Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration est réunie
ce matin afin de poursuivre le débat sur le discours sur le budget. M.
le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Beaudin
(Gaspé) remplace M. Chagnon (Saint-Louis); Mme Bleau (Groulx) remplace
M. Dubois (Huntingdon).
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
secrétaire. Relativement à l'organisation des travaux, le
ministre des Finances peut s'exprimer pendant vingt minutes sur la politique
budgétaire du gouvernement et l'évolution des finances publiques.
Ensuite, c'est au tour du porte-parole de l'Opposition d'avoir droit à
une période de vingt minutes. Après, il y a les discussions. Je
devrai tenir compte de la répartition du temps entre les groupes
parlementaires. Les députés peuvent prendre la parole pendant dix
minutes. Ce temps de parole est divisible puisqu'il s'agit d'un débat
qui prend la forme de questions adressées au ministre des Finances.
Après chaque question, le ministre des Finances dispose d'un temps de
parole de dix minutes pour répondre à son interlocuteur. Je
laisse maintenant la parole à M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je vous remercie, M. le Président. À
l'occasion de ces travaux, j'espère que je pourrai apporter un peu plus
de lumière sur un budget qui a généralement reçu un
accueil favorable.
J'aimerais peut-être profiter de l'occasion pour permettre
à nos collègues, tant ministériels qu'oppositionnistes, de
poser les questions qu'ils jugeront pertinentes. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Lévis.
Enquête sur la fuite du budget
M. Garon: M. le Président, en commençant les
travaux de cette commission parlementaire, j'aimerais demander au ministre des
Finances si l'enquête sur la fuite du budget a donné
jusqu'à maintenant des résultats. J'aimerais également lui
demander si les enquêteurs vont aussi faire enquête au bureau du
premier ministre, parce que, selon les informations que nous avons, il y a
plusieurs fonctionnaires ou certains fonctionnaires qui se sont promenés
au bureau du premier ministre. S'ils sont allés au bureau du premier
ministre, il y a de bonnes chances que des documents soient restés
là et que les fuites sur lesquelles il y a actuellement enquête au
ministère des Finances soient survenues à partir du bureau du
premier ministre également. J'aimerais savoir du ministre des Finances
si l'enquête couvrira également le bureau du premier ministre
puisque, vous le savez, un certain nombre de fonctionnaires sont allés
travailler au bureau du premier ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, premièrement, je dois
dire que je n'ai pas reçu de rapport de ceux qui font enquête,
à ma demande, relativement à l'incident que le
député de Lévis évoque dans sa question. Le
député de Lévis comprendra que, si ces enquêteurs
doivent faire rapport, ils le feront sans doute aux instances de qui ils
relèvent et non pas au ministre des Finances.
Deuxièmement, que des fonctionnaires du ministère des
Finances aient consulté ou discuté avec des fonctionnaires
d'autres ministères incluant le Conseil exécutif, cela va de soi.
Je ne peux pas nier qu'il y ait eu des rencontres des fonctionnaires du
ministère des Finances avec des fonctionnaires d'autres
ministères relativement à certains aspects du budget. Comme le
disait le premier ministre lui-même, en Chambre, il n'y a pas longtemps,
il est difficile en 1987 d'imaginer faire un budget en vase clos. Il y a
beaucoup d'aspects techniques. Par exemple, lorsque l'on songe à la
recherche et au développement - c'est un exemple que je donne, parce
qu'il constitue une des parties importantes du budqet - cela ne peut pas se
faire sans tenir compte des avis que l'on peut obtenir, par exemple, du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science ou encore
du ministère du Commerce extérieur et du Développement
technologique.
On peut difficilement aborder la
question, par exemple, de l'aide apportée dans le domaine du
travail et de la main-d'oeuvre sans consulter les fonctionnaires du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et ainsi de suite. Il y a des consultations qui se font dans divers
ministères et, encore une fois, c'est ce qui a amené le premier
ministre à dire qu'il était difficile de concevoir que des
règles absolument rigides soient maintenues dans un contexte comme
celui-là, des règles qui s'apparentent plutôt à la
tradition qu'à un code écrit.
Cela dit, M. le Président, je pourrais ajouter que je pense bien
qu'il est normal que le premier ministre soit mis au courant aussi des lignes
majeures du budget. Après tout, c'est lui qui est le chef du
gouvernement, c'est lui qui prend, finalement, la responsabilité des
grandes orientations du gouvernement. Et comme le discours sur le budget est
probablement la pièce maîtresse de la mise en oeuvre des
priorités du gouvernement, il serait assez difficile d'imaginer que le
premier ministre ne soit pas dans le coup, si vous voulez.
Alors, je ne sais pas à quoi veut en arriver le
député de Lévis, mais je peux lui dire que, dans cette
enquête qui se poursuit et qui a été demandée par
celui qui vous parle, je ne connais pas de limite au mandat, dans le sens que
les personnes à qui on a demandé de procéder à
cette enquête n'ont pas été limitées quant aux
personnes qu'elles peuvent visiter et voir. La question serait peut-être
adressée à une personne plus compétente si elle
était adressée à celui qui a donné le mandat, soit
le Solliciteur général. Je n'essaie pas d'envoyer le
député de Lévis ailleurs pour poser ses questions; il a
bien le droit de les poser où il le veut, mais je suis limité
forcément dans ma réponse.
Le Président (M. Lemieux); M. le député de
Lévis.
M. Garon; Comme le ministre des Finances a dit que
l'enquête était faite à sa demande et comme il a admis - et
je n'ai pas dit que c'était anormal, non plus - que le premier ministre
et possiblement un certain nombre de ses acolytes ou des membres de son bureau
ont été mêlés à la préparation du
budget, ceci veut dire que la fuite peut ne pas avoir pris naissance au
ministère des Finances mais qu'elle pourrait avoir pris naissance au
bureau du premier ministre où, normalement, on a eu les documents
jusqu'à la dernière minute. C'est pourquoi ce que je demande, au
fond, c'est: Est-ce que le ministre des Finances a vu le mandat qui a
été confié par le Solliciteur général pour
fins d'enquête et est-ce que le mandat est restreint au ministère
des Finances ou s'il comprend également le bureau du premier
ministre?
Ce ne sont pas tous les ministères qui ont été
mêlés à la préparation du budget, en
réalité. Je comprends que des renseignements sont demandés
par le ministère des Finances dans les ministères sectoriels,
sauf que, quand on demande des renseignements dans les ministères
sectoriels, ils n'ont pas entre leurs mains une copie presque finalisée
du budget. On leur demande des renseignements qu'ils doivent fournir et souvent
ils n'ont aucune copie des documents qu'il y a au ministère des
Finances. Dans le cas du premier ministre, il a dû participer à la
préparation de l'ensemble du budget. Dans son cas et dans le cas de son
bureau, il a dû avoir accès à tous les documents. Je ne
sais pas combien il y a eu de brouillons des textes qui ont
précédé la version finale du budget, mais le bureau du
premier ministre a sans doute eu accès à tous les textes
préparatoires jusqu'au texte final sur lequel s'est faite la
dernière discussion avant l'expédition à l'imprimerie ou,
en tout cas, avant la lecture du discours sur le budget, une semaine avant le
temps, par le ministre des Finances.
On a toujours laissé entendre dans les journaux que la fuite
était venue... J'ai trouvé cela un peu curieux, car le premier
ministre lui-même a semblé diriger les enquêteurs; il s'est
déguisé en Sherlock Holmes pour dire: C'est sans doute au moment
du déménagement que la fuite a eu lieu. J'ai vu que le
journaliste du Soleil était un peu plus perspicace. Il se
demandait si la fuite ne venait pas du bureau du premier ministre
lui-même. II y a un vieux principe dans les enquêtes qui dit;
Cherchez à qui le crime profite. Ceux qui font cette analyse arrivent
tous au même endroit.
C'est pourquoi je me demande, dans cette affaire si... Je ne dis pas
où la fuite a pris naissance, mais, dans la version qui a fui, tous les
avantages du côté du gouvernement apparaissaient et les
désavantages du côté du gouvernement n'apparaissaient pas
tous, au contraire, plusieurs n'y étaient pas. Cela a pu permettre une
première version rapide, accélérée du budget, une
semaine avant le temps, qui nous montrait des avantages, sachant
qu'après cela le reste s'estomperait dans la grisaille des
différentes opinions.
C'est pourquoi je demanderais, du point de vue de cette enquête,
si le ministre des Finances est au courant que, dans ie mandat, le territoire
couvert par l'enquête comprend formellement le bureau du premier ministre
ou s'il faudra poser la question en Chambre pour le savoir.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, pour
répondre d'une façon très directe à la
question, je n'ai pas été mis au courant personnellement du
contenu du mandat. Deuxièmement, encore une fois, à ma
connaissance du moins, je ne crois pas que ce mandat comporte des limites quant
aux personnes qui peuvent être interrogées. Mais, encore
là, faudrait-il voir le mandat pour avoir cette confirmation s'il y a
lieu. Troisièmement, lorsque le député de Lévis
fait tout cet échafaudage d'hypothèses, il pèche assez
gravement en ce sens qu'il reproche au premier ministre d'avoir
mentionné le déménagement. Lui, il va beaucoup plus loin
qu'un déménagement, il est en train de nous dire où se
situe, d'après lui, l'origine de l'incident. Il se pose des questions:
À qui cela peut profiter? Si je reprenais simplement la question
à qui cela peut profiter, j'assure cette commission qu'il aurait
été beaucoup mieux pour nous et pour le premier ministre, j'en
suis convaincu, que nous ayons les retombées de l'entente du lac Meech,
toute une fin de semaine et, l'autre fin de semaine, que nous ayons toutes les
retombées de cet excellent budget, si je veux raisonner comme le
député de Lévis. Mais loin de moi l'idée de faire
de tels échafaudages. Je crois que l'enquête doit poursuivre son
cours et je n'ai pas entendu dire que cette entente était
terminée; donc, nous allons la laisser se poursuivre. Je pense qu'il
serait imprudent à ce moment-ci et contraire à
l'intérêt public de trop faire de commentaires sur une
enquête en cours. J'irais même dire qu'on frôle
l'irrégularité présentement quand je pense aux
dispositions de notre règlement. Mais loin de moi encore l'idée
de soulever ce point de règlement à cette étape-ci parce
que je pense que la question posée par le député de
Lévis jusqu'à maintenant n'a pas affecté
négativement, si vous voulez, l'enquête en cours, je
l'espère du moins.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais demander au ministre
des Finances si les précautions qu'il prend pour éviter toute
fuite de son ministère sont de même... D'abord, j'aimerais savoir
quelles sont-elles, s'il veut nous le dire, et si ces précautions sont
les mêmes par rapport au bureau du premier ministre, dans le cadre des
consultations que ses fonctionnaires font avec le bureau du premier ministre ou
s'il lais. se plutôt au premier ministre le soin de s'assurer qu'il n'y
aura pas de fuite à partir de son bureau. Est-ce qu'il assume
lui-même cette responsabilité sur le bureau du premier ministre,
dans ses consultations du premier ministre ou s'il réserve les
précautions qu'il prend aux limites de son propre ministère?
M. Levesque: Je pense bien qu'il est difficile à ce
moment-ci de répondre à la question telle que posée, dans
le sens de savoir si je dois prendre certaines précautions
vis-à-vis du premier ministre. Est-ce que vous pensez que je dois
surveiller la valise du premier ministre ou mettre un officier de la
Sûreté du Québec pour accompagner le premier ministre? Je
ne sais pas ce que veut dire le député de Lévis, mais j'ai
pleinement confiance au premier ministre et à son sens des
responsabilités.
Je ne pense que je puisse entourer le premier ministre de gens de la
sûreté. Il est déjà entouré, de toute
façon. Je ne sais pas ce que je peux faire de plus. Lorsque je consulte
le premier ministre, il est évident, cela va de soi, qu'il est tenu au
secret, comme je le suis moi-même. Enfin... (10 h 30)
M. Garon: Je veux dire qu'admi-nistrativement le ministre des
Finances s'occupe de s'assurer qu'il n'y ait pas de fuite à partir de
son ministère. J'imagine qu'il passe des commandes très strictes
à son sous-ministre, dans ce sens. Puisque c'est une fonction
administrative...
M. Levesque: C'est certain et je vais dire...
M. Garon:... et que lui-même...
M. Levesque:... tout de suite au député de
Lévis...
M. Garon: Je voudrais terminer.
M. Levesque:... que le sous-ministre lui-même est
très conscient de cela et prend, comme il l'a toujours fait chaque
année, avec les sous-ministres adjoints et avec toute l'équipe,
toutes les mesures possibles pour assurer évidemment, la
confidentialité des choses.
M. Garon: Par rapport à son ministère, avant,
pendant ou après le déménagement, par rapport, j'imagine,
au cabinet du ministre, c'est le ministre lui-même qui s'assure de cette
confidentialité par son chef" de cabinet. Maintenant, lorsque Ies
consultations ou les documents sortent du ministère des Finances, est-ce
que le ministre des Finances nous dit que cela veut dire qu'il fait confiance
au premier ministre et qu'il ne prend pas de dispositions particulières
pour faire en sorte que le bureau du premier ministre soit assujetti au
même secret?
Indépendamment des opinions concernant les consultations qui
doivent être faites et du fait qu'aujourd'hui il faut être moins
sévère concernant la confidentialité des consultations,
etc. - cela, c'est un autre débat - essentiellement, par rapport aux
mesures qui, traditionnellement, sont prises, est-ce que j'ai bien
compris le ministre des Finances lorsqu'il a dit que, quant aux consultations
par rapport au premier ministre, il laisse le premier ministre libre de
s'assurer de cette confidentialité par ses propres moyens et que c'est
au premier ministre lui-même de répondre, au fond, des moyens
qu'il a pris pour assurer cette confidentialité?
M. Levesque: Généralement parlant, oui, mais disons
que, si on se réfère au passé, j'imagine que les ministres
des Finances ont toujours - il est difficile d'imaginer qu'ils n'ont pas eu
à le faire - consulté les premiers ministres sur leurs
orientations et, au moins sur les dispositions principales du budget.
D'ailleurs, on pourrait se poser la question: qu'est-ce qui s'est
passé en 1981, par exemple, alors que, le matin même où le
budget devait être présenté à l'Assemblée
nationale par le ministre des Finances du temps, M. Jacques Parizeau, les
points majeurs du budget étaient dans le Journal de Québec
et le Journal de Montréal? Si vous avez des doutes, je les ai
ici, je puis déposer des copies de ces journaux-là et vous verrez
tout ce budget en détail. C'était le matin même du jour
où le ministre des Finances devait prononcer son discours sur le budget
et, de fait, le ministre des Finances du temps a attendu toute la
journée alors que tout son budget était dans le journal du matin;
il n'a prononcé son discours qu'à 20 heures. On se rappellera que
j'ai posé des questions, dans le temps; j'avais demandé ce qui se
passait. Le ministre de l'Éducation d'aujourd'hui, qui était le
chef de l'Opposition dans le temps, a également posé des
questions. Nous n'avons pas dramatisé davantage, mais il s'était
produit quelque chose pour qu'un journaliste puisse, à ce
moment-là, avoir le discours sur le budget.
Je n'ai pas à expliquer pourquoi je suis entré en Chambre
dès que la fuite ou l'incident a fait en sorte qu'une partie importante
du budget que j'avais l'intention de prononcer était aux nouvelles de 18
heures. Je me suis retourné immédiatement afin, justement, que
personne ne puisse tirer avantage de cette connaissance
prématurée des choses. Cela n'a pas été facile,
mais cela a été quelque chose qui, à mon sens,
était, comme l'ont dit plusieurs observateurs, la chose à
faire.
Qu'est-ce qui s'est passé en 1981? Je n'ai jamais pu le savoir.
Plusieurs des hauts fonctionnaires que j'ai consultés n'étaient
pas là au moment où cela s'est produit. Je n'ai pas fait
d'enquête, bien que je me sois enquis aux sources les plus
autorisées pour essayer de savoir ce qui s'était passé
à ce moment-là, s'il y avait eu enquête. Apparemment, non.
Je ne sais pas ce qui s'est passé au juste, mais il s'est passé
quelque chose pour que, contrairement sans doute à la volonté du
ministre des Finances du temps, ce soit rendu dans le journal le matin
même, le 10 mars 1981, pour être précis.
Je pourrais vous poser la question: Est-ce que le ministre des Finances
de l'époque en a parlé au premier ministre? Est-ce que le premier
ministre était bien entouré? Non, je ne ferai pas
d'échafaudage comme cela; cela serait simplement laisser mon imagination
s'en aller à tout hasard. Et là, comme nous sommes en plein
milieu, ou à la fin, ou au début, je ne le sais plus, de
l'enquête en cours, je n'ai pas l'intention de faire des commentaires qui
seraient de nature, justement, à intervenir d'une façon
imprudente, pour dire le moins, dans le travail des enquêteurs.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. le député de Lévis, relativement à ce
débat, je me sens dans l'obligation comme président de cette
commission de vous faire part de certaines réserves. Vous n'êtes
pas san3 connaître l'article 35. 3°, qui dit que le
député qui a la parole ne peut "parler d'une affaire qui est
devant les tribunaux ou un organisme quasi judiciaire, ou qui fait l'objet
d'une enquête, si les paroles prononcées peuvent porter
préjudice à qui que ce soit. "
Il est évident qu'en vertu d'une décision du 17
décembre 1975 du président de la Chambre d'alors, M.
Jean-Noël Lavoie, il a été décidé que
l'article comme tel ne s'appliquait pas à une enquête
policière. On disait ceci: Le mot "enquête" doit être
rattaché à la commission d'enquête et non pas à tout
genre d'enquête, telle une enquête policière. Le ministre
est toujours libre d'invoquer l'article 82 pour refuser de répondre en
alléguant qu'une question porte sur une affaire qui est devant une
commission d'enquête ou pour tous les autres motifs énoncés
dans cet article.
Évidemment, il ne s'agit pas actuellement d'une enquête ni
judiciaire ni quasi judiciaire comme telle; par contre, il y a des limites et
je voudrais bien vous le faire savoir. Les limites, c'est qu'il faut que les
paroles prononcées ne portent pas atteinte à qui que ce soit ou
qu'il n'y ait pas d'insinuation, si petite soit-elle, qui puisse porter
atteinte à qui que ce soit, Comme président de cette commission,
je ne permettrai pas qu'une question... Je ne vous défends pas de poser
des questions dans ce sens-là, mais une question pourrait facilement
identifier un ou des responsables potentiels. D'abord, ce serait contraire
à nos principes de justice, vous n'êtes pas sans le savoir. J'ai
rarement fait de commentaires que vous pouvez peut-être qualifier de
partisans, mats je trouve que la réponse du ministre de la
Justice est très sage. Vous n'êtes pas sans savoir, puisque vous
êtes avocat, M. le député de Lévis, qu'il existe un
vieux principe de droit qui dit ceci: Nemo debet esse judex in propria causa,
personne ne peut être partie dans sa propre cause. Alors, le ministre des
Finances nous dit: J'ai fait part que l'on puisse faire une enquête. Il y
a peu de limite à cette enquête-là et dans
l'intérêt public, si je comprends bien la réponse du
ministre des Finances, j'aime mieux me réserver le droit de ne pas avoir
à intervenir. Je trouve cela très sage de la part du ministre des
Finances.
Ma remarque est la suivante: Vous pouvez poser des questions.
Jusqu'à maintenant, elles sont pertinentes, M. le député
de Lévis, mais je ne voudrais pas que les paroles prononcées
puissent porter atteinte, et vous me comprendrez, à qui que ce soit.
C'est simplement cette limite-là que je me sens le devoir de vous
imposer comme parlementaire.
M. le député de Lévis, vous avez la parole.
M. Garon: M. le Président, vous m'avez dit que, comme
avocat, je devrais être au courant de certaines choses. Justement, il y a
un vieil avocat qui m'a dit: Souvent...
Le Président (M. Lemieux): Je sais que vous êtes au
courant, M. le député.
M. Garon:... ce n'est pas par les avocats que la justice est le
mieux défendue, parce que les avocats dans leur pratique du droit sont
habitués à défendre n'importe quoi, souvent...
Le Président (M. Lemieux): C'est un commentaire que je ne
partage pas, M. le député.
M. Garon:... selon le vieux principe que toute personne a le
droit d'être défendue, même si les doutes sur sa
culpabilité ne sont pas forts. C'est un vieux principe de droit qui
s'applique à ce moment-là. Je vous dirai que dans mes questions
je ne cherchais pas à trouver des coupables moi-même, au
contraire, je m'enquérais essentiellement du mandat d'enquête et
du territoire couvert, n'essayant pas de proposer ou de suggérer
d'aucune façon que le ministre des Finances ou le premier ministre
étaient personnellement la source de la fuite. Je n'ai aucunement cette
pensée sauf que, traditionnellement, le ministre d'un ministère
est responsable de tout ce qui s'y passe. - On a même parlé
jusqu'à maintenant de la théorie de l'imputabilité. Je
commencerai à croire à cela quand j'en verrai les effets. Je n'ai
jamais vu cela, l'imputabilité au gouvernement. Si vous faites une
étude sur le plan administratif, vous allez voir que, pour être
imputable de quelque chose au gouvernement, il faut quasiment avoir tué
sa mère à la télévision à l'heure du souper,
l'avoir torturée 24 heures, une heure par jour aux heures de pointe.
L'imputabilité au gouvernement, j'ai rarement vu cela jusqu'à
maintenant. J'ai vu des discours, j'ai vu des discussions là-dessus, je
n'ai jamais vu la pratique de cette théorie qui demeure un beau sujet de
discours pour les hauts fonctionnaires et les professeurs d'université.
Concrètement, je ne veux pas dire que je suis contre. Au contraire, je
serais pour à condition que cela soit vrai.
Chaque fois que quelque chose n'est pas bien fait dans un
ministère, c'est le ministre qui écope: il est supposé
être au courant de tout. C'était comme cela pendant les neuf ans
où j'ai été ministre. J'imagine que la tradition continue
tant qu'elle n'a pas été concrètement changée.
C'est pour cela que je dis, concernant cette affaire, que je m'enquérais
uniquement du territoire couvert, si c'était limité au
ministère des Finances ou si on avait inclus le bureau du premier
ministre. On sait que le premier ministre actuel est plus curieux ou se sent
plus participant au budget que les premiers ministres antérieurs. C'est
de commune renommée. Cela circule dans les corridors du parlement que
des fonctionnaires des Finances sont vus à différents moments se
dirigeant vers le bureau du premier ministre. Je n'essaye pas de dire des
choses très secrètes. Ceux qui fréquentent le parlement ne
voient pas seulement les cadres sur les murs, mais les personnes qui y
circulent. De toute façon, je ne voulais pas poursuivre sur cette voie,
je voulais en savoir un peu plus. Le ministre des Finances, à toutes
fins utiles, m'a donné les réponses que je voulais avoir de sa
part ou celles qu'il se sentait en droit de me donner. Pour le reste, il m'a
dit poliment qu'il faudrait qu'on les demande au Solliciteur
général qui serait à même de répondre sur le
mandat qui a été donné aux enquêteurs.
Je voudrais demander maintenant au ministre des Finances s'il
considère dans son esprit que son budget, sur ce sujet récent...
Vous voulez poser une question?
Le Président (M. Lemieux): C'est parce que M. le
député de Bertrand, M. le député de Lévis,
avait la parole. Aussitôt ses dix minutes écoulées, je vous
aurais permis de poser une question. Si vous voulez céder votre droit de
parole au député de Bertrand, M. le député de
Lévis, il n'y a aucun problème.
