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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration est réunie ce
matin afin de procéder à l'étude des crédits
budgétaires des organismes relevant du ministre
délégué aux Services et Approvisionnements. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements pour la présente
séance?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a deux
remplacements, M. Chevrette (Joliette) remplace M. Garon (Lévis) et M.
Gervais (L'Assomption) remplace Mme Hovington (Matane).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le greffier. Je vous
rappelle qu'à la suite d'une entente entre les leaders, une enveloppe de
quatre heures a été allouée à 1'étude des
crédits des organismes relevant du ministre délégué
aux Services et Approvisionnements, dont deux heures ce matin, soit de 10
heures à midi. Si on fait référence au budget 1986-1987,
livre des crédits, à la page 23-1, vous constaterez que nous
avons à étudier ce matin quatre programmes. À la suite
d'une entente entre les deux groupes parlementaires, la SIQ et la RIO seront
étudiées mardi. Nous examinerons les crédits, ce matin, du
Service des achats du gouvernement et de la Protection civile. Après,
les programmes seront adoptés un à un. Est-ce que j'ai le
consentement des deux groupes parlementaires à cet effet.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, je certifie que j'ai
parlé avec le ministre et à cause du déplacement des
personnes, la RIO sera examinée mardi et cela devrait se terminer
à 18 heures.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Pour annoncer tout de suite nos couleurs.
Le Président (M. Lemieux): Je ferais en sorte aussi que
dans une certaine mesure les deux membres des groupes parlementaires aient la
chance de s'exprimer conformément à la tradition parlementaire
que le député de Joliette connaît très bien.
M. Chevrette: ...surtout à l'entente entre les leaders
aussi, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Et j'ajouterais surtout
l'entente entre les leaders sur la répartition du temps entre les
groupes parlementaires, soit 90 % à l'Opposition et 10 % aux
ministériels...
M. Polak: Plus ou moins.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Vous venez d'empiéter de 1 %.
M. Polak: Ici, c'est une commission spéciale, on insiste
sur nos droits.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, vous avez la
parole. Pour l'information des membres de la commission et pour les fins
d'enregistrement au Journal des débats, pourriez-vous identifier, s'il
vous plaît, les gens qui vous accompagnent? M. le ministre, j'aimerais
préalablement voua faire part que vous avez un droit de parole de 20
minutes après chacune des interventions. Si un fonctionnaire veut
prendre la parole, il ne peut le faire que sous votre autorisation et avec le
consentement des gens de cette commission. Vous pouvez aussi, M. le ministre,
faire des remarques d'ouverture d'une durée de 20 minutes, de même
que chacun des groupes parlementaires. Vous pouvez commencer, M. le
ministre.
Présentation
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. À titre de
ministre délégué aux Services et Approvisionnements, il
m'est très agréable de participer aux travaux de cette commission
et de saluer mes collègues de l'Assemblée nationale. Je voudrais
profiter de l'occasion, M. le Président, pour saluer de mes bons amis du
conseil municipal de la ville de Hull qui sont ici à Québec au
congrès de l'Union des municipalités.
Dans un premier temps, je voudrais
vous présenter les personnes qui m'accompagnent aujourd'hui.
Entre autres, M. Roland Gosselin, secrétaire et directeur de
l'administration au Bureau de la protection civile; Mme Louise Milhomme,
adjointe au directeur de l'administration; M. Jean-Claude Careau, directeur
général du Service des achats; M. Paul Plamondon, directeur des
opérations du service; M. Roland Cloutier, directeur de la
planification; M. Jacques Lafrance, directeur de la coordination; M. Pierre
Biais, contrôleur des assurances et M. Jean Tremblay, directeur des
services administratifs.
Nous aurons l'occasion d'étudier les demandes de crédits
du Bureau de la protection civile et du Service des achats du gouvernement,
alors que mardi, ce sera au tour de la Société immobilière
du Québec et de la Régie des installations olympiques, tel que
convenu au préalable avec le leader de l'Opposition que je tiens
à remercier de sa coopération et de sa collaboration.
Le Président (M. Lemieux): Y a-t-il consentement pour
étudier les programmes 2 et 3 au lieu de commencer immédiatement
par le programme 1? C'est ce que M. le ministre suggère. Y a-t-ii
consentement? Il y a consentement. C'est parfait, M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Gilles
Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Avant d'aller plus
loin je crois important d'indiquer que l'ensemble des crédits que je
soumets a l'analyse de la commission s'inscrivent dans le cadre de
l'orientation générale promise par le Parti libéral depuis
longtemps et imprimée par notre gouvernement depuis décembre
1985.
C'est ainsi que, chez nous comme chez mes collègues, vous
retrouverez une volonté très ferme de redresser l'état
catastrophique des finances publiques, d'apprendre à faire plus et mieux
avec moins, de mieux évaluer le coût de nos actions et de nos
décisions, de rechercher l'excellence dans l'accroissement de la
productivité, de mettre un frein au gaspillage, d'augmenter le rendement
de nos investissements, de rebâtir la force économique du
Québec, de couper les dépenses non essentielles et de nous
soumettre à une discipline constante, rigoureuse et souvent
difficile.
Les personnes qui ne voudront pas respecter ces balises devront
être mises au pas.
M. le Président, j'aimerais aviser les membres de cette
commission et de l'Assemblée nationale que le projet de loi visant
à créer le ministère des Services et des
Approvisionnements sera déposé avant la date limite du 15 mai
afin de pouvoir l'adopter avant l'ajournement d'été.
Essentiellement, le ministère aura comme principale fonction de
centraliser et de rationaliser l'ensemble des opérations
gouvernementales reliées à l'achat et à la location de
biens et de services. Cette fonction sera mieux définie au moment du
débat sur le projet de loi et elle pourra être
précisée au fur et è mesure de sa mise en application.
Avec votre consentement, je voudrais maintenant traiter sommairement des
objectifs des quatre organismes dont j'assume la responsabilité
ministérielle. Le premier organisme dont je proposerai l'étude
des crédits budgétaires est le Bureau de la protection civile du
Québec qui a été créé par la Loi sur la
protection des personnes et des biens en cas de sinistre, lequel est
entrée en vigueur le 1er septembre 1980. De par la loi, le bureau est
chargé de préparer et de proposer au gouvernement une politique
de prévention des sinistres et de mesures d'urgence à prendre en
cas de sinistre; de mettre en oeuvre cette politique et d'en coordonner
l'exécution. Par sinistre, îl faut actuellement entendre "un
événement grave, réel ou attendu prochainement,
causé par un incendie, un accident, une explosion, un
phénomène naturel ou une défaillance technique,
découlant d'une intervention humaine ou non qui, par son ampleur, cause
ou est susceptible de causer la mort de personnes, une atteinte à leur
sécurité ou à leur intégrité physique ou des
dommages étendus aux biens.
Le bureau doit aussi, en collaboration avec les ministères du
gouvernement, ses organismes, les corporations municipales et toute autre
personne, préparer des plans locaux, régionaux et provincial qui
prévoiront les moyens de prévention des sinistres, ainsi que les
moyens d'intervention lors d'un sinistre, pour préserver la vîe
des personnes, leur porter secours, sauvegarder les biens, ou pour
atténuer les effets de sinistre ou remédier à des pertes.
Le bureau a également pour fonction de fournir son assistance lors de
sinistre et d'administrer, le cas échéant, les programmes d'aide
financière aux sinistrés. De plus, le bureau, même en
l'absence d'un sinistre ou d'un décret d'état d'urgence peut
porter secours a toute personne dont la vie est en péril en lui
apportant l'aide physique nécessaire et immédiate que les
circonstances justifient.
Au cours de la dernière année, le Bureau de la protection
civile du Québec a fonctionné avec un budget de fonctionnement
légèrement supérieur à 5 000 000 $, alors qu'en
1986-1987, on prévoit lui octroyer un budget de 4 807 000 $ dont un peu
plus de 500 000 $ seront consacrés aux loyers et 3 360 000 $ aux
diverses rémunérations. Par ailleurs, au cours de la
dernière année, le
bureau a versé près de 14 000 000 $ d'aide
financière dont les deux tiers sont allés à des
municipalités, alors que plus de 6 500 000 $ devront déjà
obligatoirement être payés a ce chapitre pour l'année qui
vient comme suite à des décrets qui ont été
adoptés à la fin de l'année civile 1985.
Cette constatation et plusieurs autres comparables me forcent à
vous rappeler que j'ai déjà exigé du Bureau de la
protection civile du Québec qu'il nous dépose une série de
réglementations visant à resserrer les définitions trop
souples de sinistre ou de désastre, et à encadrer plus
rigoureusement l'accès aux divers programmes d'aide financière
à l'intérieur des orientations que j'ai déjà fait
connaître. Ici comme ailleurs, nous devrons réapprendre à
vivre selon nos moyens et à responsabiliser les personnes et organismes
susceptibles de contribuer à cet effort. Nous ne pouvons plus
hypothéquer l'avenir de nos enfants pour compenser le manque de rigueur
de ceux qui nous ont précédés.
Constituant l'organisme central d'achat du gouvernement du
Québec, le Service des achats assume aussi plusieurs fonctions
complémentaires comme l'opération du fichier central des
fournisseurs, la gestion du fonds renouvelable des fournitures et de
l'ameublement, ainsi que la gestion du fonds renouvelable pour l'acquisition
des équipements informatiques. Au cours de la prochaine année, le
Service des achats devra résolument contribuer à rationaliser et
à rendre plus efficace l'ensemble des opérations. Au-delà
de cet objectif prioritaire, le service pourra être appelé
à améliorer tout le processus d'acquisition de biens, à
bonifier l'ensemble des opérations reliées au fichier des
fournisseurs, à préparer un guide du mobilier et à mettre
en application une nouvelle tarification en rapport avec le fonds renouvelable
des fournitures et de l'ameublement.
Mardi, nous pourrons compter sur la présence ici des
représentants de la Société immobilière du
Québec et de la Régie des installations olympiques. Toutefois,
entre-temps, j'aimerais attirer votre attention sur le fait que la
Société immobilière du Québec réclame un
budget de fonctionnement de 329 000 000 $ pour 1986-1987 comparativement
à 306 000 000 $ en 1985-1986 et que cette majoration de 7,55 % est
principalement imputable à des frais de loyer ou frais connexes au
loyer. De façon plus générale, M. le Président,
j'aimerais attirer votre attention et celle de la commission sur le fait que
j'entends exiger que la Société immobilière du
Québec contribue encore plus étroitement et de façon plus
dynamique à l'effort de rationalisation et de réduction des
dépenses gouvernementales tout en accroissant son efficacité et
en créant une atmosphère qui améliore la qualité de
ses relations avec ses ministères et organismes clients.
J'entends aussi m'assurer que l'année 1986-1987 permette à
la Société immobilière du Québec de jeter les bases
du parachèvement de son plan directeur pour la gestion
immobilière dans les zones de Québec et Montréal et
d'actualiser ses diverses prévisions de besoins immobiliers dans les
régions du Québec pour les cinq prochaines années.
Finalement, M. le Président, mardi aussi, nous serons
appelés à étudier les demandes de crédits
budgétaires de la Régie des installations olympiques au sujet de
laquelle je puis vous dire immédiatement qu'elle a reçu comme
mandat prioritaire de chercher à rentabiliser ses activités, de
mettre tout en oeuvre pour attirer de plus en plus de clientèle, de
servir d'outil de promotion et de pôle d'attraction touristique pour
Montréal et de conjuguer ses efforts à ceux de tous les autres
intervenants locaux pour développer des stratégies visant
è faire de Montréal et, par ricochet, de tout le Québec,
une destination tourisme, vacances ou affaires de tout premier choix au pays et
outre-frontière.
M. le Président, je vous remercie, et je remercie la commission,
de votre tolérance. Avec votre consentement, je suis disposé,
à la suite des commentaires que fera sûrement le leader de
l'Opposition, à entamer les discussions avec nos collègues.
Le Président (M. Lernieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Joliette, concernant les déclarations
d'ouverture.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Donc, je confirme
effectivement qu'on aura quatre sujets à étudier et que ce sera
mardi pour les deux, régie et société. Aujourd'hui, nous
analyserons en particulier la question des sinistres, mais également la
question du système d'achats. Je me permettrai également de faire
des remarques sur l'ensemble des sujets qui feront l'objet d'études au
cours de l'étude de ces crédits.
Vous me permettrez tout d'abord de vous signaler mon étonnement
lorsque j'ai commencé à préparer l'étude de3
crédits, puisque j'ai à interroger un ministre
délégué ou tuteur d'une société, d'une
régie, d'un organisme autonome et d'un bureau. À la lecture des
lois constituantes de ce bureau, de cet organisme, de cette régie, de
cette société, nous constatons que toutes ces structures
jouissent d'une autonomie légale certaine.
