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(Onze heures cinquante-sept minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration est réunie ce
matin pour procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 68, Loi sur le ministère des Approvisionnements et
Services et modifiant diverses dispositions législatives.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. On m'a
informé d'un remplacement: M. Chevrette (Joliette) remplacera M. Gendron
(Abitibi-Ouest).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Est-ce qu'il y a des remarques préliminaires? Il est de tradition que ce
soit le ministre, pour les remarques préliminaires, qui prenne la
parole. M. le ministre.
M. Rocheleau: Alors, M. le Président, si...
M. Chevrette: Ce serait sur une question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Joliette.
Juridiction de la commission
M. Chevrette: Je me demande, à cause des objets qu'on a
à étudier, s'il n'y a pas eu erreur dans la convocation de la
commission quant au type de la commission. On s'attendait, nous, M. le
Président, d'être convoqués à la commission de
l'aménagement et des équipements parce que la RIO relève
de l'aménagement et des équipements pour notre discussion, la
SIQ, le parc immobilier, à notre point de vue, faisait partie de
l'aménagement et des équipements. On a été surpris
au moment où on a été convoqué; je me suis
même permis, personnellement, d'aller voir et de demander au leader du
gouvernement s'il n'y avait pas eu méprise au niveau de la convocation
et si on ne devait pas être plutôt à la commission de
l'aménagement et des équipements. Je vous avoue...
Cela a quand même de l'importance parce qu'en fonction de l'ancien
gouvernement je reconnais que les Travaux publics comme tels étaient
bien spécifiquement marqués mais c'est Approvisionnements et
Services par rapport au champ de juridiction qu'a le ministre, le champ de
juridiction est assez divergent et non plus spécifique et la
responsabilité est plutôt relative à la planification,
à la programmation. Il m'apparaît important de clarifier cela au
départ pour qu'on ne crée pas de précédent et que
par la suite on se retrouve à assujettir un ministère...
Le Président (M. Lemieux): À une commission autre
que la sienne.
M. Chevrette: ...à une commission autre qu'à celle
à qui ce serait normalement dévolu.
Le Président (M. Lemieux): ...dévolu par l'article
118.
M. le leader, M. le député de Joliette, j'aimerais vous
informer qu'à cet effet l'ensemble des membres de cette commission n'ont
été informés qu'en date du 11 février 1986. II y a
eu une modification à l'article 118 où on a ajouté au
niveau de la compétence du budget et de l'administration - on retrouve
finances, budget, comptes publics, administration du gouvernement, fonction
publique, privatisation - services et approvisionnements.
M. Chevrette: Si vous retrouvez à la page 10... M. le
Président, je ne voudrais pas... mais je pense que cela vaut la peine,
à la page 10 du document intitulé: Les commissions parlementaires
- c'est un document révisé, c'est ce qui est le plus à la
page -
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chevrette: ...les mots "travaux publics" sont
répétés à l'aménagement et aux
équipements.
Comme, tant et aussi longtemps que l'ancienne appellation comprend les
juridictions, il apparaît quand même dans le document
révisé, cela apparaît à la commission de
l'aménagement et des équipements...
Le Président (M. Lemieux): D'abord, dans un premier temps,
nous sommes au ministère des Approvisionnements et Services, mais ce qui
est beaucoup plus important pour
moi, M. le député de Joliette, c'est si, effectivement, on
a compétence.
Comme il y a eu une modification à cet effet et que nous sommes
à étudier le projet de loi 68, Loi sur le ministère des
Approvisionnements et Services et qu'est dévolu à cette
commission - quitte à ce que je puisse, dans le cours de la
matinée, vous procurer la décision à cet effet -
...Puisqu'il est de notre compétence actuellement d'avoir
Approvisionnements et Services, il me semble qu'il est tout à fait
justifié juridiquement -je dis bien juridiquement - que nous
procédions, eu égard à Tordre de la Chambre que nous avons
eu - et je croîs qu'il ne s'agit pas d'une erreur - à
l'étude du projet de loi 69 è cette commission.
C'est à la suite d'une décision de la commission de
l'Assemblée nationale.
M. Chevrette: Sur la terminologie, je suis d'accord, M. le
Président. C'est strictement sur le plan juridique et légal. Sur
le plan légal, un ministère ne retrouve sa force qu'au moment
où la législation est adoptée. Au moment où on se
parle, on est à étudier le fondement juridique même du
ministère. Donc, on peut, dans notre jargon politique de fonctionnement,
prévoir la nouvelle terminologie, parce qu'on sait que de par tradition
parlementaire un ministère est sanctionné a posteriori
nécessairement parce que le ministre est nommé a priori et qu'il
a le mandat, dans son mandat initial, de former le ministère.
Une voix: Je comprends cela.
M» Chevrette: Juridiquement, au moment où on se parle, le
ministère délégué aux Services et
Approvisionnements n'existe pas. C'est toujours un ministère tutelle:
cela pourrait être une partie du Conseil du trésor qui a la
juridiction, par exemple, sur les travaux publics; cela peut même
être le ministre des Affaires municipales qui a la juridiction ou le
tutorat de la SIQ; cela pourrait être le ministre des Loisirs qui aurait
le tutorat de la RIO. Donc, quand on regarde l'ensemble des chapeaux, le
fondement juridique même... D'ailleurs, le ministre ne porte pas le nom
de ministre avec portefeuille. C'est bien spécifié "ministre
délégué". Si on regarde la façon de fonctionner du
ministre, il est obligé de passer nécessairement, pour
autorisation de quelque sou que ce soit, par le Conseil du trésor, si
j'ai bien compris.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Il répond au
président du Conseil du trésor à titre de ministre
délégué. Je suis...
M. Chevrette: À titre de ministre. À toutes fins
utiles, c'est un super adjoint parlementaire avec le pouvoir de ministre de
siéger au Conseil des ministres, si on peut s'exprimer ainsi, car il ne
peut pas ne pas passer par le président du Conseil du trésor,
dans les circonstances. C'est aussi la même chose, fort probablement,
pour le ministre délégué à la Privatisation, par
exemple, par rapport è... je ne sais pas si c'est du ministre des
Finances qu'il relève, et le ministre délégué
à la PME, qui doit relever, je suppose, de l'Industrie et du Commerce.
Il n'a pas un pouvoir de». C'est strictement sur le plan juridique que je
vous dis qu'au moment où on se parle: je ne crois pas qu'il y ait
d'assises légales pour la nouvelle interpellation par rapport au
fait.
Le Président (M. Lemieux): Je comprends très bien,
M. le député de Joliette, votre position, eu égard au
mandat qu'a actuellement cette commission. Je suis bien conscient que nous
n'étudions pas actuellement le ministère comme tel mais les
prémices veulent que nous étudiions une loi créant ce
ministère. Eu égard aux compétences de l'article 118.2
Approvisionnements et Services, je pense qu'il est quand même naturel
qu'on ait à regarder l'objet comme tel de ce projet de loi au niveau des
notes explicatives. Vous verrez que, relativement à l'objet, nous avons
à regarder l'organisation du ministère des Approvisionnement et
Services ainsi que le mandat... il prévoit notamment que le
ministère des Approvisionnements et Services aura le mandat
d'élaborer et de proposer au gouvernement des politiques concernant
l'acquisition et la fourniture de biens et services.
Je vous dirais, subsidiairement à cela, ou concrètement,
cela va de soi: il me semble que l'accessoire en droit - et je pense que vous
êtes avocat, M. le député de Joliette - l'accessoire suit
le principal. De ce constat, M. le député de Joliette, je ne peux
faire autrement que de vous dire qu'actuellement je croîs que cette
commission a effectivement juridiction, eu égard au mandat qui nous a
été donné par la Chambre.
Il ne faut pas oublier ici qu'en commission parlementaire - et je pense
que vous vous y connaissez mieux que n'importe qui à cette table - je
n'ai pas à décider comme cela ni à remettre en cause la
compétence de cette commission. Vous êtes conscient comme moi que
j'étais en Chambre tout à l'heure et que c'est par avis du leader
qu'à titre de président de cette commission je préside
l'étude d'un projet de loi qui est de la juridiction de cette
commission. Je conclus là-dessus relativement à l'article 118.2
qui, è la suite d'un amendement le 11 février 1986, octroyait une
compétence exclusive à cette commission.
M. le député de Joliette, il n'y a pas lieu de craindre -
je fais cette nuance, on
dirait en droit un obiter dictum - je suis bien conscient qu'ici on ne
crée pas le droit. Ce qui vous agace, c'est qu'on crée un
précédent qui aurait comme effet de soustraire certains domaines
de compétence qui pourraient être attribués à
d'autres commissions. Je fais bien cette réserve que l'on n'a
qu'à l'appliquer et j'applique un ordre de la Chambre. Vous
connaissez cette vieille maxime: Lex dura sed scripta. Je suis obligé de
vous dire qu'effectivement...
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: II y a de la jurisprudence à savoir qu'il
peut y avoir un retrait en Chambre d'un avis purement et simplement par erreur,
puis erreur de bonne foi.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chevrette: Cela ne veut pas nécessairement dire que
cela donne pour autant... Cela n'habilite cependant pas une commission
parlementaire sur le plan strictement juridique parce qu'il y a une erreur de
bonne foi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joiiette, vous allez voir cela souvent lorsque vous vous adressez à des
tribunaux de droit commun, où lorsqu'on a à poser une question,
que ce soit en interrogatoire principal ou en contre-interrogatoire, le juge
vous dit non. Il s'oppose à une question que vous posez. Il dit que ce
sont des considérations hypothétiques. Souvent nos politiciens
vont employer cette expression. Ce sont des questions hypothétiques.
J'ai un ordre de la Chambre, M. le leader, et vous n'êtes pas sans le
savoir. Considérant cet ordre de la Chambre, je n'ai pas à le
remettre en cause. Pour suivre votre ligne de pensée, je ne voudrais pas
créer le droit ici ce matin. Je ne pense pas qu'il soit de mon
autorité d'attribuer... non seulement je ne pense pas, mais il n'est pas
de mon autorité d'attribuer à une commission un champ de
compétence. Ce n'est ce qui va se passer ici ce matin, M. le
député de Joiiette.
Nous devrions procéder; j'ai trouvé votre question
excessivement pertinente et cet obiter dictum que j'y ai ajouté va
sécuriser, je l'espère bien, vos prétentions.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joiiette, s'il vous plaît.
M. Chevrette: Est-ce qu'il est de coutume?... Et je voudrais
poser ma question, c'est une demande de directive à vous-même.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, M. le secrétaire me parlait et je n'ai pas compris le
début de votre question.
M. Chevrette: Lorsqu'on veut faire une motion pour entendre des
gens, est-il coutume d'entendre le ministre et de donner la possibilité
après ou de faire la motion immédiatement? Ce n'est pas une
question de manque de courtoisie, c'est parce que je ne voudrais pas, ai vous
dites au ministre: Vas-y, que cela m'enlève le privilège de faire
ma motion de consultation...
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, et je suis bien
conscient de cela, si j'appelais l'article 1, vous ne seriez pas en droit de
faire ces remarques préliminaires. Remarquez que cette motion peut
être faite après les remarques préliminaires et dans le
cadre des remarques préliminaires avant que j'appelle l'article 1.
Cela peut être aussi, comme me le fait remarquer M. le
secrétaire, à juste point pendant la période
d'organisation des travaux. Cela pourrait aussi se faire. Cela va?
M. Chevrette: Est-ce que le ministre pourrait nous
présenter ceux qui l'accompagnent? Le Président (M. Lemieux): M.
le ministre délégué aux Services et Approvisionnements.
C'est cela I'expression exacte, n'est-ce pas, M. le ministre?
M. Rocheleau; Exactement, M. le Président.
Le Préaident (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: J'aimerais vous présenter, de mon cabinet
politique, M. Michel Hébert - vous allez m'excuser de ne pas avoir un
nombre aussi imposant que je le souhaiterais, M. le Président. Pour le
moment, M. Mario Denis, qui est du ministère de la Justice, nous a
été prêté à titre de légiste pour la
préparation du projet de loi que nous présentons.
Remarques préliminaires
M. Gilles Rocheleau
Si vous permettez, j'aimerais faire quelques commentaires, M. le
Président, avant d'amorcer l'étude article par article du projet
de loi.
Comme je l'expliquais sommairement mercredi soir dernier lors de la
deuxième lecture du projet de loi 68 qui pourvoit à la
constitution et à l'organisation du ministère des
Approvisionnements et Services, ce projet de loi prévoit, notamment, que
le ministre des Approvisionnements et Services aura le mandat de
préparer et de proposer au gouvernement des politiques concernant
l'acquisition et la fourniture de biens et de services pour l'ensemble des
ministères et des organismes publics que désignera le
gouvernement. Le ministre veillera à l'application de ces politiques, en
coordonnera l'exécution et pourra, à ces fins, préparer
les règlements. Le ministre des Approvisionnements et Services aura
également pour fonction d'établir, en collaboration avec les
ministères et les organismes publics désignés, les besoins
immobiliers de ces ministères et organismes et de s'assurer que les
mesures propres à satisfaire ces besoins soient prises.
Ce projet de loi modifie en outre la Loi sur le Service des achats du
gouvernement de manière que, désormais, ce service soit
intégré au ministère des Approvisionnements et Services.
Entre autres, pour atteindre les objectifs qu'il s'est fixés, le
ministre devra présenter au gouvernement des politiques relatives
à l'acquisition et à la fourniture de biens de nature
mobilière et immobilière et de services requis par les
ministères et organismes publics désignés par le
gouvernement. Le ministre aura aussi la responsabilité de voir à
l'application de ces politiques et il devra rendre des comptes au Parlement et
au public. Le ministre aura aussi le pouvoir d'adopter diverses
réglementations visant à édicter et à rendre
obligatoires une série de normes concernant, notamment, les conditions
des contrats d'achat ou de fourniture de biens ou de services, normes qui ne
seront mises en vigueur qu'à la suite de l'adoption par le gouvernement
de nouvelles politiques en cette matière.
Ainsi donc, c'est toujours le gouvernement qui pourra réglementer
les conditions des contrats et déterminer les approbations requises.
Cela signifie que le ministre exercera son pouvoir réglementaire pour
rendre applicables les politiques et les règlements adoptés par
le gouvernement. À cet effet, ni le gouvernement ni moi-même
n'avons de leçon à recevoir dans les circonstances. Mon mandat
consistera donc, au sujet de l'achat et de la fourniture de biens et de
services, è émettre des directives pour préciser les
politiques et règlements en lieu et place du Conseil du trésor.
Après l'adoption du projet de loi 68, que nous étudions
actuellement, j'aurai, en collaboration avec les ministères et certains
organismes désignés, à évaluer et à
déterminer les besoins immobiliers du gouvernement.
Je tiens aussi à démêler l'imbroglio qui semblait
exister tout à l'heure, à savoir si on avait été
convoqué è la bonne commission. Le leader de l'Opposition,
député de Joliette, mentionnait, entre autres, la RIO.
