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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration est réunie ce
matin afin de procéder à l'étude trimestrielle de la
politique budgétaire du gouvernement et de l'évolution des
finances publiques. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a un
remplacement, M. Cannon (La Peltrie) remplace M. Poulin (Chauveau).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
secrétaire.
M. Garon: Celui qui remplace est absent.
Le Président (M. Lemieux): Il est en retard, M. le
député de Lévis, je crois qu'il est a la commission sur
l'éducation.
M. Polak: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît: Vous savez, aujourd'hui, je ne peux pas
oublier de souligner un événement qui m'apparaît un peu
important. Nous sommes dans la salle Louis-Joseph-Papineau et il y a deux cents
ans aujourd'hui, soit le 7 octobre 1786, venait au monde Louis-Joseph Papineau.
Pour certains il était un être divisé, un homme
austère qui demeura un éternel insatisfait, mais pour plusieurs
il fut, je tiens à le souligner, un grand homme, certes, qui sut
incarner le besoin de réforme parlementaire ressenti, avant que
n'éclate la rébellion de 1837. On dit qu'il fut un libéral
et un démocrate qui éprouva le besoin de redéfinir la
société canadienne-française, en termes laïques.
"Louis-Joseph Papineau - disait M. Richard Guay, le 30 mai 1985, lors de
l'inauguration de cette salle - a fait de l'Assemblée nationale l'outil
privilégié d'émancipation nationale. C'est à la
Chambre d'assemblée qu'il fit appel pour corriger les abus, obtenir des
pouvoirs accrus et faire progresser une société entière. "
C'est un honneur pour nous d'avoir à siéger dans cette salle ce
matin. Je ne pouvais pas me permettre de ne pas souligner cet
événement.
M. le ministre des Finances, nous avons un mandat, ce matin,
conformément à l'article 292, qui se lit comme suit: "À
chaque trimestre la commission du budget et de l'administration consacre une
séance à l'étude de la politique budgétaire du
gouvernement et à l'évolution des finances publiques. " Est-ce
que, M. le ministre, vous avez une déclaration d'ouverture?
M. Levesque: Oui, une brève déclaration
d'ouverture, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Ou déclaration
préliminaire? M. le ministre des Finances.
Déclarations d'ouverture M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: M. le Président, avant d'aborder le sujet qui
est à l'ordre du jour, j'aimerais préciser aux membres de la
commission la perspective dans laquelle nous envisageons les discussions
trimestrielles prévues par notre règlement sur la politique
budgétaire du gouvernement et l'évolution des finances
publiques.
Il y a quelques années le ministre des Finances de
l'époque avait décidé de publier trimestriellement une
synthèse des opérations financières. Ce document visait
à permettre aux parlementaires et à la population de suivre
l'évolution des équilibres financiers du gouvernement entre les
discours sur le budget. La synthèse permet de comparer en cours
d'année les résultats préliminaires des recettes par
source de revenu et des dépenses par ministère avec les
prévisions budgétaires contenues dans le discours sur le budget.
En même temps, les données de l'année antérieure
sont ajustées et l'évolution du programme de financement depuis
le discours sur le budget est évoquée.
Une première synthèse est publiée
généralement au mois d'août. C'est le cas de la
synthèse que nous avons devant nous, celle du 30 juin 1986. Une seconde
viendra sans doute au mois de novembre pour la période se terminant le
30 septembre. Une troisième synthèse est publiée en
février pour la période qui se termine le 31 décembre. Il
n'y a généralement pas de synthèse le 31 mars, puisqu'un
tel document ferait double emploi avec le discours sur le budget.
L'objectif des séances trimestrielles sur
les finances publiques de la commission du budget et de
l'administration, tel que nous le comprenons, c'est de permettre aux
parlementaires d'interroger le ministre des Finances sur le suivi de son
discours sur le budget, à la lumière de la dernière
synthèse syndicale... disponible. Je dois avoir quelque chose à
l'esprit.
Une voix: C'est un lapsus, M. le ministre.
M. Levesque: Autrement dit, nous ne sommes pas ici pour
débattre de l'à-propos ou du bien-fondé de telle ou telle
mesure budgétaire, de telle ou telle politique fiscale ou
gouvernementale, car ces discussions ont déjà été
tenues dans le cadre beaucoup plus large de l'adoption du budget.
D'ailleurs, si je regarde un peu ce qui s'est passé depuis
à peu près trois ans, ces discussions sur la synthèse
n'ont eu lieu que deux fois, d'après ce que je puis voir du
résultat de nos recherches. II y en a eu' une le mardi 2 octobre 1984,
soit il y a trois ans presque jour pour jour, alors que M. Parizeau
était ministre des Finances, et, par la suite, on est passé au 28
mars 1985, alors que M. Yves Duhaime était ministre des Finances. Ce
sont les deux seules fois que l'article de notre règlement a
été utilisé pour une telle discussion. Je suis heureux que
l'on ne m'ait pas oublié, que la commission, en 1986, ait bien voulu
nous faire faire cet exercice qui, en même temps, nous aide
nous-mêmes à faire le point dans notre ministère. II n'est
donc pas mauvais qu'un tel exercice ait lieu car, avant d'avoir lieu ici
à la commission, il a déjà eu lieu au ministère
même. L'exercice a eu lieu. Maintenant, est-ce qu'il a été
fructueux, profitable, significatif ou déterminant? On verra. Mais,
quant à l'exercice lui-même, il a eu lieu.
Nous sommes ici pour voir si les recettes entrent comme prévu, si
les dépenses sont en général conformes aux
prévisions, si les équilibres financiers résistent au
passage du temps, bref, si le budget tient toujours. On comprend facilement
qu'il y a peu de choses à dire sur l'année courante à
partir de la synthèse du 30 juin. Cette année, le discours sur le
budget a été présenté le 1er mai. La
synthèse ne porte donc que sur deux mois. Il serait étonnant,
dans des conditions normales, qu'en si peu de temps les prévisions
économiques ainsi que les projections de revenus et de dépenses
soient révisées d'une manière substantielle. J'aimerais
toutefois attirer votre attention sur le fait que les résultats pour
l'année 1985-1986 - là, je souligne bien l'année
1985-1986, pour l'exercice financier se terminant le 31 mars 1986 -
présentés dans le dernier discours sur le budget étaient
préliminaires, alors que ceux présentés dans la
synthèse ont un caractère définitif.
On se rappellera, lorsque nous étions le 1er mai, au moment du
discours sur le budget, que nous n'avions pas encore toutes les
dernières données sur les résultats de l'exercice
financier précédent. Maintenant, nous les avons dans cette
synthèse du 30 juin 1986. Ce que la synthèse ne dit pas, c'est
que les résultats réels pour 1985-1986 sont très
près des prévisions contenues dans l'Énoncé de
politiques budgétaires du 18 décembre dernier. Autrement dit,
lorsque nous sommes arrivés au gouvernement, vers la mi-décembre,
quelques jours après, nous avions un mini-budget, ce que l'on a
appelé Énoncé de politiques budgétaires du
gouvernement, dans lequel nous avons fait des prévisions sur la
façon dont l'année se terminerait. Dans l'énoncé du
18 décembre, nous avons annoncé ce qui suit: des revenus de 24
055 000 000 $; résultat définitif, 24 081 000 000 $, soit un
écart de 26 000 000 $, sur une somme de l'ordre 24 000 000 000 $.
Pour les dépenses, nous avons annoncé 27 200 000 000 $,
cela a été 27 222 000 000 $. Donc, avec les revenus et les
dépenses, nous arrivons au déficit qui avait été
annoncé à 3 145 000 000 $; le résultat définitif
est 3 141 000 000 $, soit une différence de 4 000 000 $, mais du bon
côté. C'est-à-dire que nous avions annoncé un
déficit de 3 145 000 000 $ et nous sommes arrivés à un
déficit de 3 141 000 000 $. Le surplus non budgétaire
annoncé était de 1 430 000 000 $. Dans la synthèse, vous
trouverez 1 457 000 000 $, soit un surplus additionnel de 27 000 000 $. Nos
besoins financiers avaient été annoncés à 1 715 000
000 $ et sont devenus 1 685 000 000 $, pour un écart de 30 000 000
$.
On constate ainsi que, depuis son assermentation, le nouveau
gouvernement s'en est rigoureusement tenu à son plan budgétaire*
Je n'en réclame pas tout le mérite, loin de là, mais j'en
profite pour souligner l'excellent travail du président du Conseil du
trésor, de mes autres collègues du Conseil des ministres, ainsi
que le travail également très efficace de leurs collaborateurs et
de leurs collaboratrices.
La synthèse fait état de revenus budgétaires, pour
1986-1987, qui seront, à la lumière des résultats du
premier trimestre, à peu près en ligne avec les prévisions
du discours sur le budget; je parle des revenus.
Du côté des dépenses, quelques dépassements
ont été identifés. Les plus importants sont les suivants:
17 000 000 $ pour l'assurance-stabilisation agricole. Avant que la commission
m'interroge là-dessus, je vous ferai remarquer que cette
différence vient de diverses sources. Il y a eu une hausse du nombre des
participants. Il y a également eu une augmentation des
superficies affectées ou impliquées. Il y a eu
également une modification dans les taux, de sorte qu'il y a cette
augmentation de 17 000 000 $.
L'assainissement des eaux: 12 000 000 $. Cela se rapporte plus
directement au Service de la dette, des intérêts qui proviennent
d'investissements des années antérieures.
Pour l'assurance-maladie: 32 000 000 $. C'est une augmentation
relativement aux services assurés.
Pour les victimes d'inondation: 6 500 000 $. Il s'agit ici de causes qui
remontent quelquefois à 1983; un affaissement à Montréal;
inondation en décembre 1983 en Gaspésie; verglas de
février 1985. Donc, les paiements ont été versés
pour une somme additionnelle de 6 500 000 $; ce qui a augmenté ainsi les
dépenses.
Ces sommes seront compensées à même les
crédits périmés additionnels, de sorte qu'il n'est pas
nécessaire, à la lumière des informations que nous avons
en ce moment, de modifier notre objectif de 2 895 000 000 $ à
l'égard du déficit et de 1 685 000 000 $ à l'égard
des besoins financiers. Autrement dit, ces dépenses additionnelles ont
été réparties dans tout l'ensemble du budget et le Conseil
du trésor nous a dit qu'il verrait à l'absorber dans la mesure du
possible. On verra cela le 31 mars 1987. Mais pour le moment la décision
a été prise de les assumer à même les crédits
périmés.
Comme vous avez pu le constater, la synthèse au 30 juin donne les
résultats pour 1985-1986 sur la base des anciennes conventions
comptables, alors que ceux de 1986-1987 le sont sur la base des nouvelles. Cela
est attribuable au fait qu'il n'existe présentement aucune compilation
des résultats pour l'an passé sur la base des nouvelles
conventions comptables. Ce travail s'effectue présentement chez le
contrôleur des finances qui, comme vous le savez peut-être, jouit
d'un mandat statutaire le rendant à toutes fins utiles autonome, face au
ministre, pour la compilation des comptes publics.
J'attire aussi votre attention sur le fait que la récente
campagne d'obligations d'épargne du Québec a facilement atteint
et même dépassé son objectif. Le montant émis depuis
le 1er avril a été de 558 000 000 $, alors que l'objectif
était de 500 000 000 $. Par ailleurs, en date du 15 août, les
emprunts réalisés se chiffraient à 1 788 000 000 $, soit
63 % du programme d'emprunt pour l'année. Je pourrais ajouter
immédiatement qu'au moment où je vous parle nous avons
déjà dépassé les 90 % de nos besoins pour
l'année. Comme notre cote de crédit chez Moody's vient tout juste
d'être réévaluée - c'était le 13 août
1986 -je crois bien que le gouvernement ne devrait pas avoir de
difficulté à compléter son programme de financement.
On en saura un peu plus long sur l'année en cours d'ici quelques
semaines, lorsque les fonctionnaires des Finances auront complété
la révision automnale des prévisions économiques. Cette
prévision sert de base aux principales estimations de revenus ainsi
qu'à un grand nombre de prévisions de dépenses. Pour le
moment, toutefois, il semble que nos recettes budgétaires seront
à peu près telles que prévues. Je rappelle que la
prévision économique qui a servi de base à la
préparation du budget impliquait une croissance de 3, 2 % pour 1986, ce
qui est assez important en cette quatrième année de la phase
ascendante du cycle. Il ne faut donc pas s'attendre à une
résivion des prévisions économiques susceptible de faire
apparaître des revenus substantiellement plus élevés. C'est
la même chose pour la privatisation. (10 h 30)
Je tiens à faire remarquer que le gouvernement ne peut porter
cela au revenu - et c'est important de le souligner - parce qu'il y en a qui
voient de gros chiffres dans la privatisation. Mais il est important de
souligner que nous ne pouvons porter au revenu que le gain de capital,
résultat des ventes d'actifs et non pas le produit total de ces ventes.
Ce dernier apparaît comme une entrée non budgétaire et,
à ce titre, il affecte le solde des besoins financiers nets et, par
conséquent, le volume des emprunts. Mais une fraction seulement du
produit de la vente des sociétés d'État en cause peut
être déclarée comme dividende, être inscrite aux
revenus budgétaires et affectée au financement des
dépenses courantes du gouvernement.
Bien entendu, les recettes budgétaires reliées à la
privatisation, qui sont, je le répète, une fraction seulement du
produit total des ventes, n'ont pas de caractère récurrent,
contrairement aux taxes, aux impôts et aux recettes des
sociétés d'État, comme la Société des
alcools du Québec ou Loto-Québec. Tout cela a été
expliqué en long et en large en commission parlementaire lors du
débat sur le discours sur le budget. Nous affirmions alors que les
recettes courantes afférentes à la privatisation seraient en
1986-1987 de l'ordre de 175 000 000 $. Ce montant ne représente
évidemment pas le produit total des ventes effectuées jusqu'ici
ou envisagées pour les prochains mois. Ce n'est que la fraction du total
comptabilisée comme une appréciation de capital, donc de
revenus.
Voilà les remarques qu'il m'apparaissait utile de formuler au
début de cette séance d'étude de la politique
budgétaire et de l'évolution des finances publiques. Je vous
remercie, M. le Président, nouveau président.
Le Président (M. Polak): Merci, M. le
ministre.
Juste une question d'ordre technique. Je note que le
député de Prévost vient d'entrer avec quelques minutes de
retard. Sa mission était de remplacer le député de
Montmorency. Est-ce que le député de Lévis donne son
consentement? Je dois comprendre que, du côté ministériel,
il n'y a pas d'objection.
M. Garon: Il ne dérange pas souvent nos
délibérations.
Le Président (M. Polak): Mais il est très
intéressé par le sujet. Donc, on peut dires Par consentement.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Polak): Je vous remercie. M. le
député de Prévost, vous êtes membre de cette
commission pour aujourd'hui. C'est un honneur d'être avec nous.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Polak): Maintenant, j'accorde la parole
au député de Lévis.
M. Garon: Avant de faire des répliques au ministre des
Finances, qui a donné sa version d'un côté de la
médaille, j'aimerais d'abord qu'on vide une question avec l'Intervention
du député de Bertrand qui a fait parvenir une lettre au
président de la commission, il y a quelques jours, concernant la tenue
d'une commission parlementaire sur la privatisation des sociétés
d'État. Comme c'est la première occasion qu'il a de faire valoir
le point de vue de l'Opposition, je demanderais immédiatement de saisir
la commission de sa demande au nom de l'Opposition officielle.
M. Levesque: M. le Président, j'ai une question.
Le Président (M. Polak): M. le ministre.
M. Levesque: Est-ce que nous devons nous retirer?
Une voix: Non, non.
Le Président (M. Polak): Non.
M. Garon: Vous êtes concernés au premier chef.
Le Président (M. Polak): Personnellement, je n'ai pas vu
la copie de la lettre. Est-ce que vous l'avez avec vous?
