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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente du budget et de l'administration reprend ses
travaux quant à l'étude de la politique budgétaire du
gouvernement dans le cadre du débat sur le discours sur le budget.
Est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a deux
remplacements. M. Charbonneau (Verchères) remplace M. Dufour
(Jonquière) et M. Rochefort (Gouin) remplace M. Garon
(Lévis).
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je voudrais soumettre
à l'attention de la commission qu'au delà des deux remplacements
formels que je viens d'indiquer, puisque ce matin le critique officiel en
matière de finances ne peut être ici, je voudrais que les membres
de la commission acceptent que nous puissions faire intervenir
différents collègues de l'Opposition qui souhaitent poser des
questions précises au ministre des Finances. Au-delà des deux
remplacements qu'on vient d'indiquer, le député de Gouin et le
député de Verchères, il y aura également le
député de Joliette, le député de Laviolette ainsi
que le député de Terrebonne qui ont quelques questions à
poser au ministre des Finances, toujours se rapportant au budget. Je voudrais
que ce matin on puisse débuter les travaux, peut-être, avec le
député de Bertrand...
Le Président (M. Lemieux): Hier, nous avions
terminé avec...
M. Gendron: ...uniquement pour lui permettre, effectivement, de
finir ce qu'il avait commencé hier. Immédiatement après,
si la commission n'a pas objection, le député de Verchères
fera sa partie concernant les questions précises à être
posées au ministre des Finances. Par la suite, sans en faire un ordre
formel, on essaiera d'y aller comme je l'ai indiqué, avec les
députés de Gouin, de Joliette, de Laviolette et de...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, vous vouliez intervenir sur la question de...
M. Polak: Oui, M. le Président, en principe, c'est certain
qu'on n'aura pas objection à ce que différents intervenants de
l'Opposition posent des questions, à condition, évidemment, que
tous les membres réguliers de la commission participent, y inclus ceux
qui sont du côté ministériel. Je ne sais pas si le
député de Papineau est déjà intervenu, mais moi, je
ne suis pas encore intervenu. On donne d'abord une priorité, je
présume, aux membres réguliers avant d'accepter les
substituts.
M. Gendron: M. le Président, on n'a pas l'intention de
modifier les règles de la commission parlementaire. Sauf que
règle générale on s'est entendu sur le fait que c'est
surtout à l'Opposition et on a trois heures pour poser des questions au
ministre des Finances, conformément aux règles de pratique de la
commission.
Le Président (M. Lemieux): Excusez-moi, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Hier, j'ai tiré les grandes lignes
relativement au précédent qui avait été
établi lors du débat sur le discours sur le budget. Vous savez
que cela ne prend pas la forme d'une étude des crédits. Le temps
partagé ne se situe pas à 90-10. Si on tient compte de la
tradition et des articles 179 et 180 du règlement, vous allez constater
qu'en règle générale c'est 50-50, le partage du temps
comme tel. Vous avez une décision de mai 1985 de l'ancien
président, député du comté de Bellechasse, M.
Lachance, qui situe un peu quels sont l'ordre d'intervention et les temps de
parole. Vous savez que les temps de parole sont de dix minutes habituellement.
Cela va-t-il?
M. Gendron: Je n'ai pas invoqué le 90-10, il n'y a pas de
problème, qu'on commence.
Le Président (M. Lemieux): D'accord, cela va, M. le
député d'Abitibi-Ouest. C'est simplement parce que le
député de Sainte-Anne semblait craindre qu'effectivement on
procède comme on procède à l'étude des
crédits. Cela va-t-il? Est-ce qu'il y a consentement pour que le
député de Joliette, le député de Laviolette et le
député de Terrebonne participent aux travaux de la
commission parlementaire?
M. Polak: Si le temps le permet, oui.
Le Président (M. Lemieux): Parfait, il y a consentement.
Alors, il n'y a pas de problème, M. le député
d'Abitibi-Ouest. La parole est maintenant au député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je sens que
le ministre des Finances est de très bonne humeur et en forme ce matin,
de même que les membres du gouvernement. Alors, je vais essayer de
continuer là où on s'était laissé hier soir. Il y
avait quelques commentaires de la part de certains intervenants du gouvernement
qui ont apporté des points sur lesquels, bien sûr, je m'inscris en
faux, particulièrement concernant les derniers propos qu'on a entendus
d'un député qui mentionnait que le Parti québécois,
l'ex-gouvernement - en faisant un petit peu de démagogie - avait
laissé le Québec au bord du gouffre. Je pense que le ministre des
Finances n'a pas tenu exactement les mêmes propos quand il a parlé
de reprise économique. J'aimerais juste préciser è cette
commission que la situation de l'économie du Québec, de
même que la situation du gouvernement étaient loin d'être
aussi désastreuses qu'on a voulu le laisser entendre. J'aimerais aussi
rappeler aux membres de cette commission et particulièrement aux gens du
gouvernement que le ministre des Finances, dans son discours sur le budget,
à la page 2 particulièrement, lorsqu'il parle de relance
économique est quand même assez objectif pour mentionner ce qui
suit: "Au cours de l'année 1985, l'économie
québécoise a maintenu le mouvement de reprise amorcé en
1983." Alors, pour ceux qui ne le savent pas, depuis 1983 il y a un mouvement
de reprise économique qui a été amorcé et qui est
fort important. Là, on dit: "La croissance de la production
intérieure devrait s'établir à environ 4 % en 1985, ce qui
se compare aux taux de croissance de 3,1 % et 5,2 % enregistrés en 1983
et 1984." Tout cela pour dire essentiellement comme toile de fond qu'il y a une
reprise économique d'amorcée. Certaines mesures du gouvernement
è la suite de la crise de 1981-1982, je crois, sont
évoquées - j'aimerais le rappeler à cette commission -
à la page 2 du discours sur le budget.
Absence de soutien à la nouvelle
entreprise
Dans les questions que j'ai à poser au ministre des Finances, et
cela fait suite un peu à des questions que j'ai posées hier
concernant la charge fiscale qu'on a ajoutée en ce qui concerne les
entreprises, particulièrement cela va aller sur le dos des petites et
moyennes entreprises avec l'augmentation du taux de l'impôt et des
taxes... M. le ministre, dans le cas de projets aussi importants que ceux qui
avaient été évoqués dans le discours sur le budget
et dans le discours inaugural, c'est-à-dire de projets comme les centres
d'incubation d'entreprises, comment cela se fait-il qu'on ne retrouve aucune
mesure de soutien à l'entrepreneurship avec certains fonds, comme on a
jugé bon de le faire par exemple avec une mise de fonds de 1 000 000 $
pour le tourisme? C'est certainement une mesure positive en termes d'aide
promotionnelle, mais pourquoi ne l'a-ton pas fait dans des domaines aussi
importants que la mise sur pied de nouvelles formules qui ont été
évoquées en campagne électorale par les deux partis, dont
de3 projets de mises sur pied d'importants centres d'incubation d'entreprises,
et qui sont actuellement sur la table et qui attendent incessamment des
réponses depuis six mois pour aider au démarrage d'entreprises,
ce qui aura des conséquences beaucoup plus importantes à court
terme dans le soutien de l'entrepreneurship? On ne retrouve aucune mesure, on
n'en fait aucune mention et, pourtant, cela faisait partie des
priorités. J'aimerais que le ministre nous dise sa réaction et
comment il entend dégager des fonds en cours d'année
là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, je tiens tout d'abord
à relever les premiers propos du député de Bertrand
relativement à la reprise économique. Je tiens simplement
à souligner qu'elle n'est pas étrangère à la
reprise économique nord-américaine, canadienne.
Deuxièmement, j'aimerais ajouter que, quel que soit le
degré de reprise économique, il n'en reste pas moins que le taux
d'investissement au Québec est insuffisant pour que nous puissions
être témoins d'une création d'emplois accceptable. Avec un
taux de chômage qui varie entre 11,5 % et 12 %, il ne serait pas
responsable d'accepter de se satisfaire de la croissance actuelle. Nous devons
faire des efforts de plus en plus sérieux pour amener des
investissements plus nombreux, plus variés au Québec. C'est ce
qui nous a amenés à poser certains gestes dès notre
arrivée au pouvoir, premièrement, par un mini-budget,
l'Énoncé de politiques budgétaires du 18 décembre
dans lequel nous avons posé des gestes vis-à-vis de l'impôt
sur le revenu des particuliers faisant en sorte que le Québec puisse
être de plus en plus attrayant et compétitif. Nous avons pris
d'autres mesures de réductions de charges fiscales dans le domaine des
assurances en particulier, dans le domaine des carburants pour les
régions périphériques. Nous avons,
par la suite, procédé à préparer ce qu'on a
appelé l'assainissement des finances publiques qui, è mon sens,
est un prérequis pour se lancer dans des programmes de croissance
économique. Je pense que le député de Bertrand sera
d'accord qu'on peut difficilement songer à une action efficace de
l'État, si l'État est lui-même dans une situation de
faiblesse budgétaire. Nous avons donc pensé de faire face d'abord
à la situation budgétaire, qui était alarmante, comme je
l'ai mentionné hier. J'ai donné les chiffres, j'ai fait quelques
commentaires relativement aux propos du député de Bertrand quant
à l'impasse è laquelle l'ancien gouvernement devait faire face
depuis cinq ans par rapport à l'impasse d'environ le double à
laquelle nous devions faire face, que ce soit avant ou après les
dépenses discrétionnaires des gouvernements.
Le député de Bertrand nous demande si, dans le budget,
nous n'aurions pas pu inscrire , certaines mesures spécifiques comme
soutien à l'entrepreneurship. Je dois lui dire tout d'abord que le
budget ne comprend pas tout ce qu'entend faire un ministère, comme, par
exemple, celui de l'Industrie et du Commerce ou celui du Commerce
extérieur et du Développement technologique. Autrement dit, le
budget peut annoncer certaines mesures, mais ce n'est pas exhaustif. Lorsque le
député de Bertrand aura, dans d'autres lieux, à discuter
des programmes de relance économique, de soutien à
l'entrepreneurship, il aura sûrement l'occasion d'avoir des
réponses plus précises que celles que je lui donne
présentement. Sauf que j'aimerais lui rappeler que la mesure exemptant
les corporations naissantes d'impôt, et cela pour trois ans, est une
mesure, à mon sens, qui est innovatrice et qui serait en même
temps de nature à encourager justement l'entrepreneurship,
particulièrement chez les jeunes qui veulent se lancer en affaires et
qui ont besoin d'un appui pour le départ de nouvelles entreprises. Il ne
faut pas oublier que cette mesure ne touche pas simplement l'impôt sur le
revenu, mais également la taxe sur le capital et la contribution aux
fonds des services de santé. Deux de ces trois sources de financement
pour l'État sont abandonnées. Elles ne touchaient pas la question
de profit ou de non-profit. C'était une charge fixe imposée
à la nouvelle entreprise et on l'en exempte. On ne peut pas passer sous
silence l'effet d'une telle mesure que l'on retrouve spécifiquement dans
le budget. Mais je le répète, il y a d'autres mesures qui sont
envisagées à l'intérieur du budget des dépenses.
Comme on le sait, chaque ministère a son budget et peut décider
de procéder à telle ou telle mise en oeuvre, évidemment
avec les limites que comporte la somme contenue dans l'enveloppe globale qui
est destinée à chaque ministre et à chaque
ministère.
Je ne sais pas si cela répond entièrement aux
préoccupations du député de Bertrand, mais c'est la
réponse que j'ai à lui donner pour le moment.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, il vous reste toujours un temps de parole.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Cela ne
répond pas à la question comme telle. Ce que je voudrais rappeler
au ministre des Finances... Il est bien sûr que des choix ont
été faits. L'exemption d'impôt et de la taxe sur le capital
pour les nouvelles entreprises, je l'ai mentionné hier, c'est une mesure
qui peut sembler intéressante, on le verra à l'usage. Sauf que
l'impact - on le voit dans l'annexe A, à la page 33, si je ne m'abuse,
du discours sur le budget - est de 5 000 000 $ la première année
et de 16 000 000 $ la deuxième. Ce que je veux mentionner à ce
stade-ci, c'est que vous dites qu'en cours d'année il y a des
possibilités de réaménagement pour faire des choses
à l'intérieur des ministères à vocation
économique. Vous avez mentionné, entre autres, le
ministère de l'Industrie et du Commerce et le ministère du
Commerce extérieur et du Développement technologique. Cependant,
après avoir passé à travers l'étude des
crédits, en long et en large en tant que critique officiel de ces deux
ministères a vocation économique, l'un, le ministère de
l'Industrie et du Commerce s'est vu amputé d'environ 20 000 000 $ cette
année et l'autre, le ministère du Commerce extérieur,
c'est d'environ 20 % de son budget, soit de plus de 1 000 000 $.
Dans les deux cas, les ministres concernés, à
l'étude des crédits, donc avant le dépôt du budget,
nous disaient qu'il y aurait possiblement d'autres mesures annoncées
pour donner suite aux engagements et aux promesses électorales. Je
comprends les explications, même si je ne suis pas d'accord, étant
donné la situation financière du Québec, j'en ai fait part
largement hier. Cependant, ce que je redis à cette commission et au
ministre des Finances c'est essentiellement que, lorsqu'on veut faire marcher
la roue de l'économie ou l'activer davantage et qu'on veut avoir des
retombées économiques, il faut d'abord et avant tout avoir des
mesures stimulantes pour l'entreprise. On ne le fait pas parce qu'on a mis une
nouvelle taxe. Donc, ce n'est pa3 tellement stimulant. Dans le cas des
nouvelles entreprises, la formule qu'on a mise de l'avant coûtera
très peu au gouvernement et aura très peu d'impact,
essentiellement parce que les nouvelles entreprises ne font pas de profits les
premières années. Ce n'est pas là vraiment qu'on peut
aller stimuler.
Ces mêmes sommes d'argent ou des
sommes additionnelles auraient pu être mises dans des programmes
de mise sur pied de centres d'incubation d'entreprises qui sont en attente
actuellement - il devait y avoir des budgets importants là-dessus - et
aussi dans les programmes bourses d'affaires qui permettent d'avancer des
prêts à des jeunes qui veulent partir en affaires. Actuellement,
on en refuse et le montant maximum est arrêté à 25 000
$.
À titre indicatif, je dis tout simplement au ministre des
Finances qu'il y aurait certainement lieu d'envisager, dans le prochain budget,
des mesures de ce côté-là parce que cela n'est pas,
contrairement à ce qu'on peut penser dans le cas d'autres
ministères, des dépenses. Ce sont, dans ce cas-là, des
stimulants qui deviennent des investissements. Pour chaque dollar qui est mis
à l'intérieur de ces ministères pour ces fonctions
particulières, on risque d'avoir un retour, sur l'investissement de ces
dollars, à très court terme, soit dans l'année ou dans les
trois ans qui suivent. Je trouve un peu dommage, surtout étant
donné le discours qui avait été tenu, qu'on ne retrouve
rien là-dessus et je le déplore.
En terminant, parce que cela sera probablement la dernière
intervention que j'aurai à faire vu que j'ai d'autres collègues
qui doivent intervenir, j'aimerais tout simplement mentionner qu'à la
suite de l'explication que le ministre des Finances m'a fournie hier soir
concernant le trou ou la trouvaille des 1 500 000 000 $ ou des 1 700 000 000 $,
parce que les chiffres variaient, je pense que j'ai fait la
démonstration qu'année après année - le ministre
l'a reconnu - il y avait des impasses budgétaires d'environ 1 000 000
000 $. Ce n'est pas une surprise et cela avait été contenu par
l'ancien gouvernement. Je ne dis pas que les finances publiques étaient
en excellente santé. Je ne suis pas sûr qu'elles vont être
en excellente santé dans un an, deux ans ou trois ans. Ce sont des
situations difficiles.
Cependant, le ministre des Finances devra reconnaître qu'il y a
eu, au cours de la dernière année, en plus de l'impasse
budgétaire habituelle dans laquelle se trouvait le gouvernement, le cas
d'Hydro-Québec qu'il a lui-même, d'ailleurs, je pense, reconnu. Ce
n'était pas une surprise. C'est bien sûr que, lorsqu'on a un
manque à gagner de l'ordre de 300 000 000 $, 400 000 000 $ ou 500 000
000 $ dans ce qu'on avait pu escompter comme étant une entrée
venant d'une société d'État aussi importante, les 500 000
000 $, on ne les a pas parce que les circonstances font - c'est en dehors de
toute politique - que les revenus ne sont pas entrés à
Hydro-Québec, donc on n'a rien pu verser en fin d'année, au
gouvernement, comme dividendes.
C'était un fait connu en cours d'année et un fait connu en
période électorale. C'est bien sûr que cela faisait partie
du trou. Ce que je veux dire, c'est que c'est complètement en dehors du
contrôle de n'importe quel gouvernement; au même titre que le
ministre des Finances, à la fin de l'année ou au mois de mars
l'année prochaine, va peut-être se rendre à
l'évidence que, dans les 425 000 000 $ qu'il entend escompter des ventes
des sociétés d'État, peut-être qu'il va arriver
à la fin avec des résultats qui seront beaucoup moindres et il
dira: Bon, on n'a pas réussi à les vendre. On n'était pas
pour faire des ventes de feu. Ce que je veux dire, c'est qu'on escompte des
revenus et, lorsqu'il y a un manque à gagner, ce sont des choses
auxquelles il faut faire face.
Quant à moi je demeure convaincu qu'il n'y avait pas un trou
aussi béant que cela. Il y avait des choses désagréables
qu'on pouvait trouver et qui n'étaient intéressantes pour
personne, sauf qu'il n'y avait pas de surprise tout à fait nouvelle ou
de mauvaise administration. C'était un fait connu qu'il y avait une
situation serrée, entre autres le cas des revenus anticipés
d'Hydro-Québec qui n'ont pas pu se réaliser pour les raisons
qu'on connaît.
