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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux. Elle
est réunie, ce matin, afin de procéder à l'étude
détaillée des projets de loi suivants: le projet de loi 129, Loi
modifiant la Loi sur l'administration financière. S'il vous plaît,
M. le député de Lafontaine. S'il vous plaît. M. le
député d'Abitibi-Ouest, s'il vous plaît.
Le projet de loi 129, Loi modifiant la Loi sur l'administration
financière, le projet de loi 130, Loi concernant les dépenses
effectuées et non comptabilisées au 31 mars 1986, le projet de
loi 57, Loi modifiant la Loi sur la Société Makivik, le projet de
loi 128, Loi modifiant la Loi sur le Bureau de la statistique.
M. le secrétaire, est-ce que vous avez des remplacements à
annoncer?
Le Secrétaire: II n'y a aucun remplacement pour la
séance, M. le Président.
Projet de loi 129
Motion proposant la tenue
de consultations particulières
avec le Vérificateur
général
du Québec (suite)
Le Président (M. Bissonnet): Bon. Lors de l'ajournement
des travaux, mardi dernier, nous débattions la motion suivante: Que la
commission tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée
du projet de loi 129, Loi modifiant la Loi sur l'administration
financière, des consultations particulières quant à tous
les articles dudit projet et qu'à cette fin elle entende le
Vérificateur général du Québec.
Je tiens à vous rappeller que le député de
Jonquière avait la parole à ce moment. Il lui restait deux
minutes et trente sur son temps de parole de dix minutes. M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. Effectivement, c'est
moi qui avais la parole. Il y a eu une interruption parce qu'une espèce
de question avait été posée par le ministre des Finances.
Vu le peu de temps qu'il me reste, on va laisser la question, pour insister sur
le libellé de l'amendement proposé selon lequel on devrait
recevoir le Vérificateur général du Québec pour
pouvoir discuter avec lui un peu plus à fond pour que l'Opposition et le
gouvernement, surtout, se fassent une idée pour savoir de quelle
façon on pourrait mieux présenter ou mieux s'assurer des
amendements ou de la valeur de la loi qui est devant nous pour que les
législateurs puissent bien faire leur travail.
Il faut se rappeler que ce n'est pas dans le but de transmettre
nécessairement ce que le vérificateur pourrait nous dire dans un
projet de loi. Je pense que pour l'Opposition il est important de savoir, de
celui qui est le gardien tout de même des prérogatives et des
droits des membres de l'Assemblée nationale, comment il voit cela,
comment il pourrait mieux faire son travail et comment aussi les
législateurs pourraient être mieux protégés par
rapport aux dépenses faites par le gouvernement.
Donc, à nos yeux, c'est un droit fondamental qui découle
de la responsabilité première des députés à
savoir que leur responsabilité est d'abord de contrôler les
dépenses avant qu'elles ne soient faites. Selon le projet de loi qui est
devant nous, on est loin de constater que cela pourrait se faire. Je pense bien
que le ministre des Finances peut voir la bonne volonté de l'Opposition
dans le sens de l'amendement, à savoir que c'est de recevoir le plus
d'information possible avant qu'on puisse se prononcer sur ce projet de loi,
soit pour l'amender, soit pour l'améliorer et, en fait, pour que cette
loi réponde bien à l'ensemble des voeux des législateurs.
Un projet de loi qui touche les finances, dans l'ensemble, devrait, autant que
possible, refléter l'unanimité des membres de l'Assemblée
nationale.
En conclusion, je vous dis que je serai pour l'amendement pour les
raisons que j'ai énumérées, mais en tenant compte aussi du
fait que le Vérificateur général a peut-être cette
année, comme par hasard, été plus sur la sellette que
jamais. On en a parlé. II a aussi parlé à
l'extérieur de la Chambre, mais ce serait important à nos yeux de
le faire, puisque chaque fois qu'il a pris la parole....
Le Président (M. Bissonnet): Voulez-vous conclure, M. le
député?
M. Dufour:... cela a été pour dire qu'il
était jaloux, qu'il était le gardien des
opinions ou, en tout cas, des prérogatives des membres de
l'Assemblée nationale et qu'en fait l'exécutif devrait s'en tenir
à des règles très précises pour protéger ces
vues.
Le Président (M. Bissonnet): Je n'ai pas d'autre orateur
qui m'a demandé la parole. Est-ce qu'il y a d'autres orateurs, d'autres
députés qui veulent intervenir? Est-ce que la motion est
adoptée?
M. Levesque: Vote enregistré. M. Gendron: Vote
enregistré.
Le Président (M. Bissonnet): Vote enregistré
demandé par le député d'Abitibi-
Ouest. M. le secrétaire, si vous voulez faire l'appel des
députés.
Le Secrétaire: M. Levesque (Bonaventure)?
M. Levesque: Contre.
Le Secrétaire: M. Chagnon (Saint-Louis)?
M. Chagnon: Contre.
Le Secrétaire: M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Contre.
Le Secrétaire: M. Bélisle
(Mille-Îles)?
M. Bélisle: Contre.
Le Secrétaire: M. Gobé (Lafontaine)?
M. Gobé: Contre.
Le Secrétaire: M. Poulin (Chauveau)?
M. Poulin: Contre.
Le Secrétaire: M. Séguin (Montmorency)?
M. Séguin: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Gendron (Abitibi-Ouest)?
M. Gendron: Pour.
Le Secrétaire: Trois pour, sept contre.
Le Président (M. Bissonnet): Je déclare la motion
rejetée, sept votes contre trois. Nous procéderons
immédiatement à l'étude de l'article 1. M. le
député de Lévis.
Étude détaillée
M. Garon: Je voudrais lire une lettre que je veux faire parvenir
au Vérificateur général et qui sera rendue publique.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Levesque: Qu'est-ce cette nouvelle procédure qu'on a?
Cela va en vertu de quoi?
Le Président (M. Bissonnet): C'est pour cela que j'ai
demandé qu'il y ait consentement. Nous sommes à l'étude de
l'article 1 du projet de loi 129. Évidemment, M. le député
de Lévis, je vous donne la parole sur le projet de loi, il n'y a pas de
problème, à l'article 1. La demande que m'a faite le
député de Lévis était probablement de
déposer cette lettre ou d'en prendre connaissance.
M. Garon: Vous l'apprendrez par les journaux, si vous ne voulez
pas l'entendre.
M. Gendron: Non, vous ne l'avez pas entendu, M, le
Président. II me semble que la logique commanderait aux membres de cette
commission... Puisque, de toute façon, il aura l'occasion de faire ce
qu'il vous demande à n'importe quel début d'article que vous
allez appeler dans son droit de parole de 20 minutes... Alors, si on
travaillait sérieusement - cela n'a pas l'air d'être le cas de
l'autre côté - on aurait sûrement permis qu'il explique au
moins ce qu'il veut faire, puisque, de toute façon, le règlement
lui permet de faire cela à chacun des articles que vous allez appeler.
Il voulait le faire, règle générale dans ce qu'on appelle
les remarques préliminaires. Ce n'est pas parce qu'on vient d'être
battus sur une motion que, dans les remarques préliminaires, avant
d'appeler l'étude article par article, il n'y a pas lieu de permettre au
collèque de Lévis d'expliquer aux membres de la commission ce
qu'il veut faire.
Le Président (M. Bissonnet): Je n'ai pas pu constater au
moment où vous me parlez...
M. Gendron: Vous ne lui avez pas permis.
Le Président (M. Bissonnet):... si le député
de Lévis était en train de vouloir faire des remarques
préliminaires, parce que nous avons passé l'étape des
remarques préliminaires. Les remarques préliminaires
ont été faites au début de la première
séance. S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je n'étais
pas là, mais je suis quand même au courant de ce qui s'est
passé, M. le député de Lévis. Je tiens à
vous dire que les remarques préliminaires ont été faites
du côté du gouvernement et du côté de l'Opposition.
Je m'excuse. Deuxièmement, il y a eu une motion préliminaire et,
selon une décision du député de Verchères, qui a
présidé la commission de l'économie et du travail,
lorsqu'on a eu des remarques préliminaires et qu'on passe à une
motion, il faut le consentement unanime pour revenir aux remarques
préliminaires.
M. Garon: Sauf que...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je veux juste vous faire remarquer, M. le
Président, que le secrétaire de la commission avait pris la peine
de signaler que, dans le temps de parole du député de
Lévis - vous me permettrez de le mentionner - ce que vous venez...
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre, s'il vous
plaît! Vous pouvez poursuivre, M. le député.
M. Gendron: Vous me permettrez de dire que ce que vous venez de
dire n'est pas exact, M. le Président. Ce n'est pas parce que dans les
remarques préliminaires nous avons présenté une motion que
cela nous enlève le droit, comme parlementaires, de continuer à
utiliser nos droits de parole et, surtout, pour le temps qu'il restait dans les
remarques préliminaires. Le député de Lévis,
volontairement, a présenté sa motion avant d'épuiser sa
banque de temps de 20 minutes. Le secrétaire de la commission l'a
confirmé. Donc, je suis toujours convaincu que, à ce moment-ci,
le député de Lévis peut finir son droit de parole de 20
minutes sur les remarques préliminaires, même si la motion pour
laquelle on avait un droit de parole additionnel vient d'être battue.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Levesque: M. le Président, si on voulait, simplement,
au lieu de se chicaner pour des procédures, à l'article 1 on
permettra au député de lire sa lettre, si c'est cela qu'il veut
avoir.
Le Président (M. Bissonnet): Sur l'étude
détaillée article par article, M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, ce que dit le
député d'Abitibi-Ouest est conforme à la
vérité. J'ai demandé, dès ce moment-là,
à reprendre mes remarques préliminaires après la motion.
Cela m'a été confirmé, on m'a dit qu'il me restait tant de
temps.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Lorsque je vous ai donné la parole, M. le député de
Lévis, vous ne m'avez pas mentionné, dès le début
de votre intervention, que vous étiez encore sur les remarques
préliminaires que vous vouliez faire. Je suis quand même
lié par une décision qui a déjà été
prise par le député de Verchères le 2 et le 8
décembre 1986 dans des cas similaires au vôtre.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Bissonnet): Ce que je vous dis, c'est
que, lorsque vous avez commencé, selon moi, j'ai appelé l'article
1...
M. Garon: Je ne peux pas vous le dire avant de parler.
Le Président (M. Bissonnet): J'ai appelé l'article
1 et je vous ai donné la parole sur l'article 1. En tant que je suis
concerné, vous avez droit de parole sur l'article 1 pour 20 minutes.
M. Garon: Oui, mais je ne peux pas vous en parler avant que vous
me donniez la parole. Si vous parlez avant que je parle, à ce
moment-là, vous pouvez dire n'importe quoi. Là, je suis pris en
particulier par ce que vous avez dit alors que j'avais expressément
demandé la veille, c'est-à-dire mardi, de faire enregistrer le
temps qu'il me restait pour parler et que j'avais l'intention de revenir par la
suite là-dessus. Tout cela m'a été confirmé.
Le Président (M. Bissonnet): Vous aviez sept minutes qui
n'étaient pas utilisées sur les remarques
préliminaires.
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Bissonnet): Je suis d'accord avec vous,
vous aviez sept minutes. Je dois vous dire que, lorsqu'on a une motion
préliminaire qui est après les remarques, par tradition, à
ce moment-là, on ne peut pas revenir, à moins qu'il y ait
consentement unanime des membres de la commission.
M- Garon: Si, au moment où je parle, au lieu de
présenter ma motion à la fin de mon temps de parole de remarques
préliminaires, je la présente dans le cours en disant... Un
instant! Le secrétaire et le président étaient là
et j'ai demandé si je
pouvais continuer mes remarques préliminaires par la suite. Tout
le monde était d'accord, il n'y a pas eu de démenti
là-dessus.
Le Président (M. Bissonnet): On m'informe qu'il n'y a pas
eu de décision de prise. Si vous aviez dit, lors de votre intervention,
qu'il vous restait une période de temps et que vous aviez
demandé, vous aviez fait votre motion préliminaire, à ce
moment-là, en tant que président, si j'ai un consentement unanime
des membres ici présents, je vais vous permettre votre période de
sept minutes. Si je n'ai pas de consentement unanime, je suis lié par
des décisions du président de la commission de l'économie
et du travail, à deux reprises, qui a exactement fait la même
chose.
M. Gendron: M. le Président, je suis obligé de vous
faire remarquer, et cela va être la dernière fois que je vais
intervenir là-dessus, qu'il n'y a pas eu une motion préliminaire,
comme vous venez de le dire. Il y a une étape prévue dans le
règlement selon laquelle, avant de commencer l'étude d'un projet
de loi article par article, nous pouvons faire des remarques
préliminaires. Au cours de ces remarques préliminaires, il y a eu
une motion pour tenir des consultations particulières. Quand mon
collègue de Lévis a présenté sa motion, il avait un
droit de parole de 20 minutes pour ce qu'on appelle les remarques
préliminaires. Volontairement, il n'a pas épuisé son droit
de parole lors des remarques préliminaires, mais il a
présenté une motion de consultation particulière. La
motion est rejetée et nous revenons au stade où nous en
étions, c'est-à-dire aux remarques préliminaires et il
reste du temps.
Je peux même vous dire que je n'ai pas exercé mon droit de
parole lors des remarques préliminaires, comme député
d'Abitibi-Ouest. J'ai le droit, comme membre de cette commission, d'exercer mon
droit de parole de 20 minutes pour des remarques préliminaires; c'est la
même chose pour notre collègue de Jonquière. Nous ne
l'avons pas fait et nous savions à ce moment-là que nous
n'exercions pas notre droit de parole. Notre collègue de Lévis,
dans son droit de parole lors des remarques préliminaires, avant
d'épuiser son temps, a décidé de déposer une
motion, comme c'est régulier dans les commissions. La motion a
été débattue, on a utilisé notre droit de parole et
cette motion a été rejetée par un vote. Et nous revenons
au stade où nous en étions.
Il reste sept minutes à mon collègue pour les remarques
préliminaires; il reste 20 minutes à mon collègue de
Jonquière, s'il veut les utiliser, et il me reste 20 minutes, si je veux
les utiliser. Je n'ai pas fait de remarques préliminaires et je mets le
secrétaire de la commission au défi de prouver que j'ai
utilisé mon droit de parole pour les remarques préliminaires.
J'ai parlé pendant dix minutes sur la motion de consultation
particulière. La motion est rejetée. Où en sommes-nous?
Nous sommes exactement au stade où nous en étions lorsque la
commission a commencé ses travaux, avant de faire le dépôt
de la motion; tous les parlementaires peuvent parler pendant 20 minutes lors
des remarques préliminaires.
Tout ce que je vous demande, c'est de donner la parole à mon
collègue pour qu'il termine ses remarques préliminaires. Si les
membres de la commission le veulent, il est fort possible, selon la
décision qui sera rendue, que je n'exerce pas mon droit de parole de 20
minutes sur les remarques préliminaires, pas plus que mon
collègue, le député de Jonquière.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député, je vous
lis l'article 244: "La commission saisie étudie chaque article du projet
de loi et les débats portent sur les détails du projet. " Et on
ajoute: "Avant d'entreprendre l'étude détaillée, la
commission peut décider de tenir des consultations particulières
dans le cadre de son mandat. " C'est la motion et c'est une motion
préliminaire, avant l'étude du projet de loi article par article.
Les 2 et 8 décembre 1986, dans des cas similaires à celui que
nous vivons aujourd'hui, le député de Verchères a rendu
une décision dont je vous ferai part. Après vous avoir fait part
de cette décision du député de Verchères dans un
cas similaire à celui-ci, si vous voulez intervenir, je vous
écouterai.
Dans le cadre de l'étude détaillée d'un projet de
loi, peut-on revenir aux déclarations d'ouverture après avoir
débattu et disposé de la motion préliminaire? Dans la
décision rendue les 2 et 8 décembre 1986, dans des cas tout
à fait semblables, le président de la commission de
l'économie et du travail et député de Verchères
indiquait qu'il y a trois étapes distinctes lors de l'étude
détaillée d'un projet de loi en commission. Il s'agit, dans
l'ordre, de l'étape de la déclaration d'ouverture, qui n'est pas
prévue au règlement mais qui est issue de la tradition; de
l'étape des motions préliminaires qui suit celle de la
déclaration d'ouverture mais qui précède l'étude du
premier article; de l'étape de l'étude article par article. Le
député de Lévis a présenté une motion
préliminaire visant à ce que la commission procède
à une consultation particulière. Cette motion a été
jugée recevable, débattue et mise aux voix. Ce faisant, la
commission avait clairement franchi la deuxième étape
énoncée plus haut. En conséquence, nous en sommes à
l'étape des motions préliminaires pour le moment -plus
maintenant, parce que j'ai appelé l'étude
de l'article 1 - et il n'est pas possible de revenir à
l'étape des déclarations d'ouverture à moins d'un
consentement des membres de la commission.
M. Gendron: On n'est pas là-dedans. Ce n'est pas cela. M.
le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Oui, M. le
député d'Abitibi-Ouest. (10 h 30)
M. Gendron: Je voudrais juste faire valoir que ce que vous venez
de lire par rapport à ce que nous vivons, ce n'est pas du tout la
même chose. Je le fais valoir sur deux points: Quand les parlementaires
font-ils des déclarations d'ouverture? Règle
générale, c'est lors d'une commission pour audition de
mémoires. Lorsqu'il y a audition de mémoires, normalement, il y a
des déclarations d'ouverture. Avant de commencer l'audition des
mémoires ou l'étude d'un projet de loi article par article, il
est arrivé effectivement que des parlementaires ont fait des
déclarations d'ouverture. Â la deuxième étape, vous
avez parfaitement raison de dire que c'est habituellement ce qu'on appelle la
présentation de motions non pas préliminaires mais
particulières dans les remarques préliminaires. Cela
m'étonne que vous n'ayez pas parlé de cela du tout.
Habituellement, pour chaque projet de loi, avant l'étude article par
article, le président demande aux parlementaires: Est-ce que des
parlementaires ont des remarques particulières à faire valoir? Je
ne comprends pas que vous n'ayez pas du tout parlé de cette étape
dans la décision que vous venez de rendre.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Abitibi-Ouest, cela a été fait avant la motion
préliminaire.
M. Gendron: On n'a pas fait de motion préliminaire, on a
fait une motion de consultation particulière.
Le Président (M. Bissonnet): La motion de consultation
particulière, en vertu de l'article 244, a été faite
après les remarques préliminaires et c'est une motion
préliminaire.
M. Gendron: Non, M. le Président, je m'excuse, Cela a
été fait - regardez le procès-verbal - au moment de
l'exercice du droit de parole d'un collègue membre de cette commission
dans ce qui a été appelé, par la présidence, "les
remarques préliminaires". Qu'est-ce que c'est?
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. Gendron: Je voudrais finir, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Oui. S'il vous
plaît!
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je veux juste finir bien calmement. À
l'intérieur du droit de parole sur les remarques préliminaires,
il a été accepté par la présidence qu'un
collègue membre de cette commission fasse motion de tenir des
consultations particulières dans son droit de parole sur les remarques
préliminaires. À partir du moment où la présidence
a accepté cela, on ne m'a jamais donné... Vous venez de dire
qu'une des premières étapes est celle des remarques
préliminaires. Je vous pose la question, M. !e Président: Quand,
comme parlementaire, ai-je pu faire des remarques préliminaires?
M. Levesque: M. le Président.
M, Gendron: Je finis, M. le ministre.
M. Levesque: Je pensais que vous me posiez une question.
M. Gendron: C'est ça, M. le Président. J'aimerais
que vous répondiez à ma question. Quand ai-je eu, comme
parlementaire de cette commission, l'occasion de faire mes remarques
préliminaires?
Le Président (M. Bissonnet): Sur le même sujet,
M. le ministre?
M. Levesque: Oui, M. le Président. Je sais ce qui est
arrivé, j'étais présent et plusieurs de mes
collègues étaient également présents. Tout autre
député aurait pu participer, mais le député de
Lévis n'a pas permis à ses collègues d'utiliser leur droit
de parole. C'est lui-même qui est passé à la
deuxième étape, c'est-à-dire celle des motions
préliminaires. S'il a erré en procédure, M. le
Président, c'est sa propre turpitude qui en est responsable et non pas
les membres de la commission. Je comprends que le député de
Lévis ait eu tellement hâte de présenter sa motion; il
l'avait annoncée, il m'avait parlé. Il a apparemment même
écrit toute une lettre sur ce sujet. C'est donc qu'il avait hâte
de passer aux motions préliminaires et il n'a pas pensé à
protéger le droit - un droit, évidemment, qui davantage issu de
la tradition que du règlement - de ses collègues de
procéder à l'étape première traditionnelle et il
est passé immédiatement à la seconde étape, celle
des motions préliminaires.
Vous avez vous-même procédé à la
troisième étape, M. le Président, en appelant l'article 1.
Je pense qu'on devrait cesser cette procédurite et passer au travail
sérieux tel qu'il est attendu de la population du
Québec qui nous regarde et se demande, à certains moments,
ce qu'on fait avec ce genre d'obstruction qui devient de plus en plus une
obstruction systématique de la part de certains membres de
l'Opposition.
Le Président (M. Bissonnet): Une dernière
intervention et je vais rendre ma décision.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je veux simplement vous
demander, si jamais vous rendez une décision sur tout ce qui vient
d'être dit, de m'indiquer sur quelle jurisprudence vous vous appuyez, sur
quoi vous vous appuyez dans le règlement pour prétendre, dans le
droit de parole d'un collègue sur les remarques particulières,
pour conclure, comme cela a été mentionné par M. le
ministre des Finances, qu'il s'agirait là d'une deuxième
étape. Et ce serait notre faute, je le cite aux mots: c'est vous qui
avez décidé de passer à la deuxième étape,
celle des motions préliminaires. Je n'ai jamais vu dans le
règlement qu'il y avait une deuxième étape qui s'appelle
les motions préliminaires.
Tout ce que je sais, M. le Président c'est là-dessus que
j'aimerais vous entendre concernant le droit de parole d'un collègue sur
les remarques préliminaires, avant la fin de son droit de parole sur les
remarques préliminaires, il a fait une motion parce que le
président de cette commission, au moment où on a fait cela, lui
indiquait deux choses: premièrement, il lui resterait un temps de parole
de sept minutes sur les remarques préliminaires; deuxièmement, M.
le Président - je vous demande de regarder cela très
sérieusement - je suis certain que n'importe quel collègue dans
son droit de parole, avant la fin de l'expiration de son droit de parole, peut
faire une motion de consultation particulière et, après qu'elle
est battue, nous revenons là où nous étions. Or, nous
étions aux remarques préliminaires et c'est tellement vrai qu'on
était aux remarques préliminaires que, dans les remarques
préliminaires, mon collègue n'a même pas eu le temps
d'épuiser son temps de parole. Le député de
Jonquière n'a fait aucune remarque préliminaire et c'est le cas
de celui qui vous parle, et aucun des ministériels - on est
habitué à cela; c'est leur droit - n'a fait de remarques
préliminaires. Et vous me faites accroire que nous en étions
à la seconde étape des motions de consultation
particulière? Non. Je vous demande, M. le Président, si jamais
vous rendez une décision dans le sens qu'on ne peut pas revenir
là où nous étions après qu'on a
présenté une motion, sur quelle jurisprudence vous vous appuyez.
Merci.
Le Président (M. Bissonnet): Je vais rendre ma
décision. Premièrement, lorsque le député de
Lévis, dans ses remarques préliminaires, a proposé la
motion, cette dernière a été jugée recevable. Aucun
député ici ne s'est opposé à la motion du
député de Lévis. Vous me parlez de jurisprudence. Selon la
tradition et l'usage, je suis lié par la décision qui a
été prise les 2 et 8 décembre 1986 dans des cas
semblables. Il y a eu une motion préliminaire et on n'est pas revenu aux
remarques préliminaires, à moins d'avoir un consentement unanime
des membres de cette commission. Évidemment, vous auriez pu vous
opposer, lorsque le député de Lévis a fait sa proposition,
à ce qu'on passe immédiatement à la motion du
député de Lévis pour vous permettre de faire vos remarques
préliminaires, comme chacun des députés. À ce
moment-là, la motion étant acceptée par le
président de la commission, étant acceptée par l'ensemble
de la commission, je suis lié par la décision du
député de Verchères. Si vous voulez permettre au
député de Lévis de parler pendant les sept minutes qu'il
lui restait, cela me prendrait un consentement unanime des membres de cette
commission. Ma décision est prise, M. le député.
M. Garon: Je veux vous poser une question de directive.
Le Président (M. Bissonnet): Oui, M. le
député de Lévis.
M. Garon: L'article 244, au deuxième paragraphe, dit:
"Avant d'entreprendre l'étude détaillée, la commission
peut décider de tenir des consultations particulières dans le
cadre de son mandat". J'ai fait une proposition pour entendre le
Vérificateur général à la commission parlementaire.
Des députés ministériels, recommandés par le
ministre des Finances, ont décidé de voter qu'ils ne voulaient
pas entendre le Vérificateur général. Après, cela
veut dire qu'on ne peut plus faire aucune proposition de tenir des
consultations particulières avec d'autres personnes.
Le Président (M. Bissonnet): Je tiens à vous dire
que quand vous m'avez demandé la parole tantôt vous auriez pu
faire une autre proposition pour une autre consultation. Vous ne l'avez pas
fait. J'ai appelé l'article...
M. Garon: Vous l'avez appelé avant qu'on prenne la parole.
Vous l'avez fait de vous-même, de votre chef, sans même vous
occuper si on voulait dire quelque chose. Vous avez dit j'appelle l'article
1.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis, vous ne m'avez pas demandé la parole avant que j'appelle
l'article 1.
M. Garon: Oui, mais je ne peux pas savoir quand vous avez fini de
parler ou non. En finissant de parier immédiatement, vous commandez une
étape additionnelle alors qu'on n'a même pas eu le temps de se
prononcer, on n'a même pas eu le temps d'intervenir. C'est vous qui aviez
la parole. Cela n'a pas de bon sens.
Le Président (M. Bissonnet): Écoutez, M. le
député de Lévis. Lorsque le vote a été pris
sur la motion, j'ai annoncé: La motion a été
rejetée.
M. Garon: Oui, oui. Immédiatement.
Le Président (M. Bissonnet): Et j'ai appelé
l'article 1. Vous avez demandé la parole.
M. Garon: Non, non. Immédiatement, vous avez appelé
l'article 1.
Le Président (M. Bissonnet): C'est cela.
M. Garon: Oui, mais ce n'était pas cela.
Immédiatement après... Il me semble que...
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que vous auriez
préféré que j'aie demandé: Est-ce que d'autres
députés veulent faire d'autres motions?
M. Garon: Non.
M. Chagnon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Question de règlement,
M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, j'invoque l'article 41. Je
vous demande de commencer l'étude de l'article 1 du projet de loi,
compte tenu que vous avez déjà pris une décision sur le
fond de la question qui est encore soulevée par le député
de Lévis, malgré la décision que vous avez
déjà prise. Le député de Lévis n'a pas le
droit de remettre en question la décision que vous avez
déjà prise selon l'article 41.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, nous sommes à
l'étude de l'article 1. M. le député de Lévis, je
vous cède la parole.
M. Garon: M. le Président, si le ministre pense aller plus
vite de cette façon, libre à lui.
Le Président (M. Bissonnet): Non. Ce n'est pas la
décision du ministre, c'est la décision du président.
M. Levesque:... vous avez déjà commencé
à faire de l'obstruction.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît, M. le
ministre. S'il vous plaît, M. le ministre.
M. Levesque: Vous allez continuer, quelles que soient les
décisions prises ici. Voyons doncl
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre! S'il vous
plaît! M. le député de Lévis, vous avez la
parole.
M. Garon: M. le Président, le Parlement est fait pour que
les parlementaires puissent s'exprimer. Ce n'est pas le ministre des Finances
qui va m'empêcher de m'exprimer. Je suis prêt à prendre le
temps qu'il faut et j'ai la volonté, la capacité et la
détermination de prendre le temps qu'il faut pour étudier
correctement les projets de loi au nom du peuple qui nous a élus.
M. Levesque: Vous auriez pu ajouter d'autres qualificatifs
aussi.
M. Garon: Si le député de Bonaventure trouve que le
temps est trop long, libre à lui. S'il trouve que, lui, ne veut pas y
consacrer les heures qu'il faut, c'est sa décision. Moi, je vais mettre
les heures qu'il faut pour étudier les projets de loi qui touchent la
population et, dans ce cas-ci, qui touchent de façon majeure la
population.
Je vais vous dire, M. le Président, qu'il y a quelques minutes
j'ai fait parvenir une lettre - qui n'a pas été
préparée mardi, qui a été préparée
hier soir et ce matin - au Vérificateur général. Ce n'est
pas le ministre des Finances qui peut empêcher les parlementaires de
rencontrer le Vérificateur général. Si c'est cela,
l'opinion publique en sera saisie puisque le Vérificateur
général n'est pas le représentant du ministre des Finances
mais travaille pour les parlementaires. "M. le Vérificateur
général, la commission permanente du budget et de
l'administration étudie présentement deux projets de loi. Il
s'agit, d'une part, du projet de loi 129, Loi modifiant la Loi sur
l'administration financière, et, d'autre part, du projet de loi 130, Loi
concernant les dépenses effectuées et non comptabilisées
au 31 mars 1986. "Selon le ministre des Finances, ces projets de loi donnent
suite à certaines recommandations formulées dans les derniers
rapports annuels du Vérificateur général du Québec.
L'Opposition s'interroge quant à la manière utilisée par
le gouvernement pour régler les problèmes soulevés par le
Vérificateur général. L'Opposition a déjà
exprimé certaines craintes quant aux implications qu'auront ces projets
de loi sur le contrôle
de l'administration des fonds et autres biens publics par les
parlementaires. L'Opposition a spécifiquement demandé que le
Vérificateur général soit entendu en commission
parlementaire par la voie d'une consultation particulière. Les
représentations des membres ministériels de la commission
laissent voir que cette demande sera fort probablement rejetée.
"Personnellement, je considère que le Vérificateur
général est le mieux placé pour indiquer aux
parlementaires si ces projets de loi reflètent bien ses recommandations
et protègent adéquatement le droit des élus. Je
souhaiterais donc vous rencontrer afin de discuter des implications de ces
projets de loi importants et ce dans la mesure du possible avant la reprise des
débats en commission parlementaire sur ces projets. Je considère
opportun, dans ces circonstances, de vous demander une rencontre dès
maintenant. "Veuillez accepter, M. le Vérificateur
général, mes plus cordiales salutations".
Quand le ministre nous offre le contrôleur des finances, il aurait
dû savoir que le contrôleur des finances - il ne le sait
peut-être pas, peut-être qu'il n'a pas pris le temps de lire sa loi
- dépend du ministre des Finances. Le contrôleur des finances est
contrôlé, est vérifié par le Vérificateur
général. Il n'est pas normal que ce soit le
"vérifié" qui vienne répondre aux questions sur un projet
de loi qui concerne la vérification. Au contraire, c'est le
vérificateur qui aurait dû être ici et non pas le
contrôleur des finances. La Loi sur l'administration financière
est claire. Si on regarde la Loi sur l'administration financière, elle
est claire, le contrôleur des finances est vérifié. On dits
"Un contrôleur des finances ainsi qu'un contrôleur adjoint des
finances sont nommés au ministère des Finances
conformément à la Loi sur la fonction publique". "Le
contrôleur des finances doit tenir la comptabilité du
gouvernement; il doit aussi, conformément à la présente
loi, enregistrer les engagements financiers imputables sur les crédits
et voir à ce que ces engagements et les paiements qui en
découlent n'excèdent pas ces crédits et leur soient
conformes". C'est exactement ce que le Vérificateur
général va vérifier, si le ministère des Finances a
fait cela par son contrôleur des finances.
Un contrôleur des finances, au fond, c'est la personne
vérifiée par le Vérificateur général. Le
Vérificateur général agit au nom des parlementaires.
Tandis que le contrôleur des finances relève du ministère
des Finances et du ministre des Finances. Si on regarde toutes les dispositions
des articles qui suivent... Je comprends qu'on pourra relever les galées
sur ce qu'a affirmé mardi le ministre des Finances quand il nous parlait
du contrôleur des finances. Le contrôleur des finances n'est pas
une personne neutre. On peut lire: Les articles 14, 15, 16, 17 qui suivent dans
cette Loi sur l'administration financière partout où il est
question du contrôleur des finances. Le contrôleur des finances
doit tenir la comptabilité d'une façon prescrite par la loi et
voir à ce que les choses soient faites correctement et apparaissent dans
les éléments ou les divisions où elles doivent
apparaître, selon les prévisions budgétaires, selon les
crédits votés. On dit même que le contrôleur des
Finances doit tenir un registre des engagements imputables sur chaque
crédit en tenant compte de la division prescrite. Toutes les
règles que doit suivre le contrôleur des finances sont
indiquées là-dedans. Qu'est-ce que fait le Vérificateur
général? Le Vérificateur général vient
vérifier si le contrôleur des finances fait son travail comme il
faut. (1Q h 45)
On dit même à l'article 47... Écoutez bien, 47 et
48. "Aucun contrat comportant l'obligation pour Sa Majesté de payer une
somme d'argent ne peut être fait et n'est valide à moins que le
contrôleur des finances ne certifie qu'il existe, sur un crédit,
un solde disponible suffisant pour exécuter les engagements
découlant de ce contrat et venant à échéance dans
l'année financière où il est fait". Justement, il semble
que le contrôleur des finances ne fait pas cela et que le
Vérificateur général a demandé d'adopter des
dispositions pour que les choses soient faites correctement.
 l'article 48 on dit, sur les conditions des contrats: "C'est une
condition de contrat comportant l'obligation pour Sa Majesté de payer
une somme d'argent que le paiement soit subordonné à l'existence
d'un crédit non engagé pour l'année financière
où il est dû. "Alors qu'on voit qu'on engage des montants d'argent
par l'entremise d'agents payeurs que sont les universités, les
commissions scolaires, les hôpitaux et d'autres organismes. Des sommes
d'argent sont dépensées alors qu'il n'y a pas de crédits
qui ont été votés.
Alors, qu'est-ce qu'il fait le contrôleur des finances? Le
contrôleur des finances engage des crédits sans droit. C'est quoi
l'affaire? Ce n'est pas à la personne qui est surveillée de venir
nous donner des réponses, c'e3t au Vérificateur
général. C'est pourquoi j'ai écrit au Vérificateur
général pour que celui-ci puisse, à défaut des
députés ministériels... Les députés
ministériels ne veulent pas, le ministre des Finances a répondu
en leur nom. Dans notre cas je pense qu'on a le droit de rencontrer le
Vérificateur général. On va demander de le rencontrer et
on verra si à ce moment il veut le faire ou ne pas le faire, ou s'il
veut rencontrer les députés de l'Opposition seuls, ou s'il veut
rencontrer tous les députés du gouvernement et tous les
députés de la
commission parlementaire. Il est certain qu'à ce moment le
ministre des Finances en assumera les responsabilités.
Prévisions budgétaires
M. le Président, puisque nous sommes dans le cadre de l'article 1
qui ajoute un élément important à l'article 38 de la Loi
sur l'administration financière... Il est dit: "Les prévisions
budgétaires soumises au Parlement doivent porter sur les services dont
la liquidation s'effectuera au cours de l'année financière ou
d'une autre période expressément visée - cet article
ajoute - ou sur des services déjà liquidés lorsque les
crédits ont été insuffisants pour leur imputation".
