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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration commence ses
travaux. Nous sommes réunis ce matin afin de procéder au mandat
suivant: l'interpellation du député d'Abitibi-Ouest au ministre
délégué à l'Administration et président du
Conseil du trésor sur le sujet suivant: l'état des
négociations entre le gouvernement et les employés des secteurs
public et parapublic.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Filion
(Taillon) remplace Mme Blackburn (Chicoutimi) et M. Jolivet (Laviolette)
remplace M. Dufour (Jonquière).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Je demanderais le consentement de cette commission
afin d'accepter le remplacement de M. Polak...
Le Président (M. Lemieux): Pardon, pas le remplacement, la
participation.
M. Chagnon:... la participation de la députée de
L'Acadie à nos travaux.
Le Président (M. Lemieux): Selon l'article 132 des
règles de procédure.
M. Chagnon: Selon l'article 132 de notre règlement.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a consentement,
M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Permettez-moi, à
l'intention des participants, de vous rappeler brièvement les
règles qui régissent l'interpellation. Le débat dure au
plus deux heures, soit jusqu'à midi. La discussion est divisée en
trois étapes. Un premier débat de vingt minutes commence par
l'intervention du député qui a donné l'avis
d'interpellation, soit le député d'Abitibi-Ouest. Il intervient
pendant dix minutes. - Le ministre interpellé, soit le président
du Conseil du trésor et ministre délégué à
l'Administration, intervient ensuite pendant dix minutes.
Un deuxième débat, d'une durée maximale de 80
minutes, s'engage ensuite où chaque intervenant peut s'exprimer durant
cinq minutes. Il y a alternance dans les interventions selon la séquence
suivante: un député de l'Opposition, le ministre, un
député ministériel et ainsi de suite selon la même
séquence. Si un membre utilise moins de cinq minutes, le temps non
utilisé est perdu et la parole est donnée à l'intervenant
qui suit, selon la séquence que je vous ai mentionnée.
Un dernier débat a lieu 20 minutes avant la fin de la
séance. Le ministre a alors droit à un dernier temps de parole de
dix minutes et le député d'Abitibi-Ouest aura ensuite droit
à une réplique de dix minutes.
M. le député d'Abitibi-Ouest, vous avez la parole.
Exposé du sujet M. François
Gendron
M. Gendron: Merci, M. le Président. Rapidement, je pense
qu'il faut "contexter" cette interpellation que je veux faire ce matin. II
faut, d'abord, mentionner que les négociations sont en cours depuis
l'automne 1985 et plus formellement depuis le 19 février. À ce
moment-là, le président du Conseil du trésor, responsable
des négociations, dans une déclaration officielle, rendait
publics les offres patronales, les objectifs entourant cette négociation
et également certains principes qu'il avait évoqués sur
lesquels je reviendrai tantôt.
Au tout début de la reprise de la session, le 21 octobre dernier,
le président du Conseil du trésor a voulu faire le point
concernant les négociations dans une déclaration
ministérielle qui, en tout cas en ce qui me concerne, était fort
peu significative, fort peu parlante puisqu'il rappelait les objectifs de
février 1986, mais n'indiquait pas tellement de nouvelles voies de
solution, si ce n'est que les négociations commenceraient bientôt,
même si cela faisait presque une année que, normalement, elles
auraient dû être commencées.
Ce n'est pas dans une réplique de cinq minutes qu'on est en
mesure de faire le point à la suite d'une déclaration
ministérielle. Donc, je pense qu'aujourd'hui
puisque c'est un débat majeur - les négociations, c'est un
débat important, c'est une question qui touche au-delà de 300 000
travailleurs et travailleuses des secteurs public et parapublic - cela
mérite d'être approfondi. La formule qui est nôtre pour
approfondir cette chose, même si elle a ses inconvénients, c'est
celle qu'on appelle l'interpellation.
Dans les offres déposées le 19 février le
président du Conseil du trésor soulevait deux
éléments majeurs. Ce que j'ai à vous offrir, disait-il,
cela devrait être zéro, d'après la lecture que le
gouvernement faisait de la conjoncture financière, mais je vous offre 3,
5 % pensant que c'est suffisant, compte tenu de la tendance qu'on peut observer
sur la progression des salaires qui seront versés sur l'année
1986. C'est une chose que je conteste et on essaiera d'établir
qu'effectivement ce n'est pas la tendance. C'est vraiment quelque chose qu'on
est en mesure d'établir sur la base de résultats des deux
premiers trimestres, que ce n'est pas de 3, 5 % qu'il faudrait parler, mais de
quelque chose aux alentours de 4, 3 % à 4, 5 % et j'y reviendrai.
Également, le président du Conseil du trésor
annonçait une récupération importante de 100 000 000 $; de
même, disait-il, on veut poursuivre certains objectifs d'améliorer
la productivité et également viser à l'alignement du
secteur privé et du secteur public. Il a également parlé
des effets de ces offres sur l'économie générale du
marché du travail et sur la qualité des services publics. J'ai
dit à quelques reprises qu'en ce qui concerne les principes de la
comparabilité entre le secteur privé et le secteur public nous en
étions. Cependant, je l'ai déjà dit, à vouloir
toujours poursuivre l'objectif d'atteindre son chien, on finit par le
rattraper. Actuellement, je pense que cela fait au moins deux ou trois
négociations que l'objectif de la comparabilité est dans la
politique salariale du gouvernement quel qu'il soit et, en conséquence,
pour plusieurs corps d'emplois -j'en ferai la preuve tantôt - non
seulement on l'a atteint, mais actuellement il y a plusieurs corps d'emplois du
secteur public qui sont en carence, qui sont en défaut, qui sont moins
bien rémunérés que le secteur privé. Donc, si le
président du Conseil du trésor est sérieux et qu'il
prétend que c'est l'un des objectifs de la négociation qu'il veut
poursuivre, la comparabilité, il devrait tenir compte que ces 100 corps
d'emplois puissent effectivement avoir une rémunération qui
vienne s'ajuster à la hausse, bien sûr, puisqu'ils sont
rémunérés moins bien que dans plusieurs emplois du secteur
privé.
Il est également important de parler du déroulement des
négociations. Je précise tout de suite les quatre objectifs que
je vise ce matin par cette interpellation. C'est, d'abord, d'essayer de faire
la preuve que, contraire- ment à ce que le président du Conseil
du trésor a toujours affirmé, il y a eu vraiment du laxisme dans
le déroulement de ces négociations. Ce n'est pas exact que les
négociations se sont déroulées promptement. Il y a eu
vraiment négligence parce que ce n'est que tout récemment que,
sur les questions majeures et importantes, enfin le président du Conseil
du trésor aurait dégagé quelques mandats, quoique, pour
les vraies questions majeures, les ouvertures exprimées par M. Bourassa
et reprises par M. Gobeil à la suite du caucus ministériel
partisan, normal, de Trois-Rivières, laissaient croire qu'on sentirait
vraiment aux tables des ouvertures importantes sur la
non-récupération et sur tout le volet salarial. En
conséquence, l'information que j'ai, c'est que, véritablement, il
n'y a pas eu de traduction significative, aux tables de négociations, de
ces nouveaux mandats que le président du Conseil du trésor devait
dégager. Ce n'est pas pour rien qu'il y a eu un avertissement de la FTQ
de débrayage de 24 heures; c'est parce qu'ils n'ont pas vu de traduction
aux tables. S'ils avaient été capables d'observer qu'entre le
discours et l'application aux tables il y avait vraiment une correspondance, on
n'aurait probablement pas eu à subir ces journées de
grève.
Le président du Conseil du trésor citait - d'ailleurs,
d'une façon un peu tronquée -un extrait qu'il avait pris dans un
dossier du Bureau de recherche sur la rémunération du
Québec, à savoir que ta rémunération
croîtrait entre 3, 5 % et 4, 5 %. Je serai en mesure d'établir
à l'aide de documents du ministère du Travail du Québec,
que les résultats préliminaires du deuxième trimestre -
non pas sur des observations, mais sur ce qu'on appelle des résultats -
de 1986 indiquent que le taux de salaire négocié lors du
renouvellement des conventions collectives progresse à un rythme
supérieur à 4 % pour toute la durée de leur application.
Les hausses prévues sont d'environ 4, 2 % par année, la
première année, et ainsi de suite. J'aurai l'occasion de revenir
là-dessus.
(10 h 15)
Un autre objectif que j'ai est de démontrer que possiblement le
président du Conseil du trésor est coincé avec ses
compressions non livrées, est coincé avec sa tarification qui n'a
par marché. D'ailleurs, il a dit lui-même que les objectifs qu'il
poursuivait en termes de récupération dans la caisse n'ont pas
donné un montant aussi significatif qu'il l'avait prévu. En
conséquence, il voudrait encore une fois faire payer par les
travailleurs et travailleuses du secteur public l'incapacité
administrative, encore là, de concilier ce qu'il a dit lors du
dépôt des crédits budgétaires et la
réalité observée à ce jour, puisque j'ai
l'information que, dans certains ministères - après lui avoir
posé la question sur ces compressions
dites diverses, diffuses ou confuses, qu'il appelait rationalisation
administrative - la livraison de ces compressions n'a pas été
faite. Il y a encore trois semaines, certains ministères n'avaient
absolument rien livré des compressions prévues par le
président du Conseil du trésor. C'est quelque chose qu'on va
devoir approfondir.
L'objectif que je vise par cette interpellation, c'est de savoir: Est-ce
que le président du Conseil du trésor ne convient pas qu'une
politique salariale qui se tient debout doit tenir compte qu'il y a certains
groupes qui sont vraiment en situation de rattrapage? Je pense en particulier
aux infirmières et aux procureurs de la couronne. Mon collègue,
le député de Taillon, abordera un peu cette question. Le
président du Conseil du trésor n'a pas véritablement pris
une position officielle quant à ces groupes. J'aimerais l'entendre
aussi.
J'aimerais également que le président du Conseil du
trésor indique, ce matin, à quel moment il pense qu'il sera en
mesure véritablement de concrétiser les ouvertures publiques
qu'il a lancées aux tables de négociations. S'il a comme objectif
d'arriver à un règlement négocié, il va falloir
qu'il y ait des choses importantes qui soient dégagées comme
mandat aux tables de négociations. Il ne s'agit pas de vouloir faire la
négociation ici ce matin parce que je sais comment cela se passe,
contrairement à ce qu'il a dit. On ne peut pas, dans une séance
comme celle-ci, se substituer aux quelque 110 ou 115 tables de
négociations qui existent et commencer à faire toutes sortes de
dépôts.
Au niveau des principes, M. le président du Conseil du
trésor, au niveau de ce qui a été énoncé,
entre autres, sur la comparabilité entre les secteurs privé et
public, je veux vous entendre dire si, oui ou non, vous êtes conscient
que vous avez un document sur les emplois repères. Vous avez une
enquête sur la rémunération des emplois repères au
Québec. Vous avez cela au ministère, vous avez le droit de la
lire, de la regarder. D'une façon très claire, il est
mentionné qu'il y a environ une centaine de corps d'emplois qui sont en
carence dans le secteur public par rapport au privé. Je veux savoir
aujourd'hui si, oui ou non, vous allez en tenir compte. Est-ce que, oui ou non,
vous allez tenir compte de la situation du Québec pour ce qui est de la
rémunération? Comme je l'ai dit tantôt, la croissance des
taux de salaires négociés au Québec, premier et
deuxième trimestres 1986, ce n'est pas 3, 5 %, c'est 4, 3 %. Cela, c'est
pour les deux premiers trimestres.
J'aimerais également vous entendre parce que - je conclus
là-dessus - il y a eu une certaine confusion, à un moment
donné, entre votre supposée capacité de payer et la
nécessité de maintenir le pouvoir d'achat des travailleurs des
secteurs public et parapublic. Nous, on a carrément exprimé notre
position. On pense que ces gens ont fait un effort sans précédent
en 1982, mais, dans la présente négociation, il faut au moins
leur garantir le maintien du pouvoir d'achat. J'aimerais cela, en
réplique, vous entendre sur ces principales questions avant d'en
approfondir d'autres morceau par morceau.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. le président du Conseil du Trésor.
Réponse du ministre M. Paul Gobeil
M. Gobeil: M. le Président, je pense que le
député d'Abitibi-Ouest a fait un très bel exposé de
la façon dont il voit les choses dans les négociations
actuellement. Il oublie quand même certaines choses et il a dit certaines
choses qui, à mon point de vue, déforment un petit peu la
vérité.
Les négociations dans les secteurs public et parapublic se
poursuivent depuis quelques mois, contrairement à ce qu'il a
mentionné. Je ne me souviens pas d'avoir mentionné que les
négociations commençaient le 21 octobre. C'est tout à fait
faux. Il y a eu des négociations, effectivement, depuis le mois de
septembre 1985 pour ce qui touche le normatif. Il y a eu des
négociations plus intensives à partir de mars 1986 à la
suite du dépôt de nos offres le 19 février.
Évidemment, en discussion et en négociation, on ne peut pas
rechercher toujours la même intensité. Il est normal que, pendant
certaines périodes, ces négociations soient plus intensives et
elles le sont actuellement plus que jamais.
Lors d'une déclaration ministérielle, le 21 octobre
dernier, j'ai présenté un rapport sur l'état du dossier.
J'ose croire que le député d'Abitibi-Ouest a lu ce rapport. C'est
sûrement mentionné que nous considérons toujours comme
importantes les conditions de travail des employés des secteurs public
et parapublic et les enjeux pécuniaires qui y sont rattachés
parce que ce sont des sujets d'intérêt public. La discussion que
nous aurons ce matin et le débat qui s'amorce doivent respecter les
balises connues dans ce domaine.
