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(Quatorze heures douze minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration est réunie
afin de procéder, en premier lieu, à la vérification des
engagements financiers du ministère des Finances pour les mois de
septembre à décembre 1986 et, par la suite, à
l'étude de la politique budgétaire du gouvernement et de
l'évolution des finances publiques. M. le secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, il n'y a aucun remplacement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous ai fait parvenir,
à chacun d'entre vous, l'ordre du jour de la séance du mardi 24
février 1987. Est-ce que l'ordre du jour est adopté?
M. Levesque: Adopté.
Vérification des engagements financiers
Finances
Le Président (M. Lemieux): L'ordre du jour est
adopté. J'appelle donc les engagements financiers du ministère
des Finances pour le mois de septembre 1986. J'appelle l'engagement 5.
Septembre
Une voix: On a étudié cet engagement.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je m'excuse,
accepté. J'appelle donc l'engagement 6 qui est le suivant:
"Renouvellement du contrat pour la location du système de saisie
multiclavier programmable "Système Cade" pour les besoins du Bureau de
la statistique du Québec, pour une période de douze mois. Montant
de l'engagement: 32 556, 12 $. "
Nous sommes à l'engagement 6 de septembre 1986.
M. Garon: Selon les mêmes conditions que le contrat
initial, antérieur?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que cela va, M. le
ministre des Finances?
M. Levesque: Oui, cela va et c'est selon les mêmes
conditions.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas d'autres
interventions sur l'engagement 6? Celui-ci est donc vérifié.
J'appelle l'engagement 7 de septembre 1986: "Supplément pour porter
à 33 017, 36 $ le coût des travaux d'impression de documents sur
les finances publiques. Montant de l'engagement: 13 478, 69 $. " Est-ce qu'il y
a des interventions sur l'engagement 7?
M. Garon: De quels documents s'aqit-il?
M. Levesque: "L'urgence d'un redressement", celui auquel se
réfère souvent le député de Lévis, son
vade-mecum.
M. Garon: J'ai remarqué que ce document-là comprend
beaucoup de comparaisons avec l'Ontario, mais que, dans votre récent
document, sous votre administration depuis un an, il n'y a plus de comparaisons
avec l'Ontario.
M. Levesque: Quel document? M. Garon: Celui-là.
M. Levesque: Ah, vous voulez dire cela; c'est simplement une
synthèse des opérations.
M. Garon: Non, pas la synthèse, le document récent
là. Vous ne vous comparez plus avec l'Ontario?
M. Levesque: Ah oui, vous voulez dire... C'est le Bureau de la
statistique.
M. Garon: On a fait une comparaison, nous, avec l'Ontario.
M. Levesque: Évidemment, au Bureau de la statistique, ce
n'est pas un document qui, comme "L'urqence d'un redressement...
M. Garon: Est-ce que le document initial avait été
fait sur appel d'offres?
Le Président (M. Lemieux): Pour les fins de
l'enregistrement du Journal des débats, pourriez-vous vou^s
identifier, s'il vous plaît?
M. Montminy (André): André Montminy, du
ministère des Finances. Par le Service des achats. Je ne sais pas si
vous vous le rappelez, on avait discuté, aux engagements financiers, le
dépassement pour la maison de
photocomposition. Vous aviez eu des questions sur ce volet. On avait
fait un devis et on avait été en dérogation avec un CT
parce que c'était la maison de composition. Ici, c'est le pendant. C'est
qu'à l'impression on avait prévu 19 538 $. Compte tenu de
l'ampleur du document, qui devait avoir 60 pages, comme on l'avait
expliqué la première fois, et moins de trame, on a un
excédent de 13 000 $ sur le devis original. Donc, le Service des achats
a donné l'autorisation d'ajouter la rallonge de 13 400 $, qui porte le
coût total de l'impression à 33 000 $.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Combien y a-t-il eu de documents d'imprimés,
combien d'exemplaires?
M. Montminy: Au-delà d'une centaine de mille.
M. Garon: Ah! non, non.
M. Montminy: Quelque 100 000 $. Une centaine de pages,
plutôt.
M. Garon: Non, mais le document là, "L'urgence d'un
redressement"? Le nombre d'exemplaires?
M. Montminy: Le tirage. M. Garon: Le tirage, oui.
M. Montminy: De mémoire, 4000 français et 2000
anglais. Je pourrais peut-être le donner au secrétariat, s'il y a
lieu. C'est à peu près les tirages que l'on fait dans le cadre
des discours sur le budget.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 7 de septembre
1986 est vérifié et terminé. L'ensemble des engagements du
ministère des Finances pour septembre 1986 est terminé. J'appelle
l'engagement 10 du mois d'octobre 1986. Contrat...
M. Levesque: Ce n'est pas parce que j'aime cela de façon
particulière revenir en arrière, mais, d'après M.
Montminy, il y en aurait deux que nous aurions oubliés pour septembre.
Est-ce que vous les avez passés?Il y a IBM Canada, 75 000
$.
M, Montminy: Non. On ne pouvait pas.
M. Levesque: Est-ce que cela a été fait avec M.
Fortier?
Le Président (M. Lemieux): La seule chose qu'on a, c'est
l'engagement 5 qu'on a fait avec M. Fortier parce qu'il relevait de la
Commission des valeurs mobilières. Cela ne se peut pas?
M. Montminy: J'étais là. Cela ne se peut pas. M.
Fortier est responsable de la Commission des valeurs mobilières, mats ce
sont des contrats d'informatique avec Datasult qui ont été
regardés. Les logiciels qui sont ici...
Le Président (M. Lemieux): Oui, écoutez, c'est
parce que le 5 à côté...
M. Levesque: Récemment, pour septembre, oui.
Le Président (M. Lemieux): Pour septembre, l'engagement 5,
tel qu'en fait foi le secrétaire de la commission, a été
vérifie. Il l'a ici. C'est noté.
M. Montminy: Oui?
M. Levesque: Non, mais si vous l'avez adopté,
d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Oui, on l'a adopté et
vérifié.
M. Montminy: J'étais là.
M. Levesque: D'accord. Vous ne vous en êtes pas
aperçu?
M. Montminy: Je devais dormir, mais c'est parce que c'est
tellement évident. On voulait souligner notre bon coup. C'est pour
cela.
M. Levesque: Vous vouliez...
M. Montminy: On n'a pas payé le logiciel 75 000 $.
Le Président (M, Lemieux): Je ne doute pas de votre bonne
foi.
M. Levesque: II s'agit d'un engagement financier... C'est
bon.
M. Garon: II y a un engagement financier correct. C'est pour cela
qu'on en parle souvent.
M. Levesque: II serait intéressant au moins qu'on ait
l'occasion de dire que, malgré qu'il y ait un engagement financier que
vous avez adopté, nous n'avons pas eu à le payer parce que la
compagnie a décidé de le faire gratuitement. C'est pour cela.
M. Garon: Comment cela?
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais vous dire que, pour
des détails supplémentaires, il faudrait vérifier
à
11 h 32, le 17 février.
M. Levesque: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): À 11 h 32, le 17
février, nous étions sur cet engagement financier. Il est
vérifié et terminé.
M. Garon: Je me méfie des compagnies. 95 000 $! Vous
voulez dire que la compagnie vous a donné cela gratuitement? Comment
ça?
M. Montminy: C'est parce que c'est une décision
corporative. On avait, au départ... Ce n'est pas enregistré?
Des voix: C'est enregistré.
M. Levesque: Cela ne fait pas partie des engagements. Est-ce que
cela doit être dit?
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez donnez
l'explication.
M. Montminy: C'est qu'au départ on avait...
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes d'accord, M. le
ministre des Finances?
M, Levesque: Mot, cela va.
M, Montminy:... ce qu'on appelle un logiciel à ports
d'entrée, qui canalise les temps que chaque terminal peut avoir et les
fichiers dans l'ordinateur central. Comme on a augmenté le parc de
terminaux, on a demandé l'achat, par le Service des achats, d'un
logiciel à 60 ports d'entrée. C'est un logiciel qui coûtait
75 000 $. Au moment où on a fait l'engagement, c'est en septembre, IBM a
pris une décision corporative en disant: Tous ceux qui ont acquis les 30
ports d'entrée, on leur donne les 75 000 $. C'est pour cela que
l'engagement financier ne nous a rien coûté.
M. Levesque: On voulait vous le dire.
M. Montminy: C'est purement administratif comme bon coup, vous
comprenez.
Une voix: II a l'air désolé.
M. Garon: Non, non, pas du tout.
Une voix: En tout cas, il a l'air découragé.
M. Garon: Non, non, absolument pas. Je sais que les compagnies
peuvent faire cela. Vous dites qu'elles l'ont fait pour tous leurs clients qui
étaient dans la même situation.
Le Président (M. Lemieux): Pour ajouter des détails
supplémentaires relativement à l'intervention à 11 h 32 le
17 février, une question posée par le député de
Bertrand a été envoyée à M. Fortier relativement
à cet engagement financier. De plus, il a été fait mention
du CT 139238 se terminant le 7 septembre 1986. Effectivement, l'engagement a
été vérifié et terminé.
M. Levesque: On veut que cela soit très transparent.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances.
M. Levesque: La raison véritable, c'est qu'on ne voulait
pas être rappelé ici au cas où vous auriez oublié
quelque chose.
Octobre
Le Président (M. Lemieux): Nous en sommes maintenant
à l'engagement financier 10 pour le mois d'octobre 1986: "Contrat pour
l'achat d'un système de traitement de texte AES 7378XP avec
équipements périphériques et logiciels. Montant de
l'engagement: 25 082, 18 $. " Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Levesque: Est-ce que c'est novembre, cela?
Le Président (M. Lemieux): II s'aqit d'octobre, M. le
ministre des Finances. Engagement 10.
M. Garon: C'est un contrat négocié, pas sur appel
d'offres ou par soumissions publiques. Pour quelle raison?
M. Montminy: Cela n'a pas été vu par la commission
de M. Fortier, cela devait être vu par la commission de M. Fortier.
Le Président (M. Lemieux): Ah, bon. On en prend bonne
note.
M. Montmigny: C'est une contradiction par rapport à ce
qu'on avait précédemment. Toutefois, on peut le regarder. J'ai
l'information ici. C'est celui d'octobre.
M. Garon: Les tâches n'ont pas l'air bien
délimitées.
Le Président (M. Lemieux): Je tiens à vous
préciser que c'est le Conseil du trésor qui nous envoie ces
engagements financiers d'une façon déterminée.
M. Garon: Je suis content de vous l'entendre dire. J'ai souvent
cru qu'il se trompait plus souvent qu'à son tour.
M. Montminy: Pas souvent. C'est le secrétariat du Conseil
du trésor, pas tout le conseii.
Le Président (M. Lemieux): Je ne voudrais pas que cela puisse
être imputé au secrétaire de la commission. Je voudrais
bien que vous sachiez que tous ces documents nous proviennent du Conseil du
trésor et que le secrétaire de la commission fait son travail
avec une très grande promptitude.
M. Levesque: En ce qui me concerne, on ne m'a rien remis pour
octobre.
M. Montminy: Je vous l'ai enlevé hier, parce que cet
engagement financier concerne le programme 6, le programme de l'Inspecteur des
intitutions financières. C'est M. Fortier qui répond à
cela. L'information concernant le contrat négocié avec AES Data,
je ne l'ai pas.
Le Président (M. Lemieux): On peut le reporter.
M. Montminy: Non, mais peut-être qu'il peut être
adopté? Je ne sais pas. On pourrait répondre à la
question. Il n'y a rien dans cela.
Le Président (M. Lemieux): On pourrait le regarder si le
député de Lévis le veut bien. Cela serait peut-être
bien plutôt que de traîner cela, puisqu'on a déjà
vérifié les engagements de M. Fortier.
M. le député de Lévis, relativement à
l'engagement 10, est-ce qu'il est vérifié?
M. Montminy: Tout ce que je peux dire, c'est que c'est un contrat
négocié. C'est l'Inspecteur des institutions financières.
Après "montant de l'engagement", entre parenthèses, on voit un 6.
Le programme 6 relève de la responsabilité de l'Inspecteur des
institutions financières. C'est 25 000 $ pour l'achat
d'équipements AES Data, des appareils de traitement de texte. C'est un
contrat négocié du Service des achats. On le voit en
abscisse.
M. Garon: C'est selon une soumission générale,
cela?
M. Montminy: AES Data et Micom. Je pense que ce sont les grandes
firmes reconnues au Service des achats pour acheter. On ne peut pas acheter la
machine Wang qui est très performante. On n'a pas le droit de l'acheter.
Alors, cela a dû se faire entre AES ou Micom. Certains ministères
demandent une spécification comme AES pour la compatibilité du
logiciel d'une secrétaire avec celui d'une autre. Je ne peux pas
répondre. C'est un problème de compatibilité, mais
nécessairement, c'est un contrat négocié.
M. Garon: Comment se fait-il qu'on ne puisse pas acheter la
machine la plus performante?
M. Montminy: C'est parce que Wang n'a pas de contenu
québécois, canadien.
M. Garon: Wang, comment le dites-vous?
M. Montminy: Wang. W-a-n-q. C'est très fort. C'est
très gros.
M. Garon: C'est une compagnie japonaise?
M. Montminy: Je ne pourrais pas le dire, honnêtement. J'ai
l'impression que c'est américain.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): L'engaqe-ment financier 10 du
mois d'octobre 1986 est terminé. L'ensemble des engagements financiers
pour le mois d'octobre 1986 du ministère des Finances est
terminé.
Novembre
J'appelle l'engagement 8 pour le mois de novembre 1986: "Renouvellement
du contrat pour la fourniture des services d'entretien pour l'ensemble des
terminaux lourds, pour une période de 24 mois. Montant de l'engagement:
36 432 $. " Est-ce qu'il y a des interventions concernant l'engagement 8?
M. Garon: Engagement 8.
Le Président (M. Lemieux): Engagement 8 de novembre
1986.
M. Garon: Vous faites une belle vie aux Finances. Je remarque
que, dans une année, vous signez à peu près le nombre de
CT que signe le ministre de l'Agriculture dans sa première heure de la
journée.
M. Levesque: J'ai déjà été dans
d'autres ministères et c'était encore beaucoup plus lourd comme
signature de CT.
M. Garon: Je commence à trouver que vos fonctions sont
agréables. C'est une réputation surfaite, que les Finances, c'est
beaucoup d'ouvrage.
M. Levesque: On peut dire la même chose du critique
financier, parce que le critique financier ne fait que critiquer le
ministère en question. Alors, on va partager ce qu'il y a à
partager. Il y a des signatures fort importantes au ministère des
Finances,
par exemple.
M. Garon: C'est plus facile de critiquer ce que vous ne faites
pas que ce que vous faites.
M. Levesque: Peut-être. Vous avez beau, vous êtes ici
pour cela.
M. Polak: II a plus de temps pour critiquer maintenant; il est
exclu du parti.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, vous avez la parole.
M. Garon: "... pour une période de 24 mois. "
M. Levesque: Cela fait une dizaine d'années que cela
marche.
M. Garon: C'est le même contrat, au même prix que
l'an dernier ou le prix est-il plus élevé, ou y a-t-il
indexation?
M. Montminy: Non, ce sont les mêmes prix. Ce sont des
terminaux qui sont branchés sur le système SYGBEC. Le traitement
se fait sur les ordinateurs centraux du BCI, et les listes de sortie... Ce
qu'on appelle des terminaux lourds, ce sont d'énormes imprimantes qui
sortent beaucoup de papier. Ce sont les mêmes prix pour une simple
raison; on voudrait s'en départir parce qu'on les trouve lents. Notre
monnaie d'échange, si vous voulez, vis-à-vis de Bell
Informatique, c'est de dire qu'on n'accepte pas de prix plus
élevés, compte tenu qu'on pourrait, à la limite, si on
avait des crédits disponibles, les changer.
M. Garon: J'ai toujours pensé que ces terminaux lourds
étaient trop lents aussi, alors que quelquefois des petits "kits"
coûtaient beaucoup moins cher, étaient beaucoup plus rapides,
beaucoup mieux adaptés que ces grosses affaires du BCI.
M. Montminy: Mais, M. le député, vous connaissez
certainement le système SYGBEC, qui est le système informatique
du Bureau du contrôleur; il produit énormément de listes de
sortie, compte tenu de l'évolution du budget dans toutes les
catégories. Alors, il faut comprendre qu'un petit ordinateur ne pourra
pas faire ce genre de travail, il n'en est pas question. C'est un énorme
système d'exploitation. Avec la RAAQ et le MMSSR, ce sont
peut-être les gros systèmes d'exploitation du gouvernement. Dans
les 24 mois, il y a les coûts de deux loyers, vous avez le loyer
d'entretien et le loyer de l'appareil lui-même.
M. Garon: Cela marche. Alors, c'était selon l'entente.
Le Président (M. Lemieux): L'engagement 8 du mois de
novembre 1986 est donc vérifié. L'ensemble des engagements
financiers relevant du ministre des Finances pour les mois de septembre
à décembre 1986 inclusivement est donc terminé.
Nous allons maintenant...
M. Garon: Dans le mois de décembre, il n'y en avait pas,
Je pense?
Le Président (M. Lemieux): II n'y en avait aucun, M. le
député de Lévis. Aucun engagement financier pour le
ministère des Finances dans le mois de décembre 1986.
M. Garon: Je pense qu'on a donné les avis que ce serait
à 15 heures, la synthèse des opérations
financières. On serait mieux d'attendre à 15 heures ou de revenir
à 15 heures. Il y a eu des avis qui ont été
donnés.
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection. 3e peux travailler pendant
ce temps-là.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons suspendre
jusqu'à 15 heures pour reprendre l'évolution de la politique
budgétaire, à 15 heures.
M. Garon: Â moins que l'on ne fasse janvier?
M. Levesque: Je n'ai pas janvier. On ne me les a pas remis.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, il n'y a aucune convocation pour le mois de janvier; alors, la
commission ne peut pas faire le mois de janvier. Est-ce que je vais pouvoir
vous voir quelques minutes, M. le député de Lévis?
M. Garon: Oui. (Suspension de la séance à 14 h
29)
(Reprise à 15 h 9)
Étude de la politique budgétaire et de
l'évolution des finances publiques
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaîti M. le député de Saint-Louis, s'il vous plaît!
Mme la députée de Matane, à l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons maintenant procéder à l'étude de la
politique budgétaire et de l'évolution des finances publiques,
conformément à l'article 292 du règlement. Pardon? Plus
fort? Oui, M. le député de Saint-Louis, avec plaisir. Nous
procédons à l'étude de la politique budqétaire et
de l'évolution des finances publiques,
conformément à l'article 292 du règlement, M. le
député de Saint-Louis. Préalablement, avant que je puisse
donner la parole au ministre des Finances pour la déclaration
d'ouverture et au critique de l'Opposition officielle, M. le
député de Lévis, j'aimerais vous faire part que j'ai
reçu une lettre du ministre des Finances concernant une interrogation du
député de Lévis relativement à la durée
à faire parvenir aux membres de cette commission la synthèse des
opérations financières. J'aimerais que cette lettre soit remise
à chacun des membres.
Maintenant nous allons commencer par la déclaration d'ouverture.
M. le ministre des Finances, est-ce que relativement à la
l'évolution de la politique budgétaire, vous avez une
déclaration d'ouverture à faire?
Il n'y en a pas, M. le député de Lévis? M, le
député de Lévis me fait remarquer, M. le ministre des
Finances, qu'à votre place il n'y en aurait pas.
Déclarations d'ouverture M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: Je suis bien prêt à coopérer,
mais il y a des limites, n'est-ce pas, à la coopération.
Cependant, je vais tâcher d'être le plus bref possible. Nous avons
en effet devant nous un document qui s'intitule: Synthèse des
opérations financières, 30 septembre 1986. On sait que, depuis le
début de l'exercice financier commençant le 1er avril 1986, c'est
la deuxième synthèse trimestrielle, la première ayant
été publiée à la suite des opérations se
terminant le 30 juin 1966. Dans ce cas-ci, c'est pour la période du
trimestre se terminant le 30 septembre 1986 et couvrant finalement tout le
semestre entre le 1er avril 1986 et le 30 septembre 1986.
Vous avez mentionné, M. le Président, que vous aviez
reçu une lettre de celui qui vous parle en date du 20 février, et
qui vous donne les explications, évidemment d'ordre technique, quant
à la possibilité de raccourcir le délai qu'il y a entre la
fin d'un trimestre et la publication de la synthèse des
opérations financières. Je serais le premier à
désirer que nous puissions être capables de publier ces
renseignements plus tôt. Mais comme vous le verrez dans la copie de la
lettre qui est maintenant entre les mains des membres de la commission et entre
vos mains, M. le Président, il y a des contraintes de nature
administrative et technique qui m'empêchent, mais qui ont
également empêché mes prédécesseurs, de faire
en sorte que cette information nous parvienne plu3 tôt. En
conséquence, évidemment, lorsque nous arrivons pour faire
l'étude de cette synthèse, son analyse, comme nous voulons le
faire aujourd'hui, nous sommes à quelques mois de
l'événement. Je partage le même souci, la même
préoccupation avec ceux qui aimeraient que ce soit différent.
Cependant, je conçois que, dans ce cas-ci, nous avons publié les
résultats de ce deuxième trimestre se terminant le 30 septembre.
Nous l'avons publié le 28 novembre 1986. C'était la
période très active du mois de décembre, Noël, Jour
de l'an et tout cela, de sorte que nous sommes Ici aujourd'hui pour prendre
connaissance de cette synthèse et en faire l'analyse alors que quelques
mois sont passés et que nous sommes à la veille de publier la
synthèse des opérations financières se terminant le 31
décembre 1986. Je dois dire que j'avais exprimé le désir,
au ministère, que l'on puisse faire parvenir aux membres de la
commission la synthèse du troisième trimestre. Cela n'a pas
été possible* J'aurais aimé que vous l'ayez en main avant
notre réunion d'aujourd'hui. Malgré mon insistance, il y a les
mêmes contraintes qui font que nous ne l'aurons probablement pas avant la
première quinzaine de mars. Nous devons donc faire cette étude
à partir de données qui sont datées du 30 septembre 1986.
