Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures neuf minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration entreprend ses travaux
sur l'examen des orientations, des activités et de la gestion de la
Commission des valeurs mobilières du Québec.
Je voudrais souhaiter la bienvenue aux représentants de la
Commission des valeurs mobilières, à ses fonctionnaires et
à son président, M. Paul Guy; à ceux de la Bourse de
Montréal et de l'Association canadienne des courtiers en valeurs
mobilières, section Québec. Je voudrais les remercier de leur
présence et les féliciter pour la qualité de leur
mémoire.
Organisation des travaux
Avant d'amorcer nos travaux, nous devons faire rapidement un peu de
cuisine parlementaire, veuillez m'en excuser. Les membres de la commission ont
reçu l'ordre du jour de la séance qui a été
dressé selon les décisions de la commission du 27 janvier 1987.
En raison de certains retards ce matin, il y aura quelques modifications
à l'ordre du jour. Dans un premier temps, à 11 heures, il y aura
une déclaration d'ouverture de la part du président et du
vice-président de la commission. À 11 h 30: audition de la
Commission des valeurs mobilières du Québec. À 12 heures:
échanges de propos avec la Commission des valeurs mobilières du
Québec. À 13 heures: présentation du mémoire de la
Bourse de Montréal. Â 13 h 30: suspension.
À 15 heures: échanges de vues avec la Bourse de
Montréal. Â 16 heures: audition de l'ACCOVAM. À 16 h 30:
échanges d'opinions avec l'organisme. Â 17 h 30: réplique
de la Commission des valeurs mobilières. À 18 heures: suspension
des travaux. À 20 heures: table ronde. La levée de la
séance aura lieu à 21 h 30. Est-ce que l'ordre du jour est
adopté?
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, puisqu'on doit
échanger des propos avec la Bourse de Montréal au retour du
lunch, les représentants sont donc également des nôtres. Je
ne veux pas que la commission s'ajuste à mon horaire personnel. Je n'ai
pas eu le temps d'en parler avec mon collègue. J'aurais
préféré qu'on suspende peut-être à 13 heures
au plus tard et qu'on reprenne à 14 h 30 pour que la présentation
et les discussions soient consécutives.
Le Président (M. Lemieux): C'est qu'on a certaines
contraintes, M. le député d'Abitibi-Ouest. Il s'agit d'une
question de disponibilité pour les gens de la Bourse de Montréal.
C'est la raison pour laquelle...
M. Gendron: Oui, mais ils seront quand même ici à 15
heures si on doit discuter avec eux?
Le Président (M, Lemieux): Oui, mais certaines personnes
doivent quitter à 16 heures, avant la présentation. Ces personnes
désirent être ici pour la présentation.
M. Gendron: Cela peut être long, mais je veux que cela soit
clair. Est-ce à dire que tous ceux qui représentent la Bourse de
Montréal seront également ici lors de la discussion avec la
Bourse de Montréal à 15 heures?
Le Président (M. Lemieux): Ils seront effectivement
ici.
M. Gendron: Si c'est le cas, je suggère qu'on commence
à 14 h 30. Je donne plus de temps. Je n'en enlève pas. Je
voudrais qu'on recommence à 14 h 30. Il y aurait une présentation
d'une durée d'une demi-heure. L'échange de propos aurait lieu
à 15 heures. Donc, je ne modifie pas l'ordre du jour, mais cela nous
permet de ne pas suspendre à 13 h 30. Suspendre à 13 h 30 est un
problème pour moi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, je vais vérifier. M. le secrétaire me dit qu'il
y a une question de règlement et qu'on ne pourrait pas commencer avant.
Je vais vérifier si c'est effectivement le cas. D'accord, il s'agit de
l'article 144: "Toute commission peut, du consentement unanime de ses membres,
modifier l'horaire de ses travaux pour siéger au-delà de l'heure
prévue pour la suspension ou pour leur ajournement. " Au-delà de
l'heure prévue, ce n'est pas avant; c'est la raison pour laquelle on ne
peut pas modifier
cela. On pourrait poursuivre de 12 heures à 12 h 30 et
recommencer après, jusqu'à 14 h 30.
M. le député d'Abitibi-Ouest, je vais suspendre une
fraction de seconde et on va revenir à cela avec le
secrétaire.
(Suspension de la séance à 11 h 13)
(Reprise à 11 h 15)
Le Président (M. Lemieux): De consentement unanime et
après certaines tergiversations, nous allons suspendre à 13
heures. La discussion avec la Bourse de Montréal sera à 14 h
30.
M. Garon: Ils vont bien demander un quart d'heure pour le
décider, par exemple.
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le député
de Lévis.
M. Garon: Parce qu'il est 11 h 15 et on devait commencer avant
ceia.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis! Est-ce que l'ordre du jour est adopté tel que
modifié? Adopté. M. le secrétaire, pouvez-vous me dire
s'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M le Président. M. Audet (Beauce-Nord)
remplace M. Després (Limoilou); M. Hamel (Sherbrooke) remplace M. Poulin
(Chauveau).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Je vous rappelle que les invités doivent présenter leur
mémoire en une demi-heure. Nous aurons ensuite une période
d'échanges de propos d'une heure avec chaque organisme. Le temps de
parole sera divisé entre les deux formations politiques, et ce avec un
maximum de souplesse, tout en respectant le droit de chaque membre
d'intervenir.
Allocutions d'ouverture M. Jean-Guy Lemieux
Cela dit, avant d'inviter le président de la Commission des
valeurs mobilières du Québec à présenter le
mémoire de son organisme, j'aimerais dire quelques mots afin de situer
vraiment le mandat de cette commission. Le député de Lévis
et vice-président de la commision aura également une courte
allocution d'ouverture à nous faire.
Depuis que la commission parlementaire s'est chargée de ce
mandat, en juin 1986, les membres de cette commission ont fait un bon bout de
chemin. Nous nous sommes déplacés à Montréal les 8
et 9 octobre derniers, afin de rencontrer en séance privée la
plupart des gens que nous entendons aujourd'hui. Nous avons eu l'occasion,
comme parlementaires, d'être sensibilisés aux dossiers chauds et
aux problèmes que rencontre la Commission des valeurs mobilières
dans l'exécution de son mandat.
Après cette première étape exploratoire, la
commission a formé un groupe de recherche autour de M, Jacques
Saint-Pierre, de la Faculté des sciences de l'administration de
l'Université Laval, qui a eu pour mandat d'étudier plus à
fond la problématique du milieu et de conseiller la commission.
Nous arrivons aujourd'hui à l'étape de la consultation et
de la vérification de certaines hypothèses qui ont
été formulées quant à l'évolution future de
la Commission des valeurs mobilières du Québec. Quand nous
abordons le volet orientation de notre mandat, une question centrale surgit!
Comment doit-on envisager les relations et le partage des
responsabilités entre la Commission des valeurs mobilières du
Québec et les autres intervenants du marché boursier,
c'est-à-dire la Bourse de Montréal et l'Association canadienne
des courtiers en valeurs mobilières?
Dans le contexte de la révision de la Loi sur les valeurs
mobilières, qui doit s'enclencher dès janvier prochain, il est
certainement utile à ce moment-ci d'amorcer cette réflexion. Nous
avons transmis aux trois organismes que nous avons devant nous aujourd'hui un
ensemble de questions auxquelles ils ont bien voulu répondre par le
biais d'un mémoire.
Parmi ces questions, certaines touchent à l'expérience
actuelle de la mission de la Commission des valeurs mobilières du
Québec et son évolution possible. D'autres visent à mettre
en lumière l'organisation et le fonctionnement de l'organisme sans
présumer du résultat de nos travaux. Je peux vous assurer que
c'est avec un esprit positif, ouvert, et j'ajouterais non partisan, que les
deux formations politiques, les responsables de la Commission des valeurs
mobilières du Québec, de la Bourse de Montréal et de
l'ACCOVAM ont coopéré à nos travaux depuis le début
de ce mandat.
Nous travaillons tous à consolider et à assurer
l'efficacité de la mission de la Commission des valeurs
mobilières du Québec. Cette étude entreprise à
l'initiative des députés au mois de juin 1986 s'inscrit dans le
cadre de l'exercice annuel de la surveillance d'un organisme public auquel est
astreint chacune des huit commissions parlementaires. Depuis l'entrée en
vigueur de la réforme parlementaire, en mars 1984, ce sera le
onzième exercice de surveillance d'organismes effectué par une
commission parlementaire.
Au cours de nos échanges de vues, nous aborderons sans doute les
points suivants: la performance actuelle de la Commission des valeurs
mobilières du Québec; l'efficacité et l'efficience de ses
services; ses besoins en ressources; l'autoréglementation; la
communication et la concertation entre les partenaires.
Vous n'êtes pas sans savoir que la valeur des actions
négociées à la Bourse de Montréal a plus que
triplé de 1983 à 1986, passant de 5 000 000 000 $ à
environ 16 000 000 000 $. Actuellement, plus de 11 % des
Québécois adultes sont porteurs d'actions transigées
à la Bourse. Il est à noter que plus de 50 % de ces porteurs ont
acquis leur première action au cours des quatre dernières
années, soit en pleine période d'essor du Régime
d'épargne-actions.
Enfin, le Québec a su récupérer une partie du
marché perdu au profit de Toronto, puisque l'apport du marché de
la valeur des actions négociées à la Bourse de
Montréal a presque doublé de 1980 à 1986 et elle est
passée de 10 % à 19 % de l'ensemble du marché canadien.
Voilà certains faits qui démontrent l'effervescence du
marché boursier au Québec. Je crois parler au nom de tous les
membres de cette commission, lorsque je dis que la préoccupation
première des parlementaires dans ce mandat est d'assurer la protection
adéquate des épargnants et ce, par le biais d'une Commission des
valeurs mobilières efficace et efficiente!
Je vous remercie de votre attention. Maintenant, j'aimerais céder
la parole à M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, sans répéter ce
que vous avez dit à l'allocution d'ouverture, j'aimerais dire que les
représentants du Parti québécois au sein de cette
commission ont proposé d'étudier la Commission des valeurs
mobilières. Nous avons convaincu assez facilement les
représentants du parti ministériel de sorte qu'aujourd'hui c'est
la commission dans son ensemble qui étudie et qui va regarder comment se
comportent et quelles sont les relations entre les différents organismes
du monde financier.
Pendant longtemps, les finances ont été une chasse
gardée pour des initiés. C'est au cours des dernières
décennies que, de plus en plus, le public a participé plus
largement au financement des entreprises. Comme le président l'a
mentionné dans son allocution, c'est un souci particulier pour les
représentants de la population qui sont à cette commission de
protéger le public, mais aussi d'assurer le plus large financement
possible aux entreprises pour un meilleur développement
économique au
Québec. On assiste, avec le fait que de plus en plus de citoyens
participent au financement des entreprises par les institutions
financières, à une démocratisation - si on peut employer
le terme - des finances. De plus en plus, le financement des entreprises n'est
plus réservé à quelques personnes ou à quelques
initiés; mais quand on parle de pourcentage, comme on vient de le
mentionner, et qu'on voit avec les régimes d'épargne-actions qui
ont été mis sur pied, il y a quelques années par le
gouvernement, que maintenant une proportion de plus en plus large du public
participe au financement des entreprises qui a été
souhaité par le gouvernement du Québec, on assiste
également à une forme de démocratisation des finances,
c'est-à-dire que le public en général devient imparti
à ce financement. Il est bien important, pour assurer ce financement des
entreprises, que le public non seulement se sente protégé, mais
soit protégé; parce que beaucoup de ceux qui participent, sans
être complètement iqnorants des choses financières, n'ont
pas les connaissances des initiés qui oeuvrent dans le secteur.
Alors, le but est un peu de voir si toutes les lois et les
règlements qui s'appliquent au secteur et si les responsabilités
de chacune des institutions, principalement la Commission des valeurs
mobilières, la Bourse de Montréal et l'Association des courtiers,
peuvent jouer dans la réglementation actuelle le rôle qu'elles
devraient jouer, et si les responsabilités de chacun sont
accordées en fonction des besoins du secteur des finances au
Québec et toujours en visant comme but le meilleur financement possible
des entreprises, la meilleure démocratisation des finances en faisant
participer le plus possible de citoyens dans la population et également
la meilleure protection du public épargnant qui a choisi de placer son
argent et de contribuer au développement économique du
Québec. Alors, nous espérons que chacun va éclairer le
plus possible la commission. Nous avons choisi une formule particulière.
Cela fait quelques années que je suis dans le Parlement et c'est la
première fois que je vois une formule de table ronde dans le cours d'une
commission parlementaire. Nous sommes contents de voir que tout le monde a
été d'accord pour y participer. À moins d'erreur, je pense
que nous allons innover en faisant un débat où des institutions
représentées et les membres de la commission vont travailler dans
une formule de table ronde pour permettre non pas que les gens se passent la
balle, se dépêchant de mettre la main dans leur poche pour ne plus
la reprendre, mais, au contraire, pour que ce soit vraiment un échange
de propos profitable tous ensemble plutôt que d'entendre des
représentations et après cela
avoir à poser des questions à d'autres personnes qui sont
parties parce que leur tour est passé. Par cette table ronde, je suis
persuadé que nous aurons des échanges de vues très
intéressants qui nous permettront de faire avancer l'état de
connaissance du dossier et mieux apprécier ce qui devrait être
fait dans l'avenir pour améliorer la protection du public et le
fonctionnement des institutions financières.
Auditions
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. Nous allons maintenant entendre M. Paul
Guy, président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec. M. Guy, pour les fins de l'enregistrement du Journal des
débats, il y aurait peut-être lieu de vous identifier, dans un
premier temps, et si les gens qui vous accompagnent désirent prendre la
parole, peut-être nous les présenter; par la suite, qu'ils
s'identifient avant de prendre la parole. M. Guy, s'il vous plaît.
Commission des valeurs mobilières du Québec
M. Guy (Paul); Merci, M. le Président. D'abord, je vais commencer
par identifier les personnes qui m'accompagnent. En partant de mon
extrême gauche, MM. Antoni Dandonneau, chef du service de conseil
juridique de la commission; Maurice Cusson, vice-président de la
commission; à mon extrême droite, MM. Martin Martin, chef du
service des études et vérificateur interne de la commission;
Jean-Pierre Cristel, conseiller juridique au service de conseil juridique et
Roland Côté, vice-président de la commission.
M. le Président, M. le vice-président, Mme et MM. les
membres de la commission du budget et de l'administration de l'Assemblée
nationale, c'est avec un vif plaisir, vous le comprendrez, que j'ai aujourd'hui
l'occasion, à titre de président de la Commission des valeurs
mobilières du Québec, de m1 adresser à vous
afin de traiter d'un sujet qui m'est particulièrement cher à un
moment aussi important. Le marché des valeurs mobilières et le
contexte financier en général sont actuellement en rapide
évolution, tant sur le plan interne qu'international. De nombreuses
réformes majeures sont en cours ou ont été
annoncées: le "Big Bang" de Londres, les nouvelles orientations du
gouvernement fédéral et le "Little Bang" de l'Ontario qui
s'ajoutent, bien entendu, au décloisonnement déjà bien
amorcé au Québec. Chaque jour qui passe, voit la concurrence au
sein des marchés, entre les Bourses et les intermédiaires, se
faire plus vive. La complexité et le degré de sophistication des
formes d'investissement s'accroissent à un rythme
accéléré, au même titre d'ailleurs que le
raffinement et l'étendue atteints par certaines fraudes à
l'endroit des épargnants: l'usage d'informations
privilégiées étant à cet éqard la toute
dernière mode. Nos voisins, les Américains, sont d'ailleurs en
mesure de témoigner des centaines de millions de dollars
impliqués dans les affaires Levine et Boesky, de même que les
efforts énormes faits par le Securities and Exchanqe Commission, de
concert avec l'ensemble des commissions de valeurs dans le monde entier, afin
de dénouer toute une série d'opérations financières
fort complexes et fort dommageables pour l'intégrité des
marchés.
Les enjeux sont importants. Il faut, pour le Québec, non
seulement protéger les acquis mais se donner pleinement les moyens
d'assurer l'avenir.
La Commission des valeurs mobilières du Québec, comme ses
homologues dans la plupart des marchés développés à
travers le monde, est, de par la nature même de sa mission, au coeur de
l'action, si je puis m'exprimer ainsi.
À cet égard, il est intéressant de souligner que
les dispositions de la Loi sur les valeurs mobilières ne
diffèrent pas fondamentalement des dispositions de la plupart des lois
sur les valeurs mobilières en Amérique du Nord.
Cette similitude, on a souvent tendance à l'oublier, tient pour
une bonne part au fait que toutes les lois, ou leurs ancêtres
législatifs, furent adoptées à la suite des travaux de
nombreuses commissions d'enquête dont les conclusions similaires
influencèrent considérablement et à juste titre les
gouvernements de l'époque.
La création de ces commissions d'enquête, il est presque
inutile de le rappeler, faisait suite à la plus grande
débâcle financière des temps modernes, c'est-à-dire
celle qui suivit le célèbre jeudi noir d'octobre 1929 à la
Bourse de New York.
Sans vouloir épiloguer sur la nature et les nombreuses causes de
la crise financière qui survint alors et sur certaines similitudes avec
le contexte actuel, je ne vous cacherai pas que favoriser le bon fonctionnement
du marché des valeurs mobilières tout en assurant la protection
des épargnants contre les pratiques déloyales, abusives et
frauduleuses est, chaque jour, une responsabilité considérable
pour la commission.
Il est inutile, dans le cadre de cette audience publique, de rappeler
l'impact potentiel sur l'ensemble de l'économie de certains
problèmes reliés au marché des valeurs mobilières.
 cet égard, je mentionnerai tout simplement, à titre
d'exemple, les interventions de la commission dans l'affaire des fonds
d'investissements IOS, dans le dossier des Caisses d'entraide
économique de même que dans l'affaire de la faillite de la
Norbanque et de la Banque commerciale du Canada. (11 h 30)
Mais, puisque nous sommes aujourd'hui réunis pour examiner les
orientations, les activités et la gestion de la commission, je crois
utile de mentionner à ce stade une des principales leçons qu'il
convient de tirer du rapport récent de la commission d'enquête du
juge Estey: les moyens matériels et législatifs mis à la
disposition d'un organisme de surveillance, en l'occurrence l'Inspecteur
général des banques, doivent être proportionnels à
l'importance de la responsabilité qu'il assume, si l'on veut vraiment
qu'il soit en mesure de remplir efficacement sa mission. Agir autrement
comporte de graves dangers. Il en est de même pour la commission.
La mission de la commission, comme celle de toutes les commissions des
pays développés, est vaste et importante. On en retrouve les
grandes lignes à l'article 276 de la loi. Les pouvoirs que le
gouvernement lui a confiés depuis 1955 sont étendus et
justifiés. Ils sont ceux d'une véritable régie dont la
fonction juridictionnelle est rattachée à une fonction de
réglementation.
L'intégration des fonctions réglementaires,
juridictionnelles et administratives au sein d'organismes quasi judiciaires
rend ce type d'organisme particulièrement bien adapté à la
réglementation de secteurs d'activité spécialisés
dont le rythme d'évolution nécessite non seulement l'adaptation
rapide des normes réglementaires, mais aussi la capacité de
rendre avec célérité des décisions ponctuelles
impliquant souvent des intérêts considérables.
Un des avantages principaux résultant du cumul des fonctions
réglementaires, quasi judiciaires et administratives au sein d'un
même organisme est qu'il favorise la coordination administrative d'un
processus de décision spécialisé de même que la
compétence juridictionnelle, tout en atténuant les pressions
partisanes et en donnant une garantie d'impartialilté.
L'examen de l'ensemble des fonctions d'un gouvernement moderne met en
évidence les inconvénients qu'il y aurait à ne confier
qu'aux structures centrales la responsabilité de l'action
administrative. Ce système ne ferait que ralentir le bon fonctionnement
des organes centraux et diminuer leur efficacité. Il ne convient
absolument pas au marché des valeurs mobilières. C'est pourquoi
la plupart des gouvernements ayant des marchés de valeurs
développés ont créé, à cause de leur
importance stratégique, des commissions de valeurs pour veiller au
grain.
La nouvelle Loi sur les valeurs mobilières adoptée en 1982
est un instrument moderne de gestion beaucoup mieux adapté aux
réalités contemporaines du marché financier que ne
l'était la loi précédente. L'Ontario s'en inspire
d'ailleurs largement pour la réforme en cours du "Securities Act". De
plus, la commission, de concert avec le gouvernement, a fait, depuis
l'entrée en vigueur de la loi actuelle en 1983, un effort constant afin
de modifier promptement la loi et sa réglementation de manière
à pouvoir utiliser un instrument législatif de premier ordre
permettant de faire face adéquatement aux réalités
contemporaines du marché.
Dans un domaine où les enjeux sont si importants,
l'expérience démontre dans tous les marchés
développés que les commissions de valeurs, pour être
efficaces, doivent avoir une vaste gamme de moyens légaux à leur
disposition dont une bonne dose de discrétion. La raison en est fort
simple. Au sein du marché des valeurs mobilières, les pratiques
et les formes d'investissement évoluent à un rythme
extrêmement rapide, bien plus rapide que celui auquel tout Parlement
adopte des lois et bien plus rapide que le rythme auquel tout gouvernement
adopte des règlements.
Réduire les pouvoirs discrétionnaires d'une commission de
valeurs équivaut, en pratique, à priver les épargnants et
le marché d'une protection réelle. Sans la possibilité
d'intervention rapide des commissions, de nombreux intervenants dans le
marché trouveront facilement le moyen de tourner avec habileté
tout texte normatif, si bien conçu soit-il. C'était d'ailleurs la
spécialité de certains escrocs notoires tels Irving Kott et ses
semblables que la commission a réussi à chasser du marché
nord-américain au cours des années soixante-dix et dont les
Suisses et les Néerlandais se plaignent amèrement à
l'heure actuelle. Il est d'ailleurs significatif que ces deux pays soient en
train de se doter d'organismes de surveillance semblables aux Commissions de
valeurs mobilières. Vous verrez dans les annexes au mémoire des
articles de journaux qui reflètent cette situation.
Lorsque certains posent le problème des pouvoirs
discrétionnaires étendus, la question n'est pas de savoir si l'on
doit accorder de tels pouvoirs aux commissions mais bien de savoir si l'on veut
oui ou non protéger efficacement les épargnants contre des
intervenants qui ont la dent longue et qui sont capables, avec des moyens
légaux et financiers importants, de rapidement infliger des dommages
considérables à l'ensemble du marché des valeurs.
Il est aussi important de souligner le rôle "policier" des
commissions dans le domaine des valeurs mobilières. Les commissions ont
la responsabilité fondamentale de veiller à ce que tous les
intervenants du marché respectent les lois dont elles assurent
l'application. Cette fonction coercitive, essentielle à la protection
véritable du marché et des épargnants, s'exerce par
l'examen des
plaintes reçues, par la mise en marche d'enquêtes et par
des poursuites de nature pénale à l'égard des
contrevenants. Cette fonction majeure ne revient ni aux corps policiers ni au
ministère de la Justice qui ne possèdent pas l'expertise et les
moyens pour l'exercer adéquatement.
Sur le plan des moyens légaux, compte tenu de l'effort constant
qui est fait pour actualiser la loi, j'estime que la Commission des valeurs
mobilières est pour l'instant adéquatement pourvue pour accomplir
sa difficile mission. Il faudra bien entendu examiner avec beaucoup d'attention
la décision du gouvernement de l'Ontario d'étendre la
compétence de l'Ontario Securities Commission à l'ensemble du
marché des valeurs non réglementé à compter du 30
juin 1987 et d'abolir des restrictions relatives aux institutions
financières et aux étrangers. Cette décision est
extrêmement importante dans la mesure où elle accroît d'une
façon considérable les pouvoirs et les ressources de la
commission de l'Ontario. À l'occasion de l'annonce de ces nouvelles
mesures, le gouvernement ontarien a exprimé clairement sa ferme
intention et je cites "to ensure that our financial markets are so structured
that Toronto will be able to maintain its rightful place, not only as the
center of Canada's capital markets, but as a major international financial
center".
C'était la déclaration de M. Kwinter.
Considérant le rôle fondamental de l'Ontario Securities
Commission au sein du marché des valeurs, le gouvernement de l'Ontario
lut consent, depuis les trois dernières années, des ressources
additionnelles importantes. Avec l'accroissement récent de sa
compétence, il faut réaliser qu'un noyau considérable
d'expertise et d'influence est aujourd'hui concentré au sein de cet
organisme qui agit comme le véritable chef de file de la
communauté financière ontarienne.
Face à cette concentration de moyens et compte tenu des
changements majeurs qui affectent les marchés financiers, la Commission
des valeurs mobilières, dont le leardership était jusqu'à
récemment reconnu à travers le Canada, fait face à de
sérieuses difficultés sur le plan des ressources.
Ainsi, la charge de travail de la Commission des valeurs
mobilières a littéralement explosé au cours des
dernières années sans une augmentation équivalente des
ressources humaines régulières. Au 24 février 1987, le
nombre de postes autorisés s'élevait à 95; une
augmentation de moins de 12 pour cent par rapport au 1er avril 1984.
Toutefois, il est important de souligner que cette augmentation est
inopérante à cause de divers problèmes de recrutement, le
principal étant l'incapacité pour la Commission des valeurs
mobilières d'offrir une rémunération concurrentielle.
Seuls 88 des 95 postes autorisés étaient comblés au 24
février 1987. Tous les postes non pourvus sont de niveau professionnel
dont deux très importants de niveau cadre. En fait, depuis un an, nous
avons perdu plusieurs de nos éléments les plus
expérimentés qui ont quitté la Commission des valeurs
mobilières pour accepter des emplois beaucoup plus
rémunérateurs dans le secteur privé. La situation est
actuellement très sérieuse. Elle pourrait devenir dramatique et
véritablement paralyser la Commission des valeurs mobilières
d'ici un an si rien n'est fait pour la corriger.
Déjà en 1983, lors de l'entrée en vigueur de la
nouvelle loi, nous faisions face à un manque de ressources humaines et
matérielles important. Afin de rationaliser le plus possible
l'utilisation de ces ressources, nous avions alors recommandé au
gouvernement d'introduire dans la nouvelle loi trois innovations majeures.
Ces recommandations furent retenues et c'est pourquoi l'article 150 de
la Loi sur les valeurs mobilières prévoit un régime
d'inscription permanente encore aujourd'hui unique au Canada. L'ancienne loi et
le règlement dont elle était assortie disposaient que
l'inscription des courtiers, des conseillers et de leurs représentants
devait être renouvelée à chaque année. La nouvelle
loi introduisit un régime d'inscription permanente où les droits
conférés par l'inscription sont maintenus tant que l'inscrit
remplit les conditions prévues par la loi. Un allégement
important de la charge de travail mécanique du personnel de la
commission et des inscrits résulte de cette innovation.
D'autre part, l'utilisation par les émetteurs du prospectus
simplifié permit de réduire substantiellement les coûts
d'un appel public à l'épargne, tout en étalant l'effort
d'analyse qui doit être fourni par la direction de l'information lors de
l'examen du prospectus. Cet abaissement de la pointe de travail découle
du fait qu'avec l'utilisation du prospectus simplifié, une bonne partie
de l'information normalement requise lors d'un appel public à
l'épargne se retrouve dans un dossier d'information permanent accessible
à tout épargnant et constamment tenu à jour par
l'émetteur.
Enfin, une troisième innovation majeure permit à la
commission, en vertu de l'article 170 de la loi, de déléguer
à un organisme d'autoréglementation reconnu l'application de tout
ou partie des dispositions du titre cinquième de la loi et des
règlements pris pour son exécution. De plus, ta commission peut,
en vertu de cet article, déléguer à un organisme
d'autoréglementation reconnu l'application des dispositions
réglementaires prévues au paraqraphe 26 de l'article 331 de la
loi. La commission utilisa cette nouvelle flexibilité que lui
confère la loi et délégua,
le 30 mars 1984, à la Bourse de Montréal, des pouvoirs
importants concernant l'inscription de représentants et des
négociateurs autonomes.
Cette décision allégea la tâche de la direction de
l'encadrement du marché et des personnes inscrites tout en permettant
à la Bourse de jouer un rôle accru à titre d'organisme
d'autoréglementation. Cette délégation considérable
de travail taxe toutefois les ressources actuelles de la Bourse de
Montréal et on ne peut, d'une façon réaliste, envisager
une délégation plus impartante dans un avenir
prévisible.
La section Québec de l'Association canadienne des courtiers en
valeurs mobilières ne peut présentement se conformer aux
critères fondamentaux prévus aux articles 174 à 176 de la
loi et, dans l'état actuel des choses, il n'est pas possible de
déléguer à cet organisme des pouvoirs prévus par la
loi.
La délégation externe de fonctions, comme instrument pour
rationaliser l'utilisation des ressources matérielles de la commission
tout en continuant d'assurer une protection adéquate a donc atteint,
dans le contexte actuel, sa limite extrême.
Un autre type d'effort de rationalisation des ressources fut entrepris
à compter de 1983, quand la commission innova à travers le Canada
en informatisant à un rythme forcé une grande part de ses
dossiers et de ses fonctions de soutien, ce qui permit d'accroître le
nombre des professionnels à son emploi tout en réduisant au
strict minimum le nombre des postes de soutien. Notre système
informatique a dû toutefois faire face, en quelques années,
à une augmentation considérable du volume des opérations.
Il est présentement insuffisant, désuet et parfois
défaillant, ce qui pose des problèmes majeurs de
fiabilité.
D'un autre côté, bon nombre des activités
importantes de la commission se sont accrues de plus de 100 % au cours des
trois derniers exercices, comme vous pouvez le consater à l'analyse des
tableaux 1 à 5 du mémoire.
Quelques exemples pour illustrer l'augmentation de la charge de travail
de la commission. Au niveau de l'appel public à l'épargne, le
nombre de visas de prospectus a progressé de 106 % en trois ans. En
fait, phénomène sans précédent, nous avons dû
au cours de la dernière période de onze mois, avec des ressources
nettement inférieures à l'Ontario Securities Commission, examiner
et viser une centaine de prospectus de plus que l'Ontario.
Au-delà de cette croissance globale, on doit aussi noter un
phénomène significatif: la forte augmentation des premiers appels
publics à l'épargne de 113 % en deux ans seulement et cela
continue au même rythme. Les sociétés qui en sont à
leur premier appel présentent des caractéristiques telles que
l'effort et le temps d'analyse de leurs dossiers sont beaucoup plus importants
que s'il s'agissait d'un placement réalisé par une
société bien établie. Cet effort doit être aussi
considérable pour toute une gamme de titres non conventionnels
comportant des caractéristiques fort complexes. Là, on peut
parler des parts de sociétés en commandite d'exploration
minière, de films ou de projets immobiliers. (11 h 45)
De plus, chaque fois qu'une émission admissible au Régime
d'épargne-actions est examinée, la commission doit non seulement
procéder à un examen du prospectus aux fins de le viser, mais en
plus rendre une décision afin d'appliquer certaines dispositions de la
Loi sur les impôts.
La complexité et le nombre des offres publiques faisant l'objet
de contestations devant la commission se sont accrus d'une manière sans
précédent au cours de la dernière année. On n'a
qu'à citer les cas notoires de Canadian Tire, Nordair-Quebecair,
Rolland-Cascades et Groupe Prêt et Revenu pour avoir une petite
idée du temps et des ressources spécialisées que la
commission a dû consacrer aux audiences tenues et aux décisions
rendues dans le cadre d'offres publiques contestées. Sans ressources
additionnelles, la commission n'est actuellement pas en mesure de continuer
à soutenir ce rythme.
L'accroissement du nombre de premiers appels publics à
l'épargne provoque des effets directs sur la charge de travail
reliée au service de l'information continue. Ainsi, la commission doit
contrôler l'information de 1600 émetteurs assujettis, soit une
augmentation de 72 % au cours des trois derniers exercices. Plus il y a
d'émetteurs assujettis, plus il y a de rapports et d'états
financiers annuels et trimestriels à analyser au dossier permanent de
l'émetteur assujetti, auquel le public a accès, sans compter
l'assistance particulière qui doit être constamment fournie aux
nouveaux émetteurs - augmentation de 168 % au cours des deux
dernières années. Il en est de même pour le traitement de
l'information portant sur les opérations des initiés.
Actuellement, la publication de ces opérations accuse un retard
important à cause d'un système informatique inadéquat et
d'un manque chronique de personnel.
Alors que le nombre d'inscriptions de représentants a
augmenté de 35 % en trois ans parmi les courtiers de plein exercice,
nous avons assisté à une véritable explosion du nombre
d'inscriptions de représentants chez les courtiers d'exercice restreint
qui ont augmenté respectivement de 415 % et de 89 % de 1984 à
1987. Une partie importante de cette augmentation reflète une
activité accrue des courtiers spécialisés en
éparge collective. Les fonds d'investissement étant un
mode de placement de plus en plus populaire au Canada et au Québec et
particulièrement adapté aux besoins des petits épargnants,
la commission se doit d'être très vigilante.
Il est inutile de rappeler les déboires que nous avons
vécus avec les fonds mutuels au début des années
soixante-dix où des gestionnaires sans scrupules et des
représentants inexpérimentés ont réussi à
écarter des dizaines de milliers d'épargnants du marché
des valeurs mobilières. On a parlé tout à l'heure de
l'affaire IOS qui est un exemple de ces problèmes.
Le décloisonnement de l'activité des intermédiaires
financiers provoque une augmentation substantielle du nombre d'inscriptions
à titre de courtiers en valeurs qui ira en s'accroissant lorsque
l'impact du livre blanc fédéral, de la réforme
annoncée par l'Ontario et de l'établissement des centres
financiers internationaux au Québec se feront pleinement sentir
l'été prochain.
L'inscription d'une institution financière traditionnelle
à titre de courtier en valeurs pour la première fois est une
tâche complexe qui nécessite une analyse approfondie. Or, depuis
les deux dernières années, les institutions financières se
sont inscrites en nombre.
Après l'inscription, il faut accorder une attention
particulière à la surveillance de ces nouveaux intervenants sur
le marché. D'ailleurs, l'Ontario vient d'annoncer un supplément
important des ressources attribuées à la commission pour leur
permettre de faire face à cette charge nouvelle. Alors on parle d'une
augmentation, dans les journaux, du budget de la commission de $ 1 100 000 et
de vingt postes additionnels.
Une des conséquences directes de l'accroissement du nombre des
courtiers en valeurs d'exercice restreint et des conseillers en valeurs est
d'accroître la tâche du service de l'inspection de la commission
qui doit s'assurer du respect de la réglementation par les personnes
inscrites. Cette tâche est particulièrement importante et
difficile avec les nouveaux courtiers qui ont souvent une fougue et un
dynamisme inversement proportionnels à leur degré
d'expérience.
Sans tenir compte d'un accroissement général de leur
complexité, le volume des décisions que la commission doit rendre
elle-même, c'est-à-dire les décisions qui ne sont pas
rendues par son personnel dans le cadre d'une délégation interne,
est passé de 278 décisions en 1984 à 338 en 1985 pour
atteindre 468 en 1986, soit une augmentation de près de 70 %. Compte
tenu du fait que la commission ne compte que trois membres à temps plein
et que le quorum pour chaque décision est de deux membres, ce volume
est, i! convient de l'apprécier, pour le moins considérable,
Parallèlement à cet effort, des discussions intenses
doivent se poursuivre, tant au niveau national qu'international, avec d'autres
autorités réglementaires afin d'établir en harmonie des
normes de contrôle adaptées aux changements rapides que nous
vivons tout en assurant les épargnants et le marché d'une
protection adéquate.
Avec le nombre de professionnels expérimentés en nette
diminution au sein du personnel de la commission et une absence de moyens nous
permettant de faire appel ponctuellement à une expertise
extérieure, cette tâche devient chaque jour plus difficile.
Actuellement, elle est presque insurmontable. Le prix que nous aurons à
payer, si nous ne corrigeons pas rapidement la situation, est que nous serons
bientôt irrémédiablement à la remorque des
autorités fédérales et ontariennes pour ce qui a trait
à la réglementation de tout un secteur d'activité vital
pour le bon fonctionnement de l'ensemble de notre économie.
De plus, je voudrais souligner que la commission est souvent, en
matière de crimes économiques spécialisés,
l'instance de dernier recours pour de nombreux petits épargnants
victimes de pratiques déloyales, abusives ou frauduleuses.
Les ordonnances de blocage de fonds prononcées par la commission
au cours des dernières années notamment dans les dossiers de
Hampstead Energy International Inc., Placements Debluc Inc., Gestion
Professionnelle Immobilière, Dubois/Lamou-reux Inc.,
Investissements Daperii et le Groupe Uniforce 2000 Inc., permirent de
préserver des millions de dollars investis par des petits
épargnants qui autrement auraient été
irrémédiablement perdus parce que ni les corps policiers, ni
aucun autre organisme de réglementation ne voulaient intervenir.
Sans l'intervention de la commission, la confiance que portent des
milliers d'épargnants dans l'intégrité de notre
marché aurait été atteinte. Sans cet élément
de confiance, la capacité de notre marché à attirer
l'épargne et à la canaliser vers les sociétés
à la recherche de fonds sera affectée avec toutes les
conséquences que cela comporte pour l'ensemble de l'économie.
Grâce en bonne partie au Régime d'épargne-actions,
le nombre de Québécois porteurs de valeurs mobilières a
plus que doublé au cours des cinq dernières années. C'est
un rattrapage remarquable par rapport à la moyenne
nord-américaine, mais il faut souligner que ce nouvel actionnariat est
et sera encore de nombreuses années moins aguerri que chez nos voisins
aux rigueurs du marché.
Au cours des cinq dernières années, La commission a
entrepris, avec des ressources
insuffisantes, un effort énorme du côté de
l'information des épargnants notamment en publiant toute une
série de brochures comportant des informations de base sur le
marché des valeurs, en participant à de nombreux salons
d'épargne-placements dans tout le Québec, et en sensibilisant les
médias à la nécessité d'avoir une bonne information
financière. De nombreuses études sur le marché des valeurs
ont été entreprises et rendues publiques. Compte tenu des
ressources mises à notre disposition, le rythme de cet effort
remarquable ne peut plus être soutenu.
De plus, face à un marché très dynamique, la
commission se voit dans l'obligation d'entreprendre un nombre
considérable d'enquêtes qu'elle ne peut, faute de ressources
adéquates, terminer assez rapidement pour éviter des dommages
potentiels importants à la crédibilité et aux rouages de
l'ensemble du marché.
En terminant, M. le Président, j'aimerais citer une
déclaration de M. Alvin Shoemaker, président de First Boston
Corporation, faite récemment devant le Congrès américain,
et je cite: "Cela ne me dérangerait aucunement si le budget de la
Securities and Exchange Commission était doublé; c'est dire
l'importance que j'attache au rôle que la SEC joue dans le marché.
Une activité omniprésente de la SEC constitue le facteur le plus
efficace de dissuasion contre les pratiques abusives et un
élément clé pour la confiance des épargnants
à l'égard des marchés. "
Cette position a été endossée par M. Donald Marron,
président de Paine Webber, et d'autres hauts dirigeants de firmes de
courtiers américaines. Il faut souligner, et cela est important, que ces
personnes appartiennent au milieu des courtiers, soumis à la
réglementation, et non à un orqanisme de réglementation.
Leur déclaration situe le débat sur le terrain où il doit
se situer. La réglementation constitue non pas un empêchement
à l'efficacité du marché, mais une condition essentielle
au bon fonctionnement des marchés.
Afin de protéger les acquis et d'être en mesure d'assumer
pleinement l'avenir, il est vital de veiller à ce que la confiance des
épargnants ne soit pas atteinte et, en conséquence, il est
essentiel que l'on accorde à la commission les moyens pour remplir
pleinement sa mission. Les enjeux sont trop importants pour qu'il en soit
autrement.
M. le Président, en terminant, j'aimerais déposer
officiellement, devant la commission, deux documents: premièrement, le
mémoire de la Commission des valeurs mobilières à la
commission du budget et de l'administration; deuxièmement, un document
sur les activités de communication de la Commission des valeurs
mobilières du Québec. Je crois que le deuxième document a
été distribué déjà.
Le Président (M. Lemieux): J'autorise le
dépôt, M. le président de la commission; que le document
Activités de communication de la Commission des valeurs
mobilières du Québec soit distribué aux membres de cette
commission.
M. Guys Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
président de la Commission des valeurs mobilières. Effectivement,
votre exposé était très intéressant et les membres
de cette commission parlementaire ont pris connaissance de votre
mémoire. Non seulement en ont-ils pris connaissance, mais ils l'ont
analysé de fond en comble. Avant d'en arriver, vous me permettrez,
à ce problème que vous soulevez tout au long de votre
mémoire, relativement au niveau des effectifs de la Commission des
valeurs mobilières - j'aimerais peut-être attirer votre attention,
simplement en obiter dictum -d'une manière assez directe, je pense,
à la page 11 de votre mémoire, où vous dites que ce manque
de ressources humaines pourrait devenir dramatique et véritablement
paralyser la commission d'ici un an, si rien n'est fait pour la corriger.
Abstraction faite de ce problème, si je puis dire, puisqu'on aura
l'occasion d'y revenir, j'aimerais attirer votre attention sur le
mémoire qui nous a été présenté par la
Bourse de Montréal et tout particulièrement à la page 3,
je crois, de ce mémoire. On y dit ceci: L'expérience des
dernières années révèle que la Commission des
valeurs mobilières du Québec s'est servie de ses pouvoirs
discrétionnaires pour prendre les mesures qu'elle estimait devoir
prendre pour favoriser le bon fonctionnement du marché. Le
résultat est que la Commission des valeurs mobilières est non
seulement responsable de l'administration de la loi, mais peut prétendre
également à un pouvoir de réglementation économique
de l'industrie des valeurs mobilières. Il y a lieu de s'interroger sur
le bien-fondé de cette possibilité dans le contexte actuel de
déréglementation des institutions financières.
À cet effet, M. le président de la Commission des valeurs
mobilières, pouvez-vous nous dire ou nous situer jusqu'où vous
considérez que votre intervention doit aller pour favoriser le bon
fonctionnement du marché? Et, dans un certain sens, M. le
président de la Commission des valeurs mobilières, vous pourriez
peut-être 'nous dire ce qu'est pour vous, dans votre optique, favoriser
le bon fonctionnement du marché.
M. Guy: Je pense parler en termes que tout le monde comprend. Le
bon fonctionnement du marché... En fait, si vous regardez la version
anglaise de la loi, "Efficiency of
capital market", c'est-à-dire l'efficacité des
marchés financiers, c'est la même chose. C'est un mandat qui
revient de longue date et historiquement à toutes les commissions de
valeurs mobilières, la Commission des valeurs mobilières
américaine, la Commission des valeurs mobilières ontarienne, la
Commission des valeurs mobilières du Québec. Alors, ce n'est pas
un nouveau mandat et ce n'est pas parce que, lors de l'adoption de la loi en
1982, on a intégré spécifiquement un article qui parle de
la mission de la commission, que cette mission n'existait pas avant. Elle
existait avant 1982, elle n'a pas été changée par la loi
de 1982. Tout récemment, en Ontario, lors d'une conférence de
deux jours, la commission de l'Ontario disait justement qu'elle a toujours eu
et qu'elle a toujours le mandat d'assurer l'efficacité des
marchés financiers et que ces nouvelles orientations étaient
fondées sur cette mission de la commission. (12 heures)
Pour la Commission des valeurs mobilières américaine,
c'est la même chose. En fait, elle a toujours maintenu que c'était
un point fondamental de sa mission d'assurer le bon fonctionnement des
marchés. Alors, ce n'est pas une mission nouvelle de la commission,
c'est une mission qui a toujours existé, même si avant 1982,
spécifiquement dans la loi, on n'en parlait pas dans ces mots. Mais on
parlait de l'intérêt public, toujours interprété par
les commissions comme étant très largement le bon fonctionnement
des marchés.
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous nous dire quand
cette efficience des marchés est satisfaite? Quand
considérez-vous qu'elle a été atteinte?
M, Guy: L'efficience des marchés? Le Président (M.
Lemieux): Oui.
M. Guy: Je pense qu'elle est toujours à améliorer.
Est-ce qu'elle sera atteinte un jour de façon satisfaisante ou
complète? Je n'en suis pas convaincu. On dit que les marchés
nord-américains sont efficients. Il y a toujours une amélioration
possible à cette efficience. Quand sera-t-elle atteinte? Je ne peux
répondre à cette question. Il faudra le demander à une
autre personne que mot, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que, dans ce cadre, il
pourrait y avoir une collaboration quelconque avec la Bourse de
Montréal?
M. Guy: II y a une collaboration. Je pense que la collaboration
avec les organismes d'autoréqlementation est fondamentale au
système de réglementation nord- américaine et non
seulement au Québec; cette collaboration existe et elle doit continuer
d'exister.
Dans les deux organismes, des tâches et des fonctions sont
accomplies par un organisme d'autoréglementation comme la Bourse de
Montréal. Toute la réglementation du marché secondaire est
faite par la Bourse de Montréal. C'est en quelque sorte une
délégation du législateur à la Bourse de
Montréal, car ce mandat devrait revenir à un organisme tel que la
Commission des valeurs immobilières. Mais, en fin de compte, c'est
délégué à une Bourse de valeurs. Alors, tout ce
secteur revient à la Bourse. En plus des pouvoirs qui lui sont
délégués, la Bourse accomplit certaines fonctions que la
commission n'accomplit pas et la commission est très satisfaite que ces
fonctions soient accomplies par la Bourse. Cela doit continuer. Je ne pense pas
qu'il y ait lieu de dire ici que ces choses ne doivent pas continuer. Elles
doivent continuer à l'avenir.
Le Président (M. Lemieux): Considérez-vous que le
bon fonctionnement du marché, lorsqu'il s'ingère dans le champ de
politique économique, fait partie de votre mandat ou s'il excède
le mandat prévu au paragraphe a de l'article 276?
M. Guy: M. le Président, pour autant que je suis
concerné, la commission ne fait pas de politique économique. Je
ne vois pas où la commission fait de la politique économique. La
commission ne fait pas de politique économique. Elle ne fait
qu'appliquer une loi selon la mission qui lui est confiée. Il m'est
assez facile de répondre à cette question. Elle n'en fait
pas.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendran: Je ne veux pas vous empêcher de terminer, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, cela va, M, le
député d'Abitibi-Ouest.
M, Garon:... on peut vous laisser aller.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. Vous aurez la parole tout à
l'heure.
M. Gendron: Je voudrais remercier rapidement les membres de la
Commission des valeurs mobilières. Je pense que ce travail engagé
par les membres de cette commission est très important en ce qui nous
concerne, compte tenu de ce qui y est mentionné. Le marché des
valeurs mobilières a connu une augmentation considérable et, de
plus en plus, vous l'avez mentionné, les formes d'investissements ont
une variation
très importante dans la sophistification des formes - ce sont des
formes très sophistiquées.
Je voudrais aborder plutôt le volet des ressources humaines, car
je pense qu'on peut s'entendre rapidement sur le fait que le point majeur qui
revient constamment dans votre mémoire est celui des ressources
humaines. Avant de le commenter d'une façon précise, j'aurais
deux ou trois questions rapides concernant les effectifs. Vous nous dites que
vous avez 95 postes autorisés et que 88 sont comblés; il y a donc
un écart de sept postes entre ceux autorisés et ceux que vous
avez. Sur la base des cinq dernières années - l'information est
peut-être toute dans votre mémoire, mais j'aimerais avoir cela
rapidement - quelle est l'évolution des effectifs, en plus ou en moins?
Depuis combien de temps avez-vous des effectifs autorisés de 95 postes?