Le député d'Abitibi-Ouest a mentionné, et je suis
très heureux de l'entendre, qu'on n'est pas ici pour négocier. Il
connaît très bien ma position là-dessus. Il sait bien que
je n'ai pas l'intention de négocier en cette Chambre les conditions
salariales de nos employés des secteurs public et parapublic. Tant mieux
si l'Opposition est d'accord avec moi là-dessus! Cependant, je
rappellerai au député d'Abitibi-Ouest qu'il a déjà
formulé des propositions salariales. Il a déjà eu la
chance de faire cela lorsque son gouvernement était au pouvoir et
lorsqu'il était membre du Conseil des ministres. Et il veut encore
continuer cela aujourd'hui. Si cela peut aider, je n'ai pas d'objection, mais
je lui demanderais de ne pas nuire. Je ne suis pas sûr que ses
interventions ne nuisent pas au déroulement et à la bonne marche
du dossier de la négociation.
Nous essaierons de faire porter le débat ce matin sur le travail
qui a été effectué jusqu'à maintenant et non pas
sur les compromis possibles aux tables de négociations, parce que, dans
le cadre d'une négociation, il y a des compromis, il doit y en avoir
d'un côté comme de l'autre. Les porte-parole, tant patronaux que
syndicaux, sont aux tables pour les faire, ces compromis.
M. le Président, permettez-moi, quand même, de rappeler un
peu la conjoncture générale qu'on ne saurait oublier tout au long
des négociations et plus précisément au moment où
on se parle. Les présentes négociations avec les 300 000
employés des secteurs public et parapublic s'inscrivent dans un contexte
budgétaire difficile. On l'a dit et on l'a redit. Évidemment,
l'Opposition va le contester; c'est son droit, mais je pense que la population,
elle, le sait. Si l'Opposition choisit d'être contre la population, c'est
son choix; je n'y peux rien. Il faut faire des choix, des choix relatifs
à un certain nombre de mesures qui visent à améliorer la
productivité des secteurs public et parapublic, et le
député d'Abitibi-Ouest l'a mentionné.
La situation du Québec nous force à nous en tenir à
un niveau de rémunération qui soit compatible entre le secteur
privé et le secteur public. On peut toujours, comme le
député d'Abitibi-Ouest, prétendre qu'il y a des
différences. Il y en a des différences et il y en aura
probablement toujours. Pour nous, ce qui est important, c'est que l'ensemble
soit correspondant, coordonnant, et qu'à l'intérieur de certaines
classes d'emplois il n'y ait pas une trop grande différence. Nous avons
l'intention de nous en tenir à une comparaison, à une
comparabilité avec le secteur privé.
Il ne faut pas, non plus, perdre de vue que la
rémunération des employés des secteurs public et
parapublic ne comprend pas seulement le salaire directement versé. Elle
comprend plusieurs autres éléments, je le rappelle. Il faut
accepter, il faut voir qu'il y a chez nos employés, chez la
majorité de nos employés des secteurs public et parapublic, des
avantages enviables: par exemple, les régimes de retraite qui sont
probablement supérieurs à beaucoup de régimes de retraite
de l'entreprise privée; les congés de maladie; les programmes de
formation; les vacances, et plus que tout, probablement, ce qu'on ne retrouve
pas ou très peu - je pense que je dois continuer à employer le
mot "pas" - dans l'entreprise privée, la sécurité
d'emploi. Ce sont aussi ce3 principes qui, le 19 février dernier, ont
guidé le gouvernement et ses partenaires patronaux lorsqu'ils ont fait
connaître les offres aux employés des secteurs public et
parapublic concernant le renouvellement des conventions collectives à
partir du 31 décembre.
Nous étions animés et nous sommes toujours animés
du désir ferme de centrer tous nos efforts sur la définition
à la signature d'un véritable contrat de travail. Nous sommes
aussi soucieux d'établir et de continuer à maintenir que nous
devons négocier dans le cadre de la Loi sur le régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic, connue comme étant la loi 37, tout en acceptant que la
capacité de l'État de payer actuellement est limitée et
que nous devons en tenir compte.
Au fil des mois, on a mentionné, et les mandats ont
été dégagés en conséquence, divers
réaménagements à la suite de nos offres du 19
février dernier. Les récupérations incorporées
à nos offres du 19 février dernier auraient permis au
gouvernement d'économiser un montant estimé à environ 100
000 000 $ annuellement. J'ai dit il y a quelques mois que nous étions
prêts à discuter avec les représentants syndicaux de la
possibilité d'abandonner une partie de ces récupérations
en vue d'en venir à des conventions signées. Le
député d'Abitibi-Ouest vient de mentionner que j'ai fait mention
d'une récupération de 100 000 000 $. C'est faux. J'ai
mentionné qu'il y avait une possibilité qu'à
l'intérieur du montant de 100 000 000 $ nous puissions abandonner une
partie de cette récupération.
Nous estimons, par contre, que nos offres d'augmenter les
échelles salariales en 1986 de 3, 5 % sont encore et toujours
fondées et nous n'avons pas l'intention de les modifier parce que nous
croyons toujours que cette augmentation de 3, 5 % se situe à
l'intérieur des tendances observées pour 1986. D'autant plus
qu'il ne faut jamais oublier qu'on doit ajouter à cette augmentation sur
les échelles un montant estimé globalement à 1, 2 % pour
le coût des avancements d'échelon, ce qui fait que le coût
total pour l'État est de 4, 7 %.
J'ai mentionné aussi qu'en 1987-1988, tout en souhaitant
bénéficier du mécanisme prévu par la loi 37 qui
permet de négocier annuellement les salaires afin d'éviter de
faire référence à des prévisions trop
aléatoires, le gouvernement était prêt à recevoir
des propositions des centrales syndicales mais subséquemment à
une acceptation de toutes les conditions pour 1986. Si on pouvait s'entendre
sur 1986, nous étions prêts à recevoir des propositions
pour
1987 et possiblement 1988 et permettre, à ce moment, de
satisfaire les demandes syndicales. On sait que les grandes centrales
syndicales - elles l'ont exprimé publiquement - tiennent à cette
ouverture. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député d'Abitibi-Ouest, dans
le cadre du débat, pour une durée de cinq minutes.
Argumentation M. François Gendron
M. Gendron: Je suis obligé de noter que cela ne
répond pas à mes attentes et aux questions que j'avais
formulées à la fin. Je comprends que ce sont quand même les
dix premières minutes, ici, pour le président du Conseil du
trésor; donc, il fallait qu'il rappelle sa position. J'espère
que, dans les minutes qui suivront, il me donnera l'occasion d'avoir un peu
plus de nourriture à me mettre sous la dent, en termes de
réponses aux questions posées. Je vais rappeler certaines
questions précises si on veut que le débat puisse faire
progresser non pas les négociations ici dans la matinée, mais au
moins les principes sur lesquels il y aurait peut-être lieu de revoir
votre orientation. (10 h 30)
Je veux dire deux mots. D'abord, quand j'ai prétendu que les
négociations n'avançaient pas, ce n'est pas à partir d'une
perception théorique. C'est parce qu'il se passe des choses claires. Il
me demande à quelle place j'ai pris cela, que les négociations
débutaient véritablement. D'abord, dans sa déclaration
ministérielle. Écoutez, je suis habitué à lire de
tels papiers. À la page 5, le président du Conseil du
trésor dit: Bon, c'est dans cette perspective que j'ai demandé
aux porte-parole gouvernementaux et à nos partenaires patronaux de
commencer les négociations. Un instant! Lui, dans son texte, il a
parlé d'intensifier la cadence des négociations. C'est cela qui
est écrit dans le texte du président du Conseil du trésor.
Quand on fait une déclaration ministérielle pour dire: Là,
il faut que cela marche, c'est ce que cela veut dire. Intensifier les
négociations, cela signifie concrètement, pour quelqu'un qui a
l'expérience des négociations, qu'à partir du moment
où cela fait...
Je vais le prouver avec un autre élément. Si j'avais tort,
comment se fait-il, M. le président du Conseil du trésor -
j'aimerais cela vous entendre là-dessus - que vous ayez des rapports de
médiation qui ne disent absolument rien? Je ne peux pas blâmer les
médiateurs. Les médiateurs ont fait leur "job". Mais que
voulez-vous "médiatiser" quand il ne s'est rien passé aux tables
de négociations? C'est tellement vrai ce que j'affirme qu'il y a un
rapport de médiation qui dit quelque chose, c'est le rapport de
médiation de M. Désilets. On pourrait le citer longuement, mais
on n'a pas le temps de tout faire. Lui est significatif, lui est parlant, parce
qu'on a commencé à parler des vraies choses en ce qui regarde la
CECS, la Commission des enseignants des commissions scolaires, sur les
problèmes réels qui avaient été vécus
à la suite des décrets.
En conséquence, que le président du Conseil du
trésor me dise aujourd'hui: Non, cela a négocié rondement,
il faut situer cela dans son contexte. Ce n'est pas mot qui donnais les
réponses aux questions que je posais. C'est le président du
Conseil du trésor. En mai et juin, il me disait: Pas de problème,
tout se déroule bien, M. Gendron. Et le 21 octobre, à la reprise
de la session, il dit: Les négociations vont s'intensifier. Moi, je
regarde les papiers, je ne regarde pas les déclarations du
président du Conseil du trésor et je lis les rapports de
médiation. Toujours pour des questions de temps, je ne peux pas, ce
matin, prendre beaucoup de temps et vous en lire plusieurs. Mais j'aimerais
cela lire juste une phrase d'un rapport de médiation que j'ai fait
venir. Cela se termine à peu près toujours de la même
façon, les rapports de médiation.
J'en cite un pour prouver ce qu'on avance. Conclusion: "En vertu de ce
qui précède, le présent médiateur en vient à
la conclusion que la médiation n'a pas eu véritablement lieu,
compte tenu du fait que les parties ont prolongé la négociation
directe au-delà du délai prévu par le médiateur
pour remettre son rapport. Conséquemment, je me trouve dans
l'impossibilité de soumettre quelque recommandation que ce soit. "
Comment voulez-vous, M. le Président, qu'un processus de
médiation qui est censé avoir comme objectif de rapprocher les
parties fonctionne si 95 % des rapports de médiation finissent par cette
même phrase: Je ne suis pas en mesure de vous dire quelque chose parce
que véritablement sur les enjeux majeurs il n'y a pas eu de
négociation. Il ne s'agit pas de ne pas tenir compte de la situation
budgétaire que vous prétendez difficile. J'en tiens compte et
j'en suis conscient. Mais on n'est pas en crise économique, M. le
président du Conseil du trésor; on est dans une situation
budgétaire difficile selon votre gestion, selon vos choix
budgétaires et, en conséquence, vous allez devoir dire à
la population que c'est vous qui avez décidé de maintenir les 3,
5 % parce que vous croyez que c'est le maximum que vous pouvez offrir. Vous
allez dire cela, mais vous ne direz pas cela parce que ce sont les tendances.
Vous ne direz pas cela parce que les négociations ont progressé,
parce que cela n'est pas exact.
Une centrale syndicale - je pourrais en citer d'autres -
récemment disait: Écoutez, si on est sorti dernièrement,
c'est pour donner un signal.
Oui, je sais qu'il me reste 30 secondes. Je cite juste un paragraphe:
"Tant à la table commune de la CEQ qu'aux différentes tables
sectorielles, malgré les nombreux conflits syndicaux, seuls de maigres
progrès ont été enregistrés. " Ce n'est pas moi qui
parle. Ce n'est pas une déclaration du mois d'août, c'est le 30
octobre, hier, qu'on disait: Sur les enjeux majeurs - là on les nommait
tous, je n'ai pas le temps de les nommer -cela ne bouge pas. Il ne se passe pas
vraiment quelque chose.
Vous voulez un règlement négocié? Il va falloir que
cela change. Alors, j'aimerais avoir quelques réponses. Comment
expliquez-vous que les rapports de médiation soient si peu parlants?
J'aimerais que vous m'expliquiez cela, M. le président du Conseil du
trésor.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Paul Gobeil
M. Gobeil: J'ose croire que le député
d'Abitibi-Ouest ne s'attend pas à ce stade-ci que les
déclarations syndicales soient favorables au gouvernement. C'est tout
à fait normal dans un processus de négociation.
Il a mentionné les rapports de médiation. Il est vrai que
certains rapports de médiation laissent croire que la médiation
survenait un petit peu trop vite. Mais il reste que, dans le processus, elle a
quand même - nous y croyons fortement - permis un déblocage de
négociations à certaines tables. Dans ce cadre-là,
j'aimerais peut-être un peu rappeler quel est ce processus de
négociation dans les secteurs public et parapublic parce que ce
processus est sûrement très bien connu du député
d'Abitibi-Ouest, mais il est probablement mal connu de la population.
Je voudrais quand même rappeler que, le 19 juin 1985, le
gouvernement précédent a adopté la loi 37, Loi sur le
régime de négociation des conventions collectives dans les
secteurs public et parapublic, qui remplaçait, en fait, la loi 55, Loi
sur l'organisation des parties patronale et syndicale aux fins des
négociations collectives dans les secteurs de l'éducation, des
affaires sociales et des organismes gouvernementaux, une loi de 1978. Cette
même loi remplaçait la loi 95 sanctionnée en
décembre 1974. Par rapport à ces deux lois, la loi 37 a
établi une décentralisation du processus de négociation en
impliquant, les gestionnaires du réseau de la santé et des
services sociaux à discuter de sujets spécifiques correspondant
aux diverses catégories d'établissements et en introduisant un
palier de négociation et d'arrangements locaux ou régionaux dont
les matières sont prévues à la loi ou convenues entre les
parties.
Cette décentralisation n'est pas sans effet sur le nombre de
personnes impliquées dans les négociations. Près de 485
personnes actuellement s'activent chez les parties patronales et syndicales et
cela, sans compter d'autres fonctionnaires des deux grands réseaux et de
la fonction publique. Ces personnes s'activent principalement aux quelque 90
tables de négociations. Du côté patronal, par exemple,
mentionnons qu'il y a 45 porte-parole, 100 professionnels ou des cadres de
milieu et près de 45 personnes affectées à des travaux de
soutien pour un total d'environ 185 personnes. Du côté syndical,
c'est 300 personnes qui sont libérées de leur milieu de travail
et qui sont impliquées dans le processus. Permettez-moi de rappeler que
le gouvernement assume le traitement de toutes ces personnes, y compris les
personnes du milieu syndical. À ce jour, nous estimons le coût
total des négociations à 22 000 000 $. Ce coût
s'accroît à raison de 1 400 000 $ par mois et ce sont des
coûts financiers importants qui s'ajoutent aux efforts de plusieurs
personnes, lesquels efforts pourraient être consacrés à
d'autres travaux, surtout lorsqu'on sait que cela fait seize mois qu'on est en
négociation.
