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(Quinze heures trente-six minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
relativement à l'étude du projet de loi 68, Loi sur le
ministère des Approvisionnements et Services et modifiant diverses
dispositions législatives. M. le greffier, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Filion
(Taillon) remplace Mme Blackburn (Chicoutimi). M. Desbiens (Dubuc) remplace M.
Dufour (Jonquière) et M. Chevrette (Joliette) remplace M. Gendron
(Abitibi-Ouest).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Est-ce qu'il y a des remarques? Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je voudrais d'abord
excuser mon collègue de Lévis qui avait la parole au moment
où vous avez dû ajourner sine die conformément à
l'ordre de la Chambre vendredi dernier. M. le député de
Lévis est le critique concernant le projet de loi sur la raffinerie de
sucre dont le débat commence à l'instant même à
l'Assemblée nationale. Il ne pourra donc pas être des
nôtres. Vous pourrez reconnaître le député de Taillon
à sa place.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Joliette. M. le député de Taillon.
Remarques préliminaires (suite) M. Claude
Filion
M. Filion: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
d'intervenir au début de l'étude détaillée du
projet de loi 68. Comme on le sait, ce projet de loi pourvoit a la constitution
et à l'organisation du ministère des Approvisionnements et
Services qui, on le sait, est dirigé par M. le ministre, le
député de Hull. Ce projet de loi prévoit notamment que le
ministre des Approvisionnements et Services aura le mandat d'élaborer et
de proposer au gouvernement des politiques concernant l'acquisition et la
fourniture de biens et de services pour l'ensemble des ministères et des
organismes publics que désignera le gouvernement. Le ministre veillera
de plus à l'application de ces politiques, en coordonnera
l'exécution et pourra, à ces fins, prendre des
règlements.
Tout de suite, je pense, M. le Président, qu'il nous faut noter
que les pouvoirs du ministre et du ministère seront passablement larges,
très étendus. Le ministre des Approvisionnements et Services aura
également pour fonction d'établir, en collaboration avec les
ministères et les organismes publics désignés, les besoins
immobiliers de ces ministères et organismes, de s'assurer que les
mesures propres à satisfaire ses besoins soient prises. Il verra aussi
à obtenir des ministères et organismes l'inventaire des biens et
services dont ils disposent, bien sûr. Ce projet de loi modifie en outre
la Loi sur le Service des achats du gouvernement de manière que,
désormais, ce service soit intégré au ministère des
Approvisionnements et Services et on comprend qu'il s'agit ici de Rosalie.
Or, M. le Président, on sait déjà que ce
ministère réunira donc la Direction générale des
achats, la SIG, la Société immobilière du Québec,
la RIO, soit la Régie des installations olympiques et la Loi sur la
Régie des installations olympiques ainsi que la protection civile. Il
est important d'abord de noter en ce qui concerne l'autonomie de ces organismes
quels seront les effets de ce projet de loi sur leur autonomie qui, avant que
l'on procède à les regrouper ainsi, fonctionnaient,
fonctionnaient bien, ma foi. Je pense bien qu'on n'a pas, du moins à ma
modeste connaissance, de raison de penser que ces organismes pouvaient
fonctionner d'une façon anormale ou déréglée. Il
est également important de noter que l'on regroupe des organismes qui
n'ont pas beaucoup de liens entre eux. Je pense en particulier au Bureau de la
protection civile du Québec qui relevait avant du ministère de la
Justice. Quand j'ai étudié la structure du ministère de la
Justice, j'ai été surpris de voir que le Bureau de la protection
civile du Québec n'y était pas. Il venait donc d'être mis
sous la gouverne du ministre délégué aux
Approvisionnements et Services. J'ai été surpris. On sait que le
Bureau de la protection civile du Québec a pour mandat, comme le mot le
dit, d'assurer la protection civile au Québec dans les cas de sinistres,
de désastres. Il a aussi un rôle de prévention qui est
important. On n'a qu'à lire les journaux pour constater les effets,
par
exemple, des accidents nucléaires - je n'en souhaite pas pour le
Québec - les effets énormes et à plusieurs volets, qui
touchent plusieurs secteurs de l'activité gouvernementale. Si un
cataclysme d'une nature semblable devait s'abattre - ne nous le souhaitons pas
- sur le Québec, il faut à ce moment-là avoir ouverture
sur tout et probablement sur tous les ministères ou une bonne partie des
ministères, sur tous les organismes. Alors, pourquoi avoir
regroupé le Bureau de la protection civile sous la coulpe, si l'on veut
- si on me passe l'expression -du ministère des Approvisionnements et
Services? On peut se poser la question d'autant plus que le ministère de
la Justice de qui relevait autrefois le Bureau de la protection civile, je
pense, de par sa nature, de par son degré de collaboration très
étroite avec la plupart des ministères était probablement
le plus habilité à traiter les cas qui pouvaient relever de la
protection civile, c'est-à-dire les cas d'urgence qui demandent dans
beaucoup de cas des interventions policières ou des interventions de
contrôle et de surveillance, des fouilles. Est-ce que le ministre
délégué est la meilleure personne, en deux mots, pour
répondre d'un genre de situation qui pourrait découler des
sinistres ou des cataclysmes?
Je voudrais ajouter, M. le Président, qu'il ne s'agit pas
toujours d'un sinistre affectant une collectivité. Le Bureau de la
protection civile traite aussi les cas individuels, les cas d'assistance
individuelle à certains individus. Donc, ma première
interrogation porte sur le niveau d'autonomie de ces structures et sur le
pouquoi de ce regroupement-là. On pourrait, à la rigueur,
comprendre que la Société immobilière du Québec et
la Régie des installations olympiques peuvent avoir, comme organismes,
certaines affinités entre elles. Mais en ce qui concerne le Bureau de la
protection civile, on peut se poser des questions.
Il en va de même pour la Direction générale des
achats, d'ailleurs, par rapport à la SIQ et à la RIO. C'est un
regroupement un peu bâtard, je pense, que ces quatre organismes-là
dans un même tout.
Ma deuxième interrogation, M. le Président, porte sur la
Direction générale des achats. Longtemps, au Québec comme
ailleurs, faire de la politique était considéré par une
bonne partie de la population comme une activité plutôt suspecte.
Même encore aujourd'hui, M. le Président, je pense que vous le
savez, on rencontre certaines classes de citoyens à qui on dit: On est
députés, on fait de la politique et qui nous regardent comme si
on était des bêtes curieuses qui octroyaient des contrats et
recevaient des pots-de-vin dans les toilettes. Encore une fois, je m'adresse
à vous, M. le Président, parce que vous êtes le
président de la commission.
Une voix: Penses-tu qu'il ne ferait pas cela?
M. Filion: J'en suis tout à fait convaincu, d'ailleurs, ma
remarque ne s'adresse de façon spécifique à aucun membre
de cette commission autour...
Le Président (M. Lemieux): J'ai bien compris le sens de
votre intervention, M. le député.
M. Filion: ...de cette table et à aucun membre de
l'Assemblée nationale, parce qu'il faut les prouver, ces
choses-là. Mais, encore, il faut quand même se parler franchement;
avant d'avoir l'âge qu'on a, on était plus jeunes aussi et on le
sait. Qu'avez-vous pensé la première fois que vous avez
rencontré un homme politique? Vous avez dit: Ah! mon Dieu, regarde donc
cela, les contrats, il joue avec cela, etc.
Donc, faire de la politique a toujours été, pour une
certaine catégorie de citoyens et de citoyennes, une activité un
peu bizarre. Heureusement au Québec on a fait un grand bout de chemin,
un très grand bout de chemin en ce qui concerne la
crédibilité des hommes politiques et partant, la
crédibilité des octrois gouvernementaux pour les contrats, que ce
soit des achats de biens, que ce soit des achats de services. On a fait, en
particulier sous la gouverne du Parti québécois - je pense que
n'importe qui, peu importe son parti politique, s'il veut être
honnête, le reconnaîtra - un bout de chemin assez impressionnant
qui a permis de distinguer l'octroi des contrats de services, des achats
gouvernementaux, des contrats de biens et de services et de distinguer cela de
la partisanerie politique. (15 h 45)
On ne saurait trop insister sur l'importance d'avoir des règles
claires et objectives qui entourent l'ensemble de l'octroi de contrats qui
impliquent, dans beaucoup de cas, des sommes assez importantes. On le sait, le
gouvernement du Québec - je ne sais si cela a été
mentionné à cette commission - est quand même un des grands
acheteurs de biens et de services au Québec. Pour la région ici,
celle de Québec, j'ai une statistique fraîche à la
mémoire. 40 % à 50 % des activités, dans la capitale
nationale, - et on me corrigera - sont générées
directement ou indirectement par l'activité gouvernementale.
Évidemment, on ne parle que d'une région. Si on s'adressait
à l'ensemble du Québec, on retrouverait un pourcentage qui serait
passablement élevé. Mais, de là à conclure qu'il
faut absolument continuer le travail qui a été fait par le
gouvernement du Parti québécois pour assurer la transparence des
transactions gouvernementales avec ses fournisseurs, il n'y a qu'un pas que je
franchis.
Malheureusement, à la suite de certaines déclarations du
ministre, à la suite de la question soulevée en Chambre par mon
collègue, le député de Joliette et leader de l'Opposition,
et à la suite de la lecture du projet de loi, je dois vous dire bien
franchement, M. le Président, qu'on est inquiet, pas juste au Parti
québécois, mais pour nous tous qui devons retourner dans nos
comtés et répondre à nos électeurs de la
probité des gestes posés par le gouvernement. Les gens ne font
pas de distinction, M. le Président. C'est toute notre institution
politique qui écopera d'un manque de rigueur du ministre à ce
chapitre. Ce sont nos institutions politiques dans ce qu'elles ont de plus
précieux: leur crédibilité, c'est-à-dire la
capacité pour les citoyens de croire en nous quand nous leur adressons
la parole.
Ce critère, si l'on veut, de moralité publique est
d'autant plus important que je dois me souvenir de la période où
le député de Saint-Laurent était député de
Mercier et premier ministre. Je n'étais pas en politique active à
ce moment-là, mais, comme tout le monde, je lisais les journaux et je
m'intéressais à la vie publique. Je n'étais pas maire
d'une municipalité comme l'était à ce moment-là le
député de Hull. Il était maire d'une municipalité
et je ne l'étais pas, mais on suivait. J'étais jeune
professionnel, je sortais de l'université et je suivais beaucoup ce
dossier. On n'a qu'à se rappeler les scandales qui ont
éclaboussé le Parti libéral entre 1970 et 1976. Encore une
fois, c'est non seulement le Parti libéral qui a été
éclaboussé, mais toute l'institution politique. Quant au bout de
chemin qui a été fait entre 1976 et 1985, je me demande si on ne
retourne pas un petit peu en arrière.
Je parlais tantôt de l'intervention du ministre concernant tout le
dossier de l'octroi du contrat à la firme Pominville, de
l'étude... On ne sait pas trop, ce contrat... Cela a pris du temps pour
savoir quel était son mandat. Mais les gens qui lisent les journaux et
qui nous écoutent sont sensibles à ces questions. Si la firme qui
a le mandat d'étudier le fichier gouvernemental Rosalie est
elle-même colorée, politiquement parlant...
M. Parent (Bertrand): M. le Président, question de
règlement, je m'excuse...
Le Président (M. Lemieux): Oui, sur la question de
règlement.
M. Parent (Bertrand): II y a une deuxième réunion
à l'intérieur de cette commission. Je trouve fort
intéressant ce que le député de Taillon dit
actuellement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît! Mme la députée de Matane, M.
le député de Lafontaine, pourriez-vous, s'il vous plaît,
pour le bénéfice des membres de cette commission, regagner vos
sièges? S'il s'avérait que vous ayez des discussions à
faire en caucus, pourriez-vous vous retirer à l'extérieur de
cette salle pour les faire, s'il vous plaît?
M. le député de...
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Hull.
M. Rocheleau: Sur une question de... Je voulais simplement dire
au député de Taillon que j'étais très attentif
à ses propos.
Le Président (M. Lemieux): Je pense que le
député de Bertrand ne visait pas le député de Hull
et il faisait état relativement au petit caucus qu'il y avait au bout de
cette salle, M. le député de Hull. J'en suis bien conscient.
M. le député de Lafontaine, est-ce qu'il s'agit d'une
question de règlement?
M. Gobé: Non.
Le Président (M. Lemieux): Cela va.
M. Gobé: Le député de Hull a fait la mise au
point.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Taillon, vous pouvez continuer, s'il vous plattî
M. Filions Je vous remercie, M. le Président. Je remercie mon
collègue de Bertrand. Vous savez ici, en commission parlementaire, si on
est assis autour de la table, c'est pour écouter nos collègues.
Ce n'est pas comme à la télévision. Si le
député de Lafontaine est à la télévision et
que je ne veux pas l'écouter, je vais changer de poste.
M. Gobé: M. le Président, question de
règlement.
M. Filion: Ici...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, sur une question de règlement, l'article du
règlement, s'il vous plaît!
M. Gobé: Celui qui met un membre en cause, M. le
Président. J'aimerais faire savoir...
Le Président (M. Lemieux): Celui qui met un membre en
cause, oui.
M. Gobé: ...au député de Taillon...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de...
M. Gobé: D'abord, je ne parlais pas en caucu9 avec mon
collègue là-bas, j'écoutais. Et deuxièmement, s'il
veut nous parler d'émissions de télévision...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, ce n'est pas une question de règlement.
M. Gobé: ...ce sont eux qui font les comiques
généralement, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député de Lafontaine.
M. le député de Taillon, s'il vous plaît, vous
pouvez continuer.
M. Filion: Je voudrais dire ceci à ce sujet-là, M.
le Président. On dit souvent en justice: Il est important que justice
non seulement nous soit rendue, mais il est important qu'elle paraisse avoir
été rendue. Ce n'est pas moi qui l'ai dit. Cela a
été dit, non pour la première fois, mais à une
époque plus importante, par le juge en chef de la Cour supérieure
du Québec. Cela a été repris par la suite. Je pense que,
lorsqu'on parle d'achats et d'octroi de contrats, il est important non
seulement que toutes ces opérations soient faites par le gouvernement
d'une façon équitable, mais également que ces
opérations paraissent avoir été faites
équitablement et objectivement. Il en va d'un prix cher: c'est, je l'ai
dit tantôt, notre crédibilité.
Je vaudrais également, M. le Président, dire un mot sur
l'article 7 du projet de loi et vous me donnerez la permission de le lire: "Le
ministre élabore et propose au gouvernement des politiques relatives
à l'acquisition et à la fourniture de biens et de services pour
les ministères et pour les organismes publics désignés par
le gouvernement. "Il veille à l'application de ces politiques, en
coordonne l'exécution et peut, à ces fins, prendre des
règlements. "Ces règlements sont soumis à l'approbation du
gouvernement et entrent en vigueur le quinzième jour qui suit celui de
leur publication à la Gazette officielle du Québec ou à
une date ultérieure qu'indiquent ces règlements." Donc, il n'y a
pas de prépublication du projet de règlements, sauf erreur. Je ne
sais pas si cela a été noté par mes collègues et
membres de la commission, mais je pense qu'il aurait été
intéressant que des règlements, qui touchent au coeur même
de l'exécution des politiques découlant du pouvoir du ministre,
soient soumis à une prépublication, à un mécanisme
de prépublication obligatoire des règlements.
Maintenant, je ne sais pas si le ministre a consulté le projet de
loi 12 qui sera adopté bientôt par l'Assemblée nationale,
et qui s'intitule: Loi sur les règlements, touchant
particulièrement la loi sur les règlements. Je m'interroge, M. le
Président, sur la compatibilité entre l'article 7 du projet de
loi 68 que nous allons étudier de façon détaillée
et le projet de loi 12 qui est aussi étudié à une autre
commission, la commission des institutions.
L'article 7, M. le Président, m'apparaît essentiel,
fondamental. Définissant des fonctions et des pouvoirs du ministre, cet
article mentionne que le ministre élabore et propose au gouvernement des
politiques relatives à l'acquisition et à la fourniture de biens
et de services pour les ministères et organismes publics. Il n'y a rien
de neuf, quand même, M. le Président, là-dedans. Le
ministre qui est actuellement responsable de l'application de la Loi sur le
Service des achats du gouvernement peut élaborer et proposer de telles
politiques. Le même article 7 établit que le ministre, dans
l'exécution de ce mandat, peut faire des règlements. On ne
retrouve aucune norme quant aux matières que pourront concerner ces
règlements. Quel est le champ d'application du pouvoir de
réglementation du gouvernement concernant les projets de
règlement qui seront soumis par le ministre? On se retrouve devant une
disposition qui détermine les pouvoirs d'un ministre de faire des
politiques, mais de façon non spécifiquement définie. Pour
appliquer ces politiques, il dispose d'un pouvoir réglementaire
illimité. Il aurait été bon qu'on restreigne, qu'on
définisse au moins un peu le champ d'application du pouvoir du ministre
plutôt que de dire: II peut réglementer pour donner suite à
ses politiques.
En matière d'octroi de contrats gouvernementaux, de fourniture de
biens et services, cela m'apparaît d'autant plus déplacé de
confier au ministre et au gouvernement... Comme le disait mon collègue,
le député de Joliette et leader de l'Opposition, c'est un
véritable chèque en blanc. Ce n'est pas un chèque en blanc
pour définir les règlements sur les pesticides - on aimerait
qu'il vienne, d'ailleurs, celui-là -mais c'est un chèque en blanc
qui concerne une des activités les plus fondamentales du gouvernement,
qui représente, uniquement dans la région de Québec, 40 %
de l'activité économique d'une région. On confierait une
page en blanc, avec un pouvoir réglementaire sans limite, au ministre.
C'est drôlement inquiétant, téméraire même -
je pense que le mot n'est pa3 trop fort - mais il est pour le moins imprudent
de défaire ce qui a été fait dans la dernière
décennie ou uniquement de donner l'impression qu'on pourrait
défaire ce
qui a été fait dans la dernière décennie.
Cet article 7, M. le Président, j'en suis convaincu, retiendra
l'attention des membres de l'Opposition à la commission parlementaire
qui étudiera ce projet de loi. Je suis convaincu que, de notre
côté, M. le Président, nous allons lutter vigoureusement
pour limiter ce qui est carrément beaucoup trop large.
En conclusion, M. le Président, puisque vous m'indiquez qu'il me
reste quelques minutes...
Le Président (M. Lemieux]: Non.
M. Filion: Non?
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé? Il
vous reste une minute, M. le député de Taillon.
M. Filion: C'est cela, alors donc...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. On ne m'avait pas
avisé qu'il vous restait une minute.
M. Filion: J'avais vu dans vos yeux une attitude qui me laissait
croire que mon temps était terminé.
En conclusion, M. le Président, notre position est la suivante:
nous acceptons et nous accepterons, dans l'étude de ce projet de loi,
toute amélioration qui sera centrée sur le renforcement du
critère d'objectivité, d'intégrité et de
moralité publique dans l'octroi des contrats gouvernementaux. M. le
Président, je vois quelques sourires. Pourtant, on traite ici d'une des
matières les plus fondamentales et si le Québec... La
crédibilité des institutions politiques va bien au-delà
des partis politiques et est bien au-delà aussi d'un moment de
l'histoire. On n'est pas seulement en juin 1986. Quand on parle de
crédibilité des institutions politiques, c'est ce qu'on va
léguer aux autres générations de parlementaires qui vont
nous suivre.
Quant à moi, pour conclure, comme je le disais au début de
mon intervention, je suis fier de représenter les électeurs et
les électrices de ma région, comme, j'en suis sûr, les gens
de l'autre côté et, sans aucun doute, les gens... Cette
représentation que l'on doit faire au meilleur de notre connaissance, de
notre jugement et de nos habiletés, à mon sens, vaut la peine
d'être faite dans la mesure où l'activité politique
essentielle est moralement à toute épreuve. À mon avis, le
projet de loi 58... (16 heures)
M. Parent (Bertrand): 68.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Taillon.
M. Filion: ...- au plutôt 68, comme l'a signalé le
député de Bertrand et le président - ne nous donne pas
cette garantie. Je suis convaincu que le député de Hull a
déjà été marqué un peu par ce qui a
été dit en Chambre dans un autre dossier; il va être
sensible à cet argument pour faire en sorte que l'avenir politique du
Québec soit un peu plus rose que ce qu'on a connu entre 1970 et 1976.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Taillon, vous avez terminé. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? M. le député de Oubuc, s'il vous
plaît!
M. Desbiens: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc, vous avez vingt minutes.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Merci. La loi sur le ministère des
Approvisionnements et Services, dont le ministre délégué
propose l'adoption, pourvoit à la constitution et l'organisation du
ministère. Je lis les notes explicatives, puisque très souvent,
c'est là qu'on retrouve de façon explicite les principes de base
qui guident un gouvernement lorsque qu'il présente une loi. J'ai
beaucoup de difficulté à retrouver les motifs profonds qui ont
amené ou qui amènent ce gouvernement à créer ou
à recréer, d'une certaine façon, parce qu'il y a
déjà eu un ministère des Travaux publics qui portait une
autre appellation, un ministère qui pourvoyait aux fins visées
par le présent projet de loi. On a de la difficulté à
retrouver les principes profonds qui guident le gouvernement sur les fins et
les buts qu'il vÎ3e exactement. J'imagine que, dans le détail de
l'étude du projet de loi, le ministre aura encore l'occasion de nous
apporter des éclaircissements supplémentaires, mais - et cela a
déjà été souligné par mes collègues -
je ne peux pas passer sous silence au moins deux aspects particuliers qu'on
retrouve et qui, quant à moi, ont toujours retenu mon attention d'une
façon particulière. On est comme député, en gros en
tout cas... La population nous donne comme mandat d'adopter des lois et de
contrôler aussi les dépenses gouvernementales.
Quand on dit "loi", on sait que c'est ce qu'on appelle la
législation déléguée, et mon collègue l'a
souligné, tantôt, concernant la réglementation à
l'article 7, je crois, du projet de loi, le nouveau ministre s'accorde des
pouvoirs extrêmement larges concernant la réglementation. C'est
presque illimité, c'est presque un mandat en blanc comme a dit mon
collègue de Taillon tantôt, un chèque en blanc qu'il se
donne. Je commence
à croire, M. le Président, qu'il s'agit non pas seulement
d'un cas isolé que le nouveau ministre délégué
soumet ici à notre attention, mais cela commence à devenir une
marque de commerce, je pense, du gouvernement. J'ai participé aux
séances de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation, la semaine dernière, et j'ai pu constater dans un des
projets de loi qu'il y avait une réglementation très volumineuse
et une énumération de sept domaines en particulier où le
ministre se donne des pouvoirs de réglementation et un huitième
au cas où il en aurait oublié, qui donne un autre pouvoir de
réglementation sur tout le reste. Dans le huitième alinéa,
le ministre de l'Agriculture se donne tous les pouvoirs sur tous les autres
sujets qu'il aurait pu oublier, autrement dit, dans son projet de loi. Ce sont
des chèques en blanc et, ici, c'est un peu ce qui se
répète. C'est pour cela que j'ai dit que cela semble devenir une
des marques de commerce de ce gouvernement et ce n'est pas ce qu'il laissait
entendre lorsqu'il a été élu. Le premier ministre a
même créé un nouveau ministère où il a
nommé un ministre délégué à la
Déréglementation et où on nous annonçait que,
finalement, l'objectif de ce ministère était d'étudier et
de diminuer une réglementation qui est de plus en plus importante en
quantité et aussi qui va toucher les citoyens de plus en plus dans les
détails de leur fonctionnement comme citoyens. Particulièrement,
on sait les discours avec lesquels j'étais, d'ailleurs, d'accord en
grande partie lorsque les députés de l'Opposition de
l'époque, dont le ministre actuel, nous faisaient des remarques et des
reproches concernant la réglementation toujours plus envahissante du
gouvernement.
Je pense que c'est avec raison, et c'est le ministre à la
Déréglementation qui le mentionnait dans son discours l'autre
jour -et j'avais fait la vérification moi-même -c'est 11 000 pages
de règlements de toutes sortes qui existent au gouvernement du
Québec.
Que cette réglementation qui découle de nos lois soit
nécessaire, cela va. Mais, quand on laisse aux ministres, au
gouvernement, la responsabilité, le soin et le mandat, finalement, le
chèque en blanc - pour reprendre l'expression - de faire de la
réglementation "at large" comme cela semble le cas dans le
présent projet de loi, évidemment, je ne comprends plus la
logique de ce gouvernement. Comment, d'une part, il peut créer un
ministère pour déréglementer et, d'autre part, nous
présenter dans ses quelques projets de loi - parce qu'il n'y en a pas
beaucoup actuellement - mais les quelques projets de loi qu'on a à
étudier une réglementation et un pouvoir de
réglementation, surtout, un pouvoir qui enlève ainsi aux
élus de discuter, de prévoir parce que cela restera toujours que
c'est la fonction du député, du législateur, de voter les
lois. Cela veut dire aussi voter les lois è la législation
déléguée, et on le fait en votant comme cela des articles
qui donnent tout pouvoir è un ministre de décider et d'inclure
dans sa réglementation des pouvoirs supplémentaires qu'on lui
accorde ainsi par l'octroi comme cela d'une possibilité de
réglementation.
Bien sûr, on dira que cette réglementation est
présentée et doit être soumise à une
procédure publique de présentation dans la revue où on
passe la réglementation, la Gazette officielle et chaque citoyen,
à partir de là, peut toujours et les députés, au
premier titre évidemment, peuvent vérifier cette
réglementation. Ils peuvent toujours à partir de cette
présentation officielle et du délai qui est accordé avant
que le règlement entre en vigueur, ils pourraient toujours faire des
interventions, mais, quand on connaît le fonctionnement des appareils
gouvernementaux... On sait que la Gazette officielle n'est pas la lecture de
chevet de chaque Québécois et de chaque Québécoise.
Je ne crois pas que ce soit le type de revue qui ait la plus grande audience
auprès de la population, et cela veut dire que, finalement, de
façon pratique, bien que légalement toutes les procédures
aient été suivies, sans doute, dans la pratique de la vie des
citoyens et des citoyennes, il reste que cette réglementation, sauf dans
quelques cas particuliers, devient tout simplement la présentation et
l'adoption finale d'un règlement passé au nez de la plupart des
citoyens. Ils le reconnaissent lorsqu'ils sont aux prises avec une mesure ou
l'effet d'un règlement qui les touche de façon
particulière et personnelle. C'est là que chacun se rend compte
que, finalement, ce règlement découlant de telle ou telle loi ne
répond pas, ou dans certains cas brime même sa liberté. Si,
au moins, tous les députés avaient l'occasion ou la
possibilité à l'Assemblée nationale de se prononcer et
d'étudier avec le ministre les grandes lignes de ces règlements,
la base de cette réglementation! C'est nous, les députés,
qui avons directement les réactions dans notre bureau de comté.
C'est à partir de cela et des contacts constants avec les citoyens et
citoyennes qu'on peut d'une façon très efficace et très
positive apporter un avis utile sinon nécessaire à un ministre
pour lui permettre de voter une loi suivie d'une réglementation qui est
nécessaire dans la plupart des cas, mais que cette réglementation
corresponde vraiment à la réalité vécue et
quotidienne des citoyens et citoyennes du Québec.
L'objectif d'une loi, finalement, est de servir la population. Si
c'était soumis au crible des élus du peuple directement,
contrairement à cette pratique qui semble
vouloir s'accentuer, contrairement à l'image qu'on veut en donner
en créant un ministère de déréglementation, au
vécu quotidien des députés dans leur bureau, lors de
rencontres auprès des citoyens et des citoyennes, je pense qu'on
adopterait à ce moment-là des lois et des règlements
beaucoup plus efficaces, ce qui est le but recherché par le
gouvernement. Ce serait une façon, je dirais même que cela serait
un avantage pour un gouvernement, puisque cela lui permettrait, justement, de
garder et de maintenir ce contact constant et essentiel avec les citoyens et
les citoyennes. Je n'irai pas plus loin pour l'instant sur cet aspect, mais
c'est extrêmement important. Lorsque nous nous engagerons dans
l'étude article par article, nous aurons sûrement l'occasion d'y
revenir. L'article qui me semble le plus contraire à la raison
d'être même de l'Assemblée nationale, l'article 9, je ne
sais pas si je le comprends mal, mais c'est quasiment...
Le Président (M. Lemieux): Sur une question de
règlement, M. le député de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, dans les notes
préliminaires, est-ce qu'on peut parler des articles? Le
député de Dubuc traite, semble-t-il, de l'article 9. Est-ce qu'on
ne devrait pas attendre d'être rendu à l'article 9 pour en
discuter?
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, sur la question de
règlement. Je pense qu'on peut faire des allusions sans aller dans le
détail, pour les motifs suivants. On peut, bien sûr, dans un
discours de portée générale, comme quoi on prend position
par rapport au projet de loi, évoquer les grands points, les principaux
points, les identifier au besoin, parce qu'on ne va pas spécifiquement
dans le libellé de l'article. À mon sens, c'est recevable
à l'intérieur de nos discussions.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Hull, cela avait effectivement été une de mes
préoccupations avant que vous posiez cette question. J'en ai
discuté avec M. le secrétaire lorsque le député de
Taillon a abordé tout à l'heure l'article 7 du projet de loi 68.
Je tiens d'ailleurs à vous faire remarquer que, même dans le
règlement, au sujet des remarques préliminaires comme telles,
c'est dû à la tradition, il n'y a aucun article qui permette en
soi les remarques préliminaires. Sur ce, je dois vous dire qu'il est
permis, M. le député de Hull, d'y faire référence
et d'aller, d'une certaine façon, au général et revenir
à des points un peu plus particuliers du projet de loi à
l'étude lors des remarques préliminaires. Je ne dirais pas qu'on
a à aborder une étude spécifique comme telle de chacun des
articles, mais on peut en faire état et on peut à l'occasion
faire quelques remarques. Relativement à l'article 7, tout à
l'heure, on a fait des remarques sur la réglementation comme telle.
Elles étaient, à mon avis, faites à bon droit et permises.
(16 h 15)
Vous pouvez donc continuer, M. le député de Dubuc.
À moins que vous... Cela va. M. le député de Dubuc,
c'était à votre tour.
M. Desbiens: Je vous remercie, M. le Président. En effet,
il m'a semblé être très pertinent. Je n'aurais
peut-être pas dû mentionner le numéro de l'article comme tel
mais cela portait sur le principe que sous-tend ce projet de loi, qui est
illustré entre autres à cet article qui traite évidemment
du sort de l'Assemblée nationale. Cela me paraît encore plus
important que la réglementation, à moins que je ne comprenne pas
bien où le ministre veut en venir avec cette partie ou il
m'apparaît, à la lecture, que l'Assemblée nationale serait
soumise à un ministre du gouvernement. Si c'est vraiment cela - le
ministre aura sans doute l'occasion de m1 éclairer davantage
- c'est le monde à l'envers. Je ne comprends plus rien. Je veux dire que
fait-on ici, finalement, comme députés, si l'Assemblée
nationale...
Dans mon esprit, et je pense que c'est aussi la signification de notre
système démocratique, c'est l'Assemblée des élus du
peuple et ce sont les députés qui sont les premiers
maîtres. C'est le peuple du Québec qui siège à
l'Assemblée nationale par ses 122 députés élus et
c'est lui qui est au sommet de toute la pyramide. C'est l'Assemblée
nationale qui est au-dessus de tout et au-dessus du gouvernement, bien
sûr. C'est elle qui décide ce que le peuple veut; c'est le peuple,
l'Assemblée nationale. Tout le reste doit lui être soumis et je
comprendrais que... En tout cas, à la lecture - le ministre pourra nous
informer davantage - que l'Assemblée nationale ait des comptes à
rendre au ministère des Approvisionnements et Services, je ne le
comprends pas. Au contraire, pour la vice-première ministre, selon une
de ses premières remarques faisant partie du message inaugural, il
s'agissait justement de donner aux membres de l'Assemblée nationale et
à l'Assemblée nationale... D'ailleurs, ils n'ont pas à
nous le donner, cela appartient déjà aux députés,
c'est l'Assemblée nationale... En tout cas, je veux dire qu'on
manifestait quand même dans le message inaugural la volonté du
gouvernement, semble-t-il, d'accorder plus de pouvoirs, plus de
possibilité d'action, à l'ensemble des députés,
comparitivement, j'imagine, à des situations antérieures. J'ai lu
des remarques du whip du gouvernement dès
le mois de décembre aussi, je crois, où il indiquait que
la députation, les députés de son parti seraient
très actifs pour surveiller et travailler à la
législation, et ainsi de suite.
J'ai même entendu le ministre du Revenu, à titre de leader
gouvernemental à l'Assemblée nationale, parler dans le même
sens. Je trouvais cela bizarre dans sa bouche après l'avoir vu faire
adopter une mesure illégale avant le consentement de l'Assemblée,
mais il a tout de même exprimé cette volonté lui aussi.
Quand on regarde la législation et la façon de fonctionner, on se
rend compte finalement que cela semblerait se diriger tout à fait
à l'inverse et faire fi de plus en plus des élus eux-mêmes
qui sont l'ensemble de l'Assemblée nationale.
