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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît, mesdames, messieurs. À l'ordre! La commission du budget et
de l'administration reprend ses travaux. Le présent mandat de la
commission du budget et de l'administration est de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 2, Loi modifiant
diverses lois fiscales et d'autres dispositions législatives. J'appelle
l'article...
Un instant. Les remplacements, s'il vous plaît?
Le Secrétaire: M. Assad (Papineau) est remplacé par
M. Bissonnet (Jeanne-Mance): Mme Blackburn (Chicoutimi) est remplacée
par M. Desbiens (Dubuc): M. Brouillette (Champlain) est remplacé par Mme
Dionne (Kamouraska-Témiscouata).
Loi sur l'assurance automobile (suite)
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 1.
M. Gratton: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Desbiens: Est-ce que l'adjoint parlementaire, le
député de Montmorency, avait terminé son droit de
parole?
M. Gratton: Vous avez remarqué que ce n'est pas
nécessairement long pour Être clair.
M. Desbiens: Pardon?
M. Gratton: Ce n'est pas nécessaire d'être long pour
être clair, comme l'a prouvé l'adjoint parlementaire, hier.
M. Garon: Des fois, il est préférable d'avoir
étudié plus longtemps pour être clair.
M. Gratton: Est-ce que les explications qu'a fournies l'adjoint
parlementaire hier vous ont satisfaits?
M. Desbiens: Cela démontre qu'on comprend vite de ce
côté-ci. M. Gratton: Oui. Parfait. Le Président (M.
Lemieux): Messieurs... M. Garon: Ce n'est pas fini. Une voix: Enfin. M. Garon:
Ce n'est pas fini.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc, désirez-vous intervenir sur l'article 1?
M. Desbiens: À moins que mes collègues n'aient
d'autres questions sur l'article 1.
M. Garon: Je voudrais poser une question au ministre du
Revenu.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je lui demande s'il peut nous affirmer de son
siège que les articles 202.1 et 202.2 ne seront pas modifiés par
le projet de loi qui émanera à la suite du discours sur le
budget, de l'énoncé budgétaire du 18 décembre
1985.
M. Gratton: Je l'affirme de mon siège.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: Je l'affirme de mon siège.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article... M. le
député de Bertrand?
M. Parent (Bertrand): Oui. Hier, vers dix heures moins deux,
j'avais demandé la parole.
Le Président (M. Lemieux): Je m'en souviens, M. le
député de Bertrand. Effectivement.
M. Parent (Bertrand): Dans le but de ne pas retarder parce qu'on
a passé plusieurs heures sur l'article 1, M. le ministre du Revenu, et
qu'on est encore à l'article 1, très brièvement je
voudrais faire référence à l'explication que nous a
donnée le député de
Montmorency hier, en fin de soirée, vers 21 h 55.
Essentiellement, ce que le député de Montmorency nous a dit,
c'est qu'on pouvait aller de l'avant avec le projet de loi 2 tel quel puisqu'il
touchait particulièrement le budget Duhaime du 24 avril 1985. Là
où il y a différence - je pense que mes collègues sont
d'accord sur ce point - c'est qu'essentiellement il est vrai que le projet de
loi 2 tel que déposé reflète les applications qu'on doit
mettre de l'avant par rapport au budget Duhaime, mais la complexité est
qu'il - vous l'avez dit vous-même, M. le député de
Montmorency - a été imprimé, il a été fait
intégralement et ce, je pense, avant le 2 décembre 1985. Donc, il
n'y a rien dans ce projet de loi qui vient corriger ou apporter une dimension
par rapport è l'énoncé du budget du ministre des Finances,
M. Levesque, le 18 décembre.
Le problème qu'on va retrouver - et je fais juste le rapporter au
ministre du Revenu - c'est qu'essentiellement si on l'approuve tel quel on
n'aura aucun point sur lequel on pourra s'appuyer pour dire que ce projet de
loi prend effet à cause de plusieurs articles à partir du 24
avril 1985 pour se rendre au 18 décembre ou après. Si on l'adopte
tel quel, tel que vous le suggérez, article par article, on va avoir des
problèmes. C'est pour cela, je pense, qu'il y aurait lieu que le
ministre du Revenu puisse déposer, simultanément ou dans les plus
brefs délais possible, les articles correspondants pour corriger les
points qui doivent coïncider par rapport à l'énoncé
du 18 décembre, sinon plusieurs de ces articles deviendront
désuets.
M. Gratton: Non.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Parent (Bertrand): J'ai terminé, monsieur.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: À la suite des remarques du
député, j'ai donné des explications hier qui semblaient
assez exactes, je vais tenter d'apporter un complément d'information.
Comme je l'ai dit, le seul but ici est de bien comprendre la
légitimité de l'adoption du projet de loi 2 et de l'étude
qu'on en fait.
Nous, nous croyons qu'il est essentiel qu'on procède à
l'adoption de la loi 2 telle qu'elle existe et telle qu'elle existait le 2
décembre étant donné que cela fait quand même
plusieurs mois qu'elle est opérationnelle. Je l'ai dit hier, elle est en
fonction depuis le 23 avril dans son ensemble, de sorte que, veux veux pas,
noua avons à confirmer par une loi ce qui a été fait par
l'ex-ministre des Finances, M. Duhaime.
Je pense que c'est dans l'intérêt des contribuables de
savoir à quels règlements, à quelles lois se
référer parce que, déjà, dans les prochaines
déclarations de revenus, les contribuables qui voudront faire des
représentations juridiques auront le droit très légitime
de s'informer par rapport à quelle loi ils ont une déduction ou
pas. Je pense que vous êtes en mesure de l'apprécier et de le
comprendre.
L'autre explication que je donnais, qui est très importante,
c'est que les lois fiscales sont adoptées - je reprends l'expression du
député de Lévis, parce qu'elle est excellente - "time to
time". Il n'y a pas de vacuum. Des lois sont opérationnelles dans un
bloc de temps. Elles peuvent être modifiées par la suite. Rien ne
nous dit que, dans un, deux ou six mois, d'autres amendements ne seront pas
adoptés ou que des dispositions qu'on n'a pas vues maintenant
n'apparaîtront pas nécessaires.
Il y a l'harmonisation avec le fédéral. On sait que le
gouvernement fédéral se propose de présenter un nouveau
budget à la fin de février. C'est annoncé, si je ne me
trompe pas, pour le 26.
Une voix: C'est cela.
M. Séguin: Le contexte fiscal dans lequel on est devra
s'harmoniser ou, enfin, en tenir compte. Je pense que tous les gouvernements,
particulièrement le gouvernement du Parti québécois depuis
1976, ont, eux aussi, du mieux qu'ils l'ont pu, fait l'exercice de tenir compte
de tout cela. Ce qu'on est en train de faire ici, c'est s'interroger à
savoir si on doit confirmer dans un texte de loi ce qui a existé dans le
passé, depuis l'énoncé budgétaire du 23 avril,
à tout le moins, jusqu'au 18 décembre. Qu'à partir du 18
décembre certaines dispositions aient été modifiées
là-dedans, effectivement, il y en a, M. Levesque a annoncé, le 18
décembre, certaines mesures qui apportent des modications à ce
qui a déjà existé ou a proposé des choses
nouvelles. Un projet de loi est actuellement en préparation et sera
déposé au mois de mars pour étude, pour discussion. 11 y
aura probablement une commission parlementaire pour en faire l'étude
détaillée. Je ne vois pas tellement la problématique,
à savoir qu'il faudrait déposer un projet de loi qui amende,
à l'avenir, des dispositions qui ont déjà existé
dans le passé.
Je pense qu'on peut comprendre que, certainement jusqu'au 18
décembre, cela a eu des effets. La plupart de ces articles
étaient opérationnels à partir de l'énoncé
budgétaire. Cela change quoi? On pourrait très bien aussi ne pas
adopter le projet de loi 2 si vraiment l'adoption de la loi 2 nous
apparaît un exercice inutile ou qu'on ne
souhaite pas, on pourrait laisser tomber le projet de loi 2, attendre un
prochain budget et, là, englober dans une masse énorme toutes les
dispositions qui ont déjà été en exercice dans le
projet de loi 2 parce que nous sommes obligés de le faire, nous, comme
membres de l'Assemblée nationale. On n'a pas le droit de ne pas
légiférer sur ce qu'on a mis en pratique. Donc, pour
éviter de se ramasser dans le temps avec un prochain projet de loi qui
pourrait être énorme parce que, là, il engloberait tout le
projet de loi 2, le 18 décembre et le prochain budget du printemps - si
celui-ci est complexe, le prochain va être trois fois plus complexe -
alors, on a voulu simplifier l'exercice, le prendre tel quel. Étant
donné qu'il a été préparé par l'ancienne
administration, on croyait que l'Opposition se sentirait relativement à
l'aise de s'y retrouver et ne craindrait pas que nous ayons mis dans ce projet
de loi des choses nouvelles ou différentes. Honnêtement, nous
croyons que ce projet de loi ne devrait pas susciter de débat, bien au
contraire. C'est plutôt du côté du gouvernement qu'il aurait
pu y avoir des intentions de se réajuster par rapport à certaines
dispositions, mais nous ne l'avons pas fait, nous réservant pour le
futur cet exercice, si le ministre des Finances croit approprié de
revenir sur ces dispositions. Il l'a fait un peu le 18 décembre et il le
fera peut-être plus tard, mais ça c'est son droit strict et
ça appartient à la discrétion ministérielle de
juger de temps à autre des mesures à adopter.
J'espère que ces quelques renseignements permettront au
député de Bertrand de se rassurer sur ce projet de loi 2 qui
n'est pas affecté par des dispositions qui auraient pris naissance avant
le 18 décembre.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: M. le Président, pour ajouter dans le
même sens que ce que vient de dire le député de
Montmorency, on semble s'inquiéter du côté de l'Opposition
du fait qu'il n'y ait pas eu une loi adoptée entre les deux discours sur
le budget. En d'autres termes, on semble dire là: Ce n'est jamais
arrivé qu'on ait annoncé, dans un discours sur le budget ou -
c'est l'autre façon de le faire - dans une déclaration
ministérielle, des changements à la fiscalité sans adopter
le projet de loi avant qu'un autre énoncé, une autre
déclaration ou un autre discours sur le budget soit intervenu.
C'est tellement faux que, dans le projet de loi 2, ce n'est pas
seulement de ce qui découle du discours sur le budget du 23 avril qu'il
s'agit. C'est également de deux déclarations
ministérielles: une en décembre 1984 et une autre en mai 1985.
Prenons celle de décembre 1984; sans aller dans le détail de ce
qu'elle comportait, je devine qu'il s'agissait d'une déclaration qui
portait sur l'harmonisation avec des mesures adoptées par le
gouvernement fédéral.
Entre décembre 1984 et avril 1985, il n'y a pas eu de
projet de loi qui a été adopté et, pourtant, on retrouve
les dispositions nécessaires dans le projet de loi 2. Ce n'est pas parce
qu'il n'y a pas eu de loi adoptée immédiatement après le
discours sur le budget de M. Duhaime et avant le discours sur le budget du 18
décembre qu'on est en train de créer du droit nouveau, de
créer des trous juridiques. Cela n'existe absolument pas. C'est la
coutume et c'est la façon courante de faire les choses dans ce domaine.
C'est pourquoi on prétend...
Évidemment, on aurait pu faire les ajustements au projet de loi 2
pour donner suite au discours sur le budget du 18 décembre. Sur le plan
technique, à tout point de vue, on a jugé qu'il serait plus
facile de compréhension et plus efficace sur le plan de la
législation elle-même de procéder, dans un premier temps,
en adoptant de façon intégrale les dispositions du projet de loi
2 qui est le projet de loi de l'ancien gouvernement pour ensuite recommencer
l'exercice au moment où un nouveau projet de loi sera prêt et sera
présenté pour entériner les dispositions contenues dans le
discours sur le budget du 18 décembre.
Entre-temps, il n'y a pas de vide juridique, il n'y a pas de
problème, il n'y a pas de confusion non plus, sauf peut-être chez
ceux qui veulent l'entretenir.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
ministre? M. le député de Lévis, j'aimerais vous rappeler
qu'hier vous êtes intervenu sur le même sujet. 11 vous reste cinq
minutes 40 secondes.
M. Garon: Je voudrais dire au ministre du Revenu que ce n'est pas
si simple que cela. Le pouvoir le plus important, c'est le pouvoir de faire des
lois et le deuxième pouvoir très important, c'est le pouvoir
d'imposition. Tout cela ne peut pas se faire dans n'importe quelle
règle, sous n'importe quelle forme. On en parlait justement è la
réunion de ce matin, c'est un pouvoir qui remonte même à la
Grande Charte, à la Magna Carta, parce que, justement, le peuple a
refusé que le pouvoir exécutif puisse faire n'importe quoi. Les
méthodes suivies ne peuvent pas être n'importe quelles.
S'il n'y avait pas eu la déclaration du premier ministre, qui
avait commencé à dire que tout cela se retrouvait dans le budget
de M. Duhaime, il y a des choses qui auraient été
différentes. Mais quand le premier ministre dit que certaines choses ont
été
faites en vertu du discours sur le budget de M. Duhaime, ce qui est
faux, là on entre dans un autre processus; le ministre des Finances a un
pouvoir déclaratoire et, par la suite, les choses qu'il a faites sont
entérinées par des lois. (10 h 30)
Le deuxième imbroglio: le ministre des Finances fait un
énoncé budgétaire qui vient changer le budget du mois
d'avril 1985. Par la suite, d'autres taxes sont changées et, au sujet de
ces taxes on semble encore faire référence au discours sur le
budget, alors qu'en fait il y a des changements parce qu'il y a eu un
arrêté ministériel signé par le ministre du Revenu.
Tout cela a créé une situation légale et juridique
exceptionnelle. Si, aujourd'hui, on pose autant de questions -et on n'a pas
fini, vous allez voir, il faut y aller graduellement - c'est que la
procédure qui a été utilisée depuis le mois de
décembre dans tous ces événements a été
exceptionnelle et, sur le plan juridique, a créé un grand nombre
d'incertitudes. Attendez un peu, on verra en temps et lieu, vous allez voir que
le ministre du Revenu va ramer fort tantôt.
Nous avons demandé hier... C'est encore le point que vient de
faire valoir le député de Bertrand, j'allais dire le maire de
Boucherville.
Une voix: Il a perdu sa "job".
M. Garon: Hier, on avait demandé la liste de tous les
articles qui sont modifiés par l'énoncé budgétaire
du 18 décembre 1985. Ce qu'on veut avoir, c'est la liste de tous les
articles qui sont modifiés. J'imagine que peut-être la loi qui
sera déposée en mars n'est pas faite, celle qui va amender des
dispositions qu'on trouve dans le projet de loi 2; mais des dispositions seront
modifiées, d'autres seront abrogées de sorte que le projet de loi
2 qu'on adopte aujourd'hui, pour certaines parties, est presque un être
de raison et n'aura jamais d'existence réelle. Il y a certaines parties
aussi qui vont fonctionner entre le 23 ou le 24 avril et le 18 décembre;
d'autres parties vont disparaître complètement, comme si elles
n'avaient jamais existé, à toutes fins utiles.
Une voix: Non, non.
M. Garon: Je comprends qu'on me dise non parce qu'on veut,
justement, les adopter et après, les changer. Ce qu'il nous importe de
savoir, si on veut faire un travail qui a un peu de sérieux, c'est
quelles sont les dispositions du projet de loi 2 qui...
M. Gratton: Bon, voulez-vous que je vous les donne?
M. Garon: Toutes les dispositions. On aimerait avoir une feuille
qui dit: Tel article sera modifié dans tel sens, tel autre article sera
abrogé, ce qui va arriver pour chacun des éléments.
Le Président (M. Lemieux): Continuez, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Ce qu'on demande, c'est qu'à partir du ministre
du Revenu...
M. Gratton: Je suis prêt à répondre à
la demande du député.
M. Garon: À partir de la déclaration du 18
décembre 1985, c'est lui qui va faire ces lois, c'est lui qui
présente le projet de loi 2 même si le discours sur le budget du
23 avril 1985 a été fait par le ministre des Finances, M. Yves
Duhaime. Bientôt, l'opérationalisation dans les lois fiscales des
déclarations du 18 décembre 1985 de l'actuel ministre des
Finances sera faite par le ministre du Revenu actuel. 11 doit avoir au moins
une idée de ces articles: à son ministère, on est en train
de travailler à la rédaction de ce projet de loi. Il doit avoir
au moins une idée des articles qui seront modifiés,
abrogés ou remplacés; il doit avoir une idée de cela.
C'est ce que nous demandons actuellement pour faire un travail sérieux
en commission parlementaire. Autrement, cela n'a pas de bon sens.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, pourriez-vous conclure très brièvement? Avez-vous
terminé? Vous avez terminé.
M. Gratton: Je suis prêt à répondre, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu, s'il
vous plaît.
M. Gratton: M. le Président, à la suite de la
demande du député d'Abitibi-Ouest hier, j'ai demandé aux
fonctionnaires du ministère du Revenu de préparer une liste -oui,
parce qu'on se parle - des articles dont il est question, c'est-à-dire
des articles des lois qui prélèvent des taxes à la
consommation, qui sont modifiés par des dispositions du projet de loi 2
et qui seront de nouveau modifiés pour donner effet à
l'énoncé de politiques budgétaires du gouvernement du 18
décembre 1985. J'en ai une liste; elle comporte au moins quatre ou cinq
articles touchés par rapport aux taxes. J'ai également une liste
de quatre articles qui sont les articles du projet de loi 2 concernant les
impôts et qui peuvent être modifiés par
l'énoncé budgétaire du 18 décembre 1985. Il y a une
note à savoir que cela ne comprend pas les articles qui sont
modifiés à la suite d'une harmonisation avec la loi
fédérale de l'impôt sur le revenu, cela va sans dire.
Je la dépose, M. le Président.
M. Garon: Parlez-vous de la déclaration qui viendra le 26
février ou de celle qui a eu lieu au mois de mai?
M. Gratton: Oui, celle du 26 février et d'autres.
M. Garon: C'est évident, on n'est pas rendu au 26
févrierl
M. Gratton: Non seulement celle qui est è venir, mais deux
autres, une en décembre et peut-être une autre. Toutes les
modifications d'harmonisation ne sont pas incluses là-dedans. Je
souligne que ce n'est pas exhaustif. Je ne peux pas affirmer de mon
siège qu'à l'étude de chacun des articles du projet de loi
2 il ne sera pas possible qu'il y en ait d'autres, mais, considérant le
temps qu'on a eu au cours de la nuit et ce matin pour faire la révision
du projet de loi, je dépose cette liste, M. le Président, et je
vous demanderais de faire en sorte que chacun des membres de la commission
puisse obtenir copie de cette liste.
Le Président (M. Lemieux): Le président de la
commission accepte le dépôt, M. le ministre, et en fait faire
immédiatement une copie pour chacun des membres de la commission.
M. Desbiens: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Simplement pour constater que le ministre nous remet
ce matin une réponse à nos questions d'hier qui ont fait l'objet
quasiment d'heures de débats. S'il nous avait fourni cela tout de suite
lorsque mon collègue a posé les questions, cela aurait
été bien plus simple.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre.
M. Gratton: D'abord, je ne sais pas où était hier
le député de Dubuc, mais les heures de débats dont il
parle portaient sur des motions pour faire comparaître le ministre des
Finances et le premier ministre. Cela n'a rien à voir avec cela.
La demande formulée de façon compréhensible m'a
été faite dans le corridor par le député
d'Abitibi-Ouest parce que ce qui se passait ici, M. le Président,
était incompréhensible. Vous avez votre réponse. Si vous
voulez faire des avocasseries avec cela, c'est votre affaire.
M. Desbiens: M. le Président,..
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Desbiens: La question avait été
posée...
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement, M. le député de Dubuc?
M. Desbiens: Oui, sur l'intervention du ministre, pour
rétablir les faits tels qu'ils se sont produits. Les
députés de l'Opposition avaient demandé ici même en
séance de la commission quels articles deviendraient caducs et quels
seraient ceux qui seraient modifiés, avant les rencontres qu'a pu avoir
le ministre et que j'ignore. Cela aurait été de dire oui tout de
suite et cela aurait écourté les débats, peut-être
pas de quelques heures comme je l'ai dit, mais au moins de plusieurs
minutes.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Gratton: Je veux bien. Il fallait préparer la liste et
on l'a fait préparer. L'Opposition a l'air déçue qu'on lui
fournisse des réponses à ses questions.
M. Desbiens: Non. On vous en remercie.
M. Gratton: Parce que vous n'avez pas d'autres questions ou
quoi?
M. Desbiens: Non, non, cela va.
M. Gratton: On peut vous en suggérer si vous voulez
étirer le temps. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de Dubuc,
vous retirez votre question?
M. Gratton: Ils nous posent des questions et, quand on
répond, ils ne sont pas satisfaits.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Garon: Est-ce qu'on peut avoir la liste?
Le Président (M. Lemieux): On va faire imprimer la liste
immédiatement. Vous
comprendrez que c'est une question de règlement un peu
étirée.
M. Gratton: La liste ne concerne pas l'article 1, M. le
Président. Est-ce que l'article 1 est adopté?
Le Président (M. Lemieux): L'article 1 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 2. Est-ce que des membres désirent intervenir sur l'article
2?
Code de la sécurité
routière
M. Garon: J'aimerais avoir comme d'habitude les explications du
ministre du Revenu concernant l'article 2.
Le Président (M. Lemieux}: M. le ministre du Revenu.
M. Garon: C'est important, l'orientation que donne le ministre
concernant son article pour voir s'il dit bien.
M. Gratton: M. le Président, est-ce que le
député de Lévis va dire que c'est important que je donne
l'explication avant que je donne chaque explication? C'est important, je la
donne, si vous voulez me laisser la chance de la donner. À l'article
2...
M. Garon: Je suis obligé de vous la demander à
chaque fois.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît, voulez-vous laisser s'exprimer M. le
ministre du Revenu?
M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: La modification que l'on retrouve à l'article
2, M. le Président, vise, en premier lieu, à prévoir des
cas d'exemption ou de réduction des droits exigibles pour les permis de
conduire et, dans un second temps, à soustraire l'adoption de certains
règlements à certaines formalités.
M. Garon: Est-ce que le ministre pourrait nous donner...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...certains exemples de cas qu'il a maintenant à
l'esprit de ces exemptions ou de ces réductions de droits exigibles pour
certains permis?
M. Gratton: M. le Président, je vais faire mieux que cela.
Je vais vous dire de quoi il s'agit et couvrir tous les exemples plutôt
que d'en donner un seul et de risquer qu'on m'accuse de ne pas les avoir tous
donnés.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Gratton: À la suite du discours sur le budget du 23
avril 1985 annonçant l'imposition des primes d'assurance, il est devenu
nécessaire de permettre au gouvernement de prévoir, à
certaines conditions, des cas d'exception ou de réduction des droits
exigibles pour les permis.
M. Séguin: II peut le demander à M. Duhaime,
M. Gratton: Pardon?
M. Séguin: II peut le demander è M. Duhaime.
M. Gratton: Évidemment, M. Duhaime pourrait vous donner
les détails de cela, mais, effectivement, c'est conforme...
M. Dufour: On préfère que ce soit M. le
ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière, s'il vous plaît!
M. Gratton: ...au discours sur le budget. M. Garon: Non.
Un instant! M. Gendron: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député d'Abitibi-Ouest et M. le
député de Lévis, le ministre du Revenu a quand même
une certaine période de temps pour s'exprimer, vous en conviendrez, eu
égard au règlement.
M. Garon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): La question de règlement
n'a pas été soulevée. On m'a dit: "M. le
Président." Est-ce qu'il y a une question de règlement
effectivement qui est soulevée?
M. Garon: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: Le ministre du Revenu a commencé son
intervention en disant qu'il donnerait tous les cas, pas seulement
quelques-uns. Là, il ne veut plus en donner aucun. Ce qu'il fait,
c'est qu'il n'en donne aucun, au fond. C'est lui-même qui a
annoncé la couleur...
M. Gratton: M. le Président, à ma
connaissance...
M. Garon: ...et, après, il ne veut plus le faire. Il a dit
qu'il annoncerait tous les cas où les permis pourraient être
exemptés ou réduits. Comme il voit que ce sera avantageux pour le
monde et que cela vient du budget Duhaime, il ne veut plus donner les cas.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: Si le député de Lévis ne se
rappelle pas ce que son ministre des Finances avait
décrété dans son discours sur le budget, je vais le lui
rappeler. Il s'agit d'une exemption des droits d'immatriculation pour les
véhicules routiers appartenant au corps consulaire et diplomatique. Ce
n'est pas assez clair?
M. Gendron: C'est très clair. Une voix: C'est un
exemple. M. Gratton: C'est cela.
M. Garon: II a dit qu'il les donnerait tous.
Une voix: II n'y en a pas d'autres.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je veux bien, ce matin, qu'on soit lent à
démarrer de l'autre côté de la table, mais il va falloir
être plus sérieux que cela si on veut avancer. Le ministre du
Revenu nous a dit à deux reprises: Cela va me faire plaisir de nommer
les cas prévus. Je ne le qualifierai pas tout de suite. L'adjoint
parlementaire répète: Vous vous adresserez à M. Duhaime.
Le 2 décembre, il s'est passé des choses et M. Duhaime n'est plus
ministre des Finances. De toute façon, on voulait en avoir un ministre
des Finances et on n'a pas voulu qu'il vienne. C'est le ministre du Revenu qui
est responsable, M. le Président, et il y avait effectivement à
cet article des cas qui ont été prévus. On nous demande de
nous informer des cas qui ont été prévus à
l'invitation même du ministre du Revenu. C'est lui qui nous a dit qu'il
nous ferait la liste. Alors, qu'il le fasse donc, s'il veut travailler
sérieusement.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. le député de Montmorency.
M. Séguin: Un complément d'information. L'article 2
existe déjà et ce qu'on fait, c'est qu'on ajoute à
l'article 2. L'article 2, tel qu'il se lit à l'heure actuelle, dit, au
paragraphe 3: "Le ministre peut déterminer les catégories et les
classes de permis de conduire et les classes de permis d'apprenti conducteur,
établir les autres conditions d'obtention et de renouvellement de ces
permis, ainsi que les autres conditions qui y sont rattachées et
prescrire les droits exigibles."
On ajoute le paragraphe 3.1 qui suit et qui dit: "prévoir, aux
conditions qu'il détermine, des cas d'exception ou de réduction
de droits exigibles pour les permis;" Cela veut dire que c'est simplement
accorder au ministre un pouvoir discrétionnaire pour faire des cas
d'exception. Un exemple cité, c'est celui des voitures consulaires.
M. Gendron: La question n'est pas là.
M. Séguin: II y a d'autres exemples qui se
présenteront dans le temps et que le ministre verra. Ils veulent juste
se donner le pouvoir à l'occasion, de temps à autre, dans
certains cas d'espèce, de réglementer autrement.
M. Gendron: M. le Président, l'adjoint parlementaire au
ministre du Revenu nous dit ce matin que le seul cas d'exception prévu
pour le moment, contrairement à ce qu'il avait affirmé: Je suis
prêt à vous faire la liste des cas d'exception, ce sont les
voitures consulaires.
M. Gratton: C'est une liste d'un cas.
M. Gendron: Oui. C'est rare qu'on a vu une liste d'un cas.
Cela me suffit sauf que, lorsque je faisais appel au ministre du Revenu
d'être plus sérieux, c'est lui qui nous a indiqué: II me
fait plaisir de vous donner la liste.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Garon: Non, non.
M. Gratton: Voyez-vous, cela suffisait au député
d'Abitibi-Ouest, mais le député d'Abitibi-Ouest devrait
s'habituer à demander la permission au député de
Lévis.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: La question est simple. Quels sont les cas qui sont
envisagés par le ministère dans l'application de cette loi? Il y
a des cas. Cela n'a pas été fait seulement
pour un cas. Cela a été fait pour différents cas.
Le ministre du Revenu est venu pour les lire. A un moment donné, il
s'est arrêté. Je sais pourquoi. Parce qu'il voudrait avoir le
plaisir d'annoncer plus tard que c'est grâce à sa gentillesse,
à sa générosité, à la
générosité de son parti qu'on a réduit dans tel et
tel cas. Il ne veut pas donner les exemples. (10 h 45)
II a dit les consuls parce que cela n'affecte pas les gens, les consuls
ne votent pas, ou les ambassadeurs. Pas les ambassadeurs, ils sont à
Ottawa. Je veux lui demander quels sont ces cas. Il y a des cas qui ont
été envisagés. Pourquoi ne pas nous les donner tout
simplement? Le ministre des Finances envisageait des cas. Il a dit: Je vais
vous lire la liste puis, après cela, il ne veut plus nous la lire. Il a
dit: Je ne vous en donnerai pas seulement un, je vais vous donner la liste au
complet. À moins que le ministre n'ait pas lu ses papiers avant de venir
en commission parce qu'il nous donne seulement un cas, alors qu'il a dit
expressément: Je ne vous donnerai pas seulement un cas, je vais tous
vous les donner. J'aimerais seulement qu'il respecte son engagement.
Le Président (M. Lemieux>. M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: Oui, M. le Président. L'article se lit ainsi:
"Le Code de la sécurité routière est modifié par
l'insertion, après le paragraphe 3° de l'article 143, du paragraphe
suivant: 3.1 prévoir, aux conditions qu'il détermine, des cas
d'exemption ou de réduction des droits exigibles pour les permis;"
Pour les exemptions, on ne connaît qu'un seul cas, c'est celui
dont on a parlé, des voitures des ambassades, des voitures consulaires.
Dans le cas des réductions des droits exigibles, c'est la
possibilité pour la régie d'arrondir le coût des permis, de
ne pas avoir de cents, en d'autres mots, de ne pas se tracasser. Si les permis
exigibles en fonction des calculs qui sont faits en vertu des lois et
règlements prévoient 13 cents, qu'on puisse laisser tomber les 13
cents ou qu'on puisse arrondir à la hausse ou à la baisse, selon
le cas. Ce sont les seuls cas qu'on connaît. C'est la seule raison
d'être de l'article 2. Je vous donne la liste. Des exemptions, il y en a
une, des cas de réduction, c'est celui de l'arrondissement des chiffres.
Alors, c'est la réponse complète.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 2 est
adopté. J'appelle l'article 3.
M. le ministre.
M. Gratton: À l'article 3, cette modification vise
à soustraire l'adoption de certains règlements à certaines
formalités. On sait qu'il y a un amendement qui se lit comme suit: "Le
projet de loi 2, intitulé..."
Le Président (M. Lemieux): Les amendements, M. le ministre?
M. Gratton: C'est le premier amendement dans la série
qu'on vous a remise hier.
M. Gendron: M. le Président, je crois que le ministre du
Revenu va être d'accord, je voudrais savoir s'il n'était pas de
pratique courante de les distribuer. Là, nous les avons reçus
comme Opposition, mais comme membres de la commission, je ne crois pas que le
secrétaire de la commission parlementaire les ait distribués
à l'ensemble des parlementaires. En tout cas, moi, mes
collègues...
M. Gratton: Cela va être fait au moment où on en
prendra connaissance.
M., Gendron: Vous avez l'intention...
M. Gratton: Je n'ai pas d'objection à ce qu'ils soient
distribués immédiatement si des copies sont disponibles.
M. Garon: C'est qu'habituellement on les distribue et on les lit
après.
M. Gratton: La tradition...
Le Président (M. Lemieux): Nous allons respecter la
tradition en ce qui a égard au dépôt comme tel.
M. Gratton: II faut faire attention aux traditions du
député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gratton: Moi, j'ai souvent vu la tradition faire en sorte que
les amendements nous étaient remis seulement en troisième lecture
et même pas en commission parlementaire. Il y a des accommodements qui
sont possibles, quoi.
Le Président (M. Lemieux): Je suis bien conscient de cela,
M. le ministre, mais je pense qu'il avait été convenu
effectivement...
M. Gratton: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Lemieux): ...dans ce cas-ci, comme il en
a été décidé hier, que le dépôt
pourrait se faire. Eu égard à ce qui a été entendu
hier entre les partis, avec le
consentement des partis, je pense qu'il y aurait peut-être lieu
d'en faire le dépôt.
M. Gratton: Quant à l'article 3, l'amendement se lit comme
suit: Le projet de loi 2, intitulé Loi modifiant diverses lois fiscales
et d'autres dispositions législatives, est modifié, à
l'article 3, par le remplacement de l'article 567.2 du Code de la
sécurité routière qu'il édicte par le suivant:
"567.2 Les dispositions du premier règlement adopté après
le 1er janvier 1986 en vertu des paragraphes 2 et 3 de l'article 58 qui
prévoient des cas d'exemption des droits d'immatriculation ont effet
depuis le 24 avril 1985."
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que des membres
désirent intervenir sur l'amendement ou est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Gendron: M. le Président, un instant.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Garon: II faut une copie de l'amendement.
Le Président (Mi Lemieux): Un instant, M. le
député de Lévis. Nous allons nous en occuper.
M. Garon: M. le Président, je vais vous dire une
chose.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Garon: On ne s'amusera pas longtemps. Cela fait neuf ans que
j'assiste à des commissions parlementaires. J'ai toujours eu les
amendements avant même qu'ils soient présentés. C'est la
première fois...
M. Gratton: C'est vous qui les présentiez, pauvre vous,
comme ministre.
M. Garon: Non. On a toujours fait cela dans toutes les
commissions parlementaires. Là, tantôt, j'ai fait une
motion...
M. Gratton: C'est bien le minimum que vous ayez eu vos propres
amendements.
M. Garon: M. le Président, j'ai la parole. J'ai fait une
motion. Vous m'avez demandé d'écrire ma motion avant qu'on en
parle. Vous avez écrit ma motion. On a même ajourné. Le
ministre du Revenu va présenter des amendements à ces lois sans
seulement qu'on ait les textes. Je n'ai jamais vu cela.
M. Gratton: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: L'indignation feinte...
M. Garon: Feinte ou pas feinte, c'est ça!
M. Gratton: Franchement, elle est plus grave si elle n'est pas
feinte. Je ferai remarquer que l'Opposition a été saisie de tous
les amendements dès hier, avant même le début de la
commission. Évidemment, si l'échange des amendements n'a pas
été fait au sein de l'Opposition, je ne suis quand même pas
pour m'en excuser. On va les faire distribuer, mais, M. le député
de Lévis, vous aviez, dans votre formation politique, deux copies de
tous les amendements depuis 14 h 45 hier. Je m'excuse si de votre
côté on ne vous a pas informé de ce fait.
M. Gendron: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je pense que mon collègue de Lévis,
au-delà de la forme...
M. Gratton: II est de mauvaise humeur, ce matin.
M. Gendron: ...a tout à fait raison. Il est absolument
impensable qu'on demande à des parlementaires, écoutez, d'adopter
des propositions déposées à une commission sans qu'ils
puissent en prendre connaissance ou toucher à leur texte.
Il est exact que la formation politique de l'Opposition a reçu
l'ensemble des amendements, mais ce n'est pas ce dont on parle. Ce matin, les
parlementaires siègent en commission pour l'étude article par
article et c'est un devoir sacré de prendre au moins connaissance, comme
parlementaires membres de cette commission, de chacun des articles avant de les
adopter. Au-delà de la forme, je répète que sur le fond il
me semble, M. le Président, que c'est on ne peut plus convenable, ce que
l'on demande là.
Le Président (M. Lemieux}: M. le député
d'Abitibi-Ouest, dans quelques minutes, vous aurez les amendements.
M. Gratton: Quant à moi, M. le Président, quand
j'étais le porte-parole de l'Opposition dans une matière
donnée et qu'on me remettait les amendements d'avance, je les
étudiais avant d'arriver en commission parlementaire. Je ne faisais pas
de crise pour dire: Je n'ai pas eu le temps de les lire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, M. le ministre du Revenu, nous allons suspendre cinq minutes s'il
vous plaît, le temps que les amendements soient prêts. Nous allons
suspendre cinq minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 52)
(Reprise à 11 h 2)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît, mesdames, messieurs!
La commission reprend ses travaux, à l'article 3, à la
suite de l'amendement du ministre du Revenu.
M. Gratton: M. le Président, est-ce que les amendements
ont maintenant été distribués à tous les
députés?
Le Président (M. Lemieux): M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Vous avez eu...
M. Gratton: Tous les amendements ou seulement...
Le Secrétaire: ...l'amendement en question.
M. Gratton: L'amendement en question, oui.
Le Président (M. Lemieux): Seulement l'amendement en
question.
M. Gratton: Vous en avez distribué. Je pense que le
député de Lévis n'en avait pas besoin. Il avait
déjà une série d'amendements.
M. Garon: Cela a été envoyé au parti. Ce que
j'aimerais savoir...
M. Gratton: Je comprends, vous ne faites pas partie du Parti
québécois.
M. Garon: Non, ce n'est pas cela. M. Gratton: Cela ne me surprend
pas.
M. Garon: C'est qu'entre-temps - on est en commission
parlementaire - il peut y avoir des changements d'amendements. Vous savez cela
au fond. Il va sans doute y en avoir en troisième lecture. Si vous
pensez qu'il n'y en aura pas, en troisième lecture, on pourra être
plus rigoureux, parce que vous avez l'air de dire qu'il n'y aura pas d'autres
amendements que ceux que vous avez présentés hier. Ce n'est pas
ainsi que cela se passe habituellement. C'est pour cela qu'avant l'étude
de chaque article c'est bon de présenter l'amendement. Si vous voulez
nous envoyer à chacun de nous la pile de vos amendements qui seront
présentés au cours de la commission parlementaire, faites-le.