Je dis aussi au ministre que j'ai apprécié l'exercice que
j'ai fait, les réponses que j'ai pu obtenir et la
sérénité avec laquelle on a pu répondre à
mes questions. Même si je ne suis pas en accord, j'ai
apprécié le respect qui a pu être porté à
cette commission, en tout cas vis-à-vis de mes propos. Je vous
remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Pour relever les derniers propos du
député de Bertrand, je dois lui rappeler que cela se fait
toujours avec la même sérénité et que j'accepterai
les critiques du député de Bertrand si elles sont faites comme
elles ont été faites, c'est-à-dire avec les erreurs
qu'entraînent inévitablement la partisanerie, mais avec une
objectivité apparente, du moins, et une recherche authentique des faits.
(10 h 30)
Cela dit, enveloppé comme je l'ai pu, je voudrais à ce
moment-ci passer à certains points qui ont été
soulevés dans les dernières remarques du député de
Bertrand. Tout d'abord, le député prétend que la mesure
qui a été mise de l'avant par le budget comporte deux aspects
qu'il a soulignés. C'est là, je crois, qu'il fait erreur.
D'abord, il dit: D'habitude, ces sociétés ne font pas de profits
durant les trois premières années de leur existence. À ce
moment-là, il oublie un facteur important, volontairement ou non, c'est
que ce n'est pas seulement la taxe sur
les profits qui est l'objet d'une exemption dans le budget, mais
également la taxe sur le capital qui était un fardeau pour la
nouvelle entreprise, quels que soient ses profits ou ses pertes. Je pense que,
à ce moment-là, on touche réellement une mesure pour aider
l'entreprise naissante, et cela pour trois ans.
Deuxièmement, il y a une autre exemption qui touche la
contribution au fonds des services de santé. C'est une somme assez
importante pour une industrie naissante et elle est exemptée encore
là, de cette contribution. Pour être absolument juste et, en
même temps, objectif, je crois qu'il faut souligner ces aspects de cette
mesure qui, à mon avis, devraient être très
bénéfiques pour l'industrie naissante et, possiblement, provoquer
plus de mises au monde de nouvelles entreprises.
Il y a une autre chose que le député a mentionnée.
Il a fait référence à un tableau des revenus du
gouvernement où on voyait que, pour 1986-1987, la mesure ne
coûterait, si je me rappelle bien, que 5 000 000 $. Je pense qu'il faut
bien comprendre que ce n'est pas cette somme qui correspond à ce qui
existes, normalement, lorsque le programme aura pris sa vitesse de
croisière. Ce n'est pas 3 000 000 $, 4 000 000 $ ou 5 000 000 $. Il est
entendu que, pour voir combien cela peut coûter, il faut bien comprendre
que c'est surtout dans les années où normalement ces impôts
auraient été payés. L'impôt sur le revenu, par
exemple, il ne vient que plus tard. L'impôt sur le capital et les
contributions au fonds du service de santé, oui; mais, l'impôt sur
le revenu va normalement être senti, si vous voulez, dans l'année
suivante. Nous sommes au mois de mai, au moment du budget. Les entreprises qui
veulent bénéficier de cela ne démareront pas toutes le 2
mai. Il faudrait être assez optimiste pour penser que tout le monde va
commencer en même temps.
Donc, on ne peut pas juger du coût d'un programme dans les
premiers mois de sa mise en oeuvre. Je crois, cependant, que le chiffre de 28
000 000 $ est plus réaliste. On verra, parce que c'est très
difficile de pouvoir mettre un chiffre exact sur quelque chose qui ne
dépend pas de nous, mais qui dépend des utilisateurs ou des
décideurs ou des promoteurs ou des entrepreneurs. De toute façon,
c'est une prévision qui a été faite avec les meilleures
données disponibles. Nous croyons, lorsque le programme aura pris sa
vitesse de croisière, qu'il coûtera un minimum de 28 000 000 $
à l'État.
Le député de Bertrand est revenu à la charge. Je
vois que je ne l'ai pas convaincu hier. On pense qu'on a tout
réglé. On dit: Bon, il a très bien compris. Il est parti.
Il va dormir là-dessus et le lendemain, il va revenir...
M. Parent (Bertrand): Je n'ai pas dormi de la nuit, M. le
ministre.
M. Levesque: Vous n'avez pas dormi de la nuit? C'est pour cela
que la nuit n'a pas porté le conseil qu'elle apporte d'habitude.
Mais je répète simplement, pour les fins du Journal des
débats, que, lorsque l'on parle de l'impasse à laquelle faisait
face l'ancien gouvernement, on doit se rendre compte que la moyenne de
1980-1981 à 1985-1986 était d'environ 600 000 000 $, si l'on
prend les 2 345 000 000 $ et qu'on en soustrait 1 692 000 000 $. C'était
la moyenne de l'impasse annuelle avant les dépenses
discrétionnaires du gouvernement. C'était l'impasse. Cela se
compare avec notre propre impasse au montant de 1 505 000 000 $.
Si vous voulez faire le calcul autrement, vous ajoutez, d'une part, la
moyenne des dépenses discrétionnaires de l'ancien gouvernement et
vous arrivez à une impasse de 971 000 000 $. Si vous prenez la
même méthode, vous arrivez à l'impasse de 1 700 000 000 $
environ, qui était l'impasse à laquelle nous devions faire
face.
Je répète que l'impasse à laquelle nous devions
faire face en 1986, pour l'année 1986-1987, était au moins du
double de la moyenne de l'impasse à laquelle l'ancien gouvernement
devait faire face. Évidemment, cela s'est révélé,
lorsque les chiffres ont été connus du gouvernement et non du
public, au mois de mai 1985. On a retrouvé alors tous les
éléments qui ont amené cette différence dans
l'impasse de 1 500 000 000 $ qui s'ajoutaient aux 3 000 000 000 $ qui
étaient devenus le "déficit normal", entre guillemets, de
l'ancien gouvernement.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, est-ce que vous
pourriez, s'il vous plaît...
M. Levesque: Conclure?
Le Président (M. Lemieux): ...conclure, oui.
M. Levesque: M. le Président, j'ai conclu.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Levesque: J'y reviendrai.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verchères, le député de Sainte-Anne avait
déjà demandé la parole. D'ailleurs, je vous avais inscrit,
M. le député de Verchères, après le
député de Sainte-Anne. M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. J'ai
deux petites questions à adresser au ministre des Finances, mais
avant je voudrais faire quelques remarques préliminaires.
M. Levesque: M. le Président, excusez-moi.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: J'ai une correction pour les fins du Journal des
débats. La taxe sur le capital, l'impôt sur les profits, en effet,
c'est comme je vous l'ai dit tout à l'heure, sauf que mon enthousiasme
m'a amené à parler des contributions au fonds des services de
santé. Ils ne sont pas exemptés.
M. Parent (Bertrand): Ils ne sont pas exemptés.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que cela complète
votre réponse, M. le député de Bertrand?
M. Parent (Bertrand): Oui, cela va.
M. Levesque: Excusez-moi, mais c'est parce que la
vérité à ses droits et doit, à un moment
donné, avoir préséance sur la procédure.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre
des Finances.
M. Parent (Bertrand): Sur cette question, si vous le
permettez...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): ...j'étais pour revenir à la
charge parce que cet aspect me semblait un petit peu erroné. D'ailleurs,
j'aimerais, pour les membres de cette commission et le ministre, faire
référence à un article du journal Finance, qui a paru il y
a quelques jours le 12 mai. On y parle des conséquences pour les
sociétés. C'est un travail qui est très bien fait et qui
est quantifié. Il serait peut-être bon, s'il y en a qui
désirent en prendre connaissance, de se procurer le journal Finance du
12 mai, "Le budget du Québec et ses conséquences pour les
sociétés". On y quantifie exactement l'impact sur les petites et
moyennes entreprises. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Comme vous nous l'offrez, M. le
député de Bertrand, il y aurait peut-être
possibilité d'en faire faire une photocopie pour les membres de cette
commission et on le distribuera non pas pour fins de dépôt, mais
simplement pour fins de distribution. M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. Comme je le disais, j'ai
deux petites questions pour le ministre des Finances et avant cela, quelques
remarques préliminaires. Je suis désolé que le
député de Lévis ne soit pas ici ce matin parce que
j'aurais dit exactement la même chose en sa présence que je dirai
maintenant en son absence. J'espère qu'il va lire les Débats;
sinon, j'espère que ses consoeurs et confrères vont lui
transmettre le contenu de mes quelques paroles.
J'ai suivi, M. le Président, le débat sur le budget
dès le début, c'est-à-dire à partir du discours du
ministre des Finances jusqu'à maintenant. J'étais
également là quand le député de Lévis a fait
sa réplique. Vraiment, quand M. Dubuc, dans la Presse, a, d'une
manière dévastatrice, interprété les paroles du
député de Lévis, je pense que le public n'est
peut-être pas au courant de ses critiques. C'est important qu'on le sache
parce que, personnellement, j'étais là. Quand M. Dubuc parle de
demi-vérités, j'étais là quand le
député de Lévis a, justement, dit ces
demi-vérités. C'est très grave.
L'article de M. Dubuc dit, et je le cite textuellement: "Le discours -
il parle du discours du député de Lévis - était un
exercice disgracieux de démagogie truffé de faussetés et
de demi-vérités". Je reviens aux demi-vérités parce
que le député de Lévis a dit, quand il a parlé de
la déduction pour revenus d'intérêt, que la fameuse somme
de 1000 $ était maintenant réduite à 500 $. Il a dit une
demi-vérité parce qu'il a pris la moitié de ce qu'on a
dit. Le ministre des Finances a vraiment dit que la somme de 1000 $ allait
être réduite à 500 $. C'est la demie de sa formule. L'autre
demie, c'est concernant les personnes âgées: qu'elles soient
rassurées, elles ne seront pas pénalisées parce que les
gens qui sont à la retraite et qui ne reçoivent pas de revenus de
travail sont exemptés.
Quand le député de Lévis a parlé, il n'a pas
mentionné cela. C'est une demi-vérité parce que la
vérité existait en deux parties. La moitié et la
moitié, ensemble, cela fait un. C'est grave parce que j'étais, en
fin de semaine, devant un groupe de personnes âgées de mon
comté qui m'ont posé des questions sur le budget, à savoir
ce que j'en pensais, mes impressions. Elles ont dit: Cette histoire de 1000 $
fait mal. Pour le reste, on est très content, il y a de belles choses,
on n'a pas touché à nos meubles, à nos vêtements,
etc. On comprend bien la situation financière du gouvernement, sauf pour
ce qui est de cette somme de 1000 $ réduite à 500 $. Elles
étaient vraiment déçues. Je leur ai demandé: Sur
quoi vous basez-vous pour dire cela? Elles m'ont répondu: On a
écouté le discours de M. Garon à la
télévision, dans notre petit club. Elles ont entendu la
demi-vérité. Heureuse-
ment, j'étais là pour justifier l'affaire, pour donner
l'autre demi-vérité et leur dire: Vous, vous êtes
exemptés.
C'est grave, M. le Président, quand un député de
l'Opposition ne dit pas la vérité. Le public, les usagers se
fient sur nos paroles. Il aurait pu critiquer et dire: Je n'aime pas l'approche
du ministre des Finances concernant la déduction. Je suis d'accord avec
cela, c'est son droit de le faire, mais pas une demi-vérité, pas
dire 1000 $. Les personnes âgées, on vous met encore cela sur le
dos parce que ce n'est pas vrai, c'est une demi-vérité.
Une autre demi-vérité aussi grave -j'étais
là quand il l'a dite - c'est la fameuse taxe de vente sur l'huile
à chauffage et le gaz naturel. J'étais là quand le
député de Lévis a dit: C'est encore sur le dos des plus
démunis; on impose maintenant 9 % de taxe de vente sur l'huile à
chauffage et le gaz naturel. C'est une demi-vérité parce qu'il
n'avait qu'à lire le paragraphe suivant du ministre des Finances
où il dit exactement: Cependant, il y a une protection pour les
personnes à faibles revenus. Il explique cela. Ma question va être
basée là-dessus.
M. le Président, c'est une autre preuve, une autre
déclaration. On reçoit des requêtes de gens du comté
qui nous appellent et se plaignent. La semaine dernière, j'ai
déposé une requête comme celle du député de
Verchères, ayant presque le même contenu. Je leur ai
expliqué de quoi il s'agit. J'ai tenté objectivement d'expliquer
cela. Ils ont de fausses impressions parce qu'ils se basent sur une
déclaration qui était fausse, qui était erronée et
qui est une demi-vérité. Je l'aurais dit devant le
député de Lévis, mais il est absent. Je prends cela
très au sérieux. (10 h 45)
M. le Président, je dois vous dire en même temps que je
suis content de constater que, parmi les nouveaux députés de
l'Opposition, le style des députés de Chicoutimi et de Bertrand
est tout à fait différent. Ils sont membres de cette commission,
je les ai vus agir ici depuis le début et je dois vous dire que leur
critique est objective. Je respecte leurs points de vue. Je ne peux pas
être toujours d'accord avec leurs thèses, mais au moins ils font
leur travail comme j'ai tenté de le faire quand j'étais dans
l'Opposition. Heureusement, Il y a une grande distinction, quant à moi,
entre ces deux types d'oppositions.
Ayant dit cela, j'aurais juste deux petites questions à poser au
ministre des Finances. Les personnes âgées m'ont demandé si
quelqu'un qui prend sa préretraite à 62 ou 63 ans - il ne
travaille donc plus - bénéficie aussi de cette exemption de 500
$. Il y en avait qui pensaient que cela commençait seulement à
l'âge de 65 ans. Je n'ai peut-être pas compris. Ceux qui ont pris
leur retraite volontairement par anticipation, est- ce qu'ils sont
traités de la même manière?
Ma deuxième question porte sur l'exemption de la taxe de vente
sur l'huile à chauffage et le gaz naturel. Vous dites à la page
21 du budget: "Lors de la prochaine révision des barèmes d'aide
sociale, il sera tenu compte d'un montant annuel de 15 $ par adulte et de 6 $
par enfant." J'ai tenté de faire un peu le calcul, mais je n'ai
peut-être pas bien compris: 15 $ pour une personne adulte, si je prends
le taux de la taxe de vente de 9 %, cela veut dire que, pour un capital de 160
$ à 9 %, cela donne 15 $. Est-ce qu'on donne l'exemption juste pour 15 $
à cette personne? Je comprends que, pour une famille avec des enfants,
il y a tant de 6 $ par enfant, mais le montant total dans une famille, est-ce
que ce sera plus ou moins l'équivalent de ce qu'auraient
été les 9 % sur leur compte final de chauffage? Je ne sais pas
quelle formule a été prise, parce qu'on aurait peut-être
aussi pu dire: Voici, produisez avec votre déclaration d'impôt
votre compte de chauffage payé. C'est vrai que c'est beaucoup plus
compliqué au point de vue des vérifications. Mais la formule
qu'on prend, les 15 $ et les 6 $, selon le calcul de vos officiers du
ministère, est-ce que cela approche plus ou moins de ce qu'on
connaît comme étant le montant total du chauffage? Ce sont les
deux petites questions auxquelles j'aimerais avoir des réponses pour les
transmettre à mes commettants.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Sainte-Anne. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je remercie le député de Sainte-Anne
pour son exposé. Il est important de rétablir certains faits.
Quelquefois, l'enthousiasme peut amener l'un ou l'autre des opinants à
faire un plaidoyer en oubliant certains éléments. Cela peut se
voir devant les tribunaux. On voit qu'il y a des avocats qui plaident
très bien la cause de leur client, mais oublient, évidemment, de
mentionner ce qui pourrait ne pas tellement aider sa cause. C'est un peu ce qui
se passe souvent dans les débats d'où la partisanerie n'est pas
absolument exclue et où on fait ressortir certains points en en omettant
certains autres.
Quel que soit le temps que l'on passe ici à l'Assemblée
nationale, on s'aperçoit que c'est un peu toujours le même jeu qui
se joue. Mais grâce à cette confrontation et à ces mises au
point, finalement la vérité a ses droits et finit par ressortir.
C'est ce qui fait la valeur du parlementarisme et des échanges qui se
font à l'Assemblée nationale et en commission. Ce serait trop
beau de voir un député - cela peut arriver mais ce n'est pas la
règle générale qui fait la part des choses et plaide aussi
bien la cause de
l'un et de l'autre en faisant ressortir les arguments pro et les
arguments contra, et arrive à une conclusion. Mais il ne faut pas trop
en demander, je pense bien, et je félicite le député de
Sainte-Anne d'avoir apporté un éclairage qui fait que maintenant
nous avons les deux côtés de la médaille. Il restera au
public de porter son jugement.
Pour répondre aux deux questions du député de
Sainte-Anne, prenons tout d'abord les déductions pour
intérêts et dividendes et les déductions pour revenus de
retraite. La question du député, c'est: Est-ce qu'il faut avoir
65 ans pour ne pas être affecté par la mesure, autrement dit pour
être exempté des effets de la mesure qui diminue de 1000 $
à 500 $ la somme en question? Ce que le budget disait, c'était
que, pour les personnes à la retraite n'ayant pas de revenus de travail,
il n'y a pas de changement. Ces personnes peuvent continuer à profiter
de l'exemption de 1000 $. Mais qu'est-ce qu'est une personne a la retraite? La
définition que nous avons de cette personne, c'est 65 ans ou plus dans
l'année, ou si elle reçoit une pension de vieillesse, ou
reçoit une allocation au conjoint, ou reçoit un supplément
de revenu garanti, ou reçoit un revenu de retraite admissible a la
déduction pour revenu de retraite. Vous voyez que ce n'est pas le seul
critère de 65 ans qui est en jeu. Cette définition est
très large et elle inclut un plus grand nombre de personnes que
l'interprétation restrictive qu'on pourrait lui donner.