Effectivement, M. le Président, ce qu'on retrouve à
l'intérieur du projet de loi, c'est plus particulièrement ce qui
concerne les achats et la Société immobilière du
Québec. La RIO, par exemple, m'est confiée à titre de
responsabilité par décret du gouvernement. On ne retrouve pas cet
organisme à l'intérieur du projet de loi. Effectivement, le
ministère de3 Approvisionnements et Services, comme cela est
énoncé à l'intérieur de ce projet de loi, est
beaucoup plus un ministère à caractère administratif qui a
à établir des politiques, des règlements et aussi à
définir la planification des besoins des différents
ministères en ce qui concerne le mobilier et l'immobilier. (12 h 15)
Je considère que l'étude relève de cette
commission, M. le Président. Ce sera à vous ou à ceux qui
y poseront des questions éventuellement de rendre la décision.
Nous avons, M. le Président, terminé l'étude en
deuxième lecture. J'aurais souhaité pouvoir expliciter davantage
pour le bénéfice de l'ensemble de mes collègues de
l'Assemblée nationale. Malheureusement, on n'a pas pu aller dans les
moindres détails. Nous souhaitons en commission parlementaire pouvoir,
è l'analyse de chacun des articles, satisfaire les exigences par les
réponses que nous pourrons donner.
Sur ce, M. le Président, quand vous souhaiterez ou quand cette
assemblée souhaitera amorcer les articles, je suis à votre
disposition.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre délégué aux Services et Approvisionnements. Y
a-t-il d'autres membres qui auraient des remarques préliminaires?
M. le député de Joliette, s'il vous plaît.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, au-delà du fait que
ce ministère sera sans doute créé par le poids du nombre,
cela n'est certainement pas, comme l'a dit le ministre, un ministère
exclusivement à vocation administrative.
Je pense que c'est un ministère, à ce moment-ci, M. le
Président, qui deviendrait -qui deviendra, même -
extrêmement politique. Je pense qu'on est à défaire, au
moment où on se parle, un processus qui avait été suivi et
qui visait précisément à dépolitiser
l'administration publique. Alors qu'on procède exactement à
l'inverse de ce à quoi on a assisté, au cours des dix
dernières années, on s'achemine d'une façon
très
évidente vers la politisation de l'administration publique, M. le
Président. Tout a convergé pour aller vers la politisation par ce
ministère. Je ne reprendrai pas tous les éléments, mais je
vais en reprendre certains, M. le Président.
Tout d'abord, on se rappellera que, dès sa nomination à
peine... Si on se fie aux articles de journaux - et je n'ai pas de raison de
croire que les journaux mentent -si on se fie à un article de journal,
à peine ou une journée ou deux après l'asser-mentation du
ministre actuel - c'était un dimanche - on voit l'embauche d'un ami
personnel payé è même la masse salariale partisane pour
réétudier un système qui, lui, n'était
qu'administratif et dans le but de le rendre politique. On ne se cache pas,
à part cela, pour le dire. On dit clairement: Oui, c'est un "chum"; oui,
il est payé a même ma masse de cabinet, même si les mandats
ont changé à trois reprises quant à sa version. D'abord,
le premier mandat visait à étudier globalement le
système pour faire des recommandations; ensuite, cela a glissé
vers la préparation de mandats pour d'autres firmes; enfin, pour avoir
un oeil et une attention très particulière sur - on a même
appelé cela une préoccupation majeure, particulière - le
système informatique. Donc, quand le ministre dit: C'est un
ministère administratif. Non! Quand la masse partisane sert à
payer une firme, non pas basée sur les compétences, mais
carrément basée sur une amitié personnelle et qu'on veut
étudier un système administratif pour le modifier, qu'on ne
vienne pas me dire qu'on veut consolider l'administration publique. On veut la
politiser davantage, on veut faire en sorte, précisément, que le
système qui était, lui, administratif, qui était sous la
gouverne d'un ministère, mais dont l'autonomie était certaine...
Le Service des achats du gouvernement, en vertu d'une loi, M. le
Président, possède, au moment où on se parle, une
très grande autonomie. Il en est de même, d'ailleurs, pour les
autres structures. Qu'on pense à la SIQ. La SIQ a une assise
légale en vertu d'une loi qui l'a fondamentalement créée
et la SIQ a une autonomie de fonctionnement, une autonomie certaine et non une
certaine autonomie. Elle a un conseil qui peut procéder et prendre des
décisions, administrer, faire des profits, tout.
La Société immobilière a été
créée justement pour enlever l'administration du chapeau
politique et pour rendre le tout véritablement administratif. Qu'est-ce
qu'on fait par cette législation? On remet le chapeau politique qui
avait été jugé, à ma surprise, à
l'époque, par le présent gouvernement, qui était
l'Opposition alors, comme quelque chose d'intéressant de
dépolitiser l'administration publique. Aujourd'hui, cette même
équipe, qui a repris le pouvoir, nous dit: On veut créer un
tribunal ou un genre de ministère administratif. C'est faux, c'est le
contraire. On veut purement revenir aux méthodes décriées
qui avaient conduit l'Assemblée nationale, dans les années
1977-1978, à faire en sorte qu'on dépolitise le système
des achats, qu'on dépolitise le parc immobilier, qu'on dépolitise
un peu l'administration publique qui avait été, à toutes
fins utiles, laissée, entre les années 1970 et 1976 d'une
façon plus particulière, à la merci de toutes sortes de
pressions, à la merci de toutes sortes d'actes de favoritisme qui ont
conduit, par exemple, un seul individu à avoir 140 contrats sur 141 sans
soumissions publiques, à la firme Paragon. D'une seule claque, un seul
individu, 140 contrats sur 141, imaginez-vous, sans soumissions publiques!
Je pense que le système public, le système de
fonctionnement public s'est amélioré de beaucoup au
Québec. Le système des soumissions publiques est arrivé.
Le système informatisé est arrivé pour la sélection
à la fois des professionnels et des entrepreneurs. Je pense qu'il y a eu
une démarche solide et une démarche certaine vers des actes de
probité publique. Le Parlement - et non seulement le gouvernement -le
Parlement en entier a été associé à cette
démarche vers une plus grande probité publique dans le
fonctionnement. J'ignore les motifs, parce qu'on ne les a pas eus encore.
Pourquoi faire une démarche inverse? Pourquoi maintenant retourner
à ce qui a été décrié...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Joliette. Une question de règlement.
M. Rocheleau: Une question de règlement, à savoir
une directive de votre part, M. le Président, quant à la
pertinence du débat, d'une part en ce qui a trait au projet de loi 68 et
également concernant les affirmations gratuites que semble faire le
leader de l'Opposition en revenant à Paragon où 140 contrats sur
141 auraient été donnés sans soumissions. Je regrette, M.
le Président, j'ai l'impression que dans le temps, il y avait des
soumissions demandées et je souligne que Paragon, dans le temps
-semble-t-il - s'était conformé en tous points et était le
plus bas soumissionnaire. Alors, il faudrait éviter, M. le
Président, de lancer encore des insinuations et je souhaiterais
davantage que nous puissions procéder à l'étude du projet
de loi qui va créer le ministère des Approvisionnements et
Services.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre
délégué aux Services et Approvisionnements, avant de venir
à cette commission, j'ai demandé au secrétaire de la
commission de me sortir la jurisprudence eu
égard à l'article 211 qui a trait à la pertinence.
Je l'ai lue, je l'ai regardée. Actuellement, j'aimerais vous faire
mention que nous sommes effectivement au niveau des remarques
préliminaires. En ce qui a trait à la règle de la
pertinence au niveau des remarques préliminaires, elle est encore plus
large que le prévoit l'article 41 de la Loi d'interprétation qui
dit qu'un statut reçoit une interprétation large,
libérale, qui assure son accomplissement et objet. Cette règle
s'applique en vertu de l'article 181 et comme nous sommes à ce niveau et
qu'il est permis au député de Joliette peut-être de
reprendre d'une certaine façon, je ne dirais pas le débat sur le
principe, mais qui peut résumer le débat sur le principe du
projet de loi, ces remarques peuvent actuellement être
considérées comme valides et valables et il peut s'exprimer de
cette façon. Je ne dis pas qu'elles sont ni pertinentes ni très
pertinentes - et je vois le député de Joliette qui me fait signe
- mais je vous dis qu'il est en droit de pouvoir s'exprimer de cette
façon.
M. le député de Joliette, vous pouvez continuer au niveau
des remarques préliminaires.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. J'étais donc
à dire que nous n'avions pas entendu le gouvernement; aucun responsable
du côté ministériel nous expliquer le pourquoi de ce retour
en arrière. Il me semble qu'on aurait été en droit de
s'attendre à autre chose que: C'est parce qu'il y a un règlement
de 400 feuilles. C'est une chose que de réexaminer un système
réglementaire et c'est une autre chose que de le politiser. Cela
m'apparatt le jour et la nuit. Est-ce que, pour amender un règlement, on
doit politiser une gestion publique qui a donné des preuves de
probité alors que la politisation de ces secteurs avait donné des
preuves concrètes et tangibles, entre 1970 et 1976 en particulier, d'un
manque épouvantable de probité publique et de laxisme au niveau
de l'administration publique? Je pense que c'est nettement différent.
Pourtant, c'est à peu près le seul argument. Ce règlement
de 400 pages qui existe oblige à avoir quelque chose de neuf dans le
décor. Je vous avoue que ce n'est pas fort comme argumentation.
Deuxièmement, il m'apparatt également que le mandat vient
de très haut et j'aimerais que le ministre nous dise cela en
préliminaires. Ce ministre est responsable de structures - je pense
qu'il le sait et qu'il en est conscient - qui ont été
galvaudées avant d'en arriver au présent système où
on a, je pense, quelque chose de solide et à l'abri des pressions
partisanes, des pressions politiques et des lobbyistes. Il m'apparatt important
qu'il nous dise, au tout début de l'étude de ce projet de loi,
qu'il a été nommé précisément pour les
changer. Il a été nommé ministre et son mandat explicite,
c'était de les changer. Il m'apparatt normal que la démarche
aurait été la suivante autrement. La démarche normale
aurait été, tout d'abord, de se former un cabinet, de voir
à s'entourer d'attachés politiques, de voir à s'entourer
de personnel compétent, d'asseoir son ministère.
Deuxièmement, il aurait été normal de commencer à
faire le tour, dans les premières semaines, de la RIO, de la SIQ, du
Service des achats et, après, d'aller voir le Bureau de la protection
civile, de s'enquérir auprès des fonctionnaires responsables, des
hauts fonctionnaires et des cadres de ces différentes structures des
problèmes vécus, pour savoir quels sont les problèmes
majeurs rencontrés, quel type d'analyse ils en font, quel type de
perspective ils ont, cerner, à toutes fins utiles, l'ensemble des
problèmes qui existent dans chacune de ces structures.
Là, le ministre aurait dit: Bien, à la SIQ, il y a tel
problème particulier. Au bout de quinze jours, trois semaines ou un
mois, après avoir mûri véritablement les problèmes,
après avoir obtenu une vision globale de ce qui se passait dans chacune
de ces structures, le ministre aurait demandé au Conseil des ministres
un mandat spécifique pour changer tel secteur et aurait
rédigé un mémoire pour dire: À la SIQ, il y a tel
problème; je recommande telle modification; à la RIO, je
recommande telle modification; au Service des achats, je recommande telle
modification après avoir jasé avec mes fonctionnaires.
Imaginez! Le ministre admettait dans les journaux qu'il était
allé voir Rosalie au mois de mars dernier, février ou mars.
C'était dans les journaux, un grand article avec un gros titre. C'est en
février ou mars. Le ministre va visiter Rosalie. Deux jours
après, il est assermenté; son "chum" est engagé, à
même son budget de cabinet, pour étudier un système dont
les preuves de probité publique ont été faites. Cela fait
curieux comme démarche, vous en conviendrez, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, puis-je vous faire une remarque? Je sais que vous avez beaucoup de
respect pour cette institution, M. le député de Joliette. Vous
savez, tout è l'heure j'ai fait des remarques préliminaires
concernant la règle de la pertinence, mais il faut quand même,
vous savez... On n'a pas, dans un premier temps, à remettre en question
le principe du projet de loi, mais il faut que cela ait un certain lien - vous
le comprendrez encore - avec le projet de loi comme tel et j'irais même
plus loin. Je vais même vous donner une certaine orientation en vous
citant l'article 299 de la cinquième édition du Règlement
annoté de Beauchesne: L'interdiction des digressions abusives
suppose
l'application de ce qu'on appelle la "règle de la pertinence".
Cette règle est malaisée à définir et, dans les cas
difficiles - c'est ce que j'ai fait tout à l'heure - elle doit
être interprétée au bénéfice du
député. C'est ce que j'ai fait tout à l'heure. Mais
l'interdiction des répétitions est d'application difficile. Les
diverses étapes prévues par la procédure
législative favorisant, quand elle ne les multiplie pas purement et
simplement, les occasions de revenir sans cesse sur les mêmes propos,
dans la pratique, l'orateur use largement de ses pouvoirs
discrétionnaires. C'est ce que j'ai essayé de faire. (12 h
30)
Cette règle est appliquée avec une certaine souplesse.
C'est ce que j'ai essayé de faire sauf que, tout ce que je vous
demande, c'est d'essayer quand même, M. le député de
Joliette et leader de, l'Opposition en Chambre, vous qui avez une connaissance
proverbiale des règles de procédure, d'en arriver à avoir
un certain lien avec le projet de loi et, dans une certaine mesure, ne pas
remettre en cause le pfincipe qui a été adopté en Chambre,
s'il vous plaît.
M. Chevrette: C'est votre directive, M. le Président,
parce que vous vous êtes permis vous-même de... C'est normal, quand
le président remarque supposément une violation ou une
interprétation...
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, c'est ce que le
règlement me dit.
M. Chevrette: Donc, je n'en appelle pas de votre décision,
mais je vais vous donner, sur votre question de règlement et non pas sur
le temps de mon intervention, pour le bénéfice de
l'Assemblée et pour votre propre bénéfice...
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Chevrette: ...je suis à discuter d'un processus qui a
servi a en arriver à la formation du ministère qui est non
conforme au processus suivi au cours des années pour dépolitiser
précisément l'administration publique. Le projet de loi - si ce
n'est pas cela, M. le Président, je n'ai rien compris au projet de loi -
veut créer un ministère qui vient enlever de l'autorité
à des structures dont le rôle spécifique est
l'administration publique. Je pense que je suis tout à fait pertinent
quant aux remarques préliminaires, d'expliquer mon
incompréhension vis-à-vis le processus inverse qui a
été suivi dans l'administration publique au Québec. Je ne
vois pas en quoi - surtout avec la jurisprudence que vous connaissez sur les
notes préliminaires en commission parlementaire, je suis tout à
fait surpris, M. le Président - on puisse penser que j'enfreins le
règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, j'allais le dire, effectivement: ce n'est pas contester la
décision du président, mais vous êtes quand même
d'une habileté proverbiale. Mais, je vous en prie, M. le
Président, tenez-vous en quand même au projet de loi 6B.
M. Chevrette: Pas président, député.
Le Président (M. Lemieux): Excusez-moi, M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Bon.
M. Rocheleau: Sur une question de directive, M. le
Président, si vous me permettez.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre
délégué aux Services et Approvisionnements.