Cela fait-il cinq ans, sept ans, huit ans ou neuf ans?
M. Guy: Depuis les cinq dernières années, je ne
pense pas que l'évolution ait été très
considérable. Elle est environ de 10 % à 15 %, si ne me trompe
pas...
M. Gendron: Oui, vous avez écrit 12 %.
M. Guy: Oui, mais ce n'était pas sur cinq ans. Sur cinq
ans, elle doit être entre 12 % et 15 %, pas plus que cela.
M. Gendron: Rapidement, vous nous dites, M. Guy...
M. Guy: Je n'ai pas les chiffres ici.
M. Gendron: Ce que vous nous indiquez, M. le Président,
c'est que, contrairement à toutes les autres instances gouvernementales
qui ont eu à subir des réductions d'effectifs, en ce qui vous
concerne il n'y a pas vraiment de réduction d'effectifs; au contraire,
il y a eu une évolution de 12 % sur la base des trois dernières
années. C'est bien cela?
M. Guy: Oui, mais il faut faire attention quand on essaie de
faire des comparaisons comme cela. D'abord, si on veut comparer avec l'Ontario,
il faut faire des comparaisons valables. La commission a acquis du
ministère des Institutions financières tous ses services de
gestion. Alors, tous les postes qui étaient au ministère ont
été transférés à la commission pour assurer
sa gestion interne.
Alors, il y a dix postes, en fait, qui reviennent à la
commission, mais c'étaient des services qui étaient faits par
d'autres. Cela n'a rien donné à la commission. Il faut dire qu'on
a 85 postes qui sont des postes pour l'application de la loi.
Maintenant, on a eu des diminutions et on a eu des accroissements dans
les cinq dernières années. C'est un peu cela, je pense, parce que
si on remonte aux années soixante-treize ou soixante-quatorze, la
commission avait à peu près 95 postes à ce
moment-là. Si on remonte plus loin dans le temps, on va voir qu'on est
à peu près au niveau qu'on était en 1973.
M. Gendron: Mais vous allez probablement en convenir, sans faire
de très longues analyses, s'il y a déjà dix ou quinze ans,
vous aviez autant d'effectifs que vous avez là et que par rapport aux
tableaux statistiques que vous nous avez fournis sur le nombre
d'activités spécifiques il y a des taux d'accroissement de 400 %
dans certains cas, de deux choses l'une: ou vous êtes vraiment
débordé, ou il y a du monde qui s'ennuyait jadis.
M. Guy: Non, je ne voudrais certainement pas parler
là-dessus.
M. Garon: II n'y avait pas de tablettes?
M. Guy: Ce sont tous des gens qui travaillent. Est-ce que vous
m'avez posé une question? Je m'excuse, je n'ai pas...
M. Gendron: M. le Président, je ne pense pas. Mais le
député d'Abitibi-Ouest, oui.
M. Guy: Non mais, voulez-vous répéter votre
question, parce que...
M. Gendron: Ma question, c'est que je parle d'une
inquiétude responsable, sérieuse étant donné
l'accroissement du type d'activité, du volume d'activité. Vous
prétendez que vous n'avez pas les ressources. J'ai dit que je voudrais
bien qu'on se comprenne sur les ressources avant de faire des commentaires et
des questions de fond. On peut bien aller tout de suite à certaines
questions qui vont toujours être reliées à la question des
effectifs. Lors d'interviews ou d'échanges de vues qui ont eu lieu avec
des gens de la Commission des valeurs mobilières - pas
nécessairement vous, M. le Président -avec des personnes
autorisées de la Commission des valeurs mobilières, vous avez
insisté énormément sur le besoin de ressources
additionnelles. À un moment donné, vous avez dit: Notre besoin,
c'est quinze postes additionnels, au minimum. Vous avez ajouté: Ce
serait pour maintenir la qualité des services qu'on offre actuellement,
selon les rapports que nous avons pu lire des gens qui vous ont
questionné et tout cela.
Là, j'ai un problème. Je ne dis pas: Supposons que c'est
vrai qu'ils ont besoin de postes additionnels, mais que c'est pour maintenir la
qualité des services qu'ils offrent. Alors, comment
réussissez-vous à
offrir cette qualité de services avec les effectifs que vous
avez? Parce que vous dites: Cela, c'est juste pour maintenir ce qu'on donne
qu'on aurait besoin de quinze personnes additionnels.
Donc, j'ai de la misère à comprendre. Quand on porte un
jugement sur la qualité des services qu'on offre et on demande quinze
personnes additionnelles, mais - je lis - "ce serait pour maintenir la
qualité actuelle des services que la Commission des valeurs
mobilières offre", je voudrais comprendre un peu mieux.
Est-ce que quinze personnes de plus, c'est que, dans votre esprit, il y
a de la limitation dans vos obligations, vous ne pouvez pas aller à la
limite de vos obligations, parce que vous manquez d'effectifs? À ce
moment-là, j'appellerais cela un accroissement, du moins, de la
qualité des services offerts ou peut-être que des champs, des
activités que vous connaissez bien mieux que moi sont plus ou moins bien
couverts.
On ne sent pas cela, du moins, sûrement pas du point de vue
législatif, parce qu'à un moment donné, vous avez
mentionné dans votre mémoire à la page 3: "On a la
meilleure loi au monde". C'est un jugement qui est porté par la
Commission des valeurs mobilières. C'est écrit.
M. Guy:... des nuances.
M. Gendron: On peut bien faire des nuances, mais en gros dans
votre mémoire, vous avez mentionné cela.
M. Guy: Vous allez un peu loin.
M. Gendron: Bien oui, je vous lis à la page 6. "Le
Québec s'est doté d'une loi parmi les plus modernes en
Amérique du Nord" - OK, je vais restreindre le monde en Amérique
du Nord - "en matière de valeurs mobilières". Là, à
un moment donné, vous dites: "On a des problèmes au niveau des
moyens matériels et législatifs". Donc, j'ai
éliminé "législatif, parce que si on a la meilleure loi en
Amérique du Nord, à tout le moins, les problèmes ne sont
pas de cet ordre, ils ne sont plus législatifs, ils sont
matériels. Le problème matériel, à vous lire, c'est
celui des effectifs. Voici ma question précise. Quand vous
réclamez quinze postes additionnels pour maintenir la qualité
actuelle des services de la Commission des valeurs mobilières, c'est un
jugement que vous maintenez et que vous portez encore ou si effectivement un
ajout de postes serait pour se rendre à la limite de certains mandats
qu'actuellement vous trouvez exercés convenablement, mais qui ne donnent
pas complètement satisfaction aux dirigeants de la Commission des
valeurs mobilières.
M. Guy: Non, ce n'est pas cela du tout. D'abord, j'ai
mentionné tout à l'heure certaines améliorations qui ont
été apportées en 1983 et qui, en fin de compte, ont
amélioré la productivité, en fait, qui ont réduit
certains problèmes mécaniques qui existaient. Il y avait le
prospectus simplifié, il y avait l'inscription permanente, etc. Il y
avait la délégation de certains pouvoirs à la Bourse. J'ai
mentionné ces choses tout à l'heure. Il faut également la
contrepartie de cela du fait que les ressources manquent. Les délais
pour l'examen des demandes se sont allongés d'une façon assez
importante, en fait, aussi bien pour les prospectus que les demandes
d'inscription. Alors qu'avant on était capable de donner une
réponse à une demande d'inscription dans trois semaines, c'est
maintenant six, sept ou huit semaines et parfois plus. Alors, pour toutes les
demandes à la Commission des valeurs mobilières, tous les
délais se sont allongés et même dans les prospectus
à certaines périodes données, lesquelles périodes
sont difficiles à donner en exemple parce qu'il y a réellement un
accroissement assez considérable du nombre de demandes pour des visas de
prospectus, les délais s'allongent encore plus.
De plus, c'est évident que la Commission des valeurs
mobilières actuellement est obligée de réduire le nombre
d'inspections des intermédiaires financiers qu'elle fait. Je pense qu'il
y a un certain nombre d'intermédiaires qui sont membres de la Bourse de
Montréal. La fonction de l'inspection est en quelque sorte
déléguée à la Bourse de Montréal qui fait
l'inspection de ces intermédiaires, mais un certain nombre
d'intermédiaires qui ne sont pas membres de la Bourse de Montréal
et dont la Commission des valeurs mobilières a la première
responsabilité de s'assurer que ces intermédiaires satisfont aux
normes de capital et de respect aussi des obligations qu'ils ont. Bien entendu,
cela n'est pas fait de la même façon qu'il y a dix ans ou cinq
ans. Il y a une diminution importante de cela. Il y a une diminution aussi dans
le délai pour l'examen des plaintes. Alors qu'une plainte qui
était faite auparavant à la Commission des valeurs
mobilières par un épargnant, on pouvait la traiter dans quelques
jours, maintenant ce sont des mois. Des gens sont obligés parfois de
nous écrire deux fois ou trois fois pour nous dire: Vous n'avez pas
répondu encore à ma demande. Ce sont des éléments
qui s'accumulent. Tous les dossiers sont un peu cumulatifs.
Également en ce qui concerne les enquêtes, j'ai dit cela
publiquement à plusieurs reprises, la Commission des valeurs
mobilières n'est pas capable de faire les enquêtes qu'elle devrait
faire, non pas pour satisfaire les dirigeants de la Commission des valeurs
mobilières mais pour satisfaire en
fait l'application de la loi, c'est-à-dire des cas d'infraction
à la loi où la Commission des valeurs mobilières n'est pas
capable de faire les enquêtes qu'elle devrait faire pour poursuivre les
contrevenants. C'est un ensemble d'éléments qui sont en quelque
sorte cumulatifs. Il y a aussi toute la nécessité pour la
Commission des valeurs mobilières de maintenir l'innovation et le
développement et de s'assurer qu'on a un mot important à dire
dans le développement de la réglementation sur les valeurs
mobilières au Canada parmi nos homologues des autres provinces. Pour
avoir ce mot important à dire il faut qu'on puisse monter des dossiers
qui se tiennent et être capables de défendre ces dossiers en ce
qui concerne les autres commissions des valeurs mobilières. Encore
là, il y a un retard important qui est pris parce que, justement, on
n'est pas capable de regarder un peu ce qui s'en vient et de planifier
l'avenir. C'est, un certain nombre d'éléments que je mentionne
qui ne sont pas exhaustifs mais qui expliquent, je pense, la différence
qu'il y a entre dire: Bon, si vous faisiez ce travail avant avec un volume
moindre et que vous êtes maintenant avec le même nombre de
ressources à un volume accru, bien, c'est qu'on a laissé tomber
une foule de choses en cours de route... C'est cela.
M. Gendron: D'accord. Juste un commentaire avant une
deuxième question. Quand j'ai parlé de satisfaire les membres de
la commission, ce n'était pas pour votre satisfaction personnelle,
c'était eu égard à vos responsabilités à
l'intérieur de la loi qui a toujours ce que j'appellerais un retour aux
clientèles visées. J'espère qu'on se comprend tous sur
cela. En ce qui a trait également toujours aux postes non
comblés, est-ce que vous prétendez que l'incapacité de les
combler est due uniquement au fait que vous n'avez pas la capacité
d'offrir une rénumération dite concurrentielle selon votre
jugement ou est-ce dû à d'autres facteurs non mentionnés?
(12 h 15)
M. Guy: C'est certainement une partie des problèmes.
Là-dessus, je pense qu'il est facile de donner des exemples. Vous
connaissez très bien la structure de rémunération dans la
fonction publique. Les professionnels doivent travailler 35 heures par semaine,
je pense que c'est la norme. Chez nous, à la commission, il est tout
à fait fréquent que les professionnels travaillent 50, 55, 60
heures par semaine, ce qui donne un rendement exceptionnel. Ils ne sont pas
rénumérés pour cela. Il n'y a pas de possibilité de
récompenser l'excellence, c'est-à-dire que tout le monde passe au
même niveau. Qu'on soit excellent ou médiocre on passe tous au
même niveau. C'est un élément important dans la
rémunération des ressources. Si on n'est pas capable de
récompenser l'excellence, il est évident que les gens vont
quitter plus vite. Cela ne veut pas dire qu'on serait capable de qarder tout le
personnel qui est à la commission. Il ne faut pas se leurrer
là-dessus, il est évident qu'après quelques années
d'expérience, bien souvent les gens quittent pour aller ailleurs, et
c'est normal. Mais on pourrait peut-être les qarder plus longtemps. On
pourrait en garder certains qui nous quittent pour des questions comme
celle-là.
M. Gendron: D'accord. Dernière question...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député d'Abitibi-Ouest, puisque les députés de
Sainte-Anne, de Mille-Îles, de Saint-Louis, de Matane veulent intervenir,
seulement une question brève avant de passer la parole au
député de Sainte-Anne. Il y aurait sept postes à combler.
Quelle est la nature de ces postes, est-ce qu'il s'agit de cadres, est-ce qu'il
s'agit de professionnels?
M. Guy: II y a deux postes de cadre. Les autres, ce sont des
professionnels, avocats, analystes financiers, enquêteurs,
inspecteurs.
Le Président (M. Lemieux): Combien d'enquêteurs?
M. Guy: II y a en un. Un poste d'enquêteur, un poste
d'inspecteur, un poste d'avocat ou deux - je dis cela sous toutes
réserves - un poste d'analyste financier et deux cadres
supérieurs.
Le Président (M. Lemieux): Et les postes de cadre se
situent à quel endroit quant à l'organigramme?
M. Guy: Ils se situent à l'endroit stratégique, le
directeur de l'information, qui est l'un des postes les plus importants dans
les cadres supérieurs de la commission, il est vacant, et un poste de
chef du service de l'inscription.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de 5ainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. J'aurai deux questions
très rapides afin que le plus de députés possible puissent
intervenir. J'ai participé aux travaux de cette commission dès le
début et ce qui me préoccupe beaucoup, c'est la protection du
petit épargnant. C'est vraiment l'aspect que je trouve très
important, personnellement. Dans ce cadre, j'ai deux courtes questions. Les
actions sans droit de vote - avec droit de vote restreint - prenons le cas
par
exemple de Canadian Tire pour laquelle la commission d'Ontario - je
pense, la nôtre aussi - a pris une décision, ensuite ceux pour
lesquels Il n'y a pas eu de décision vont en appel. Est-ce que vous ne
croyez pas qu'on devrait limiter ces affaires d'appel parce qu'il y aura une
Cour d'appel, Cour supérieure, cela peut aller à la Cour
suprême et, entre-temps, l'incertitude continue. Cela peut durer des
années et cela ne réglera probablement pas le problème,
donc est-ce qu'on ne devrait pas penser à la possibilité -c'est
bien beau, vous avez pris une décision et mot, je suis tout à
fait d'accord avec cela sur le plan administratif - de limiter quelque part, et
là on continuera à débattre cela devant les tribunaux?
Deuxième question sur le décloisonnement, "deregulation".
Avez-vous des opinions sur le problème suivant. Je vois le
problème que la plus grande compagnie devient de plus en plus puissante
et, à un moment donné, il y a une concentration de pouvoir qui
peut créer énormément de problèmes. D'autre part,
si on ouvre la porte à n'importe qui ou presque pour faire tout en
même temps sur le plan de conseiller financier, on a peut-être des
gens qui n'ont pas l'expertise requise pour s'occuper de la situation. Prenons
le cas d'une veuve qui reste avec une somme d'argent. Il peut y avoir un
conseiller financier qui va dire: Maintenant, décloisonnement, je peux
faire tout pour vous, acheter une maison, hypothéquer, acheter des
actions sur le marché et je m'occupe de tout. Je demande
sérieusement: Peut-être que ce conseiller n'a pas la
compétence requise. D'autre part, si la grande institution devient de
plus en grande... Je viens de lire un livre en anglais sur la concentration du
pouvoir économique au Canada, je pense c'est 25 familles - je pense que
je suis rendu à la cinquième famille - qui contrôlent. Cela
me fait peur. Donc, vous, en tant que commission, avez-vous pris une position
là-dessus? Avez-vous l'intention, dans le décloisonnement de...
Parce que vous avez une expérience vécue de... Excusez-moi, M. le
député de Lévis, savez-vous...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne. M, le député de Lévis.
M. Polak: Vous savez très bien...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît:
M. Polak: M. le Président, je voudrais juste que le
député de Lévis sache que je ne suis pas toujours avec
lui, mais je suis d'accord sur un point, c'est la protection du petit
épargnant.
M. Garon: Je suis content que vous me le disiez.
M. Polak: Parfait. Donc, je voudrais savoir si vous avez
l'intention d'écrire un mémoire à notre ministre des
Finances, au ministre qui s'occupe de ce dossier pour identifier des dangers
qui existent dans ce décloisonnement, des conflits
d'intérêts, etc? J'ai seulement deux petites questions.
M. Guy: Donc, concernant la première question, je pense
que ce serait très intéressant s'il n'y avait pas d'appel. Avant
1973, les décisions de la commission étaient finales et sans
appel. Mais je pense que dans la société où on vit
aujourd'hui, avec le climat d'aujourd'hui, je ne crois pas que cette situation
serait acceptable. Je pense que non seulement ce ne serait pas acceptable, mais
c'est la commission qui avait proposé, lors des modifications de la loi
de 1984, qu'on puisse même aller plus loin que la Cour provinciale qui
était l'appel final des décision de la commission. La
décision des trois juges de la Cour provinciale était finale.
Nous, on recommandait au gouvernement de faire modifier la loi pour qu'on
puisse aller en appel d'une décision de la Cour provinciale. Je pense
que, dans le climat d'aujourd'hui, on ne peut pas empêcher ces
choses-là. Je pense qu'il est assez normal que les personnes qui font
l'objet d'une décision puissent porter les décisions en appel.
C'est vrai que cela crée, dans certains cas, une incertitude pour un
certain temps, mais je pense qu'il faut vivre avec ces contraintes. C'est
encore plus difficile pour nous, parce qu'à chaque fois qu'une
décision est portée en appel, cela nous demande du temps et des
ressources pour défendre ces dossiers, bien entendu.
En ce qui concerne la deuxième question, je pense qu'il y a
plusieurs choses là-dedans. Le décloisonnement - je l'ai dit tout
à l'heure - n'est pas synonyme de déréglementation. Il ne
faut pas se tromper là-dessus. Décloisonnement ne veut pas dire
déréglementation. La commission a toujours dit qu'il
n'était pas question de déréglementation. D'abord, on n'en
a jamais parlé. On a parlé de décloisonnement, mais pas de
déréglementation. M. Kwinter, en Ontario, lors de sa
conférence il y a deux semaines, disait la même chose. Il disait
qu'on était maintenant dans la "re-regulation". C'est-à-dire
qu'il faut s'assurer, maintenant qu'il y a un décloisonnement, qu'il y a
des contrôles adéquats et que ces contrôles soient
très stricts, bien appliqués et surveillés. 11 y a
plusieurs éléments. C'est évident que s'il y a un
décloisonnement san3 contrôle, je suis d'accord avec vous que le
petit épargnant en souffrira beaucoup plus
que les autres. Il y a notamment le domaine des conseillers en
planification financière où, au Canada, il n'y a pas de
réglementation. Toute personne peut se présenter comme conseiller
en planification financière et donner des conseils sur le portefeuille
de quelqu'un. Il peut lui dire de faire des choses sans être
réglementé. C'est effectivement très dangereux. C'est un
secteur, à l'intérieur du décloisonnement, auquel il
faudra s'adresser. Que fait-on avec ces gens? Ne devraient-ils pas être
au moins soumis à une certaine réglementation pour s'assurer
qu'ils ont au moins un minimum de compétence?
Ce n'est pas une absence de réglementation; au contraire, c'est
une réglementation beaucoup plus stricte, une nouvelle
réglementation pour s'assurer que les conflits d'intérêts
sont minimisés, que les liens entre les différentes entreprises
sont bien surveillés, qu'on mette en place des contrôles et que
les commissions appliquent ces contrôles d'une manière
stricte.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Sainte-Anne. M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Je remercie les membres de la Commission des
valeurs mobilières d'être ici aujourd'hui avec nous. C'est
sûr que, en filigrane, dans tout votre mémoire, il y a ce que le
député d'Abitibi-Ouest a souligné avec beaucoup
d'exactitude et de justesse tantôt, une sorte de crainte de ne pas avoir
les effectifs suffisants pour effectuer le travail conformément aux
responsabilités qui vous sont dévolues par la loi.
Moi, je veux surtout m'attaquer aux réponses que vous avez
données aux questions qui vous ont été posées et
notamment à la première question. La question A est en
étroite relation avec le problème d'effectifs. Lorsqu'on vous
demandait, après avoir dressé la liste de ses activités
qui correspondaient aux quatre volets de sa mission, quelles sont les
activités ou les pouvoirs que la Commission des valeurs
mobilières du Québec pourrait céder ou
déléguer à
I'autoréglementation, en ne se limitant pas au cadre actuel de la
loi ou aux forces actuelles du marché, dans chaque cas, il faudrait
indiquer les raisons qui militent en faveur de conserver ou de céder
l'activité ou le pouvoir. Je lis votre réponse d'un court
paragraphe. Vous nous dites: "La Commission peut identifier plus de 30
activités et plus de 100 pouvoirs. " Donc, je présume que c'est
parce que vous avez une connaissance déjà du domaine et que vous
l'appliquez à chaque jour, si vous avez pu identifier de telles
activités. Vous poursuivez en disant ceci: "II est absolument
impossible, avec les ressources dont nous disposons et dans les délais
qui nous sont imposés, de répondre à la question, car il
faudrait faire un examen de chacun de ces cas en vue de déterminer s'ils
peuvent être délégués et les conséquences
d'une telle délégation sur la protection des épargnants.
L'autoréglementation est une forme de palliatif au manque d'effectifs,
c'est confier à une tierce partie une autre partie des
responsabilités dont on n'a peut-être pas les effectifs pour
assumer correctement l'application des pouvoirs qui nous sont dévolus
par la loi".
Là où j'ai un problème avec votre position,
à la page 38, et votre conclusion... Je vous réfère
à la page 13 de votre même mémoire... Lorsque, à la
section 3. 2. 3, vous me parlez de la délégation externe,
à la page 12, et qu'à la page 13, un peu plus haut, vous nous
dites, à la fin du premier paragraphe: "Cette délégation
considérable de travail taxe toutefois les ressources actuelles de la
Bourse de Montréal et on ne peut, d'une façon réaliste,
envisager une délégation plus importante dans un avenir
prévisible. "
Vous continuez, au dernier paragraphe de la même section: "La
délégation externe de fonctions, comme instrument pour
rationaliser l'utilisation des ressources matérielles de la commission
tout en continuant d'assurer une protection adéquate a donc atteint,
dans le contexte actuel, sa limite extrême. "
Je vois une contradiction entre les deux. J'aimerais que vous
m'éclairiez. Il semble que, d'une part, vous soyez incapable de nous
dire s'il doit y avoir ou pas des responsabilités qui soient
confiées par voie d'autoréglementation à d'autres corps,
entre autres, autres que la Bourse, I'ACCOVAM, comme exemple spécifique,
et d'autre part, c'est comme si, déjà, vous aviez porté
votre jugement à la page 13. C'est comme cela que je décode votre
message. C'est comme si vous disiez: Dans le contexte actuel, cela a
déjà atteint sa limite extrême, donc on ne peut pas. Cela
est la première partie de ma grande question.
La deuxième partie a rapport, M. le Président - et
j'adresse ma question au président de la Commission des valeurs
mobilières - aux articles 174 à 176, quand on parle de
délégation. Je vais vous ramener toujours à la même
page 13, où vous dites, dans le milieu du paragraphe: "La section
Québec de l'Association canadienne des courtiers en valeurs
mobilières ne peut présentement se conformer aux critères
fondamentaux prévus aux articles 174 à 176 de la loi et, dans
l'état actuel des choses, il n'est pas possible de
déléguer à cet organisme les pouvoirs prévus par la
loi. "
Ma deuxième question a deux volets. Quels sont les
critères spécifiques aux articles 174 à 176 qu'elle ne
peut pas remplir? Deuxième volet, quelles sont les corrections que l'on
devrait faire aux articles
174 à 176 pour permettre cette délégation, cette
autoréglernentation par l'ACCOVAM?
M. Guy: La première réponse, je pense qu'elle est
assez simple. D'après moi, il n'y a aucune contradiction entre la page
13 et les réponses aux questions. Dans le mémoire, on ne parle
que de délégation d'activités dans le cadre prévu
par la loi. C'est un cadre restreint qui, en fait, ne parle que des
délégations du titre sur l'inscription.
Je pense que la question qui est posée est beaucoup plus large
que cela, elle ne parle pas de délégation dans le cadre
prévu par la loi, mais d'une délégation
générale de n'importe quelle activité, de n'importe quel
pouvoir. C'est très différent et on ne parie pas du tout de la
même chose. Cela serait absolument indécent pour la commission de
répondre à cette question. Sans pouvoirs, c'est assez facile,
vous prenez la décision qu'on a dans le cahier de la loi, des pouvoirs
que la commission a délégués, internes à son
personnel et... Rendu à 100, j'ai arrêté de compter, mais
il y en a plus de 100. Les activités de la commission se chiffrent par
30 ou plus. Ce serait indécent pour nous autres, aujourd'hui, d'arriver
et de dire: Oui, on peut déléguer ceci, on peut
déléguer cela. C'est absolument impossible de faire cet exercice.
Si on avait du temps, des ressources et de l'argent, on pourrait le faire faire
par quelqu'un d'autre. Nous serions incapables de faire cet exercice. (12 h
30)
M. Bélise: M. le Président, ne trouvez-vous pas que
vous faites face à un problème où vous devez satisfaire
des exigences imposées par une loi? Tout au long du document, vous dites
que vous manquez d'effectifs. C'est une autre question sur laquelle on pourrait
épiloguer longtemps, si on regarde le volume de transactions à
Toronto, à Vancouver et tout le reste.
Je ne suis pas convaincu qu'il manque d'effectifs. Je ne veux pas
embarquer dans ce débat. Ne trouvez-vous pas que ce serait
peut-être la priorité importante de votre organisme d'essayer de
voir quelle sorte de pouvoirs vous pourriez confier à d'autres qui
pourraient peut-être remplir adéquatement ces obligations et
former un petit groupe de travail de trois ou quatre personnes à
l'intérieur de votre organisme pour en arriver à cela? Pourquoi
cela n'a-t-il pas été fait dans le passé, il y a deux ou
trois ans, quand le problème a commencé à se construire ou
à se bâtir, selon l'expression anglaise?
M. Guy: La délégation n'est pas le remède
à tout. Vous ne voulez pas embarquer dans le débat, mais je me
dois de répondre à l'affirmation que le volume des
opérations est plus important à Vancouver ou à Toronto
qu'à Montréal. Le volume des opérations en Bourse n'a
qu'un Impact minime en fait sur l'activité de la commission.
M. Bélisle: Je suis d'accord avec vous
là-dessus.
M. Guy: Alors, je pense qu'il n'est pas important de dire cela,
pour dire qu'on peut comparer ces choses. Ces choses ne se comparent pas. La
délégation et l'autorégle-mentation ne sont pas le
remède à tout. L'autoréglementation, c'est une chose,
c'est-à-dire que des organismes privés peuvent exercer certaines
fonctions dans le cadre d'une loi, c'est-à-dire ayant comme surveillance
au-dessus un organisme public, pour s'assurer en fait que les fonctions
déléguées à un organisme privé soient bien
exercées. Mais il y a une limite à cela. On ne peut pas tout
déléguer.
Il y a des fonctions que des organismes d'autoréglementation ne
sont pas capables, pour diverses raisons, d'exercer et, Il y a d'autres
fonctions qu'ils ne devraient pas exercer, car ils sont en conflits
d'intérêts collectifs sur certaines questions. Ils ne peuvent pas
faire d'enquêtes notamment. C'est un point que je mentionne, mais il y en
a plusieurs. Ce n'est pas tout.
Il faut regarder ce qui se passe ailleurs, ce que les organismes
d'autoréqle-mentation exercent ailleurs comme fonctions
déléguées. Bien souvent, l'inscription est la
réglementation du marché secondaire. C'est presque tout ce qu'ils
ont comme délégation. Nous sommes les premiers au Canada ayant
délégué certaines fonctions à un organisme
d'autoréglementation. Il ne faut pas oublier que cela ne se faisait pas
encore. La commission de l'Ontario a délégué l'inscription
de représentant à la Bourse de Toronto après nous. C'est
nous qui avons mis le régime en place et on nous a suivis
là-dessus. Depuis, les autres commissions au Canada font la même
chose.
II faut quand même procéder, dans ces choses, par
étapes et lentement. On doit s'assurer qu'on exerce notre
responsabilité dans l'application de la loi d'une façon
adéquate. Il ne faut pas non plus partir et dire qu'on va
déléguer bien des choses. Il serait beaucoup trop facile de
répondre qu'on n'a pas suffisamment de ressources et qu'on va
déléguer à quelqu'un. Il faut s'assurer que cette personne
est capable d'exercer ces fonctions et que les épargnants dans leur
ensemble ne souffriront pas de la délégation. II ne faut pas
oublier que les orqanismes d'autoréglementation sont des orqanismes
privés. Ce ne sont pas des organismes publics. Les membres des
organismes d'autoréglementation se réglementent eux-mêmes.
Alors, dans plusieurs situations, ils sont en conflit d'intérêts.
Il faut tenir compte de ces éléments avant de décider
si
on doit, oui ou non, déléguer certains pouvoirs.
M. Bélisle: Combien de mois et de personnel vous
faudrait-il pour procéder à une étude exhaustive des 30 ou
100 cas de pouvoirs ou des 30 activités qu'il serait possible de
transférer ou de déléguer à d'autres organismes
d'autoréglementation? Vous nous dites qu'en l'espace d'un mois... C'est
ce que je comprends mal, M. le Président, on vous a rencontrés en
octobre dernier et beaucoup d'intervenants dans le domaine jasent de cela
depuis X années - ce sujet est vieux comme la Bible - on nous dit dans
le rapport que la principale question, c'est qu'on n'a pas eu le temps, qu'on
est pris de court, car on manque d'effectifs. J'ai de la difficulté
à gober cela.
Dites-moi combien de temps cela vous prendrait et de quel personnel vous
auriez besoin pour faire une étude exhaustive.
M. Guy: Ce n'est pas un vieux sujet. Je disais tout à
l'heure que c'est un sujet très récent. La
délégation aux organismes d'autoréglementation n'existait
pas au Canada jusqu'en 1983. On ne parle pas d'années. C'est quelque
chose de très récent et cela a été fait, en premier
lieu, dans un cadre très précis. Ce n'est pas quelque chose qui
date du début des années mil huit cent, c'est quelque chose de
récent et c'est quelque chose que les commissions doivent aborder avec
discernement, et en étant très prudent. Il y a peut-être
d'autres pouvoirs qui peuvent être délégués. Je ne
vois pas actuellement comment la commission pourrait en déléguer
davantage.
M. Bélisle: Est-ce que vous pourriez répondre
à ma deuxième question sur le paragraphe central de la page 13 au
sujet de l'ACCOVAM, me préciser les critères aux articles 174
à 176 et me dire quels devraient être les amendements s'il y avait
possibilité de confier des pouvoirs d'autoréglementation,
après un exercice lent et patient de discernement, je comprends qu'il
faut le faire, M. le Président?
M. Guy:... des modifications de la loi pour permettre cela, je
n'en vois aucune.
M. Bélisle: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Merci, M. le Président. En examinant l'ensemble
du mémoire, sans aller dans tous les détails, on se rend compte
qu'il y a un certain nombre de concepts ou d'énoncés qui se
ressemblent. On peut voir que vous avez la préoccupation de
protéger les épargnants. Face à la mission qui vous est
confiée, le manque de ressources humaines, matérielles semble
être en filigrane dans l'ensemble de votre dossier. Il faut se rendre
compte que de plus en plus l'entreprise privée fait plus avec moins.
J'ai entendu dire cela souvent par le gouvernement qui est actuellement
à la tête du Québec: faire plus avec moins. Vous insistez
pour avoir des ressources humaines supplémentaires et,
déjà, vous n'êtes pas capables de remplir les postes ou le
nombre d'employés auxquels vous auriez droit. Vous avez droit à
95 employés, il y en a 87, donc il reste 8 postes ouverts. Vous avez une
tentative d'explication en disant que la rémunération n'est pas
juste. Vous demandez de changer les règles du jeu depuis le début
pour amener des compétences ou des qens différents pour venir
remplir ces postes. Même si la commission arrivait à la conclusion
que: Oui, il devrait y avoir des postes supplémentaires, cela ne
répond pas à la question importante: Est-ce qu'on devrait
remanier les règles du jeu pour la rémunération du
personnel? Ce qui est inquiétant, c'est que vous avez à
administrer un organisme qui a la préoccupation des épargnants,
qui doit émettre certains commentaires, ou certaines normes de
conformité à plusieurs intervenants. Est-ce que vous pouvez dire
que dans la situation extrême où vous êtes, vous ne pouvez
pas donner beaucoup plus d'information, le nombre d'émissions est
pratiquement... Il y a des choses que vous ne faîtes pas. Est-ce que vous
pouvez dire actuellement que l'épargnant est en danger de ne pas
recevoir toute cette information'' Est-ce que vous pouvez dire que les gens qui
veulent émettre des obligations au autres ne reçoivent pas le
traitement adéquat? J'essaye de décoder si
l'extrémité où on est rendu c'est écrit ou si cela
se produit dans les faits. C'est ce qu'il est important de retenir pour un
profane comme moi.
M. Garon: Le député de Jonquière veut savoir
jusqu'à quel point vous êtes moribond.
M. Dufour: C'est cela, voilà.
M. Guy: J'ai mentionné tout à l'heure le point
important, c'est qu'avec les changements qui se produisent dans le
marché aujourd'hui, les changements, en fait, qui se produisent au
Québec depuis 1983, avec le décloisonnement qui a
été mis en marche en partie en 1983, avec le Régime
épargne-actions, avec l'activité accrue à tous les
niveaux, il y a un besoin avec le décloisonnement, et cela je t'ai
mentionné tout à l'heure, de contrôle plus adéquat
de certaines situations. C'est l'ensemble du dossier, je ne pense pas qu'on ait
essayé de désigner un fait en particulier, je pense que ce sont
des éléments cumulatifs et c'est
l'ensemble du dossier qu'on doit regarder. C'est dans ce sens que la
commission dit qu'elle n'a pas les ressources adéquates à ce
moment-ci. Cela ne veut pas dire que les épargnants sont en danger. Je
ne dirais pas ça. C'est évident qu'il pourrait se produire des
situations inquiétantes. Mais la commission fait son travail, je crois,
le plus professionnellement possible avec les ressources qu'elle a. Mais on
pourrait dire que si l'examen des prospectus se fait plus vite, mais avec de
plus longs délais, qu'on n'examine pas les prospectus aussi bien qu'on
les examinait avant, qu'est-ce qui peut arriver à une émission
importante ou à une émission RÉA si la commission n'a pas
fait le travail qu'elle devrait faire? On ne pense pas que ces situations
arriveront. On espère qu'elles n'arriveront pas.
J'ai aussi parlé du risque de ne pas pouvoir faire le nombre
d'enquêtes qu'on devrait faire. Cela, c'est un élément
important pour l'avenir. Il faut être capable d'intervenir et de
poursuivre les contrevenants s'il y a lieu. C'est important pour assainir le
marché. Dans le mémoire, je pense qu'on en a parlé. Au
début des années soixante-dix, ce qu'on a appelé le grand
nettoyage qui s'est fait au Québec, on en retire les
bénéfices aujourd'hui. Je pense qu'il faut réaliser cela.
Si ces gens sont partis à l'extérieur, s'ils sont ailleurs, dans
d'autres pays, c'est parce qu'on a assaini le marché,
c'est-à-dire qu'on a chassé ces gens. Dans ce secteur, la
fonction enquête est très importante pour pouvoir intervenir et
s'assurer que ces gens aillent faire leurs fraudes ailleurs qu'au
Québec. C'est l'ensemble de ces éléments qu'on a
mentionné dans notre mémoire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je pourrais peut-être essayer de dire sur quoi
je me base. Si je prends le mémoire que vous nous présentez, vous
parlez de la délégation externe. Vous dites: "... tout en
continuant d'assurer une protection adéquate a donc atteint, dans le
contexte actuel, sa limite extrême". Vous pariez de l'informatisation:
"II est présentement insuffisant, désuet - c'est vrai que je ne
prends que des extraits, mais je regarderai les conclusions - et parfois
défaillant, ce qui pose des problèmes majeurs de
fiabilité". Vous parlez ensuite de l'explosion des charges de travail.
À la section qui traite de l'appel public à l'épargne, on
arrive a une autre conclusion, vous êtes rendus... "... la commission
doit non seulement procéder à un examen... ". D'accord, vous n'en
parlez pas trop. À la section qui traite des offres publiques, vous
dites: "Sans ressources additionnelles, la commission n'est actuellement pas en
mesure de continuer à soutenir ce rythme". À la section sur
l'information continue, vous dites: "Actuellement, la publication de ces
opérations accuse un retard important à cause d'un système
informatique inadéquat et d'un manque chronique de personnel".
Une commission parlementaire est publique, quelqu'un qui regarde cela
sera obligé de conclure: En ce qui concerne l'inspection, ce n'est pas
pire. En ce qui concerne les décisions de la commission, on dit: "... il
convient de l'apprécier, pour le moins considérable". Donc,
ça ne va pas très bien. À la section traitant de l'effort
de concertation, il y a du travail là-dedans. Vient ensuite la section
traitant de la protection des épargnants. À la section concernant
les communications, vous nous dites: "Compte tenu des ressources actuellement
disponibles, le rythme de cet effort remarquable ne peut plus être
soutenu". En ce qui concerne les enquêtes, vous dites: "... faute de
ressources adéquates... ".
Donc, si je prends votre mémoire, à chaque point,
l'élastique est tendu au bout. Donc, je me dis: Qu'est-ce qu'on fait?
Vous n'avez pas de personnel? C'est un problème. Mais il n'y a personne
qui est prêt à faire le travail immédiatement. Vous ne
disposez pas non plus des montants d'argent dont vous auriez besoin pour
répondre à ce phénomène, Je vous pose cette
question: Est-ce que le public est en danger? Si vous me dites non, alors je
vous répondrai que votre mémoire est peut-être allé
trop loin.
M. Guy: Je pense que vous me posez une question à laquelle
j'aimerais mieux ne pas répondre, en tant que président de la
commission. Je trouve très embêtant de répondre à
cette question. Je répète que c'est un ensemble
d'éléments, qu'il est important qu'une commission de valeurs
mobilières n'exerce pas son activité en vase clos. C'est un
ensemble d'échanges de points de vue avec les autres organismes de
réglementation, avec les organismes d'autorégle-mentation. Il
faut être capable d'avoir notre part d'innovation, notre "input" dans les
projets qui sont mis de l'avant par les autres et que tout cela, en fait,
ensemble, est pris en considération dans nos arguments. (12 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Jonquière?
M, le Président, effectivement, la question du
député de Mille-Îles me tourmente un peu, me fatigue, en ce
qui a trait à la question qui vous avait été
adressée. Lorsqu'on lit ceci, on dit: "La commission peut identifier
plus de 30 activités et plus de 100 pouvoirs. Il est absolument
impossible, avec les ressources dont nous disposons et dans les délais
qui nous étaient imposés, de répondre à la question
- et c'est cela, entre guillemets -
car il faudrait faire un examen de chacun de ces cas. " Ce que je veux
faire remarquer, c'est que lors de l'étude, lors de l'audition
d'organismes et de l'étude du projet de loi 85, le 7 décembre
1982, M. Jacques Parizeau disait ceci: "On serait peut-être mieux
d'amener des organismes gouvernementaux comme la Commission des valeurs
mobilières et des organismes publics comme la Bourse de Montréal
à s'entendre sur une base de coopération où on ne
délègue pas trop et voir comment cela fonctionne et, si tant est
que cela a donné des résultats excellents, on verra. "
Ma question est la suivante, et je pense qu'elle est simple: Pourquoi
cela n'a-t-il pas été fait?
M. Guy: Cela a été fait, M. le Président.
C'est ce que j'ai dit tout à l'heure. Ce que M. Parizeau a dit a
été fait, à la suite de l'adoption de la loi en 1982. En
fait, il y a eu une délégation qui a été faite
à la Bourse de Montréal, à la suite de cette loi. En fait,
c'était une première, je l'ai dit tout à l'heure, au
Canada. Alors, cela a été fait. Maintenant, l'expérience
avec cela est très récente, quand même. La
délégation - je n'ai pas la date, 1984, je crois - est
très récente, alors, cela a été fait.
Le Président (M. Lemieux): Je suis conscient de ce que
vous avez dit tout à l'heure au député de
Mille-Îles, mais Il faudrait faire un examen de chacun de ces cas... Ce
que nous vous demandons, c'est dans chacun de ces cas, y a-t-il une
possibilité, à court terme, que cet examen soit fait,
peut-être pas pour l'ensemble mais pour une majorité de ces cas?
Est-ce une chose possible? Puisque vous abordez le problème d'effectifs,
puisque la Bourse de Montréal et l'ACCOVAM semblent dans un esprit de
très grande collaboration, nous vous demandons si cette chose peut
être effectivement possible et probable? C'est le sens, je pense, de la
question du député de Mille-Iles. Est-ce exact, M. le
député de Mille-Îles? Si vous voulez ajouter...
M. Bélisle: Oui, dans une avenue générale.
Je pense que la question a été très claire.
M. Guy: Je ne crois pas, M. le Président, que ces
organismes aient demandé d'avoir plus de délégation
à ce moment-ci. Je pense que c'est tout le contraire. Je ne veux pas
parler du mémoire de l'ACCOVAM, je pense qu'elle est capable d'en parler
elle-même mais, en fait, elle parle de cette question dans son
mémoire et je pense que sa réponse, là-dessus, est assez
explicite. Il me semble qu'on mêle la question. On dit: La commission
pourrait-elle déléguer?
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. Guy, si on se
trompe, vous savez, on...
M. Guy: Est-ce que c'est sûr que ces organismes veulent
plus de délégation? Je ne suis pas sûr actuellement. Je
pense qu'il faut s'assurer, d'abord, qu'ils sont capables de prendre la
délégation qui leur a été faite et d'exercer ces
fonctions correctement. Premièrement, on examine cette situation. Si
cela va bien, on dit: On continue avec cela ou on ne continue pas. Je pense que
cela est la première étape. On n'est pas pour remettre par-dessus
cela d'autres délégations, alors qu'on a une expérience
qui est très limitée dans la délégation actuelle.
Je pense que cela ne serait pas correct pour la commission de faire cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce que toutes les fonctions d'autorégulation
que remplissent la Bourse de Montréal et l'ACCOVAM sont faites à
leurs frais à 100 % ou s'il y a des... ?
M. Guy: Pardon, monsieur?
M. Garon: Les fonctions remplies par la Bourse de Montréal
et par l'ACCOVAM, d'autorégulation ou d'autoréglementation, mais
surtout de contrôle de leurs activités, la surveillance de leurs
activités, sont-elles faites entièrement à leurs
frais?
M. Guy: A leurs frais... Ce sont les membres, en fait, de ces
organismes qui paient pour l'exercice des fonctions de la Bourse et de
l'ACCOVAM. En fait, je pense qu'eux-mêmes vont être en mesure de
répondre à cela mieux que moi. Sur les pouvoirs qui ont
été délégués à la Rourse... En fait,
le gouvernement, par voie de règlements, sur la recommandation de la
commission, réduit les droits qui sont payés par un
représentant d'un membre de la Bourse. Cette réduction, en
principe, ce montant doit aller à la Bourse. En fait, c'est une
décision interne de la Bourse, de décider si elle veut prendre
cette réduction pour elle-même ou non. En principe, les droits qui
sont perçus pour l'inscription des représentants...
M. Garon: Je vais vous dire tout simplement ce à quoi je
veux en venir.
M. Guy:... c'est 20 $ de moins.
M. Garon: Je ne veux pas entrer dans le détail. À
la page 13 qui m'apparaît la page centrale de votre mémoire, vous
dites, quand on parle de délégation, car, au fond, tout le
débat qu'on fait actuellement ici
porte sur qui fait quoi, qui doit faire quoi et comment le travail doit
être partagé par les uns et par les autres. "Cette
délégation considérable de travail taxe toutefois les
ressources actuelles de la Bourse de Montréal et an ne peut, d'une
façon réaliste, envisager une délégation plus
importante dans un avenir prévisible. " Vous dites la même chose,
à toutes fins utiles, pour l'ACCOVAM, en d'autres mots, mais je pense
bien que cela signifie la même chose. Pardon? Non, on dit: "La section
Québec de l'Association canadienne des courtiers en valeurs
mobilières ne peut présentement se conformer aux critères
fondamentaux prévus aux articles 174 à 176 de la loi et, dans
l'état actuel des choses, il n'est pas possible de
déléguer à cet organisme des pouvoirs prévus par la
loi. "
Vous ajoutez également: "La délégation externe de
fonctions, comme instrument pour rationaliser l'utilisation des ressources
matérielles de la commission tout en continuant d'assurer une protection
adéquate a donc atteint, dans le contexte actuel, sa limite
extrême. "
Au fond, tout le débat vise à savoir qui paie pour quoi et
qui fait quoi. Vous dites que vous êtes rendus à la limite et que
vous ne pouvez déléguer davantage. Quand vous dites cela - je ne
pose pas la question comme un journaliste qui veut vous faire dire quelque
chose».
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon:... ayant connu cette expérience
régulièrement au cours des derniers jours...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon:... je vous pose la question sans chercher à vous
faire dire quelque chose, juste pour savoir comment vous voyez et concevez les
choses.
Je n'ai pas la réponse dans ma tête et je ne vous poserai
pas de questions jusqu'à ce que vous arriviez à la réponse
que je voudrais que vous me donniez, car je n'en ai pas. Je vous demande tout
simplement si les organismes d'autoréglementation paient eux-mêmes
100 % pour les services. Quand vous dites qu'ils sont à la limite,
voulez-vous dire - vous parlez de taxer leurs ressources: Cette
délégation considérable de travail taxe toutefois les
ressources actuelles de la Bourse de Montréal - au fond, qu'ils ne
pourraient pas avoir de ressources additionnelles et qu'ils ne pourraient pas
taxer davantage leurs membres ou avoir des sources de revenus additionnelles,
ou considérez-vous que, dans l'ordre moral des choses, ce que vous allez
confier est suffisant et que c'est vous qui devrez assumer
l'excédent?
À ce moment-là, quand vous demandez du personnel ou des
fonds, c'est parce que vous demandez des fonds au gouvernement. Si c'est
confié à d'autres - et je pense bien que le gouvernement pense
toujours que, quand il peut confier des choses à d'autres, ils vont
payer de leur poche; il a l'air heureux ces temps-ci, cela fait partie de la
nouvelle mode - cela veut-il dire que, avec les montants d'argent que vous
avez, vous pensez qu'on ne peut pas taxer indûment davantage d'autres
organismes pour s'autorégulariser, s'autoréglementer ou
s'autocontrôler à leurs frais, ou ce n'est pas parce que c'est
à leurs frais, mais parce que vous ne pouvez pas aller plus loin dans la
délégation et vous considérez que le reste doit appartenir
à un organisme public de la nature de la Commission des valeurs
mobilières? Est-ce une question de moyens ou une question de
principe?
M. Guy: J'ai essayé de l'expliquer tout à l'heure.
Je pense qu'un organisme comme la Bourse a déjà des
responsabilités importantes. D'abord, elle est la première
à réglementer le marché secondaire. Il y a
également des sociétés qui sont inscrites à la cote
de la Bourse et une certaine réglementation pour ces
sociétés.
