pu participer, notamment parce
qu'on s'est vus à quelques reprises, mes équipes vous ont rencontré, mais ce
n'est pas parce que vous n'êtes pas d'accord avec les moyens utilisés qu'il n'y
a pas eu de consultation, premièrement. Je pense que vous avez reçu aussi du
financement de 9 millions de dollars de mon collègue de l'Environnement
pour établir des aires protégées. Ça fait que, peut-être rassurer tout le monde
ici, là, il y a du travail qui se fait en matière de désignation des mesures de
conservation par mon collègue, mais j'y adhère totalement et elles se font en
parallèle, et on a convenu, et ce sera ça, la situation. Et c'est pour ça aussi
que vous êtes partie prenante de la discussion, de regarder réellement
concrètement quels seront les bons territoires à protéger, mais aussi pour
conserver des emplois.
• (17 h 50) •
Sur les choses sur lesquelles on n'est pas
d'accord également, mais moi, je n'abandonnerai pas la filière forestière puis
notre gouvernement n'abandonnera pas les régions forestières, c'est certain, je
vous entends parler de transition, de bureau de transition de... Pour moi, ça
veut dire que vous sacrifiez des emplois dans nos régions avec des ressources
naturelles qui sont importantes. Puis, pour nous, on veut trouver l'équilibre
entre la conservation et les activités économiques. Et c'est pour ça qu'on fait
le projet de loi. Ça fait que, sur les moyens, je comprends qu'on ne s'entende
pas, et probablement qu'on ne s'entendra pas, mais je pense qu'il faut rétablir
les faits ici. Puis je comprends que vous n'êtes pas d'accord avec les
résultats, peut-être, mais sur les consultations, vous avez participé aux
tables de réflexion sur l'avenir de la forêt. On vous a consultés aussi ensuite
également, puis on a consulté les Premières Nations. Rappelons aussi qu'il y a
une table nationale de haut niveau qui a été créée, sur laquelle on travaille
en amont. C'est des avancées importantes dans le projet de loi pour les
Premières Nations. Ça fait qu'on tient compte de leurs droits. C'est primordial
pour nous.
Vous parlez d'un recul à avant la
commission Coulombe. Moi, je vous parle de regarder en avant parce que la
filière forestière, elle fait partie, selon le GIEC, et vous le savez, en fait,
le produit du bois fait partie des solutions de décarbonation de notre
économie, auxquelles on croit et on adhère. Construction en bois égale
réduction des GES dans nos bâtiments. Ça, vous le savez. Ça fait que, pour
nous, il est important de faire une place à cette industrie qui est importante,
importante dans la décarbonation, mais importante d'un point de vue économique
aussi.
Avant la commission, il n'y avait pas...
il n'y avait pas de forestier en chef qui surveillait la capacité de nos
forêts. On a ça maintenant, et il va demeurer, et on lui donne même des outils
supplémentaires. Ça fait qu'on peut partir sur des bases, je pense, qui sont
plus véridiques pour parler des enjeux puis des... du positif dans le sens où
de la... de pouvoir entendre vos propositions d'amélioration. Moi, je suis très
ouverte à les entendre, et d'ailleurs on est en consultation particulière en ce
moment. Le projet de loi ne sera pas retiré, par contre, on peut travailler cet
été effectivement parce que l'étude détaillée va se faire à l'automne. Donc ça
nous laisse du temps pour regarder s'il y a des améliorations à apporter, puis
je suis ouverte à le faire, mais en partant des bonnes bases. Ça fait que je
pense qu'aujourd'hui on peut commencer avec ces bases-là, puis c'est un peu
aussi en ce sens là que mes remarques préliminaires étaient, c'est-à-dire au
lieu de faire peur aux citoyens parce qu'on transmet des informations qui ne
sont pas la réalité, bien, je pense qu'il faut partir de ce qu'on a, puis
construire. Puis, moi, je suis très ouverte à travailler en collaboration, mais
je pense qu'il faut faire attention à ne pas véhiculer des faussetés en ce
moment.
Alors, ceci étant dit, vous mentionnez,
là, dans votre mémoire, que vous critiquez, dans le fond, les zones
d'aménagement forestier prioritaire. Vous pourriez... Vous proposez plutôt de
les limiter de 5 % à 10 % sur le pourcentage. Je pense que, tu sais,
il y a une réflexion à avoir, mais à aucun moment, dans votre mémoire, vous ne
fournissez d'évaluation chiffrée des impacts de vos recommandations. Puis vous
le mentionnez, là, d'ailleurs qu'il y avait une analyse à être fait, mais sur
les emplois, sur les revenus aussi pour les régions de faire une transition, tu
sais, si vous souhaitez qu'on fasse de la conservation, quelles sont les
propositions que vous amenez qui permettraient réellement de garder encore les
fonctions économiques liées aux ressources naturelles dans une volonté aussi
d'utiliser le bois dans la transition énergétique?
M. Branchaud (Alain) :
Bien, d'abord et avant tout, une réaction. Il y a une grande dissonance entre
les propos qu'on tient publiquement, notre mémoire, ce qui est rapporté dans
les médias et le montant qu'on a reçu aussi au niveau de la mise en place
d'aires protégées et ce que vous avez dit. Donc, il y a certainement des faits
à rétablir de ce côté-là aussi. On a d'emblée...
M. Branchaud (Alain) :
...dans notre introduction ont mentionné des bureaux de transition, puis le
développement d'une politique sur la diversification des produits du bois. Donc
ça, c'est des solutions concrètes qui vont dans le sens de ce que vous
souhaitez. Sur principalement l'idée de retirer le projet de loi, nous, on
pense à juste titre et c'est ce qu'on constate dans la société, ce n'est pas
nous qui fomentons une révolte autour de ça, qu'il y a une trop grande
différence entre le projet de loi, il est trop gris, et ce qui pourrait nous
amener à un projet consensuel où on pourrait travailler sur un projet de loi.
Donc, cette commission-ci peut amener des idées pour bonifier un futur projet
de loi, mais on pense vraiment qu'on devrait retirer ce projet de loi là. On
persiste et signe sur cet élément-là. Sur les solutions concrètes au niveau de
la conservation, je passerai la parole, peut-être, à mon collègue Pier-Olivier
Boudreault, qui est en ligne.
M. Boudreault
(Pier-Olivier) : Oui. Merci. Merci de l'opportunité de participer à distance.
Bonjour à tous les membres de la commission. Je veux réitérer quelque chose
d'important, c'est que j'étais pour... pour la SNAP-Québec, présent au sommet
la semaine passée, le 20 mai à Chicoutimi. Et puis moi, ce que j'ai
entendu de la part de tous les acteurs, c'est que les gens ne se sont pas
sentis écoutés. On a dû cosigner des ententes de confidentialité à travers le
processus de consultation. Puis ce qu'il manque au niveau de ce projet de loi
là, puis du processus, on va dire, c'est un dialogue social. Puis c'est pour ça
qu'on salue la volonté, puis l'initiative des organisations syndicales de
mettre de l'avant ce dialogue social là, de proposer des solutions. Puis on en
a intégré quelques-unes dans notre... dans notre mémoire d'ailleurs, puis on
continue les discussions avec les syndicats pour trouver des solutions. On
n'est pas un groupe qui est contre la foresterie, on n'est pas contre le
développement économique puis l'importance de la filière du bois.
Ce qu'on est en train de dire c'est que le
projet de loi, comme il est construit actuellement, il vient mettre en péril,
il vient faire des reculs importants sur tout ce qui est le processus de
consultation de nos forêts publiques qui est un bien public. Le fait d'enlever
les PAFIRS, ça a été mentionné plusieurs fois dans la commission aujourd'hui,
le fait que c'est l'industrie qui va faire les consultations publiques dans les
zones multi-usages, c'est des reculs super importants qui vont faire en sorte
que les gens ne se sentent pas écoutés. Vous savez, la SNAP, nous, on travaille
avec des groupes citoyens, on travaille avec des communautés autochtones, des
collègues l'ont dit, avec des utilisateurs du territoire. Puis ce qu'on entend,
c'est que les gens ne se sentent pas écoutés dans le processus de consultation
de la planification forestière actuellement. Est-ce que ça veut dire qu'il faut
jeter le bébé avec l'eau du bain? Nous, on pense que non. On pense que les
PAFIRS doivent être maintenus, doivent être bonifiés. Il y a des... Il y a des
acteurs qui sont partis puis ont parlé aussi de sociétés d'aménagement
forestier. Je ne sais pas si ça a été mentionné. C'est des choses qu'on amène
aussi dans notre mémoire, mais ce qu'il faut faire, c'est vraiment remettre la
consultation du public au cœur de ce régime forestier là, puis la bonifier au
lieu de reculer en arrière, puis reconfier, là, des responsabilités super
importantes à l'industrie forestière.
Je veux juste faire un petit point très
rapide sur le processus de désignation des aires protégées. Vous savez que
notre pain et notre beurre, nous, SNAP, le... Je vais y aller avec l'image deux
poids, deux mesures, je pense que tout le monde va bien comprendre, la création
d'une aire protégée, c'est un grand changement de vocation de territoire. C'est
la même chose pour une zone de foresterie intensive. Il faut que les processus
qui visent à établir ces deux vocations de territoire là soient équivalents,
qu'ils soient aussi robustes l'un que l'autre. Ce n'est pas ce qui est prévu,
malheureusement, actuellement dans le projet de loi là.
Mme Blanchette Vézina :
Merci. En fait, je sais qu'il y avait une... J'ai des gens qui étaient
présents, là, de mon équipe lors du sommet, là. Il était notamment mentionné
d'avoir une stratégie industrielle, une politique industrielle. C'est quelque
chose que vous avez nommé aussi, là, et vous avez probablement vu que, dans le
budget, il y a des sommes qui sont allouées à améliorer le contexte d'affaires,
là. Je ne sais plus exactement la définition, là, qui était dans le budget.
Mais sachez que j'y travaille, là, en parallèle. Ça fait que je tiens à
rassurer... à vous rassurer, mais à rassurer tous ceux qui peuvent nous écouter
en ce moment, là. C'est ce sur quoi je travaille. J'ai annoncé récemment des
sommes dans le programme Innovation Bois qui a permis des gains de
productivité, là, pour la filière forestière dans les dernières années, donc,
un financement encore, mais d'autres mesures sont en place pour créer plus de
valeur avec moins, notamment une étude qui a été faite en collaboration et qui
est en train d'être faite en collaboration avec le CUFQ pour utiliser le bois
de déconstruction, donc, l'approvisionnement également dans ce qui est du bois
de construction, mais qui pourrait aller aux sites d'enfouissement. Donc, on
veut valoriser au maximum ce qui est récolté et éviter d'enfouir ce qui
pourrait aller à l'enfouissement en ce moment pour que ça serve aussi
d'approvisionnement pour la filière forestière. Ça fait qu'on... Sachez qu'on a
des intérêts communs. Est-ce qu'on s'entend sur les moyens? Peut-être pas, mais
moi, je souhaite améliorer aussi le bilan carbone du secteur forestier. Puis le
bilan économique aussi du secteur forestier, pour moi, il est important...
Mme Blanchette Vézina : ...mais
c'est fait notamment parce qu'on souhaite atteindre également les cibles de
conservation, là, qui sont gouvernementales, là. Donc, ce n'est pas, ce n'est
pas juste mon collègue de l'Environnement qui croit puis qui met des mesures en
place pour y arriver, je suis également... et j'appuie également ses démarches
parce que... Puis, en fait, l'objectif d'améliorer la cohabitation ou de faire
un zonage, c'est aussi pour pouvoir se... en fait, c'est beaucoup pour pouvoir
se permettre de faire... de faire la protection du territoire, d'atteindre
encore des vocations économiques dans nos régions.
Je pense que j'ai des collègues qui
voulaient intervenir, là, avant qu'on termine le temps.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
oui, il n'y a pas de... Il reste 2 min 30 s.
Mme Blanchette Vézina : Peut-être
collègue de Lac-Saint-Jean?
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Lac-Saint-Jean.
• (18 heures) •
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Bien,
merci, merci, M. le Président. Bonjour à vous trois, bonjour, bonjour.
Écoutez, vous connaissez sûrement mon
engagement profond dans les communautés forestières. Je viens du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, la plus grande région forestière du Québec, avec un
écosystème très complexe, hein? C'est très, très complexe, la filière
forestière. C'est le premier secteur d'activité en termes d'emplois chez moi,
le premier secteur en termes de retombées économiques, avec toutes les autres
retombées économiques que ça engendre aussi. Parce qu'on a un avantage puis on
profite aussi de l'activité forestière parce que ça nous donne accès à un
territoire immense, un grand... un grand terrain de jeu. Donc, vous comprendrez
que je ne partage pas nécessairement les mêmes points de vue que vous parce que
je sais qu'il se fait beaucoup de choses en foresterie.
Puis vous parlez de deuxième et troisième
transformation. Poussez un peu plus. Avez-vous des exemples concrets de ce qui
se fait en foresterie en deuxième et troisième transformation du bois?
M. Branchaud (Alain) : On a
rencontré récemment justement les gens de Chantiers Chibougamau. On est allés à
leur centre de développement nordique à Montréal. On a pu voir justement ce qui
se faisait à cet égard-là. Puis, la possibilité de faire de la construction, on
nous disait que maintenant c'était possible de construire des bâtiments jusqu'à
18... 18 étages seulement avec des structures de bois. C'est vraiment
intéressant comme... Et là, on voit qu'il y a vraiment une valorisation
possible avec le type de bois qu'on peut rencontrer dans nos forêts publiques,
donc...
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Avez-vous
d'autres exemples?
M. Branchaud (Alain) : Bien,
c'en est un que j'en, là. Mais...
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Il
se fait du biochar aussi. Donc, on développe, avec des résidus de bois, du
biochar qui est utilisé, qui va être développé pour justement entre autres de
venir capter, entre autres, tout l'aspect de l'eau dans les champs et qui
apporte aussi une fertilisation.
Êtes-vous au courant aussi qu'il y a du
biodiesel qui se fait, une usine de biodiesel, de biocarburant? On a aussi des
usines de deuxième, transformation, entre autres chez moi, qui font de la
poutrelle. Donc, tu sais, c'est... c'est intéressant quand on pousse vraiment
parce qu'en fait il y a un équilibre, tu sais. Aussi on utilise tous les
copeaux de bois pour faire la filière papier, qui est important. Il y a des
avancées majeures et il y a une volonté incroyable de la filière forestière de
faire de la deuxième et troisième transformation. C'est important de le
mentionner.
Le Président (M. Schneeberger) : En
terminant.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Puis
j'aurais aimé vous entendre aussi sur les changements climatiques versus ce que
M. notre regretté Claude Villeneuve, professeur à l'UQAC, avait avancé
là-dessus.
Le Président (M. Schneeberger) : M.
le député, on... tout le temps finit.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous allons du côté de l'opposition officielle, et j'entends le député de
Pontiac.
M. Fortin :Oui, merci, merci, M. le Président. Bonjour à vous. Vous
allez me permettre de prendre une petite minute, là. Puis ça ne vous concerne
pas. Je m'excuse de prendre du temps avec vous pour le faire, là. Mais juste
peut-être m'adresser à la ministre quelques instants, là. Il y a... C'est comme
si... C'est comme s'il fallait être soit aveuglément d'accord avec le projet de
loi, à 100 %, ou encore on est contre le développement de l'industrie
forestière. Puis je pense qu'il y a quand même... il y a quand même des
limites, là, à ce que ce là... ce que la ministre avance.
Moi, j'y ai été, à Chicoutimi, la semaine
dernière, comme certains membres de votre équipe, Mme la ministre. Puis la
fameuse certification FSC à laquelle vous faites référence, moi, j'ai entendu
le responsable de la certification FSC au Québec dire : Ish! Je ne suis
pas sûr qu'avec ce projet de loi là, on peut la maintenir, je ne suis pas sûr
que c'est compatible. Alors, il y a quand même des éléments qui ont besoin
d'être revus dans le projet de loi pour s'assurer... pour s'assurer qu'on
maintient certains des acquis qu'on a, tant pour l'industrie que pour tout le
monde d'autre qui est impliqué dans la forêt publique.
Le... Là, si je vous comprends bien, là...
Non. En fait, je vais vous poser la question de façon plus ouverte, là :
Pourquoi vous nous dites que le projet de loi compromet la cible de 30 %
de conservation et réduit l'espace pour les aires protégées, là? Parce que moi,
je vous avoue que je ne l'ai pas compris comme ça. J'ai juste besoin de
comprendre votre point de vue là...