Je pourrai à l'occasion, de mémoire, vous donner quelques faits
qui seraient de nature à corriger, peut-être, certaines
impressions. L'exercice veut que ce soit sur la base du document que nous avons
devant nous.
Maintenant, qu'est-ce que ce document dit? En résumé,
c'est que... D'ailleurs, c'est un peu le but de l'exercice. Nous faisons un
budget au début de l'année. Dans ce cas-ci, nous l'avons fait le
1er mai 1986. Nous voulons voir un peu, à la fin de chaque trimestre, si
nos prévisions sont respectées, si la réalité
concorde avec ces prévisions, sinon quelles sont les mesures que nous
entendons prendre pour corriger la situation, corriger le tir, ou encore si
nous devons faire en sorte d'accepter que ces prévisions ne se
réalisent pas comme telles.
Dans le cas présent, je suis heureux de constater - je pense que
c'est la principale conclusion à laquelle nous devons arriver
-qu'à la fin du deuxième trimestre, c'est-à-dire au 30
septembre 1986, les prévisions se sont révélées
fondées d'une façon remarquablement précise lorsqu'on
regarde la réalité, et on peut maintenir, dans les grands
équilibres financiers, les mêmes projections, les mêmes
prévisions de revenus et de dépenses - et surtout de
déficit - que nous avions évalués à 2 895 000 000
$. Nous pouvons, d'après cette synthèse, reprendre les
mêmes prévisions, et nous espérons que nous pourrons
terminer l'année avec ces prévisions, et cela vu de la lunette du
30 septembre dernier. Nous arrivons à la même conclusion pour les
besoins financiers nets de 1 680 000 000 $.
Je suis particulièrement heureux de souligner les efforts
considérables qui ont été faits. Ce n'est pas un effort
d'une journée,
la journée du budget ou ta journée du dépôt
des crédits; c'est un effort quotidien, hebdomadaire, mensuel, c'est un
effort collectif, c'est un effort du ministère des Finances, du Conseil
du trésor et de chacun des ministères sectoriels pour arriver
ainsi à une réalité qui s'approche autant des
prévisions que nous avions énoncées lors du discours sur
le budget. Toute autre considération est bien accessoire. L'essentiel,
à mon sens, est de pouvoir concevoir un budget, lequel est l'instrument
principal de l'action législative, exécutive, parlementaire, et
faire en sorte que toutes les actions subséquentes puissent s'inscrire
dans ce tableau le plus précisément possible.
Je n'ai pas à rappeler, par exemple, que dans un autre Parlement,
en un autre endroit, des prévisions ont été faites; on
avait prévu, pour 1986-1987, un déficit de 29 500 000 000 $. On
regarde ce qui se passe: c'est 32 000 000 000 $. On s'excuse, mais c'est cela.
Cela peut arriver dans les meilleures familles, mais je suis très
heureux de voir que, dans notre cas, nous sommes tellement près de nos
prévisions. Au même endroit, lors du discours sur le budget de
février 1986, on avait prévu, pour l'année 1987-1988, un
déficit de 25 900 000 000 $. Là, on corrige les chiffres et on
parle maintenant de 29 300 000 000 $.
Ce n'est pas pour critiquer l'autre endroit, mais c'est simplement pour
mettre en relief le fait qu'il est important de pouvoir réaliser les
prévisions, et, malgré la meilleure volonté du monde, il
arrive qu'il y ait des changements en cours d'année. D'un autre
côté, lorsque l'on peut arriver à la fin du deuxième
semestre d'une année financière et dire: Nos prévisions se
réalisent à ce moment-ci exactement comme au moment où
elles ont été faites, nous n'avons qu'à nous
réjouir, d'un côté comme de l'autre de cette commission. Je
suis sûr que le député de Lévis, que le
député de Bertrand se joindront à nous pour remercier le
ciel que nous ayons pu avoir des prévisions aussi justes.
M. Polak: Le ciel et le ministre des Finances.
M. Levesque: En même temps, tous ceux et celles qui ont pu
contribuer à ce résultat intérimaire.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, arrêtez-le!
C'est assezl
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Levesque: J'espère, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Le ministre des Finances
utilise son temps de parole, M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Cela se peut-il! M. Chagnon: II est dans
son droit.
Le Président (M. Lemieux): Et il est dans son droit, comme
l'ajoute M. le député de Saint-Louis. M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je vous remercie, M. le Président. Vous
savez, au cours de ma vie...
M. Garon:... décembre pour voir si c'est correct.
M. Levesque: Ha! Ha! Ha! Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Vous avez l'air euphorique un peu, je trouve!
M. Levesque: C'est très méchant et très
mesquin, ce que vous dites là.
M. Garon: Je ne dis pas cela méchamment.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je pense que M. le ministre des Finances a bien saisi le sens et
la portée de votre intervention.
M. Levesque: Je suis prêt à coopérer avec
l'Opposition mais je ne suis pas nécessairement obligé d'utiliser
des propos qui lui plaisent particulièrement, des chiffres qui lui
donneraient une sorte de plaisir que seule l'Opposition peut connaître.
Comme j'ai été là 17 ans, je sais ce que cela veut dire.
Le député de Bertrand vient de manifester, par cette impatience
souriante, que ces chiffres le rendaient un peu inconfortable. Ceci
étant dit, je suis fort heureux d'inviter l'Opposition à un
examen objectif de la situation.
M. Chagnon: Vous pouvez rejoindre le parti
ministériel!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, s'il vous plaît!
M, Levesque: Si le député de Saint-Louis manifeste le
désir que nos honorables amis rejoignent le parti ministériel, il
y a peut-être des signes, aujourd'hui, qui indiquent que nous pourrions
avoir de ces surprises un de ces jours. Voilà!
Ceci étant dit, M. le Président, je suis à la
disposition de la commission pour répondre de mon mieux aux questions
qui peuvent être posées.
Une voix: Parlez-vous de cygne ou de canard boiteux?
M. Garon: De qui parliez-vous?
M. Levesque: Écoutez, on peut parler de cela ou parler
d'autre chose!
M. Garon: Je sais!
M. Levesque: Je sais qu'aujourd'hui vous avez peut-être
passé une partie de la journée à parler d'autre chose et
vous voudriez peut-être continuer, mais nous sommes dans un autre
forum.
Mme Hovington: II a peut-être parlé de la Traverse
de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Matane, s'il vous plaît, M. le ministre des Finances n'a pas
terminé.
M. Levesque: Elle peut y aller.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez quelque chose
à dire, Mme la députée de Matane?
Mme Hovington: Non, non, je me disais, quand le ministre a dit
qu'il a parlé d'autre chose, que peut-être le député
de Lévis a parlé de la Traverse de Lévis, justement.
M. Levesque: Ah! c'est cela! Bon!
Une voix: Ou de traverse, tout simplement!
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Ceci étant dit, je veux remercier les membres
de la commission de s'être rendus disponibles pour cette discussion. Vous
voyez qu'à partir du sous-ministre, des sous-ministres adjoints, des
chefs de service vous avez ici des gens qui pourront compléter
l'information à mesure que les questions seront posées. J'ai
voulu que l'information soit la plus complète possible, qu'elle soit de
nature technique, politique ou autre; nous sommes tous ici pour essayer de
répondre le plus adéquatement possible aux préoccupations
très légitimes de cette commission.
Le Président (M. Lemieux): Avec toute mon
objectivité, je vous remercie de votre brillante intervention, M. le
ministre des Finances. M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: J'ai été un peu estomaqué
d'entendre le ministre des Finances se vanter autant alors que son gouvernement
a créé aussi peu d'emplois en 1986. S'il veut parler de
réalisation des prévisions, son gouvernement avait parlé
de la création de 100 000 emplois par année pendant quatre ans.
Dans la première année, de janvier 1986 à janvier 1987, le
niveau des emplois est passé de 2 887 000 à 2 897 000, soit une
augmentation d'exactement 10 000 emplois. C'est de loin la plus basse
année depuis de nombreuses années au Québec, puisque, de
1983 à 1986, sous un gouvernement du Parti québécois, le
nombre des emplois est passé, en chiffres désaisonnalisés
- qui sont les chiffres plus réels - de 2 584 000 à 2 887 000,
soit la création de 303 000 emplois, donc une moyenne de 101 000 emplois
par année. Sans doute que te chef du Parti libéral - le Parti
libéral se croyant sur le pilote automatique - a dit: Laissons faire
tout cela et on va aller au même rythme. Sauf qu'on voit que c'est
continué au même rythme jusqu'à juin 1986 parce que les
politiques étaient encore en place, le ministre des Finances n'avait pas
encore fait son budget et les gens n'avaient pas de raison de croire que cela
changerait. Une fois son budget réalisé, le désastre en
termes d'emplois est apparu dans l'économie québécoise.
À partir de juillet 1986, la situation change et on se rend compte que
le nombre des emplois n'est plus le même. Qu'est-ce que cela veut dire?
Au fond, je comprends que le ministre des Finances nous parle des beaux
équilibres financiers. Il dit: Mes équilibres sont beaux. Il dit
qu'il sent l'effort qu'il pue l'effort, qu'il est plein d'efforts. On voit
cela. On voit, avec son magnifique teint basané, à quel point le
ministre des Finances sent l'effort. C'est un peu comme une machine qui
chauffe; l'effort fait changer les choses de couleur. Je dois dire que les gens
au Québec qui n'ont pas d'emploi et qui n'ont pas vu le nombre d'emplois
créés augmenter véritablement au cours de l'année
1986 sont moins entichés des performances du ministre des Finances,
puisque la promesse de 100 000 emplois n'a pas été
réalisée. On peut faire différentes comparaisons et on
sait que le chef du Parti libéral, davantage que son ministre des
Finances, aime faire ce genre d'exercice. Si on prend les chiffres de l'emploi,
on se rend compte, avec les chiffres du gouvernement lui-même, que cela
ne va pas bien du tout au Québec.
Je dirais aussi, M. le Président, que le ministre des Finances
avait prédit un niveau d'inflation de 3 %. Mais je vais continuer
à parler du niveau de l'emploi. Je lis le rapport du ministre des
Finances lui-même, Aperçu de la situation économique du
Québec en 1986. Il dit: "La conjoncture générale affecte
l'évolution de l'emploi qui est en hausse de 62 000 en moyenne au cours
de 1986 tandis qu'en 1985 l'augmentation du nombre d'emplois se situait
à 82 000 en regard de 1984. Cependant, le nombre d'emplois à
temps plein enregistre une
croissance aussi forte en 1986 qu'en 1985. " Drôle de
réjouissance puisque c'était précisément ce que le
Parti libéral avait critiqué, en disant qu'il ne se créait
pas assez d'emplois à temps plein, alors qu'il dit qu'en 1986 il y a eu
autant d'emplois à temps plein, soit 48 000. Il dit: "C'est donc
uniquement pour les emplois à temps partiel où. la hausse atteint
13 000 en regard de 33 000 en 1985 que la croisssance plus faible de l'emploi
se manifeste. " Il faut dire que celui qui ne travaille pas
préfère un emploi à temps partiel que pas d'emploi du
tout. C'est ce genre de moue des babines par rapport aux emplois à temps
partiel... Je peux vous dire que celui qui a le choix entre un emploi à
temps partiel ou pas d'emploi pas du tout, il aime mieux un emploi à
temps partiel. On voit, au niveau de la création d'emplois, que cela n'a
pas été mirobolant. D'ailleurs, regardons la donnée brute.
Si on l'examine sous une autre forme, en 1986, le niveau de l'emploi moyen a
été de 2 865 000, en hausse de 60 300 par rapport au niveau moyen
de 1985. Il s'agit d'une performance décevante lorsqu'on la compare aux
deux années précédentes, alors que l'économie
québécoise a créé 80 000 emplois en 1984 et 82 000
emplois en 1985. (15 h 30)
Mais, plus grave encore, remploi a stagné en 1986. Les
données brutes qui servent à calculer l'augmentation moyenne de
l'emploi cachent une partie de la vérité. Ainsi, lorsqu'on
analyse le tableau 1, on constate que la création d'emplois a
été très forte à compter d'avril 1985 à juin
1986 et, à partir de juillet 1986, on constate une très nette
diminution du nombre de nouveaux emplois. On se rend compte, M. le
Président, que cela c'est l'administration libérale, puisque
c'est la nouvelle administration, et on voit les résultats.
Pour ce qui est de l'inflation, alors que pour le budget le ministre des
Finances avait prévu 3 % d'inflation - cela aussi, c'étaient ses
prévisions - on se rend compte aujourd'hui que le niveau d'inflation est
de 4, 9 %. À 4, 9 %, savez-vous que c'est un pourcentage d'erreur de
presque 65 %? Passer de 3 % à 4, 9 %, c'est un gros pourcentage
d'erreur. Si vous aviez un employé qui se trompait de 65 %, le
garderiez-vous à votre emploi aussi facilement? Le ministre des Finances
s'est trompé de 65 % ses prévisions d'indice des prix. Ce n'est
pas un cure-dents, M. le Président, c'est un madrier: 65 % d'erreur dans
la prévision de l'indice des prix à la consommation.
M. le Président, la situation n'est pas du tout celle qu'a
décrite le ministre des Finances. Il peut dire: J'ai des belles colonnes
de chiffres, je suis heureux, j'ai des belles colonnes de chiffres, mes
équilibres financiers sont magnifiques. Quel est l'objectif d'un
gouvernement? Les équilibres financiers ou le développement
économique, la création d'emplois et le maximum d'avantages pour
le public? Je comprends qu'il va nous dire: J'ai fait cela.
J'ai remarqué aussi dans ses livres, je me souviens, à la
dernière discussion sur la synthèse des opérations
financières, où on avait discuté, par exemple, la
prévision des taxes sur le tabac. Il trouvait épouvantable que la
prévision ne soit pas exacte et cela veut dire que le ministre des
Finances avait des intentions cachées puisque le niveau de
prévisions... C'était apparemment le pilote automatique. Quand il
prévoyait la taxe sur le tabac, il n'y avait pas d'erreur possible.
C'était parfait. Bonne mère! On n'a jamais vu d'aussi grosses
erreurs. La taxe sur le tabac rapportera 40 000 000 $ de moins que
prévu, 40 000 000 $ de moins. L'an passé, il était
question de quelques millions de plus et là toute la batterie qui
entourait le ministre nous disait que cela voulait dire que le ministre des
Finances du temps, M. Duhaime, aurait dû augmenter les taxes. Il y avait
eu une prévision, et c'est pour cela que cela donnait des chiffres un
peu différents. Mais là c'est 40 000 000 $ de moins que
prévu. Est-ce que cela veut dire que le ministre des Finances devait
baisser les impôts sur le tabac et qu'il ne l'a pas fait? Est-ce que
c'est ce que cela veut dire? Si l'on reprend le raisonnement qu'il faisait l'an
dernier, alors qu'il disait que s'il avait des revenus un peu plus
élevés que prévu c'est parce que le ministre des Finances
devait augmenter les taxes... Comme il ne les avait pas augmentées, eh
bien! il n'a pas eu les résultats escomptés.
Qu'est-ce qui est arrivé pour que cela rapporte 40 000 000 $ de
moins que prévu? Est-ce que ce sont les mêmes règles qui
ont joué ou est-ce que depuis que le gouvernement a changé les
fumeurs ne fument plus de la même façon? Il y a là une
erreur considérable.
L'impôt sur le revenu des particuliers va rapporter 219 000 000 $
prévus. N'est-ce pas parce que le ministre des Finances a gardé
les mêmes formules pour empêcher les gens de
bénéficier des déductions à la source auxquelles
ils auraient eu droit normalement et qu'il a perçu 219 000 000 $ de plus
que prévu, jouissant de cet argent temporairement? Pendant cette
période de temps ou avant qu'ils fassent leur déclaration
d'impôt et que l'argent soit dû pour le gouvernement, il s'est
surfinancé en ayant des déductions qui n'étaient pas en
conformité avec les lois de l'impôt; 219 000 000 $ de plus que
prévu dans l'impôt sur le revenu, c'est beaucoup plus d'argent.
Nous disons que ceci est attribuable au fait qu'il aurait dû modifier les
formulaires de retenue à la source, TPD-1, pour permettre aux
contribuables de bénéficier de toutes les exemptions
auxquelles ils ont droit. Pourquoi n'ont-ils pas fait les modifications?
Pourquoi siphonner les contribuables au-delà de la loi en disant: On les
remboursera bien l'an prochain, mais on aura joui de cet argent sans droit, au
fond, pendant toute cette période de temps?
Les dividendes de Loto-Québec seront de 29 000 000 $
inférieurs à la prévision du 1er mai 1986. La SAQ versera
23 000 000 $ de moins que prévu. Cela veut dire quoi, M. le
Président? Une hausse de 27 000 000 $ qui provient d'Hydro-Québec
est anticipée. Les revenus provenant d'Hydro-Québec ne sont le
résultat que de nouvelles pratiques comptables qui s'inscrivent dans les
revenus budgétaires, la variation de la valeur de consolidation des
sociétés d'État. En fait, Hydro-Québec ne versera
fort probablement rien au gouvernement encore cette année. J'aimerais
que le ministre des Finances nous éclaire là-dessus. Est-ce
qu'Hydro-Québec va verser de l'argent au gouvernement cette année
ou si les hausses payées par les contribuables du Québec ne
serviront pas uniquement à compenser les manques de revenus des
Américains?
Au fond, on est obligé d'augmenter les taxes d'Hydro plus qu'on
devrait les augmenter si on ne vendait pas d'électricité aux
Américains. Malgré une augmentation pour l'année 1986 de
5, 4 %, Hydro, malgré les nouvelles pratiques comptables, va-t-elle
verser de l'argent au gouvernement ou non cette année?
M. Levesque: M. le Président... M. Garon: En effet,
ses profits...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je m'excuse auprès du député et
je m'excuse auprès de la commission. Je pense que le
député de Lévis soulève plusieurs points
importants. Ne préfère-t-il pas que nous puissions y
répondre un peu, parce qu'on va se perdre à un moment
donné avec autant de sujets? Si on voulait les prendre un par un,
à moins que le député veuille avoir un monologue, moi je
crois que je serais prêt. Comme on a parlé d'emploi, je pourrais
parler et discuter d'emploi. Si on veut parler, par exemple, des augmentations
ou des diminutions dans les revenus ou dépenses, on peut le faire. Si on
veut parler de la conjoncture économique, on peut le faire. Si on veut
parler de l'inflation, on peut le faire. Mais on ne peut pas faire tout en
même temps. C'est cela qui est difficile. Je ne voudrais pas que le
député, à la suite de cet exercice-ci, dise: Moi j'ai
parlé de cela, mais, vous savez, il n'a pas répondu.
À moins que j'aie une sténographe à
côté de moi, je ne peux pas suivre tout cela et répondre
d'une façon convenable.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
j'aimerais vous faire remarquer qu'au niveau de la procédure il s'agit
de la déclaration d'ouverture du député de Lévis.
Il a un droit de parole de 20 minutes. Vous aurez ensuite un temps de parole de
dix minutes et après le débat va se poursuivre sous forme
d'interrogations. Alors, le député de Lévis aura la
possibilité, s'il le désire, de revenir sur chacune de ses
allégations. Je ne peux pas m'immiscer à ce stade-ci au niveau de
la déclaration d'ouverture du député de Lévis pour
autant qu'elle soit pertinente au présent mandat qui est celui de
l'évolution de la politique budgétaire, M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président a parfaitement raison au plan
de la procédure. Je n'ai pas fait appel au règlement. Je sais
fort bien que vous n'avez pas le choix. Mais le député de
Lévis peut, lui, de proprio motu, de son propre chef, décider que
pour la bonne intelligence de cette discussion on puisse procéder point
par point. Maintenant, libre à lui. Sauf que je ne voudrais pas qu'il
vienne, par la suite de notre exercice d'aujourd'hui, dire que je n'ai pas
répondu à quelque chose qu'il ait pu dire dans ses remarques
d'ouverture, parce que c'est une véritable macédoine.
Le Président (M. Lemieux): Je vous comprends, M. le
ministre des Finances. Sauf que je veux que vous soyez bien conscient qu'en
tant que président il ne m'appartient pas d'avoir à agencer ni
à ordonner les propos du député de Lévis. Il est le
seul maître d'oeuvre de sa façon de procéder, M, le
ministre des Finances. M. le député de Lévis, à la
suite de la remarque du ministre des Finances et à l'intérieur de
vos 20 minutes, sur la déclaration d'ouverture. Il reste huit minutes,
M. le député de Lévis.
M. Garon: Vous comprenez que c'est par souplesse que j'ai
modifié mon style d'intervention. J'ai appris, la dernière fois,
que le ministre des Finances avait l'art -parce qu'il est originaire du
territoire maritime - de noyer le poisson. Là je me suis rendu compte
que quand dans une heure vous prenez deux fois une demi-heure pour noyer le
poisson, bien, vous n'en prenez pas plus de deux. Je me suis dit que la
meilleure façon, c'est peut-être de lancer plusieurs lignes
à la fois et le ministre des Finances aura la tâche de les noyer
un par un, mais dans un espace de temps limité. Autrement, s'il prend
une demi-heure pour répondre à chaque question, même si on
avait trois heures, on aurait seulement six questions à poser. J'ai
préféré agir différemment pour
m'adapter au style du ministre des Finances...
M. Levesque: Partiellement du territoire maritime.
M. Garon:... partiellement du territoire maritime, voulant
m'adapter à la houle et au style du ministre.