M. Garon: Est-ce qu'il va me revenir après?
Le Président (M. Lemieux): Oui, les dix
minutes sont divisées, M. le député de
Lévis. ' M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Rapidement, M. le Président. Avant
qu'on passe à la matière du budget qui est fort importante, sur
le point sur lequel mon collègue a interrogé le ministre, j'avais
deux questions particulières. À la suite des
événements qui se sont passés, j'aimerais que le ministre
des Finances nous dise s'il a ou s'il n'a pas offert sa démission au
premier ministre, lorsqu'il a communiqué avec lui au lac Meech. Il
semble important de le savoir, parce que les médias ont rapporté
différentes versions. J'aimerais que le ministre dise très
clairement à la commission s'il a offert sa démission.
M. Levesque: Oui, lorsque j'ai rejoint te premier ministre au lac
Meech - il était alors en réunion avec ses collègues du
fédéral et des autres provinces - je lui ai fait part qu'il y
avait eu une fuite aux nouvelles télévisées de 18 heures
au canal 12. En conséquence, je lui ai fait part de l'alternative
suivante: ou je démissionne ou je présente mon budget
immédiatement ce soir. Voilà. (10 h 45)
M. Parent (Bertrand): Deuxièmement, puisque nous
étions une semaine exactement à l'avance, jour pour jour, entre
le 30 avril et le 7 mai, M. le ministre des Finances peut-il confirmer que le
budget était, à toutes fins utiles, complété ou
s'il y avait, comme le laissaient entendre certains autres de ses
collègues ministres, des pourparlers? On sait que, normalement, ils se
déroulent jusque dans les heures qui précédent.
Était-il complété pour lui? Le but de ma question est fort
simple. Je m'inquiète à savoir s'il n'y aura pas - parce qu'on a
dû le devancer d'une semaine - de budgets supplémentaires en cours
d'année ou s'il est complet et qu'on peut être assuré que
ce budget était complet et déjà complété
à toutes fins utiles.
M. Levesque: Je dois dire qu'il est difficile, à ce
moment-ci, de répondre à cette question hypothétique: Si
vous aviez eu à attendre une semaine pour prononcer votre budget,
auriez-vous apporté certaines modifications? Je ne peux pas
répondre à cela parce que je n'avais pas pris de décision
dans un sens ou dans l'autre au moment où j'ai eu à
présenter le budget. J'en ai parlé avec mon sous-ministre qui m'a
dit que la période ou le moment, ce qu'on appelle le "dead line", allait
tomber vers midi le samedi, soit deux jours après. Est-ce que, pendant
ces deux jours-là, j'aurais apporté d'autres modifications? Je
l'ignore; cela est hypothétique. Mais je puis dire maintenant que je
considère que le budget ayant été livré est celui
qui répond officiellement à mes responsabilités de
ministre des Finances.
M. Parent (Bertrand): Une dernière question
là-dessus. Si je comprends bien, on n'était pas encore
arrivé à l'heure du "dead line" et il y avait encore,
probablement, certains éléments qui... Même si c'est
hypothétique, il reste que la date limite, l'heure de tombée,
comme vous l'appelez, n'était pas arrivée pour vous, de
même que pour votre sous-ministre quant à la finalisation des
chiffres, ce qui explique que vous ayez dû, le soir même, publier
certains tableaux et ne pas en publier d'autres qui n'étaient pas
complétés. A toutes fins utiles, on a eu un budget qui
n'était pas finalisé.
M. Levesque: Oui, il a été finalisé, mais
prématurément. Il était finalisé.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
Second budget après la réforme fiscale
fédérale
M. Garon: M. le Président, tout le monde sait qu'il doit y
avoir une réforme fiscale fédérale dont l'annonce doit
être faite, si ce qui a été dit jusqu'à maintenant
est vrai, le 18 juin prochain. J'aimerais savoir du ministre des Finances si,
tel qu'il l'a déjà déclaré - et tel qu'il est
apparu dans le Journal de Québec, il considère qu'il
devrait y avoir un nouveau budget à l'automne et, deuxièmement,
s'il considère que, dans la perspective d'une réforme fiscale
fédérale et d'une réaction du Québec qui pourrait
se faire sous la forme d'un nouveau budget à l'automne, son budget du 30
avril dernier est un budget temporaire, conditionnel qui pourrait être
complètement modifié par un nouveau budget à la suite
d'une réforme de la fiscalité.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: En effet, à la suite de la réforme
fiscale américaine qui est une réforme majeure, comme on le sait,
il était normal de songer à une réforme de la
fiscalité pour le gouvernement fédéral canadien et pour le
Québec.
Nous sommes en discussion avec le gouvernement fédéral
à ce propos depuis déjà quelque temps. Nos fonctionnaires
échangent actuellement des renseignements et des points de vue afin que,
justement, de part et d'autre, l'on connaisse les points de vue de chacun. On
ne peut pas imaginer que le gouvernement fédéral canadien puisse
faire une réforme sans tenir compte de ce qui se passe de l'autre
côté de la frontière. On doit
faire en sorte qu'au niveau fédéral comme au niveau
québécois nos sociétés demeurent concurrentielles,
que des modifications au régime fiscal n'encouragent pas une
émigration et que nous n'ayons pas à souffrir quelque recul que
ce soit à cause, justement, de déficiences dans notre
réforme.
Lorsque j'ai mentionné qu'il est possible que nous ayons à
présenter un deuxième budget au cours de l'exercice financier
actuel, j'avais, justement, à l'esprit que le gouvernement
fédéral déposerait son livre blanc sur la réforme
fiscale vers la mi-juin 1987, qu'il s'ensuivrait une période de
consultations et je m'imaginais, d'après les renseignements que je
pouvais avoir à ce moment-là et qui n'ont pas été
contredits depuis, que le gouvernement fédéral devrait
nécessairement, s'il veut qu'une partie au moins de sa réforme
entre en vigueur le 1er janvier 1988, présenter un nouveau budget
à l'automne 1987. Dans les circonstances, il serait bien normal que nous
ayons à faire de même. C'est pourquoi j'ai évoqué la
possibilité - je n'en ai pas donné l'assurance - que nous ayons
à présenter un second budget au cours de l'exercice financier
1987-1988.
Maintenant, j'aurais pu dans les circonstances présenter un
budget administratif tout simplement, comme, d'ailleurs -je pense qu'on peut le
dire - ce fut le cas au gouvernement fédéral avec son budget de
l'hiver dernier. J'ai préféré passer à l'action et
mettre en marche tes éléments qui auraient pu faire partie,
justement, de cette réforme fiscale, mais que j'ai
préféré immédiatement annoncer dès le
présent budget. Je ne l'ai pas fait sans m'assurer, du moins
auprès des experts que nous avons au ministère, que ces
changements puissent être modifiés ou puissent être mis en
cause par la réforme fiscale. Autrement dit, il n'aurait pas
été désirable, à mon sens, de mettre de l'avant,
soit au mois d'avril ou au mois de mai, des réformes qui seraient mises
de côté dès l'automne de la même année. Les
pièces que l'on retrouve au budget devraient normalement
résister, si vous voulez employer le mot, à la réforme
fiscale envisagée pour l'automne 1987.
Par exemple, je parle d'une façon plus particulière de
l'abolition de l'impôt sur le revenu pour les familles à bas
revenu et de la réduction de l'impôt pour les familles à
moyen revenu. J'ai voulu, justement, mettre de l'avant ces politiques avec
l'espoir que cela puisse amener une réflexion du côté du
gouvernement fédéral - je ne sais pas si je rêve en couleur
- où on verrait le gouvernement fédéral, à la suite
de cette réflexion, s'harmoniser à la politique fiscale
québécoise. Et, à ce moment-là, les mêmes
citoyens qui ont à bénéficier de ces mesures au niveau
québécois, pourraient en bénéficier au niveau du
gouvernement fédéral. Cela, je l'espère bien. Ce sont des
mesures, à mon sens, qui se défendent extrêmement bien et
qui devraient favoriser l'ensemble des Québécois aux deux niveaux
de qouvernement et même, éventuellement, l'ensemble des
Canadiens.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, justement, je sens une
contradiction dans tes propos que vient de tenir le ministre des Finances.
Premièrement, il nous dit que le fédéral devra
présenter un autre budget à l'automne - un budget d'automne -
s'il veut appliquer pour le 1er janvier 1988 sa réforme de la
fiscalité qu'il doit annoncer le 18 juin et qui sera suivie d'une
période de consultation.
M. Levesque: II ne s'agit que d'hypothèses.
M. Garon: Oui, oui. Je comprends cela. M. Levesque: II ne
faudrait pas...
M. Garon: Par ailleurs, alors que le ministre des Finances du
Québec semble voir clairement les échéanciers du ministre
fédéral des Finances, il semble voir les siens moins clairement.
À ce moment-là, s'il y a une réforme
fédérale qui doit connaître tels échéanciers
pour se réaliser en temp3 voulu, moi, j'aimerais plutôt
connaître les échéanciers du ministre des Finances du
Québec, d'autant plus qu'il nous a dit que les mesures qui
étaient contenues dans le budqet de 1987 pour s'appliquer en 1987, il
serait bien mal venu, par un discours sur le budget d'automne, de les modifier.
Par ailleurs, les dispositions dont il a parlé pour les personnes
à faible revenu doivent s'appliquer seulement à partir du 1er
janvier 1988. C'est principalement ce que j'ai compris.
Récupération des allocations de
disponibilité et baisse d'impôt
pour les familles à faible revenu
Pour les mesures qui s'appliquent en 1987, elles se trouvent
plutôt dans la récupération de l'allocation de
disponibilité par le ministre des Finances. Ces mesures de
récupération des allocations de disponibilité, qui
passeront de 300 $ pour le premier enfant en bas de six ans à 100 $ et
qui permettront la récupération de 200 $ par famille,
c'est-à-dire de près de 72 000 000 $, elles s'appliqueront, comme
me l'a dit le ministre des Finances, en 1987 et il n'a pas l'intention de
modifier cela. 11 souhaite que les mesures applicables en 1987 s'appliquent en
1987.
Cependant, les baisses d'impôt pour les familles à faible
revenu n'interviendront pas avant 1988. Une des principales
possibilités
qui sont envisagées, actuellement, par la réforme fiscale,
c'est de retrouver dans la réforme fiscale un moins grand nombre de
fourchettes dans le taux d'impôt sur le revenu, tel que l'a fait la
réforme américaine. Selon ce qu'on voit dans les travaux
préliminaires, il semble que le gouvernement fédéral
veuille s'engager sur un niveau de trois fourchettes,, (11 heures)
Si le gouvernement du Québec va vers la même chose, va vers
la même possibilité, pour l'impôt sur le revenu, de
restreindre le nombre de fourchettes et de rendre cela applicable en 1988,
comment a-t-il l'intention de respecter son discours sur le budget du 30 avril
où ces changements au point de vue de l'impôt des familles
à bas revenu interviennent seulement en 1988, alors que la
récupération des allocations de disponibilité intervient
en 1987? Le ministre des Finances vient de nous dire qu'il veut respecter les
dispositions qui s'enclenchent en 1987.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: II ne faut pas confondre. Dans ses propos, le
député de Lévis parle des allocations de
disponibilité de 1987. Il faut attendre au mois d'avril 1988 avant que
n'entrent en jeu ces allocations ou ces changements d'allocations de
disponibilité.
M. Garon: En 1987.
M. Levesque: Oui, mais ce sera seulement au printemps 1988, alors
que la réforme sera commencée depuis le 1er janvier 1988. Si le
député de Lévis veut écouter, je vais lui donner
ici quelques... Si le député de Lévis veut écouter
et prendre quelques notes - il aurait peut-être avantage à le
faire et cela va peut-être éclairer sa lanterne - parce que le
député de Lévis essaie évidemment de s'accrocher
sur quelque chose, mais il faut regarder l'ensemble. Si on ne regarde pas
l'ensemble de la situation, on ne peut pas passer un jugement équitable
et objectif vis-à-vis du budget. Pour bien le comprendre, il faut voir
ce qui se passe pendant l'année d'imposition 1988.
Pour les divers revenus, je prends une famille type ayant deux enfants
de six à onze ans avec un seul conjoint sur le marché du travail.
Je répète pour le député de Lévis, je veux
lui faire part - on va prendre une vue d'ensemble pour l'année
d'imposition 1988 - comment les mesures de soutien affectent la famille. Je
parle d'une famille type ayant deux enfants de six et onze ans.
M. Garon: Pourquoi ne parlerait-on pas de 1987 avant?
M. Levesque: On va en parler. On va aller plus loin que cela, on
va partir d'avant 1985 pour montrer les progrès faits en 1985 par le
budget. Je veux être objectif, si on veut regarder cela d'une
façon objective. -L'impact sur une famille type ayant deux enfants
de six à onze ans et un seul conjoint sur le marché du travail.
Si on regarde le revenu du travail pour différentes catégories,
des revenus de travail de 10 000 $, 15 000 $, 20 000 $, 25 000 $, 30 000 $, 40
000 $ et 50 000 $, avant les mesures du budget de 1985, 23 avril 1985, avant
ces mesures-là, on se souviendra que, dans les mesures de 1985, il y a
eu l'exemption pour enfants, la récupération des allocations
familiales provinciales, l'imposition des allocations familiales
fédérales, etc.
Il y a eu l'augmentation des exemptions pour enfants, on s'en souvient,
et, en même temps, il y a eu la récupération
annoncée des allocations familiales. Que se passait-il? Pour une famille
qui avait un revenu de travail de 10 000 $, le soutien avant 1985, les mesures
affectant le soutien économique aux familles étaient
évaluées à 1585 $ pour un revenu de 10 000 $;
après, c'est demeuré pareil pour un revenu de 10 000 $. Un revenu
de 15 000 $ avant 1985, c'était 1088 $; après 1985, c'est
monté à 1340 $. Pour 20 000 $, avant 1985, c'était 279 $;
c'est monté à 654 $ après 1985. Pour 25 000 $,
c'était 249 $; c'est monté à 616 $. Pour 30 000 $,
c'était 249 $; c'est monté à 667 $. Pour 40 000 $,
c'était 249 $; c'est monté à 705 $. 50 000 $,
c'était 249 $; c'est monté 722 $. C'est le soutien
économique aux familles tel qu'on peut le voir dans les résultats
du budget du 23 avril 1985.
M. Garon: C'est le montant additionnel dont elles
disposaient.
M. Levesque: Oui, ce qui améliorait, comme je vous le dis.
Prenons maintenant les chiffres. Après le budget que nous
étudions présentement, quelle sera la situation? Je mets Ies
trois chiffres en ligne: avant 1985, après 1985 et après
1987.
M. Garon: Après 1987? M. Levesque: Oui.
M. Garon: Ce n'est pas ce que je vous demande.
M. Levesque: Écoutez, vous ne me ferez pas arrêter
en plein milieu de mon tableau.
M. Garon: Je comprends.
M. Levesque: C'est bien trop habile, franchement.
M. Garon; Non, c'est parce que j'ai dit...
M. Levesque: J'ai la parole.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Vous voulez juste écouter ce qu'il y a de
bon, vous ne voulez pas écouter ce qui n'est pas bon. C'est bon pour les
familles, mais ce n'est pas bon parce que c'est nous qui l'avons fait, n'est-ce
pas?
M. Garon: Ce n'est pas pour cela...
M. Levesque: Arrêtez, je vais vous le dire.
M. Garon:... c'est parce que vous prévoyez le budget
d'automne.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît! M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Avant de commencer, j'ai parlé de
l'année d'imposition 1988. Je n'ai jamais dit autre chose. Si vous
voulez que je sois objectif, essayez au moins de l'être
vous-même.
M. Garon: Parions de 1987 et de 1988.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaîtl
M. Levesque: Pour un revenu de 10 000 $, les trois chiffres:
avant 1985, après 1985 et après 1987, Pour l'année
d'imposition 1988, c'est le dernier. Alors, les trois chiffres: 1585 $, 1585 $,
2434 $. Voyez-vous, pour la famille qui a un revenu de 10 000 $, la
différence qu'il y a? Il n'y a aucune différence après
1985, mais il y a une différence considérable après notre
budget: 2434 $. Pour un revenu de travail de 15 000 $: 1088 $, 1340 $, 2055 $.
Pour un revenu de travail de 20 000 $: 279 $, 654 $, 1839 $. Pour un revenu de
travail de 25 000 $, c'était 249 $ - c'est toujours 249 $ après
cela, dans ce temps-là - cela été porté à
616 $, et c'est monté, avec notre budget, à 1389 $. Pour un
revenu de travail de 30 000 $, c'était 249 $, c'est passé
à 667 $ et, maintenant, à 982 $. Pour un revenu de 40 000 $,
c'était 249 $, cela est passé à 705 $ et cela reste
à 705 $. Pour un revenu de 50 000 $, c'était 249 $, c'est
passé à 722 $ et cela demeure 722 $. Je pense que, si on veut
regarder comment cela affecte le soutien économique aux familles, il
faut regarder l'ensemble du portrait. Cela tient compte des allocations de
disponibilité, des allocations familiales, de l'augmentation des
exemptions pour enfants, des transferts résultant du remplacement du
SUPRET par APPORT. Tout entre dans ces chiffres. C'est là qu'il faut
regarder le tableau d'ensemble pour les familles.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Sauf que vous supposez là-dedans...
M. Levesque: Est-ce que je peux, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
oui. Un instant, M. le député de Lévis.
M. Levesque: Je pense qu'ici, pour la meilleure
compréhension, est-ce que j'ai le droit de demander que ce soit...
M. Garon: II n'y a pas de dépôt.
Le Président (M. Lemieux): Il n'y a aucun
problème.
M. Garon: II n'y a pas de dépôt, mais vous pouvez
nous passer des feuilles.
M. Levesque: Est-ce que je peux le déposer dans le texte
pour que ce soit plus clair?
M. Garon: Dans le texte, ce n'est pas possible.
Le Président (M. Lemieux): On peut le déposer, non
pas dans le texte, mais il peut y avoir dépôt du document en
commission.
M. Levesque: On ne peut pas le déposer dans le texte. Cela
ne serait rien, je viens de le dire. Je pensais qu'on pouvait le
déposer, cela serait plus clair.
M. Garon: Vous pouvez nous passer les feuilles, si vous voulez.
Essentiellement, M. le Président, ce que je voulais dire...
M. Levesque: Je peux les passer.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis. On peut déposer ce texte, mais il
ne fera pas partie du rapport. Il peut être déposé ici en
cette commission parlementaire.
M. Levesque: Ce n'est pas pour le rapport que je veux savoir.
C'est la transcription des débats. Est-ce que cela va...
Le Président (M. Lemieux): Oui, cela va apparaître
à la transcription des débats.
M. Garon: Comment cela?
Le Président (M. Lemieux): Si on fait le
dépôt du document.
M. Garon: Il n'y a pas de dépôt.
Le Président (M. Lemieux): Le document dont vous avez fait
mention va être enregistré au Journal des débats, il est
enregistré. Je peux autoriser le dépôt de ce document.
Comme vous en avez fait lecture, il va apparaître à la
transcription du Journal des débats. Cela m'apparaît clair et
évident.
M. Levesque: En forme de tableau?
Le Président (M. Lemieux): De la façon dont vous
l'avez énoncé, M. le ministre...
M. Levesque: Ah! oui, mais le...
Le Président (M. Lemieux):... des Finances.
M. Levesque: Je ne sais pas.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, je peux
accepter».
M. Levesque: C'était simplement pour la bonne
compréhension...
Le Président (M. Lemieux): Non, non. M.
Levesque:... du public.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, si le
dépôt est fait, je suggère qu'il soit fait par le ministre
des Finances, de façon que toute personne qui voudra y faire
référence...
Une voix: Bien oui.
M. Parent (Bertrand):... puisse le faire même s'il n'est
pas publié intégralement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, effectivement, je
peux...
M. Parent (Bertrand): Parce qu'il ne sera pas publié
intégralement.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, il ne sera pas
publié intégralement, mais je peux accepter ici le
dépôt.
M. Parent (Bertrand): Mais, au moins, on pourra y faire
référence.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Parent (Bertrand): Alors, je suggère de l'avoir.
M. Levesque: Alors, d'accord.
Le Président (M. Lemieux): J'autorise le
dépôt, M. le ministre des Finances.
M. Garon: En tout cas! M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon:... ce que je veux dire essentiellement au ministre des
Finances, c'est qu'il prend bien garde de nous dire: Voici ce qui se passait
avant 1985 et voici ce qui se passait après 1985. Il ne nous dit pas ce
qui va se passer en 1987 à cause de son budget du 30 avril 1987, mais il
nous dit ce qui va se passer à partir du 1er janvier 1988,
présumant que son discours sur le budget va s'appliquer - le discours
sur le budget du 30 avril 1987 - en 1988, alors qu'il n'y a rien de moins
certain puisque... L'astuce du ministre des Finances, c'est de prendre les
récupérations en 1987 et de donner les avantages en 1988, sachant
qu'entre les deux il y aura sans doute la réforme de la fiscalité
qui va défaire tout cela. Son budget a été un exercice de
style le 30 avril 1987 et, dans le fond, il sera annulé par la
réforme fiscale et il dira: Voici à quel point je n'ai pas le
choix, autrement ce sera trop compliqué, etc. Il aurait
été intéressant de connaître le véritable
tableau du ministre disant: Voici ce qui se passait avant 1985, voici ce qui
s'est passé, a cause du budget du 23 avril 1985, à. partir de
1985 ou après 1985; voici ce qui se passe en 1987 à la suite de
mon discours sur le budget et voici ce qui va se passer en 1988 à la
suite de ce même discours, s'il est appliqué. Comprenez-vous? S'il
est appliqué et qu'il n'est pas interrompu entre-temps par une autre
réforme qui viendra en cours de route.
C'est pourquoi je demande au ministre des Finances s'il peut nous
garantir que son budget du 30 avril ne sera pas annulé par un nouveau
budget à l'automne - un budqet d'automne - basé sur une
réforme de la fiscalité au Canada ou au Québec qui pourra
venir annuler les effets ou l'application de son budget de 1988.
Préfère-t-il ne pas répondre en disant qu'il s'agit d'une
question hypothétique?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je voudrais d'abord faire part à cette
commission du point soulevé par le député de Lévis
et de certaines nuances qu'il ne fait pas. Le député de
Lévis a mentionné qu'il y avait une hausse pour l'année
d'imposition 1987. Je pense qu'il a dit 72 000 000 $, si ma mémoire est
fidèle...
M. Garon: Moi, j'ai demandé le nombre familles qui avaient
un enfant de moins de six ans. Qu'il s'agisse de familles qui ont eu un, deux,
trois ou quatre enfants et plus, je demande le nombre de familles qui ont un
enfant de moins de six ans, c'est-à-dire qui vont perdre 200 $ pour leur
premier enfant de moins de six ans. Là, il y a une
récupération et c'est simplement pour les familles qui ont plus
de trois enfants en bas de six ans...
M. Levesque: C'était une question... Ce n'est pas ce que
vous aviez...
M. Garon: Oui, c'est cela que j'ai dit.
M. Levesque: Vous avez parlé d'une hausse.
M. Garon: J'ai même dit le nombre...
M. Levesque: Mais il faut, je pense, pour l'année
d'imposition 1988... 1987, je veux dire...
M. Garon: 1987, oui.
M. Levesque: Oui, la hausse de 26 000 000 $ provient de l'effet
combiné du réaménagement de l'allocation de
disponibilité... Cela est 48 000 000 $. Je ne parle pas du moment
où ce sera calculé et où cela va affecter le budget. Je
dis...
M. Garon: Vous avez cela dans le budget.
M. Levesque: Un instant, là!
M. Garon: Oui, je sais ce que vous allez dire. (11 h 15)
M. Levesque: Pour l'année d'imposition 1987, il est vrai
qu'il y a 48 000 000 $ de moins pour le réaménagement de
l'allocation de disponibilité...
