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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration est réunie ce
matin afin d'étudier la politique budgétaire du gouvernement dans
le cadre du débat sur le discours sur le budget. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a deux
remplacements pour la séance: Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata)
remplace M. Després (Limoilou) et M. Doyon (Louis-Hébert)
remplace M. Polak (Sainte-Anne).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
secrétaire.
Buts visés par la commission
Avant de commencer nos travaux ce matin, j'aimerais faire certaines
remarques préliminaires. Je vais tâcher de les faire le plus
brièvement possible eu égard au fait que nous avons dix minutes
de retard.
J'aimerais rappeler aux membres de cette commission l'origine et les
buts de l'exercice que nous allons commencer ce matin et qui va se poursuivre
pendant dix heures, aujourd'hui et demain. Comme la majorité des gens
qui composent cette commission, c'est la première fois à titre de
député que je participe au débat sur le discours sur le
budget en commission.
Je constate aussi qu'à l'exception de quelques
députés aucun d'entre nous n'a participé aux travaux de la
commission du budget et de l'administration qui a fait l'étude de la
politique budgétaire au cours des deux dernières années.
Je me suis demandé pourquoi nous nous retrouvons en groupe restreint
dans cette commission parlementaire pour poursuivre un débat qui a
été commencé et qui s'est poursuivi à
l'Assemblée pendant plus de 13 heures. Je crois qu'il est utile de
rappeler succinctement l'origine du mandat qui nous est confié, les
objectifs à poursuivre et la responsabilité qui nous revient en
tant que membres de cette commission.
Avec la réforme du règlement en 1984, on a voulu
s'attaquer, entre autres choses, aux problèmes et aux insuffisances du
débat sur le discours sur le budget. En faisant en sorte que le
débat se poursuive en commission parlementaire, on a voulu atteindre
trois objectifs: l'efficacité du travail parlementaire, la
nécessité d'un meilleur contrôle des finances publiques et
la revalorisation du râle des députés.
Au plan de l'efficacité du travail parlementaire, on a voulu que
la Chambre puisse procéder à d'autres travaux pendant que le
débat se poursuivait en commission. On a voulu également
favoriser la qualité du débat en profitant de la souplesse de
fonctionnement qu'implique le travail en commission, les échanges
étant plus libres, le ministre pouvant être interrogé et
les documents pouvant être distribués ou
déposés.
Effectivement, on a cherché à accroître la
qualité du contrôle parlementaire des finances publiques. En 1979,
au niveau fédéral, la Commission royale d'enquête sur la
gestion financière et l'imputabilité a constaté que le
Parlement ne remplissait pas adéquatement son rôle de surveillance
des finances publiques. Elle a recommandé la création d'une
commission parlementaire permanente chargée d'étudier la
planification financière à long terme du gouvernement, d'en
examiner les implications et d'évaluer d'une façon globale les
impacts des prévisions de dépenses et de revenus.
Au Québec, au début des années quatre-vingt, des
critiques du système parlementaire comme M. Claude Forget et M. Denis
Vaugeois ont repris et développé cette idée. Ils ont
suggéré de créer une commission parlementaire permanente
qui aurait une vue globale et qui pourrait suivre l'évolution des
finances publiques, une suggestion qui a été retenue dans la
formulation - je dis bien - de notre nouveau règlement. Il est, en
effet, tout à fait inadéquat que le Parlement se penche une fois
par année sur la politique budgétaire alors qu'on sait que le
cycle budgétaire est un processus qui se déroule sur plusieurs
années. De plus, l'étude des crédits par les
différentes commissions permet bien une étude sectorielle des
dépenses et des contenus des programmes, mais ne favorise pas
l'étude globale des prévisions de dépenses et de revenus
ainsi que l'analyse de leur incidence sur le fonctionnement de
l'économie, la distribution des revenus, la stabilisation et la
croissance de l'économie. Le pari que l'Assemblée a fait, en
1984, en
instaurant la réforme parlementaire c'est d'instituer cette
commission parlementaire qui a une fonction spécifique et une
responsabilité supplémentaire face aux autres commissions, soit
celle d'étudier et de suivre, avant, pendant et après les
discours sur le budget, l'évolution des finances publiques. En nous
confiant cette responsabilité on a cherché - je l'ai bien dit
tout à l'heure - à revaloriser notre rôle de parlementaire
afin de nous spécialiser dans l'étude approfondie et suivie de la
politique budgétaire. Le but est de nous permettre d'exercer une
influence à long terme mais aussi et surtout de répondre aux
attentes de la population qui espère un véritable débat
public et une discussion de fond sur la politique budgétaire, ses
enjeux, ses conséquences pour les particuliers et les entreprises et
l'économie en général.
Enfin, je suis bien conscient que nos discussions peuvent être
colorées à cause de nos formations politiques respectives,
qu'elles sont peut-être le reflet de ce qu'on appelle les lignes de
parti. Il ne faut pas nier cette réalité. Elle est indispensable
à la discussion des enjeux politiques et économiques contenus
dans la politique budgétaire. J'espère simplement que nous
saurons à l'occasion aller au-delà de la tradition partisane pour
favoriser ici en commission le vrai débat de fond qu'attend la
population.
Organisation des travaux
Relativement maintenant au temps de parole des députés
ministériels et de l'Opposition, si je me réfère aux
articles 271 à 274 de notre règlement, j'aimerais vous dire
qu'ils s'appliquent à la Chambre, à l'Assemblée nationale,
et que de les appliquer ici serait, à mon avis, contraire à
l'économie et à l'esprit des débats qui sont poursuivis en
commission. Il est évident qu'à la lecture de l'article 274 vous
allez constater qu'ici il n'y a pas de motion de censure. C'est
l'Assemblée nationale qui a ce pouvoir. Les règles
particulières qui régissent le présent débat sont
l'article 275 et l'article 276. Vous allez remarquer qu'à
l'intérieur de ces articles on ne spécifie pas de temps de
parole. En conséquence, je me dois de me référer à
l'article 209 qui dit que théoriquement le temps de parole des membres
est de 20 minutes. Si l'on tient compte des précédents, en vertu
des articles 179 et 180 de notre règlement... L'article 180 dit: "Au
besoin, la procédure est déterminée en tenant compte des
précédents et des usages de l'Assemblée."
J'aimerais vous faire remarquer qu'à la suite d'une
décision du 23 mai 1984, à la commission de l'Assemblée,
il a été convenu que le ministre des Finances et le porte-parole
de l'Opposition interviendront les premiers à la séance de la
commission et chacun aura un temps de parole de vingt minutes. Les membres de
la commission, ainsi que le ministre, auront ensuite un temps de parole de dix
minutes par intervention. De plus, à la suite d'une décision en
date du mercredi 1er mai 1985 rendue par l'ancien président de la
commission du budget et de l'administration, M. Lachance, on dit ceci: "Je
voudrais, en commençant les travaux de la commission, faire un rappel du
temps de parole. Le ministre des Finances peut s'exprimer pendant vingt minutes
sur la politique budgétaire du gouvernement et l'évolution des
finances publiques. Ensuite, c'est au tour du porte-parole de l'Opposition
d'avoir droit à une période de vingt minutes. Après, il y
a des discussions et je devrai tenir compte de la répartition du temps
entre les groupes parlementaires. Les députés peuvent prendre la
parole pendant dix minutes et ce temps de parole est divisible puisqu'il s'agit
d'un débat qui prend la forme de questions adressées au ministre
des Finances. Après chaque question, le ministre des Finances dispose
d'un temps de parole de dix minutes pour répondre à son
interlocuteur. Je laisse maintenant la parole au ministre des Finances et
député de Saint-Maurice" à l'époque.
Telles étaient les paroles du député de Bellechasse
et président à la commission, M. Lachance.
En conséquence, ici, ce matin, quant à l'ordre des
interventions, dans la mesure du possible, j'essayerai de faire respecter ce
qui est confié à l'Opposition, le mandat qu'elle a de
contrôle du parlementarisme.
Il va sans dire que je ne peux pas interpréter le
règlement d'une façon très restrictive, parce que,
évidemment, cela va pénaliser l'Opposition si je donne une
interprétation très réglementaire à l'article 209.
Cela aurait comme conséquence qu'elle aurait à peu près
100 minutes sur 600 minutes, ce qui m'apparaît aberrant.
Alors, je ne peux pas en arriver à appliquer l'article 209 d'une
façon vraiment restrictive et je vais essayer d'appliquer, ce matin, le
principe de l'alternance 50-50 en respectant le droit de chacun des
parlementaires. Je verrai, dans le cadre de l'application du principe de
l'alternance, si effectivement le temps de parole de 50-50 peut être
respecté.
M. le ministre, je vais vous confier la parole vingt minutes pour votre
déclaration d'ouverture. Vous pouvez intervenir, par la suite, à
chacune des questions qui vous sera posée de dix minutes. Il y a
également des interventions qui peuvent se faire d'une façon
continue pendant dix minutes. Je me réfère, M. le ministre,
à la tradition, aux règlements et à différentes
jurisprudences qui ont été rendues.
M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je vous remercie, M. le Président. Je n'ai
pas l'intention de parler pendant vingt minutes. Je pense que les deux heures
que j'ai utilisées pour le discours sur le budget sont suffisantes,
à mon sens, pour informer la population. Je pense également que
c'était dans l'esprit du nouveau règlement, lorsqu'il a
été édicté. Je dis cela sans vouloir mettre en
doute quelque interprétation que vous puissiez donner. C'était
justement parce qu'autrefois il y avait 25 heures de débat à
l'Assemblée nationale et on a voulu rendre un peu moins formelle, d'une
part, la dernière période de dix heures qui était
prévue pour la commission. En même temps, il y a le fait de
libérer la Chambre pour faire d'autres travaux. Je pense bien que
c'était l'idée que le législateur avait lorsqu'il a
suggéré ce nouveau règlement.
Il y a peut-être de nos collègues qui n'ont pas eu
l'occasion de s'exprimer sur le budget, de poser des questions pertinentes.
Comme j'ai déjà pris deux heures du temps des parlementaires, je
pense que je vais laisser à d'autres, autant que possible, le soin de
commenter le budget. À l'occasion, toutefois, je pourrai intervenir pour
donner les explications que l'on jugera nécessaires ou utiles.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre
des Finances, dans le cadre du débat sur le discours sur le budget de ce
matin, il est permis à un membre de cette commission d'intervenir d'une
façon continue pendant dix minutes. Cette intervention ne prend pas
nécessairement la forme d'une interrogation qui peut être
adressée au ministre des Finances. Cela peut être aussi un
commentaire émis dans son droit de parole. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je n'ai pas non plus l'intention de faire de
déclaration d'ouverture. J'aimerais seulement poser un certain nombre de
questions au ministre des Finances concernant son budget.
Le Président (M. Lemieux): Un instant, M. le
député de Lévis. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je suggérerais, M. le Président, que
le député de Lévis, dans son intervention, puisse poser
les interrogations qu'il jugera à propos. J'attendrai' qu'il ait
terminé pour lui donner mon point de vue sur les sujets qu'il
abordera.
Je ne pense pas que nous soyons dans une situation qui ressemble,
disons, à l'étude des crédits du ministère
où l'on répond à chaque interrogation. Je pense
plutôt qu'on est dans un échange de parlementaires qui ressemble
plus à un débat qu'à une période de questions.
C'est ce que j'avais à l'esprit lorsque nous avons procédé
à modifier le règlement. C'était pour permettre justement
à des parlementaires de pouvoir échanger sur une base paritaire,
d'alternance. Je vais écouter le député de Lévis;
quand il aura terminé, moi ou l'un de mes collègues
répondra.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre,
vous avez tout le loisir d'utiliser ou non votre temps de parole. Je pense que
vous en êtes bien conscient. M. le député de
Lévis.
Discussion générale
M. Garon: Je pense que le débat a lieu à
l'Assemblée nationale mais ici, en commission parlementaire, c'est
plutôt l'étude du budget en détail, ce qu'on ne peut faire
à l'Assemblée nationale.
La première question est celle-ci: A la page 28, on indique dans
les placements, prêts et avances, des sorties et des entrées de
fonds. On voit dans les sorties de fonds, à la page 28 du discours sur
le budget, juste avant l'annexe A, un certain nombre de chiffres avec des
moins, qui doivent indiquer des sorties de fonds pour le gouvernement. Je vois:
REXFOR: moins 27 000 000 $î SGF, Société
générale de financement du Québec: moins 30 500 000 $;
Société nationale de l'amiante: moins 23 500 000 $; pour SOQUEM
et SOQUIA, il n'y a rien, il n'y a pas de sorties de fonds;
Société québécoise d'initiatives
pétrolières: moins 5 000 000 $ et, après cela, Autres:
plus 111 500 000 $. Je me pose la question pour savoir pourquoi un montant
aussi élevé est inscrit dans Autres, sans aucune
spécification. Ma première question serait de savoir ce que
recouvrent ces 111 500 000 $. S'agit-il de profits de différentes
sociétés d'État qui ont été versés au
gouvernement ou qui sont prévus pour 1986-1987?
On voit également la Société immobilière du
Québec: plus 150 000 000 $. J'aimerais savoir ce que couvrent ces 150
000 000 $. On le voit, c'est une entrée de fonds pour le gouvernement,
avec un plus. S'agit-il des avances comptables? C'est un montant
considérable de prêts et avances de 150 000 000 $. On voit un
autre montant de 14 900 000 $ et on ne sait de quoi il s'agit. On voit dans le
total des entreprises du gouvernement: plus 160 000 000 $. À la fin, on
voit au troisième alinéa, Autres comptes: moins 300 000 000 $. Il
s'agit d'un montant considérable sur lequel il n'y a aucune
indication.
Une voix: Lequel?
M. Garon: Le 3 en lettres plus grasses, Autres comptes, en bas,
à l'avant-dernière ligne. C'est écrit: moin3 300 000 000 $
alors
que l'an dernier c'était plus 40 000 000 $. Cela fait une
variation considérable dans les autres comptes. On voit que cette
année les chiffres autres, qui n'ont pas de dénomination, sont
des montants beaucoup plus considérables que l'an dernier.
Ma première question porterait sur ces éléments de
précision du budget.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: J'ai dit que je répondrais après parce
que j'ai encore des vérifications à faire pour donner le
détail de... Concernant la SIQ, 150 000 000 $, je dais exactement ce que
je vais répondre. D'un autre côté, dans les divers,
j'aimerais qu'on me prépare la liste pour que le député
soit bien renseigné, et la commission également. Je vais attendre
d'autres questions du député.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Lévis.
M. Garon: L'autre question que je voudrais poser, j'aimerais
avoir des précisions concernant les 175 000 000 $ de compressions
additionnelles puisque nous n'avons aucune idée de quoi il s'agit.
Également, nous aimerions savoir où se trouvent dans le budget
les 175 000 000 $ -qui étaient indiqués par le gouvernement dans
ses feuilles qui résument le budget -pour source de fonds concernant la
privatisation des sociétés d'État. On voudrait
également savoir où se trouvent, dans les comptes non
budgétaires, les 133 000 000 $ d'Hydro-Québec parce qu'on ne les
a pas vus non plus. Nous voudrions également savoir quelle est l'analyse
des changements aux conventions comptables. Vous avez déjà
indiqué antérieurement, lors de questions posées en
Chambre, que vous aviez des précisions à ce sujet. Vous nous avez
dit à l'Assemblée nationale que le lieu pour expliquer le
détail des changements dans les conventions comptables, ce serait la
commission parlementaire*
J'aimerais également savoir quelles sont les études...
M. Levesque: Pardon?
M. Garon: ...quelles sont les études qui ont
été faites concernant la diminution du montant de
déduction d'intérêts de 1000 $ à 500 $, lesquels
indiqueraient quelles sont les couches de la société, quels sont
les contribuables qui seraient visés. On voit dans le journal de ce
matin, par exemple, que des associations d'économie familiale ont fait
une étude assez importante sur le niveau de vie des citoyens du
Québec, le pourcentage d'épargne des ménages qui ont un
revenu de 20 000 $ et moins. Comme cette déduction passe de 1000 $
à 500 $ par contribuable, c'est-à-dire 1000 $ par couple, que les
deux conjoints travaillent à l'extérieur du foyer ou que l'un des
deux soit au foyer, puisque, à ce moment-là, l'autre conjoint qui
n'est pas au foyer peut prendre la déduction du conjoint qui ne
travaille pas à l'extérieur... Ce sont les études
économiques qui ont été faites pour que le gouvernement
sache de quelle façon les contribuables québécois vont
être affectés par les mesures adoptées par le gouvernement.
Oisons que ce serait sur la déduction...
M. Levesque: Sur le... D'accord.
M. Garon: ...de 1000 $ à 500 $.
Il y a eu toutes sortes d'analyses, évidemment. Le
ministère des Finances, qui a des responsabilités plus grandes
que les commentateurs ou les analystes, a dû évaluer quels
seraient les contribuables qui seraient le plus affectés. J'aimerais que
le ministre des Finances nous dise s'il y a des scénarios qui ont
été faits démontrant comment une famille moyenne de deux
ou trois enfants ayant un revenu de 15 000 $, 20 000 $, 25 000 $ ou 30 000 $
par année sera affectée par le budget dans son huile à
chauffage, dans l'utilisation de l'essence, dans les tarifs qui sont
anticipés pour 75 000 000 $, dans les compressions pour 75 000 000 $,
dans les déductions d'intérêts qui seront réduites
de moitié, etc. Est-ce que des scénarios ont été
faits par le ministère des Finances pour déterminer comment
seront affectés les ménages au Québec, selon les types
d'analyses statistiques ou économiques faites habituellement par
ménage? Comment les ménages, selon les différentes strates
de revenu, seront affectés par ce budget du gouvernement? (10 h 30)
Par cette analyse économique, est-ce qu'on a visé à
faire un budget expansionniste ou pour modérer les consommateurs, pour
qu'ils consomment moins, c'est-à-dire un budget qui aura des effets
régressifs sur l'économie? On sait que ce sont les consommateurs
qui, par leurs achats, jouent un rôle important dans l'économie.
J'aimerais savoir quel type d'analyses on a fait du budget au ministère
des Finances pour déterminer l'impact souhaité sur
l'économie du Québec. Est-ce qu'il y a eu une perspective
économique ou essentiellement une perspective comptable? Est-ce qu'on a
visé à augmenter la demande, à développer certains
secteurs économiques davantage créateurs d'emplois et qui ont des
effets directs et indirects plus grands sur l'économie ou si ces
analyses n'ont pas été faites et qu'on a visé simplement
à
"balancer" ce que les fonctionnaires du ministère des Finances
appellent les grands équilibres financiers sur le papier? Est-ce qu'on a
fait une analyse économique pour rechercher les objectifs particuliers
dans les différentes mesures qui ont été adoptées?
Est-ce qu'on a fait un texte après avoir trouvé les mesures, ou
a-t-on d'abord tracé des objectifs à réaliser pour ensuite
tenter d'arriver à un certain nombre de mesures pour réaliser ces
objectifs souhaitables en termes de développement économique?
J'ai eu beau chercher, personnellement je n'ai pas trouvé ces
objectifs. J'ai eu l'impression qu'on était un peu comme un
commerçant de fruits et légumes qui le samedi à 16 heures
se rend compte que ses légumes ne passeront pas la fin de semaine. Non
seulement il n'y aurait pas la perspective Provigo mais la perspective
légumes qui ne se garderont pas en fin de semaine et qu'il faut liquider
rapidement pour ne pas se retrouver avec des légumes trop mous le lundi
matin.
Quelle perspective a été déterminée dans ce
budget pour qu'on ne dise pas ensuite, comme certains ont déjà
dit dans le passé, que c'est un budget d'avocat de campagne. C'est une
critique, occasionnellement, qui est faite des budgets.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
Le budget et l'objectif de croissance
économique
M. Levesque: Il y a plusieurs questions de la part du
député de Lévis. Je pense que la question à
laquelle je dois d'abord répondre, c'est un peu la philosophie qui
touche le budget. Est-ce qu'on a tenu compte d'une volonté
expansionniste? Est-ce qu'on a tenu compte d'une... J'en ai assez. Est-ce qu'on
a tenu compte du fait qu'on voulait...
M. Garon: Si vous en avez beaucoup, vous pouvez nous en
passer.
M. Levesque: Oui, peut-être que je vais vous passer
quelques documents tout à l'heure. Cela va peut-être aller plus
vite. Autrement dit, est-ce qu'on a tenu compte des emplois
créés? Est-ce qu'on a tenu compte des besoins des gens qui
pourraient être affectés positivement ou négativement par
le budget? Est-ce qu'on a fait des études d'impact, etc.? Je dois dire
que ce qui nous a le plus préoccupés, cela a été
évidemment de devoir faire face à une impasse budgétaire
de plus de 1 500 000 000 $, chiffre qui dépassait les 3 000 000 000 $
qui étaient devenus presque une habitude de déficit depuis
quelques années. On a beau dire qu'on peut parler de théories
économiques. À un moment donné, lorsqu'on en a plus les
moyens, on peut avoir quelque chose d'un peu plus sophistiqué, mais,
lorsqu'on a à faire face à une impasse de cette nature, je pense
que la première préoccupation, c'est de dire: Nous ne pouvons pas
accepter cette situation; il faut prendre des mesures pour faire face à
cet énorme déficit qui s'annonce si on ne prend pas certaines
mesures. Autrement dit, si on laisse aller la machine, on va arriver avec un
déficit de 4 500 000 000 $, 4 700 000 000 $. Et on sait fort bien,
lorsqu'on parle de mesures qui sont de nature à favoriser l'expansion,
que, dans toutes ces mesures, la plupart sont utiles, répondent à
des besoins. Il n'est pas question pour moi de dire que, dans ce déficit
qui pouvait atteindre 4 700 000 000 $, il y a quelque chose de mauvais, mais
pouvons-nous faire face à un autre déficit de cette envergure qui
va s'ajouter à une dette déjà inacceptable? Autrement dit,
nous sommes partis d'une dette de 4 800 000 000 $, 4 700 000 000 $, on est
rendu aujourd'hui, dix ans après, à 30 000 000 000 $. Si
c'était simplement une dette passive qu'on pouvait oublier, mais elle
revient immédiatement è notre mémoire à chaque
année en nous disant: Payez-nous les intérêts, monsieur.
Payez-nous les intérêts.
Les intérêts étaient de 300 000 000 $ à 350
000 000 $ quand j'étais au gouvernement autrefois, alors que je me
retrouve à avoir des intérêts à payer de 3 500 000
000 $. Cela nous enlève beaucoup de marge pour répondre à
d'autres besoins. Comme on a dit - je pense que c'était le
député de Lévis qui disait: Écoutez, le
déficit, il n'y a rien là. Si je laissais aller le
déficit, l'an prochain, j'aurais 4 000 000 000 $ d'intérêts
auxquels je devrais faire face. C'est d'autant moins de services qu'on peut
donner à la population quand on se concentre sur le paiement des
intérêts.
Donc, il fallait faire un virage vers un déficit moindre
malgré cette impasse spectaculaire, dramatique. Or, qu'est-ce que l'on
fait? Est-ce qu'on se tourne vers la fiscalité, vers la taxation? On a
dit non, justement parce que nous ne voulions pas ralentir la croissance
économique. Au contraire, nous étions toujours
préoccupés par l'article 1 de notre programme qui est le
développement économique, la croissance économique, la
création d'emplois.
D'ailleurs, vous vous souvenez qu'au mois de décembre le premier
geste qu'on a posé c'était d'avancer d'un an la mesure
annoncée par l'un de mes prédécesseurs le 23 avril 1985,
mesure qui affectait l'impôt sur le revenu des particuliers. Nous
pensons, au contraire, qu'il faut rendre le Québec plus
compétitif. Il faut faire en sorte qu'au domaine de l'impôt sur le
revenu des parti-
culiers, tout spécialement, un effort soit fait pour diminuer cet
impôt et non pas l'augmenter.
On sait que déjà, pour ce qui est en deçà
d'un revenu d'environ 29 400 $ pour un couple avec deux enfants, nous sommes
compétitifs dans le sens suivant: ces familles paient moins
d'impôt sur le revenu des particuliers au Québec qu'en Ontario.
Nous avons aidé en donnant suite aux mesures annoncées en avril
1985 et reprises et avancées même en décembre 1985; nous
avons allégé le fardeau. Mais, il reste que les couples avec deux
enfants gagnant plus de 29 400 $ connaissent, avec l'impôt progressif,
une situation qui est moins favorable qu'elle ne l'est pour des gens dans la
même situation en Ontario.
Ce n'était pas de ce côté qu'il fallait, au 1er mai,
revenir - après avoir essayé d'alléger cette situation -
en augmentant l'impôt sur le revenu des particuliers. On a mis cela de
côté. Pour l'impôt, en général, on s'est dit:
II y a peut-être une chose à faire avant de taxer, c'est de
comprimer les dépenses, de faire un examen de toutes les dépenses
qu'il y a au gouvernement pour voir s'il n'y a pas lieu de couper un peu de
gras dans ces dépenses. D'ailleurs, nos prédécesseurs
avaient déjà commencé. Le problème qu'ils avaient,
c'est qu'ils coupaient dans le gras et, à côté, ils
repartaient d'autres dépenses qui faisaient presque en partie, annuler
l'effet de ces compressions.
On a vu, par exemple, des compressions assez dures qui ont
été faites en 1981-1982 et 1982-1983. En même temps, il y
avait des rencontres, comme à Compton, par exemple, où on
inventait d'autres choses de sorte que l'effet net de ces compressions
n'était pas de nature à régler la situation ou à
l'améliorer. Ce que nous avons fait, c'est que nous avons demandé
au président du Conseil du trésor de procéder à des
compressions budgétaires en vue du budget 1986-1987. Il l'a fait et des
compressions d'environ 1 010 000 000 $ furent effectuées. Cependant,
à cause des situations d'urgence qui existaient dans les hôpitaux
en particulier, justement dans les salles d'urgence, il y a eu une somme de 204
000 000 $ qui a été affectée au développement. Ce
qui a laissé 806 000 000 $ de coupures nettes annoncées le 25
mars 1986 par mon collègue le président du Conseil du
trésor. Cela, cependant, nous laissait encore avec une situation
où il fallait trouver les moyens non seulement d'en arriver à un
déficit de 3 100 000 000 $ ou 3 200 000 000 $, comme cela se faisait,
mais où je voulais absolument arriver à équilibrer le
compte courant, c'est-à-dire cesser d'emprunter pour payer
l'épicerie.
Cela nous amenait à un déficit d'environ 2 900 000 000 $
plutôt que de 3 100 000 000 $ ou 3 200 000 000 $; ce qui accentuait
encore l'importance de l'impasse. Aidés cependant par ces compressions,
nous avons envisagé de baisser le déficit à 2 895 000 000
$. Nous l'avons fait non seulement du côté de la fiscalité,
justement parce que nous faisions bien attention à notre priorité
qui était la croissance économique et la création
d'emplois, mais nous avons utilisé aussi divers moyens, Le budget est
là pour illustrer ma pensée et vous donner plus de détails
là-dessus. C'est qu'en plus de ces coupures déjà faites
noua en avons annoncé de nouvelles. Nous avons procédé
à récupérer certains surplus qui existaient ou certaines
sommes qui étaient normalement dues au gouvernement, Nous avons fait
cette récupération. Nous avons annoncé une privatisation
pour 175 000 000 $. Nous avons annoncé une tarification pour 75 000 QQO
$, ainsi de suite. Nous avons, à la faveur des mesures comptables, par
exemple, modifié des conventions comptables. Nous avons
dégagé un surplus de 241 000 000 $ à ce chapitre. Avant
d'arriver à taxer directement, nous avons fait tout ce que nous pouvions
pour éviter d'avoir à taxer directement les citoyens qui
étaient déjà -tout le monde le reconnaît -
suffisamment taxés, (10 h 45)
Lorsque nous sommes arrivés au bout de ce cheminement, il nous
manquait encore quelque 300 000 000 $ ou environ 250 000 000 $. C'est là
qu'il fallait se tourner vers la fiscalité pure, mais tout en se
rappelant qu'il y avait, en plus de l'impasse que nous avions connue et qui a
été décrite dans notre document du 5 mars 1986, un autre
facteur négatif. C'était justement le fait que le gouvernement
fédéral essayait de tasser dans notre cour une partie du
déficit inacceptable auquel il doit lui-même faire face. C'est
là que nous avons décidé de demander aux corporations de
faire leur part avec une augmentation qui était de l'ordre de 150 000
000 $ qui correspond à la somme dont nous avons été
privés ou dont nous pouvons être privés de la part du
gouvernement fédéral à cause des 66 000 000 $ qu'il ne
nous a pas payés au chapitre de la péréquation,
également des 82 000 000 $ qui sont menacés par le projet de loi
96 à la Chambre des communes.
Finalement, il restait après cela à peu près 95 000
000 $, 100 000 000 $ et cette fois-ci nous nous sommes tournés vers les
citoyens, pour la première fois, vers les particuliers et les
sociétés, pour l'abolition de l'exemption de la taxe sur l'huile
à chauffage et le gaz naturel et cela d'une façon très
logique, d'abord parce que l'électricité, qui est notre richesse
à nous, était taxée. Il est normal que les produits
importés le soient. D'autant plus que ces
produits sont en train de connaître une baisse. Cela n'aggravait
pas la situation et il est probable que le coût, même avec cette
abolition de l'exemption, sera peut-être moindre l'hiver prochain que le
coût de l'an dernier pour ceux qui se chauffent avec ce matériau.
C'est un peu le résumé de l'approche que nous avons eue.
Maintenant, pour répondre à des questions plus
spécifiques, autrement dit pour résumer, nous avons toujours fait
attention à l'article 1 de notre programme. Probablement que d'autres
ont fait attention à leur article 1 trop longtemps, mais nous autres,
c'est ce qu'on a fait et nous l'avons fait de telle façon que cette
préoccupation de création d'emplois, de croissance
économique soit toujours présente à tous les gestes que
nous avons posés le long de ce parcours.
Changement dans les conventions comptables
Les questions posées par le député de Lévis
touchaient d'abord, si mes notes sont correctes, la page 28 du discours sur le
budget sur l'état des opérations financières,
opérations non budgétaires, placements, prêts et avances.
Là, il y avait une question touchant les 111 500 000 $ marqués
Autres. Dans Autres, cela touche principalement la privatisation
envisagée. Évidemment, je ne peux pas vous dire quelles actions
sont envisagées, je peux simplement dire en générai une
liquidation d'actions dans des entreprises suite à la privatisation. Je
ne peux pas à ce moment-ci dire à la commission, pas plus qu'au
caucus du parti, quelles sont les entreprises qui sont envisagées. Le
député de Lévis comprend très bien pourquoi. Mais
je peux dire que ce chiffre de 111 500 000 $ comprend principalement ce poste.
Il y a également une réévaluation des placements à
la suite d'une modification comptable qui touche plus particulièrement
Hydro-Québec. Cela répond presque, en même temps, à
la question sur les fameux 133 000 000 $ que l'on retrouve aux revenus et qui
faisait que l'Opposition demandait: Si c'est aux revenus, comment cela se
fait-il qu'on n'en parle pas à Hydro-Québec dans ses
déboursés ou dans les dividendes qu'elle aurait à payer au
gouvernement? Il ne s'agit pas de dividendes, justement. La formule a
été changée. Si cela avait été un dividende,
on n'en aurait pas eu. Un montant de 521 000 000 $ avait été
prévu par l'ancien ministre des Finances le 23 avril, mais à
cause des circonstances relatives à la baisse du dollar canadien, d'une
part, aux ventes d'électricité et au prix du pétrole... On
sait que le prix de vente de ces surplus d'électricité est
relié au prix d'autres sources d'énergie, comme le
pétrole. Donc, il y a là un fait auquel on doit faire face et qui
fait que les 521 000 000 $ qui avaient été prévus par
l'ancien gouvernement se sont évaporés. Ce montant de 133 000 000
$ va résulter des conventions comptables qui ont été
modifiées. C'est justement à ce poste qu'on retrouve cette
modification, mais dans les 111 500 000 $ mentionnés par le
député.
M. Garon: Les 133 000 000 $, c'est dans les 111 500 000 $?
M. Levesque: Oui, parce qu'il y a des plus et des moins, il faut
bien comprendre.
M. Garon: Parce qu'on prend les plus et les moins.
M. Levesque: Bon, alors dans la liquidation d'actions dans des
entreprises à la suite de la privatisation, vous avez un plus de 250 000
000 $. Dans la réévaluation des placements à la suite de
la modification comptable à Hydro-Québec, vous avez un moins de
133 000 000 $ et, pour les autres sociétés, vous avez un plus de
35 000 000 $, ce qui fait un net de moins 98 000 000 $. Il y a une
réserve, comme d'habitude, pour d'autres placements qui donne moins 40
500 000 $, ce qui donne un total de plus 111 500 000 $.
M. Garon: La privatisation, ce n'est plus 175 000 000 $, c'est
250 000 000 $.
M. Levesque: Pour avoir un net pour le gouvernement, c'est normal
que l'on doive aller... Autrement dit, je vais donner un exemple au
député de Lévis dans un domaine qu'il connaît bien,
celui de SOQUIA. On se rappelle que SOQUIA s'est départie des actions de
Provigo et que la vente a donné, si ma mémoire est fidèle,
à peu près 48 000 000 $. Cela a donné seulement 37 000 000
$ net au gouvernement parce qu'il y avait déjà un placement de 11
000 000 $, c'est-à-dire que le coût du placement était de
11 000 000 $ et le dividende auquel nous avions droit c'était la
différence entre le coût du placement et le montant de la
vente.
M. Garon: Le gain de capital.
M. Levesque: C'est cela. C'est pourquoi il y a toujours cette
différence. Pour réaliser 175 000 000 $, c'est 175 000 000 $ net
dont on a parlé dans le discours sur le budget et non pas 175 000 000 $
brut. Moi, il me faut 175 000 000 $ net, je l'espère.
Quant aux autres montants...
M. Garon: II a été payé au fonds, c'est une
entrée nette.
M. Levesque: J'ai donné l'exemple de Provigo parce que
c'est fait, cela.
M. Garon: Je comprends SOQUIA, mais cela a été
acheté en 197B, je pense, ou en 1979. Supposons que cela a
été payé 11 000 000 $, mais cela a été
payé dans ces années-là.
M. Levesque: Oui.
M. Garon: Cette année, c'est une entrée de fonds
nette de 48 000 000 $.
M. Levesque: Non, il faut soustraire pour obtenir le dividende
dû. Autrement dit, les 48 000 000 $ ne vont pas au fonds consolidé
du revenu parce que SOQUIA veut garder sa base de 11 000 000 $ de son
placement. Le coût de son placement lui appartient. La différence
entre le prix de vente des actions et le coût des actions s'en va au
fonds consolidé du revenu. Cela devient un dividende, autrement dit,
pour le gouvernement.
Concernant les autres montants sur lesquels le député de
Lévis me posait des questions, je pense que c'était pour le
chiffre de 150 000 000 $. Les 150 000 000 $, c'est la Société
immobilière du Québec, n'est-ce pas? Ce sont les montants que la
société immobilière... On se rappellera que la
Société immobilière du Québec, lorsqu'elle a
été formée par l'ancien gouvernement, a acquis tous les
immeubles appartenant au gouvernement pour une somme, je crois, de 500 000 000
$, plus ou moins. Elle a payé à l'aide d'un billet promissoire et
elle devait rembourser au gouvernement pendant cinq ans la valeur de ses biens.
Or, il est prévu que cette société rembourse ces 150 000
000 $ et c'est pourquoi vous avez là la somme de 150 000 000 $.
Une autre question que le député a posée, c'est sur
"Autres". Après la Société immobilière du
Québec, on voit le mot "Autres", 14 900 000 $. C'est formé de
deux montants: programme d'aide aux entreprises, 12 000 000 $ et
réserves non allouées, 2 900 000 $, pour un total de 14 900 000
$.
Finalement, dans ce tableau, il y avait Autres comptes, 300 000 000 $.
Le détail de ce montant se trouve dans la liquidation des comptes
à payer. On sait que, lorsqu'on a fait les modifications aux conventions
comptables, il fallait bien qu'il se retrouve quelque part. Alors, les
déficits des réseaux à la suite de l'inscription des
comptes à payer non inscrits, le paiement du change étranger sur
les remboursements d'emprunts, par exemple... On sait que le gouvernement a
emprunté au cours des années dans certaines devises dont la
valeur, vis-à-vis du dollar canadien, a été
modifiée. Lorsqu'on a fait la modification aux conventions comptables
telle que suggérée par le Vérificateur
général, justement, c'étaient des postes: les comptes
à payer, les déficits des réseaux et le taux de change.
Autrement dit, il fallait faire les calculs pour se mettre à jour.
Lorsqu'on s'est mis à jour, on est arrivé' à une somme de
250 000 000 $ à ces divers postes. Le solde de 50 000 000 $ pour arriver
à 300 000 000 $ provient des opérations financières
régulières. Le député disait: D'habitude, c'est
à peu près ce montant. Pourquoi est-ce changé? La
différence provient des opérations financières
régulières. Le montant de 250 000 000 $ provient des effets des
modifications aux conventions comptables au titre de ce que je viens de vous
mentionner.
M. Garon: Pourquoi ne pas avoir indiqué les
différentes opérations plutôt que de montrer un montant
à la fin? Vous parlez de 111 500 000 $ et de sa contrepartie dans le
montant de 300 000 000 $ pour en arriver à plus 250 000 000 $, moins 133
000 000 $, plus 35 000 000 $.
M. Levesque: Autrement dit, pourquoi n'a-t-on pas donné le
détail des divers... Je ne le sais pas. Je n'ai aucune objection
à vous le donner ce matin. Je vous assure que ce n'est pas moi qui
m'occupe de la confection des tableaux mais je peux m'informer pour voir si
cela se fait comme ça d'habitude. On me dit que cela se fait comme
ça d'habitude. (11 heures)
M. Garon: Mais vous dites que vous changez les conventions
comptables pour nous éclairer davantage, mais cela nous éclaire
moins qu'avant, parce qu'avant il n'y avait pas de dispositions semblables.
Vous arrivez avec des gros chiffres, 300 000 000 $ alors qu'avant
c'étaient des petits chiffres. Avant, c'était plus 40 000 000 $
è "Autres comptes". Là, vous avez moins 300 000 000 $. Cela fait
donc un écart de 340 000 000 $. Cela fait un joli écart, vous
savez. Ensuite, vous mettez le solde dans "Autres", en haut dans le premier
élément, de plus 111 500 000 $. Il y a un paquet de chiffres
là-dedans, mais le solde fait un plus. Après avoir mis un paquet
de plus et un paquet de moins, cela arrive à un plus. Je ne vois pas en
quoi ces conventions comptables éclairent davantage le client. J'ai
plutôt l'impression que cela le môle davantage.
M. Levesque: C'est peut-être pour cela qu'ils ne l'ont pas
détaillé parce que cela nous aurait peut-être
mêlés.
M. Garon: Mais ils auraient su ce que c'était.
M. Levesque: II est bien sûr qu'il faut être assez
versé dans les conventions comptables pour comprendre très bien
tous
les rouages. Toutefois, je n'ai pas objection à le publier, si le
député le veut. Je peux lui envoyer une copie complète et
détaillée, avec annotations s'il le désire. Je n'ai pas
d'objection. Sauf qu'on a pensé, à cet endroit, que ce
n'était pas le moment de détailler. D'ailleurs, il y a
déjà tellement de détails là-dedans. Vous savez
qu'on parle de toutes les sociétés comme REXFOR, SGF, SNA,
SOOUEM, SOQUIA, SOQUIP, et on arrive ensuite avec "Autres". On aurait pu
continuer.
M. Garon: Mais c'étaient des petits montants. Il y a des
montants relativement petits...
M. Levesque: Oui, je comprends, mais le montant...
M. Garon: ...comme 5 000 000 $. Mais des montants de 250 000 000
$...
M. Levesque: Mais cela n'aurait rien donné et je vais vous
dire pourquoi. C'est parce que le montant de 111 000 000 $ touche
précisément la privatisation. On n'aurait pas pu donner de nom.
C'est pourquoi on a marqué "Autres", probablement. C'est parce que les
compagnies qui seront privatisées ne sont pas inscrites
là-dedans, mais on ne le dira pas avant d'être prêts, c'est
normal. Autrement, on ne serait pas responsables envers la population du
Québec qui veut avoir le meilleur rendement de la vente de ces
sociétés.
M. Garon: Mais imaginez-vous que c'est un rapport d'une
entreprise privée. L'actionnaire veut comprendre. Nous jouons le
rôle de l'actionnaire. Il y a le montant de 111 500 000 $; il y a un
montant de 250 000 000 $ de ventes d'entreprises; il y a un montant de 133 000
000 $ en dividendes qui ne sont pas versés; il y a un autre montant de
35 000 000 $. On ne juge pas bon d'indiquer que, là-dedans, il va y
avoir un montant de 250 000 000 $ de ventes d'entreprises, qu'il y a des
dividendes de 133 000 000 $ qui ne sont pas versés. Ce sont de
drôles de conventions comptables.