M. Gratton: Je pensais que cela avait été fait et
que, du côté de l'Opposition, on aurait pu faire des
photocopies.
M. Bissonnet: Hier, cela a été distribué
à tous les membres.
M. Garon: Nous autres, on ne l'a pas eue. Vous autres, vous
êtes chanceux de l'avoir eue.
M. Bissonnet: D'ailleurs, cela a été passé
par le messager ici. On a eu cela ici directement.
M. Gratton: M. le Président, il y en avait deux copies
pour l'Opposition. Nous avons fait des photocopies pour nos membres. On a
pensé que l'Opposition ferait des photocopies pour ses membres. On
s'aperçoit qu'elle ne l'a pas fait. Est-ce qu'on peut vous demander, M.
le Président, que tous les amendements, soit la liasse d'amendements,
soient distribués à chacun des membres de l'Opposition, s'il vous
plaît?
Le. Président (M. Lemieux): C'est ce que me fait...
M. Gratton: Même si le député de Lévis
les a' déjà dans ses papiers.
M. Garon: Je ne les ai pas.
M. Gratton: II est mélangé dans ses papiers, c'est
le moins qu'on puisse dire.
Le Président (M. Lemieux): Cela va être fait, M. le
ministre du Revenu. Chacun des amendements va être distribué
immédiatement à chacun des membres de la commission,
effectivement dès qu'il sera imprimé. Dès que je serai
saisi d'un article du projet de loi, s'il y a un amendement, il devra
préalablement être déposé et l'ensemble va suivre
par la suite. Est-ce que cela va là-dessus? M. le député
d'Abitibi-Ouest, sur l'article 3.
M. Gendron: Je vous remercie. Effectivement, sur...
M. Gratton: Pourrais-je fournir une explication qui
peut-être va répondre d'avance à votre question?
M. Gendron: Probablement, parce que la question que je voulais
vous poser était effectivement de nous expliquer ceci que vous n'avez
pas eu le temps de faire. Entre le libellé de l'article 3 que nous
lisons dans le projet de loi 2 et l'amendement que vous
proposez ce matin pour changer le 1er janvier 1986 par le 24 avril 1985,
quelle est la raison?
M. Gratton: Essentiellement, c'est que, lorsqu'on a
rédigé le projet de loi 2, on s'imaginait qu'il serait
adopté en 1985 et, donc, que l'entrée en vigueur serait le 1er
janvier 1986. Comme, manifestement, le projet de loi 2 ne sera pas
adopté avant quelque part en mars, il faut effectivement que la loi soit
modifiée en conséquence. On ne peut plus parler du 1er janvier et
c'est ainsi qu'on parle maintenant du 5 mars prochain.
Une voix: Ce n'est pas cela.
M. Gratton: Non, je m'excuse. Le premier règlement
adopté en vertu des paragraphes deuxième et troisième de
l'article 58 du Code de la sécurité routière entrera en
vigueur le ou vers le 5 mars prochain, soit avant la date de la sanction du
projet de loi 2. La modification a pour objet de faire en sorte que ce
règlement qui entrera en vigueur au début de mars
rétroagira au 24 avril 1985 lorsque le projet de loi sera lui-même
sanctionné.
M. Gendron: C'est parce que ce n'est pas ce qu'on lit, M. le
Président. Je ne sais pas à quel amendement vous êtes. La
seule question que j'ai posée c'est: Pourquoi la référence
à l'article 567.2. "Les dispositions du premier règlement
adopté après le 1er janvier 1986 en vertu des paragraphes 2 et
3° de l'article 58 qui prévoient des cas d'exception des droits
d'immatriculation ont effet depuis le 24 avril 1985". C'est la disposition
qu'on lisait dans le projet de loi que nous avons. Quand vous avez parlé
du mois de mars, vous faites référence à des dates au mois
de mars, on n'a pas ça dans le libellé de l'amendement.
M. Gratton: Non, non.
M. Garon: C'est le règlement qui aurait effet depuis le 24
avril 1985. Est-ce qu'il y en a eu des règlements adoptés entre
le 24 avril 1985 et le 1er janvier 1986? C'est le règlement qui est
rétroactif. Est-ce qu'ils ont donné des plaques gratuites
à des consuls en 1985? S'il change son libellé il va être
obligé de leur facturer en 1985.
M. Gratton: On m'explique que l'article dans le projet de loi 2
prévoyait que le premier règlement que la régie adopterait
après le 1er janvier serait le règlement dont il est question. Vu
qu'on prévoyait que le premier règlement adopté
"après le" - et inscrire ici la date de la sanction... On croyait que la
date de la sanction serait en 1985. Là, comme le projet de loi n'a pas
été adopté, on dit que ça rétroagira au 24
avril pour régler tous les cas qui peuvent exister. C'est strictement
technique.
M. Gendron: C'est ce que je croyais.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 3 est
adopté tel qu'amendé? Adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 3 est adopté
tel qu'amendé. J'appelle l'article 4. M. le ministre du Revenu.
Loi sur les droits successoraux
M. Gratton: À l'article 4... Je veux vous expliquer les
articles 4, 5 et 6 qui font l'objet d'un tout. Je ne ferai croire à
personne, M. le Président, que je sors ça de ma tête, je
lis des notes qui ont été préparées par les
fonctionnaires du ministère, il n'y a pas de mystère dans cela.
Ce sont des notes qui avaient été préparées
antérieurement au 2 décembre et que normalement un ministre
péquiste aurait dû lire et que je me vois obligé de lire
à mon corps défendant.
Cette modification a pour objet d'abolir les droits successoraux
à l'égard des successions ouvertes... - Dans ce cas, par exemple,
je suis assez heureux de les lire -Pardon?
M. Gendron: C'est cela que je ne comprenais pas.
M. Garon: Je trouvais ça drôle que vous disiez qu'il
était encore dépendant.
M. Gratton: ...après le 23 avril 1985. Le fait que cette
abolition couvre plusieurs articles dans le présent projet de loi n'est
que de nature technique puisque les articles taxateurs sont abrogés
à compter du 23 avril 1985 alors que certains articles administratifs
survivent jusqu'à la fin de l'année 1985.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, si le ministre veut nous
indiquer le montant de réduction que ça fait dans les revenus du
Québec pour 1985.
M. Gratton: Disons 35 000 000 $ mais je vous dis ça sous
toute réserve.
M. Garon: Pourquoi? Les fonctionnaires ne sont plus bons quand il
s'agit de sauver de l'impôt?
M. Gratton: On n'est pas ici pour faire les états
financiers, on est ici pour étudier
le projet de loi 2.
M. Desbiens; Mais cela a un effet justement à l'article.
M. Gratton: Mais oui, je vous réponds au meilleur de ma
connaissance!
M. Desbiens: 35 000 000 $.
M. Gratton: Si vous voulez avoir une réponse plus exacte
on va faire les recherches et on vous fournira la réponse
éventuellement.
M. Polala ...la fuite des capitaux, toutes les sommes qui sont parties
pendant votre administration à cause des droits successoraux.
Le Président (M. Lemieux): Je voudrais dire au
député, à l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre
du Revenu, voulez-vous continuer?
M. Gratton: Je pourrais peut-être ajouter, par
exemple...
M. Polala ...vous avez aboli ces droits.
Le Président (M. Lemieux): M. le député...
M. Gratton: Je pourrais peut-être ajouter, par exemple, que
si cette disposition avait été retenue par le Parti
québécois huit ans avant - c'est-à-dire au moment
où, depuis toujours, le Parti libéral la réclamait - on
aurait évité énormément de fuites de capitaux,
comme vient de le mentionner mon collègue de Sainte-Anne, pendant tout
ce temps. Évidemment, mieux vaut tard que jamais. C'est une disposition
du discours sur le budget de M. Duhaime que nous avons applaudie, à
laquelle nous avons sûrement participé par notre insistance
à réclamer l'abolition des droits successoraux pendant huit
ans.
M. Garon: Vous avez préféré remplacer cela
par les taxes sur la bière et sur l'essence.
M. Gratton: Pas nous. C'est l'ancien gouvernement qui a
préféré procéder ainsi puisque, nous, on ne fait
que donner suite aux décisions qui étaient déjà
prises par l'ancien gouvernement. Est-ce qu'on peut considérer que les
articles 4, 5 et 6 sont adoptés, M. le Président?
Une voix: À 100 % faux.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur les articles 4 et 5?
Une voix: Cela va!
M. Garon: On va les faire un par un.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'article 5 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 6.
M. Gratton: II y a un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Comme il a été
convenu, nous allons distribuer l'amendement. Dans quelques minutes, vous aurez
l'ensemble des amendements du projet de loi. L'article 6, M. le
député.
M. Gratton: II doit y avoir anguille sous roche...
Une voix: On va vérifier.
Le Président (M. Lemieux): Un instant, M. le
député de Dubuc. Vous êtes bien conscient que M. le
ministre aura à s'exprimer sur l'amendement apporté à
l'article 6.
M. Desbiens: On va l'écouter.
M. Gratton: Est-ce que cela va, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre du Revenu.
Est-ce que tout le monde a sa copie d'amendement? M. le ministre du Revenu,
s'il vous plaît!
M. Gratton: L'amendement se lit comme suit: L'article 6 du projet
de loi 2 est modifié par le remplacement du paragraphe 2 par le suivant:
"2. Le présent article s'applique à l'égard d'une
succession qui s'ouvre après le (inscrire ici la date de la sanction de
la présente loi)." On sait que l'article original parlait du 31
décembre...
Le Président (M. Lemieux): 1985.
M. Gratton: ...1985, parce qu'on avait l'impression que le projet
de loi 2 serait adopté avant la fin de l'année 1985. À
noter qu'il s'agit ici strictement de dispositions d'ordre administratif. Les
droits successoraux sont abolis depuis le 23 avril.
M. Desbiens: M. le ministre, cela veut
dire que cela ne prolonge pas la loi existante qui permettait de
prélever des droits successoraux.
M. Gratton: C'est strictement qu'on ne veut pas que le projet de
loi dise quelque chose qui est, à la face même, impossible, que
l'article s'applique à compter du 31 décembre quand nous sommes
déjà rendus en février. II entrera en vigueur au moment de
la date de la sanction de l'article et c'est strictement sur le plan
administratif. On sait que les successions ne sont pas imposables depuis le 24
avril dernier.
M. Gendron: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je voudrais prendre le temps, même si c'est
strictement d'ordre administratif... Je ne suis pas un spécialiste de
tout, mais cela m'apparaît sérieux de laisser une date ouverte
même sur le plan administratif. J'aimerais avoir des explications
additionnelles. Tout ce qu'on me dit, c'est que, dans le projet de loi,
c'était clairement spécifié que l'article s'applique
à l'égard d'une succession qui s'ouvre après le 31
décembre 1985. C'est important parce qu'à ce moment-là il
n'y a pas...
Une voix: Le 23 avril.
M. Gendron: Je sais que le 23 avril on disait cela pour le 31
décembre 1985, sauf que je n'en suis pas sur la période de temps
entre avril et décembre, j'en suis sur ce que j'appelle un délai
fermé. Il faut qu'un projet de loi dise exactement ce que cela veut
dire. Aujourd'hui, on adopterait un article qui laisserait une date ouverte
parce que c'est cela qu'on dit: "Le présent article s'applique à
l'égard d'une succession qui s'ouvre après le (inscrire ici la
date de la sanction de la présente loi)." (11 h 15)
II n'y a rien qui m'assure que le gouvernement actuel n'aurait pas
certains intérêts, que je ne connais pas, de retarder la sanction
de ce projet de loi à la suite de la discussion en commission
parlementaire et en Chambre et faire sanctionner le projet de loi environ six
mois après l'adoption à l'Assemblée nationale parce que
c'est le gouvernement qui décide du moment de la sanction des lois. Pour
une question aussi importante, il ne m'apparatt pas opportun de laisser cela
ouvert et je voudrais savoir ce qu'il y a en arrière de cela. S'il n'y a
rien en arrière de cela, qu'on me ferme une date et, s'il y a lieu de la
rouvrir, on le fera par amendement, mais on va s'entendre sur une date
prévisible. Une date qui est prévisible, cela peut être
quelques semaines au début de là session. Cela ne me fait rien
d'écrire "d'une succession qui s'ouvrirait après le 31
décembre 1986 ou le 30 juin 1986" parce qu'il est très
prévisible que d'ici au 30 juin 1986, la loi sera adoptée.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu, sur
l'intervention du député d'Abitibi-Ouest.
M. Gratton: Oui. Présentement, on sait
qu'administrativement, lorsque quelqu'un décède,
l'exécuteur testamentaire a l'obligation de remplir un rapport
d'impôt et d'obtenir un permis de disposer. Or, on prévoira
à l'article 211 du projet de loi 2 actuel une façon
différente de faire les choses. Entre-temps, il faut éviter le
vide juridique. Si, depuis le 31 décembre, on n'oblige plus
l'exécuteur testamentaire à remplir le rapport d'impôt et
à obtenir le permis de disposer, et que les dispositions des articles
211 et suivants, quant à la nouvelle façon de remplir les
obligations au moment du décès d'une personne n'étaient
pas en vigueur, évidemment là il y aurait un vide juridique. Ce
qu'on dit, c'est que, tant que le projet de loi ne sera pas adopté, les
mesures administratives actuelles sont maintenues, continuent d'être les
mêmes. Et, quand le projet de loi 2 sera sanctionné, ces mesures
administratives ne seront plus en vigueur et les mesures prévues aux
articles 211 et suivants entreront en vigueur en même temp3. Là,
on aura évité qu'il y ait un vide juridique entre les deux et la
seule façon... Si vous avez une autre façon de procéder,
je vous prie de me la suggérer, il n'y en a pas d'autre que celle de
dire qu'il faudra que cela se fasse au moment de la sanction du projet de
loi.
M. Gendron: Je n'en ai pas, M. le Président, à ce
moment-ci, mais ce que je suggérerais maintenant, c'est qu'à
partir du moment où le ministre du Revenu lui-même fait une
relation étroite entre l'article que nous étudions et ce qui s'en
vient à l'article 211, je vais proposer la suspension de l'article 6.
Quand nous serons rendus à l'article 211, on verra le lien qu'il y a
entre les deux.
Le Président (M. Lemieux): Y a-t-il consentement pour
suspendre l'article 6?
M. Gratton; Absolument.
Le Président (M. Lemieux): Alors nous...
M. Polak: J'ai une question.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Oui. Concernant ce même
article 6, au point de vue de la rédaction du texte, l'article 6
dit: "Cette loi est abrogée."Quelle loi?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, il y a eu suspension de l'article 6.
M. Gratton: Non, mais je pense que...
M. Polak: Mais quand vous dites la suspension, pour le prix d'un,
vous pouvez régler deux choses en même temps. C'est pour cela que
je veux faire l'intervention maintenant, pour sauver du temps.
M. Gratton: Il me fait plaisir de répondre à la
question du député de Sainte-Anne, c'est la Loi sur les droits
successoraux.
M. Polak: Je comprends mais on n'est pas supposé de lire
quelque chose dans le texte et deviner. C'est très mal
rédigé. Moi, j'aurais dit...
M. Gratton: Je m'excuse. On le retrouve à l'article 4.
M. Polak: Oui.
M. Gratton: À l'article 4, on avait...
M. Gendron: Je regrette...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: On ne peut quand même pas instaurer toutes
sortes de procédures. L'article 6 est suspendu, alors faire
référence à ce moment-ci à l'article 4.1 sur une
question qui n'est plus à l'ordre de nos travaux parce qu'elle est
suspendue... Un instant!. Cela n'a pas de bon sens. L'article 4... On
était ici tantôt.
M. Gratton: M. le député d'Abitibi-Ouest
suggère que les députés ministériels ne devraient
plus poser de questions et laisser seulement les questions à
l'Opposition.
M. Gendron: Pas du tout, ils poseront les questions qu'ils
voudront, mais au moment opportun. Sûrement pas sur une question
suspendue d'abord et, deuxièmement, sur une question qui a
été discutée il y a une demi-heure. Si le
député de Sainte-Anne n'était pas ici à l'article
4, c'est son problème.
M. Bissonnet: Question de règlement, M. le
Président.
M. Gratton: M. le Président, le député de
Sainte-Anne a le droit de s'opposer à la suspension.
M. Bissonnet: Question de règlement, M. le
Président.
M. Gratton: Est-ce que c'est ce que vous l'invitez à
faire?
M. Gendron: Non puisque vous êtes en train de lui donner
des informations sur l'article 4.
M. Bissonnet: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Avant que le député d'Abitibi-Ouest
demande la suspension, le député de Sainte-Anne avait
demandé le droit de parole sur cet article.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jeanne-Mance, le député d'Abitibi-Ouest n'avait pas
terminé son temps d'intervention sur cet article.
M. Bissonnet: Je veux tout simplement dire à la commission
que le député de Sainte-Anne a demandé la parole sur
l'article 6.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais M. le
député de Jeanne-Mance, vous comprendrez qu'il y a eu
consentement pour la suspension de l'article 6.
M. Bissonnet: Ce que je veux dire, M. le Président, c'est
que lorsque l'on aura un député qui demandera la parole et qu'il
y aura une demande de suspension, on écoutera le député
avant de donner notre accord sur une suspension additionnelle.
Le Président (M. Lemieux): C'est bien, M. le
député de Jeanne-Mance. Le député de Sainte-Anne
aura l'occasion de revenir sur l'article 6, lorsque nous reprendrons
l'étude de cet article.
J'appelle l'article...
M. Polak: M. le Président, peut-être qu'on ne sera
pas obligé de suspendre de nouveau.
Loi concernant les droits sur les transferts de terrains
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 7 du projet
de loi 2. Est-ce que l'article 7 est adopté?
M. Garon: Attendez un peu, là.
Le Président (M. Lemieux): Oui, je
m'excuse, M. le député.
M. Garon: II nous faut des explications du ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu,
est-ce que vous voulez intervenir sur l'article 7?
M. Gratton: Je comprends, M. le Président, que l'article 6
est suspendu.
Le Président (M. Lemieux): L'article 6 est suspendu.
M. Gratton: Le député de Sainte-Anne accepte que
l'on réponde à ses questions plus tard.
Une voix: On va y revenir.
M. Gratton: D'accord. À l'article 7, la modification a
pour objet de réduire de quatre ans à trois ans le délai
de remboursement des droits de transfert de terrain et est de concordance avec
celle que prévoit l'article 187 du présent projet de loi. Je
présume qu'on voudra suspendre jusqu'à ce qu'on soit rendu
à l'article 187. C'est une harmonisation avec les mesures
fédérales.
M. Gendron: C'est adopté. Nous sommes au courant, nous
connaissons cela, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Lemieux): L'article 7 est-il
adopté?
M. Gendron: Cela dépend des harmonisations, M. le
ministre.
M. Gratton: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Lemieux): L'article 7 est adopté.
J'appelle l'article 8.
Loi sur la fiscalité municipale
M. Gratton: L'article 8 vient essentiellement
réaménager les privilèges fiscaux s'appliquant aux
boisés. Cela va?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Desbiens: Sur l'article 8, c'est tout le processus,
j'imagine...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc, sur l'article 8.
M. Desbiens: Cela va toucher combien de producteurs?
M. Gratton: Je n'ai pas l'information, M. le Président,
mais on pourra la fournir.
Une voix: M. Duhaime pourrait vous dire cela.
M. Gratton: On va obtenir cela du ministère des Terres et
Forêts.
Une voix: Ce n'est pas d'ordre fiscal.
M. Desbiens: C'est une réduction ou un remboursement
d'impôt foncier.
M. Gratton: Oui.
M. Desbiens: Le ministre des Finances l'a évalué
à combien?
M. Gratton: II faudrait le demander au ministre des Finances,
nous sommes là pour faire la traduction légale des dispositions
de l'ancien gouvernement. Nous allons obtenir l'information et nous allons vous
la fournir. Je ne l'ai pas présentement, vous ne voulez sans doute pas
que je l'invente.
M. Desbiens: Le ministre nous dit que c'est le ministre des
Finances qui devrait répondre.
M. Gratton: Nous pourrons vous la fournir quand l'information
sera disponible; elle ne l'est pas présentement.
M. Desbiens: Mais cette loi a pour effet de rembourser...
M. Gratton: Non. M. le député de Montmorency va
vous expliquer de quoi il s'agit.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: C'est pour permettre, entre autres,
l'émission de certificats particuliers aux producteurs forestiers afin
qu'ils bénéficient de certains avantages fiscaux. Je peux vous
les énumérer en détail, si vous le voulez. Les
voulez-vous?
M. Desbiens: Oui, d'accord. M. Séguin: C'est long. M.
Desbiens: C'est long?
M. Séguin: On peut vous les fournir
postérieurement. Aimeriez-vous avoir le détail?
Une voix: D'accord.
M. Séguin: L'article 220.2, qui est le premier paragraphe
de l'article 8 du projet de loi 2, établit que les personnes
détentrices d'un certificat délivré par le ministre
délégué aux Forêts pourront
bénéficier d'avantages fiscaux offerts aux producteurs
forestiers. Si vous regardez l'article, il concerne l'émission du
certificat par le ministre.
L'article 220.3. La loi de la fiscalité municipale prévoit
qu'une personne peut recevoir un remboursement d'une partie des taxes
foncières payées à l'égard de ses actifs productifs
à l'exclusion de sa résidence en en faisant la demande au
ministre du Revenu au plus tard le 30 avril de l'année suivant
l'exercice financier municipal ou scolaire auquel se rapportent les taxes
payées. La modification proposée a pour effet, d'une part, de
modifier l'assiette à l'égard de laquelle le calcul du
remboursement a été affecté et, d'autre part, de permettre
aux corporations titulaires d'un certificat de producteur forestier de
réclamer le remboursement auquel elles ont droit jusqu'à
l'expiration d'un délai de 18 mois suivant l'exercice financier
municipal ou scolaire auquel se rapportent les taxes payées.
À l'article 220, paragraphe 4.4, on parle toujours de la Loi sur
la fiscalité municipale où on prévoit que les demandes de
remboursement devront être faites en même temps que la
déclaration fiscale visée à l'article 1000 de la Loi sur
les impôts. Ce sont les délais dans lesquels un contribuable doit
produire son rapport d'impôt. La modification proposée a pour
effet, d'une part, de prévoir que toute demande de remboursement doit
porter sur la totalité de la taxe exigée pour l'exercice
financier visé et, d'autre part, d'obliger la personne qui
réclame le remboursement de taxe foncière à produire la
déclaration fiscale à l'article 1000 déjà
cité.
Le présent article s'applique à une demande de
remboursement de taxe foncière faite par une personne titulaire d'un
certificat de producteur forestier pour un exercice financier postérieur
au 31 décembre 1985 et pour un exercice financier scolaire
postérieur au 30 juin 1985. Ce sont les deux dates de
référence pour la mise en vigueur de la nouvelle mesure.
À l'article 220.6, toujours dans la même Loi sur la
fiscalité municipale, aux fins du calcul de l'intérêt
à être payé à un producteur forestier à
l'égard du remboursement de taxe foncière qui lui est
versé, l'article 1000...
Le Président (M. Lemieux): Vous faites
référence à l'article 9, M. le député de
Montmorency, et on n'a appelé que l'article 8. L'article 9 n'est pas
appelé.
M. Séguin: Excusez-moi.
Le Président (M. Lemieux): De rien. Y a-t-il consentement
pour poursuivre? Cela va. Vous pouvez expliquer l'article 9 maintenant, M. le
député de Montmorency.
M. Séguin: En fait, la différence c'est qu'on n'a
pas amendé l'article 220.5. Je saute au paragraphe 220.6 de la
même loi qui disait que l'intérêt à être
payé à un producteur forestier à l'égard du
remboursement de la taxe foncière une fois réclamé est
sujet aux modalités de calcul de l'intérêt de l'article
1052 de la Loi sur les impôts du Québec.
La modification a pour effet d'étendre l'application de l'article
1052 de la Loi sur les impôts du Québec à l'affectation de
ce remboursement que pourra faire le ministre du Revenu et de prévoir
à qui le paiement de remboursement doit être effectué
lorsque plusieurs personnes ont droit d'obtenir un remboursement à
l'égard d'une même unité d'évaluation.
Ces modifications s'appliquent à une demande de remboursement de
taxe foncière faite par une personne titulaire d'un certificat de
producteur forestier, comme je le disais tantôt, pour un exercice
municipal postérieur au 31 décembre et, si l'exercice financier
est scolaire, postérieur au 30 juin 1985.
Je ne sais pas si on continue à l'article 10.
Le Président (M. Lemieux): Y a-t-il consentement pour que,
eu égard aux explications concernant l'article 8, M. le
député de Montmorency continue. C'est dans la même
philosophie, dans la même ligne de pensée...
Une voix: Ce sont 8, 9 et 10?
Le Préaident (M. Lemieux): Oui, 8, 9 et 10. Il y a consentement?
Allez-y, M. le député de Montmorency.
M. Séguin: II y a plusieurs pages.
M. Desbiens: On peut prendre article par article.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière, j'ai vu votre signe. Vous pourrez intervenir après
l'intervention du député de Montmorency.
M. Gratton: II peut peut-être déposer tout de
suite.
M. Séguin: Est-ce que je continue?
Le Président (M. Lemieux): Oui, il y a consentement...
M. Gratton: S'il y a des questions...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a des
questions?
M. Gendron: Juste une minute.
Le Président (M. Lemieux}: Oui, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: II y a consentement pour que le député
de Montmorency puisse continuer ses explications sauf que, entretemps, puisque
plusieurs articles sont interreliés, il y a une couple de petites
questions qu'on voudrait poser à ce moment-ci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, lorsqu'on dit, à
l'article 8, qu'un remboursement de taxe foncière ou d'une partie peut
être fait à la personne visée par la présente
sous-section, on sait que dans les faits des évaluateurs attribuent une
valeur à une bâtisse, un immeuble ou un terrain. Le
ministère aura à rembourser l'individu selon les taxes qui ont
été payées. En supposant qu'on se rende compte que,
presqu'à sa face même, l'évaluation est trop
élevée, quels sont les mécanismes... Est-ce que des
règlements seront prévus pour dire à la personne: Vous
contesterez votre évaluation parce que... Comment le ministère
sera-t-il capable de rembourser sur des valeurs... comment seront fixées
ces valeurs-là? (11 h 30)
Vous savez comment on procède dans les municipalités. Des
évaluateurs viennent attribuer une valeur à un bien et la taxe
est imposée par rapport à cette valeur. Le ministère
n'aura-t-il qu'à payer sans dire un mot, ou sera-t-il "centré"
quelque part? Il y a des faits qui se produisent, par exemple, à la SHQ
où des bâtisses appartiennent à des offices municipaux
d'habitation; leur évaluation est contestée parce que le
gouvernement dit: Je paie des "en lieu" de taxes pour ces bâtisses; je ne
suis pas d'accord. Est-ce que cela peut se produire sur la même partie de
loi qu'on parle d'immeubles qui sont, en fait, des terres à culture de
bois?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Je peux simplement expliquer que la Loi sur la
fiscalité municipale ne relève pas comme telle du ministre du
Revenu. Ce qu'on fait ici, ce sont simplement des aménagements parce que
le remboursement d'impôts fonciers origine de la Loi sur les impôts
du Québec, mais ce n'est pas de la juridiction du ministre du Revenu. Ce
sera au ministre des Affaires municipales, je pense bien, de voir à
l'application des droits des producteurs forestiers concernant certaines
choses.
En ce qui concerne le remboursement, quand le ministre du Revenu
constate qu'il y a remboursement, s'il y a trop eu de remboursements, ce qui
peut arriver, il prendra les moyens pour, à son tour, se faire
rembourser le trop-payé. On rembourse les taxes payées. En ce qui
concerne les taxes qui ne sont pas payées, cela relève des
Affaires municipales ou d'autres juridictions de vérifier le paiement de
ces taxes. Si vous voulez un complément d'information, il y a des gens
dans notre équipe qui sont ici et qui ont une connaissance
spécifique de ce problème. On pourra revenir sur la question ou,
si vous préférez suspendre immédiatement et noua donner
cinq minutes pour qu'on parle à nos experts dans le domaine, on pourra
donner cette information.
M. Dufoun Je trouve que la mesure est intéressante. Elle est
valable. Cela a de l'allure aussi, parce que des plaintes ont été
faites dans ce sens-là. La question que je me pose toujours à ce
sujet, c'est: Dans l'application, est-ce que c'est encore... Je me souviens que
j'avais dit qu'il faut déréglementer, qu'il ne faut pas qu'il y
ait trop de règlements, mais là j'ai peur, parce qu'on a entendu
toutes sortes d'accusations, que les municipalités exagéraient
dans les évaluations. Tout le monde l'a dit, que ce soient des
particuliers ou des compagnies. Il semble que les municipalités ont
toujours le mauvais rôle. Ce sont des "surtaxeux", des "surpresseurs" de
revenus. Dans ce cas, si on fait référence à ce qui s'est
passé concernant les terres vertes et les terres blanches, ce même
phénomène peut possiblement se reproduire. Mais je ne voudrais
pas que les municipalités ou les individus soient encore poignés
dans la ronde de contestation qui n'a plus de bout. Cela me semble encore
ouvrir une porte.
M. Séguin: Remarquez que l'ensemble des mesures
proposées assouplit le système. C'est un peu plus
libéralisé que ce ne l'était avant. Par exemple, les
corporations auront un délai de 18 mois pour produire leurs
réclamations. Je ne sais pas si...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Est-ce que c'est le même mécanisme que
le remboursement d'impôts fonciers agricoles? En agriculture, il y a un
remboursement comme celui-là.
M. Séguin: Je ne pourrais pas le dire.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article... Oui, M.
le député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, il y aura une carte. On
parle du producteur. Il faut qu'il y ait une reconnaissance de ce producteur.
Il y a là aussi une procédure
prévue pour que les individus propriétaires de
boisés privés puissent obtenir une carte de producteurs
forestiers. Est-ce que c'est cela?
M. Séguin: C'est le ministre délégué
aux Forêts qui délivre le certificat.
M. Desbiens: Qui délivre le permis selon une
réglementation, une procédure qui va déterminer...
M. Séguin: D'ailleurs, c'est le paragraphe 220.2 qui dit
que c'est le ministre délégué aux Forêts qui
délivre le certificat qualifiant les personnes.
M. Desbiens: Et le remboursement est plus généreux
- je le constate - qu'au ministère de l'Agriculture, à 85 %.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article...
M. Garon: II y a des raisons particulières.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Quand on l'a établi à 70 % pour un
cultivateur, c'est parce qu'il a une maison de ferme et c'était pour
exempter sa ferme et son boisé, parce que la résidence comptait
pour 30 % d'évaluation normale d'une ferme. On était en train de
regarder, à ce moment-là, pour changer cela, parce qu'il y a des
gens qui ont des grands "acrages" avec une maison et d'autres qui ont peu
"d'acrage" avec une maison, pour rendre le système plus
équitable.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 9.
M. Desbiens: On a eu les explications tantôt.
Le Président (M. Lemieux): L'article 8 est adopté.
J'appelle l'article 9. L'article 9 est adopté? Adopté. L'article
10. Est-ce que l'article 10 est adopté?
M. Desbiens: Je pense que M. l'adjoint parlementaire avait
commencé tantôt. On l'a interrompu dans ses explications sur
l'article 10, je pense.
M. Séguin: Les articles 10, 11 et 12 sont
relatifs à la même loi. Est-ce que vous me permettez de donner des
explications d'affilée et...
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement pour les
articles 10, 11 et 12, M. le député de Montmorency.
M. Séguin: Oui. Alors, le paragraphe 1 de l'article 220.8
prévoit que le ministre du Revenu peut réviser le montant du
remboursement dans les quatre ans du dépôt à la poste de
l'avis informant un producteur forestier de sa décision de demander le
remboursement.
La modification propose de raccourcir le délai à trois ans
et cela est conforme à l'harmonisation des lois fiscales où,
comme vous le savez, le délai habituel de révision de la part du
ministère ou de demande de remboursement était de quatre ans.
Maintenant, il est raccourci à trois ans. Alors, on s'aligne sur le
délai de trois ans.
Le paragraphe 220.8.2° précise les circonstances dans
lesquelles le ministre peut réviser en tout temps le montant de
remboursement et prévoir notamment qu'il en est ainsi si le
réclamant a commis une fraude, de sorte que, s'il y a fraude dans la
déclaration de remboursement, le ministre n'est pas lié au
délai de trois ans.
D'autre part, il a également pour objet d'ajouter une
circonstance pouvant donner lieu à une ouverture de son pouvoir par le
ministre, soit lorsque le réclamant n'a pas respecté les
engagements contractés pour obtenir le certificat de producteur
forestier. S'il n'est plus qualifié comme producteur forestier, le
ministre peut faire des procédures pour réclamer des
remboursements auxquels il aurait eu droit.
Ces modifications s'appliquent à une demande de remboursement
faite par une personne titulaire d'un certificat de producteur forestier pour
l'exercice financier municipal après le 31 décembre et, si
l'exercice est scolaire, après le 30 juin 1985, parce que ici ce sont
des corporations.
J'enchaîne immédiatement avec l'article 11. Nous sommes
maintenant au paragraphe 220.11 de la Loi sur la fiscalité municipale
qui est nouveau et qui a pour effet de préciser d'où proviennent
les sommes requises pour le paiement d'un remboursement de taxes
foncières dû à un producteur forestier, c'est-à-dire
à même les recettes fiscales perçues par la Loi sur les
impôts du Québec.
L'article 220.12 est nouveau et a pour objet de prévoir qu'une
personne qui reçoit d'une municipalité ou d'une commission un
remboursement de taxes dont elle a déjà été
remboursée par le ministre doit faire remise au ministre du Revenu de 85
% du montant ainsi reçu.
L'article 220.13, c'est également nouveau. Il a pour objet de
prévoir que, lorsqu'une unité d'évaluation cesse
d'être inscrite à un certificat de producteur forestier parce
qu'elle ne se qualifie plus
pour une telle inscription, celui qui est tenu de payer les taxes
à l'égard de cette unité doit payer au ministre du Revenu
le montant du remboursement de taxes foncières déboursé
par ce dernier jusqu'à concurrence des dix derniers exercices
financiers. Cela s'applique aux taxes foncières faites par une personne
titulaire d'un certificat de producteur si c'est un exercice municipal
postérieur au 31 décembre et, si l'exercice est scolaire,
postérieur au 30 juin 1985.
Je termine avec l'article 12 sur cette Loi sur la fiscalité
municipale. L'article 229 prévoit des dispositions qui ont pour objet de
prévoir que les articles déjà cités, soit les
paragraphes 11, 12 et 13 de l'article 220, ajoutés dans le
présent projet de loi, doivent être considérés comme
une loi fiscale au sens de la Loi sur le ministère du Revenu de sorte
que des droits et attributs donnés au ministre du Revenu dans le cadre
de la Loi sur le ministère du Revenu vont s'appliquer dans l'application
de cette loi pour permettre entre autres au ministre du Revenu, comme on l'a vu
à l'occasion, de percevoir le remboursement des trop-paiements ou de
faire des interventions ou de disqualifier certains producteurs en ce qui
concerne leur droit de remboursement de taxes foncières. Cela s'applique
si c'est un exercice municipal postérieur au 31 décembre et, si
l'exercice en cause est scolaire, cela s'applique postérieurement au 30
juin 1985.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Desbiens: Je voudrais une information supplémentaire
à l'article 220.13.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc. L'article 11.
M. Desbiens: Oui, l'article 11.
Le Président (M. Lemieux): Cela va. Y a-t-il consentement
pour les commentaires? Cela va. D'accord.
M. Desbiens: Merci. Ce que je vois, c'est que le ministre du
Revenu peut exiger un remboursement jusqu'à concurrence des dix derniers
exercices financiers. Je comprends qu'une loi, c'est fait pour longtemps. Je
suis très profane là-dedans, mais pourquoi dix ans comme
ça?
M. Séguin: Remarquez que ce n'est pas
nécessairement dix ans. Un exercice financier, selon des règles
comptables, peut être plus court que douze mois. Donc, d'une part, ce
n'est pas nécessairement dix ans. Cela peut s'approcher effectivement de
dix ans. Cela peut être plus court, en termes d'années, que dix
ans.
Deuxièmement, c'est une période de révision
limitée dans le temps parce que, dans le fond, on aurait pu ne pas
limiter à dix ans. En vertu de la Loi sur le ministère du Revenu,
lorsque le ministre constate qu'un contribuable a fait une déclaration
irrégulière, fausse ou frauduleuse, etc., ou que l'individu
n'était pas qualifié, il n'y a pas de délai lui permettant
de réviser sa situation. Là, il y a dix ans. Cela remonte
possiblement à l'introduction de ces mesures, peut-être même
à l'existence du crédit d'impôt foncier? Je n'ai pas de
raison particulière pour dire pourquoi dix ans. Je pense qu'on a voulu
arrêter dans le temps l'exercice en cause.
M. Desbiens: Je serais favorable à cela dans le
sens...
M. Séguin: C'est ce que je pense. Cela ne doit pas faire
plus de dix ans que cette mesure s'applique. Donc, on couvre sans doute dans
dix exercices financiers l'existence même du crédit remboursable
aux producteurs forestiers.