Taxe sur l'huile à chauffage et le gaz
naturel
Quant à la question touchant les gens qui reçoivent une
compensation à la suite de l'imposition de la taxe de vente sur l'huile
à chauffage, le gaz naturel, etc., ces mesures compensatoires ont pour
but, évidemment, de ne pas pénaliser des ménages à
faible revenu. Les mesures qui entreront en vigueur le 1er janvier 1987
touchent, premièrement, les bénéficiaires de l'aide
sociale, la compensation de 15 $ par adulte et de 6 $ par enfant à
charge lors de la détermination du niveau des barèmes d'aide
sociale pour l'année 1987. Ceci va se faire en même temps que
l'indexation et tout ce qui entre dans la détermination du niveau des
prestations d'aide sociale. Je ne suis pas un expert en la matière, mais
on m'a dit qu'on tenait compte dans les prestations d'aide sociale du fait que
l'électricité était taxée. On va maintenant tenir
compte du fait que l'huile à chauffage et le gaz naturel sont
également maintenant taxés.
Un instant, on m'apporte quelque chose. En effet, auparavant
l'électricité était la seule forme d'énergie
taxée. Cette taxe, qui représentait en moyenne 50 $ par logement,
était compensée par le crédit de taxe de vente et par les
prestations d'aide sociale pour les familles à faible revenu. En 1986
-c'est un autre chiffre que je peux vous donner qui intéresse
peut-être le député de Verchères - un ménage
de deux personnes dépense en moyenne 875 $ annuellement pour chauffer
son logement. La taxation de l'ensemble des formes d'énergie
représente un montant annuel moyen par logement de 79 $ en taxe de
vente. Il ne faut pas oublier que, lorsque les prestations d'aide sociale sont
déterminées et versées, elles sont versées douze
mois par année. Vous savez que le chauffage est probablement plus
élevé en hiver qu'en été. Cependant, c'est la
moyenne sur l'ensemble de l'année.
Est-ce qu'il y avait d'autres questions? Ah oui! Pour les personnes
âgées de 60 ans et plus, la hausse de 15 $ par conjoint admissible
du montant additionnel de 85 $ prévu dans le remboursement d'impôt
foncier. Celui-ci passera donc de 85 $ à 100 $ par conjoint admissible
en 1987.
Quant aux travailleurs à faible revenu, eux aussi sont
compensés par une hausse du crédit de taxes à la
consommation de 15 $ par conjoint et de 6 $ par enfant en 1987. Ainsi, le
crédit par conjoint passera, en 1987, à 84 $ et à 29 $ par
enfant. Ce crédit s'applique aux travailleurs a faible revenu qui ont
des revenus supérieurs au seuil d'imposition nul.
Il serait peut-être bon d'ajouter, pour ceux qui veulent prendre
des notes, que, selon les dernières comparaisons qui ont
été faites avec l'Ontario - ce ne sont pas les chiffres de cette
année, mais lorsque cette comparaison a été faite, et j'en
ai parlé dans mon document du 5 mars dernier - le Québec
accordait pour un couple ayant deux enfants de six à onze ans une aide
totale de 20 % supérieure è celle que l'Ontario accordait pour un
tel ménage, soit une aide de 11 008 $ au Québec comparativement
à 9 211 $ en Ontario. C'est bon de le noter. L'effort était
là et est toujours là pour aider les personnes les plus
démunies, qui ont le plus besoin d'aide de l'État. Je pense que
cela répond à la question, M. le député de
Sainte-Anne?
M. Polak: Oui, cela répond à ma question. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Le
député de Sainte-Anne m'a ouvert une belle porte. 11 y a, a-t-il
dit, les demi-vérités du député de Lévis.
Mais il y a des choses plus graves que les demi-vérités, c'est
pas de vérité du tout ou, finalement, une espèce de
couverture de la vérité à travers un langage qui est
différent de l'action. Je suis bien d'accord avec le
ministre des Finances que la vérité a ses droits. C'est
pour cela, d'ailleurs, que je voudrais reprendre un peu ses propos de la fin.
Curieux qu'il ait presque cité textuellement ce qu'il disait à la
page 12 de son discours sur le budget. Alors qu'il parlait des
réductions de dépenses, il nous disait: "La première
étape a été franchie lorsque mon collègue, le
président du Conseil du trésor, a présenté ses
prévisions de dépenses en mars dernier. L'objectif était
de contenir les dépenses de manière ordonnée, sans
pénaliser les clientèles les plus démunies." C'est le
discoure que le ministre a repris ce matin. C'était, d'ailleurs,
également le discours électoral du ministre et de ses
collègues, entre autres, en ce qui concerne les plus démunis,
à l'égard de l'aide sociale où on nous disait que le Parti
libéral du Québec proposait un programme d'aide sociale plus
juste: "maintient l'aide sociale et plus". Le problème, M. le
Président, c'est cela. C'est la conciliation entre le discours et
l'action, entre la parole et l'acte.
Je voudrais signaler un certain nombre d'éléments qu'on
retrouve dans ce discours et dans l'action gouvernementale, et qui font partie
également du budget du gouvernement, parce que c'est le budget des
dépenses et des revenus.
Le budget face aux promesses
électorales
Prenons un certain nombre de mesures et voyons si elles sont conformes
à ce que le ministre vient de nous répéter ce matin et
qu'il nous a affirmé très solennellement dans son discours sur le
budget, et si elles sont conformes à leurs engagements
électoraux. (11 heures)
Tout d'abord, on a dans ce budget une désindexation trimestrielle
de l'aide sociale qui va permettre au ministre des Finances d'empocher 31 000
000 $ cette année. Ce qui est choquant pour les gens, c'est que cette
économie a été faite sur le pouvoir d'achat des
assistés sociaux, mais que le gouvernement l'a présentée
comme une économie bureaucratique, administrative, comme si
c'était très compliqué et que cela coûtait 31 000
000 $ par année d'indexer à tous les trois mois les
chèques d'aide sociale. À cet égard, je rappellerai au
ministre des Finances, qui n'était probablement pas en Chambre à
ce moment-là, qui n'était pas à la commission
parlementaire lors de l'étude des crédits, que l'on a
déposé à la commission parlementaire des crédits
différents tableaux qui ont fait la démonstration que le pouvoir
d'achat des personnes qui sont à l'aide sociale, les plus
démunies, pour reprendre l'expression du ministre, a été
affecté, pour des sommes variant de 33 $ pour les gens de moins de 30
ans qui n'ont pas d'enfant à charge, à 153 $, pour une
année, c'est-à-dire presque suffisamment d'argent pour faire deux
semaines d'épicerie, pas deux semaines d'épicerie du ministre des
Finances, peut-être pas celles du député de
Verchères, mais certainement de beaucoup de familles du
Québec.
M. Levesque: Parlez donc du député de Lévis
quand vous parlez d'épicerie, M. le député.
M. Charbonneau: Cela pourrait être le député
de Lévis, également, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Regardez-mot là.
M. Charbonneau: Cette démonstration, elle a
été, entre autres, commentée par un éditorialiste
du Devoir, M. Jean Francoeur, qui disait: "De même, le gouvernement du
Québec, en renonçant à l'indexation trimestrielle de
l'aide sociale, se trouve à décréter une baisse
légère, mais non moins réelle - légère, cela
aussi, cela dépend du point de vue où l'on se place; du point de
vue du journaliste du Devoir que j'ai été, moi aussi, c'est
peut-être "légère" - de la somme annuelle des prestations
touchées par les assistés sociaux. M. Jean-Pierre Charbonneau -
votre humble serviteur, M. le ministre des Finances - porte-parole de
l'Opposition péquiste, en a fait une démonstration
irréfutable la semaine dernière en commission parlementaire."
Cela, c'est pour l'indexation trimestrielle. On retrouve, également,
dans le budget, la perte de l'allocation de disponibilité pour les
mères de famille. Encore là, quand on sait le nombre de femmes au
foyer qui sont responsables d'enfants, qui sont une famille monoparentale, qui
sont contraintes de vivre de l'aide sociale, on sait que cette mesure les
affecte directement dans leur pouvoir d'achat.
L'augmentation que le ministre n'a pas annoncée - c'est, en fait,
le non-respect d'un engagement - de la prime scolaire pour les gens de l'aide
sociale. Je comprends que le ministre n'a pas l'air trop au courant, mais dans
ce cas-là je le réfère à ses collègues. Le
Parti libéral, et cela est une annonce électorale, s'était
engagé à augmenter la prime scolaire de 35 $ à 100 $.
Quand on fait le calcul de tout ce que cela coûte à une famille
pour les effets scolaires, on se rend compte que les besoins sont plus grands
que ce qui est compensé par le gouvernement. Le Parti libéral
s'était donc engagé à compenser pour que cela soit plus
juste. On ne retrouve rien dans le discours sur le budget à cet
égard-là, tout comme on ne retrouve rien sur l'ajustement du
revenu de travail admissible pour les assistés sociaux,
autre engagement que le ministre, par solidarité avec son
programme politique électoral et le programme de sa formation, avait
également pris. Le non-ajustement du revenu de travail admissible pour
les assistés sociaux. Vous savez que les assistés sociaux ont le
droit de travailler, ils ont droit à avoir un montant qui n'affecte pas
leur prestation d'aide sociale jusqu'à un montant X et vous vous
étiez engagé à réviser cela à la hausse.
La taxe sur l'huile à chauffage et le gaz. J'étais content
de voir le député de Sainte-Anne. Je regardais le ministre
c'était la première fois ce matin qu'il avait l'air un peu plus
mal à l'aise. Il frétillait un peu sur sa chaise. Il cherchait
ses papiers. Il jouait avec ses lunettes et je comprenais bien pourquoi.
Finalement, la réponse qu'il a donnée au député de
Sainte-Anne, c'est qu'il n'a pas été capable d'établir que
la compensation qu'il a annoncée dans son discours sur le budget est
suffisante pour compenser la perte. Le ministre a oublié, dans les
chiffres qu'il a indiqués, les chiffres standard de ses fonctionnaires
de l'appareil administratif, que les logements pour les personnes qui sont
à l'aide sociale ne sont peut-être pas aussi bien isolés
que le sien ou le mien ou celui du député de Lévis et
qu'en conséquence cela coûte beaucoup plus cher de chauffage par
année, que le coût du chauffage va être beaucoup plus
considérable et, donc, que la perte, à cause de la taxation de
l'huile à chauffage et du gaz, va être plus grande que la
compensation de 15 $ par adulte, par année, et de 6 $ par enfant, par
année, que le ministre a annoncée.
Je ne parlerai pas longuement de la tarification et de la
désassurance d'un certain nombre de services, entre autres - je suis
convaincu que mon collègue, le député de Gouin, va y faire
allusion - les 8 000 000 $ pour services dentaires, les 75 000 000 $ de
services gouvernementaux qui vont être, maintenant,
défrayés par les contribuables, y compris par les gens de l'aide
sociale. Le ministre ne nous a donné aucune garantie, par exemple, sur
l'aide juridique, sur les tarifs d'immatriculation, sur les services de
santé, sur les services éducatifs et, finalement, sur tous les
éléments que le gouvernement va utiliser pour aller chercher ces
75 000 000 $. Il ne nous a donné aucune garantie, dans son discours sur
le budget, que les gens les plus démunis - pour reprendre son expression
- vont être protégés et exempts de ces frais, de ces
tickets modérateurs ou de ces charges que l'État va imposer
à des services publics.
On ne parlera pas, non plus, de la coupure aux prêts et bourses
aggravée par des mesures que les universités prennent
elles-mêmes, notamment l'Université de Montréal. C'est
clair que, quand on a recours aux prêts et bourses, on est plutôt
dans la catégorie des plus démunis que dans celle des plus
favorisés de notre société.
On pourrait parler de la diminution de l'exemption des revenus
d'intérêts dont on a déjà parlé abondamment.
Encore là, cela affecte.
On pourrait également parler de l'augmentation des tarifs
d'électricité. Encore là, il n'y a aucune protection pour
les plus démunis, contrairement au discours du ministre.
Il n'y a pas, non plus, d'indexation ou de modification - le ministre
nous Fa annoncé - quant aux fonds qui sont accordés aux
organismes bénévoles qui consacrent leur temps et leur
énergie à aider les plus démunis dans notre
société, les personnes en difficulté.
On ne parlera même pas de la taxe sur l'essence. Finalement, quand
on regarde cela, c'est la raison pour laquelle on a fait cette double critique,
M. le Président; d'abord, une critique à l'égard du choix
politique que le ministre des Finances et ses collègues ont fait,
c'est-à-dire d'affecter à la baisse les revenus des plus
démunis de notre société et de ne pas pénaliser les
gens è revenus élevés, contrairement au discours.
C'est le deuxième élément de notre critique et de
notre reproche. Il y a le choix que l'on ne partage pas, mais il y a la
présentation de ce choix qui est pire que les demi-vérités
que le député de Sainte-Anne reprochait au député
de Lévis. Il n'y a pas de vérité du tout. C'est dire aux
gens que leur pouvoir d'achat est respecté, que le gouvernement se
préoccupe des plus démunis de notre société, que le
gouvernement va respecter ses engagements électoraux et plus, que les
gens qui retirent l'aide sociale vont avoir plus avec le gouvernement
libéral et constater que, finalement, toute une série de mesures
qui sont directement dans le budget du ministre, dans le budget des revenus et
dans le budget des dépenses, vont affecter et affectent
déjà le pouvoir d'achat.
Le gouvernement nous a dit qu'il était prêt è donner
3,5 % d'augmentation aux fonctionnaires. II voudrait que les
députés s'imposent le même taux d'augmentation. Est-ce que
le ministre des Finances pourrait nous dire s'il serait d'accord pour respecter
l'engagement électoral de ne pas pénaliser -et ce sont les propos
de son discours sur le budget, à la page 12, qu'il a
répétés ce matin - les clientèles sociales les plus
démunies, de revoir un certain nombre de mesures que son discours
contient et d'accepter d'accorder, par exemple, dans le but d'un maintien du
pouvoir d'achat pour les plus démunis, les mêmes barèmes
qu'il est prêt à consentir pour les employés du secteur
public ou pour les députés de l'Assemblée nationale?
Autrement, on est obligé de constater qu'il y a deux discours. Il
y a un discours, mais un discours camoufleur et il y a des actions
gouvernementales qui ne correspondent pas à ces propos.
Voilà, M. le Président, les premières remarques. Je
voudrais ajouter, parmi les mesures dont j'ai parlé et qui contredisent,
finalement...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Verchères. M. le député de
Papineau, je vais permettre, même s'il a dix minutes, au
député de Verchères de continuer. Je l'ai fait à
certaines occasions pour le groupe parlementaire des députés
ministériels. Je pense que ce n'est pas exagéré que de le
permettre au député de Verchères. Vous pouvez continuer,
M. le député.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président, je n'abuserai pas.
Je termine et je pense que le ministre des Finances pourra répliquer. Je
le connais assez pour savoir qu'il a très hâte de le faire.
J'ajouterais simplement aussi la perte, pour 1985, du crédit
d'impôt foncier. Le ministre des Finances, comme s'était
engagé à le faire le gouvernement précédent, va
compenser pour 1986 l'équivalent de 96 $ par adulte et de 25 $ par
enfant. Mais, contrairement à l'ancien gouvernement, dans son discours
du mois de décembre qui est relié, finalement, à la
politique budgétaire -parce qu'il y a une cohérence, le ministre
nous l'a rappelé lui-même dans son discours sur le budget - pour
1985, on a oublié de donner les équivalences et là, il y a
une perte importante également pour les gens qui retirent les
prestations de l'aide sociale. Il y a une année où il y a comme
un trou, c'est 1985. On le reconnaît parce qu'en 1986, dans le discours
sur le budget, comme l'avait, d'ailleurs, annoncé M. Duhaime dans son
discours du mois d'avril l'an dernier, en 1985, le gouvernement
précédent n'avait pas décidé d'enlever l'exemption
pour 1985. Le gouvernement, très habilement, en douce, dans son discours
du mois de décembre, l'a fait, ainsi, en l'absence des
équivalences qui maintiendraient un peu la situation en termes de
pouvoir d'achat pour les plus démunis et, entre autres, pour les
assistés sociaux, encore là, les gens sont affectés.
Voilà en bref, M. le Président, ce que je voulais d'abord
dire aujourd'hui au ministre des Finances. Je reviendrai un peu après,
car j'ai quelques autres questions ou remarques.
Je pourrais peut-être demander au ministre, en conclusion, comment
il concilie son discours avec ses actions, comment Il concilie ses paroles avec
ses actions.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Verchères. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je suis un peu
déçu des propos tenus par le député de
Verchères. Je pensais que les propos que j'avais tenus juste avant son
intervention étaient de nature à l'inspirer. J'aurais
pensé qu'il aurait fait la part des choses, mais Il a continué
dans la bonne tradition partisane qui...
M. Charbonneau: J'ai eu un bon professeur, M. le ministre.
M. Levesque: Oui, probablement. Il n'est pas ici ce matin, mais
vous voulez le remplacer, d'accord. Je crois que la vérité a ses
droits et je crois qu'il est impartant de souligner avec quelle constance, tout
le long du discours sur le budget, il a eu cette préoccupation d'avoir
un souci clair, net, explicite pour les personnes les moins favorisées,
les plus démunies, pour les personnes à faible revenu, pour les
assistés sociaux, pour les personnes âgées. Chaque fois que
vous avez une mesure qui peut avoir la moindre séquelle, la moindre
conséquence négative, vous avez immédiatement un
paragraphe qui est là ou deux ou trois paragraphes du discours qui sont
là pour faire en sorte de protéger les personnes qui ne devraient
pas avoir à souffrir de ces mesures.
J'ai pris ces précautions dans le domaine de l'abolition de
l'exemption de la taxe de vente sur l'huile à chauffage et sur le gaz
naturel. On retrouve également dans les questions de revenus,
l'exemption de 1000 $ à 500 $ pour les revenus de dividendes,
d'intérêts, encore là, la même préoccupation
pour les personnes âgées, les personnes à la retraite. Je
pense qu'il aurait fallu que le député de Verchères
souligne ces faits.