18 h (version non révisée)
M. Fortin :
…moi… est-ce que la ministre va un peu vite à dire : On a besoin de
30 % de zones prioritaires tout de suite. Et on a entendu des gens un peu
plus tôt nous dire : Regarde, on peut y aller progressivement, on n'a pas
besoin de faire ça tout de suite comme ça. Mais le lien que j'ai plus de
difficultés à comprendre, c'est comment on compromet le 30 % d'aires protégées
en ayant des zones peut-être prioritaires d'intensification.
M. Branchaud (Alain) : La
science est assez claire, les essais qui ont été faits au niveau de la mise en
place de la triade, on ne l'appelle pas comme ça dans le projet de loi, mais c'est
ce sur quoi ça a été inspiré, les plusieurs intervenants l'ont dit, si on veut
vraiment atteindre nos objectifs de conservation, il faut d'abord identifier et
ensuite protéger les territoires pour l'atteinte de ces cibles-là et ensuite
penser à mettre en place les mécanismes. Le projet de loi ne prévoit rien dans
ce sens-là. Il n'y a rien qui permette de garantir qu'on va s'assurer d'identifier
correctement les territoires et qu'on va les protéger avant d'identifier les
zones de protection, ce qui fait du sens.
Puis en ce moment même, avec le régime
actuel, on a lancé un appel à projets au niveau du gouvernement du Québec, c'est
un succès monstre. Il y a 411 propositions qui sont à l'étude en ce
moment, mais plusieurs d'entre elles en ce moment sont menacées parce qu'il y a
un régime forestier qui pousse pour aller couper aux endroits où on a identifié
des territoires pour la protection.
M. Fortin :Mais comment… comment vous pouvez dire ça? Comment vous le
savez que le régime porestier… forestier pousse pour aller faire des travaux
dans des zones identifiées? Le fameux 30 % de territoire, là, on ne l'a
pas vu personne, là, jusqu'à maintenant.
M. Branchaud (Alain) : On peut
fournir à la Commission et sur demande, des dizaines d'exemples de dossiers
actuellement, de propositions qui ont été déposées dans le cadre de l'appel à
projets et qui font l'objet maintenant de plans de coupes pour l'année… pour l'été 2025,
pour l'été 2026, pour l'été 2027. Les… Ces projets-là d'aires
protégées vont être mis à l'abri, donc seulement en 2027, donc entre 2027 et
maintenant, il y a plein de territoires pour lesquels on a des attributs qu'on
souhaiterait protéger, qui vont disparaître.
M. Fortin :O.K., mais ça a quoi à voir avec le projet de loi? Je ne suis
pas en désaccord avec ce que vous dites, là, en fait, je suis convaincu que je
suis convaincu que c'est vrai… je suis convaincu que c'est vrai ce que vous
dites, qu'il y a des territoires qui sont… qui ont été l'objet de demandes d'aires
protégées pour lesquelles il y a des coupes prévues. Je n'en ai aucun doute.
Mais qu'est-ce que le projet de loi a à voir là-dedans?
M. Branchaud (Alain) : Donc,
le projet de loi et les documents afférents qui étaient disponibles montrent qu'on
veut mettre 30 % de zones prioritaires à la foresterie dans tout le
Québec. C'est sûr que ça va venir affecter la… il va y avoir une compétition
entre les sites qu'on veut identifier comme… qu'on a identifié qu'on veut
protéger. Et ces sites-là, il y a une… Il y a une convergence entre des forêts
matures qu'on souhaite protéger pour la biodiversité et des forêts matures qu'on
souhaite couper pour la foresterie.
M. Fortin :
Bien, donc, vous, votre point de vue là-dessus, c'est protéger des territoires
d'intérêts puis après ça, trouver votre 30 % ailleurs, si vous allez à
30 %, là.
M. Branchaud (Alain) : Bien, déjà
en partant le 30 %, on considère que c'est exagéré. On l'identifie…
M. Fortin :
Oui, d'accord, mais après ça identifier les zones d'intensification
prioritaires.
M. Branchaud (Alain) : Oui,
puis ce matin dans les journaux, les scientifiques qui ont réfléchi et qui ont
développé le concept de la triade le disent clairement que c'est la séquence qu'on
veut avoir pour atteindre les deux objectifs. Et, encore une fois, la SNAP-Québec
n'est pas contre la foresterie, mais on pense que le projet de loi tel qu'il
est formulé menace la foresterie, menace la forêt, menace l'atteinte des
objectifs qu'on souhaite atteindre au niveau socio-économique.
M. Fortin :
Non, non, puis je vous ai entendu d'entrée de jeu dire que vous n'êtes pas
contre la triade, là, un peu comme le chercheur qu'on a vu dans le journal ce
matin, un chercheur de l'UQO, qu'on a vu dans le journal ce matin. Je… ce
bout-là, on l'a entendu… on l'entendu clairement.
M. Boudreault (Pier-Olivier) :
Peut-être en Complément, si vous permettez, M. Fortin.
M. Fortin :Bien sûr.
M. Boudreault (Pier-Olivier) :
Tu sais, un des éléments importants dans la triade, dans le concept de la
triade, je ne sais pas si vous savez, en Haute-Mauricie, qui est le projet
phare de Triade au Québec, combien qu'il y a de partenaires impliqués, il y a
158 partenaires dans le projet de la triade en Mauricie, c'est énorme. Puis
,quand on dit que le projet de loi vient saborder les processus de
consultation, les processus de médiation autour de la forêt, tu sais, c'est
compliqué les dossiers forestiers, ça, c'est un autre élément qui vient
répondre à votre question, qui fait en sorte que, dans le processus de la
désignation des aires protégées puis des zones de foresteries intensives, on va
avoir des problèmes, on n'ira pas trouver des solutions. Ça prend vraiment la
participation active des parties prenantes dans les processus de planification
forestière et dans les processus de désignation d'aires protégées aussi.
M. Fortin :Sur l'étape… je pense qu'on va se rejoindre, entre autres, là.
Je pense qu'on va se rejoindre. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) :
Oui. Alors, députée de Mille-Îles, vous avez presque trois minutes.
Mme Dufour : Merci. M. Branchaud,
je pense que ça fait 30 ans que vous êtes dans le domaine environnemental,
que j'ai vu selon votre biographie. Donc, est-ce que vous avez déjà eu à signer
une entente de confidentialité pour des consultations comme celles-ci?
M. Branchaud (Alain) : Bien,
ça m'est arrivé une fois où on a dû justement signer une entente de
confidentialité lors de la consultation privée…
M. Branchaud (Alain) : ...confidentielle,
là, qui a été menée par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts.
Quand on lit le texte du document qu'on a signé, même les... de parler du
projet de loi en ce moment est illégal, selon l'entente qu'on a signée. Et là
on dit publiquement qu'on l'a levé, mais, dans les faits, on n'a pas reçu de
document officiel nous disant qu'on est libéré de cette entente de
confidentialité là. Ce n'est pas démocratique, faire ça.
Mme Dufour : Mais ce que je
comprends... c'est la première fois que vous viviez ça, là.
M. Branchaud (Alain) : Absolument.
Mme Dufour : O.K. Donc, je
pense que ça confirme ce que d'autres groupes ont dit. Je vais peut-être aller
ailleurs, vous demander peut-être de nous parler... Je trouvais ça intéressant,
là, dans votre mémoire, vous parliez des TIAM, là, les territoires
incompatibles à l'activité minière, puis là vous proposez l'équivalent, mais en
foresterie, les TIAF. Pouvez-vous nous en parler davantage?
• (18 h 10) •
M. Branchaud (Alain) : C'est
une façon de redonner aux régions un pouvoir, justement, sur l'aménagement du
territoire puis d'utiliser l'outil qui a été développé dans le contexte de la
filière minière, où on a vu qu'il y avait des conflits, il y avait un manque
d'acceptabilité sociale. Le gouvernement a donné la possibilité aux MRC ou au
milieu municipal de pouvoir identifier ces secteurs-là qui étaient
incompatibles.
On pourrait faire la même chose au niveau
forestier, de changer le M pour un F et d'avoir dans la loi quelque chose qui
permettrait justement de donner une meilleure planification territoriale
régionale. C'est un peu ce que souhaite aussi le projet de loi, à ma
compréhension, mais d'avoir ce genre de processus là où ce n'est pas
l'industrie forestière, mais le milieu local, les gouvernements locaux qui
pourraient aller de l'avant avec ce genre de désignation là.
Mme Dufour : Merci. Dernière
question. On en a parlé avec les groupes précédents, les autres mesures de
conservation efficaces... Vous considérez que la foresterie est possible dans
ces zones-là?
M. Branchaud (Alain) : Techniquement,
selon la Loi sur la conservation du patrimoine naturel et le respect des règles
de l'UICN, qui est dicté par la loi, dans une autre mesure de conservation
efficace, on ne peut pas avoir d'activité industrielle.
Mme Dufour : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Nous allons du côté de la deuxième opposition, et j'entends le député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) : 3min
28s.
M. Fontecilla : 3min 28s.
Bonjour, messieurs. Donc, on a très peu de temps, mais j'aimerais vous poser
quand même quelques questions. Vous avez un petit caribou, ici, je suppose
qu'il est forestier. J'aimerais ça, vous entendre ce que vous pensez de
l'impact de cette réforme-là sur le caribou forestier, qui est une espèce en
danger d'extinction.
M. Branchaud (Alain) : Bien,
le gouvernement du Québec s'est engagé à publier une stratégie caribou dans...
Le gouvernement a publié un plan nature aussi, justement pour avancer dans ses
engagements au niveau de la protection de la biodiversité. On est l'hôte du
secrétariat de la Convention sur la diversité biologique au Québec. On a une
responsabilité importante à cet égard-là, et le gouvernement a vraiment fait
des efforts importants. Et c'est quelque chose qu'on dénonce dans notre
mémoire, le fait que c'est encore une fois une illustration du travail en
silos, du manque de cohérence entre l'action d'un ministère, d'un gouvernement
et un autre ministère qui vient proposer un projet de loi qui va venir miner la
possibilité d'atteindre ces objectifs-là et d'atteindre les objectifs de
protection de cette espèce emblématique. Donc, encore une fois, c'est pour ça
qu'on demande le retrait du projet de loi, pour mieux le travailler. Et on
pense que ce serait sage pour le gouvernement de faire ça.
M. Fontecilla : Merci. Un peu
avant vous, on a eu la présentation des grands propriétaires forestiers, qui
nous ont parlé qu'il serait très intéressant d'avoir plusieurs... concernant
les zones de conservation, plusieurs nuances de vert, entre autres, de statuts
qui permettent l'activité humaine dans des zones de conservation. Qu'est-ce que
vous en pensez, là, vous, qui êtes experts dans ce domaine-là?
M. Branchaud (Alain) : C'est
un continuum d'outils qu'on a, maintenant, au Québec, pour aller faire la
protection et la conservation. On est super bien équipés. Le gouvernement du
Québec est un leader au Canada. On a fait des bonnes choses, il faut
s'applaudir pour ça, mais ce n'est pas parfait. Ce n'est pas parce qu'on a fait
des bonnes choses qu'il faut venir détruire ces avancées-là avec un projet de
loi qui va, justement, sabrer et être incohérent avec la vision
gouvernementale.
Donc, on a des aires protégées, on a des
parcs nationaux qui font partie des aires protégées, on a les autres mesures de
conservation efficaces qui sont en train d'être mises en place. On travaille
sur le développement. Le gouvernement travaille avec la société civile sur le
développement de mesures de conservation complémentaires. Il y a tout l'enjeu
de la connectivité qui est important.
Tous ces éléments-là doivent se faire dans
un continuum, mais, dans une aire protégée, dans une autre mesure de
conservation efficace, les activités industrielles, ce n'est pas permis, c'est
la loi qui le dit, et ce sont les règles internationales. Donc, si on veut
avoir un réseau d'aires protégées...
M. Branchaud (Alain) : ...aires
protégées qui est robuste, qui est reconnu internationalement, on ne peut pas
se permettre d'avoir ce genre d'activité là à l'intérieur.
M. Mainville (Nicolas) : C'est
d'ailleurs une des raisons pourquoi on dénonce le fait que l'attribution du
50 % de zones sans activités industrielles dans le territoire du Plan Nord
soit retirée, qu'on modifie la Loi sur la Société du Plan Nord pour permettre
des activités industrielles à l'intérieur de ce 50 %. Pour nous, c'est un
recul monumental. C'est une des choses qui donnait au Plan Nord une crédibilité
environnementale et que, là, avec ce projet de loi là, on vient sabrer
littéralement.
M. Fontecilla : ...de temps,
M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) : ...
M. Fontecilla : Je les
laisse gentiment à mon collègue de Matane.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, député de Matane-Matapédia, pour 3 min 38 s.
M. Bérubé : Merci, M. le
Président. Bienvenue, gens de SNAP. On s'était rencontrés avant cette étape et
j'avais bien apprécié notre rencontre. Vous n'avez rien signé avec moi, on a eu
des échanges.
Proposition 19, les chemins
multiusages. Moi, j'en ai dans ma circonscription, plusieurs. On ne sait jamais
comment s'organiser. Les chemins se font défaire par les compagnies
forestières. Ils ne paient pas le montant qu'il faut, les petits villages n'ont
pas l'argent qu'il faut. Comment vous voyez ça? Vous nous proposez de regarder
ces usages. Avez-vous une réflexion là-dessus qui pourrait guider le projet de
loi ou le gouvernement pour un meilleur partage, je dirais, de ces routes-là?
M. Branchaud (Alain) : Je
vais peut-être référer à mon collègue Pier-Olivier Boudreault.
M. Boudreault (Pier-Olivier) : Oui.
Bien, avec les près de 500 000 kilomètres de chemins forestiers, au Québec,
puis les 5 000, à peu près, qui sont planifiés à chaque année, alors, je pense
qu'on s'entend tous qu'il y a une grosse problématique. Nous, ce qu'on
propose... Puis ce n'est pas une idée qu'on sort de notre chapeau. Moi, en
2013, j'étais au Rendez-vous sur la forêt, qui était organisé par le
gouvernement Marois à l'époque, et puis il y a eu un rapport qui a été publié
deux ans plus tard par M. Robert Beauregard qui demandait qu'un cadre de
gestion des chemins multiusages soit établi à la fois à l'échelle nationale
puis à l'échelle régionale. Ça fait que c'est des choses qu'on a ressorties.
C'est des recommandations superintéressantes qui dorment sur des tablettes dans
des rapports. Puis, en fait, bon, on... C'est un des éléments, en fait,
positifs du projet de loi. Nous, on pense qu'on doit peut-être aller un petit
peu plus loin. Mais on vous inviterait à prendre connaissance, justement, des
recommandations de M. Robert Beauregard.
Puis l'idée, en fait, derrière ça, c'est
vraiment d'avoir une planification des chemins qui tient compte, comme... comme
on en parle depuis, en fait, le début de notre intervention, des autres usages
du territoire. Donc, oui, évidemment, de la foresterie, mais des usages aussi
pour... comme mentionnés, pour la pêche, pour la chasse, mais aussi de
fermeture de chemins. Il faut commencer à parler de fermeture de chemins au
Québec, parce que ça coûte extrêmement cher. C'est... Des chemins, c'est le
principal enjeu aussi au niveau du caribou forestier. Donc, d'avoir une
planification qui tienne compte en amont, d'une manière vraiment cohérente, des
chemins multiusages, là, ça serait... ça serait une grande avancée.
M. Bérubé : L'enjeu qu'on a,
c'est que les municipalités font adopter des résolutions demandant la
rétrocession au ministère des Transports, comme étant la solution, en
disant : On va vous la redonner, là, l'entretenir. Évidemment que, depuis
la réforme Ryan, ça n'existe pas. Donc, il faut être capable de les entretenir,
sinon on se nuit, quant à l'accès à la nature, aux ressources. Moi, je suis
bien embêté. J'en ai plusieurs dans mon comté, Saint-Charles-Garnier, Les
Méchins, Albertville en Matapédia. On ne sait pas comment les épauler
correctement, ces municipalités. Donc, s'il y a des résolutions sur lesquelles
on peut réfléchir, ça m'intéresse beaucoup, moi, en tout cas, de regarder ça
puis quel chemin, c'est le cas de le dire, on peut emprunter pour qu'on puisse
mieux outiller les municipalités qui n'ont pas beaucoup de revenus, pour
pouvoir les entretenir, ces routes-là, puis qui... Ceux qui ont de l'argent
passent dessus, mais ils ne paient pas beaucoup, je trouve. Ça va, M. le
Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Parfait. Alors, merci beaucoup pour l'apport à la commission.