Malgré tous les "sparages" que faisait le Vérificateur
général qui avait l'air d'un tenancier de maison de
pureté, d'un coup sec, on trouve que cela cache plus qu'avant. Au lieu
de montrer plus, cela en montre moins qu'avant. Je m'étonne que ce soit
cela, les conventions comptables du Vérificateur général*
Dans une convention comptable, on peut compter des briques à la
douzaine, on peut les compter à la chaudière, à la
brassée ou de différentes façons, à condition de
s'entendre sur la méthodologie. À la fin, si on dit qu'on
améliore ces conventions, il ne faut pas se mordre le front avec les
dents d'en haut comme dans la comptabilité. Le Vérificateur
général nous dit, au fond, que ces conventions vont nous donner
plus l'heure juste. C'est drôle, quand je regarde cela, il me semble que
j'ai moins l'heure juste qu'avant. Il y a des gros chiffres et on ne sait pas
ce qu'il y a derrière. 300 000 000 $, ce n'est pas des "peanuts".
Après cela, on dit: Les 115 500 000 $, c'est un solde d'additions et de
soustractions. Je suis un peu estomaqué. On se serait attendu un peu
d'avoir le détail de cela, il me semble, pour mieux éclairer le
patient, surtout si on veut éclairer l'actionnaire comme dans une
"business".
Si cela rapporte 250 000 000 $, imaginez-vous! 250 000 000 $ de ventes
d'entreprises, 133 000 000 $ de dividendes...
M. Chagnon: Question de règlement, M. le
Président.
M. Garon: ...et on se retrouve avec plus 111 500 000 $. Cela fait
drôle.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, question de règlement de la part
du député de Saint-Louis. M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: N'aviez-vous pas dit, M. le Président, que les
interventions des députés devaient durer dix minutes?
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: On est rendu à combien?
Le Président (M. Lemieux): J'ai dit tout à l'heure
que les interventions devaient durer dix minutes. Mais j'aimerais vous faire
remarquer que M. le ministre des Finances, de même que le critique de
l'Opposition - il faut avoir à l'esprit le principe du contrôle
parlementaire - n'ont pas utlisé les vingt minutes des
déclarations d'ouverture. Or, j'ai convenu qu'en ce moment ils
utilisaient ces vingt minutes. En plus, ils ont dix minutes chacun, ce qui
équivaut à environ trente minutes.
Cet après-midi, je tiens à le préciser aux deux
groupes parlementaires... Je m'appuie sur la tradition et l'usage
là-dessus en vertu des articles 179 et 180 où il y a des
principes d'établis par deux ans de pratique selon lesquels cette forme
de débat ne doit pas être nécessairement - je le dis bien,
ne doit pas être nécessairement - une interrogation au ministre.
Je m'appuie sur cette décision du 23 mai 1984 à cet effet. Cet
après-midi, effectivement, dans le respect de la règle de
l'alternance, ce sera des dix minutes. Mais en ce moment, le
député de Lévis a droit à trente minutes
à
cause du fait qu'il n'a pas utilisé ses vingt minutes de ce
matin. Je me dois de lui redonner la parole puisqu'il n'a utilisé que
quatorze minutes et trente et une secondes jusqu'à maintenant.
M. Chagnon: Excusez-moi auprès du député de
Lévis. Cela m'a paru beaucoup plus long.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Saint-Louis, mais les deux groupes parlementaires sont
bien conscients que, cet après-midi, ils auront des dix minutes et ce ne
sera pas nécessairement des interrogations au ministre. Je tiens
à le préciser. M. le député de Lévis, s'il
vous plaît, vous pouvez continuer. Nous allons, d'ailleurs, suspendre
à 11 h 15. M. le député de Lévis, vous pouvez
continuer.
M. Levesque: C'est à cause du député de
Lévis qu'on suspend?
M. Garon: On peut continuer, cela ne me dérange pas. On
peut continuer jusqu'à midi et demi.
Le Président (M. Lemieux): Non, je m'excuse, mais nous
avons un mandat de l'Assemblée qui dit ceci: "Ou consentement de
l'Assemblée, M. Lefebvre, leader adjoint du gouvernement, précise
que la commission du budget et de l'administration se réunira afin de
poursuivre le débat sur le discours sur le budget le mardi 13 mai de 10
heures à 11 h 15, de 15 h 30 à 18 h 30 et de 20 heures à
22 h 30." Nous devons suspendre à 11 h 15 pour reprendre à 15 h
30.
Une voix: Cela va!
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, comme
président, je dois me conformer aux directives et au mandat de
l'Assemblée.
M. Chagnon: C'est bien important.
Le Président (M. Lemieux): C'est effectivement très
important, M. le député de Saint-Louis. M. le
député de Lévis, vous avez toujours la parole.
M. Garon: J'aimerais poser une autre question. J'essaie de
comprendre comment fonctionne le gouvernement. C'est une question terre
à terre. J'ai eu l'occasion de me sensibiliser au dossier de la prison
de Saint-Joseph-de-Beauce. C'est un dossier que j'ai étudié et
cette prison m'est apparue comme l'une des plus efficaces au Québec. 11
y a 32 cellules et avec celles-ci on réussit à gérer 70
détenus par jour parce qu'un certain nombre de détenus
travaillent dans différents endroits. Or, le gouvernement décide
de fermer cette prison qui, avec 32 cellules, réussit à faire
fonctionner 70 détenus.
Ce matin, dans le journal je voyais qu'à la prison de
New-Carlisle, c'est l'inverse. On garde la prison ouverte et apparemment elle
peut gérer 63 détenus, mais dans la réalité il y en
a seulement 28. Oonc, une prison nettement sous-utilisée.
M. Chagnon: Parce que les citoyens sont honnêtes.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, s'il vous plaît!
M. Garon: Et cette prison sous-utilisée, qui peut
fonctionner avec 63 détenus et qui n'en a que 28, va se voir octroyer un
montant de 1 000 000 $ pour des travaux, alors que celle qui est
utilisée à pleine capacité, on décide de la fermer.
Je ne suis pas capable de comprendre le raisonnement en arrière de tout
cela. Je me serais attendu au contraire, dans le sens qu'ils auraient fait des
travaux dans la prison de Saint-Joseph-de-Beauce qui est utilisée
à pleine capacité. En plus, on dit que sur le plan de la
réhabilitation cette dernière est la plus efficace des 29 centres
de détention du Québec, puisque les prisonniers, l'an dernier,
ont gagné près de 55 000 $ et le rythme de cette année est
encore plus élevé. Les prisonniers paient même de
l'impôt, pas des gros montants, mais ils paient un certain montant
d'impôt. C'est la prison, sur le plan des données, la plus
efficace et l'une des moins chères en termes de per diem, puisque son
per diem est le troisième moins élevé au
Québec.
Une voix: La page, s'il vous plaît?
M. Garon: Je donne un exemple concret. Le ministre a dit que le
gouvernement a voulu rationaliser les dépenses, que cela va être
une meilleure administration. C'est comme cela qu'il va fonctionner. J'ai un
exemple concret sous les yeux dont je ne suis pas capable de comprendre le
fonctionnement. La prison de Saint-Joseph, avec 32 cellules, réussit
à faire fonctionner 70 prisonniers ou détenus qui font des stages
de réhabilitation en même temps puisqu'elle est vraiment
acclimatée à son milieu. La prison de New-Carlisle, elle, qui
devrait avoir 63 personnes sous son contrôle en a seulement 28. Le
gouvernement ferme la prison de Saint-Joseph qui est pleinement utilisée
et investit 1 000 000 $ à New-Carlisle dans une prison
sous-utilisée. Je ne suis pas capable de comprendre le fonctionnement du
gouvernement là-dedans.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, je dois
vous dire que je ne m'attendais pas à une question de cette
nature ce matin dans l'étude du budget. Si la question avait
été posée au président du Conseil du trésor,
j'aurais compris, malgré que la question, à mon sens, doive
s'adresser à celui qui s'occupe de l'administration du budget, soit le
Solliciteur général. Je n'ai pas d'objection, quant à moi,
à soumettre au Solliciteur général la question du
député de Lévis. Mais je n'ai sûrement pas
l'intention d'entrer, même avec la plus forte invitation, dans un
débat où il me manque, évidemment, naturellement et
fonctionnellement, des données qui seraient de nature à
éclairer la lanterne du député de Lévis. Ce n'est
pas que je ne me préoccupe pas du sort des gens de la Beauce.
Sûrement que, si j'avais dans mes fonctions à m'occuper de ce cas,
il me ferait grand plaisir de regarder jusqu'au fond toute cette histoire. Mais
ce ne sont pas mes fonctions. Je suis un peu plus familier avec la prison de
New-Carlisle parce qu'elle est dans mon comté. Selon ce que l'entends
dire, elle n'est pas sous-utilisée, comme le disait le
député de Lévis.
M. Garon: C'était écrit dans le journal hier
matin.
M. Levesque: Je crois que les travaux qui s'y font sont
justifiés, autant que je sache. Je ne pense pas qu'on puisse comparer
des prisons les unes avec les autres dans des régions
complètement différentes. Je sais qu'il y a une autre prison en
Gaspésie qui subira peut-être le même sort, peut-être
deux, je ne le sais pas.
M. Garon: J'ai pensé que vous pourriez être au
courant parce que je vois qu'il y a la prison de Percé dans le
comté de Gaspé. La prison de Matane fermera également. Je
suis convaincu que la députée a dû défendre un peu
son dossier et aller vous voir pour dire: Comment se fait-il que la prison de
Matane ferme et que celle de New-Carlisle reste ouverte? Le
député de Beauce-Nord apparemment n'a pas défendu son
dossier. Ce que je veux dire...
Mme Hovington: Elle était fermée depuis 1983, M. le
député.
M. Garon: Je suis convaincu que le ministre des Finances, qui est
en même temps député de Bonaventure, doit être au
courant de ce dossier comme ministre des Finances et comme député
de son comté.
M. Levesque: M. le Président...
M. Garon: C'est pour cela que j'ai pris cet exemple; pour essayer
de savoir comment fonctionne le gouvernement.
M. Levesque: ...je pourrais au moins dire au député
de Lévis, parce que la députée de Matane vient de m'en
informer, que la prison de Matane est fermée depuis 1983.
M. Garon: Non, non, c'était annoncé pour les
prisons. Les sept centres.
Mme Hovington: Officieusement, si vous me le permettez...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Matane, s'il vous plaît!
Mme Hovington: ...la prison de Matane était fermée
depuis 1983, les prisonniers étant amenés à la prison de
Rimouski et ramenés à Matane le matin pour passer au palais de
justice. On a seulement officialisé la date de juillet 1986, mais la
prison était fermée...
Le Président (M. Lemieux): Sur l'intervention de la
députée de Matane...
Mme Hovington: ...depuis 1983.
M. Garon: Elle était utilisée encore.
Mme Hovington: Non.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis! Mme la députée de Matanel Sur l'intervention de la
députée de Matane, eu égard au mandat qui nous a
été donné par la Chambre, je me dois de suspendre nos
travaux jusqu'à 15 h 30.
En conséquence, la commission du budget et de l'administration
suspend l'étude de la politique budgétaire du gouvernement dans
le cadre du débat sur le discours sur le budget jusqu'à 15 h
30.
(Suspension de la séance à 11 h 15)
(Reprise à 15 h 44)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons nos travaux quant à l'étude de la politique
budgétaire du gouvernement dans le cadre du débat sur le discours
sur le budget.
M. le député de Lévis, j'aimerais vous faire
remarquer qu'il vous reste dix minutes à la suite de la décision
que j'ai rendue ce matin de vous allouer 20 minutes additionnelles en
considération du fait qu'il n'y avait pas eu de déclarations
d'ouverture.
Après votre intervention, les suivantes seront de dix minutes, en
respectant la règle de l'alternance. Je rappelle aussi que les
interventions ne doivent pas obligatoirement prendre la forme d'une
interrogation ou
interpellation au ministre.
M. le député de Lévis, vous pouvez continuer.
M. Garon: Ce n'était pas à moi. J'ai posé un
série de questions.
Le Président (M. Lemieux): Aviez-vous fini, M. le
ministre, de répondre aux questions du député de
Lévis?
M. Levesque: Je peux continuer...
Le Président (M. Lemieux): Vous voulez
compléter.
M. Levesque: ...à répondre à certaines
questions que le député de Lévis m'a posées.
Placements, prêts et avances
Plus précisément à la question concernant les
sommes de 150 000 000 $, en page 28 du discours sur le budget, Placements,
prêts et avances, Société immobilière du
Québec: 50 000 000 $. Ce montant est composé, comme je l'ai dit
ce matin, du remboursement du billet obtenu lors du transfert du parc
immobilier. Dans les Autres placements, 111 500 000 $, je le
répète, et là je donne les chiffres précis pour que
le député puisse les noter s'il le désire, il y a: la
liquidation d'actions dans les entreprises à la suite de
l'opération de privatisation: 250 000 000 $, c'est un plus;
l'évaluation des placements à la suite de la modification
comptable, Hydro-Québec: moins 133 000 000 $; autres
sociétés: plus 35 000 000 $, pour un moins 98 000 000 $; la
réserve habituelle pour de nouveaux placements, ici encore c'est un
moins, 40 500 000 $, ce qui fait... Oui, la réserve habituelle pour de
nouveaux placements, comme on l'a chaque année, c'est un moins 40 500
000 $. Ce qui fait - je répète les trois chiffres pour arriver
à 111 500 000 $ -un plus de 250 000 000 $, un moins de 98 000 000 $ et
un moins de 40 500 000 $. Ce qui, dans cet élément Autres
placements, donne la balance de 111 500 000 $.
Comme je l'ai dit ce matin, pour les autres prêts et avances
totalisant 14 900 000 $, il y a le programme d'aide aux entreprises du
ministère de l'Industrie et du Commerce, pour 12 000 000 $ et la
réserve habituelle non allouée, au moment du budget, de 2 900 000
$. Ce qui fait le total de 14 900 000 $ et qui identifie les composantes de la
somme de 14 900 000 $ sous le titre Prêts et avances, dans le même
tableau.
Quant au montant qui apparaît sous Autres comptes, moins 300 000
000 $, je répète, mais avec encore plus de précision, les
informations que je donnais ce matin à cette commission. Liquidation de
comptes a payer: d'abord, la convention collective, offre de fin février
portée aux dépenses de 1985-1986, moins 65 000 000 $.
Déficit des réseaux et autres, à la suite de l'inscription
des comptes à payer non inscrits - il s'agit encore d'une modification
comptable - moins 142 000 000 $. Paiement du change étranger sur les
remboursements d'emprunts à la suite de la réévaluation au
taux de change courant de la dette en devises étrangères, une
autre modification comptable: moins 43 000 000 $. Alors, les trois montants qui
forment 250 000 000 $ au total sont, encore une fois: 65 000 000 $, 142 000 000
$ et 43 000 000 $. Ce qui fait un total de moins 250 000 000 $. Le solde de
moins 50 000 000 $, pour former les 300 000 000 $, provient des
opérations financières régulières, comme nous les
retrouvons chaque année à peu près. Les montants peuvent
varier, d'ailleurs, cet élément Autres comptes a varié
dans le passé entre moins 197 000 000 $ et plus 219 000 000 $ au cours
des six dernières années. On voit qu'il y a une variation qui
n'est pas nouvelle, bien que la majeure partie, cette année, de ce
montant est attribuable aux modifications des conventions comptables.
Le député de Lévis m'a posé une autre
question sur les tarifs. Il y a, en effet, dans le budget, une somme de 75 000
000 $ qui est attribuable à des ajustements de tarifs. Il me demandait
si je pouvais préciser. Je ne peux pas préciser l'ensemble, et je
vais lui dire pourquoi, mais je vais au moins lui donner une indication. Les
hausses ne touchent que les biens et les services offerts directement par le
gouvernement. Donc, il ne faudrait pas chercher ici des tarifs reliés
aux services de santé et d'éducation.
Nous avons quelques exemples, cependant, qui peuvent lui donner la
nature de ces tarifs qui sont prévus au ministère. Nous en avons
déjà fait part quant à l'immatriculation et aux permis de
conduire. Ce qui avait été prévu, c'était une somme
d'environ 27 000 000 $. Nous avons au ministère, également, des
frais d'incorporation de compagnies, un ajustement des tarifs qui pourrait nous
donner 2 200 000 $.
Des rapports annuels des compagnies, il y a un ajustement
également de ce tarif qui pourrait nous accorder 2 000 000 $. Certains
tarifs au ministère de la Justice et chez le Solliciteur
général, une révision de leurs tarifs en
général, dans les cours de justice, dans les greffes, pour une
somme de 18 000 000 $, ce qui fait environ 50 000 000 $ sur les 75 000 000 $ -
je donne quelques exemples où se trouvent nos cibles, si vous voulez -
où les décisions sont à peu près prises, donc les
deux tiers des 75 000 000 $. Il reste 25 000 000 $ à identifier.
Certains ministères sont déjà
prévenus que ce soit le ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche ou d'autres. Ces ministères qui ont des tarifs
doivent venir au Conseil des ministres faire approuver leur nouvelle
tarification. Dans ce cas-là, cela devrait se faire dans les prochains
jours ou au plus dans les prochaines semaines afin que nous puissions recevoir
les sommes prévues dans notre budget.
Autre question du député de Lévis. Je n'ai pas la
liste. Est-ce que quelqu'un peut m'apporter la liste des questions qui avaient
été posées ce matin parce que je l'ai laissée
à quelqu'un?
Une voix: II y avait Saint-Georges de Beauce, en tout cas.
M. Levesque: Non, non, ce n'est pas cela. C'était
Saint-Joseph, ce n'était pas Saint-Georges. J'avais mis cela sur des
petites feuilles. Parfait.
Quant au montant de 175 000 000 $ qui est prévu pour la
privatisation, je pense que j'ai répondu, alors que nous étudions
le tableau de la page 28, que je ne pouvais pas à ce moment-ci, dans
l'intérêt public, identifier les sociétés qui
seraient touchées et dont la vente pourrait éventuellement
totaliser un montant net de 175 000 000 $. Alors, pas plus que ce matin, cet
après-midi, je ne crois pas qu'il serait opportun d'aller plus loin et
de dire que nous avons l'intention, dans le processus de privatisation, d'avoir
au fonds consolidé du revenu une somme de 175 000 000 $.
Dans une autre question, le député de Lévis nous a
parlé des compressions additionnelles de 75 000 000 $. Nous avons fait
des compressions, cette année, pour 806 000 000 $ net, mais nous pensons
que nous devrons aller chercher 75 000 000 $ additionnels en 1986-1987. Cette
somme sera prise à même les 400 000 000 $ de compressions
annoncées pour l'année 1987. On sait que notre exercice financier
se termine le 31 mars 1987 et nous devrons commencer des compressions de 400
000 000 $ avant même le 1er avril 1987, de sorte que nous
prévoyons que cette partie des 400 000 000 $ pour 1987-1988 donnera des
retombées fiscales ou budgétaires, si vous
préférez, au cours des trois derniers mois de 1986-1987 ou, si
vous voulez, des trois premiers mois de 1987. C'est ce qui fera le montant de
75 000 000 $ annoncé dans les compressions additionnelles.
Si on me demande: Voulez-vous les identifier? non, je n'ai pas à
les identifier étant donné que c'est une demande que j'ai
transmise au président du Conseil du trésor d'effectuer des
compressions additionnelles de 400 000 000 $ pour 1987-1988. Je voulais mettre
en place une partie de ces compressions dès le 1er janvier 1987 afin que
nous puissions avoir une retombée, pour les trois derniers mois de
l'exercice financier actuel, de 75 000 000 $.
Une autre question du député de Lévis à
laquelle je pense avoir répondu concerne les 133 000 000 $. On en a
encore parlé dans le tableau en question de la page 28. Comme le
député le verra, il n'est pas question de dividendes - il faut
bien le répéter, il n'est pas question de dividendes
-d'Hydro-Québec au gouvernement. Tout cela a fondu. Vous savez que,
selon la loi actuelle, avant qu'Hydro-Québec puisse verser des
dividendes au gouvernement, il y a deux conditions. Il faut d'abord que les
profits couvrent les intérêts qu'Hydro doit payer sur sa dette,
mais il faut également que le taux de capitalisation soit au moins de 25
% avant qu'elle puisse verser les dividendes. Or, le taux de capitalisation
d'Hydro se trouve plutôt autour de 24 %, de sorte qu'elle ne peut pas
verser de dividendes. (16 heures)
D'autant plus qu'on avait prévu, le 23 avril 1985, une somme de
521 000 000 $ et que cette somme, comme je l'ai déjà
mentionné, s'est évanouie à la suite de deux facteurs
principaux.
Il y a d'abord le revenu provenant de la vente
d'électricité. On sait que tes prix sont directement
reliés, quand il s'agit d'une vente d'énergie
supplémentaire de pointe, au prix d'autres sources d'énergie; on
sait que, le prix du pétrole ayant diminué, les revenus d'Hydro
ont diminué également quant à la vente de ces surplus
d'électricité. Deuxièmement, il y a eu la
dépréciation de la valeur du dollar canadien, surtout l'an
dernier, en 1985, ce qui a également contribué à faire
disparaître les sommes qui avaient été prévues comme
revenus du gouvernement.
Les 133 000 000 $ sont les profits escomptés ou prévus
pour l'année civile 1986 par Hydro-Québec. Elle prévoit
des profits de l'ordre de 133 000 000 $. À la suite des
conventions...
M. Garon: 1986-1987.
M. Levesque: Non, elle fonctionne par année civile.
M. Garon: 1986.
M. Levesque: Pour 1986, elle prévoit un profit de 133 000
000 $.
M. Garon: En tenant compte des 5,4 % d'augmentation des
tarifs.
M. Levesque: En tenant compte de tout. Ce que nous faisons, c'est
que, d'un côté, c'est entré comme revenu, mais, d'autre
part, enlevé, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, dans
les prêts et
avances. Pourquoi? Parce que, d'après les nouvelles conventions
comptables, nous allons tenir compte, à l'avenir, des profits et pertes,
des enrichissements ou de la détérioration de chacune des
sociétés d'État. Dans le fond, c'est une nouvelle
transparence des sociétés d'État, de leur situation, qui
est transmise au public par le budget et les documents officiels, les
états financiers. Tout va être traduit pour la connaissance du
public.
Déduction de 500 $ pour revenus
d'intérêts
Quelle autre question m'a posée le député de
Lévis? Je crois qu'il y en avait une autre sur les déductions qui
passent de 1000 $ à 500 $. Il y avait une question là-dessus
où le député de Lévis me demandait si on avait fait
certaines études avant d'arriver là. J'aimerais lui donner la
réponse suivante. Oui. Justement, une chose qui m'avait
frappé...
J'ai entendu le député de Lévis dire quelques fois
que ces dispositions allaient affecter les gens à faible revenu. Or, je
tiens à rappeler deux choses au député. Ces mesures ne
s'appliqueront pas aux personnes à la retraite, n'ayant pas de revenu de
travail, premièrement. Deuxièmement, si on considère les
personnes ayant un petit capital, un petit magot, comme on dit, par exemple un
capital de 6250 $, il faut se souvenir que, lorsque cette somme exemptée
de 1000 $ a été prévue, le taux d'intérêt
était autour de 16 % et plus. Aujourd'hui, pour protéger de la
même façon ceux qui ont un capital de 6250 $ et moins, à un
taux d'intérêt de 8 %, cela prend 500 $. Autrement dit, les
personnes sont protégées de la même façon. Je donne
l'exemple d'un capital de 6250 $.
Si vous allez plus loin, on s'apercevra que plus les revenus augmentent,
plus il y a de personnes qui sont affectées. J'avais les tableaux ici -
si je peux les retrouver - qui indiquaient que les personnes les plus
affectées sont celles ayant un revenu plus élevé. Je pense
que j'ai cela quelque part ici. Je vais vous les trouver. Par exemple, aux
déductions pour intérêts et dividendes, le tableau indique
que le pourcentage des gens ayant un revenu imposable de moins de 5000 $, soit
801 061 contribuables qui demandent la déduction est de 15,7 %. À
mesure que vous montez dans les revenus imposables, disons que vous arrivez
à 25 000 $, il y en a 47,5 %; à 50 000 $, il y en a 68,8 %;
à 100 000 $, 74,2 %; à 200 000 $, 79,4 %. C'est donc dire, si
l'on tient compte des clientèles, que plus les revenus augmentent, plus
les gens seront affectés par la déduction.
Lorsque le député de Lévis parle...
M. Garon: M. le Président, ce n'est pas cela que je vous
ai demandé.
M. Levesque: ...il nous dit que le budget avantage les riches. Je
l'entends encore dire cela.
M. Garon: Non, non, le nombre de riches. Attendez un peu. C'est
évident que, si quelqu'un gagne 75 000 $, il a plus de chance d'avoir
des revenus d'intérêts.
M. Levesque: Non, non, laissez-moi terminer.
M. Garon: Ce n'est pas cela que je vous ai demandé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît! M. le ministre, s'il vous plaît,
vous pouvez continuer.
M. Levesque: II avantage les riches. Il donne comme exemple
également l'exemption de gains en capital. Il dit qu'on finance cette
mesure en taxant les pauvres, les petits épargnants. Il parle de la
taxation de l'huile à chauffage. C'est ce que dit le
député de Lévis. Or, prenons les choses une par une,
puisque je dois lui répondre.
M. Garon: D'accord. Combien de contribuables...
M. Levesque: Un instant. Lorsqu'il parle de l'exemption à
vie de 500 000 $, regardons cela de plus près. Cette exemption a
été introduite du temps où il était au
gouvernement. Qu'il ne me dise pas non. C'est son ministre des Finances...
M. Garon: Pas à vie. M. Levesque: Un instant!
Le Président (M. Lemieux): M. le député,
laissez le ministre continuer, s'il vous plaît!
M. Levesque: C'est son propre ministre des Finances qui a
décidé de s'harmoniser avec le gouvernement fédéral
pour 1985 et 1986, pour deux ans.
M. Garon: Pour deux ans.
M. Levesque: Et qu'est-ce que cela a coûté à
la province? Cela nous a déjà coûté, celle de 50 000
$, 76 000 000 $ par année, à partir de 1986-1987. C'est clair.
C'est la plupart des gens qui se trouvent...
M. Garon: En 1985, combien?
M. Levesque: Je dis qu'en 1986-1987, cela coûte 76 000 000
$.
M. Garon: Oui, mais vous dites que cela a commencé en
1985. Pourquoi ne donnez-vous pas les chiffres pour 1985?
M. Levesque: C'est parce que je regarde l'année actuelle.
Je pourrais les faire venir pour 1985-1986.
M. Garon: Oui. Voua ne nous donnez pas les chiffres réels
que vous avez. Vous nous donnez les prévisions que...
M. Levesque: Non, non, c'est cela, c'est 16 000 000 $ que cela va
coûter...
M. Garon: Pour 1986-1987.
M. Levesque: ...juste pour se rendre à 50 000 $. Ces 20
000 $ et 50 000 $, qui étaient la première et la deuxième
année, ont été harmonisés par l'ancien gouvernement
qui a accepté de s'harmoniser pour deux ans, pour l'année 1985 et
l'année 1986. Mais, quand on s'harmonise, on s'harmonise à
vie.
M. Garon: Pourquoi?
M. Levesque: Bien, c'est cela. Vous avez commencé. Ce que
l'ancien gouvernement n'a pas fait, c'est aller jusqu'aux trois années
suivantes. Le gouvernement fédéral passait de 100 000 $, à
200 000 $ et à 500 000 $.
M. Garon: Oui.
M. Levesque: Cela avait arrêté là. Ma
décision devait se prendre au moment du budget. Si le budget avait eu
lieu le 1er mai 1986, comme dans notre cas, c'est là que le
gouvernement, s'il avait été réélu, aurait eu
à annoncer sa décision. Il n'a pas eu à l'annoncer, il
n'était pas là.
Nous l'avons annoncé, mais notre harmonisation ne coûtera
rien avant 1988-1989 et, à ce moment-là, elle ne coûtera
que 28 000 000 $. Je comprends que l'ancien ministre se soit harmonisé.
Il savait fort bien que, si le gouvernement fédéral ne changeait
pas d'idée, il fallait s'harmoniser. Autrement, on serait revenu comme
on l'a fait avec les droits de succession. On aurait été la seule
province avec cette mesure. Ce qui nous a coûté très cher
pendant je ne sais trop combien d'années, cela a été
d'être la seule province avec des droits de succession.
J'ai été personnellement informé de cette situation
au cours de ces années durant lesquelles des gens quittaient le
Québec. C'étaient des gens qui pouvaient créer des
emplois, qui étaient des décideurs...
M. Garon: Est-ce que l'Ontario s'est harmonisée à
ce jour?
M. Levesque: Voulez-vous rester tranquille!
M. Garon: Est-ce que l'Ontario s'est harmonisée à
ce jour?
M. Levesque: Vous pourrez poser des questions après. Je
vais commencer par répondre à vos questions.
M. Garon: L'Ontario ne s'est pas harmonisée à ce
jour.
M. Levesque: L'Ontario aura son budget dans quelques jours.
M. Garon: Oui, mais est-ce qu'elle s'est harmonisée
è ce jour?
M. Levesque: À ce jour, elle s'est harmonisée.
M. Garon: À 500 000 $?
M. Levesque: Oui, mais attendez...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, j'ai dit tout à l'heure - je m'excuse, M. le ministre -
qu'il vous restait dix minutes relativement à votre droit de parole. M.
le ministre doit terminer les réponses aux questions qui ont
été posées par le député de
Lévis.
M. Levesque: Je vais me dépêcher, M. le
Président, si c'est...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
ministre, afin que le député de Lévis puisse vous poser
d'autres questions puisqu'il lui reste encore dix minutes.
M. Levesque: Alors, M. le Président, je vais essayer de
résumer. Ce que le député de Lévis n'a pas dit,
c'est que la mesure d'harmonisation en question est entièrement
compensée par une autre mesure à laquelle on s'est
harmonisé, qui touchera à peu près les mêmes
contribuables, à savoir la taxation accrue des revenus de dividendes.
Cette dernière rapportera 44 000 000 $, ce qui est 16 000 000 $ que les
28 000 000 $ que cela va nous coûter, et 16 000 000 $ de plus que ce que
coûte l'exemption relative aux gains en capital. C'est curieux que notre
critique financier, le député de Lévis, n'ait pa3
soufflé un mot de cette mesure qui pourtant, justement, affecte pour 44
000 000 $ à peu près les mêmes personnes qui sont
affectées par les 28 000 000 $. Plus 44 000 000 $, moins 28 000 000 $,
cela veut dire que ces personnes versent encore plus au fisc que si on ne
s'était pas harmonisé.
Justement, parlant d'harmonisation, on sait que l'Ontario n'a pas la
même situation que le Québec au point de vue de l'impôt
et
ces gens sont harmonisés. Ils sont harmonisés
automatiquement, alors, ils n'ont qu'à laisser aller. Tandis que nous,
nous devons le dire parce que nous avons notre propre impôt sur le revenu
des particuliers. (16 h 15)
M. Garon: Ce n'est pas vrai, ce que vous dites. L'Ontario n'est
pas harmonisée.
M. Levesque: Si ce n'est pas exact, M. le député de
Lévis, je suis prêt à faire une vérification pour ne
pas induire la commission en erreur.
C'est exact. Il n'y a pas d'impôt sur le revenu des particuliers.
Ils n'ont qu'à suivre et à se laisser aller et les contribuables
de l'Ontario vont tomber sous le coup... Enfin, j'ai...
M. Garon: II y a un impôt, en Ontario. Ils ne le
perçoivent pas eux-mêmes, mais il y a un impôt.
M. Levesque: C'est cela.
M. Garon: Oui. Il y a un écart avec le gouvernement
fédéral. Ne venez pas me dire, parce que l'Ontario ne
perçoit pas son impôt, que c'est uniquement la loi
fédérale qui s'applique, qu'il n'y a pas d'impôt en
Ontario.
M. Levesque: Ce n'est pas cela que j'ai dit.
M. Garon: J'étais un peu estomaqué d'entendre ce
que vous affirmiez.
M. Levesque: Ce que j'ai dit, c'est que, pour l'Ontario, j'en ai
parlé avec des gens du ministère des Finances de l'Ontario, c'est
leur problème., Nous avons beaucoup plus de latitude qu'eux
vis-à-vis des dépenses fiscales, des abris fiscaux. Nous pouvons
nous harmoniser ou non. Pour eux, cela devient beaucoup plus complexe de ne pas
s'harmoniser. D'ailleurs, M. Nixon, le ministre de Finances de l'Ontario, n'a
pas manqué de manifester son désaccord avec la politique
fédérale relative à l'exemption de gains en capital.
Peut-être, pour être plus prudent, devrais-je attendre le budget du
ministre des Finances de l'Ontario, mais je ne peux pas présumer des
mesures qu'il peut prendre tant et aussi longtemps que je n'aurai pas lu son
budget. Mais je dois dire, et je le répète, que cette mesure
d'harmonisation est moins coûteuse au Québec que l'autre mesure
à laquelle on s'est harmonisé et qui donne 44 000 000 $ par
rapport au coût de 28 000 000 $. Dans cette harmonisation, pour
l'année 1988-1989...
Une voix: C'est cela.
M. Levesque: ...cela ne coûtera que 28 000 000 $. Cette
année, cela ne coûtera absolument rien, l'harmonisation
additionnelle que nous faisons. Pour l'harmonisation que nous faisons du
côté des revenus de dividendes, cela rapportera 44 000 000 $ si on
la compare aux mêmes années d'imposition..
D'ailleurs, j'ai ici les chiffres qui prouvent que le budget est
beaucoup plus exigant pour les personnes bien nanties que pour les moins bien
nanties. Le budget augmente le fardeau fiscal de 237 000 000 $ en 1986 et de
278 000 000 $ en 1987. On ne peut pas dire qu'il taxe beaucoup les pauvres.
Tout d'abord, il touche beaucoup plus les entreprises que les particuliers
à cause de la surtaxe fédérale de 152 000 000 $. En 1985,
le fardeau fiscal supporté par les entreprises du Québec
représentait environ le tiers de celui supporté par les
particuliers, 5 000 000 000 $ contre 15 000 000 000 $. Or, les 237 000 000 $
ajoutés au fardeau fiscal en 1986 touchent les entreprises pour 132 000
000 $ et les particuliers pour 105 000 000 $. En 1987, les particuliers sont
touchés pour 151 000 000 $, les entreprises pour 127 000 000 $. Si on
considère maintenant ce qui se produit au niveau des particuliers, il
faut se demander où sont les hausses. On verra que, lorsqu'il y a une
hausse comme dans le coût du mazout, il y a à ce moment-là
des mesures de compensation qui sont instaurées pour les contribuables
à faible revenu, pour les personnes âgées, pour les
bénéficiaires de l'aide sociale. La seconde hausse du fardeau
fiscal pour les particuliers provient, justement, des restrictions à la
déduction pour intérêts, dividendes et revenus de retraite.
Encore là, des personnes à la retraite qui ne reçoivent
pas de revenu de travail sont exemptées et, comme je le mentionnais tout
à l'heure, il y a là une progression quant au pourcentage de
contribuables demandant la déduction, les plus nantis en demandant
beaucoup plus.
Autre question... Je pense bien, M. le Président, que vous allez
m'arrêter?
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le
ministre.
M. Levesque: Peut-être que le député de
Lévis va revenir à charge.
Le Président (M. Lemieux): Auriez-vous d'autres questions,
M. le député de Lévis? Vous avez toujours un droit de
parole de dix minutes.
M. Garon: D'abord, je pose des questions pour l'année
1986. Je ne veux pas avoir les chiffres pour 1988 ou 1989, des chiffres
anticipés, alors que l'année qu'on analyse actuellement est
l'année 1986. Je
suis un peu estomaqué que le ministre ne semble pas avoir les
chiffres pour 1986 alors qu'il les a pour 1988 et 1989. C'est un peu
surprenant. Ce qu'on lui demande, ce sont les chiffres pour l'année
1986, pas des prévisions. Il a également les chiffres pour
l'année 1985 puisque l'année est écoulée. Combien
cela a-t-il coûté pour l'année écoulée? Il
peut nous dire, par exemple, que tel montant qui était prévu pour
les 500 000 $... Il est en train de nous dire que, lorsque les 500 000 $ seront
un montant total à vie, ils vont coûter moins cher que lorsque
cela était partiel et temporaire. Faire une telle affirmation, c'est un
peu fort de café.
De plus, quand je lui demande des chiffres, il est évident que je
sais d'avance que quelqu'un qui gagne 75 000 $ par année utilise
peut-être 75 %, 80 % ou 90 % même de la déduction des 1000
$. Je sais cela, c'est évident. Je n'ai pas besoin de données
là-dessus. Ce n'est pas cela que j'ai demandé. Je lui ai
demandé le nombre des contribuables, pas le pourcentage, parce qu'on
peut faire dire n'importe quoi aux pourcentages. Qu'on se rappelle les
statistiques chinoises, après la révolution du grand boom.
Après 1948, en Chine, quand la production automobile passait de 100 000
à 150 000, on disait qu'il y avait 50 % d'augmentation alors qu'on
disait qu'aux États-Unis il y avait seulement 10 % d'augmentation. Les
Chinois avaient une augmentation de 50 % parce qu'ils étaient
passé de 100 000 à 150 000, alors que les États-Unis, qui
étaient passé de 10 000 000 à 11 000 000 d'automobiles,
avaient augmenté de 10 % seulement! Ils avaient augmenté de 1 000
000 d'automobiles, par exemple, au lieu de 50 000 avec les 50 %1
Je ne veux pas avoir des pourcentages. Je sais que ces chiffres sont
trompeurs. Je demande simplement le nombre des contribuables. Il y a,
d'ailleurs, des statistiques sur cela. Cela a été publié
par l'Association d'économie familiale. Les chiffres sont disponibles.
Je demande les chiffres les plus récents, le nombre de contribuables qui
utilisent la déduction de 1000 $ et comment cela affecte-t-il les
différentes strates de revenus? Cela veut dire, dans les gens qui font
une déclaration d'impôt de moins de 25 000 $ ou 20 000 $, combien
de contribuables utilisent la déduction de 1000 $ ou de 500 $? C'est ce
que je demande au ministre. Je ne lui demande pas de me dire quels sont les
pourcentages. Je sais bien qu'il va me dire, en pourcentage, que les gens qui
gagnent plus de 50 000 $ l'utilisent plus. Je sais cela d'avance. Mais quel est
le nombre de personnes qui utilisent le montant des déductions
d'intérêts pour l'année 1986? On s'occupera de 1987 l'an
prochain.
D'autant plus que le ministre ne suit pas beaucoup ses principes parce
que, dans son document très intéressant qu'il a publié le
5 mars, il dit lui-même: "Par ailleurs, si on tient compte du fait que la
prévision du discours sur le budget d'avril 1985 incorporait des
compressions totalisant 455 000 000 $ en 1986-1987, sans qu'un plan
précis pour leur réalisation n'ait été
établi, il est clair que les équilibres financiers sur lesquels
ce budget a été basé sont devenus caducs à peine
quelques semaines après sa lecture à l'Assemblée
nationale."
Le ministre est en train de nous parler également de listes de
compressions qui ne sont pas établies et il voudrait qu'on dise que ces
compressions sont exactes et vont se réaliser, alors qu'il n'y a pas de
liste établie des compressions budgétaires. J'aimerais que le
ministre puissse déposer une liste de ces compressions qu'il envisage,
plutôt que de nous parler uniquement de ces orientations
générales sans savoir au juste si cela va être ça.
Il nous dit que c'est un montant partiel, il pourrait nous dire en même
temps quelles sont les compressions qui vont être faites, pour quel
montant dans le domaine de la santé, dans le domaine de
l'éducation.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu.
M. Levesque: M. le Président. Pour répondre au
député de Lévis...
Le Président (M. Lemieux): Des Finances, pardon.
M. Levesque: ...je vais lui dire tout de suite que les sommes
prévues par le gouvernement dont il faisait partie indiquaient qu'il y
avait des compressions pour 1985-1986 de l'ordre de 455 000 000 $. Elles
n'étaient pas identifiées. Le problème, c'est que
justement...
M. Garon: 1986-1987. M. Levesque: 1985-1986.
M. Garon: Non, j'ai ça ici à la page 9 de votre
document.
M. Levesque: On va prendre ça morceau par morceau. Si vous
voulez avoir...
M. Garon: Ça, je le sais par coeur.
M. Levesque: Parce qu'il y avait un montant de 400 000 000 $
additionnel pour 1986-1987. C'est une récurrence dont vous parlez de...
C'est ça, un autre montant de 400 000 000 $ pour 1987-1988 et il n'y
avait rien d'identifié, absolument pas un sou d'identifié.