M. Garon: C'est un montant net, ça?
M. Levesque: Mais, en même temps, il faut soustraire du
montant de 48 000 000 $ la non-récupération des allocations
familiales pour le même exercice financier,
M. Garon: De combien?
M. Levesque: De 22 000 000 $.
M. Garon: Alors, ce ne serait pas plutôt...
M. Levesque: Vous avez 26 000 000 $, là.
M. Garon: Attendez un peu! Je pense justement qu'on a
compté cela de cette façon mais qu'on a fait une erreur. Je pense
que le ministre des Finances récupère autour de 70 000 000 $ par
la baisse de l'allocation de disponibilité sur le premier enfant de 300
$ à 100 $. Le montant de 70 000 000 $ moins le montant de 22 000 000 $
donne 48 000 000 $, alors que, nous, nous avions soustrait les 22 000 000 $ des
48 000 000 $, ce qui donnait 26 000 000 $. C'était comme si on le
soustrayait deux fois.
Je veux demander au ministre quelles sommes d'argent il va
récupérer par le fait que l'allocation de disponibilité
à la mère de famille ou au conjoint en charge de l'enfant passe
de 300 % à 100 $. Seulement pour cette mesure, combien de familles qui
ont un enfant de moins de six ans vont perdre 200 $?
M. Levesque: Je n'ai pas ici...
M. Garon: Cela ne peut pas avoir changé beaucoup. En 1985,
c'était environ 360 000 familles.
M. Levesque: Je n'ai pas ici le nombre de familles, mais j'ai
l'effet que cela aura sur le budget.
M. Garon: Combien? J'aimerais le savoir.
M. Levesque: Je pense qu'il est important de dire...
M. Garon: Cela ne peut pa3 être 48 000 000 $.
M. Levesque:... que les chiffres sur lesquels nous avons
basé nos équilibres financiers... Quand je réponds, le
député de Lévis n'écoute pas. S'il veut que je
l'écoute quand il parle, il faudrait qu'il m'écoute quand je lui
réponds.
M. Garon: C'est parce que je vous pose une question
précise.
M. Levesque: Rien oui, vous me posez une question et vous
n'attendez pas... Au diable! Après ça, vous revenez. On ne se
suit pas. C'est un dialogue de sourds, à un moment donné.
M. Garon: Je voudrais vous demander, seulement pour la
mesure...
M. Levesque: Oui, mais laissez-moi répondre à votre
question.
M. Garon:... de l'allocation de disponibilité.
M. Levesque: Je le répète, la hausse de
26 000 000 $ pour l'année d'imposition 1987 provient, d'une part,
du réaménagement de l'allocation de disponibilté qui, pour
l'année d'imposition 1987, représente 48 000 000 $, mais il faut
mettre avec cela la non-récupération des allocations familiales
pour le troisième enfant qui se retrouve dans le budget actuel. Cela
nous coûte 22 000 000 $ de plus, ce qui fait une différence de 26
000 000 $. Sur une base d'exercice, le résultat pour les familles est
bien de 26 000 000 $ pour l'année d'imposition 1987, Je le
répète. Toutefois, dans leur budget, ces deux mesures auront un
impact seulement au printemps 1988, au moment des déclarations du revenu
en 1988, soit au même moment que l'impact positif des autres mesures
annoncées à leur égard, c'est-à-dire le programme
APPORT qui va commencer le 1er janvier 1988, la réduction d'impôt
qui va commencer également le 1er janvier 1988. Pour ces familles, il y
a un plus considérable. Cela donne 169 000 000 $. C'est ce que cela
coûte au fisc, c'est-à-dire ce que cela coûte au fonds
consolidé.
M. Garon: Oui, mais, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
ministre des Finances?
M. Levesque: J'ai fini... Je suis interrompu tout le temps.
M. Garon: Le ministre des Finances veut absolument...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous voulez... Un
instant, M. le député de Lévis!
M. Levesque: Non, non, laissez-le faire. Je ne veux pas faire de
chicane pour cela.
Le Président (M. Lemieux): Cela va. M. le
député de Lévis, s'il vous plaît!
M. Garon: Le ministre des Finances veut absolument combiner tout
cela pour que le monde n'y voie pas clair. Je lui dis simplement qu'il est
évident que, si on combine les années 1987 et 1988, on combine
deux années de récupération et on en compte seulement une,
parce que cela est récupéré dans la déclaration du
revenu dans les quatre mois qui suivent, finalement. On sait que la
récupération de l'allocation de disponibilité, c'est pour
l'année 1987. La récupération de l'allocation de
disponibilité va aussi se faire en 1988, même si elle intervient
dans la déclaration du revenu de 1989. Or, il ne s'agit pas seulement
d'une année de récupération, mais bien de deux
années de récupération.
Quand le ministre des Finances nous dit que les gens vont avoir des
déductions d'impôt moins importantes, ils vont les avoir au fur et
à mesure, chaque semaine ou chaque quinzaine, sur les chèques de
paie. Au 1er avril, ils n'en auront eu que pour trois mois seulement, alors que
cela aura été récupéré entièrement
pour l'année 1987. Quand il parle des programmes SUPRET et APPORT, c'est
à condition que les gens puissent participer à ces proqrammes. On
sait d'avance qu'ils n'y participeront pas tous parce que cela n'est pas
possible en tenant compte du fonctionnement de ces programmes. Ce que je
demande simplement au ministre, c'est d'isoler - parce qu'il doit avoir ces
données isolées - combien il va épargner seulement
là. Il pourra nous dire combien APPORT et SUPRET, ou le remplacement de
l'un par l'autre, vont redonner aux gens en 1988. Cela ne me fait rien. Qu'il
nous dise combien il va redonner aux gens en baissant les impôts en 1988,
c'est correct. Mais je lui demande, pour l'année 1987,
concrètement, les allocations de disponibilité dues par le
gouvernement pour l'année 1987, que ce soit mis dans le rapport
d'impôt suivant ou non... La question n'est pas que ce soit dans le
rapport d'impôt dans les mois qui suivent. Pour l'année 1987,
combien y a-t-il de familles qui vont perdre 200 $ pour le premier enfant de
moins de six ans? Quelle sera la somme, pour l'année 1987, qu'ils
n'auront pas à payer, à la suite du rapport d'impôt, avant
le 30 avril 1988?
M. Levesque: M. le Président, combien de fois dois-je le
dire?
M. Garon: Non. Je veux dire le montant net, seulement
là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je le dis encore une fois, c'est une
différence de 26 000 000 $ pour l'année d'imposition 1987,
justement, en ce qui affecte le premier enfant. Par contre, il faut regarder ce
qui affecte le troisième également. C'est 48 000 000 $ moins 22
000 000 $, 26 000 000 $. En plus de cela, le député de
Lévis semblait mettre en doute le chiffre de 48 000 000 $ que
j'apportais. Je vais lui expliquer pourquoi on arrive à cela. Ce ne sont
pas toutes les familles qui ont l'allocation de disponibilité. Au lieu
de l'allocation de disponibilité, on peut choisir les frais de garde.
Pour ceux qui choisissent les frais de garde, c'est un choix qui leur revient.
Autrement dit, si ces personnes, ces mères de famille sont sur le
marché du travail, souvent, elles préfèrent de beaucoup
prendre les frais de garde qui sont beaucoup plus intéressants que de
prendre 200 $ ou 300 $ par année. Alors, elles choisissent les frais de
garde. Ceux qui choisissent les frais de garde ne peuvent pas
avoir les deux. Ce qui fait que, justement, ce n'est pas 72 000 000 $ -
comme il dit -mais 48 000 000 $, la différence, moins les 22 000 000 $
consacrés au troisième enfant, de par la disposition que nous
avons prise dans le présent budget pour l'année d'imposition
1987, ce qui fait une différence nette de 26 000 000 $. C'est cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce que le ministre pourrait nous sortir les
données - il doit avoir ces données... Combien de familles avec
un enfant de moins de six ans en 1987 n'obtiendront pas l'allocation de
disponibilité de 300 $, mais de 100 $? Selon les statistiques qu'on a
pour 1987 - ou anticipées, parce qu'il y a des naissances au cours de
l'année - combien de familles vont voir leur allocation de
disponibilité réduite de 300 $ à 100 $, parce qu'elles ont
un enfant ou auront un enfant de moins de six ans?
M. Levesque: Dans les statistiques de 1985, c'étaient les
chiffres suivants: il y avait 255 860 familles qui avaient un enfant de moins
de six ans...
M. Garon: Vous n'avez pas les chiffres de 1986.
M. Levesque:... 96 917 avaient deux enfants de moins de six ans;
9742 familles avaient trois enfants de moins de six ans; quelques centaines de
familles avaient plus de trois enfants de moins de six ans.
M. Garon: C'est...
M. Levesque: C'est d'après les statistiques de 1985.
Enfin, c'est ce que j'ai ici.
M. Garon: 600 en avaient quatre et, je pense, de cinq à
dix en avaient cinq.
M. Levesque: L'erreur que le député de Lévis
a faite, je pense, c'est qu'il a pris ces statistiques et fait ses propres
calculs. Il est arrivé à 72 000 000 $, mais il y a une chose
qu'il n'a pas faite, c'est de tenir compte que plusieurs de ces familles
préfèrent prendre les...
M. Garon: Je voulais que le ministre nous dise le nombre de
familles qui choisissaient...
M. Levesque: Les frais de garde.
M. Garon:... la garde. Au fond, ce n'est pas cela que je disais
au ministre. Je lui disais que l'allocation de disponibilité, en grande
partie, il s'agit de chèques faits aux mères de famille. En
faisant disparaître cela...
M. Levesque: On ne l'a pas fait disparaître, au contraire.
Pour le deuxième enfant, on l'a laissée au même montant de
200 $.
M. Garon: Oui.
M. Levesque: Pour le troisième enfant, on l'a fait passer
de 100 $ à 500 $. C'est le premier qui est affecté
négativement.
M. Garon: Oui, je comprends...
M. Levesque: II ne faut pas dire qu'on l'a enlevée. On ne
l'a pas enlevée complètement non plus.
M. Garon: Non.
M. Levesque: On l'avait annoncé l'an dernier, ce n'est pas
nouveau, cela.
M. Garon: La grande mesure là-dedans, c'est que, au fond,
il s'agit de montants considérables dont les chèques allaient aux
mères de famille et qu'en récupérant le montant et en
disant qu'il y aura une baisse d'impôt en 1988, la baisse d'impôt
sera dans Ies revenus du père de famille, pour la plupart du temps, en
grand nombre, et le chèque aux mères de famille aura
diminué considérablement parce que...
M. Levesque: Cela dépend. Il ne faut pas dire
considérablement parce que, justement, ces familles-là seront
avantagées. Si vous voulez parler du père ou de la mère,
il peut y avoir des changements, là, je l'admets, mais ce sont les
familles dans leur ensemble qui prennent avantage des 169 000 000 $ que nous
ajoutons. D'ailleurs, les tableaux que j'ai fait circuler tout à l'heure
indiquent bien qu'il y a une amélioration considérable pour les
familles.
M. Garon: Le tableau que vous nous avez fait parvenir n'inclut
pas la récupération des allocations de disponibilité, on
parle de revenus du travail. Est-ce que...
M. Levesque: Un instant, là!
M. Garon: Pour une famille type ayant deux enfants de six
à onze ans, les allocations de disponibilité sont-elles incluses
là-dedans?
M. Levesque: Ah! non, ce sont les enfants de six à onze
ans, excusez-moi. Ils n'en ont pas, eux.
M. Garon: Alors, vous avez exclu les
allocations de disponibilité avec cela?
M. Levesque: Non, non, mais l'exemple qui est donné
là - on peut en faire un autre tableau - c'est pour les enfants de six
à onze ans.
M. Garon; Je comprends, mais tout votre tableau vient d'être
faussé parce que vous parlez de soutien économique aux familles
depuis 1985, vous éliminez les allocations qui étaient
données avant 1985 jusqu'à votre discours sur le budget du 30
avril 1987 où vous éliminez 200 $ pour le premier enfant, vous
éliminez cela. Par ailleurs, alors qu'il était donné
auparavant, avec votre discours sur le budget, il est enlevé et vous
l'éliminez du tableau dans le soutien aux familles. Alors, cela donne
des statistiques complètement différentes puis-que...
M. Levesque: Si le député le veut, on va en faire
un autre, on va faire deux tableaux plutôt qu'un.
M. Garon: Bien oui.
M. Levesque: On va en faire un de zéro à six
ans.
M. Garon: Si on regarde cela, si on refait votre tableau - on l'a
refait ici pour voir ce que cela donnerait - on se rend compte qu'avant 1985,
la famille de 10 000 $ recevait 1585 $ et qu'après 1985,
c'est-à-dire en 1986, elle reçoit 1585 $. Mais, en 1987, elle va
baisser à 1385 $. Donc, elle reçoit moins en 1987 que ce qu'elle
recevait en 1985 et en 1986. La famille de 15 000 $ qui, avant 1985, recevait
1088 $ et qui, après 1985, reçoit 1340 $, c'est-à-dire en
1986 grâce au budget de 1985, en 1987, ne recevra que 1140 $.
M. Levesque: Pas du tout. Si elle est sur le marché du
travail, c'est encore faux ce que vous dites.
M. Garon: Non, je parle pour 1987, je ne parle pas pour 1988.
Vous avez sauté 1987 pour passer en 1988, sauf que le monde vit dans le
temps présent, il ne vit pas dans l'avenir.
M. Levesque: Les frais de garde étaient là en 1987.
Il y avait encore le choix; alors votre tableau, il faudrait aussi le
nuancer.
M. Garon: Non, non, on tient compte de votre tableau.
M. Levesque: Non, non.
M. Garon: Sauf que votre tableau ne tient pas compte des enfants
en bas de six ans.
M. Levesque: Mais n'en faites pas un nouveau.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Faites attention. Faites un autre tableau. Faites un
tableau la tout de suite si vous voulez qu'on vous écoute.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, il vous reste deux minutes sur votre temps de parole.
M. Levesque: Et moi j'ai demandé justement à mes
fonctionnaires de faire un autre tableau pour que vous ayez tous les tableaux
et toute l'information la plus objective possible.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, il vous reste deux minutes. Mme la députée de
Groulx a demandé la parole et j'ai considéré comme faisant
partie de votre déclaration d'ouverture - les 20 minutes - les questions
que vous avez posées. Alors, j'ai inclus cela dans les 20 minutes et
votre temps de parole est de dix minutes. Il vous reste deux minutes et je dois
passer la parole à Mme la députée de Groulx
après.
M. Garon: Alors, M. le ministre des Finances, vous nous avez
brossé un tableau et c'est un drôle de tableau. On parle d'une
famille type ayant deux enfants de six à onze ans. Alors, au lieu de
prendre une famille type ordinaire, on enlève les enfants en bas de six
ans.
M. Levesque: Prenez donc l'annexe.
M. Garon: Donc, vous avez réduit les revenus par votre
discours sur le budget du 30 avril dernier. (11 h 30)
M. Levesque: Un instant, là! Soyons justes, là.
Prenez le tableau dans l'annexe A du budget, à la page 36, et là
vous avez les moins de six ans. Vous avez le gain total pour un couple avec un
enfant de moins de six ans, avec un revenu de travail de zéro à
40 000 $, vous avez ce que rapporte le nouveau programme APPORT...
M. Garon: C'est pour 1988.
M. Levesque:... la réduction d'impôt, les autres
mesures, le gain total fait en vertu du présent budget pour un couple
avec un enfant de moins de six ans. Vous avez également le couple avec
trois enfants de moins de six ans. Dans chaque cas, vous avez le gain total
effectué. Par exemple, avec un revenu de 6000 $, vous avez, avec un
enfant, un gain de 978 $, avec trois enfants, 1076 $; pour 9000 $ de
revenu, c'est 2188 $ dans un cas et 2286 $ dans l'autre. Pour 12 000 $ de
revenus, en vertu du présent budget, vous avez un gain total de 2880 $,
s'il y a un enfant et de 3681 $ s'il y a trois enfants et ainsi de suite. Vous
avez tous les gains faits par les mesures mises de l'avant pour des enfants de
moins de six ans. Donc, vous avez droit à un tableau additionnel pour le
même prix.
M. Garon: M. le Président, essentiellement, les gens ne
paieront pas leur loyer de 1987 avec les revenus de 1988. Les gens vivent en
1987, avec les revenus de 1987 et les dépenses de 1987. Vous ne voyiez
absolument pas donner la situation de 1987 parce que vous savez que votre
discours sur le budget pénalise les gens dans leurs revenus de
calendrier de 1987, en tenant compte...
M. Levesque: Ils ne pourraient pas... Non, M. le
Président...
M. Garon: Oui.... de l'allocation de...
M. Levesque: Ils ne pourront pas payer le loyer avec les
allocations de disponibilité de 1987 parce que cela se règle au
mois d'avril 1988.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, complétez votre question.
M. Garon: M. le Président, essentiellement, le ministre
sait qu'il va récupérer l'allocation de disponibilité de
1987 en tenant compte de l'impôt de 1987, en tenant compte des taux de
1987 et des revenus de 1987, sauf qu'il veut mélanger, parce que cela
fait son affaire, mais cela ne donne rien aux contribuables, l'allocation de
disponibilité de 1987 avec une nouvelle fiscalité qu'il devait
apporter en 1988. Sauf que les gens, quand ils vont faire le bilan de 1987,
vont dire: En 1987, j'ai fait tant d'argent et j'ai dépensé tant.
Mais ils ne peuvent pas escompter des revenus de 1988 à part
l'allocation de disponibilité qui, elle, va être due pour
1987.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste 30 secondes, M.
le député de Lévis.
M. Garon: Je demande au ministre des Finances s'il peut nous
produire un tableau, non pas pour 1988, mais pour 1987. Comme il y aura un
autre budget à l'automne 1987, on pourra parler de 1988 à ce
moment-là. Je voudrais qu'on ait un tableau qui nous dise ce qui se
passe en 1987, quelle est la situation des revenus nets des gens en 1987 et non
pas en 1988. On en fera un autre pour 1988, le temps venu. Vous vous rappelez
combien le ministre des Finances a souvent dit qu'on vit trop dans l'avenir,
qu'il faut vivre dans le présent. Je suis d'accord avec lui. On vient
tous les deux de milieux ruraux, alors, on vit plus dans le présent que
dans l'avenir.
Je lisais justement la vie de Nelligan, hier. On l'a fait passer pour
fou parce qu'il vivait trop dans l'avenir. Il était 100 ans en avant de
son temps. On l'a fait passer pour fou même s'il ne l'était
pas.
Aujourd'hui, je voudrais que l'on vive dans le moment présent.
Comme politicien, on est élu d'année en année, on est
élu dans le temps présent.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, votre intervention...
M. Garon: Je voudrais avoir du ministre des Finances un tableau
réel de la situation en 1987.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Garon: S'il veut en faire un autre pour 1988, cela ne me fait
rien.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, votre...
M. Garon: Mais un pour 1987.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, je suis bien prêt
à faire un tableau. Il faudrait tout écrire dans le tableau
aussi. On a dit que c'était une différence de 26 000 000 $ entre
la réduction pour l'année d'imposition de 48 000 000 $ pour les
changements dans les allocations de disponibilité... Lorsque nous avons
exempté le troisième enfant quant au retour, à la
récupération des allocations familiales, c'était un gain
pour la famille de 22 000 000 $, ce qui laisse 26 000 000 $. Mais, si je fais
un tableau, je vais cependant être obligé de tout mettre, de tout
indiquer. Il va falloir que je calcule également quel est l'effet sur
ces familles, par exemple, de la baisse de la taxe sur les primes d'assurance
automobile. On sait qu'il y a bien... Pardon?
Une voix:...
M. Levesque: Oui. Peut-être que le député de
Lévis ne le sait pas, mais on a baissé la taxe sur les primes
d'assurance automobile de 9 % à 5 %. Cela affecte presque toutes
les familles. C'est rare qu'une famille n'ait pas de voiture aujourd'hui. Si
vous voulez avoir un tableau, il faut tout mettre. Je ne blame pas le
député de Lévis,
étant donné la qualité du budget, de s'attacher
à ces 26 000 000 $ sur un budget d'à peu près 30 100 000
000 $. C'est de bonne guerre. Cela ne fait pas une critique substantielle. Il
devrait nous dire: Vous avez pris les dispositions qui s'imposent. D'ailleurs,
s'il avait voulu participer de façon positive -je ne veux pas lui dire
comment faire sa critique - Il aurait pu dire, par exemple: Vous avez
été inspiré par notre gouvernement qui a
déposé le livre blanc sur la fiscalité. Cela aurait
été positif, mais il n'est pas capable de dire cela. Il a dit:
Laissez faire le passé, je ne veux plus en entendre parler. Il a
déjà dit cela une fois. Moi, je n'ai pas peur, j'ai donné
des chiffres qui prouvent qu'en 1985 il y avait du bon. Il y avait du moins
bon. Je n'ai pas hésité à le dire. On est ici pour
travailler pour la population...
M. Garon:... 1985. Ha! Ha! Ha!
M. Levesque: Oui, nous avons dit, et même en 1985... Je
vais vous donner deux exemples de ce que nous avons dit.
M. Garon: Comme le... Je suppose que le discours de 1985...
M. Levesque: On vous avait dit que vous faisiez erreur: Soit que
vous aviez le courage de dire que vous abolissiez les allocations
familiales.
M. Garon: C'était pour maintenir les chèques aux
mères de famille.
M. Levesque: Ce que vous n'avez pas fait. Vous avez dit: On
continue les allocations familiales, mais sur votre rapport d'impôt,
après les élections, vous allez nous le remettre.
M. Garon: Non.
M. Levesque: C'est ce que vous avez dit, en d'autres termes. On
vous a dénoncés à ce moment-là. Mais les gens ne
savaient pas ce qui se passait. Ils disaient: C'est l'Opposition qui dit cela.
Quand ils sont arrivés à payer, ils ont dit: Qu'est-ce que vous
faites? Ils ont même pensé que c'était nous.
M. Garon: C'est vrai. C'était vous autres.
M. Levesque: Alors que c'est bien dans votre budget...
M. Garon: La loi a été adoptée par votre
gouvernement.
Le Président (M, Lemieux): M. le député de
Lévis, c'est le ministre des
Finances qui a la parole.
M. Levesque: C'est dans votre budget que c'était
clairement indiqué qu'il fallait ajouter à l'impôt payable
les sommes reçues en allocations familiales. Nous avons fait des
changements. Oui, nous avons fait des changements qui font que maintenant, au
moins, il n'y a pas de récupération pour tous les enfants
à partir du troisième, rien que pour les deux premiers. Il n'y a
plus de récupération d'allocations familiales pour le
troisième, le quatrième, le cinquième et les autres. Nous
avons au moins bonifié ce côté-là. Pourquoi ne le
dites-vous pas? Vous n'y êtes pas obligé.
M. Garon: Cela vous rapporte plus que cela va vous donner.
M. Levesque: Quand le député de Lévis
s'inquiète pour l'avenir - Qu'est-ce qu'on va faire avec la
réforme fiscale? Est-ce qu'on va maintenir ces avantages qu'on donne
dans le budget actuel? - je peux lui dire que c'est notre intention de laisser
à ceux et celles qui bénéficient de ce budget les
avantages que nous leur accordons. Peut-être que le député
de Lévis est inspiré, lorsqu'il dit cela, par un fait qu'il a
à l'esprit. Dans le budget, avant les élections de 1981, en
parlant des allocations de disponibilité on avait mentionné qu'on
accordait 400 $ par enfant de moins de six ans: pour le premier enfant, 400 $,
pour le deuxième, 200 $, pour le troisième, 100 $. Après
les élections, au moment de faire la loi, les 400 $ sont devenus 300 $.
Est-ce qu'il peut nous expliquer cela? Il serait intéressant de savoir
comment cela a disparu. Quelque chose qui était dans le budget à
400 $, après les élections cela a baissé à 300
$.