J'aimerais savoir, M. le Président, si je pose des questions au
ministre des Finances concernant l'interprétation ou la façon
qu'il veut appliquer cet article, si j'ai le droit de lui poser des questions
dans le cadre de mon temps de 20 minutes concernant cet article. Le total de
mes questions... Je me méfie de la jurisprudence qui est
appliquée. Je veux savoir si chaque question va être
additionnée et si j'aurai droit à des questions pour une
période de 20 minutes.
Le Président (M. Bissonnet): Le principe c'est que vous
avez un droit de parole de 20 minutes, M. le député de
Lévis, il n'y a aucun doute à cet effet. Vous avez un temps de
parole de 20 minutes à l'article 1, il n'y a pas de doute sur cela. S'il
y a consentement des membres de la commission, vous,..
M. Garon: II y a une jurisprudence où le temps de 20
minutes... Je regrette, je ne veux pas...
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
attendez une minute.
M. Garon: Est-ce que son droit de parole peut-être
coupé autant qu'on veut? Je pense qu'il y a une jurisprudence. Comme
vous avez l'air bon dans la jurisprudence, j'aimerais que vous me disiez la
jurisprudence à cet effet.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! Un
instant, M. le député de Lévis. Alors, voici, M. le
député de Lévis, vous avez un droit de parole de 20
minutes pour chaque article. Je vais vous lire l'article 245 qui me semble
être très clair: "Le temps de parole de 20 minutes dont disposent
les membres de la commission vaut pour chaque article, alinéa ou
paragraphe d'un projet de loi; chaque amendement ou sous-amendement ou chaque
article qu'on propose de modifier ou d'ajouter dans une loi existante. Ce droit
de parole peut être utilisé en une ou plusieurs
interventions".
Donc, si vous posez une question au ministre des Finances, le ministre
des Finances répond à votre question. Par contre, je dois aussi
reconnaître d'autres députés qui veulent parler. Vous avez
toujours droit à 20 minutes quel que soit... Si vous voulez poser une
question au ministre et vous demandez au ministre d'y répondre, je vais
demander au ministre s'il veut répondre. À ce moment, je
reviendrai à vous à moins qu'il y ait d'autres
députés qui m'aient demandé d'intervenir. Je dois quand
même remettre le droit de parole à chaque député en
succession, à moins qu'il v ait un consentement que vous posiez des
questions et que votre temps de 20 minutes vous soit servi de façon
exclusive avant que d'autres parlementaires interviennent à
l'intérieur de leur droit de parole de 20 minutes.
M. Polak: II faut respecter tous les parlementaires.
Son temps de parole...
Le Président (M. Bissonnet):... et le ministre
répond sur son temps de parole à lui. Le principe c'est que vous
parlez 20 minutes - s'il vous plaît, M. le député de
Sainte-Anne - et à ce moment le ministre a un droit de parole pour vous
répondre à l'intérieur de vos questions. Si je comprends
bien, vous voulez qu'il réponde aux questions que vous lui posez et y
revenir. Je crois que c'est cela que vous désirez.
M. Garon: Revenir après les autres, cela ne me fait rien.
Je veux juste que ma période de temps de 20 minutes soit
réservée.
Le Président (M. Bissonnet): Vous allez avoir le droit de
vous exprimer 20 minutes sur chaque article, M. le député.
M. Garon: M. le Président, je voudrais poser cette
question au ministre: Pourquoi veut-il se donner le pouvoir, dans ses
prévisions... Cela m'apparaît incompatible. On dit: "Les
prévisions budgétaires soumises au Parlement doivent porter sur
les services dont la liquidation s'effectuera au cours de l'année
financière". Comment une prévision budgétaire peut-elle
s'exercer sur des services déjà liquidés lorsque les
crédits ont été insuffisants pour leur imputation? Est-ce
que cela veut dire qu'il veut remettre dans l'année suivante des
dépenses qui ont été effectuées l'année
antérieure, c'est-à-dire pelleter sa neige l'année
suivante?
M. Levesque: C'est exactement ce que vous avez fait pendant vos
neuf ans au pouvoir.
M. Garon: Je me demande ce que vous voulez faire dans l'avenir.
Je ne parle pas du
passé, on ne pourra pas corriger le passé. Je vous demande
ce que vous voulez faire dans l'avenir à moins que vous vouliez diriger
dans le passé. Je pense que vous avez les années en tant que
parlementaire pour diriger dans le passé, mais je suis plutôt
intéressé à vous poser des questions sur l'avenir.
M. Levesque: C'est justement ce que nous voulons corriger par le
présent projet de loi à la demande et à la suggestion du
Vérificateur général, qui n'acceptait pas les
méthodes utilisées auparavant. Nous le faisons de la façon
suivante, et j'ai bien expliqué - c'était, je crois, mardi, notre
dernière réunion - que nous voulions que toutes les
dépenses soient comptabilisées dans l'exercice d'où elles
proviennent. Ainsi, s'il y a des dépenses qui viennent à la
connaissance du contrôleur des finances, même après la
période de 30 jours prévue présentement par la loi,
qu'elles soient comptabilisées à l'exercice en question; s'il y a
des crédits suffisants dans cet exercice, que ces dépenses soient
imputées à ces crédits. Mais, au cas où il arrivait
que les crédits ne soient pas suffisants, que ces dépenses soient
comptabilisées comme comptes à payer et qu'elles soient
payées à même des crédits votés par la
Législature pour l'exercice suivant. C'est clair.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce qu'il y aura des provisions dans les
prévisions budgétaires pour nous indiquer les montants des
crédits qui portent sur des services déjà liquidés
ou sur des services dont la liquidation s'effectuera au cours de l'année
financière qui commencera? Est-ce qu'on va faire la distinction parce
que ce sera des crédits bidons, des crédits déjà
dépensés ou des crédits à dépenser?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Levesque: Lorsque vous allez voter les crédits d'un
exercice financier? Est-ce que c'est ce que vous dites?
M. Garon: Je veux dire qu'on a les montants globaux, est-ce que
ces montants globaux vont être décortiqués en services
déjà liquidés et en services dont la liquidation
s'effectuera au cours de l'année qui vient? Exemple, vous
présentez des crédits à la fin de mars...
M. Levesque: Cela va être dans les comptes publics.
M. Garon: Dans les comptes publics, un instant! C'est
évident que quand on va étudier les crédits on ne pourra
pas savoir ce qui est dans le passé et ce qui est dans l'avenir. Est-ce
que vous avez l'intention de mettre dans vos colonnes de chiffres...
M. Levesque: Lesquelles?
M. Garon: Les prévisions budgétaires.
M. Levesque: Dans les prévisions de l'exercice
précédent ou l'exercice suivant?
M. Garon: L'exercice pour l'année où vous allez
présenter les prévisions budgétaires. Par exemple,
1987-1988, vous allez les présenter bientôt...
M. Levesque: Oui.
M. Garon:... est-ce que vous avez l'intention de nous dire
là-dedans ceux qui sont des crédits pour des services
déjà liquidés ou des services dont la liquidation va se
faire au cours de l'année 1987-1988?
M. Levesque: C'est-à-dire que pour...
M. Garon: Je sais que ce ne sera pas le cas cette
année...
M. Levesque: Non parce que cette année...
M, Garon:... à cause de la loi 130.
M. Levesque:... il y a la loi 130 qui s'occupe de cela.
M. Garon: Oui, mais pour l'avenir? Une voix:
1988-1989?
M. Levesque: Disons qu'on arrive à l'exercice 1987-1988,
tout est liquidé pour le passé, donc on va cesser de pelleter
dans 1987-1988. Il n'y aura pas la pression, si vous voulez, du 1 300 000 000 $
qui étaient là au début des exercices
précédents. C'était 400 000 000 $ en 1978, et cette
pression s'exerçait à chaque exercice financier, jusqu'à
ce qu'on en arrive à plus de 1 000 000 000 $ de pression par
année. Cela n'existera plus en 1987-1988. Il est donc probable, cette
pression étant enlevée, que les crédits votés pour
1987-1988 seront suffisants, aussi suffisants qu'on puisse l'imaginer, sauf si
on a besoin, par exemple, d'un budget supplémentaire; cela peut encore
arriver.
Cependant, supposons qu'une dépense se fait et qu'elle ne trouve
pas de crédit correspondant dans l'exercice financier; à ce
moment-là, elle sera listée et sera rendue publique. S'il y en
avait - il peut ne pas y en avoir - ces dépenses seraient rendues
publiques dans les comptes publics de l'année
qui suit la fin de l'exercice financier et puisqu'il faut les payer,
elles seraient payées à même les crédits
votés par la Législature pour l'exercice financier suivant.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Si vous me permettez, M. le Président,
d'abord un court commentaire sur la lettre que le député de
Lévis a envoyée au Vérificateur général du
Québec. Je relisais attentivement la Loi sur le vérificateur
général, et je vais relever trois articles que je citerai au
député de Lévis. D'abord, l'article 1: "La présente
loi a pour objet de favoriser, par la vérification, le contrôle
parlementaire sur les fonds et autres biens publics. Toute conception du
rôle de vérification au sens comptable - M. le
député de Lévis, est-ce que vous écoutez? - c'est
un contrôle après le fait des dépenses qui ont
été effectuées.
Quand vous demandez au Vérificateur général de
jouer le rôle d'un consultant en administration, de vous donner un avis
sur une pratique qui doit être suivie...
M. Garon: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bissonnet): Question de
règlement.
M. Garon: Pourriez-vous demander au député de
Mille-Iles de s'adresser au président? Il n'a pas à s'adresser
à un député en particulier, c'est une de nos règles
et il devrait s'y soumettre. Quand il parle, il s'adresse au président,
il ne s'adresse pas nommément à des députés membres
de la commission.
M. Bélisle: M. le Président, je note que le
député de Lévis...
Le Président {M. Bissonnet): M. le député,
vous pouvez poursuivre. Je sais que vous vous adressez au président,
mais il peut...
M. Bélisle: Je note que le député de
Lévis n'est jamais intéressé à écouter
attentivement alors qu'il veut toujours être écouté par les
gens de l'autre côté. Il faudrait peut-être rendre la
pareille aux gens de la commission qui tentent de lui expliquer des faits.
Quand on demande au Vérificateur général de jouer
un rôle de consultant en administration, on s'adresse à la
mauvaise personne. Si on veut demander des conseils à un consultant en
administration, il s'agirait peut-être de recourir aux services d'une
firme de l'extérieur. Quand je lis l'article 1 de la Loi sur le
vérificateur général, c'est la vérification au sens
strict, telle que connue dans le domaine financier. C'est le contrôle
après le fait d'une dépense en fonction d'un crédit ou
d'un budget autorisé.
Je me demande comment le député de Lévis va
réussir à obtenir une réponse du Vérificateur
général parce que l'article 8 de la Loi sur le
vérificateur général dit que ce dernier relève de
l'Assemblée nationale et qu'il exerce les pouvoirs que la loi lui
confie. Si le député de Lévis se prend pour
l'Assemblée nationale en son entier, je ne sais pas comment il
réussira à obtenir une réponse. Ce n'est pas à un
membre de l'Assemblée nationale, mais à l'Assemblée
nationale que le Vérificateur général dépose son
rapport chaque année. Je verrais très mal le Vérificateur
général commencer à jouer au consultant en administration
pour chacun des députés de l'Assemblée nationale. Ce n'est
pas son rôle, ce n'est pas ce que le législateur a voulu. J'ai
bien hâte de voir la réponse du Vérificateur
général. (11 heures)
Troisièmement, dans cette même loi -il semble que le
député de Lévis ne l'ait pas lue - à l'article 26,
les pouvoirs de vérification sont très clairs. Il n'existe aucun
sous-alinéa parmi les sept qu'on y retrouve qui accorde le pouvoir au
Vérificateur général de répondre à une telle
demande du député de Lévis, même le septième
sous-alinéa, qui est le plus large et que je vais vous lire: "La mise en
oeuvre de procédés satisfaisants destinés à
évaluer l'efficacité et à rendre compte dans les cas
où il est raisonnable de le faire. " Dans tous les autres
sous-alinéas, c'est le contrôle après le fait de la
dépense effectuée. Cette parenthèse étant
fermée, j'ose espérer qu'à l'avenir de telles
requêtes qui me semblent non conformes à la loi, et aux lois
existantes ne seront pas présentées pour faire perdre le temps
très important de nos fonctionnaires. Quant au...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Mille-Îles.
M. Levesque: M. le Président, si vous me le permettez,
juste sur les remarques que vient de faire...
Le Président (M. Bissonnet): Après l'intervention,
vous pourrez toujours... Je reviendrai plus tard au député de
Mille-Îles.
M. Levesque: Oui, oui, je veux tout simplement...
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque:... apporter une précision aux remarques
très appropriées et très pertinentes du
député de Mille-Îles. Je veux
simplement ajouter que la lettre du député de Lévis
est une dérogation sérieuse, c'est pratiquement du mépris
pour le parlementarisme. Il mentionne dans sa lettre que, probablement, la
commission va rejeter sa motion, c'est-à-dire qu'il reconnaît dans
sa lettre que la majorité des membres de l'Assemblée nationale ou
de de la commission, autrement dit, que la majorité des élus du
peuple convoqués à cette fin, rejette ce qu'il propose, mais lui
passe pardessus la volonté des élus du peuple et, parce qu'il est
le député de Lévis, comme le disait le
député de Mille-Îles, il va obtenir les services d'un
consultant spécialisé qui s'appellerait le Vérificateur
général. C'est un autre signe non seulement de mépris pour
le Parlement, mais de mépris pour la fonction même du
Vérificateur général.
Le Président (M. Bissonnet); M. le député de
Mille-Iles, si vous voulez poursuivre.
M. Bélisle: Je peux continuer, M. le Président.
M. Levesque: Je m'excuse, M. le député de
Mille-Iles.
M. Bélisle: Non, non, cela va, M. le ministre, vous avez
complété ce que...
Le Président (M. Bissonnet): Vous devez vous adresser au
président, M. le député.
M. Bélisle: Oui, M. le Président, je m'adressais
à vous, bien entendu. Cela a complété les premiers
énoncés que j'ai faits.
Pour ajouter à ce que le ministre des Finances vient de dire,
c'est évident que, lorsqu'on regarde l'ensemble du projet de loi 129 et
surtout l'article 1, il faut lire tous les articles ensemble. Si on ne lit pas
tous les articles ensemble, on ne comprend pas dans les faits ce qui va se
passer - prenons le bon exemple et posons la bonne question -en 1988-1989, pa9
en 1987-1988. Je vais tenter de vous l'expliquer en deux mots. Quand vous
demandez s'il va y avoir des provisions dans les crédits
présentés par les différents ministères, je vous
signale respectueusement qu'il est de pratique comptable courante dans les
états financiers du Québec, depuis de nombreuses années,
comme dans le cas de l'entreprise privée, de faire des provisions pour
des éléments qu'on ne peut définir avec exactitude. Je
cite à la page Al des états financiers du 31 mars 1985: "Comptes
à recevoir, provision pour créances irrécouvrables". On a
un joli total de 529 000 $. On a une petite note au bas: "après avoir
déduit des créances radiées de 14 199 000 $. "
On va môme plus loin, M. le Président, dans les discours
sur le budget passés.
Prenons celui de 1986-1987, à la page 27. Je veux seulement vous
préciser des termes qu'on utilise dans le discours sur le budget. Quand
on parle des dépenses budgétaires, on parle des prévisions
de 1986-1987. Quand vous regardez au centre du document, en bas, et qu'on fait
le total de 28 750 000 000 $, ce qu'on ajoute, c'est encore pire que des
provisions pour des choses qu'on ne peut identifier avec exactitude. On parle
de crédits périmés anticipés. Avant
l'exécution ou la dépense qui est faite concernant un programme
dans un ministère, on met dans un budget en début d'année
ce qu'on anticipe ou ce qu'on prévoit ne pas utiliser dans
l'année courante. On parle même, dans les budgets passés,
de dépenses probables. On parle toujours de ce qu'on peut chiffrer
approximativement. Ce que je comprends, c'est que, quand les états
financiers, les comptes publics sortiront en 1987-1988, pour la première
fois on n'aura pas ce qu'on avait dans les comptes publics passés. Je
vous réfère, M. le Président, aux états financiers
de 1984-1985 sous l'ancien gouvernement. Quand on regarde le passif à la
page 21, on voyait comptes à payer, note 5, pour l'année 1985, 1
125 289 000 $. On allait à la note 5 et on voyait une description et
également à la page 28, reproduit ici, estimation des
dépenses, comptes à payer, frais courus non inscrits, annexe 3.
Quand on lit cette page-là, il est impossible, pour n'importe quel
lecteur, de savoir à quels crédits se réfère toute
cette chinoiserie comptable. Je vous en fais une lecture: Marchandises
livrées et services rendus, ce qui n'était pas inscrit en date du
31 mars 1985, 24 441 000 $. Ne me demandez pas ce que c'est, je ne le sais pas,
je ne peux pas le savoir. Il n'y a pas un député de
l'Assemblée nationale qui peut le savoir. Et ainsi de suite pour la
rondelette somme de 1 135 000 000 $.
À l'avenir, quand on aura la publication des états
financiers, des comptes publics, à l'automne 1987-1988, on aura, je
l'espère, exactement quelque chose de conforme à ce qui est en
annexe au projet de loi 130, c'est-à-dire crédit par
crédit, programme par programme, des dépassements qui seront en
annexe. Il s'agit de 71 e) à l'article 3 du projet de loi 129. Je
suppose que le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche ou la
ministre de la Santé qui verra un dépassement X par rapport
à tel programme, quand il préparera ses crédits au cours
des mois de novembre et décembre 1987 ou de janvier ou février
1988 pour les prochaines prévisions budgétaires, devra faire une
provision dans ses crédits et dire: L'année passée, j'ai
dépassé d'à peu près 350 000 $ mon budget.
Maintenant, au lieu que ce ne soit pas autorisé, je vais l'inclure dans
mon budget.
Qu'on ne vienne pas nous dire, M. le Président, que cela ne
pourra pas être légal
et qu'on outrepasse les droits du Parlement. Si c'est
présenté à l'intérieur des crédits, les
commissions parlementaires qui analysent les crédits de chacun des
ministères pourront les autoriser. Donc, le ministère du Loisir
de la Chasse et de la Pêche pourrait dire: Les résultats de
Tannée passée, c'est que j'ai dépassé de 350 000 $.
Maintenant que je le sais - cela arrive à peu près chaque
année comme une provision pour mauvaises créances, le
gouvernement a toujours des provisions pour mauvaises créances, cela a
toujours existé - on peut l'inclure à l'intérieur du
budget. Il n'y a pas une entreprise qui met une provision pour mauvaises
créances dans son budget de début d'année et qui sait
qu'elle fera exactement tel montant de mauvaises créances. C'est une
provision, c'est une estimation d'un montant.
La différence fondamentale - c'est ce que j'essaie d'expliquer
correctement - c'est que cette procédure est meilleure en termes de
contrôle des dépenses parce que, lorsque les ministres auront le
bulletin de leur gestion dans les états financiers du gouvernement, dans
les comptes publics, sachant qu'ils ont dépassé ou non,
l'année suivante, s'ils veulent être de bons gestionnaires, ils
devront, lors des crédits budgétaires, inclure ces
dépassements et les faire autoriser par les parlementaires. Je trouve
que c'est la meilleure procédure qu'on puisse adopter dans le cas
présent. C'est cela, le projet de loi 129 et le projet de loi 130.
M. Garon: Je voudrais demander au ministre s'il a l'intention
d'apporter des amendements au cours de l'étude du projet de loi 129. Il
m'a laissé entendre qu'il pourrait y avoir des amendements.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Levesque: À la suite de la discussion que nous avons
eue mardi dernier avec certains membres de cette commission, plus
particulièrement avec le député d'Abitibi-Ouest, j'ai
demandé à mes conseillers juridiques et à certains
fonctionnaires du ministère de voir s'il n'y avait pas moyen de faire
une sorte de trait d'union entre les préoccupations qui avaient
été évoquées ici, qui avaient été
formulées au cours de cette commission. D'ailleurs, j'avais
laissé entendre au tout début, dans mes premières
remarques à cette commission, et je l'avais également dit en
Chambre, que tout effort pour bonifier le projet de loi serait fait, s'il y a
lieu, et qu'il n'y aurait sûrement pas d'entêtement de ma part s'il
s'agissait de clarifier, de préciser ou d'enlever des inquiétudes
qui, à mon sens, étaient peut-être
exagérées.
Quelquefois, avec un peu de bonne volonté, on peut arriver
à apporter certains éclaircissements ou certaines
précisions dans le vocabulaire ou on peut améliorer certaines
formes de phrase.
Je suis heureux de voir que le député d'Abitibi-Ouest est
arrivé; justement, on parlait de lui. Le député de
Lévis me posait la question, me demandait si j'avais des amendements
à apporter. J'ai fait état de certaines discussions qui avaient
eu lieu entre certains membres de cette commission et j'ai dit au
député de Lévis que, oui, j'avais demandé à
mes fonctionnaires, particulièrement aux conseillers et aux juristes, de
voir si, dans la formulation de ce que l'on veut faire, on ne pouvait pas
enlever certaines inquiétudes qui avaient été
manifestées à ce sujet. Ma réponse au député
de Lévis est affirmative. Évidemment, je suis prêt à
présenter ces amendements s'ils sont de nature à atteindre les
buts poursuivis; sinon je me contenterai, évidemment, du texte initial.
Mais je suis prêt, lorsque le moment sera venu, ayant obtenu ces
résultats hier soir, à faire connaître à cette
commission le contenu de ces modifications que je pourrais apporter au projet
de loi, si elles avaient comme conséquence de pouvoir atténuer
les inquiétudes que j'ai comprises, malgré qu'elles ne me
paraissent pas essentielles parce que l'essentiel demeure là. Elles sont
peut-être de nature pédagoqique ou autre, psychologique, si vous
voulez, comme on en a discuté. Alors, je suis prêt, lorsque la
commission le désirera, à vous faire connaître quelles sont
les nouvelles formulations que nous avons trouvées.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Pourriez-vous en faire le dépôt? Je me
base un peu sur l'argumentation du député de Mille-Îles qui
dit que ces articles doivent se lire les uns avec les autres, qu'ils forment un
tout, qu'on ne peut pas les lire de façon distincte.
M. Levesque: C'est entendu.
M. Garon: II faudrait peut-être voir vos amendements tous
ensemble aussi, si je me base sur l'argumentation du député de
Mille-Îles, M. le Président.
M. Bélisle: II faut que vous vous adressiez au
président, M. le député.
Le Président (M. Bissonnet): Oui, il s'adresse au
président.
M. Garon: Je m'adresse au président. M. Bélisle:
D'accord.
M. Garon: Je n'ai pas l'habitude de poser des questions aux
députés. C'est habituellement au ministre.
M. Levesque: Cela va venir.
Le Présidait (M. Bissonnet): Sur le sujet, M. le
député d'Abitibi-Quest.
M. Garon: À ceux qui sont responsables.
M. Gendrorn M. le Président, je m'excuse, j'ai
manqué quelques petits moments, mais je suis au courant de ce dont on
discute. Si le ministre des Finances a indiqué aux membres de cette
commission qu'il avait manifesté des signes d'ouverture pour apporter
des modifications ou certains petits amendements aux aspects qui nous
apparaissaient les plus problématiques, je ne voudrais pas prendre
inutilement le temps de la commission aux articles 1 et 2 pour refaire des
débats que nous avons faits. J'ai eu l'occasion d'exprimer au ministre
des Finances les inquiétudes qui étaient miennes en tout cas,
mais qui étaient également partagées par les membres de
l'Opposition. En conséquence, il m'apparaîtrait beaucoup plu3
valable, dans le suivi de nos travaux, d'être saisi tout de suite des
amendements proposés et, selon la nature des amendements, eu
égard aux inquiétudes que nous avions, de constater qu'il s'agit
là d'un progrès intéressant ou non.
En conséquence, M. le Président, je solliciterais de votre
part, à ce moment-ci, que vous demandiez au ministre des Finances de
déposer lesdits amendements pour qu'on puisse en prendre connaissance
et, globalement, avoir une opinion sur l'ensemble des articles du projet de loi
qui va dans le sens de ce qu'on a fait valoir ou qui sera modifié selon
la nature de ces amendements.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, il faudrait qu'on s'entende
pour une dérogation à ce moment-ci, parce que nous sommes
à l'article 1, pour me permettre de faire connaître les
amendements que je propose aux articles 1, 2 et 3, parce que cela se tient.
Le Président (M. Bissonnet): Avec le consentement des
membres de la commission, le ministre pourrait peut-être nous faire
connaître, sans dévier de l'article 1, juste les propositions
possibles qu'il pourrait faire à d'autres articles du projet de loi.
M. Gendron: Bien, en ce qui nous concerne, il n'y a pas de
problème. Il y a consentement pour que la commission prenne connaissance
des amendements avant de procéder.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, juste les
déposer ou... M. le ministre.
M. Levesque? Vous me permettrez simplement, dans ce
cas-là, de prendre un instant. On aura l'occasion d'en reparler. Ce
qu'on m'avait soumis, c'était qu'il y avait certaines expressions qui
dépassaient un peu, au moins dans leur perception, les intentions
véritables du législateur. Par exemple, quand on dit: "lorsque
les crédits ont été insuffisants", c'était une
expression qui avait l'air d'ouvrir la porte à certaines
exagérations possibles. Alors, nous avons fait disparaître cette
partie de phrase et on a repris complètement l'article pour faire
disparaître cette chose qui pouvait donner cette impression.
Dans l'article 2, il n'y avait pas de limite, de terme que l'on... Si on
me permet, dans l'article suivant, il n'y avait pas de terme
d'échéancier. Autrement dit, il n'y avait pas de limite. On avait
enlevé les 30 jours, mais on avait laissé un peu la porte
ouverte. Je pense que c'est le député de Lévis et d'autres
députés également qui se demandaient s'il n'y avait pas
moyen de mettre une limite quelque part, justement pour qu'on ne dise pas:
Bien, mon Dieu, on peut continuer comme cela dans l'éternité.
Alors, nous avons tenu compte de cela. Vous le verrez dans les amendements
à l'article 2.
Il y avait également dans l'article 2, au deuxième
paragraphe, une reprise de l'expression que l'on trouvait dans l'article 1 et
que j'ai évoquée tout à l'heure. Là
également, on a changé la formulation pour faire sauter
l'expression qui inquiétait.
 l'article 3, c'est de concordance, je pense bien. C'est cela,
c'est de concordance.
J'espère que ceci pourra apporter une bonification au projet de
loi.
Le Président (M. Bissonnet): Ces documents sont
déposés à titre d'information. S'il y a lieu d'apporter
des amendements, au moment où on arrivera à ces articles, on
entendra le ministre proposer ces amendements. M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je voudrais, au moins, vous
suggérer que, même si je reconnais, et vous avez raison, que ces
amendements sont déposés à titre d'information, il faut
quand même permettre à l'Opposition d'en prendre connaissance
quelques secondes.
M. Levesque: On peut suspendre pour cinq minutes, si vous
voulez.
M. Gendron: C'est cela. Je suggérerais qu'on suspende
quelques minutes pour prendre connaissance des amendements avant de
poursuivre la discussion. Parce que, si ces amendements vont dans le
sens des inquiétudes réelles que nous avons exposées et
que les espèces de portes ouvertes qui étaient restées
dans le libellé des anciens articles se ferment, j'aimerais avoir
l'occasion d'en discuter avec mes collègues pour voir si cela nous
satisfait.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, je suspends les
travaux de la commission pour une période de dix minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 20)
(Reprise à 11 h 44)
Le Président (M. Bissonnet): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend l'étude de l'article 1 du projet de loi
129. La parole est au député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je ne sais pas. Avant le dépôt des
amendements proposés par le ministre des Finances, est-ce que le
député de Lévis avait terminé?
Le Président (M. Bissonnet): II reste neuf minutes au
député de Lévis. Il intervient, pose des questions et
revient après.
M. Gendron: Je n'ai pas d'objection à prendre la parole.
En ce qui me concerne -mais là, je veux dire que, de façon
très libre, mes collègues de la commission pourront l'exprimer
comme ils l'entendent -à l'article 1, j'avais fait valoir au ministre
des Finances ce qui ne me convenait pas et que je trouvais très
dangereux, pas juste pédagogiquement, même si cela a
été l'expression du ministre des Finances. J'avais acquis la
conviction que, si on ne voulait pas créer une espèce d'incitatif
à la "non-nécessité" de faire un effort sérieux
pour s'assurer qu'on prévoie le plus correctement possible les
crédits requis pour effectuer le paiement des choses avec lesquelles on
est complètement d'accord, il ne fallait sûrement pas dans une loi
mettre un incitatif disant que, lorsque les crédits étaient
insuffisants pour leur imputation, ce n'est pas grave puisque
législativement on se donnait une disposition pour le faire.
Je reconnais, cependant, que l'article 38 - je l'ai dit ouvertement
parce que, pour moi, il n'est pas question comme parlementaire de faire de
cachette ou quoi que ce soit - est là pour corriger un problème
réel. Nous aurions beau, je pense, faire les efforts que nous voudrions,
il est difficilement envisageable que, sur une longue période, un
gouvernement ait toujours la capacité de prévoir avec
complète exactitude, pour l'ensemble des postes budgétaires d'un
gouvernement, la justesse entre l'estimation d'une dépense et la
dépense réellement effectuée. Même de pleine bonne
foi pour tout le monde, je ne connais pas de gouvernement... On peut reculer
même avant 1976. Prenez les 35, 40 ans de vie des gouvernements, vous
allez toujours vous rendre compte qu'à la fin il y avait des "footnotes"
ou autre chose dans les états financiers pour dire: Les crédits
prévoyaient telle dépense, mais pour toutes sortes de raisons, X,
Y, Z, il est arrivé telle nécessité de surplus.
Là, il faut se comprendre, par contre, sur l'amplitude des
sommes. Moi, ce qui me fatiguait dans l'article 38, c'est de manifestement
écrire que, lorsque les crédits sont insuffisants pour leur
imputation, ce n'est pas grave, je peux pelleter par en avant sans limitation,
sans distinction. Même si on me faisait accroire qu'il faut toujours lire
l'article 38 eu égard aux autres articles, je le sais, pour la
première fois, on écrirait dans une loi que, pour des
crédits insuffisants, on va arranger cela d'une façon
législative.
L'amendement qui nous est proposé va dans le sens des
représentations que j'avais fait valoir au ministre des Finances. En ce
qui concerne celui qui vous parle, cela ne règle pas le problème,
il y aura toujours des dépassements. Il va falloir en parler dans les
articles subséquents. Je veux quand même, encore là,
être très clair. Je ne prétends pas qu'il s'agisse d'un
amendement de fond par rapport à la compréhension qu'on pouvait
avoir de l'article 38, si ce n'est qu'il n'y a plus cette ouverture au fait
qu'on ne soit pas le plus serré possible dans la prévision des
crédits requis.
On a strictement enlevé, même si on l'a libellé
différemment: "lorsque les crédits ont été
insuffisants pour leur imputation. " Moi, en ce qui me concerne, à
partir du moment où c'était cette disposition que je trouvais
incorrecte, je n'ai pas d'objection à accepter l'article 38 tel que
libellé. Mais je prétends - là, il se peut que j'aie
besoin d'éclairage - que l'article 38 nouvellement libellé est
identique à l'ancien article 38 moins, si on l'enlève, la partie:
"lorsque les crédits ont été insuffisants pour leur
imputation. " C'est un libellé différent pour dire exactement la
même chose. En ce qui me concerne, cela me satisfait puisqu'on aura: Les
prévisions budgétaires soumises au Parlement devront porter sur
les services liquidés au cours de l'année financière ou
d'une autre période expressément visée. Mais cette autre
période expressément visée, nous aurons l'occasion dans
les autres amendements de la préciser: c'est immédiatement la
période subséquente. En ce qui me concerne, je n'ai pas d'autres
commentaires à formuler
sur l'article 38.
Le Président (M. Bissonnet): Juste pour clarifier pour le
Journal des débats, l'amendement n'a pas encore été
proposé comme tel. C'est simplement un projet qui a été
transmis aux membres.
M. Gendron: M. le Président, je préférerais
effectivement qu'on puisse faire...
Le Président (M. Bissonnet): D'accord, c'était
juste pour que ce soit bien clair au Journal des débats. M. le
ministre des Finances.
M. Levesque: Je désirais avoir un peu l'opinion de la
commission avant de formellement le proposer. Cela ne sert à rien de le
proposer s'il ne rencontre pas...
Le Président (M. Bissonnet): C'était juste pour le
Journal des débats. On parle d'amendements, mais cela n'a pas
été déposé formellement.
M. Levesque: Si vous le permettez, si cela peut faciliter la
discussion...
M. Gendron: Ce qu'il suggère, M. le ministre, c'est
effectivement de ne pas le proposer formellement à ce moment-ci.
Le Président (M. Bissonnet): C'est cela.
M. Gendron: Mais pour les fins du Journal des débats,
pour qu'on sache au Journal des débats de quoi l'on
parle...
Le Président (M. Bissonnet): C'est exactement cela.
M. Gendron:... le président a prétendu qu'il y
avait lieu de dire qu'on parlait quand même de l'amendement sans qu'il
ait été formellement proposé.
Le Président (M. Bissonnet): C'est cela exactement.
M. Gendron: M. le Président, et M. le ministre des
Finances, je suggérerais, effectivement pour des fins d'échanges
qu'on n'en fasse pas une proposition formelle tout de suite. Nous ne passerons
pas trois jours sur cela, mais permettez qu'il y ait d'autres réactions
rapides de collègues des deux côtés et nous verrons par la
suite.
Le Président (M. Bissonnet): Cela va. M. le
député de Sainte-Anne, cela va? M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais que le ministre des Finances nous dise une
chose. Cela répondrait un peu à l'affirmation du
député d'Abibiti-Ouest quand il dit, par exemple, que la
formulation nouvelle que nous a montrée le ministre des Finances et
qu'il pourrait proposer à l'article 38, ce n'est pas différent de
ce qui existe actuellement. Alors, cela donne quoi de changer ce qui existe
actuellement?
M. Levesque: Écoutez, c'est bien simple.
M. Garon: Le député d'Abitibi-Ouest a dit qu'il n'y
a pas de changement.
M. Levesque: Je comprends la question.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Si vous prenez la ligne ? de l'article 38 tel qu'il
existe présentement -je ne sais pas si le député a le
texte - on dit: "sur les services dont la liquidation s'effectuera". Et
là, le mot "s'effectuera", qu'est-ce que vous voulez? c'est le futur.
Par la nouvelle formule, on ne se place pas dans le temps. Cela permet de
passer aux autres articles tout en étant d'une parfaite concordance.
M. Garon: Oui.
M. Levesque: C'est cela.
M. Garon: Dans le fond, cela permet de le faire sans le dire.
C'est cela que vous voulez dire.
M. Levesque: C'était la partie qui semblait fatiguer
certaines personnes et qui semblait être l'objection principale. On
comprenait pourquoi on le faisait, mais on disait: Il ne faut pas le dire de
cette façon parce que vous encouragez, comme législateur, des
dépassements. Vous devriez trouver une autre formule pour corriger la
situation sans utiliser cette formule qui, au sens de ceux qui s'en
plaignaient, pouvait être interprétée comme un peu de
laxisme du côté du législateur.