C'est pour cela que je soulève ce point. On en discutera de
façon plus stricte, j'imagine, lorsque nous serons rendus à
l'article en question. Cela m'apparaît excessivement... Imaginez le
président de l'Assemblée nationale ou l'Assemblée
nationale qui a des comptes à rendre à un ministre du
gouvernement! C'est presque incroyable. C'est pour cela que je me dis que le
ministre a sûrement une explication à nous donner, parce que c'est
proprement incroyable. Une personne comme, semble-t-il, le Président
général des élections aurait également des comptes
à rendre è ce ministère. J'ai bien hâte d'entendre
le ministre là-dessus pour éclairer ma lanterne, comme on dit,
parce que je n'ose pas croire que ce soit vraiment la volonté du
gouvernement ni du ministre qu'une telle situation, un tel reniement de
l'Assemblée nationale et du pouvoir de l'Assemblée nationale,
presque une mise sous tutelle, sur certains aspects, bien sûr, des
pouvoirs souverains de l'Assemblée nationale.
Ce sont ces deux principes qui me semblent attaqués, entre
autres, qui ne sont pas clairs, à tout le moins, dans ce projet de loi
et qui retiennent beaucoup mon attention. Le Directeur général
des élections, évidemment, peut être placé dans une
situation qui serait assez bizarre, ayant à obtenir d'un ministre du
gouvernement des autorisations pour agir, au point de vue administratif, Est-ce
qu'on ne peut pas craindre qu'à un moment donné, il ait, d'une
façon ou d'une autre, à l'approche d'une élection, par
exemple... On pourrait bien imaginer que le Directeur général des
élections puisse se retrouver dans une situation... On sait toute la
liberté dont ce type de fonctionnaire doit être en mesure de jouir
par rapport aux élus et surtout par rapport à un gouvernement,
afin de pouvoir, en toute liberté...
M. Gobé: S'il vous plaît, je pense que le
député charrie un peu quand il mêle le Directeur
général des élections...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, s'il vous plaît! Est-ce qu'il s'agit d'une question de
règlement? M. le député de Dubuc.
M. Gobé: ...aux affaires du ministère des
Approvisionnements et Services, Rappelez-le à l'ordre. Il est rendu sur
la démocratie des élections alors qu'on étudie l'article 7
du projet de loi créant le ministère Approvisionnements et
Services, franchement si vous dormez... vous ne l'entendez pas parler?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, s'il vous plaît! M. le député de Dubuc, il
reste environ une minute à votre temps de parole. Pouvez-vous conclure,
M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Je sais que je n'ai pas besoin de vous donner de
directives. Ce n'est à aucun député de vous en donner, pas
plus le député de Lafontaine qu'un autre.
M. Gobé: M. le député de Dubuc, je faisais
un commentaire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, s'il vous plaît! M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Je pense qu'il n'a pas écouté le
jugement que vous avez rendu tantôt, lorsque vous avez
déterminé... c'est la coutume, il y a toujours des remarques
préliminaires, cela aide, cela favorise d'ailleurs... Ces
choses-là étant discutées dans les remarques
préliminaires cela favorise et cela accélère, parfois, la
plupart du temps cela accélère les discussions par la suite. En
indiquant tout de suite au départ au ministre quelles sont nos
principales préoccupations, il est en mesure ensuite, plus rapidement,
de fournir aux membres de la commission, les éclaircissements qu'il juge
nécessaires.
Pour revenir et pour conclure mon intervention, je maintiens qu'il y a
une préoccupation importante - il doit être le seul parmi tous les
membres de l'Assemblée nationale - c'est de s'assurer que la
pérennité de cette Assemblée soit maintenue. Ce projet de
loi, dans le sens au moins des deux points que j'ai soulevés, m'apparatt
pour le moins obscur et j'ai hâte de pouvoir, à l'étude
article par article, entendre le ministre là-dessus. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Dubuc. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires? Il n'y a pas d'autres remarques préliminaires. M.
le député de Joliette?
M. Chevrette: Je sais que mon temps, au niveau des remarques
préliminaires, avant que vous ne me rappeliez à l'ordre, a
été pris.
Une voix: Et excédé.
M. Chevrette: En vertu de l'article 242, je crois avoir pris mes
vingt minutes. Cependant, avant que ne débute véritablement
l'étude article par article en commission, il y a des dispositions de
notre règlement qui nous permettent d'entendre des gens ici. Je
voudrais, en vertu de l'article 170, faire la motion suivante.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement et 244. Oui, M.
le député de Joliette.
Motion proposant de procéder à des
consultations particulières
M. Chevrette: Je voudrais tout d'abord proposer que cette
commission, avant d'entreprendre l'étude détaillée du
projet de loi 68, Loi sur le ministère des Approvisionnements et
Services et modifiant diverses dispositions législatives, procède
à des consultations particulières, en entendant tout d'abord le
Syndicat canadien de la fonction publique.
Le Président (M. Lemieux): ...en avoir une copie
écrite?
M. Chevrette: Le Syndicat canadien de la fonction publique. C'est
le nouveau syndicat...
M. Bélisle: J'avais mal entendu. Cela n'a rien à
voir avec la compréhension de la motion. C'est la bonne audition de vos
paroles.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, vous avez droit
de faire une pareille motion en vertu de l'article 244, paragraphe 2,
consultations particulières, et de l'article 170. Avant qu'on ait
à discuter de cette motion, je vais juger de sa recevabilité.
M. le député de Joliette, j'aimerais faire une petite
remarque relativement à la recevabilité comme telle de la motion.
Cette motion ne m'est pas présentée en vertu de l'article 170.
Quand vous regardez l'article 170, il définit ce que constitue comme
telle une consultation particulière. Je pense qu'il y aurait lieu de la
présenter en vertu de l'article 244, paragraphe 2, qui dit...
Une voix: L'article 244?
Le Président (M. Lemieux): Oui. "Avant d'entreprendre
l'étude détaillée, la commission peut décider de
tenir..." J'ai souligné cela.
M. Chevrette: Mais mon assise légale est l'article
170.
Le Président (M. Lemieux): "...des consultatibns..."
M. Chevrette: Vous avez remarqué que je ne stipule pas,
dans ma proposition, l'article 170.
Le Président (M. Lemieux): Non, effectivement.
M. Chevrette: Je me suis servi du pouvoir de l'article 170...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chevrette: ...pour vous présenter cette motion qui
elle, bien sûr, est en fonction de l'article 244, à savoir que
c'est une étude préalable...
Le Président (M. Lemieux): D'accord.
M. Chevrette: C'est le paragraphe 2, je suppose: "Avant
d'entreprendre l'étude détaillée, la commission peut
décider de tenir des consultations particulières dans le cadre de
son mandat".
Le Président (M. Lemieux): Cette motion est recevable.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: ...expliciter la raison de cette motion. Il est
important, lorsqu'on modifie des structures, qu'on consulte les personnels
touchés. On l'a vu par le passé, autant par la loi qui a
institué la Société immobilière du Québec
que par d'autres modifications, par exemple, par la Société des
établissements de plein air du Québec, on a toujours pris la
peine - personnellement, j'ai été impliqué dans l'une de
ces lois au moment où je préparais la Loi sur la
Société des établissements de plein air du Québec
-de consulter d'abord les structures représentatives de ces personnels
et on a pris la peine de faire des tournées régionales pour
parler aux gens impliqués dans ces futures structures afin d'enlever
toute ambiguïté, de leur expliquer le processus et de
négocier au besoin des structures et des modalités de
transfert...
Le Président (M. Lemieux): Si vous me le permettez, M. le
député, je ne veux pas vous enlever votre temps, mais c'est afin
que les groupes parlementaires puissent le savoir: Vous avez un droit de parole
de 30
minutes sur cette motion. Je vois des gens qui me regardent et je veux
qu'ils le sachent, en vertu de l'article 209, paragraphe 2. Vous pouvez
continuer. Je m'excuse.
M. Filion: ...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. député de
Taillon.
M. Filion: C'est uniquement une question de directive, M. le
Président. Est-ce que je dois comprendre que, par la suite, les autres
membres de cette commission auront un droit de parole de dix minutes?
Le Président (M. Lemieux): L'auteur d'une motion et, en ce
qui concerne les autres membres, ils auraient un droit de parole de dix minutes
pour motion de forme, effectivement, en vertu de l'article 209, premier
paragraphe.
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Je disais donc que
beaucoup de structures ont été modifiées au cours des
années qui ont fait l'objet, bien sûr, de démarches.
Prenons d'abord ces démarches par étapes. Je pense qu'une des
premières démarches à poser lorsqu'on s'en va toucher
à des structures juridiques, c'est de rencontrer les
représentants de ce monde qui, à mon avis, ont le droit de savoir
et de connaître les tenants et aboutissants, le pourquoi des
modifications de structures, ce qui advient de leurs membres, quelles
conditions de travail cela affecte ou n'affecte pas, quelles conditions de
fonctionnement, ce que cela change comme décor.
J'ai cru percevoir qu'aucun dirigeant n'avait été
consulté. Tout au moins, nous n'en avons pas entendu parler
jusqu'à maintenant. A ma grande surprise, j'ai personnellement fait
faire un appel téléphonique par l'un de mes attachés
politiques au président représentant ces employés, qui
nous a dit - et il a été clair, du moins quant à mon
attaché politique -qu'il n'avait jamais été
consulté de quelque manière que ce soit et qu'il ne connaissait
pas la portée juridique actuelle de l'article 27 du projet de loi qui
est à l'étude à l'Assemblée nationale. (16 h
30)
Donc, M. le Président, la première démarche qui me
serait apparue essentielle, c'eût été de la part du
ministère, pas nécessairement du ministre, mais de ses hauts
fonctionnaires, une démarche d'abord de convocation pour discuter,
dialoguer, étudier les implications juridiques pour éviter que ce
personnel se trouve un peu avec des points d'interrogation au moment où
le législateur a è statuer dans une fin de session, bien
sûr, sur des structures qui, à prime abord, ont peut-être
l'air aucunement dangereuses pour le personnel et qui peuvent être tout
simplement même rassurantes en disant: La Loi sur la fonction publique
s'applique. Mais il y a des gens qui ont eu des choix à faire. Je prends
la SIQ, par exemple. À la Société immobilière du
Québec, il y a des gens qui ont dû faire un choix: ou Ils
demeuraient dans la fonction publique en vertu de la Loi sur la fonction
publique ou ils se soustrayaient à la Loi sur la fonction publique pour
avoir un syndicat autonome avec des conventions collectives complètement
divergentes. La permanence d'emploi ne relève plus de la Loi sur la
fonction publique mais bien de clauses de conventions collectives dûment
et légalement négociées et ce, conformément au Code
du travail. Il en est de même pour SEPAQ, Société des
établissements de plein air du Québec, où on a dû
négocier par la suite. Il y a des individus qui ont eu à exercer
des choix. Il y avait tant de temps même pour choisir si l'individu
demeurait dans la fonction publique ou s'il préférait un
transfert. Il avait même négocié, à ce
moment-là, lors de la création de ces nouvelles structures, une
possibilité à l'intérieur d'un délai de X mois, 18
ou 24 mois, de faire un bout dans la nouvelle structure, mais de pouvoir
recourir, de faire un retour possible dans la fonction publique, là
où il y a une permanence en vertu d'une loi et non pas d'un contrat
collectif de travail.
Donc, quelle ne fut pas ma surprise, M. le Président, d'entendre
qu'il n'y a pas eu de consultation, qu'il n'y a pas eu de discussion, qu'il n'y
a eu aucun échange au moment où on se parle avec les
représentants des salariés qui seront éventuellement
impliqués. Tant mieux s'il y a plus ou moins, pas ou très peu de
dangers. Mais il m'apparaît que des questions se posent et qu'on aurait
dû, je pense, les rencontrer et leur donner l'occasion de donner leur
point de vue, de manifester leurs attentes vis-à-vis de ces structures.
Il me semble que lorsqu'on gouverne en toute transparence, comme l'a si bien
dit Mme la vice-première ministre dans son discours inaugurai du 15
décembre, je pense, au moins, il faut permettre aux gens de s'exprimer.
Il faut leur donner l'occasion d'exprimer leur inquiétude pour qu'on
puisse voir si c'est fondé, si cela ne l'est pas, si les revendications
qu'ils peuvent faire ont un certain sens. Est-ce qu'il n'y a pas lieu de leur
dire: Est-ce que l'article 27 vous satisfait? Que le ministre même dise
quelles
sont les orientations possibles vis-à-vis de ces
travailleurs.
Je me sers de l'article 27 non pas spécifiquement comme article
qu'on aura à étudier ultérieurement, mais je m'en sers
pour étayer la justification de la convocation du Syndicat canadien de
la fonction publique. Je m'en sers dans le sens suivant: L'article 27 dit que
c'est le gouvernement qui décide qui revient ou pas au ministère.
Je pense que c'est un argument - vous reconnaîtrez que j'ai le droit de
l'utiliser, je ne voudrais pas enfreindre le règlement - dont je me sers
pour l'article 27 précisément, qui donne un pouvoir
complètement discrétionnaire au ministre. Discrétionnaire
au point que la convention collective pourrait dire que les gens seraient
transférés par ancienneté et que l'article légal,
de droit, viendrait créer une assise légale donnant droit au
ministre de transférer indépendamment de3 conventions
collectives, à moins qu'on me prouve le contraire sur le plan juridique.
L'article 27 est tellement clair. Il donne au ministre un pouvoir tout à
fait illimité d'assignation. Il dit à un individu: Tu es
là et tu t'en vas là. Cela pourrait faire fi de toutes les
conventions collectives existantes dans les unités actuelles selon les
juridictions actuelles. Cette loi viendrait, à toutes fins utiles,
annihiler complètement des conventions collectives ou des décrets
tenant lieu de conventions collectives qui avaient délimité des
modes de transfert, des procédures de transfert.
La seule garantie qu'ils ont, c'est que d'où ils partent, ils
seraient protégés par la Loi sur la fonction publique. Mais
transfèrent-ils avec eux l'ancienneté? La Loi sur la fonction
publique ne le prévoit pas, ce sont les règlements qui
accompagnent la Loi sur la fonction publique qui explicitent davantage les
conditions de travail. Ce sont des règlements, parce que dans la
fonction publique ce sont des règlements qui définissent les
avantages, qui définissent les conditions de travail dans bien des cas,
qui définissent les modalités de mutation, les modalités
de transfert, les modalités de réaffectation ou de
démotion ou de promotion. Il n'y a absolument rien de cela comme assise
légale vis-à-vis les salariés. Tout ce que le ministre dit
dans l'article 27, c'est que la loi jouera.
La loi jouera, mais l'individu voudrait peut-être savoir si les
avantages qu'il avait sont transférés avec lui, s'il y a des
modalités de temps pour choisir. S'il peut refuser, que lui arrive-t-il?
Ce n'est pas tout le monde qui est transféré, si j'ai bien
compris l'article 27 et les arguments du ministre à la deuxième
lecture. Cela peut être un seul petit groupe aux fins de la structure -
cadre du ministère, mais pas nécessairement le transfert des
individus qui accomplissent des tâches. Cela peut être cela. C'est
autant d'informations qui, à ce stade, à mon sens, sans
charriage, mériteraient d'être grattées,
mériteraient d'être expliquées, mériteraient
d'être transmises aux représentants des salariés pour leur
dire quels sont les objectifs qui sous-tendent cela, pour leur permettre de
sécuriser le personnel, de sécuriser les personnels qui, entre
vous et moi, sont en pleine convention collective, en plus, dans un contexte
où il y a une autre négociation qui n'a pas à voir avec
cela, mais qui pour eux peut être d'un double effet. Au moment où
leurs dirigeants sont à négocier dans le cadre de la ronde
triennale qu'on connaît malheureusement depuis des années de
négociations collectives, ils se retrouvent avec une double
épée de Damoclès au-dessus de la tête. Est-ce que
c'est une convention collective négociée par les fonctionnaires
du Québec ou une convention collective en bonne et due forme
négociée par mon syndicat qui est le Syndicat canadien de la
fonction publique que j'aurai quand le ministre aura fait voter sa loi?
Il m'apparaît important de convoquer au plus vite les dirigeants.
Je serais prêt à faire une entente avec le ministre, qu'on
s'asseye, qu'on dise: À vingt heures ce soir ou à dix heures ou
à onze heures demain, nous allons nous réserver une heure et
demie en commission parlementaire, à l'intérieur des travaux de
cette commission, pour entendre le Syndicat canadien de la fonction publique.
Il me semble que ce serait un geste vis-à-vis ces salariés qui,
je pense, n'ont pas été mis dans le coup pour des raisons que
j'ignore, mais qui mériteraient de l'être. Je suis convaincu qu'on
y gagne à mettre dans le coup les employés, les salariés.
Soit dit en passant, je ne parle pas pour toutes ces structures, mais pour la
RIO, c'est clair encore que cela demeure une structure et je ne la mets pas
dans le décor. Je pense aux employés de la SIQ qui ont
été touchés, et cela ne fait pas des années, je
pense entre autres aux employés de la protection civile qui relevaient
toujours du ministère de la Justice et, maintenant, ils ont un nouveau
ministre. Ce sera un autre personnage, même si depuis des années
cela a été le ministre de la Justice. Je ne ferai pas la
distinction entre le ministre de la Justice actuel et le futur ministre des
Approvisionnements et Services. Je pourrai me permettre quelques blagues en
dehors, mais pas enregistrées ici.
M. le Président, je pense qu'il y aurait lieu de sécuriser
ces gens. Je suis convaincu que le ministre, je l'espère en tout cas,
pourrait se faire un plaisir de dire à ces gens que nous convoquerions:
Voici comment cela va fonctionner. Les interrogations que vous avez ne sont pas
fondées, à cause de tel article ou tel article. Tel article n'a
pas pour effet de modifier ou de changer telles
conditions de travail. Ce sont des choses qui se disent. Au moment
où nous nous parlons, je vous répète que le contexte n'a
pas permis à ces employés dûment accrédités
en vertu d'une autre législation québécoise qui est le
Code du travail de savoir si c'est le Syndicat canadien de la fonction publique
qui les représente par rapport au projet de loi ou le syndicat de M.
Harguindeguy qui, lui, est surtout administré en fonction de la Loi sur
la fonction publique. Au Québec, on a diverses assises légales en
relations du travail: on a la Loi sur la fonction publique; on a le Code du
travail et on a la loi pour le secteur de la construction qui est une autre
loi. On a trois assises juridiques pour asseoir les syndicats
québécois. Il me semble que le ministre pourrait agréer
cette proposition que l'on fait et les recevoir en bonne et due forme, les
entendre, écouter leurs inquiétudes. Peut-être
déjà, est-ce 50, 60 % de leurs inquiétudes qui pourraient
disparaître. Peut-être. Peut-être que cela permettrait aux
membres de la commission de mieux comprendre la portée de certains
articles si on le leur expliquait en pleine transparence, comme le souhaitait
Mme la vice-première ministre le 15 décembre dernier.
Il me semble que ce serait là une occasion rêvée de
démontrer que nous n'avons pas une politique d'affrontement, mais, au
contraire, une politique de dialogue, de concertation et non de confrontation.
On ne les place pas devant un état de fait, on les fait cheminer en
même temps que nous, on les associe au processus même de
l'application éventuelle d'une loi et tout le monde sait où il
va, pourquoi on y va, comment on y va et quelles sont les conséquences
des gestes qui seront posés sur le plan juridique.
C'est un peu cela l'objectif de la proposition spécifique
d'entendre, dans un premier temps, bien sûr, les représentants du
monde syndical. Je suis persuadé, en plus de cela, que dans la
conjoncture actuelle où les employés, règle
générale, de tout le secteur public et parapublic... On sait
qu'après 287 séances de négociation dans les secteurs
public et parapublic, il n'y a aucun progrès de quelque nature que ce
soit aux tables de négociation, d'où l'importance de ces
gens-là. S'ils ont déjà un problème dans le cadre
des négociations régulières et qu'ils savent
déjà que pointe à l'horizon un décret, tout au
moins sur les 3,5 %, puisque c'est 3,5 %, de l'aveu même des
ministériels, lorsqu'ils ont adopté en deuxième lecture le
projet de loi 10... C'était précisément pour geler dans le
béton les 3,5 % d'augmentation et que cela ne serait pas plus. Donc,
c'est le prélude d'un décret spécifique là-dessus.
Au moins, on pourrait préciser à ce stade-ci, M. le
Président, et dire que ce n'est pas de la même nature, et qu'on
puisse discuter ensemble, entre parlementaires de l'ensemble des droits, mais
en présence des représentants syndicaux, quels sont les droits
mis en cause et quelle est la procédure, si jamais des droits
étaient éventuellement mis en cause, quelle est la
procédure qui permettrait à ces représentants d'avoir
droit au chapitre et d'instituer une signature de protocole
éventuellement, comment on pourrait négocier tel protocole,
comment on pourrait s'entendre pour établir un mécanisme de
consultation conduisant à la signature d'un protocole, garantissant les
droits et privilèges obtenus, comme on l'a fait, je le
répète, lorsqu'on a créé la Société
immobilière du Québec et lorsqu'on a créé la
Société des établissements de plein air.
Je pense que tous les ministres impliqués, que ce soit le
ministre Marcoux, à l'époque, ou moi-même, avec la
Société des établissements de plein air, on avait pris la
précaution d'avoir de longues discussions au départ avec les
représentants des salariés. Cela ne veut pas dire qu'on
était d'accord, mais ces représentants ne pouvaient pas nous
reprocher d'avoir agi sans les prévenir, de ne pas leur avoir dit
où on allait, de ne pas leur avoir dit quelles étaient les
conséquences, les motifs qui nous poussaient à faire cela, mais
on leur a dit quels étaient les droits des salariés et on a
démontré une très large ouverture d'esprit pour la
signature des protocoles. On a assigné des temps avec eux pour pouvoir
revenir... On a même amendé des lois. Je me souviens qu'en
commission parlementaire, en étudiant le projet de loi article par
article, on a réussi à introduire des amendements qui,
précisément, donnaient suite à la demande des
représentants syndicaux et qui donnaient satisfaction à certaines
revendications.
Je ne dis pas qu'on peux présumer, à ce moment-là,
qu'on donnera tout. Non, ce n'est pas cela. À ce stade-ci, l'objectif,
c'est d'abord de les entendre. Si on ne les entend pas, ce sera certainement
très difficile de savoir exactement quelles sont les interrogations.
L'objectif, c'est de connaître leur point de vue, c'est de dire: Est-ce
que l'article 27 les satisfait tel qu'il est? Ont-ils des revendications
précises? Aimeraient-ils voir apporter tel amendement? Si oui, à
quel endroit aimeraient-ils voir apporter tel amendement plutôt que tel
autre? M. le Président, cette proposition offrirait cette chance, je
pense, d'une façon claire aux salariés qui sont
représentés légalement, je le répète, en
vertu du Code du travail. (16 h 45)
M. le Président, advenant que ces consultations... Le ministre
peut bien me dire que cela a été fait un peu informellement,
mais, si cela avait été fait informellement, on n'aurait pas eu
les appels qu'on a eus et on n'aurait pas été obligés de
faire les appels téléphoniques qu'on a faits pour voir
jusqu'où ces gens ignoraient l'esprit de la loi. Cela a
été clair la semaine dernière. Cela ne remonte pas loin,
les appels téléphoniques qu'on a faits, c'est la semaine
dernière. Il me semble donc, à ce moment-ci, que le ministre n'y
perd pas. Le ministre ne perd rien en clarifiant une chose. Si on les entend,
on aura la satisfaction. Tant mieux si cela éclaire les parlementaires.
Si cela rassure ces travailleurs ou leurs dirigeants, tant mieux! On a tout
intérêt, je crois, comme appareil d'Etat, comme législateur
ou comme ministre, à faire en sorte que notre personnel oeuvre en toute
quiétude, que notre personnel sache que ce que l'on fait n'a pas pour
effet de brimer son droit d'association, d'abord. Parce que, fondamentalement,
on pourrait être porté à croire que quelqu'un qui lit
froidement l'article 27 - et je m'en ressers à dessein comme
argumentation - pourrait être porté à croire que cela remet
en cause le droit même d'association.
On sait qu'en disant que c'est la Loi sur la fonction publique, ils sont
obligés en vertu de cette loi d'avoir leur syndicat comme tel. On
pourrait gratter, théoriquement, et dire que cela même remet en
cause leur droit d'association. Le droit d'association est fondamental dans une
société. Je pense que c'est reconnu. Le Canada a
adhéré, à l'échelon mondial, au droit
inaliénable d'association syndicale, à l'Organisation
internationale du travail. Je ne crois pas que cela soit l'esprit, mais lisons
l'article 27 tel qu'il est et on se rendra compte que c'est assez
impératif. Je me souviens de l'avoir lu en Chambre et quelqu'un m'a dit
que je l'interprétais. Bien sûr qu'on peut l'interpréter.
Mais si je me permets de l'interpréter, c'est parce qu'il porte à
interprétation. S'il ne portait pas à interprétation,
soyez sans crainte, il n'y aurait pas deux avocats, un de chaque bord, qui se
chicanent dans les procès. Soyons sûrs de cela. Le projet de loi
dit ceci: "Deviennent membres du personnel du ministère des
Approvisionnements et Services: 1° les membres du personnel du Service des
achats du gouvernement; 2 les membres du personnel de la Société
immobilière du Québec que désigne le gouvernement." Je
répète: que désigne le gouvernement.
Donc, c'est seulement ceux que le gouvernement va désigner qui
deviennent membres du ministère...
M. Rocheleau: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Hull, sur une question de règlement.
M. Rocheleau: M. le Président, j'ai l'impression -
corrigez-moi si je me trompe -que nous sommes à traiter plus
particulière- ment de l'article 27 du projet de loi 68. Que je sache,
nous n'avons pas commencé encore l'article 1 du présent projet de
loi. Effectivement, le député de Joliette et leader de
l'Opposition, traite du fond de l'article 27 actuellement.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement, M. le député de Taillon.
M. Filions Sur la question de règlement, M. le Président,
j'ai écouté attentivement les propos du député de
Joliette et leader de l'Opposition, depuis le début. La motion qu'il a
présentée vise à faire en sorte que l'on procède
à une consultation particulière d'un groupe désigné
qui est le Syndicat canadien de la fonction publique, qui est concerné
par le projet de loi que le ministre a déposé, une des raisons
étant que l'article 27 peut affecter les droits et privilèges de
ses membres. En ce sens, je pense que les propos du député de
Joliette et leader de l'Opposition se rattachent d'une façon tout
à fait cohérente à la motion que nous sommes en train de
débattre et que vous avez déjà jugée recevable.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, sur la question de règlement.
M. Chevrette: Sur la question de règlement, j'ai pris la
peine de vous prévenir, avant même de le faire - et j'aimerais que
vous en teniez compte au moment où vous aurez à trancher - que je
me resservais à nouveau de l'article 27 pour plaider
précisément de la pertinence de convoquer. Si je ne l'avais pas
fait, je me . serais peut-être attendu de votre part que vous me disiez,
sans attendre d'ailleurs une question de règlement - je vous sais d'une
rapidité tout à fait surprenante, vous avez le don d'intervenir
tout de suite. C'est pour cela que je prends beaucoup de précautions
avec vous en vous disant que j'utilisais à nouveau l'article 27 pour
plaider de la pertinence de ma proposition qui est de faire venir les gens.
J'aimerais, avant de continuer mes propos, entendre votre plaidoyer final
à savoir si je suis à l'intérieur du règlement ou
pas.
Le Président (M. Lemieux): L'article 211 dit: "Tout
discours doit porter sur le sujet en discussion." C'est la règle de la
pertinence et elle doit être interprétée d'une façon
extrêmement large. En ce qui concerne tout particulièrement, le
présent cas, nous avons à appliquer l'article 211, eu
égard à la motion, M. le ministre, qui est devant moi et eu
égard au mandat d'une façon très générale.
Eu égard au fait que je dois considérer l'article 211
relativement à la
motion qui est devant moi, soit "que la commission, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 68, Loi sur le
ministère des Approvisionnements et Services et modifiant diverses
dispositions législatives, procède à des consultations
particulières", en entendant le Syndicat canadien de la fonction
publique, il est permis au député de Joliette de faire
référence, M. le ministre, M. le député de Hull,
à certains articles du projet de loi 68. Je dois vous avouer, M. le
député de Hull, que j'ai une oreille attentive, non seulement aux
propos du député de Joliette, mais aux propos aussi du groupe
ministériel et que j'interviendrai de facto, si je considère
qu'il y a effectivement une violation du règlement. Vous pouvez
continuer, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, je disais donc qu'il est
extrêmement important d'accepter cette proposition, spontanément
de la part du ministre, immédiatement après que j'aurai
terminé mon exposé, parce que je reviens
délibérément à l'article 27 comme étant une
des poignées de mon argumentation, qui est la suivante: Si un petit
groupe de personnes est transféré de la Société
immobilière du Québec au ministère des Approvisionnements
et Services, c'est quel groupe, basé sur quels critères, et pour
quelles raisons, quels motifs? Tout cela est de l'inconnu, au moment où
on se parle. Cette loi confère un pouvoir discrétionnaire
très large, au gouvernement, parce que c'est "que désigne le
gouvernement", et je suppose que, quand on dit "désigne le
gouvernement", c'est soit par arrêté en conseil, soit par une
autre procédure qu'on aura identifiée, mais, à mon sens,
ce serait par arrêté en conseil. Si cela devait être par
arrêté en conseil, est-ce que la personne apprendrait qu'elle
passe d'une structure à une autre par arrêté en conseil,
sans négociation préalable, sans établir de
modalités? Est-ce que ce seront les modalités de la loi de la
fonction publique ou les modalités particulières de la convention
collective qui la régit?
Voilà autant de questions. Cela peut sembler, bien sûr, aux
yeux de certains parlementaires, quelque chose d'exagéré de notre
part. Mais combien de fois ai-je entendu les syndicats, à combien de
reprises ai-je entendu les syndicats, quand on a créé la Loi sur
la Société immobilière du Québec? Les syndicats
voulaient absolument en connaître les tenants et aboutissants avant que
les législateurs l'adoptent en troisième lecture, en cette
Chambre. Quelle était au moins la démarche logique, la
démarche correcte visant à protéger l'ensemble de leurs
droits? Cela a été la même chose quand on a
rencontré les représentants des salariés quand il s'est
agi de la création de la Société des établissements
de plein air. Ils savaient d'avance qu'en l'étudiant article par
article, on arriverait avec tel amendement pour bien garantir que leurs droits
soient vraiment reconnus dans la nouvelle loi que nous faisions.
Au moment où on se parle, rien. On ne sait rien. On ne sait pas
où on va. On n'a même pas consulté les représentants
des salariés, à moins qu'ils aient donné une fausse
information à un de mes attachés politiques, mais il n'y a pas eu
de consultation particulière, et cela m'apparaît important
à ce stade-ci de nos travaux, qu'au lieu d'avoir des réactions a
posteriori, on fasse donc accompagner le changement de loi, purement et
simplement, on les tienne au courant des implications. On aura moins de
problèmes. Cela créera moins de soubresauts. On pourrait
même négocier peut-être avec eux certaines modalités
de transfert tout à fait humaines, tout à fait correctes sur le
plan des relations du travail. En relations du travail, on sait très
bien que trop souvent, on a ignoré cela, malheureusement au
Québec, les relations du travail, ce sont des relations humaines
à leur base.
S'il y avait des relations correctes entre employeurs et
employés, si on se parlait, on éviterait bien souvent des
affrontements. Combien d'exemples on peut avoir. J'ai négocié
pendant dix-sept ans. J'en sais quelque chose. Quand on parlait avec un
employeur parlable et qu'on s'entendait, c'est regrettable, mais on
évitait des griefs. On évitait des grèves. On
évitait des problèmes. Et je suis convaincu que les relations du
travail ayant comme base primordiale d'abord des relations humaines...
L'État, durant la période électorale, disait qu'il
traiterait avec ses employés d'une façon humaine, d'une
façon correcte. C'est le temps de le prouver à ce stade-ci. Ce
serait le temps de montrer une grande magnanimité et dire: Oui, à
telle heure demain, on va accepter de recevoir les représentants des
salariés, on va arriver avec des consentements pour l'heure qui
accommoderaient le ministre, qui accommoderaient la majorité des membres
de la commission. On pourrait dire: On va s'entendre même sur un temps
limite de l'interrogatoire, s'il le faut.
Je suis ouvert à toutes sortes de consentements qui auraient pour
effet de rendre les relations du travail avec nos employés les plus
humaines possible, les plus ouvertes possible. Tant mieux si, en bout de
course, tout le monde est satisfait. On tournera la page là-dessus et on
dira: Voilà un groupe qui ne fera pas de problème, parce qu'il
saura qu'il a tout compris l'ensemble des données que l'on retrouve dans
cette loi qui aura peut-être même permis au ministre devant les
salariés de baliser un peu ce pouvoir discrétionnaire. Quand on
lit à l'article 27, je m'en ressers pour bien expliciter comment cela
peut être large, cela peut porter à ambiguïté et
cela
peut permettre a du monde de se questionner énormément.
