Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Vingt heures douze minutes)
Le Président (M. Thérien): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission du budget et de l'administration va
procéder à l'étude détaillée des projets de
loi suivants et ce, dans l'ordre indiqué: premièrement, le projet
de loi 129, Loi modifiant la Loi sur l'administration financière;
deuxièmement, le projet de loi 130, Loi concernant les dépenses
effectuées et non comptabilisées au 31 mars 1986;
troisièmement, le projet de loi 57, Loi modifiant la Loi sur la
Société Makivik et, enfin, le projet de loi 128, Loi modifiant la
Loi sur le Bureau de la statistique.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: II n'y a aucun remplacement pour ce soir,
M. le Président.
Le Président (M. Thérien): Est-ce qu'il y a des
remarques préliminaires, M. le ministre?
M. Levesque: Est-ce qu'on peut remplacer quelqu'un qui manque,
comme on le faisait autrefois?
Le Président (M. Thérien): On peut indiquer un
remplacement au secrétaire.
M. Levesque: Peut-être que mon collègue, M. Fortier,
va se joindre à nous. Est-ce qu'il pourrait remplacer quelqu'un
qui...
Le Président (M. Thérien): Cela prend le
consentement unanime.
M. Levesque: Un ministre n'a pas le droit? Ah, bon.
Le Président (M. Thérien): S'il y a consentement,
il peut participer aux travaux.
M. Garon: La division.
M. Chagnon: Le ministre d'État aux Finances...
M. Garon: C'est pour donner aux législateurs leurs pleins
pouvoirs par rapport à l'exécutif.
M. Chagnon:... peut remplacer le ministre des Finances puisqu'il
est membre du cabinet.
Le Président (M. Thérien): S'il y a consentement,
le ministre peut participer, selon l'article 124. On va vérifier cela.
Vous avez raison la motion indique seulement le ministre qui est M.
Levesque.
M. Levesque: Si vous regardez l'article 189 et l'article 30, un
ministre peut toujours remplacer un autre ministre. Je l'ai
vérifié.
Le Président (M. Thérien): Est-ce que vous voulez
qu'il vous remplace ou qu'il assiste.
M. Levesque: Pas ce soir.
Le Président (M. Thérien): Au cours de
l'étude.
M. Levesque: Possiblement. Cela dépend de la longueur des
travaux.
Le Président (M. Thérien): On va vérifier.
À l'ordre, s'il vous plaît.
Est-ce qu'il y a consentement pour que le ministre, M. Fortier,
assiste?
M. Levesque: II peut assister.
Le Président (M. Thérien): II peut assister et
remplacer M. le ministre des Finances.
M. Garon: Pas ce soir.
Le Président (M. Thérien): Pas ce soir.
M. Gendron: Demandez aux membres de la commission s'il y a
consentement. En ce qui concerne François Gendron, député
d'Abitibi-Ouest, il y a consentement. Il s'exprimera. Pour moi, il y a
consentement à ce qu'il puisse y assister et participer, s'il le
désire.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Lévis?
M. Garon: On n'a pas d'objection à cela.
Le Président (M. Thérien): Donc, il y a
consentement, quant à M. Fortier. Donc, on continue. Est-ce qu'il y a
des remarques
préliminaires, M. le ministre, sur le projet de loi 129?
M. Garon: On est d'autant plus d'accord que cela va faire, au
moins, un député qui va parler, s'il vient pour parler. On est
habitué à des députés qui ne parlent pas.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Lévis, on est aux remarques
préliminaires.
Rermarques préliminaires M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: Alors, M. le Président, nous avions quatre
projets de loi qui avaient été déférés
à cette commission pour étude article par article. Je ne sais pas
si l'Opposition a des préférences pour disposer d'un projet ou de
l'autre, ou si on les prend dans l'ordre où ils ont été
étudiés à l'Assemblée nationale. Vous auriez
peut-être des projets de loi qui pourraient être adoptés
assez rapidement.
M. Garon: Pour la Société Makivik, j'aurais
aimé que le député...
M. Levesque:... d'Ungava.
M. Garon:... d'Ungava soit présent et il ne pouvait pas
l'être ce soir parce qu'il rencontrait des gens qui venaient de
l'extérieur.
M. Levesque: On pourrait peut-être, M. le Président,
prendre le projet de loi 129, dans l'ordre où ils ont été
annoncés.
Le Président (M. Thérien): Ils ont
été annoncés comme cela, M. le ministre.
M. Levesque: Oui. M. le Président, je soumets qu'à
l'Assemblée nationale, lorsqu'on a discuté des projets de loi 129
et 130, les opinants parlaient beaucoup du projet de loi 129 lorsqu'ils
parlaient du projet de loi 130. Je me demande si ici on ne pourrait pas, au
moins dans les remarques préliminaires, parler des deux.
Ètes-vous d'accord?
M. Garon: Cela ne me fait rien que le ministre des Finances parle
du projet de loi 130 en parlant du projet de loi 129, mais il ne faudrait pas
que la discussion sur le projet de loi 129 remplace la discussion sur le projet
de loi 130. Dans le projet de loi 130, au fond, il n'y a pas d'articles, ce
sont les annexes qui sont importantes. À toutes fins utiles, je pense
qu'il y a deux articles de présentation et les annexes.
Une voix: II y en a sur plusieurs pages. M. Garon: Oui,
mais les annexes font partie intégrante du projet de loi 130. Je ne sais
pas ce que cela donnerait concrètement de parler des deux en même
temps parce que le débat...
M. Levesque: Je veux éviter qu'on n'ait continuellement
à faire appel à la pertinence. Je ne l'ai pas fait à
l'Assemblée nationale, mais c'était évident que, lorsqu'on
a discuté du projet de loi 130, on a continuellement parlé du
projet de loi 129; on n'a presque pas parlé du projet de loi 130. On
peut bien répéter la même expérience ici, mais tout
simplement pour une question de cohérence, il faudrait un petit peu
d'ordre. Bon!
Le projet de loi 129, M. le Président, Loi modifiant la Loi sur
l'administration financière comporte quatre articles, le
quatrième étant celui qui dit tout simplement que la
présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction. Pour
étudier ces trois articles, je me demande réellement si on doit
élaborer tellement. Nous avons eu l'occasion, combien de fois, à
l'Assemblée nationale, au cours du mois de décembre et, tout
récemment, dans le mois de mars 3987, d'entendre de nombreux discours et
toute la critique de l'Opposition, lors de la présentation du projet de
loi et de son adoption de principe, a tourné autour d'une question: Le
projet de loi 129 protège-t-il le droit des parlementaires d'autoriser
les dépenses du gouvernement? On a parlé de la méthode
pour atteindre les fins du projet de loi et, ensuite, on a touché,
évidemment, le projet de loi 130 pour savoir quelles sortes de
dépenses, ce qui s'était passé vu qu'on a eu une
accumulation de 1 310 000 000 % qui se retrouvaient, à la fin de
l'année 1985-1986, dans des comptes à payer, qui n'apparaissaient
nulle part, qui n'étaient pas comptabilisés.
Je pense que j'ai eu l'occasion de répondre aux critiques, de
rassurer les membres de l'Assemblée nationale quant à la
protection des droits des parlementaires. Il est évident qu'on avait une
situation qui a été, année après année,
décriée par le Vérificateur général qui
n'acceptait pas que de telles sommes qui étaient devenues
considérables, de l'ordre de ] 310 000 000 $, ne soient pas
comptabilisées dans une année donnée. Ce qui est
arrivé, c'est bien simple: d'année en année, il y a eu du
pelletage qui, à un moment donné, a pris cette envergure. Je
comprends que le Vérificateur général dise: Bon, il
faudrait mettre fin à cela et prendre des mesures pour que cela ne se
répète pas.
Lorsqu'on regarde les sommes en question, comme l'ont dit les opinants
au cours du débat en deuxième lecture, si vous voulez, ou du
débat sur le principe du projet de loi, il est clair que la grande
majorité de ces sommes proviennent des réseaux et non
pas des ministères du gouvernement comme tels. Je pense que c'est
plus de 1 200 000 000 $, je l'ai ici, c'est 1 253 000 000 $ pour des transferts
dus, des dépenses effectuées, qu'on s'est engagé à
subventionner, mais dont les crédits n'étaient pas encore
votés. Cela ne s'est pas fait tout d'un coup, cela s'est fait avec le
temps. J'ai demandé qu'on fasse une sorte de rétrospective parce
que je pense qu'il est bon de donner les chiffres de la façon dont ils
se sont présentés. En 1978-1979, il y avait 304 000 000 $ qui
s'étaient accumulés depuis d'autres années
antérieures.
M. Garon: Y en avait-il en 1976?
M. Levesque: Peut-être. On ne commencera pas à
diviser cela avec le nom du gouvernement au pouvoir. C'était une
méthode qui faisait que, lorsqu'une dépense n'était pas
comptabilisée dans l'année, mais qu'on la retrouvait après
les 30 jours prévus par la loi, soit le 31e jour ou le 32e jour,
même s'il y avait des crédits dans l'exercice qui se terminait, on
n'avait pas le droit de les comptabiliser dans l'année en question. Que
voulez-vous, malgré toute la bonne volonté du Contrôleur
des finances au cours de toutes ces années... Ce n'était pas le
Contrôleur des finances que j'ai à ma gauche ici. M. Paré
est entré en fonction, il y a quelques semaines. Il avait quitté
le gouvernement il y a quelques mois, mais, avant cela, il était
sous-ministre adjoint au ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche depuis plusieurs années, je pense. Depuis combien de
temps?
M. Paré (Pierre-André): Six ans.
M. Levesque: Six ans.
M. Garon: En charge de quoi?
M. Levesque: En charge des opérations régionales et
de l'administration. Peut-être que je peux faire une parenthèse.
Lorsque je suis arrivé au ministère, il n'y avait pas de
contrôleur. Celui-ci avait démissionné avant que nous
arrivions au gouvernement. C'était M. Langlois, je pense.
Une voîxs M. Guy Langlois.
M. Levesque: C'était M. Guy Langlois. L'intérim a
été assumé par M. Couture qui est ici également. Il
a très bien fait cela, d'ailleurs. C'est lui qui m'a fait visiter tout
le ministère et, particulièrement, tout le département du
Contrôleur des finances. Je me suis aperçu qu'il y avait beaucoup
d'informatique dans ce coin-là. Nous avons fait une certaine...
M. Garon: Est-ce qu'ils vous ont parlé de
Madelipêche?
M. Levesque: Non.
M, Garon: Ha! Ha! Ha!
M. Levesque: Je veux être sûr que je me le rappelle
bien, mais ils n'ont pas parlé de Medelipêche. Ce n'est pas fini.
Cela prend bien du temps. De toute façon, nous avons fait une
prospection, etc. à la fin de cet exercice, nous avons invité M.
Paré à se joindre au ministère des Finances et à
assumer les fonctions de Contrôleur des finances.
Or, pour revenir à ce qui arrivait, c'est que le Contrôleur
des finances fait justement ce travail à la fin d'un exercice financier.
Comme la loi actuelle prévoit qu'au bout de 30 jours c'est fini, si le
contrôleur trouvait soit dans les réseaux, soit dans les
ministères, des sommes qui n'avaient pas été
comptabilisées, dans le passé, cela s'accumulait. C'était
payé par des crédits votés par la Législature, mais
dans l'exercice suivant. Comme l'exercice suivant était
déjà hypothéqué par ces dépenses, cela
poussait vers la fin de l'année. À la fin de l'année, les
crédits ne suffisaient pas pour les dépenses de l'année,
en plus de ce qui avait été pelleté dans l'année,
de sorte que cela sortait par l'autre bout. Le même processus se
répétait jusqu'à un moment où, de pelletage en
pelletage ou d'année en année, on en est arrivé à
cette situation.