Le député de Verchères avait commencé ses
propos en disant: Ce ne sont pas des demi-vérités, mais il y a
des choses qui doivent être dites. La vérité doit avoir ses
droits. Il n'avait pas fini de dire cela -je l'ai écrit, à moins
que les micros n'aient été défectueux - qu'il dit: On y
trouve, en parlant du discours sur le budget, la perte de l'allocation de
disponibilité. Comment a-t-il pu dire: On y trouve la perte de
l'allocation de disponibilité? Ce sont les mots que j'ai écrits.
Or, M. le Président, l'allocation de disponibilité n'a pas
été touchée par le budget de 1986-1987. (11 h 15)
Dans le discours que j'ai prononcé, j'ai simplement
mentionné qu'à la suite des augmentations des exemptions et
à la suite des recommandations éventuelles d'une politique
familiale il y aurait lieu de réexaminer certains aspects de
l'allocation de disponibilité, il y aurait lieu de réexaminer
cette mesure. C'est tout ce que j'ai dit et, tout de suite, la
vérité. Voyez-vous la
vérité? On y trouve la perte de l'allocation de
disponibilité. Je pense que c'est exactement le contraire de la
vérité.
Une voix: II est pire que le député de
Lévisi
M. Levesque: Je pense qu'il a pris des mauvaises habitudes. Je ne
sais pas si c'est contagieux, mais il faut faire attention.
M. Charbonneau: C'est en rencontrant le député de
Bonaventure, M. le Président.
M. Levesque: M. le Président, c'est un peu comme les
allocations familiales. Les allocations familiales, le député de
Verchères n'en parle pas tellement. Et pourtant, il faisait partie d'un
groupe ministériel qui, le 23 avril 1985, et cela dans le discours sur
le budget... Parlons des vérités et demi-vérités et
des choses qui passent un peu, d'une façon que je ne veux pas qualifier
pour garder des termes parlementaires. Mais on lisait dans le discours sur le
budget du 23 avril 1985, du temps de nos prédécesseurs, quelque
chose de réellement suave. On a parlé de machiavélisme ici
hier, mais écoutez cela. Je n'ai pas le texte, mais je me rappelle un
peu ce qu'il disait. Les allocations familiales seront maintenues. Très
bien! Mais il y a une petite phrase qui suit: Le montant de ces allocations
devra être ajouté à l'impôt autrement payable.
M. Charbonneau: C'est honnête!
M. Levesque: C'est honnête. Vous en avez fait...
M. Charbonneau: Vous avez fait la même chose.
M. Levesque: ...écho, l'année passée, de
cela?
M. Charbonneau: Vous avez fait la même chose.
M. Levesque: Simplement vous vous êtes dit: Les gens vont
s'en apercevoir seulement l'an prochain. Oui. On ne sera peut-être plus
au pouvoir. De fait, on a vu dans les journaux, récemment, que les gens
s'indignaient de voir qu'il fallait qu'ils ajoutent, dans leur impôt, le
montant de tous les chèques d'allocations familiales qu'ils avaient
reçus. Là, on dit: Cela doit être les libéraux,
ça. Pas un mot de l'Opposition, pas une question, M. le
Président. Ces gens ont gardé un silence complice. Tous ceux qui
ont même un dollar d'impôt è payer doivent ajouter
l'ensemble des allocations familiales reçues. C'était une
disposition! Ah! On a parlé de machiavélisme hier. Cela en est un
exemple. Je pense que là, la vérité a ses droits.
Là, il est important de la faire ressortir. Des personnes à
faible revenu qu'on veut défendre et qui ont à peu près,
disons, seulement 10 $ d'impôt à payer sont obligées
d'ajouter les sommes que leurs conjoints ont reçues au cours de
l'année au chapitre des allocations familiales.
On vous l'a dit l'an dernier. Je me rappelle encore les discours du
député de Vaudreuil-Soulanges, du député de
Notre-Dame-de-Grâce et d'autres députés de l'Opposition qui
faisaient le travail que vous essayez de faire aujourd'hui. Mais vous
êtes à vos débuts, cela va prendre un peu de recyclage.
À ce moment, en Chambre et en commission, on avait dénoncé
cette mesure. Mais cela n'a probablement pas traversé la rampe parce que
les gens ne s'en sont pas aperçu. Ils s'en sont aperçu au mois de
mars ou au mois d'avril cette année. Est-ce que cela a du bon sens? Le
gouvernement nous envoie des chèques d'allocations familiales tous les
mois. On reçoit cela, on dépense cela. On pense que c'est pour
aider les enfants, etc. On va acheter des choses avec cela, c'est normal. Mais
ce qu'on ne savait pas, c'est que ce bon gouvernement du Parti
québécois avait prévu que ces sommes devaient être
remises, ajoutées à l'impôt autrement payable. Là,
je vois qui se dandine sur sa chaise depuis tout à l'heure.
M. Charbonneau: Ah, mais j'ai assez hâte de vous
répondre! Est-ce que vous m'offrez maintenant de vous donner la
réplique?
M. Levesque: Je ne ferai pas souffrir davantage le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances, je
suis bien conscient des questions qui ont été posées par
le député de Verchères. Mais je veux simplement attirer
votre attention sur le fait que vous avez onze minutes de prises et, s'il y
avait Heu, pour compléter les réponses du député de
Verchères, d'essayer d'être le plus bref possible. Est-ce que j'ai
un consentement pour que le ministre continue à poursuivre ses
réponses?
M. Charbonneau: J'ai l'impression qu'il a fait le tour, parce
que, dans le fond, ma seule question, c'était comment il conciliait son
discours...
M. Levesque: Je n'ai pas fini, excepté...
M. Charbonneau: Ah, vous n'avez pas fini? Si le ministre est
indulgent avec moi après, cela ne me fait rien.
M. Levesque: Si vous voulez, je vais le
garder, parce qu'il va revenir probablement et je continuerai mon...
M. Charbonneau: D'accord, c'est une bonne approche.
M. Levesque: D'accord, je continuerai. Je suis très
discipliné, vous le savez. Du moment que vous dites que mon temps est
écoulé.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre,
vos conclusions sont très brèves.
M. Charbonneau: M. le Président, non seulement le ministre
est discipliné - on peut bien reconnaître cela - mais il est
habile. Il a été un de nos maîtres de ce
côté-ci. En le regardant aller pendant dix ans, on finit par
apprendre, surtout quand quelqu'un est là depuis 25 ou 3Q ans. Mais le
ministre, pour reprendre la question des allocations familiales est d'une
habileté qui l'amène à ne pas dire certaines choses, par
exemple, que, bien qu'il dénonçait abondamment cette mesure, elle
est réinscrite dans la loi 2 et il nous propose de la voter. Le ministre
maintient cette décision dans son discours sur le budget. Mais lui,
contrairement à M. Duhaime l'an dernier, n'en parle pas.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verchères, vous aurez l'occasion de revenir tout à l'heure, mais
je dois passer la parole au député de Papineau.
M. Charbonneau: M. le Président, j'avais demandé la
parole.
Le Président (M. Lemieux): Non, je m'excuse. M. le
député de Papineau avait demandé la parole avant vous et
c'est à la suite d'un échange que vous avez eu avec M. le
ministre des Finances que vous avez pris la parole. Je vous ai laissé
aller, puisque je croyais que c'était quelques remarques de courte
durée. Mais je dois donner la parole au député de
Papineau.
M. Levesque: M. le Président, étant donné
que le député de Verchères a avancé un argument,
permettez-moi juste de lui répondre en deux mots.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Papineau, vous le permettez?
M. Assad: Certainement.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Simplement sur la loi 2, le député
sait fort bien que, lorsqu'un discours sur le budget est prononcé, il
prend effet au moment où il est prononcé. Lorsqu'on dit: À
minuit ce soir, telle taxe sera imposée, c'est à partir de minuit
ce soir. Mais, évidemment, il y a une législation habilitante qui
suit. Alors, pour nous, il n'est pas question, dans les traditions
parlementaires, de ne pas adopter une loi qui est faite, justement, pour
habiliter la mise en oeuvre.
M. Charbonneau: Le ministre a raison, M. le Président.
Mais le problème, c'est que, dans son discours sur le budget, il a
maintenu cette mesure, mais là, il n'en parle pas du tout. Étant
donné que c'est un maintien, il n'était pas obligé
d'annoncer quelque chose de nouveau. Non seulement n'annonce-t-il pas la mesure
en disant dans son discours sur le budget que cela va être taxable, il ne
dit rien. Il maintient ce qu'il a dénoncé.
M. Levesque: Justement, j'ai répondu à cela dans le
discours sur le budget. J'ai dit que, justement, nous allons faire un
réexamen de tout cela, incluant les allocations de disponibilité,
les allocations familiales, la politique familiale. Tout cela fera l'objet d'un
examen au cours de cette année.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verchères, vous aurez l'occasion de reprendre cette polémique
lorsque vous retrouverez votre droit de parole dans dix minutes.
M. Charbonneau: Sauf que je voudrais vous signaler, M. le
Président, que pour l'Opposition, dans le fond, cette période de
l'étude avec le ministre des Finances, c'est une des seules occasions
qu'on a pour discuter face à face avec le ministre des Finances. Il
faudrait peut-être qu'on puisse vider la question. J'avais
commencé avec lui. Moi, je croyais que je pouvais avoir l'échange
et, après, on passait à un autre collègue.
Le Président (M. Lemieux): Malheureusement, M. le
député de Verchères, je me dois quand même... Je
suis bien conscient que vous avez un certain rôle à jouer sur le
plan du contrôle parlementaire et j'essaie le plus possible, non pas de
protéger les droits collectifs, mais les droits individuels de
chacun.
Le député de Papineau, s'il vous plaît.
M. Assad: Merci. Depuis le discours sur le budget,
évidemment, il y a eu beaucoup d'analyses, de discussions, d'arguments
et tout ce que vous voulez sur la bonne formule. Cela me fait penser à
l'histoire de deux économistes qui avec raison, après discussion,
décident qu'effectivement ils sont
les deux économistes au monde qui connaissent toute la
complexité de l'économie mondiale et du système
monétaire international, mais, malheureusement, ils ne sont pas d'accord
sur les solutions. Évidemment, on voit cela chez les
économistes.
Le député de Lévis, l'autre jour, a pris l'exemple
d'un vendeur d'épicerie, il disait du budget du gouvernement actuel
qu'on était pressé à 16 heures, un samedi, pour vendre les
légumes parce que, le lundi, ils seraient mous. De la façon dont
nous étions partis avec le gouvernement précédent, je me
demande si, les lundis après, les banques auraient toléré
la situation déficitaire du marchand qui ne prenait pas de mesures pour
alléger ses problèmes financiers.
Concernant l'aspect important de ce budget, si l'on regarde toutes les
analyses, il faut remarquer une chose qui est sur les lèvres de tous
ceux qui en font l'analyse, c'est que l'assainissement des finances s'imposait.
Effectivement, ce budget était prévisible d'une façon. Si
on tenait pour acquis qu'il y avait une volonté du gouvernement
d'assainir ses dépenses, on voyait qu'il avait l'intention de couper et
qu'on était pour s'en ressentir. Quel choix avions-nous? Il y en avait
très peu.
J'ai lu, il y a quelques semaines ou quelques mois, qu'un groupe
d'hommes d'affaires du Canada est allé en France, en Italie et en
Allemagne et que, durant les discussions avec les hommes d'affaires d'Europe,
la question soulevée par les Canadiens était: Pourquoi n'avoir
pas investi au Canada comme par les années passées? Quand je dis
le Canada, évidemment, y compris en particulier le Québec. Une
des raisons invoquées par les Européens, c'était le
déficit. Mais ce n'était pas cela qui était le gros
problème. En effet, ils disaient que le Canada avait de grandes
ressources pour maintenir un déficit, mais qu'il était rendu
à son point le plus haut.
Ce qui les inquiétait de notre économie, c'est que nos
gouvernements démontraient qu'ils avaient l'intention de régler
le déficit en taxant. Ils ont dit qu'ils n'étaient pas
intéressés à investir dans une économie où,
chaque année, le gouvernement va taxer davantage par l'impôt
personnel affectant la performance de l'économie. Donc, la
volonté qu'on a vue avec notre ministre des Finances et le gouvernement
du Québec était de ne pas aggraver la situation de l'impôt
sur le revenu, mais plutôt de couper. C'est un signal qui a
été envoyé aux hommes d'affaires non seulement dans le
Canada, mais dans le monde, qu'à un moment donné on
réalise que l'assainissement du budget public était de
couper.
Quand on regarde l'importance de la petite et moyenne entreprise, on se
rend compte que ce sont les petites et moyennes entreprises qui créent
au-delà de 65 % de tous les nouveaux emplois. Je crois que, dans le
budget, on nous a donné un gros coup de pouce avec cette mesure qu'elles
ne seront pas taxées sur leurs profits pour les trois prochaines
années.
Quand on pense au déficit accumulé depuis les
dernières années, quand on regarde l'écart entre l'Ontario
et le Québec sur la question du service de la dette, on se rend compte
qu'une grosse partie de cet écart est due au service de la dette.
Il faut se rappeler aussi que, d'ici à quelques années, il
faut commencer à réfléchir ô notre infrastructure
publique. Le ministre des Transports a mentionné qu'à l'heure
actuelle on aurait besoin, je pense, de 450 000 000 $ de plus pour simplement
corriger la question de nos routes à travers le Québec.
L'infrastructure publique est très importante. D'ici à quelques
années, quand on pense aux routes, aux édifices publics et le
reste, il faudra commencer à investir dans cette infrastructure publique
parce qu'on a connu un retard au cours des dernières années. (11
h 30)
Quand on regarde les différentes mesures du budget,
évidemment, on constate qu'il fallait combler les montants dont les
hôpitaux avaient besoin. On a reconnu que la question des hôpitaux,
c'est très important quand on se rend compte que les personnes
âgées s'inquiètent de la situation. Durant la
dernière campagne électorale, c'était évident.
C'était quasiment le sujet no 1 de leur inquiétude et c'est
compréhensible. On n'avait pas le choix, on a donc investi dans cet
élément. On n'a pas reçu de critiques pour cela. Mais dans
l'ensemble quand on regarde les mesures, quand on regarde la volonté,
c'était le signal le plus important de ce budget.
Quant à la privatisation qu'on envisage pour les années
à venir, l'Opposition a essayé de propager l'idée que ces
compagnies de la couronne ou ces compagnies de l'État vont
disparaître. Elles ne vont pas disparaître, elles vont toujours
exister, c'est une restructuration. Je crois que c'est mieux qu'elle soient
privatisées et on va laisser le marché décider si elles
sont concurrentielles. Je crois que l'intervention du gouvernement a fait son
temps et qu'on reconnaît qu'il est important de donner cela au secteur
privé. Je suis convaincu que, dans le secteur privé, il va y
avoir des succès et qu'on n'aura pas à combler les
déficits qu'on a connus au cours des dernières années. On
pourrait en nommer, des compagnies.
Dans le budget, l'aide aux régions est un aspect très
important dans le comté que j'ai le privilège de
représenter comme député. Les autres députés
des comtés ruraux sont obligés de se débattre pour
démontrer la nécessité d'investir davantage dans nos
régions éloignées. Avec le budget qui a
été déposé, pour ma part, comme plusieurs autres
députés ministériels, je suis convaincu que, d'ici
à quelques années, les régions vont connaître une
véritable relance et que surtout on va investir davantage dans les
routes, surtout l'autoroute qu'on envisage de construire dans notre coin. Cela
va absolument améliorer la situation économique des
régions éloignées telles que le comté de
Papineau.
M. le Président, en terminant sur les mesures de privatisation,
c'était prévisible, mais on était très heureux de
voir que la volonté était là. J'ai toujours eu de la
difficulté à comprendre la nécessité d'intervenir,
surtout au niveau qu'on a connu avec le gouvernement précédent.
Qu'on pense que, dans une démocratie comme la nôtre, le
gouvernement possède les deux armes les plus importantes dans notre
société, c'est-à-dire le droit de légiférer
et le droit de taxation. Si on a ces deux instruments, pourquoi la
nécessité d'intervenir comme on l'a fait dans le passé, au
point qu'on a accumulé des déficits énormes? Donc, on sera
beaucoup mieux avec ces deux instruments, celui de légiférer et
celui de taxer et de contrôler notre économie, au lieu de
s'impliquer directement pour, après des années, être
obligé d'essuyer des déficits dans la quasi-totalité des
compagnies de la couronne.
C'était essentiellement les commentaires que je voulais faire sur
le budget. En terminant, je voudrais poser une question au ministre des
Finances. On sait qu'il y a encore beaucoup de gras, évidemment, mais il
faut y aller par étapes. Est-ce votre intention de couper -
j'espère que vous allez couper dans les années à venir -
et en même temps de privatiser jusqu'au point où on va simplement
garder les utilités publiques?
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Papineau. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je remercie le député de Papineau de
me permettre de revenir sur les décisions que nous avons prises et, un
peu, les raisons pour lesquelles ces décisions ont été
prises relativement è l'impasse budgétaire à laquelle nous
devions faire face. On se rappelle qu'en plus des 3 000 000 000 $ qui
étaient devenus presque une habitude de l'ancien gouvernement, quant au
déficit annuel, nous avions à faire face à une situation
qui nous aurait amenés, si nous ne prenions pas les mesures que nous
avons prises, à un déficit pouvant atteindre les 4 700 000 000 $.
Je dois dire que devant cette situation nous avons décidé de
couper avant de taxer.