"Les membres du personnel de la Société immobilière du
Québec que désigne le gouvernement." Ce n'est pas tout le monde,
cela est clair parce qu'on n'aurait pas écrit "que désigne le
gouvernement" si cela avait été tout le monde. On aurait dit:
sont membres du ministère des Approvisionnements et Services, le
personnel de la SIQ, point. Les membres que désigne le gouvernement,
cela veut donc dire qu'il y aura une discrétion. Ce n'est sans doute pas
tout le monde. Cela peut être les cadres supérieurs. Cela peut ne
pas affecter du tout les salariés dits syndiqués, mais tel que
stipulé, il n'y a rien qui peut dire autre chose que je peux
interpréter même. Cela peut être n'importe qui n'importe
quand, à part cela. Il n'y a pas de date. Ce sont des membres que
désigne le gouvernement et le gouvernement peut désigner par
décret ou peut échelonner le transfert sur six mois. Il n'y a
rien qui stipule le contraire. On peut l'échelonner sur un an. À
mon sens, c'est le genre d'article de portée générale qui,
tant qu'on ne l'a pas cerné, tant qu'on ne l'a pas balisé, risque
purement et simplement de servir à toutes sortes
d'interprétations.
Donc, ma motion a un aspect additionnel. C'est pour éviter
précisément une multitude d'interprétations. Quand on
consigne dans un texte légal un article de portée
générale du genre, il faut au moins que les procès-verbaux
de nos commissions parlementaires soient un peu la base de l'esprit d'une loi.
Quand on dit que c'est la lettre qui s'applique, bien souvent, c'est
grâce a l'explicitation de cette même lettre qu'on a réussi
à avoir des jugements de cour par la suite qui s'inscrivaient au moins
dans l'esprit d'une loi. Vous allez me dire: Le juge a toujours è
trancher sur la lettre. Je sais cela, mais quand on lui donne le contexte,
qu'on dépose une argumentation écrite et qu'on lui montre
l'esprit dans lequel c'est fait, cela peut aussi permettre des jugements
nuancés au lieu d'avoir des jugements purement et simplement de
lettre.
J'offre au ministre à ce moment-là l'opportunité
non seulement de sécuriser les employés, non seulement d'agir en
toute transparence avec eux, de dialoguer avec eux mais aussi probablement de
clarifier et de baliser ces articles de portée générale
qui offrent des pouvoirs discrétionnaires, à mon avis, tout
à fait disproportionnés par rapport au droit d'association
même des salariés, par rapport au droit de connaître dans
quelle galère on veut les embarquer, de connaître si eux, cela les
exclut ou pas de cette éventuelle création de structures.
Voilà autant d'opportunités, je pense, qui font en sorte
que le ministre devrait accepter cette consultation particulière qui,
à mon avis, ne lui enlève rien, pas du tout, et qui, au
contraire, va peut-être démontrer, permettre au ministre plus
précisément de faire comprendre à ses salariés
qu'il a le goût d'agir purement et simplement avec transparence, d'agir
correctement, en toute déférence vis-à-vis les syndicats,
qu'il reconnaît leur bien-fondé, qu'il reconnaît leur droit
d'association, qu'il reconnaît qu'ils ont des conditions durement
négociées, qu'ils ont des acquis qui ne peuvent pas être
remis en question. C'est un peu cela qu'on demande au ministre à ce
stade-ci.
J'ose espérer, puisque je dois conclure, que le ministre
acceptera cette proposition qui se veut, je pense bien, une saine
collaboration, non seulement entre les parlementaires, mais aussi entre les
gens qui oeuvrent d'une façon dévouée, correcte pour
l'État québécois. (17 heures)
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Rocheleau: S'il y a d'autres commentaires de la part de mes
collègues de l'Opposition, je souhaiterais les entendre et, par la
suite, je commenterai.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci. Dans le cadre de cette motion
présentée par mon collègue, le député de
Joliette et leader de l'Opposition, non seulement je suis d'accord,
étant donné les propos très pertinents du
député de Joliette quant à l'importance de faire
comparaître le Syndicat canadien de la fonction publique,
communément appelé le SCFP, mais j'aimerais présenter,
parce que je pense que ce n'est pa3 complet, un amendement, si mon
collègue de Joliette est aussi d'accord.
Motion d'amendement
J'aimerais présenter une motion d'amendement qui pourrait se lire
comme suit: La motion pour consultation particulière est amendée
en ajoutant à la fin de cette motion les termes "le Syndicat de
professionnels du gouvernement du Québec", puisque je pense que le
Syndicat de professionnels du gouvernement du Québec est aussi
très en cause par rapport au dossier qui nous concerne et par rapport
aux gens et aux employés qui sont impliqués. Je vous propose
cette motion d'amendement et j'aimerais savoir, d'une part, si elle est
recevable. Si oui, j'aimerais vous entretenir quelques minutes.
Le Président (M. Lemieux): La motion du
député de Joliette était la suivante: Que la commission,
avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 68, Loi sur le ministère
des Approvisionnements et Services et modifiant diverses dispositions
législatives, procède à des consultations
particulières en entendant le Syndicat canadien de la fonction publique.
La motion présentée par le député de Joliette,
amendée par le député de Bertrand se lirait comme suit:
Que la commission, avant d'entreprendre l'étude détaillée
du projet de loi 68, Loi sur le ministère des Approvisionnements et
Services et modifiant diverses dispositions législatives, procède
à des consultations particulières en entendant le Syndicat
canadien de la fonction publique ainsi que le Syndicat de professionnels du
gouvernement du Québec. C'est exact, M. le député de
Bertrand?
M. Parent (Bertrand): C'est exact.
M. Chevrette: M. le Président, c'est une demande de
directive que j'ai à vous faire.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Joliette»
M. Chevrette: Je voudrais vous demander si le fait d'avoir un
sous-amendement à ce stade-ci nous oblige à parler exclusivement
sur le sous-amendement.
Le Président (M. Lemieux): Sur l'amendement,
effectivement.
M. Chevrette; Donc, le droit de parole est sur l'amendement.
D'accord.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est recevable. Il
n'y a pas de doute. Pour moi, l'amendement est recevabie.
Une voix: C'est important le monde qui travaille.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, l'amendement est recevabie, mais... Je m'excuse. M. le
député de Chauveau, s'il vous plaît! S'il vous plaît!
parce que cela me demande quand même une certaine période de
réflexion. Vous me comprendrez. M. le député de Bertrand,
l'amendement est recevabie et maintenant vous avez la parole sur l'amendement
présenté.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie. Si je demande d'ajouter
à l'amendement de mon collègue qui a plaidé il y a
quelques minutes sur la pertinence et l'importance de faire comparaître
ici un groupe et si je demande que le groupe du Syndicat de professionnels du
gouvernement du Québec soit aussi dans les groupes qui pourront
comparaître ou qui devront comparaître devant cette commission,
c'est parce que plusieurs de ces employés qui seront touchés par
la réorganisation font partie du Syndicat de professionnels du
gouvernement du Québec. Dans ce sens, je pense que le ministre n'aura
aucune espèce d'objection. On pourra même accélérer
l'étude du projet de loi article par article une fois qu'on aura cet
accord de la part du ministre et de l'équipe ministérielle.
Avant de commencer l'étude article par article, il nous faut
être capables d'entendre les gens qui vont être touchés
essentiellement par l'article 27, plus particulièrement concernant le
Syndicat de professionnels du gouvernement du Québec. Mon
collègue, le député de Joliette, a soulevé
plusieurs points qui militaient en faveur de faire comparaître le
syndicat de la fonction publique. Plusieurs de ces points - je n'ai pas
l'intention de les répéter, de les reprendre - font effectivement
partie de l'argumentation qui fait en sorte que je demande qu'on puisse ajouter
cela. En définitive, on a un peu l'impression que ce qui est en train de
se faire actuellement -je pense que tous les membres de cette commission
doivent en être pleinement conscients - c'est que le gouvernement - il en
est plus ou moins conscient - par son projet de loi actuel, est en train de
s'arroger le droit d'obliger des gens, qui, pour la plupart, ont
délibérément choisi de quitter la fonction publique,
è réintégrer cette fois-ci la fonction publique par un
simple décret du gouvernement, et c'est inacceptable. Nous, on le pense.
Dans notre travail d'Opposition, c'est important qu'on puisse sensibiliser le
ministre et les gens de cette commission au fait qu'on voudrait entendre le son
de cloche, on voudrait s'assurer qu'autant le Syndicat canadien de la fonction
publique que le Syndicat de professionnels du gouvernement du Québec
aient la chance de venir s'exprimer ici en commission; qu'ils aient la chance
de venir dire de quelle façon cela va affecter les membres du Syndicat
de professionnels du gouvernement du Québec. Si on n'a pas ce son de
cloche, si on n'a pas les arguments, je pense que cela risque de rester
nébuleux. Tout cela en fonction....
M. Gobé: M. le Président, une directive, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député.
M. Gobé: Pouvez-vous demander aux députés de
l'Opposition de s'asseoir et de laisser parler le député de
Bertrand qui dit des choses fort intéressantes d'ailleurs.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, j'aimerais quand même attirer votre attention sur l'article
36 du règlement, je crois, qui dit qu'aucun député
ne peut interrompre celui qui a la parole, sauf pour faire un rappel au
règlement, signaler le défaut de quorum ou attirer l'attention
sur une violation de droit ou de privilège. J'aimerais vous faire
remarquer que la nature des interventions était très minime. Je
suis en mesure de constater que si les parlementaires ne sont pas en mesure de
comprendre les propos très pertinents du député de
Bertrand, je vais faire un rappel à l'ordre, M. le député
de Lafontaine, comme je l'ai fait tout à l'heure sur une remarque
même du député de Bertrand.
M. Gobé: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lafontaine.
M. Gobé: Je vous ferai remarquer que la position que nous
occupons dans ce coin n'a peut-être pas la même acoustique que vous
avez à votre place.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, j'aimerais attirer votre attention sur l'article 41, paragraphe 2,
du règlement, s'il vous plaîtî
Vous pouvez continuer, M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je vais continuer...
Une voix: Relaxez.
M. Parent (Bertrand): ...en espérant que mon
collègue d'en face va continuer à m'écouter puisqu'il
trouvait cela fort intéressant.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, s'il vous plaît!
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président. Ce que je
mentionnais avant cette brève interruption, c'est qu'il était
important pour les gens de cette commission, pour les membres de l'Opposition
en particulier qui, actuellement, se posent beaucoup de questions concernant le
projet de loi et particulièrement l'article 27, deuxième
alinéa, au sujet de la grande ouverture qui s'y trouve - ce que
j'appelle un trou béant -et qui risque de placer des individus dans une
position qui fera en sorte qu'ils se verront dirigés à droite et
à gauche, qu'ils se verront obligés de faire partie de telle ou
telle accréditation syndicale... On ne le peut pas, à mon avis,
M. le Président, par un projet de loi, dans un article aussi large tel
qu'il est rédigé actuellement, à moins que le ministre ne
consente, au cours des prochaines heures ou des prochaines minutes, à
annoncer à cette commission qu'il a l'intention de changer
fondamentalement l'article 27, ce qui n'a pas semblé, à prime
abord, être l'une des choses qu'il allait nous annoncer.
Mais, tel qu'il est rédigé, actuellement j'ai à
faire cette motion d'amendement pour demander la consultation. Je pense qu'il
est important que le ministre et les membres de la commission aient vraiment
l'occasion de questionner les gens des différents syndicats
impliqués et plus particulièrement en ce qui me concerne,
à la suite de cet amendement, du Syndicat de professionnels du
gouvernement du Québec. Ces gens-là, d'une part, ont des choses
à nous dire. Peut-être que le ministre et les membres de la
commission, à la suite de cette audition, de cette comparution tout
à fait normale, surtout dans les circonstances, se féliciteront
et seront très heureux d'avoir eu la précaution d'inviter ces
gens, de les interroger et de les contre-interroger, particulièrement
pour comprendre ce qui se passera avec ces employés.
Dans ce projet de loi 68 qui nous est présenté, toutes ces
modifications quant à la structure, c'est un point, M. le
Président, mais, lorsqu'on touche au personnel, lorsqu'on touche
à des individus, je pense qu'on ne peut pas se permettre de les caser
è droite et à gauche strictement par un article de loi qui va
faire qu'on donnera beaucoup de latitude au ministre, qui va faire que,
à l'intérieur de ce ministère, on aura le droit de faire
des choses qui, essentiellement, ne se font pas à l'intérieur
d'autres ministères.
J'attire votre attention, car cette comparution devant la commission du
syndicat des professionnels et aussi, comme l'a demandé mon
collègue de Joliette et leader de l'Opposition, celle du Syndicat
canadien de la fonction publique permettront d'éviter que des abus se
produisent et que le ministre se retrouve, dans six mois ou dans un an d'ici,
dans une situation qui sera non seulement déplorable, mais aussi
conflictuelle, car il aura été donné, dans l'approbation
du projet de loi, à l'article 27, des pouvoirs et il aura
été donné au ministre, finalement, des outils qu'il aura
tout lieu de vouloir utiliser et qui placeront le gouvernement, tous ces
individus et tout le personnel concerné dans une situation pour le moins
confuse qui risque de brimer leur liberté d'action.
Adhérer au syndicat de professionnels
délibérément, c'est une chose. Adhérer au syndicat
de la fonction publique, c'est une autre chose. Mais, étant donné
que l'article 27 prévoit que le gouvernement décidera qui il
désigne, en d'autres mots, il pourra dire à tel ou tel individu
qu'il peut changer d'employeur et venir travailler comme cela, en passant de la
SIQ au gouvernement, à l'intérieur de la nouvelle structure. La
Société immobilière du Québec est une
société dite autonome, une société qui a sa propre
structure. Le fait - de là toute
l'implication de changer une structure aussi importante - de vouloir
intégrer des individus à l'intérieur de cette nouvelle
structure, on ne peut pas carrément dire à ces gens:
Écoutez, vous êtes maintenant régis par la loi 68. Voua
êtes régis par l'article 27 et, dorénavant, vous faites
partie de telle ou telle accréditation syndicale ou: Dorénavant,
vous n'avez pas le choix, vous passez de tel état à tel
état.
Je pense que ce n'est sûrement pas l'intention du ministre d'agir
de cette façon. On a beau croire à la bonne foi du ministre,
aujourd'hui c'est lui et un autre jour ce sera un autre, sauf que le
ministère sera régi par une loi et qui que ce soit qui
décidera de l'appliquer pourra le faire dans le plein sens du mot. (17 h
15)
M. le Président, je vous dirai qu'il y a eu des manifestations
importantes de la part de ces gens du Syndicat de professionnels du
gouvernement du Québec qui ont manifesté leur désir
d'être entendus par le ministre, parce que d'après ce que j'ai
compris jusqu'à maintenant, les choses se sont passées quand
même relativement rapidement et il n'y a pas eu de consultation formelle
à l'intérieur de la consultation que le ministre a pu tenir. Je
pense qu'il va de soi que le ministre accepte la comparution du Syndicat de
professionnels du gouvernement du Québec afin qu'ils puissent dire
eux-mêmes ce qu'ils ont le goût de dire et que de là, on
pourra juger si on doit ou non amender.
Je pense qu'il va de soi qu'on donne la chance au coureur et que nous,
en tant qu'Opposition, on ait la chance de, disons, répondre à
nos appétits qui sont ceux de dire que nous pensons que cela va trop
loin d'y aller directement sans consultation au préalable et donner la
chance à ces gens...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
Une voix: II n'a pas le droit à une demi-heure.
M. Chevrette: II n'a pas droit à une demi-heure sur une
motion de fond? Il n'a pas droit à une demi-heure le proposeur, l'auteur
de la motion? L'auteur de la motion d'amendement...
Le Président (M. Lemieux): L'article 209, paragraphe 2,
motion de forme. Je m'excuse, M. le député de Bertrand,
effectivement, vous avez droit à 30 minutes.
M. le député de Joliette a raison, vous pouvez
continuer.
M. Filion: Pendant que nous y sommes, M. le Président,
est-ce que vous me permettez une question de directive à ce
stade-ci?
Le Président (M. Lemieux): Une question de directive.
M. Filion: Le proposeur de la motion d'amendement, le
député de Bertrand, a 30 minutes tel que vous venez de
l'établir. Est-ce que je dois comprendre que désirant intervenir
sur cette question...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez dix minutes.
M. Filion: ...les autres membres de la commission ont dix
minutes.
Le Président (M. Lemieux): Dix minutes, effectivement. Et
nous allons devoir avant de revenir à l'adoption de la motion principale
voter sur l'amendement.
M. Filion: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): C'est comme la théorie
des ensembles, M. le député de Taillon, théorie que vous
avez dû étudier lorsque vous avez fait vos maths, sans doute.
M. le député de Bertrand, vous pouvez continuer.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le Président.
Je trouvais un peu curieux que vous me rappeliez qu'il me restait une
minute...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je trouvais que mon temps...
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, vous avez 30
minutes en vertu de l'article 209, paragraphe 2.
M. Parent (Bertrand): Je trouvais que mon temps avait
passé... Pardonnez...
Une voix: Errare humanum est.
M. Parent (Bertrand): Amen.
M. le Président, ce que je mentionnais, c'est l'importance pour
le ministre d'accepter et de permettre à ces groupes de venir
témoigner ici. Il n'y a aucune disposition à l'intérieur
de l'article 27 ou de quelque autre article que ce soit concernant nos
préoccupations qui prévoit les modalités du transfert de
ces employés qui - soit dit en passant, ne l'oublions pas - ont des
accréditations syndicales des différentes parties de la fonction
publique. Ces employés sont actuellement en négociation. Je pense
qu'il est possible que les conventions collectives à venir leur
accordent des conditions de travail différentes de celles de
la fonction publique. C'est important, parce que la conjoncture qui
prévaut actuellement fait en sorte que les gens sont en
négociation, ces gens-là sont en train de revendiquer des choses,
ils pourront - peut-être pas à l'échelle salariale, mais
à l'échelle des avantages marginaux, des différents
avantages sociaux - être placés dans une situation où ils
auront un recul important par rapport à la situation qu'ils ont
actuellement ou qu'ils sont sur le point d'obtenir dans cette
négocation. Au moment où toute cette négociation se
mène de front, on va arriver au cours des prochaines semaines, parce que
tout compte fait, lorsque la loi sera adoptée, le ministre aura le
pouvoir d'exercer l'article 27 et de dire aux gens qui font partie de telle ou
telle accréditation, qui font partie de la Société
immobilière du Québec, la SIQ, de s'intégrer ou de ne pas
s'intégrer à l'intérieur de son ministère à
cause de cette nouvelle structure.
Je pense que c'est quelque chose de difficile à accepter. Je
crois que c'est totalement discrétionnaire de permettre au ministre, que
ce soit le ministre des Approvisionnements et Services ou autre, mais dans ce
cas il s'agit du ministre des Approvisionnements et Services, de pouvoir agir
comme cela. Plus que ça, cette consultation va permettre d'éviter
d'aller trop loin dans le cas où il y aurait remembrement ou
restructuration de d'autres ministères semblables et de ne pas
créer de précédents.
À part cela, M. le Président, à l'intérieur
des pouvoirs qui vont être déférés ou
accordés au ministre par l'article 27, c'est qu'il se retrouve avec de
grands pouvoirs et aussi qu'on crée des précédents. Ces
précédents pourraient venir nuire actuellement à la lutte,
si on peut appeler cela ainsi, la lutte syndicat-patronat. Lorsqu'il y a
négociation, on sait que cela ne prend pas grand-chose pour mettre le
feu aux poudres, on sait que cela ne prend pas grand-chose pour faire des
histoires ou des tempêtes dans des verres d'eau. Le fait que ces gens ne
soient pas consultés de façon formelle, n'aient pas la chance de
se faire entendre par toutes les parties en cause, par les deux
côtés de la Chambre, donc autant ceux formant le gouvernement que
ceux formant l'Opposition, risque certainement d'être un handicap dans
une partie des négociations et risque de faire achopper peut-être,
de quelque façon que ce soit, un certain secteur des
négociations.
Je pense que le ministre ne peut pas se permettre - si j'ai bien compris
son collègue du Conseil du trésor qui est aux prises avec toutes
ces négociations - de se faire dire: Écoute! Actuellement, on a
envenimé le conflit, on a envenimé le dossier parce que voici, il
y a un autre groupe, soit du SCFP ou en l'occurrence du Syndicat de
professionnels du gouvernement du Québec, qui se voit
particulièrement lésé dans tout ce dossier, dossier qui va
décider dorénavant de l'accréditation des gens qui vont
venir siéger ou qui vont aller travailler dis-je, au nouveau
ministère des Approvisonnements et qui travaillent à la SIQ, la
Société immobilière du Québec, ou qui n'y
travaillent pas actuellement. On va se ramasser avec une situation
conflictuelle. Je pense que, sans vouloir charrier, sans vouloir faire peur de
quelque façon que ce soit, le ministre doit être pleinement
conscient qu'il risque de se retrouver dans cette position s'il ne prend pas un
minimum de précautions. Ce qu'on lui demande, ce n'est pas
unilatéralement qu'on change tous ces articles, mais qu'on ait la
chance, dans un premier temps, d'écouter de quelle façon ces gens
revendiquent leurs droits et, peut-être par la même occasion,
permettre de trouver une formule quelconque. Cette formule quelconque, je ne la
connais pas actuellement, mais ce que je sais, c'est que, lorsqu'on touche
à des individus et è des droits qu'ils ont,
particulièrement dans le secteur public où les gens aiment
beaucoup protéger ce qu'ils ont comme acquis par rapport à leurs
avantages, leur statut, il est important qu'on donne la chance à ces
gens de s'exprimer.
Je terminerai ce bref exposé, M. le Président, en vous
disant que la précaution demandée par l'Opposition, par mon
collègue, député de Joliette et leader de l'Opposition, de
faire comparaître le SCFP et mon amendement que je présente en
demandant la comparution aussi du Syndicat de professionnels du gouvernement du
Québec sont un minimum pour que cette commission ait la satisfaction
d'un travail bien fait et pour qu'on les ait entendus dans les plus courts
délais possibles. J'imagine que ce sont des gens qui peuvent être
convoqués à quelques heures d'avis, puisqu'ils sont certainement
au courant qu'on est en train d'étudier, quelque part, en
deuxième lecture, en commission parlementaire, un projet de loi qui va
les toucher. Déjà, ils nous en ont informés, puisque
certaines rencontres ont eu lieu de façon informelle. D'un autre
côté, ils pourraient rapidement comparaître devant cette
commission pour ne pas retarder les travaux. Je suis conscient qu'on est en
période intensive, en fin de session, et conscient que le ministre ne
pourrait pas partir en vacances sans avoir son projet de loi, auquel il tient
sûrement, puisque c'est ce projet de loi qui va lui permettre d'agir
à l'intérieur de son ministère. On pourrait rapidement
demander à ces gens de comparaître. Lorsque ce sera fait, lorsque
les groupes intéressés, que ce soit le Syndicat canadien de la
fonction publique, le syndicat de professionnels, auront eu la chance de
s'exprimer, on aura la chance,
nous-mêmes, de nous faire une idée quant à la
façon dont on devra amender» ou corriger, ou changer
complètement l'article 27 pour éviter qu'on ne se ramasse dans
quelque situation pénible par la suite ou qu'on ait l'impression, nous,
de ne pas avoir fait notre travail.
Je demande au ministre qu'il veuille bien recevoir cet amendement et
cette motion d'amendement comme telle, en plus de celle de mon collègue,
pour permettre à ces deux groupes de venir ici en commission nous dire
exactement ce qu'ils ont à nous dire et, nous, de les questionner
là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la motion d'amendement à la motion principale
présentée par le député de Joliette? M. le
député de Taillon, vous avez dix minutes.
M. Filions Uniquement pour corriger votre dernière phrase, la
motion d'amendement...
Le Président (M. Lemieux): C'est à vous, M. le
député de Taillon.
M. Filions Pour corriger votre dernière phrase, M. le
Président, la motion d'amendement a été
présentée par le député de Bertrand.
Le Président (M. Lemieux): Par le député de
Bertrand, c'est-à-dire le Syndicat canadien de la fonction publique,
ça, c'est la motion principale. La motion d'amendement, c'est: "ainsi
que le Syndicat de professionnels du gouvernement du Québec", qui a
été présentée par le député de
Bertrand.
M. Filions C'est cela, juste pour qu'il n'y ait pas de confusion au
niveau de mon temps de parole sur la motion principale.
Le Président (M. Lemieux): Non, cela va, pas de
problèmes.
M. Filions Je voudrais intervenir, donc, je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Le droit de parole sur la
motion principale est gelé, M. le député de Taillon.
M. Claude Filion
M. Filions Je vous remercie, mais je constate que ce n'est pas le cas
pour nous quand même.
Je voudrais intervenir à ce stade-ci pour concourir à la
motion d'amendement présentée par le député de
Bertrand concernant la nécessité de ces consultations
particulières qui s'amorcent, espérons-le, avec différents
intervenants qui, dans ce cas- ci, pourraient être affectées par
l'article 27 du projet de loi déposé par le député
de Hull, ministre délégué aux Services et
Approvisionnements. Encore une fois, je pense qu'au niveau du principe
général je suis convaincu que le député de Hull et
ministre ne résistera pas, si l'on veut, à semblable ouverture
d'action et de décision avec transparence. On a remarqué que le
gouvernement libéral qui a été élu le 2
décembre dernier semble avoir la fâcheuse tendance à
éviter de consulter, d'entendre les associations, les groupes, les
organismes, les regroupements de syndicats, comme c'est le cas ici.
Dans le cas qui nous occupe, je suis convaincu que le ministre
résistera à cette tendance et accueillera avec ouverture d'esprit
cette chance d'entendre les gens intéressés. C'est beau d'adopter
des lois, c'est beau, comme dans ce cas-ci, de regrouper différents
organismes, mais le travail qui est fait, le travail qui doit être fait
quotidiennement par les gens des ressources humaines et, dans ce cas-ci, on
peut le mentionner, par les professionnels, je pense que c'est important.
Voilà un groupe valeureux de travailleurs que sont les professionnels du
gouvernement du Québec. On a tendance à les oublier. Ce sont eux
qui, quotidiennement, effectuent le travail, font en sorte que le mandat des
organismes concernés en l'espèce, celui de la
Société immobilière du Québec en particulier, que
les mandats soient menés à bon terme. Ce n'est pas toujours au
niveau de l'autorité d'un ministère que le travail s'effectue.
Les autorités donnent les lignes générales, mais, dans ce
cas-ci, les professionnels, puisqu'on parle d'eux, apportent leur
expérience, leur expertise, leur éclairage à la bonne
marche quotidienne des travaux de l'entreprise à laquelle ils
appartiennent. (17 h 30)
Encore une fois, je pense que les besoins de consultation des
professionnels s'imposent dans ce cas-ci, d'autant plus que le mandat de la
Société immobilière du Québec est un mandat tout
récent accordé è la suite d'une réorganisation
administrative de l'ancien gouvernement du Parti québécois. Dans
ce cas-ci, l'article 27 - le député de Joliette l'a
souligné plus tôt - risque d'affecter grandement les droits de ces
personnes. C'est combien plus facile, M. le ministre, de prévenir
plutôt que d'avoir à guérir. Combien de conflits de travail
auraient pu être évités s'il y avait eu consultation et si
on avait pris la peine de s'asseoir et d'écouter les gens et, dans
certains cas, de faire disparaître leurs craintes. Peut-être le
ministre nous dira-t-il: Non, il n'y a pas matière à
s'inquiéter, mais, dans ce cas-ci, je vous dis qu'on a reçu des
appels et, en tant que critique des relations du travail, je dois vous aviser
que j'ai été
informé qu'une partie importante de la main-d'oeuvre que vous
vous apprêtez à affecter directement est préoccupée,
est inquiète des conséquences passibles de l'article 27.
Dans ce sens, je pense, cette consultation peut se faire facilement. Ce
n'est pas une affaire compliquée. Il faudrait envoyer un avis de trois
ou quatre jours, de six ou sept jours. Dans le cas du Syndicat de
professionnels du gouvernement du Québec, on pourrait facilement
rejoindre ces gens-là et je suis convaincu que la consultation pourrait
être menée rondement à votre commission, M. le
Président, qui a la réputation de fonctionner rondement. On a
tendance à croire que consulter des gens, c'est quelque chose de long.
Mais non! On l'a fait à plusieurs autres occasions dans d'autres
commissions et, dans ce cas-ci, cette consultation pourrait se faire
aujourd'hui même, en soirée ou demain matin ou un peu plus tard
cette semaine.
M. le Président, je m'excuse mais je n'ai pas saisi les..,
M. Poulin: Une heure plus tard, comme dans les Maritimes.
M. Filion: Pardon?
M. Poulin: J'ai dit: Une heure plus tard, comme dans les
Maritimes.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau, si la règle de la pertinence doit s'appliquer, elle s'applique
actuellement dans votre cas. M. le député de Taillon, vous pouvez
continuer, s'il vous plaît.
M. Filion: Non, je pense qu'une consultation particulière
avec les employés qui sont concernés par un projet de loi ne me
semble pas beaucoup être matière à blague quand on sait
que, dans certains cas, cela peut affecter l'ancienneté, la promotion,
les traitements, les salaires et cela va sûrement affecter le contenu de
leur travail, de l'administration et du travail quotidien de ces gens.
Je ne sais pas si le député d'un comté dont
j'ignore le nom...
Le Président (M. Lemieux): Le député de
Chauveau, M. le député de...
M. Filîon: ...le député de Chauveau qui doit
sûrement avoir dans son comté des professionnels du gouvernement
du Québec... Je ne sais pas si ces gens-là seraient heureux
d'entendre ses blagues sur la motion d'amendement présentée par
le député de Bertrand, mais, dans notre cas, M. le
Président, nous concourrons donc à la motion d'amendement
présentée par mon collègue et nous souhaitons que non
seulement les membres du Syndicat canadien de la fonction publique - ce n'est
pas parce que le mot "canadien" est là, d'ailleurs, qu'il n'y a pas des
Québécois là-dedans contrairement, je pense, à ce
que certains députés autour de la table ont cru, de l'autre
côté. Dans ce cas-ci, le mot "Québec" y apparaît;
alors, je suis convaincu qu'il n'y aura aucun doute dans leur esprit qu'il
s'agit bel et bien de professionnels à l'emploi des corporations
mentionnées à l'article 27 du projet de loi qui est devant
nous.
M. le Président, un peu de consultation... Dans ce cas-ci, on
connaît le sort réservé aux régions par ce
gouvernement, mais un peu de consultation avec les employés, avec le
personnel, les professionnels, les simples employés, aussi, ne peut
sûrement pas nuire à nos travaux, car je suis convaincu que le
ministre a à coeur de faire en sorte que son projet de loi, s'il devient
loi, soit acceptable par ceux qui sont directement touchés. Et pour
qu'une loi soit socialement acceptable et socialement acceptée, il est
bon, il est excellent, et même nécessaire dans certains cas, de
consulter ceux qui vivent avec les effets d'une loi, ceux qui ont à
vivre la réalité des lois. Nous, on brasse les mots ici, on
adopte de beaux articles, et quand on a fini, on passe à autre chose.
Mais les gens qui sont touchés ont à vivre avec les
réalités, les conséquences, les effets des projets de loi.
En matière de relations du travail, en particulier, il y a eu
énormément de problèmes qui sont nés de lois qui
n'étaient pas suffisamment claires. Il y a eu énormément
de problèmes, et, dans ce cas-ci, on a la chance de pouvoir
éviter, de pouvoir prévenir ces problèmes-là.
Or, M. le Président, je suis convaincu que le ministre partage
cette préoccupation. Il me fait signe de la tête qu'effectivement,
il va probablement se rendre à nos arguments...
Une voix: Sinon, on peut lui en donner d'autres.
M. Filîon: M. le Président, c'est donc avec plaisir
que j'énonce immédiatement que j'approuverai la motion
d'amendement du député de Bertrand. Et, en concluant, pour ceux
qui semblent trouver cela drôle de consulter les gens, je leur
rappellerai qu'un gouvernement, par des lois autoritaires, sans consultation ne
va jamais bien loin, et que l'actuel député de Saint-Laurent a
oublié des leçons, mais je pense qu'il va s'en souvenir
vite...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Taillon, s'il vous plaît.
M. Filion: En terminant donc, parce
qu'il y en a qui n'étaient pas là entre 1970 et 1976,
l'actuel député de Saint-Laurent a déjà eu sa
leçon alors je voudrais éviter que cela se
répète.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Taillon je vous remercie. Alors M. le
député de Joliette vous aviez demandé la parole, et
après la parole est au député de Dubuc.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Je suis heureux de concourir à l'amendement
de mon collègue de Bertrand. Effectivement, les professionnels du
gouvernement forment un autre groupe qui aurait pu être consulté,
d'autant plus que c'est souvent dans ce groupe même que se brasse
énormément d'idées, à qui on passe des commandes
précises, à qui on demande de réfléchir, d'en
arriver à présenter des hypothèses de solutions aux
problèmes rencontrés, et il m'apparaît donc, après
avoir consulté les représentants du Syndicat canadien de la
fonction publique, qu'on ajoute également dans cette séance
d'information ou d'échanges avec les salariés
intéressés, qu'on ajoute ces professionnels du gouvernement, le
Syndicat de professionnels du gouvernement, je trouve cela heureux, M. le
Président. C'est que les professionnels du gouvernement sont souvent
appelés à jouer des rôles importants auprès des
cadres supérieurs, des directeurs, des directeurs de services, des
directeurs généraux ou encore des sous-ministres adjoints, des
sous-ministres même.