Alors, nous suspendons jusqu'à 19 heures,
pour le prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 18 h 18)
(Reprise à 19 h 03)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
rebonsoir à tous. Nous reprenons les travaux. Alors, nous en sommes maintenant
avec l'Union des municipalités du Québec et nous avons Mme Manon Cyr,
mairesse de Chibougamau, M. Sébastien D'Astous, maire d'Amos, et Philippe
Buizzy, conseiller aux politiques. Alors, bonjour à vous trois. Alors, vous
pouvez commencer votre présentation. Vous avez 10 minutes, et, par la
suite, on procédera à un échange avec les députés.
Mme Cyr (Manon) : Parfait!
Alors, merci beaucoup, M. le Président de la commission. Mme la ministre, Maïté
Blanchette Vézina, mesdames et Messieurs membres de la commission, je vous
remercie. Je peux commencer, là, j'ai...
Le Président (M. Schneeberger) : ...
Mme Cyr (Manon) : C'est beau.
O.K. Excusez. Je vous remercie de donner l'opportunité à l'Union des
municipalités du Québec de vous présenter ses recommandations sur le projet de
loi n° 97. Je suis Manon Cyr, mairesse de Chibougamau, accompagné de mon
collègue Sébastien D'Astous et M. Philippe Buizzi, conseiller aux
politiques.
D'abord, j'aimerais rappeler que, depuis
maintenant plus de 100 ans, l'Union des municipalités du Québec...
19 h (version non révisée)
Mme Cyr (Manon) : ...les gouvernements
de proximité de toutes les régions du Québec. Les membres de l'UMQP
représentent plus de 85 % de la population et du territoire du Québec.
La forêt est un pilier économique et
écologique pour le Québec. Plus qu'une ressource naturelle, la forêt est un
moteur de développement durable, un secteur stratégique pour l'avenir de nos
régions et, je dirais, du Québec. Cependant, le secteur fait face à de nombreux
défis, qui fragilisent les communautés forestières : conjoncture
économique, tarifs douaniers américains, impacts croissants des changements
climatiques et conditions de marché rendues difficiles. Les feux de forêt — je
peux vous en parler — de 2023 ont souligné l'urgence d'une refonte en
profondeur du régime forestier québécois. C'est pourquoi l'UMQ accueille
favorablement plusieurs des orientations proposées dans ce projet de loi.
L'UMQ réaffirme l'importance d'une
gouvernance forestière concertée et ancrée dans les réalités locales et
régionales. Le maintien des tables locales de gestion intégrée des ressources
et du territoire, que le projet de loi prévoit d'abolir, est indispensable. Ces
instances, efficaces et bien implantées, sont essentielles à la coordination
régionale et au dialogue entre les MRC, les usagers, les Premières Nations et
les autres parties prenantes. Leur disparition créerait un vide institutionnel
nuisible. L'UMQ recommande également de reconnaître le rôle central des
municipalités et des MRC dans le zonage forestier public. Leur participation
privilégiée, ainsi que celle des tables locales de gestion intégrée des
ressources et du territoire, permettrait d'assurer une gouvernance crédible et
durable.
Les aménagistes forestiers régionaux
joueront un rôle clé dans la planification. Chaque région forestière devrait en
accueillir un sur place, pour garantir une représentation équitable et une
concertation efficace. Enfin, l'harmonisation en planification forestière et
conservation est cruciale. Il faut éviter que des coupes aient lieu dans des
zones éventuellement destinées à la protection. L'UMQ souligne l'importance d'aligner
les processus de mise en réserve avec la planification forestière pour
atteindre l'objectif de 30 % de protection du territoire d'ici 2030.
L'UMQ met en avant la nécessité de
clarifier la portée des lois autochtones dans le processus de la planification
forestière. L'ajout du terme «droits» répond aux attentes des communautés
autochtones, mais son absence de définition claire pourrait créer des tensions.
Il est essentiel de préciser les types de lois visés et les obligations
associées pour garantir une mise en œuvre cohérente et juridiquement fondée.
Comme dirait mon grand-père, de quoi parle-t-on, quand on parle de droits autochtones,
dans le contexte?
Je cède désormais la parole au préfet de
la MRC Abitibi et mon collègue le maire d'Amos, Sébastien.
M. D'Astous (Sébastien) : Merci,
Mme Cyr. M. le Président de la commission, Mme la ministre, Mmes et MM. les
membres de la commission, l'UMQ souhaite rappeler que les municipalités qui
accueillent des activités forestières doivent disposer de moyens adaptés pour
soutenir la transformation du bois, la valorisation de la biomasse et l'entretien
des infrastructures locales. Par exemple, le réseau routier, souvent sollicité
par l'industrie forestière, nécessite des investissements importants. La
création d'un fonds dédié aux municipalités permettrait de soutenir la
consolidation économique et de maintenir les infrastructures indispensables
affectées par ces activités. De plus, la modernisation du régime forestier
introduit des outils importants pour renforcer la reddition de comptes, comme des
sanctions administratives et un pouvoir de substitution. Toutefois, il serait
possible de contourner la révocation d'une digne licence par une réouverture
temporaire. L'UMQ souligne l'importance de prévoir des seuils d'activité pour
les usines de transformation de bois afin d'éviter ces contournements.
Finalement, la forêt privée joue, elle aussi,
un rôle stratégique dans le développement régional et l'adaptation aux
changements climatiques. Pour maximiser son potentiel, il est essentiel de
maintenir les pouvoirs réglementaires des municipalités en matière d'aménagement
forestier. Le cadre actuel, qui permet aux MRC d'adopter des règlements
régionaux, tout en laissant aux municipalités locales la possibilité d'intervenir
en l'absence de tels règlements, assure un équilibre pertinent et une
gouvernance de proximité. L'UMQ recommande de préserver cette possibilité et
appuie le fait de soumettre les règlements à une analyse de conformité aux
orientations gouvernementales en aménagement du territoire...
M. D'Astous (Sébastien) : ...En
remplaçant le règlement régional sans en définir le contenu, le projet de loi
risque de limiter l'action locale. L'exemple de la municipalité d'Adstock,
confrontée à des impacts environnementaux, faute de règlement régional sur les
chemins forestiers, illustre ce danger. Vous trouverez tous les détails de ce
cas précis dans notre mémoire. De plus, la loi sur l'aménagement de
l'urbanisme, la LAU, a été modifiée en 2023 et 2024 pour sécuriser
l'aménagement forestier privé et limiter les risques d'expropriation. Un régime
de sanctions a été instauré, mais nécessiterait un renforcement pour encadrer
les pratiques de promoteurs immobiliers qui procèdent à des coupes illégales
avec des pénalités intégrées dans leur calcul de rentabilité. On est maintenant
prêts à répondre à toutes vos questions. Je vous remercie.
Le Président
(M. Schneeberger) : Alors, merci beaucoup. Nous partons une
période d'échange avec Mme la ministre pour un temps maximum de
16 min 30 s.
• (19 h 10) •
Mme Blanchette Vézina :
Merci. Merci à vous trois d'être là ce soir pour participer à ces
consultations, là. C'est important. Puis je le sais, que c'est important pour
tout le Québec puis les régions forestières, les communautés forestières. C'est
à eux qu'on pense, justement, dans le projet de loi. Donc, merci de votre
apport. J'ai quelques questions, là, puis je trouve vous avez des idées
vraiment intéressantes, le seuil d'activité minimale pour les usines. Parce
que, dans le projet de loi, je mets en place des sanctions qui ne sont pas
existantes en ce moment pour des licenciés, donc, des entreprises qui
seraient... qui seraient détenteurs de licences d'aménagement forestier durable
mais qui ne respecteraient pas les obligations. Et vous parlez d'un seuil
minimal pour s'assurer que l'usine demeure opérationnelle réellement. Comment
vous voyez ça?
Mme Cyr (Manon) : Bien,
ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que souvent vous avez des entreprises un
peu partout au Québec, dans différentes régions qui, pour différentes raisons,
des fois qui peuvent être justifiables, mais pour maintenir le contrat
d'approvisionnement forestier, vont fermer l'usine quelques mois pour la
retourner... la réanimer quelques... Et ça, ça fait des années dans certains
cas que ça perdure. Je peux vous parler du... Vous en avez sur la Côte-Nord. Probablement,
Mme la ministre, vous le savez plus que nous. On n'a pas la solution parfaite,
mais on dit : Il faut trouver le moyen de rendre ça le plus... le moins
facile possible, puis que les entreprises, parce que c'est un droit qu'on
donne, la coupe forestière, c'est un... Mais il faut trouver le moyen aussi
qu'ils peuvent... pas juste maintenir l'opération de façon artificielle pour
maintenir le CAAF, mais s'assurer qu'effectivement, après un certain temps, il
faut qu'il y ait une décision qui se prenne.
Mme Blanchette Vézina :
Oui. Effectivement, ça peut être un enjeu sur lequel je veux m'attaquer. Et
vous avez probablement vu, dans le projet de loi, là, jusqu'où on est prêt à
aller, là, même nommément une expropriation, au besoin pour éviter des
éléphants blancs, dans les municipalités notamment, ou des entreprises qui
peuvent prendre en otage des communautés, là, dans l'activité économique qui
peut se réaliser. Ça fait que c'est une sensibilité importante que j'ai pour
s'assurer d'une vitalité économique dans nos communautés forestières. Vous,
vous avez aussi, M. le maire d'Amos, mentionné que... préfet, pardon, mentionné
de vouloir qu'on pourrait agir sur les pratiques de promoteurs privés en
immobilier, là. Comment vous voyez ça exactement? Pouvez-vous un peu plus
détailler votre proposition?
M. D'Astous (Sébastien) :
Bien, en fait, c'est que dans la mesure où il y a des coupes qui sont
considérées illégales, bien, on voudrait que la...Tu sais, on ne voudrait pas
que le promoteur paie la pénalité, puis qu'il le fasse... qui le fait sans...
sans permis. Alors, ça prend... Ça prend une pénalité qui a un peu plus de
mordant pour pouvoir dissuader les gens de faire des coupes non autorisées. Et
ça, présentement, bien, ce n'est pas le cas. Il y a un outil qui manque, là,
pour qu'on puisse mieux contrôler nos forêts privées.
Mme Blanchette Vézina :
Oui. Bien, justement, dans le projet de loi, on envoie aux MRC, là, le pouvoir
de réglementer sur les terres privées. Donc, est-ce que je comprends que c'est
dans ce règlement-là que vous voyez...
M. D'Astous (Sébastien) :
Bien, en fait, on n'est pas tellement d'accord d'envoyer ça aux MRC, là. On
trouve que c'est mieux d'être géré par les municipalités locales, avec ses
propres règlements pour l'attribution des permis. C'est déjà comme ça que c'est
fonctionnel. Puis la municipalité locale va prendre ses décisions en fonction
de ses propres critères, de son conseil de ville, à savoir si les bandes
riveraines, est-ce qu'on ajoute des dimensions? Est-ce qu'on veut le gérer en
fonction des valeurs du conseil de ville? Puis d'ailleurs, que ce soit MRC ou
municipalité locale, ça reste que c'est le monde municipal quand même. L'idée, c'est
qu'à la mesure où l'entreprise ou la personne qui veut couper un lot privé pour
sa propre... son propre usage, bien, ce qu'on souhaiterait, c'est que cette
personne demande un permis parce que, s'il n'a pas de...
M. D'Astous (Sébastien) : ...deviendrait
illégal. Et là les amendes seraient très élevées. Avec un permis, bien là, ça
donne le pouvoir à la municipalité de pouvoir s'assurer, là, que les coupes
vont être respectueuses des règlements de la municipalité.
Mme Cyr (Manon) : Les cas
qu'on peut parler, si je peux me permettre, puis M. Biuzzi pourrait
compléter, vous avez dans certaines, ça ne se passe pas à Chibougamau, mais
dans certaines villes plus dans le sud du Québec ou tu as des promoteurs
immobiliers qui vont prendre propriété du terrain puis vont couper les arbres
pour... puis ils vont mettre l'amende qu'ils vont avoir dans le coût du projet.
Alors, il y a un plafonnement qui a été fait, puis je pense qu'on devrait
augmenter le plafonnement des amendes potentielles. C'est ce que je comprends
également. J'espère que je ne suis pas dans le champ, là, mais il me semble que
c'était ça qu'on...
M. Biuzzi (Philippe) : Je
peux peut-être bonifier, là. C'est surtout de s'assurer que, tu sais, là où il
y a de la pression d'urbanisation, ce qu'on voit actuellement, puis le régime
de sanction a été modifié par deux fois, là, dans les deux dernières années, il
y a la forêt privée, il y a la forêt urbaine qu'on appelle, c'est de s'assurer,
là, que les promoteurs immobiliers qui prennent en compte les sanctions dans
leurs frais pour un projet, bien, qui a peut-être une pénalité qui soit
différente. Puis, quand on parle aux producteurs forestiers, ils nous
disent : Bien, nous, ça ne nous intéresse pas d'avoir des coupes sauvages,
là, je vais le dire comme ça, parce que ça nous retombe dessus aussi, là. Ça
fait que, tu sais, autant au niveau municipal qu'au niveau producteur
forestier, je pense qu'il y a une entente là-dessus, là, à l'effet que ça ne
tente à personne de protéger des promoteurs immobiliers qui prennent en compte
les amendes, là.
Mme Blanchette Vézina : Mais
je reviens un peu plus à ma question. Tu sais, si la... le pouvoir de
réglementer appartient aux MRC ou aux municipalités, qu'est ce qui vous empêche
exactement de venir légiférer?
M. Biuzzi (Philippe) : ...le
régime de sanctions en forêt privée qui s'applique, ça fait qu'on ne peut
pas... Il y a des maximums puis c'est le... un régime de sanctions qui a été
abaissé pour les producteurs forestiers, ce qui est correct pour prendre en
compte leur réalité, sauf qu'avec... Quand ce n'est pas un producteur forestier
qui coupe des arbres sur la forêt privée, bien, malheureusement, c'est les
mêmes sanctions qui s'appliquent, même si c'est un tout autre acte.
Mme Blanchette Vézina : O.K.
Je comprends. Intéressant. Vous avez... vous apportez des commentaires, là, à
savoir, là, sur les consultations. J'aimerais ça vous entendre. Tu sais, je...
les tables GIR, en tout cas, je ne sais pas, dans votre région, ça ne fonctionnait
pas très bien. En fait, dans beaucoup de régions, ça ne fonctionnait pas bien
du tout, d'où l'abolition. L'aménagiste forestier régional va devoir consulter
les parties prenantes, mais, tu sais, moi, je suis ouverte à entendre ce que
vous avez à proposer, là, dans la mesure où ça ne fonctionnait pas bien, les
tables GIR, il fallait revoir la façon de consulter. Nous, on propose que
l'aménagiste régional, qui est ancré dans les régions, comme vous le
mentionnez, soit celui qui soit en charge de faire ces consultations-là pour
arbitrer aussi à un moment donné, parce que c'était quelque chose qui était
difficile, d'obtenir des consensus. Donc, comment vous nous proposeriez, là,
d'ajuster, disons, ces consultations?
M. D'Astous (Sébastien) : ...puis
je laisser mon collègue, mais d'abord, probablement, vous n'êtes pas tomé sur
les bonnes régions, parce que chez nous, dans le nord du Québec, la table
GIR...
Mme Blanchette Vézina : Il n'y
en a pas, oui, c'est ça.
Mme Cyr (Manon) : Oui, il y en
a.
Mme Blanchette Vézina : Oui?
Il y en a une? O.K.
Mme Cyr (Manon) : Et ça
fonctionne bien.
Mme Blanchette Vézina : Avec
les Cris?
Mme Cyr (Manon) : Il y en a
même cinq. Oui, avec les Cris. Ils en ont eu 10 au début, j'ai dit : Essayez
de me diminuer ça à cinq. Ça, c'est un premier élément.
Deuxième élément. Nous, ce qu'on trouve,
c'est au contraire important. Ce qu'il faut faire attention, Mme la ministre,
c'est qu'il ne faut pas faire du mur à mur. S'il y a un certain modèle dans une
région, particulièrement dans la nôtre, à la Baie-James Eeyou Istchee, mais il
faut trouver le moyen d'avoir cette agilité-là, mais c'est un outil de
concertation important, comme c'est important aussi que le forestier en chef et
les aménagistes régionaux aient une certaine indépendance par rapport à la
capacité forestière, puis les calculs, puis le travail qu'ils ont à faire. Mais
la table GIR est essentielle en termes de concertation.