Il est bien évident que ma première question au ministre
sera la suivante: Le ministre entend-il modifier le niveau d'autonomie de ces
structures? Le ministre
entend-il créer son ministère? Si oui, quand? En fait, le
ministre ne m'en voudra certainement pas, mais je suis surpris que le premier
ministre du Québec, qui disait que le précédent
gouvernement avait trop de ministres, puisse créer un poste de ministre
délégué pour des structures presque entièrement
autonomes, dont plusieurs sont même dirigées par un conseil
d'administration. Je ne blâme pas le député de Hull de
cette situation, mais je note cependant que les dossiers que j'ai
énumérés au début de mon intervention n'ont souvent
pas de lien entre eux, si bien qu'on se demande ce qui a motivé le
premier ministre à procéder à ce type de regroupement
administratif.
J'insisterai toutefois sur un aspect essentiel contenu dans les mandats
confiés au ministre délégué aux Services et
Approvisionnements. Je constate qu'en devenant ministre responsable du Service
des achats du gouvernement, c'est sans doute lui qui aura la plus grande
responsabilité à l'égard de la moralité publique de
ce gouvernement.
Il faut en effet se rappeler que c'est le Parti québécois
qui a toujours refusé les contributions financières provenant des
compagnies ou d'associations afin de s'assurer que son financement demeure
démocratique plutôt que d'être contrôlé par
quelques bâilleurs de fonds sans scrupule, comme ce fut le cas pour tous
les vieux partis dont les caisses électorales se remplissaient à
coups de contributions s'élevant souvent à des dizaines et
même à des centaines de milliers de dollars. (10 h 30)
II faut se rappeler que c'est le gouvernement précédent
également qui a fait adopter la Loi sur le financement des partis
politiques. Il faut aussi se rappeler que c'est le gouvernement
précédent qui a mis sur pied une politique d'achat de biens et
services à l'abri d'interventions indues de la part des politiciens,
évitant ainsi le retour du patronage scandaleux qu'on a connu sous les
régimes précédant celui du Parti
québécois.
Il faut se rappeler également, M. le Président, qu'il y a
à peine quelques mois, les hommes d'affaires devaient débourser
un millier de dollars chacun pour avoir droit à une rencontre
privée avec l'actuel premier ministre, ce qui permettait au Parti
libéral d'accumuler des dizaines de milliers de dollars en quelques
heures de rencontres privées desquelles étaient exclus les
journalistes. Voilà pourquoi je rappelle au ministre qu'à
défaut d'avoir des responsabilités administratives aussi lourdes
que certains de ses collègues, il est celui qui a cependant la plus
lourde responsabilité morale.
Je di3 au ministre que j'entretiens des inquiétudes à
l'égard des acquis des récentes années en termes
d'intégrité publique. Et voilà pourquoi je lui dis qu'il
devra être d'une prudence absolue et que les seuls compromis acceptables
en ces matières resteront ceux qui permettront, là où cela
serait possible, encore plus de garanties d'absence de manipulation et
d'intégrité renforcée de ce secteur névralgique que
constituent les achats de biens et de services du gouvernement.
À cet égard, le fichier central des fournisseurs, ce qu'on
appelle communément "Rosalie", permet justement à toute compagnie
ou à tout professionnel qui désire faire affaire avec le
gouvernement d'être sélectionné de façon objective
sans intervention politique. De plus, une étude publiée en
janvier 1985 révèle que les entreprises désirent que le
gouvernement continue à utiliser le fichier central des fournisseurs. Je
pourrais me permettre ici une parenthèse. Bien sûr, des jeunes
professionnels, des architectes, des ingénieurs du milieu
désirent des amendements mineurs mais, grosso modo, ils 3ont d'accord
avec le système. Ainsi, quand le ministre dit dans la Presse du 23
janvier 1986 "qu'il aura des choses à annoncer à ce sujet
délicat au cours des prochaines semaines", et qu'en plus il fait une
déclaration inquiétante dans le Journal de Québec du 11
mars dernier, à savoir qu'il veut apporter "des correctifs majeurs"
à la présélection actuellement faite par ordinateur, je
lui dis tout de suite qu'il m'inquiète. Je lui suggère de
discuter publiquement de ce qu'il a en tête afin que nous puissions juger
des intentions du ministre et l'assurer tout de suite que nous pourrons
contribuer, par des suggestions positives, à toute amélioration
du système en lui rappelant que notre premier critère sera celui
de l'intégrité publique.
Nous aurons aussi l'occasion de discuter du fonctionnement de la
Société immobilière qui, il faut bien l'admettre, est une
entité administrative dont le niveau d'autonomie est
considérable. J'aimerais que le ministre m'indique quelles orientations
il entend imprimer à la société, s'il songe à
apporter des modifications significatives à cet organisme relativement
nouveau. Ce serait intéressant de les connaître dans les meilleurs
délais. Nous aurons l'occasion, de plus, de regarder de près le
fonctionnement et les projets de la Régie des installations olympiques.
Soit dit en passant, pour avoir été personnellement ministre
responsable de la RIO, je me rends compte que les ministres qui se
succèdent depuis ont toujours le même objectif: rentabiliser au
maximum ces équipements. Je pense bien que nous aurons la chance, avec
le président de la régie, de regarder quels sont ses projets de
rentabilisation. Là-dessus, je peux dire au ministre qu'il a notre
appui, parce que c'est un monstre qui a coûté de gros sous, qui
continue d'en coûter mais qui, je pense, est
sur la bonne voie de se rentabiliser ou, en tout cas, d'exiger davantage
des Québécois.
Je dirai enfin au ministre que, même s'il a multiplié ses
déclarations sur le dossier de la Protection civile, on l'entend dire
qu'il diminuera ce budget de plus de 70 %. Est-ce qu'il a été
bien cité? Si oui, je lui rappelle que ce service s'adresse aux citoyens
du Québec aux prises avec des problèmes majeurs à la suite
de désastre naturel comme une inondation, un glissement de terrain,
etc., et qu'avant de sabrer dans le malheur des gens, il pourrait
peut-être repenser à l'orientation financière de son
gouvernement qui privilégie déjà les diminutions
d'impôt pour les riches et s'apprête à couper des services
aussi essentiels que les soins dentaires pour les enfants.
Je conclus, M. le Président, en disant au ministre qu'il peut
compter sur l'Opposition pour collaborer à toute initiative visant
à renforcer l'intégrité de l'État, à
améliorer la qualité de l'administration publique, mais que nous
dénoncerons toute tentative de recul et de retour à des
comportements indésirables. Là-dessus, M. le Président, je
sais que le ministre voudra sans doute réagir à mes propos. Par
la suite, nous pourrons commencer l'étude des deux programmes de ce
matin.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Joliette. Au préalable, j'aurais peut-être
une remarque à faire aux deux groupes parlementaires. M. le
député de Joliette connaît aussi bien que moi le
règlement et, je devrais dire, mieux que quiconque ici. J'aimerais
simplement citer l'article 211 qui dit: "Tout discours doit porter sur le sujet
en discussion." Lors de l'étude de3 crédits, les interventions
doivent avoir un lien direct avec un élément de programme. Ce que
je veux dire - cela s'adresse à chacun des deux groupes parlementaires -
c'est que, dans certains commentaires, lorsqu'on fait référence
à des rencontres à 1000 $, j'ai de la difficulté à
associer cela avec un élément de programme. Or, dans une certaine
mesure, j'en suis bien conscient, l'article 211 doit être
interprété très libéralement. Je vais le faire pour
autant qu'il y ait un élément ou une balise qui puisse se
rattacher au livre des crédits.
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Je dois vous dire qu'il n'y a pas eu d'appel au
règlement. Il est de coutume dans les énoncés, quand on
parle de moralité publique, on peut donner mille et un exemples qui sont
plus ou moins reliés mais qui démontrent ce qu'est le laxisme. Je
m'excuse, M. le Président, mais je ne voudrais pas être dans
l'obligation de dire que votre jupon dépasse.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, je ne ferai pas de commentaires là-dessus, si ce n'est que
j'ai à vous dire que le président doit appliquer les
règles de procédure. C'est la seule remarque que je peux faire et
j'inviterais M. le ministre à prendre la parole.
M. Gilles Rocheleau (réplique)
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je comprends les
allusions que vous avez faites, à savoir de s'en tenir plus
spécifiquement à l'étude de nos crédits en ce qui
touche plus particulièrement les régies, les
sociétés ou les services à être créés
et qui relèvent de mon ministère. J'aimerais quand même
reprendre certaines affirmations que faisait mon collègue, le leader de
l'Opposition, pour clarifier la situation, parce que c'est un peu choquant
d'entendre certaines choses, surtout lorsqu'on n'a pas nécessairement
à se péter les bretelles de choses faites dans le
passé.
Je fais allusion au fait que mon collègue, le
député de Joliette et leader de l'Opposition, mentionnait que,
pour rencontrer M. Bourassa au cours de la dernière campagne de
financement, cela coûtait 1000 $. J'aimerais, seulement pour le
bénéfice du leader de l'Opposition et pour expliquer le
financement qui se faisait d'une façon très ouverte au Parti
libéral, vous donner les indications qui nous ont amenés à
permettre à des gens du milieu et a des gens d'affaires de contribuer en
vertu de la Loi régissant le financement des partis politiques, loi qui
avait été adoptée par le Parti québécois
alors qu'il était au pouvoir. Le financement des partis politiques
permet à toute personne de pouvoir contribuer jusqu'à un maximum
de 3000 $. C'est ce que la Loi régissant le Parti
québécois prévoyait. Alors, ces gens d'affaires qui ont
été invités et ceux qui voulaient contribuer pour un
montant qui était l'équivalent du tiers du maximum que l'on
pouvait percevoir avaient l'occasion de rencontrer M. Bourassa. Ce qui
était intéressant dans ces rencontres - je suggère au
leader de l'Opposition de communiquer cela à son chef de parti
-c'était de porter une attention plus particulière aux gens,
précisément aux gens d'affaires, aux industriels et aux gens du
milieu, pour savoir les orientations que doit prendre un gouvernement lorsqu'on
a des
correctifs importants à souligner et à apporter. Cela a
été fait d'une façon tout à fait légale.
Cela a permis à M. Bourassa de visiter les régions, de rencontrer
les gens et de rencontrer plus particulièrement les gens qui avaient une
influence importante. Si la loi prévoyait des souscriptions
jusqu'à un maximum de 3000 $, je pourrais noter qu'au cours des
campagnes de financement antérieures du Parti québécois,
même si celle-ci ne va pas tellement bien, il y a eu des contributions de
1000 $ et même plus et que cela apparaît au rapport du Directeur
des élections, M. Pierre-F. Côté.
Dans un autre ordre d'idées, M. le Président, j'aimerais
apporter une correction à ce qu'on a pu lire dans les journaux, ce qui a
été repris par le leader de l'Opposition et député
de Joliette, voulant que nous ayons coupé la Protection civile de
l'ordre de 71 % cette année. Selon les calculs qui ont été
repris par les médias d'information, l'an passé et à
chaque année, nous avons un budget de fonctionnement qui est de l'ordre
de 5 000 000 $. Nous avions eu, l'an passé, au niveau des
désastres ou des sinistres à défrayer quelque 14 000 000
$.
Effectivement, M. le Président, le cumul des deux, les 14 000 000
$ et les 5 000 000 $ totalisaient environ 20 000 000 $. Par le fait même,
cette année, nous reprenons uniquement le budget de fonctionnement et on
ne tient pas compte des montants qui devront être déboursés
au cours de l'année en ce qui concerne les sinistres. Cela fait une
diminution proportionnellement à l'ensemble du budget total des
coûts payés, l'an passé, plus le budget de
fonctionnement.
Il faut dire que la Protection civile, quand elle recommande de
défrayer les coûts de certains dommages occasionnés soit
par des sinistres ou des désastres, le Conseil des ministres qui a
à décréter a recours au fonds consolidé. On va
directement au fonds consolidéo On n'a pas de budget approprié
directement pour ce qui est de l'élément sinistre.
Je voulais expliquer cela, M. le Président, parce que ce n'est
pas une coupure de l'ordre de 71 %, c'est une coupure à peine de 6 %
comparativement au budget de fonctionnement de l'an passé. Comme nous
l'avions mentionné au niveau des restrictions, au niveau de certaines
compressions que nous souhaitions faire, nous l'avons fait aussi à la
Protection civile avec les consultations d'usage auprès de la direction.
Il a été convenu d'apporter une certaine diminution au budget qui
lui permettait encore très aisément de faire le travail qu'elle
doit faire.
Je tenais à faire valoir ces points. Au niveau de Rosalie, j'en
ai parlé et j'en parlerai encore quand nous aurons terminé la
Protection civile, cela me fera plaisir de reprendre ce propos. Je veux
souligner cela à mes collègues de l'Opposition. Je sais qu'ils
appréhendent peut-être des changements et ils sont peut-être
quelque peu inquiets; mais on ne doit jamais être inquiet quand on
améliore des choses. J'expliquerai tantôt è mon
collègue de l'Opposition, à mes collègues qui sont ici et
pour le bénéfice de cette commission, certaines orientations que
nous souhaiterions apporter dans le but d'améliorer et dans le but
d'être encore plus à l'épreuve de certaines anomalies qu'on
pourrait connaître au cours de l'usure d'une structure qui peut
être en place.
M. le Président, je vous remercie. S'il y a des questions
pertinentes au sujet de la Protection civile, il me fera plaisir d'en discuter
avec nos collègues. S'il y a certaines questions particulières
qui touchent des points ou des cas particuliers, j'ai avec moi des personnes du
service qui pourront nous aider à apporter les réponses.