M. Rocheleau: Je veux simplement que vous puissiez me dire... Le
leader de l'Opposition semble avancer ou indiquer que les structures sont
complètement modifiées. M. le Président, je pense que,
pour son information, il n'y a aucune modification aux structures comme telles.
Il faudrait que le leader de l'Opposition soit quand même sur le bon
filon s'il veut...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué aux Services et Approvisionnements, j'aimerais
peut-être attirer votre attention sur votre droit de parole. Cela me
semble important. Vous savez, en vertu de l'article 209, au niveau des
remarques préliminaires, vous pouvez intervenir une seule fois pour une
durée de 20 minutes.
Effectivement, j'ai vu, j'ai assisté à d'autres
commissions où il y a eu une dérogation à cette
règle. Effectivement, en vertu de l'article 155 des règles de
procédure - je crois que c'est 155 - on peut déroger au temps de
parole s'il y a consentement.
Si l'Opposition y consent tout à l'heure, vous pourrez vous
exprimer à cet effet, parce que je trouve que ce n'était pas tout
à fait une question de directive que vous m'avez posée,
c'était plutôt une remarque. Lors de l'étude
détaillée, en vertu de l'article 246, vous aurez un temps de
parole de cinq minutes après chacune des interventions. Si l'Opposition
y consent, tout à l'heure, après ses 20 minutes, comme vous avez
pris six minutes et, je pense... Combien, six minutes, M. le ministre, tout
à l'heure et...
Une voix: Onze minutes.
Le Président (M. Lemieux): Onze
minutes. Alors, si l'Opposition consent que vous ayez un droit de parole
de neuf minutes supplémentaires, si j'ai le consentement de part et
d'autre, lors des remarques préliminaires vous pourrez le faire, sinon
je dois m'en tenir à l'interprétation du règlement. Alors,
M. le député de Joliette. Oui, M. le ministre
délégué aux Services et Approvisionnements.
M. Rocheleau: Juste pour clarifier, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Rocheleau: C'est que, occasionnellement, je remarque que le
leader de l'Opposition semble m'interroger.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement.
M. Rocheleau: Et, en fait, ma déclaration initiale me
permet d'en faire une. Par contre, s'il y a de l'interrogation qui se fait
constamment de la part du leader de l'Opposition, je voudrais savoir si,
éventuellement, je vais pouvoir répliquer ou...
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez répliquer
lorsqu'on passera, tout è l'heure, à l'étude de chacun des
articles du projet de loi. Vous pourrez faire vos remarques, M. le ministre
délégué aux Services et Approvisionnements.
Si le leader de l'Opposition, député de Joliette, consent
que vous puissiez, tout à l'heure, prendre la parole pour les neuf
minutes qu'il vous reste, comme cela s'est fait à l'occasion à
d'autres commissions, on acceptera de vous entendre et vous pourrez
répandre au niveau des remarques préliminaires aux interrogations
du député de Joliette.
M. Chevrette: Sur la question de directive du ministre, je suis
prêt à prendre tout le temps, à donner tous les
consentements possibles pour qu'on puisse vider les deux questions, à
savoir quels sont les motifs fondamentaux qui ont amené la
création du ministère - c'est vrai que j'ai posé une
question au ministre tantôt - et je suis prêt également, sur
une autre question que j'aurai à formuler à la fin, à
accorder le temps nécessaire pour répondre. Il peut même y
avoir des échanges entre les deux afin de véritablement faire la
lumière autour de cela. Je pense que c'est d'intérêt public
de faire la lumière et je ne crois pas qu'on soit poussé par le
temps au point de ne pas clarifier la situation, malgré que l'article
249 ne donne qu'un droit de parole è chacun des députés
autour de cette table sur le projet de loi. On verra, on le jugera. Avec le
consentement, on peut procéder de toute façon.
Le Président (M. Lemieux): Je suis bien conscient de cela,
M. le député de Joliette, mais vous êtes tout aussi
conscient que nous avons un mandat de la Chambre, soit de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 68.
M. Chevrette: Oui, mais avec le consentement, à l'article
155...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chevrette: Si ma mémoire est fidèle.
Le Président (M. Lemieux): Oui, c'est exactement cela, on
peut déroger.
M. Chevrette: "Toute commission peut, de consentement
unanime...
Le Président (M. Lemieux): Déroger.
M. Chevrette: ...de ses membres déroger aux règles
relatives au temps de parole."
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais vous comprendrez que,
si on en vient à un consentement pour déroger au temps de parole,
on devra s'entendre sur une enveloppe de temps et ce sur quoi on s'entend pour
déroger au temps de parole. Sans cela, ce sera un peu la pagaille. Il
faut quand même une certaine méthode, vous en conviendrez. Cela
va? Vous pouvez continuer votre intervention, M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Donc, M. le Président, j'étais
à expliquer, avant votre intervention pertinente, je crois - cela nous a
permis de nous renseigner sur les articles du règlement - le processus
inverse que nous vivons présentement par rapport à ce qui a
été vécu, c'est-à-dire la dépolitisation de
la gestion publique par rapport à la "repolitisation" que l'on est en
train de faire. Il est de toute évidence... Si le ministre n'avait pas
admis lui-même avoir procédé sur sa masse partisane pour
faire une analyse partisane du coeur même du système qui, lui,
n'est pas partisan, c'est-à-dire le système informatique, nous
aurions sans doute cru que c'était peut-être habile. Nous avions
discuté, à la commission parlementaire, quand on a fait
l'adoption des crédits - et c'était vous qui étiez
là, M. le Président - de réglementation, peut-être
de modifications, et j'avais spontanément dit au ministre: Bien
sûr, ce serait bon de réviser cela, mais non pas de mettre sous la
tutelle politique partisane un système qui se veut à
l'épreuve de tout lobbyisme puissant ou de tout professionnel, tout
groupe ou tout
entrepreneur de l'extérieur, toute mainmise par
l'intermédiaire de l'homme politique qui, par une loi, vient de se
donner le pouvoir de fouiller dans cela allègrement.
Et vous le verrez à cause de l'article 7 qui suivra sur les
pouvoirs de réglementation sans aucune balise. J'ai hâte de voir
les avis du ministère de la Justice là-dessus. On ne peut pas
réglementer sans donner des balises, c'est de toute évidence,
c'est clair. Même nos conseillers juridiques nous disent qu'il y a
probablement une clause ultra vires dans le projet de loi. On pourra en
discuter lorsqu'on y arrivera, M. le Président. Il sera peut-être
intéressant d'entendre les arguments des gens de robe qui sont assis
à cette table. On pourra san3 doute vérifier, bien sûr, si
ces articles ne permettent pas...
Une voix: Je n'en connais pas.
M. Chevrette: Il y en a un derrière toi ... si ces
articles ne permettent pas précisément d'ouvrir des portes qui,
à mon avis, pour l'ensemble du système politique
québécois, et pour l'ensemble de l'appareil administratif
québécois et de la saine gestion des deniers publics... Il
m'apparaît important qu'on y aille de la façon la plus
sérieuse dans l'étude de ce projet de loi.
Il faut bien admettre que le processus -je le disais tantôt - est
tout à fait bizarre. J'ai quand même l'expérience de dix
ans de vie politique. Pendant dix ans de vie politique, on a vu des gens
nommés ministres, on a vu des gens adhérer à des
fonctions, on a vu des gens assermentés, on a vu des gens
procéder, on a vu du monde qui était sérieux, très
sérieux, et qui prenait le temps d'écouter. Le premier jour,
quand vous êtes nommé ministre - je l'ai quand même
été aux Loisirs et à la Santé et Services sociaux -
et quand le premier ministre vous assigne une fonction, qu'est-ce que vous
faites?
Vous commencez par aller rencontrer les hauts dirigeants pour savoir
quels sont les problèmes urgents, vous informer des problèmes
majeurs, qu'il peut vous arriver à court terme, sur quoi vous pouvez
être appelé à vous prononcer dans les jours qui suivent
pour établir vos priorités de travail, pour établir vos
priorités de fonctionnement. Vous rencontrez vos cadres
supérieurs. Vous vous engagez un chef de cabinet en qui vous avez toute
confiance, mais on ne "se garroche" pas... Par exemple, à la
santé, moi, je ne sais pas, si j'étais arrivé au
ministère de la santé et que j'avais dit: Bon, je signe un
contrat pour dorénavant abolir les CLSC au Québec et que je
demande à mon "chum", qui a une spécialité, qui a connu
cela un peu, qui est un lobbyiste reconnu... Je l'engage pour 20 000 $ sur ma
masse et je lui dis: Trouve-moi donc une solution pour changer cela. C'est plus
sérieux que cela, l'administration publique. C'est ce qui a donné
à l'Opposition autant d'inquiétude. Le ministre rigolait quand
j'ai traversé la rue, disait-il en courant, très calmement,
d'ailleurs. Il rencontrait un de ses grands chums, un journaliste du Journal de
Montréal, qui échappait quelques phrases, d'ailleurs
textuellement reprises par le ministre hier soir en Chambre.
Je traverse de l'autre côté, je constate, je demande au
greffier: M. le greffier, quand avez-vous eu le mandat? Il dit: Je viens
d'aller le chercher parce que je vous ai entendu le demander en Chambre. Ah! Il
dit: Je viens d'aller le chercher, on vous écoutait en Chambre et on
savait que vous viendriez, donc, on vient d'aller le chercher. Il nous montre
le mandat. Effectivement, il y a des lettres retapées. Plus encore,
aucune estampe disant que cela a été reçu au greffe.
Aucune. On ne sait pas la date. Cela n'est pas sérieux, c'est un
gouvernement. On n'est pas une compagnie de broche à foin dans quelque
chose qui fonctionne a la va comme je te pousse. C'est sérieux,
l'administration publique, et on s'apprête à créer un
ministère pour gérer justement la probité publique.
M. Rocheleau: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Joliette, s'il vous plaît. Sur la question de
règlement, M. le ministre délégué aux Services et
Approvisionnements.
M. Rocheleau: Je pense qu'il est important d'apporter un
correctif sur ce que le leader de l'Opposition vient de dire, quand il
mentionne le fait d'aller chercher au greffe. Les documents de mon cabinet
politique sont envoyés aux services administratifs...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué aux Services et Approvisionnements, vous savez,
j'ai à appliquer le règlement et je veux le faire de
manière que tant vos droits que ceux de l'Opposition soient
respectés. S'il s'agit d'une question de règlement, il faudrait
quand même me citer de quel article vous voulez faire état. Il me
semble que voua voulez invoquer l'article 212: "Tout député
estimant que ses propos ont été mal compris ou
déformés peut donner de très brèves explications
sur le discours qu'il a prononcé. "Il doit donner ces explications
immédiatement après l'intervention qui les suscite. Elles ne
doivent apporter aucun élément nouveau à la discussion, ni
susciter de débat."
M. le ministre délégué aux Services et
Approvisionnements, est-ce qu'il s'agissait de cet article?
M. Rocheleau: En vertu de l'article 212, je considère que
le leader de l'Opposition, qui s'est rendu au Conseil du trésor,
mentionne que le document n'avait pas été estampillé au
greffe. Je dois lui dire que le document a été envoyé aux
services administratifs.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le ministre
délégué aux Services et Approvisionnements, vous savez, le
député de Joliette serait en droit d'exiger de la
présidence, d'abord, de continuer à parler, parce qu'il y a un
petit mot dans l'article 212 qui me paraît important. C'est que tout
député estimant que ses propos ont été mai compris
ou déformés peut... Bon. Il doit donner ces explications et
voilà ce qui est important, immédiatement après
l'intervention. C'est le mot intervention qui est important. Or, le
député de Joliette n'a pas terminé son intervention.
Effectivement, vous êtes en droit de faire ces remarques, mais
après que le député de Joliette aura terminé son
intervention. Il lui reste exactement 3 minutes 30 secondes avant d'avoir
terminé son intervention. M. le député de Joliette, vous
pouvez continuer.
M. Chevrette: Sur votre motion, M. le Président, sur vos
explications, l'article 212, vous me permettrez de dire que c'est sur les
propos prononcés par le député lui-même au cas
où ils auraient été mal interprétés.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement.
M. Chevrette: Que Je sache, il n'a pas parlé du Conseil du
trésor ce matin. Je ne vois pas en quoi l'article 212 pourrait lui venir
au secours.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le leader de
l'Opposition, vous avez raison aussi. C'est tout député, le
député lui-même. Effectivement, vous avez raison, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: C'est sur ses propres propos. (12 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. Chevrette: Ah
d'accord!
Le Président (M. Lemieux): Cela va? Sur ses propres
propos.
M. Chevrette: Je disais donc, pour je ne sais pas quelle
nième fois, que le député de Hull a agi tout à fait
d'une façon inhabituelle, d'une façon même pas naturelle et
avec un comportement qu'on connatt à peu d'hommes publics, si ce n'est
qu'il a reçu un mandat spécifique le jour où il a
été nommé ou le jour où il a été
assermenté et que la commande était tellement directe et venait
de tellement haut qu'il a procédé immédiatement
après à cela. Sinon, entre vous et moi, je redonne l'exemple de
la santé, si j'avais procédé à une journée
et demie ouvrable à nommer un comité pour mettre en péril
ou pour remettre en cause les réseaux des CLSC, les gens m'auraient tout
au moins dit: Voulez-vous être sérieux, M. le ministre,
voulez-vous prendre le temps de nous rencontrer, d'avoir les versions, d'aller
voir les groupes impliqués, de voir les opposants? Après cela,
vous pourrez décréter un mandat très particulier
d'étude en fonction de ce que vous aurez entendu des deux
côtés de la médaille et de la situation. Cela eût
été une démarche intellectuellement correcte et
également une démarche de fait, je crois, tout à fait
acceptable et réfléchie pour un ministre qui a à s'occuper
de la probité publique.
M. le Président, c'est bien sûr qu'on pose des questions.
C'est une interrogation sur un comportement tout à fait inhabituel,
c'est clair. Je crois qu'il n'y a pas de cachettes dans cela.
Le ministre pourrait peut-être nou3 dire: Oui, mais nous, notre
idée était faite sur cela. Le premier ministre m'a dit
carrément: Engage quelqu'un et remets cela en cause, cette affaire. Cela
presse, cela urge. C'est possible. Mais cela aurait été
intéressant qu'il justifie au moins son geste précipité.
C'est un geste très précipité, vous en conviendrez. Il n'a
pas encore une secrétaire puis il engage son "churn". Et plus que cela,
c'est bourré de fautes: le nom du député écrit
"non". C'est peu orthodoxe de retrouver un mandat de 20 000 $ sur un papier,
alors qu'il existe des formules toutes faites pour un député et
qu'il existe des formules toutes faites pour un ministre. C'est un morceau de
papier qu'on a pris. On a essayé de prendre un autre qu'on avait
déjà engagé. On a écrit le nom du
député, "non", député de Hull.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, pouvez-vous conclure s'il vous plaît! Tout à l'heure, je
vous ai avisé qu'il restait 3 minutes et 30 secondes sur votre temps de
parole. Combien reste-t-il?
Une voix: Il reste 45 secondes.