Ici, je n'ai pas les années soixante-dix, mais les renseignements
que j'ai - je n'essaie pas de dire que cela a commencé cette
année-là - c'est qu'en 1978-1979 le solde de fin d'année
était de 304 000 000 $. En 1979-1980, on y a ajouté 528 000 000 $
pour porter le tout à 832 000 000 $. En 1980-1981, se sont
ajoutés 446 000 000 $ pour monter la facture à 1 278 000 000 $
et, en 1981-1982, 95 000 000 $ pour porter le tout à 1 373 000 000 $. En
1982-1983 et en 1983-1984, le contraire s'est produit; c'est un moins: moins
114 000 000 $ et, l'année suivante, moins 579 000 000 $. Cela a fait du
bien; cela a baissé le tout à 685 000 000 $. En 1984-1985, se
sont ajoutés 426 000 000 $ pour monter le tout à 1 111 000 000 $
et, la dernière année, en 1985-1986, 199 000 000 $ pour monter le
tout à 1 310 000 000 $. C'est la situation, telle qu'on me l'a
décrite. Quant à moi, vous comprendrez que je n'ai de
connaissance de ces choses qu'à partir de ce que l'on me transmet. Je ne
peux faire autre chose que faire confiance à la machine administrative
qui me fournit ces données. Je n'y étais pas, je ne sais pas
comment cela se faisait, mais j'imagine que cela se faisait de cette
façon.
Maintenant, comment corrige-t-on cela? On pourrait imaginer
peut-être deux, trois,
quatre ou cinq façons de le corriger. Après avoir
étudié la situation, on me suggère la façon qui est
indiquée dans le projet de loi.
Une voix: Qui on?
M. Levesques Mes conseillers qui sont assez compétents. Je
pense encore à M. Parizeau qui me disait, au lendemain de
l'élection de 1985: Vous avez là, au ministère des
Finances, une des meilleures équipes. C'est M. Parizeau. Je vois que le
député de Lévis n'est pas d'accord, mais enfin... Il a ses
doutes, je ne le sais pas.
M. Chagnon: Ils n'avaient pas la même opinion sur la
raffinerie de sucre.
M. Levesque: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Saint-Louis, s'il vous plaît!
M. Levesque: De toute façon, je ne suis pas pour entrer
dans ces considérations.
Le Président (M. Thérien): Vous aurez l'occasion
très bientôt.
M. Garon: Je voudrais dire, par exemple, que je n'avais pas la
même opinion que le ministère des Finances sur la raffinerie de
sucre.
Le Président (M. Thérien): M. le
député Lévis, vous aurez la parole tantôt pour vos
remarques. M. le ministre, si vous voulez continuer.
M. Levesque: Je voulais simplement dire que nous avons choisi
cette méthode. Je sais que l'Opposition, à un moment
donné, et le député de Lévis en particulier
disaient: Cela ne corrigera pas le fait qu'il va encore se faire des
dépenses qui n'auront pas été approuvées. Pourtant,
il faut bien comprendre que la Loi sur l'administration financière
défend d'engager des dépenses quand il n'y a pas de
crédits; c'est défendu. Cela reste défendu, sauf
qu'apparemment il y a des factures, des dépenses dont on ne prend
connaissance qu'après les 30 jours prévus par ia loi. Le
contrôleur, quelle que soit sa compétence, le 32e ou le 37e jour,
va dire: Qu'est-ce que c'est que cela? C'est une dépense faite par tel
hôpital, telle chose. Cela n'a pas été prévu. (20 h
30)
Qu'est-ce qu'on fait? Avant, on mettait tout cela dans la machine et,
dans les états financiers, on ajoutait simplement 1 310 000 000 $ et
c'était tout. C'était payé par les crédits de
l'année suivante, lesquels crédits, évidemment, vers la
fin de l'année, commençaient à s'épuiser, de sorte
que, l'année suivante, on devait commencer à payer ce qui avait
débordé de l'année précédente et ainsi de
suite.
L'amélioration est la suivante: avec la méthode que nous
allons utiliser, nous allons, premièrement, enlever la période de
30 jours. Donc, si le Contrôleur des finances trouve " une dépense
le 37e jour ou le 42e jour, il va non pas le mettre en "footnote" dans les
états financiers, il va la comptabiliser dans l'exercice financier
d'où cette dépense provient. Cela va au moins régulariser
ce point. Par la suite, cette dépense sera donc un compte à
payer. S'il n'y a pas de crédits suffisants, cela va devenir un compte
à payer. Le compte à payer va apparaître, va être
comptabilisé et sera payé à même un crédit de
l'année suivante. Mais cela va être régularisé.
Pour que les députés soient bien au courant de ce qui
s'est passé, contrairement à ce que nous connaissons aujourd'hui,
cela va être publié dans les comptes publics. Il y aura une page
spéciale pour toute dépense qui aura été ainsi
trouvée par le Contrôleur général. Disons qu'il les
trouve au mois de juillet. À l'automne, dans les comptes publics, il
aura fait sa liste de ce qu'il a retrouvé. Il n'y a pas moyen de faire
autrement, d'après ce que je comprends parce que cela va toujours
arriver. Même si c'est défendu, il y a des choses qui sont faites
en toute bonne volonté, particulièrement dans les réseaux.
C'est moins fréquent dans les ministères. Cela sera
comptabilisé dans l'exercice financier en question et cela sera
payé à même les crédits votés par la
législation.
Il ne faut oublier qu'un crédit, c'est une autorisation de payer.
Lorsque, justement, il n'y a pas d'autorisation de payer, il n'y a pas moyen de
payer. Si quelqu'un fait venir, par exemple, une machine à écrire
vers la fin de l'exercice financier, il pense que la machine va arriver
après, avec son nouveau budqet. La machine arrive plus vite qu'il ne
veut. Il n'est pas pour la manger, il est pris avec. C'est ce qui arrivait de
temps en temps. Ce qui arrivait, c'est qu'il la payait à même le
crédit de l'année suivante, mais il y avait une dépense
effectuée qui aurait dû être un compte à payer et
comptabilisée dans l'exercice en question.
C'est tout. Ce n'est pas plus malin que cela. Si quelqu'un veut me faire
un procès d'intention parce que je donne suite à la
volonté du Vérificateur général, faites-le et
continuez. Mais je vous dis comment cela se passe. Si vous pouvez me dire: On
peut bonifier le projet loi de telle et telle façon, je suis ouvert
à vos suggestions. Merci.
Le Président (M. Thérien): Maintenant au
député de Lévis pour les remarques préliminaires
à l'étude du projet de loi.
M. Polak: Ce n'est pas nécessaire.
M. Jean Garon
M. Garon: Essentiellement, le ministre des Finances, quand on
l'écoute, est très gentil. Il a quasiment l'air de nous offrir un
"popsicle" par une journée de grande chaleur de juillet, sauf que ce
qu'il nous dit est beaucoup plus simple que cela n'en a l'air au point de
départ. Au point de départ, aussitôt qu'on prononce le mot
"finances" 90 % des gens ferment la porte en disant: Cela va être
compliqué. Dans le fond, les finances, c'est bien moins compliqué
que cela; c'est deux colonnes de chiffres, de l'argent qui entre, de l'argent
qui sort. Cela se ramène toujours à cela. Vous regardez dans
votre livret de banque, c'est marqué, d'un bord, crédit,
débit et solde, balance, ce qui reste. Alors, ce qui rentre, ce qui sort
et ce qui reste après que vous en avez sorti.
Ce que le ministre essaie de nous dire, c'est qu'il en sort plus qu'il
ne devrait en sortir. Ce n'est pas une grosse affaire à corriger, mais
là il veut changer la Loi sur l'administration financière pour
corriger un petit problème de pelletage. Je lui dis que la seule
façon d'enlever véritablement des problèmes de pelletage
au ministère des Finances, ce n'est pas de donner des plus grosses
pelles au ministre des Finances, mais de lui enlever ses pelles. Actuellement,
par la loi que le ministre des Finances présente, la loi 129, il veut se
donner une pelle qui va être une vraie souffleuse. Là, il va
pouvoir souffler. Là, il va dire: Je me suis donné le pouvoir de
souffler autant que je veux. Le ministre des Finances devrait nous expliquer
par son projet de loi ce qui pourrait arriver une année
d'élection. Pour vous donner un exemple bien concret, terre à
terre, les deux pieds sur le béton, prenons une année
d'élection qui est planifiée par le premier ministre au mois de
juin, mai ou juin, quelle que soit l'année, et il donne l'ordre au
ministre des Finances d'ouvrir les moteurs. Il a besoin d'argent. Le ministre
des Transports - pour les fins de la cause, on pourrait l'appeler le ministre
de la Voirie, comprenez-vous - a besoin de faire des bouts de chemin, d'engager
des gens devant les "grattes", une dizaine de gars, pour dire aux automobiles
de diminuer la vitesse et, de l'autre côté de la gratte, une
dizaine d'autres qui disent: Vous pouvez continuer. On a vu cela
déjà dans le temps d'élection. J'ai vu cela en 1973 dan3
Charlevoix. Je vous dis que, de chaque bord d'un "bull", il y avait du monde
pour dire d'arrêter et beaucoup de monde pour dire de continuer.
Alors, le ministre des Finances serait pris en otage par sa propre loi
puisque sa propre loi lui permettrait de dépenser autant qu'il le veut
sans se préoccuper d'avoir des crédits, se disant: Avec la
nouvelle loi que je vais faire voter, le projet de loi 129, je pourrai arranger
cela plus tard. Si on perd, le nouveau gouvernement s'arranqera avec le
problème. Si on gaqne, on a des méthodes comptables qui nous
permettent de faire à peu près ce qu'on veut. Dans la
dernière synthèse des opérations financières du 31
décembre 1986, on voit, par exemple, que le ministre semble plus riche
alors qu'il doit plus d'argent que jamais. Il doit 385 000 000 $ aux
fonctionnaires en rétroactivité. Comme par hasard, les
conventions ne se signent pas aussi vite que cela devrait. II n'aura pas besoin
de payer le montant d'argent avant le 31 mars ou dans les 30 jours qui suivent,
comme il le dit, de sorte qu'il s'en "claire" pour son budget. Sauf que, s'il
ne s'en "clairait" pas, il aurait besoin de 385 000 000 $ de plus. On voit dans
la synthèse des opérations financières, par exemple, qu'en
termes de revenus il y a 275 000 000 $ de plus qui sont tombés dans ses
poches, parce que les TPD-1 n'ont pas été modifiés et que
les résultats du budget du 23 avril 1985 ne se réflètent
pas dans les déductions fiscales des contribuables, de sorte qu'il a
collecté, comme par hasard, 275 000 000 $ de plus en 1986-1987 qu'il
devra payer en 1987-1988. Cela, c'est du pelletaqe. Si on additionne ces deux
montants, 275 000 000 $ et 385 000 000 $, cela commence à faire assez
d'argent.
Et on se rend compte, en lisant la synthèse des opérations
financières du 31 décembre 1986, que le ministre des Finances est
un drôle de bonhomme car, en ayant un plus faible déficit, dit-il,
en ayant une situation financière assainie, il augmente ses emprunts.
J'ai rarement vu cela, quelqu'un qui dépense moins et qui fait plus
d'argent emprunter plus pour boucler. J'ai rarement vu cela, mais le ministre
des Finances est comme cela. La synthèse des opérations
financières du 31 décembre 1986 nous montre qu'il va emprunter 75
000 000 % de plus qu'il avait prévu, alors qu'il dit que tout marche sur
des roulettes. J'ai de la misère à comprendre que quelqu'un qui
fait 10 000 $ par année, comprenez-vous, qui dépense moins que
l'année précédente, qui a plus de revenus et moins de
dépenses, emprunte plus pour boucler. Je n'ai jamais vu cela.