M. Garon: J'ai toujours dit qu'il fallait se méfier du
ministre des Finances.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Est-ce qu'il pourrait nous expliquer comment cela se
fait qu'avant les élections de 1981 on annonçait une diminution
d'impôt pour le 1er janvier suivant? C'est probablement pour cela qu'il
est inquiet de ce qui va arriver le 1er janvier. Cette diminution d'impôt
annoncée pour après les élections, prenant effet le 1er
janvier 1982 a été annulée par hasard à l'automne
1981. Le ministre des Finances s'est levé, il a dit: Oui, j'ai
annoncé cela, mais j'ai changé d'idée, il n'y en aura pas.
C'est dans ce même deuxième budget que le ministre des Finances de
l'époque avait doublé la taxe sur l'essence qui était
passée de 20 % à 40 %. Il avait pris la taxe de vente de 8 % et
l'avait augmentée à 9 %,
etc., tous des beaux cadeaux d'après les élections. Je
comprends que la situation était difficile, mais elle aurait dû
être prévue avant d'aller au peuple pour que la même chose
se produise après l'appel au peuple. Évidemment, vous êtes
en train de payer pour cela.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
ministre des Finances?
M. Levesque: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: M. le Président, je comprends mal le
député de Lévis. Je comprends très mal son
attitude. Depuis le matin, il fait des procès d'intention...
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce une question de
règlement, M. le député?
M. Garon: Oui. Ce dont on discute, c'est du budget du ministre
des Finances.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Garon: Ce ne sont pas les propos du député de
Lévis qui sont l'objet de la commission.
Le Président (M. Lemieux): Mais permettez-moi de vous
dire, M. le député de Lévis, que Mme la
députée de Groulx n'en était qu'à une
prémisse. Je comprends mal...
Mme Bleau: Oui, donnez-moi la chance d'y arriver.
Le Président (M. Lemieux):... votre intervention sur une
question de règlement à cet effet. Mme la députée
de Groulx, vous pouvez continuer.
M. Garon: Non, mais vous êtes d'accord que la commission
porte sur le sujet...
Mme Bleau: Je voulais parler du budget...
Le Président (M. Lemieux): Je crois qu'elle a dit six
mots, M. le député de Lévis. Elle a dit: "Je comprends mal
l'attitude du député de Lévis... "
Mme Bleau: Je comprends mal votre attitude sur le budget...
Le Président (M. Lemieux): Elle ajoute: "sur le
budget".
Mme Bleau: Naturellement.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Groulx, vous pouvez continuer.
M. Garon: Je vais lui pardonner pour les six premiers mots
qu'elle dit depuis qu'elle est élue.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît!
Mme Bleau: M. le député de Lévis, vous me
prêtez des intentions comme vous faites des procès d'intention
depuis le matin. J'ai entendu vos propos. Vous avez prêté des
intentions au premier ministre, prêté des intentions...
M. Garon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement.
M. Garon: En vertu de notre règlement, il est interdit de
prêter des intentions à un député alors que la
députée de Groulx dit que le député de Lévis
fait des procès d'intention. C'est interdit de faire des procès
d'intention. La députée ne peut pas faire une telle affirmation.
Je vous demanderais qu'elle retire ses paroles, M. le Président.
Mme Bleau: On va arrêter cela tout de suite et je vais
parler du budget.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer, Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: Simplement en oubliant même l'adversaire que
j'ai en face de moi. Je suis contente du budget. Dans mon comté, M. le
ministre des Finances...
M. Garon: M. le Président... Le Président (M.
Lemieux): Oui.
M. Garon: J'ai fait une question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, vous avez fait une
question de règlement. A quel article faites-vous
référence, M. le député de Lévis? À
l'article 35?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez les paragraphes de 1
à 10, inclusivement.
M. Garon:... qui dit qu'on ne peut pas faire de procès
d'intention ou prêter des intentions méchantes au
député qui est intervenu.
Le Président (M. Lemieux): Je ne pense
pas, M. le député de Lévis, à la lecture de
l'article 35. 6°: "imputer des motifs indignes à un
député ou refuser d'accepter sa parole; ", que ceci...
M. Garant Ce n'est pas cela.
Le Président (M. Lemieux): Ah oui! M. le
député de Lévis.
M. Garon: Laissez-la parler et je vais vous le dire.
Le Président (M. Lemieux): Certainement, Vous pouvez
regarder mon règlement. Il est très annoté, d'ailleurs.
Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: Je pense qu'on a entrepris une saine gestion des
finances publiques. On avait besoin de le faire. Je suis très
fière que le gouvernement le fasse dans le moment. Comme j'en fais
partie, ma fierté est encore plus grande. Je pense que, dans le budget,
vous aidez beaucoup les familles, M. le ministre. Dans mon comté, cela a
beaucoup d'importance. La réduction et même l'absence totale
d'impôt pour les bas salariés sont très très
appréciées. M. le député de Lévis essaie
présentement de mêler les chiffres, justement parce que,
voyant...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous, Mme la
députée de Groulx, vous adresser comme suit: M. le
Président, M. le député de Lévis...
Mme Bleau: M. le Président, M. le député de
Lévis essaie...
Le Président (M. Lemieux): Merci.
Mme Bleau:... de mélanger les chiffres dans l'esprit des
gens. Je pense qu'il n'arrivera pas, malgré tous les chiffres qu'il nous
donne ce matin, à défaire, si vous voulez, le contentement qui
existe présentement à propos du budget.
Quand on parle des 100 $ pour le premier enfant et des 500 $ pour le
troisième, en disant que ce n'est pas une bonne chose, je peux vous dire
que rendu au troisième enfant, si on pouvait justement avoir 500 $, cela
encouragerait peut-être les familles à se rendre à trois.
Ce qui n'est pas le cas actuellement. - M. le député nous quitte?
- Je peux vous dire que le fait d'offrir 500 $ pour les familles qui auront
trois enfants, c'est un encouragement précisément à se
rendre jusqu'à trois. C'est bien accepté dans la population.
Une autre chose qui a été bien appréciée,
c'est la taxe de 9 % réduite à 5 % sur l'assurance automobile. M.
le député de Lévis a semblé oublier ce fait, mais
je dois vous dire que cette partie du budget a eu bonne presse dans mon
comté. (11 h 45)
Pour ma part, je ne peux pas répéter "les procès
d'intention", je ne le dirai pas, mais les idées négatives
qu'exprime le député de Lévis depuis le matin, je dois
vous dire que je ne suis pas du tout d'accord sur cela.
Je voudrais dire que l'intérêt que porte le
député de Lévis aux familles, j'en doute dans le moment,
parce que les bonnes choses que le budget apporte justement pour aider nos
familles, le député de Lévis a l'air de faire fi de tout
cela. C'est ce qui est le contraire de ma pensée. Moi, M. le ministre,
je suis très contente de votre budget et je vous en remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Groulx. Y a-t-il d'autres interventions?
M. Levesque: Je croîs, M. le Président, que...
Le Président (M, Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque:... Mme la députée de Groulx a
exprimé ce que la population en général pense de ce
budget. D'ailleurs, si on regarde la revue de presse qui fait un peu
état de l'opinion publique qui réaqit à ce budget, on peut
dire que, justement, les propos tenus par la députée de Groulx
font état de la réaction générale. Je ne suis pas
surpris que le député de Lévis puisse essayer de
s'accrocher sur l'un ou l'autre de ces points mineurs. C'est de bon aloi, cela
fait partie de la fonction de critique financier. Et j'accepte cela, mais
évidemment avec les réserves qu'impose le souci de la
vérité. Et je crois pouvoir dire que les commentateurs du budget
ont donné des avis extrêmement favorables et même que divers
milieux qui, ordinairement à la suite d'un budget se contredisent
souvent parce qu'ils ne représentent pas toujours les mêmes
intérêts, ces milieux vis-à-vis du contenu de ce budget ont
apporté un jugement relativement favorable, pour ne pas dire absolument
favorable. Je remercie donc Mme la députée de Groulx de pouvoir
apporter son témoignage, et je suis convaincu qu'elle représente
l'opinion générale que l'on peut observer, du moins au moment
où nous nous parlons.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
Aide aux PME
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président. Pour ma part,
j'ai fait en Chambre la critique du budget. C'est bien
sûr que le rôle de l'Opposition, le ministre des Finances en
convient, c'est de critiquer, mais il y a moyen de faire une critique
constructive, et j'ai apporté plusieurs points lors de mon allocution en
Chambre, et le ministre des Finances était présent. Les points
particuliers que j'ai touchés étaient la question du
déficit à laquelle on va certainement revenir par rapport
à certaines acrobaties qui sont faites. Le ministre des Finances, comme
il l'a mentionné précédemment ce matin, dit qu'il faut
être honnête; alors, j'aimerais bien qu'il le soit aussi concernant
cette dimension. Mais je voudrais m'attarder actuellement sur les mesures
auprès de la petite et de la moyenne entreprise. Le ministre dans son
discours sur le budget de cette année a fait peu égard aux
mesures particulières en ce qui a trait aux nouvelles taxes
imposées l'année dernière quand, à la page 14, le
ministre... Et j'avais posé des questions là-dessus, parce que
j'étais très inquiet. On sait que la structure économique
du Québec est principalement basée sur un ensemble de petites et
de moyennes entreprises, et, l'année passée, cela a passé
un peu en douce parce que cela semblait peu élevé, mais cela a eu
des impacts importants. Voici ce qui était annoncé pour les
petites et moyennes entreprises, et c'était contraire à toutes
les mesures qui avaient pu être annnoncées
précédemment par le gouvernement. Alors, le ministre disait donc
à la page 14 de son discours l'année dernière: "J'annonce
donc une surtaxe sur les impôts payés par les entreprises qui
prendra effet à compter de minuit ce soir. L'impôt sur les profits
des corporations sera porté de 5, 5 % à 5, 9 % pour les grandes
entreprises et de 3 % à 3, 22 % pour les petites entreprises. " Il y
avait d'autres augmentations. Mais le deuxième paragraphe - je le
rappelle au ministre des Finances - disait: "Cette surtaxe, je m'engage
à la reconsidérer si le gouvernement fédéral
consent à respecter ses engagements à l'égard de la
péréquation et accepte une négociation de bonne foi". 11
continuait ainsi.
Je pense qu'on a ajouté... L'année passée, on a
été chercher dans les poches des entreprises, surtout des petites
et moyennes entreprises, une nouvelle taxe qui, à mon avis, ne les aide
pas dans leur croissance. Cette année, on n'en rend compte en aucune
façon. On n'y revient pas dans le discours sur le budget, sauf en ce qui
a trait à la recherche et au développement, qui est un autre
volet, un pas dans la bonne direction - je l'ai dit et je le
répète - mais qui, encore là, est loin d'être
suffisant par rapport à l'ensemble que nous avons d'investi dans la
recherche et le développement. On a un coup de barre à donner de
ce côté et c'est à peine un petit coup qui est donné
cette année.
Mais, sur la question de la surtaxe imposée l'an dernier à
l'ensemble des petites et moyennes entreprises, cette année, non
seulement on ne la fait pas disparaître, mais on n'en fait pas du tout
mention. J'aimerais que le ministre des Finances nous dise un peu de quelle
façon il entend traiter cet aspect, puisqu'il avait des engagements de
pris concernant la surtaxe vis-à-vis des petites et moyennes
entreprises.
Le Président (M, Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Oui, j'ai eu l'occasion d'entendre le discours du
député de Bertrand à l'Assemblée nationale dans le
débat qui a suivi le discours sur le budget. Je me rappelle fort bien
qu'il a développé le sujet qu'il vient d'aborder. Je crois que,
dans l'ensemble, le budget favorise les petites et moyennes entreprises,
particulièrement par les mesures prises dans le domaine de la recherche
et du développement.
Le député fait référence, cependant,
à une partie du discours sur le budget de l'an dernier, du 1er mai 1986,
alors que j'annonçais une augmentation de l'impôt sur le revenu
des corporations, une augmentation du fardeau fiscal qui touchait justement
l'impôt sur le revenu des corporations, la taxe sur le capital et le
financement des services de santé, qui augmentait, si ma mémoire
est fidèle, les impôts de 7, 25 % ou de 7, 5 %, ce qui, par
exemple, dans le financement des services de santé, faisait passer la
note de 3 % à 3, 22 %, etc. C'était une augmentation qui
s'imposait, qui n'était pas de nature à nuire à
l'expansion de l'entreprise, mais qui était devenue nécessaire
pour faire face à une diminution des paiements de transferts du
gouvernement fédéral, notamment dans les domaines de la
santé et de l'éducation postsecondaire. J'avais mentionné,
à ce moment-là aussi, qu'on pouvait considérer ces mesures
comme temporaires si le gouvernement fédéral modifiait les
mesures qu'il avait mises de l'avant. Je parlais en particulier, à ce
moment-là, des dispositions de la loi C-96 qui touchaient ces deux
points.
Or, malgré les efforts que nous avons faits de ce
côté, nous n'avons pas changé la décision du
gouvernement fédéral de s'en tenir aux dispositions de la loi
C-96 et, en conséquence, nous n'avons pas eu ces changements que nous
demandions et qui nous auraient permis de retourner à la situation
antérieure par rapport à la fiscalité des
corporations.
Mais, d'un autre côté, je dois rassurer le
député de Bertrand. Même avec cette augmentation de
l'impôt pour les corporations, nous demeurons compétitifs au
Québec par rapport aux autres provinces et particulièrement
l'Ontario. Si l'on tient
compte de l'impôt sur les corporations, par exemple, c'est un
impôt qui est inférieur substantiellement au Québec.
Il faut retourner à un budget antérieur, à
l'époque de nos amis d'en face, particulièrement quand le
gouvernement faisait face à une récession et où les
profits des corporations diminuaient sensiblement pour constater que c'est
à ce moment-là que le gouvernement précédent avait
décidé de mettre l'accent plutôt sur le financement des
services de santé et sur la taxe sur le capital plutôt que sur
l'impôt sur les profits. De sorte que nous sommes encore, par rapport
à l'impôt sur les corporations, les plus bas au pays, si je ne
m'abuse. Évidemment, on ne peut pas tenir compte seulement de
l'impôt sur le revenu des corporations. Il faut prendre en compte
l'ensemble de la fiscalité touchant les corporations.
Lorsqu'on le fait et lorsque l'on tient compte, par exemple, de
l'impôt sur le revenu des corporations comme tel, des fonds pour les
services de santé, de la taxe sur le capital, de la fiscalité
municipale, si l'on tient compte, autrement dit, de toute la fiscalité
dans son ensemble, les corporations faisant affaires au Québec, dans le
domaine de la fiscalité, sont encore dans une situation de
compétitivité.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je comprends bien ce que mentionne le
ministre des Finances. Ce que je déplore, c'est que le discours sur le
budget ne contenait, à toutes fins utiles, à part les quelques
mesures qui ont été prises en ce qui concerne l'aide à la
recherche et au développement, aucune mesure sensible, concrète
d'aide, non seulement à l'entreprise, mais aussi à
l'entrepreneurship québécois, dont vous avez largement fait
mention dans les discours précédents. Ce que je mentionne au
ministre des Finances, c'est que ce discours sur le - budget ne contient aucune
mesure concrète.
Par exemple, le soutien à l'entrepreneurship
québécois, qu'est-ce que c'est, ça? Les promesses qui
avaient été faites d'aide gouvernementale pour l'implantation des
centres d'incubation d'entreprises au Québec; l'aide, par exemple, qui
devait être accrue à la Société de
développement industriel du Québec; l'aide qui devait être
apportée davantage à ceux qui devront exporter, le ministre des
Finances n'en fait pas du tout mention dans son discours sur le budget. Je le
comprends mal; je ne le comprends pas du tout, devrai-je dire. Ce n'est pas
là une question de faire de la critique pour essayer de démolir.
C'est pour sensibiliser le ministre des Finances et les députés
ministériels. Cela semble bien aller actuellement au Québec mais
attention, on est sur l'erre d'aller et cela prend des mesures très
concrètes.
On aura, au cours de l'année 1987, semble-t-il, M. le ministre
des Finances, une entente qui interviendra concernant le libre-échange.
Et vous disiez, l'année passée à la page 3 de votre
discours, les préoccupations que vous aviez au sujet de la disparition
des barrières tarifaires les unes après les autres face au
commerce international, et tout cela. Je vous dirai qu'on est en plein
débat sur le libre-échange. La plupart des entreprises
québécoises et des PME ne sont pas armées actuellement
pour faire face à quelque entente que ce soit au sujet du
libre-échange. (12 heures)
Ce que je vous dis, M. le ministre des Finances, c'est qu'il aurait
dû y avoir dans votre discours sur le budget des mesures importantes
quant au soutien aux exportations, qu'on ait de ce côté-là,
même si on a augmenté un peu les enveloppes budgétaires,
des mesures concrètes quant au soutien aux exportations pour être
capable de franchir de ce côté-là.
Je trouve un peu dommage le manque de vigueur qu'il y a pour l'aide
à l'entrepreneurship et l'aide aux PME québécoises pour
affronter ce qui s'en vient, c'est-à-dire, dans les années 1987,
1988, 1989, dans le développement économique du Québec, et
à toutes ces mesures et aussi concernant les nouvelles entreprises,
à leur création, et tant qu'à tout ce soutien pour le
démarrage des entreprises via, par exemple, des projets qui avaient
été mis sur pied, qui étaient les centres d'incubation
d'entreprises.
On ne retrouve pas de ces mesures à l'intérieur du budget.
Je trouve que c'est une carence importante dans le discours sur le budget. De
là la question que je posais au tout début au ministre des
Finances, à savoir si le budget avait été
complété. Est-ce qu'on n'avait pas l'intention d'inclure autre
chose parce que j'avais des informations selon lesquelles à savoir que
beaucoup de demandes avaient été faites auprès du ministre
des Finances? Ces mesures - je comprendrais qu'on me dise qu'on a peu de marge
de manoeuvre - à toutes fins utiles ne sont pas des dépenses
réelles, puisque, pour chaque dollar investi - je pense que cela a
été prouvé dans le passé - il y aura un retour pas
mal important concernant les investissements, un retour sur l'investissement,
mais on ne retrouve aucune de ces mesures. Je suis très inquiet et
j'aimerais voir en cours d'année, si jamais il y avait un budget
additionnel, un discours sur le budget qui viendrait compléter
celui-là, ce genre de mesures. Cela me semble important et il me semble
même très grave qu'on n'ait pas apporté cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, dois-je " rappeler à
cette commission que le gouvernement actuel, dans les budgets du 1er mai 1986
et du 30 avril 1987, a apporté des mesures extrêmement importantes
pour la petite et moyenne entreprise au Québec? S'il y a un parti
politique - sans vouloir être partisan - qui a mis de l'avant comme
priorité des priorités le développement économique
et la création d'emplois, c'est bien le Parti libéral qui est au
pouvoir aujourd'hui. J'étais très heureux, au cours de ces deux
budgets, d'apporter des mesures significatives pour aider l'entreprise
québécoise. On semble oublier que des mesures prises il y a
quelques mois à peine commencent seulement à faire leur effet.
Par exemple, lorsque nous avons donné un congé fiscal complet,
pour trois ans, à toute nouvelle entreprise au Québec, selon
certaines conditions, c'était une mesure pour encourager à la
fois les nouvelles entreprises et en même temps les jeunes
entrepreneurs.
Lorsque nous avons mis de l'avant dans le présent budget toutes
ces mesures relatives à la recherche et au développement - le
député de Bertrand le reconnaît, mais il n'a pas
insisté sur, je ne veux pas lui en faire grief, mais il n'a pas
tellement insisté... Il a dit en passant qu'il était d'accord,
mais il me permettra d'insister un peu plus pour dire que ces mesures sont
justement celles qui sont de nature à répondre aux
inquiétudes du député de Bertrand. À juste titre,
le député de Bertrand mentionne qu'il nous faut être
capable, particulièrement dans un contexte de libre-échange,
d'être à l'avant-garde, d'être compétitif et bien
outillé. Mais qu'est-ce qu'il y a de plus que la recherche et le
développement comme domaine où l'on retrouve cette
préoccupation de l'innovation, de l'originalité, de la
compétitivité? C'est par la recherche et le développement.
Au discours sur le budget, on lit: En 1983, la part des dépenses en
recherche et développement représente 1, 1 % du PIB au
Québec contre 1, 7 % en Ontario et 1, 4 % au Canada. Si l'on compare
cela avec les autres pays industrialisés, c'est 2, 6 % au Japon et en
Allemagne et 2, 7 % aux États-Unis. Je pense que cela nous
démontre que c'était là une faiblesse que nous avions ici
au Québec et que nous voulons compenser, au moins en partie, par le
présent budget et les dispositions qui s'y retrouvent. Par ce budget,
nous avons consacré 102 000 000 $ additionnels pour la recherche et le
développement dans ' les entreprises, sans oublier les 40 000 000 $ pour
les universités. Page 10, 11, 12...
M. Garon:... pour le Canada ou le
Québec?
M. Levesque: Le Québec. Tout est là, M. le
Président. Je suis prêt à écouter le
député de Lévis s'il le veut, mais j'aurais aimé
terminer mon intervention.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez poursuivre votre
intervention, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Ce que je voulais dire, justement, c'est que ces
sommes, - une somme de 102 000 000 $ c'est considérable - sont
affectées aux entreprises pour la recherche et le développement,
en plus de ce qui était déjà affecté. Je me permets
d'ajouter d'autres éléments que l'on retrouve dans le budget. Les
investissements publics, par exemple, vont connaître cette année
le plus haut niveau jamais connu dans l'histoire du Québec. Ceci ne peut
faire autrement que de stimuler les petites et moyennes entreprises. Lorsque
l'on investit dans le réseau routier, lorsque l'on investit dans les
hôpitaux, lorsque l'on investit dans les équipements
gouvernementaux et qu'on se rend compte que: Même lorsque les travaux de
la Baie James étaient à leur plus haut niveau, les
investissements publics étaient encore inférieurs à ce
qu'ils sont cette année, en chiffres absolus, évidemment. Je
pense qu'on peut dire que ceci devrait stimuler l'économie et profiter
à plusieurs de nos petites et moyennes entreprises. Il y a d'autres
mesures que l'on retrouve pratiquement à toutes les pages du budget et
qui ne peuvent faire autrement que de profiter à l'entreprise. Prenez,
par exemple, cette innovation qui est la création de fonds
d'investissement REA. Cette formule que l'on peut assimiler un peu aux fonds
mutuels va sûrement permettre - et je l'espère - à
plusieurs Québécois et Québécoises de pouvoir
investir, par le truchement de cette formule, dans le Régime
d'épargne-actions et ainsi aider la capitalisation des entreprises en
ayant l'assurance d'un risque plus diversifié. Pour plusieurs personnes
moins averties, l'idée de placer dans une entreprise qui
bénéficie des avantages du Régime d'épargne-actions
peut... Autrement dit, ces personnes peuvent hésiter. Tandis que les
fonds d'investissement dont nous permettons la création vont permettre
à des gens qui suivent un peu moins l'actualité financière
de pouvoir investir avec un minimum de sécurité, dans le sens que
le risque est partagé entre plusieurs sociétés. Je crois
que là aussi nous avons un instrument que nous mettons à la
disposition des Québécois pour qu'ils puissent investir dans
l'entreprise et en même temps permettre justement aux entreprises de
recevoir des investissements ou des placements qu'elles ne recevraient pas
autrement.
II y a d'autres mesures qui touchent les REA, les SPEQ, etc., qui sont
des mesures apportées pour améliorer les sytèmes, pour les
rendre encore plus efficaces. Nous avons différentes mesures touchant
par exemple le développement régional, la voirie municipale, qui
sont de nature à aider l'entreprise, particulièrement
l'entreprise régionale. Je ne pense pas que personne puisse s'y
opposer.