M. Desbiens: On connaît la Loi sur l'impôt et c'est
n'importe quand. C'est peut-être 20 ou 25 ans.
M. Séguin: Je pense que c'est lié à
l'existence même du crédit.
Une voix: Cela ne fait pas dix ans.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: À mon point de vue, cela ne fait pas dix ans
que cet article s'applique dans le temps. Donc, c'est après la
réforme de la fiscalité municipale. Je serais surpris qu'on
puisse l'appliquer à partir de maintenant. Le problème que je me
pose par rapport à cet article 220.13, c'est-à-dire 11, article
220.13, quand quelqu'un n'est plus inscrit au certificat... Je ne connais pas
la réglementation, c'est évident. Par contre, supposons qu'un
producteur forestier, pour une raison ou pour une autre, sa terre passe au feu.
Il n'a plus de bois. C'est difficile. Est-ce qu'il continue d'être
producteur forestier? D'abord, son évaluation va baisser pour la peine.
Il n'y aura plus de valeur là-dessus.
M. Séguin: Cela relève du ministre
délégué aux Forêts qui, lui, voit à la
qualification des producteurs forestiers. Ce n'est pas de la juridiction du
ministre du Revenu comme tel.
M. Dufour: Je n'avais pas fini ma question.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: C'est parce qu'en supposant - parce que je voudrais
bien m'informer... S'il n'est plus un producteur forestier par rapport à
ce qui était inscrit dans la loi, est-ce qu'à partir de ce moment
- ce serait aberrant - la personne va être obligée de rembourser
ses taxes foncières jusqu'à concurrence des avantages dont elle a
joui, 85 %, 70 % ou 50 %?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin; L'article 220.13 fait que, si un producteur ne
se qualifie plus ou ne s'est pas qualifié durant des années
où il a eu droit au remboursement, 220.13, tout ce qu'il dit, c'est que
le ministre pourra lui demander, il pourra se faire rembourser des sommes qui
lui ont été payées alors qu'il n'était pas
qualifié comme producteur forestier. Maintenant, l'exercice de
définir qui est producteur forestier ne relève pas du ministre du
Revenu. C'est le ministre délégué aux Forêts qui
délivre les certificats.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière, oui.
M. Dufour: Est-ce qu'on pourrait savoir, par rapport à ces
cas que je soulève, qui sont peut-être problématiques, de
quelle façon ils pourraient être traités? Il me semble que
c'est important. Si quelqu'un, pour une raison qui est hors de son
contrôle, n'est plus producteur et ne se qualifie plus comme producteur
forestier ou change la vocation de sa production, est-ce qu'il va être
tenu de rembourser au ministère? À la discrétion du
ministre... Je comprends que les ministres sont tous brillants et qu'ils ont
des bons jugements, ils ne peuvent pas se tromper, mais tout à coup...
Moi, je me dis: Dans une loi, comme le législateur parle pour dire des
choses, il faudrait que cela soit assez précis à mon point de
vue. J'aimerais, en tout cas, avoir ces explications-là. (11 h
45)
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Remarquez que ce sont principalement les
fonctionnaires qui voient au bon rendement de la loi. Tout ce qu'on dit ici,
c'est que le ministre se donne l'autorité de se faire rembourser ce
qu'il aurait payé à un producteur qui n'est pas qualifié.
Remarquez que cela ne veut pas dire que le producteur cesse la production
forestière. L'unité de production forestière peut
continuer avec une autre personne. C'est pour cela, ici, qu'on donne un droit
de contrôle sur dix exercices financiers antérieurs, et on dit que
la personne qui va continuer le certificat peut être tenue de payer des
taxes. On le voit dans la fiscalité municipale, dans les taxes
domiciliaires, etc. Si un compte est dû à une municipalité,
le propriétaire inscrit peut être tenu de le payer quitte à
avoir un droit de recours contre l'ancien s'il a payé à sa place.
C'est ce qu'il faut comprendre ici»
Maintenant, si vous aimez avoir plus de détails, on pourra en
obtenir. Mais, pour ce qui est de la loi, tout ce que le ministre du Revenu
fait ici, à l'article 220.13, c'est se permettre - je pense que c'est
normal -d'aller se faire repayer ce qu'il a indûment payé à
un producteur qui n'est pas qualifié. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Selon la connaissance que j'ai de la loi, je comprends
que, s'il vend sa production à un autre individu, cela s'applique. Il va
rembourser ses taxes, je comprends cela. Selon ma perception de la lecture que
je fais de ce qu'il y a là-dedans, j'ai l'impression qu'il pourrait y
avoir une raison autre que celle de vendre, à moins que cela soit dit
ailleurs. Selon ce que je comprends, la personne pourrait changer la production
de sa terre pour une raison ou pour une autre et, à ce moment-là,
le ministère... Là vous me dites - cela m'inquiète encore
bien plus - que ce sont les fonctionnaires qui décident ou qui ne
décident pas. Si on a eu des augmentations de taxes des fonctionnaires,
cela m'énerve encore bien plus. Qu'est-ce qui va arriver?
Moi, je vous demande seulement un complément d'explications pour
savoir dans quel cas, vraiment, quelqu'un va perdre son accréditation
comme producteur forestier?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Je ne peux pas vous répondre. Il
faudrait poser la question au ministre délégué aux
Forêts. Le ministre du Revenu voit à l'application de3 lois
fiscales et non pas des lois d'autres ministères, alors qu'est-ce que
vous voulez qu'on puisse vous répondre? On est ici dans la loi 2
principalement pour étudier la Loi sur les impôts du
Québec, et c'est par arrangement purement administratif qu'on modifie
des lois connexes. On aurait pu ne pas les toucher et laisser les ministres
faire procéder aux modifications de leurs propres lois. Il faudrait
peut-être diriger cette question-là au ministre
délégué aux Forêts.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: La question que vous pose le député de
Jonquière est fondamentale, à tel point que par rapport au
producteur agricole, il y a un tribunal qui est prévu. Si le statut de
producteur agricole n'est pas reconnu, ils peuvent aller revendiquer. Le
producteur agricole qui, en vertu de la loi a le droit d'être reconnu
producteur agricole, a des avantages à être reconnu producteur
agricole, et, si le statut de producteur agricole est refusé, il peut
aller devant la Régie des marchés agricoles pour faire
reconnaître son statut pour que la régie tranche cette
question-là. C'est pour cela que ce que dit le député de
Jonquière est fondamental parce que, quand on parle d'un titulaire d'un
certificat de producteur forestier, l'accès ou non à ces mesures
va dépendre du certificat, du fait que vous êtes titulaire d'un
certificat de producteur forestier ou non.
Je comprends que les gens du Revenu n'ont peut-être pas les
informations, mais 11 serait peut-être bon de suspendre ces articles et
de demander au ministre des Forêts de venir nous expliquer de quelle
façon la mécanique va jouer.
Si on a prévu que, pour les producteurs agricoles, c'était
nécessaire, pour les producteurs forestiers, cela va être aussi
nécessaire parce qu'il va y avoir des dizaines et des dizaines de
milliers de personnes qui vont y avoir accès - je pense que c'est 140
000 le nombre de personnes qui vont avoir accès à ces
mesures-là. En tout cas, c'est autour d'un chiffre comme
celui-là, 130 000, 140 000 personnes. C'est une mesure qui touche des
milliers de personnes et il faudrait voir si des mécanismes d'arbitrage
ne sont pas prévus à ce sujet-là. Et, en vertu de la
disposition 244, il serait peut-être bon que le ministre
délégué aux Forêts accompagne le ministre du Revenu
à l'une de nos prochaines séances pour qu'on puisse poser des
questions sur ces articles qui concernent le remboursement de la taxe pour les
producteurs forestiers.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Permettez-vous de suggérer qu'on
procède comme tel à l'adoption de l'article 220.13? Parce que,
d'une part, cela permet au ministre simplement de récupérer des
sommes qui appartiennent au Trésor public dans des cas où des
producteurs ont indûment reçu des sommes. Je pense qu'on est
d'accord sur le principe de base, quitte à ce que, effectivement, on
regarde attentivement les inquiétudes que vous soulevez - et que l'on y
apporte des modifications ultérieurement ou une réglementation
plus détaillée.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Mais j'ai un petit complément
d'information aussi sur les dix ans.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Séguin: Dans l'ensemble des articles de la Loi sur la
fiscalité municipale, il a été adopté d'usage de
limiter à dix ans ou à dix exercices financiers toutes les
révisions, etc. Or, si vous regardez d'autres articles, ce sont les dix
ans qui reviennent ou les dix exercices financiers. Donc, c'est la même
période qui est retenue.
J'apportais un complément d'information à l'article
220.13. M. le Président, je pense avoir donné toutes les
explications pour qu'on puisse, de façon éclairée,
procéder à son adoption.
Le Président (M. Lemieux): L'article 10 est-il
adopté? M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, l'article 10, oui, cela
va.
M. Dufour: J'ai de la difficulté à comprendre un
peu. On dit qu'on l'adopte et qu'on ne l'adopte pas. Ou on l'adopte, ou on ne
l'adopte pas. Si on l'adopte, j'aimerais savoir si j'ai raison ou non. Je n'ai
pas d'objection que, si le producteur forestier vend sa terre, on retourne sur
la taxation, que le ministère se fasse rembourser. On est
complètement d'accord là-dessus.
Ce qui me dérange, ou ce qui va déranger la personne, ou
ce qui pourrait être une question d'arbitraire, c'est que, si cette terre
change de vocation en cours route, donc il ne sera plus producteur forestier.
Est-ce que quelqu'un ou un fonctionnaire va se réveiller un matin et
dire: Mon "boy", tu me rembourses pour cinq, huit ou dix ans. Vous me dites:
C'est un règlement qui va l'établir. Il me semble que la question
est assez précise.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Vous avez raison jusqu'à un certain
point de soulever cette inquiétude, puisque c'est ce cas que vise
l'article 220.13. Qu'un producteur ne soit plus qualifié, ce n'est pas
le ministre du Revenu qui le décide, c'est le ministre qui a émis
le certificat, c'est-à-dire le ministre délégué aux
Forêts. Le ministre du Revenu e3t simplement devant un constat. Il sera
avisé que tel producteur n'est plus qualifié. Pour la
période durant laquelle il a reçu des remboursements alors qu'il
n'était pas qualifié, il aura effectivement à rembourser
au ministre du Revenu ce qu'il a reçu indûment.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Vous aviez appelé l'article 10.
Le Président (M. Lemieux): Oui, j'ai appelé
l'article 10. Est-ce que l'article 10 est adopté?
M. Gendron: M. le Président, l'article 10 est
adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 10 est adopté.
Oui, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: La question du député de
Jonquière portait sur l'article 11. Je pense qu'il serait effectivement
sage que nous puissions suspendre l'adoption de l'article 11 tant qu'on n'aura
pas les précisions qui s'imposent, je pense, sur la capacité ou
la possibilité du ministre délégué aux Forêts
de réviser les modalités par rapport au statut du producteur
agricole...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que, de consentement,
l'article 11 est suspendu?
M. Gendron: ...du producteur forestier. Pardon.
M. Séguin: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Lemieux): L'article 11 est suspendu.
L'article 12 est-il adopté, puisqu'on a discuté des articles 10,
11 et 12?
M. Desbiens: L'article 12 clôt ce chapitre sur les
producteurs forestiers.
Le Président (M. Lemieux): C'est bien cela.
M. Séguin: Enfin, c'était le dernier volet de la
Loi sur la fiscalité municipale.
M. Desbiens: Touchant les producteurs forestiers,
c'est-à-dire qu'il y a d'autres articles plus loin portant sur les
producteurs forestiers.
M. Séguin: Pour résumer ce que dit l'article 229,
ces modalités de demandes de remboursement par un producteur tombent,
pour le ministre du Revenu, sous la Loi sur le ministère du Revenu qui
donne autorité au ministre du Revenu de prendre des mesures pour aller
chercher l'argent.
M. Desbiens: C'est cela. Je comprends qu'on revient sur d'autres
aspects du remboursement foncier forestier. Non?
J'ajouterai simplement, que, bien sûr, c'est avec plaisir qu'on
vote sur tout l'ensemble de cet aspect, sauf la réserve qu'on a
faite.
Le Président (M. Lemieux): Sauf la réserve de
l'article 11.
M. Desbiens: De l'article 11, en attendant des explications
supplémentaires, complémentaires, puisque je pense que cette
mesure était attendue depuis longtemps par les producteurs forestiers du
Québec, les producteurs de forêt privée. L'article 12,
quant à nous, M. le Président, est adopté.
Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail
Le Président (M. Lemieux): L'article 12 est-il
adopté? Adopté. J'appelle l'article 13. M. le ministre, article
13.
M. Gratton: Allez-y. Voulez-vous que...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Il s'agit d'une formalité, c'est pour
retitrer en incluant un chapitre, parce qu'il n'y en avait pas; alors on
crée un chapitre et on l'appelle chapitre I; c'est pour permettre une
meilleure division de la loi. Cela est purement...
Le Président (M. Lemieux): L'article 13 est-il
adopté? Adopté. J'appelle l'article 14. M. le ministre.
M. Séguin: C'est la même chose, mais il y a un
amendement...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: C'est...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous donner lecture de
l'amendement, M. le ministre?
M. Séguin: C'est l'article 3 des amendements.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: L'article 14 est modifié au paragraphe 1
pour remplacer l'intitulé du chapitre 2 par le suivant - il y a eu une
erreur à l'imprimerie - au lieu de lire: "Disposition des ventes de
biens" il faut lire "Imposition des ventes de biens".
M. Desbiens: L'amendement est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
L'article 14, tel qu'amendé, est-il adopté? M. Desbiens:
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 14, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 15.
M. Séguin: L'article 15 a le même objet, M. le
Président: intercaler un titre de section pour mieux diviser la
pagination dans la présentation.
M. Desbiens: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): L'article 15 est adopté.
J'appelle l'article 16. M. le député de Montmorency.
M. Séguin: L'article 16 vise à remplacer le
paragraphe a de l'article 7 de la loi sur l'impôt - attendez, je veux
seulement préciser... nous sommes dans la Loi concernant l'impôt
sur la vente en détail. L'article 7 est modifié en
remplaçant le paragraphe a par le suivant: "Dans le cas d'un bien
produit par la personne hors du Québec au Canada et apporté au
Québec dans les douze mois de sa production, le prix de revient de ce
bien." Le présent article s'applique depuis le 24 avril 1985. C'est une
mesure qui découle directement du dernier budget.
La mesure vise à obliger une personne qui apporte au
Québec un bien mobilier pour usage ou consommation à payer
l'impôt sur la vente au détail - c'est-à-dire la taxe -sur
la valeur de ce bien.
Le paragraphe a de cet article désigne ce qu'est la valeur d'un
bien dans le cas d'un bien produit par la personne hors du Québec. La
modification en est une de concordance avec l'article suivant du projet de loi.
Cette modification a pour but de limiter l'application de ce paragraphe au cas
d'un bien produit par la personne hors du Québec, mais au Canada. Cette
modification fait suite au discours sur le budget du 23 avril et a effet depuis
le 24 avril 1985.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Peut-on avoir un exemple concret? Auriez-vous un
exemple concret à l'esprit?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: C'est qu'on taxe les biens apportés par
une personne, mais le bien venant d'une autre province, par exemple, et
apporté dans la province de Québec. On lève la taxe de
vente sur ce bien-là parce qu'il est consommé dans la province.
Cela vise également ceux qui ont produit, fabriqué des biens hors
du Québec pour les amener dans la province de Québec.
M. Desbiens: ...produit ou acheté... M. Séguin:
Oui, oui.
M. Desbiens: C'est dire que si, par exemple, je vais aux
États-Unis disons ou ailleurs au Canada, acheter une cartouche de
cigarettes...
M. Séguin: Maintenant...
M. Desbiens; Non, ce n'est pas cela.
M. Séguin: Je peux vous lire l'ancien article, vous allez
peut-être comprendre la différence. (12 heures)
M. Garon: Vous ajoutez seulement "au Canada".
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Cela me paraît s'associer à une douane.
Avant, la loi disait: "Dans le cas d'un bien produit par la personne hors du
Québec et apporté au Québec dans les douze mois de sa
production." Là, vous dites: "Dans le cas d'un bien produit par la
personne hors du Québec au Canada et apporté au Québec."
Depuis quand peut-on taxer différemment au Québec des biens qui
viennent du Canada et des biens qui viennent de l'extérieur du Canada?
Je suis un peu...
M. Séguin: Là, on se limite au Canada. M. Garon:
Oui, je comprends, mais... M. Séguin: L'amendement fait
que...
M. Garon: ... cela voudrait dire que vous avez le droit de taxer
les biens. Quand c'est général, il n'y a pas de problème,
mais vous faites une distinction entre des biens produits au Canada en dehors
du Québec et ceux qui sont produits hors Canada. Cela équivaut
à une douane, cela. Depuis quand le Québec a-t-il le droit de
faire cela?
M. Séguin: On n'en fait pas puisqu'on ne taxe que les
biens produits hors Québec, mais à l'intérieur du Canada
et apportés au Québec.
M. Garon: Non, ce n'est pas cela. Je comprends "apporté au
Québec", ce n'est pas cela. On dit "dans le cas d'un bien produit par la
personne hors du Québec". Là, vous voulez dire: "Dans le cas d'un
bien produit par la personne hors du Québec au Canada." Est-ce qu'on a
le droit de faire cela?
J'aimerais que le contentieux soit saisi de cela. Cela veut dire, par
exemple, que quand il s'agira d'un bien produit par une personne hors du
Québec, aux États-Unis, là, vous pourriez l'imposer; quand
il s'agira d'un bien produit hors du Québec, au Canada, ce serait
différent. Je ne suis pas convaincu qu'on ait le droit de faire
cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: On ne change strictement rien au droit de la
province de Québec de percevoir sa taxe de vente. La province de
Québec a une juridiction territoriale, comme le député de
Lévis le sait, sur l'assiette des taxes. Donc, on ne change pas le
principe. Je ne vois pas en quoi on affecterait ici la juridiction de la
province de Québec; bien au contraire, on fait une distinction entre les
biens produits aux États-Unis pour les assujettir à une taxe au
Québec directement comme les autres biens qui sont produits et
consommés au Québec. C'est tout.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: On fait un traitement fiscal différent pour un
bien produit par une personne hors du Québec, au Canada, et pour un bien
produit par une personne hors du Québec à l'extérieur du
Canada. C'est évident qu'il va y avoir deux traitements.
M. Séguin: Oui, mais il est toujours consommé au
Québec. L'assiette de taxation de la province de Québec est
valide.
M. Garon: En tout cas, c'est pour moi une interrogation. "Aux
fins du présent article, la valeur d'un bien désigne". C'est bien
ce que dit l'article, si on entre directement dans le texte de la loi. On dit:
"Dans le cas d'un bien produit par la personne hors du Québec au Canada
et apporté au Québec dans les douze mois de sa production, le
prix de revient du bien". Qu'est-ce que ce sera quand ce sera le cas d'un bien
produit par une personne hors du Québec, mais pas au Canada? De quelle
façon cela va-t-il fonctionner?
Une voix: Cela peut peut-être vous éclairer de
connaître le pourquoi de l'amendement. Le milieu des affaires s'est
plaint du fait qu'un bien fabriqué aux États-Unis et
importé au Québec était moins taxé qu'un bien
fabriqué au Canada et importé au Québec. Là, on
rétablit l'équilibre, les deux biens sont taxés sur la
même base, ce qui veut dire qu'un importateur de biens fabriqués
aux États-Unis ne sera pas favorisé par rapport à un
importateur de biens fabriqués au Canada. C'est cela que cela
signifie.
M. Garon: Mais vous n'aviez pas besoin d'un article pour faire
cela, vous n'avez qu'à l'administrer comme cela. Hey! C'est quoi, cette
affaire-là?
M. Séguin: Mais ce n'est pas nous qui avons fait
l'article.
M. Garon: Regardez l'article qui dit... Une voix: Ce sont les
fonctionnaires.
M. Séguin: Non, non, c'est le ministre Duhaime dans son
budget du 23 avril.
M. Garon: Regardez ce qu'on dit: "Aux fins du présent
article, la valeur d'un bien désigne, dans le cas d'un bien produit par
la personne hors du Québec et apporté au Québec dans les
douze mois..." Alors, vous aviez le pouvoir général de le faire.
Tous les biens qui viennent d'en dehors du Québec, aux États-Unis
ou au Canada, étaient traités sur le même pied. Je ne
comprends pas que vous ayez besoin d'une telle clause pour...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: On a fourni des explications. Je prends bonne
note de la recommandation du député de Lévis afin de
retirer peut-être cet article-là. Je lui rappelle que c'est
l'ex-ministre Duhaime lui-même qui l'a inclus dans son budget et
appliqué depuis le 23...
À sa recommandation, nous allons l'étudier et je serai
prêt à faire des recommandations, au prochain budget, au ministre
des Finances pour peut-être reconsidérer cet article-là
s'il nous semble excédentaire ou inutile. Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Le but des commissions parlementaires est
d'améliorer les projets de loi et celui-ci a 148 pages. Je pense qu'on
devrait suspendre l'article pendant que le contentieux du ministère du
Revenu regarde la question. Je pense qu'il y a un problème.
L'explication du juriste ne m'apparaît pas satisfaisante puisqu'il
s'agirait à ce moment-là de traiter des gens de façon
équitable dans une pratique administrative plutôt qu'en faisant
des textes de loi. Je pense qu'il y a un doute et qu'on devrait suspendre
l'article pendant que les gens...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Je voudrais simplement répondre que je
rappelle que la disposition
est en vigueur depuis le 24 avril à minuit et une minute et que
c'est déjà appliqué. Donc, si on en suspend l'adoption
à l'heure actuelle, c'est comme si on suspendait dans le temps ce qui a
été fait, si on soulevait un doute sur la
légitimité de cette mesure qui, je le rappelle, a
été annoncée dans le budget du 23 avril.
Pour permettre aux gens qui se sont fiés à cet
énoncé et qui, en conséquence, ont administré leur
entreprise, je pense qu'il serait prématuré à ce moment-ci
de suspendre pour soulever une question juridique sur ce point. Cependant, on
est prêt à considérer l'observation du député
de Lévis et, si on se rendait compte d'un problème juridique, on
pourrait toujours y revenir en troisième lecture ou
ultérieurement. Je pense qu'à ce moment-ci cela
soulèverait un doute considérable chez les gens qui apprendraient
qu'on en suspend l'application, depuis le 23 avril alors qu'ils se sont
appuyés sur cette disposition-là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Voyonsl M. le député de Montmorency, je
n'ai pas demandé de suspendre l'application de la pratique de ce que
font les gens du Revenu. Je demande de suspendre l'article peut-être
jusqu'à ce soir ou demain pendant, que les gens du Revenu regardent s'il
n'y a pas un problème d'inscrire dans le texte de loi de changer la
pratique administrative pour être suffisante.
M. Séguin: C'est parce qu'on ne voit pas d'autres
renseignements qu'on pourrait fournir. La mesure nous semble...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je pense que c'est plutôt une question de
rédaction de texte. Cela m'étonne aussi de temps en temps. On
comprend très bien la mesure de la façon dont c'est
expliqué qu'on va légaliser des situations. Dites-donc les choses
de manière très simple. Peut-être qu'en ce moment il faut
encore suivre cette vieille terminologie. Cela ne tient pas debout. On fait une
exception et, pour corriger l'exception, on vient encore avec d'autres
exceptions pour essayer de rectifier. Dites-donc carrément que tout le
monde doit payer la taxe et c'est fini. Pour moi c'est une question de
technologie législative mais le point est très important. C'est
à peu près le temps que nos rédacteurs comprennent comment
rédiger d'une manière simple.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a consentement
pour suspendre l'article?
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: On peut suspendre évidemment l'étude de
chaque article. Je ne sais pas si c'est une façon déguisée
de refuser de procéder à l'adoption du projet de loi. Si on
suspend on reviendra à la fin pour devoir se rendre à
l'évidence qu'il faut adopter l'article en question. Il est
déjà en vigueur depuis le prononcé du discours sur le
budget. Je ne sais pas quelle autre information additionnelle on pourrait
fournir demain qu'on n'a pas déjà fournie aujourd'hui. Quant
à moi je demanderais qu'on l'adopte immédiatement par appel
nominal si c'est nécessaire.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article l6 est
adopté?
M. Garon: Avant, j'aimerais qu'on puisse demander à quelle
page, le ministre des Finances, dans son discours sur le budget,
référait à ce point, pour voir ce qu'il a dit
exactement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député...
M. Gratton: Oui, on va vous fournir cela. Laissez-nous le temps
de consulter les pages. Étant donné qu'on ne connaît pas
votre discours sur le budget par coeur, page par page, ligne par ligne, on
pensait que vous le connaissiez.
Le Président (M. Lemieux): Pagé 51.
M. Séguin: Est-ce que je peux avoir la parole, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Le document "Discours sur le budget", page A-51
dans le bas, dit: "Actuellement, la valeur taxable des biens en provenance de
l'extérieur du Canada, lorsque ces derniers sont apportés au
Canada pour usage de consommation, ne comprend pas la valeur des droits de
douane ni celle de la taxe de vente fédérale, ni les frais de
transport et autres frais connexes lorsqu'ils sont payés directement par
le consommateur. "Afin de faire en sorte que les biens en provenance de
l'extérieur du Canada bénéficient d'un traitement fiscal
équivalent à celui applicable aux biens en provenance du Canada,
des modifications seront apportées à la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail. "À compter de minuit ce
soir, la valeur taxable d'un bien importé comprendra, peu
importe le lieu de l'achat, les droits de douane et la taxe de vente
fédérale payés à l'égard de ce bien, les
frais de transport et autres frais connexes. Cette mesure permettra à la
taxe d'être neutre à l'égard de l'acquisition de biens en
provenance du Canada par rapport à l'acquisition de biens en provenance
de l'étranger."
J'ajoute que l'article qui suit l'article 17 dans notre projet de loi
complète l'explication.
M. Garon: Là, je vais vous dire une chose.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, cela aurait été
mieux de mettre un article avec ce que dit le ministre des Finances dans son
discours sur le budget. Cela, c'est clair, c'est correct. Sauf que l'article
qu'on a devant nous ne dit pas cela du tout. En tout cas, je ne suis pas
capable de comprendre cela. Personne n'a été capable de donner
cette explication avant de l'avoir lu.
M. Gratton: C'est vous-même, c'est sous votre gouvernement
que tout cela a été préparé.
M. Garon: Mais non. Le budget, oui.
M. Gratton: Le budget et le projet de loi aussi. Arrêtez de
faire des procès d'intention à tout le monde. Le projet de loi
était imprimé avant les élections.
M. Garon: Oui, c'est correct. Je comprends ce que vous dites
là.
M. Gratton: Quand même. Soyez sérieux.
M. Garon: Une commission parlementaire, est-ce que cela
siège pour rien? Cela siège pour améliorer un projet de
loi. Ce qu'on dit tout simplement - c'est la représentation que je vous
fais - c'est que la façon dont cet article est rédigé, il
est mal fait. Il ne reflète pas l'intention du ministre des Finances
dans son discours sur le budget. Là-dessus, je concours avec le
député de Sainte-Anne quand il disait: Si ■ on veut traiter
les gens de façon équitable, partout, à l'extérieur
et à l'intérieur du Canada, disons-le clairement. Mais ce n'est
pas cela que l'article a pour effet de... Quand vous lisez l'article, à
sa face même on n'a pas l'impression... C'est clair qu'on veut
établir une discrimination quand on le lit. Quelqu'un qui va le lire
d'une façon normale, s'il veut avoir l'explication, il lira le discours
sur le budget. Je n'ai pas vu souvent des avocats, quand ils ont plaidé
devant les tribunaux, référer au discours sur le budget pour
comprendre l'article.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Béguins Je veux simplement indiquer que le
député de Lévis, hier, nous a fait lecture d'un passage,
à la page 49 du projet de loi, et il a admis qu'il n'y comprenait
rien.
M. Garon: Je n'ai pas dit cela.
M. Séguin: Oui. Hier, vous avez fait la lecture et vous
avez dit que vous n'aviez pas compris l'explication.
M. Garon: Je n'ai pas dit que je n'avais pas compris. Non, non,
non.
M. Séguin: De toute façon... M. Garon: Un
instantl
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Gratton: II n'admettra jamais cela, c'est sûr. Il n'a
jamais admis de sa vie qu'il s'était trompé. Il n'est pas pour
commencer aujourd'hui.
M. Séguin; De toute façon, il est exact...
M. Garon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Lévis.
M. Gratton: Je m'excuse, M. le député de
Montmorency, vous allez trop loin.
M. Garon: M. le Président, ce que j'ai simplement dit en
lisant la page 49 en haut - je comprends que le ministre du Revenu ne comprend
pas beaucoup les textes de loi, il l'a admis en conférence de presse, il
ne comprend pas cela. Sauf que ce que j'ai dit hier...
M. Gratton: L'adjoint parlementaire, lui, comprend cela, par
exemple, mieux que le député de Lévis.
M. Garon: J'ai lu l'article au haut de la page 49 et, à sa
face même, quand vous lisez un article comme celui-là...
M. Gratton: Cela est de l'histoire ancienne, M. le
Président, On est à l'article 8.
M. Garon: Pouvez-vous dire que les
différents articles qu'il y a là-dedans n'ont pas
été changés? Je n'ai pas dit que je ne comprenais pas
l'article, j'ai dit que j'ai demandé si on pouvait dire cela.
M. Gratton: Je vous l'avais dit qu'il n'avait pas dit cela.
M. Garon: Vous savez, vous avez déjà fait plusieurs
déclarations furieuses en...
M. Gratton: Je vous l'avais dit qu'il n'avait pas admis
s'être trompé.
M. Garon: Vous voulez faire disparaître le ministère
du Revenu. Alors...
M. Gratton: Voyons donc!
M. Garon: Ah! Vous n'avez jamais dit celai Cela a
été écrit dans tous les journaux.
M. Gratton: Ah!. Ce n'est pas moi qui l'ai dit. C'est le candidat
péquiste qui l'a dit.
M. Séguin: C'est vous qui avez dit cela, M. le
député de...
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Montmorency.
Une voix: Je vous défie de le trouver.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, nous avons un mandat. Le mandat est de procéder à
l'étude article par article. Veuillez, s'il vous plaît, essayer de
vous en tenir, comme vous le faites si bien depuis le début de cette
séance, à des considérations d'ordre juridique et
d'intérêt.
M. Gratton: Vous êtes d'une diplomatie extraordinaire.
M. Garon: Le ministre du Revenu donne le ton dans la
diplomatie.
Le Président (M. Lemieux): La parole était à
M. le député de Montmorency. M. le député de
Lévis, vous n'aviez pas terminé.
M. Garon: Oui. Je disais: Quand on lit le discours sur le budget
du ministre des Finances, ce qu'il dit là-dedans est clair. Il ne veut
pas qu'il y ait de régime discriminatoire sauf que l'article de loi tel
que rédigé, à sa face même, établit un
régime discriminatoire. On ne corrige pas une pratique discriminatoire
en faisant un article discriminatoire. Cela n'a pas de bon sens. Il faut que
l'article soit rédigé pour indiquer vraiment ce que voulait le
ministre dans son discours sur le budget du mois d'avril 1983.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: Je pense que si on... Il ne faut pas prendre
seulement le paragraphe a ou l'objet de l'amendement qu'on discute
isolément. Effectivement, si on le prend isolément, cela ne
reflète pas l'ensemble de ce que dit le discours sur le budget. Il faut
lire tout l'article 7 de la loi qu'on amende. Peut-être que si le
député de Lévis trouve que c'est utile, on pourrait lire
l'ensemble de l'article 7 et ensuite lire l'amendement qu'on y apporte. Il
devra se rendre à l'évidence qu'on traduit exactement l'intention
du ministre des Finances dans son discours sur le budget. Voulez-vous qu'on le
lise ensemble, l'article 7?
Une voix: Non, non.
M. Garon: Je l'ai devant moi. Je suis peut-être un des
seuls qui l'ai devant lui. J'ai tous ces articles devant moi. Je l'ai, la taxe
de vente, la loi au complet.
M. Gratton: Et quand on parle de l'article 7, des achats à
l'extérieur du
Québec, on voit que c'est seulement un des paragraphes...
M. Garon: Un des trois paragraphes. (12 h 15)
M. Gratton: ...que le projet de loi vient modifier. L'article 7
dans son ensemble, tel que modifié, fait exactement ce que le ministre
des Finances voulait que l'on fasse dans son discours sur le budget.
M. Desbiens: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Si je comprends bien le texte du discours sur le
budget de M. Ouhaime, il veut s'assurer que les biens en provenance des
États-Unis ou de l'extérieur du Canada soient traités de
la même façon que ceux qui sont produits à
l'intérieur du Canada. C'est cela?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Ce qu'on veut faire, c'est que des biens
importés, par exemple, des Etats-Unis parce qu'ils ont des
privilèges, qu'ils ne sont pas sujets au même nombre de taxes que
les mêmes biens fabriqués, par exemple, dans d'autres provinces ou
au Québec, on veut les taxer pour que les biens produits dans les autres
provinces soient concurrentiels. On impose une taxe. Et si
vous lisez - je pense qu'on devrait lire maintenant l'article 7.1, parce
que c'est exactement le libellé du discours, je pense -on dit:
Lorsqu'une personne est tenue de payer la taxe prévue aux articles 6 et
7 et que la délivrance du bien vendu s'est effectuée hors du
Canada, le prix d'achat du bien pour cette personne comprend les droits de
douanes, les droits d'accise, les taxes d'accise, la taxe de vente
fédérale, les frais de transport et tout autre frais qu'elle a
engagé pour apporter le bien au Canada, de sorte que les biens
importés en provenance des États-Unis vont subir la même
taxe que d'autres biens produits au Canada et apportés au
Québec.
C'est exactement le paragraphe à 7.1 qui reflète ce qu'on
a lu tantôt à la page A-51. Merci.
M. Desbiens: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Je regrette mon ignorance sur la facture des lois.
Il me semble que... On dit: La personne hors du Québec, au Canada. Cela
me semble être une exclusion de ce qui vient de l'étranger,
à ce moment.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Écoutez, je ne sais pas s'il y a encore
un problème.
M. Garon: C'est votre choix.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 16 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté, dans ce cas.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 16 est
adopté. J'appelle l'article 17.
M. Desbiens: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
J'appelle l'article 17. M. le ministre, à l'article 17.
M. Gratton: À l'article 17, il y a un amendement au texte
anglais seulement. Je présume que c'est une coquille. Est-ce qu'on veut
que je le lise?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre.
Voulez-vous lire l'amendement?
M. Gratton: L'article 17 de la version anglaise de ce projet est
modifié, au paragraphe 1, par le remplacement du deuxième
alinéa de l'article 7.1 de la Loi concernant l'impôt sur la vente
en détail qu'il édicte par le suivant: "The person shall pay to
the Minister a tax at the rate provided in the first paragraph of section 6 on
the additional items mentioned in the first paragraph on the date that the use
or consumption of the property begins in Québec".
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que...
M. Garon: On pourrait faire une petite remarque: Le ministre du
Revenu est plus disponible pour lire les textes de loi quand ils sont en
anglais que quand ils sont en français.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis! Est-ce que d'autres membres désirent intervenir sur
l'amendement? Est-ce que d'autres personnes désirent intervenir sur
l'amendement?
M. Gratton: Cela en est une à votre image... à
votre hauteur aussi.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu. M. le
député de Lévis.
M. Garon: C'est la première fois que vous lisez un
article, que vous consentez à en lire un, de vous-même.
M. Gratton: J'ai lu toutes les motions d'amendement
jusqu'à maintenant. Cela montre bien quelle sorte de personne vous
êtes.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement...
Est-ce que... M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Je ne veux pas faire mon facétieux,
mais encore là, dans la même perspective que mon collègue
de Sainte-Anne, quand je lis à l'article 7.1 le terme "de ce bien au
Québec", l'usage ou la consommation de ce bien au Québec...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, j'aimerais vous faire remarquer que cet article a
été adopté.
M. Bélisle: C'est parce que...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Mille-Îles. Nous sommes rendus à l'article
17.
M. Bélisle: Vous permettez. C'est pertinent à la
traduction anglaise. "Property" "et bien", ce n'est pas la même
signification. Bien, c'est "good". "Property", c'est une
propriété au sens immobilier. Si on veut faire un travail propre,
faisons-le proprement.
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency. M. le ministre.
M. Bélisle: C'est tout simplement une modification
à faire, M. le Président, une modification légale de
juriste.
Le Président (M. Lemieux): Proposez-vous un
sous-amendement, M. le député de Mille-Îles?
M. Bélisle: Oui, qu'on utilise le terme...
Le Président (M. Lemieux): Votre sous-amendement se
lirait...
M. Bélisle: De remplacer le terme "property11
par "goods", biens, "goods", qui est utilisé habituellement.
Une voix: On ne peut pas accepter cela, parce que la loi est
faite avec le mot "property".
M. Gratton: Si on parle de biens immobiliers, on ne peut pas
parler de "goods".
M. Bélisle: M. le Président, si vous me le
permettez, je fais une suggestion aux juristes du ministère de trouver
un autre terme que "property", parce "property" n'est pas l'équivalent
du terme "biens" dans la version française.