La Bourse de Montréal a déjà d'énormes
responsabilités. Doit-elle en assumer plus? C'est une question à
laquelle j'ai dit tout à l'heure que je ne pouvais répondre dans
l'ensemble, sauf que, dans le cadre de la loi, je dis non. Dans d'autres
cadres, dans un cadre plus étendu que celui de la loi, je pense que
certaines fonctions ne pourraient pas être
déléguées. Il y a des questions de conflits
d'intérêts qui me semblent importantes et on ne pourrait pas
déléguer certaines fonctions.
Dans un sens, c'est une question de moyens et une question de principe.
Dans certains cas, c'est une question de principe fondamental pour des qens en
conflit d'intérêts collectifs sur certaines situations, on ne peut
leur déléguer la première tâche d'un organisme
public. Cela dit, je n'ai pas nécessairement identifié toutes ces
situations, mais il y en a un certain nombre. Les moyens: les organismes
d'autoréglementation suffisent à leurs propres moyens. Ce sont
leurs membres qui assument le coût de la réglementation de ces
organismes. Ce n'est pas la commission. Actuellement, dans le cadre de la loi,
il est évident qu'il n'y a pas d'autre fonction qu'on pourrait
déléguer qui pourrait, en fait, aider en quoi que ce soit la
commission pour les problèmes auxquels elle fait face, nullement.
M. Garon: Cela veut dire que, dans le fond, si le gouvernement
disait: Je veux que cela me coûte moins cher, je vais passer certaines
dispositions d'autoréqlementation à
des organismes, comme la Bourse de Montréal ou l'Association des
courtiers en valeurs mobilières, pour que cela coûte moins cher
à l'État, mais que les membres paient eux-mêmes de leur
poche, vous pensez que la limite est atteinte dans le transfert des
responsabilités par des organismes autorégulateurs, si je
comprends bien?
M. Guy: Si on veut que...
M. Garon: Au fond, il ne faut pas se conter d'histoire. Le
gouvernement, quand il regarde cela, se dit: Est-ce que je confie les jobs
à d'autres qui vont les payer ou si je continue à le faire par
des organismes d'État? Si vous avez des organismes d'État, vous
n'avez pas seulement l'obligation de moyens, vous avez une certaine obligation
de résultats dans vos fonctions, ce qu'a essayé de dire le
député de Jonquière, en d'autres mots. Je pense qu'il faut
réaliser deux choses. Sur le plan des moyens financiers, est-ce qu'il y
d'autres responsabilités transférables à des organismes
autorégulateurs en leur transférant aussi les coûts? Il
faudra poser la question à d'autres organismes. Vous vouiez faire des
fonctions. Voulez-vous acquitter la facture ou voulez-vous que ce soit le
gouvernement qui acquitte la facture? Parce que si c'est la même facture
à la Bourse ou à la Commission des valeurs mobilières, le
gouvernement peut dire: Si je dois payer la facture de toute façon, quel
est le meilleur organisme pour la faire la fonction? Ou bien, si vous pensez
que sur le plan des principes, c'est à la limite actuelle dans le
comparatif avec ce qui se fait ailleurs aux États-Unis et dans le reste
du Canada.
M. Guy: Je pense que, tout à l'heure, je l'ai dit et cela
m'apparaît un point important. On fonctionne quand même dans un
système de réglementation des valeurs mobilières, au moins
en Amérique du Nord, bien établi et, en tant que Commission des
valeurs mobilières, nous devons fonctionner avec les autres organismes
de réglementation. On ne peut pas, sans mettre en danger - un danger
sérieux - cette importance qu'on peut avoir sur la réglementation
des valeurs mobilières au Canada... si la commission n'a pas les
pouvoirs, au moins équivalents aux autres organismes de
réglementation, ce qu'il arrive dans ce temps-là, notre
importance... Si on a les pouvoirs du service de réglementation des
valeurs mobilières de Terre-Neuve, je pense qu'on n'aura pas beaucoup de
gens au Canada qui vont nous écouter quand on va parler. C'est
important, dans la réglementation des valeurs mobilières avec
tous les changements qui se font aujourd'hui, de ne pas trop déroger
à ce qui se fait ailleurs. Cela ne veut pas dire qu'on ne veut pas
innover. On a déjà innové par la délégation.
C'est déjà une innovation majeure qui a été suivie
ailleurs. On peut innover, cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas le faire,
mais on doit faire très attention à ne pas sortir trop du cadre
qui est fixé ailleurs, parce que notre pouvoir d'intervention, notre
pouvoir d'incitation, notre pouvoir de convaincre les autres du
bien-fondé de certains de nos projets va diminuer sensiblement. Il ne
faut oublier non plus que la Bourse, c'est le marché secondaire, ce
n'est pas l'ensemble du marché, ce n'est que le marché
secondaire. II existe un marché primaire, ce sont les appels publics
à l'épargne. Il existe, dans le marché primaire, une foule
d'entreprises qui ne seront jamais cotées à la Bourse. Il existe
tout un ensemble de marchés des valeurs mobilières qui n'a rien
à voir avec la Bourse, alors il faut quand même faire attention.
La Bourse n'est pas tout le marché, c'est une partie très
importante du marché. La commission ne le nie pas, mais ce n'est pas
tout le marché. Il faut également faire attention.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis. Préalablement, succintement, il y a M. le
député de Saint-Louis, Mme la députée de Matane et
M. le député de Montmorency. Est-ce qu'il y aurait consentement
pour poursuivre quinze minutes? Pas de problème? Alors consentement pour
poursuivre quinze minutes pour permettre l'intervention du député
de Saint-Louis, de la députée de Matane et du
député de Montmorency. Vous pouvez continuer, M. le
député de Lévis. (13 heures)
M. Garon: J'aurais deux questions. Voici la première.
Considérez-vous que, relativement à la déléqation,
vous avez délégué, ici au Québec, plus ou moins
qu'ailleurs en Amérique du Nord? Ou que tout ce qui a été
délégué ailleurs est aussi délégué
ici? Ou si vous avez gardé plus de contrôle ou vous en avez moins
gardé - dans l'ordre de ce que vous venez de me répondre - par
rapport à l'Ontario et aux États-Unis?
M. Guy: Je vais vous répondre, si vous me permettez de
prendre un instant pour consulter un texte ici. Je pourrais vous citer un
article de Jean Pelletier dans le Journal de Montréal du 2 mars. Ce
dernier disait ceci: Que le gouvernement ne se laisse pas leurrer par ce genre
de théorie, c'est-à-dire l'autoréglementation. En fait,
c'est cela. II dit également que l'Etat est le seul qui est en mesure de
protéger l'épargne des citoyens. Cette obligation est d'autant
plus importante aujourd'hui que c'est l'État qui a mis en place le
Régime d'épargne-actions et que si ce dernier était mis en
cause même par un scandale mineur, tous les Québécois y
perdraient.
C'est ce que je disais tout à l'heure. Il se fait beaucoup
d'autoréglementation. Je pense qu'on tend à confondre les choses.
La Bourse de Montréal - pour ne parler que d'elle - fait beaucoup
d'autoréglementation. Je l'ai dit tout à l'heure. Elle
réglemente tout le marché secondaire. C'est une portion...
M. Garon: Mais ce n'est pas cela ma question...
M. Guy:... très importante du marché des valeurs au
Québec et dans les autres provinces. Toute la réglementation du
marché secondaire est faite par la Bourse de Montréal. C'est de
l'autoréglementation. Je pense qu'il ne faut pas oublier cette
importante partie.
M. Garon: Ce n'est pas ma question, M. Guy. Est-ce que vous
déléguez déjà plus qu'ailleurs en Amérique
du Nord ou si, actuellement, il y a certaines choses qui sont
déléguées aux État-Unis ou en Ontario qui ne le
sont pas ici?
M. Guy: Je pourrais aborder un point qui est...
M. Garon: Je ne vous demande pas d'aller dans les
détails.
M. Guy: Je pense que, ailleurs, c'est à peu près la
même chose; je peux me tromper. En Ontario, il y a une
délégation à la Bourse de Toronto dans le cas de certains
prospectus. C'est une délégation qui est très restreinte.
L'année dernière, la Bourse de Toronto n'a accordé que
onze visas... Je m'excuse, elle n'a pas accordé les visas, elle a
examiné onze prospectus à l'intérieur de cette
délégation sur un total de 630 prospectus à la commission
de l'Ontario l'année dernière* L'année
précédente, c'était neuf prospectus. Alors c'est une
délégation très restreinte. Selon moi, il n'est pas dans
l'intérêt des épargnants que les Bourses examinent les
prospectus. De toute façon, je pense que lors de l'adoption de la loi en
1982, cette question a été discutée abondamment et le
gouvernement de l'époque était venu à la conclusion que
cette fonction ne devait pas être déléguée à
la Bourse.
Maintenant, il y a aussi les inspections qui sont effectivement
déléguées. C'est-à-dire que l'inspection des
courtiers qui sont membres de la Bourse ou membres de l'ACCOVAM n'est pas faite
par les commissions de valeurs mobilières. C'est effectivement une
délégation de fait. La responsabilité d'inspecter et de
s'assurer que ces courtiers respectent les normes de capital et respectent les
obligations de la réglementation est déjà faite par les
organismes d'autoréglementation. Quand on tient compte de la
délégation qui a été faite, on semble oublier toute
la délégation qui existe déjà aux organismes
d'autoréglementation. C'est pour cela qu'on les appelle des organismes
d'autoréglementation, c'est parce qu'ils assument déjà une
bonne part de la réglementation des marchés. Si on compare, c'est
à peu près la même chose, sauf la petite exception en
Ontario concernant les prospectus. Je pense que c'est à peu près
identique aux États-Unis.
M. Garon: Ma dernière question...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Elle est très brève.
Le Président (M. Lemieux): Elle est très
brève, mais la réponse peut être très longue.
M. Garon: Non, la réponse sera très brève.
La réponse ne peut pas être longue.
Le Président (M. Lemieux): La réponse peut
être très longue. Je connais le respect que vous avez pour le
droit des parlementaires, M. le député de Lévis. Je ne
veux pas vous bâillonner, mais par après, si on peut le faire, on
le fera. Alors M. le député de Saint-Louis. Il faut
également respecter le droit du député de Montmorency et
celui de Mme la députée de Matane, s'il vous plaît.
M. Chagnon: C'est malheureux, vous auriez dû me donner la
parole avant.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, vous pourrez revenir cet
après-midi; M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, je voudrais revenir à
la question des ressources humaines puisque, effectivement, cela semble
être éminemment pathétique à la lecture du
mémoire de la commission. Je voudrais savoir si les sept postes dont
vous parlez ont été affichés ou ouverts depuis un an?
M. Guy: Oui.
M. Chagnon: Avez-vous eu des candidats?
M. Guy: On a eu un certain nombre de candidats, plusieurs dans
certains cas. Dans d'autres cas, moins.
M. Chagnon: Vous ne les avez pas engagés?
M. Guy: Pas pour les postes de cadre supérieur...
M. Chagnon: Ont-ils été affichés?
M. Guy: Les postes de cadre supérieur, c'est quand
même assez récent, cela date des deux derniers mois.
M. Chagnon: Dans les cinq autres postes de professionnel, vous
avez eu ouverture de postes et vous avez eu des candidats que vous allez
engager éventuellement, je présume, puisque vous avez le droit
au... ?
M. Guy: Si on en trouve.
M. Chagnon: Parce que vous avez eu des candidats...
M. Guy: Oui, mais cela ne veut pas dire que ce sont des candidats
acceptables. C'est bien beau d'avoir des candidats... Je peux avoir dix
candidats et qu'il n'y en ait pas un qui soit acceptable.
M. Chagnon: Avez-vous trouvé des candidats
acceptables?
M. Guy: Non.
M. Chagnon: Avez-vous l'intention de réafficher?
M. Guy: Oui, monsieur, on a l'intention... Enfin, on l'a
déjà fait. Je pense que l'on va réafficher mais... Je
pense qu'il faut comprendre que l'on nfa pas le même bassin
qu'à Toronto où si on affiche un concours pour recruter un
avocat, on va avoir 100, 150 demandes.
M. Chagnon: Et ici?
M. Guy: Ici, on va en avoir cinq ou six. Alors, ce n'est pas tout
à fait la même situation.
M. Chagnon: Les derniers concours qui ont été faits
pour le gouvernement du Québec, parmi les avocats, on a eu
au-delà de 250 candidatures, pour Québec. Je présume
qu'à Montréal, le bassin étant plus grand, il yaurait encore plus d'offres. Je ne dis pas que les candidatures seraient
susceptibles d'être toutes retenues, mais il me semble que c'est un poste
qui devrait se combler assez rapidement.
M. Guy: On a eu, lors de l'annonce du concours pour le poste
d'avocat à la commission, effectivement, quatre ou cinq candidatures. Je
peux me tromper de un, mais c'est quatre ou cinq et aucun des candidats
n'était acceptable.
Le Président (M. Lemieux): J'imagine, M. le
président, que vous demandez certaines spécifications?
M. Guy: On demande un certain nombre d'années
d'expérience et il y a la question du traitement. Il faut dire qu'en
valeurs mobilières, il y a réellement concurrence.
M. Chagnon: Je voudrais savoir combien de personnel de soutien
vous avez perdu depuis 1983.
M. Guy: Je pourrais répondre plus tard, M. le
Président, je ne pourrais pas répondre maintenant.
M. Chagnon: À la page 15 de votre document, vous
mentionnez qu'à cause du système informatique, le nouveau, le
meilleur au Canada aussi, à partir de 1983... On dit ici que: "... ses
fonctions de soutien, ce qui permit d'accroître le nombre des
professionnels à son emploi tout en réduisant au strict minimum
le nombre des postes de soutien. " Je présume qu'il y a eu inversion
dans votre plan d'effectifs pour faire en sorte de diminuer votre nombre
d'employés de soutien et d'accroître votre nombre de
professionnels.
M. Guy: II y a une petite différence. Ce n'est pas une
inversion en ce sens que... Si on avait, par exemple, 40 professionnels avant
et 30 employés de soutien, on a peut-être 50 professionnels et 25
employés de soutien. C'est un peu comme cela. Pour le personnel de
soutien, il y a un roulement considérable à la commission. Il en
part à chaque mois, en fait. Il y a du personnel de soutien qui part et
qu'on remplace. On n'a pas la même difficulté à remplacer
le personnel de soutien que le personnel professionnel et le personnel cadre.
Je pense que cela va relativement bien, de remplacer le personnel de
soutien.
M. Chagnon: À la lecture du document, l'esprit qui s'en
dégage, c'est que la volonté d'informatiser avait pour but, entre
autres, de diminuer le personnel de soutien. Si vous avez gardé une
certaine stabilité au niveau de votre personnel de soutien, votre
rendement en termes d'efficacité, par rapport à votre
investissement d'informatisation, ne me semble pas avoir donné ses
fruits.
M. Guy: Je ne pense pas que l'informatisation... au contraire,
elle n'avait pas pour but de diminuer le personnel de soutien mais plutôt
de maintenir le personnel de soutien au niveau où il était. C'est
bien important. Parce que si l'on n'avait pas eu l'informatique, il n'y a pas
de doute qu'il aurait fallu augmenter le personnel de soutien. Ce que cela a
fait, c'est que cela nous a permis de le maintenir. Je ne dis pas qu'on ne l'a
pas diminué un peu, il faudrait
que je regarde les chiffres au cours des derniers cinq ans pour voir
s'il y a eu un changement significatif. Je ne le sais pas.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Saint-Louis?
M. Chagnon: Non. À la page 14, premièrement, vous
parlez de réduire au strict minimum le personnel de soutien. Je pense
qu'effectivement, vous auriez intérêt à combler vos huit
postes qui manquent, parce que vous vous retrouvez dans la situation, en termes
de personnel, où vous étiez en 1983, moins l'ajout de 12 % des
postes... évidemment, vous les retrouvez en postes que vous avez
à combler.
Deuxièmement, vous demandez quinze postes supplémentaires.
C'est un peu surprenant, comme le soulignait le député
d'Abitibi-Ouest, qu'avec une augmentation des activités, comme celle que
vous évoquez dans votre mémoire, en moyenne 100 % par
paramètre et, dans certains cas, jusqu'à 400 %, quinze personnes
supplémentaires plus trois professionnels enquêteurs, ou autres,
ne semblent pas, a priori, être suffisants, même par rapport
à la demande de services qu'on vous réfère.
C'est une question peut-être plus problématique. Il
faudrait vérifier et voir votre plan d'effectifs sur quelques
années pour être capable de répondre justement à
cette question. Il faudrait voir l'évolution de votre plan d'effectifs,
et non seulement l'évolution de la charge, parce que je crois comprendre
qu'il n'y a pas de lien logique entre la charge et le nombre de personnel. Si
on augmente la charge de 100 % ou de 400 %, dans certains cas, et que vous
demandiez une augmentation de votre personnel de 15 % à peu près,
il n'y a donc pas de lien évident entre les deux situations.
Une deuxième question concernant les actions subalternes. Je
pense que le député de Sainte-Anne a cherché à en
savoir un peu plus sur cette question. Particulièrement au cours de
l'automne, au cours de certaines inscriptions au RÉA, le dossier des
actions subalternes a pris un caractère tout à fait particulier,
et il a été question de la part de votre commission de
réglementer ou de diminuer l'impact des actions subalternes sur le
marché boursier à Montréal. Avez-vous toujours l'intention
de réglementer ou de demander que soit réglementé le
marché des actions subalternes pour protéger certains
investisseurs qui n'auront pas le même privilège que d'autres
investisseurs qui auront droit à des actions votantes, par exemple?
M. Guy: J'aimerais revenir sur la question des postes vacants
très rapidement.
M. Chagnon: Ce n'est pas ma faute, M. le Président,
notez...
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Saint-Louis, vous êtes dans votre droit de
parole.
M. Guy: II est assez normal, dans la fonction publique, qu'on
n'ait jamais 100 % des postes comblés. Je pense que cela est impossible
à cause des délais que cela nécessite pour combler les
postes. On fait un concours, cela prend deux mois, deux mois et demi, on ne
trouve pas de candidats, on recommence. On est rendu à cinq ou six mois
et on n'a pas encore comblé le poste. On ne peut pas, comme dans
l'entreprise privée, dire: J'ai besoin de quelqu'un, je vais le chercher
et il entre demain matin. Cela n'est pas ainsi que cela marche. Ce qui fait que
si vous regardez tous les organismes, il est assez normal de toujours avoir 5 %
à 10 % de postes vacants et même si on fait un effort, et la
commission fait un effort concerté pour les combler, on n'atteindra pas
les 100 %. Il y a toujours une marge.
Je ne crois pas que la commission ait jamais parlé de
réglementer les actions subalternes. Il y a eu deux décisions des
commissions des valeurs mobilières au Canada dans les dernières
années, l'une en 1981 et l'autre en 1984. Elles ont fait suite à
des audiences publiques, concernant les actions subalternes, pour en venir
à la conclusion, en définitive, que les actions subalternes
étaient permises. En fait, les commissions n'interdiraient pas les
actions subalternes et de mettre en place certains mécanismes
d'information concernant ces actions.
Il n'y a pas, à l'heure actuelle, d'intention de la commission ou
de celle de l'Ontario, je crois, de réglementer les actions subalternes.
Il m'apparaît que c'est une situation qui peut être fort bien
réglementée par les Bourses, en fait, parce que les actions
subalternes, si elles ne sont pas négociées à une Bourse,
perdent tout leur intérêt. C'est seulement au moment où
elles sont négociées à une Bourse que les actions
subalternes ont un intérêt et, là encore, on fait face au
problème que les commissions ont connu, c'est-à-dire que la
Bourse de Montréal ne pourrait pas dire, demain matin: Voici, il y a
certaines restrictions sur les actions subalternes si la Bourse de Toronto et
la Bourse de Montréal ne font pas de même. Les commissions font
face au même dilemme, c'est-à-dire que dans des questions comme
celles-là, il faut absolument qu'il y ait une uniformité de
pensée, autrement c'est un secteur qu'on ne peut pas réglementer,
parce que cela va être trop facile; enfin, les sociétés
vont partir demain matin et vont aller s'inscrire à Toronto plutôt
qu'à Montréal. Je pense que même si les Bourses voulaient
agir dans ce sens, elles doivent agir ensemble pour avoir la même
réglementation, s'il doit y en avoir une. C'est la
même chose pour les commissions.
M. Chagnon: Avez-vous déjà communiqué
avec... ?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, s'il vous plaît, j'aimerais passer la parole à Mme la
députée de Matane.
M. Chagnon: J'aimerais avoir la même chance de poser des
questions que les autres avant moi, et vous le premier, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors brièvement, M. le
député de Saint-Louis.
M. Dufour: C'est réglementé et puis... (?)
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, en vertu de l'article 173, vous avez eu exactement neuf minutes,
cinquante-huit secondes. Il vous reste deux secondes et elles sont
écoulées. Je m'excuse, M. le député de Saint-Louis,
je n'ai pas le choix de demander à Mme la députée de
Matane de poser sa question. Vous savez, sous réserve, à la toute
dernière minute du député de Lévis qui a une petite
question.
Mme la députée de Matane. (13 h 15)
Mme Hovington: Merci, M. le Président. Quand on passe en
dernier, M. le député de Saint-Louis, c'est ce qui arrive. On
manque de temps.
M. le Président, je vais aller assez vite. À la page 3 de
votre mémoire, c'est indiqué tout à fait en haut, et je
cite: "... il est certain que favoriser le bon fonctionnement du marché
des valeurs mobilières tout en assurant la protection des
épargnants contre les pratiques déloyales, abusives et
frauduleuses est, chaque jour, une responsabilité considérable
pour la commission. "
Plus bas, vous dites qu'il est utile de mentionner les principales
leçons qu'il convient de tirer du rapport du juge Estey où il est
dit:... les moyens matériels doivent être proportionnels à
l'importance de la responsabilité qu'un organisme assume si l'on veut
vraiment qu'il soit en mesure de remplir efficacement sa mission.
Si on parle de moyens matériels pour remplir une mission qui est,
comme on l'a vu plus haut, une responsabilité considérable, il me
semble que cela m'apparaît illimité comme demande. Il me semble
que cela m'apparatt vague et illimité quant aux moyens matériels
et aux ressources humaines. On en vient toujours aux ressources humaines: N'y
aurait-il pas moyen - cela rejoint un peu l'inquiétude de mes
collègues - de savoir combien d'effectifs vous avez besoin en plus au
chapitre des ressources humaines? Là où est mon
inquiétude, c'est au chapitre des ressources humaines, ce
problème que vous avez présentement. Est-ce qu'il y a eu une
étude de faite sur la répartition des effectifs?
Ce qui m'inquiète toujours, c'est la protection du petit
épargnant. Est-ce que les effectifs que vous avez présentement ne
semblent pas tous axés sur la préparation de prospectus et
d'information et, en contrepartie, d'une façon moins intensive, sur les
plaintes qui m'apparaissent assez importantes? Vous disiez vous-même que,
maintenant, cela peut prendre de six mois à sept ou huit mois au lieu de
deux avant de traiter une plainte. Quand on parle de plainte, c'est
sûrement parce qu'un épargnant a été brimé.
Est-ce que la répartition des effectifs a été
étudiée? Est-ce que vous avez des priorités de
fixées au chapitre des effectifs quant à la protection des
épargnants?
M. Guys La répartition des effectifs, oui, cela a
été examiné. Une restructuration a été faite
en 1984; elle a été mise en place. Est-ce qu'on met plus de
personnel pour l'examen des prospectus? Non, mais il faut dire qu'il y a
là un volume important et que les pressions sont énormes des
émetteurs, des cabinets d'avocats qui veulent faire leurs placements
dans les délais très cqurts et le plus rapidement possible pour
bénéficier des conditions du marché. Il y a
d'énormes pressions et on doit avoir, bien entendu, le personnel pour
essayer de répondre à cette demande le plus adéquatement
possible. Il y a des ressources qui sont réparties un peu partout dans
les services de la commission selon les exigences. Ce n'est pas toujours le
même genre de personnel; il faut faire bien attention. Des
enquêteurs, ce n'est pas du personnel qui pourrait faire l'examen des
prospectus; les inspecteurs non plus. C'est pour cela que le personnel, on ne
peut pas facilement le changer de fonction. Depuis quatre ans, la commission a
un programme de stagiaires. Il y a des gens de l'extérieur, de cabinets
d'avocats, qui travaillent à la commission pendant neuf à douze
mois avec le personnel de la commission. En plus, il y a un roulement du
personnel à l'intérieur de la commission; le personnel de la
commission fait des staqes dans d'autres services. Cela a été
fait et cela fonctionne assez bien. Est-ce que la demande peut être
illimitée? Oui, on pourrait, en théorie, dire: Elle est
illimitée, mais je pense que ce ne serait pas logique et pas très
correct de notre part. La demande n'est pas illimitée. Je pense qu'il
faut faire un examen sérieux et dire: Voici combien de personnes dont
j'ai besoin pour accomplir ma mission. En plus, la commission a des
activités qu'on a mentionnées dans le
document sur les activités de communications. Elle participe
à des salons, enfin, toutes sortes de choses, en vue d'informer les
petits épargnants de leurs droits et des services qui leur sont offerts.
Je ne sais pas si j'ai bien répondu à votre question.
Mme Hovington: L'inquiétude soulevée, c'est que,
lors de la présentation de votre mémoire, vous disiez que le
temps était beaucoup plus long maintenant au niveau des enquêtes
pour aboutir à une solution, et au niveau des plaintes. Cela touche
vraiment le petit épargnant, de là mon inquiétude. Par
exemple, à la page 16, vous écrivez: "Sans ressources
additionnelles, la commission n'est actuellement pas en mesure de continuer
à soutenir ce rythme. *' Tout cela m'apparaît un peu...
M. Guy: II est évident qu'une bonne partie des ressources
additionnelles devrait, si on en avait, aller à la fonction
enquête. Il n'y a pas de doute qu'actuellement on ne fait pas toutes les
enquêtes qu'on devrait faire. Les enquêtes qu'on fait prennent
beaucoup de temps. Là on ne parle plus de quelques mois. Pour faire une
enquête actuellement, on en est à un an, deux ans et des fois
plus. Ce sont des situations, je pense... comme je dis, c'est cumulatif. Ce
sont des dossiers qui s'accumulent. Il n'y a pas de doute qu'une bonne partie
des ressources supplémentaires devrait aller à cette
fonction.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Matane et la courte question du député de Lévis.
M. Garon: Vous avez dit un mot dans votre mémoire sur
l'informatique. Au mois de septembre dernier, nous avons vérifié
un engagement financier du ministère des Finances pour le renouvellement
d'un contrat de services pour une somme de 95 000 $. Renouvellement, montant
additionnel, pour le développement et l'implantation du nouveau
système de micro-informatique et de bureautique à la Commission
des valeurs mobilières du Québec. Un contrat d'une durée
de six mois. J'aimerais savoir quand le contrat a commencé?
M. Guy: Vous voulez dire le contrat qui a été
renouvelé. C'est le contrat avec Datasult.
M. Garon: Avec Datasult, c'est ça, oui. C'est
écrit: Pour le développement et l'implantation du nouveau
système de microinformatique et de bureautique.
M. Guy: Je n'ai pas le document auquel vous faites
référence. Je ne pense pas que ce soit exact que c'est pour
l'implantation. L'implantation du nouveau système, c'est une autre
demande au Conseil du trésor. Le système de Datasult est en place
depuis déjà 1983-1984 et c'est un système qui est fourni,
c'est un service en fait qu'il fournit à la commission et c'est le
système qu'on veut remplacer. C'est ça. Il va continuer
jusqu'à ce que l'autre système soit en place pour prendre la
relève.
M. Garon: Est-ce que l'autre système est
étudié actuellement pour être mis en place?
M. Guy: Oui, on a fait faire un plan directeur à la
demande du Conseil du trésor* On a eu l'accord du Conseil du
trésor sur le plan directeur. Il reste juste à mettre en marche
la procédure d'appel d'offres.
M. Garon: Cela va coûter autour de combien?
M. Guy: Cela va coûter en tout 600 000 $.
M. Garon: Avec le nouveau système, est-ce que cela va
combler vos besoins pour un avenir immédiat'
M. Guy: Oui. Mais quand on parle de 600 000 $, vous dites c'est
mieux. Mais on ne parle pas de beaucoup d'argent en informatique, 600 000 $. Je
serais curieux de savoir combien d'autres personnes en dépensent.
M. Chagnon: C'est mieux de combler vos besoins.
M. Guy: Oui, cela va combler les besoins. Je pense qu'il n'y a
pas de doute.
M. Garon: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Pour terminer, M. le
député de Montmorency.
M. Séguin: Vous avez mentionné tantôt, M.
Guy, que la Commission des valeurs mobilières avait un mandat qui
était beaucoup plus larqe qu'uniquement la Bourse. Les valeurs
mobilières traitent d'un nombre considérable de transactions qui
ne sont pas cotées à la Bourse. Quant à moi, ce qui
m'intéresse, cela rejoint un peu la question que plusieurs membres de la
commission ont posée, cela se ramène toujours au niveau de
l'ensemble des épargnants dans l'intérêt public. Je pense
que pour le public, la Commission des valeurs mobilières, c'est d'abord
et avant tout un organisme d'intervention pour protéger
l'intérêt public. Il y a trois volets. Je ne vous demande pas de
détailler les trois volets, mais je vous
donne trois exemples de domaine où je suis
particulièrement inquiet de voir ce qui se passe, à la suite de
scandales que l'on a observés. Je pense à la banque, dans l'Ouest
du pays, où on sait que cela a coûté très cher
à l'État, en taxes de la part des gens, pour renflouer cela. Je
pense au scandale qu'il y a eu récemment à New York avec des
initiés. Bon. Il y a trois volets. Les transactions d'initiés,
c'est-à-dire ces personnes qui sont rattachées à des
compagnies, à des sociétés qui détiennent des
informations particulières et qui transigent sur ces informations; il y
a la question du décloisonnement où je vois, par exemple, la
Laurentienne et Geoffrion Leclerc qui se sont associés, en quelque
sorte, pour prendre un marché; je pense finalement au RÉA
où les objectifs du RÉA souvent, en pratique, ne sont
peut-être pas atteints dans toutes les émissions. On voit qu'au
niveau du prospectus, à la lecture du texte, c'est très
merveilleux, mais six mois plus tard, un an plus tard, on va voir sur le
terrain et l'argent récolté n'est peut-être pas tout
à fait dans les usages qui étaient prévus.
Ma question est celle-ci. Qu'est-ce que la commission peut faire ou
fait-elle en pratique après son examen de prospectus, après
l'émission, pour revérifier soit en inspectant ou en intervenant
ou en faisant un peu la police, comme vous dites dans le rapport, et c'est
effectivement cela... qu'est-ce que la commission fait ou pourrait faire pour
s'assurer que, dans la continuité des choses, ce qui s'est
révélé exact dans le prospectus ou dans la
présentation demeure? Est-ce que c'était dans
l'intérêt public?
M. Guy: De ce côté-là, il n'y a pas de doute
que la commission pourrait faire beaucoup plus. On pourrait facilement
examiner, a chaque fois qu'il y a une émission, voir l'emploi et
l'utilisation des fonds. Mais je dois vous dire que ce serait difficile
à faire et que cela demanderait des ressources considérables. On
ne peut pas faire cela. Maintenant, on peut examiner les états
financiers et voir ce que l'entreprise a fait avec les fonds. Ce qui est fait
de façon systématique par la commission. Les commissions de
valeurs mobilières, c'est comme autre chose dans ces situations. Vous
avez mentionné plusieurs situations. Bien souvent, les commissions
interviennent à la suite de plaintes des épargnants ou on a une
demande de quelqu'un disant que les fonds n'ont pas été
utilisés comme ils le devraient, et on fait une enquête. La
fonction enquête devient importante.
M. Séguin: Est-ce que les inspecteurs ou la commission ont
des relations fréquentes et constantes, par exemple, avec le
ministère du Revenu, les institutions financières, pour
l'application de la Loi sur les compagnies qui contrôlent les questions
des initiés? Est-ce que cela se fait?
M. Guy: Non. Il y a des dispositions dans la Loi sur les valeurs
mobilières qui sont beaucoup plus importantes et mieux, en fait, que ce
qu'il y a dans d'autres lois. Il y a la loi sur les sociétés
commerciales canadiennes qui en a. Il n'y a pas beaucoup d'autres lois qui ont
des dispositions sur les initiés. Bien entendu, encore là, c'est
une situation qui est à la mode. C'est une situation qui est alarmante.
Mais il faut faire les enquêtes voulues, il faut déterminer si les
gens ont profité d'informations privilégiées, et voir s'il
y a lieu de poursuivre des contrevenants ou non.
M. Séguin: Une dernière question. Dans l'ensemble,
quel est le pourcentage du personnel, quel est le nombre des effectifs ou des
ressources à la commission qui est consacré à
l'inspection, à la revérification après? Il y a une
équipe, il y a...
M. Guy: Je dois faire une précision. L'inspection à
la commission consiste en l'inspection des intermédiaires financiers,
c'est-à-dire l'inspection des courtiers et des conseillers en valeurs.
Cela n'a rien à voir avec les prospectus. Sur la fonction enquête,
il y a cinq enquêteurs actuellement à la commission. Sur la
fonction de l'information continue, il y a cinq enquêteurs, il y a quatre
ou cinq personnes à l'information continue qui sont responsables de
vérifier que l'émetteur donne l'information qui lui est
exigée par la loi.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député de Montmorency? Comme on ne peut pas
légiférer rétroactivement, ce n'est pas prévu dans
la loi, est-ce que vous me donnez votre consentement pour poursuivre
jusqu'à 13 h 34? J'avais demandé le consentement jusqu'à
13 h 15. J'ai le consentement jusqu'à 13 h 34. C'est donc
terminné.
Nous ajournons jusqu'à 14 h 30 pour entendre la Bourse de
Montréal.
(Suspension de la séance à 13 h 30)
(Reprise à 14 h 43)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration poursuit ses travaux. Nous allons maintenant entendre les
représentants de la Bourse de Montréal. Pour les fins du Journal
des débats, auriez-vous l'amabilité de vous identifier?
Bourse de Montréal
M. Desaulniers (Marc-André): Marc-André
Desaulniers, président du comité des
gouverneurs, Bourse de Montréal,
M. le Président, M. le vice-président, mesdames et
messieurs, membres de la commission parlementaire - même si madame n'est
pas ici actuellement - la Bourse de Montréal est honorée et
heureuse de participer à la commission parlementaire sur les
activités, les orientations et la gestion de la Commission des valeurs
mobilières du Québec.
Vous me permettrez de vous présenter les représentants de
la Bourse qui ont collaboré à la présentation de notre
mémoire. Ce sont, par ordre alphabétique, Mme Francine
Beauchemin, à ma gauche ou à votre droite, vice-présidente
à la réglementation des marchés; M. André Couture,
consultant et ancien vice-président à la Bourse de
Montréal, et Mme Marie-Louise Parent-Johnson qui est
vice-présidente et secrétaire générale.
Notre mémoire, avec votre permission, vous sera exposé par
Me André Couture et je pense que je devrais immédiatement lui
céder la parole.
M. Couture (André): M. le Président,
distingués membres de la commission, nous avons compris que le mandat de
la commission du budget porte sur les orientations et les activités de
la commission, distinction faite de la Loi sur les valeurs mobilières.
On sait que la loi doit, en vertu d'une disposition qui y est
insérée, faire l'objet d'un rapport du ministre des Finances au
début de l'an prochain.
Nous avons concentré notre attention sur l'administration que
fait la commission de cette loi, mais il y a une relation qui s'établit
entre l'administration que la commission peut faire de la loi et les
dispositions de la loi. Ce que notre démarche a permis de faire
ressortir, c'est qu'il y avait une imprécision fondamentale dans la Loi
sur les valeurs mobilières concernant la mission de la Commission des
valeurs mobilières.
Nous avons, dans notre mémoire, répondu aux questions qui
nous avaient été adressées par la commission, mais en les
mettant dans un cadre que nous avons jugé approprié.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, s'il vous
plaît... Avez-vous terminé? Vous pouvez continuer.
M. Couture: Merci.
Si on traite des orientations de la commission, il faut les
apprécier en regard de la mission que lui confie la loi. Il faut aussi
les évaluer à la lumière de l'expérience qu'on a
eue depuis l'entrée en vigueur de la loi et les revoir à la
lumière du contexte de décloisonnement des institutions
financières que l'on connatt présentement.
Ce que notre examen a fait ressortir, c'est qu'il faut préciser
la mission de la commission. Notre examen permet également de
répondre aux questions qui nous ont été posées
concernant, par exemple, la nomination des membres de la commission le quorum,
le financement de la commission et son pouvoir d'établir des
instructions générales.
Si on prend la mission et on regarde l'article 276 de la loi, on
s'aperçoit qu'en plus d'être chargée d'administrer la loi
la Commission des valeurs mobilières définit sa mission en quatre
volets, dont le premier est de favoriser le bon fonctionnement du marché
des valeurs mobilières. Le deuxième est d'assurer la protection
des épargnants contre les pratiques déloyales, abusives et
frauduleuses. Le troisième est de régir l'information des
porteurs de valeurs mobilières et du public et le quatrième est
d'encadrer l'activité des professionnels du marché des valeurs
mobilières, des associations et des organismes chargés d'assurer
le fonctionnement du marché comme, par exemple, la Bourse de
Montréal.
Ce qu'il est intéressant de noter ici, c'est que les notes
explicatives du projet de loi mentionnaient ces quatre volets non pas comme
étant ceux de la mission de la commission, mais comme étant
l'objet de la loi. Ce qu'on disait, c'était que l'objet de la loi
était de favoriser le bon fonctionnement du marché, d'assurer la
protection des épargnants et de régir l'information. Ce n'est pas
seulement une distinction théorique. Si on regarde attentivement le
contenu de la loi, on s'aperçoit que chacun des objets 2, 3 et 4 que
j'ai mentionnés a des dispositions qui disent comment cela va se faire
alors que pour la première partie, celle qui vise le bon fonctionnement
du marché, il n'y a aucune disposition particulière, il n'y a
aucun mécanisme précis.
Si on regarde la protection des épargnants, il y a deux titres de
la loi qui donnent des mesures qui sont susceptibles d'aider à la
protection des épargnants. Si on regarde les titres deuxième,
troisième et quatrième de la loi, on voit qu'ils régissent
l'information des porteurs de titres. Si on regarde les titres cinquième
et sixième de la loi, on voit que cela vise à encadrer les
activités des professionnels. Si on enlève les dispositions
générales sur le champ d'application de la loi, les
définitions, les mesures transitoires et les pouvoirs de la commission,
il n'y a aucun cadre précis qui dit comment la commission doit favoriser
le bon fonctionnement alors qu'il y en a un pour la protection des
épargnants, il y en a un pour régir l'information et il y en a un
pour encadrer l'activité. On a précisé ces choses dans ces
trois cas-là, mais dans l'autre cas il n'y a aucune précision.
C'est général.
Ce que nous pensons, c'est qu'en réalité ces volets de la
mission de la commission devraient plutôt, sont réellement, dans
les faits, les objets de la loi et que l'objet de la Loi sur les valeurs
mobilières, les raisons pour lesquelles le législateur a
adopté une Loi sur les valeurs mobilières, c'était pour
favoriser le bon fonctionnement du marché. Il a choisi des moyens qui
sont susceptibles de protéger les épargnants, de régir
l'information et d'encadrer l'activité. Je pense qu'il est bien
important de dégager les conséquences de cette confusion. Ce que
cela fait, c'est que ce n'est évidemment pas seulement théorique.
Cela donne des pouvoirs considérables à la commission. Le fait de
dire ce que la loi vise à faire, c'est elle qui doit viser à
faire cela, cela a une conséquence. Les pouvoirs sont très
étendus. Si on prend l'article 274, il dit bien que la commission peut
établir des instructions générales définissant les
exigences découlant de l'article 276 - qui est l'article qu'on vient de
lire sur la mission - à l'intérieur de la discrétion qui
lui est conférée. Donc, la commission peut définir les
exigences de son volet de bon fonctionnement du marché. C'est donc assez
large. Les mots "à l'intérieur de la discrétion qui lui
est conférée" n'ont pas pour effet de restreindre ce pouvoir
étant donné que la discrétion qui est donnée
à la commission est très large dans la loi.
L'effet conjugué de ces dispositions permet à la
commission d'établir des instructions générales pour
favoriser le bon fonctionnement du marché. En d'autres termes, si on
regarde cela attentivement, on lui confie un pouvoir de faire une
réglementation qui serait de la nature d'une politique
économique, finalement. On appelle cela, en jargon, la
réglementation économique qu'on distingue de la
réglementation qui est là pour protéger contre la fraude,
ou des choses comme cela. Ce sont deux choses différentes. Quand on
parle de réglementation, il faut savoir de quelle réglementation
on parle. On fait cette distinction entre la réglementation
économique qui, elle, s'occupe de la structure des marchés et des
politiques économiques sur une industrie et la réglementation,
par exemple, sur la sécurité ou des moyens précis pour
prévenir la fraude ou des mesures qui assurent qu'il y a de
l'information.
Cela a pour effet que la commission a non seulement une
discrétion pour appliquer la loi, que nous pensons être tout
à fait indiquée - il faut qu'elle ait cette discrétion
lorsqu'elle applique des dispositions précises de la loi - mais
également une très grande discrétion pour adopter ou
prendre des initiatives de politique économique. Nous pensons qu'il y a
lieu de s'interroger sur la portée de ce pouvoir dans un contexte de
déréglementation économique des institutions
financières. Quand on décide de décloisonner les
institutions financières, on décide qu'il n'y aura plus de
règles qui vont empêcher les institutions financières
d'entrer dans le domaine l'une de l'autre. Ce sont là des règles
économiques. Par la suite, on est obligé de réglementer
des conflits d'intérêts, tout cela. Là, il y a une
"reréglementation", mais qui n'est pas économique,
celle-là; c'est une "reréglementation" pour protéger les
épargnants. Il faut bien saisir la distinction quand on parle de
réglementation économique et de réglementation pour
protéger le public, ce n'est pas la même chose.
Les problèmes pratico-pratiques que cela pose, c'est quand on
veut savoir à combien doit s'élever le budget de la commission.
À ce moment-là, je veux bien qu'on me dise combien cela prend
pour favoriser le bon fonctionnement du marché des valeurs
mobilières. Ce n'est pas facile à déterminer, c'est
difficilement quantifiable. Le quorum de la commission est de deux membres.
Cela paraît suffisant pour prendre des décisions qui peuvent
être rapides dans le cadre de la loi, mais c'est une autre question si
deux personnes peuvent décider de l'avenir d'une industrie au
Québec et de la structure qu'elle doit avoir, du niveau de concurrence
qu'il doit y avoir dans cette industrie.
Ce qu'on peut dire ici, je pense, c'est que chaque fois que la
commission a pris des décisions qui avaient une" portée
générale sur l'industrie elle l'a fait en réunissant une
commission élargie. Cela indique bien qu'elle est consciente qu'il
existe des pouvoirs qui ne sont pas tout à fait comme les autres dans la
loi.
Si on revient au bon fonctionnement du marché des valeurs
mobilières, on voit que les moyens d'assurer le bon fonctionnement, le
législateur les a choisis. Il a pris des dispositions pour assurer aux
épargnants qu'ils seront protégés contre les pratiques
déloyales et frauduleuses qui sont énumérées dans
la loi. Il a prévu que les sociétés qui faisaient appel
à l'épargne publique émettraient des informations sur ce
qu'elles font avec les fonds qu'elles prélèvent dans le public et
il a prévu des dispositions pour reconnaître les Bourses et
surveiller les marchés de valeurs mobilières et les associations,
inscrire les courtiers, vérifier s'ils sont solvables, honnêtes et
compétents.
Je pense que c'est ainsi qu'il faut voir la loi et, dans ce cadre, la
commission doit disposer de tous les pouvoirs possibles pour assurer que ces
dispositions sont suivies. Si on définit le mandat de la commission de
cette façon, il devient beaucoup plus facile d'évaluer ses
besoins parce qu'on connaît ses objectifs et c'est beaucoup plus facile
de quantifier parce qu'on a des mesures précises dans la loi. Par
contre, si on considère
qu'elle a un mandat de réglementation économique,
c'est-à-dire de faire des politiques économiques, la seule
façon dont on pourrait évaluer combien ça peut
coûter, c'est qu'elle fasse connaître un échéancier
ou une planification des initiatives qu'elle entend prendre dans une
année pour que l'on puisse évaluer de quoi il s'agit. On
reviendra plus tard sur la question du budget.
Si on regarde l'expérience des cinq dernières
années, il ne fait pas de doute, à notre avis, que la commission
se croit investie d'un pouvoir ou d'une mission de réglementation
économique du marché des valeurs mobilières. En fait, dans
son esprit, comme elle l'a indiqué ce matin, la nouvelle loi ne fait que
confirmer ce pouvoir qu'elle avait explicitement, qui était non dit, et
la loi ne viendrait que confirmer cela.
Si on regarde les cinq dernières années, on a vu
apparaître dans les décisions de la commission - là, ce
n'est pas exhaustif, mais on en a relevé un certain nombre - et de son
personnel le motif du bon fonctionnement du marché et de la concurrence
qui s'ajoute à celui de la protection des épargnants. Autrement
dit, il n'est pas suffisant que la commission invoque la protection des
épargnants pour prendre une mesure, elle peut, en plus, dire: Oui, mais
il nous faut favoriser le bon fonctionnement du marché. Même si
cela assure la protection des épargnants, ce n'est pas suffisant, il
faut autre chose en plus: il faut assurer le bon fonctionnement du
marché et maintenir la concurrence dans cette industrie. C'est un motif
additionnel auquel elle a recours pour justifier ses décisions.
Qu'il suffise, à cet égard, de se référer
aux décisions suivantes. Je donne une décision ici du directeur
de l'information qui, à un certain moment, refusait une option
particulière dans le cadre d'un premier appel public à
l'épargne d'une société. Il faut noter que la commission
a, en appel, autorisé cette nouvelle option. Il reste que cela a une
incidence: le personnel de la commission peut prendre des décisions en
se basant sur ce qu'il croit être le bon fonctionnement du marché
des valeurs mobilières.
On a eu, à ce sujet, la décision de la commission
concernant la propriété et la diversification des firmes de
courtage. Je crois que le député de Sainte-Anne, ce matin,
demandait des nouvelles sur le décloisonnement, qu'est-ce qui arrivait
au Québec, à la commission. En ce qui concerne le courtage, le
décloisonnement a été décidé par la
Commission des valeurs mobilières en 1983, c'est chose faite depuis ce
temps. Le seul problème, c'est qu'on a décloisonné
seulement le courtage à ce moment-là, tout le reste demeurait
cloisonné. Cela a été accompli par une décision de
la commission, alors qu'on voit aujourd'hui que les décisions qui se
prennent sur le décloisonnement et les activités des institutions
financières se prennent plutôt par des... On voit des
déclarations ministérielles au Parlement d'Ottawa ou en Chambre,
à la Législature de l'Ontario, où on annonce des
décisions comme celles-là.
Pour vous indiquer la nature de ces décisions, le degré,
le décloisonnement du courtage au Québec s'est fait en 1983 et
ce, par une décision de la Commission des valeurs mobilières. Il
n'y a pas eu de débat parlementaire là-dessus, cela a
été une décision administrative dans le cours normal des
affaires.