Lorsqu'on pense à la diminution, par exemple, de la taxe sur
l'assurance automobile, il y a sûrement là encore un petit
élément qui va aider les petites et moyennes entreprises qui
souvent ont des sommes assez considérables à payer pour la taxe
sur les primes d'assurance de leur flotte de camions ou d'automobiles. Il y a
autrement dit toute une foule de choses. Dans la restauration et
l'hôtellerie, par exemple, il y a là une diminution de taxes qui
s'adresse à tous ces petits entrepreneurs, quelquefois assez grands, qui
vont aussi être aidés par cette diminution de 13, 4 % à 9
%, je crois. Il y a ces autres entreprises dans le domaine du pari mutuel qui
devraient être avantagées. Il y a une dizaine de milliers
d'emplois qui sont présentement mis en cause. Il y a là des
difficultés sérieuses dont on m'a fait part et ces gens sont
difficilement recyclables. Dix mille emplois, c'est extrêmement important
dans notre économie. Nous apportons ici des mesures pour aider ces
entreprises et évidemment, en conséquence, les emplois qui y sont
reliés. Il y a des dispositions particulières qui touchent les
agriculteurs, les propriétaires exploiteurs d'érablières,
les producteurs de tabac, pour essayer de les recycler également. Enfin,
je n'ai pas l'intention de reprendre tout le budget, mais il y a suffisamment
d'éléments importants, d'importances diverses, évidemment,
dans ce budget pour dire que nous avons conservé à l'esprit tout
le long de la fabrication de ce budget l'importance d'aider nos entreprises,
nos petites et moyennes entreprises en particulier et de créer un climat
favorable à leur expansion.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Bertrand, avez-vous terminé? Vos
dix minutes ne sont pas terminées.
M. Parent (Bertrand): Juste une petite question. Peut-être
que le ministre pourra me donner ce chiffre. Les 102 000 000 $, exactement, qui
sont ajoutés représentent quel pourcentage d'augmentation?
C'est-à-dire qu'ils font passer la participation du PIB Québec de
1, 1 % à quoi exactement? C'est vrai que 1, 1 % était le chiffre
pour 1983 mais entre 1986-1987 et 1987-1988 l'augmention de 100 000 000 $,
recherche et développement, c'est une augmentation de combien? On n'a
pas ce chiffre ou du moins je ne l'ai pas.
M. Levesque: On ne l'a pas au moment où je vous parle mais
j'essaierai de l'avoir avant la fin de nos travaux pour vous le donner.
M. Parent (Bertrand): Je pense qu'il est important de ce
côté d'avoir l'augmentation...
M. Levesque: II faudrait d'abord avoir le PIB pour...
M. Parent (Bertrand): Pour avoir le PIB, c'est-à-dire le
pourcentage que nous avions investi...
M. Levesque: Pour avoir le pourcentage, il faut avoir ces deux
chiffres, il faut avoir le PIB et ensuite ce que nous consacrons...
M. Parent (Bertrand): 1986-1987 par rapport à
1987-1988.
M. Levesque: Oui, On va essayer de l'avoir pour le
député et pour la commission.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas d'intervention du
côté ministériel, alor3 M. le député de
Lévis. (12 h 15)
Le résultat des conventions comptables
M. Garon: J'aimerais demander ceci au ministre des Finances, qui
est un homme d'affaires, il est un garagiste, apparemment, qui fait fortune en
Gaspésie. À la page 5 du budget, s'il regarde la colonne
1985-1986 et les résultats préliminaires pour l'année
1986-1987, non pas ceux du discours sur le budqet du 1er mai 1986 mais les
résultats préliminaires, si on regarde deux chiffres, le
déficit de 1985-1986 est indiqué à 3 440 300 000 $ avec
des besoins financiers nets de 1 739 900 000 $ et les résultats
préliminaires pour l'année 1986-1987: déficit de 2 895 000
000 $ sur papier mais avec des besoins financiers nets plus grands que
lorsqu'il y avait un déficit beaucoup plus fort. Cela veut dire des
besoins financiers nets de 1 750 000 000 $. Cela veut dire que le ministre des
Finances emprunte plus lorsqu'il y a un déficit plus faible que
lorsqu'il avait un déficit plus grand.
Est-ce que le ministre des Finances ne peut pas avouer honnêtement
entre nous que c'est cela le résultat de ses conventions comptables, au
fond, de maquiller la comptabilité? Alors que le déficit du
Québec était à 3 440 000 000 $ en 1985-1986, les besoins
d'emprunt étaient seulement de 1 739 900 000 $. Lui qui dit qu'il a sur
papier réduit le déficit à 2 895 000 000 $, il a besoin
d'emprunter plus qu'avant, soit 1 750 000 000 $. N'est-ce pas là le
résultat des conventions comptables? Entre autres, le
ministre des Finances pourra-t-il admettre, seulement sur un point,
qu'en 1985-1986 an ne pouvait pas ajouter les profits d'Hydro-Québec
dans les revenus du gouvernement du Québec parce qu'il n'avait pas de
dividende payé alors qu'avec les conventions comptables
prétendument améliorées le gouvernement a pu rajouter dans
ses revenus 304 000 000 $ de profits d'Hydro-Québec alors qu'il n'y a
pas un cent de dividende versé par Hydro-Québec au gouvernement,
et réduire sur papier son déficit de 304 000 000 $? Il faudrait,
s'il avait été dans les mêmes conventions comptables qu'en
1985-1986, rajouter 304 000 000 $ à son déficit sans que rien ne
soit changé dans les résultats des opérations
financières mais uniquement parce que dans les conventions comptables il
peut maintenant ajouter à ses revenus les profits d'Hydro-Québec
même s'il n'y a pas un cent de dividende qui a été
versé.
Ce n'est que ce point, mais j'aimerais en même temps que le
ministre des Finances nous dise - c'est une question à deux volets -
comment 11 se fait que lorsque le déficit est plus faible il a besoin
d'emprunter davantage en 1986-1987 par rapport à 1985-1986. On dit que
le qouvernement est une "business", je me demande pourquoi quand c'est une
"business" on emprunte plus grand le déficit est plus faible. Il ne
s'agit pas de maquiller la réalité avec des conventions
comptables.
Mme Bleau: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: Tout à l'heure on m'a empêchée
dire que M. le député de Lévis faisait des procès
d'intention mais quand il parle de maquillage, c'est un peu dans le même
genre. Est-ce qu'on peut l'accepter d'un côté quand on le
défend de l'autre côté?
M. Garon: La différence, M. le Président, je vais
plaider dessus...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député.
M. Garon: Ce n'est pas une intention que je déclare, c'est
un fait. La différence, tantôt, vous faisiez un procès
d'intention et moi je dénonce un fait.
Une voix: Que faites-vous...
M. Garon: Ce que je dénonce c'est un fait.
Hydro-Québec, a 304 000 000 $ avec les conventions comptables de
1985-1986, même si elle avait 304 000 000 $ de profits on ne pouvait pas
rajouter cela aux revenus du gouvernement parce que les conventions comptables
faisaient qu'on pouvait seulement attribuer aux revenus les dividendes
payés par Hydro-Québec au gouvernement. Tandis qu'en 1986-1987,
avec les nouvelles conventions comptables, dans les mêmes conditions,
maintenant, le ministre des Finances peut rajouter 304 000 000 $ à ses
revenus alors qu'il n'y a pas eu un cent d'Hydro-Québec payé au
gouvernement.
Une voix: Quand on a étudié le...
Une voix: C'est de la tricherie.
M. Parent (Bertrand): M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, je pense que le
sujet est trop important pour qu'on fasse de la tiraillerie.
Le Président (M. Lemieux): Relativement à
l'intervention de Mme la députée de Groulx, tout ce que j'ai
à dire c'est que le député qui a la parole ne peut avoir
un langage blessant à l'endroit de qui que ce soit.
M. Garon: Ce n'est pas blessant.
Le Président (M. Lemieux): Maquiller, lorsqu'on regarde
les décisions qui ont été rendues: fausseté,
mentir... Tout ce que j'aurais à dire peut-être au
député de Lévis, c'est d'être prudent dans ses
propos. M. le député de Bertrand, eu égard au contexte
global, maquiller peut s'apparenter à fausseté ou cacher la
vérité ou mentir. Je ne voudrais pas qu'on en arrive là
entre parlementaires, peu importe le parti politique.
M. Garon: Quand on dit maquiller, vous savez ce que cela veut
dire...
Le Président (M. Lemieux): Dans quel sens pouvez-vous
préciser votre intention, M. le député?
M. Garon: Les gens qui se maquillent habituellement veulent se
montrer plus beaux qu'ils sont. Le but du maquillage c'est de faire en sorte
que les personnes qui se maquillent paraissent mieux qu'elles ne sont en
réalité. Quand j'emploie l'expression maquillage...
Le Président (M. Lemieux): Mais est-ce pour cacher des
députés?
M. Garon:... je l'emploie comme il faut pour dire que le ministre
des Finances emploie du maquillage de chiffres pour que le budget paraisse
mieux qu'il n'est. C'est
pour ça que j'ai dit que c'est un discours de poudrette. La
poudre a pour effet de faire paraître la peau plus belle qu'elle ne
l'est.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Lévis.
M. Garon: J'aurais pu employer le mot "farder".
Le Président (M. Lemieux): Soyez plus prudent de part et
d'autre dans les propos, de façon que les parlementaires ne puissent pas
se sentir blessés.
M. Garon: Pour régler le problème...
Le Président (M. Lemieux): Oui M. le député
de Lévis.
M. Garon:... peut-être que les députés
ministériels, au lieu de prendre des cours d'anglais, pourraient prendre
des cours de comptabilité. Cela serait plus utile à la
commission.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'Il vous plaît! Je pense que les formations politiques des
deux côtés prennent des cours d'anglais. Je pense qu'on n'a pas
à s'immiscer dans ce domaine. C'est hors contexte.
M. Garon: Je n'ai pas besoin de prendre de cours d'anglais.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît! M. te député de
Chauveau.
M. Garon: On a l'impression que les députés
ministériels ont une commande du ministre des Finances de tenir le temps
pendant qu'il peut préparer sa réponse.
Le Président (M. Lemieux): Non, je ne crois pas, vraiment
M. le député...
M. Levesque: Cela fait 31 ans que je suis ici, je n'ai jamais eu
besoin de cela, le député de Lévis le sait.
M. Garon: D'accprd.
M. Levesque: Ils ne tiennent pas le temps, ils font leur devoir.
Le député de Lévis fait probablement le sien.
M. Garon: C'était moins compliqué avant parce que
les conventions comptables ne maquillaient pas la réalité.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, le ministre des Finances répondra à votre
question.
M. Levesque: Quand vous serez prêt.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je dois dire que, en effet, les conventions
comptables ont été changées, et je ne l'ai pas
caché, je l'ai mentionné à plusieurs reprises. Si ces
conventions ont été changées, ce n'est pas un caprice de
celui qui vous parle. Ce n'est pas un caprice du ministère des Finances.
Pendant combien d'années le Vérificateur général
a-t-il dénoncé les pratiques comptables qui existaient
jusqu'à l'an dernier et qui, justement, maquillaient la véritable
situation financière du Québec? Quand vous alliez investir dans
l'amiante et que vous étiez en train de perdre votre chemise et la
chemise de tout le monde, est-ce que cela paraissait? Est-ce que cela
paraissait dans les écrits? Pas du tout. Parce que ces pertes
n'étaient pas comptabilisées avant que les subventions ne soient
payées en argent pour faire face à la situation. Vous faisiez des
pertes, elles n'étaient pas comptabilisées.
Une voix: Comptabilité de caisse...
M. Levesque: C'était une comptabilité de caisse, et
non pas une véritable comptabilité qui tient compte des pertes
réelles subies...
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): L'article, M. le
député de Lévis.
M. Levesque: On essaye encore de m'interrompre...
M. Garon: En vertu de l'article 35...
M. Levesque: Qui essaye d'interrompre qui en pleine phrase?
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement, M. le ministre des Finances, je dois écouter le
député de Lévis.
M. Garon: Est-ce que le ministre des Finances veut dire que quand
les contribuables prennent une comptabilité de caisse, au point de vue
de leur rapport d'impôt, ils donnent des faux chiffres au
ministère du Revenu?
M. Levesque: Je dis que lorsqu'un gouvernement - je ne parle pas
des individus - cache des situations comme celle qu'on a connue dans l'amiante,
comme celle qu'on a connue dans Quebecair... Cela ne se retrouvait pas dans le
portrait qu'on montrait à la population. Cela ne paraissait pas.
Aujourd'hui, s'il y a des gains, s'il y a des pertes, ils sont
consolidés dans le bilan.
C'est là que le Vérificateur général
insistait pour que ces choses apparaissent. Il a insisté, année
après année, pour que les comptes à payer soient inclus,
que les créances douteuses ou irrécupérables soient
inscrites et que les gains ou les pertes des sociétés
d'État soient consolidés dans l'état du déficit et
l'état des équilibres financiers. C'est cela qu'il a
demandé. C'est cela que nous avons fait. Vous dites: Oui, vous avez fait
cela, mais cela vous a avantagés. Je ne le nie pas. Cela aurait pu nous
désavantager aussi. Il y a des années où cela peut nous
désavantager; il y a des années où cela peut nous
avantager. C'est par rapport à quelque chose qui n'était pas
correct. La vérité peut avantager et la vérité peut
désavantager sur un déficit. Sûrement! Je ne nie pas cela.
Mais je dis cependant, que ce que nous avons fait est de nature à
indiquer... Par exemple, si on regarde le document dont vous parlez. Vous
parlez de 3 440 000 000 $ de déficit. C'est plus que ce que vous avez
montré. Vous ne montriez pas 3 440 000 000 $ en 1985-1986. Qu'est-ce que
vous montriez? Vous montriez 3 100 000 000 $ environ -quelque chose comme cela
3 045 000 000 $ à peu près, dans le temps.
Une voix: 3 045 000 000 $.
M. Levesque: 3 045 000 000 $? Votre portrait aurait dû
être 3 440 000 000 $. Maintenant, il l'est parce que cela a
été corrigé. C'est cela, la vérité. On la
voit là. On est passé d'un déficit de 3 440 000 000 $ en
vertu des mêmes conventions comptables en 1985-1986 à un
déficit de 2 895 000 000 $, c'est-à-dire 545 000 000 $ de moins
en 1986-1987, et on prévoit 2 400 000 000 $ en 1987-1988, encore 500 000
000 $ de moins, autrement dit plus de 1 000 000 000 $ de moins de
déficit en vertu des mêmes conventions comptables
recommandées par le Vérificateur général. Et vous
dites: Bien vous... Qu'est-ce que vous dites, au fond? Vous ne dites qu'une
chose.
M. Garon:... vous empruntez plus avec des déficits moins
grands.
M. Levesque: C'est cela. Alors...
M. Garon: Vous avez une drôle d'affaire.
M. Levesque:... comment se fait-il qu'on empruntait 1 700 000 000
$? On emprunte encore 1 700 000 000 $...
M. Garon: Vos débiteurs ne sont pas payés avec des
conventions comptables.
M. Levesque:... et là on va emprunter 1 400 000 000 $.
Prenez tout le portrait.
Allez à l'annexe B et vous verrez où on s'en va avec cela.
Vous verrez ce qui se passe. Besoins financiers nets, prenez année
après année. On part de 1982-1983, 2 236 000 000 $; 1983-1984, 2
251 000 000 $ - ce sont des emprunts nets - ensuite, on passe à
1984-1985, 2 013 000 000 $; 1985-1986, 1 700 000 000 $; 1986-1987, 1 700 000
000 $.
M. Garon:...
M. Levesque: Enfin! En 1987-1988, 1 450 000 000 $.
M. Garon: 1 750 000 000 $.
M. Levesque: 1 450 000 000 $, excusez-moi. En 1988-1989, 1 445
000 000 $; 1989-1990, 930 000 000 $? Regardez la courbe des...
M. Garon: Vous avez sauté 1986-1987.
M. Levesque: Je n'ai rien sauté. Si j'ai sauté
quelque chose, c'est involontairement. Je vais recommencer.
M. Garon: Envoyez donc.
M. Levesque: 1982-1983, 2 236 900 000, $; 1983-1984, 2 251 200
000 $; 1984-1985, 2 013 200 000 $; 1985-1986, 1 739 900 000 $; 1986-1987, 1 750
000 000 $; 1987-1988, 1 450 000 000 $; 1988-1989, 1 445 000 000 $; 1989-1990,
930 000 000 $. C'est cela, la courbe que l'on voit baisser, des besoins
financiers nets du gouvernement. C'est là où on se dirige.
Deuxièmement, je tiendrai à dire au député que,
malgré que cette courbe est en descendant comme on le voit, ce n'est pas
là essentiel. On aurait pu, par exemple, décider d'investir 1 000
000 000 $ dans une société d'État cette année.
 ce moment-là, nos besoins financiers auraient été
de 1 000 000 000 $ supérieurs. Cela ne veut pas dire qu'on perd de
l'argent parce qu'on investit 1 000 000 000 $. On ne l'aurait pas investi comme
vous dans l'amiante.
(12 h 30)
Supposons qu'on décide d'investir 1 000 000 000 $ de plus cette
année. Supposons qu'à Lévis il y ait un gros
développement et qu'on ait décidé d'investir 1 000 000 000
$ dans le comté du député de Lévis parce qu'il y
avait quelque chose de bien intéressant qui se faisait là. Nos
besoins financiers auraient sauté de 1 000 000 000 $, on aurait eu
besoin de 1 000 000 000 $ de plus, mais cela n'aurait rien changé au
déficit. C'est un placement. Si le placement est mauvais, ohl,
là, l'année
suivante ou les années suivantes, on va s'apercevoir qu'en
consolidant notre situation financière le déficit va augmenter
des pertes que nous aurons subies. C'est pour cela qu'il faut aller avec
beaucoup de prudence, aujourd'hui, par rapport à votre temps où
vous pouviez faire n'importe quoi et tant que vous n'aviez pas à payer,
cela ne paraissait pas. Mais là, cela paraît immédiatement
lorsqu'il y a des pertes ou lorsqu'il y a des gains. Si Hydro-Québec
fait des profits, cela va paraître; si Hydro-Québec faisait des
pertes, cela paraîtrait aussi. Si l'amiante fait des pertes, cela va
paraître; si l'amiante ne fait pas de perte, etc. Tout paraît
là-dedans.
Et je dis en terminant, M. le Président, en réponse au
député de Lévis: bien que nos besoins financiers s'en
aillent vers une diminution considérable - autrement dit, les emprunts
nécessaires - bien que cela s'en aille là, ce n'est pas un
critère de gestion comme telle uniquement parce que cela diminue. Je
pense qu'il faut regarder en même temps ce qui arrive du déficit
parce que, justement, c'est le déficit qui dit l'histoire. Les besoins
financiers nets peuvent augmenter à un moment donné parce que le
gouvernement décide d'investir dans une société
d'État pour telle ou telle fin, dans un contexte donné. Autrement
dit, si je veux investir 1 000 000 000 $ demain dans SOQUIP ou dans SOQUIA pour
une raison ou pour une autre, c'est clair que les besoins financiers vont
augmenter, mais cela ne veut pas dire que c'est une mauvaise gestion parce que
les besoins financiers augmentent.
Pour en revenir à la question du député de
Lévis, comment se fait-il que, lorsque votre déficit diminue, vos
besoins financiers restent stables cette année? Je lui ai dit: Parce que
nous avons remis en investissements ce que nous avons reçu. Lorsque noua
avons reçu 303 000 000 $ ou que nous recevons quelque 300 000 000 $
d'Hydro-Québec, nous les avons retournés en placement
immédiatement. C'est le jeu que le député de Lévis
ne comprend pas et c'est ce que reflète le bilan actuel: nous
réinvestissons en faisant la consolidation. C'est un peu comme s'ils
nous les payaient et nous les considérions comme un revenu et, en
même temps, nous nous retournions et nous le réinvestissons dans
une société d'État. Autrement dit, c'est simplement notre
participation dans la société d'Etat qui s'est
améliorée. Enfin!
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
excusez-moi mais nos travaux doivent se terminer à 12 h 30. Si vous
voulez dire un mot, M. le député de Lévis, vous devez
avoir le consentement et ce temps sera diminué sur le temps...
M. Garon: Juste un mot avant de partir.
M. Levesque: On a le temps, on a huit ou dix heures pour
parler.
M. Garon: Comme vous avez du temps entre les deux, avant qu'on
revienne cet après-midi, j'aimerais que le ministre des Finances puisse
produire les chiffres de 1986-1987, comme si...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je n'ai pas le consentement.
M. Garon:... comme si les conventions comptables... Cela va
prendre le consentement. J'en ai donné des consentements. Cela ne me
fait pas peur de marcher à l'heure!
Le Président (M. Lemieux): Mais je n'ai pas de
consentement!
M. Levesque: On va le laisser terminer sa phrase.
Le Président (M. Lemieux): Bon, alors, allez-y, M. le
député de Lévis, s'il vous plaît!
M. Garon: Si vous voulez marcher à l'heure, cela ne me
dérange pas, moi non plus.
M. Levesque: Je sais ce qu'il veut.
M. Garon: La seule chose que je veux demander au ministre des
Finances, c'est s'il pouvait nous donner les chiffres au point de vue du
déficit, si on avait suivi les mêmes conventions comptables en
1986-1987 qu'en 1985-1986, qu'est-ce que cela aurait donné comme
déficit? Ce n'est pas très long à faire.
M. Levesque: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
donner des chiffres ou des données basées sur des conventions
condamnées par le Vérificateur général.
M. Garon: Non, non, juste pour montrer comment cela change la
situation!
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! Nous
ajournons sine die, puisque je n'ai pas eu l'ordre de la Chambre, mais la
commission va effectivement siéqer cet après-midi, après
les travaux, lorsque la motion sera donnée en Chambre par le leader du
gouvernement.
Tout à l'heure, on m'a fait part d'une entente entre les deux
leaders disant que, si les travaux de la commission prennent du retard - au
moment de l'ouverture comme telle, ce temps devra être repris au cours de
la séance. Alors, c'est une entente entre les deux leaders.
C'est-à-dire qu'après que j'ai ajourné les dix minutes en
surplus, on devra reprendre ce temps. Il s'agit d'une entente
entre les leaders dont on m'a fait part ce matin. Ce matin, M. le
ministre des Finances, comme nous avons commencé à 10 h 12, donc
avec douze minutes de retard, on m'a fait part d'une entente entre les deux
leaders que j'ignorais, on m'a fait part de cela tout à l'heure, une
entente selon laquelle la commission rattraperait le retard dans ses travaux au
moment de l'ouverture comme telle, s'il y avait du retard. Comme on en a douze
minutes et qu'on a repris quatre minutes, il resterait huit minutes à
rattraper. Alors, on pourra les rattraper en fin de soirée, à 22
heures exactement.
M. Levesque: Non, mais à quelle heure commence-t-on?
M. Garon: Il serait peut-être préférable...
Si on pouvait commencer à 15 heures plutôt qu'à 15 h
30.
Le Président (M. Lemieux): Alors, cet après-midi?
Je vais essayer de demander à M. Gratton tout de suite...
M. Garon: Tout de suite après la période de
questions.
Le Président (M. Lemieux):... après la
période de questions de demander le consentement pour convoquer les
commissions de façon qu'on soit ici à 15 heures mais
habituellement, tant que le leader en Chambre n'a pas convoqué les
commissions, on ne peut pas commencer. Je vais lui demander de faire cela
immédiatement.
Alors en principe, après les travaux de la Chambre, on
siège ici.
M. Levesque: On va perdre moins de temps comme cela.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre.
C'est la raison pour laquelle je vais voir M. Gratton tout à l'heure.
Alors, nous suspendons les travaux et en principe on devrait reprendre à
15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 36)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Lemieux): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
afin de poursuivre le débat sur le discours sur le budget. Ce matin, la
parole était à M. le député de Lévis.