M. Gratton: On me souligne que, si on devait retenir la
suggestion du député de Mille-Îles, il faudrait refondre
toute la loi...
M. Bélisle: Eh bien! on a un problème juridique, M.
le ministre.
M. Gratton: ...y compris, me dit-on, la jurisprudence qui a
toujours interprété les mots utilisés ici.
Évidemment, là, vous m'avez en terrain tout à fait non
familier, mais je me dois de me fier aux informations qu'on me fournit.
Effectivement, je n'ai aucune raison de croire qu'on ne ferait pas erreur en
modifiant ici les choses.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, ce n'était pas
mon intention de mettre mon collègue, le ministre du Revenu, dans
l'embarras d'aucune façon, mais je serai satisfait...
M. Gratton: Cela a été fait suffisamment.
M. Bélisle: Si on utilisait... Je pense, M. le ministre,
que, quand même, c'est un texte dont une partie de la population du
Québec devra faire usage. L'application va se faire vis-à-vis
d'eux. Je serais satisfait si on avait une opinion du contentieux du
ministère du Revenu nous indiquant que la traduction est
appropriée et qu'il n'y a pas de problème juridique, le tout
certifié par le contentieux du ministère du Revenu.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, est-ce que vous en faites un sous-amendement formel ou est-ce
une directive à l'adresse du ministère du Revenu?
M. Gratton: M. le Président, je n'ai pas d'objection, sauf
qu'à la Direction générale de la législation, au
ministère du Revenu, c'est là que le texte de loi est
préparé. C'est de là qu'il émane. Le contentieux
fait partie de la direction générale. Évidemment, on peut
lui demander de nous fournir un avis écrit cet après-midi ou
demain.
M. Bélisle: M. le Président, si vous me le
permettez, la pratique courante devant les cours de justice nous apprend que
quelquefois les traductions de certains mots sont un peu élastiques.
M. Gratton: On fournira l'avis dès qu'il sera disponible,
sans que ce soit un avis du contentieux, tout au moins une note
explicative.
Le Président (M. Lemieux): Dois-je comprendre qu'on
suspend l'article 17?
M. Polak: Non, je veux juste...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je voulais seulement ajouter quelque chose.
Le Président (M. Lemieux): Alors...
M. Polak: Je n'ai pas l'intention non plus de rendre la vie plus
difficile, mais tout de même, quand on voit que certaines choses ne
marchent pas, on est là aussi pour tenter de les corriger. On a traduit
les mots "les éléments additionnels" par "additional items". Le
mot "item" en anglais n'est pas du tout "élément" en
français. Un "item", c'est lorsqu'on achète cinq "items", ce sont
des objets qu'on achète. On aurait peut-être été
mieux de laisser en anglais les mots "additional elements" parce que "elements"
veut dire que la taxe est levée sur les accises, sur la douane, etc. La
traduction de "item" par élément, ce n'est certainement pas la
meilleure traduction. Peut-être qu'on aurait dû dire "element" au
lieu de "item" et changer le mot "property" par "item" parce
qu'au moins c'est plus clair. Je ne veux pas faire un amendement
aujourd'hui, mais je pense qu'on devrait laisser un avis, par
l'intermédiaire du ministre, aux services du ministère, à
savoir qu'on va vraiment regarder sérieusement la traduction à
l'avenir.
M. Gratton: Je veux bien qu'on regarde et qu'on fasse les
traductions les plus exactes possible, grammaticalement et autrement, mais il
faut bien comprendre qu'on est en train de modifier un article d'une loi. Dans
les faits, les articles du projet de loi 2 viennent modifier divers articles de
diverses lois. Il y en a probablement une centaine, sinon même plus. Les
amendements qu'on propose ici et le texte qu'on propose en anglais doivent
correspondre à ce que la loi qu'on amende dit. S'il fallait commencer
à faire de la grammaire ou de la traduction sur le coin de la table ici,
on engendrerait la confusion parce qu'on utiliserait des termes qui deviennent
étrangers à la loi originale. Vous comprendrez que... À
moins que vous ne me suggériez que l'exercice que vous voulez qu'on
fasse, c'est de reprendre toute la traduction de toutes les lois qui sont
visées par les articles du projet de loi 2, et je vous fais grâce
de me suggérer cela, je vous dis d'avance que ce serait impossible.
Donc, dans les circonstances, on doit accepter, même si, en termes
linguistiques, grammaticaux ou de tout ce que vous voudrez, on n'est
peut-être pas satisfaits des mots utilisés ou des expressions
utilisées mais, comme ils sont issus des lois telles qu'elles existent,
il faut les utiliser, sans quoi ce sera le fouillis le plus indescriptible.
Je suis informé par les juristes du ministère que c'est
pour cela que l'on emploie le mot "property", par exemple, dans l'article en
question plutôt qu'un autre mot. Si on n'emploie pas le mot "property",
il faudra aller réviser le mot "property" partout 0(1 il paraît
dans la loi dont il est question. Cela pourrait vouloir dire un travail
extrêmement fastidieux et qui ne viendrait pas clarifier les choses
puisque, au contraire, cela ne ferait que les confondre encore plus. Il me
semble qu'elles sont déjà suffisamment confuses, si j'en crois
certains juristes que je rencontre à l'occasion.
M. le Président, je demande que l'on adopte l'amendement tel que
libellé, tout en prenant bien note des observations que font mes
collègues et quant à la traduction des lois qui seront
votées, des nouvelles lois, évidemment, qu'on fasse tous les
efforts. Je ne vous cacherai pas qu'il y a plusieurs lois qui n'avaient pas
été traduites jusqu'à un certain jugement de la Cour
suprême.
Effectivement, sans qu'il y ait de mauvaise volonté nulle part,
il y a peut-être des traductions qui ont été faites un peu
vite. Je ne dis pas que c'est le cas de celle-là, je ne vise personne
quand je dis cela, je ne regarde même pas du côté de
l'Opposition. Tout ce que je dis, c'est que dorénavant, on fera en
sorte, en tant que gouvernement - là, je mets mon chapeau de leader du
gouvernement - que les traductions soient les plus correctes possible à
tout point de vue.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, vous avez demandé la parole. Je vois qu'il reste environ 20
secondes. Est-ce qu'il y aurait consentement pour donner une couple de minutes
de plus au député de Bertrand avant de passer à l'adoption
de l'article concerné?
M. Gratton: Que je sache, M. le Président, on doit
siéger jusqu'à 13 heures.
Le Président (M. Lemieux): Ah! je m'excuse, je croyais que
c'était 12 h 30. Pardon, cela va.
M. Gratton: Allons-y jusqu'à 13 heures.
Le Président (M. Lemieux): Jusqu'à 13 heures, je
m'excuse.
M. le député de Bertrand. (12 h 30)
M. Parent (Bertrand): Ce sera très bref, M. le
Président. Je pense que les commentaires des députés de
Mille-Îles et de Sainte-Anne sont tout à fait appropriés.
Je pense que le ministre du Revenu devrait demander si c'est possible à
ses fonctionnaires de trouver une forme de mécanique pour qu'on ne
continue pas à perpétuer ces erreurs ou ces correspondances. Il
doit y avoir une possibilité qu'à partir de telle date,
dorénavant, les mots soient remplacés sans devoir revenir en
arrière. Je pense que c'est important; sinon, tout le monde
reconnaît qu'il n'y a pas de correspondance par rapport à un terme
français et un terme anglais. On va perpétuer cela dans la
prochaine loi parce qu'on va dire: On ne peut pas le changer. On
réfère toujours, finalement, à d'anciennes lois. Je pense
qu'il devrait exister une mécanique qui ferait en sorte que
dorénavant tel terme dans tel projet de loi pourrait certainement
être corrigé. Je pense que leur point est très bon et je
les appuie énormément pour que certaines démarches soient
entreprises afin que la mécanique soit changée, M. le
ministre.
M. Gratton: M. le Président, je prends bonne note des
remarques du député de Bertrand, qui vont dans le même sens
que celles de mes collègues. J'en entretiendrai dès cet
après-midi le ministre de la Justice de qui cela relève et on
tâchera de passer le message en conséquence au Comité
de
législation parce que je partage entièrement le point de
vue des membres tel qu'exprimé ici. On est conscient qu'il y a des
termes dans nos lois actuelles, du côté de la traduction anglaise,
qui sont bâtards et complètement erronés. À partir
du moment où on vient les amender par un texte de loi comme c'est le cas
ici ce matin, à moins d'être prêts à faire l'exercice
de reprendre toute la traduction de la loi originale, ce qui n'est pas le
rôle de la direction générale du ministère du
Revenu, on doit s'accommoder et utiliser les termes qui apparaissent
déjà dans la loi.
Je répète que j'en saisirai mon collègue de la
Justice qui lui-même, j'imagine, est très soucieux de faire en
sorte que les lois soient bien comprises par tous les citoyens
québécois, tant anglophones que francophones.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 17 est
adopté tel qu'amendé?
M. Desbiens: Adopté. M. Gendron: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): L'article 17 est adopté
sur division. J'appelle l'article 18. M. le ministre du Revenu. M. le
député de Montmorency.
M. Séguin: Il s'agit simplement ici de remplacer le mot
"loi" par le mot "chapitre" dans les articles 11 et 12 de ladite loi
amendée.
Le Président (M. Lemieux): C'est l'article 18, M. le
député de Lévis.
Vous pouvez continuer, M. le député de Montmorency.
M. Séguin: Nous en sommes è l'article 18 du projet
de loi. Les deux articles 11 et 12 sont remplacés. Le remplacement fait
changer le mot "loi" par le mot "chapitre".
M. Gratton: C'est de concordance avec les articles 13 et 15.
M. Séguin: Le reste du texte est intégral.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est-il
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 18 est adopté.
J'appelle l'article 19.
M. Gratton: C'est de concordance, M. le Président, avec ce
que prévoit l'article 17 du présent projet de loi.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 19 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 19 est adopté.
J'appelle l'article 20.
M. Gratton: C'est de concordance avec ce que prévoient les
articles 13 à 15 du projet de loi.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 20...
M. Desbiens: L'article 20. Ce sont les subdivisions du chapitre
tout simplement. Est-ce que c'est cela?
M. Gratton: Oui, c'est de concordance. M. Desbiens:
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 20 est adopté.
J'appelle l'article 21. M. le ministre du Revenu, l'article 21. M. le
député de Montmorency.
M. Séguin: Merci, M. le Président. L'article 21
amende en particulier l'article 17 de ladite loi pour faire suite au discours
sur le budget du 23 avril: introduire une modification permettant d'abolir
l'exemption pour la monnaie et les timbres neufs achetés à un
prix supérieur à la valeur nominale, sauf en ce qui concerne la
Feuille d'érable en or frappée par la Monnaie royale canadienne.
La modification propose aussi d'ajouter au paragraphe a les exemptions
contenues au paragraphe d de la loi afin de simplifier l'article 17.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 21 est
adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lemieux): L'article 21 est adopté.
J'appelle l'article 22. M. le ministre du Revenu. M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: On prévoit ici que les achats de
denrées alimentaires seront exemptés de la taxe de vente. La
modification proposée au paragraphe c vise à ce que la taxe de
vente s'applique aux ventes de denrées alimentaires conçues pour
les animaux d'appartement, sauf celles achetées par une personne qui,
dans le cadre d'une entreprise, élève ou entretient de tels
animaux en vue de les vendre. La
modification proposée est aussi d'ordre technique parce qu'elle
reprend le contenu de l'alinéa 1 de l'article 18.1 aux paragraphes a et
b. Cette modification fait suite au discours sur le budget du 23 avril et a eu
effet le 24 avril.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 22 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): L'article 22 est
adopté.
M. Gratton: L'Opposition n'a pas de questions et pas de
détail à demander là-dessus?
Une voix: Non.
M. Gratton: Non. C'est curieux. Cela passe plus vite que
d'autres. On voudrait peut-être faire oublier cela.
M. Garon: Pas du tout.
M. Gratton: C'est le hasard.
M. Gendron: On n'a rien à faire oublier; les
équilibres budgétaires cela nécessite...
M. Garon: Dans plusieurs pays, ils trouvent qu'ils ont beaucoup
d'animaux dans les villes.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 23. M. le
ministre du Revenu.
M. Gratton: H y a un amendement au texte anglais.
Une voix: C'est un texte qui est assez long.
M. Séguin: Voulez-vous qu'on procède à une
étude paragraphe par paragraphe de l'article?
M. Gratton: Dans le cas de l'amendement, il touche seulement deux
paragraphes. On pourrait en faire la lecture et, ensuite, l'adopter tel
qu'amendé.
L'amendement touche le texte anglais seulement. Il se lit comme suit:
L'article 23 de la version anglaise de ce projet est modifié, au
paragraphe 1, par le remplacement des paragraphes j et k de l'article 20.25 de
la Loi concernant l'impôt sur la vente en détail qu'il
édicte par les suivants: "j) the premium payable by a "fabrique" or a
trustee of a parish under an insurance policy relating to property used for
religious worship or religious activities; k) the premium payable by a cemetery
society, company or corporation under an insurance policy relating to property
used for the cemetery or for cemetery activities." Comme on le voit, ce n'est
pas très gai.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement est
adopté? M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Selon ce que je viens d'entendre, je voudrais avoir
la confirmation du ministre du Revenu. Pour ce qui est de l'article 23, il
n'avait pas d'amendement à proposer sauf dans le texte anglais. Donc,
dans le texte francophone, il n'y a aucune disposition qui est
modifiée.
M. Gratton: Non.
M. Gendron: Pour ce qui est de l'article 23, M. le
Président, on serait en mesure de...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Gratton: L'amendement est-il adopté?
M. Gendron: On voudrait que l'appel nominal soit fait, adopter
l'article 23 sur appel nominal. Pour l'amendement, il n'y a pas de
problème, sauf que l'article 23...
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais, alors, c'est
l'amendement...
Une voix: ...est adopté.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'amendement est
adopté.
M. Gendron: C'est cela. L'amendement est adopté.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'amendement à
l'article 23 est adopté. Est-ce que l'article 23, tel qu'amendé,
est adopté?
M. Gendron: On voudrait l'adopter sur appel nominal.
Le Président (M. Lemieux): M. le greffier.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Bissonnet
(Jeanne-Mance)?
Le Président (M. Lemieux): II est absent.
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles),
absent aussi. M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Abstention.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamou-raska-Témiscouata)? Elle n'est pas là. M. Chagnon
(Saint-Louis)? M. Després (Limoilou)?
M. Després: Oui.
Le Secrétaires M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Abstention.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Abstention.
Le Secrétaire: M. Gendron (Abitibi-Ouest)?
M. Gendron: Abstention.
Le Secrétaires M. Gobé (Lafontaine)?
M. Gobé: Pour.
Le Secrétaires M. Gratton (Gatineau)?
M. Gratton: Pour. M. le Président, si cela peut amuser
l'Opposition.
Le Secrétaire: Mme Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Pour.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
M. Lemieux: Abstention.
Le Secrétaire: M. Parent (Bertrand)?
M. Parent (Bertrand): Abstention.
Le Secrétaire: M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Pour.
Le Secrétaire: M. Poulin (Chauveau). M. Séguin
(Montmorency)?
M. Séguin: Abstention.
M. Garon: Je suis un peu étonné, M. le
Président, après tous les discours contre les taxes sur les
assurances, que les libéraux aient voté pour.
M. Gratton: Un instant, on va voir le résultat.
Le Président (M. Lemieux): Le résultat du vote
concernant l'amendement est sept abstentions et cinq pour. L'amendement est
donc rejeté.
M. Gratton: M. le Président, l'article 23 est
adopté.
Une voix: Oui.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): L'article 23 est adopté.
Oui, M. le ministre du Revenu. Je m'excuse.
M. Gratton: ...pourrais-je faire une remarque à ce moment?
C'est la démonstration la plus infantile que j'ai vue de la part d'un
groupe parlementaire que de ne même pas vouloir se prononcer- sur une
mesure fiscale annoncée par son propre gouvernement alors qu'il y avait
deux des membres de la commission en face qui étaient membres du Conseil
exécutif, qui étaient solidaires du discours sur le budget et de
la taxe sur les assurances. On s'amuse ici à la commission parlementaire
à essayer de faire croire que ce sont les libéraux maintenant qui
imposent...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Une question de règlement!
M. Gratton: M. le Président, est-ce que le ministre n'a
pas le droit de parole ici à la commission parlementaire?
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gendron: Un instant, non. M. le Président, sur la
question de règlement, d'aucune façon on ne veut enlever le droit
de parole au ministre du Revenu, sauf que je ne crois pas qu'il soit de
pratique courante de faire des commentaires pour quelque parlementaire que ce
soit après qu'un vote a été appelé et tenu. Si le
ministre du Revenu a une question de règlement, qu'il la fasse, mais
à ce moment l'article 23 a été adopté, nous en
sommes à l'article 24. Il n'a pas du tout à commenter par des
réflexions personnelles la façon dont l'Opposition s'est
acquittée de ses responsabilités, cela lui appartient. C'est
prévu au règlement, M. le ministre du Revenu, qu'on peut faire un
appel nominal pour chacun des articles. Alors, nous, on a des raisons de le
faire, on l'a fait et on est capables de s'acquitter de nos
responsabilités sans recevoir des leçons de morale du ministre du
Revenu.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement?
M. Gratton: Sur la question de règlement...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: ...M. le Président, on sait
qu'en commission parlementaire mandatée pour faire l'étude
détaillée d'un projet de loi le ministre peut intervenir en tout
temps sur le sujet qu'il juge pertinent. En l'occurrence, quant à
l'adoption de l'article 24, je réitère, M. le Président,
que c'est l'enfantillage idéal que j'aie jamais vu. J'ai dit au
début de mes remarques préliminaires que je me demandais comment
l'Opposition réussirait à critiquer son propre projet de loi.
Mais je vois bien maintenant que l'Opposition va faire n'importe quoi, va dire
n'importe quoi. Bon! Libre à elle, elle en portera les
responsabilités et les conséquences. Appelez 1'article 24, M. le
Président.
M. Garon: Non, j'ai une question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je dois dire que le ministre du Revenu n'a pas l'air de
saisir du tout. Il y a eu un discours sur le budget le 23 avril. Il y a eu des
élections le 2 décembre.
M. Gratton: Non, cela n'est pas selon le règlement.
M. Garon: Non, non. Il y a eu des élections le 2
décembre et les libéraux ont beaucoup dit au cours de ces
élections que les gens étaient contre la taxe sur les assurances.
On l'a dit au début de la commission parlementaire au ministre parce
qu'on a tiré la leçon. Quand on perd des élections ou on
en gagne, on doit tirer des leçons. Si à ce moment le ministre du
Revenu avait dit: La taxe sur les assurances s'appliquera du 23 avril au 18
décembre, au 2 décembre, au 1er janvier, on aurait pu être
solidaire. (12 h 45)
Là, ce n'est pas cela. II établit un régime de
fiscalité qui va durer, malgré les élections, jusqu'en
1986, 1987, 1988, 1989, 1990. Entre-temps, il y a eu des élections, il y
a eu un événement majeur et les libéraux ont dit qu'ils
étaient contre cette taxe. On dit: Nous, on a été battus
alors qu'on a défendu cette taxe. Est-ce qu'on doit rester en faveur
d'une taxe ad vitam aeternam parce qu'on a été pour à un
moment donné?
Aujourd'hui, on dit: Les gens ont manifesté aux élections
qu'ils n'étaient pas favorables à cette taxe. Parfait! On a pris
le message, on a compris et on s'abstient de voter. Cela aurait peut-être
été exagéré si on avait voté contre. On a
dit: On ne vote pas contre, on s'abstient. Si cette taxe est mise en oeuvre
d'une façon indéfinie, c'est le gouvernement libéral, le
gouvernement actuel qui va prendre ses responsabilités. Il avait le
choix, il a changé des parties dans ce projet de loi. Dans le projet de
loi à venir, par l'énoncé budgétaire du 18
décembre, des choses ont été changées. Il aurait pu
changer cela, il aurait pu abolir la taxe sur les assurances.
Maintenant, on ne voudrait pas qu'il pense que, parce que la taxe sur
les assurances est votée avec un nouveau Parlement, avec un nouveau
gouvernement, on va assumer la responsabilité de la taxe sur les
assurances. Maintenant, le ministre du Revenu...
M. Gratton: Au moins, votez contre. M. Garon: Non. Vous nous
avez...
M. Gratton: Ayez le courage de vos convictions nouvelles.
M. Garon: Le ministre du Revenu n'a pas voulu scinder le projet
de loi.
M. Gratton: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Question de
règlement.
M. Garon: II n'a pas voulu tenir compte de l'énoncé
budgétaire et tenir compte des élections, c'est son
problème, mais...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...on va agir de façon normale.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je suis sur une question de règlement, M. le
Président.
M. Gratton: Voyons donc!
M. Garon: Je suis sur une question de règlement, on
discute sur une question de règlement.
M. Gratton: Je fais un rappel au règlement, M. le
Président.
M. Garon: M. le Président, je termine...
M. Gratton: Un rappel au règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. te député de
Lévis, vous n'êtes pas sans savoir que, quand même, je peux
autoriser quelques brèves explications relativement à une
question de règlement qui a été appelée de nouveau
après une question de règlement qui a été
soulevée par vous.
M. Garon: Nous étions sur une question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais aussi vous faire
remarquer, M. le député de Lévis, que j'ai
été assez tolérant puisque l'article 23 avait
été appelé. Votre confrère, d'ailleurs, le
député d'Abitibi-Ouest, me fait signe de la tête. Je veux
bien que vous puissiez vous exprimer. Je veux bien que les parlementaires aient
leur droit de parole, mais je voudrais que ce soit dans l'intérêt
du mandat qui nous a été confié par l'Assemblée, M.
le député de Lévis.
Une brève explication de la part du ministre du Revenu.
M. Garon: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Gratton: J'en al appelé une, M. le Président,
j'insiste...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu, s'il
vous plaît.
M. Gratton: M. le Président, sur la question de
règlement, le député de Lévis prétend
être en train de s'exprimer sur une question de règlement alors
qu'il traite du fond. Il est en train de faire tout le débat de la taxe
sur les assurances.
J'en fais une question de règlement. Je rappelle qu'il y a
l'article 246 du règlement qui dit ceci: "Le ministre ou le
député qui présente un projet de loi, outre le temps de
parole dont il dispose au même titre que les autres intervenants - on
retrouve cela à l'article 245 - a droit a un temps de parole de cinq
minutes après chaque intervention."
M. le Président, je désire - je l'ai fait - revenir en
vertu de l'article 246 pour tout simplement dire au député de
Lévis qu'on accepte volontiers que le Parti québécois ait
retenu la leçon de l'élection et qu'il soit maintenant contre la
taxe sur les assurances que le ministre Duhaime avait lui-même
imposée le 23 avril. À ce moment...
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: ...il n'avait seulement qu'à voter contre
l'adoption de l'article 23. Il n'a même pas le courage de se prononcer en
votant contre, il s'abstient, M. le Président.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: Là-dessus, M. le Président, je
maintiens...
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, M. le
ministre du Revenu!
M. Gratton: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je suis obligé de vous
faire... Vous débordez un peu la question de règlement.
J'aimerais quand même attirer l'attention sur l'article 39 qui dit: "Un
député peut, à tout moment, signaler une violation du
règlement. Il doit le faire avec diligence, en mentionnant l'article du
règlement qu'il invoque et en limitant son exposé - c'est ce qui
me paraît important -strictement au point soulevé".
M. Gendron: M. le Président, pour l'avenir, je vous
inviterais à avoir - avec beaucoup de respect pour la présidence
- un peu plus d'indications pour nous. Ce que le ministre du Revenu est en
train de faire, il nous parle de quelque chose qui est absolument
inapproprié dans les circonstances. Pensez-vous qu'on ne sait pas qu'il
y a un droit de parole de cinq minutes? Ce n'était pas cela, la
question. C'était voté. L'article 23 étant voté, le
ministre du Revenu n'a pas plus le droit de parole ici qu'aucun d'entre nous.
Vous êtes président...
M. Gratton: M. le Président...
M. Gendron: Un instant! Vous êtes président, M. le
Président, de cette commission parlementaire. C'est à vous de
dire au ministre du Revenu qu'il n'y avait pas de question de règlement
s'il voulait parler sur la façon dont on a voté l'article 23.
Après qu'un article est voté, on appelle le suivant. Oui, c'est
exact que sur l'article suivant de même que sur tous les articles
précédents, le ministre du Revenu dispose d'un droit de parole
additionnel. Nous en convenons. Nous ne voulons pas brimer ce droit de
parole.
Là question n'est pas là. La question, c'est qu'il s'est
permis de faire des commentaires sur la façon dont l'Opposition
s'était acquittée de sa responsabilité de voter un
article. Il sait très bien qu'il n'a pas è faire...
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre! M. le
ministre du Revenu et M. le député d'Abltibi-Ouest, sachez que je
prends en très grande considération vos remarques.
M. Gendron: J'espère!
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 24.
M. Gratton: Que voulez-vous de plus? Voulez-vous du sang?
Le Président (M. Lemieux): J'appelle
l'article 24.
M. Gratton: M. le Président, avant d'expliquer le contenu
de l'article 24, peut-être pourrai-je faire quelques commentaires sur le
vote qu'on vient de prendre sur l'article 23. Mais non, je vais laisser le
député de Montmorency parler de l'article 24.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu, s'il
vous plaît! Sur l'article 24, M. le ministre du Revenu.
M. Séguin: L'article 24 a simplement pour but de supprimer
les intitulés. On supprime les intitulés qui existaient dans
l'ancien temps.
Le Président (M. Lemieux): L'article 24 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 25 du
projet de loi. M. le député de Montmorency.
M. Séguin: La modification proposée est d'ordre
technique. Elle supprime les intitulés des articles 21, 23 et 28 pour
les regrouper sous le chapitre intitulé "Dispositions
générales".
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 25 est
adopté?
M. Gratton: M. le Président, est-ce que je pourrais mettre
l'Opposition en garde? Si elle adopte l'article 25, elle se trouve à
être en contradiction avec son abstention sur l'article 23, puisque
l'article 25 introduit de nouvelles infractions et est de concordance avec la
modification traduite en second lieu par l'article 23 du présent projet
de loi qui a trait à une imposition des primes d'assurance.
Je veux rendre service à l'Opposition. Soyez donc
conséquents. Abstenez-vous donc de voter l'article 25, parce que vous
pourriez avoir l'air fous un peu plus que présentement, peut-être;
je n'en sais rien.
M. Gendron: Encore une fois, on va inviter le ministre du Revenu
à laisser faire ses leçons sur la façon dont on va
s'acquitter de nos responsabilités, surtout quand il finit son
intervention en disant qu'il ne sait pas ce qu'il vient de dire.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 25 est
adopté?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
L'article 25 est adopté. J'appelle l'article 26,
s'il vous plaît.
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 26 est-il
adopté? Adopté. L'article 26?
M. Gendron: Non, à l'article 26, on voudrait avoir
la...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu. M. le
député de Montmorency.
M. Séguin: L'alinéa 1 de l'article 29 vise le
détaillant qui ne peut intenter ou continuer au Québec une
poursuite en recouvrement d'une créance à moins qu'il ne soit
titulaire d'un certificat d'enregistrement. La modification proposée
prohibe à la personne visée à l'article 20.29 de la loi
d'intenter une poursuite en vertu d'un contrat d'assurance si elle n'est pas
titulaire d'un certificat d'enregistrement. Je pense que c'est assez clair.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 26 est
adopté?
M. Garon: Une minute.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis, je vous permets de prendre connaissance de l'article.
L'article 26 est adopté?
M. Desbiens: L'article 26 est adopté.
Le Président (M. Lemieux): Oui, j'appelle l'article 27. M.
le député de Montmorency.
M. Séguin: L'article 31 de la loi en cause prévoit
que les règlements adoptés en vertu de la loi peuvent, s'ils en
disposent ainsi, s'appliquer à une date antérieure à leur
publication, mais non antérieure à l'année en cours.
L'alinéa est ajouté à cet article afin de permettre la
rétroactivité au 24 avril 1985 pour les règlements
concernant l'imposition des primes d'assurance qui ne peuvent être
adoptées avant la fin de l'année 1985, mais qui seront
adoptées au cours de l'année 1986.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 27 est adopté.
J'appelle l'article 28 du projet de loi. M. le ministre du Revenu.
Loi concernant l'impôt sur le tabac
M. Gendron: Si vous le permettez, j'aurais une remarque à
faire avant la
présentation de l'article 28.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Puisque, sur l'article 28, nous aurons des
interventions assez soutenues, je pense qu'il ne serait pas logique d'assister
à la présentation des notes explicatives sur le sens de l'article
28 et de commencer des interventions de fond alors qu'il ne nous reste que
quatre minutes. Alors, je voudrais proposer la suspension pour que nous
puissions reprendre nos travaux cet après-midi avec la
présentation de l'article 28.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a consentement
pour suspendre?
M. Gratton: M. le Président, oui, il y a consentement,
mais je vous dirai tout de suite que les explications sur les articles 28 et 29
sont très courtes. Dans le cas de l'article 28, les interventions
pourront venir après 13 heures; dans le cas de l'article 28, il s'agit
de porter la taxe de 55 % à 60 % sur le tabac et, dans le cas de
l'article 29, c'est de prévoir le mode de calcul sur un paquet de 25
cigarettes plutôt que sur une cartouche de 200 cigarettes. Les
explications sont déjà données. On reviendra à 13
heures pour entendre les représentations de l'Opposition.
M. Gendron: M. le Président, ma demande n'est même
pas sur les explications. Ce n'est pas nous qui contrôlons cela. Ce que
je voulais tout simplement signaler, c'est que, pour les articles 28 et 29, il
me semble que c'est logique d'assister à leur présentation au
même moment où l'Opposition a l'occasion de réagir. Et
comme on aura l'occasion de réagir assez longuement sur les articles 28
et 29, je propose la suspension du débat immédiatement.
M. Gratton: Un instantt II n'est pas 13 heures encore, M. le
Président. Ce que je veux faire ressortir. Je comprends fort bien le
sens de la démarche du député d'Abitibi-Ouest: il est en
train de nous donner avis que, cet après-midi, ils vont longuement nous
entretenir de tout ce qui touche la taxe sur le tabac en essayant de faire
exception du fait que c'est le gouvernement précédent, le
ministre des Finances de leur gouvernement, qui a augmenté la taxe sur
le tabac de 55 % à 60 % et qui a changé le mode de calcul pour
que celle-ci soit calculée à partir d'un paquet de 25 cigarettes
plutôt que de 200 cigarettes.
Cet après-midi, ce n'est pas de cela que l'Opposition va nous
parler; elle va nous parler des taxes qui ont été
annoncées la semaine dernière. Mais il n'y a personne qui est
dupe de la manoeuvre de l'Opposition.
Cela étant dit, M. le Président, nous sommes prêts
à suspendre jusqu'à 15 heures.
Le Président (M. Lemieux): Nous suspendons jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 52)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux.
J'appelle l'article 28. M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: Oui, M. le Président, je l'ai
déjà dit, l'article 28 porte de 55 % à 60 % la taxe sur le
tabac, sur les cigarettes.
Le Président (M. Lemieux): Y a-t-ii d'autres membres qui
désirent intervenir sur l'article 28? L'article 28...
M. Garon: Pour une bonne compréhension, le ministre
pourrait-il nous présenter l'article qui existait auparavant et le
nouvel article, afin que tout cela soit très clair, parce qu'on est dans
certaines matières où on va faire des débats qui vont
demander certaines précisions? Il serait bon de voir quel article est
remplacé par le nouvel article.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Oui, l'article 28 du projet de loi 2 propose
d'amender l'article 8 de la Loi concernant l'impôt sur le tabac qui se
lisait comme suit: "Toute personne doit, lors d'une vente en détail de
tabac au Québec, pour fins de consommation par elle-même ou par
toute autre personne à ses frais, payer un impôt de consommation
du tabac égal à 55 % du prix de vente en détail de ce
tabac."
Le 23 avril dernier, le ministre des Finances, M. Duhaime,
déclarait dans son discours sur le budget, à la page 31,
troisième paragraphe, ceci: "La taxe sur le tabac demeure au
Québec toujours inférieure à ce qu'elle est en Ontario et
dans quelques autres provinces, tandis que les coûts de la santé
ne cessent de croître. Il me semble qu'il s'agît là d'un
domaine où le principe de la tarification des usagers s'applique assez
facilement. À compter de minuit ce 3oir, le taux de la taxe sur les
tabacs sera porté de 55 % à 60 %. Dans le cas des cigarettes, le
mode de calcul de la taxe sera, de plus réformé pour être
rendu semblable à celui
d'autres provinces; dorénavant, le taux de la taxe s'appliquera
sur le prix de vente moyen d'un paquet de 25 cigarettes plutôt que sur
celui d'une cartouche. La hausse totale représente 0,25 $ par paquet de
25 cigarettes. Par ailleurs, la méthode de compensation des mandataires
devra être renégociée par le ministère du Revenu
afin de la rendre plus semblable à ce qui se pratique ailleurs. Cette
mesure haussera la contribution des fumeurs au financement des dépenses
publiques de 133 000 000 $ cette année."
L'article 28 actuel du projet de loi 2, qui amende l'article 8, se lit
maintenant comme suit, faisant suite à cette déclaration
budgétaire: "Toute personne doit, lors d'une vente en détail de
tabac au Québec, pour fins de consommation par elle-même ou par
toute autre personne à ses frais, payer un impôt de consommation
du tabac égal à 60 % du prix de vente en détail de ce
tabac. "Le présent article a effet depuis le 24 avril 1985".
Cela veut dire que l'amendement proposé ne change que le
pourcentage qui était contenu dans l'ancien article pour le faire passer
de 55 % à 60 %.
Le Président (M. Lemieux): L'article 28 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 28 est
adopté. J'appelle l'article 29. M. le ministre du Revenu, l'article
29.
Une voixs Est-ce qu'il y a des questions?
Le Président (M. Lemieux): Désirez-vous intervenir
sur l'article 29? J'appelle l'article 29.
M. Gratton: M. le Président, essentiellement on porte,
selon les voeux du ministre des Finances dans son discours sur le budget du 23
avril dernier... On sait que la taxe qui est augmentée de 55 % à
60 % doit être imposée sur le prix moyen d'une unité de
cigarette. L'unité qui était retenue jusqu'au prononcé du
discours sur le budget le 23 avril était la cartouche de 200 cigarettes.
Le ministre des Finances, M. Duhaime, a voulu qu'à compter du 23 avril
dernier le prix moyen de vente soit calculé non plus sur une cartouche
de 200 cigarettes, mais sur un paquet de 25 cigarettes étant
donné qu'il n'y avait pas de prix comme tel d'établi pour 25
cigarettes, mais que le prix établi pour l'imposition de la taxe
était alors basé sur 200 cigarettes.
L'article 29 précise également qu'à compter du 23
avril ce prix moyen d'un paquet de 25 cigarettes à partir duquel on
pourrait imposer la taxe de 60 % est fixé à $1,50.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que d'autres membres
veulent intervenir sur l'article 29? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Cet article 29 qu'on modifie remplace trois articles de
la Loi concernant l'impôt sur le tabac, les articles 9.2, 9.3, 9.4. On
aimerait pouvoir traiter de ces éléments un par un.
M. Gratton: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): C'est bien, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, l'article 9.2 dit: "Le prix de
vente en détail devant servir au calcul de l'impôt prévu
à l'article 8 est, dans le cas des cigarettes, de 1,50 $ pour 25
cigarettes." Si on se reporte à l'article...
Le Président (M» Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, si je comprends bien le sens de votre
intervention, on discute actuellement le premier paragraphe de l'article 29,
9.2. Est-ce cela?
M. Garon: 9.2.
Le Président (M. Lemieux): Cela va! Et par la suite, 9.3
et 9.4. Cela va!
M. Garon: On veut étudier les éléments un
par un en vue de l'adoption ou du rejet. L'élément 9.2 de la loi
actuelle de l'impôt sur le tabac qui est toujours en vigueur dit: "Le
prix de vente en détail devant servir au calcul de l'impôt
prévu par l'article 8 est, dans le cas des cigarettes, de 6 $ pour 200
cigarettes." C'est ce qui était et est encore l'état du droit
avant que la Loi concernant l'impôt sur le tabac soit amendée.
Dans le discours sur le budget, à ta page 31 le ministre des
Finances dit: "La taxe sur le tabac demeure au Québec toujours
inférieure à ce qu'elle est en Ontario et dans quelques autres
provinces, tandis que les coûts de la santé ne cessent de
croître. Il me semble qu'il s'agit là d'un domaine où le
principe de la tarification des usagers s'applique assez facilement. À
compter de minuit ce soir... Dans le cas des cigarettes, le mode de calcul de
la taxe sera, de plus, réformé pour être rendu semblable
à celui d'autres provinces; dorénavant, le taux de la taxe
s'appliquera sur le prix de vente moyen d'un paquet de 25 cigarettes
plutôt que sur celui d'une
cartouche. La hausse totale représente 0,25 $ par paquet de 25
cigarettes."
Dès ce soir-là à minuit dès le 24, il y a eu
0,25 $ d'imposés par le discours sur le budget du 23 avril 1985.