Concernant Hydro-Québec, je voudrais demander au ministre des
Finances si HydroQuébec ne versera encore fort probablement rien au
gouvernement cette année puisque ses profits sont en baisse par rapport
à l'année dernière, où elle n'a pas versé de
dividendes au gouvernement.
Notons que, si on avait appliqué les nouvelles conventions
comptables en 1985-1986, on aurait inscrit un revenu de 209 000 000 $ provenant
d'Hydro-Québec. Remarquez aussi que, lorsque le ministre dit qu'il a de
bonnes prévisions budgétaires, le 11 novembre 1986 on a
identifié encore un dépassement de 170 300 000 $. Si on ajoute
les 75 300 000 $ annoncés antérieurement, cela fait un
dépassement de 245 600 00 $. Cela va prendre l'essentiel de la
péremption des crédits pour éponger. Il s'agit d'une
baisse des coûts de traitements et autres rémunérations,
une baisse des prestations de l'aide sociale, une baisse des dépenses
générales en fonctionnement et en immobilisation du gouvernement.
Pour tout cela, il y a aussi des conséquences en termes de
développement économique.
M. le Président, à la fin de la dernière commission
parlementaire - et je le dis tout de suite pour que la batterie de
fonctionnaires qui entoure le ministre des Finances puisse commencer à
se préparer un peu - j'ai demandé au ministre des Finances... Il
n'avait pas eu l'occasion de terminer la dernière fois, car il prend
beaucoup de temps pour répondre, il prend beaucoup de mots pour
décrire une réalité. C'était lors de la
dernière étude du 7 octobre 1986 sur la synthèse des
opérations financières du 30 juin 1986. Je lui avais
demandé où se trouve le remboursement de l'emprunt de la
Raffinerie de sucre du Québec, soit environ 56 000 000 $, dans la
synthèse des opérations financières. Puisque cela doit
être réalisé à ce jour et puisqu'on a parlé
du remboursement dans les déclarations du ministre de l'Agriculture, du
ministre délégué à la Privatisation, de l'emprunt
de la raffinerie et on a parlé également d'un prêt de 40
000 000 à Lantic... Est-ce qu'il s'agit d'un prêt du gouvernement?
J'aimerais savoir comment s'est fait le remboursement de 56 000 000 $ au
gouvernement et à quelle condition a été
réalisé le prêt de 40 000 000 $ à Lantic. Quel est
le niveau des intérêts? Quelle est la date de remboursement?
Quelles sont les différentes conditions qui vont résulter...
M. Levesque: Je pense que vous aviez cela dans le document qui a
été publié récemment.
M. Garon: Non, il n'y avait rien dans le document. Dans le
document, il y avait un contrat. Il y avait très peu de données.
J'aurai l'occasion de poser d'autres questions éventuellement. Il y a
d'autres aspects qui ne concernent pas véritablement le ministre des
Finances puisque le contrat semble "opérationalisé" par le
ministre de l'Agriculture. J'en ai posé une au mois de décembre.
Il s'est plaint que je ne lui en posais pas beaucoup. La première que je
lui pose, il en a pris avis. C'était le remboursement de plus de 50 000
$ de taxes pour les dix prochaines années, deux ans après que la
raffinerie eut été vendue, c'est-à-dire en novembre. Le
ministre de l'Agriculture a payé plus de 50 000 $ de taxes pour la
raffinerie de sucre alors que la raffinerie, d'après les contrats,
aurait été vendue au mois de septembre. Comment cela se
faisait-il que le ministre de l'Agriculture remboursait environ 50 000 $ de
taxes pour les dix prochaines années alors qu'il n'était plus le
propriétaire? J'ai demandé cela au ministre de l'Agriculture, qui
en a pris avis. (15 h 45)
Je vais le demander au ministre des Finances parce que c'est lui qui est
concerné. Quand il s'agit d'emprunts de la raffinerie, le ministre des
Finances est partie au dossier des emprunts de la raffinerie parce que le
gouvernement garantit ces emprunts. Qu'arrive-t-il du remboursement des
emprunts de la raffinerie de sucre, soit environ 56 000 000 $, dans la
synthèse des opérations financières? Dans le prêt de
40 000 000 $ à Lantic, comme il semble s'agir d'un prêt du
gouvernement, nous aimerions savoir quelles ont été les
conditions du prêt qui a été effectué à
Lantic.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je vais l'épargner, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre des Finances, vous avez un
droit de réplique de dix minutes après chacune des interventions.
M. le député de Saint-Louis m'a demandé la parole. M. le
député de Saint-Louis, est-ce que vous cédez la parole
à M. le ministre des Finances après le...
M. Levesque: Qu'il y aille tout de suite.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: M, le Président, je suis un peu
étonné des conclusions que tire le député de
Lévis à l'égard. de la synthèse des
opérations du 30 septembre dernier. D'abord, j'aurais à faire
trois petits reproches tout à fait parlementaires au
député de Lévis. Le premier, c'est probablement de ne pas
nous livrer ses sources lorsqu'il nous parle du taux d'inflation de 4, 9 %.
Décembre sur décembre, j'avais 4, 1 % à partir des
données fédérales. Le deuxième petit reproche,
c'est de mélanger un petit peu les chiffres sur la création
d'emplois. II nous a parlé d'abord de 10 000 emplois nouveaux et ensuite
de 65 000 emplois sur le rapport moyen, année sur année. Il
faudrait se comprendre dans les statistiques. Le troisième petit
reproche, c'est de ne pas aller jusqu'au bout de son raisonnement. Le
député de Lévis nous dit que Loto-Québec aura des
revenus inférieurs à ceux présumés, ce qui est
vrai; que la taxe sur le tabac sera inférieure à celle
présumée, ce qui est aussi vrai; que la Société des
alcools n'aura pas le rendement prévu, ce qui est encore vrai et qu'il y
a aussi 249 000 000 $ de plus que la prévision qui seront entrés
dans les coffres de l'État par le biais de l'impôt sur le revenu.
Je pense qu'on pourrait faire un troisième petit reproche au
député de Lévis, soit de ne pas savoir tirer les
conclusions qu'il faudrait peut-être sur cet énoncé. La
conclusion qu'on pourrait peut-être tirer ensemble, si le
député de Lévis était d'accord, c'est que depuis le
2 décembre 1985 il y a eu un changement de comportement des citoyens et
des citoyennes du Québec à savoir qu'ils jouent moins, qu'ils
fument moins, qu'ils boivent moins et qu'ils travaillent plus.
Une voix: Ha! Ha! Ha!
M. Chagnon: C'est ce qu'il fallait démontrer, M. le
député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis.
M. Garon: J'ai le droit de donner une précision. Je vais
donner un cours de statistique au député de Saint-Louis. Il
pourra prendre le bulletin d'information conjoncturelle du Bureau de la
statistique du Québec du 10 février 1987 où il verra que
l'inflation pour l'ensemble du Canada est bien de 4, 2 %, mais que pour le
Québec elle est de 4, 9 %. C'est justement les questions que je pose. Le
ministre des Finances n'a pas fait ses devoirs puisque l'inflation est plus
haute au Québec qu'au Canada. Si elle est de 4, 2 % pour le Canada alors
qu'elle est de 4, 9 % au Québec, cela veut dire que dans les autres
parties du Canada il faut qu'elle soit beaucoup plus faible que 4, 2 % pour
maintenir une moyenne de 4, 2 % pour l'ensemble du Canada. Le Québec
contribue à augmenter l'inflation au Canada. La moyenne canadienne est
à 4, 2 % alors qu'elle est à 4, 9 % au Québec. Je dis
justement que le ministre des Finances... J'aurais dû être plus
clair parce que je pensais que ces données étaient connues d'un
ancien président de commission scolaire. Je pensais qu'il avait fait ses
devoirs. Je me rends compte qu'il est meilleur pour poser des questions que
pour donner les réponses. Alors, je vous dirai que c'est justement ce
que je demande au ministre des Finances. Pourquoi l'inflation est-elle plus
forte au Québec qu'elle l'est au Canada?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: Le député de Lévis a
été très prolifique. Comme je le mentionnais tout à
l'heure, je préférerais qu'il revienne élément par
élément afin qu'on n'oublie absolument rien de ce qu'il a voulu
mettre de l'avant.
On va commencer par où il a commencé. Le
député de Lévis a commencé par faire un rappel des
engagements du gouvernement et du Parti libéral du Québec. Il
s'est simplement fourvoyé un peu, mais on le comprend. Il a parlé
de 100 000 emplois pendant quatre ans. Tout le monde sait qu'il s'agit de 80
000 pendant cinq ans. Mon Dieu! il ne faut pas être trop
sévère pour le député de Lévis, il n'est pas
obligé de connaître le programme du Parti libéral aussi
bien qu'il connaît le sien, et d'être aussi critique envers le
nôtre qu'envers le sien, etc.
Ceci étant dit, on se rappelle bien que M. Bourassa a
parlé de 80 000 emplois. Les résultats, pour la première
année, sont de 63 000, ce qui n'est pas loin des 80 000. Comme les 80
000 sont une moyenne, je pense que le député devrait attendre un
peu pour faire ses commentaires. Je suis sûr qu'il sera le plus heureux
des hommes si nous réussissons, justement, à contribuer à
la création de 400 000 emplois dans les cinq années en
question.
Le point de vue du député de Lévis est un peu
pessimiste. Quand on pense, par exemple, à tous les indicateurs qui sont
de nature positive, de nature à nous réconforter. Par exemple
l'augmentation de la valeur des ventes au détail a été
d'environ 10 %, l'ensemble des investissements, en hausse de 7, 4 %, la
construction domiciliaire - je me souviens que nos prédécesseurs
parlaient souvent de cela - fut de l'ordre de 60 000 unités mises en
chantier. Le plus fort total depuis que nous avons quitté le pouvoir,
par la volonté du peuple en 1976; on n'a jamais
connu cela depuis ce temps. Nous sommes revenus, cette fois-ci, avec un
chiffre record de 60 000 unités. Pourquoi le député de
Lévis ne l'a-t-il pas mentionné?
Quant aux investissements non résidentiels, l'augmentation a
été de 6, 9 %, alors qu'au début de l'année on ne
prévoyait que 2, 8 %. J'aime me tromper comme cela. J'aime quand on
demande à notre boule de cristal et qu'elle nous dit: Vous aurez une
augmentation de 2, 8 % pour les investissements non résidentiels.
Résultat: 6, 9 %. Est-ce que je dois m'excuser de ces prévisions?
Au contraire, je suis très heureux qu'avec le dynamisme des
Québécois et des Québécoises on réussisse
à avoir des résultats aussi probants.
Des hausses - cela, c'est important -ont été
enregistrées dans des services commerciaux, 17, 3 %. La fabrication -
s'il y a quelque chose qui doit toucher le député de Bertrand,
c'est la fabrication, il s'en préoccupe souvent - on avait prévu,
je crois, une augmentation de 5 % ou 6 %; on a une augmentation de 17 %. Dans
les communications, augmentation de 12, 6 %. Dans le secteur de la fabrication,
accroissement très substantiel des investissements: 559 000 000 $. C'est
relié à l'industrie des papiers et des produits connexes,
l'industrie chimique. Autrement dit, les industries qui ont pris le relais des
grands projets dans le secteur de l'aluminium. La part du Québec dans
les investissements manufacturiers canadiens s'est maintenue à 27, 5 %,
au-delà de la proportion de la population, alors que la moyenne, de 1981
à 1985, était de 23, 7 %.
La création nette d'emplois, encore une fois, fut de 62 000 en
1986. Le nombre de chômeurs a diminué de 20 000. Le chômage
moyen, pour l'ensemble de l'année, est passé de 11, 8 %, en 1985,
à 11 %, en 1986. Évidemment, le rythme de la création
d'emplois n'est pas satisfaisant, nous ne serons jamais satisfaits. Nous
voudrions voir le chômage diminuer à un point tel qu'on pourrait
parler de plein emploi, mais il faut bien vivre dans la conjoncture actuelle.
Si nous faisons des progrès dans le bon sens, je pense qu'il faut le
souligner.
J'aimerais particulièrement souligner le chômage chez les
jeunes. Je regardais les chiffres. Il faut retourner à 1979 pour
retrouver des chiffres comparables à ceux d'aujourd'hui. Pendant tout le
temps que vous avez été là, M. le député de
Lévis, le chômage chez les jeunes était plus
élevé que celui que nous connaissions en 1986. Je pense que c'est
au moins encourageant. Ce n'est pas assez, il faut faire de nouveaux efforts,
il faut travailler pour que l'amélioration se poursuive, s'accentue,
mais, une chose est certaine, ce sont là des résultats qui sont
loin des propos pessimistes du député.
Lorsqu'il parle des emplois de ces dernières années, si le
député prend tous les chiffres, il verra, quant à la
création d'emplois dont il a parlé, que, depuis trois ou quatre
ans, ce n'est pas le mot "création" qu'il devrait utiliser, c'est
plutôt le mot "récupération". Pendant toutes ces
années -1981, 1982, 1983, 1984, 1985 - qu'est-ce qu'on faisait? De la
récupération des emplois perdus de votre temps. Je comprends que
vous avez eu à subir un contexte particulièrement difficile, je
ne suis pas là pour le nier, mais, avant de parler de création
d'emplois, il faut savoir un peu ce que le vocabulaire veut dire, c'est de la
récupération.
Cette récupération dont le député parle a
été faite parce qu'on avait perdu des emplois permanents. En
grande partie, cette récupération s'est traduite par des emplois
à temps partiel. Savez-vous ce que cela veut dire, un emploi à
temps partiel? Cela représente 0, 41 % de l'emploi à temps plein,
c'est-à-dire qu'au lieu de 36 heures c'est 16 par semaine; c'est donc un
emploi de qualité moindre quant au revenu gagné. Je ne pense pas
qu'on puisse dire: Tant mieux, bravo pour les emplois à temps partiel!
Bravo, oui, mais pas mieux que des emplois à temps plein! Je pense qu'il
faut bien faire la nuance.
Laissons un peu ces considérations sur le travail, l'emploi,
l'économie et parlons d'inflation. Le député de.
Lévis a dit que nous avions prévu 3 % ou 3, 2 % d'inflation et
que, finalement, on en est arrivé à 4, 9 %. Je tiens à
rappeler au député de Lévis que ce n'était pas au
niveau québécois qu'on faisait des projections sur la question de
l'inflation, mais au niveau canadien. Montrez-moi les chiffres, montrez-moi
cela. C'est fait par le Québec, mais c'est au niveau canadien. Nous ne
sommes pas les seuls à avoir fait des prévisions, le Conference
Board a fait des prévisions, les gens de tous les milieux ont fait des
prévisions et toutes étaient autour de 3 %. La
vérité, c'est que, sur le plan canadien, cela a été
4, 2 %.
M. Garon: À cause du Québec.
M. Levesque: Bien non, pas à cause du Québec, parce
que le Québec était légèrement supérieur
à cela, c'est vrai, mais ce n'est pas cela qui a fait... Cela en prend
beaucoup pour changer l'ensemble du Canada. Il y a là un facteur
d'augmentation que je reconnais à travers le pays et nous en sommes;
nous en sommes peut-être un peu plus que les autres, vous avez raison de
dire que les 4, 9 % peuvent influencer les 4, 2 %, mais pas de 3 % à 4,
2 %, ce n'est pas vrai.
Ceci étant dit, nous avons eu des discussions, le
député de Lévis et moi, en Chambre, à ce sujet et
j'ai eu à lui rappeler souvent qu'il ne s'agissait pas des taxes dont il
parlait particulièrement... Il essayait de
faire une relation entre certains points et je lui avais rappelé
dans le temps qu'à Montréal - parce que c'est à
Montréal que le taux d'inflation est examiné...
M. Garon: Mieux vaut que ce soit là plutôt que sur la Basse-Côte-Nord, ce serait encore pire. (16 heures)
M. Levesque: À ce moment-là, on avait
découvert que le facteur était beaucoup plus relié au prix
des aliments. Je dois dire qu'il n'y a pas de taxe sur les aliments. Je l'ai
dit au député, je l'ai répété. Quand le
député veut parler des taxes...
M. Garon: Les aliments sont le plus grand consommateur
d'énergie, par exemple. Les aliments, c'est composé de toutes
sortes de choses.
M. Levesque: Dans le domaine de l'énergie, il y a
justement eu une baisse au Québec. Est-ce qu'on peut me donner les
chiffres sur l'énergie? La baisse de l'énergie, à
Montréal, a été plus forte qu'ailleurs au Canada parce que
le cumulatif du Canada est de moins 7, 1 %; à Montréal, c'est
moins 7, 8 %. Dans le domaine de l'alimentation, c'est le contraire; c'est un
cumulatif de 5 % dans tout le Canada et de 6, 7 % à Montréal. Si
on regarde la situation d'une façon très objective, on
s'aperçoit que le domaine de l'alimentation est le principal responsable
de cette différence entre le taux d'inflation à Montréal
et le taux d'inflation canadien.
Le député a parlé de la taxe sur le tabac. Il a dit
que nos prédictions n'étaient pas tout à fait justes. Il a
raison, jusqu'au 30 septembre 1986. Je devrai cependant lui demander d'attendre
le 31 mars avant d'arriver à une conclusion définitive. Il faut
qu'il comprenne qu'il y a eu des changements et que son gouvernement avait
augmenté la taxe sur le tabac à diverses reprises. Par exemple,
la taxe sur un paquet de cigarettes était, au mois de mai 1985, de 0, 65
$. De juin à février, elle était de 0, 90 $; en mars et
avril, de 1, 13 $. Lorsque l'on compare les périodes de 1985-1986 avec
les périodes correspondantes de 1986-1987 où la taxe était
de 1, 13 $ continuellement, la différence, évidemment, est
beaucoup plus grande entre mai 1985-1986 et mai 1986-1987, soit entre 0, 65 $
et 1, 13 $; la différence est amoindrie de juin à février,
de 0, 90 $ à 1, 13 $; ensuite, c'est la même chose pour mars et
avril, 1, 13 $, avec mars et avril suivants: 1, 13 $. Il ne faut pas se fier
seulement aux six premiers mois, où la différence est plus
considérable d'une année à l'autre, que dans les six
derniers mois, où on arrive presque au même niveau de taxation.
C'est cela qui explique que vous aurez une différence beaucoup plus
grande, entre 1986-1987 et 1985-1986, dans le premier semestre, que dans le
deuxième semestre. C'est donc une des choses qu'il faudrait que le
député regarde lorsqu'on étudiera les chiffres en
période terminale.
M. Garon: Les gens fument plus l'hiver.
M. Levesque: Non, c'est la taxe et non pas... Cependant, je pense
que le député de Lévis a raison de souliqner la
quantité, l'utilisation... Oui, il y a eu une baisse de la consommation,
et je ne le regrette pas du tout. J'ai arrêté de participer
à cela au début de novembre et je ne m'en porte pas plus mal.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
votre temps est écoulé depuis une minute.
M. Levesque: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de...
M. Garon: Vous êtes venu à griller par
l'extérieur.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, vous aviez demandé la parole.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je vais
essayer d'être bref. Je voudrais faire des commentaires d'ordre
général par rapport à la synthèse qui nous est
présentée, synthèse qui, je le reconnais, remonte au mois
de septembre. Je trouve déplorable que, à la fin de
février 1987, nous ayons à parler de ce qui s'appelle les
résultats du mois de septembre. Je comprends qu'on les a eus à la
fin de novembre et qu'il y a eu des périodes intensives à passer,
mais je pense que dans n'importe quelle entreprise, s'il fallait étudier
ou regarder les résultats financiers six mois plus tard, il serait assez
difficile d'apporter des correctifs.
Deuxièmement, en octobre 1986, lorsque nous avions parlé
du dernier trimestre avec le ministre des Finances, je me souviens fort bien de
ses propos qui étaient beaucoup moins rassurants qu'aujourd'hui. Il
était même très inquiet par rapport à l'allure que
prenait la situation financière au Québec. I! s'est passé
des choses entre cette période du mois d'octobre et maintenant. On
pourra revenir à ces choses tantôt, sauf que le ministre se fait
très rassurant aujourd'hui.
Je dirais au ministre des Finances: Je veux bien que l'Opposition
applaudisse si cela va bien au Québec. Si cela va vraiment bien,
je veux bien applaudir. Je serai le premier à dire bravo si cela
va vraiment bien. Sauf que ce que le ministre des Finances semble nous livrer
aujourd'hui, c'est de dire: Regardez ces chiffres, cela rentre exactement dans
les prévisions, donc on s'aligne pour faire une excellente année.
Je dirais qu'il faudrait voir un peu plus à long terme et s'assurer que
le gouvernement, que le ministre des Finances, de même que ses
collègues, ont mis bien en place les structures.
Je vous avoue que c'est ce qui m'inquiète, ce volet face à
l'avenir. Après, en réalité, une période de six ou
neuf mois d'opération, il peut y avoir de bonnes ou de mauvaises
tendances qui ne donnent pas nécessairement l'image des politiques du
gouvernement. Mais ce qui m'inquiète - et je le transmets au ministre
des Finances et aux collègues de la commission parlementaire -ce sont
les politiques qui sont mises de l'avant par rapport à ce qui se passera
dans le prochain exercice financier, soit 1987-1988, c'est-à-dire dans
la prochaine année financière par rapport aux politiques de
soutien à l'entreprise, par rapport aux différentes politiques
à la création d'emplois.
Même si on a des chiffres qui semblent s'aligner actuellement, je
dois vous dire que les politiques qui ont été mises de l'avant au
cours de la dernière année et des derniers mois
m'inquiètent beaucoup. J'espère que dans un an il pourra
être assis dans le même siège et avoir les mêmes
commentaires qu'il a aujourd'hui. Je l'espère de tout coeur parce que
cela vaut pour l'ensemble des Québécois. Mais je n'en ai pas
l'assurance et j'ai même beaucoup de préoccupations face à
cela.