Les professionnels, je pense, ont un rôle encore plus important
à jouer directement auprès de l'appareil supérieur sur le
plan administratif, puisqu'ils ont à préparer, à
rédiger souvent les textes, rédiger les plaidoiries,
rédiger tous les contrats, les protocoles, et on ne leur offre
même pas l'occasion de négocier un protocole de transfert, de
discuter même sur l'opportunité d'avoir ou pas un protocole de
transfert. Cela m'apparaît tout à fait inconcevable» Je suis
surpris que le ministre ne nous arrête pas de ce côté-ci
pour nous dire: Écoutez-donc, an va les rencontrer, écoutez-donc,
j'accepte de les rencontrer, il s'agirait qu'on se rencontre, le critique et
moi-même, pour qu'on puisse définir le moment et qu'on s'entende
avec le leader du gouvernement pour dire: Mercredi, après la
période de questions, nous entendrons successivement les professionnels
du gouvernement et, par la suite, les représentants du Syndicat canadien
de la fonction publique. Si le ministre était prêt à faire
cela, nous pourrions lui assurer de notre côté,
immédiatement, qu'on demanderait au président de la commission
d'en faire rapport au leader pour qu'on puisse... On cesserait
immédiatement nos propositions, en reconnaissant d'emblée que le
ministre a su se rendre à une proposition qui a pour objectif
fondamental d'établir des relations harmonieuses entre les personnels
touchés ou éventuellement touchés par rapport à
l'objectif de la législation.
Il me semble que le ministre n'a pas d'intérêt à
vouloir faire cela sans dire à qui que ce soit ce qui va se produire. Je
ne vois pas quel intérêt aurait le ministre à créer
de l'incertitude tant auprès des professionnels qu'auprès des
salariés. C'est peut-être un peu pour cela que je trouve correcte
l'idée, nommément de mon collègue de Bertrand, d'ajouter
le groupe des professionnels, puisqu'ils sont aussi syndiqués en
fonction de lois du Québec, ils ont aussi des représentants, ils
font aussi valoir leurs revendications, ils ont aussi des processus de
mutation, d'affectation, des droits acquis, des clauses de transferts de
droits, transferts de privilèges et l'accumulation de certaines
données. Ils ont tout cela.
Ils auraient aussi peut-être intérêt à nous
dire comment ils voient cela. Je me souviens, il y a environ un an ou un an et
demi, les cadres supérieurs du gouvernement se sont formés en
association, c'est-à-dire qu'il sont formés depuis plus longtemps
que cela, mais ils revendiquaient de la part de l'État en
général une plus grande association des cadres supérieurs
du gouvernement au processus d'établissement de législations, de
programmes, de projets, puisque les cadres sont nécessairement le
prolongement de l'autorité gouvernementale ou de l'État en tant
que tel. A mon point de vue, nos professionnels auraient avantage à
être associés à ce processus législatif.
Je ne comprends pas d'ailleurs pourquoi le ministre -nous laisse
absolument plaider sur le fond. Il me semble que, spontanément, un
ministre ouvert qui veut aller dans la lignée du discours inaugural du
15 décembre à l'effet de gouverner avec transparence, pourrait
dire spontanément: J'accorderai deux ou trois heures de discussions
à deux groupes, ou une heure et demie par groupe. Je vous avoue... Soyez
sans crainte, de ce côté-ci, nous allons être très
compréhensifs face à toute démarche qui permettrait
spontanément d'entendre des gens impliqués.
Je suis convaincu que le ministre ne trouvera pas en nous de la
mesquinerie pour dire: Ce n'est pas pour un quart d'heure qu'on ne s'entendra
pas. Voyons, qu'il se détrompe! Le ministre pourrait très bien,
à ce stade-ci, m'indiquer, en tant que critique, un tant soit peu une
volonté d'ouverture.
Une voix: Par les yeux.
M. Chevrette: Je lui ferais une proposition pour limiter dans le
temps, s'il le faut. On n'est pas là pour l'empêcher de faire sa
job. On est là par exemple... Il y a des gens
qui sont frustrés, qui sont fâchés du fait qu'on ne
les ait pas associés. Au contraire, on est en train de les aider. Le
ministre devrait comprendre cela.
Si on associait des groupes à un processus, je suis
persuadé que le ministre y gagnerait. Il y gagnerait en
crédibilité d'abord, j'en suis persuadé. Les
professionnels du gouvernement diraient: Ce ministre est ouvert. Il nous a
consultés. Il ne veut pas nous bousculer; il ne veut pas changer nos
structures. Il n'a pas l'idée d'amoindrir nos droits éventuels
sans nous en parler. Ce serait un geste de magnanimité et le ministre,
je pense, en serait le premier gagnant. Il serait le premier à en
retirer des bénéfices. Il ne serait même pas
nécessaire qu'il remercie l'Opposition de lui avoir fait cette
ouverture. On comprendrait qu'il l'a fait parce qu'il en est convaincu et non
pas parce qu'il en a été forcé par une proposition, ici
à l'Assemblée nationale.
Je sais que, bientôt, on devra ajourner nos travaux. Il aura deux
heures entre dix-huit heures et vingt heures - j'espère que le ministre
va réfléchir énormément à la proposition
qu'on lui fait - pour permettre à ses conseillers - j'en vois
quelques-uns qui viennent de temps à autre avec des petits papiers - de
venir lui dire: On trouve, M. le ministre, que l'Opposition est constructive.
Cela prend une ouverture d'esprit qui vous permettrait comme ministre de vous
montrer complètement ouvert a des droits qui peuvent être mis en
cause, à des groupes dont les droits peuvent être mis en cause. Il
n'y a pas de honte à les entendre. Au contraire, il y a une
fierté à vouloir dialoguer avec eux, à les rassurer au
besoin, à expliciter des points. Cela se fait couramment. Un
gouvernement de transparence qui, depuis le 15 mai, à chaque
dépôt de projet de loi - je lui demanderais de se le rappeler...
À chaque dépôt de projet de loi on a posé la
question: Mais avez-vous l'intention de consulter? Mais non! Cela a
été des non systématiques. On a gagné un oui. Il y
a eu une révocation pour convoquer les gens de la commission scolaire du
Nouveau-Québec, la semaine dernière. (17 h 45)
Une voix: Les artistes?
M. Chevrette: Les artistes, oui, mais ce n'est pas au regard d'un
projet de loi spécifique. Quand ce sont des droits qu'on vient consigner
dans un projet de loi qui change immédiatement la nature des droits ou
qui, potentiellement, peut les changer, en tout cas, il n'y a pas de
consultation. Tout cela m'apparaît un manque de transparence
énorme. Surtout là où cela touche le droit d'association
ou la reconnaissance des droits acquis par association. Cela m'apparaît
sérieux, le fait que ce ne soit pas discuté, qu'on n'ait pas cru
bon de consulter formellement, ouvertement, officiellement, comme le permet le
règlement de l'Assemblée nationale. On peut le faire en tout
temps comme commission parlementaire. Le leader aurait très bien pu - si
nous nous étions entendus à l'avance - permettre des
consultations préalables à l'étude article par
article.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, il vous reste une minute.
M. Chevrette: Mais quand on nous dit... Il me reste une
minute?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Quand on nous oblige par la réglementation
à véritablement obtenir ces consultations de force, à les
arracher par voie de procédure parlementaire ou réglementaire, M.
le Président, je ne trouve pas que c'est là une très
grande transparence. Je ne trouve pas que c'est là faire preuve d'une
très grande ouverture d'esprit. Je suis même surpris que le
député de Hull n'accepte pas de consacrer quatre heures, par
exemple, à des discussions ouvertes avec les représentants des
salariés, les professionnels du gouvernement. On pourrait s'asseoir et
comme parlementaires se partager une période de questions et de
clarification afin de permettre à vos procureurs de donner leur sens
à certains articles, de définir quelles sont les balises de
l'article 7, de définir clairement ce que veut dire l'article 27
à ces gens parce qu'ils pourraient être impliqués, de leur
dire jusqu'où peut aller le pouvoir discrétionnaire du ministre.
Ce sont autant de questions que les salariés ont le droit de poser et
ils ont le droit de savoir, eux qui, pour un bon nombre, ont été
transférés depuis quelques années à cause des
sociétés d'État et du mouvement de recul qu'on fait
maintenant. Il serait impartant sur le plan strict des bonnes relations du
travail, je crois, de faire en sorte qu'on leur offre cette
possibilité.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Joliette.
M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, avant mon intervention, je
veux m'assurer que...
Le Président (M. Lemieux): C'est dix minutes, M. le
député de Dubuc, en vertu de l'article 209...
M. Desbiens: Dix minutes. Mais cela c'est sur la motion
d'amendement. C'est cela?
Le Président (M. Lemieux): C'est sur la
motion d'amendement du député de Bertrand...
M. Desbiens: J'aurai droit à...
Le Président (M. Lemieux): ...relativement à la
motion principale du député de Joliette.
M. Desbiens: J'aurais le droit de revenir sur la motion
principale pour dix autres minutes?
Le Président (M. Lemieux): Non, non. M. le
député de Dubuc, nous devons débattre préalablement
de la motion d'amendement. Nous reviendrons effectivement par la suite, lorsque
la mise aux voix aura été faite relativement à la motion
d'amendement, sur la motion principale présentée par le
député de Joliette et j'ai fait état tout à l'heure
que le temps était gelé relativement à la motion
principale.
Vous pouvez continuer.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Je vous remercie, M. le Président. Il me fait
plaisir de participer, d'appuyer la motion de mon collègue, le
député de Bertrand, et de le féliciter. Je vois le
député de Sainte-Anne qui serait heureux de pouvoir
féliciter mon collègue, le député de Bertrand, s'il
était à ma place, d'avoir saisi l'importance de cette motion
d'ajouter le Syndicat de professionnels du gouvernement du Québec. Je
pense qu'il fait là la preuve de son expérience administrative.
On sait que M. le député de Bertrand a été maire
pendant plusieurs années, donc, il a eu...
M. Parent (Bertrand): Tout comme le ministre.
M. Desbiens: ...tout comme le ministre... C'est pour cela que je
pense que le ministre - finalement - va accepter notre proposition. Il a donc
eu beaucoup è traiter avec les syndicats. Je pense que la proposition
d'amendement de mon collègue de Bertrand manifeste cette
expérience qu'il a acquise comme administrateur public et aussi comme
homme d'affaires. Il sait l'importance d'avoir des relations très
transparentes et ouvertes avec les travailleurs qui ont è vivre de
façon très précise...
Une voix: ...et les travailleuses.
M. Desbiens: ...et les travailleuses également qui ont
à vivre... Je vous l'avais dit, M. le Président, que le
député de Sainte-Anne avait envie de nous appuyer.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. Desbiens: Pour assurer donc des relations du travail
harmonieuses... L'objectif, cela a déjà été
soulevé par mes collègues. J'espère que les arguments que
j'ajouterai ici finiront par convaincre le ministre que c'est important pour
lui et pour la bonne administration du ministère qu'il entend mettre sur
pied pour assurer le Service des achats du gouvernement. Évidemment, ce
n'est pas nous qui avons décidé de présenter ce projet de
loi. Le gouvernement précédent croyait qu'il y avait des formules
différentes peut-être plus efficaces. Ce gouvernement
décide, c'est son droit, que cela prend une structure différente
pour s'occuper de tous les services des achats et approvisionnements du
gouvernement. Dans son esprit, c'est sans doute que ce sera mieux, qu'il y aura
une meilleure transparence, un meilleur contrôle, j'imagine. Les
principes de ce projet de loi, comme j'ai eu l'occasion de le mentionner
déjà, ne nous ont pas été rendus très
apparents, mais c'est un mandat, c'est le choix du gouvernement actuel de
procéder de la façon qu'il nous indique par la création de
ce ministère.
Une fois que le gouvernement a décidé d'aller dans ce sens
par la présentation d'un projet de loi, il reste aux
députés des deux côtés de la Chambre, et
particulièrement de l'Opposition je crois, c'est plus facile,
semble-t-il, donc d'intervenir pour essayer de faire ressortir les points qui
pourraient accrocher et finalement, au fond, nuire à l'action que le
gouvernement lui-même veut entreprendre. Je pense que ce sont les
personnes elles-mêmes, hommes ou femmes, qui auront à exercer et
à travailler dans ce ministère qui vont être les premiers
touchés par ces transferts et évidemment ceux de la SIQ, je les
ai à l'esprit. La complexité des conventions collectives
aujourd'hui, le ministre en est conscient, peut-être que lui-même
ou ses fonctionnaires qui ont préparé ce projet de loi n'ont
peut-être pas vu que par certaines façons prévues par le
projet de loi il pourrait y avoir des problèmes futurs quant aux
relations du travail avec ces professionnels du gouvernement du Québec.
Si on pouvait, pendant quelques minutes au moins, les écouter, ils
pourraient probablement permettre d'apporter au ministre l'éclairage sur
des points qu'eux auront décelés, parce que, étant
appelés à vivre ce qui va se passer, ces personnes ont
regardé le projet de loi et ont à l'esprit les difficultés
qu'elles pourraient rencontrer en tant que travailleurs professionnels à
l'intérieur du prochain ministère des Approvisionnements. C'est
important et le ministre des Approvisionnements en est sûrement
conscient. Il a un exemple sous les yeux, il en a été question
à la période de questions,
cet après-midi, concernant le Manoir Richelieu. On voit ce que
cela peut donner de se lancer dans des opérations comme dans le cas
présent, mais c'était la vente du Manoir Richelieu, sans
s'assurer auparavant qu'il y ait au moins une relation établie entre les
syndiqués et les nouveaux propriétaires. Dans le cas
présent évidemment, c'est le Syndicat canadien de la fonction
publique et le Syndicat de professionnels du gouvernement d'une façon
plus particulière dans la motion d'amendement. Il est donc important, et
le ministre en est sans doute conscient pour que son ministère
fonctionne. Je suis convaincu qu'il a à coeur que ce soit le meilleur
ministère et pour s'assurer que ce soit ainsi, je ne doute pas qu'il
soit conscient de la nécessité de relations bien établies,
bien suivies avec ses futurs professionnels, ses futurs fonctionnaires. La
meilleure façon pour y arriver, je pense que c'est sans doute, avant de
tout figer, de tout fixer cela dans une loi, qu'au moins on entende ces
gens-là nous dire et nous mettre en garde, peut-être, sur certains
aspects qui pourraient, à l'avenir, empêcher que son
ministère atteigne la plus grande efficacité possible. Tout cela
est aussi relié; on parle souvent de productivité. C'est un terme
qui a été très à la mode et qui doit aussi
être une réalité. Pour s'assurer que son ministère,
que tous ceux et celles qui auront à travailler en collaboration avec
lui pour que son ministère puisse fournir aux Québécois et
aux Québécoises qui font appel aux services de ce
ministère-là, puissent donner un rendement maximum, je pense
qu'au départ, il est absolument important que le ministre puisse
connaître la pensée exacte et certains aspects qui auraient pu
être oubliés par ceux et celles qui ont préparé le
projet de loi et qui lui permettraient, une fois que le projet de loi sera
voté, accepté par l'Assemblée nationale, donc, en toute
tranquillité d'esprit de pouvoir travailler à la mise en place du
chef-d'oeuvre qu'il entend nous produire. Cela permettrait ainsi aux citoyens
et citoyennes du Québec qui seront touchés par ce projet de loi
d'être en mesure de profiter pleinement des services que le ministre, de
toute évidence, veut donner ainsi à la collectivité
québécoise. Je lance ce dernier appel au ministre de profiter de
l'offre, de l'ouverture qu'on lui fait d'aller consulter, comme cela, les
travailleurs et travailleuses impliqués, afin d'éviter qu'il ne
se retrouve un peu - même si ce n'est pas au gouvernement, c'est un
exemple quand même relié, ce que je mentionnais tantôt,
celui du Manoir Richelieu - avec des conflits avant même que son
ministère ait pu commencer à travailler aux fins exactes pour
lesquelles il est mis sur pied.
Vu la période qu'il nous reste, comme le mentionnait tantôt
mon collègue, critique de l'Opposition, le député de
Joliette, j'espère par ces derniers arguments avoir convaincu le
ministre. Peut-être qu'à la période du souper, il pourra
communiquer avec les responsables du syndicat de professionnels et qu'on pourra
les recevoir peut-être même dès ce soir, si cela fait
l'affaire du ministre. Cela accélérerait les choses. Cela nous
permettrait de pouvoir plus rapidement passer à...
Le Président (M. Lemieux): Trente secondes, s'il vous
plaît.
M. Desbiens: ...d'autres choses, à d'autres articles du
projet de loi. C'est ce que je recommande au ministre et j'espère que le
souper va lui apporter un temps de réflexion...
Le Président (M. Lemieux): Dix secondes.
M. Desbiens: ...qui lui permettra d'accepter notre proposition.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Nous suspendons pour reprendre
les travaux à 20 heures.
M. Polak: On a un caucus qui débute à 18 h 15.
Vraiment là, je voudrais demander si, par consentement, on pourrait
obtenir qu'on recommence à 20 h 15. Si vous voulez qu'on commence
à temps, n'y a-t-il moyen qu'on commence à 20 h 15, afin que tout
le monde puisse prendre un sandwich. Il faut vivre aussi.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Chevrette: On pourrait aller à 20 h 30 s'il le faut
pour le motif suivant: Cela fait plusieurs fois que cette commission
siège et que le ministre et moi-même sommes les deux seules
personnes ici. Ceci sans vouloir redire. Le ministre peut en témoigner
et vous de même. Si on dit jusqu'à 20 h 30, on commence à
20 h 30 par contre. Ne nous faites pas "niaiser" quinze minutes pour rien!
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a consentement
pour 20 h 30?
Des voix: 20 h 30.
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement pour 20 h
30. La commission du budget et de l'administration suspend ses travaux
jusqu'à 20 h 30, pour l'étude du projet de loi 68.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 36)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames, messieurs, la commission du budget et de l'administration
reprend ses travaux pour l'étude du projet de loi 68.
M. Chevrette: C'est quasiment une indécence, M. le
Président.
M. Filion: Un, deux, trois, quatre, cinq, six.
M. Chevrette: M. le Président, je crois que vous devez
reconnaître qu'il y a un vote à prendre à ce stade-ci,
puisque, si j'ai bien compris, tout le monde s'est exprimé de notre
côté. À moins qu'il n'y en ait du côté du
gouvernement qui veuillent s'exprimer.
Le Président (M. Lemieux): Sur la motion d'amendement, M.
le ministre?
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: M. le Président, je pourrais sûrement
prendre quelques minutes, pour le bénéfice de mes
collègues de l'Opposition, d'autant plus qu'on a présenté
une motion qui a été suivie d'un amendement où on m'a
demandé à plusieurs reprises d'avoir la gentillesse,
l'amabilité de tenir une commission parlementaire qui permettrait au
Syndicat canadien de la fonction publique de se faire entendre. Je suis
très sensible aux demandes de l'Opposition, d'autant plus sensible que
j'ai écouté, avec toute l'attention que cela commandait, les
interventions qu'on a faites de part et d'autre. Par contre, j'ai dû me
rendre à l'évidence que le temps qu'a pris l'Opposition cet
après-midi pour discourir de cette motion aurait sûrement pu
être consacré à faire des consultations. Nous sommes
d'autant plus sensibles que nous avons reçu, au cours des derniers
jours, certaines demandes de la part d'organismes qui nous ont
sensibilisés et je remarque que l'Opposition a été aussi
sensibilisée sur les mêmes points.
Nous aurons sûrement l'occasion, quand le temps viendra, quand
nous étudierons l'article 27, entre autres, qui a été
l'objet de la discussion cet après-midi, de traiter de cet article. 27.2
qui parle des "membres du personnel de la Société
immobilière du Québec que désigne le gouvernement".
Advenant le cas où le gouvernement désignerait certains
employés, il y a un élément sur lequel je veux
déjà rassurer ces employés. Dans
l'éventualité où il y a certains acquis que l'on ne
retrouverait pas dans la fonction publique actuelle, nous prendrons les mesures
nécessaires afin que les acquis soient respectés pour ne pas
brimer ces travailleurs ou travailleuses qui sont déjà à
l'emploi de la Société immobilière du Québec et qui
pourraient, dans certains cas, avoir des avantages. Je dis dans certains cas
avoir des avantages, je n'en ai pas fait l'analyse complète
actuellement, mais je veux les rassurer et je veux assurer â l'Opposition
que les commentaires qu'elle a fait ne tombent pas dans l'oreille d'un sourd.
En temps opportun, nous apporterons, s'il y a Heu, les correctifs
nécessaires pour assurer à ces travailleurs et travailleuses que
leurs droits et leurs privilèges ne seront pas brimés si le
gouvernement décidait d'affecter certains d'entre eux au
ministère des Approvisionnements et Services.
D'autre part, j'ai trouvé un peu curieux les propos tenus par les
membres de l'Opposition. Un peu moins curieux en ce qui concerne les nouveaux
membres de cette Assemblée nationale, mais un peu plus curieux en ce qui
concerne les membres de l'Assemblée nationale de l'ex-gouvernement ou du
gouvernement précédent qui, au cours des dernières
années, auraient sûrement pu, è l'occasion, consulter les
travailleurs et les travailleuses de la fonction publique, entre autres. Je me
souviens qu'en 1982, quand on a imposé à la fonction publique
près de 85 000 pages de décrets, on a dû discourir pendant
plusieurs heures afin de tenter d'obliger le gouvernement à parler
à ses employés. Malheureusement, le gouvernement du temps avait
cru bon d'imposer à sa fonction publique des décrets.
Sans revenir sur un sujet qui est traité plus souvent
qu'autrement depuis les dernières semaines, on se souviendra de la
fameuse loi 37 qui avait imposé une fusion forcée entre les
villes de Baie-Comeau et de Hauterive. Simplement, du point de vue d'une
certaine réflexion, si le même gouvernement, dans le temps, avait
jugé opportun de consulter les gens par les moyens du bord,
c'est-à-dire par un référendum, on aurait pu éviter
toutes les contraintes que nous avons vécues par la suite.
Je considère que l'Opposition est peut-être mal
placée pour nous faire des recommandations de la sorte. Par contre, on a
pu découvrir par nous-mêmes que l'article 27... Afin
d'éviter que ces employés ne puissent se sentir brimés et
de les rassurer en ce qui concerne les acquis, nous nous engageons, d'ici
l'étude de cet article, à en faire l'analyse. Ceci nous
permettra, s'il y a lieu, d'apporter des recommandations qui pourraient se
retrouver à l'intérieur du projet de loi sous forme d'amendements
à l'article même.
En terminant, je voudrais demander à l'Opposition non pas de se
hâter car elle a le privilège et le droit de poser toutes les
questions pertinentes concernant le projet de loi 68. Personnellement, je suis
disposé à écouter chacun des points qui seront
soulevés; je vous avoue qu'il y a certains points que je trouve
intéressants parce que cela fait une bonne discussion. Par contre, je
vous dis que vous ne me laissez pas grand temps pour réagir et pour vous
répondre parce que vous vous remplacez mutuellement. Alors, on ne peut
pas embarquer dans la discussion, mais sans pour autant ne pas vous trouver
intéressants sur certains points. Je suis prêt à vous
écouter comme cela. Je pense que c'est intéressant. Cela nous
permet de faire le trajet, aller sinon retour. Si on est disposés
à prendre le vote sur l'amendement à la motion, je me plie
volontiers à la présidence.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Chevrette: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, question de règlement.
M. Chevrette: Je veux bien que le ministre ait les arguments
qu'il voudra; mais, quand il vient dire qu'on ne lui donne pas de chance et que
le temps qu'on a pris aurait pu servir à des consultations, je m'excuse,
mais il n'y a rien qui empêche un membre de l'Opposition, par alternance,
en fonction de nos règlements, de demander la parole quand vient son
tour et d'accepter spontanément une proposition. Je peux vous garantir
qu'à ce moment-là cet argument ne tiendrait pas. Si le ministre
avait, immédiatement après ma proposition, dit: On prend ce
temps-là immédiatement pour l'entendre, on aurait dit "oui"
spontanément. Que le ministre se serve de cet argument pour dire qu'on a
pris le temps de la consultation, c'est bien parce qu'il ne nous a pas dit
dès la première minute qu'il était prêt à
consulter.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, cela va. Ce n'est pas une question de règlement, c'est
plutôt une remarque. M. le député de Joliette, vous savez
cela tout aussi bien que moi. M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Sur une question de règlement...
Le Président (M. Lemieux): Quel article du
règlement, M. le député de Bertrand?
M. Parent (Bertrand): L'article qui dit que le ministre peut
intervenir après chacune de nos interventions. C'est juste pour
rappeler...
Le Président (M. Lemieux): C'est l'article 246. Lors de
l'étude détaillée, le ministre a cinq minutes pour
intervenir après chaque intervention. Nous ne sommes pas à
l'étude détaillée du projet de loi; nous en sommes encore
sur le débat si je comprends bien de la motion qui a été
présentée par vous-même, M. le député de
Bertrand. Nous n'en sommes pas sur la motion principale, mais sur l'amendement
à la motion principale.
M. Chevrette: M. le Président, on est maître de
toute notre procédure. (20 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Oui, en vertu de l'article
155.
M. Chevrette: J'annonce que je donnerai mon consentement au
ministre à chaque intervention pour un droit de réplique.
M. Rocheleau: M. le Président, et selon les discussions
qui seront tenues, si je peux apporter à cette commission certains
commentaires, si je le juge opportun, il me fera plaisir de le faire. Je
remercie l'Opposition pour son ouverture.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, mon intervention
était en ce sens-là pour qu'on trouve un moyen. On a posé
beaucoup de questions avec nos amendements. On peut aller loin comme cela, sauf
que, si le ministre a l'intention d'intervenir, il serait intéressant
qu'il nous face signe.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, j'aimerais vous faire remarquer relativement à l'article 155
que toute commission peut, du consentement unanime de ses membres,
déroger aux règles relatives au temps de parole, mais pas
à l'ensemble des règles de procédure. D'accord, on
s'entend.
M. Chevrette: M. le Président, on ne vous demandera pas de
faire quelque chose d'illégal ici. Voyons, scandale!
M. Polak: Passons au vote.
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le député
de Joliette. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion d'amendement
présentée par le député de Bertrand?
M. Bélisle: Le sous-amendement, M. le Président ou
l'amendement?
Le Président (M. Lemieux): C'est sur l'amendement comme
tel qui a été présenté à la motion
principale. La motion principale a été présentée
par le député de Joliette.
M. Polak: C'est clair.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Il n'y a pas d'autres interventions. Alors, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'amendement avant de revenir
à la motion principale.
M. Chevrette: Je vous demande un vote par appel nominal.
Le Président (M. Lemieux): Vous me permettez de lire
l'amendement?
M. Chevrette: Oui, mais je vous demande un vote par appel nominal
après.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le
député de Joliette. "Que la commission avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 68, Loi sur le
ministère des Approvisionnements et Services et modifiant diverses
dispositions législatives, procède à des consultations
particulières en entendant le Syndicat canadien de la fonction
publique".
L'amendement présenté par le député de
Bertrand se lit comme suit: "Ainsi que le Syndicat de professionnels du
gouvernement du Québec".
Vote par appel nominal. M. le greffier, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles)? M.
Bélisle: Contre.
Le Secrétaire: M. Brouillette (Champlain)?
Une voix: Malade!
Le Secrétaire: M. Chagnon (Saint-Louis)?
Une voix: Malade!
Le Secrétaire: M. Després (Limoilou)?
M. Després: Contre.
Le Secrétaire: M. Gobé (Lafontaine)?
M. Gobé: Contre.
Le Secrétaire: Mme Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Abstention.
Le Secrétaire: M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Contre.
Le Secrétaire: M. Poulin (Chauveau)?
M. Poulin: Contre.
Le Secrétaire: M. Séguin (Montmorency)?
M. Séguin: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: M. Rocheleau (Hull)?
M. Rocheleau: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Chevrette: II est en haut.
Une voix: II est malade.
Le Secrétaire: M. Parent (Bertrand)?
M. Parent (Bertrand): Pour.
Le Secrétaire: M. Filion (Taillon)?
M. Filion: pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Chevrette (Joliette)?
M. Chevrette: Pour.
Le Président (M. Lemieux): Les résultats
relativement à l'amendement présenté par le
député de Bertrand à la motion principale du
député de Joliette sont les suivants: contre: 9; pour: 4;
abstentions: 1. L'amendement à la motion principale du
député de Joliette est donc rejeté. M. le
député de Taillon.
M. Filion: À ce moment-ci, M. le Président, je
voudrais donc intervenir sur la motion principale.
Le Président (M. Lemieux): Sur la motion principale du
député de Joliette.
M. Filion: Je dois comprendre que mon temps de parole est de dix
minutes.
Le Président (M. Lemieux): Votre temps de parole est de
dix minutes et, en vertu de l'article 209, premier paragraphe, vous devez vous
exprimer en une seule fois sur la motion principale.
M. Filion: Je pensais que vous étiez pour dire en une
seule phrase.
Sur la motion principale, M. le Président, je voudrais dire ceci.
D'abord, j'ai pris bonne note des propos du ministre tantôt qui nous a
dit: Écoutez, l'article 27 soulève des problèmes, nous en
sommes conscients. Nous avons pris, quant à nous, une excellente note de
ce qu'il a dit, de son engagement, je pense qu'on peut l'appeler ainsi. Nous
allons faire en sorte que les droits et privilèges des travailleurs
affectés par une réorganisation administrative qui est
consacrée dans le projet de loi 27 ne soient pas affectés par
cette fusion, cette réorganisation et, donc, que ces droits et
privilèges soient protégés.
À ce moment-ci, j'ai le goût de faire la remarque suivante
au ministre. La meilleure façon de s'assurer de la protection des droits
accumulés, dans certains cas, au fil des ans - parce qu'on peut parler
de certains droits acquis quand on parle de certains cas individuels, mais
quand même des droits collectifs ou individuels, des privilèges
collectifs ou individuels des travailleurs affectés par l'article 27 du
projet de loi 68 - c'est bel et bien d'entendre ces gens-là pour voir si
leur analyse de la situation et des conséquences juridiques est la
même que celle de ses conseillers, autant ceux de son cabinet et, je
l'espère, ceux de son ministère. J'espère que, sur une
question aussi importante que celle-là, le ministre est entouré
de toute part, si l'on veut.
J'ai eu l'occasion de le mentionner cet après-midi des conflits
de travail importants sont nés, au Québec, à cause d'un
point-virgule dans un article de loi ou à cause d'une mauvaise
rédaction d'un article de loi ou d'un règlement. Dans ce cas-ci,
quand on lit l'article 27 - je ne veux pas utiliser le peu de temps que vous me
laissez pour le relire, car je suis convaincu que le ministre le connaît
bien - sur le plan juridique, la formulation employée risque
effectivement d'aller plus loin que ce qu'on appelle, entre guillemets,
"l'intention du législateur". Même si vous fournissez, ce soir,
les engagements que vous avez exprimés tantôt, avec - je n'en
doute pas - la plus sincère bonne foi, il demeure que ce qui compte une
fois que le projet de loi est adopté, c'est le texte de loi. À
part cela, il ne nous appartient plus, pas plus qu'il va vous appartenir ou
qu'il va appartenir aux membres de l'Assemblée nationale. Il
appartiendra aux tribunaux de l'interpréter ou aux arbitres de
conventions collectives, dans certains cas. En quelque sorte, une fois le
projet de loi adopté, le texte va nous échapper. Il va
échapper au ministre et à l'Assemblée nationale, une fois
l'adoption du projet de loi.
Dans ce sens, je pense qu'on ne prendra jamais suffisamment de
précautions ou de moyens de prévention, on ne sera jamais
suffisamment prudents au point où l'on doive écarter une mesure
comme celle que nous suggérons, à savoir d'entendre en commission
parlementaire les représentants du Syndicat canadien de la fonction
publique puisque, en l'espèce, on traite d'eux. Ils ont l'expertise. Ils
connaissent bien leurs conditions de travail. Ils connaissent bien les textes
qui les gouvernent, qui les régissent. Mieux que nous.
En particulier, quand on pense aux permanents syndicaux du Syndicat
canadien de la fonction publique, c'est un syndicat qui a une longue tradition,
d'ailleurs, de syndicalisme intelligent, pratique et pragmatique. Les
permanents syndicaux à l'intérieur de ce syndicat, les
représentants de ce syndicat ne pourraient que venir enrichir cette
préoccupation dont vous parliez tantôt quand vous disiez que vous
vouliez être sûr qu'il n'y ait pas de dommages. Je pense que, si on
pousse un peu plus loin l'ouverture d'esprit dont le ministre parlait
tantôt, on arrive à la conclusion qu'on va prendre le temps
suffisant pour entendre ces gens en commission parlementaire. Comme le
mentionnait si bien le leader de l'Opposition, le député de
Joliette: Ce n'est pas une affaire complexe. Cela peut s'organiser
rapidement.