M. le Président, ces quelques données illustrent bien
l'envergure de l'opération. Elles illustrent bien que des efforts sont
faits pour nous permettre d'arriver à une conclusion le plus rapidement
possible et de signer une centaine de conventions collectives directement des
secteurs public et parapublic, desquelles découleront
éventuellement environ 45 conventions dans les sociétés
d'État.
La ronde de 1982-1983 a coûté, quant à elle -
permettez-moi de le rappeler 11 000 000 $, mais pour six mois de
négociation, parce qu'on sait ce qui est arrivé et ce que le
gouvernement antérieur a choisi de faire en 1982.
Les efforts sont faits, les individus sont là aux tables, les
mandats sont là aux tables. Il faut continuer et laisser continuer le
processus de négociation de la façon dont il a été
entrepris. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais,
d'abord, remercier les collègues de la commission de me permettre
d'intervenir dans ce débat compte tenu des
responsabilités que j'assume dans un secteur
particulièrement névralgique, celui de la santé et des
services sociaux. J'entendais tout à l'heure le député
d'Abitibi-Ouest dire, avec raison d'ailleurs, qu'il s'agit d'un débat
majeur. Les négociations dans les secteurs public et parapublic sont, en
fait, l'occasion d'un débat majeur compte tenu des répercussions
économiques considérables que ce débat entraîne et
des répercussions également sur le plan politique et
peut-être encore davantage sur le plan social. Sur le plan
économique, évidemment, la négociation aboutit toujours,
et c'est normal d'ailleurs, sur des dépenses supplémentaires pour
l'État qui correspondent au niveau de salaire ou d'augmentation de
salaire ou d'autres avantages qui sont le résultat de cette
négociation.
Sur le plan politique, souvent, à l'occasion des
négociations, différentes façons de voir les choses
peuvent s'affronter, mais c'est peut-être davantage sur le plan social
que les répercussions sont grandes. Il s'agit de 300 000 travailleurs et
travailleuses des secteurs public et parapublic qui oeuvrent tous dans des
secteurs très importants, mais, comme je le disais tout à
l'heure, c'est certainement davantage sensible et névralgique dans celui
de la santé et des services sociaux.
C'est donc vous dire, M. le Président, qu'à notre
arrivée au gouvernement du Québec c'est avec beaucoup de
sérieux que nous nous sommes mis à la tâche pour que cette
ronde de négociations s'avère, peut-être pour une fois, une
expérience un peu plus positive pour l'ensemble de la population qui,
avec appréhension et avec raison, surveille toujours le
déroulement de ces négociations compte tenu des
répercussions qu'une négociation difficile peut entraîner
pour elle.
En ce qui a trait au secteur de la santé et des services sociaux,
je voudrais, évidemment très brièvement compte tenu du
temps que j'ai, vous dire ce qui s'est passé dans le cas de la
Fédération des affaires sociales, de la FTQ - la
Fédération des travailleurs du Québec - et des syndicats
d'infirmiers et d'infirmières du Québec. Dans le cas de la
Fédération des affaires sociales, jusqu'à la fin de mai
1986, il faut reconnaître que l'essentiel des débats avait surtout
porté sur la négociation de protocoles de partage des
matières entre les niveaux sectoriels et sous-sectoriels. Le 27 juin, le
syndicat demandait l'intervention d'un médiateur. Le rapport du
médiateur indiquait - là-dessus, je pense qu'il ne sert à
rien de le nier - que la médiation n'avait pas donné les
résultats escomptés et que, peut-être, on n'était
pas assez avancé dans la négociation pour que la médiation
puisse porter tous ses fruits. Le 23 septembre, la négociation
reprenait. Le 9 octobre, la CSN présentait à la table sectorielle
un nouveau dépôt portant sur les changements technologiques, la
formation et les congés à temps partiel.
En réponse et afin d'accélérer le rythme des
négociations, parce que c'est le désir du gouvernement et c'est
aussi le désir des syndicats de pouvoir régler avant Noël,
la partie patronale a effectué, à son tour, un nouveau
dépôt dont je reprends seulement quelques éléments:
l'introduction de dispositions concernant les changements technologiques, des
sommes pour la formation... On me dit qu'il ne me reste que 30 secondes. M. le
Président, je vais continuer en disant que, à ce moment-ci, dans
le cas de la Fédération des affaires sociales, le 23 octobre, les
parties ont convenu d'entreprendre un sprint et de négocier sept jours
par semaine avec des équipes réduites.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la ministre. M. le
député d'Abitibi...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, voulez-vous me laisser
continuer seulement une seconde?
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aurai peut-être
cinq minutes plus tard et, à ce moment-là, je ferai le point en
ce qui a trait à la FTQ et aux syndicats d'infirmiers et
d'infirmières du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, vous allez
avoir, tout à l'heure, cinq autres minutes. M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendran: Très rapidement. Je suis heureux de voir la
ministre des Affaires sociales. Une chance qu'elle est là! On serait
probablement moins inquiet si la négociation était moins
longtemps entre les mains du président du Conseil du trésor. On
le dit vraiment. Mon collègue reviendra sur la déclaration du
ministre de l'Éducation. Quand on veut négocier dans le secteur
public comme dans le secteur privé, par définition, on va faire
face à des problèmes parce que ce n'est pas pareil. Il me semble
que les autres laissent voir un peu qu'ils comprennent cela. Mme la
députée de L'Acadie, ministre de la Santé et des Services
sociaux, et le ministre de l'Éducation - mon collègue va revenir
- ont l'air de comprendre que le secteur public, ce n'est pas la même
chose que le secteur privé. Le président du Conseil du
trésor ne comprend pas cela.
Trois choses rapides, parce que je note encore qu'il n'a absolument rien
dit sur les
questions auxquelles j'aimerais qu'il réponde; il est
censé être le coordonnateur des négociations. (10 h 45)
Pour ce qui est de Mme Lavoie-Roux, une phrase: C'est exact que, enfin,
il y a une semaine, on a dégagé un mandat plus significatif
à la FAS, la Fédération des affaires sociales, sur les
vrais problèmes: changements technologiques, non-remplacement, temps
partiel. C'est exact. Par rapport au chapeau des négociations, ce n'est
pas exact aux autres tables.
Le président du Conseil du trésor me dit: Est-ce que vous
vous attendez, M. Gendron, que les centrales me félicitent? Non, je ne
suis pas fou, sauf qu'elles l'ont fait. C'est pour dire comme parfois on peut
être curieux. Les centrales syndicales sont satisfaites des propos de
Gobeil. Si vous voulez que cela dure, il faudrait que cela change. Elles ont
dit cela quand? Elles ont dit cela quand vous vous êtes ouvert la trappe
en disant: Là, cela va paraître, les changements. Là, je
vais avoir enfin des offres significatives sur la
non-récupération. Elles se rendent compte qu'il n'y a pas cette
traduction de la parole aux actes, sauf un petit bout aux affaires sociales
récemment; mais aux autres tables, les questions majeures sont
restées en suspens.
Je reviens sur deux choses, parce que dans cinq minutes, M. le
président du Conseil du trésor, c'est difficiles M. le
président du Conseil du trésor, j'insiste, pourriez-vous
m'expliquer un peu comment il se fait que, si la négociation fonctionne
rondement les rapports de médiation ne disent rien? Sans blâmer
les médiateurs, eux ils ont fait leur travail; ils ont essayé de
concilier les parties sur ce qui était censé s'être
passé, mais comme il ne s'est rien passé, ils n'ont rien à
dire, sauf le rapport du médiateur Désilets concernant la CECS.
J'aimerais vous entendre dire quelques mots là-dessus.
Deuxième chose. Mon collègue va revenir, mais je me dois
de vous poser une question. J'aimerais que vous définissiez un peu plus
votre objectif d'améliorer la productivité. Est-ce que, pour
vous, améliorer la productivité, c'est, toujours dans votre
notion économique, compte tenu que votre passé est davantage
là... Jamais je ne vais déblatérer contre votre
passé, il est heureux dans le domaine privé, mais je vous dis
qu'il s'annonce mal dans le domaine public, par exemple. Là, vous
êtes ministre responsable des négociations et président du
Conseil du trésor. On aimerait que le passage se fasse et que cela ne
prenne pas une autre année avant que vous compreniez que vous
n'êtes plus chez Provigo.
En conséquence - revenons à la notion de
productivité dans le secteur public -pensez-vous, M. le président
du Conseil du trésor, que vous allez améliorer la
productivité en ne faisant jamais de remplacements, en multipliant la
disparition des temps complets par l'instauration de temps partiels, en
rechargeant davantage les heures de travail parce que vous ne remplacez pas les
absences, vous ne remplacez pas sur des quarts de travail le nombre
véritable de personnes qui sont requises? Pensez-vous que vous allez
augmenter ainsi la productivité dans le secteur des affaires sociales en
particulier, dans le secteur du soutien scolaire?
C'est un objectif, M. le président du Conseil du trésor.
Convenez-vous qu'améliorer la productivité ne veut pas dire
uniquement équilibrer les colonnes et offrir des services au moindre
coût possible dans les secteurs public et parapublic? Comprenez-vous
cela? La productivité dans les secteurs public et parapublic, cela veut
aussi dire de temps en temps la qualité des services. Cela veut dire de
l'amélioration des soins aux usagers pour des travailleurs et des
travailleuses qui pensent avoir des conditions de travail qui tiennent compte
d'une espèce de bien-être, d'une espèce de satisfaction du
devoir accompli.
Je vous donne un exemple: si j'occupais une fonction et qu'à
chaque fois que je suis malade et que je ne peux pas la remplir, je ne suis pas
remplacé et personne ne la fait, je vais me poser des questions sur
l'utilité de mon travail. Ce n'est pas très compliqué.
C'est un peu cela que les syndiqués ressentent. Ils ressentent, à
un moment donné, que dans certaines situations, compte tenu du
resserrement... On peut toujours revenir sur ce qu'on a fait, mais ce n'est pas
cela, le problème. Le problème, c'est qu'effectivement ils ont
fait des sacrifices comme ce n'est pas possible. Est-ce qu'on va toujours en
exiger uniquement d'eux?
Nous pensons que les conditions économiques ne sont pas celles de
1982. Cela vous permettrait de tenir compte de certains facteurs dont il ne me
semble pas, M. le président du Conseil du trésor, que dans cette
négociation vous teniez compte.
Le Président (M. Després): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le président du Conseil du
trésor, la parole est à vous.
M. Paul Gobeil
M. Gobeil: M. le Président, je comprends un peu, parce
qu'il vient de nous l'expliquer, quel était le but du
député d'Abitibi-Ouest en demandant cette interpellation. Si j'ai
bien compris, il veut en faire une attaque personnelle contre le
président du Conseil du trésor. C'est son choix. Vous remarquerez
que la ministre de la Santé et des Services sociaux est ici avec moi ce
matin. Mon collègue, le ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur,
devait y être aussi, mais, malheureusement, à la
dernière minute, ses obligations ne le lui ont pas permis.
Une chose est quand même bien claire dans mon esprit et elle
devrait être très claire dans l'esprit des membres de
l'Opposition: les ministres sectoriaux, en l'occurrence la ministre de la
Santé et des Services sociaux et le ministre de l'Éducation, sont
encore les grands responsables de leur réseau respectif, en ce qui
touche les négociations, alors que le président du Conseil du
trésor est responsable du secteur de la fonction publique. De plus, en
vertu des lois qui nous gouvernent, le président du Conseil du
trésor chapeaute la coordination de toutes les négociations dans
les secteurs public et parapublic. Par contre, ce n'est pas le rôle du
président du Conseil du trésor de s'immiscer dans les
généralités, si je peux m'exprimer ainsi, des
négociations de chacun des réseaux. J'ai toutes les
félicitations à faire à mes collègues. Ils font
très bien leur travail. Il y a, entre nous, une compréhension et
une harmonie totale. Je voudrais que ce soit bien clair.
À entendre le député d'Abitibi-Ouest tout à
l'heure, je me retrouvais avec une charge de travail énorme. II m'a
quasiment nommé directeur général de chacune de nos
institutions, que ce soit dans le domaine de l'éducation ou dans le
domaine de la santé, en parlant, entre autres, de la
productivité. Évidemment, il s'agit de la productivité
à partir de l'établissement de grands principes, mais je pense
que ces principes sont déjà là. Donc, à partir de
l'établissement de ces principes, la productivité revient, dans
ce qui s'appelle l'application, à chacun des responsables de nos
établissements. Je suis convaincu que nos gestionnaires, à
quelque niveau qu'ils soient, ont la compétence et la volonté de
bien faire en tenant compte des contraintes dans lesquelles ils ou elles
évoluent.
J'ai rappelé que, comme président du Conseil du
trésor, j'étais principalement responsable de la
négociation dans la fonction publique. Permettez-moi de vous dire
quelques mots sur la négociation dans la fonction publique directement.