Le Président (M. Lemieux): 45 secondes. Vous avez 45
secondes pour conclure, vous comprendrez.
M. Chevrette: M. le Président.
M. Poulin:...
Le Président (M. Lemieux): M. le
député de Chauveau, s'il vous plaît, vous me
permettrez, je suis en mesure de faire en sorte de faire respecter les droits
des parlementaires.
M. Chagnon: On a le droit de porter de l'aide à un autre
collègue.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Louis de votre remarque. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que la
présidence est considérée comme un collègue
partisan? Non, hein!
Le Président (M. Lemieux): Non, je ne crois pas. Je crois
que M. le député de Saint-Louis voulait faire
référence au député de Chauveau.
M. Poulin: ...de l'aide, c'est pour le député de
Joliette que j'entendais.
Le Président (M. Lemieux): II voulait aussi faire
référence au député de Joliette, qui aussi est un
collègue de l'Assemblée nationale.
M. Chevrette: Oui, à certains bouts, hier soir, on ne
semblait pas collègues trop trop. Ceci dit, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député.
M. Chevrette: Je conclus en disant que j'aimerais entendre de la
bouche du ministre, et je suis prêt à un consentement de droit de
parole sur les deux questions suivantes: Premièrement, quels ont
été les objectifs conduisant le présent gouvernement
à repolitiser l'administration publique? Deuxièmement, avait-il
reçu expressément un mandat du premier ministre pour agir, ou
d'un de ses adjoints pour procéder d'une façon aussi
accélérée à l'engagement d'un ami sur sa masse
partisane?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a entente afin
que le député de Joliette vous pose ces deux questions, M. le
ministre, et que vous ayez votre droit de réponse? Est-ce qu'il y a une
enveloppe de temps?
M. Chevrette: Je suis prêt à donner le consentement
pour le temps, cinq à dix minutes. Je ne sais pas.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. De cinq à dix
minutes. Est-ce qu'on s'entend pour dix minutes?
M. Chevrette: II reste neuf minutes. Le Président (M.
Lemieux): II reste neuf minutes. Pour les neuf minutes?
M. Chevrette: À l'intérieur de ses 20 minutes, je
pense...
Le Président (M. Lemieux): À l'intérieur de
20 minutes, M. le député.
M. Chevrette: ...qu'il peut fonctionner. Même si
théoriquement le 249...
Le Président (M. Lemieux): C'est cela. J'aime mieux que ce
soit dans les règles de l'art, vous me comprendrez.
M. Chevrette: D'accord.
M. Rocheleau: Alors conditionnellement, M. le Président,
bien entendu, à ce qu'après on puisse procéder à
l'étude article par article du projet de loi.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué aux Services et Approvisionnements, s'il y a
d'autres remarques préliminaires et s'il y a d'autres
députés qui veulent intervenir en ce qui concerne les remarques
préliminaires, comme le député de Mille-Îles
d'ailleurs m'en a fait part tout à l'heure, je devrai leur céder
la parole.
M. Chevrette: Je ne donne pas... conditionnellement. Je donne mon
consentement pour répondre, mais j'ai d'autres motions.
Le Président (M. Lemieux): Oui, je vous comprends. Vous
êtes bien au courant, M. le ministre délégué aux
Services et Approvisionnements qu'il peut y avoir des motions
préliminaires qui peuvent être faites.
M. RocheleaiK D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Sous réserve de ces
droits, mon mandat est de procéder à l'étude du projet de
loi et je vais le faire.
M. le ministre délégué aux Services et
Approvisionnements.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: M. le Président, simplement pour reprendre
certains éléments que le leader de l'Opposition a
mentionnés tantôt, entre autres, quand il faisait allusion
qu'immédiatement après que j'ai été nommé
ministre, j'aurais pu consulter, j'aurais pu engager du personnel, j'aurais pu
attendre. C'est une question d'appréciation. C'e9t une question
d'interprétation de temps dans les faits. Je vous avoue que cela faisait
déjà quatre ans et demi que je faisais le tour de I'ensemble des
organismes gouvernementaux par ma présence à l'Assemblée
nationale comme député de 1981 à 1985. Alors, je
n'avais pas tellement à apprendre du leader de l'Opposition,
à savoir comment faire pour retenir les services de quelqu'un et quand
le faire. Étant ministre délégué aux Services et
Approvisionnements à ce moment-là, je n'entrais pas dans un
ministère qui existait déjà et qui était en
opération et je devais éventuellement faire en sorte de
créer le ministère des Approvisionnements et Services. Or, j'ai
procédé immédiatement. Quand on a dit - je tiens à
mentionner que c'étaient les propos qu'empruntait encore hier soir ou
avant-hier le leader de l'Opposition - qu'on a engagé des "chums", je ne
voudrais pas pour autant relancer le débat que nous avons tenu hier soir
en deuxième lecture quand on a énuméré le nombre de
contrats qui ont été donnés par le gouvernement
précédent sans soumission, sans demande d'offres ou autres. Je
veux que l'on comprenne bien, M. le Président - le leader de
l'Opposition le sait très bien - que la masse salariale qui est
attribuée à chacun des ministres pour le fonctionnement de son
cabinet politique lui est propre, pour en faire ce qu'il veut concernant
l'engagement du personnel qu'il veut à l'intérieur de cette
même masse salariale. J'ai toute la latitude de retenir qui je veux,
quand je le veux et pour les motifs de consultation dont j'ai besoin. Si j'ai
retenu à ce moment-là les services de M. Roger Pominville,
c'était dans le but de m'informer, de m'indiquer et aussi d'avoir la
possibilité que je puisse lui confier un mandat, ce que j'ai fait
à compter du 16 décembre jusqu'au 31 mars, à l'effet
d'évaluer l'ensemble des activités du Service des achats.
Je reprends, M. le Président, parce que, tantôt, le leader
de l'Opposition a fait des affirmations quand même gratuites, des
insinuations, à savoir qu'on veut changer les structures. Il n'y a
aucune modification aux structures, premièrement, de la RIO,
deuxièmement, de la protection civile, troisièmement, de la
Société immobilière du Québec et,
quatrièmement, du Service des achats. Quand on parle de structures
organisationnelles en tant que telles, il n'y en a pas de cela. Je pense que le
leader de l'Opposition veut simplement tenter de continuer à insinuer,
à laisser sous-entendre de façon malveillante la
possibilité de retourner dans le passé. Le passé n'est pas
plus loin que le 1er décembre dernier et si on devait retourner
uniquement dans le passé immédiat de ce gouvernement... C'est
peut-être là toute là question: Est-ce que l'Opposition a
peur que Ton sorte des choses qui auraient été faites dans un
passé immédiat et tenterait, à ce moment-là, de
discréditer le rapport de M. Pominville, qui me sera soumis
incessamment, qu'on tente de discréditer avant même d'avoir pu le
lire et de prendre les informations ou les recommandations pertinentes au fait
que...
M. Parent (Bertrand): M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Il faudrait peut-être qu'on puisse
s'entendre parler. J'ai de la misère à suivre les propos du
ministre.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, s'il vous
plaît! Vous pouvez continuer, M. le ministre délégué
aux Services et Approvisionnements.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Encore là, le
leader de l'Opposition et député de Joliette a mentionné,
entre autres, mercredi, à la fin de la période des questions
qu'ils se sont dirigés à la course au Conseil du trésor
pour pouvoir consulter le contrat que j'avais octroyé à Roger
Pominville. Encore là, tantôt, le leader de l'Opposition
mentionnait que les chiffres avaient été changés.
M. le Président, je l'ai dit, je le répète, c'est
exactement ce qui est inscrit sur le contrat et c'est le même contrat,
c'est-à-dire la photocopie du contrat que j'avais déposée
à l'Assemblée nationale. Le leader de l'Opposition semble
prétendre qu'il y a eu des changements, c'est-à-dire le
dépôt de la photocopie qui était effectivement la copie du
contrat qui a été envoyée au Conseil du trésor. Le
leader de l'Opposition dit que ce n'était pas estampillé à
l'heure où cela a été présenté. Cela n'a pas
été envoyé au greffe du Trésor, cela a
été envoyé à l'administration parce que les
dépenses encourues dans un cabinet politique sont envoyées
à l'administration pour être passées dans la commande et
être payées. C'est moi qui décide de ma masse salariale. Je
n'ai pas à faire approuver l'engagement de mon personnel autrement
qu'à l'intérieur des normes prescrites.
Cela allait tout simplement à l'administration pour être
payé à la fin du mandat qui avait été confié
à M. Pominville. Encore là, ce sont des épouvantails
à moineaux que l'on semble vouloir simplement lancer. Je trouve cela un
peu regrettable, M. le Président. J'ai fait mention, mercredi soir
passé en deuxième lecture, du rapport du Vérificateur
général qui a trouvé plusieurs anomalies, entre autres, au
Service des achats où on a rapporté un manque flagrant de
planification de plusieurs des ministères qui n'avaient aucune politique
de planification. On a même retrouvé en 1985 des automobiles
acquises en 1983 qui n'avaient jamais été utilisées
encore.
Et on va venir me dire aujourd'hui que, bof! pas besoin d'établir
de politiques, pas besoin de faire des règlements. Il y a une politique
qui existe actuellement aux achats.
C'est l'achat au Québec, M. le Président. C'est cela la
politique qui a été adoptée en 1977 par le gouvernement
antérieur.
M. le Président, je pense qu'il est très important de
penser à établir des politiques, à établir des
règlements qui suivront, qui seront adoptés par le gouvernement
et qui émettront des directives. Sûrement, M. le Président.
Je pense que quand on parle de rationalisation, quand on parle de gestion et
d'efficacité, on doit prendre les mesures nécessaires pour y
apporter les correctifs.
La raison pour laquelle le premier ministre du Québec, M. Robert
Bourassa, a décidé justement de confier cette
responsabilité è un ministre et de créer le
ministère des Approvisionnements et Services, c'est justement dans le
but d'être encore beaucoup plus transparent que ne l'avait
été le gouvernement antérieur. C'était de donner
à un élu la responsabilité de répondre, pour et au
nom du gouvernement, des agissements du gouvernement. Et c'est encore beaucoup
plus de transparence que le gouvernement antérieur, qui avait
créé par des lois des sociétés ou des services, qui
avait créé une espèce d'écran pour que personne ne
puisse en discuter et poser des questions.
Quand nous avons mentionné le fait qu'il allait y avoir des
correctifs importants d'apportés, c'est justement dans le but d'apporter
plus d'efficacité et beaucoup plus d'équité. Au cours de
l'étude article par article, on pourra sûrement apporter et
démontrer d'une façon claire, nette et précise qu'il y a
de grandes améliorations à apporter pour une meilleure gestion et
afin de rendre beaucoup plus efficaces les services dont j'ai actuellement la
responsabilité.
En terminant là-dessus, j'ose souhaiter que ces espèces
d'insinuation - d'autant plus que j'ai eu l'occasion ce matin - parce qu'on
revient souvent avec la firme Pominville comme si c'était absolument
extraordinaire, épouvantable... Cela se peut-il que le ministre lui ait
confié un mandat? J'ai mentionné hier soir, lors de
l'étude en deuxième lecture et, à l'occasion de ma
réplique à la toute fin, que même le député
péquiste de Jonquière, alors qu'il était maire d'Arvida,
avait confié une étude à la firme Roger Pominville. (13
heures)
M. Chevrette: En 1972.
M. Rocheleau: En 1972.
M. Chevrette: ...
M. Rocheleau: Cela, encore là...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, s'il vous plaît!
M. Rocheleau: Je pense que ce n'est pas là le fait.
M. Chevrette: Vous le lui demanderez.
M. Rocheleau: Le fait est que la firme Roger Pominville a
été retenue par plusieurs au Québec. J'ai même
félicité le député de Jonquière hier d'avoir
retenu une firme aussi efficace.
M. Chevrette: Lui, il ne se félicite pas de l'avoir
engagée.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, s'il vous plaît, voulez-vous laisser le ministre
s'exprimer.
M. Rocheleau: M. le Président, en conclusion, je tiens
simplement à dire que quand on tente de prendre, on se fait prendre.
M. Chevrette: Oh! Oh! Oh!
M. Rocheleau: J'aurais d'autres choses à dire, on en a
fait la preuve, mais j'aurai peut-être l'occasion de le faire en d'autres
lieux. Le leader de l'Opposition, dans le cadre des nouvelles, l'autre jour,
disait qu'il faudrait peut-être sortir cela à l'extérieur
de l'Assemblée nationale pour le terminer. J'aurai l'occasion, au
début de la semaine prochaine, de faire le point afin que la population
soit éclairée d'une façon nette et précise et qu'on
puisse démontrer la malveillance de l'Opposition. Quand on veut tenter
de se valoriser, ce n'est pas en descendant les autres qu'on y arrive.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
ministre délégué aux Services et Approvisionnements?
M. Chevrette: Je suis prêt à donner un consentement
additionnel pour qu'il réponde à la deuxième question que
je lui ai posée. Est-ce qu'il a reçu formellement une commande du
premier ministre ou de l'un de ses adjoints pour faire étudier avec
autant de célérité la remise en cause du système
informatique de Rosalie?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Rocheleau: M. le Président, cela va me prendre
exactement 30 secondes pour répondre à cela.
Le Président (M. Lemieux): Alors, de consentement.
M. Rocheleau: Quand j'ai été nommé ministre
délégué aux Services et Approvisionnements, le 12
décembre dernier, j'ai pris mes responsabilités à compter
de
cette journée.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre
délégué aux Services et Approvisionnements. M. le
député de Mille-îles, vous aviez demandé la parole;
votre temps de parole est de vingt minutes.
M. Jean-Pierre Bélisle
M. Bélisle: M. le Président, je vous remercie. Les
commentaires que j'ai à émettre a la suite de l'intervention du
député de Joliette sont les suivants. Première des choses,
il y a une distinction fondamentale à faire entre la Politisation avec
un "P" majuscule et la politisation avec un petit "p". Je ne sais pas si le
député de Joliette pourrait écouter... on pourrait
peut-être faire une distinction qui pourrait lui servir de guide et de
balise dans ses futures interventions.
Politisation avec un petit "p" signifie l'ancien régime qui
était connu il y a une trentaine ou une quarantaine d'années
alors que les achats de biens ou les contrats de services étaient
accordés par l'administration publique et où il y avait ce que
l'on appelait communément des ristournes ou des "kickback". Bien entendu
- et je suis prêt à l'admettre - il y a eu une amélioration
sensible du système public à cet égard avec la loi sur les
achats de biens gouvernementaux, également avec l'institution d'un
fichier central, avec des normes de contrôle par voie de CT du Conseil du
trésor, l'examen en profondeur des demandes de services et des jurys de
sélection pour les firmes offrant des services.
Le système, contrairement à ce que le député
de Joliette insinue dans ses interventions, est loin d'être parfait. Le
système actuel - c'est là la différence fondamentale entre
l'attitude des députés de l'Opposition et la nôtre -
malgré qu'il se soit amélioré au Québec à
cet égard - le Parti québécois a possiblement
contribué à une certaine amélioration - nous pensons qu'il
est encore perfectible. C'est ce qui nous démarque profondément
de l'attitude et des propos que le député de Joliette et ses
collègues ont véhiculés à l'Assemblée
nationale lors de l'étude du projet de loi en deuxième
lecture.