Encore une fois, on oublie souvent les gens qui sont impliqués
dans un jeu de blocs. Tantôt, vous faisiez allusion à la
théorie des ensembles; quant à moi, je fais souvent allusion au
jeu de blocs. Le gouvernement libéral se livre, depuis six mois,
à des jeux de blocs. On fusionne le Comité de la protection de la
jeunesse avec la Commission des droits de la personne. On fusionne la
Société immobilière du Québec...
M. Potak: La pertinence!
M. Filion: ...avec le Service des achats du gouvernement et avec
la Régie des installations olympiques. M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, en vertu de l'article 36 du règlement, si vous voulez
interrompre un des parlementaires, voulez-vous soulever une question de
règlement, s'il vous plaît! M. le député de Taillon,
vous pouvez continuer. J'ai compris, M. le député de Sainte-Anne,
votre intervention. M. le député de Taillon, s'il vous
plaît.
M. Filions M. le Président, c'est curieux, je n'ai pas entendu le
député de Sainte-Anne intervenir.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Taillon, s'il vous plaît!
M. Filion; Quand le ministre...
Le Président (M. Lemieux): Vous risquez de susciter des
débats, M. le député de Taillon.
M. Filion: Les débats sont déjà
suscités
par l'intervention du député de Sainte-Anne. Donc, je
faisais allusion à ces jeux de blocs auquel se livre le gouvernement
libéral depuis six mois dans plusieurs secteurs, mais, dans ces jeux de
blocs, on oublie le monde, le personnel et ceux qui vivent quotidiennement les
situations.
Encore une fois, aujourd'hui, le ministre dit: C'est dangereux, puis ce
n'est pas clair et on va y faire attention. Mais le meilleur moyen, si on veut
être près de ce monde, c'est de l'entendre. Audi alteram partem,
c'est un principe de justice. Alors, quand on adopte une loi, on rend
nécessairement une grande justice, parce que cela devient une loi.
À ce moment-là, on ne devrait pas avoir peur d'entendre les
parties. Or, systématiquement, M. le Président, le gouvernement
du Parti libéral depuis six mois, refuse d'entendre des gens qui sont
impliqués comme s'il avait peur du monde. 3e ne crois pas que le
ministre ait peur de rencontrer le Syndicat canadien de la fonction publique.
Après tout, cela n'est pas une bombe à retardement. 11 y a
peut-être moyen de s'entendre à partir du moment où la
volonté ministérielle est clairement exprimée, mais au
moins qu'on l'écoute, que les membres de cette commission aient la
chance de l'écouter. On a fait allusion tantôt aux conversations
que peut-être votre personnel a eues avec ces gens-là, que le
député de Joliette a eues avec ces gens-là et que moi
aussi j'ai eues avec une personne d'un des groupes mentionnés par votre
projet de loi, qui étaient inquiets sur le plan des relations du
travail. Mais ceux qui décident, ce n'est pas vous et moi. Ce n'est pas
à l'exécutif, c'est au législatif qu'on demande d'adopter
une loi.
Les membres de cette commission à qui on vient de
déférer une projet de loi ne sont pas là uniquement pour
jouer des rôles, je l'espère de votre côté, et
approuver automatiquement tout ce qui est issu de l'exécutif. Je suis
convaincu que tous les membres de la commission partagent notre
préoccupation dans ce sens-là et aimeraient entendre les gens
pour que l'on puisse avoir leur point de vue, leurs lumières.
Vous m'indiquez qu'il reste une minute, M. le Président, et,
à ce moment-ci, encore une fois - juste pour terminer là-dessus
avant de présenter une motion d'amendement à la motion pour
consultation particulière qui a déjà été
faite - ce n'est pas une affaire qui est longue et le ministre devrait
acquiescer à notre demande.
Motion d'amendement proposant d'entendre aussi le Directeur
général des élections
M. Claude Filion
À ce moment-ci, j'aimerais déposer la motion d'amendement
suivante. La motion pour consultation particulière serait amendée
en ajoutant à la fin les termes suivants: "ainsi que le Directeur
général des élections." Je vais avoir la chance
d'expliquer pourquoi au député de Lafontaine. Si vous jugez ma
motion recevable...
Le Président (M. Lemieux): Oui, justement, parce que le
Directeur général des élections...
M. Bélisle: Quel est le libellé de la motion, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Filion: Si vous voulez m'entendre, cela me fera plaisir.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais vous entendre sur la
recevabilité de la motion.
M. Filion: M. le Président, je veux attirer votre
attention sur l'article 9 du projet de loi 68 que je lis avec vous.
Le Président (M. Lemieux): Cela va.
M. Filion: "Pour l'application de la présente loi - je
vous réfère particulièrement aux articles 7 et 8 pour en
connaître l'impact - sont assimilés à des organismes
publics: le lieutenant-gouverneur, l'Assemblée nationale, un organisme
dont celle-ci nomme les membres et une personne qu'elle désigne pour
exercer une fonction en relevant, avec le personnel qu'elle dirige." Le
Directeur général des élections est une personne
nommée par l'Assemblée nationale pour exercer les fonctions que
l'on connaît et le Directeur général des élections
est affecté directement par le projet de loi 68. Uniquement sur la
recevabilité. (21 heures)
Le Président CM. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, sur la motion de recevabilité, non pas sur le
fond.
M. Bélisle: M. le Président, je vais attendre pour
prendre mon droit de parole sur le fond. Je vous laisse décider.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles.
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, sur la recevabilité?
M. Polak: ...sur la recevabilité.
Le Président (M. Lemieux): Sur la recevabilité, M.
le député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je soutiens que ce
sous-amendement est totalement irrecevable. Je pense que ce serait
intéressant si les électeurs de Taillon et d'autres comtés
de l'Opposition lisaient un peu ce qui a été dit depuis cet
après-midi. Cet amendement est seulement fait dans le but de retarder
les travaux normaux de cette commission. Nous n'avons même pas encore
étudié l'article 1 du projet de loi. Si vous recevez cette
motion, vous jouez le jeu d'une...
M. Filion: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Taillon, sur une question de règlement parce que j'ai déjà
à juger de la recevabilité d'une motion. Effectivement, je
pourrais interrompre le député...
M. Chevrette: Ce n'est pas sur la question de règlement.
Est-ce que vous pouvez permettre de plaider sur les intentions de celui qui
propose? C'est ce que fait le député de Sainte-Anne.
Le Président (M. Lemieux): J'allais rendre une
décision à cet effet. Il me semble clair, et c'est indiqué
dans un texte que j'ai devant moi, qu'une motion d'amendement qui est
présentée, on ne peut pas la juger irrecevable sur des
prétentions ou des suppositions. C'est clair pour moi. Mais
peut-être que le député de Sainte-Anne a autre chose
à ajouter.
M. Polak: M. le Président, j'ai dit et je
répète qu'accepter une telle motion, ce serait jouer le jeu de
l'Opposition qui fait de l'obstruction continuelle. Je voulais faire cette
remarque parce que je voudrais que ce soit bien enregistré et que tout
le monde sache que, depuis qu'on a commencé ces travaux, c'est du
non-sens pur, ils sont ici pour occuper le temps. S'ils veulent prendre du
temps, pourquoi on ne suspendrait pas nos débats jusqu'à 23
heures? On va vous donner encore deux heures. Je vais faire quelques appels
téléphoniques, étudier un peu des affaires plus
intéressantes et peut-être que tout le monde pourrait en
bénéficier. Si vous cherchez cela, on peut vous l'accorder, il
n'y a pas de problème, j'en suis certain, parce que, jusqu'à
maintenant, ce que vous avez dit, pour ceux qui nous ont élus, c'est une
déception totale.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, cela va sur votre question de règlement. J'aimerais
simplement ajouter ceci: Les raisons pour lesquelles une motion d'amendement
est présentée n'ont pas è être prises en
considération pour juger de sa recevabilité. Je pense que
Beauchesne est très clair sur cet aspect. Maintenant, l'amendement est
jugé recevable.
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président.
M. Chevrette: Une demande d'information avant ou de directive.
Est-ce que le député proposeur de l'amendement doit prendre
immédiatement ses trente minutes ou s'il peut laisser d'autres
collègues parler dix minutes et, par la suite, prendre ses trente
minutes?
M. Filion: Dix minutes sur la...
M. Chevrette: C'est trente minutes pour celui qui propose
l'amendement.
Le Président (M. Lemieux): Si je lis, M. le
député de Joliette, l'article 209, l'auteur de la motion aurait
à prendre la parole pour trente minutes immédiatement. Ceci est
en vertu de l'article 209, paragraphe 2.
M. Filion: M. le Président, pour le bénéfice
de l'ensemble des membres de cette commission, je voudrais expliquer
l'importance et les conséquences du projet de loi pour le Directeur
général des élections.
D'abord, je pense qu'il faut voir l'article 9 dans l'ensemble du projet
de loi. Plus particulièrement, en ce qui concerne l'article 7, on l'a
vu, le ministre élabore et propose au gouvernement des politiques
relatives à l'acquisition et à la fourniture de biens et de
services pour les ministères. Il peut adopter les règlements
qu'il veut pour donner effet à ces politiques.
À l'article 8, on a les fonctions et pouvoirs du ministre.
J'attire votre attention sur les paragraphes suivants: 1° en ce qui
concerne les besoins immobiliers des ministères et organismes: 2° en
ce qui concerne l'inventaire; 3° cela est très important, "prendre
les mesures nécessaires pour l'obtention du meilleur rapport
qualité/coût lors de l'acquisition ou de la fourniture de biens et
de services;" 4° effectuer ou faire effectuer des recherches; "5
s'acquitter des autres devoirs que lui assigne le gouvernement."
Par exemple, retenons le paragraphe 3 de l'article 8 pour les fins de ma
démonstration. À l'article 9, on assimile à des organismes
publics une certaine catégorie de personnes dont le
lieutenant-gouverneur dont l'autonomie, je pense, n'a pas besoin d'être
rappelée, l'Assemblée nationale elle-même -
l'Assemblée nationale plus le lieutenant-gouverneur égalent le
pouvoir législatif qui doit être indépendant du pouvoir
exécutif - et, également, un
organisme dont l'Assemblée nationale nomme les membres et une
personne qu'elle désigne. J'en énumère quelques-uns, de
mémoire: les membres de la Commission des droits de la personne, le
Bureau du Directeur général des élections dont il est
question principalement dans ma motion, le Bureau du Protecteur du citoyen -
sauf erreur, ce dernier est nommé par l'Assemblée nationale - et
le jurisconsulte de l'Assemblée nationale et non pas du gouvernement.
Alors, il s'agit d'organismes ou de personnes dont, par définition, les
fonctions exigent la plus stricte neutralité, la plus stricte
indépendance, la plus stricte autonomie. On n'a pas besoin de
réfléchir longtemps. Prenons le cas de ce qui est contenu dans ma
motion d'amendement. Si on parle, par exemple, du Directeur
général des élections, je pense bien que je n'ai pas
besoin d'argumenter longtemps pour que l'on comprenne rapidement autour de
cette table que celui-ci doit être parfaitement indépendant.
Or, ce que vient faire le projet de loi 68 présenté par le
ministre, il vient faire dépendre ces gens du ministre des
Approvisionnements et de son futur ministère qui va être
créé lors de l'adoption du projet de loi, pour l'obtention des
biens et des services dont Ils pourraient avoir besoin dans l'exécution
de leurs fonctions. Je pense que cela clôt la démonstration
peut-être un peu théorique de mon point de vue, mais je vais
donner un exemple concret. Supposons, M. le Président, qu'on est
à quelque deux mois des élections ou même que les brefs ont
été émis, que le Directeur général des
élections se retrouve dans une situation où il a besoin, comme il
en a eu besoin au cours des dernières élections, d'un ensemble
d'avis juridiques. En l'espèce, l'exemple que j'ai à l'esprit de
la dernière campagne électorale, c'était toute la question
du débat des chefs, vous vous en souviendrez. Est-ce que c'était
conforme ou non à la Loi électorale et à l'ensemble des
lois qui sont sous la juridiction du Directeur général des
élections? Or, si le projet de loi était adopté tel quel,
cela aurait comme conséquence de faire en sorte que le Directeur
général des élections dépendrait du pouvoir
exécutif pour aller chercher les biens, dans ce cas-ci, les avis,
plutôt un service professionnel dont il aurait besoin dans
l'exécution de sa tâche. On peut en supposer une infinité
d'autres. Par exemple, le Directeur général des élections
peut avoir besoin non pas d'avis juridiques, mais de faire imprimer une
série supplémentaire de bulletins de vote pour toutes les
circonscriptions électorales parce que, en ce qui concerne l'impression
principale, il y a eu des problèmes. À ce moment-là, il
serait obligé de s'adresser au ministre qui représente le pouvoir
exécutif pour mener à bien son mandat électoral, ses
fonctions électorales.
Il n'y a aucun doute dans mon esprit, M. le Président - je ne
sais pas si j'ai convaincu le député de Hull et ministre -que le
Directeur général des élections est directement
concerné par ce projet de loi qui peut affecter ses fonctions. À
partir de ce moment, il reste à se poser la question suivante: Est-ce
que, M. le ministre, vous devez accepter cette suggestion, ainsi que les
membres du côté ministériel, que nous entendions en
commission parlementaire, ici, à l'occasion de l'étude de ce
projet de loi, le Directeur général des élections pour
qu'il vienne nous apporter son opinion, son avis?
Encore une fois, le Directeur général des
élections, c'est un personnage qui doit être bardé contre
toute influence. Il doit être protégé contre toute
tentative ou même semblant de tentative par l'exécutif de venir
jouer dans ses plates-bandes. Les tentations peuvent être grandes, M. le
Président, de se servir, par exemple, d'une demande de contrat qu'on
laisse traîner un petit peu. C'est par le Directeur générai
des élections, il a besoin de quelque chose, on peut le laisser
traîner un petit peu. On peut lui serrer la vis sur certaines choses. On
peut se servir des règlements qui, on le sait, sont sans limite pour
arriver à lui compliquer un petit peu l'existence.
Généralement, d'ailleurs, le Directeur
général des élections doit fonctionner à moult
reprises dans des situations d'urgence, dans des situations où il n'a
pas le temps de consulter Pierre, Jean, Jacques ou de consulter le
troisième sous-chef du ministère. Il doit prendre ses
décisions rapidement pour le bien-être de notre démocratie
parce que c'est à cela qu'il est affecté directement. Il est
chargé de faire en sorte que nos règles démocratiques
jouent pleinement et jouent librement, sans intervention de
l'exécutif.
Or, par les combinaisons des articles 7, 8, et 9, je pense avoir
démontré aux membres de cette commission qu'il existe un danger
réel d'empiétement sur le travail et les fonctions du Directeur
général des élections. À ce moment-là, une
convocation en commission parlementaire peut se faire rapidement, encore une
fois. Le Directeur général des élections - je le sais, on
l'a reçu à plusieurs reprises à la commission des
institutions - est un homme qui comprend que, dans certains cas, il doit donner
son opinion à des commissions parlementaires. Il vient à
plusieurs reprises au cours de l'année. Je suis convaincu qu'il se
ferait un devoir d'accepter notre invitation, l'invitation des membres de cette
commission pour nous faire part des conséquences, quant à lui, de
l'adoption de l'article 9 qui ne serait pas modifié.
C'est bien sûr, M. le Président, que ma motion d'amendement
sous-tend un peu une opinion. Mais je pense que cela serait anti-
réglementaire pour moi que d'aborder cela ailleurs que dans ma
motion principale. Une opinion que le ministre devine: pourquoi assujettir des
organismes dont l'Assemblée nationale a jugé l'importance
tellement grande qu'on les a mis dans une classe à part? Pourquoi aller,
par le biais du projet de loi 58, assujettir ces gens-là à une
loi et à une réglementation inconnue pour le moment? C'est une
réglementation dont la seule chose connue est: il n'y a pas de limite;
de A à Z, on va réglementer. (21 h 15)
M. le Président, dans le cas qui nous préoccupe, le
Directeur général des élections doit toujours être
au-dessus des mêlées. Son devoir d'impartialité, son devoir
de se situer au-dessus des mêlées en fait un interlocuteur de
premier choix pour les membres de cette commission. Il faudrait qu'il vienne
lui-même nous exposer... Parce que les cas que je donnais tantôt
sont des exemples issus de mon imagination, mais je pense qu'ils
coïncident avec la réalité. Peut-être qu'il en a
d'autres, le Directeur général des élections.
Peut-être qu'il y a d'autres parties du projet de loi qui lui causeraient
des embêtements susceptibles de faire dévier son mandat
principal.
Je prenais, par exemple, tantôt, le paragraphe 3 de l'article 8.
Quand le ministre et son futur ministère prendront, par
règlement, "les mesures nécessaires pour l'obtention d'un
meilleur rapport qualité/coût lors de l'acquisition ou de la
fourniture de biens ou de services", cela veut-il dire que, pour imprimer, par
exemple, les bulletins de vote, le ministère - c'est clair, s'il n'y a
pas d'amendement, en tout cas - va pouvoir imposer au Directeur
général des élections des imprimeries alors qu'on sait que
l'impression de documents électoraux, des bulletins de vote, c'est une
matière qui ne doit pas laisser prise même à un
soupçon de partialité? Je pense que, tels que
rédigés, ces articles-là viennent resserrer l'étau
sur les activités du Directeur général des
élections. Ils viennent, en quelque sorte, lui rendre même
l'exécution de son mandat périlleuse ou impossible.
Encore une fois, le but de ma motion est de faire en sorte qu'il puisse
être entendu avec ses conseillers, avec son équipe. Je pense qu'il
a deux directeurs généraux adjoints; sauf erreur, il y a le
directeur général et deux adjoints. Il y a le financement
également qui est impliqué là-dedans. Ces gens-là
pourraient venir apporter leur éclairage aux membres de la commission;
pas seulement au ministre. Le ministre pourra me dire: Écoutez, je vais
les appeler. Il pourra même me dire: Je les ai appelés. Mais cela
me surprendrait beaucoup qu'il y ait eu consultation préalable. S'il n'y
a pas eu de consultation préalable, je pense que c'est le temps, avant
qu'il soit trop tard, de consulter le Directeur général des
élections.
J'ai mentionné tantôt que dans la même situation se
retrouvent le Protecteur du citoyen, les commissaires de la Commission des
droits de la personne, le jurisconsulte du gouvernement. Je suis convaincu
qu'il en existe d'autres, mais mon expérience modeste à cette
Assemblée nationale me fait limiter à ces quatre individus ou
organismes le nombre de nominations qui sont faites directement par
l'Assemblée nationale. Je suis convaincu que le député de
Hull, qui a une expérience beaucoup plus grande que la mienne en
semblable matière, pourra allonger cette liste de personnages qui jouent
des rôles fondamentaux.
Pourquoi sont-ils nommés par l'Assemblée nationale? Cela
vaut la peine de se poser la question. Pourquoi ces gens-là sont-ils
nommés par l'Assemblée nationale, plutôt que par le Conseil
exécutif? Pourquoi la nomination du Directeur général des
élections doit-elle être ratifiée par les deux tiers, si ce
n'est pour assurer la parfaite indépendance, la totale
indépendance? Encore une fois, ce que je disais cet après-midi
s'applique. Non seulement doivent-ils être indépendants, mais cela
doit paraître également qu'ils le sont. On a toute la population
qui nous regarde en temps d'élections. Combien y avait-il de
caméras et de micros braqués sur le Directeur
général des élections pendant la dernière
élection lorsqu'il y avait un problème sur le débat des
chefs? S'il avait fallu, à ce moment-là, que le Directeur
général des élections dise: Ecoutez, j'ai un
règlement ici du ministère des Approvisionnements et Services qui
m'empêche de requérir les avis juridiques dont j'ai besoin, alors
qu'en période d'élections l'échéancier
électoral ne souffre pas de règlements, ne souffre pas de
délais, le calendrier électoral doit être appliqué
rigoureusement et intégralement.
Là, on va venir lui mettre des bâtons dans les roues, parce
que, M. le Président, je veux que vous le sachiez, le Directeur
général des élections n'a pas cette contrainte
actuellement. Je défie n'importe qui autour de cette table de mettre en
cause son administration ou l'achat de biens et de services par le Directeur
général des élections. Je défie n'importe qui
autour de cette table de mettre en cause la parfaite impartialité du
Directeur général des élections et de son
équipe.
Mais alors pourquoi venir l'impliquer malgré lui dans un projet
de loi qui vient affecter son soutien administratif et même, dans
certains cas, son soutien carrément physique, son soutien professionnel,
etc? Je suis convaincu que le député de Hull et ministre
titulaire de ce futur ministère des Approvisionnements et Services
concourra à
notre demande de faire entendre le Directeur général des
élections. Si ce n'est pas physiquement possible, on pourrait
peut-être lui lancer l'invitation et le Directeur général
des élections nous répondra. Il peut nous envoyer une note. On en
prendra connaissance à ce moment-là. C'est nous, les
législateurs, qui devons finalement nous lever en Chambre lors d'un vote
et voter sur le contenu de ce projet de loi. Je suis convaincu que ce vote
sera, d'ailleurs, fait sans aucun esprit de partisanerie en ce qui a trait au
Directeur général des élections.
Sûrement que les députés ministériels peuvent
comprendre notre préoccupation à cet égard. En ce sens, je
propose donc la motion d'amendement que vous avez lue tantôt et que je
voudrais répéter: "Que la commission, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 68, Loi sur le
ministère des Approvisionnements et Services et modifiant diverses
dispositions législatives, procède à des consultations
particulières en entendant...
Le Président (M. Lemieux): ...le Syndicat canadien de la
fonction publique, ainsi que le Directeur...
M. Filions ...le Syndicat canadien de la fonction publique, ainsi que le
Directeur général des élections du Québec". C'est
cela. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): C'est un sous-amendement
à l'amendement.
M. Chevrette: Non, c'est un amendement à l'amendement.
Le Président (M. Lemieux): C'est un amendement à
l'amendement.
M. Filions C'est cela.
M. Chevrette: Parce que l'autre amendement a été
battu tantôt. C'est cela?
Le Président (M. Lemieux): Excusez-moi, M. le
député de Taillon, relativement à la motion d'amendement,
vous y ajoutez "du Québec".
M. Filions Oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous rectifiez l'amendement qui
avait été proposé en y ajoutant "du Québec". Cela
va.
M. Filion: Mais j'avais écrit "du Québec", M. le
Président.
M. Chevrette: C'est parce que je ne lui avais pas donné le
bon papier.
Le Président (M. Lemieux): Les mots "du Québec"
n'étaient pas écrits.
M. Filion: Je les avais sur le document: "Le Directeur
général des élections du Québec."
Le Président (M. Lemieux): Cela va. Je vous remercie.
Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui veulent intervenir sur la motion
d'amendement? M. le ministre?
M. Bélisle: M. le Président, je voudrais attendre
encore un peu.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je concours à cet
amendement, bien sûr, puisqu'on parle beaucoup de l'indépendance
des institutions. On a voulu que le Directeur général des
élections ait cette indépendance. C'est précisément
pourquoi on a soumis sa nomination au vote de l'Assemblée nationale. Il
n'appartient pas à un ministre de nommer le Directeur
général des élections. Il est nommé à la
suite d'un vote des deux tiers des membres de l'Assemblée nationale. On
insiste énormément là-dessus. On procède toujours,
on s'en souviendra, au cours des fins de session, à ce genre de
nominations importantes. Son salaire est même défini par
l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale. On assujettirait son
administration à un ministre sectoriel? Cela me paraît tout
à fait aberrant.
Son indépendance, le député de Taillon l'a
très bien fait ressortir. En temps d'élections, il a besoin de se
retourner très rapidement pour loger des commandes ici et là.
Suivre une procédure stricte qui lui serait imposée par un
ministre l'empêcherait d'avoir cette indépendance totale
vis-à-vis de l'exécutif.
On a voulu que le Directeur général des élections
relève du législatif et non pas du pouvoir exécutif. Cela
m'apparaît drôlement important qu'à ce stade-ci on comprenne
que ce n'est pas la tutelle du ministre que l'on ne veut pas voir là,
mais bien plutôt entendre le directeur général nous dire
lui-même ici en cette commission: Voici les motifs qui me poussent
à exiger ou à demander cette liberté totale d'action,
à cause du type de travail que j'ai à accomplir non pas pour
l'ensemble d'un ministère ou d'un gouvernement, mais pour l'ensemble de
la législation québécoise. À mon ' sens, l'article
9 va très loin de ce côté-là et permet
véritablement une mainmise qui pourrait avoir des répercussions
extrêmement grandes et extrêmement graves. Au moment où il y
a dissolution des Chambres, par exemple, cette dépendance
administrative
qu'on laisserait planer dans les textes juridiques, à mon avis,
serait peut-être même extrêmement néfaste pour tout
notre système politique québécois.
Peut-être que le ministre a peur qu'en assoyant le Directeur
général des élections au bout de la table on abuse du
temps. Peut-être craint-il qu'on passe des heures et des heures et qu'on
dévie sur le financement des partis politiques ou sur autre chose. Nous
pourrions nous en tenir exclusivement à l'aspect suivant, au
degré d'autorité et d'autonomie dont il a besoin pour assurer
pleinement ses fonctions en toute indépendance vis-à-vis du
pouvoir exécutif et d'un ministère sectoriel, en particulier,
bien sûr. Il faut qu'il conserve toutes ses coudées les plus
franches possible vis-à-vis de l'Assemblée nationale. C'est
devant le Parlement que le Directeur général des élections
doit répondre. C'est le Parlement qui procède à sa
nomination, je le répète. C'est lui qui a fixé sa
rémunération et Dieu sait que c'est assez odieux pour ces
personnes qu'on va chercher bien souvent à cause... On sait très
bien, il n'y a pas de cachette, qu'il y a toujours une entente entre les deux
chefs de parti. Le premier ministre du Québec appelle son
vis-à-vis, le chef de l'Opposition, et lui dit: Nous proposerions un tel
comme président d'élections. L'acceptez-vous, oui ou non? On sait
que cela a toujours été de même, tout comme la
présidence de l'Assemblée nationale. C'est par entente entre les
partis et on exige même le vote des deux tiers du Parlement, surtout
lorsqu'on avait plusieurs partis à l'intérieur de
l'Assemblée nationale. On s'est arrangé pour que ce soit
véritablement un consensus majoritaire pour ne pas dire unanime, mais on
n'a jamais vu jusqu'à maintenant de vote majoritaire. Cela a toujours
été des votes unanimes. On lui confie, bien sûr, des
responsabilités qui ne touchent pas seulement un secteur
d'activité, mais il a entre les mains toute la notion de probité
qui entoure cette question de l'élection du gouvernement de l'ensemble
des Québécois.
C'est pourquoi je trouve extrêmement curieux que,
spontanément, si on ne veut pas le recevoir, on ne dise pas: On est
convaincu et on arrivera avec un amendement pour soustraire le Directeur
général des élections à la loi. Si tel était
le cas, je dirais au ministre immédiatement: Nous retirons notre
amendement. Si tel n'est pas le cas, nous allons au moins solliciter sa
présence ici pour qu'il puisse nous expliquer l'importance de
n'être assujetti à aucune directive administrative pour lui
permettre précisément d'agir sans aucune contrainte de quelque
autre fonctionnaire que ce soit.
M. le Président, il faut relier cela à l'article 7. C'est
bien beau de parler de l'article 9 qui est la base de l'argumentation du
député de Taillon, mais, si on relie cela à la largeur du
mandat que peut avoir le ministre dans l'article 7, on peut avoir une
procédure telle en vertu de règlements que le Directeur
général des élections soit complètement
paralysé. (21 h 30)
Le ministre peut... J'ai remarqué qu'on a une nouvelle expression
sur le plan de la législation maintenant qui est "prendre des
règlements". J'ai déjà vu d'autres termes que "prendre des
règlements", mais, depuis un certain temps, je remarque que cela a l'air
d'être une expression consacrée au niveau de la
législation: "prendre des règlements". On aura beau en prendre;
surtout quand il n'y a pas de balises, on peut réglementer sur à
peu près tout! Cela devient un danger extrême, des
barrières extraordinaires, et, quand on parle d'instituer possiblement
des barrières pour des organismes que le Parlement tout entier veut
autonomes et indépendants de l'exécutif, je ne comprends pas
qu'on n'accepte pas cette argumentation. Je trouve, personnellement,
extrêmement dangereux ce qu'on en est en train de faire sur le plan de
l'indépendance même, de la liberté d'action d'organismes
pour lesquels le Parlement en entier, et cela à l'unanimité des
partis politiques, autant libéral que péquiste, a voulu cette
indépendance totale, cette liberté d'action totale, sans aucune
entrave de l'exécutif, mais plutôt avec une dépendance du
législatif. Par ce projet de loi, on est sur le point d'enlever ce
pouvoir qu'avait le Directeur général des élections. Cette
liberté totale, cette indépendance de l'exécutif, on est
à la remettre en question. Je pense que c'est nocif. Comme
législateurs - parce que nous, les députés, on n'est pas
là comme exécutants, on est des législateurs - est-ce
qu'on veut remettre en question l'indépendance du Directeur
général des élections, oui ou non? C'est la question qu'il
faut se poser. Si c'est non, on doit lui permettre de venir l'exprimer pour
qu'on puisse corriger adéquatement le projet de loi. Ne serait-ce que
pour un court laps de temps, je pense qu'il vaudrait la peine de le faire.
Sous-amendement
Je propose donc, en sous-amendement, qu'on ajoute à la fin de la
motion d'amendement: "pour une durée d'une heure, après entente
entre les deux leaders quant au moment de la convocation."
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous me l'écrire,
M. le député?
M. Chevrette: Oui, elle est écrite.
Le Président (M. Lemieux): "...pour une durée d'une
heure, après entente..." Le sous-
amendement relativement à la proposition d'amendement de la
motion principale pour consultation particulière est recevable, parce
que le sous-amendement ne va pas, comme tel, à l'encontre du principe du
projet de loi et a un lien direct avec l'amendement que l'on veut sous-amender.
À cet effet-là, j'aimerais vous citer un texte de Beauchesne qui
dit que: "L'objet d'un sous-amendement étant de modifier un amendement,
il ne devrait pas élargir la portée de l'amendement, mais se
rapporter à des questions non visées par celui-ci; si l'intention
est de soulever des questions étrangères à l'amendement,
le député devrait attendre qu'on ait statué sur
l'amendement pour en prononcer un nouveau." Dans le cas présent, ici, on
cherche à préciser le fond de l'amendement et la proposition est,
à mon avis, recevable, parce qu'on cherche à éclaircir
davantage l'amendement qui a été proposé.
Le sous-amendement est recevable. M. le député de
Joliette, sur le sous-amendement, en vertu de l'article 209, paragraphe 2, vous
avez trente minutes.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
prendre trente minutes, mais je veux quand même, pendant quelques
minutes, plaider sur l'importance du geste que je viens de poser.
On semble oublier l'importance de l'indépendance du Directeur
générai des élections au Québec. Bien sûr
que, de prime abord, en lisant l'article 9, on peut ne pas avoir peur et dire:
Le ministre n'a pas de problème, ce n'est pas cela qu'il vise. Je suis
convaincu qu'il aurait probablement raison de dire que ce n'est pas ce qu'il
vise. Donc, ce n'est pas une question d'atteinte à la
crédibilité de l'homme qui rédige la loi, ce n'est pas
cela.
Je veux bien m'expliquer. On sait très bien qu'on commence par
réglementer et qu'il n'y a même pas de prépublication des
règlements dans la Gazette officielle permettant de les expliciter... Ce
n'est pas encore voté, n'en déplaise à l'avocat-conseil.
Ce n'est pas encore voté. On ne peut jamais présumer qu'une loi
est adoptée tant qu'elle ne l'est pas. C'est un autre principe de droit
qui est assez vieux, en passant.
À partir de là, on est obligé d'étudier les
lois en fonction du cadre légal qui nous est imparti. Au moment
où on se parle, il n'y a absolument rien qui me dit qu'on pourra
s'exprimer d'une façon officielle. Qu'on pourra, nous, comme
parlementaires, regarder les projets de règlement. Qu'on pourra les
amender au besoin au cas où il y en aurait un qui entraverait la
liberté d'action d'un directeur d'élections. C'est
drôlement important pour les parlementaires. Est-ce qu'on change de cap
ou si le Parle- ment veut conserver cette liberté et cette autonomie
d'action du Directeur général des élections?
Je suis persuadé que c'est beaucoup plus sérieux que cela
ne semble l'être. Plusieurs pensent que ce sont des motions dilatoires.
Ce n'est pas dilatoire quand il y a des principes fondamentaux en cause, des
principes qui peuvent remettre en question des vieux principes que le Parlement
a pris du temps à adopter, en passant. Le Parlement a pris beaucoup de
temps à évoluer là-dessus. Vous vous en rendrez compte
parce qu'il y a d'autres motions qui vont venir pour défendre des
principes bien concrets, bien précis et qui s'inscrivent dans le sens de
l'évolution normale du Parlement, qui veut faire en sorte que le
législatif prenne de plus en plus sa place dans le Parlement actuel.
M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, vous êtes...
M. Chevrette: Non, je veux démontrer que cela va se lier
à autre chose. Je les préviens. Je trouve cela correct. Si je ne
les prévenais pas, ce ne serait pas correct.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, s'il vous plaît! Vous savez, la frontière est
très mince entre la motion d'amendement et la motion de sous-amendement.