M. Garon: Je vais poser une question au ministre.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis.
M. Garon: II disait que, les années passées, le
ministre des Finances pelletait dans l'année suivante. Dans son projet
de loi, il dit: "sur des services déjà liquidés lorsque
les crédits ont été insuffisants pour leur imputation".
 quoi attribue-t-il l'insuffisance des crédits?
M. Levesque: Je ne le dis plus.
M. Garon: On parle du texte qui est devant nous. Vous dites que
c'est le problème que vous voulez corriger, qu'il y a une insuffisance
de crédits. Je ne fais pas partie des gens qui mettent la
poussière en dessous du tapis pour dire: II n'y a plus de
poussière, elle est en dessous du tapis.
M. Levesque: Je comprends la question. Le pelletage se faisait
dans le sens suivant: on prenait les sommes retrouvées par le
contrôleur après les 30 jours en question parce que, dans les 30
jours, il pouvait toujours imputer cela aux crédits.
M. Garon: Parce qu'il y avait des crédits.
M. Levesque: Avant, cela se faisait. M. Garon: Oui, s'il y a des
crédits.
M. Levesque: Quand il arrivait au 32e jour et qu'il
trouvait quelque chose, il ne pouvait pas l'imputer aux crédits,
même s'il y avait des crédits. Il fallait qu'il le mette dans le
tiroir en question.
M. Garon: Pas ici.
M. Levesque: Pas maintenant.
M. Garon: "Sur des services déjà liquidés
lorsque les crédits ont été insuffisants pour leur
imputation", c'est parce qu'il n'avait pas les crédits.
M. Levesque: Parce que, je le répète pour la
nième fois...
M. Garon: C'était quoi...
M. Levesque:... quand le contrôleur les trouvait
après 30 jours, il ne pouvait pas les imputer, même s'il y avait
des crédits à l'exercice financier où ces dépenses
avaient été engagées.
Ce que nous voulons...
M. Garon: Oui...
M. Levesque: Laissez-moi terminer. Ce que nous voulons, c'est que
ces dépenses... Là, je suis obligé d'aller à
l'article suivant...
M. Garon: L'article 58.
M. Levesque:... parce qu'on avait dit: En éliminant les 30
jours complètement, vous allez un peu loin, vous n'avez pas de limites.
D'accord, on va mettre une limite. On a mis quatre mois parce qu'après
consultation avec le contrôleur, le contrôleur a dit: C'est
suffisant. Si c'est suffisant, mettons-le dans la loi. On l'a mis.
M. Garon: Oui. Alors, si...
M. Levesque: Si le 32e jour ou le 61e jour,
le contrôleur trouve qu'il y a une dépense, il va
immédiatement l'imputer toujours à l'exercice où cela a
été engagé, pas la pelleter dans l'avenir ou au bas de la
page ou en "footnote". Cela va être comptabilisé dans l'exercice
financier en question. S'il y a des crédits, cela va être
imputé aux crédits. Si les crédits sont
insuffisants...
M. Garon: C'est cela...
M. Levesque:... à ce moment-là, cela devient un
compte à payer dans l'exercice en question et, si l'Assemblée
nationale ne veut pas le voter, le crédit ne sera jamais
payé.
M. Garon: D'accord.
M. Levesque: Cela dépend. C'est toujours
l'Assemblée nationale qui va demeurer maîtresse des
crédits. C'est cela qui est important. Ils pourront voter. S'ils ne
votent pas les crédits, "no game", un fonctionnaire qui aura
acheté quelque chose devra le payer de sa poche parce que personne ne va
le payer si l'Assemblée ne le vote pas. C'est cela que je veux dire. Je
pense que c'est correct.
M. Garon: Regardez bien, c'est cela que j'essaie de comprendre
comme il faut. Si vous ajoutez vos trois ou quatre mois, au lieu de finir de
payer les comptes au 30 avril, vous allez jusqu'au 30 juin ou au 31 juillet.
Pourquoi, à ce moment-là, si vous avez des crédits
suffisants dans l'année qui vient de s'écouler, est-il
nécessaire de changer l'article 38?
M. Levesque: C'est au cas où ils ne seraient pas
suffisants.
M. Garon: Ah! C'est ce que je voulais dire. C'est donc que les
crédits sont insuffisants. Pourquoi sont-ils insuffisants?
M. Levesque: Je peux facilement vous demander pourquoi, pendant
toutes les années précédentes, même avant votre
gouvernement c'est arrivé. Si vous voulez nous inclure, cela ne me fait
rien, cela ne me dérange pas. C'est une situation pratiquement
inhérente à la gestion des affaires publiques, comme le disait le
député d'Abitibi-Ouest. Cela peut arriver, il faut le dire.
Même si les articles 40 et 47 disent que c'est absolument défendu
de le faire, c'est arrivé dans le passé.
M. Garon: Pourquoi est-ce arrivé?
M. Levesque: C'est arrivé parce qu'il y a eu des erreurs,
parce que des réseaux, de
bonne foi, ont pu dépasser. Je ne dis pas que cela n'arrivera
plus. Il y a moins de risques que cela se produise parce qu'on a enlevé
la pression de 1 300 000 000 $ qu'il y a derrière. On ne change pas les
règles du jeu, l'article 40 et l'article 47 défendent d'engager
une dépense qui n'a pas un crédit. C'est clair, c'est
défendu. S'il arrivait que quelqu'un le fasse et qu'on retrouve une
facture après, surtout dans les réseaux - sur les 1 250 000 000
$, comme le député de Lévis l'a dit lui-même, une
grande partie vient des réseaux - qu'est-ce qu'on fait avec?
M. Garon: Comment se fait-il que ces réseaux se trompent
autant? Est-ce que c'est parce qu'ils se trompent?
M. Levesque: Ils ne se sont pas trompés de 1 300 000 000
$. C'est sur les années, ce n'est pas pour une année
donnée.
M. Garon: Non, mais vous nous avez démontré dans
votre discours que les chiffres différaient considérablement.
À un moment donné, cela a baissé de plusieurs centaines de
millions et l'année suivante, cela augmentait de plusieurs centaines de
millions. Je veux vous demander précisément si c'est parce que
les prévisions ne sont pas correctes ou si c'est parce que le ministre
des Finances n'avait pas les sommes suffisantes dans les crédits pour
payer les comptes qu'il aurait à payer, de toute façon.
M. Levesque: J'aimerais demander à M. Rhéaume - il
n'a pas encore parlé - de nous expliquer cela sur le plan technique.
Cela ne me sert à rien de répéter ce qu'il va me dire.
Le Président (M. Bissonnet): M. Rhéaume, pour le
ministre.
M. Garon: Non, ce n'est pas sur le plan technique.
M. Levesque: C'est technique, oui. On va l'écouter.
Le Président (M. Bissonnet): M. Rhéaume, pour le
ministre des Finances. Votre prénom, M. Rhéaume?
M. Rhéaume (Alain): Alain Rhéaume, ministère
des Finances.
Le Président (M. Bissonnet): M. Alain Rhéaume du
ministère des Finances, pour le ministre des Finances.
M. Rhéaume: II s'agit surtout de deux
éléments. Le premier a trait à ce qu'on a appelé
jusqu'à maintenant le pelletage qui vient du fait que le gouvernement
avait une politique d'imputation à ses crédits des
dépenses de réseaux qui était différente du rythme
auquel les dépenses sont réellement encourues dans les
réseaux. Le meilleur exemple de cela, c'est le cas de l'enseignement
primaire et secondaire public où la politique d'imputation était
collée à la politique de paiement des subventions qui
prévoyait qu'on payait 70 % des dépenses relatives à une
année scolaire dans l'année financière du gouvernement qui
coïncide avec cette année scolaire, 15 % dans l'année
financière suivante du gouvernement et 15 % dans la seconde année
financière suivante. Les dépenses des commissions scolaires
étant encourues au rythme de 70 % dans l'année financière
du gouvernement qui coïncide avec l'année scolaire et 30 % dans
l'année suivante, ce deuxième 15 % faisait toujours partie des
comptes à payer non inscrits, faisait partie de ce qu'on a appelé
la "balloune" d'environ 1 250 000 000 $, et cela restait là
d'année en année. (12 heures)
Quand on aura ajusté les sommes des années
antérieures aux crédits prévus par le projet de loi 130,
une fois pour toutes, on aura rétabli la base des prévisions des
crédits à 70-30. Les sommes continueront d'être
versées au même rythme; cependant, elles seront imputées au
rythme de 70-30, de sorte que les crédits de l'année qui
prévoient 70 % des coûts d'une année scolaire, celle qui
coincide avec cela, 15 % de l'année scolaire précédente et
15 % de la deuxième année scolaire précédente,
comprendront désormais 70 % de l'année scolaire courante et 30 %
de l'année scolaire précédente de sorte que cela fait 100
% quand même. Une fois qu'on aura réglé ce qui
dépassait, le montant de comptes à payer non inscrits qui
affère à cet élément, les 100 % de crédits
qui seront votés par l'Assemblée pour une année
financière donnée du gouvernement seront suffisants pour couvrir
les coûts complets de l'année scolaire qui coïncide avec
l'année financière du gouvernement. C'est une partie du
problème qui sera éliminée.
L'autre morceau concerne la fluctuation de ces comptes à payer
non inscrits dans les années antérieures. Le problème,
c'est qu'il y a eu à certains moments des déficits, soit dans le
réseau des commissions scolaires ou dans celui de la santé et des
services sociaux, qui, une fois reconnus par le gouvernement, auraient dû
être portés à ces dépenses au moment même
où le gouvernement les prenait à sa charge. Mais, on ne les
portait aux dépenses du gouvernement qu'au rythme où les
crédits étaient votés et où ces déficits
étaient remboursés, si on veut, de sorte qu'au moment où
le gouvernement avait reconnu les déficits en question, on les a
inscrits en totalité dans les comptes à payer non inscrits.
 à mesure qu'on les remboursait, en trois ou cinq ans
par exemple, cela venait réduire le montant de comptes à
payer non inscrits parce qu'il y avait un morceau des crédits de chaque
année qui était destiné à payer cela. Une
année en particulier, l'année 1983-1984, montre une
réduction considérable des comptes à payer. Si on se
souvient de cette année en particulier, il y a eu quelques revenus non
prévus dans le discours sur le budget qui ont été
perçus et une partie importante de ces nouveaux revenus un peu
inattendus a été affectée immédiatement, au moyen
d'un budget supplémentaire, au paiement d'une certaine partie de ces
déficits des années antérieures, de sorte qu'on s'est
retrouvé à la fin de l'année avec un montant de comptes
à payer non inscrits moindre que celui de l'année
précédente.
M. Garon: Mais, dans les comptes des hôpitaux, par exemple,
n'est-il pas exact que certains hôpitaux respectent les crédits
qui leur ont été accordés et que d'autres ne les
respectent pas et que ce sont toujours les mêmes qui ne les respectent
pas?
M. Rhéaume: C'est vrai, mais pour le gouvernement, les
comptes des hôpitaux, c'est une enveloppe globale.
M. Garon: À ce moment-là, la correction serait de
changer la Loi sur l'administration financière pour faire en sorte que
les gens qui ne respectent pas les crédits qui leur ont
été autorisés les respectent.
M. Rhéaume: De ce point de vue, je ne suis pas très
bien placé pour discuter de la politique budgétaire des
hôpitaux. Mais je peux vous dire que, globalement, les déficits
qui pourraient être encourus par les hôpitaux seraient
portés au compte du gouvernement à mesure que le gouvernement les
reconnaît comme à sa charge et non pas à mesure qu'il Ies
paie. S'il les accepte dans le cadre de sa politique budgétaire pour les
centres hospitaliers, ils seront portés aux dépenses de
l'année où il les acceptera plutôt qu'à la
période où ils seront remboursés, qui peut prendre deux,
trois, cinq ou dix ans, selon les cas. Pour ce qui est de juger de
l'opportunité de traiter les hôpitaux qui les dépassent, je
ne suis pas en mesure de vous en parler beaucoup.
Le Président (M. Bissonnet): Cela va?
M. Garon: Est-ce qu'il y a moyen d'obtenir de la part du ministre
des Finances les comptes des hôpitaux, les comptes des
universités, disons pour une quinzaine d'années
antérieures - pour éviter de dire sous tel ou tel gouvernement,
disons depuis 1970 - les crédits autorisés pour les
universités et les crédits effectivement dépensés
par chacune des universités du Québec, de même que les
crédits autorisés pour chacun des hôpitaux et les montants
effectivement dépensés par les hôpitaux?
M. Levesque: Je comprends la question du député de
Lévis, sauf que je crois que ces renseignements pourraient être
obtenus de façon plus pertinente du ministre responsable de ces
réseaux.
M. Garon: C'est parce que c'est...
M. Levesque: Ce n'est pas à moi à aller voir si
l'Université du Québec à Chicoutimi a fait ceci ou
cela.
M. Garon: Non, ce n'est pas cela. Actuellement, au fond, quand on
parle de crédits insuffisants ou de crédits non inscrits, de
comptes à payer non inscrits, de choses comme cela, pour une bonne part,
selon ce que j'ai su, il s'agit de dépassements non autorisés
avec lesquels on est poigné. Mais, si le même hôpital,
depuis 15 ou 20 ans, c'est sa façon d'administrer, parce qu'il sait que
le gouvernement, mis devant le fait accompli, va payer de toute façon ou
que l'université... Selon les renseignements que j'ai, apparemment, ce
sont toujours les mêmes. Ils disent: On va mettre le gouvernement devant
le fait accompli et il va payer de toute façon. Il y en a qui respectent
les exigences gouvernementales et il y en a qui ne les respectent pas. Je ne
vois pas pourquoi on protégerait... J'aimerais avoir les chiffres depuis
20 ans, par exemple. Quels sont les hôpitaux au Québec qui
respectent les crédits autorisés et quels sont ceux qui ne les
respectent pas?
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection à le demander
à mes collègues, à transmettre votre voeu, mais si vous
regardez le projet de loi 130 vous avez des détails pour le
passé. Vous n'avez pas les détails des institutions
elles-mêmes, institution par institution. Je ne sais pas si on les
a...
M. Garon: Oui.
M. Levesque: Juste une année.
M. Garon: Ce qui est intéressant, c'est de voir
l'habitude.
M. Levesque: C'est pour cela que je vous
réfère...
M. Garon: Les renseignements que j'ai sont toujours les
mêmes.
M. Levesque: II arrive que les véritables responsables
sont les titulaires des ministères qui sont responsables de ces
réseaux. C'est pourquoi je suis prêt à
transmettre le voeu du député de Lévis à mes
collègues, mais je ne peux pas moi-même... Je ne pense pas que ce
soit la coutume que j'entre comme cela dans tous les domaines sectoriels.
M. Garon: Comme ministre des Finances, quelles sont les
dispositions en vertu de la Loi sur l'administration financière que vous
entendez prendre pour les récalcitrants qui ne respectent pas les
règles gouvernementales, soit les hôpitaux ou les
universités, qui dépensent au-delà des crédits
acceptés, au lieu de dire, quand c'est rendu assez haut: On va
régler et on recommence après ça. Quelles mesures
entendez-vous prendre pour les services...
M. Levesque: Les universités?
M. Garon: Les hôpitaux et les universités aussi.
M. Levesque: Quand il n'y a pas de crédits - parlons de la
question de payer -autrement dit d'autorisation de payer par la
Législature, le contrôleur des finances ne peut permettre le
paiement d'aucune somme. Les hôpitaux sont des organismes autonomes et
les universités sont des organismes autonomes jusqu'à un certain
point. Dans les circonstances, s'ils décident de dépenser plus
qu'ils ne le doivent, c'est leur responsabilité. Ce ne sont que les
sommes reconnues par les ministères en question, soit celui de
l'Éducation ou de la Santé et Services sociaux, qui reconnaissent
que telle dépense est effectuée en vertu des barèmes, des
critères du ministère. "Le contrôleur des finances - c'est
l'article 54 de la Loi sur l'administration financière qui le dit - doit
voir à ce qu'aucun mandat ne soit émis pour un paiement de
deniers publics:... c) si ce paiement excède le solde disponible du
crédit sur lequel il est imputable... " C'est clair. C'est pour cela
qu'on dit que cela respecte...
M. Garon: Mais là, vous réglez, par exemple, je
pense que ce sont 250 000 000 $ de déficits accumulés dans des
hôpitaux. Là, il s'agit d'argent additionnel pour des gens qui
n'auront pas respecté les crédits qui auront été
accordés. Vous venez régulariser la situation en disant: On va
payer. Sauf qu'il y en a qui n'en ont pas et qui ont respecté les
règles et d'autres qui ne les ont pas respectées.
M. Levesque: Oui, mais on n'est pas pour...
M. Garon: Cela s'est fait déjà il y a quelques
années. Une balloune! On a réglé encore. Mais il semble
que ce soit toujours les mêmes.
M. Levesque: Je comprends, mais ce sont les gouvernements de ces
époques-là qui ont accepté, qui ont reconnu ces
dépenses-là et s'ils avaient à taper sur les doigts de
quelqu'un ils auraient pu le faire. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait? Je ne le
sais pas. Ne me demandez pas des choses qui se sont passées il y a cinq
ou dix ans.
M. Garon: Mais là, il y a 250 000 000 $. C'est actuel,
c'est en 1986-1987 ou en 1987-1988?
M. Levesque: Jusqu'à la fin de 1985-1986.
M. Garon: Mais vous allez payer en 1986-1987.
M. Levesque: Non, pas nécessairement. On les a tous
reportés à la dette nette du Québec et on les paiera comme
on paie nos dettes.
M. Garon: Est-ce qu'il y a moyen d'avoir la liste de ces sommes
par institution, par hôpital?
M. Levesque: Mais il faudrait remonter probablement avec tout le
pelletage, comme vous le savez, à quelle année pour avoir tout
cela, pour voir, par exemple, si tel hôpital est toujours...
Une voix: Dans le rouge.
M. Levesque: C'est cela que vous voulez savoir, si tel
hôpital, année après année...
Une voix: C'est cela que je veux avoir.
M. Levesque:... ne respecte jamais telle et telle chose ou si
telle et telle université est toujours dans cette situation. Là,
vous touchez un sujet que je ne voudrais pas aborder parce que si tel
hôpital ou telle université a fait telle chose, est-ce parce que
sa base n'est pas suffisante ou si c'est parce que l'institution...
M. Garon: Elle doit avoir la même base que les autres.
C'est tant par tête. Un étudiant en droit, par exemple, c'est tant
par tête.
M. Levesque: Ils n'ont pas tous la même clientèle.
Je pense qu'on ne peut pas généraliser.
M. Garon: Non, non. Mais vous avez des étudiants, et c'est
payé tant par type d'institution.
M. Levesque: Justement, je ne voudrais pas entrer dans des
considérations qui sont la
responsabilité de mes collègues. Aux Finances, on n'entre
pas - on le sait; je n'ai pas inventé cela - dans les discussions
d'ordre sectoriel. En général, on en parle. Je parle, par
exemple, des difficultés que l'on peut avoir dans le domaine de la
santé pour le financement des soins de santé. J'en ai
parlé récemment sur les transferts fédéraux parce
que c'est ma responsabilité, globalement. Mais si vous arrivez pour me
dire: À tel hôpital, il y a peut-être un peu trop
d'exagération dans telle et telle chose, je ne le sais pas et je n'ai
pas l'intention d'entrer dans une responsabilité qui est celle d'un
collègue.
M. Garon: Comme ministre des Finances, vous surveillez plus que
ça.
M. Levesque: Je surveille, oui, mais je n'entre pas dans
l'attribution des sommes, hôpital par hôpital, école par
école. Voyons! Ne me demandez pas cela.
M. Garon: Vous ne surveillez pas les dépassements.
M. Levesque: Oui, oui, mais ne me demandez pas de faire... C'est
comme le dit le contrôleur, nous avons les chiffres, nous avons des
règles à suivre, mais nous n'entrons pas. Pensez-vous que je vais
aller voir, bourse par bourse, pour chaque étudiant? Ce n'est pas ma
responsabilité de faire la police dans tous les ministères.
M. Garon: Pas les bourses. Les bourses, c'est une autre
affaire.
M. Levesque: Bien, une petite affaire.
Une voix: 400 000 000 $.
M. Levesque: C'est de l'argent.
M. Garon: Je comprends, mais quand vous dites, par exemple, dans
les institutions... Parce que, là, on on parle des crédits et des
dépenses des crédits non inscrits, des choses comme
celles-là. Alors, il me semble que vous protégez beaucoup les
institutions qui font des dépassements. Pour nous, il est
intéressant de savoir qui fait ces dépassements. Autrement,
vouloir changer la Loi sur l'administration financière pour
protéger ceux qui font des dépassements, cela
m'étonne.
M. Levesque:... l'article 1, il me semble qu'il a pris tout son
temps...
Le Président (M. Bissonnet): Non, il reste encore deux
minutes.
M. Levesque: Ah oui?
Le Président (M. Bissonnet): C'est parce qu'il vient
souvent, vous savez.
M. Garon: Hein?
Le Président (M. Bissonnet): C'est parce qu'il utilise son
droit de parole en plusieurs séquences.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Bissonnet): Trois minutes.
M. Garon: Hein?
Le Président (M. Bissonnet): Il vous reste trois minutes
sur l'article 1.
M. Garon: Je voudrais, M. le Président, faire un
amendement.
Le Président (M. Bissonnet): À l'article 38... Si
vous voulez bien lire votre amendement et me le remettre par écrit.
M. Garon: À l'article 1, ajouter un deuxième
paragraphe à l'article 38 qui dirait...
M. Levesque: Avant de faire cela, est-ce qu'on est d'accord pour
que je présente mon propre amendement?
M. Garon: D'accord.
M. Levesque: Est-ce que cela peut aider?
M. Gendron: II me semble, M. le Président,
qu'effectivement avant de...
Une voix: C'est un moindre mal. M. Garon: Hein?
M. Gendron: Avant de permettre à mon collègue de
Lévis, tout en ne le brimant pas dans son droit de parole, strictement
sur le plan de la procédure, on ne peut pas sous-amender un amendement
qui n'a pas été déposé...
M. Levesque: Bien non.
Le Président (M. Bissonnet): Je suis bien d'accord, M. le
député d'Abitibi-Ouest, le ministre des Finances n'ayant pas
déposé son amendement formel et le député de
Lévis ayant un amendement à apporter... Évidemment, si on
veut permettre au ministre des Finances, si le député de
Lévis veut permettre au ministre des Finances...
M. Levesque: À moins qu'on ne fasse la même chose
avec le député de Lévis.
Le Président (M. Bissonnet):... de déposer son
amendement, il n'y a pas d'objection. Mais, si vous tenez à le
déposer immédiatement, je dois vous reconnaître. C'est vous
qui avez la parole.
M. Gendron: Oui. Mais, M. le Président, je pense qu'il
faudra demander au ministre des Finances s'il accepte que mon collègue
de Lévis présente l'amendement qu'il a l'intention de faire
à l'amendement proposé. Pour respecter le même "fair-play",
nous, on dit: on va discuter l'amendement, on va en faire un dépôt
formel.
M. Levesque: Est-ce que c'est un sous-amendement, d'abord,
à l'amendement que j'apporte? (12 h 15)
Le Président (M. Bissonnet): Que vous proposeriez. Alors,
il faudrait proposer votre amendement. Après cela, il faut un
sous-amendement.
Une voix:...
M. Levesque: Non. Je pense que je vais le proposer parce que je
suis assez convaincu que cela ne peut pas être négatif et que cela
pourrait être positif. Je propose, M. le Président, que l'article
38 de la Loi sur l'administration financière, Lois refondues du
Québec, chapitre A-6, soit remplacé par le suivant: "38. Les
prévisions budgétaires soumises au Parlement doivent porter sur
les services liquidés au cours de l'année financière ou
d'une autre période expressément visée. "
Le Président (M. Bissonnet): Je déclare
l'amendement recevable. Je reconnaîtrai le député de
Lévis sur l'amendement. M. le député de Lévis.
M. Garon: Je vais poser des questions sur l'amendement avant de
parler de sous-amendement. Pardon?
M. Levesque: Cela fait une demi-heure que vous posez des
questions là-dessus.
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Oui, mais je pense que c'est assez important. Ce sont
des fonds... On parle de milliards de dollars.
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Lévis, vous avez la parole
sur l'amendement.
M. Garon: Je ne veux pas brimer les députés
ministériels dans leur droit de parole. S'ils veulent parler, cela ne me
dérange pas du tout, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Lévis, vous vous adressez toujours au président.
M. Garon: Si les députés ministériels n'ont
rien à dire, par exemple, qu'ils laissent parler ceux qui ont quelque
chose à dire.
Le Président (M. Bissonnet): Je vous écoute sur
l'amendement, M. le député.
M. Garon: La question que je veux poser est celle-ci. On dit:
"Les prévisions budgétaires soumises au Parlement doivent porter
sur les services liquidés au cours de l'année financière
ou d'une autre période expressément visée. " "D'une autre
période expressément visée", il me semble que cela veut
dire les dépenses payées d'avance. En gros, c'est cela qu'on vise
par cette expression. Est-ce que vous êtes d'accord avec cela?
M. Levesque: Je suis d'accord pour dire qu'il n'y a pas de
changement avec ce qui existait.
M. Garon: II y a des rubriques, n'est-ce pas? Pardon?
M. Levesque: Je vous dis que l'amendement ne touche pas ce point.
C'est la loi actuelle.
M. Garon: D'accord. Maintenant, quand vous le changez, c'est
"porter sur les services liquidés au cours de l'année
financière". Pour vous, dans l'expression "les services liquidés
au cours de l'année financière", est-ce qu'il y aura des services
liquidés pour lesquels il y avait des crédits dans l'année
financière et d'autres services pour lesquels il n'y avait pas de
crédits?
M. Levesque: Normalement, il y aurait des crédits. Il peut
arriver exceptionnellement qu'il n'y en ait pas, comme je l'ai mentionné
tout à l'heure. C'est justement pour cela qu'on ne veut pas les
pelleter, qu'on veut les retourner à l'exercice en question et qu'on se
donne quatre mois pour le faire. Si jamais il n'y avait pas de crédits,
là, on mettrait cela aux comptes à payer qui seront payés
si la Législature décide de voter des crédits pour le
faire. Je ne peux pas dire plus.
M. Garon: Est-ce qu'il y aura des services déjà
liquidés pour lesquels les crédits auront été
insuffisants pour leur imputation sur l'année financière
précédente?
M. Levesque: Ce n'est pas ce que l'on veut, mais c'est
arrivé dans le passé. Cela pourrait encore arriver. C'est
pourquoi on veut absolument faire en sorte que, si cela
arrive, cela ne soit pas pelleté, ce soit retourné
à l'exercice financier d'où cela a originé.
M. Garon: Les quatre mois vont vous permettre d'en faire
plus.
M. Levesque: Oui, sûrement. On m'a dit que c'était
suffisant pour tout faire. On l'espère. C'est à votre demande que
j'ai essayé de trouver un terme.
M. Garon: Non, non. Les quatre mois, mot, je pense qu'ils vont
vous permettre de régler les problèmes pour lesquels il y avait
des crédits. C'est pour imputer des sommes d'argent sur l'année
écoulée, qui ont été engagées dans
l'année écoulée pour lesquelles les factures ne sont pas
entrées en temps.
M. Levesque: C'est ça.
M. Garon: Je suis d'accord sur ça.
M. Levesque: Le Vérificateur général, lui,
ce n'est pas seulement cela qu'il dit dans son texte.
M. Garon: Non, non.
M. Levesque: II dit: Même pour les autres que vous allez
trouver, qui n'ont pas de crédits, c'est important qu'on retourne
à l'année à laquelle cela a originé, que cela
devienne des comptes à payer, qu'on les voie quelque part. Pour les voir
quelque part, on dit qu'on va les publier dans les comptes publics. Ilsseront payés à même les crédits si la
Législature décide de voter les crédits à cette
fin. Je ne peux pas dire plus. Cela fait 25 fois, 50 fois que je dis cela.
Une voix: Soixante... M. Levesque: Excusez!
Le Président (M. Bissonnet): Vous n'avez pas la parole.
Vous avez terminé, M. le ministre, oui? Est-ce que vous continuez, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Sur les dépenses, sur le projet de loi 130, pour
donner un exemple parce que le ministre a souhaité qu'on analyse les
deux un peu en même temps, qu'on y fasse référence. Comme
exemple...
M. Levesque: Mais vous n'avez pas voulu...
M. Garon: Donc, qu'on y fasse référence comme
exemple, je n'ai pas d'objection.
M. Levesque: Vous ne pouvez pas demander ce que vous avez
vous-même refusé. J'ai suggéré qu'on discute les
deux en même temps et le député de Lévis a
refusé. Maintenant, il dit: Vu que vous avez offert cela, je vais en
parler. Voyons! La logique, M. le député de Lévis. Il est
suave.
M. Garon: Je vais vous poser la question, vous allez mieux
comprendre. Sur 1 310 000 000 $...
Le Président (M. Bissonnet): Sur l'amendement de l'article
1, M. le député.
M. Garon: Sur 1 310 000 000 $, est-ce qu'il y a des estimations
qui vous disent combien - sur les 1 310 000 000 $ -n'auraient pas
été couverts par les comptes entrés dans les quatre mois
qui suivent, avec des crédits prévus...
M. Levesque: Je comprends.
M. Garon:... et étant dans l'exercice financier ayant
quatre mois de plus pour produire les comptes, combien auraient pu être
payés dans l'exercice financier dans lequel les sommes ont
été dépensées''
M. Levesque: Je ne sais pas. D'ailleurs, c'est que ce n'est pas
pertinent à l'amendement, M. le Président.
M. Garon: Oui et je vais vous dire pourquoi.
M. Levesque: Le député pourra parler de cela
à l'article 2 parce que, là, on parlerait des quatre mois. II le
pourrait peut-être. Ou dans te projet de loi 130. Mais cela n'a pas
d'affaire ici.
M. Garon: Je vais vous poser une question différente.
Le Président (M. Bissonnet): Sur la pertinence, M. le
député. En étant large, en étant un peu large.
M. Garon: C'est parce que je vais vous dire ceci: Ou bien le
ministre des Finances nous dit la vérité ou il ne nous dit pas la
vérité. Comme je ne peux pas dire qu'il ne dit pas ta
vérité, je lui demande ceci: II a dit que le ministre des
Finances antérieurement pelletait dans l'année suivante. Ou bien
il pellette, ou bien il ne pellette pas. La neige se ramasse. La tempête
a lieu l'année suivante ou bien la tempête n'a pas lieu
l'année suivante. Si le ministre des Finances pellette dans
l'année suivante, c'est parce qu'il le fait volontairement. Quelqu'un
qui pellette, il tient la pelle. Comprenez-vous? Alors, ce que le ministre des
Finances nous dit... Je veux lui faire dire simplement: Les ministres des
Finances ont pelleté dans l'année
suivante. Pourquoi pelletaient-ils dans l'année suivante? C'est
parce qu'ils ne se donnaient pas les crédits suffisants dans
l'année pour payer les comptes. Ce n'est pas seulement quatre mois
à ce moment. C'est parce qu'ils ne mettaient pas l'argent suffisant.
C'est cela que je veux lui faire dire. Le problème, c'est qu'on a
besoin... Je sais que, pour certaines dépenses, on a besoin de quatre
mois, je sais cela. Je dis quatre mois, j'aurais pensé que trois mois,
c'était suffisant. En tout cas, on ne se chicanera pas sur cela. Je sais
que, dans certains cas, les comptes arrivent en retard, même si les
dépenses ont été effectuées, les factures
n'arrivent pas à temps. Je sais même cela comme
député. Je suis obligé d'appeler les gens et de dire:
Envoyez-moi le compte, je veux payer dans l'année actuelle parce que
j'ai de l'argent. Je ne veux pas commencer à entamer l'année
suivante, alors que, j'ai eu la dépense dans l'année. Si on donne
dans l'article suivant trois ou quatre mois de plus, je dis à ce moment:
Est-ce que cela règle le problème, ou si une partie du
problème c'est justement parce que le ministère des Finances ou
le ministre des Finances ou qui que ce soit pellette dans l'année
suivante en ne se donnant pas les crédits suffisants dans son budget de
l'année, de sorte que, même s'il y a quatre mois de plus, dans le
fond, le compte n'apparaîtra pas vraiment dans l'année où
il été engagé et dépensé parce qu'il n'a pas
les crédits suffisants? À ce moment, en réalité,
cela va être une partie qui va être payée dans
l'année suivante parce qu'il n'a pas eu les crédits suffisants
dans la bonne année...
M. Levesque: Elle va répondre à...
M. Garon:... et qu'à ce moment aux fins de ce que les
ministres des Finances appellent leurs équilibres financiers - c'est un
bien grand mot qui semble bien vertueux - mais, au fond, pour faire leurs
petites manoeuvres aussi...
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Levesque: Boni
M. Garon: C'est cela que je veux savoir.
M. Levesque: La première question, si je comprends
bien...
M. Garon: Si la pelle pellette toute seule ou bien...
M. Levesque: Écoutez, laissez faire la pelle.
M. Garon:... s'il y a quelqu'un qui tient la pelle.
M. Levesque: Mettez-la à terre, votre pelle, et je vais
vous répondre. Pelletez-moi rien!
M. Garon: Ne vous choquez pas là! Répondez-moi
simplement.
M. Levesque: C'est ce que j'essaie de faire.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre des Finances,
vous avez la parole. S'il vous plaît, M. le député de
Lévis!
M. Levesque: Je vais dire tout d'abord que si je comprends bien
la première question du député de Lévis, c'est
quelle partie aurait pu être imputée aux crédits de
l'exercice financier en question si, au lieu de 30 jours, on avait eu 4 mois.
Si je comprends bien, c'est la question. Je ne peux pas y répondre. Nous
n'avons pas ces chiffres. Il est possible qu'une partie - est-ce qu'elle est
importante, substantielle? Je ne le sais pas - sûrement qu'il y a une
partie de cela qui aurait pu être imputée aux crédits de
l'année en question, de l'année à laquelle cela a origine,
probablement. On me dit que le contrôleur ne pouvait pas recueillir
toutes les informations dans les 3d jours qui suivaient la fin de l'exercice
financier. Donc, c'est possible qu'il y en ait une partie. Laquelle, quel est
le pourcentage? Je ne le sais pas.
La deuxième question que le député de Lévis
a posée, c'était dans le but de savoir s'il y avait des
insuffisances de crédits. Sûrement qu'il y avait des insuffisances
de crédits. C'est un corollaire de l'autre question que le
député me posait. Autrement dit, si tout n'avait pas pu
être imputé, c'est parce qu'il manquait de crédits,
jusqu'à un certain point.
Je dois conclure que si ce n'est pas 100 % qui pouvaient être
imputés - je n'ai pas les chiffres, je ne crois pas que ce soit 100 %
qui auraient pu être imputés - dans les quatre mois, on aurait pu
arriver à des situations - et probablement que c'est arrivé,
surtout dans les réseaux, comme on l'a vu -où il n'y avait pas de
crédits suffisants.
À ce moment-là, d'après notre méthode, ces
insuffisances auraient été révélées, cela
aurait été comptabilisé dans la même année
cependant et cela aurait été ensuite porté, comme ce le
sera à l'avenir, aux comptes publics, dans une section spéciale.