Mme Blanchette Vézina : Mais
peut-être clarifier ici, là, le but, ce n'est pas d'empêcher la... d'enlever la
consultation, c'est d'avoir une consultation encore, puis il est prévu, dans le
projet de loi, là, que l'aménagiste doit consulter, là. Donc, tu sais, je vais
vous rassurer là-dessus, sincèrement, tu sais, l'objectif, c'est vraiment
d'avoir cette agilité-là pour éviter d'avoir en ce moment un carcan, là, celui
des tables GIR qui fonctionnaient vraiment à géométrie très, très variable, là,
partout au Québec. Mais j'entends puis je comprends, là, que c'est une question
qui est importante. Puis je prends note de votre suggestion.
M. D'Astous (Sébastien) : Mme
la ministre, si je peux me permettre, les tables GIR, c'est vrai que ça ne
fonctionne pas nécessairement bien partout à l'échelle du Québec. Les territoires
sont différents. On demande l'autonomie puis de pouvoir être diversifié et
d'être agile.
Les tables GIR présentement, là, c'est un
lieu de concertation entre tous les usagers de la forêt. Pour nous, pour la...
là, je vais parler pour la MRC de l'Abitibi, là, mais on a déjà une entente de
délégation et de gestion, c'est un endroit qui est privilégié pour rencontrer
les forestiers, les sylvicultures, les gens qui utilisent le territoire public
et...
M. D'Astous (Sébastien) : ...très,
très, très bien. Bien sûr, avec un aménagiste régional qui sera... qui pourra
être indépendant, un aménagiste en foresterie qui pourra venir nous donner un
coup de main, ça va juste aider à la cohésion sur le territoire. Mais je vais
me permettre, tantôt, de vous laisser, là, le mémoire de la MRC d'Abitibi, qui
a une douzaine de recommandations, dont six qui parlent des tables GIRT, qui
fait état un peu de tous les bienfaits de cette entité-là. Et, ce qu'on vous
demande, ce n'est pas de déstructurer quelque chose qui fonctionne bien,
peut-être juste d'améliorer les endroits où est-ce que ça va un petit peu moins
bien.
• (19 h 20) •
Mme Blanchette Vézina : En
toute franchise, j'ai essayé, là. On a embauché une coordination, on a tenté
d'intégrer des régions qui fonctionnaient bien, des pratiques, essayé d'avoir
de l'amélioration. Mais je vais regarder avec attention quand même, là, parce
que le but, c'est de continuer d'avoir une concertation. L'objectif, je l'ai,
là. La concertation régionale est vraiment importante. Puis je le sais. Ce sera
le rôle de l'aménagiste forestier régional. Mais je demeure ouverte, là, à
entendre vos suggestions, là. C'est un peu ce que je disais d'entrée de jeu
dans mes remarques préliminaires, là, on va se donner l'été pour regarder certains
éléments.
Chemins... Gestion des chemins
multi-usages, implication des municipalités, comment vous voyez ça? J'aimerais
ça vous en entendre un peu plus.
M. D'Astous (Sébastien) : Bien,
c'est sûr qu'à la base, les chemins multi-usages sont importants. Puis, encore
là, c'est à géométrie variable, là. Ce n'est pas tous les territoires qui ont
le même usage. Il y a des territoires où il y a plus de baux de villégiature,
il y en a d'autres qu'il y a des zecs, il y en a qu'il y a des accès à des lacs,
des gravières, des sablières. Il y a beaucoup de chemins qui sont utilisés avec
des affectations complètement différentes. C'est la beauté de la chose, hein?
On est... On a des belles particularités dans chacune de nos régions.
Une chose qui est certaine, c'est qu'on ne
veut pas avoir le fardeau, au niveau du monde municipal, de gérer les chemins
multi-usages, de faire partie d'une table pour définir le réseau, le réseau qui
devra être entretenu, qui est la responsabilité du gouvernement du Québec. On va...
On va être bons joueurs. On va... On va mettre l'épaule à la roue pour dire nos
besoins puis comment est-ce qu'on peut le faire pour que ce soit le plus... le
plus simple possible. Puis, en même temps, tu sais, on est conscients qu'il
faut aller couper dans des... certaines zones où ce sera de la foresterie
intensive, puis tout ça, puis qu'il y aura des zones de conservation que les
chemins vont est un peu moins utilisés. Mais encore faut-il s'assurer qu'on va
pouvoir aller en forêt publique dans les endroits qu'on a de besoin. Puis là,
je reparle encore de gravières puis de sablières, mais c'est... c'est des
choses comme ça qui viennent... qui viennent assurer qu'on a besoin de chemins.
Puis, quand la forestière entre dans le bois avec son processeur pour couper le
bois, bien, il faut s'assurer de maintenir les chemins assez longtemps pour
faire la sylviculture, l'aménagement du terrain, puis reboiser. Il faut
arrêter, là, de... que ce soit le Far West, puis qu'on met des ponceaux, on
enlève des ponceaux, on met des ponceaux, on enlève des ponceaux. Il faut être
plus cohérents sur le territoire. Ça, on est entièrement d'accord avec vous. On
veut faire partie de la solution, mais encore faut-il... même si c'était à coût
nul, je ne crois pas que les MRC sont... c'est la bonne entité, là, pour gérer
les usages multi-usages.
Mme Cyr (Manon) : Si je peux
me permettre, Mme la ministre, quand tu arrives de la Baie-James, puis tu as
une Paix des braves, puis on sait chez nous que c'est un enjeu, les chemins forestiers,
bien, il faut trouver le moyen de délimiter. Mais, si vous donneriez le pouvoir
aux municipalités de pouvoir financer, bien, je vais commencer à faire des
cauchemars demain matin puis je vais espérer m'en aller au plus vite, plus vite
même qu'à la fin... avant la fin de mon mandat. Parce que vous comprenez la
situation dans une région comme à la Baie-James. Je peux comprendre qu'il y a
d'autres secteurs, ça peut être différent, mais chez nous, c'est un enjeu
important.
Puis il faut essayer d'éviter le
découplement des... ou la multitude des usages ou des... L'exemple du ponceau,
ça a l'air banal, là, mais vous savez, quand une entreprise forestière fait un
chemin, met des ponceaux, va chercher le bois, ressort, ramasse les ponceaux,
l'année d'après, c'est le gars ou la fille qui fait l'aménagement, même
histoire, puis la troisième année, bien, c'est la plantation des arbres. Ça
fait qu'on est conscients qu'il faut une optimisation, il faut choisir les
choix... les chemins de façon stratégique, mais si on a une prévisibilité sur
10 ans, il me semble qu'il y a moyen de faire ça pour que ce soit plus
logique. Puis, comme société, bien, que ce soit moins coûteux aussi en termes
d'aménagement parce que ça n'a pas de bon sens.
Mme Blanchette Vézina : Avant
de céder la parole à mon collègue de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, je voulais
vous remercier, Mme Cyr, parce que je sais que vous prenez votre retraite. Ce
fut... là, je ne sais pas si on aura l'occasion de se revoir dans les prochains
mois, prochaines semaines, avant... avant les prochaines élections, mais je
veux vous le dire, ce fut un plaisir de collaborer au développement nordique
avec vous. Puis merci pour ces années à servir les citoyens de votre région.
Vous avez porté le développement de votre région avec cœur et passion. Bravo!
Je... Avec... J'aimerais céder la parole au député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Le Président (M. Schneeberger) : ...Rouyn-Noranda,
c'est à vous...
Le Président (M. Schneeberger) : ...vous
avez 2min24s.
M. Bernard : Merci, M. le
Président. Je vais commencer par renchérir sur les propos de la ministre, parce
que, pour ceux qui ne le savent pas, Mme Cyr a été mairesse 16 ans, et quatre
ans comme conseillère municipale avant ça, puis aussi M. D'Astous, qui est un
maire, préfet que j'apprécie beaucoup, il a été depuis de nombreuses années.
Donc, merci pour votre travail.
Premier point... Vous avez soulevé des
points que j'ai entendus beaucoup lors des tables de réflexion, mais un, votre
recommandation trois, sur au moins un aménagiste par région administrative...
Puis je suis content de vous avoir là, les deux, parce que la région 10, c'est
grand. L'Abitibi-Témiscamingue, c'est grand, puis là on avait une table... par
MRC. Donc, vous parliez de cinq tables... chez vous, même chose chez nous, en
Abitibi. Moi, je me dis qu'un aménagiste ne peut pas faire le travail à lui
seul quand on a un travail... un territoire aussi vaste que les autres. Vous me
dites au moins un, mais quel serait mettons, supposons, un équilibre, étant
donné, là... chacun de vous, avec vos deux régions, quel serait... idéalement,
pour répondre aux attentes puis faire les concertations?
M. D'Astous (Sébastien) : Présentement,
on a plusieurs tables... qui sont fonctionnelles. Si on déstructure les
tables... ça va prendre plus qu'un aménagiste en Abitibi-Témiscamingue, ça,
c'est définitif. Si on peut garder les tables... dans le fonctionnement, qui
sont là, qui sont sous l'égide un peu de l'aménagiste forestier régional, qui
est un peu... , qui a son indépendance, puis qu'on trouve un mécanisme de
transfert de l'information puis de prévisibilité, moi, je suis convaincu qu'on
a quelque chose qui va assurer la coordination, la concertation puis
l'acceptabilité sociale alentour de tout ça.
Mme Cyr (Manon) : Puis on
connaît, avec les finances publiques, actuellement, qu'on ne peut pas demander
un aménagiste par zone d'aménagement forestier. Ce serait... un bon sens,
mais, vous savez, il y a des régions au Québec, comme la nôtre, que, souvent,
les gens vivent à l'extérieur de la région. Au moins, s'ils sont en région,
surtout chez nous, avec la Paix des braves, dans un contexte particulier, ils
ont plus... puis on le voit, des directions où les gens, où les professionnels,
on les voit en région. C'est totalement une différence par rapport aux services
puis par rapport à la contribution qui est faite à notre région et au
gouvernement. Donc, il faut avoir les gens en région.
Une voix : Oui, c'est
certain.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Il n'y a plus de temps.
M. Bernard : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle, et j'entends le
député de Pontiac pour 10min 24s.
M. Fortin :Oui. Merci, M. le Président. Bonsoir, Mme la mairesse, M.
le maire, en fait, à vous trois. Merci. Merci d'être là ce soir. Ça arrive de
plus en plus souvent que je suis d'accord avec le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Mais il amène un bon... il amène un bon point, quand même, là, sur la notion
de : est-ce qu'un aménagiste par territoire par... disons, par région,
c'est assez, là? J'ai un peu la même réflexion que vous par rapport à la
réalité chez nous, là. Partir de Rapides-des-Joachim puis aller à Buckingham ou
à Papineauville, ce n'est pas pantoute la même réalité, puis je ne suis pas sûr
que la concertation est si simple que ça à faire pour une seule personne.
Enfin.
Je veux revenir sur la question du seuil
minimal que vous avez évoquée tantôt, là, Mme Cyr, en réponse à une question de
la ministre. Vous avez évoqué certaines usines qui, peut-être, repartent
pendant un certain temps pour pouvoir garder la garantie d'approvisionnement
et, après ça, ferment leurs opérations, reviennent plus tard, avec tout ce que
ça comporte pour les travailleurs, pour la communauté forestière, etc. C'est
vrai, là, puis il y en a, des cas comme ce que vous mentionnez. En même temps,
je pense à des régions peut-être plus isolées, puis là j'ai le cas de chez nous
en tête, là, quand je vous écoute, là, le cas de Rapides-des-Joachim, qui est
techniquement dans la MRC Pontiac, mais qui est à peu près à moitié chemin
entre le dernier village du Pontiac puis le premier du Témiscamingue, où
l'usine a fermé pendant des années et des années. Ils ont gardé la garantie
d'approvisionnement et ils ont réussi, peut-être huit, neuf ans plus tard, à
repartir, là.
Bien, moi, j'ai l'impression que, souvent,
des usines comme celle-là, le jour où elles ferment, elles commencent à
travailler sur un plan de relance en même temps. Je ne vous dis pas que c'est
la même réalité pour tout le monde, j'essaie de voir comment on concilie ce que
vous proposez là avec la réalité d'usines comme ça, où il n'y a personne
d'autre qui le veut, ce territoire-là ou cette usine-là, là.
Mme Cyr (Manon) : Bien, moi,
ça fait 35 ans que je vis dans le nord du Québec puis que je vois des
entreprises aller rencontrer leurs maires. Pas les miens, moi, je suis avec
Chantier Chibougamau... pas loin, donc je ne vis pas ça, mais des maires de ma
région, des régions d'Alma, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de l'Abitibi, aussi...
moins, semble-t-il, mais, en tout cas, de la Mauricie, puis, à tout bout de
champ, ils disent : Bien là, je t'annonce, mon grand, qu'il faut que je te
ferme l'usine six mois...
Mme Cyr (Manon) : ...parce
que le prix du bois n'est pas bon ou, bien non, l'usine, elle ne marche pas.
Pour moi, c'est inacceptable.
M. Fortin :Mais je suis d'accord avec là-dessus.
Mme Cyr (Manon) : Sauf que ce
qu'il faut regarder, c'est comment on met des mesures pour que ce soit logique.
Je comprends le cas que vous donnez, mais, quand je regarde l'usine de Comtois,
c'est une usine qui fonctionne cahin-caha. L'entreprise n'a pas l'intention de
l'opérer, mais c'est clair qu'elle l'opère juste pour maintenir... là,
peut-être que je vais peut-être me faire poursuivre, mais elle maintient pour
maintenir la CAF. Mais on peut-tu, au Québec, penser... Puis moi, je suis
tannée d'être considérée comme une petite communauté forestière, là, que le
bois, c'est comme : Il faut parce qu'il faut que je survive. L'industrie
forestière au Québec, c'est une priorité pour l'ensemble des Québécois. On veut
décarboner le Québec? Il faut améliorer notre régime forestier. Mais, quand je
vois des entreprises partout au Québec, je comprends qu'il y a peut-être trop
de production, il y a trop d'offres de production versus la capacité de la
forêt. Ça, on a ce débat-là peut-être à avoir. Mais je trouve inacceptable
qu'une entreprise vienne voir son maire pour lui dire, ou sa mairesse :
Bien, il faut que je ferme puis... Bien là, si tu me laisserais partir avec la
CAF, peut-être que je pourrais garder ça plus longtemps ou peut-être que je te
permettrais d'avoir certaines jobs chez vous encore. Mon collègue de l'Abitibi,
ce n'est pas ce qu'il vit chez eux, mais c'est à ça qu'il faut répondre. La
solution idéale, le délai, qu'est-ce que c'est? Bien, moi, je pense qu'il y a
un débat à avoir là-dessus.
• (19 h 30) •
M. Fortin :Il y a un débat à avoir là-dessus. Puis il y a un écueil,
là, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans le fait que ça peut se
passer à répétition, puis à répétition, puis à répétition. Mais, je ne veux pas
non plus qu'on jette le bébé avec l'eau du bain, là, à un moment donné, il y en
a qui ont d'autres considérations. Donc, oui, il faut trouver une solution,
mais... puis je ne le sais pas c'est quoi. C'est pour ça qu'on est là à soir,
pour trouver des solutions, puis j'ai de la peine à les identifier, celles-là.
M. D'Astous (Sébastien) : ne
chose qui est certaine, là, c'est que, si on a plus de prévisibilité sur
10 ans puis qu'on fait un plan d'aménagement qui est solide, ça va venir
un peu plus concrétiser tout ça alentour de l'industrie forestière. Moi, il n'y
a rien que je déplore le plus, quand il y a une usine qui ferme, que la fibre
est transbordée sur des camions puis elle s'en va à 200, 300,
400 kilomètres...
M. Fortin :
...
M. D'Astous (Sébastien) : ...de
la zone où on l'a prélevée, cette fameuse fibre-là. Et ça, ça vient
déstructurer complètement la filière forestière. Ça fait que, si on veut être
prévisible, il faut avoir un plan qui est solide, des chemins multiusages qui sont
bien arrimés avec les zones d'intensité forestière, puis il faut assurer
l'approvisionnement à tous nos types d'usines le plus proche possible pour
diminuer les gaz à effet de serre sur le transport routier.
M. Fortin :Je vais vous le dire, il n'y a rien qui... il n'y a rien
qui écoeure plus de monde dans une communauté forestière que de voir ça, là, du
bois qui s'en va à trois, quatre, 500 kilomètres de chez eux puis qu'eux
autres, ils ne voient pas de retombées directes de ça, donc je ne vous
obstinerai pas là-dessus, c'est sûr.