Je vois par l'expression de votre visage que vous comprenez très bien ce
que je veux dire. Essayez, s'il vous plaît, dans la mesure du
possible...
M. Chevrette: Je vous avoue que mon impression ne paraît
pas au Journal des débats.
Le Président (M. Lemieux): J'en conviens, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: N'eussent été vos paroles, personne
ne s'en serait rendu compte. Merci.
Le Président (M. Lemieux): J'en conviens, M. le
député de Joliette. S'il vous plaît, essayez de vous en
tenir au sous-amendement.
M. Chevrette: Cela dit, une heure avec le Directeur
général des élections, pour analyser les dangers d'un tel
article dans la conjoncture actuelle - il faut toujours se placer dans la
conjoncture du droit actuel -une heure pour lui faire donner des exemples, lui
poser des questions, à savoir qu'arrive-t-il si - parce qu'il peut nous
répondre sur des situations concrètes - ce n'est pas gros dans la
vie d'un parlementaire pour nous assurer que notre loi, sur laquelle
on aura à voter, autant ici qu'en haut en troisième
lecture, n'entravera en rien son autonomie d'action, sa liberté
d'action.
Ce n'est pas gros une heure dans la vie d'un parlementaire pour
écouter un directeur d'élections et, au besoin, lui poser des
questions pour nous assurer, comme législateurs, qu'on ne commet pas de
fautes graves, qu'on ne veut pas faire marche arrière par rapport
à ce qui a été entrepris il y a quelques années
afin que certaines structures soient placées au-dessus des partis
politiques et au-dessus même du pouvoir exécutif.
Je suis persuadé que, sans le vouloir, adopter cet article tel
quel, sans entendre le Directeur général des élections,
sans se poser des questions d'une façon sérieuse, c'est risquer
de nous ramasser dans des situations déplorables où on aura fait
reculer littéralement l'indépendance absolue qu'il nous faut
donner à ces formes de structures qu'on a dépolitisées
d'une certaine façon, que l'on a voulu voir échapper à la
partisanerie politique.
Cela dit, je suis convaincu que ce n'est pas l'objectif. Donc, si ce
n'est pas l'objectif, pourquoi ne pas chercher immédiatement un moyen
concret de s'assurer que l'objectif de neutralité soit
sauvegardé, de s'en assurer immédiatement, sans attendre
d'être placé a posteriori devant des situations de fait qui
obligeront des parlementaires à revenir s'asseoir pendant des heures et
des heures pour parler des amendements à une loi?
C'est au moment où l'on légifère qu'on doit penser
aux éventualités. C'est là la clairvoyance d'un
législateur. Ce n'est pas de ridiculiser un amendement qui vient de
l'Opposition. Ici, on est tous égaux, quel que soit le côté
de la Chambre. Comme législateurs, on doit avoir cette clairvoyance et
on doit chercher, quand on croit à des objectifs, à les rendre
correctement dans nos textes de loi.
Si on n'accepte pas de se pencher d'une façon sérieuse,
d'écouter les mises en garde que pourrait nous faire un des dirigeants,
par exemple, d'une structure qui se veut apolitique, c'est parce qu'on ne croit
pas aux principes de neutralité et de liberté d'action et
d'indépendance totale vis-à-vis du pouvoir exécutif. C'est
ce que vise cette demande pressante d'écouter le Directeur
général des élections nous dire à quel type de
situations il a à faire face dans une année ou dans deux,
à l'intérieur de quatre ans.
À quelle sorte de situations? Je prends un exemple concret pour
asseoir mes dires. Dernièrement, le Directeur général des
élections voulait surseoir à la parution publique des
résumés de dépenses électorales sous
prétexte qu'il faisait une économie. Mais c'est textuel dans nos
lois. Il aurait fallu amender la loi pour le soustraire à cette
obligation. Cette obligation de transparence et de publication, il est
obligé de s'y soumettre en vertu de la loi, précisément
pour que ceux qui ont un intérêt public puissent savoir si le
député Untel a dépensé 31 000 $, 32 000 $ ou 30 000
$ et peut-être faire une contre-preuve. Cela a été fait
dans le sens d'assurer le plus grand intérêt public et la plus
grande probité publique, s'il y avait des choses qui sautaient aux yeux
dans les résumés pour permettre à un individu
d'intervenir. C'est cela, avoir des balises permettant au peuple, en
général, d'avoir des poignées pour s'accrocher et
être capable d'assurer cette probité publique dans les
dépenses dites électorales. C'est un seul exemple que je donne.
Mais si on avait amendé la loi et, tout de suite, de consentement, si
les législateurs avaient dit: Bon, on enlève cela, si le citoyen
avait voulu se prévaloir d'un droit, qu'aurait-il fait?
Je pense qu'il y a des lois qui ne sont pas faites exclusivement pour
les parlementaires, pour se faire plaisir. Les lois, je m'excuse, mais c'est
fait pour tout le monde. Les gens, c'est l'indépendance de certaines
structures qu'ils recherchent et non pas le plaisir de s'attribuer la tutelle
d'une politique d'achat pour le Directeur général des
élections.
Comme je sais que ce n'est pas le désir du ministre, il me semble
que, sur ce point précis, il devrait nous permettre d'entendre pendant
quelques minutes, pendant une heure à peine, le Directeur
général des élections nous donner les dangers. Cela
m'apparaîtrait sérieux; cela m'apparaîtrait quelque chose de
correct de la part de parlementaires qui désirent véritablement
ne pas changer les objectifs fondamentaux qui existent là-dessus.
Au contraire, pourquoi ne pas laisser l'administration, à sa
guise, faire des ententes entre le Directeur des achats et le Service des
achats du gouvernement quand la chose est possible? Sur le plan administratif,
des ententes du genre, cela se fait. Mais si on sent le besoin de le mettre
dans une loi, ce n'est pas la même chose. Le ministre parlait, par
exemple, lors de l'étude des crédits, d'inciter les
municipalités, d'inciter d'autres structures gouvernementales, les
CRSSS, à se servir du système d'achat central. Il disait cela de
certaines structures qui tirent complètement tout du gouvernement en
termes de financement. Il voulait ne se servir que du moyen incitatif pour des
structures qui ont beaucoup moins d'autonomie que ne devrait en avoir le
Directeur général des élections. Mais c'est le contraire
qui se produit dans les faits. Celui qui a besoin d'autonomie est assujetti par
la loi et, pour celui qui aurait besoin de resserrement, ce sera l'incitation.
(21 h 45)
M. le ministre, il me semble qu'il y a
quelque chose qui ne va pas et, là-dessus, je vous avoue
très honnêtement que j'aimerais vous entendre et à
l'intérieur de ma demi-heure, s'il le faut, afin qu'il y ait un certain
dialogue sur ce sujet, Au-delà de toute procédure parlementaire
qu'on peut avoir, le principe fondamental qui est en cause m1
apparaît sérieux et je crois qu'on pourrait se permettre une
discussion franche et honnête sur cela.
Le Président (M. Després): M. le
député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. À la
suite des propos de mon collègue, le député de Joliette,
étant donné qu'il y avait consensus du côté de
l'Opposition, je ne sais pas si le ministre est prêt à intervenir
ou, du moins, à donner un son de cloche quant aux propos de mes
collègues de Taillon et de Joliette, à savoir si le ministre et
les gens de cette commission sont prêts à demander au Directeur
général des élections de comparaître. Je comprends
difficilement, je vous l'avouerai, que, depuis 16 heures cet après-midi,
nous soyons là à essayer de convaincre le ministre pendant de
longues minutes et voire des heures de faire comparaître d'abord certains
syndicats et, au cours des dernières minutes, de faire comparaître
le Directeur général des élections. Dans le cas du
Syndicat de professionnels du gouvernement, il y a eu un rejet, mais quant
à la proposition de mon collègue, le député de
Joliette et à son amendement, je crois qu'il est drôlement
important que le ministre puisse nous dire ce qu'il en pense - il a
manifesté tantôt un certain intérêt à pouvoir
donner son idée -afin que, du côté de l'Opposition, on ne
soit pas là à plaider pendant de longues minutes et pendant des
heures pour convaincre le ministre qui semblait tout disposé à
donner suite aux différentes demandes en revenant après souper.
Comme l'expliquait si bien mon collègue, le député de
Joliette, ce n'est pas notre but de retarder quoi que ce soit. Si j'ai à
plaider durant 10 minutes, 20 minutes, 30 minutes et ainsi de suite pour les
différents collègues, je crois que c'est du temps qu'on pourrait
consacrer pour faire comparaître ces gens parce que cela me semble
drôlement important.
Le fait que l'amendement tel qu'il a été
présenté par mon collègue de Joliette soit en ce sens que
le Directeur général des élections puisse
comparaître devant cette commission pour une durée d'une heure
seulement, cela donne au moins l'assurance qu'on n'a pas l'intention
d'étirer la discussion et d'étirer beaucoup plus longuement les
débats. Cela me semble important surtout en fonction du fait que le
Directeur général des élections se doit de garder,
à mon avis, toute sa latitude, toute sa liberté d'expression et
toute sa marge de manoeuvre. On sait à quel point ce bonhomme dans
certaines périodes de l'année ou dans les prochaines
années pourrait se retrouver dans des situations très
délicates. Le ministre a sûrement été très
sensibilisé par les différents propos de mes collègues par
rapport à cela, entre autres, le député de Taillon et le
député de Joliette, afin qu'il puisse donner suite à cette
demande. Les différents membres de cette commission...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, dans votre droit de parole, vous avez à vous exprimer sur le
sous-amendement et non pas sur la motion d'amendement.
M. Parent (Bertrand): Si je ne m'abuse...
Le Président (M. Lemieux): J'aurai à appeler tout
à l'heure le sous-amendement. C'est une ligne frontière qui est
mince, mais, s'il vous plaît, M. le député, essayez!
M. Parent (Bertrand): ...le sous-amendement de mon
collègue, le député de Joliette, était en ce sens
qu'on demande au Directeur général des élections de
comparaître pour une durée d'une heure.
Le Président (M. Lemieux): C'est cela, pour une
durée d'une heure après entente entre les leaders.
M. Parent (Bertrand): Ce que je plaide actuellement, c'est
l'importance du fait qu'on veuille circonscrire cette comparution à une
heure seulement. Vous conviendrez...
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que vous plaidiez un
peu avant, M. le député de Bertrand. Vous pouvez continuer, cela
va. Là, vous êtes vraiment dans le mille, M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je vous concède, M. le
Président, que c'est mince.
Le Président (M. Lemieux): C'est mince, effectivement.
M. Parent (Bertrand): Sauf que, si le ministre comprenait les
propos que je lui adresse, je crois qu'on pourrait arriver beaucoup plus
rapidement à une entente quant à cette comparution, si minime
soit-elle, car une période d'une heure, M. le Président,
donnerait l'occasion au Directeur général des élections de
s'exprimer, parce qu'on retrouve actuellement un dangereux
précédent qui pourrait se créer. On aura la version de
l'autre côté sur les prétentions
que nous avons en tant qu'Opposition quant à cet article 9. On
aura l'occasion de regarder cela beaucoup plus en détail. On pourra
échanger durant une heure.
J'aimerais que le ministre nous dise ce qu'il en pense au cours des
prochaines minutes et avant que d'autres de mes collègues qui le
souhaitent interviennent sur le sujet, qu'il puisse nous fournir une certaine
indication à savoir si les différents propos que nous avons tenus
et les dangers sur lesquels nous avons fait la lumière tantôt
seraient suffisants pour lui permettre d'accepter, dans le cadre de cette
commission, la présence du Directeur général des
élections.
Je vous dirai, en terminant, que je peux comprendre qu'on ne veuille pas
entendre, M. le Président, tous les représentants des syndicats.
Je peux comprendre qu'on ait peur d'allonger la période de temps mise
à notre disposition vu qu'on est en fin de session, mais je pense que
tout le temps qu'on perd - parce que c'est du temps perdu si on ne
réussit pas à convaincre le ministre - est du temps qu'on
pourrait consacrer pour les entendre. Si, il y a une heure, le ministre y avait
consenti, déjà nous en serions sûrement à discuter
certains des articles et à approuver le fameux projet de loi.
Il me semble important, je le répète, en fonction de tout
ce que cela peut toucher quant à la liberté d'action et
d'expression, qu'une période soit mise à la disposition des
différents membres de la commission, y compris des députés
ministériels qui n'avaient peut-être pas vu aussi loin les
implications et les problèmes que cet article pouvait causer. Je pense
que, si le ministre donne son feu vert, on pourra passer à autre chose.
Car il me semble important qu'on passe à autre chose, à moins
qu'on ne veuille, durant de longues heures, tenter de discuter à propos
des personnes que l'on fait intervenir devant cette commission.
Je pense que la démonstration a été faite en long
et en large, M. le Président. Une courte comparution du Directeur
général des élections ne ferait de mal à personne,
montrerait la bonne volonté du ministre et pourrait finalement
satisfaire non seulement les gens de l'Opposition, mais aussi toutes les
parties en cause, en l'occurrence le Directeur général des
élections qui, qu'on le veuille ou non, risque de se retrouver avec un
carcan. Si, lors de cette commission, on a l'occasion de l'entendre s'exprimer,
il nous donnera son point de vue quant à cette présentation et
à cette façon dont il devra vivre en vertu de l'article 9 du
projet de loi 68.
Je suis persuadé, comme nous l'avons vu
précédemment quant à la comparution des différents
syndicats, qu'ils n'auront pas d'autres occasions de le faire que devant cette
tribune. Le Directeur général des élections pourrait avoir
la possibilité de s'exprimer et, comme Opposition, on souhaite avoir
l'occasion de tirer cette affaire au clair une fois pour toutes. Sinon,
lorsqu'on abordera les articles, demain ou après-demain, peu importe, on
aura de longs débats sur l'article 9 qui pourrait être clos
rapidement. Ou, peut-être, à la suite de cette comparution, le
ministre proposera lui-même des amendements. II se rendra compte
lui-même qu'il est peut-être beaucoup plus prudent de changer et
ses conseillers pourront le mettre en garde contre cela. Ils pourront le
conseiller et apporter des amendements que nous pourrons ensuite approuver.
Tout cela se ferait dans un cadre où on éviterait d'avoir deux
heures de discussion pour une heure de comparution. Je pense que le ministre
est suffisamment ouvert d'esprit, transparent... Du moins, j'ai hâte
qu'il nous donne une bonne preuve de cela. J'aimerais qu'il puisse nous dire ce
qu'il pense, lui, de cette comparution puisqu'on n'a encore rien entendu de la
part du ministre concernant la comparution du Directeur général
des élections. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le député de Dubuc, vous
avez la parole relativement au sous-amendement à la motion d'amendement
présentée par le député de Taillon, à la
suite de la motion principale du député de Joliette.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Je suis bien heureux
que le député de Joliette ait présenté ce
sous-amendement. J'écoutais tantôt mes collègues
présenter leur argumentation pour essayer de démontrer au
ministre et à l'ensemble des membres de la commission ici
présents l'importance qu'il y avait de rencontrer, de recevoir,
d'interroger ou d'entendre les remarques que le Directeur général
des élections du Québec pourrait faire en ce qui a trait à
l'article 9 de ce projet de loi, qui, d'une certaine façon, l'obligera
à faire appel au titulaire du futur ministère des
Approvisionnements et Services.
Pendant que mes collègues présentaient leur argumentation,
j'observais le ministre. Dans sa physionomie, il me semblait lire une certaine
réticence à accepter l'amendement de mon collègue de
Taillon. C'est pourquoi je disais que j'étais heureux que mon
collègue, le député de Joliette et leader de l'Opposition,
présente ce sous-amendement. Je me disais que le ministre a
peut-être peur, en faisant venir le Directeur général des
élections sans imposer une limite de temps, que l'Opposition n'en
profite pour s'éterniser, bien que cela ne soit pas, je peux vous
l'affirmer, notre intention. Quand j'ai entendu mon collègue
proposer de limiter la comparution à une heure, comme il le fait par son
sous-amendement, j'ai repris espoir que le ministre pourrait sans doute
accepter une proposition de cet ordre.
Le deuxième argument que je veux évoquer montre vraiment,
de la part des membres de ce côté-ci de l'Assemblée, la
bonne foi dans le sens qu'il n'est pas de notre intention de faire
défiler ici des gens pour le simple plaisir de faire perdre le temps des
membres de notre commission, surtout de faire perdre le temps d'une personne de
l'importance du Directeur général des élections du
Québec. La deuxième partie du sous-amendement qui est
présenté par mon collègue de Joliette vient mettre une
balise supplémentaire qui devrait rassurer le ministre, je crois, quant
à nos intentions puisqu'il propose, justement, que cela se fasse
après une entente entre les deux leaders, celui du gouvernement et celui
de l'Opposition.
Vous savez, M. le Président, comme le ministre, d'ailleurs, qui a
beaucoup d'expérience, que la façon, sinon la seule, du moins la
plus rapide ou la plus pratique ou la plus efficace de gagner du temps dans les
discussions qui se font entre les membres des partis politiques, c'est souvent
d'avoir recours de part et d'autre aux bons offices de no3 deux leaders, tant
celui du gouvernement que celui de l'Opposition, car, grâce à eux
deux seulement, la discussion peut être réduite et se
concrétiser plus facilement et plus rapidement. En inscrivant dans son
sous-amendement que cela se décidera après une entente entre les
deux leaders, je pense que cela devrait rassurer suffisamment le ministre.
Des voix: Vote! Vote! Une voix: On a un vote.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons suspendre. C'est en
vertu de l'article 44. On reprend immédiatement après le
vote.
(Suspension de la séance è 22 h 1)
(Reprise à 22 h 16)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
relativement à l'étude du projet de loi 68, Loi sur le
ministère des Approvisionnements et Services et modifiant diverses
dispositions législatives. La parole est au député de
Dubuc relativement au sous-amendement présenté par le
député de Joliette. M. le député de Dubuc, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Question de règlement. Pourriez-vous demander au
député de Dubuc de répéter la dernière
phrase? Il y a eu un vote et j'ai manqué cette partie et je ne voudrais
rien manquer de so'n discours vraiment intéressant.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, vous conviendrez que ce n'est pas une question de
règlement. M. le député de Dubuc, vous avez la parole,
M. Polak: Répondez donc pour le "fun".
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît.
Une voix: Est-ce qu'il se le rappelle?
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Sainte-Anne. M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Le
député de Sainte-Anne, avec toute l'expérience qu'il a,
devrait savoir qu'il y a un Journal des débats è
l'Assemblée nationale. S'il ne le sait pas encore, il doit le recevoir
à son bureau. Il pourra relire avec profit mon argumentation.
M. Filion: M. le Président, question de règlement.
Il faudrait respecter le droit de parole que vous avez accordé
tantôt au député.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le
député de Taillon, en vertu des articles 36 et 39, j'aimerais que
le député de Dubuc puisse s'exprimer te plus librement possible
afin que chacun des parlementaires des deux groupes puisse l'écouter
attentivement. M. le député de Dubuc, vous avez la parole.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. J'essayais de
démontrer au ministre ce que le sous-amendement présenté
par mon collègue de Joliette permettait. Je pense -c'était ce que
je voulais illustrer - que, de ce côté-ci de l'assemblée,
on entendait rassurer le ministre sur nos demandes de comparution. Elles ne se
veulent pas une façon d'étirer le temps, mais de le
réduire au maximum. La proposition du député de Joliette
vise exactement cela en limitant l'amendement du député de
Taillon à une durée d'une heure seulement. Je pense qu'en une
heure le Directeur général des élections aurait
suffisamment de temps. Cela donnerait aussi suffisamment de temps aux membres
de la commission, probablement à ceux de l'Opposition, car il semble
que, du côté
gouvernemental, on est plutôt muet. Donc, en une heure, on aurait
suffisamment de temps pour que le Directeur général des
élections puisse nous indiquer les dangers que cela peut
représenter pour sa fonction particulièrement - pas pour lui,
mais pour sa fonction - dans un système démocratique, ce projet
de loi 68 sur la création du ministère des Approvisionnements et
Services, d'une part.
Et toujours avec le même esprit d'accélérer au
maximum le débat là-dessus, le député de Joliette
proposait qu'il y ait une entente entre les leaders. C'est là-dessus
qu'on a été dérangé par la cloche et que mon
confrère n'a pu entendre la suite. Une entente entre les leaders -
j'essayais de l'illustrer et le ministre, avec l'expérience qu'il a, le
sait - c'est la façon la plus rapide de s'entendre, entre les deux
partis, sur des discussions ou sur des actions à mener qui demandent
l'assentiment des deux partis. Alors, cette entente entre les deux leaders
permettrait donc de régler plus facilement et plus rapidement la
situation et de diminuer ainsi au maximum le temps, si le ministre a
l'impression que l'Opposition cherche à retarder indûment
l'adoption de son projet de loi.
C'étaient mes deux arguments. C'est ce que l'on retrouve dans le
projet d'amendement soumis par le député de Joliette.
J'espère que cela rassure le ministre sur nos intentions, parce que tel
est avant tout l'objectif de la motion de mon collègue. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Dubuc. Y a-t-il d'autres interventions sur le
sous-amendement présenté par le député de
Joliette?
M. Filion: M. le Président, le sous-amendement...
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes le seul
effectivement, M. le député de Taillon, qui n'ayez pas pris la
parole.
M. Claude Filion
M. Filion: ...présenté par le député
de Joliette vient préciser la motion d'amendement que nous avions
nous-mêmes déposée. Il est fait de bonne foi et est de
bonne guerre pour préciser un peu la teneur de l'amendement que je
suggérais aux membres de cette commission. Peut-être, certains
auraient-ils pu croire de mon intervention que j'aurais voulu que l'on
accueille le Directeur général des élections pendant une
journée ou pendant un laps de temps indéterminé.
Heureusement, grâce à l'apport de cette motion de sous-amendement
du député de Joliette, on peut comprendre que tel n'était
pas mon but. Or, cela n'enlève rien à l'importance que l'on doit
accorder à l'autonomie, à l'impartialité du Directeur
général des élections non seulement dans ses moyens, mais
aussi dans l'exercice final de son mandat.
M. le Président, le Directeur général des
élections, comme je l'ai mentionné, est habitué à
venir témoigner en commission. Je suis convaincu qu'en une heure on
pourrait amplement faire le tour de la question avec lui. Je suis
également convaincu que le Directeur général des
élections va probablement reprendre une partie de nos propos, à
savoir qu'il voit mal comment l'exécutif, par son pouvoir de
réglementation, dans ce projet de loi, viendrait l'empêcher
d'exercer son rôle, notamment dans certains cas, c'est bon de le
rappeler, dans des circonstances difficiles comme lorsque les décrets
d'élection sont émis.
M. le Président, en ce sens-là, je suis heureux de
concourir au sous-amendement du député de Joliette, mais je ne
voudrais quand même pas que ce soit perçu de l'autre
côté comme une limite à la pleine expression de
l'argumentation que je faisais valoir tantôt. Le Directeur
général des élections, c'est plus qu'une personne, c'est
une institution qui oeuvre au coeur même de ce que l'on a de plus
valable, c'est-à-dire notre système démocratique. Que l'on
regarde un peu ailleurs ce qui se passe! En plus de cela, j'oserais même
ajouter ceci à la suite des commentaires qui n'ont pas été
enregistrés, mais que l'on a quand même perçus. Je le dis
indépendamment de la personne même du Directeur
général des élections, peu importe qui c'est, qui serait
nommé aux deux tiers de l'Assemblée nationale, ce personnage une
fois élu doit être imbu d'une seule mission et il doit pouvoir
l'exercer d'une façon totalement libre et totalement volontaire et non
pas avoir dans les pattes les règlements de l'exécutif qui
viendraient l'empêcher de combler les besoins qui pourraient survenir en
cours de mandat et surtout en cours d'élections.
En ce sens-là, M. le Président, je serais vraiment
malheureux que mon intervention sur le sous-amendement proposé par le
député de Joliette et leader de l'Opposition soit
interprétée comme une limite à l'importance de la
question. Dans ce sens-là, on pourrait éviter bien des
débats si le ministre maintenant nous disait: Finalement, après
avoir réfléchi, vous avez raison. Peut-être que cela ne
prendra pas une heure, peut-être que cela ne prendra qu'une demi-heure.
Si le Directeur général des élections dit au
législateur: Cela n'a pas d'allure ce que vous êtes en train de
faire là, on aura compris. Si...
M. Rocheleau: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de règlement,
M. le ministre, s'il vous plaît!
M. Rocheleau: En somme, M. le Président, c'est une
directive en même temps parce que le député de Taillon, si
j'ai bien compris, demandait le Directeur général des
élections pour une période d'une heure. Est-ce qu'il est en train
d'amender l'amendement? Est-ce un sous-amendement? Est-ce qu'il y avait une
période de temps définie?
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement, M. le député?
M. Chevrette: Ou la demande de directive.
Le Président (M. Lemieux): Ou la demande de directive.
M. Chevrette: Je pense que ce n'est pas une question de
règlement parce que le député de Taillon est purement et
simplement en train de démontrer au ministre jusqu'à quel point
on peut être ouvert. Si le ministre disait une demi-heure, nous nous
empresserions de faire la proposition d'une demi-heure. S'il nous dit qu'il
veut l'entendre un quart d'heure, nous allons lui faire immédiatement un
amendement d'un quart d'heure. Nous voulons au moins que le ministre soit
sensibilisé aux propos que pourrait avoir le Directeur
général des élections.
À ce compte, M. le Président, je pense que, si le ministre
nous le faisait savoir immédiatement, nous éviterions
peut-être des amendements et des sous-amendements effectivement.
M. Filion: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement, M. le député de Taiilon.
M. Filions Juste pour anticiper un peu. Si le député de
Hull, le ministre délégué aux Services et
Approvisionnements, désire pouvoir concourir à nos efforts de
saine législation pour qu'on réduise d'une heure à une
demi-heure le temps d'audition, je voudrais simplement lui dire, pour
accélérer nos travaux, que, s'il dépose un amendement
semblable, il nous fera plaisir d'y concourir.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Taiilon, vous pouvez poursuivre votre intervention sur le sous-amendement
présenté par le député de Joliette.
M. Filion: Donc, avant d'être inter- rompu, M. le
Président, j'étais en train de souligner que l'important ici,
c'est la matière et c'est ce qui nous intéresse, c'est le fond du
sujet. Quant aux modalités, ce que veulent dire les propositions qu'on
dépose, c'est qu'on est prêt à collaborer. Ce n'est pas
dans des buts autres que de bonifier le projet de loi que vous
présentez. Ces amendements, même s'ils devaient être
rejetés, n'auraient-ils eu comme effet que de vous sensibiliser
davantage aux conséquences peut-être, dans certains cas,
imprévues... On ne peut pas tout prévoir, c'est impossible.
Même les meilleurs légistes au monde ne prévoient pas tout.
Même celui qui a fabriqué la bombe atomique n'a pas prévu
l'utilisation qu'on pouvait en faire. Je ne dis pas que votre projet de loi est
une bombe atomique, mais c'est peut-être une petite bombe à
retardement, par exemple, pour le Directeur général des
élections, pour la Commission des droits de la personne, pour le
jurisconsulte, pour ('ombudsman, pour toutes les personnes qui sont
nommées par l'Assemblée nationale. C'est peut-être une
façon de défaire indirectement ce qui a été fait
à l'Assemblée nationale directement, c'est-à-dire de
consacrer l'indépendance de certaines institutions nécessaires,
fondamentales et essentielles dans notre société.
Que ce soit une demi-heure, comme semblait le suggérer le
ministre, ou une heure, l'important, c'est d'aller au fond des choses - le
temps est précieux - et d'agir quand c'est le temps. C'est ce qu'on
appelle en langage de médecine, le temps chirurgical majeur pour
entendre le Directeur général des élections. Je pense
qu'en une heure on a le temps de voir le problème.
Si vous pensez qu'il n'y a pas de problème, il nous le dira. S'il
y en a un, on ['écoutera, on l'évaluera et, quand on aura fini de
l'entendre, on pourra voter sur l'ensemble du projet de loi dans une optique
éclairée, dans une optique plus totale. Je n'ai pas vu - si vous
avez des exemples à nous donner, faites-le - ailleurs d'exemples
où l'exécutif essaie de s'immiscer dans les travaux de ces
organes vitaux de nos intitutions démocratiques. Je n'en ai pas vu. Je
ne sais pas si vous en avez vu; moi, je n'en ai pas vu. (22 h 30)
Peut-être qu'on dit: Ce n'est pas notre but. Ce n'est pas cela que
vous visez, j'en suis convaincu, M. le ministre. Cela a simplement cela pour
effet. C'est cela qu'il faut regarder, les effets concrets. Encore une fois,
lorsqu'une loi est adoptée, elle ne nous appartient plus, M. le
Président. Une fois que la loi est adoptée, elle appartient aux
tribunaux, point. J'ai des exemples à l'esprit concernant le sort des
députés et le fonds de retraite des députés,
où, une fois adoptée, la loi a des
conséquences. Là, on la regarde et on dit: Oui, mais ce
n'est pas ce qu'on voulait. Mais, c'est cela qui arrivé, quand
même, concrètement.
Je pense qu'on pourrait convoquer rapidement le Directeur
général des élections et, encore une fois - on nous a
signalé tantôt qu'il était en voyage ou possiblement
à l'extérieur du Québec - je suis convaincu que son
équipe et lui pourraient nous préparer rapidement un document qui
pourrait être déposé à cette commission. Je sais
qu'il y en a du côté ministériel qui suggèrent qu'on
se déplace. Je pense que cela coûterait un peu cher.
Une voix: II est à Vancouver.
M. Filion: II est à Vancouver. D'ailleurs, j'ai
posé la question au ministre tantôt sous forme interrogative
douce: Est-ce qu'il y a eu une communication avec le Directeur
général des élections avant le dépôt du
projet de loi pour connaître son opinion sur les effets de ce projet de
loi et avec les autres organismes touchés par l'article 9 du projet de
loi? Ici, encore une fois, on parle du lieutenant-gouverneur et de
l'Assemblée nationale. Le pouvoir législatif sera soumis au
pouvoir de réglementation qui n'est aucunement défini, mais on
parle d'un organisme "dont celle-ci nomme les membres et une personne qu'elle
désigne." C'est vague à souhait.
Tantôt, j'avais commencé l'énumération des
personnes et organismes, outre le Directeur général des
élections, qui pourraient être affectés par ce projet de
loi. Cette énumération n'est probablement pas exhaustive, M. le
Président. Je pense que les remarques que j'adresse en ce qui a trait
à la motion qui est devant vous s'appliquent également à
d'autres organismes. Mais, comme le temps imparti, avec la motion de
sous-amendement présentée, est limité à une heure,
cela ne pose pas de problème. En ce sens, il me fera plaisir de voter
pour la motion de sous-amendement à la motion d'amendement que j'ai
présentée.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Taillon. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la
motion de sous-amendement?
M. Chevrette: M. le Président, afin de permettre...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: ...à tous les parlementaires de voir
jusqu'à quel point on est en faveur de l'indépendance du
Directeur général des élections, je demanderais le vote
nominal.
Le Président (M. Lemieux): Un vote nominal, M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Bélisle (Mille-îles)?
M. Bélisle: Contre.
Le Secrétaire: M. Brouillette (Champlain)?
Des voix: II est malade.
Le Secrétaire: M. Chagnon (Saint-Louis)?
Des voix: II est malade.
Le Secrétaire: M. Després (Limoilou)?
M. Després: Contre.
Le Secrétaire: M. Gobé (Lafontaine)?
M. Gobé: Contre.
Le Secrétaire: Mme Hovington (Matane)?
Une voix: Absente.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Abstention.
Le Secrétaire: M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Contre.
Le Secrétaire: M. Poulin (Chauveau)?
M. Poulin: Contre.
Le Secrétaire: M. Séguin (Montmorency)?
M. Séguin: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: M. Rocheleau (Hull)?
M. Rocheleau: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis), absent. M. Parent
(Bertrand)?
M. Parent (Bertrand): Pour.
Le Secrétaire: M. Filion (Taillon)?
M. Filion: Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Chevrette (Joliette)?
M. Chevrette: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Relativement à la mise
aux voix du sous-amendement du député de Joliette, le
résultat est le suivant: pour: 4, contre: 8, abstentions: 1. Le
sous-amendement du député de Joliette est donc rejeté.
Une voix: Peut-être pourriez-vous lire le
sous-amendement?
Le Président (M. Lemieux): Maintenant.
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, en vertu de l'article 36,
nos règlements disent que, lorsqu'un député veut
intervenir, il doit demander la parole au président, vous le savez. Je
voudrais aussi me prévaloir des articles 66 à 69 inclusivement
pour vous dire que nous n'avons pas à être taxés de quoi
que ce soit quand on intervient sur un projet de loi, d'autant plus lorsque
c'est pour discuter de l'indépendance d'une structure qui doit
être au-dessus de tout soupçon de partisanerie et non
dépendante de l'exécutif. Je pense que le député de
Sainte-Anne devrait s'abstenir de tout commentaire sur nos agissements.
Le Président (M. Lemieux): Je dois vous faire part, M. le
député de Joliette, que je n'ai pas entendu...