M. Garon: Pour 1986-1987.
M. Levesque: Non seulement ce n'était pas
identifié...
M. Garon: L'exercice de l'année à venir, pas
l'année présente. Regardez, c'est marqué è la page
8. Exercice financier 1986-1987, page 9, c'est 1986-1987.. Vous n'allez pas
m'emplir.
M. Levesque: Non, non, je ne vais pas vous emplir.
M. Garon: J'ai le livre devant moi. M. Levesque: Vous me
le prêtez?
M. Garon: Je vous le prête, ne regardez pas trop mes
notes.
M. Levesque: Je ne regarderai pas les notes. Je vais juste
regarder... Compressions anticipées, mais non identifiées.
M. Garon: 1986-1987.
M. Levesque: Révision de la fin mai 1985, 455 000 000
$.
M. Garon: Pour l'année 1986-1987.
M.
Levesques Oui, on parlait de 1986-1987 dans cette
page-là.
M. Garon: Tantôt vous avez dit 1985- 1986, vous avez dit
qu'il y en avait deux, il n'y en pas deux dans votre volume, il n'y en a
qu'un.
M. Levesque: Mais il y avait des sommes pour 1986-1987, c'est 455
000 000 $. Vous avez raison.
M. Garon: Vous dites que parce qu'elles ne sont pas
identifiées elles sont devenues caduques, c'est ça que vous
faites vous aussi?
M. Levesque: Non, la différence...
M. Garon: C'est pour ça que je vous dis que, comme vous
voulez faire mieux, identifiez-nous ça. Autrement vous dites: Ce n'est
pas identifié, cela ne vaut rien. On dit d'accord.
M. Levesque: Ce qu'il y a, c'est que, dans le budget du 23 avril
1985, il n'en était même pas question. Trouvez-moi dans le budget
du 23 avril où on avait annoncé ces compressions.
M. Garon: Le budget du 23 avril, pour l'année
1985-1986.
M. Levesque: Oui.
M. Garon: Mais il fait une prévision pour l'année
1986-1987. Je pense à 1987-1988 également.
M. Levesque: II prévoyait un déficit de 2 970 000
000 $, mais pour y arriver il fallait absolument qu'il fasse des compressions.
Il n'en a pas parié. Je dis d'avance pour 1987-1988...
M. Garon: À la page 13 de son manuel, il disait: On sait
que depuis 1981-1982 les compressions budgétaires se sont
établies en moyenne à environ 150 000 000 $ par année. Il
est évident qu'il faudra poursuivre sur la même lancée,
même en période de croissance, de façon à restaurer
notre marge de manoeuvre pour l'avenir et insuffler cette dose de
compétitivité si nécessaire à notre
économie. À la page 13...
M. Levesque: Oui, il parle de 400 000 000 $ et de 800 000 000
$...
M. Garon: II dit 50 000 000 $. M. Levesque: Qu'est-ce
qu'il dit?
M. Garon: Cela a été ainsi depuis quelques
années, il va falloir continuer sur la même lancée. Il dit
cela précisément.
M. Levesque: Oui, ce qu'on sait, nous autres, c'est que cela a
paru après dans les révisions des chiffres.
M. Garon: Non.
M. Levesque: Et ces compressions n'étaient pas même
mentionnées, lorsqu'elles sont revenues, elles n'étaient pas
identifiées.
M. Garon: Pour l'année en cours, oui. M. Levesque:
Et cela se comprend. M. Garon: L'année à venir,
non.
M. Levesque: Si je dis qu'en 1987-1988, au cours de cette
année, il va falloir... Comme nous l'avons fait en 1986-1987, nous avons
fait des compressions de 1 010 000 000 $, moins 204 000 000 $ pour le
développement, il y avait 806 000 000 $ de compressions net. (16 h
30)
M. Garon: On en connaît 318 000 000 $. Les 150 000 000 $,
vous les avez effacés. Vous les avez mis le 5 mars et enlevés le
25 mars. Cela c'est du papier. Vous avez les crédits
périmés nets, 175 000 000 $. On n'a jamais compté
ça; ce ne sont pas des compressions; ce sont des montants qui n'ont pas
été dépensés au cours de l'année, si on
veut, la fiction-budgétaire.
M. Levesque: Mais, si on me permet...
M. Garon: Cela arrive toujours. L'an dernier, c'était 170
000 000 $ et ça n'a jamais été compté dans les
compressions. Ce que je vous demande maintenant: on connaît 318 000 000
$. Je voudrais qu'on se concentre sur l'année 1986. Vous me donnez
toutes sortes de prévisions pour l'année 1988, mais vous avez de
la misère à nous donner des chiffres pour l'année
1986.
M. Levesque: 1986-1987?
M. Garon: Je voudrais avoir les chiffres dont je vous parlais
tantôt, pour l'année 1986 et non pour 1988. À chaque
année suffit sa peine. N'essayons pas d'être bons pour 1988 si on
a de la misère à l'être pour 1986.
M. Levesque: Le député de Lévis m'a
posé une question sur l'année 1985-1986 à savoir combien
cela coûtait pour les exemptions de gains en capital.
M. Garon: Quels montants étaient couverts? Vérifiez
dans le Journal des débats.
M. Levesque: II pouvait bien ne pas y en avoir, parce que
1985-1986... Ce n'est exempté que l'année suivante, au point de
vue fiscal. C'est pour cette raison qu'on arrivait à 1986-1987 avec les
76 200 000 $.
M. Garon: Vous voyez là? Cela corrige. M. Levesque:
II ne faut pas le savoir...
M. Garon: Bien oui, tantôt vous avez dit qu'il avait
été appliqué en 1985-1986. Là, je suis content.
Vous rétablissez la vérité. Cela n'a pas été
appliqué en 1985.
M. Levesque: La question que le député posait
était absolument inutile. Cela n'existait même pas.
M. Garon: Non, c'est vous qui avez dit ça.
M. Levesque: Non, je n'ai pas dit ça.
M. Garon: C'est vous qui avez dit ça dans votre discours.
Vous avez dit cela tantôt.
M. Levesque: Attendez. On va reprendre ce que j'ai dit.
M. Garon: Vous l'avez dans votre discours. C'est pour ça
que j'étais étonné.
M. Levesque: C'est ça. Cela s'appliquait en 1985.
M. Garon: Oui, mais il est demandé en 1986.
M. Levesque: Mais le coût s'applique en 1986-1987. Bon.
C'est ce que je disais. Je vais reprendre pour qu'on se comprenne bien.
M. Garon: ...fonctionnaires dans les mains d'un ministre
alors?
M. Levesque: Un instant. Il ne faut pas, parce que je vais dire
une vérité, que vous essayiez d'ajouter de la confusion.
M. Garon: Non, mais si je comprends...
M. Levesque: Or, cette mesure ne coûtera rien avant
1988-1989 et ne coûtera, alors, que 28 000 000 $. En effet, l'exemption
à vie de 50 000 $ accordée par l'ancien gouvernement nous
coûte déjà 76 000 000 $ par année, à partir
de 1986-1987. Est-ce qu'il y a quelque chose là-dedans que vous pouvez
reprendre? Vous n'avez rien à redire? C'est exactement ce que j'ai dit.
Et, là, le député est intervenu -si ma mémoire est
fidèle - il m'a demandé: Oui, vous parlez de 1986-1987, mais
combien pour 1985-1986? Là, je suis allé m'informer, mais il n'y
a rien pour 1985-1986 parce que la mesure a commencé à être
appliquée là, mais elle n'a pas eu de retombées fiscales
avant 1986-1987. C'est clair? Merci.
M. Garon: Bien. Quel montant cela fait-il? Quand vous dites
1986-1987, pour l'année 1986-1987, ça fait quel montant?
M. Levesque: 76 000 000 $.
M. Garon: Sur quel montant cela s'applique-t-il?
M. Levesque: 450 000 $.
M. Garon: Alors que là il va s'appliquer pour
1986-1987...
M. Levesque: II y a beaucoup moins de monde. À mesure que
vous montez sur les profits de capital, vous avez beaucoup moins de
contribuables.
M. Garon: Non, mais ne me dites pas que, quand cela va toucher 50
000 $, ça va coûter 78 000 000 $? Et quand cela va toucher 100 000
$, 150 000 $ et 200 000 $, cela va coûter meilleur marché?
M. Levesque: Beaucoup moins de gens sont impliqués.
M. Garon: Cela va durer plus longtemps et le volume va être
beaucoup plus considérable.
M. Levesque: On verra.
M. Garon: Cela ne peut pas coûter moins cher à 100
000 $ d'exemption qu'à 50 000 $.
M. Levesque: Non, nos prévisions... C'est parce que vous
n'avez pas le même nombre de gens qui font des profits de capital
à 200 000 $ qu'à 20 000 $.
M. Garon: C'est cumulatif, non?
M. Levesque: Pas cette année. Si vous êtes capable
de me le dire, dites-le. Nos prévisions, c'est que - je vous l'ai dit
encore tout à l'heure - la mesure ne coûtera rien avant 1988-1989
et ne coûtera, alors, que 28 000 000 $. Attendez! Peut-être qu'en
1995 on sera rendu ailleurs. Je ne le sais pas. On va attendre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, la parole revient maintenant au député de
Saint-Louis. M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. te Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, vous êtes au courant de votre droit d'intervention. Votre
temps de parole est de dix minutes.
M. Chagnon: On a le droit de poser des questions aussi, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Vous avez aussi le droit de
poser des questions et j'ai dit que le discours sur le budget, ici, en
commission, n'était pas nécessairement une interpellation. Je
tiens à préciser cette note. Vous pouvez poser vos questions ou
faire vos commentaires, M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon; M. le Président, tout d'abord un commentaire.
Nous avons à étudier le budget de l'année 1986-1987, sauf
que ce budget a ceci de particulier: il s'analyse davantage dans une
perspective d'autres documents budgétaires qui ont été
publiés un peu avant. D'abord, celui du ministre de3 Finances, le 5 mars
dernier, "L'urgence d'un redressement" et le précédent,
"Énoncé de politiques budgétaires" du gouvernement, le 18
décembre dernier. Je pense que si l'on regarde les deux documents, celui
du 18 décembre et celui du dernier budget, du 1er mai, on
s'aperçoit, d'une part, qu'il y a des déductions, aux citoyens et
citoyennes, qui se recoupent et qui font en sorte de rendre cohérent
l'ensemble de la problématique budgétaire du gouvernement.
On a mentionné, à plusieurs reprises, le problème
de trésorerie qui avait été laissé en suspens
à la suite de l'élection du 2 décembre dernier. On a
mentionné qu'il y a eu 1 500 000 000 $ de déficit non seulement
appréhendé, mais qui devait se réaliser, qui devait
s'intégrer à même la maquette budgétaire de
l'année 1985-1986 qui, elle, dans le budget du 27 avril dernier,
prévoyait un déficit légèrement inférieur
à 3 000 000 000 $. L'ensemble de ces questions a nécessairement
forcé le gouvernement à redresser l'exercice financier 1985-1986
pour faire en sorte de diminuer notre niveau d'endettement.
Je prendrai pour compte quelques critiques qui avaient été
formulées par le député de Lévis au moment de la
présentation du discours sur le budget, le soir même de la
présentation, lorsque le député de Lévis parlait de
camouflage dans le discours sur le budget. Je pense qu'il ne nous tiendrait pas
rigueur de lui mentionner à nouveau que dans l'exercice publié le
5 mars 1986 par le ministre des Finances... Le 23 avril 1985 fut
présenté l'avant-dernier budget par le ministre Yves Duhaime,
mais un mois plus tard, fin mai 1985, déjà 753 000 000 $
étaient considérés comme un excédent en termes de
dette sur la dette réelle, ou plutôt sur la dette
présumée un mois plus tôt dans le discours sur le budget du
ministre Duhaime. 753 000 000 $ dans un mois, c'est énorme. Si on parle
de camouflage, on est obligé de constater que cela a été
un véritable camouflage. L'organisation financière du
Québec qui a hérité depuis huit ans, année
après année, on a cela dans les statistiques...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous pourriez parler
un peu plus fort, M. le député de Saint-Louis, s'il vous
plaît?
M. Chagnon: Oui? Vous avez de la difficulté à
m'entendre? L'organisation financière, et particulièrement les
opérations courantes du gouvernement du Québec au cours des huit
dernières années se sont soldées par un déficit
accumulé - et là on parle d'opérations courantes, de ce
qu'on a appelé le budget d'épicerie. Le député de
Lévis parlait de l'État-Provigo. On peut s'apercevoir qu'avant
l'État-Provigo il y avait des dépenses d'épicerie qui
étaient financées à long terme, pour un total de 4 622 000
000 $ échelonné entre 1978 et 1985. 4 622 000 000 $, cela veut
dire au-delà de 450 000 000 $ de dépenses en
intérêts et en loyers sur ce capital emprunté. 450 000 000
$, c'est au-delà de la marge de manoeuvre que n'importe quel
gouvernement pourrait espérer avoir dans les circonstances
budgétaires que nous connaissons, au-delà de ce que nous
pourrions espérer. 450 000 000 $, financés à long terme,
financés non pas par ceux qui auront profité de ces
dépenses, mais par ceux qui
viendront s'ajouter sur le marché du travail, et encore davantage
par les générations futures et les jeunes. Ils auront à
financer en grande partie ce déficit d'opérations.
L'un des grands avantages du budget présenté par le
ministre des Finances actuel a été de réduire ce
déficit d'opérations courantes è zéro. Un autre
avantage a été de réduire le niveau d'endettement en
deçà du seuil de 2 900 000 000 $. Nous sommes obligés de
constater, après la lecture du budget, qu'il a été, d'une
part, fort bien reçu par l'ensemble des citoyens et des citoyennes du
Québec et, d'autre part, aussi fort bien reçu par presque tous
les critiques en matière financière, et en même temps par
les différents éditorialistes des journaux du Québec.
Les éditoriaux et même les critiques en matière
financière ont été assez curieux. C'est probablement la
première fois de ma vie que je voyais un budget qui était moins
critiqué que les critiques qui avaient suivi le budget. C'est assez
rare. On ne peut pas évidemment en tenir rigueur au critique de
l'Opposition en matières financières. On pourrait
évidemment réciter Alain Dubuc, que le député de
Lévis a certainement lu, dans sa critique du jeudi 8 mai, qui disait, en
parlant de la critique du député de Lévis, que -
même si le terme est fort - la seule façon de résumer ces
deux heures de monologue était de constater que M. Garon avait dit un
nombre incroyable de conneries. Je pense que le ministre des Finances et les
membres de cette commission parlementaire trouveront un peu disgracieux le
terme employé par M. Dubuc à l'égard des propos tenus par
le député de Lévis.
Mais M. Dubuc ajoute qu'il est impossible de relever toutes les
énormités qu'a proférées l'ex-ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. C'est une critique
parmi tant d'autres. C'est la critique du critique. Pour ceux qui ont eu
à écouter ces deux heures de critiques assez curieuses ou qui ont
eu le loisir d'écouter cette charge à fond de train, charge
éléphantesque quant au contenant, trotte-menu quant au contenu,
il n'y a pas eu grand-chose à en retirer.
Dans le comté de Lévis comme dans tous les autres
comtés du Québec, dans nos bureaux de comté, qu'est-ce que
les gens nous ont dit depuis la période des fêtes? Les gens nous
ont dit ceci: Au lieu de continuer à taxer et à augmenter les
impôts, faites donc une "job". Organisez-vous pour couper dans les
différents budgets des différents ministères. C'est
peut-être la quatrième phase qui a permis la réalisation
d'un budget comme celui-ci, la phase compressions budgétaires du Conseil
du trésor. 1 010 000 000 $ de compressions budgétaires
étalées dans les 27 ministères et dans les
différentes sociétés d'État.
Je pense que c'est tout au crédit du gouvernement d'avoir
réussi, à partir du lourd héritage de l'ancien
gouvernement, à réaliser une sorte de triologie budgétaire
qui nous permet de nous assurer du niveau de grande cohérence que
l'État du Québec tient dorénavant à conserver en
matière de finances publiques. (16 h 45)
Aide à la capitalisation des entreprises
Un des points importants et intéressants du budget qui nous a
été présenté est certainement, à la page 6,
les programmes d'aide à la capitalisation des entreprises,
particulièrement pour les jeunes entreprises. Les jeunes entreprises,
compagnies nouvelles ou corporatives, qui souffrent de certains
problèmes de capitalisation verront désormais, au cours des trois
prochaines années, un dégrèvement d'impôts.
Évidemment, c'est extrêmement intéressant,
particulièrement pour les entreprises qui vont oeuvrer dans des secteurs
demandant une capitalisation, certaines entreprises travaillant, par exemple,
è la fabrication de logiciels ou de didacticiels. Ce matin, on apprenait
- on nous renseignait, on le savait déjà - que sur un
marché de 250 000 000 $ au Canada le Québec produit 80 % des
logiciels et des didacticiels canadiens. Ce sont généralement de
petites entreprises, avec des jeunes, qui travaillent à organiser,
à ériger ce genre de petite entreprise fondée sur la
fabrication du logiciel et du didacticiel. Ce type d'aide à la
capitalisation des entreprises servira très certainement è les
aider, non seulement à démarrer, mais à accroître
leur production dans les quelques années à venir.
Toutefois, je me demandais - le ministre des Finances pourra
probablement répondre - s'il y a des mesures qui ont été
pensées au ministère des Finances pour faire en sorte
d'éviter que des corporations déjà bien établies,
solidement établies, mettent en place ou incorporent de nouvelles
compagnies pour profiter de ce qu'on pourrait appeler un échappatoire
fiscal, dans ce cas-là, au cours des prochaines années. Dans ce
cas-là, évidemment, je pense qu'il faudra resserrer l'appareil de
façon à faire profiter de cette mesure extrêmement saine
les gens qui devront la mériter. Cela ira, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie M. le
député de Saint-Louis.
M. Levesque: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: Je pense que le député de Saint-Louis
a raison de demander au ministère de faire en sorte que les
sociétés
existantes ne puissent pas créer toutes sortes de corporations
bidon pour profiter de ces exemptions pour trois ans. C'est justement ce qui
nous a préoccupés. Nous avons pris des mesures pour qu'une
société ne puisse pas poursuivre des activités dans ces
nouvelles corporations, activités qui étaient déjà
en marche, soit par un individu ou par une société
antérieurement, À ce moment-là, elle serait exclue.
Nous avons de plus accordé au ministre du Revenu une certaine
discrétion vis-à-vis de la reconnaissance de ces
sociétés, justement pour éviter de tels abus. Je pense que
la question est très pertinente. Je crois qu'avec les mesures que nous
avons mises en place et d'autres règlements qui devront suivre pour
préciser certains aspects de la mise en oeuvre de cette disposition - on
le verra également dans la loi qui va donner suite à ce discours
sur le budget - on verra que tout a été humainement prévu
pour éviter de tels abus, qu'appréhendait, à juste titre,
le député de Saint-Louis, si de telles mesures n'avaient pas
été prises.
M. Chagnon: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci M. le ministre. M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. J'aurais
quelques questions à poser au ministre des Finances. Par la suite,
j'aimerais faire de brefs commentaires sur le budget comme tel.
C'est dans la foulée de ce qui a été dit par mon
collègue, le député de Lévis. M. le ministre,
est-ce qu'il serait possible, comme vous nous l'avez offert ce matin, de
déposer ici. en commission, le détail des différents
chiffres d'explication qui se retrouvent à votre budget, à la
page 28, particulièrement en ce qui regarde les détails sur les
trois chiffres, soit Prêts, Avances et Autres, les 111 000 000 $, avec ce
qui incluait comme tel les quelque 250 000 000 $, de mémoire, des
sociétés d'État, les plus et les moins, et qui donnaient
un montant net de 111 000 000 $? Si c'était possible de déposer,
à cette commission, les détails, ce serait
apprécié, de même que les 14 900 000 $ qu'on retrouvait
dans les Prêts, Avances et Autres, puisque vous avez parlé d'aide
à l'entreprise, 12 000 000 $... Alors, s'il y avait possibilité
d'avoir ce détail ainsi que le détail sur les 300 000 000 $.
M. Levesque: Pour répondre au député de
Bertrand, j'ai donné tout à l'heure ces chiffres en
détail, en réponse à une question du député
de Lévis, mais je suis prêt à... Je suis en train de
relire, si on me le permet, juste pour voir si je peux rendre publics tous ces
détails. C'est normal d'avoir une prudence...
Une voix: Élémentaire.
M. Levesque: ...élémentaire - c'est cela - de telle
sorte qu'on ne donne pas des renseignements de nature à priver
l'État de revenus qui lui reviennent de plein droit. Protéger
l'intérêt public, c'est notre préoccupation.
Cela dit, quant à ces détails de certains postes
d'opérations non bugdétaires touchant les 150 000 000 $ pour la
Société immobilière du Québec, les autres
placements de 111 500 000 $ avec les détails qu'on y trouve et les
autres prêts et avances pour 14 900 000 $, je les remets à la
présidence pour en faire une photocopie.
Quant à l'autre somme de 300 000 000 $...
Le Président (M. Lemieux): J'accepte le
dépôt, M. le ministre des Finances, relativement au document. Il
sera distribué dans un instant.
M. Levesque: ...qui touche la liquidation de comptes à
payer pour une somme de 250 000 000 $, le solde de 50 000 000 $, pour faire les
300 000 000 $ qui proviennent des opérations financières
régulières, je pense que l'intérêt public ne
m'empêche pas de faire le dépôt de tout cela. Je demande
à la présidence si elle veut bien disposer de cette partie des
renseignements demandée par le député de Bertrand.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre,
j'accepte le dépôt du document suivant: "Information
supplémentaire sur la révision de 300 000 000 $ des autres
comptes dans les opérations non budgétaires 1986-1987." Il sera
distribué dans quelques minutes.
M. Parent (Bertrand): Je remercie le ministre des Finances. Je
pense que ce document va nous aider à poursuivre, à avoir des
explications et éviter de poser aussi certaines questions.
Vente de sociétés d'État
Pour des fins d'éclaircissement, avant de passer à un
autre volet, sur la question des sociétés d'État,
j'aimerais savoir de la part du ministre... Il est bien sûr, comme vous
l'avez expliqué, que vous ne pouvez pas déposer, à ce
stade-ci, le détail des différentes sociétés
d'État qui pourraient être vendues. Cependant, si j'ai bien
compris, pour être capable d'avoir fait une estimation de 175 000 000 $
net, comme vous l'avez mentionné, et de 250 000 000 $ brut, vous avez
déjà, j'imagine, soit à l'intérieur du Conseil du
trésor ou à votre ministère, fait
une liste et anticipé certains revenus relatifs à la
vente, en partie ou totale, de sociétés d'État. J'imagine
que vous avez fait l'exercice et que voua pouvez assurer cette commission que
ce ne sont pas des estimations approximatives. Il doit y avoir des faits assez
précis. Pourquoi cela a-t-il été 250 000 000 $ et non 300
000 000 $, 400 000 000 $ ou 500 000 000 $? Sans donner de détails,
j'aimerais que le ministre me confirme qu'il y a quand même eu un
travail, une liste exhaustive concernant la privatisation et les revenus
escomptés, concernant les sociétés d'État.
M. Levesque: Évidemment, cela a été fait de
concert avec le ministre délégué à la
Privatisation. Ce n'est pas un chiffre qui est étranger au processus en
cours. Il y a cependant des options qui pourront se préciser au cours de
l'année. C'est une commande faite au ministre
délégué à la Privatisation. On sait que les biens
de l'État ou encore les intérêts, dans le domaine des
sociétés d'État, dépassent de beaucoup la somme de
175 000 000 $. II y a de la place pour exercer certaines options pour la vente
de tel ou tel produit. Mais ce que nous voulons - c'est la commande que j'ai
donnée au ministre délégué à la
Privatisation - c'est la somme de 175 000 000 $. Je ne dis pas que cela va
tomber sur le nez, mais nous vouions que cela soit approximativement ce
montant-là qui soit dégagé de l'opération
privatisation.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, toujours pour
continuer dans la même foulée, si j'ai bien compris, les revenus
qui vont provenir des sociétés d'État - et je parle
particulièrement des revenus concernant la privatisation - s'en iront
dans cette opération dite non budgétaire, c'est-à-dire
dans le plus 111 000 000 $, c'est là qu'on les retrouve. Ils s'en iront,
comme vous l'avez mentionné, de mémoire, ce matin, au fonds
consolidé. Est-ce exact? Enfin, le but principal de ma question est de
savoir où ira l'argent des sociétés d'État qui
seront privatisées.
M. Levesque: Une partie va demeurer dans les
sociétés d'État comme ce fut le cas par exemple pour
SOQUIA qui a disposé des actions de Provigo. Le coût de ces
actions -si ma mémoire est fidèle - était de 11 000 000 $.
La vente a produit 48 000 000 $. Il y avait donc là un surplus de 37 000
000 $ qui a été dirigé vers le fonds consolidé du
revenu. C'est un peu dans la même situation que nous nous retrouvions,
c'est-à-dire que normalement on peut imaginer que s'il y a vente
d'actions par une société de la couronne - bien qu'aucune
décision n'ait été prise ad hoc présentement -
j'imagine qu'on pourrait laisser à la société d'Etat le
coût de ces actions mais que le surplus s'en irait au fonds
consolidé.
M. Parent (Bertrand): Toujours par rapport à cela et pour
bien comprendre votre document sur le budget, à la page
précédente, M. la ministre, à la page 26 plus
particulièrement, on a ce qu'on appelle, bien sûr, les
prévisions des revenus pour l'année en cours, les 25 000 000 000
$. Par contre, au point 5, les revenus provenant des différentes
sociétés d'État on a eu certaines explications concernant
HydroQuébec, j'y reviendrai - à Autres sociétés
d'État, je voudrais avoir le détail des 140 000 000 $ qui se
retrouvent dans les revenus et qui, si j'ai bien compris, sont
complètement en dehors des revenus escomptés pour les ventes de
sociétés d'État puisque c'est dans les revenus pour les
prévisions budgétaires pour l'année 1986-1987.
M. Levesque: Ce que nous avons comme détail ici pour
concilier ces 140 000 000 $ avec la réalité, c'est que justement
les 175 000 000 $ qui sont prévus pour la privatisation s'y retrouvent
moins un montant de 35 000 000 $ qui serait négatif quant aux revenus
provenant des sociétés d'État, ce qui fait un net de 140
000 000 $. Autrement dit, les 175 000 000 $ dont on a parlé se trouvent
incorporés dans ces revenus.
M. Parent (Bertrand): Donc, toujours si on continue le même
raisonnement, le ministre des Finances peut nous confirmer que les 175 000 000
$ escomptés - on va vendre cette année une société
d'État - vont rentrer dans les revenus pour la présente
année. C'est donc dire que l'année prochaine, on ne retrouvera
pas nécessairement ce poste de revenu puisque on va s'en servir pour les
opérations courantes.
M. Levesque: Cela ne veut pas dire que le processus de
privatisation va se terminer en 1986-1987. Je pense que le processus pourrait
se poursuivre dans les exercices financiers suivants. (17 heures)
M. Parent (Bertrand): Mais vous pouvez nous confirmer, M. le
ministre, que ces 175 000 000 $ moins les 35 000 000 $ dont on n'a pas le
détail vont servir à financer les transactions courantes.
M. Levesque: C'est à l'intérieur de l'état
des revenus budgétaires de 1986-1987, au même titre que
l'impôt sur le revenu, les taxes sur la consommation, les droits et
permis, les revenus divers.
M. Garon: Vous voulez défaire la bâtisse pour
chauffer la fournaise. Vous vendez le capital!
M. Levesque: Ce n'est pas cela que j'ai dit.
M. Garon: Vous vendez le capital!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je voulais juste m'assurer que le ministre
avait fini de répondre.
Le Président (M Lemieux): Avez-vous terminé?
M. Levesque: Oui.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre des Finances, dans le cas de
l'article qui précède, les 133 000 000 $, vous nous avez dit que
dans ce cas il ne s'agissait pas, si j'ai bien compris votre raisonnement,
d'entrée de fonds. Il s'agissait des 133 000 000 $ qui se retrouvent
dans le même chapitre des revenus de l'année en cours. Ces 133 000
000 $ étaient, dans ce cas, une écriture comptable beaucoup plus
qu'un dividende qui serait versé. Il s'agissait de 133 000 000 $ devant
lesquels on mettait un plus ici et un moins là-bas.
M. Levesque; Un peu plus loin, comme vous venez de le dire, dans
"Prêts et avances", à la page 23 du discours sur le budget, dans
les opérations non budgétaires.
M. Parent (Bertrand): Toujours dans le cas des différentes
sociétés d'État, si jamais les revenus prévus
n'étaient pas encaissés, il faudra réduire au niveau des
dépenses puisque cela affecte les transactions, nous en sommes
conscients.
M. Levesque: Le député de Bertrand a raison. Ce qui
compte c'est le "bottom line", pour employer un mot de Shakespeare.
L'impasse budgétaire
M. Parent (Bertrand): D'accord. Lorsque j'aurai eu la chance
d'examiner plus a fond les documents qui viennent de nous être remis et
que vous avez déposés, j'aurai d'autres questions, probablement
en soirée ou demain matin. J'aimerais, dans les prochaines
minutes...
M. Levesque: Est-ce que je peux avoir l'original?
M. Parent (Bertrand): ...avoir certains éclaircissements
de la part du ministre concernant la situation de l'impasse budgétaire,
puisque j'écoutais le député de Saint-Louis il y a
quelques minutes et je suis obligé de dire que je ne suis pas d'accord
avec lui. Cela ne vous surprend pas!
D'abord, je rappellerais au député de Saint-Louis que les
propos qu'il a tenus, selon lesquels eu cours des dernières
années la situation avait tellement empiré... Je lui rappellerais
de prendre connaissance du rapport de l'Institut CD. Howe de novembre
Ï985, sous la direction de Claude Forget. Il y trouvera des chiffres bien
précis et des statistiques bien précises par rapport à
l'endettement et au fardeau fiscal des Québécois, sur ce qui
s'est passé entre 1977 et 1985, et l'amélioration par rapport
à la compétitivité.
De plus - et je m'adresse là au ministre des Finances - l'impasse
budgétaire dont il a été tellement question... Je vais
essayer de comprendre une partie qui n'est pas tellement claire pour moi et
essayer d'obtenir quelques précisions du ministre des Finances, s'il me
le permet. Le document du 5 mars, votre document "Urgence d'un redressement",
lequel est très bien fait, mentionne qu'au tout début, au
lendemain du 2 décembre - et je vous cite en page 7 du document du 5
mars - lorsque les livres ont été ouverts, vous avez fait face
è un déficit prévu de 1 300 000 000 $ de plus
élevé que ce qui avait été prévu dans le
discours sur le budget pour l'année 1986-1987. Je fais juste remarquer
à cette commission qu'on était toujours dans les
prévisions budgétaires et non dans les réalisations de
l'année en cours puisque les réalisations de l'année en
cours, par un effort de compression que le présent gouvernement fait,
que je reconnais, ont matérialisé les prévisions
budgétaires, les ont même un peu améliorées par
rapport au déficit de fin d'année. C'est donc dire que le
présent gouvernement a fait des compressions budgétaires mais pas
autant qu'il le mentionne, et je vais tenter de vous le démontrer.
Dans ce document du 5 mars, le ministre des Finances nous mentionnait,
à la page 31, ce que j'ai trouvé de plus clair pour l'explication
de ceux qui n'ont pas compris aujourd'hui ce qu'était le trou de 1 500
000 000 $, 1 300 000 000 $ ou 1 700 000 000 $. Je vais juste lire le dernier
paragraphe et vous allez m'expliquer, M. le ministre des Finances, si je
comprends bien* "Le tableau qui suit résume l'essentiel des contraintes
auquelles a dû faire face le gouvernement dans la préparation des
cinq derniers budgets." Donc vous faites allusion è ce qui s'est
passé entre 1980-1981 et 1985-1986, aux cinq derniers exercices
financiers. "Comme on peut le constater, au cours de la période, la
croissance "automatique" des dépenses, c'est-à-dire
l'augmentation qui résulte simplement de la poursuite des programmes
existants, a excédé en moyenne d'environ 650 000 000 $ par
année l'augmentation correspondante des revenus
budgétaires. À cela, le gouvernement a ajouté des
dépenses discrétionnaires pour plus de 300 000 000 $ par
année. Il en est résulté une impasse annuelle moyenne de 1
000 000 000 $..." Je m'arrête. Depuis cinq ans on faisait face, au
gouvernement du Québec, à un déficit, à une impasse
de 1 000 000 000 $ chaque année. Même phénomène que
vous avez retrouvé cette année, si je ne me m'abuse, ce qui veut
donc dire une impasse cumulative de 5 000 000 000 $, et là on explique
ce que s'est passé. Elle a été "financée par 905
000 000 $ de hausse discrétionnaire des revenus autonomes, par plus de 3
700 000 000 $ de compressions budgétaires, ainsi que par une
augmentation du déficit de 250 000 000 $." Voir le tableau qui suit.
Alors ma compréhension, M. le ministre des Finances pourra me
corriger, c'est que chaque année on se retrouvait dans une situation
où on avait du mal à freiner la machine, mais il y avait une
impasse vers la fin de l'année qui était quelque part aux
alentours de 1 000 000 000 $. L'ancien gouvernement, soit celui du Parti
québécois, a fait des compressions depuis cinq ans. Malgré
les années difficiles 1981-1982, il a fait des compressions de 3 700 000
000 $, comme vous le mentionnez vous-même, comparativement à
à peu près 1 000 000 000 $, ce que vous avez fait cette
année. C'est un effort sérieux, mais l'ancien gouvernement en a
fait pour 3 700 000 000 $ et le déficit, si j'ai aussi bien compris, n'a
varié que de 250 000 000 $. C'est-à-dire qu'on a depuis cinq ans
maintenu le déficit aux alentours de 2 700 000 000 $ à 3 000 000
000 $, ce qui fait qu'il n'y a eu qu'une augmentation de 250 000 000 $. Cette
année, M. le ministre des Finances, lorsqu'on nous parle de compressions
budgétaires, si je comprends toujours bien, ce n'est pas un nouveau
trou, c'est un trou qui se retrouvait chaque année. Il y a un effort qui
devait être fait et qui a été fait pour des compressions
d'environ 1 000 000 000 $. Est-ce que le ministre peut juste me confirmer que
l'évolution de la situation financière des dernières
années par rapport à ce qu'on connaît cette année
n'est pas en soi tellement différente et m'éclairer quant
à la démystification de ce nouveau trou que vous avez
trouvé? Est-ce un autre montant de 1 500 000 000 $ qu'on n'a pas
trouvé ou si c'est comme vous l'expliquez bien dans votre document du 5
mars à 4a page 31 et à la page 32? Parce qu'on a exactement la
moyenne annuelle et on retrouve exactement l'expression dans ce tableau.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je tiens tout d'abord
à dire que ce genre de discussion me plaît. La façon
objective avec laquelle le député de Bertrand s'adresse à
la commission et recherche des réponses objectives, je tiens à le
souligner.
Le député cite le document que j'ai présenté
le 5 mars dernier et, en le citant, il reconnaît l'objectivité du
document du 5 mars puisqu'il y trouve une source d'inspiration pour les
questions qu'il pose; d'autant plus qu'il accrédite le fait que, lorsque
j'ai présenté ce document le 5 mars dernier, je l'ai fait avec
l'aide des chiffres disponibles, sans vouloir cacher quoi que ce soit; au
contraire, ce fut en exposant le plus objectivement possible ce qui
s'était passé au cours des années budgétaires
antérieures et en reconnaissant, également, qu'il y avait eu
certains efforts de rationalisation et de compression qui étaient
apparus au cours de ces années.
Cependant, je dois rappeler à l'honorable député de
Bertrand que, s'il regarde ces chiffres de plus près, il verra ce qui
suit - il peut prendre le tableau de la page 32. Tout d'abord, il s'agit d'une
moyenne annuelle. Croissance automatique des revenus budgétaires: 1 692
000 000 $. Croissance automatique des dépenses budgétaires: moins
2 345 000 000 $. Il verra ensuite qu'il y a une croissance
discrétionnaire des dépenses budgétaires de moins 318 000
000 $.
Avant d'arriver au chiffre de 971 000 000 $, je tiens à lui
rappeler qu'il faut d'abord regarder quelle est la différence entre la
croissance automatique - et même en s'en tenant à une moyenne
annuelle... Il faut faire attention è la moyenne annuelle de 5 ans,
parce que je tiens à lui rappeler que c'est au début de ces 5
années que les compressions ont été le plus
significatives; mais, pour les fins de la discussion, acceptons que l'on
regarde la moyenne annuelle. Cette moyenne annuelle donnait, une fois qu'on a
soustrait de 2 345 000 000 $ la croissance automatique des revenus
budgétaires de 1 692 000 000 $, une impasse avant nouvelles
dépenses de 653 000 000 $. Si on prend ce chiffre-là tout
simplement, il faut le comparer à ce qu'était l'impasse avant
nouvelles dépenses que nous avons trouvée lorsque nous sommes
arrivés au pouvoir. Cette impasse avant nouvelles dépenses
n'était pas de 653 000 000 $, comme la moyenne que le
député cite, mais de 1 505 000 000 $.
C'est là que le bât blesse et c'est là que tout ce
qu'il y avait de dramatique ressort - et je remercie le député de
me donner l'occasion de l'expliquer - c'est que l'impasse avant nouvelles
dépenses, qui était en moyenne de 653 000 000 $ pour les 5
années de 1980-1981 à 1985-1986, cette somme, tout d'un coup,
nous est apparue
comme étant 1 505 000 000 $; et cela, à cause, justement,
des différences considérables qui sont apparues après que
fut prononcé le discours sur le budget d'avril 1985, avec la
révision de mai 1985, un mois plus tard.
Si on va à l'impasse après nouvelles dépenses, vous
avez 318 000 000 $ de moyenne qui était la croissance
discrétionnaire, d'après la volonté du gouvernement
d'augmenter certaines dépenses, comme nous l'avons fait pour faire face
à la crise des salles d'urgence dans les hôpitaux. Il y a eu une
moyenne de 318 000 000 $ qui s'est ajoutée, et l'impasse après
nouvelles dépenses a été de 971 000 000 $ de moyenne. (17
h 15)
Pour notre part, les nouvelles dépenses, comme je l'ai
mentionné pour les salles d'urgence, en particulier, étaient de
204 000 000 $. Ce qui portait l'impasse budgétaire, dans notre cas,
à 1 709 000 000 $, que l'on peut comparer à la moyenne de 971 000
000 $ qui apparaît dans le tableau évoqué par le
député de Bertrand. C'est donc dire, que l'on prenne l'impasse
avant les nouvelles dépenses discrétionnaires ou que nous la
prenions après, que c'est à peu près le double ou plus du
double de l'impasse de 1986-1987 par rapport à la moyenne des cinq
années précédentes. Je résume. Pour les cinq
années en question auxquelles se réfère le tableau
cité par le député de Bertrand, pour toute cette
période, l'impasse avant nouvelles dépenses était de 653
000 000 $; pour nous, c'était 1 505 000 000 $. Après les
nouvelles dépenses discrétionnaires, l'impasse, si on regarde la
moyenne des cinq années, était de 971 000 000 $, près du
milliard mentionné par le député; par contre, pour nous,
cette impasse était de 1 709 000 000 $. Pratiquement le double. C'est
là que je dis que l'impasse était dramatique. Cela voulait dire
qu'on ne pouvait pas se contenter des compressions qui avaient
été effectuées par l'ancien gouvernement, compressions
dont je reconnais l'existence, mais cela prenait des compressions beaucoup plus
vigoureuses et un budget beaucoup plus difficile vis-à-vis de l'impasse
qui était au moins le double de l'impasse moyenne mentionnée au
tableau.
Je pense que le député me suit. Je répète.
L'impasse, avant nouvelles dépenses, dans un cas, était de 653
000 000 $, dans notre cas de 1 505 000 000 $ et, après les
dépenses discrétionnaires acceptées par un gouvernement ou
un autre, on se retrouvait à 971 000 000 $ par rapport à ce
à quoi nous avions à faire face; soit 1 709 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. le député de Bertrand, votre temps de parole a
été utilisé. Vous avez utilisé plus que votre
temps: quatorze minutes au Heu de dix minutes, M. le député de
Bertrand.
M. le député de Mille-Îles, s'il vous
plaît...
M. Bélisle: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): ...et après, ce sera Mme
la députée de Chicoutimi, qui a demandé la parole.
M. Bélisle: Une brève rétrospective du
budget que le ministre des Finances a déposé il y a
déjà quelques jours. Tout d'abord, je tiens à le
féliciter pour l'excellence de son budget. Comme je le lui disais
tantôt à la blague, son budget passera à l'histoire
politique du Québec comme étant un budget exceptionnel, bien
équilibré, mais surtout et également parce que, au lieu
d'avoir été critiqué par les corps intermédiaires
économiques et sociaux de la société, cela aura
été plutôt la réplique de l'Opposition qui aura
été l'objet de critiques. Je pense que cela est unique dans les
annales politiques du Québec.