M. Parent (Bertrand): Certainement, M. le Président. C'est
une lettre que j'ai fait parvenir au président de la commission.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Bertrand, pourriez-vous me la donner.
M. Parent (Bertrand): Oui, c'est la seule copie que j'ai.
Le Président (M. Polak): Oui, je vois qu'elle est
très courte. Cela se lit facilement,
M. Parent (Bertrand): On pourrait peut-être la lire pour
que tout le monde soit au même diapason.
Le Président (M. Polak): D'accord. Je lis la lettre du
député de Bertrand adressée au président de la
commission du budget et de l'administration, en date du 1er octobre. "M. le
Président, conformément à l'article 149, je vous demande,
par la présente, d'inscrire à l'ordre du jour d'une prochaine
séance de travail le sujet suivant: L'Opposition officielle demande la
tenue de consultations particulières sur les orientations du
gouvernement en matière de privatisation des sociétés
d'État. "Veuillez agréer, M. le Président, l'expression de
mes sentiments les meilleurs."
C'est signé: Jean-Guy Parent.
Donc, M. le député, on a pris connaissance du contenu de
votre lettre. Voulez-vous soumettre quelques arguments, verbalement, à
savoir pourquoi tenir une séance de cette nature au moment où le
ministre des Finances est devant nous et qu'il donne l'état des finances
publiques? Est-ce qu'à une séance comme la nôtre on devrait
discuter de ce sujet-là?
M. Parent (Bertrand): M. le Président, je pense que c'est
important de clarifier cela. Il ne s'agit pas ici de faire le
débat» à savoir si cela doit avoir lieu ou pas, puisque ma
demande était très claire en ce sens, c'était lors d'une
prochaine séance de travail de la commission et nous ne sommes pas en
séance de travail ce matin. Mais, en la présence du ministre des
Finances et à la suite des propos qu'il a tenus il y a quelques minutes
concernant la clarification des différents revenus et
particulièrement ceux qui ont trait à la privatisation,
j'aimerais savoir de la part du ministre des Finances, dans le but de clarifier
tout cela, s'il sera en accord avec une telle commission parlementaire.
Le Président (M. Polak): Maintenant, avant que je demande
au ministre des Finances de répondre s'il le veut, je vais faire un
commentaire rapidement. Nous sommes ici ce matin - et je rappelle le mandat de
ce matin - pour procéder à l'étude trimestrielle de la
politique
budgétaire du gouvernement et de l'évolution des finances
publiques. Je crois qu'en vertu du règlement le texte est assez clair et
trouver une date pour de telles séances n'est pas toujours facile. Je
dis respectueusement, M. le député de Bertrand, que
peut-être votre demande devrait être présentée
à une séance de travail d'une autre commission, parce que le
sujet peut être hautement intéressant, mais à
première vue je vois qu'on a un but restreint ce matin d'étudier
cela et, évidemment, d'écouter le ministre des Finances.
Maintenant, Mme la députée de Matane avait quelque chose à
dire là-dessus.
Mme Hovington: J'allais dans le même sens que vous, M. le
Président. Je crois. que le mandat de la commission parlementaire, ce
matin, est vraiment l'étude de l'évolution des finances publiques
et, par respect pour le ministre des Finances qui est avec nous ce matin, je
crois que nous devons continuer dans ce sens. Quant à votre demande, je
crois qu'il sera toujours possible d'en discuter lors d'une séance de
travail, ce qui n'est pas le cas ce matin, ce qui n'est pas le mandat de la
commission de ce matin.
Le Président (M. Polak): Donc, ayant entendu les parties,
je pense que mon premier jugement n'est pas trop difficile à rendre.
Avec tout le respect que je dois au député de Bertrand et encore
en répétant que son sujet mérite peut-être
d'être étudié et même que sa demande devrait
être étudiée, je ne crois pas que cela devrait se faire ici
à notre séance d'aujourd'hui. Mais rien ne l'empêche,
évidemment, de ramener cela immédiatement à notre
prochaine séance de travail devant la commission et peut-être
même demain matin quand on se rencontrera à Montréal. Il y
a peut-être un moyen de trouver quelques minutes entre nous pour en
discuter. Donc, ayant pris cette décision, je demande maintenant au
député de Lévis soit de continuer ses propos ou,
peut-être, de poser des questions au ministre des Finances. M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui. Je ne conteste pas votre
décision. D'ailleurs, j'ai bien mentionné dans mes propos qu'il
ne s'agissait pas, M. le Président, de savoir si on devra tenir ou ne
pas tenir une commission parlementaire. Nous la demandons. Je posais une simple
question et le ministre est libre d'en disposer positivement ou
négativement. Étant donné l'importance que cela prend, et
cela cadre exactement dans l'étude des revenus de la province,
j'aimerais savoir si le ministre des Finances est d'accord qu'on puisse aller
à fond sur toute cette question en commission parlementaire. Je voudrais
juste avoir ses commentaires et on passera à mon collègue, le
député de Lévis. Ce n'est pas du tout le but de retarder
cette commission, j'en suis pleinement conscient.
Le Président (M. Polak): Loin de mot l'idée
d'empêcher le ministre des Finances de parler, mais à
première vue je pense que votre demande n'est pas pertinente
aujourd'hui. Je voudrais vraiment qu'on continue le débat pour lequel
nous sommes ici aujourd'hui - c'est seulement quelques heures - et qu'on parle
de la politique budgétaire. Avez-vous quelque chose à ajouter, M.
le ministre des Finances?
M. Levesque: Non, M. le Président, étant
donné votre décision, je pense que je suis à la
disposition de la commission.
Le Président (M. Polak): Merci. Donc, dans ce cas, je
donne la parole au député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: On pourra demander en dehors de la commission
parlementaire au ministre des Finances s'il souhaite une telle commission parce
qu'il y a beaucoup de questions qui se posent sur la privatisation. Je pense
bien que le gouvernement ne veut pas laisser la population dans la noirceur,
comme les gens se trouvent actuellement, avec tous les commentaires qui se font
sur Quebecair dans les journaux, avec des rapports cachés que le
gouvernement n'a pas rendus publics et qui commencent à être
connus. Il y a différentes choses qui apparaissent. D'ailleurs, j'aurai
l'occasion, au cours de l'étude de cette synthèse des
opérations financières, de dire au ministre des Finances que nous
croyons que les tableaux qui sont présentés sur la situation
financière ne reflètent pas la situation réelle du
Québec. Pourquoi? Parce que le taux d'inflation prévu dans le
discours sur le budget du ministre des Finances était de 3 %.
Aujourd'hui, selon les données les plus récentes du Bureau de la
statistique - bureau qui dépend également du ministère des
Finances, à moins que cela ait été changé
récemment - on se rend compte, quand on regarde les statistiques qui
sont publiées dans La quinzaine économique du 30 septembre 1986,
à la page qui traite de l'évolution des principaux indicateurs
socio-économiques, que le taux d'inflation, l'an dernier, était
de 4 % pour le Québec, de 3, 9 % en Ontario - donc, à peu
près semblable - alors que pour l'année 1986, jusqu'à
maintenant, le taux d'inflation est de 4, 4 % en Ontario et de 4, 8 % au
Québec, c'est-à-dire de 10 % plus élevé, et le
ministre des Finances a prévu, lui, dans son budget un taux de 3 %.
Dans ma réplique du 2 mai, je lui avais dit que c'était
irréaliste; nous, de l'Opposition, croyions que c'était vraiment
sous-
estimer l'inflation au Québec. Les chiffres nous
révèlent que jusqu'à ce jour, au Québec, c'est un
taux de 4, 8 %. Quand il a fait une offre à ses fonctionnaires, le
gouvernement a indiqué qu'il voulait couvrir le taux d'inflation, et
même qu'il était très généreux en donnant 0,
5 % de plus que le taux d'inflation prévu de 3 %; il offrait 3, 5 %
alors que le taux d'inflation était de 3 %. Mais on se rend compte
aujourd'hui qu'avec un taux d'Inflation de 4, 8 % il y a un manque à
gagner de 1, 3 % dans l'offre du gouvernement à ses fonctionnaires. II
n'y a pas vraiment de générosité, au contraire, car le
taux d'inflation est plus élevé que ce qui a été
prévu par le ministre.
On a remarqué aussi que, lorsque, régulièrement, le
gouvernement fédéral sort ses données économiques,
il mentionne, entre autres, qu'une des causes du haut taux d'inflation est le
taux beaucoup plus élevé au Québec que la moyenne
canadienne qui, elle, est de 4, 1 % pour l'année 1986, alors qu'elle
était de 3, 9 % l'an dernier. Le taux du Québec est beaucoup plus
élevé que la moyenne canadienne. Alors que l'an dernier le taux
d'inflation au Québec était de 4 % et qu'il était de 3, 9
% au Canada, il est maintenant de 4, 1 % au Canada et de 4, 8 % au
Québec. Quand on dit qu'on veut administrer le gouvernement comme une
business, sur une base d'affaires, concurrentielle, compétitive, je
pense que ce n'est pas avec un taux d'inflation de 4, 8 %, comparé
à une moyenne canadienne de 4, 1 %, qu'on va faire cette
compétition.
On se souvient de ce que le gouvernement fédéral a dit,
dans ses commentaires face aux données de Statistique Canada: qu'une des
raisons pour lesquelles le Québec avait un taux d'inflation plus
élevé, c'est le gel de la taxe ascenseur sur l'essence, qui a
diminué ailleurs mais qui n'a pas diminué ici. Je peux vous dire
que, ce matin, en m'en venant, lorsque j'ai fait le plein d'essence, des
Américains sont venus me voir à la pompe... Je ne vous raconte
pas de blagues. C'étaient deux Américains. Ils m'ont dit:
Pouvez-vous nous expliquer le prix qu'on voit là? Je leur ai
expliqué. Ils ont éclaté de rire en disant: Ce n'est pas
possible! J'ai dit: Oui, c'est le prix qu'il faut payer ici.
On a aussi vu qu'on a eu une hausse des frais
d'électricité au Québec de 5, 4 %, pour tenir compte du
fait que les ventes aux États-Unis ne rapportent pas ce qu'elles
rapportaient. C'est pour vous montrer que les revenus de la vente
d'électricité aux États-Unis sont très
aléatoires. Il y a également la hausse des taxes sur l'huile
à chauffage, qui ne s'est pas encore manifestée beaucoup, mais
qui va se manifester de plus en plus cet automne, puisqu'il s'agit là
d'un taux de 9 %. Si on a un automne et un hiver qui vont avec
l'été qu'on a eu, j'ai l'impression que cela va coûter cher
d'huile à chauffage.
Ce qui veut dire finalement qu'on a battu, là encore, le taux
d'inflation.
C'est le gouvernement lui-même qui est le principal agent
d'augmentation du taux d'inflation au Québec. C'est par son action que
l'inflation augmente. Tout cela se reflète dans les chiffres. Le
ministre des Finances ne peut pas se considérer uniquement comme un
comptable, parce qu'on va lui acheter une casquette verte pour éviter
les reflets de la lumière lorsqu'il prépare ses chiffres, comme
on le faisait pour les anciens comptables, les teneurs de livres. Il ne peut
pas se considérer uniquement comme un teneur de livres. Le ministre des
Finances est aussi un peu le coordonnateur de l'activité
économique au Québec. II ne nous a pas parlé du niveau de
l'emploi, ce qui pourtant devrait en être le résultat. Ce que vise
le ministre des Finances n'est sûrement pas d'aligner des colonnes de
chiffres pour la beauté ou pour le plaisir des esthètes de la
statistique, mais bien de nous donner des résultats concrets. Quels sont
les résultats depuis le début de l'année? Là
encore, je prends les livres du gouvernement du Québec: Statistiques de
l'emploi au Québec, août 1986. Quelle que soit la façon
dont on les prenne, on se rend compte que le niveau de l'emploi au
Québec n'a jamais autant diminué au cours des trois
dernières années. (10 h 45)
Je sais bien que le chef du Parti libéral est un expert dans la
manipulation des chiffres, mais je dirai qu'en 1984 on voit qu'au début
de l'année le niveau de l'emploi était de 2 692 000 000; en
janvier 1985, il était de 2 746 000 000; en 1986, il était de 2
890 000 000. Au fond, on voit l'héritage qu'on a laissé au
gouvernement. On voit également, si l'on compare, en 1984-19855, de
janvier à août, sur la même base, sur quelque base que l'on
prenne, que le niveau de l'emploi au Québec augmentait très
vigoureusement, alors qu'actuellement le niveau de l'emploi "s'effoire" au
Québec. Vous voyez qu'en janvier 1984 c'était 2 692 000 000; au
mois d'août, c'était 2 711 000 000; en fin d'année, en
décembre, c'était 2 748 000 000; en 1985, en janvier, 2 746 000
000, données dessaisonalisées; en août, 2 822 000 000 et,
en décembre, 2 866 000 000.
On voit qu'en janvier 1986 c'était 2 890 000 000, et cela baisse
régulièrement, un peu en dents de scie, pour atteindre 2 854 000
000 en août 1986, soit 36 000 emplois de moins, alors qu'entre janvier et
août 1985, données dessaisonalisées, te niveau était
passé de 2 746 000 emplois à 2 822 000; c'était une
augmentation considérable, alors que, là, on voit une baisse de
2890, en janvier 1986, à 2854 au mois d'août. Qu'on le prenne de
janvier à décembre, de janvier à août, que l'on
regarde les statistiques de l'emploi, données dessaisonali-sées,
et on peut prendre les données brutes,
cela donne le même genre de score de baisse de l'emploi ou d'une
croissance beaucoup moins vigoureuse qu'en 1984 et qu'en 1985.
Je voudrais que le ministre des Finances nous dise tout à l'heure
si c'est cela mener le gouvernement comme une business. Je comprends que, quand
vous avez une entreprise, si vous voulez faire des mises à pied et
engager moins de monde, vous avez le droit. Mais, comme ministre des Finances,
j'aimerais que vous nous disiez si votre responsabilité est une
responsabilité de gérant d'entreprise, de gérant de
business ou de coordonnateur économique d'un gouvernement qui a la
responsabilité d'augmenter le niveau des emplois au Québec.
Quand on regarde vos chiffres, on constate - je reviendrai avec des
questions après avoir fait un exposé préliminaire; comme
vous avez donné un portrait d'ensemble, je donnerai également un
portrait d'ensemble - que vous n'avez pas corrigé vos impôts sur
le revenu, vos prévisions sont restées les mêmes. Sauf que,
si l'on regarde l'impôt sur le revenu des particuliers, au 30 juin
1984-1985, dans les synthèses des opérations financières -
pour comparer des choses comparables - on se rend compte qu'il était
entré 1 619 200 000 $. En 1985-1986, au 30 juin, il était
entré 1 720 800 000 $. En 1986-1987, on se rend compte qu'il est
entré 1 990 500 000 $, soit une augmentation, en 1986-1987 par rapport
à 1985-1986, de 15, 7 %. Le niveau d'inflation va sûrement avoir
un effet sur le rendement des impôts des particuliers. Or, vos
synthèses des opérations financières n'en
démontrent aucune, sauf qu'elles démontrent que l'argent entre
plus vite. Si l'argent entre plus vite, il faudrait que vous puissiez nous
expliquer pourquoi. Je comprends qu'il y a des explications dans votre document
qui font partie des explications - comment appelle-ton cela? -
mécaniques, des explications automatiques, habituellement, du Conseil du
trésor et du ministère des Finances, mais il faudra trouver
d'autres explications.
La taxe sur la vente au détail avait rapporté, au 30 juin
1984-1985, 628 500 000 $; en 1985-1986, au 30 juin, 721 200 000 $, soit une
augmentation de 14, 7 %f là-dedans, il y avait des augmentations de
taxes. En 1986-1987, la taxe sur la vente au détail a rapporté
875 900 000 $, soit une augmentation de 21, 5 %. Dans vos colonnes de
résultats annuels, cela n'apparaît d'aucune façon. C'est
comme si cela avait été le pilote automatique et vous dites: On
ne change pas nos prévisions. Comment pouvez-vous ne pas changer vos
prévisions lorsque vos taxes entrent plus vite que jamais? Il doit y
avoir quelque chose qui se reflète et l'inflation a un grand rôle
à jouer là-dedans, sauf que vous ne tenez compte de l'inflation
d'aucune façon. C'est comme si c'était une vue de l'esprit.