Ces comptes à payer seront payés à l'avenir, et auraient
été payés si ce projet de loi avait été
adopté auparavant, à même des crédits votés
par la Législature pour l'exercice financier suivant.
M. Garon: Comme on va ajourner dans
quelques minutes et que je pense que le ministre des Finances a des
chiffres qu'il peut nous sortir rapidement, j'aimerais savoir, pour les trois
gros ministères, le ministère de la Santé et des Services
sociaux les quatre rubriques qu'on retrouve dans la loi 130, par exemple - le
ministère des Transports... combien il y a eu de crédits
périmés pour chacune des quinze dernières années.
Les crédits périmés, il n'y a rien de plus facile à
trouver pour les ministères, car s'il n'y a pas beaucoup de
crédits périmés, donc, il n'y avait pas de crédits.
Je dirais: Depuis 1970, dans le ministère des Transports, le
ministère de l'Éducation, le ministère de la Santé
et des Services sociaux, combien y a-t-il eu de crédits
périmés?
Si on dit qu'on règle le problème en ajoutant quatre mois
et qu'à toutes fins utiles il n'y a pas de crédits
périmés, donc, s'il n'y a pas de crédits
périmés, c'est parce qu'il n'y avait pas de crédits qui
restaient. Même si on avait eu quatre mois de plus, on n'aurait pas pu
payer l'année passée parce qu'il n'y aurait pas eu de
crédits. On sait que les crédits périmés de ces
ministères, habituellement, n'étaient pas très
élevés.
M. Chagnon:..., il n'y a plus de crédits.
Le Président (M. Bissonnet): II est 12 h 30. Les travaux
de cette commission sont ajournés sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
(Reprise à 16 h 30)
Le Président (M. Houde): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous poursuivons l'étude du projet de loi 129. La parole
est à M. le député de Lévis sur l'amendement
apporté à l'article 1.
M. Fortier: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): Oui, M. le ministre.
M. Fortier: M. le député de Lévis, il y a eu
entente pour que je remplace M. Levesque. N'avez-vous pas des objections?
Alors, M. le Président, j'aimerais que le secrétaire prenne note
que je représente M. Levesque comme membre de la commission.
Le Président (M. Houde): D'accord. M. le
député de Lévis, vous avez encore treize minutes sur
l'amendement, si vous voulez les employer.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Houde): Vous avez terminé à
midi ou hier soir, et on continue cet après-midi. À vous la
parole.
M. Garon: M. le Président, je posais une question à
ce moment-là au ministre des Finances concernant les services, à
l'amendement qu'il proposait. Les prévisions budgétaires soumises
au Parlement doivent porter sur les services liquidés, alors que le
texte antérieur disait: "Les prévisions budgétaires
soumises au Parlement doivent porter sur les services dont la liquidation
s'effectuera au cours de l'année financière ou d'une autre
période expressément visée, ou sur des services
déjà liquidés lorsque les crédits ont
été insuffisants pour leur imputation. "
Alors, lorsqu'on dit: Les prévisions budgétaires soumises
au Parlement doivent porter sur les services liquidés au cours de
l'année financière, est-ce qu'on inclut là-dedans les
services déjà liquidés pour lesquels les crédits
auraient été insuffisants pour leur imputation?
Le Président (M. Houde): M. le ministre, voulez-vous
répondre?
M. Fortier: M. le Président, comme vous le savez,
même si je ne suis pas membre de la commission, je suis venu à
quelques reprises entendre le débat et j'ai constaté que
l'Opposition nous avait rappelé des principes importants auxquels je
souscris. Pour avoir été dans l'Opposition pendant cinq ans, je
crois qu'il est vrai que l'on doit s'appuyer sur des principes comme ceux-ci.
Il est important que le gouvernement ne procède que sur des
crédits qui ont été adoptés par l'Assemblée
nationale, donc, qui ont reçu une certaine vérification de
l'Opposition, puisque une fois que les crédits sont
déposés, ils sont soumis à une étude en commission
parlementaire, ministère par ministère. Par ailleurs, un autre
principe est que le gouvernement doit exercer les contrôles
nécessaires pour s'assurer que les dépenses sont faites selon la
Loi sur l'administration financière et en appliquant les règles
comptables et les contrôles définis dans la Loi sur
l'administration financière.
Par ailleurs, il y a un principe fondamental dans le parlementarisme
britannique, soit que le gouvernement doit rendre compte - et c'est là
d'ailleurs que l'Opposition joue un rôle extrêmement utile -et que
l'Opposition est en droit - elle le fait fréquemment et c'est là
son devoir - de poser des questions pour s'assurer si les dépenses ont
été faites en accord avec les crédits qui ont
été adoptés. On s'entend donc sur ces principes en ce qui
concerne le parlementarisme. Je crois qu'avec raison le député de
Lévis les a rappelés au ministre des Finances, mais ce dernier
ayant été
parlementaire pendant de nombreuses années, non seulement les
connaît, mais les appuie fortement. Donc, le député de
Lévis et l'Opposition les ont rappelés. Je crois que le
gouvernement est sensible à une argumentation qui rappelle à tous
les parlementaires - pas seulement aux députés de l'Opposition,
mais aux députés ministériels -que la législation
et l'administration financière doivent se faire en respectant les
principes des rôles respectifs de l'Assemblée nationale, du fait
que le gouvernement doit rendre compte et que l'Opposition peut être en
mesure de poser des questions.
Par ailleurs, le Vérificateur général nous a fait
des recommandations et nous a dit que la façon suivant laquelle nous
procédions dans le passé n'était nullement acceptable. Je
crois que là-dessus l'Opposition est d'accord en disant: La discussion
n'est pas tellement de savoir si la procédure actuelle est bonne; de
toute évidence, elle doit être changée. Le débat
porte sur la façon suivant laquelle nous devrions procéder pour
améliorer les choses.
M. le Président, j'ai constaté avec vous les amendements
que le ministre des Finances a déposés ici et ce matin, il a
formellement proposé un amendement à l'article 38, l'article 1 du
projet de loi qui est devant nous, et le député de Lévis
me pose la question. Alors, je crois qu'il est clair que le gouvernement
propose un amendement qui va faire que toute dépense
expressément, que les prévisions budgétaires doivent
porter sur les services liquidés, les services liquidés
étant les services et les dépenses qui ont été
consommés durant l'année. Nous avons enlevé cette
référence où l'on disait que c'étaient les services
liquidés: "... lorsque les crédits ont été
insuffisants pour leur imputation... " Ce bout de phrase a été
enlevé parce que, justement, le gouvernement désire respecter
d'une façon encore plus explicite le principe que l'Opposition nous
avait rappelé, selon lequel il était important que les
crédits soient adoptés par l'Assemblée et qu'on ne devait
pas essayer de faire, par la porte d'en arrière, des choses qui ne sont
pas permises directement, qu'on devait respecter le principe voulant que les
crédits soient adoptés par l'Assemblée et que les
dépenses soient inscrites dans l'année où elles sont
dépensées. Je crois que le principe de l'article 38 satisfait
à la demande du Vérificateur général pour que toute
dépense, même si les procédures exactes de contrôle
que doit exercer le contrôleur du gouvernement, n'ont pas
été suivies, soit reconnue
En suivant le débat, je me suis aperçu que le
député de Lévis posait des questions qui, je crois, sont
importantes, et je le reconnais, pour savoir si les nouvelles procédures
seront meilleures et favoriseront un certain laxisme dans l'administration
financière du gouvernement. J'aimerais faire la démonstration que
les nouvelles propositions vont améliorer l'administration
financière parce qu'on reconnaît les dépenses de
l'année où elles sont consommées, mais, en même
temps, elles vont décourager un certain laxisme qui est craint par
l'Opposition - et je respecte ce jugement - pour les raisons suivantes.
Premièrement, dans le passé, lorsque des dépenses avaient
été faites durant l'année et que le gouvernement les
reconnaissait implicitement en mettant une note au bas des états
financiers, ces dépenses n'augmentaient pas les dépenses de
l'année courante et donc n'augmentaient pas le déficit
budgétaire du gouvernement. Dorénavant, le ministre des Finances,
quel qu'il soit, va exercer un contrôle très prudent parce qu'il
va savoir qu'en définitive, en reconnaissant explicitement des
dépenses, même celles qui n'auraient pas suivi les contrôles
qui doivent être suivis normalement, elles vont augmenter le volume des
dépenses pour lesquelles le gouvernement va faire rapport et va donc
augmenter le déficit du gouvernement. On sait fort bien que, dans le
moment, et c'est le fait de tout gouvernement - et je crois qu'on n'en fait pas
une discussion partisane - tout gouvernement cherche dans le moment - en tout
cas c'est le fait de notre gouvernement - à diminuer le déficit.
II va sans dire que, dans la mesure où la nouvelle procédure
comptable va reconnaître des dépenses qui, autrefois,
n'étaient pas reconnues et donc va auqmenter le volume des
dépenses du fait même qu'elles sont reconnues, automatiquement,
cela va augmenter le déficit gouvernemental par rapport à la
procédure qui a été suivie antérieurement. Donc,
c'est une façon de mettre un frein à un certain laxisme que le
député de Lévis peut craindre et que tous les
parlementaires ici craignent à juste titre, parce que ce n'est pas
là le fait d'une bonne administration que d'encourager les
différents ministères ou le réseau à abuser de la
situation.
Par ailleurs, ce que nous disons, c'est que, dans la mesure où il
y a des crédits dans l'année où les dépenses sont
reconnues, dans cette même mesure, les dépenses peuvent être
inscrites sur les crédits autorisés. Si, par ailleurs, les
crédits ne sont pas suffisants, les dépenses en surplus iront aux
crédits de l'année suivante. Encore là, cela va
pénaliser le ministère qui serait fautif. Prenons n'importe quel
ministère. Si un ministère, par sa faute, se met dans cette
situation, il va s'apercevoir que, rendu au mois de juillet, quatre mois plus
tard -enfin, on pourra s'entendre sur le nombre de mois - s'il propose les...
La semaine prochaine, le ministre des Finances va déposer les
crédits, et, rendu au mois de juillet ou au mois d'août, si le
contrôleur et le ministre des Finances s'aperçoivent qu'il y
a eu des dépenses qui ont été inscrites dans
l'année qui n'est pas encore terminée, dans la mesure où
il y a des crédits cette année, ces dépenses seront
inscrites sur les crédits de cette année et, dans la mesure
où il y aura dépassement, cela va affecter les crédits de
l'année prochaine. Il est évident -vous avez été au
gouvernement et vous le savez - qu'un ministre ne sera pas tellement heureux de
voir qu'une partie des crédits pour lesquels il a reçu une
approbation de l'Assemblée nationale sont, après quelques mois,
en juillet ou en août, entamés par une dépense qui a
été faite l'année précédente. C'est la
raison pour laquelle non seulement je dis que la procédure actuelle
reconnaît les principes que vous avez défendus et que nous
reconnaissons tous - l'adoption des crédits par l'Assemblée
nationale, le contrôle des dépenses par l'Opposition et par tous
les députés - mais je dis, de plus, que la procédure
proposée va faire en sorte que le ministre des Finances et le
président du Conseil du trésor exercent un contrôle encore
plus rigoureux. Étant donné que les dépenses vont
être reconnues comme telles, cela va indirectement augmenter le
déficit et, de plus, le ministère fautif va être
pénalisé, car il va voir une partie de ses crédits de
l'année suivante affectée par un dépassement de
crédits qui aura été fait par des dépenses qui
seront reconnues au mois de juin ou au mois de juillet, au moment où le
rapport sera fait.
Alors, c'est pour cette raison que je crois, M. le Président, en
toute déférence pour le député de Lévis et
les députés de l'Opposition, que le gouvernement et le ministre
des Finances ont fait un effort, d'une part, pour satisfaire à la
demande du Vérificateur général, qui dit qu'il faudrait
que toute dépense soit reconnue et, d'autre part, pour trouver un
libellé qui permette de respecter les principes fondamentaux du
parlementarisme dans lequel nous sommes, en ce sens que c'est
l'Assemblée qui adopte les crédits et que, par ailleurs, il faut
exercer un contrôle effectif sur les dépenses qui sont faites.
Alors, c'est sur cette base, M. le député de Lévis, que
l'article 38 a été modifié, justement pour radier le bout
de phrase qui disait, non seulement qu'on reconnaissait les dépenses
encourues, mais qu'on le faisait lorsque les crédits ont
été insuffisants pour leur imputation.
Je crois que le ministre des Finances a écouté la
démonstration que vous lui avez faite et que le libellé de
l'article 36 est ainsi fait qu'il permet, sur le plan comptable, de
reconnaître les dépenses qui sont faites pendant l'année
où elles sont encourues, par ailleurs tout en respectant le droit de
l'Assemblée nationale et le droit de l'Opposition d'avoir un mot
à dire lorsque vient le temps d'adopter les crédits.
J'oubliais une autre dimension. On verra plus tard, qu'on ajoute
à l'article 71, un nouvel alinéa disant qu'il y aura "un rapport
de l'excédent des dépenses portées aux comptes d'une
année sur les crédits de cette même année. " Donc,
si, en juillet 1987, on se retrouve dans cette situation, non seulement le
dépassement affectera-t-il les crédits du ministère qui,
disons-le, serait fautif... En tout cas, on pourra revenir sur les raisons qui
font qu'on se retrouve dans cette situation. Ce n'est pas toujours la faute
d'un ministère en particulier. Bien souvent, c'est pour toutes sortes de
raisons. De toute façon, cela va affecter les crédits du
ministère en question et, par ailleurs, dans les comptes publics, il y
aura une note expresse qui dira clairement qu'il y a eu un rapport de
l'excédent, et, lorsque ce rapport sera déposé à
l'Assemblée nationale normalement, je crois que c'est au mois de
décembre - l'Opposition aura encore le loisir de poser des
questions.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, je soutiens bien
humblement, à vous et au député de Lévis en
particulier qui a posé beaucoup de questions à ce sujet, que les
formules proposées satisfont, d'une part, à la demande du
Vérificateur général qui disait: Reconnaissez donc les
dépenses qui sont faites, car il faut les payer à un moment
donné; soit qu'on les paie, soit qu'on ne les paie pas, mais
reconnaissez-les. En même temps, je crois que les amendements
apportés par le ministre des Finances respectent la procédure
parlementaire et permettront à l'Opposition de poser toutes ses
questions sur les dépenses en excédent ou sur le rapport de
l'excédent des dépenses portées aux comptes d'une
année sur les crédits de l'autre année. Pour ces raisons,
M. le Président, j'ose espérer que le député de
Lévis comprendra que les propos qu'il a tenus et les recommandations
qu'il a faites ont été pris en très sérieuse
considération par le ministre des Finances.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, je tiens compte du fait que les
amendements proposés par le ministre des Finances tiennent compte de
plusieurs représentations que nous avons faites au cours de la
deuxième lecture.
Concernant le principe énoncé dans l'article 38
proposé, amendé, je pense qu'il est de beaucoup supérieur
à ce qu'il était antérieurement parce qu'on ne dit
plus...
M. Fortier: Lorsque les crédits ont été
insuffisants pour leur imputation.
M. Garon: Lorsque les crédits ont été
insuffisants pour leur imputation.
M. Fortier: C'est vrai. (16 h 45)
M. Garon: Mais il peut y avoir dans ces services liquidés,
des services qui porteront... c'est-à-dire des sommes d'argent dans les
prévisions budgétaires qui porteront sur les services dont la
liquidation s'effectuera au cours de l'année et d'autres qui porteront
sur des services déjà liquidés. Est-ce que je comprends
bien? Des sommes, des prévisions budgétaires vont porter sur des
services dont la liquidation s'effectuera au cours de l'année et
d'autres porteront sur des services déjà liquidés. Est-ce
que j'ai bien compris?
M. Fortier; M. le Président, le député de
Lévis a raison. Cela pourrait être les mots "sont", "ont
été" ou "seront". Tout simplement, ce que je dis, c'est que si
vous vous référez à l'article 3, l'article 71, il va y
avoir un rapport. Autrement dit, il va y avoir un "red flag". Auparavant, il y
avait une "footnote", une note au bas de l'état financier. Certains la
lisaient, d'autres ne la lisaient pas. De toute façon, ce n'était
pas comptabilisé et cela n'affectait pas le déficit
budgétaire du gouvernement. Maintenant, que ce soit dans une
année antérieure ou dans l'année courante, je dis que cela
va affecter le déficit cumulatif, mais de toute façon, il va y
avoir un rapport. Autrement dit, dans les comptes publics, on va indiquer
clairement de quelle façon cela a été fait ou que ce sera
reporté. Il me semble que cela répond aux objections que vous
avez soulevées.
M. Garon: M. le Président, j'aurais un sous-amendement
à proposer à l'amendement du ministre. Je pense bien que, s'il
est accepté par le représentant du ministre, le ministre
délégué aux Finances pourra régler le
problème. À l'article 1, ajouter un deuxième paragraphe
à l'article 38: "Les prévisions budgétaires soumises au
Parlement doivent faire apparaître de façon distincte celles qui
porteront sur les services dont la liquidation s'effectuera au cours de
l'année financière et celles qui porteront sur des services
déjà liquidés. "
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais faire remarquer au
député de Lévis... Je ne sais pas si vous voulez...
Le Président (M. Houde): J'aimerais peut-être le
lire pour voir s'il est recevable.
M. Fortier: Mais j'aimerais faire remarquer au
député de Lévis, en toute déférence...
Prenons le cas de cette année -je comprends le sens de sa proposition et
je le conçois. L'année financière n'est pas
terminée, nous sommes le 19 mars et le ministre des Finances va
déposer les crédits mercredi prochain qui, je crois, est le 25
mars. Les crédits sont déposés. Bien sûr, ils ont
été préparés depuis trois mois, depuis les mois de
décembre, janvier, février. Là, on dépose les
crédits le 25 mars et, chaque année, c'est à peu
près la même chose.
Une fois que les crédits sont déposés, il y a
discussion en commission parlementaire et c'est pour l'année qui vient.
Ni le ministre des Finances, ni les ministres concernés ne connaissent
le rapport qui sera fait au mois de juillet. Ce que nous allons dire plus tard,
c'est que, dans les quatre mois qui suivent, donc, à partir du 1er avril
- avril, mai, juin, juillet, si on prend quatre mois - c'est durant ces mois
que certains comptes qui n'étaient pas connus et qui n'avaient pas
été reconnus d'une façon explicite...
Une voix: M. le Président, je m'excuse, mais il y a
plusieurs caucus et j'ai de la misère à comprendre.
Le Président (M. Houde): Oui, je demanderais te silence.
Veuillez laisser la parole à celui qui l'a pour qu'on puisse l'entendre,
s'il vous plaît.
M. Fortier: J'essayais d'expliquer, M. le Président, que
je comprenais le sens de la proposition du député de
Lévis. Cependant, tout simplement, ce que je dis, c'est qu'au moment
où les crédits sont présentés, M. le
député de Lévis, nous n'avons pas la connaissance des
faits, de la situation qui s'est représentée d'année en
année. Étant donné qu'il s'agit de dépenses
liquidées, mais qui seront reconnues durant les mois d'avril, mai, juin
et juillet, ce n'est, en fait, qu'à la fin du mois de juillet qu'on
s'apercevra qu'il faudra soit reconnaître les dépenses pour
l'année qui s'est terminée le 31 mars et, à ce
moment-là, on dira: Le déficit de la province est de tant parce
qu'il y a des dépenses. Autrement dit, la présentation des
états financiers se fera au mois de juillet. Dans la mesure où
les dépenses pourront être portées aux crédits de
l'année en cours, nous le ferons et, dans la mesure où les
crédits ne seront pas suffisants, ils affecteront les crédits de
l'année pour laquelle les crédits sont présentés le
25 mars. C'est la raison pour laquelle je dis: It is a self constraint. C'est
un système qui va faire que les ministres ne seront pas bien heureux,
rendu au mois de juillet, de s'apercevoir qu'ils ont 1 000 000 $ ou 2 000 000 $
de moins parce que des dépenses seront reconnues ouvertement pour
lesquelles il n'y avait pas assez de crédits l'année
précédente. Je demande à mes techniciens si c'est correct
ce que j'ai dit.
Une voix: Tout à fait correct.
M. Fortier: Je croyais que j'avais raison, mais je voulais tout
simplement m'assurer que je n'induisais pas le député de
Lévis en erreur. Quant à son amendement, cela m'aurait fait
plaisir de concourir à une amélioration de l'article 38, mais je
lui dis honnêtement qu'il s'agit d'améliorer la situation et de
mettre plus de visibilité. Je lui dis que dans la mesure... Il n'y a
personne qui désire que ces dépenses soient plus grandes qu'elles
ne devraient l'être, ou elles ne devraient pas exister parce que cela
augmente le déficit et cela va affecter dans une certaine mesure les
budgets de chaque ministère pour l'année qui vient. Que ce soit
le ministère des Transports ou le ministère de l'Énergie
et des Ressources, au moment où les crédits vont être
approuvés, au mois d'avril, on n'aura pas connaissance des
excédents qui viendront au mois de juillet ou su mois d'août. En
soi, cela va être un frein à ce que vous appeliez ce matin, quand
j'entendais les débats, un certain laxisme administratif. C'est pourquoi
je dis: Nous avons trouvé un système pour reconnaître les
principes que vous défendiez, et, en même temps, nous avons
trouvé une façon de mettre un frein ou d'encourager les ministres
à une meilleure administration.
Le Président (M. Houde): M. le ministre, si vous me
permettez, je vais lire le sous-amendement. Ajouter un deuxième
paragraphe à l'article 36, le sous-amendement suivant: "Les
prévisions budgétaires soumises au Parlement doivent faire
apparaître de façon distincte celles qui porteront sur les
services dont la liquidation s'effectuera au cours de l'année
financière et celles qui porteront sur des services déjà
liquidés. "
Selon moi, le sous-amendement est recevable.
M. Fortier: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Houde): Oui, M. le ministre.
M. Fortier: Je crois que l'amendement est tout à fait
recevable. Simplement, je suggère au député de
Lévis, pour les raisons que je viens d'évoquer, et j'ose
espérer que les explications qu'on lui a données... Je lui ai
fait valoir des arguments qui font que je ne voudrais pas voter pour ou contre.
Pour les raisons que j'ai évoquées, je pense...
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'ai présenté le sous-amendement parce
que je voulais qu'on discute de cette question. Techniquement, ce n'est
peut-être pas le meilleur endroit pour prévoir cette disposition.
C'est bien difficile de parler des articles un par un. Si l'on regarde le
portrait complet, selon l'amendement - sans qu'il soit vraiment proposé
- que le ministre des Finances nous a montré ce matin, on dit:
Toutefois, dans les quatre mois qui suivent la fin de l'année. Au lieu
que ce soit un mois seulement, comme cela était avant, ce serait quatre
mois. Cela veut dire qu'à la fin de juillet au moins, vous sauriez
quelles dépenses ont été faites sur des crédits, y
ont été imputées, et vous sauriez aussi quels montants ne
peuvent pas être imputés sur des crédits. C'est gentil les
comptes publics, mais ça prend du temps avant de sortir. Quand
reçoit-on les comptes publics habituellement?
M. Fortier: Au mois de décembre.
M. Garon: Alors, c'est trop tard pour l'analyse, vraiment. Cela
ne me fait rien que ce soit une autre disposition. Est-ce que cela peut
être, comme disposition... Le ministre des Finances nous laissait
entendre ce matin... Ce n'est pas le ministre des Finances, c'est l'un des
fonctionnaires qui conseille le ministre. C'est vous M. Rhéaume, je
pense, qui nous disiez ce matin peut-être était-ce le ministre des
Finances qui le disait... Je sais qu'il a été dit ce matin
qu'à la fin de juillet, comme la synthèse des opérations
financières du 10 juin est publiée le 15 août, il serait
possible de mettre les données des quatre mois qui suivent dans la
synthèse des opérations financières du 30 juin. Cela me
paraît serré, mais c'est vous qui le savez. Si, à ce
moment, vous le savez...
M. Fortier: Non, remarquez bien, je vais répondre, le
ministre des Finances m'a délégué. Moi, je lui dis que sa
proposition est acceptable. Tout simplement, le député va
comprendre que le rapport trimestriel d'avril, mai et juin, qui vient plus
tard, je ne sais pas si on peut le mettre là. Je suis tout à fait
d'accord avec lui, cela va aider l'Opposition et cela va aider le gouvernement
en même temps. Étant donné qu'on veut qu'il soit visible,
on va le mettre dans les comptes publics. Je peux vérifier
immédiatement, mais, dans la mesure où c'est possible de le
mettre dans le rapport trimestriel, dans la mesure où c'est prêt
à le mettre avec celui du mois de juin... C'est trop serré;
sinon, il irait. Mais, je peux prendre l'engagement de lui dire que, si ce
n'est pas pour celui des mois de juin, juillet, août et septembre,
à ce moment-là, on le mettrait dans celui qui serait
déposé, l'autre. Autrement dit, je suis tout à fait
d'accord avec la proposition du député de Lévis de le
mettre dans le premier rapport trimestriel qui suivrait la disponibilité
de l'information. Je pense que, là-dessus, je peux prendre
l'engagement au nom du gouvernement que c'est ce que nous pourrions
faire.
Si le député de Lévis peut prendre ma parole, nous
allons le vérifier sur le plan strictement technique. Autrement dit, je
suis tout à fait d'accord avec lui sur le principe. Il s'agit tout
simplement de vérifier sur le plan technique à quel moment, le
plus tôt, nous pourrions donner cette information aux parlementaires
ministériels et aux parlementaires de l'Opposition. On est d'accord sur
le principe.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'attends parce que les fonctionnaires veulent parler
au ministre.
M. Fortier: On m'indique, M. le Président, toujours dans
le même esprit, qu'il y a une exigence qui fait que le ministre des
Finances doit faire publier les rapports de l'année
précédente, et cela doit paraître dans la Gazette
officielle au plus tard le 30 septembre. On pourrait le mettre là. Le
seul problème, c'est que ces données ne sont pas
vérifiées par le Vérificateur général. C'est
au moment où elles sont vérifiées par le
Vérificateur général qu'elles apparaissent aux comptes
publics, et eux sont publiés au mois de décembre.
Encore là, si le député veut prendre ma parole, je
lui dis: Personnellement, je crois qu'on peut prendre l'engagement que ce sera,
soit le 30 septembre ou dans un des rapports trimestriels dont il parle, mais
le plus tôt possible; une fois que l'information sera disponible, nous la
publierons. Je crois que ce sera au ministre des Finances d'en prendre
l'engagement formel, mais je lui. dis que sa proposition est tout à fait
pertinente. De toute façon, on a mis un alinéa ici, à
l'article 71, où on dit qu'on veut que ce soit visible et publié.
Ce que le député de Lévis me dit, c'est qu'il aimerait
l'avoir le plus tôt possible. On est tout à fait d'accord; il
s'agit simplement de trouver le véhicule et l'endroit où le
mettre. Si on peut s'entendre sur le principe, je laisserai au ministre des
Finances le soin de faire les vérifications, qui pourra lui dire
expressément, soit ici, soit en Chambre, dans quel document
l'information sera publiée.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Mon problème est de deux ordres. D'abord, je
pense que c'est une information importante qu'il faut avoir pour que
l'administration sente qu'elle n'est pas sur le pilote automatique.
Deuxièmement, ce n'est pas dans n'importe quel cadre. Les comptes
publics, on en a discuté en commission parlementaire il y a combien
d'années? Je trouve bien sympathique de mettre l'information dans les
comptes publics, sauf que la commission parlementaire sur les comptes publics
ne s'est pas réunie depuis douze ans, je pense, ou quelque chose comme
cela. Alors...
M. Fortier: II n'y a rien qui vous empêche de poser des
questions en Chambre.
M. Garon: Oui, mais vous savez que les questions en
Chambre...
M. Fortier: À l'étude des crédits...
M. Garon:... sur les finances, habituellement...
M. Fortier:... ou la revue trimestrielle. Une voix: Cela ne
répond pas toujours.
M. Garon: Je n'ai pas vu beaucoup d'articles dans les journaux
là-dessus. Habituellement, les journalistes, comme les avocats, prennent
ce métier parce qu'ils n'aiment pas les chiffres.
Le Président (M. Houde): Vous parlez en connaissance de
cause, M. le député de Lévis, comme avocat.
M. Garon: Oui. J'étais dans l'agriculture et je me sentais
pas mat seul et je m'aperçois que dans les finances, je me sens encore
seul.
Une voix: J'espère que ce n'est pas comme cela dans votre
parti.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Houde): M. le député, s'il
vous plaît! (17 heures)
M. Fortier: M. le député de Lévis, je crois
que, lorsqu'il y a publication des rapports trimestriels, le ministre des
Finances doit venir ici. C'est la raison pour laquelle la meilleure solution,
à mon avis, serait que vous demandiez que cela paraisse dans les
prévisions trimestrielles et de le publier le plus tôt possible,
une fois obtenue l'information désirée. Là, de toute
façon, le ministre des Finances doit venir expliquer et répondre
aux questions de l'Opposition. L'information sera visible. A ce moment, vous
aurez tout le loisir de vous informer des motifs et de demander des
explications.
Je crois qu'à ce moment ça ira dans le sens, d'ailleurs,
de la demande du Vérificateur général de dire: Non
seulement comptabilisez-le, mais faites en sorte qu'il y ait un contrôle
par les parlementaires.
Le Président (M. Houde): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Moi, j'ai présenté le sous-amendement
pour qu'on puisse en débattre. Maintenant, la meilleure instance
possible, cela ne peut pas être seulement un engagement du ministre. Il
faut que ce soit un article qui apparaisse quelque part dans la Loi sur
l'administration financière pour indiquer que cela va se produire de
cette façon.
M. Fortier: Je prends l'engagement, M. le
député.
M. Garon: De la même façon que cela ne me fait rien
qu'on prenne quelques minutes d'intermission pour rédiger l'affaire si
on veut. Dans le sous-amendement que je viens de proposer, à savoir:
"Les prévisions budgétaires soumises au Parlement doivent faire
apparaître de façon distincte celles qui porteront sur les
services dont la liquidation... " J'aime autant attendre qu'ils aient fini de
jaser ensemble.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, à vous la parole. Allez-y.
M. Garon: Au moins, quand on regarde les prévisions
budgétaires... C'est parce que là on établit un nouveau
système avec ce qui est proposé aujourd'hui
M. Fortier: C'est une amélioration. Je pense qu'on va
gagner parce que c'est une grosse amélioration.
M. Garon: Non. C'est un nouveau système qui permet de
rajouter...
M. Fortier: Là on ne cache rien.
M. Garon: Cela dépend. Ce n'est pas caché à
condition qu'on le montre. Si c'est inclus dans un grand chiffre total, on ne
le voit pas plus qu'avant, même si c'est inclus. D'une certaine
façon, des montants sont inclus actuellement et on ne sait pas où
ils sont. C'est pour cela que je dis qu'il faut prévoir en même
temps une mécanique qui permette à la commission parlementaire et
aux députés, lors de l'étude des crédits... Je
comprends que les députés ministériels disent, dans le
fond, qu'étant de l'Opposition on parle pour notre clocher, mais,
éventuellement, ils seront à notre place et nous serons à
la leur.
Ils sont intéressés à ce que ces dispositions
soient le plus claires possible. Il ne s'agit pas d'être
machiavélique. Il s'agit tout simplement qu'on puisse, lorsqu'on va
étudier les crédits, connaître ces choses. Ce que j'ai
présenté comme sous-amendement remarquez qu'on ne peut pas
l'avoir immédiatement, j'en avais parlé avec le fonctionnaire, M.
Rhéaume, qui me disait cela tout à l'heure, je le savais en
présentant l'amendement - je le présentais pour pouvoir en
discuter, pour voir à quelle place on le logerait.
M. Fortier: Je peux donner la réponse au
député.
M. Garon: Oui. Je vais vous faire juste une petite proposition
pour voir si c'est possible.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Lors des prévisions budgétaires soumises
au Parlement, on a toujours les prévisions budgétaires pour
l'année qui vient et les chiffres de l'année budgétaire
qui vient de s'écouler. Je pense qu'il faudrait au moins que cela
apparaisse là aussi.
M. Fortier: Vous avez parfaitement raison. Dans la mesure
où cela va être reconnu dans les comptes publics officiellement,
quand vous allez regarder - pas dans les prévisions budgétaires
d'une année qui vient, mais dans la colonne qui établit les
dépenses - il va y avoir une ligne qui va dire: Excédent, qui va
apparaître d'une façon très explicite.
M. Garon: Oui, mais pas un chiffre global pour tous les
ministères.
M. Fortier: Non, non, mais dans chaque ministère.
M. Garon: Bon. C'est ça que je veux dire. Je pense qu'il
faudrait que cela apparaisse à trois places en réalité
pour que toute la visibilité soit correcte. Les comptes publics, c'est
une place. L'amendement est déjà indiqué à
l'article 71. À mon avis, cela devrait apparaître à deux
autres places. Premièrement, dans la première synthèse des
opérations financières où c'est possible de le faire. Vous
avez parlé de celle du 30 septembre plutôt que de celle du 30
juin. Dans la première synthèse des opérations
financières, ça pourrait apparaître. Celle du mois de
septembre. L'autre place où cela devrait apparaître aussi, en plus
des comptes publics, c'est dans les prévisions budgétaires pour
l'année suivante, quand on corrige les chiffres et qu'on indique, par
exemple, les chiffres réels de l'année écoulée, et
qu'on révise les chiffres. Là, c'est bien difficile de se
démêler là-dedans pour l'année passée, parce
qu'on a toujours les chiffres révisés de l'année
écoulée. À ce moment, je pense qu'il faudrait indiquer
dans cette révision quelle est la partie qui est attribuable à
des chiffres sur des services qui étaient déjà
liquidés l'année antérieure et sur lesquels, au
fond, le Parlement ne s'était jamais prononcé. Lorsqu'on
interrogera chacun des ministres des ministères, on pourra leur
demander: Qu'est-ce qui se passe dans votre ministère? Comment se
fait-il qu'il y ait des services déjà liquidés qui sont
inscrits dans le budget? On n'a pas pu en discuter au printemps, aux mois
d'avril, mai ou juin lorsque l'étude s'est faite, mais, lors de
l'étude de l'année suivante, on pourra poser des questions sur
l'année antérieure et sur l'année qui vient en comparant
les deux. Ce serait une excellente occasion de suivre ce qui se passe dans les
ministères et dans l'ensemble du gouvernement.
Pour les parlementaires, il m'apparaît qu'on pourrait avoir
véritablement l'information aux trois endroits où c'est important
et faisable en même temps.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Fortier: M. le Président, je pense qu'on est
très près d'un compromis.
Le Président (M. Houde): Voudriez-vous qu'on suspende
quelques minutes, puis qu'on le refasse et qu'on retire...
M. Fortier: Non. Je pense qu'on continue la discussion. Je pense
qu'on est d'accord pour discuter.
Le Président (M. Houde): D'accord. À votre
choix.