Le Président (M. Lemieux): Merci M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres membres qui désirent faire une déclaration
d'ouverture?
M. le député de Joliette.
(10 h 45)
M. Chevrette: Tout d'abord avant... C'est que je ne sais pas
où l'attribuer quand on fait l'étude des crédits. Le
président du Conseil du trésor a envoyé un document
où il parle de rationalisation, de compressions diffuses, confuses,
internes, etc. Vous en avez pour 2 400 000 $. Est-ce que je pourrais savoir
où vous avez fait ces ponctions? La commande que le Trésor voua a
donnée, c'est 2 400 000 $ si je me fie au document qu'on m'a
envoyé. Est-ce que vous pourriez nous expliquer? Ce n'est
peut-être pas tout dans Protection civile, cela peut être la
Société immobilière du Québec ou ailleurs. C'est
parce qu'il nous donne juste un thème; Organismes relevant du ministre
délégué aux Services et Approvisionnements, 2 400 000 $.
Est-ce que vous pourriez nous fournir la ventilation des 2 400 000 $ pour que
je puisse l'attribuer à chacun des programmes, parce que mes questions
pourraient détonner?
Protection civile
M. Rocheleau: Pour le bénéfice de notre
collègue, quand on parle plus particulièrement de Protection
civile, il y a une diminution comparativement au budget de l'an passé.
Il y a une diminution de l'ordre de 275 000 $. Quand on parle de la
totalité des 2 000 000 $, on doit tenir compte de l'ensemble des autres
organismes qui relèvent de mon ministère, entre autres, de la
Société immobilière du Québec, qui a une diminution
assez importante sur le plan du personnel et qui, par le fait même, a
vu
diminuer son budget.
Mais quand nous rencontrerons les gens de la Société
immobilière du Québec, nous pourrons apporter les points qui
touchent plus particulièrement cette société.
M. Chevrette: Les 275 000 $ à la Protection civile, est-ce
sur le plan des postes non comblés?
M. Rocheleau; On se souviendra, M. le Président, qu'au
mois de février nous avions fait l'examen dans chacun des
ministères des postes non comblés. Le Conseil du trésor
avait demandé, à ce moment, à chacun des
ministères, de faire une analyse et d'indiquer s'il pouvait y avoir
certaines compressions ou certains examens qui nous permettraient possiblement
de réduire le nombre d'employés, pas nécessairement de
réduire le nombre actuel, mais plutôt de diminuer le nombre
excédentaire qui n'était pas comblé à ce
moment.
Alors, c'est dans cet ordre, M. le Président. À la
Protection civile nous avons éliminé deux postes. Ils n'ont pas
été comblés. Après en avoir discuté avec la
direction, on ne jugeait pas opportun de les combler dans un laps de temps,
c'est-à-dire durant cette année. De ce côté, il y
avait eu coupure de deux postes.
M. Chevrette: ...la Protection civile.
M. Rocheleau: Cela nous fera plaisir de vous faire rapport.
M. Chevrette: M. le ministre, pourriez-vous nous faire parvenir
la ventilation - si vous ne l'avez pas ici - précise des 275 000 $.
M. Rocheleau: Oui, M. le Président, cela me fera plaisir.
Dans les faits, je peux vous donner le total des autres
rémunérations. On avait 105 postes. Au niveau des postes
occasionnels, nous avions 486 000 $, on a coupé 105 000 $, ce qui nous
amène à une nouvelle enveloppe, sur le plan des autres
rémunérations, de 360 000 $.
Mais si le député de Joliette et leader de l'Opposition
voulait avoir une ventilation complète, nous pourrions la lui faire
parvenir. Cela lui permettra de faire un examen complet de l'ensemble.
M. Chevrette: Pourriez-vous ajouter le nombre de postes
d'occasionnels dans la ventilation, si possible? J'ai bien compris qu'il y
avait deux postes permanents, c'est-à-dire deux postes qui
n'étaient pas comblés que vous avez amputés.
M. Rocheleau: C'est cela. Ce sont des postes qui étaient
considérés comme postes permanents qui n'étaient pas
comblés au moment de la...
M. Chevrette: Mais pour lesquels vous aviez les crédits
dans l'ex-budget.
M. Rocheleau: C'est cela. Nous n'avons pas jugé opportun
de les combler, alors, nous les avons retirés de l'enveloppe
budgétaire de cette année.
M. Chevrette: J'aurais une sous-question, M. le Président,
pour nous permettre d'avoir un portrait précis.
Quant aux deux postes permanents, sont-ils au siège central ou en
régions?
M. Rocheleau: C'est ici à Québec, au siège
central, M. te Président.
M. Chevrette: D'accord. Les 106 000 $ pour les occasionnels
sont-ils répartis parmi les régions ou s'ils sont encore...
M. Rocheleau: En somme, c'est pour les frais d'assistance
financière, selon les besoins que nous avons et, effectivement, selon
les sinistres ou les désastres qui peuvent se produire et qui sont
difficiles à prévoir, M. le leader de l'Opposition. C'est
à ce niveau qu'ils sont coupés. S'il arrivait quelque chose
d'absolument extraordinaire, ce qui nous commanderait d'augmenter le nombre
d'occasionnels pour faire les vérifications et les analyses d'usage,
à ce moment-là, nous les prévoirions dans des mesures
spéciales.
M. Chevrette: La partie du budget pour la formation par la
protection civile - parce que vous faites de la formation dans les
régions - a-t-elle été conservée intacte?
M. Rocheleau: Dans cette partie-là, M. le
Président, il n'y a aucune coupure qui touche à la formation en
régions, en ce qui concerne la protection civile.
M. Chevrette: D'accord. Le ministre pourrait-il nous dire le
nombre de dossiers -je ne vous demande pas que ce soit d'une précision
absolue, il a pu en arriver à 23 heures hier soir - qui peuvent
être en étude présentement? Dans les cas majeurs il y a,
bien sûr, celui de la rivière Chaudière; les
décisions sont-elles toutes prises, les évaluations sont-elles
terminées? Les crédits sont-ils votés dans le cas de ce
désastre un peu plus collectif qu'on a connu? Cela a fait les
manchettes, bien sûr, lorsqu'on se ramasse avec des millions et des
millions. Le nombre de cas isolés qu'on peut avoir, les petits cas qui
ne font pas l'objet de manchettes, si ce n'est dans le quartier, dans la
région ou le comté... Y a-t-il des cas majeurs, excepté
celui de la Chaudière, qui seraient inconnus,
qui n'ont pas fait nécessairement l'objet des manchettes sur le
plan national?
M. Rocheleau: Remarquez, M. le Président, que nous
traitons actuellement environ 1000 dossiers. On doit tenir compte du fait qu'il
y a des dossiers qui sont très importants. Entre autres, nous avons
adopté il y a quelques semaines un décret en ce qui concerne plus
particulièrement la ville de LaSalle. On sait que le ministère de
l'Environnement y avait détecté des produits toxiques, cela
remonte à 1984. Le gouvernement antérieur avait
déjà voté un décret pour permettre une étude
tenant compte des recommandations qui pourraient être faites; le
gouvernement a décrété une participation financière
importante pour régler ce dossier et aussi sécuriser la
population face au problème qui existait.
Nous avons des dossiers, M. le Président, que nous traitons
actuellement en ce qui concerne les affaissements de sol dans la région
de Montréal survenus en 1983 et pour lesquels nous sommes très
préoccupés parce qu'on remonte quand même à trois
ans dans le temps et nous souhaiterions compléter ces dossiers pour le
bénéfice des gens en attente.
Nous avons d'autres dossiers assez particuliers qui peuvent toucher,
entre autres, les cas que nous relevons actuellement en provenance des
inondations de cette année, du mois de mars et du mois d'avril, cela
touche plusieurs cas qui sont en analyse actuellement et la Protection civile,
dans les prochains jours, nous fera un état de fait de l'ensemble de ces
cas-là, ainsi que les municipalités, pour que nous puissions
prendre action et faire les recommandations d'usage, s'il y a lieu.
Il y a aussi, M. le Président, des cas qui sont peut-être
un peu plus isolés, des cas d'individus que nous traitons actuellement
et que nous tentons de régler le plus rapidement possible afin de
permettre effectivement aux gens en attente depuis assez longtemps de
connaître notre décision finale et de faire, s'il y a lieu, les
recommandations finales auprès du Conseil des ministres, afin qu'un
décret soit adopté pour régler le ou les problèmes,
s'il y a lieu.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le titre du
journal de ce matin, 7 000 000 $ consacrés pour les quatorze
propriétés de la ville de LaSalle, est un chiffre
précis?
M. Rocheleau: M. le Président, actuellement... On sait
qu'hier soir le ministre de l'Environnement rencontrait à la ville de
LaSalle les autorités municipales. Il rencontrait aussi, en
présence de citoyens qui sont préoccupés par les
problèmes de LaSalle, avec l'aide de nos services de la Protection
civile, les citoyens et l'ensemble de la population concernée par
LaSalle pour leur indiquer l'implication du gouvernement du Québec
à régler un problème qui est de l'ordre de 7 000 000 $, 8
000 000 $ et même 9 000 000 $, un problème que la ville de LaSalle
a et dont elle est responsable à cause d'ordures ménagères
et de produits toxiques qui ont été enfouis sur ce site il y a
près de 30 ans passés. En 1984, le ministère de
l'Environnement faisait certaines expertises et déterminait qu'il y
avait des produits toxiques relativement importants et recommandait d'enlever,
d'éliminer ces produits et, par le fait même, soutenait que la
ville se devait de procéder à l'acquisition de quatorze
propriétés construites sur le site et de faire
déménager les résidents, en attendant de régler ce
problème.
En somme, M. le Président, dans le cas de ville de LaSalle, il y
a une participation relativement importante de la municipalité, il y a
une participation du gouvernement par l'entremise de la protection civile,
parce que c'est la protection civile qui avance les fonds pour régler le
problème. Avec l'aide d'experts-conseils, nous avons
procédé à plusieurs études et à plusieurs
analyses; des rapports complets ont été soumis. Un site a
été trouvé pour transporter les déchets toxiques et
autres. Cela devrait se faire dans un laps de temps relativement court; court,
il faut le dire, car cela va prendre une période d'environ deux ans
à compléter l'ensemble de cette décontamination des lieux.
Par la suite, la ville pourra reprendre le terrain qui aura été
complètement décontaminé, s'en servir à son usage
ou le remettre en vente et, par le fait même, reprendre une certaine
partie des fonds encourus ou qu'ils auront mis à la disposition du
règlement de ce problème.
M. le Président, nous avons pris connaissance de ce dossier au
mois de décembre 1985 alors que nous prenions effectivement nos postes
respectifs. Mon collègue, le ministre de l'Environnement, a
consacré beaucoup de temps et d'énergie, ainsi que les membres de
la protection civile afin de trouver la solution et l'expertise pour
remédier à ce problème. Je vous avoue, M. le
Président, que c'est un problème relativement complexe parce
qu'on n'a pas de précédent comme tel. C'est assez nouveau
d'être obligé de déterrer des déchets toxiques de
sites particuliers, et surtout dans le cas de ville de LaSalle parce que c'est
quand même en plein centre de la ville. Nous devons procéder avec
diligence et avec l'expertise du ministère de l'Environnement, afin que
tout soit fait en conformité des lois et règlements qui existent.
(11 heures)
M. Chevrette: M. le Président, je lisais dans l'article de
ce matin: 7 000 000 $ pour démolir quatorze propriétés
à LaSalle. Dans le même article, on dit que le ministre de
l'Environnement procède à huit ou dix examens par semaine sur des
propriétés; ce sont des expertises qu'il fait, probablement, sur
certaines propriétés. Il y aurait possiblement 36
résidences de touchées. On serait rendu à 7 000 000 $ pour
quatorze propriétés.
M. le Président, quatorze propriétés, 7 000 000 $,
cela fait 500 000 $ par propriété...
M. Rocheleau: Pour le bénéfice de...
M. Chevrette: Cela fait une moyenne gigantesque.
M. Rocheleau: ...mon collègue, M. le Président,
j'aimerais apporter le correctif suivant...
M. Chevrette: Entre vous et moi, à lire le titre et quand
tu lis qu'il y en a 36 à l'étude, cela voudrait dire 18 000 000 $
à ce rythme. C'est pour cela que...
M. Rocheleau: En cela, il y a une partie des sommes qui vont
être utilisées pour l'acquisition des propriétés. Le
reste des sommes, c'est la partie la plus importante, c'est pour vider le
dépotoir actuel. Il faut vider, je pense que c'est 100 000 mètres
cubes et les transporter à environ quatre kilomètres des lieux et
faire en sorte que le transport de ces matériaux soit fait d'une
façon tout à fait particulière pour ne pas contaminer,
lors de son transport, les endroits particuliers.
Il faut dire ici que c'est pour vider complètement le site actuel
du dépotoir. C'est pour le remplir par la suite de terre propre à
l'usage et finalement remettre le terrain dans son aménagement
antérieur. C'est pour l'ensemble du projet. Cela sert aussi à
construire sur le site qui a été retenu des cellules pour
l'enfouissement de ces produits toxiques, cellules qui seront
complètement hermétiques et qui apporteront une garantie qui
permettra au ministère de l'Environnement de les rendre acceptables.