On regarde les carburants; en 1984-1985, au 30 juin, cela rapportait 226
300 000 $ et, en 1985-1986, 234 800 000 $. Malgré une augmentation - les
revenus avaient augmenté de 3, 8 % - vous dites: Sans augmentation, avec
un gel... Mais vos revenus sont passés à 264 400 000 $ au 30 juin
1986-1987, soit une augmentation de 30 000 000 $, comparé à une
augmentation de 8 000 000 $ l'année précédente dans les
trois premiers mois. C'est quatre fois plus. C'est une augmentation quatre fois
plus forte dans les trois premiers mois, puis vous dites: Les chiffres ne
changent pas.
Dans vos prévisions, cette synthèse des opérations
financières est là pour le "fun". Cela n'apparaît pas dans
les colonnes de résultats annuels. C'est comme si on disait: Comme on a
consommé plus d'essence au début de l'année, on va en
consommer moins le reste de l'année.
Dans le domaine des tabacs aussi, grande déclaration dans les
journaux: Les tabacs rapportent moins d'argent que l'an passé, sauf que
ce n'est pas ce que vos chiffres démontrent. Vos chiffres
démontrent, au 30 juin 1984-1985, 68 600 000 $, quand on revient en
arrière. En 1985-1986, au 30 juin, les tabacs, après des
augmentations importantes dans le budget du printemps, rapportaient 106 500 000
$. En 1986-1987, les tabacs augmentent à 126 400 000 $ au 30 juin, soit
une augmentation de 18, 8 %. Là encore cela n'apparaît nulle part
dans les résultats de l'année, cette
accélération des rendements dans les trois premiers mois. On voit
également qu'il y a des dépassements de 67 900 000 $ au cours des
trois premiers mois, mais on ne sait pas comment cela va être
financé. Est-ce que cela sera financé par des coupures
additionnelles? Un dépassement de 67 900 000 $, alors que le ministre
responsable du Conseil du trésor a juré sur sa tête, sinon
sur la tête de tout le monde qui l'entoure, qu'il n'y aurait pas de
budget supplémentaire. J'aimerais que le ministre des Finances nous dise
dès aujourd'hui s'il y aura un budget supplémentaire à
l'automne ou non, puisqu'il y a des dépassements de 67 900 000 $
seulement après trois mois. Ces dépassements seront-ils
financés par des coupures additionnelles ou par un déficit
à venir accru? Le total des dépenses budgétaires -
prévisions révisées - indique le même chiffre au
budget du 1er mai 1986, soit 28 480 000 000 $. Il semble que les
dépassements n'ont pas affecté le budget. Que l'on dépasse
ou que l'on ne dépasse pas, le chiffre reste le même. Il y a
sûrement quelque chose qui ne marche pas là.
En ce qui concerne les dépenses, il y a déjà eu 650
000 000 $ de coupures annoncées par M. Gobeil, ministre responsable du
Conseil du trésor, 75 000 000 $ de coupures additionnelles par le
discours sur le budget, plus 175 000 000 $ de crédits
périmés et
100 000 000 $ annoncés par M. Bourassa à
Trois-Rivières dans la négociation du secteur public. Mais, dans
vos prévisions, je comprends que les 100 000 000 $ n'apparaissent pas,
mais ils devraient possiblement apparaître au 30 septembre, mais c'est
possible qu'on ne les voie pas parce que cette promesse ou quasi-promesse
n'était peut-être pas annoncée. Après trois mois
vous avez sûrement des problèmes puisque vos prévisions
n'ont pas changé. Vos chiffres ont changé; vos revenus changent;
vos dépenses comprennent des dépassements importants, mais tout
cela reste pareil. Dans les colonnes de l'année vous arrivez au
même score. Vous dites: On n'a rien changé. Alors, est-ce que vous
pouvez dire aujourd'hui pourquoi dans la synthèse des opérations
financières vos chiffres de dépenses sont de 28 480 000 000 $,
d'après le discours sur le budget, et que les prévisions
révisées sont de 28 480 000 000 $? Cela ne change pas. Tout reste
au beau fixe. C'est comme quelqu'un qui regarderait dehors alors qu'il pleut.
Il aurait une peinture sur ses vitres où il y a un beau soleil. Il
dirait: Je regarde dans ma vitre et il fait beau soleil. Sa vitre est
peinturée "beau soleil", même s'il pleut dehors. De la même
façon, dans les revenus, qu'il y ait de l'inflation ou qu'il n'y ait pas
d'inflation, cela reste à 25 585 000 000 $, cela reste au beau fixe. Il
n'y a pas de changement même si on voit que l'argent entre plus vite que
jamais dans les coffres du gouvernement à cause de l'inflation.
Également - et on va revenir là-dessus avec des questions
sur chacun de ces points - pour le Fonds de développement
régional, dans le discours sur le budget, vous aviez 45 900 000 $. Vous
annoncez 10 000 000 $ de plus. Quand on voit la prévision
révisée au 30 juin 1986, on voit 51 400 000 $, comme si
c'était 5 500 000 $ que vous aviez ajoutés plutôt que 10
000 000 $. Où sont les 10 000 000 $ annoncés? On ne les trouve
pas.
Pour le ministère des Transports, dans le discours sur le budget,
on a 1 630 000 000 $ pour les dépenses, plus les dépenses
additionnelles annoncées au budget, à la page 27 du budget, comme
celles que j'ai mentionnées sur le Fonds de développement
régional, soit 10 000 000 $ de plus. On s'attendrait à trouver 1
640 000 000 $. Pas du tout. Prévision révisée au 30 juin
1986, 1 594 600 000 $. Vous annoncez des hausses de dépenses alors que
dans vos chiffres c'est comme si cela était des diminutions. Cela
mérite sûrement une explication pour voir comment fonctionne la
comptabilité du Québec actuellement.
Vous avez dit tout à l'heure: Quand il y a des ventes d'actifs
des sociétés d'État, on ne verra pas cela
nécessairement. Je peux vous dire, M. le ministre des Finances, qu'on
comprend que, dans chacun des cas, il s'agit de situations différentes.
On va devoir vous demander, par exemple, dans chacun des cas, ce qui s'est
passé et où se trouvent les chiffres? Par exemple, quand SOQUIA
vend des actions de Provigo et qu'il y a un gain de capital d'environ 37 000
000 $, des actions payées 11 000 000 $ et vendues 48 000 000 $, ce qui
fait un gain de capital de 37 000 000 $, où se retrouvent les 37 000 000
$? Est-ce qu'ils se retrouvent dans les états financiers de SOQUIA?
C'est quand même un profit. Est-ce qu'ils se retrouvent dans SOQUIA ou si
on les envoie sans rien marquer dans les rapports financiers de SOQUIA pour
montrer que SOQUIA fonctionne mal? Or, vous savez que seulement la vente des
actions de Provigo et des actions de Culinar ferait que SOQUIA pourrait
rembourser tout ce q'ue le ministère des Finances lui a avancé
depuis son existence et il resterait encore des profits. Il resterait encore
des participations dans onze ou treize compagnies différentes. Je
comprends que c'est facile de parler de canards boiteux, mais actuellement, si
on ramasse le "cash" et si on ramasse les profits sur le capital et que cela
n'apparaît pas dans les revenus financiers de la société
d'État, c'est évident qu'il y a quelque chose qui ne va pas
là. J'aimerais savoir comment cela va être comptabilisé et
on va revenir là-dessus.
J'aimerais savoir aussi, d'où vient l'argent qui a
été prêté pour rembourser les emprunts de la
Raffinerie de sucre du Québec. Il y a des emprunts de 56 000 000 $ de la
raffinerie de sucre qui ont été remboursés. À quel
endroit cela a-t-il été pris dans le budget du gouvernement?
C'est le gouvernement qui est l'actionnaire de la raffinerie de sucre. En
remboursant les dettes de celle-ci, sur un actif de 155 000 000 $, valeur de
remplacement, il n'était pas anormal que la raffinerie de sucre ait des
emprunts pour 56 000 000 $. On nous a dit, ici en commission parlementaire, que
les 56 000 000 $ avaient été remboursés. J'aimerais savoir
dans quel compte les 56 000 000 $ ont été pris, sous forme de
subventions du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation ou autrement, pour rembourser les 56 000 000 $ d'emprunt de la
Raffinerie de sucre du Québec. Je voudrais aussi savoir où on a
pris les 40 000 000 $ qui ont été prêtés à
Lantic. Il y a eu 40 000 000 $ prêtés à Lantic, sans
intérêt. On a mentionné que c'était remboursable
dans tant d'années. Nous voulons savoir du ministre des Finances quelles
sont les conditions de prêt pour Lantic. Il a fallu que cela se passe
dans le premier exercice financier puisque les opérations ne pouvaient
pas être faites avant que la loi soit adoptée. On aimerait savoir
comment cela se comptabilise.
Le Président (M. Polak): M. le député de
Lévis, je voudrais juste vous indiquer... Je ne veux pas vous
déranger du tout.
M. Garon: Oui.
Le Président (M, Polak): II vous reste juste une minute
pour votre intervention. (11 heures)
M. Garon: Oui. On va demander la même chose pour la vente
de la filiale de la Société nationale de l'amiante et pour
d'autres sociétés d'État. J'aurai l'occasion aussi de vous
interroger, en revenant sur ces sujets, sur le cas d'Unigesco, admis à
un REA. Pour ce genre d'entreprise qui détient des actions comme
holding, qu'est-ce que cela donne au Québec qu'Unigesco ait
acheté des parts de SOQUIA, des actions de la Caisse de
dépôt et placement pour bénéficier d'un REA,
c'est-à-dire d'une remise fiscale aux acquéreurs, alors qu'il y a
seulement transfert d'actions du gouvernement entendez bien, du gouvernement -
qui était le propriétaire, à des intérêts
privés, sans doute amis du régime, mais pas seulement du
régime fiscal? Comment savoir combien cela a coûté? Combien
cela a coûté au gouvernement pour vendre les parts du gouvernement
à Unigesco, entreprise privée, sans aucune création
d'emploi, sans aucun effet sur l'économie du Québec? Parce qu'au
fond c'est le gouvernement qui prend ces décisions d'admettre des REA ou
non. On laisse entendre à travers le branches quand on lit les journeaux
financiers... Essentiellement l'avantage fiscal est consenti par le
ministère du Revenu. Les REA ne sont pas sur le pilote automatique. Il
faut que cela soit admis. Je vais revenir sur cette question mais je voulais
laisser entendre ce que nous avons l'intention de demander au ministre. Ce que
je voulais dans cette première intervention, M. le ministre - je sais
que j'ai laissé entendre plusieurs choses, il y a des questions que j'ai
posées de façon plus complète, je sais que c'était
limité - comme on ne sait pas comment va finir une commission
parlementaire, c'était de laisser entendre au point de départ les
sources d'inquiétude de l'Opposition et présenter une vue
d'ensemble de certains points que nous voulons soulever au cours de cette
étude de la synthèse des opérations
financières.
Le Président (M. Polak): Merci, M. le député
de Lévis. M. le ministre.
M. Gérard D. Levesque (réplique)
M. Levesque: M. le Président, les membres de la commission
viennent d'entendre le député de Lévis faire tout un tour
d'horizon que l'on pourrait peut-être qualifier de macédoine. Il
serait assez difficile de faire une discussion réellement au point si on
s'en tenait à essayer de déchiffrer un peu ou de décoder
le genre d'intervention que nous venons d'entendre. Il y a tellement de
chiffres et tellement de demi-vérités ou peut-être le
député est-il mal renseigné! Je suis prêt à
lui accorder tout le bénéfice du doute à ce sujet. Je vais
essayer de prendre un élément à la fois et, si le
député de Lévis veut ensuite poser des questions
précises, nous tâcherons de lui donner des réponses
précises. À la suite de cette macédoine nous essaierons de
la prendre plat par plat et de les lui retourner avec les meilleurs
ingrédients possible et disponibles.
Je vais essayer d'abord de déchiffrer ce que nous dit le
député de Lévis relativement à l'inflation. Il est
vrai, d'une part, qu'il y a eu une augmentation de l'indice des prix à
la consommation. Faire l'échafaudage qu'il a fait à même
cela relève de la science-fiction ou de la finance-fiction. Prenons les
faits. Il y a eu augmentation dans les prévisions, non pas seulement
celles du Québec, mais de l'ensemble du pays; il y a eu
généralement une augmentation dans le pays qui était un
peu plus élevée au Québec. Et pourquoi? Pour deux raisons
principales. D'abord dans l'alimentation, même si le député
de. Lévis fait des signes négatifs, j'ai ici: Canada, indice des
prix à la consommation au chapitre de l'alimentation, 3, 8 %.
Québec, Montréal, si vous voulez: 5, 6 %. C'est là qu'est
le gros de l'augmentation et justement dans l'alimentation il n'y a pas de taxe
de vente, comme vous le savez. Or, l'échafaudage en est
réellement un. Lorsque l'on part des prémisses d'une augmentation
de l'indice du coût de la vie, que l'on s'aperçoit qu'il s'agit de
l'alimentation et que l'on essaie de dire que nous aurons des revenus beaucoup
plus considérables à cause de cet indice, je dis au
député de Lévis: Dommage, mais l'alimentation ne nous
rapporte rien au point de vue de l'augmentation de la taxe de vente parce qu'il
n'y a pas de taxe de vente, comme on le sait, sur l'alimentation.
Le deuxième facteur qui fait que l'indice des prix à la
consommation est plus élevé au Québec, c'est le tabac et
l'alcool. Donc, l'alimentation, le tabac et l'alcool. On ne peut pas
échafauder là-dessus, sur des revenus touchant, par exemple, la
taxe de vente elle-même ou, encore, l'impôt sur le revenu des
particuliers. Si on tient compte de ce que dit le député de
Lévis que, parce qu'il y a eu une augmentation de l'indice des prix a la
consommation, nous devrions avoir plus de revenus au chapitre de l'impôt
sur le revenu, je lui ferai remarquer que ce ne sont pas les salaires et les
traitements qui sont à la base de l'augmentation de l'indice des prix
à la consommation.
J'en fais la preuve immédiatement. Je prends les conventions
collectives, parce qu'il y avait une implication que les 3, 5 % que nous
offrons à nos employés ne seraient pas conformes étant
donné l'augmentation de l'indice des prix à la consommation.
Mais, si on regarde l'ensemble des conventions collectives signées au
Québec, en 1985, il y a eu une augmentation de 3, 8 % dans la
première partie, soit le troisième trimestre, et une augmentation
de 3, 1 % dans le quatrième trimestre. En 1986, le premier trimestre, 3,
6 %; deuxième trimestre, 3, 6 %. Cela représente l'ensemble des
conventions collectives signées au Québec.
Si on s'en tenait donc à l'échafaudage du
député de Lévis, on dirait que les 3, 5 % ne seraient pas
réalistes. Or, c'est très conforme et très près du
taux de l'ensemble des conventions collectives dans le secteur privé.
C'était le premier point.
Deuxièmement, le député de Lévis a
parié de l'emploi. Là encore, le député de
Lévis fait une comparaison avec les chiffres de l'emploi depuis un
certain nombre de mois et d'années. Or, je ferai remarquer au
député de Lévis ce qu'on lui faisait remarquer autrefois,
lorsque nous étions assis à sa place, qu'il y avait eu une perte
très importante d'emplois au moment de la récession et que, de
1981-1982 à 1985, alors qu'ils étaient au pouvoir, ils
étaient extrêmement en retard sur la récupération et
que le Québec, malheureusement, souffrait d'un taux de chômage et
d'emplois qui n'étaient pas récupérés par rapport
à ce qui se passait ailleurs au pays.