M. Fortier: On est d'accord avec le principe parce que c'est
exactement ce que dit le projet de loi. J'aimerais simplement dire au
député de Lévis qu'en ce qui concerne les synthèses
trimestrielles, ce n'est pas dans la loi, c'est une habitude. Je ne sais pas
quel ministre des Finances a commencé cela - Raymond Garneau dans le
temps ou Jacques Parizeau - mais cela fait plusieurs années qu'on le
fait, même si ce n'est pas dans la loi. Cependant, l'article 11 de la Loi
sur l'administration financière dit: "Le ministre doit faire publier
dans la Gazette officielle du Québec, dans les six mois qui
suivent la fin de chaque année financière, un état
sommaire des revenus et dépenses pour cette année
financière, ainsi qu'un état de la dette publique. " Je crois
qu'on pourrait rajouter là l'alinéa e que nous voulons rajouter a
l'article 71.
M. Garon: Aux deux places.
M. Fortier: Laissez-moi faire. On le mettrait là; vous
l'auriez dans ce document officiel. Puisque les synthèses trimestrielles
ne sont pas officielles, nous le mettrions là. Et nous le laisserions
à l'article 71, ce qui ferait que cela apparaîtrait dans les
comptes publics. Même si cela apparaît plus tard, ce sera
vérifié par le Vérificateur général. C'est
un document officiel. Même si vous dites que ce n'est jamais
discuté, il reste que c'est un document public, et cela vous
permettrait, encore là, de voir si le Vérificateur
général est véritablement d'accord avec le document que le
ministre des Finances fera publier en accord avec l'article 11.
En ce qui concerne la présentation des crédits, il faut
bien savoir que la présentation du document auquel se
réfère le député de Lévis n'est pas
définie dans la loi. Je comprends ce qu'il veut dire mais elle n'est pas
définie dans la loi. La loi ne dit pas de quelle façon les
colonnes doivent être présentées.
M. Garon: Elle parle de divisions au point de vue du
contrôleur des finances.
M. Fortier: Ce que je voudrais lui dire, c'est que, là,
nous sommes en train de légiférer. Je lui propose bien gentiment,
dans un esprit de collaboration, de le mettre à deux endroits dans la
Loi sur l'administration financière, aux articles 11 et 71. Pour le
reste, je lui dis bien gentiment que je ferai les recommandations - et le
ministre des Finances pourra le faire lui-même - pour que, lorsqu'on
publiera les documents, on s'organise pour que l'information soit visible. Je
ne crois pas qu'on doive alourdir la loi au point d'indiquer de quelle
façon les colonnes doivent être publiées.
M. Garon: M. le Président, le ministre nous dit:
Faites-nous confiance. Sauf que les règles parlementaires et les
règles de procédure disent comment cela doit se passer. Elles
disent dans quel cadre tes parlementaires peuvent intervenir. Si les chiffres
ne se trouvent pas dans les bons documents, on ne peut pas en parler.
Le règlement de la Chambre dit qu'on doit avoir une
séance, chaque trimestre, pour discuter de la synthèse des
opérations financières. Le règlement de la Chambre en
parle. Tandis que pour la publication dans la Gazette officielle, selon
l'article 11, il n'y a pas de discussion là-dessus. Il n'y a pas de
contrôle par les parlementaires. C'est Une information. La Gazette
officielle est là pour informer sauf qu'on n'a aucun accès
à cela, on n'a aucune discussion là-dessus. Ce ne sont pas des
documents qui sont discutés en commission parlementaire, non plus que
les comptes publics. À toutes fins utiles, les comptes publics n'ont pas
été étudiés par la commission depuis quelle
année?
Une voix: 1980 ou 1981.
M. Garon: 1980 ou 1981. Cela ne veut plus rien dire. Nous disons
qu'il s'agit, à ce moment-là, d'un aspect très important
de la
Loi sur l'administration financière qui va toucher des sommes
d'argent très importantes et qu'il faudrait que cela apparaisse dans des
documents qui sont les documents de base qui doivent être
vérifiés par les parlementaires, mais d'abord par le
Vérificateur général. C'est évident qu'on n'est pas
capables de les vérifier tout seuls et on n'a pas les moyens de le
faire. Le Vérificateur général est là pour le faire
à notre place, pour nous faire la présentation et pour nous faire
des remarques sur le contenu dans son rapport annuel. Ensuite, à partir
de là, on peut faire la discussion ici en commission parlementaire,
à la commission du budget et de l'administration. Si toutes les
données dont vous parlez vont dans des documents qui ne sont pas
discutés en commission parlementaire, qui ne font pas l'objet de
débat, le contrôle des parlementaires est nul, à toutes
fins utiles. C'est pour cela que je disais que cela ne me fait rien que ce soit
rédigé de différentes façons. Cela ne me fait rien
que la proposition vienne du ministre, parce que parfois il aime mieux cela;
cela ne me dérange pas. Ce n'est pas pour l'orgueil ou pour la patente,
c'est pour que l'affaire fonctionne. Même si on n'en parle pas, la
synthèse des opérations financières, maintenant, est dans
le règlement de la Chambre. Cela a un caractère assez officiel.
Qu'on y réfère dans un document, la Loi sur l'administration
financière, il n'y aurait pas d'objection à cela parce que,
à un moment donné, des choses qui sont des coutumes... Autrement,
si on n'y réfère pas... C'est un document officiel maintenant, la
synthèse des opérations financières, qui est
discuté, qui fait partie... Le règlement de la Chambre, qu'est-ce
qu'il dit?
M. Fortier: Je ne crois pas, M. le Président - en tout
cas, on peut le vérifier dans le règlement - que le
règlement soit si explicite.
Le Président (M. Houde): L'article 292.
M. Fortier: Là où le député est
fautif, je crois, c'est que lors de réunions ou quand le ministre des
Finances vient en commission parlementaire, ce n'est pas pour discuter de la
synthèse trimestrielle, mais pour discuter de la politique
budgétaire du gouvernement. Â ce moment-là, concernant la
politique budgétaire, vous pouvez poser toutes sortes de questions sur
tous les documents publiés par le ministre des Finances. Que ce soit la
Gazette officielle ou n'importe quoi, l'Opposition ou n'importe quel
député ministériel peuvent poser toutes sortes de
questions.
J'aimerais convaincre le député de Lévis, M. le
Président. Je crois que nous sommes sur la même longueur d'onde
concernant les principes. Je crois que, dans la loi, on doit inscrire des
principes tout en faisant en sorte qu'à l'article 11, où on parle
de la nécessité pour le ministre des Finances de publier six mois
après la fin de l'année -six mois, cela nous mène à
la fin de l'année - et qu'à l'article 71, où on parle des
comptes publics... À ce moment-là, il semble que ce soit un
compromis honorable de part et d'autre pour s'assurer que l'information soit la
plus visible possible et pour permettre à l'Opposition de poser des
questions sur des données qui, dans le passé, n'étaient
pas reconnues comme étant des dépenses explicites.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, est-ce que vous êtes d'accord? Est-ce qu'on le garde...
M. Fortier: On s'est toujours entendus, nous autres. Au mois de
décembre, on a adopté des projets de loi ensemble. On n'a pas
taponné.
M. Garon: On ne taponne pas non plus, sauf que la Gazette
officielle, cela a un caractère d'information, mais ce n'est pas un
document qui tombe sous le coup du Vérificateur général.
On me dit que les relations ne sont pas très bonnes entre le
ministère des Finances et le Vérificateur général.
C'est cela qu'on laisse entendre. J'ai su, par exemple, que le ministère
des Finances ne voulait pas du tout qu'on entende le Vérificateur
général sur une loi qui le concerne. Il faut que cela tombe sous
le coup du Vérificateur général.
M. Fortier: On l'a dans l'article 71.
M. Garon: Oui, l'article 71, mais ce n'est pas suffisant.
M. Fortier: Oui, l'article 71 parle des comptes publics qui sont
vérifiés par le Vérificateur général.
M. Garon: Sauf que les... (17 h 15)
M. Fortier: On répond. Je suis très honnête,
je vous le dis que...
M. Garon: Quand va-t-on entendre le Vérificateur
général devant cette commission?
M. Fortier: M. le député de Lévis, vous
n'avez pas compris...
M. Garon: Dans la semaine des quatre jeudis?
M. Fortier:... ma proposition. Je vous dis qu'on le
reconnaît à deux endroits. Je vous dis, par ailleurs, que les
synthèses
trimestrielles ne sont dans aucun texte de loi et je ne crois pas que ce
soit nécessaire. Mais il est bien évident que si cela
apparaît à l'article 11, donc dans la Gazette officielle,
et si cela apparaît à l'article 71, il va aller de soi,
évidemment, que cela apparaîtra dans la synthèse
trimestrielle.
Mais, comme dans la loi on ne parle pas de synthèse
trimestrielle... Je ne crois pas qu'on doive prévoir tous les documents,
car il peut bien arriver qu'à un moment donné le ministre des
Finances dise: Dorénavant, je publie cela à tous les deux mois.
Mais, dans le moment, il y a une synthèse trimestrielle qui est
publiée et il est évident que cela va apparaître là
également, parce qu'il va falloir que les présentations des
états financiers et des dépenses budgétaires puissent se
comparer, un document par rapport à l'autre.
C'est la raison pour laquelle je souligne bien humblement, M. le
Président, qu'en ajoutant l'alinéa à l'article 11 et
à l'article 71, on va dans le sens de la demande du député
de Lévis, qui me semble très raisonnable.
M. Garon: Sauf que quand la Loi sur l'administration
financière a été adoptée, il n'y avait pas beaucoup
de ces présentations trimestrielles. C'est un peu comme quand les lois
des différentes sociétés d'État ont
été adoptées. On ne parlait pas beaucoup de rapports
trimestriels; on parlait de rapports en général.
Je me souviens, par exemple, avoir déjà demandé
à des sociétés d'État qui dépendaient du
ministère de l'Agriculture de nous faire des rapports trimestriels -
parce que le ministre a le droit de demander des rapports - sauf que cela
n'avait aucun caractère officiel. Je pensais que c'était une
bonne façon de forcer les sociétés d'État
à...
M. Fortier: Les synthèses trimestrielles ne sont pas
vérifiées par le Vérificateur général.
M. Garon: Oui, mais ils ne peuvent pas faire n'importe quoi non
plus, sans avoir l'air drôle un peu, si, à un moment donné,
ces rapports sont complètement en dehors de l'évolution des
chiffres qui vont être présentés en fin d'année.
Mais, aujourd'hui, il serait possible de parler de l'administration
financière lors du rapport trimestriel du ministre sur
l'évolution des finances. Ce serait possible d'y faire
référence dans la Loi sur l'administration financière,
sans que ce soit un problème.
Pour que les termes employés soient des termes qui font qu'on s'y
réfère davantage, là, la pratique s'établit que
c'est une vérification trimestrielle. Il y a des documents qui sont
fournis et on dit... Je ne sais pas quand cela a commencé, en quelle
année cela a commencé. Savez-vous en quelle année?
Une voix: 1984.
M. Garon: Cela a commencé seulement en 1984? Vous voyez,
1984. Un gouvernement qui était là depuis huit ans était
quand même assez transparent pour commencer à faire des
vérifications trimestrielles.
La synthèse des activités financières est
publiée depuis quand, M. le ministre délégué aux
Finances?
M. Fortier: II faudrait être bien clair, M. le
Président. Il n'y a pas de vérification trimestrielle. Le
ministre des Finances publie un document trimestriel, mais ce sont des
documents non vérifiés. De la même façon, on peut
prendre la comparaison avec le secteur privé.
M. Garon: Vous avez raison.
M. Fortier: Les compagnies publiques publient un petit rapport
trimestriel qu'elles envoient à leurs actionnaires. C'est bien
indiqué que ce rapport n'est pas vérifié. Mais, à
la fin de l'année, il y a un rapport qui est vérifié par
le vérificateur de la compagnie et c'est le rapport qui est
envoyé aux actionnaires.
Tout simplement, je crois que le gouvernement a adopté une
procédure qui me semble très pertinente. Alors, on ne peut pas
espérer qu'à tous les trois mois, le Vérificateur
général va mettre son grain de sel là-dedans, mais il va
le faire une fois par année.
C'est pour cela, M. le Président, que je pense qu'il faut bien
voir le progrès qui va être fait par le projet de loi qui est
devant nous. Dans le passé, les dépenses dont on parle
n'étaient comptabilisées nulle part. Cela n'affectait pas le
déficit du gouvernement. Ce n'était reconnu par personne et elles
n'étaient pas visibles. Cela ne pénalisait pas les
ministères à qui, dans une certaine mesure, incombait la
responsabilité de ces dépenses.
Maintenant, je le lui disais tout à l'heure, il faudrait que le
député de Lévis reconnaisse le bien-fondé de la loi
qui est devant nous et de l'amélioration considérable qui va se
faire, parce que non seulement cela va être reconnu, mais cela va
être comptabilisé, cela va affecter le déficit de
l'année dans laquelle les dépenses sont encourues, et cela va
également affecter les crédits de l'année
subséquente.
Cela va être visible et je lui propose que ce soit visible
à deux endroits, dans deux articles de la Loi sur l'administration
financière, ce qui n'était pas le cas auparavant. Alors, je crois
qu'entre hommes raisonnables - je sais que le député de
Lévis
l'est et je lui propose cela bien gentiment -nous avons fait, de part et
d'autre, des progrès énormes qui nous permettraient de conclure
le débat à ce moment-ci.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis. Est-ce que le sous-amendement est adopté? C'est son choix
s'il veut le retirer...
M. Garon: M. le Président, je ne le retire pas, mais je
veux dire que la Gazette officielle ne m'apparaît pas être le bon
véhicule. Par ailleurs, les comptes publics c'est une affaire et cela
reste là. Il n'y a pas de mandat pour faire vérifier cela d'une
façon régulière par la commission du budget et de
l'administration. Il faudrait au moins que les prévisions
budgétaires de l'année suivante soumises au Parlement fassent
apparaître de façon distincte lors de ta révision les
prévisions qui portent sur les services déjà
liquidés.
Quand vous allez présenter vos chiffres pour que l'on puisse
savoir ce qui était finalement couvert sur des services
déjà liquidés pour lesquels, à toutes fins utiles,
il n'y aurait pas de crédit, au fond... C'est en le disant qu'on pourra
le vérifier auprès des ministères, poser des questions
là-dessus et à ce moment-là freiner le plus possible, sauf
quand il y a des cas où on n'a pas de choix, parce que c'est vraiment la
formule. Il ne faut pas non plus que cette formule remplace la formule des
crédits supplémentaires. Il y a des budgets
supplémentaires, des choses de prévues et il ne faut pas que cela
vienne remplacer des budgets supplémentaires.
M. Fortier: II y a une dimension que le député de
Lévis oublie. D'une part, le gouvernement n'a pas autorité pour
changer les prévisions budgétaires. C'est le gouvernement qui
vote les crédits budgétaires et ce que nous proposons ne change
pas les crédits budgétaires. La semaine prochaine, lorsque le
ministre des Finances va déposer les crédits budgétaires,
on verra une colonne pour l'année précédente et il y aura
les crédits budgétaires adoptés pour l'année
courante avec peut-être des petits ajustements, puisque l'on peut
transférer certains budgets entre des éléments d'un
même budget.
Mais je dis que le gouvernement n'a pas autorité... A supposer
que certaines dépenses affecteraient les crédits de
l'année suivante, Ceci réaffecterait pas les prévisions
budgétaires, mais affecterait les dépenses. Autrement dit, les
prévisions budgétaires demeurent intactes. Prenons encore un cas
pour cette année. Par exemple, le ministère de l'Immigration:
budget de 75 000 000 $. Mme Robic pense qu'elle a assez d'argent avec cela. Si,
au mois de juillet-août, le rapport sur les dépenses pour
l'année qui se termine ont excédé ses crédits pour
l'année en cours, elle aura la mauvaise surprise, s'il y a un
dépassement, de s'apercevoir que ses crédits sont diminués
de ce montant-là. C'est là que je dis que l'inquiétude du
député de Lévis, à mon avis, n'est pas valable
puisqu'il n'y a aucun ministre qui agira de telle façon que ses
crédits soient automatiquement diminués par le fait d'un
dépassement des crédits de l'année
précédente, surtout quand il ne le contrôle pas. Par
ailleurs, on n'a pas le contrôle sur les prévisions
budgétaires, c'est le fait du Parlement. Pour prendre en exemple le cas
du ministère de l'Immigration et des Communautés, s'il
s'avérait par suite d'un dépassement de crédits, par la
faute des nouveaux articles que nous sommes en train de voter, que la ministre
se trouve en difficulté, alors elle serait obligée de revenir
pour des crédits supplémentaires et c'est à ce
moment-là que les parlementaires et l'Opposition poseraient des
questions. Mais ce mécanisme sera en plus des indications données
dans différents documents pour les rendre plus visibles. Autrement dit,
le fait qu'ils affectent les crédits de l'année suivante dans la
mesure où il n'y a pas assez de crédits dans l'année
précédente va pénaliser très fortement les
ministres qui sont responsables d'un ministère en particulier et qui ne
seront pas très enclins à utiliser ce mécanisme. Je crois
que les préoccupations du député de Lévis sont
doubles. D'une part, il veut s'assurer que les ministres ou le gouvernement
n'utiliseront pas ce subterfuge pour passer des dépenses qui n'ont pas
été votées. Je lui ai dit au début que nous
reconnaissons ce principe, et il en a fait état. Mais la
procédure qui a été adoptée, non seulement le
reconnaît, mais le respecte totalement. Nous avons enlevé le bout
de phrase qui pouvait causer un problème, quoique ce ne fût pas
l'intention.
M. Garon: II y a un point, M. le ministre, que je demande et qui
est plus important que cela.
M. Fortier: C'est cela, on note qu'au moment où vous allez
étudier le budget, vous allez déjà avoir depuis le mois de
décembre... On étudie les crédits au mois de mars et vous
avez déjà, depuis le mois de décembre, les comptes
publics. La publication est là, la cloche est sonnée, le drapeau
est levé, le drapeau rouge est là, et vous avez toute
l'information qui vous permet de poser des questions.
On dit simplement que l'information...
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi je vous dis cela.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: J'ai posé la question au ministre des Finances
ce matin. Je lui ai dit: Vous aviez mis comme disposition: "Les
prévisions budgétaires soumises au Parlement doivent porter sur
des services déjà liquidés lorsque les crédits ont
été insuffisants pour leur imputation. "
M. Fortier: On a enlevé cela.
M. Garon: Vous avez enlevé cela, mais vous n'enlevez pas
que les services déjà liquidés pourront avoir
été liquidés même si les crédits
étaient insuffisants pour leur imputation. Vous avez enlevé les
mots, mais la réalité demeure.
M. Fortier: Oui, mais il y a une pénalité.
M. Garon: Oui, je comprends. M. Fortier: II y a une
pénalité.
M. Garon: Oui, oui. Mais là, ce que je lui ai
demandé, c'est: Pouvez-vous me dire, sur les montants d'argent en cause
actuellement, quand on parle, par exemple à l'Éducation, de 594
000 000 $ dans le projet de loi 130 qu'on va étudier après les
autres, quelle est la partie sur laquelle il y avait des crédits et la
partie sur laquelle il n'y avait pas de crédits? Il a dit: Je ne peux
pas vous répondre. Cela me fait une belle jambe. Le ministre adopte une
disposition et il ne sait pas si c'est un cure-dent ou un madrier. C'est pour
cela que je dis... Il adopte une disposition dans la loi pour régler un
problème, mais il ne sait pas quelle est l'ampleur exacte du
problème, nous dit-il. Je lui ai demandé tantôt de me
produire, par exemple, pour les années écoulées, les
"backlogs" qu'on traîne, je lui ai demandé de me les produire.
Tantôt, je l'ai rencontré de façon informelle et il me
disait qu'il n'avait pas d'autre objection, mais qu'il avait peur que je lui en
demande d'autres s'il me donnait ceux-là. Je lui ai dit, par exemple,
que je voudrais avoir les comptes des hôpitaux et des universités
de 1970 à 1986, les sommes dépensées en surplus des
crédits autorisés par les différentes institutions
universitaires ou par les hôpitaux depuis 1970 pour voir si c'est un
système généralisé au Québec ou s'il s'agit
surtout de certains groupes qui font toujours la même chose. Mais
là, le ministre m'a laissé entendre t-antât que... Il sait
bien que ce n'est pas difficile de fournir ces chiffres et il les a
sûrement déjà tout prêts d'avance. Il s'agit
peut-être de mettre trois ou quatre feuilles ensemble pour regrouper les
années de 1970 à 1986. Je lui ai demandé pour les budgets
qui seront analysés de cette façon quels sont les services
déjà liquidés ceux sur lesquels il y avait
déjà des crédits et ceux sur lesquels il n'y avait pas de
crédits. Je pense que, dans les quatre mois qu'on ajoute, il y a une
partie qui sera couverte par ces quatre mois qui s'ajoutent parce qu'il y avait
déjà des crédits. Je lui disais que, pour un grand nombre
de ces choses, il n'y avait sans doute pas de crédits. Je lui avais
demandé de me produire, par exemple, les crédits
périmés pour les dernières années dans ces
ministères. (17 h 30)
Je suis convaincu que si les crédits périmés
étaient tellement minces, ce n'est pas parce qu'il y avait des
crédits, c'est parce qu'il n'y avait pas de crédits pour ces
montants parce que, si on dit qu'il y a des services déjà
liquidés pour 594 000 000 $ au ministère de l'Éducation et
qu'ils n'ont quasiment pas eu de crédits périmés dans les
dernières années, cela veut dire qu'il n'y avait pas de
crédits pour ces montants-là. Si on dit qu'il y a des services
déjà liquidés pour 594 000 000 $ au ministère de
l'Éducation et qu'il n'y a quasiment pas eu de crédits
périmés pendant les dernières années, cela veut
dire qu'il n'avait pas les crédits, à toutes fins utiles.
J'ai dit aussi que quand on étudierait le projet de loi 130, je
justifierais chaque montant du ministère de l'Agriculture. Il m'a dit:
Vous-mêmes, vous en aviez. Bien, j'ai dit: Parfait, on va voir cela,
parce que, justement, j'avais assez de crédits périmés
pour les payer.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis...
M. Garon: Sauf que je sais comment cela fonctionne aussi. II y a
une disposition dans la Loi sur l'administration financière qui permet
au Conseil du trésor de geler des crédits, à un moment
donné. Vous avez eu des crédits votés par
l'Assemblée et le Conseil du trésor vous refuse de les
dépenser. Il y a une disposition là-dedans.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, votre temps est écoulé sur le sous-amendement,
à moins que M. le député...
M. Garon: II est écoulé?
M. Fortier: On discute "at large". Le Président (M.
Houde): D'accord. M. Fortier: II n'y a pas de problème.
M. Garon: Le problème est... J'ai perdu le fil de ce que
je disais.
M. Fortier: Si vous me permettez, je vais...
M. Garon: Les crédits périmés. En ce
qui concerne les crédits périmés, il y a une
disposition dans la Loi sur l'administration financière; je le sais,
batèchel
M. Chagnon: Ne me dites pas qu'on vous a fait le coup à
l'Agriculture.
M. Garon: Je vous dis qu'il y a deux ministères auxquels
je ne laisserais pas un quart de pouce de corde. Je connais leur façon
de procéder, je connais leur façon arbitraire de fonctionner et
je sais à quel point ils se situent en haut par rapport aux autres: le
ministère des Finances et le Conseil du trésor.
M. Chagnon: Ce n'est plus vrai maintenant.
M. Garon: C'est vrai et ce sera pareil. J'ai hâte de voir
les crédits qui vont paraître bientôt...
Le Président (M. Houde): A l'ordre! M. le
député Lévis, la parole est à vous.
M. Garon:... et quels seront les ministères qui vont
passer dans le tordeur. Au contraire, le président du Conseil du
trésor a dit récemment qu'il ne m'avait pas fait assez passer
souvent dans le tordeur, parce que j'allais au Conseil du trésor pour
débattre mes affaires. Le Conseil du trésor a des pouvoirs qui
lui permettent - je vais essayer de touver la disposition ici - de faire ce
qu'il appelle, en termes ordinaires, des gels de crédits.
Vous avez de l'argent, mais il vous empêche de dépenser
l'argent qui a été voté par l'Assemblée
nationale.
M. Fortier: M. le député de Lévis...
M. Garon: Avez-vous la disposition?
M. Fortier: M. le député de Lévis. M. le
Président...
Le Président (M. Houde): À vous la parole, M. le
ministre.
M. Fortier: Je crois que la demande du député de
Lévis de revenir en arrière, à mon avis, ne réglera
rien pour la raison suivante. Même si on revenait en arrière pour
s'apercevoir que le titulaire du ministère de l'Industrie et du
Commerce, qui était le professeur Tremblay de l'Université de
Montréal, devrait répondre de tel et tel dépassement qui
s'est fait dans les années 1976, 1977 ou 1978, je ne crois pas que ce
qu'on va apprendre ici autour de la table...
On essaie d'établir des principes qui vont faire que dans
l'avenir, les parlementaires...
M. Garon: Je l'ai, la disposition.
M. Fortier: Je suis complètement d'accord. Mais, oui, elle
est là, la disposition. Mais ce que je veux dire, c'est que pour les
choses qui sont passées... M. le député de Lévis,
écoutez-moi. C'est sûr que le Conseil du trésor a le
pouvoir de bloquer les crédits. Mais on n'apprendra rien en revenant en
1971 ou en 1975, en posant des questions sur un titulaire qui est parti depuis
dix ans et en essayant de poser des questions comme: Qu'est-ce qu'on aurait
fait, nous, avec les nouvelles dispositions, si elles avaient été
là en 1977, alors que M. Tremblay, qui était le ministre de
l'Industrie et du Commerce à ce moment-là, a eu des
dépassements budgétaires? À mon avis, on n'apprendra
absolument rien. Là, ce qu'on essaie de faire, c'est d'établir
des principes de base. Je signale bien humblement qu'une revue des fautes ou
des problèmes qui ont existé dans le passé ne nous
instruira pas du tout sur la façon de comptabiliser et d'exercer des
contrôles, parce que c'est de cela qu'on parle, exercer des
contrôles.
Je vous donne un exemple. J'ai rencontré tout à l'heure la
ministre de la Santé et des Services sociaux, responsable de la
Politique familiale et députée de L'Acadie. Elle a dit
publiquement, il y a quelques mois, aux hôpitaux qui ne prenaient pas les
moyens de respecter les budgets de fonctionnement... Elle l'a dit très
clairement, parce qu'il arrivait dans le passé - le député
le sait - que des hôpitaux ne posaient pas les gestes qu'ils devaient
poser pour respecter leur budget.
Ce que la députée de L'Acadie a fait, ce que la ministre a
fait, elle l'a dit très clairement: Les directions des hôpitaux
qui seront fautives, qui ne prendront pas les moyens de soumettre un budget
équilibré seront pénalisées, parce que je vais
bloquer les dépenses de capitalisation. C'est un moyen qu'elle a pris.
Elle me disait qu'elle a obtenu de très bons résultats.
Même si on essayait de revenir en arrière pour savoir si le
ministre responsable en 1977, 1978 ou 1979 aurait dû faire quelque chose
comme cela, cela ne nous donnera absolument rien. Je crois que ce qui est
important, c'est qu'à partir de maintenant l'Opposition et les
députés ministériels aient l'information voulue pour poser
les questions aux différents ministres. Comme de raison, cela va prendre
un an avant que cela joue pleinement, mais l'an prochain, si la
députée de l'Acadie est toujours là ou si le ministre de
l'Éducation est toujours là, l'information va être
disponible et, à ce moment-là, vous pourrez poser des questions
au ministre responsable et dire: Que faite3-vous pour remédier à
ces dépenses non formellement approuvées, d'après
l'administration financière? Essayer
de revenir en arrière alors que les titulaires sont disparus, je
crois qu'on n'apprendra pas beaucoup là-dessus.
Alors, je pense que ce qui est important, c'est de s'entendre sur des
principes fondamentaux qui respectent le parlementarisme et qui
découragent l'utilisation de cette procédure. Je crois que j'ai
démontré tout à l'heure au député que cela
en décourageait l'utilisation puisque, d'une part, cela pénalise
le ministre des Finances parce que cela augmente son déficit, puisque
les dépenses sont comptabilisées; d'autre part, cela
pénalise les ministres responsables chacun de leur budget parce qu'ils
se voient coupés, Ils voient leurs crédits diminués dans
la mesure où il n'y avait pas assez de crédits l'année
précédente. Alors, il y a deux freins qui font qu'il n'y a
personne qui va utiliser ce mécanisme intentionnellement. Il faudrait
être fou pour faire exprès d'avoir moins de budget l'année
suivante.
Il s'agit de reconnaître explicitement les dépenses, et la
seule discussion qu'on avait, c'était de savoir à quel endroit
l'information pourrait apparaître. Dans la mesure où on peut la
faire apparaître explicitement à deux endroits, je lui propose de
le faire et ceci n'empêche pas que, dans d'autres documentations, que
cela soit la présentation trimestrielle ou autre - qui ne sont pas des
documents officiels reconnus dans la loi - très probablement,
l'information apparaîtra aussi.
Alors, je crois que le député a très bien
défendu son point de vue. J'ose espérer qu'il acceptera que je
lui dise que le gouvernement a répondu en toute bonne foi aux
représentations qu'il a faites et, en toute gentilhommerie, j'aimerais
qu'il accepte la proposition que je lui fais et les amendements que je suis
prêt à déposer - en tout cas, le cas échéant
- et qui répondraient à sa demande.
Le Président (M. Chagnon): Messieurs, y a-t-il d'autres
intervenants sur le sous-amendement comme tel? Puisque le député
de Lévis et le ministre ont répondu et ont pris leur temps sur le
sous-amendement proposé par le député de Lévis, y
a-t-il d'autres intervenants sur le sous-amendement?
M. Fortier: Concernant le sous-amendement, M. le
Président, j'ai indiqué, tout à l'heure - enfin, je pense
que le député de Lévis le sait - que le sous-amendement
est fautif dans le sens qu'il ne correspond pas à la
réalité et, si vous appelez le vote, je vais être
obligé de voter contre. Je pense qu'il vaudrait peut-être mieux
que le député de Lévis le retire puisque je crois lui
avoir démontré que cela ne correspondait pas tout à fait
à la réalité pratico-pratique.
Le Président (M. Chagnon): D'abord, je vais m'informer
auprès des membres de cette assemblée s'il y a d'autres
intervenants sur le sous-amendement.
M. Polak: Retirez-vous votre amendement?
Le Président (M. Chagnon): M, le député de
Sainte-Anne, laissez au président le soin de veiller à la
procédure et au bon maintien de cette assemblée.
M. Polak: Je veux l'aider.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, quant à la demande que le ministre vous fait sur la
possibilité du retrait du sous-amendement que vous avez proposé,
que décidez-vous?
M. Garon: Je vais le retirer parce que, techniquement, je sais
que les services déjà liquidés ne sont pas connus au
moment des prévisions budgétaires, mais il va falloir
présenter une disposition pour la mettre ailleurs. C'était ma
façon de demander au ministre à quel endroit il voulait la faire
apparaître, l'endroit qui lui conviendrait. Comme il ne propose pas de
moyens convenables, il va falloir que je trouve une façon de faire un
autre sous-amendement pour lui proposer autre chose. C'est pour cela que, dans
la discussion, j'essayais de trouver une formule. Je vais vous dire pourquoi,
M. le Président, si vous me laissez un peu de latitude. Le
mécanisme...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, avez-vous une autre proposition d'amendement ou de
sous-amendement à annoncer?
M. Garon: Non, j'ai dit que je le retirerais, mais on est dans le
cadre de l'amendement maintenant.
Le Président (M. Chagnon): En ce moment, MM. les
députés, si on retire le sous-amendement, on revient
effectivement à l'étude de l'amendement. Sur l'amendement...
M. Fortier: Et, moi, j'aurais un amendement à
proposer.
Le Président (M. Chagnon): Vous auriez un sous-amendement
à l'amendement?
M. Fortier: Non, ce que je voulais indiquer au
député de Lévis, c'est que, si on pouvait disposer de
l'article 38, cela me ferait plaisir de proposer immédiatement
après un amendement à l'article 11 dans le sens que je lui
indiquais tout à l'heure, et, plus tard, cela me fera plaisir de faire
le même amendement à l'article 71, ce qui va
faire qu'à deux endroits l'information qu'il demande va
être visible et publiée.
Le Président (M. Chagnon): J'ai cru comprendre que le
député de Lévis avait l'intention de produire un autre
sous-amendement à l'amendement. Est-ce cela? Est-ce que vous pourriez
nous en faire lecture et déposer le texte?
M. Garon: Immédiatement, parce qu'on tombe dans le cas de
l'étude de l'amendement.
Le Président (M. Chagnon): Dans ce cas, effectivement, M.
le député de Lévis, nous revenons à l'étude
de l'amendement. Je pense qu'il vous restait quelques minutes, 10 minutes 45
secondes.
M. Garon: Dix minutes 45 secondes. Je vais essayer de dire
rapidement ce que je veux dire. Actuellement, on établit un nouveau
procédé. Donc, il faut trouver de nouvelles façons de
faire la publicité de ces procédés qui sont introduits par
l'article 38, même si ce n'est pas clair à sa lecture même.
Si on prend l'ensemble des dispositions qui vont être proposées
par le ministre des Finances, on établit un nouveau régime.
Je prends l'article 46, par exemple, de la Loi sur l'administration
financière où on dit: "Le Conseil du trésor peut
décréter la suspension, pour toute période qu'il fixe, du
droit d'engager tout crédit ou partie de crédit. Ce décret
doit être attesté et signé par le président du
Conseil du trésor et notifié au contrôleur des finances.
"L'alinéa qui précède ne s'applique pas aux traitements,
indemnités, dépenses contingentes ou autres dépenses de
l'Assemblée nationale".
Par exemple, si le président du Conseil du trésor
s'aperçoit que dans certains domaines les dépenses se font plus
vite que prévu, et qu'il veut s'assurer que ses budgets vont être
respectés, il va faire des gels de crédits ailleurs. Ces gels de
crédit sont faits, mais cela n'a pas empêché les
crédits de fonctionner pendant tout ce temps. Il n'a pas un parfait
contrôle là-dessus d'autant plus qu'il dit qu'à la fin de
l'année il peut y avoir des services déjà liquidés,
à plus forte raison à partir de gels de crédits du Conseil
du trésor. C'est pour cela qu'à partir du projet de loi 130
tantôt, je vais poser plusieurs questions pour voir quelle est la
réalité en arrière de cela. Des affirmations ont
été faites par le ministre des Finances dans son discours de
deuxième lecture. On sait, par exemple, que, quand le président
du Conseil du trésor décide de geler des crédits, il
paralyse un ministère pour libérer des fonds qu'il veut affecter
ailleurs dans le budget. Il n'y a pas grand débat nulle part qui se
fait.
Là, on établit une nouvelle mécanique avec les
dispositions de la loi 129. S'il y a une nouvelle mécanique, il ne faut
pas que par cette nouvelle mécanique il n'y ait aucun moyen de
vérifier. On dit: dans un' article dans la Gazette officielle.
Personne ne se sert de la Gazette officielle pour étudier les
documents. Ce ne sont pas des documents qui sont utilisés normalement.
Si on se retrouve avec des articles ou des dispositions qui sont dans trois ou
quatre volumes, les parlementaires ne sont pas équipés pour
pouvoir analyser. On n'a pas d'équipe de comptables avec nous. Souvent,
on vous pose des questions et il faut que vous consultiez pour répondre,
alors que vous êtes là-dedans à l'année.