Nous sommes à discuter des dispositions légales qui vont
venir valider ou ratifier le discours sur le budget du ministre du 23 avril
1985. La loi n'est pas changée tant que les amendements ne sont pas
votés. Ce que le ministre a indiqué, c'est qu'il y avait 0,25 $
qui devaient commencer à se calculer immédiatement et 0,25 $
seulement, pas un cent de plus.
Également, si on regarde dans les annexes, à la page 49,
le ministre des Finances dit: "Le taux de la taxe sur le tabac, qui est
présentement de 55 %, sera porté à 60 %, à compter
de minuit ce soir -le soir du discours sur le budget. On parle toujours du
discours sur le budget du 23 avril 1985.
Par ailleurs, ajoutait-il, en ce qui concerne la vente de cigarettes, le
taux de la taxe est actuellement appliqué sur un prix de vente moyen
déterminé de temp3 à autre sur une cartouche de 200
cigarettes. Dorénavant, ce taux sera appliqué sur un prix de
vente moyen d'un paquet de 25 cigarettes. Ce prix est fixé avant taxe
à minuit, le soir du discours sur le budget, à 1,50 $.
C'était là la déclaration du budget. On pourra lire
le reste qui n'ajoutera rien, mais qui va dans le même sens pour dire
qu'il veut imposer une taxe de 0,25 $ à l'occasion du discours sur le
budget. Il l'a dit clairement: Ces modifications représentent une
augmentation de 0,25 $ par paquet de 25 cigarettes, soit 11,6 % du prix de
vente au consommateur. L'augmentation est de 0,20 $ pour un paquet de 20
cigarettes et de 2.01 $ pour une cartouche de 200.
Mais, essentiellement, il propose de changer la façon de calculer
la taxe et ce que nous avons comme proposition ici. Dans notre proposition,
dans notre projet de loi, on dit: Le prix de vente au détail devant
servir au calcul de l'impôt prévu à l'article 8 est, dans
le cas des cigarettes, de 1,00 $ pour 25 cigarettes.
Ce qui arrive, M. le Président, c'est que le ministre du Revenu a
déjà commencé à utiliser un article qui est devant
nous en commission parlementaire, qui n'est pas encore adopté et qui,
dans son arrêté ministériel daté du 29 janvier 1986
pour prendre effet à compter du 5 février 1986, dit ceci:
"Attendu que le ministre du Revenu peut, conformément à l'article
9.3 de la Loi concernant l'impôt sur le tabac, déterminer de temps
à autre un prix de vente en détail moyen pondéré
pour 25 cigarettes", pouvoir qu'il n'a pas encore; ce n'est pas encore
voté. "Attendu qu'en vertu de l'article 9.4 de cette loi, le ministre du
Revenu détermine le prix de vente en détail moyen
pondéré pour 25 cigarettes au moyen d'un échantillonnage
statistique représentatif du prix des cigarettes en vigueur dans les
débits au détail de tabac situés sur l'île de
Montréal; "Attendu qu'en vertu de l'article 9.5 de cette loi, le prix de
cette vente en détail moyen pondéré, des cigarettes
déterminé par le ministre de Revenu conformément à
l'article 9.4 est publié à la Gazette officielle du Québec
et entre en vigueur à la date qui y est indiquée; "Que, pour les
fins du calcul de l'impôt prévu à l'article 8 de la Loi
concernant l'impôt sur le tabac, le prix de vente en détail moyen
pondéré pour 25 cigarettes est de 1,88 $. "Ce prix de vente en
détail moyen pondéré a effet à compter du 5
février 1986." Or, dans le discours sur le budget, le ministre des
Finances, le 23 avril dernier, disait que la taxe était de 1,50 $ pour
25 cigarettes et non pas de 1,88 $. De plus, la loi de l'impôt sur le
tabac n'est pas encore amendée. Il n'est pas normal que le ministre du
Revenu, qui n'est pas le ministre des Finances, sans qu'il y ait réunion
de l'Assemblée nationale, sans convocation du Parlement,
décrète sous sa simple signature des augmentations de taxes sur
les cigarettes, alors que la loi qu'il va administrer n'est pas encore
amendée, alors que la Chambre n'en est pas saisie.
Donc, le Parlement, c'est lui qui vote les taxes, c'est lui qui
décide de la taxation, c'est son pouvoir le plus fondamental. C'est
pourquoi on a des discours sur le budget, on a des études de
crédits, on a des affectations de fonds votées par le Parlement
pour rencontrer des dépenses également votées par le
Parlement; cela c'est le pouvoir du Parlement; c'est son pouvoir le plus
fondamental.
Le ministre du Revenu a fait fi de tout cela. Sous sa simple signature,
se prévalant d'un amendement futur à l'impôt sur le tabac
qui n'est pas encore voté - on pourrait ne pas voter cet article - il a
déjà décrété des augmentations de taxe de
1,50 $ à 1,88 $ des 25 cigarettes alors qu'il n'a pas le pouvoir de
faire cela.
Le ministre des Finances, lui, a le droit par sa déclaration
budgétaire de dire qu'à partir de minuit ce soir, cela va marcher
de telle façon, pourquoi? Parce que plus tard la loi va venir valider
cette déclaration. Il y a une coutume pour le ministre des Finances de
faire certaines choses; mais le ministre du Revenu n'a pas ces
pouvoirs-là, le ministre du Revenu ne fait pas ces déclarations.
Même, le ministre des Finances fait toujours ses déclarations
devant le Parlement, devant l'Assemblée nationale. Dans le cas du
ministre du Revenu, nous
prétendons que la taxe qu'il a adoptée le 4 février
1986 allait au-delà de ses pouvoirs. Il n'avait pas le droit d'imposer
cette taxe, la faisant passer de 1,50 $ à 1,88 $ le paquet de 25
cigarettes. Il a, en dehors de ses pouvoirs, imposé une taxe qui est
actuellement perçue. Nous prétendons que le gouvernement n'a pas
le droit de percevoir cette taxe qui n'est pas régulière. C'est
pourquoi nous demandons au ministre du Revenu de retirer cette taxe
jusqu'à ce qu'elle soit adoptée conformément à la
loi.
Le gouvernement a le droit d'imposer des taxes, mais il doit le faire
selon les règles normales. Le ministre du Revenu n'a pas à agir
comme s'il était le ministre des Finances qui fait son budget. Le
ministre du Revenu n'est pas un ministre des Finances, il ne fait pas de
budget; habituellement, il applique les demandes du ministre des Finances qui
ont été formulées dans un énoncé
budgétaire. Il n'y a pas eu d'énoncé
budgétaire.
Ce n'est pas pour rien que nous avons demandé
antérieurement que le ministre des Finances ou le premier ministre soit
ici, c'est parce que eux aussi ont fait référence à cela.
Dans le discours sur le budget, vous ne trouverez nulle part des
déclarations autres que 1,50 $ le paquet de 25 cigarettes, une
augmentation de 0,25 $ le paquet de 25 cigarettes. Le ministre du Revenu a
laissé entendre que tout cela lui venait du discours sur le budget. Il a
dit lui-même, lorsqu'il a présenté la loi 2, que cette
dernière n'avait comme effet que de mettre en application le discours
sur le budget du ministre des Finances.
Or, à l'article 9.2 du discours sur le budget du 23 avril, on
lit: Le prix de vente en détail devant servir au calcul de l'impôt
prévu à l'article 8 est, dans le cas des cigarettes, de 1 $ pour
25 cigarettes, ce qui veut dire une augmentation de 0,25 $ le paquet de 25
cigarettes qui est appliquée depuis le 24 avril 1985." Il n'y a aucune
disposition, dans le discours sur le budget du ministre des Finances, qui donne
au ministre du Revenu le droit de mettre en application un autre montant que
celui-là. Dans sa déclaration du 4 février, il a dit: Je
fais passer de 1,50 $ à 1,88 $...
Je lui demande s'il est capable de le démontrer, de me trouver un
endroit dans le discours sur le budget du 23 avril 1985 où le ministre
des Finances a parlé d'autre chose que 1,50 $ ou de 0,25 $ le paquet de
25 cigarettes.
Deuxièmement, si on consulte - je suis peut-être mieux d'en
citer un peu immédiatement parce que nous n'aurons pas le droit de
parler plusieurs fois - les grands auteurs, les principes fondamentaux du droit
parlementaire ou la doctrine juridique dans telle matière, c'est que la
couronne demande de l'argent mais c'est le Parlement qui l'accorde. Vous
remarquerez que, dans toutes les façons de faire des ministres des
Finances, le ministre des Finances vient dire: Je veux avoir tant d'argent, je
déclare telle chose... Sauf que c'est l'Assemblée nationale,
c'est la Chambre des communes à Ottawa qui votent ces montants, parce
que c'est leur pouvoir. (15 h 30)
Je lis une autorité ici, en anglais, concernant les "general
rules of financial procedure of the Commons"; ce sont les mêmes principes
pour la Chambre des communes et l'Assemblée nationale. "Legislative
authorization and appropriation of charges. A charge does not acquire full
validity until authorized by legislation." Même le discours sur le budget
du ministre des Finances n'a pas sa pleine validité sans qu'il soit
approuvé, autorisé par l'Assemblée nationale, par les
députés du Parlement dans une loi qui vient mettre en oeuvre ce
qu'il a proposé dans son discours sur le budget.
Comment le ministre du Revenu, alors que l'autorité... Je vous
cite la principale autorité, Erskine May, dans "Parliamentary Practice",
qui est considéré comme la plus haute autorité en droit
britannique et canadien, dans une édition de 1983, à la page 702.
Il dit lui-même: "A charge does not acquire full validity until
authorized by legislation." Est-ce que le ministre du Revenu peut
considérer que les déclarations du budget du ministre des
Finances constituent déjà des amendements faits, votés,
réglés et qu'il peut marcher comme si tout était
passé devant le Parlement? Tout le monde sait que, quand on est en
matière rétroactive, les tribunaux interprètent de
façon très stricte et très précise les
matières rétroactives.
Je sais qu'on sera porté à dire: Oui, mais on pourra faire
de la rétroaction. La rétroaction ne peut pas se faire de
n'importe quelle façon. Nous prétendons que le ministre du Revenu
a imposé illégalement 145 000 000 $ en taxe par année aux
contribuables québécois par son arrêté
ministériel qu'il a signé le 29 janvier et qu'il a mis en oeuvre
à compter du 4 février 1986. Ce n'est peut-être pas
étonnant que le premier ministre trouvait cela drôle un peu et
qu'il soit allé le dire aux journalistes. Non seulement c'est curieux,
mais ce n'est pas la façon de faire. Ce n'est pas de cette façon
que cela se fait. C'est illégal.
Le ministre du Revenu n'aurait pas dû procéder de cette
façon. Nous croyons qu'en procédant de cette façon, il a
dépassé son mandat, il a dépassé ses pouvoirs;
actuellement, il perçoit des impôts, des taxes sur le tabac qu'il
n'a pas le droit de percevoir et il doit corriger cette situation. Je ne dis
pas qu'il ne pouvait le faire autrement que de la façon dont il a
appliqué la loi qu'il administre. Le ministre doit
retirer ces impôts et s'il souhaite consulter ses
collègues, consulter le ministère de la Justice ou consulter
d'autres autorités... Il a dit lui-même qu'il avait signé
cela le 29 janvier; on lui a mis cela sous le nez et il l'a signé. Il
n'a peut-être pas consulté tous les gens qu'il aurait dû
consulter. Il a mentionné devant les journalistes, dans sa
conférence de presse du jeudi 6 février, qu'il ne faisait pas
très bien les distinctions entre les arrêtés
ministériels et les arrêtés en conseil. On lui a
présenté les documents. Il ne savait pas qu'il avait
déclenché l'enquête, mais il avait signé parce qu'il
en avait parlé avec le ministre des Finances au mois de
décembre.
Le ministre des Finances aurait pu, dans son énoncé
budgétaire du 18 décembre, annoncer au Parlement qu'il avait
l'intention d'augmenter encore la taxe sur les cigarettes. Cela, il aurait pu
le faire. Il aurait pu en saisir la Chambre. Parce que le 18 décembre
1985, il y avait session et il pouvait, dans le cadre de son budget, faire un
énoncé de politique budgétaire pour en saisir la Chambre
pour qu'ensuite cela soit mis en oeuvre par une loi. Nous ne prétendons
pas que le ministre des Finances ne le pouvait pas, mais tout le monde aurait
su que c'était une taxe libérale. Comme il ne le voulait pas, on
a essayé de prendre un moyen détourné d'imposer une taxe
en essayant d'utiliser des pouvoirs qui ne sont pas réguliers. Ces
pouvoirs seront en vigueur lorsque tout cela aura passé devant le
Parlement, mais les pouvoirs ne sont pas en vigueur et le ministre du Revenu a
utilisé des pouvoirs qui ne lui appartiennent pas et qui
n'appartiendraient même pas au ministre des Finances s'il n'en saisissait
pas l'Assemblée.
Comment voulez-vous que le ministre du Revenu, lui qui ne fait pas ce
genre d'opération, puisse signer de sa main des arrêtés
ministériels et annoncer, dans un communiqué de presse d'un
fonctionnaire en fin d'après-midi, au peuple québécois:
Vous venez d'augmenter vos impôts de 145 000 000 $ sur le tabac? Le
pouvoir de taxation est un pouvoir du Parlement. Si le gouvernement actuel veut
dessaisir les parlementaires québécois de leurs pouvoirs
concernant le contrôle des taxes, il va y avoir une bataille
féroce, une bataille qui va durer longtemps, parce que cela n'existe pas
dans aucun Parlement. Le pouvoir du peuple c'est d'avoir des
représentants qui contrôlent les impôts. Le gouvernement
peut proposer et on ne peut pas empêcher le gouvernement de gouverner,
mais on peut empêcher le gouvernement d'imposer certaines taxes dans
certains cadres et c'est là la prérogative du Parlement. C'est un
pouvoir fondamental, le pouvoir de faire des lois et le pouvoir de voter des
impôts, de voter des taxes, ce sont les deux pouvoirs les plus
extraordinaires du
Parlement. Nous n'avons pas le droit, comme parlementaires et j'en
appelle aussi aux députés libéraux...
Les députés libéraux sont bien contents, eux aussi,
que les ministres ou le Conseil des ministres ne puissent lever des
impôts sans leur en parler, sans les consulter, sans avoir leur opinion.
J'ai vu tout à l'heure combien cela leur faisait mal au coeur de voter
une taxe sur les assurances, pour ceux qui l'ont votée. 11 y en a qui
ont eu la prudence de partir avant; quelqu'un s'est abstenu. Pourquoi? Je ne
les blâme pas, parce que nous avons été en élection,
nous avons supporté comme parlementaires une décision du ministre
des Finances et comme ministres dans une fonction de solidarité
ministérielle, nous l'avons supportée. Il y a eu des
élections, cela a été défait. Maintenant, il y a un
nouveau gouvernement et on calcule que, pour l'avenir, c'est au nouveau
gouvernement è décider des taxes. Mais, c'est fondamentalement le
pouvoir des parlementaires de défendre les gens, de défendre les
prérogatives budgétaires, de défendre les
prérogatives en matière d'impôts, de taxes du Parlement ou
de l'Assemblée nationale.
C'est pourquoi, dans cette affaire, nous demandons sans équivoque
au ministre du Revenu de retirer son Impôt. C'est sa décision
personnelle, pas celle du Conseil des ministres, pas un arrêté en
conseil, c'est un arrêté ministériel. Nous demandons au
ministre du Revenu de retirer son impôt. Autrement, qu'il fasse revenir
le ministre des Finances de Floride, qu'il convoque la Chambre, qu'il fasse sa
déclaration en Chambre parce c'est comme cela que cela doit se
faire.
C'est comme cela que cela se fait dans tous les Parlements sous le
parlementarisme britannique. Le parlementarisme britannique a des
défauts. Il a aussi des qualités. Une de ses principales
qualités c'est, depuis la Grande Charte - savez-vous que cela fait des
années, cela fait... en 1215, si ma mémoire est bonne, la Grande
Charte. De mémoire. Je peux vous dire où c'était. Les gens
se sont battus pour ces grands principes du parlementarisme, de la
démocratie et du contrôle du peuple par ses représentants.
Les États-Unis ont fait l'indépendance américaine
là-dessus parce qu'ils ont dit: No taxation without representation,
parce que des taxes leur ont été imposées sans qu'ils
aient leur mot à dire là-dessus. Puis ici on va voter de
nouvelles taxes, le ministre du Revenu va imposer de nouvelles taxes sans avoir
les pouvoirs, sans que les lois soient votées, juste sur une
déclaration du ministre des Finances. Cela n'est pas suffisant. Le
Parlement est au-dessus du ministre des Finances. On pourrait dire non à
cette loi. On pourrait dire: On ne veut rien savoir de cette loi. On pourrait
dire: On ne vote pas cet article. Ils auraient une belle jambe.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je vous inviterais à conclure rapidement, s'il vous
plaît,
M. Garon: Je conclus en demandant au ministre du Revenu - il a
dit qu'il ne recommencerait plus quand il a parlé aux journalistes le 6
février. J'aimerais aujourd'hui qu'il corrige vraiment toute l'affaire
correctement, parce qu'il se prévaut d'un article qui n'est pas
voté, et qu'il retire son impôt sur les taxes sur le tabac qu'il a
mis en oeuvre le 4 février dernier en votant son arrêté
ministériel du 29 janvier dernier, puisque les textes légaux ne
lui donnent pas l'autorité pour voter en mépris du Parlement, de
la commission parlementaire puisqu'on est en train d'étudier un article
qu'il a déjà appliqué, qu'il a déjà mis en
oeuvre, qu'il a déjà signé, qu'il a déjà
publié à la Gazette officielle alors que cet article n'est pas
voté.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, M. le député de Sainte-Anne, s'il vous plaît.
M. le ministre du Revenu, vous avez la parole.
M. Gratton: Merci. D'abord, j'aurais pu rappeler le
député de Lévis à l'ordre puisqu'il n'était
tout à fait pas pertinent dans ses remarques. Il s'agit ici
d'étudier l'article 29 du projet de loi et de savoir si le Parlement,
dont il se fait maintenant le défenseur, veut que dorénavant le
calcul du prix moyen pour l'imposition de la taxe sur le tabac soit faite
à partir d'un paquet de 25 cigarettes plutôt que d'une cartouche
de 200. La réponse c'est oui ou non. Mais il a voulu reprendre le
débat sur l'opportunité et, semble-t-il maintenant, même la
légalité de l'arrêté ministériel que j'ai
signé et qui a été annoncé la semaine
dernière et qui comportait une augmentation de taxe de 0,23 $ le paquet
de cigarettes conformément aux dispositions du budget Duhaime du 23
avril dernier.
Il n'était pas pertinent. Donc, je m'excuse d'avance: je serai,
moi aussi, impertinent. Mais je vais tenter de rétablir les choses.
D'abord, le député de Lévis nous dit: "Le gouvernement...
Il nous citait: "La couronne demande l'argent. Le Parlement décide de le
donner". À entendre ces messieurs, depuis deux semaines, on
s'imaginerait que le 5 avril, cela a été la première
occasion où une taxe a augmenté en fonction de la signature d'un
arrêté ministériel; qu'en toute autre occasion, sous ce bon
gouvernement du Parti québécois, ces augmentations de taxe
étaient toujours soumises au Parlement.
Je fais une nomenclature, même pas complète,
d'arrêtés ministériels qui ont été
signés par des ministres du Revenu péquistes. Et j'en profite
pour saluer la présence de l'ex-député de Sherbrooke, qui
a été lui-même ministre du Revenu et qui a probablement
signé de ces arrêtés ministériels pour faire monter
la taxe sur le tabac. Vous me direz, M. Fréchette, à quel moment
c'est vous qui avez signé.
M. Garon: Question de règlement.
M. Gratton: II y en a eu un le 25 mars 1980.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu,
question de règlement.
M. Gratton: Ah!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce que le ministre du Revenu pourra nous dire la
date où les arrêtés ont été votés et
quand les lois ont été votées? Les arrêtés
ont été adoptés à la suite de lois qui ont
été votées régulièrement ou avant?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je crois que ce n'est pas une question de règlement.
M. Garon: C'est ça la question.
M. Gratton: Pour répondre même à la question
qui n'en est pas une, évidemment, l'arrêté
ministériel a été voté après la loi, parce
que j'imagine... Il y a eu un budget le 25 mars 1980. Il y a eu un
arrêté ministériel le 4 juillet 1980 où le prix de
vente a augmenté et la taxe a augmenté de 0,0248 $. Il y en a eu
un autre le 12 ou le 5 décembre 1980 signé par un ministre
péquiste qui a fait augmenter la taxe sur le tabac et je signale que la
loi n'était pas adoptée à ce moment. La loi qui
prévoyait ces arrêtés ministériels n'était
pas adoptée. M. Clair est surpris, mais c'est comme ça. Il y a de
ces surprises dans la vie qui sont parfois inexplicables. Il y a eu des budgets
en cours de route qui ont augmenté à nouveau la taxe sur
les...
Une voix: Après.
M. Gratton: Le député de Lévis, j'en avise
la galerie, est en train d'expliquer aux membres ministériels, comment
cela a fonctionné sous leur règne. Quand c'était eux
autres, cela se faisait dans les formes, vous savez! II y a eu un budget le 11
mars 1981 où, encore une fois, la taxe a augmenté. Ensuite, un
arrêté ministériel, le 16 mai 1981 - est-ce que la loi
était votée? Les lois sont votées à l'automne,
alors, le 16 mai, ce n'est pas l'automne. Donc, la loi n'était pas
votée - où le prix, la taxe sur les cigarettes
a augmenté.
Vous voyez. Je vous en fais grâce. Il y en a eu d'autres. Il y en
a eu un le 31 octobre 1981. Il y a eu un autre arrêté
ministériel le 17 juin 1982. Un autre arrêté
ministériel le 23 octobre 1982. Un autre arrêté
ministériel le 13 août 1983. Un autre le 15 octobre 1983.
Finalement, le dernier cela a été le 13 octobre 1984.
On l'avait dit. Voyez-vous, vous vous demandez peut-être pourquoi
il n'y en a pas eu en 1985? C'est parce qu'il y avait une élection qui
s'en venait. C'est aussi simple que cela. (15 h 45)
Cela, c'est pour les cigarettes, pour le tabac. Cela
intéresserait peut-être les membres de la commission de savoir ce
qu'on a fait dans le cas de l'essence? Parce qu'il y a eu des
arrêtés ministériels signés par des ministres
péquistes qui décrétaient des augmentations de taxe dans
le cas du litre d'essence et qui n'ont fait l'objet d'aucune étude
è l'Assemblée nationale, aucune discussion, à notre avis
ou à notre connaissance, au Conseil des ministres, en tout cas, qui ont
été décrétées par simple signature d'un
arrêté ministériel par un ministre péquiste. Vous
voulez des dates?
M. Garon: Oui.
M. Gratton: Le 25 mars 1980, le 4 juillet 1980, le 1er août
1980, le 10 octobre 1980, le 21 novembre 1980 et le 16 janvier 1981. Cela ne
montait pas assez vite à leur goût. Ils faisaient à tous
les mois le sondage, ils signaient un arrêté ministériel
à tous les mois ou presque, en tout cas, un, deux, trois, quatre, cinq,
six arrêtés ministériels, six augmentations de taxe sur le
prix de l'essence en moins d'un an.
M. Garon: Avant le changement de gouvernement, avant les
élections de 1981.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît!
M. Gratton: Et ce sont ces gens-là, aujourd'hui, qui
viennent nous servir la leçon de démocratie. La couronne demande
de l'argent, le Parlement l'adopte. Le Parlement n'a jamais été
saisi de cela autrement que par des questions que posait l'Opposition. On
pourrait continuer, il y en a eu le 13 mars 1981, le 15 mai 1981, le 12 juin
1981, le 11 septembre 1981, le 18 juillet 1982, le 10 octobre 1982, le 31
janvier 1983, le 12 mars 1983, le 10 octobre 1984 et, un dernier, le 7
février 1986. Celui-là, je me le rappelle.
M. le Président, c'est signe qu'on n'a pas innové, il y a
eu de multiples exemples de gestes, d'arrêtés ministériels
signés par des ministres péquistes qui ont résulté
en des augmentations de taxe. Je le répète, après
vérification dans plusieurs des cas, je ne peux pas affirmer dans
lesquels, mais on me confirme que, dans plusieurs cas, ces arrêtés
ministériels ont été signés avant que la loi
donnant suite au discours sur le budget soit adoptée. Donc, situation
exactement similaire, en tout point conforme à la situation que nous
vivons ici avec le projet de loi 2.
Le député de Lévis prétend qu'on ne pouvait
pas légalement lever cette taxe par arrêté
ministériel la semaine dernière parce que l'article du projet de
loi 2 qui modifie l'article sur les impôts sur le tabac n'a pas
été adopté. C'est vrai de tous les articles du projet de
loi 2, c'est vrai de l'ensemble des articles que comporte le projet de loi 2.
À quelques exceptions près, les 238 articles viennent modifier
des lois existantes. Aucun de ces articles n'a force de loi avant que le
lieutenant-gouverneur ne sanctionne ce projet de loi.
M. le Président, c'est vrai, donc, de tout ce qui a
été fait depuis le 23 avril dernier. Si ce que suggère
l'Opposition, c'est de mettre de côté toutes les mesures qui
découlent de la non adoption du projet de loi 2 à la suite du
discours sur le budget, qu'on jette le projet de loi 2 au panier et
commençons à remettre quelque 600 000 000 $ ailleurs parce que,
effectivement, ce sont les sommes qui sont impliquées dans les divers
articles du projet de loi 2.
M. le Président, le député de Lévis termine
son intervention en disant: Le ministre du Revenu nous a promis d'abolir ou de
retirer ces taxes si on lui fournissait des preuves. Ce que j'ai dit, ce que je
réaffirme ici, c'est qu'en aucun moment l'Opposition ne pourra faire la
preuve que les revenus qui découlent des augmentations de taxe qui ont
été annoncées la semaine dernière sur le tabac, sur
l'essence, sur la bière, que ces revenus n'étaient pas
anticipés tant dans le discours sur le budget du 23 avril que dans les
équilibres financiers du 30 septembre dernier, que, oui, on les retirera
les taxes, mais qu'on ne s'imagine pas que cet engagement que j'ai pris et que
je maintiens porte sur la légalité des articles du projet de loi
2. Le projet de loi 2 contient 248 articles qui ne sont pas adoptés
présentement, qui ne seront pas en vigueur tant et aussi longtemps que
le lieutenant-gouverneur ne l'aura sanctionné, et cela ne pourra
être avant le milieu de mars, puisque l'Assemblée nationale ne
siège pas. Je vous préviens tout de suite, il n'est pas question
de convoquer l'Assemblée nationale d'urgence entre maintenant et le 11
mars en ce sens.
M. le Président, je maintiens que c'est la même
tempête dans le même verre d'eau. L'Opposition, c'est de bonne
guerre, voudrait faire passer sur le dos du nouveau gouvernement des taxes
qu'elle avait elle-
même anticipées. J'entends déjà le discours
des gens qui vont nous dire: Vous aviez des choix. Vous auriez pu ne pas lever
la taxe sur le tabac et peut-être bien maintenir celle sur les primes
d'assurance personnelle. Justement, on a fait des choix. On a fait des choix,
mais en devant respecter les équilibres budgétaires dont on a
hérité du gouvernement précédent. Les choix qu'on a
faits nous ont porté du côté de la détaxation de
l'essence en partie, tout au moins dans les régions
périphériques, du côté de l'abrogation de la taxe de
vente de 9 % sur certaines primes d'assurance personnelle et de l'exemption
additionnelle de 1 % à compter du 1er janvier 1986 plutôt que du
1er janvier 1987, comme cela était prévu dans le livre blanc sur
la fiscalité. Ce sont les choix que nous avons faits, fort conscients
que nous devrions maintenir les équilibres financiers de façon
que le déficit soit maintenu à un niveau acceptable qui ne
risquera pas de provoquer une décote sur les marchés financiers.
Ce n'est pas sorcier; ce n'est pas compliqué; ce n'est pas plus
difficile è comprendre que cela.
M. le Président, je veux bien qu'on fasse des avocasseries autour
de chacun des articles du projet de loi 2, mais l'objection ou les observations
de l'Opposition au sujet de l'article 29 ne sont pas plus justifiées, ne
le sont pas moins non plus, que si elle les faisait au sujet de la plupart des
articles du projet de loi 2 qui amende des lois existantes pour changer
l'équilibre des choses, pour imposer de nouvelles taxes, pour, par
exemple, à l'article sur les exemptions, l'article 100 du projet de loi,
modifier toutes les exemptions. Il y en a pour des centaines de millions.
L'article 100 n'est pas encore adopté. Pourtant, les exemptions sont
celles qui ont été décrétées dans le
discours sur le budget.
Je ne qualifierai même pas la démarche de l'Opposition.
C'est son affaire. Elle fait son travail, comme elle juge à propos de le
faire, mais je ne vois vraiment pas quelle est la trouvaille qui a
ameuté tout à coup... Je suis très heureux de voir autant
de journalistes, alors qu'ils semblaient nous avoir désertés en
fin d'après-midi, hier. Bienvenue, mesdames, messieurs, et restez avec
nous. Cela risque d'être intéressant, semble-t-il, sauf que cela
risque aussi d'être un peu répétitif. Je m'en excuse pour
l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Lévis.
M. Gendron: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Garon: En vertu de l'article 213.
Le Président (M. Lemieux): L'article 213, pardon.
M. Garon: L'article 213.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. ' Garon: Je vous demande la permission de poser une question
au ministre qui vient de terminer son exposé.
Le Président (M. Lemieux): Si vous acceptez, M. le
ministre, oui.
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: Le ministre du Revenu admet-il que la taxe qu'il a
levée à partir du 4 février dans son arrêté
ministériel repose sur cet article qu'on n'a pas encore adopté,
l'article 9.2, qui dit que le prix de vente au détail devant servir au
calcul de l'impôt prévu à l'article 8 est, dans le cas des
cigarettes, de 1,50 $ pour 25 cigarettes, c'est-à-dire selon une
nouvelle mécanique? Et c'est même mentionné dans les
attendus de son arrêté ministériel. Admet-il avoir
adopté cela en vertu des articles en discussion actuellement contenus
dans l'article 29, notamment à 9.2?
M. Gratton: Oui, M. le Président, je réponds
volontiers tout simplement, oui, c'est en vertu de ces articles que j'ai
signé l'arrêté ministériel qui touchait la
cigarette. Effectivement, les articles sont la traduction légale du
discours sur le budget du 23 avril dernier. J'en fais lecture, on va reprendre
la lecture que faisait le député de Lévis tantôt,
à la page 31 du discours sur le budget: La taxe sur le tabac. "La taxe
sur le tabac demeure au Québec toujours inférieure à ce
qu'elle est en Ontario et dans quelques autres provinces, tandis que les
coûts de la santé ne cessent de croître. Il me semble qu'il
s'agit là d'un domaine où le principe de la tarification des
usagers s'applique assez facilement. À compter de minuit ce soir, le
taux de la taxe sur le tabac sera porté de 55 % à 60 %." C'est
là l'article 28 du projet de loi. Est-il nécessaire de rappeler
ce que dit l'article 28? Il dit simplement que la taxe passe de 55 % à
60 %.
M. Garon: On parle de 29.
M. Gratton: Je continue la lecture du discours sur le budget
à la page 31. "Dans le cas des cigarettes, le mode de calcul de la taxe
sera de plus réformé pour être rendu semblable à
celui d'autres provinces; dorénavant, le taux de la taxe
s'appliquera sur le prix de vente moyen d'un paquet de 25 cigarettes
plutôt que sur celui d'une cartouche."
Que dit l'article 29? Que le calcul de la taxe sera fait... Lisons
l'article 29, je crois que ça mérite d'être clair: "Le prix
de vente en détail des cigarettes mentionné dans l'article 9.2
sert au calcul de l'impôt prévu à l'article 8,
jusqu'à ce qu'il soit remplacé par un prix de vente en
détail moyen pondéré..." Non. Où est-ce qu'on le
trouve?
M. Garon: ...
M. Gratton: L'article 9.4: "Le ministre détermine le prix
de vente en détail moyen pondéré pour 25 cigarettes au
moyen d'un échantillonnage etc." Donc, c'est 25 cigarettes et non plus
200 cigarettes. Lorsqu'on continue la lecture du discours sur le budget: "La
hausse totale représente 0.25 $ par paquet de 25 cigarettes."
Donc, on constate que c'est 25 cigarettes parce qu'on a fixé le
prix à 1,50 $. Ce n'est pas plus sorcier que ça, M. le
Président. Le discours sur le budget disait deux choses: La taxe passe
de 55 % à 60 % et le calcul se fera à compter d'un paquet de 25
cigarettes plutôt que d'une cartouche de 200 cigarettes. C'est exactement
ce que les articles que nous étudions... l'article 29 nous le dit. Soit
dit en passant, une précision. Dans le discours sur le budget, ce
chapitre sur la taxe du tabac concluait comme ceci: "Cette mesure haussera la
contribution des fumeurs au financement des dépenses publiques de 133
000 000 $ cette année." C'est M. Duhaime qui parlait.
M. Garon: L'ensemble des taxes? Il ne comptait pas le...
M. Gratton: L'ensemble des augmentations de la taxe de vente
contenues dans le discours sur le budget du 23 avril se chiffrait, à la
dernière ligne de la page 31, par environ 425 000 000 $ pour 1985-1986.
Dans le cas de ces 425 000 000 $, il y avait d'anticipés les revenus
découlant d'une hausse de la taxe à la suite d'un sondage.
Évidemment, il aurait dû être tenu ce sondage au cours de
l'automne dernier mais, à cause des élections - on en a le
témoignage de certains fonctionnaires du ministère des Finances,
un témoignage écrit qu'on a rendu public - ce sondage a
été reporté après les élections de
façon, j'imagine, à ne pas nuire aux chances du Parti
libéral d'être élu.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Garon: ...l'a entendu ça.
M. Gendron: M. le Président, en ce qui nous concerne, je
pense qu'à l'article 29, le paragraphe 9,2 que noua étudions
présentement est un paragraphe immensément important par rapport
à la question de fond qu'on veut débattre.
Je viens d'entendre le ministre du Revenu nous mentionner à
plusieurs reprises, là je ne fais pas tout l'historique: le 4 juillet
1980, le 1er juillet 1980, le 20 novembre 1980 et en 1981 etc., plusieurs des
anciens membres du gouvernement ont signé comme lui - dit-il - des
arrêtés ministériels décrétant des hausses de
taxe ou des ajustements. (16 heures)
Je voudrais quand même faire valoir aux membres de cette
commission - à ma connaissance cela n'a pas été clairement
établi d'une façon très précise - qu'en ce qui
concerne ces hausses que nous n'avons jamais contestées dans le sens
que, oui, il y a de nos collègues ministres qui ont signé ces
arrêtés-là, nous prétendons cependant qu'à
chaque fois qu'ils l'ont fait, ils l'ont fait sur la base d'un discours sur le
budget ou sur la base d'une déclaration du ministre des Finances en
Chambre parce que ce n'est qu'à cet endroit que le ministre des Finances
peut effectivement lever des taxes et des impôts à moins que nous
puissions nous appuyer sur un discours sur le budget antérieur.
C'est tellement vrai, M. le Président, que quand le ministre du
Revenu nous disait: À l'article 9.2, il s'agit exactement de la
même chose que de tous les autres articles du projet de loi 2, ce sont
tous des articles qui ne sont pas adoptés; on est en train de les
discuter. Cependant, ce qu'il oubliait, c'est que la loi 2, quand on la lit -
je pense qu'il est important de revenir aux premières notes
explicatives: "Ce projet de loi modifie diverses lois fiscales de même
qu'un certain nombre de dispositions législatives - écoutez bien
la suite - afin de donner suite aux déclarations ministérielles
du 19 décembre 1984 et du 8 mai 1985 du ministre des Finances ainsi
qu'aux discours sur le budget du 22 mai 1984 et du 23 avril 1985
prononcés par ce dernier." Jamais, dans cet énoncé, sauf
à l'article où nous sommes rendus, nous n'avons un point
spécifique qui a été décrété par
arrêté ministériel non pas du ministre des Finances en
Chambre, non pas consécutif à une problématique
budgétaire, mais consécutif...
Une voix: ...en vertu de la loi...
M. Gendron: ...à un arrêté en Conseil du
ministre du Revenu.