Ce qui était frappant, c'était que, malgré que nous
étions dans un cycle - nous sommes dans la quatrième année
de croissance - la plupart des emplois récupérés
étaient des emplois à temps partiel. Or, présentement,
nous ne sommes pas dans la récupération, nous sommes dans
l'accélération de la création d'emplois.
Deuxièmement - je tiens à le souligner pour l'information des
membres de cette commission et j'en suis fort heureux - cette
récupération n'est pas faite par des emplois à temps
partiel. Les chiffres sont à l'annexe 4. Contrairement à ce qui
se passait du temps de nos honorables amis nous avons une création
d'emplois à temps partiel de 18 000, mais une création d'emplois
à temps plein de 48 000. C'est exactement l'inverse. La période
qui nous a précédés était celle où l'on
voyait la récupération - non pas la création d'emplois qui
étaient autrefois des emplois permanents: 90 % d'emplois à temps
partiel, avec 10 % à temps plein. Aujourd'hui, ce n'est plus la
récupération, c'est la création d'emplois; et ce n'est
plus à temps partiel, la proportion étant de 48 000 à
temps plein et de 18 000 à temps partiel.
Si l'on regarde les chiffres pour un instant, on s'apercevra - je suis
très fier de le noter - que, dans nos prévisions
d'investissement, nous avions... Il faut bien comprendre que si l'on veut
créer des emplois, il faut les créer à même les
investissements. Or, M. le Président, lorsqu'on regarde les
investissements non résidentiels privés et publics et que l'on
prend le total des non résidentiels privés, nos prévisions
étaient de l'ordre de 4, 9 % d'augmentation. Or les investissements sont
tels, en 1986, que ce n'est plus 4, 9 % au moment où je vous parle, mais
nous sommes rendus, pour les investissements non résidentiels d'ordre
privé, à 9, 7 % d'augmentation; cela, c'est réjouissant,
c'est encourageant.
Si l'on regarde à l'intérieur, le facteur le plus
significatif dans la création d'emplois à temps plein, c'est dans
le domaine de la fabrication. Ce n'est pas dans le domaine des projets de deux
mois ou de dix semaines pour se qualifier pour l'assurance-chômage. Pour
la fabrication, nos prévisions étaient une augmentation de 5, 7
%. Or, aujourd'hui, au moment où je vous parle, l'augmentation est de 17
%; c'est fantastique, c'est encourageant, c'est réjouissant. Ce sont des
chiffres qui sont de nature à nous donner confiance dans la
création d'emplois à temps plein.
Si je regarde, maintenant les investissements dans le secteur
résidentiel, nous avions prévu, au moment du budget, que nous
aurions, en 1986, des mises en chantier de l'ordre de 46 000. À ce
moment-là, on avait fait des gorges chaudes parce qu'on se rappelait
s'être vanté d'avoir, dans le passé, grâce à
certains programmes, mis en chantier un certain nombre de constructions
résidentielles. On avait laissé entendre que l'on n'atteindrait
jamais ces 46 000. Or, dans le premier trimestre, les prévisions ont
été changées pour 47 000. Les chiffres, au deuxième
trimestre, nous font penser maintenant que l'on sera rendu à 63 000. (11
h 15)
Au moment où je vous parle, depuis le début de
l'année, nous sommes déjà rendus à 55 300 mises en
chantier dans le domaine résidentiel. Vous avez donc là des
chiffres qui parlent d'eux-mêmes, autant dans les investissements non
résidentiels, privés et publics, que dans les investissements
relatifs à la construction domiciliaire, deux chiffres qui sont à
la base de la création d'emplois permanents, particulièrement, et
je les rappelle, les chiffres qui touchent au domaine de la fabrication.
Voilà pour l'emploi.
Le député de Lévis a parlé de comparaison
des résultats du premier trimestre. Je devrai, d'abord, lui faire
remarquer, comme je l'ai mentionné au début, que nous n'avons pas
présentement entre les mains les résultats définitifs de
chiffres compilés par le Contrôleur des
finances pour pouvoir comparer des pommes avec des pommes, à
cause des changements dans les conventions comptables. Ces chiffres-là,
nous les aurons sans doute pour le prochain exercice suivant la synthèse
des opérations financières le 30 septembre. Présentement,
nous ne les avons pas et le député de Lévis ne les a pas,
non plus. Je dois lui dire et le rassurer là-dessus...
M. Garon: Les conventions comptables ne touchent pas à
l'impôt sur le revenu; ils ne peuvent pas se conter d'histoires,
là.
M. Levesque: J'arrive justement à la question de
l'impôt sur le revenu et de tous les revenus du gouvernement. Le total
des revenus connus à l'heure actuelle au ministère des Finances
fait en sorte que les prévisions de revenus que nous avons
annoncées au moment du discours sur le budget et les résultats
sont sensiblement les mêmes. Je ne peux pas être plus clair: il n'y
a pas d'augmentation, il n'y a pas de diminution par rapport aux
prévisions et cela, au moment où je vous parle, à 10 000
000 $ près sur un budget de près de 30 000 000 000 $ ou sur une
somme d'environ 25 000 000 000 $ de revenus.
Tout le reste fait partie de l'échafaudage et de la
macédoine du député de Lévis. Je m'excuse si
j'emploie des mots comme cela, mais il est parti de prémisses fausses ou
erronées pour arriver à des conclusions qui, elles-mêmes,
forcément, ne correspondent pas à la vérité telle
que nous la connaissons présentement au ministère des Finances.
Peut-être que le député de Lévis aura raison dans un
an, deux ans, trois ans, je ne le sais pas, mais, aujourd'hui, au moment
où je vous parle, et non au 30 juin, les revenus que nous avions
envisagés pour la période s'étendant entre le 1er avril et
le 30 juin, date de la synthèse, sont exactement ceux que nous avions
prévus. J'irai plus loin, d'après ce que nous savons aujourd'hui
au ministère, ce 7 octobre 1986, les chiffres sont à moins de 10
000 000 $ près de ce qui avait été prévu.
Quant au dépassement de 67 000 000 $, il est inscrit dans la
synthèse des opérations financières. J'ai pris la peine,
au tout début de mes remarques, de donner les chiffres et les
explications qui justifiaient une augmentation de ces
dépenses-là. J'en ai discuté avec le Conseil du
trésor et celui-ci m'a dit que ces chiffres tenaient toujours et que ces
67 000 000 $ étaient absorbés par des crédits
périmés, de sorte que je n'ai pas ici de raisons de croire qu'il
y a, à l'heure où je vous parle, une situation de
dépassement par rapport aux prévisions de dépenses. Encore
là, cela est sujet, évidemment, au déroulement du
contrôle des dépenses d'ici le 31 mars 1987 sur lesquelles je n'ai
pas à faire des commentaires, à ce moment-ci, sinon que nous
allons essayer collectivement, au ministère des Finances, au Conseil du
trésor et dans les ministères, de nous en tenir aux
prévisions de dépenses annoncées lors du discours sur le
budget.
Le Président (M. Polak): Merci, M. le ministre.
M. le député de Lévis, juste pour le bon
fonctionnement de nos travaux ici, je dois comprendre qu'on siège
jusqu'à midi. En principe, est-ce qu'on continue avec des engagements
financiers après? Quelle était l'entente?
M. Garon: On a commencé un peu plus tard. Pourquoi ne
continuons-nous pas plutôt que de commencer à spéculer? On
verra rendu là. Vous poserez la question à midi.
Le Président (M. Polak): Oui, on va continuer cet
après-midi?
M. Garon: Non. Posez-nous la question rendu à cette
heure.
Le Président (M. Polak): Si on continue au moins
jusqu'à midi, je voudrais tout de même, M. le député
de Lévis, savoir s'il y a d'autres députés qui ont une
question, peut-être. Je comprends très bien votre rôle comme
porte-parole en la matière et peut-être, après cette
intervention que vous faites maintenant, pourriez-vous laisser une chance
à votre confrère et aux autres députés pour
quelques minutes avant midi. Est-ce qu'il y a moyen de faire cela?
M. Garon: C'est-à-dire que le ministre fait des
interventions de vingt minutes à chaque fois. Si c'est comme cela que
ça doit marcher, je n'ai pas d'objection, mais on va prévoir une
période plus longue. Je lui pose des questions précises et je
voudrais avoir des réponses précises. Je me dis: D'accord, mais
on va fonctionner de façon différente, à ce
moment-là. C'est la première fois qu'on fait une synthèse
des opérations financières. Je veux fonctionner sous forme de
questions et de réponses précises sur les données,
pas...
Le Président (M. Polak): Je vous parle simplement dans
l'intérêt...
M. Garon: C'est justement.
Le Président (M. Polak):... des députés
ministériels et de l'Opposition, des députés ordinaires
qui ne prennent pas la parole et qui voudraient aussi peut-être poser une
question pendant une minute ou deux. Je réalise très bien que
vous avez une priorité. J'aimerais, si moyen il y a, que vous puissiez
vous limiter un peu plus, vous et le ministre, pour que les autres
députés aient une chance
de poser une ou deux courtes questions. Vous savez, il n'y a rien de
pire qu'un député qui ne peut pas intervenir. J'ai
l'expérience moi-même.
Donc, de toute façon, vous avez parfaitement votre droit de
parole maintenant, M. le député de Lévis, et on verra
quand on approchera de 11 h 30 ou de 11 h 40 où on en sera rendu.
Mme Hovington: Je crois, M. le Président, que, sur l'avis
de convocation aujourd'hui, il était vraiment mentionné que le
ministre avait été convoqué jusqu'à midi pour
l'étude de la politique budgétaire et de midi à 12 h 30
pour les engagements financiers du mois de juin. C'était dans l'avis de
convocation, je crois.
Le Président (M. Polak): Oui, c'était
jusqu'à midi.
Mme Hovington: C'était l'entente.
Le Président (M. Polak)s Est-ce qu'il y a consentement pour
qu'à partir de midi on continue pour une demi-heure avec les engagements
financiers?
M. Garon: Attendons à midi pour discuter ce qu'on va faire
cet après-midi. Ne perdons pas le temps pour discuter de cela.
Le Président (M. Polak): D'accord. Allez-y, M. le
député de Lévis.
Questions des membres de la commission
M. Garon: Voici ce que je demande essentiellement au ministre des
Finances. On peut discuter longuement du contenu de l'inflation, mais on verra
cela quand l'année sera plus avancée. Le ministre ne peut quand
même pas nier les chiffres de son propre gouvernement, de son propre
bureau de statistiques: le niveau de l'inflation actuellement, c'est 4, 8 % au
Québec, alors que c'était 4 % l'an dernier et qu'il a
prévu 3 % dans son budget. On est quand même rendu à la fin
de septembre. Je vous donne les statistiques de la fin de septembre. On ne peut
pas nier la réalité, c'est 4, 8 %. N'essayons pas de savoir si
c'est sur les aliments ou sur l'énergie. Oublions le contenu, si on
veut, car je ne veux pas entrer dans ces détails-là. On ne vous
parlera pas d'autres choses, car on vérifie la synthèse des
opérations financières. Le taux d'inflation est de 4, 8 %. Alors,
que vous ayez dit 3 % dans votre budget et que cela soit 4, 8 % en
réalité, vous dites que cela ne change rien à vos
chiffres. Je vous dis que c'est quand même curieux. Oublions le contenu.
Si le taux d'inflation est de 4, 8 % au Québec au lieu d'être 3 %,
selon ce que vous aviez prévu, il ne serait pas normal que ça ne
change rien à vos chiffres. Il me semble que ça devrait se
refléter quelque part. Là, vous dites: Cela n'a pas
d'importance.
Deuxièmement, je regrette, ce n'est pas moi, c'est votre chef qui
a dit que, quand vous avez offert 3, 5 % aux fonctionnaires, vous leur offriez
0, 5 % de plus que le taux d'inflation. C'était le taux d'inflation que
vous aviez prévu, pas le taux d'inflation réel. Aujourd'hui,
c'est 4, 8 % et ce que vous reflétez sur l'ensemble des conventions, ce
n'est pas ça. Votre chef a dit que vous offriez 0, 5 % de plus que
l'inflation et que vous étiez très généreux.
Là, on voit actuellement que l'inflation n'est pas à 3 %; elle
est à 4, 8 % et il n'y a rien qui laisse entendre que ça va
baisser au cours des mois qui viennent. Pourquoi? Parce que les composantes que
vous avez mises dans la machine... Je comprends qu'au cours de
l'été l'énergie ne joue pas à plein rendement. Mais
cela va commencer à jouer à plein rendement, par exemple, cet
automne, avec le chauffage cet hiver. Il va se dépenser normalement plus
d'électricité, plus d'huile à chauffage. C'est
évident que cet été, ça n'a pas baissé
beaucoup. Mais cela est dans la machine actuellement.
Alors, à la fin de l'année, avez-vous des indices que
ça va baisser en bas de 4, 8 %? Nous, on vous Fa dit. On ne pourra pas
dire que nous faisons de la spéculation, etc. Le lendemain de votre
discours sur le budget où vous aviez prévu 3 %, l'essentiel de
mon discours de réplique a été pour dire que ce
n'était pas vrai que ce serait 3 %. Ce n'était pas possible que
ce soit 3 %, à cause de ce que vous aviez mis dans la machine, en grande
partie. Là, on voit que vos propres données disent 4, 8 %.
J'aimerais savoir comment ça se fait que ça n'influence pas votre
budget.
Deuxièmement, le niveau de l'emploi. Vous savez, j'ai vos
données, vos propres données dessaisonalisées au mois
d'août 1986. On peut faire toute la spéculation qu'on voudra. Il y
a eu tant de maisons, tant d'affaires. Spéculons sur tout ce que nous
voudrons, sauf que le niveau de l'emploi total - je ne veux pas parler de
niveau d'emploi spécifique - dessaisonalisé en 1986, selon vos
propres statistiques... On sait qu'à l'été, ça
augmente un peu, sauf qu'août n'a jamais augmenté si peu cette
année. On a vu que les emplois d'été, en données
brutes, ont peu augmenté cette année par rapport à
l'Ontario qui a augmenté beaucoup plus cette année qu'au
Québec.
Quand vous voyez, par exemple, "données dessaisonalisées",
ça passe de 2 890 000 en janvier au Québec à 2 855 000,
soit 36 000 de moins, alors qu'en Ontario, pour la même période,
ça passe de 4 513 000 à 4 541 000, une augmentation de 28 000.
"Données dessaisonalisées", c'est
une publication de votre gouvernement actuellement, ministère de
l'Industrie et du Commerce, Direction générale de la recherche et
de la planification, Direction de l'analyse économique et des relations
internationales. Ce sont eux qui publient, chaque année, chaque mois, la
situation de l'emploi au Québec. Ce ne sont pas mes données; ce
sont les données du gouvernement, l'administration, qui dit que
ça baisse au Québec alors que le niveau d'emploi, selon les
données dessaisonalisées, augmente en Ontario.
On sait que, sur le plan des données brutes, ça augmente
pendant l'été. S'il fallait que ça baisse pendant
l'été en plus, ce serait épouvantable. Cela augmente, mais
ça n'augmente pas assez pour que, sur une base annuelle, le niveau
d'emploi augmente au Québec. Au contraire, il baisse, alors qu'en
Ontario il augmente.
C'est ce que je vous dis. Donc, une première question: Comment
pouvez-vous expliquer qu'avec un taux d'inflation de 4, 8 %, alors que vous
aviez prévu 3 %, ça ne se reflète d'aucune façon?
Deuxièmement, alors que je vous dis que l'impôt sur le revenu des
particuliers a augmenté, ce que vous avez perçu en termes de
revenus est de 15. 7 % plus élevé en 1986-1987 qu'en 1985-1986,
la taxe sur les ventes au détail de 21, 5 % plus élevée en
1986-1987 qu'en 1985-1986 pour les trois premiers mois, de 30 000 000 $ - je
n'ai pas fait de pourcentage - de 234 800 000 $ à 264 400 000 $ pour le
carburant et pour le tabac de 106 500 000 $ à 126 400 000 $, 18. 8 %,
comment ça se fait que ça ne se reflète à nulle
part?