Si les documents ne sont pas présentés d'une façon
très claire, nous, les parlementaires, n'avons pas de contrôle,
à toutes fins utiles. C'est la raison pour laquelle je dis qu'il y a des
documents de base du contrôle parlementaire de l'administration. Quels
sont vos documents de base? Ce sont les prévisions budgétaires,
les crédits, le budget et la syntèse des opérations
financières. Ce sont les documents de base. Les comptes publics, c'est
bien gentil, sauf que la commission du budget et de l'administration ne
siège quasiment jamais là-dessus. Ce n'est pas un
véhicule. Je comprends qu'il faut que ce soit là, je ne le nie
pas. J'admets que l'amendement 71 a du sens, sauf que ce n'est pas un
véhicule. Il faut que ces données apparaissent dans des documents
qui vont être vérifiés par le Vérificateur
général, sur lesquels il va pouvoir faire des analyses ou des
représentations ainsi que les colonnes de chiffres que nous
vérifions comme parlementaires, lors de l'étude des
crédits, lors de l'analyse du budget ou, encore, lors de l'analyse
trimestrielle des opérations financières du ministre des
Finances. Je n'ai pas d'objection à ce que cela apparaisse dans d'autres
documents, sauf qu'on n'a pas un bureau de comptables pour faire ces
compilations. Si on a les renseignements de façon tellement
camouflée que cela équivaut à ne pas les avoir, ce n'est
pas très utile de les avoir. C'est pour cela, M. le Président,
que...
Où sont les budgets? Attendez un peuî Avez-vous un livre
des crédits avec vous? (17 h 45)
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Voyez-vous, quand on regarde le livre des
crédits, on se rend compte que, dans l'analyse, on a les crédits
de l'année antérieure et, encore là, les crédits de
l'année pour laquelle une prévision budgétaire est
présentée. Il me semble qu'un des bons endroits où cela
pourrait apparaître, c'est là. On pourrait dire, lorsqu'on la
présente, que 1985-1986... On voit 1985-1986 et 1986-1987
au point de vue des dépenses. II pourrait y avoir un
élément... Là, on voit qu'il y a aussi la ventilation des
crédits. Vous savez, dans la colonne de gauche, il y a toujours la page
sur la ventilation des crédits. Dans la section ventilation des
crédits, il m'apparaît qu'on pourrait ventiler la partie qui
portait dans la section pour l'année antérieure, la partie qui a
porté sur des services déjà liquidés.
Il me semble qu'il serait possible de mettre cela d'une façon
assez claire. Lorsqu'on étudiera les crédits, on pourra dire:
L'an dernier... On analyse l'année qu'on va vivre, mais encomparaison avec l'année qui vient de s'écouler. C'est
habituellement ce qu'on fait quand on regarde les crédits. On pourrait
dire au ministre, par exemple, en étudiant les crédits: On
constate que, dans vos crédits de 1985-1986, vous n'aviez pas tous les
crédits, ou il y a des crédits qui n'étaient pas
prévus ou pour lesquels des paiements ont été faits par la
suite sur des services déjà liquidés et qui ont
été pris à même les crédits de votre
année 1985-1986 -je ne sais pas si c'est clair quand je parle -pour
qu'on le voie a posteriori, au moins, et qu'on puisse s'en servir dans
l'analyse des prévisions budgétaires pour l'année en
cours.
M. Fortier: Est-ce que je peux répondre?
Le Président (M. Chagnon): Oui. M. Fortier: M. le
Président.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Fortier: Je crois que j'ai démontré beaucoup de
bonne volonté, mais j'essaie de comprendre la demande du
député de Lévis. Le député de Lévis
me parle de renseignements vérifiés par le Vérificateur
général. Je lui dis que les seuls documents qui sont
vérifiés par le Vérificateur général, ce
sont les comptes publics. Le ministre des Finances est prêt à
proposer un amendement qui va faire en sorte qu'il ait les comptes publics, le
document vérifié par le Vérificateur
général. À ce moment-là, il aura l'information
vérifiée par le Vérificateur général. De
deux choses l'une: ou il désire avoir une information
vérifiée par le Vérificateur général, ou il
désire avoir l'information le plus tôt possible. Il est
évident que, dans l'information vérifiée par le
Vérificateur général, comme c'est le cas d'une compagnie
dans le secteur privé, le vérificateur ne vérifie que le
rapport final, que les états financiers tels que présentés
par la compagnie, parce que ce n'est pas le rapport financier du
Vérificateur général. Le Vérificateur
général émet une opinion sur les états financiers
préparés par le ministre des
Finances. Tout simplement, je lui dis là-dessus qu'il les aura,
mais qu'il sera obligé d'attendre le processus pour donner le temps,
d'une part, au ministre des Finances de préparer ses états
financiers et, d'autre part, pour permettre au Vérificateur
général de faire les vérifications dont il a besoin pour
attester, pour critiquer ou pour formuler des recommandations sur les
états financiers qui lui sont présentés. Je lui dis que ce
sera fait, mais qu'il faut que cela suive le processus normal de la
vérification du Vérificateur général. Je lui dis
que la demande qu'il fait, il va l'avoir. Si vous appuyez l'amendement qui est
proposé à l'article 71, vous aurez cette information.
Par ailleurs, il me demande un deuxième type d'information. Il me
dit: Est-ce que c'est possible, dans le projet de loi, de prévoir - je
crois que c'est une demande qu'il fait - que la synthèse trimestrielle
en fasse état. Je lui dis ceci: Le document appelé La
synthèse trimestrielle n'est pas un document du ministre des Finances;
c'est un document préparé par le sous-ministre des Finances, un
document qui est utile aux parlementaires, mais qui également est
très utile aux bailleurs de fonds, aux prêteurs qui, eux, veulent
connaître régulièrement l'état des finances de la
province de Québec.
C'est un document utile, qui est semblable - je le répète
- à celui qui est préparé par les compagnies dans le
secteur privé. Ce n'est pas un document vérifié. Dans le
cas qui nous préoccupe, ce n'est pas un document qui a reçu
l'approbation du ministre comme tel. Mais le ministre des Finances, qui, de
toute façon, te prépare pour les gens de l'extérieur qui
veulent connaître l'état des finances du gouvernement, le
distribue aux parlementaires et les parlementaires peuvent poser des questions
à partir de ces synthèses trimestrielles.
Troisièmement... II y avait un troisièmement...
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre, je suis obligé
d'intervenir à ce stade-ci pour réclamer de l'Opposition un
consentement pour vous permettre de continuer, étant donné que
nous venons de passer le temps prescrit par le règlement pour votre
intervention.
M. Fortier: Est-ce qu'il y a consentement? Oui.
Troisièmement, le député de Lévis demande que, dans
les prévisions budgétaires... Je lui dis que les
prévisions budgétaires sont prévues aux articles 38, 39 et
40. Dans les prévisions budgétaires, si on prend l'article 38, on
dit simplement que les prévisions budgétaires soumises à
la Législature doivent porter sur les services dont la liquidation
s'effectuera... Il n'est nullement question, dans la présentation des
crédits... Le gouvernement ne serait même
pas obligé... Votre gouvernement l'a fait, nous le faisons.
Autrement dit, les prévisions budgétaires de l'année qui
vient et les rapports financiers de l'année précédente, il
n'y a aucune obligation, dans la loi, de les présenter comme tels. Les
gouvernements essaient de donner le plus d'information possible et j'ai dit que
notre gouvernement fera de même mais je ne crois pas qu'on doive mettre
dans un texte de loi la façon dont la présentation' sera faite.
Il n'y a aucune obligation présentement dans la loi de présenter,
à côté des prévisions budgétaires de
l'année qui vient, les prévisions budgétaires ou
l'état des dépenses de l'année
précédente.
Je dis que, de toute façon, il aura l'information étant
donné que les comptes publics sont disponibles. J'ajoute que, lorsqu'il
y a étude des crédits - pour avoir été dans
l'Opposition, je le sais pertinemment - l'Opposition a le droit de demander que
tel ou tel ministère lui donne des informations additionnelles. Le
député de Lévis n'aurait qu'à demander à son
leader, qui cumule les demandes de l'Opposition, de demander à chaque
ministre de donner explicitement les montants de chaque année qui
auraient été reportés par suite des amendements qui sont
devant nous.
Il y a tellement de façons d'obtenir l'information pour
l'étude des crédits, que ce soit une demande formelle, que les
gouvernements s'exécutent. J'ai demandé des informations quand
j'étais dans l'Opposition. Chaque fois que j'ai demandé des
informations précises, je les ai obtenues. Je ne crois pas qu'on doive,
dans un texte de loi, prévoir la façon dont les budgets vont
être présentés. Je crois que la responsabilité de
l'Assemblée est d'approuver les prévisions budgétaires et
les gouvernements qui présentent les prévisions
budgétaires le font de la façon la plus décente
possible.
Je ne crois pas qu'on doive prévoir cela dans un texte de loi.
C'est la raison pour laquelle je lui dis qu'en définitive la proposition
que j'ai faite est suffisante en ce qui concerne les modifications qu'on doit
apporter au projet comme tel, mais qu'il y a bien des façons pour
l'Opposition d'obtenir l'information. Même si l'Opposition ne le
demandait pas, je crois que le gouvernement le ferait, de toute façon,
d'une façon qui a toujours... Le gouvernement s'exécutera,
puisqu'il a intérêt à présenter les
prévisions budgétaires de la façon la plus
compréhensible possible. Votre gouvernement l'a fait et nous le faisons.
J'ose espérer qu'on puisse s'entendre sur ces éléments,
puisque vous avez bien des façons d'obtenir l'information, de toute
façon. Ce qui est important, c'est que, dans la loi, il y ait des
exigences pour le ministre. Je lui disais, entre autres, que la synthèse
trimestrielle n'est pas un document du ministre, c'est un document du
sous-ministre. Autrement dit, c'est un document préparé par les
fonctionnaires, qui n'a pas reçu explicitement l'aval du ministre. Mais,
lorsque le ministre propose des prévisions budgétaires et qu'il
fait un rapport en fin d'année dans les comptes publics, cela engage la
responsabilité ministérielle. C'est cela que la loi veut
définir.
Le Président (M. Chagnon): Nous vous remercions, M. le
ministre. Est-ce que l'amendement est adopté? M. le député
de Lévis.
M. Garon: Essentiellement, ce que je veux dire au ministre, c'est
que dans la présentation des...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, je devrai demander s'il y a consentement de la part du parti
ministériel. Je pense que non. Vous n'avez plus de temps, le temps
prescrit. Vous avez passé à travers l'enveloppe du temps qui vous
était alloué.
M. Dufour:... la mienne.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Jonquière, je suis obligé de vous aviser que notre code de
procédure ne prévoit pas tes emprunts et la location de temps
d'un parlementaire à l'autre.
M. Dufour: J'aimerais demander la parole parce que...
Le Président (M. Chagnon): Bien sûr, nous vous
écoutons.
M. Dufour:... j'essaie de saisir un peu la demande expresse de
mon collèque de Lévis. Je pense bien qu'il y aurait une
possibilité... L'intermission que nous aurons entre 18 heures et 20
heures permettra sans doute cette réflexion qui pourra contenter tout le
monde. Quand on regarde la synthèse ou les crédits
budgétaires pour l'année comparativement à la demande du
député de Lévis, quand on regarde les crédits, on
voit qu'il y a la colonne de 1985-1986 et on fait la comparaison entre
1985-1986 et 1986-1987, on regarde la ventilation des crédits. Ce qu'on
aimerait - je pense que c'est possible -c'est qu'il y ait une troisième
colonne qui dise qu'à telle fonction, par exemple à l'aspect
traitement, il y a eu un dépassement. Ce dépassement pourrait
être ajouté. Pour 1985-1986, vous avez votre montant. Du
crédit périmé qui a été adopté, la
partie imputable à l'année serait ajoutée cette
année. Donc, il y aurait cette colonne. Ce qui veut dire que cela
ajouterait une colonne qui permettrait de mieux voir le dépassement et
qui permettrait aussi de faire une
comparaison plus rapide entre ce qui s'est fait l'année
précédente par rapport à l'année actuelle. C'est
dans ce sens. C'est un détail technique ou une mécanique, et je
pense que ce serait réalisable. On voit cela
régulièrement. Cela permet d'avoir un tableau beaucoup plus
précis de la situation. Cela permet de faire une comparaison et cela
permet aussi d'être beaucoup plus transparent par rapport à cela.
C'est un document officiel. Je ne sais pas s'il est retenu quelque part comme
élément important et si la façon de le présenter
est...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Jonquière est-ce que vous faites un amendement, est-ce une question que
vous posez ou une affirmation que vous faites?
M. Fortier: C'est une question technique.
M. Dufour: Ce qu'on essaie comme Opposition...
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Fortier: Je dis, au nom du gouvernement, que je ne crois pas
qu'on puisse définir dans un texte de loi la façon dont on va
présenter ce type d'information. Je lui donne l'engagement du
gouvernement que l'information qui sera pertinente et reliée à
l'adoption des amendements qui sont devant nous sera fournie d'une façon
ou d'une autre à l'Opposition. On n'essaie pas de cacher de
l'information. Je ne crois pas qu'on doive légiférer sur la
façon dont les états financiers ou les budgets vont être
présentés. Je crois qu'on va fournir l'information d'une
façon ou d'une autre. Avec une confirmation comme celle-ci, vous allez
être obligés de prendre notre parole. Est-ce que cela va
être une feuille à part? Est-ce qu'on va mettre trois colonnes?
Laissez-nous le moyen de..
Le Président (M. Chagnon): Je vous remercie, M. le
député d'Outremont, M. le ministre. S'il n'y a pas d'autres
commentaires ou d'autres intervenants, nous allons passer à la mise aux
voix de l'amendement qui nous a été proposé. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, à l'heure où
nous sommes, voter à toute vapeur... Quand je pense qu'il y a deux
heures qui peuvent nous permettre de réfléchir sur la situation,
ce serait bien vu de l'ensemble des parlementaires de pouvoir permettre ces
deux heures de réflexion prévues dans nos règlements pour
trouver un consensus. J'ai l'impression que, d'un côté comme de
l'autre, actuellement, ce qu'on recherche, c'est le consensus.
Le Président (M. Chagnon): M. le député, je ne
voudrais pas que vous ayez l'impression que c'est un vote pris à la
vapeur. Cela fait quand même plusieurs heures qu'il y a des discussions
sur le sujet. Nous sommes sur le point de voter. II est 18 heures.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Chagnon): II est 18 heures, alors nous
allons suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 18)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je vous rappelle le mandat de la commission. C'est l'étude du
projet de loi 129, Loi modifiant la Loi sur l'administration financière,
et, éventuellement, du projet de loi 130.
Nous en étions à l'amendement, et le temps de parole qui
restait à l'Opposition appartenait à M. le député
de Jonquière, M. Dufour. Il lui restait 17 minutes. Il n'est pas ici
présentement. Donc, il y a immédiatement vote sur
l'amendement.
M. Garon: On peut l'attendre. Des voixs Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Richard): Je me permettrai donc de
demander le vote sur l'amendement. L'amendement est le suivant: L'article 38 de
la Loi sur l'administration financière est remplacé par le
suivant: "Les prévisions budgétaires soumises au Parlement
doivent porter sur les services liquidés au cours de l'année
financière ou d'une autre période expressément
visée. " Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté?
M. Garon: Adopté.
Une voix: Vote.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 1 tel
qu'amendé est adopté?
M. Fortier: Ne commencez pas les problèmes.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: J'ai de la misère avec mes».
Le Président (M. Richard): Messieurs, madame, du
sérieux.
Est-ce que l'article 1 tel qu'amendé est adopté?
M. Garon: Adopté.
M. Fortier: Qu'est-ce que cela veut dire, l'article...
Le Président (M. Richard): C'est donc adopté.
M. Fortier: Avez-vous le projet de loi? Qu'est-ce que c'est "tel
qu'amendé? C'est l'amendement comme tel?
Le Président (M. Richard): C'est cela. M. Fortier:
Adopté.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 2 du projet
de loi.
M. Garon: En vertu de l'article... je ne sais pas, c'est
l'article qui dit qu'on a le droit de parler sur chaque alinéa, sur
chaque affaire...
Le Président (M. Richard): En vertu de l'article 245.
M. Garon:... le premier alinéa, si vous voulez, et,
ensuite, le deuxième, ou le deuxième paragraphe, comme vous
voudrez.
M. Fortier: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Fortier: À l'article 2, il y a un amendement...
Une voix: Ah oui!
M. Fortier:... qui n'a pas encore été
proposé. Avant d'arriver à l'article 2...
M. Garon: C'est vrai.
M. Fortier:... j'avais un amendement à proposer.
Appelez-le, je ne sais pas, l'article la. Pardon?
Le Président (M. Richard): 0. 1.
M. Fortier: Immédiatement après l'article 1.
Le Président (M. Richard): Non. Entre l'article 1 et
l'article 2.
Une voix: 1. 1.
Le Président (M. Richard): 1. 1.
États annuels
M. Fortier: L'article 1. 1 qui modifierait l'article 11 de la Loi
sur l'administration financière et qui se lirait comme suit: "Le
ministre doit faire publier dans la Gazette officielle du Québec,
dans les six mois qui suivent la fin de chaque année
financière, un état sommaire des revenus et dépenses pour
cette année financière, un rapport de l'excédent des
dépenses portées aux comptes de cette année sur les
crédits de cette même année, ainsi qu'un état de la
dette publique. " Autrement dit, ce que nous ajoutons, c'est le bout de phrase
qui traite du rapport... de l'excédent des dépenses
portées aux comptes d'une année par rapport aux crédits de
cette même année.
Le Président (M. Richard): Est-ce que nous pouvons avoir
l'amendement par écrit, M. le ministre? Merci beaucoup.
Y a-t-il des interventions sur l'amendement? En voulez-vous copie, M. le
député''
M. Garon: Oui.
M. Fortier: Autrement dit, M. le Président, comme je
l'avais mentionné tout à l'heure, nous rajoutons à
l'article 11 ou nous insérons au milieu de l'article 11 un alinéa
ou un bout de phrase identique à un amendement que j'aborderai tout
à l'heure à l'article 71 et qui se lit comme suit: "un rapport de
l'excédent des dépenses portées aux comptes d'une
année sur les crédits de cette même année. " Cet
alinéa se trouverait à l'article 11 et à l'article 71.
Le Président (M. Richard): M. le ministre, puisque nous
attendons les documents, est-ce que vous pouvez donner les explications sur
l'amendement? Je vais demander au député de Lévis...
M. Fortier: Les seules explications: On en a discuté tout
à l'heure, M. le Président, mais malheureusement vous
n'étiez pas avec nous pour suivre le détail de nos discussions.
J'aimerais tout simplement résumer, pour le registre des débats,
et dire que de toute façon, à l'article 11, il est dit que le
ministre doit publier à la Gazette officielle du Québec,
dans les six mois qui suivent la fin de chaque année
financière, un état sommaire des revenus et dépenses.
Ce que nous ajoutons, c'est que nous voulons rendre plus visible cet
ajustement qui proviendrait des dépenses de l'année
précédente qui n'auraient pas été compensées
par des crédits de l'année précédente et qui
seraient reportées dans l'année suivante. Par cette
mesure-là, ce serait visible dans les états financiers
publiés par le ministre des Finances.
M. Garon: Avez-vous un exemplaire de la Gazette officielle
qui produit cet état sommaire?
Une voix: Je vais aller les chercher. M. Fortier: Oui,
s'il vous plaît!
M. Garon: On dit: Un état sommaire des revenus et
dépenses.
M. Fortier: C'est cela. Il y aurait justement dans ce rapport un
rapport spécial qui donnerait l'état de l'excédent des
dépenses pour le rendre plus visible pour permettre à la
population et aux parlementaires d'en constater non seulement la
présence, mais le volume et l'intensité.
Le Président (M. Richard):... M. le député
de Lévis ou vous attendez le texte?
M. Fortier: Le député de Lévis voudrait
voir...
M. Garon: Oui, parce que vous dites: un rapport de
l'excédent des dépenses portées aux comptes d'une
année. Qu'avez-vous dit dans votre texte? Est-ce prévu aux
comptes d'une année ou de l'année?
M. Fortier: Ils sont allés prendre la photo, n'est-ce-pas?
C'est la même chose, un rapport de l'excédent des dépenses
portées aux comptes d'une année par rapport aux crédits de
cette même année.
M. Garon: Ici, on dit que le ministre doit faire publier à
la Gazette officielle du Québec, dans les six mois qui suivent la
fin de chaque année financière, un état sommaire des
revenus et dépenses pour cette année financière. Alors,
allez-vous dire un rapport de l'excédent des dépenses
portées aux comptes de cette année? De l'année en...
M. Fortier: Je crois que le député de Lévis
apporte peut-être un bon point. Alors, le rapport de l'excédent
serait pour la même année. Si on peut recevoir l'amendement, on
pourrait le modifier.
M. Garon: Le rapport de l'excédent des dépenses
portées aux comptes de cette même année.
M. Fortier: Oui, c'est d'accord. Vous avez raison. Ce que
j'expliquais, c'est qu'une fois qu'on aura adopté l'autre projet de toi
qui régularise la situation une fois pour toutes...
M. Garon: On commence à partir de l'an prochain.
M. Fortier: Là, on commence à zéro.
Là, il va falloir que les dépenses qui n'ont pas
été formellement approuvées soient comptabilisées
dans l'année où elles sont trouvées si elles sont
reconnues par le gouvernement. Donc, à cause de cela, il faudrait parler
du rapport d'excédent des dépenses portées aux comptes de
cette même année.
M. Garon: C'est cela qui est écrit. M. Fortier:
C'est cela, de cette année.
M, Garon: C'est parce qu'on n'avait pas le texte.
M. Fortier: C'est cela que nous avions ici. Mais vous avez
raison, si on l'avait libellé différemment, il aurait fallu le
corriger.
M. Garon: Qui a écrit cela?
M. Fortier: C'est M. Rhéaume qui a écrit cela.
Une voix:... le député de Lévis.
M. Garon: Non, j'écris plus gros que cela. M.
Rhéaume...
M. Fortier: J'en fait la proposition, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Avez-vous des commentaires, M.
le député de Lévis, ou des interrogations?
M. Garon: Un rapport de l'excédent des dépenses
portées aux comptes de cette année financière...
M. Fortier: C'est le renumérotage. On m'indique, M. le
député de Lévis, si vous n'avez pas d'objection que le
numéro de cet amendement que j'ai proposé devrait être 0,
puisqu'on traite de l'article 11 et puisque l'article 1 traite de l'article 38.
Mais c'est juste une question de numérotaqe. Si vous voulez le proposer
comme étant l'article 0.
M. Garon: On va dire que c'est 1 et l'autre devient 2. Article 0,
ce serait drôle.
M. Fortier: Cela va être renuméroté par la
suite.
M. Garon: À la fin, on...
M. Fortier: Le renumérotage va se faire à la
fin.
Le Président (M. Richard): J'ai un petit problème
technique. Est-ce qu'on prend le 0 ou le 1. Le 1 est sûrement plus
positif. Est-ce qu'on prend 0?
M. Fortier: 0, oui.
Le Président (M. Richard): D'accord, l'article 0. Est-ce
que le nouvel article est accepté?
M. Garon: Lequel donc?
Le Président (M. Richard): Celui-là.
M. Fortier: Celui dont je viens de faire la proposition, M. le
député.
Le Président (M. Richard): Celui que M. le ministre vient
de faire et dont on a copie.
M. Garon: Je me demandais de quelle façon est fait ce
rapport sommaire. Est-ce que c'est par ministère?
M. Fortier: Je vais demander au contrôleur de
préciser.
M. Paré (Pierre-André): Par source de
dépenses et par ministère.
M. Garon:... parce qu'il est allé chercher un
exemplaire.
M. Paré (Pierre-André): On va avoir un exemplaire
dans à peu près cinq minutes qui va arriver et on va pouvoir vous
montrer comment cela va fonctionner.
M. Garon: On va attendre de le regarder, pour voir, parce
que...
Le Président (M. Richard): Pouvez-vous vous identifier?
Parlez dans le micro. (20 h 30)
M. Paré (Pierre-André): Pierre-André
Paré, contrôleur des finances. On va avoir un exemplaire dans
à peu près cinq à dix minutes - au maximum cinq minutes et
on va pouvoir vous montrer de quelle façon cela va être
décrit, mais normalement cela devrait être par ministère,
par nature de dépenses à l'intérieur de cela.
M. Fortier: Sur la même base que les crédits
budgétaires.
M. Paré (Pierre-André): C'est cela.
M. Fortier: Il faut savoir que l'Assemblée nationale
approuve des programmes et que le gouvernement n'a pas ! d'autorité pour
changer les budgets d'un programme et d'un autre, à moins de revenir
devant l'Assemblée nationale. Donc, le rapport à faire devrait se
faire sous cette i même base.
M. Garon: À quelle date sort-il d'habitude le rapport
des... ?
M. Paré (Pierre-André): Le 30 septembre.
M. Garon: Le 30 septembre.
M. Paré (Pierre-André): II est dans ta loi.
M. Fortier: II est dans la loi.
M. Garon: C'est parce qu'on dit "dans les six mois".
M. Paré (Pierre-André): C'est le 30 septembre, la
dernière semaine de septembre.
M. Fortier: Dans les six mois, cela se trouve six mois
après le 1er avril; cela vous met à la fin d'octobre, mais
normalement c'est au mois de septembre.
M. Garon: Non, c'est au mois de septembre. Avril, mai, juin,
juillet, août et septembre, le 30 septembre.
M. Fortier: C'est...
M. Garon: II faudrait donc étudier cette question lors de
l'étude de la synthèse des opérations financières
du mois de septembre.
M. Fortier: Même celle de juin parce que, durant
l'été normalement, vous n'avez pas le temps d'étudier la
synthèse trimestrielle des opérations financières.
M. Garon:... dedans.
M. Fortier: Non, mais au moment où le ministre des
Finances apparaît en commission parlementaire, vous posez des questions
et vous auriez, d'une part...
M. Garon: Non, c'est parce qu'on a septembre en novembre; le 30
septembre, on l'a seulement en novembre, comme le 30 juin, on l'a à peu
près à la mi-août. Le 30 septembre, on l'a à peu
près à la mi-novembre et cette année, on l'a eu, si ma
mémoire est bonne, même à la fin de novembre. C'est pour
cela, cela arrive à une date qui n'est pas extraordinaire pour
l'Assemblée nationale. On est immédiatement dans le régime
du mois de décembre. Dans le régime du mois de décembre,
on...
M. Fortier: On m'indique que l'an
dernier - je ne sais pas si c'est typique de chaque année -
l'analyse trimestrielle du mois de juin a été
étudiée au mois d'octobre. Ce qui arrive, c'est que les
parlementaires partent en vacances en juillet-août et avant de remettre
cela en... Vous avez votre réunion au mois d'octobre, alors si cela a
lieu au début d'octobre, vous auriez à ce moment-là...
M. Garon: Ah ouii Vous voulez dire dans la Gazette
officielle.
M. Fortier: Oui, oui. M. Garon: Oui, d'accord.
M. Fortier: Vous auriez les deux à ce moment-là
pour la réunion du mois d'octobre. Alors, à ce moment-là,
vous...
M. Garon: D'accord. J'aimerais voir comment cela sort dans la
Gazette officielle pour voir si on a besoin de proposer un amendement ou
non. Si c'est assez décortiqué pour...
M. Fortier: La Gazette va seulement vous montrer visuellement ce
que c'est, mais je vous dis, M. le député de Lévis, que
c'est par programme et que, donc, le rapport dont on parle va se faire sur la
base des programmes.
M. Garon: Sur la base des programmes à l'intérieur
des ministères, cela serait intéressant. On aurait une colonne
pour cela.
M. Paré (Pierre-André): Oui, c'est cela, si je peux
la recevoir.
M. Fortier: On peut suspendre jusqu'à temps qu'on la
reçoive.
M. Garon: Parce que là on parle dans le vent.
M. Fortier: On va suspendre jusqu'à ce qu'on ait le
document.
Le Président (M. Richard): Nous suspendons l'article et
nous continuons?
M. Fortier: On peut continuer.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 2. C'est
une question de rentabiliser le temps.
M. Fortier: Cela va. On peut... Cela va.
Le Président (M. Richard): Si vous êtes d'accord,
nous suspendons l'article 0. 1 et j'appelle l'article 2.
Imputation sur un crédit
M. Fortier: L'article 2. Pour procéder formellement, je
propose donc l'amendement suivant que vous avez entre les mains, je crois, dans
le document que le ministre des Finances a soumis au président ce matin
et qui se lit comme suit: L'article 58 de cette loi est modifié: 1 par
le remplacement du second alinéa par le suivant: "Toutefois, dans les
quatre mois qui suivent la fin de cette année financière, on peut
imputer sur un crédit les montants requis afin d'acquitter une dette
payable pour des travaux effectués, des marchandises reçues ou
des services rendus avant la fin de cette année aux termes d'un contrat;
le montant imputé est porté aux comptes de cette même
année. " Et par l'addition à la fin de l'alinéa
suivant...
Le Président (M. Richard): Un instant! Je m'excuse, M. le
ministre. Tout à l'heure, le député de Lévis avait
manifesté d'y aller...
M. Fortier: Un à un.
Le Président (M. Richard):... en se prévalant de
l'article 245.
M. Fortier: Si vous me permettez de donner quelques explications,
M. le Président, il s'agit de reconnaître formellement, tel que le
demandait le Vérificateur général, des dépenses qui
n'avaient peut-être pas reçu toutes les approbations telles que
libellées dans la loi sur l'administration financière, et de les
imputer dans l'année financière où elles auraient
été faites. C'est la raison pour laquelle j'indiquais tout
à l'heure, avant le dîner, qu'en ce faisant on se trouve non
seulement à les reconnaître, mais à les imputer dans
l'année où elles auront été faites. En ce faisant
on se trouve à reconnaître d'une façon plus formelle les
vraies dépenses et le vrai niveau des dépenses de l'année
dans laquelle elles ont été faites et à augmenter le
niveau des dépenses et, donc, le niveau du déficit de
l'année dans laquelle elles ont été faites, ce qui
n'était pas le cas précédemment.
Le changement, essentiellement, c'est qu'avant, le gouvernement avait 30
jours pour reconnaître ce type de dépenses-là et que
maintenant, nous avons fixé un délai de quatre mois, ce qui
semble plus raisonnable compte tenu des délais pour que le
contrôleur des finances puisse accumuler l'information et faire en sorte
que ces documents soient reconnus dans les états financiers d'une
année financière en particulier.
M. Garon: C'est-à-dire que, dans la proposition du
ministre, on enlevait les 30
jours. Pendant les 30 jours qui suivent la fin de l'année
financière, c'était biffé. On a fait des
représentations pour dire qu'il serait mieux de mettre une limite dans
le temps. J'en parle de façon informelle, mais avant, il y avait 30
jours. J'avais parlé au ministre des Finances de rajouter 60 ou 90
jours. L'intérêt qu'il y avait si cela avait été 60
ou 90 jours au 30 juin plutôt que quatre mois, c'est que cela aurait pu
finaliser les comptes au 30 juin dès la première synthèse
des opérations financières. Quatre mois, c'est la ceinture et les
bretelles en plus du cordon. Il me semble que trois mois auraient
été suffisants et que cela nous aurait permis de finaliser
l'année financière plus rapidement. Les fonctionnaires sont
très prudents mais y a-t-il vraiment une nécessité de
quatre mois? Est-ce que trois mois ne seraient pas suffisants?
M. Fortier; M. le Président, dans le texte actuel de la
loi sur l'administration financière c'étaient 30 jours. À
l'expérience, je crois que les faits sont là pour
démontrer que ce délai n'était pas suffisant. Je dois vous
dire que, même quand j'étais président d'une compagnie dans
le secteur privé, 30 jours n'étaient pas suffisants. Si ce n'est
pas suffisant pour une compagnie privée, à plus forte raison pour
une administration gouvernementale où il y a beaucoup de ramifications
et qui est beaucoup plus complexe.
Dans l'amendement que le ministre des Finances avait
suggéré, dans le projet de loi qu'il avait déposé,
il n'y avait aucune limite de temps. Je crois que vous avez
évoqué que ce n'était peut-être pas admissible ou
raisonnable. Le ministre des Finances a proposé un délai de
quatre mois. Je crois qu'il s'agit là d'un délai raisonnable,
compte tenu du fait que, si des dépenses étaient trouvées
par-delà ce délai de quatre mois, elles seraient reportées
à une année subséquente. Pour le désir que vous
exprimez de vous assurer d'avoir l'information le plus tôt possible, je
crois qu'il y a quand même un autre objectif, celui de s'assurer que les
dépenses de l'année précédente soient
comptabilisées de la façon la plus complète possible.
L'expérience des fonctionnaires au ministère des Finances nous
indique qu'un délai de quatre mois semble être raisonnable pour
faire en sorte que la très grande totalité des comptes qui
arrivent par la suite soient insérés dans les dépenses de
l'année où ils devraient être insérés.
Le ministre des Finances a indiqué ce matin qu'à son avis
c'était un compromis raisonnable. Je dois vous avouer que,
personnellement, je n'ai pas l'expérience de la chose. Il me semblerait,
a priori, que ce soit un délai suffisant, et je dois m'en remettre aux
fonctionnaires du ministère des Finances.
M. Garon: Tantôt, en discutant avec les fonctionnaires, ils
nous disaient que ce serait possible de sortir cela au moment de la
première synthèse des opérations financières du 30
juin qui est publiée le 15 août. Comme c'est le premier trimestre
qui compte pour avril, mai et juin... Au gouvernement, je vais vous dire bien
franchement, mon expérience passée de neuf ans m'indique qu'au
ministère des Finances et au Conseil du trésor et dans ces
organismes-là il n'y a pas besoin d'huile parce que les moteurs
chauffent au mois de juillet. Je vous dis que j'ai souvent passé le mois
de juillet à mon bureau et j'avais l'impression d'être tout seul
au gouvernement. C'est pour vous dire qu'il n'y avait pas grand monde là
en juillet.
M. Fortier; II y a toujours quelqu'un aux Finances en plus de
l'Agriculture. C'est bien connu.
M. Garon: Je veux dire qu'il n'y a pas grand-monde là pour
payer les comptes.
M. Fortier: J'aimerais faire valoir au député de
Lévis que, si on a mis quatre mois, c'est qu'on est pris entre deux
feux. Le premier, c'est que le public - le ministre des Finances le premier -
désirait les résultats le plus tôt possible. Dans ce
sens-là, on irait dans le sens que vous suggérez. Par ailleurs,
si on apporte un amendement à la loi à la demande, à la
suggestion du Vérificateur général, on aimerait avoir un
délai suffisant pour que, l'an prochain, si on choisissait trois mois,
le Vérificateur général n'arrive pas et nous dise encore:
Bien, vous avez pris un délai qui n'était pas suffisant.
Évidemment, le délai suffisant, personne ne peut l'évaluer
précisément à ce moment-ci, mais je crois que
l'idée était de faire en sorte que si des dépenses
arrivaient par la suite ce serait vraiment des dépenses mineures. Si
c'était juste 1000 $ ou 2000 $, je pense que personne ne poserait des
questions. Autrement dit, il faudrait avoir un délai suffisant pour
s'assurer de vraiment maîtriser la situation et qu'elle soit la plus
complète possible pour refléter la réalité la plus
complète pour l'année financière du gouvernement.