Sur la question de l'aménagiste forestier
régional, là, puis je veux juste revenir là-dessus puis en... peut-être
différent de la conversation que vous avez eue avec le député de Rouyn-Noranda,
mais le... il y a beaucoup de groupes qui nous ont dit... S'ils se rapportent
au forestier en chef, ce n'est pas vraiment de la décentralisation vers les
régions. Là, c'est quand même Québec qui décide à la fin de la journée. C'est
quoi, votre perspective? Je vous connais des deux comme étant des bons
régionalistes, là, donc je vous pose la question.
Mme Cyr (Manon) : Bien, moi,
je pense que, dans le contexte actuel est qu'il faut être clair, c'est que le
forestier en chef et son équipe d'aménagistes régionaux doivent avoir une
indépendance pour être capable de calculer la capacité qu'on a puis de
l'identifier. Je n'aime pas toujours les rapports qu'ils me font, mais c'est la
réalité de la vie, puis c'est ça qu'il faut avoir. Ça fait que ça, ce serait
probablement le premier élément.
M. D'Astous (Sébastien) : Bien,
moi, j'ai envie de vous parler d'un «success story» qu'on a en
Abitibi-Témiscamingue, qui est la délégation à une entente de gestion
forestière que la MRC d'Abitibi a. On a les lots intramunicipaux qui étaient des
lots épars que le monde forestier ne voulait pas parce qu'ils n'étaient
capables de les rentabiliser. Puis nous, bien, on a un... intéressant où on a
pu se créer une équipe. Les aménagistes forestiers, une direction d'équipes,
des techniciens forestiers. On a des pickups, on a des bras, on a du monde qui
vont dans la forêt. Puis on réussit, bon an, mal an, à faire de la
profitabilité avec ça.
Puis notre demande, c'est de faire rêver
le Québec puis de dire : Bien, pourquoi, qu'on ne peut pas répliquer ce
modèle-là à l'échelle du Québec? C'est moi qui donne les contrats, moi, je suis
préfet, là, puis je m'en attribue peut-être pas mal, là, mais, tu sais, on
donne... l'équipe de maires donne les contrats. Il n'y a pas plus tard que la
semaine passée, on a donné pour 3,5 millions de contrats de récolte de
bois, de création de chemins, de scarifiage et de plantation. C'est un moteur
économique chez nous. C'est nous qui le faisons. Alors, on travaille avec les
forestières pour vendre le bois, on travaille avec les sylvicultures pour
pouvoir replanter le bois, puis on le fait chez nous, avec l'acceptabilité
sociale puis avec notre monde. Tu sais, si nous, on réussit à faire de l'argent
avec des lots que personne ne voulait, comment est-ce qu'on n'est pas capable
au Québec...
19 h 30 (version non révisée)
M. D'Astous (Sébastien) : ...de
faire une filiale de bois qui va être solide puis qui va être prospère.
M. Fortin :Je... Ce n'est pas la première fois que je l'entends,
cette... votre exemple, là, de comment vous l'avez développé chez vous. Puis Mme
la ministre faisait référence à, peut-être, des choses qui sont faites
uniquement chez eux plutôt aujourd'hui. Mais, ça, c'en est un exemple que je ne
peux pas croire qu'on ne peut pas exporter un modèle, des... Je vous encourage
collectivement, là, à regarder les chiffres derrière ce que le préfet propose,
parce qu'ils sont parlants, puis ils en disent long sur la possibilité qu'on a
au Québec.
Je sais que ma collègue a des questions.
Je m'excuse si je n'ai pas laissé beaucoup de temps.
Le Président (M. Schneeberger) : ...
Mme Dufour : Merci, merci, M.
le Président. Merci à vous d'être ici. Mea culpa d'avance : c'est moi qui
a fait modifier le régime de sanctions en forêt... bien, en fait, les amendes,
qui a fait augmenter les amendes puis qui a dû faire modifier par la suite
parce qu'il n'y avait pas de distinction entre «forêt urbaine» et «forêt
privée», donc, parce qu'il y avait un enjeu. Et c'était la voix, là, de l'Union
des municipalités du Québec, là, que je portais à ce moment-là, parce qu'il y
avait un besoin d'augmenter les amendes qui étaient ridiculement basses. Donc,
moi, en tout cas, je comprends qu'il y a encore des ajustements. Et je m'engage,
là, à porter cette voix-là auprès de ma collègue qui est porte-parole en
affaires municipales. J'imagine, la ministre le fera de son côté auprès de sa
propre collègue, donc. Mais moi, en tout cas je pense que je vous ai entendus
qu'il y a des ajustements à faire encore de ce côté-là.
Par rapport au... l'enjeu entre les MRC et
les réglementations municipales MRC, je comprends que votre demande, ce serait
que les municipalités puissent faire des... encadrer, finalement, l'aménagement.
Et vous mentionnez que les MRC n'ont pas nécessairement les moyens d'appliquer
les règlements. Mais est-ce que les règlements pourraient être, disons, votés
par les MRC, mais appliqués par les municipalités? Est-ce que ce serait une
avenue possible?
M. D'Astous (Sébastien) : Il
n'y a rien d'impossible, mais ce n'est pas nécessairement simple à réaliser.
Les municipalités d'une MRC n'ont pas tous les mêmes... les mêmes enjeux puis n'ont
pas toutes le même non plus pouvoir d'action. Je pense que, présentement, ça ne
va pas si mal. En tout cas moi, ce que j'entends, c'est que ce n'est pas... ça
ne va pas si mal avec la forêt privée. Il y a peut-être des petits ajustements.
Mais, de là à dire : On va envoyer ça sur... dans les MRC, puis c'est les
MRC qui vont faire une espèce d'aménagement puis une réglementation municipale
pour l'ensemble des municipalités, je trouve que ça vient enlever la
responsabilité du conseil de ville qui est élu dans son village, dans sa
municipalité, pour prendre ces décisions-là. Surtout quand on parle de lots
privés, là, c'est... il n'y a pas... il n'y a pas une MRC qui va souhaiter
avoir cette responsabilité-là. Puis c'est d'enlever vraiment beaucoup de
pouvoir d'agissement. Tu sais, on est... Moi, j'ai beau... je suis maire d'Amos,
là, mais... puis je suis préfet par l'élection des maires de ma MRC, mais, mes
commettants, c'est les citoyens de la ville d'Amos.
Mme Dufour : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : On
n'a plus de temps. Alors, nous allons maintenant du côté de la deuxième
opposition, et j'entends le député de Laurier-Dorion pour trois minutes 28 s.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Bonjour, messieurs dames. Merci beaucoup.
La discussion tourne beaucoup autour des
tables GIRT en forêt publique, là. Vous parlez d'un vide institutionnel. On a
entendu la ministre nous dire tantôt que souvent, ça ne marche pas dans
certaines régions. Vous nous dites que ça marche dans certaines autres. Mais,
tout d'abord, sur la nature même de la fonction, le projet de loi propose que
ce soit un aménagiste. Donc, on passe d'une table de concertation où est-ce qu'on
cherche, à travers la discussion, un consensus, on passe à une délégation à une
personne qui va... après consultation, mais elle va trancher. Un arbitre, en
quelque sorte, nécessairement. Est-ce que ça vous convient, cette fonction d'avoir
un arbitre au lieu d'avoir une table de concertation?
Mme Cyr (Manon) : Bien, moi,
je pense qu'il faut avoir les deux. Il faut avoir l'aménagiste qui va être
indépendant, qui va relever du forestier en chef, mais il faut avoir cette
table de concertation là. Puis, chez nous, si je veux être honnête ce soir, il
y a certaines tables qui fonctionnent moins bien. Mais, Chibougamau, Chapais,
ça fonctionne bien. On a un même joint Mistissini puis Oujé. Donc, il y a
certaines tables qui fonctionnent bien. Moi, je me dis, dans les cas où ça
fonctionne bien, ça pourrait être la table de concertation de l'aménagiste.
Mais je pense que c'est important qu'on ait l'ensemble des parties prenantes
puis que, dans les cas où ça fonctionne, bien, qu'on puisse les maintenir.
M. Fontecilla : Et quels
seraient les ingrédients pour que ça fonctionne bien? Quel est votre secret?
Mme Cyr (Manon) : Ça, monsieur,
je ne le sais pas. Ça dépend des joueurs. C'est comme le match de hockey :
on aimerait ça que le Canadien gagne la Coupe Stanley, mais ils n'ont pas l'air
qu'ils ont la bonne équipe, puis ça va être une équipe de la Floride
probablement qui va finir, selon certaines statistiques. Mais je ne veux pas
faire de mauvaise blague mais...
M. D'Astous (Sébastien) : À
la base, les élus municipaux connaissent bien le terrain. On connaît bien nos
organismes, on connaît bien...
M. D'Astous (Sébastien) :
...nos entreprises. Puis on a à cœur le développement de notre territoire. Puis
si on est là, puis que les gens sont conscients que la consultation puis la
concertation se font via une entité qui est sous l'égide des MRC puis des élus
municipaux, bien, c'est sûr que ça vient crédibiliser la démarche puis ça
vient... ça vient faciliter l'acceptabilité sociale. À partir du moment où
est-ce que c'est une entité du gouvernement du Québec, que c'est du «top-down»
qui arrive de Québec, bien là, on va avoir l'impression que les mandats
arrivent, qu'on a les mains liées, qu'on peut... On n'a pas d'agilité puis de
pouvoir d'action. Puis moi, je vais avoir de la misère d'un œil politique
municipal, de défendre tout ça. Tandis que, là, je me sens très, très légitime
de participer à ça, de financer une partie des travaux. Puis moi, c'est
important d'agir. Je l'ai dit, je l'ai mentionné tantôt, juste une entente de
délégation et de gestion, je travaille avec ces gens-là via mon mandat de
délégation aussi, là. Je leur donne des contrats. Je leur donne des contrats
sous appel d'offres, là. On respecte toutes les... toutes les règles
d'attribution de contrats.
• (19 h 40) •
Ça reste que... Ça reste que ça crée
vraiment une dynamique où on entend parler tout le monde, dans leurs réalités,
leurs problèmes. Puis après ça, bien, ça... ça aiguille le milieu municipal
pour justement défendre leurs enjeux. Puis ce ne sont pas des enjeux qu'on vit
partout au Québec. Je parlais avec des collègues aujourd'hui, on était en
congrès, puis chaque MRC a tellement des disparités. C'est incroyable, là. Que
je vous parle de Loi sur les mines, il y a cinq... il y a... il y a quelques
mois, que je vous parle de foresterie, j'ai des collègues qui n'ont pas ces
enjeux-là, mais pas du tout. Et pourtant j'ai encore toute la palette, là, de
gestion de la neige, je... On s'occupe de tout le reste aussi, là. Ça fait
qu'on en a beaucoup sur les épaules, on est motivé, mais ça reste qu'à partir
du moment où est-ce que je ne peux pas être un ambassadeur parce que je ne
maîtrise pas l'information, bien, c'est difficile de faire que la population me
fasse confiance. Puis les élus municipaux, bien, on est les plus proches de nos
citoyens, surtout quand on est si loin.
Le Président
(M. Schneeberger) : Merci. Merci beaucoup. Nous allons maintenant
du côté de Matane-Matapédia pour 2 min 38 s.
M.
Bérubé
:
Merci, M. le Président. Comme tout le monde a des bons mots pour la mairesse de
Chibougamau, j'ajouterai qu'elle est originaire de Matane.
Mme Cyr (Manon) : Bien
là, je suis encore en fonction jusqu'au mois de novembre.
M.
Bérubé
:
Oui, oui. Ma question au préfet que j'ai rencontré lors de notre caucus qui
était en Abitibi-Témiscamingue, puis ça nous donne envie quasiment d'y
retourner, j'ai une citation de la ministre sur ce que devait être le régime
forestier pour une région comme la vôtre. Je cite. Selon la ministre, la
planification forestière des forêts au Saguenay ou en Abitibi ne va pas se
faire à Québec, mais bien dans les régions. Maintenant, ça va se faire sur le
terrain avec l'aménagiste régional et les gens qui connaissent la forêt comme
le fond de leur poche. Est-ce que vous trouvez que c'est ce que le projet de
loi apporte de positif, là, pour la région?
M. D'Astous (Sébastien) : Moi,
je pense que le projet de loi, avec... Il est bien, là. Je pense qu'avec quelques
petits changements, puis je suis convaincu qu'il va y en avoir, je pense qu'on
est capables d'arriver avec quelque chose qui va être gagnant pour le Québec.
Je pense que l'aménagiste, sur notre territoire, c'est un plus. Jamais qu'on va
prétendre que ça n'a pas sa place, mais il faut s'assurer qu'on va maintenir
les structures qui sont... qui fonctionnent. Il ne faut pas commencer à sabrer
dans ce qui fonctionne.
M.
Bérubé
:
Et ce n'est pas à vous que je vais apprendre que quelqu'un qui prend des décisions,
qui habite sur le territoire, c'est une bonne chose pour une région comme la
vôtre.
M. D'Astous (Sébastien) :
C'est... Vous avez entièrement raison.
M.
Bérubé
:
En toutes circonstances. Chemins multi-usages, chemins forestiers. J'en ai plusieurs.
Utilisateur payeur, c'est ça votre proposition, là, pour le groupe? Comment on
calcule ça? Au tonnage?
M. D'Astous (Sébastien) : Et
ça, c'est difficile à calculer parce que ça dépend justement de l'utilisation
qu'on en fait. Et elle est différente partout à l'échelle du Québec. Je vais
vous donner un exemple. Dans l'entente de délégation de gestion, c'est moi qui
donne les contrats pour faire les chemins. Et là je suis capable de déterminer,
si j'ai une gravelle à sablière, si j'ai des camions qui vont passer là. J'ai
un portrait de l'ensemble des usagers du territoire. Je ne suis pas certain
qu'un aménagiste en région va être capable de faire ce même travail là.
M.
Bérubé
:
Parce que le poids joue... joue pour beaucoup sur l'impact sur la route, là.
M. D'Astous (Sébastien) :
Définitivement.
M.
Bérubé
:
O.K.
Mme Cyr (Manon) : Mais
c'est clair que si c'est utilisateur payeur, on va peut-être être créatifs pour
diminuer le nombre de chemins. Si on a une planification forestière à long
terme...
M.
Bérubé
:
On va les regrouper?
Mme Cyr (Manon) : ...on
va peut-être être capables de faire des chemins pour le long terme.
M.
Bérubé
:
Avez-vous, des fois, là, l'envie de les rétrocéder au ministère des Transports
en disant : Partez avec? Moi, ça m'arrive souvent.
Mme Cyr (Manon) : Bien
moi, c'est à cause que, chez nous, on a d'immenses... Je ne suis pas capable de
répondre à ça, M. Bérubé, parce que...
M.
Bérubé
:
Le chemin de Saint-Paulin à Les Méchins, là, vous connaissez ça?
Mme Cyr (Manon) : Oui, je
sais, mais...
M.
Bérubé
:
Ça, c'est un exemple.
Mme Cyr (Manon) : Oui,
mais quand on regarde une région comme le Nord-du-Québec, la multitude des
chemins forestiers...
M.
Bérubé
:
C'est trop long.
Mme Cyr (Manon) : Bien,
il y a des routes qui sont stratégiques, qu'il faut maintenir, mais il y a
peut-être moyen d'avoir un patron de routes qui soit logique...
M.
Bérubé
:
On espère.
Mme Cyr (Manon) : ...puis
qui soit bon pour tout le monde...
Le Président (M. Schneeberger) :
…merci. Merci beaucoup. C'est déjà tout le temps qu'on avait. Alors, merci
beaucoup pour l'apport à la commission. Nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 19 h 44)
(Reprise à 19 h 50)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Nous recevons M. Henri Jacob, pour la dernière
partie de la soirée, d'Action boréale. Alors, M. Jacob, bonsoir. Vous avez un
10 minutes pour faire votre présentation, et, par la suite, nous allons
procéder à une période d'échange avec les députés. Allez-y.
M. Jacob (Henri) : Oui,
merci. Bonsoir à tout le monde. Bonsoir, Mme la ministre. Bonsoir, MM. les
députés et... mesdames et messieurs. Mon nom, c'est Henri Jacob, je suis
président de l'Action boréale, qui a été créée, il y a 25 ans, aux suites du
film L'erreur boréale. L'Action boréale a pour but de contribuer à la
création d'une foresterie intelligente, à proposer des territoires à protéger
et à défendre des droits écologiques. L'Action boréale a plus de 1 000
membres actifs payants. D'ailleurs, c'est notre seule source de financement.