Or, nous pensons, M. le Président, que ce ne sont pas des
avocasseries. Il est très important d'informer les citoyens et
citoyennes du Québec parce que ce sont eux qui sont touchés par
cette taxe que nous
prétendons illégale. Pourquoi prétendons-nous cette
taxe illégale? La Loi concernant l'impôt sur le tabac, on est
conscient qu'elle est administrée par le ministre du Revenu, on sait
cela. Cependant, là où on a fait la preuve que c'était
très clair, c'est par rapport au libellé, que je ne reprendrai
pas, quand on prend la loi sur le tabac, loi gérée ou sous la
férule du ministre du Revenu où on dit qu'avant c'était 55
%, là c'est passé à 60 %; cela est l'article 8. À
l'article 9.2, on dit dans le budget de M. Duhaime, l'ancien ministre des
Finances: c'est passé de 0,55 $ à 0,60 $. Là, on nous dit
qu'actuellement, on a une loi devant les yeux pour donner suite à la
disposition du budget de M. Duhaime, à l'article 9.2, qui dit:
Dorénavant, l'impôt prévu à l'article B est, dans le
cas des cigarettes, de 1,50 $ pour 25 cigarettes plutôt que la
disposition à la cartouche. Jusque là, il n'y a pas de
problème pour personne. Le problème, c'est là que j'ai
trouvé que le ministre du Revenu errait tantôt. Si vous remarquez,
on n'a pas dit un mot des deux autres arrêtés ministériels
qu'il a sanctionnés; on n'a pas dit un mot de l'arrêté
ministériel qu'il a signé pour la question de l'augmentation de
la taxe sur l'essence; on n'a pas dit un mot de l'arrêté
ministériel qu'il a signé également pour l'augmentation
sur la bière, mais là où on dit: Cela ne va pas, c'est que
- je n'ai pas la date ici, oui - le 5 février 1986, le ministre du
Revenu dit ceci: Attendu qu'en vertu de l'article 9.4 de cette loi - il n'y a
pas de confusion, on sait bien qu'il parle de la loi 2 qui n'est pas
adoptée... Attendu qu'en vertu de l'article 9.5, - voici ce qu'il dit,
toujours pour une loi non adoptée - Je décrète que
dorénavant, pour les fins de calcul, l'impôt prévu à
l'article 8 de la Loi concernant l'impôt sur le tabac, le prix de vente
en détail moyen pondéré pour 25 cigarettes n'est plus de
1,50 $, mais de 1,88 $. Nous disons qu'à ce moment précis, mais
c'est la première fois qu'on a l'occasion de faire ce débat dans
l'étude des articles que nous débattons, c'est la première
fois que le ministre outrepasse ses pouvoirs parce qu'on a la prétention
qu'il n'a pas de fondé juridique pour prendre cette décision sur
une loi qui est en discussion en commission parlementaire que le Parlement n'a
pas sanctionnée, et de dire: "Je m'appuie sur l'article 9.2 de la loi 2
pour dire que dorénavant, ce ne sera pas 1,50 $ ce sera 1,88 $. Notre
prétention est que le fondé de pouvoir ou le fondé
juridique - appelez-le comme vous voudrez - sur lequel s'est appuyé le
ministre du Revenu n'existe pas. Et parce qu'il n'existe pas, notre
prétention est que la taxe est illégale.
Remarquez bien, M. le Président, qu'on n'a jamais porté le
même jugement sur les deux autres arrêtés qu'il a
signés, les deux autres arrêtés ministériels qu'il a
signés exactement dans le même contexte. À sa grande
surprise, disait-il... Mais on ne refera pas ce débat, on a eu
l'occasion de le faire hier. Nous pensons que le ministre du Revenu n'a pas le
pouvoir d'imposer une taxe et de la rendre applicable avant qu'elle ne soit
adoptée par le Parlement, à moins qu'il n'obtienne en Chambre une
déclaration du ministre des Finances ou que cela soit consécutif
à un budget.
Nous sommes fermement convaincus, de ce côté-ci, que seul
le ministre des Finances peut, par déclaration ministérielle,
imposer des taxes; il l'a toujours fait devant le Parlement. Il est de
tradition courante de voir un ministre des Finances, uniquement par une
déclaration ministérielle, lever un impôt ou une taxe
spéciale sans s'appuyer sur une loi existante. Il n'y a que deux
façons, à notre avis, de lever des impôts:
consécutivement à une loi... Je répète que
l'article 2, dans les notes explicatives, c'était on ne peut plus clair.
On disait que tout ce qu'il y a là-dedans, cela vient de deux sources:
de différentes déclarations ministérielles et du discours
sur le budget de M. Yves Duhaime. On n'a jamais dit qu'on pouvait adopter des
lois par arrêté ministériel du ministre du Revenu. C'est
pourquoi nous prétendons que cette taxe est illégale.
Si notre prétention n'était pas exacte, il me semble que
c'est assez sérieux pour exiger au moins du ministre du Revenu qu'il
nous indique s'il dispose d'un avis juridique, du jurisconsulte, du
gouvernement mais non pas de l'Assemblée nationale, pour nous garantir
qu'il est 100 % sûr, qu'il est certain qu'il n'y a aucun doute quant
à la légalité de cette taxe. Nous, nous avons de
sérieux doutes; nous avons même la prétention qu'elle est
illégale. Je répète que c'est une prétention,
à ce moment-ci.
Ce que nous voudrions savoir - notre exigence, il me semble qu'elle
n'est pas compliquée - c'est ceci: au-delà des placotages
à gauche et à droite et de la sensibilisation, une fois, avec le
ministre des Finances alors qu'une autre fois il n'en a parlé avec
personne, il a appris cela d'un fonctionnaire... au-delà de tout cela,
avant de signer cet arrêté en conseil, est-ce que, oui ou non, il
avait ce que j'appelle les fondements juridiques de son ministère, un
avis d'un juriste de son ministère, du juriste du gouvernement du
Québec ou du jurisconsulte du ministère de la Justice.
M. Gratton: En avez-vous un à me suggérer...
M. Gendron: Non, ce que je sache, nous ne faisons plus partie du
gouvernement.
M. Gratton: ...un juriste de mon ministère?
M. Gendron: Que je sache, nous ne sommes plus le gouvernement; le
2 décembre, il se serait passé quelque chose. Ce que nous voulons
savoir... Il me semble que ce n'est pas compliqué, ce que nous voulons
savoir: Le ministre du Revenu peut-il déposer devant la commission
parlementaire... Il est de notre responsabilité de savoir si ce que nous
approuvons n'est pas de caractère illégal. Pour nous en assurer,
nous aimerions savoir si vous avez en main un avis juridique vous assurant
qu'il n'y a aucun doute quant à la légalité de cette taxe
sur le tabac. Si vous n'avez aucun doute et que vous êtes en mesure de
produire les documents comme on le fait régulièrement dans
d'autres commissions parlementaires, on verra à décider de la
poursuite des travaux.
Il nous paraît à ce moment-ci absolument inopportun de
continuer à faire un débat sur l'article 9.2 et parier de 1,50 $
le paquet de cigarettes, alors que ce n'est pas cela. Actuellement, dans les
faits, ce n'est même pas cela; c'est un article qui est devenu caduc
selon la prétention du gouvernement. Ce n'est pas un article qui est
caduc selon notre prétention parce que ce sur quoi il pouvait s'appuyer,
c'est 1,50 $. Il n'y a absolument rien comme base juridique sur laquelle
s'appuyer afin de décréter qu'à partir du 5
février, minuit, ou je ne sais trop quoi, ce sera 1,88 $.
Si nous sommes dans l'erreur, il appartient au ministre du Revenu de
nous le prouver noir sur blanc, de nous démontrer ce sur quoi il s'est
appuyé pour signer cet arrêté en conseil; autrement, on va
créer un précédent dan3 le système
parlementaire.
Je vous fais grâce de toutes les citations que pourraient faire
les autorités en la matière qui s'accordent
généralement pour dire que ce n'est pas vrai qu'un ministre du
Revenu parle autrement qu'en étant appuyé par une
déclaration ministérielle de son ministre des Finances ou
consécutivement a un budget. On ne commencera pas en commission
parlementaire, parce que c'est la première de ce nouveau gouvernement,
à faire du droit nouveau dans le droit parlementaire.
Il me semble que ce n'est pas de vouloir refaire le même
débat. On a très bien exposé qu'à l'article 9.2 il
s'agit d'un cas particulier sur lequel on n'a pas le même fondé
que nous avions pour la question de l'essence et de la bière. Pour ce
qui est de la taxe sur le tabac, nous avons toujours la prétention que
c'est une décision du ministre du Revenu, sans nous donner la garantie
et surtout sans donner la garantie aux citoyens et aux citoyennes du
Québec que cette taxe est en tout point conforme à ce qui s'est
fait comme tradition parlementaire et que c'est une taxe à portée
légale. Si c'est une taxe à portée illégale, comme
nous le prétendons, nous voulons que le ministre du
Revenu prenne ses responsabilités, avise le ministre des Finances
qui procède comme tous les autres ministres des Finances ont
procédé quand ils voulaient lever des impôts,
consécutivement à un budget ou dans une déclaration
ministérielle, mais devant le Parlement, parce que les
déclarations ministérielles d'un ministre des Finances ont une
portée d'imposition, si vous me permettez l'expression, au moment
où elles sont faites devant le Parlement, devant la Chambre et non pas
en dehors de ces mécanismes que nous connaissons.
M. Gratton: M. le Président, brièvement...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: Sauf erreur, le député d'Abitibi-Ouest
a tenté de convaincre les membres de la commission que dans tous les cas
où, sous l'ancien gouvernement, un arrêté
ministériel est venu augmenter une taxe, notamment la taxe sur le tabac,
il y a toujours eu une déclaration ministérielle du ministre des
Finances à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas cela?
M. Gendron: Ou un budget, ou consécutivement à un
budget.
M. Gratton: Ou un budget. Vous allez m1 indiquer
à quel moment la déclaration ministérielle à
laquelle il se réfère aurait été faite à la
suite de l'arrêté ministériel qui a été
signé le 4 juillet 1980....
M. Garon: Pouvez-vous nous apporter l'arrêté
ministériel?
M. Gratton: ...où l'Assemblée nationale ne
siégeait pas.
M. Garon: En vertu de la loi.
M. Gratton: En vertu de la loi! La loi n'était pas
adoptée, M. le député de Lévis. Le budget avait eu
lieu le 25 mars 1980 et il n'y a pas eu de loi adoptée entre le 25 mars
1980 et le 4 juillet 1980. Donc, même situation qu'ici. S'il y a eu une
déclaration ministérielle, allez chercher cela et dites-moi
où. Est-ce qu'on a convoqué l'Assemblée nationale?
M. Gendron: M. le Président...
M. Gratton: Non, M. le Président, c'est une question de
rhétorique évidemment. Vous pourrez répondre au moment
venu.
M. Gendron: Ah oui!
M. Gratton: Même situation le 13 août
1983, alors que le discours sur le budget avait été
prononcé le 26 mai 1982. Est-ce qu'il y a eu un budget entre les deux ou
une déclaration ministérielle? Le discours sur le budget avait
été prononcé le 26 mai 1982. Il y a eu quatre
arrêtés ministériels avant qu'on prononce le discours sur
le budget suivant en 1984, dont un en août 1983. Cela concerne la
façon de fonctionner de l'ancien gouvernement qui, semble-t-il,
était beaucoup plus transparente que la nôtre.
Quant aux avis juridiques, oui, j'en ai un excellent qui me porte
à être très à l'aise, à proposer à la
commission d'adopter l'article 29. Je l'ai de nul autre que d'un éminent
non seulement juriste mais fiscaliste, l'adjoint parlementaire au
ministère du Revenu et député de Montmorency qui, si cela
vous intéresse... Je conviens que cela peut déplaire aux membres
de l'Opposition qui sont privés des services de professionnels de cette
nature, mais j'invite quand même le député de Montmorency
à expliquer, en tant que juriste, ce qui nous amène à
croire que l'article 29 est comme tous les autres articles du projet de loi 2.
Il semble que, lorsque je l'explique, on mette ma parole ou mes
compétences en doute.
En vertu de l'article 246, M. le Président, je vous demanderais
de reconnaître le député de Montmorency qui fournira la
deuxième partie de réponse à la question du
député d'Abitibi-Ouest.
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Un instantl M. le
député de Lévis.
M. Garon: ...en vertu de l'article 213 je voudrais poser une
question au ministre du Revenu.
Le Président (M. Lemieux): En vertu de l'article 213.
M. Gratton: Après avoir terminé la réponse
è la question du député d'Abitibi-Ouest, M. le
Président.
M. Garon: C'est à la suite d'une intervention...
M. Gratton: Après que le député de
Montmorency... Une question à la fois parce qu'on vous connaît,
vous avez l'heur, des fois, de poser plusieurs questions sans vouloir
écouter les réponses.
M. Gendron: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron; La question de règlement que je vais évoquer
à ce moment-ci est à savoir que je ne pourrai pas accepter...
Le Président (M. Lemieux): ... l'article du
règlement concerné.
M. Gendron: Permettez-moi d'exposer un peu. J'ai probablement
besoin de votre aide.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
d'Abitibi-Ouest, cela va.
M. Gendron: Voici pourquoi je prétends soulever une
question de règlement à ce moment-ci. Le ministre du Revenu dit;
Je vais permettre à l'adjoint parlementaire, membre de cette commission,
de faire une déclaration ou de donner un avis juridico-politique parce
que, là, je ne le sais plus. Ce n'est pas ce que j'ai demandé au
ministre du Revenu.
M. Gratton: II n'y a pas de question de règlement, M. le
Président. Je regrette d'interrompre le député
d'Abitibi-Ouest, mais ce n'est pas une question de règlement. Il
voudrait nous dire comment répondre à sa question. Ce que je dis,
M. le Président, c'est qu'en vertu de l'article 246 j'avais le droit
d'intervenir pendant cinq minutes, comme j'ai le droit d'intervenir
après chaque intervention. Je vous demande maintenant, en vertu du
principe ou de la coutume de l'alternance, de reconnaître le
député de Montmorency qui va terminer la réponse que je
donnais aux questions du député d'Abitibi-Ouest. (16 h 15)
M. Gendron: Cela va, M. le Président. Je parlerai à
mon tour. Je prendrai la parole après.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, vous avez
toujours le droit de reprendre votre temps. Vous avez parlé douze
minutes tout à l'heure.
M. Gendron: C'est exact.
Le Président (M. Lemieux): Après le
député de Montmorency, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gratton: Oui. M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Merci, M. le Président. Pour
rassurer...
M. Garon: Question de règlement, M. le Président,
en vertu de l'article 77.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: L'article 77, paragraphe 3, dit: "Les questions ne
peuvent viser à obtenir un avis professionnel ou personnel." Je vous
demande si l'article 77 qui s'applique à l'Assemblée nationale
s'applique aussi en commission parlementaire puisque le but d'un débat,
ce n'est pas d'avoir des avis... Je n'ai pas invoqué le titre que je
suis avocat pour parler. Je pense que le député de Montmorency
aussi ne le peut pas. Je plaide sur la question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Je vous écoute sur la
question de règlement, M. le député de Lévis.
M. Garon: Je n'invoque pas le fait que je suis membre du
Barreau.
Une voix: ...
M. Garon: Non, j'invoque une question de règlement.
M. Gratton: Oui, mais cela n'en est pas une, M. le
député.
M. Garon: Voyons!
M. Gratton: Voyons donc!
Une voix: C'est au président de décider cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre...
M. Garon: Les questions ne peuvent viser à obtenir un avis
professionnel ou personnel. Un avis professionnel, c'est quoi?
M. Gratton: C'est à la période des questions et
réponses orales. C'est à l'Assemblée nationale. Ce n'est
pas ici.
M. Garon: C'est précisément là-dessus que
j'ai demandé. Si vous aviez écouté un peu. Franchement je
suis en train de me poser des questions à votre sujet. Je vous pose une
question, à savoir si l'article 77 du règlement qui s'applique
à l'Assemblée nationale s'applique aussi en commission
parlementaire. Vous ne pouvez pas dire que...
Le Président (M. Lemieux): Non.
M. Garon: Je ne sais pas, mais des avis juridiques à
partir de vous...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu...
M. Garon: Je dis tout simplement, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): ...j'aimerais quand même
permettre au député de Lévis de faire quelques remarques
à l'occasion d'un rappel au règlement, quelques remarques, mais
qu'elles soient brèves, M. le député de Lévis.
M. Gratton: Vous en demandez pas mal, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Qu'elles soient
brèves.
M. Garon: M. le Président, je suis capable de me faire
violence.
Le Président (M. Lemieux): J'en suis certain, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je voulais dire simplement que, quand les
députés, en vertu de l'article 77, posent des questions en
Chambre, ce ne sont pas des avis professionnels qu'ils demandent. Quand le
député d'Abitibi-Ouest a demandé au ministre s'il avait
des avis juridiques à fournir, il voulait dire des avis juridiques de
son ministère ou du contentieux du gouvernement et non pas une opinion
d'un député, quelles que soient ses appartenances
professionnelles. Je pense que l'article 77 doit s'appliquer.
Particulièrement, par l'attitude du ministre du Revenu, on est
obligé d'en déduire qu'il n'a pas d'avis juridique, qu'il essaie
d'avoir un avis juridique sur-le-champ de son adjoint parlementaire, le
député de Montmorency. Si c'est cela qu'il veut nous fournir,
c'est parce qu'il n'en a pas d'autres. Au contraire, nous pensons qu'il devrait
y avoir des avis juridiques du ministère sur une question aussi
controversée. C'est l'objet de la question du député
d'Abitibi-Ouest. Il demande au ministre: Est-ce que vous avez des avis
juridiques? Quand on fait des choses aussi sérieuses... Écoutezl
On est dans la rétroactivité. On est dans des lois
rétroactives. On est actuellement à faire, en vertu d'amendements
qui sont devant nous, des choses qui sont déjà faites par le
ministre du Revenu. Son attitude nous révèle, semble nous dire
qu'il n'a aucun avis juridique puisqu'il demande à son collègue,
le député de Montmorency, d'en fournir un pour lui. S'il fallait
que le ministre du Revenu en cette matière... Cela ne m'étonne
pas qu'il ait signé un document. Il nou3 a dit en commission
parlementaire, quelques jours plus tard, qu'il ne faisait pas de distinction
entre un arrêté ministériel et un arrêté en
conseil. Imaginez qu'il doit être fort dans le rétroactif. Les
lois rétroactives sont les lois les plus complexes, le secteur le plus
complexe, de même que les lois fiscales. Et le ministre du Revenu
signerait des arrêtés
ministériels de 250 000 000 $ sans demander d'avis
juridique...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, on s'écarte un peu de la question de règlement.
M. Garon: Bien, c'est cela.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez! M. le
député de Lévis, l'article 77, sous toute réserve,
s'applique, à mon avis, en commission parlementaire. On va reprendre le
débat avec le député d'Abitibi-Ouest. Vous aviez douze
minutes. Le député de Montmorency a demandé la parole par
la suite. Alors, il reviendra.
M. Gendron: M. le Président, je veux juste poser une
question. Est-ce que vous avez effectivement reconnu que la question de
règlement en était une?
Le Président (M. Lemieux): J'ai reconnu que la question de
règlement en était une et que les questions ne peuvent viser
à obtenir un avis professionnel ou personnel. En conséquence, je
vous repasse la parole puisque c'était votre tour sur le temps que vous
aviez.
M. Gratton: Mais, M. le Président, pour qu'on se comprenne
bien, si vous dites que l'article 77 s'applique, c'est donc dire que la
question du député d'Abitibi-Ouest n'était pas recevable
en fonction de notre règlement puisqu'il demandait un avis.
Une voix: Non.
M. Gratton: Bien oui. L'article 77 dit: Les questions ne peuvent
viser à obtenir un avis professionnel ou personnel. Alors, ce n'est pas
la réponse qui est irrégulière, c'est le fait qu'on ait
posé la question. Je demande...
M. Gendron: M. le Président, pouvez-vous l'aider?
M. Gratton: Non. Non. Un instant. Un instant.
M. Gendron: M. le Président, il faut l'aider parce que...
Je voulais...
M. Gratton: M. le Président, je n'ai pas terminé ma
question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
Voulez-vous terminer, M. le ministre du Revenu? S'il vous plaît, un petit
peu de discipline.
M. Gratton: Je prétends, M. le Président, que ce
n'est pas en vertu de l'article 77, qui interdit de poser des questions qui
appellent un avis``uprofessionnel, mais en vertu de l'article 79 où on
parle de la réponse à une question.
Si je comprends bien, vous voulez que le président reconnaisse
que votre question n'était pas pertinente mais, l'ayant posée,
vous maintenez maintenant que le député de Montmorency ne doit
pas y répondre. En vertu de l'article 246, je maintiens que faute de
donner un avis juridique ou un avis professionnel, le député de
Montmorency, comme membre de cette commission, a le droit de s'exprimer. Comme
je suis intervenu en vertu de l'article 246, comme le règlement me
permet de le faire après toute intervention, c'est maintenant la
règle de l'alternance qui s'applique...
Une voix: Sur le fond.
M. Gratton: Sur le fond ou sur l'article 29.
M. Gendron: Mais pas sur une question de règlement.
M. Gratton: Sur l'article 29. Il n'est pas question de question
de règlement. Moi, j'interviens sur une question de règlement
pour dire que vous devez, M. le Président, maintenant reconnaître
le député de Montmorency avant de retourner au
député d'Abitibi-Ouest en fonction de la règle de
l'alternance. Si le député d'Abitibi-Ouest peut me regarder dans
les yeux et dire que je n'ai pas raison là-dessus, je saurai que je me
trompe vraiment.
M. Gendron: M. le Président, regarder M. le ministre du
Revenu dans les yeux me dérange mais...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Très sérieusement, M. le
Président. Écoutez, je pense que lorsque le ministre du Revenu a
prétendu qu'à partir du moment où, comme parlementaire, je
demandais un avis juridique du ministre du Revenu et qu'il me répond
qu'il va m'en donner un en continuant son droit de parole - un instant! - en
passant la parole à l'adjoint parlementaire au ministre du Revenu, c'est
là que j'ai soulevé une question de règlement. Je voudrais
que vous m'entendiez quelques minutes sur la question de règlement. Cela
m'apparaît impensable et inimaginable. Imaginez, M. le Président,
c'est la meilleure façon de bâillonner d'avance l'opinion de tout
professionnel qui, effectivement, devrait fournir une opinion juridique sur une
question aussi importante. Le ministre du Revenu, soit qu'il est irresponsable
ou qu'il n'a pas compris ce
qu'il en était. Je pense que cela serait du jamais vu de
permettre à un parlementaire, membre d'une commission, de
prétendre qu'il vient de donner un avis juridique sur une question aussi
fondamentale que cela.
M. Gratton: Le député de Montmorency n'a jamais dit
cela. Vous ne voulez pas qu'il parle.
M. Gendron: C'est vous, M. le ministre du Revenu, qui avez dit:
Je vais vous en donner un avis juridique.
M. Gratton: Je retire mes paroles. Je retire mes paroles.
M. Gendron: D'accord.
M. Gratton: Et je demande maintenant au député de
Montmorency d'exprimer son opinion. Est-ce que vous permettez?
Une voix: Oui.
M. Gratton: Oui. Merci. Allez-y.
M. Gendron: Oui mais, M. le Président, comprenez ce qui
vient d'être dit. Si le ministre du Revenu dit: Écoutez, moi, M.
Gendron, quand vous allez continuer votre droit d'intervention, je vais revenir
sur la demande que vous m'avez faite d'un avis juridique et je retire les
paroles à savoir que quand je prête la parole au
député de Montmorency, cela devient un avis juridique. II n'y a
plu3 de question de règlement en ce qui me concerne et j'utiliserai mon
droit de parole tantôt.
M. Gratton: C'est fait. C'est fait. Merci.
M. Gendron: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Merci, M. le Président. J'ai
l'impression de venir de loin.
M. Gratton: Ils ont peur de vous entendre, M. le
député.
M. Séguin: Pour calmer les inquiétudes de mes
confrères, soyez assurés que, sans aucune prétention, je
ne parlerai à aucun titre professionnel ou autre. Je participe aux
débats de la commission et, comme membre, je vais simplement porter un
commentaire comme vous tous. C'est dans ce sens que je le fais.
M. Gendron: Est-ce que le député me permettrait de
l'interrompre pour lui dire que moi, j'apprécie beaucoup les avis
professionnels que vous me donnez en tant que ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu...
M. Gratton: C'est permis de dire cela?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency, s'il vous plaît!
M. Séguin: Alors, on a eu l'occasion depuis hier de
discuter du projet de loi 2. Je me sens obligé de faire une mise au
point parce qu'il me semble que le débat sur lequel on voudrait discuter
n'est pas exact.
M. Garon: Le débat n'est pas exact.
M. Séguin: Non, on se trompe de débat. La loi 2
qu'on a devant nous, je l'ai dit et je le répète, fait suite
à un énoncé budgétaire prononcé par
l'ex-ministre des Finances du Québec, M. Duhaime, le 23 avril. Si je ne
me trompe pas, c'était au Hilton vers 15 heures, 15 heures 30. Il s'en
est...
M. Garon: C'était en Chambre. Il ne faut pas
mélanger la séance de "briefing" ou une conférence de
presse.
Le Président (M. Lemieux): MM. les députés,
s'il vous plattl À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député... À l'ordre! M. le député de
Lévis.
M. Séguin: De toute façon, la conférence de
presse a été faite en fin d'après-midi.
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plafti M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, est-ce que je violerais le
règlement en demandant une suspension du débat de cinq à
dix minutes parce que là on est en train de tomber dans la foire?
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gratton: Non, non. M. le Président, ne le laissez pas
aller.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je pense... M. le député de Chauveau, s'il vous
plaît! Je pense vous avoir donné tout te loisir possible de vous
exprimer et à l'ensemble de votre groupe parlementaire. Laissez donc le
député de Montmorency prendre son temps de parole. S'il vous
plaît! M. le député de Montmorency.
M. Séguin: Je dois dire, d'ailleurs - si
ça ne vous fait rien - M. le député de
Lévis, que j'ai écouté très poliment vos remarques
et j'espère que vous ferez pareil. Tout ce que j'ai à dire, et je
le répète, je ne pense pas que vous ayez été
capable de le contester et je ne pense pas que vous contestiez ces états
de fait, que le budget a été prononcé le 23 avril. Vous
savez pertinemment qu'à partir du 24 avril et de quelques jours ou
semaines ou périodes après, des mesures se sont
enclenchées qui ont représenté, financièrement
parlant, des engagements pour l'État et pour les contribuables de sorte
qu'il est d'usage dans nos règlements parlementaires - et tout le monde
ici le sait - qu'à chaque année, lorsqu'il y a
présentation d'un budget, il est physiquement impossible que la loi soit
adoptée le jour même. De sorte qu'entre le prononcé du
budget et l'adoption ou la sanction de la loi, il s'écoule une
période de temps. Dans cette période de temps, aucune de ces
mesures n'a force de loi. On étudie, depuis hier, en fait depuis
aujourd'hui parce que l'étude des articles n'a commencé
qu'aujourd'hui. Chaque article que nous étudions présentement
n'est pas encore sanctionné légalement et n'a pas techniquement
force de loi. Ce qui pourrait dire que techniquement, un contribuable devant un
tribunal pourrait soulever la légalité d'une des mesures de la
loi 2 qui, soit dit en passant, a été adoptée sous
l'ancien régime et comme je l'ai dit, d'ailleurs, la loi 2 qui est
devant vous a été préparée et imprimée sous
l'ancienne administration et on ne fait, aujourd'hui, que la regarder à
nouveau pour la sanctionner.
De sorte que l'article 29 qu'on regarde maintenant, comporte trois
paragraphes, 9.2, 9.3 et 9.4, qui ne sont pas nouveaux. Ils ne font que changer
le pourcentage ou le montant sur lesquels ie ministre du Revenu depuis
plusieurs années s'appuie pour faire les augmentations de ce qu'on
appelle la taxe ascenseur. Le ministre du Revenu vous a donné des dates
avec des arrêtés ministériels ou des budgets ou des
déclarations qui ont provoqué des augmentations de taxes. Si vous
regardez très bien ce qu'on fait aujourd'hui dans la loi 2, ce n'est pas
de changer le pouvoir discrétionnaire d'un ministre ou de l'introduire,
c'est absolument rien de nouveau. On ne fait, dans l'article 29, que changer le
pourcentage ou le prix qui est déjà compris dans la loi actuelle
de sorte que la loi, comme elle se lit présentement, adoptée et
votée par l'Assemblée nationale, sanctionnée et en vigueur
depuis maintenant plusieurs années, accorde au ministre du Revenu le
droit de temps à autre de décréter par arrêté
ministériel des augmentations basées sur des études de
marché faites sur l'île de Montréal tel que dit dans les
articles 9.2, 9.3 et 9.4.
(16 h 30)
Les nouveaux articles 9.2, 9.3, 9.4 ne changent en rien les anciens
articles. Ils ne font que modifier, si vous voulez, indexer au prix
d'aujourd'hui, le calcul qui était déjà dans la loi. Quand
on dit que c'est illégal à l'heure actuelle d'adopter
l'augmentation de taxes parce que ce n'est pas dans une loi adoptée,
d'abord, ce n'est pas exact parce que si on fait référence
à la loi actuelle, elle permet au ministre de faire des sondages et d'y
procéder. C'est le pourcentage ou le prix qui a été
actualisé dans le projet de loi 2 que l'on étudie. Si on suit
votre raisonnement et dit: On ne peut pas adopter l'article 29 ou, en tout cas,
il est là et il sera adopté lorsqu'il le sera, mais pendant ce
temps, le ministre ne peut pas l'appliquer, on ne peut pas non plus appliquer
les augmentations d'impôt consenties dans les rapports d'impôt qui
sont déjà expédiés dans le 3 700 000 foyers dans
tout le Québec, ce qui représente approximativement 600 000 000 $
consentis en avantages fiscaux aux familles. D'ailleurs, les
députés de Lévis et d'Abitibi-Ouest, à
l'Assemblée nationale, le 17 décembre, étaient fiers du
projet de loi 2, parce que, effectivement, ils constataient que c'était
pour rendre justice, pour établir un meilleur équilibre fiscal
pour l'ensemble des familles du Québec.
Je l'ai dit hier, c'est un objectif louable, et on veut y souscrire. Je
ne vois pas pourquoi on prendrait une mesure dans le projet de loi 2, l'article
29 sur la taxe en disant: Elle est illégale, mais toutes les autres sont
légales. Si vous voulez suivre exactement votre logique, il faut dire
que tout le projet de loi 2 est illégal et qu'on n'a pas à
l'appliquer. Qu'est-ce qu'on fait avec les citoyens et les citoyennes qui nous
regardent? On leur dit: On va vous taxer comme en 1984. Cela va vous
coûter 600 000 000 $ ou 700 000 000 $ de plus. C'est là la
problématique. Je l'ai dit, ce n'est pas nouveau, dans chaque budget
présenté par l'ancien gouvernement péquiste il y a
toujours eu entre trois et six mois de temps avant l'adoption et toutes les
mesures ont été appliquées, même si la loi n'avait
pas été sanctionnée. Je ne comprends absolument rien
à cette attitude qui dit que l'article 29 est illégal, puisque,
s'il est illégal, le projet de loi 2 est illégal et on ne devrait
pas passer notre temps ici à discuter d'un projet de loi qui est
illégal. Ce qu'on veut faire, c'est l'adopter au plus vite pour
justement lui donner un effet rétroactif qui va faire que, dans le temps
ou il a été appliqué... N'oubliez pas qu'il était
techniquement en vigueur depuis le 23 avril. N'importe quel ministre du Revenu,
à partir du 23 avril, pouvait appliquer l'article 29. Cela n'a pas
été fait dans le temps et ce n'est pas à moi à en
juger, mais c'était
effectivement en vigueur. Je pense que le député
d'Abitibi-Ouest me donne raison sur ce point.
M. Gendron: 1,50 $.
M. Garon: Vous pouvez essayer 1,30 $.
M. Gendron: Je prendrai la parole tantôt.
M. Séguin: Depuis le prononcé budgétaire, si
le ministre du Revenu suivait la politique budgétaire, il était
autorisé à appliquer la nouvelle loi, comme l'ensemble des autres
mesures du projet de loi 2.
Ce que je dis, c'est qu'il est absolument impensable de penser que, dans
le projet de loi 2, seul l'article 29 est illégal. Si on se rend
à votre argument, il faudrait conclure que tout le projet de loi 2 est
illégal. Là, qu'est-ce qu'on fait? Avez-vous une solution? Ce
serait quoi? Ce serait de dire qu'il faut abolir toutes les exemptions fiscales
consenties depuis le 23 avril et, rétroactivement, demander aux citoyens
de repayer à l'État ce qu'on leur a donné
illégalement, ou bien d'adopter un projet de loi, le projet de loi 2, et
lui donner un effet rétroactif, ce que les tribunaux... Le
député de Lévis a assisté à des tribunaux.
La Cour suprême du Canada s'est prononcée sur la
rétroactivité des lois fiscales et a dit qu'un Parlement a le
droit de légiférer et de donner un effet rétroactif, et il
se peut que pendant l'intérim ce soit illégal. Mais, étant
donné l'effet rétroactif, c'est illégal pendant si peu de
temps, que le temps que cela prend pour une contestation pour soulever la
légalité, ce sera bonifié automatiquement par la
rétroactivité. Donc, on est dans une illégalité
inutile. Vous savez très bien que lorsque M. Duhaime a prononcé
son discours, le soir, cela n'avait aucune force de loi, mais il a
décrété certaines mesures positives ou négatives,
qu'importe, et il est d'usage en plus de les accepter.
Je pense que cela résume ce point. Je crois que cette
supposée illégalité rattachée à l'article 29
est inacceptable comme argument, puisqu'il faudrait décréter
à ce moment-là que c'est tout l'exercice que nous faisons qui est
illégal.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: J'ai écouté attentivement l'adjoint
parlementaire au ministre du Revenu, le député de Montmorency. Il
a parlé du discours sur le budget de M. Duhaime, non pas prononcé
à l'hôtel Hilton mais devant la Chambre, parce qu'il faut
distinguer entre le "briefing" des journalistes et la lecture du discours sur
le budget. Il a dit que, techniquement, un contribuable pourrait soulever - il
a bien dit le mot "techniquement" - une question d'application en ce sens que
la taxe est perçue illégalement. Je pense à ce qui a
été énoncé dans le budget complémentaire.
Nous noua accordons là-dessus. On n'a jamais contesté que,
techniquement... Pourquoi est-ce que cela ne s'est jamais fait? On l'a
expliqué en long et en large. C'est que, en règle
générale, même si un projet de loi donne suite à des
choses énoncées dans un budget, ce n'est pas contesté
techniquement parce que, justement, lorsque c'est contenu dans un discours sur
le budget la coutume a toujours voulu que ça ait force de loi. On se
comprend sur cela. Donc, il n'y a pas de désaccord sur cela. Alors, on
n'avance pas quand il dit: Je résume. Par définition,
résumer, cela veut dire reprendre des choses qu'on a dites.
Deuxièmement, l'adjoint parlementaire nous dit: On pourrait
encore là essayer de reprendre les impôts qui étaient
prévus dans le discours sur le budget Duhaime et dont les contribuables
ont déjà bénéficié. On n'a jamais
contesté ça, on est à 100 % d'accord puisque, encore
là, cette application a un fondement juridique, selon nous, parce que
c'est consécutif à un énoncé budgétaire
prononcé par notre collègue, l'ancien ministre des Finances, au
mois d'avril dernier. Cela n'a jamais été notre propos. Notre
propos a toujours porté à un seul endroit. On dit: Pour la
première fois, en ce qui nous concerne, on croit que le ministre du
Revenu a décrété par arrêté
ministériel une disposition pour laquelle il n'y a pas de fondement
juridique. C'était là notre question, à savoir si
effectivement le ministre du Revenu pouvait nous donner une garantie
sérieuse, d'un parlementaire sérieux, qui veut que la population
se fasse un jugement objectif et non pas en faisant parler son adjoint
parlementaire qui est un parlementaire honorable qu'on respecte beaucoup, mais
qui est membre d'une commission. On demande un avis juridique officiel du
gouvernement du Québec, par écrit, comme on a toujours
procédé.
Écoutez, M. le Président, vous allez peut-être
apprendre que, même en Chambre, un parlementaire n'a pas le droit de
demander un avis à un ministre. Un ministre ne peut pas donner d'avis en
Chambre. Ce n'est pas la pratique gouvernementale, parce que ce n'est pas un
avis officiel sur lequel on peut s'appuyer pour déduire des choses. Ce
que nous disons c'est qu'à l'article 9.2, à partir du moment
où on a modifié la formule sans que nous ne puissions nous
appuyer sur soit un discours sur le budget ou un énoncé
complémentaire budgétaire ou une déclaration
ministérielle du ministre des Finances, et non du ministre du Revenu,
nous n'avons pas la base juridique sur laquelle on peut s'appuyer avec
fiabilité pour convenir qu'il s'agit là
d'une imposition de taxe légale, conforme aux traditions
parlementaires et habituelles. C'est toujours ce point qu'on a essayé de
faire valoir et je n'ai pas entendu un mot du ministre du Revenu sur ce point,
encore bien moins de l'adjoint parlementaire qui a repris toute la
théorie que nous connaissons.