C'est une question précise: Cela ne se reflète pas dans
les totaux. Est-ce qu'il y a des explications? Est-ce que les gens vont moins
fumer le reste de l'année pour compenser parce qu'ils ont fumé
plus au début de l'année? Est-ce que les gens vont
dépenser moins d'essence parce qu'ils en ont dépensé plus
au premier trimestre?
C'est clair, d'après les chiffres, quand on compare les
résultats des trois premiers mois de 1984-1985, 1985-1986, 1986-1987.
C'est ça, les chiffres. Vous dites que ça ne paraît
à nulle part. Vous me dites également qu'il y a des
dépassements de 67 900 000 $. Je veux poser une question précise.
Je n'ai pas demandé: Le ministre Gobeil, qu'est-ce qu'il a dît et
tout ça? Je vous demande une chose: Y aura-t-il un budget
supplémentaire à l'automne? La question est précise. Ce
n'est pas une vue de l'esprit que je vous demande. C'est une question
très simple. Est-ce qu'il y aura un budget supplémentaire
à l'automne? C'est une question très précise que je vous
pose là. Je vous demande également: le Fonds de
développement régional...
M. Levesque: Attendez; on va commencer, si vous voulez. (11 h
30)
M. Garon: Mais c'est parce qu'il faut passer la parole à
d'autres. Je veux vous poser mes questions.
M. Levesque: Non, je pense bien que le président va vous
laisser continuer.
M. Garon: D'accord.
Une voix: II n'y a pas de problème là-dessus.
Le taux d'inflation
M. Levesque: Je voudrais simplement répondre très
brièvement d'abord à la question sur l'inflation. C'est la
question que vous m'avez posée. Je vous dis tout de suite que, lorsque
l'on regarde les chiffres, on a la réponse. Pourquoi cela ne change-t-il
pas les revenus? Cela ne change pas les revenus même s'il y a
augmentation de l'inflation, parce qu'il y a des facteurs - je le dis encore
une fois et j'espère que ce sera compris - qui ont justifié ou
qui ont expliqué ou qui expliquent l'augmentation de l'indice; ce sont
les aliments en grande partie. Autrement dit, ce n'est pas 4, 8 %, mais
plutôt 5, 6 % dans l'alimentation. Comme il n'y a pas de taxe de vente,
on ne peut pas avoir une augmentation des revenus. Ensuite...
M. Garon: M. le ministre, je vais vous dire tout de suite...
M. Levesque:... dans le vêtement.
M. Garon:... que quand la taxe sur les ventes au détail
augmente de 21, 5 %. Je sais que vous n'avez pas eu de taxe de vente sur les
aliments. Mais comment se fait-il que cela soit passé de 721 200 000. $
à 875 900 000 $ pour faire une augmentation de 21, 5 % de la taxe sur
les ventes au détail? Je sais que les aliments ne sont pas taxés,
mais comment se fait-il que vos revenus de la taxe sur les ventes au
détail ont augmenté de 21, 5 %? Les aliments n'étaient pas
taxés l'an dernier, ni cette année.
M. Levesque: II n'ont pas augmenté, si je ne m'abuse. Il
n'ont pas augmenté de 21, 5 % par rapport à nos
prévisions. Si le député -m'écoute, il va avoir la
réponse. S'il ne m'écoute pas... le député ne
prétend pas que l'augmentation de 21 % est par rapport à nos
prévisions. Ce que je comprends qu'il dit, c'est que c'est par rapport
à l'année précédente.
M. Garon: C'est dans les coffres de l'État.
M. Levesque: Ce n'est pas un change-
ment par rapport à nos prévisions. SMl regarde simplement
l'année précédente, il va s'apercevoir, par exemple, que
la taxe sur les assurances n'existait pas le 1er avril 1985. Du moment que vous
avez ce changement par rapport à l'année
précédente, vous avez là une augmentation
considérable seulement à ce chapitre-là. C'est ce que
j'explique au député. C'est que cette augmentation n'est pas due
à des changements de prévisions, mais à des changements de
revenus qui sont reliés en particulier à la taxe sur les
assurances qui est entrée en vigueur avec le budget Duhaime, mais qui
n'existait pas avant.
Dans les premiers mois de 1985, vous n'aviez pas de tels revenus. On ne
peut pas comparer, autrement dit, les revenus d'une année par rapport
à l'autre. Je pense qu'il est beaucoup plus sain de comparer les
prévisions que nous avions au début de l'année. C'est la
raison d'être de cette synthèse des opérations
financières, de voir si nos prévisions s'avèrent justes.
Je dis oui.
La création d'emplois
Si je prends la question de l'emploi, par exemple, je pense encore
là que c'est par rapport à nos prévisions. La
création d'emplois jusqu'à la fin d'août 1986 est de 66 000
nouveaux emplois par rapport à l'année précédente.
Dans nos prévisions nous avions annoncé 63 000 nouveaux emplois.
Nous en sommes donc à 3000 emplois de plus que prévu. J'aimerais
bien, cependant - je ne le cache pas - pouvoir accélérer la
création d'emplois parce que c'est probablement le défi le plus
important que nous ayons devant nous. Nous concentrons tous les efforts du
gouvernement sur cette création d'emplois. Ce qui nous encourage, encore
une fois, c'est de voir que même nos prévisions, que nous voulions
les plus réalistes, ont été fortement
dépassées dans des endroits aussi stratégiques que les
investissements dans le domaine de la fabrication, les investissements dans le
domaine non résidentiel, de même que dans le domaine
résidentiel.
M. Garon: L'augmentation de 66 000 emplois, où prenez-vous
cela?
M. Levesque: Un instant! Avez-vous les chiffres? C'est la moyenne
cumulée entre le 1er janvier 1986 et le 31 août 1986. Vous trouvez
cela dans les statistiques que vous avez probablement devant vous.
M. Garon: L'an dernier, c'était combien pour la même
période?
M. Levesque: On peut l'établir, mais on ne l'a pas ici
présentement.
M. Garon: Je peux vous le dire, je l'ai.
C'est évident, les données brutes. L'an dernier,
c'était 71 500 et, en 1984, c'était 91 800. C'est vrai, le
nombre, cette année, est plus bas que les années
antérieures. Les huit premiers mois, 91 800 en 1984, 71 500 en 1985, 66
001 en 1986.
M. Levesque: C'est cela que le député ne comprend
pas. Il s'agit simplement de récupération et non de
création d'emplois qu'il y avait dans ce temps-là.
Deuxièmement...
M. Garon: Disons que les gens travaillent.
M. Levesque:... la récupération se faisait en
très grande partie avec des emplois à temps partiel.
M. Garon: Cela ne fait rien. Pour les personnes-années
occasionnelles, vous avez un emploi-année occasionnel. Trois fois quatre
mois, cela fait un an, autant qu'une fois douze mois. C'est du travail, c'est
de l'emploi.
M. Levesque: Je n'ai rien contre les emplois occasionnels. Je dis
simplement que la qualité des emplois créés est beaucoup
plus élevée que celle des emplois partiels
récupérés.
M. Garon: Cela ne fait rien, cela ne fait pas plus d'emplois.
M. Levesque: Au point de vue de la qualité de l'emploi, je
pense qu'une personne est beaucoup plus satisfaite d'évoluer avec un
emploi de nature permanente qu'avec un emploi de nature partielle; c'est tout
ce que je dis. Tant mieux si l'on peut en créer plus! Je suis bien
d'accord que nous visons les mêmes objectifs, j'en suis convaincu, mais
il ne faudrait pas faire des comparaisons qui ne tiennent pas. Je dis que nous
avions prévu 63 000 emplois à partir du 1er janvier et que nous
sommes rendus à 66 000 par rapport à l'année
précédente. Nous disons que ce qui nous frappe, c'est qu'il
s'agit, pour la très grande majorité, d'emplois de nature
permanente. On l'explique fort bien lorsqu'on regarde les chiffres des
investissements, ce sont justement des investissements auxquels sont
reliés, en grande majorité, des emplois à temps plein.
M. Garon: Des emplois à temps plein, cela ne veut pas dire
des emplois éternels, permanents.
M. Levesque: Non.
M. Garon: Comme résultat, si vous avez moins de gens qui
travaillent... Si vous avez des employés occasionnels qui s'ajoutent
à cela, vous additionnez les employés occasionnels et les
employés permanents et, en fin de compte, vous avez moins de gens qui
travaillent, je ne vois pas où est le résultat.
De la même façon, pour les négociations des
conventions collectives, vous parlez des taux d'augmentation au premier
trimestre et au deuxième trimestre. Je regrette, la revue "Le
marché du travail" de septembre 1986, publiée par le
ministère du Travail, ne cite pas les chiffres que vous donnez.
L'article de Luc Favreau, économiste du service de l'analyse des
conditions de travail et de la rémunération du CRSMT, dit quoi?
Il dit que les résultats préliminaires du deuxième
trimestre de 1986 indiquent que les taux de salaire négociés lors
du renouvellement des conventions collectives progressent à un rythme
supérieur à 4 %, pour toute la durée de leur application.
Les hausses prévues sont de l'ordre de 4, 2 % par année. Plus
loin, on dit: Les résultats du premier trimestre de 1986 indiquent des
hausses annuelles de 4, 2 %, en moyenne, pour toute la durée
d'application et de 4, 3 % pour la première année d'application.
Je ne sais où vous prenez vos chiffres. Je regarde cela et on dit:
L'analyse a été faite au ministère du Travail. Elle
indique des augmentations de plus de 4 %. Je veux bien croire que l'on peut
citer des chiffres et que l'on peut discuter longuement, mais les
données brutes, réelles, de base - n'entrons pas dans les
détails - démontrent que le taux d'inflation au Québec est
de 4, 8 %. Enlevons, si l'on veut, les composantes, il est de 4, 8 %. Les
données réelles démontrent que vos entrées de fonds
sont plus rapides.
Par ailleurs, expliquez-moi pourquoi le Fonds de développement
régional...
M. Levesque: Un instant, je vais vous répondre pour
l'autre affaire.
M. Garon: Attendez un peu.
M. Levesque: II ne faut pas se mélanger, vous parliez de
salaire. Je réponds tout de suite, M. le Président, si vous me le
permettez. Les chiffres que je vous ai donnés pour Québec,
lorsque je vous ai parlé d'une augmentation effective des salaires,
avaient trait aux conventions des grandes sociétés dans tout le
Québec: 3, 8%, 3, 1% en 1985; 3, 6%, 3, 6% en 1986. Je prends maintenant
les statistiques sur les salaires; la source est Statistique Canada. Le salaire
hebdomadaire moyen au Québec entre le 1er janvier et le 30 juin, cette
année, par rapport à l'année précédente:
augmentation 3, 5 %. Alors, que je prenne l'une ou l'autre des sources,
j'arrive à la même conclusion. Et ce n'est pas moi qui invente
cela, ce sont les chiffres officiels.
M. Garon: II faut que vous avertissiez le ministère du
Travail que ses données ne sont pas bonnes. Pourtant, c'est le
ministère du Travail qui est le plus près de cela; c'est sa
fonction. Je connais assez les statistiques aussi pour savoir que les
statistiques sectorielles sont beaucoup plus précises que les
statistiques générales. Quel est l'échantillon de
Statistique Canada? Je préfère voir les données du
ministère du Travail dont c'est la fonction précise. J'ai
déjà vu des écarts de statistiques entre le
ministère de l'Agriculture à Ottawa et le ministère de
l'Agriculture au Québec. Quand on arrivait pour faire des compilations
et que l'on revenait en arrière, c'est Québec qui avait raison.
Vous avez des gens spécialisés dans le secteur qui donnent des
chiffres et ils ne donnent pas les mêmes chiffres.
Fonds de développement régional. Dans votre discours, vous
avez dit 45 900 000 $, et vous additionnez 10 000 000 $. Comment cela se
fait-il que, dans les prévisions révisées du 30 juin 1986,
ce soit 51 400 000 $ au lieu d'être 55 900 000 $? Où sont
passés les 10 000 000 $ annoncés?
Dans le domaine des transports, dans le discours sur le budget, c'est 1
630 000 000 $. Vous dites ensuite que vous avez additionné 10 000 000 $
de plus pour la voirie municipale. Au lieu de faire 1 640 000 $, les
prévisions révisées au 30 juin 1986 étaient de 1
594 600 $. Il y a quand même là une baisse de près de 45
000 000 $ au lieu d'une augmentation, comme vous l'aviez annoncé.
M. Levesque: J'aimerais immédiatement dire au
député de Lévis qu'il se souviendra que, lorsque nous
avons annoncé ces chiffres, nous avions en même temps
annoncé des crédits périmés de l'ordre...
M. Garon: Ils n'étaient pas identifiés, pardon.
M. Levesque:... de 175 000 000 $, plus une autre somme de 75 000
000 $. Il y avait deux trains de crédits périmés. Le
député de Lévis sera d'accord, je pense. Il se souviendra
que j'avais annoncé dans le discours sur le budget 175 000 000 $ de
crédits périmés à la suite du président du
Conseil du trésor. Par la suite, j'avais ajouté 75 000 000 $
additionnels. Mais les chiffres que vient de nous citer le député
de Lévis sont des chiffres ajustés, alors que chaque
ministère a été identifié quant à sa part
des crédits périmés. Tous les ministères ont
dû se partager cela pour pouvoir arriver à ces crédits
périmés.
Possibilité d'un budget supplémentaire
M. Garon: Y aura-t-il un budget supplé-
mentaire à l'automne? On ne peut pas financer avec des
crédits périmés, car il faut passer de programme à
programme, alors qu'on ne peut pas passer de programme à programme. Cela
veut dire qu'il y aura nécessairement un budget supplémentaire
à l'automne.
M. Levesque: 11 faut bien s'entendre sur budget
supplémentaire. Vous savez, il y a différents budgets
supplémentaires.
M. Garon: En plus, il y a la Loi sur l'administration
financière.
M. Levesque: En 1981, on se souviendra que l'on a eu ce que l'on
a appelé un budget supplémentaire, mais la définition
n'était pas la même que les budgets supplémentaires que
nous avons régulièrement au cours de certains exercices
financiers. Autrement dit, lorsque M. Parizeau est arrivé après
les élections de 1981 avec un budget supplémentaire, cela
n'était pas tout à fait ce que l'on appelait un budget
supplémentaire, c'était un nouveau budget pour corriger le budget
préélectoral. C'est à ce moment-là qu'il avait
augmenté les taxes de plus de 1 000 000 000 $ par année. Et
là c'était un budget supplémentaire dans le sens qu'il ne
pouvait pas boucler l'année sans avoir recours à un budget
additionnel ou à un deuxième budget. Si c'est ce genre de budget
dont vous me parlez, je n'en prévois pas au moment où je vous
parle. (11 h 45)
M. Garon: D'accord. Je vais vous poser une question plus
simple.
M. Levesque: Laissez-moi terminer, s'il vous plaît! Si on
parle de ce genre de budget supplémentaire qui n'a pour raison que de
faire des ajustements par rapport à certains dépassements, il est
possible qu'il y ait un budget supplémentaire parce qu'il est important
que les ministères puissent se faire voter des sommes pour certains
dépassements dont j'ai donné quelques exemples tout à
l'heure. Mais cela ne veut pas dire que ces crédits
supplémentaires ne seront pas compensés par des crédits
périmés équivalents. Lorsque j'ai parlé de 67 000
000 $ ou 69 000 000 $ tout à l'heure pour l'assurance-stabilisation,
pour d'autres éléments que j'ai mentionnés, j'ai en
même temps dit que nous prévoyions au Conseil du trésor
pouvoir faire la compensation par des crédits périmés
additionnels.