Nouvelles sources de revenus suggérées
Ceci étant dit, vous me permettrez de brosser un court tableau.
Le gouvernement du Parti libéral du Québec prend en main les
rênes de l'État le 2 décembre 1985 et commence par utiliser
une technique de base, le ciblage, c'est-à-dire qu'on a ciblé
certains éléments des dépenses publiques dans le but d'en
arriver rapidement à une réduction de l'appareil de
l'État. La deuxième étape qui apparait dans le discours
sur le budget est encore une étape de dégraissage de l'appareil
de l'État. On envisage 400 000 000 $ sur une période de deux ans,
75 000 000 $ cette année. Il est bien sûr qu'il y a une limite au
dégraissage de l'appareil de l'État. Je dois dire publiquement
que nous allons l'atteindre très rapidement. Une fois cette
étape-là, dans laquelle nous nous engageons cette année,
terminée, il va falloir réfléchir à d'autres
avenues. D'autres avenues, j'en ai souligné deux lors de mon
intervention à l'Assemblée nationale. J'ai suggéré,
bien entendu, de redonner le contrôle et la surveillance des
dépenses de l'État aux parlementaires, de quelque
côté de la Chambre où ils se situent, par la
révision du processus de l'adoption des lois et des nouveaux programmes
au Québec. Également par la révision, s'il y a
possibilité, du processus budgétaire.
Maintenant, il y a une autre avenue qui est très importante sur
laquelle j'aimerais attirer l'attention du ministre des Finances pour ses
futures réflexions au cours des prochains mois parce que je suis
assuré qu'il va nous préparer, l'an prochain, un budget encore
meilleur que celui de cette année.
C'est que, de chaque côté d'un budget, il y a
dépenses et il y a revenus également. Je pense que ce à
quoi s'attendent les citoyens du Québec... Si M. le député
de Lévis écoutait attentivement au lieu de
déblatérer continuellement sans écouter les autres il
apprendrait peut-être qu'il y a une avenue sur laquelle les membres de la
commission devrait se pencher attentivement: l'avenue des revenus,
l'application égale pour tous des règles qui existent dans notre
système. Je ne parle pas de taxation supplémentaire ou de
nouveaux modes d'imposition. Je ne parle pas de nouveaux impôts
personnels ou de nouveaux impôts sur les corporations. Je dis seulement
que l'État devrait appliquer les règles telles qu'elles existent
actuellement dans notre société, mais qu'il les applique de
façon égale à tous.
Nous avons pu constater, en première partie de cette avenue, que
lorsque le président de Loto-Québec, M. Clark, est venu devant
cette commission il nous a avoué - je dois vous dire que c'est avec
stupéfaction que je l'ai entendu - que l'État pourrait
peut-être aller chercher au-delà de 600 000 000 $ avec les jeux
vidéo-cassettes qu'on pourrait mettre sur le marché. D'autres que
nous encaissent présentement ces revenus. Je me demande s'il n'y aurait
pas Heu que le ministre des Finances fasse une petite suggestion et
étudie cette possibilité plus à fond. Ce n'est quand
même pas à dédaigner. Admettons que nous nous trompions,
que ce pourrait être 400 000 000 $, mais déjà ce serait
beaucoup.
Il y a la Régie des permis d'alcool. J'étais à la
commission des institutions et j'ai demandé à M. Pierre Langevin
combien de permis d'alcool n'étaient pas perçus chaque
année lors de l'exercice illégal... il m'a répondu pour 50
000 000 $.
Il y a le pétrole vendu illégalement au Québec.
Nous avons de nombreuses pétrolières qui paient, chaque mois, de
fortes sommes d'argent au fisc et qui donnent des contrats de cautionnement au
fisc du Québec en vertu de la Loi sur les carburants. On leur impose les
règles qu'on impose à toutes les pétrolières au
Québec. Pourquoi ne pas resserrer les liens et aller chercher, selon les
dires de ces mêmes entreprises québécoises, environ 200 000
000 $ à 250 000 000 $ de revenus supplémentaires au
Québec?
Que penser des revenus gagnés sur le marché noir? On
dirait que c'est un sujet tabou dans notre société, le
marché noir. Je ne comprends pas pourquoi. Je ne comprends pas pourquoi
des travailleurs honnêtes reviennent à la maison avec un petit
revenu disponible à la fin de la semaine ou à la fin de chaque
quinzaine le mode de paiement... Pourquoi, résolument, sans regarder le
côté des dépenses, n'envisage-t-on pas des mesures
concrètes quant aux revenus du marché noir?
Je vais même ajouter, M. le Président, que lorsqu'on parle
de la Loi sur l'aide sociale et de la réforme de l'aide sociale, il y a
un autre aspect important des revenus qui est totalement laissé de
côté. Il y a un seul concept qui existe, celui de la vie maritale.
Le concept de la vie maritale, s'il était légèrement
modifié, sans chambarder complètement la Loi sur l'aide sociale,
pourrait peut-être nous permettre d'aller chercher 300 000 000 $ à
400 000 000 $ dans les 2 100 000 000 $.
Également, étant donné que nous sommes conscients
de la situation, c'est-à-dire qu'il y a un marché noir et des
revenus illégaux non déclarés à l'impôt qui
se sont installés comme moeurs, comme une tradition habituelle, au
Québec, depuis de nombreuses années à cause de la forte
imposition des taux marginaux, que ce soit chez les professionnels ou chez les
gens du domaine de la construction ou ailleurs, pourquoi ne pas
reconnaître ce fait par législation? Pourquoi ne pas, pendant une
certaine période et à certaines conditions - je laisserai le
député de Lévis y réfléchir et on pourra
peut-être en discuter attentivement, car il y a de nombreuses conditions
qui seraient très avantageuses pour le Québec -accorder une
amnistie et laver, légaliser cet argent noir qui traîne par
milliards dans les fonds de tiroirs? Ce ne sont que quelques petits aspects sur
lesquels la commission sur le budget et l'administration, au lieu de comparer
la fermeture de telle prison à telle prison, devrait se pencher et
auxquels je convie le vice-président de notre commission, le
député de Lévis, à réfléchir.
Pour terminer...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste encore deux
minutes quarante secondes, monsieur.
M. Bélisle: Si vous me permettez...
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer, M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: ...j'aimerais souligner, comme je l'ai dit
à l'Assemblée nationale, que présentement le Parti
libéral du Québec démontre un leadership hors de
l'ordinaire en matière de réflexion sur la gestion des finances
publiques au Québec...
Une voix: Vous avez parlé de...
M Bélisle: Non, je parle du Parti libéral du Québec
dans son ensemble, avec le document sur l'urgence d'un redressement que M. le
ministre des Finances a produit, avec la qualité du budget qui a
été déposé et avec les avenues ouvertes,
également, par le président du Conseil du trésor.
Je lisais, dans le Journal de Québec du
mercredi 30 avril 1986, des commentaires que le député de
Lévis... Je cite le Journal de Québec: "Jean Garon a mis le
gouvernement au défi de parler vrai et de débattre publiquement
des vrais enjeux, des vrais choix à faire". Je continue:
"Derrière les choix budgétaires se cachent les enjeux
fondamentaux quant à des services que l'ensemble des citoyens
considèrent comme acquis. "Le débat réclamé par M.
Garon devrait se tenir en commission parlementaire. Il devrait être
serein, documenté et non partisan." Je dois vous souligner que, bien
entendu, le jeudi 17 mars, à cette même commission, je
lançais un tel défi au député de Lévis. Je
lui demande, encore aujourd'hui, s'il veut un débat documenté, de
nous produire un document de réflexion sur la gestion des finances
publiques de l'État. Egalement, j'aimerais que le député
de Lévis, s'il veut être pris au sérieux, commence à
nous suggérer des avenues non partisanes et sérieuses pour faire
avancer le débat. Ce n'est qu'à ce moment, comme l'a si bien
souligné Alain Dubuc dans la Presse, Montréal, le jeudi 1er mai
1986, à la page D-1, je lis: "Mardi matin, le critique financier de
l'Opposition péquiate, M. Jean Garon, exigeait un débat de
société pour aborder des choix financiers budgétaires
fondamentaux que devrait faire le Québec; c'est noble et beau".
Bien entendu, si...
Le Président (M. Lemieux): II ne vous reste que 30
secondes, M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: ...je prends la Presse du jeudi 8 mai,
après la réplique de l'Opposition que le député de
Lévis nous a servie, on y lit, par M. Alain Dubuc, sous le titre "Jean
Garon: le retour du créditisme": "...mais la performance de mardi montre
que le Québec ne mérite pas un débat de
société animé par Jean Garon".
En guise de conclusion, je suis prêt et nous sommes prêts
à un débat de fond. Mais, avant d'exiger et d'avoir ce
débat de fond, il faudrait peut-être que le député
de Lévis soit sérieux et retourne à son maître
à penser, M. Parizeau, lequel a déjà commencé, il y
a quelques années, à soulever des problèmes fondamentaux
en matière de gestion publique au Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Mille-Îles. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Bien, avant de parler de ce qui me
préoccupe, soit toute la question de la jeunesse, j'aimerais
peut-être qu'on me ventile, à la page 26, l'élément
4,
Revenus divers.
Le Président (M. Lemieux): Pagé 27, M. le ministre
des Finances, Mme la députée de Chicoutimi vous fait état
du document à la page... Elle vous adresse la...
Mme Blackburn: Je voudrais qu'on ventile...
Le Président (M. Lemieux): ...parole, M. le ministre des
Finances.
Mme Blackburn: La voix est moins forte...
M. Levesque: Oui!
Mme Blackburn: ...et moins impressionnante, le ministre est moins
interpelé. Je voudrais juste dire qu'à Revenus divers...
M. Garon: C'est parce que le ministre vient de s'apercevoir qu'il
y a une très forte marge de manoeuvre avec ce que vient de lui dire M.
le député de Mille-Îles. Il ne manque pas d'argent.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous rementionner, Mme
la députée de Chicoutimi...
Mme Blackburn: II était probablement en train de
réfléchir aux suggestions.
Le Président (M. Lemieux): ...la page, s'il vous
plaît?
Mme Blackburn: Pagé 26.
Le Président (M. Lemieux): Pagé 26.
Mme Blackburn: II était probablement en train de
réfléchir aux suggestions que lui faisait le député
de Mille-Îles. Je me disais, à l'écouter, qu'on allait
encourager probablement les arcades, c'est une façon de ramasser les
jeunes, peut-être pas les meilleurs, mais particulièrement...
M. Bélisle: II n'y a pas de meilleurs ou de mauvais jeunes
dans notre société, Mme la députée de
Chicoutimi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, s'il vous plaît! M. le député de
Mille-Îles, s'il vous plaît!
Mme Blackburn: Je ne parlais pas des... M. Bélisle: Il n'y
en a pas...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, la parole est à Mme la députée de
Chicoutimi.
M. Bélisle: ...contrairement à ce que vous
pensez.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, s'il vous plattî
Vous avez la parole, Mme la députée. (17 h 30)
Mme Blackburn: Je vous permets de répliquer, ce qui va
devoir rester... Il y a eu malentendu sur ce que j'ai dit. J'ai dit que ce
n'était pas la meilleure façon de ramasser les jeunes et non pas
qu'il y avait des jeunes... Ce n'est surtout pas è moi que vous allez
apprendre, monsieur, le respect des jeunes.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi, vous êtes dans le cadre de votre droit de parole.
Mme Blackburn: La rélexion que je me faisais, c'est
qu'à vouloir tant contrôler cela va certainement demander une
bonne police. Cela crée de l'emploi, mais je m'interroge à savoir
si c'est la meilleure façon de créer des emplois. La question
s'adressait au ministre des Finances. C'est à la page 26. Je voulais
qu'on me ventile l'élément 4. Revenus divers. L'an passé,
on sait qu'à ce poste, Vente de biens et services, c'était 157
000 000 $. Cette année, cela passe à 277 000 000 $. Pour ce qui
est des intérêts, cela va. Pour l'autre, Amendes - peut-être
que c'est la police de contrôle confiscations et recouvrements, cela
passe de 112 000 000 $ à 217 000 000 $.
M. Levesque: J'ai déjà répondu à
l'Assemblée nationale sur la dernière question. J'avais
donné les détails sur Amendes, confiscations et recouvrements. Si
ma mémoire est fidèle, la grande partie de cela, c'était
la Commission des normes du travail. Je vais essayer de trouver cela. Dans un
instant, je vais vous donner les détails.
M. Garon: M. le Président, je dois vous dire que le
député de Mille-îles a oublié les combats de coqs.
On pourrait légaliser les combats de coqs avec paris.
M. Bélisle: Oui, et peut-être qu'on pourra vous
inscrire dans les combats de coqs.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Milles-Îles, M. le député de Lévis, s'il vous
plaît!
M. Levesque: L'augmentation est de 103 000 000 $. Il y avait
trois sources: le programme de surveillance policière accrue, pour 20
000 000 $; le plus gros du montant touchait ce que j'ai annoncé dans le
budget, c'est la récupération des surplus de 70 000 000 $
à la Commission des normes du travail; et, finalement, pour la
récupération auprès du fonds de relance industrielle, il
restait un fonds de 13 000 000 $, ce qui fait 103 000 000 $. L'autre
question...
Mme Blackburn: II y a un écart de... Cela va. L'autre
question, c'était sur la vente de biens et de services.
M. Levesque: La partie importante qui touche la différence
est également annoncée au budget. C'étaient les sommes qui
ont été récupérées de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec.
Mme Blackburn: ...et 60 000 000 $? M. Levesque: C'est cela.
Mme Blackburn: Le montant de 60 000 000 $ est
récurrent.
M. Levesque: C'est cela, exactement.
Mme Blackburn: On est à 100 000 000 $. La
différence est de 157 000 000 $, les 57 000 000 $ de...
M. Levesque: II y a une progression annuelle...
Mme Blackburn: ...des "peanuts11?
M. Levesque: Je ne sais pas si cette progression est normale.
Mme Blackburn: Ce ne serait pas de la tarification?
M. Levesque: On me dit que c'est une augmentation normale. Il y a
peut-être une tarification incluse de 30 000 000 $.
Mme Blackburn: Bien. Je me demandais, sauf que je n'attendrai pas
la réponse du ministre là-dessus... Lorsqu'on dit: Surveillance
policière accrue qui devrait nous amener, dans les coffres, 20 000 000
$, je me demande combien cela coûte pour amener dans les coffres
l'équivalent de 20 000 000 $ en...
M. Levesque: II faudrait peut-être poser la question au
ministre qui est titulaire de cette...
L'emploi chez les jeunes
Mme Blackburn: Oui, c'est pourquoi je ne vous demanderai pas la
réponse. Si vous me permettez, je vais parler un peu. Tout à
l'heure, le député de Saint-Louis parlait de la cohérence
du gouvernement et de la cohérence du discours. Je ne vais pas
mettre
en question la cohérence des discours du gouvernement. J'ai
été favorablement impressionnée lorsque la
vice-première ministre, en décembre dernier, dans son discours
inaugurai nous disait, et je cite: "Le problème de l'emploi pour les
jeunes est au coeur des préoccupations de la société* Nous
avons pris des engagements spécifiques à cet égard, et le
gouvernement attache la plus grande importance à leur
réalisation." Elle poursuivait: "Le processus de
réévaluation des divers programmes d'aide et de soutien à
l'emploi et aux revenus des jeunes commence dès maintenant. Le
gouvernement veut y associer tous les intéressés et agir
conformément aux engagements pris de manière à modifier
à très court terme la situation difficile - à court terme,
j'insiste - ...la situation difficile de la jeunesse québécoise
sur le marché du travail.11 Et elle citait comme mesure la
création de la Corporation d'investissement jeunesse qu'on entend
pouvoir concrétiser prochainement. On connaît l'état de ce
dossier resté plutôt stagnant depuis décembre dernier. Elle
ajoutait: "Nous allons le faire, le gouvernement veut reconnaître
à sa juste valeur et il va appuyer d'une façon significative le
dynamisme et la qualité d'entrepreneurship des hommes, des femmes et des
jeunes du Québec, voilà une chose fondamentale." Et,
là-dessus, je suis tout à fait d'accord. J'apprécierais
que le ministre m'indique dans son budget les mesures concrètes qui
visent à réaliser cet objectif avec lequel - je le
répète - je suis d'accord. Ce que j'ai vu à l'examen des
crédits dans les différents ministères, c'est davantage
des compressions et des coupures qui affectaient directement les jeunes du
Québec. Les stages en milieu de travail, on donnait 1 400 000 $. Cela a
été aboli. Dans le programme d'insertion sociale et
professionnelle des jeunes dans les collèges, on a coupé 20 % du
budget. On pense à l'aide sociale, on pense à l'aide
financière, on pense encore de façon plus dramatique, je dirais,
aux effets que vont avoir sur l'emploi des jeunes les coupures dans les
différents ministères sur les emplois occasionnels. On sait que
ce sont massivement des jeunes qui occupent ces emplois. Je me serais attendue,
par rapport au discours qui a été le discours de la campagne de
même que le premier discours inaugural, à trouver dans le budget,
dans votre budget, des mesures concrètes. Le critique officiel disait
tantôt que les mesures avaient comme effet d'affecter les plus
démunis. Je pourrai y revenir tantôt, parce que vous ne m'avez pas
convaincue. J'y reviendrai dans mon prochain droit de parole de dix
minutes.
M. Levesque: Sur quoi?
Mme Blackburn: Sur le fait que les mesures budgétaires
affectent les plus démunis. Tantôt je voudrais, point par point,
essayer de vous faire la démonstration qu'ils ne sont pas bien servis
là-dedans et qu'ils ne verront certainement pas leur situation
s'améliorer en 1986-1987. Je voudrais que le ministre m'indique dans ce
budget les mesures concrètes qui vont nous permettre de voir
tantôt croître les emplois. On sait que ses prévisions
d'emploi passent de 80 000 - tel qu'il s'est engagé à le faire -
à 62 000. Bon, il y a déjà un écart de 18 000
emplois; est-ce l'équivalent des emplois qui ont été
perdus ou qui ne seront pas créés parce qu'on a aboli les postes
occasionnels, parce qu'on a aboli certains programmes? Je voudrais voir
où se trouvent ces mesures qui vont vous permettre de soutenir une
véritable politique d'emploi chez les jeunes.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je dois dire que pour nous, du Parti libéral,
l'article 1 du programme demeure toujours le même, la croissance
économique, la création d'emplois et, dans cette création
d'emplois, les jeunes sont au premier rang de nos préoccupations. Il est
vrai, cependant, comme on peut le mentionner, qu'il y a eu des compressions
budgétaires. C'est vrai et ce sont des compressions que l'on retrouve
dans divers ministères. Aucun ministère n'a échappé
complètement à ce besoin de rationalisation et de compression. Si
l'on veut réellement donner un élan à la création
d'emplois, il faut, je pense bien, avoir un assainissement des finances
publiques. C'était, à mon avis, un prérequis. Si l'on
avait continué dans le sens où on était parti,
c'était un très mauvais héritage qu'on préparait
pour les jeunes. Les jeunes, avec le taux de natalité que nous
connaissons, au Québec en particulier, sont de moins en moins nombreux,
proportionnellement à l'ensemble de la population. Dans quelques
années, ils auront à supporter un fardeau qu'il faut
alléger autant que possible, étant donné le vieillissement
de la population. Le meilleur service que nous pouvons rendre aux jeunes,
présentement, requiert des finances saines où nous allons cesser
de laisser à ces jeunes le poids de l'endettement qui produit un fardeau
annuel de plus en plus considérable. C'est pourquoi notre
première mesure importante a été - et c'est
peut-être moins sophistiqué que nous n'aimerions - de faire en
sorte que l'on cesse d'emprunter pour payer des dépenses courantes.
Chaque fois que nous empruntons pour payer des dépenses courantes, c'est
une hypothèque que nous ajoutons à la vie de ces jeunes, celle
qu'ils ont à vivre sur cette terre du Québec. Pour la
première fois depuis plusieurs années, nous sommes revenus
à une situation d'équilibre
du compte courant. Je pense que c'est probablement le prérequis
le plus important que nous pouvons avoir à l'égard des
jeunes.
Dans la page 2 du discours sur le budget, je mentionne "un taux de
chômage moyen de 12 % au Québec signifie 18 % de chômage
chez les jeunes de 15 à 24 ans." C'est inacceptable. Cela l'est dans mon
esprit et cela l'est dans l'esprit du gouvernement. Nous allons attaquer ce
problème en priorité. À la page 5 du discours sur le
budget, vous allez retrouver: "mais c'est en même temps créer les
emplois tant recherchés par les jeunes du Québec et par les
chômeurs de toutes catégories." Toujours cette
préoccupation qui est là.
J'aurais pu le répéter mille fois dans le discours, mais
je tiens à souligner que, dans l'esprit du premier ministre, dans
l'esprit de l'ensemble du gouvernement, et dans mon esprit, les gestes
administratifs et les gestes législatifs que nous posons et poserons
dans les mois à venir auront justement cette préoccupation pour
les jeunes. Par exemple, le ministre responsable de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu a indiqué qu'il allait procéder
dans le sens de rendre justice aux jeunes en ce qui concerne l'aide sociale.
Mais ce qui nous préoccupe encore davantage que l'aide sociale, ce sont
des emplois pour les jeunes. Dans le sens de créer des emplois pour les
jeunes, il est important de bien se rappeler que la faiblesse du Québec
depuis quelques années a été le manque d'investissements
au Québec. Si vous enlevez les investissements qui sont des
retombées des décisions prises en 1971 pour la Baie James par
exemple ce qui nous donne des surplus d'électricité qui nous ont
permis d'avoir des investissements directement reliés à ces
surplus d'électricité, par exemple Pechiney et Reynolds, si vous
enlevez ces investissements, dis-je, la situation de l'investissement au
Québec sera encore plus dramatique. Il est donc important, si nous
voulons répondre réellement aux besoins d'emploi des jeunes,
d'augmenter les investissements au Québec. (17 h 45)
Qu'est-ce qu'on peut faire pour augmenter les investissements au
Québec? Il faudrait rendre le Québec plus compétitif au
point de vue de la fiscalité, en particulier. C'est la raison pour
laquelle le premier geste que nous avons posé en arrivant au pouvoir, au
mois de décembre, cela a été d'avancer d'un an les mesures
qui avaient été envisagées par nos
prédécesseurs et de faire en sorte de diminuer l'impôt sur
le revenu afin de pouvoir amener plus de décideurs chez nous, plus de
gens productifs, plus d'employeurs en puissance et éviter que ces
gens-là ne quittent le Québec pour aller vivre ailleurs à
cause, justement, d'une fiscalité non compétitive.
Le progrès que nous avons accompli jusqu'à maintenant dans
ce domaine doit être souligné. Pour avoir des investissements,
nous devons créer, au Québec un climat favorable aux
investissements. Parmi les éléments nécessaires à
la création de ce climat, nous croyons dans la mise sur pied d'un
comité sur la déréglementation, d'un autre sur la
privatisation et d'un autre sur le "dégraissement", si l'on veut, de
l'appareil gouvernemental. On a, par ces mesures très contrètes,
favorisé un meilleur climat pour les investissements au Québec.
Nous continuons, par ailleurs, par nos actions quotidiennes, à
préparer de nouveaux investissements. Si nous sommes è 16,9 %, 17
% du PIB dans le domaine des investissements, nous disons: Nous ne pouvons pas
rester dans cette situation-là. Il faut que nous retrouvions au moins 20
% du PIB en investissements annuels, et même davantage. Si nous ne
réussissons pas à augmenter les investissements, nous aurons
énormément de difficultés à créer des
emplois, particulièrement pour les jeunes. Cela prend, autrement dit,
des opérations multiples pour arriver à atteindre cet
objectif.
Je suis d'accord que le chômage chez les jeunes - je l'ai
d'ailleurs combien de fois déploré - est trop
élevé. S'il est élevé - on pense à des taux
de 17 %, 18 % mais, dans certaines régions du Québec, c'est
beaucoup plus élevé, et je suis issu d'une région
où ça l'est encore plus - nous assistons, et cela, depuis des
années, è une émigration de nos jeunes que nous
préparons, que nous élevons, que nous éduquons, chez nous,
qui partent pour d'autres cieux. Nous voulons les garder chez nous, leur
trouver des emplois. Ce n'est pas le manque de volonté politique. Ce
n'est pas parce que nous aurions changé d'idée dans quelques
mois, au contraire. Je le répète, notre plus grande
préoccupation est -et elle demeurera la même aussi longtemps que
nous n'aurons pas réglé ces problèmes-là, et
ça ne se règle pas dans trois ou quatre mois - l'article 1 de
notre programme politique qui demeure la croissance économique et la
création d'emplois.
Si on peut trouver des éléments dans les compressions
budgétaires où il y a eu -on peut peut-être trouver
certains montants, comme l'a évoqué Mme la députée
- peut-être des cas que l'on peut identifier comme n'allant pas dans le
sens de cette orientation générale, je dois lui dire que ces cas
particuliers doivent être exceptionnels et temporaires, parce que
l'objectif primordial, l'objectif premier demeure la création d'emplois
et, à l'intérieur de la création d'emplois, il y a une
préoccupation constante pour les jeunes.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Cela n'a pas répondu à mes
questions. Si j'avais faim demain matin, cela ne me donnerait pas à
manger, ce que vous êtes en train de me proposer là, qu'on me
réduise ma dette quand j'aurai 40 ans. Ce que les jeunes demandent,
c'est du travail et c'est ce que vous leur avez promis. Dans la conjoncture
actuelle, on sait qu'il y a deux conditions qui favorisent le plein emploi.
C'est d'abord la scolarisation et la seconde, comme on sait que l'emploi, cela
n'est plus seulement conjoncturel mais structurel, il va falloir que l'on se
donne, tel que vous vous y étiez engagés, ce qu'on appelle une
politique du plein emploi en revoyant un peu notre structure de l'emploi,
c'est-à-dire le travail à temps partiel, les congés
éducation, la mise à la retraite anticipée, un certain
nombre de mesures de cet ordre-là. Parce que vous savez que, et ce n'est
pas à vous que je vais l'apprendre, actuellement on produit nos biens de
consommation de façon beaucoup plus rapide qu'antérieurement, ce
qui a un effet direct sur le niveau d'emploi. On ne pourra pas changer cela en
essayant de créer exclusivement de nouveaux emplois, 11 faut changer la
structure de l'emploi. Par rapport à la scolarisation, vous le savez,
vous l'avez dit dans votre document, 18 % de chômage chez les jeunes,
c'est dramatique. Avec les mesures qui ont été prises dans le
budget, les différentes compressions dans les ministères, on va
aggraver considérablement la situation des jeunes. Déjà,
on estime, concernant l'emploi pour les étudiants cet été
que, dans certaines régions, il va y avoir à peu près 50 %
de chômage. Et là, je ne pense pas aux autres.
Ensuite, les mesures qui ont été prises et
annoncées à la fois... Ce n'était pas toujours la
même personne qui nous les annonçait; quand on parle de la
tarification, c'est le ministre des Finances; quand on parle de mesures visant
à contrôler ou à réduire ce qu'on appelle les
éternels étudiants, c'est le président du Conseil du
trésor; quand on parle de l'aide financière et de la compression
de 24 000 000 $, c'est le ministre de l'Enseignement supérieur; quand on
parle des frais de scolarité pour les cours d'été, c'est
le ministre de l'Enseignement supérieur qui nou3 apprend cela. Ces
mesures additionnées vont avoir des effets considérables sur la
"désincitation" à poursuivre des études supérieures
et tous les pays qui sont compétitifs investissent massivement dans la
scolarisation. Il y a un rapport étroit entre la sous-scolarisation et
la pauvreté. Les mesures qui ont été prises dans
différents ministères et particulièrement au
ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
vont aggraver la situation des jeunes. Nous allons voir se creuser,
probablement, cet écart en matière de scolarisation entre nous et
l'Ontario, auquel on se plaît beaucoup à se comparer.
Dans votre discours, et cela l'était déjà dans le
document que vous avez déposé le 5 mars dernier, vous nous dites
en parlant de la tarification - et cela me fait sursauter à chaque fois
que je le vois; je me dis: Ils ne . le répéteront pas, mais il
est à nouveau là-dedans - que la tarification est une source de
revenu sous-utilisée au Québec. On peut penser que oui, c'est
vrai aussi bien pour les services dispensés par le gouvernement
lui-même que par ceux du réseau des services de santé et de
l'éducation qui sont subventionnés par le gouvernement.
Lorsqu'ils sont possibles, les tarifs ont le double avantage de freiner les
abus. Est-ce qu'on serait en train de déclarer qu'il y a abus de
consommation dans les services éducatifs? J'ai peine à lire votre
texte de cette façon-là. Je trouve cela... Je ne pense pas que je
puisse utiliser un terme trop fort, c'est quasiment de l'inconscience que de
lire cela, lorsqu'en même temps on veut relancer l'économie d'un
pays. Vous dites dans votre introduction, en page 3: "Après un effort de
rattrapage important - en parlant de l'éducation - nous avons maintenant
une population beaucoup plus scolarisée et beaucoup mieux formée
qu'autrefois." Beaucoup mieux formée qu'autrefois: oui, mais
proportionnellement encore très loin de la performance ontarienne
à laquelle on se plaît à se comparer quand cela fait notre
affaire. On a, au niveau du premier cycle, du deuxième cycle et du
troisième cycle, encore un retard considérable. On ne peut pas
seulement comparer les frais de scolarité ici, l'aide financière
aux étudiants, en se disant que ce n'est pas comparable à
l'Ontario, c'est tout simplement que nous n'avons pas les mêmes
traditions et on est encore en train, au Québec, de faire du rattrapage.
Je n'ai pas vu de mesures dans ce budget qui nous permettraient à la
fois de faire ce rattrapage au plan de la scolarisation et qui permettraient
tantôt aux jeunes qui sont aujourd'hui chez eux et qui attendent des
emplois de voir un peu le bout du tunnel dans les six prochains mois. Je ne
vois pas de mesures concrètes dans votre budget. Qu'on me dise, comme
l'a fait le premier ministre en Chambre, que le plus beau cadeau qu'on puisse
leur faire, c'est de leur enlever leur dette, mais encore faudra-t-il qu'ils
aient le goût et la santé physique et mentale pour se rendre
jusqu'à l'âge de 40 ans pour l'apprécier. C'est aujourd'hui
qu'ils voudraient l'apprécier.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, Mme
la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: C'est-à-dire que je continuerai
tantôt, car je voudrais revenir sur...
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes rendue à
deux minutes de plus que le temps qui vous est alloué. M. le ministre
des Finances, s'il vous plaît.
M. Levesque: Je comprends que Mme la députée ait
fait un tour d'horizon, particulièrement dans le domaine de
l'éducation. Je suis d'accord qu'elle se préoccupe du domaine de
l'éducation. Elle s'en occupe comme critique de l'Opposition. Il est
normal qu'elle continue à apporter sa contribution à
l'intérieur du débat qui se poursuivra en d'autres lieux qu'ici.
Lorsque Mme la députée sera à la commission parlementaire
qui s'occupe plus particulièrement de ces questions, elle aura
l'occasion d'aller plus au fond des choses.
Je répète ce que j'ai dit. Notre préoccupation,
celle du ministère des Finances et celle du gouvernement en
général, touche l'emploi chez les jeunes. Lorsqu'elle relie
l'emploi à l'éducation, j'en suis et il y a sûrement une
relation entre le degré d'instruction et les possibilités
d'emplois. Je le dis combien de fois dans mon bureau de comté, lorsque
les jeunes viennent me voir. Et ce n'est pas seulement depuis le 2
décembre qu'ils viennent me voir.
Mme Blackburn: Quand vous passez dans le comté.
M. Levesque: Les jeunes sont toujours venus me voir pour me
parier d'emplois. C'est clair. Combien de fois leur ai-je dit, en leur
demandant, par exemple, leur niveau de scolarité: N'y aurait-il pas lieu
que vous continuiez à étudier? Pourquoi ne pas poursuivre encore,
par exemple, des études collégiales, au moins?
Mme Blackburn: Ou des cours d'été!
M. Levesque: J'ai souvent eu des réactions positives aux
conseils que je leur donnais. Lorsqu'on regarde les conditions faites aux
étudiants du Québec, par rapport à celles faites aux
étudiants d'ailleurs, je crois que l'on peut dire, si l'on regarde le
régime des prêts et bourses ou le régime des frais de
scolarité, qu'on trouvera que le Québec est un endroit où
ces conditions sont les plus favorables, non seulement au Canada, mais
peut-être au monde. Alors, il ne faudrait pas exagérer et demander
à l'État de faire tellement plus de ce côté. Nos
moyens sont limités.
Nous avons à côté de nous une province qui a
beaucoup plus de moyens financiers que le Québec et, pourtant, lorsqu'on
regarde les frais de scolarité au Québec, ils sont de 500 $,
alors que dans la province voisine ils sont de 1200 $. Je ne pense pas qu'aucun
jeune étudiant puisse se plaindre de cette situation. Il faut être
réaliste. Nous n'imprimons pas l'argent au Québec. Mettons-nous
cela dans la tête.
M. Bélisle: Mais la théorie
créditiste...
M. Levesque: Pas plus que nos prédécesseurs ne
l'ont imprimé. Ils ont imprimé des dettes, ils ont imprimé
des situations de déficits...
Une voix: Réal Caouette. (18 heures)
M. Levesque: ...mais ils ont laissé à la jeunesse
d'aujourd'hui des obligations très lourdes et je crois qu'il est bon de
te rappeler. Si les gens pensent que l'État peut tout faire,
l'État est simplement l'ensemble de la population qui confie ses
affaires à un gouvernement. Mais le gouvernement n'a pas d'argent pour
lui-même, il n'a que ce qu'on lui confie. On peut souvent juger un
gouvernement par la qualité de la gestion. Si on faisait passer le test
à l'ancien gouvernement, je pense que les notes ne seraient pas hautes.
Cela ne change pas cependant le fait que Mme la députée peut
être félicitée pour l'intérêt qu'elle porte
à ces questions. Loin de moi l'idée de critiquer son
intérêt et sa préoccupation, que je partage. Je ne pense
pas que, depuis les quatre mois, les quatre mois et demi ou les cinq mois
où nous avons été au pouvoir, nous ayons pu changer la
situation qui date de plusieurs années. Les efforts qui ont
été faits par le Québec, à partir des années
1960, avec la révolution tranquille, avec la réforme de
l'éducation...
M. Garon: II n'y avait pas de dette en 1960.
M. Levesque: Non, je sais.
M. Garon: M. Duplessis ne dépensait pas trop.
M. Levesque: Non, je le sais. On peut revenir là-dessus.
Je regardais les anciens budgets de M. Duplessis...
M. Garon: II avait toujours un surplus.
M. Levesque: Non, il calculait d'abord les revenus de
l'année et ensuite il mettait 80 %, 85 % pour les dépenses
courantes, le reste en immobilisations - il y avait peut-être un surplus
de 50 000 $ ou 100 000 $ -et cela arrivait.
M. Garon: Êtes-vous d'accord avec ça?
M. Levesque: Les temps ont changé. Si j'étais
d'accord avec ça, je serais obligé de répondre très
négativement aux propos de Mme la députée de Chicoutimi.
Cependant, je pense qu'il était temps en 1960 de moderniser
l'État du Québec et, en même
temps, d'assurer que l'éducation ne soit pas
réservée è deux, trois, quatre ou cinq personnes, dans
chacun des villages du Québec, qui pouvaient faire des études
supérieures, pendant que les autres attendaient et que le taux de
scolarisation était très bas. Les efforts qui ont
été faits par l'ensemble de la société
québécoise depuis 1960, sont considérables. Est-ce qu'on
peut faire davantage? Je crois que la meilleure façon de pouvoir faire
davantage, cela a été à l'occasion du budget actuel. On
parle du budget actuel, c'est le débat sur le budget actuel. Il y avait
un prérequis à la croissance économique. Ce
préréquis, c'était d'assainir les finances, parce qu'on ne
pouvait pas continuer dans le même sens. Si on avait laissé aller
la machine comme elle était partie, nous avions cette année un
déficit de 4 500 000 000 $, 4 700 000 000 $ pour être plus
précis. Combien aurait-on eu de plus à payer l'an prochain
encore? Avant de pouvoir répondre aux questions de Mme la
députée, on aurait eu à ajouter annuellement quelque 450
000 000 $ de plus, jusqu'au moment où on commence à rembourser la
dette, en plus des 300 000 000 $ qui s'ajoutent cette année, etc.
Où est-ce qu'on s'en va? Quel est le cadeau que l'on fait à nos
jeunes, aujourd'hui? Mais 11 faut cesser. Il faut commencer par le commencement
et c'était, à mon sens, un prérequis. Quand on tourne la
machine vers un déficit acceptable, quand on arrive à
équilibrer le compte courant et qu'on s'en va vers une diminution de ce
fardeau-là, je pense qu'on est dans la bonne direction et qu'on est en
train de créer un climat meilleur. D'ailleurs, lorsque Mme la
députée parlait des jeunes tout à l'heure, là
également, ce que nous prévoyons pour l'année 1986, c'est
une diminution du taux de chômage chez les jeunes par rapport à
l'an dernier. Je pense que les mesures que nous prenons présentement,
globalement, sont de nature à créer un climat d'investissements
qui va donner de l'emploi aux jeunes. Donnez-nous un peu de temps, pas quatre
ou cinq mois, et vous verrez que les chiffres, à moins qu'une
catastrophe nous tombe dessus, seront de plus en plus favorables quant au taux
de chômage. Ce que nous voulons -nous le disons encore - d'ici à
la fin de notre mandat, c'est créer 400 000 nouveaux emplois et que ces
emplois-là soient sûrement, en bonne partie, occupés par
les jeunes Québécois et Québécoises.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi, votre droit d'intervention est
terminé. M. le député de Champlain et Mme la
députée de Matane ont demandé la parole. Mme la
députée de Matane, s'il vous plaît. Nous reviendrons par
après, si on arrive à l'alternance, à M. le
député de Lévis.
J'aimerais vous faire remarquer, Mme la députée de
Chicoutimi et M. le député de Bertrand, que je ne m'en suis pas
rigoureusement tenu à dix minutes. Mais j'ai tenu le ministre, du moins
dans la mesure du possible, cette fois-ci rigoureusement à dix minutes.
Mme la députée de Matane, s'il vous plaît.
Mme Hovington: C'est que mon temps baisse. Il ne me reste que
neuf minutes.
Le Président (M. Lemieux): À vous, Mme la
députée de Matane.
Mme Hovington: Cela ne me fait rien, M. le Président. 18 h
30; je croyais que c'était 18 h 15.
Le Président (M. Lemieux): Nous reprenons à 20
heures; 18 h 30. Vous pouvez faire votre intervention, Mme la
députée de Matane.
L'aide aux régions
Mme Hovington: M. le Président, je voudrais un peu abonder
dans le même sens que ce que le ministre des Finances disait tout
à l'heure. Il est sûr que lorsque nous avons pris le pouvoir, le 2
décembre dernier, nous avons trouvé les finances du Québec
dans un très mauvais état. Je dirais même que les finances
publiques du Québec étaient gravement atteintes. Etant
donné que notre but premier est la croissance économique du
Québec, nous devons passer en premier lieu par une réduction du
poids des dépenses publiques dans l'économie. Pour cela, on doit
s'appuyer davantage sur les entrepreneurs québécois qui ont les
moyens, la compétence, la volonté pour garantir le
développement économique du Québec.
Cette volonté de compresser dans les dépenses ou
d'assainir les dépenses publiques du Québec, on l'a
démontrée depuis le 2 décembre. D'abord, cela a
été fait avec rigueur, parce qu'il fallait quand même avoir
la volonté politique de le faire; nous l'avons fait en tant que
gouvernement responsable. Il fallait que ce soit fait aussi avec justice. C'est
ce qui a été fait, parce qu'il a été demandé
à chacun des ministères, avec l'aide des hauts fonctionnaires et
en étudiant les différents programmes et les différentes
dépenses inhérentes à chacun des ministères, de
faire un effort de rationalisation des dépenses du gouvernement car la
croissance rapide des dépenses budgétaires a contribué
à un déséquilibre financier au Québec. Pour mettre
un frein è ces dépenses qui étaient toujours grandissantes
et qui sont maintenant au-delà des moyens du gouvernement, ce
déséquilibre devait être corrigé. C'est ce que nous
nous sommes engagés à faire. Ce n'eat pas facile. Il est
sûr que tout le monde est
à peu près conscient de l'état lamentable des
dépenses publiques au Québec. Toute la population du
Québec, d'ailleurs, nous a prouvé qu'elle voulait un changement
le 2 décembre et je tiens à dire que je suis allée dans
mon comté passer une partie de la semaine, dans le cadre de la Semaine
de l'entreprise, et la population en général est très
contente et satisfaite des compressions budgétaires qui ont
été annoncées et qui verront au redressement de la
situation économique du Québec.