Je m'excuse, Mme la députée de Matane, la parole
était au député de Lévis ce matin, lorsque nous
avons ajourné en attendant un ordre de la Chambre.
M. le député de Lévis, la parole est à
vous.
M. Garon: M. le Président, ce matin, on posait une
question au ministre des Finances à laquelle il n'avait pas
répondu et c'était la question suivante. Il a fait un grand
détour. C'est une question très simple, à la page 5. Je ne
veux parler ni de l'avenir ni du passé, mais analyser uniquement deux
années, 1985-1986 et 1986-1987, et lui indiquer, comme je le lui
ai demandé ce matin: N'est-il pas vrai que, si les conventions
comptables avaient été les mêmes en 1986-1987 qu'en
1985-1986, son déficit budgétaire aurait été d'au
moins 304 000 000 $ plus élevé, parce qu'il n'aurait pas pu
compter dans ses revenus les profits d'Hydro-Québec de 304 000 000 $?
Ceux-ci n'ont pas été versés au gouvernement sous forme de
dividendes et, pour l'année antérieure, 1985-1986, on n'a pas pu
en tenir compte, mais il en a tenu compte en 1986-1987, pour des raisons de
conventions comptables. Son déficit se serait, seulement pour ces faits,
au moins accru à 3 200 000 000 $, parce qu'il n'aurait pas pu compter
les 304 000 000 $ d'Hydro-Québec dans ses revenus, seulement à
des fins de conventions comptables.
Le Président (M. Lemieux): Vous faites
référence, M. le député de Lévis, à
la page 5 du discours?
M. Garon: À la page 5, le tableau. Le Président
(M. Lemieux): Merci.
M. Garon: La page 5 du discours sur le budget pour l'année
1987-1988.
M. Levesque: J'ai répondu, M. le Président,
à cette question. J'ai dit que je ne ferais pas de commentaires à
ce sujet. Ce serait commencer à monter des choses hypothétiques
basées sur des conventions comptables qui ont été
condamnées par le Vérificateur général. Je
demanderai cependant au député de Lévis de se rendre
compte, s'il voulait tenir ce langage, qu'il faudrait qu'il parte, non pas du
chiffre qui était d'environ 3 000 000 000 $ selon les anciennes
conventions comptables, mais qu'il faudrait qu'il voie que ce chiffre n'est
plus de 3 000 000 000 $, mais de 3 440 000 000 $. Il faudrait revenir en
arrière, je ne sais jusqu'à quand, et utiliser les mêmes
conventions comptables qu'aujourd'hui pour arriver à faire des
comparaisons - ce que je trouve absolument inutile dans les circonstances. Si
quelqu'un veut...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaîtl Oui, M. le député de
Lévis.
M. Levesque: Si quelqu'un veut faire
l'exercice...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque:... je n'ai pas d'objection. La seule chose que je
dis, c'est qu'il faudrait faire l'exercice au complet et tenir compte du fait
qu'on ne compare pas le déficit de cette année, de l'année
qui se termine ou de l'année qui vient, sans tenir compte des
conventions comptables où on fait la même comparaison. Autrement
dit...
M. Garon: M. le Président, par respect pour le ministre
des Finances qui a la parole, voulez-vous demander au député de
Sainte-Anne d'arrêter de "mémèrer".
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît, à la demande du député
de Lévis! S'il vous plaît! M. le ministre des Finances, vous avez
la parole.
Mme Hovington: Est-ce que je peux demander comment on
écrit "mémèrer" pour les fins de l'enregistrement?
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Matane, il y a des qens qui s'occupent de ces choses à la transcription
des débats. M. le ministre des Finances, vous pouvez continuer, s'il
vous plaît!
Une voix:... de la discrimination.
Le Président (M. Lemieux): Un peu de discipline, s'il vous
plaît!, M, le ministre des Finances, vous avez la parole.
M. Levesque: Ce que je disais au député de
Lévis, c'est que, s'il veut... J'ai fait la conciliation avec les
nouvelles conventions comptables et on s'aperçoit qu'avec les nouvelles
conventions comptables, ce n'est pas un déficit de 3 000 000 000 $
qu'aurait été celui de la dernière année où
l'ancien gouvernement a été présent pendant au moins huit
ou neuf mois, ce serait 3 440 000 000 $. Alors, c'est pour cela que, lorsqu'on
fait des comparaisons, il faut tout traduire dans une convention comptable ou
dans une autre. Je ne suis pas intéressé à faire cela dans
une convention comptable qui est condamnée par le Vérificateur
général. Je le fais dans une convention comptable qui est
reconnue par le Vérificateur général et reconnue par
l'Ordre des comptables agréés et celle des actuaires. Alors, je
crois que c'est suffisant, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais demander au ministre
des Finances s'il est d'accord avec le fait qu'on peut difficilement poser des
questions au Vérificateur général. Il n'est pas souvent
autorisé à venir devant cette commission parlementaire. Cela fait
un an et demi que nous faisons partie de cette commission parlementaire du
budget et de l'administration. On a entendu beaucoup de voeux pieux quant au
fait que le Vérificateur général pourrait venir devant la
commission, mais, à part votre intervention en Chambre qui avait l'air
de venir d'un principe général d'acceptation, il n'est rien
arrivé concrètement. On s'aperçoit que la vertu est dans
les principes et que le vice est dans l'application. Il faudrait, à ce
moment, prévoir à quel moment le Vérificateur
général pourrait être interrogé par les membres de
la commission du budget et de l'administration. Le ministre des Finances s'y
réfère régulièrement, mais j'aimerais mieux poser
ces questions au Vérificateur général plutôt qu'au
ministre des Finances. Le Vérificateur général devrait
être assez grand et capable de répondre lui-même, en son
nom, d'autant plus qu'il n'est pas le serviteur du ministère des
Finances, ou du ministre des Finances, mais qu'il est le serviteur de
l'Assemblée nationale. Est-ce que vous avez une réponse à
donner, M. le Président?
Le Président (M, Lemieux): J'aimerais vous donner une
réponse non pas en parlant de vice ou de vertu, mais en parlant des
travaux parlementaires. Ceci devait se faire en vertu d'une entente entre les
deux leaders, et l'entente entre les deux leaders n'a pas encore eu lieu. Que
je sache, il n'y a pas eu d'entente formelle à cet effet. En ce qui me
concerne, comme président de la commission, tout comme, si je me
souviens bien, le leader du parti ministériel, nous sommes prêts
à entendre le Vérificateur général et je ne crois
pas que la commission ou le parti ministériel se soit soustrait à
cette obligation. Nous attendons que les leaders puissent déterminer,
dans le cadre des travaux parlementaires, la date qui conviendra le mieux
à cette commission. Vous n'êtes pas sans savoir, M. le
député de Lévis, que notre commission a eu quand
même de nombreux mandats à la fois réglementaires et
parlementaires, y compris de vérifier quels étaient, dans le
cadre d'un mandat d'initiative, le rôle et les orientations de la
Commission des valeurs mobilières. Que je sache, nous n'avons pas perdu
de temps. Personnellement, j'attends que les leaders concrétisent cela
dans une entente et à l'intérieur du calendrier parlementaire
afin que nous puissions entendre le Vérificateur général.
Je croîs que M. le ministre des Finances n'a rien à voir avec tout
cela, à savoir si, oui ou non, on aura à entendre le
vérificateur. Cela dépend des
leaders, tout simplement. Je crois que le ministre des Finances n'est
surtout pas à blâmer pour une chose comme cela. Comme
président de la commission, j'attends l'ordre des leaders.
M. Garon: M. le Président, je peux vous dire qu'on sait
bien que cela sera difficile au cours de la session du mois de juin, mais je
suis prêt personnellement à garder tout le mois d'août
disponible, toutes les journées du mois d'août disponibles,
incluant, si vous le voulez, les vendredis et les lundis, et même les
samedis et dimanches, pour que nous puissions entendre le Vérificateur
général à cette commission. J'en dirai un mot au leader de
l'Opposition pour qu'au cours de tout le mois d'août nous soyons
disponibles...
Le Président (M. Lemieux): Alors... M. Garon:...
pour faciliter votre... Une voix: Pas de dimanche pour moi.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Écoutez, je prends
bonne note de vos commentaires, mais j'aimerais revenir. Vous connaissez tout
aussi bien que moi l'article 211 du règlement qui parle de la
règle de la pertinence, même si elle est extrêmement large
dans le cadre d'un débat sur le discours sur le budget. Mais il s'agit
tout simplement, pour employer une expression que vous connaissez bien d'un
ancien premier ministre, d'une question de plomberie. Effectivement, le
président de cette commission prendra ses responsabilités et il
regardera s'il n'y aurait pas lieu d'entendre le Vérificateur
général le plus rapidement possible.
Maintenant, nous devons passer au débat qui fait l'objet du
présent mandat, soit le discours sur le budget. J'aimerais vous
entendre, M. le député de Lévis, puisque vous avez
demandé la parole.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais vous dire aussi
qu'en plus de n'avoir pu entendre le Vérificateur général,
nous n'avons pas pu entendre le ministre des Finances concernant la
synthèse des opérations financières au 31 décembre
1986, contrairement à notre règlement qui dit que nous aurions
dû faire une session pour entendre le ministre des Finances. Je pense
qu'à ce moment-là nous n'avons pas respecté le
règlement. Encore là, je puis vous dire que nous souhaiterions,
à ce point de vue, que le règlement soit véritablement
appliqué et de ne pas attendre. Les députés ne sont pas
supposés travailler seulement durant la session. On considère
aujourd'hui qu'ils sont engagés douze mois pas année.
Normalement, le parti ministériel devrait être capable de fournir
un quorum à la commission du budget et de l'administration pour qu'elle
puisse siéger. S'il n'y a pas de temps au moment où siège
l'Assemblée nationale, durant les périodes où
l'Assemblée nationale ne siégera pas, je puis vous dire que je
serai personnellement disponible, au cours des mois d'août et septembre,
et en tout temps. Je pense que ce serait préférable afin qu'il
n'y ait pas de prétexte au moment où l'Assemblée nationale
siège, pour tenir ces réunions qui devraient être
tenues.
Le Président (M. Lemieux): Je prends bonne note de vos
commentaires, M. le député de Lévis, en ce qui me
concerne. Je crois que le tout inclut les députés
ministériels et qu'il n'y a pas de jour de congé ni de jour
férié, et nous sommes tout aussi disponibles que vous à
siéger, s'il le faut, au mois d'août. Sur ce, maintenant,
j'aimerais qu'on puisse reprendre le débat sur le discours sur le
budget. M. le député de Lévis, vous avez la parole.
M. Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Sur le même sujet, il serait peut-être
bon de se rappeler, car on pourrait peut-être, à la lecture du
Journal des débats, en venir à la conclusion que la
commission a manqué à une règle qui avait
été observée de façon scrupuleuse dans le
passé. Or, M. le Président, dois-je rappeler que c'est
exceptionnellement que cette commission a étudié la
synthèse des opérations budgétaires depuis quelques
années? Je ne sais pas si c'est une fois ou deux.
Je n'ai pas d'objection cependant à ce qu'à l'avenir on le
fasse d'une façon plus régulière. Je ne demande pas mieux,
car je suis très heureux de venir rencontrer mes collègues en
commission, à condition, évidemment, qu'on n'abuse pas de la
parlote pour le plaisir de la parlote. Mais, si c'est pour donner des
renseignements, je serai très heureux de revenir.
On a parlé du Vérificateur général.
Là, également, cela a été assez irrégulier,
pour dire le moins, qu'on ait pu interroger le Vérificateur
général. Peut-être avez-vous des statistiques, M. le
Président, à ce sujet, et il serait bon, pour rafraîchir la
mémoire de la commission, peut-être pas immédiatement, mais
à un moment donné, que vous fassiez part à la commission
de cette expérience que nous avons eue, d'une part, avec les travaux de
la commission relatifs à la synthèse des opérations
budgétaires trimestrielles, et, deuxièmement, avec des auditions
du Vérificateur général. Là, nous pourrons
peut-être nuancer le jugement que l'on peut porter sur les
événements des
derniers mois. On pourrait également faire les mêmes
statistiques sur les engagements financiers, sur tout ce qui intéresse
la commission. Quant à moi, je puis assurer le député de
Lévis de ma disponibilité, si je le sais suffisamment à
l'avance; je pense qu'on comprendra cela, il faudrait au moins que je le sache
un peu d'avance. Pour d'autres membres de la commission, j'imagine qu'il serait
bon également qu'ils le sachent d'avance. On prend certains engagements
sans penser que cette semaine-là cela va être consacrée
à telle fin. Jusqu'à maintenant, je n'ai pas à m'en
plaindre parce que le secrétaire de la commission m'a ordinairement
consulté, si je ne m'abuse, sur ma disponibilité. Soyez
assuré de ma plus entière collaboration.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais ajouter, M. le
ministre des Finances, pour le bénéfice du député
de Lévis, que j'ai moi-même écrit au leader du gouvernement
afin qu'évidemment il puisse rencontrer le leader de l'Opposition, pour
que les discussions puissent avoir lieu afin d'entendre le Vérificateur
général.
Je crois que les membres de cette commission, dans l'ensemble, ont
très bien effectué leur travail et qu'il est temps de revenir
à nos travaux pour le présent mandat, soit, M. le
député de Lévis, le discours sur le budget, tout conscient
que depuis mars 1984 il y a eu un changement quant aux commissions
parlementaires et qu'avant cette date il n'était pas question de la
synthèse, mais, depuis mars 1984, nous devons regarder cette
synthèse. Je prends bonne note de vos commentaires et je serai
très rigoureux à l'avenir en ce qui regarde les mandats de cette
commission. J'accepterai très peu d'arguments - et je vous le dis tout
de suite, M. le député de Lévis - faisant en sorte que les
travaux de cette commission pourraient être retardés. M. le
ministre des Finances.
M. Levesque: J'aurais une question à poser pendant qu'on
est sur le sujet. Peut-être que la présidence ou le
secrétariat pourra penser... Si je ne m'abuse, la présence du
Vérificateur général devant une telle commission
n'implique pas la présence du ministre des Finances, si je comprends
bien, n'est-ce pas?
Le Président (M. Lemieux): Elle n'implique pas la
présence du ministre des Finances, en effet.
M. Levesque: Ce n'est pas de mes affaires.
M. Garon: J'avais la même perspective, M. le
Président. Le ministre des Finances demandait qu'on l'avertisse
d'avance. Étant donné que beaucoup de choses ne fonctionnent pas
au gouvernement, au mois de juillet, à cause des vacances, qu'au mois de
juin c'est la période intensive, je lui donne un avis, quasiment trois
mois à l'avance, pour lui dire qu'à partir du mois d'août,
n'importe quand, on est disponible pour les rencontres...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez mentionné les
mois d'août ou septembre, M. le député de Lévis.
M. Garon: À partir du mois d'août, on devrait
être capable de se rencontrer pour faire ces différentes
opérations. Deuxièmement, te règlement a été
modifié en mars 1984, parce que, à ce moment-là, les
députés souhaitaient un rôle plus grand. Au point du vue du
travail des députés en cette Chambre ou dans les commissions
parlementaires, peut-être l'endroit le plus important où les
députés peuvent jouer un rôle, c'est justement dans le
contrôle des crédits. C'est ce qui est le plus important, les
crédits. Les plus grands pouvoirs du gouvernement sont au niveau des
crédits qui lui sont affectés. C'est pourquoi le rôle de la
commission du budget et de l'administration est plus grand. Je suis convaincu
que les députés ministériels sont intéressés
à faire en sorte que ces réunions aient lieu pour qu'ils puissent
jouer leur rôle et qu'ils appuient le président de la commission
auprès de leur leader pour qu'il fasse des ententes pour convoquer le
Vérificateur général, puisqu'à d'autres fins Il
semble capable de faire des convocations, même d'autorité, sans
nous consulter. Je pense que pour le Vérificateur général,
alors que nous sommes disponibles, le leader du gouvernement devrait avoir
cette préoccupation, surtout s'il est appuyé par le caucus des
députés de son parti, puisque cette réglementation a
été changée en mars 1984 justement pour donner plus de
pouvoir aux députés en ce qui touche le contrôle du
gouvernement et qu'avant d'être dans un parti, avant d'être quoi
que ce soit, un député est d'abord député. La base
de notre parlementarisme, c'est le député, mais à
condition que les députés se tiennent debout, (15 h 30)
Synthèse des opérations
financières du 31 décembre 1986
M. le Président, je vais continuer en interrogeant le ministre
des Finances sur la synthèse des opérations financières du
31 décembre 1986. Celle-ci indique également qu'en plus de
s'être avantagé par les conventions comptables de 304 000 000 $
dans les revenus d'Hydro-Québec, le ministre des Finances a
été avantagé de 275 000 000 $ par le fait qu'il a
perçu ou qu'il a déduit, ou qu'ont été
déduits à la
source des montants plus grands que ceux auxquels aurait dû avoir
droit, notamment, le ministre du Revenu dans les déductions à la
source de la part des contribuables. Quand le ministre du Revenu nous dit qu'il
ne fait pas trop de publicité ou qu'il ne... La publicité peut
s'entendre aussi dans le sens d'information de la part du gouvernement aux
contribuables. Celle-ci l'avantage considérablement puisque cela lui a
permis de se financer gratuitement avec des sommes qui ont été
déduites des revenus des contribuables et ceci, pour une somme de 275
000 000 $, en plus, au 31 décembre 1986, de ce qu'il aurait dû
percevoir normalement. Est-ce que le ministre des Finances peut nous dire, au
31 mars 1987, quelle a été la somme qui a été
perçue en trop, comme déductions à la source de la part
des contribuables par rapport à celle qu'il aurait dû percevoir
pour cette année financière couvrant la période du 1er
avril 1986 au 31 mars 1987?
M. Levesque: Or, les chiffres que...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque:... j'ai ici, M. le. Président, sont les
suivants: 259 400 000 $ au 31 mars 1987. Maintenant...
M. Garon: Qui avaient été perçus de plus que
la normale comme déductions à la source?
M. Levesque: C'est cela. Les gens n'ont pas rempli leur
formulaire. Ce n'est pas parce que tout le monde ne le savait pas. C'est qu'il
y en a qui préfèrent attendre pour avoir un remboursement. C'est
du moins ce qu'on me dit. Je ne suis pas un expert dans la perception des fonds
au ministère du Revenu. Mais on nous dit qu'il y en a qui le savent,
mais qui ne le changent pas. Ils attendent d'avoir leur remise, leur droit au
remboursement.
Deuxièmement...
M. Garon: Quels intérêts...
M. Levesque:... c'est tellement le cas qu'on me dit que, pour
l'an prochain, c'est-à-dire pour l'année suivante, ce ne sera pas
100 % de ce montant qui va être déduit à la source. II y en
a qui vont encore laisser les choses se passer pour avoir droit à leur
remboursement. Que voulez-vous? C'est une situation qu'on m'indique comme
étant fondée.
M. Garon: II pourrait y avoir un intérêt si le
gouvernement payait des intérêts sur ces montants déduits
en trop. Mais comme il n'y a aucun intérêt payé par le
gouverne- ment sur les déductions a la source qui sont trop
élevées et que cela reste dans les poches du gouvernement pendant
plus d'un an...
M. Levesque: Ce n'est pas nouveau. Cela se faisait.
M. Garon: Non, je sais que cela n'est pas nouveau, mais les
sommes sont plus grandes qu'auparavant. Est-ce que les gens sont vraiment aussi
bien informés de leurs droits? Est-ce que cette information...
M. Levesque: Les employeurs envoient des formules à tout
le monde, à leurs employés.
M. Garon: Je comprends. Les gens peuvent ne pas être au
courant tandis qu'il serait si simple de leur indiquer, lorsqu'on envoie les
formulaires d'impôt ou encore dans les petits feuillets attachés
aux chèques d'allocation familiale que, s'ils remplissaient des
formulaires en tenant compte de leur situation actuelle, leurs
déductions à la source pourraient être moins
considérables. Le gouvernement ne fait aucune information dans ce
sens.
M. Levesque: On me dit que, d'après l'expérience du
moins du ministère du Revenu, qu'ils ne s'attendent pas qu'il y ait 100
% de ces gens qui le fassent l'an prochain, mais 70 %. Il y a encore 30 % qui
ne le feront pas malgré tous les avis. Maintenant, je ne fais que vous
dire ce qu'on me...
M. Garon: Vous voulez dire par générosité
envers le gouvernement?
M. Levesque: Je ne sais pas pourquoi. Si je le savais... Il y en
a qui aiment mieux avoir un chèque...
M. Garon: Est-ce que c'est un peu dans la...
M. Levesque:... plus substantiel.
M. Garon: Est-ce que c'est un peu dans la même perspective
que le gouvernement a retardé la signature des conventions collectives
où il s'est avantagé, encore là, selon la Synthèse
des opérations financières du 31 décembre 1986, de 385 000
000 $ qu'il n'a pas eu à payer avant le 31 mars 1987? Le montant dont il
s'est avantagé, les conventions collectives n'ayant pas
été signées à temps et que le ministre des Finances
avait un fort intérêt dans ce sens... Il s'avantageait, selon la
Synthèse des opérations financières du 31 décembre
1986, de 385 000 000 $. J'aimerais savoir quel a été l'avantage
réel, en date du 31 mars
1987, pour l'exercice financier 1986-1987 qui s'étend du 1er
avril 1986 au 31 mars 1987? Est-ce qu'il s'agit toujours de 385 000 000 $ tel
qu'indiqué dans la Synthèse des opérations
financières du 31 décembre 1986, la rétroactivité
des conventions collectives qu'on indiquait qui ne serait sans doute pas
payée avant le 31 mars 1986? On anticipait, dans la Synthèse des
opérations financières du 31 mars 1986, qui nous parvient
seulement plusieurs semaines plus tard, seulement au mois de février,
à la mi-février ou à la fin de février, cette
Synthèse des opérations financières au 31 décembre
1986... Est-ce que les chiffres ont changé ou si, encore là, il
s'est agi de montants à payer et non payés au 31 mars 1987?
M. Levesque: Alors, M. le Président, le chiffre de 385 000
000 $ apparaissait dans la Synthèse des opérations
financières au 31 décembre, je crois, 1986.
M. Garon: C'est cela.
M. Levesque: Le montant qui réellement a été
considéré comme comptes à payer à la fin de
l'année financière à ce chapitre était de 594 000
000 $...
M. Garon: Quand?
M. Levesque:... qui sont considérés comme comptes
à payer au 31 mars 1987.
M. Garon: 594 000 000 $, rétroactifs?
M. Levesque: Qui doivent être payés à ce
chapitre. Maintenant, je l'ai déjà dit et je le
répète, je ne suis jamais intervenu pour retarder le paiement de
ces sommes. Le député de Lévis a mentionné que, si
nous avions, autrement dit, payé avant, cela aurait été
une tout autre histoire avant le 31 mars. Cela n'aurait rien changé,
comprenons-nous bien, au montant du déficit parce que toutes ces sommes
étaient comptabilisées, sauf qu'au lieu d'être
payées pour une somme de 594 000 000 $, cela a été mis aux
comptes à payer. C'est vrai que les besoins financiers nets auraient
été plus élevés d'autant si on les avait
payés avant le 31 mars. Par contre, les besoins financiers nets auraient
été d'environ 600 000 000 $ de moins pour l'année suivante
s'ils avaient été payés dans l'année
précédente. Autrement dit, les sommes à emprunter, c'est
soit avant ou après le 31 mars, selon le moment où elles sont
payées. Cela ne change absolument rien au déficit, parce qu'au
lieu d'être payé cela passe dans les comptes à payer. Cela
paraît dans les livres de la même façon et le déficit
n'est pas du tout changé par le fait de payer le 31 mars ou le 2
avril.
M. Garon: Est-ce que le ministre des Finances pourrait nous
confirmer qu'à l'annexe B, à la page 9, pour l'année
1986-1987, les besoins financiers nets auraient été de 2 350 000
000 $?