M. Chevrette: C'est pour cela que je me suis prévalu du
règlement pour vous permettre d'expliciter ce que moi, j'avais
entendu.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse...
M. Polak: Je n'ai rien entendu, non plus.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Mais vous ne me surprenez pas, par exemple.
Reprise du débat sur la motion
d'amendement
Le Président (M. Lemieux): Nous revenons à la
motion principale qui avait été présentée par le
député de TailIon et qui était la suivante: "La motion
pour consultation particulière est amendée en ajoutant, è
la fin de cette motion, les termes suivants: "ainsi que le Directeur
général des élections du Québec"." Nous sommes
à la motion d'amendement et, sur la motion d'amendement principale, le
député de Dubuc et le député de Bertrand, je crois,
n'avaient pas utilisé leur droit de parole. Est-ce exact, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, c'est
exact.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc, vous avez demandé la parole?
M. (Hubert Desbiens
M. Desbiens: Oui, M. le Président. Indépendamment
de la façon dont décident de se comporter les
députés du gouvernement, on est face à un projet de loi
dont une des parties - c'est l'objet même d'une proposition d'amendement
de mon collègue de Taillon - touche directement ce que j'appellerais
presque le gardien de notre système démocratique,
c'est-à-dire le Directeur général des élections du
Québec et cela inclut aussi, évidemment, ceux et celles qui ont,
par exemple, è surveiller l'application de la politique et des lois de
l'Assemblée nationale sur le financement des partis politiques, deux
catégories de fonctions très importantes pour une bonne
application de la démocratie au Québec. Cela étant dit,
évidemment, sans croire ou vouloir d'aucune façon imaginer que le
ministre, par son projet de loi, essaie ou a comme objectif de porter atteinte
aux pouvoirs du Directeur général des élections, il peut
très bien se faire que, quand on vote un projet de loi -mon
collègue de Taillon l'a bien explicité tantôt - certaines
parties, certaines formes ou certaines phrases même portent è
confusion et peuvent avoir des conséquences malheureuses.
D'ailleurs, la meilleure preuve qu'on en a, c'est qu'on est, justement,
appelé régulièrement, comme législateurs, à
modifier des lois qui ont déjà été votées
ici. Si toutes les lois étaient parfaites, il y en aurait eu seulement
une, j'imagine, au début et on serait encore à vivre de cette
loi. Mais on est appelé régulièrement à voter des
lois qui modifient des lois déjà existantes pour corriger soit
des abus ou tout simplement des erreurs d'application ou
d'interprétation qui en ont été données.
Ce qu'on veut dans une loi qui touche à une fonction de
l'importance de celle du Directeur général des élections,
c'est, autant que faire se peut et avant même que la loi elle-même
soit votée, pouvoir la corriger si
le Directeur général des élections nous soumettait
une argumentation pour indiquer au ministre et à tous les
députés de cette commission que certains articles ou certaines
façons dont l'article est exprimé peuvent porter à
confusion.
Le Président (M. Polak): II vous reste sept minutes, M. le
député.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Je ne doute pas que
vous serez le gardien fidèle de mes sept minutes.
M. Chevrette: Un instant! Je voudrais savoir, M. le
Président, pourquoi vous venez de faire cette remarque.
Le Président (M. Polak): Parce que je voudrais, M. le
député de Joliette, que le député prenne tout son
temps. Il a un long discours à faire et il lui reste sept minutes.
M. Chevrette: Non, M. le Président. Je m'excuse.
Le Président (M. Polak): Ce n'est pas à vous
d'interpréter mes paroles, s'il vous plaît!
M. Chevrette: M. le Président, je demande la suspension
des travaux et je vous explique pourquoi. Je veux avoir une consultation de 30
secondes avec le ministre. Est-ce que vous me permettez 30 secondes?
Le Président (M. Polak): Oui, absolument. Il n'y a pas de
problème. Nous suspendons les travaux pour 30 secondes.
(Suspension de la séance à 22 h 41)
(Reprise à 22 h 42)
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Je disais donc, M. le Président, que cela
fait maintenant tout près de dix ans que je siège ici même
et je ne serais pas même en mesure de dire combien de projets de loi ont
dû être votés pour modifier ou corriger des lois
déjà existantes. La plupart de nos projets de loi, d'ailleurs,
sont des corrections. Dans le cas présent, évidemment, il s'agit
de créer un nouveau ministère. Mais il y a un nombre
considérable de projets de loi, donc, qui sont présentés
ici pour étude et qui viennent corriger d'autres projets de loi.
L'esprit qui avait été manifesté, je pense, par la
vice-première ministre dans son message inaugural en décembre
dernier, c'était, comme on nous le disait - je ne
répéterai, évidemment, pas nécessairement le mot
à mot, mais l'intention du gouvernement exprimée par la
vice-première ministre - de faire moins de législation, pour
résumer, mais de la faire mieux. La façon de la mieux faire, je
crois, est de se donner, aux diverses étapes de l'étude des
projets de loi, tous les moyens suffisants ou que nous permet
l'Assemblée nationale ou notre règlement pour s'assurer que
chacun des membres des commissions, chacun des députés qui sont
appelés à étudier et à voter les projets de loi,
puisse obtenir toutes les informations suffisantes pour voter en toute
conscience et avec le plus d'éclaircissements possible ces articles de
loi, ces projets de loi. D'où l'importance plus grande encore quand il
s'agit, comme ici, M. le Président, d'un article d'un projet de loi qui
risque d'interférer sur une des fonctions les plus fondamentales au
point de vue de notre système démocratique, celle de la Direction
générale des élections, ce qui inclut, évidemment,
aussi le financement des partis politiques.
Il est bien certain que je souscris à la proposition d'amendement
de mon collègue, le député de Taillon, qui demande, comme
le ministre n'a pas voulu accepter que ce soit pour une durée
limitée, au moins d'inviter le Directeur général des
élections du Québec à venir ici pour nous exprimer son
opinion sur ce projet de loi. Cela m'apparaît nécessaire et je
souscris à cet amendement. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député de Dubuc? M. le député de Bertrand, vous
avez la parole sur la motion d'amendement présentée par le
député de Joliette. Pardon, par M. Filion. Excusez-moi, par le
député de Taillon. J'ai deux feuilles et...
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): II s'agit, en effet, de la motion qui
spécifie de demander au Directeur général des
élections de comparaître devant cette commission. J'en ai dit
quelques mots tantôt. On ne voudrait pas être redondants, on ne
voudrait pas être insistants, mais, devant l'attitude du ministre face
à nos propos, je dirais que c'est quelque peu décourageant et
démobilisant, parce que j'ai un peu l'impression que, de ce
côté-ci, on prêche dans le vide. On essaie de convaincre les
députés ministériels du bien-fondé, parce que j'ai
l'impression, M. le Président, qu'il y a des députés qui
n'ont pas suivi, du côté ministériel, l'essence même,
le bien-fondé de la comparution devant cette commission du Directeur
général des élections.
Mais, dans l'article 9, on dit essentiellement: "Pour l'application de
la présente loi, sont assimilés à des organismes
publics", en plus du lieutenant-gouverneur et de l'Assemblée
nationale, "une personne qu'elle désigne pour exercer une fonction en
relevant, avec le personnel qu'elle dirige". Lorsqu'on parle du Directeur
général des élections, cela devient quelque chose de
très important, de voir comment le Directeur général des
élections, à l'intérieur de cet article 9 du projet de loi
68, va se sentir pour manoeuvrer à l'intérieur de ses
différentes fonctions.
Comme l'a si bien exprimé le député de Joliette
précédemment, la question fondamentale qu'il faut se poser - je
la repose en mes termes aux membres de cette commission et au ministre qui suit
avec beaucoup d'attention les propos de cette commission, et je
l'apprécie - Est-ce qu'on veut essentiellement changer quoi que ce soit
dans la liberté d'action, dans la liberté d'expression, dans la
marge de manoeuvre, dans l'indépendance que doit avoir, entre autres, le
Directeur général des élections?
Je pense qu'autant les députés de ce côté,
les députés de l'Opposition, et les députés
ministériels seront d'accord de façon unanime, M. le
Président, a acquiescer à ce bien-fondé qu'il faut,
à tout prix, que le Directeur général des élections
garde toute sa marge de manoeuvre. Du fait que cette personne se voit un peu
chapeautée sous l'égide de ce ministère et sous
l'égide de cet article, en particulier, je pense qu'il est important que
les membres de la commission - tous les membres - aient la chance de poser
quelques questions, pour savoir, dans des cas très précis, ce qui
se passerait ou ce qui va se passer. Parce que cela a l'air de rien, on adopte
un article comme celui-là, trois ou quatre lignes. On n'a pas
l'impression qu'on cause beaucoup de dommages jusqu'au moment où on
risque de se retrouver, et ce sera le ministre tuteur, parrain de la loi, qui
va se retrouver avec le problème sur les bras. Nous, simples
députés dans l'Opposition, on ne pourra que blâmer le
gouvernement pour avoir finalement placé dans cette situation le
Directeur général des élections, mais il sera trop
tard.
Ce que je voudrais, avant que quelques-uns de ces articles -
particulièrement l'article 9 auquel on fait référence -
soient coulés dans le béton à tout jamais par des
adoptions lorsqu'on passera à travers le projet de loi 68, c'est
entendre la personne dont il est particulièrement question ici, qu'elle
puisse venir s'exprimer devant cette commission.
Si on ne le fait pas, M. le Président, on risque, a mon avis, de
manquer beaucoup d'éclairage. Je pense que le ministre est le premier
à se priver de lumière, d'éclairage à la suite de
la discussion, de l'échange qui pourrait avoir lieu lors de cette
comparution.
Je pense même qu'on s'aventure dans un dangereux
précédent qui ferait en sorte que le ministre, avec une loi - je
l'ai dit au tout début - comme celle-ci qui lui donne
énormément de pouvoirs, vienne très
particulièrement dans le cas du Directeur général des
élections, le brimer ou le placer dans des situations qui pourraient,
à certains moments... Peut-être que cela n'arrivera pas, sauf
qu'il faut prévoir. On aura beau discuter entre nous, on aura beau poser
des questions et le ministre aura beau s'entretenir avec ses conseillers, mais
c'est trop important -on sait la tâche qu'a à assumer le Directeur
général des élections - pour qu'on puisse se priver de ses
commentaires et de ses réflexions face à cela. Si, à la
suite de cette brève comparution devant la commission, le ministre et
nous-mêmes nous rendons à l'évidence que, non, vraiment, il
n'y a pas de danger et que vraiment nous nous retrouvons dans une position
confortable de part et d'autre, je peux vous assurer que je serai le premier
à dire: Bon, voilà! Je suis satisfait.
Nous avons l'air peut-être un peu curieux dans l'Opposition
parfois parce que nous sommes là à scruter. Certains pourront
dire que nous cherchons des poux où il n'y en a pas. Je vous dis qu'on
ne prend jamais assez de précautions. L'insistance que nous apportons
pour faire comparaître le Directeur général des
élections, c'est une insistance justifiée en raison du principe
qu'elle sous-tend et parce que la seule façon d'avoir l'éclairage
qui nous manque, c'est par la comparution du Directeur général
des élections. Je ne vois pas et je ne comprends pas pourquoi le
ministre ne veut pas donner suite à nos demandes qui sont, à mon
avis, très légitimes parce que lui-même se place dans une
position très délicate. M. le Président, il ne s'agit pas
pour nous de l'Opposition, veuillez me croire, de vouloir marquer des points en
disant: Nous l'avons fait comparaître. Je dis que, si le ministre peut se
rendre à l'évidence que le point que nous lui avons
soulevé est un point suffisamment important, je crois qu'il va en sortir
lui-même grandi. Il pourra dire que c'est pour le bien du
ministère, son bien personnel en tant que personne qui aura à
administrer cette loi et ce ministère, mais particulièrement le
Directeur général des élections ne se retrouvera pas dans
une position dite délicate.
Parce qu'il pourra être placé dans une position
délicate, comme l'ont si bien mentionné le député
de Joliette et aussi mon collègue, le député de Taillon,
dans des cas très précis, d'ailleurs. Il y a eu ce soir une mise
en situation qui a été faite au tout début des
interventions. Mon collègue, le député de Taillon, a
apporté trois ou quatre situations très pertinentes, d'ailleurs,
dans lesquelles le Directeur général des élections
pourrait se retrouver, dans une période dite préélectorale
ou électorale, face au ministère
et face aux pouvoirs qu'a le ministre par l'article 9 de son projet de
loi 68, dans une situation qu'on pourrait dire pour le moins délicate.
Les députés ministériels seront les premiers à
dire: Bien, c'est quelque chose qu'on n'avait pas vu. C'est une
précaution qu'on n'avait pas prise. S'il n'y a rien, je vous dirai tant
mieux, M. le Président, nous allons passer è d'autres
éléments si on s'en convainc. Pour moi, la seule façon de
s'en convaincre, c'est effectivement qu'on puisse entendre et poser des
questions au Directeur général des élections.
J'espère, pour une dernière fois, que le ministre va
acquiescer...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste environ 30
secondes, M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): ...à cette demande dont on veut bien
lui faire part et qu'il va permettre cette comparution, si brève
soit-elle, devant les membres de cette commission. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement présenté par le député de Taillon? M.
le député de Sainte-Anne, s'il vous plaît, sur
l'amendement.
M. Maximilien Polak
M. Polak: M. le Président, simplement quelques minutes
pour exprimer mon opinion. Qu'il s'agisse de cette motion, comme, d'ailleurs,
de toutes les motions présentées jusqu'à maintenant, c'est
de la pure obstruction et je me demande vraiment si la population paie...
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
M. Polak: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, il y a une question de règlement soulevée par le
député de Joliette. En vertu de l'article 39 du règlement,
allez-y, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: À ce moment-ci, la motion, à ce que
je sache, est de convoquer le directeur des élections et non pas de
juger des propos qui ont été tenus par l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Joliette?
M. Chevrette: Oui, je pense que c'est assez clair.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Joliette. M. le député de Sainte-Anne, je
voudrais simplement vous faire remarquer qu'effectivement vous avez un droit de
parole sur l'amendement qui a été proposé par le
député de Taillon à la suite de la motion principale
présentée par le député de Joliette, à
savoir d'avoir à entendre le Directeur général des
élections. J'aimerais aussi vous mentionner, M. le député
de Sainte-Anne, que les raisons pour lesquelles une motion d'amendement est
présentée n'ont pas à être prises en
considération.
M. Polak: M. le Président, je n'ai pas à recevoir
de leçon...
Le Président (M. Lemieux): Oui?
M. Polak: ...certainement, de la part du député de
Joliette.
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
M. Polak: D'aucune manière, et je parle sur cette motion
comme j'ai le droit de parler là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Sainte-Anne. M. le député de
Joliette sur la question de règlement, s'il vous plaît.
M. Chevrette: Je n'ai pas soulevé de question de
règlement pour donner une leçon au député de
Sainte-Anne. C'est purement et simplement pour faire appliquer des
règles de procédure dans cette Assemblée. Je vous prierais
de faire respecter vraiment le règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, M. le député de Joliette est en droit,
effectivement, de soulever une question de règlement. Vous avez votre
droit de parole, en vertu de l'article 209, relativement à l'amendement
présenté par le député de Taillon. M. le
député de Sainte-Anne, voulez-vous, s'il vous plaît...
M. Polak: M. le Président, il y a tellement
d'amendements.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Sainte-Anne?
M. Polak: Pourriez-vous me relire...
Le Président (M. Lemieux): Oui, je vais vous le
relire.
M. Polak: Parce que le député de Joliette, la
manière dont il est assis, pendant dans sa chaise, avec les deux pattes
en l'air,
cela m'énerve un peu. Pourriez-vous me relire le texte de cet
amendement?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, je vous en prie, un peu de décorum, s'il vous
plaît!
M. Polak: Oui, s'il vous plaît, dites donc au
député de Joliette qu'il doit s'asseoir avec décorum sur
sa chaise.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, M. le
député de Sainte-Anne, qu'en vertu de...
M. Polak: Bon, là, il est assis normalement.
Le Président (M. Lemieux): ...l'article 32,
troisième paragraphe, les députés doivent s'abstenir de
tout ce qui peut nuire à l'expression d'autrui et au bon fonctionnement
de l'Assemblée, et cela s'applique ici, en commission.
La motion principale, pour le bénéfice du
député de Sainte-Anne, se lisait comme suit: "Que la commission,
avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
68, Loi sur le ministère des Approvisionnements et Services et modifiant
diverses dispositions législatives, procède à des
consultations particulières en entendant le Syndicat canadien de la
fonction publique". L'amendement présenté par le
député de Taillon y ajoutait ceci: "ainsi que le Directeur
général des élections du Québec". Vous avez votre
droit de parole sur l'amendement présenté par le
député de Taillon, en vertu de l'article 209 des règles de
procédure, et, à ce que je sache, aucun membre des deux groupes
parlementaires n'a essayé, d'aucune façon que ce soit, de faire
de l'obstruction à cet effet. M. le député de Sainte-Anne,
s'il vous plaît!
M. Polak; Pour ceux qui, peut-être, auront le malheur de relire ce
qui a été dit par les députés de l'Opposition
jusqu'à maintenant sur cette motion concernant...
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Joliette.
M. Polak: ...le Directeur général des
élections... Est-ce que le député de Joliette a encore
quelque chose à dire, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que je peux me
permettre, une fois pour toutes, de vous demander de faire observer le
règlement?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, le député de Sainte-Anne, dans les quelques mots qu'il
a ajoutés, environ une dizaine de mots...
M. Chevrette: Désobéissant formellement en
partant.
Le Président (M. Lemieux): Une dizaine de mots.
Permettez-moi, M. le député de Joliette, de continuer à
entendre le député de Sainte-Anne et, s'il advenait que le
député de Sainte-Anne aille à rencontre de son droit de
parole relativement à la motion d'amendement qui est
présentée par le député de Taillon, je vais le lui
faire savoir. M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Pourriez-vous encore une fois demander au
député de Joliette... Il fait encore la même chose au point
de vue de son comportement; regardez donc comment il est assis sur sa
chaise.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, je vous en prie, s'il vous plaît! M. le député
de Sainte-Anne, chacun a une façon de s'asseoir dans un fauteuil. M. le
député de Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. Polak: Ce n'est pas s'asseoir du tout; c'est pendre, dormir
dans un fauteuil.
M. Chevrette: Aïe, il y a des limites là!
Le Président (M. Lemieux): À cette heure-ci, M. le
député de Sainte-Anne, s'il vous plaît! Vous avez la parole
sur l'amendement du député de Taillon.
M. Polak: À cette heure-ci, à 23 heures, en ce qui
concerne l'amendement pour demander la présence du Directeur
général des élections... Je viens de dire...
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, M. le
député de Sainte-Anne, vous avez la parole. S'il vous
plaît, je ne veux pas faire de rappel à l'ordre, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Mais avez-vous vu ce que le député de
Joliette a fait. Ce n'est pas possible. Encore une fois il m'interrompt, il
fait des gestes, il crie.
M. Gobé: II a raison, M. le Président. M. Polak: II
a quelque chose.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, s'il vous plaît!
M. Polak: Tout le monde est... On peut le voir de ce
côté-là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, écoutez!
M. Polak: Comme je disais...
M. Parent (Bertrand): M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand! Écoutez, s'il vous plaît! Je vais suspendre une minute.
Je suspends une minute.
(Suspension de la séance à 23 h 1)
(Reprise à 23 h 2)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons les travaux relativement à l'étude du
projet de loi 68. M. le député de Sainte-Anne, sur l'amendement
proposé par le député de Taillon.
M. Polak: Merci, M. le Président. En ce qui concerne
l'amendement afin d'appeler le directeur général devant cette
commission pour témoigner, comme je l'avais dit tout à l'heure
avant que je sois rudement interrompu par le député de Joliette,
il n'y a aucune raison d'appeler le directeur général ici devant
nous et l'Opposition le sait très bien. Cette motion, M. le
Président, est exactement la même motion qui est
présentée ce soir devant toutes les autres commissions. Ce n'est
même pas intelligent de demander au directeur général de
venir témoigner devant nous parce qu'on se répète
simplement: devant n'importe quelle commission, on invite quelqu'un à
venir témoigner. Je pensais que l'Opposition était au moins un
peu plus intelligente que cela.
M. le Président, je voulais simplement faire le point et dire
qu'il n'est aucunement nécessaire d'avoir le directeur
général à cette commission et que je voudrais que ce soit
enregistré au cas où il y en aurait qui diraient, à un
moment donné: Où sommes-nous? Ils vont le savoir. Nous sommes
devant l'Assemblée nationale, devant la commission du budget et de
l'administration et l'Opposition est en train de se comporter comme des enfants
vraiment enfantins et puérils - cela veut dire quelque chose - y inclus
le député de Joliette.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne!
M. Polak: C'est tout ce que j'ai à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le député de
Sainte-Anne. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion?
M. Rocneleau: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau; ...si vous me le permettez, après avoir entendu les
arguments de mes collègues de l'Opposition, je voudrais assurer mes
collègues que, lorsque nous étudierons article par article le
projet de loi 68, on pourra s'arrêter et examiner ensemble l'article 9
qui semble comporter des problèmes particuliers pour l'Opposition. Je
tiens quand même a souligner, M. le Président, que, de toute
façon, le Directeur général des élections est
à l'extérieur du Québec. Sûrement que
l'Assemblée nationale est en mesure de disposer de ce projet de loi
normalement et de faire l'examen de chacun des articles que comporte ce
même projet de loi. Si nous avions l'opportunité d'amorcer
l'étude article par article, nous serions en mesure de pouvoir analyser
ces mêmes articles, M. le Président et, à l'occasion,
d'avoir une discussion de fond et sûrement d'apporter quelque chose
à cette commission. Même, il se pourrait, M. le Président,
que nous apportions...
M. Polak: Excusez-moi, M. le Président. Le
député de Joliette me dérange beaucoup. Il est encore en
train... La porte ouverte...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. Polak: Je ne pourrai pas suivre les paroles du ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne...
M. Polak: II se promène, la porte est ouverte.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je m'excuse, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Je peux sortir quand je veux de cette Chambre, M.
le Président, et c'est mon privilège. Je m'excuse, on peut bien
niaiser...
M. Polak: Mais fermez la porte.
M. Chevrette: ...mais on ne supportera pas cela toute la
veillée, M. le Président. Je pense que vous avez tous les outils
pour faire respecter le règlement. Demandez au député et
à la formation politique...
M. Polak: Fermez la porte.
M. Chevrette: Je n'ai pas fini ma question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. Chevrette: S'il le faut, M. le Président, je vais faire
appel à la formation politique libérale ou gouvernementale pour
faire respecter nos droits et ils comprennent exactement ce que je veux dire.
Je ne voudrais pas aller plus loin dans mes propos jusqu'à maintenant,
mais là, je commence...
Le Président (M. Lemieux): Et moi... M. Chevrette:
...à en avoir assez.
Le Président (M. Lemieux): ...pour chacun des groupes
parlementaires, je vais me permettre de citer l'article 42. Je
n'hésiterai pas à l'appliquer si tel doit être le cas. Il
dit ceci: "Le président peut retirer la parole à un
député pour le reste de la séance si celui-ci ne se soumet
pas à deux rappels à l'ordre consécutifs. "Si le
député ne respecte pas l'interdiction prononcée contre
lui, le président l'avertit une dernière fois. S'il ne se soumet
toujours pas, le président peut ordonner son exclusion de
l'Assemblée pour le reste de la séance."
Je n'hésiterai pas à employer, pour quiconque des deux
groupes parlementaires, l'article 42. M. le ministre, vous aviez la parole.
M. PolaK: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, j'ai rendu une décision. Respectez l'article 41,
deuxième paragraphe, s'il vous plaît!
M. Polak: J'aimerais seulement répondre, M. le
Président, que...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, nous ne sommes pas...
M. Polak: Je pense, pour rétablir les faits, que la
porte...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, il ne s'agit pas d'engager une polémique devant cette
commission. Il s'agit de procéder, selon le mandat donné par
l'Assemblée, è l'étude détaillée du projet
de loi 68. Nous avons une motion du député de Joliette pour
consultation particulière. Nous avons aussi un amendement du
député de... Un instant.
Des voix: De Taillon.
Le Président (M. Lemieux): ...Taillon. Alors, la parole
est au ministre relativement à l'amendement du député de
Taillon.
M. Rocheleau: J'avais conclu, M. le Président. Je suis
prêt, quand l'Opposition le souhaitera, à analyser le projet de
loi article par article.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement
proposé par le député de Taillon à la motion
principale du député de Chevrette... de Joliette? Je m'excuse, M.
le député de Joliette.
M. Chevrette: Vote par appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Demande de...
Le Président (M. Lemieux): Demande de directive, M»
le député?
M. Parent (Bertrand): ...directive. Est-ce que vous permettriez,
à la suite des propos du ministre, que je lui pose très
brièvement une question ou deux, si c'est possible,
particulièrement sur le fait que la personne à qui on demande de
se présenter ici soit à l'extérieur du Québec
actuellement? Est-ce que je pourrais poser rapidement une ou deux
questions?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que c'est une question
suivant... "Tout député peut demander la permission de poser une
question au député qui vient de terminer une intervention. La
question et la réponse doivent être brèves." Mais je crois
que cela ne s'applique qu'en Chambre. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Chevrette: On est devant une demande...
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement, M. le
ministre?
M. Chevrette: Cela prend l'autorisation de celui qui veut...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que
vous acceptez que le député de Bertrand vous pose une
question?
M. Rocheleau: Au loisir du député de Bertrand,
oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Le ministre nous a répondu bien
calmement qu'il n'avait, à toutes fins utiles, pas d'objection è
faire comparaître le Directeur général des élections
comme on le demandait, sauf qu'il est à l'extérieur du
Québec, d'après ce que j'ai compris. Est-ce qu'il y aurait lieu
d'avoir ses adjoints, comme c'est mentionné ici? Ou est-ce que le
ministre, par ses propos, voulait dire qu'il n'est pas plus d'accord que cela
de le faire comparaître? Je vaudrais seulement qu'il puisse clarifier ses
propos*
M. Rocheleau: De toute évidence, M. le Président,
dans ce que j'ai mentionné, je n'ai pas dit que j'acceptais que le
Directeur général des élections soit invité
à participer è cette commission. J'ai mentionné que le
Directeur général des élections est à
l'extérieur du Québec actuellement, qu'il est dans
l'impossibilité de venir, de toute façon, et que nous aurions la
possibilité, lors de l'étude du projet de loi article par
article, de nous arrêter à l'article 9 pour examiner l'ensemble de
la situation et aussi apporter certains correctifs, s'il y a lieu, bien
entendu, M. le Président.
M. Parent (Bertrand): Cela me va.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la motion d'amendement du député de Taillon? Il
n'y a pas d'autres interventions. Alors, je dois procéder à la
mise aux voix de l'amendement du député de Taillon avant de
poursuivre sur la motion principale du député de Joliette. M. le
secrétaire, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Bélisle?
M. Bélisle: Contre.
Le Secrétaire: M. Brouillette est malade. M. Chagnon?
Des voix: Malade.
Le Secrétaire: M. Després?
M. Després: Contre.
Le Secrétaire: M. Gobé?
M. Gobé: Contre.
Le Secrétaire: Mme Hovington? M. Lemieux?
Le Président (M. Lemieux): Abstention.
Le Secrétaire: M. Polak?
M. Polak: Contre.
Le Secrétaire: M. Poulin?
M. Poulin: Contre.
Le Secrétaire: M. Séguin?
M. Séguin: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois?
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: M. Rocheleau?
M. Rocheleau: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon, absent. M. Parent?
M. Parent (Bertrand): Pour.
Le Secrétaire: M. Filion?
M. Filion: Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Chevrette?
M. Chevrette: Pour.
Le Président (M. Lemieux): Relativement à la mise
aux voix de l'amendement soumis par le député de Taiilon, le
résultat est le suivant: pour: 4, abstentions: 1, contre: 8.
L'amendement du député de Taiilon relativement à la motion
principale du député de Joliette est donc rejeté. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur la motion principale du
député de Joliette? M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: J'ai droit à dix minutes complètes, M.
le Président, est-ce bien cela?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: J'espère, M. le Président, que je
n'aurai pas à utiliser tout ce temps, mais il reste quand même que
la motion principale d'amendement pour consultation particulière qui
visait à faire entendre les représentants du Syndicat canadien de
la fonction publique, soumise par mon collègue
député de Joliette, m'apparaît toujours
revêtir la même importance. Le ministre a certainement, j'en suis
convaincu, l'intention, puisqu'il va travailler complètement dans du
neuf si on peut dire, de mettre sur pied un ministère
complètement nouveau. Je ne doute pas que ses intentions soient d'en
faire sans doute un ministère modèle. Il a eu des avis de ses
fonctionnaires et des responsables de la législation pour
préparer et nous présenter ce projet de loi 68. Je ne doute pas,
non plus, que ceux et celles qui ont procédé à
l'élaboration et à l'écriture de ce projet de loi y aient
mis beaucoup d'efforts pour soumettre à leur ministre un projet de loi
qui lui permettra, dans les mois et les années à venir, d'exercer
son autorité sur son ministère, puis de le faire fonctionner de
la meilleure façon possible, selon les objectifs que le gouvernement
lui-même a à l'esprit.
Or - c'est, justement, de cela qu'on semble douter de l'autre
côté - notre intention ici est, bien sûr, puisque c'est la
décision gouvernementale, de nous assurer que, par son projet de loi,
son ministère ait toutes les possibilités futures de se
développer et de fournir les services qu'il en espère. C'est un
point important. Le ministre aura à vivre avec plusieurs fonctionnaires
en provenance de divers organismes et ces fonctionnaires, évidemment,
pour protéger leurs intérêts, font partie de syndicats. Il
est très important, pour l'avenir des relations que le ministre aura
avec ces gens, qu'il y ait dès le départ une relation bien
établie qui assure le ministre, en même temps que les travailleurs
et travailleuses en question, que les objectifs et la façon de
fonctionner de ce ministère permettront a tout le monde de travailler
dans les meilleures conditions possible et ainsi, sûrement selon l'un des
objectifs du ministre, d'assurer la meilleure productivité possible, si
on peut parler de productivité ici, à son personnel. (23 h
15)
C'est pourquoi il m'apparaît important de revenir sur cette motion
principale du député de Joliette pour tenter, encore une fois, de
convaincre le ministre et nos collègues du gouvernement qui
siègent à cette commission, s'ils ne veulent pas rencontrer tous
les syndicats, ou moins qu'on puisse recevoir un son de cloche d'un d'entre
eux, soit le Syndicat canadien de la fonction publique, afin de nous
éclairer sur les différentes modalités, par exemple, de
transferts des pouvoirs qui peuvent se produire, qui vont devoir se produire
nécessairement, peut-être également sur certains
éléments qui ont pu échapper, malgré toutes les
précautions que le ministre et ses fonctionnaires et tous ceux qui ont
participé à la préparation de cette loi ont pu y mettre,
à leur attention et qui pourront ensuite créer des ennuis ou des
problèmes au ministre dans le fonctionnement de son
ministère.
Je rappelle l'exemple que je donnais au ministre plus tôt
aujourd'hui. On a eu un exemple assez frappant des difficultés que
peuvent entraîner des actions ou des gestes posés par le
gouvernement ou par un ministre en particulier avec le Manoir Richelieu. On
sait tout ce que cela entraîne comme difficultés au ministre du
Tourisme pour avoir procédé peut-être sans consultation
assez complète avec le syndicat qui représentait les 350
travailleurs du Manoir Richelieu.
C'est avec ces raisons è l'esprit que nous aimerions, que nous
voudrions, que nous croyons qu'il serait utile pour tous les membres de la
commission et pour le ministre de pouvoir entendre au moins un des syndicats en
cause, ce qui pourrait apporter un éclairage aux différents
membres de la commission, qui auront tantôt à décider,
à étudier avant de voter un par un les articles que contient ce
projet de loi.
Il reste que toutes ces raisons et toute cette argumentation qui ont
été présentées par mon collègue, le
député de Joliette, et mes autres collègues de
l'Opposition, le député de Taillon, le député de
Bertrand, concernant la consultation particulière du Syndicat canadien
de la fonction publique, sont en soi excellentes, mais, M. le Président,
je l'avais soulevé dans mon intervention préliminaire. J'avais
attiré l'attention de façon toute particulière sur...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Dubuc, j'aimerais vous faire remarquer qu'il vous reste deux minutes.
M. Desbiens: Merci. J'avais attiré l'attention des membres
de la commission, dans ma première intervention sur les remarques
préliminaires, sur les deux aspects qui m'apparaissaient très
importants, soit sur la réglementation et aussi, justement, sur ce
fameux article 9 concernant l'Assemblée nationale et les
différents organismes ou fonctions qui sont reliés à
l'Assemblée nationale.
Comme le ministre n'accepte pas d'entendre, évidemment, le
Directeur général des élections parce qu'entre autres,
dit-il, il n'est même pas au Canada - je ne sais pas si c'est au Canada
même ou dans la province, mais il est absent et à
l'extérieur - je pense et j'en ferai motion...
Le Président (M. Lemieux): Vous faites motion, M. le
député de Dubuc, afin que...