C'est dans cette perspective que s'est préparé le budget
des dépenses de l'État et que le budget du Québec a
été déposé le 1er mai. Cependant, il y a certaines
régions où ces compressions budgétaires sont plus
difficiles parce que, pour employer un terme, dans certaines régions, il
y a un petit peu moins de gras qu'ailleurs, alors c'est peut-être plus
difficile. C'est dans cet esprit de développement régional - la
philosophie libérale étant le développement
régional - et le développement du Québec passant d'abord
par le développement des régions, qu'il y a eu différentes
mesures d'annoncées dans le budget du 1er mai pour aider, justement, les
régions.
Permettez-moi de relever certaines de ces mesures touchant, par exemple,
le tourisme où il y aura un montant de 1 000 000 $ supplémentaire
accordé à la promotion touristique auprès de la
clientèle américaine. Dans une région comme celle que je
représente, c'est-à-dire la région gaspésienne,
cette mesure attirera beaucoup de touristes, nous l'espérons, parce que
beaucoup d'emplois d'été dépendent du tourisme, qui est
quand même saisonnier, et dépendent des gens qui font le tour de
la Gaspésie. Donc, en attirant plus de touristes américains, nous
créerons beaucoup plus d'emplois durant l'été, ce qui est
un atout pour beaucoup de régions périphériques.
En ce qui a trait à l'agriculture, il a été
annoncé dans ie budget une prime à l'établissement des
jeunes agriculteurs, qui passera de 7 000 000 $ à 15 000 000 $. C'est
donc une hausse de 8 000 000 $ pour aider les jeunes agriculteurs. Il y a Mme
la députée de Chicoutimi, tout à l'heure, qui disait que
le budget ne se préoccupait pas des jeunes* C'est justement une de ces
mesures qui verront à l'établissement de beaucoup plus de jeunes
agriculteurs dans les régions agricoles.
Aussi, pour les petites et moyennes entreprises, l'exonération
d'impôt et de taxe sur le capital pour toute nouvelle entreprise pendant
les trois premières années aidera énormément nos
régions. Il y a beaucoup d'entreprises qui vont s'établir, j'en
suis sûre, dans les régions éloignées. Pour parler
d'entreprises, on sait que dans nos régions éloignées les
entreprises souffrent énormément du fait qu'elles doivent payer
beaucoup plus pour le transport. Il y a des coûts de transport
inhérents à nos longueurs de routes. D'ailleurs, dès le 2
décembre, nous nous étions engagés, et nous avons
respecté nos engagements électoraux, à diminuer de 10 % la
taxe sur l'essence dans certaines régions périphériques et
le budget a justement augmenté cette exemption de taxe dans plusieurs
autres régions périphériques, pour que nos régions
demeurent compétitives face à d'autres commerces ou à
d'autres petites ou moyennes entreprises qui sont plus proches de grands
centres urbains.
Pour continuer sur le transport, il y a aussi un budget de 10 000 000 $,
des crédits supplémentaires de 10 000 000 $ pour
l'amélioration du réseau routier municipal qui crée des
emplois encore dans nos régions périphériques. Il y a
aussi l'augmentation de 10 000 000 $ pour le Fonds de développement
régional de l'OPDQ qui est pour aider le développement de nos
régions.
En ce qui a trait à l'éducation, justement, encore
là il y a une mesure pour aider les jeunes, les jeunes qui demeurent
dans les régions périphériques et qui n'ont pas à
être pénalisés par les coûts de transport et les
coûts de subsistance inhérents à l'éloignement des
collèges et des universités. Pour nos jeunes, nous sommes en
train de trouver une formule afin de permettre aux étudiants de nos
régions qui désirent poursuivre des études
supérieures de ne pas être pénalisés à ce
point de vue. En ce qui a trait à ce que Mme la députée de
Chicoutimi disait tout à l'heure, j'ai rencontré aussi des jeunes
au cégep de Matane et je leur ai vraiment démontré entre
autres qu'ils n'étaient pas plus endettés au niveau des
prêts et bourses que le reste du Canada. Par exemple, pour vous donner
des chiffres, la moyenne d'endettement annuel d'un étudiant
québécois en 1983-1984 était de 1464 $, tandis que dans le
reste du Canada elle se situait à 2450 $. Je tiens à
préciser que la masse d'argent liquide à laquelle un
étudiant a droit présentement ne change pas; le montant est le
même sauf qu'à l'intérieur le réaménagement
du pourcentage de prêts et bourses change: Quand il est à 69 %
pour les prêts ailleurs au Canada et 31 % en bourses, ici au
Québec il est de 54 % en prêts et 46 % en bourses. Les
étudiants qui ont quand même le privilège de poursuivre
relativement à peu de frais des études supérieures et qui
auront donc le privilège éventuellement de toucher des revenus
plus élevés que la moyenne, il est peut-être normal qu'ils
s'endettent un peu plus, étant donné tous ces privilèges.
M. le Président, je dois dire que le budget, quant à moi,
répond vraiment aux besoins des régions où
l'économie est beaucoup plus fragile et où l'économie
repose sur des bases plus fragiles - je vais répéter le terme -
qu'ailleurs au Québec. Le budget aide vraiment à une
croissance économique dans les régions et les jeunes qui
s'y trouvent aussi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Mme la
députée de Matane. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je remercie Mme la députée de Matane
ainsi que le député de Mille-Îles, auquel je n'avais pas
répondu tout à l'heure, pour leurs interventions. J'étais
très heureux d'avoir les suggestions du député de
Mille-Îles. Au moins cela donne ce qu'on appelle dans la langue de
Shakespeare "food for thought" et cela pourra faire l'objet de discussions
à la commission du budget et de l'administration. Mais cela va faire
réfléchir plusieurs de nos collègues au Revenu, au Conseil
du trésor, un peu partout au gouvernement. Il y a peut-être des
choses que l'on peut mettre au frigo, mais il y en a peut-être qu'on peut
retenir. C'est un effort louable de suggestions qui peuvent alimenter la
réflexion. (18 h 15)
Quant à Mme la députée de Matane, je suis
très heureux de voir qu'elle a touché des points importants pour
les jeunes, en particulier, et pour tes personnes vivant en régions.
Lorsqu'elle a ajouté aux exemples que l'on retrouve dans le budget pour
les jeunes, elle a parlé des jeunes agriculteurs pour les mesures qui
ont été prises de ce côté-là, les mesures
dans le tourisme, dans le développement régional; je pense que,
à ce moment-là, ce budget répond à des
préoccupations de nos électeurs et de nos électrices en
région. C'est la réaction, d'ailleurs, que j'ai eue en fin de
semaine des centaines de concitoyens et de concitoyennes que j'ai
rencontrés dans le comté de Bonaventure qui se disaient
très satisfaits du budget et des préoccupations très
visibles qu'on avait pour les gens vivant en régions et c'est,
j'imagine, la même chose que d'autres députés ont
trouvé dans leurs pérégrinations de fin de semaine. J'en
suis très heureux.
Il y a, je pense, dans l'ensemble du budget, une reconnaissance par la
population, devant l'impasse considérable à laquelle nous devions
faire face, que les solutions retenues sont les bonnes. Elles ont
été bien comprises et bien acceptées par la population. Ce
n'était pas facile. Lorsque je répondais tout à l'heure
aux remarques du député de Bertrand sur l'impasse relative, je
pense qu'il était important de souligner que ce n'était pas la
même impasse à laquelle nos prédécesseurs ont eu
à faire face, mais à une impasse de plus du double de celle
à laquelle on s'était habitué, avec un déficit -il
ne faut pas l'oublier - qui a été diminué à la fin
de l'exercice. Si nous en étions restés aux 3 20Q 000 $ auxquels
l'ancien gouverne- ment nous avait habitués, l'effort aurait
été diminué d'autant. Mais nous avons voulu,
immédiatement, faire en sorte de cesser d'emprunter pour payer les
dépenses courantes, pour payer l'épicerie. Et cela nous a
amenés à une compression additionnelle de 300 000 000 $, car ce
n'est plus un montant de 3 200 000 00 $ qui est le déficit, mais bien 2
895 000 000 $, autrement dit, de l'ordre de 2 900 000 00 $. C'est donc dire
qu'en plus de l'impasse dont nous avions hérité il y a eu cette
volonté très claire de ramener l'équilibre du compte
courant. C'était donc un défi considérable auquel nous
devions faire face. C'est pourquoi, sans vouloir exagérer sur la
qualité du budget... On va laisser à d'autres le soin de le
faire, peut-être au député de Lévis; il s'est
peut-être converti à de meilleurs sentiments, maintenant qu'il a
eu l'occasion de lire le budget attentivement, de l'analyser. Je suis sûr
qu'avec son "objectivité habituelle" - et là, c'est entre
guillemets, je le dis pour le Journal des débats...
M. Garon: Proverbiale!
M. Levesque: ..."proverbiale"... Je mets tout cela entre
guillemets, pour que personne ne se méprenne sur le sens de mes paroles.
Je suis sûr qu'il va finalement, à la fin des travaux de la
commission, avant de se lever définitivement, montrant sa contrition
parfaite, nous faire part de ses sentiments favorables à l'égard
d'un budget qui fait en sorte que nous ayons pu faire face ensemble à
cette impasse qui était considérable en n'affectant pas
défavorablement la population, au contraire, en étant en mesure
de lui fournir un budget qui lui donne confiance en l'avenir. Ce
prérequis, je le répète, ce prérequis que nous
avions d'assainir les finances publiques, je pense que nous avons fait un pas
extrêmement important dans cette direction. Ce n'est pas fini. Il faut
falloir qu'au cours de l'année nous ayons continuellement une
préoccupation vis-à-vis des données de ce budget et ce
n'est pas chose facile. Les dépenses qui étaient
envisagées n'étaient pas absolument mauvaises. Il y a des besoins
qui auraient pu, en augmentant encore le déficit, être
comblés. Nous aurions pu avoir une popularité relative en
acceptant différentes demandes. Mais, justement, c'est è cause de
cette impasse où nous étions. Cette volonté politique,
chez nous, d'assainir les finances était constante et elle doit demeurer
constante au cours de l'année afin que nous nous en tenions aux
équilibres prévus. Ce n'est pas simplement en écrivant le
budget que cela se fait. Il faut aussi une attention quotidienne
vis-à-vis des dépenses publiques en même temps qu'une
attention particulière vis-à-vis de la rentrée de revenus.
Dans les deux cas, nous comptons évidemment sur
l'ensemble du gouvernement et de la population elle-même afin que
tout le monde soit bien conscient que nous avons, ensemble, pour la
société québécoise, un travail de tous les jours
à faire pour changer le cours des choses et cesser de rejeter sur les
générations à venir, les jeunes d'aujourd'hui, un fardeau
que nous étions en train de leur faire. Cela ne serait pas vivable.
C'est cela qui me préoccupe. Quand on parle des jeunes, pensons aux
jeunes tout de suite et arrêtons de les hypothéquer pour je ne
sais combien de temps. Au contraire, le budget actuel en tient compte et a une
préoccupation constante d'aider ces jeunes à avoir un meilleur
lendemain. Ce budget a également une constante, c'est de protéger
les gens à faible revenu, les personnes âgées et les
assistés sociaux, en attendant qu'ils puissent améliorer leur
sort et retrouver du travail. Il y a, dans toutes les mesures prises, une
préoccupation pour les personnes les plus faibles et qui ont besoin,
justement, d'une attention constante dans le sort qu'on leur réserve
dans toutes ces mesures fiscales. En résumé, je remercie tous
ceux qui ont participé, jusqu'à présent, à cet
échange. Nous allons continuer, dans les heures è venir, pour
enfin rendre justice à ce budget qui se veut un budget équitable
et qui, en même temps, distribue le fardeau de la façon la plus
large possible en tenant compte des moyens, des situations et des circonstances
particulières afin que la population l'accepte de la façon dont
elle l'accepte généralement.
Le Président (M. Lemieux) Je vous remercie, M. le ministre
des Finances. M. le député de Lévis. Nous devons suspendre
à 18 h 30. Vous avez le droit de parole.
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté les
propos des différents députés et j'ai été un
peu étonné par le député de Mille-Îles. Il
n'a évidemment pas fait beaucoup de sélection dans ses
suggestions, car, avec 600 000 000 $ dans les jeux vidéo-cassettes, on
deviendrait sans doute un des seuls endroits où les jeux seraient une
des principales sources de revenus du gouvernement. On pourrait sans doute se
comparer à Las Vegas ou à Atlantic City! Mais tous les gens
savent que, dans les jeux, il faut avoir une certaine modération. Tant
qu'à y être, le député de Mille-Îles aurait pu
souhaiter que tous les gens du Québec soient alcooliques pour que cela
rapporte plus au gouvernement! Mais tout le monde sait que la modération
a meilleur goût et pas seulement dans la boisson, dans les jeux aussi.
Autrement, on va se retrouver avec une société un peu immorale et
qui sera détournée de ses fins. J'aimerais dire...
M. Levesque: Je me permets d'arrêter le
député de Lévis juste un instant.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous le permettez,
M. le député de Lévis?
M. Garon: Oui.
M. Levesque: Juste un mot.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Merci. Ce que j'ai compris du député,
c'est qu'il avait écouté M. Clark, le président de la
Société des loteries et courses, et que M. Clark lui aurait
révélé que les jeux illégaux rapportaient ce
montant. Alors, le député disait simplement: Si la dépense
se fait, pourquoi les profits vont-ils è un tel endroit plutôt
qu'à l'ensemble de la société?
M. Bélisle: Vous ne devez pas être en
désaccord avec cela, M. le député de Lévis?
M. Garon: Faisons attention. On est un peu comme la cache d'Al
Capone. Quand ils l'ont ouverte, après trente ans, ils se sont
aperçus qu'il n'y avait pas grand-chose dedans.
Ce qui m'a frappé au fond - et je comprends un peu maintenant
pourquoi le député de Bonaventure et ministre des Finances a pu
être aussi serré avec les régions, avec la voirie
municipale - c'est quand j'ai constaté que la députée de
Matane le remerciait pour lui avoir donné moins que dans le
passé. Il y a une baisse considérable du Fonds de
développement régional en 1986-1987, par rapport à
1985-1986. Un fonds qui était à 35 000 000 $ baisse à 22
000 000 $; que la députée de Matane, qui est dans une des
régions qui utilisent le plus ce fonds soit satisfaite, heureuse et
contente et le manifeste publiquement lors de l'étude du budget, cela me
sidère un peu.
Si quelqu'un devait être mécontent d'avoir si peu d'argent
dans le Fonds de développement régional, c'est justement la
députée de Matane. Qu'elle soit aussi heureuse que la voirie
municipale ait moins d'argent que l'année dernière, 7 000 000 $.
de moins que l'an dernier, alors qu'un des comtés susceptibles d'en
profiter soit le sien et qu'elle dise: Je suis contente de voir cela, cela
m'étonne. J'ai été étonné de voir que le
budget de cette année était à ce niveau pour la voirie
municipale. Son comté sera pénalisé. Quand elle constate
que la situation financière des étudiants était excellente
en 1983-1984, sous le gouvernement antérieur, qu'elle dit que
l'endettement était de 1400 $ au Québec par rapport à 2400
$ en Ontario et qu'elle dit: Maintenant, on peut y aller, on peut rejoindre
l'Ontario - j'imagine - cela me sidère un peu d'entendre ces propos.
Ce n'est pas parce que la situation est meilleure au Québec qu'il
faille l'empirer pour rattraper l'Ontario. On devrait, au contraire, être
fier de voir que nos étudiants sont moins endettés. Je voyais
tantôt le ministre des Finances presque verser des larmes de sang en
disant qu'il ne faut pas endetter indirectement nos jeunes par un
déficit ou par la dette globale du Québec. Il trouve cela
terrible, mais il est prêt à les endetter directement, par
exemple, pour que les étudiants, quand ils finissent leur cours, soient
plus endettés personnellement. Je n'ai pas le sentiment que nos
étudiants raisonnent de la même façon. J'ai le sentiment
qu'ils trouvent moins onéreux un déficit plus grand ou une dette
globale plus grande qu'avoir tous des dettes personnelles plus
élevées. J'ai été un peu estomaqué
d'entendre ces propos.
J'aimerais demander au ministre des Finances si j'ai bien compris son
argumentation. Cette année, la vente des sociétés
d'État ou des capital-actions va rapporter 425 000 000 $, soit 250 000
000 $ en récupération de la valeur du placement initial et si
j'ai bien compris, avec l'astérisque qu'il y a en bas, 175 000 000 $,
qui sont le gain de capital et qui seront considérés comme un
revenu, mais qui s'additionnent è la récupération de la
valeur initiale, puisqu'on ne peut pas identifier récupération de
la valeur du placement initial avec gain de capital. Si la
récupération de la valeur du placement initial rapporte 250 000
000 $ et qu'il y a un gain de capital anticipé de 175 000 000 $, cela
veut dire que la liquidation des actions dans les entreprises à la suite
de l'opération de privatisation rapportera 425 000 000 $.
Il me semble que, quand on dit récupération de la valeur
du placement initial, s'il y a un placement initial disons de 11 000 000 $ et
si on vend 48 000 000 $, il y a 11 000 000 $ qui vont dans la
récupération du placement initial et 37 000 000 $ qui vont au
gain de capital. Il me semble que c'est comme cela qu'on doive
décortiquer la comptabilité. Autrement, la comptabilité ne
fonctionne plus.
Je regarde aussi à la page 26. Je ne suis pas encore capable de
comprendre que dans les revenus budgétaires du gouvernement il est
prévu...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis. Conformément à l'ordre qui
nous a été donné par la Chambre, la commission du budget
et de l'administration suspend l'étude de la politique budgétaire
du gouvernement dans la cadre du débat sur le discours sur le budget
à 20 heures ce soir. Merci, M. le député de
Lévis.
(Suspension de la séance à 18 h 30)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
relativement à l'étude de la politique budgétaire du
gouvernement dans le cadre du débat sur le discours sur le budget.
La parole était au député de Lévis, M.
Garon.
M. Garon: M. le Président, je dois constater dans les
notes préliminaires que la députée de Matane se satisfait
d'une situation peu envieuse et qu'elle ne peut pas penser, tout comme le
ministre des Finances, réduire le chômage des jeunes en
Gaspésie en mettant moins d'argent que l'année passée. Le
Fonds de développement régional passe de 35 000 000 $ à 23
000 000 $ et le budget de voirie municipale baisse de 7 000 000 $; cela veut
dire, pour les budgets de voirie municipale et le fonds régional
ensemble, 20 000 000 $ de moins que l'an dernier et cela veut sûrement
vouloir dire plusieurs centaines d'emplois de moins pour des gens dans le
territoire, notamment dans le territoire...
M. Levesque: On va voir...
M. Garon: D'ailleurs, quand on va à l'annexe D, page 13,
on voit que le taux d'emploi qui était de 3 % en 1985 tombe à 2,2
% en 1986 et que le total des emplois au cours du prochain mandat ne sera pas
de 400 000, mais, selon les prévisions mêmes du gouvernement dans
ses documents, de 239 000. Cela veut dire une moyenne beaucoup plus faible que
ce qui aurait été nécessaire pour créer 400 000
emplois en quatre ans. C'est indiqué dans le document qui a
été déposé par le ministre lui-même.
Evidemment, il n'a pas mis des chiffres absolus, il a mis des pourcentages. Les
pourcentages sont souvent les statistiques de ceux qui ne sont pas capables
d'atteindre leurs objectifs. Souvent, les pourcentages cachent la
réalité. On parlait des statistiques chinoises des années
cinquante qui cachaient des augmentations très faibles derrière
des pourcentages de fanfaronnade.
Revenus divers
Ici, je demanderais au ministre, avant de partir... Je lui ai
expliqué que, d'après les documents qu'il avait eu la gentillesse
de nous prêter, on pouvait voir que les liquidations des
sociétés d'État s'élèveraient à 425
000 000 $, soit 250 000 000 $ en termes de récupération de la
valeur du placement initial, plus 175 000 000 $ en gains de capital
escomptés, prévus comme revenus budgétaires.
J'étais à lui dire, comme on se
quittait, qu'à la page 26 du document budgétaire on
retrouve au titre 5, HydroQuébec, Etat des opérations
financières, revenus budgétaires, prévision 1986-1987, 133
000 000 $. Si on se réfère à la page 20 de l'annexe E, on
constate une série de chiffres en 1980-1981, 1981-1982, 1982-1983,
1983-1984, 1984-1985 et 1985-1986 et, sous le titre 5, Hydro-Québec,
Transferts des sociétés d'État, on voit un transfert de
155 800 000 $ en 1984-1985, rien en 1985-1986 et 133 000 000 $ en 1986-1987,
à la page 26 du discours sur le budget. Mais, comme on laisse entendre
que ce montant ne sera pas versé, est-ce qu'on peut, dans un document
public, à l'élément revenus, ne rien inscrire? Si on met
des chiffres, cela veut dire la même chose: on ne verse rien de toute
façon.
Il n'est pas possible, pour des fins de renseigner le public, qu'on
indique dans les revenus 133 000 000 $ et qu'on mette une petite barre pour
indiquer zéro, et que cela veuille dire zéro dans les deux cas.
On serait devant une mystification comptable ou devant une nouvelle
façon - il y avait autrefois des chiffres qu'on pouvait écrire
à l'encre invisible. Là, ces chiffres sont écrits à
l'encre visible. On voit 133 000 000 $. Ce n'est pas possible, mais j'aimerais
que le ministre nous donne des explications là-dessus, sur les 133 000
000 $ dans les revenus budgétaires, alors qu'en même temps pas un
sou n'aille au gouvernement. Pourquoi, à ce moment, y aurait-il 133 000
000 $ là, alors qu'il y aurait 350 000 000 $ versés par
Loto-Québec? La Société des alcools, 400 000 000 $,
j'imagine que c'est versé. Sous la même rubrique, Revenus
provenant des sociétés d'État - Revenus provenant des
sociétés d'État, c'est le titre 400 000 000 $ provenant de
la Société des alcools. Est-ce que l'argent est versé?
Est-ce que les 350 000 000 $ provenant de Loto-Québec sont
versés? Les 133 000 000 $ provenant d'Hydro-Québec sont-ils
versés? Autres sociétés d'État, 140 000 000 $,
est-ce versé ou non?
On ne peut pas mettre des chiffres indistinctement et dire que, s'ils
sont versés ou non, c'est la même affaire. C'est comme un
restaurateur qui aurait une caisse enregistreuse; qu'il mette de l'argent
dedans ou qu'il n'en mette pas, c'est la même chose. Il n'y a pas
beaucoup de commerces ou de "businesses" qui fonctionneraient ainsi et je suis
persuadé que tous les gens qui nous entendent ne pourraient pas
comprendre qu'on inscrive des chiffres dans la colonne des revenus et que cela
soit la même chose que si on n'y mettait rien. Alors, il y a
sûrement une explication nécessaire à cet
élément que le ministre des Finances va nous fournir, j'en suis
persuadé, à moins qu'il ne condamne cette façon comptable
d'indiquer les choses.
J'aimerais lui demander un renseignement. Combien d'impôt paient
les entreprises au cours de leurs trois premières années
d'incorporation? On dit qu'il y a une exemption, qu'elles ne paieront pas
d'impôt durant les trois premières années. Il y a
sûrement des statistiques. Le ministre des Finances n'a pas fait une
disposition comme celle-là sans savoir combien cela lui coûtera.
J'aimerais connaître le coût pour l'État de ne pas imposer
ces sociétés au cours des trois premières années de
leur existence. (20 h 15)
Si on compare la page 26 du budget et la page E-20, annexe E page 20,
où l'on retrouve des comparaisons - j'aurais aimé les avoir sur
la même page, il aurait été plus facile de faire les
comparaisons, mais ce sont des pages différentes - on remarque par
exemple, pour les repas et l'hôtellerie, que les revenus passeront de 328
000 000 $ à 354 000 000 $, c'est-à-dire 26 000 000 $ de plus.
Est-ce seulement l'augmentation des affaires qui rapportera 26 000 000 $ de
plus à Repas et hôtellerie? J'aimerais aussi demander des
explications parce qu'on voit à Revenus divers: amendes, confiscations
et recouvrements. A moins qu'on ne veuille imposer considérablement des
amendes... On voit qu'en 1985-1986 cela a rapporté 113 000 000 $ et, en
1986-1987, les amendes, confiscations et recouvrements vont rapporter 217 000
000 $ selon les prévisions, soit le double, 104 000 000 $ de plus.
Est-ce parce qu'on veut fermer les prisons et puis qu'on se trouve à
imposer des amendes? Alors, à ce moment-là ça
s'appliquerait dans la Beauce, ça ne s'appliquerait pas dans la baie des
Chaleurs. Il y a sûrement une explication pour laquelle amendes,
confiscations et recouvrements vont rapporter le double, en 1986-1987, de ce
qu'elles ont rapporté en 1985-1986.
Il y a également une explication qui est nécessaire
à Ventes au détail, où on remarque une augmentation
considérable. Ceux qui nous disent que ce n'est pas le consommateur qui
va payer... On constate qu'il y a en 1985-1986 des revenus de 3 171 000 000 $
et qu'en 1986-1987 la taxe de vente au détail va apporter 3 605 000 000
$, soit 434 000 000 $ de plus. Le consommateur québécois va payer
434 000 000 $ de taxe de vente de plus. C'est beaucoup d'argent. On n'a pas vu
cela dans les considérations du document budgétaire, mais
là où cela augmente le plus, ce n'e3t pas l'impôt sur le
revenu qui est presque stationnaire, là où on voit la plus forte
augmentation, et de loin, ce sont les taxes de vente au détail qui vont
rapporter 434 000 000 $ de plus en 1986-1987 par rapport à 1985-1986. On
se rend compte que c'est l'élément qui augmente le plus de tous
les éléments budgétaires.
On constate qu'en 1985-1986 les taxes
sur le tabac rapportaient 546 000 000 $; en 1986-1987 elles vont
rapporter 606 000 000 $, soit 60 000 000 $ de plus. Je comprends que CD. Howe
disait: "What's a million?". Nous, nous sommes encore restés à
l'époque des gens normaux qui considèrent que 1 000 000 $, c'est
encore beaucoup d'argent et 60 000 000 $ de plus de taxe de tabac, 434 000 000
$ de plus de taxe de vente au détail, juste là, il y a 500 000
000 $ de plus pour le contribuable et, si on additionne les amendes,
confiscations et recouvrements, c'est 600 000 000 $ de plus qui vont être
payés par les contribuables québécois sous forme de taxes
régressives, qui ne vont pas en fonction de l'augmentation des revenus
mais qui vont uniquement en fonction de la consommation. C'est pourquoi je dis
que ces taxes sont des taxes qui visent principalement le consommateur et qui
ne sont pas en fonction de l'augmentation des revenus.
Si on regarde l'augmentation des revenus, on voit que l'impôt sur
le revenu des particuliers qui rapportait 7 980 000 000 $ en 1985-1986 va
rapporter 8 108 000 000 $ en 1986-1987. Ceci veut dire 128 000 000 $ de plus
d'impôt sur le revenu. Cela veut dire, en fonction de la gradation des
revenus, qu'il y a peu d'augmentation de retour de l'impôt sur le revenu.
On voit que les entreprises également... L'impôt sur les
sociétés qui rapportait 1 085 000 000 $ va rapporter 1 181 000
000 $, soit au total 96 000 000 $ de plus; l'impôt sur les
sociétés. Donc, on voit que ceux qui vont vraiment payer, ce sont
les consommateurs. Je prends seulement les taxes, je ne les ai pas toutes
additionnées, mais seulement sur les principales, il y a 600 000 000 $
de plus par les consommateurs; c'est pourquoi je demanderais au ministre des
Finances de nous expliquer ces montants-là.
Deuxièmement, j'aimerais aussi que le ministre des Finances
puisse nous dire... il y a quand même une grosse différence. Ce
matin, le ministre a charrié un peu. Il essayait de nous faire croire
que 500 000 $ d'exemption de gain de capital, cela ne favoriserait pas plus le
riche que 50 000 $ du budget Duhaime. Le budget Duhaime acceptait un montant de
50 000 $ sur une période de deux ans et il s'agissait
véritablement, à ce moment-là, d'une exemption pour de
petits propriétaires. À 50 000 $, on n'est pas encore dans la
ligue nationale en termes des profits. Le budget Duhaime était
resté dans sa perspective social-démocrate. Des petits
entrepreneurs, des petits commerçants, des petites entreprises à
50 000 $ de gain de capital non imposable et le gouvernement fait passer cela
à 500 000 $ à vie. C'est un moyen saut. C'est dix fois plus. Sur
un air bonhomme, le ministre des Finances nous disait, ce matin, larme à
l'oeil, le sanglot dans la voix, le trémolo dans l'air... M. Levesque:
Et dans la bouche!
M. Garon: ...que son budget était un budget qui
était pour les gagne-petit, mais je dois vous dire qu'il y a une grosse
différence entre le budget Duhaime, qui avait accepté 50 000 $ de
gain de capital non imposable sur une période de deux ans en 1985-1986
et en 1986-1987 et une exemption non imposable de 500 000 $. Ce n'est
même pas là-dessus que j'en ai, ce n'est pas sur le montant de 500
000 $ en soi, c'est que le ministre des Finances se soit senti obligé
d'imposer autant le consommateur dans toutes sortes de mesures qui visent
l'individu, le consommateur, la famille moyenne. Quand le gouvernement veut
aller chercher de gros montants d'argent, il impose la famille moyenne et, par
ailleurs, il a trouvé des sous pour détaxer le dessus de
l'iceberg. C'est-à-dire que les familles riches, plus fortunées,
j'aime mieux employer l'expression "plus fortunées", là, il a
trouvé les moyens de détaxer les gens plus fortunés en
même temps qu'il taxait les gens moins fortunés. Ce n'est pas en
soi le montant de 500 000 $, ce n'est pas une mesure que je veux analyser en
soi, mais en comparaison avec d'autres mesures qui visent à taxer les
gens qui n'ont pas de revenus plus élevés. Je comprends qu'au
ministère des Finances les gens qui conseillent le ministre ont beaucoup
plus des revenus à six chiffres qu'à cinq chiffres et ils
regardent cela et ils conseillent les ministres. Mais il faut que le ministre
puisse se resituer dans le monde qui est dans le cinq chiffres, dans le
commencement des cinq chiffres, ceux qui gagnent 10 000 $, 15 000 $, 20 000 $.
On vient de publier une étude qui est dans le journal de ce matin,
l'étude de la Fédération des associations
d'économie familiale, une association de consommateurs, qui indique que
36 % des ménages au Québec gagnent moins de 20 000 $ par
année et qu'un grand nombre de ces ménages ont très peu
d'épargne, ils ne sont pas riches. C'est pour cela que je demande ces
explications au ministre des Finances, sachant qu'il est dans sa
première année, qu'il a peut-être commis des erreurs cette
année qui ne sont pas toutes volontaires, il a eu l'influence de son
chef, il participe à un monde plus fortuné. Le ministre des
Finances peut s'amender au cours des prochaines années. Mais, pour
s'amender, il faut qu'il prenne conscience qu'il a erré cette
année, qu'il a été trop dur pour le consommateur et qu'il
a été plus généreux pour les gens fortunés.
Si te ministre des Finances est capable de faire cette admission devant nous,
on pourra dire qu'il a le ferme propos, qu'il a le repentir et qu'il y a des
chances qu'au cours de l'année qui vient il sera dans la bonne voie et
nous
pourrons dire: Allez et ne pêchez plus. Mais, s'il n'admet rien,
c'est qu'il veut continuer dans la même direction. Je ne veux pas aller
plus loin parce que je veux me garder un peu plus de temps...
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je veux laisser répondre le ministre des
Finances.
Le Président (M. Lemieux): On vient de m'apprendre que la
présidence a peut-être manqué de diligence parce que vous
avez excédé de huit minutes le temps alloué. J'aimerais
faire une remarque préalablement à votre réponse.
M. Garon: J'oserais dire, M. le Président, que c'est
peut-être parce que vous êtes d'accord avec moi. C'est votre
façon de le signaler.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je n'ai fait aucun commentaire, ni acquiescement positif ou
négatif. J'aimerais faire une remarque. M. le député de
Limoilou, je remarque que vous êtes présent ce soir. Vous avez
fait l'objet d'un remplacement ce matin en vertu de l'article 131 des
règles de procédure. Si vous voulez participer aux travaux de ce
soir, en vertu de l'article 132, il me faut le consentement. Est-ce que j'ai le
consentement, M. le député de Lévis, pour la participation
de M. le député de Limoilou aux travaux de ce soir?
M. Garon: Je vais faire un petit caucus. On est d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes d'accord? M. le
député de Limoilou, vous pouvez participer aux débats de
ce soir. M. le ministre des Finances, la parole est à vous.
M. Levesque: M. le Président, je soulève une
question de règlement avant de réagir aux propos du
député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je voudrais savoir si le mot "démagogie" est
parlementaire ou non parlementaire lorsqu'il est attribué à l'un
de nos opinants.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le terme
"démagogie" est un propos parlementaire ou antiparlementaire? Je crois
qu'il faut replacer ce terme dans son contexte global et, dans son contexte
global, je ne crois pas que ce soir il ait été utilisé
d'une manière à vouloir dire mensonge ou, en vertu de l'article
35 du règlement, que cela ait été un langage violent,
injurieux ou blessant à l'adresse de qui que ce soit, ou grossier ou
irrespectueux envers l'Assemblée.
M. Levesque: II a été utilisé par quelqu'un
autour de cette table. J'ai l'intention de l'utiliser, M. le Président,
à l'intention d'un opinant.
Le Président (M. Lemieux): Permettez-moi de vous dire, M.
le ministre des Finances, que je ne crois pas - et je sais que M. Richard Guay
a déjà rendu un jugement intéressant sur cet aspect - que
le terme "démagogie", tout comme le terme "créditiste", à
mon avis, soit un langage antiparlementaire.
M. Levesque: Alors, M. le Président, à la suite des
propos démagogiques de mon vis-à-vis, que je ne traiterai pas de
créditiste, quelle que soit la décision de la présidence
à ce sujet, je voudrais simplement rétablir certains faits. Je
vais commencer par une allusion ou une mise en garde qu'avait faite le
député de Lévis relativement aux intentions du
gouvernement de l'Ontario quant à ce qui touche l'exemption
d'impôt sur gain de capital jusqu'à concurrence de 500 000 $. J'ai
cru comprendre que le député de Lévis me mettait en garde,
le budget de l'Ontario n'étant pas encore connu. On sait que le
trésorier de l'Ontario, M. Nixon, s'était élevé
contre cette exemption, mais, depuis que nous nous sommes rencontrés...
Cet après-midi, nous avons pris connaissance, au moins dans ses grandes
lignes, du budget du trésorier de l'Ontario, M. Nixon. Or, il n'est pas
question que l'Ontario puisse se soustraire à... Oui, oui, vous pouvez
consulter qui vous voudrez, mais c'est cela. Ne puisse se soustraire, dis-je...
Pardon?
Mme Blackburn: Le budget de l'Ontario est déposé
aujourd'hui?
M. Levesque: À 4 heures, cet après-midi.
Mme Blackburn: C'est bien. Il y a des espions dans le coin.
M. Levesque: Je tiens à rassurer cette commission ou
à confirmer à cette commission que l'Ontario a exactement la
même situation, maintenant que son budget est connu, que le budget du
Québec par rapport à cette question.
Mme Blackburn: Voilà que l'Ontario se compare au
Québec!
M. Garon: Me permettriez-vous une
question?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre...
M. Levesque: Écoutez, je ne peux pas refuser une question,
mais je dois dire d'abord qu'elle sera sans doute du même calibre que ce
que j'ai qualifié auparavant.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, oui. (20 h 30)
M. Garon: Si le gouvernement de l'Ontario augmentait la taxe sur
l'essence parce qu'elle s'y vendait 0,43 $ le litre alors qu'elle se vend 0,50
$ ici... Est-ce que vous avez harmonisé la taxe sur l'essence avec
l'Ontario?
M. Levesque: L'Ontario, comme le député devrait le
savoir s'il ne le sait pas, a bloqué l'ascenseur bien avant nous. Il l'a
bloqué à un taux qui a été modifié au point
de vue du pourcentage. On sait que l'Ontario est toujours demeuré
à 20 % alors que l'ancien gouvernement du Québec avait fait
passer de 20 % à 40 %, à l'automne 1981, la taxe sur l'essence,
imposant ainsi une surtaxe de 20 % de plus que les 20 % que l'on retrouve au
pays, règle générale. Le gouvernement de l'Ontario avait
toujours ces 20 % et il a bloqué la taxe à cet endroit-là.
Mais il ne l'a pas changée depuis. Lorsqu'il a bloqué
l'ascenseur, il y a déjà plusieurs mois, c'était bien
avant la chute des prix du pétrole. Alors, ses 20 %, effectivement,
comme on veut faire la preuve des 30 % ici, ce n'est plus 20 % mais - je ne
sais pas, je n'ai pas fait de calculs - peut-être 30 %, je ne le sais
pas. De toute façon, je ne veux pas laisser les propos que je tenais au
début... L'Ontario a eu son budget aujourd'hui et l'exemption quant aux
gains de capital que l'on retrouve à travers le pays, que l'on retrouve
au Québec, on la retrouve également en Ontario. Je voulais vous
dire cela.
Deuxièmement, l'impôt des particuliers. Le
député de Lévis semble se plaindre qu'il n'y ait pas
d'augmentation qui corresponde à l'augmentation de certaines autres
taxes. L'impôt des particuliers a augmenté de 1,6 %. Mais c'est
justement à cause de la réforme que nous avons faite, que son
propre gouvernement a commencée, que nous avons continuée. C'est
dans ce sens-là que nous avons diminué l'impôt sur
le revenu des particuliers. Nous en sommes heureux. Cette réforme nous
coûte 428 000 000 $. Si elle n'avait pas été faite, le
budget aurait montré une augmentation.
M. Garon: Le budget Duhaime.
M. Levesque: Le budget de mes prédécesseurs et mon
propre budget, mon mini-budget, en particulier, a fait que nous avons
sacrifié 428 000 000 $ de nos revenus. Pour qui? Pour l'ensemble de nos
concitoyens. Je pense qu'on doit en être fier et ne pas regretter qu'il y
ait une augmentation de seulement 1,6 % sur l'impôt des particuliers en
1986-1987.
Le député de Lévis a parlé des repas et de
l'hôtellerie. L'augmentation, en 1983-1984, à ce chapitre,
était de 10,1 %; en 1984-1985: 10,5 %; en 1985-1986: 8,1 %; en
1986-1987: 7,9 %. C'est la plus faible augmentation depuis 1983. Je ne vois pas
pourquoi il s'en prend à cet article. Il y a eu une augmentation
régulière, d'année en année. Cette année,
c'est la plus faible de l'ensemble.
M. Garon: Est-ce parce que l'économie va moins rouler,
ou...
M. Levesque: Attendez. Ne dites pas ça, parce qu'à
un moment donné je vais vous prouver le contraire.
Quant aux amendes et recouvrements, le député de
Lévis revient continuellement à la charge avec cet article. Je
pense que c'est même lui qui m'a posé la question... Ce n'est
peut-être pas lui, ce n'est pas lui, mais quelqu'un en Chambre m'a
posé la question concernant les recouvrements et j'ai donné la
réponse complète là-dessus avec les chiffres exacts et
exhaustifs. Je suis revenu ce matin et cet après-midi en commission et
j'ai eu encore la même question. J'ai, encore une fois, répondu
à je ne sais pas lequel de nos collègues d'en face sur les
amendes et recouvrements. C'était à la députée de
Chicoutimi. Alors, j'ai donné encore la même réponse. Mais
elle est honnête, la députée de Chicoutimi. Elle est issue
du comté de Bonaventure, vous savez. Il ne faut pas l'oublier.
Une voix: ...
M. Levesque: Oui, je suis très fier de le rappeler.
M. Garon: Ce n'est pas New-Carlisle.
M. Levesque: Ce n'est pas loin, c'est tout près de
New-Carlisle, à quelques kilomètres de New-Carlisle.
Donc, elle m'a posé la même question. J'ai donné
toute la réponse. Je peux recommencer ce soir, mais ce sera la
troisième ou la quatrième fois que je répète les
mêmes réponses.
M. Garon: Je constate que si ce n'était pas du village
privilégié du ministre des Finances...
Une voix: C'est Paspébiac.
M Levesque: Paspébiac.
M Garon: Non, c'est New-Carlisle.
M. Levesque: J'aime bien les deux. J'aime bien les 30
municipalités de mon comté aussi. Comme, d'ailleurs, j'imagine
que le député de Lévis aime autant Charny que
Lévis, que Saint-David, que...