Politisation, M. le Président, avec un grand "P" comparativement
à politisation avec un petit "p", où tout ce que j'ai entendu
lors de la deuxième lecture faisait référence seulement
à des insinuations pour politisation avec un petit "p". Quand on parle
de Politisation avec un grand "P", l'on fait référence au choix
des méthodes de gestion gouvernementale. Je référerais le
député de Joliette à la lecture attentive des paragraphes
7 et 8 du projet de loi, qui décrivent des fonctions qui
n'étaient nulle- ment attribuées dans le passé à
quelque ministre que ce soit de quelque cabinet que ce fut, pour les 25
prochaines années au Québec.
J'ai mentionné, lors de l'intervention sur le projet de loi en
deuxième lecture, que le futur ministre des Approvisionnements et
Services devenait un conseiller en gestion. Il devenait également un
gestionnaire, un contrôleur, un économe et un conseiller en
administration pour le gouvernement en place. Je ne pense pas, M. le
Président, que ces nouvelles fonctions dévolues à un
ministre spécifiquement soient situées dans une démarche
où on retournerait dans le temps. Il faut prendre conscience d'une chose
au Québec, la reddition de comptes et l'irnputabilité - celui qui
doit répondre -devront effectivement devenir une norme de tous les jours
dans tous les ministères; mais spécifiquement relativement
à l'achat de biens, de services, de construction d'immeubles, de
location de bureaux, ce sera définitivement dévolu à un
ministre et sujet a être examiné et politisé dans le sens
où un gestionnaire membre à part entière du Conseil des
ministres s'occupera de faire effectuer des études et des recherches
dans les domaines de sa compétence, d'élaborer et de proposer des
politiques relativement è l'acquisition et à la fourniture de
biens et de services. Je pense qu'il est temps, au Québec, qu'il y ait
des politiques semblables.
En terminant ma courte intervention, parce que je ne veux pas consommer
le temps précieux de la commission, étant donné qu'on
devrait procéder à l'étude article par article du projet
de loi, j'aimerais faire référence aux articles 23 et 24 du
projet de loi où on parle du Service des achats du gouvernement et
où le député de Joliette fait tout un plat du Service des
achats du gouvernement. Ce service a été mis de l'avant par la
loi, chapitre 14, du 30 mars 1939; une loi très courte, six articles,
avec des sujets spécifiques. On confie, à l'article 4, au
directeur du Service des achats, surveillance, direction et contrôle.
Mais ne faut-il pas noter, M. le député de Joliette, que dans
cette loi toute la Politique avec un grand "P" quant à la
détermination des achats de biens et de services au Québec a
toujours été l'apanage de l'ensemble du Conseil exécutif
et il n'y a eu aucun ministre qui n'était responsable de proposer, de
concerter, d'évaluer et d'étudier s'il n'y avait pas lieu qu'il y
ait des politiques précises qui soient apportées et des
correctifs è l'ensemble du mécanisme opérationnel au
Québec?
Une autre point qui m'a fait sursauter l'autre soir, lors de la
deuxième lecture, c'est ce qui est relié à l'article 27 du
projet de loi où on parle des membres du personnel du ministère
des Approvisionnements et Services. Puisque, définitivement, nous
devrions être orientés vers une analyse non partisane de la
situation, permettez-moi de voua souligner que l'article 6 de la loi qui
créait le ministère des Travaux publics et des
Approvisionnements, qui remonte à quelques années,
précisait, et je cite, "Les autres fonctionnaires et employés
nécessaires à la bonne administration de ce ministère sont
nommés et rémunérés conformément à la
Loi sur la fonction publique." En Usant l'article 27 de l'actuel projet de loi,
je lisais le même soir "Deviennent membres du personnel du
ministère des Approvisionnements et Services: 1° les membres du
personnel du Service des achats du gouvernement; 2 les membres du personnel de
la Société immobilière du Québec que désigne
le gouvernement" et, enfin, le troisième alinéa du paragraphe 27:
"La Loi sur la fonction publique s'applique aux membres du personnel
visés au paragraphe 2°, suivant les conditions et modalités
que détermine le gouvernement."
La distinction entre nommer et désigner est une ligne
ténue. Je vois très mal qu'on puisse insinuer par là qu'il
y aura une mainmise et une politisation avec un petit "p" de la machine
gouvernementale.
En guise de conclusion, M. le Président, je pourrais dire que
j'ai remarqué avec beaucoup d'attention la stratégie
"behavioriale", de "behavior" en termes psychologiques, du député
de Joliette à plusieurs reprises depuis quelques mois. Je lui
suggère, et j'ai peut-être tort, qu'une technique...
Le Président (M. Lemieux): Excusez-moi, M. le
député de Mille-Iles. J'allais simplement ajouter qu'il ne
faudrait pas susciter de débat. Vous pouvez continuer, M. le
député de Mille-Iles.
M. Bélisle: Non. Je ne susciterai pas de débat mais
je pense que cela s'applique très bien au projet de loi actuel avec
l'attitude que j'ai vue...
Une voix: C'est un anglicisme.
M. Bélisle: Oui, je sais que c'est un anglicisme, mais
cela me sera permis. Ils me corrigeront au Journal des débats. Il n'y a
pas de problème là-dessus.
Cela me sera quand même permis de le souligner parce que c'est
tellement frappant cette attitude, M. le Président. Lorsqu'on tente
d'insinuer certaines choses et lorsqu'on tente de pelleter illusoirement de la
boue, c'est impossible de récupérer des collègues de
l'Assemblée nationale par de beaux sourires et de beaux clins d'oeil par
la suite en tentant de nous faire comprendre que, non, ce qui a
été fait c'est simplement une partie d'un jeu qui est
donnée. Je suis sûr que le député de Bertrand, qui
siège à côté du député de Joliette,
avec la façon dont il s'est comporté jusqu'à maintenant
dans cette Chambre et devant cette commission, ne doit pas rire tous les soirs
de voir de telles attitudes au salon bleu et en commission parlementaire.
Cela étant dit, M. le Président, je souhaite ardemment que
l'étude du projet de loi se fasse avec un débat qui va cesser de
raser les tapis et qu'on va commencer à faire un travail en se demandant
si le gouvernement du Québec, en 1986, est dans la bonne voie, comme le
gouvernement fédéral en 1968-1969, comme le gouvernement de
l'Ontario en 1980, qui ont tous deux, respectivement, non politisé avec
un petit "p" les services et les approvisionnements gouvernementaux mais qui
les ont Politisé avec un grand "P", ce domaine d'activité de
l'administration publique au Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Bertrand, vous aviez demandé la parole. Votre temps de parole est de 20
minutes, M. le député de Bertrand. Nous sommes au niveau des
remarques préliminaires.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président.
M. Chagnon: ...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, s'il vous plaît. Vous allez avoir vos 20 minutes tout
à l'heure. M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Alors, dans
un premier temps, je vais remercier le député de Mille-Îles
des bonnes paroles à mon égard. Je dois dire que, quand je me
couche le soir, M. le Président, c'est vrai que des fois je trouve
déplorable ce qui se passe en Chambre. Les propos que je tiendrai au
cours des prochaines minutes seront dans le sens des propos que j'ai tenus hier
soir lors de mon intervention à l'Assemblée nationale, puisque
j'ai eu à intervenir au moment de l'adoption du principe pour poser des
questions.
Mon attitude, vous comprendrez, est de vouloir, surtout lorsqu'on arrive
comme nouveau député à l'Assemblée nationale,
rempli de bonnes dispositions, frais et dispos, donner la chance à tous
les coureurs jusqu'à preuve du contraire. Et les propos que j'ai tenus
jusqu'à maintenant ont été dans ce sens.
C'est-à-dire que moi, je ne veux pas remettre en question la conduite
antérieure du ministre. De toute façon, je ne l'ai pas suivi pas
à pas. Pour moi, c'est ce qui importe, tout en respectant ce que mes
autres collègues font parce qu'ils ont une meilleure connaissance
de l'ampleur du dossier, lorsque j'ai un travail comme celui-là à
faire. (13 h 15)
On arrive maintenant en commission parlementaire pour étudier,
article par article, le projet de loi 68. Avant d'étudier, article par
article, le projet de loi 68, on doit comprendre certaines choses. Sinon, on va
passer de longues heures sur chacun des articles et on va avoir de la
misère à se mettre d'accord. Pour bien comprendre ce qui se passe
dans les remarques préliminaires, je devrai, moi aussi, à mon
tour adresser quelques questions au ministre délégué aux
Services et Approvisionnements, parce qu'il y a des choses que je ne comprends
pas et j'aimerais, bien sûr, que le ministre puisse
m'éclairer.
Lorsque le ministre m'aura donné de3 précisions, lorsque
le ministre aura répondu, comme le disait le député de
Mille-Îles, au-dessus...
Le Président (M. Lemieux): Du "rase-tapis", M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Du "rase-tapis", je pense.
M. Parent (Bertrand): Je pense que cela éclairerait
beaucoup. Tout en ayant des préoccupations d'ordre
général, j'en ai aussi qui sont d'ordre spécifique:
d'abord, dans tout ce qui a entouré ce qu'on a appelé
communément l'affaire Pominville... J'ai été maire, je
n'ai jamais engagée cette firme; je n'ai rien contre, je n'ai rien pour.
La première question qui se pose, peu importe la firme, c'est
peut-être celle-ci: Pourquoi et comment un ministre peut-il
sérieusement, dans les heures qui suivent son entrée en fonction
- je pense que le ministre est une personne qui a de l'expérience
politique ici, à l'Assemblée nationale, comme
député de l'Opposition, mais aussi dans le domaine municipal,
dans une municipalité importante, celle de Hull - se permettre de
confier un mandat? Je le répète, M. le Président, je ne
parle pas de firme. Comment peut-on confier un mandat aussi important que celui
de faire des recommandations au ministre au moment où celui-ci prend
possession de son ministère?
Prendre possession d'un ministère existant, c'est une chose, mais
lorsqu'on prend possession d'un nouveau ministère, je pense qu'on est en
droit, au moins, d'examiner personnellement ce qu'il va y avoir a
l'intérieur de ce ministère. Tantôt le ministre nous a dit,
en répondant a mon collègue de Joliette: J'avais, au cours des
quatre ou cinq dernières années, fait le tour; je connaissais
assez bien le dossier. Mais je pense que c'est beaucoup plus grave que cela. Le
premier ministre lui a confié, quelque part aux alentours du 11
où 12 décembre, de nouvelles responsabilités. Il en a
confiées à d'autres de ses collègues ministres; en
créant le poste de ministre délégué aux PME, il a
effectivement confié è un autre de ses collègues un
nouveau ministère.
J'ai vérifié - parce que c'est le domaine où je
suis impliqué comme critique officiel, le domaine économique et
l'entreprise - et il ne semble pas qu'un nouveau ministre, comme le ministre
délégué aux PME, ait dans ses comportements, dans les
premiers temps, d'abord demandé que l'on fasse des études. Il a,
je pense, au contraire - en tout cas, jusqu'à preuve du contraire
-entrepris une vaste consultation en allant voir ce qui se passait, parce que
le premier ministre lui a confié une nouvelle responsabilité.
Le premier volet de ma question vise à savoir pourquoi le
ministre délégué aux Services et Approvisionnements a agi
da cette façon. C'est vrai qu'il peut faire ce qu'il veut avec son
budget, je le conçois, mais si on veut pouvoir faire notre travail comme
il faut et bien comprendre ce qui se passe, il faut que le ministre explique
à cette commission, avant qu'on embarque dans tout cela article par
article, exactement pourquoi il a agi de cette façon. Cela
m'inquiète, cela ne fait pas sérieux.
Deuxièmement, ce nouveau ministère regroupe ou recoupe
quatre volets, quatre directions. La Direction générale des
achats est une chose, un volet déjà sous la responsabilité
d'un ministre et fort important. Qu'on vienne ajouter à
l'intérieur de ce nouveau ministère - on le verra dans les
articles en question avec les pouvoirs qui sont donnés - des pouvoirs -
dis-je -illimités... Lorsqu'on prend la responsabilité de
chapeauter en tant que ministre la Société immobilière du
Québec, la Régie des installations olympiques et la protection
civile - vous me passerez l'expression - c'est tout un contrat, c'est tout un
mandat. Je vois difficilement - il faudrait que le ministre nous explique -
comment il va être capable - cela m'inquiète beaucoup - à
l'intérieur de l'outil parce que l'outil qu'il va avoir, cela va
être la loi 68... C'est avec cela qu'il va pouvoir manoeuvrer au cours
des prochaines années. Si cet outil est fait trop étroit ou trop
large, le ministre ne pourra pas fonctionner.
Mon inquiétude à ce stade, c'est qu'il est beaucoup trop
large par rapport à nos préoccupations. Notre rôle dans
l'Opposition, c'est de demander des éclaircissements de la part du
ministre pour qu'il puisse dire comment il a pu déjà,
après avoir donné ce premier mandat, commencer à passer
des
commentaires officiellement dans des journaux. Je n'en prends qu'un.
L'attitude que le ministre entend prendre par rapport à la protection
civile avec des coupures qui seraient annoncées ou sont annoncées
et qui seront de l'ordre peut-être de 70 %? Comment le ministre peut-il
être capable, à l'intérieur d'un court laps de temps de
prendre des positions semblables et, aussi, déclarer, dans un même
souffle, que la création de ce ministère n'entraînerait pas
à de nouvelles dépenses l'État? C'est là aussi un
volet important que je dois comprendre et qu'on doit comprendre en tant que
formation politique, parce que c'est le gouvernement et le premier ministre qui
nous ont dit essentiellement: Nous, on va diminuer le nombre de
ministères. Mais, plus que cela, on va couper.
Toujours dans le même souffle, le ministre a affirmé
à plusieurs reprises, et d'autres de ses collègues
députés ministériels sont revenus à la charge au
cours des derniers jours sur ce sujet en disant: On ne créera pas de
nouvelles dépenses pour l'État; au contraire, on va faire
d'importantes économies. La preuve est loin d'en être faite. En
plus de cela, je ne sais pas si ceux qui sont intervenus sur ce sujet
étaient pleinement conscients que, à l'article 28, au
deuxième paragraphe, si ma mémoire est bonne, on prend les
mesures nécessaires pour demander, à l'intérieur d'un
projet de loi, que les sommes requises pour l'application de la présente
loi - il n'y a pas de problème -seront puisées dans le fonds
consolidé du revenu pour l'exercice financier 1986-1987. C'est grave!