Il y a quelques jours, je prenais connaissance d'un document
publié par un collègue du ministre des Finances, donc, le
ministre de l'Industrie et du Commerce, qui, lui, a dressé, pour le
secteur manufacturier et le commerce au Québec, son bilan de 1986. Ce
n'est pas si rose que cela. Je cite le premier paragraphe parce que je pense
qu'il parle de lui-même: "La croissance de la production
manufacturière au Québec atteint 2, 2 % en 1986 et suit la
tendance canadienne. Tout comme au Canada, le ralentissement de la croissance
de la production manufacturière, amorcée l'an dernier
après deux années de récupération, s'est poursuivi.
" C'est continu sur ce point. Il nous dit: "Ce constat est également
appuyé par l'évolution de la valeur des livraisons
manufacturières québécoises qui ont augmenté de 2,
4 % au cours des neuf premiers mois de 1986 comparativement à 3, 8 % au
cours de la même période en 1985. "
Donc, on veut juste être conscient que, peu importe les
gouvernements qui ont été là, il y avait quand même,
en ce qui concerne ce qu'on appelle les livraisons manufacturières au
Québec, donc les produits manufacturés, il y avait une croissance
de 3, 8 % dans les neuf premiers mois, de 1985 et, en 1986, pour les neuf
premiers mois on n'a quand même que 2, 4 %.
Je veux dire au ministre des Finances que par rapport à ses
propos j'ai beaucoup plus de réserve. Dans ce sens, on mentionne ici,
dans le second paragraphe toujours du même document qui vient
d'être publié: "Le ralentissement au Québec observé
en 1986 s'explique par l'essoufflement de la demande intérieure et de la
faiblesse des exportations... " Je ne rentre pas dans les détails. Dans
l'autre paragraphe, on nous précise la question des emplois: "En effet,
le secteur manufacturier est responsable de 16 500 des 60 900 nouveaux emplois
créés au cours en 1986. " Le chiffre exact, c'est 60 900. Le
visaqe qu'on nous donne, lorsqu'on le scrute du côté
économique et du côté du secteur manufacturier qu'est la
production comme telle, est peut-être beaucoup moins reluisant.
Mes autres commentaires d'ordre général - j'ai dit que je
serais bref - portent aussi sur les revenus provenant des
sociétés d'État, et particulièrement
d'Hydro-Québec, où j'ai des questions. On aura la chance d'y
revenir tantôt de façon très précise.
J'espère que le ministre pourra nous répondre. Mais,
essentiellement, à Hydro-Québec, on avait prévu 133 000
000 $ comme entrée de fonds. On a révisé à la
hausse de quelque 27 000 000 $, d'après ce que je me souviens. Donc, ils
sont révisés pour 160 000 000 $. Il y a quelques semaines, voire
à la mi-janvier, le premier ministre déclare dans une entrevue
qu'il accordait à Londres, qu'on n'a plus besoin de privatiser
rapidement la société Dofor, Donohue-Domtar, parce qu'il va y
avoir des rentrées, des performances d'Hydro-Québec cette
année qui vont permettre au gouvernement d'atteindre à
l'équilibre budgétaire.
Bravo! tout le monde applaudit. Le lendemain, on nous dit: Ce n'est pas
si simple que cela. Les profits d'Hydro-Québec et les dividendes
d'Hydro-Québec sont deux choses. Aussi réalise-t-on dans le
document qu'il y a maintenant de nouvelles façons de faire les
écritures de façon que le tout va maintenant être
reflété dans les états financiers du gouvernement, sauf
que les entrées de fonds, je dis bien les entrées de fonds, ne
sont pas nécessairement là. Donc, beaucoup de questions par
rapport à Hydro-Québec, surtout que l'année
dernière, en commission parlementaire, nous avions eu un long
débat, à savoir si on devait autoriser ou non les 5, 6 %
d'augmentation chez les consommateurs québécois. Nous disions
qu'on devrait le plafonner à 3, 9 %, si ma mémoire est bonne.
Mais on nous a dit: C'est nécessaire, c'est le minimum qu'on doit
appliquer. On va revenir dans quelques jours,
voire la semaine prochaine, avec une autre augmentation
d'Hydro-Québec. II ne faut pas non plus leurrer les gens. Il faut
être bien honnête, donner les deux côtés de la
médaille. Si on augmente les tarifs d'Hydro-Québec parce qu'on
doit les augmenter, c'est une forme de taxe indirecte qu'on envoie au
consommateur. L'année passée, on a augmenté de 5, 6 % et,
nous, nous disions qu'on devrait se limiter à 3, 9 %. Il s'agirait de
voir la différence. Elle ne se retrouve pas dans ces fameux profits
additionnels qu'on retrouve à Hydro-Québec.
Le dernier point de mes commentaires, M, le Président, va aux
entrées de fonds par rapport aux autres sociétés
d'État - là, je fais allusion à la privatisation. Ce n'est
pas la place ici pour faire un débat sur la privatisation. Il faut
être conscient, face à l'avenir, et le ministre des Finances devra
le reconnaître, qu'on peut aujourd'hui avoir des rentrées de
fonds, qu'elles soient de 140 000 000 $, 160 000 000 $ ou 200 000 000 $ pour la
présente année par rapport à la privatisation. Sauf qu'on
ne pourra pas répéter d'année en année, en bon
langage, un "one-shot deal", et on est en train de vendre - je vous dis que
cela est un autre débat - quand même des sociétés
d'État qui étaient rentables et je pense au dernier cas de la
semaine dernière, à Donohue, des sociétés
d'État qui, à mon avis, étaient importantes pour le
développement économique. De là ma préoccupation de
dire: Les gestes qu'on pose actuellement, par ce gouvernement, vont se
refléter, probablement, dans un an d'ici, dans deux ans d'ici, sur les
états financiers. Je vous dis que cela me préoccupe beaucoup plus
que l'alignement des colonnes qui semble se faire après l'étude
de ce document du 30 septembre, mais qui risque de glisser de façon
importante au cours des prochains trimestres et de la prochaine
année.
Voilà, M. le Président, ce que j'avais à mentionner
comme commentaire général.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Bertrand. M. le ministre des Finances, votre droit de
réplique de dix minutes.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, je suis d'accord
jusqu'à un certain point avec le député de Bertrand
lorsqu'il semble appréhender certains jours un peu moins
prospères. C'est entendu que depuis les pharaons, on entend parler des
sept vaches maigres, des sept vaches grasses. Cela peut quelquefois durer plus
longtemps ou moins longtemps, mais finalement il y a des cycles qui reviennent.
C'est entendu que je n'aimerais pas voir une récession nous arriver
comme celle que nos prédécesseurs ont connue. Je dois dire que
cela doit être assez inconfortable pour plusieurs,
particulièrement pour le ministre des Finances. Je n'ai pas de raison,
cependant, au moment où je vous parle, de croire que ces choses
arriveraient soit dans l'exercice financier présent ou dans le prochain
exercice financier.
Je comprends le député qui se préoccupe de cela et
donne des exemples lorsqu'il dit que la privatisation peut donner des
résultats aujourd'hui. Il n'a pas employé le mot, mais j'imagine
qu'il voulait dire que c'étaient des "one-shots" et que ce n'est pas
entré dans la structure fiscale d'une façon permanente. Je suis
bien d'accord aussi avec lui. (16 h 15)
M. Garon: Des "one-shots", c'est quand le tireur sait tirer.
M. Levesque: Oui. Je pense que je vous répondrai à
un autre moment. Lorsque le député de Bertrand parle de la
situation à Hydro-Québec, qu'il y a eu des profits prévus
de l'ordre de 133 000 000 $ et qu'il y a eu un autre montant de 27 000 000 $
qui apparaît dans le document actuel et qui s'ajoute... Depuis ce temps,
il s'en est même ajouté d'autres.
Cela ne permet pas cependant à HydroQuébec de verser des
dividendes. Cependant, avec les conventions comptables récentes que nous
avons adoptées, le député sait que l'ensemble des
activités des sociétés d'État font en même
temps partie de notre portrait financier. Ce n'est pas mauvais. D'ailleurs,
c'est à la suite de la recommandation du Vérificateur
général.
Il y a des situations qui étaient un peu moins brillantes que
celle d'Hydro-Québec. Pensons, par exemple, à la
Société nationale de l'amiante. Évidemment, le
Vérificateur général dit: Écoutez, si vous avez des
pertes d'accumulées, si vous avez de mauvaises passes quelque part, tout
cela devrait paraître parce que, finalement, c'est le gouvernement qui
sera responsable de ces sociétés d'État et qui va
être appelé, comme pour la raffinerie de sucre, comme pour la
Société de l'amiante et comme pour Madelipêche, etc.,
à verser des sommes, ces expériences coûtent de l'argent.
Or, M. le Président, il faut bien comprendre que le Vérificateur
général était...
M. Garon:... cher. On n'a pas eu de misère.
M. Levesque:... bien justifié de nous dire: Montrez-nous
tout le portrait. Nous l'avons fait, mais nous avons dit aussi que, lorsque
cela va être positif, on va le montrer aussi. C'est ce que nous avons
à ce moment-ci. Hydro-Québec a des profits plus importants que
prévus, mais il y a une raison à cela. Lorsque le
député de Bertrand disait:
Bien, écoutez! Pensez-vous avoir besoin d'augmentation à
Hydro? Il faut regarder la raison derrière l'augmentation plus forte que
celle que vous avez mentionnée, de 133 000 000 $ plus 27 000 000 $. II y
a eu, à cause de raisons métérologiques, une demande plus
forte d'électricité, premièrement. Deuxièmement, il
y a eu amélioration du taux de change du dollar canadien. Il y a
également eu une amélioration du prix du pétrole qui
affecte, évidemment, les prix de vente de
l'électricité.
M. Garon: Quand vous dites "amélioration du coût du
pétrole", cela veut dire quoi? Il est plus bas ou plus haut?
M. Levesque: II est devenu plus bas, mais il est remonté
après.
M. Garon: Quand vous dites "amélioration du prix du
pétrole", c'est quoi un prix amélioré?
M. Levesque: Bien, une augmentation.
M. Garon: Vous trouvez que c'est un prix amélioré
quand il augmente.
M. Levesque: C'est vous qui le dites.
M. Garon: Mais non! Vous avez parlé de
"l'amélioration du prix du pétrole. " Je ne sais pas ce que cela
veut dire.
M. Levesque: Amélioration pour ceux qui le vendent. Si je
me place au point de vue d'Hydro-Québec, c'est évident, que c'est
une amélioration pour eux parce que les prix de vente
d'électricité, dans les contrats, sont reliés au prix du
pétrole, du moins dans les anciens contrats. Dans les plus
récents contrats, il semble y avoir une autre façon pour
protéger le prix, pour l'avenir. Mais on n'entrera pas là-dedans
aujourd'hui.
M. Garon:... américain.
M. Levesque: Mais il y a des facteurs qui ne se reproduiront pas
nécessairement chaque année. Cela répond, je
l'espère, à une partie de votre question. Est-ce qu'il y a autre
chose que j'ai oublié et que le député pourrait me
rappeler?
Questions des membres de la commission Revenus
provenant des sociétés d'État
M. Garon: Si Hydro payait des dividendes au gouvernement...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Levesque: M. le député de
Bertrand...
M. Garon: C'est ce qu'il a demandé. Est-ce que pour
Hydro-Québec, c'étaient des profits comptables ou si
c'était de l'argent versé au gouvernement?
M. Levesque: Je l'ai mentionné, j'ai répondu
à cela.
M. Garon: Vous avez dit qu'elle n'en versait pas.
M. Levesque: J'ai dit: Je peux donner la raison technique. J'ai
dit que tant, et aussi longtemps que le taux de capitalisation ne
dépassera pas 25 %, on ne peut pas avoir ce dividende prévu par
l'un de mes prédécesseurs, qui avait
légiféré avec nous tous pour qu'il y ait un versement de
dividendes d'Hydro-Québec au gouvernement du Québec. Mais cette
condition demeure parce qu'autrement le gouvernement pourrait être un peu
trop...
Le Président (M. Lemieux): Vorace.
M. Levesque: C'est un gros mot, M. le Président. Pas
exigeant, mais, enfin, qu'il ait un appétit, comme vous venez de le
mentionner.
Le Président (M. Lemieux): Cela m'a échappé,
M. le ministre des Finances.
M. Levesque: De sorte qu'en maintenant ce ratio...
M. Garon: Un genre de requin de la finance.
M. Levesque:... il y ait une protection pour la
société d'État qui n'a pas à verser de dividendes
tant et aussi longtemps que son taux de capitalisation ne dépasse pas 25
%. Il est autour de 24 % présentement.
M. Garon: Si on résume ce que vous avez dit, si le taux ne
dépasse pas 25 %, plus on bâtit de barrages pour les
Américains, moins il y a de profits de payés au gouvernement et
moins les consommateurs sont avantagés. C'est ce que cela veut dire au
fond. Tant que les 25 % ne sont pas atteints... Les 25 % ne sont pas atteints.
Quand c'est en bas de 25 %... Alors, plus on bâtit pour vendre aux
États-Unis...
M. Levesque: Mais je dois vous dire qu'il est à la veille
d'être atteint. Je crois que...
M. Garon: II sera atteint s'il n'y a pas de construction
additionnelle. Mais s'il y a des constructions additionnelles pour faire de
l'électricité pour les Américains...
M. Levesque: On verra. N'oubliez pas
que, dans peu de temps, les revenus vont aussi commencer à
entrer.
M. Garon: À la condition que vous ne rebâtissiez pas
de barrages additionnels pour les Américains, parce que, à ce
moment-là, l'immobilisation va être plus élevée et
la capitalisation sera plus faible.
M. Levesque: Oui, mais, présentement, les revenus vont
commencer à entrer davantage dans les prochaines années. Nous
commençons à voir la récolte. Maintenant, c'est une autre
phase dont parle le député.
M. Garon: C'est très intéressant, ce que vous venez
de dire.
M. Levesque: On la verrait.
M. Garon: Alors, tant que l'on n'atteint pas un taux de
capitalisation de 25 %, tant que le financement payé par rapport aux
immobilisations n'a pas atteint 25 %, Hydro-Québec ne paie pas de
dividendes au gouvernement. Cela veut dire que, plus les immobilisations sont
fortes... Par exemple, si on bâtit un barrage pour vendre de
l'électricité aux Américains ou une ligne pour vendre de
l'électricité aux Américains, l'immobilisation
s'accroît et, donc, c'est plus difficile d'atteindre les 25 %. Alors, on
retarde les paiements d'Hydro-Québec au gouvernement.
Donc, les contribuables québécois ne profitent pas des
rentrées d'argent d'Hydro-Québec sous forme de dividendes.
M. Levesque: C'est comme n'importe quelle entreprise, voyons
donc! Il y a des moments où vous faites des dépenses capitales
importantes, mais en vue d'augmenter vos ventes et vos revenus.
M. Garon: À la condition que, à un moment
donné, vous ayez de l'argent dans vos poches. C'est beau si vous avez
des profits sur papier, mais vous n'en avez jamais dans vos poches.
M. Levesque: Je ne dis pas qu'Hydro-Québec n'en a pas dans
ses poches, je parle du gouvernement. Ne nous mêlons pas.
Hydro-Québec a l'argent.
M. Garon: Oui.
M. Levesque: D'ailleurs, c'est une des raisons qui a amené
le Vérificateur général à demander cette
intégration et cette consolidation.
M. Garon: Sauf que les paiements tant par les Américains
que par les Québécois servent aux infrastructures
nécessaires pour la vente aux Américains.
M. Levesque: Pardon!
M. Garon: Sauf que les montants payés ne sont pas
distingués. Les montants payés par les acheteurs
américains et les montants payés par les consommateurs
québécois ne servent pas à payer des revenus au
gouvernement parce qu'ils servent à financer des équipements
additionnels qui servent aux Américains.
M. Levesque: Lorsque les consommateurs québécois et
étrangers paient dans les revenus, c'est entendu que ces sommes restent
à Hydro-Québec, et entièrement. Tant et aussi longtemps
que le taux de capitalisation sera inférieur à 25 %,
Hydro-Québec pourra conserver ces sommes, mais elles sont quand
même comptabilisées.
M. Garon: Quand les ventes aux Américains rapportent moins
à cause du taux de change et de tous les problèmes qu'il peut y
avoir au point de vue des rentrées de fonds des exportations, vous
compensez en augmentant les tarifs pour les Québécois.
M. Levesque: Vous n'avez qu'à regarder vos propres
augmentations pendant que vous étiez là; si vous les regardez
comme il faut, vous ne nous poserez pas de question.
M. Garon: Oui, mais c'est à cause de l'engagement qui
avait été pris. On a vu des augmentations de tarifs pour payer
les barrages de la Baie James qui ne rapportaient pas de revenus, mais les
dépenses se faisaient. Quand vous construisez des barrages, ils ne
rapportent rien, mais il faut faire des paiements, pendant leur
construction.
M. Levesque: Regardez te taux d'électricité
payé au Québec et regardez le taux d'électricité
payé ailleurs, et vous arriverez à des conclusions. S'il y avait
des augmentations qui ne nous rendaient pas concurrentiels, je pourrais essayer
de suivre votre raisonnement. Présentement, le taux
d'électricité payé par nos concitoyens peut se comparer
assez bien aux autres taux. Il est plus bas que la plupart de nos
concurrents.
M. Garon: Est-ce que le taux auquel vous vendez aux
Américains est le même que celui auquel vous vendez aux
Québécois?
M. Levesque: Je n'ai pas ici les contrats. On me dit que le taux
est beaucoup plus élevé que celui fixé à nos
propres utilisateurs.
M. Garon: Êtes-vous au courant qu'aux États-Unis,
actuellement, les lobbies
importants commencent à demander d'imposer des droits
compensateurs sur l'électricité produite au Québec et
vendue aux États-Unis à cause d'une concurrence déloyable
parce qu'ils ne bénéficient pas du même taux que celui
fixé au Québec?
M. Levesque: De toute façon, je ne pense pas que ce soit
dans l'intérêt du
Québec de poursuivre ce genre de conversation à ce
moment-ci.
M. Garon: Mais non, j'ai déjà posé la
question. Je sais qu'il y a un groupe de gens qui demandent d'imposer des
droits compensateurs au Québec parce que les concurrents de
l'électricité du Québec, c'est-à-dire les
compagnies d'électricité des États-Unis, les vendeurs de
gaz, les vendeurs de charbon, les vendeurs de pétrole estiment qu'il y a
une concurrence déloyale. Un lobby a réussi à faire
imposer une douane de 15 % sur le bois d'oeuvre et, actuellement, il y aurait
un lobby, dans le domaine de l'électricité, qui estime que les
États-Unis devraient imposer des droits compensateurs sur la vente
d'électricité du Canada, en particulier du Québec, vers
les États-Unis.
M. Levesque: Je pense qu'il faudra attendre, on n'a aucun
intérêt à soulever cela.
M. Garon: Je ne vous demande pas s'il y a un
intérêt, je vous demande si le ministre des Finances est conscient
de cela. Face à cela, que dit-il? Est-ce qu'il est assis et qu'il
attend? Que dit-il par rapport au danger que représente le fait qu'il y
ait éventuellement des droits compensateurs pour
l'électricité vendue par le Québec aux
États-Unis?
M. Levesque: Je ne crois pas, je n'ai pas de raison de le croire.
Je pense que toute cette discussion pourrait se faire avec le ministre
responsable d'Hydro-Québec, le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Garon: J'aurais une question à poser au ministre des
Finances. Est-ce qu'il a reçu un avis du ministre du Revenu, à
savoir qu'il aurait à rembourser 29 000 000 $ à la suite d'un
avis juridique que le ministre du Revenu aurait reçu selon lequel la
taxe sur le tabac imposée par son arrêté ministériel
du 4 ou du 5 février 1986 pourrait être réclamée par
les consommateurs et devrait être remboursée par le gouvernement?
La somme en question serait de 29 000 000 $.
M. Levesque: Non. D'ailleurs, je ne crois pas du tout à
votre affaire. C'est votre bébé...
M. Garon: Non, ce n'est pas que j'y crois, c'est ce que le
ministère du Revenu a plaidé devant la Commission d'accès
à l'information.
M. Levesque: Je vous dis que je n'ai aucunement connaissance de
quoi que ce soit de cette nature. Si vous voulez reprendre te débat
où on l'avait laissé, à savoir que c'était
vous-même qui aviez prévu, dans vos équilibres financiers,
cette enquête et à laquelle on n'a eu qu'à donner suite,
libre à vous de le refaire.
M. Garon: Le ministre n'a pas compris ma question.
M. Levesque: J'ai très bien compris.
M. Garon: Le ministre du Revenu a imposé une taxe par
arrêté ministériel, c'est-à-dire sur son unique
signature, le 4 février 1986, en s'autorisant d'une nouvelle formule de
calcul qui n'était pas encore votée, alors que la loi sous
l'ancienne formule de calcul était toujours en vigueur. Nous avions dit,
dans le temps - je l'avais prétendu, personnellement - que cette
façon de procéder n'était pas régulière ni
légale. (16 h 30)
M. Levesque: Lorsque le discours sur le budget est
prononcé, vous ne croyez pas que cela devient loi?
M. Garon: Non, non. Le discours sur le budget annonçait un
niveau de taxe en avril 1985, d'accord, mais le nouveau niveau de taxe
annoncé par le ministre du Revenu dans son arrêté
ministériel n'était pas originaire du discours sur le budget. Le
discours sur le budget parlait d'un tel taux de taxe, mais le 4 février
1986, le ministre du Revenu, à la Gazette officielle, l'augmente
à un niveau plus élevé que celui prévu dans le
discours sur le budget du 23 avril 1985 et, pour ce faire, applique une formule
qui n'est pas encore votée.