Je comprends bien qu'il mélange les chiffres, les ministres des
Finances, quels qu'ils soient, ont tous cette tendance, se disant: Peu de gens
comprennent, de toute façon, et, si on emberlificote l'affaire assez, on
ne va se retrouver que quelques initiés qui, pour la plupart, ont peu
d'auditoire et cela va passer quand même. Il a dit: Les sommes d'argent
viennent des réseaux, donc ce n'est pas un qros problème à
régler. Il a dit: Les dépenses payées après le
trentième jour qui suit l'exercice financier sont les dépenses
principalement en cause. Il nous donnait les chiffres. Dans mon discours,
j'avais additionné les sommes en cause dans le projet de loi 130 pour le
ministère de
l'Éducation, celui de l'Enseignement supérieur et de la
Science, le ministère de la Santé et des Services sociaux et le
ministère des Transports. Les quatre ensemble totalisaient 1 249 807 700
$ sur 1 310 314 900 $. Alors, 1 250 000 000 $, si l'on veut, sur 1 310 000 000
$ venaient des réseaux. Ce n'est pas un problème très
complexe à régler, au fond. C'est un problème assez simple
à régler, à condition de mettre les crédits
suffisants dans le budget. Quand on dit qu'il ne peut pas payer après le
trentième jour qui suit la fin de l'année financière qui
est le 31 mars, s'il a besoin de plus de 30 jours et que le 30 avril, ce n'est
soit pas assez long, on peut dire: On ira jusqu'au 30 mai ou bien on ira
jusqu'au 30 juin, de sorte qu'on ait véritablement la situation dans les
quelques mois qui suivent la fin de l'année financière.
Le ministre des Finances ne nous dit pas tout. Il a bien dit qu'on veut
lui faire un procès d'intention parce qu'il veut donner suite aux
recommandations du Vérificateur général. Je suis bien
prêt à dire que le ministre des Finances est de bonne foi, mais je
suis comme Thomas: je veux mettre mon doigt sur le bobo. Quand on lit ce que
dit le Vérificateur général, dans son rapport annuel
à l'Assemblée nationale, que dit-il à la page 52?
"À notre avis, les méthodes comptables devraient être
modifiées de façon que toutes les dépenses
effectuées directement par le gouvernement pour une année
financière - l'année financière est du 1er avril au 31
mars - soient inscrites aux livres en fin d'année. " Je comprends que
c'est en fin d'année financière. "On devrait faire de même
pour les dépenses de transfert courues, afférentes à des
frais de fonctionnement effectués au 31 mars par les commissions
scolaires, les institutions d'enseignement, de santé et les
établissements de services sociaux. " Ces modifications aux
méthodes devraient être adoptées même si, en raison
de leur application, les états financiers devaient montrer un
excédent des dépenses sur les crédits autorisés. "
Cela serait même bon de le voir. On verrait véritablement que le
gouvernement n'avait pas prévu les crédits suffisants pour
rencontrer les dépenses qui ont été effectuées,
engagées ou payées dans le cadre de l'exercice financier ou dans
le mois - il dit que le mois, ce n'est pas suffisant - dans les deux mois ou
les trois mois qui suivent. On aurait alors le véritable portrait, sauf
que ce n'est pas cela que le ministre des Finances fait actuellement. Ce qu'il
fait, c'est se donner un pouvoir exorbitant en modifiant la Loi sur
l'administration financière et en disant, par exemple, à
l'article 38 "les prévisions budgétaires soumises au Parlement
doivent porter sur les services dont la liquidation s'effectuera au cours de
l'année financière ou d'une autre période
expressément visée, mais en ajoutant "ou sur des services
déjà liquidés lorsque les crédits ont
été insuffisants pour leur imputation. " On voit un projet comme
le projet de loi 130 qui va, plusieurs mois plus tard, venir ratifier ou
autoriser des dépenses qui auront été effectuées
plusieurs mois antérieurement. (20 h 45)
Motion proposant la tenue de consultations
particulières avec le Vérificateur général
M. le Président, avant d'aller plus loin dans mes remarques
préliminaires, j'aimerais faire une motion qui m'apparaît
importante pour aller exactement dans le sens dont parle le ministre des
Finances, soit une motion pour tenir des consultations particulières. La
motion se lirait comme suit: "Que la commission tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 129, Loi modifiant la
loi sur l'administration financière, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet et
qu'à cette fin elle entende le Vérificateur général
du Québec. "
Le Président (M. Thérien): Est-ce que vous voulez
la déposer?
M. Garon: Oui. J'ai des copies. Je n'ai jamais été
prêt comme cette année.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Thérien): Vous avez plus de
temps.
Je vais lire la motion: "Que la commission tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 129, Loi modifiant la
Loi sur l'administration financière, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet et
qu'à cette fin elle entende le Vérificateur général
du Québec. "
Je juge la motion recevable. Nous allons demander au proposeur de cette
motion de la débattre.
Une voix: Combien de temps a-t-il?
M. Chagnon: Est-ce qu'on peut parler sur la recevabilité
de la motion avant que vous la receviez comme cela?
Le Président (M. Thérien): Elle a été
jugée recevable. M. le député de Lévis, vous avez
droit à 30 minutes.
M. Garon: À 30 minutes?
Le Président (M. Thérien): En vertu de l'article
209.
M. Garon: Vous êtes d'une générosité
qui dépasse l'entendement.
Le Président (M. Thérien): Comme proposeur de la
motion.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, essentiellement, je vais tenter
de convaincre le ministre des Finances. Cela fait plusieurs fois que j'essaie
de le convaincre et je ne comprends pas qu'il résiste autant puisque
essentiellement il a dit lui-même tout à l'heure qu'il ne voudrait
pas qu'on lui fasse un procès d'intention parce qu'il veut donner suite
aux recommandations du Vérificateur général. Celui-ci, de
par sa loi constitutive, est gardien des droits des députés de
l'Assemblée nationale. Le Vérificateur général, qui
a fait des recommandations pour que les dépenses du gouvernement soient
plus conformes aux crédits votés par l'Assemblée
nationale, a pour tâche de vérifier, justement, si
l'administration gouvernementale va dans le sens des crédits qui ont
été votés par l'Assemblée nationale.
On va avoir, lors du dépôt du budget du ministre des
Finances et des crédits qui seront déposés, pour
l'ensemble des ministères, 200 heures de travaux pour autoriser des
crédits. Les crédits qui seront autorisés par
l'Assemblée nationale, par les députés qui auront
voté ces crédits à l'Assemblée nationale vont
être dépensés par le gouvernement. S'il arrivait -
évidemment, cela n'arrive pas souvent dans notre système
parlementaire - que les députés, qui en ont le droit,
décident de ne pas voter les crédits, le gouvernement n'aurait
pas le droit de dépenser les sommes d'argent, parce que ce sont les
représentants du peuple, les députés, qui autorisent le
gouvernement à dépenser des fonds publics. La façon de le
faire, c'est en autorisant des crédits au gouvernement. Le processus
budgétaire, au fonds, enclenche par le dépôt de
crédits qui représentent les dépenses que demande le
gouvernement à l'Assemblée nationale. C'est l'Assemblée
nationale qui les autorise.
On se rappelle toute la bataille de M. Papineau - nous sommes
aujourd'hui dans la salle Louis-Joseph-Papineau - lors des fameuses questions
sur les crédits. Toute la bataille qu'ont menée nos
ancêtres avait pour but de faire en sorte que l'exécutif ne puisse
pas dépenser des sommes d'argent qui n'avaient pas été
votées par l'Assemblée législative. C'est là-dessus
qu'a porté la bataille, alors que l'exécutif royal, à ce
moment-là, qui était composé des représentants du
rot, voulait dépenser des sommes d'argent même si ces sommes
n'avaient pas été votées par le Parlement. Cela a
été la bataille pour la suprématie du Parlement. On a vu
cela dans la plupart des pays. L'indépendance des États-Unis
s'est faite là-dessus. Le "Boston tea party" a existé parce que
les Américains n'acceptaient pas que les Anglais votent une taxe sur les
Américains sans qu'ils aient eu des représentants pour participer
au vote sur cette taxe. Ils disaient: "No taxation without representation".
Aujourd'hui, le ministre des Finances, par sa loi, veut aller
au-delà de cela. Il veut dépenser avant les autorisations. Ce
n'est plus seulement du pelletage, Le pouvoir que veut se donner le ministre
est un pouvoir exorbitant. Jamais le Vérificateur général
ne peut avoir souhaité une telle opération, puisque le
Vérificateur général n'est pas là pour brimer les
droits des députés de l'Assemblée nationale; il est
là pour protéger leurs droits. Il est là pour
vérifier si le gouvernement a dépensé autre chose que les
crédits votés par l'Assemblée nationale. C'est sa "job".
Là-dedans, il n'est pas un employé du gouvernement; il est un
employé de l'Assemblée nationale. Ses adjoints doivent être
engagés en vertu de la loi sur le Vérificateur
général par le Bureau de l'Assemblée nationale. Ses
crédits lui viennent de l'Assemblée nationale, justement, pour
qu'il ait les moyens de faire le travail qui lui est commandé par une
loi de l'Assemblée nationale, la loi sur le Vérificateur
général, qui est là pour faire en sorte que les droits de
l'Assemblée nationale soient protégés, c'est-à-dire
que le gouvernement n'ait pas dépensé au-delà des montants
votés par l'Assemblée nationale.
C'est pourquoi la motion que j'ai présentée a pour but de
faire en sorte que le Vérificateur général puisse venir
devant notre commission parlementaire pour que nous puissions discuter avec
lui, prendre un tableau et une craie et lui dire: M. le Vérificateur
général, vous avez différentes types de problèmes
sur le plan de la comptabilité que vous voulez régler. Nous
sommes d'accord avec cela. C'est pourquoi j'ai dit au ministre des Finances que
nous devrions faire cela unanimement pour que la comptabilité
reflète véritablement les engagements qui ont été
autorisés par les crédits votés par l'Assemblée
nationale et pour corriger le problème qui existe dans la
comptabilité et qu'a dénoncé à plusieurs reprises
le Vérificateur général. Il dit au gouvernement: Vous
dépensez des sommes d'argent pour lesquelles des crédits n'ont
pas été votés. II y a un problème à
régler. Le Vérificateur général le constate. Mais
il ne peut pas dire, cela n'aurait pas de bon sens: En tant que
représentant des députés de l'Assemblée nationale,
comme le gouvernement dépense des sommes d'argent qui n'ont pas
été votées, je vous recommande maintenant de
légaliser tout cela pour qu'il puisse, à l'avenir, le faire de
façon systématique, mais léqale. Cela serait absurde. Le
Vérificateur qénéral n'est pas là pour
légaliser des pratiques irrégulières, sur le plan des
dépenses, du gouvernement. Il est
là pour protéger les droits des parlementaires. Est-ce
qu'on peut imaginer un instant que le Vérificateur
générai, en tant que protecteur des droits des
députés de l'Assemblée nationale dans le processus
budgétaire, vienne dire au ministre des Finances: Envoyez, pelletez et
on fera une loi plus tard pour venir légaliser ce que vous avez fait qui
n'était pas régulier? C'est inimaginable.
Je comprends qu'il y avait un problème à régler.
Nous sommes d'accord pour le régler. Voici ce qu'on devrait faire
ensemble. À mon avis, le ministre des Finances devrait accepter - et je
pense qu'il vient de nous donner de bonnes raisons pour le faire, je vais
revenir là-dessus - que le Vérificateur général
vienne nous rencontrer et nous dise: Voici le problème concret que je
veux que vous régliez, que je pense qu'il serait
préférable de régler pour que les droits des
parlementaires d'approuver tous les crédits avant leur engagement soient
respectés.
Je pense que tous ensemble, en protecteurs des droits de
l'Assemblée nationale, on peut trouver les formules souhaitables
qu'autant les députés ministériels que les
députés de l'Opposition souhaiteraient voir adopter pour que le
processus soit correcte. II ne s'agit pas d'un problème de bandits,
là. De la manière qu'on lit cela parfois dans les journaux, c'est
comme si c'étaient des bandits qui avaient "hold-uppé" 1 000 000
000 $! Ce n'est pas cela. C'est que les comptes du ministère de
l'Éducation...