M. Levesque: Où trouvez-vous cela?
M, Garon: Annexe B, page 9. Les besoins financiers nets pour
l'année 1986-1987 se seraient élevés - étant
donné la rétroactivité de 594 000 000 $ - à 2 344
000 000 $ au lieu de 1 750 000 000 $, si la rétroactivité des
employés avait été payée dans l'année
financière 1986-1987 si les conventions collectives avaient
été signées à temps.
M. Levesque: Oui, et l'année suivante au lieu d'être
1 450 000 000 $, cela aurait été à peu près 850 000
000 $ de besoins financiers.
M. Garon: Oui, mais là il faut faire attention...
M. Levesque: Je ne fais pas attention, je vous donne la
réponse qui est claire, à mon sens, comme de l'eau de roche. Si
on emprunte 600 000 000 $ de plus le 30 mars, évidemment, on va avoir
600 000 000 $ de moins à emprunter le 2 avril, si c'est pour les
mêmes fins.
M. Garon: Oui. Il faut dire que... M. Levesque: Bien voyonsl
M. Garon: À chaque année suffit sa peine. Vous
savez que, parfois, les ministres...
M. Levesque: Je comprends, mais c'est clair.
M. Garon: Les avantages sont dans la prévision, les
désavantages dans l'année qu'on vit. Alors, je me suis
habitué à ce discours du ministre de l'Industrie et du Commerce,
qui était à ce moment-là critique en matière de
finances. Il disait toujours que les avantages étaient dans l'avenir et
les désavantages dans le présent. Alors, l'ayant
écouté pendant des années tenir ce propos, il m'en a
convaincu. Il fallait regarder davantage les chiffres du présent et voir
les chiffres de l'avenir un peu comme des mirages. Ou que les ministres des
Finances...
M. Levesque: C'est un peu ce qui est arrivé. Je comprends
le député de Lévis, c'est un peu ce qui est arrivé
pendant son gouvernement. Il n'était pas ministre des Finances, mais
c'est cela qu'il a réalisé. Tandis que ce que nous voyons pour
l'avenir, c'est que, l'an dernier, nous avons projeté un
déficit de 2 705 000 000 $ pour 1987-1988 et, lorsque nous sommes
arrivés dans la réalité, nous avons pu le baisser à
2 400 000 000 $. Comme résultat, c'est le contraire exactement de
l'auteur qui vient d'être cité.
M. Garon: Ce que je veux dire essentiellement, M. le
Président, c'est que, de toutes les années, même en
incluant la crise économique du début des années 1980,
normalement, si le ministre des Finances, qui vient de l'admettre
lui-même, je lui en sais gré, avait payé ses conventions
collectives en temps utile, si la signature des conventions collectives n'avait
pas été retardée, avec 2 344 000 000 $ en besoins
financiers nets, cela aurait été la plus grosse année.
J'ai pris la peine cette année de bien écouter, je
t'écoutais lire les chiffres, les besoins en 1982-1983, 1983-1984,
1984-1985, 1985-1986 et 1986-1987, sauf qu'il nous dit bien aujourd'hui que, si
la rétroactivité des conventions collectives avait
été payée à temps, les besoins financiers nets
auraient été de 2 344 000 000 $ pour l'année 1986-1987
sans comptabiliser dans le déficit qu'il a eu un avantage de 304 000 000
$ pour des profits d'Hydro-Québec, qu'il n'a jamais reçus, et
qu'il a eu un avantage de 275 000 000 $ pour des déductions à la
source des contribuables plus fortes que celles qu'il aurait dû
percevoir, si les contribuables avaient bien rempli les formules de
déductions à la source. Ce n'est pas un mince avantage. Cela veut
dire que, même en s'avantageant, M. le Président, de 579 000 000 $
au titre des profits d'Hydro-Québec et des déductions à la
source, sans tenir compte de l'avantage que le ministre s'est donné au
point de vue de la loi 130 de 153 000 000 $, malgré tout cela, s'il
avait payé ses conventions collectives à temps, il aurait
dû emprunter 2 344 000 000 $. C'est d'une comptabilité
extraordinaire dont nous parle le ministre et j'ai hâte que le
Vérificateur général puisse venir rencontrer la commission
et qu'on lui pose deux ou trois questions sur la transparence des états
financiers. Je comprends qu'autrefois on disait qu'il y avait des "footnotes"
ou des notes en bas de pages ou en bas de tableaux, mais, aujourd'hui, on se
retrouve avec des conventions comptables qui ne donnent pas le véritable
portrait du Québec. (15 h 45)
Je vais demander au ministre des Finances, comme la loi 129 a
été adaptée avant le 31 mars, tel qu'il te souhaitait, si
la loi 129 sur l'administration financière s'appliquera à partir
du 1er avril 1987 et si les montants qui seront payés à la suite
de cette convention comptable apparaîtront dans les états
financiers de 1986-1987 ou s'ils n'apparaîtront que dans les états
financiers de 1987-1988. Où se retrouveront ces paie- ments de
rétroactivité aux fonctionnaires?
Deuxièmement, le ministre des Finances peut-il nous dire si les
crédits seront suffisants à chacun des proqrammes
présentés par le gouvernement pour l'année 1986-1987, pour
payer la rétroactivité dans le cadre des programmes votés
pour l'année 1986-1987 aux fins de la rétroactivité des
conventions collectives?
M. Levesque: Premièrement, cela va prendre effet le 1er
avril 1987.
M. Garon: Pour l'année financière? M. Levesque:
1986-1987. C'est cela. Une voix: C'est le 1er avril 1986.
M. Levesque: Oui, du 1er avril 1986 au 31 mars 1987. C'est cela.
Quelle autre chose?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Les crédits seront-ils suffisants, durant
l'année 1986-1987, pour payer la rétroactivité des
conventions collectives pour 1986-1987 en appliquant la loi 129 dans les
comptes à payer qui vont suivre le 1er avril 1987, c'est-à-dire
jusqu'au 31 juillet 1987?
M. Levesque: Oui. La réponse est oui.
M. Garon: Pour chacun des programmes?
M. Levesque: Oui.
M. Garon: Sans crédits additionnels. M. Levesque: Sans
crédits additionnels. M. Garon: Ou simplement en utilisant...
M. Levesque: En utilisant le fonds de suppléance qui
était déjà prévu à cette fin. Dans le fonds
de suppléance, il y avait un montant pour les conventions collectives.
Je viens justement, il n'y a pas tellement longtemps, de donner suite à
cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine. Avez-vous terminé, M. le ministre des Finances?
M. Levesque: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, votre temps de parole est terminé. M. le
député de Lafontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Tout d'abord,
étant donné que c'est peut-être la
première fois depuis l'énoncé du budget que je
prends la parole sur ce sujet - j'étais malheureusement retenu à
Montréal, n'ayant pas été averti suffisamment à
l'avance -j'aimerais faire savoir que le budget que j'ai vu ce soir-là
à la télévision est certainement, parmi les budgets des
dix dernières années, le meilleur et le plus responsable dans
plusieurs domaines.
M. le député de Lévis rigole parce qu'il
pense...
M. Garon:... n'avez pas été averti à
l'avance. Ha! Ha!
M. Gobé:... qu'il est peut-être le seul à
avoir la vérité en certains domaines, mais j'ai l'impression
cette fois-ci que le ministre des Finances a démontré toute sa
sensibilité et tout l'intérêt qu'il avait dans les affaires
de l'État en ce qui concerne son budget, car, comme le
député de Lévis le dit souvent, et il le sait très
bien: C'est dans le budget qu'on voit les politiques du gouvernement.
Qn l'a vu dans ce budget ce soir-là, même si quelques
collègues du député de Lévis ont eu un comportement
un peu regrettable. Vous savez, en voyant devant son téléviseur
une situation somme toute assez difficile et un peu tendue, on sent les gens un
peu inquiets parce qu'un budget, comme vous le dites souvent, M. le
député, c'est important, c'est la base de l'administration d'un
gouvernement. Et, on voit les députés de l'Opposition qui font
des crises, qui demandent des promesses au ministre, qui se comportent comme de
vulgaires marchands du temple, prêts à marchander des minutes de
temps d'antenne à condition qu'on s'engage à dévoiler des
noms. J'ai trouvé ce spectacle déplorable et vous qui y tenez
beaucoup, M. le député de Lévis, qui dites que le pouvoir
et le rôle des députés...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, c'est sur le temps de parole du député de
Lafontaine.
M, Gobé: Excusez-moi, M. le député de
Lévis!
M. Garon: Non, mais sur une question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Sur une question de
règlement?
M. Garon: Pouvez-vous rappeler le député à
l'ordre? M. le député de Lafontaine.
Le Président (M. Lemieux): En vertu de l'article 30, on ne
s'adresse pas directement à un député, M. le
député de Lévis. Effectivement, voulez-vous vous adresser,
M. le député de Lafontaine, au président?
M. Gobé: Excusez-moi, M. le Président, mais je suis
tellement habitué à voir le député de Lévis
mener le bal que je pensais qu'il était président.
Excusez-moi.
Le Président (M. Lemieux): La prochaine fois, je ferai la
même remarque au député de Lévis. M. le
député de Lafontaine.
M. Gobé: Alors, je trouvais cela vraiment
déplorable et lorsque je vois, M. le Président, mon
collègue de Lévis qui nous rappelle constamment le rôle des
parlementaires et toute l'influence et l'importance que nous devons avoir dans
les commissions et à l'Assemblée nationale, j'ai l'impression que
le spectacle qui a été donné par sa formation, ce
soir-là, allait plutôt à l'encontre de cela et
démontrait à la population qu'il n'y avait là pas
grand-chose de sérieux.
Alors, ceci dit, M. le Président, j'ai regardé, moi aussi,
ce budget et j'ai été vraiment très impressionné.
J'ai vu que nous touchions à toutes les choses qui, vraiment,
intéressent ta population, les choses qui font que les gens
étaient en attente de ce budget. Pour eux, c'était
sérieux, c'était important. Alors, on a vu le déficit du
Québec. On sait que depuis une dizaine d'années le déficit
du Québec, c'est un déficit galopant. Au fur et à mesure
des budgets, on a assisté à une escalade continuelle des
dépenses. On a fait avec l'argent de l'État toutes sortes de
choses. On a fait des sous-sols d'églises, on a subventionné des
clubs à Mont-Laurier - je ne sais où - des clubs de danse. Disons
que l'argent de l'État servait à faire des campagnes de
publicité à Sept-îles; je m'excuse, M. le
député. On a fait des campagnes de publicité, des
centaines de millions par année ont été
dépensés. On a assisté à une véritable
gabegie des ressources de l'État et de l'argent. N'oubliez pas que cet
argent est quand même le fruit du labeur des travailleuses et des
travailleurs québécois. On a assisté à des
débordements dans les programmes sociaux, on avait l'impression qu'il
n'y avait plus de limite, qu'il n'y avait plus rien là qui correspondait
à une saine gestion et à un gouvernement qui prenait ses
responsabilités. Et j'ai pu voir ce soir-là notre ministre des
Finances, un homme conscient de ses responsabilités, quelqu'un qui avait
à prendre des décisions qui, ma foi, auraient pu être plus
faciles. II aurait pu dire: Écoutez, nous avons des revenus et on va les
dépenser, on va les envoyer un peu partout, dans tous les domaines
où les gens font des demandes. Il a dit non, il a dit: La dette
accumulée au Québec est d'à peu près 28 000 000 000
$, est-ce assez fort? Il est temps qu'on
commence à baisser cela et à penser aux futures
générations.
Cela me rappelait, lorsqu'il a parlé des futures
générations, l'ancien premier ministre qui avait dit une fois en
Europe: On a sacrifié 200 000 jeunes, c'est une génération
sacrifiée. Le ministre des Finances du gouvernement actuel a dit: II y
en a assez de sacrifiés, je vais commencer à travailler pour eux.
Et il a continué à mettre les efforts de l'État sur la
baisse du déficit, donc, de l'endettement. C'est déjà un
point positif. C'est, je pense, un très bon indice pour tous les gens
qui regardent le Québec, que ce soient des investisseurs
étrangers, que ce soient des hommes d'affaires, que ce soient les
jeunes, c'est vraiment un indice et un signal qu'au Québec, maintenant,
il y a des gens responsables qui ont les cordons de l'administration et qui
s'occupent de vraiment prendre les choses, non pas à court terme comme
des épiciers ou des gens qui font leur épicerie continuellement
en fonction des sondages ou des vagues de l'opinion publique, mais
réellement comme des gens, des gestionnaires qui ont une vue à
moyen et à long terme de notre société. C'est un peu la
première chose qui m'a frappée, j'ai trouvé cela
formidable. J'ai dit: Vraiment là, je reconnais un gouvernement qui, par
son ministre des Finances, a une attitude très responsable.
Il y a eu aussi la taxation. Alors, on est arrivé et une autre
surprise, c'était de voir qu'une fois de plus, on allait toucher des
parties de la population qui sont peut-être parmi les plus sensibles, des
gens qui ont des salaires de 10 000 $, 12 000 $, 15 000 $, 25 000 $ et qui ont
des enfants, des gens qui sont des pères de famille ou des mères
de famille, ou les deux ensemble, avec un budget restreint pour faire vivre
leurs enfants. On se plaint actuellement d'avoir au Québec une crise de
la natalité. Il est vrai qu'elle existe dans d'autres pays de
l'Occident, mais je crois qu'elle est un peu plus aiguë chez nous. Elle
est due en grande partie, d'abord, au mauvais climat économique, social
qui prévalait au Québec depuis dix ou quinze ans. Les gens
n'ayant pas d'espoir ou ayant un espoir limité se sentaient
peut-être dans une position pas trop encourageante pour avoir des
enfants. Pendant que je parle, M. le député de Lévis
s'adresse à sa collaboratrice. Peut-être pourrait-il
m'écouter, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: II s'adresse au président alors...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, s'il vous plaîtl
M. Garon: Qu'il s'adresse donc au président, comme il est
supposé le faire, et qu'il laisse faire le député de
Lévis.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine.
M. Gobé: M. le Président, tout à l'heure, le
député de Lévis a dit à mon coliègue de
Sainte-Anne, en faisant du sexisme, d'ailleurs, qu'il "mémèrait".
Mme la députée ne semblait pas être d'accord avec cela. Je
pense que le règlement s'applique pour les deux côtés de la
Chambre ou de la commission.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Gobé: Et là, on a vu le ministre ramener ses
réductions d'impôt.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, pardon.
Soutien économique aux familles
M. Gobé: On a vu que cela touche au-delà de 35 000
familles directement. Les gens qui, maintenant, avec deux enfants, ont un
revenu, en tenant compte des déductions de garderie, comme vous le
savez, jusqu'à 25 000 $, seront exempts de tout impôt. Un peu plus
loin, il nous disait: Cela va toucher aussi jusqu'à 300 000 familles. II
y a 350 000 personnes au Québec qui vont avoir les effets
bénéfiques du budget du ministre. C'est bon pour leur poche
directement, mais c'est aussi bon à titre d'exemplarité. Cela
démontre encore une fois que notre ministre, par sa sensibilité,
a décidé d'aller là où est le mal et de dire aux
gens: Vous travaillez, vous faites des efforts, vous faites de la production au
Québec, vous voulez être des gens dans une société
compétitive. Nous voulons que vous ayez des enfants parce que nous avons
besoin d'enfants au Québec. On va vous aider, on va reconnaître
votre travail. Nous comprenons que les salaires que vous gagnez ne sont pas les
plus élevés, étant donné la société
dans laquelle nous vivons, mais notre gouvernement a décidé de
vous reconnaître et de bonifier votre action par la fiscalité.
C'est là qu'on voit encore toute la sensibilité du ministre, qui,
comme on peut le constater, est un homme d'expérience qui connaît
vraiment les besoins tant des travailleurs que des familles
québécoises, mais aussi l'ensemble de l'orientation qu'il faut
donner au Québec. Je crois que c'est encore là une indication
à toute la population que notre gouvernement va tout mettre en oeuvre
pour que les gens puissent retirer de justes revenus de leur travail et
puissent avoir une vie qui corresponde à un niveau raisonnable, sans
que
l'impôt aille prendre une grande partie de ce qu'ils gagnent, ce
n'était pas le cas sous l'ancien gouvernement. Nous savons tous que nous
sommes, au Québec, pour toutes les couches de taxation, les plus
taxés. On imagine aisément le frein ou le repoussoir que cela a
pu avoir pour des travailleurs de l'extérieur qui auraient pu venir
s'établir au Québec, et aussi pour les entreprises qui disaient:
On n'ira pas au Québec à cause de la fiscalitéc On va
avoir de la difficulté à recruter et des cadres et des
techniciens. Mais aussi, à cause de la fiscalité, il y avait une
espèce de désenchantement chez les travailleurs et la
productivité était un peu moins bonne. C'est là, M. le
ministre, des éléments parmi les plus bénéfiques et
les plus intéressants de votre budget. Vous vous êtes
occupé des travailleurs de la base. Il ne faut pas oublier que la base
au Québec, ce ne sont pas seulement des gens qui gagnent des salaires de
40 000 $, 50 000 $, mais c'est le petit monde, ce sont les petits travailleurs,
ce sont eux qui font que nos entreprises vont être compétitives.
C'est leur travail, c'est leur bonne volonté et c'est leur désir
de produire et d'être performant qui vont faire qu'on va pouvoir rester
sur les marchés.
M. le ministre, je crois qu'on pourrait parler longtemps des
retombées que ces mesures vont avoir. Je pense que tout le monde les a
saisies. On a vu dans les journaux, dans les éditoriaux, que
c'était quasiment unanime, sauf peut-être pour le
député de Lévis, M. le Président, qui, comme
à l'accoutumée, n'était pas d'accord avec ce que les
éditorialistes disaient et avec le ministre des Finances, bien entendu.
On peut comprendre qu'il avait peut-être d'autres
contrariétés à ce moment-là qui l'ont
empêché d'apprécier à sa juste valeur les efforts du
ministre pour amener au Québec ou, du moins, pour tenter de corriger les
dix années de gestion un peu hasardeuse que l'ancien gouvernement nous a
fait subir.
On a vu aussi qu'à un moment donné il y avait des gens,
des personnes âgées qui étaient venues me voir à mon
bureau de comté et qui me faisaient part de revenus qui auraient
été taxés en fonction d'un petit travail qu'ils avaient.
C'est là qu'on a vu encore que le ministre est à l'écoute
parce que, dans son budget... (16 heures)
Le Président (M. Lemieux): Vous voulez conclure, M. le
député de Lafontaine?
M. Gobé: Oui, je pourrais revenir plus tard, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): On vient de m'informer
que...
M. Garon:...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je viens tout juste de l'apprendre comme vous. On ne m'a pas fait
état que M. le député de Lafontaine avait
excédé son temps d'une minute. Je m'en excuse. Habituellement,
Mme la secrétaire m'en fait état, mais cette fois-ci, elle ne l'a
pas fait. Voulez-vous conclure en 30 secondes, s'il vous plaît?
M. Gobé: Oui. Si vous me permettez de revenir plus tard,
peut-être, dans un autre...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous conclure
immédiatement?
M. Gobé: J'ai vu le député de Lévis
qui a parlé de 15 heures à 16 heures sur des questions qui
équivalaient à peu près à une séance de
travail. Je ne l'ai pas empêché de parler, M. le Président.
Je l'ai laissé nous faire ses recommandations. J'en ai pris bonne note,
d'ailleurs, et j'entends y donner suite à la prochaine séance de
travail. Mais je pense qu'ici, c'est pour discuter du budget.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Lafontaine.
M. Gobé; Je ne terminerai pas. M. le Président, je dirai
que...
Le Président (M. Lemieux): Vous allez réserver vos
commentaires.
M. Gobé: Je réserverai mes commentaires pour plus
tard. En terminant cette première étape, je dirai que c'est
là qu'on a vu que le ministre, lorsqu'il a amené un correctif
à cette taxation des personnes âgées qui avaient un revenu
supplémentaire, a démontré là encore qu'il
était à l'écoute de la population. C'est un sujet dont on
pariait, un sujet qui, au Québec, semble être une
préoccupation d'une catégorie de gens qui ont travaillé
fort pour bâtir le Québec et qui ont travaillé fort pour
l'amener, même si cela a pu être gaspillé sous l'ancien
gouvernement, où nous sommes maintenant. Le ministre a répondu en
les encourageant à continuer à produire et à mettre leurs
expériences acquises au cours des années au service de la
population en occupant un petit travail qui permet d'être
rémunéré.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Lafontaine. J'aimerais faire remarquer au
député de Lévis que je ne voudrais pas qu'on comptabilise
le temps parce que j'ai permis, non pas à la seconde près, au
député de Lévis d'intervenir à l'extérieur
de son temps, mais de plusieurs minutes. Cela a même été
jusqu'à sept, huit ou dix minutes, parfois. Alors, si on se met à
comptabiliser le temps, je pense que ce serait le parti ministériel
qui serait perdant en ce moment.
Sur ce, M. le ministre des Finances, s'il vous plaît.
M. Levesque: M. le Président, je remercie le
député de Lafontaine de sa contribution, particulièrement
en ce qu'elle souligne certains points forts du budget, particulièrement
pour les personnes qui ont le plus besoin d'une considération
particulière de l'État, c'est-à-dire les familles à
bas revenu, les familles à moyen revenu et également, les
personnes âgées. À ce propos, je me permettrais de
compléter une réponse que j'avais faite ce matin à l'aide
d'un tableau alors que le député de Lévis, je crois, avait
mentionné que ce tableau n'avait trait qu'à une certaine
catégorie de la population et ne touchait que des familles types ayant
deux enfants de six à onze ans. Comme il voulait que j'inclue les
changements à l'allocation de disponibilité qui s'applique aux
enfants de six ans et moins, je réponds immédiatement à sa
requête en soumettant un deuxième tableau. Cette fois-ci, encore
une fois, ce sont les mesures affectant le soutien économique aux
familles depuis 1985. Il s'agit de l'impact sur une famille type ayant deux
enfants de moins de six ans, un seul conjoint sur le marché du travail,
pour l'année d'imposition 1988 pour les divers revenus de travail allant
de 10 000 $ à 50 000 $. Les premiers chiffres que je vais donner, c'est
le soutien avant les mesures de 1985. Les deuxièmes chiffres, c'est
après les mesures 1985 et avant le budget 1987 et les troisièmes
chiffres seront pour le soutien après le dernier budget du 30 avril
1987.
Donc, pour un revenu de travail de 10 000 $, avant 1985: 2085 $;
après, 2085 $, même chose. Après le récent budget du
30 avril 1987, 2934 $. Pour un revenu de travail de 15 000 $: 1588 $, 1840 $,
2355 $. Pour un revenu de 20 000 $: 779 $ avant les mesures de 1985, 1154 $
avant le présent budget et après le présent budget 2139 $.
Pour un revenu de travail de 25 000 $, les chiffres sont les suivants, toujours
dans le même ordre: 749 $, 1116 $, 1689 $. Pour une famille avec un
revenu de travail de 30 000 $: 749 $, 1167 $, 1282 $. Et ce n'est
qu'après, lorsqu'on arrive à cette famille gagnant 40 000 $ et
plus, qu'entrent en jeu les inquiétudes du député de
Lévis, ce sont là les 200 $ qui sont perdus. Après 40 000
$: 749 $, 1205 $ et de ces 1205 $ on enlève les 200 $ pour arriver
à 1005 $. À 50 000 $, c'est la même chose: 749 $ avant,
1222 $ avant le budget actuel et 1022 $ après, parce qu'on enlève
les 200 $ en question pour les allocations de disponibilité pour le
premier enfant. C'est exactement ce que j'ai toujours dit, que ce budget
avantage considérablement les familles à faible revenu à
un tel point qu'il y a 45 000 de ces familles qui ne paieront plus
d'impôt et qui en payaient. Il y a 300 000 familles dont l'impôt
sur le revenu sera substantiellement réduit. De plus, 44 000 familles
auront droit aux avantages du nouveau programme APPORT qui fera en sorte qu'un
chèque mensuel à Travail-Québec sera versé à
toutes les personnes qui seront admissibles à cette aide
immédiatement; pas dans un an ou deux, immédiatement. Alors, M.
le Président, afin de respecter la plus grande objectivité
possible, je voudrais que ce tableau soit également ajouté
à l'autre tableau pour répondre d'une façon
adéquate aux demandes, très légitimes d'ailleurs, qui ont
été exprimées à ce sujet par les membres de la
commission.