M. Chevrette: M. le ministre dit qu'il pourrait serrer la
réglementation au niveau de la protection civile, dans son exposé
préliminaire. Prenez le citoyen qui n'e3t pas bâti à la
ville de LaSalle, mais à qui on a vendu un terrain dans une
municipalité et celle-ci n'avait pa3 de réglementation pour les
zones dites inondables. On sait très bien que dans une zone inondable,
cela peut faire 35 ans et que le jeune qui, à 22 ans, achète sa
maison, il ne sait pas qu'il y a eu des inondations à cet endroit. Cela
peut arriver une fois par vingt ans à certains endroits. Une zone
inondable, cela peut être deux fois en cinq ans, mais cela peut
être aussi une fois en 30 ans.
Il n'est pas responsable parce qu'il n'y a pas de réglementation
municipale. C'est la municipalité qui a la responsabilité de
décider si elle émet des permis de construction dans une zone
inondable ou pas, surtout si ce n'est pas décrété par
réglementation municipale ou au niveau des MRC. Maintenant, dans les
schémas d'aménagement, ils devront le faire sûrement d'une
façon plus correcte.
Je vous avoue que ce citoyen, par rapport aux citoyens de LaSalle... Je
ne vaudrais pas laisser l'impression que je veux faire une comparaison
désagréable par rapport à la ville de LaSalle. Je veux
montrer que la bonne foi du citoyen est tout aussi bonne, dans d'autres coins,
face à la responsabilité municipale qu'elle pourrait l'être
à LaSalle, mais pas pour les mêmes motifs.
Je ne sais pas si le ministre saisit ce que je veux démontrer.
Quand la bonne foi du citoyen est prouvable prima facie, est-ce que le citoyen
ne devrait jamais subir de préjudice, quel que soit
l'événement? Si un citoyen va se bâtir à un endroit
et qu'il sait que c'est une zone inondable, il y va à ses risques et
périls. D'abord, vous savez que sa maison ne vaut à peu
près plus rien, sur le marché des ventes, quand c'est
identifié zone inondable; ce n'est plus assurable et il y a une
série de choses qui en découlent.
Dans le cas précis, j'aimerais savoir ce que le ministre veut
dire par resserrer les contrôles? Si resserrer veut dire juger chaque cas
particulier en fonction du manque de clairvoyance des élus municipaux,
ta clairvoyance peut s'étendre sur bien des secteurs et non pas
seulement sur celui des déchets toxiques.
M. Rocheleau: M. le Président, je suis heureux que le
leader de l'Opposition et député de Joliette me pose cette
question. Il est un fait que, au cours des dernières années, la
Protection civile a eu à faire des analyses, des recommandations sur ce
qu'on pouvait déterminer à ce moment, soit un désastre, un
sinistre occasionné par de3 affaissements de sol, des inondations, des
tornades, de la grêle ou toutes sortes de phénomènes qui
font en sorte de créer des problèmes assez importants.
Vous avez mentionné tantôt le cas d'inondations. Je suis
heureux que le député de Jonquière soit ici ce matin,
parce que c'est un ancien maire fort influent au Québec. Il a
été président de l'Union de3 municipalités et il a
l'occasion de prendre connaissance de l'ensemble des problèmes que
vivent les municipalités quand des phénomènes semblables
se produisent. Quand
j'ai voulu tantôt, et je l'ai répété à
plusieurs reprises, réorienter la Protection civile, c'est en fonction
d'un resserrement, c'est en fonction du fait de responsabiliser davantage le
citoyen, d'une part, qui peut avoir des problèmes particuliers, et la
municipalité, d'autre part, qui, par son conseil municipal, à la
suite d'un désastre, adopte une résolution demandant l'aide du
gouvernement pour apporter les correctifs ou apporter l'aide financière
afin de corriger les problèmes. Mais je voudrais dire aussi à mon
collègue que, depuis 1970, le gouvernement du Québec, par
l'entremise du ministère de l'Environnement, au niveau de la
cartographie urbaine, a pu déterminer l'ensemble au Québec des
zones inondables. Pour avoir été maire pendant plusieurs
années, pour avoir demandé au gouvernement du Québec
pendant plusieurs années de respecter l'autonomie municipale, de
respecter les responsabilités dévolues au monde municipal, tenant
compte de l'aménagement de son territoire, tenant compte de l'adoption
des règlements de zonage, tenant compte de l'émission des permis
de construction, de règlement de lotissement et autres, je pense que
là, on doit demander le concours des municipalités pour
éviter justement l'émission de permis de construction dans des
zones similaires et de réglementer s'il y a lieu pour éviter,
justement, par anticipation, des problèmes qu'on pourrait avoir.
Il est bien évident - et vous avez raison - avant 1970, les
municipalités pouvaient difficilement réglementer les permis de
construction tenant compte de ces éléments parce qu'il n'y avait
pas de caractéristiques qui démontraient que les zones inondables
étaient ou pouvaient être assurées dans un court laps de
temps. Dans le cas actuel, ce que nous souhaiterions et ce que nous souhaitons,
c'est que la municipalité soit aussi prête à apporter son
concours s'il y a un désastre ou un sinistre quelconque, tenant
compte... On aura l'occasion d'en discuter plus longuement quand nous ferons
certaines propositions. J'aimerais sûrement consulter l'ensemble de nos
collègues; certains de nos collègues de l'Opposition pourront
nous apporter un concours afin de trouver une formule qui permettra au citoyen
d'être plus responsable de ses biens, et que le gouvernement ne soit pas
toujours reconnu comme l'État providence disposé a tout
payer.
En responsabilisant davantage le citoyen, on voudrait aussi
responsabiliser la municipalité. C'est bien beau d'adopter une
résolution du conseil faisant état de l'ensemble des dommages,
l'expertise de tout cela, demandant la participation à la Protection
civile et, par la suite, une recommandation pour adopter un décret, mais
je pense que la municipalité doit avoir aussi une responsabilité
dans le coût encouru par les dommages qui pourraient survenir de certains
phénomènes. Le gouvernement, par surcroît, pourrait
apporter son aide de son côté. C'est à l'intérieur
de cela que nous souhaiterions arriver avec une formule, avec une
réglementation qui tiendra compte de balises et de critères et
qui nous permettraient de poser toujours les mêmes gestes. Je ne veux pas
pour autant être mesquin. Je comprends la façon dont on l'a fait
antérieurement et cela m'amène à vouloir apporter des
correctifs pour que cela ne se répète pas dans l'avenir.
Je prends le cas, M. le Président, des affaissements de sol
qu'ont connus certaines municipalités de la région de
Montréal et de l'extérieur, en 1984. On avait passé un
premier décret en 1984 permettant aux résidents de remplir les
fiches nécessaires, les expertises nécessaires pour faire une
demande d'aide au gouvernement par l'entremise de leur municipalité.
Le 25 septembre 1984, on avait prolongé pour permettre aux gens
un laps de temps un peu plus long pour faire leur expertise et soumettre leurs
dommages. Le 25 septembre 1985, un an après, on avait plafonné
à 10 000 $ la participation du gouvernement pour chacune des
propriétés ou logements. On était venu changer le
décret pour augmenter la participation à 15 000 $. Cela s'est
produit le 25 décembre 1985. Le ministre responsable de la Protection
civile d'alors était le député d'Anjou, chef de
l'Opposition et ex-ministre de la justice.
À ce moment, on avait tout simplement augmenté la
participation du gouvernement à des dommages encourus. On permettait aux
gens de demander une révision des cas. Alors, c'est tout cela qu'on
souhaiterait corriger et avoir des balises suffisamment serrées et des
critères bien établis à l'intérieur d'une
responsabilité du gouvernement mais aussi des citoyens qui sont
exposés à des dommages semblables, d'une part. D'autre part, la
municipalité est maîtresse d'oeuvre de ses services à ses
citoyens et elle doit aussi être responsable vis-à-vis des
règlements qu'elle adopte et propose. À ce moments nous pourrions
avoir une politique globale qui nous permettrait sûrement d'être
beaucoup plus efficaces et d'avoir peut-être un peu moins d'attente et un
peu moins de désagrément de la part des citoyens s'ils n'ont pas
pleinement recours à l'État.
Dans plusieurs de ces cas, ce n'est pas assurable. II est évident
que si ce sont des dommages non assurables, le gouvernement, les
municipalités peuvent venir en aide, mais à l'intérieur de
politiques claires, nettes et précises qui ne sont pas assujetties
à des changements et selon des concours de circonstances.
Le Président (M. Lemi eux): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre peut convenir avec nous que
la somme maximale ne veut rien dire? Cela peut être 10 000 $ dans un cas
d'inondation. Jusqu'à 10 000 $, cela pourrait correspondre à 50 %
des pertes encourues. $15 000 $ pourraient correspondre à 40 % seulement
des pertes encourues. Je pense que d'affirmer que ce que vous venez de faire...
Dire que le ministre responsable antérieurement de la Protection civile
a changé de 10 000 $ à 15 000 $... Est-ce que le ministre peut me
dire quel était le pourcentage, par rapport au coût réel,
du montant de 15 000 $ par rapport à ce que pouvait représenter
10 000 $? Chez nous, à Joliette, lorsqu'il y a eu une inondation, en
1979-1980, qui a touché 140 maisons au moins dans
Saint-Charles-Borromée et dans Notre-Dame-des-Prairies, c'était
jusqu'à 10 000 $ mais cela ne dépassait pas les coûts
réels de 50 %. Donc, cela ne veut rien dire. L'aide à un individu
peut être de 20 000 $, au maximum, mais, dans le cas où cela
représente 50 % d'aide.
Je pense qu'affirmer une révision comme cela, sans dire quel
pourcentage des coûts réels cela représente, ce n'est pas
juste pour le geste qui a été posé. J'aimerais le
savoir.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre. (11 h 15)
M. Rocheleauî M. le Président, c'est justement
là que je reviens avec le fait qu'on doit avoir des critères. On
doit être en mesure d'établir des balises pour se donner non
seulement une orientation mais aussi établir, comme base, les dommages
encourus qui peuvent être variables selon la qualité de la
propriété. Il y a des propriétés qui peuvent
être, compte tenu de leur évaluation foncière... Je pense
qu'il faut mettre un ordre de grandeur pour les dommages. Il est bien
évident que quelqu'un qui a une propriété de 150 000 $ ou
200 000 $ est sûrement plus en moyen de participer personnellement
à régler son problème qu'un plus petit travailleur qui a
une petite propriété et qui a à acquitter une
hypothèque qui ne lui permet pas, peut-être, des dépenses
supérieures. Je pense qu'on doit tenir compte de cet
élément, mais je disais tantôt qu'au mois de septembre 1985
pour les affaissements de sol dans la région immédiate de
Montréal, entre autres, dans les villes de Boucherville, Saint-Hubert,
Sainte-Julie et Montréal, le décret précisait que pour une
maison unifamiliale c'était 15 000 $, indépendamment des dommages
encourus. On était parti de 10 000 $ et on a augmenté à 15
000 $.
M. Chevrette: Le décret ne disait pas "jusqu'à"? Je
m'excuse, M. le ministre, je ne voudrais pas vous faire dire des choses que
vous ne voulez pas dire mais vous n'avez pas l'impression que le décret
disait "jusqu'à" et que ce n'était pas standard, automatique que
tout le monde avait 15 000 $?
M. Rocheleau: C'est cela. Il ne faut pas se méprendre
là-dessus. Le décret initial du mois de septembre 1984
précisait jusqu'à un maximum de 10 000 $, mais au mois de
septembre 1985 on l'a modifié pour augmenter le maximum jusqu'à
15 000 $. Les citoyens avaient toujours les moyens de demander une
révision de chacun des cas précités.
J'ai dû personnellement aviser la Protection civile parce que nous
avions des demandes de quelque 70 autres villes qui avaient connu des
affaissements semblables en 1983 et qui étaient en attente de se faire
dire par le gouvernement s'il allait payer ou non. À cause du fait que
nous sommes rendus en 1986 et que ce sont des problèmes qui remontent
à 1983, j'ai dû, en vertu des décrets qui étaient
déjà adoptés et légalement on se devait de faire
honneur aux obligations du gouvernement parce qu'un décret obligeait le
gouvernement à défrayer le coût des dommages encourus... Je
n'ai pas recommandé de nouveaux décrets pour couvrir l'ensemble
des autres municipalités, citoyens ou citoyennes qui étaient
touchés parce qu'on aurait pu comptabiliser des revendications de 20 000
000 $ à 25 000 000 $. Dan3 les circonstances actuelles, je
considérais que le gouvernement n'avait pas ces moyens d'agir comme
État providence dans tous ces cas-là. Étant donné
que c'étaient des problèmes qui étaient survenus en 1983,
quand cela fait trois ans que le désastre existe, je pense qu'il y a
d'autres moyens de régler. C'est un peu dans cet ordre-là que
nous voulons apporter un resserrement important... Je suis convaincu que
l'Opposition sera d'accord avec nous autres quand on voudra appliquer de
nouvelles mesures parce qu'on veut que tout le monde participe, que tout le
monde soit responsable, à l'intérieur de sa capacité de
payer, bien entendu. On veut aussi que les municipalités soient plus
conscientes du fait que, lorsqu'elles font une demande au gouvernement pour
défrayer des coûts dans leur municipalité, si elles sont
obligées de payer une partie de la facture, avant de demander au
gouvernement, elles devront regarder la partie de la facture qu'elles devront
payer aussi.