Je pense qu'un des responsables, sans doute, est le député
de Saint-Louis qui a été président de la
Fédération des commissions scolaires et qui aurait dû
trouver des méthodes pour que les commissions scolaires envoient leurs
comptes à temps. Mais non! Il fait de beaux discours, mais, quand il
avait le pot, il ne s'est pas occupé de le gérer comme il faut.
Et, aujourd'hui, on est pris avec des problèmes parce que les comptes
n'arrivent pas à temps des commissions scolaires. C'est bien beau de
faire de la théorie, mais le ministre des Finances est, sans doute, pris
avec ces problèmes parce que le député de Saint-Louis,
lorsqu'il était président de la Fédération des
commissions scolaires, n'a pas su mettre en oeuvre des pratiques
administratives qui auraient fait que les gens des commissions scolaires
envoient leurs factures à temps. Là, ils envoients leurs factures
en retard. Les commissions scolaires agissent comme agents payeurs du
gouvernement. Elles paient les professeurs comme agents payeurs du
gouvernement. Quand les universités paient, elles paient comme agents
payeurs du gouvernement, selon des normes gouvernementales mais les factures
n'entrent pas à temps.
Plus que cela, j'ai même dit, dans mon discours de deuxième
lecture sur le projet de loi 130, que le Vérificateur
général lui-même apparaissait dans la loi
remédiatrice pour un certain montant. J'aimerais cela qu'il vienne ici.
Comment se fait-il qu'on vous retrouve là, vous qui faites la
leçon aux autres? Comment se fait-il que vous ayez un compte, vous
aussi? "Personnes désignées par l'Assemblée nationale,
programme 2, Vérificateur général, 80 700 $. " On ne sait
pas si c'est parce qu'il a dépensé ce qu'il n'avait pas pu
dépenser ou ce qui est arrivé. Aujourd'hui, je m'en doute un peu,
je me doute que ce sont des factures qui ne sont pas entrées dans les 30
jours qui suivent. Ce sont des factures qui sont entrées plus tard
qu'à la fin d'avril et qu'il n'a pas pu affecter dans l'exercice
financier.
Mais ce qu'il faut bien savoir, au fond, c'est ce qu'on vient corriger.
On laisse entendre qu'on vient corriger des choses qui sont quasiment... Quand
tu écoutes les discours du ministre des Finances, c'est comme si les
comptes, antérieurement, comprenez-vous, c'était quasiment des
spécialistes du "hold-up". Mais le ministre des Finances conviendra,
avec tout le respect que je dois à son nouveau Contrôleur des
finances - qu'il vienne de l'admettre - qu'il vient d'arriver. Il avait
quitté le gouvernements il a été au ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, s'occupant de l'administration au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et des
opérations régionales, mais il n'a pas été
mêlé aux recommandations. Ce ne sont pas des recommandations du
Contrôleur des finances.
Une voix: C'est vrai.
M. Garon: Ce sont les recommandations du Vérificateur
général. Que fait le Contrôleur des finances? Il n'est pas
là pour protéger les droits des députés, il est
là pour protéger le ministre des Finances.
M. Levesque: Regardez la Loi sur l'administration
financière. Un instant, là. Vous ne pouvez pas dire n'importe
quoi là. (21 heures)
M. Garon: Oui, le Vérificateur général,
c'est celui qui est affecté. Je peux me référer à
la Loi sur l'administration financière. Qu'est-ce qu'elle dit?
M. Chagnon: Les articles 12 et 13.
M. Garon: Oui, les articles 12 et 13, et l'avant-dernier aussi.
Sans le voir, je peux vous le dire par coeur, je suis certain qu'il est
là. L'avant-dernier article dit: "86. Le ministre des Finances est
chargé de l'application de la présente loi. " La Loi sur
l'administration financière: Le ministre des Finances est chargé
de l'application de la présente loi. C'est lui le "boss". Tandis que
pour le Vérificateur général, qu'est-ce que dit la
loi?
M. Levesque: C'est la même loi. Le vérificateur
général, à la fin, à l'avant-dernier.
M. Garon: C'est vous qui avez dit que c'était la Loi sur
l'administration financière.
M. Levesque: Je ne parle pas du contrôleur; pour le
vérificateur, c'est le même cas. Il est toujours dans la Loi sur
l'administration financière. L'avant-dernier article dit la même
chose. Voyons donc!
M. Garon: Oui, mais pas pour les mêmes fins. Il a sa propre
loi. La Loi sur le Vérificateur général, chapitre V-5. 01,
est une loi particulière qui dit que le Vérificateur
général... J'ai l'article 8 devant moi: "Le Vérificateur
général relève de l'Assemblée nationale. Il exerce
les pouvoirs que la loi lui confie. " La loi, c'est la Loi sur le
Vérificateur général. C'est lui qui est le protecteur et
le gardien des droits de l'Assemblée nationale. Il a des tâches
bien déterminées. On lui donne même une durée de
mandat de dix ans pour qu'on ne puisse pas le faire chanter avec des mandats
courts. Il a toute une fonction.
Regardez bien l'article 17: Le Vérificateur général
peut, avec l'approbation du Bureau de l'Assemblée nationale, nommer des
vérificateurs généraux adjoints pour l'assister dans
l'exercice de ses fonctions. Il détermine leurs devoirs et pouvoirs. "
Toutes les fonctions sont inscrites.
À l'article 22: "Le Vérificateur général a
compétence en matière de vérification ou d'enquête
se rapportant: 1 aux fonds et autres biens publics; 2 aux services, aux fonds
et autres biens transmis sous forme de subventions accordées par un
organisme public ou par un organisme du gouvernement. " À l'article 23:
"Le Vérificateur général est le vérificateur des
livres et des comptes: 1 du fond consolidé du revenu; 2 des organismes
publics; 3° des organismes du gouvernement; 4° des entreprises du
gouvernement. "
Qu'est-ce qu'il fait? Regardez bien ce qu'on dit à l'article 26.
C'est un article fondamental: "Portée de la vérification. Cette
vérification porte notamment, dans la mesure jugée
appropriée par le vérificateur, sur les aspects qui suivent et
permet de constater, le cas échéant, les déficiences
importantes à leur égard: 1 le contrôle des revenus, y
compris leur cotisation et leur perception - écoutez bien: il
vérifie le contrôle des revenus, y compris leur cotisation et leur
perception - 2 le contrôle des dépenses, leur autorisation et leur
conformité aux affectations de fonds du Parlement... " C'est cela le
vérificateur. Il vérifie le contrôle des dépenses.
Il fait le contrôle des dépenses, l'autorisation des
dépenses et leur conformité aux affectations de fonds du
Parlement; selon ce qu'on a déterminé, quels seraient les fonds
qui seraient affectés à telle ou telle fin. Il vérifie si
le gouvernement a dépensé les sommes d'arqent conformément
aux crédits qui ont été adoptés par
l'Assemblée nationale. C'est sa "job", c'est son travail.
Que dit le vérificateur? Je pourrais lire d'autres articles, les
articles 28, 29 et 30, mais je ne veux pas prendre tout mon droit de parole
à lire des articles. Ces articles sont publics. L'article 37 est
important aussi sur les états financiers du Québec. Le contenu du
rapport à l'article 38. Les rapports annuels et spéciaux à
l'article 41. L'article 42 sur le contenu du rapport. Les commentaires du
Vérificateur général à l'article 43, etc. Ce sont
des règles qui ont été édictées par
l'Assemblée nationale pour dire quel doit être le travail du
Vérificateur général qui est le gardien de nos droits.
C'est lui qui a fait les recommandations, nous dit le ministre des Finances. Je
ne dis rien d'autre. Je prends à témoin les paroles du ministre
des Finances. Pourquoi ne voudrait-on pas faire venir celui qui a fait les
recommandations au gouvernement... Pas au qouvernement, il a fait des
recommandations publiques. Le projet de loi vient du gouvernement, mais, dans
le fond, quand le Vérificateur général a fait ses
recommandations, il les a faites, à toutes fins utiles, à
l'Assemblée nationale, pour qu'on adopte un projet de loi qui rende
conforme ce qui n'est pas conforme. Ce que je trouve dommage... Je l'ai dit au
ministre des Finances: Je me suis toujours méfié du
ministère des Finances. J'ai toujours été méfiant.
Je le dis publiquement. Je l'ai encore dit quand j'ai parlé du Bureau de
la statistique. Il y a toujours les données du ministère des
Finances et les autres, sauf qu'on a l'impression qu'il n'y a qu'une sorte de
données, ce sont celles du ministère des Finances.
Je dis que dans le cas qui nous occupe, le Vérificateur
général a fait des recommandations pour protéger les
droits des députés et ceux de l'Assemblée nationale. On
n'a pas le droit d'abandonner nos droits parce que nous sommes les
représentants du peuple; c'est nous qui autorisons les dépenses.
Même si on pense que c'est une figure de style, ce n'est pas une figure
de style. Si le gouvernement voulait abuser ou si les parlementaires estimaient
que, quelle que soit leur position en Chambre, le gouvernement veut aller trop
loin, je suis persuadé que les députés, même
ministériels, quel que soit le parti au pouvoir, dans un caucus de
députés, diraient: Wo! Vous allez trop loin. Si vous allez aussi
loin, ne comptez pas sur notre vote en Chambre. II
n'y a pas un gouvernement qui va s'essayer. Pourquoi? Parce que les
pouvoirs des députés, dans cette fonction, sont suprêmes.
Le pouvoir le plus important des députés dans cette Chambre,
c'est celui d'autoriser les dépenses du gouvernement; c'est cela, le
pouvoir le plus grand des députés vis-à-vis du
gouvernement. On n'a pas le droit de sacrifier nos droits et de dire au
ministre des Finances: Dépensez et on ratifiera en bout de course, en
bout d'année, mais en bout d'année du calendrier. Quand le
ministre nous a proposé une loi qu'il a déposée à
la fin de novembre ou au début de décembre, la loi 130,
c'était pour adopter des montants d'argent et autoriser des
dépenses qui ont été effectuées, dans certains cas,
pour un bon nombre, sans crédit, plusieurs mois après
l'opération.
M. le ministre des Finances... M. le Président, parce que je n'ai
pas le droit de m'adresser au ministre des Finances et je veux toujours
être respectueux de ce règlement qui est encore là, qui
détermine quelles sont les règles de fonctionnement pour un
Parlement civilisé, afin que chacun soit à sa place et fasse du
bon travail, et que le peuple soit protégé; c'est cela, notre
but, ici, au fond. On me reproche souvent d'être dans l'Opposition et de
ne pas en laisser passer beaucoup; je trouve que c'est ma "job". Si les gens
ont voulu que je sois dans l'Opposition, c'est parce qu'ils ont dit: II ne faut
pas que tu leur en laisses passer. Si j'en laissais passer, je ne ferais pas
mon travail correctement. Mon rôle, dans l'Opposition, c'est d'être
vigilant et de faire en sorte qu'on n'en passe pas. Le meilleur gardien de but,
c'est celui qui ne laisse passer aucune rondelle, pas une de temps en temps,
aucune; qu'il n'y en ait pas une qui passe. C'est notre
responsabilités
En ce moment, je pense que les fonctionnaires du ministre essaient de
nous en passer une petite vite et que le ministre, à ce moment-ci, doit
raisonner autant comme parlementaire que comme ministre des Finances. Le
ministre des Finances est depuis plus de 30 ans membre de ce Parlement. Il est
ministre des Finances depuis peut-être treize ou quatorze mois, depuis la
mi-décembre...
Une voix: Quinze mois.