Nous ne recevons, contrairement aux autres groupes, aucune subvention
gouvernementale ni aucune subvention de qui que ce soit.
Ça fait que je vais aller de suite à
mes... mon intervention. La forêt n'est pas qu'un ensemble de mètres cubes,
mais plutôt une variété d'écosystèmes composés d'une multitude d'espèces
vivantes, végétales et animales. C'est aussi un ensemble de services
écologiques : purification de l'air, assainissement de l'eau, production
de nourriture, de matériaux de construction, de médicaments. C'est aussi, et surtout,
des puits de carbone, qui, malheureusement, sont en train de se transformer en
sources de carbone, d'après les dernières études, à cause de la surexploitation
de ces territoires-là.
Depuis des années, on ne cesse d'apprendre
le déclin des espèces. Le dernier rapport du Fonds mondial de la nature parle
que 69 % de toutes les espèces de mammifères ont disparu depuis les
derniers 50 ans. Ce n'est pas rien, ça veut dire qu'il nous en reste 31 %.
Et c'est où... et la liste des espèces menacées ne cesse de s'allonger. Même
ici, au Québec, on a de la difficulté à reconnaître qu'une espèce peut être
menacée. Exemple, le caribou. Même celui-là de Val-d'Or, le troupeau de
caribous de Val-d'Or, qui ne comprend que neuf bêtes, n'est même pas considéré
comme menacé, pour dire. S'il n'y a pas de changement drastique dans la façon
de voir la forêt, comme... qu'on la voit comme... uniquement comme une source
d'approvisionnement en deux-par-quatre et en copeaux, on devra expliquer à nos
enfants et à leurs descendants pourquoi nous avons dilapidé leur héritage en si
peu de... en si peu de considération.
Le projet de loi n° 97,
on nous dit qu'il a été le fruit d'une grande consultation. En fait, il y a eu
des tables de réflexion... ça s'appelait comme ça, tables de réflexion... à la
fin de l'hiver passé et au début du printemps. J'ai eu la chance de participer
à la rencontre qui a eu lieu à Rouyn, et, au mieux que je peux dire, c'était
peut-être une prémisse à une réelle consultation, mais ce n'était pas une
consultation. Pour nous, une vraie consultation doit contenir un portrait à
jour de l'état de nos forêts, pas qui comprend uniquement les mètres cubes de
bois de matière ligneuse, mais toutes les autres composantes aussi, celles-là
du capital nature, c'est-à-dire les... toute la biodiversité, l'ensemble des
êtres vivants, les sols et des services écologiques, entre autres. Ensuite...
et c'est seulement quand on aura ce portrait-là qu'on peut réellement discuter
de comment on peut utiliser, quelles quantités on peut utiliser et quelle façon
de faire pour récolter ou utiliser des ressources qui sont dans ces territoires-là.
Il faut toujours s'assurer que les récoltes ne dépassent pas la capacité de
renouvellement de ces écosystèmes-là.
Dans le projet de loi n° 97, on nous
ramène le concept de la triade, un vieux concept d'il y a quelques dizaines
d'années, qui divise, en fait, le territoire... et qui propose de diviser le
territoire en trois grandes zones : une zone qui devrait être réservée à
la conservation des écosystèmes, une autre zone, qu'on dit multiressources,
c'est-à-dire, à peu près... ou multi-usages, un peu ce qu'on fait présentement,
et une dernière zone, on parle... nous, on parle d'une sorte
d'artificialisation de l'agriculture forestière. Et là le...
M. Jacob (Henri) : …le vrai
principe, le vrai concept de la triade, Il faut commencer par identifier les
zones qu'on veut conserver pour maintenir en vie les écosystèmes. C'est une
prémisse qui est… dans tous les gens qui parlent de la triade. Contrairement,
dans le projet de loi, on a surtout tendance à parler que la première zone à
identifier, ça va être les zones d'intensification ou à… aménagement forestier
prioritaire, mais on pense que c'est aller à l'envers du concept et qui, en
plus, va rajeunir des forêts. Parce que les forêts sont composées d'une
multitude d'essences, mais aussi de différents stages d'âge, qui produit des
différents produits à différents usages. Exemple, les champignons n'ont pas… ce
n'est pas les mêmes champignons qu'une forêt, elle a 20 ans, qu'une forêt
qui a 40 ans puis une forêt que… 60 ans. Même chose pour les
mammifères et les oiseaux qui la visitent ou qui demeurent pour une période de
temps, ce n'est pas les mêmes des différents âges.
Ça fait que si on continue à faire de la
foresterie intensive, tout ce qu'on va perdre, c'est toutes les espèces qui
vivent avec des forêts plus âgées que 70 ans et tous les mammifères qui
utilisent ces territoires-là. Le caribou n'aura plus de place parce qu'après
une coupe forestière dans son territoire, il faut attendre 40 ans,
45 ans pour que le lichen se reproduise. Et c'est sa nourriture d'hiver.
Donc, ce projet de loi là, s'il touche à des territoires à caribous, on peut
dire adieu au caribou, il n'y en aura plus.
Une autre partie du projet, on dit qu'on
veut faire disparaître les tables de concertation GIRT. D'ailleurs, mon
prédécesseur nous a dit que ça fonctionnait très bien. C'est en Abitibi. Ça
fonctionne tellement bien que le mois passé, la table GIRT dans la section
Amos, c'est-à-dire la table GIRT de la MRC d'Abitibi, elle s'est jointe à la
MRC de la Vallée-de-l'Or… en faire une seule table parce qu'il n'y a pas assez
de gens qui veulent y participer. Les gens trouvent que… beaucoup de gens
trouvent que les tables GIRT ne donnent pas assez de pouvoir de vraiment de
concertation.
Je veux juste vous rappeler qu'en 2020
quand le gouvernement a enlevé 83 aires protégées, nous, la table GIRT, de
façon drastique, là, il a simplement scrappé 83 propositions d'aires
protégées qui avaient été conçues après des… une dizaine d'années de
concertation au niveau des régions. En Abitibi, c'était 12 territoires qui
ont été, comme ça, scrappés. Nous, la table GIRT, on a envoyé une lettre au
ministère responsable des Forêts pour lui dire de conserver ces territoires-là
dans le bassin des futures aires protégées. On s'est fait répondre par la
sous-ministre que ce n'était pas du mandat des GIRT de s'occuper de la
concertation… de la conservation. Ça vous donne une idée. Quand on parle de
forêt, la gestion des ressources intégrée, les ressources intégrées, ce n'est
pas la conservation.
On nous dit qu'on va nous envoyer un
aménagiste forestier régional qui lui va remplacer cette concertation-là. Tout
à l'heure, je voulais dire… je ne suis pas contre qu'on garde les GIRT, mais il
faut améliorer le processus. Il faut donner certains pouvoirs et faire
réellement… parler de gestion intégrée de ressources et non pas juste parler
d'un… Quand le ministère nous propose, on va passer le chemin à gauche ou à droite
de la grosse épinette, je pense que ça dépasse ça, la gestion intégrée des
ressources. Ça fait que moi, je pense… je suis pour qu'on conserve au moins un
lieu de concertation parce que c'est le seul lieu qui nous reste où on peut
faire de la concertation, théoriquement, ça fait qu'il faut garder au moins une
forme de table qui va permettre la concertation et pouvoir accueillir plus de
joueurs alentour de la table, une diversité plus grande.
On parle qu'il faut… et on va remplacer ça
par un aménagiste forestier régional. Je suis prêt à parier que ce ne sera pas
un biologiste, que ça va probablement être un ingénieur forestier, vu qu'il va
être sous les ordres du forestier en chef, puis lui, son rôle est de calculer
le nombre de mètres cubes qui peut être attribué aux différentes compagnies et
aux différents preneurs de ressources. Cet aménagiste-là va être… Il ne sera
pas au service des gens de la région, il va être au service de son boss qui est
un sous-ministre de la… Forestier en chef. Ça fait que, pour nous, c'est une
aberration que cet aménagiste-là soit sous les ordres du forestier en chef et
non de la région.
Puis nous autres, on pense qu'une bonne
foresterie devrait se baser sur la capacité de production naturelle des
écosystèmes et non sur les besoins exprimés par l'industrie. Exactement ce qui
se passe aujourd'hui. On s'aperçoit qu'on manque de bois parce qu'on n'est pas
capable de fournir les demandes des industries. Puis en passant, juste ici en
Abitibi, à Val-d'Or et à… le chantier… le chantier à Chibougamau qui est devenu
propriétaire, a fermé les deux usines il y a à peu près deux mois. On ne parle
pas des usines qui ont été fermées au courant des mois précédents dans le
Témiscamingue.
Un autre chose qui nous… et qui nous porte
à questionnement, c'est la question qu'on parle de… on va…
M. Jacob (Henri) : ...instaurer
le principe d'utilisateur-payeur pour les chemins forestiers. Là-dessus, on est
en accord, à condition qu'on dise qui sont les réels utilisateurs, qui
utilisent vraiment les chemins multiressources. Parce que nos chemins
multiressources, ce sont en priorité et en premier des chemins forestiers qu'on
a simplement changés de nom après que l'industrie aura fait sa récolte sur le
territoire. On pense que, naturellement, si... les gens, qu'ils vont devoir
payer, on est d'accord que les utilisateurs paient, mais je pense que
l'industrie forestière devrait payer le plus gros montant, même quand qu'il ne
l'a pas... qu'il ne l'utilise pas durant... entre deux coupes, donc, entre les
70 ans, pour l'entretien. Les autres utilisateurs pourraient aussi être... je
dirais, on pourrait leur envoyer une facture aussi, selon leur utilisation.
• (20 heures) •
En fait, nous, on pense qu'il devrait y
avoir... on devrait instaurer, un peu comme on a instauré, après la commission
Coulombe, un bureau du Forestier en chef... il devrait y avoir un bureau d'un
biologiste en chef, et parce qu'on pense que ce qui manque en forêt,
présentement, c'est de tenir compte de toutes les autres propriétés et les
autres composantes des écosystèmes forestiers. Ça fait qu'on s'imagine qu'on
devrait avoir ça pour avoir un pendant pour dire : Bien, naturellement, il
faut aussi tenir compte... pour la faune et pour la flore, il faut tenir compte
aussi des autres composantes.
Puis il y a une proposition du CEF qui
nous interpelle aussi, la création d'un observatoire permanent et qui pourrait
faire, elle, et les observations, et les recommandations en continu au
ministère.
Je m'excuse à mon mémoire... on n'a pas eu
le temps de faire un mémoire, j'ai juste appris il y a deux jours qu'on passait
en commission parlementaire. C'est pour ça que je ne peux pas vous voir face à
face. J'en suis désolé. Ce n'est pas de votre faute, c'est de la faute de la
technologie. Ça fait que je vous remercie.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? Bien, merci beaucoup. Alors, nous allons procéder à une période d'échange,
et je laisse Mme la ministre, 15min 30s.
Mme Blanchette Vézina : Merci.
Merci à vous, M. Jacob. C'est un plaisir de vous revoir, là. Je pense qu'on
s'était vus il y a quelque temps, en Abitibi, là, lors d'une des récentes...
précédentes, je devrais dire, visites.
Peut-être rectifier, là, certaines choses,
là, juste s'assurer qu'on a une compréhension commune, là. Moi non plus, je
n'ai pas la volonté... il n'y a pas de dilapidation du territoire ou de
privatisation du territoire, là. Je l'ai dit en remarques préliminaires, mais
il n'y a pas de privatisation, on va demeurer... le ministère va demeurer en
surveillance, puis ça va être important de le faire, mais de s'assurer que les
entreprises qui sont licenciées respectent les obligations. Et on a mis des
mesures en place, très... beaucoup plus strictes que ce qu'on a en ce moment
pour s'assurer du respect de leurs obligations. Ça fait que ça, on partage ça,
il n'y aura pas, comme je vous dis, de dilapidation.
Puis on garde le Forestier en chef, qui
est une fonction importante qui a été instaurée suite à la commission Coulombe,
là, notamment, mais qui est là pour rester, et... Forestier en chef,
aménagistes forestiers régionaux, vous parliez des biologistes? Bien, le
Forestier en chef... il y a des équipes de biologistes aussi qui travaillent au
sein du bureau du Forestier en chef pour s'assurer, également, là, de tenir
compte de fonctions biologiques de la forêt, notamment dans la volonté du
calcul, là, des possibilités forestières, bon, différents éléments. Mais le
Forestier en chef va demeurer, on lui donne un pouvoir accru. Il y a aussi des
équipes de biologistes qui sont au ministère.
Donc, pour nous, cette fonction importante
de la forêt, là, dans un écosystème, elle est là aussi. Puis, peut-être... Vous
réitérez que, si on met en place des zones, si on souhaite mettre en place des
zones d'aménagement forestier prioritaire, prioritaire et non exclusif, c'est
pour se permettre de pouvoir aussi faire de la protection du territoire, chose
qui, je crois, là, rejoint vos objectifs.
Peut-être une question pour vous, là, dans
le principe utilisateur-payeur. Oui, effectivement, là, vous avez mentionné,
bon, le fait que, bon, souvent, le chemin va être ouvert par la récolte
forestière. On voit un problème certain en ce moment à faire... à arriver à
faire l'entretien de l'ensemble du réseau des chemins multi-usages. 550 000
kilomètres de chemins, là, ça fluctue d'année en année, c'est plus que la
distance terre-lune, ça fait que c'est immense. Donc, vous parlez du principe
d'utilisateur-payeur qu'il faudrait considérer, là, pour s'assurer d'avoir une bonne
cohérence des usagers. Comment vous voyez ça, là, si on veut instaurer cette...
parce que c'est un principe qui existe déjà mais qui n'est pas toujours
appliqué, là, qu'on vient enchâsser, des mesures aussi qui vont permettre
d'avoir une meilleure sécurité avec le plan de gestion des chemins, une
meilleure planification, qui vont permettre aussi d'éviter d'avoir des
prédateurs dans certaines régions, là, qui viennent affecter, notamment, là,
pour le caribou, donc, tu sais, qui viennent affecter, là, des...
20 h (version non révisée)
Mme Blanchette Vézina : ...des
écosystèmes. Mais j'aimerais vous entendre parce vous avez mentionné, là, qu'il
faudrait faire attention à ça, mais je voudrais mieux comprendre votre point de
vue.
M. Jacob (Henri) : En fait,
la première des choses, je ne connais pas beaucoup, en Abitibi-Témiscamingue,
de kilomètres de chemin qui ont été faits pour d'autres choses que pour l'exploitation
forestière au départ. Ça, c'est la première des choses. Après, on en fait des...
on dit... on appelle ça des chemins multiressources. Et là, et le même
ministère, votre ministère, la section terre, lui, donne des permis aux gens
après de se construire des camps de chasse, donc là tu es pogné à garder tous
ces chemins-là. Je peux vous dire qu'ici en Abitibi-Témiscamingue, si vous
regardez la carte des camps de chasse, il y en a un à tous les kilomètres de
chemin, partout, partout, partout, puis même en dehors il y a des chemins qui
sont faits, ça fait que juste fermer un bout de chemin, c'est quasiment
impossible en Abitibi-Témiscamingue, à moins que tu veuilles fermer des camps
de chasse aussi. Ça, c'est la première des choses. Nous, ce qu'on dit dans l'utilisateur
payeur, on fait des chemins forestiers, c'est pour l'industrie forestière et c'est...
Mme Blanchette Vézina : Donc,
ce serait par l'industrie forestière?
M. Jacob (Henri) : Bien là, c'est
parce que je pensais que vous vous étiez occupée à écouter d'autres personnes.
En fait, oui, l'industrie forestière, vu que les chemins sont faits pour eux en
premier, c'est eux qui... ils ont la responsabilité de payer la majorité. Je
pense que nous, les citoyens du Québec, on en paye déjà une bonne partie avec
nos taxes de ces chemins-là, et ça devrait... Et les compagnies forestières,
même en dehors du temps qu'ils vont faire des récoltes, devraient payer aussi
pour l'entretien, parce qu'ils vont les réutiliser eux autres dans 70 ans si
on fait surtout de la foresterie intensive, ça va être pour eux autres encore. On
ne fera pas de la foresterie intensive pour avoir plus d'orignaux ou pour avoir
des pékans ou de la martre, ça, c'est d'autres choses.
Après ça, il y a eu peut-être l'industrie
minière qui devrait payer, parce que là, l'industrie minière aussi, nous autres,
ici, en région, si vous le savez, on a 60 % à peu près de l'Abitibi, je ne
parle pas du Témiscamingue, de l'Abitibi qui est couverte de claims miniers. Ça
fait qu'eux autres aussi, ils devraient payer une partie. C'est un autre grand
utilisateur. Et les utilisateurs pour l'énergie, les lignes de transport d'énergie
par Hydro-Québec, les territoires qui vont être utilisés pour mettre des
éoliennes, ces gens-là aussi vont faire des chemins, donc ils devraient payer
la grosse partie.