Quand on se parle entre anciens maires je pense qu'on comprend
très bien qu'un maire, un conseil municipal... Il y en a de la ville de
Hull qui étaient ici tantôt, il y en a qui sont en congrès
en fin de semaine ici. C'est assez facile de dire: On revendique un
dommage qui a été encouru dans notre municipalité
et on va demander au gouvernement de payer pour cela, comme on va demander au
gouvernement une subvention pour telle ou telle affaire alors que le
gouvernement se doit d'être plus restrictif.
M. Chevrette: Une dernière remarque, avant de donner la
parole à quelques-uns. Je crois qu'il y en a un de chaque
côté qui a demandé la parole.
M. le ministre, je suis conscient qu'il faut responsabiliser les gens.
Je suis d'accord, mais au moment où on se parle, vous savez qu'il y a
des municipalités qui n'ont même pas encore de
réglementation sur les zones inondables et qui permettent à du
monde d'y vendre encore des terrains, que les gens de bonne foi achètent
sans le savoir. Je pense qu'on a une responsabilité, comme État,
d'autorité vis-à-vis des municipalités à ce moment.
Si on parle de responsabiliser les municipalités, je peux vous dire que
je ne sais pas comment on va régler les cas individuels, et c'est
là-dessus que je veux terminer mon intervention.
Je prends une municipalité qui n'a aucun règlement de
construction - vous en avez - et qui laisse construire. Il arrive un
événement et il y a une perte totale. À qui demande-t-on
de payer 20 %? Ce seront toujours les gouvernements, le vôtre comme le
nôtre dans le temps, qui passeront pour les couillons dans l'histoire
parce que la municipalité refusera de verser les 20 %. Dans certains
cas, cela peut représenter des sommes assez importantes. Il y en a qui
peuvent se bâtir des chalets fort coûteux, vous le savez, puis qui
subissent une perte totale dans un glissement de terrain. Et le pourcentage de
20 % pour une petite municipalité de rien, n'oubliez pas que cela peut
représenter 20 000 $ ou quelque chose du genre; pour certaines petites
municipalités, c'est pratiquement le tiers de leur budget. On pourrait
regarder les budgets municipaux dans certaines places. C'est clair qu'ils
n'adhéreront pas parce qu'ils vont tous se liguer contre l'individu qui,
lui, est pénalisée C'est au citoyen lui-même...
Je suis d'accord avec des resserrements. Je vous l'ai dit tantôt,
au début même de mon exposé: Oui, vous allez avoir la
collaboration de l'Opposition. Il y aura toujours une partie
discrétionnaire dans cela pour les motifs suivants: Si les pertes
individuelles sont de 80 000 $, ce n'est pas comme s'il y a un dossier qui a
une perte individuelle de 10 000 $ au maximum. Selon la nature même du
sinistre, on ne peut pas décréter d'ores et déjà
que la participation financière de l'État sera plafonnée
au maximum de 10 000 $. Dans certains cas, le sinistre peut être si grave
que cela nous oblige à dépasser les plafonds. Donc, il y a une
partie discrétionnaire qu'on devra toujours comprendre, que
l'État devra faire face à la musique selon le coût des
événements. Je pense qu'il faut accepter cela comme tel, parce
qu'on ne peut pas juger d'ores et déjà de la nature même de
l"'act of God", comme disent nos amis anglophones.
Dans la deuxième partie, d'autre part, ce qui m'inquiète
et, je vous le répète, M. le ministre, ce qui m'inquiète
c'est le citoyen pris seul quand une municipalité ne fonctionne pas. On
a beau vouloir responsabiliser la municipalité, le citoyen, lui, qui ne
se voit nullement appuyé par sa municipalité, qu'est-ce qui lui
arrive? J'ai un beau cas. Qu'est-ce qui va arriver à Saint-Liguori, une
petite paroisse dans mon comté où un cultivateur a perdu ses
animaux, ses bâtiments, tout le kit? C'est à la rivière
cela. Qu'est-ce qui arrive dans un cas comme cela, à supposer que la
municipalité ne participe pas? C'est son outil de travail, à
l'individu. Il peut avoir un prêt même à l'Office du
crédit agricole du Québec. 11 n'a même plus son outil de
travail pour faire face à ses propres obligations qu'il avait
antérieurement. Comment reprocède-t-il si sa municipalité
ne participe pas? La responsabilité de l'État est quoi
vis-à-vis de cela? Je ne pense pas que ce soit à la commission de
trancher cela ce matin, le gouvernement, mais je pense qu'il devrait y avoir
une discussion de fond là-dessus parce que cela m'apparaît
transcender beaucoup les simples querelles partisanes qu'on peut avoir sur les
dossiers.
Ce sont vraiment des principes fondamentaux sur lesquels il faut
discuter pour essayer d'accorder une protection maximale au simple citoyen.
S'il y a des gestes à poser vis-à-vis des municipalités,
il ne faudrait surtout pas que le citoyen, lui, soit une victime dans tout
cela. C'est ce sur quoi je veux appuyer avant de donner la chance à
quelques-uns parce que, après cela, il nous reste un sujet auquel on n'a
pas encore touché. Je m'aperçois de cela.
Le Président (M. Lemîeux): M. le ministre, oui.
M. Rocheleau: M. le Président, simplement pour assurer mon
collègue que les municipalités devront être
responsabilisées. On sait qu'actuellement et plus
particulièrement les municipalités régionales de
comté sont à compléter leur schéma
d'aménagement qui, normalement, va leur permettre d'avoir un outil
très important en vertu de la loi 125. Je pense que le gouvernement se
devra de demander à ces municipalités justement d'établir
une réglementation. Même, lors de la fin de cette semaine, je
pense qu'il y a un congrès de l'Union des municipalités ici
à Québec, et c'est toujours un élément qui revient.
Je suis convaincu, M. le Président, qu'avec les schémas
d'aménagement de nos
MRC, à l'intérieur de ces schémas, on va
connaître justement l'ensemble de la problématique que
présente un territoire et les risques de toutes sortes. Cela va
éviter l'émission de permis de construction dans des endroits qui
pourraient être jugés comme étant possiblement dangereux ou
comportant des problèmes particuliers.
Le député de Joliette, tantôt, soulignait, entre
autres, le cas de Saint-Liguori, comme il a souligné le cas de la
famille Rochon, à l'Assemblée nationale, l'autre jour.
Malheureusement, je n'ai pu lui répondre parce que je n'avais pas ces
cas sur mon bureau. Cela faisait partie de certains cas que nous avions. Je
peux l'assurer qu'au cours de la semaine prochaine, sinon à la fin de
cette semaine, je vais recommander au Conseil des ministres de régler
une fois pour toutes ce problème.
J'aimerais dire au député de Joliette que ce cas ou ces
deux cas... Il me faisait un certain reproche l'autre jour. Il faut comprendre
que cela fait trois ou quatre mois qu'on est là. Cela remonte à
quelques années passées. Je sais pertinemment, pour avoir relu ce
qui s'est fait antérieurement, ce que le député de
Joliette s'était impliqué. L'ex-ministre de l'Environnement
s'était aussi impliqué et, juste avant les élections du
mois de décembre passé, on devait adopter un décret qui
n'a jamais été adopter. Là, il fallait revoir cela et il
fallait aussi demander aux municipalités, qui s'étaient
antérieurement engagées à débourser à peu
près 20 % du coût des dommages ou du coût du montant que
nous allions verser, si elles acceptaient toujours de le faire. Parce que, dans
un cas...
M. Chevrette: Un des deux, M. le ministre. Parce que le cas
Lépine est le 30 décembre. Je pense que vous comprendrez que
c'est 28 jours après le 2. Donc, on va parler du cas Rochon. On peut les
prendre l'un après l'autre. Il n'y a pas de problème. Pour le cas
Lépine, l'Environnement l'avait à l'oeil mais le désastre
n'était pas arrivé. Je pense que c'est différent du cas
Rochon.
M. Polak: J'ai une question.
M. Chevrette: C'est bien. C'est juste pour faire la nuance. Ce
n'est pas pour entreprendre un débat là-dessus. Ce sont les
dates.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vou3 avez
terminé, M. le ministre?
M. Rocheleau: C'est simplement pour dire à mon
collègue de Joliette ou à mes deux collègues de
l'Opposition, que nous tentons de suivre le plus efficacement possible chacun
des dossiers. Nous allons y apporter toute l'attention pertinente, surtout pour
des cas isolés comme ceux-là qui n'ont pas nécessairement
une municipalité pour les aider en raison, parfois, du manque de
services. Or, soyez assurés que nous allons en tenir compte.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, je sais que vous devez quitter mais le député de
Saint-Louis et le député de Jonquière ont demandé
la parole avant vous. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Chevrette: Oui.
M. Polak: Merci, M. le Président. J'ai juste une question
concernant la protection civile. Je voudrais savoir jusqu'à quel point
elle est prête. Prenons l'incident nucléaire qu'il y a maintenant
en Russie. Quant au "fallout", il n'y a rien de désastreux encore ici,
mais si on était aujourd'hui en Pologne, on serait drôlement
intéressé de savoir, par exemple, si on a des spécialistes
ou des experts qui peuvent agir rapidement dans cet organisme et s'il y a une
coopération fédérale-provinciale dans ce domaine. Au cas
où cela arrive, est-ce qu'il existe des genres de plans de campagne pour
avertir la population et lui dire ce qu'il faut faire?
M. Rocheleau: M. le Président, je vous avoue qu'on
s'éloigne peut-être un peu de notre marché, mais c'est
quand même une question très pertinente à la protection
civile. Si cela nous arrivait, de quelle façon peut-on penser
sécuriser notre population? Il est bien évident que ce qui est
arrivé à Three Mile Island il y a quelques années et ce
qui est arrivé en USSR dernièrement, cela réveille
justement les gens au fait de savoir si on est en sécurité chez
nous.
Pour ce qui est du Québec, on sait qu'à Gentilly il y a
une usine, en somme, une centrale nucléaire. Il y a quelques mois, je
pense que c'est l'an passé, on a fait des tests de
sécurité, on a fait le prototype d'accident. On a validé
les plans en conformité avec les exigences du gouvernement
fédéral. Je vous avoue qu'en ce qui nous concerne, nous, nous ne
souhaiterions pas faire un test réel mais les tests occasionnels ont
démontré l'efficacité de tous les intervenants qui sont
touchés directement ou indirectement ou qui pourraient l'être. On
a des mesures sécuritaires très efficaces chez nous. (11 h
30)
M. Polakî C'est sur le plan direct de nos installations parce
qu'on en a une chez nous au Québec. De quelle manière pourrait-on
réagir? Parlons de cet incident qui a eu lieu et on ne sait même
pas si cette affaire est terminée. Ce qu'on appelle le "fallout", disons
que ce nuage se dirige vers le Canada ou le Québec à un moment
donné. Est-ce
qu'on a un plan qui existe pour mettre cela en opération, ai
cette affaire arrivait, pour avertir la population de ce qu'il y a à
faire?
M. Rocheleau: Écoutez, là, on tombe dans les
nuages. Dans les principaux aéroports canadiens on a des centres de
détection aussi qui peuvent détecter la radioactivité et
informer le gouvernement fédéral immédiatement des mesures
à prendre en ce qui concerne la décontamination. Je vous avoue
que ça pourrait présenter des problèmes particuliers. Ce
sont des hypothèses que nous émettons: Quel degré de
radioactivité? Quels dangers pertinents à une population? Est-ce
qu'il y a lieu de faire évacuer? C'est arrivé près de
Toronto à Mississauga il y a quelques années avec te
déraillement d'un train qui contenait des produits toxiques. Des mesures
d'urgence ont été prises immédiatement et on a
apporté les correctifs nécessaires. Je vous avoue que ce sont des
problèmes que nous ne souhaitons pas mais si, malheureusement, cela
arrivait nous pensons avoir une expertise intéressante. D'autant plus
que le Canada offrait à la Russie dans les jours passés des
experts-conseils dans ce domaine. Je pense qu'on a des personnes hautement
qualifiées qui pourraient nous assister si cela arrivait.
M. Polak: C'est tout pour moi, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, je voudrais d'abord saluer
d'une façon spéciale le ministre délégué aux
Services et Approvisionnements, responsable de la protection civile, et tous
les autres titres qu'il peut avoir accumulés dans le présent
gouvernement. Je voudrais seulement lui rappeler que dans son exposé du
début - je crois que c'est la position de l'Opposition à venir
jusqu'à maintenant - toutes les positions de principe du ministre
concernant la réglementation et le fait d'essayer d'économiser et
de trouver des mesures d'économie par cette démarche, moi, j'y
concours et je crois que l'Opposition aussi l'a fait. Là, où je
trouve que ça fait partisan et où j'ai de la difficulté
à accepter, c'est au bas de la page 5, où il dit: Ici comme
ailleurs nous devrons réapprendre à vivre 3elon nos moyens et a
responsabiliser des personnes et des organismes susceptibles de contribuer
à cet effort. Nous ne pouvons plus hypothéquer l'avenir de nos
enfants pour compenser le manque de rigueur de ceux qui nous ont
précédés.