M. Garon: Je vais vous poser une question précise,
M. Levesque: Là, je vous dis: Ce qui est prévu
présentement, ce qui n'est pas exclu, autrement dit, c'est un budget
supplé- mentaire suivant la définition que J'ai donnée, un
budget de compensation, si vous voulez, mais qui ne serait pas de nature
à augmenter... C'est ma prévision à l'heure actuelle; nous
sommes au mois d'octobre et nous avons à vivre encore jusqu'au 31 mars
avec ce budget. Je dis que, pour le moment, il n'est pas prévu de budget
supplémentaire dans le sens de celui de l'automne 1981, mais il est
possible d'avoir des budgets supplémentaires d'ordre comptable, si vous
voulez, pour faire voter un dépassement et, ensuite, que ce
dépassement-là soit annulé dans le sens budgétaire
par des crédits périmés.
M. Garon: Si je regarde l'Agriculture, vous avez 17 200 000 $
additionnels en assurance-stabilisation. Si je regarde les dépenses du
ministère, lors du discours sur le budget, c'était 507 000 000 $;
prévision révisée, 500 200 000 $. Donc, le budget du
ministère était de 507 000 000 $ tors du discours sur le budget;
prévision révisée, 500 200 000 $. Est-ce que les 17 200
000 $ sont compris dans les 500 200 000 $?
M. Levesque: Oui. Prenez 507 000 000 $ et ajoutez les 17 000 000
$ dont vous parlez, vous avez 524 000 000 $; moins 24 000 000 $ de
crédits périmés, vous avez encore le même chiffre.
Mais, encore là, il va falloir attendre un peu plus tard. Je vous dirai
bien candidement que, probablement vers la mi-novembre, on sera en mesure de
vous répondre d'une façon plus ferme. Mais, au moment où
je vous parle, je n'ai pas de raison de croire que les crédits
périmés ne seront pas de nature à pouvoir absorber ces 17
000 000 $. Au mois de novembre, on verra un peu mieux. Comme vous le savez par
expérience, on voit mieux à ce moment-là le cours que
devront suivre les dépenses sectorielles et la façon dont on peut
y faire face par des crédits périmes, si vous voulez. Mais, au
moment où je vous parle...
M. Garon: Pouvez-vous me dire...
M. Levesque:... je ne peux pas donner d'autre réponse que
celle que j'ai donnée.
La Raffinerie de sucre du Québec
M. Garon:... où se retrouve le remboursement des emprunts
de la Raffinerie de sucre, soit environ 56 000 000 $, dans la synthèse
des opérations financières? Cela doit être
réalisé à ce jour. Il y a aussi le prêt de 40 000
000 $ à Lantic.
M. Levesque: Je dois vous dire qu'il s'agit d'un dossier, dans
ses détails, qui est beaucoup plus de la responsabilité
immédiate du ministre délégué à la
Privatisation. Je
vais essayer de vous répondre le mieux possible.
M. Garon: II y a un aspect de finances publiques là-dedans.
M. Levesque: Oui, mais je veux parler du "day-to-day".
M. Garon: Les 56 000 000 $ de remboursement...
M. Levesque: Voici ce que je peux vous répondre...
M. Garon:... c'est le ministre des Finances qui est
actionnaire.
M. Levesque:... pour le moment. J'ai fait cette mise au point
parce que je n'ai pas une connaissance quotidienne de l'affaire, mais je vais
essayer de vous répondre. C'est ce que vous voulez? Je vais essayer de
vous répondre.
M. Garon: Mais les 56 000 000 $ ne doivent pas passer... On n'est
pas rendu à dire...
M. Levesque: Vous allez voir que les 56 000 000 $...
M. Garon:... What are 56 000 000 $?
M. Levesque:... vont fondre. Vous avez commencé à
les faire fondre avant avec votre propre soleil.
M. Garon: On a déjà dit ça.
M. Levesque: Vous savez que, lorsque vous avez laissé la
Raffinerie de sucre du Québec, vous ne nous avez pas laissé un
héritage bien brillant.
M. Garon: C'est-à-dire qu'elle coûte plus cher
fermée qu'en opération.
M. Levesque: C'est votre opinion. M. Garon: Oui et je la
partage.
M. Levesque: Je vais essayer de répondre à votre
question. La dette qu'il y avait à ta Raffinerie de sucre du
Québec, à la Banque nationale du Canada, était de 52 600
000 $. Vous devez vous le rappeler.
M. Garon: Elle est bien moins forte que ce qu'on nous a dit en
commission parlementaire.
M. Levesque: Cela a été payé 52 600 000 $
par capital-actions. Lantic, l'acheteur, a payé, par une
débenture, 40 000 000 $ et 2 900 000 $ en fonds de roulement
payés comptant par Lantic. La perte provisoire prévue au budget
est de 9 700 000 $.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis. Est-ce que vous avez terminé, M. te ministre?
M. Levesque: Pour le moment. J'attends d'autre chose.
M. Garon: Oui, mais les 40 000 000 $...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis. Le député de Prévost
a demandé la parole. Vous avez une heure et 38 minutes
d'utilisées, de 10 h 12 à immédiatement. Alors, il nous
reste environ...
M. Garon: J'ai posé la question au ministre. Les 40 000
000 $, d'où venaient-ils?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, il nous reste environ neuf minutes pour permettre, du moins au
parti ministériel, de poser des questions eu égard au mandat qui
nous a été confié par l'Assemblée de
procéder à l'étude de l'évolution de la politique
budgétaire, de 10 heures à 12 heures. Alors, je suis dans
l'obligation de demander au député de Prévost
d'intervenir.
Les transferts fédéraux
M. Forget: M. le Président, M. le ministre, sur le plan de
la péréquation avec le gouvernement fédéral, est-ce
que vous prévoyez que nous allons avoir encore des coupures?
M. Levesque: Si?
M. Forget: Sur le plan de la péréquation avec le
gouvernement fédéral, comme l'an passé, est-ce que vous
prévoyez des coupures encore cette année ou bien si cela va se
maintenir?
M. Levesque: Vous touchez là un sujet fort important. Je
m'attendais que l'Opposition pose cette question, parce qu'au lieu de
gémir sur l'administration passée et presque être
masochiste je pensais qu'on parlerait plutôt de l'avenir. Justement, ce
qui nous préoccupe beaucoup dans l'avenir immédiat, ce sont ces
transferts fédéraux.
On sait que, depuis 1982, le Québec a subi un recul dans le
domaine des transferts fédéraux. Les plus récentes
expériences touchent ces transferts au chapitre de la santé et de
l'éducation postsecondaire. Les transferts fédéraux,
rappelons-le, sont de
nature différente. Mats les trois principaux chapitres de ces
transferts fédéraux sont, d'abord, la péréquation,
qui s'applique au Québec, mais qui ne s'applique pas à quatre
provinces: l'Ontario, la Saskatchewan, l'Alberta et la Colombie britannique.
Les six autres provinces, incluant le Québec, ont part à la
péréquation. Deuxièmement, il y a ce qu'on appelle le FPE,
le financement des programmes établis. C'est santé et
éducation postsecondaire. Troisièmement, il y a l'assistance
publique, autrement dit l'aide sociale, où le gouvernement
fédéral absorbe 50 % des coûts. En plus de ces trois
chapitres, Il y a également le quatrième. Ce sont les
différents accords entre le gouvernement fédéral et les
gouvernements des provinces sur certains programmes de développement,
particulièrement dans le domaine économique.
Si on laisse ces deux points de côté -le quatrième
que je viens de mentionner et le troisième sur l'aide sociale qui
continue à fonctionner de la même façon à 50-50 - il
reste les deux autres gros morceaux: le financement des programmes
établis en matière de santé et d'éducation
postsecondaire. C'est là que nous avons eu droit à la loi C-96
à Ottawa, qui a fait en sorte que la progression normale, en vertu de la
formule antérieure, soit diminuée. Cela a comme effet de nous
priver d'un montant de 82 000 000 $ cette année et, pour les cinq
prochaines années, nous aurons par rapport à l'ancienne formule
un manque à gagner de 2 000 000 000 $, ceci dans des domaines aussi
vitaux que la santé et l'éducation postsecondaire.
Le gouvernement fédéral, par cette loi C-96, a
récupéré par rapport à l'ancienne formule un
montant de 8 000 000 000 $ pour l'ensemble du Canada. Comme cela est
relié au per capita, contrairement à la péréquation
qui n'affecte que certaines provinces, le FPE affecte toutes les provinces.
Ainsi, ce montant de 8 000 000 000 $ de récupération coûte
2 000 000 000 $ pour le Québec, soit 25 %.
La péréquation, elle, n'est pas encore
réglée. Les nouveaux accords devraient commencer à
être mis en oeuvre le 1er avril 1987. C'est là-dessus que porte la
discussion que nous poursuivons présentement entre les provinces et le
gouvernement fédéral. Ce que nous voulons, évidemment,
c'est que le gouvernement fédérai augmente les paiements de
péréquation pour nous permettre au moins de
récupérer une partie de ce qu'on vient de perdre, dans les
domaines de la santé et de l'éducation, dans le financement des
programmes établis.
Nous sommes en discussion. Nous avons eu une conférence
fédérale-provinciale à Montréal au mois de
septembre. À la fin du mois, nous aurons une autre conférence
fédérale-provinciale à Edmonton sur le même sujet.
Possiblement que les premiers ministres qui doivent se rencontrer en novembre
vont aborder le sujet. Probablement que, d'ici la fin de l'année ou au
début de l'année prochaine, le gouvernement fédérai
devra passer à l'action. Nous espérons que le gouvernement
fédéral sera sensible à ces préoccupations,
particulièrement des provinces récipiendaires de
péréquation qui ont été frappées plus
durement par la loi C-96, étant donné notre capacité
fiscale qui est moindre dans les provinces récipiendaires de
péréquation que dans les autres provinces mieux nanties.
Les informations que nous avons présentement nous laissent croire
que le gouvernement fédéral pourrait bonifier le système
de péréquation d'une somme dépassant 1 000 000 000 $.
Mais, encore là, nous continuons à dire au gouvernement
fédéral qu'il devrait bonifier davantage le système pour
répondre aux besoins des provinces qui ont subi le choc de la loi C-96.
Deuxièmement, nous demandons au gouvernement du Canada de faire en sorte
que le Québec puisse continuer à recevoir, dans cette
bonification, une proportion au moins égale à celle qu'il
reçoit présentement dans ce domaine.
Autrement dit, sur une somme d'environ... Ce n'est pas précis
comme chiffres; c'est simplement pour donner un ordre de grandeur. - S'il y a
une somme de 6 000 000 000 $, disons, qui est présentement versée
au chapitre de la péréquation pour l'ensemble des six provinces
récipiendaires, le Québec en reçoit à peu
près la moitié, soit 3 000 000 000 $ environ. Les cinq autres
provinces se partagent le reste.
Nous disons au gouvernement fédéral d'augmenter, de
bonifier cette somme de 6 000 000 000 $ pour aller le plus loin possible et
pour nous permettre, par cette bonification, d'avoir des retombées
positives dans les provinces récipiendaires et de faire en sorte que la
part du Québec demeure ce qu'elle est au point de vue de la
bonification, comme elle l'est pour l'ensemble des paiements de
péréquation.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances. Notre mandat étant terminé, je remercie
les participants. La commission ayant accompli son mandat, soit
d'étudier de façon trimestrielle la politique budgétaire
du gouvernement, nous allons suspendre pour environ une minute avant de
procéder au mandat de vérification des engagements
financiers.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
(Reprise à 12 h 4)
Vérification des engagements financiers
Finances
Le Président (M. Lemieux): La commission permanente du
budget et de l'administration poursuit ses travaux afin de vérifier les
engagements financiers du ministre des Finances pour les mois de juin, juillet
et août 1986, tel que convenu. Lors de la dernière séance,
on avait demandé au secrétaire de la commission de produire
l'engagement financier 5 de mai 1986, puisque la deuxième page
était illisible. Nous allons procéder immédiatement au
dépôt de l'engagement financier 5 de mai 1986 du ministère
des Finances, puisque le tableau, à la deuxième page du document,
était illisible. M. le secrétaire, voulez-vous procéder au
dépôt?
Juin
J'appelle l'engagement 1 de juin 1986 qui se lit comme suit: Contrat
pour la fourniture des services informatiques nécessaires à
certaines activités du ministère pour une période d'un an.
Montant de l'engagement: 125 000 $. M. le ministre des Finances.
Nous sommes à l'engagement 1 de juin 1986.
M. Garon: Pourquoi n'y a-t-il pas eu d'appel d'offres?
M. Levesque: Est-ce que vous êtes au no 161462?
Le Président (M. Lemieux): Le no 161462,
effectivement.
M. Garon: C'est cela.
M. Levesque: Je dirai au député de Lévis
que, bien que sa question soit bonne, la réponse me semble assez facile.
C'est un processus qui dure depuis 1984 alors qu'il y a eu des dépenses,
à ce'tte fin, de 440 000 $ et, en 1985-1986, de 258 000 $. Il y a un
désengagement qui se fait régulièrement dans ce domaine,
mais nous avons simplement continué la procédure qui avait
été commencée il y a...
M. Garon: C'est essentiellement la firme qui vous fournit des
services. Est-ce qu'il y avait un dépassement ou si c'est un service
additionnel?
M. Montminy (André): Ce n'est pas un dépassement,
c'est le renouvellement du contrat original.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous pourriez vous
identifier, s'il vous plaît?
M. Montminy: André Montminy, du ministère des
Finances.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Montminy: Les contrats ont commencé avec la firme ACSI
pour le traitement sur les grands modèles pour les paramètres
fiscaux, ce que l'on appelle le modèle intersectoriel et le
modèle des équilibres général. En gros, on a
dépensé 440 000 $ en 1984 et 300 000 $, je pense...
M. Garon: C'est un renouvellement pour une période d'un
an?
M. Montminy: Oui.
M. Garon: Pourquoi n'est-ce pas écrit' C'est seulement
écrit que c'est un contrat pour la fourniture des services informatiques
nécessaires à certaines activités du ministère pour
une période d'un an. Pourquoi n'écrît-on pas que c'est un
renouvellement de contrat? Habituellement, on l'écrit quand c'est un
renouvellement de contrat.
M. Montminy: Le libellé du texte n'est pas de nous.
M. Garon: Ah bon!
M. Montminy: II n'est pas de nous.
M. Garon: C'est vrai que...
M. Montminy: Maintenant...
M. Garon:... le texte n'est pas de vous.
M. Montminy: Non, pas de nous. Je veux dire... C'est parce que
c'est pigé... Maintenant, il faut comprendre pourquoi le
ministère des Finances se désengage de chez ACSI, c'est que,
très simplement, si on se rappelle la dernière réunion de
la commission, on a avec le Conseil du trésor notre propre ordinateur.
Alors, d'année en année, on réduit les dépenses
avec ACSI. Toutefois, on ne peut pas en sortir complètement pour une
simple raison, c'est que le modèle d'équilibre
général qui nous permet de faire nos simulations pour feuilles
fiscales, c'est un modèle captif. Il va falloir négocier une
entente avec le propriétaire de ce modèle pour l'amener chez
nous.
M. Garon: D'accord. Cela va.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 1 est
vérifié. J'appelle l'engagement 2 de juin 1986, contrat pour
l'achat de trois contrôleurs, deux imprimantes et treize écrans
Bell Informatique pour les besoins de l'Inspecteur général des
institutions financières, Service des compagnies, pour un
montant de 41 917, 04 $.
M. Garon: Là encore, pourquoi s'agit-il d'un contrat
négocié?