C'est important de prendre conscience de cela. Si on nous dit, d'un
côté, qu'il n'y aura pas de difficultés du
côté financier, ce sont juste des transferts de
responsabilités et on fait des économies. Je comprends que le
ministre n'a pas écrit tous les articles, mais ses proches
collaborateurs, les gens qui ont conçu le projet de loi qui nous est
présenté aujourd'hui prennent la précaution, parce qu'ils
savent fort bien qu'il va falloir consacrer des sommes d'argent en cours
d'année, pour être capables de financer ce ministère. Il
l'a prévu explicitement. Je n'en ai pas lu beaucoup, des projets de loi,
mais dans tous ceux que j'ai lus, je ne crois pas que ce soit habituel d'en
arriver et dire en quelques lignes: Si on a besoin d'argent pour fonctionner,
on puise dans le fonds consolidé. Cela m'inquiète. Vous en
conviendrez, c'est une inquiétude que le ministre a besoin de clarifier
avant qu'on parte pour aller à fond dans les éléments les
uns après les autres pour l'étude détaillée.
Un autre volet qui me préoccupe beaucoup, c'est la façon
dont le ministre va se comporter à la direction de ce ministère,
étant conscient que c'est un ministère qui est sujet à
critique, parce que s'il y a un ministère dans un gouvernement, comme je
l'ai mentionné, hier, que ce soit au niveau provincial ou au niveau
fédéral, s'il y a un ministère qui est beaucoup plus sujet
à porter flanc à la critique, parce qu'il porte beaucoup plus
à la partisanerie, au favoritisme, c'est bel et bien le ministère
des Approvisionnements et Services, parce que c'est par là que passent
tous les contrats, tous les mandats.
Le volet qui est couvert par toute la soumission publique... Je suis
assez familier avec cela pour avoir été dans l'administration
publique au même titre que M. le ministre, à titre de maire, pour
savoir que ce qui est touché par ce volet, ce n'est pas trop
inquiétant. Il y a une procédure et je pense que cela va bien
aller de la façon dont c'est établi actuellement. Cela semble
vouloir continuer, parce que cela n'est pas tout noir.
Là où cela devient vulnérable, c'est toute la
partie qui ne passe pas par la machine à cause des sommes d'argent
impliquées pour les contrats. On devra choisir et donner des mandats
à des firmes de professionnels, d'ingénieurs, d'avocats et tout
cela. Cette partie, c'est une partie à prendre - vous me passerez
l'expression -avec des gants blancs et même avec des pincettes parce que,
tout être humain étant ce qu'il est, cela pourrait être...
Je ne vise même pas le ministre, la personne du ministre, je vise
beaucoup plus le ministère qui aura à administrer cela. Cela
pourrait même échapper au ministre, mais c'est lui qui devra en
répondre, c'est lui. Je ne voudrais pas me retrouver dans ses souliers
à un moment donné parce qu'il aura entre les mains, justement, un
ministère dont il ne pourra pas contrôler tous les
éléments. C'est beaucoup plus dans le sens de dire au ministre:
Je pense qu'il va falloir s'assurer que les outils sont bien serrés,
parce que tout cela se passant dans un nouveau projet de loi pour la
création de ce ministère, le ministre remet en question la
formule qui existe actuellement qui est la machine ou la formule Rosalie. Le
député de Mille-Îles a avoué tantôt qu'il y
avait eu des améliorations d'apportées dans le passé. Il a
bien humblement dit: Le Parti québécois a fait un petit bout de
chemin de ce côté-là. Je pense qu'il a fait un maudit grand
bout. Je retire le mot "maudit", ce n'est pas beau, ce n'est pas dans les
règles.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, c'est, je
dirais, article 35, quasi antiparlementaire.
M. Parent (Bertrand): Alors, c'est un grand bout de chemin -
c'est la langue qui a fait défaut - on a fait un grand bout de chemin de
ce côté. D'ailleurs, pour avoir été à
l'extérieur de l'Assemblée nationale, de ce Parlement, au cours
des dernières années, les
propos que J'ai entendus au sujet de Rosalie, à propos des gens
qui avaient à aller cueillir des mandats, ils comprenaient difficilement
-je parle souvent à des gens qui sont dans le milieu des affaires et qui
sont reconnus généralement pour avoir plus des tendances
libérales que des tendances péquistes - ils étaient fort
surpris parfois. Plusieurs de mes amis étaient fort surpris de se voir
octroyer des contrats. Ils disaient: C'est merveilleux, cette
machine-là, elle ne dit pas de quelle couleur on est et elle sort
là-dedans. Même, au contraire, des gens qui étaient de bons
amis, qui avaient travaillé souvent dans les campagnes
électorales, qui avaient donné un coup de main, ce qui est
correct, ce qui est juste pour tout le monde se voyaient très souvent
tenus à l'écart parce qu'on leur disait: II faut passer par
Rosalie et la frustration de beaucoup de gens à tendance péquiste
était de dire que ce gouvernement ne s'occupait pas de ses amis,
d'aucune façon. Moi, cela m'a toujours marqué. Je pense que ce
sont des choses bien connues du public et des journalistes bien avisés.
J'en prends un parce que je lisais M. Samson hier dans le journal Le Soleil.
Ces journalistes le reconnaissent, c'est de fait connu. Il ne s'agit pas pour
chacun de dire: On est meilleur que l'autre, mais on reconnaît que le
Parti québécois a quand même mis de l'ordre
là-dedans.
Tout cela pour dire que le ministre s'attaque à Rosalie. Il
s'attaque à Rosalie, je le comprends. En tant que politicien dans la
critique, il a chialé contre ce système. Le jour où il a
déclaré qu'il rencontrait Rosalie - il a eu la grande rencontre
avec Rosalie -cela a été le coup de foudre, parce que Rosalie a
impressionné le ministre. Rosalie a prouvé peut-être
qu'elle était plus étanche que le ministre ne le pensait,
lorsqu'il était de l'autre côté. Au moment où il a
rencontré Rosalie, le ministre avait déjà passé ses
mandats, de toute façon, il avait passé ses mandats à des
firmes sûrement de grande expérience pour dire: Vou3 allez
déjà regarder cela et me faire des recommandations. (13 h 30)
Alors, c'est douteux pour moi sur le comportement tout en tenant
à l'écart la firme. Peu importe, c'est douteux ce genre de
comportement parce que, si avant d'avoir eu une analyse, on est convaincu que
ce n'est pas bon ce qu'il y a là, on risque fort d'arriver à la
conclusion que ce n'est pas bon. Moi, je dis, attention! Ce qui est là
est sûrement très bon. Qu'on veuille l'améliorer, j'en
suis. C'est maintenant avant de commencer article par article, M. le ministre,
qu'il faut que vous nous disiez de quelle façon vous voyez cela à
la suite des commentaires qui ont été apportés en Chambre,
à l'Assemblée nationale, au cours des deux derniers jours sur
toutes nos préoccupations.
Si le ministre a l'intention de ne rien changer, on va se battre
farouchement. Mais si le ministre a l'intention d'améliorer et de
changer des choses face à ce qu'on pourra avoir au cours de notre
discussion... C'est cela qui est fantastique au moins en commission
parlementaire on peut se parler, on peut échanger des points de vues et
on peut apporter des bons éléments. Nous allons faire notre job,
et personne ne va perdre la face dans cela. Si le ministre reconnaît que
le projet de loi n'est pas préparé comme il faut, il va
être le premier peut-être dans six mois ou dans un an à nous
remercier. Les députés ministériels vont aussi
réaliser que c'est pour leur propre protection, parce que c'est l'argent
du public, c'est l'argent de toutes les Québécois et de toutes
les Québécoises, qu'on administre. On ne peut pas se permettre de
laisser aller de3 failles importantes. On n'a pas le droit, on est ici pour
s'occuper de l'administration. Et nous, en tant qu'Opposition, on est ici pour
surveiller les faits et les gestes. Ce n'est pas une question pour moi de
politiser un dossier et de faire la guerre au ministre pour que, finalement, 11
en arrache tout le temps. Je pense qu'on a un job beaucoup plus sérieux
à faire. On a un travail à faire, mais ce travail il faut qu'il
soit bien compris de la part du gouvernement et de la part du ministre en
particulier sur nos intentions, sur ma collaboration personnelle et celle de
mes collègues de vouloir apporter une dimension qui est sûrement
très justifiée. Je l'ai dit hier soir et je le
répète en terminant, M. le...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste exactement 57
secondes.
M. Parent (Bertrand): Alors, j'en ai suffisamment pour conclure,
M. le Président. Vous savez que je respecte fort bien toutes ces
règles. Ce qui est important, essentiellement, c'est que le ministre
puisse prendre conscience qu'il est en train actuellement de se donner un outil
qui va devenir peut-être pour lui quelque chose qui ne servira pas
nécessairement aux fins auxquelles il pensait au départ. C'est
très dangereux, lorsqu'un premier ministre confie une nouvelle
responsabilité et crée un nouveau ministère, qu'un
ministre - comme cela s'est passé -parte avec une prise ou deux prises
au bâton. Je n'y suis pour rien. Les faits sont là. Il s'est
passé des événements qui ont fait en sorte que le ministre
s'est retrouvé dans une position on ne peut plus délicate.
Je conclus en assurant les membres de cette commission, en assurant le
ministre de toute ma collaboration afin d'essayer de faire en sorte que l'outil
qu'il aura, soit la future loi 68 qui va régir le ministère des
Approvisionnements et Services, soit le
meilleur outil possible et qu'il soit à l'abri de tout
soupçon. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, s'il vous plaît. C'est vous qui aviez demandé la
parole.
M. Chagnon: Est-ce que le député de Hull veut
répondre aux questions du...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Hull, est-ce qu'il y a consentement?
M. Chevrette: II y aurait consentement.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Sans reprendre totalement l'exposé du
député de Bertrand, je comprends certaines de ses
appréhensions. Je pense que, si nous avons à continuer à
étudier le projet de loi de la façon dont l'intervention du
député de Bertrand a été faite, cela va
sûrement être intéressant de discourir et d'examiner en
profondeur chacun des articles.
Pour ne pas reprendre tout le sujet, le député de Bertrand
tantôt mentionnait qu'en ce qui concerne la protection civile, entre
autres, j'avais l'intention de couper le budget de 70 %. Pour sa bonne
gouverne, je voudrais simplement le référer au Journal des
débats du 1er mai alors que j'ai expliqué au leader de
l'Opposition, lors de l'étude des crédits, ce qui était
intervenu comme coupure de 70 %.
À l'intention du député de Bertrand, je veux
simplement le référer au Journal des débats du 1er mai:
toute l'argumentation au sujet des crédits en ce qui touche la
protection civile a été donnée ce soir-là.
D'autre part, le député de Bertrand semble
préoccupé par le fait qu'on doive aller au fonds consolidé
pour accorder les sommes d'argent nécessaires au ministère des
Approvisionnements et Services, à l'intérieur du budget de
l'année 1986-1987. Il est bien évident qu'aucun crédit
n'était prévu à l'intérieur du budget du
gouvernement du Québec, parce que le ministère n'était pas
encore créé, d'une part. Ses besoins n'étaient pas encore
connus.
Je pourrais mentionner au député de Bertrand que c'est
pratiquement ancestral; on a toujours fonctionné et
procédé de cette façon, d'aller au fonds consolidé
et ceci, c'était avec l'acceptation, entre autres, et selon les
recommandations du gouvernement. À ce moment, c'est le gouvernement qui
décide d'affecter les fonds nécessaires pour les besoins du
ministère, effectivement, pour l'exercice 1986-1987. En 1987-1988, nous
aurons à présenter un budget qui fera partie de l'ensemble des
dépenses gouvernementales pour les années
subséquentes.
M. Chevrette: Est-ce que je pourrais poser une question, je
pense, quand même intéressante, juste là-dessus?
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, il y a
consentement. Allez-y, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Au moment où vous êtes
légalement formé comme ministère, la partie de
l'année restante est-elle imputable à votre ministère ou
demeurez-vous, financièrement parlant, dans le même fonctionnement
qu'antérieurement?
M. Rocheleau: Actuellement, les deniers nécessaires sont
puisés à même le Conseil du trésor. L'acceptation de
la loi comme telle, c'est que les sommes d'argent dont nous allons avoir besoin
viendront du fonds consolidé.
M. Chevrette: Même si vous êtes formé en
ministère et ce, jusqu'à la fin de la présente
année financière?
M. Rocheleau: C'est cela. La prévision que l'on retrouve
actuellement au Conseil du trésor va être transférée
au nouveau ministère des Approvisionnements et Services. S'il y a besoin
additionnel de sommes d'argent, cela proviendra du fonds consolidé.
En dernière...
M. Parent (Bertrand): Juste sur ce point, puisqu'on...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Bertrand. Il y a eu consentement pour le droit de
parole du député de Joliette. Est-ce qu'il y a consentement pour
M. le député de Bertrand?
M. Parent (Bertrand): Brièvement, sur l'explication du
ministre, pour qu'on se comprenne bien, je comprends qu'on doive aller au fonds
consolidé si on a besoin d'argent. C'est là qu'on va aller
chercher l'argent. Ce que je faisais et fais remarquer au ministre, c'est qu'on
l'introduit à l'intérieur de la loi; on prévoit la
mécanique parce qu'on sait sûrement qu'on va en avoir besoin. Ce
que je trouvais par rapport à l'incohérence, c'est qu'au
départ on nous disait qu'on n'aurait pas besoin de sommes d'argent,
parce qu'on faisait des économies. D'accord?
M. Rocheleau: Oui, mais...
M. Parent (Bertrand): C'est à cela que je faisais
référence, la mécanique prévue actuellement, c'est
qu'on sait qu'on aura besoin d'argent pour le ministère et on va le
chercher au fonds consolidé.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué aux Approvisionnements et Services.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président, il faut
également mentionner - la loi le spécifie - qu'il y a des
employés qui vont provenir ou qui proviennent de certains services et
leur masse salariale est déjà incluse à l'intérieur
de leur service respectif. Alors, des transferts vont se faire à ce
moment-là. C'est la raison pour laquelle on doit procéder de
cette façon, M. le député de Bertrand.
Le député de Bertrand semble également - je le
comprends - très préoccupé par des changements que nous
pourrions faire è l'intérieur du fichier central. Je voudrais
donner un exemple au député de Bertrand; je pourrais donner
plusieurs exemples dans les correctifs qui seront éventuellement
recommandés ou suggérés. Nous pourrons lui faire
rapport.
Si une demande est faite au fichier central par un ministère ou
un autre, afin de retenir les services, disons, de firmes de consultants
spécialisées, on doit, à l'heure actuelle, fournir cinq
noms de firmes spécialisées dans le domaine qui nous est
demandé.
Actuellement, M. le député de Bertrand, parmi les cinq
noms qui sont fournis au ministère demandeur, il y a une firme qui est
choisie. Les quatre autres firmes, celles qui n'ont pas été
choisies, retournent tout simplement dans le fichier central, mais au bas de
l'échelle. Ces quatre firmes qui n'ont malheureusement pas
été retenues, parce qu'il y a seulement une firme qui a
été retenue, au Heu d'être rebrassées à
l'intérieur du fichier - et nous aurons des suggestions à faire
dans cet ordre - retournent au fond et repartent à zéro. Ce qui
est un peu malheureux, et ce qu'on a pu concevoir dans le passé, c'est
que dans l'hypothèse où il y aurait dans le fichier, dans un
élément particulier, 100 inscriptions de firmes, à ce
moment, celles qui n'ont pas été retenues et qui étaient
dessus dans le fichier central, retournent complètement en dessous. Cela
peut prendre joliment de temps avant de réapparaître au
dessus.