C'est évident et ça me semble en tout cas faire partie
d'un exposé très partisan, au moins dans cette partie. Je peux
accepter difficilement qu'on puisse monnayer les sinistres et les
problèmes qu'on vit. Cela semble assez clair que, lorsqu'il y a des
sinistres, c'est difficile d'abord, au départ de les quantifier. On sera
toujours obligés d'essayer de faire du cas par cas jusqu'à un
certain point. C'est vrai que pour l'ensemble d'une communauté on peut
aller facilement ou plus facilement sensibiliser le ministère aux
problèmes qui se posent. Un des meilleurs exemples, c'est la ville de
LaSalle et ce qu'on y vit actuellement. Un deuxième exemple qui est
peut-être lointain, mais qui peut survenir encore, c'est le cas de
Saint-Jean-Vianney où il y a eu la disparition d'un village au complet
donc, le déplacement de 2500 personnes et où cela a
coûté 7 000 000 $ pour la relocalisation. C'est un peu moins cher
que pour la ville de LaSalle, mais il faut dire aussi qu'il y a des coûts
moins élevés en 1970-1971 par rapport à 1986. J'accepte
cela jusqu'à un certain point, que ces montants d'argent soient assez
élevés mais, encore là, même si dans le temps il n'y
avait pas de critères précis je crois que les gouvernements
fédéral et provincial avaient concouru à régler ce
problème. Ils ont investi environ 7 000 000 $ si ma mémoire est
exacte, donc, c'était un déplacement complet. On ne pouvait
parler à ce moment d'une participation du village. Il a disparu au
complet. Il n'y avait pas de 20 % qui jouait. Je concours aux
énoncés de principe de la part du ministre. Par contre dans les
faits, je pense qu'il y aura à faire du cas par cas.
Il y a un cas dans la ville de Jonquière où des terres ont
été inondées. Le Centre d'expédition et de plein
air laurentien, un organisme sans but lucratif, a subi ce printemps des
dommages assez importants; la rivière a un débit assez important
puisque c'est contrôlé par des vannes par des barrages. Cela a
brisé effectivement une partie de leur équipement. C'est un
organisme sans but lucratif; il y a des dommages de 15 000 $ à 20 000 $
facilement. Les organismes sans but lucratif, normalement, ce ne sont pas des
gen3 qui ont beaucoup d'argent d'amassé.
La réponse qui leur est parvenue, c'est qu'ils n'avaient droit
à aucune source de financement. En plus de cela, cet organisme est
situé dans l'ancienne paroisse de Jonquière qui fait partie
actuellement de la ville de Jonquière. Donc, la ville de
Jonquière, au moment où cet organisme s'est implanté,
n'avait certainement pas les cartes d'inondation. Comme ce sont des
débits d'eau contrôlés, c'est difficilement pensable, il
n'y a jamais d'inondation en principe dans ce coin. Les débits sont
régularisés. Sur la rivière Chicoutimi et la
rivière aux Sables, le débit est contrôlé, il n'y a
pas d'inondation chez nous, en principe. Par contre, le Centre
d'expédition et de plein air laurentien a subi des dommages. Il est venu
au
ministère et il n'a pas obtenu d'aide financière.
Donc, je suis un peu du même avis que mon collègue en ce
sens que pour des cas individuels, ce sera toujours plus difficile d'obtenir un
dédommagement pour des pertes subies. Lorsque vous nous parlez des
cartes d'inondation, il n'en existe pas encore partout. J'admets que depuis
quinze ans il y a certainement un effort sensible qui a été fait,
surtout dans les dernières années, il faut bien le souligner.
Mais ces cartes ne sont pas à la disposition de tout le monde, comme les
glissements de terrain ne sont pas non plus tous identifiés au moment
où on se parle.
Si vous voulez faire des recherches et savoir comment on compense, je
pense que toute l'opération à Saint-Jean-Vianney a
été très importante, même si personne n'a jamais
été fouillé - il n'y a pas d'histoire. Vous verrez de
quelle façon ce cas a été réglé. Le
problème était assez sérieux et il y avait de l'argent
pour régler le problème. Cela ne s'est pas réglé
seulement en disant: On va remplir les poches de ces gens. Cela a
été réglé d'une façon humanitaire et
également d'une façon logique, où on gardait une certaine
responsabilité vis-à-vis des citoyens.
Je me demande si, dans la façon de resserrer certains liens,
etc., vous ne pourriez pas - je vous donne cela comme piste -regarder ce qui
s'est fait dans le cas de Saint-Jean-Vianney. Vous avez le sous-ministre,
Jean-Paul Arsenault, aux Affaires municipales, qui a été un des
intervenants. Il y a M. Frigon qui est décédé; on ne peut
définitivement pas souligner son nom. Il y a peut-être un ancien
commissaire - je ne sais pas s'il est encore commissaire à la Commission
municipale - qui a fait un travail assez important. C'est M. Guy Desbiens qui a
également été un intervenant très important dans
cette opération. Ce serait peut-être une façon de le
conserver encore comme commissaire à la Commission municipale, en allant
chercher ses services ou en le faisant travailler en raison de son expertise et
de son expérience.
Personnellement, j'ai travaillé également à cette
opération, mais pas comme spécialiste, plutôt comme
personne-ressource. Donc, vous pourriez peut-être regarder de ce
côté pour voir si l'expérience vécue pourrait
être utile au ministère éventuellement.
Ma question: Pour les cas individuels ou les groupes, de quelle
façon le ministère va-t-il concourir à trouver des
solutions? En ce qui concerne l'économie d'argent, la
responsabilité des gens, la responsabilité des
municipalités, je pense que toutes ces questions ont été
acceptées. On n'aurait pas le droit d'être assis ici, qui que ce
soit, des deux côtés, si on n'avait pas ces principes à
l'esprit.
M. Rocheleau: Justement, M. le Président, je voudrais
revenir un peu là-dessus, quand on parle de cas particuliers, quand on
parle d'aménagement de parcs ou quand on parle de terrains de camping ou
de Jeux.
Le Président (M. Lemieux): Brièvement, M. le
ministre, parce que nous avons le programme 4, "Service des achats du
gouvernement". Il reste environ 16 minutes. Cela prend un consentement pour
prolonger. Cela va.
M. Rocheleain Juste pour conclure là-dessus, M. le
Président. Nous voulons tenter de faire l'examen complet de l'ensemble
des questions qui puissent être posées. Il est bien évident
que, pour nous, le plus important c'est de préserver les biens
essentiels de la collectivité ou d'une personne. Dans le cas de
Saint-Jean-Vianney, nous utilisons encore quelque peu les mêmes bases de
règlement, mais dans ce cas, c'est un village complet qui a
été fermé, qui a été
déménagé et on a pu prendre les évaluations
globales, les coûts, la valeur de remplacement et autres.
Il faut dire aussi un élément très important. Si un
désastre de la sorte arrivait aujourd'hui - au-delà de 6 000 000
$ de dommages - le gouvernement fédéral serait aussi
impliqué à un pourcentage très important au niveau d'une
participation. C'est acquis, moyennant le fait que cela dépasse des
dommages de plus de 6 000 000 $. Il y a un autre palier de gouvernement qui
vient se greffer à ce moment-là.
Je peux assurer mes collègues que - si nous pouvons profiter de
l'expertise de l'ensemble de nos collègues de l'Assemblée
nationale, cela nous fera plaisir - pour nous, l'important, c'est de bonifier,
d'améliorer, mais aussi de tenir compte de la responsabilité de
chacun.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle le programme 2,
"Service des achats du gouvernement". M. le député de
Saint-Louis. Vous avez demandé la parole M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, j'ai quelques commentaires et
quelques questions à poser.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Quelques commentaires sur la discussion que nous
avons eue préalablement, particulièrement énoncée
par le député de Joliette et poursuivie par la
députée de Chicoutimi, concernant les risques d'inondation...
M. Dufour: Je m'excuse, c'est Jonquière, il faudrait
bien...
Le Président (M. Lemieux): Jonquière, c'est
monsieur...
La députée de Chicoutimi, c'est Mme Blackburn.
M. Chagnon: Je m'excuse.
M. Chevrette: C'est comme moi hier, entre Fabre et
Mille-Îles, j'étais mêlé.
M. Dufour: Je ne vous enverrai pas d'action.
M. Chagnon: II faut reconnaître que Mme la
députée de Chicoutimi est plus jolie que M. le
député de Jonquière.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer, M. le
député de...
M. Chevrette: ...au lieu de dire Laval-des-Rapides, ils ont dit
Fabre.
M. Chagnon: ...le député de Jonquière,
dis-je. Nous avons discuté de ta problématique des inondations.
II apparaît, semble-t-il - et je ne suis certainement pas aussi familier
que le député de Jonquière ou que le député
de Hull sur la question des inondations et des obligations que les villes
devraient avoir en matière d'inondation - il n'en demeure pas moins que
les inondations sont cycliques. À tous les printemps l'eau monte
à la suite du dégel. Il y a des gens qui se font prendre
continuellement, à tous les printemps, par exemple le long de la
rivière des Prairies, dans certaines municipalités avoisinantes
de rivières. H est assez curieux de constater le nombre de demandes
annuelles qui reviennent au gouvernement du Québec pour des fins
d'indemnisation à la suite de ces inondations. Cela ne m'apparaît
pas normal. Il me semble que les gens et les municipalités devraient,
d'une part, être conscients que l'on ne doit pas laisser bâtir
n'importe où et n'importe quand le long des rivières ou le long
des cours d'eau qui risquent de se gonfler ou être en zone inondable le
printemps et, d'autre part, les gens devraient aussi être responsables du
fait qu'ils construisent à un endroit plus dangereux qu'un autre.
Ces évidences sautent aux yeux. Il est curieux de constater que
le gouvernement indemnise quasiment à tous les ans des gens qui sont
victimes, mais quasiment consentantes jusqu'à un certain point, dans
certains cas - ce n'est pas le cas pour tout le monde - victimes consentantes
de leur localisation.
Le député de Joliette mentionnait un cas à
Saint-Liguori, ce qui est plus curieux, le cas d'une ferme, d'un cultivateur
qui a perdu son troupeau et... C'est peut-être un cas un peu particulier.
C'est très sensibilisant, en tout cas, comme exemple. En
général, on retrouve ces problèmes en zone urbaine; on ne
les retrouve pas en zone rurale parce que, en zone rurale, les cultivateurs
savent et connaissent le rôle constant de la nature et s'organisent pour
ne être pris à tous les ans dans des inondations qui leur feraient
perdre des sommes importantes en termes d'immobilisations.
Tout cela pour dire que la protection civile demeure un organisme qui
doit régulariser, me semble-t-il, des "acts of God" comme le soulignait
le député de Joliette. Certaines catastrophes au Québec -
du type de celle mentionnée par le député de
Jonquière: Saint-Jean-Vianney; d'autres dans le passé, par
exemple, les éboulements ou les glissements de terrain dans la
région de Nicolet - peuvent requérir une aide tout è fait
spéciale du gouvernement du Québec à cause de l'importance
du cataclysme.
Si on revient aux crédits du ministère, on n'a pas de ces
cataclysmes de façon courante, d'ailleurs, on ne peut pas les
prévoir. On retrouve 115 employés à la protection civile,
ce qui m'apparaît pas mal de monde pour tenter d'aider dans une situation
qui peut effectivement être dramatique, mais qui peut survenir une fois
tous les cinq ans, dix ans ou quinze ans. (11 h 45)
Dans ce cadre-là, je remarque que dans les crédits du
ministère il y a 95 employés à temps plein et 20
occasionnels. N'y aurait-il pas moyen de réduire cela davantage, M. le
ministre? D'autre part, en page 4 de la présentation des crédits
que vous avez suggérés et que vous nous demandez d'adopter, on
retrouve, dans les informations détaillées sur les ajouts, des
travaux communautaires et des CT, trois CT, en fait, pour des travaux
communautaires. De quel type de travaux communautaires s'agissait-il? C'est
quoi, la relation des travaux communautaires avec la protection civile? C'est
quoi cela?
L'intérêt que je porte est sur le fait d'avoir 115
personnes au Québec qui sont en stand-by, en attente d'un cataclysme, ou
quoi?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président, je peux simplement
souligner que les travaux communautaires qui ont été faits
étalent davantage dans le but de recueillir des données qui
permettaient justement à la protection civile d'établir un
programme, tenant compte des problèmes qui pouvaient se retrouver dans
une municipalité qui comportait probablement des programmes particuliers
d'inondations possibles. Je tiens à
reprendre un point qu'a soulevé mon collègue de
Saint-Louis tantôt: II est arrivé dans le passé, et il va
falloir trouver la mécanique aussi, que la Protection civile paie plus
d'une fois des citoyens pour des dommages encourus...