Puis je pense aussi les gens qui vont l'utiliser
pour le sport, il peut y avoir une certaine forme de taxation qui va être sur
leur compte de taxes pour en payer aussi. Mais on le fait déjà, nous autres,
les citoyens du Québec et les citoyennes, on paye déjà pour ces chemins-là,
même si on ne les utilise pas. Ça fait que c'est un peu puis un peu dans ce
sens-là notre intervention sur la question du principe pollueur... pas pollueur,
mais payeur... utilisateur payeur.
Mme Blanchette Vézina : Je
comprends. Je comprends bien. Je laisserais la parole au député de
Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Schneeberger) :
...
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Combien
de temps, M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) :
Je ne peux pas vous le dire... problème chrono.Je vous le dis aussitôt
que je l'ai, le temps réel.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : O.K.
Parfait. On a 10 minutes? Ah, parfait. Bonjour, M. Jacob, c'est un
plaisir de m'adresser à vous. Je suis quelqu'un qui vient d'une région avec une
très grosse filière forestière, Saguenay-Lac-Saint-Jean, aussi avec un accès au
territoire extrêmement, on va dire, développé en chemins multiusages. On a des
villégiateurs, plus de 10 000 baux villégiature. On possède le chemin
multiressources le plus utilisé au Québec, le chemin Chutes des passes, qui
mène aussi accès à des barrages d'Hydro-Québec, Rio Tinto. Donc, un secteur qui
est extrêmement utilisé à d'autres fins que de la foresterie, donc toutes les
activités de chasse, de pêche, de villégiature.
Puis je reviens, entre autres, justement
aux chemins multiusages, avec un territoire qui est quand même assez escarpé, parce
qu'il faut bien comprendre que le paysage au Québec est différent d'une région
à l'autre. Pour avoir été à Chibougamau, en Abitibi-Témiscamingue, des
territoires qui sont beaucoup plus plats. Chez nous, c'est très escarpé, avec
des enjeux et des difficultés, justement, là, de conception. Oui, les
compagnies forestières font beaucoup de chemins aussi divers, ce qui leur
permet aussi d'avoir un côté économique, hein, parce qu'il faut quand qu'ils...
en tirer des bénéfices si on veut que tout ça se poursuive et que tout ça aussi
continue de se développer et d'investir dans nos filières forestières. Donc, ils
payent déjà pour faire ces chemins-là. Donc, c'est sûr et certain que l'enjeu
des chemins multiusages est extrêmement important, parce qu'ils sont utilisés
par d'autres personnes aussi qui en bénéficient. Bon.
Moi, j'aimerais vous entendre, entre
autres, sur la forêt expérimentale de Duparquet, du lac Duparquet. Je pense que
c'est dans votre coin. On a celle de Montmorency dans la réserve faunique des
Laurentides. On a Chicoutimi aussi. J'aimerais ça vous entendre un peu qu'est-ce
que vous pensez de ça, ces forêts expérimentales là puis...
M. Jacob (Henri) : Bien, d'abord.
Je connais bien la forêt de Duparquet...
M. Jacob (Henri) : ...on
connaît aussi les acteurs de la forêt, dont Yves Bergeron est spécialiste sur
les feux de forêt, qui a fait toute l'histoire des feux de forêt, etc. Leur
expérimentation nous mène à... le mène même à la conclusion, dernièrement,
après les feux de forêt de 2023... ont émis un rapport en disant qu'il faut
absolument changer la façon qu'on exploite la forêt boréale. Parce qu'on crée
des territoires... surtout avec les plantations de conifères, on crée des
territoires à feu. Je connais le feu de Quévillon, qu'on a... le grand feu de
Quévillon, parce qu'à chaque année, je vais baguer des canards, poser les
bagues aux canards juste au sud. J'ai été chanceux, le feu a arrêté un kilomètre
avant l'endroit où je baguais. Mais ce qu'ils nous racontent, c'est qu'il faut
absolument arrêter de faire des grandes exploitations et surtout des grands
territoires qu'on met juste une espèce, surtout une espèce d'arbre qui est
bien, bien... c'est du gaz, en fait, pour l'industrie. D'ailleurs, dans le feu
de Senneterre, quand je suis allé visiter les territoires qui avaient été...
qui avaient brûlé, les places qui avaient des plantations, il y avait des
plantations de pas loin de 40 ans, quand ça a brûlé, ça a brûlé tellement
intense que le sol a brûlé dedans. Il ne reste plus rien dans le sol. Ça va
prendre des... Je ne sais pas quelles sortes de plantations qu'ils vont faire.
Parce qu'habituellement les feux passent dans la vieille forêt. D'ailleurs,
les... à côté, il y avait des forêts, des restants de forêts naturelles qui ont
brûlé. Et, dans... quelques semaines après, il y avait déjà une repousse de
feuillus, ce n'est pas les arbres idéaux pour la forestière, mais ça prouvait
que ça n'avait brûlé dans le sol à la même intensité que des plantations. C'est
ça... C'est ça qu'on reproche à l'intensification forestière. C'est qu'on
plante une sorte d'espèce d'arbres.
• (20 h 10) •
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Bien,
en fait... en fait, au Québec, 80 % de la régénération se fait
naturellement. Il faut tenir compte aussi qu'on ne fera pas pousser des érables
à sucre au 50e parallèle, là, chez nous, là, hein? On s'entend là-dessus.
À Chicoutimi, on a des experts aussi, puis
on a le regretté expert M. Claude Villeneuve...
M. Jacob (Henri) : Je ne
connais aussi.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : ...qui
avait apporté l'aspect aussi des changements climatiques. Et, dans le projet de
loi, on en tient compte. Et il le disait : Il faut adapter... s'adapter
face aux changements climatiques. Et, vous savez, une fois qu'il a sorti ces
informations-là, dans le sommet de la foresterie qui s'est passé chez nous il y
a quatre ans, on a des groupes qui se sont opposés à ce qu'il mentionnait.
Parce que ça vient rejoindre un peu les grands principes, les orientations de
notre projet de loi. Parce qu'il faut s'adapter aux changements climatiques,
effectivement, il faut revoir les choses. Et on en tient compte dans le projet
de loi. Donc, je pense qu'à ce niveau-là, il y a des... il y a des divergences
d'opinions en termes scientifiques, en termes de recherche.
Mais je pense aussi que j'ai d'autres
collègues, là, qui veulent... qui veulent prendre la parole.
M. Jacob (Henri) : Bien,
peut-être...
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Mais
je vous écoute. Allez-y.
M. Jacob (Henri) : Sur la
question des changements... des changements climatiques, en fait, on voit
beaucoup de messages à la télévision. On dit maintenant on coupe un arbre, on
en plante un, donc on aide à séquestrer du carbone. Ce qu'il faut dire, en
forêt boréale, la plupart des rapports nous disent qu'il y a deux à trois fois
plus de CO2 dans le sol que dans l'arbre. Quand on fait une coupe à blanc,
parce que c'est ça qu'on fait, les CPRS, c'est des coupes à blanc, on... Au
printemps, l'eau fond très, très rapidement, le sol se réchauffe, et le CO2 qui
est emmagasiné dans le sol, qui en... je vous rappelle qu'il y en a trois fois plus
que dans la matière ligneuse, lui se trouve à monter en atmosphère. Ça fait
qu'il faut refaire la façon de faire de la foresterie pour pas ne créer ce
genre d'affaires là. Parce que c'est une aberration qu'on va séquestrer un
tiers du carbone puis on laisse le deux tiers monter dans l'atmosphère en
disant qu'on va faire... on s'adapte aux changements climatiques.
Ce que justement Yves Bergeron puis la
gang des CEF proposent, c'est d'avoir des forêts beaucoup plus petites,
beaucoup plus mélangées, avoir... Puis, quand on parle de mélanger, ce n'est
pas mettre de l'épinette avec du pin gris, là. On parle de, oui, des... il va
falloir mettre des feuillus. Et aussi, si on veut faire des plantations, il ne
faut pas... Mais, je pense, la nature, en grande partie, vous dites qu'elle se
régénère à 80 %. Dans le temps, quand j'étais jeune, nous autres, elle se
régénérait... jusqu'à 95 %. L'utilisation de la machinerie, la façon qu'on
fait nos coupes et la façon... même les CPRS... les CPRS, ils ont commencé ça
en Abitibi. Il y a eu une étude qui a été faite par le ministère, votre
ministère. Le ministère arrivait que 20 % du territoire ne se régénérer
pas à cause de l'orniérage, à cause que les machines passaient sur le terrain,
créaient des ornières, et, en plus, créaient un problème au printemps parce
que... à cause de ces ornières-là, toute la neige qui fond se transforme en
l'eau, descend dans ces ornières-là, se retrouve dans les cours d'eau et fait
mourir les poissons, parce que ça fait pousser une végétation qui les... pas
qui les «empoisonne» mais qui les étouffe. Ça fait que la question de la
séquestration du carbone, il faudrait qu'on fasse une étude beaucoup plus
précise pour arriver à départir ce qui est dans le sol et ce qui est dans
l'arbre. Et là, à partir de là, on pourrait parler de séquestration.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Mme Blanchette Vézina : M. le
Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme Blanchette Vézina : ...spécifier
pour... c'est un point vraiment...
Mme Blanchette Vézina : …puis
d'ailleurs le forestier en chef a des travaux qui sont en train d'être menés
pour vraiment s'assurer de la captation du carbone des forêts. Il y a… Il y a
une possibilité, là, donc de calculer cette captation-là, là, qui pourrait être
faite par le forestier en chef. Puis je sais qu'il y a des travaux, il le
mentionnait, là, il y a des travaux qui sont menés en ce moment pour avoir un
calcul réel et juste, c'est une volonté également qu'il a et que nous avons,
là, d'avoir… d'avoir ce calcul réel en fonction des études… Puis là-dessus, il
y a différents courants de pensée. Là, moi, j'ai rencontré Claude Villeneuve,
défunt Claude Villeneuve, il y a quelques... quelques mois avant son décès, il me
mentionnait qu'il avait des positions qui étaient différentes de certains
autres chercheurs par rapport à ses recherches là-dessus. Mais soyez assuré que
le forestier en chef a également cette volonté et nous-mêmes, là, de pouvoir
calculer de manière juste le bilan carbone de la filière forestière.
M. Fortin :
…
M. Jacob (Henri) : Bien, moi,
je recommanderais de voir le CEF…
Mme Blanchette Vézina : Je
n'ai pas la réponse, mais je pourrai vous revenir.
M. Jacob (Henri) : Bien, je pense
qu'il serait important de consulter aussi le CEF, Le Centre des Études
forestières, il y a 86 spécialistes dont plusieurs ont fait des études
exactement sur le CO2 dans les sols.
Mme Blanchette Vézina : Bien,
exact. On travaille avec eux. Je tiens à rassurer tout le monde, je n'ai pas la
date, mais je pourrai vous revenir. On aura du temps pour étudier le projet de
loi ensemble. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) :
Est-ce qu'il y avait d'autres intervenants? Non. Il reste une minute. Député
d'Abitibi… Témiscamingue, voilà.
M. Bernard : Mais en fait, je
vais y aller. Bonsoir, M. Jacob, Daniel Bernard, merci d'être là. Je vais y
aller rapidement. On a entendu la SNAP puis beaucoup d'autres groupes, quand
ils parlent de la… ils nous parlent beaucoup des critères pour les zones de
conservation, mais on n'a pas encore entendu parler, quelles pourraient être
les critères pour les zones de foresterie prioritaires? J'aimerais vous
entendre là-dessus si vous avez quelques idées pour comment qu'on pourrait les
définir.
M. Jacob (Henri) : Bien, en
fait, la question… on devrait avoir un même processus pour des... Si on veut,
là, faire une triade, on devrait avoir le même processus qui… on discute en
même temps de qu'est-ce qu'on doit conserver, qu'est-ce qu'on peut utiliser de
façon extensive et qu'est-ce qu'on peut utiliser de façon intensive avec les
mêmes critères. Je pense même la SNAP utilise même ce terme-là. Parce qu'un…
exemple, pour avoir des aires protégées, ici, en Abitibi, c'est au moins 10,
15 ans de consultation et de concertation. Puis, pour créer des aires
d'intensification, on a l'impression qu'il y a une discussion qui se fait à
Québec et tu claques des doigts. On l'a vu que des régions sont rendues à
25 %, ici, en Abitibi, c'est… on parlait à une époque… quand j'étais avec
M. Arseneau, on parlait de mettre ça à 15 %. Je ne sais pas ce qui en est
arrivé, mais la question qu'on se posait, nous autres, on dit : On veut
bien avoir des zones qu'il faudrait peut-être faire de l'intensification, puis
si on voulait en faire, je pense, la première des choses, c'est investir dans
les terres qui sont des territoires privés qui veulent… ils veulent justement
faire de… C'est déjà de l'intensification qu'il fait, ça fait qu'il faudrait peut-être
investir là. Même le projet de loi, d'aller à 30 %, il n'existe
probablement pas assez de budget au Québec pour être capable de faire des
travaux sylvicoles pour implanter des plantations sur 30 % du territoire.
Juste au point de vue économique, pas sûr qu'on est capable de faire ça…
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci…
M. Jacob (Henri) : …mais on ne
peut pas… On ne peut pas commencer par choisir les territoires qui vont faire
de l'intensification. C'est la dernière étape du processus de la triade ici, on
parle.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle et j'entends le député de Pontiac pour neuf minutes 45.
M. Fortin :
Merci. Merci, M. Jacob. Merci d'être là ce soir avec nous et merci de votre
implication depuis… vous avez dit depuis l'erreur boréale, donc depuis, quoi,
25, 30 ans, là, au moins.
M. Jacob (Henri) : Non, j'ai
commencé, moi, en 1972. Ça fait que, tu sais, ça en fait un petit peu plus.
M. Fortin :
Le principe de triade, là, vous en avez… vous en avez parlé dans votre exposé,
vous venez d'en parler encore avec le député du Témiscamingue. Si c'est fait
selon les meilleurs standards ou les meilleures pratiques, disons, un peu comme
le professeur Messier disait ce matin dans la presse, là, si c'est fait avec
des budgets suffisants pour un réel aménagement intensif, si c'est fait avec
une réelle concertation ou consultation du milieu, si c'est fait en élaborant
ou en identifiant d'abord et avant tout les zones de conservation, est-ce
que... est-ce que vous êtes contre le concept de triade? Est-ce que ça peut
fonctionner avec tous ces éléments-là?
M. Jacob (Henri) : Je pense
que c'est un des outils qui peut être utilisés sur certains territoires. Oui,
on peut en utiliser parce que je pense qu'on peut en faire à certaines places,
une certaine intensification. La question, souvent, ce n'est pas nécessairement
le principe qu'on a, c'est plutôt l'application qu'on a un problème. On nous dit…
exemple, le forestier en chef, on nous avait dit que ce serait un forestier qui
serait indépendant du gouvernement, et maintenant il est sous la ligne des
sous-ministres. Là, la même chose pour l'aménagiste qui va être en région, il
ne sera pas indépendant, il va être sous les ordres du forestier en chef, ça
fait que la même chose…
M. Jacob (Henri) : ...pour
les concepts, on n'est pas contre qu'il y a une certaine intensification sur
certains territoires, et ce n'est pas un pourcentage, sûrement, de 25,
30 %. À l'époque, on nous parlait que, si on avait 10 %, 12 %
d'intensification, on devrait être capable de doubler quasiment la production
forestière. Je ne sais pas si les forestiers nous ont chanté la pomme, mais
j'étais sur la commission forestière en Abitibi, et c'est des gens du ministère
qui nous parlaient de ce concept-là. Ils nous parlaient de 12 %. Ça fait à
peu près quoi, 30 ans de ça, là. Ça fait que peut-être qu'à cette heure
ils ont révisé leurs chiffres, ce n'est pas aussi productif qu'ils pensent.
M. Fortin :Le professeur... nous disait ce matin que ça risque de
créer des conflits d'usage, ça risque de créer de l'antagonisme. Est-ce que
vous le voyez? Dans la formule actuelle, là, qui est proposée par le
gouvernement dans son projet de loi, est-ce que...
• (20 h 20) •
M. Jacob (Henri) : Bien, je
le vois... Excusez.