M. Garon:... quinze mois. Je pense que pour la bonne santé
- je le dis sincèrement -de toute l'opération... Je comprends
qu'une amélioration doit être faite au projet de loi. La meilleure
façon de le faire, c'est que ce projet de loi soit adopté
unanimement. Autrement, il n'aura jamais toute la crédibilité
qu'il devrait avoir. Je ne sais pas comment a été adoptée
la Loi sur l'administration financière. Ces lois sont tellement
fondamentales qu'elles devraient être adoptées unanimement pour
qu'on soit d'accord au moins sur des barèmes. Qu'ensuite, ils soient
bien ou mal appliqués, c'est une autre affaire à vérifier,
chacun dans notre fonction. Mais, au moins, pour l'établissement des
barèmes, on devrait être d'accord, on devrait être du
même avis. Ce que souhaite le Vérificateur général,
je pense, est correct et légitime. On devrait trouver la solution pour
en arriver au résultat qu'il a souhaité. Le projet de loi qui est
devant nous, semble-t-il - je ne veux pas dire que c'est le bureau du
Vérificateur général qui nous dit cela; je ne veux pas
qu'on pense cela - on a le sentiment -d'ailleurs, c'est ce que le ministre des
Finances a laissé entendre - que le projet de loi a été
préparé par ses fonctionnaires. Ses fonctionnaires sont des
fonctionnaires du ministère des Finances. Les fonctionnaires du
Vérificateur général ont une autre fonction, celle de
gardiens, un peu comme le Protecteur du citoyen a des fonctions de gardien pour
les contribuables par rapport à l'administration. Si on pensait que
l'administration est toujours parfaite, qu'elle a toujours raison, cela aurait
été un tort que d'établir un protecteur du citoyen. On a
établi un protecteur du citoyen et je peux vous dire que, souvent, comme
ministre de l'Agriculture, quand je l'étais, quand quelqu'un me disait:
Je pense que je n'ai pas été traité correctement, je
n'avais pas les moyens de vérifier et je savais bien que, si je
demandais des rapports au ministère, ils pourraient être
biaisés. Quand j'avais des doutes, je disais: Pourquoi n'allez-vous pas
voir le Protecteur du citoyen? Il a des pouvoirs d'enquête. Il a des
moyens de vérification. Si le Protecteur du citoyen fait son rapport,
cela prendrait de bonnes raisons pour aller contre son rapport. Pourquoi? Parce
que c'est son rôle de voir si les citoyens, par rapport à
l'administration gouvernementale ont été traités
correctement. C'est sa job, c'est son travail de faire cela. Il peut arriver
toutes sortes de circonstances où ce n'est pas fait, pour
différentes raisons, même si ce n'était que des conflits de
personnalité, ce qui n'est pas inhumain, ce qui arrive dans les rapports
humains. Il voit à ce que les gens puissent être traités
correctement dans l'application des lois.
De la même façon, le Vérificateur
général fait ce même travail, et en partie, par rapport au
ministère des Finances, par rapport au Conseil du trésor, par
rapport à chacun des ministères. C'est pourquoi faire
préparer le projet de loi par ceux qui sont surveillés
plutôt que par ceux qui surveillent, alors qu'il s'agit d'un projet de
loi de surveillance en partie, cela m'apparaît spécial. Ce que je
demande au ministre des Finances par cette motion, essentiellement, c'est de
nous permettre d'entendre le
Vérificateur général, de discuter avec lui, d'une
façon même assez informelle pour lui dire: Voici les
appréhensions qu'on a et les objectifs que vous visez. Est-ce la
meilleure façon de donner suite aux objectifs que vous visez ou s'il y a
d'autres façons qui pourraient garantir davantage les droits des
parlementaires? Je pense que cette réunion serait bonne et qu'elle
serait saine aussi pour faire en sorte que le projet de loi 129 soit
voté à l'unanimité. Nous n'avons pas
d'arrière-pensée. En tout cas, je n'ai aucune
arrière-pensée quand je dis cela, mais je pense qu'il serait
important pour l'avenir des choses, cela serait, il me semble, un fleuron au
chapeau du ministre des Finances qui a été 30 ans parlementaire
de faire en sorte, par la façon de procéder, que cette loi soit
adoptée unanimement. À ce moment, il aurait joint ses deux
fonctions: sa vieille expérience de parlementaire... Je ne dis pas
vieille dans le mauvais sens, au contraire. Je pense que les parlementaires
sont comme le vin, ils deviennent meilleurs en vieillissant. J'espère
avoir...
Une voix: Ce n'est pas bien bien fin, cela.
M. Garon: Non, non, j'espère un jour pouvoir dire que j'ai
30 ans de. vie parlementaire et...
Une voix: Ne soyez pas inquiet!
M. Garon:... pouvoir dire: j'en ai connu un autre qui a fait 30
ans.
Je trouverais cela dommage, si à cette session, on adoptait une
loi comme celle-là pour laquelle les parlementaires resteraient amers et
qui permettrait des excès éventuellement, et qu'un jour on dise:
II y a des excès causés par cette loi. Le ministre des Finances
ne s'est pas occupé d'avoir l'unanimité et le Vérificateur
général n'avait pas été appelé en commission
parlementaire. Je pense que cela serait une erreur. Je ne fais pas de
l'opposition en disant: Faisons la politique du pire et, après cela, on
chialera. Je fais partie de ceux qui pensent que les lois qu'on adopte ici
doivent être les meilleures possible. Il faut que les parlementaires
fassent leur travail de parlementaires jusqu'au bout pour que les lois qui
sortent d'ici ne soient pas des lois dont on puissent dire: Cela a
été mal fait, blâmer le gouvernement et chialer tant qu'on
voudra. Il faudrait que les lois qu'on vote en cette Chambre soient les
meilleures possible pour le bon fonctionnement de l'appareil gouvernemental, de
l'appareil législatif, et que les gens acquièrent un plus grand
respect pour notre Parlement. Les gens apprendront à respecter le
Parlement s'ils sentent que les députés respectent le Parlement
aussi.
Je pense qu'une loi comme celle-là est fondamentale qui doit
être au centre He nos préoccupations et c'est pourquoi je propose
que le Vérificateur général vienne discuter avec nous
simplement, pas dans le sens de trouver des trucs et d'essayer d'embêter
le ministre des Finances, mais pour avoir un projet de loi qui corresponde
exactement aux objectifs qui ont été poursuivis par le
Vérificateur général dans les recommandations qu'il a
faites dans ses rapports annuels depuis quelques années.
Le Président (M. Thérien): M. le ministre, vous
avez droit au temps équivalent.
(21 h 15)
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: Je ne le prendrai pas, M. le Président. Nous
avons devant nous une motion du député de Lévis qui a pour
but de convaincre cette commission des avantages que nous aurions à
entendre le Vérificateur général du Québec. En soi
et à première vue, il n'y a rien de tellement dramatique dans une
telle demande, sauf qu'il faut l'analyser dans le contexte où nous nous
trouvons. Si le député de Lévis faisait une telle motion
pour donner suite, par exemple, au voeu exprimé encore récemment
par le Vérificateur général selon lequel qu'il aimerait se
faire entendre par les parlementaires réunis en commission sur son
rapport - annuel... Il n'a pas eu l'occasion de se faire entendre sur son
rapport annuel depuis plusieurs années et, apparemment, il aimerait
cela. Si le député de Lévis faisait une telle motion,
bien, je comprendrais. Mais, ici, dans le contexte où nous nous trouvons
présentement, je ne peux pas être d'accord avec lui.
Regardons ce que dit le Vérificateur général dans
son rapport qu'il nous a remis à l'Assemblée nationale pour
l'année financière se terminant le 31 mars dernier. Il dit ceci:
"Le ministre des Finances a rappelé dans le discours sur le budget - au
bas de la page 25 - qu'il n'existait pas encore de normes
généralement reconnues et uniformément appliquées
à l'égard de la comptabilité des opérations
financières des différents gouvernements au Canada. Le
gouvernement du Québec désirait tenir compte de l'opinion du
Vérificateur général tout en n'étant pas
désavantagé dans la comparaison de sa situation financière
avec celle des autres provinces. La réforme des conventions comptables,
annoncée dans ce discours sur le budget, débutera avec
l'année financière 1986-1987 - donc, l'année courante;
elle vise aux résultats suivants - au tout premier paragraphe, on lit et
je cite: La reconnaissance comme comptes à payer du gouvernement et
l'inscription à son passif des déficits accumulés des
hôpitaux applicables à
la "sous-budgétisation". En conséquence, dès
1986-1987 l'intérêt sur ces déficits sera
comptabilisé aux dépenses du gouvernement et les déficits
accumulés seront pris en charge par le gouvernement, et à partir
de 1987-1988, amortis sur une période de cinq ans... " Ensuite, le
Vérificateur général continue pendant toute la page
à donner justement des détails. Je n'ai pas l'intention de tout
lire cette page, mais on peut le faire de part et d'autre.
À la fin de la page, on lit ceci: "Le Conseil du trésor a
prévu, dans sa décision du 10 juin 1986, qu'un projet de loi
serait présenté par le ministre des Finances à l'automne
1986 pour régulariser les comptes et obtenir du Parlement les
crédits requis pour la liquidation des comptes à payer non
pourvus. " C'est le projet de loi 130. Vous comprenez? C'est clair? Le projet
de loi 130 répond exactement à cela. "À la date du
présent rapport, ce projet de loi n'avait pas encore été
déposé devant l'Assemblée nationale. "La décision
du gouvernement de modifier certaines de ses conventions comptables
considérées non appropriées - je cite toujours le
Vérificateur général représente un geste concret et
positif résultant en une meilleure présentation de l'information
financière. En ce faisant... "
M. Garon:...
M. Levesque: Voulez-vous rester tranquille, s'il vous
plaît? J'ai écouté ce monsieur en face de moi pendant assez
longtemps pour avoir un peu de silence.
Je reprends donc: "La décision du gouvernement de modifier
certaines de ses conventions comptables considérées non
appropriées représente un geste concret et positif
résultant en une meilleure présentation de l'information
financière. En ce faisant, le gouvernement donne suite à
certaines recommandations du Vérificateur général
formulées dans ses rapports annuels antérieurs. Ce dernier - il
s'agit toujours du Vérificateur général - constate donc
avec satisfaction l'action prise par le gouvernement en vue de présenter
une information financière plus complète dans ses états
financiers. Il encourage le gouvernement à poursuivre sa démarche
dans le sens de l'amélioration de cette présentation. "
Si on retourne un an auparavant, dans le rapport du Vérificateur
général de 1984-1985, à la page 52, cette fois, que dit le
Vérificateur général, le même? C'était avant
que le ministre des Finances n'annonce ses intentions: "À notre avis,
les méthodes comptables devraient être modifiées de
façon que toutes les dépenses effectuées (... ) soient
inscrites aux livres en fin d'année. Ces modifications aux
méthodes - je continue de citer le Vérificateur
général - devraient être adoptées même si en
raison de leur application les états financiers devaient montrer un
excédent des dépenses sur les crédits autorisés.
"
Des voix: C'est cela.
M. Levesque: Alors, arrêtez de vous déchirer les
vêtements sur... Restez tranquille, vous aurez l'occasion de parler si le
président vous donne la parole. En attendant, je relis pour qu'on
comprenne très bien ce que le Vérificateur général
lui-même, alors que... Le député de Lévis se
promène, il passe son temps à se promener. Chaque fois qu'il a un
argument qui l'assomme un peu, il se met à se promener et à
parler à ses collègues. Écoutez un peu ce que le
Vérificateur général dit: "Ces modifications aux
méthodes... "
M. Garon:... vous dire que vous êtes bon?
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Lévis, s'il vous plaît!
M. Levesque: "... devraient être adoptées même
si en raison de leur application les états financiers devaient montrer
un excédent des dépenses sur les crédits autorisés.
"
C'est là que l'on voit l'esprit de l'affaire, c'est là que
l'on voit ce qu'est un crédit et ce qu'est une dépense. C'est le
problème du député de Lévis pour qui les finances,
c'est une colonne à côté d'une autre, et c'est tout. Mais
il y a autre chose que cela et ceci en est une preuve. Les dépenses ne
sont pas des crédits. Un crédit, c'est une autorisation de payer.
Il n'y a pas... Non. Dans l'argumentation du député de
Lévis, il ne semble pas faire cette distinction, je regrette.