M. Garon: Saint-Romuald.
M. Levesque: Saint-Romuald. J'imagine bien qu'il ne fait pas de
passe-droit à qui que ce soit et qu'il est entièrement
dévoué à l'ensemble de son comté. Bon,
voilà.
Le député insiste-t-il pour que je lui donne tous les
détails sur les recouvrements?
M. Garon: Pas besoin de tous les détails, mais une
explication générale.
M. Levesque: J'avais donné tous les chiffres... La plus
grande partie a trait au montant de 70 000 000 $ qui était en surplus
à la Commission des normes du travail.
M. Garon: Pourquoi ce système-là? C'est parce que
vous considérez que vous leur avez confisqué 70 000 000 $ ou
bien...?
M Levesque: C'est que cela est rentré à quelque part dans
nos livres et que cela est rentré à cette rubrique: 70 000 000 $.
Il y avait également, si je me rappelle bien, une somme de 20 000 000 $
dans les amendes pour la sécurité routière. Finalement, il
y avait 13 000 000 $ dans notre fonds de relance industrielle et qui
était un fonds qui dormait à cet endroit-là. Donc, il y
avait 13 000 000 $, plus 20 000 000 $, cela fait 33 000 000 $, plus 70 000 000
$, 123 000 000 $.
M. Garon: 103 000 000 $.
M. Levesque: 103 000 000 $; 70 000 000 $ plus 20 000 000 $, 90
000 000 $, plus 13 000 000 $, 103 000 000 $: c'est cela. Et cela répond
à la question.
Ensuite, vous avez posé une question sur les ventes au
détail, je crois.
Une voix: ...
M. Levesque: II y avait une augmentation particulièrement
dans le domaine de l'automobile.
M. Garon: Pour les ventes au détail. Combien pour
l'automobile?
M. Levesque: 9,2 % d'augmentation.
M. Garon: Cela avait rapporté combien, l'automobile, au
total?
M. Levesque: 9,2 % de moins! Et la question de l'huile à
chauffage, c'est 97 000 000 $.
M. Garon: Combien entre le gaz et l'huile, sur 97 000 000 $?
Combien pour le gaz?
M. Levesque: Entre le gaz naturel et l'huile à chauffage,
la grande proportion est à l'huile à chauffage.
Je peux demander à mes gens de...
M. Garon: C'est parce que c'est une question que je voulais vous
poser à un moment donné. Si vous aviez la réponse,
j'aimerais bien cela.
M. Levesque: II me semble que c'est à peu près
90-10 mais...
Une voix: 10 %?
M. Levesque: Je pense que c'est à peu près cela
mais j'attendrai d'avoir les chiffres précis. Je ne les ai pas pour le
moment. Est-ce qu'il y a des questions que le député avait
posées et auxquelles je n'ai pas répondu?
M. Garon: D'abord, sur les ventes au détail, vous dites 9
% de plus pour l'automobile, cela veut dire combien sur les 434 000 000 $
d'augmentation? Est-ce que, dans le tabac, il y a d'autres augmentations pour
60 000 000 $?
M. Levesque: Le tabac, évidemment, on le sait, vous en
avez assez parlé!
M. Garon: Bien, s'il y a 60 000 000 $ de plus dans le tabac en
1986-1987, est-ce que c'est la taxe...
M. Levesque: Qu'est-ce que c'est cela?
M. Garon: ...du 5 février 1986 qui est adoptée?
M. Levesque: Alors, pour répondre à la question du
député, je pense que j'avais exagéré un peu sur le
pourcentage du pétrole, c'est 60 000 000 $. Quant au gaz, c'est 36 700
000 $.
M. Garon: 60 000 000 $ pour l'huile à chauffage?
M. Levesque: Sur les 97 000 000 $, 60 000 000 $ iraient du
côté du pétrole et 36 700 000 $ iraient du
côté du gaz. Cela me surprend. En tout cas, c'est cela qu'on nous
donne comme chiffres. Et, pourtant,
cela ne touche que le chauffage et non pas la production.
M. Garon: Pour le gaz aussi? M. Levesque: Pour le gaz aussi.
M. Garon: II y a plus de monde...
M. Levesque: Etes-vous sûrs de cela, vous autres?
M. Garon: Prenons les grandes institutions comme les
universités, l'Université Laval, etc. Est-ce qu'elles sont
taxées comme les individus?
M. Levesque: Oui. On m'informe que oui. Tout de même, cela
me surprend, les chiffres qu'on vient de me remettre...
M Garon: ...au gaz, dans la région de Montréal.
M. Levesque: ...que le pétrole soit à 60 000 000 $
et le gaz à 36 700 000 $ pour le chauffage. C'est probablement la
région de Montréal qui est...
M. Garon: Oui, pas sur la rive sud de Québec, car le tuyau
n'est pas encore passé dans le fleuve.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le ministre?
M. Levesque: Oui.
M. Garon: II y avait les 425 000 000 $, 250 000 000 $ plus 175
000 000 $, dont je vous avais parlé sur la vente des actions et des
entreprises...
M. Levesque: Les chiffres que le député de
Lévis a donnés sont justes là-dessus.
M. Garon: Cela veut dire que c'est 425 000 000 $.
M. Levesque: Oui, j'ai vérifié et on dit que
votre...
M. Garon: Mon interprétation est juste.
M. Levesque: ...interprétation est correcte.
M. Garon: Donc, les sociétés d'État
rapporteraient plus que ce qui avait été anticipé par le
gouvernement.
M. Levesque: Non, non. Cela va rester à 175 000 000 $ net,
cela ne change rien. Ce que le député de Lévis disait
avant l'ajournement correspond è la réalité dans le sens
que le montant net demeure à 175 000 000 $, mais pour le réaliser
on arrive au chiffre que vous avez mentionné.
M. Garon: Ce qui voudrait dire que la plus grande partie
proviendrait du secteur agro-alimentaire?
M. Levesque: Ah non! Ce n'est pas ce que cela veut dire...
M. Garon: Mais oui, parce que vous avez
récupéré 37 000 000 $ des actions de Provigo...
M. Levesque: Oui.
M. Garon: ...sur 175 000 000 $. Les actions de Cuiinar vont
rapporter pas loin de 50 000 000 $.
M. Levesque: Non, mais, je n'ai pas identifié...
M. Garon: Cela veut dire qu'à ce moment...
M. Levesque: ...quelque compagnie que ce soit, quelque
société que ce soit ou quelque intérêt que ce soit.
Donc...
M. Garon: Et si d'autres actions dans SOQUIA sont vendues...
M. Levesque: ...si le député de Lévis se fie
sur un lapsus de ma part, il va passer la nuit...
M. Garon: Non, non, mais regardez rapidement le calcul. 37 000
000 $ d'actions de Provigo...
Le Président (M. Lemieux): Rapidement, M. le
député de Lévis.
M. Garon: ...environ 50 000 000 $ pour la vente de Culinar,
possiblement quelques autres entreprises dont les actions seraient vendues,
cela veut dire qu'on peut parier d'une centaine de millions dans le secteur
agro-alimentaire. Vous savez que 7 000 000 $ pour les jeunes cultivateurs, ce
n'est même pas l'intérêt de l'argent des actions qui sont
vendues.
M. Levesque: Je puis vous dire que je n'ai pas l'intention de
donner d'indication sur les sociétés d'État qui pourraient
faire l'objet de privatisation, sauf ce qui a déjà
été dit quant à Quebecair et à SOQUEM. Quant aux
autres, lorsque le député de Lévis parle, par exemple, de
SOQUIA et des actions de Provigo, c'est du passé.
M. Garon: ...en 1986-1987.
M. Levesque: 1985-1986, c'est déjà
passé.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je m'excuse, M. le
ministre des Finances, la parole est maintenant au député de
Lafontaine. M. le député de Dubuc, je sais que vous avez
demandé la parole, mais il faut absolument le consentement en vertu de
l'article 132 pour que vous puissiez vous exprimer. L'article 132 dit: "Le
député qui n'est pas membre d'une commission peut, avec la
permission de cette dernière, participer à ses
délibérations, mais ne peut ni y voter ni présenter une
motion." Cette permission est requise parce qu'on n'est pas à
l'étude des crédits. Alors, est-ce qu'il y a consentement pour
que le député de Dubuc intervienne?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, il y a consentement. M.
le député de Dubuc, il s'agit de l'étude du discours sur
le budget. Nous ne sommes pas à l'étude des crédits, donc
l'article 132 s'applique. Il y a quand même consentement, si je comprends
bien, de part et d'autre.
M. Desbiens: Ma question n'est pas longue.
Le Président (M. Lemieux): Non, mais, M. le
député de Dubuc, préalablement, le député de
Lafontaine doit intervenir. M. le député de Lafontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. C'est pour moi le
premier budget sur lequel j'aurai à émettre quelques opinions.
J'aimerais dire tout d'abord que ma première impression, le soir
où on écoutait le discours, lorsque nous avons lu les documents,
a été une impression de bon sens. On aurait dit qu'une chose qui
n'existait plus depuis longtemps, ici au Québec, était revenue.
On avait devant nous un ministre des Finances qui arrivait et qui nous
expliquait quels étaient ses objectifs pour l'année qui s'en
vient et quels moyens il entendait prendre pour y arriver.
Les objectifs étaient les suivants - vous les avez entendus,
même si certains, maintenant, font, avec cela, pour employer un terme
parlementaire, de la démagogie -mettre de l'ordre et faire le
ménage dans les finances de l'État; faire le ménage, non
pas dans nos finances à nous, mais dans celles du gouvernement que vous
formiez depuis neuf ans, dans ce désordre complet. Voilà quel
était le premier objectif. Regardez un peu le déficit que nous
avons maintenant au Québec: depuis dix ans, nous sommes passés de
5 000 000 000 $ à 35 000 000 000 $, soit 7 fois. (20 h 45)
M. Garon: ...
M. Gobé: C'est cela, M. le député de
Lévis; neuf ans de pouvoir du Parti québécois dont vous
étiez un des ténors et un des grands spécialistes,
semble-t-il, en matière d'agriculture.
M. Garon: 12 000 000 000 $ que votre gouvernement ne comptait pas
et qui est le calcul actuariel des fonds de pension.
M. Gobé: M. le Président, je pense que j'ai le
droit de parole à cette commission, M. le député n'a pas
de raison de m'interrompre; on le laisse parler quand il parle.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, s'il vous plaît!
M. Gobé: Mais, écoutez, M. le Président, je
parle sur le budget et M. le député de Lévis...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît!
M. Gobé: ...nous parle de...
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais pas
d'agressivité dans l'air, s'il vous plaît!
M. Gobé: II n'y a pas d'agressivité, M. le
Président, je suis très calme et très serein ce soir.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis! Je n'en doute pas, M. le député de Lafontaine, vous
pouvez continuer.
M. Gobé: Voilà une des principales priorités
du ministre des Finances et du gouvernement, car bien entendu, mettre de
l'ordre c'est le préalable à toute reprise économique. La
deuxième priorité, c'est la création d'emplois. Vous savez
qu'au Québec, actuellement, lisez la presse dernièrement, on a 1
250 000 personnes qui vivent ou de l'aide sociale ou du chômage. On voit
là encore après neuf ans de pouvoir, neuf ans de rêves et
de promesses, le miroir aux alouettes du Parti québécois: 1 250
000 personnes sans travail et qui vivent de l'État. Imaginez l'impact et
la ponction que cela fait dans les finances publiques. Imaginez les
énergies gaspillées en termes de productivité pour notre
société. C'est l'autre grand projet, c'est l'autre grand dessein
que notre ministre des Finances nous expliquait ce soir-là: créer
400 000 emplois dans les quatre prochaines années. Non pas, en perdre
300 000, mais en créer 400 000 nouveaux.
Je suis allé dans mon comté et j'ai parlé avec les
gens, mes intervenants et mes électeurs. Partout où j'allais les
gens avaient
la même réaction, c'était un soulagement: enfin
quelqu'un de responsable avait pris les destinées des finances du pays
en main, quelqu'un avait dit: On va mettre de l'ordre, on va avoir un objectif,
on va dire aux gens où on veut s'en aller. Cela ne sera pas facile,
c'est fini de donner des bonbons, c'est fini de distribuer les deniers de
l'État à qui veut en avoir, à quelque groupe que ce soit
qui crie ou, pour une raison ou une autre, essaye de faire des pressions sur le
gouvernement; c'est terminé, on va vers l'avant et on explique aux gens
pourquoi. C'est évident qu'il va y avoir certainement des compressions,
il va y avoir des moments difficiles à passer, mais je suis
assuré après l'énoncé, et la tranquilité et
la force de notre ministre des Finances, qu'il saura être ferme et mener
cela à bien. Il peut être assuré, de notre
côté je pense, de toute la solidarité
nécessaire.
Dans tous les médias, depuis le budget, ce n'est que commentaires
favorables ou positifs envers notre budget. Le seul commentaire, qui
était négatif, comme disait mon collègue de
Mille-Îles tout à l'heure, c'est celui qui a été
fait sur le critique de l'Opposition, qui ne veut pas nous écouter
maintenant, soit que, semble-t-il, c'était d'un néo-retour au
créditisme. J'aimerais, à cet effet, citer quelque chose. On
l'entend parler beaucoup, il fait des leçons à tout le monde, il
fait des leçons au ministre des Finances, il fait des leçons aux
députés. Il nous prend pour des gens qui ne connaissent rien, des
gens qui n'ont pas à coeur les intérêts du Québec,
des gens qui disent n'importe quoi. Il met nos chiffres en doute. Il n'y a que
lui qui ait la parole, il semblerait que c'est la parole "selon le
député de Lévis". C'est un peu comme la Bible dans le
temps. Nous, on a le député de Lévis, que voulez-vous, les
temps changent, chacun a ses prophètes. Je pense qu'on voit où
ses prophéties nous ont conduits.
Je lisais - certains vont dire qu'on se répète, mais je ne
l'ai pas entendu lire et j'aimerais le lire un peu pour le
bénéfice du Journal des débats, au moins que cela reste
pour la postérité - ce que M. Dubuc écrivait de ce qu'il
pensait de la performance du critique officiel de l'Opposition en
matière de budget et de finance. Il disait: le tout a été
diffusé à l'autre télévision. Quel dommage! La
population québécoise et le Parti québécois
lui-même se seraient mieux portés s'il n'y avait pas eu de
réplique du tout. Comme le veut le personnage, c'était
coloré mais le discours est un exercice disgracieux de démagogie,
fait de faussetés et de demi-vérités. Même si le
terme est fort, la seule façon de mesurer ces deux heures de monologue,
c'est de constater que M. le député de Lévis a dit un
nombre incroyable de conneries. Je cite le texte, ce n'est pas mon opinion,
c'est le texte. Cela continue: C'est aussi une injure pour le PQ, parce qu'il a
incarné pendant des années la rigueur et l'honnêteté
intellectuelles. Quand on songe è Jacques Parizeau, on assiste à
un inquiétant processus de dégénérescence dans
lequel on sent une pointe pénible de créditisme des années
soixante. J'aime le mot "dégénérescence", M. le
Président, parce qu'on se rend compte, en effet, depuis la reprise
parlementaire, depuis le 12 décembre, je pense, où nous avons
commencé à siéger avec le député de
Lévis, qu'il y a une certaine dégénérescence dans
cette commission où on emploie des arguments pour ne dire absolument
rien, pour perdre du temps, pour essayer de faire accroire è la
population...
M. Garon: Vous en êtes la preuve vivante!
M. Gobé: ...que les choses vont mal, que cela va mal aller
avant même que nous n'ayons fait quelque chose. Je voudrais dire en
terminant, M. le Président, que le budget du ministre des Finances
regarde vers l'avenir et non vers le passé et que, si les gens de
l'Opposition, particulièrement le député de Lévis -
parce que ses collègues n'ont peut-être pas toujours le même
comportement ou le même jugement sur la chose et je les en
félicite - ont la nostalgie d'une certaine époque, je les
encouragerais à laisser le temps à la commission de travailler et
d'étudier sérieusement, pour le bénéfice de la
population, ce budget qui, somme toute, me semble assez raisonnable et qui vaut
la peine d'être appliqué et de passer à l'action en ce qui
concerne son application.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député de Lafontaine?
M. Gobé: Sur ce, je termine et j'aimerais que M. le
député de Lévis prenne bonne note de mes réflexions
et qu'on commence à travailler vraiment sérieusement et non pas
à arguer de toutes sortes de petites choses et essayer de mettre en
botte le ministre des Finances qui a fait, d'après moi, une très
bonne "job".
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, la présidence aimerait attirer votre attention sur l'article
35 qui dit que le député qui a la parole ne peut se servir d'un
langage blessant è l'adresse de qui que ce soit. J'ai bien compris que
vous avez cité l'article de M. Alain Oubuc, de la Presse, mais
j'aimerais quand même qu'on s'en tienne aux tenants et aboutissants et
à une interprétation assez stricte de cet article 37, paragraphe
7, M. le député de Lafontaine.
M. Gobé: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lafontaine.
M. Gobé: J'aimerais terminer... Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Une question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Une question de
règlement, oui, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Effectivement, il fait siens les propos de M.
Dubuc. Autant on peut être tolérant à l'endroit d'un
journaliste ou d'un commentateur financier qui porte des jugements relativement
sévères, parler de dégénérescence, si ce
n'est pas antiparlementaire au même titre que menteur, il me semble qu'il
y a une certaine décence qui voudrait qu'on réserve ce genre de
commentaires...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi, j'ai beaucoup de respect pour cette institution, sachez-le bien, et
c'est la raison pour laquelle, à la fin de l'exposé du
député de Lafontaine, j'ai fait état de l'article 35,
paragraphe 7, qui dit que lorsqu'un député a la parole il ne peut
se servir d'un langage blessant à l'adresse de qui que ce soit. J'ai
compris, dans le sens de l'interprétation du député de
Lafontaine, non pas qu'il commentait je dirais largement -j'ai bien dit
largement - "sous toutes réserves", entre guillemets, Mme la
députée de Chicoutimi, l'article de M. Dubuc, mais qu'il le
citait. C'est la raison pour laquelle j'ai attendu avant de faire mon
intervention, à la toute fin, faisant état qu'il y aurait lieu
à l'avenir de faire très attention à l'article 35,
paragraphe 7. J'en étais conscient, comme vous pouvez le constater, Mme
la députée de Chicoutimi, puisque vous avez soulevé votre
question de règlement après mon intervention.
Maintenant, avez-vous terminé, M. le député de
Lafontaine?
M. Gobé: Vu qu'on me met en cause dans une question de
règlement, il existe dans le règlement de l'Assemblée
nationale une période où un membre, s'il a été mal
cité ou mis en cause d'une manière anormale par un journaliste ou
une publication, a la possibilité de faire une mise au point. Le
député de Lévis ne l'a pas fait. Cela veut dire qu'il doit
être d'accord avec ce qui est écrit.
Le Président (M. Lemieux): Excusez-moi, M. le
député de Lévis et M. le député de
Lafontaine, effectivement, il existe un article, il s'agit de l'article 212.
Mais, actuellement, il n'y a pas lieu d'étendre de l'huile sur le feu.
J'aimerais, M. le député de Lafontaine, qu'on en vienne
maintenant à M. le député de Bertrand. M. le
député de Bertrand, s'il vous plaît.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je pense
qu'on s'éloigne un peu de notre ministre des Finances. Il risque de
s'ennuyer. Je voudrais juste, par rapport aux propos que vient de mentionner le
député de Lafontaine, ne pas m'étendre sur l'aspect
démagogique et reprendre trois points rapidement et, ensuite, poser
quelques questions au ministre des Finances.
Les priorités, disait le député de Lafontaine,
étaient de mettre de l'ordre dans la maison et la création
d'emplois. Il ne faut pas non plus que les membres du gouvernement actuel
fassent de la démagogie et charrient là-dessus parce que la
maison n'était pas dans l'état qu'on veut le laisser entendre.
Même si tout n'était pas parfait je pense qu'aucun gouvernement,
ni le précédent gouvernement en 1976, n'a pris une maison qui
était entièrement propre. Cela étant dit, quant au
deuxième point, la création d'emplois fait effectivement partie
de vos priorités et je suis le premier à applaudir à cela,
sauf que je ne vois pas beaucoup de mesures concrètes pour la
création d'emplois dans le discours sur le budget du ministre des
Finances. Je pense que, là-dessus, ce qui est inquiétant,
essentiellement, M. le ministre des Finances, ce que j'ai remarqué,
c'est ce manque d'un plan de perspective économique, pour la prochaine
année du moins, avec un volet sur les trois prochaines années,
concernant la perspective économique.
Taxation des entreprises
Votre gouvernement a mentionné au cours de la campagne
électorale et surtout depuis qu'il est au pouvoir la priorité:
l'entreprise, l'entrepreneurship, l'aide à la PME. Mais nulle part dans
ce discours sur le budget il n'est question comme telle de la PME et je trouve
cela un peu dommage. Il y a des mesures qui sont prises vis-à-vis de
l'entreprise et j'en vois deux volets: un premier volet qui semble bon et qui
est l'exonération pour les trois premières années - j'y
reviendrai; le deuxième, c'est celui où on impose un fardeau
fiscal additionnel qui, vous le reconnaîtrez, est assez important. Sous
le prétexte du double volet qui est de dire qu'il y a un manque à
gagner provenant du fédéral de quelque 66 000 000 $ et qu'il y a
des trous à combler, sauf que les petites entreprises, avec le fardeau
fiscal du secteur privé et, dans le cas du Québec, c'est la PME,
se voient imposer un fardeau fiscal drôlement important... Cela
m'inquiète
beaucoup. Par rapport aux dernières années, la moyenne -
vous le mentionniez vous-même dans votre document du 5 mars dernier;
à la page 32, on avait la hausse des impôts du secteur
privé - pour les cinq dernières années était
d'environ 20 000 000 $ par l'ancienne administration, donc, par le gouvernement
du Parti québécois. Le fardeau fiscal que vous imposez aux
entreprises est quelque chose qui tourne autour de 237 000 000 $ cette
année, avec un volet pour 1987 à 278 000 000 $. Je ne pense pas
que ce soit quelque chose qui favorise la petite et la moyenne entreprise
d'ajouter à son fardeau fiscal, particulièrement la contribution
des employeurs au FSS, qu'ils appellent, la taxe sur le capital ou
l'impôt sur le revenu des corporations où on va chercher un
montant additionnel important. Ma question est la suivante: Est-ce que le
discours et les gestes qui ont été posés jusqu'à
aujourd'hui sont cohérents? Je pense que ça laisse de la place
pour plusieurs questions. Après avoir rencontré plusieurs
dirigeants d'entreprises avec qui je suis en contact
régulièrement, au-dessus des lignes politiques partisanes, on se
pose la question: Où s'en va le gouvernement? Où s'en va le Parti
libéral par rapport aux propos qu'il a tenus? Ceci pour le premier
volet.
Le deuxième volet concerne l'exonération d'impôt
pour les petites entreprises, les nouvelles entreprises, pour les trois
premières années. Est-ce que le ministre peut nous dire si pour
les nouvelles entreprises, qui vont être bien balisées quant
à leur admissibilité, si j'ai bien compris, leurs pertes vont
toujours être considérées puisqu'il arrive souvent que des
nouvelles entreprises subissent des pertes au cours de la première et de
la deuxième année? Est-ce que ces pertes-là vont
être cumulatives à cause de cette procédure ou est-ce que
les pertes ne seront pas cumulatives après la troisième
année? Ce serait important que vous puissiez me répondre sur ce
volet puisque j'en aurais besoin par la suite.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Pour reprendre où vient de laisser M. le
député de Bertrand, des règles qu'il reste à
préciser, cependant, seront introduites pour empêcher que les
pertes des années pendant lesquelles l'exonération s'applique
soient reportées aux années non exemptées. Autrement dit,
la préoccupation du député va trouver dans ces
règlements qui ne sont pas encore édictés, cependant, mais
qui le seront incessamment... Et, justement, j'en ai discuté aujourd'hui
même avec les gens du ministère et j'attends d'avoir des
propositions du ministère quant aux règlements qu'il reste
à préciser à ce sujet.
(21 heures)
M. Parent (Bertrand): Si je comprends bien sur ce
volet-là, M. le ministre, ce n'est pas arrêté encore comme
règle, sauf que... Est-il envisagé de ne pas reporter ces
pertes-là pour ces entreprises qui seront sous un volet d'exemption
d'impôt?
M. Levesque: On va le préciser incessamment, j'aimerais
mieux attendre qu'une décision définitive ait été
prise avant d'annoncer des règlements qui ne sont pas encore
entérinées.
M. Parent (Bertrand): J'aimerais peut-être suggérer,
à titre constructif, comme je veux essayer de jouer mon rôle, que
dans le cas des petites entreprises qui vont démarrer et qui vont
être rentrées sur ce volet d'exonération des trois
premières années, si on veut que cette politique soit valable, il
faudrait permettre l'accumulation des pertes. Actuellement, la création
des nouvelles entreprises avec exemption d'impôt pour les trois
premières années et de la taxe sur le capital est fort
intéressante, sauf que dans la pratique les petites entreprises,
à leur démarrage, ne connaissent pas pour la plupart - je n'ai
pas de pourcentage, mais je dirais certainement de l'ordre de 75 % à 80
% du temps - de profits dès la première ou les deux
premières années.
M. Levesque: Oui, mais...
M. Parent (Bertrand): Ce sont des entreprises en
démarrage.
M. Levesque: J'interviens immédiatement, si le
député me le permet.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Cette exonération touche trois taxes,
n'est-ce pas? Il y a la taxe sur le capital. Quant à celle-là,
qu'elles fassent des profits ou non, comme le député le sait,
elle est applicable et elle ne doit pas entrer en considération des
propos que vient de tenir le député. La taxe sur le capital,
toutes les corporations la paient, qu'elles fassent des profits ou non.
D'ailleurs, c'est une des objections qu'on avait justement lorsque la taxe sur
le capital a été augmentée par l'ancien gouvernement. Je
me rappelle les débats que l'on a eus à ce moment-là.
C'était dans la période de récession alors que plusieurs
sociétés, peut-être que le député de Bertrand
lui-même qui était impliqué dans le monde des affaires a eu
à en souffrir, je ne te sais pas, ne faisaient pas de profits. Et
lorsque le gouvernement du temps avait décidé de ne pas augmenter
l'impôt sur les profits des corporations, mais plutôt de se tourner
vers
la taxe sur le capital, on se disait: Je comprends. On comprenait
pourquoi il le faisait. Mais c'était plus payant dans ce temps-là
d'aller chercher de l'argent sûr en taxant le capital qu'en attendant le
revenu qui ne venait pas, parce qu'il n'y avait pas de profits dans plusieurs
sociétés.
Mais, dans le cas des entreprises nouvelles, elles seraient normalement
affectées, dès leur naissance, par la taxe sur le capital. Dans
ce cas-là, elles vont être exemptées pour les trois
premières années. Donc, pas question de pertes ou de profits,
cela ne change rien, nous allons les exempter.
Dans les contributions au Fonds des services de santé, le 3 % qui
est devenu 3,22 %, encore là elles seront exemptées, qu'elles
fassent des profits ou qu'elles fassent des pertes. Mais je pense que ce que le
député de Bertrand évoquait, c'est surtout le
troisième volet sur l'impôt sur le profit des corporations. Alors,
il se posait la question à savoir si on pouvait, vis-à-vis des
pertes possibles encourues au cours de ces trois premières
années, en tenir compte après. Mais, je ne suis pas prêt
à répondre affirmativement à cette question du
député.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, vous pouvez continuer.
M. Parent (Bertrand): Je reviendrai à l'autre volet qui
était celui que j'ai posé au ministre, à savoir la
différence entre les paroles du soutien à l'entrepreneurship, le
soutien à la petite et moyenne entreprise et les gestes qui sont
posés dans ce présent document qui est le budget comme tel. Le
ministre disait lui-même dans sa réflexion, son document du 5
mars, que l'entreprise québécoise par rapport à celle de
l'Ontario -on se compare souvent à l'Ontario - était, au plan du
fardeau fiscal, quelque peu avantagée d'environ 2,2, %, sauf que,
lorsqu'on ajoutait la parafiscalité, le fardeau fiscal des entreprises
québécoises dépassait quelque peu; cela reflétait
un peu le contenu des pages 38 et 39 de votre document. Vous disiez
également: "De plus, la taxe sur le capital versé qui est plus
élevée au Québec, 0,45 % versus 0,3 % en Ontario, ajoute
au fardeau fiscal des entreprises québécoises une charge fixe
additionnelle."
Essentiellement, le ministre des Finances a reconnu que, tout compris,
le fardeau fiscal des entreprises québécoises et la
parafiscalité font en sorte qu'on a un fardeau plus lourd que celui de
l'Ontario. Tout au long du discours qui a été tenu,
jusqu'à ce jour du moins, par le présent gouvernement,
c'était de dire: On va donner la chance à nos entreprises
d'être plus compétitives et on va alléger leur fardeau.
Même le critique officiel qui était, en mai de l'année
dernière, critique en matière de finances, M. Daniel Johnson,
actuel ministre de l'Industrie et du Commerce, disait qu'il était tout
à fait incroyable de penser qu'on puisse penser augmenter la charge
fiscale des entreprises si on voulait leur donner l'élan
nécessaire.
Je me dis que le ministre de l'Industrie et du Commerce actuel doit
être mal à l'aise par rapport à ses propos et,
certainement, à ses convictions. Je partageais son point de vue
étant moi-même de l'entreprise privée. Je me demande
comment on peut aujourd'hui vouloir soutenir l'entreprise privée - je
voudrais bien qu'on me l'explique - en même temps lui imposer ce fardeau,
et d'ailleurs la réaction... Même si les députés,
qui feront bien leur travail en fin de semaine, rapportent de bonnes nouvelles
concernant le budget, je pense que l'entreprise, qui, elle, regarde ce qui se
passe du côté financier, en général, n'est pas
satisfaite. Pour ne citer que le Conseil du patronat et la chambre de commerce
sur cet aspect de la masse et du fardeau fiscal additionnel, ils sont loin
d'être heureux, c'est bien sûr.
J'aimerais que le ministre nous explique un peu, entre les gestes qui
ont été posés et les paroles qu'on veut tenir, comment on
compte aider ces entreprises, qui sont déjà
désavantagées par rapport à celles de l'Ontario et
auxquelles on vient ajouter un fardeau additionnel.
M. Levesque: Disons tout d'abord que je viens de regarder assez
brièvement la référence au document du 5 mars "Les
finances publiques du Québec, l'urgence d'un redressement", et j'essaie
de suivre le raisonnement du député de Bertrand. Lorsqu'il parle
de la parafiscalité comme étant un ajout au fardeau fiscal du
Québec, je pense qu'il devrait regarder l'ensemble de la situation et
tenir compte de l'impact des taxes municipales et scolaires aux entreprises.
À ce moment-là, au tableau de la page 38, il verra qu'il est vrai
qu'il y a un écart, lorsqu'on considère l'impôt des
sociétés, les taxes à la consommation, mais il faut
également regarder les taxes municipales et scalaires, l'impôt
foncier, de sorte que l'écart total, à ce moment-là, avant
le budget du 1er mai cependant, faisait que la situation des entreprises au
plan fiscal était plus favorable au Québec que ce qu'on
retrouvait chez des entreprises en Ontario, pas une différence
extraordinaire, si l'on veut, mais il y avait une différence de 2,2
%.
Ce que nous avons fait dans notre budget... Je n'ai pas encore
évalué ce que le budget de l'Ontario qui a été
déposé aujourd'hui peut faire, car il a été
déposé à 16 heures cet après-midi et nous sommes en
commission depuis ce temps et je n'ai pas pu évaluer ce qu'il a pu avoir
comme effet.
Mais, avant le budget de l'Ontario et avec le budget du 1er mai, nous
sommes encore dans une situation comparable, à quelques dixièmes
de pourcentage près, si Ton tient compte de l'impôt foncier, avec
l'Ontario. Le Conseil du patronat et la Chambre de commerce du Québec
ont tenu des propos très modérés et très
nuancés sur le budget, qu'ils acceptent. Vous savez, on ne peut pas tout
simplement... Quand on connaît l'impasse à laquelle nous devions
faire face, et malgré tous les efforts que nous avons faits pour ne pas
toucher au fardeau fiscal proprement dit, lorsque nous sommes arrivés au
"bottom line", si l'on veut utiliser un terme du monde des affaires auquel
appartenait, s'il n'y appartient pas encore, le député de
Bertrand, on a partagé ainsi le fardeau qui restait, pour citer des
chiffres ronds: 150 000 000 $ du côté des entreprises, 97 000 000
$ du côté des particuliers. Je pense que c'était un partage
acceptable.
J'aurais voulu l'éviter, mais il ne faut jamais oublier que le
fardeau additionnel aux entreprises est directement relié, dans mon
esprit, à un manque à gagner que je ne peux accepter de la part
du gouvernement fédéral. C'est le même montant de 150 000
000 $, d'un côté comme de l'autre, et si le député
se réfère au discours sur le budget, il verra que j'ai
ajouté que je suis prêt à reconsidérer cette surtaxe
spéciale si le gouvernement fédéral revient à des
sentiments et à une logique plus compatibles avec l'esprit
confédératif.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, une dernière question.
M. Parent (Bertrand): Oui, è la suite des propos du
ministre, je voudrais savoir si on comprend la même chose. C'est vrai
quant aux comparaisons, lorsqu'on lit la page 38, sauf qu'à la page 39,
le ministre, dans son document du 5 mars dit ceci: "Au total, un employeur
québécois peut être amené à verser, en
ajoutant à la parafiscalité la contribution de 3 % des employeurs
au Fonds des services de santé, un montant s'élevant à
plus de 10 % de sa masse salariale cotisable, alors que cette proportion ne se
situe qu'à 7,75 % en Ontario. De plus, la taxe sur le capital
versé, qui est plus élevée au Québec (0,45 % versus
0,3 % en Ontario)..."
Je dis essentiellement que le fardeau fiscal, tel que décrit dans
le document du ministre des Finances, est plus élevé actuellement
au Québec et on vient rajouter par-dessus, on vient bonifier tout cela
et c'est là que cela va nous affecter. Je pense que les entreprises vont
finalement s'en rendre compte, à moyen terme.
M. Levesque: Vous me permettrez, M. le député,
juste un instant.
M. Parent (Bertrand): Oui, certainement.
M. Levesque: II faudrait lire tout le paragraphe. J'ai
invité le député tout à l'heure à lire
l'ensemble de ces pages 38 et 39. Dans le paragraphe que vient de citer le
député, il s'est arrêté juste au moment où il
allait lire, s'il avait complété sa citation: "Ce
phénomène est cependant compensé par des taxes
foncières plus faibles au Québec qu'en Ontario" et c'est
exactement le point que j'avais souligné tout à l'heure. Le
député a raison de citer les quatre premières lignes du
paragraphe de six lignes. Mais les deux dernières lignes font justement
qu'il y a une compensation qui fait que, si l'on tient compte de l'impôt
foncier, à ce moment, la situation de l'industrie au Québec est
légèrement avantageuse par rapport à l'industrie
ontarienne et, s'il regarde la page 38, il voit pourquoi. (21 h 15)
À la page 38, il y a un tableau: Écart de fardeau fiscal
des entreprises québécoises par source, Structures fiscales
québécoise et ontarienne. Là, pour l'année
d'imposition 1986, il verra en effet des écarts pour l'impôt des
sociétés, les taxes a la consommation, la tarification et les
recettes provinciales diverses. Mais le gros du montant qui fait justement la
différence vient des taxes municipales et scolaires où nous avons
un écart favorable, pour les entreprises québécoises, de
23 %. Je le souligne tout simplement à l'intention du
député.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, je dois maintenant céder la parole au député de
Montmorency. Vous avez pris environ quinze minutes au lieu de dix minutes, M.
le député de Bertrand. Si vous avez une dernière question
et si M. le député de Montmorency le permet, oui, M. le
député de Bertrand, terminez.
M. Parent (Bertrand): En terminant très rapidement, et je
vous remercie M. le Président. Je ne veux pas abuser du temps des autres
parlementaires. Je pense que le ministre reconnaît que, essentiellement,
il a été obligé d'aller en chercher chez le contribuable
et d'aller en chercher aussi chez l'entreprise. Je pense qu'il est important de
reconnaître qu'on est obligé d'aller en chercher dans
l'entreprise, sauf que l'entreprise, elle, pour être capable de continuer
à faire des profits, pour reprendre l'expression du ministre, le "bottom
line", va devoir réajuster ses prix à la consommation d'une
façon ou d'une autre. Finalement, la taxe additionnelle ou le fardeau
additionnel qu'on charge à l'entreprise va se retrouver très
rapidement chez le consommateur,
puisque le "bottom line" de l'entreprise est important et, si on veut
continuer à vivre, il faut faire des profits, donc on augmentera les
prix à la consommation dans les produits manufacturés. Je pense
que le ministre en est conscient. Le fardeau fiscal, essentiellement, oui, on
l'a partagé; 150 000 000 $, d'un côté, 97 000 000 $ de
l'autre côté, sauf qu'actuellement, à court terme, ce que
cela va faire, c'est que cela va juste déplacer et on va se ramasser
avec le consommateur qui va payer la note au bout. Je pense qu'il faut juste en
être conscient. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
est-ce que vous avez.» Non? Cela va. Alors, M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Oui, merci, M. le Président. J'ai
déjà eu l'occasion d'exprimer quelques commentaires à
l'Assemblée nationale à la suite de l'intervention du critique de
l'Opposition. Alors, je ne voudrais pas reprendre les mêmes commentaires.
J'aimerais profiter du temps qui m'est donné pour continuer sur la
même lancée que le député de Bertrand,
peut-être, évidemment, en apportant des commentaires quelque peu
différents et aussi en apportant des commentaires sur des mesures
fiscales qui me semblent importantes. J'en ai noté une dizaine, faisant
ressortir certains aspects et même peut-être, très
modestement, certains désirs ou souhaits qui pourront
éventuellement être considérés. Les travaux existent
tout de même pour, en même temps, espérer améliorer.
On l'a fait longuement avec la loi 2. Certaines choses ont été
retenues et peut-être qu'avec l'exercice actuel cela portera fruit.
On a parlé, il y a quelques minutes, de la mesure annoncée
dans le budget qui favorisait les nouvelles compagnies. Je pense que c'est
effectivement une mesure importante parce que, à ma connaissance, c'est
la première fois au Québec, que, par une loi fiscale, on
exonère d'impôts, complètement, pendant trois ans, une
entreprise incorporée, à partir de la constitution en compagnie.
Je pense également que c'est la première fois au Canada que cela
se fait. C'est une première et je pense que c'est là une mesure
extrêmement importante qui a été applaudie dans le milieu
des affaires. C'est un premier pas dans cette philosophie. On donne ce que
qu'on appelle dans le milieu des affaires des "tax break", c'est-à-dire
des périodes... On voit cela dans plusieurs pays en Europe. Pour
encourager la venue de nouvelles entreprises, soit dans des parcs industriels
spécialisés ou dans des zones incubatrices, on donne un
traitement fiscal privilégié à ces entreprises. Cela va
certainement favoriser chez nous l'arrivée de nouvelles entreprises et
la création d'emplois en conséquence. J'aimerais faire remarquer,
M. le Président, que ces compagnies sont également exemptes de la
taxe sur le capital pour la même période.
Contrairement au chiffre qui a été donné
tantôt, le montant qui avantagera ou désavantagera les entreprises
n'a peut-être pas toute l'ampleur qu'on veut lui donner. Il y a deux
mesures, essentiellement, qui frappent les entreprises. J'ai mentionné
celle concernant l'exemption fiscale pendant trois ans. Il y a aussi celle -
moins positive, il faut le dire, mais qui a quand même une ampleur
relative - d'augmenter le fardeau fiscal, comme l'expliquait le
député de Bertrand, d'augmenter la taxe sur le capital,
l'impôt sur le revenu et la contribution aux services de santé.
Quand on regarde le pourcentage impliqué, une petite entreprise qui
supportait un taux d'impôt de 3 % subira une augmentation pour porter son
taux à 3,22 %. C'est cela l'augmentation de l'impôt sur le revenu
de l'entreprise. C'est très peu. Je peux vous dire les réactions
dans les milieux des affaires: on s'attendait à beaucoup plus. Une
augmentation de 3,22 %, ce n'est pas beaucoup.La taxe sur le capital augmente
de 0,45 % à 0,48 %. Ce n'est même pas 1 %. Trois centièmes
de pourcentage d'augmentation pour une entreprise, cela veut dire que, pour
qu'elle subisse un fardeau financier important, il faudrait que le capital soit
très élevé pour que l'augmentation de 0,45 % à 0,48
% se reflète en centaines ou milliers de dollars de taxes additionnelles
sur le capital.