M. Fortin :...est-ce que c'est ça que vous sentez aussi, que.. Est-ce
que c'est ça que ça va créer?
M. Jacob (Henri) : Totalement.
Moi, je travaille ici, en Abitibi, avec les communautés autochtones. Je n'en ai
pas... je n'en connais pas un seul, autochtone, dans tous ceux que je
rencontre, puis ça fait 40 ans que je travaille avec eux autres, qui est
heureux de ce projet de loi. Ils sont en train de mettre des... chaque bord de
chemin en voulant dire que, maintenant, il risque d'avoir des chemins qui vont
se faire fermer. Le projet de loi, tel qu'il est fait, a créé une sorte
d'unanimité, mais contre lui. À part les compagnies forestières puis les chambres
de commerce, je n'en connais... peut-être quelques maires de... comme le maire
d'Amos, d'ailleurs, qui est contre les les aires protégées, qui, eux autres,
sont d'accord, mais le reste de la population partout, tous les groupes que je
rencontre sont totalement contre la façon que c'est fait et surtout cette
partie-là d'intensification, qui va devenir une priorité, qui va... Même si on
dit qu'on va pouvoir aller à la chasse là-dessus, bien, un territoire d'une
plantation... J'en visite, des plantations, puis je vais dire qu'à part que de
voir des souris, là, tu ne vois pas grand-chose d'autre sur le terrain, là,
puis tu ne les vois pas... tu n'en vois pas gros. Il n'y a pas d'orignaux
là-dessus, il n'y a pas d'autres... Bien, il y a... On parle d'une plantation
de pins gris, là.
M. Fortin :Oui, on l'entend, le commentaire, notamment, des Premières
Nations, là, pour avoir discuté avec la chef du Lac-Simon il y a quelques... la
semaine dernière, là. Effectivement, il y a une tension sociale qui se ressent,
disons, ces jours-ci, autour du projet de loi, puis ça, je ne pense pas que
c'est bon ni pour les communautés des Premières Nations, ni pour l'industrie
forestière, ni pour... ni pour les régions.
Est-ce que, dans le principe du mode de
triade idéal, là, dans... De la façon où le mode de triade par triade pourrait
fonctionner, comment on... comment on fait, M. Jacob, pour sélectionner le type
de territoire à identifier à chacun des usages, à part commencer par le
territoire de conservation?
M. Jacob (Henri) : Bien, en
fait, comme je vous dis, c'est qu'il faut... il faut faire... exactement
prendre le même processus qu'on a fait pour créer les aires protégées de 2000 à
2020, un processus qui est lent, qui est ardu, mais que tu inclus tout le monde
pour être consulté, et les gens proposent des territoires, et, là-dessus, tu
débats en fonction des données scientifiques. On nous dit : Voici, ce
territoire-là, il faut conserver telle partie parce qu'il donne tel service
écologique ou il protège tel type d'écosystème. Tel autre système, on peut
peut-être en prendre une partie qu'on pourrait intensifier parce que, oui, on
ne l'utilise pas à la grandeur, ou on n'a pas besoin de tout ce territoire-là
pour la conservation, ou le reste de l'écosystème fournit tous les services. Ça
fait qu'il pourrait... Mais il faut faire le... et, je dirais, l'exercice tout
en maintenant, les trois. Parce que c'est sur le même territoire. On ne peut
pas juste... Comment qu'on peut décider qu'un territoire va être intensifié
sans tenir compte de la biodiversité qu'il y a sur ce terrain-là? La même
chose, comment qu'on peut... on pourrait dire : On va mettre une cloche de
verre, soit faire une réserve écologique sur un terrain sans tenir compte du
monde qui vivent alentour? Je pense, on ne peut pas faire ça. Puis là une
réserve écologique, c'est un territoire où ça te prend la permission du
ministre pour aller visiter le terrain.
M. Fortin :Y a-tu quelque chose à garder dans le projet de loi
n° 97, selon vous?
M. Jacob (Henri) : Bien que
moi, je garderais qu'il faut moderniser dans notre régime forestier. Cette
partie-là, tout à fait.
M. Fortin :Ça 100 % du monde à l'air d'accord avec ça, mais à
part... À part ça?
M. Jacob (Henri) : Et, ce que
je dirais, s'il faut faire des consultations puis pas faire signer des ententes
de secret quand tu fais des consultations, ça, je pense que c'est à exclure si
on veut avoir la participation des gens. Bien, c'est un processus qui... Il
faut redonner confiance aux intervenants, au gouvernement parce que, là, les
gens n'ont pas confiance du tout ni au ministère de l'Environnement ni au
ministère des Ressources naturelles et des Forêts. Ça fait qu'il va falloir...
il va falloir peut-être attendre le prochain gouvernement.
M. Fortin :O.K. Donc, je comprends, de par votre propos, que, selon
vous, il y a...
M. Fortin :
...on recommence. On recommence à zéro dans le fond. On recommence le processus
de consultation, là, comme il faut, là.
M. Jacob (Henri) : Bien,
quand tu construis une maison, il faut que tu commences par le solage. Puis on
a commencé par le deuxième étage. Ça fait que peut-être que c'est... C'est de
valeur, mais il faut recommencer au bas de l'échelle.
M. Fortin :O.K. C'est clair. C'est clair pour moi, M. le Président. Je
comprends bien le propos. J'apprécie. J'apprécie votre temps ce soir,
M. Jacob.
M. Jacob (Henri) : C'est
moi qui vous remercie.
Le Président
(M. Schneeberger) : Oui. Alors, nous allons côté de la députée de
Mille-Îles.
Mme Dufour : Combien de
temps?
Le Président
(M. Schneeberger) : 2 min 30 s.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Je vais peut-être continuer sur la question de mon collègue député
de Pontiac. Est-ce que... Là, on a compris que le régime actuel, ça ne
fonctionne pas. Il faut qu'il soit modernisé. Mais est ce que je comprends que,
finalement, la proposition du projet de loi n° 97, ce sera même pire que
ce qu'on a présentement?
M. Jacob (Henri) : Bien,
à notre avis, c'est pire. On retourne avant même l'étape de l'erreur boréale.
On redonne aux compagnies la gestion et la programmation de la foresterie sur
le territoire du deux tiers parce qu'ils vont... Parce que même dans le
multiressource, ils ont encore la possibilité de récolter tous les arbres qu'il
y a sur ce territoire-là, selon les données du forestier en chef. Ça fait que,
sur les deux tiers du territoire, on redonne aux compagnies la gestion au carré
du territoire et on n'a même plus de tables de concertation pour pouvoir
apporter des nuances à ça. Ça fait que, malheureusement, je suis obligé de dire
qu'il faudrait... Il faut recommencer à zéro. Il y a peut-être quelques petites
bribes qui fonctionnent encore, mais... Puis on a besoin de mettre beaucoup plus
de biologistes. On a beaucoup trop, peut-être, d'ingénieurs forestiers en
proportion, qui sont consultés.
Mme Dufour : Justement,
ça va être ma dernière question. Vous avez mentionné qu'il faudrait un bureau
de biologiste en chef semblable au bureau du forestier en chef. La ministre a
dit que le forestier en chef travaille avec des biologistes. Mais pour vous, ce
n'est pas suffisant. Ce serait mieux d'avoir un bureau séparé?
M. Jacob (Henri) : Bien,
en fait, idéalement, on devrait être capables de tous travailler à la même
table. Mais là ce qu'on voit avec le forestier un chef, tout ce qui est en rapport...
et on lit les rapports du forestier en chef, je veux dire, il n'y a pas
grand-chose qui parle des mouffettes puis des porcs-épics, hein? On parle
surtout des mètres cubes qu'on peut récolter. Et on ne parle même pas de
vieilles forêts. Quand je vous dis qu'en Abitibi on récolte les forêts à
70 ans, puis c'est des... et on parle d'épinettes noires en grande partie,
ces épinettes noires là peuvent vivre de 200 à 250 ans. Moi, je suis...
Vous ne me ferez pas accroire qu'entre 70 et 200 ans, il n'y a pas une
certaine croissance qu'on perd, là. Et d'ailleurs, un des opérateurs de machine
me disait qu'avant, avec sa machine, avec une clampe, avec une fourche, il
récoltait un arbre puis ça lui donnait tant de mètres cubes. Aujourd'hui, il
faut qu'il en fasse trois. Il faut qu'il fasse marcher sa clampe trois fois
pour avoir le même nombre de mètres cubes. Ça fait qu'il y a quelque chose qui
ne marche pas en forêt, là. Les arbres sont de plus en plus petits et ce n'est
pas parce qu'on laisse les gros arbres dans le bois, là.
Mme Dufour : Merci.
Merci, M. Jacob.
Le Président
(M. Schneeberger) : Merci beaucoup. Nous allons du côté de la
deuxième opposition. Et j'entends le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui.
Bonjour... Bonsoir, M. Jacob. Merci beaucoup. J'apprécie votre franchise.
Je veux saluer votre longue carrière dans ce domaine. On a besoin de voix comme
la vôtre au Québec, là. Écoutez. Je sens de votre... dans votre propos une
vision plutôt pessimiste du développement forestier au Québec, là, et vous
venez tout juste de l'évoquer. Et est-ce qu'avec le mandat actuel on dépasse
carrément nos possibilités forestières et on épuise la ressource au lieu de la
régénérer?
M. Jacob (Henri) :
Peut-être que je suis pessimiste. Je dois vous dire que quand la commission
Coulombe est passée à Amos, on était un des seuls groupes à présenter un
mémoire à part que les forestières. Après qu'on ait présenté notre vision,
nous, on disait que ce qu'on voyait d'après le territoire qu'on avait, il
restait à peu près 13 % de territoire qui n'avait pas été impacté. Là,
M. Coulombe, au lieu de nous poser des questions, il nous a dit qu'on était
des.... qu'on était des pessimistes extrêmes, qu'on était des apocalyptistes.
Puis, quand il a remis son rapport, il est arrivé à la conclusion qu'il y avait
15 % du territoire du Québec qui n'était pas impacté. Quand je l'ai
rencontré, je lui ai dit : Peut-être qu'on peut s'entendre sur un
14 %. On est prêts à faire une concession. Ça fait que quand vous me
demandez si aujourd'hui je suis optimiste, les bonnes recommandations de la
commission Coulombe, dont la question d'avoir une approche écosystémique pour
gérer la forêt, c'était une des bonnes recommandations, on l'a mise dans le
régime forestier, mais on ne l'a pas bien, bien utilisée. On l'a surtout
utilisée pour faire des belles phrases, comme le mot «développement durable»
est utilisé. Et, non, je ne suis pas nécessairement optimiste, mais j'espère
toujours au moins qu'on va finir par avoir des gens qui vont pouvoir faire
comprendre aux...
M. Jacob (Henri) : ...qu'on
est en train de tuer notre vache à lait qu'est la forêt, présentement, au
Québec. Et, si on ne fait pas ça, bien, comme je disais un peu dans mon
intervention, je ne pense pas que nos enfants... que nos enfants, quand ils
vont voir le résultat de ça, quand ils vont être, eux, au pouvoir, vont vouloir
nous payer une pension, nous autres. Bien, pas moi, parce que je vais être
mort, mais les personnes qui vont être leurs grands-parents ou leurs parents.
Parce que, non, on est en train, à la vitesse qu'on va présentement... on est
en train de vider la forêt, là. Allez vous installer à l'entrée d'une usine,
regardez la grosseur du bois qui rentre là, là, ce n'est plus pantoute la même
chose que voilà 15, 20, 30, 40 ans, là, ça diminue tout le temps.
M. Fontecilla : Merci. Et
vous avez publié une lettre ouverte dans le Journal de Montréal, le 12 mars
dernier, dans laquelle vous demandez une enquête publique. Parlez-nous-en, de
cette enquête que vous demandez.
• (20 h 30) •
M. Jacob (Henri) : En fait,
c'est un peu la même chose que nous, qui avons demandé... après L'erreur
boréale, c'est nous qui a forcé en grande partie pour avoir la commission
Coulombe. On voulait que ce soit une enquête publique, ça a été une enquête
scientifique. Malgré tout, on a eu des résultats intéressants avec la commission
Coulombre. On pense qu'on doit... Ce qu'on voit, comme chiffres, c'est que la
foresterie au Québec nous coûte 500 millions. Au gouvernement, ça nous coûte
500 millions. Oui, on nous dit : Ça crée des jobs, ça permet à des
familles de vivre, etc., ça, on est d'accord avec ça, mais ce n'est pas normal
qu'un territoire forestier comme le Québec ne soit pas capable de générer des
bénéfices. Il y a quelqu'un qui ne paie pas assez cher, puis je pense que ce
n'est pas nous autres. Ce n'est pas normal que quelqu'un qui se construit en
Floride, il achète du bois qui vient de l'Abitibi puis ça lui coûte moins cher
que d'acheter du bois qui vient du Maine. Il y a quelque chose quelque part, il
y a quelqu'un qui ne la paie pas, la ressource, là, on la donne, et tout s'en
va vers les compagnies forestières.
Et je peux vous dire, maintenant, même des
opérateurs de machines, ce n'est plus... les machines n'appartiennent plus aux
compagnies, c'est des contracteurs. Et ces gens-là sont poignés à la gorge pour
payer des machines. Et là les compagnies leur disent : Aïe! Pour
l'environnement, vous allez devoir vous acheter des machines suédoises qui vous
coûtent 1,2, 1,3 millions, et eux qui ont des machines d'à peu près 200 000$,
ils n'arrivent pas à faire les paiements. Ça fait qu'il y a quelqu'un... Ce
n'est pas les travailleurs qui sont dans le bois qui coûtent cher.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. On n'a plus de temps.
M. Fontecilla : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous en sommes à la dernière intervention, avec le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Merci, M. le
Président. Bonsoir, M. Jacob. Votre crainte, avant l'annonce de ce projet d'un
nouveau régime forestier, c'est que 25 % de la ressource soit consacrée à
l'entreprise. Finalement, c'est 30%. Donc, vous aviez sous-estimé de 5 %
la volonté du gouvernement d'accorder de la ressource à l'entreprise.
Mon collègue l'a évoqué, vous avez demandé
une commission d'enquête. Manifestement, vous ne l'aurez pas. À partir de
maintenant, avec les chiffres qu'on a avec le projet qui est révélé, c'est
quoi, votre attente par rapport à ce projet de loi là? Est-ce que vous voulez
qu'il soit retiré? Est-ce que vous voulez travailler à l'aménager? Comment vous
vous positionnez pour la suite?
M. Jacob (Henri) : Bien, si
vous me demandez ce que je veux ou ce que j'espère, j'espère, moi, que les gens
qui ont fait ce projet de loi là comprennent qu'il ne satisfait personne sauf
l'industrie forestière et que ça va nous mener à un gros problème social qui va
être beaucoup plus grave, et ça va se faire vite. Ce que j'entends parler,
présentement, les gens ici, en région... qu'on est une région aussi qui vit de
la forêt, qui vit des mines, et les gens, tous les gens à qui je parle, sauf
les gens de l'industrie, les propriétaires d'industries, ils sont tous
estomaqués par ce qui se passe. Les communautés autochtones avec qui je
collabore sont toutes estomaquées, elles ont la même vision que nous autres. Ce
projet de loi là n'a pas été construit dans le but d'améliorer le système, de
moderniser, il a été construit dans le but de satisfaire les besoins, les
demandes de l'industrie forestière. Ça fait que, si vous me dites si on devrait
le scraper, bien, je pense que, dans mes propos, ça doit... ce n'est pas loin
de ça.
M. Bérubé : Ça... «Scraper»,
ce n'est pas mes mots, là, mais le projet de loi... Là, on a un débat, là. Pour
la suite, avez-vous... essayez-vous de l'aménager, de convaincre à faire des
aménagements? Vous participez à la commission, vous êtes très critique, là,
puis avec raison, selon moi, là, mais c'est quoi, la suite pour l'Action
boréale face à ce projet de loi?
M. Jacob (Henri) : Bien,
nous, on continue à travailler avec les gens sur le terrain, on continue à
travailler avec les communautés autochtones puis on va continuer à faire en
sorte de faire comprendre, si possible, aux gens qu'ils ne peuvent pas aller de
l'avant avec ce projet de loi là tel qu'il est. On pense que d'ici aux
prochaines élections, il va falloir que ça change ou, sinon, bien, on va
envoyer ce gouvernement-là en chômage...
M. Bérubé : Rien à ajouter.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors...
20 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Schneeberger) : ...qui
met fin à notre journée aujourd'hui. Alors, je vous convie à demain.
La commission reprend ses travaux demain,
30 mai, après les affaires courantes. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 20 h 34)