M. Levesque: II ne l'a fait qu'en donnant suite au budget et
à la loi.
M. Garon: Non, non, attendez un peu!
M. Levesque: La loi avait prévu... C'est une taxe
ascenseur, à ce moment-là.
M. Garon: Je ne fais pas de raisonnement, je ne fais que
déclarer des faits. Lorsque nous sommes allés devant la
Commission d'accès à l'information, le ministre du Revenu a dit:
II faudrait être conscient que, selon l'avis juridique qui ne devrait pas
être rendu public, il pourrait y avoir des remboursements
nécessaires, qui pourraient s'élever à 29 000 000 $. Il a
même pris la peine de faire témoigner des experts pour dire que,
durant cette période,
il pourrait y avoir des réclamations par suite d'action
collective.
Puisque, si le ministère du Revenu plaide cela devant un
tribunal, il y a un danger de devoir rembourser 29 000 000 $, j'imagine que le
ministre des Finances, qui est celui qui va payer ou qui aura à tenir
compte de ces données dans sa comptabilité, a été
avisé par le ministre du Revenu de la possibilité que le
ministère du Revenu doive rembourser 29 000 000 $ s'il y a des actions
devant les tribunaux. C'est une possibilité. De la même
façon qu'on inscrit des créances douteuses, on peut inscrire
aussi qu'il y a un doute qu'on puisse payer cela. Dans la synthèse des
opérations financières, je me suis aperçu que cela
n'apparaissait pas. Cela va peut-être paraître dans la
synthèse du mois de décembre. Il est possible que le gouvernement
ait à rembourser 29 000 000 $ si les contribuables réclament
cette taxe imposée entre le 4 février 1986 et le moment où
la formule en question a été adoptée par cette nouvelle
loi.
M. Levesque: Je dois dire au député de Lévis
que je n'ai jamais entendu parler de cela et les fonctionnaires que j'ai pu
consulter non plus. Deuxièmement, personnellement, je ne crois pas du
tout à cet exercice et à sa valeur, sauf que, sur le plan de la
théorie, on peut s'amuser avec certains concepts, je n'y crois pas du
tout. Troisièmement, pour plus d'information, je vous suggère de
vous adresser au ministre du Revenu, si vous le jugez à propos.
M. Garon: Tout simplement, ce que je voulais savoir, c'est si,
dans vos équilibres financiers, pour que vos colonnes de chiffres
s'équilibrent...
M. Levesque: Même si c'était le cas, on n'entre pas
les éventualités dans les colonnes.
Une voix: C'est purement hypothétique.
M. Levesque: Autrement dit, ce qui est hypothétique
n'entre pas dans nos colonnes de chiffres.
M. Garon: Oui, comme une créance douteuse; c'est
hypothétique, cela aussi.
M. Levesque: II n'y a rien d'hypothétique dans une
créance. C'est la question: Est-ce qu'on va pouvoir la percevoir qui est
hypothétique.
M. Garon: C'est cela. C'est hypothétique.
M. Levesque: Mais tant que...
M. Garon: Si elle est douteuse, c'est hypothétique.
M. Levesque: C'est cela, mais ce n'est pas dans le même
sens. C'est un droit qui est déjà acquis.
M, Garon: Je voulais simplement savoir si le ministre a
été mis au courant par le ministre du Revenu ou le sous-ministre
des Finances.
M. Levesque: Une créance douteuse, vous savez que c'est un
droit acquis, un droit reconnu.
M. Garon: Le sous-ministre des Finances, lui non plus, n'aurait
pas été avisé par le sous-ministre du Revenu?
M. Levesque: C'est liquidé. Pardon?
M. Garon: Le sous-ministre des Finances n'aurait pas
été avisé, lui non plus, par le sous-ministre du Revenu?
Je vois que le sous-ministre des Finances est ici. Le sous-ministre des
Finances, lui non plus, n'aurait pas été avisé par le
sous-ministre du Revenu de cette possibilité de remboursement...
M. Levesque: Le sous-ministre arrive, justement. Il pourra
répondre.
M. Garon:... d'une somme qui pourrait aller jusqu'à 29 000
000 $...
Le Président (M. Lemieux): M. le sous-ministre des
Finances.
M. Levesque: Le sous-ministre arrive à l'instant. On va le
lui demander.
M. Garon:... parce que la taxe levée par le ministre du
Revenu le 4 février 1986 pourrait être illégale.
M. Levesque: La réponse du sous-ministre est bien claire.
Comme d'habitude, il répond d'une façon claire, non
équivoque et c'est bien dans son genre. Il dit: Si le sous-ministre
avait été informé de telles choses, il en aurait
immédiatement informé son ministre.
Des voix: Ha! Ha!
M. Garon: Alors, le ministre ne se rappelle pas avoir
été informé.
M. Levesque: C'est exact.
M. Garon: Et le sous-ministre ne se rappelle pas l'avoir
informé.
M. Levesque: C'est cela.
M. Garon: Très bien. Je ne vous en demande pas plus.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, s'il vous plaît!
Privatisations
M. Parent (Bertrand); Cet aparté étant fait, une
question était restée en suspens par rapport à
l'exposé que j'avais fait, si M. le ministre des Finances me le permet.
C'était essentiellement concernant les privatisations. J'avais
mentionné qu'avec les nouvelles conventions comptables on
reconnaît que, si une entreprise ou une société
d'État fait des bénéfices - on parlait, tantôt,
d'Hydro-Québec - même s'il n'y a pas de versement de dividendes,
la plus-value se retrouve à l'intérieur des revenus, si on veut,
et des équilibres financiers. Dans le cas des privatisations, vous avez
prévu un montant révisé à la hausse de 165 000 000
$ d'entrée de fonds. Est-ce que ces chiffres vont être
dépassés et, à la lumière de ce que vous
avez...
M. Levesque: 165 000 000 $, vous dites, dans quoi?
M. Parent (Bertrand): Dans autres sociétés
d'État. Donc, ce sont les montants dont il avait été
convenu pour les entrées concernant les privatisations.
M. Levesque: Nous avions prévu, au titre des
privatisations, 175 000 000 $, si ma mémoire est fidèle.
Une voix: Dans le budget.
M. Levesque: Dans le budget, oui. Au moment de la
synthèse, c'était maintenu, au 30 septembre, mais, depuis, c'est
vrai qu'il y a eu évolution là-dedans. Encore là, si ma
mémoire est fidèle, ce sera beaucoup plus, près de 29 000
000 $ au titre de la privatisation que l'on retrouvera dans les
équilibres. La raison, c'est, justement, parce que nous avons d'autres
revenus au point de vue des équilibres, pas au point de vue comptant, si
vous voulez. Cela ne touche pas les besoins financiers du gouvernement. Mais au
point de vue du déficit, ce sont des revenus qui proviennent du fait que
nous ayons, en consolidant les revenus des sociétés
d'État, d'Hydro-Québec, une augmentation de ce qui avait
été prévu correspondant, grosso modo, à la
différence.
M. Parent (Bertrand): Au lieu des 175 000 000 $, êtes-vous
en train de me dire que vous allez inscrire 29 000 000 $?
M. Levesque: Pardon?
M. Parent (Bertrand): Au lieu des 175 000 000 $ qui
étaient prévus comme entrées de fonds pour les
privatisations, est-ce que vous me confirmez... Est-ce que j'ai bien compris
que ce ne sera que 29 000 000 $...
M. Levesque: C'est cela.
M. Parent (Bertrand):... pour la fin de l'exercice financier?
M. Levesque: Si vous référez, par exemple, à
la raffinerie de sucre, si vous référez à Quebecair, il
n'y a pas de revenus pour nous là-dedans.
M. Parent (Bertrand): Et la transaction...
M. Levesque: Et Cambior.
M. Parent (Bertrand):... de Donohue, par exemple, sera
effectuée l'année prochaine?
M. Levesque: Cambior, c'est la seule qui va nous donner
des...
M. Parent (Bertrand): Les 37 500 000 $ de Provigo étaient
passés, l'année passée, avant la fin de mars.
M. Levesque: En 1985-1986, au mois de mars.
M. Parent (Bertrand): Donc, c'est seulement les sommes provenant
de SOQUEM-Cambior qui vont être comptabilisées cette
année.
M. Levesque: C'est cela.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Cela répond à ma
question.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant la politique budgétaire du gouvernement et
l'évolution des finances publiques?
M. le député de Lévis, est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant la politique budgétaire du gouvernement?
La Raffinerie de sucre du Québec
M. Garon: J'aurais des questions concernant la raffinerie de
sucre. Où se reflétaient les montants?
M. Levesque: Je vais demander à M. Rhéaume de
répondre.
M. Rhéaume (Alain): Je vous amène à la page
18. Pour permettre à la raffinerie de rembourser ses emprunts, le
gouvernement a souscrit 53 000 000 $ à son capital-actions.
Une voix: Pardon?
M. Rhéaume: Le gouvernement a souscrit 53 000 000 $
à son capital-actions. Il a versé à la raffinerie 53 000
000 $ en capital-actions.
M. Garon: Cela apparaît où?
M. Rhéaume: Cela apparaît au tableau 4, page 18, si
on prend la colonne des Prévisions révisées. D'accord?
M. Garon: Tableau 4, page 18?
M. Rhéaume: Oui. Dans l'élément Placements,
prêts et avances sous Capital-actions et mise de fonds. Le dernier
élément ' de cette section est Autres qui a 57 100 000 $ comme
prévisions révisées. Alors, cette mise de fonds en
capital-actions est incluse dans les 57 000 000 $ en question.
M. Garon: Ce sont 57 000 000 $ qui ont été
versés à la raffinerie.
M. Rhéaume: II y a 53 000 000 $ qui ont été
versés à la raffinerie et il y a d'autres choses
là-dedans.
M. Garon: 53 000 000 $?
M. Rhéaume: Oui, 52 600 000 $...
M. Garon: 52 600 000 $ versés...
M. Rhéaume:... à la raffinerie pour lui permettre
de rembourser ses emprunts.
Si je vous amène trois lignes plus bas à
l'intérieur de Prêts et avances, Autres...
M. Garon: Attendez un peu. M. Rhéaume: Oui.
M. Garon: Pour rembourser ses emprunts.
M. Rhéaume: C'est cela.
M. Garon: Cela veut dire qu'à ce moment la raffinerie
était dans la situation de n'avoir aucune dette.
M. Rhéaume: Elle n'en avait plus.
M. Garon: Pardon?
M. Rhéaume: C'est cela.
M. Garon: Cela a été fait à quelle date?
Une voix: Au début de septembre, juste avant la
transaction.
Le Président (M. Lemieux): Pourriez-vous vous identifier
pour les fins du Journal des débats?
M. Biron (Lucien): Je suis Lucien Biron, de la Direction des
sociétés d'État, Cela a été fait en deux
versements. Il y a eu un premier versement qui a été fait au
début de septembre pour payer toutes les dettes ordinaires à la
Banque Nationale pour 47 000 000 $. Puis, il y a eu un deuxième
versement, 5 600 000 $ pour le crédit-bail. La raffinerie avait vendu
ses équipements à la Banque Nationale et les avait reloués
en 1982 et cette dette a été éliminée la veille de
la transaction. Il y a eu un deuxième versement de 5 600 000 $, le 17
septembre.
M. Garon: Le 17 septembre.
M. Biron: II n'y avait plus de dettes sauf les comptes à
payer.
Une voix: Les comptes à payer ordinaires.
M. Biron: Les petits comptes à payer ordinaires. C'est
cela.
M. Garon: Ce ne sont pas des gros montants.
M. Rhéaume: Au moment de la transaction, il y a eu 43 000
000 $ versés dont 3 000 000 $ comptant.
M. Garon: Pardon?
M. Rhéaume: II y a eu 43 000 000 $ versés au moment
de la transaction, soit 3 000 000 $ comptant et une débenture de 40 000
000 $ de Lanctic. Cette débenture était inscrite, toujours dans
la même colonne, trois lignes plus bas. À l'intérieur de
Prêts et avances, Autres, il y a un plus 15 400 000 $.
M. Garon: 15 400 000 $, oui.
M. Rhéaume: Cela comprend plus 40 000 000 $ reçus
par l'entremise de la débenture de Lanctic.
M. Garon: Plus 40 000 000 $. Mais il n'y a pas 40 000 000 $
là, il y a 15 400 000 $.
M. Rhéaume: Oui, oui. Mais il y a toutes sortes de choses.
Cela s'appelle Autres. Alors, c'est le reste des transactions qui ne sont pas
identifiées.
M. Garon: C'est 40 000 000 $ et vous dites que Lanctic a
payé environ 43 000 000 $.
M. Rhéaume: Ils ont donné 42 600 000 $ dont 2 600
000 $ comptant et 40 000 000 $ sous forme de débenture.
M. Garon: 2 600 000 $ comptant. M. Rhéaume: C'est
cela.
M. Garon: Puis 40 000 000 $ sous forme de débenture. Cela
veut dire que c'est du papier.
M. Rhéaume: C'est cela. M. Garon: Bon.
M. Rhéaume: Vous aviez demandé quel taux
d'intérêt cela porte.
M. Garon: Oui. Et quelles sont les conditions des debentures?
M. Rhéaume: Elles sont à 8, 5 %. M. Garon:
À partir de quel moment?
M. Biron: Il y a déjà eu un versement
effectué au mois de décembre et il va y en avoir un autre au mois
de mars et c'est à tous les trois mois depuis la transaction. C'est un
versement à 8, 5 % trimestriel; donc, 8, 5 % de 40 000 000 $, cela fait
des versements de l'ordre de...
M. Garon: 8, 5 %.
Une voix: C'est 8, 5 % annuels et non trimestriels.
M. Rhéaume: Bien, trimestriels. C'est parce que c'est
versé trimestriellement. C'est cela.
M. Garon: À 8, 5 % annuellement.
Une voix: C'est cela.
M. Levesque: Payés trimestriellement.
M. Garon: Versés et payés trimestriellement,
n'est-ce pas?
M. Rhéaume: Oui. Si vous prenez la différence entre
les 53 000 000 $ qui ont été émis et les 43 000 000 $ qui
ont été reçus, cela reste 10 000 000 $ de pertes en
quelque sorte qui ont été inscrites dans les dépenses. Je
vous ramène au tableau précédent, le tableau 3 dans les
dépenses du ministère de I'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
M. Garon: Le tableau 3.
M. Rhéaume: C'est cela. Â l'intérieur du
chiffre de 518 200 000 $ de la prévision révisée des
dépenses du ministère de l'Aqrî-culture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, il y avait 10 000 000 $ pour inscrire la
perte qui était la différence entre les 53 000 000 $
versés et les 43 000 000 $ reçus. (16 h 45)
M. Garon: Là, attendez un peu. Vous autres, vous avez
versé de l'argent...
M. Rhéaume: Nous autres, on a versé de
l'argent.
M. Garon: Vous avez reçu du papier.
M. Rhéaume: Oui, mais le papier, c'est remboursable.
M. Garon: Oui, oui. Vous autres, vous avez versé 53 000
000 $.
M. Rhéaume: 53 000 000 $.
M. Garon: Oui.
M. Rhéaume: En capital-actions. On a reçu 43 000
000 $, soit 3 000 000 $ comptant et 40 000 000 $ en debentures. Cela laisse une
perte, au niveau de l'opération, de 10 000 000 $ qui ont
été passés dans les dépenses, c'est ça, pour
le ministère de l'Agriculture.
M. Garon: On a vu, à un moment donné, qu'un montant
était versé chaque mois à la compagnie pour l'entretien
des bâtiments. Vous n'êtes pas partie à cela, vous aux
Finances. On a dit que le ministère de l'Agriculture versait 100 000 $
par mois pour l'entretien des bâtiments.
M. Biron: Dans l'esprit du contrat, le gouvernement a une option
d'achat pour les terrains et bâtiments pour 3 $. Donc, dans l'esprit de
la transaction, le gouvernement sera propriétaire,
éventuellement, des terrains et bâtiments. II a jusqu'au 17
septembre 1987 pour exercer son option de racheter les terrains et les
bâtiments pour 1 $. Donc, vu qu'on va être éventuellement
propriétaire, on assume les frais d'entretien normaux,
c'est-à-dire le chauffage, un minimum d'assurances.
M. Garon: Cela veut dire que toute la machinerie qui est
là-dedans peut être dilapidée.
M- Biron: Pas la machinerie. On a encore un droit de regard sur la
machinerie.
M. Garon: L'équipement.
M. Biron: L'équipement. La machinerie et
l'équipement.
M. Garon: Cela veut dire que la raffinerie, au fond, peut
être en état de devenir inopérante d'ici à ce qu'on
vous la revende. À quel prix? Pour 1 $.
M. Biron: L'option d'achat porte sur les terrains et les
bâtiments. Les machineries et les équipements font l'objet d'un
contrat spécial. Ils sont propriétés de Lantic
actuellement. Ils sont en train de les vendre. Le gouvernement va avoir 80 % de
l'excédent de 3 000 000 $ de la vente des équipements: cela
viendra réduire la perte prévue de 10 000 000 $ inscrite au
ministère de l'Agriculture. Si cela excède 10 000 000 $, ce sera
un gain.
M. Garon: Tous les équipements qu'il y a dans la
bâtisse?
M. Biron: C'est ça. Donc, si on vend cela 15 000 000 $ -
15 000 000 $ moins 3 000 000 $ donnent 12 000 000 $ - 80 % de 12 000 000 $
reviennent alors au gouvernement.
M. Garon: Cela veut dire que Lantic se trouve à avoir
acheté le droit d'éliminer un concurrent du gouvernement. C'est
pas cher!
M. Levesque: Vous pourrez en parler avec votre vis-à-vis
dans ce domaine, à un moment donné. Je sais que ce dossier vous
est cher.
M. Garon: Quel râle a joué le ministère des
Finances là-dedans? N'est-ce pas lui qui, comme on le dit en langage
populaire, "câlait les shots"?
M. Levesque: Le ministère des Finances a un rôle au
niveau de la privatisation. À ce moment, vous pouvez interroger mon
collègue, le ministre délégué à la
Privatisation. Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, votre successeur, est aussi responsable de ces politiques.
M. Garon: Les 40 000 000 $ sont remboursables sur combien
d'années? Les 8, 5 % restent à ce taux pendant combien
d'années?
M. Biron: Jusqu'à l'échéance de la
débenture. Ils sont remboursables à partir 1992 par des
versements trimestriels. À moins que le gouvernement ne décide de
vendre cette débenture pour 40 000 000 $ à quelqu'un qui serait
intéressé à l'acheter et là on encaisserait les 40
000 000 $ demain matin.
M. Garon: II n'y a pas de remboursement sur le capital avant
1992.
M. Biron: C'est ça.
M. Garon: Le taux d'intérêt est fixe.
M. Biron: Oui, 8, 5 %.
M. Garon: Jusque...
M. Biron: À la fin, le solde du capital.
M. Garon: La fin, c'est quand? Quand est prévu le
remboursement?
M. Biron: 1997, je crois.
M. Garon: 1997. Donc, entre 1992 et 1997, cela veut dire que
l'entreprise devrait rembourser - est-ce que c'est cela? -8 000 000 $ par
année plus les intérêts?
M. Biron: Environ 1 250 000 $ pour les premiers versements
trimestriels. La dernière année, ils remboursent des montants
supérieurs pour arriver à zéro. Donc, 5 000 000 $ par
année, pendant à peu près quatre ans, et un montant,
disons, "ballon" vers la fin de la dernière année.
M. Garon: II y aura un ballon à la fin en 1997.
M. Biron: Dans la dernière année, les versements
trimestriels seront plus élevés.
M. Garon: La forme de la debenture touche un peu personnellement
le ministre des Finances, du moins plus que le ministre de l'Agriculture parce
que c'est lui qui est payé. Le ministre des Finances est l'actionnaire.
À ce moment-là, ce sont des actions qui ont été
achetées 2 600 000 $ comptant et 40 000 000 $ sous forme de
debentures.
M. Levesque: C'est fait cela, c'est signé, c'est
réglé.
M. Garon: Oui. Est-ce que le ministre des Finances est prêt
à nous fournir les papiers qui concernent cette partie de la
transaction?
M. Levesque: Si vous avez des questions à poser
là-dessus, consultez les deux collègues que je vous ai
mentionnés.
M. Garon: C'est vous qui êtes l'actionnaire, pas eux.
M. Levesque: Je ne suis pas actionnaire de quoi que ce soit
à ce moment-ci. C'est vendu, cela.
M. Garon: Je comprends. Mais c'est vous qui étiez le
détenteur des actions de la raffinerie. Le ministre responsable de
l'administration, c'est le ministre de l'Agriculture, excepté
que, quand il s'agit des actions de la raffinerie, si on regarde la loi - je ne
parle pas de la loi de 1944, il n'y avait pas de capital-actions - qui a
été faite en 1981-1982 ou en 1980-1981, il me semble que
l'actionnaire, c'est le ministre des Finances. Habituellement, le ministre des
Finances détient les actions des sociétés
d'État.
M. Levesque: Pas toujours. Dans le cas, par exemple, de...
M. Garon: Le seul cas que je connaisse, c'est Madelipêche
où c'était le ministre de l'Agriculture.
M. Levesque: II y a d'autres cas aussi. Voici les détails.
Peut-être que... Il y a un cultivateur, me dit-on, qui a fait une demande
de renseignements à...
Une voix: À la Commission d'accès à
l'information.
M. Levesque:... la Commission d'accès à
l'information.
M. Garon: Lequel?
M. Biron: Jean-Claude Boucher.
M. Levesque: Vous le connaissez sans doute.
Une voix: Jean-Claude Boucher. M. Garon: Lequel? - Une
voix: II vient de Saint-Hyacinthe. Une voix: IIcultive la
betterave. M. Garon: Pardon?