Deuxièmement, M. le Président, et je pense que c'est
essentiel dans ce que je veux dire à cette commission, le
Vérificateur général... Nous avons la Loi sur le
Vérificateur général, on sait ce qu'il est appelé
à faire... Avez-vous la loi du vérificateur ici? Je vais vous le
dire, qu'on regarde cela ensemble. Article 22: "Le Vérificateur
général a compétence en matière de
vérification ou d'enquête se rapportant: 1° aux fonds et
autres biens publics; 2° aux services... "
Qu'est-ce qu'il fait? Son nom l'indique. Il est le Vérificateur
général, il vérifie. Il n'est pas un législateur,
il ne s'est pas présenté dans le comté de Lévis ou
dans le comté de Bonaventure, ou dans le comté de Saint-Louis. Il
a été nommé pour faire la vérification. C'est un
vérificateur, ce n'est pas un législateur. Le vérificateur
regarde une situation et passe un jugement. Il fait part à
l'Assemblée nationale de ce qu'il a
trouvé, de ce qu'il a vérifié. Le
Vérificateur général fait un examen de la situation et,
dans son rapport annuel, dit: Voici, je n'aime pas cette situation. Il y a
là des comptes à payer qui devraient être
comptabilisés, ils ne le sont pas. J'aimerais les voir
comptabilisés. C'est ce qu'il dit, au moment de la
vérification.
Ce que le député de Lévis dit, c'est qu'il faudrait
faire venir ici le Vérificateur général pour qu'il nous
dise comment légiférer. Ce n'est pas son rôle. Le
Vérificateur général prépare, à l'intention
de l'Assemblée nationale, un rapport annuel dans lequel - et la loi le
dit bien - il fait part de ses activités. Il indique s'il a reçu,
dans l'exercice de ses fonctions, tous les renseignements, rapports,
explications demandées, etc. J'irai plus loin que cela, M. le
Président. Pour préserver son indépendance, le
Vérificateur général ne peut nous indiquer les voies
à suivre, les méthodes à employer dans le sens de dire:
Vous allez légiférer de telle façon. Ce n'est pas son
rôle et je ne pense pas qu'il veuille le faire, même si on le lui
demandait. Il verra, cependant, après coup, s'il est satisfait des
correctifs que nous aurons apportés. Il peut être satisfait
à 80 %, à 75 %, à 100 %, il aura l'occasion de le dire.
Mais ce n'est pas à lui à venir dire aux législateurs
comment légiférer, ce n'est pas son rôle. Si on s'occupe
chacun de son boulot, chacun de ses responsabilités, nous allons
demeurer dans l'ordre des choses. C'est ce que je dis, tout simplement.
Autrement, j'imagine que, si on faisait venir le Vérificateur
général - s'il acceptait, d'ailleurs, cette invitation, parce
qu'il pourrait fort bien dire: Ce n'est pas mon rôle de venir vous dire
comment légiférer - on pourrait, à ce moment-là,
avec un tel précédent, convoquer le Vérificateur
général pour pratiquement toutes les lois parce que dans chacun
des projets de loi, il y a des moyens, des modalités qui sont mises de
l'avant.
Dans quelle situation se trouverait le Vérificateur
général au bout de quelque temps, alors qu'il aurait
participé à l'élaboration et à la
préparation de la législation dans tel et tel cas, dans quelle
situation se trouverait-il, après coup, pour venir critiquer quelque
administrateur ou quelque législateur que ce soit? Il serait dans une
situation absolument inférieure. Il aurait perdu ce qui fait la force du
Vérificateur général, cette indépendance qu'il doit
conserver. Il ne doit pas voir l'érosion de cette autorité qui
est la sienne en venant procéder, ici, en commission parlementaire,
à la fabrication d'une loi. Ce n'est pas son rôle. Il n'a pas
été élu, choisi, nommé, proposé,
accepté pour être membre d'une commission ou pour venir devant une
commission nous indiquer comment légiférer. Il a
été désigné pour des fonctions qui sont beaucoup
plus précises et qui sont des fonctions de vérification. C'est
justement dans ces fonctions de vérification qu'il a trouvé les
failles qu'il a dénoncées année après année
et que nous essayons de corriger pour donner suite au voeu qu'il a
exprimé.
Voilà, il me semble que c'est clair. Nous ne pouvons pas - je le
fais remarquer respectueusement, M. le Président concourir à
l'adoption de cette motion. Au contraire, nous croyons qu'il est de notre
devoir et dans le meilleur intérêt de l'Assemblée
nationale, de refuser une telle motion, et c'est également dans
l'intérêt de la fonction même du Vérificateur
général.
Le Président (M. Thérien): Merci, M. le ministre.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Je pense, très simplement, au-delà de
ce qu'on peut avoir entendu... Je voudrais faire quand même quelques
remarques sur la motion qu'on a à discuter et, indépendamment du
sort qu'elle connaîtra, on pourra revenir sur les considérations
particulières. Je voudrais faire valoir au président de cette
commission ainsi qu'aux membres - et cela inclut le ministre des Finances -
très simplement ceci: Dans le projet de loi 129, je pense que le
ministre des Finances va au moins convenir qu'il y a un principe en cause.
D'une façon très sereine, je voudrais attirer son attention sur
l'article 18. L'article 38 de la Loi sur l'administration financière,
anciennement, il la connaît bien, c'est la même qu'on a sous les
yeux, sauf qu'elle s'arrêtait, après l'expression:
"expressément visée".
Aujourd'hui, dans le projet de loi 129, on prétend qu'il y a lieu
d'ajouter une disposition, que vous connaissez, on ne s'arrêterait plus
après "expressément visée", mais on ajouterait "ou sur des
services déjà liquidés". Regardez bien les mots.
Personnellement, comme membre de cette commission, M. le Président, je
veux entendre le vérificateur, pas parce que je veux transformer cette
commission en comité de législation... (21 h 30)
C'est là que je trouve que le ministre des Finances fait une
erreur de croire qu'il y aurait un danger pour la crédibilité du
Vérificateur général si des parlementaires recevaient le
Vérificateur générai, le questionnaient sur des choses qui
nous paraissent majeures et importantes. Il ne s'aqit pas de lui demander des
avis quant à la façon dont l'article 1 du projet de loi qu'on a
sous les yeux devrait être rédigé. Je pense qu'on
entacherait sa crédibilité et je serais de votre avis, si le
Vérificateur général venait à une commission qui se
transformerait en comité de législation. Ensemble, on essaie de
faire de la législation
à l'article 38, comme il existe, à l'Exécutif, un
comité de législation pour rédiger des textes de loi qui
traduisent la volonté politique.
J'aimerais attirer votre attention sur l'article 38. Vous savez lire
comme moi, j'en suis convaincu. On ajoute: "ou sur des services
déjà liquidés lorsque les crédits ont
été insuffisants pour leur imputation". Est-ce que, oui ou non,
n'Importe quel profane ne peut pas conclure là qu'il s'agit d'une
première offre de pelleter sans limitation des crédits pour
lesquels on n'a pas pourvu des sommes? Je pense qu'une autorisation de
dépenser, par voie de conséquence, on appelle cela des
crédits, mais cela signifie payer. Je pense que tout le monde comprend
cela, ce n'est pas compliqué.
M. Garon: C'est l'autorisation de payer.
M. Gendron: C'est cela, c'est l'autorisation de payer, les
crédits.
Regardez bien la phrase: ou sur des services déjà
liquidés, mais lorsque les crédits ont été
insuffisants. Je comprends bien qu'on veut régulariser un
problème, M. le Président, mais ma question comme parlementaire
est la suivante: Quand les crédits seront-ils insuffisants? Chaque fois
que l'Exécutif aura décidé de ne pas pourvoir la somme
estimée? J'ai le droit d'avoir ce doute. Il me semble que je ne charrie
pas quand je dis cela. À partir du moment où c'est écrit
comme cela: "lorsque les crédits ont été insuffisants pour
leur imputation", n'y a-t-il pas là un incitatif à ne pas faire
l'exercice très très raisonnable d'une bonne analyse des
crédits requis sur chaque point budgétaire? Il me semble que j'ai
le droit de me poser une question.
Jusque-là, je me dis: II n'y a pas de drame à modifier la
Loi sur l'administration financière, mais le drame, c'est qu'on
altère, qu'on entache un principe sacré, pour la première
fois en ce qui me concerne. Le principe sacré, c'est que,
dorénavant, on aura beau faire l'exercice qu'on voudra sur les
crédits qu'on va discuter en commission parlementaire, c'est le ministre
des Finances qui pourra décider que, même s'il a prévu
moins de crédits requis - ce n'est pas un drame pour lui - il est
correct, selon la Loi sur l'administration financière, de pelleter sur
les années subséquentes. Il peut pelleter ce qu'il veut, il peut
pelleter les montants qu'il veut et il peut pelleter au moment où il le
veut. Alors, j'ai un problème comme parlementaire. C'est ce que dit
l'article de la loi.
Là, c'est drôle. Je dis: Je n'aime pas l'article 38, mais
je serais prêt à vivre avec. Je ne l'aime pas, mais...
Une voix: Quel article?
M. Gendron: L'article 38. Il y a là un drame pour moi,
mais il me semble qu'il est moins pire.
On continue: "L'article 58 de cette loi est modifié par le
remplacement du second alinéa par le suivant... " Dans le fond, tout ce
que vous faites, c'est faire sauter les 30 jours. D'accord, avec la
première modification, on élimine les 30 jours, si on comprend
bien les affaires. On fait sauter les 30 jours de la fin de l'année
financière qui étaient restrictifs. Dans le temps, on disait: Si
tu t'en aperçois avant 30 jours, cela va, mais, après 30 jours,
il y a un problème et on ne sait pas où le "poster", si vous me
permettez l'expression.
Voici ce que vous ajoutez, M. le ministre des Finances, par la voie du
président de cette commission - et là, je trouve cela terrible:
"Si les crédits sont insuffisants pour l'imputation d'une dépense
du gouvernement, l'excédent de cette dépense sur les
crédits est imputé sur les crédits alloués à
cette fin par le Parlement pour l'année financière suivante. "
Pourquoi l'année financière suivante? Dans quelle proportion?
Jusqu'où le ministre des Finances pourrait-il effectivement imputer des
crédits sur les crédits alloués à cette fin? II
dit: Bien oui, mais j'ai des dépassements pour tel montant que le
ministre des Finances pourrait, de bonne foi, et je suis convaincu qu'il essaie
de régler un problème, qui est réel, je le reconnais... Il
a un problème réel. Mais, quand je lis l'article: "...
l'excédent de cette dépense sur les crédits est
imputé sur les crédits alloués à cette fin par le
Parlement pour l'année financière suivante", quel regard les
parlementaires ont-ils eu sur l'année financière
subséquente en termes de discussion des 200 heures de crédits au
Parlement? Aucun.
Je reviens toujours à mon problème de fond. Je dis:
écoutez, si on lui a donné le droit de pelleter par en avant -
tout le monde comprend cette expression - parce que les crédits
étaient réellement insuffisants, est-ce qu'on ne cautionne pas
une pratique, comme parlementaire, qui peut facilement s'instaurer et,
dorénavant,.. Moi, j'aimerais bien qu'ils aillent travailler ailleurs si
cela ne les intéresse pas, M. le Président.
Le Président (M. Thérien): S'il vous plaît,
messieurs les députés, un peu d'ordre pour qu'on puisse
comprendre l'intervenant! M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: C'est une question de ton. Ça ne me
déranqe pas que vous parliez entre vous, mais je pense que j'avais la
parole. Ce que j'allais dire et ce que je trouve dramatique...
M. Levesque: Si vous me permettez, je ne veux pas interrompre le
député, mais
j'aurais une question. Qu'est-ce qu'on faisait avant? Ou que fait-on
présentement avant que la loi ne soit adoptée? Ce qui arrivait,
c'est qu'on payait à même les crédits de l'année
suivante. Mais comme ça poussait à la fin de l'année,
ça "repelletait" l'année suivante. Mais on ne pouvait pas payer
sans qu'il y ait de crédits votés par le Parlement. Ce qui
arrivait, c'est qu'ils étaient payés à même les
crédits de l'année suivante. Il n'y a pas de changement avec ce
qui existe présentement, d'après ce que je comprends.