Une autre décision où on a relevé le motif du bon
fonctionnement du marché concerne les régimes d'abris fiscaux
d'une banque canadienne. Nous ne voulons pas rediscuter de la question à
savoir si ces décisions étaient bien fondées ou non, les
opinions là-dessus sont partagées, mais on s'interroge sur le
processus. Un énoncé aussi simple que celui du bon fonctionnement
du marché, cela semble aller de soi, c'est tout à fait normal,
tout le monde est pour cela; comme la vertu, on ne peut pas être contre
cela. Cela a, en pratique, un effet très pernicieux. Je veux dire que
cela a des conséquences pratiques considérables sur la structure
du marché des valeurs mobilières au Québec et il y a des
initiatives qui se prennent à des niveaux où on pense qu'elles ne
devraient pas se prendre.
Si on regarde d'un peu plus près ce pouvoir d'émettre des
instructions générales, les pouvoirs de la commission, on
s'aperçoit que même dans certains cas on est allé
expressément au-delà de l'intention du législateur. On
peut nous dire que, dans la mesure où une instruction
générale va au-delà de la loi et qu'on demande aux gens de
la respecter quand même, cela nous paraît assez exorbitant. On
donne l'exemple de l'instruction qénérale Q-12 sur le
reclassement par voie de démarchage. Nous pensons que cela
dépasse la portée de la loi. On pense qu'il y a des dangers que
ce pouvoir soit utilisé pour prendre d'autres décisions, des
décisions, par exemple, sur la fixation des prix lors d'une nouvelle
émission. La commission pourrait toujours décider que, pour
favoriser le bon fonctionnement du marché, il faut que le prix d'une
telle émission soit abaissé ou élevé alors que
normalement, dans un marché concurrentiel, ce doit être
laissé à la négociation des gens. Si l'émission est
trop chère, elle ne se vendra pas ou il va y avoir des
conséquences. (15 heures)
Nous avons dit au début qu'il faut revoir quelque peu
l'orientation de la commission à la lumière du contexte actuel
qui est celui du décloisonnement des activités
financières. Il est important de voir que c'est une rupture dans la
continuité. On
avait un environnement financier, les fameux quatre piliers dont vous
avez sans doute entendu parler à satiété, qui
étaient là depuis longtemps. Finalement, il y a une rupture assez
importante dans le contexte. Dorénavant, les institutions
financières vont pouvoir pénétrer dans les domaines
d'activité des autres institutions financières. Pour vous
présenter cela visuellement, on a joint l'annexe 2 qui décrit un
peu, en termes graphiques, ce qu'est le système, un petit schéma
pour simplifier. Il montre ce qu'est le système financier, ce que cela
fait.
On avait traditionnellement deux groupes constituant le système
financier: ce qu'on appelle les intermédiaires financiers,
c'est-à-dire les banques, les sociétés de fiducie, les
compagnies d'assurances, les caisses d'épargne et de crédit, les
caisses de retraite, etc., qu'on distinguait - on les appelle des institutions
financières - des intermédiaires de marché que sont les
négociants et courtiers en valeurs mobilières qui oeuvrent sur le
marché monétaire, le marché des obligations et le
marché des actions. Ces deux groupes, traditionnellement, s'occupaient
d'intermédiation financière, c'est-à-dire qu'ils avaient
pour fonction de prendre les fonds des individus, des entreprises et des
gouvernements, ceux qui en ont en surplus, et d'émettre en contrepartie
des titres pour les transférer à ceux qui en ont besoin. Ce que
fait le décloisonnement, c'est qu'il n'y a plus deux blocs. Le premier
bloc, en haut, peut entrer dans le bloc d'en bas. Maintenant, il n'y a plus
qu'un seul bloc et cela s'appelle l'industrie des services financiers. Ce n'est
pas dire que le bloc d'en bas a la même mobilité. Il y en a un qui
est un peu plus mobile que l'autre. Par exemple, un négociant ou
courtier en valeurs mobilières ne peut pas prendre une participation de
plus de 10 % dans une banque actuellement, une banque de l'annexe A; seulement
une banque de l'annexe B. Il n'y a pas une parfaite mobilité.
Revenons à notre propos initial. Qu'est-ce que cela fait? Cela
vise à accroître considérablement les pouvoirs et les
champs d'activité des institutions financières et cela permet des
liens de propriété entre les institutions. Cela implique qu'il va
falloir qu'il y ait une "re-réglementation", comme on a parlé ce
matin, du secteur financier qui porte sur des nouveaux aspects comme le
contrôle des transactions intéressées. On a vu l'exemple
classique de cela. Pourquoi était-ce séparé? Si on regarde
un peu l'histoire, lors du krash de 1929, il y a eu des commissions aux
États-Unis qui ont examiné ce qui est arrivé et il y avait
toutes sortes de conflits d'intérêts. Une banque qui avait
prêté à une entreprise et qui ne pouvait pas se faire
payer, par exemple, décidait, parce qu'elle faisait également du
courtage, de faire une émission d'actions dans le public, de se repayer
son prêt et, là, évidemment, les gens étaient pris
avec des actions d'une compagnie qui ne valaient rien. Ce n'est pas un hasard
s'il y avait ces séparations-là. Il y a eu des abus dans le
passé. On a identifié et on a adopté des moyens qui
peuvent être révisés dans le contexte. Il y a une loi aux
États-Unis qu'on appelle le "Glass-Steagall Act", qui a
érigé un mur entre la fonction de banquier commercial qui fait
des prêts et ce qu'on appelle un "investment banker", c'est-à-dire
un négociant en valeurs mobilières.
Au Canada, on considère que cette distinction a assez duré
et qu'il y a moyen, tout en permettant les mariages entre ces institutions, de
réglementer les conflits d'intérêts ou les transactions
qu'il pourrait y avoir. Je pense que c'est bien important de comprendre que ce
n'est pas du luxe d'aller réglementer cela. Il faut vraiment, si on
décloisonne, se rattacher à la question de réglementer les
transactions intéressées et les conflits d'intérêts
qui peuvent survenir. On a vu, à cet égard, le gouvernement
fédéral annoncer en décembre les mesures qu'il entendait
prendre. Ce matin, les journaux faisaient état de trois projets de loi
qui ont été déposés. Le gouvernement du
Québec a annoncé la formation d'un comité sur les
institutions financières pour étudier cette question et le
gouvernement de l'Ontario a annoncé, également en décembre
dernier, des mesures qui seraient prises à cet égard.
Il faut voir que le décloisonnement a un impact sur la Commission
des valeurs mobilières, un impact sur son orientation et aussi sur la
nomination des commissaires. L'impact sur l'orientation, c'est que la
commission qui ne s'occupe maintenant que d'une partie de l'industrie des
services financiers, soit l'industrie des valeurs mobilières, devra se
lier, communiquer, se coordonner avec les autorités qui s'occupent des
institutions financières beaucoup plus que ce n'était le cas
avant parce que c'étaient des industries séparées et
isolées. Il y aura une fonction de coordination de ces règles
avec celles qui touchent les institutions financières parce qu'on parle
maintenant de l'industrie des services financiers.
Par exemple, si on prend la réglementation des institutions
financières, ce que cela cherche à faire essentiellement, c'est
d'assurer que les institutions sont stables, qu'elles ne vont pas en faillite
et qu'elles placent bien leurs fonds. On vise à protéger les
épargnants. Il n'y a pas de réglementation économique
là-dedans, c'est vraiment une réglementation pour protéger
les épargnants. Nous croyons que la commission qui a juridiction sur une
partie du secteur, les courtiers et négociants, doit se réajuster
et aussi se concentrer sur la
protection des épargnants si on ne veut pas avoir deux poids,
deux mesures. Elle doit évidemment s'occuper de la question des conflits
d'intérêts.
On revient là-dessus. Nous crayons que la commission n'est pas
l'autorité indiquée pour prendre des mesures de
réglementation économique. Si on regarde les impacts de la
décision de 1983, par exemple, qui permet à une banque...
Beaucoup d'institutions n'avaient même pas le pouvoir de le faire ou, en
tout cas, cela a été sans effet puisque, par exemple, en Ontario,
les courtiers ne pouvaient pas émettre plus de 10 % à une
institution financière. C'est un peu aberrant de prendre des
décisions qui sont, finalement, sans effet.
Il y a aussi la question de la réciprocité. Il y a des
décisions qui peuvent se prendre mais, si elles sont prises par
l'autorité indiquée, celle-ci va s'occuper d'obtenir une
réciprocité. Elle peut s'occuper, par exemple, de négocier
avec des gouvernements comme le fédéral pour obtenir une certaine
réciprocité. Autrement dit, si on laisse aller tout le morceau,
il n'y a plus rien à négocier après
unilatéralement. On voit, aujourd'hui, que les courtiers qui sont
ouverts - n'importe qui peut maintenant prendre une participation dans leur
propriété - n'ont pas cette latitude par rapport aux
institutions, mais personne n'a intérêt à trop
négocier parce que la première partie est permise maintenant. Les
gens n'ont rien à obtenir en cédant autre chose.
Nous pensons qu'il est donc clair que c'est seulement le gouvernement
qui a te pouvoir et les possibilités d'ajuster les dispositions
législatives et d'en faire la coordination avec les autres juridictions
et autorités gouvernementales. On cite des exemples, à savoir
comment cela s'est fait dans d'autres juridictions. Cela s'est fait par des
déclarations ministérielles en Chambre quand on a pris des
décisions de cette nature-là.
La nomination des commissaires. Étant donné
l'accroissement des activités du marché des valeurs
mobilières, d'une part, l'importance des décisions prises par la
commission, le nouveau contexte élargi où il y a des institutions
financières et la question des conflits d'intérêts, c'est
très exigeant pour les commissaires qui devront vraiment avoir une
vision d'ensemble de toute l'industrie des services financiers et non plus
seulement du secteur des valeurs mobilières.
Évidemment, là-dessus, il faudra sans doute voir à
ce que les émoluments ou les conditions soient suffisamment
satisfaisants pour attirer les personnes qui ont ces niveaux de
compétence-là. Cela ne dit rien et cela ne se veut aucunement un
jugement ou une expression ou une appréciation de la qualité du
personnel de la commission aujourd'hui. Je veux que ce soit bien clair.
Si on regarde maintenant les activités de la commission, on
s'aperçoit que le dernier rapport d'activités a été
publié en 1985 pour la période finissant en mars 1985. La
publication du rapport pour 1986 a dû être retardée en
raison de la charge de travail de la commission. Cependant, il y a moyen de se
faire une idée, si on regarde le bulletin hebdomadaire, le bulletin de
statistiques et certaines informations. La commission a mis à notre
disposition des informations plus récentes sur son fonctionnement»
 ce sujet-là, on voit trois faits impartants qui ressortent. Il y
a effectivement eu une forte croissance des activités de la commission,
notamment dans le service d'appel public à l'épargne, celui qui
s'occupe des prospectus, entre autres. Nous remarquons qu'il y a un
dédoublement, un double emploi avec certaines activités qui sont
déjà assumées par la Bourse et que certaines mesures
pourraient être prises pour améliorer les communications.
Sur la croissance des activités, je pense que vous avez eu ce
matin un exposé assez étendu sur le niveau de cette
croissance-là. Je vais donc passer plus rapidement. Je vais surtout
m'attarder au dédoublement des fonctions ou le double emploi, à
la page 12.
Ce qu'il faut voir, c'est qu'il y a une partie de ce dédoublement
qui va toujours subsister et qui est important parce que ce ne sont pas tous
les courtiers, ce ne sont pas toutes les sociétés qui sont
membres ou inscrites à la Bourse. Il y a des intermédiaires
financiers, il y a des conseillers financiers qui ne sont pas membres de la
Bourse. La commission doit s'en occuper. Il y a une partie de cela qui n'est
pas parfaitement symétrique.
Cependant, nous, ce qu'on reqarde, c'est ce qui concerne justement Ies
courtiers, les sociétés inscrites. II y a une tendance à
superposer sa propre réglementation à celle déjà en
place par la Bourse. Un exemple très récent de cela, c'est un
projet d'instruction générale qui a été fait avec
les autres commissions de valeurs mobilières - j'en conviens - mais qui
porte sur l'information occasionnelle. C'est un exemple frappant. La Bourse a
une politique là-dessus, je pense, depuis 1973. Cet énoncé
n'ajoute rien. Il n'a aucune disposition disant aux sociétés si
c'est une nouvelle chose qui s'applique. On leur demande de communiquer avec la
commission. Est-ce que les sociétés doivent, en plus de
communiquer avec la Bourse, communiquer avec la commission? Est-ce qu'elles
peuvent communiquer avec l'une ou l'autre à leur choix? Qu'est-ce qui se
passe? On ne le sait pas. Cela ajoute de la confusion.
C'est un exemple frappant d'une réglementation qui n'accomplit
rien de nouveau. Il y a déjà des règles qui existent. On
dit que cela a été préparé à partir d'une
instruction
générale de la Bourse de Toronto. La Bourse de
Montréal, au Québec, a ses règles depuis de nombreuses
années. Ce qui nous surprend, c'est que la commission n'a pas
indiqué les raisons - il y a peut-être des raisons; on ne les
connaît pas - pour lesquelles il serait utile d'avoir une double
réglementation. Nous, on ne les connaît pas. Ce qu'on voit
là, c'est que cela risque de semer la confusion chez les
sociétés qui doivent, à ce moment, communiquer rapidement.
Il faut qu'il y ait des décisions très rapides qui se prennent
quand il y a des informations à émettre dans le public. On ne
peut pas passer l'après-midi au téléphone. Il faut
rejoindre tout de suite la bonne personne et que les bonnes décisions se
prennent. S'il faut arrêter les transactions, il faut le faire.
Nous, ce qu'on pense, c'est qu'il y a trois moyens pour éviter
ces dédoublements. Il y a la délégation. Là, on
sait que c'est restreint à un titre de la loi. Mais il y a un pouvoir
qui pourrait être exercé pour le marché non
coté.
Il y a un pouvoir de dispense aussi qui peut arriver à une
espèce de délégation: par exemple, un énoncé
de politique sur les options. On dit: Si une société cotée
à la Bourse émet des options d'achat d'actions à ses
employés et qu'elle respecte les règles de la Bourse, la
commission considère qu'elle respecte les règles de la commission
et la dispense de faire une demande d'approbation. Cast une façon
d'alléger sa charge de travail et de déléguer, en quelque
sorte, certaines activités.
En pratique, la Bourse offre aussi des services. Par exemple, il y a le
service de la surveillance du marché qui fait la collecte des
informations, qui analyse les variations de cours sur les titres. Ces choses
sont disponibles à la commission. La commission peut, à partir de
ces données, faire ses enquêtes et prendre les procédures.
Elle n'a pas besoin de refaire cela. Là, il faut qu'il y ait une
collaboration. C'est évident.
Ce sont là les trois domaines où il y a des
possibilités, quant à nous. Si on regarde la
délégation ou la collaboration de la Bourse et de la commission,
on est prêt, apte et disposé, malgré ce que dit la
commission à la page 13 de son rapport, l'affirmation qu'elle fait qu'on
ne peut pas en prendre plus... Je pense qu'on est plus qualifié pour
parler de la Bourse. Nous, on pense qu'il y a moyen de faire plus.
Évidemment, pas à n'importe quelles conditions. Si on nous
demande de s'occuper du marché hors cote, on ne veut pas refaire tout
notre système d'informatique, forcément. Si on peut le faire
à des coûts raisonnables, on va le faire.
Je reviens à la question de la gestion de la commission, la
question des ressources humaines et financières. Nous, on a
utilisé des indices. C'est tout ce qu'on a. On sait que ce n'est pas
parfait. Ce qu'on fait, c'est qu'on compare les ressources humaines: 95 postes
au Québec, 140 en Ontario l'an dernier. On regarde la taille des
marchés. Le Québec a 20 % du marché, la Bourse de
Montréal; la Bourse de Toronto en a 75 %. C'est un indice. Ce n'est pas
toute l'affaire, mais enfin! Si on regarde les budgets, la commission du
Québec a un budget d'environ 5 000 000 $, celle de l'Ontario,
d'après les informations qu'on a obtenues de la commission de l'Ontario,
en a un de 6 500 000 $. Cela nous donne des indices. Ce n'est pas cela qui peut
dicter une décision, mais cela nous situe. On remarque également
que 80 % des frais de la commission sont affectés au personnel, ce qui
m'apparaît tout à fait normal, c'est une industrie de personnes,
de services personnels, et ce sont les ressources humaines qui sont les
ressources principales. (15 h 15)
Concernant l'autofinancement futur, nous disons qu'aujourd'hui, il y a
déjà une forme d'autofinancement et, à partir de
données communiquées par la commission, qui ne sont pas
complètes, qui sont reproduites à l'annexe 8, si on projette sur
douze mois, on voit qu'il y a environ 2 000 000 $ qui proviennent soit des
émetteurs, soit des courtiers; les deux tiers ont été
retirés des émetteurs durant la période en cause et un
tiers par les firmes de valeurs mobilières. Cela s'explique par le grand
nombre de financements. En gros, l'autofinancement représente environ 40
% du budget de la commission.
Le Président (M. Lemieux): M. Couture, il vous reste
environ une ou deux minutes. Nous pourrons revenir sur les différents
points de votre mémoire dans le cadre de la discussion.
Brièvement, s'il vous plaît.
M. Couture: Nous pensons qu'il faut traiter de
l'autofinancement...
Le Président (M. Lemieux):... pour deux minutes.
M. Couture: II faut absolument reconnaître que la Loi sur
les valeurs mobilières est une loi d'ordre public et que le public en
retire des avantages. Le mémoire de la commission à cet
égard montre que des millions de dollars ont été
épargnés. Je pense que cela tombe sous le sens. Nous pensons
qu'il faut définir quels sont les services qui doivent être
rendus, il faut les évaluer pour bien savoir quel service est rendu
à qui, pour que ce soit juste. C'est l'approche utilisée en
Angleterre, par exemple, où on calcule le temps consacré à
certaines catégories d'usagers. Il faut aussi regarder l'impact sur le
développement de l'industrie et la concurrence. On ne peut pas
avoir une structure de frais dans la province qui décourage les
gens de faire affaire ici. Je pense qu'il est important, lorsqu'on est le
deuxième, d'être très compétitif.
Si on veut résumer brièvement la position, nous disons
qu'il est bien évident que la commission doit avoir les ressources
nécessaires pour s'acquitter de ses responsabilités. La question,
c'est de mesurer cela précisément. Il faut s'assurer, à ce
moment-là, qu'il n'y a pas de déboublement -cela nous
apparaît important - et que la commission utilise tout ce qui est
disponible à la Bourse pour ne pas faire double emploi. D'après
nous, elle doit orienter son action vers la surveillance et la
délégation, et non pas s'engager dans l'exécution de
tâches qui sont déjà faites par d'autres. Je vous remercie
de votre attention.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Me Couture.
Dans l'ordre, ont droit de parole M. le député d'Abitibi-Ouest,
M. le député de Sainte-Anne et M. le député de
Mille-Îles, mais auparavant, vous me permettrez d'intervenir
brièvement, M. le député d'Abitibi-Ouest. Ce matin...
M. Gendron: J'allais dire que cela dépend de ce que vous
allez dire, mais on n'a pas le temps.
Le Président (M. Lemieux): Ce sera très bref, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Ce matin, il me semble avoir entendu le président de la
Commission des valeurs mobilières nous dire qu'il ne faisait pas,
effectivement, de réglementation économique. Vous semblez nous
dire le contraire. Je vous avouerai que je me demande qui je dois croire. Vous
vous y référez, d'ailleurs, d'une façon assez constante
dans votre mémoire. Par rapport à tout cela, je me souviens que
le président de la Commission des valeurs mobilières avait
situé cela dans le cadre de la protection des épargnants. Au
niveau de la réglementation comme telle, au niveau du bon fonctionnement
du marché des valeurs, eu égard à la réglementation
comme telle, est-ce que vous avez une avenue de solution? Vous nous dites: Ils
font de la réglementation économique. Si je comprends bien, en
vertu de l'article 276. 1, ce n'est pas de leur ressort. II y a 276. 3 et 276.
4 qui sont des moyens par lesquels ils devraient vraiment contenancer ces
choses. Je vous demande quelle est votre solution, quelle est votre avenue face
à cela.
M. Couture: La solution est très simple. Il y a une
modification de cette disposition. L'article 276...
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que vous
suggérez.
M. Couture: Et qu'on dise bien que la commission est
chargée d'administrer la loi, qu'elle dispose de tous les pouvoirs
nécessaires pour ce faire et que la Loi sur les valeurs
mobilières, elle, a pour mission de protéger les
épargnants, de régir l'information et d'encadrer
l'activité. Cela nous convient. Autrement, cela reste un
énoncé qui a des effets pernicieux, à notre avis. Le bon
fonctionnement sera assuré si on protège les épargnants;
si on régit l'information et on encadre l'activité, on va aider
au bon fonctionnement du marché des valeurs mobilières.
Le Président (M. Lemieux): Pour vous, la
réglementation économique devait relever du ministre ou du
Parlement?
M. Couture: Cela nous paraît le lieu où cela doit se
passer.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Merci, M. le Président. Rapidement, vous avez
posé ma première question qui était sur le pouvoir de
réglementation économique; c'est réglé. Je ne fais
que souligner que j'avais compris la même chose, que ce matin ils avaient
prétendu que la Commission des valeurs mobilières n'en faisait
pas, ou à peu près pas. Peut-être que la question
était mal posée, on va mettre cela là-dessus; c'est le
président de la commission qui a posé la question alors, on va
dire que c'est parce que la question était mal posée.
Le Président (M. Lemieux): Je croyais qu'on pouvait avoir,
à l'occasion, certaines affinités mais on va oublier cela.
M. Gendron: C'est pour s'amuser, M. le Président,
même si le problème est sérieux. Sérieusement, vous
nous dites là-dessus que si, effectivement, il y a un pouvoir de
réglementation économique, d'après vous, cela ne
relève pas de la Commission des valeurs mobilières. Qu'on laisse
cela à sa place, c'est le législateur. Vous avez eu
l'honnêteté de dire que cela ne vous regarde pas, donc, on peut
passer à autre chose avec vous. C'est là-dessus. Vous dites que
le législateur s'occupe de cela.
J'aurais deux questions. Premièrement, je trouve correct que vous
portiez un jugement sur les ressources humaines et financières parce que
c'est une question importante constamment soulevée par la Commission des
valeurs mobilières. Cependant, je ne vous sens pas très bien dans
votre point de vue. Je vais m'expliquer. Quand les gens nous disent qu'on va
comparer cela avec ailleurs, je trouve cela correct parce que c'est à
titre indicatif,
mais Il me semble que l'indication n'est pas neutre.
On dit: Ils ont un budget qui est sensiblement le même que celui
de l'Ontario, légèrement inférieur. Le volume des
activités est de deux à trois fois celui de la Commission des
valeurs mobilières du Québec et il n'y a pas d'écart de
moitié entre les ressources. Au contraire, c'est une fois et demie. Il
me semble que, si on donne l'exemple et qu'en plus on prend la peine de dire
que 80 % de la masse salariale est affectée aux traitements du personnel
et que c'est normal, pourquoi l'a-t-on dit? Y a-t-il une intention qu'on ne
sent pas? Ma question est très claire: Votre juqement, les gens de la
Bourse, concernant un besoin éventuel de ressources additionnelles,
est-il fondé d'après votre analyse à vous? Oui ou non, si
vous étiez décideurs, leur donneriez-vous des ressources
additionnelles?
M. Couture: C'est très difficile pour nous, qui ne sommes
pas à la commission, qui ne connaissons pas exactement les affectations
de chaque personne, la répartition des ressources, de prendre des
décisions semblables. Ce que nous avons fait, c'est que nous avons cru
de notre devoir d'apporter des éléments qui permettent de prendre
une décision éclairée. Nous pensons et nous disons que,
s'il doit y avoir des augmentations de ressources, il faut qu'elles soient
affectées aux fins pour lesquelles on les réclame. Si c'est parce
qu'on ne peut pas faire d'enquête ou si c'est parce qu'on a de la
misère à sortir les prospectus, notre point de vue à nous,
c'est que si jamais il y a des ressources allouées, elles devraient
être affectées à ces fins et pas à d'autres.
M. Gendron: Donc, je serais correct de dire: Réglez les
problèmes de dédoublement des fonctions et, après cela, on
pourrait peut-être regarder s'il y a lieu d'y affecter des ressources
additionnelles. Donc, ce n'était pas neutre. D'après vous, s'ils
s'en tiennent à leur job, ils en ont assez. Est-ce que je suis correct
de penser comme cela?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Gendron: Écoutez, il faut que vous nous aidiez à
avancer!
M. Couture: Oui, c'est le but pour lequel on vous a sorti ces
données.
Une voix: Tu vas faire baisser les cotes de la Bourse!
M. Couture: Maintenant, ce n'est pas à nous de prendre la
décision, que ce soit bien clair. Nous ne pouvons que soumettre des
renseignements qui vous aident. Il y a des questions de mesure. Ce que je peux
vous dire, c'est que, quand on demande d'augmenter un budget, il faudrait au
moins qu'on sache quel était le budget de l'an dernier, quelles sont les
dépenses. Il me paraît - en tout cas, c'est la procédure
normale dans une entreprise - que lorsqu'on doit faire autoriser un budget, on
a des données historiques précises sur l'affectation et
l'utilisation des fonds. Là, on peut avoir un jugement
éclairé. Nous avons pu obtenir le budget de la commission parce
qu'on a regardé dans les lois et on l'a trouvé, c'était
public, mais c'est très difficile. La commission a mis à notre
disposition des données internes qui nous permettent d'avoir une
idée, mais il faut réellement avoir les chiffres et non pas des
statistiques.
M. Gendron: Ce sera ma dernière question. Qu'on lise le
rapport de la Commission des valeurs mobilières ou le vôtre sur
les mêmes questions, il apparaît évident, à moins
qu'on ne se trompe - je ne crois pas qu'on se trompe là-dessus - que les
communications ne sont pas régulières, constantes et très
très ouvertes, en particulier aux pages 14 et 15 quand vous dites que:
"La commission réglemente, etc. Il apparaît donc hautement
souhaitable et tout à fait réalisable que des communications
étroites... " Autrement dit, vous souhaitez ce qu'on sent qu'il n'y a
pas l'air à se faire. Quand on en parle avec autant d'excellence, c'est
qu'il y a un problème. On dit: Cela devrait être comme cela, on
devrait avoir plus de relations, on devra se voir plus souvent. II me semble
que c'est un problème réel. La question que je pose aux gens qui
sont ici est à savoir: Quelle sorte de geste concret a été
posé par la Bourse pour que ces difficultés, qui sont dues
à des absences de collaboration très étroite et
continuelle en termes d'échange de responsabilités, de services,
etc. ? Est-ce que la Bourse a fait les démarches - si cela s'appelle
comme cela - ou a pris les dispositions requises pour s'assurer qu'il y ait un
peu plus de collaboration très étroite entre la Commission des
valeurs mobilières et vous autres?
M. Couture: Écoutez! il y a une couple
d'éléments là-dedans. Je peux en soumettre un et Mme
Beauchemin pourrait compléter. Nous pensons que la question des
communications n'est pas une question de budget, mais une question
d'information. Pour communiquer efficacement, il faut être informé
et il faut être informé en temps utile. C'est ce qu'on propose
comme moyen. On propose des moyens où, quand des mesures importantes
toucheront la Bourse de Montréal, on aimerait le savoir un peu avant les
gens en général parce que cela a un impact. On dit qu'on ne veut
pas apprendre tout par le bulletin de la commission.
Comme on est dans la même bâtisse, on pourrait
peut-être être prévenu à savoir qui s'en vient, etc.
C'est au niveau des moyens qu'on suggère.
Quant aux communications ou à l'excellence, la commission estime
qu'elles sont adéquates. Je dois laisser la parole à quelqu'un
qui est à la commission pour répondre à cela.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous parler un petit peu
plus fort, s'il vous plaît? Voulez-vous vous identifier
préalablement, pour les fins de l'enreqistrement du Journal des
débats, et parler un petit peu plus fort?
Mme Beauchemin (Francine): Oui. Je suis Francine Beauchemin. Sur
la question des communications, je pense que ce qu'on a indiqué dans
notre mémoire, un autre point, c'est qu'on aimerait bien être
consulté au moment de l'élaboration d'un projet plutôt
qu'au moment où un projet est conçu et qu'une opinion ou un
projet nous est soumis sous sa forme finale. S'il y avait consultation du
milieu et des praticiens au moment de l'élaboration des projets, Il
serait peut-être plus facile de diriger les projets de façon
qu'ils soient les plus utiles pour l'industrie.
J'aimerais rajouter, si je peux, un petit point sur la question des
ressources humaines. Je pense qu'il est clair que la Bourse ne veut pas laisser
entendre que nous croyons que la commission n'a pas besoin d'augmentation au
niveau des ressources humaines. Je pense qu'on n'a jamais fait un commentaire
précis à ce sujet-là. On dit qu'il devrait y avoir un peu
plus de précisions dans le parallèle entre les besoins et le
personnel requis. La Bourse a dû faire face à une activité
extrêmement importante dans les dernières années. Nous
sommes très conscients des problèmes auxquels la commission a
dû faire face aussi, par exemple dans l'appel public à
l'épargne. Il est très clair que, dans une industrie cyclique
telle celle que nous avons, il y a des périodes où il y a des
besoins extrêmement lourds de personnel qualifié. Il est important
pour la Bourse et pour l'économie générale que la
commission puisse donner un très bon service à ces
entreprises-là.
Quant à l'appel public à l'épargne, ce ne sont pas
seulement des sociétés qui font des placements exclusivement au
Québec, vous avez des sociétés qui font des placements
à l'échelle nationale. Il est très important que le
Québec donne un service aussi rapide que les autres provinces dans ce
secteur-là. On ne veut pas porter jugement. On veut simplement dire
qu'il faut préciser les besoins.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Vous avez
terminé, M. le député d'Abitibi-Ouest? M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Me Couture, je n'ai pas bien compris votre fonction.
Est-ce que vous êtes au bureau de direction de la Bourse ou juste
porte-parole pour aujourd'hui?
M. Couture: Je suis porte-parole pour aujourd'hui. Je suis un
consultant.
M. Polak: Les gens autour de vous peuvent répondre aussi.
De temps en temps, j'aime mieux avoir des réponses directement de ceux
qui administrent.
M. Couture: D'accord. (15 h 30)
M. Polak: J'ai deux questions. Je comprends que votre position
est un peu difficile à la Bourse parce que c'est un peu comme si on
demandait à un citoyen de dire ce qu'il pense de la police. Il dit: Je
ne l'aime pas trop, mais on en a besoin. En lisant votre mémoire, la
conclusion, j'ai deux questions: Quand vous comparez cela, la relation Bourse
et Commission des valeurs mobilières, au système de New York ou
de Toronto, est-il aussi bon qu'à Montréal, moins bon ou
meilleur?
Ma deuxième question: Quand vous parlez des commissaires dans
votre mémoire, vous vous référez à la
nécessité que les commissaires disposent d'une vaste
expérience et d'une connaissance étendue parce qu'ils seront
appelés bientôt à juger de situations peut-être de
conflits d'intérêts qui peuvent résulter du
décloisonnement. Je voudrais savoir - c'est une sous-question - si vous
y allez encore dans le sens que la commission qui va juger des situations de
conflits d'intérêts, qu'eux devront s'occuper de cela?
Deuxièmement, quand vous vous référez aux
sous-commissaires, prétendez-vous qu'il n'y a pas assez de commissaires,
ou qu'ils ne sont pas assez compétents? Ce sont les quelques questions
que j'avais.
M. Desaulniers: Marc-André Desaulniers. Si l'on compare
les services des organismes de réglementation,
d'autoréglementation québécois versus ceux de l'Ontario ou
américains, je peux vous dire que la maison qui a pris six mois à
obtenir un permis à New York trouve que cela va au moins aussi bien
ici.
Dans les commissaires, ce n'est pas une critique pour les commissaires
actuels qui ne nous... On parle des commissaires extérieurs surtout,
parce que les commissaires permanents qui sont au nombre de trois et ils sont a
la commission d'une façon stable. Ils sont là depuis longtemps et
ils sont bons. Parmi les commissaires extérieurs, il y a,
évidemment - ce que l'on veut dire, je pense - une compétence qui
devrait être accrue à mesure que le cadre dans lequel tout le jeu
se situe devient plus complexe. Quand on parle des conflits
d'intérêts de ces gens, on
n'a pas à se plaindre du passé non plus, mais il est bien
évident que quand on aura à régir à la commission
les actes de filiales, disons, qui appartiennent à une banque à
charte, il faudra s'assurer peut-être que les commissaires ne doivent pas
trop d'argent à la banque qui est propriétaire de la maison de
courtage et des choses comme cela, qu'Untel n'est pas son vérificateur
ou dans son bureau d'avocats, et ainsi de suite. Cela devient plus complexe,
c'est bien évident. À mesure qu'on a des intervenants qui sont
multipliés par leur nombre et leur importance, on risque d'avoir des
gens qui sont de plus en plus dans des conflits...
M. Polak: Quelle est la solution que vous suggérez dans ce
domaine?
M. Desaulniers: Plus de commissaires à temps plein... Je
ne sais pas. Je pense que la commission est aussi compétente que nous
pour vous faire des recommandations parce que, dans le passé, je ne
pense pas qu'on ait eu à avoir honte de sa conduite là-dedans et,
je vous le répète, les commissaires ne nous ont pas prouvé
du tout que l'on n'avait pas raison d'être satisfait d'eux, ou qu'on
devrait être inquiet quant à leur intégrité.
Il y a une autre chose, peut-être, qui n'a pas été
dite aujourd'hui, en ce qui a trait aux communications entre la Bourse et la
commission: c'est que les problèmes sont plutôt de nature
institutionnelle que personnelle. Je pense qu'il y a une ouverture face
à des communications au niveau personnel entre les gens seniors de la
Bourse et ceux de la commission, à d'autres niveaux aussi, et que ce
n'est pas à cela que l'on touche. Donc, cela n'a pas à être
perçu comme une plainte envers les personnalités, mais envers le
système plus qu'envers les individus.
M. Polak: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Relativement au problème
des communications et pour suivre la logique du député
d'Abitibi-Ouest, la commission nous disait que la communication entre la
commission, la Bourse de Montréal et l'ACCOVAM est actuellement
adéquate. Vous nous dites qu'il apparaît hautement souhaitable et
tout à fait réalisable que des communications étroites
soient maintenues continuellement. J'aimerais seulement vous poser la question
suivante: Que pensez-vous de la suggestion de l'ACCOVAM de créer un
comité conjoint permanent composé, à titre d'exemple, de
deux représentants de la Commission. des valeurs mobilières, de
deux représentants de la Bourse de Montréal et de deux
représentants de l'ACCOVAM? Voulez-vous vous identifier, s'il vous
plaît?
Mme Parent-Johnson (Marie-Louise):
Marie-Louise Parent-Johnson.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
Mme Parent-Johnson: Je ne crois pas que cela soit dans les
structures que l'on puisse vraiment apporter une solution. Si on établit
une façon de procéder entre les organismes, par exemple,
d'apporter les projets au moment de la gestation plutôt qu'au moment de
l'implantation, c'est évident que toutes les parties impliquées
vont pouvoir mieux participer et il y aura moins de pertes de temps et
d'argent. Les structures et l'argent ne sont pas un problème dans ce
cas, c'est simplement une façon de procéder, et à quel
moment.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aurais deux brèves questions, quitte à
revenir- plus tard. La première, considérez-vous que la
Commission des valeurs mobilières a un rôle de surveillance
générale sur la Bourse de Montréal également?
M. Desaulniers: Mon nom est André Desaulniers. Pourrais-je
faire préciser la question? Si elle a un rôle ou si elle devrait
avoir un rôle? Je n'ai pas bien compris votre question.
M. Garon: Si elle a un rôle et si elle doit avoir un
rôle de surveillance générale. Dans son rôle de
surveillance générale, est-ce qu'elle doit surveiller
également la Bourse de Montréal?
M. Desaulniers: Dans tous les problèmes de la vie,
normalement, s'il y a une police privée, il y a également une
police publique pour voir ce que fait la police privée. C'est d'ailleurs
dans la loi.
M. Garon: Quand on parle de décloisonnement, je veux aller
un peu plus loin. Comme vous considérez qu'elle a un rôle de
surveillance générale par rapport aux institutions
financières, incluant la Bourse de Montréal comme c'est un
organisme privé, trouvez-vous qu'il ne peut pas y avoir un
décloisonnement complet si on veut qu'elle exerce une certaine
surveillance par rapport aux organismes privés qui sont
autorégularisés, réglementés ou
contrôlés?
M. Desaulniers: C'est peut-être évident qu'en
période de décloisonnement un "régle-mentateur"
spécialisé devrait avoir les pouvoirs qui toucheront les autres
domaines. Je suis un pauvre courtier, mais je pense que si on a des
chevauchements dans les intérêts des gens de fiducie, de courtage,
des
assureurs, des banquiers, etc., on devra avoir des gens capables de plus
en plus d'aller toucher aux autres parce que tout le monde va être plus
ou moins dans le même parc.
M. Garon: Pour expliquer davantage, regardons, par exemple,
l'inspection alimentaire. Les compagnies privées ont leurs propres
inspecteurs pour contrôler la qualité de leurs aliments parce
qu'elles doivent assurer un certain contrôle de la qualité,
elles-mêmes, de façon privée. Par ailleurs, cela ne fait
pas en sorte que le gouvernement perde son pouvoir général
d'inspection des aliments par rapport même aux organismes
autocontrôlés ou auto-inspectés parce qu'il y a un pouvoir
général de contrôle ou de surveillance pour s'assurer que
même ceux qui se contrôlent privément le fassent vraiment.
La question que je pose est la suivante: Quand on parle de
décloisonnement et tout cela, de quelle façon ou dans quelle
mesure, par rapport à la situation existante, estimez-vous que la
Commission des valeurs mobilières doit assumer son pouvoir de
surveillance générale par rapport à l'ensemble du domaine
financier parce que c'est elle qui a la responsabilité vis-à-vis
du gouvernement? Ce que je crois percevoir entre les lignes, c'est que vous
pensez qu'elle vous surveille peut-être trop et ne vous fait pas assez
confiance. Dans quoi, précisément, pensez-vous que la
démarcation devrait se faire?
M. Desaulniers: Je pense que, d'une façon
générale, on ne peut pas dire qu'il y a un manque de confiance.
Je pense qu'on peut établir cela. La Bourse ne manque pas de confiance
envers la commission et, je l'espère, vice versa. On a cependant, dans
les chevauchements, des problèmes qui dépassent l'entendement
d'une Bourse et même d'une Commission des valeurs mobilières.
Quand on commence à parler de banques, vous avez des amis dans une autre
ville qui vont vous dire: Cela, c'est à nous autres. Il y a des
problèmes qui sont complexes et qui doivent être établis.
La Commission des valeurs mobilières, quand on parlait de politique
économique, c'est justement un des problèmes qu'elle a
malgré elle-même. Enfin, je l'estime! La réglementation de
la Bourse, il n'y a aucune contestation du pouvoir de la commission dans notre
mémoire, à part la mission économique, et dans la mission
policière, dans la mission d'application d'une loi, il n'y a pas de
contestation de notre part. On pense que le dédoublement de l'ouvrage
est une chose, mais on ne conteste pas l'autorité de la commission
même si nous faisons l'ouvrage. On s'est, évidemment,
assuré de la qualité des contrôleurs. Vous faisiez la
comparaison. J'espère que je réponds à votre question.
M. Garon: Est-ce que vous trouvez que, dans l'état actuel
des choses, Il y a trop de contrôles? S'il y en a trop, d'après
vous, de quel ordre?
Mme Parent-Johnson: Marie-Louise Parent-Johnson.
M. Garon: Pardon? Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: J'espère que le journaliste de Radio-Canada n'y
verra pas d'allusion.
Mme Parent-Johnson: Pour revenir à la question
précédente - je prendrai celle-ci à la fin - dans le cadre
du décloisonnement, la surveillance et la réglementation vont se
faire selon les fonctions. C'est évident que, même si d'autres
institutions entrent dans le milieu du courtage, cela va se faire par filiale
et ce sont des filiales qui ne feront que du courtage et une Commission des
valeurs mobilières surveillera le marché des valeurs
mobilières.
La question actuelle: Est-ce qu'il y a trop de contrôles? C'est
déjà prévu dans la loi quels seront les contrôles de
la Commission des valeurs mobilières sur la Bourse de Montréal.
Nous devons informer la Commission des valeurs mobilières de certaines
de nos décisions en matière de pouvoirs
délégués, en matière de pouvoirs disciplinaires et
sur les décisions concernant nos membres. Par ailleurs, il y aurait
certains points à mentionner concernant la délégation. Le
pouvoir de déléguer est prévu à la loi et la
Commission des valeurs mobilières a exercé ce pouvoir en donnant
à la Bourse le mandat de voir à l'inscription et à
l'inspection des représentants enregistrés du milieu.
Par ailleurs, la Bourse serait désireuse de voir son mandat
entier. Lorsqu'un pouvoir est déléqué, l'agent qui est
délégué doit pouvoir l'exercer pleinement et en fonction
de son jugement et de sa structure. Il y a une certaine dichotomie entre la
commission et la Bourse sur les procédures à suivre. Je pense que
cela demande encore un peu d'ajustement et la Bourse est en train de travailler
là-dessus avec la Commission des valeurs mobilières.
Par ailleurs, est-ce qu'il y a trop de contrôles? Je ne pourrais
pas avoir un jugement négatif. Est-ce que le dédoublement de
certaines fonctions, c'est un contrôle? Est-ce un manque de confiance? Je
ne sais pas, je pense que ce sont simplement deux organismes qui ne se sont pas
ajustés et c'est un appel à une meilleure communication.
M. Garon: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Avant de passer la parole au
député de Mille-Îles, au député de Bertrand
et au député de Jonquière, j'aimerais vous demander ceci,
à brûle-pourpoint: Si on vous demandait de nous dresser une liste
d'activités d'autorégle-mentation que vous pourriez absorber,
cela pourrait ressembler à quoi? Disons la même chose, une liste
précise d'activités quant au dédoublement, cela
ressemblerait à quoi?
Mme Parent-Johnson: Concernant le dédoublement, je vais
passer la parole à Francine Beauchemin.
Mme Beauchemin: Quant à l'autoréglementation,
premièrement, il faut bien comprendre que ce n'est pas seulement de la
délégation. La Bourse est un organisme quasi privé avec un
devoir public très important. Comme l'a dit M. Paul Guy plus tôt
ce matin, la Bourse s'occupe du marché secondaire. La Bourse a le devoir
d'assurer l'intégrité de son marché; sinon, la Bourse ne
pourra pas fonctionner. Cela n'est pas du tout dans le cadre de la
délégation qui viendrait sous la Loi sur les valeurs
mobilières. La Bourse s'autoréglemente dans le but de la rendre
compétitive, d'offrir un marché efficient et afin d'assurer la
continuité et la compétitivité de son marché.
Le deuxième aspect, c'était...
Le Président (M. Lemieux): Le dédoublement.
Mme Beauchemin: Un point que nous avons tenté de souligner
dans notre mémoire n'était pas tellement que nous voulions plus
de délégation, mais nous constatons que récemment il y a
eu des initiatives de la Commission des valeurs mobilières qui
semblaient avoir comme objectif de faire des choses que la Bourse fait
déjà. C'est là qu'on parle de dédoublement. On a
signalé l'instruction générale canadienne qui reprend une
politique qui existe au moins à la Bourse de Toronto et à celle
de Montréal, qui ne fait que rajouter aux endroits dans la politique
où on dit qu'il faut aviser la Bourse, qu'il faut communiquer avec la
Bourse. C'est la Bourse ou la commission. On ne comprend pas tellement
l'objectif et, comme l'a dit M. Couture plus tôt, l'objectif n'a pas
été déclaré lors de la dissémination de
cette instruction générale. (15 h 45)
Un autre exemple serait sur les options aux dirigeants. La Bourse a
toujours eu une politique qui réglemente ce qu'une société
inscrite à la cote de la Bourse peut faire, ce qu'elle peut accorder
à ses employés comme option sur des actions du Trésor. La
Bourse réglemente cela pour essayer de limiter la dilution possible pour
une société publique cotée de ses initiatives
auprès de ses employés pour maintenir le ballant entre les
employés et les actionnaires. La commission a proposé une
modification à sa politique qui, initialement, reprenait toute
l'autorité sur cet aspect-là, redonnait toute l'autorité
à la commission. Finalement, cela a été retiré,
mais c'est une initiative que nous avons mal comprise à ce
moment-là. Pourquoi refaire ce qui existait d'ailleurs à la
Bourse? En plus, la proposition de la commission était essentiellement
une reproduction de la politique de la Bourse. On voit une tendance à ne
pas déléguer, mais plutôt à dédoubler des
fonctions déjà accomplies.
Le Président (M. Lemieux): Quelle est votre opinion, par
exemple, sur la question du marché hors cote? Cela relève de
qui?Est-ce de la réglementation économique?
Mme Beauchemin: Non. Le marché hors cote ne relève
pas de la Bourse, pour le moment en tout cas, parce que c'est hors Bourse. Si
la Bourse soumettait à la Commission des valeurs mobilières du
Québec un projet d'offrir un second marché ou un marché
précotation en Bourse qui se ferait par la voie de la Bourse, à
ce moment-là, ce serait un marché hors cote, mais
réglementé par la Bourse si la commission approuve le projet.
Pour le moment, la Bourse n'a pas fait de telle proposition, donc le
marché hors Bourse est le seul secteur dans lequel la Bourse
réglemente.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, j'aimerais bien
continuer à cerner, dans le sens des questions que j'ai posées ce
matin à la Commission des valeurs mobilières du Québec,
les positions des parties mais, entre autres, votre position quant à la
question A qui me semble - je suis peut-être biaisé - la plus
importante de toutes, à savoir si les activités ou les pouvoirs
de la Commission des valeurs mobilières du Québec pourraient
être cédés ou délégués à
l'autoréqlementation. Vous avez entendu, ce matin, la position de la
Commission des valeurs mobilières du Québec. Vous avez vu le
rapport, à la page 38, où on répondait: "La commission
peut identifier plus de 30 activités et plus de 100 pouvoirs. Il est
absolument impossible, avec les ressources dont nous disposons et dans les
délais qui nous étaient imposés, de répondre
à la question car il faudrait faire un examen de chacun des cas. "
Quand je lis votre mémoire, à la page 13, vous êtes
très spécifiques dans le premier paragraphe: "Afin
d'éviter de tels dédoublements, la Bourse considère que
trois moyens - pas quatre, mais trois moyens -s'offrent à la Commission
des valeurs
mobilières du Québec: la délégation, le
pouvoir de dispense et l'utilisation accrue des services de la Bourse. "
Ma première question est la suivante: Est-ce que, parce que la
commission vous a demandé de vous présenter devant nous, ces
trois avenues de dégagement des responsabilités de la Commission
des valeurs mobilières du Québec ont bondi sur la table lorsque
vous avez préparé votre mémoire ou est-ce que,
contrairement à ce qu'on nous a dit ce matin, c'est un vieux sujet,
c'est quelque chose qui tourne dans l'air depuis bien longtemps, c'est un air
respiré par d'autres il y a cinq, six ou sept ans, mais où on n'a
jamais senti de volonté d'aller de l'avant?
M. Couture: Si je peux me permettre, M. le Président, je
suis André Couture. "Effectivement, la disposition dans la loi actuelle
qui permet à la commission de déléguer certains pouvoirs
à la Bourse, il y a eu des dispositions à cet effet-là
lors de l'adoption de la loi. La loi est entrée en vigueur en 1983 et
les discussions ont eu lieu en 1982. J'étais à la Bourse à
ce moment-là et je sais pertinemment pourquoi la disposition est
là. C'était une chose qu'on avait demandée et la
commission semblait d'accord aussi à ce moment. Cela a été
mis là pour cette raison. C'est une question qui est discutée
depuis un certain temps.