Je pense que ce sont des correctifs... Je vous donne un exemple, je
pourrais vous donner nombre d'autres exemples; peut-être un autre pour
permettre aussi et faire en sorte de vous démontrer que les
régions sont très défavorisées dans le sens... Je
donnais l'exemple, il y a quelque temps, de l'Outaouais qui aurait un contrat
quelconque provenant d'un ministère et qui ferait une demande au fichier
central pour lui fournir le nom d'experts-conseils dans un domaine particulier.
Dans l'hypothèse où la région de l'Outaouais aurait trois
consultants dans un élément particulier, le fichier central doit
fournir cinq noms. À ce moment, c'est qu'on doit aller en région
périphérique et la région périphérique de
l'Outaouais, c'est Montréal. Et on inscrit deux firmes en provenance de
Montréal et les trois en provenance de l'Outaouais, et ce dont on
s'aperçoit, c'est qu'une firme de Montréal est choisie pour aller
faire des travaux dans l'Outaouais alors qu'il y a trois firmes de l'Outaouais
qui sont sur le carreau avec du personnel, des techniciens, des dessinateurs,
des employés, travailleurs, travailleuses. Nous trouvons qu'il faudrait
trouver des mécanismes différents dans le but d'encourager
davantage l'emploi en région.
Ce sont des correctifs de là sorte qu'il nous faut chercher
à apporter, tout en disant et en répétant, M. le
Président, que le fichier central, c'est un instrument
intéressant qui a fait un excellent travail, qui s'est alourdi au cours
des dernières années avec une réglementation qui comporte
au-delà de 400 pages de règlements qui doivent être revus
afin d'être plus équitables et beaucoup plus efficaces.
C'est dans cet ordre. On pourrait donner de multiples exemples qui
feront en sorte, et je pense qu'à ce moment-là, l'Opposition et
même le leader de l'Opposition ont déjà concouru à
offrir leur collaboration, afin de pouvoir bonifier davantage, améliorer
davantage cette pièce d'équipement relativement importante. J'ai
déjà, au cours des derniers mois, eu des rencontres avec mon
collègue du gouvernement fédéral, M. Mclnnes, et nous
avons discuté de la possibilité de signer, au cours des prochains
mois, un protocole d'entente qui permettrait même au gouvernement
fédéral de faire des demandes auprès du fichier central du
gouvernement du Québec afin de lui fournir les expertises que nous
avons. Je pense que nous voulons même étendre... et je pourrai
revenir eu cours des discussions que nous aurons, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre délégué aux Services et Approvisionnement.
M. Parent (Bertrand): Un bref commentaire, si vous me
permettez.
Le Président (M. Lemieux): Il me faut avoir le
consentement, M. le député... Consentement. M. le
député de Bertrand. (13 h 45)
M. Parent (Bertrand): Un bref commentaire face aux propos du
ministre quant à la dimension d'amélioration. Je l'ai dit et je
le répète, je pense qu'on sera les premiers à appuyer,
dans ce sens, tout ce qui va bonifier et améliorer. On n'aura pas de
longues discussions lorsqu'on parle de cas
très précis comme le ministre vient de le faire. Je trouve
que c'est pour l'amélioration du système et je dis bravo! C'est
plutôt tout l'autre aspect ou l'autre dimension de remise en question du
ministère et tout.
Sur ce point, je veux juste assurer le ministre de notre collaboration,
parce qu'il y a place a amélioration. Dans ce sens, lorsqu'on arrivera
à un point comme celui-là, je pense que le ministre aura tout
l'appui, y compris celui de mon collègue de Joiiette.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Bertrand. La parole est maintenant à M. le
député de Saint-Louis pour une durée de vingt minutes, M.
le député de Saint-Louis, conformément à l'article
209 du règlement.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Ce n'est pas nécessaire. M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): En respect de votre droit de
parole, M. le leader de l'Opposition était prêt à vous
consentir cinq minutes, M. le député de Saint-Louis. M. le
député de Saint-Louis, s'il vous plaît.
M. Chagnon: Fort respectueux, mon collègue le
député de Joliettel
M. le Président, le projet de loi 68 que nous avons à
étudier porte le sceau et doit faire en sorte, comme le soulignait le
député de Bertrand, de chercher un contrôle des
dépenses publiques qui soit meilleur ou amélioré par
rapport à la situation actuelle.
J'ai sursauté un peu en entendant les propos du
député de Joiiette - je reviendrai aux propos du
député de Joiiette dans quelques secondes - qui disait: Nous
avons formé des corporations qui ont été faites pour
éviter la politisation des sujets pour lesquels elles auraient
été formées. On pense particulièrement à la
SIQ, la Société immobilière du Québec, au Service
des achats - dont Rosalie qu'on ne connaît pas, je ne l'ai jamais vue, je
ne sais pas ce dont elle a l'air, peut-être que le député
de Bertrand la connaît mieux que mot; il semble que le
député de Hull ait été fortement
impressionné, par les aptitudes en tout cas, sinon la beauté de
Rosalie elle-même - et à la Régie des installations
olympiques.
Ces quatre organismes fonctionnent de façon
intégrée et ont un pouvoir de prendre les décisions
à l'extérieur du processus politique que nous connaissons. Il me
semble que le contrôle des dépenses publiques implique
l'imputabilité des décisions prises par des fonctionnaires, des
décisions prises par des sociétés d'État, par les
ministres qui doivent être concernés et qui doivent
répondre de ces décisions en Chambre. Tous les auteurs sur la
démocratie parlementaire ont statué sur cette question. Pensons
aux anciens auteurs comme Locke, Benjamin Franklin et même les auteurs
modernes s'entendent tous pour dire qu'une des caractéristiques
principales d'un système parlementaire, particulièrement le
système parlementaire britannique, c'est celui de permettre à
l'ensemble des citoyens représentés par les députés
et particulièrement les députés de l'Opposition de poser
des questions aux ministres, directement, sur le fonctionnement, les budgets,
les dépenses, les décisions prises par les organismes
intégrés à l'État.
Le but du projet de loi 28 est de faire en sorte que quatre organismes;
la Société immobilière du Québec, la Régie
des installations olympiques, la protection civile et le Service des achats
soient regroupés pour former un ministère des Services et
Approvisionnements. Je ne pense pas qu'on puisse autrement que regarder sous
l'angle du processus de la démocratie parlementaire de type britannique
la volonté du gouvernement de faire en sorte qu'un ministre soit
responsable de ces organismes à l'endroit de la Chambre, à
l'endroit des commissions parlementaire, à l'endroit de l'Opposition et
finalement è l'endroit de la population en général.
Cela me semble être, d'une part, tout à fait correct, tout
à fait normal, justifié même. L'autonomie de ces
sociétés d'État, l'autonomie de ces sociétés
qui, selon les mots du député de Joliette, fait en sorte
d'amoindrir le risque de politisation à l'intérieur de ces
sociétés, est un objectif qui doit être recherché.
La politisation, non pas dans le sens courant et usuel que nous employons,
c'est-à-dire le débat politique, mais bien plutôt de forme
plus mesquine, une forme moin3 généreuse, une forme
carrément à combattre, celle du patronage comme on a pu
peut-être le connaître il y a plusieurs années, quand
c'était plus florissant, avant la période de la révolution
tranquille et particulièrement la période du règne de Jean
Lesage comme premier ministre qui a commencé l'épuration de nos
moeurs politiques. Il est absolument nécessaire, je pense, qu'un
ministre soit responsable devant la Chambre des actions prises par ses
organismes.
On a beaucoup parlé du Service des achats. Évidemment, le
Service des achats fait à lui seul courir un tas de rumeurs, un tas de
cancans. Le Service des achats, j'ai été surpris de le constater
à la lumière du rapport du Vérificateur
général... Le Vérificateur général disait
que le tiers des achats du Québec n'étaient pas organisés,
compensés par le système dont parlaient le député
de Joiiette, le député de Hull et le député de
Bertrand. Le tiers des achats, donc, ne passent pas par Rosalie. C'est un peu
curieux. C'est peut-être compréhensible,
mais c'est un peu curieux pour celui qui a vu dans d'autres domaines,
soit sur le plan municipal, soit sur le plan scolaire, procéder par
soumissions publiques pour tous les achats qu'on avait à faire. Donc le
tiers des achats, lorsqu'il s'agit d'un budget de 1 000 000 000 $ et plus, cela
veut dire quelque 300 000 000 $ d'achats qui ne sont pas organisés,
actuellement, par le Service des achats.
Que le futur ministre des Approvisionnements et Services, une fois que
la loi sera adoptée, fasse part de cette situation et tente de la
corriger, je pense bien que les députés ministériels, les
députés de l'Opposition, la population en général
ne pourraient faire autrement que d'applaudir à cette suggestion. Je
pense que c'est un des buts recherchés par la création d'un
ministère des Approvisionnements et Services. Au ministère des
Approvisionnements et Services on s'est, aperçu, particulièrement
au Service des achats, en lisant le rapport du Vérificateur
général, que dans les opérations courantes des
années passées - je ne dirai pas en 1985, en 1983, en 1981,
probablement que cela a toujours été le cas - on n'était
pas capable de comptabiliser, en 1984-1985, ce qu'était la flotte
automobile du Québec. Les automobiles, ce ne sont pas des boutons, ce
n'est pas facile à cacher. Que les ministères ne soient pas
capables d'identifier le nombre de véhicules dans leur flotte, pour le
moins, cela coupe le souffle aux parlementaires qui étudient les
crédits de chacun des ministères. Comme dirait le
député de Lévis: II ne s'agit pas de cure-dents, il s'agit
de "deux par quatre". Ne pas être capable de faire le tour de sa flotte
pour savoir combien on a de... Je ne parle pas de la flotte de pêche, je
parle de flotte automobile, bien entendu de la flotte automobile du
gouvernement du Québec. Ne pas être capable de savoir combien il y
a de véhicules dans notre flotte automobile, c'est pour le moins
curieux.
Le contrôle des dépenses publiques. En commission
parlementaire sur l'étude des crédits, particulièrement
concernant la protection civile, plusieurs questions ont été
posées au ministre dont relève la protection civile,
c'est-à-dire le ministre et député de Hull. Si ma
mémoire est fidèle, è une question que je posais au
ministre sur le nombre de membres au Bureau de la protection civile du
Québec, il m'avait répondu qu'il y a au-delà d'une
centaine de personnes qui y travaillaient et je m'informais de la
possibilité de réduire ce nombre en élargissant le type
d'aide à la protection civile du Québec, en provenance
particulièrement de la Sûreté du Québec, en
provenance aussi des sûretés municipales. Le ministre à
l'époque m'avait répondu - c'était au début du mois
de mai, à la fin d'avril, et le député de Joliette
était avec nous au moment de l'étude des crédits
qu'effectivement, ce qu'il recherchait à l'égard de la protection
civile, c'était d'amener cet organisme à être un organisme
en service et en supplément évidemment, mais en fonctionnement de
plus en plus intégré avec tant les autorités municipales
et les sûretés policières municipales que la
Sûreté du Québec. C'est un gage d'une réflexion qui
va dans le sens du contrôle des dépenses publiques et qui va dans
le sens de la mise sur pied d'un ministère des Approvisionnements et
Services et qui va dans le sens aussi, je pense, de la
crédibilité et de la bonne volonté du ministre à
l'égard d'un contrôle accru des dépenses publiques et aussi
de la part des autres parlementaires, tant le député de
Lévis et le député de Joliette que les
députés ministériels, de l'imputabilité du ministre
par rapport aux décisions qu'il aura à prendre;
l'imputabilité en commission et l'imputabilité du ministre aussi
à l'Assemblée nationale.
La Régie des installations olympiques, c'est un sujet que le
député de Joliette connaît très bien. Le
député de Joliette nous le faisait savoir à
l'époque quand il disait: Ne touchez pas au Village olympique, c'est le
bout rentable de notre organisation. Peut-être, est-ce vrai? Je crois que
le ministre délégué aux Services et Approvisionnements et
député de Hull a certainement pris bonne note de la
réaction et de la remarque faite par l'ancien ministre tuteur de la RIO.
Il faut aussi se rappeler que la RIO, laissée toute seule comme
organisme autonome dans le champ, a commis certaines bourdes pour lesquelles
peut-être des ministres ont écopé inutilement. S'ils
avaient pris eux-mêmes les décisions ou s'ils avaient
été à même d'avoir un mot à dire sur la
décision prise, les orientations auraient pu être
différentes. Je pense entre autres au match ou au combat Leonard-Duran
qui avait été un "flop" financier et qui avait fait un pathos
épouvantable dans les journaux et pour lequel, probablement, le ministre
du temps -je ne sais pas qui était là - a dû écoper
politiquement pour des décisions que lui-même n'avait pas
prises.
Encore une fois, dans l'organisation d'une société et dans
l'organisation politique dans laquelle nous vivons qui est - comme je le
répète - de type de démocratie parlementaire britannique,
il est préférable que les décisions prises par ces
organismes soient imputables au député nommé ministre, qui
a eu la chance d'avoir un mot à dire dans l'orientation des
décisions prises par les organismes. Je suis convaincu que la
décision qui a été prise à ce moment-là par
la RIO aurait pu être évitée si un ministre ayant un sens
politique peut-être plus aigu, ayant un sens de l'administration et un
sens de la visibilité publique plus aigus avait pu changer la
décision et avait annulé ce type de
rencontre ou avait pu faire en sorte que le nombre ou que les conditions
préalables prises pour un match de ce type aient pu éviter qu'il
y ait fiasco financier en bout de piste.
Je posais des questions au président de la Régie des
installations olympiques sur ce qui arrivera après la mise en place du
toit sur le Stade olympique à Montréal. J'étais surpris de
constater qu'on n'avait pas déjà commencé à
prévoir de la location pour l'hiver 1988, à tout le moins, si
c'était difficile pour l'automne 1987. Un organisme qui va vouloir louer
le Stade olympique, c'est évidemment un très gros organisme et
probablement un organisme ayant des racines dans plusieurs milieux et dans
plusieurs pays. Des congrès internationaux de ce type qui pourraient
vouloir venir au Stade olympique pour faire leur congrès ne prendront
pas ces décisions six mois à l'avance et ils ne prendront pas ces
décisions un an à l'avance. Ce sont des décisions qui sont
prises deux ans, trois ans ou quatre ans à l'avance. Il m'apparalssait
évident qu'il était sain de la part des gens de la RIO de
commencer à faire de la location d'espace pour le moment où ils
auront un toit. Ils savent qu'ils auront un toit. S'il y avait un ministre
responsable de la RIO, ces décisions auraient pu être prises
autrement plus rapidement ou à tout le moins au même moment
où la décision de construire le toit a été prise.
(14 heures)
Autant à la SIQ, la Société immobilière du
Québec, les députés n'ont pas de relations très
fréquentes avec celle-ci. Il m'est arrivé, il y à peine un
mois ou un mois et demi, d'avoir une surprise avec la Société
immobilière du Québec. C'est simplement une anecdote. Deux
ministères voulant louer une partie d'immeuble dans un immeuble de la
SIQ, dans le comté chez nous, même étage, grandeurs
différentes, se sont fait donner -peut-être par erreur humaine,
remarquez; je ne veux pas faire du pathos là-dessus; je ne veux pas un
monument de problèmes - deux prix, au pied carré, largement
différents pour le même type d'immeuble, même étage,
même surface de plancher.