M. Chagnon: C'étaient des cas d'inondation.
M. Rocheleau: ...par des inondations. À ce
moment-là, on n'a pas apporté nécessairement le correctif
de dire: Tu as été inondé, Essaie de corriger ton
problème pour que cela ne se produise plus. Deux, trois ou quatre ans
après, cela pouvait revenir et on était prêt à payer
encore. À ce moment-là, il y a aussi cet élément
qui est très important, M. le Président.
Pour ce qui est des programmes communautaires, c'est pour tenir compte
d'analyses particulières qui permettent à la protection civile
d'établir des programmes et de faire des recommandations à la
municipalité.
M. Chagnon: Mais la première question, à savoir,
pourquoi 115 employés permanents à la protection civile, est-ce
que cela se justifie, selon vous?
M. Rocheleau: Nous avons fait une analyse assez complète.
On m'a informé tantôt qu'il y avait une diminution de quelques
postes et nous sommes par le fait même à faire une révision
complète. Ici, à Québec, nous avons la majorité des
postes permanents, mais on doit tenir compte de l'ensemble des
municipalités du Québec. On a aussi de ces postes que l'on
retrouve dans les principales régions. On a des employés
permanents qui sont là et qui apportent leur concours quotidiennement
aux municipalités. Il faut dire qu'on a 1500 municipalités comme
clients.
M. Chagnon: Cela doit quand même se coordonner avec les
corps policiers municipaux et le corps de la Sûreté du
Québec?
M. Rocheleau: En somme, c'est davantage vers cela que l'on veut
aussi, toute la question de la concertation dans l'intervention... La
Protection civile va être beaucoup plus utilisée comme
coordonnateur, à ce moment-là, s'il y a un désastre
quelconque en milieu. C'est important. Je veux simplement assurer le
député de Saint-Louis que cela fait partie de l'analyse que nous
sommes à faire et que nous compléterons à la protection
civile.
M. Chagnon: M. le Président, en conclusion, sur les deux
points.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, parce
que...
M. Chagnon: Très brièvement. Il me semble qu'une
plus grande coordination avec les effectifs policiers municipaux et provinciaux
devrait faire en sorte de réduire l'effectif à la Protection
civile; deuxièmement, il me semble que les municipalités
devraient être mises à contribution lorsqu'il y a des inondations
et qu'il y a des victimes d'inondations sur leur territoire.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, cela va?
M. Rocheleau: Simplement pour compléter là-dessus,
si on veut garder quelques minutes; mais, de toute façon, je tiens
à dire que mardi l'on pourra faire revenir la partie des achats si on
n'a pas complété cela. Mais, à l'intention de mon
collègue, je dirai qu'on est à faire une expertise assez
complète, on tient compte... La protection civile, remarquez que pour
1500 municipalités, pour l'ensemble des problèmes qui peuvent
survenir, quand il y a un sinistre, un désastre, on fait appel aux
municipalités, on fait appel aussi à un nombre très
important de bénévoles qui, dans chaque municipalité, font
partie de la protection civile du milieu. Je pense qu'on a 1000
bénévoles au Québec. Cela prend quand même des
effectifs pour faire l'ensemble de cette coordination.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
J'aimerais vous mentionner que nous terminerons à environ 12 h 15, s'il
y a consentement. J'aimerais vous faire remarquer que le leader de
l'Opposition, M. le député de Joliette, ainsi que le ministre
étaient présents à 10 heures, à la suite d'un ordre
de la Chambre. Du côté des députés
ministériels, il n'y avait pas quorum à 10 heures. On a dû
attendre jusqu'à 10 h 14. Nous allons poursuivre jusqu'à 12 h 14.
M. le député de Berthier, vous avez la parole.
M. Houde: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a consentement
en vertu de l'article 144?
Des voix: Consentement.
Le Président (M. Lemieux): Cela va!
M. Houde: J'aimerais, M. le ministre, si vous êtes capable
de préciser dans la réponse que vous avez donnée
tantôt, en ce qui concerne le cas de là famille Rochon à
Saint-Paul de Joliette... Lorsqu'on voit une lettre d'un ministre, je pense que
ce doit avoir son importance. Quand la signature du ministre est sur la lettre,
je pense qu'il doit
y avoir des suites à cela.
Dans le cas de la famille Rochon, une lettre a été
adressée en date du 6 juin. D'abord, le sinistre est arrivé au
mois de décembre 1983. L'Environnement a demandé à la
famille Rochon de quitter les lieux. Donc, c'était grave. En
deuxième lieu, la municipalité de Saint-Paul de Joliette s'engage
à verser 20% des réclamations qui vont être
évaluées par le ministère concerné.
Il y a une lettre du ministre, en date du 6 juin, disant qu'il
était surpris de voir que le cas n'avait pas été
réglé - c'était en 1985 - et il se demande ce qui se
passe. Le même ministre dit: D'ici un mois, le décret d'assistance
financière devrait être promulgué pour venir en aide
à la famille Rochon. C'est signé Adrien Ouellette qui
était ministre de l'Environnement à ce moment.
Si vous étiez capable, M. le ministre, de préciser,
lorsque vous avez dit tantôt: Je suis heureux de pouvoir dire que les cas
vont être réglés, surtout celui-là. Est-ce que cela
va être réglé à 100 %, à 50 %? Je comprends,
vous n'avez pas le dossier sur votre bureau parce que, selon l'information que
j'ai obtenue en date du 21 avril 1986, au bureau du ministère de
l'Environnement, Mme Christiane Boutin m'a dit que le dossier n'était
pas sur votre bureau, parce qu'avant d'aller sur votre bureau il va à
l'évaluation. C'est pour cette raison que vous n'en avez pas pris
connaissance. Je vous ferais diligence, si vous ne l'avez pas examiné.
Est-ce que vous pensez que ce sera possible de le régler,
espérons-le, à 100 %? Ce n'est pas 100 000 $, c'est une
évaluation d'environ 20 000 $ à 30 000 $. Tenant compte de la
municipalité de Saint-Paul qui est prête à payer 20 %,
qu'allez-vous faire dans ce cas, plus précisément?
M. Rocheleau: Je suis heureux, M. le Président, que mon
collègue me rappelle ce que j'ai et ce que je n'ai pas sur mon bureau.
Je voudrais lui dire que, pour son information et sûrement pour
l'information du leader de l'Opposition qui m'a posé la question, le
gouvernement antérieur aurait dû régler ce problème.
Cela a duré assez longtemps. Cela n'a pas été fait.
M. Houde: Trois ans et ce n'est pas encore
réglé.
M. Rocheleau: J'ai mentionné tantôt, et je le
répète, que la semaine prochaine je serai en mesure de
recommander au Conseil des ministres un règlement, c'est-à-dire
demander qu'il passe un décret afin de régler ce cas
particulier.
Nous avons confirmé, avec la municipalité, sa
participation aux dommages de l'ordre de 20 %. Le gouvernement, par
décret, j'espère, pourra défrayer les autres 80 % qui
pourraient se chiffrer à un montant approximatif d'environ 30 000 $ en
tout, tenant compte de la participation de la municipalité et du
gouvernement.
Je soumettrai à la suite de l'examen complet que nous aurons '
fait du cas et du dossier antérieur que nous avions sur la table, la
question à mes collègues pour considération.
J'espère que le Conseil des ministres acceptera de recevoir et de venir
en aide à cette famille qui a connu un problème de glissement de
terrain.
M. Houde: Juste pour ajouter à la note de
tantôt...
M. Rocheleau: Ils ne demeurent plus dans cette maison
actuellement, ils demeurent en résidence, je crois, à l'Office
municipal d'habitation.
M. Houde: Dans un HLM.
M. Rocheleau: C'est quand même le vieux gagné qui
est poigné là-dedans. Je pense qu'il est important d'essayer de
régler le problème parce que ce sont des personnes
âgées, si je ne fais erreur.
M. Houde: À 65 ans, à leur retraite.
M. Rocheleau: C'est cela.
M. Houde: C'est la lettre dont j'ai parlé tantôt,
datée du 6 juin. M. Adrien Ouellette, le ministre du temps, l'avait
adressée à M. Chevrette, député de Joliette, juste
pour préciser le fait qu'il était impliqué dans le
dossier. J'aimerais cela le dire. Merci, pour le moment.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette. Oui, M. le ministre.
M. Rocheleau: En terminant, je voudrais simplement dire que les
dommages se situent entre 20 000 $ et 30 000 $. C'est dans cette proportion que
nous allons devoir considérer, nous, notre participation. Je confirme
aussi que la municipalité nous a déjà avisés
qu'elle allait contribuer une somme d'environ 20 % sur l'ensemble des travaux
qui devront être faits.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je suis heureux de voir que le député
de Berthier veut jouer son rôle de parrain du comté de Joliette,
sauf que je dois lui dire que ce dossier, je le connais par coeur. Je suis
intervenu à plusieurs reprises. J'ai appelé au bureau du ministre
moi-même. La question de la participation financière de la
municipalité, c'est réglé; assez longtemps, merci. J'ai eu
de la difficulté, le dossier disparaît de temps en temps. Je le
cherchais
à la protection civile. M. le ministre je ne dis pas que c'est
votre faute et je ne dis pas que c'est la faute des fonctionnaires de la
protection civile, cela peut être tout aussi bien accroché dans
d'autres ministères, soit dit en passant. Il faut bien s'entendre parce
que, juste pour retracer le dossier dernièrement, cela a pris
énormément d'appels téléphoniques.
Je peux vous dire que ce n'était pas accroché à
votre bureau. Ce n'était même pas rendu chez vos hauts
fonctionnaires au moment où on cherchait le dossier. On suivait cela
quotidiennement. C'est vrai que ce sont des dossiers qui prennent du temps. II
est évident que, quand on discute surtout sur les quantums, M. le
ministre, je reconnais votre grande prudence de parler entre tant et tant. Il y
a des quantums pour lesquels on a des responsabilités, comme
gouvernement, à l'intérieur de vos budgets, je reconnais cela.
Là-dessus, je pense que ça peut prendre énormément
de temps aussi.
Cela étant dit, je suis heureux de voir que vous allez le
régler de toute façon. Cependant, M. le ministre, ce n'est pas
à vous que ma remarque devrait s'adresser, ce serait au ministère
de l'Environnement. Je dois vous dire que j'ai été surpris de
voir que le député de Saint-Louis trouvait épouvantable le
fait qu'il y avait même des citoyens qui étaient indemnisés
à deux reprises. On n'avait pas corrigé la situation. Je vous
ferai remarquer qu'au cours des dernières années l'Environnement
mettait de l'argent régulièrement, quelque chose comme 14 000 000
$ par année, au moins la dernière année pour constituer
précisément des barrages, pour éviter qu'il y ait des
inondations. Cette année, il n'y a pas un sou au ministère de
l'Environnement, au niveau des crédits, pour faire justement de ces
barrages.
Je reconnais que ce n'est pas la faute du ministre responsable de la
protection civile. Un gouvernement, c'est un tout quand même. Vous
dénoncez le fait qu'il n'y ait pas suffisamment de correctifs à
apporter dans l'immédiat, mais je peux vous dire qu'il y en avait, qu'il
en existait; c'était graduel. Pour l'année 1986-1987, il n'y aura
rien, tout au moins aux crédits. Je ne sais pas si on en a
informé le ministre responsable de la protection civile. Il n'en demeure
pas moins que c'est au niveau du ministère de l'Environnement que ces
crédits étaient affectés. Je comprends que ce sont
peut-être des choses à revoir aussi dans une perspective globale
pour améliorer le système, mais de ce côté vous
auriez probablement l'appui de l'Opposition. Plus on retrouve toutes sortes de
crédits ici et là -moi, je suis conscient d'une chose, de ce
côté en tout cas - plus je suis conscient que ce sont les
délais qui en souffrent. Ce n'est pas nécessairement de la
mauvaise volonté.
Mais vous savez que chacun, par nature, ne veut pas perdre une once de
responsabilité parce que c'est une question de prestige. Et ce ne sont
pas toujours les ministres, en passant, qui ont peur de cela, en termes de
prestige.
Vous savez que les luttes, bien souvent, on les découvre six mois
après. Pourquoi cela ne marche pas dans ce dossier? Tu te rends compte
que cela accroche dans les juridictions, sous prétexte que cela peut
diminuer quelques fonctionnaires ou la direction d'Untel. Cela, il faut se
dire: je l'ai vécu. Ce n'est pas de dénoncer les fonctionnaires
en général que de dire cela. C'est purement de constater des
choses qui se produisent et, après cela, c'est globalement tout
l'appareil qui est jugé mauvais: l'appareil politique ou l'appareil
administratif de l'État. Je pense qu'il faut être assez adulte
pour reconnaître ces choses-là qui empêchent
l'efficacité. Je pense que d'avoir vécu au pouvoir et de revenir
dans l'Opposition, cela nous permet de regarder le passé, de l'analyser
et peut-être d'être plus constructif au niveau de la recherche de
solutions. L'efficacité dans l'administration, ce n'est pas une question
de partisanerie politique. Je pense que c'est une question de chercher
l'efficacité à la lumière des expériences qu'on vit
de part et d'autre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Merci. M. le ministre, c'est pour vous dire que c'est
à la suite de la visite des gens de la municipalité de Saint-Paul
de Joliette que j'ai fait ces démarches. Ils sont venus à mon
bureau; entre autres, M. le maire Desrochers, M. Nadeau, le conseiller, et le
secrétaire de la municipalité, M. Morasse. C'est pour cela que
j'ai fait ces démarches, pour aider mon collègue voisin de
Joliette è régler le dossier. (12 heures)
M. Chevrette: Je dois dire au député de Berthier de
faire sa conférence de presse dans Joliette et on va commencer à
étudier les crédits ici. Il n'arrête pas de se vanter. On
n'est pas ici pour vanter le député de Berthier.