Ce n'est pas un exercice facile, mais le président du Conseil du
trésor et le secrétariat du Conseil du trésor ont dû
faire une revue complète des programmes de dépenses
gouvernementales et ont réussi à dégager des compressions
de 1 010 000 000 $. Il est vrai que le net a été de 806 000 000
$, justement à cause des préoccupations et des priorités
que nous avions dans le domaine de la santé et, plus
particulièrement, relativement aux salles d'urgence dans les villes de
Montréal et de Québec. Il y a eu là un effort
considérable de fait et, en plus de ces 806 000 000 $ de compressions
décidées, annoncées, effectuées au cours de
l'année 1986-1987, j'ai déjà annoncé que je
demandais au président du Conseil du trésor de poursuivre dans
cette voie et de procéder à de nouvelles compressions de l'ordre
de 400 000 000 $ pour l'année 1987. À même ces 400 000 000
$, il y aura, pour les trois premiers mois de 1987, soit les trois derniers de
l'exercice financier 1986-1987, une somme de 75 000 000 $ à même
ces 400 000 000 $ qui déjà affecteront notre année
financière 1986-1987.
Par la suite, il est difficile pour moi de répondre quant aux
compressions qui seront nécessaires. Il y a sûrement une
rationalisation, il y a sûrement une vigilance qui devra être
exercée sur les dépenses gouvernementales. Il n'est pas normal de
demander aux gens de faire un effort fiscal additionnel à moins que nous
n'ayons pris toutes les mesures nécessaires pour couper les
dépenses non essentielles qui peuvent être bonnes jusqu'à
un certain point, mais qui doivent céder la place à d'autres
priorités. Nou3 devons continuer à contrôler ce
déficit qui, s'il était laissé libre, se traduirait par
des taxes additionnelles pour nos enfants et pour nos descendants. Un
déficit, ce n'est que des taxes pour demain. Les déficits
d'aujourd'hui sont les taxes de demain. On ne peut pas s'en sortir, il n'y a
personne d'autre qui va venir payer nos dettes; si on continue de les
accumuler, ce sera sur le dos des enfants que l'on veut continuellement
protéger. Tout le monde se fait le défenseur des enfants, le
défenseur des personnes défavorisées, des régions.
On a des défenseurs partout, sauf qu'on s'aperçoit que, lorsque
arrive le déficit, il y a là une indifférence manifeste,
particulièrement du côté de l'Opposition qui nous dit, par
un de ses porte-parole: Le déficit, laissez donc faire cela, cela peut
augmenter, il n'y a rien là.
Mais c'est de l'irresponsabilité, ça. Chaque fois que je
regarde ce que je dois payer comme ministre des Finances en
intérêts, je dis immédiatement: Voilà de l'argent
qui pourrait servir à répondre à certaines revendications
très normales, très défendables, mais qui,
malheureusement, doit aller dans les poches des financiers qui nous
ont prêté de l'argent au cours des années.
Je me souviens, lorsque j'étais au gouvernement il y a une
dizaine d'années, on se réservait un montant de 300 000 000 $
environ pour faire face aux intérêts. Aujourd'hui, c'est un
montant de 3 500 000 000 $. Cela veut dire que, si on continuait dans le sens
de ceux qui préconisent d'augmenter le déficit, on aurait, l'an
prochain, 4 000 000 000 $, l'année suivante 5 000 000 000 $, etc. On ne
peut pas payer indéfiniment ces sommes d'argent en intérêts
sans que l'on mette en sérieuse difficulté l'État
lui-même et sa capacité de répondre aux besoins de la
population, particulièrement des plus démunis et de ceux qui ont
besoin de l'État.
Il est certain que nous allons continuer d'être très
vigilants du côté des dépenses et surtout de celles qui ne
sont pas essentielles. Elles peuvent sûrement être utiles, mais
lorsque nous aurons les moyens de nous occuper de l'utile et même de
l'agréable, nous le ferons avec plaisir parce qu'il n'y a rien qui nous
fait plus plaisir que d'aider nos concitoyens et nos concitoyennes. Mais il
faut bien comprendre que notre premier devoir, et cela nous est apparu
très clairement, est de voir à l'assainissement des finances de
l'État afin, justement, d'être en mesure de répondre aux
besoins, particulièrement aux besoins les plus criants de notre
société.
Quant à la privatisation, je dirai au député de
Papineau que nous entreprenons présentement un programme de
privatisation qui devrait laisser une somme nette de 175 000 000 $ au
gouvernement. Cela aide au point de vue budgétaire, c'est sûr,
mais, en même temps, cela va donner suite à notre programme de
retourner à l'entreprise privée ce qui peut être souvent
mieux administré par l'entreprise privée. Sans doute, il y avait
de bonnes raisons d'impliquer l'État, il y a quelques années. Je
me souviens particulièrement des années soixante où on
impliquait l'État dans certaines activités afin de permettre
à plus de gens d'atteindre certains niveaux dans diverses
activités. Mais, aujourd'hui, je pense que nous avons passé cette
période et il est important de retourner au secteur privé ce qui,
normalement, doit appartenir au secteur privé. C'est notre politique.
Nous avons été élus en le disant bien clairement à
la population. La population nous a appuyés. Nous avons l'intention de
continuer en ce sens, sans chambarder d'une façon négative nos
institutions...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
ministre des Finances. Je m'excuse.
M. Levesque: ...mais en protégeant les acquis pour faire
en sorte, tout de même, que le secteur privé prenne de plus en
plus la place qui lui revient. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Verchères.
M. Charbornneau: Merci, M. le Président. À
plusieurs reprises, le ministre a parlé de son souci de clarté,
de netteté. Encore une fois, il vient de nous dire qu'ils ont
été élus en disant clairement à la population leurs
intentions sur la privatisation. Je vais rappeler au ministre, tout comme au
député de Papineau, qu'il ne faudrait pas dire cela au
député de Verchères parce que, dans mon comté,
c'est le contraire que vous avez dit. Vous avez dit: Non, la raffinerie de
sucre ne fermera pas, parole donnée. Vous avez dit la même chose
pour SIDBEC.
Premièrement, vous êtes en train de liquider la raffinerie
de sucre} deuxièmement, vous avez annoncé votre intention de
faire la même chose avec SIDBEC. Écoutez, il faudrait faire
attention en disant: Nous avons été élus en disant
clairement qu'on allait privatiser. Vous liquidez la raffinerie de sucre et
vous annoncez votre intention de privatiser SIDBEC. Ce n'est pas ce que vous
avez dit pendant la campagne électorale, je m'excuse. (11 h 45)
Je voudrais également vous rappeler, concernant notre discussion
de tantôt sur les allocations familiales, que non seulement vous avez
décidé - c'est votre choix - de maintenir la politique
budgétaire dans la loi 2, mais vous avez décidé de la
maintenir dans le budget et ce, en n'en parlant pas. Vous avez oublié de
dire, par ailleurs, tantôt que les assistés sociaux ne paient pas
d'impôt. Nous n'avons jamais prétendu que la mesure ne
pénaîîsaît pas les plus fortunés qui ont des
allocations familiales, mais qui les voient taxées, sauf que nous avions
protégé les plus démunis.
Vous avez dit que vous avez protégé les plus
démunis et je vous ai donné toute une série de mesures que
vous n'avez pas contredites, sauf une. Vous aviez raison, il y a une erreur de
ma part à l'égard de l'allocation de disponibilité, mais
il n'y en a pas sur toutes les autres mesures dont je vous ai parlé, M.
le ministre des Finances, et en particulier à l'égard de
l'indexation trimestrielle de l'aide sociale, de vos engagements à
l'égard de la prime scolaire, du revenu de travail augmenté et
également de la taxe sur l'huile à chauffage que vous avez mise
en place.
En somme, le ministre nous a donné des leçons en nous
disant qu'à cause de la situation budgétaire il y avait des
défenseurs partout, mais qu'il ne pouvait pas donner à
tout le monde ce qu'il demandait. Ce que nous disons au ministre, c'est
que nous contestons et que nous ne sommes pas d'accord avec le choix politique
du gouvernement qui est de dire aux plus démunis: Nous protégeons
votre situation, alors qu'on fait le contraire. Dans les faits, on se
préoccupe beaucoup des besoins des moins démunis. Les moins
démunis, eux, n'ont pas de problèmes avec le gouvernement. Ce
sont les plus démunis qui ont des problèmes avec le gouvernement.
Ce sont les plus démunis que le gouvernement a très bien
réussi à courtiser pendant la campagne électorale. Les
assistés sociaux, depuis deux ans, vous en faisiez votre cheval de
bataille, mais aujourd'hui ils paient pour. Tout comme les jeunes, qui
étaient à peu près la question nationale. Vous les avez
mobilisés. Vous avez réussi à remplir le centre
Paul-Sauvé. Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui vous rempliriez le
centre Paul-Sauvé d'après les mesures que vous avez prises depuis
cinq mois.
Donc, le ministre peut parler de son souci de clarté et de
netteté, ce qu'on constate c'est que, dans les faits, quand il agit, il
contredit à chaque fois les paroles qu'il prononce et qu'il continue de
prononcer. C'est cela qui est le plus important pour nous. Les jugements qu'on
porte sur le gouvernement, ce sont des jugements sur les actions et leur
cohérence avec les paroles. Ce qu'on constate dans le budget et dans la
parole électorale du gouvernement, c'est qu'il y a une distorsion
considérable entre cette parole et l'action gouvernementale.
À cet égard, je voudrais enchaîner sur trois
questions particulières. Je vais être obligé de terminer
sur cela parce que j'ai un rendez-vous avec le ministre des Transports au sujet
d'un dossier de comté avec des citoyens de mon coin.
Premièrement, qu'est-ce qu'il arrive si vous ne récupérez
pas les 68 000 000 $ à l'aide sociale? Le président du Conseil du
trésor a été très clair. Il y a 68 000 000 $ qui
seraient récupérés par des mesures de contrôle.
Quand on a posé la même question au ministre de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu, il nous a dit que 68 000 000 $, ce
n'était pas sûr qu'il livrerait la marchandise.
Premièrement, qu'est-ce qu'il va arriver s'il n'y a pas de
récupération de ces 68 000 000 $? M. le ministre des Finances,
pourquoi ne pas avoir annoncé dans votre discours des mesures de
contrôle aussi draconiennes et un engagement de personnel aussi important
que vous l'avez fait pour ce qu'on a qualifié de police de l'aide
sociale pour le contrôle fiscal? Pourquoi pas une police fiscale
additionnelle à celle qui existe déjà au lieu de juste une
police de l'aide sociale pour les plus démunis?
Deuxièmement, dans le paragraphe suivant celui que je vous ai
cité tantôt, vous dites qu'il va falloir examiner le
bien-fondé de plusieurs dépenses existantes et apporter des
correctifs nécessaires pour infléchir la croissance automatique
de plusieurs autres. La réforme de l'aide sociale que vous avez
annoncée va-t-elle infléchir la croissance automatique du
programme d'aide sociale? Est-ce cela votre objectif?
La troisième question, c'est: Comment allez-vous concilier le
respect de l'engagement que vous avez pris dans votre discours sur le budget de
réduire le déficit à 2 700 000 000 $ et le respect de
l'engagement électoral réitéré en commission
parlementaire par le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu à l'égard de la participation
des femmes au foyer au régime des rentes, mesure qui selon tous les
experts va coûter au Trésor public 400 000 000 $, 500 000 000 $ ou
600 000 000 $? Ce sont les trois questions que je veux poser au ministre des
Finances.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Puisque le règlement vous a forcé, M.
le Président, à m'interrompre la dernière fois où
j'ai eu l'occasion de prendre la parole à la suite des propos du
député de Verchères, on me permettra de reprendre deux ou
trois points que nous avions laissés en suspens.
Le député de Verchères a parlé de
tarification et il a associé cela au domaine de la santé. Or, M.
le Président, les propos du député sont gratuits. Il n'a
jamais été question, dans les 75 000 000 $ reliés à
la tarification, de toucher au domaine de la santé. Il n'en a pas
été question, je ne sais pas où il a pris cela. J'ai eu
l'occasion, à diverses reprises, de donner des indications et des
exemples au député. Nous l'avons dit plusieurs fois qu'il
s'agissait d'ajustements à des tarifs. Nous avons donné des
exemples. Par exemple, au ministère des Finances, les tarifs dans le
domaine de l'incorporation des compagnies; simplement chez l'inspecteur
général des institutions financières, à même
les 75 000 000 $, on va trouver environ 8 000 000 $ qui proviennent seulement
des ajustements de tarifs. Nous avons également annoncé ce qui
avait déjà été prévu par l'ancien
gouvernement relativement à l'immatriculation et aux permis de conduire.
Nous toucherons là des sommes d'environ 27 000 000 $. Au
ministère de la Justice, relativement aux tarifs dans les greffes, etc.,
il y a une somme de 12 000 000 $ ou 13 000 000 $. Chez le Solliciteur
général, il y a également certaines sommes qui sont
prévues. Dans des services déjà tarifés qui vont
être simplement mis à jour, il y a une somme d'environ 23 000 000
$.
Il n'a jamais été question, dans cette somme de 75 000 000
$, de toucher à l'universalité des services de santé. Je
le
répète, combien de fois dois-je le dire, s'il y a des
mesures à prendre de ce côté-là, elles arriveront,
mais pas à la suite de ce budget, pas à la suite de ces 75 000
000 $ de tarification. Cela n'a pas été prévu dans mon
esprit. J'ai une liste ici des cibles qui sont visées - je viens de
donner des exemples -au ministère des Finances, au ministère des
Transports, au ministère de la Justice, au bureau du Solliciteur
général, au ministère du Tourisme et au ministère
de l'Énergie et des Ressources. Il y a ainsi des tarifs dans divers
ministères à vocation économique ou aux services
gouvernementaux. Il s'agit simplement de l'ajustement, de la mise à jour
de certains tarifs. Je n'ai pas inventé cela. Tous ces tarifs avaient
été examinés par l'ancien gouvernement. J'ai dit
simplement que nous allions procéder à certains ajustements au
cours de l'année pour une somme de 75 000 000 $.
On continue de dire: Avec ces 75 000 000 $, vous allez faire ceci dans
le domaine de la santé, vous allez faire cela. Je dis: S'il y a des
modifications dans le domaine de la santé et dans le domaine de
l'éducation... J'en ai parlé moi-même dans mon document du
5 mars 1986. J'ai dit: Voici la problématique, mais les
décisions, on les retrouve dans le budget; c'est là que les
décisions apparaissent. Ne reliez pas ces 75 000 000 $ à ce que
j'ai dit au sujet de la santé dans mon document du 5 mars. Attendez,
s'il y a des changements, ils seront annoncés, mais ce n'est pas
maintenant» J'espère que vous prendrez ma parole quand je dis que
je n'avais pas cela à l'esprit, quand j'ai parlé des 75 000 000
$, mais plutôt cette liste cible, que j'ai ici, d'ajustements de tarifs
dans certains ministères. Qu'est-ce que vous voulez? J'aurais pu les
énumérer dans le discours sur le budget, mais cela ne se fait
pas. J'ai donné des exemples pour les gros morceaux. Quand on parle d'un
budget de santé, d'éducation et d'aide sociale, on parle
pratiquement des deux tiers du budget de 28 600 000 000 $. Ce n'est pas le
reste de ce que je viens de donner comme exemple dans le domaine de la
tarification qui doit vous préoccuper. Il faut regarder ailleurs, poser
des questions à d'autres instances qu'ici. Moi, je réponds pour
les 75 000 000 $ que j'ai dans mon budget.
J'ai peut-être mal compris ce que le député de
Verchères disait tout à l'heure quand il parlait du crédit
de la taxe foncière. Il semblait prétendre, il arrivait à
certaines conclusions, il avançait certains faits que je dois corriger.
Je le réfère au discours sur le budget du 23 avril 1985. Il lira
ceci au moins pour que, lorsqu'il avancera des choses, il fasse plus attention.
Je Ils, à la page A-10: "L'actuel remboursement d'impôts fonciers
est réaménagé - ce n'est pas moi qui dis cela, M. le
Président, c'est l'ancien gouvernement - afin d'éviter à
l'État de compenser doublement la partie des taxes foncières
incluses dans les exemptions personnelles." C'est une mesure prise par l'ancien
gouvernement et qui donne un gain de 73 400 000 $ au gouvernement. C'est la
décision prise par l'ancien gouvernement.
Lorsque le député parle de l'année d'imposition
1985, je lui demande de lire, au ba3 de la page A-10: "Ce nouveau crédit
de taxes foncières entrera en vigueur pour l'année d'imposition
1985 - ce n'est pas conforme è ce qu'il vient de nous dire tout à
l'heure - et sera versé au contribuable suite au traitement de sa
déclaration de revenus au printemps 1986." Cela relève
directement des décisions annoncées dans le budget du 23 avril
1985. La vérité a ses droits.
Je pense que le député devrait s'excuser avant de partir
rencontrer le ministre des Transports et sa conscience va être en
meilleure condition.
M. Charbonneau: Ma conscience serait en paix, M. le ministre, si
avant de partir vous me donniez des réponses sur les trois
dernières questions.
M. Levesque: Oui, mais vous ne voulez pas que je réponde
aux questions qui vous font mal.
M. Charbonneau: Je sais que vous avez seulement dix minutes et
moi, je voudrais avoir des réponses aux trois questions.
M. Levesque: Vous avez posé à peu près une
vingtaine de questions.
M. Charbonneau: Je n'en ai pas posé une vingtaine. J'ai
fait un certain nombre d'affirmations. Vous choisissez celles qui vous
plaisent.
M. Levesque: Oui, mais chaque fois que je les
relève....
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verchères, le temps s'écoule et M. le ministre, il vous reste
environ trois minutes.
M. le ministre des Finances.
M. Charbonneau: Une minute, M. le Président, une minute
par réponse pour les trois questions.