M. Levesque: D'abord, M. Cardinal, du bureau de l'Inspecteur
général des institutions financières, est ici pour
répondre à des questions d'ordre technique, s'il s'en pose. En
attendant, on me permettra de dire que l'organisme est relié à
l'ordinateur central du ministère du Revenu pour le système du
fichier central des entreprises. L'an dernier, le ministère du Revenu
informait l'organisme qu'il avait opté définitivement pour une
nouvelle technologie dans les communications de tous les terminaux
raccordés au réseau. Cette technologie, SNA-SDLC, System Network
Architecture-Synchronous Data Link Control, permet d'optimiser l'utilisation
des ressources, tant humaines que physiques, en assurant une stabilité
plus grande du réseau, du contrôle des pannes, en accordant un
meilleur temps-réponse de l'ordinateur et, finalement, en permettant une
plus grande flexibilité pour intégrer les nouveaux
équipements sur le marché. Toutefois, l'implantation de cette
technologie implique des déboursés importants puisque cela
nécessite de procéder au changement de nombreux
équipements. En tenant compte des spécifications du
ministère du Revenu - c'est là que je réponds à
votre question, M. le député de Lévis - les cinq
unités administratives de l'organisme utilisant le système
informatique du fichier central ont fait les démarches
nécessaires auprès du Service des achats du gouvernement pour
obtenir le matériel requis. Afin d'assurer la compatibilité des
équipements achetés et dans le but de négocier- de
meilleurs prix, les commandes ont été regroupées. Le
fournisseur retenu par le Service des achats du gouvernement a
été justement la compagnie Bell Informatique.
M. Garon: Pourquoi faire cinq contrats différents
plutôt que... Ce sont cinq contrats aux engagements 2, 3, 4, 5 et 6.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, êtes-vous d'accord pour en discuter globalement?
M. Garon: Oui, tous ensemble.
Le Président (M. Lemieux): Ceci peut se faire, M. le
ministre?
M. Levesque: D'accord.
M. Garon: C'est le montant de l'engagement, le deuxième,
41 917 $; l'autre, de 35 147 $, un autre de 39 761 $, un autre de 27 671 $ et
un autre de 29 462 $, tous pour des contrôleurs, des écrans et des
imprimantes. Alors, pourquoi avoir fait cinq contrats différents
plutôt que d'avoir fait un achat de volume auprès de l'entreprise?
Je ne comprends pas le but de cinq contrats.
M. Levesque: M. Cardinal, du bureau de l'inspecteur
général, va vous répondre.
M. Cardinal (Jacques): On aurait effectivement pu les regrouper
et faire un contrat global, mais on avait trois ou quatre raisons qui nous
obligeaient à aller très rapidement, la première
étant que le conseil venait d'accepter notre budget.
M. Garon: Pardon?
M. Cardinal: Le conseil venait d'accepter notre budget, parce que
la commande a été passée au début d'avril. Donc, le
conseil était très conscient de cette dépense, ce qui ne
légalise évidemment pas la chose.
La deuxième chose, c'est que c'était très urgent.
Pourquoi? Parce que l'on a eu une augmentation cette année très
substantielle de nos incorporations. Vous savez que le gouvernement
fédéral a augmenté ses coûts à 500 $; nous,
nous les avons gardés au début de l'année à 200 $
et ensuite à 300 $. Alors, nous avons doublé nos incorporations.
En plus, nous avions une prévision d'augmentation encore très
substantielle attribuable à un projet de loi qui malheureusement, n'a
pas pu être déposé à la session du printemps - en
tout cas, on verra ce qui va arriver, cela n'est pas à mol de dire des
choses là-dessus - qui demandait aussi une mise en application
très rapide. Alors, c'est pour cela que l'on a cru bon, vu que
c'étaient des centres de responsabilité différents, de les
commander de façon différente au Service des achats pour aller
beaucoup plus rapidement dans la fourniture de ces écrans.
M, Garon: Cela veut dire que vous avez eu les appareils au mois d'avril,
puis...
M, Cardinal: Non, non, on a commandé les appareils au mois
d'avril. La commande est passée au Service des achats au mois de juin.
Nous les avons commandés au mois d'avril.
M. Garon: Où les avez-vous commandés?
M. Cardinal: Au Service des achats. M. Garon: Bon.
M. Cardinal: Nous avons fait notre demande au Service des achats.
Le Service des achats a négocié tout cela et c'est au mois de
juin que le contrat a été passé.
M. Garon: Je ne vois pas la raison pour laquelle il y a cinq
contrats différents plutôt qu'un seul.
M. Cardinal: Pour une question d'urgence. On avait besoin...
M. Garon: Vous avez cinq contrats au mois d'avril?
M. Cardinal: On a fait cinq contrats au mois d'avril que l'on a
envoyés au Service des achats; on en a fait cinq parce que pour nous
c'était très urgent d'obtenir ces appareils. En plus, il faut
ajouter qu'il y a seulement deux fournisseurs attitrés du gouvernement
dans ce domaine: la compagnie Comterm et Bell Informatique, avec qui le Service
des achats négocie quand on demande des commandes.
M. Garon: II n'y a pas de meilleur prix pour un achat de
volume?
M. Cardinal: On a eu effectivement un meilleur prix: sur plus ou
moins 200 000 $, on a eu une réduction d'environ 20 000 $, ce qui n'est
pas attribuable juste au regroupement, c'est aussi attribuable au fait que Bell
Informatique avait entre les mains ces appareils qu'elle venait d'obtenir. On
en a acheté plusieurs usagés là-dedans qui venaient de
deux compagnies qui s'étaient regroupées et il y avait un surplus
d'appareils dont on avait besoin. On a eu une réduction là-dessus
d'environ 20 000 $ sur 200 000 $.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, sur les mêmes engagements, 2, 3, 4 et 5 de juin 1986?
M. Chagnon: Oui. Vous avez fait la demande de 23 imprimantes et
46 écrans. Quelle est la raison d'avoir une imprimante pour deux
écrans?
M. Cardinal: Parce que l'on n'a pas besoin de plus. Les gens
peuvent travailler à l'écran...
M. Chagnon: C'est déjà beaucoup.
M. Cardinal:... et pendant ce temps il y a des choses qui peuvent
s'imprimer. On peut même aller dans certains endroits selon le volume
parce que, premièrement, on n'a pas toujours besoin d'imprimer ce que
l'on entre à l'écran. Deuxièmement, pendant que l'on entre
des choses dans l'ordinateur, on peut facilement imprimer en même temps.
Alors, pour de l'économie, on regroupe des imprimantes sur trois ou
quatre et même maintenant cela peut aller jusqu'à sept ou huit,
selon la vitesse de l'imprimante. (12 h 15)
M. Chagnon: Ce que je voulais dire, c'est que cela n'est pas le
fait d'en avoir... C'est évident que l'on n'a pas besoin d'avoir une
imprimante par écran, mais, d'avoir une imprimante par deux
écrans, cela m'apparaît beaucoup.
M. Cardinal: Je n'ai pas fait la moyenne. Deux, douze. Cinquante
écrans, douze imprimantes.
M. Chagnon: Bien...
M. Cardinal: Globalement.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que les engagements 2
à 6, de juin 1986, sont vérifiés?
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Vérifié.
J'appelle l'engagement 7 de juin 1986. Renouvellement du contrat pour la
fourniture d'un service d'utilisation de la maxi-base CANSIM pour les besoins
du Bureau de la statistique du Québec, pour une période d'un an.
Montant: 60 000 $. M. le député de Lévis.
M. Garon: Qu'est-ce que vous appelez la maxi-base?
Une voix: Où est-on rendu?
Le Président (M. Lemieux): Nous sommes à
l'engagement 7, M. le ministre, de juin 1986: Renouvellement du contrat pour la
fourniture d'un service d'utilisation de la maxi-base CANSIM. Nous avons
vérifié les engagements 2 à 6 de juin 1986. M. le
ministre. M. le député de Lévis.
M. Levesque: Est-ce qu'on est intéressé à
avoir une note technique Ià-dessus?
M. Garon: Oui. Je voudrais savoir ce qu'on entend par
maxi-base.
M. Levesque: Voici. CANSIM - Canadian Socioeconomic Information
Management System - est le nom...
M. Garon: Cela doit être fédéral. C'est le
fédéral.
M. Levesque:... de la banque de données
informatisées de Statistique Canada.
M. Garon: Ah! Vous voyez.
M. Levesque: Le système CANSIM est principalement
constitué de séries chronologiques sur un grand nombre de
variables socio-économiques. La base principale CANSIM contient
actuellement plus
de 400 000 séries chronologiques se rapportant au Canada, aux
provinces et aux régions qui sont mises à jour quotidiennement.
La mini-base CANSIM est un sous-ensemble d'environ 25 000 séries
chronologiques tirées de la base principale et contient les
séries les plus en demande. Statistique Canada est responsable de
l'entretien des développements de la banque de données CANSIM et
des principaux mécanismes informatiques permettant d'y avoir
accès. Le service d'exploitation informatique est actuellement
assuré par la société informatique 1ST qui diffuse la base
principale de CANSIM aux quelques 100 utilisateurs y ayant accès par
terminal à travers le Canada. Environ 800 autres utilisateurs peuvent
directement consulter la mini-base CANSIM par l'intermédiaire de l'un
des quatorze distributeurs secondaires autorisés par Statistique Canada.
Le Bureau de la statistique du Québec extrait de CANSIM les
données qui lui sont nécessaires pour répondre aux
demandes d'information ainsi que pour la gestion de ses propres projets. Entre
juillet 1985 et juin 1986, un total de 72 068 séries chronologiques ont
été extraites de la base principale CANSIM au Bureau de la
statistique du Québec. D'autres ministères sont également
abonnés à ce système. Peut-être le ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Compte tenu des
niveaux d'utilisation des systèmes externes de bases de données,
dont CANSIM, au gouvernement du Québec, le BSQ a mis en place une banque
de données socio-économiques informatisées accessibles aux
ministères et organismes du gouvernement du Québec, dont
l'objectif sera de réduire les coûts d'utilisation de
systèmes externes et d'assurer un meilleur partage des informations
statistiques produites à l'intérieur de l'appareil gouvernemental
québécois.
M. Garon: Je dois vous dire que j'ai une confiance limitée
dans ces données statistiques. J'ai eu l'occasion de voir, par exemple,
au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
que nos statistiques faites au Québec étaient souvent beaucoup
plus proches de la réalité que les statistiques
fédérales. Ce que je crains, c'est que si on organise... Je
comprends qu'il faut avoir ces données. Mais je peux vous donner juste
un exemple. Quand on s'est basé sur les statistiques
fédérales pour savoir l'évolution de la production de
céréales au Québec, quand est arrivé le recensement
de 1981, seulement entre 1976 et 1981, le développement de la production
céréalière au Québec a tellement été
fort qu'il y avait une erreur de 400 000 tonnes sur 2 000 000 de tonnes. C'est
une erreur... Ce n'était pas un cure-dents, c'était un madrier et
pas un petit. Je vous le dis, j'ai une confiance limitée en ces
statistiques fédérales. Je pense que le Québec devrait
lui-même, dans ses ministères sectoriels, avoir ses propres
statistiques dans beaucoup de domaines où nous sommes beaucoup plus
proches de la réalité que le fédéral.
Souvent des groupes témoins qui ne sont pas toujours très
représentatifs de la réalité, dans l'intervalle, entre les
recensements, doivent établir des données qui ne sont pas
toujours bonnes. J'ai vu, à plusieurs reprises...
Une voix: Quel est le contexte...
M. Garon: C'est parce que leur groupe témoin
n'était pas représentatif. Pardon?
M. Chagnon: Dans tous les échantillonnages, il peut y
avoir un problème.
M. Garon: Oui, sauf que pour les fins des statistiques on prend
un groupe témoin et souvent on le garde pendant plusieurs années
pour garder la cohérence entre les données. Souvent, ce groupe
n'est plus le bon groupe.
Deuxièmement, à chaque année où l'on fait
les statistiques fédérales sur les revenus à Ottawa, ou
dans le domaine agricole que j'ai bien connu au cours des dernières
années, les gens ne s'entendent pas sur les données. Je peux vous
dire que, dans 99 % des cas, c'est Québec qui avait raison. Nous avons
constamment des données locales et régionales. Ici, on est
beaucoup plus proche de nos données alors que forcément, le
fédéral, qui prend des données dans tout le Canada, a des
échantillons qu'il peut difficilement vérifier. II ne
vérifie pas autant qu'on peut le faire localement et
sectorielle-ment.
Ce que je crains, c'est que le Bureau de la statistique du Québec
devienne une succursale des statistiques fédérales alors que l'on
peut fournir, avec nos ministères sectoriels, des données qui
sont beaucoup plus précises dans une foule de secteurs. Je vois que le
gouvernement s'équipe de plus en plus pour avoir accès à
la maxi-base CANSIM. Est-ce que cela veut dire que l'on réduit le
rôle du Bureau de la statistique du Québec ou est-ce que le Bureau
de la statistique du Québec va avoir le mandat de fournir nos propres
statistiques? Aujourd'hui, avec les ordinateurs, de plus en plus les
ministères vont être reliés dans les régions. Ils
vont pouvoir compiler les données d'une région et les fournir aux
centrales, dans les ministères, dans différents domaines, soit au
ministère du Travail ou au ministère de l'Agriculture, dans
plusieurs domaines sectoriels, au Québec, avec des données
beaucoup plus précises que la maxi-base CANSIM.
M. Levesque: M. Parizeau avait récupéré le
Bureau de la statistique en 1983...
M. Garon: Oui.
M. Levesque:... pour le centraliser au ministère des
Finances. Vous mettez en cause un peu cette...
M. Garon: Non. M. Levesque: Non?
M. Garon: M. Parizeau était très favorable à
ce que les statistiques soient faites dans chacun des ministères
sectoriels et lui-même recourait à ces statistiques très
souvent.
M. Levesque: Est-ce que vous ne craignez pas la duplication dans
les travaux et dans les coûts?
M. Garon: On n'a pas le choix. Comment pouvez-vous gérer
cela actuellement? Par exemple, prenons les ensemencements dans le domaine
agricole. Les économistes et les statisticiens, au ministère de
l'Agriculture, pouvaient nous dire très rapidement quels étaient
les ensemencements en volume et en acres et quelles étaient les
prévisions de récolte, à cause des données que l'on
a à la Régie des assurances agricoles, par exemple, où il
y plus de 30 000 échantillons. Pour des fins d'assurance, il y a des
échantillons qui sont dans toutes les zones du Québec. On a les
données les plus précises que l'on peut imaginer au
Québec. S'il faut mettre cela de côté pour prendre les
statistiques du fédéral... Je ne veux pas dire qu'on ne doit pas
avoir accès à la maxi-base CANSIM, ce n'est pas cela. La seule
chose que je dis, c'est que cela ne doit pas être une façon
d'éliminer nos propres statistiques. Je suis convaincu que les
ministères sectoriels, au Québec, sont capables d'avoir des
statistiques beaucoup plus précises. Qu'il y ait une coordination pour
que l'on ait des bases comparables. Je pense que le Bureau de la statistique du
Québec a son rôle à jouer pour que l'on ait des bases
comparables. Autrement, si le ministère de l'Agriculture fait ses
propres statistiques, le ministère du Travail et d'autres, et que tous
ces chiffres, ces données ne peuvent pas se comparer parce qu'il n'y a
pas eu de coordination pour faire cela sur une base comparative... Ce que je
veux dire, c'est que le Bureau de la statistique du Québec ne doit pas
être diminué. Le but de le transférer aux Finances
n'était pas de le diminuer non plus.
M. Levesque: J'ai bien écouté le
député de Lévis. Je pense qu'il y a sûrement - comme
on dit dans la langue de Shakespeare - "food for thought".
M. Garon: Surtout aujourd'hui, prenons le ministère de
l'Agriculture - je ne sais pas où c'est rendu - on est en train
d'établir des terminaux dans chacune des régions du Québec
avec un ordinateur central et on peut savoir de façon
régulière la situation sur énormément de choses.