Ce qui est nouveau dans ce qu'on suggère, c'est ceci: vu que ce
pouvoir est restreint à un chapitre de la loi, on se dit qu'il y a moyen
d'accomplir le même résultat en allant vers d'autres dispositions
comme le pouvoir de dispense. Cela consiste essentiellement à dire que,
si une société qui est cotée en Bourse sur un point
précis satisfait aux exigences de la Bourse, la commission la dispense.
Il n'y a pas de formalité additionnelle à faire. C'est une
façon de ne pas dédoubler ou de "déléguer", entre
guillemets. Cela s'est fait dans le cas des options. C'est ce que la Bourse dit
dans son énoncé - elle a des normes sur les options -Maintenant,
quand une société est cotée en Bourse, respecte les
règles de la Bourse, la commission sera disposée à lui
accorder une dispense. C'est une autre façon, finalement, de ne pas
dédoubler.
Là, le pouvoir de dispense est extrêmement important, la
commission peut dispenser de toute obligation prévue par la loi ou les
règlements. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'en ce qui concerne les
sociétés cotées en Bourse, il y a certainement des choses
à faire et on a souligné un point précis. Celui sur
l'information continuelle, par exemple.
M. Bélisle: Est-ce que vous avez, depuis l'introduction
des nouvelles mesures législatives, lors du renouvellement de la loi,
avez-vous depuis cette date discuté spécifiquement avec la
Commission des valeurs mobilières du Québec de ces trois
points'?
M. Couture: Tout ce que je peux dire, c'est qu'il y a
présentement un qroupe de travail auquel la Bourse a été
invitée à participer quf s'occupe de voir ce qui peut être
fait pour le marché hors cote. Il y a ce sujet qui a fait l'objet de
discussions.
M. Bélisle: Ce que je dois comprendre, c'est seulement sur
un point spécifique, entre autres, sur un sujet, mais pas au niveau de
ce que la Commission des valeurs mobilières nous a soulevé ce
matin, c'est-à-dire qu'il y a peut-être une trentaine
d'activités, une centaine de pouvoirs où vous avez fait du
travail de fond, les deux organismes ensemble.
M. Couture: J'ajouterais que sur la question des options, la
dispense, cela a été également discuté. La Bourse a
demandé, à un moment donné, que soit
réinstallée la politique qu'il y avait avant. Il y a des points -
j'en nomme deux - où, lors d'initiatïves précises, on a
insisté pour qu'il n'y ait pas dédoublement, mais plutôt
délégation ou utilisation des services de la Bourse.
M. Bélisle: Je dois conclure, d'après ce que vous
me dites que cela a déjà été discuté. C'est
qu'il n'y a pas eu spécifiquement de grands pas de faits dans ces
avenues, à part les petits points précis.
M. Couture: Ce qu'il faut bien voir, c'est que ce qu'on appelle
les petits points précis, ils sont assez importants. Je veux dire, c'est
une chose que de s'engager, par exemple, dans un marché hors cote. C'est
un développement majeur. Au point de vue réglementaire, que toute
la question de l'information occasionnelle des sociétés
cotées en Bourse soit laissée à la Bourse, c'est
important. Cela signifie des ressources pour la Bourse. Cela signifie du monde
qui s'en occupe. Ces points sont importants.
M. Bélisle: Je dois comprendre que vous avez ou vous
manifestez, à la Bourse de Montréal, un désir, un souhait
d'accroître votre responsabilité en matière
d'autorégle-mentation et que, contrairement à ce qui a
été dit dans le rapport de la Commission des valeurs
mobilières du Québec, pour vous, la limite extrême
décrite à la page 13 n'est pas encore atteinte.
M. Couture: C'est exact.
M. Bélisle: Maintenant, est-ce que vous seriez
prêts, vous, la Bourse de Montréal, à participer à
une analyse? Là, je reprends la
réponse exacte de la Commission des valeurs mobilières du
Québec qui. nous a dit: Répondre à la question, on n'a
à pas eu le temps de le faire car il faudrait faire un examen de chacun
des cas en vue de déterminer s'ils peuvent être
délégués. Est-ce que vous seriez prêts, aujourd'hui,
à participer à une analyse conjointe avec la Commission des
valeurs mobilières du Québec et également l'ACCOVAM pour
nous identifier des secteurs, pour nous identifier des volets et combien de
temps, selon vous, cela pourrait-il prendre pour nous pondre quelque chose de
pas trop complexe, mais de potable parce que je pense que vous semblez pas mal
au courant de la situation? Personne ne peut répondre?
Une voix: Non.
M. Bélisle: Parce que vous me voyez dans la position
où vous nous dites: On est d'accord pour assumer des
responsabilités supplémentaires en matière
d'autoréglementation, et pas seulement au niveau de notre
intégrité de marché et tout le reste. Moi, je veux
bien.
Je lis, d'autre part, que quelqu'un me dit; Je n'ai pas les ressources
et je n'ai pas eu le temps. Je ne vois pas si c'est pertinent. Je lis dans le
rapport qui est le vôtre et je suis dans la position de conclure que vous
dites: II y en a des avenues; on en a déjà discuté. Mais
il semble qu'il n'y a pas d'arrimage quelque part. Je vous fais une proposition
et je vous dis: Est-ce que vous êtes d'accord pour vous embarquer dans
une analyse qui ne traînerait pas pendant des années et qu'on
pourrait conclure peut-être sur le sujet?
Mme Parent-Johnson: Les avenues possibles ont été
indiquées dans le mémoire et je pense que, nulle part, on n'a
laissé le champ libre. On a identifié ce qu'il fallait faire avec
des cas concrets. On ne peut pas s'engager aux coûts que cela peut
représenter, n'est-ce pas, et nous ne sommes pas un organisme
gouvernemental. On ne peut pas s'engager à faire le travail des autres.
Notre mémoire répond à votre question avec des cas
précis.
M. Bélisle: J'ai bien noté votre emphase sur
l'expression "des autres".
Mme Parent-Johnson:... cela relève de la commission,
n'est-ce pas? Par ailleurs, après avoir fait un bon travail de
défrichage - d'autres organismes en Angleterre l'ont déjà
fait avec une méthode de travail - pour voir quelles sont les
activités et les coûts, on pourra voir la pertinence de s'associer
à des activités de la Commission des valeurs mobilières,
mais avant que ce travail de base soit fait la Bourse ne peut pas prendre,
évidemment, le mandat de la Commission des valeurs
mobilières.
Une voix: M. le Président, je m'excuse, mais je dois
m'absenter.
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Concernant
les activités de la Bourse au cours de l'année 1986, plus de 600
visas d'accordés pour les prospectus provisoires, est-ce que les
dirigeants de la Bourse peuvent nous dire dans quelle mesure, même si
c'était une année exceptionnelle à cause de certaines
mesures qui avaient été mises de l'avant, on peut penser que la
Commission des valeurs mobilières a pu faire son travail
adéquatement sur le plan de la qualité en fonction de cette
très grande demande et toujours en fonction, bien sûr, de ses
ressources par rapport au lien que la Bourse avait pour faire ces
émissions-là? Ce n'est pas une préoccupation de ce
côté-là si jamais, en 1987 ou les années
subséquentes, le même phénomène se reproduisait en
termes de la justification, de l'analyse et de la qualité de la
vérification, si on veut, du rôle de la Commission des valeurs
mobilières.
M. Desaulniers: André Desaulniers. Je vais essayer de vous
répondre. La commission, malgré sa mission de
réglementation, a quand même une mission de services à la
clientèle pour répondre aux demandes du milieu. Là, vous
entrez dans des problèmes de gestion compliqués. On les comprend,
on est sympathique aux problèmes de la commission, et très
sympathique, parce qu'on l'a structurée. Il y a eu du nouveau personnel
dernièrement, il y a X semaines ou un mois ou deux, pour donner un
service après vente parce que ce sont des listings qu'il faut suivre
après et réglementer. Pour que le Québec demeure un milieu
compétitif dans ' !e financement, on parle de tarif raisonnable. Il y a
également une question de services. Il y a un service pour sa
qualité et il y a un service pour sa rapidité. Une bonne
décision rendue deux semaines après les neuf autres provinces,
cela veut dire que le Québec vient de regarder passer le train sur ce
financement et on ne l'aura pas ici. La Bourse de Montréal, les
courtiers et les épargnants auront tous un manque potentiel à
gagner. La gestion est particulièrement difficile parce que vous
êtes dans les cycles de marché. Si un expert venait ici vous faire
des prédictions là-dessus, je vous en prie, ne le croyez pas;
personne ne le sait. Il y a peu de moyens de savoir si, en 1988, la commission
aura 200 ou 2000 visas à donner. Donc, la gestion n'est pas simple. Ce
n'est
pas un problème simple. (16 heures)
M. Parent (Bertrand): Ma question allait plus loin. Notre
rôle n'est pas d'analyser la Bourse, mais on sait une chose. La Bourse de
Montréal est en concurrence vive et elle a fait de la
récupération ces dernières années. Je pense qu'elle
se positionne maintenant très bien. Sauf qu'il nous faut avoir le moins
d'entraves possible dans le système pour donner satisfaction à
votre clientèle.
Il ne s'agit pas de mettre qui que ce soit dans l'eau chaude, mais je
voudrais savoir s'il y a un organisme qui a un rôle à jouer, qui
s'appelle la commission, et je me préoccupe, en tant que citoyen et
aussi représentant un ensemble de citoyens à l'Assemblée
nationale, de savoir s'il n'y a pas une procédure, une
vérification ou une façon de faire qu'on devra changer. Il en va
même de votre compétitivité par rapport à d'autres
Bourses. Vous avez dit tantôt que le facteur temps est très
important. Le facteur temps est une chose, mais le facteur d'actualité
des titres l'est aussi, à mon avis, et même si la Commission des
valeurs mobilières n'a pas à porter de jugement à savoir
si un titre doit sortir à un prix ou à tel autre prix il reste
que, quand même, toute cette analyse doit être faite. Je pense
qu'il y a des préoccupations qui vous touchent directement par rapport
à cela.
Je pense que, si on veut améliorer le système, il faut que
vous nous éclairiez, en tout cas, aujourd'hui ou
éventuellement.
Mme Beauchemin: Je suis Francine Beauchemin. Premièrement,
je voudrais dire qu'on a été très près de ce qui
s'est passé l'année dernière puisqu'on l'a vécu,
nous aussi. Je voudrais dire que le personnel de la commission a
été vraiment exemplaire dans sa performance l'an dernier, surtout
si on dit que le personnel, qui est vraiment formé de fonctionnaires -
c'est vrai, cela a été mentionné ce matin - travaillait
pendant de nombreuses heures. Cela a été fait, on l'a vécu
avec beaucoup de mérite.
J'aimerais aussi souligner une décision qui a été
prise par la commission durant cette période pour améliorer son
efficacité. Ils ont décidé de mettre un peu moins
d'emphase sur les financements nationaux, dont la révision est faite de
façon très détaillée par d'autres commissions de
valeurs mobilières au pays, pour mettre plus d'efforts sur les
financements de sociétés québécoises où la
commission a un rôle beaucoup plus important à jouer. Je crois que
la commission a pris des décisions très importantes et a
très bien administré cette avalanche de dossiers l'automne
dernier.
Ceci dit, il y a peut-être des situations abusives en fait
d'analyse, mais je crois que cela a été accompli avec beaucoup de
professionnalisme.
M. Parent (Bertrand): Peut-être une dernière
question, M. le Président, brièvement. Est-ce qu'il y a des
pouvoirs ou des fonctions qui, actuellement, relèvent de la Commission
des valeurs mobilières et qui pourraient, pour accélérer
le processus ou pour illustrer le dédoublement, revenir dans les
responsabilités de la Bourse? Est-ce qu'il y aurait des choses
particulières que vous changeriez dans l'application de certains
éléments dans le processus?
Mme Beauchemin: Je crois que c'est difficile, dans les
circonstances présentes, de commencer à discuter de
détails ou d'opérations techniques entre les deux organismes qui
revoient souvent des dossiers similaires. Je pense qu'il est important à
ce niveau que la communication soit très étroite et qu'on puisse
développer, selon les besoins, des séparations de fonctions qui
permettent à l'un et l'autre des orqanismes de ne pas accomplir des
tâches inutiles puisque l'autre le fait. Je ne pense pas qu'on veuille se
prononcer sur des détails.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Seulement une petite
question. Tout à l'heure, j'ai parlé un peu du marché hors
cote; le sens de ma question était le suivant: Est-ce que vous
trouveriez normal ou naturel que la Commission des valeurs mobilières
établisse un tel marché? J'aimerais connaître votre opinion
là-dessus. Deuxièmement, qu'est-ce que vous pensez de
l'autofinancement de la Commission des valeurs mobilières? Par la suite,
la parole sera au député de Jonquière.
Mme Beauchemin: Francine Beauchemin. Je vais répondre
à la question du marché hors cote. Je croîs que c'est une
question qui devient importante maintenant et qui, peut-être,
l'était beaucoup moins dans les quelques années passées,
en tout cas, lorsqu'on parle du marché des actions plutôt que du
marché des titres à intérêt. Je pense qu'on peut
dire que nous sommes d'accord pour étudier la création d'un
marché hors cote et je crois que le moment est propice. Il s'agit de
voir comment ce marché devrait être établi.
Le Président (M. Lemieux): Pourriez-vous parler un peu
plus fort et plus près du micro, s'il vous plaît? Et le
deuxième aspect, sur l'autofinancement? C'était une question
à deux volets, l'autofinancement de la Commission des valeurs
mobilières.
Mme Parent-Johnson: Quant à l'autofinancement, c'est une
discussion bien connue dans le milieu. Par ailleurs, il ne faut jamais oublier
que la Commission des valeurs mobilières est un organisme de
surveillance qui doit voir à la protection du
public.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, madame. S'il vous
plaît! Vous pouvez continuer, madame.
Mme Parent-Johnson: Je disais que la Commission des valeurs
mobilières est un organisme de surveillance qui a pour mission de voir
à la protection du public. Dès lors, le travail qu'elle fait
bénéficie à toute la population. 40 % du budget actuel
vient d'une partie des compagnies inscrites et des firmes de courtage, l'autre
partie sous forme de fonds venant du gouvernement. Si on revient à sa
mission principale d'organisme qui voit à la protection du public, le
public y tire un avantage et, dès lors, nous pensons qu'une bonne partie
de son financement doit venir du gouvernement, c'est-à-dire du
contribuable, du public.
Le Président (M. Lemieux): Oui? Avez-vous terminé,
madame?
Mme Parent-Johnson: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Desaulniers: Si vous me le permettez, M. le Président,
on a une situation dans laquelle la Commission des valeurs mobilières
est vraiment la seule police efficace dans le cas de certains abus ou de
certaines fraudes. Par exemple, si quelqu'un vend un titre d'une compagnie qui
n'existe pas, je n'appelle pas la police de Montréal, j'appelle, par
exemple, la Commission des valeurs mobilières. Il n'y a aucun doute. La
commission a même donné des exemples de certains abus ou a
même nommé certaines personnes qu'elle avait neutralisées
et ceci a épargné des millions.
Il est évident qu'elle donne un coup de main, jusqu'à un
certain point, au ministère de la Justice. Le ministère de la
Justice, s'il fait payer les utilisateurs, ce ne sont pas nécessairement
ceux qui sont honnêtes. Les utilisateurs honnêtes de la commission
devraient peut-être payer une partie des services qu'eux créent,
mais pas nécessairement pour tout le mandat de la commission qui en est
un d'appareil judiciaire pour une partie de son métier.
Le Président (M. Lemieux): C'est très bien. Vous
avez terminé? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Ce matin, nous avons écouté d'autres
intervenants qui nous disaient que les articles de la loi ne le leur
permettaient pas et qu'ils n'avaient pas l'intention de faire de la
réglementation économique. Dans votre mémoire, en
réponse à des questions, vous dites: "Cela signifie que la
Commission des valeurs mobilières doit orienter son action sur la
protection des épargnants plutôt que sur la réglementation
économique du marché des valeurs mobilières. " Il me
semble qu'il y a un autre groupe aussi qui dit sensiblement la même
chose. Pourriez-vous nous donner des faits précis où la
Commission des valeurs mobilières s'est servie de son pouvoir pour
contrôler ou orienter des règlements économiques, de la
réglementation économique?
Mme Parent-Johnson: II s'agit des cas vraiment
spécifiés dans le mémoire.
M. Dufour: Si je comprends bien, il y a trois cas seulement. Ou
ce sont des cas parmi tant d'autres.
Mme Parent-Johnson: Dans les plus importants,
évidemment.
M. Desaulniers: Des frais de courtage, entre autres. Le but de
cela n'est pas d'arriver avec douze exemples plutôt que quatre ou
quatorze plutôt que huit. Nous parlons du budget de la commission, ici.
La révision de la Loi sur la Commission des valeurs mobilières
aura lieu à un autre moment. II est certain qu'on ne peut pas se
prononcer sur l'importance du budget de la commission. Ce qu'on vous soumet
humblement, c'est que certaines décisions qui ont été, au
Québec, confiées à la Commission des valeurs
mobilières, consciemment ou pas - on n'est pas ici pour le dire - dans
d'autres provinces ou d'autres pays, relèvent du législateur et
non pas d'un organisme administratif.
M. Dufour: Oui, mais il faut comprendre que le problème
est que la commission elle-même nous a dit ce matin, à moins que
je n'aie mal compris, qu'elle ne se servait pas de sa loi pour faire de la
réglementation économique. Vous autres, vous dites: II y en a. Je
suis obligé de prendre ce que j'ai devant moi.
M. Desaulniers: La Bourse de Montréal soumet humblement
que dans une réglementation qui change certaines règles du jeu
quant à la propriété étrangère, des firmes
de courtage quant à la propriété institutionnelle des
firmes de courtage, c'est la réglementation économique et non pas
la réglementation d'application de sobriété,
d'honnêteté et d'intégrité des marchés.
M. Dufour: Je comprends que je dois laisser tomber cette partie
des questions. Je pourrais peut-être essayer de savoir... Dans les
communications vous demandez qu'il y ait un meilleur échange. Vous
demandez aussi d'être consultés. Est-ce que vous demandez
plus que de ta consultation? Dans une consultation, vous n'avez pas
nécessairement une participation à la décision. Vous
pouvez en discuter, mais est-ce que vous iriez plus loin que juste de la
consultation dans les communications? Vous pouvez me dire que ce n'est pas une
question de personnalité, que vous n'avez pas de problème avec
eux autres, que ça va bien aller, mais les hommes changent,
l'institution demeure. De quelle façon voyez-vous cela pour le moment et
dans l'avenir?
Mme Parent-Johnson: Quand on est consulté,
évidemment, on espère que nos recommandations seront retenues.
Quand il y a un bon départage des tâches et des juridictions les
gens s'entendent mieux. Quand on parle de la réglementation
économique, pour revenir à la réglementation
économique, cela veut dire aussi gérer la concurrence et, quand
on parle de décloisonnement entre les quatre piliers, il s'agit bien
d'un cas de réglementation sur la concurrence.
Les recommandations de la Bourse en 1987 - je n'y étais pas -
n'avaient pas été retenues, ce qui a placé la Bourse de
Montréal dans une situation un peu étrange parce que nous devions
changer notre réglementation pour accepter d'autres intervenants et des
non-résidents alors que dans les autres juridictions, ce travail n'avait
pas été fait. D'ailleurs, cela a été fait tout
récemment, mais au niveau gouvernemental, ce qui faisait qu'on devait
réglementer à la Bourse dans un domaine où il ne pouvait
pas y avoir d'acte positif parce qu'il y avait des règles plus
restrictives ailleurs au Canada et que tous les nouveaux joueurs... Quand vous
voulez jouer d'une mer à l'autre, vous êtes obligés de
respecter la règle la plus restrictive. Cela nous mettait dans une
position assez étrange.
Par ailleurs, je dois dire que, très souvent, la commission a eu
des idées très avant-gardistes, a eu le leadership, mais quand
cela ne se fait pas au bon niveau la coordination ne se fait pas, la
réglementation ne s'ajuste pas. Malheureusement, si vous avez des
idées très avant-gardistes, très bénéfiques,
il ne peut pas y avoir d'élément positif parce que vous
n'êtes pas l'entité ayant la juridiction et les pouvoirs pour
mettre en application les mesures que vous adoptez.
Donc, on ne veut pas se substituer à la Commission des valeurs
mobilières, c'est évident. Par ailleurs, quand on parle d'un
marché, cela va de soi que les praticiens et ceux qui surveillent
doivent pouvoir comprendre le même langage. C'est la raison pour
laquelle, sans porter de jugement actuellement - je pense que M. Desaulniers a
été très clair là-dessus - quand on parle de la
nomination des commissaires et qu'on demande si c'est possible qu'il y ait des
gens, des praticiens du milieu, ayant une vaste expérience, c'est pour
mieux se comprendre. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame.
Vous pouvez continuer, M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Si je comprends bien, vous souhaitez une meilleure
définition des tâches, un meilleur ciblage dans le travail de l'un
et de l'autre. Ces problèmes soulevés à l'intérieur
de la commission et qu'on croit percevoir n'ont pas pu se régler,
à moins qu'on n'aille sur le terrain pour vous demander ce que vous en
pensez. Comment verriez-vous dans l'avenir, en supposant que les
législateurs retiennent des suggestions que vous faites autant l'un que
l'autre et que toutes les tâches soient bien réparties, le
cheminement... Je comprends qu'entre qens d'affaires on se comprenne bien,
qu'on parle et que tout s'explique mais, en supposant qu'il y ait encore des
zones qrises ou neutres, vous ne souhaitez pas qu'un tribunal soit mis en place
pour régler ces problèmes-là pour un meilleur entendement,
un meilleur cheminement, une meilleure compréhension?Comment
verriez-vous cela dans l'avenir? Est-ce que ce serait seulement le
législateur qui serait votre dernier recours ou si cela va tellement
bien aller qu'il n'y a pas besoin d'intermédiaire? Si la Commission des
valeurs mobilières décide que ce sera cela, ce sera cela et, vous
autres, vous prendrez votre côté et... (16 h 15)
Mme Parent-Johnson: Si on départage bien les tâches,
c'est qu'on comprend que ce qui est de nature économique relève
du gouvernement, ce qui est de nature opérationnelle, le contrôle
des marchés, c'est la Bourse, et ce qui est de nature surveillance et
protection du public, c'est la commission. Je pense qu'on est
déjà sur un bon départ.
M. Dufour: Merci, madame.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Jonquière.
M. le député de Montmorency, vous avez demandé la
parole.
M. Séguin: Je trouve intéressant ce que Mme
Parent-Johnson vient de dire parce que cela situe, je pense, non pas le
débat, mais la position des deux organismes. On dit que si c'est une
question de qérer le marché ou la concurrence, c'est la Bourse
et, si c'est une question de protéger l'intérêt public,
c'est la Commission des valeurs mobilières. Il y a un aspect que vous
avez soulevé tantôt et j'aimerais que vous y reveniez pour
plus
de détails. C'est la question du décloisonnement. C'en est
un exemple préoccupant. Il y a des faits d'actualité, il y a des
sociétés membres de la Bourse qui ont posé des gestes
d'association, etc., même chez les courtiers. Comment la Bourse va-t-elle
réagir pour en même temps concilier une espèce de
défense, même si sa première vocation n'est pas la
défense de l'intérêt public? Tout de même, c'est un
organisme qui veut s'assurer que des normes soient respectées, qu'une
éthique professionnelle soit respectée. Comment
réagissez-vous actuellement? Est-ce que vous avez déjà mis
quelque chose en place, depuis quelques mois ou depuis un an, ou est-ce
à venir, la façon dont vous allez interpréter que telle
société membre vous annonce que deux semaines après elle
était associée à tel autre membre pour prendre en charge
tel marché, les questions de relations entre initiés, de conflits
d'intérêts, d'information, le fait de siéger comme membre
à la Bourse et être en même temps une société
qui, dans certaines activités, pourrait être en conflit
d'intérêts? Est-ce que vous avez déjà une
réaction à cela?
M. Desaulniers: André Desaulniers. Si vous me le
permettez, votre question est vaste. Elle comporte plusieurs volets, comme ce
que j'ai entendu ce matin. La diversification des maisons de courtage, c'est
prévu dans nos règles. La propriété peut être
étrangère. Cela peut être une institution financière
autre que des courtiers. Là-dessus, on est prêt. Notre
développement, en ce qui concerne les agissements de nos membres, est
prêt ainsi que celui des sociétés inscrites. Il y a une
chose qu'on ne pourra jamais prendre. C'est la surveillance et la protection
des épargnants, des gens qu'on ne régit pas. Nous ne sommes pas
une police. Dans notre club, on peut faire ce qu'on veut. Les gens signent une
formule comme quoi ils connaissent nos règles et qu'ils vont les suivre.
On a des pouvoirs assez forts sur nos membres, leurs employés, leurs
agissements. On peut les juger et on a même un article "catchall". C'est
sur la conduite indigne d'un membre. On peut agir sur pas mal de choses. Ce qui
ne nous est pas possible, c'est d'aller régir les gens et, si les
sociétés inscrites, qui ne sont pas des membres de la Bourse...
Je ne nommerai personne, mais une au-dessus de tout soupçon, disons,
IBM, fait quelque chose d'absolument affreux et tout ce qu'on peut faire, c'est
la bannir de la cote. Je n'ai pas le droit d'entrer chez IBM avec un mandat et
des menottes. J'ai le droit de faire pas mal de choses chez mes membres, mais
pas chez nos sociétés inscrites, à part les radier de la
cote. La commission, elle, a des pouvoirs judiciaires universels. Elle peut
aller enquêter sur les agissements de n'importe qui. La Bourse, autrement
dit, n'aurait pas de pouvoir sur M. Boesky, mais la SEC, elle, en a.
J'espère que je réponds à votre question.
M. Séguin: Oui.
M. Desaulniers; Dans le mandat de la Bourse de régir ses membres,
évidemment on est prêt. Il y a des renforcements sérieux
qui se font depuis quelque temps et qui continuent. Là, on parle un peu
de gestion interne, mais on a parfois des problèmes à la
commission et à la Bourse. Parfois, c'est dans un service plutôt
que dans un autre. Cela a été difficile de gérer durant
les expansions et on est parfaitement conscient que ce qu'on aura à
gérer demain sera de plus en plus complexe et de plus en plus
volumineux.
M. Séguin: Si vous me permettez une parenthèse, ce
que l'on voit se produire à l'occasion au niveau de la Bourse, ce sont
surtout les transactions entre initiés. On en a eu l'exemple à
New York récemment et même à Toronto l'année
passée; il y a eu des commotions à l'intérieur de la
Bourse où il y a une forte manipulation dans un secteur donné des
transactions ou de l'information. Ne pensez-vous pas que cela relève de
la Commission des valeurs mobilières et qu'indirectement, si elle doit
gérer et faire un peu la police pour surveiller ce genre de choses, cela
pourrait avoir des effets économiques? Ce que vous reprochez un peu ou
ce que vous souhaitez que la commission ne fasse pas, qui est d'intervenir dans
une réglementation économique, qu'elle le veuille ou non,
lorsqu'elle prend la décision de faire une intervention pour
protéger l'intérêt public, cela peut avoir, au niveau de
vos membres à vous, à la Bourse, des effets dans un marché
précis. Si la commission décide -je prends un exemple - que tel
projet d'association ne répond pas à certaines normes du
décloisonnement et fait en sorte qu'il ne se concrétise pas, cela
peut avoir comme effet pratique que ce marché ne se développe pas
immédiatement. Comment départager cela entre le rôle de la
commission qui est de protéger l'intérêt public, prendre
des décisions qui peuvent avoir des effets économiques sur les
membres de la Bourse, et votre désir, à la Bourse, de laisser
à la commission cette espèce de gérance de la bonne
conduite, etc., tout en laissant le marché économique se
développer librement au niveau de la Bourse? C'est ce que j'essaie de
voir, comment cela pourrait se concilier.
M. Desaulniers: Nous encourageons les interventions de la
commission, en dehors de celles qui sont possibles par la Bourse, pour que
l'ordre public soit respecté. Les gens qui sont l'objet de conversations
actuellement à
New York ou l'objet d'articles dans les journaux, etc., sont parfois les
courtiers sur lesquels la Bourse de New York, par exemple, aurait une
autorité. Parfois, ce sont des spéculateurs qui, parce qu'ils ont
10 % des actions d'une compagnie, se font appeler des "insiders" et, au sens de
la loi, ils le deviennent. Cela ne veut pas dire que... On devient, dans
certaines juridictions, des "insiders" aussitôt qu'on a un renseignement
de nature confidentielle susceptible de faire varier le cours d'une action,
etc. Alors, la Bourse a des limites à sa juridiction là-dessus.
Il n'y a pas d'incidences économiques sur les politiques
économiques; les incidences économiques sont les
résultantes de la violation de lois par certains citoyens. Cela n'a pas
de rapport avec la propriété des maisons de courtage, par
exemple, ou le décloisonnement.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Montmorency. Il nous reste cinq minutes. M. le
député de Lafontaine, vous aviez une question?
M. Gobé: Non, M. le Président. Je vous remercie,
c'est réglé. Il a répondu.
Le Président (M. Lemieux): Y a-t-il d'autres questions ou
d'autres interventions'' Nous allons donc ajourner jusqu'à... Un
instant! il y a un changement à l'ordre du jour et je voudrais bien le
comprendre. Nous allons suspendre quelques instants nous allons suspendre
environ deux minutes, et après nous allons entendre l'ACCOVAM.
Suspension pour deux minutes, le temps que je règle des petits
problèmes de procédure en ce qui a trait à l'ordre du
jour. Nous entendrons l'ACCOVAM dans deux minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 24)
(Reprise à 16 heures 29)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! L'ordre du jour, après discussion, n'est pas
modifié. La Commission des valeurs mobilières est toujours
consentante à donner sa réplique à 17 h 30. Nous allons
maintenant entendre, pour une période d'une demi-heure, les
représentants de l'ACCOVAM et, par la suite, il y aura les entretiens.
À 17 h 30, ce sera la réplique de la Commission des valeurs
mobilières pour une demi-heure et nous allons suspendre à 18
heures. Cela va, M. le député de Sainte-Anne?
M. Polak; Cela va bien si on reste avec cela.
Le Président (M. Lemieux): Auriez-vous l'amabilité
de vous identifier pour les fins de l'enregistrement du Journal des
débats?
Association canadienne des courtiers en valeurs mobilières
M. Renaud (Claude): Merci, M. le Président. Madame et
messieurs les membres de la commission, mon nom est Claude Renaud,
président de la section du Québec de l'Association canadienne des
pauvres courtiers en valeurs mobilières. J'aimerais vous
présenter dans l'ordre, en partant de ma gauche, les membres qui
m'accompagnent aujourd'hui: M. Jacques Lalonde, président du
comité de la réglementation et Mme Fernande Gervais, qui est la
directrice permanente de l'association; à ma droite immédiate, Me
Pierre Legrand, notre conseiller juridique, M. André Godbout,
président du comité sur les relations avec les organismes
d'autoréglementation et, finalement, Mme Élaine Phenix,
vice-présidente de l'ACCOVAM.
Il nous fait donc plaisir de déposer ici aujourd'hui le
mémoire que nous avons préparé à l'intention de la
commission en réponse aux questions qui nous ont été
posées. Je demanderais donc à Me Legrand de vous donner un
aperçu du contenu de notre mémoire, sans vous en faire une
lecture textuelle puisque vous en avez tous copie, ce qui va peut-être
avoir pour effet d'écourter un peu la présentation et,
possiblement, de donner le temps aux membres de la commission de poser plus de
questions sans nécessairement étirer le temps. À la suite
de l'aperçu que Me Legrand va vous donner de notre mémoire, nous
demeurons à votre disposition pour répondre aux questions de la
commission.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Me
Renaud.
M. Legrand (Pierre): Merci. M. le Président, madame et
messieurs les commissaires, M. le Président de l'ACCOVAM,
peut-être une précision, si mon président le permet. Les
collègues à ma droite et à ma gauche sont tous
associés à des maisons de courtaqe en valeurs mobilières.
Je suis conseiller Juridique, si je peux prendre l'expression, de
l'extérieur. C'est dans ce contexte que je représente,
aujourd'hui, l'ACCOVAM devant votre commission.
Nous avons tenté de répondre d'une façon succincte
aux questions que la commission nous a posées et c'est un bref survol
que j'ai l'intention de faire. La dernière fois que j'ai dit cela, on
m'a avisé à un certain moment que mon temps était
écoulé! Alors, je vais tenter d'être plus bref que cela
aujourd'hui.
On nous a demandé nos commentaires quant au fait suivant: Est-ce
que la commission légifère par instructions
générales? Dans les commentaires que nous
formulons dans notre mémoire, on dit que, oui, on a une
perception non seulement au niveau du Québec, mais au niveau
d'organismes similaires dans d'autres provinces, qu'il y a certaines tendances,
de bonne foi, évidemment - je le dis sincèrement - à
possiblement légiférer. Nous ne croyons pas que notre commission
ait échappé à cette tendance. Ce n'est pas une pratique au
sens où on peut dire que la commission légifère
systématiquement, mais il y a un certain nombre d'exemples qui
illustrent notre pensée et que nous avons cru bon de souligner.
Nous avons pris trois exemples parmi les instructions
générales de la commission. Ce sont les suivants. Dans le cas
d'une première émission de titres d'une société
minière d'exploration ou de mise en valeur, on y voit à
l'instruction générale Q-4 que les bons de souscription, par
exemple, ne peuvent avoir une échéance de plus de douze mois. En
vertu de l'instruction Q-8, que les actions offertes lors d'un premier
financement ne peuvent avoir un prix d'émission qui excède un
multiple de l'actif corporel de la société. Un troisième -
et on le retrouve aussi, à ma connaissance, dans d'autres provinces,
certainement en Ontario - c'est que, dans un cas de restructuration d'une
compagnie, par exemple, qui n'aurait que des actions ordinaires à un
vote sur le marché, dans un cas de restructuration de ce capital qui
aurait comme résultante deux catégories d'action, l'une à
vote multiple, l'autre à vote simple, la commission, en plus des
assentiments qui sont requis par la loi qui régit la corporation, exige
un vote de la majorité de la minorité, la minorité,
essentiellement, étant tous les actionnaires sauf ceux qui
contrôlent la corporation.
Après avoir bien étudié l'article 276, qui donne la
mission de la commission et les paramètres à l'intérieur
desquels elle doit oeuvrer, nous n'avons trouvé, comme assiette possible
à cette attitude, que la notion d'une pratique abusive. Nous ne croyons
pas, entre autres, peut-être à tort, que ces mesures s'inscrivent
dans le contexte d'un bon fonctionnement de marché. Je ne sais pas si
l'expression "réglementation économique" s'applique pour les
exemples qu'on utilise. En fait, je pense que ce n'est pas tellement important
la façon dont on l'appelle, mais on soupçonne que l'assiette de
la commission pour, entre guillemets, "légiférer", est ce qu'elle
entrevoit, elle, comme pratiques abusives.
Nous avons assaisonné nos notes d'une règle
d'interprétation latine pour expliquer qu'à notre point de vue,
si notre prémisse est bonne, le mot "abusif ici, on ne lui donne pas le
sens que le législateur a voulu lui donner. Le mot "abusif" est
utilisé dans notre mémoire dans le sens de dolosif, et non pas
dans un intérêt égoïste. Un exemple peut-être
assez simple de ce qui pourrait être abusif au sens où le
législateur l'a voulu, ce serait le cas hypothétique d'un
représentant d'une maison de valeurs mobilières qui s'adresserait
à une personne âgée, démunie à plusieurs
égards, avec un petit capital et il profiterait peut-être d'une
certaine crédulité, ou même sénilité, pour
possiblement lui vendre des valeurs qui, clairement, ne conviennent pas
à une personne de ce statut. Je pense que cela serait un exemple
où il y a un abus qui n'est pas uniquement égoïste mais qui
est dolosif.
Sur un plan pratique, on croit que les lois de l'offre et de la
demande... Sans être économiste, je dirais que les principes de
base d'une économie capitaliste, y compris une autre maxime latine,
caveat emptor", à savoir que l'acheteur soit sur ses gardes, ce sont ces
éléments qui doivent jouer. Accouplé à cela,
évidemment, là où la commission a clairement une
juridiction totale qui peut être exercée sans limite aucune, il y
a une divulgation qui sera suivant ce que la commission juge opportun dans un
contexte donné. Il n'y a absolument aucune réserve
là-dessus et l'ACCOVAM n'a aucun commentaire à faire à cet
égard. On s'est demandé - et l'idée est exprimée
dans nos notes - si le fait de substituer un jugement qu'on pourrait appeler
d'affaires ou un jugement de valeur n'est pas susceptible de contrer ce qu'on
veut comme une certaine éducation de la population au commerce des
valeurs mobilières. On s'est demandé si ce n'est pas encouraqer
l'irresponsabilité. Le mot est peut-être trop fort, mais on croit
qu'il y a un processus d'éducation qui doit impliquer que les qens
puissent porter un jugement de valeur sur ce qui leur est offert.
La question suivante qui nous est posée: le quorum. Les vues de
l'ACCOVAM sont que cette disposition est satisfaisante, particulièrement
quand on tient compte du volume considérable de travail qui incombe
à la commission, volume qui a subi une augmentation considérable
depuis quelques années. On comprend aussi que, dans le contexte
où les questions jugées dépassent le cours normal des
affaires, il y a au moins deux représentants à temps plein, donc
avec une plus vaste expérience globale à l'égard de ces
questions de la commission et l'ACCOVAM n'a pas de critiques à formuler
à cet égard.
Nomination des membres de la commission. Comme il a été
dit, et nous le répétons, cela a été
mentionné par l'ACCOVAM avant, c'est répété ici, il
n'est absolument pas question des personnes. On parle des postes. Je pense que
l'ACCOVAM est satisfaite du système, avec un petit "s", si on peut dire
qu'il y en a eu un, peut-être pas systématisé à ce
point, mais d'une
certaine consultation non officielle qui peut Être faite à
l'occasion de la nomination de commissaires, lesquels sont nommés par le
conseil exécutif auprès de membres de la communauté, soit
du courtage, des comptables agréés, des avocats.
L'expérience nous a démontré, dans la mesure où ce
système existe, qu'il est bon et il n'y a certainement pas de critiques
à faire à cet égard. L'ACCQVAM suggère pour
réflexion qu'il serait peut-être bon - cela n'est pas non plus un
reflet sur la compétence des gens qui y sont - qu'un praticien d'une
certaine expérience puisse oeuvrer au sein de la commission comme
commissaire afin, justement, d'apporter l'expérience qu'il a
vécue dans la rue, dans son bureau, avec ses clients, dans le contexte
de discussions qui prévoient certaines orientations ou certains
changements d'orientation.
La question suivante nous demandait comment la communication entre la
commission, la Bourse et l'ACCOVAM pourrait être améliorée
de façon à augmenter l'efficacité et la synergie. Il y a
sans doute d'autres formules et quand la deuxième question mentionnait
un mécanisme permanent de communication, on a peut-être pris une
solution un peu facile, mais il nous semblait qu'un comité permanent
composé de membres des trois groupes de calibre senior qui auraient de
l'expérience pourrait apporter une contribution importante quant
à l'évolution des choses et, possiblement, plus
particulièrement quant à l'ordre des priorités qui devrait
être suivi. Je mets l'emphase sur les priorités. Là non
plus, cela ne se veut pas une critique, mais autres temps, autres moeurs, les
temps changent et les priorités, évidemment, changent d'un
contexte à l'autre. Alors, on croit qu'un comité à trois
têtes comme celui dont je viens de parler, pourrait apporter une
contribution valable.
Au niveau des transactions d'initiés, on nous rappelle le fait
que la commission avait observé que les initiés obtenaient des
rendements anormaux. Quelles mesures ont été prises pour
s'assurer que ces gens ne profitent pas indûment? Comme M. Desaulniers
l'a mentionné tantôt, nous avons interprété votre
question dans ce contexte -dans la mesure où la question porte sur des
initiés, des dirigeants d'entreprises qui ont des valeurs sur le
marché, on ne voit pas comment on peut jouer un rôle à cet
égard. Sauf que si, par accident ou autrement, des renseignements
venaient à la connaissance de l'ACCOVAM, c'est bien sûr qu'elle
aurait un devoir non écrit de les acheminer aux autorités, mais
l'ACCOVAM ne voit absolument pas comment elle peut jouer un rôle à
cet égard. On a fait quelques commentaires ensuite quant à une
position peut-être un peu de facto privilégiée de
dirigeants d'entreprises, mais peut-être que ce qu'on a voulu dire de
façon élégante, c'est que dans ce contexte il ne faut pas
aller à une chasse aux sorcières et on ne prétend pas,
d'ailleurs, que c'est fait.
La question suivante que vous nous avez posée est à
l'égard des activités ou des pouvoirs que la CVMQ pourrait
déléguer à l'autoréglementation. Beaucoup,
évidemment, a été dit à cet égard
aujourd'hui. Un premier commentaire que nous faisons est que l'ACCOVAM, au
niveau national, existe, me dit-on, depuis la fin des années dix ou le
début des années vingt - cela n'est pas mentionné dans
notre mémoire - et exerce de facto des contrôles, de la
surveillance, de la gestion au sein de ses membres depuis ce moment. Il est
sûr que cela ne devait pas être aussi étendu en 1920 que
cela l'est aujourd'hui et il est bien certain que les normes ont
évolué substantiellement au fur et à mesure des
années. Je crois que l'ACCOVAM est en mesure de dire aujourd'hui qu'elle
a un système de contrôle et de surveillance dont elle n'a pas
à s'excuser.
Quelles sont les activités qui pourraient être
déléquées à l'ACCOVAM? Il y a d'autres volets
à cette question, comme la question des coûts dont je parlerai
dans quelques minutes. Il y a certainement, tenant compte d'un double emploi et
même d'un triple emploi si on parle de d'autres juridictions, et
même dans certains cas de quadruple emploi, par exemple, Commission des
valeurs mobilières du Québec, Bourse de Montréal, Bourse
de Toronto, commission de l'Ontario... Je me rappelle à cet égard
qu'il n'y a pas si longtemps encore, c'était un mal de tête
mirobolant que de savoir comment traiter le blocage d'actions parce qu'on avait
quatre juridictions qui régissaient cette affaire, et avec des nuances
dans chacune... Cela se polie, cela s'affine avec le temps, l'expérience
et la bonne volonté et je pense que les orientations sont bonnes. Il
nous semble à nous, qu'il y a possiblement un nombre considérable
de tâches administratives qui incombent présentement à la
commission qui pourraient, nous le soumettons, être aussi bien faites par
un organisme permanent ou un organisme ad hoc. On fait état ici des
dépôts et, même si le mot n'est pa3 écrit ici, de la
revue de rapports trimestriels et annuels, rapports d'initiés,
divulgation continue. (16 h 45)
Je lis de notre rapport ici; Quant aux activités reliées
à l'approbation des financements et affaires connexes, nous voyons mal
une autogestion à cet égard parce qu'il y aurait certainement une
notion intense de conflit d'intérêts et on croit que de telles
activités professionnellement doivent continuer à résider
au niveau de la commission.
On nous demande ensuite comment devrait évoluer l'autofinancement
futur de la
commission? On s'inscrit respectueusement en faux contre la
prémisse que la commission devrait s'autofinancer. On y voit un service
de surveillance, de gestion voulue, et à juste titre, croyons-nous, par
les autorités gouvernementales pour la protection des épargnants.
On a un peu de difficultés à concevoir que ce service doive
être autofinancé. L'ACCOVAM y contribue présentement
substantiellement. Les corporations émettrices de valeurs y contribuent
substantiellement. Mais nous croyons qu'il est dans l'ordre aussi que les
autorités gouvernementales y apportent une contribution substantielle.
Les notes de l'ACCOVAM font état de montants considérables qui
sont le budget total de la Bourse de Montréal, la Bourse de Toronto et
l'ACCOVAM. On parle, en 1986, d'environ 43 000 000 $ dont environ 6 000 000 $
étaient consacrés à la conformité.
Lors de discussions que j'avais avec mes collègues tantôt,
je crois que le chiffre a été établi ici. L'ACCOVAM ou les
membres de l'ACCOVAM contribuent, par exemple, au niveau de la Bourse de
Montréal, si j'ai bien compris, à environ un tiers des revenus de
la Bourse. Là encore, je pense que ni l'ACCOVAM ni ses membres n'ont
à s'excuser d'une contribution directe qui est substantielle et d'une
contribution indirecte sous forme des impôts sur le revenu de leurs
institutions et de leurs membres, le tout résultant, je crois, en des
sommes considérables pour la Trésorerie gouvernementale.
Nous avons fait une analogie à la fin de nos notes - avec un
certain sourire -avec le fait qu'on doute que les autorités
gouvernementales songeraient à ce que l'Office de la protection du
consommateur ou l'Office de la langue française soient
autofinancés. Nous sommes prêts à accepter que l'analogie
est boiteuse à certains égards, mais on croit qu'elle tient
à certains égards.
On nous a demandé, par la suite, nos commentaires quant à
la reconnaissance de l'ACCOVAM à titre d'organisme
d'autoréglementation. Effectivement, l'ACCOVAM avait soumis une demande
de reconnaissance qu'elle a subséquemment retirée. C'est la toile
de fond. Il y a diverses raisons qui ont prévalu à ce retrait de
la demande de reconnaissance de l'ACCOVAM. Il y en a peut-être une qui
précède les autres, qui n'en est pas une de mérite ou de
démérite, mais qui en est une qui, de fait, est un facteur
important. Je pense qu'on ne peut pas dire que cela a été une
raison du retrait de la demande, mais c'est certainement un
élément qui, au départ et dans les meilleures
circonstances, crée certaines difficultés. C'est le fait que
l'ACCOVAM est une institution nationale. Une association de bonne foi, me
dit-on. Que ce soit une entité juridique ou non, je ne pense pas que ce
soit un facteur d'importance. Mais c'est une institution nationale dont la
section Québec est un chapitre, ce qui n'est certainement pas mis de
côté. Si la commission et l'ACCOVAM en venaient à une
entente, si je peux prendre l'expression, cette entente devrait certainement
tenir compte de ce à quoi l'ACCOVAM doit se conformer dans les autres
juridictions. Je n'irai pas plus loin à cet égard, mais c'est un
fait, je crois, qu'on ne peut oublier cela.
Les raisons sont mentionnées en vrac au bas de la page 16 et en
haut de la page 17 de notre mémoire. Après avoir fait une
étude des structures de l'ACCOVAM, après avoir communiqué
avec l'ACCOVAM pour lui mentionner qu'à un certain nombre
d'égards les structures ne se conformaient pas aux dispositions des
articles mentionnés plus tôt ce matin et eu égard au fait -
je ne me souviens plus si c'est mentionné dans notre mémoire -
que selon la loi, une fois que l'organisme est reconnu comme organisme
d'autoréglementation, il ne peut pas revenir à son ancien statut
sans l'accord et aux conditions imposées par la commission, c'est dans
ce contexte global que I'ACCOVAM a jugé à propos de retirer sa
demande.
Je crois que c'est là la portée essentielle des
réponses que l'ACCOVAM offre aux questions que vous avez jugé
à propos de lui poser. Je sais que je parle au nom du président
de la section Québec, M. Renaud, et des collègues, à ma
gauche et à ma droite, en vous disant qu'il nous fera plaisir de tenter
de répondre aux questions que vous voudrez bien nous poser.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Legrand. M. le
député d'Abitibi-Ouest, vous avez la parole. Après, ce
sera M. le député de Sainte-Anne.