Nous touchons environ 53 QOO personnes. Le cadre légal de la
négociation se retrouve aussi dans deux lois, la loi 37, dont on a fait
mention un peu plus tôt, et la loi 51 sur la fonction publique. En ce qui
touche la fonction publique, les demandes ont été reçues
entre juin et décembre 1985. Là comme ailleurs, la partie
patronale a fait des offres le 19 juillet 1986. Depuis le début des
négociations, il y a eu de nombreuses rencontres, selon les groupes
impliqués. Par exemple, avec le SFPQ, nous avons eu 35 rencontres; avec
le SPGQ, 45 rencontres; avec le SPEQ, 28 et avec l'Union des agents en
institutions pénales, 30. En référence au mandat de
négociation, le Conseil du trésor a demandé au ministre du
Travail, à la mi-juillet, de nommer des médiateurs en vue
d'accélérer le règlement des différends qui
opposaient les parties. Ces négociateurs ont été
nommés dans la majorité des dossiers. La médiation s'est
terminée entre la mi-septembre et le 8 octobre, et nous croyons qu'elle
a permis d'accélérer les négociations aussi dans le
secteur privé.
Ce bref tour d'horizon veut vous faire voir que, dans la fonction
publique comme dans les réseaux de l'éducation et de la
santé, nous donnons toute l'importance qu'elles méritent aux
négociations. Nous continuons à y attacher de l'importance et
à négocier intensivement des conditions de travail acceptables
pour les deux parties. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Després): Merci, M. le
président du Conseil du trésor.
La parole est maintenant au député de Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: M. le Président, comme l'a souligné
précédemment le président du Conseil du trésor, je
tiens à excuser le député d'Argenteuil qui, pour des
obligations familiales, a dû retourner à Montréal
aujourd'hui.
Je vous entretiendrai sur l'état de la situation concernant les
négociations dans le secteur de l'éducation. Le
député d'Abitibi-Ouest, à tort, disait tout à
l'heure que le déroulement des négociations s'était fait
dans un laxisme qui ne s'était pas vu précédemment, avant
le 21 octobre. On est bien obligé de constater que la
réalité est tout le contraire des propos, peut-être
même de la pensée du député d'Abitibi-Ouest.
Regardons spécifiquement, dans le cas de l'éducation, comment
cela s'est passé depuis le dépôt des offres patronales,
c'est-à-dire le 19 février 1986.
D'abord, le personnel enseignant, les enseignants et enseignantes du
Québec. Depuis le 19 février 1986 et le début de la
période de médiation, soit le 20 août 1986, il y a eu 45
séances de négociation, 167 heures de négociation, et
cette négociation a permis de régler 15 articles sur une
possibilité de 60. Durant toute cette période, une entente est
intervenue au mois de juin dernier avec la CEQ sur le partage des
matières. D'autre part, depuis juillet, les parties se sont entendues
pour faire en sorte que M. Raymond Désilets devienne médiateur et
préside un conseil de médiation auquel les parties se sont
livrées depuis le début de septembre.
Puisque le citait M. le député d'Abitibi-Ouest, que disait
le rapport de médiation et que disait le médiateur? Eh bien,
concernant
la tâche d'un enseignant, le régime des congés de
maladie, le quantum des prestations d'assurance-salaire, le traitement d'un
enseignant en disponibilité et les mesures de résorption, le
médiateur y indique que les recommandations contenues audit rapport
constituent un tout indivisible et qu'elles ne peuvent être
amendées. Nous croyons que les parties doivent donc le considérer
globalement et l'accepter ou le refuser dans son ensemble dans une perspective
de règlement.
Voilà pour le personnel enseignant, un peu rapidement, M. le
Président, puisque cinq minutes ne nous permettent pas d'approfondir
chacune des clauses de ce sujet, malheureusement. Je répète que,
chez le personnel enseignant, nous avons eu 45 séances de
négociation et 167 heures de négociation.
Parlons maintenant d'un autre type de personnel dans le secteur de
l'éducation: les professionnels non enseignants, les PNE, comme disent
les gens du milieu. Depuis le dépôt des offres patronales, il y a
eu 43 séances de négociation, 235 heures de négociation;
29 articles sur 67 ont été réglés. Concernant le
personnel de soutien qui relève de la CSN, les membres qui sont
syndiqués à la CSN, depuis le 19 février, il y a eu 36
séances de négociation et 164 heures de négociation pour
régler 37 articles sur 55, soit plus de la moitié de la
convention collective. Concernant le personnel de soutien qui adhère
à la CEQ, il y a eu 47 séances de négociation depuis le 19
février et 216 heures de négociation pour régler 34 des 60
articles de la convention collective.
 la FEMSQ, un autre syndicat dont sont membres des
adhérents du personnel de soutien, 37 séances de
négociation, 155 heures de négociation et 28 articles sur 59 ont
été réglés. À la FTQ, depuis le
dépôt des offres, 116 heures de négociation. Au SCFP, 38
séances de négociation, 136 heures de négociation; 25
articles sur 62 ont été paraphés.
M. le Président, nous sommes bien obligés de constater que
le député d'Abitibi-Ouest avait tort de présumer qu'il y
avait eu du laxisme dans le déroulement des négociations.
Même qu'à la fin d'avril, au moment de l'étude des
crédits du Conseil du trésor, si l'Opposition ne s'était
pas retirée, elle aurait appris, comme les journalistes à
l'époque - M. Samson, du Soleil, l'a rapporté qu'il y avait eu
plus d'heures de négociation dans cette ronde-ci que dans toute la ronde
précédente 1982-1983; au mois d'avril, soit un mois après
le dépôt des offres patronales. Peut-on s'indigner, comme semble
le faire le député d'Abitibi-Ouest...
Le Président (M. Lemieux): Votre droit de parole est
terminé.
M. Chagnon: Je tiens à vous remercier, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis.
M. le député de Taillon.
M. Claude Filion
M. Filion: Merci, M. le Président. Vous savez, cela fait
à peu près une vingtaine d'années que l'État,
dit-on, négocie avec ses sujets. On se souviendra du débat
à l'époque, et le président du Conseil du trésor
est en train de changer les choses. Il est en train de rendre cela facile,
négocier avec les employés et je m'explique, M. le
Président. (11 heures)
D'une part, le président du Conseil du trésor a
déposé une offre jamais vue, une offre minimale maximale,
plancher-plafond, et, comme l'a bien démontré mon collègue
d'Abitibi-Ouest, on peut s'imaginer quelle sorte de marge de manoeuvre cela
donne, quelle sorte d'espace aérien existe entre le plancher et le
plafond, alors qu'ils se ressemblent tous les deux.
Évidemment, ce sont les employés du secteur public qui
sont aplatis entre ce plancher et ce plafond. Alors, négocier a toujours
voulu dire pour moi et pour l'Opposition, en particulier lorsqu'elle tenait les
rênes de l'État, être en mesure de développer une
situation où l'on pouvait faire des compromis. Mais le président
du Conseil du trésor a innové en déposant cette offre.
Deuxièmement, il a aussi innové dans les matières
ou dans les sujets qui relèvent du rattrapage. Auparavant, tous les
présidents du Conseil du trésor avant lui et tous les
gouvernements avant le sien reconnaissaient que certaines catégories
d'employés avaient besoin de rattrapage. Le président du Conseil
du trésor dits Pour moi, c'est 3, 5 %, plancher-plafond, et à
tout le monde, en faisant fi des catégories d'employés qui, en
toute justice, ont besoin d'un rattrapage. Je pense en particulier eux
infirmières et aux procureurs de la couronne. Il y en a d'autres
cependant et je ne voudrais pas que la liste que j'en fais soit
considérée comme exhaustive. En ce sens, il est maintenant devenu
facile de négocier avec ses sujets, grâce aux nouvelles techniques
importées du secteur privé qui consistent, finalement, à
ne rien négocier.
Ma première question au président du Conseil du
trésor: Comment le président du Conseil du trésor
concilie-t-il ses offres aux procureurs de la couronne avec les recommandations
claires et précises du comité Rouleau, dont le mandat
était précisément - et je cite la page 1 du rapport du
comité Rouleau - de se pencher sur l'analyse de la
rémunération et des avantages sociaux versés aux
substituts du Procureur général,
qu'on appelle communément procureurs de la couronne?
Pour l'information du président du Conseil du trésor... Je
pense qu'il serait bon qu'il m'écoute parce qu'il n'est probablement pas
au courant qu'en Ontario - je pense que c'est une mesure de
référence qui est très populaire dans ce gouvernement -
une entente vient d'intervenir entre le gouvernement ontarien et les procureurs
de la couronne là-bas, de sorte qu'une augmentation d'environ 10 % a
été accordée aux procureurs de la couronne, ce qui fait
que la différence entre les procureurs de la couronne du Québec
et ceux de l'Ontario est maintenant d'environ 50 %. On appelle cela une
injustice, M. le Président. Et, pour un président du Conseil du
trésor responsable des négociations qui voudrait prendre et
assumer ses responsabilités, il convient également qu'il
dépose des offres qui redressent des situations injustes, sinon cela
serait trop facile.
Dans ce cas-ci, je pense que je n'ai pas besoin d'insister sur les
nombreux appuis qu'ont reçus les procureurs de la couronne à
propos de leurs revendications salariales. Contrairement à ce que disait
le président du Conseil du trésor il y a deux minutes, si le
ministre de la Justice est responsable de son secteur, comment expliquer que le
président du Conseil du trésor, solidaire du ministre de la
Justice, ne concrétise pas l'appui clair, explicite, donné par le
ministre de la Justice? Tous les intervenants ont reconnu le bien-fondé
du rattrapage pour les infirmières et les procureurs de la couronne. En
ce sens, je voudrais que le président du Conseil du trésor, sans
nous chanter de chanson, nous dise pourquoi et comment il est en mesure de
maintenir une position qui relève de l'injustice pure et simple et qui
fait fi de la position exprimée par ceux qu'il qualifie de grands
responsables, c'est-à-dire les ministres sectoriels.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Taillon. Vous avez respecté à la seconde
près le temps qui vous était alloué. M. le
président du Conseil du trésor.
M. Paul Gobeil
M. Gobeil: M. le Président, le député de
Taillon a visé juste. Cela n'arrive pas souvent que le fasse
l'Opposition, mais il vient de le faire. Il nous a parlé de l'injustice.
Ce qu'il a oublié de dire, c'est que l'injustice a été
créée par son gouvernement, l'ancien gouvernement. L'histoire des
procureurs de la couronne, n'allez pas penser que c'est hier matin que cela
s'est découvert, ou le mois passé, ou il y a trois semaines. Cela
fait dix ans. Que je sache, en 1976, c'est le gouvernement du Parti
québécois qui a été élu. Pourquoi
n'avez-vous pas réglé le problème si vous pensez qu'il est
aussi grave que cela? Effectivement, il est peut-être grave. On va
revenir un peu là-dessus.
Le député de Taillon dit qu'on aplatit les employés
entre le plancher et le plafond de 3, 5 %. Il a peut-être raison, mais
c'est moins pire que le knock-out de 1982. Il faut admettre cela, je pense
bien. Je pense bien que tous ceux qui nous écoutent, qui sont
directement concernés vont comprendre la justesse de ces propos. C'est
vrai qu'il n'y en a pas de marge de manoeuvre mais on a eu le courage de le
dire, par exemple. On a dit que notre offre de 3, 5 % n'était pas
nécessairement acceptée et acceptable, selon certains
critères, mais que cela nous semblait raisonnable dans tes
circonstances, compte tenu de la capacité de l'État. Si les 23
députés de l'Opposition ne sont pas en mesure de le comprendre,
je suis convaincu qu'un très fort pourcentage des 300 000
syndiqués de la fonction publique et parapublique qui sont directement
concernés sont en mesure de le comprendre. Je suis à peu
près convaincu de cela.
Vous mentionnez l'Ontario? C'est vrai qu'il y a des différences
dans la rémunération de nos cadres par rapport à
l'Ontario. Ce n'était pas le gouvernement libéral qui
était au pouvoir depuis dix ans. C'était à vous autres de
réactiver l'économie de façon à permettre de payer
comme le fait l'Ontario. C'est vrai qu'on paie des salaires plus bas au
Québec qu'en Ontario, mais ne venez pas nous le reprocher à nous.
On essaie, à la suite de l'élection du 2 décembre dernier,
soit depuis onze mois, de corriger des situations. Vous avez eu neuf ans pour
les corriger et vous ne l'avez pas fait. S'il vous plaît de me dire: On
n'avait pas le choix, écoutez, c'est votre administration. Je ne veux
pas juger votre administration, mais seulement rappeler des faits.
Les procureurs de l'Ontario sont mieux payés que les procureurs
du Québec? C'est vrai. Les infirmières de l'Ontario sont plus
payées que les infirmières du Québec? C'est vrai. On
pourrait en énumérer plusieurs. Vous n'avez pas su dans votre
administration, ou pu, leur donner une rémunération
équivalente. Par contre, le Québec c'est le Québec et
l'Ontario, c'est l'Ontario.
Le député a parlé de deux classes d'emploi. Il a
répété ce qu'on a dit, finalement: Oui, nous étions
très sensibles et plus sensibles à la situation' des infirmiers
et des infirmières et à celle des substituts du Procureur
général. Nous sommes en discussion, par le biais des tables de
négociations, avec ces deux corps d'emploi, comme avec les autres, et il
y a des propositions qui tiennent compte d'ajustements qui pourraient
être différents, pas sur les échelles salariales qui,
là comme ailleurs,
pour 1986, prévoient une augmentation de 3, 5 %. Là comme
ailleurs, dans d'autres conditions, il y a des choses qui se discutent et qui
se négocient. Cela se fait aux tables de négociations.
Je voudrais aussi dire une chose au député de Taillon. Le
ministre de la Justice, Procureur général, et le président
du Conseil du trésor s'entendent sur les offres et les
négociations actuelles avec les substituts du Procureur
général, les procureurs de la couronne. Qu'il se le tienne pour
dit, qu'il aille interroger s'il le veut le ministre de la Justice et qu'il
aille interroger aussi les procureurs de la couronne, il va voir qu'il n'y a
pas de désaccord entre le ministre de la Justice et le président
du Conseil du trésor, sur ce sujet.
Je pense qu'il faut que ce soit établi clairement une fois pour
toutes. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. En ce qui a trait
à la FTQ, il y a eu aussi des propositions patronales, et les parties
ont convenu d'une accélération de la négociation ainsi que
d'un fonctionnement en comité restreint. Je dois dire, par contre, que
le début de cette phase, intensive a été retardée
de quelques jours à cause de la modification de la représentation
syndicale. Mais il reste que les gens sont, de part et d'autre,
décidés à accélérer le processus de
négociation.