Il y a donc des choses à améliorer à la
Société immobilière du Québec, dans les
années à venir, en soumettant la SIQ au processus
contrôlé par un ministère et en faisant en sorte que son
financement à long terme soit désormais inclus dans la dette
publique du Québec et soit - je ne dirais pas camouflé; ce
n'était peut-être pas l'intention du gouvernement
précédent - comptabilisé dans la dette publique du
gouvernement du Québec, de façon à permettre aux
élus de savoir exactement ce qu'il advient de la dette
générale du Québec.
Le Service des achats et Rosalie, je terminerais avec cela, M. le
Président. Le ministre vient de nous dire, il nous l'a dit en commission
parlementaire et le député de Joliette s'en souvient
certainement: Je suis en train de travailler avec le gouvernement
fédéral, au ministère des Approvisionnements et Services)
pour faire en sorte que Rosalie, éventuellement, par protocole d'entente
avec le gouvernement du Québec, puisse servir les intérêts
et le gouvernement fédéral dans le choix de ses fournisseurs.
Le ministre a également dit: J'envisage sérieusement de
mettre cela au service de l'ensemble des autres gouvernements locaux, qu'ils
soient scolaires ou municipaux, pour qu'ils puissent travailler avec Rosalie
pour le choix de leurs fournisseurs ou de leurs éventuels contrats.
Je pense que cette orientation prise par le ministre
délégué aux Approvisionnements et Services devrait
rassurer, à tout le moins, tous ceux qui pensent que le ministre veut
abolir Rosalie, combattre Rosalie et revenir à la période avant
Rosalie. Je pense que ce n'est nullement le cas. Le ministre l'a assez souvent
répété pour faire en sorte de nous rassurer, tout le
monde, sur l'orientation future que pourrait prendre Rosalie.
En deux mots, Rosalie prendra probablement de l'expansion en desservant
les municipalités, les commission scolaires - et même le
gouvernement fédéral - qui voudront participer au choix de leurs
fournisseurs par un organisme centralisé qui est Rosalie et le Service
des achats du gouvernement du Québec.
En bref, M. le Président, le projet de loi 68, qui vise un
meilleur contrôle des dépenses publiques et l'imputabilité
d'un ministre responsable des dépenses publiques dans ces secteurs
vis-à-vis du Parlement et des commissions parlementaires, paraît
un excellent moyen pour faire en sorte de rendre encore plus concrète
l'imputabilité d'un ministre responsable de ses dossiers
vis-à-vis de l'Assemblée nationale par rapport à l'autre
principe d'un ministre tuteur, qui a fonctionné plus ou moins bien dans
les années passées.
Je poserais quelques questions au ministre pour terminer, en lui
demandant si effectivement il a l'intention de diminuer les effectifs à
la protection civile, s'il a effectivement l'intention ou s'il entend prendre
des moyens relativement rapidement pour offrir aux municipalités et aux
commissions scolaires les services du Service des achats, s'il...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, voulez-vous conclure, s'il vous plaît? Il vous reste
exactement une minute et 57 secondes.
M. Chagnon: Oui, je conclus en posant quelques questions au
ministre responsable... S'il entend faire en sorte d'accélérer le
processus de location du Stade olympique de
Montréal, en prévision du moment où il aura un
toit, particulièrement à partir de l'hiver 1988 et s'il entend
faire en sorte de continuer à améliorer son contrôle des
dépenses publiques en vivant avec sa vingtaine de millions de coupures
qu'il a eues à la Société immobilière du
Québec.
En tout et partout, je tiens à vous remercier, M. le
Président, de nous avoir permis de discuter sur le fond et la
présentation générale de la loi créant le
ministère des Approvisionnements et Services du Québec faisant en
sorte d'améliorer et de chercher à améliorer le
contrôle des dépenses publiques en permettant une
imputabilité plus grande du ministre vis-à-vis de la Chambre et
de l'ensemble de la population du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté avec
attention...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Saint-Louis. J'en ai fait état tout à
l'heure, sauf s'il y avait consentement.
M. Chagnon: Ah bon!
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais vous faire
remarquer, M. le député de Saint-Louis, qu'il reste environ dix
minutes et il faudrait quand même permettre aux gens de l'Opposition de
s'exprimer. Eu égard à cela, M. le député de
Lévis, vous avez la parole.
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté avec
attention le député de Saint-Louis quand il a mentionné
entre autres que la fin du patronage est arrivée en 1960. Il ne faut pas
avoir fait le tour du Québec beaucoup au plan administratif pour voir
comment cela n'est pas exact.
Je vous conterai une leçon savoureuse lorsqu'on m'a
transféré les pêcheries en 1980. Je faisais le tour du
territoire au cours de l'année 1980 et, à un moment donné,
quelqu'un me dit: Si vous voulez vous amuser un peu, M. Garon, demandez aux
employés qui gardent les frigidaires dans le secteur de la pêche,
depuis combien de temps ils travaillent à cet endroit. C'était
à l'hiver 1982 et je demandais aux gens: Depuis combien de temps
travaillez-vous pour les pêches? Tous répondaient, je vous le dis
à 95 %: Depuis 22 ans! Je me suis dit: Qu'est-ce qui est arrivé
il y a 22 ans? Jean Lesage avait pris le pouvoir. Essentiellement, il n'y avait
pas une personne dont je me rapelle qui avait plus de 22 ans de service. Il
avait changé tous les fonctionnaires travaillant comme gardiens de
frigidaires dans le secteur de la pêche en Gaspésie, aux
Îles-de-la-Madeleine et sur la Côte-Nord. Quand on me dit que Jean
Lesage ne faisait pas de patronage ou le Parti libéral, un instant!
M. Chagnon: Question de règlement!
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement.
Oui, je sais! J'ai compté 20 ans. Cela fait 1958, Monsieur. C'est cela
que vous voulez soulever? Effectivement, c'était sous le régime
Duplessis.
M. Garon: En 1982.
M. Chagnon: Selon l'article 71, je parlais...
Le Président (M. Lemieux): De 1982? Je m'excuse.
M. Chagnon: M. le Président, article 71. Ce que j'ai dit
tout à l'heure...
M. Garon: C'est à l'école qu'on apprend cela.
M. Chagnon: Je devais avoir un problème avec mon prof.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, oui.
M. Chagnon: M. le Président, selon l'article 71, je disais
tout simplement que je pense que l'assainissement de nos moeurs....
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis! Vous pouvez continuer, M. le député de Lévis,
il ne s'agit pas d'une question de règlement. Oui, est-ce qu'il s'agit
d'une question de règlement?
M. Chagnon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): De quel article s'agit-il?
M. Chagnon: L'article 71: Tout membre peut, avec la permission du
Président, s'expliquer sur un fait...
Le Président (M. Lemieux): Je vous refuse cette
permission-là et je permets au député de Lévis de
continuer.
M. Garon: Deuxièmement, l'an dernier... M. Chagnon:
Je m'excuse...
Le Président (M. Lemieux): C'est en Chambre, M. le
député, et non les affaires
courantes.
M. Garon: ...tard au printemps ou au cours de l'été
1985, je faisais une tournée et un fonctionnaire du ministère des
Transports me parlait d'un avantage quelconque: au bout de vingt-cinq ans, il
fallait signer une formule. On m'indiquait en souriant qu'on avait eu une
avalanche de formules en 1985 et les gens se demandaient: qu'est-il
arrivé en 1985 qui faisait qu'il y avait tant de formules pour cette
année-là, plusieurs fois plus, deux, trois ou quatre fois plus
que pour une année habituelle? Le changement, c'était qu'il y
avait eu une élection en 1960 et qu'il y avait un grand nombre de
fonctionnaires qui arrivaient au ministère des Transports avec
vingt-cinq ans de service en 1985. Qu'on ne vienne pas me dire que le Parti
libéral, en 1960, avait aboli le patronage! Au contraire, tout ce qu'il
a pu changer d'employés quand il a pris le pouvoir en 1960, a
été changé.
M. le Président, c'est justement pour cette raison que nous nous
posons des questions sur la création d'un ministère des
Approvisionnements et Services alors qu'on vient de créer une structure
au gouvernement du Québec pour éviter ces problèmes.
Rosalie n'est pas une formule parfaite, mais quand il a été
question de la rendre meilleure en la rendant plus sévère, cela a
été possible. Je peux vous dire que je suis un de ceux qui ont
demandé au Conseil du trésor d'avoir une formule plus
sévère pour avoir plus de soumissionnaires. J'ai demandé
au Conseil du trésor, comme ministre de l'Agriculture, d'avoir la
possibilité de faire mes appels d'offres dans les journaux pour donner
la chance à tout le monde de soumissionner. Je me suis rendu compte que,
quand tout le monde soumissionnait, c'était meilleur marché pour
le prix des travaux et j'ai constaté que, sur invitation, c'était
moins bon que sur appel d'offres général. Au ministère de
l'Agriculture, cela voulait dire une différence entre 25 % et 30 % sur
le coût de l'ensemble des travaux.
Ainsi, il y a un ministère qui avait demandé d'avoir une
formule plus sévère que celle de Rosalie pour pouvoir justement
faire des appels d'offres publics, avec les règles des soumissions
publiques par appel d'offres dans les journaux, au niveau de l'ensemble du
Québec pour tel type de soumissions, au niveau régional pour tel
autre ordre de soumissions. Mes rappels que j'ai actuellement... On me dit
qu'au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, il y a aura beaucoup plus de travaux en régie interne,
cette année, que d'habitude. Il y aura beaucoup moins de travaux qui
vont procéder par appels d'offres dans les journaux. Cela voudrait dire
qu'en régie interne, on choisit le soumissionnaire à
l'échelon du ministère. On se rendra compte dans les travaux de
cette année que, actuellement, tous les noms d'occasionnels ont
été enlevés dans les budgets du gouvernement. Dans les
budgets, cette année, au nom de chacune des rubriques des
ministères, on ne sait plus combien il va y avoir d'occasionnels alors
que, auparavant, ce renseignement apparaissait dans le budget. Cette
année, c'est enlevé.
Ne nous racontons pas d'histoires. Les changements sont amorcés
et les engagements d'occasionnels qui devaient tous passer par les centres de
main-d'oeuvre du Québec, cette année, vont passer par les
ministères. On revient au système d'avant 1976, où il
était possible de faire du patronage. C'est cela la formule, au fond,
à laquelle on s'oppose par la création du ministère des
Approvisionnements et Services. Il y a des enquêtes dans à peu
près tous les ministères des Approvisionnements et Services
ailleurs. Aux États-Unis, je me rappelle une enquête, il y a
quelques années, qui avait révélé qu'on avait du
ketchup américain pour les 100 prochaines années. Il y a
déjà eu une enquête dans les services et approvisionnements
et les services d'achat au gouvernement fédéral, où on
avait des bérets - je ne me souviens pas pour combien de siècles
-pour l'armée canadienne. Je sais, par exemple, que, dans certains
équipements au gouvernement, quand on voulait avoir autre chose qu'une
chaise rouge, entre 1976 et 1985, c'était à peu près
impossible. Il y avait tellement de chaises rouges qu'on aurait pu être
au pouvoir pendant 30 ans et avoir des choses rouges tout le temps. Pourquoi?
Parce qu'on en avait acheté des chaises rouges à l'époque
du Parti libéral.
Ce qu'on dit, actuellement... Qu'est-ce qu'on a réussi à
faire? Aujourd'hui, le Service des achats relève du Conseil du
trésor et c'est lui qui fixe les normes et c'est lui qui surveille au
gouvernement. Je ne dis pas que le Conseil du trésor est parfait, mais y
a-t-il un endroit où les choses peuvent être plus
surveillées que là?
Deuxièmement, c'est le Service des achats, sous la direction d'un
ministre, qui va pouvoir donner des directives plutôt que l'organisme de
contrôle qu'est le Conseil du trésor. Est-ce qu'on pense que cela
va être mieux? Qu'est-ce qui va être mieux au juste? Tout cela
marche. Les quatre fonctions qu'on veut donner à ce nouveau
ministère, tout cela fonctionne actuellement. Il n'y a rien de cela qui
ne fonctionne pas. La Société immobilière du Québec
est un organisme autonome, qu'on peut surveiller et dans lequel organisme on
peut mettre un système de vérification interne et où il
peut y avoir des contrôles externes à tel point -et M. le
Président le sait fortement...
Le Président: (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je vais devoir ajourner dans
une minute. C'est simplement pour vous en informer. Vous pouvez
continuer.
M. Garon: Oui, M. le député.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce qu'il pourra
continuer son droit de parole à la reprise?
Le Président: (M. Lemieux): Oui, lors de la reprise de
l'étude du projet de loi 68.
M. Garon: ...que c'est important de surveiller ces organismes
que, même notre commission songe à choisir la
Société immobilière du Québec comme organisme qui
devrait être surveillé dans l'année qui s'en vient. Un
organisme autonome en dehors des influences politiques avec un système
de vérification interne et avec des systèmes de contrôle
extérieur, c'est cela le meilleur système. Quand on regarde la
Régie des installations olympiques avec le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, il me semble que c'est la meilleure place. Ce
n'est pas avec les réfrigérateurs, les chaises, les crayons et
les effaces que la Régie des installations olympiques va être
à la meilleure place. La Régie des installations olympiques,
essentiellement, c'est quoi? C'est un stade de 1 000 000 000 $, mais que vous
avez contribué à construire entre 1970 et 1976, mais c'est quand
même un stade. C'est sûrement le meilleur endroit pour le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour avoir la
tutelle de cet organisme.
On parle également de la protection civile. Celui qui a
donné les meilleurs arguments pour dire que cela devrait rester
là où c'est, c'est le député en face de moi, le
député de Saint-Louis. Quand il dit qu'ils veulent être
décentralisés et faire affaire avec les municipalités,
c'est exact. Mais qu'est-ce qu'on fait avec les municipalités comme le
Bureau de la protection civile? On agit essentiellement avec la police du
Québec et avec les polices municipales. Y a-t-il une meilleure
coordination qu'au ministère de la Justice pour que la coordination soit
faite réellement en termes de protection civile et, aussi, une
collaboration avec la réserve militaire. Pourquoi? Parce qu'il s'agit de
regrouper des gens qui sont déjà structurés lors de
désastres naturels ou autres qui peuvent arriver.
M. le Président, vu que l'heure est arrivée, je vous vois
regarder l'heure et je ne voudrais pas que vous attrapiez le torticolis.
Le Président: (M. Lemieux): Sept secondes. Je vous
remercie, c'est pour respecter les droits des parlementaires, M. le
député de Lévis, allez-y...
M. Garon: Je vous demande la suspension du débat.
Le Président: (M. Lemieux): Je vous remercie. J'ajourne
sine die l'étude du projet de loi 68, Loi sur le ministère des
Approvisionnements et Services et modifiant diverses dispositions
législatives. Merci.
(Fin de la séance à 14 h 15)