Je voudrais revenir encore une fois sur la première note
explicative dans la loi 2, où il est clairement explicité que
tout ce qui va suivre est conforme à deux choses: au discours sur le
budget ou à des déclarations ministérielles du ministre
des Finances, et non du ministre du Revenu. C'est la première occasion
que nous avons d'apporter un éclairage à la suite de l'article
9.2, puisque c'est le ministre du Revenu qui a apporté une modification
à ce que nous pouvons lire à l'article 29, paragraphe 9.2. Dans
ce sens, il me semble que ça serait très facile pour un ministre
du Revenu responsable de nous dire: Vous avez raison, collègues
parlementaires, de vouloir savoir si effectivement cette imposition est
perçue en toute légalité et, parce que vous voulez savoir
si elle est perçue en toute légalité, ça va me
faire plaisir de vous fournir un avis juridique du gouvernement du
Québec ou du ministre de la Justice, mais des officiers du gouvernement
et non pas des parlementaires et des membres du gouvernement. Cela ne s'est
jamais vu. Quand on demande un avis juridique, ce n'est pas un parlementaire
qui le donne. Il y a des mécanismes qui sont prévus pour
ça et pour s'assurer que nous ayons quelque chose sur lequel nous
appuyer. Ce n'est que ce point qu'on a essayé de faire valoir, mon
collègue de Lévis et moi-même, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: M. le Président, là, je vais
tâcher très calmement et très sereinement de donner les
garanties que veut le député d'Abitibi-Ouest. En supposant qu'il
accepte que la meilleure garantie possible dans ce domaine, ce soient les
précédents, accepterait-il au moins d'aller vérifier ce
que son gouvernement a fait en 1982? Je vous donne la chronologie des
événements, vous irez vérifier et si ce n'est pas
exactement ce qui se passe à ce moment-ci, vous viendrez nous le dire,
on fera amende honorable. Je persiste à croire que c'est exactement la
même situation.
Prenez cela en note: le 26 mal 1982, il y a un discours sur le budget.
La taxe sur le tabac passe de 45 % à 50 %; donc, un discours sur le
budget le 26 mai 1982. Le 7 juillet 1982, M. Fréchette, qui était
présent tantôt - je pense qu'il a quitté - alors ministre
du Revenu, signe un arrêté ministériel qui prend effet le
17 juillet 1982 et qui hausse la taxe de 3,69 $ qu'elle était à
3,815 $; il n'y a évidemment pas eu de déclaration
ministérielle; l'Assemblée nationale ne siège pas, la taxe
est pourtant en vigueur à compter du 17 juillet par
l'arrêté ministériel. Pour être bien sûr que ce
n'est pas si inusité que cela, le ou vers le 23 octobre 1982,, il y a un
autre arrêté ministériel qui est signé encore par le
ministre du Revenu et qui fait encore passer la taxe cette fois-ci de 3,815 $
è 4,07 $. La loi, elle, qui venait rendre compte des dispositions du
budget du 26 mai 1982 a été sanctionnée le 16
décembre 1982, donc après l'arrêté
ministériel du 7 juillet, après l'arrêté
ministériel du 23 octobre, et soit dit en passant le 23 octobre
l'Assemblée nationale ne siégeait pas, donc il n'y a pas eu de
déclaration ministérielle là non plus, il y a eu
exactement la même situation sauf que c'est arrivé deux fois
plutôt qu'une. Donc, c'est là le précédent sur
lequel on s'appuie pour dire: ce n'est pas du droit nouveau, ce n'est pas une
trouvaille du gouvernement actuel, c'est une pratique courante qu'avait
l'ancien gouvernement de décréter des lois à partir
d'arrêtés ministériels signés par le ministre du
Revenu, conformément à des dispositions d'un discours sur le
budget qui n'étaient pas encore entérinées par un projet
de loi; exactement la même situation qu'on a présentement. La
seule différence, c'est que les péquistes, qui, alors, imposaient
les taxes, sont aujourd'hui dans l'Opposition et voudraient nous faire croire
que c'est différent, que c'est du droit nouveau.
M. le Président, suspendons l'étude de l'article 29,
passons à l'article 30. Les recherchistes de l'Opposition pourraient
vérifier si les données que je viens de fournir sont
véridiques ou pas et on pourra reprendre le débat mais, si
l'Opposition persiste dans sa prétention qu'on fait du droit nouveau,
qu'on fait des choses qui n'ont jamais été faites auparavant et
que, donc, on se trouve dans l'illégalité, il faudrait qu'on soit
plus clair qu'on ne l'a été jusqu'à maintenant. Je
persiste à croire que c'est du pareil au même.
Cela étant dit, M. le Président, je dirai que ce n'est pas
de gaieté de coeur qu'on imite le Parti québécois et c'est
pour cela que j'annonçais hier que, dès le moment opportun, on va
faire en sorte que ce genre de choses ne puissent se répéter.
M. Gendron: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest. Il vous reste deux minutes.
M. Gendron: J'en ai assez; je voulais simplement mentionner au
ministre du Revenu que, non, nous ne pouvons pas suspendre pour aller
vérifier ce que nous savons puisque depuis des heures nous
convenons de tout ce qu'il vient de dire toujours pour la même
maudite raison. Chaque fois que le ministre du Revenu a parlé par
déclaration ministérielle, en Chambre ou pas, il l'a toujours
fait en s'appuyant sur des dispositions prévues dans le budget. La
question que je pose actuellement au ministre du Revenu: Dans ce qu'il dit que
nous avons fait, les ministres du Revenu - un moment donné ils se sont
succédé à un rythme assez accéléré -
ont-ils modifié l'unité de base prévue dans le discours
sur le budget du 26 mai 1982? La réponse, c'est non. Alors, est-ce
qu'actuellement c'est le même cas? La réponse est encore non, ce
n'est pas le même cas. C'est la première fois que le ministre du
Revenu, dans son arrêté en conseil, a modifié
l'unité prévue et les pouvoirs du ministre du Revenu. (16 h
45)
M. Gratton: Oui, mais, mon Dieu, Seigneur! M. le
Président...
M. Gendron: Si le ministre du Revenu a parlé, a
exercé un droit, nous lui demandons en vertu de quel pouvoir, puisque le
ministre des Finances, dans le discours sur le budget, n'avait pas prévu
la disposition appliquée par l'actuel ministre du Revenu. Ce n'est pas
d'une suspension dont nous avons besoin pour aller vérifier ce qu'il a
dit, nous sommes d'accord, c'est une suspension pour savoir quand vous allez
nous fournir l'avis juridique qu'il nous faut afin de savoir sur quoi vous vous
êtes appuyé pour être certain de la légalité
de cette perception de taxe que nous croyons toujours illégale.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: Le député d'Abitibi-Ouest
prétend tout à coup... Ce qu'il remet en cause, c'est la
méthode de calcul, ce n'est plus l'augmentation du pourcentage de la
taxe. Soit, j'en conviens, ce n'est jamais arrivé avant. Les
arrêtés ministériels dont j'ai parlé tantôt,
eux, ne visaient qu'à mesurer l'augmentation de la taxe due à
l'augmentation du pourcentage de 45 % à 50 %. Cette fois-ci, il y avait
l'augmentation de 55 % à 60 %, mais il y avait également une
méthode de calcul différente. Quelle différence y a-t-il
juridiquement - je ne suis pas avocat, je ne suis pas juriste - entre une
hausse de taxe qui est due à l'augmentation du pourcentage de la taxe et
une hausse de taxe qui est due à une façon différente de
faire le calcul?
Si le député d'Abitibi-Ouest pouvait me fournir la preuve
que la façon différente de faire le calcul n'était pas
prévue dans le discours sur le budget de M. Duhaime le 23 avril, je lui
dirais qu'il a tout à fait raison, mais est-ce que le
député d'Abitibi-Ouest conteste que dans le discours sur le
budget c'est écrit en toutes lettres que dorénavant le calcul de
la taxe, le calcul du prix moyen sera fait à partir d'un paquet de 25
cigarettes plutôt que d'une cartouche de 200. Alors, où est la
différence? Tout à coup, on parle de la méthode de calcul
plutôt que du pourcentage pour établir la taxe. Je n'ai pas besoin
d'être avocat pour savoir que cela n'a aucune espèce
d'importance.
Juridiquement, il y a un discours sur le budget. Ce discours sur le
budget entre en vigueur, en même temps que toutes ses dispositions, au
moment où le discours sur le budget le dit. Quel que soit le moment
où on vote la taxe, c'est è ce moment que la loi, elle, vient
traduire ce que le ministre des Finances voulait. C'est quoi, cette histoire
que, par hasard, cette fois-ci, une différence de calcul remet en cause
les précédents que ces messieurs de l'Opposition ont maintenant
créés en imposant ce genre de taxe?
M. le Président, ce n'est pas sérieux et cela me
déçoit énormément de la part du
député d'Abitibi-Ouest. Du député de Lévis,
je m'y attendais; mais le député d'Abitibi-Ouest, j'ai
l'impression qu'il a mal fait ses devoirs ou qu'il joue le jeu qui lui est
dicté par le leader de son équipe à cette commission
parlementaire.
Le Président (M. Lemieux): Voulant appliquer la
règle de l'alternance, M. le député de Bertrand, je vais
passer la parole au député de Montmorency et, par la suite, je
reviendrai à vous.
M. le député de Montmorency, s'il vous plaît!
M. Séguin: Une très courte intervention simplement
pour dire qu'il faut considérer que le budget donné par un
ministre des Finances a toujours été l'équivalent d'une
ordonnance. On peut mal imaginer que des dispositions... Je pense que de 1976
à 1985 l'ancien gouvernement réalisait très bien que dans
la bonne marche des opérations des différents ministères,
lorsque le ministre annonce une mesure, cela équivaut à une loi
et que c'est une technicité que l'adoption ou que la sanction de loi
suive. Comme je l'aï déjà dit, elle est rétroactive
justement pour remplir le vacuum juridique laissé entre le budget et
l'adoption. Or, on retrouve en pages 31 et A-49 du discours sur le budget qui a
quand même été lu - je fais amende honorable, non pas au
Hilton mais à l'Assemblée nationale - par l'ex-ministre des
Finances où il disait que le 23 avril... "À minuit ce soir la
taxe passe de 55 % à 60 %. Dans le calcul des cigarettes on tiendra
compte dorénavant d'un paquet de 25 cigarettes plutôt que celui
d'une cartouche de 200 cigarettes."
C'est une ordonnance que l'ex-ministre
des Finances a lancée le 23 avril et automatiquement, à
minuit le même soir, la taxe prenait effet. Nous ne pouvons rien faire
ici pour arrêter ce qui a été lancé le 23 avril. Je
regrette, le projet de loi 2 est là et on ne peut pas décider de
ne pas l'adopter. J'espère que c'est clair.
M. Gratton: II me semble.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. J'aimerais
peut-être faire rapidement une rétrospective des deux derniers
jours parce que depuis le début de cette commission le ministre du
Revenu a semblé nous prêter des intentions à savoir que
nous n'étions pas sérieux dans les démarches qu'on
faisait. Veuillez croire, M. le ministre du Revenu, que la démarche que
nous faisons en est une tout à fait consistante à savoir que,
premièrement, on a demandé, avant de commencer l'étude
article par article, de pouvoir définitivement avoir des
éclaircissements qui s'imposaient ainsi que la présence du
ministre des Finances entre autres. On sait ce qui en est résulté
et on a commencé ce matin l'étude article par article.
On savait d'ores et déjà au début et je pense que
mes collègues de l'aile parlementaire qui siègent à cette
commission sont profondément convaincus de ce qui est avancé et
par le député d'Abitibi-Ouest et par le député de
Lévis depuis le début de l'après-midi. J'en suis
également profondément convaincu. Ce que je trouve dommage c'est
que le ministre du Revenu prend peut-être un petit peu à la
légère... parce que les avis qu'il a sont sûrement
erronés.
On n'a pas fait depuis deux jours un exercice pour s'amuser et essayer
de traîner cela. J'en ai la profonde conviction et je peux dire aux
autres membres de cette commission que si on voulait absolument avoir les
éclaircissements, c'est parce qu'il n'était pas clair dans notre
esprit que lorsqu'on arriverait à l'article 28 et
particulièrement à l'article 29 on s'accrocherait. On voulait
éviter d'être dans cette situation-là.
On est rendu à cette situation et ce qui est apporté par
le ministre du Revenu, ce qui est apporté aussi par son collègue,
le député de Montmorency, sont des explications qui ne me font
changer d'idée d'aucune façon, au contraire. Je pense qu'on n'est
pas sur une même longueur d'onde, M. le ministre du Revenu, à
savoir que lorsque vous dites que ce que vous avez fait le 4 février
dernier est quelque chose qui a été fait antérieurement
par le gouvernement péquiste. Toute vérification faite, ce qui a
été fait par vous comme déclaration, comme
arrêté ministériel est une première et, pour autant
que je suis concerné, je pense que c'est très grave, parce que la
façon dont cette taxe a été
décrétée...
M. Gratton: La pertinence, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Essayez de vous en tenir au
cadre, M. le député.
M. Parent (Bertrand): Je pense que cette taxe est illégale
et il va falloir prendre les mesures appropriées. Le ministre du Revenu
- je termine là-dessus - nous dit que c'est exactement ce qui a
été fait dans le passé. Je pense qu'on pourrait essayer de
le prouver, mais vérification faite - nous avons fait ces
vérifications - c'est un cas tout à fait à part. Je vous
dirai que s'il s'appuie particulièrement sur l'article 9.2 du projet de
loi qu'on est en train d'étudier, cela fait en sorte qu'il ne pouvait
pas décréter cette loi.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: En réponse au député de
Bertrand, je ne veux pas être désagréable ou méchant
à son endroit, mais il fait des affirmations plutôt gratuites.
Après vérification, si j'ai bien compris - je voudrais que vous
précisiez, M. le député - ce que j'ai affirmé
tantôt quant aux dates du discours sur le budget, des
arrêtés ministériels en 1982 et de la sanction de la loi
qui a donné suite à ce budget, je me suis trompé. Est-ce
que vous pourriez m'indiquer où je me suis trompé? À
quelle date? Quel fait que j'ai évoqué ne répond pas
à la description des faits que j'ai faite?
M. Parent (Bertrand): M. le ministre du Revenu, je pense que la
situation que vous rapportez en 1982 est une situation qui était
totalement différente de celle qu'on a vécue.
M. Gratton: De quelle façon?
M. Gendron: M. le Président, est-ce que le ministre du
Revenu veut que je réponde?
M. Gratton: Non. C'est le député de Bertrand qui a
fait une affirmation et il devrait être capable de l'appuyer.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, votre temps est écoulé relativement aux
discussions que vous pourriez apporter sur l'article 29.2.
M. Parent (Bertrand): Les dates de 1982 que vous avez
mentionnées, M. le ministre du Revenu, découlaient du budget, ce
qui est bien différent puisque ce que vous avez fait en 1986, le 4
février, ne découlait pas du budget. C'est là la
différence et c'est là qu'on ne se comprend pas.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: Je ne le ferai pas parce que ce serait
déplaisant pour l'ensemble des membres de l'Assemblée, mais je
pourrais relire la page 31. J'invite le député de Bertrand
à relire la page 31, le chapitre sur la taxe sur le tabac, et s'il
retrouve quoique ce soit dans le projet de loi 2 qui n'est pas prévu
dans le discours sur le budget à la page 31 et dans les annexes, je le
mets au défi. Le montant de la gageure? Je lui parle n'importe quoi. M.
le Président, le député de Bertrand a les affirmations
faciles. Je le voyais presque, je me rappelais presque le député
de Bertrand en campagne électorale, quand il disait tantôt: Le
ministre du Revenu allègue des choses que l'ancien gouvernement a
faites. Je m'attendais presque qu'il renie le passé de son parti une
deuxième fois comme il l'avait fait sur la question nationale.
Evidemment, il est revenu après. Le député de Bertrand, je
le dis, je ne veux pas être déplaisant à son égard,
mais sachez, M. le Président, que j'invite le député de
Bertrand à prendre note que ce qui se dit ici, en commission
parlementaire, c'est enregistré et cela risque de lui tomber sur le nez;
ce n'est pas comme dans une campagne électorale où on peut dire
blanc un soir et noir le lendemain matin. Ici, cela reste écrit et cela
risque de lui revenir.
M. le Président, je maintiens, jusqu'à preuve du contraire
et preuve mieux étoffée que l'affirmation gratuite du
député de Bertrand, que la situation que nous vivons
présentement est identique à celle de 1982 sauf que, cette
fois-ci, le gouvernement est un peu mal à l'aise alors que l'ancien
gouvernement y allait allègrement, six fois dans une même
année, entre autres en 1980.
M. le Président, cela dit, la question que je pose à
l'Opposition qui prétend que la démarche que nous suivons avec
l'article 29 est illégale, c'est: Est-ce que son refus, en tant que
gouvernement, de hausser les taxes sur le tabac l'automne dernier était
inspiré par cette crainte de l'illégalité ou plutôt
par une certaine échéance électorale? Quelle que soit la
réponse de l'Opposition, je laisse les observateurs tirer leurs
conclusions.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Gratton: M. le Président, je n'ai pas
terminé.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le ministre du
Revenu.
M. Gratton: Est-ce que ce que l'Opposition est en train de nous
dire, c'est que s'il n'y avait pas eu d'élections prévues en
1985, il n'y aurait pas eu de sondage et d'augmentation de taxe parce que cela
risquait d'être illégal? M. le Président, je suggère
très respectueusement que, si l'Opposition me répondait oui, je
dirais que c'est de la foutaise. (17 heures)
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: En vertu de l'article 213.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu, s'il
vous plaît! M. le député de Lévis.
M. Garon: En vertu de l'article 213, est-ce que le ministre du
Revenu me permettrait de lui poser une question?
M. Gratton: Oui, oui. Est-ce que le député de
Lévis a encore le droit dé parole?
Le Président (M. Lemieux): Le député de
Lévis...
M. Garon: Après une intervention, on a le droit de poser
une question pour faire préciser quelque chose.
M. Gratton: J'ai le droit de demander au président si vous
avez le droit de parole.
Le Président (M. Lemieux): Le député de
Lévis a excédé son temps de parole de trois minutes,
quatre secondes.
M. Garon: Vous n'êtes pas obligé de dire oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, au prochain article.
M. Garon: Pardon?
M. Gratton: M. le Président, on est en situation
d'obstruction systématique. Il ne faut quand même pas faire le jeu
du député de Lévis. Je ne suis pas tombé de la
dernière pluie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu, le
député de Lévis vous a effectivement demandé la
permission. Vous avez refusé.
M. Gratton: La réponse est non.
Le Président (M. Lemieux): Alors, la parole est maintenant
au député de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, j'ai l'impression que ce n'est
pas le rôle de l'Opposition de répondre aux questions du
gouvernement en place qui, lui, est là pour régler ou
régulariser des situations, pour légiférer ou pour, en
même temps, passer des règlements. J'écoute depuis deux
jours. C'est notre expérience. ti y a une chose, par exemple, qui me
console ou qui me met un petit peu plus à l'aise: le ministre du Revenu
n'est pas un avocat. Donc, cela nous met un peu dans une position où on
peut parler, parce que j'ai la claire impression que c'est juste une loi
d'avocats, à venir jusqu'à maintenant.
C'est vrai que, depuis deux jours, on s'entend dire dans l'Opposition: S
avez-vous, ce n'est pas ainsi que vous devriez faire et ce que vous faites
comme travail dans l'Opposition n'est pas correct. C'est tellement fatigant
d'avoir de l'opposition que le ministre du Revenu a voulu demander un avis
légal à un de ses collègues, parce qu'il est bien
sûr qu'il n'aura pas d'opposition. En tout cas, cela me semble d'une
logique assez apparente. En même temps qu'on dit tout cela, on essaie de
faire la preuve que ce qu'on fait actuellement se faisait anciennement. Je me
demande pourquoi on a changé de gouvernement. Si cela se faisait
anciennement et que c'était correct, je me demande ce que le nouveau
gouvernement nous apporte comme éclairage nouveau dans le débat
et ce qu'il vient changer dans la façon de procéder dans les
lois.
Je persiste à dire que c'est vrai que le ministre du Revenu nous
a dit tout à l'heure qu'il avait fait des choix, lorsqu'il a fait le
budget du mois de décembre 1985. Ils ont fait des choix, et des choix
tels qu'ils ont décidé, on a décidé de favoriser
une classe de gens par rapport à une autre. C'était là un
choix. Mais à aucun moment le ministre des Finances, lorsqu'il a fait
son discours sur le budget, ne nous a dit quelque part qu'il y aurait une
hausse de la taxe sur le tabac. Il me semble que cela a passé exactement
dans le beurre. On a dit: Savez-vous, on va vous donner des petits avantages
pour certaines parties de la loi qui feraient notre affaire et qu'on a promis
parce que, dans une campagne électorale, il semblerait aussi qu'on
puisse dire n'importe quoi. Après, on dit autre chose. Cela me semble
très évident que c'est cela qui se produit actuellement.
À mon sens, il y a des choses qui ne sont pas correctes puisque,
au point de vue de la loi, le ministre des Finances n'a jamais dit qu'il
toucherait la taxe sur le tabac. Je ne pense pas que le ministre du Revenu ait
fait la preuve que chaque fois qu'une enquête a été faite
sur le prix du tabac on a augmenté la taxe automatiquement. En tout cas,
je pense que la preuve n'en est pas faite. Si on fait des sondages, il faudrait
qu'on me dise qu'à chaque fois qu'il y a eu un sondage le ministre, ipso
facto, a décidé d'augmenter la taxe.
Ce qui ne nous semble pas correct dans tout cela c'est que, d'une part,
chaque fois qu'il y a eu des hausses de taxe, selon ce qu'on écoute
comme énoncé, on s'est appuyé sur une déclaration
du ministre des Finances qui indiquait une volonté d'aller dans tel
sens. Dans le cas qui nous préoccupe, jamais le ministre des Finances ne
l'a fait. Le ministre du Revenu va plus loin. Il décide de s'appuyer sur
des articles de la loi qui n'existent pas parce que, la loi n'étant pas
adoptée, elle n'existe pas. On a beau dire ce qu'on voudra, moi, en tout
cas, personnellement, même si j'exprime une idée, je pourrais
changer d'idée en cours de route et en chemin.
Le ministre nous dit: Écoutez un peu, nous allons changer cela
parce qu'on s'appuie sur tel article, tel autre article. Les articles 9.2 et
9.4 n'étaient pas adoptés. Comment fait-on pour se baser
là-dessus? Il aurait fallu, si on avait voulu être logique,
appliquer la loi telle qu'elle était, telle qu'elle avait
été adoptée ou telle que le ministre des Finances l'avait
dite et, après cela, dire que cette taxe... En tout cas, à notre
sens, ce changement dans cette loi qui arrive par un arrêté du
ministre du Revenu qui nous dit: On va changer telle partie de la loi parce que
cela fait la même chose, ne fait pas juste changer la méthode de
calcul, mais change aussi l'objet dans le sens qu'on va aller jusqu'à
dire qu'au lieu d'une cartouche on parle de 25 cigarettes. À ce moment,
c'est différent. Le taux qui était de 1,50 $ est passé
à 1,88 $ sans qu'on sache comment. À mon point de vue, c'est
là que le bât blesse. C'est qu'on pense que c'est illégal
et on pense aussi que ce qui a été demandé c'est
raisonnable, à savoir qu'il devrait y avoir un avis juridique, un avis
éclairé le plus neutre possible pour qu'on s'assure nous autres
que ce qu'on discute a une valeur juridique. Moi, n'étant pas un
juriste, au même titre que le ministre du Revenu, cela me met mal
à l'aise de discuter ou d'adopter une partie de la loi pour laquelle il
n'y a pas de fondement juridique.
Vous savez, les lois, cela nous suit longtemps et ça
dérange longtemps. Encore là, c'est que la population ne sait pas
à quoi s'en tenir. Si à l'avenir c'est une pratique courante que
chaque fois qu'on va adopter une loi on va pouvoir la changer au fur et
à mesure les gens ne sauront jamais... Autrement dit, les travailleurs
ou les gens qui vivent de leurs propres ressources seront obligés de
demander des mécanismes spéciaux pour s'ajuster chaque fois qu'il
y a quelque
chose qui est touché. À mon point de vue, cette taxe sur
le tabac est exagérée et je doute beaucoup - c'est une question
d'intention - que l'ex-gouvernement aurait imposé une taxe doublement
dans le courant de l'année aussi vite que cela, parce que c'est une
hausse assez importante quand même. Vous me parliez de 0,03 $ tout
à l'heure. J'écoutais tantôt avec beaucoup d'attention le
ministre du Revenu, il parlait de 1982; il reste tout de même que ce
n'étaient pas des augmentations aussi grandes et aussi fartes que ce
qu'on a vécu. Cela a eu lieu en 1982. Mais, en 1982, il y avait une
situation économique qui faisait qu'il y avait un taux d'inflation
beaucoup plus élevé qu'en 1985, au moment où on
décide de faire une deuxième taxe et qu'on essaie de faire passer
que c'est la taxe des autres. Personnellement, je m'inscris en faux et cette
taxe c'est la taxe du gouvernement actuel qui décide qu'il a besoin
d'argent pour faire l'équilibre budgétaire. Qu'il nous le dise
carrément, mais par contre qu'il ne s'appuie pas sur une loi qui
n'existe pas à mon point de vue.
En terminant, il y a une demande qui a été faite,
forcément, par mon collègue à savoir qu'on devrait avoir
une étude très sérieuse, un avis juridique à savoir
si cette taxe est légale. Moi j'insiste pour qu'on ait ces avis;
même s'il y a des collègues extraordinairement compétents
en face, qu'on demande un avis juridique de professionnels qui ont le droit de
poser ces gestes.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: Je n'ai pu m'empêcher de sourire quand le
député de Jonquière a parlé de l'importance de la
taxe. C'était effectivement une grosse hausse de taxe d'un coup.
Évidemment, son gouvernement procédait autrement. En 1980, par
exemple, dans le cas de l'essence, il a fait cinq hausses de taxe. Cinq petites
hausses au lieu d'une seule grosse. Vous comprenez? Cela passait mieux,
j'imagine.
J'aimerais revenir à ce que disait le député
d'Abitibi-Ouest à 16 h 37. On va retrouver cela dans les épreuves
du Journal des débats tantôt. Il disait à peu près
ceci: Qu'on me prouve que ce qu'on fait là est conforme aux traditions
parlementaires et là j'accepterai. Le3 traditions parlementaires, quant
à des taxes de ce genre, existent où? Au Québec
uniquement; il n'y a pas d'autres provinces qui ont des taxes de ce genre.
Elles existent depuis quand? 1980, grâce à ce bon gouvernement qui
a innové. D'ailleurs, je me rappelle que des observateurs trouvaient
cela très astucieux de la part de M. Parizeau d'avoir trouvé
cette formule qui faisait augmenter les revenus de la province sans même
qu'on ait à l'annoncer, parce que, effectivement, le
fédéral augmentait sa taxe sur l'essence, par exemple. On
était donc astucieux d'aller chercher ces revenus automatiquement.
Je reviens. La tradition parlementaire existe depuis quand et où?
Uniquement au Québec, depuis 1980. Comme cas d'espèce, je n'ai
pas fait de recherches exhaustives, mais j'ai cité le cas de 1982.
Discours sur le budget le 26 mai. Arrêté ministériel le 7
juillet 1982. Deuxième arrêté ministériel le 23
octobre 1982 et sanction de la loi seulement le 16 décembre 1982. C'est
un précédent. C'est une tradition parlementaire. C'est le seul
endroit où je peux le trouver. Je demande au député
d'Abitibi-Ouest ce que cela lui prend de plus. Voulez-vous que je remonte
à 1867? On ne peut pas remonter plus loin qu'en 1980, parce qu'on n'a
pas été gratifié d'un gouvernement péquiste avant
1976, et on n'a pas eu cette astuce avant 1980, de la part d'un gouvernement,
de trouver cette façon ingénieuse d'imposer les gens sans qu'ils
s'en rendent compte, le plus possible.
M. le Président, j'ai répondu aux questions du
député d'Abitibi-Ouest. Je lui ai fourni... Il a admis
lui-même que les dates que j'ai données étaient exactes. Il
a dit: Je n'ai pas besoin d'aller vérifier, on savait tout cela. Le
député de Bertrand est venu contredire cela, mais on n'en est pas
à la première contradiction près dans ce parti. Je
maintiens qu'on n'innove pas. Dieu sait qu'on ne fait que faire ce que le
gouvernement nous a laissé, nous a légué, en attendant de
pouvoir prendre les moyens afin de ne plus avoir à procéder de
cette façon. Je l'ai dit dès hier qu'on va trouver les moyens, le
plus tôt possible, de faire en sorte qu'on ne lève plus de taxe de
cette façon ingénieuse qu'avait inventée M. Parizeau.
Mais, en attendant, on n'a pas le choix, on ne peut pas faire autrement que
d'adopter le projet de loi 2 qui, mot à mot, reprend les
dispositions...
M. Gendron: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, s'il vous
plaît: M. le député d'Abitibi-Ouest, question de
règlement.
M. Gratton: Ah! je m'excuse, M. le Président.
M. Gendron: Très calmement, M. le Président,
j'invoque l'article 212 qui dit que tout député estimant que ses
propos ont été mal compris ou déformés peut donner
de très brèves explications immédiatement après que
cela ait été rapporté. Le ministre du Revenu dit que sur
une galée, vers 16 heures...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, il y aussi le deuxième
paragraphe qui est compris, je pense, dans l'article 212, qui dit: "II
doit donner ces explications immédiatement après l'intervention
qui les suscite..- Elles ne doivent apporter aucun élément
nouveau à la discussion, ni susciter de débat." Le ministre du
Revenu a-t-il terminé son intervention?
M. Gendron: Regardez, on dit: "II doit donner ces explications
immédiatement après l'intervention qui les suscite."
M. Gratton: Oui, mais je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Lemieux): S'il n'a pas terminé son
intervention?
M. Gendron: C'est vrai.
Le Président (M. Lemieux): II y aurait lieu, je crois, que
le ministre du Revenu, je crois, termine son intervention...
M. Gendron: Termine, exactement.
Le Président (M. Lemieux}: ...et qu'après...
M. Gendron: C'est tout à fait exact.
Le Président (M. Lemieux): Je commence à me
familiariser un peu avec le règlement, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: C'est bien. Bravo! Le Président (M.
Lemieux): Merci.
M. Gratton: Je vous félicite, M. le Président. Pour
les fins de la discussion, pour ne pas brimer les droits d'autres membres de la
commission, j'ai terminé et j'écoute volontiers les
précisions que veut apporter le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Ce que je veux apporter, c'est que chaque fois qu'on
peut sortir une phrase hors contexte et qu'on ne cite que la phrase, je
rappelle... Je peux moi aussi obtenir ce qu'on appelle l'enregistrement des
débats. Ce que j'ai mentionné tantôt, c'est que si nous
pouvions effectivement avoir en dépôt à cette commission un
avis juridique du gouvernement qui nous permettrait, à la suite de la
lecture de cet avis juridique écrit, de savoir que ce qui a
été fait par le ministre du Revenu actuel est conforme à
la tradition parlementaire, cela me suffirait. M. le ministre du Revenu n'a
cité que la dernière partie de ma phrase en disant que, pour
autant qu'il pourrait relater que des gestes identiques ont été
posés, d'après lui, alors que je n'ai jamais nié cela,
à ce moment-là, il se trouverait à donner satisfaction
à l'Opposition, alors que j'ai toujours insisté pour que nous
puissions nous appuyer sur un avis juridique formel, en bonne et due forme du
gouvernement, qui atteste que ce geste posé est conforme à la
tradition parlementaire. Notre prétention, c'est que non. Pour
effectivement mettre fin à notre prétention, si d'après
nos amis du gouvernement actuel ce n'est pas exact, c'est simple, il s'agit de
déposer cet avis juridique.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Votre intervention a été
très brève. M. le ministre du Revenu.
M. Garon: Pendant qu'ils parlent, ils ne font rien...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, votre temps est expiré.
M. Garon: C'était simplement pour l'expliquer au ministre
du Revenu.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu. S'il
vous plaît!
M. Gratton: Je serais tenté de répondre au
député d'Abitibi-Ouest qui veut que je lui fournisse un avis
juridique sur la rectitude de l'arrêté ministériel, non pas
de l'article 29, parce qu'elle n'a rien à voir avec l'article 29 la
discussion qu'on a là. Je vois le député d'Abitibi-Ouest
qui me confirme que cela n'a rien à voir avec l'article 29.
M. Gendron: C'est l'arrêté en conseil que je
veux.
M. Gratton: Je pourrais lui répondre: Que le
député d'Abitibi-Ouest me fournisse un avis juridique sur la
rectitude des gestes qui ont été posés en 1982, mais je ne
le ferai pas, M. le Président. Je dis simplement que, pour le moment, il
s'agit d'adopter l'article 29 du projet de loi 2 et non pas de juger de la
légalité du geste qui a été posé la semaine
dernière. Ce n'est absolument pas pertinent. Je veux bien qu'on fasse
tous les débats juridico-poliques que l'Opposition veut entretenir,
histoire de faire perdre du temps à la commission, mais il me semble
qu'il serait temps qu'on retourne à la discussion sur l'article 29 et
non sur les gestes posés la semaine dernière ou en 1982 par
l'ancien gouvernement et qu'on adopte l'article 29, quitte à ce que les
membres de l'Opposition votent contre. Ils pourraient peut-être faire
comme cet après-midi à l'article 23, s'abstenir. Cela ferait
preuve du courage, de la concordance et de la conséquence qu'ils ont
dans leur point de vue.
Quant à moi, il est temps qu'on passe à l'adoption de
l'article 29.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il
y a d'autres interventions sur l'article 29? M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je pense que le temps est venu
de nous rappeler que nous devons suivre certaines règles de
procédure. J'ai assisté à cette commission depuis le
début. Nous sommes rendus à l'article 29 et vraiment on n'a pas
parlé beaucoup des articles de la loi. On a parlé de toutes
sortes de choses. Depuis trois heures cet après-midi on est en train de
faire une sorte de procès au ministre du Revenu. Même en lui
demandant un avis juridique, ça devient ridicule! Avec tout le respect
que je dois, M. le Président, je pense qu'on a donné une certaine
latitude aux membres de l'Opposition. Avec tout le respect que je vous dois, M.
le Président, vous êtes très gentil, vous êtes
très ouvert vis-à-vis de l'Opposition et vous leur avez
donné toutes les chances possibles. Je suis d'accord avec cette latitude
mais nous avons tout de même des règles à suivre. Nous
avons l'article 211 qui dit: "Tout discours doit porter sur le sujet en
discussion." C'est la règle de la pertinence. C'est une règle qui
est importante è l'Assemblée et qui est importante à la
commission où on siège. Ensuite, il y a les autres articles 244
et 245 où on parle justement d'étude article par article du
projet de loi.
M. le Président, on a l'Opposition devant nous. Je n'ai pas
besoin de faire la preuve, vous avez été ici aussi longtemps que
moi, vous avez entendu tous les discours. Même l'Opposition admet que
lorsqu'on parle du projet de loi jusqu'au discours du ministre des Finances du
8 mai 1985 inclusivement, on est - sur un ton que les laïques comprennent
- à régulariser une situation de fait qui existait. Du moment que
le discours sur le budget a été annoncé, la mesure entre
en vigueur. La loi n'est là que pour donner suite à ça. La
question a été posée au ministre du Revenu: Voulez-vous
donner l'assurance que dans ce projet de loi tous les articles qui s'y trouvent
se rapportent à tous les discours du ministre des Finances jusqu'au mois
d'avril 1985 inclusivement? C'est le sujet de la discussion devant nous et pas
sur d'autres sujets.
C'est peut-être bien intéressant de tenter de prouver que
le ministre du Revenu a signé oui ou non avec autorisation oui ou non,
etc., ou tenter de faire un procès ou d'inviter d'autres ministres
à venir ici témoigner, etc. M. le Président, cela est
vraiment en dehors du débat qui nous concerne. Nous avons un mandat
très strict et cela ne va pas plus loin que ça. Je vous demande
d'appliquer ces règles très strictement. Que celui qui parle, que
ce soit de l'Opposition ou même du gouvernement parce que la règle
s'applique aux deux partis, que vous interveniez de votre chef et que vous
disiez: Messieurs, je vous arrête, ou, Mesdames, je vous arrête, on
est venu ici pour étudier ça, article par article. Du moment que
la personne violera cette règle, je pense que vous avez le droit
vous-même de décider ici. Si la personne viole cette règle,
on ira en appel et on décidera de ça vite par un vote et ce sera
fini. J'espère qu'on va terminer l'étude du projet de loi d'une
manière sérieuse. Je me demande deux choses: Qu'est-ce que le
public pense un peu de ce cirque - avec tout le respect que je dois à
tout le monde - parce que cela va devenir presque un cirque, cela va devenir un
grand "show". Vous êtes en train de faire toute une histoire, disons
politique, pour faire peut-être un peu de capital politique. Vraiment, ce
n'est pas le but de l'étude* Le but de l'étude, c'est de
bonifier, c'est d'adopter ce projet de loi. Ce matin on a parlé de
quelque chose d'intéressant sur le plan technique, on va peut-être
faire un petit changement ici et là. Tout le monde est d'accord avec
cela. Mais non pas pour aller en dehors des règles du jeu.
Deuxièmement, M. le Président, demandez aux nouveaux
députés ce qu'ils en pensent! Ils ne comprennent pas. Ils se
disent: Ce n'est pas possible qu'on vienne ici pour niaiser des heures et des
heures. Sur quoi? Sur des choses qui ne nous concernent pas du tout comme
commission. Cela nous concernera plus tard, comme le ministre l'a dit, à
la Chambre. Plus tard, au mois de mars, posez donc toutes les questions que
vous voulez au ministre des Finances; faites ce que vous voulez, n'importe
quoi, d'autres commissions; cela est votre prérogative, mais pas ici. On
a un mandat. Si on continue à violer ces règles de séance,
on est mieux de ne plus avoir de commissions parlementaires; on n'en fera plus
jamais. Aujourd'hui, c'est la commission du budget et de l'administration et
demain, ce sera une autre commission. On va le dire parce que quand nous
étions dans l'Opposition, M. le Président, le ministre, le
député de Lévis pouvait...