Je voudrais également parler des infirmières, puisqu'il
s'agit d'un groupe au sujet duquel le gouvernement a toujours dit:
Écoutez, nous reconnaissons que la situation des infirmières, si
on les compare par exemple à l'Ontario, est une situation moins
favorisée. Je reprends les propos du président du Conseil du
trésor qui dit qu'à cet égard, même s'il est exact
que pour l'année 1986 nous devons respecter les 3, 5 %, nous examinons
la possibilité de modifier la structure salariale des infirmiers et des
infirmières en réduisant, par exemple, d'un échelon
l'échelle salariale des infirmiers et des infirmières. Nous leur
proposons également que leur situation soit étudiée par
l'Institut de recherche et d'information sur la rémunération qui,
justement, nous permettrait de faire éventuellement les ajustements,
peut-être pas dans le sens d'une parité complète avec
l'Ontario, mais au moins en ayant comme objectif de rapprocher
éventuellement leurs conditions de celles des infirmiers et
infirmières de l'Ontario.
En ce qui a trait au temps partiel dont le député
d'Abitibi-Ouest a parlé tout à l'heure, je voudrais y revenir
parce que c'est une question importante, particulièrement dans le
réseau de la santé et des services sociaux. Je voudrais rappeler
que la partie patronale a déposé aux différents syndicats
un certain nombre de propositions dont l'objectif est justement de faire en
sorte que les titulaires de poste à temps partiel aient le plus
d'occasions possible d'augmenter leur prestation de travail et, par
conséquent, d'augmenter la stabilité de leur emploi.
Je voudrais ajouter également, M. le Président, qu'en ce
qui a trait aux travailleurs à temps partiel des propositions ont
été déposées touchant l'assurance-vie et
l'assurance-salaire, qui permettraient également d'améliorer
leurs conditions. Il y a un bon nombre de travailleurs à temps partiel;
même s'il y a une bonne partie de ces gens qui souhaitent travailler
à temps partiel, il y en a d'autres - il faut le reconnaître - qui
souhaiteraient travailler à temps plein ou d'une façon plus
substantielle et qui ne peuvent le faire aujourd'hui. Nous essayons, dans les
propositions que nous avons déposées, de corriger ces anomalies
qui durent depuis un grand nombre d'années. Nous n'avons pas la
prétention, M. le Président - et je pense que dans nos
discussions avec les syndicats ils le reconnaissent - que cela ne puisse
être corrigé strictement au cours de cette négociation,
mais nous posons les jalons pour atténuer la situation difficile dans
laquelle un grand nombre d'entre eux se trouvent et éventuellement les
mettre dans une situation qui soit vraiment une situation de travailleurs ou de
travailleuses ayant une sécurité de revenu convenable.
M. le Président, je voudrais ajouter que, dans le cas des
infirmiers et des infirmières, nous avons négocié d'une
façon intensive aux mois de mai et juin derniers; nous espérions,
de part et d'autre, un règlement. Nous n'y sommes pas arrivés,
mais on négocie encore présentement. On sent chez les infirmiers
et les infirmières une volonté de pouvoir régler
rapidement. C'est aussi notre désir, et c'est dans ce sens que nous
multiplions les efforts, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux. M. le député de
Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. D'abord, j'aimerais
demander au président du Conseil du trésor d'éviter de me
baragouiner ce qu'il a donné à mon collègue de Taillon. I!
faudrait qu'il s'aperçoive qu'ils sont au pouvoir depuis le 2
décembre dernier et qu'ils arrêtent de mettre la faute sur le
gouvernement antérieur. Ils ont des responsabilités et des
décisions à prendre,
qu'ils les prennent! (11 h 15)
Deuxièmement, c'est le fait de voir ici Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux, alors que celui qui est le responsable...
Le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur et de
la Science, malgré ce que son collègue, le député
de Saint-Louis a dit, je pense qu'une façon de se retirer d'un dossier,
lorsqu'on a tenu de tels propos la veille, ce sont des raisons personnelles...
Le député de Saint-Louis aurait peut-être aimé
être ministre de l'Éducation mais malheureusement ce n'est pas lui
ou peut-être heureusement ce n'est pas lui. Ce que nous avons devant nous
c'est: Ryan dénonce le concept de l'État-entreprise. Je pense que
c'est important et il y a peut-être des questions qui devraient
être posées au président du Conseil du trésor. Quand
on regarde ce qui a été livré comme message aux directeurs
des cégeps réunis en colloque à Québec, cela
représente des actions qui font en sorte que le ministre de
l'Éducation et aussi ministre de l'Enseignement supérieur et de
la Science se rebiffe un peu. On dit même dans le texte que Mme la
députée de L'Acadie, ministre de la Santé et des Services
sociaux, est de la même mentalité, mais la présence de la
ministre ce matin indique peut-être qu'elle est plus sous la
férule du président du Conseil du trésor que le
député d'Argenteuil qui essaie de se défendre et de
défendre certains principes de base. Le ministre dit - on le dit dans le
texte - que depuis le 2 décembre il a pris des positions
diamétralement opposées à la ligne politique
défendue par les hommes d'affaires élus sous la bannière
libérale à l'Assemblée nationale. On dit qu'en plusieurs
occasions, surtout en ce qui concerne la négociation dans le secteur
public, le message de M. Ryan était clairement adressé au
président du Conseil du trésor, M. Paul Gobeil, dont le patronyme
est associé au rapport sur la réduction du rôle de
l'État. Le ministre a dit en plus: Je m'inscris en faux contre cette
légende que l'on voudrait instituer et suivant laquelle les vertus
d'efficacité seraient propres et exclusives au secteur privé, et
il ne faudrait pas - comme il le dit - mettre la hache dans l'État
moderne que nous nous sommes donné. En terminant, il a dit: Est-ce pour
satisfaire des iconoclastes? M. Ryan a noté qu'il est très
difficile, sinon impossible, de négocier les conditions de travail dans
le secteur public de la même façon que dans le secteur
privé.
C'est un message qui est clair et c'est un message qui nous indique -
comme le disait le député d'Abitibi-Ouest - qu'un des secteurs
qui a le mieux résisté à l'ensemble de la médiation
c'est justement le secteur de l'enseignement primaire et secondaire.
Effectivement, s'il y a eu de la médiation, c'est parce que lors des
négociations antérieures à la médiation on
n'était pas arrivé à un règlement global; la
négociation s'était soldée par une impasse. Donc, s'il y a
eu médiation et s'il y a un rapport comme cela c'est parce
qu'effectivement il y a des gens qui ont essayé de montrer que
peut-être la médiation était un des moyens d'amener les
parties à s'entendre, sauf qu'on indique dans le rapport du
médiateur, à la page 5: Une autre dimension importante, c'est
bien que le climat à la table a été serein. Les membres du
conseil de médiation ont perçu un certain scepticisme de la part
des membres des comités de négociation quant aux résultats
de la médiation sans compter que des déclarations publiques n'ont
pas facilité la crédibilité du processus de
médiation. Là on fait référence directement aux
déclarations qui ont eu lieu à un certain moment au début
d'octobre et en particulier au caucus de Trois-Rivières. Sans compter
aussi qu'à la suite de ce rapport de médiation le ministre de
l'Éducation s'est rendu à son caucus des membres du Parti
libéral et il a essayé de faire - ce qu'on appelle dans le
langage - le "forcing" nécessaire pour forcer la main du
président du Conseil du trésor et que jusqu'à maintenant
les résultats ne sont pas probants. Le député de
Saint-Louis était membre de la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec. Président, oui, mais il
était membre quand même, président! Regardez la
façon dont je le vois. il avait eu de la difficulté à
faire accepter la proposition Gendron, de l'époque. Le ministre de
l'Éducation avait été d'accord sur la base de la
proposition Gendron, de l'époque. Est-ce que le président du
Conseil du trésor serait prêt, aujourd'hui, à accepter
comme base de négociation le rapport Gendron? C'est une question bien
importante.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le président du Conseil du
trésor.
M. Paul Gobeil
M. Gobeil: Merci, M. le Président. Si M. le
député de Laviolette lit les journaux demain matin il va avoir -
peut-être - la chance de voir comme titre: Gobeil dénonce le
concept de l'État entreprise. Je suis entièrement d'accord avec
les propos de mon collègue, le ministre de l'Éducation.
Effectivement, c'est très clair aujourd'hui que l'État dans
lequel nous sommes ici au Québec doit être un
État-catalyseur et non plus un État-providence ou un
État-entrepreneur. On doit rendre les conditions propices de
façon que l'activité économique évolue assez pour
continuer à payer pour nos acquis sociaux et à les
développer en quantité et en qualité. C'est très
clair. 11 n'y a aucune mésentente entre mon collègue et
moi.
D'ailleurs, M. Ryan, le ministre actuel de l'Enseignement
supérieur et de la Science, vient de l'entreprise privée.
N'a-t-il pas, pendant 20 ans et plus, été le directeur
général d'une entreprise qui s'appelle Le Devoir et n'a-t-il pas
réussi financièrement? Tout le monde connaît la situation
financière du Devoir au moment où il a quitté:
excellente!
Tout cela, la longue expérience de mon collègue dans le
secteur privé et le succès qu'il y a connu, démontre qu'il
n'y a pas d'opposition automatique entre le développement d'une
pensée et d'une conscience sociale et le succès dans la gestion
d'une entreprise.
Les négociations collectives dans les secteurs public et
parapublic actuels ont leur régie propre, leurs caractéristiques
particulières, leur histoire, leur tradition, et j'en conviens
aisément. Nos préoccupations visant à les mener dans le
respect de nos moyens financiers ne nous font pas perdre de vue cependant
qu'aujourd'hui le monde du travail, lorsqu'il est moderne et
évolué, s'articule autour de certaines valeurs. Permettez-moi de
vous en mentionner quelques-unes. Une communauté de travail
participante, ouverte et démocratique, la mobilisation des ressources
humaines et le partage avec chacun des objectifs de l'entreprise, de
l'établissement et de l'institution, l'aménagement flexible du
travail et de son organisation ou la souplesse et l'ouverture dans des
relations humaines et des conditions salariales qui offrent non seulement un
revenu juste et raisonnable, mais des avantages sociaux complémentaires
et, quand c'est possible, dans le cas des réseaux public et parapublic,
une sécurité d'emploi. À cela s'ajoutent des
caractéristiques de l'organisation du travail qui, tout en étant
d'un ordre plus économique, n'en sont pas moins importantes. La
productivité, le souci des services à des coûts comparables
à d'autres donneurs de services de même nature,
l'imputabilité la plus large possible de tous les membres d'une
organisation. Les offres que nous avons déposées ces derniers
mois offrent largement la possibilité d'établir de telles
règles du jeu entre le gouvernement, les diverses parties patronales des
réseaux et les employés des secteurs public et parapublic.
M. le Président, tout au long de la démarche de
négociation avec nos employés, ceux des réseaux de
l'éducation ou de la santé, un objectif prioritaire nous guide:
fournir aux Québécois et aux Québécoises des
services publics de qualité, le faire dans le respect des moyens
financiers dont nous disposons, inscrire la démarche de
négociation dans le cadre plus large des responsabilités du
gouvernement, lesquelles passent par l'obligation de respecter et de maintenir
en équilibre l'ensemble de la gestion de l'État.
M. le Président, nous nous efforçons, comme membres de ce
gouvernement, de gouverner et d'administrer en fonction de nos moyens pour le
bien-être de tous les Québécois et de toutes les
Québécoises. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député de Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon; M. le Président, personne ne pourra rester
insensible aux propos du député de Laviolette. D'abord, je pense
que le député de Laviolette prend ses désirs pour des
réalités, d'une part, et, d'autre part, fait quelques fantasmes
sur ses désirs. Je suis obligé de relever certains propos qu'il a
tenus tout a l'heure. Je réitère et je répète
à l'intention du député de Laviolette que le ministre de
l'Éducation n'a pas pu ce matin participer aux travaux pour des raisons
d'obligations familiales qui sont extrêmement importantes et pour
lesquelles M. le député de Laviolette en sait probablement plus
qu'il n'en savait tout à l'heure.
Deuxièmement, il n'y a qu'un ministre de l'Éducation au
Québec et il est excellent, n'en déplaise au député
de Laviolette. Le député de Saint-Louis ne cherche pas à
prendre la place de qui que ce soit ici. Troisièmement, je tiens... Et
c'est un peu malheureux que le député de Laviolette l'ait
souligné, j'ai fait exprès pour ne pas le soulever tout à
l'heure parce qu'il s'est agi d'une période extrêmement dure pour
l'ancien ministre de l'Éducation qui est aujourd'hui notre
collègue d'Abitibi-Ouest.
C'est à cette période que, en avril 1985, au moment
où j'étais président général de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, à la suite d'une exploration qui avait été
tenue avec la CEQ, nous étions arrivés à une entente. Je
tiens à souligner à l'intention du député de
Laviolette qu'après une réunion de tous les présidents et
directeurs généraux du Québec les présidents, les
directeurs généraux et, évidemment, la
fédération que je représentais à l'époque
s'étaient dits d'accord avec le rapport de notre exploration qui avait
été faite préalablement conjointement avec le
ministère de l'Éducation. Malheureusement pour notre
collègue, le député d'Abitibi-Ouest, à
l'époque le cabinet n'avait pas accepté cette conclusion qui
aurait fait en sorte qu'aujourd'hui les négociations auraient
été beaucoup plus faciles si le cabinet avait donné son
appui au ministre de l'époque, le député
d'Abitibi-Ouest.