Les services de santé augmentent de 3 % à 3,22 %. C'est la
même augmentation que l'impôt sur le revenu. De sorte qu'il y a
deux mesures qui intéressent les entreprises. D'une part, une exemption
fiscale de trois ans qui, comme je le disais, est une première chez
nous. D'un autre côté une légère augmentation, pour
celles qui ne seront pas exemptées, du taux de 3 % à 3,22 % de
l'impôt. C'est-à-dire que, dans le fond, leur fardeau fiscal ne
sera pas énorme. À la page 33, on nous donne la ventilation du
coût pour ces entreprises pour l'année 1986 d'à peine 79
000 000 $ de charge fiscale additionnelle pour les entreprises avec les trois
taxes pour celles qui ne sont pas exemptées.
M. le Président, je pense que le milieu des affaires est capable
de faire sa part dan3 des efforts de compression budgétaire et
même je pense que l'ensemble du milieu des affaires se sent un peu
soulagé. Bien sûr, ils vont demander au ministre des Finances que
l'exemption fiscale pour les petites entreprises soit un jour consentie
à toutes les entreprises au Québec pour, peut-être, tes dix
premières années d'exploitation. Il n'y a pas un chef
d'entreprise qui ne souhaiterait pas échapper au paiement de
l'impôt. Mais,
dans le fond, je pense que le milieu des affaires reconnaît que,
dans le contexte actuel, ce n'est pas un fardeau inacceptable. D'ailleurs, on
n'a pas eu de réactions particulièrement virulentes du milieu des
affaires depuis le premier mai.
Cela étant dit, M. le Président, j'aimerais parler tout de
suite d'une autre mesure qui semble accrocher un peu et cela me surprend. C'est
l'exemption de 500 000 $ de gain de capital qui a été
instituée au fédéral, on s'en souviendra, maintenant
depuis deux ans. L'idée était de permettre à tous les
contribuables, qu'importe leur situation financière, de pouvoir
déduire dans Je calcul de leurs revenus imposables, je dis bien
imposables, et pour ceux qui ont fait leur rapport d'impôt - je dis "pour
ceux" parce qu'apparemment il n'y en a plus beaucoup qui le font... Cela
voudrait dire qu'après avoir fait le calcul de certaines
déductions qu'on enlève du revenu, lorsqu'on arrive à
calculer le revenu imposable, on peut réclamer, pour l'année
d'imposition 1985 qui vient de se terminer, 10 000 $ à titre d'exemption
sur le gain de capital imposable. Il faut comprendre que ce n'est que la
moitié qui est exonérée. Sur un gain de capital de 20 000
$, qui est le maximum autorisé pour la première année, le
contribuable a un plafond de déductions de 10 000 $. En 1986, ce sera 50
000 $ de gain de capital ou, si vous voulez, un montant imposable de 25 000 $.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que c'est le plafond accumulé à
chaque année qui fait que, la première année, son gain de
capital imposable, limite déductible, est de 10 000 $. En 1986, donc,
cette année, il pourra déduire un grand maximum de 25 000 $ au
total. Cela ne veut pas dire que, pour l'an passé, il prend 10 000 $ et
que, pour cette année, il ajoute 25 000 $. Cela veut dire que, cette
année, en 1986, il est limité à une déduction
totale de 25 000 $; si, l'année passée, il en a déduit, il
doit l'enlever. L'année prochaine, la déduction de 100 000 $
voudra dire qu'il pourra déduire de son revenu imposable, comme je l'ai
dit tantôt, à condition qu'il ait un revenu imposable, 50 000 $
dans son calcul de revenu imposable. Comme je le disais, les 50 000 $, c'est un
plafond accumulé, et qu'il pourra conserver, si l'on se fie à la
législation actuelle, toute sa vie. Cela veut dire qu'il n'est pas
obligé de le déduire pour 1985 ou pour 1986. Le contribuable qui
n'a encore jamais déduit de gains de capital, avec cette exemption,
bénéficie, au moment où on se parle, d'une exemption
totale limite de 50 000 $, ou 25 000 $ imposables qu'il pourra déduire
contre le maximum de gain de capital imposable pour le même montant de 25
000 $. Étant donné que cette mesure avait été
lancée par le fédéral, sans porter de jugement sur le
bien-fondé de la mesure à savoir si elle était
appropriée ou non, c'est évidemment profitable pour les
contribuables. J'essaie de me placer du côté du contribuable et je
dois dire que c'est drôlement intéressant. Cela va peut-être
bénéficier à certaines personnes qui ont des revenus
élevés, mais il faut comprendre aussi qu'il y a beaucoup de
contribuables à faibles revenus et à revenus moyens qui vont en
bénéficier. Par exemple, à l'achat et la revente d'un
chalet, qui sont sujets à la taxation comme gain de capital, permettront
de bénéficier de la déduction d'un gain de capital. Donc,
comme je l'ai dit, 10 000 $ en 1985, 25 000 $ en 1986. Ce sont des montants
relativement modestes quand on les remet dans leur contexte parce que le 500
000 $, ce ne sera qu'en 1990. Pour ceux qui avaient suivi la mesure au
fédéral, ils comprendront pourquoi le montant maximum est pour
1990, à la dernière année du mandat du gouvernement
fédéral, avant l'élection. Cela veut dire que l'exemption
de gain de capital au montant de 500 000 $ n'apparaît pas comme une
mesure antisociale. Bien au contraire, elle permettra à tous ceux qui
veulent en profiter, que ce soit pour la disposition d'actions ou de n'importe
quel bien sujet à taxation, de profiter pour l'année d'imposition
1985, comme je le disais, d'un maximum de 10 000 $, lequel maximum devient 25
000 $ en 1986, 50 000 $ en 1987, etc.
Le temps me manque pour faire le tour de nombreuses autres mesures qui
me semblent amplement justifier des commentaires.
Le Président (M. Lemieux): C'est très
intéressant, M. le député de Montmorency.
M. Séguin: J'aimerais faire quelques suggestions,
très rapidement. Pour ce qui touche l'exonération fiscale
consentie aux compagnies, dans la mesure où le ministre des Finances
pourra l'accorder, compte tenu des finances, etc. - il choisira le moment
approprié - il serait intéressant que ça vise
également toutes les entreprises et non pas uniquement celles qui sont
incorporées. On établit une certaine discrimination entre une
nouvelle entreprise qui s'incorpore et qui, elle, sera exonérée
d'impôts et les propriétaires uniques qui représentent
peut-être, bien des fois, de véritables petites PME, au vrai sens
du mot, qu'elles, ne seront pas exemptées. Les sociétés
entre deux personnes, entre mari et femme, etc., ne seront pas non plus
exemptées, de sorte que, si je peux me le permettre, bien modestement,
M. le ministre des Finances, il me semblerait très intéressant
qu'on étende la mesure à l'ensemble des entreprises,
incorporées ou non, pour éviter cette turbulence dans les statuts
des entreprises,
quitte à établir des modalités pour définir
un peu mieux ce qu'est une entreprise admissible ou non à l'exemption.
(21 h 30)
Une autre petite mesure qui est très favorable au REA, on a
bonifié la déduction pour les particuliers employés d'une
société qui achèteraient les actions à l'aide du
Régime d'épargne-actions du Québec; on va leur consentir
un crédit d'impôt de 25 % additionnel au crédit
déjà consenti. Une seule remarque, c'est que le Régime
d'épargne-actions va se retrouver avec des taux très variables,
selon toutes les catégories, etc., et on ajoute une nouvelle
catégorie avec ce 25 %. Je me demande si... Remarquez que la
création d'une espèce de fonds mutuel pour le REA se voyait comme
une solution pour le contribuable moyen qui va peut-être avoir un peu de
difficulté à se retrouver avec le taux de taxation dont il pourra
bénéficier par le crédit, de sorte que, s'il y avait la
possibilité d'améliorer l'unification du pourcentage admissible
comme crédit pour l'ensemble des contribuables, ce serait
intéresant.
En terminant, je voudrais peut-être attirer l'attention aussi sur
les règles d'harmonisation avec la fiscalité
fédérale où on fait déjà un grand pas en
essayant, pour plusieurs mesures qui sont annoncées aux pages 31 et 32,
de se rapprocher le plus rapidement possible pour éviter des
écarts avec le fédéral. Je trouve cela très positif
dans la situation actuelle et je ne peux que souhaiter que cela continue.
Voilà, M. le Président, les quelques commentaires que je voulais
faire.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Montmorency. M. le ministre des Finances, avez-vous des
commentaires relativement aux propos du député de
Montmorency?
M. Levesque: On va sûrement penser, de l'autre
côté, que j'aurais des commentaires favorables à faire,
mais simplement l'attention qui a été portée aux propos du
député de Montmorency, même par nos amis d'en face qui ont
gardé un silence respectueux, indique le sérieux et
l'à-propos des remarques du député de Montmorency. Tout
cela fait que j'ai été moi-même très favorablement
impressionné par les divers propos du député qui, comme
fiscalistes, évidemment, vit ces problèmes-là dans sa vie
professionnelle.
M. Garon: II a dit que le contribuable moyen était
assailli.
M. Levesque: Pardon?
M. Garon: II a dit que c'était le contribuable moyen qui
était assailli.
M. Levesque: Je n'ai pas entendu le mot "assailli".
Peut-être que le député de...
M. Garon: L'ensemble...
M. Levesque: ...Lévis a assaisonné son
interprétation du mot "assailli", mais je pense que l'objectivité
avec laquelle le député de Montmorency a tenu ces propos fait que
j'en ai tenu compte dans le sens de m'inspirer, probablement, de certaines de
ses suggestions. Tout ce que je puis dire à ce moment-ci, c'est que le
député de Montmorency devrait continuer sa réflexion et
peut-être animer, plutôt que le député de
Lévis, le débat qui aura sans doute lieu à un moment
donné à la commission du budget et de l'administration. Alors, je
vous remercie, M. le Président.
Les effets du budget sur les gagne-petit
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
minsitre des Finances. Mme la députée de Chicoutimi, c'est
à vous la parole.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. J'avais
annoncé au ministre tantôt que je lui ferais la
démonstration qu'effectivement les mesures budgétaires avaient
comme effet de toucher profondément ou particulièrement les
couches les plus défavorisées. Mais avant d'aborder cette
question, vous allez comprendre que je ne pourrais pas le faire sans
répliquer un peu au député de Mille-Îles qui disait
tantôt que les chroniqueurs parlementaires avaient été
unanimes: C'était un bon budget. Généralement, le
commentaire, c'est: Le budget s'inscrit dans la continuité. Un
modèle de haute voltige. Muet sur les bons coups de ses
prédécesseurs adversaires, il sait aussi se taire quand il y a de
mauvaises nouvelles à annoncer.
Il y en a un autre - je n'en ai qu'un, car je ne veux pas faire la revue
des médias - Mais où donc était la fameuse crise? On
ajoute: Une des trouvailles - celle-là, je la trouve
particulièrement heureuse et suave -du budget, cette surtaxe de 152 000
000 $ imposée aux entreprises pour compenser les coupures dans les
sommes qu'Ottawa verse au Québec à titre de
péréquation. Quand M. Jacques Parizeau menaçait d'imposer
une telle taxe, les libéraux criaient à la taxe de
l'indépendance; là, ce sont les bleus. Alors, tout cela pour vous
dire que, finalement, c'est conclure un peu rapidement et faire les coins un
peu ronds de dire que tout le monde était d'accord avec le budget.
Ce que je regrette dans le budget et dans les décisions qui sont
prises par les différents ministères, parce que j'ai
assisté à différentes commissions parlementaires, c'est
l'absence de vision d'ensemble des effets de
ces décisions. La même chose que je regrette, c'est
l'absence de vision d'ensemble des conséquences des mesures
budgétaires sur la jeunesse et, là, je le dis aussi, sur les
gagne-petit. Tout fonctionne comme si on n'était pas conscient que,
quand on prend une mesure ici et une seconde mesure dans un ministère
comme celui de la Santé, l'autre à l'Éducation et l'autre
au Loisir, l'autre sur les taxes, cela a comme conséquence de toucher,
rendu dans la maison, dans la famille, au travail, les mêmes personnes.
Je vais essayer de l'illustrer et je souhaite beaucoup qu'il y ait quelqu'un
qui fasse l'exercice pour se demander ceci: Quelqu'un qui gagne 15 000 $, 17
000 $, vraiment le petit salarié, et qui a deux enfants, qu'est-ce que
cela lui aura coûté, ce budget, quand il fera son rapport
d'impôt, l'an prochain, à la même date? D'abord,
l'harmonisation avec Ottawa, mot, je vous dirais que ce n'est pas quelque chose
qui m'impressionne plus qu'il ne faut comme discours, de même que
l'harmonisation ou l'équité d'imposer une taxe sur le gaz naturel
parce qu'il y en a une sur l'électricité. L'équité,
cela aurait peut-être été de l'enlever sur
l'électricité* Ce genre d'équité est un peu
spécial.
Les 50 000 $, on dit 500 000 $, c'est pour assurer l'harmonisation et
finalement cela ne nous coûtera pas cher. On prévoit que, des 50
000 $ qui seront effectifs en 1987-1988 et nous coûteraient à peu
près 76 000 000 $ en 1986-1987, monter à 500 000 $, cela serait
de l'ordre de 26 000 000 $. Cela ne fait qu'illustrer une chose, c'est que les
26 000 000 $ vont être pour ainsi dire retournés dans les goussets
de ceux qui ont quand même des sous. Quand vous êtes en mesure de
faire des transactions avec des gains de capital de l'ordre de 500 000 $, vous
n'êtes quand même pas un va-nu-pieds. Je veux bien entendre qu'en
vendant un chalet il fait un revenu de 10 000 $, cela ne vient pas s'ajouter
à son revenu, oui, cela m'apparaît correct. Dans ce sens-là
la mesure qui avait été prise par le Parti
québécois était intéressante et elle favorisait
effectivement des gens à revenu ordinaire, je dirais moyen. Parce que
des transactions sur deux ou trois ans pour une valeur de 50 000 $ en gains de
capital, ce ne sont quand même pas non plus les gens qui reçoivent
de l'aide sociale, mais ce ne sont pas non plus ceux qui sont dans la haute
finance.
Passer de 1000 $ à 500 $ d'imposition pour les revenus
d'intérêt, cela touche vraiment les revenus modestes, et c'est
important, un peu comme l'exprimait tout à l'heure, je pense bien, le
député de Montmorency. Pour la taxe sur l'huile à
chauffage, sur le gaz naturel, chez les assistés sociaux on donne une
compensation, 15 $ pour l'adulte, 6 $ pour l'enfant, par année
remarquons-le. Pour une famille, une mère et deux enfants - c'est
généralement le modèle dominant - cela vous donnera 27 $
alors que la non-indexation sur une allocation de 467 $ prive le
bénéficiaire de 84 $; donc, cette petite compensation pour la
taxe sur l'huile ne compense même pas pour la non-indexation. Il faut
savoir que c'est 90 % des personnes qui se chauffent à l'huile. La
déduction d'impôt pour les enfants à charge, ce qu'on
retrouve là et c'est à peu près la compréhension
que les journalistes, les chroniqueurs en ont, c'est qu'il faut repenser la
prime de ce qu'on appelle l'allocation de disponibilité pour la
mère au foyer, pour celle qui a des enfants de moins de six ans. Ce
qu'on utilise comme argument pour pouvoir réviser cela, c'est qu'on a
fait passer l'exemption de 1370 $ à 1870 $, c'est-à-dire qu'on
l'a haussée de 500 $. Qui va être favorisé par cette
mesure? Celui qui ne paie quasiment pas d'impôt parce qu'il est trop
pauvre, parce que son revenu est trop bas, 15 000 $, 16 000 $, 17 000 $ ou 20
000 $ ou celui qui en fera 50 000 $ ou 60 000 $? À 50 000 $ ou 60 000 $
vous avez une échelle d'impôt d'environ 45 % ou 50 %. Il va
récupérer 250 $ dans ses poches. Celui qui ne paie pas
d'impôt n'a rien. L'assisté social qui, de toute façon, ne
paie pas d'impôt, n'a rien non plus. Cette mesure affecte directement les
gagne-petit.
La tarification des services. Je trouve cela particulièrement
habile et probablement, comme ministre des Finances, c'est son droit de le
faire. Il dit: Je ne donne pas d'indication où vous devrez le faire sauf
que c'est 75 000 000 $. On sait déjà qu'il y a 14 000 000 $ dans
les affaires sociales. Les 5 $ ou 10 $ que la personne va être
obligée de payer, parce qu'elle n'est pas sur le bien-être social
et qu'elle a un petit revenu, le bas salarié, cela va lui coûter
cher. On n'a pas mesuré ce que cela voudrait dire pour cette personne,
ce que cela voudrait dire le fait qu'elle ne pourra plus utiliser ce qui
était quasiment gratuit. Les terrains de camping. C'est sauvent les
gagne-petit, des gens relativement modestes qui s'en vont dans ces terrains de
camping. On dit que là aussi vous devrez payer ce que cela coûte.
Cela va affecter directement les gagne-petit. À la suite des
chroniqueurs parlementaires, je dois reconnaître que ce budget est
extrêmement habile. Les assistés sociaux, les gagne-petit, les
gens à revenu modeste ne se lèveront pas aujourd'hui parce qu'ils
vont sentir les effets au cours des prochains mois. Ils vont sentir les effets
quand ils vont aller demander un service qui ne sera plus gratuit, quand ils
vont s'adresser à un endroit et qu'on va dire: Non, à
présent il y a des frais. Quand ils vont payer la note d'huile. Cela va
se faire sentir progressivement. Dans ce sens, il est un peu
machiavélique, comme le disait Gilbert Brunet dans la Presse.
J'aimerais me tromper, mais je pense qu'on pourra voir la transcription
de ces débats l'an prochain pour voir si je me suis trompée,
à savoir que cela aura des effets importants sur les gagne-petit et que
cela aura malheureusement des effets aussi sur les jeunes et sur les
étudiants, sur l'accessibilité aux études
supérieures.
Tantôt, le ministre nous disait que la situation des jeunes, vous
allez voir, cela va changer. Je sais. À mon avis, elle va s'aggraver au
cours des prochains mois. Que la situation économique s'améliore
au cours des prochaines années, je pense que le ministre le
reconnaît dans une annexe, en particulier, où il dit que cela fait
trois ans que la reprise économique... Il y a une reprise
économique, on le reconnaît, il nous reste encore du chemin pour
rattraper un peu ce qu'on a perdu au cours des années. Il ne fait en
cela que reconnaître ce que l'Institut CD. Howe nous a dit l'automne
dernier à savoir que indépendamment de toutes les critiques qu'on
faisait à l'endroit du gouvernement, finalement il y avait une reprise
économique et cela n'avait aucun rapport avec le fait que le Parti
libéral était au pouvoir ou non. C'était seulement parce
qu'il y avait une reprise économique.
Donc, ma question est la suivante. Cela m'étonnerait que le
ministre puisse y répondre dans le détail comme je l'aimerais.
Combien ces mesures budgétaires vont-elles coûter aux gens qui ont
des revenus entre 10 000 $ et 20 000 $ et qui ont deux enfants?
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, Mme
la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Je reviendrai.
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la députée. M.
le ministre des Finances. (21 h 45)
M. Levesque: J'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt les propos de Mme la députée de
Chicoutimi. Je souscris sans hésitation à sa préoccupation
pour les personnes à faible revenu, les moins bien nantis de la
société, d'autant plus que c'est ce qui m'a inspiré tout
le long du budget, alors qu'avec mes collaborateurs - s'ils pouvaient parler,
ils en seraient les témoins les plus authentiques -j'ai
été préoccupé continuellement par le sort fait aux
petites gens, aux gens è faible revenu. D'ailleurs, on revoit tout le
long du budget cette préoccupation-là. Mme la
députée parle, par exemple, de l'abolition de l'exemption de la
taxe de vente sur l'huile à chauffage. C'est pour cela que nous avons
pris des mesures spéciales pour les personnes à faible revenu,
les assistés sociaux, les personnes âgées de plus de 60 ans
quant au crédit d'impôt foncier. Cela a été tout au
long, par exemple, dans l'exemption de 1000 $ qui est baissée à
500 $ pour les revenus d'intérêt, de dividendes. On a fait bien
attention de ne pas toucher aux personnes âgées, aux personnes
à la retraite qui n'avaient pas de revenu de travail. Toutes ces
personnes ont été visées par les exemptions, par les
mesures de compensation. Mme la députée, évidemment, peut
fort bien dire: Vous avez pensé, par exemple, à compenser ces
personnes-là, mais, dans le domaine du chauffage, pourquoi tout
simplement, au lieu d'avoir aboli l'exemption pour l'huile à chauffage,
n'avez-vous pas, dans ce cas-là, simplement aboli la taxe sur
l'électricité? Pourquoi pas?
Mme Blackburn? Indexer les allocations.»
M. Levesque: Mais, moi, je serais bien d'accord pour abolir
toutes les taxes...
Mme Blackburn: ...de bien-être. M. Levesque: ...vous
savez.
Mme Blackburn: Indexer l'allocation de bien-être.
M. Levesque: Oui, mais ce que je veux dire, c'est que c'est bien
facile, assise là, mais, si vous écriviez des chèques de
temps en temps, vous, à tous ceux qui... Si vous alliez faire un
tour...
Mme Blackburn: ...
M. Levesque: ...au 12 1/2, rue Saint-Louis, et que vous voyiez le
tas de chèques qui se font d'une façon industrielle et qui s'en
vont...
M. Séguin: Ou au 3800, rue Marly.
M. Levesque: Pardon?
M. Séguin: Ou à 3800, Marly.
M. Levesque: ...peut-être chez vous. Les chèques qui
se font en quantité industrielle, il faut que quelqu'un paie cela.
Une voix: II n'y a plus d'argent.
M. Levesque: Je pourrais bien enlever toutes les taxes pour vous
faire plaisir, mais, mon dieu, cela n'arrivera pas à la fin de
l'année. Augmenter les déficits, cela n'arrivera pas. Il faut
essayer d'agir d'une façon responsable, mais en tenant compte de la
situation des moins favorisés, des gens moins bien nantis. C'est ce que
nous avons fait tout le long du budget.
Le Président (M. Lemieux): ...
M. Levesque: Non, ce n'est pas terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
ministre.
M. Levesque: Je pense que les propos de Mme la
députée de Chicoutimi méritent une réplique un peu
plus...
Une voix: Étoffée.
M. Levesque: ...peut-être pas longue, mais, au moins,
manifester un peu plus de souci pour les propos de Mme la députée
de Chicoutimi qui ont leur valeur authentique, mais qui doivent être
évidemment nuancés par la réalité des choses.
L'allocation de disponibilité dont parle Mme la
députée, j'espère qu'elle ne fera pas la même erreur
que le député de Lévis qui était en train, quelques
minutes après que j'eus prononcé mon discours sur le budget
à l'Assemblée nationale, de dire que nous avions enlevé
300 $ pour le premier enfant, que nous avions enlevé 200 $ pour le
deuxième enfant, que nous avions enlevé 100 $ pour l'autre, alors
que cela n'était pas vrai du tout. Tout ce que je lui ai dit, c'est que
dans cette question de l'allocation de disponibilité il fallait
réexaminer cette situation et j'avais donné les raisons pour
lesquelles on devait la réexaminer. Si Mme la députée
avait été près du gouvernement antérieur, je sais
qu'elle l'était au point de vue partisan, mais, si elle l'avait
été au point de vue de l'administration, elle aurait vu que cette
interrogation avait été posée avant moi. Lorsque je suis
arrivé au ministère des Finances, j'ai pris connaissance des
interrogations faites par mes prédécesseurs. J'irai même
jusqu'à dire, sans risquer de me faire contredire, que l'ancien
gouvernement était passé è un cheveu d'annuler
complètement les allocations de disponibilité pour les
mêmes raisons que celles que j'ai invoquées pour
réexaminer, pas annuler, réexaminer les allocations de
disponibilité.
Mme Blackburn: II ne l'a pas fait.
M. Levesque: II ne l'a pas fait, non, mais c'est à la
toute dernière minute qu'il ne l'a pas fait. On sait que dans le
contexte dans lequel le gouvernement se trouvait à ce
moment-là... D'autres que moi, peut-être, diraient qu'il a
manqué de courage. Je ne le dirai pas, mais je sais pertinemment que,
lorsque le gouvernement a augmenté, dans son budget du 23 avril, les
exemptions, il avait pratiquement pris la décision d'annuler, d'abolir
les allocations de disponibilité qui ne sont là, d'ailleurs, que
depuis la promesse de veille d'élection de 1981. C'était en toute
logique que le gouvernement en était arrivé à cette
conclusion. Je ne les abolis pas mais je demande qu'on les réexamine
à la lumière d'une politique familiale qui est sur le tapis
présentement, à la lumière des allocations familiales -
vous savez, les allocations familiales, on pourrait en reparler - qui ont
été abolies par l'ancien gouvernement. Les gens s'en
aperçoivent cette année, mais tout cela a été
décidé dans le budget du 23 avril 1985. Regardez la
subtilité de l'ancien gouvernement. On parle de machiavélisme
quand on parle de mon budget. On parle d'habileté, mais, si vous voulez
regarder quelque chose de vraiment machiavélique, relisez le budget - je
pense que quelqu'un l'a chez vous - du 23 avril 1985 et vous verrez. Là,
on maintient les allocations familiales, oui, mais le montant qui sera
reçu au titre des allocations familiales s'ajoutera à
l'impôt payable l'année suivante. Est-ce que ce n'est pas beau
ça? On maintient les allocations familiales mais, si vous avez
reçu X montant en allocations familiales, vous l'ajoutez à
l'impôt que vous avez à payer au prochain rapport d'impôt.
Mais est-ce que c'est fin? Là, les gens nous arrivent, ils appellent M.
Séguin, le député de Montmorency. Ils lui demandent:
Qu'est-ce que c'est que toutes ces histoires? Vous avez fait quoi? On dit: On
n'a rien fait. C'est votre propre budget, mes chers amis d'en face, qui fait,
justement, que cette année les gens se réveillent et disent:
Pourquoi retourne-t-on l'argent qu'on a reçu au cours de l'année?
Tout simplement parce que l'ancien gouvernement, dans une méthode ou
dans un geste qui n'a rien de machiavélique, en toute transparence, a
décidé de maintenir les allocations familiales envers et contre
tous, mais en ajoutant cette petite phrase qui est passée
inaperçue: Vous ajouterez à votre revenu imposable - même
s'il n'est que de un dollar - le montant reçu en allocations familiales.
Donc, il n'y a rien de machiavélique à envoyer un chèque
à madame pourvu que monsieur le retourne dans son impôt. C'est
magnifique! Quand on me parle de machiavélisme, je pense qu'il n'y a
rien qui a atteint... Pardon?
M. Séguin: L'Opposition est silencieuse.
M. Levesque: L'Opposition est très silencieuse sur les
allocations familiales. Il en a été question dans les journaux
récemment. Pas une question sur ce sujet-là. Je m'attendais de
recevoir une question là-dessus. Comment se fait-il qu'on ait
oublié ainsi? Qu'est-ce qui se passe? Non. Machiavel n'est pas venu au
monde aujourd'hui ni le premier mai.
M. Garon: C'est un ami de Pierre E. Trudeau.
M. Levesque: Laissez Pierre Trudeau
tranquille!
Donc, pour l'allocation de disponibilité, je tiens à le
répéter depuis le retour du député de Lévis
que je salue...
M. Garon: ...aller chercher...
M. Levesque: Je le répète pour sa propre gouverne.
Il s'indignait quelques minutes après que j'eus prononcé le
discours sur le budget. Je le vois encore, les poings tournés vers le
ciel, qui disait: Ce gouvernement s'attaque, est en train de nous enlever ou
enlève - si j'emploie bien les mots qu'il a utilisés - 300 $ pour
le premier enfant, 200 $ pour le deuxième et 100 $ pour le
troisième. Jamais il n'a été question de cela dans le
budget. Aucune mesure n'a été prise à cet effet. J'ai dit
que je réexaminerais l'allocation de disponibilité. Ce n'est pas
du tout ce que le député disait. Et deuxièmement...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le ministre des
Finances. C'est parce que Mme la députée de Chicoutimi me regarde
et regarde l'heure, et effectivement, votre droit de parole... Est-ce que vous
pouvez...
M. Levesque: S'il est terminé, M. le Président,
j'aurai l'occasion d'ici demain d'y revenir. Pas de problème.
Allez-y.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez conclure. Mme la
députée de Chicoutimi, vu que c'est une de vos questions,
permettriez-vous au ministre des Finances, parce que j'ai vu que vous me
regardiez et que vous regardiez l'heure, de terminer brièvement?
Mme Blackburn: Oui, on peut le laisser terminer, sauf que je
voudrais juste lui dire que...
M. Levesque: Je continuerai une autre fois.
Le Président (M. Lemieux): Bon, alors, je vous remercie,
M. le ministre des Finances. Maintenant, de consentement, M. le
député de Champlain - le prochain droit de parole est à
vous - permettez-vous une courte intervention du député de
Montmorency? M. le député de Champlain? Oui.
Et Mme la députée de... Vous avez une petite question?
Mme Blackburn: Non, peut-être...
Le Président (M. Lemieux): Alors, votre petite question,
Mme la députée.
Mme Blackburn: À défaut de pouvoir poser une
question, je voudrais vous...
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous allez devoir
permettre au ministre des Finances de répondre.
Mme Blackburn: Je voudrais juste lui faire un commentaire,
à défaut de poser une question.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre... Allez-y,
Mme la députée.
Mme Blackburn: Au cas où il l'aurait pas vu passer, il y a
quelqu'un à quelque part, le 2 décembre, qui a
décidé, pour différentes raisons, peut-être
même celle-là, qu'il n'en voulait pas, du Parti
québécois.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je suis obligé
de...
Mme Blackburn: Je veux dire que le 2 décembre, si vous ne
l'avez pas vu passer, pour un certain nombre de raisons, la population du
Québec a jugé. Alors, j'estime que, quand on fait allusion
à des décisions qu'on a prises antérieurement, je pense
que le jugement a été rendu.
M. Bélisle: On n'est pas responsable de cela.
Mme Blackburn: Autrement, vous ne seriez pas là.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Moi, je suis pleinement d'accord avec vous de ce
point de vue, madame, et, si vous voulez vous dissocier du député
de Lévis, je vous en félicite.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi, une dernière intervention.
Mme Blackburn: Ce que je dis, c'est que le jugement est rendu. La
population a porté un jugement; elle a mis le parti dehors. On est en
train de vous examiner. On vous regarde aller et je me dis que si cela continue
vous ne serez pas là longtemps non plus.
Une voix: Je ne vous demande pas...
Le Président (M. Lemieux): Alors, monsieur...
Mme Blackburn: À présent, c'est un budget dans la
continuité. Il y avait juste une chose, j'aurais aimé savoir...
Pour la tarification, on sait que l'an prochain vous réexaminez... Cela
est dit dans au moins deux documents: votre document du 5 mars et celui-ci. On
va examiner la tarification
des services, particulièrement dans les affaires sociales et en
éducation. On sait qu'en éducation il y a déjà les
frais de scolarité au cégep - avant même qu'il y ait un
réexamen, il y a certainement une décision - et les frais de
scolarité pour les cours d'été dans- les cégeps. Il
y a la commission parlementaire qui va se tenir à l'automne et je pense
bien que je ne prendrais pas grand risque de perdre ma paye en disant qu'il y a
des grosses possibilités que bientôt on augmente aussi les frais
de scolarité dans les universités. Cela est pour la tarification
qui touchera davantage...
M. Levesque: Vous me permettrez, madame, de répondre
immédiatement.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Parce que je ne voudrais pas que l'on mêle les
pommes, les oranges et tout cela.
Quand je parle de 75 000 000 $ pour la tarification, il n'est pas
question... Là, vous lisez une partie de mon document du 5 mars et vous
prenez ensuite un chiffre de tarification que vous retrouvez dans le budget. Il
n'y a pas nécessairement de relation entre les deux. Ce que je dis quant
au budget, les 75 000 000 $, cela n'a pas d'affaire avec ce dont j'ai
parlé pour les frais de scolarité, etc.
Mme Blackburn: Non?
M. Levesque: Il s'agit, je l'ai dit combien de fois, d'ajuster
certains tarifs dans le domaine de l'immatriculation et là, par exemple,
l'ancien gouvernement...
Mme Blackburn: Solliciteur général... (22
heures)
M. Levesque: ...avec lequel vous ne vouiez pas avoir affaire,
avait aussi prévu cela. Il y avait certains ajustements, chez nous, au
ministère, par exemple dans le domaine de l'incorporation des compagnies
et certains tarifs. Il y a des tarifs, dans divers ministères, qui vont
être ajustés. Mais cela n'a rien à voir avec mes propos. Ce
ne sont pas des propos qui ont été tenus par le ministre de
l'Éducation ou par la ministre de la Santé et des Services
sociaux. Il appartient à mes collègues de faire connaître
leur politique en temps opportun. Ce que je disais, c'était qu'en
général il y a là des situations qui doivent être
examinées. C'était mon opinion et ça l'est encore.
Même lorsqu'on touche à l'éducation et aux affaires
sociales, à la santé, etc., à mon sens, comme gestionnaire
responsable, je n'ai pas le droit de dire: Parce que c'est la santé,
parce que c'est l'éducation, on ferme les yeux, on ne regarde pas, cela,
c'est sacré. Je dis: Non, c'est ma responsabilité et c'est celle
du gouvernement d'aller voir ce qui se passe dans ces domaines, même si
ce sont des domaines prioritaires auxquels l'on doit accorder une attention
particulière. Cet après-midi, par exemple, dans le domaine de
l'éducation, madame a très bien défendu ce point de
vue-là. Même si cela se défend que l'on doive
considérer ces éléments ou ces domaines comme
prioritaires, on se doit, comme gestionnaires, d'aller voir comment les fonds
publics sont administrés, s'il n'y a pas des abus, même dans le
domaine de la santé, même dans le domaine de l'éducation.
Dieu sait si on n'a pas certains exemples qui nous sont donnés où
notre devoir de gestionnaires et de représentants du public nous
amène à être vigilants partout.
II ne faut pas oublier que, dans les domaines de l'éducation, de
la santé, des services sociaux et de l'aide sociale, vous avez là
probablement les deux tiers du budget du Québec. Pensez-vous que, parce
que ces domaines sont importants et parce qu'ils doivent être pour nous
une priorité vu qu'ils touchent certains secteurs auxquels on doit
accorder, pour le bien de notre population, une attention prioritaire, cela
veut dire qu'on doive fermer les yeux sur les deux tiers du budget du
Québec? Je dis non.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi, brièvement. Vous pouvez terminer, s'il vous plaît!
Mme Blackburn: Si le ministre m'avait laissée terminer, il
aurait peut-être compris que j'avais aussi compris. Il ne touche pas aux
175 000 000 $ de cette année. Ce montant ne concerne ni les affaires
sociales, ni l'éducation. Sauf qu'il dit qu'à l'éducation
il faudra qu'on se penche là-dessus; aux affaires sociales
également. Je conclus personnellement que, pas plus tard que dans le
budget de 1987-1988, on va connaître une tarification importante dans ces
domaines. Cette année, cependant...
M. Levesque: C'est votre conclusion, madame. Excepté que,
lorsque vous parlez du montant de 75 000 000 $ que j'ai annoncé dans le
budget, j'avais d'autres cibles en vue.
Mme Blackburn: Je voudrais qu'on me donne des détails sur
le montant de 75 000 000 $. Vous m'avez dit l'essentiel, sauf que je voulais
savoir deux choses. Est-ce que ce montant de 75 000 000 $ comprend le montant
de 1 400 000 $ en frais de scolarité pour les cours d'été
dans les collèges? Est-ce qu'il comprend aussi le montant de 14 000 000
$ de services non assurés dans les affaires sociales? C'étaient
mes deux premières questions. La suivante concerne le montant de 18 000
000 $ qui vient du ministère de la Justice et du
Procureur général. Est-ce qu'il touchera aussi l'aide
juridique? Je pense encore à mes gagne-petit.
M. Levesque: Bon.
Le Président (M. Lemieux): C'est votre dernière
intervention, Mme la députée de Chicoutimi. M. le ministre
maintenant.
M. Levesque: Sur le montant de 75 000 000 $, dont il a
été question dans le domaine de la tarification, je crois que
j'ai donné, cet après-midi, des détails pour les deux
tiers du montant environ, soit pour environ 50 000 000 $. Il me restait un
montant de 25 000 000 $ que je n'ai pas identifié et que je ne peux pas
plus identifier ce soir.
Mme Blackburn: Je voudrais seulement mieux comprendre. Est-ce
qu'à ce montant de 75 000 000 $ vient s'additionner le montant de 1 400
000 $ de frais de scolarité? C'est une tarification. Est-ce que vient
s'ajouter également le montant de 14 000 000 $ de services qui seront
désassurés?
M. Levesque: Ce n'est pas dans le premier montant de 50 000 000 $
que j'ai identifié.
Mme Blackburn: Parce qu'à ce moment-là...
M. Levesque: Je ne peux pas dire s'il sera ou ne sera pas dans
l'autre montant de 25 000 000 $.
Mme Blackburn: Parce que c'est important. Cela veut dire que ce
n'est plus 75 000 000 $, si mon calcul est bon, mais 90 000 000 $.
M. Levesque: Non. Ce serait 75 000 000 $.
Mme Blackburn: Cela veut donc dire que le montant de 75 000 000 $
inclut bien les 14 000 000 $ de services qui ne seront plus assurés dans
les affaires sociales?
M. Levesque: Non. Je ne le crois pas.
Mme Blackburn: Enfin, c'est une forme de tarification. Si on
n'appelle pas cela de la tarification...
M. Levesque: Non, ce n'est pas pris dans la tarification,
à ma connaissance.
Mme Blackburn: Est-ce que l'aide juridique sera touchée
dans ces 75 000 000 $?
M. Levesque: Je ne suis pas en mesure de répondre. C'est
à la Justice que ces sommes se retrouvent et je n'ai pas d'indication
à cet effet.
Mme Blackburn: On me dit que ce n'est pas écarté,
non plus.
M. Levesque: Je ne peux vous répondre ni par l'affirmative
ni par la négative, parce que je vous ai dit ce que nous avions
jusqu'à maintenant: 50 000 000 $ sur 75 000 000 $ et je l'ai tout
détaillé. Mais les 25 000 000 $ qui restent sont de même
nature. Vous savez 25 000 000 $ sur un budget de 28 600 000 000 $, il ne faut
pas...
Mme Blackburn: Qu'est-ce que cela veut dire 1 000 000 $?
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Merci, Mme la députée de Chicoutimi. De consentement
avec le député de Champlain, M. le député de
Montmorency pour une courte intervention. La parole reviendra ensuite au
député de Champlain pour revenir du côté du parti de
l'Opposition. M. le député de Montmorency.
M. Séguin: Oui, très brièvement, M. le
Président. Je voudrais simplement apporter certains chiffres pour
expliquer l'ampleur de certaines mesures budgétaires. Les intervenants
de l'Opposition s'inquiètent beaucoup de l'augmentation de certaines
taxes ou fardeaux fiscaux sur les contribuables. On parle de 75 000 000 $,
comme on vient de l'expliquer, apparemment sous forme de tarifications, etc.
J'en conviens, ce sont effectivement des mesures qui vont permettre au
gouvernement d'améliorer ses recettes budgétaires. Mais il est
bon aussi de rappeler, comme on l'a fait tantôt, certaines mesures du
dernier budget qui avait été présenté le 23 avril.
Si on compare l'ampleur des mesures dans leurs chiffres de recettes, on verra
que les mesures qui sont les nôtres sont beaucoup plus petites
comparativement aux autres.
Juste pour en donner l'ampleur, je veux parler de la taxe sur les primes
d'assurance qui était universelle dans son application, puisqu'elle
touchait toutes les assurances au Québec et, particulièrement les
gagne-petit. Les contribuables à faible revenu étaient
particulièrement frappés par la taxe sur les primes d'assurance.
Cela devait rapporter à l'État environ 400 000 000 $. La seule
mesure de la taxe sur les primes d'assurance dans le budget du 23 avril
représentait 400 000 000 $. Nous avons jusqu'à maintenant
réduit d'environ la moitié le fardeau supporté par les
contribuables, en raison de la taxe sur les primes d'assurance.
Bien sûr que plus tard... Même le ministre des Finances,
dans son dernier budget, a laissé entrevoir que c'était toujours
un désir et un objectif de faire disparaître cette taxe sur les
primes d'assurance, mais je ne peux m'empêcher de souligner que la seule
taxe sur les primes d'assurance était déjà un iceberg de
400 000 000 $ qu'on faisait supporter directement par l'ensemble des
contribuables détenteurs de polices d'assurance, qui, selon les
statistiques, gagnent à peine le salaire industriel moyen,
c'est-à-dire en bas de 25 000 $.