M. Gendron: Je voudrais d'abord remercier les gens de l'ACCOVAM
d'être venus directement nous donner leur point de vue, s'acquittant
ainsi du mandat que la commission leur avait dévolu par diverses
questions qui nous paraissaient pertinentes. Je pense effectivement que vous
avez fait le tour des questions qu'on vous avait posées. J'en aurais
deux.
Ma première question, je pense que vous en avez parlé
assez longuement, c'est à savoir si la Commission des valeurs
mobilières légifère indirectement, par instructions
générales ou pas. Vous avez insisté sur le plan juridique.
Je ne veux pas entrer dans le débat juridique comme tel, mais vous dites
que la plupart de vos conseillers juridiques sont d'avis que la Commission des
valeurs mobilières donne un sens à l'expression "pratiques
abusives" qui dépasse de beaucoup ce qui était envisagé
par la loi, ce qui était l'intention du législateur. Donc, elle
le fait concrètement.
Votre jugement, c'est qu'elle donne une interprétation qui
dépasse beaucoup. Cela va. Ce faisant, est-ce qu'elle crée un
dédoublement puisqu'en donnant une notion trop large à "pratiques
abusives", cela lui permet de faire des choses qui sont faites ailleurs, ou
encore, cela justifie sa demande de ressources additionnelles pour couvrir des
champs de juridiction où la protection du grand public, qui est sa
mission première, en ce qui me concerne, ne serait pas
complètement couverte? C'est pourquoi elle donnerait une
interprétation plus large, selon vous, à la notion de pratiques
abusives.
M. Legrand: Votre question est claire. Vous me permettrez de
répondre, M. Renaud. Je suis Pierre Legrand.
Il n'y a aucun doute dans mon esprit que la raison pour laquelle la
commission le fait, c'est de bonne foi et avec les meilleurs motifs. Il n'y a
aucune hésitation là-dessus et je crois que cela n'a aucun
rapport avec sa demande de personnel; s'il y en a, c'est qu'elle croit, de
bonne foi, que c'est sa juridiction. Je n'ai aucune hésitation à
cet égard et je sais que je parle au nom de mes collègues, quand
je dis cela.
La critique que nous faisons - le commentaire est articulé dans
notre mémoire - c'est que la qualité de l'intervention est un
facteur. Il se pourrait même, à certains égards, que nous
soyons d'accord avec le but visé. Nous croyons que ce n'est pas un
facteur, nous croyons que le législateur n'a pas voulu donner la
juridiction à cet égard à la commission et, si le
législateur en a jugé ainsi, c'est qu'il avait ses raisons. C'est
au législateur qu'il appartiendrait, s'il le jugeait à propos, de
donner cette juridiction spécifique à la commission. Dans un
contexte où il y a un débat, les groupes d'intérêts
font valoir leurs vues et le gouvernement ayant tout entendu décide de
légiférer dans une direction droite ou gauche et, à ce
moment-là, on s'incline.
Notre critique ne porte même pas sur la qualité de
l'intervention. Nous ne discutons pas cela. Je vous répète que
nous pourrions peut-être trouver des exemples à l'égard
desquels nous irions fondamentalement sur un plan où cela se
défend. Nous croyons que, si c'était l'attitude qu'on prenait,
nous ne saurions pas où tirer la ligne et que le fait de
légiférer pourrait étirer indûment le processus
jusqu'à un contexte où on pourrait juger à-propos que ce
soit inacceptable. C'est une notion de principe. Si on prend, par exemple, la
question des votes, peu de droits de vote ou beaucoup de droits de vote, nous
croyons que c'est au législateur de décider comment doit se
structurer une capitalisation de compagnie. C'est une intervention de principe
et non pas qualitative.
M. Gendron: Je vous remercie, la réponse est très
claire. Dans le même sens -je pense que vous l'avez touché un peu,
mais je voudrais le faire plus directement - à la page 7 de votre
mémoire, vous revenez en disant: Qu'elle intervienne pour ce qui est du
contrôle des pratiques abusives, on ne met pas cela en doute;
malgré qu'on prétende que c'est trop large, c'est son mandat.
M. Legrand: Au sens de notre définition, je m'excuse.
M. Gendron: Cela va. Vous ajoutez cependant: Nous ne pensons pas
qu'elle doive intervenir lorsqu'il s'agit des forces du marché en
décidant, par exemple,.. Vous avez donné trois exemples
précis: émissions, échéance de bons de souscription
ou nombre de votes qui doit être attribué à une action. Ma
question est à savoir si vous ajoutez: Même dans les cas où
la Commission des valeurs mobilières du Québec y voyait non pas
une intervention dans le sens des forces du marché, mais une
intervention nécessaire, prétendant qu'il y avait là un
certain champ de protection du public qui était à
découvert si elle n'intervenait pas là-dedans.
M. Legrand: Si vous me permettez, M. Renaud. Pierre Legrand,
toujours. Même si, M. le commissaire, aux yeux de tous...
Le Président (M. Lemieux): Le député
d'Abitibi-Ouest n'est pas encore commissaire.
M. Legrand: Je disais commissaire au sens de membre de la
commission.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Je m'excuse, M. le
commissaire, cela va.
M. Legrand: Je croyais qu'on devait s'adresser à vous
comme commissaires, comme membres d'une commission. C'est le sens que j'y
donnais.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Legrand: C'était dit d'une façon fort
valorisante...
Le Président (M. Lemieux): On n'en doutait pas.
M. Legrand:... et pas autrement. Même si, par exemple, aux
yeux de gens avertis dans le milieu, de gens professionnels,
d'expérience, le prix d'une action émise était trop
élevé, peut-être sur un plan égoïste, abusif,
non pas sur un plan dolosif au sens de faire mal, d'enlever quelque chose
à quelqu'un d'autre, notre thèse est à savoir que
même dans ces circonstances nous ne croyons pas que, selon la loi telle
que rédigée, il appartient à la commission
d'intervenir.
M, Gendron: Une autre question, et ce sera la dernière en
ce qui me concerne. Concernant la nomination des commissaires, vous avez
indiqué que ce sera très avantageux d'envisager que ces gens
soient nommés, mais avec une diversification plus grande, incluant
certains praticiens de l'industrie. Je n'ai pas beaucoup d'expérience
là-dedans, mais c'est une suggestion qui m'apparaît très
valable pour autant que je comprenne bien de quelle industrie vous parlez.
J'aimerais avoir plus de précisions parce que les praticiens de
l'industrie, si on ne la sectorise pas un peu plus... J'ai de la
difficulté à comprendre pourquoi vous faites cette
recommandation.
M. Renaud: Claude Renaud. Quand on parle de l'industrie dans
notre document, évidemment, cela se restreint à l'industrie des
valeurs mobilières. Cela n'inclut pas les banques ou un autre des quatre
piliers, si on les appelle ainsi. Quand on parle de l'industrie, nous parlons
des membres de notre industrie, soit le commerce des valeurs mobilières.
Quand on dit "praticien de l'industrie", cela veut dire quelqu'un qui a une
expérience approfondie du commerce des valeurs mobilières. (17
heures)
M. Gendron: Est-ce que ce n'est pas le cas actuellement?
M. Renaud: On parle d'expérience pratique. Ce qu'on
suggère ici dans notre document, c'est que ces personnes aient une
expérience pratique, l'ayant fait pendant plusieurs années
à l'intérieur de l'industrie, pour en sortir ensuite et remplir
le rôle de commissaire. Donc, amener au rôle de commissaire une
expérience pratique du vécu.
M. Gendron: Oui, mais cela signifie que vous portez un jugement
que je partage, qui est correct et, encore là, ce n'est pas contre les
personnes mais, institutionnellement parlant, vous prétendez qu'on
offrirait une meilleure garantie si les commissaires n'étaient que des
gens qui provenaient de l'industrie des valeurs mobilières du
Québec à la suite d'un vécu, d'une bonne expérience
pratique. Si on recommande cela, c'est que votre lecture actuellement... Encore
là, sans faire de personnalité, ce n'est pas le cas.
M. Godbout (André): André Godbout. Est-ce que je
peux me permettre de faire un commentaire? Je pense que notre suggestion ne
vise pas à remplacer tous les commissaires par des gens
d'expérience de l'industrie. Notre suggestion en est une de
peut-être compléter les membres de la commission avec un ou deux
représentants du type qu'on vient de décrire. Ce ne serait
absolument pas acceptable, je pense, d'avoir même une majorité de
gens de l'industrie qui iraient se pointer le nez deux ans ou un an à la
Commission des valeurs mobilières pour ensuite retourner dans leur
milieu. Par ailleurs, je suis convaincu que si une ou deux personnes de
l'industrie pouvaient se dégager pour des périodes relativement
courtes et à temps plein, aller mettre leur grain de sel dans les
délibérations de la commission, je ne peux pas imaginer qu'il
n'en ressortirait pas des choses positives.
M. Gendron: Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir sur
la première partie de votre mémoire où vous analysez
l'attitude de la commission quand elle a décrété des
mesures concernant les actionnaires minoritaires. Vous dites que la commission
s'est basée sur l'interprétation de mots, la pratique
déloyale abusive et frauduleuse. Je ne veux pas entrer en débat
avec vos conseillers juridiques, mais je dois vous dire que le texte anglais
parle des mots "improper, unfair". Cela ne prend pas beaucoup pour être
accusé de quelque chose de "improper". Ce n'est pas frauduleux du tout.
Pour moi, c'est cumulatif, la manière dont cela se lit. Je pense que
ceux qui étaient actionnaires dans Canadian Tire trouvaient l'attitude
de la compaqnie bien "improper" et bien "unfair" mais peut-être pas
frauduleuse. Je pense que dans un cas comme cela la commission a bien agi en
intervenant.
Vous expliquez cela ensuite en disant, plus loin dans votre
mémoire, qu'approuver une telle pratique de la part de la commission,
cela encourage l'irresponsabilité de l'investisseur. Je ne suis pas
d'accord du tout avec vous sur ce point. Je pense qu'il y a maintenant un autre
type d'investisseur qui entre sur le marché depuis quelques
années. Ce sont des gens qui sont bien renseignés. Auparavant,
ces gens n'étaient pas compétents dans le commerce
généralement. Maintenant, on fait face à toute une
série de personnes qui veulent investir. Simplement de dire: Lisez votre
dépliant, il y a une mise en garde là-dedans, donc, vous auriez
dû savoir mieux que cela... Je peux vous assurer que j'ai
déjà acheté des actions du REA sur la recommandation d'un
de vos membres que j'admire beaucoup. Je n'ai pas perdu d'argent du tout avec
cela, j'ai bien fait, mais il m'a dit: Maximilien, j'ai un bon "deal" pour toi.
II n'y a pas de problème; telle et telle compagnies, vas-y vite parce
qu'il ne reste pas beaucoup d'actions. Cela se vend comme des gâteaux. Il
ne faut pas toujours penser
que le courtier nous appelle pour dire: Je t'envois un dépliant,
analyse cela, rappelle-moi dans deux jours et on va voir où il y a
quelque chose, tes actions, ce que tu feras, ce que tu peux faire et, ensuite,
tu décideras si tu achètes ou non. En pratique, cela ne marche
pas du tout comme cela, vous le savez très bien, avec tout le respect
que j'ai pour les gens de votre métier.
Vous avez dit: On n'attaque pas la qualité du travail de la
commission à ce point de vue-là, mais plutôt la
juridiction. Ce n'est pas son affaire, c'est le législateur qui devrait
le faire. Êtes-vous d'opinion que les législateurs devraient faire
précisément ce que la commission veut faire maintenant
indirectement? Êtes-vous prêts à dire au gouvernement
d'aller protéger les investisseurs, par exemple, en prenant
carrément des mesures législatives qui disent comment
protéger l'actionnaire minoritaire et faire la même chose que ce
que la commission suggère dans ses directives?
M. Legrand: Si vous me le permettez, M. le Président. Non,
nous ne sommes pas prêts à dire cela. Nos vues sont dans le sens
que, d'une part, comme je l'ai mentionné tantôt, c'est de
juridiction gouvernementale, mais nous ne croyons pas que le législateur
devrait intervenir à cet égard. Advenant le cas où il
jugerait à propos de le faire et permettrait un débat, je crois
que je peux dire au nom de l'ACCOVAM qu'il y aurait des représentations
dans le sens qu'à notre avis le législateur ne devrait pas
s'ingérer dans ce contexte.
M. Polak: Une dernière question. Un cas comme celui de
Canadian Tire - il y a d'autres exemples - est-ce que vous êtes encore
avec la décision rendue par la commission?
M. Legrand: Voici mes commentaires à cet égard, M.
le député» J'ai lu la décision rendue par les deux
commissions. J'ai lu - il y avait 110 pages - les raisons données par la
Commission des valeurs mobilières de l'Ontario et, sauf erreur, je ne
crois pas que les raisons de la Commission des valeurs mobilières du
Québec aient été publiées encore. Je vous donne
donc un avis personnel. Je crois que, pour les raisons données dans
chaque cas, l'intervention était bien fondée et, si on parle
d'abus ici, il y avait un abus au sens dolosif en ce sens qu'à mes yeux
toujours - je parle personnellement, ici, parce que ce n'est pas quelque chose
dont j'ai discuté avec mes collègues - on privait les
actionnaires minoritaires de quelque chose que, suivant l'esprit de la charte
de la compagnie, ils auraient dû avoir ou partager. À mon sens, le
mot "abusif prend un sens dolosif et non pas purement égoïste.
M. Polak: Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Vous dites à la page 18 que l'ACCOVAM, c'est
une association de bonne foi, une association canadienne. En même temps,
vous allez jusqu'à dire que l'association est une mini-association, de
bonne foi, sans structure particulière. Vous vous défendez
à un certain moment de ne pas tomber trop trop sous la juridiction de la
Commission des valeurs mobilières parce que vous dites que cela pourrait
coûter de l'argent, cela pourrait nous causer certains problèmes.
Je vais relier ma question à la question d, à moins que toutes
mes prémisses ne soient pas bonnes. Vous pourrez toujours
m'arrêter si cela n'est pas correct.
M. Legrand: Une petite nuance, M. le député, si
vous me le permettez. Il y a l'association au niveau national qui, si je
comprends bien, est une association de bonne foi, mais quand même une
personne au sens juridique. Il existe un groupement de bonne foi et je pense
que son existence depuis quelque 60 années en témoiqne. Il y a
cette facette et il y a un chapitre québécois qui est aussi une
association de bonne foi. C'est dans ce contexte qu'on parle de miniassociation
de bonne foi comme étant, grosso modo, je ne sais pas, un
huitième ou un dizième de l'association nationale, si je
répartis mes fractions sur une base géographique.
M. Dufour: Donc, mes prémisses étaient bonnes.
M. Renaud: Je pourrais ajouter quelque chose.
M. Dufour: C'était peut-être moins bien
expliqué que par un avocat, mais je pense que j'étais correct
dans ce que je disais. En tout cas, je me comprenais.
M. Renaud: Claude Renaud. J'aimerais compléter les
commentaires de Me Legrand en vous donnant une image de ce qu'on est, nous,
l'ACCOVAM, section Québec. Nous considérons qu'on serait, par
exemple, le bras d'un corps juridique qu'on appelle l'ACCOVAM et se soumettre
aux volontés exactes de la CVMQ sans poser de questions, ce serait un
peu demander à un bras de se faire amputer le reste du corps. On
voudrait amputer l'ACCOVAM, section Québec, du reste du corps qui est
l'ACCOVAM nationale. Alors, cela nous cause des petits problèmes de
circulation. Est-ce que cela répond?
Une voix: De gros problèmes.
M. Dufour: Cela va. M. Renaud: Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière, vous pouvez continuer.
M. Dufour: Cela dit, je vais poser ma question. À la
question d qui a été posée, à savoir s'il y aurait
lieu de prévoir un mécanisme permanent de communication, vous
répondez: La deuxième question nous amène à la
suggestion suivante: Nous croyons qu'un comité conjoint permanent
composé, à titre d'exemple, de deux représentants de la
CVMQ, de deux représentants de la Bourse de Montréal et de deux
représentants de l'ACCOVAM, avec rencontres périodiques, pourrait
avoir un effet fort bénéfique quant aux activités de
surveillance et de contrôle en général et, entre autres,
quant à l'ordre des propriétés qui devrait
prévaloir, et cela devrait être des gens de calibre senior. Ma
question, c'est: Comment êtes-vous capable ou en vertu de quel principe,
du fait que vous ne soyez pas une association reconnue comme telle,
revendiqueriez-vous le droit d'être assis à la même table
que la CVMQ ou la Bourse de Montréal pour pouvoir établir - c'est
ça le but des rencontres -d'une certaine façon les
activités de surveillance et de contrôle en
général?
M. Renaud: Claude Renaud. D'abord, je pense que nous n'avons rien
revendiqué. Nous avons été, je crois...
M. Dufour: Excusez. J'espère qu'on ne se barrera pas dans
les termes. Moi, à mon sens, vous l'avez écrit, vous ne l'avez
pas revendiqué. Dites-le comme vous voulez, mais vous l'avez
écrit.
M. Renaud: Nous avons eu l'honneur d'être invités en
tant qu'association de fait. Vous ne nous avez pas posé de question
quant à notre structure légale ou notre existence juridique.
Donc, vous nous avez invités et nous avons poliment accepté de
paraître ici aujourd'hui. Je pense que notre structure juridique n'est
pas en cause. Maintenant, si vous voulez poser votre question à un corps
juridique reconnu, la couronne nationale existe quand même. Je vais
tenter d'y répondre en tant que...
M. Dufour: Je n'essaie pas de vous mêler, je ne fais que
dire... Je prends ce que vous avez écrit et ce n'est pas une question de
vous mettre au pied du mur. J'essaie de sortir de ce que vous me dites comment
on pourrait l'appliquer. On va le regarder d'un point de vue pratique. Je peux
regarder vos mémoires, ne pas poser de question et dire: C'est bien
correct, c'est écrit là. Mais, quand vient le temps de
l'expliciter ou le mettre en pratique, il faut rattacher cela à quelque
chose. Moi, je vous répète ce que vous me dites: Vous êtes
une mini-association sans cadre juridique comme tel. Ce sont vos termes.
J'accepte cela. Je ne dis pas que c'est ignomineux et que ce n'est pas correct.
Je dis: Vous êtes comme cela.
À un autre endroit, vous dites: À titre de suggestion,
vous pourriez peut-être considérer que nos trois organismes
pourraient travailler ensemble à des activités de surveillance et
de contrôle en général. Cela me laisse un peu perplexe dans
ma tête de voir que trois organismes différents, qui n'ont pas les
mêmes statuts, pourraient, dans ces circonstances, s'asseoir ensemble et
avoir les mêmes droits. Oui, les mêmes droits parce que ce ne sont
pas des droits écrits dans la loi, ce qu'on marque là. Vous
parlez de comité conjoint. C'est pour de meilleures communications.
C'est dans ce sens.
M. Renaud: En tant qu'association nationale on peut être
délégué par notre association pour faire partie d'un
comité tripartite du genre dont on parle pour dûment
représenter l'industrie canadienne du courtage autour d'une table avec
la Commission des valeurs mobilières du Québec et la Bourse de
Montréal.
M. Dufour: Vous dites, à un autre endroit: "II ne reste
probablement que peu d'activités additionnelles qui pourraient
être déléguées à notre industrie de
façon efficace. " À la page 13 de votre mémoire.
Là, vous allez un peu plus loin: Certaines tâches purement
administratives - et vous en nommez - telles les dépôts de
rapports trimestriels et annuels. On sait qu'elle nous a dit ce matin, la CVMQ,
la Commission des valeurs mobilières, qu'elle n'avait pas le temps de
s'occuper de cela. Il y avait un bout là-dedans. Alors, on parle des
dépôts de rapports trimestriels et annuels, des rapports
d'initiés, de la divulgation continue, etc., qui pourraient sans doute
être délégués à plusieurs autres
organismes.
Mais, là, vous dites en même temps: On pourrait
peut-être le faire, mais il y a une question d'argent.
M. Renaud: C'est ça.
M. Dufour: Vous allez un peu plus loin. Il faut toujours regarder
ce que vous dites. Vous dites: On pourrait peut-être le faire par entente
- à une autre place dans le mémoire - à condition que
toutes les règles du jeu soient bien établies.
M. Renaud: D'accord.
M. Dufour: Pensez-vous que cela est de nature à
alléger, à améliorer le système
actuel?
M. Renaud: D'ailleurs, au niveau des communications, on dit qu'on
n'a pas de corps juridique, mais quand même, dans les faits, on
communique régulièrement avec les gens de la commission. Ils
communiquent avec nous. Ils nous font souvent des commentaires sur certaines
opérations, sur certaines plaintes qu'ils reçoivent. On essaie
d'y donner suite en avisant nos membres. On a des relations continues avec eux
au niveau du dépôt des prospectus, par exemple, pour les premiers
appels publics, à l'épargne. Ce serait faux de penser qu'on n'a
pas de communications avec eux. D'ailleurs, on a un comité qu'on appelle
le comité des relations avec les organismes, dont M. Godbout est le
président. C'est un comité qui est fort actif.
Cela inclut nos relations avec la commission et la Bourse de
Montréal et, soit dit en passant, la majorité des membres de
l'ACCOVAM sont également membres de la Bourse de Montréal. Donc,
si on assume les coûts d'un bord, on voit mal quels coûts on
pourrait assumer de l'autre bord. On ne voudrait pas tripler nos
coûts.
M. Dufour: Ce n'est pas le but de la commission non plus
d'augmenter les coûts.
M. Renaud: C'est parce qu'on en assume déjà le
tiers.
M. Dufour: Peut-être une autre petite question.
Le Président (M. Lemieux): Brièvement, s'il vous
plaît, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: À la question qu'on vous posait à savoir
comment vous verriez l'évolution de la participation des coûts
futurs, comment seraient-ils établis pour la Commission des valeurs
mobilières? Vous nous dites, quelque part, à la page 15: Nous
considérons que nous avons déjà fait plus que notre part -
je comprends que vous avez donné une partie de l'explication - sur une
base volontaire et nous verrions d'un très mauvais oeil une taxation
supplémentaire qui serait, finalement, discriminatoire. En quoi cette
façon de procéder pourrait-elle être discriminatoire? (17 h
15)
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. Est-ce que
subsidiairement vous pourriez m'indiquer ceci? Quels pourraient être les
effets néfastes d'une augmentation des droits exigibles? Est-ce qu'il y
aurait des conséquences à une augmentation des droits
actuellement? J'aimerais que vous puissiez expliciter là-dessus par
rapport à la question posée par le député de
Jonquière. Cela se rejoint, c'est complémentaire.
M. Renaud: Selon nous, ce qui pourrait être discriminatoire
c'est qu'en tant qu'usagers du système financier, si on peut l'appeler
ainsi, on assume déjà une bonne partie des coûts, soit par
le biais de la Bourse de Montréal en tant que membres.
Le Président (M. Lemieux): Je pense à ce qui s'est
passé en Ontario, entre autres, au niveau des droits.
M. Renaud: C'est cela. Est-ce que nous devons assumer tout le
coût de l'appareil de surveillance des marchés financiers? Nous
croyons que non. C'est un peu comme ce à quoi faisait allusion M.
Desaulniers, tantôt quant à la police. Est-ce seulement les
billets de circulation qui devraient payer la police? Je ne suis pas sûr
de cela. Ils coûteraient cher. Il y a quand même le service
à la communauté qui est absorbé par le fonds
consolidé de la province. On pense qu'une partie du secteur financier
doit Être assumé par le secteur en général parce que
l'usager comme tel ne demande aucun service particulier. C'est la
responsabilité du gouvernement, selon nous, de soutenir cet
appareil-là. Dans la mesure où on assume déjà une
bonne partie des coûts comme on le mentionne ici, on pense qu'une
addition à cela serait discriminatoire.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Jonquière?M. le député
de Mille-Îles.
M. Bélisle: Oui, M. le Président, je vous remercie.
Toujours dans le même sens unique qui me caractérise, aux pages
16, 17 et 18, j'ai trouvé très révélatrices les
difficultés d'apprentissage des articles 174 à 176 de la loi. Ma
première question est à savoir si ce qui vous fatigue dans les
articles 174 à 176, ce ne sont pas les deux premières lignes de
l'article 174? Je vous les Ils: "La reconnaissance d'un organisme
d'autoréglementation relève de la discrétion de la
commission. "
M. Renaud: Est-ce qu'il y a un mot en particulier
là-dedans que vous cherchez?
M. Bélisle: "Discrétion".
M, Legrand: Pierre Legrand. M. le député, il y a
certainement une crainte exprimée aux notes...
M. Bélisle: C'est ce que j'ai perçu.
M. Legrand:... d'une immixtion, d'un danger d'immixtion qui
serait exagéré aux yeux de l'ACCOVAM. C'est certainement un
facteur. Je pense qu'on ne peut pas quantifier. Il a été
mentionné comme cinquième point ici dans nos notes. Il n'y a
pas d'ordre particulier à cela, mais c'est un facteur. Que la
commission ait discrétion pour reconnaître, je pense que ce n'est
pas mis en doute, ce n'est pas contesté. La commission peut
reconnaître ou ne pas reconnaître.
M. Godbout: J'aimerais peut-être ajouter un autre volet
à cela, M. le député.
M. Bélisle: Oui.
M. Godbout: II faut réaliser dans le contexte actuel le
grand pouvoir qui est dévolu à la Commission des valeurs
mobilières en vertu de la loi. La Bourse de Montréal est
maintenant reconnue et sujette aux articles 174 à 176. Dans un contexte
comme celui-ci, l'ACCOVAM, au moment où on se parle, représente
le seul organisme qui a vraiment les mains libres d'exprimer sa pensée
entièrement et sans aucune arrière-pensée sur tout sujet
qui pourrait venir de l'avant. De plus, on a une responsabilité et on ne
l'a pas cachée, c'est l'intérêt de nos membres aussi. On a
conscience de cet aspect-là de notre mandat. Pour ces raisons, si vous
voyez un peu le raisonnement, il n'y a pas d'urgence pour aller se soumettre
à la discrétion de la commission sur ces trois
articles-là.
Quand on en est venu à discuter de choses avec la commission sur
la possibilité de délégation, s'il y avait
nécessité de nous englober comme un tout, nous avions des
objections. S'il y avait moyen de nous reconnaître à des fins
spécifiques, à ce moment-là nous étions plus que
prêts à coopérer. Cela devenait une question de
coûts, comme cela a été soulevé tout à
l'heure.
M. Bélisle: D'accord. C'est ce que j'ai compris aux pages
16, 17 et 18 et c'est très clair à la page 18, lorsque vous nous
dites: "Nous sommes certainement très réceptifs à cette
idée" - et je cite votre mémoire -"mais nous suggérons que
cette reconnaissance devrait se faire par entente qui devait couvrir les
conditions précises d'entrée, de sortie et de financement. " Ma
question est toute simple. À quelle date, en quelle année
avez-vous présenté votre demande et quand l'avez-vous
retirée? Est-ce que c'est récent? Est-ce que cela date de 1982?
Est-ce que c'est immédiatement après les dernières
modifications à la loi? Est-ce que c'est quelque chose qui est
arrivé hier matin?
M. Godbout: C'est en 1983, si je me souviens bien, que cette
demande a été déposée et retirée.
M. Bélisle: D'accord. Maintenant, si on vous faisait une
proposition, seriez-vous d'accord ou manifesteriez-vous le souhait ou le
désir d'assumer d'autres responsabilités supplémentaires
sur des dossiers précis avec des coûts déterminés de
façon précise? Est-ce que vous, vous seriez prêts à
participer à l'analyse des 30 secteurs d'activités ou des 100
pouvoirs qui sont déterminés dans la réponse à la
question A, dans le mémoire de la Commission des valeurs
mobilières du Québec? Oui ou non?
M. Godbout: II n'y a aucun doute là-dessus. Cela a
même déjà été offert. Je pense qu'il n'y a
aucun problème.
M. Bélisle: Vous nous dites que cela a été
offert, mais est-ce que je pourrais savoir en quelle année cela a
été offert?
M. Godbout: À l'automne dernier.
M. Bélisle: L'automne dernier. Ma dernière question
est la suivante. Je sais que c'est difficile de répondre à cette
question, mais c'est juste pour notre information à nous, pour nous
permettre de trouver des avenues dans nos recommandations, compte tenu de
l'échéance de 1988 qui vient dans quelque temps. Ce n'est pas
tellement loin. Il reste une année. Est-ce que vous pourriez nous
indiquer le délai qui serait requis pour faire une analyse, identifier
des dossiers précis, des avenues précises et nous déposer
quelque chose de concret? Est-ce qu'on peut parler de six mois?
M. Godbout: Cela se fait en six mois. Sans difficulté. Je
pense que c'est beaucoup plus - on l'a souligné tout à l'heure -
une question de coût que quoi que ce soit. Présentement, la
structure de l'ACCOVAM est telle que nous ne sommes pas équipés
pour assumer des responsabilités additionnelles importantes. Si
toutefois il y avait entente sur un sujet quelconque, on pourrait
délimiter la nature de la tâche, embaucher les gens pour le
faire.
M. Bélisle: Si je comprends bien, M. Godbout, dans votre
esprit ou dans l'esprit des gens de l'ACCOVAM, les sujets, les terrains
possibles d'entente sont déjà très clairement
identifiés dans vos esprits. Après, il reste la norme du
coût à déterminer de façon factuelle, projet par
projet. Est-ce bien ce que je saisis, ce que je sens?
M. Godbout: II n'y aurait pas de difficulté à
identifier les secteurs. Ce n'est pas un problème majeur. En fait, nous,
il faut bien comprendre, nous ne sommes pas à la recherche d'un pouvoir.
On ne cherche pas à s'arroger des responsabilités.
Écoutez, ce n'est pas un plaisir pour nous de faire cette tâche.
On est quand même conscients du bien-être de l'industrie et du
public. Dans la
mesure où on a comme industrie intérêt à
rendre un meilleur service tant à nos membres qu'à la population
en général, on est prêts n'importe quand à faire les
efforts nécessaires.
M. Bélisle: Je vous remercie. Oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Mille-Îles?
M. Bélisle: Oui, merci M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis. Après, M. le député de Lafontaine. Nous
terminerons par M. le député de Montmorency. Brièvement,
s'il vous plaît, si possible, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Comme courtiers en valeurs mobilières, vous
êtes appelés à faire des émissions d'actions pour le
financement d'entreprises. Je ne sais pas dans quelle proportion, mais on
entend souvent parler d'avantages indus qui sont octroyés par les
compagnies à leurs dirigeants, par exemple, des prêts à un
taux d'intérêt très bas ou sans intérêt ou
encore selon des formules qui équivalent à des taux sans
intérêt ou à des taux d'intérêt très
bas. Cela veut dire qu'au fond, une partie de l'émission de l'action
peut être divertie au profit de dirigeants d'entreprises, plutôt
qu'au financement d'entreprises proprement dites. Ou elle peut éviter,
par exemple, le paiement de dividendes. On prête à des dirigeants
des sommes d'argent importantes qui ne rapportent pas d'argent, mais ce sont
les actionnaires qui sont lésés.
J'aimerais savoir quel suivi on fait pour vérifier, quand les
entreprises disent dans leurs prospectus qu'elles vont aller chercher de
l'argent pour telles fins, s'il y a, d'une certaine façon, des fins
énoncées qui sont réalisées ou non et si les
dirigeants se donnent des avantages indus au détriment des
épargnants qui ne peuvent pas suivre les actions des initiés.
M. Legrand: Pierre Legrand. M. le député, avec la
permission de notre président, je vais vous faire des commentaires
là-dessus. C'est un fait qu'il y a de tels avantages qui sont
conférés, dans certaines entreprises, à certains
dirigeants. Avec respect, je ne suis pas d'accord avec le mot "indus", parce
que c'est fait dans un contexte, bien sûr, d'aide, de motivation, et
c'est par expérience qu'il y a une notion de mérite qui s'ajoute
à cela. L'expérience a aussi révélé, M. le
député, que, pour ce genre d'aide financière, les cas sont
peu nombreux et pas considérables. Je n'ai aucune hésitation
à dire, certainement selon mon expérience personnelle - et j'en
ai une certaine dans le domaine du financement public - que les cas sont
très peu nombreux. Les montants en jeu, dans l'absolu et sur une base
relative, ne sont pas considérables.
Les lois sur les corporations régissent en partie le genre d'aide
qui peut être donné aux dirigeants. La sanction peut-être la
plus sévère dans le contexte de votre question du suivi, c'est la
divulgation qui doit en être faite, soit dans les prospectus qui
président à l'émission d'actions ou dans les circulaires
qui doivent être envoyées au moins une fois par année aux
actionnaires, en fonction de l'assemblée annuelle. D'autres commentaires
à ajouter?
Une voix: Cela va.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. M. le
député de Lafontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Â la page 11
de votre mémoire, vous mentionnez le cas de personnes qui obtiennent des
informations privilégiées, ceux qu'on appelle communément
les initiés. Vous décrivez brièvement: "Nous avons pris
pour acquis, relativement à cette question, que le sens qu'on y donne au
mot "initié" est celui de dirigeant d'une entreprise émettrice,
de détenteur de 10 % des actions d'une telle entreprise. " Comme vous le
savez, c'est réglementé par l'article 137 de la Loi sur les
valeurs mobilières et les articles 188 et 189. Au paragraphe 4° de
l'article 189, on peut lire: "Toute personne qui dispose d'une information
privilégiée à l'occasion des rapports qu'elle entretient
avec l'émetteur assujetti ou du travail qu'elle accomplit pour lui, dans
ses fonctions ou dans le cadre d'activités commerciales ou
professionnelles. "
Est-ce que cela ne pourrait pas être le cas de certains courtiers?
N'y aurait-il pas, là, risque? Quel est votre rôle à ce
moment-là ou quel rôle entendez-vous jouer si vous n'en jouez pas
un? Vous semblez dire: Dans ce contexte, nous ne croyons pas que cette question
de surveillance et de contrôle des initiés soit du ressort de
l'ACCOVAM. Si c'était un de vos membres qui était pris, quelle
serait votre position? Où entendez-vous aller?
M. Renaud: Claude Renaud. Tout d'abord, si on considère ce
qui se passe actuellement, en particulier ce qui se passe aux
États-Unis, la question pourrait être interprétée
dans le sens suivant: Est-ce qu'il ne se passe pas du beau ski ici? Elle
pourrait être interprétée comme ça. Donc, on a
répondu un peu en ce sens-là.
M. Bélisle: II y a beaucoup de neige.
M. Renaud: Beau ski, oui. Pour répondre plus
précisément à la question que
vous posez, je vous référerais à nos
règlements, les règlements de l'ACCOVAM, en particulier le titre
29, l'article 5, qui englobe dans la définition d'initiés tous
les administrateurs, dirigeants et officiers qui, de près ou de loin,
bénéficient d'informations privilégiées, par
exemple lors de la préparation d'un prospectus, et dont les
renseignements ont une portée qui pourrait influencer le cours des
actions s'ils étaient dévoilés. Donc, nous avons des
normes à respecter à l'intérieur de nos firmes quant aux
personnes qu'on définit comme des initiés, au même titre
que les gens qui détiennent 10 % des actions. Deuxièmement,
j'aimerais ajouter que, quelque part dans nos règlements - je n'ai pas
la référence, mais on me l'a dit tantôt - il y a aussi un
règlement qui dit que les membres sont tenus de s'en tenir aux normes
prévues par les lois en vigueur dans leur juridiction. Donc, si vous
avez une exigence dans la loi qui est plus sévère que la
nôtre, nous l'adoptons de facto.
M. Gobé: Est-ce que vous exercez quand même une
certaine surveillance ou certains tests afin de déterminer si, à
l'occasion, il ne pourrait pas y avoir abus ou utilisation d'informations de la
part de vos membres? (17 h 30)
M. Renaud: D'abord, on exerce une certaine prévention au
moment où on engage des gens. Donc, tous tant que nous sommes, dans
l'industrie, nous essayons d'avoir des standards de recrutement, et nous
engageons le plus possible des gens honnêtes, intègres et qui
respectent les règles de l'industrie et de la firme qui les engage. On a
également, comme le suggère notre conseiller, des agents de
conformité à l'intérieur de chacune des maisons qui
surveillent les activités à l'intérieur des firmes. Cela
part du bureau du représentant qui ouvre un compte pour son client
à qui il doit poser la question: Est-ce que ce client détient un
poste de direction qui en ferait un initié à l'intérieur
d'une compagnie? Détient-il des actions qui en feraient un
initié? À partir de là, si c'est dévoilé,
c'est surveillé. Je dirais même plus. Sur une base quotidienne et
surtout lorsqu'il y a des transactions spéciales qui se
préparent, il y a une surveillance plus étroite qui est
exercée sur les activités, disons, anormales qui pourraient se
passer sur ce titre.
Même j'ajouterais qu'après l'émission, la Bourse
même se charge de surveiller pour qu'il n'y ait pas d'activités
anormales dans les actions. On est surveillé par différentes
sources. Je ne sais pas si mes collègues veulent ajouter quelque
chose.
Une voix: Je vous surveille dans le moment.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Maintenant,
la dernière intervention. Après ce sera le commentaire de la
Commission des valeurs mobilières. M. le député de
Montmorency.
M. Garon: Je voulais dire que monsieur a raison...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous surveillez le bonhomme.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: Oui. Deux petites questions. M. Legrand, vous
avez mentionné tantôt que d'après vous, dans les situations
où il y a des transactions égoïstes, pour reprendre votre
expression que je trouve très discutable, enfin, très charmante,
ce n'est peut-être pas à la Commission des valeurs
mobilières d'intervenir ou d'avoir un rôle de contrôle, etc.
Alors, je vous demande: Qui voyez-vous si ce n'est pas la Commission des
valeurs mobilières?
M. Legrand: Ma réponse, M. le député, c'est
que ce genre d'action ou ce geste ne doit pas être surveillé. Dans
le contexte d'un système démocratique, capitaliste, où la
loi de l'offre et de la demande joue, les conditions du marché, faute de
meilleurs mots, certaines lois de la nature président à ces
circonstances. Votre question présuppose que quelqu'un doit surveiller,
par exemple, à quel prix une émission doit se vendre. Mot, avec
respect, je vous dis non. Pas plus, par exemple, et ce n'est pas le cas, que la
commission aurait juridiction pour déterminer les salaires des
dirigeants d'entreprises ou les prix auxquels certaines commodités se
vendent, pour prendre cet exemple. C'est la composante intégrante d'un
système capitaliste avec lequel on vit et à l'égard duquel
on fait tous, et je vais parler pour moi, en tout cas, des erreurs à
l'occasion et l'expérience comme telle enseigne.
M. Séguin: Dans l'exemple que vous donniez de fixation de
prix à de nouvelles émissions qui sortent, vous suggérez
qu'il n'y ait pas de contrôle d'intervention...
M. Legrand: Aucune.
M. Séguin:... même si ce qui pour vous peut
apparaître égoïste, pour d'autres pourrait apparaître
comme de la fraude et un acte même criminel.
M. Legrand: Je respecte les vues des gens qui diffèrent
des miennes, mais je suis certainement prêt à entreprendre une
bonne
et longue discussion à cet égard. C'est exact.
M. Séguin: D'accord. Ma deuxième question,
très courte aussi. Vous êtes une association qui regroupez les
courtiers en valeurs mobilières. Donc, vous faites affaires avec le
client. Vous avez une approche très directe avec le client de la
population, acheteur parmi la population. Est-il bien informé? Autrement
dit, comme il reçoit un prospectus et, peut-être tous les mois,
des espèces de petits feuillets que les courtiers en valeurs
mobilières envoient à leurs clients pour dire combien il y a
d'actions dans le REA, dans l'épargne-retraite, etc., avec un code
informatique assez complexe, on se demande si le client peut décoder sa
facture. À l'endos, ce qui est assez révélateur, on
explique comment lire les codes et on y trouve maintenant peut-être une
centaine de lignes d'explication. Je me demande, enfin, je vous pose la
question: Avez-vous l'impression que le client est suffisamment bien
informé de la transaction?
Le Président (M. Lemieux): M. Claude Renaud.
M. Renaud: J'ai l'impression que le client qui se fie à
cette confirmation d'une transaction à la fin du mois ou le jour
où il fait la transaction et qui se contente de ce document comme
étant la preuve qu'il a été bien informé, fait
fausse route. Notre rôle à nous, notre responsabilité
à nous, les courtiers, commence bien avant cela. Elle commence au moment
où on ouvre son compte, où on discute avec lui de ses objectifs
de placement, où on établit avec lui une relation de
courtier-client et la règle numéro 1, c'est connaître notre
client. Lui, il a une responsabilité morale de connaître son
courtier et de savoir quoi attendre de son courtier. Au moment où il
reçoit le document dont vous parliez, il a déjà eu une
bonne conversation téléphonique avec quelqu'un et il sait un peu
ce qu'il a fait.
M. Séguin: D'après vous, le client lit-il le
prospectus et le comprend-il dans l'ensemble?
M. Renaud: J'ajouterais qu'il est censé le lire, parce que
c'est une exigence de la loi qu'on le lui envoie; donc, c'est son
privilège de le lire et c'est notre responsabilité de lui
envoyer. Je dois ajouter que, malheureusement, on a de bonnes indications que
souvent le client jette le prospectus tellement vite qu'il jette aussi la
petite pochette, dans la même enveloppe, qui contient son contrat, et il
nous appelle deux semaines après pour dire qu'il n'a jamais reçu
de contrat.
Alors, il est arrivé assez souvent qu'on nous dise: J'ai
jeté le prospectus, mais je n'ai pas reçu le contrat, mais il
était avec celui-ci. Surtout dans les périodes assez actives,
cela arrive régulièrement. Il y a peut-être là un
peu d'insouciance du public, mais on en n'est pas à l'abri.
M. Séguin: C'est peut-être une question personnelle,
mais j'y reviens un peu, très bièvement. Par exemple, les clients
qui sont détenteurs d'épargne-retraite reçoivent des
feuillets multiples: de la compagnie dont il a acheté les actions, du
courtier en valeurs mobilières et du fiduciaire, qui n'est souvent pas
le courtier en valeurs mobilières pour faire la détention du
régime. Souvent, l'information mensuelle qui est envoyée n'est
pa3 conforme dans les trois pièces et, d'après ce que je vois,
les gens ne s'y fient pas et ne comprennent absolument rien. Même, quand
on appelle le fiduciaire pour lui dire: Que veut dire le feuillet qu'a
envoyé le courtier? Il ne le sait pas. Quand on appelle le courtier pour
lui demander ce que le fiduciaire a envoyé, il ne le sait pas. N'y
aurait-il pas lieu qu'il y ait un meilleur appariement de cette information?
Cela me semble un peu...
M. Renaud: Claude Renaud. D'ailleurs, il y a eu une amorce
d'amélioration en ce sens-là dernièrement dans le budget
fédéral. À compter de bientôt, on nous permettra,
à nous les courtiers, de remplir le rôle qui était
antérieurement rempli par les fiduciaires. Donc, il ne sera pa3
nécessaire d'impliquer un fiduciaire dans te REER. On aura le droit de
remplir le rôle de courtier et de fiduciaire. Donc, cela évitera
peut-être un intervenant. Mais je le disais tantôt, au moment
où le client ou l'investisseur reçoit tous ces documents, il est
déjà censé savoir un peu ce qu'il a fait. S'il ne le sait
pas, il a un problème.
Indépendamment de la façon de communiquer avec lui, on
essaie de simplifier autant que possible. On a des experts, tant en
informatique qu'en rédaction de messages. On essaie de simplifier autant
que possible, mais avec les exigences des lois, il y a des minimums auxquels on
doit s'astreindre et Il y a un minimum de papiers qu'il va recevoir. Mais pour
aller dans le sens de ce que vous disiez tantôt, on a commencé
à déréglementer les fiducies dans la Loi sur l'impôt
dans le dernier budget fédéral et on espère que les
provinces vont suivre.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie de votre
intervention. Nous allons suspendre une minute pour permettre à la
Commission des valeurs mobilières de prendre place afin qu'elle puisse
nous faire ses commentaires selon la version du député de
Sainte-Anne, jusqu'à 18 heures et après nous suspendrons
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 38)
I
(Reprise à 17 h 41)
Le Président (M. Lemieux): Nous reprenons les travaux. M.
le président de la Commission des valeurs mobilières, M. Paul
Guy, s'il vous plaît...
Commission des valeurs mobilières du
Québec
M. Guy: Merci, M. le Président. Je vais essayer
d'être aussi bref que possible vu que cela fait quand même
plusieurs heures que nous sommes ici. Je vais prendre certains points, pas
nécessairement dans l'ordre d'importance mais dans l'ordre où je
les ai ici.
J'aimerais d'abord rectifier certains points sur le budget et les
ressources. Quand on parle du budget de la commission de 5 000 000 $, il faut
faire bien attention et il faut y soustraire à peu près 1 300 000
$, 800 000 $ à 900 000 $ pour les loyers et à peu près 250
000 $ à 300 000 $ pour les ressources affectées à la
gestion de la commission. Ce sont des sommes que la commission de l'Ontario n'a
pas dans son budget, parce qu'elles sont payées par quelqu'un d'autre,
c'est-à-dire qu'en Ontario, comme auparavant au Québec, le loyer
de la commission est payé par l'équivalent du ministère
des Travaux publics. Ce n'est pas dans le budget de la commission et la
commission n'a pas la gestion de sa comptabilité, de sa paye, et ainsi
de suite.
Alors, le budget de la commission, 5 000 000 $ pour l'exercice qui se
termine au 31 mars, c'est un budget, effectivement, qui est beaucoup
inférieur à 4 000 000 $. Alors, quand on dit que l'Ontario a un
budget de 6 000 000 $, il faut le comparer à ce chiffre et non pas au
chiffre de 5 000 000 $, ce qui fait que l'Ontario a quand même
actuellement 2 000 000 $ de plus dans son budget que la commission du
Québec.
Pour ce qui est des ressources, il faut faire les mêmes
précisions. Je l'ai dit ce matin et je le répète, quand on
parle de ressources, il ne faut pas prendre 95 postes, mais bien 85, il faut
enlever les postes qui sont affectés à la gestion, que l'Ontario
n'a pas à assumer. Alors, quand on compare les ressources de la
commission du Québec, il faut comparer 85 postes à 140
actuellement en Ontario, bientôt 160, d'après l'article du journal
que j'ai cité ce matin. Alors, je pense qu'il est important de rectifier
ces points, autrement on s'engage dans des débats un peu
stériles.
J'aimerais revenir sur la question de la réglementation
économique. Cela m'avait l'air d'être un point important...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Si vous le permettez... C'est que vous avez fait
quelque chose de très utile. Pourriez-vous continuer de donner votre
point de vue rapidement sur la quantité deux à trois fois plus
grande d'ouvrage en Ontario par rapport au Québec?
M. Guy: Je pourrais préciser aussi, parce que ce n'est pas
le volume des opérations en bourse qui détermine la charge de
travail des commissions. En fait, c'est un facteur dans le sens où si le
volume en bourse est plus important, il y a plus de représentants, il y
a plus de courtiers, mais l'inscription des représentants, je dois dire
que c'est une fonction mécanique et ce n'est pas la charge de travail la
plus importante des commissions. Quelle est la charge la plus importante? C'est
simple, c'est au niveau des prospectus. C'est la charge la plus importante pour
toutes les commissions, au niveau des enquêtes, au niveau des inspections
et les offres publiques.
Le Président (M. Lemieux):... les prospectus par rapport
à l'Ontario?