Maintenant, à cause des ordinateurs qui ne sont pas
nécessairement très gros, on est capable d'avoir des
données qu'on n'était pas capable d'avoir il y a seulement
quelques années. Au ministère, par exemple, aujourd'hui, il y a
une fiche que Ies cultivateurs doivent remplir chaque année. Il
s'agissait simplement que le bureau des économistes établissent
comment cette fiche devait être faite pour qu'on puisse compiler les
données.
On est capable d'avoir des données quasiment quotidiennes
plutôt que d'avoir des échantillons qui sont beaucoup moins
précis que ce qu'on est capable de faire avec ce genre de
système. C'est simplement ce que je veux dire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Dans les crédits que nous avons, le
député de Lévis sait et il accepte lui-même le fait
que nous participions à la banque maxi-base CANSIM. Mais, en fait, le
contrat qu'on a ici, c'est juste un contrat d'adhérence à la
maxi-base CANSIM de Statistique Canada pour le Bureau de la statistique du
Québec. Il est fort plausible que chacun des ministères puisse
faire ses statistiques et que le Bureau de la statistique du Québec
puisse fonctionner avec des statistiques plus à jour que celles de la
banque maxi-base CANSIM.
Mais, pour l'instant, les crédits que nous avons à
analyser sont ceux de l'adhésion à la maxi-base CANSIM. Je pense
que le député de Lévis est d'accord avec ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'ai mentionné que j'étais d'accord, mais
pas dans la perspective où ça devient notre système de
statistiques. Nous sommes capables, avec le Bureau de la statistique du
Québec, d'avoir des statistiques beaucoup plus précises, beaucoup
plus récentes, et quasiment sur commande en plus, que si on
détruit le réseau de statistiques du Québec parce qu'on a
la maxi-base CANSIM.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'engagement 7 est
vérifié? L'engagement 7 est vérifié. Donc, les
engagements 1, 2, 3, 4, 5 et 6 de juin 1986 sont vérifiés et
terminés.
Juillet
J'appelle l'engagement de juillet 1986, l'engagement 1 qui se lit comme
suit: Contrat pour l'impression de 3 000 000 de chèques no B-49 -
continu, pour un montant de 34 694, 70 $.
Il est actuellement 12 h 28 minutes. Est-ce qu'il y aurait consentement
pour terminer les engagements 1, 2 et 3 après 12 h 30? Il y a
consentement?
M. Garon: Oui. Je consens, parce que je veux toujours être
de bonne volonté avec le ministre des Finances jusqu'à ce que je
m'aperçoive qu'il ne l'est pas. S'il l'est, je le serai toujours.
Le Président (M. Lemieux): Nous continuons, M. le
député de Lévis. L'engagement 1 de juillet 1986.
M. Chagnon: Nous continuons parce que nous sommes assurés
de la bonne foi du ministre des Finances.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Louis. La bonne foi du ministre des Finances
n'est pas mise en doute, de part et d'autre. Nous continuons la
vérification de l'engagement financier de juillet 1986, l'engagement
1.
M. Garon: Est-ce que plusieurs entreprises peuvent faire ce genre
de travail? Pourquoi a-t-on fait un appel sur invitation à quatre
entreprises seulement?
M. Montminy: On peut présumer que la fabrication,
l'impression de chèques est un procédé spécial
parce qu'il y a l'encre magnétique avec encodage particulier, selon les
entières qu'on a établis en 1981. Le Service des achats du
gouvernement a cru bon de demander des soumissions aux firmes les plus
appropriées. Quand nous émettons notre réquisition au
Service des achats du gouvernement, nous ne spécifions pas
nécessairement le nombre de firmes.
Nous faisons un devis et nous disons: C'est tel chèque que nous
voulons avoir, en telle quantité. Alors, le Service des achats du
gouvernement a négocié.
M. Garon: C'est parce qu'on voit l'écart entre les
soumissionnaires. Un a 34 694 $, l'autre a 39 599 $ et les deux autres sont
dans les 47 000 $. C'est pour ça que je dis que si on en avait
invité un cinquième il aurait peut-être été
beaucoup plus bas.
Une voix: Ou plus haut. (12 h 30)
M. Garon: Ou plus haut, oui. Mais ce que je veux savoir, c'est
ceci: Pourquoi limiter cela à quatre? Tous ceux qui ont la
capacité de faire ce genre de travail devraient avoir la
possibilité de soumissionner plutôt que d'en sélectionner
seulement un petit nombre.
M. Levesque: II faut bien comprendre, lorsque l'on pose la
question soit au ministre ou à M. Montminy, que ceci dépasse un
peu notre administration parce que nous nous référons au Service
des achats. Le Service des achats, lui, a fait appel à quatre
soumissionnaires. Il a reçu quatre soumissions. Est-ce qu'il aurait pu
faire une demande à cinq ou six soumissionnaires? Je ne suis pas en
mesure de répondre. Mais, à première vue, cela me semble
un chiffre qui correspond à quelque chose de raisonnable.
M. Garon: Mais quatre, ce n'est pas beaucoup. On court le risque
que deux ou trois ne soumissionnent pas.
M. Levesque: Vous savez que je n'ai jamais eu d'indication, de
lettre, de téléphone ou quoi que ce soit m'indiquant que
quelqu'un a été oublié là-dedans. Mais
peut-être que cela ne viendrait pas chez nous et que cela irait au
Service des achats.
M. Garon: On va poser la question au Service des achats.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'engagement 1 de
juillet 1986 est vérifié?
M. Garon: C'est d'accord pour le ministère des
Finances.
Août
Le Président (M. Lemieux): C'est vérifié
pour le ministère des Finances. L'engagement 1 de juillet 1986 est
vérifié. L'engagement 2, du mois d'août 1986, se Ht comme
suit: Contrat pour la location-achat de six micro-ordinateurs...
M. Levesque: M. le Président, on me suggère de les
vérifier ensemble. Il s'agit de...
Le Président (M. Lemieux): Oui, ce sont les engagements 2
et 3? Est-ce que cela va, M. le député de Lévis?
M. Garon: Oui, d'accord.
Le Président (M. Lemieux): II s'agit de deux contrats
ayant le même fournisseur. Engagements 2 et 3 du mois d'août 1986
du ministère des Finances. Engagement 2: Contrat pour la location-achat
de six micro-ordinateurs JYL-700, 640 K, avec équipe-
ments périphériques, pour une période de 24 mois,
pour un montant de 45 900 $. Engagement 3: Contrat pour la location-achat de
sept micro-ordinateurs JYL-700, 640 K, avec équipements
périphériques, pour une période de 24 mois, pour un
montant de 39 091, 36 $.
M. Levesque: Je voudrais simplement rappeler aux membres de la
commission qu'il s'agit d'un renouvellement, si vous voulez. Au mois de
janvier, nous avions accepté un contrat pour l'achat de cinq
microordinateurs. Le fournisseur avait été JYL Logic Inc. Depuis
ce temps-là, la firme JYL Logic a été achetée par
Comterm. C'est ce qui explique le fait que c'était la firme JYL Logic en
janvier et, quand on a renouvelé cela au mois d'août, le
fournisseur devenait Comterm. C'est le Service des achats qui a
procédé encore une fois à...
M. Garon: Comment expliquez-vous cela? Il s'agit du même
type d'équipement, JYL-700, 640 K, d'une même durée de 24
mois et, dans l'engagement 2, il s'agit d'un contrat de location-achat de six
microordinateurs, donc le même type d'équipement, pour la
même durée, et cela coûte plus cher que lorsque vous en
louez sept dans l'engagement 3. Pour en louer six, cela coûte 45 900 $
et, pour en louer sept, cela coûte 39 091 $.
M. Levesque: On me dit qu'il va falloir relire les
spécifications.
M. Garon: Mais cela ne nous donnera pas plus de détails.
Sur les feuilles qu'on a, c'est pareil.
M. Levesque: Si le député le veut, on peut
déposer les réquisitions.
M. Montminy: Avec les spécifications.
M. Garon: D'accord.
M. Montminy: On peut penser que les logiciels sont un peu
différents. On remarque que l'engagement 2 de 45 000 $, c'est pour le
programme du ministère des Finances qu'on appelle Systèmes et
méthodes. C'est réellement la boîte informatique du bureau
du contrôleur. Comme ce sont des informaticiens, on peut penser que la
capacité des ordinateurs et les logiciels doivent être un peu plus
sophistiqués, disons. Tandis que l'autre engagement, l'engagement 3, de
39 000 $ sert aux directions comptables. Dans les directions comptables, il
s'agit de petits terminaux dont un modèle vaut à peu près
3000 $ en plus des équipements qui sont dessus.
Pour ma part, sans lire les réquisitions, c'est à peu
près la réponse qu'on pourrait donner. La réquisition va
spécifier tous les équipements qui sont le propre de l'un ou de
l'autre.
M. Levesque: De toute façon, en déposant toutes les
informations pertinentes, je pense que...
Le Président (M, Lemieux): Le dépôt au
secrétaire afin que ce soit distribué.
M. Levesque: Pardon!
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous êtes
prêt à le déposer immédiatement ou si...
M. Levesque: Personnellement, je n'ai pas d'objection, si les
documents sont disponibles.
Le Président (M. Lemieux): J'autorise le
dépôt si vous êtes prêt à le
déposer...
M. Levesque: Nous n'avons rien à cacher, M. le
Président. Je suis heureux d'informer le plus possible la
commission.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous en faire faire des
photocopies, mademoiselle?
M. Levesque: Par la suite, le député de
Lévis pourra dire: Vous répondez bien; vous répondez
toujours.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que, M. le
député de Lévis, les engagements 2 et 3 pour le mois
d'août 1986 sont vérifiés?
M. Garon: Sous réserve du dépôt des
réquisitions...
Le Président (M. Lemieux): Sous réserve du
dépôt des réquisitions pour les deux commandes.
M. Garon:... pour les deux commandes.
M. Montminy: Quand on parle de commandes, est-ce qu'on fait
référence à la commission de la semaine
dernière?
Le Président (M. Lemieux): Non, immédiatement, en
ce qui concerne les engagements financiers actuels. Ce que M. le
député de Lévis nous dit c'est que vous avez
proposé le dépôt d'un document.
M. Garon: Vous supposez qu'il s'agit d'appareils
différents, de qualité différente...
M. Montminy: C'est-à-dire que les équipements, M.
le député, sont possiblement différents ainsi que la
capacité. On peut avoir un logiciel de 2000 $...
M. Garon: Je comprends. Ce qu'on a devant nous, il n'y a rien
d'inscrit de cela. Vous faites une supposition, vous avez peut-être
raison, on ne nie pas cela, sauf qu'on ne peut pas fonctionner sur une
supposition.
M. Montminy: Je vous dis qu'il y a nettement une
différence. J'aurais pu lire les réquisitions et on serait
entré dans des domaines excessivement techniques. Il aurait fallu faire
parader un technicien ou un informaticien pour expliquer la
différence.
M. Garon: Vous avez offert de déposer les
réquisitions, on accepte.
M. Levesque: Elles sont déjà
déposées, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): J'ai dit que j'en ferais faire
des photocopies. M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je pense que les fonctionnaires
pourraient peut-être aviser ceux qui rédigent les libellés
de porter une attention particulière. C'est une petite affaire, mais
étant donné que maintenant on connaît un peu la sorte de
questions qu'on reçoit... Personnellement, cela m'a également
frappé. J'ai faite la moyenne, j'ai divisé par le nombre
d'unités. Ils ont seulement à décrire: petit
modèle, grand modèle ou quelque chose comme cela.
M. Levesque: Ce n'est pas nous qui rédigeons les documents
qui vous sont soumis.
Le Président (M, Lemieux): Je crois qu'il s'agit du Conseil du
trésor.
M. Levesque: Le secrétaire de la commission pourra nous
dire où il prend ses...
M. Polak: II faudrait lui passer le message.
Le Président (M. Lemieux): C'est le secrétaire du
Conseil du trésor qui prépare les présentes listes. M. le
secrétaire en a pris note et effectivement ce sera fait.
Les engagements 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7 de juin 1986, l'engagement 1 de
juillet 1986 et les engagements 2 et 3 d'août 1986, sous réserve
du dépôt du document relativement à la procédure de
ces engagements, sont terminés et adoptés. Je m'excuse: non pas
adoptés, mais terminés et vérifiés.
Maintenant, avant d'ajourner, j'aimerais rappeler que lorsqu'on a
à référer à la responsabilité du Service des
achats du gouvernement lorsqu'on regarde les engagements financiers, M. le
ministre des Finances, il va de soi qu'ils sont de la responsabilité du
ministre des Finances. Il y aurait peut-être lieu, la prochaine fois, de
prévoir ou de convoquer une personne du Service des achats afin qu'elle
puisse répondre en totalité aux engagements financiers. Car on va
être dans l'obligation de revenir après et ainsi de suite avec M.
Rocheleau au niveau des autres commissions. Je demande, M. le
député de Lévis, afin que vous ayez réponse
à vos questions, lorsque l'engagement relève de la
responsabilité du ministre des Finances et qu'il y a une relation avec
le Service des achats, qu'il y ait un fonctionnaire du Service des achats qui
accompagne M. le ministre.
M. Levesque: Sauf, M. le Président, que je n'ai pas
d'autorité sur le Service des achats. Je pensais plutôt que ce
serait lorsque le ministre responsable viendrait devant vous que vous auriez
l'occasion de lui poser des questions.
M. Garon: On vérifie deux affaires différentes.
Présentement on parle de l'opportunité, avec le ministre des
Finances, s'il a bien fait ou s'il a mal fait... Quand on a parlé de
CANSIM, j'ai fait des réserves sur certaines choses, mais, sur la
procédure d'achat, on pourrait en reparler, on ne fera pas...
Le Président (M. Lemieux): Je suis conscient de cette
remarque M. le ministre. Si on agit de cette façon, il va devoir
défiler devant l'ensemble des commissions.
M. Levesque: Rien n'empêche la commission, si elle le
décide, M. le Président, de convoquer d'autres personnes. Je n'ai
pas d'objection. Je ne peux pas, moi, convoquer quelqu'un qui ne relève
pas de moi.
Le Président (M. Lemieux): Je suis bien conscient de cela,
M. le ministre des Finances. Ce que j'ai voulu indiquer à la commission,
en termes d'information, c'est que, comme l'engagement relevait du
ministère des Finances, il relevait de votre responsabilité
ministérielle. Effectivement, il y aura lieu, lorsque le Service des
achats sera ici, sous la responsabilité de M. Rocheleau, de revenir
à des engagements... c'est-à-dire qu'on ne pourra pas revenir
à des engagements qui sont de votre autorité. Ce que les
députés de l'Opposition et ceux du parti ministériel vont
pouvoir faire, c'est de poser des questions sur la procédure
établie.
Avant d'ajourner, je rappelle que la commission doit encore examiner les
engagements financiers du ministère du Revenu, des Services et
Approvisionnements et des services qui relèvent de la
vice-première
ministre avant d'avoir accompli son mandat d'étude
trimestrielle.
M. Garon: On n'avait pas terminé celui du ministre
délégué à la Privatisation. On va continuer
où l'on était rendu la dernière fois. Il y a le
Trésor également.
Le Président (M. Lemieux): Le Trésor.
M. Garon: Oui, lors de la prochaine séance.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement. Alors, nous
ajournons sine die.
M. Levesque: M. le Président, pour être bien
clair...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Levesque:... les engagements financiers du côté
de la privatisation étaient vérifiés.
Le Président (M. Lemieux): C'est terminé.
M. Garon: Non.
Une voix: Oui, sur dépôt.
M. Levesque: Sur dépôt. II restait un
dépôt.
M. Garon: On en avait fait seulement deux.
M. Levesque: II n'y en avait que deux.
Le Président (M. Lemieux): II y en avait seulement deux.
C'était sous réserve d'un dépôt.
M. Garon: II y avait des engagements d'autres personnes.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je vais vérifier pour voir si, effectivement, c'est le
cas, mais je me souviens fort bien qu'il y avait seulement deux engagements.
Nous allons quand même vérifier et nous ajournons sine die.
(Fin de la séance à 12 h 43)