Une autre mesure intéressante: le remboursement d'impôt
foncier qui a été réduit dans le budget de l'année
dernière, le 23 avril. On distribuait avant ce moment-là, sous
forme de chèques à environ 700 000 ou 800 000 contribuables ayant
un revenu moyen d'à peine 15 000 $ de 140 000 000 $ à 150 000 000
$. M. Duhaime, l'ex-ministre des Finances, a coupé cela de moitié
dans son budget du 23 avril. Il venait d'enlever 80 000 000 $ de remboursements
d'impôt foncier que 800 000 contribuables du Québec à
faible et moyen revenu étaient habitués à recevoir depuis
1977.
Une autre mesure: les allocations familiales, dont on a parlé
tantôt, représentaient, M. le Président, si ma
mémoire est fidèle, approximativement 150 000 000 $. 150 000 000
$ qui disparaissaient le 23 avril 1985, plus les 75 000 000 $, plus 400 000 000
$ sur les primes d'assurance et, comme cerise sur le gâteau, une taxe que
nos amis de l'Opposition connaissent bien parce qu'ils en ont parlé
amplement, surtout en commission parlementaire sur la loi 2, la taxe ascenseur.
Ils avaient prévu, dans leurs équilibres financiers du 30
septembre, une cueillette d'approximativement 250 000 000 $ avec cette taxe
ascenseur. Donc, 250 000 000 $, plus 75 000 000 $, plus 400 000 000 $, plus 150
000 000 $, on est près de 1 000 000 000 $ de taxation répartie
sur l'ensemble des contribuables par des taxes très populaires. Et ici,
ce soir, on s'inquiète d'une tarification de 75 000 000 $!
M. le Président, j'en conviens, c'est peut-être une forme
de taxation par la tarification, mais je suis bien heureux que ce ne soit que
cela. À ce jour, c'est la seule taxe qu'on semble découvrir dans
ce budget qui soit un peu inquiétante. Eh oui, elle est un peu
inquiétante, mais cela me semble énormément moins lourd
à supporter que les 400 000 000 $, 150 000 000 $ et 75 000 000 $ dont
j'ai parié, par les taxes très populaires qui frappent dans
l'ensemble plus de 50 % de toute la population du Québec. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Montmorency. M. le député de Champlain,
s'il vous plaît!
M. Brouillette: Merci, M. le Président. Nous avons
assisté dernièrement à la présentation du discours
sur le budget 1986-1987. Évidemment, ce budget a fait des heureux;
d'autres le sont moins. Vous comprendrez, M. le Président, que le temps
des budgets faciles est passé. Il faut administrer l'État d'une
façon plus serrée afin d'alléger le fardeau fiscal qui
pèse sur les épaules des contribuables du Québec.
M. le Président, permettez-moi de resituer le contexte dans
lequel ce budget fut annoncé à la population du Québec. Ce
budget est équitable, à mon point de vue, parce qu'il a dû
réparer les pots cassés par l'ancienne administration
péquiste sans pour autant pénaliser trop durement la population.
Lorsque le ministre des Finances hérite d'un déficit de 1 500 000
000 $ supérieur à ce qui était prévu, vous
comprendrez sûrement qu'il doit réagir rapidement de façon
à rétablir un équilibre financier nous permettant de
demeurer sous le niveau des 3 000 000 000 $ de déficit. Cela est une
condition essentielle pour redonner un nouveau souffle à notre
économie. Le budget nous démontre clairement, sans cachette, les
intentions du gouvernement. On y remarque une diminution du déficit de
257 000 000 $ par rapport à l'an passé. On ne peut pas en dire
autant de l'ancienne administration péquiste, puisque le déficit
réel est nettement supérieur à ce qui fut annoncé
en 1985. (22 h 15)
M. le Président, le gouvernement a prêché par
l'exemple en effectuant des compressions de dépenses de plus de 1 000
000 000 $ pour l'année 1986-1987. Je pense sincèrement que le
gouvernement actuel fait preuve d'une rigueur administrative qui n'existait
plus depuis 1976. J'ai dit plus tôt que les budgets faciles n'ont plus
leur place car la situation économique du Québec a subi une
crise, associée à de mauvaises décisions telles que
l'achat de la Société nationale de l'amiante: 195 000 000 $, la
fermeture de Gagnon: 300 000 000 $, le déficit de Quebecair et beaucoup
d'autres qu'il serait trop long d'énumérer prises par l'ancienne
administration qui nous a poussés au bord de l'abîme.
M. le Président, à titre de comparaison, il est
mentionné dans le discours sur le budget que la dette du gouvernement a
triplé, passant de 10 000 000 000 $ en 1980 à 30 000 000 000 $
actuellement. Cela représente 7,3 % des revenus consacrés au
paiement des intérêts de la dette comparativement à 13,9 %
actuellement. Vous comprendrez que cela réduit la marge de manoeuvre du
gouvernement et c'est une des raisons qui incitent le ministre des Finances
à corriger cette situation le plus rapidement possible.
M. le Président, la population du Québec est en droit de
s'attendre que son gouvernement prenne les moyens nécessaires pour
rétablir la situation financière, même si certaines mesures
peuvent sembler dures à ses yeux. Lorsque je regarde la situation
économique de mon comté, qui connaît sa part de
difficultés en termes d'emplois, de services de santé et dans le
domaine agricole, il m'apparaît nécessaire que le gouvernement
pose des gestes concrets pour rétablir la situation.
M. le Président, je trouve particulièrement
intéressant de noter que le ministre des Finances et le gouvernement
n'ont pas oublié les jeunes intéressés à
l'agriculture. Le budget contient une hausse de la bourse
d'établissement, qui passe de 8000 $ à 15 000 $, soit une
augmentation de 7 000 000 $ alloués à cette fin. Voilà un
autre engagement libéral réalisé dès la
première année de notre mandat; je m'excuse, dès les cinq
premiers mois de notre mandat. M. le Président, le comté de
Champlain compte beaucoup d'agriculteurs. Cette mesure contribuera certainement
à assurer la relève dans un domaine vital pour notre
économie.
D'autres mesures dans le discours sur le budget touchent beaucoup de
jeunes désireux de créer des entreprises. Le comté de
Champlain pourra, sans aucun doute, bénéficier de cette mesure
car la plupart des entreprises créées sont des PME. Je me
réfère particulièrement à la mesure
d'exonération d'impôt pour les trois premières
années sur le profit et de la taxe sur le capital. Voilà des
mesures concrètes pour redresser l'économie et inciter les gens
de chez nous, du comté de Champlain et d'ailleurs, à se lancer en
affaires.
M. le Président, je suis heureux de voir que le ministre des
Finances a accordé un budget supplémentaire de 1 000 000 $ pour
la promotion du tourisme auprès de nos voisins du Sud. La région
MauricieBois-FrancsDrurnmondville qui compte de nombreux attraits
touristiques, de même que le comté de Champlain verront d'un bon
oeil cette mesure pour attirer le tourisme chez nous car cela représente
de nombreux emplois dans notre région.
J'ai mentionné plus tôt que le gouvernement devait agir de
façon à réduire les dépenses inutiles. C'est la
raison pour laquelle il est intéressant de constater l'intention claire
du ministre des Finances de se départir des sociétés
d'État. Le ministre des Finances n'a pas l'intention de faire comme
l'ancienne administration péquiste, c'est-à-dire engloutir
l'argent des Québécois dans de perpétuels déficits.
Le résultat escompté par le ministre, M. le Président,
serait d'aller chercher 175 000 000 $. Il vaut mieux se départir de ces
sociétés plutôt que d'augmenter les impôts des
particuliers ou de taxer les vêtements ou les meubles. Le gouvernement
actuel a agi de façon à ne pas pénaliser les citoyens
à outrance.
Comme il n'y a plus de budget facile, le gouvernement a
préféré augmenter l'impôt sur les profits de 5,5 %
à 5,9 % pour les grandes entreprises et de 3 % à 3,22 % pour les
petites entreprises. Ces impôts demeurent tout de même moins
élevés qu'en Ontario et nous permettent de rester
compétitifs dans ce domaine.
M. le Président, le budget qui fut présenté la
semaine dernière contient plusieurs mesures dont il serait trop long de
faire l'énumération, compte tenu du temps alloué. Le
ministre des Finances, quant à nous, a fait ce qu'il devait faire afin
de ramener un équilibre financier susceptible d'attirer les
investissements potentiels. Il a dû composer avec les déboires de
l'administration péquiste. En considérant cela, M. le
Président, ce budget démontre le sérieux du gouvernement
en ce qui concerne l'administration de l'argent des contribuables qui ont droit
à une saine administration de leur argent.
J'aimerais mentionner une mesure intéressante pour les
employés qui veulent participer à la croissance de leur
entreprise par l'augmentation des exemptions au REA de l'ordre de 25 %. Cette
mesure représente l'intérêt que porte notre gouvernement
envers l'investissement québécois dans nos entreprises. Cette
mesure s'avère intéressante pour les patrons et pour les
employés. Elle pourrait même augmenter la productivité de
nos entreprises puisque les employés font partie du capital humain et
financier des industries admissibles à ce programme.
En terminant, il faut mentionner aussi l'intention du gouvernement
d'assainir les finances des hôpitaux en amortissant les déficits
sur cinq ans à raison de 75 000 000 $ par année à compter
de 1987-1988. Il était temps qu'un gouvernement vienne en aide à
des institutions laissées à elles-mêmes, surtout quand on
pense aux situations criantes des salles d'urgence où nous avons
dû intervenir immédiatement en prenant le pouvoir. Il faut dire
que cela ne nous a pas pris neuf ans pour agir et qu'on n'a pas l'intention de
laisser pourrir cette situation comme l'autre parti l'a fait depuis 1976.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, rapidement M. le
député de Champlain.
M. BrouHIette: Les chiffres le démontrent clairement, car
entre le 1er avril 1982 et le 31 mars 1986 le déficit de fonctionnement
était de 260 000 000 $. Le gouvernement y voit et rapidement à
part cela.
En conclusion, M. le Président, le budget déposé
dernièrement est, en somme, équitable et réaliste. Il
permet de baisser le déficit sous les 3 000 000 000 $, ce que l'ancien
gouvernement fut incapable de faire. De plus, on y retrouve de nombreux
engagements faits pendant la période électorale pour mon
comté qui est semi-rural et semi-urbain. On y retrouve de bonnes
nouvelles pour nos agriculteurs, ainsi que pour ceux et celles qui
désirent se lancer en affaires.
Je voudrais remercier en mon nom personnel et au nom des contribuables
du comté de Champlain le ministre des Finances pour avoir
été capable de stabiliser l'économie du Québec
parce qu'on a pris vraiment la province dans un état pitoyable.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Champlain.
J'aimerais attirer l'attention des membres de la commission sur le fait
suivant. C'est que nous avons siégé neuf heures et trente
minutes. Si on tient pour acquis que nous siégeons jusqu'à 22 h
30, le leader adjoint, M. Gendron, député d'Abitibi-Ouest, m'a
fait savoir qu'il nous manquerait une demi-heure, selon les termes de l'article
272, puisqu'il doit y avoir dix heures de débat, ici, en commission
parlementaire. Est-ce qu'il y aurait consentement pour que nous prolongions ce
soir d'une demi-heure, c'est-à-dire jusqu'à 23 heures, de
façon que ce soit terminé à 13 heures demain? Est-ce qu'il
y a consentement? Est-ce qu'il y a consentement, M. le député de
Lévis? Il y a consentement.
M. Levesque: Même si on faisait seulement neuf heures et
trente, personne ne va en mourir.
Une voix: On peut abréger.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, M. le
député de Lévis, est-ce que vous êtes consentant
à ce qu'on poursuive jusqu'à 23 heures? M. le ministre des
Finances, est-ce qu'il y a consentement?
M. Gendron: Est-ce qu'on est obligé de prendre tout le
temps?
Le Président (M. Lemieux): Nous sommes obligés en
vertu de l'article 272 qui dit qu'il y a dix heures en commission du budget et
de l'administration. C'est-à-dire que, s'il n'y avait pas...
M. Levesque: On pourrait poursuivre jusqu'à 3 heures du
matin et on pourrait finir ce soir.
M. Brouillette: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency, c'est un maximum de dix heures.
M. Brouillette: M. le Président, est-ce qu'on ne pourrait
pas terminer à 13 h 30 demain?
Le Président (M. Lemieux): Non, je m'excuse, M. le
député de Mille-Îles, il y a déjà trois
heures de prévues demain et il s'agit d'une demi-heure. Effectivement,
le règlement ne nous dit pas qu'on a l'obligation stricte de faire dix
heures. Antérieurement, la commission a siégé de six
à huit heures, mais, tant et aussi longtemps qu'il y a des questions de
la part des membres de l'Opposition, je me vois dans l'obligation de continuer
jusqu'à un maximum de 10 heures. Le député de Lévis
demande qu'il y ait consentement pour qu'on poursuive jusqu'à 23 heures.
M. le député de Lévis, de même que le
député d'Abitibi-Ouest m'ont fait savoir qu'ils s'en tenaient
à l'article 272 pour que le débat dure dix heures.
M. Brouillette: J'aurais une proposition. Est-ce qu'il y aurait
possibilité, étant donné qu'on a siégé toute
la journée, qu'on commence demain à dix heures et que l'on
finisse à 13 h 30 au lieu de 13 heures?
Le Président (M. Lemieux): Demain, nous commençons
à 10 heures.
M. Brouillette: Bien oui. Au lieu de finir à 13 heures, on
finirait à 13 h 30. Je pense que cela nous ferait trois heures et trente
demain.
M. Levesque: Peut-être à 9 h 30 demain matin?
Le Président (M. Lemieux): Nous devons déposer le
rapport de la commission à 15 heures, demain. Écoutez, je pense
que cela fait environ cinq minutes. Est-ce qu'il y a consentement pour qu'on
poursuive jusqu'à 23 heures? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Moi, je suis prêt. Je ne suis pas encore
fatigué et cela fait neuf ans que je siège. Il y a des
députés qui sont arrivés depuis deux mois, trois mois.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, est-ce qu'il y a consentement pour qu'on poursuive jusqu'à
23 heures?
M. Polak: Moi, je ne m'y oppose pas.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, êtes-vous
d'accord?
M. Levesque: Je vais me soumettre à n'importe quoi.
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement pour qu'on
poursuive jusqu'à 23 heures.
M. Polak: II faudrait être un peu moins strict pour le
quorum dans cinq minutes.
Le Président CM. Lemieux): J'ai bien compris votre
intervention, M. le député de Sainte-Anne. M. le
député de Lévis, la parole est à vous.
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté les
propos du député de Champlain. H faut dire que le
député de Champlain devrait apprendre que la taxe sur les
vêtements, la taxe sur les meubles a été enlevée par
le gouvernement du Parti québécois et que la plupart des bonnes
mesures dont il a parlé ont été adoptées par
l'ancien gouvernement.
Les gens peuvent se demander ce que veut dire le budget actuel.
Plusieurs députés libéraux se sont
référés à un chroniqueur du journal La Presse. Je
n'ai pas été étonné outre mesure. J'ai
été le premier député à dire que
Télé-Métropole ne devrait pas être achetée
par Power Corporation pour qu'il n'y ait pas une concentration de la presse
è Montréal. Je n'ai pas été étonné,
sauf qu'il y a des gens plus impartiaux qui ont analysé le budget et qui
viennent de faire un communiqué de presse. Il s'agit du Comité
d'intervenants sociaux de l'Office de la pastorale sociale du diocèse de
Québec...
M. Bélisle: Qu'est-ce que c'est que ça?
M. Garon: ...qui vient de sortir un communiqué de presse
et qui dit: "L'État dépouille les pauvres!"
Une voix: Ce sont les évêques.
M. Garon: "Le gouvernement actuel crée de nouvelles
obligations et surtaxe les plus pauvres; il transfère aux plus riches
les sommes arrachées aux classes moyennes et aux plus
démunis."
M. Bélisle: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, question de règlement. M. le député de
Mille-Îles, quel article du règlement?
M. Bélisle: J'aimerais que vous demandiez au
député de Lévis de déposer ce document en
commission.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Ah, excusez-moi, je me suis trompé.
M. Garon: J'en fais faire des copies, je suis d'accord.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: C'est un document qui a été émis
le vendredi 9 mai dernier, 1986. Il est dit: "Tel est l'avis d'un comité
d'intervenants(es) sociaux de l'Office de la pastorale sociale du
diocèse de Québec à la suite d'une analyse du budget du
Québec 1986-1987. Ce comité formé d'économistes, de
pasteurs, de membres de comités de citoyens(nes) et d'autres agents(tes)
de transformation du milieu lance un cri d'alarme et réclame du
gouvernement des mesures concrètes en faveur des plus pauvres parmi les
Québécois(ses). "Le comité estime qu'en plus de maintenir
le niveau de pauvreté, le budget actuel l'aggrave davantage. "Ainsi la
taxe de 9 % sur l'huile à chauffage et la surtaxe sur la gazoline
sont-elles considérées injustifiées. Il eut
été préférable de lever une taxe sur les biens de
luxe. Il en va de même de la réduction à 500 $ de
l'exemption des petits salariés. "En outre, à la création
d'une police spéciale pour les bénéficiaires de l'aide
sociale, le gouvernement ajoute les menaces de coupures sur les prestations
d'aide sociale et les allocations familiales: autant de mesures qui vont
à l'encontre des familles à faible revenu. "Des oublis majeurs
inquiètent le comité: l'ajustement du salaire minimum, le
logement social, la création d'emplois, spécialement chez les
jeunes, la situation des femmes, l'avenir des garderies. "Quant à la
tarification annoncée, le comité réclame vivement que
cette mesure soit éclaircie et débattue publiquement avant
qu'elle ne soit appliquée. "Le comité estime en plus que le
Québec dispose de toutes les ressources nécessaires au
bien-être des Québécois(ses). S'il y a disparité,
inégalité et pauvreté, elles sont dues pour une bonne part
à des choix politiques du gouvernement qui ne cesse de favoriser les
mieux-nantis lesquels, à la différence des sans-voix, peuvent
faire du lobbying. "Plus taxés que jamais, les sans-voix et classes
moyennes sont obligés d'assurer des décisions prises avant le
budget 1986 et se retrouvent noyés dans une masse de chiffres que seuls
les experts peuvent comprendre. "Le comité souligne qu'en cette
période de coupures, il apparaît indispensable d'être des
"chiens de garde" du respect des droits fondamentaux et de la dignité de
nos concitoyens(nes) les plus pauvres. "Enfin, le comité
d'intervenants(tes)
sociaux incite l'Église du Québec à poursuivre son
option pour les sans-voix et à exiger du gouvernement du Québec
de véritables politiques pour les familles, surtout celles à
faible revenu."
Vous voyez que c'est une autre voix qui s'ajoute aux nombreuses autres
qui indiquent que le gouvernement a taxé les moins fortunés et
détaxé les plus fortunés. Alors, on peut toujours ne pas
voir, ne pas vouloir entendre quoi que ce soit, mais les gens commencent
à s'exprimer davantage.
J'ai un autre exemple également pour le ministre des
Finances.
M. Levesque: Est-ce que le député me permet une
question?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, permettez-vous une question de la part du ministre?
M. Levesque: Est-ce que le député fait siens les
propos qu'il vient de lire du communiqué de cet organisme?
M. Garon: J'ai lu ce communiqué comme le communiqué
d'un groupe de personnes qui représente ceux qu'il représente et
qui se sont prononcés. Je pense que c'est aussi valable que de citer
l'article de la prima donna de la Presse. Je pense que c'est sûrement
plus valable et peut-être plus représentatif d'un grand nombre de
citoyens de notre société.
M. Levesque: La question que j'ai posée, c'est: Est-ce que
le député prend à son compte ce qu'il vient de citer?
C'est cela que je demande tout simplement.
M. Garon: Je n'ai pas à prendre ou à ne pas prendre
à mon compte. Je dis que le Comité d'intervenants sociaux de
l'Office de la pastorale sociale du diocèse de Québec a
donné son opinion sur le budget et que c'est son communiqué. (22
h 30)
Mme Blackburn: Juste une petite information, si vous le
permettez. Les gens ont l'air d'ignorer de qui relève l'Office des
communications sociales. Cela relève des évêques de la
région de Québec. Je peux vous trouver drôle, mais juste un
petit peu, parce qu'il représente un certain nombre de personnes et
elles ont droit à leur opinion qui vaut celle de bien d'autres. Il me
semble que c'est important.
M. Levesque: Si je comprends bien ce que Mme la
députée de Chicoutimi nous dit, c'est qu'elle prétend que
le communiqué qui vient d'être lu par le député de
Lévis émane de l'évêché de Québec.
Mme Blackburn: De l'Office des communications sociales, un office
qui relève directement de l'évêché. Si cela a
changé, c'est très récent.
M. Levesque: Mais lorsque le député de Lévis
parle de certains intervenants, est-ce que le député
voudrait...
M. Garon: C'est leur texte, c'est leur communiqué et c'est
leur papier également. Ce n'est pas...
M. Levesque: Alors, pourquoi est-ce que le député
de Lévis hésite à s'associer aux propos tenus dans le
communiqué?
M. Garon: Je n'ai pas hésité. J'ai lu le
communiqué intégralement. C'est tout simplement l'opinion d'un
groupe qui représente ceux qu'il représente. Ils font un
communiqué. Pourquoi voulez-vous que j'approuve les communiqués
de différents intervenants? Je n'ai rien à faire
là-dedans, sauf que j'indique tout simplement qu'ils portent leur
jugement sur le budget. Je pense bien que cela vaut ceux que vous avez
cités.
Vous avez cité juste une personne jusqu'à maintenant. Vous
n'avez pas eu grand monde à citer! Dans l'article de samedi, on me donne
raison sur le taux d'inflation sur lequel je reviens immédiatement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
Calcul du taux d'inflation
M. Garon: Je veux dire tout simplement ceci. En ce qui a trait au
taux d'inflation -encore le, on pourrait peut-être bien faire des gorges
chaudes, surtout parmi les députés qui ne sont pas familiers avec
ces questions - je vous dirai, M. le Président, que depuis juin 1985,
à Montréal, l'inflation est de plus de 4 %.
De juin 1985 à mars 1986 - six mois -comme on a connu une
inflation de plus de 5 % et les quatre autres mois, une inflation entre 4 % et
5 %. La moyenne de juin 1985 à mars 1986 est de 4,9 %. L'inflation au
Canada était de 4 % ou plus, sauf en juillet 1985 où il y a eu un
mois à 3,8 %, pour une moyenne mensuelle de 4,12 % depuis juin 1985.
J'ai toutes les statistiques des taux d'inflation à
Montréal. Je peux vous dire que le taux va en augmentant; il ne va pas
en diminuant. Janvier 1985, 3,7 %; février 1985, 3,9 %; mars 1985, 3,4
%; avril 1985, 3,5 %; mai 1985, 3,9 %; juin 1985, 4,3 %; juillet 1985, 4,2 %;
août 1985, 5,1 %; septembre 1985, 5,3 %; octobre 1985, 5,1 %} novembre
1985, 4,8 %; décembre 1985, 5,1 %; janvier 1986, 5,2 %; février
1986, 4,7 %; mars 1986, 5,2 %.
Le ministre des Finances, dans son document, lui, s'autorise 3 %. Je
comprends qu'on peut tirer des taux d'inflation au fusil. On peut se faire
faire de beaux discours par des députés qui n'ont peut-être
pas beaucoup fouillé le taux d'inflation réel et qui se prennent
pour des encensoirs. Mais la réalité, c'est que le taux
d'inflation a été constamment au-dessus de 4 % et que le ministre
des Finances, dans son budget, le fixe à 3 %. Évidemment, cela
permet de camoufler beaucoup de choses, un taux d'inflation qui n'est pas le
taux réel. C'est pourquoi une des questions que je pose au ministre,
c'est sur quelle autorité...
Il nous a déjà dit en Chambre que le ministère des
Finances du Québec faisait des calculs réguliers. J'aimerais
savoir si le ministre des Finances est prêt à déposer le
calcul mensuel des taux d'inflation qu'il utilise au Québec depuis le
mois de juin 1985, s'il est prêt à nous déposer la liste
des taux qui ont été calculés mensuellement au
ministère des Finances et s'ils sont différents de l'indice des
prix à la consommation à Montréal, tels que
calculés par Statistique Canada.
De plus, j'aimerais lui demander s'il a fait des simulations quant
à son budget, par tranche de populations, selon le modèle qui
avait été utilisé au ministère des Finances pour le
livre blanc sur la fiscalité. Il y avait des modèles pour simuler
le niveau de taxation des différentes catégories de populations.
J'aimerais demander au ministre des Finances s'il a fait des simulations
à partir de son budget pour évaluer l'effort fiscal des
différentes tranches de populations selon les classes de revenus et en
utilisant le modèle mis au point pour l'étude de la
fiscalité au Québec, en fonction du livre blanc.
Enfin, j'ai remarqué, dans son document du 5 mars, une colonne
que je n'ai pas retrouvée dans le discours sur le budget. C'est aux
pages 74 et 75, notamment la colonne des dépenses totales
d'immobilisations et le solde du compte courant. Dans son document...
Une voix: Des régimes de retraite.
M. Garon: Oui, les contributions aux régimes de retraite.
Ce document du 5 mars faisait état de ce tableau 2.5, à la page
75, qui s'intitulait Solde des opérations courantes. Je me demande si le
ministre des Finances a ce tableau pour l'année 1986-1987 et s'il est
prêt à le déposer avec les différentes colonnes
qu'on y retrouve - car il aurait été intéressant de
constater les différents chiffres comparatifs, selon une série
qui remonte à 1970 - pour y ajouter les chiffres
réajustés, car c'était des chiffres préliminaires
pour l'année 1985-1986, et y mettre les chiffres autres que
préliminaires pour l'année 1985-1986.
M. Levesque: À quelle page?
M. Garon: À la page 75.
M. Levesque; De quel document?
M. Garon: Du document du 5 mars 1986.
M. Levesque: D'accord.
M. Garon: J'aimerais, si possible, compléter le tableau
avec les chiffres révisés pour 1985-1986 et avec les chiffres
préliminaires ou anticipés pour l'année 1986-1987, selon
chacune des colonnes.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Pour répondre à la dernière
question du député de Lévis, je pense que j'avais
été assez clair quant au solde des opérations courantes.
Nous arrivions à équilibrer le compte courant. Donc, les 230 000
000 $ qui était le chiffre approximatif pour 1985-1986, si nos
prévisions sont bonnes - et je pense qu'elles le sont - pour
l'année 1986-1987... J'espère bien arriver au chiffre de 2 895
000 000 $ de déficit, tel que prévu, et même
l'améliorer si les conditions le permettent. Mais, si on s'en tient au
déficit prévu au budget, on serait au point zéro, donc
l'équilibre parfait du compte courant.
Deuxièmement, quant aux perspectives d'inflation et à
l'indice des prix à la consommation - ce n'est pas la première
fois que le député de Lévis nous parle de cela -il faut
bien comprendre que ces chiffres sont des perspectives d'inflation au Canada.
C'est sur cette base que...
M. Garon: À Montréal.
M. Levesque: Non, au Canada. On peut faire le tour du Canada, si
vous voulez, avec des chiffres... Si vous voulez écouter. Cela ne me
fait rien, mais ce que j'essaie de dire, c'est lorsque l'on fait des
prévisions et lorsque l'on modifie les paramètres
économiques, etc., il faut tenir compte d'un chiffre et celui que nous
prévoyons, nous l'avons dit, est contesté par le
député de Lévis et c'est son droit.
Le député de Lévis se fie sur d'autres pronostics,
mais qui sont donnés quelquefois à d'autres moments sur le taux
d'inflation. Les prévisions économiques, comme le
député de Lévis le sait, sont une projection des tendances
futures de l'économie et, comme telles reposent sur des
hypothèses, qui avec le passage du temps, peuvent être
confirmées ou infirmées par les faits. D'ailleurs, j'ai suivi les
budgets depuis plusieurs années et
quelquefois cela tombe pile, mais d'autres fois cela tombe plus ou moins
face.
En outre, les prévisions économiques les plus
récentes auront tendance, en général, à être
plus précises que les plus anciennes. Lorsqu'on prétend que le
taux d'inflation de 3 % prévu dans le discours sur le budget est le plus
faible depuis la guerre de 1939-1945 - je pense que c'est le
député de Lévis qui a mentionné cela - on fait tout
simplement une erreur de 26 à 32 ans. C'est en 1971 et non en 1939-1945
que le taux d'inflation s'est accru de près de 3 % pour la
dernière fois, l'indice des prix à la consommation s'étant
accru de 2,8 % en 1971.
De plus, on ne peut comparer directement la prévision du discours
sur le budget à celles recensées - et là, je reviens au
discours du député de Lévis - par le journal Les affaires
publié le 25 janvier 1986. Les prévisions recensées ont
été effectuées en 1985. Alors qu'elles prévoyaient
un taux d'inflation moyen de 4,2 % pour 1986, ces mêmes études
estimaient à 3,5 % le taux de 1985. Or, au moment où l'article du
journal Les affaires était publié, on savait déjà
que l'indice des prix à la consommation s'était effectivement
accru de 4 % en 1985, cette donnée ayant été
publiée le vendredi, 21 janvier 1986.
En comparant les prévisions effectuées en 1985 avec celles
réalisées en avril 1986 et présentées dans le
discours sur le budget, on compare des prévisions basées sur des
hypothèses fondamentalement différentes» En effet, les
prévisions recensées par le journal Les affaires prévoyant
une inflation de 4,2 % en 1986 ont été réalisées
à la fin de 1985, soit avant que le prix du pétrole ne se mette
à décliner. En décembre dernier, le prix du pétrole
brut produit en mer du Nord "Brent" s'établissait à 26,85 $US.
À Edmonton, le prix à la tête du puits, en dollars
canadiens, s'établissait à 38,60 $. Alors que les
prévisions recenses ne prévoyaient aucune baisse du prix du
pétrole, en 1986, celui-ci chutait de 55 %. Aussi, en avril dernier, le
prix du "Brent" se situait à environ 12,50 $US, en baisse de plus de 14
$ et le prix à Edmonton à 17,13 $ canadiens. Recul de 21,47 $. Je
parle toujours du taux d'inflation, de l'indice des prix à la
consommation canadien, canadien. C'est là-dessus qu'on s'est
basé. Une telle chute a un effet important sur les prix à la
consommation. À titre d'illustration, on estime que chaque
réduction du prix du pétrole de 1 $US se traduit par un recul des
prix à la consommation de 0,1 % une fois les délais de
transmission de l'économie pris en compte.
La prévision contenue dans le discours sur le budget est
fondée sur quoi? Sur un prix du pétrole de 15 $US.
M. Garon: II n'est pas appliqué ici.
M. Levesque: Je dis que notre prévision se base sur un
prix du pétrole à 15 $US en moyenne, cette année, toute
l'année. Elle prend, justement, ces effets en considération
à l'inverse des prévisions effectuées il y a quelques mois
par d'autres organismes. Mais, les effets de la baisse du prix du
pétrole brut sur les prix à la consommation ne s'arrêtent
pas là. Dans cette conjoncture favorable, nos principaux partenaires
commerciaux bénéficieront également d'une réduction
de leur taux d'inflation. Ce facteur se traduira alors par une diminution du
coût des importations canadiennes et renforcera le ralentissement de
l'inflation au Canada.
À titre d'exemple, un organisme réputé aux
États-Unis, Data Resources Incorporated, qui prévoyait en
décembre 1985 une inflation de 3,3 % pour 1986 - Data Resources Inc.,
est une maison responsable - a révisé son estimation à 1,9
% pour cette année, soit le niveau le plus faible depuis 1965 qui
était alors de 1,6 %. Au Canada, des prévisions récentes
effectuées par d'autres organismes ne prévoient plus 4 % et plus,
comme l'évoquait le député de Lévis, mais se
rapprochent de plus en plus de celles du discours sur le budget. Par exemple,
le Conference Board du Canada, en avril 1986, anticipe 3,4 % pour 1986 et 2,7 %
pour 1987. Wood Gundy prévoit 3 % et 1,9 % respectivement pour ces deux
mêmes années. Data Resources Canada, en mai 1986, prévoit
3,5 % et 3,2 %.
On voit qu'on est parti d'environ 4 % en décembre et qu'on est
maintenant beaucoup plus près des chiffres qui sont à la base de
nos prévisions. (22 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le ministre?
M. Levesque: Oui, c'est assez, il me semble.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau.
M. Poulin: M. le Président, je ne ferai pas de grand
discours. C'est le désavantage de parler à la fin; tout a
été dit, je pense. Je voudrais seulement laisser un message au
député de Lévis. Quand il parle d'endurance, je pourrais
le mettre au défi que je serais capable de passer la nuit ici et
même sans manger.
J'aimerais dire à celui qui voudrait être notre professeur,
le député de Lévis, et aussi, entre autres, au
député de Bertrand, enfin à ces défenseurs de
l'entreprise privée maintenant - je pense que le ministre en a
parlé un peu tantôt - qu'ils auraient l'occasion d'appuyer le
gouvernement dans une démarche où l'entreprise privée
pourrait récupérer un montant d'argent qui est tout de même
de 66 000 000 $. On s'aperçoit
que les gens de l'Opposition, quand il s'agit de demander au
fédéral, ne sont pas capables de lui parler. Eux qui, auparavant,
faisaient des luttes contre le fédéral.
Comme on parlait tantôt d'un pourcentage de 3 % à 3,22 % et
comme le ministre disait que le fédéral devrait nous redonner ce
qu'il nous doit présentement, vous auriez l'occasion de nous appuyer. Je
pense que celui qui est responsable chez vous du dossier de l'industrie et du
commerce est le député de Bertrand. Qu'est-ce que vous avez fait
jusqu'ici? Rien.
Mme Blackburn: C'est ce que j'ai fait en commission parlementaire
de l'éducation, M. le député.
Le Président (M. Lemieux): Veuillez continuer votre
intervention, M. le député de Chauveau. S'il vous plaît,
Mme la députée de Chicoutimi.
M. Poulin: Vous me répondrez après. Je vous ai
écoutée tantôt, Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Vous me posez la question, je vous réponds,
monsieur.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi, voulez-vous laisser le député de Chauveau terminer
son intervention.
M. Poulin: Je ne vous regarde pas, j'ai parlé au
député de Bertrand.
Mme Blackburn: Je lui réponds par politesse.
Le Président (M. Lemieux): Je vous comprends, Mme la
députée de Chicoutimi.
M. Poulin: Je vous trouve très polie.
Le Président (M. Lemieux): D'ailleurs, vous êtes un
modèle du genre, Mme la députée de Chicoutimi.
Une voix: M. le Président, je vous en prie, là.
Aie!
Une voix: C'est du favoritisme, de la partialité.
Le Président (M. Lemieux): M. le député,
c'est sans discrimination positive. M. le député de Chauveau,
s'il vous plaît!
M. Polak: Négative.
M. Poulin: Tout ce que je peux dire aussi, quand on parlait des
citations dans les journaux, c'est qu'il y a même des journalistes qui
nous ont dit qu'on n'avait pas été assez durs dans les coupures.
Mais la citation que j'ai, vient de mon comté. J'ai essayé de
prendre le pouls chez noua. Probablement que le député de
Lévis aussi a le temps, maintenant qu'il n'est plus ministre, de se
promener plus dans son comté et il doit s'apercevoir aussi que les gens
sont un peu d'accord avec ce qu'on fait. Il est certain qu'il y a des
décisions à prendre qui ne sont pas faciles, parce que avec ce
que vous nous avez laissé, ce n'est pas facile.
Mais je voudrais dire, en tout cas, que j'ai hâte que
l'Opposition, sur ce point-là, se lève debout avec nous et
qu'elle vienne travailler avec nous pour récupérer ce que le
fédéral nous doit. Je ne ferai aucune autre intervention, mais je
peux dire au professeur d'en face que les élèves, un jour,
prendront le dessus. C'est déjà fait depuis le 2 décembre.
Cela fait longtemps que je me suis aperçu que je suis au pouvoir, mais
vous, vous ne vous êtes pas encore aperçu que vous êtes dans
l'Opposition.
Mme Blackburn: C'est juste temporaire.
M. Poulin: Oui, madame, il y a aussi des temporaires de dix et de
quinze ans dans l'assurance-vie.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Chauveau?
M. Paulin: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je n'ai rien à dire au député de
Chauveau, M. le Président. Il y a des gens, qui, après que les
Canadiens ou les Nordiques ont joué une partie, vont se promener sur la
glace ou faire un tour de patins et pensent qu'ils font partie de
l'équipe, mais qu'est-ce que vous voulez faire? Qu'est-ce que vous
voulez dire? Autrefois, il y avait une fonction pour ces gens-là.
C'était de passer la gratte, de ramasser la neige pour que
l'équipe suivante puisse jouer.
Je ne peux rien dire de spécial au député de
Chauveau parce qu'il ne dit rien de spécial dans son intervention. Il
n'ajoute rien. Comme ce n'est pas à moi, mais plutôt au ministre
des Finances que les questions sont adressées, peut-être que
celui-ci va trouver la quintessence de la pensée
homogénéisée du député - je ne voudrais pas
dire à 1 % ou 2 % parce qu'on serait dans le lait faible - et lui
trouver quelque mérite. Je lui laisse faire ses commentaires parce que
je ne me sens pas...
M. Poulin: Vous n'avez pas de
commentaires?
M. Garon: ...le goût, la volonté et la
nécessité de commenter les propos du député de
Chauveau.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre.
Une voix: Question de règlement.
M. Levesque: Puisque le député de Lévis
m'invite à faire des commentaires, tout ce que je puis dire, c'est
qu'après avoir entendu les réactions du député de
Lévis j'arrive è la conclusion que l'arrogance et la suffisance
prennent différentes formes.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Lafontaine.
M. Gobé: C'est un peu dans le même ordre
d'idées que M. le ministre que je vais rappeler à M. le
député de Lévis que notre collègue au bout de la
table fait aussi partie de la commission et que, ne vous en déplaise, il
s droit à ses opinions et il a le droit de les faire valoir., C'est un
peu un manque d'élégance, de la part de quelqu'un qui, comme
vous, siège à cette Assemblée depuis dix ans, de prendre
un de nos jeunes collègues et de le faire passer pour quelqu'un qui
patine sur la glace ou qui fait un tour de piste. Vous ne patinez même
plus, vous êtes assis dessus et vous regardez passer la parade.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plattl S'il vous
plaît! M. le député de Bertrand, vos commentaires sont-ils
d'un autre ordre?
M. Paulin: M. le Président, je ne suis aucunement
offusqué de ce que M. le député de Lévis a dit.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau, s'il vous plaîtî M. le député de
Bertrand.
M. Gobé: M. le Président, question de
privilège.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, s'il vous
plaît! Non, non, s'il vous plaît!
M. Gobé: M. le Président, M. le
député de Lévis m'a traité de "maudit
français!"C'est une question de privilège. C'est une
atteinte à mes électeurs du comté de Lafontaine qui m'ont
élu en tant que citoyen canadien. C'est encore une démonstration
que le député de Lévis est un raciste, M. le
Président.
Une voix: II l'a été...
M. Gobé: Comme son parti, M. le Président, il est
prêt à dire n'importe quoi, n'importe où, n'importe
quand!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, s'il vous plaît! Je n'ai pas entendu les propos...
M. Gobé: Je les ai entendus, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): ...du député de
Lévis et, connaissant le respect que le député de
Lévis a pour la procédure parlementaire et pour cette
institution, je ne crois pas qu'il ait, en tout cas, à mon avis, pu dire
de telles paroles. Maintenant, M. le député de Bertrand, s'il
vous plaît! S'il vous plaît, M. le député de
Lafontaine! Il faut quand même avoir un certain respect pour
l'institution. Je vous en prie, M. le député de Lafontaine.
Voulez-vous terminer, M. le député de Bertrand? Il reste environ
six minutes.
M. Parent (Bertrand): Je veux bien, merci. Je n'avais pas
l'intention d'intervenir sauf que le député de Chauveau a fait
certaines allusions en ce qui regarde le député de Bertrand. Il
peut dire ce qu'il veut sur le compte du député de Lévis
ou de quelque autre député, ils sont assez grands pour se
défendre, mais en ce qui me concerne je ne pense pas, avec tout le
respect que je dois au député, avoir de leçons à
recevoir du député de Chauveau concernant la défense des
entreprises privées, de la PME. Si le député de Chauveau a
bien suivi les commentaires que j'ai faits pendant 20 minutes, comme critique
officiel en matière d'industrie et de commerce à
l'Assemblée nationale, j'ai même fait des propositions
constructives quant à la façon dont je verrais cela. Le
député de Chauveau sait déjà que je veux bien
travailler à faire ma "job" dans l'Opposition, mais je suis d'abord et
avant tout intéressé à essayer de faire avancer les choses
au Québec. Ce n'est pas dans mes habitudes d'essayer de charrier. En ce
qui me concerne en tout cas, je voulais seulement rectifier cela.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Bertrand? Je vous remercie et j'ajourne jusqu'à
10 heures, demain matin. La commission du budget et de l'administration
reprendra ses travaux à 10 heures, demain matin.
(Fin de la séance à 22 h 55)