M. Garon:... demander pour les fins de l'enregistrement, mais si
c'est adopté tel quel est-ce qu'il est possible que les résultats
définitifs apparaissent dans la synthèse du 30 juin?
M. Fortier: II n'y aura pas de rapport détaillé -
c'est ce qu'on m'indique - mais on pourrait avoir une très bonne
indication du volume de ce genre de dépenses. Ce serait donc une
information qui pourrait être présentée et on peut
s'engager à le faire.
M. Garon: En disant: II faut, au 30 juin, l'état...
M. Fortier: Autrement dit, au 30 juin, on devrait normalement
avoir la majorité de ce type de dépenses, mais, compte tenu des
remarques du Vérificateur général, le ministre des
Finances - on me l'indique; c'est pour cela que je suis un peu
gêné de modifier le chiffre - pourrait adopter un délai qui
soit tel que la possibilité qu'il y ait des dépenses qui
surviennent dans le quatrième mois... Autrement dit, au quatrième
mois, je pense qu'on est à peu près certains de donner
satisfaction au Vérificateur général. À ce
moment-là, la plainte ou les plaintes formulées par le
Vérificateur général n'existeraient plus puisque la
presque totalité des comptes qui, dans le passé, nous arrivaient
seraient comptabilisés. Donc, le Vérificateur
général n'aurait pas à se plaindre du rapport qui serait
fourni éventuellement. C'est la raison pour laquelle je suis le premier
à accepter votre proposition, qu'on maintienne le délai de quatre
mois, mais que le ministre des Finances, par ailleurs, s'engage sur son
honneur, dans les rapports trimestriels, à indiquer l'information
aussitôt qu'il l'aura.
M. Garon: Est-ce que vous pourriez prendre l'engagement au nom du
ministre des Finances que, dans la première synthèse des
opérations financières au 30 juin, apparaîtrait
l'état de ces comptes payés et les chiffres, donc
révisés, des crédits utilisés? (20 h 45)
M. Fortier: Ce qu'on m'indique, M. le député de
Lévis, c'est qu'au 30 juin on sera en mesure d'indiquer le volume de
toutes les dépenses, peut-être pas tous les détails. On
sera en mesure, à ce moment-là, d'indiquer...
M. Garon: Par ministère.
M. Fortier:... le volume. Autrement dit, ce ne serait pas le
rapport dont on fait état, le rapport de l'excédent des
dépenses compte par compte ou programme par programme.
M. Garon: Par ministère et global.
M. Fortier: C'est ça. C'est-à-dire par
ministère et global. Ce serait une information un peu moins
détaillée, mais qui donnerait une bonne indication de l'ampleur
du problème si vous voulez, si on peut l'appeler un problème.
M. Garon: Non. Ce n'est pas vraiment un problème, je
pense.
M. Fortier: C'est un problème de comptabilité.
M. Garon: Le problème est quand il s'agit de paiements sur
des dépenses pour lesquelles il n'y avait pas de crédit. Quand il
y avait des crédits, si le compte est entré plus tard, au fond,
le gouvernement économise un 'peu d'argent, si vous voulez, si les gens
n'envoient pas leurs comptes.
M. Fortier: Le problème, c'est qu'on avait 30 jours.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: Avec 30 jours, même si on avait des
crédits, on était bloqué.
M. Garon: C'est serré.
M. Fortier: La loi nous empêchait de le faire. Alors
là, avec quatre mois, la loi va être telle qu'on va pouvoir
recevoir l'information et l'indiquer dans l'année même où
elle devrait être présentée. Si on peut s'entendre
là-dessus, M. le député de Lévis, je pense
qu'on...
M. Garon: Vous seriez d'accord, non seulement d'accord, mais au
nom du ministre des Finances et du sous-ministre...
M. Fortier: Oui. Mais, comme je vous dis, vous n'aurez pas le
rapport détaillé, mais ce serait...
M. Garon: Non, par ministère et global.
C'est-à-dire que par ministère et global, révision des
chiffres de l'année financière écoulée.
M. Fortier: Oui parce que de toute façon...
M. Garon: Avec de belles notes pour dire que cela a
représenté tel...
M. Fortier: Voulez-vous parler dans le micro et vous
identifier?
M. Rhéaume: Alain Rhéaume.
M. Garon: On ne veut rien risquer.
M. Fortier: Vous comprendrez, M. le député, que ce
n'est pas moi qui prépare ces documents, ce sont les fonctionnaires.
J'aimerais que le fonctionnaire dise si c'est techniquement possible.
M. Chagnon: C'est un beau cas d'imputabilité.
M. Rhéaume: Ce qu'il est techniquement possible de faire,
c'est que les données de l'année précédente qui
sont publiées dans la synthèse du 30 juin, laquelle est
généralement publiée à la mi-août, les
données de l'année précédente sont les
données définitives. En conséquence, ces données
incluront les dépenses imputées sur les crédits
disponibles de l'année précédente et trouvées dans
les quatre mois qui suivent la fin de cette année financière.
M. Garon: Trois mois. M. Rhéaume: Quatre.
M. Garon: Vous pouvez même mettre juillet?
M. Rhéaume: Bien sûr. L'idée c'est qu'entre
le 31 juillet, le moment où le score est final, et la publication, il y
a toujours possibilité d'ajuster les données réelles de
Tannée d'avant pour ces quelques piastres trouvées entre le 30
juin et le 31 juillet. Il n'y a pas de problème à cela.
Cependant, le détail qui est donné dans la synthèse est un
détail par ministère pour les dépenses et au total. C'est
bien sûr qu'il y a un chiffre de dépenses par ministère qui
représente le chiffre global pour l'année en entier. Ce sera le
même chiffre, mais il comprendra toutes les dépenses faites dans
l'année, y compris celles ajoutées dans la période de
quatre mois.
M. Fortier: Je pense que cela répond à votre
désir. Plus tard, il y aura un rapport détaillé.
M. Rhéaume: Le rapport détaillé
apparaîtra en même temps que la publication de la Gazette
officielle le 30 septembre, et la deuxième version de ce rapport
détaillé apparaîtra dans les comptes publics...
M. Fortier: Vérifiée.
M. Rhéaume: Vérifiée si l'amendement de
l'article 71 est...
M. Garon: Cela arriverait en temps utile. La synthèse qui
arrive à la mi-août est étudiée normalement avant
l'ouverture de la session d'automne. Là, on n'est pas dans les affaires
du mois de décembre quand cela sort le 30 septembre. Si le travail
était fait à ce point de vue, on ne serait pas avec une
synthèse du 30 septembre qui arriverait à la mi-novembre et, dans
le fond, on serait beaucoup plus avancé. Cela serait intéressant
au point de vue de la commission parlementaire qui rencontre le ministre des
Finances pour la synthèse des opérations financières du 30
juin.
M. Fortier: D'accord.
M. Garon: Cela marche.
Le Président (M. Richard): Cela convient. Donc, on retient
un accord de principe sur la première partie de l'amendement.
Maintenant, le deuxième paragraphe de l'amendement.
M. Garon: Le vote?
M. Fortier: II veut retenir le vote. On va voter ensemble.
Le Président (M. Richard): On fera seulement un vote, si
vous n'avez pas d'objection, M. le député de Lévis.
M. Fortier: Je continue.
M. Garon: On peut voter... Non? Comme vous voulez.
M. Fortier: On peut voter sur le premier paragraphe.
Le Président (M. Richard): Parfait. M. Fortier:
Adopté.
Le Président (M. Richard): Le premier paragraphe de
l'amendement...
M. Fortier: C'est ça.
Le Président (M. Richard):... est donc adopté.
M. Garon: Oui, tenant compte des engagements du ministre.
Le Président (M. Richard): Du ministre et du haut
fonctionnaire.
M. Garon: Non, c'est le ministre.
Le Président (M. Richard): Du ministre.
M. Garon: Le haut fonctionnaire...
M. Fortier: Si le ministre des Finances n'est pas content de moi,
il ne me redemandera plus la prochaine fois.
M. Garon: Nous autres, on n'a pas grande poigne sur le
fonctionnaire.
M. Fortier: Je propose, M. le Président, le
deuxième paragraphe.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc le
deuxième paragraphe de l'amendement.
M. Fortier: Je reprends. L'article 2 se lisait: L'article 58 de
cette loi est modifié... 2° par l'addition, à la fin de
l'alinéa suivant de: "L'excédent d'une dépense du
gouvernement portée aux comptes d'une année sur les
crédits de cette même année
est imputé sur les crédits alloués à cette
fin par le Parlement dans l'année financière suivante. " C'est ce
que nous avons discuté depuis ce matin. Dans le délai de quatre
mois, on reconnaît les dépenses. Elles sont reconnues en
totalité dans l'année financière pour laquelle elles sont
imputées. Cependant, s'il n'y a pas assez de crédits pour le
programme auquel elles sont allouées, à ce moment-là,
l'excédent est reporté sur l'année financière
suivante et cela a pour effet de pénaliser les crédits de
l'année suivante pour le ministère fautif, en relation avec cette
dépense excédentaire.
M. Garon: À quel moment va-t-on savoir pour la
première fois si l'excédent d'une dépense du gouvernement
portée aux comptes d'une année sur les crédits de cette
année est imputé sur les crédits alloués à
cette fin par le Parlement dans l'année financière suivante?
M. Fortier: Ce sera le 30 septembre d'une façon formelle
et explicite. C'est donc dire que les ministres, non seulement les
parlementaires, mais les ministres eux-mêmes, seront avisés que
leurs crédits ont été amputés de tel et tel montant
puisqu'un excédent a été reporté sur l'année
suivante, soit l'année en cours au moment où le rapport sera
fait.
Mes fonctionnaires m'indiquent que les ministres, d'une façon
générale, le savent ou ils devraient le savoir. Dans la mesure
où ils le savent, ils ne feront pas exprès pour être
pénalisés jusqu'au mois de septembre. C'est pour cela que je dis
que, s'ils le savent, cela aura un effet de pénalité qui va les
forcer à avoir plus de rigueur dans leur administration, ce qui est un
des objectifs que vous avez mis de Pavant avec raison.
M. Garon: Je poserais une question au contrôleur des
finances. Comment est-ce possible qu'il y ait un excédent de
dépenses du gouvernement portées aux comptes d'une année
sur les crédits de cette année alors que vous n'avez pas le droit
de donner des autorisations de dépenses lorsqu'il n'y a pas de
crédits?
M. Paré (Pierre-André): Oui, mais, M. le
Président...
M. Fortier: Identifiez-vous.
M. Paré (Pierre-André)! Je suis Pierre-André
Paré, contrôleur.
Si on relit le texte, l'excédent d'une dépense du
gouvernement portée aux comptes d'une année sur les
crédits de cette même année est imputé sur les
crédits alloués à cette fin par le Parlement. Il va y en
avoir des crédits. Ils vont être alloués par le
Parlement.
M. Garon: Mettons que le service ou la dépense a
été liquidé avant que ce crédit apparaisse...
Une voix: Mais elle n'a pas été payée.
M. Garon: Comment un ministère peut-il accepter de faire
une dépense pour laquelle il n'y a pas eu de crédits en vertu des
règles de la Loi sur l'administration financière qui est
très sévère? Je pense, par exemple, aux articles 47 et 48.
Article 47: "Aucun contrat comportant l'obligation pour Sa Majesté de
payer une somme d'argent ne peut être fait et n'est valide à moins
que le contrôleur des finances ne certifie qu'il existe, sur un
crédit, un solde disponible suffisant pour exécuter les
engagements découlant de ce contrat et venant à
échéance dans l'année financière où il est
fait. Article 48: C'est une condition de tout contrat comportant l'obligation
pour Sa Majesté de payer une somme d'argent que le paiement soit
subordonné à l'existence d'un crédit non engagé
pour l'année financière où il est dû. " En tenant
compte de ces obligations, et il y a beaucoup d'autres dispositions en ce sens,
comment peut-il y avoir un contrat, un engagement d'un fonctionnaire au nom de
Sa Majesté pour une dépense d'argent alors qu'il n'y a pas eu de
crédit et que les gens dans les ministères qui donnent ces
autorisations sont les employés du contrôleur des finances?
Dans chacun des ministères, il y a un service qui est le Service
du contrôleur des finances et qui donne des autorisations avec des
numéros, des CT je pense, une autorisation de crédits, un
engagement de crédits avec des numéros pour chacune des
dépenses. Comment est-ce possible qu'il y ait des dépenses faites
qui sont liquidées dans une année financière, alors qu'il
n'y a pas de crédits et que les crédits doivent venir d'une
année financière suivante? Je ne comprends pas comment cela est
possible.
M. Fortier: Je peux donner une réponse. La première
des choses, le député se rappellera que...
M. Garon: J'aurais aimé que ce soit le contrôleur
des finances parce que c'est lui qui surveille cela.
M. Fortier:.. je vais lui demander de compléter. La
description qu'il a faite du fonctionnaire dans un ministère, si on
regarde les comptes des années dernières, proportionnellement,
c'est très peu. Cette proportion vient plutôt des réseaux.
II s'agit de dépenses dans les réseaux. Alors, la description
qu'il a faite du fonctionnaire qui a une autorisation... Une des raisons
techniques - je laisserai la parole au contrôleur si c'est pour rassurer
le député de
Lévis - c'est qu'il se peut qu'un fonctionnaire passe une
commande et reçoive l'équipement trop tôt par rapport
à ce qu'il espérait. Autrement dit, s'il passe la commande, au
mois de février et qu'il espère la recevoir le 1er mai, mais
qu'il la reçoive le 15 mars, à ce moment, il croyait pouvoir
bénéficier de ses budgets de l'autre année.
M. Garon: Mais n'est-ce pas un peu comme cela que cela se
fait?
M. Fortier: Je vais demander au contrôleur de
préciser.
M. Garon: Dans un ministère, avant de passer une commande,
il faut avoir une certification de crédits - selon le montant, cela
porte plusieurs noms - ou un engagement de crédits pour réserver
les crédits. Un fonctionnaire ne peut pas passer une commande sans avoir
une autorisation et un engagement ou une certification de crédits.
M. Fortier: Je vais demander au contrôleur de
préciser pour vous, M. le député.
M. Paré (Pierre-André): Ce qui arrive c'est que
c'est réel en principe et en pratique dans presque 99, 9 % des cas. Il y
a des engagements de crédits de préparés, il y a des
certifications de crédits de faites. Le contrôleur des finances
n'a pas le droit d'autoriser un paiement s'il n'y a pas un certificat de
crédits présent et si les crédits certifiés
n'existent pas pour faire le paiement. Maintenant, en fin d'année, il
peut arriver, à l'occasion, qu'un fonctionnaire fasse une commande sans
avoir fait l'engagement. Cela peut arriver. Je ne vous dis pas que le
fonctionnaire fait bien son travail lorsqu'il fait cela, mais le
contrôleur des finances ne peut pas avoir 60 000 personnes. Il y en a
quelques-uns qui vont faire quelques commandes. Ou encore, il peut arriver des
choses qui ne sont pas des certificats de crédits vraiment mais des
engagements du gouvernement. Prenons par exemple l'assurance-stabilisation du
revenu agricole, je pense que c'est un secteur que vous connaissez bien. Les
régimes d'assurance-stabilisation du revenu agricole commencent à
différentes dates. Pour un certain nombre de régimes, à
chaque fois qu'un assuré met 1 $, le gouvernement en met 2 $. En
début d'année, on vote les crédits pour les 2 $
effectivement qui devraient être versés par le gouvernement, sauf
qu'on ne connaît pas exactement le nombre d'assurés qu'il va y
avoir durant l'année. Il se peut qu'à la fin de l'année,
au début de mars ou vers le milieu de mars, ou dans ce coin, il y ait un
peu plus d'assurés ou un petit peu plus de primes qu'il y en avait avant
et qu'on ait oublié tout simplement de faire l'engagement pour
être capable de rembourser la Régie de I'assurance-stabilisation
du revenu agricole pour les cotisations dues par le gouvernement pour les
amener là.
M. Fortier: Cela est connu au mois d'avril.
M. Paré (Pierre-André): C'est connu au mois d'avril
et au mois de mai.
M. Garon: Oui, mais dans ces cas on va toujours sous forme de
crédits supplémentaires.
M. Fortier: C'est une façon de le faire.
M. Paré (Pierre-André): C'est une façon de
le faire.
M. Garon: C'est la façon correcte. Vous avez raison, on ne
peut pas prévoir exactement le nombre d'assurés.
M. Fortier: M. le député, après le 31 mars,
je ne peux pas aller avec des crédits supplémentaires pour
l'année d'avant. C'est cela qui est le problème. Il faut aller
dans une année pour aller chercher des crédits
supplémentaires. Le problème qui vient d'être très
bien décrit, ce n'est pas de la mauvaise volonté, c'est que
l'information devient disponible après le 31 mars. Dans plusieurs des
cas, ce n'est pas de la mauvaise volonté. L'information arrive au mois
d'avril ou mai en parlant de l'assurance agricole basée sur
l'information qui était connue, sur des statistiques connues au mois de
mars. Alors, on ne peut pas revenir en arrière pour des crédits
supplémentaires, mais, dans le passé, ce n'était
comptabilisé à nulle part. C'est cela qu'on veut corriger
ici.
M. Garon: Aux transports ils ont l'air à être
là pour 118 000 000 $. Avez-vous des exemples à faire aux
transports?
M. Paré (Pierre-André): Aux transports, c'est...
allez-y donc!
M. Fortier: Sans transport scolaire, le problème, comme
vous le savez, c'est comme tout le système scolaire. L'année
civile du système scolaire n'est pas l'année civile du
gouvernement. II y a toujours des ajustements pénibles à faire.
C'est à cause de cela. Comme il n'y a pas concordance, alors il y a des
ajustements qui se font après la fin de l'année financière
du gouvernement. C'est à cause de cela qu'on se retrouve avec des
situations comme celle-là. (21 heures)
Dans le fond, on est en train de définir une nouvelle forme de
comptabilité qui va permettre d'imputer des dépenses de transport
scolaire à l'année durant laquelle elles auraient dû
être imputées. Encore là, ce n'est pas par mauvaise
volonté.
M. Garon: Je n'ai jamais dit cela.
M. Fortier: Non, mais on pourrait prétendre cela. Un
observateur non averti pourrait croire cela,
M. Garon: Cela sort comme cela à chaque fois que cela sort
dans le rapport du Vérificateur général. On a l'impression
qu'il y a eu un hold-up, qu'il y a quelqu'un qui est parti avec une partie de
la caisse alors qu'on voit que ce sont des ajustements de fin d'année en
grande partie.
M. Fortier: Autrement dit, c'est qu'on a voulu...
M. Garon: C'est pour cela que je pose des questions, c'est pour
qu'on...
M. Fortier: Vous avez raison, M. le député de
Lévis. Dans le secteur privé, on a des règles comptables,
mais on n'a pas de règles comptables contenues dans un texte de loi. Nos
textes de loi sont tellement rigides qu'il y a des choses qu'on aurait dû
faire dans le passé et qu'on n'a pas faites.
Comme le gouvernement est régi par des lois, il nous faut changer
les lois. Mais, dans le secteur privé, si une dépense arrive au
mois de février alors que la fin de l'année civile c'est est le
31 décembre, on ne vérifie pas s'il y a un texte de loi pour
savoir si on a le droit ou si on n'a pas le droit, on le met dans
l'année fiscale. Tandis qu'ici on était pris avec les 30 jours,
à l'article 58, qui nous empêchaient de le faire alors qu'on
aurait dû le faire. Comme on ne savait pas où le mettre, on
mettait cela dans une "footnote" qui n'était comptabilisée nulle
part et, maintenant, on va le comptabiliser.
Vous avez raison de poser des questions. Il s'agit de faire les
ajustements. Ce sont des ajustements importants, il s'agit de les faire le
mieux possible.
M. Garon: C'est pour cela que je pose des questions parce que,
quand cela sort dans les journaux, quand cela sort à différents
endroits, cela sort d'une drôle de façon. Je suis un de ceux qui
pensent que l'administration publique québécoise est une des
meilleures en Amérique du Nord. J'ai eu l'occasion de voir comment cela
se fait ailleurs. Je ne parle pas des décisions politiques qui sont
parfois des questions d'opportunité, je parle uniquement de
l'administration publique. Pour le fonctionne- ment de l'administration
budgétaire, je pense qu'on peut se comparer avantageusement à ce
qui se fait à Ottawa; non seulement je le pense, mais j'en suis certain.
Je ne veux pas dire qu'il n'y a pas de place pour l'amélioration. Je
pense que l'administration publique québécoise peut se comparer
avantaqeusement à ce qui se fait ailleurs dans le reste de
l'Amérique du Nord.
Il s'agit d'ajustements de fin d'année et cela donne une curieuse
impression quand cela sort dans le rapport du Vérificateur
général ou quand cela sort dans les discours, même dans
celui du ministre des Finances en deuxième lecture. Quand on lit ses
propos au pied de la lettre, on a l'impression que quelqu'un est parti avec la
caisse ou qu'une souffleuse est passée dans l'année
financière et qu'elle a soufflé les dettes un peu plus tard pour
que personne ne s'en aperçoive alors que ce n'est pas cela du tout,
comme vous le dites, c'est du transport - je pense que c'est un excellent
exemple que vous avez donné - scolaire de fin d'année. Je voulais
le savoir du ministère des Transports. Je suis convaincu que c'est un
excellent exemple d'ajustement où les gens n'envoient pas leurs comptes
assez rapidement. »
M. Fortier: II manque de concordance entre les années.
M. Garon: Oui, il manque de concordance dans les
années...
M. Fortier: II n'y a rien qu'on peut changer, l'année
scolaire et l'année financière du gouvernement, ce n'est pas
pareil.
M. Garon: Le calendrier de l'année financière du
gouvernement qui va du 1er avril au 31 mars ou l'année civile qui va du
1er janvier au 31 décembre, cela suppose des ajustements.
Je pose des questions pour qu'on dise ce qu'on ajuste. Il s'agit
d'ajuster la comptabilité pour tenir compte de certains facteurs. Je
pense que c'est bon que les gens le sachent. Je n'ai pas l'impression qu'il y a
beaucoup de gens qui ont comme livre de chevet des rapports de la commission
parlementaire sur le budget et l'administration. Le député de
Nicolet, quand il prendra sa retraite, pour se rappeler les beaux jours de son
séjour au Parlement, lira peut-être les rapports de la commission
parlementaire, il nous écoutera parler et Il dira: C'était le bon
temps quand j'étais avec eux.
Je sais qu'il n'y a pas une foule qui lit ces rapports. Ceux qui s'y
intéressent, les étudiants qui vont étudier ces questions
ou ceux qui vont regarder ces débats sauront qu'il s'agit
d'améliorer le système. Pardonl
M. Fortier: Non, cela va.
M. Garon: Vous voulez me surprendre. M. Fortier: Non, cela
va.
Une voix: M. Fortier nous faisait une remarque, mais pas à
votre sujet.
M. Fortier: Est-ce qu'on est d'accord, M. le député
de Lévis, les parlementaires...
Le Président (M. Richard): Est-ce que nous sommes d'accord
à accepter le deuxième paragraphe de l'amendement à
l'article 2? Est-ce qu'on considère qu'il est adopté?
M. Fortier: D'accord.
Le Président (M. Richard): Est-ce adopté, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 2 tel
qu'amendé est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 2 est donc
adopté. Est-ce qu'on revient à l'article 0. 1?
M. Fortier: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Richard): On a reçu notre
paperasse.
États annuels (suite)
M. Fortier: M. le député de Lévis, je ne
sais pas si vous avez devant vous la Gazette officielle.
M. Garon: Non.
M. Fortier: II y a des exemplaires ici. De toute façon,
c'est très gros. Cela donne l'information par ministère et comme
on indique dans le texte de loi que nous devrons faire un rapport de
l'excédent des dépenses portées aux comptes d'une
année par rapport aux crédits d'une même année, il
faudra qu'il y ait un rapport d'ajouté à l'information
publiée ici.
M. Garon: Ce serait un rapport additionnel.
M. Fortier: Le texte de loi est très clair. Je n'ai pas
l'amendement devant moi, mais le texte de loi a été
modifié. À l'article 11, on dit que le ministre doit faire
publier dans la Gazette officielle du Québec, dans les six mois qui
suivent la fin de chaque année financière, un état
sommaire des revenus et dépenses pour cette année
financière - c'est ce que vous voyez là - et un rapport de
l'excédent des dépenses portées aux comptes. Alors, il
s'agit d'un autre rapport qui n'apparaît pas là et qui sera
publié. Alors, c'est un rapport qui s'ajoute au rapport sommaire des
revenus et dépenses.
C'est le libellé de l'article 11 tel que je vous l'ai
proposé.
M. Garon: On ne dit pas que c'est un rapport. Je comprends que ce
n'est pas dit non plus dans "un état sommaire des revenus et
dépenses pour cette année financière", mais ce serait par
ministère et par programme.
M. Fortier: Oui. C'est la façon dont ce sera
présenté.
M. Garon: Alors, ce serait un rapport à part.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: II y aurait l'état sommaire des revenus et
dépenses pour cette année financière et il y aurait un
deuxième rapport qui porterait sur l'excédent des dépenses
portées aux comptes de cette année sur les crédits de
cette même année par ministère et par programme.
M. Fortier: C'est très clair, M. le
député...
M. Garon: Ensuite, il y aurait un troisième rapport qui
serait l'état de la dette publique tel qu'il est.
M. Fortier: C'est cela. Alors, il y a trois rapports
là-dedans. C'est très clair, parce qu'on dit:
premièrement, un état sommaire des revenus et dépenses;
deuxièmement, l'excédent des dépenses;
troisièmement, un état de la dette publique. Alors, ce sont trois
rapports. Dans le moment, vous en avez deux.
M. Garon: Vous dites bien: par ministère et par programme.
Vous ne le dites pas, vous faites signe de la tête.
M. Fortier: Non, non, c'est par...
M. Garon: L'enregistrement n'enregistre pas cela. Ce n'est pas un
enregistrement par parole et par vidéo.
M. Fortier: Excusez-moi, M. le député, je pensais
qu'on avait la télévision.
M. Garon: J'aimerais que vous disiez à quoi... Je
comprends que ce n'est pas nécessaire d'écrire tous ces
éléments, même si dans certains cas c'est écrit,
mais...
M. Fortier: M. le député de Lévis, il faut
comprendre que pour nous, selon les règles des crédits, un
crédit c'est un programme. Alors, si on parle de modifier les
crédits, c'est de modifier des programmes.
M. Garon: Cette définition n'apparaît pas à
la Loi sur l'administration financière comme telle? Quel article?
M. Fortier: C'est dans les règles. Mon collègue qui
est au Conseil du trésor a...
M. Chagnon: L'article 40.
M. Garon: II y a un article qui dit quelque chose
là-dessus.
M. Fortier: C'est l'article 40 ou l'article 71. De toute
façon, les crédits sont toujours votés par programme. Vous
l'avez fait à plusieurs reprises. Alors, si on parle de modification aux
crédits, ce sont des modifications aux programmes, par
définition.
M. Garon: Dans certains cas, on a des chiffres.
M. Fortier: Vous vous souvenez, quand on adopte les
crédits en commission parlementaire, le vote est toujours
enregistré par programme.
M. Garon: Dans la synthèse de l'opération
financière, on aurait les données par ministère et
là c'est...
M. Fortier: Par programme.
M. Garon: Alors, ce serait par ministère et par
programme?
M. Fortier: C'est cela.
M. Garon: En vertu de l'amendement à l'article 11 de la
loi.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on est d'accord?
M. Fortier: Cela va.
Le Président (M. Richard): L'article 0. 1 amené par
M. le ministre est donc adopté.
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 7.
Comptes publics
M. Fortier: M. le Président, il me fait plaisir de
proposer un texte que vous avez entre vos mains et qui se lit comme suit:
"L'article 71 de cette loi est modifié par le remplacement des
paragraphes d et e par les suivants: d) un état des crédits
permanents et annuels et des mandats spéciaux... " On me donne un texte
modifié: "L'article 71 de cette loi est modifié: a) par la
suppression à la fin du paragraphe d du mot "et"; b) par l'insertion
après le paragraphe d du suivant: "d. l) un rapport de l'excédent
des dépenses portées aux comptes d'une année sur les
crédits de cette même année; et". Je crois que vous avez le
texte devant vous. C'est le même libellé que nous avons
adapté dans l'article 0.
Le Président (M. Richard): Qu'en pensez-vous, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Je suis en train de me faire une idée. Le
député de Saint-Louis est sur le pilote automatique; moi, je fais
mes vitesses.
M. Chagnon: Oui, mais cela ne va pas plus vite.
M. Garon: Pardon?
M. Chagnon: Cela ne va pas plus vite. Les vitesses pour aller au
neutre, ce n'est pas bien fort.
Une voix:...
M. Garon: Ah oui! Je suis persuadé que si le
député de Sainte-Anne et moi, on siégeait ensemble, on
s'entendrait bien.
M. Polak: À condition qu'on vote deux lois, je suis bien
content ce soir.
M. Garon: Pardon? Nous sommes en campagne de recrutement. Cela
vous intéresse-t-il?
Des voix: Hal Ha! Ha!
Une voix: Avez-vous des problèmes à ce
point-là?
Une voix: Si je comprends bien, dans le comté de
Lévis, il n'y a pas beaucoup de partisans péquistes, il y a des
partisans de M. Garon.
M. Garon: Ah! Je ne fais pas de distinction.
M. Fortier: M. le député de Lévis, ne vous
laissez pas distraire; j'aimerais que vous
appuyiez cet amendement.
Le Président (M. Richard): Je dois dire, comme
président, que c'est peut-être plus intéressant que le
projet de loi du ministère des Finances. Ha! Ha! Ha!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Laissez-vous les termes "aux comptes d'une année
sur les crédits de cette même année"?
M. Fortier: Oui, dans l'article 71, on les laisse.
M. Garon: On commence en disant: "Les comptes publics
contiennent: a) un état de l'actif et du passif ainsi que des revenus et
dépenses du Québec au cours de l'année financière;
c) un rapport des opérations financières faites pendant
l'année. " À d, on dit: "un état des crédits
permanents et annuels et des mandats spéciaux pour l'année ainsi
que des sommes dépensées à l'égard de chaque
crédit et de chaque mandat spécial". Je pense qu'on devrait dire:
Un rapport de l'excédent des dépenses portées aux comptes
de l'année.
M. Fortier: II n'y a pas de problème si vous voulez
faire...
M. Garon: Je ne le sais pas; je ne suis pas certain, mais je me
pose la question parce que, "aux comptes d'une année", cela
m'apparaît...
M. Fortier: C'est la même chose. On dit: "un rapport de
l'excédent des dépenses portées aux comptes d'une
année sur les crédits de cette même année", donc il
faut que ce soit la même année. Je ne sais pas si c'est un
meilleur français de dire: "de l'année" au lieu "d'une
année", mais c'est bien clair par le texte, que ce soit l'un ou l'autre,
qu'il faut que ce soit la même année.
Une voix: II dit que c'est la même chose.
M. Fortier: C'est la même chose.
M. Garon: Le reste du paragraphe ne dit "une année" nulle
part.
M. Fortier: Pour cela, pas de problème. D'accord? Cela va?
Cela ne changera pas grand-chose. (21 h 15)
M. Garon: C'est plus élégant qu'on dise "de
l'année", mais en tout cas.
M. Fortier: Ce n'est pas grave. Adopté?
Le Président (M. Richard): L'article 3 tel
qu'amendé...
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Vous êtes ingénieur. Vous dites: Ce n'est
pas grave. C'est pour cela que les toits coulent.
M. Fortier: Ils ne m'ont pas demandé comme consultant, par
exemple.
M. Garon: Je connais un pays qui a eu l'intelligence de faire des
toits qui penchent un peu pour ne pas qu'ils coulent; ils se sont
aperçus que leurs architectes et leurs ingénieurs
n'étaient pas capables de faire des toits plats qui ne coulaient pas.
L'Islande a adopté un règlement. Je leur ai déjà
demandé: Pourquoi avez-vous des toits qui penchent? Ils ont
répondu: C'est parce qu'on s'est aperçus que nos architectes et
nos ingénieurs n'étaient pas capables de faire des toits plats
qui ne coulaient pas. Je m'aperçois qu'au Québec on continue
à faire des toits plats. Quand on est arrivé au gouvernement en
1976 - il a fallu quasiment oublier - je ne me rappelle pas combien de dizaines
de millions ont été versés en réparations
d'écoles dont tous les toits plats coulaient.
M. Fortier: Ils pourraient changer de firme
d'ingénieurs.
Une voix:...
M. Garon: Ce n'est pas nécessaire d'avoir une grosse
pente, mais on devrait avoir une pente minimum.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Avant de passer
à la fenestration, est-ce que l'amendement à l'article 3, tel que
présenté, est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 3 tel
qu'amendé est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Richard): Merci. C'est donc
adopté. J'appelle l'article 4.
M. Fortier: Y a-t-il un article 4?
M. Garon: L'article 4 n'est pas amendé. C'est le seul qui
n'aura pas été amendé. Il n'est pas trop tard pour bien
faire.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, avez-vous un amendement à l'article 4? Non. L'article 4
est donc adopté.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Richard): C'est adopté. Est-ce que
le titre du projet de loi vous plaît? Est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. Est-ce que le
projet de loi dans son ensemble est adopté?
Une voix: Tel qu'amendé.
M. Fortier: Adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Richard): Tel qu'amendé.
Adopté. Est-ce que M. le ministre a une motion de
renumérotation?
M. Fortier: S'il vous plaît, oui. Proposé.
Le Président (M. Richard): Est-ce que la motion est
adoptée?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Richard): Donc, renumérotation. Je
vous remercie bien.
M. Garon: J'aimerais dire un mot.
Le Président (M. Richard): Oui. M. le député
de Lévis.
M. Garon: J'aimerais dire que j'ai eu des propos assez virulents
en deuxième lecture parce qu'il apparaissait que l'objectif et
l'intention étaient louables, mais que les modalités de la loi
étaient dangereuses. Je ne dis pas que le projet de loi est parfait. Les
amendements qui ont été proposés ont tenté de tenir
compte, je pense, dans une bonne mesure, des remarques que j'ai eu l'occasion
de faire en deuxième lecture lors de l'adoption du principe du projet de
loi et même dans les discussions que nous avons eues ici. Je comprends
que le ministre des Finances est devenu impatient par. moments. J'aurais
aimé qu'il soit ici. Je ne le blâme pas de ne pas y être.
J'imagine qu'il a des occupations. Il a l'avantage d'avoir un ministre adjoint
aux Finances...
M. Fortier: Très compétent.
M. Garon:... qui a été d'un naturel plus
agréable parce que le ministre était en train de s'impatienter
alors qu'il est connu pour sa bonne nature. Je dois dire que les changements
apportés à la loi, à mon avis, vont mieux respecter les
principes de la Loi sur l'administration financière et le principe qui
veut que les parlementaires doivent approuver préalablement les
crédits qui vont être dépensés par le gouvernement.