M. Gendron: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Sainte-Anne. Voulez-vous m'indiquer l'article du
règlement, M. le député?
M. Gendron: Oui, l'article 211, M. le Président.
Très simplement, j'avais compris que le député de
Sainte-Anne prenait la parole, comme c'est son droit de le faire, sur l'article
è l'étude. Je l'ai écouté on ne peut plus
religieusement, il n'a pas dit un mot sur l'article dont on est en train de
discuter, il n'a parlé que...
M. Polak: J'ai fini, je termine.
M. Gendron: Un instant! II n'a parlé que de la pertinence
du débat. Dans ce temps-là, M. le Président, on pose la
question. S'il voulait faire une question de règlement, qu'il la fasse
et qu'il la traite. Il ne vous a jamais demandé la parole pour traiter
d'une question de règlement, il a demandé son tour de parole pour
traiter de l'article dont on discute. Qu'il le fasse donc, il n'a pas dit un
mot encore là-dessus.
M. Polak: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Savez-vous pourquoi je n'ai pas soulevé une
question de règlement? Parce que j'étais là-dessus depuis
le début de l'après-midi, par respect pour vous autres encore.
C'est une drôle de manière... Je ne l'ai pas fait parce que vous
avez parlé et j'ai pensé laisser terminer ces
députés, même les nouveaux, pour leur donner une chance de
parler sur ce sujet, ils ont tous répété la même
chose; ils sont tous à l'encontre du règlement.
Sur l'article 29, M. le Président, qu'on procède à
adopter cet article-là par un vote légitime. C'est tout.
Une voix: Bravai
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, je suis très sensible à vos propos; je suis sensible
aussi au droit qu'ont les parlementaires de s'exprimer en vertu des articles
244 et 245. Je suis sensible aussi au fait que tout discours doit porter sur le
sujet en discussion. Mais j'attirerais aussi votre attention sur l'article 41
de la Loi sur l'interprétation qui veut qu'un statut reçoive une
interprétation qui soit large et libérale, qui assure son esprit
et fait. En ce sens-là, M. le député de Sainte-Anne, il va
sans dire que je dois permettre aux parlementaires de pouvoir s'exprimer dans
le cadre de l'étude d'un article de projet de loi lorsque celui-ci a un
lien direct avec l'article. Je fais une remarque pour l'ensemble des
parlementaires: Dans la mesure du possible, que le sujet soit pertinent
à l'article visé.
M. Gendron: Oui.
M. Gratton: Pertinent et libéral.
Le Président (M. Lemieux): La parole appartient maintenant
au député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Sur l'article 29, pour répondre un
peu aux allégations du député de Sainte-Anne, je suis
d'accord avec lui, on n'est pas ici, personne d'entre nous, pour perdre notre
temps, moi le premier et j'espère que c'est la même chose pour
tout le monde. Ce qu'il est bien important de comprendre, c'est que si on
s'oppose avec conviction à l'article 29, c'est parce qu'on ne peut pas,
M. le député de Sainte-Anne, aller de l'avant avec cela parce
qu'on sait que cela a une incidence et on pense qu'il y a un imbroglio.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertand, s'il vous plaît, vous êtes bien au courant du
règlement tout autant que moi et si vous regardez dans les 36 premiers
articles du règlement, vous allez constater qu'on s'adresse avant tout
au président. S'il vous plaît!
M. Parent (Bertrand): Je répondais au député
de Sainte-Anne, mais vous avez tout à fait raison, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): II s'agit de l'article 35.4, M.
le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): D'accord.
M. Parent (Bertrand): Je m'adresse à vous en vous disant
d'une part qu'il serait important, si on veut mettre fin à ce
débat de l'article 29, comme ce matin cela s'est produit pour mettre fin
au débat sur l'article 1, le député d'Abitibi-Ouest avait
demandé au ministre du Revenu de déposer une liste et, lorsque
cela a été fait, cela a très bien fonctionné et on
a dit: C'est cela que vous vouliez. Je répète, et je ne veux pas
abuser du temps des parlementaires, je demande et je réitère tout
simplement la demande, M. le Président, que le ministre du Revenu
dépose ce qui a été demandé, un avis pour nous
rassurer sur ce qui a été fait de la part du ministre pour
décréter sa taxe, un avis juridique en bonne et due forme. Et je
pense qu'on pourra continuer à ce moment-là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député... M. le
ministre du Revenu.
M. Gratton: Non.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, vous avez demandé la parole? Vous avez
terminé?
M. Bélisle: M. le Président, j'en ai assez
entendu.
Le Président (M. Lemieux): Y a-t-il d'autres personnes qui
veulent intervenir sur l'article 9.2 de l'article 29? M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, la
pertinence ici pour nous est d'essayer de déterminer pour
l'ensemble de la population ce qui peut correspondre le plus parfaitement
à la vérité et à la réalité.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc, c'est aussi s'en tenir au principe de la loi et au principe de
l'article, puisque chaque article constitue un principe dans cette loi.
M. Desbiens: Je reprends ici les propos du ministre du Revenu et
les exemples nombreux qu'il nous a servis pour tenter de justifier
l'arrêté ministériel qu'il a signé le 5
février 1986. De tous les exemples qu'il nous a fournis, on l'a dit et
répété, on est tous d'accord que c'est bien tel qu'il le
mentionne, sauf - et c'est là le point sur lequel on achoppe - que, dans
tous les cas, les arrêtés qui ont été signés
l'ont été soit en vertu d'un discours sur le budget du ministre
des Finances, soit à la suite d'une déclaration
ministérielle ou d'une loi déjà existante.
Dans le cas de l'arrêté ministériel publié
dans la Gazette du 5 février 1986, il n'y a pas de déclaration du
ministre des Finances; on la retrouverait, en conséquence, dans
l'énoncé complémentaire du budget du ministre des Finances
du 18 décembre dernier, ce qui n'est pas le cas. Il est question de la
taxe sur les assurances, mais il n'est question nulle part de porter le taux
d'imposition de la taxe de 1,50 $ à 1,88 $. C'est bien ce que le
ministre du Revenu détermine dans son arrêté
ministériel du 5 février. C'est là-dessus qu'on dit: Comme
la loi n'a pas encore été adoptée par l'Assemblée
nationale, il y a illégalité. Nous prétendons qu'il y a
illégalité. Ce qui veut dire que depuis ce temps, depuis le 5
février à minuit, les citoyens et citoyennes du Québec
paient des taxes qu'ils n'ont pas à payer.
À moins que, comme l'ont demandé mes collègues, le
ministre ne puisse nous fournir un avis juridique très clair
là-dessus -c'est ce que nous exigeons depuis le début -nous avons
toujours la même conviction que l'arrêté ministériel
du ministre du Revenu du 5 février est illégal. Par
conséquent, sa taxe est illégale. C'est sur ce point
précis qu'on ne s'entend pas, ce n'est pas sur l'ensemble des gestes
semblables qui ont été posés. Il nous donnait l'exemple
précis de 1982. Tous les autres arrêtés ministériels
qu'il nous a soulignés ont été adoptés - je le
répète et c'est bien important de s'en souvenir - soit par une
déclaration du ministre des Finances dans son discours sur le budget,
soit par une déclaration ministérielle toujours du ministre des
Finances, mais jamais par le ministre du Revenu. Ce n'est pas le ministre du
Revenu qui se donne le droit d'agir, c'est le ministre des Finances. Le
ministre du Revenu, dans le cas du 5 février 1986, a agi comme s'il
était ministre des Finances. C'est sur ce point particulier, c'est
là-dessus que la question de l'illégalité se pose.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Dubuc?
M. Desbiens: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: J'aimerais simplement poser deux questions
à mon collègue, le député de Dubuc, sur ce qu'il
vient de dire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency, vous ne pouvez pas poser de question, à moins d'invoquer
l'article 213.
M. Séguin: Merci, M. le Président, de me
préciser l'article 213.
Le Président (M. Lemieux): Je tiens à vous
préciser que c'est la première directive que la présidence
donne aujourd'hui et cela va vers le groupe des parlementaires. Je m'en excuse.
(17 h 30)
M. Séguin: M. le Président, je vous demanderais la
permission, en vertu de l'article 213, de poser deux questions à mon
collègue, le député de Dubuc.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous acceptez, M. le
député de Dubuc?
M. Desbiens: Avec plaisir.
M. Séguin: Pourriez-vous m'expliquer en quoi
l'arrêté ministériel qui a été signé
et auquel vous avez fait allusion n'est pas relié au budget du 23 avril
1985?
M. Desbiens: On prétend qu'il n'est pas relié au
budget du 23 avril 1985 parce que c'est le ministre des Finances qui pourrait
le relier à l'énoncé du 23 avril. Il aurait pu, dans son
énoncé budgétaire, inscrire: Oui, on va augmenter les
taxes de 1,88 $. Il n'y aurait rien, ce serait réglé et il n'y
aurait pas eu ce problème-là.
M. Séguin: Est-ce que je peux me permettre de poser une
autre question?
Le Président (M. Lemieux): Actuellement, selon le
règlement, l'article 213 ne prévoit qu'une seule question. Il dit
ceci: "Tout député peut demander la permission de poser une
question au député qui vient de terminer une intervention. La
question et la réponse doivent être brèves."
M. Séguin: Est-ce que je peux avoir le droit de parole
sans poser une question?
Le Président (M. Lemieux): Le droit de parole revient
à la députée de Chicoutimi. Vous pourrez revenir par la
suite.
Un instant, M. le député de Montmorency! Je regarde le...
Avec le consentement des membres. Est-ce qu'il y a consentement pour que le
député s'exprime?
M. Bissomet: II y a consentement.
Le Président (M. Lemieux): Cela va. Merci, M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Séguin: Je voulais indiquer quand même que vous
faites allusion au budget du 18 décembre. Or, je le
répète, le projet de loi 2 ne couvre pas la période du 18
décembre. C'est là, je pense, une source de confusion qui revient
continuellement. Le projet de loi 2 que nous avons présentement devant
nous part le 23 avril 1985 et au plus se rend jusqu'au 18 décembre.
Là, vous avez raison de dire que le 18 décembre il y a un autre
budget mais nous n'étudions pas cette période-là ici lors
de l'étude du projet de loi 2.
Votre allégué à savoir que le ministre des Finances
n'a pas décrété... Vous faites allusion à l'actuel
ministre des Finances, Gérard D. Levesque. Or, c'est complètement
faux comme portée du problème puisqu'ici il faut
référer à l'ex-ministre des Finances qui était en
place le 23 avril puisque c'est lui qui a décrété la taxe
et qui a mis en vigueur la loi 2 par...
Donc, ma deuxième question est celle-ci: Est-ce que l'ex-ministre
des Finances, M. Duhaime, dans son budget, a prononcé une mesure
illégale à la page 31 de son budget?
M. Desbiens: D'abord, avant votre question, je vais revenir...
Vous me permettez...
Le Président (M. Lemieux): Vous vouiez répondre
à la question du député?
M. Desbiens: ...de revenir sur son allégation? D'abord, ce
n'est pas relié au discours sur le budget, c'est relié à
l'arrêté ministériel du 6 février ce que j'ai dit,
contrairement à ce que vous prétendez. Est-ce que M. Duhaime est
illégal? Bien non, justement, M. Duhaime n'est pas illégal.
À ce compte-là le ministre des Finances aurait posé le
geste, à la suite de cela, qui aurait été parfaitement
habituel selon la coutume.
M. le Président, ma collègue de Chicoutimi avait
demandé l'autorisation...
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, votre
collègue m'a demandé la permission de prendre la parole mais
j'aimerais lui faire remarquer qu'au tout début de cette séance
elle s'est fait remplacer, en vertu de l'article 131 du règlement, par
le député de Dubuc. Sauf consentement en vertu de l'article 132
du règlement, vous n'avez pas droit de parole. Est-ce qu'il y a
consentement?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui? Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mesdames et
messieurs, je n'ai pas l'intention d'abuser du temps de cette commission et je
ne recommencerai pas les exposés de mes collègues. Je pense
qu'ils étaient suffisamment clairs sauf qu'il me semble que la demande
de l'Opposition est légitime. Ce qu'on demande c'est un avis juridique
pour vérifier si les gestes posés sont conformes à la
tradition parlementaire, s'ils sont, somme toute, légaux. Est-ce que
cette taxe qui a été levée est légale? C'est
légitime et c'est un droit, je pense, de l'Opposition de le savoir et
c'est aussi un droit de la population.
Le député de Sainte-Anne s'inquiétait tantôt
de ce que pensait la population de ce genre de débat. Je vous dis que
cela me préoccupe. Comment pouvons-nous expliquer aux gens qu'ils n'ont
pas le droit de savoir la vérité là-dessus? Qu'est-ce
qu'on craint pour ne pas donner cet avis juridique? On prétexte ce qui
fait l'objet de la discussion aujourd'hui et la demande dépasse la
question qui fait l'objet de l'examen, c'est-à-dire le projet de loi 2.
Mais allez donc faire comprendre à la population qui nous paie ici que,
parce qu'on est en train de poser une question qui n'aurait pas, à votre
dire, un rapport étroit avec les questions qu'on examine ici, elle n'a
pas le droit de savoir cela. Cela me préoccupe si c'est comme cela qu'on
entend donner suite à de3 demandes légitimes. Tantôt, c'est
certainement la population qui va le demander. J'invoque ce fait, M. le
Président, et je demande: Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'avoir cet
avis juridique pour qu'on puisse ensuite procéder?
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi, merci. M. le député de Montmorency.
M. Séguin; Je suis très sensible à
l'argument de Mme la députée de Chicoutimi, à savoir si ce
que nous faisons est légal ou non. C'est très préoccupant,
bien sûr, puisque je pense que personne ici ne désirerait perdre
son temps et consacrer des énergies à des choses inutiles. Ce
qu'il faut distinguer, je pense, c'est la loi 2 qui existait bien avant le 2
décembre dans sa forme actuelle, qui fait suite - je l'ai dit
plusieurs fois - au budget du 23 avril et qui a été
validée dans ses articles à partir du 23 avril; encore plusieurs
de ces mesures sont toujours valides. La seule chose qu'on change par rapport
à la loi actuelle, avec l'article 29, c'est trois mots. On ne change
strictement rien en ce qui concerne le mécanisme de la loi, ia
discrétion ministérielle, la façon de lever la taxe. Or,
ce que l'Opposition critique, c'est la façon dont la taxe a
été levée, annoncée ou décidée
récemment. Or, l'exercice juridique qui est ici n'a rien à avoir
avec cela puisque c'est dans la loi depuis maintenant cinq ans. Tout ce qu'on
fait, c'est que, dans le projet de loi 2, à l'article 29, on ne fait que
répéter article par article les paragraphes 9.2, 9.3 et 9.4. Je
vous demande de les regarder côte à côte; ils sont
identiques, sauf trois mots, la quantité de cigarettes à
considérer et le pourcentage qui est indexé ou augmenté.
En dehors de cela, toute question juridique qu'on aurait à se poser
aujourd'hui, à savoir si c'est légal pour le ministre du Revenu
de procéder, on aurait dû se la poser aussi depuis que la loi
existe. Si on arrive à la conclusion que c'est un procédé
illégal parce que ce n'est pas parlementaire, cela veut dire que, depuis
l'existence de la loi, en 1981, ce processus est illégal.
Si on décide de ne pas amender l'article 29, il faut retomber
sous l'ancienne loi et votre question de la légalité, à
mon sens, demeure entière. Est-ce qu'un ministre du Revenu peut, dans le
processus parlementaire, lever une taxe par un simple arrêté
ministériel? À remarquer qu'avant aujourd'hui, un contribuable du
Québec aurait pu poser la question à un tribunal, par exemple en
Cour supérieure, et faire tester la légalité de cette
mesure. Cela n'a pas eu lieu. Est-ce qu'ici on va s'ériger à la
place d'un tribunal civil pour regarder si, dans les interprétations
juridiques, c'est légal ou non? Je pense que cela outrepasse
complètement notre juridiction, nos compétences et notre
mandat.
Je reviens à ce que je disais précédemment.
L'article 29, si vous l'examinez, est en tout point identique à la loi
que vous avez déjà votée sous l'ancien gouvernement,
à la loi qui a déjà servi à lever des taxes. Il n'y
a absolument rien de changé dans le mécanisme. Alors, si vous
voulez parler du mécanisme, soulever des questions sur l'autorité
du ministre, sur sa juridiction, à savoir si cela vient du ministre des
Finances, etc., il faudra le faire dans sa plénitude et examiner si
depuis 1981, depuis l'adoption de la loi, les anciens ministres des Finances,
l'ancien gouvernement a lui aussi levé des taxes. Cela pourrait
peut-être nous amener à considérer que toutes ces taxes ont
été inégalement levées.
Deuxième point, en terminant là-dessus,
M. le Président, 30 secondes. Si on arrivait à
découvrir qu'une modalité doive être bonifiée
juridiquement, il y aurait un amendement adopté éventuellement
dans le projet de loi 2 pour le corriger avec effet rétroactif. Or, cela
veut dire que l'exercice que l'on fait maintenant est inutile puisqu'il aura
effet de toute façon et ne pourra pas faire baisser la loi. Pour faire
baisser une loi qui provient d'un budget, il faudrait un autre budget. On ne
peut pas ici contrecarrer l'énoncé budgétaire du 23 avril
qui a ordonné le changement de la taxe. Cela serait illégal pour
nous par un moyen contourné de s'immiscer dans la juridiction du
ministre des Finances pour ordonner un changement à la taxe qu'il a
lui-même décrétée le 23 avril. Seul le ministre des
Finances peut le faire et cela est suprême devant l'Assemblée
nationale dans le discours sur le budget.
Alors, que voulez-vous faire? Voulez-vous contrecarrer une mesure
budgétaire qui a perçu des taxes qui ont été
dépensées dans l'administration fiscale présente sous
l'ancienne administration et là peut-être décréter
des remboursements depuis l'existence de la taxe? Où cela nous
mène-t-il? Je comprends mal, en pratique, à quoi cela rime parce
que le projet de loi 2 ne couvre pas la période postérieure au 18
décembre.
Il y a un autre projet de loi qui s'en vient. On l'a annoncé. Il
va être déposé au mois de mars. Il va affecter des articles
du projet de loi 2. On vous en a donné la liste. Cela fera l'objet d'un
débat. Si ces articles ont été amendés ou le
seront, cela fera l'objet d'un débat. Alors, je ne vois pas en quoi les
trois mots qui sont mis là, qui proviennent directement de
l'énoncé budgétaire de M. Duhaime du 23 avril, devraient
nous bouleverser et nous convaincre que c'est illégal.
La raison pour laquelle - je termine là-dessus - on ne
procède pas à une opinion juridique, c'est que nous n'avons
absolument aucune raison de croire que nous devons suspecter la
légalité de l'article 29, puisque, je l'ai déjà
dit, il faudrait suspecter tous les articles qui sont tous dans le même
contexte. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je vais tenter
d'être brève.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez un droit de parole de
20 minutes, Mme la députée. Il y a eu consentement.
Mme Blackburn: Ah! Parce qu'il est accordé pour 20
minutes.
Le Président (M. Lemieux): Oui,
madame.
Mme Blackburn: Merci, messieurs, madame. Ce que nous dit le
député de Montmorency, c'est que ce n'est pas grave, il y a trois
mots qui ont été changés. Vous savez, en architecture, si
on change trois petites mesures, on peut se ramasser avec quelque chose d'un
peu bancal. J'imagine que ce n'est pas mineur.
Il n'y a peut-être pas de doute dans l'esprit du gouvernement que
toute la démarche est légale et qu'elle est conforme à la
tradition parlementaire. Cependant, chez nous, il y en a un. Je suis à
peu près persuadée qu'il y en a également un dans la
population. Il me semble qu'on devrait faire la lumière
là-dessus. Je vais revenir là-dessus. J'ai de bonnes chances de
revenir à chacune des commissions parlementaires parce que j'estime
qu'on n'est pas ici pour nous, on est ici pour la population. Je vais rappeler
le droit de la population à une information. Là-dessus, j'estime
qu'elle a le droit de connaître la vérité. La question que
je pose: Est-ce qu'on pourrait avoir cet avis juridique?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, Mme la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Oui. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
le projet de loi 2 concernant l'article 29, 9.2?
M. Gendron: Si vous permettez, je pense qu'on s'est entendu au
tout début, avant de commencer la discussion sur l'article 29, comme il
y avait trois paragraphes immensément importants et de contenus tout
à fait différents, que nous les traiterions d'une façon
séparée.
Le Président (M. Lemieux): Je me souviens très
bien, M. le député d'Abitibi-Ouest. J'appelle l'article 29, 9.3.
M. le ministre du Revenu.
M. Bissonnet: Est-ce que l'article 9.2 est adopté?
M. Gendron: Non, parce qu'on ne peut pas adopter un article avant
de regarder l'ensemble des éléments qui le composent. (17 h
45)
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Si j'ai bien compris, c'est qu'on aura eu cette
discussion, évidemment, qu'on voulait adopter les articles un par un.
J'ai bien compris, par l'entremise de ce débat, qu'on a discuté
et de l'article 9.2 et de l'article 9.3 et de l'article 9.4. Pas du tout?
Évidemment, on a parlé des trois articles. Si vous voulez
continuer, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jeanne-Mance, on discute, en vertu de l'article 245, si vous regardez, de
paragraphes. On adopte un article en entier.
M. Bissonnet: En entier.
Le Président (M. Lemieux): En entier.
M. Bissonnet: C'est que dans toutes les discussions que j'ai
entendues, on a parlé globalement de l'article 29 incluant les trois
paragraphes. Si vous voulez recommencer le débat sur chaque article, on
peut le faire.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, il a
été convenu de cette façon... Eu égard à
chacun des paragraphes, il y a eu consentement et je n'aimerais pas qu'on
puisse revenir sur cet aspect. Maintenant j'appelle l'article 29, paragraphe
9.3.
M. Gratton: Est-ce que 9.2 lui...
M. Bissonnet: II n'est pas encore adopté. Il faut adopter
cela globalement.
M. Gendron: À 9.2, M. le ministre, la discussion est
terminée. Il n'y a plus d'intervenants qui ont le droit de parole sur le
paragraphe 9.2. On passe au paragraphe 9.3.
M. Gratton: Non. Il faut statuer sur le paragraphe 9.2. On ne
peut pas discuter et jamais décider de rien.
M. Gendron: On avait convenu...
M. Gratton: On avait convenu de discuter séparément
et d'adopter ces paragraphes. C'est ce que j'ai compris.
M. Gendron: M. le Président de la commission vient de
mentionner que non. On avait convenu de discuter de cela
séparément. C'est le président qui a pris cette
décision, M. le ministre du Revenu.
Le Président (M. Lemieux): Je vais reprendre la lecture de
l'article 245. Le temps de parole de 20 minutes dont disposent les membres de
la commission vaut pour chaque article, alinéa ou paragraphe d'un projet
de loi, chaque amendement ou sous-amendement ou chaque article qu'on propose de
modifier ou d'ajouter dans une loi existante. Ce temps de parole peut
être utilisé en une ou plusieurs interventions.
M. Gratton: Oui et je vais respecter cela, M. le
Président. Nous parlerons 20 minutes sur chacun des paragraphes. Ce
que
je dis, c'est que j'insiste pour qu'on vote, parce qu'on ne s'est jamais
entendu qu'on voterait seulement une fois la discussion complètement
terminée. C'est comme si on disait: On va discuter 20 minutes sur chacun
des articles, mais on va adopter tout le projet de loi globalement. Ce n'est
pas cela qu'on fait. On vote chaque article individuellement. Je
désire...
M. Gendron: C'est ce que je veux faire, voter chaque article,
mais pas chaque paragraphe.
M. Gratton: Oui. Moi je préfère qu'on adopte chaque
paragraphe parce qu'on vous voit venir. On n'est quand même pas
tombé de la dernière pluie. On sait que vos intentions sont
très nobles. J'ai tout accepté cela au départ. Ne vous
inquiétez pas là-dessus.
M. le Président, j'insiste pour qu'on adopte le paragraphe 9.2,
parce qu'on va être exposé à revenir... on n'en finira
jamais.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu,
j'attire votre attention aussi. Je sais fort bien que vous connaissez
très bien les règles de procédure...
M. Gratton: Dois-je comprendre que si on a une motion
d'amendement... On sait, par exemple... C'est le code de procédure des
délibérations. Avant d'adopter un article, on doit adopter
l'amendement. C'est le même principe qui s'applique lorsqu'on adopte un
article qui comporte plus d'un élément. On ne peut pas faire une
discussion séparée et ne pas déboucher sur une
décision. Ce serait contraire à tout ce que j'ai connu comme
procédure non seulement parlementaire, mais d'assemblée
délibérante. Il semble que cela saute aux yeux que, si on discute
d'un élément d'un article séparément, on doit en
disposer avant de passer au prochain élément. Autrement, on ne
s'y retrouverait plus jamais.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu, c'est
le même principe lorsqu'une motion a plusieurs amendements ou plusieurs
paragraphes. On n'adopte pas chacun des amendements, on adopte la motion.
M. Gratton: Je m'excuse, M. le Président, on adopte chacun
des amendements.
Le Président (M. Lemieux): Chacun des amendements,
pardon.
M. Gratton: Alors, chacun des paragraphes.
Le Président (M. Lemieux): Non pas chacun des paragraphes, on
adopte la motion.
M. Bissonnet: On adopte l'article, évidemment.
M. Gratton: M. le Président, lorsque j'ai donné mon
consentement à ce que nous procédions paragraphe par paragraphe,
qu'on en discute paragraphe par paragraphe, je donnais mon consentement pour
qu'on dispose de chaque paragraphe une fois que la discussion était
terminée. S'il y a quelqu'un de l'autre côté qui ne
comprend pas cela...
Le Président (M. Lemieux): Y a-t-il consentement pour
qu'on adopte chacun des paragraphes?
M. Gendron: M. le Président, non, il n'y a pas
consentement, parce que la décision du président... Même si
le ministre du Revenu m'explique d'une façon très claire que je
comprends très bien que, lorsqu'il a donné son consentement
à la discussion séparée...
M. Gratton: C'est contraire è toutes les règles
parlementaires.
M. Gendron: ...il interprétait - il vient de le dire -
qu'était automatique en même temps l'obligation d'adopter
séparément chaque élément. J'ai toujours compris
qu'un article d'un projet de loi nous offrait l'occasion d'une discussion
séparée compte tenu de ses éléments, mais
l'adoption de son tout, après la discussion de ses parties, est une
chose qui s'est faite régulièrement dans une commission
parlementaire. Je conviens avec le ministre du Revenu qu'il est arrivé
qu'à certaines commissions on vote partie par partie.
M. Gratton: Non, c'est contraire à toutes les
règles de procédure connues dans des assemblées
délibérantes.
M. Gendron: M. le Président, je vous rappelle que le
règlement nous permet de faire la discussion élément par
élément et de voter sur l'ensemble de l'article plutôt que
sur chacun de ses éléments. C'e3t ce qui avait été
convenu et c'est ce que je vous demande de suivre comme procédure.
Le Président (M. Lemieux): Le débat sur l'article
9.2 est clos. J'appelle l'article 9.3.
M. Gendron: M. le Président, contrairement à ce qui
a été mentionné, dans tout le débat que j'ai
entendu, la plupart de mes collègues, en tout cas, ont traité
spécifiquement de la disposition de l'article 9.2 où on a
modifié le taux de taxation de 1,50 $ à 1,88 $. A l'article 9.3,
j'aimerais vous faire valoir certaines
considérations. À l'article 9.3, on évoque que le
prix de vente au détail des cigarettes mentionné dans l'article
9.2 sert au calcul de l'impôt prévu à l'article 8,
jusqu'à ce qu'il soit remplacé par un prix de vente au
détail moyen pondéré que le ministre détermine de
temps à autre, conformément à l'article 9.4.
Je pense que c'est très important de profiter de l'occasion qui
nous est offerte de discuter l'article 9.3 pour établir certains faits,
conformément à certaines opinions qui ont été
émises à ce sujet puisque, tout autant le ministre du Revenu que
le premier ministre du Québec, que le ministre des Finances, ont
laissé croire à la population qu'ils avaient l'obligation de
décréter cette taxe alors qu'il a été prouvé
que c'est complètement erroné, complètement faux. Il
appartient au ministre du Revenu, en vertu d'un pouvoir réglementaire,
de déterminer -ce n'est pas écrit "doit déterminer", on ne
fait pas obligation au ministre du Revenu de déterminer à la
suite de cette enquête un prix de vente au détail par rapport
à une pondération. Je le répète, on ne fait pas une
obligation, on lui dit: Le ministre du Revenu a l'autorité en vertu des
lois pour décider. Je pense que c'est important de revenir sur cela,
parce qu'à plusieurs reprises le ministre du Revenu actuel a
laissé croire dans une conférence de presse qu'il n'avait pas la
possibilité de faire autrement. J'aimerais relater certains
éléments de cette conférence de presse qui portent
spécifiquement sur l'article 9.3 que nous étudions
actuellement.
Le ministre du Revenu a prétendu tout d'abord qu'il avait appris
par la voix des fonctionnaires qu'il avait l'obligation de donner suite aux
rapports qu'on lui présentait pour être en mesure d'établir
un niveau de taxation sur une formule différente de celle qui
était préconisée. Il a même prétendu que tout
ceci avait été retardé uniquement à cause de la
campagne électorale. Il me semble que c'est important de rapporter au
public la raison fondamentale pour laquelle cela avait été
retardé..»
M. Gratton: Une question de règlement, M. le
Président. Pouvez-vous faire respecter la pertinence?
Le Président (M. Lemieux): L'article 211, s'il vous
plaît, M. le député d'Abibiti-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, si vous le permettez, sur la
pertinence je pense que je ne peux pas être plus pertinent, parce que
l'article 9.3 traite spécifiquement cela, que le ministre
"détermine de temps à autre". La prétention du ministre du
Revenu c'est qu'il avait l'obligation de déterminer...
M. Gratton: M. le Président, une question de
règlement!
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gratton: Une question de règlement.
M. Gendron: Je suis sur une question de règlement.
M. Gratton: Ce qui s'est passé la semaine dernière
n'a rien à voir avec l'adoption. Ce qu'il faut juger ici: Est-ce que
l'article 9.3 traduit bien fidèlement ce qui était contenu dans
le discours sur le budget? C'est de cela qu'il s'agit mais non pas de savoir
qui a dit quoi, à quelle conférence de presse la semaine
dernière. S'il fallait qu'on vous répète tout ce que le
député de Lévis a dit en conférence de presse la
semaine dernière, vous seriez gêné, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Donc, n'entrons pas dans cela, restons
pertinents, parlons de l'article 9.3.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Sur la question de règlement, je veux juste
vous rappeler pour la troisième fois, je pense, qu'il n'appartient pas -
même si cela n'a pas l'air de plaire au ministre du Revenu - de faire nos
discours de 20 minutes...
M. Gratton: Pas du tout, je trouve cela extrêmement
plaisant!
M. Gendron: ...qu'on a le droit de faire sur un article pertinent
qui est spécifiquement étudié...
M. Gratton: Pertinent.
M. Gendron: ...et le discours pertinent je pense que
j'étais en train de l'établir, M. le Président, puisqu'il
y a eu la prétention du ministre du Revenu qu'il avait l'obligation -
d'accord - de donner suite aux analyses que ses fonctionnaires lui ont
présentées...
M. Gratton: Ce n'est pas d'accord parce que ce n'est pas
pertinent.
M. Gendron: On a même prétendu qu'il s'agissait
d'une taxe du Parti québécois et non d'une taxe du gouvernement
actuel. Cela est fondamental, M. le Président, quand on a un peu de
respect pour le droit à l'information.
M. Gratton: Ce n'est pas pertinent.
M. Gendron: II faut convenir que ce n'est pas... Le moment pour
éclaircir cette question, c'est à l'article 9.3, ce n'est pa3
à l'article 9.4 parce que l'on parle de la mécanique par rapport
à un échantillonnage
statistique et j'en parlerai; là, on n'est pas rendu
là.
M. Gratton: Ce n'est pas pertinent, M. le Président.
M. Gendron: Moi, M. le Président, je voudrais faire mon
intervention et prouver...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, s'il vous plaît:
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Essayez d'être dans le
cadre des prémisses réglementaires de l'article 211.
M. Gratton: Oui, s'il vous plaît.
M. Gendron: Toujours dans le cadre de l'article 9.3, M. le
Président, je veux réaffirmer que le ministre du Revenu avait
tout à fait la possibilité si cela avait été son
choix, comme membre du gouvernement, de ne pas autoriser...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Gendron: ...de ne pas décréter ces
taxes-là.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre du
Revenu.
M. Gratton: Ce que j'avais comme pouvoir ou comme choix ou ce que
j'aurais dû faire la semaine dernière ou la semaine avant, la
façon de faire ma cravate ce matin, cela n'a rien à voir avec le
projet de loi 2, cela n'a rien à voir avec le paragraphe 9.3. Je
comprends que c'est de cela que veut parler le député
d'Abitibi-Ouest, mais à la suite de l'intervention du
député de Sainte-Anne qui était tout à fait
à propos à l'effet qu'on a été impertinent
évidemment et ce, j'en prends le blâme moi aussi, j'ai
dépassé la pertinence pour répondre aux allégations
des députés de l'Opposition. Mais il me semble que là, la
farce a assez duré et qu'on doit passer à l'étude article
par article du projet de loi.
Là, on va insister, M. le Président, pour que vous soyez
très vigilant et que vous fassiez respecter la pertinence. Tout ce que
dit le député d'Abitibi-Ouest présentement, quand il fait
allusion à ce que j'aurais dû faire et ce que j'aurais pu faire ou
ce que je n'aurais pu faire la semaine dernière, n'a rien à voir
avec le projet de loi 2. Je le répète, le projet de loi 2, il
s'agit simplement de déterminer s'il donne suite, oui ou non, au
discours sur le budget du 23 avril dernier. C'est de cela que doit nous parler
le député d'Abitibi-Ouest et non pas d'autre chose.
Je vous prierais, M. le Président, s'il vous plaît,
d'être vigilant parce qu'il semble vouloir insister pour être
impertinent.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, concernant votre expérience parlementaire... Je ne
voudrais pas brimer votre droit de parole. Je vous demanderais d'essayer de
vous attarder à la règle de la pertinence.
M. Gendron: M. le Président, je n'ai que faire de la
façon dont le ministre du Revenu fait son noeud de cravate, je pense
qu'il est...
Le Président (M. Lemieux): M. le
député...
M. Gendron: Juste un instant, M. le Président, je pense
qu'un parlementaire peut prendre un exemple pour illustrer effectivement
l'à-propos par rapport à l'article 9.3. Je ne reprends pas du
tout ce que le ministre du Revenu aurait dû faire -écoutez un
instant, je n'ai jamais parlé de cela - j'ai repris des propos du
ministre du Revenu par rapport à l'article dont nous discutons. Cela
commence à faire une nuance fondamentale. Ce que le ministre du Revenu a
fait ou n'aurait pas dû faire, je m'en fous...
M. Gratton: Je ne me suis pas exprimé sur l'article 9.3
encore.
M. Gendron: ...tout ce que je dis, c'est que le ministre du
Revenu a prétendu...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Gendron: ...qu'il n'avait pas le loisir, alors que c'est faux.
L'article que nous étudions dit...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Gendron: ...que le ministre détermine de temps à
autre le prix.
M. Gratton: M. le Président, question de règlement.
Le député d'Abitibi-Ouest prétend que j'aurais dit
certaines choses au cours de la discussion sur l'article 9.3.
Le Président (M. Lemieux): Quel article du
règlement, M. le ministre du Revenu?
M. Gratton: Bien, M. le Président, pour rectifier les
faits. Le député dit que je suis
intervenu sur l'article 9.3 alors que je n'ai pas pris la parole encore
sur l'article 9.3. Il ne peut pas mettre en contradiction des choses que je
n'ai pas dites, je n'ai rien dit.
Une voix: II faudrait que vous demandiez à tout le monde
selon quel article du règlement ils interviennent.
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que je devrais faire
tout autant pour le député de Lévis.
M. Gratton: Quel numéro me suggérez-vous, M. le
député de Lévis?
M. Garon: 211? Ce n'est pas cela. M. Gratton: B-12?
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, vous connaissez l'article 40 du règlement qui dit que
je peux autoriser quelques remarques à l'occasion d'un rappel au
règlement mais vous comprendrez que pour la présidence, les
relations entre l'article 9.3 et la façon de faire un noeud de cravate
sont parfois difficiles à faire. Essayez, s'il vous plaît, dans la
mesure du possible...
M. Gendron: Je voudrais juste vous rappeler que la question du
noeud de cravate n'a pas été amenée par celui qui vous
parle.
M. Gratton: Tout ce que je sais, c'est que la mienne
m'étouffe.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, s'il vous plaît!
M. Gendron: M. le Président, puisque je ne pourrai pas
utiliser mes vingt minutes de droit de parole et qu'il est 18 heures...
M. Gratton: Est-ce que je peux la détacher?
M. Gendron: ...je vous suggérerais l'ajournement.
Le Président (M. Lemieux): II est 18 heures et j'ajourne
nos travaux à demain, 10 heures, conformément au
règlement.
(Fin de la séance à 18 h 1)