Ceci étant dit, je ne l'aurais pas soulevé parce que je
sais comment cela a
été difficile à l'époque pour le
député d'Abitibi-Ouest, et c'était vrai que ce
n'était pas facile parce qu'il croyait à cette entente et nous y
croyions aussi. Chacune des parties devait y mettre du sien, mais nous avions
un problème extrêmement urgent à régler et ce
dossier aurait certainement pu faire en sorte d'améliorer la
qualité de l'enseignement public à partir du moment où il
aurait été accepté.
Il y a quelque chose de curieux dans les négociations, M. le
Président, et M. le député de Laviolette et M. le
député d'Abitibi-Ouest en ont déjà une large
expérience, particulièremement dans leur milieu respectif, mais
souvenons-nous des deux dernières négociations. En 1979-1980, le
gouvernement a littéralement donné sa chemise au cours des
négociations. Le ministre des Finances et député de
L'Assomption, dans le bilan des négociations dans le budget du 25 mars
1960, disait déjà: Enfin, les enseignants ont reçu un
allégement de tâche comportant l'addition d'environ 1600
enseignants dans le système. C'est à mon sens - et c'est le
ministre de l'époque, M. Parizeau, qui parle - la seule
incongruité du règlement. Si on avait su au moment où ces
offres ont été formulées ce que l'on sait maintenant sur
le coût réel de l'enseignement primaire et secondaire - j'aurai
l'occasion de revenir longuement sur cette question un peu plus tard - une
telle offre n'eût jamais été faite.
Cela, c'est le résultat de 1979-1980. Un peu plus tôt,
l'ancien ministre des Finances, M. Parizeau, se pète les bretelles en
disant: On a réussi à faire en sorte d'amener à un niveau
comparable à l'indice des prix à la consommation les hausses
salariales pour 1979 à 1982. On est obligé de constater que dans
la vérité ce sont 2 % de plus que l'indice des prix à la
consommation qui ont été versés aux employés de
l'État. Après avoir donné sa chemise en 1979, le
gouvernement, en catastrophe, a été obligé de
réagir en 1982-1983, soutirant 20 % des salaires de ses
employés.
Ces espèces de négociation en dents de scie, une fois on
paie et l'autre fois on retire, c'est exactement le contraire qu'a voulu faire
le gouvernement actuel en étant beaucoup plus responsable dans ses
offres patronales. Fort heureusement, le gouvernement actuel a aussi acquis le
respect de ses employés parce qu'il a su garder un contact avec ses
employés et conserver ce respect de ses employés, lequel respect
a été complètement perdu par le gouvernement
précédent à la suite de sa catastrophe budgétaire
de 1982-1983. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Je me permettrai, M. le Président, encore
là de manifester mon regret que le président du Conseil du
trésor n'ait pas l'air de prendre au sérieux ses
responsabilités ministérielles. Contrairement à une
espèce d'accusation gratuite qu'il lançait que ce matin ce qui
m'intéresse, c'est un règlement de comptes contre le passé
du président du Conseil du trésor, je ne veux rien savoir, ce
n'est pas cela du tout. J'ai hâte qu'il soit en politique. Je l'ai dit
tantôt, il est censé être président du Conseil du
trésor, ministre responsable. Il n'est plus où il était:
je voudrais juste qu'il commence à "performer" là où il
est. (11 h 30)
Très sérieusement, M. le président du Conseil du
trésor, je n'en reviens pas de ce que vous nous faites accroire ce matin
à propos des déclarations sérieuses mais à
conséquences, très importantes d'un collègue comme le
député d'Argenteuil, où d'une façon claire,
manifeste il sort des rangs ministériels en disant: Ça va faire!
Pourquoi est-il obligé de dire ça, M. le président du
Conseil du trésor? Vous pouvez bien vous amuser, vous pouvez bien faire
semblant que ce qu'on verra dans les journaux demain c'est que le
président du Conseil du trésor est complètement d'accord
avec le député d'Argenteuil, il y a des gens qui savent lire
entre les lignes. Ils se rendront compte que toutes vos déclarations des
six derniers mois vont complètement à l'encontre, sont
diamétralement - j'espère que vous savez ce que ça veut
dire - opposées à la ligne politique défendue par les
hommes d'affaires élus sous la bannière libérale, le gros
club privé du Parti libéral et vous en êtes de cette
théorie-là, vous en êtes d'une façon
essentielle.
Vous avez deux discours. Vous continuez à pratiquer la politique
du double langage. Le double langage, cela semble être la priorité
de ce gouvernement. La preuve? C'est quand vous êtes allé voir vos
"chums" à Montréal récemment. Le président du
Conseil du trésor, M. Gobeil, a réitéré devant le
Canadian Club sa volonté de réduire la croissance des
dépenses du gouvernement, notamment dans le réseau de
l'éducation. Le signal que le ministre de l'Éducation vous a
donné hier veut dire: C'est assez! Pour ce qui est du concept d'un
État-entreprise, ce que n'est pas du tout l'État du
Québec, il y a peut-être là des choses qui se
défendraient. Mais il vous met en garde. Écoutez cela, M. le
président du Conseil du trésor: Impossible - dit-il - de
négocier les conditions de travail dans le secteur public de la
même façon que dans le secteur privé. Pourtant, si
c'était quelqu'un, comme vous l'affirmiez tantôt, qui a autant
d'expérience que vous dans le privé... Il faut
vraiment vouloir s'amuser que de faire accroire que c'est parce que le
Devoir... Je sais bien que c'est une entreprise privée, mais
l'expérience publique de M. Ryan, député d'Argenteuil,
ministre de l'Éducation, ne croyez-vous pas qu'elle est beaucoup plus
dans le secteur des affaires publiques? Ses éditoriaux, est-ce que
c'étaient des éditoriaux de fond sur la façon dont Provigo
s'acquittait de ses responsabilités? Je n'ai jamais entendu ça.
L'essentiel des points de vue du député d'Argenteuil a toujours
été exprimé sur les grandes questions d'une
société mais toujours lié aux responsabilités de
l'État, l'État fédéral pour lui de temps en temps
et l'État québécois de temps en temps. C'est dans ce
sens-là qu'il s'exprime aujourd'hui.
Nous faisons un débat sur les négociations et on vous dit,
M. le président du Conseil du trésor, qu'il aurait
été important de prendre au sérieux l'avertissement qu'il
vous sert en disant: Voulez-vous rentrer un peu plus dans vos
responsabilités comme président du Conseil du trésor,
responsable de la négociation? Cela veut dire changer d'attitude et de
comportement. C'est cela le signal. Cela veut dire une plus grande ouverture.
Vous me disiez tantôt: Nous sommes francs, nous avons le courage de dire
telle et telle chose. Je reviendrai lors de mes cinq minutes tout à
l'heure pour exprimer le contraire.
Je pense, M. le président du Conseil du trésor, qu'il est
urgent que vous cessiez ce double langage et que vous passiez de la parole aux
actes par des mandats définis, expressifs, sur des conditions qui
touchent les syndiqués du Québec. Je vous donne un exemple. J'ai
une note ici de M. Harguindeguy, du syndicat des fonctionnaires. C'est une
exemple. Quand il dit, le 2 octobre... Non, mais un instant! J'aimerais que
vous y répondiez. Je n'ai eu aucune réponse sur des questions de
négociation que j'ai soulevées ici. Quand il vous dit le 2
octobre: On ne fera pas la table.... Ètes-vous capable de me
répondre? Voici ce qu'il dit: Pour envisager un règlement
négocié, M. le président du Conseil du trésor, il
faudra que toute la question des mises en disponibilité des
fonctionnaires, toute la question des employés occasionnels, toute la
question des politiques d'égalité en emploi, les changements
technologiques et techniques ainsi que l'octroi des sous-contrats... Où
en est-on rendu spécifiquement dans ce cas-là en termes
d'orientations? Je ne parle pas de dépôt, mais en termes
d'orientations. Pourrait-il me dire, au 2 octobre, qu'il a la conviction qu'il
est impossible d'envisager un règlement négocié s'il n'y a
pas quelque chose sur ces questions-là? Je conclus. S'il me dit cela le
2 octobre, c'est pour dire, M. le président du Conseil du trésor,
que cela fait quand même huit ou neuf mois qu'on parle beaucoup. Je n'ai
jamais nié qu'il y ait eu 54 séances, vous m'avez rappelé
cela tantôt, 67 séances - on le sait - pour parler de la
température et départager les matières entre le local et
le national.
Je conclus mais j'aimerais que vous me répondiez
là-dessus.
Le Président (M. Lemieux); Merci, M. le député
d'Abitibi-Ouest. M. le président du Conseil du trésor.
M. Paul Gobeil
M. Gobeil: M. le Président, j'aimerais que le
député d'Abitibi-Ouest me retrouve une déclaration par
laquelle j'aurais dit que les négociations des conditions dans le
secteur public, cela se faisait de la même façon que dans le
secteur privé. Qu'il me la trouve. Je n'ai jamais dit cela parce que je
ne l'ai jamais pensé. Je suis entièrement d'accord avec mon
collègue, le ministre de l'Éducation, quand il dit qu'il est
impossible de négocier les conditions de travail dans le secteur public
de la même façon que dans le secteur privé. Je suis
entièrement d'accord avec cela et je n'ai jamais dit le contraire. Je ne
me suis jamais prononcé sur ce sujet. Aujourd'hui, ce matin, je me
prononce et je vous dis, à vous de l'Opposition, que je suis d'accord
avec cela. C'est clair? On peut bien interpréter comme on veut. Double
langage, ce dont m'accuse le député d'Abitibi-Ouest. Il faudrait
voir quel langage il a tenu lorsqu'il était au gouvernement et quel
langage il tient aujourd'hui.
Il est temps que le président du Conseil du trésor
commence à "performer". Je ne pense pas que j'aie de leçon
à recevoir d'un membre de l'ancien gouvernement, même pas du
député d'Abitibi-Ouest, et je ne veux pas l'attaquer
personnellement compte tenu, comme l'a mentionné mon collègue, le
député de Saint-Louis, qu'au printemps 1985, alors qu'il
était ministre de l'Éducation, il avait quand même une
bonne proposition. Malheureusement, il n'a pas eu l'appui de ses
collègues. On ne reviendra pas là-dessus.
Performance, qu'est-ce que cela signfifie? Je ne suis pas ici pour
"performer". Je ne suis pas ici pour ma gloire personnelle. Je suis ici pour
faire un travail en tant que membre de ce gouvernement, un travail avec
l'équipe gouvernementale parce que, M. le député
d'Abitibi-Ouest, il y a une équipe gouvernementale ici, maintenant, au
pouvoir. Il y a un gouvernement qui se tient debout et un gouvernement qui
prend ses responsabilités. Il y a un gouvernement qui ne laisse pas de
chicane interne. II n'y a pas de chicane interne dans notre gouvernement, M. le
député d'Abitibi-Ouest. On est d'accord avec les propositions qui
sont faites. On a l'accord du caucus des
députés concernant ces propositions dan9 le cadre des
négociations salariales avec les employés des secteurs public et
parapublic. Nous faisons le maximum dans les circonstances. Ce maximum se
situe, pour ce qui touche les échelles salariales, à 3, 5 %.
C'est mieux qu'un moins que l'ancien gouvernement a donné et
peut-être qu'il a été obligé de donner ce moins en
1982. Je ne veux surtout pas commenter cela.
Aujourd'hui, la situation de 1986 est telle que notre capacité
financière nous permet, en serrant les coins et en grattant les fonds de
tiroir, de donner à nos employés des secteurs public et
parapublic une augmentation des échelles salariales de 3, 5 % et
d'améliorer d'autres conditions de travail, le tout à la suite de
discussions à des tables de négociations. Il y en a des
discussions. Le député d'Abitibi-Ouest veut nous faire croire que
cela ne discute pas aux tables. C'est faux. Cela discute aux tables et on
avance dans les règlements de points en litige. Les négociations
sont faites pour cela. Les négociations aux tables sont faites pour
régler ces points-là et ils se règlent. Je demande
simplement au député d'Abitibi-Ouest de laisser faire
l'équipe actuellement en place. Il n'est plus au pouvoir. Comme critique
de l'Opposition, qu'il pose des questions, c'est son droit, mais je ne lui
reconnais pas le droit de venir négocier en lieu et place du
gouvernement et des partenaires patronaux du gouvernement. Il y a des tables
pour ce faire. Il y a des personnes nommées pour ce faire et qu'on
laisse chacun faire son travail comme il doit le faire en vertu des directives
globales qui sont données et qui sont surveillées permettez-moi
l'expression - par les députés sectoriels incluant aussi, pour ce
qui touche la coordination, le président du Conseil du trésor.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député de Limoilou.
M. Michel Després
M. Després: Merci, M. le Président. Nous sommes
réunis ici ce matin pour discuter de l'état des
négociations entre le gouvernement et les secteurs public et parapublic.
Effectivement, c'est un débat majeur parce que cela concerne 300 000
salariés de l'État, 300 000 salariés regroupés sous
différents syndicats: 125 000 à la CSN, 108 000 à la CEQ
et 45 000 à la FTQ. Voici un débat que je suis de près, en
tant que député de la région de Québec, parce qu'on
retrouve, juste dans la région de Québec, 25 000
fonctionnaires.
Je suis un peu surpris de voir, ce matin, le débat amorcé
par l'Opposition parce que je pense qu'elle est très mal placée.
Je ne sais pas si ces gens se sont posé la question à savoir
pourquoi ils n'avaient pas de député dans la région de
Québec, en tout cas sur la rive nord. Ils ont réussi à en
sauver un sur la rive sud, Je peux vous dire que les travailleurs des secteurs
public et parapublic ont été énormément
touchés en 1982, tellement touchés qu'on a assisté
à des relations de travail très difficiles; on a vu des gens qui
ont été déchirés, des gens qui se sont
complètement retournés contre cet ancien gouvernement. Je peux
vous dire qu'à la suite des négociations qui se passent
présentement, pour avoir rencontré plusieurs travailleurs du
milieu de l'éducation, du milieu de la santé, les gens
préfèrent sûrement 3, 5 % à une coupure de 20 %.