M. Levesque: Le député a dit ceci et je l'ai
écrit ici: On ne parlera pas de là taxe sur l'essence. Il donnait
cela dans la liste de ses revendications et de ses récriminations. Il
disait: On ne parlera pas de la taxe sur l'essence, bien non. Pourquoi ne pas
en parler de la taxe sur l'essence? Qui a inventé la surtaxe sur
l'essence, si ce
n'est l'ancien gouvernement qui a fait passer de 20 % à 40 % la
taxe sur l'essence?
Deuxièmement, qui a réduit cette taxe, qui a enlevé
complètement la surtaxe sur l'essence dans toutes les régions
périphériques où se trouvent des gens à faible
revenu et des assistés sociaux?
M. Charbonneau: Vous n'êtes pas sérieux en disant
cela.
M. Levesque: Qui a fait cela le 18 décembre dernier?
M. Charbonneau: Vous avez aussi laissé l'ascenseur
accroché au plafond. Voyons donc!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verchères, s'il vous plaît! M. le ministre des Finances, vous
pouvez continuer.
M. Levesque: M. le Président, un peu de sérieux.
Qui a aboli la surtaxe? C'est encore...
M. Charbonneau: Vous aviez promis de l'abolir et vous l'avez
accrochée au plafond, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verchères, s'il vous plaît!
M. Levesque: Quand on lui parle, le député de
Verchères, là, il crie, il hurle, il ne veut rien savoir. Tout ce
qu'il veut, lui, c'est qu'on l'écoute, mais, quand on lui répond,
il ne veut rien savoir, il se dandine sur sa chaise et il hurle.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verchères! M. le ministre des Finances, s'il vous plaît.
M. Levesque: Je dis au député de Verchères
que lorsque le gouvernement libéral a pris le pouvoir le 18
décembre, il a aboli la surtaxe imposée justement par l'ancien
gouvernement dans toutes les régions périphériques de la
Gaspésie, du Saguenay Lac-Saiht-Jean, de
l'Abitibi-Témiscamingue. Récemment, M. le Président, dans
le dernier budget du 1er mai, nous avons ajouté d'autres régions
à cette exemption. C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, je comprends le député qui dit: On ne parlera
pas de la taxe sur l'essence.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau, s'il vous plaît! M. le député de
Verchères, j'aimerais attirer votre attention sur l'article 32 du
règlement. Vous savez que, lorsqu'un membre s'exprime, on doit lui
permettre de le faire. Vous connaissez tout aussi bien que moi, sinon mieux que
n'importe qui autour de cette table, la signification des articles 32 et
81.
S'il vous plaît, M. le ministre des Finances, il vous reste une
minute.
M. Levesque: Une minute. En résumé, des mesures
pour le contrôle fiscal ont déjà été prises
et je suis heureux de voir que le député nous appuiera dans toute
législation qui pourra venir au cours de l'année pour resserrer
le contrôle fiscal. Je remercie d'avance le député de
Verchères.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Vous avez terminé, M. le ministre des Finances?
M. Levesque: Non.
Le Président (M. Lemieux): Non? Je m'excuse, vous pouvez
continuer. Il vous reste...
M. Levesque: M. le Président, je voulais simplement
permettre au député d'avoir des réponses, mais elles sont
brèves. Vous ne me donnez pas le temps de répondre. Sur la
question des 68 000 000 $ qui devraient être épargnés
à l'aide sociale, à ce moment, M. le Président, le
député me dit: Bien, ce n'est pas sûr que vous allez
pouvoir récupérer 68 000 000 $. Évidemment, il va falloir
attendre que l'année soit passée pour cela. La question pourrait
être pertinemment posée une fois que nous aurons terminé
l'année en question. Moi, je crois que oui, sauf que le
député me dit: Le ministre 'de la Sécurité du
revenu dit qu'il n'est pas sûr. Qu'est-ce que vous voulez que je vous
réponde? Je vais attendre pour voir comment cela va se passer. Je crois
que oui comme, d'ailleurs, l'ensemble du budget comprend des prévisions
et, au cours de l'année, on s'aperçoit qu'il y a des plus et des
moins. Nous avons eu des exemples au cours de toutes les années.
Regardez les anciens discours sur le budget. Vous avez vu des prévisions
de revenus qui ont varié de 100 000 000 $ ou de 200 000 000 $ et plus,
et vous avez vu des prévisions de dépenses qui ont
également varié. L'important, évidemment, c'est ce qu'on
appelle le "bottom line".
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le ministre des
Finances, s'il vous plaît.
M. Levesque: C'est le montant du déficit. Il faut autant
que possible arriver le plus près de la cible. Finalement, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): Rapidement, M. le ministre des
Finances. Vous en avez onze minutes, je m'excuse.
M. Levesque: M. le Président, c'est parce que je veux
satisfaire le député de
Verchères. Je sais que je dois me conformer au règlement
et je dis simplement ceci -j'essaie de le lire - Pour les femmes au foyer,
quant à un régime dont il a été question, il a
été question également d'une commission parlementaire
où on pourrait discuter de toute cette question dans le programme du
parti. Attendez qu'une commission parlementaire soit appelée pour
cela.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Montmorency, vous avez demandé
la parole. Effectivement, j'avais établi le principe de l'alternance,
mais je dois également constater que le temps de parole du ministre tend
à accroître le temps de parole des ministériels. Comme je
dois protéger les droits individuels et le principe du contrôle
parlementaire, je passe la parole au député de Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je remercie le
député de Montmorency de sa bonne collaboration.
M. Levesque: Si vous me le permettez, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre.
M. Levesque: Je sais qu'il y a de mes collègues qui
veulent intervenir. Je sais que le temps commence à... Je devrais - je
pense que c'est le sens de votre remarque -répondre plus
brièvement.
Le Président (M. Lemieux): Plus brièvement, s'il
vous plaît, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Oui, je vais essayer de répondre plus
brièvement aux questions pour donner une chance à mes
collègues de pouvoir intervenir avant la fin de la séance.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre.
M. Rochefort: M. le Président, je vais tenter de faciliter
la tâche du ministre des Finances et lui poser des questions un peu plus
précises sur un sujet très particulier et qui n'impliquera pas...
Je vois que le député de Mille-Iles a des obsessions. Moi, je
n'en ai pas. On va parler d'autre chose.
M. Bélisle: Mon Dieu!
Une voix: II a une dent contre toi.
Tarification dans le domaine de la santé et des services
sociaux
M. Rochefort: Oui. M. le Président, je voudrais aborder la
question de la tarification avec le ministre des Finances et non pas faire
allusion aux discours, aux promesses, aux propos ou réflexions à
haute voix que qui que ce soit du gouvernement aurait eu sur la question, mais
au contenu même du budget qu'il nous a lu à l'Assemblée
nationale et qu'il a déposé.
Quand je lis le discours sur le budget du ministre des Finances, je
conclus que le ministre des Finances, le président du Conseil du
trésor et/ou la ministre de la Santé et des Services sociaux sont
sur le point de nous annoncer des tarifications dans le domaine de la
santé et des services sociaux. Il y a quelques minutes à peine,
le ministre des Finances, en réponse à des questions du
député de Verchères, nous a dit: Non, ce n'est nulle part
dans mon budget; je ne sais pas où vous avez pris cela et tout
ça. Moi, c'est simplement cette question que je voudrais
éclaircir avec vous ce matin dans très peu de temps.
Quand vous nous dites que les services de santé et les services
sociaux ne seront pas couverts par la tarification, j'essaie de comprendre. Je
peux peut-être prendre deux minutes, M. le Président. Je vais lire
deux paragraphes et nous allons avoir tout le chapitre de la tarification.
Pagé 17: "Recours accru à la tarification. La tarification est
une source de revenus sous-utilisée au Québec. C'est vrai aussi
bien pour les services dispensés par le gouvernement lui-même que
pour ceux des réseaux de la santé et de l'éducation qui
sont subventionnés par le gouvernement." Donc, déjà, on
observe que, particulièrement dans le secteur de la santé, c'est
sous-utilisé comme dans l'ensemble du gouvernement.
Ensuite, on nous dit: "Lorsqu'ils sont possibles, les tarifs ont le
double avantage de freiner - donc frein, cela vient un peu de frais
modérateurs, j'imagine - l'abus - donc, cela présuppose qu'il y a
de l'abus dans le système - dans l'utilisation des services et de
compter parmi les rares sources de revenu à ne pas handicaper la
capacité productrice de l'économie. Il est clair que si le
Québec désire continuer à se donner un niveau
élevé de services publics, le recours accru à une
tarification au moins partielle de ces services doit être envisagé
beaucoup plus sérieusement. Ce sera aussi une façon de
reconnaître que les services gouvernementaux ne sont jamais gratuits:
lorsque le bénéficiaire n'a rien à débourser, c'est
parce que quelqu'un d'autre le fait è sa place."
Et là, on arrive dans le coeur. "Dans les domaines de la
santé et de l'éducation...
Le Président (M. Lemieux): Je
m'excuse, M. le député de Gouin. J'entends la cloche.
Alors, en vertu de l'article...
M. Rochefort: C'est probablement le quorum, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Je crois qu'il y a un vote. En
vertu de l'article 224 du règlement qui dit ceci: "Cinq minutes avant le
moment prévu pour la tenue d'un vote par appel nominal, l'annonce en est
faite dans...
M. Rochefort: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): ...tous les locaux de
l'Assemblée. Cette annonce interrompt les travaux des commissions."
M. Rochefort: Juste une seconde, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Le mot "interrompt", j'aimerais
vous dire ici que cela veut dire que c'est suspendu jusqu'à la fin du
vote et qu'on doit revenir ici, pour terminer notre mandat, jusqu'à une
heure.
M. Rochefort: Juste une question de fonctionnement, M. le
Président. Est-ce que la commission doit poursuivre ses travaux cet
après-midi ou à un autre moment?
Le Président (M. Lemieux): Non. Nous terminons à
une heure. À une heure ce matin, M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: On termine ce matin. Il y aura dix heures.
Le Président (M. Lemieux): Nos dix heures seront
faites.
M. Levesque: M. le Président, rapidement, pour...
M. Rochefort: Je ne peux même pas compléter ma
question. Non! Non! On va aller voter. On va revenir.
Le Président (M. Lemieux): Alors, le mot "suspendre", pour
tous les membres de la commission, cela veut dire qu'après la fin du
vote on doit revenir ici en commission parlementaire jusqu'à une heure,
tel que convenu.
(Suspension de la séance à 12 h 7)
(Reprise à 12 h 24)
Le Président (M. Lemieux): À la suite d'une
suspension de la séance relativement à un vote par appel nominal,
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je vais poursuivre la
question que j'adressais au ministre des Finances. Donc, je poursuis la lecture
de son discours sur le budget, page 18, chapitre de la tarification: "Dans les
domaines de la santé et de l'éducation, il faudra trouver, dans
la foulée des constatations du document de mars dernier - et rappelons
que le document de mars dernier faisait allusion à la
nécessité d'appliquer des politiques de tarification, notamment
pour rééquilibrer l'offre et la demande dans le domaine de la
santé et des services sociaux - sur l'état des finances
publiques, des moyens nous permettant à la fois de respecter les
principes d'universalité et d'accessibilité et de faire plus de
place à la tarification pour que le financement de ces dépenses
devienne plus équitable et plus efficace. Comme il s'agit de domaines
partiellement financés par le gouvernement fédéral, il va
de soi que nos discussions avec ce dernier quant à sa contribution
financière influenceront les décisions que nous allons prendre".
Là, évidemment, on aborde un chapitre qui a fait couler beaucoup
d'encre et que je n'aborderai pas maintenant qui est celui de la santé
dentaire.
M. le Président, il est clair que le ministre nous annonce de la
tarification dans le domaine de la santé. Il nous dit même que, eu
égard aux programmes financés de façon partagée par
Québec et Ottawa et compte tenu des dispositions du projet de loi C-3
qui empêchent toute tarification, frais modérateurs,
surfacturation, il devra entreprendre des négociations avec le
fédéral pour appliquer la tarification dans le domaine de la
santé sur les services à frais partagés. Il nous dit donc
qu'il y aura de la tarification dans le domaine de la santé. Pour
faciliter nos discussions, si jamais le ministre nous dit: Oui, mais nos
discussions ne sont pas beaucoup avancées avec le fédéral
quant aux implications que cela aurait dans l'application du projet de loi C-3,
je lui dirai qu'il y a bon nombre aussi de services de santé et de
services sociaux au Québec, notamment les soins dentaires, qui ne sont
pas à frais partagés avec le gouvernement fédéral
et qui n'impliquent donc pas, pour leur appliquer un système de
tarification, une négociation de quelque nature que ce soit avec le
gouvernement fédéral, eu égard aux dispositions existantes
du projet de loi fédéral C-3.
M. le Président, avant de poser une question précise au
ministre, j'ajoute que son collègue et néanmoins ami, le
président du Conseil du trésor, lui, y est allé de
nombreuses déclarations où il nous a annoncé que, dans les
75 000 000 $ de tarification dont il est question deux paragraphes plus loin,
il souhaitait et il envisageait appliquer des tarifs dans le domaine de la
santé et des services sociaux. Je ne veux pas soulever un
débat de fond avec le ministre aes Finances sur cette question,
on s'est entendu tous les deux tantôt. Tout simplement, ce que je
souhaite connaître, c'est sa position à lui, comme ministre des
Finances et la compréhension officielle que nous devons donner au
discours du ministre des Finances aux pages 17 et 18, eu égard à
la question de la tarification dans le domaine de la santé et des
services sociaux.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, pour tenir compte de
l'emploi du temps du député de Gouin, j'essaierai d'être
aussi bref que possible et d'aller directement au point. Dans le discours sur
le budget, je mentionne une somme de 75 000 000 $ en tarification. Il ne faut
pas oublier que la tarification apporte aujourd'hui des revenus de l'ordre de 1
000 000 000 $ au gouvernement du Québec. Une somme de 75 000 000 $ n'est
qu'un ajustement à ces tarifs. Je l'ai mentionné à
diverses reprises, les cibles que nous avions touchent particulièrement
les, ministères des Finances, des Transports, du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche, de l'Énergie et des Ressources, de la Justice.
Lorsque le député de Gouin se réfère, dans le
discours sur le budget, à la phrase où il est dit: "Dans les
domaines de la santé et de l'éducation, il faudra trouver, dans
la foulée des constatations du document de mars dernier sur
l'état des finances publiques, des moyens nous permettant, etc." Je n'ai
fait qu'un rappel, non pas des décisions qui auraient été
envisagées par les ministres sectoriels dans le domaine de
l'éducation ou de la santé, mais à mes propres propos que
l'on retrouve dans le document sur l'état des finances publiques
présenté le 5 mars 1986.
II ne faut pas relier ce paragraphe au paragraphe qui mentionne une
augmentation de 75 000 000 $ à la tarification des services
dispensés par le gouvernement. J'ai donné des exemples
précis; immatriculation et permis de conduire: 27 000 000 $;
l'Inspecteur général des institutions financières entre 7
000 000 $ et 8 000 000 $; Justice: 12 900 000 $. Ce sont les cibles que nous
avions à l'esprit. Je peux continuer ainsi la liste et même
dépasser les 75 000 000 $, si vous vouiez. Les décisions ne
devront être prises au Conseil des ministres qu'à la suite de
recommandations des divers ministres concernés. C'est pourquoi je ne les
ai pas annoncées, tant et aussi longtemps qu'elles n'auront pas
été entérinées. Les 75 000 000 $, c'est l'objectif
qu'il faudra atteindre dans les ajustements de tarifications pour
l'année 1986-1987.
Cela n'empêche pas, dans un autre ordre d'idées, que, dans
mon document du 5 mars 1986, j'aie considéré d'autres facteurs
à l'intérieur de3 domaines de la santé et de
l'éducation. J'ai donné des exemples à ce moment. J'ai
parlé, par exemple, des frais de scolarité dans mon document.
Je crois que, vu l'ampleur des sommes que nous consacrons aux domaines
de la santé, de l'éducation et de l'aide sociale, autrement dit,
du côté social, du côté de l'éducation, il est
important, pour nous, les gestionnaires, de voir comment ces services sont
administrés. Je pense que ce serait faire fausse route que de ne pas
examiner la façon dont ces sommes sont gérées, parce que
c'est pratiquement les deux tiers du budget du Québec. Là, on ne
parle pas des 75 000 000 $ ou de 2 000 000 $ ici, de 1 000 000 $ là. Ce
sont des sommes de l'ordre de 17 000 000 000 $ ou quelque chose de semblable,
si je veux avancer un chiffre. Je pense que c'est notre devoir de regarder ces
sommes de près. C'est ce que je veux dire lorsque je dis, par exemple,
qu'il faut regarder comment sont utilisés les fonds publics dans ces
domaines.
Je ne peux pas exclure quelque domaine que ce soit dans les
responsabilités que je dois assumer et que le gouvernement
lui-même doit assumer à cet égard. Je veux rassurer, encore
une fois, le député de Gouin quant aux cibles visées par
les 75 000 000 $ qu'il y a ici, au budget. Je le répète: La
tarification, aujourd'hui, au gouvernement, avant même de toucher
à des ajustements, est de l'ordre de 1 000 000 000 $. Simplement un
ajustement de l'ordre de 7 % à 8 % donne les 75 000 000 $ en
question.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Simplement pour conclure probablement, en ce qui me
concerne. Le ministre me corrigera si je comprends mal ou si
j'interprète mal la réponse qu'il vient de me donner. En
1986-1987, dans l'année budgétaire et fiscale 1986-1987, il n'y
aura pas de tarification nouvelle dans le domaine de la santé et des
services sociaux.
M. Levesque: Non, je n'ai pas dit cela. J'ai dit qu'à
même les 75 000 000 $ dont il est question dans mon budget...
M. Rochefortî D'accord.
M. Levesque: Je ne veux pas commencer à parler pour tout
le monde et de tout ce qui peut arriver...