M. Gendron: Je peux très bien répondre au ministre
des Finances. Je crois que ce n'est pas là mon propos. Il a tout
à fait raison de poser cette question. La réponse est qu'il n'y a
rien de changé, si ce n'est -écoutez bien le "si ce n'est" - que,
là, on consacre, dans une loi, le principe d'une mauvaise
prévision, qu'il n'y pas de drame, qu'on peut faire cela par loi. C'est
correct par une loi de dire: Ce n'est pas grave. On n'a pas à pourvoir
le bon montant dans chacun des programmes budgétaires. Par loi, j'ai
l'autorisation de le pelleter par en avant. Vous me dites qu'il n'y a pas de
modification dans la possibilité de le faire, et vous avez raison, M. le
ministre des Finances. Année après année, les ministres
des Finances disaient: Il faut bien que je place les dépassements
quelque part.
Je voudrais dire à ce sujet que, personnellement, en tant que
parlementaire, j'aime mieux voir - vous avez appelé cela une "footnote"
cela aux états financiers. Cela m'apparaît plus honnête de
dire: Oui, j'ai eu des dépassements pour tel montant et on les impute
à l'année subséquente que de dire dans une loi, à
tous les collègues ministériels: Dorénavant, vous n'avez
pas d'efforts à faire pour prévoir les crédits requis.
À quelle sorte d'exercice cela nous conduira-t-il, M. le ministre? Je me
rappelle, j'ai été ministre de quatre...
M. Levesque: Sauf que les articles 40 et 47 demeurent
là.
M. Gendron: Je le sais.
M. Levesque: Ils ne peuvent pas s'en sortir.
M. Gendron: Si vous le permettez, M. le Président, je vais
poursuivre. Même si j'ai lu les autres articles de la Loi sur
l'administration financière, il n'y a pas de restriction comme telle
à l'article 38. Chaque fois que les crédits auront
été insuffisants pour leur imputation, il n'y a aucun
problème pour qu'ils figurent, selon la loi, à l'année
budgétaire subséquente. C'est tout ce que je voulais
conclure.
Je dis qu'il y a là un drame terrible. J'ai quand même eu
quatre portefeuilles en tant que ministre au gouvernement du Québec et
il me semble que je n'aurais pas fait tout à fait le même effort
avec mes directeurs de service, avec tout le monde, pour m'assurer, par
exemple, à la direction de l'équipement, que c'est bien ce dont
ils ont besoin. Est-ce que c'est bien $3 800 000 dont vous pensez avoir besoin?
Et cela ne voulait pas dire que je lui donnais ce qu'il demandait. Pour
administrer convenablement les postes budgétaires que l'on connaît
d'un gouvernement, il faut faire un effort de rationalisation pour être
capable d'évaluer la bonne demande de crédit qu'il nous faut.
Qu'il y ait des variations, je comprends cela. Mais, avec un article comme
celui-là, l'exercice de faire l'effort correct pour s'assurer que la
dépense budgétaire prévue sera véritablement celle
qui s'approchera le plus de la dépense que l'on devra autoriser par des
crédits votés à l'Assemblée nationale est fini.
Je vais conclure, parce que dix minutes, ce n'est pas long. Lorsqu'on
demande, M. le Président, d'entendre le Vérificateur
général, je répète que ce n'est pas pour faire de
la législation. Voici ma phrase concluante: II est écrit que le
Vérificateur général est la personne
désiqnée pour veiller aux intérêts des
parlementaires. Lui, il regarde cela dans le domaine comptable. C'est vrai
parce que, quand on regardait son rapport tantôt, il s'exprimait dans le
domaine comptable. M. le ministre des Finances, vous ne me faites pas peur
lorsque vous dites: Le Vérificateur qénéral a dit qu'il
était d'accord sur certaines choses. Je retiens une phrase - oui, je
conclus: À la date du présent rapport, ce projet de loi n'avait
pas encore été déposé devant l'Assemblée
nationale. Donc, j'aimerais entendre le Vérificateur
général, non pas sur les intentions du gouvernement de corriger
des lacunes comptables qui n'ont pas de bon sens et qu'il faut corriger, mais
l'entendre sur le correctif tel que libellé à l'article 38 et
l'entendre sur le correctif tel que libellé à l'article 58,
deuxième alinéa. Je demanderais au Vérificateur
général: Est-ce que vous croyez qu'il y a un drame là? Si,
après une couple de demi-heures, il me disait: Non, je trouve que c'est
bien correct pour telle et telle raison, j'aurais trois ou quatre autres
questions à lui poser après ses réponses et, suivant
l'éclairage qu'il me fournirait, je lui dirais: écoutez, nous
voyons quelque chose là que lui ne voit pas. C'est sa "job" plus que la
mienne, je le reconnais. Vous avez dit cela tantôt, c'est pour cela qu'il
a été nommé Vérificateur général. Je
pense que les parlementaires devront au moins conclure et accepter que le
Vérificateur qénéral ne vienne pas légiférer
en commission, mais vienne donner son point de vue sur des questions
pertinentes que les parlementaires auraient à lui poser. Merci.
Le Président (M. Thérien): Avant de donner la
parole au député de Saint-Louis, je demanderais au
député de Lévis s'il veut continuer sa discussion à
l'extérieur. On va continuer. Merci beaucoup. M. le député
de Saint-Louis.
M. Garon: J'aurais aimé, M. le Président, que vous
ayez le même souci de faire garder le silence quand je parlais
tantôt parce que c'était un capharnaüm en arrière.
Le Président (M. Thérien): Soyez assuré que
je vais faire un effort, M. le député. M. le député
de Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: M. le Président, nous avons à
débattre pour l'instant la motion que nous a apportée le
député de Lévis. Le député de Lévis a
apporté comme argumentation qu'il nous fallait rencontrer le
Vérificateur général, et cela, pour la protection des
droits des parlementaires. C'est curieux comme argument. C'est la
première fois que j'entends dire que le Vérificateur
général est le protecteur des droits des parlementaires. D'abord,
cela ne fait pas partie de son mandat; deuxièmement, il y a un
président de l'Assemblée nationale dont c'est exactement le
mandat; troisièmement, le vérificateur général est
nommé par l'Assemblée nationale mais donc doit faire rapport en
principe à la commission de l'Assemblée nationale, et,
quatrièmement, à ma connaissance, la commission de
l'Assemblée nationale nous a référé à cette
commission-ci le Vérificateur général afin d'entendre
justement ce qu'il a à nous dire sur le rapport qu'il a fait pour
l'année financière 1985-1986. Â nous, dans un autre
débat, ultérieurement, de rencontrer le Vérificateur
général et de le questionner particulièrement, si c'est
là le bon plaisir du député de Lévis, sur les
modifications qu'il entend apporter ou qu'il a suggérées au
gouvernement sur ses conventions comptables.
En ce qui concerne la protection des droits des parlementaires, M. le
Président, le député de Lévis semble faire
abstraction justement du fait que la Loi sur l'administration
financière, aux articles 40 à 47, y pourvoit amplement. Qu'on
pense aux dépenses limitées, aux modifications, au mandat
spécial, à l'état des rapports et mandats, aux
crédits, au registre des engagements, etc. L'article 40, par exempte, se
lit comme suit; "Les dépenses (... ) imputables sur chaque crédit
voté ou inclus dans les prévisions budgétaires soumises
à l'Assemblée nationale doivent être limitées
suivant la division de ce crédit apparaissant aux prévisions
budgétaires. " Donc, les crédits doivent être d'abord
votés par l'Assemblée nationale.
La motion du député de Lévis, assez curieusement,
compte tenu de sa prémisse, à savoir la protection des droits des
parlementaires, ne fait concrètement, que subordonner les débats
en commission parlementaire, pour les députés qu'ils soient
ministériels ou de l'Opposition, pour les membres du gouvernement, elle
ne fait que subordonner le rôle de législateur qu'à cette
commission, comme rôle principal à jouer, et l'Assemblée
nationale ensuite au Vérificateur général.
Je voudrais bien penser, comme le député d'Abitibi-Ouest,
avec la largeur d'esprit qu'on lui connaît, qu'on pourrait recevoir le
Vérificateur général et le questionner sur des questions
d'ordre général sauf que, si le député
d'Abitibi-Ouest avait eu la chance de lire la motion du député de
Lévis avant que nous puissions la lire nous aussi, il l'aurait lue en
prenant plus de temps et il lirait a la dernière ligne de la motion du
député de Lévis que le député de
Lévis cherche à faire des consultations particulières
quant à tous les articles dudit projet et qu'à cette fin on
entende le Vérificateur général.
Alors, ce n'est pas le nombre d'articles qui est inquiétant, M.
le député d'Abitibi-Ouest, c'est le fait qu'effectivement la
commission parlementaire se trouverait à devenir une espèce
d'extension du comité de législation afin de savoir ce que le
Vérificateur général pourrait bien vouloir que nous
disions, en termes de convention comptable, qu'il nous a déjà
signalée comme étant erronée ou erratique par rapport aux
conventions comptables qui ont été utilisées par des
gouvernements précédents depuis de nombreuses années.
(21 h 45)
On n'a pas à demander au Vérificateur
général de choisir pour les législateurs et pour le
gouvernement quelles sont les conventions comptables qu'il faudrait que le
gouvernement applique. Le rôle du Vérificateur
général, c'est de dire; Je trouve que les conventions comptables
sont mauvaises dans certains cas et qu'il faudrait que le gouvernement les
change. Une fois que le gouvernement les a changées, c'est aussi le
rôle du Vérificateur général, dans son rapport
subséquent, de dire: Effectivement, je suis d'accord avec les
changements qui ont été faits ou bien je ne suis pa3 d'accord
avec les changements qui ont été faits. Dans un cas comme dans
l'autre, le gouvernement devra réagir à la conclusion ou aux
conclusions que le Vérificateur qénéral pourrait avoir
tirées dans son rapport annuel. Mais, pour l'instant, ce qu'on a devant
nous, c'est de modifier, comme l'a souligné le député
d'Abitibi-Ouest, des conventions comptables qui, à la demande du
Vérificateur général, font en sorte de créer un
problème administratif sérieux pour l'ensemble de
l'administration, à savoir le problème de pelleter dans
l'avenir des sommes qui ne se retrouvent à peu près nulle
part.
Tout à l'heure ou une autre journée, on aura à
étudier, entre autres, dans le projet de loi 130, une somme de quelque 1
300 000 000 $ qui n'était nulle part. II faut nous organiser soit des
crédits supplémentaires, soit faire comme nous allons le faire,
transposer ces sommes débitées dans le déficit de la
province.
Mais en ce qui concerne le Vérificateur général,
son rôle fondamental, c'est de dire à la population du
Québec en général, au gouvernement, aux parlementaires que
l'administration de chacun des ministères est allée de telle ou
telle façon. Les conventions comptables utilisées par le ministre
des Finances ont donné tel ou tel résultat. Quand le ministre des
Finances change les conventions comptables, c'est aussi le rôle du
Vérificateur général de dire: À ces nouvelles
conventions comptables qui ont été adoptées par
l'Assemblée nationale, j'estime que: a, b, c. C'est là son
rôle, le Vérificateur général. Son rôle n'est
pas de venir faire de la législation en commission parlementaire ou
ailleurs, à la commission du budget et de l'administration pour
vérifier l'organisation des conventions comptables
suggérée par le ministre des Finances. M. le Président, si
le Vérificateur général, encore une fois, n'est pas
satisfait des nouvelles conventions comptables qui nous sont proposées
et que nous allons adopter, ce sera à lui de le dire dans son prochain
rapport.