M. Guy: J'ai dit ce matin que, l'année dernière,
nous avons eu 740 prospectus en onze mois, à la fin de février
cette année, en fait du 1er avril à la fin février, et que
l'Ontario n'en a eu à peu près que 630 dans une période de
douze mois, c'est-à-dire qu'on en a eu 100 de plus que l'Ontario,
l'année dernière. Je pense que c'est ce qui est important
à déterminer, ce n'est pas de dire que le volume... Il est vrai
que le volume de la Bourse de Toronto est cinq fois, six foix plus important
que celui de la Bourse de Montréal, mais ce n'est pas ce qui
détermine la charge de travail de la commission. La charge de travail de
la commission n'est pas aussi importante que celle de la commission de
l'Ontario, je n'ai pas dit cela et je ne voudrais pas le dire. Il est
évident que la commission de l'Ontario a une charge plus importante mais
la charge de travail de la commission de l'Ontario n'est pas deux fois celle de
la commission du Québec. C'est beaucoup moins que cela et je pense que
ce sont des précisions importantes.
Je voudrais revenir quelques minutes sur la réglementation
économique. Je ne sais pas pourquoi, mais cela a l'air de soulever un
débat. De la réglementation économique, j'ai dit ce matin
que la commission n'en faisait pas; je dis encore que la commission n'en fait
pas. Je reviens sur certains points. Concernant les courtiers étrangers,
d'abord il s'agit d'une décision qui a été prise par le
gouvernement du Québec en 1972 par le gouvernement de M. Bourassa de
l'époque de ne pas avoir de restrictions concernant les étrangers
au Québec. Deuxièmement, dans la Loi sur Ies valeurs
mobilières adoptée en 1982, il y a un pouvoir
réglementaire prévu
au gouvernement sur la restriction concernant les étrangers,
c'est-à-dire que si le gouvernement voulait restreindre l'accès
du marché aux étrangers, il pourrait le faire par
règlement. C'est prévu dans la loi. Alors, ce n'est pas une
question de réglementation économique, la commission n'a jamais
fait de réglementation économique concernant les
étrangers. C'est une question qui était déjà
réglée depuis un bon bout de temps. Dans la décision de
1983, la commission ne fait que rappeler en fait - on ne se prononce pas sur
les étrangers - que la situation au Québec est la suivante: il
n'y a pas de restriction concernant les étrangers. (17 h 45)
Les courtages en Bourse, c'est une autre question qui est nettement du
domaine des commissions des valeurs mobilières. Ce sont toutes les
commissions des valeurs mobilières qui ont pris ces
décisions-là, ce ne sont pas les gouvernements. Si la commission
du Québec ne peut pas prendre une telle décision, il est
évident que nous sommes démunis par rapport à nos
homologues des autres provinces, c'est-à-dire que la Commission des
valeurs mobilières du Québec n'a pas les pouvoirs de
réglementer les marchés que les autres commissions ont. Je pense
que c'est assez important de faire également cette
précision-là.
En ce qui concerne les institutions maintenant, premièrement,
pour qu'il y ait décloisonnement, il faut en premier lieu qu'il y ait
cloisonnement. D'abord, on doit se demander s'il y avait des restrictions au
Québec concernant l'accès pour des institutions
financières au domaine du courtage. Il n'y en avait pas, je n'en ai
jamais vues. On n'a pas établi de nouvelles régies en 1983 en
disant: s'il n'y a pas de restrictions. Il n'y en avait pas. La décision
de 1983 dit seulement que la commission va continuer à inscrire les
institutions financières, ce qu'elle faisait auparavant. Il faut faire
attention, je pense, de replacer les choses au bon niveau.
Maintenant la concurrence, c'est un autre élément qui a
été soulevé plusieurs fois dans le sens du bon
fonctionnement du marché. L'article 176 de la loi dit: "Toute
disposition des documents constitutifs, du règlement interne ou des
règles de fonctionnement d'un organisme d'autoréglementation qui
a pour effet de restreindre la concurrence est soumise à la commission,
qui l'autorise dans la mesure où elle la juge nécessaire à
la protection des épargnants. "Une telle disposition n'a d'effet
qu'après autorisation de la commission. " La commission ne
dépasse certainement pas son mandat ou sa mission lorsqu'elle
s'interroge sur des dispositions d'un organisme d'autoréglementation qui
auraient pour effet de restreindre la concurrence. C'est dans la loi.
Maintenant, la délégation. Je pense que j'en ai
parlé longuement ce matin. La commission a innové dans ce
secteur-là, elle continue à le faire. On est fort conscients
qu'il y a d'autres fonctions qu'on pourrait déléguer à la
Bourse de Montréal et on en délègue de façon
continue. En fait, il y a trois instructions générales de la
commission dans lesquelles on a délégué effectivement
à la Bourse. Il ne faut pas oublier aussi que quant à la
délégation, il faut se situer dans le contexte canadien. Je pense
que je l'ai dit ce matin et je dois le répéter. Il serait
nettement difficile de déléguer des fonctions à un
organisme d'autoréglementation dans la mesure où ces fonctions ne
pourraient pas être déléguées par une autre
Commission des valeurs mobilières. Non seulement cela n'aurait
peut-être pas l'effet désiré, mais cela pourrait nous
placer dans une situation difficile par rapport à nos homologues. Je
pense qu'il est important de revoir cela.
Si on prend, par exemple, les dépôts des états
financiers des émetteurs assujettis, qu'est-ce qui arrive si ces
dépôts d'états financiers ne sont plus faits auprès
de la commission, mais auprès d'un organisme d'autoréglementation
et que les états financiers ne sont pas conformes aux principes
comptables généralement reconnus? Que fait l'organisme
d'autoréglementation? Quelles sanctions l'organisme peut-il prendre? Je
n'en vois pas. C'est assez difficile de voir quelles sanctions il peut prendre.
Comment corriger la situation? Il y a tous ces éléments, quand on
parle de délégation, dont il faut tenir compte. Quelles sanctions
l'organisme peut-il prendre s'il y a contravention ou si les documents ne sont
pas corrects? II faut tenir compte de tous ces éléments-là
avant de déléguer.
On peut déléguer d'autres fonctions, c'est certain. La
commission ne refuse pas de discuter de ces questions-là avec les
organismes d'autoréglementation. On le fait de façon
continue.
J'enchaîne sur la question des communications. Évidemment,
je pense que M. Desaulniers l'a dit ainsi que Mme Beauchemin, on pourra
toujours améliorer les communications. Elles ne sont peut-être pas
les meilleures, c'est possible. Il y aura toujours certaines frictions entre un
organisme de contrôle et un organisme d'autoréglementation. On ne
pourra pas l'éviter, mais la commission est soucieuse de ce
problème-là et on travaille certainement à établir
les meilleures communications possible entre la Bourse, l'ACCOVAM et la
commission.
Je veux juste dire un mot sur l'ACCOVAM en passant. Même si
l'ACCOVAM n'est pas reconnue, je pense que M. Godbout l'a dit tout à
l'heure, la commission se fait un souci de consulter l'ACCOVAM dans tous ses
projets et de lui
demander ses observations. Bien souvent, elle la consulte avant de
rendre les projets publics, elle lui envoie les plaintes que la commission peut
avoir concernant ses membres, elle lui demande de les transmettre à ses
membres et de prendre ses sanctions s'il y a lieu. Même si l'ACCOVAM
n'est pas reconnue, la commission continue quand même à consulter
cet organisme, et va continuer à le faire.
L'autoréglementation aussi semble être liée à
la délégation. J'ai cité, ce matin, un article de Jean
Pelletier paru dans le Journal de Montréal, et je voudrais citer
un article paru dans le Wall Street Journal du 24 février 1987
qui s'intitule "Self-regulation dies on the street". Je ne lirai pas tout
l'article, mais une partie: "The logic for self-regulatory laissez faire is
simple: Self-regulation means that a stock market is the entity primarily
responsible for detecting and punnishing violations by its individual members
and the people who work at its member firms (... ) Members bring in trading
volume. Volume means money (... ) But rarely, if ever, have self-regulators
landed hard and in timely fashion on their own membres when enforcement would
mean a big loss of volume. "
Ce que je veux vous indiquer par cela, c'est qu'il faut
déléguer quand même avec précaution dans la
délégation. Ce n'est pas qu'on ne doive pas
déléguer, et je pense que j'ai été le premier
à le dire. Non seulement on peut déléguer, mais la
commission a déjà démontré qu'elle voulait le
faire. Mais il faut y aller lentement, il faut prendre toutes les
précautions, il faut s'assurer que l'organisme auquel on
délègue est capable d'exercer ses fonctions, non seulement qu'il
est capable de les exercer, mais qu'il est capable de prendre les sanctions
qu'il y a lieu de prendre s'il y a contravention à ces règles.
C'est bien important, avant de se lancer dans la délégation
à tous les niveaux.
Sur d'autres points, il est important de mentionner qu'en ce qui
concerne le marché hors cote, c'est un projet qui n'a pas
été mis de l'avant par la commission, c'est un projet qui est au
niveau du directeur de l'encadrement du marché de la commission. La
commission a demandé au directeur de constituer un comité de
consultation de tous les membres de l'industrie dont la Bourse, l'ACCOVAM et
d'autres personnes des institutions financières, et de discuter avec eux
d'un projet possible de réglementation de ce marché. Le projet
qui sera publié par la commission est loin d'être au point. De
toute façon, le projet prévoit confier à la Bourse une
partie de l'administration de ce marché. Cela peut être
confié à la Bourse, mais on ne le sait pas. C'est un projet qui
est loin d'être à point actuellement, et on verra les
résultats quand le processus de consultation sera terminé.
En ce qui concerne la Bourse - je pense que la Bourse l'a
mentionné - il est assez impartant de dire que déjà, la
Bourse a une délégation importante, une délégation
de fait. Je l'ai dit ce matin, ce n'est pas une délégation faite
par la commission, c'est une délégation de fait, en ce qui
concerne le marché secondaire. Le marché secondaire, c'est quand
même un marché soumis à la Loi sur les valeurs
mobilières, mais qui est délégué en fait à
la Bourse. La Bourse ne peut exercer son activité que par reconnaissance
de la commission. La Bourse est reconnue par la commission, elle peut exercer
son activité et, de fait, elle réglemente le marché
secondaire. Le contrôle est exercé par l'approbation, par la
commission, des règles et règlements, des modifications de ces
règles de la Bourse.
Les offres publiques, c'est un point qu'il est important de soulever, la
protection des actionnaires minoritaires et tout ce que cela entraîne,
à savoir si les commissions doivent s'impliquer là-dedans ou non.
On a mentionné l'affaire Canadian Tire. Je veux juste en dire quelques
mots. Vous avez sûrement noté dans les journaux, au moment de
cette affaire, les déclarations d'un courtier important du Québec
qui proposait le boycottage des magasins Canadian Tire, parce que les
concessionnaires, en fait, avaient des transactions avec la famille Billes. On
disait que les commissions devaient intervenir pour annuler cette affaire. Il
faudrait quand même se décider: Est-ce que les commissions
devraient intervenir? Dans certains cas, évidemment, les commissions
doivent intervenir parce qu'on présume que plusieurs clients
étaient très mécontents de cette affaire et disaient
à leur courtier: Faites des pressions pour qu'on intervienne afin
d'annuler cette affaire; cela n'a pas de bon sens. Et en d'autres cas de
protection, on ne doit pas intervenir. Je pense que la règle est
uniforme. À ce moment-ci, il n'y a qu'un organisme qui peut
protéger adéquatement - je ne dirai pas effectivement - les
actionnaires minoritaires: ce sont les commissions des valeurs
mobilières. Dans le cas des offres publiques, on l'a vécu dans
les dernières années, lorsqu'il y a des contestations, lorsque
les actionnaires minoritaires ne sont pas contents, à qui
s'adressent-ils pour avoir un règlement de leur situation? Aux
commissions des valeurs mobilières. Et ce n'est pas toujours un
règlement en leur faveur, mais quand même c'est pour essayer de
régler le problème.
Il faudrait certainement ajouter quelques mots sur les instructions
générales qui semblent faire problème. Là encore,
j'ai moi-même de la difficulté à comprendre pourquoi. Je
laisserai M. Dandonneau parler des instructions générales.
M Dandonneau (Antoni): D'abord, je voudrais partir de ce qui semble une
des sources du problème. Dans le mémoire de la Bourse de
Montréal, on affirme, je ne sais si c'est un postulat ou un axiome,
qu'il y a une confusion dans la loi entre l'objet de la loi et la mission de la
commission. Un oeil non averti y décélerait plutôt, me
semble-t-il, une admirable correspondance, la commission ayant une mission qui
est tout à fait conforme à l'objet de la loi. Dans
l'argumentation de la Bourse de Montréal, cette admirable correspondance
devient une confusion déplorable qui conduit à des excès
de pouvoir. Ce qu'il faut voir, c'est que le bon fonctionnement du
marché, c'est le mandat essentiel, c'est le mandat fondamental des
commissions des valeurs mobilières.
J'ai sous les yeux - pour sortir un peu du contexte
nord-américain, certains ayant des aspirations à l'échelle
mondiale l'article premier de l'Ordonnance française qui a
créé la Commission des opérations de Bourse. On dit: "II
est institué une Commission des opérations de Bourse qui est
chargée de contrôler l'information ainsi que de veiller au bon
fonctionnement des Bourses de valeur. " D'autre part, on l'a souligné ce
matin, il y a l'interprétation constante qui a été
donnée par les commissions des valeurs mobilières au Canada. Il
faut souligner que, notamment dans la loi ontarienne, il n'y a pas mention
expresse du bon fonctionnement du marché. Il y a quelque chose qui est
encore bien plus vaste et qui est l'intérêt public.
Évidemment, je ne pense pas qu'une commission songerait à
s'autoriser de l'intérêt public, par exemple, pour aller
réglementer la circulation routière. II va de soi que
l'intérêt public s'entend dans le domaine des valeurs
mobilières et que c'est fondamentalement le bon fonctionnement du
marché.
Ainsi, il m'apparaît tout à fait injustifié
d'essayer de neutraliser ce premier volet, qui est le volet le plus
général, le plus englobant dans le mandat de la commission, en
disant: Le vrai mandat de la commission, si on fait abstraction de la confusion
entre la mission et l'objet, c'est seulement les trois mandats plus
précis qu'on retrouve aux paragraphes 2, 3 et 4 de l'article 276. Il
s'agit d'un tour de passe-passe, me semble-t-il, qui est un peu analogue
à celui qui dirait: il faut vraiment éliminer la protection du
consommateur dans la mission de l'Office de la protection du consommateur;
c'est un mandat beaucoup trop général; cela peut conduire
à des excès de pouvoir. L'Office de la protection du consommateur
a le mandat de réglementer la publicité frauduleuse, par exemple:
c'est vraiment un mandat particulier, c'est un mandat précis. Mais
l'Office de la protection du consommateur n'aurait pas le mandat de faire
cela.
Évidemment, je comprends qu'on peut, d'un air narquois, poser la
question: Quels fonds faut-il affecter pour assurer le bon fonctionnement du
marché? Ce dont on doit se rendre compte, c'est qu'avec le même
air narquois, on peut poser la même question à propos d'un nombre
considérable de lois. Je me souviens en particulier de la Loi sur l'aide
sociale où on dit que l'un des objets de la loi vise à combler
l'écart entre les besoins et les ressources. (18 heures)
En ce qui me concerne, j'ai un écart considérable entre
mes besoins et mes ressources. Il va de soi, bien sûr, que dans le cadre
d'une législation, ce mandat général est
spécifié, précisé et ramené à des
objectifs beaucoup plus précis.
De plus, en ce qui concerne les instructions qénérales, le
pouvoir est expressément prévu dans la loi à l'encontre,
encore une fois, de ce qui était la situation avant 1982 et de ce qui
est encore la situation dans les autres provinces où ce pouvoir est
exercé sans habilitation expresse. Nous avons parfois l'impression qu'on
essaie de solliciter les textes pour réduire au maximum la
discrétion qu'au contraire, manifestement, d'après la formulation
de l'article, le législateur a voulu très larqe. A ce propos, on
nous dit qu'avec un esprit qui nous semble un peu un esprit de
fiscaliste...
Le Président (M. Lemieux): Brièvement, M.
Dandonneau.
M. Dandonneau: J'arrive très rapidement à la fin de
mon court discours... avec un esprit de fiscaliste, on dit: On devrait s'en
tenir dans le fond à la loi et, ma foi, s'il y a des lacunes, vous
devriez nous laisser nous en servir. Or...
Le Président (M. Lemieux): De fiscaliste.
M. Dandonneau: D'avocat fiscaliste, parce qu'en matière de
valeurs mobilières, Il semble au contraire qu'on n'a pas du tout cette
mentalité très technique dans l'interprétation des textes.
Je voudrais vous citer une prise de position de notre homologue ontarien,
l'OSC, qui est à la paqe 53 de notre mémoire: Le problème
soulevé était le suivant: l'OSC proposait d'établir un
certain nombre de règles concernant les offres publiques de rachat,
alors que la loi, à l'époque, était silencieuse sur les
offres publiques de rachat. Donc, on leur avait dit: Puisqu'il n'y a pas de
disposition dans la loi là-dessus, vous ne pouvez pas réglementer
ceci. La commission de l'Ontario dit ceci: "A number of commentators have
expressed the view that the Commission in its regulation of these transactions
ought not to go beyond
these requirements without specific legislative or regulatory
directions. As stated, we do not accept this proposition; we have a general
responsibility for investors protection and our authorities are designed to
enable us to carry out this responsibility. " Alors, il y a un lien très
étroit entre l'article 274 et l'article 276. Au fond, l'article 276
donne la mission de la commission, et les instructions générales
sont Fun des moyens privilégiés pour la commission d'exercer
cette mission, en particulier, en l'absence de dispositions spécifiques
dans la loi ou dans le règlement.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M.
Dandonneau. Nous suspendons jusqu'à 20 heures et nous entendrons un
représentant de chacun des organismes concernés, soit la
Commission des valeurs mobilières, la Bourse de Montréal et
l'ACCOVAM.
(Suspension de la séance à 18 h 4)
(Reprise à 20 h 12)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Sainte-Anne, s'il vous plaîtl Votre
présence est requise. Je vous remercie de votre promptitude, M. le
député de Sainte-Anne.
Est-ce qu'un membre de la Commission des valeurs mobilières, un
membre de l'ACCOVAM et un membre de la Bourse de Montréal pourraient
s'asseoir ici autour de la table?
M. Guy, vous pouvez vous asseoir autour de la table. Cela va. Il
faudrait quand même avoir quelqu'un de la Bourse de Montréal. Mme
Parent-Johnson, voulez-vous prendre place ici en avant?
Mme Parent-Johnson: Nous avons été informés
par M. le Secrétaire qu'on procédait en général de
façon informelle et que la place pour une personne, ce serait la chaise
musicale.
Table ronde
Le Président (M. Lemieux): Évidemment, c'est une
première. La procédure n'est pas coulée dans le ciment ni
écrite comme telle. Ce que je prévois faire, c'est que j'ai
quatre grands thèmes, quatre grands points. M. Guy, pouvez-vous vous
asseoir sur cette chaise-ci? On va y arriver, vous allez voir.
Vous me permettrez de ne pas vous identifier par vos comtés
respectifs. Évidemment, c'est une première. Il n'y a pas de
procédure établie. Ce que je prévois, c'est qu'il y a
quatre thèmes et ce que je vais faire, je vais essayer de susciter la
discussion. Vous pourrez, si vous le désirez, M. Guy, de même que
le représentant de la Bourse de Montréal ou le
représentant de l'ACCOVAM pointer quelqu'un de votre entourage pour
répondre à la question ou pour argumenter sur le sujet.
Le premier point qu'on aimerait regarder, c'est le rôle trop vaste
de la Commission des valeurs mobilières concernant le fonctionnement du
marché comme tel. Ce qu'on aimerait savoir, c'est ce qu'on doit vraiment
retenir de tout cela. Ce serait le premier point de la discussion. Est-ce que
vous pouvez entreprendre la discussion sur ce premier point?
Le deuxième point, ce sera vraiment la réglementation par
rapport à l'administration de la loi comme telle. Nous aimerions savoir
ce que nous devons penser, nous, de la commission sur ce sujet.
Maintenant, il y a le problème des communications. Cela me
paraît être assez clair dans les trois rapports. On aimerait savoir
s'il y a des moyens qui pourraient être mis en oeuvre pour essayer de
trouver un palliatif à tout cela ou d'améliorer tout cela.
Le quatrième point est le dédoublement. Est-ce qu'on peut
mettre des mécanismes sur pied par rapport à certaines
tâches comme telles? Par exemple, en ce qui concerne la surveillance
entre autres, est-ce que quelque chose peut être fait?
Le premier point: le rôle trop vaste de la commission concernant
le fonctionnement du marché. Qu'est-ce que vous croyez que, nous, comme
membres de cette commission, nous devrions retenir? Le rôle, entre
guillemets, "prétendu" trop vaste?
M. le Président de la Commission des valeurs mobilières,
voulez-vous commencer?
Le rôle de la Commission des valeurs
mobilières
M. Guy: M. le Président, c'est une question facile pour
moi. Vous me dites: Le rôle trop vaste.
Le Président (M. Lemieux): "Prétendu", entre
guillemets.
M. Guy: "Prétendu" trop vaste. Nous, nous
prétendons toujours qu'il n'est pas assez vaste. Je ne pourrais pas dire
qu'il est trop vaste. Je laisserais quelques minutes à M. Dandonneau
pour parler sur tous les points qui sont soulevés, les trois points en
fait sur le rôle trop vaste de la commission, dans le mémoire de
la Bourse. On pourrait peut-être partir de là...
Une voix: C'est un bon point de départ.
M. Guy: On y mentionne certaines
instructions générales. Dans le cas de ces instructions
générales, bien entendu, il s'agit de textes qui ont
été étudiés en très grande consultation avec
la Bourse. En fait, si on parle de 0-8, qui est l'instruction
générale de la commission, c'est un texte qui a été
préparé après de nombreuses consultations avec les
dirigeants de la Bourse, auquel les dirigeants de la Bourse ont
participé du début à la fin. C'est une instruction
générale qui existe également en Ontario, en Alberta. Ce
n'est pas une réglementation particulière au Québec. C'est
un texte auquel la Bourse a donné son accord, mais cela ne veut pas
dire, quand on donne notre accord ou qu'on négocie ces choses-là,
que les deux organismes sont tout à fait d'accord sur tous les points.
C'est évident qu'on peut avoir des désaccords, mais à la
fin on obtient un texte qui, en fait, correspond un peu à un consensus.
C'est ce qu'on essaie d'atteindre.
Peut-être qu'Antoni, tu peux renchérir sur la question du
rôle trop vaste.
Le Président (M. Lemieux): Oui, excusez-moi, vous voulez
ajouter quelque chose?
Une voix: Oui, si vous me le permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): Je ne voudrais pas faire comme
Radio-Québec. Je n'ai pas cette habileté, mais ce qui est
important pour nous, vous savez, c'est qu'on veut faire ressortir
l'information. On veut que ce soit vraiment une commission positive et on a des
points d'interrogation. Alors, c'est en ce sens.
Une voix: Je me permets de faire une intervention avec votre
permission, M. le Président, et je ne veux pas qu'on s'engage dans une
définition théorique, mais j'aimerais que M. le Président
de la commission ou M. Dandonneau puisse faire peut-être, au cours de
leurs interventions, quelques commentaires sur ce qu'ils entendent par le bon
fonctionnement du marché. Je ne suis pas à la recherche d'une
définition "théorique", entre guillemets. Je pense que c'est une
question honnête et utile que je pose à ceux qui sont ici.
Le Président (M. Lemieux): C'est une question d'ailleurs
que j'ai posée ce matin à M. Guy. Alors, cela va.
Une voix: Merci.
M. Dandonneau: Dans le mémoire de la Bourse, on
évoque trois décisions à propos des pouvoirs de
réglementation économique...
Le Président (M. Lemieux): Vous allez cerner, M.
Dandonneau, la question et le bon fonctionnement du marché. On s'entend
bien là-dessus? D'accord, allez-y!
M. Dandonneau: Je vais y revenir après, mais je parle des
pouvoirs trop vastes. On évoque trois décisions à cet
égard. Or, sur ces trois décisions, il y a la première,
qui est une décision du personnel et qui a été
révisée par la Commission des valeurs mobilières, de telle
sorte qu'on peut difficilement s'en inspirer pour tirer des conclusions sur
l'interprétation que la Commission des valeurs mobilières fait du
bon fonctionnement du marché ou de l'étendue de ses pouvoirs. La
deuxième, c'est celle sur la diversification de la
propriété des courtiers, une question dont on a abondamment
discuté précédemment.
La troisième, c'est. la décision dans l'affaire de la
Banque nationale. Là, on dit: Relativement aux abris fiscaux des
banques. Je pense que c'est donner une idée tout à fait inexacte
de la véritable nature de cette décision. Ce dont il s'agissait
dans cette décision, c'est l'exercice de l'activité de courtier
par une banque et il s'agissait de savoir si une banque peut exercer une
activité en valeurs mobilières, une activité de courtier
sans être soumise à la régle-mentation normalement
applicable à cette activité. La Commission des valeurs
mobilières est intervenue pour dire: Certes, une banque a le droit
d'exercer l'activité de courtier, mais en se soumettant aux
règles auxquelles les courtiers doivent se soumettre pour exercer leurs
activités. Si c'est ce qu'on appelle de la réglementation
économique, si c'est ce qu'on appelle des pouvoirs trop étendus,
c'est à s'interroger sérieusement sur la portée des
pouvoirs que nous avons.
Pour en venir maintenant à la question des instructions
générales dans laquelle on voit également des pouvoirs
trop étendus de la Commission des valeurs mobilières, je pense
que, dans deux des exemples qui sont donnés, c'est-à-dire les
instructions générales nos Q-4 et Q-8, ce sont des instructions
générales qui ont été préparées en
contact extrêmement étroit avec la Bourse, dans le cas de
l'instruction générale no Q-8, et avec des représentants
des sociétés d'exploration, avec des cabinets qui font des
prospectus de sociétés d'exploration et avec des prospecteurs,
dans le cas de l'instruction générale no Q-4, qui concerne les
sociétés d'exploration minière. Les" rèqle3 qui s'y
trouvent sont très largement acceptées par les milieux
concernés.
C'est important de le dire, parce que parfois les règles sont
présentées comme si elles avaient un caractère exorbitant
et extravagant en raison duquel elles feraient l'objet d'un rejet presque
unanime du milieu. Or, ce n'est absolument pas le cas. Dans le cas de
l'instruction générale no Q-4, par
exemple, où il s'agit quand même d'un point assez critique,
c'est toute la question du financement des sociétés,,,
d'exploration minière, un domaine dans lequel le Québec a connu
des difficultés considérables à un certain moment. Disons
qu'il est nécessaire d'établir certaines règles pour ce
financement, sans pour autant le stériliser. Il y a un subtile dosage
à établir. La Commission des valeurs mobilières a convenu
de ce dosage avec les milieux intéressés et c'est ce que vous
voyez dans l'instruction générale no Q-4. Donc, ces instructions
générales, me semble-t-il, n'ont absolument rien d'exorbitant par
rapport aux pouvoirs confiés à la Commission des valeurs
mobilières.
En ce qui concerne maintenant le bon fonctionnement du marché, je
pense que c'est un peu comme toutes les grandes notions en droit. Le bon
père de famille, l'intérêt public, l'ordre public: ce sont
des concepts fondamentaux dont il est extrêmement difficile de donner une
définition exhaustive. On va s'en servir dans tel ou tel cas concret,
dans telle ou telle situation concrète, qui va nous paraître un
cas d'application de ce critère, mais qu'est-ce que c'est
l'intérêt public? C'est un beau sujet de dissertation, c'est
à peu près tout au fond. Je pense que cela n'avancera pas
beaucoup le débat de s'étendre sur cela. Le bon fonctionnement du
marché, je pense que c'est une notion fondamentale qui guide et inspire
notre action, laquelle, dans telle ou dans telle décision et dans telle
ou telle instruction générale, va servir de justification
à notre intervention. À ma retraite, j'écrirai
peut-être un article sur cela.
Le Président (M. Lemieux): Aviez-vous des commentaires,
Monsieur?
M. Legrand: Legrand.
Le Président (M. Lemieux): M. Legrand. Pardon, je
m'excuse. Avez-vous des commentaires, Me Legrand?
M. Legrand: Oui, j'aurais un commentaire, M. le Président.
Les commentaires de l'ACCOVAM à l'égard, entre autres, des
instructions générales dont M. Dandonneau vient de nous
entretenir - je pense qu'on s'en souviendra - n'étaient pas une critique
au mérite. Il n'y a certainement pas eu - et je suis d'accord avec M.
Dandonneau - il n'y a pas de caractère exorbitant là-dedans. Il
nous a semblé que cet exemple n'avait pas d'assiette dans la loi et que
ce n'était pas par accident qu'il n'y avait pas d'assiette; c'est ce que
le législateur a voulu. C'est le seul commentaire que j'ai à
ajouter. Par ailleurs, je suis très bien les commentaires de M.
Dandonneau. Il n'y pas de...
M. Guy: M. le Président, je pense que ce que M. Legrand
vient de dire est très vrai, mais il faut aussi réaliser - je
pense qu'on l'a dit cet après-midi - qu'il n'est pas vrai que les
commissions soient tenues aux mots stricts de la loi, parce que les commissions
ont des pouvoirs vastes et discrétionnaires. En Ontario, la
règle, c'est l'intérêt public. L'intérêt
public est beaucoup plus vaste que la mission qui est confiée à
la commission dans la loi actuelle. On peut à peu près tout faire
dans l'intérêt public et c'est le critère qui quide, en
fait, les décisions de la commission de l'Ontario pour établir
des instructions générales sur des sujets qui ne sont absolument
pas régis par la loi et dont on ne parle même pas dans la loi dans
bien des cas, et pour rendre des décisions dans d'autres
circonstances.
L'intérêt public est le critère qui guide l'action
de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario. Nous avons
préféré, lorsque nous avons fait nos recommandations au
gouvernement en 1982, lors de la réforme de la loi, établir quand
même la mission ou l'objet de la loi - en fait, c'est la même chose
dans mon esprit - d'une façon un peu plus précise. Au lieu de
dire que la commission exerce son activité dans l'intérêt
public, ce qui est le critère en Ontario, on a voulu établir
quand même des critères un peu plus précis que
l'intérêt public.
Je pense que le bon fonctionnement -je l'ai dit ce matin - c'est
l'efficacité des marchés financiers; cela fait partie du bon
fonctionnement d'assurer qu'il y ait une saine concurrence, qu'il n'y ait pas
de règles restreignant la concurrence; cela fait partie du bon
fonctionnement aussi. Il n'y a rien qui empêche une commission de valeurs
d'adopter des règles ou d'établir des instructions
générales, même si on ne parle pas du tout de ces
sujets-là dans la loi. Je pourrais souligner qu'en Ontario, on a 50
inscriptions générales et qu'au Québec, on en a 30. Il y
en a dans toutes les provinces; toutes les commissions des valeurs
mobilières en établissent.
Le Président (M. Lemieux): Mme
Parent-Johnson, voulez-vous ajouter quelque chose?
M. Guy: Je n'ai pas autre chose à ajouter.
Mme Parent-Johnson: Effectivement...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaîtl M.
Polak, s'il vous plaît, je vais vous passer la parole tout à
l'heure.
Mme Parent-Johnson: M. Guy mentionne que la Commission des
valeurs mobilières a pour mission de déterminer la concurrence.
Si je me souviens, avant la suspension des
travaux, M. Dandonneau a mentionné qu'il y avait une disposition
à l'article 176 de la Loi sur les valeurs mobilières concernant
les règles et les règlements de la Bourse de Montréal,
ainsi que la concurrence. J'aimerais préciser et vous lire cet article
pour vous démontrer dans quelle perspective la Commission des valeurs
mobilières peut régir la concurrence, et les mots sont
importants: "Toute disposition des documents constitutifs, du règlement
interne ou des règles de fonctionnement d'un organisme
d'autoréglementation qui a pour effet de restreindre la concurrence e3t
soumise à la commission, qui l'autorise dans la mesure où elle la
juge nécessaire à la protection des épargnants. "
De là, il est nécessaire de revoir ce que la Bourse a
mentionné aux pages 3 et 4 de son mémoire lorsqu'elle fait la
distinction entre l'objet et la mission de la Commission des valeurs
mobilières. La loi dit que la Commission des valeurs mobilières a
pour objet l'administration de la loi et, en plus de ce que l'on dit dans la
loi sur les valeurs mobilières de l'Ontario, au Québec, on ajoute
quatre critères pour déterminer ce qu'est l'objet de
l'administration de la Loi sur les valeurs mobilières. On mentionne: le
bon fonctionnement du marché, la protection des épargnants,
régir l'information, encadrer l'activité des professionnels. (20
h 30)
Mais n'oublions pas, si on lit bien, à la page 3, que les points
2, 3 et 4 de la mission sont très bien déterminés dans la
loi. Mais en ce qui concerne le point 1, favoriser le bon fonctionnement du
marché, il n'y a pas de section dans la loi qui dit ce que c'est. Par
ailleurs, lorsqu'on s'adresse aux règles et règlements du
document constitutif de la Bourse et qu'on parle de la concurrence, le
législateur a bien précisé que c'est soumis à la
commission, qu'elle doit l'autoriser dans la mesure où elle le juge
nécessaire â la protection des épargnants. Ce que l'on dit,
c'est que tout ce qui est de nature économique doit être
relié à la protection des épargnants. C'est
l'intérêt public de l'Ontario. Dès lors, elle a une mission
très circonscrite de surveillance des marchés, bien sûr,
mais dans la mesure où c'est nécessaire pour la protection des
épargnants.
M. Guy: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, Mme
Parent-Johnson?
Mme Parent-Johnson: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. Guy, s'il vous
plaît.
M. Guy: Je ne veux pas entrer dans un débat de
sémantique et je ne veux pas faire la bataille...
Le Président (M, Lemieux): Non, on aimerait que vous soyez
concret effectivement.
M. Guy:... sur ce qu'est l'objet d'une mission. D'après
moi, c'est la même chose. ' Je ne veux pas argumenter
là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Après, c'est M.
Bélisle et M. le député de Sainte-Anne.
M. Guy: Cette question-là ne m'apparatt pas importante.
J'ai mentionné la concurrence comme étant un exemple de bon
fonctionnement du marché. Je n'ai pas dit que c'était seulement
le bon fonctionnement du marché. La loi sur les valeurs
mobilières de l'Ontario ne définit nulle part ce que c'est
l'intérêt public. On ne dit pas: Voici l'intérêt
public. Non. On dit que la commission exerce sa discrétion dans
l'intérêt public. On ne dit pas ce que c'est.
Alors, est-ce qu'il est nécessaire de dire dans notre loi ce
qu'est le bon fonctionnement du marché? J'assimile cela à
l'intérêt public. Ce n'est pas nécessaire, je pense, de
dire dans le nombre d'articles qu'on voudra: Voici, c'est le bon fonctionnement
du marché. Cela ne m'apparaît pas utile de faire cette
définition-Ià. Je pense que cela n'aide pas du tout au
débat. L'intérêt public, c'est l'intérêt
public. Le bon fonctionnement du marché, c'est le bon fonctionnement du
marché.
M. Garon; Définir l'intérêt public dans l'abstrait,
c'est assez compliqué.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis. M. le député de Mille-Îles. Est-ce qu'il y a
des députés qui veulent intervenir? M. le député de
Mille-Îles, vous avez demandé la parole.
M. Bélisle: Je vais laisser le député de
Lévis continuer sur sa lancée. Après, j'interviendrai.
M. Polak: Non, non, c'est une petite lancée à
côté.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaîtî M. le député de
Mille-Îles, allez-y. Vous aviez demandé la parole.
M. Polak: Oubliez la lancée. M. Bélisle: Moi,
je...
Mme Hovington: Est-ce que le député de Lévis
était sur une lancée?
M. Polak: II ne lance plus.
M. Garon: On n'a pas encore compté. Une voix: II
lance et compte. Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M, Lemieux): M. ledéputé de Mille-Îles.
M. Bélisle: Sans faire de débat de
sémantique et pour poser clairement la question, peut-être que je
me trompe, mais, M. Guy, je suis enclin à partager l'opinion des
personnes qui disent qu'il n'y a pas de fondement comme tel dans la loi.
Quand je regarde l'article 176 qui a pour effet de restreindre la
concurrence, c'est pour un organisme de fonctionnement en matière
d'autoréglementation. Quand vous me parlez de la concurrence, on peut
parler de la concurrence pure et parfaite, de la concurrence presque parfaite
ou totalement imparfaite où vous êtes obligé d'intervenir
par suite d'un manque d'information échangée entre les
intervenants dans un marché.
Quand je regarde le texte à l'annexe 3, je me
réfère au nombre d'intervenants produit dans le mémoire de
la Bourse de Montréal, c'est bien évident que n'importe quel
marché a les germes et les ingrédients d'autocorrection. Un
équilibre, ce n'est jamais défini à l'infini. C'est
toujours indéfini et en mouvement constant.
Vous me parlez de prix, de détermination de prix de valeurs
d'actions à l'émission; j'écoutais M. Dandonneau en fin
d'après-midi et j'ai presque perdu mon chapeau quand vous m'avez
parlé de l'Office de la protection du consommateur. Il n'est nullement
question dans la Loi sur la protection du consommateur de déterminer le
prix qu'un consommateur doit payer pour une paire de culottes ou pour une
automobile.
Je ne pense pas que c'est cela, le but de la loi. Le but de la loi,
c'est de donner des mécanismes et des modalités dans l'exercice
de la volonté du consommateur. Quand j'applique cela, que ce soit la
quantité achetée, que ce soit la qualité, ou quand on
parle de restriction dans des actions, le droit de vote, on parle de la
qualité d'une action. Bien, il n'y a pas de disposition dans la Loi sur
la protection du consommateur qui oblige tel consommateur à prendre une
paire de culottes plutôt qu'une autre..
Le législateur n'a pas voulu cela. En tout cas, c'est ainsi que
je le vois. Je comprends très mal que votre vision de la
réglementation économique s'adresse à des critères
de prix, des critères de qualité comme les qualités et les
restrictions reliées aux actions. Je m'excuse, mais je suis perdu.
Regardons le bon fonctionnement de l'article 276: si le législateur
avait voulu imposer une condition de concurrence pure et parfaite, ne vous
inquiétez pas, il vous aurait mis, à l'article 276, le terme
"concurrence" au sous-paragraphe 1°. La question que je me pose ou celle
que M. le Président vient de me souffler à l'oreille...
Le Président (M. Lemieux): C'est vraiment informel...
M. Garon: C'est la première fois qu'un
député admet qu'il est perdu.
M. Bélisle: Ah! Je ne suis pas perdu! M. le
député de Lévis.
M. Garon: Dites-vous cela?
M. Bélisle: Non, on est dans une...
M. Garon: C'est la première fois qu'un
député admet qu'il est perdu.
M. Bélisle: M. le député de Lévis,
vous savez que je ne suis pas perdu. S'il y en a un dans le groupe qui n'est
pas perdu, c'est moi. C'est tout simplement pour faire un arrimage dans le but
de faire une table ronde, mais quand êtes-vous satisfait? Y a-t-il une
limite extrême où vous êtes satisfait, où vous
atteignez la norme de bon fonctionnement total du marché? C'est
peut-être cela le fond du débat; quelle est votre limite
extrême? Dans le fonctionnement du marché, vous n'êtes
jamais satisfait; c'est un objectif louable de ne jamais être satisfait;
c'est sûr qu'on n'est pas tous excellents, moi le premier. Je me pose la
question.
M. Polak: Nous ne sommes pas unanimes, n'est-ce pas?
Le Président (M. Lemieux): C'est cela, M. Guy, nous
aimerions... Pourriez-vous répondre?
M. Guy: II est très facile de répondre à
cette question. On ne peut répondre à cette question-là,
comme je ne peux pas dire à quel moment je serai satisfait et
l'intérêt public protégé. Chaque cas est ponctuel.
On va déterminer si c'est dans l'intérêt public ou non. Je
ne peux pa3 vous dire à l'avance: Voici ma liste d'intérêt
public. Bien non, cela ne marche pas, je ne peux pas vous dire cela, c'est
impossible. C'est la même chose pour le bon fonctionnement du
marché. Vous parlez de fixation de prix. Je suis bien content que vous
posiez cette question, parce que la commission ne veut pas intervenir dans la
fixation du prix.
M. Bélisle: Et elle n'intervient, jamais! M. Guy:
Je n'ai pas dit cela! M. Bélisle: Bien...
M. Guy: Faites attention, j'ai dit: La commission ne veut pas
intervenir, c'est très différent. La commission est intervenue
dans des questions de fixation de prix en application de la Loi sur les
impôts. Il y a peut-être eu quelques autres cas, mais il est
très rare que la commission intervienne. Je ne veux pas dire qu'il n'y a
pas eu de cas, il y en a eu, mais ils sont très rares. En
général, la commission ne veut pas intervenir dans la fixation du
prix; elle est intervenue parce que la Loi sur les impôts impose à
la Commission des valeurs mobilières l'application de certains articles
qui nécessite de se poser des questions sur le prix, mais ce n'est pas
un pouvoir que la commission a demandé ni qu'elle veut; on ne veut pas
ce pouvoir-là...
M. Bélisle: M. Guy.
M. Guy:... mais on l'a et on l'exerce parce que la loi nous
impose le fardeau de l'exercer.
M. Bélisle: M. Guy, dans le cadre de cet échange,
je veux bien que vous compreniez que c'est un échange franc,
direct...
M. Guy: Oui, absolument.
M. Bélisle: Pas de chicane avec vous, n'est-ce pas? On
veut essayer de savoir...
M. Guy: Non, non, je suis bien conscient de cela, c'est pour cela
que je dis cela.
M. Polak: Table ronde!
M. Bélisle: Quand vous établissez une règle
de X fois le prix de la valeur des actifs corporels...
M. Guy: C'est justement dans l'application de la Loi sur les
impôts, ce n'est pas une disposition de la Loi sur les valeurs
mobilières, c'est une charge qu'on ne veut pas, qu'on a, qu'on nous a
confiée, mais qu'on ne veut pas nécessairement. On a
déjà dit qu'on ne voulait pas cette charge, mais on nous impose,
à nous, d'appliquer cette règle. Il faut être très
conscient de cela. Ce n'est pas notre loi. On n'a pas le choix d'exercer un
pouvoir] on ne nous dit pas: Vous allez l'exercer quand bon vous semble; on
l'exerce parce qu'on doit l'exercer.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): M. Guy, comment interprétez-vous...
Il ne faut pas faire de guerre de mots, mais dans la mission que vous avez et
qui est la protection... Y a-t-il moyen, M. le Président, de demander au
député de Sainte-Anne d'arrêter de jaser?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît, par respect pour...
M. Polak: J'étais en train de réagir à votre
intervention.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne.
Mme Hovington: Le député de Bertrand est-il reparti
sur une guerre de mots?
Le Président (M. Lemieux): Non, Mme la
députée de Matane, je pense que M. le député de
Bertrand a le droit de parole...
Mme Hovington: C'est une maladie de parti.
Le Président (M, Lemieux):... et c'est avec raison que je fais la
remarque au député de Sainte-Anne.
M. Parent (Bertrand): Ce n'est pas la première fois, il
parle depuis tantôt.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Bertrand, vous avez raison, vous pouvez continuer.
M. Garon: Vous connaissez mal le député de
Bertrand...
Une voix: Après, il va s'agir...
Le Président (M. Lemieux): M, le député de
Bertrand, voulez-vous continuer...
M. Bélisle:... sur la réunion.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Mille-Îles, M. le député de
Lafontaine.
M. Polak: Ça va mal! Ça va mal!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, allez-y, s'il vous plaît. S'il vous plaît, M. le
député de Sainte-Anne! S'il vous plaît, M. le
député de Bertrand, continuez.
M. Parent (Bertrand): À l'article 276, la commission a
comme mission d'assurer la protection des épargnants contre les
pratiques déloyales, contre des pratiques abusives, dans la fixation des
prix, mais dans les faits, vous n'avez pas à intervenir. Vous ne voulez
pas intervenir, sauf qu'il est arrivé des cas où vous avez eu
à intervenir, en tout cas, d'après ce qu'on a eu comme
information. Mais cela peut être à propos
d'informations par exemple, sur les utilisations ou les buts poursuivis
ou la façon dont se fait les différentes émissions
où il y a de l'information que vous jugez ou vous aurez à juger
quant à la pertinence du danger de fraude face à
l'épargnant.
Ce que je veux dire, c'est que la commission a cette mission de
protéger les épargnants. Il me semble, d'après les propos
que vous avez tenus tantôt, que vous vous en dégagez un peu en
disant: C'est très large. En notre âme et conscience, nous allons
jusque-là. Mais je ne sais pas jusqu'à quel point on peut
clarifier cette dimension de votre mission. Ce me semble fondamental, parce que
si vous ne le faites pas... On a utilisé les mots
précédemment, cet après-midi, de rôle de police, de
chien de garde, si vous me passez l'expression, pour être bien sûr
qu'il y a quelqu'un quelque part qui a mis une étampe d'approbation.
Je me souviens de certains cas où beaucoup de questions sont
posées dans l'opinion publique. De là, toute la
crédibilité du système fait en sorte que seule la
Commission des valeurs mobilières peut donner le timbre ou le feu vert
et dans votre interprétation de protection des épargnants contre
les pratiques déloyales abusives, "abusives", cela peut aller
très loin. Cela peut aller jusqu'au cas très pratique qui
concerne le prix de l'émission où vous ne voulez pas intervenir.
Je pense que cette dimension-là doit être clarifiée et
définie. J'aimerais savoir comment, dans les faits -même si c'est
du cas par cas, je veux bien le comprendre - où cela commence et
où cela se termine.
Le Président (M. Lemieux): M. Guy et, après, M.
Renaud de la Bourse de Montréal.
M. Guy: II est très clair dans mon esprit et je n'ai aucun
doute que la commission a le pouvoir d'intervenir dans la détermination
du prix, dans les cas, bien entendu, où elle est justifiée de le
faire. C'est différent de dire que la commission ne veut pas intervenir
dans la détermination du prix, sauf pour des cas d'exception. Il peut y
avoir des cas qui sont nettement abusifs et la commission pourrait être
blâmée d'intervenir et cela peut être des cas où la
négociation sur le prix ne se fait pas entre des personnes
indépendantes. Il y en a beaucoup comme cela dans des placements. Il y a
beaucoup de cas de sociétés en commandite. Je ne parle pas
nécessairement des placements REA, mais il y a d'autres types de
placements où les intermédiaires ne sont pas
nécessairement indépendants de l'émetteur.
Il peut fort bien arriver des cas comme cela, où la commission
pourrait être fort bien justifiée d'intervenir et dire: Cela n'a
pas de bon sens. C'est différent que de demander si la commission a ce
pouvoir-là. Je pense qu'il n'y a pas doute. La commission a ce
pouvoir-là.
Maintenant, dans les cas où les négociations sur la
détermination du prix se font entre un émetteur et un courtier
indépendant, il n'y a pas de raison, sauf exception très rare,
que la commission intervienne. J'ai cité les cas où la commission
est intervenue: c'est en vertu de la Loi sur les impôts. C'est une
question que je trouve très différente, parce qu'on applique les
dispositions d'une loi. En fait, on nous dit: Voici, ces dispositions, c'est la
commission qui va les appliquer. Ce n'est pas dans la Loi sur les valeurs
mobilières. Si c'était en fonction de la Loi sur les valeurs
mobilières, la commission n'interviendrait pas dans ces cas. Je pense
qu'on n'interviendrait pas évidemment dans les cas où on
blâme la commission d'être intervenue. On ne serait pas intervenu
en vertu de la Loi sur les valeurs mobilières, parce que ce
n'étaient pas des cas qu'on pourrait appeler abusifs ou frauduleux,
etc.