M. Rochefortî Je reprends donc, M. le Président. Si je
comprends bien la réponse du ministre des Finances, dans les 75 000 000
$ de tarification de services dispensés par le gouvernement du
Québec prévus dans le budget, donc, dans les équilibres
financiers,
aucun montant ne sera appliqué à de la tarification dans
le domaine de la santé et des services sociaux dans l'année qui
vient, 1986-1987.
M. Levesque: Je dis que les ministères de
l'Éducation, de la Santé et de la Sécurité du
revenu, si vous voulez en ajouter un autre pour faire l'ensemble de ce
secteur...
M. Rochefort: Je ne crois pas qu'il y ait de tarification pour
être admissible à l'aide sociale!
M. Levesque: Non, mais je veux tout mettre là. Ce n'est
pas prévu dans mes cibles, sauf qu'on pourra, comme l'a
mentionné, par exemple, le président du Conseil du trésor,
aller dans la tarification des chambres privées. Il a mentionné
qu'il pourrait y avoir des changements de ce côté.
Donc, je ne peux pas le dire d'une façon absolue, mais je peux
dire que, quant à moi, dans les sommes de 75 000 000 $ que j'avais
prévues, je n'avais pas à l'esprit, au moment où j'ai
déterminé cette somme, les ministères de la Santé
et des Services sociaux et de l'Éducation. Je ne les avais pas à
l'esprit, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas, comme l'a, d'ailleurs,
indiqué le président du Conseil du trésor - je l'ai
entendu ou je l'ai lu alors qu'il a mentionné qu'il pouvait y en avoir -
de modifications dans la tarification.
Il avait donné comme exemple, si ma mémoire est
fidèle, le prix des chambres privées dans les hôpitaux.
C'est dans ce sens que je ne peux pas répondre d'une façon
absolue, mais je peux répondre que, dans les cibles que j'ai devant moi
et qui ont fait l'objet de calculs au ministère des Finances, cela
s'adresse à une autre clientèle.
M. Rochefort: M. le Président, je comprends des propos du
ministre des Finances que, dans les 75 000 000 $ qui sont prévus, rien
n'est prévu pour la santé et les services sociaux en
1986-1987.
M. Levesque: Je ne veux pas qu'on utilise mes réponses
pour les interpréter d'une façon différente de ce que j'ai
dit. J'ai dit que, quant à moi, je n'avais pas à l'esprit le
ministère de la Santé et des Services sociaux, ni celui de
l'Éducation pour combler ce montant de 75 000 000 $, mais il n'est pas
exclu qu'il y ait certains ajustements de tarification, comme l'a
indiqué le président du Conseil du trésor pour le tarif
des chambres privées. Il y en a peut-être d'autres qui
m'échappent, mais je veux dire non, généralement parlant.
Je peux au moins dire cela.
M. Rochefort: Je reprends, M. le Président. Je conclus que
le ministre des Fi- nances...
M. Levesque: Vous concluez tout le temps.
M. Rochefort: Pardon?
M. Levesque: Vous voulez toujours me mettre des paroles dans la
bouche. Je veux que vous preniez ce que je dis.
M. Rochefort: Bien oui. Allez-y! Donnez-moi deux secondes. Je
pense que je suis honnête dans les propos que je tiens. J'essaie de
comprendre.
M. Levesque: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Continuez, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Donc, M. le Président, je tente à
nouveau d'essayer de conclure que, lorsque le ministre des Finances a
parlé des 75 000 000 $ en tarifications nouvelles, il n'avait pas
à l'esprit le ministère de la Santé et des Services
sociaux. Mais il ne peut pas nous donner l'assurance absolue,
définitive, au nom de son gouvernement, qu'il n'y aura pas de nouvelles
tarifications dans le domaine de la santé et des services sociaux
à partir de ce montant de 75 000 000 $ ou d'autres sommes additionnelles
qui pourraient intervenir au cours de Tannée budgétaire
1986-1987.
M. Levesque: Je ne peux que répéter ce que j'ai
dit, M. le Président.
M. Rochefort: D'accord. Parfait.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Gouin, oui.
M. Rochefort: Seulement dix secondes là-dessus, M. le
Président. Donc, si on met de côté le domaine de la
santé et des services sociaux, quant à moi, la réponse est
claire: ce que le ministre nous laisse entendre, c'est que, finalement, il se
pourrait très bien que l'essentiel du montant de 75 000 000 $ n'ouvre
pas de nouveaux champs de tarification aux ministères des Finances, des
Transports, au ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
au ministère de l'Énergie et des Ressources ou au
ministère de la Justice, mais que cela pourrait être simplement
des indexations de tarifs qui existent déjà. Ce serait une
possibilité que le ministre vient d'évoquer.
M. Levesque: C'est surtout cela, mais il pourrait y avoir...
M. Rochefort: D'accord.
M. Levesque: ...certains nouveaux tarifs.
M. Rochefort: D'accord. Finalement, M. le Président...
M. Levesque: Finalement, pour conclure, parce que je reviens
toujours a la page 18 du budget, c'est que, lorsque j'ai fait
référence aux domaines de la santé et de
l'éducation, je faisais référence à ce qui
était contenu dans mon...
M. Rochefort: Votre document du 5 mars.
M. Levesque: ...document prébudgétaire du 5 mars.
Il ne faut pas oublier de lire ceci et je peux dire que le député
l'a lu aussi: "Comme il s'agit de domaines partiellement financés par le
gouvernement fédéral, il va de soi que nos discussions avec ce
dernier quant à sa contribution financière influenceront les
décisions que nous allons prendre."
Il est vrai, d'une part, que la loi C-3 nous empêche de poser
certains gestes, mais il y a trois domaines, je pense, qui sont exclus de la
portée de la loi C-3: les soins dentaires, les soins
optométriques...
M. Rochefort: Les médicaments.
M. Levesque: ...et les médicaments pour les personnes
âgées. Je pense que ce sont ces trois points-là. Il y a
aussi les prothèses.
M. Rochefort: Oui, les prothèses et des choses comme
celles-là.
M. Levesque: II ne reste pas tellement de domaines qui ne sont
pas couverts par la loi C-3, il faut bien l'admettre.
M. Rochefort: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Gouin. H y a trois parlementaires qui ont
demandé la parole: le député de Mille-Îles, le
député de Laviolette et le député de Montmorency.
J'apprécierais grandement si on pouvait faire un effort pour que les
trois puissent s'exprimer. M. le député de Mille-Îles, le
plus brièvement possible, s'il vous plaît!
Effet de la dette publique sur te budget
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Je
n'évoquerai pas les sujets de mon intervention d'hier, mais, à la
suite des interventions des divers députés de l'Opposition devant
cette commission, entre autres, l'intervention de la députée de
Chicoutimi relativement aux universités, celle du député
de Verchères relativement aux assistés sociaux et à la
perte du pouvoir d'achat, également, celle du député de
Gouin sur les soins dentaires - il ne l'a pas souligné directement, mais
c'était sous-jacent, c'était la toile de fond de son
intervention, disons, sur la tarification - la question fondamentale que je me
pose, et je pense qu'on en vient à la fin de la commission à cet
entonnoir qui est fondamental dans le contexte de l'étude des finances
publiques présentement au Québec, est celle-ci: Est-ce que nous
sommes affectés par la dette publique qui a atteint le point où
elle est rendue? Quelles sont les conséquences d'une telle dette
publique? Avons-nous les moyens de nous permettre de continuer à avoir
des coûts au chapitre des frais de scolarité dans les
universités, frais qui ne sont pas comparables à ceux de nos
provinces voisines? Pouvons-nous constamment maintenir les principes
d'universalité dans plusieurs programmes tels que les programmes de
soins dentaires et autres?
M. le Président, j'aimerais attirer l'attention de la commission
aux pages 9 et 11 du discours sur le budget du ministre des Finances où
on dit: "La dette du Québec a presque triplé en six ans, passant
de 10 700 000 000 $ en 1980 à 30 000 000 000 $ actuellement. La vraie
situation financière du Québec, c'est que le gouvernement
consacre une part croissante de ses revenus au paiement des
intérêts sur cette dette: en 1979-1980, le gouvernement affectait
7,3 % de ses revenus à cette fin; ce sera presque le double cette
année, soit 13,9 %."
À la page 11 du même discours sur le budget: "Le
déficit budgétaire pour 1986-1987 se situera à 2 895 000
000 $, soit 75 000 000 $ de moins que le niveau prévu. C'est la
première fois depuis 1980-1981 que le déficit sera
inférieur à 2 900 000 000 $."
Et un peu plus loin dans le texte: "Sur la base d'une projection
mécanique, et en y incluant des compressions de dépenses de 400
000 000 $ l'an prochain, le déficit budgétaire devrait
s'établir à 2 705 000 000 $ en 1987-1988 et à 2 590 000
000 $ en 1988-1989, des niveaux de déficit que je n'entends pas
dépasser."
À la page 12, dans la même veine: "Si le gouvernement
réduisait le déficit à environ 2 000 000 000 $ au cours
des prochaines années, cela permettrait de stabiliser la part de sa
dette totale dans le produit intérieur brut."
C'est la première fois, M. le Président, qu'un ministre
des Finances dicte une voie à suivre pour les trois prochaines
années. Pour autant que je me souvienne, et je peux même faire
référence à l'ancien ministre des Finances du début
du gouvernement du Parti québécois, M. Jacques Parizeau, il n'y
avait jamais eu de fixation et de détermination d'objectifs à
moyen terme. Le moyen terme, c'est trois ans. Le gouvernement actuel a
décidé de réduire le déficit non pas
simplement pour réduire le déficit, mais dans le but de
s'accorder une marge de manoeuvre supplémentaire. Il a fait le choix
politique de remettre dans les mains des consommateurs du Québec un
revenu disponible plus important pour leur permettre de faire diverses choses,
soit de consommer l'argent supplémentaire qu'ils auront dans leurs
poches par des impôts moins importants, soit également de
l'épargner, c'est ce qu'on peut faire avec un dollar qu'on a comme
revenu disponible, ou soit de l'investir, trois fonctions qu'on peut exercer
avec un revenu supplémentaire qu'on a dans nos poches.
Je pense que l'une des erreurs fondamentales - sans partisanerie - des
finances publiques des dernières années commises par l'ancien
gouvernement a été de considérer que l'État du
Québec était un État avec tous les pouvoirs en
matière économique, un État dans l'État, ayant un
pouvoir monétaire qu'il n'avait pas et un pouvoir tarifaire. Je pourrais
souligner, pour le député de Laviolette qui sourit, qu'il serait
très intéressant pour lui de procéder...
M. Jolivet: Sans partisanerie, c'est drôle.
M. Bélisle: ...à une étude comparative
depuis 1960 des dix provinces canadiennes et de regarder comment les autres
provinces ont géré leurs finances publiques. Ont-elles ou
n'ont-elles pas fait de déficit annuellement? Sept d'entre elles se
considèrent comme étant des provinces, c'est-à-dire des
États à l'intérieur de l'État avec une politique de
stabilisation, c'est-à-dire qu'on fait un déficit dans le but de
créer des emplois, on fait un déficit dans le but de corriger une
situation ponctuelle sur le marché.
Je maintiens, M. le Président, que, malgré les
difficultés techniques qui existent à procéder à la
comparaison des états financiers province par province, année par
année, on peut aisément comprendre que le Québec,
l'Ontario et Terre-Neuve se situent dans une catégorie de provinces qui
envisagent l'administration de leurs finances publiques dans une perspective
différente des autres provinces. C'est une question qu'il faut mettre
sur la table présentement. Est-ce que nous, au Québec, nous
voulons continuer à administrer nos finances publiques dans cette voie?
Ou est-ce que, peut-être par hasard, ce ne serait pas les sept autres
provinces qui auraient la bonne formule en faisant chaque année
seulement un surplus ou un déficit d'appoint? En faisant une moyenne au
cours des 20 dernières années, on s'aperçoit que cela
donne un zéro ou à peu près à la fin. Je pense, M.
le Président, qu'on devrait se reposer ces questions fondamentales.
(12 h 45)
Pour terminer, étant donné que je voudrais céder la
parole au député de Montmorency, je m'aperçois qu'il y a
une dichotomie fondamentale entre l'ancien ministre des Finances, qui est
beaucoup plus libre de ses paroles et de ses pensées maintenant qu'il a
quitté la politique, M. Jacques Parizeau, et les gens de l'Opposition.
M. Parizeau, dans la réforme sur la fiscalité, a
déjà lui-même soulevé la question de
l'universalité et de la tarification. Peut-être que cela n'a pas
paru, mais c'était là, c'était sous-jacent à toute
son argumentation. Il a lui-même dit dans une conférence de presse
avec Hélène Baril, le samedi 26 avril 1986 et reproduite dans le
journal Le Soleil à la page A-18: "Personne n'a vu ça, parce que
pas une fois le mot universalité n'a été utilisé
dans le document... "Le livre blanc sur la fiscalité proposait une
meilleure répartition des transferts vers ceux qui en ont le plus
besoin, assorti d'une réduction de la progressivité des taux
d'imposition et d'une augmentation des taxes à la consommation."
Dans le même article: "Le développement économique
n'étant plus assuré, les niveaux du déficit et du
chômage restant élevés même après trois
années de reprise, les pays industrialisés doivent se
résoudre à s'attaquer à la vache sacrée qu'est
l'universalité des programmes sociaux, a observé l'ancien
ministre."
En conclusion, le même ex-ministre, M. Parizeau, le gourou des
finances publiques de l'ancien gouvernement: "Si le secteur public n'est plus
capable de "manager" un secteur public aussi gros, a-t-il conclu, il est
probable que la société maintiendra des valeurs de base plus
modestes, c'est-à-dire assurer l'égalité des chances et
disposer des "filets" pour protéger les individus contre les
aléas de l'existence, que ce soit le manque de travail ou la
maladie."
M. le Président, je n'ai point vu dans aucune des interventions,
que ce soit sur les frais de scolarité, la perte du pouvoir d'achat des
assistés sociaux ou les soins dentaires, tous de3 programmes qui sont
excellents en soi, une suggestion positive de l'Opposition et si l'Opposition a
conscience des enjeux qui se jouent au Québec en matière de
finances publiques actuellement. Si oui, M. le Président, j'aimerais
que, sans partisanerie, l'Opposition nous dise si elle est pour le maintien de
l'universalité, quel est le niveau de déficit qu'elle juge
acceptable pour le Québec, quel est le niveau d'endettement qu'elle juge
acceptable pour les générations qui paieront dans 20 ans et
qu'elle fasse son lit publiquement, sur la place publique, concernant ces
points fondamentaux. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M.
le député de Mille-Îles. M. le ministre des
Finances, brièvement, s'il vous plaît, afin que l'on puisse
permettre au député de Montmorency et au député de
Laviolette d'intervenir!
M. Levesque: M. le Président, comme je l'ai
indiqué, tout en étant impressionné par les propos du
député de Mille-Îles, je vais permettre à d'autres
de s'exprimer étant donné que nous arrivons à la fin du
temps consacré à cette commission.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances. Alors, M. le député de Laviolette, avec
toute votre gentillesse proverbiale, je vous demanderais aussi de permettre au
député de Montmorency de s'exprimer. Alors, allez-y, M. le
député de Laviolette!
M. Jolivet: Je lui permettrai même, selon le temps qu'il
restera, de dépasser de cinq minutes 13 heures. Il n'y a pas de
problème. Je ne voudrais pas répondre au député de
Mille-Îles, malgré les bons mots que le ministre des Finances
vient de lui accorder. Je ferai simplement mention qu'il a, à plusieurs
occasions, demandé que l'on discute sans partisanerie de l'ensemble des
finances publiques et des programmes universels, sauf que son intervention
était elle-même teintée de partisanerie. Cela ne vaudrait
même pas la peine de répondre. Je ne suis pas venu ici.
d'ailleurs, pour répondre au député de Mille-Îles;
je suis venu ici pour poser une question précise au ministre.
Réduction de la taxe sur l'essence en
Haute-Mauricie
Je sais que le ministre, pour le connaître depuis nombre
d'années, est capable de répondre à ma question de
façon bien précise sans lui-même faire de la partisanerie.
Je n'ai pas l'intention d'en faire, non plus. Je veux simplement camper le
sujet. Le ministre va être conscient dès le départ de ma
question. Deuxièmement, je voudrais bien qu'il ne me réponde pas
en me disant que j'ai du culot, parce qu'effectivement je suis
considéré comme un gars qui n'a pas de culot. Je ne suis pas ici
pour défendre Jolivet, Jean-Pierre, je suis ici pour défendre des
gens qui, dans le comté de Laviolette, ont cru à des promesses
électorales et qui espèrent qu'on les corrige. Donc, qu'on ne
vienne pas me dire que les gens, à l'époque où
j'étais dans le gouvernement, ont rejeté notre gouvernement,
c'est fait; donc, arrêtons d'en parler. La seule chose, c'est que les
gens ont désiré m'élire dans mon comté pour essayer
de continuer à les défendre, comme je le fais depuis une dizaine
d'années.
Ce sur quoi je veux poser ma question au ministre, c'est sur la taxe sur
l'essence. Dans le discours du mois de décembre, le ministre avait
accepté de la réduire, dans certains secteurs du Québec,
selon le principe même qu'il avait choisi, sauf qu'il avait, en
périphérie, laissé des coins dont le secteur de la
Haute-Mauricie.
Les gens de la Haute-Mauricie, que ce soit au niveau municipal, que ce
soit au niveau des organismes publics du milieu, que ce soit au niveau des
comités de citoyens, avaient fait des représentations au
ministre, que j'avais appuyées, toujours dans le même style
où on a des contacts normaux entre un ministre et le
député d'un comté. Le ministre m'avait même
répondu, dans une lettre qu'il m'adressait le 18 mars dernier,
qu'effectivement la présente faisait suite aux lettres du 28 janvier,
des 5 et 11 février afin d'inclure le territoire de la Haute-Mauricie
dans les zones périphériques relativement à la diminution
de la taxe sur l'essence. Il me disait: Comme il s'agit d'une proposition qui
va être discutée, en termes de modification aux politiques
fiscales, ce sera dans le prochain discours sur le budget qu'on connaîtra
le résultat.