Je passerai par-dessus le fait que notre collègue, le
député de Lévis, tant pour le député
d'Abitibi-Ouest que pour le député de Saint-Louis, a fait montre
d'une ignorance profonde en matière de financement scolaire. C'est
amusant de constater - le député d'Abitibi-Ouest se le rappellera
certainement - comment le député d'Abitibi-Ouest et le
député de Saint-Louis, entre autres, en juin 1985, ont
travaillé sur des rapports corrigeant les modes d'allocation des
ressources du ministère de l'Éducation, ce qui fait que le
ministère, pour les années a venir, aura certainement plus de
facilité à coordonner ses méthodes d'allocation des
ressources avec les commissions scolaires.
Cela n'a absolument rien à voir avec l'argumentation que le
député de Lévis mentionnait concernant les comptes de
taxes, absolument rien à voir. Mais ce n'est pas nouveau que le
député de Lévis s'éjarre sur des dossiers
financiers. J'ai été même surpris de constater que notre
collègue de Bonaventure semblait surpris de cette capacité qu'a
le député de Lévis de mélanger les concepts et,
d'avoir de la difficulté à se comprendre, particulièrement
en ce qui concerne les questions de finances. J'étais surpris parce que
le député de Bonaventure, cela doit faire au moins dix ans qu'il
le voit en Chambre, qu'il le voit en avant de lui, d'un côté comme
de l'autre de la Chambre. Je suis surpris qu'il ne s'en soit pas rendu compte
plus rapidement.
Sur ce, M. le Président, je pense qu'il nous faut
rejeter la motion du député de Lévis, parce qu'elle vient
subordonner le rôle du législateur par rapport au
Vérificateur général. Dans ce cadre-là, elle est
une grave atteinte aux droits des parlementaires. Merci.
Le Président (M. Thérien): Merci, M. le
député de Saint-Louis. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? M.
le député de Jonquière.
M. Garant C'est correct. J'avais...
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: On n'a pas eu le choix, c'est une loi qui a
été déposée ou présentée par le
ministre des Finances. Donc, étant respectueux des règles
parlementaires, j'essaie toujours de m'adresser à mon interlocuteur pour
qu'on essaie de le faire évoluer dans sa pensée; autrement dit,
pour essayer de le convaincre d'écouter l'Opposition et de donner suite
si les arguments sont convaincants ou valables. Je n'ai pas la
prétention d'ajouter beaucoup d'éléments à ceux de
mes deux collègues, le député de Lévis et le
député d'Abitibi-Ouest. Je dis que le gros bon sens veut qu'on
examine ce que le vérificateur a dit lors du dépôt du
rapport à l'Assemblée nationale, comme il l'a dit à
d'autres occasions. Il me semble qu'il n'a pas fait de drame. L'Opposition ne
dit pas que le ministre erre sur tous les points; on fait seulement le dire et
on essaie d'ajouter des éléments pour le convaincre de donner
suite à ce qui nous semble logique, ce qui fait partie du gros bon
sens.
Si on regarde le rapport présenté à
l'Assemblée nationale, le vérificateur dit: Oui, il faut
comptabiliser les dépenses. Mais il ne dit pas que les dépenses
de l'année doivent être comptabilisées l'année
suivante, il dit: II faut qu'elles soient comptabilisées. Donc, le
vérificateur nous dit, à nous ou au ministre des Finances:
À l'avenir, il faut que vous arrêtiez vos dépenses quelque
part. Il n'est pas question de pelleter d'un bord et l'autre au gré et
au bon vouloir du ministre, il faut que les dépenses soient
arrêtées dans le temps. On voit cela dans les administrations
autres que l'administration gouvernementale, cela se fait
régulièrement. On ferme l'année financière et on
comptabilise, dans les municipalités, les dépenses qui ont
été faites durant l'année, sur l'année pendant
laquelle les dépenses...
M. Garon: Question de règlement, M. le Président.
J'aimerais cela que vous rappeliez à l'ordre quand cela parle du
côté ministériel. Je suis assis à côté
du député de Jonquière et j'ai de la difficulté
à l'entendre.
Le Président (M. Thérien): Je m'apprêtais
à réagir. Il reste quelques minutes pour les débats ce
soir, je demanderais de terminer cela en beauté.
M. Dufour: Merci. J'enchaîne en disant qu'on voit cela
régulièrement dans des organismes autres que le gouvernement,
qu'on comptabilise des dépenses qui sont faites dans l'année
après que l'année financière est terminée. Cela se
fait régulièrement. S'il y a des dépassements, il y a des
mesures à prendre. On ne s'oppose pas à cela. On dit: Faites-le
pour l'année courante dans laquelle cela se produit. Là, on dit
qu'on peut le retarder, le faire l'année suivante. Si le ministre ne
veut pas le faire, il ne le fera pas parce que la loi n'est pas aussi exigeante
que cela. Elle ne dit pas: Vous devez le faire obligatoirement. Si le ministre
peut décider de le faire, cela m'intrigue un peu et cela me
dérange parce que, au point de vue comptable, en fait, ce qu'on a besoin
de savoir, c'est quand la dépense a été faite et pourquoi,
et si elle a respecté un cadre donné. C'est cela que, à
mon sens, le vérificateur nous dit. Il s'agit de se reporter non pas
à ce qui est écrit dans la loi, mais à ce que le
vérificateur a dit. Il l'a dit à une conférence qui aété prononcée devant l'institut d'administration
publique. Je pense que le vérificateur s'est montré
extrêmement respectueux des élus, il dit: II faut que
l'Exécutif contrôle l'Exécutif.
M. Garon:... le législatif.
M. Dufour;... que le législatif contrôle
l'Exécutif. Donc, à ce moment-là, il est respectueux du
Parlement et il est soucieux de sa responsabilité. Il ne dit pas au
ministre des Finances: Vous savez, à l'avenir, vous pourrez prendre les
dépenses et les comptabiliser après. Il me semble que si, demain
matin, le gouvernement fermait ses livres au 31 mars de l'année,
qu'est-ce qui arriverait? Il n'y aurait plus d'opérations qui se
feraient après le 31 mars. Donc, toutes les dépenses qui ont
été faites, qui, en principe, auraient dû être
imputées à l'exercice financier, vont être
comptabilisées. Il me semble que, au point de vue comptable, ce principe
est accepté. Mais, dans la loi qui est devant nous, on s'impute d'autres
responsabilités ou d'autres façons de procéder,
c'est-à-dire un contrôle après que la dépense a
été effectuée.
C'est un précédent qui peut sembler ou qui nous semble
dangereux. Bien sûr que le ministre, avec toute sa bonhomie, sa
franchise, peut nous dire: Bien oui, tu ne feras pas cela, cela ne se peut pas.
Mais les dangers que le député de Lévis a soulignés
peuvent arriver parce que la loi n'est pas faite... Dans la loi, on n'a pas
écrit: La loi est faite pour le ministre actuel tant qu'il sera en
fonction; elle est faite pour le ministre des Finances. Un ministre, ce n'est
pas éternel, cela change. Ce n'est peut-être pas le
député de Saint-Louis qui va le remplacer, mais cela peut arriver
qu'un ministre change...
M. Garon: On ne vivra pas assez vieux...
M. Dufour: À ce moment-là, la loi est écrite
comme cela. Le législateur ne parle pas pour ne rien dire; en principe,
on applique ce qui est écrit. C'est pour cela qu'on a tellement de
problèmes avec les lois. C'est parce qu'on ne parle pas toujours de
l'esprit, on parle de la lettre de la loi, et c'est ainsi qu'on l'observe. Je
vous invite à revenir au rapport à l'Assemblée nationale
où le vérificateur nous dit: "les modifications aux
méthodes devraient être adoptées même si en raison de
leur application les états financiers devraient montrer un
excédent des dépenses sur les crédits autorisés. "
Il ne dit pas de le faire l'année suivante. Il dit de le faire et,
ensuite, pour nous, il s'agit de l'appliquer. Je ne pense pas que cela
changerait... Il me semble qu'il serait logique que le vérificateur...
Je pense qu'on n'en a jamais parlé autant qu'on en parle ce soir.
M. Levesque: Est-ce que je pourrais poser une question au
député?
M. Dufour: Oui, allez-y doncl
M. Levesque: Si je comprends bien, le député de
Jonquière dit: Bon, c'est correct. On va essayer de trouver une
façon de régler cela. S'il y avait moyen que cette dépense
reste dans le cadre de l'exercice financier où elle doit être...
Je comprends cela et c'est cela qu'on fait. On le fait dans le sens suivant: Ce
n'était pas le cas, mais, présentement, quand le contrôleur
va découvrir cette dépense, après les 30 jours -on aura
plus de temps maintenant - disons qu'au lieu du 30 avril, s'il la trouve le 15
juin, par exemple, dans l'année, il va comptabiliser cette
dépense sur l'exercice précédent. II ne pourra pas la
payer parce qu'il n'y a pas de crédit. S'il y a des crédits, il
va la payer, comme vous le voulez. S'il y a des crédits qui restent, il
va la payer.
M. Garon: II n'y a plus de limite dans le temps.
M. Levesque: Supposons qu'il n'y a plus de crédits.
Qu'est-ce qu'il fait? Il en fait un compte à payer. Donc, il
apparaît là. Dans les comptes publics de l'automne, vous allez
retrouver la liste de ces cas publiée. Vous, comme parlementaire, toute
la population, tout le monde va savoir exactement à quel montant cela
est arrivé, quelle dépense a été trouvée.
À ce moment-là, de deux choses l'une: ou bien il y avait des
crédits et il l'a imputée aux crédits; s'il n'y a pas de
crédits dans l'exercice en question, il est obligé de la payer,
mais à même des crédits adoptés par la
Législature, dans l'exercice... Je ne vois pas comment on peut faire
autrement. On ne peut pas reculer plus que cela.
Vous savez, les articles 40 et 47 empêchent des
dépassements; cela reste dans la loi. On sait qu'il y en a qui n'ont pas
été faits pour mal faire. Ils sont là, ils arrivent d'un
réseau, ils arrivent de quelque part et ils sont trouvés
après la fermeture du 31 mars. On fait en sorte que le délai de
30 jours n'empêche pas le contrôleur de trouver une place pour
cette dépense. Il va lui trouver une place. Il va la comptabiliser dans
l'exercice financier d'où provient cette dépense et il va la
payer à même les crédits, s'il y a des crédits.
 un moment donné, s'il n'y a pas de crédits, il va en
faire un compte à payer, puis il la paiera à la prochaine
occasion, le mois suivant, par des crédits adoptés par le
Parlement, par l'Assemblée nationale. Avez-vous d'autres façons
de le faire?
M. Gendron: Oui, mais regardez...
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Jonquière, s'il vous plaîtl
M. Gendron: Écoutez bien celai Vas-y!
M. Dufour: En fait, le projet de loi 130, il faut regarder de
quelle façon vous l'appliquez. Vous faites une loi. On regarde le
principe que vous avez dans la loi. Le projet de loi 130 est l'application du
projet de loi 129. Qu'est-ce qu'il dit dans ses notes explicatives? "Le projet
de loi prévoit le paiement de ces dépenses à même le
fonds consolidé du revenu pour les cas où tel paiement n'est pas
déjà autorisé par une loi spécifique, aux
époques et selon les modalités agréées par le
ministre des Finances. " C'est là que cela nous dérange. Quelles
sont les époques? Quelles sont les modalités
agréées par le ministre des Finances? C'est là que les
règles du jeu viennent de changer. Il faut regarder dans
l'application...
M. Levesque: Non, ce n'est pas 130, c'est pour le passé.
On a réglé cela une fois. On va la régler une fois, cette
affaire-là. Pour la régler, je ne suis pas obligé de payer
le 1 300 000 000 $ et quelque tout de suite, la même année. C'est
pour cela que je le paierai à mesure. On va donner le temps pour le
payer. Il est passé à la dette. Ce montant n'est pas
caché, il est passé à la dette. Normalement, je ne suis
pas obliqé de payer cela tout de suite, le lendemain matin.
Le Président (M. Thérien): M. le ministre, compte
tenu de l'heure...
M. Levesque: Excusez-moi.
Le Président (M. Thérien):... on va ajourner nos
travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 22 heures)