Les négociations se déroulent selon des règles du
jeu normales en vertu desquelles on peut s'attendre que les deux parties
fassent un rapprochement pour permettre un règlement qui sera un
compromis acceptable entre les travailleurs et le gouvernement et ce,
même à l'intérieur des contraintes budgétaires,
parce qu'il ne faut pas oublier ces fameuses contraintes
budgétaires.
Les présentes négociations avec ces 300 000
employés des secteur public et parapublic s'inscrivent dans un contexte
qui n'est pas tellement facile. Il faudrait se rappeler que l'ancien
gouvernement avait justifié sa propre politique de
récupération salariale en 1982 en invoquant le piteux état
des finances publiques qu'il avait lui-même créé, quant
à moi, depuis 1976. On a tellement paniqué devant cette situation
financière qu'on a coupé vite et de façon très
radicale sur le dos des travailleurs des secteurs public et parapublic.
Par contre, cela n'a pas empêché l'ancien gouvernement de
dépenser, juste en publicité, et, je dirais, pour rapetisser la
tâche des travailleurs dans les secteurs public et parapublic, 743 000 $,
sur un coût de 1 163 000 $, en publicité, pour essayer de
convaincre qu'au fond les gens dans les secteurs public et parapublic
n'étaient pas si mal traités que cela: 743 000 $.
En tant que gouvernement, nous estimons que ces offres salariales de 3,
5 % en 1986 sont encore tout à fait fondées et nous n'avons pas
l'intention de les modifier. Cette augmentation de 3, 5 % se situe encore
à l'intérieur des tendances observées. Il me reste 30
secondes, M. le Président. Ce qui est important de retenir, c'est que le
gouvernement est de bonne foi et on arrivera sûrement à une
entente entre les deux parties.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Limoilou. M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Rapidement, 30 secondes pour reprendre au moins les
faussetés qui viennent d'être exprimées en partie par le
député de Limoilou. Il n'y a jamais eu de coupures de 20 % en
1982. On peut bien répéter cela. C'est tellement facile, cela
fait tellement image, 20 % pour trois mois, cela fait 4, 5 % de
réduction en 1982. Jamais il y a eu une coupure de 20 % comme on le
véhicule. C'est sûr que j'aime mieux 3, 5 % que 20 %, mais c'est
faux. Il n'y a jamais eu 20 %. Il le sait très bien, mais on aime cela,
donner des fausses images. (11 h 45)
Deuxièmement, nous, on a invoqué le piteux état des
finances publiques? On n'a jamais parlé de cela en 1982. On invoquait la
réalité. Écoutez, j'ai les chiffres ici. Il devait
être au monde en 1982. On a évoqué une affaire, même
s'il y en a qui sont jeunes, ils devaient être au monde en 1982. On a
évoqué le produit national brut. Jamais le produit national brut
n'a été à - 5 %. On n'est pas pour vivre dans le
passé. Â l'entendre, je suis à la veille de lui dire:
Est-ce que vous avez hâte d'être au pouvoir, les petits amis?
Une voix: Bien oui.
M. Gendron: Avez-vous hâte d'être au pouvoir?
Pensez-vous que cela va venir bientôt? Nous, on pensait que cela
s'était passé le 2 décembre dernier. On a payé
pour. On l'a eue, notre leçon, et on n'a rien à reprocher pour ce
qui a été fait sur le fond. Quand on dit qu'on a mis cela sur le
dos des travailleurs et des travailleuses, on avait tous un frère, une
soeur qui n'avait plus de "job" nulle part en 1982 parce que ça tombait
partout à cause d'un taux d'intérêt de fou. Les
travailleurs des secteurs public et parapublic étaient mieux
protégés. On leur a demandé des sacrifices très
grands. Je le sais. C'est exact. Énormes. Je l'ai dit 25 fois. Pour
cela, est-ce qu'on va constamment demander des sacrifices à la
même clientèle? Nous, on dit non.
Quand le président du Conseil du trésor dit à M.
Gendron: Voulez-vous vous mêler de vos affaires, votre rôle, c'est
de poser des questions... S'il connaissait un peu plus le régime
parlementaire, il aurait au moins un peu plus de respect pour le système
parlementaire et il conviendrait qu'un exécutif, un gouvernement, de
temps en temps, cela a des comptes à rendre à l'Assemblée
nationale. Or, je suis dans le cadre d'une structure qui est prévue pour
permettre à des parlementaires de faire leur "job". Moi, j'ai la
conviction que je prends mes responsabilités, ce matin, même si le
président du Conseil du trésor va continuer à dire:
Laissez-nous cela. Cela va bien. Ce sont ses affaires, mais ce n'est pas ce que
je lis, y compris par ses collègues. Quand bien même il essaierait
de me faire croire, ce matin, qu'il n'y a aucun point de désaccord avec
ses collègues, je ne suis pas venu au monde en politique hier. Moi, il
me semble que cela fait dix ans que je suis en politique. C'est dix ans
réellement. Je me suis adapté à la situation
politique.
Avoir le culot de faire croire qu'il est complètement d'accord
avec ses collègues, il va falloir qu'il commence à discuter avec
eux autres. Le premier collègue qu'il va avoir à convaincre,
c'est son collègue de l'Éducation quand il nous fait croire qu'il
est d'accord que négocier les conditions de travail du secteur public,
c'est complètement différent du secteur privé. Je ne veux
pas qu'il me dise, ce matin, qu'il est d'accord. Je veux qu'il pose les gestes
qui prouveraient qu'il a compris cela. Je veux que vous posiez les gestes comme
président du Conseil du trésor et aller faire la preuve que vous
avez compris cela, M. le président du Conseil du trésor. Pas nous
affirmer cela.
Je reviens, parce que cela m'apparaît fondamental, sur quelque
chose qui nous regarde ce matin et sur lequel je n'ai pas eu de réponse
encore. Dans une déclaration que vous avez faite, M. le président
du Conseil du trésor, vous avez affirmé que selon un
relevé les principales enquêtes sur les prévisions
salariales effectuées surtout dans le secteur privé - cela venait
de l'Institut de recherche et d'information sur la rémunération.
Pour que la citation ne soit pas trop longue, vous avez dit ceci: "En 1986, les
structures salariales augmenteront de 3 % à 4, 5 % au Québec. "
Et vous vous êtes arrêté là. Mais je continue, parce
que, si vous n'aviez pas tronqué la citation, voici ce que cela dit:
"Les salaires augmenteront de 4, 5 % à 5, 5 % au Québec et de 4,
5 % à 6 % au Canada en 1986. " En conséquence, le 19
février, lors du dépôt, quand vous avez affirmé ce
que je viens de lire, M. le président du Conseil du trésor, au
même moment vous saviez que vous ne donniez pas, contrairement à
ce que vous avez dit, l'heure juste. L'heure juste était que, dans le
même document de l'Institut de recherche et d'information sur la
rémunération, il était mentionné que les salaires -
il me reste 30 secondes - augmenteront de 4, 5 % à 5, 5 % au
Québec. Donc, faire croire qu'une augmentation de 3, 5 % à ce
moment-ci tient compte de la réalité objective de ce qui se passe
dans le secteur de la rémunération, ce n'est pas exact. Je veux
que vous le disiez parce que c'est ça, l'information, actuellement. Que
vous disiez: On ne veut pas offrir plus de 3, 5 %, ce sont vos affaires. Mais
il ne faut pas faire croire que c'est ce qui se paie dans le privé et
que ce sont les tendances. C'est faux. Les tendances, ce n'est pas 3, 5 %,
c'est n'importe quoi entre
4, 5 % et 5, 5 % pour l'augmentation de salaire. J'aimerais vous
entendre là-dessus plutôt que me faire dire que je n'ai pas
à vous questionner, que cela ne me regarde pas ou: Laissez-nous
ça entre les mains, ça va bien aller.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, je vous remercie.
M. le président du Conseil du trésor, en vertu des
règles de procédure qui concernent l'interpellation, vous allez
maintenant exercer votre droit de parole pour une durée de dix minutes.
Ensuite, M. le député d'Abitibi-Ouest aura un droit de
réplique de dix minutes et le débat sera clos.
M. le président du Conseil du trésor.
Conclusions M. Paul Gobeil
M. Gobeil: Merci, M. le Président. Loin de moi de vouloir
brimer le droit de parole du député d'Abitibi-Ouest. Dans le
cadre du processus parlementaire, il peut poser toutes les questions et
demander toutes les réponses qu'il veut. On est ici d'ailleurs ce matin
en interpellation pour discuter de l'état des négociations dans
les secteurs public et parapublic. Il ne m'a pas entendu dire que je ne voulais
pas venir. Il ne m'a pas entendu lui reprocher non plus d'avoir demandé
cette interpellation, au contraire. Quand je lui ai dit de nous laisser faire,
c'était dans le cadre de discussions privées ou de discussions
avec la presse. C'est bien connu, cela a paru sous de grands titres dans les
journaux. Je comprends que le député d'Abitibi-Ouest est moins
habitué de voir son nom dans les journaux maintenant qu'il est dans
l'Opposition. J'espère qu'il ne recherche pas cela. De toute
façon, il sait comme moi... Il vient de dire: En 1982, on a
été forcé de tenir compte de la situation
économique et de faire ce qu'on a fait. Disons qu'on ne reviendra pas
là-dessus. Mais je lui dit, aujourd'hui, en 1986, que nous sommes aussi
forcés par la capacité de payer de l'État de limiter nos
offres à 3, 5 %. Je ne vois pas pourquoi le député
d'Abitibi-Ouest, dans sa grande sagesse, nous suggère 5 %. Nous lui
disons que l'État n'a pas la capacité, en 1986, de payer 5 %
d'augmentation sur les échelles.
En deuxième lieu, nous croyons aussi que cette augmentation des
échelles salariales de 3, 5 % respecte les tendances du marché
actuel, peu importent les chiffres que peut invoquer le député
d'Abitibi-Ouest. Une source très sûre, à notre point de
vue, c'est celle de Statistique Canada. S'il prend la peine de lire ces
statistiques, il verra qu'au premier trimestre l'augmentation moyenne a
été de 3, 5 %, au deuxième trimestre de 3, 7 % et il
semble que la tendance de 1986 sera autour de 3, 7 %. À la fin de
l'année, cela pourrait être 3, 5 % ou 3, 65 % ou 3, 75 %. Je le
lui concède. C'est une tendance et cela nous semble raisonnable.
Le député d'Abitibi-Ouest prend Ies chiffres qui font son
affaire, les plus hauts possible évidemment; ce n'est pas lui qui paie.
Nous avons à administrer les finances gouvernementales. Nous avons
à répartir les impôts et les taxes que nous percevons et
nous essayons de le faire le mieux possible.
M. le Président, je voudrais profiter de cette dernière
intervention pour remercier mes collègues de la commission et
particulièrement ma collègue, Mme la députée de
L'Acadie et ministre de la Santé et des Services sociaux. Tout le monde
sait qu'elle est titulaire d'un ministère qui l'occupe grandement et
j'apprécie sa présence ici ce matin. Je veux aussi remercier M.
Ryan. Comme je l'ai mentionné au début, M. Ryan devait être
ici, mais des circonstances incontrôlables ont fait qu'il n'a pu
être ici et je le déplore, mais je comprends la situation.
Ce matin, nous avons discuté d'un sujet sérieux et dont
les enjeux n'en sont pas moins sérieux. Les négociations
collectives dans les secteurs public et parapublic sont une vaste
opération dont j'ai eu l'occasion de rappeler, au cours des discussions,
non seulement l'ampleur et le coût financier, mais aussi les exigences de
mobilisation, les intelligences et les compétences d'un très
grand nombre de personnes. Nous ne saurions donc traiter ce sujet à la
légère.
J'ai eu aussi l'occasion, au cours des discussions, de souligner
l'importance de respecter les règles du jeu de la négociation
collective et d'éviter de déplacer le débat inutilement.
Je veux simplement rappeler au député d'Abitibi-Ouest que,
contrairement à plusieurs membres de l'Opposition et à
lui-même, j'ai effectivement une expérience de négociation
dans le secteur public et, au cours des onze derniers mois, j'ai au moins
appris des choses pour ce qui concerne les négociations dans le secteur
public. Je n'insisterai jamais trop, M. le Président, pour rappeler que
les négociations collectives ont leur propre rythme, leurs propres
règles du jeu, leurs propres exigences. Tout cela est bien connu des
parlementaires, tout cela est bien connu du député
d'Abitibi-Ouest. Chacun d'entre nous doit être très soucieux
d'éviter d'exploiter à des fins autres que l'intérêt
public les échanges entourant les négociations collectives.
À plusieurs occasions depuis les derniers mois, j'ai eu la chance de
faire le point sur la situation financière difficile dans laquelle nous
vivons et sur les voies de solution que nous préconisons pour en
sortir.
Permettez-moi de redire la très étroite marge dont nous
disposons dans la démarche des négociations collectives avec les
300 000
employés des secteurs public et parapublic. Nous désirons
régler par des conventions collectives signées, nous l'avons dit
et nous le répétons. Nous considérons toujours qu'au cours
des dernières semaines, principalement, d'importants progrès ont
été faits et qu'une ouverture très certaine s'est
manifestée aux tables de négociations. Nous sommes toujours
convaincus que le processus normal de la négociation est la meilleure
voie pour arriver à des ententes acceptables de part et d'autre. Il est
très évident qu'on ne saurait donner tout ce qui est
demandé ou tout ce qui est souhaité. C'est pour cela qu'il devra
y avoir des compromis de la part des deux parties.
En tant que premier responsable ou coordinateur de l'opération
des négociations collectives dans les secteurs public et parapublic, mon
rôle est de m'assurer que nous utilisons tous les moyens normaux pour
mener à bonne fin cette opération dans un contexte
budgétaire difficile, je le rappelle; nous nous devons d'être
prudents mais nous nous devons aussi d'exercer une certaine rigueur. Les
échanges que nous avons aujourd'hui, espérons-le, contribueront
à renforcer notre intention de régler le plus rapidement possible
ces conventions collectives.