M. Houde: Non, mais j'ai dit: En collaboration avec le
député de Joliette.
M. Chevrette: Un parrain très efficace. On va le dire, on
va le vanter nous-mêmes. Voyons!
M. Houde: Tant que je peux le faire, je vais le faire. D'abord,
il l'a fait avant cela.
M. Chevrette: C'est de la folie furieuse. C'est un enfant
d'école.
M. Houde: Il l'a fait avant cela dans le comté de
Berthier. Pourquoi ne le ferais-je pas dans le comté de Joliette?
M. Chevrette: Réglez donc vos problèmes chez vous.
Vous en avez plein le dos.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Berthier, s'il vous plaît! Alors, j'appelle le programme 2: "Service des
achats du gouvernement".
Service des achats du gouvernement
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je voudrais savoir de
la part du ministre...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Joliette...
M. Chevrette: Oh! Je suis très calme. Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau, s'il vous plaît! M. le député de Joliette, vous
avez la parole.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais poser une
question au ministre. Il a déclaré au mois de mars, dans les
journaux -je ne sais pas s'il fait partie des mal cités ou des bien
cités - ceci: Nous avons l'intention de changer ou de modifier en
profondeur Rosalie ou le système de fichier central.
Permettez-moi d'abord de remercier vos collaborateurs. On n'est pas
allé dans le détail des 1000 cas. On aura l'occasion de
communiquer avec eux sur chacun des cas, sans en parler en commission
parlementaire.
Cela dit, revenons à Rosalie. Je dois vous dire ce qui
m'inquiète dans cela, je vous le répète. Est-ce que vous
avez l'intention de modifier le système en profondeur ou de garder les
grandes orientations et de chercher peut-être è bonifier le
fonctionnement?
M. Rocheleau: Pour le bénéfice de nos
collègues, M. le Président, je pense qu'il est important de
mentionner que quand nous sommes arrivés au ministère - j'ai eu
la responsabilité, entre autres, du Service des achats - il est bien
évident que nous devions faire l'expertise globale de ce service. Nous
avions antérieurement eu, de part et d'autre, des plaintes au niveau de
l'adjudication des contrats. J'avais l'intention, et je l'ai encore, d'apporter
des correctifs qui s'imposent.
J'ai mentionné que Rosalie, au cours des dernières
années, était devenue un symbole. Nous avons un fichier central
qui permet de retenir, pour les fins d'experts-conseils, pour la vente de biens
et autres, pour les soumissions, une expertise importante. J'ai
mentionné que nous allions devoir examiner en profondeur toute la
réglementation relativement au fichier central.
J'ai aussi mentionné qu'actuellement on retrouvait environ 400
pages de règlements que nous trouvons lourds au niveau de
l'administration globale. Nous avons pu détecter de petits
problèmes ou des problèmes assez particuliers au niveau du
boulier ou, plus particulièrement, de Rosalie si vous voulez, le mode de
sélection ou la présélection et, par la suite, au niveau
de la sélection. J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec
différentes associations, firmes d'architectes, ou autres au cours des
derniers mois, qui m'ont demandé de faire un examen assez complet. Nous
avons retenu, il y a quelques mois, une firme d'experts-conseils pour en faire
un examen et apporter certaines recommandations dans le but de bonifier,
d'améliorer et d'éliminer une certaine réglementation qui,
aujourd'hui, devient un peu trop lourde dans le système.
Je pense qu'il est important de souligner que le fichier central comme
tel, c'est bon. Nous le constatons. C'est bon. C'est le gouvernement
précédent qui a instauré ce système. Je pense que
cela a été une bonne chose. Cela a permis de corriger un certain
nombre de problèmes que nous retrouvions avant et que d'autres
retrouvent aussi dans d'autres paliers de gouvernement. Ce que je pourrais oser
espérer, M. le Président, dans l'amélioration qui serait
apportée à notre fichier central, c'est que cela s'étende
à plus d'organismes et que cela puisse servir éventuellement
aussi aux commissions scolaires, aux municipalités. J'ai
déjà eu des entretiens avec mon collègue
fédéral qui m'a informé qu'il pourrait établir un
protocole d'entente avec le gouvernement du Québec dans le but
d'utiliser le fichier central dans l'octroi de certains contrats au
Québec et plus précisément au niveau des régions.
On aimerait davantage aller en régions et encourager les gens de nos
régions. J'ai déjà fait parvenir à tous mes
collègues de l'Assemblée nationale une indication, une lettre
avec un guide du fournisseur pour leur demander d'inviter dans l'ensemble de
leur comté les chambres de commerce et les petites et moyennes
entreprises à s'inscrire au fichier central justement dans le but
d'avoir une expertise plus importante dans tout le Québec et
d'être probablement beaucoup plus équitable pour ceux et celles
qui souhaiteraient faire affaire avec l'État.
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes obligé d'y aller
par législation pour subordonner les municipalités et les
commissions scolaires à un tel système ou si ce n'est que par
protocole?
M. Rocheleau: M. le député de Joliette,
dans un premier temps, nous souhaiterions indiquer aux
municipalités, d'une façon volontaire, qu'elles peuvent faire
appel â nos services. On parle toujours d'autonomie municipale et de
grande démocratie et c'est à préserver. Je pense qu'on
peut inviter les municipalités qui donnent des contrats à
l'occasion et qui veulent bénéficier de l'expertise du fichier
central du gouvernement. C'est dans cet ordre que nous souhaiterions
possiblement... J'en informerai mon collègue, le ministre des Affaires
municipales, afin qu'il sensibilise les municipalités à
l'utilisation du fichier centrai afin d'avoir une expertise beaucoup plus large
et afin qu'il soit utilisé par un ensemble beaucoup plus imposant.
M. Chevrette: Je souscris à 150 % à l'idée
du ministre d'étendre cela aux municipalités et aux commissions
scolaires parce qu'elles sont toutes en train de se monter un petit
système. Je suis convaincu que seulement sur l'économie
d'échelle ce serait déjà énorme pour le
Québec. Ce sont quand même les mêmes contribuables qui
paient les taxes scolaires et municipales et des impôts.
M. Rocheleau: Je voudrais faire remarquer à mon
collègue aussi que même le gouvernement du Québec et ses
organismes, sociétés et autres ne passent pas tous par le fichier
central. On en compte plus d'une quarantaine qui passent outre au fichier
central. On souhaiterait que l'ensemble des organismes puissent utiliser ce
fichier. Je vous avoue, M. le Président, que cela met plus à
l'abri, je pense, contre toute tentative de reproche futur. J'ai
été maire d'une municipalité et mon collègue aussi,
je pense que le député de Terrebonne a été
impliqué. Non? Je pensais qu'il était partout. Il est difficile,
quand on est sollicité de part et d'autre par des firmes - prenons les
architectes ou les ingénieurs ou les consultants - de déterminer
leur compétence parce que ce n'est pas à nous de juger de la
compétence comme telle. Ces gens-là ont passé des examens,
ont été reçus, ils ont des compétences dans leur
domaine. Je pense que, pour toute fin d'équité, on doit tenter de
satisfaire et d'encourager un peu tout le monde dans ces milieux-là.
Avec le fichier central, je pense que c'est un moyen qui devra se traduire
d'une façon encore plus équitable pour satisfaire l'ensemble de
nos professionnels dans ce domaine particulier parce que le fichier central a
cinq catégories bien précises.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau.
M. Poulin: Un petit point. Dans ce dossier, est-ce qu'on a
contacté l'UMQ, ou si aucun contact n'a été fait avec ces
regroupements?
M. Rocheleau: Pas encore. Ce matin, à la suite de la
question de mon collègue de Joliette, je vous dis que nous aimerions
étendre d'une façon volontaire - je ne voudrais pas que ce soit
interprété comme voulant imposer mais ce serait plutôt
d'une façon volontaire - aux conseils d'administration de
différents organismes qui font appel à des expertises
l'utilisation du fichier central et nous pourrions leur fournir les indications
ou les références desquelles ils auraient à retenir une ou
des firmes. Ce serait fait sur une base volontaire comme avec le gouvernement
fédéral. Si un protocole s'établit, il est bien
évident qu'il peut y avoir des coûts déterminés pour
l'utilisation. Cela évite bien souvent d'être obligé de
retenir un expert-conseil pour choisir des experts-conseils et, finalement,
cela ne finit plus.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau en complémentaire.
M. Poulin: Je ne sais pas si j'ai bien compris. Est-ce que les
sociétés d'État comme la SAQ, la Société des
alcools du Québec, passent par le fichier central?
M. Rocheleau: C'est l'idée que cela...
M. Careau (Jean-Claude): Actuellement, il n'y en a qu'un certain
nombre. Nous pourrions vous donner la liste mais, règle
générale, les sociétés d'État ne passent pas
par le fichier.
M. Poulin: Ce serait peut-être bon d'insister
là-dessus chez nous avant d'aller vers les municipalités.
M. Rocheleau: On vous donne des indications. Les conseils
d'administration de cégeps, par exemple, ne passent pas par le fichier
central; les municipalités ne passent pas par le fichier central. La
Corporation d'hébergement du Québec ne passe pas par le fichier
central. La corporation passe? Bon! Il y en a qui passent et il y en a qui ne
passent pas. La Société immobilière du Québec passe
par le fichier central. Il y en a plusieurs qui ne passent pas et qui n'ont pas
l'obligation de ce faire. Cela pourra venir que le gouvernement demande et
exige de ces sociétés qu'elles utilisent le fichier.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, cinq secondes pour votre question. C'est ce que vous m'aviez
demandé.
M Chagnon: Cinq secondes pour demander ceci au ministre. Vous
avez
mentionné tout à l'heure que le gouvernement
fédéral pouvait être intéressé à un
protocole d'entente avec votre ministère au sujet de l'utilisation
potentielle de Rosalie. Est-ce qu'il y a des démarches faites à
ce sujet?
M. Rocheleau: M. le député de Saint-Louis, j'aurais
pu tantôt ajouter que j'ai rencontré 11 y a quelques mois le
ministre responsable des Approvisionnements et Services du gouvernement
fédéral, M. Mc Innes, qui m'a indiqué qu'il souhaiterait
pouvoir discuter avec notre ministère et le Service des achats avec
lequel ils ont déjà commencé à avoir des
rencontres, dans le but d'établir éventuellement un protocole
pour l'utilisation de notre fichier central plutôt qu'en établir
un en parallèle. Il semblerait que le gouvernement fédéral
souhaiterait établir une formule ou un fichier semblable pour l'ensemble
du gouvernement central partout au pays. Dans le cas du Québec où
on a déjà une installation, un fichier et une expertise
importante, on souhaiterait utiliser notre expertise dans ce champ-la.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie M. le
ministre.
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Est-ce que cela vous créerait
énormément de problèmes de faire revenir un ou deux
experts mardi soir prochain à 20 heures? Nous venons d'appendre
qu'à cause de la réplique sur le budget on ne peut pas être
en crédits à 15 heures mardi. Avec le leader il y aurait eu au
moins une entente de principe en vous demandant si c'est possible à 20
heures mardi, pour deux heures. On pourrait prendre, à ce
moment-là, à peu près une demi-heure pour finir la
question du Service des achats.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président, je remercie le leader de
l'Opposition. On vient à peine d'entamer l'analyse que souhaiteraient
faire nos collègues et il me fera plaisir de demander à M. Careau
d'être ici avec certains membres de son équipe, mardi soir. Par la
suite on procédera tel que convenu avec la Société
immobilière du Québec et on terminera avec la Régie des
installations olympiques.
Le Président (M. Lemieux): On peut peut-être
apporter les précisions suivantes: Effectivement, je n'ai pas eu d'ordre
de la Chambre qu'on siégeait mardi, mais en principe on devrait
siéger mardi. Les crédits seront adoptés programme par
programme et l'ensemble des crédits comme tel le sera aussi mardi.
M. Chevrette: En ce qui me concerne, vous pourriez adopter les
crédits de la protection civile, je n'ai aucune objection.
Le Président (M. Lemieux): Mais je pense qu'il avait
été convenu, tout à l'heure M. le leader, qu'on adopterait
l'ensemble des programmes et l'ensemble des crédits d'un seul et
même coup. J'ajourne sine die et en principe, en attendant un ordre de la
Chambre, on devrait recommencer nos travaux mardi, en présence du
ministre et des fonctionnaires du Service des achats; mardi, 20 heures, en
principe.
(Fin de la séance à 12 h 17)