Je pense que c'est un principe sacré. Je sais que quand j'ai
commencé à en parler, plusieurs ont fait un saut. J'ai
été content d'entendre tant le ministre des Finances que le
ministre adjoint aux Finances dire que les propos que j'avais tenus leur
avaient paru raisonnables et qu'ils en avaient tenu compte dans les amendements
qu'ils proposaient pour que les grands principes des règles
fondamentales du parlementarisme voulant que les parlementaires approuvent les
crédits avant qu'ils ne soient dépensés... Il peut y avoir
des problèmes particuliers qui doivent être d'une nature
très exceptionnelle. Je pense que les modifications apportées
contribuent à respecter ces principes-là. C'est comme dans
n'importe quelle loi, nous avons voulu y contribuer, non pas en nous y opposant
parce que nous reconnaissons l'effort qui a été fait, mais par
des amendements tenant compte des propos que nous avons tenus.
Je pense que c'est un essai louable de corriger, au point de vue
administratif, certains ajustements nécessaires en fin d'année
financière ou au début d'une nouvelle année
financière; ce sont plutôt des problèmes de nature
technique. Personnellement, j'ai trouvé qu'ils avaient été
présentés à différents endroits d'une façon
un peu outrée par rapport à ce qui se passait en
réalité. Que les transports scolaires envoient leurs factures en
retard ou que les universités envoient leurs factures après les
30 jours de l'année financière, tel que c'était
indiqué dans la Loi sur l'administration financière
jusqu'à maintenant et qu'on ne puisse pas en tenir compte, ou encore,
que d'autres problèmes se présentent dans des ajustements, tant
au niveau des commissions scolaires, des hôpitaux, de l'Enseignement
supérieur et de la Science, du ministère des Transports qui
étaient pour une grande partie ceux qui sont visés par les
amendements apportés à la Loi sur l'administration
financière... Je pense que ces amendements contribueront à
bonifier l'administration financière. Je souhaite
particulièrement, et j'aurai l'occasion de le dire à l'usage,
que, si les règles que nous avons adoptées ont des lacunes, " on
pourra contribuer à faire en sorte que cette loi soit encore
amendée pour une plus grande visibilité aux fins de
l'administration publique.
Je disais précédemment que je considère que
l'administration publique québécoise n'a rien à envier aux
autres systèmes d'administration publique en Amérique du Nord.
Certains parlementaires ont eu l'occasion - le député de Vanier,
le
député de Mille-Îles qui n'est pas ici aujourd'hui
et moi-même - d'aller l'été dernier en Saskatchewan
rencontrer les représentants des commissions des comptes publics des
autres provinces du Canada ou du gouvernement fédérai dans des
rencontres conjointes. Nous avons eu l'occasion de discuter - le
secrétaire de la commission parlementaire, M. Major, était
là également - avec ces gens d'ailleurs. Même si des points
sont intéressants ailleurs et pourraient être imités chez
nous, notamment le plus grand rôle que joue l'Opposition dans la
vérification des comptes publics, par ailleurs, sur le plan de la
comptabilité, de la présentation des données, etc., je
pense que le Québec n'est pas en arrière des autres -au contraire
- par rapport à ce qui est fait. Ce qui ne veut pas dire, cependant,
qu'il n'y a pas d'améliorations à apporter.
Des rencontres doivent avoir lieu cet été, si le
président le permet. Je sais qu'il est supposé y avoir eu des
rencontres à ce sujet dans les dernières heures. Nous aurons
l'occasion, ici à Québec, cette fois, au cours de
l'été, de rencontrer les gens des comptes publics des autres
parties du Canada et de connaître les améliorations
apportées ailleurs à la suite des discussions tenues
l'été dernier.
Je voudrais remercier le ministre, même s'il a eu mauvais
caractère par moment, d'avoir finalement accepté de discuter
plutôt que de "bulldozer", d'avoir écouté les
parlementaires et non seulement les bureaucrates pour que les amendements
apportés tiennent compte des représentations des parlementaires
de l'Opposition.
Je souhaite que le Vérificateur général que
j'aurais aimé rencontrer - je pense que cela n'aurait pas
été plus méchant de le rencontrer -
préalablement... La lettre est partie ce matin. Je vais aller le voir.
J'espère qu'il va accepter de me rencontrer pour discuter tout
simplement, pas d'une façon méchante, mais discuter de ses
recommandations, du fait qu'il aura à se prononcer sur la façon
dont les comptes sont tenus à la suite des modifications qui ont
été apportées à la Loi sur l'administration
financière. Nous pourrons regarder ses recommandations et voir si les
lacunes que nous voulions corriger ont toutes été
corrigées. Je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Fortier: Je remercie le député de Lévis
de sa collaboration et je vous invite à passer au projet de loi 130, M.
le Président.
Projet de loi 130
Le Président (M. Richard): J'appelle donc le projet de loi
130 qui est la Loi concernant les dépenses effectuées et non
comptabilisées au 31 mars 1986.
Remarques préliminaires
M. Fortier: Le projet de loi qui est devant nous est une suite
logique du projet de loi 129, dans la mesure où le projet de loi 129
détermine les règles pour l'avenir. Je crois que les deux
côtés de la Chambre sont d'accord pour tirer la ligne et pour dire
que, dans la mesure où des dépenses ont été
effectuées dans le passé, sans être comptabilisées,
nous devons les comptabiliser, comme ce sera fait à l'avenir. Il s'agit
donc, par ce projet de loi, de reconnaître ce type de dépenses qui
à l'avenir sera traité de la façon qui est définie
dans le projet de loi 129.
Je ne sais pas si le député de Lévis est d'accord
avec moi. Je ne sais pas si les parlementaires des deux côtés de
la Chambre veulent poser des questions particulières. Je crois que ce
serait prendre un temps considérable. Ce qui est important, c'est
d'établir les principes pour l'avenir. J'oserais espérer qu'on
puisse adopter ce projet de loi en quelques minutes. J'aurais simplement deux
amendements. Je peux les indiquer immédiatement aux parlementaires
autour de cette table. Ce sont tout simplement des amendements de détail
qui ne changent absolument rien. Si vous allez à...
Le Président (M. Richard): Excusez-moi. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Dans le projet de loi 129, je pense qu'on a
oublié quelque chose. Je voudrais le dire tout de suite: les notes
explicatives. Les notes explicatives devraient être modifiées
parce que les amendements modifient vraiment le projet de loi, et les notes
explicatives qui étaient là ne sont plus valables.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, on nous mentionne que les notes explicatives ne font pas partie
de la loi. Elles n'ont pas besoin d'être ratifiées ici et ni
être adoptées, M. le député.
M. Fortier: M. le député de Lévis, comme on
veut procéder rapidement, les notes explicatives vont être
modifiées.
M. Garon: Cela marche.
M. Fortier: Je voulais simplement indiquer deux changements
mineurs. Si vous voulez prendre votre projet de loi 130, M. le
député de Lévis. Est-ce que vous l'avez?
M. Garon: Oui, je l'ai.
M. Fortier: Je n'en ferai pas
nécessairement une proposition formelle à ce moment-ci, ou
je peux le faire formellement. On en discutera lorsqu'on arrivera là. Il
y a un premier amendement à l'annexe 1. L'avez-vous?
M. Garon: Oui, je vous écoute. J'ai cela devant moi.
M. Fortier: Non, mais avez-vous l'amendement?
M. Garon: Non.
M. Fortier: On en a des copies. On va les distribuer
immédiatement. Le premier amendement se lirait comme suit: Remplacer le
paragraphe 18 de l'annexe 1 par le suivant, qui s'intitule "Main-d'oeuvre et
Sécurité du revenu". Je ne lirai pas le texte. Je ne crois pas
que ce soit nécessaire. Programme 01, Direction et gestion, 729 600 $.
Je note immédiatement que le changement, c'est que le chiffre auparavant
était 729 100 $. Il y a donc une augmentation de 500 000 $. Ce
changement provient du fait que le programme 06 n'existe plus. Donc, il y a eu
report du programme 06 au programme 01.
Une voix: C'est 500 $. (21 h 30)
M. Fortier: Ah, c'est 500 $. Ce ne sont pas des milliers de
dollars. C'est 500 $. Excusez-moi, je pensais que c'était des milliers
de dollars. Les autres programmes demeurent intacts. Le programme 01, Direction
et gestion indiquerait 729 600 $, le programme 02, Administration
déléguée de programmes en sécurité du
revenu, 65 000 $, le programme 03, Direction et gestion de la Commission des
affaires sociales, 7700 $; Programme 07, Assistance-maladie, 8 113 900 $, pour
un total de 8 916 200 $. Donc, il n'y a pas de changement dans le total, c'est
simplement que le programme 06 n'existant plus, il est reporté dans le
programme 01.
Voici le deuxième amendement, à l'annexe 2: "Remplacer
dans le paragraphe 4 de l'annexe 2 le nombre 2 828 700 $ par le nombre 2 829
700 $. " C'était une erreur de typographie.
Je recommanderais qu'on fasse l'appel. On a déjà
débattu beaucoup les principes qui sous-tendent ces ajustements. On
pourrait passer des semaines et des semaines à vérifier le
détail. J'aimerais proposer au député de Lévis, qui
est un homme très efficace et qui a posé beaucoup de questions de
principe, qu'on procède avec diligence parce que, comme je l'indiquais
tout à l'heure, on ne peut pas faire parader les ministres qui
étaient responsables en 1976, 1978 ou 1980. Dans la mesure où
l'on tente de corriger une situation qui est un fait accompli, je crois qu'on
doit prendre les chiffres qui nous sont présentés et qui ont
d'ailleurs été vérifiés par Vérificateur
général. Il s'agit donc de statuer que dans les dépenses
du gouvernement un montant de 1 310 314 900 $ sera comptabilisé, une
fois pour toutes, de la façon détaillée dans les annexes,
ce qui permettra au gouvernement d'appliquer à l'avenir le projet de loi
129. Est-ce que je pourrais avoir la collaboration du député de
Lévis pour procéder de cette façon-là?
M. Garon: Sauf que je ne peux pas agir naïvement non plus.
Quand on présente ce projet de loi concernant un montant de 1 310 000
000 $, c'est quasiment comme si les fonds publies avaient été
"hold-uppés" de 1 310 000 000 $. Il faut vraiment démontrer de
quoi il s'agit. On ne peut pas penser adopter 1 310 000 000 $ de crédits
qui ont la réputation d'être des crédits irréguliers
sans demander un certain nombre d'explications.
Si vous lisez le discours de deuxième lecture du ministre des
Finances, vous verrez que lorsqu'il a présenté le projet de loi
130, il a insisté particulièrement sur tous les chiffres du
ministère de l'Agriculture, comme si j'avais...
M. Fortier: Je peux rassurer tout de suite...
M. Garon: Non, justement, les paroles ayant été
dites, je pense que...
M. Fortier:... le député de Lévis parce que
le ministre des Finances m'a dit que s'il avait dit des choses qui avaient
quelque peu offensé le député de Lévis, qui est
l'ex-ministre de l'Agriculture, il se ferait fort, en troisième lecture
à l'Assemblée nationale, d'indiquer que là n'était
pas son intention et que, de fait, comme le député de
Lévis l'a dit lorsqu'on discutait le projet de loi 129, il s'agissait de
programmes où, dans bien des cas, il y a eu des reports de
dépenses qui n'étaient pas le fait d'une mauvaise administration
mais le fait de problèmes comptables et que, très souvent, ce
n'était pas le fait d'un laxisme administratif. Le ministre des Finances
m'a demandé d'indiquer au député de Lévis en
particulier que s'il y avait nécessité pour lui d'insister en
troisième lecture, il le ferait de bon gré.
M. Garon: On a parlé beaucoup de pelletage de neige. J'ai
l'impression qu'on est entouré de camions de neige actuellement.
M. Fortier: On est rendu au printemps et je pense qu'on peut
oublier la neige.
Une voix: La neige a fondu.
M. Garon: II faut avoir certaines explications. D'ailleurs, j'ai
indiqué que je vais demander au ministre, par exemple, les comptes des
hôpitaux. Je vais demander les comptes des hôpitaux depuis 1970,
pour voir ceux qui payaient, ceux qui ne payaient pas, c'est-à-dire ceux
qui avaient des crédits autorisés et ceux qui avaient des
dépassements annuels pour chaque année entre 1970 et 1986.
J'avais parlé de cela notamment et le ministre m'avait laissé
entendre qu'il n'avait pas d'objection à fournir ces données,
d'autant plus qu'elles sont faciles à obtenir. De 1970 jusqu'à
1986, il y a eu des autorisations et des dépassements pour certains
hôpitaux. On a une liste des hôpitaux du Québec. Pour
chacune de ces années, quels ont été les hôpitaux
qui ont dépensé les crédits qu'ils avaient et ceux qui ont
eu des suppléments de dépenses? La même chose pour les
universités. Comme député, je suis d'une région qui
a une université et les gens sont intéressés de savoir
quelles sont ces universités qui ont des dépassements et quelles
sont celles qui n'en ont pas. Il y a des montants considérables
là-dedans par rapport aux crédits qui sont adoptés. Il y a
également qu'il va falloir passer là-dedans les annexes qui sont
comme des articles différents. Après avoir étudié
l'article 1, il va falloir passer les annexes une par une: annexe 1, Affaires
culturelles; ensuite, Affaires municipales.
Dans le cadre de l'article 1, je voudrais poser au ministre un certain
nombre de questions. "Les dépenses effectuées et non
comptabilisées au 31 mars 1986, au montant de 1 310 314 900 $", est-ce
que ce sont toutes des dépenses pour lesquelles il y avait des
crédits ou des dépenses pour lesquelles il n'y avait pas toujours
des crédits? Aussi, est-ce qu'il s'agit de dépenses qui
étaient en dehors des 30 jours qui suivaient la fin de l'année
financière, et dans quelle proportion l'un et l'autre?
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais proposer une
méthodologie au député de Lévis, qui désire
faire son travail de député de l'Opposition et je le comprends
bien. Avant de lui dire ou de lui proposer une certaine méthodologie,
j'aimerais simplement dire ceci. Il donne comme exemple les hôpitaux ou
les universités. Dans la mesure où il s'agit de
dépassements budgétaires qui ont eu lieu il y a plusieurs
années... On peut donner des exemples. On sait fort bien que, dans une
université ou dans un hôpital, il peut y avoir un directeur
général qui, à un moment donné, n'a pas fait son
travail; mais le fait d'identifier qu'en 1978 tel hôpital a fait un
dépassement, je ne vois pas en quoi cela va améliorer le montant
qui est en jeu. Je ne crois pas que, disons-le entre guillemets, "une mauvaise
performance d'un directeur qénéral en 1978", ce soit une
situation qu'on puisse corriger maintenant, en 1987.
C'est la raison pour laquelle je lui disais que revenir en
arrière complètement pour voir quels ont été les
"universités ou les hôpitaux", fautifs, dans la mesure où
c'étaient des cas de laxisme, disons, je ne vois pas quel avantage les
parlementaires pourraient voir dans ces cas. La vérité, c'est
qu'on en est rendu à 1987 et que, dans bien des cas, les dirigeants de
telle ou telle université ou de tel ou tel hôpital ne sont plus
les mêmes.
Cela dit, ce que j'aimerais lui souligner, c'est que nos fonctionnaires
sont prêts à donner des explications. La façon que
j'aimerais lui proposer, ce serait, au lieu de commencer par l'article 1, qui
demande de voter 1 310 314 900 $, de commencer par les annexes. Peut-être
que le député préférerait cela. Là, pour
comprendre les raisons qui motivent un montant sur tel ou tel programme,
peut-être qu'on pourrait procéder par exception et le
député de Lévis ou un autre député autour de
la table pourraient dire: Moi j'aimerais avoir des explications sur le
programme 03 des Affaires culturelles; à ce moment, on peut
l'étudier à fond. Autrement dit, procéder par "spot
check", pour utiliser un américanisme, pour permettre aux
députés de comprendre le mécanisme et l'importance des
montants et pour permettre de faire une vérification, qui a
déjà été faite par le Vérificateur
général, de toute façon.
Le Président (M. Richard): Est-ce que la suggestion du
ministre vous plaît, M. le député de Lévis?
M. Garon: Non, cela ne me plaît pas beaucoup et je vais
vous dire pourquoi. Dans les années passées, on a accusé
les hommes politiques. Je vais vous dire une chose. Cela ne me dérange
pas du tout qu'un mauvais administrateur d'une institution publique soit
identifié, qu'on dise: En 1978, tel hôpital a eu une mauvaise
administration. Cela ne dérange pas un poil sur la différence des
rats, voyez-vous, parce que je sais que pendant toutes ces années, tous
les discours que j'ai entendus, c'était pour dire que c'étaient
les hommes politiques qui étaient responsables, alors que les hommes
politiques n'étaient pas responsables. Au contraire, je serais
très heureux d'avoir ces documents pour qu'on puisse pointer du doigt
les mauvais administrateurs parce qu'il est temps que l'administration
publique, quand il y a des mauvais administrateurs, les pointe aussi du
doigt.
Qu'on cesse de toujours dire que ce sont les hommes politiques qui font
de la mauvaise administration alors que ce sont des administrateurs. Je pense
que les choses
doivent être établies. Je pense qu'on rend mauvaise
justice. On parle d'imputabilité. Commençons à en faire de
l'imputabilité! Je pense qu'on a une mauvaise opinion de la politique
quand on encaisse toujours pour d'autres qui sont de mauvais administrateurs.
Je pense que les mauvais administrateurs. » Si on dit, que tel
hôpital, par exemple, a des dépassements trop souvent, ils
rendront des comptes. Si telle université a trop de dépassements,
ils rendront des comptes. Je pense que c'est cela, la politique... Envoyer la
poussière sous le tapis... J'aime mieux qu'on passe la balayeuse et
qu'on enlève la poussière de l'appartement.
M. Fortier: M. le député de Lévis,
j'aimerais tout de suite préciser, parce que je n'avais pas
étudié les chiffres, mais on m'indique que... J'aimerais donner
un chiffre qui indique que, dans le fond, ce qu'on peut appeler "de la mauvaise
administration", s'il y en a eu, c'est très minime. Je vais juste donner
un chiffre. Sur Ies 1 310 000 000 $, on m'indique qu'il y a 1 253 000 000 $
pour des transferts dus, c'est-à-dire pour des subventions
reliées à des frais encourus dans les réseaux et à
la charge du gouvernement. Cela ne représente que le retard qu'accusent
les crédits sur le rythme selon lequel ces frais sont dus et, une fois
ce montant régularisé, les crédits courants devront
être suffisants pour couvrir les nouveaux transferts dus.
On a parlé, tout à l'heure, entre autres, du transport
scolaire et mes fonctionnaires qui sont devant moi m'indiquent - je n'ai pas
fait le pourcentage - que c'est 90 % des 1 310 000 000 $; en tout cas, c'est 1
253 000 000 $ sur 1 310 000 000 $. Donc, pour la très grande
majorité, ce sont réellement des problèmes techniques de
délais ou de concordance entre les différentes années
fiscales ou des retards à comptabiliser des dépenses dans le
réseau. Alors, je ne voudrais pas lui laisser l'impression...
Peut-être que ce que j'ai dit, tout à l'heure, lui laissait
l'impression que c'était dû, dans une très grande
majorité, à un laxisme administratif. Ce n'est pas cela.
D'après les informations qui sont ici, ce n'est sûrement pas cela,
dans la très grande majorité des cas. Alors, il ne faudrait pas
croire qu'il y a 1 310 000 000 $ de dépenses qui n'auraient pas dû
être faites, qui étaient dues à de mauvaises
administrations, ce n'est pas cela. Dans une très grande majorité
des cas, ce n'est pas cela. C'est la raison pour laquelle je vous ai
proposé qu'on prenne un point ou l'autre et qu'on donne des explications
détaillées sur un poste budgétaire en particulier.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Dans les discussions préliminaires, j'aimerais
demander au ministre si, à ce moment-là, il s'agit de paiements
qui ont été tardifs ou d'entrées de comptes tardives, etc.
Cela veut-il dire qu'il y a eu des crédits périmés pour
autant dans l'année financière terminée le 31 mars parce
que les comptes ne sont pas entrés à temps ou, s'il n'y a pas eu
de crédits périmés pour le même montant, que les
comptes ou les factures sont entrés en retard?
M, Fortier: Je vais demander à un fonctionnaire, M.
Rhéaume, de répondre à la question.
M. Rhéaume: II est clair que la façon dont les
crédits étaient bâtis jusqu'à maintenant,
c'était en fonction de la politique budgétaire de versement des
subventions. Étant donné que cela ne tenait pas compte du rythme
réel selon lequel les dépenses étaient encourues dans les
réseaux, par exemple, il y avait automatiquement ce qu'on a
appelé, jusqu'à maintenant, un pelletage, d'année en
année, sur les crédits de l'année suivante, de sorte que
vous aviez toujours, par exemple, dans le cas des commissions scolaires, 100 %
d'une année scolaire qui était couverte par les crédits
d'une année financière, mais c'était réparti, dans
le cas de l'enseignement primaire et secondaire, comme ceci: 70 % de
l'année courante, 15 % de l'année précédente et 15
% de la seconde année précédente. À chaque
année, il y avait 15 % de retard, si on veut, qui roulait d'une
année à l'autre.
M, Garon: En quelle année cela a-t-il commencé à se
faire?
M. Rhéaume: Cela s'est fait en 1979-1980 pour la
première fois.
M. Garon: Pour la première fois?
M. Rhéaume: Avant cela, c'était sur la base de 70
%, 30 %. M. Fortier: C'est là qu'on a trouvé un trou de
500 000 000 $. Ils ont adopté une nouvelle procédure et cela n'a
pa3 donné de bons résultats.
M. Rhéaume: Depuis ce temps, on a utilisé une
formule pour indiquer les crédits qui étaient sur la nouvelle
base 70-15-15, mais cela couvrait des dépenses qui s'encouraient, 70-30.
Une fois réglé...
M. Garon: Vous voulez dire qu'en 1979 cela a commencé
à être 70-15-15, mais, avant cela, c'était 70-30?
M. Rhéaume: C'est cela.
M. Garon: Cela a été 70-30, 70 % dans
l'année financière, 30 % dans l'année suivante?
M. Rhéaume: C'est cela.
M. Garon: À partir de quand?
M. Rhéaume: En 1980, je pense - en autant que je me le
rappelle, c'était aux alentours de cela - où, dans les
dépenses, on s'est trouvé à économiser 15 %,
c'est-à-dire qu'on est passé d'une base de 70-30 à une
base 70-15-15 et il y a une tranche de 15 qui a été
envoyée à l'année suivante. Dans cette année, on
s'est trouvé à faire, appelons cela "une économie" au
niveau des dépenses, c'est-à-dire qu'on en a mis moins qu'on
n'aurait dû en mettre en vertu de l'ancienne base.
Une voix: 350 000 000 $. (21 h 45)
M. Garon: Oui, je suis content de vous entendre dire cela. Cela
veut-il dire que vous faites la même économie cette année
parce que vos 1 310 000 000 $ au 31 mars 1986 comprennent des dépenses
pour les quatre mois de la fin de l'année civile?
M. Fortier: La période de questions est
terminée.
M. Garon: Sinon dans quelle proportion?
M. Rhéaume: Non, cela ne veut pas... Je m'excuse.
M. Garon: Quand on dit au 31 mars, les 1 310 000 000 $
constituent-ils des comptes entrés dans les quatre mois de la fin de
l'année financière? Dans les quatre mois, c'est-à-dire...
Quand on dit au 31 mars 1986, veut-on dire des comptes qui arrêtent
vraiment au 31 mars 1986 ou si cela comprend les comptes entrés aux mois
d'avril, de mai, juin, juillet, etc. ?
M. Rhéaume: Cela comprend tous les comptes pour des sommes
dues par le gouvernement en date du 31 mars 1986.
M. Garon: Même quand les comptes étaient
entrés auparavant ou qu'ils sont entrés par la suite sans limite
de temps?
M. Rhéaume: Peu importe le moment où ils sont
entrés, le projet de loi 129, qui a été
étudié tout à l'heure, visait à établir une
nouvelle règle. Le projet de loi 130, qui donne les montants, est
établi selon cette règle. Par rapport à la situation
passée, par exemple, en 1979-1980 au moment où on avait
poussé 15 % en avant, là on se trouve à faire un
rattrapage de ces 15 %. Mais les 15 % en question qui se trouvent
rattrapés sont remis à leur place, c'est-à-dire dans
l'année 1985-1986.
M. Garon: Pouvez-vous me dire si les comptes qui vont entrer
après le 31 mars 1987 seront de la même ampleur que les comptes
qui nous sont présentés actuellement au 31 mars 1986?
M. Rhéaume: Pour les mêmes éléments,
ils seront relativement de la même ampleur.
M. Garon: Cela veut dire que les 1 310 000 000 $ que vous voulez
nous faire adopter au 31 mars 1986... Ce sera à peu près le
même ordre de comptes au 31 mars 1987?
M. Fortier: Ce ne sera pas en milliards; ici c'est pour plusieurs
années.
M. Chagnon: M. le Président, c'est pour plusieurs
années. Souvenez-vous des chiffres que le ministre des Finances vous a
donnés avant-hier.
M. Garon: Non, non, c'est un roulement.
M. Chagnon: On avait des fluctuations de plusieurs centaines de
millions d'une année sur l'autre.
M. Garon: Je demande aux gens du ministère...
M. Rhéaume: Compte tenu de la procédure qui
était suivie de rouler ou de pelleter cela d'une année à
l'autre, il est clair que les 1 310 000 000 $ dont on parle maintenant auraient
affecté les crédits ou les dépenses de l'année
1986-1987 sous l'ancien système et que, à la fin de 1986-1987, un
montant d'à peu près la même ampleur aurait
été pelleté l'année prochaine. Donc, en termes de
dépenses pour 1986-1987, la procédure nouvelle et le redressement
qui a été effectué via le projet de loi 130 n'ont pas
vraiment d'incidence.
M. Garon: Quelle est la proportion du roulement au 31 mars 1986,
d'année en année? Quelle est la proportion que vous pourriez
établir qui est due à des résidus d'années
antérieures?
M. Rhéaume: Excusez-moi, je ne comprends pas bien la
question.
M. Garon: Quelle est la proportion... Quand vous dites qu'au 31
mars 1986, il y a 1 310 000 000 $...
M. Rhéaume: Oui.
M. Garon:... là-dedans il y a une bonne
partie où il s'agit de comptes qui sont...
M. Rhéaume:... reçus de l'année d'avant,
vous voulez dire?
M. Garon: Oui, de comptes qui sont entrés après le
30 avril 1986.
M. Rhéaume: Au 31 mars 1985, on avait 1 111 000 000 $,
d'accord? Ces 1 111 000 000 $, au 31 mars 1986, sont devenus 1 310 000 000 $.
C'est les 1 310 000 000 $ auxquels on est confronté maintenant. Si on
peut dire que des 1 310 000 000 $ il y en avait 1 111 000 000 $ qui venaient de
l'année d'avant, cela laisse une augmentation dans l'année...
M. Garon: Pas nécessairement. M. Rhéaume:
Oui, nécessairement. M. Garon: Non.
M. Rhéaume: Parce que dans les crédits de
l'année 1985-1986, il y a 1 111 000 000 $ ou l'équivalent qui ont
été utilisés pour payer en quelque sorte les comptes
à payer non inscrits au 31 mars 1985. Ces 1 111 000 000 $ ayant
grevé les crédits de l'année 1985-1986 ont fait en sorte
que, à la fin de l'année 1985-1986, il restait 1 111 000 000 $ au
moins à payer...
M. Garon: D'accord,. M. Rhéaume:... auxquels se
sont ajoutés 199 000 000 $.
M. Garon: Je vais poser la question différemment. Sur les
1 310 000 000 $, combien sont des comptes précis contenus, les
mêmes, dans les 1 111 000 000 $ de l'année
précédente?
M. Rhéaume: II y en a très peu. C'est normal,
à mesure que vous les poussez d'une année à l'autre...
Quand vous êtes au 31 mars d'une année et que vous avez une
certaine quantité de comptes à payer non inscrits et non
payés, les crédits de l'année suivante servent d'abord
à payer ces comptes. C'est clair que cette procédure qui date
à peu près de... Les premiers chiffres qu'on a datent de 1979.
C'est bien sûr qu'au 31 mars 1986 il n'y a plus de factures de
l'année 1979. J'espère qu'on Ies a payées en sept ans.
Alors, chaque année, on paie les factures de la vieille année,
mais cela fait en sorte qu'il reste moins de crédits pour payer les
factures de la nouvelle, de sorte qu'à la fin de l'année vous
avez un montant équivalent qui déborde.
M. Fortier: Le point important dans cela - j'espère que le
député de Lévis le reconnaît - c'est que ces
montants n'étaient pas comptabilisés justement dans
l'année où ils devaient l'être.
M. Garon: Ce n'est pas cela qui a été dit hier. Le
ministre des Finances... Vous lirez son discours de deuxième
lecture.
M. Fortier: Je l'ai ici.
M. Garon: Les explications de M. Rhéaume viennent de
démontrer que ce que le ministre des Finances a dit en deuxième
lecture n'était pas exact. Quand il m'a attribué, par exemple,
des dépassements au 31 mars 1986, alors que j'ai quitté le
ministère le 13 décembre 1985, à ce moment, il s'agit de
comptes des derniers mois où les factures n'avaient pas
été envoyées à temps pour une couple de millions de
dollars. Chacun de ces comptes, on va les décortiquer, parce que je veux
faire la lumière là-dessus. Je ne laisserai pas des affaires qui
pendent dans le décor. Quand les engagements se sont-Ils faits? Quand
les factures sont-elles entrées? Quand cela s'est-il fait exactement? Le
ministre de3 Finances a pris à témoin le ministère de
l'Agriculture en disant: "Le député de Lévis est si bon
administrateur, regardez les dépassements qu'il avait. " Si je prends
les explications de M. Rhéaume, ce ne sont pas mes dépassements,
ce sont les dépassements de fin d'année du ministre actuel au 31
mars 1986.
M. Fortier: II y en a eu des autres années, alors cela
s'accumule.
M. Garon: Rien, cela dépend. Il n'y en a pas eu des autres
années nécessairement...
M. Fortier: De toute façon, c'est...
M. Garon:... parce qu'il y a eu combien de crédits
périmés au 31 mars 1986 au ministère de l'Agriculture?
M. Fortier: De toute façon, je vous l'ai dit tout à
l'heure, si vous vous êtes senti...
M. Garon: Au 31 mars 1985 aussi.
M. Fortier: Si le député de Lévis s'est
senti blessé par les propos du ministre, je vous l'affirme de mon
siège, le ministre des Finances est prêt à faire le
correctif qu'il faut pour s'assurer que la population ait une bonne
compréhension du projet de loi. Dans le fond, il s'agit d'une correction
comptable.
M. Garon: Au 31 mars 1985, crédits
périmés?
M. Fortier: 48 234 000 $. Ce sont des
millions?
Alors, M. le député de Lévis, l'information que
nous avons, après un examen sommaire, m'indique que si on prend le
ministère de l'Agriculture en particulier et qu'on applique la
règle de quatre mois qu'on a adoptée, c'est un cas patent
où il y avait assez d'argent dans le budget pour payer les
dépenses, mais à cause de la règle des 30 jours, ce
n'était pas possible de le comptabiliser. C'est la raison pour laquelle
les quatre mois vont régler une partie du problème.
M. Garon: Donc, il y a eu plus que les crédits
périmés en équivalent des comptes qui sont arrivés
en retard. Tenant compte des règles de virement...
M. Fortier: Dans un cas en particulier, c'est oui. L'autre
problème que j'ai identifié, quand j'ai regardé à
l'Agriculture, c'est que dans un programme en particulier, on pouvait manquer
de budget mais peut-être pas au total. Mais trois mois plus tard, on ne
peut plus modifier les programmes.
M. Paré (Pierre-André): Si vous me le
permettez...
M. Fortier: Allez-y.
M. Paré (Pierre-André): On ne peut pas charger les
dépenses d'un programme à un autre programme.
M. Garon: On peut changer d'élément de programme
à élément de programme mais pas de programme à
programme.
M. Paré (Pierre-André): Pas de programme à
programme. Mais vous savez aussi que vers la fin de l'année, même
si vous présentez des demandes pour changer d'un élément
de programme à un autre ou d'une supercatégorie à une
autre super-catégorie, les gens qui font les adoptions prennent un peu
de temps parce que des fois ils veulent avoir le plus de crédits
périmés possible en fin d'année ou des choses comme cela.
Ce qui fait que des fois, cela finit avec des crédits
périmés.
M. Garon: Qui veut avoir le plus de crédits
périmés possible en fin d'année et a l'âme assez
basse pour empêcher les ministères d'affecter leurs
dépenses sur leurs crédits?
M. Paré (Pierre-André): Par exemple, si...
M. Fortier: De toute façon, le point est fait. Avec ces
explications-là, M. le député, on devrait adopter les 1
300 000 000 $.
M. Garon: Non. La Chambre revient lundi.
M. Fortier: II est 21 h 57. J'ai promis au ministre des Finances
que l'on finirait à 22 heures.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Vous avez été bien présomptueux.
Je vais vous poser une autre question: Si on appliquait à l'année
1985-1986 les mêmes règles que celles que l'on vient d'adopter
dans le projet de loi 129, quel montant aurions-nous à mettre aux
comptes publics en excédent des dépenses? Cette loi que l'on
vient de voter sur le rapport...
M. Fortier: II faudrait remettre cela sur ordinateur et refaire
une nouvelle simulation. On n'est pas capables de répondre à la
question.
M. Garon: C'est-à-dire le rapport de l'excédent des
dépenses porté aux comptes de l'année sur les
crédits de cette même année. Ils ont tout cela.
M. Fortier: M. le Président, c'est une bonne question,
mais les fonctionnaires n'ont pas l'information. Ce serait un travail
extrêmement important à faire. Je comprends que cela satisferait
l'intelligence du député de Lévis, mais on n'a pas les
données pour le faire. Ce serait un travail extrêmement long. Ce
serait peut-être intéressant, mais cela ne changerait pas la
situation, de toute façon.
M. Garon: Les fonctionnaires pourraient regarder cela lundi
matin, car on se revoit lundi à 15 heures.
Voici la question que je veux poser: De combien le ministre des Finances
s'avantaqe-t-il si on combine les lois 129 et 130 pour l'année
financière en cours, l'année 1986-1987?
M, Fortier: Je croyais que M. Rhéaume vous avait
répondu qu'il n'y avait pas d'avantage financier pour l'année en
cours.
M. Garon: Non, non, il n'a pas dit cela.
M. Fortier: II a répondu que c'était du même
ordre. Autrement dit, dans la mesure où il y avait un pelletage l'an
dernier, puis...
M. Garon: II va falloir que vous le sortiez du circuit. On a bien
dit que le montant de 1 310 000 000 $ était sorti du circuit.
M. Fortier: On prend note de la question, mais je ne pense pas
que ce soit significatif.
M. Garon: Oui, mais le montant de 1 310 000 000 $ - le ministre
des Finances nous l'a dit - sort du circuit: Loi concernant les dépenses
effectuées et non comptabilisées au 31 mars 1986. Alors, il sort
cela du circuit. Sortant cela du circuit et le reportant à...
Une voix: Il est 22 heures.
M. Fortier: Adopté?
M. Garon:... l'année antérieure, il s'avantage de
combien par rapport à l'année financière 1986-1987?
M. Chagnon: Je suggérerais un consentement pour cinq
minutes, à condition qu'on adopte le projet de loi.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Richard): MM. les députés,
je sais que cela va vous peiner, mais nous ajournons les travaux de la
commission à lundi, 15 heures.
(Fin de la séance à 22 heures)