Nous avons donc attendu, en vous rappelant que quand les gens faisaient
mention de la Haute-Mauricie, du nord du comté de Laviolette,
c'était toujours à partir, normalement, du secteur de
Rivière-aux-Rats, donc la MRC du Haut-Saint-Maurice. Je vous donne un
exemple qui est quand même intéressant. J'ai parlé de
monopole à Clova, qui a une station-service où c'est 0,74 $ le
litre. Donc, la diminution de 4,8 % vient soulager, mais vous connaissez la
raison des prix aussi élevés pour le litre d'essence
là-bas.
Entre-temps, les gens avaient vu, comme tout le monde, à la
télévision, les tableaux indiquant la Haute-Mauricie. Tout le
monde était content, tout le monde était parti avec l'idée
que finalement le ministre avait répondu aux demandes. Cependant, on dit
dans des journaux: "Joie éphémère pour les Latuquois".
Jean Desrochers, du bureau du ministre, avait dît que les Latuquois
devraient se faire à l'idée qu'ils appartiennent à un
centre trop important pour bénéficier de cette baisse de taxe sur
le prix de l'essence. Il ajoutait qu'il n'y avait pas de système qui
soit parfait à 100 %.
Dans un autre texte, on dit: "Même Petro-Canada s'est fait
prendre". Petro-Canada a été la première
société è baisser de 4,8 %, toutes les autres ont suivi.
Même, elle n'avait pas baissé de 4,8 %, mais de 4,5 %, 4,3 % et
tout le monde a suivi, sauf que trois jours après elles sont toutes
remontées au prix normal parce que La Tuque n'était pas incluse.
Un autre editorial du Nouvelliste dit: "Un peu de poudre aux yeux". Tout le
monde avait eu l'impression
que La Tuque était comprise. On parlait même du
comté de Laviolette. J'ai dit aux gens de Grand-Mère: Non, ce
n'est pas cela que le ministre a dit, il y a eu erreur quelque part, ce n'est
pas cela du tout, mais en tout cas il y a au moins La Tuque qui est
comprise.
On dit: "Le Haut-Saint-Maurice, choqué et insulté". Dans
un autre éditorial, on dit: "Le ridicule ne tue pas ou presque". Dans un
autre qui fait référence à une réunion du Parti
libéral du comté de Laviolette, on dit: "Une seule ombre au
tableau, la faible participation des militants de la région de La Tuque.
Ils sont peut-être choqués parce que La Tuque n'a pas
été incluse dans les nouvelles zones désignées pour
la diminution de la taxe ascenseur sur les carburants. C'est la nouvelle
présidente du Parti libéral qui parle: "C'est une chose sur
laquelle nous entendons travailler".
Voici la question que je pose au ministre. Je pense que c'est important
pour les gens de La Tuque parce que les quatre coins ce sont: Langelier, La
Tuque, Haute-Mauricie et Lac-Édouard. Ce sont les quatre secteurs de ce
qu'on appelle le nord du comté de Laviolette. Est-ce que le ministre,
à la suite des pressions qui ont été faites, du fait qu'il
avait dit qu'il corrigerait la situation lors du prochain budget ou, du moins,
qu'il nous disait d'attendre le prochain budget pour avoir la réponse
plus précise, est prêt à réviser sa décision
dans le secteur de la Haute-Mauricie, comme un ancien ministre des Finances, M.
Parizeau, l'avait fait à la suite des demandes des libéraux
à l'époque, même si le budget avait été
déposé? Je comprends les problèmes du ministre, je pense
qu'on s'en est parlé ouvertement, sauf qu'il y a possibilité de
corriger la situation, comme M. Parizeau l'avait fait dans les zones
frontalières. M. le ministre se souviendra de ces discussions qui
avaient eu lieu à l'Assemblée nationale.
C'est un montant qui est équivalent à 0,024 $. Quand les
gens de La Tuque ont appris, à la suite de ce qui était
écrit, que c'était un centre trop important pour en
bénéficier, ils n'ont pas été sans s'apercevoir que
Mont-Laurier et Rimouski avaient été touchées par la
baisse. Les gens se demandent si M. le ministre peut revenir sur cette
décision et corriger la situation qui -peut-être ne l'a-t-il pas
voulu lui-même - a été amenée par la
délimitation du territoire: en bas de la voie ferrée, à
partir de Parent, une ligne qui va rejoindre le comté de Roberval, mais
qui laisse en plan la partie la plus populeuse du secteur nord. Je dis bien le
secteur nord du comté de Laviolette.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, le député va
me permettre de rappeler que cette fameuse surtaxe a été
amenée par, il a même prévenu les coups...
M. Jolivet: Ah oui!
M. Levesque: ...le groupe ministériel dont il faisait
partie à l'époque.
Quant à nous, dès que nous sommes arrivés au
pouvoir au mois de décembre, nous avons commencé à
apporter un soulagement. Nous avons aboli la surtaxe partout, dans toutes les
régions périphériques de Gaspésie, du
Saguenay--Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord et de
l'Abitibi-Témiscamingue. Dans le dernier budget, autrement dit en
l'espace de quatre mois ou de quatre mois et demi, nous avons de nouveau
apporté un soulagement. J'aurais aimé que le député
reconnaisse, au moins, que certaines localités de son comté ont
été soulagées, Clova, Parent, c'est bon de le dire au
moins; il ne faut pas le passer sous silence.
Ces délimitations ne sont pas toujours faciles. Je sais que je
n'étais pas le seul à travailler à la description
géographique. Ce qu'on m'avait suggéré, c'était de
prendre une ligne qui pouvait correspondre avec certains cantons. C'est pour
cela que ceux qui ont travaillé à ces délimitations ont
pris cette limite géographique qui comprend, en partant de l'ouest, les
cantons de Gosselin, de Choquette, de David, de Landry, de Dandurand, de
Letondal, de Lavigne, de Dessane; nous arrivons ensuite au sud, les cantons de
Lavallée et d'Albanel, pour arriver à la ligne séparatrice
des comtés de Laviolette et de Roberval.
Cela a été fait de bonne foi et non pas pour priver qui
que ce sait des avantages de la modification. Je n'ai pas d'objection à
regarder de nouveau cette question, d'autant plus que certains autres
députés m'ont parlé de certains cas particuliers. Je n'ai
pas l'intention, ce matin, de prendre quelque engagement que ce soit, mais je
veux dire au député que je suis prêt à regarder cela
de nouveau.
Cela n'a pas été fait tout d'un coup. Au mois de
décembre, le comté de Rimouski n'était pas inclus, ni
Mont-Laurier, ni Matagami. Tout le long de la frontière
américaine, les comtés n'étaient pas inclus de la
façon dont ils le sont présentement, pour les comtés de
Montmagny-L'Islet, de Kamouraska-Témiseouata. Justement, on m'a fait
remarquer que, pour ce qui est de Kamouraska-Témiscouata, on s'est
occupé de la frontière américaine, mais que, du
côté de la frontière du Nouveau-Brunswick, d'après
Mme la députée du coin, il y a là une lacune. Il y a
peut-être quelques ajustements à faire. Je ne veux pas m'engager
à les faire, mais je veux m'engager à les regarder.
J'espère que nou3 allons pouvoir trouver éventuellement une
formule qui puisse
satisfaire le plus de gens possible, tenant compte, évidemment,
des contraintes auxquelles nous devons faire face.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances. M. le député de Laviolette,
j'aimerais...
M. Jolivet: Je pense que je vais lui laisser le temps de poser
ses questions.
Le Président (M. Lemieux): Il y a consentement pour
accorder dix minutes au député de Montmorency?
M. Jolivet; Oui.
Le Président (M. Lemieux): Cela va.
Une voix: Cinq minutes.
Le Président (M. Lemieux): Cinq minutes? Alors, cinq
minutes au député de Montmorency.
M. Jolivet: D'accord. C'est simplement pour dire à M. le
ministre que, si je n'ai pas parlé de Clova, j'en ai fait mention au
départ en disant que, si c'était changé, tant mieux, qu'il
en profite. Je n'ai pas parlé de Parent, parce que, dans le fond, c'est
un quasi-monopole. Ce sont deux stations-service; personne ne peut les
empêcher de se parler pour déterminer le prix. Les prix sont
très forts.
Le problème de La Tuque, c'est que c'est une région entre
le secteur de la Basse-Mauricie et du Saguenay. Ce qui arrive, c'est que les
gens prenne de l'essence à Grand-Mère ou à la limite
même des frontières, en bas à Mattawin, à un prix
qui est moindre, par rapport à Roberval. Les gens sont de passage. La
Tuque est une région touristique. Les gens prennent peut-être 5 $
d'essence en passant, ce qui ne profite pas à l'économie du
milieu. Les gens de La Tuque disent: Quand il est question de réparer
nos routes, on nous dit qu'on n'est pas importants; quand il est question de
baisser notre taxe, on nous dit qu'on est importants. Ce que je veux simplement
faire remarquer au ministre - j'espère que dans ses réflexions il
va en tenir compte - c'est que je suis prêt à lui donner la
délimitation que les gens croyaient de la Haute-Mauricie, soit la
délimitation de la MRC; cela serait la façon la plus logique.
Cela ne toucherait en fait à aucune autre localité de la
Basse-Mauricie parce que Mattawin n'est pas dans la région de la MRC du
Haut-Saint-Maurice.
Il y a une question que je veux poser au ministre. Dans combien de temps
la réflexion qu'il va faire sur cette question peut-elle nous amener
à une réponse de sa part? J'espère qu'on n'attendra pas le
prochain budget pour régler cela si vous avez une décision
à prendre en ce sens. Connaissant votre "fair-play", je suis sûr
que votre décision va être rapide. (13 heures)
M. Levesque: M. le Président, tout ce que je pouvais dire,
je l'ai dit. J'ai écouté avec intérêt et attention
les propos du député de Laviolette et voilà!
Le Président CM. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: M. le Président, quelques minutes. J'ai
écouté très attentivement ce matin les interventions du
député de Verchères et du député de Gouin
aussi. Ce sont des interventions qui me sont apparues très
légitimes et très louables dans lesquelles ils
s'inquiétaient de certaines tarifications et de certaines formes de
levées de taxes sur des personnes qu'on appellerait "démunies".
Comme députés, nous partageons tous la même
inquiétude pour les gens que nous représentons. Vis-à-vis
d'un budget, peu importe le gouvernement qui le représente, il y a
toujours des groupes dans la société qui sont plus que d'autres
appelés à un effort particulier pour contribuer aux finances de
l'État.
Cependant, hier soir, nous avons eu l'occasion, de 20 heures à 23
heures, de parler, justement, de ces préoccupations qui avaient
été éloquemment présentées par la
députée de Chicoutimi et même par le député
de Bertrand auxquelles non moins éloquemment le ministre des Finances a
répondu pour établir le contexte dans lequel le budget a
été présenté. Je rappelais aussi dans une autre
intervention quelques autres taxes que l'ancien gouvernement du Parti
québécois avait adoptées dans le dernier budget du 23
avril. Sans porter un jugement sur la légitimité de ces mesures,
je voudrais rappeler un peu ce que j'essayais de démontrer hier,
simplement une question de proportion entre peut-être certaines taxes et
certains éléments budgétaires qui peuvent affecter
certains groupes sociaux et qui sont actuellement à l'étude et
même rappeler l'inquiétude de l'Opposition par rapport à
des mesures qui ont été adoptées l'année
dernière dans le budget du 23 avril. D'ailleurs, comme
député - je suis convaincu que l'ensemble des collègues
ici en ont eu dans leur comté - j'ai des échos à l'heure
actuelle de ces taxes qui ont été adoptées le 23
avril...
M. Levesque: 1985.
M. Séguin: ...1985. Le dernier budget étant
daté du 1er mai. De ces taxes, je voudrais en nommer quatre parce
qu'elles frappent la moyenne des contribuables du Québec et qu'elles
frappent particulièrement des contribuables qui ont moins de 25 000
$
de revenu familial: la taxe sur les assurances, le remboursement
d'impôt foncier, la taxe ascenseur: carburant, bière, tabac, et la
quatrième, les allocations familiales. On en a parlé hier et on
en a parlé ce matin. Ce sont des mesures qui ont été
adoptées par l'ancien gouvernement péquiste et qui
préoccupent beaucoup les gens à l'heure actuelle. Je suis
convaincu que la plupart des députés ici en ont entendu parler et
ils vont en entendre parler beaucoup plus que de quelques autres mesures
même si certaines mesures dans le dernier budget ne sont peut-être
pas pour le plus grand plaisir de tout le monde, mais il y a une question de
proportion.
Par exemple, lorsqu'on parle de la taxe ascenseur, je me reporte
immédiatement au dernier budget de l'ancien gouvernement, celui du 23
avril 1985, où M. Duhaime présentait des modifications à
trois taxes dites "ascenseurs". On a eu l'occasion en commission parlementaire,
Iors de l'étude de la loi 2, d'en parler très longuement. Ces
taxes ascenseurs devaient rapporter à M. Duhaime, à
l'époque, plus de 250 000 000 $, c'est-à-dire les corrections
parce que les taxes existent depuis 1977. Les seules modifications de ce budget
d'avril 1985 devaient rapporter au-dessus de 250 000 000 $. La modification au
remboursement d'impôt foncier qui profite à près de 800 000
contribuables du Québec, qui gagnent un revenu inférieur à
23 000 $ par année - donc, on peut considérer que c'est
certainement dans le groupe des plus démunis - devait rapporter 75 000
000 $ à l'ex-ministre des Finances, M. Duhaime, c'est-à-dire au
gouvernement du Parti québécois.
La taxe sur les assurances est en elle-même probablement ce qui,
en termes de montant d'argent, fait apparaître l'actuelle mesure qui
fatigue l'Opposition presque anodine. La seule taxe sur les assurances qui
frappait tous les contribuables du Québec et particulièrement les
plus démunis devait rapporter à l'État, à ce
moment, 400 000 000 $. Il faut dire que cette taxe, une fois adoptée,
rapportait des recettes à l'État à toutes les
années. Les projections à l'époque montraient qu'en 1986,
avec l'indexation et le volume des assurances - à l'époque, ce
n'était pas une année pleine -c'était 500 000 000 $.
Quand je regarde ces sommes et les allocations familiales où le
ministre des Finances a clairement démontré... Là-dessus,
l'Opposition demeure très silencieuse parce que ce n'est sans doute pas
avec grande fierté aujourd'hui qu'ils ont à expliquer
eux-mêmes dans leur comté pourquoi les mère3 de famille,
par exemple, lorsqu'elles reçoivent des chèques, doivent en
supporter le plein remboursement en l'ajoutant à leur impôt ou,
à tout le moins, le conjoint qui gagne un revenu doive les
retourner.
Ainsi, la moyenne de 230 $ versée en 1986 en allocations
familiales est remboursée à même les retenues d'impôt
à la source à chaque mois, de sorte qu'à toutes fins
utiles des allocations familiales au Québec, il n'y en a plus. Cela
devait rapporter 150 000 000 $.
Alors, je suis un peu sceptique devant l'inquiétude du
député de Verchères, du député de Gouin qui
s'alarment, qui crient au changement d'orientation de toute la
société parce qu'il y aurait, à tel endroit, une coupure
de 20 000 000 $, à tel autre, une coupure de 6 000 000 $, è tel
autre, des compressions ou des tarifications de 75 000 000 $.
Je viens de citer quatre taxes qui frappent la grande moyenne des
contribuables au Québec qui représentent approximativement 1 000
000 000 $. 1 000 000 000 $ que cet ancien gouvernement a adoptés dans
son budget du 23 avril. Lorsque nous avons pris le pouvoir le 2
décembre, nous n'avions pas le choix, parce qu'ils les avaient
déjà escomptés dans leurs recettes budgétaires.
L'année fiscale se terminait le 31 mars et ils avaient
déjà dépensé ce qu'ils pensaient récolter
avec ces taxes, de sorte qu'il fallait vivre avec l'héritage qu'on a
eu.
La seule espérance qu'on a, c'est qu'on pourra, nous, dans la
mesure du possible, faire un ménage dans ces taxes pour améliorer
la situation des contribuables qui sont affectés. On a
déjà commencé, M. le Président, avec la taxe sur
les assurances. Je suis confiant qu'on va regarder les autres taxes de
près, comme la taxe dite "ascenseur" et qu'on pourra améliorer le
fardeau que les contribuables affectés par ces taxes sont appelés
à supporter.
Voilà ce que je voulais rappeler, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Montmorency. M. le ministre des Finances, vous avez un
droit de réplique et je voudrais mentionner au député de
Bertrand, même s'il m'avait demandé la parole, que nous terminons
avec le ministre des Finances. En vertu des règles de procédure,
il a un droit de réplique, s'il veut intervenir.
M. Levesque: M. le Président, je voudrais remercier tous
ceux et celles qui sont intervenus de part et d'autre dans ce débat
à la commission parlementaire et qui ont sûrement apporté
un éclairage qui, je l'espère, aidera à mieux cerner les
problèmes, les solutions, surtout, que l'on peut envisager pour
améliorer le sort de nos concitoyens et de nos concitoyennes.
En terminant, je voudrais vous féliciter, M. le Président,
de la façon dont vous dirigez ces travaux avec compétence, avec
vigilance et avec doigté. C'est tout.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances, et j'aimerais remercier les deux groupes parlementaires
pour le débat de fond qu'ils ont fait de la politique
budgétaire.
La commission ajourne ses travaux sine die ayant accompli son mandat,
soit d'avoir poursuivi pendant une période de dix heures le débat
sur la politique budgétaire du gouvernement dans le cadre du
débat sur le discours sur le budget conformément aux articles 272
et 275 des règles de procédure. Merci.
(Fin de la séance à 13 h 10)