Une voix: II cultive la betterave. C'est le seul qui en a
cultivé en 1980...
Le Président (M. Lemieux): Si vous me permettez, en tant
que président, on s'éloigne un peu des équilibres
financiers. Vous n'avez pas - vous en êtes bien conscient - M. le
ministre, à déposer de documents puisqu'il s'agit d'un cas
privé, d'une privatisation. M. le député de Lévis
pourrait adresser sa question à M. Fortier. Ce que je souligne, M. le
député de Lévis, c'est qu'au niveau...
M. Garon: Non, je ne m'adresse pas au ministre
délégué à la Privatisation. Ce n'est pas le
ministre délégué à la Privatisation, c'est le
ministre des Finances qui est le détenteur des actions des
sociétés d'État, au nom du gouvernement. Habituellement,
c'est la règle.
M. Levesque: Prenez, par exemple, la SGF, c'est le ministre de
l'Industrie et du Commerce.
M. Garon: Je sais, mais, dans le cas de la raffinerie, je pense
que c'était le ministre des Finances.
M. Levesque: De toute façon, qu'est-ce que vous voulez
savoir présentement? Quant à moi, c'est fait. Ces
choses-là sont réglées. Si vous avez à poser des
questions, vous l'avez fait d'ailleurs régulièrement...
M. Garon: C'est le ministre de l'Agriculture qui devrait
répondre.
M. Levesque: Oui ou le ministre délégué
à la Privatisation qui ont participé tous les deux à ce
contrat.
M. Garon: Alors, Ils ne nous renverront pas à vous?
M. Levesque: Non. M. Garon: D'accord.
M. Levesque: Bien, je ne l'imagine pas. Mais ce que je voulais
vous dire, c'est que, déjà, ce que vous demandez est public.
M, Garon: C'est-à-dire qu'il y a des parties qui le
sont.
M. Levesque: C'est déjà publie. On me dit
que...
M. Garon: Mais les documents n'indiquent pas, par exemple,
certaines choses...
M. Levesque: On dit que...
M. Garon:... certains contrats particuliers.
M. Levesque:... M. Boucher, votre ami, le cultivateur, a eu tout
cela. On lui a tout remis.
M. Garon: Bien, mon amil
M. Levesque: Bien, c'est cela que vous me demandiez tout à
l'heure, si c'était...
M. Garon: Je pense que vous parlez de M. Boucher qui était
anciennement à 5aint-Cyrille-de-Wendover, un gréviste de la faim
que votre parti voulait protéger. Apparemment, une fois que vous avez
pris le pouvoir, vous l'avez expulsé de sa ferme.
Le Président (M. Lemieux): On s'éloigne
du mandat de la commission qui concerne les équilibres
financiers.
M. Garon: C'est un drôle de comportement pour des amis.
Le Président (M. Lemieux): Je n'ai pas d'objection
à ce que M. le ministre des Finances et M. le député de
Lévis discutent de leurs amis, mais on s'éloigne des
équilibres financiers. Je me dois de vous rappeler, M. le
député de Lévis - je ne dirais pas au feu - à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Parent (Bertrand): M. le Président, afin de
rétablir l'équilibre...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Bertrand.
SOQUEM-Cambior
M. Parent (Bertrand):... je demanderais au ministre des Finances
de m'indiquer à quel endroit on retrouve les sommes
récupérées dans la vente de SOQUEM-Cambior. Les fameux 29
000 000 $ que vous mentionniez tantôt, est-ce qu'on les retrouve au
même titre? J'aimerais qu'on puisse me l'indiquer.
M. Levesque: À la page 16? M. Parent (Bertrand):
Oui.
M. Levesque: C'est dans la troisième colonne.
M. Parent (Bertrand): Oui.
M. Levesque: Au poste 5: Revenus provenant des
sociétés d'État.
M. Parent (Bertrand): Oui.
M. Levesque: Sous le titre Autres sociétés
d'Etat.
M. Parent (Bertrand): 146 000 000 $.
M. Levesque: 146 000 000 $. Cela fait partie de ce montant.
M. Parent (Bertrand): Donc, ma question est la suivante: Les 29
000 000 $ font partie des 146 000 000 $ et, comme vous avez
révisé 146 000 000 $ à la hausse à 165 000 000 $
dans les prévisions révisées, c'est donc dire qu'il y aura
Autres revenus? C'est que, tantôt, vous m'avez confirmé que le
total de l'argent qui entrera dans le domaine de la privatisation sera de 29
000 000 $ cette année. Là, j'ai des chiffres
révisés; les prévisions au budget étaient de 140
000 000 $ et on retrouve 146 000 000 $ révisés à 165 000
000 $.
C'est pour cela que je le souligne.
M. Levesque: Le chiffre 165, ce n'est pas des millions, c'est le
taux de croissance annuel.
M. Parent (Bertrand): D'accord, c'est 140 000 000 $ par rapport
à 146 000 000 $. C'est 146 000 000 $ révisés, je
m'excuse.
M. Levesque: C'est cela, mais il y aura peut-être d'autres
révisions d'ici à...
M. Parent (Bertrand): Entre 29 000 000 $ et 146 000 000 $, est-ce
qu'il y a moyen de savoir ce qu'il y a?
M. Levesque: C'est 146 000 000 $ plus 29 000 000 $ qui
égalent 175 000 000 $. Cela sera révisé à la
baisse, parce qu'on est seulement au 30 septembre. Mais, avant la fin de
l'année, on arrivera probablement à 29 000 000 $ à cet
endroit.
M. Parent (Bertrand): Donc, le chiffre final risque d'être
29 000 000 $? On s'entend là-dessus?
M. Levesque: Probablement. On n'est pas rendu là, mais
c'est ce qu'on prévoit.
M. Parent (Bertrand): À l'allure de ce que ça
donne.
M. Levesque: Oui, c'est cela.
M. Parent (Bertrand): D'accord. La privatisation de
SOQUEM-Cambior relevait du ministre délégué à la
Privatisation comme toutes les privatisations, mais c'était quand
même un dossier qui relevait du ministère des Finances.
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection, si vous voulez me poser des
questions.
M. Parent (Bertrand): Non, je veux seulement savoir si cela
relevait du ministère des "Finances.
M. Levesque: C'est-à-dire que tout ce qu'il y a du
côté de la privatisation, finalement, est à
l'intérieur du ministère des Finances. 11 y a un ministre
délégué à la Privatisation qui s'en occupe de
façon quotidienne. C'est vrai que le ministre des Finances chapeaute
toute cette opération, mais elle est faite directement et celui qui
répond devant la Chambre est le ministre délégué.
(17 heures)
M. Parent (Bertrand): Ma question est reliée à tout
cela, aux chiffres que vous me donnez. Est-ce que vous avez eu des avis
juridiques au ministère des Finances, à savoir qu'il fallait
procéder par un autre moyen que
par arrêté en conseil à la suite de cette
transaction? Est-ce que vous avez eu des avis juridiques à cet effet au
ministère des Finances?
M. Levesque: Là encore, le ministre qui répond
normalement à ces questions est le ministre délégué
à la Privatisation qui a eu la responsabilité quotidienne du
dossier. Si je vous répondais, je risquerais peut-être de me
fourvoyer. Je pense qu'il est bon que cette question soit posée au
ministre responsable.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand et M. le ministre des Finances, je vous laisse aller parce que vous
semblez bien vous entendre, mais cela a plus ou moins rapport au présent
mandat.
M. Parent (Bertrand): J'avais des questions sur un tout autre
sujet, et je sais que mon collègue en a aussi sur la
péréquation, j'imagine.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
Impact des actions accréditives sur le
développement minier
M. Garon: II y a une question que je voulais poser au ministre
des Finances à l'occasion de cette étude. On a vu qu'il y a eu
une déclaration ministérielle du ministre des Finances au mois de
décembre concernant les actions accréditives. Nous avons appris,
en faisant l'étude des engagements financiers, que le ministre...
M. Levesque: M. le Président, cela n'a pas de rapport avec
le dossier, mais je n'ai pas d'objection...
M. Garant: Non, mais je vais vous dire pourquoi et vous allez
comprendre. Quand j'aurai fini la question, vous comprendrez pourquoi.
Le Président (M. Lemieux): J'allais souligner: En
espérant que M. le député de Lévis puisse faire un
long détour pour en arriver au présent mandat. M. le
député de Lévis.
M. Garon: L'étude a été financée en
partie par une subvention, je pense, de 45 000 $ ou 48 000 $, si ma
mémoire est bonne, donnée par le ministère de
l'Énergie et des Ressources ou un autre ministère à
l'Association des prospecteurs du Québec pour regarder l'impact des
actions accréditives sur le développement minier au
Québec. Le résultat de l'étude qui vient de sortir... Je
suis surpris que le ministre des Finances fasse une telle déclaration
ministérielle - alors que je ne savais qu'il y avait eu une étude
à ce moment-là - sans attendre le résultat de
l'étude qui est parue au cours du mois de janvier et qui démontre
que les actions accréditives rapportaient plus au gouvernement dans les
coffres de l'État que ce qu'elles coûtaient.
Le ministre des Finances sait que les actions accréditives
coûtaient moins cher qu'elles ne rapportaient en revenus pour le
gouvernement, c'est-à-dire qu'elles coûtaient tant en termes de
déductions fiscales pour ceux qui en achetaient et que, par ailleurs, le
développement minier était accéléré
grâce aux actions accréditives. Maintenant que le ministre le
sait, est-ce qu'il va réviser ses prévisions budgétaires
pour tenir compte de données qui lui indiquent qu'il gagne tant d'argent
d'un côté, mais que, par ailleurs, ça va lui rapporter tant
d'argent de moins? Est-ce qu'il considère l'étude valable ou non
valable? S'il tient compte de l'étude, si elle est valable, j'imagine
qu'à ce moment-là il doit tenir compte que ça lui
coûtait tant, mais que ça lui rapporterait au cours des
années beaucoup plus. Â ce moment-là, est-ce qu'il
considère cette étude comme valable et est-ce qu'il va en tenir
compte dans ses prévisions budgétaires ou s'il la
considère comme non valable?
M. Levesque: Je tiendrais à corriger une impression du
député au sujet de cette étude. Le député
mentionne que l'étude aurait été publiée
après, que nous aurions peut-être dû attendre la conclusion
de cette étude. Je dois dire que nous avions les conclusions de
l'étude au moment où nous avons annoncé ces
changements.
M. Garon: Les conclusions de cette étude ou d'une autre
que le ministère des Finances a fait faire?
M. Levesque: Non, celle-là. Malqré cela, nous avons
procédé non seulement dans le domaine des actions
accréditives, mais également dans le REA et du côté
du film également. Il s'agit de trois abris fiscaux. Afin de maintenir
une certaine neutralité entre les trois, nous avons fait des changements
dans les trois. Nous ne voulions pas, autrement dit, que la clientèle se
lance dans l'un ou l'autre des abris fiscaux. Il était important
également d'agir afin que le manque à gagner du gouvernement du
Québec ne s'accroisse pas, car il faut penser aux contribuables. Vous
savez, il ne faut pas penser que nous sommes contre les actions en fiducie, je
pense qu'elles ont fait du bien. Nous ne les avons pas abandonnées, au
contraire; il reste des avantages à 133 1/3 %. Il n'y a rien au pays de
plus avantageux dans ce domaine que ce que nous avons conservé. Ce qu'il
y a de plus important, c'est que nous croyons et nous avons raison de croire
que, malgré la
diminution de 166 2/3 % à 133 1/3 %, l'activité dans ce
domaine sera un record en 1987. J'espère que ceux qui m'ont
informé...
M. Garon: En quelle année?M. Levesque: En
1987.
M. Garon: Bien oui, à cause de l'action
accréditive.
M. Levesque: Non, depuis que cela a été
diminué, à partir du 1er janvier 1987...
M. Garon: Oui.
M, Levesque:... nous pensons que l'activité, ce qui va être
amorcé en vertu des 133 1/3 %...
M. Garon: De prospection?
M. Levesque:... va être aussi importante que ce que cela
aurait été avec 166 2/3 %.
M. Garon: Parlez-vous de l'exploration ou de l'exploitation?
M. Levesque: De l'exploration. Donc, je ne crois pas qu'il y ait
d'effet négatif. Deuxièmement, il est important de noter que, en
1982, cette formule coûtait à l'État un manque à
gagner de 4 600 000 $. En 1983, 6 000 000 $; en 1984, 27 100 000 $; en 1985, 80
100 000 $; en 1986, 91 000 000 $. En 1987, cela aurait coûté 85
000 000 $. En enlevant la différence entre 166 2/3 % et 133 1/3 %, il y
a une diminution de 17 000 000 $ seulement. C'est encore une année
où le manque à gagner demeure le plus important. Donc, il ne
faudrait pas dire que nous avons aboli le programme, au contraire;
l'État demeure très généreux dans ce programme.
Maintenant, l'étude, elle, il faut la prendre comme elle est;
elle parle d'un financement placé et dépensé au
Québec, de 1980 à 1985, de 252 000 000 $, mais combien cela
a-t-il coûté au gouvernement fédéral? 109 000 000 $
et, au provincial, 141 000 000 $, soit 250 000 000 $. Pour un financement
placé et dépensé au Québec de 252 000 000 $, les
gouvernements devaient renoncer à des revenus de 250 000 000 $.
M. Garon: Et le Québec, lui''
M. Levesque: Je l'ai mentionné: le fédéral,
109 000 000 $, et le provincial, 141 000 000 $.
M. Garon: Vous n'avez rien contre cela, ramener 109 000 000 $ du
fédéral au Québec?
M. Levesque: Pardon?
M. Garon: Vous vous trouviez à ramener, au fond, 109 000
000 $ de subventions à la prospection du fédéral au
Québec.
M. Levesque: Mais ils sont encore là, cela n'a rien
changé.
M. Garon: Bien, on verra. Si on voit que, avant le programme, il
se faisait 59 000 000 $ d'exploration et que, à partir de 1980, cela a
été 83 000 000 %, 127 000 000 $, 111 000 000 $, 116 000 000 $,
146 000 000 $ et 175 000 000 $, l'exploration a augmenté
considérablement et la part des dépenses du Québec par
SOQUEM a baissé considérablement parce que les actions
accréditives avaient fait que l'entreprise privée faisait plus
que la société d'État.
M. Levesque: Je ne suis pas contre les actions
accréditives, je dis simplement que j'ai des raisons de croire que, en
maintenant cela à 133 1/3 %, nous devrions avoir une année
exceptionnelle, en 1987, dans le domaine de l'exploration. Je crois qu'il est
de notre devoir, lorsqu'on regarde la croissance des coûts fiscaux, de
faire en sorte, si on peut atteindre les mêmes buts ou à peu
près - les mêmes objectifs - avec un abri fiscal moindre, de le
faire. On a examiné la question des REA, des actions accréditives
et des investissements dans le film, et nous avons procédé, dans
chaque cas, à une diminution très modérée de la
participation gouvernementale. Je dois dire que, par dollar investi, ce sont
encore les actions accréditives qui sont les plus
généreuses pour l'investisseur. Est-ce que j'ai les chiffres
quelque part? Je vais vous le dire; c'est intéressant. Le coût
net, pour l'investisseur, de l'investissement de 1 $ dans les REA va lui
coûter 0, 728 $; pour les actions accréditives, c'est 0, 249 t.
C'est assez intéressant! Comparativement au REA, c'est beaucoup plus
avantageux. C'est peut-être un peu plus risqué; je ne le sais pas.
Mais je sais que c'est beaucoup plus avantageux au point de vue fiscal que le
REA, qui est très bien vu également, et dont le coût net
est de 0, 728 $. Pour les actions accréditives, c'est encore 0, 249 $
alors que c'était 0, 159 $ avant le changement.
M. Garon: Le coût de l'action pour l'acheteur, vous voulez
dire?
M. Levesque: Oui. Le coût net pour les contribuables...
M. Garon: Avez-vous la même assurance par rapport aux
compagnies juniors du Québec, par rapport aux compagnies juniors qui se
sont développée? Je parle des compagnies
québécoises, à propriété
québécoise. Je comprends qu'il y a toujours eu un peu
d'exploration faite par de grandes compagnies internationales, mais les actions
accréditives ont permis de développer des compagnies juniors
québécoises entièrement possédées au
Québec. Ces compagnies se sont vraiment lancées dans le secteur
minier; les Québécois ont commencé à explorer
eux-mêmes le territoire québécois. Pensez-vous que la
mesure que vous avez prise au mois de décembre ne fera pas en sorte de
diminuer l'activité des entreprises juniors
québécoises?
M. Levesque: Je ne suis pas un expert; je ne peux pas vous
répondre comme pourrait le faire un expert dans le domaine, mais je suis
informé que, malgré la diminution de 166 2/3 % à 133 2/3
%, nous devrions avoir une année remarquable pour les compagnies juniors
qui font de l'exploration. Il va falloir attendre de voir les résultats;
c'est entendu. Je ne peux pas non plus arriver à une conclusion
définitive, mais j'ai suffisamment de renseignements,
présentement, pour être optimiste quant à l'avenir. Vous
savez que toutes ces questions d'abris fiscaux ne sont pas d'une permanence
éternelle. On commence à poser des questions sur les abris
fiscaux, non seulement ici au Québec et au Canada, mais
également, aux États-Unis. Les abris fiscaux vont être
sérieusement réduits du côté américain et il
est possible qu'il en soit ainsi du côté canadien bien qu'il y ait
moins d'abris fiscaux ici que là-bas. Quant à nous, il ne
faudrait pas tenir pour acquis que ces mesures vont se répéter
d'année en année pour l'éternité. Chaque fois que
nous donnons un abri fiscal, nous forçons une autre partie de la
population quelque part à compenser par ses- taxes les diminutions ou
les réductions que nous donnons à une certaine catégorie
de la population ou à certaines industries. (17 h 15)
II n'y a pas de miracle là-dedans. Si on est
généreux dans les abris fiscaux quelqu'un va être
obligé de payer quelque part. Sauf qu'on le fait aussi avec
l'idée que cela peut générer certaines activités
économiques qui seraient moins dynamiques autrement. Il y a aussi cela
qu'il faut soupeser, comme vous le dites. Il y a peut-être cela, oui.
Mais je ne suis pas contre l'idée que cela puisse générer
un accroissement d'activités. De là à arriver à des
conclusions comme celles que nous avons ici... Je regardais les conclusions de
cette étude d'impact économique sur le financement d'explorations
minières au moyen d'actions accréditives, sociétés
en commandite. Si vous regardez cela, vous dites: On va faire cela, on va
multiplier ces choses, on va donner des abris fiscaux partout si on arrive
à des conclusions comme celles-là. Mais il faut penser que, s'il
y a un effet multiplicateur dans les abris fiscaux du côté
positif, il y a, par contre, peut-être un effet multiplicateur
négatif chez ceux qui doivent compenser les revenus de l'État.
Cela n'est pas soustrait ici. Autrement dit, il y a juste un côté
de la médaille. Je pense qu'il est important de regarder les deux. C'est
cette façon d'arriver à bien doser les choses qui doit nous
inspirer.
D'ailleurs, on me permettra d'ajouter -on me le fait penser - j'en ai
discuté avec mon collègue de l'Ontario, le ministre des Finances,
qui me disait justement: Si vous n'aviez pas fait cela, nous, on faisait autre
chose, parce que eux aussi avaient des demandes de leur côté.
M. Garon: Pourquoi?
M. Levesque: Parce qu'ils avaient des demandes de leur
côté.
M. Garon: Parce que cela générait beaucoup plus
d'activités au Québec.
M. Levesque: Oui, mais ils le faisaient. Alors, ils auraient
neutralisé...
M. Garon: Aie! Oui, oui. L'Ontario...
M. Levesque: Ils auraient neutralisé, ils ont le moyen de
le faire. En tout cas, si vous en doutez, vous n'avez qu'à regarder le
dernier rapport de l'Ontario. Ils ont eu des surplus de revenus de l'ordre de
près de 1 000 000 000 $.
M. Garon: Oui, oui. Je comprends cela.
M. Levesque: Ils ont le moyen de nous faire concurrence s'ils le
veulent, n'est-ce pas?
M. Garon: Non, non. Ce n'est pas ce que je dis. C'est
qu'actuellement...
M. Levesque: Voici les chiffres exacts, si vous voulez.
M. Garon: Oui.
M. Levesque: Les finances de l'Ontario. C'est qu'ils viennent de
nous dire que dans les recettes... Simplement par rapport à leurs
prévisions, ils avaient prévu 29 948 000 000 $. Ils sont rendus
à 30 867 000 000 $. Donc, près de 1 000 000 000 $, 919 000 000 $
de plus que leurs prévisions dans les revenus. S'ils veulent nous faire
concurrence, il faut bien comprendre qu'ils en ont peut-être les moyens.
La surenchère entre les deux, c'est...
Absence de comparaisons avec l'Ontario
M. Garon: Oui, oui. J'ai remarqué que
de janvier 1986 à janvier 1987, pendant que le gouvernement
libéral du Québec créait 10 000 emplois, en Ontario, de
janvier 1986 à janvier 1987, ils en créaient 127 000. Ce que je
remarque, et c'est pour cela que je repose la question, quand vous avez fait
votre document "L'urgence d'un redressement", le point de comparaison
était toujours l'Ontario qui est la province la plus riche au Canada. Et
quand vous publiez votre nouveau document pour nous montrer comment cela
fonctionne sous le Parti libéral: "Aperçu de la situation
économique du Québec en 1986",
Il n'y a plus aucune comparaison avec l'Ontario. Cela devient toutes des
comparaisons avec la moyenne canadienne qui est beaucoup plus faible que celle
de l'Ontario. Là, on dirait que vous avez peur de comparer votre
performance avec l'Ontario.