Motion d'amendement proposant d'entendre aussi le président de
l'Assemblée nationale
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Je ferai motion, M. le Président, en
amendement à la motion
principale, pour demander au président de l'Assemblée
nationale de venir, peut-être, participer à nos travaux pour nous
apporter un certain éclairage. La motion se lirait comme suit, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous m'en fournir une
copie écrite, M. le député de Dubuc?
M. Desbiens: Oui, si c'est cela qui est le mieux.
M. Poulin: Ils font perdre le temps...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau, s'il vous plaît!
La motion présentée par le député de Dubuc
à la motion principale du député de Joliette se lirait
comme suit: Que la commission, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 68, Loi sur le ministère des
Approvisionnements et Services et modifiant diverses dispositions
législatives, procède à des consultations
particulières en entendant le Syndicat canadien de la fonction publique,
ainsi que le président de l'Assemblée nationale.
La motion d'amendement du député de Oubuc est recevable.
M. le député de Oubuc, vous êtes l'auteur de la motion et
vous avez, en vertu de l'article 209, paragraphe 2, une période de 30
minutes pour pouvoir vous exprimer sur la motion.
M. Gobé: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): S'agit-il d'une question de
règlement, M. le député de Lafontaine?
M. Gobé: Oui, M. le Président. Sinon, est-ce
que...
Le Président (M. Lemieux): Sur quel article, M. le
député de Lafontaine, s'il vous plaît?
M. Gobé: Une directive, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Une directive en vertu de quel
article, M. le député de Lafontaine?
M. Gobé: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Lafontaine.
M. Gobé: ...sur le discours que le député de
Oubuc vient de terminer, est-ce qu'il accepterait que je lui pose une
question?
M. Chevrette: En vertu de l'article 213, on verra après.
Il faut toujours bien, M. le Président, sur la question de
règlement, qu'un individu ait fait son discours avant qu'on l'interroge
sur son discours.
M. Gobé: Sur ce qu'il vient de dire maintenant,
précédemment.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, j'aimerais, s'il vous plaît, vous faire état de
l'article 213 qui est à l'effet suivant...
M. Gobé: Non, mais ce n'est pas une question piège,
c'est une demande d'information.
Le Président (M. Lemieux): Si vous voulez poser une
question au député de Oubuc, il faudra qu'il ait terminé
son intervention. Ce n'est pas le cas pour le moment. M. le
député de Oubuc, vous avez la parole sur la motion d'amendement
que vous avez présentée et que j'ai jugée recevable. Vous
avez 30 minutes, en vertu de l'article 209, paragraphe 2, des règles de
procédure.
M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, j'ai compris, je pense, que
le député de Lafontaine voulait me poser une question sur mon
intervention...
M. Gobé: Précédente.
M. Desbiens: ...précédente, mais la motion a
été faite entre-temps.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, mais entre les
deux... S'il vous plaît, M. le député de Joliette. Entre
les deux, M. le député de Lafontaine, vous auriez dû vous
exprimer avant que la motion...
M. Gobé: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, vous m'avez demandé la parole après que la motion du
député de Dubuc eut été présentée et
jugée recevable.
M. Gobé: Mais il ne s'est passé que 15 secondes
entre les deux.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais cela a
été suffisant pour que la motion soit jugée
acceptée et lue, M. le député de Lafontaine.
M. le député de Oubuc, vous avez la parole.
M. Desbiens: Je vous remercie, M. le Président. Il nous
faut répéter, évidemment,
certaines argumentations dans le cas de ce projet de loi et toujours
avec le même esprit, d'essayer de faire voir au ministre qu'il nous
semble, comme je l'avais exprimé dans mon discours préliminaire,
que l'article 9 comporte certains dangers face à la
pérennité de l'Assemblée nationale. Je veux dire que
l'Assemblée nationale est au-dessus de tout, elle passe avant tout.
C'est l'Assemblée du peuple québécois, par ses
élus.
Et, si on examine bien les articles, il faut pour cela, je pense,
reprendre les fonctions et pouvoirs du ministre dans l'article 7. "Le ministre
élabore et propose au gouvernement des politiques relatives à
l'acquisition..." Dans le deuxième paragraphe, il est dit: "Il veille
à l'application de ces politiques, en coordonne l'exécution et
peut, à ces fins, prendre des règlements." Je m'étonne un
peu du terme, soit dit en passant, "prendre des règlements". Ces
règlements que le ministre aura le pouvoir de prendre, si j'utilise
l'expression même du texte, ils ne sont pas exprimés, ne sont pas
balisés, ne sont pas déterminés dans la loi
elle-même. À l'article 8, "Les fonctions et pouvoirs du ministre
consistent particulièrement à: 1° établir avec les
ministères, organismes... 2° obtenir des ministères et
organismes désignés par le gouvernement l'inventaire des biens...
3° prendre les mesures nécessaires pour obtenir le meilleur rapport
qualité/coût lors de l'acquisition... 5° s'acquitter des
autres devoirs que lui assigne le gouvernement."
L'article 9 de la présente loi nous dit: Pour l'application de la
présente loi, les règlements, qu'il va avoir le pouvoir de
préparer et de déterminer, d'écrire et de mettre en
vigueur, selon l'article 7, vont s'adresser aussi au lieutenant-gouverneur et
à l'Assemblée nationale. Encore une fois, ce n'est pas le
ministre que l'on met en cause, mais il m'apparaît que ces pouvoirs qu'il
va se donner par règlement pourront avoir des conséquences,
indirectes peut-être, mais des conséquences quand même, sur
le déroulement, le fonctionnement ou les décisions même,
parfois, peut-être, de l'Assemblée nationale. Il faut bien nous
assurer qu'il y ait un éclairage complet de la part du président
de l'Assemblée nationale, parce que là, écoutez, si le
gouvernement ou, si le ministre se donne maintenant le pouvoir d'obliger...
Sans mauvaise volonté sans doute, mais par la force des choses, par le
fonctionnement de sa réglementation de son ministère, il peut
être amené à prendre des décisions qui, d'une
certaine façon, indirectement sans doute, peuvent quand même venir
brimer la souveraineté même de l'Assemblée nationale, ce
qui serait, évidemment, incroyable à proprement parler. C'est
pour cela qu'il est important que le président de l'Assemblée
nationale puisse se présenter devant nous.
Je pense que le président de l'Assemblée nationale, en
tant que personne, de par sa formation, mais aussi, je pense, grâce
à son personnel et à la connaissance qu'il a surtout des pouvoirs
de l'Assemblée nationale, serait sans doute en mesure, ici, soit de
lui-même, soit en réponse aux questions que les membres de la
commission pourraient lui poser, de nous faire voir et de faire voir au
ministre et aux députés quelles pourraient être les
embûches que peut représenter un article comme l'article 9. Si,
comme je l'espère, bien sûr, le président était en
mesure, par sa comparution et par ses représentations, de nous indiquer
que le projet de loi ne peut d'aucune façon entacher les pouvoirs de
l'Assemblée nationale, tant mieux. Je pense que cela rassurerait tout le
monde, les députés et les ministres, mais aussi la population en
général. La population élit avant tout, et c'est là
que sont concentrés les pouvoirs, l'Assemblée nationale. La
souveraineté de l'Assemblée nationale ne peut être en
aucune façon mise en cause. Il est donc absolument important que les
membres de la commission, avant de voter le projet de loi, soient en mesure de
s'assurer que le président de l'Assemblée nationale -
l'Assemblée nationale par son président - indique aux membres de
cette commission qu'il n'y a pas, dans l'article 9, par exemple, d'atteinte
à la souveraineté de l'Assemblée nationale. Si, par
ailleurs, le président, par l'étude qu'il a sans doute faite de
ce projet de loi, s'est rendu compte qu'il y aurait des interventions ou qu'il
y aurait peut-être des modifications è apporter audit article 9
pour assurer toujours cette protection des droits souverains de
l'Assemblée, je pense que le ministre sera à ce moment-là
sans doute heureux lui aussi de l'apprendre et de pouvoir,
immédiatement, apporter les correctifs qu'il jugera à propos. (23
h 30)
Encore une fois, évidemment, nous sommes ici pour voter les lois.
Nous essayons, chacun au meilleur de sa connaissance, d'y apporter toute notre
contribution. Mais, pour cela, je pense qu'il est nécessaire que des
renseignements supplémentaires nous parviennent des personnes ou des
groupes directement touchés par ce projet de loi. Je crois que c'est la
meilleure façon de s'assurer que ces projets de loi contiennent le moins
d'erreurs possible, soient les meilleurs possible et répondent de la
meilleure façon aux objectifs que se fixent à la fois le
gouvernement et l'ensemble des législateurs, les
députés.
Je pense qu'il faut voir cet amendement que je propose ici dans cette
optique et j'espère que le ministre acceptera, dans le cas de
l'Assemblée nationale évidemment, l'instance suprême, si on
peut dire, qu'on reçoive ici, qu'on écoute et qu'on
questionne le président de l'Assemblée nationale.
Je ne veux pas allonger indûment le temps de la commission, mais
j'aimerais, M. le Président, que le minière - peut-être
peut-il le faire immédiatement dans le cas du président de
l'Assemblée nationale -réponde affirmativement à la
demande ou à la suggestion que je lui fais via cette motion et permette
ainsi à tous et à chacun d'avoir les renseignements suffisants
pour qu'on puisse finalement se mettre à l'étude de ce projet
article par article, une fois pour toutes. Depuis cet après-midi qu'on
discute en commission parlementaire pour essayer d'obtenir des assurances
suffisantes pour nous mettre en chemin et étudier ce projet de loi
article par article, une fois pour toutes.
Je sais que le ministre est intéressé et qu'il veut, avant
toute chose, s'assurer que son projet de loi soit voté le plus tôt
possible pour pouvoir accomplir sa tâche de ministre. Le plus vite on
aura entendu et obtenu les renseignements qu'on désire, le plus vite le
ministre pourra aussi obtenir l'approbation pour son projet de loi et se mettre
à l'ouvrage. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Dubuc. M. le député de Joliette, M. le
député de Taillon, a demandé la parole avant vous, alors
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Ah! moi non plus.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez demandé la
parole il y a environ une quinzaine de minutes, M. le député de
Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
de concourir à cet amendement, car, si un sujet est clair, c'est bien
celui des pouvoirs du président de l'Assemblée nationale et de
l'Assemblée nationale elle-même, car le président incarne
l'Assemblée nationale.
L'indépendance de la Législature par rapport au pouvoir
exécutif a tellement évolué depuis sept ou huit ans, qu'on
en est présentement rendu à l'indépendance totale face au
budget même de l'Assemblée nationale. Vous savez pertinemment que
l'étude des crédits de l'Assemblée nationale ne se fait
pas par l'une des commissions, mais plutôt par la commission de
l'Assemblée nationale elle-même en plénière. Les
crédits mêmes de l'Assemblée nationale échappent au
ministre des Finances et échappent au Conseil du trésor. C'est
l'Assemblée nationale comme telle qui décide de son budget,
indépendamment du pouvoir exécutif.
Je pense que c'est l'Opposition, à l'époque, qui avait
concouru précisément à rendre l'Assemblée nationale
tout à fait indépendante du pouvoir exécutif. D'où
l'importance de cette motion, M. le Président, car, à mon avis,
elle viendrait possiblement assujettir une des dimensions dévolues aux
pouvoirs exclusifs qui existent présentement à l'Assemblée
nationale. Le président de l'Assemblée nationale ne relève
plus d'aucun ministre sectoriel depuis quelques années. Il ne
relève même plus du Conseil des ministres. Il relève de
l'Assemblée nationale même. Comment pourrait-on décemment
avoir assisté à une évolution vers l'indépendance
de l'Assemblée nationale vis-à-vis du pouvoir exécutif et
accepter, dans une législation... M. le Président, il faut
regarder la loi, à l'article 9, qui dit: Pour l'application de la
présente loi, sont assimilés à des organismes publics: le
lieutenant-gouverneur en conseil, l'Assemblée nationale, etc.
Donc, M. le Président, on vient d'assujettir, par l'article 9,
l'Assemblée nationale à d'éventuels règlements dont
on ne connaît pas la teneur, dont les balises sont plus ou moins bien
définies ou, en tout cas, d'une largeur épouvantable. On le verra
lorsqu'on l'étudiera article par article. Mais qu'on prenne l'article 7
temporairement pour les fins de l'argumentation pour montrer jusqu'à
quel point l'indépendance de l'Assemblée nationale peut
être menacée. Il est dit en toutes lettres, à l'article 7
que: "Le ministre élabore et propose au gouvernement des politiques
relatives à l'acquisition et à la fourniture de biens et de
services". Il est clair que la loi donne donc au ministre des
Approvisionnements et Services le pouvoir d'édicter des politiques qui
ne sont pas sanctionnées par l'Assemblée nationale, par le
gouvernement. Cela est écrit en toutes lettres: "des politiques
relatives à l'acquisition et à la fourniture" et: "propose au
gouvernement". Le ministre a donc le pouvoir de proposer au gouvernement. C'est
donc le gouvernement qui, implicitement ou explicitement, va sanctionner les
mesures que le ministre va lui suggérer. Il n'est pas dit que le
ministre suggère à l'Assemblée nationale des politiques
relatives à l'acquisition et à la fourniture de biens et
services. Si vous lisez bien l'article 7, c'est que le ministre élabore
et propose au gouvernement des politiques relatives.
M. le Président, quand on relit les articles 7 et 9 à ce
stade-ci, comment ne pas conclure que l'indépendance de
l'Assemblée nationale n'est pas mise en cause quand on sait que le
budget même de l'Assemblée nationale ne relève ni du
ministre des Finances, ni d'un ministre sectoriel ou du Conseil du
trésor, ni, bien sûr, d'un ministre des Approvisionnements et
Services? C'est l'indépendance totale de l'institution dite
Assemblée nationale. Je vous avoue qu'on n'a pas d'autre choix, si le
ministre maintient qu'il faut assujettir l'Assemblée nationale à
cette loi, que de conclure que le ministre et le gouvernement, parce que le
projet de loi n'est pas proposé par le ministre uniquement... Pour qu'un
projet de loi soit déposé à l'Assemblée nationale,
il faut qu'il ait été endossé par le Conseil des ministres
avant de venir à l'Assemblée nationale.
Est-ce que c'est donc l'intention du ministre et de son gouvernement,
c'est-à-dire du Conseil des ministres, d'empiéter sur
l'indépendance de l'Assemblée nationale, de diminuer
l'indépendance de l'Assemblée nationale? Encore là, est-ce
que le ministre ne croit pas qu'il pourrait offrir à l'Assemblée
nationale qui a un bureau autonome, qui a sa commission de l'Assemblée
nationale formée des leaders et de tous les présidents de
commission... Vous savez très bien comment cela fonctionne. Le Bureau de
l'Assemblée nationale a des pouvoirs explicites maintenant. À ce
moment-là, pourquoi le ministre n'offrirait-il pas la
possibilité, comme il l'a annoncé à l'étude des
crédits, je le répète, même pour l'Assemblée
nationale, de mettre à la disposition de l'Assemblée nationale
des mécanismes qui peuvent être avantageux pour l'Assemblée
nationale dans l'administration de son budget? Mais de là à
contraindre, à assujettir par législation, cela m'apparaît
nettement non conforme à toute l'évolution qu'on a connue vers un
statut de plus en plus indépendant de l'Assemblée nationale.
Je suis persuadé, M. le Président, qu'assujettir
l'Assemblée nationale à une politique du gouvernement qui
devient, par essence, partisan... C'est l'Assemblée nationale, le
législateur qui édicte les lois, mais qui administre, qui est
redevable devant l'Assemblée nationale? Le pouvoir exécutif est
redevable devant l'Assemblée nationale. À mon avis, le principe,
en tout cas, de liberté totale, d'autonomie entière et
d'indépendance recherché depuis plusieurs années par
l'ensemble des législateurs, des parlementaires qui ont concouru, je le
rappelle, unanimement à l'atteinte... Ce n'est pas pour rien qu'on a
étudié longuement la séparation des pouvoirs. On l'a
étudiée longtemps. Je me souviens des briques qui ont
été préparées par certains parlementaires qui
s'interrogeaient sur le pouvoir exécutif, autant du côté
gouvernemental que de l'Opposition, à l'époque. C'étaient
les deux groupes de parlementaires, mais considérés tous sur un
même pied; par exemple, le législateur disait: On ne peut pas
continuer "hébétement" à faire en sorte que les
parlementaires du pouvoir ne soient là que pour dire exactement la
même chose que le pouvoir exécutif. On doit avoir des occasions,
comme parlementaires, de s'exprimer en toute quiétude, et d'avoir... On
a même songé, à l'époque - malheureusement on ne l'a
pas acheminé jusque-là - à définir les votes et
considérer que de la solidarité ministérielle,
c'était peut-être sur des budgets, sur des grandes politiques,
mais sur des sujets donnés, sur des politiques précises, qu'on ne
soit pas considéré comme lié par des formations politiques
et que ce soit véritablement en fonction de ce qu'un individu pense.
Nous tous, qui que nous soyons, avons une responsabilité. Pour la
population, dès qu'il y en a un qui ne vote pas comme son parti, il est
considéré comme un mouton noir. On a accrédité dans
l'esprit de la population que de ne pas voter comme un groupe unanime, c'est
quelque chose de pas correct. Mais si on avait défini
concrètement, dans nos lois, que le budget constitue un vote,
nécessairement, quand quelqu'un ne voterait pas pour son parti sur un
budget, je pense bien que ce serait assez grave et assez majeur et la
population considérerait qu'il n'a pas confiance en sa propre formation
politique. Sur des sujets aussi diversifiés que - je vous en nomme
quelques-uns - la peine de mort, par exemple, il se peut que notre formation
politique ait un programme, mais comme individu, qu'on ait des idées
bien personnelles sur des sujets aussi controversés. Je pense aussi
à l'avortement qui suscite une discussion où on se ramasse
toujours à 50/50 dans la population. Quand on regarde tout cela, je ne
suis pas certain qu'on ne devrait pas - et c'est cela qu'on discutait dans
l'évolution du parlementarisme - faire en sorte de distinguer les
pouvoirs de l'exécutif par rapport au législatif. Cet amendement,
j'en ai la conviction, touche carrément l'indépendance de
l'Assemblée nationale...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Joliette. S'il vous plaît, M. le
député de Chauveau et M. le député de Limoilou.
M. le député de Joliette, vous pouvez continuer.
M. Chevrette: Donc, j'en ai la conviction, cet amendement affecte
carrément l'indépendance, l'autonomie, la liberté d'action
de l'Assemblée nationale qui se veut de plus en plus autonome. Je pense
que c'est un mouvement irréversible dans les annales parlementaires. On
ne poursuivra pas en en enlevant aux parlementaires, c'est faux. À plus
forte raison, messieurs du pouvoir, à quatre-vingt-dix-neuf, je peux
vous dire que c'est encore bien pire qu'un gouvernement à soixante-cinq
ou soixante, et ça, vous en savez quelque chose. Si on veut vraiment
s'exprimer sur un paquet de sujets, des sujets de fond qui peuvent comporter
des nuances, vous seriez les premiers heureux de
ne pas passer pour être dissidents devant votre formation
politique. Si c'était clair dans la population...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste vingt secondes,
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Ce sont des gens qui peuvent s'exprimer d'une
façon individuelle et autonome vis-à-vis de nos propres
électeurs, parce qu'il y a des mentalités de comté, des
mentalités de région qui peuvent être divergentes au sein
même de nos formations politiques. Cela arrive. Il va falloir l'admettre,
un jour ou l'autre.
En conclusion, même si, de toute évidence, vous rejetterez
notre amendement, je vous dis tout de suite, vous devriez carrément nous
appuyer, parce qu'on ira, lors de l'étude article par article, vers des
amendements concrets là-dessus. Il va falloir absolument qu'on se rentre
dans la tête, si on ne veut pas entendre les gens...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, je m'excuse. Vous avez terminé, M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Donnez-moi deux secondes.
Le Président (M. Lemieux): Je vous donne cinq secondes, M.
le député de Joliette.
M. Poulin: Cinq secondes, bonsoir!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Chauveau, s'il vous plaît! Cela va, allez-y.
M. Chevrette: Non, cela va.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Taillon, vous aviez demandé la parole.
M. Claude Filion
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président. Voyez-vous,
je suis un peu plus optimiste que mon collègue, le député
de Joliette. Je pense que le député de Hull et ministre tuteur du
futur ministère des Approvisionnements et Services se montrera
probablement plus ouvert à cette motion d'amendement qu'il ne l'a
été dans les cas précédents pour la bien simple
raison que, dans ce cas-ci, on sait que le président de
l'Assemblée nationale n'est pas en voyage. Il n'est pas en voyage, on
l'a tous vu aujourd'hui. Il va être là demain. Cela veut dire que
cela lui prendrait quelques minutes de son temp3 pour venir ici, en
commission.
Et probablement qu'à ce moment-là, le président de
l'Assemblée nationale, par déférence probablement pour les
membres de la commission, ne nous tiendrait pas un discours qui ferait
l'historique de la réforme parlementaire. C'est pourtant de cela qu'il
s'agit ici, aujourd'hui. La séparation des pouvoirs, c'est un beau
principe écrit dans tous les livres de droit et qu'on enseigne en droit
constitutionnel dans toutes les bonnes universités du Québec et
même dans les mauvaises. Ce principe-là, pour valoir, pour
être autre chose qu'une série de mots, il faut qu'il puisse
s'appuyer sur des moyens. L'un de ces moyens qu'on s'est donnés, dans
cette société, c'est l'indépendance et l'autonomie des
pouvoirs. C'est le meilleur moyen d'assurer leur séparation: Donnons
à chacun les pouvoirs qu'il lui faut pour fonctionnerl (23 h 45)
Dans ce cas-ci, concernant le pouvoir législatif
représenté dans nos institutions par l'addition du
lieutenant-gouverneur mentionné à l'article 9 et de
l'Assemblée nationale, ces deux institutions mises ensemble
représentent en résumé la totalité du pouvoir
législatif. Par son projet de loi 68, le député de Mull,
ministre délégué aux Services et Approvisionnements se
donne ou donne au gouvernement, à l'Exécutif, un pouvoir de
réglementation sur la fourniture de contrats, sur les biens et sur les
services; ce qui va faire que l'Exécutif aura la main haute sur le
fonctionnement et sur les moyens de l'Assemblée nationale. Vraiment, M.
le Président, c'est aussi simple que cela. Cela n'existe pas!
Comme l'a bien démontré mon collègue, le
député de Joliette et comme l'a très bien souligné
également le député de Dubuc, ce projet de loi vient
complètement à l'encontre de la réforme parlementaire.
À ce titre, on pourrait même le qualifier de
contre-réforme, s'il était un peu plus vaste. On va
peut-être nous dire: Ce sont juste de petites choses: Écoutez! Ce
sont juste les moyens, les biens, les services et qui on va engager. Par
exemple, quand le président va décider de faire des travaux dans
son enceinte, il ira se faire assujettir par le règlement du ministre.
C'est cela qu'elle dit, cette loi. Il faut quand même appeler un chat, un
chat et appeler une loi, une loi et un règlement, un règlement;
c'est ce que cela veut dire.
Tout ce qu'on demande à ce stade-ci... Je me rends compte, M. le
Président, que je suis peut-être en train de plaider un peu sur le
fond, mais c'est pour saisir les membres de cette commission de l'importance,
au moins, de consulter le président de l'Assemblée nationale pour
savoir: Est-il d'accord avec cela, le président de l'Assemblée
nationale? Est-ce qu'il voit une objection à se soumettre à un
éventuel pouvoir de réglementation ou s'il est tout à
fait d'accord et qu'il considère que, pour sauvegarder
l'institution dont il est le symbole, il ne voit pas trop de problèmes?
Il nous le dira, c'est tout.
Je ne sais pas, encore une fois, s'il y a eu consultation avec le
président de l'Assemblée nationale; je ne le sais pas. Chose
certaine, ce serait excellent qu'il soit ici. Ce n'est pas une affaire
compliquée. Le président de l'Assemblée nationale pourra
prendre quinze minutes de son temps pour venir nous le dire bien simplement ou,
encore, que le ministre dépose un document nous le disant. Comment les
législateurs, les parlementaires peuvent-ils vraiment exercer leur
rôle si on n'a pas cette donnée du problème, si on n'a pas
entendu l'expression du président de l'Assemblée nationale? Ce
n'est pas quelque chose de compliqué. Qu'il nous le dise - j'ai dix
minutes pour parler -qu'il m'interrompe pour me dire: Écoutez, je l'ai
vu, je lui ai parlé, il n'y a pas de problème; ou bien: Je l'ai
vu et il y voit un problème. Qu'il me le dise! Comment, comme
parlementaires, avec le mandat que nous a confié la population, peut-on
jouer valablement notre rôle si on n'a pas cette donnée?
Peut-être que vous l'avez, du côté ministériel, mais
nous, on ne l'a pas, cette donnée. Je ne sais pas, peut-être qu'en
caucus on vous a informés que, dans le fond, ce n'était pas grave
d'aller chercher tous les organismes et... Est-ce qu'on vous a dit que cela
allait chercher aussi le pouvoir législatif, non pas dans une de ses
bricoles, mais qu'on va assujettir le pouvoir législatif, dans sa
globalité, à un pouvoir de réglementation qui n'est pas
défini?
Je me dis, M. le Président, vraiment, qu'on n'a pas le droit,
comme parlementaires, de laisser gruger la réforme parlementaire
tranquillement, petit à petit, par des projets de loi qui vont nous
arriver... On va en voir d'autres, pendant quatre ans, des projets de loi
semblables; ce n'est pas le seul. C'est que certaines personnes semblent, en
tout cas dans certains cas, déposer des lois un peu autoritaires. J'aime
bien cela: laisser vivre les gens. Le président de l'Assemblée
nationale qui a reçu, d'ailleurs, pas plus tard que la semaine
dernière, la confiance ou, si on veut...
M. Polak: ...
M. Filion:L'expression d'une nouvelle confiance de la part de
l'Opposition, mais qui au-delà des personnalités
représente une institution.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): C'est suffisant pour moi, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Filion: Au delà de son identité, que ce soit le
député de Montmorency, que ce soit le député de
Taschereau, que ce soit le député de Saint-Jean, que ce soit
n'importe quel député qui soit président de
l'Assemblée nationale, c'est lui qui garde, si on veut, le sceau de la
protection de l'autonomie, de l'indépendance du pouvoir
législatif. Ce n'est pas la seule loi, ceux qui siègent à
la commission des institutions l'auront vu également qu'on a un autre
projet de loi où on tente de faire la même chose, aller chercher
des pouvoirs qui relèvent actuellement de l'Assemblée nationale
et tenter de les assujettir, de les mettre à la remorque du pouvoir
exécutif. Dans le cas présent, c'est clair à l'article 7:
"Le ministre élabore et propose au gouvernement des politiques relatives
à l'acquisition et la fourniture de biens et services pour les
ministères et organismes publics désignés..." Là on
voit que l'article 9, qui précise le premier paragraphe de l'article 7,
nous dit bel et bien que ces personnes et ces organismes font partie des
organismes qui peuvent être réglementés. Au paragraphe 2,
article 7, on nous dit que: le ministre veille à l'application de ses
politiques, en coordonne l'exécution et peut, à ces fins, prendre
des règlements, pas juste prendre des règlements, il en coordonne
l'exécution en plus. 11 va coordonner l'exécution de la
fourniture des biens et services par le président de l'Assemblée
nationale. Je vous dis, M. le Président, que, pour le moins, il y a
probablement un manque de réflexion quelque part quand on a introduit
ces données à l'intérieur du projet de loi et que notre
demande est simple, que le président de l'Asssemblée nationale
vienne se faire entendre encore une fois pour qu'on reçoive au moins
l'information pertinente sur cette donnée fondamentale. Qu'on ne vienne
pas nous dire cette fois-ci qu'il est en voyage, on l'a vu, de nos yeux vu.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste environ une
minute, M. le député de Taiilon.
M. Filion: À ce moment-là, je pense qu'il n'y a pas
de meilleure preuve que cela, et, quant au président de
l'Assemblée nationale, en plus de cela, je connais son
intérêt pour ces questions. Je suis drôlement
préoccupé, intensément préoccupé par les
conséquences de ce projet de loi sur l'institution qu'il
représente. M. le député de Hull, M. le ministre, chers
collègues, membres de cette commission, je vous invite à
concourir à l'amendement présenté par le
député de Dubuc, pour faire en sorte que nous passions quelques
minutes de notre
temps à écouter, à débattre avec le
président de l'Assemblée nationale ces questions qui, quand
même, ne sont pas des bricoles.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Taillon, vous avez terminé. Pouvez conclure en dix secondes, s'il vous
plaît! Vous avez terminé, M. le député de
Taillon.
M. Filions Vous l'avez dit, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Bertrand, vous avez la parole relativement à
l'amendement du député de Dubuc.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le Président.
Il se fait tard après de longs débats. Comme dernier intervenant
ce soir de la part de l'Opposition, je demande au ministre, et je ne peux pas
croire que le ministre va refuser de faire comparaître le
président de l'Assemblée nationale, parce que, d'abord, il est en
place, et je pense que les autres raisons qui ont été
évoquées pour les demandes antérieures de la part de
l'Opposition - je pense au Directeur général des élections
- étaient sûrement de bonnes raisons, sauf, je l'ai
mentionné plus tôt en soirée, qu'il y avait d'autres
personnes impliquées à l'article 9, et je visais
particulièrement l'Assemblée nationale, son président.
Comme l'a mentionné mon collègue, le député de
Taiilon, je pense que c'est important. Je pense que c'est assez grave si l'on
considère que l'article 7 et l'article 9 vont pouvoir donner au ministre
des pouvoirs d'intervention concernant certains approvisionnements, certaines
fournitures et certains biens qui regardent la présidence de
l'Assemblée nationale et je pense qu'on ne peut pas carrément, au
nom de l'autonomie et au nom de la complète indépendance que doit
avoir le président de l'Assemblée nationale dans le cadre de ses
fonctions et de ses opérations...
La preuve est que s'il y a quelqu'un qui doit être nommé,
choisi et faire l'objet d'une entente préalable entre les deux partis
afin que l'ensemble de ceux qui siègent à l'Assemblée
nationale soient d'accord pour que cette personne agisse en toute
liberté et que cette personne soit sous le couvert de la
neutralité, je pense que c'est le président de l'Assemblée
nationale.
En ce sens, je pense qu'il serait important que le président de
l'Assemblée nationale vienne nous dire un peu comment il se sent. S'il
ne peut pas venir, pour quelque raison que ce soit, j'aimerais savoir du
ministre si les questions que je lui adresse... Tout d'abord, est-ce qu'il a,
au moins pour notre assurance, son assurance et celle des membres de cette
commission, des avis juridiques à savoir si, par une loi avec ce qu'on
pourrait appeler les bras aussi longs, les dents aussi longues, des articles
permettent justement l'intervention d'un ministre auprès de personnes
comme le Directeur général des élections et dans le cas
qui nous concerne, le président de l'Assemblée nationale.
J'aimerais que le ministre puisse avoir des avis juridiques pour savoir
s'il peut avoir ces pouvoirs-là. Cela nous donnerait, au moins, un
côté de la médaille.
C'est drôlement important qu'un ministre soit conscient de cela.
On sait comment les projets de loi sont préparés. Les projets de
loi sont préparés essentiellement par les hauts fonctionnaires.
Ils sont préparés par des gens qui votent les choses d'une
certaine façon, mais l'élu, le ministre titulaire d'une loi,
lorsqu'il doit vivre avec cette loi, parfois, se retrouve dans des situations
qui risquent d'être pénibles, des situations qui risquent
d'être dangereuses. Dans ce cas-ci particulièrement, la 3eule
façon d'avoir l'heure juste, à mon avis, c'est fort simple,
puisqu'on est dans l'enceinte du Parlement et que tous les jours et à
toute heure du jour, on peut avoir accès facilement par une simple
demande, j'imagine, du ministre de comparaître et d'éclaircir ce
point et avoir son avis, avoir son idée quant à cela. On aura,
comme on dit, l'âme tranquille du côté de l'Opposition et je
serais peut-être surpris de voir la réaction du président
de l'Assemblée nationale devant cette commission. Je serais
peut-être surpris de voir l'intérêt qu'auraient les membres
de cette commission y compris les députés ministériels
à lui poser des questions parce que, au départ, on prend les
choses parfois un peu à la légère. On pense que c'est un
peu farfelu...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, il vous reste une minute avant que j'ajourne, conformément
à l'ordre de la Chambre.
M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): On se rendrait compte... Il va me rester du
temps, M. le Président, je pense que je vais pouvoir le garder pour
demain.
Je termine en ne voulant pas abuser, peut-être que dans la minute
qui reste le ministre va consentir. Je vous dirai, en toute
sincérité, sans faire un plaidoyer plus longtemps
là-dessus, que le ministre va se rendre à cette demande parce
qu'elle est fort importante pour garder ce que j'appelle les droits et les
libertés que l'Assemblée nationale possède.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Bertrand.
J'ajourne sine die l'étude du projet de loi 68, Loi sur le
ministère des Approvisionnements et Services et modifiant diverses
dispositions législatives.
(Fin de la séance à 23 h 55)