M. le Président, nous devons aussi reconnaître l'importance
de négocier dans un climat de confiance et de respect mutuels. Les
nombreuses tâches auxquelles nous avons à faire face sont trop
conditionnées par la qualité des rapports que nous entretenons
avec notre personnel pour que nous négligions quoi que ce soit dans la
poursuite de nos objectifs. Dans cet esprit, nous continuerons à
négocier d'une façon logique et raisonnable. Nous ne nous
permettrons pas de matraquer froidement les employés des secteurs public
et parapublic.
Les employés des secteurs public et parapublic ont connu des
rondes difficiles en 1982. Aujourd'hui, en 1986, nous ne voulons pas
détériorer l'image de perception que se font les
Québécois et les Québécoises des services de
l'État. Ma première préoccupation et celle de mes
collègues et de notre gouvernement, c'est la qualité des services
que nous offrons à la population. Au moment où nous nous
rencontrons, ce matin, nos employés se trouvent auprès des
élèves, auprès des malades, des personnes
âgées. Ils fournissent des services sur notre territoire. Ils
informent et soutiennent la population québécoise. Nous voulons
que cela continue. Ce n'est pas en dénigrant l'une ou l'autre des
parties que nous accélérerons le règlement des
négociations.
C'est' dans le respect que nous entendons conclure une entente avec nos
employés. Nous sommes confiants de la compréhension de nos
employés des secteurs public et parapublic de façon à en
venir à un règlement à très court terme. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député d'Abitibi-Ouest, vous
exercez votre droit de réplique pour une durée de dix minutes. M.
le député d'Abitibi-Ouest. (12 heures)
M. François Gendron
M. Gendron: C'est la conclusion de cette interpellation qui,
comme je l'ai mentionné, se devait d'avoir lieu. Contrairement à
ce qu'on peut prétendre, on a une responsabilité, nous, de
l'Opposition et on devait s'en acquitter pour parler d'un sujet important. Le
sujet est majeur, il doit prendre une place importante dans la population du
Québec. D'abord, pour respecter les travailleurs et les travailleuses de
ces secteurs. Eux autres souhaitent qu'on puisse, comme parlementaires, prendre
quelques heures de notre temps, de temps à autre, pour se
préoccuper de leurs conditions de travail. C'est fondamental dans une
société qui veut progresser, qui veut développer et offrir
peut-être une qualité de services meilleure. Je reviendrai dans
quelques secondes là-dessus.
Je suis obligé de constater qu'on est quand même dans un
cadre parlementaire. Ce qui s'est passé ici, premièrement, c'est
que le président du Conseil du trésor m'a confirmé, ce
matin, ce que je prétendais, soit que les négociations ont
piétiné. Deux raisons pour lesquelles je peux conclure comme
cela: il n'a pas été capable de dire un mot sur les rapports de
médiation. Il n'a rien à me dire là-dessus. Comment se
fait-il que tous les rapports de médiation n'ont rien à dire? Je
lui ai demandé pourquoi à trois reprises. N'est-ce pas là
la preuve qu'il n'y a pas eu véritablement de débat sur les
questions fondamentales? Pas un mot là-dessus. Il ne peut pas m'en
parler.
Deuxièmement, au moment où on se parle, le 1er novembre,
je pense.
Une voix: Le 31 octobre.
M. Gendron: En tout cas, le 31 octobre. Hier, j'avais encore
l'expression de certaines centrales à savoir que, sur les enjeux
majeurs... Il essaie de me faire accroire que j'aurais dit que ces gens ne se
sont pas parlé. Je n'ai jamais prétendu cela. Au contraire, s'il
y a eu une négociation où les gens se sont parlé, pour pas
beaucoup de signification, cependant... Et ce n'est pas contre les gens. Quand
il n'y a pas de matière à négocier, on parle. Ils ont
parlé beaucoup, c'est évident. Il y a des négociations qui
sont commencées depuis l'automne 1985, imaginez en termes de
dépôt, en tout cas. En conséquence, je pense
que je peux conclure qu'il n'y a pas de véritable progrès
sur les questions fondamentales, sauf le rapport du médiateur
Désilets qui, lui, est significatif, parlant.
Le président du Conseil du trésor avait le beau rôle
en disant: Écoutez, oui, M. Gendron a fait un effort pour
l'hypothèse de règlement concernant l'éducation.
Pensez-vous qu'il n'aurait pas été plus sérieux ce matin
s'il avait dit: Au moins, nous, on l'a mis dans nos dépôts
initiaux? Comment voulez-vous que j'aie confiance en ces gens? Ils m'ont
flatté le dos, les reins et ainsi de suite quand j'ai
déposé cette offre comme critique et, aujourd'hui, ils ont la
responsabilité de l'État du Québec. Ce sont eux qui
dirigent. Pour signifier qu'ils sont sérieux, ils auraient pu partir de
l'hypothèse Gendron dans le dépôt des offres. Elle
était fondamentale, elle était requise et c'est juste parce que
j'ai été mal compris par mes collègues qu'ils se donnent
l'excuse, disent-ils, pour ne pas la mettre dans le dépôt initial.
Cela n'a pas de sens.
Deuxième point, M. le Président; je suis obligé de
conclure; ce n'est pas la fin, mais je suis obligé de faire cette
conclusion: Lorsque je cite l'Institut de recherche et d'information sur la
rémunération, organisme créé spécifiquement
pour s'occuper de ce3 questions, et que le président du Conseil du
trésor prétend encore que c'est dans les nuages, dans ma sagesse
de parlementaire que j'aurais découvert les 5 % alors que cela n'a rien
à voir, tous les chiffres le prouvent. Il m'a parlé encore dans
sa réplique de tendance. Il dit: On va être capable d'observer,
à la fin de 1986, que les tendances se situent beaucoup plus aux
environs de 3, 5 % d'augmentation alors que moi, ce matin, je ne lui ai pas
parlé de tendances. Je lui ai parlé de résultats de
compilation dans des dossiers qu'il a.
Dans la revue "Le marché du travail", de son ministère ou
d'un des ministères du gouvernement, qui paraît tous les mois - je
répète qu'il a le droit de lire cela, c'est accessible - on dit
ceci et je le cite une dernière fois en conclusion: "Les
résultats -pas les estimations, pas les tendances -préliminaires
du deuxième trimestre de 1986 indiquent que les taux de salaire
négociés seront autour de 4, 2 %. " Pas "seront" mais "ont
été", parce que c'est un résultat de compilation pour les
deux premiers trimestres. Je cite la phrase de l'institut de recherche et de
rémunération: "Les salaires augmenteront entre 4, 5 % et 5, 5 %
au Québec et entre 4, 5 % et 6 % au Canada en 1986. " Information que le
président du Conseil du trésor avait, a toujours et pour laquelle
il faisait la citation tronquée que je viens de rappeler dans son
document du 19 février 1986.
Troisième conclusion que je suis obligé de faire, M. le
Président: aucun mot sur son objectif de comparabilité entre les
secteurs privé et public. Je lui ai dit: C'est vous, M. le
président du Conseil du trésor qui, le 19 février, avez
dit: Je poursuis un objectif de comparabilité entre les secteurs
privé et public. Je lui dis qu'il y a au-dessus de 100 corps d'emploi du
secteur public qui ont une rémunération inférieure au
secteur privé. Je lui dis: Qu'est-ce que vous allez faire avec
ça? Est-ce que vous allez en tenir compte dans votre politique
salariale? Est-ce que vous allez en tenir compte dans votre offre de 3, 5 %?
Aucune réponse, il n'a rien à me dire sur l'objectif de la
comparabilité entre les secteurs privé et public. En
conséquence, je serais inquiet si j'écoutais ça
aujourd'hui. Si j'étais travailleur ou travailleuse du secteur public et
que j'entendais ça aujourd'hui... Sa belle finale! Il m'a joué du
violon pendant les cinq dernières minutes en disant: Oui, on veut une
entente négociée parce que ces gens-là travaillent
aujourd'hui. Ils sont dans leur institution soit de santé ou
d'éducation. Comme si je ne le savais pas. C'est tout à fait
exact que ce monde-là travaille, heureusement.
En conséquence, je pense qu'ils ne s'attendent pas
nécessairement qu'on leur joue du violon à l'Assemblée
nationale mais qu'on leur dépose des offres concrètes aux tables
par exemple, parce que c'est là que ça doit se passer.
Quatrième constatation, j'ai appris ce matin... Un des
éléments sur lesquels je suis obligé de conclure parce
qu'il me reste peu de temps pour le faire, contrairement à ce qu'affirme
M. le président du Conseil du trésor, il y a vraiment une
dissension fondamentale entre ces gens-là dans leur discours et il y en
a une tout aussi prononcée dans l'actualisation de la parole aux actes.
Quand le ministre de l'Éducation sent le besoin de sortir aujourd'hui
pour dire: Enough is enough!, c'est assez, c'est un discours qu'il devrait
comprendre. La meilleure façon de nous faire comprendre qu'il est
d'accord, ce n'est pas de nous dire qu'il sait la différence entre le
privé et le public dans les négociations, c'est de le
démontrer: il est responsable des négociations. Qu'il le
démontre aux tables de négociations. Je dirai: M. Gobeil a
compris qu'il n'est plus chez Provigo. Il est rendu à l'État du
Québec comme ministre responsable.
Je veux faire valoir un autre point. Pensez-vous, M. le président
du Conseil du trésor, que cela a du sens de parler pendant deux heures
et demie des négociations et de ne pas dire un mot sur la
nécessité d'avoir une politique de rattrapage dans une politique
de rémunération, une politique salariale qui ne tient pas compte
de la nécessité, pour certains corps d'emploi, d'effectuer du
rattrapage qui s'agrandit? On aura beau essayer de vivre dans le
passé,
mais nous, on doit vivre dans le présent. Il y a actuellement des
corps d'emploi qui sont dans une situation de rattrapage et vous devez en tenir
compte.
Enfin, pour les deux ou trois minutes qu'il me reste, parce qu'an me
l'indique quand il reste 30 secondes, je voudrais conclure sur ce que j'ai
lancé. Cela a été très clair pour nous, comme
Opposition, et le président du Conseil du trésor a le culot de
dire que j'ai lancé le chiffre de 5 % dan3 ma grande sagesse parce que
ce n'est pas moi qui paie. Non, non! Quand j'ai parlé des 5 %, ce n'est
pas dans la sagesse de Gendron ou du député d'Abitibi-Ouest -
j'ai le droit de parler de moi comme cela - c'est dans la sagesse...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas contraire à
l'article 35 du règlement.
M. Gendron: C'est cela, ce n'est pas contraire à l'article
37 du règlement.
Le Président (M. Lemieux): L'article 35.
M. Gendron: C'est dans la sagesse, M. le président du
Conseil du trésor, du marché. C'est dans la sagesse du
marché. C'est dans la sagesse de l'IPC, l'indice des prix à la
consommation. C'est dans la sagesse du maintien du pouvoir d'achat pour ces
gens-là. C'est dans la sagesse de la logique, de ce qui s'observe, pas
des tendances, de ce qui s'observe, de ce qui est payé actuellement. Si
l'inflation est autour de 4, 6 % à la fin de l'année 1986, on
devrait, au minimum, consacrer le principe du maintien du pouvoir d'achat pour
ces gens-là précisément parce que vous disiez tantôt
que vous vouliez le respecter, précisément parce que vous
prétendez que la qualité des services est importante,
précisément parce que vous avez également le culot de
prétendre que vous allez arriver à un règlement
négocié et que vous le souhaitez ardemment, mais en disant: Nous,
on souhaite ardemment un règlement négocié, mais on ne
bougera pas. C'est ce que j'ai entendu ce matin. D'abord, on veut un
règlement négocié; oui, on va y arriver, mais je vous
avise qu'on ne bougera pas. Eh bien, moi, je vais être obligé de
vous souhaiter bonne chance, mais d'avoir de sérieux doutes sur ce qui
se passe.
Le 5 mars, pensez-vous que le ministre des Finances ne savait pas que
l'IPC serait supérieur à 3 %? C'est pour cela que vous avez
expliqué vos offres de 3, 5 %. Vous avez essayé, d'une
façon artificielle, d'imaginer un chiffre qui n'existe nulle part et
vous avez dit: Écoutez, si le ministre des Finances prévoit un
taux d'inflation de 3 % pour l'année 1986, il est légitime
d'offrir une augmentation de 3, 5 %. Mais pensez-vous que nous croyons que vous
ne saviez pas que ce n'était pas cela? Tous les chiffres, partout,
pouvaient indiquer que le taux d'inflation serait autour de 4, 5 % à 4,
7 %. En conséquence, je pense que si vous aviez été franc,
comme vous l'avez mentionné, vous auriez dit aux travailleurs: Non, on
ne veut même pas vous offrir le pouvoir d'achat; on pense qu'on n'est pas
capable.
Je répète, en conclusion, qu'il ne faut pas oublier que
1986 n'est pas le contexte économique de 1982 et qu'on ne peut pas se
vanter à la fois que l'économie va bien, qu'il y a moins de
chômage, que le produit national brut est en croissance et demander
encore un effort extraordinaire de ces gens-là.
En conclusion, M. le président du Conseil du trésor, je
souhaite un règlement négocié, mais je vous dis
très sérieusement, que si vous voulez un règlement
négocié, de grâce, posez quelques gestes concrets aux
tables de négociations qui permettraient à ces gens de
comprendre, sans qu'ils soient obligés de faire des grèves pour
vous démontrer qu'il faut qu'il y ait un changement d'attitude entre le
discours et des offres concrètes sur les enjeux majeurs aux tables de
négociations. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le président du Conseil du
trésor, MM. les députés ministériels et de
l'Opposition, je vous remercie de votre participation ainsi que celle des
fonctionnaires qui se sont déplacés pour vous accompagner, M. le
président du Conseil du trésor. La commission du budget et de
l'administration ayant rempli son mandat, nous ajournons sine die.
(Fin de la séance à 12 h 11)