Par exemple, on aurait vu au point de vue de l'emploi qu'en 1986,
pendant que vous créiez 10 000 emplois entre janvier 1986 et janvier
1987, l'Ontario en créait 127 000, mais, là, aucune comparaison
avec l'Ontario. Il n'y en a plus. Comment se fait-il que le barème de
comparaison dans "L'urgence d'un redressement" dont on a accepté
tantôt les engagements financiers pour publier le volume, partout
c'était le comparatif avec l'Ontario? Avez-vous peur de démontrer
que justement...
M. Levesque: Voulez-vous...
M. Garon: Non, non. Je n'ai pas fini, M. le Président.
Avez-vous peur de démontrer que la situation par rapport à
l'Ontario s'est détériorée depuis que vous êtes au
pouvoir?
M. Levesque: Est-ce que je peux répondre?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Si vous voulez comparer des oranges avec des
oranges, des poires avec des poires, faites-le donc. Mais ne faites pas le
contraire. Lorsque vous parlez de "L'urgence d'un redressement", c'est un
document qui provient du ministre des Finances et qui n'est pas celui du bureau
de la statistique. Vous prenez un document, celui du bureau de la statistique,
qui a le même modèle depuis des années et qui n'a pas
changé sa méthode de comparaison. Moi, je l'ai fait. J'ai
décidé de le faire avec l'Ontario et je viens de vous donner un
exemple où je viens de le faire avec l'Ontario. Je viens de demander
qu'on me remette des documents pour que je vous fasse une comparaison justement
avec l'Ontario. Je n'ai pas changé d'idée. Je vais continuer de
faire des comparaisons. Même si les comparaisons peuvent être
décevantes, à un moment donné, je vais les faire de toute
façon parce qu'il est important d'être stimulé, de regarder
ce qui se fait ailleurs et d'essayer d'apporter des améliorations. Mais
vous prenez un document du bureau de la statistique et vous nous reprochez de
ne pas parler de l'Ontario dans le document du bureau de la statistique. Ce
n'est pas la même chose.
M. Garon: Ce que j'aimerais aussi, voyez-vous... Le ministre des
finances va-t-il nous publier un autre document sur le comparatif Je vais vous
donner un autre domaine. En agriculture, je regardais cela. Je constatais qu'au
Canada le nombre des emplois dans tout le Canada, de janvier 1986 à
janvier 1987, a baissé de 12 000. Le nombre des emplois en agriculture a
baissé de 12 000, c'est-à-dire qu'il est passé au Canada
de 441 000 à 429 000. En Ontario, l'emploi est resté à 107
000 en 1986, à 107 000 en janvier 1987, tandis qu'au Québec il
est passé de 83 000 en janvier 1986 à 73 000 en janvier 1987. Le
secteur où l'emploi baisse le plus, de janvier 1986 à janvier
1987, c'est en agriculture au Québec.
Vous rappelez-vous que j'avais dit que l'incertitude dans laquelle le
gouvernement plaçait le monde agricole québécois ferait en
sorte que les investissements baisseraient, que le chômage
s'établirait, que le nombre d'emplois créés diminuerait?
On voit, par exemple, que dans les investissements dans le domaine agricole
pour l'année 1985, qui étaient - de mémoire, là -
de 641 000, je pense - attendez un peu, je vais vérifier pour vous
donner un chiffre exact pour ne pas qu'on dise que je n'ai pas donné le
bon chiffre - c'est le secteur qui a le plus baissé au Québec,
où les investissements dans l'agriculture ont baissé
considérablement -j'avais tourné le coin de la page pour pouvoir
y faire référence plus facilement. Justement, en 1985, les
investissements dans l'agriculture et dans les pêches au Québec
étaient de 642 100 000 $. En 1986, cela a baissé à 503 200
000 $, baisse de 21, 6 %. Ce n'est pas des "peanuts". La baisse des
investissements en agriculture est de 21, 6 % en 1986 par rapport à
1985.
Moi, je vous avais dit que c'est ça qui arriverait que c'est
ça qui se produirait parce qu'il y avait trop d'incertitude. On ne sait
plus ce qu'on va faire avec le crédit agricole, on ne sait plus ce qu'on
va faire à l'assurance-stabilisation des revenus, on ne sait plu3 ce
qu'on va faire avec les programmes du ministère, on ne sait plus ce
qu'on va faire avec rien. Le résultat net, c'est que les investissements
ont baissé de 642 100 000 $ à 503 200 000 $ entre 1985 et 1986 et
le nombre d'emplois, qui était de
83 000 en janvier 1986, lorsque vous êtes arrivés au
gouvernement, tombe à 73 000 en janvier 1987. Sur 12 000 emplois de
moins au Canada en agriculture, il y en a 10 000 de moins au Québec.
Cela veut dire que presque toute la baisse de l'emploi dans le domaine agricole
au Canada est due aux baisses d'emplois au Québec. Cela doit fatiguer le
ministre des Finances qui est député de Bonaventure. On a vu, par
exemple, que le nombre de permis dans les pêches est plus bas que jamais
cette année.
Qu'est-ce qui se passe? Là, on dit: L'agriculture, ce n'est pas
grave. Les pêches, les gars font de l'argent parce que le prix du poisson
est à la hausse, mais le nombre de personnes qui travaillent, ce n'est
pas important. Dans le domaine des mines, dans les régions
périphériques, par exemple, ou dans le domaine minier, en
Abitibi, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, tout cela, on dit: Les actions
accréditives, il semble que cela ne créera pas de
problème. Sauf que le ministre ne dit pas où il prend toutes ces
données. Il me fait penser à Mandrake le magicien, il peut sortir
toutes sortes de choses de son chapeau. Il vient de dire: On a une étude
qui vient d'être payée à 50 % par le ministère des
Finances qui dit: Les actions accréditives ont joué un râle
important de développement, on enlève cela, il n'arrivera rien.
On enlève l'additionnel qu'il y avait au Québec, il n'arrivera
rien, ce sera pareil. C'est comme si, demain matin, j'étais marchand
général et que je vendais mes pommes 0, 30 $ la pomme; à
un moment donné, je les augmenterais à 1 $ et je dirais: II n'y a
pas de problème, on va en acheter autant.
C'est un drôle de raisonnement pour un ministre des Finances qui
croit aux lois du marché. Le gouvernement actuel dit: Ce sont les lois
du marché qui s'appliquent. L'entreprise privée ne raisonne pas
comme ça habituellement. Quand cela coûte plus cher, ils y vont
moins que quand ça coûte moins cher. Les investisseurs,
habituellement, y vont moins. La preuve, c'est que l'Ontario, par rapport aux
actions accréditives, vous a dit: Si vous n'aviez pas enlevé
votre mesure, on en aurait appliqué une semblable. Pourquoi? Parce
qu'elle considérait que cette mesure apportait du développement
au Québec; autrement, elle n'aurait pas senti la nécessité
de faire une mesure semblable. Le ministre des Finances de l'Ontario voyait
l'effet positif qu'avait au Québec la déduction additionnelle
donnée par - le gouvernement du Québec. C'est une drôle
d'affaire que le ministre des Finances du Québec dise: Je suis content,
l'Ontario n'en mettra pas; nous, on ne l'aura pas et on va retourner
éventuellement au niveau antérieur, alors qu'il y avait peu de
développements par les Québécois dans le domaine minier.
On va se fier aux grandes corporations qui vont au
Brésil, au Québec quand ça les tente, en Ontario,
qui vont un peu partout plutôt que de se fier aux entreprises autochtones
qui sont en train de se développer dans le domaine de l'exploration
minière.
Je trouve que cela fait plusieurs secteurs qu'on néglige.
Madelipêche, ça leur prend une qarantie gouvernementale. C'est une
drôle d'entreprise privée qui n'a pas assez d'argent pour faire
fonctionner son entreprise. On dit: On va vous vendre l'entreprise, des actifs
de 40 000 000 $ à Madelipêche pour 1 000 000 $ comptant, 1 600 000
$ sous forme d'actions privilégiées, on va vous donner une
garantie gouvernementale de 5 000 000 $ pour fonctionner parce qu'il semble que
vous n'êtes pas capable d'avoir votre propre argent pour fonctionner. Et
puis, l'autre entreprise, on ne sait pas, on va vous la louer, on ne sait pas
encore le prix, on ne sait pas quelles sont les conditions, on ne sait pas s'il
y a une garantie pour la faire fonctionner parce que j'imagine que des gens qui
avaient besoin de 5 000 000 $ pour exploiter Madelipêche auront besoin
d'un peu d'argent, de fonds de roulement pour exploiter l'usine de
Havre-Aubert. Je ne comprends pas trop le ministre des Finances.
Sauf que les chiffres disent le contraire. Les chiffres
démontrent que le niveau d'emploi n'est pas là, que les
résultats pour le monde, le monde en vie, qui n'est pas connecté
sur le ministère des Finances, eux ont les effets de cet abandon du
ministre des Finances qui dit: Moi, je retourne à Adam Smith. Savez-vous
une chose? Je me suis demandé d'où venait l'expression "emplois
productifs", je n'ai pas vu cela depuis longtemps dans la littérature
économique. Savez-vous où c'est employé? Chez Adam Smith.
C'est Adam Smith qui parlait d'emplois productifs. Adam Smith, cela fait
longtemps qu'il a écrit.
Une voix: Qui est-ce?
M. Garon: C'est un économiste d'autrefois, de
siècles passés, qui a écrit il y a 200 ans. Il parlait
d'emplois productifs, il éliminait certaines personnes, il
éliminait les fonctionnaires, entre autres. Aujourd'hui, on voit que le
Parti libéral revient à des notions d'il y a 200 ans dans le
domaine économique, les emplois productifs d'Adam Smith. J'avais vu
ça quelque part. À un moment donné, on en parlait avec des
gens qui font des études en économie, qui m'ont dit: On a
trouvé d'où venait l'expression "emplois productifs", qu'emploie
le Parti libéral: Adam Smith, qui employait cela il y a 200 ans. Il est
possible que Ricardo l'ait aussi utilisée, cela ne m'étonnerait
pas parce que, si mon souvenir est bon, Ricardo parlait aussi d'emplois
productifs, mais c'était à peu près à la même
époque. (17 h 30)
Je me demande si le ministre des Finances... Je comprends qu'il n'est
pas économiste, il est avocat. Par ailleurs, j'écoutais
l'ex-ministre des Finances qui disait, ce matin, lors d'une entrevue, qu'il
avait étudié l'économie à la faculté de
droit de Paris. Par osmose, peut-être que le ministre des Finances actuel
a un genre de comportement sur le plan économique. Je trouve que c'est
ce qu'on appelle une politique de laisser-faire que de se fier
entièrement aux lois du marché. J'ai le sentiment que, s'il
continue de se fier aux lois du marché sur les territoires
périphériques dans beaucoup de régions du Québec,
je peux vous dire que c'est la misère qui attend le monde à
très brève échéance. Les lois du marché,
vous savez, jouent de façon bien particulière dans beaucoup de
régions du Québec. Les Américains, contrairement à
ce qu'on dit, ne fonctionnent pas seulement selon les lois du marché.
Quand le ministère de la Défense des États-Unis donne ses
contrats aux grandes compagnies américaines, je vous dis que cela tient
lieu de planification, de tout ce que pourrait faire la SDI, la BFD et
n'importe quelle entreprise en matière de planification
économique. Mais si le ministre dit: On se retire de tout, on trouvait
cela beau, la SDI, mais on s'en retire, on se retire de partout, les
résultats, très rapidement, apparaissent.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: Vous me permettrez de m'inscrire en faux contre la
plupart des choses que vient de nous dire le député de
Lévis. Je comprends qu'il est de l'autre côté de la table
et qu'il fait son job comme il le peut et comme il le conçoit, mais il
n'en reste pas moins que l'intérêt marqué du gouvernement
actuel pour le développement régional ne devrait pas passer sous
silence ou être sous-estimé. Je me rappelle que, dès le
premier mini-budget que j'ai présenté en décembre 1985,
j'ai eu une préoccupation et, au nom du gouvernement. J'ai
déclaré que nous allions immédiatement faire en sorte de
soulager les régions périphériques quant au coût du
carburant, qui est l'un des éléments les plus significatifs dans
l'économie régionale. Il faut y avoir vécu pour savoir
à quel point le coût du carburant peut être important. C'est
la première chose qu'on a faite en arrivant.
M. Garant Oui, mais...
M. Levesque: Voulez-vous me laisser parler, maintenant?
M. Polak: Excusez, M. le député de
Lévis.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: Oui, s'il vous plaît! En plus d'enlever cette
surtaxe sur le carburant, nous sommes immédiatement passés
à l'abolition de la taxe sur les primes d'assurance-vie que le
gouvernement, dont faisait partie le député de Lévis,
s'était empressé de créer de toutes pièces. Cela
était unique au Canada, sauf à Terre-Neuve, et nous l'avons
abolie. Nous avons pris des dispositions immédiates pour avancer des
déductions dans le domaine de l'impôt sur le revenu, la
réduction du taux marginal maximum.
Nous avons de plus, dès notre budget principal du 1er mai,
manifesté notre intérêt pour les régions. Je pense
que le quart du discours sur le budget portait justement sur le
développement régional, préoccupation qui est revenue
à presque tous les paragraphes et qui s'est traduite par des actions
précises. Le député n'a pas le droit de dire cela. Je suis
moi-même un "régional" et je suis très sensible au
problème des régions. Nous avons un gouvernement et un caucus qui
parlent continuellement des problèmes régionaux. Il n'y a pas une
réunion du caucus où on n'aborde pas les questions des
régions; vous n'avez pas le droit de dire cela.
À propos des actions accréditives, j'ai répondu
tout à l'heure, il me semble, d'une façon assez complète.
Regardons plutôt ce qui est arrivé quand l'ancien ministre des
Finances a décidé d'introduire cela. Qu'est-ce qu'il avait
à l'esprit? Là, je me réfère évidemment aux
connaissances qu'on avait ici, au ministère. La déduction de 66
2/3 % a été introduite pour réduire le coût de
l'investissement de 100 $ d'un particulier dans l'exploration, de 44, 45 $
à 26, 36 $. Le coût de cet investissement est passé
à 16, 89 $ depuis que le fédéral accorde la
déduction de 33 1/3 % aux particuliers qui n'ont pas de
bénéfices de ressources.
Ainsi, l'objectif à la base de l'introduction de la
déduction de 66 2/3 % ne vaut plus, étant donné que le
coût de l'investissement d'un particulier dans ce secteur a
été ramené à un niveau souhaité au moment de
l'introduction de la déduction de 66 2/3 % par la modification
fédérale et l'harmonisation québécoise à
l'égard de la déduction de 33 1/3 %, Le coût net d'un tel
investissement de 100 $ est actuellement de 15, 87 $, ce qui va beaucoup plus
loin que l'objectif poursuivi. Autrement dit, le but qu'on voulait atteindre au
début a été dépassé. Si l'objectif
était bon au début, il est maintenu, il est même
amélioré, même dans la situation que nous connaissons
aujourd'hui. Je n'ai pas à m'excuser. La situation est plus
généreuse que celle voulue lorsque vous avez vous-mêmes
introduit cette mesure.
Quant à savoir si c'est vrai que les
activités dans le domaine de l'exploration minière vont
continuer comme avant, j'ai des raisons de croire, selon les informations que
l'on me donne, que ces activités vont continuer et que l'année
1987 devrait même être une année record. Je le souhaite. Je
n'ai pas à le garantir. Je n'ai pas les instruments pour le faire, mais
les renseignements que j'ai sont de nature optimiste.
M. Garon: Quelle est l'origine de ces renseignements? Est-ce que
ce sont des études particulières faites au ministère des
Finances ou au ministère...
M. Levesque: Cela vient particulièrement du milieu des
courtiers, qui sont près de ce domaine. Cela vient également de
ceux qui, au ministère, ont des contacts de ce
côté-là.
M. Garon: II doit y avoir une compilation quelconque.
M. Levesque: Oui.
M. Garon: Cela ne peut se faire juste au
téléphone.
M. Levesque: Évidemment, nous ne sommes pas le
ministère sectoriel. Si vous parliez à mon collègue, M.
Savoie, il pourrait vous en dire beaucoup plus, car c'est son domaine. Il
pourrait vous donner beaucoup plus de renseignements là-dessus, d'autant
plus qu'il vient d'une région où ce genre d'activité est
assez bien connu. Pour autant que ce domaine est concerné, c'est ce que
j'avais à dire. Si vous attendez un peu, il y aura sans doute du
nouveau, au cours de l'année, dans tout le domaine de la
fiscalité.
M. Garon: Est-ce que cela veut dire que, lors du prochain
discours sur le budget, vous pourrez revenir sur...
M. Levesque: Je n'ai pas l'intention, à ce moment-ci, de
dévoiler quoi que ce soit sur mes intentions.
M. Garon: Non, je sais bien.
M. Levesque: Mais je tenais à dire...
M. Garon: Vers quelle période sera annoncé le
nouveau budget?
M. Levesque:... dans un autre ordre d'idées, parce que je
ne veux pas...
M. Garon: Si c'est en gestation, vous savez à peu
près quand sera la période de délivrance.
M. Levesque: Ce que je veux dire au député, je
pense qu'il ne l'a pas compris. Je me référais à toute la
réforme fiscale qui doit naître au cours de l'année 1987.
À la suite de la réforme fiscale aux États-Uni3 et dont
les effets vont commencer à se faire sentir à partir du 1er
juillet 1987, il y aura des changements évidents du côté
fédéral et du côté du Québec. Là,
c'est une tout autre approche et une tout autre perspective qui s'annoncent et
nous aurons sans doute l'occasion de nous en reparler. Ce sont des changements
majeurs. Lorsqu'on parle d'abris fiscaux, il y en a sûrement qui seront
affectés d'une façon plus significative. Si on s'en tient, par
exemple, à ce qui se passe du côté américain, il y a
eu une forte réforme du côté des abris fiscaux, qui sont
plus nombreux là-bas que chez nous. J'attends de voir le livre blanc du
gouvernement fédéral et nos discussions avec le gouvernement
fédéral qui vont se poursuivre au cours du mois de mars. Au moins
une réunion est prévue, au mois de mars, avec nos
collèques des autres provinces et du gouvernement fédéral,
le tout en vue de la réforme qui doit se concrétiser au cours de
la présente année. Ces aspects-là sont évidemment
importants, mais, lorsqu'on les regarde dans la perspective d'une
réforme plus globale, ils doivent être examinés dans cette
proportion et dans ce contexte.
On a parlé d'investissements agricoles. Je note, par exemple, que
c'est vrai qu'il y a eu une diminution en 1985.
M. Garon: En 1986!
M. Levesque: Non. Je vous dis qu'il y en a eu une en... Le
député de Lévis a eu l'occasion de faire son "pitch"; moi,
je lui dis qu'en 1985, si on regarde les statistiques sur les investissements
agricoles au Québec, il y a eu une diminution de 4 %, en 1985, par
rapport à 1984. En même temps, en Ontario, il y a eu une
diminution de 11, 9 %. En 1986, il y a eu une diminution, au Québec, de
21, 6 %, et, en Ontario, de 31, 4 %. Alors, il y a un problème. C'est un
problème.
M. Garon: Voulez-vous donner les chiffres absolus au
Québec en telle année et telle année? Avez-vous deux ou
trois années?
M. Levesque: Je ne les ai pas, mais vous pourrez continuer de
discuter cela avec le ministre sectoriel. Je voulais simplement vous rappeler
que ce problème dépasse les frontières du Québec
présentement.
M. Garon: Avez-vous remarqué, dans votre document...
M. Levesque: Je n'ai pas l'intention, à ce moment-ci, de
devenir un expert agricole. Je vais laisser cela au député de
Lévis, qui a passé neuf ans, si je ne me trompe pas,
comme ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
M. Garon: Neuf ans et une semaine. Non, plus que celai Neuf ans
plus la période entre le 26 novembre et le 13 décembre.
M. Levesque: Je dirais même que, après le 3 ou le 4
décembre, il a continué jusqu'à la veille de
l'assermentation du nouveau cabinet.
M. Garon: Jusqu'au 12.
M. Levesque: Même à promettre des subventions.
M. Garon: Jusqu'au 12. Ces subventions auraient dû
être réalisées, d'ailleurs!
M. Levesque: II y en a peut-être qui l'ont
été, je ne le sais pas. Peut-être qu'elles l'ont
été.
M. Garon: Ici, à la page 31 du document "Aperçu de
la situation économique du Québec en 1986", vous dites: "En
dehors du secteur manufacturier...
M. Levesque: Un instant, s'il vous plaît! Voulez-vous me
donner la référence?
M. Garon: Page 31. "En dehors du secteur manufacturier, la seule
industrie qui enregistrerait une diminution marquée...
Le Président (M. Lemieux): De quel document parlez-vous,
M. le député de Lévis?
M. Garon: Celui qui vient de paraître: "Aperçu de la
situation économique du Québec en 1986. "
M. Levesque: Ça, c'est le Bureau de la statistique. Un
instant, je vais le faire venir.
M. Garon: C'est plus fiable, c'est plus neutre.
M. Levesque: Quelle page?
M. Garon: Page 31: "En dehors du secteur manufacturier, la seule
industrie qui enregistrerait une diminution marquée de ses
dépenses en immobilisations est celle de l'agriculture et de la
pêche, où leurs valeurs passeraient de 642, 1 millions de dollars
en 1985 à 503, 2 millions de dollars en 1986. "
M. Levesque: Voulez-vous me donner la ligne?
M. Garon: La dernière ligne de la page 31, le haut de la
page 33 et entre les deux il y a un tableau.