Mais, en vertu de la Loi sur les impôts, on n'a pas le choix, on
doit appliquer des dispositions. Il n'y a pas cinquante façons de les
appliquer. Une des façons, c'est de déterminer si le prix est
satisfaisant par rapport au prix que les dirigeants ont payé, etc. Cela,
c'est une autre question. Je ne sais pas si ma réponse est assez claire.
Il n'y a pas de doute que la commission peut et doit intervenir dans les cas
nettement abusifs, mais, en général, dans les cas où les
négociations sur un placement se font entre un courtier totalement
indépendant et un émetteur indépendant qui n'a pas de
relations avec ce courtier, il n'y a pas de raison, sauf pour des cas
d'exception très rares, pour que la commission intervienne. (20 h
45)
Le Président (M. Lemieux): M. Renaud de la Bourse de
Montréal.
M. Renaud: De l'ACCOVAM.
Le Président (M. Lemieux): De l'ACCOVAM, excusez-moi.
M. Renaud: Merci.
Le Président (M. Lemieux): C'est parce que je voyais Mme
Beauchemin à côté de vous.
M. Renaud: Le plaisir est pour moi. On avait une question
concernant Q-8, l'utilisation de Q-8 et sa relation avec la Loi sur les
impôts. Je demanderais à M. Godbout de notre association de poser
la question.
M. Godbout: Je saisis mal la relation entre la Loi sur les
impôts et la question de la détermination du prix d'une
nouvelle
émission, puisque, si je comprends bien, ce à quoi vous
faites référence, ce sont les règles du Régime
d'épargne-actions, alors que ce à quoi nous faisons
référence plus particulièrement dans notre mémoire,
c'est l'énoncé Q-8. Par le biais de règles d'écrou
et de multiples de valeurs aux livres, on arrive effectivement à
déterminer un prix maximum lors d'un financement. Il est arrivé,
dans des circonstances que j'ai vécues personnellement, que cette
instruction générale Q-8 ait été utilisée
dans des circonstances un peu surprenantes. Cela ne sert à rien
d'essayer de citer des cas précis. Ce n'est pas ce qu'on veut faire ce
soir, mais je pense que ce qu'on essaie de souligner, c'est que l'instruction
générale Q-8, dans son application et son effet, a, assez
fréquemment, pour effet de fixer le prix d'une émission. Et nous
avons certaines difficultés à accepter ceci.
M. Guy: L'instruction générale Q-8 a
été fondée, en grande partie, sur des règles de la
Bourse de Toronto, au départ. Ce sont des règles qui ont
été établies par un organisme d'autoréglementation.
C'est une instruction qui a été longuement négociée
avec la Bourse de Montréal et qui a fait l'objet de longues discussions
et, je pense, de consensus. Je ne pense pas me tromper en disant cela. M.
Lortie a longuement participé à ces discussions. Il était
d'accord avec les dispositions de cette instruction générale. Je
ne veux pas dire qu'il n'y a pas eu quelques divergences sur certains articles,
mais je parle dans l'ensemble. C'est une instruction qui existe
également en Ontario et en Alberta. Alors, il ne s'agit pas de
règles particulières au Québec. Nous ne voyons pas cette
instruction comme étant une instruction qui fixe les prix. C'est
plutôt une question de normes que de prix.
Il est possible - et je ne veux pas du tout le nier - qu'on ait
appliqué cette instruction d'une mauvaise façon, dans des cas
particuliers. Si c'est arrivé, c'est malheureux, mais je ne pourrais pas
promettre ici que cela n'arrivera pas à l'avenir. Je pense que le
personnel de la commission fait son travail de la façon la plus
professionnelle possible. C'est fort possible que, dans certains cas
d'émission, ils interprètent ou appliquent les règles
d'une façon qui est peut-être trop sévère, en
définitive. Cela peut arriver et ce sont des cas qui vont probablement
se produire encore. Mais je pense que ce n'est pas la norme. En
générai, l'application de ces règles se fait d'une
façon assez uniforme et il faut éviter qu'il y ait ce genre de
cas. Je suis bien d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Mme
Beauchemin, de la Bourse de Montréal.
Mme Beauchemin: Premièrement, j'aimerais dire qu'on
s'engage, à mon avis, dans un débat qui n'a pas sa place à
cette commission parlementaire. J'aimerais faire quelques commentaires sur ce
qui a été mentionné précédemment. Nous
n'avons pas parlé des deux instructions générales Q-4 et
Q-8 dans notre mémoire, mais, puisqu'il en a été question
dans la discussion, j'aimerais faire quelques commentaires. Je ne suis pas
d'accord avec le président de la commission pour dire que l'instruction
générale Q-8 vient de la réglementation de la Bourse de
Toronto. Au contraire. C'est une amélioration significative par rapport
aux problèmes qui existaient dans la réglementation de la Bourse
de Toronto.
M. Guy: Je ne le nie pas.
Mme Beauchemin: Deuxièmement, c'est aussi une
amélioration significative par rapport à la situation existant au
Québec. La Bourse s'était opposée à
l'administration, par la commission, de pouvoirs qui n'étaient
peut-être pas dans l'instruction générale qui
précédait Q-8 et nous avons eu des discussions très
longues avec la commission à ce sujet. Est-ce que l'instruction
générale Q-8 intervient dans le mécanisme de fixation des
prix? Indirectement peut-être que oui. Il faut comprendre le fondement de
l'instruction générale Q-8. Je pense qu'on entre dans les
détails de l'administration de la réglementation des valeurs
mobilières. L'instruction générale Q-B vise à
déterminer, pour la protection des épargnants, combien les
fondateurs d'une compagnie devraient retenir de l'entreprise lorsqu'ils offrent
au public de participer à l'entreprise. Évidemment, il y a une
certaine implication sur le prix de l'émission puisqu'on essaie de
déterminer ce que les fondateurs mettent dan3 l'entreprise par rapport
à ce qu'ils vont chercher dans le public. Nous n'en avons pas vraiment
discuté, nous avons parlé de fixation des prix, mais ce qu'on
visait, c'était plutôt la question de l'administration des
dispositions de la Loi sur les impôts...
Le Président (M. Lemieux): Vous terminez, Mme
Beauchemin?
Mme Beauchemin:... peut-être, un petit peu plus.
Le Président (M. Lemieux): Si vous avez quelque chose
à ajouter, allez-y.
Mme Beauchemin: C'est parce qu'on a soulevé des points.
Comme je vous l'ai dit, je ne suis pas d'accord avec ces points.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, madame.
Mme Beauchemin: Ce n'est pas ici qu'on devrait en discuter, mais
puisqu'on les a soulevés, j'aimerais apporter quelques
précisions. L'autre chose, c'est la question de l'administration par la
commission des dispositions de la Loi sur les impôts. La Bourse s'est
aussi opposée à cette administration à cause de la
façon dont cela est survenu. Ces dispositions existaient dans la Loi sur
les impôts depuis deux ans et soudainement, parce que le marché
demandait des prix d'émission beaucoup plus élevés, la
commission a commencé à intervenir. Nous, nous sommes
opposés. Je crois réellement que ce n'est pas l'endroit pour
discuter de ces détails. Je crois que le mécanisme de discussion
entre la commission et la Bourse... Les discussions sont là, nous nous
opposons au fait qu'on doive intervenir lorsqu'il y a des gestes qui sont
posés. Une fois qu'on intervient, on s'entend. C'est tout ce que je
voulais dire.
Le Président (M. Lemieux); La dernière intervention
sur le sujet, M. Desaulniers.
M. Desaulniers: Si vous me permettez de continuer pour ma
collègue, Mme Beauchemin, il y a eu des négations sur le
bien-fondé de certains points du mémoire de la Bourse.
J'espère, cependant, que la CVMQ conviendra avec nous que le titre de
cette commission parlementaire s'appelle:
Commission du budget et de l'administration de l'Assemblée
nationale avec comme objet la Commission des valeurs mobilères du
Québec. La Bourse de Montréal a déposé son
mémoire. Tout le monde a eu la chance de le voir. La Bourse de
Montréal maintient essentiellement ses positions. On pense qu'on
s'écarte de l'objet de la commission parlementaire qui porte quand
même sur la Commission des valeurs mobilières et sur les
ressources pour l'année qui vient entre autres. On pense que le grand
procès de la commission - il y aura un projet de loi en 1988 - ce n'est
pas le rendez-vous pour lequel on est venu.
Quand on a parlé de réglementation économique, bien
sûr, on a dit ce qu'on avait à dire. Cependant, il y avait
là-dedans une notion budgétaire également - pas
uniquement, mais également - qui voulait dire qu'on a peur qu'avant de
nous taxer directement comme usagers il y ait des ressources de la commission
qui devraient appartenir à d'autres gens, aux soi-disant usagers qui
sont déjà obligés d'aller s'acheter des permis pour
émettre, pour être courtiers ou pour n'importe quoi. Il a des
usagers qui ne vont pas directement aux guichets de la commission pour
s'acheter des permis d'une sorte ou de l'autre et qui, d'après nous,
doivent contribuer au budget général de la commission, parce
qu'elle remplit souvent les fonctions du ministère de la Justice ou
même de l'Office de la protection du consommateur, si vous voulez
contester.
Ce que la Bourse veut dire et je pense que c'est tout ce qu'elle veut
dire aujourd'hui: c'est qu'on ne peut pas tout refaire ce soir. On conteste
certaines affirmations de M. Dandonneau, à savoir que
l'intérêt public est académique, cependant, c'est un peu
pour le taquiner, parce que j'espère que ce n'est pas ce qu'il voulait
dire. J'ai vu les députés se taquiner un peu; nous pouvons
commencer, nous aussi. Avant de nous permettre un visa, vu qu'on a
déjeûné de bonne heure, ce matin, on prierait la commission
parlementaire de s'assurer que la loi 88 pourra voir à autre chose, je
pense; on aura le temps de mieux orchestrer le débat; c'est
peut-être une bonne répétition générale
aujourd'hui pour plusieurs parties; on pourra peut-être s'entendre sur
quelques affaires d'ici là; ce sera moins d'ouvrage pour la commission
parlementaire de cette époque - s'il y en a une - de s'assurer que la
Commission des valeurs mobilières du Québec ait quand même
les ressources suffisantes. Peut-être qu'elle peut couper ailleurs,
peut-être qu'elle ne peut pas. On n'est pas ici pour faire un
procès de gestion interne, pour dire s'il devrait y avoir deux personnes
là au lieu de trois. La Bourse de Montréal trouve important que
la commission soit relevée de certaines obligations et missions
économiques, mais elle veut dire aussi qu'il est important pour tout le
secteur financier - on ne parle pas seulement pour la Bourse, mais pour tout le
secteur financier - que la commission ait les ressources suffisantes,
particulièrement au service des prospectus, au service des
enquêtes.
Le Président (M. Lemieux): M.
Oesaulniers, effectivement, nous ne sommes pas ici pour faire le
procès de la Commission des valeurs mobilières du Québec.
Vous savez que, dans notre mandat, nous devons aussi regarder l'orientation et
les activités de gestion de la Commission des valeurs mobilières.
Alors, l'orientation, c'est aussi un bien grand mot et un bien grand terme qui
peut nous conduire à bien des chemins. C'est en ce sens que ce
débat a été entamé sur ce premier point;
abstraction faite de ce premier point, dans la réglementation
économique par rapport à l'administration de la loi, avez-vous
des choses à ajouter, des choses à dire?
M. Bélisle: Peut-on dégager des consensus?' Peut-on
essayer cela?
M. Guy: Je dirais que...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Guy:... si on a réussi à faire le
travail qu'on avait à faire l'année dernière, on ne
doit pas être si mauvais gestionnaires que cela, quand même.
M. Bélisle: Ce n'est pas du tout notre but de juger. Ce
que j'aimerais savoir, M. le Président, si vous me le permettez...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Iles.
M. Bélisle: Peut-on, après une journée
d'audition - on ne fera pas de miracle dans les 45 minutes qui restent...
M. Polak: Demain matin.. *
M. Bélisle:... peut-être demain matin, comme le dit
le député de Sainte-Anne, de dégager peut-être
quelques consensus? M. Guy, la proposition dans votre question A: "La
commission peut identifier plus de 30 activités et plus de 100 pouvoirs.
Il est absolument impossible avec les ressources dont nous disposons et dans
les délais qui nous étaient imposés... " Oui ou non?
Pensez-vous être capable dans un délai plus long de faire
déjà un bout de chemin sur ce qui a été entrepris
aujourd'hui avec les autres personnes, la Bourse, i'ACCOVAM qui est ici? C'est
un consensus qu'on pourrait dégager.
M. Guy: Si vous me posez cette question, je vais être
très franc, cela m'apparaît comme un exercice futile. Je
répète ce que j'ai dit après midi et ce matin: Il n'y a
aucun doute que certaines autres fonctions peuvent être exercées
par la Bourse. Â l'intérieur des instructions
générales, par dispense bien souvent, on délègue en
quelque sorte et on n'a pas tout mentionné ce matin sur les options, sur
les mécanismes d'approbation des options. On a
délégué aux organismes d'autoréglementation, non
pas les options dans l'instruction générale, mais toutes les
nouvelles options qui sont négociées en Bourse. C'est
effectivement délégué aux organismes
d'auto-réglementation par décision générale des
commissions.
Il y a beaucoup de délégations qui ont été
faites comme cela dans le passé par dispense ou décision
générale des commissions. Cela va continuer et on est tout
à fait prêt à le faire, mais commencer à prendre
chaque pouvoir ou chaque activité de la commission et à les
analyser, cela m'apparaît, quant à moi, un exercice, à
toutes fins utiles, futile. On va perdre notre temps. On n'a pas le temps de le
faire, on n'a pas les ressources pour le faire, on n'a pas le goût de le
faire. Non, mais il y a quand même des activités que...
M. Bélisle:... il y a un ou deux consensus.
M. Guy: II y a quand même des activités qu'on ne
peut pas déléguer. On a mentionné (es prospectus, les
enquêtes, les inspections des intermédiaires qui ne sont pas
membres de la Bourse. Même si on s'interrogeait là-dessus pendant
deux mois, on ne pourrait pas déléguer cela. Il reste des
fonctions qu'on peut déléquer. C'est fort possible. On va
continuer d'examiner la situation, on va continuer de façon ponctuelle
à déléguer d'autres pouvoirs. Je pense que c'est exact,
mais pour faire un long exercice comme cela, il faudrait confier un mandat
à l'extérieur de la commission. Je pense que nous autres...
Le Président (M. Lemieux): Votre réponse est assez
claire, M. le président de la commission. M. le député de
Sainte-Anne, je vous donne les deux minutes que vous m'avez demandées
tout à l'heure. M. le député de Lévis, nous
passerons ensuite au deuxième point.
M. Polak: D'accord. Rapidement, pour ne pas perdre les deux
minutes, M. le Président, d'abord je veux nVexeuser auprès du
député de Bertrand que j'estime beaucoup. De temps en temps, je
me demande comment il se fait qu'il n'est pas de notre côté, mais
en tout cas, cela va venir peut-être. (21 heures)
Le Président (M. Lemieux): Mme Parent-Johnson. M. le
député de Sainte-Anne.
Communications entre la CVMO, la Bourse de Montréal et
l'ACCOVAM
M. Polak: M. le Président, nous sommes autour de la table
ronde pour la première fois depuis 1981. Je trouve cela
intéressant. Cela me fait penser un peu à l'époque
où je pratiquais le droit. J'ai beaucoup pratiqué le droit
familial. Pour la conciliation le juge nous disait: Allez donc voir votre
confrère. On courait entre mari et femme -pour le droit de visite, le
samedi après-midi de 17 heures à 19 heures. Mais c'était
un mariage à deux. Le problème, c'est qu'on a un mariage avec
trois parties. C'est compliqué, vous savez. J'ai compris une chose: il
faut se parler.
J'ai vu le mémoire des courtiers en valeurs mobilières et
j'ai assez critiqué; je ne suis pas du tout d'accord avec leur point de
vue dans l'intervention auprès de la commission. Je suis avec la
commission. Plus elle intervient, mieux c'est. Je suis un petit
épargnant et j'ai plus confiance en eux qu'en vous, mais je me pose une
question, à la page 10 du mémoire des courtiers - et je suis
d'accord avec vous - quand vous dites qu'on devrait former un comité
conjoint
composé, à titre d'exemple, de deux représentants
de la CVMQ, de la Bourse et de l'ACCOVAM, avec des rencontres
périodiques, comité qui pourrait avoir un effet
bénéfique quant aux activités de surveillance et de
contrôle en général.
Cet après-midi, j'ai reçu un appel
téléphonique d'un poste de radio de langue anglaise. J'ai dit:
Comment voulez-vous que je parle avec vous? On m'a répondu: Vous
êtes le seul qui parlez anglais, donc vous êtes le mieux
placé pour donner les commentaires sur ce qui se passe aujourd'hui.
Ils m'ont dit une chose: On a dit qu'il y a beaucoup de chicanes.
Va-t-il sortir quelque chose de positif? Maintenant, je pose la question aux
trois organismes: Seriez-vous prêts à suivre cette recommandation
et au moins commencer à en parler entre vous, avec chacun deux
représentants, parce que Mme Beauchemin nous a dit: C'est à
faire. On ne discute pas devant la commission. Mais on a le devoir de vous
forcer à vous parler entre vous. J'ai l'impression que vous ne vous
êtes pas suffisamment parlé. Je ne blâme personne parmi les
trois organismes. Je vous fais une suggestion: Pourquoi ne pas commencer
à vous parler rapidement? Je demande à chacun des trois
organismes: Étes-vous prêts à appuyer les recommandations
de la commission et tout ce que le gouvernement va dire? Ce serait merveilleux
d'avoir un "input" des trois organismes.
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
commission.
M. Guy: J'espère que je n'ai pas donné, et personne
d'autre, non plus, l'impression qu'il n'y a pas de communications. Cette
impression est fausse. Il y en a, mais comme je l'ai dit, elles ne sont pas
parfaites. C'est vrai, il y aura toujours certains conflits, certaines
divergences de vue entre un organisme de contrôle et les organismes
d'autoréglementation. On ne pourra pas éviter cela. Il y a des
communications et des consultations qui existent sur plusieurs dossiers. Le
marché hors cote en est un où il y a un comité consultatif
qui a été formé. Lorsque l'on a établi certaines
instructions générales, on a formé des comités. Il
y a des comités où, dans bien des cas, sur le régime
d'information continue, il y a eu un comité de formé par la
commission. Cela existe. Ce n'est peut-être pas parfait. Il est
évident qu'on est toujours prêts à essayer
d'améliorer les communications. Chacun ayant ses propres dossiers, ce
n'est pas toujours facile bien souvent, aussi bien de notre côté
que du côté de la Bourse ou de l'ACCOVAM, de se réunir pour
discuter de certaines choses.
Ce n'est pas que je pense qu'il n'y a pas de bonne volonté; cela
m'apparaît comme...
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M.
Guy?
M. Guy: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que les
représentants de la Bourse de Montréal et de l'ACCOVAM pourraient
nous donner leur opinion sur ce que vient de dire le député de
Sainte-Anne?
Mme Parent-Johnson: Effectivement, on exerce notre droit de
visite. Par ailleurs, comme on le mentionne dans le mémoire, nous
souhaitons que la participation se fasse dans la gestation des projets et non
pas à l'implantation, mais c'est une chose que l'on peut
améliorer et nous ne croyons pas à la structure d'un
comité permanent. Cela peut ajouter un peu à l'information, mais
cela ne veut pas nécessairement dire que la communication pratique
s'exerce. Nous pensons simplement à améliorer nos méthodes
de communication et d'échange d'information et non pas à un
comité permanent. Nous ne pensons pas non plus que la solution soit dans
un accroissement de budget ou de ressources monétaires.
Le Président (M. Lemieux): Oui, avez-vous terminé,
madame?
Mme Parent-Johnson: D'autre part, il existe, comme Mme Beauchemin
le mentionne, beaucoup de communications informelles et, très souvent,
c'est à ce moment que les choses s'accélèrent. Ce n'est
pas dans la structure comme telle, ce n'est pas dans un accroissement de
ressources financières.
Le Président (M. Lemieux): Y a-t-il un représentant
de l'ACCOVAM qui peut nous donner son opinion?
M. Godbout: Je peux donner un commentaire qui est peut-être
trop émotif. Ce n'est peut-être pas bon de le donner, mais je vais
le donner quand même.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, laissez-vous
aller.
Une voix: Consulte un avocat avant de parler.
M. Godbout: Comme vous avez pu le constater, il est vrai qu'il y
a une consultation informelle et des communications informelles. D'un autre
côté, si on part du principe que la commission semble avoir un
problème de budget, qu'elle semble vouloir déléguer des
tâches quelque part, on a essayé de trouver des solutions et
on se fait dire que c'est un débat futile. Je ne veux pas en
faire une question personnelle.
M. Polak: Non, non...
M. Godbout: On se demande un peu où on s'en va, ce que
cela va donner. C'est vrai, à ce moment-là, j'abonde dans le sens
de Mme Johnson, qu'est-ce que cela va donner de faire des comités si
c'est cela qui est... Je vois cela comme un problème commun au niveau de
l'industrie et il me semble que l'on devrait chercher les solutions en commun,
plutôt que d'essayer de tirer chacun la couverte pour développer
notre petit empire* Nous, comme courtiers, n'avons rien à construire,
nous n'avons pas de pouvoirs à aller chercher ou de pouvoirs à
défendre. Nous sommes tout simplement de misérables
administrés. Alors...
Le Président (M. Lemieux): Pour un financier
émotif, c'est très bien dit.
M. Godbout: Comme dernier commentaire, on a beaucoup parlé
d'essayer de définir ce qu'est le bon fonctionnement du marché
dans l'esprit de la commission. Pour nous, c'est loin d'être
académique, pour nous, c'est une préoccupation, parce qu'on ne
peut pas s'empêcher de dire que le bon fonctionnement du marché,
finalement, c'est nous qui le faisons. Le bon fonctionnement du marché,
avec tout le respect que je peux avoir pour la commission et même pour la
bourse, ce sont les courtiers qui le font marcher, et si le marché
marche mal, ce n'est pas la commission qui va le régler. Ils peuvent
aider, ils peuvent donner un encadrement, ils peuvent nous appuyer si on a des
problèmes particuliers. Quand il n'y a pas de marché, il n'y en a
pas et ce n'est pas la commission qui va le faire.
Par exemple, on pourrait parier du marché hors cote. On a
beaucoup parlé du marché hors cote. Cela fait cinq ans qu'on
entend parler du marché hors cote. Mme Beauchemin l'a souligné,
c'est devenu un peu plus d'actualité cette année. C'est vrai, les
volumes sont plus présents, mais il ne faut pas oublier que le concept
de marché hors cote inclut les obligations aussi, par exemple. Le
marché hors cote des obligations, on n'en a pas parlé aujourd'hui
et cela m'a étonné un peu. C'est quand même un
marché important dans la province de Québec et on reproche aux
courtiers, depuis des années, que ce n'est pas un marché assez
visible. Pourquoi n'est-ce pas assez visible? Que voulez-vous? C'est un
marché municipal, principalement, c'est un marché qui est
constitué d'une multitude d'émetteurs, en nombre innombrable et,
de plus, chaque municipalité fait un ou deux financements par
année et chaque financement est composé de tranches de 500 000
$,
Même si on voulait en faire un marché liquide, visible,
tout ce que vous voulez, même si vous achetiez le plus gros "computer" du
monde, vous n'y arriveriez pas. Cela va demeurer un marché entre
courtiers, avec des prix qui varient d'une journée à l'autre, qui
varient en fonction également de la grosseur de la transaction. Ce sont
toutes sortes de notions... Que voulez-vous que je vous dise? C'est la
réalité du marché et, quelquefois, on a l'impression qu'on
a beau l'expliquer, qu'on a beau le répéter, cela ne rentre pas.
On revient à la charge, on nous dit: Vous ne prenez pas vos
responsabilités de courtiers. Le marché, c'est le marché
et on essaie de le rendre le plus efficace possible, parce que c'est là
que cela va le mieux, que c'est là que cela rend le meilleur service
à nos clients. Les intervenants sont mieux servis, à ce
moment-là, mais ce n'est pas la commission qui va régler tous ces
problèmes, c'est certain.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. Godbout.
Est-ce sur la même lancée, Mme Beauchemin? Après, la parole
sera à M. le député de Lévis. C'est sur la
même lancée? Allez-y, Mme Beauchemin.
Mme Beauchemin: On parlait, justement, des activités du
marché. J'aimerais revenir sur quelque chose qui a été
mentionné plus tôt, alors qu'on disait que la charge de travail de
la Commission des valeurs mobilières n'était pas fonction de
l'activité du marché. Je ne suis pas d'accord avec cela. Je veux
dire que c'est tout à fait le contraire. La charge de travail de la
commission est totalement indépendante de l'activité du
marché. Si le marché est très actif, vous avez plus
d'intermédiaires qui entrent dans le marché. Si vous avez une
plus grosse activité, les courtiers sont surchargés et vous avez
donc des possibilités de plaintes des épargnants parce qu'ils
sont mal servis, donc des possibilités d'infractions. Si le
marché est plus actif, vous avez plus de financement public, parce que
vou3 avez un marché qui permet des financements primaires. Je voulais
juste revenir sur le point qui a été mentionné plus
tôt. J'ai une opinion tout à fait contraire à cela. C'est
la même chose pour la Bourse. C'est l'activité du marché
qui détermine la charge de travail, autant de la commission que de la
Bourse.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. M. Guy et
ensuite M. Desaulniers.
M. Desaulniers: Non,
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Desaulniers: C'est seulement pour
dérider M. Guy.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. Desaulniers.
M. Desaulniers: Un bon marché, c'est un marché qui
monte.
Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Lemieux): Monsieur Guy, s'il vous
plaît!
M. Guy: Je suis entièrement d'accord avec cela. Je pense
qu'il est important de préciser que je ne suis nullement en
désaccord avec ce qu'André Godbout a dit. J'ai expliqué
cet après-midi ce qu'il en était du marché hors cote.
C'est encore au niveau d'un comité consultatif par le personnel de la
commission. Ce n'est même pas rendu au niveau d'une recommandation
à faire à la commission pour ce que la commission devrait faire.
Alors, on est loin dans le temps. Je pense qu'il y a plusieurs étapes
à franchir avant que la commission dise: Voici, on va publier ce projet.
Mais cela m'apparaît très prématuré d'en discuter
à ce moment-ci. Je n'ai pas parlé d'activités de
marché. J'ai parlé de volume. J'ai dit qu'on ne doit pas faire
l'équation entre la différence de volume à
Montréal, la différence de volume à Toronto et la
différence de volume à Vancouver, et dire que cela a une
influence directe sur la charge de travail de la commission. Je suis
entièrement d'accord que l'activité du marché en
général a une influence directe. Je ne pourrais pas le nier.
C'est évident. Je pense qu'on n'est pas en désaccord
là-dessus. On ne s'est pas compris sur les mots, mais c'est
évident que je ne suis pas en désaccord là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Guy. M. Desaulniers,
avez-vous autre chose à ajouter?
Une voix: Le marché monte. M. Desaulniers: Non.
Ça va.
Complémentarité de la CVMQ et de la
Bourse de Montréal
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous d'autres remarques?
En guise de conclusion, est-ce qu'un comité permanent ne serait pas
nécessaire? Non? D'accord. Maintenant, au niveau du dédoublement
comme tel, est-ce qu'on peut mettre un mécanisme sur pied pour certaines
tâches? Est-ce que c'est possible de le faire? Est-ce qu'il y a des
tâches précises qui peuvent être identifiées? Il
pourrait y avoir une harmonie, une complémentarité au niveau du
fonctionnement de certaines tâches? Est-ce que quelqu'un pourrait
intervenir sur cela? Mme Beauchemin.
Mme Beauchemin: Dans notre mémoire, on a été
assez clair sur le fait qu'on ne demandait pas de nouvelle
délégation de la commission. On disait que la commission ne
devait pas refaire ce que la Bourse fait déjà. Il y a certains
aspects qui ont été discutés plus tôt et qu'on n'a
pas commentés. La question des enquêtes, par exemple. On en a fait
mention dans notre mémoire et dans l'annexe sur la surveillance. Il y a
de la collaboration en voie d'être établie entre la commission et
la Bourse à ce sujet. La Bourse est beaucoup plus proche du
marché; elle a donc un rôle beaucoup plus présent dans le
démarrage de ces enquêtes et dans les premières recherches
pour une telle enquête. Je crois donc qu'il est important de
reconnaître que la Bourse fait un effort très important à
ce niveau. (21 h 15)
II est nécessaire que la commission soit présente pour ce
qui est de l'exercice de ses pouvoirs qui dépassent largement les
pouvoirs de la Bourse. Si la Bourse fait une enquête préliminaire
et arrive à la conclusion qu'il peut y avoir une infraction à la
loi, elle écrit à la commission, lui explique les
résultats de son enquête préliminaire et demande la
permission de poursuivre avec ses pouvoirs d'enquête plus
détaillés. Je pense que c'est dans cet esprit qu'il est
nécessaire de continuer l'effort. Ce qu'on ne veut pas, c'est que toute
la première étape de l'enquête ou l'élaboration des
données et la vérification des faits se fasse autant par la
Bourse que par la commission. Nos membres, les courtiers, se retrouvent en ce
moment avec une charge de travail incroyable avec l'activité du
marché. La dernière chose dont ils ont besoin, ce sont deux
organismes de réglementation qui posent les mêmes questions...
M. Guy: Quelquefois, quatre.
Mme Beauchemin: Quelquefois cinq. C'est le point qu'on voulait
expliquer. Autant à la Bourse qu'à la commission - il y a
peut-être eu manque de communication -mais je pense qu'il y a un effort
important de collaboration à faire pour arriver à un
mécanisme qui soit sain et qui soit dans le meilleur
intérêt du marché et qui permette à la commission
d'accomplir son rôle de surveillance de façon efficace, tout en
reconnaissant que la Bourse a un rôle d'auto-réglementation
extrêmement important, parce qu'elle doit protéger son
marché, comme on l'a dit plus tôt.
Si on revient sur les transactions d'initiés, il ne faut jamais
oublier que la première personne à perdre de façon
significative dans les transactions d'initiés, c'est le
spécialiste sur le parquet de la Bourse. Si on se met dans la situation
des transactions de Boesky et de David Lèvine, de celui qui agit dans le
marché avec une information privilégiée, il arrive avec
des commandes très importantes soit d'achat ou de vente parce qu'il sait
ce qui va se passer. S'il achète, par exemple, parce qu'il sait qu'il y
a une offre publique intéressante qui s'en vient, celui qui est
"vivant", c'est le spécialiste. Le spécialiste est obligé,
en vertu des règles de la Bourse d'être la contrepartie de la
force du marché. Si tout le monde achète, le spécialiste
vend; si tout le monde vend, le spécialiste achète. Donc, la
Bourse ressent le devoir extrêmement important de protéger
l'intérêt de ses membres et de ses spécialistes qui sont le
fondement d'un marché efficace. Une chose qu'on demande à la
commission de reconnaître, c'est que la Bourse administre son
autoréglementation avec beaucoup de rigueur de façon à
protéger ses propres membres.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme Beauchemin. M.
Guy.
M. Guy: M. le Président, je pense que la commission est
très consciente et très soucieuse d'éviter les
dédoublements. On ne réussit pas toujours, mais je pense qu'on
fait des efforts de ce côté-là et on est prêt
à en faire plus. Il y aura toujours des dédoublements. Je pense
que la Bourse le dit dans son mémoire. C'est très exact: la
réglementation sur les valeurs mobilières ne s'étend pas
seulement aux membres de la Bourse ni aux sociétés qui sont
cotées en Bourse, mais à tous les autres émetteurs,
à tous les autres intermédiaires qui ne sont pas membres de la
Bourse. On ne pourra pas toujours éviter les dédoublements. Il y
a des règles de la commission qui sont les mêmes règles que
celles de la Bourse, dans certains cas. Il s'agit d'essayer le plus possible
d'éviter que ces règles ne soient appliquées par deux
organismes différents. C'est le jeu; ce n'est pas dans
l'élaboration de règles, mais bien dans l'application des
règles.
La surveillance du marché, c'est un exemple où il peut y
avoir un partage des responsabilités et une collaboration assez
étroite pour atteindre des objectifs d'une façon plus efficace.
Dans la mesure où la Bourse exerce une surveillance adéquate et
satisfaisante, la commission est prête - et on l'a déjà
fait, c'est un début - à collaborer à un partage des
responsabilités. Cela se fait aux États-Unis, c'est-à-dire
que les Bourses font une certaine pré-enquête, en quelque sorte si
je peux dire. Si elles notent des activités un peu anormales ou un peu
louches, elles envolent le dossier aux commissions de valeurs qui poursuivent
l'enquête avec leurs pouvoirs et qui vont plus loin.
Je pense que c'est un secteur où il peut y avoir une
collaboration très étroite et un partage des
responsabilités entre les deux organismes. Je n'y vois absolument rien
de négatif, au contraire. C'est un secteur qui commence - Mme Beauchemin
l'a dit - mais cela va certainement se poursuivre. Il y a certainement
intérêt à mettre en place des mécanismes de
collaboration peut-être plus formels, plus efficaces qu'actuellement.
C'est un peu à l'état artisanal, mais c'est quelque chose qu'on
peut mettre en place assez rapidement; il n'y a pas de problème de ce
côté-là.
Le Président (M. Lemieux): Vous voulez compléter
votre intervention, Mme Beauchemin? Oui.
Mme Beauchemin: Je veux préciser une chose. Ce à
quoi je veux m'opposer, c'est à une déclaration ou une
information qui a été mise sur la table plus tôt, lorsqu'on
a dit que la Bourse est sujette, dans l'administration de sa
réglementation, à des conflits d'intérêts. C'est une
chose qui revient souvent! parce que les membres de la Bourse sont des
courtiers et que les courtiers ont intérêt à profiter de
ceci et de cela, on dit qu'il y a des conflits d'intérêts dans
l'administration de la réglementation de la Bourse. Il est important de
le pondérer et de comprendre que la Bourse est quand même
structurée avec du personnel qui n'est pas du tout des employés
des membres, quoiqu'il soit évident que ce sont nos
propriétaires.
Autre chose. Le Conseil des gouverneurs de la Bourse comprend une
proportion importante de gouverneurs publics qui sont là justement pour
mettre de la pondération dans cette situation. Comme je le rappelais
tout à l'heure, la protection de nos membres, c'est la protection du
public aussi. Le personnel de la Bourse administre la réglementation de
la Bourse vraiment en vue de protéger l'intégrité du
marché de la Bourse et c'est comme cela qu'on protège
l'intérêt de nos membres. Si on protège
l'intégrité de notre marché, on protège les
épargnants.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme Beauchemin. M. le
député de Bertrand et, après, M. le député
de Lévis va sans doute conclure pour l'Opposition et M. le
député de Mille-Îles, pour le parti ministériel. M.
le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je voulais faire quelques commentaires
à la fin de cet exercice qui, soit dit en passant, s'inscrit dans un
travail que la commission a décidé de faire, à savoir
l'examen des orientations et des activités de la Commission des
valeurs mobilières.
À entendre les propos du président tantôt, on a un
peu l'impression qu'on était perçu - vous me passerez
l'expression -comme une commission d'enquête. On n'est pas là pour
jeter le blâme sur qui que ce soit. Vous dites, M. le président:
Je pense qu'on n'a pas été de si mauvais gestionnaires que cela,
pour ce qui est de l'année dernière. Personne ne pense que vous
êtes de mauvais gestionnaires. Je perçois ainsi le rôle
qu'on s'est donné ici à la commission... Si des parlementaires
ont décidé d'examiner et d'essayer de voir si on pouvait
améliorer le système, c'est parce qu'on avait tout lieu de croire
qu'on pouvait peut-être faire quelque chose.
J'ai trouvé un peu dommage tantôt vos propos, je les ai
trouvés même inacceptables parce que vous avez été
assez sévère quant à la façon qu'on procède.
Peut-être qu'on s'y est mal pris, peut-être qu'on a pris de
mauvaises pistes, mais je peux vous dire une chose: nous sommes remplis de
bonne volonté des deux côtés de l'Assemblée. On a un
seul but, et ce n'est pas d'être des médiateurs entre la Bourse,
les courtiers et la commission. On sent qu'il y a des malaises. Ce n'est
sûrement pas en commission publique qu'on peut régler tous ces
problèmes, mais l'exercice de la démarche qu'on fait aujourd'hui
est quand même important. Si on ne rétablit pas ces
faits-là, nous devrons continuer quand même notre travail
après; on aura à travailler ensemble et on voudrait
déboucher sur des choses concrètes.
À partir du moment où on en vient à toucher un peu
à la gestion - non pas qu'on doit vous dire ce que vous avez à
faire, mais on essaie de comprendre - on a un peu l'impression de se faire
dire: Écoutez, ne venez pas jouer dans nos plates-bandes. En tout cas,
c'est ce que j'ai perçu et je trouve cela dommage. Ce n'est pas nous,
les parlementaires de la commission du budget et de l'administration, qui
allons surveiller la collaboration de la Bourse par la suite et voir si vous
continuez de vous parler. Vous êtes des adultes. Mais on aimerait bien,
par exemple, que le résultat net de cela soit qu'à la fin, cela
fonctionne mieux que cela fonctionne maintenant par rapport à ce qu'on
perçoit sur le marché et par rapport à la
préoccupation... Je pense que c'étaient, au départ, les
préoccupations que nous avions. On s'est entouré de
spécialistes, mais la perception en ce qui concerne la protection, parce
que c'est tout le marché financier, y compris les courtiers, les gens de
la bourse et la crédibilité...
Il ne faut pas oublier que la commission relève du
ministère des Institutions financières et d'un ministre, et
finalement le gouvernement a quelque chose à faire ou à dire. Si
on peut, à la fin de cet exercice non seulement d'aujourd'hui, mais
aussi de celui de la commission du budget, vous donner des outils additionnels
quels qu'ils soient pour faire des améliorations, on aura rempli notre
mission, mais j'ai vraiment l'impression, vous me permettrez de vous le dire,
qu'on a l'air de gens qui viennent à une commission d'enquête et
je trouve cela dommage parce que ce n'est pas mon but.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Bertrand. À la suite des propos du
député de Bertrand, je vais octroyer trois minutes à
chacun des organismes pour conclure* M. le député de
Mille-Îles et M. le député de Lévis termineront
l'intervention.
M. le président, la Commission des valeurs mobilières a
trois minutes.
M. Guy: M. le Président, je me sens un peu mal à
l'aise. C'est un peu dommage qu'on ait interprété ces
propos-là au pied de la lettre. J'ai lancé ces propos dans le
cadre, que je croyais informel, d'une table ronde et je ne voulais pas du tout
faire des remarques sur le bien-fondé de la commission, sur la bonne foi
des gens qui sont ici, absolument pas. C'était un peu une farce, dans le
cadre d'une table ronde informelle que me paraissait la réunion de ce
soir. Alors, je m'en excuse si cette impression a été
donnée. Ce n'était pas du tout mon intention et je suis
très franc en disant cela; je ne mets pas du tout en doute la
démarche ici ni la bonne foi de tous les gens ici. M. le
Président, je n'ai pas autre chose à ajouter. J'ai tout dit
aujourd'hui ce que j'avais à dire et je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions, M. le
président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec. Est-ce que quelqu'un de la Bourse ou de l'ACCOVAM veut parler?
M. Desaulniers de la Bourse.
M. Desaulniers: M. le Président, nous vous remercions de
l'honneur que vous nous avez fait de nous inviter à cette commission
parlementaire.
Le Président (M. Lemieux): Merci. L'ACCOVAM, s'il vous
plaît!
M. Godbout: Pour un organisme non reconnu, j'ai été
flatté d'être invité à cette commission. Nous avons
perçu l'effort de la commission parlementaire dans un sens très
positif. C'est quand même une ouverture d'esprit qui nous a beaucoup
intéressés et il y a beaucoup de choses qui apparaissent comme
des consensus entre les trois intervenants qu'il y a ici. 11 y a quand
même eu quelques témoignages d'ouverture d'esprit, quoi qu'on en
pense. Il faut aussi rendre justice aux trois intervenants, parce qu'on
était quand même dans trois positions différentes et
vous êtes dans la quatrième. Vous êtes peut-être dans
la pire, mais la Commission des valeurs mobilières apparaissait ici
quand même en désavantage, si on peut le dire ainsi, dans le sens
qu'elle est un organisme contrôlé par le gouvernement et qu'elle a
des comptes à rendre. Alors je peux comprendre un peu une certaine
retenue de la part des gens de la commission, qui ont quand même un "job"
à défendre.
Un peu à mi-chemin entre la commission et nous qui n'existons
pas, la Bourse est quand même un organisme reconnu de la commission et
elle a aussi des comptes à rendre indirectement à la commission.
Alors, pour des invités, que l'on pourrait appeler de
l'extérieur, nous sortons quand même positifs. J'ai entendu
aujourd'hui des choses qui étaient constructives de votre : part, MM.
les membres de la commission, et on l'a beaucoup apprécié.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Lévis. M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. Garon: M. le Président, j'ai été
très heureux des rencontres que nous avons eues à Montréal
avec les membres des différents organismes et de la rencontre
d'aujourd'hui, plus publique, car elle est enregistrée et devant les
oreilles des journalistes qui sont autour. Habituellement, ce que l'on entend
ici, ce sont rarement des gens qui dans l'ensemble semblent assez heureux
ensemble.
J'ai constaté qu'à part de petits problèmes, comme
pour les conjoints qui trouvent que l'un d'eux respire trop fort la nuit, vous
n'avez pas l'air d'avoir beaucoup de problèmes ensemble. Je constate
qu'au cours des dernières années, il y a eu un effort
considérable de fait au point de vue des institutions financières
au Québec pour être à l'avant-garde. Une des conclusions,
je ne veux pas dire que c'est la seule, que je tire des rencontres qu'on a eues
- qu'il y ait des choses à améliorer, je pense que c'est toujours
comme cela dans la vie, il y a des choses à améliorer - c'est
qu'il m'a semblé, d'une façon générale, que vous
étiez très heureux du cheminement qui a été fait au
point de vue des institutions financières au cours des dernières
années au Québec et, surtout, que vous semblez assez fiers des
résultats obtenus quand vous vous comparez à d'autres. (21 h
30)
Bien que vous deviez avoir des conversations entre vous pour faire des
ajustements, ce que je retiens comme conclusion, c'est que cela semble
être un domaine qui a beaucoup progressé. Vous voulez aller encore
de l'avant pour être à l'avant-garde, améliorer votre
façon de faire, avoir un personnel un peu plus nombreux pour faire
davantage d'activités et être mieux organisés sur le plan
mécanique. Je sais à quel point, dans le domaine de l'inspection,
l'informatique peut jouer un rôle important, puisque j'ai eu l'occasion
de contribuer à faire en sorte que l'inspection des aliments... La
première fois qu'on m'a dit que l'informatique serait nécessaire
dans l'inspection des aliments, je ne voyais pas trop comment, mais j'ai vu
à quel point pour l'inspection des aliments, avec des milliers
d'inspections, on peut faire des compilations et fournir des indications quant
aux places à aller, etc. Elle permet des compilations qui indiquent
mieux quel est l'état de la situation et, à ce moment-là,
les corrections peuvent être mieux apportées que si on fait le
calcul à la mitaine et que si on sait longtemps après ce qui va
moins bien.
J'ai été content de vous entendre et nous aurons
l'occasion de discuter sur ce qui sera à tirer comme conclusions,
éventuellement, des propos que vous avez tenus. Je pense que, pour le
public en général, les témoignages que vous avez
apportés ici sont plus rassurants qu'inquiétants. Je vous
remercie.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: En guise de conclusion, tout simplement, je
veux vous dire que j'ai bien aimé la première expérience
qu'on a eue, tout le monde ensemble, oui, a Montréal, au mois d'octobre
dernier et l'initiative qu'on a menée à bon port, je pense,
aujourd'hui, une initiative qui n'est pas facile dans un système
parlementaire qui est quelquefois, même trop souvent, très
partisan. En mon nom personnel, peut-être au nom des membres de toute la
commission - je ne fais pas de distinction dans l'exercice qu'on a fait entre
tous les membres qui font partie de la commission, quelle que soit la formation
politique - j'ai trouvé très rassurant de voir qu'on est capables
de se parler très franchement, de se tasser un peu dans le coin et de se
poser des questions qui nous remettent et nous forçent nous-mêmes
a nous remettre en question. Si seulement le but de l'exercice qu'on a fait
aujourd'hui, tous et chacun - moi le premier - les gens de la commission, les
gens de la Bourse, les gens de l'ACCOVAM, c'était de se remettre en
question un tantinet, un petit peu, on aurait déjà fait beaucoup.
Les questions qui étaient posées n'étaient pas des
questions faciles et je crois qu'on doit en rendre hommage aux gens qui nous
ont aidés sur le plan de la recherche pour la commission. Les
réponses qui ont été données, je dois le dire,
étaient quand même excellentes. Vous avez tenté, du mieux
que vous avez pu, de répondre à ces questions. Je vous en sais
gré
et les autres membres également. Vous pouvez être
assurés d'une chose: toutes vos opinions sont déjà
respectées, on va en tenir compte; c'est sûr que l'on va en tenir
compte. C'est sûr qu'on fera des recommandations. On espère
qu'à la suite de ces recommandations, vous allez nous donner un
"feedback" de terrain, des réactions face à celles-ci, pas
nécessairement par les journaux, mais à nous autres, au
départ.
Une voix: Qu'avez-vous contre les journaux?
M. Bélisle: Je n'ai rien contre les journaux. Mon
collègue de Lévis a des petites remarques quelquefois, lui aussi,
là-dessus... Ce que je veux dire, c'est que c'est très bon signe,
c'est un signe d'excellence du marché financier et la
caractéristique première d'un marché financier, c'est
surtout sa crédibilité. Il n'y a pas un marché financier
au monde qui fonctionne s'il n'est pas crédible. En conclusion, je vous
remercie de votre participation franche qui va continuer à maintenir...
et je pense que ce qui va ressortir dans les médias écrits et
télévisés demain, c'est qu'on a un marché financier
au Québec qui est fortement crédible et qui est capable de
commencer - le dialogue est déjà commencé - et de
poursuivre ce dialogue et de l'amener encore vers un niveau plus haut
d'excellence. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): Pour terminer,
brièvement, vous pouvez constater que, dans le cadre de la
réforme parlementaire, nous aussi les députés, nous devons
nous ajuster.
Je veux vous remercier pour votre présence. Je veux vous
féliciter aussi pour la qualité de vos mémoires et pour la
qualité de vos interventions. On peut dire que notre objectif commun est
l'intérêt général des Québécois et des
Québécoises. C'est ce qu'on cherche et ce qu'on vise. Cette
commission parlementaire ne s'arrêtera pas là. D'autres
institutions ont demandé à être entendues. Le ministre
responsable de la commission sera entendu aussi devant cette commission. Il y
aura un rapport et des recommandations à l'Assemblée nationale.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, je pense que c'est dans
l'intérêt de tous et chacun. On n'a pas essayé ici... On a
abordé cela avec un esprit positif. Personnellement, je ne me suis senti
vexé par aucun de vos propos. Je crois, au contraire, qu'il est temps
d'arrêter de dire les choses et de commencer à faire les choses.
En ce sens, je vous remercie de votre collaboration.
Nous ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 35)