M. Levesque: Ah bon! Je comprends.
M. Garon: Vous voyez! Quand on parle d'une diminution
considérable de 1985 par rapport à 1984, il faudrait regarder les
différentes années, 1982, 1983, 1984, 1985 et 1986. Vous voyez
qu'en 1986, quand on parle d'une diminution de 21 %, c'est quelque chose. C'est
un gros montant d'argent. Il s'agit d'investissements... Ce sont beaucoup
d'emplois. Je vous l'avais prédit. Je vous avais dit que cela se
passerait comme cela. On ne peut pas générer de l'incertitude
comme cela dans le monde agricole sans que cela se reflète sur le plan
des investissements. L'agriculteur qui dits Ouf! on ne sait plus quelle est la
politique du gouvernement, par exemple, dans les régimes de
stabilisation... Je vous dis que, pour un certain nombre de productions, vous
n'investissez pas dans des conditions comme cela. Par exemple, il n'y a plus
d'appel d'offres pour la construction des bateaux de pêche, maintenant.
On remarque que ce sont tous des contrats négociés et
signés sens appel d'offres, etc. À moins que le
député de Lotbinière ne vous dise rien, il n'y a plus un
seul bateau qui va... Il semble qu'il y ait une drôle de situation
à Saint-Antoine-de-Tilly. Le chantier n'a plus de contrats pour la
construction de bateaux de pêche, car il s'agit de contrats
négociés. Quand les pêcheurs étaient laissés
libres, ils construisaient beaucoup plus dans ce chantier maritime. (17 h
45)
M. Levesque: Je dirai tout de suite au député de
Lévis, s'il me le permet...
M. Garon: Oui.
M. Levesque:... que c'est exactement le contraire. Le
pêcheur n'a jamais été aussi libre qu'aujourd'hui, parce
qu'il n'est pas sous la tutelle du ministre pour acheter son bateau. Alors que
le ministre donnait lui-même ses signatures et qu'il retenait sur son
bureau les contrats, aujourd'hui, au lieu de demander des soumissions, le
pêcheur peut acheter son bateau où il le désire...
M. Garon: II n'y a plus de soumissions.
M. Levesque:... lui-même, sauf qu'il n'y a pas de
pourcentage de subventions. Les subventions sont basées sur le
tonnaqe.
Si un bateau a 3000 tonneaux, c'est tant le tonneau, point. Là,
le pêcheur est libre d'acheter ce qu'il veut et où il veut. Et il
a la même subvention, quel que soit le "chrome" qu'il met sur son bateau.
Je trouve que c'est une bien meilleure façon.
Allez en Gaspésie, si vous voulez, M. le député de
Lévis, pleurer sur le sort des gens de Saint-Antoine-de-Tilly. Vous irez
pleurer en Gaspésie. Ne pleurez pas à Québec! Allez
pleurer en Gaspésie!
M. Garon: Ce n'est pas moi qui pleure. Ce sont les gens
eux-mêmes qui achetaient leur bateau.
M. Levesque: II y avait deux chantiers maritimes autrefois,
Gaspé, Paspébiac, en plus de... chez vous... Nous avons
suffisamment de chantiers en Gaspésie.
Mme Hovington: Les Méchins. M. Levesque: Les
Méchins.
M. Garon: Combien y a-t-il eu de construction, aux
Méchins, sous ce régime-là?
M. Levesque: Je dis que nous avons suffisamment de chantiers.
M. Garon: Est-ce que vous avez demandé à la
députée de Matane combien il y a eu de constructions de bateaux
aux
Méchins depuis qu'il n'y a plus d'appels d'offres?
M. Levesque: Si un pêcheur veut faire construire un bateau,
il peut aller où il veut. Demandez aux pêcheurs gaspésiens
s'ils aiment mieux faire construire leur bateau en Gaspésie et avoir le
service sur place. Est-ce qu'ils aimeraient mieux aller à
Saint-Antoine-de-Tilly? Allez pleurer sur celai Allez! Je vous souhaite bonne
chance. Allez leur raconter cela. Allez leur parler des malheurs de
Saint-Antoine-de-Tilly. Allez raconter cela à Paspébiac. Je vous
invite à aller raconter cela à Gaspé et à
Rivière-au-Renard. Faites le tour de la Gaspésie avec votre
histoire. Bonne chancel
M. Garon: On aura l'occasion d'en reparler.
Le Président (M. Lemieux): Peut-être que vous ne
reviendrez pas, M. le député de Lévis.
M. Levesque: C'est cela. Sur la souveraineté, cela va,
mais...
Des voix: Ha! Ha!
M. Garon: Le domaine des pêches aurait besoin d'un peu plus
de souveraineté. D'autant plus que j'ai appris que vous étiez en
train de liquider tout le régime de protection du Québec. C'en
est un domaine dans lequel vous êtes en train d'abandonner les
juridictions.
M. Levesque: Un instant. C'est vous qui avez perdu l'entente de
1922 avec vos chicanes stériles avec De Bané.
M. Garon: Non, non, non, non! M. Levesque: Voyons
donc!
M. Garon: La loi 48 est là, mais vous ne voulez pas
l'appliquer.
M. Levesque: Voyons donc! Voyons doncl La loi 48. Voyons donc!
Voyons donc!
M. Garon: La loi 48 est là, mais vous ne voulez pas
l'appliquer.
M. Levesque: Vous ne pouvez pas l'appliquer sans...
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! On s'éloigne.
M. Levesque: Vous avez les tribunaux encore. La
souveraineté n'est pas encore très comprise.
M. Garon: Faites vérifier par votre contentieux si la loi
48 est légale ou non puisque même le contentieux
fédéral sait qu'elle est légale. Il faut avoir le courage
d'appliquer la loi sur le territoire.
M. Levesque: Entre le temps où vous avez fait adopter la
loi 48 et celui où vous êtes parti, vous auriez eu le temps de le
faire.
M. Garon: Non. Il faut faire la réglementation qui est en
train de se faire et la réglementation est toute prête.
M. Levesque: Pendant ce temps... Non, non! Vous avez eu deux ans
pour le faire. Pendant ce temps, vos fonctionnaires n'avaient plus rien
à faire à Gaspé et tout le long de la côte.
M. Garon: Non. Ce n'est pas exact.
M. Levesque: Bon. On pourra s'en reparler.
M. Garon: Oui, on va s'en reparler d'autant plus que ce qui a
été long, c'est de faire la loi. Maintenant, elle est faite.
Alors, on pourra la reprendre, lors d'un prochain gouvernement, là
où elle était.
Le Président (M. Lemieux): J'allais dire à M. le
député de Lévis et à M. le ministre des Finances:
Et si on revenait aux équilibres budgétaires?
M. Garon: À propos de l'emploi au Québec
actuellement. Tantôt, le ministre des Finances s'est
référé au taux de chômage ou, encore, aux jeunes,
mais il doit aussi savoir que la population active, qui a augmenté de 58
000, en 1985, n'a augmenté que de
40 000, en 1986, II se rappellera sans doute, pour avoir
été dans le gouvernement de 1960 à 1966, que c'est sous le
gouvernement de Jean Lesage qu'a commencé à baisser la
natalité au Québec. Je ne dis pas que c'est la faute du
gouvernement. Je ferai remarquer, à propos de la natalité au
Québec, que la plus haute année est 1959.
M. Levesque: La plus haute année.
M. Garon: Le taux de natalité au Québec a
été à son niveau le plus élevé en chiffres
absolus, en termes de naissance, en 1959. Il a commencé à baisser
à partir de 1963, 1964, de façon vertigineuse. C'est
évident que cela se reflète aujourd'hui dans l'augmentation de la
population active. On regarde en 1985, par exemple, la population active qui a
augmenté de 58 000 et n'a augmenté que de 40 000 en 1986. C'est
évident qu'à ce moment il faut regarder -pour constater le niveau
d'activité du gouvernement - le taux d'emplois, le niveau d'emplois.
C'est en termes de niveau d'emplois que la performance du gouvernement
libéral depuis janvier 1986, c'est-à-dire depuis qu'il est en
fonction, n'a pas été très très forte.
Tantôt, vous avez parlé du niveau d'emplois qui
était de 62 000, 63 000. Je vous dirai que d'après Statistique
Canada c'est plutôt 60 900. Vous arrondissez un peu fort. Dire 60 900,
l'arrondissement serait plutôt à 60 000 qu'à 63 000, alors
que le niveau moyen était de 80 000 en 1984 et de 82 000 en 1985 et de
60 900 en 1986. Moyen. Mais, si on regarde le nombre d'emplois qu'il y avait en
janvier 1986 et en janvier 1987 - parce que cela fluctue au niveau moyen en
chiffres désaisonnalisés... En chiffres
désaisonnalisés, si on tient compte des fluctuations, on voit que
le résultat net - et c'est ça qui est important en termes de
niveau d'emploi - c'est qu'en janvier 1987 par rapport à janvier 1986,
il y avait seulement 10 000 emplois de plus alors que de janvier 1983 à
janvier 1986, il y avait une augmentation de 303 000 emplois.
Le nombre d'emplois en vigueur, en force, en activité, à
chacun des mois de janvier c'est une bonne norme de comparaison. Les chiffres
désaisonnalisés, c'est une des bonnes normes de comparaison qu'on
peut avoir. On se rend compte que le Parti libéral crée beaucoup
moins d'emplois que le gouvernement antérieur. Maintenant, quand on
regarde en termes d'emplois à temps plein aussi, la plus faible
année des emplois à temps plein parmi 1984, 1985, 1986, c'est
1986 avec 48 000. Le Parti libéral trouvait qu'en 1984 en créant
66 000 emplois à temps plein, c'était épouvantable comme
il n'y en avait pas. Ce n'était pas beaucoup 66 000 emplois à
temps plein en 1984. Il y avait beaucoup d'emplois à temps partiel parce
qu'on créait, nous aussi, des emplois à temps plein et des
emplois à temps partiel.
Maintenant, on voit que le Partj- libéral reste seulement aux
emplois à temps plein, mais en crée moins qu'avant. De plus, les
emplois à temps partiel sont en train de disparaître quasiment en
termes de croissance. C'était 33 000 l'an dernier. C'est seulement une
dizaine de milliers cette année. Il s'agit véritablement, au
niveau de l'emploi, d'un désastre. J'y reviens. On peut regarder tous
les chiffres. On peut prendre tous ces papiers là et on met cela dans
l'ordinateur et on dits Au bout, qu'est-ce qui va sortir de cela? Moi, je dis
que le facteur le plus important qui sort, ce n'est pas la beauté des
colonnes de chiffres de l'ordinateur. C'est ce que cela donne au monde.
Aujourd'hui, on voit en termes d'emplois que c'est la performance la
plus faible du gouvernement au cours des dernières années, des
quatre dernières années. Il faut dire qu'actuellement on n'est
pas dans une période de taux d'intérêt
élevés. En 1983-1984 créer des emplois c'était
beaucoup plus difficile qu'aujourd'hui alors que les taux
d'intérêt étaient encore élevés. On venait de
sortir de 1981-1982. Mais, 1983, 1984, 1985, c'étaient encore des taux
d'intérêt élevés. Malgré cela, parce que le
gouvernement considérait que c'était un rôle, qu'il avait
un rôle à jouer dans le développement économique que
les sociétés d'État avaient un rôle à
jouer... Là, on dit: On ferme boutique.
L'effet se fait sentir immédiatement. Je me rappelle, dans une
petite ligne du budget - c'était une petite ligne, il fallait vraiment
avoir une loupe. En vieillissant, on devient un peu myope; je vais vous dire
que, si je n'avais pas eu de lunettes, j'aurais eu de la difficulté
à la voir - un tout petit chiffre. Une chance, j'ai un oeil myope et un
oeil presbyte, ce qui fait qu'il y en a toujours un qui voit. J'ai vu un petit
chiffre. C'était 2, 2 pour l'emploi. Il me semble que, quand le ministre
des Finances avait vu cela, la croissance - on se le rappelle il y avait 2, 2
dans le budget, il y avait un petit chiffre quelque part - cela voulait dire
qu'en termes d'emplois c'était une baisse par rapport à
l'année précédente. Cela paraissait évident au
discours sur le budget du ministre des Finances. Il me semble que, face
à cela, le ministre aurait dû dire: Les prévisions
économiques ne sont pas bonnes en termes de création d'emplois,
il faut que j'agisse, il faut que je fasse quelque chose. Alors qu'est-ce qu'il
a fait? Au lieu de faire quelque chose, il a diminué les instruments que
le gouvernement du Québec avait en sa possession. Il avait des
instruments de développement économique, il les a
fermés.
Quand on voit, par exemple, que le
gouvernement dépense 56 000 000 $ pour fermer sa raffinerie de
sucre alors qu'il se fait donner du papier pour 40 000 000 $ -les debentures,
c'est du papier, au fond -vous calculerez, au niveau de l'emprunt du
gouvernement, pour le plaisir de la chose, 56 000 000 $ au niveau de l'emprunt
du gouvernement... Quel est le niveau d'emprunt du gouvernement actuellement,
les obligations? Est-ce que c'est 8, 5 %? Le gouvernement aura 56 000 000 $
pour payer les emprunts de la raffinerie et, en retour, il se fait donner du
papier, avec Un taux d'intérêt annuel, mais sauf qu'il vient de
liquider un grand nombre d'emplois. En termes d'emplois directs et indirects,
il s'agit de plus de 1000 emplois dans la région de Saint-Hyacinthe.
Quand on regarde, par exemple, dans d'autres secteurs, il met fin aux
activités, il ferme boutique. Le résultat apparaît. Le
gouvernement n'a pas une préoccupation de plein emploi, c'est une
préoccupation d'avoir un beau bilan, de dire: Je ne me suis pas
trompé dans mes chiffres. Sauf que le résultat net, c'est qu'en
termes d'emplois le Québec est un des endroits au Canada où il y
a le moins de création d'emplois.
Le Président (M. Lemieux): Une minute, M. le
député.
M. Garon: Le gouvernement aime se comparer à l'Ontario -
c'est la première année du gouvernement - ou il aimait s'y
comparer antérieurement alors que nous, si on comparait les chiffres
d'emploi, on se comparait beaucoup plus à l'Ontario, si on tient compte
que chez nous, il y avait 6 500 000 de population et que chez eux, il y a
presque 9 000 000. En termes de création d'emplois, par rapport à
la population qu'il y avait au Québec et en Ontario, on était
comparable à l'Ontario. Vous pouvez vérifier 1983, 1984, 1985,
les colonnes de chiffres, je puis vous dire que le document bleu publié
par le gouvernement indique tous ces chiffres. Je vais conclure
là-dessus...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Lévis, parce que votre intervention est
terminée.
M. Garon: On constate qu'en Ontario ils ont créé
127 000 emplois de janvier 1986 à janvier 1987 alors que le gouvernement
du Québec n'a créé que 10 000 emplois de janvier 1986
à janvier 1987. Cela veut dire douze fois moins, presque treize fois
moins. Il me semble que le ministre des Finances devrait être très
conscient que...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je m'excuse. M. le ministre des Finances.
M. Garon:... pour les sans-travail il aurait dû avoir ces
emplois.
M. Levesque: M. le Président, il reste très peu de
temps, mais assez de temps, au moins, pour dire au député de
Lévis qu'il est très téméraire lorsqu'il utilise un
seul mois pour faire ses statistiques. Il compare janvier 1986 à janvier
1987, alors qu'il sait fort bien que, si on prend un mois en particulier dans
une année, on peut se fourvoyer, comme il vient de le faire. Il en a
donné un exemple patent.
Je n'ai qu'à relire le document qu'il vient de citer, Profil
économique du Québec 1986 du Bureau de la statistique, il aurait
pu lire ceci dans le document qu'il citait et qui a été
publié récemment, justement sur la main-d'oeuvre et l'emploi: "Le
nombre de personnes occupant un emploi augmente de 2, 2 % en 1986 - oui, c'est
écrit - pour atteindre 2 866 000, soit 62 000 de plus qu'en 1985. "
Qu'on ne vienne pas critiquer mes chiffres, je ne fais que lire le Bureau de la
statistique. "Ce niveau d'emploi est supérieur de 5, 1 % à celui
de 1981. Rappelons qu'au cours de 1982, au creux de la récession, le
niveau de l'emploi au Québec a diminué de 5, 2 %; ce n'est qu'en
1984 que celui-ci a rejoint son niveau d'avant récession. " Autrement
dit, cela a été de la récupération. Je
répète que ce n'est pas de la création d'emplois. "Les
emplois additionnels en 1986 se répartissent en nombre égal entre
les hommes et les femmes. " Écoutez ceci: "Le rapport emploi-population
dépasse pour la première fois son niveau d'avant la
récession. " Le député de Lévis ne sait-il pas lire
ce bout-là non plus? Hein?
M. Garon: Cela veut dire quoi? Ce n'est pas énervant!
M. Levesque: Ce rapport s'établit à 55, 5 % en
moyenne en 1986 alors qu'il atteignait 55, 1 % au cours de l'année 1981.
Le député de Lévis est fort intéressé
à faire le rapprochement entre les investissements du gouvernement,
privatisation ou autres, et l'emploi, mais il aurait avantage à se
rappeler une petite histoire. Une fois, il y avait un parti qui s'appelait le
Parti québécois qui a formé le gouvernement. Ce
parti-là et ce gouvernement-là avaient une maladie qui s'appelait
la maladie des symboles. Un des symboles était la maîtrise de
l'amiante. Là, ils se sont dit: Nous allons montrer au monde comment
nous pouvons investir pour la création d'emplois tout en gardant le
symbole que nous avons utilisé pendant des années pour se
débarrasser des multinationales, etc.
Ces petites gens de mon histoire ont investi tellement qu'il y a deux ou
trois semaines j'ai été appelé à trouver 166 000
000 $ pour essayer de payer des
dettes de cela. Combien d'emplois avez-vous créés avec les
500 000 000 $ que vous avez creusés là-dedans, que vous avez
investis avec l'argent des contribuables, des gens qui paient des taxes?
Combien avez-vous créé d'emplois avec ce genre d'investissement
de plus d'un demi-milliard de dollars de fonds publics? Et aujourd'hui, vous
venez me demander si on a bien fait quant à la raffinerie de sucre!
Simplement en posant la question, on a la réponse. Vous avez
été de très mauvais gestionnaires et aujourd'hui, vous
êtes dans la situation où les questions que vous posez devraient
être beaucoup plus objectives que celles que vous avez posées cet
après-midi. Beaucoup plus objectives.
Vous devriez vous réjouir du fait que nous sommes revenus dans la
bonne voie. Partout à travers le Québec où vous pouvez
aller aujourd'hui, les gens vont vous le dire: Nous avons un gouvernement qui
sait où il va. Ce midi, Pierre Pascau vous a dit: M. Garon, vous, les
péquistes, vous ne savez plus où vous allez! Il vous l'a dit,
à la radio, on l'a entendu. Il a dit: Le Parti libéral, lui, on
sait où il va; il sait où il va. Mais vous autres? Vous savez ce
qu'a dit votre collègue de l'exécutif du Parti
québécois, que vous viviez dans I'ambiguïté, vous,
depuis quelque temps et que vous ne pouviez plus rester membre du comité
exécutif. Ce n'est pas moi qui le dis, cela a été
écrit partout, c'est dit partout. L'ambiguïté, vous voudriez
maintenant la transposer ici, à la commission du budget et de
l'administration? Je ne peux pas accepter cela, M. le Président.
Je sais que mon temps est terminé, mais, au moins, terminons sur
une bonne note d'optimisme, regardons les chiffres que nous avons, soyons
heureux que nous puissions arriver à la fin de l'année 1986-1987,
qui était une année extrêmement difficile. Rappelez-vous -
c'était contenu dans L'urgence d'un redressement - l'héritage que
vous nous avez laissé de 1 500 000 000 $ et plus d'impasse à
laquelle nous devions faire face. À peine un an après, nous
arrivons avec une situation comme celle-là; ce n'est pas une situation
parfaite ou idéale, ou confortable même, parce que nous devons
vivre avec l'endettement que nous avons trouvé et nous avons toujours
cet endettement qui nous cause l'obligation de rencontrer des paiements
d'intérêt de plus de 3 500 000 000 $ simplement vis-à-vis
de la dette nette du Québec. Cela, c'est une hypothèque que nous
aurons à traîner longtemps.
De l'autre côté, nous avons un gouvernement
fédéral qui essaie de se désengager dans le domaine de la
santé et dans le domaine de l'éducation, qui nous cause des
problèmes sérieux actuellement; cela, c'est un autre
problème. Je ne dirai pas, comme le disait le député de
Bertrand tout à l'heure, que je suis en train de peindre un tableau d'un
optimisme débordant, mais je dis simplement que, malgré toutes
ces contraintes et malgré ce contexte difficile nous arrivons
cependant... Je ne le dis pas par flagornerie ou par vantardise, je le dis
simplement par souci d'objectivité, nous sommes, je pense, sur la bonne
voie et nous comptons sur tous nos collègues ministériels et de
l'Opposition pour nous appuyer dans les efforts que nous faisons dans
l'intérêt des Québécois et
Québécoises.
Le Président (M. Lemieux): Et Québécoises.
Je vous remercie, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Vous m'arrêtez là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, à moins que je n'aie le consentement. Vous voulez
remercier? S'il s'agit d'un remerciement...
M. Garon: Je remercie le ministre des Finances d'être venu
nous rencontrer cet après-midi et de nous avoir donné plus de
temps que la dernière fois et je vous ferai remarquer que dans le monde
agricole je suis convaincu qu'on regrette encore l'ambiguïté du
ministre de l'Agriculture.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Lévis! Alors, la commission permanente du budget
et de l'administration a complété son étude trimestrielle
de la politique budgétaire du gouvernement et de l'évolution des
finances publiques. Je remercie de leur participation M. le ministre des
Finances et ses fonctionnaires, ainsi que les membres de cette commission et
nous ajournons sine die.
(Fin de la séance à 18 h 6)