Le Président (M. Lemieux): J'autorise le
dépôt, M. le ministre des Finances, du présent document
pour les membres de cette commission.
M. Levesque: Vous me le remettrez.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre des
Finances. Nous allons en faire des photocopies et nous allons vous le remettre
immédiatement.
M. Levesque: Quant aux personnes âgées, en effet
j'ai eu beaucoup de représentations depuis plusieurs mois, surtout
depuis que ces gens ont eu à faire leurs rapports d'impôts. J'ai
même reçu les gens de la Fédération des clubs de
l'âge d'or du Québec qui sont venus m'entretenir à ce
sujet. Je dois dire que plusieurs de nos concitoyens, de nos
aînés, pensaient qu'il s'agissait d'une mesure qui venait
d'être adoptée. Alors, il faut bien, en toute objectivité,
rappeler que les personnes âgées qui n'avaient plus droit à
la déduction de 2200 $ n'y avaient plus droit depuis le budget du 23
avril 1985, c'est-à-dire au moment où nos amis d'en face
formaient le gouvernement. À ce moment-là, on avait
décidé tout simplement que les personnes âgées qui
recevaient des revenus de travail n'auraient plus droit à la même
exemption de 2200 $ dans le sens où cette somme ne s'appliquait pas pour
les premiers 2200 $ gagnés en revenus de travail. De sorte que quelqu'un
gagnant 3000 $, par exemple, et âgé de 65 ans et plus, n'avait pas
droit, comme d'autres personnes de 65 ans, à cette déduction de
2200 $. Donc, cela ne servait pas à grand-chose de travailler si on
perdait une somme aussi importante de déductions accordées aux
aînés. On m'a fait remarquer... On comprenait fort bien - et
d'ailleurs, je pense que cela se défendait bien - de ne pas accorder de
déductions particulières à quelqu'un de 66 ans, par
exemple, qui travaillait à côté de quelqu'un de 64 ans pour
le même salaire. Pourquoi? À
cause de l'âge, tout simplement. On allait leur donner une
exemption alors que les deux étalent sur le marché du travail et
gagnaient la même chose. On m'a fait remarquer que ce n'était pas
cela qui était visé. Ce qu'on demandait, ce n'était pas
d'accorder la même exemption sans condition, mais, au moins, de tenir
compte des gens qui avaient besoin de compléter les fins de mois,
d'arrondir leur budget par un travail à temps partiel qui pouvait
peut-être rapporter 3000 $, 4000 $, 5000 $, 6000 $, 7000 $ par
année, sans que ces gens soient pénalisés. C'est ce
à quoi nous avons répondu en mettant cette disposition qui fait
qu'on ne tient pas compte des 10 000 premiers dollars gagnés avant de
faire sauter cette exemption. Après 10 000 $, évidemment, cette
exemption est diminuée proportionnellement, c'est-à-dire à
1 $ par dollar gagné. Et voilà, M. le Président, je
remercie encore le député de Lafontaine d'avoir souligné
ces points très importants du budget, importants pour la population du
Québec.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Bertrand.
Déficit budgétaire
M. Parent (Bertrand): Oui. M. le Président, j'aimerais
revenir à l'essentiel, les chiffres qui concernent le déficit.
J'aimerais que l'on prenne la page 4 de l'énoncé du discours sur
le budget et l'annexe B, à la page 9, qui est le tableau auquel on
travaillait tantôt, le tableau des besoins financiers. J'aimerais que le
ministre des Finances, M. le Président...
Une voix: La page 9 de quoi?
M. Parent (Bertrand): La page 9 de l'annexe B, oui, B-9.
J'aimerais que le ministre des Finances m'explique qu'entre le texte
rédigé dans son discours sur le budget, à la page 4, dans
lequel il dit - au centre de la page - qu'à la fin de l'exercice
1985-1986, donc, quelque part autour de décembre 1985, lorsqu'il est
arrivé au pouvoir - il l'a dit textuellement - le déficit
prévu selon la forme révisée était de 4 400 000 000
$, 4 475 000 000 $, à toutes fins utiles, 4 500 000 000 $, alors que,
toujours à l'annexe B...
Le Président (M. Lemieux): Vous parlez du troisième
paragraphe...
M. Parent (Bertrand): Je parle du troisième
paragraphe...
Le Président (M. Lemieux): De la page 4.
M. Parent (Bertrand):... de la page 4, à peu près
au centre de la page.
Le Président (M. Lemieux): Au centre de la page. (16 h
15)
M. Parent (Bertrand): Entre cet énoncé où Il
avance, où il a avancé ainsi que tous ses collègues en
Chambre... Je trouve cela inacceptable. Je vous le dis carrément, je
trouve cela inacceptable et je ne trouve pas cela honnête sur le plan
politique. Je voudrais que le ministre explique ici, à cette commission,
comment il se fait qu'il peut dire, dans un discours sur le budget, que le
déficit réel, lorsqu'il est entré en fonction,
était de 4 500 000 000 $ alors que des tableaux, à la page B-9
montrent expressément que le déficit à la fin de
1985-1986, soit les chiffres qu'il a rendus publics à peine trois mois
après son entrée en fonction, montrent que le déficit
était effectivement de 3 440 000 000 $. Les chiffres qu'on retrouve au
tableau à la page B-9, le tableau et les chiffres qui sont
mentionnés là nous indiquent un déficit budgétaire
pour l'année 1985-1986 de 3 400 000 000 $, 3 440 000 000 $
exactement.
D'abord, on publie un tableau montrant l'évolution de la
situation financière du déficit, des besoins financiers. On
retrouve tout cela à la page B-9 ou à la page 9 de l'annexe B.
Mais, dans le discours qu'a tenu le ministre et le discours qu'a entretenu le
gouvernement, je trouve cela inacceptable. Le ministre des Finances ou qui que
ce soit d'autre peut-il m'expliquer- pourquoi ils ont agi de cette façon
à part de l'élément politique - je veux bien en convenir -
pour tenir un discours semblable? Comment se fait-il qu'il y a 4 500 000 000 $,
mais qu'on retrouve que le déficit réel était bel et bien
de 3 400 000 000 $? C'était ma première question.
Deuxièmement, s'il est vrai que le ministre des Finances a
réussi depuis le mois de décembre 1985 à faire passer le
déficit de 4 500 000 000 $ dans son budget de cette année
à 2 400 000 000 $, ce qui veut dire qu'il aurait réussi à
diminuer de 2 100 000 000 $, parce que 4 500 000 000 $ par rapport aux 2 400
000 000 $ qu'il nous présente, parce que quand on fait des comparaisons,
il faut les faire sur les mêmes bases, il réussirait à
diminuer, en l'espace de 15 à 18 mois, le déficit de 4 500 000
000 $ à 2 400 000 000 $, donc, de 2 100 000 000 $. Comment se fait-il
que, si cette explication se tient, les besoins financiers du gouvernement qui
sont toujours à la page B-9 ne sont pas diminués d'autant? Parce
que, à la fin de l'exercice financier 1985-1986, les besoins financiers
nets, les besoins qu'avait le gouvernement
d'emprunter, étaient - toujours si on prend la comparaison de la
fin de l'année - d'abord il y a un an, à la fin de l'année
1985-1986, de 1 700 000 000 $ ou 1 739 000 000 $, pour être exact. Cette
année, à la fin de l'exercice financier 1986-1987, les besoins
financiers n'ont pas diminué, ils ont même augmenté de
quelques milliers de dollars. Mais aux fins de la discussion, les besoins
financiers sont les mêmes. Donc, comment un ministre des Finances peut-il
expliquer que les besoins financiers nets du gouvernement n'ont pas
bougé d'une année à l'autre et que, lui, il a
réussi à diminuer le déficit de 2 100 000 000 $? Si ce
n'est - en terminant, excusez-moi - qu'on a changé de conventions
comptables, même s'ils sont déjà expliqués, on ne
peut pas tenir ces deux genres de discours. Alors, ça, c'est la
première question que j'avais à poser au ministre des
Finances.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député de Bertrand?
M. Parent (Bertrand): Pour l'instant, oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, je dis tout de suite au
député de Bertrand qu'il ne faut pas qu'il utilise l'année
1985-1986 qu'il a citée comme ayant un déficit budgétaire
de 3 440 300 000 $ car ce dont il s'agit dans le discours que je faisais, ou de
l'impasse de 1 500 000 000 $, c'était relatif à l'année
suivante, 1986-1987. Je m'explique. Lorsque le ministre des Finances de
l'époque, M. Duhaime, a présenté son budget le 23 avril
1985, il a risqué des prévisions, non pas seulement pour
l'année qui commençait, mais pour l'année suivante et
l'année subséquente. Et il a déclaré, le 23 avril
1985, que le déficit pour l'année suivante, c'est-à-dire
1986-1987, serait de 2 970 000 000 $. Or, le mois suivant, il s'est
aperçu que ces chiffres ne tenaient plus. (16 h 15)
Et c'est là, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, que
nous nous sommes aperçus pour la première fois que les chiffres
officiels qui avaient été dévoilés relativement
à l'année 1986-1987, pas 1985-1986, étaient
complètement erronés et que, si des mesures sévères
n'étaient prises, on avait devant soi une impasse de 1 500 000 000 $
au-dessus des 3 000 000 000 $ qui étaient devenus le déficit
habituel, auquel on s'était habitué depuis quatre ou cinq
ans.
Lorsque j'ai publié, le 5 mars 1986, le document "L'urgence d'un
redressement", j'ai apporté tous les détails de cette impasse, de
cette variation du déficit par rapport à la prévision
triennale faite lors du discours sur le budget d'avril 1985, point par point.
Autrement dit, dans les revenus autonomes, il y avait une diminution des
dividendes d'Hydro-Québec; on s'est trompé de 240 000 000 $
là-dessus.
Dans le coût de l'harmonisation au budget fédéral,
on s'était trompé de 54 000 000 $. Par contre, il y avait une
augmentation à la suite de la révision des perspectives
économiques, c'était favorable de 224 000 000 $. Contrairement
aux deux postes antérieurs que j'ai mentionnés, c'était
une amélioration.
On avait éqalement escompté 50 000 000 $ pour la
non-privatisation de la SAQ. On avait escompté, mais elle n'a pas eu
lieu, la privatisation de la SAQ. Donc, on avait ces 50 000 000 $ qu'on
perdait.
L'impact de l'énoncé des politiques budgétaires,
c'est notre mini-budqet qui coûtait 169 000 000 $, ce qui faisait en tout
289 000 000 $. Ça, c'est dans les revenus. Dans les transferts
fédéraux, il y avait là une différence de 181 000
000 $ sur la réalité qu'on avait prévue. Et c'est
là que le bât blesse, c'est dans les dépenses
budgétaires. Il y avait une augmentation des dépenses
découlant de la récurrence des compressions non
réalisées en 1985-1986, 85 000 000 $; prévisions minimales
pour tenir compte de problèmes additionnels, 150 000 000 $;
décisions additionnelles en 1985-1986, 136 000 000 $; restauration de la
base budgétaire des centres hospitaliers, 100 000 000 $;
révisions du coût des programmes existants, 461 000 000 $. Ce qui
faisait que les dépenses avaient été sous-estimées
de 932 000 000 $. Et une diminution, par contre, des dépenses
découlant de l'amélioration des perspectives économiques,
inflation, taux d'intérêts. Alors, c'était positif dans le
sens que c'était une diminution de 252 000 000 $ de dépenses. Par
contre, il y avait des compressions anticipées mais non
identifiées pour 355 000 000 $, ce qui faisait un total de 1 035 000 000
$ du côté des dépenses, pertes de revenus autonomes de 289
000 000 $, pertes de transferts fédéraux de 181 000 000 $, ce qui
donnait 1 505 000 000 $ de différence avec ce qui avait
été annoncé dans la prévision triennale du ministre
des Finances, le 23 avril 1985, en ce qui a trait à l'exercice financier
1986-1987. Et eussions-nous simplement accepté cet état de
choses, nous aurions connu des difficultés sérieuses. C'est ce
qui m'a amené à faire état à la population de cette
situation. Et ce qui m'a amené par la suite et ce qui a amené le
gouvernement à prendre des décisions sérieuses pour
diminuer ce déficit additionnel appréhendé. Nous l'avons
fait lorsque nous avons déposé nos crédits l'an dernier,
le député de Bertrand se le rappellera, lorsque le
président du Conseil du trésor a fait état de ces
crédits par
rapport aux crédits que nous avions devant nous; il a
passé ce qu'on a appelé la hache, dans les dépenses
envisagées et anticipées, pour plus de 1 000 000 000 $. Nous
avons pris d'autres mesures. Il y en a qui ont été
apparentées aux conventions comptables pour une somme de quelque 200 000
000 $. Il y a eu une tarification pour 75 000 000 $. Il y a eu certaines sommes
venant de la privatisation. Il y a eu des impôts pour, si ma
mémoire est fidèle, 251 000 000 $. Il y a eu également une
somme qui a été puisée auprès de la Commission des
normes du travail, mais elle n'a pas été utilisée cette
année et elle est passée à l'année suivante.
Finalement, il y a eu toute une série de mesures qui ont
été mises en place pour faire baisser cet état de choses,
c'est-à-dire cette prévision et la ramener a 2 970 000 000 $ et,
encore mieux, la ramener à 2 895 000 000 $.
Alors, ce n'est pas parce que nous avons voulu simplement laisser faire
les choses; si nous avions laissé faire les choses, cela aurait
été dramatique. C'est parce que nous avons pris ces mesures qui
s'imposaient que nous avons réussi à ramener le déficit
à des proportions pas idéales, mais acceptables. Pourquoi les
besoins financiers n'ont pas diminué d'autant? Il faut bien comprendre
qu'ils auraient augmenté considérablement si nous avions
accepté les chiffres de 4 500 000 000 $. C'est parce que, justement,
nous avons réduit les dépenses que nous avons dû augmenter
les impôts, particulièrement pour les corporations, comme l'a
évoqué ce matin le député de Bertrand. Nous avons
également dû taxer l'huile à chauffage et le gaz naturel.
Quelques autres changements ont fait, avec des éléments comme la
tarification, un peu de privatisation et d'autres sources de revenus, que nous
avons pu, finalement, ramener le déficit là où il est.
Pour les besoins financiers, encore une fois...
Le Président (M. Poulin): Une minute.
M. Levesque: Il reste une minute, oui. Alors, je vais tout
simplement conclure en disant que les besoins financiers, pour l'année
1986-1987, étaient presque les mêmes que ceux de l'année
précédente et de 250 000 000 $ inférieurs à ceux de
l'avant-dernière année. Je vous assure que je suis très
satisfait que la situation ait pu se rétablir aussi rapidement, mais
elle ne se serait pas rétablie d'elle-même si on n'avait pas pris
les mesures nécessaires pour le faire.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui. Les explications fournies par le
ministre sont les mêmes que celles que j'avais eues en Chambre. Je ne
suis pas convaincu, loin de là, qu'en l'espace des trois mois qui ont
séparé l'entrée au pouvoir et la fin de l'année du
gouvernement, le ministre des Finances ait réduit le déficit de 1
500 000 000 $ parce que, d'abord, le tableau de l'annexe B, à la page 9,
démontre très bien tant l'évolution des dépenses
que celle des revenus. On voit que les revenus du gouvernement depuis 1982 ont
suivi une courbe ascendante à peu près similaire, la même
chose au chapitre des dépenses budgétaires. Même que ces
dépenses budgétaires pour 1987-1988, 1988-1989 et 1989-1990, on
les retrouve à la page 8 de l'annexe B, puisqu'il y a un plan triennal
de planification. On s'aperçoit que, pour la prochaine année, on
calcule que le taux d'inflation va être de 3, 8 % et on augmente les
dépenses de 5, 6 %. On retrouve la même chose pour l'année
suivante: le taux d'inflation à 3, 8 % et l'augmentation des
dépenses de 5, 2 %. (16 h 30)
Ce que je veux dire par là essentiellement, M. le ministre des
Finances, c'est qu'il n'y a pas de compression drastique sur le plan des
dépenses, parce que les chiffres réels, les augmentations sont
là. On ne me fera pas accroire, ni à moi, ni à personne
d'autre, que l'évolution du pourcentage des dépenses que l'on
retrouve est une évolution à peu près standard, même
qu'elle est un peu en haut de l'inflation.
Deuxièmement, si nous n'avions pas eu, cette année, des
conventions comptables différentes... Je conviens qu'elles sont des
recommandations du Vérificateur général. Je ne
présume pas que le ministre des Finances a fait des changements. Lui, il
a fait des changements comptables. Il le dit bien discrètement dans son
discours. Il le mentionne. Mais, s'il n'y avait pas eu de modifications
comptables, j'aimerais savoir, de la part du ministre, si la privatisation, les
différentes privatisations qu'il y a eu cette année et celles
qu'il y aura l'année prochaine, donc, dans le prochain exercice
financier, dont particulièrement la vente de Donohue, dont
particulièrement, pour l'année dernière, la vente des
actifs de Cambior, s'il n'y avait pas eu modification de la politique ou bien
de la façon de faire les écritures, même aussi sur le plan
des entrées des différentes sociétés d'État
- je pense particulièrement à Hydro-Québec - s'il n'y
avait pas eu modification de la part des comptables et des institutions de
comptables sur le plan du régime de retraite, sur une même base
comparative pour les chiffres qu'il nous présente cette année, le
chiffre qui apparaît comme étant au déficit, soit 24 000
000 000 $ puisqu'on se doit...
En termes d'écritures comptables, à ce
que je sache, il devrait y avoir des astérisques dans les
tableaux mêmes pour bien souligner à qui que ce soit qui voudrait
l'interpréter... Je pense que le ministre sera d'accord avec moi qu'il y
a eu changement de convention comptable. Quelqu'un qui prend le tableau
à la page B-9 devrait être capable de dire, en faisant les
comparaisons, qu'il y a eu des changements ou des modifications.
Vu les 2 400 000 000 $ qu'il nous annonce cette année comme
déficit budgétaire, en comparaison avec ce qu'il a
réalisé, les 2 895 000 000 $, les 2 900 000 000 $, pour les fins
de la discussion, de l'année dernière, à combien serait le
déficit cette année si nous avions la même base de
comparaison, pour qu'on sache de façon réelle quels sont les
efforts du gouvernement à diminuer le déficit, mais le
déficit réel?
Alors, sur une base comparative, si on enlève les entrées
d'Hydro-Québec, comme telles, et qui maintenant sont
comptabilisées... Les sociétés d'État qui perdaient
de l'argent, on les a éliminées. Alors, sur une même base
comparative, les 2 400 000 000 $ seraient quoi, cette année? En prenant
en considération la nouvelle façon de comptabiliser de
façon actuarielle le régime de retraite, les
bénéfices des sociétés d'État et,
particulièrement, les 375 000 000 $ d'Hydro-Québec et les
rentrées des privatisations, quel serait le chiffre cette année
par rapport aux 2 400 000 000 $ prévus, sur la même base que
l'année passée?
M. Levesque: M. le. Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Je ferai simplement remarquer deux ou trois choses
au député de Bertrand. C'est que, lorsqu'il considère les
2 400 000 000 $ comme déficit prévu pour l'année en cours,
1987-1988, il doit comparer ce chiffre avec les autres que nous retrouvons
antérieurement, selon les mêmes conventions comptables. Autrement
dit, quand on parlait de 1985-1986, on parlait d'un déficit de 3 100 000
000 $, à peu près. C'est à peu près ça.
Mais, lorsqu'on le traduit dans les chiffres, selon les nouvelles conventions
comptables, on trouve 3 440 000 000 $. Nous sommes partis de là, en
vertu des... Quant à nous, ce que nous avions, à ce
moment-là, c'était 3 440 000 000 $ et nous l'avons baissé
à 2 895 000 000 $, c'est-à-dire près de 600 000 000 $, la
première année et 500 000 000 $, la deuxième
année.
Maintenant, le député de Bertrand a dit: Oui, mais si vous
n'aviez pas eu de privatisations, si vous n'aviez pas eu des revenus
d'Hydro-Québec, pas seulement d'Hydro-Québec, par exemple, de
toutes les sociétés d'État - parce que les mauvaises, les
bonnes, tout est dedans maintenant -vous n'auriez peut-être pas pu
montrer le chiffre de 2 400 000 000 $. Je ne le nie pas. D'ailleurs, si le
député veut prendre note de ceci, c'est qu'il y a des revenus non
encaissés, si vous voulez. En 1986-1987, pour Hydro-Québec, cela
a été de 303 000 000 $. Les autres revenus, 90 000 000 $. Ce qui
fait un total de 393 000 000 $. C'est ce dont parle le député de
Bertrand.
Je vais terminer. Dans le montant de 90 000 000 $, il n'y a que 29 000
000 $ au titre de la privatisation pour l'année 1986-1987. Il est bon de
donner ces chiffres parce que quelquefois, quand on parle de Donohue ou
d'autres, on s'imagine autre chose. Mais c'est un montant de 29 000 000 $ en
tout qui a été crédité pour l'année
1986-1987 au titre de la privatisation. Donc, je reprends: pour
Hydro-Québec, 303 000 000 $; pour les autres, 90 000 000 $, dont 29 000
000 $ pour la Drivatisation, ce qui donne un total de 393 000 000 $.
Pour l'année 1987-1988 maintenant -vous allez voir que ces choses
varient d'une année à l'autre - pour Hydro-Québec, vous
avez une prévision de 337 000 000 $; les autres, 254 000 000 $, dont 215
000 000 $ en privatisation. Ce qui fait en tout 591 000 000 $. Mais nou3 nous
attendons d'avoir des dividendes réels sur les 591 000 000 $,
payés comptant, si vous voulez, ou autrement dit - comment on appelle
ça? - du "cash", pour 384 000 000 $. Ce qui va rester dans
l'année qui nous préoccupe actuellement, c'est un montant
d'environ 207 000 000 $ qui est prévu ou qui n'est pas du comptant, si
vous voulez.
Sur un budqet de 30 000 000 000 $, 200 000 000 $, il ne faut pas non
plus exagérer quand on porte un jugement là-dessus. C'est
accepté selon les conventions comptables mais il ne faudrait pas
exagérer ce que cela peut apporter par rapport au comptant dont on
parle. J'aime bien mieux le comptant. Je suis bien d'accord avec vous. C'est
cela d'ailleurs qui va diminuer progressivement nos besoins financiers. Plus il
va rentrer de dividendes réels... Vous savez pourquoi il n'entre pas de
dividendes dans les chiffres de l'année dernière ou pourquoi il
n'est pas entré de véritable "cash"? Ce n'est pas parce
qu'Hydro-Québec, par exemple, n'a pas fait d'argent. C'est
qu'Hydro-Québec n'est appelée à payer ces dividendes
qu'après avoir atteint un taux de capitalisation de 25 %. Or, si c'est
24, 5 %, il n'y a pas de dividendes. Mais, du moment qu'elle dépasse les
25 %, woop! là, les dividendes sont versés en vertu d'une
décision qui a été prise par l'ancien gouvernement. Ce
sont des conventions qui ont été adoptées à
l'époque.
Le Président (M. Lemieux): M. te député de
Bertrand, il vous reste 37 secondes et M. le député de Lafontaine
a demandé la parole.
M. Parent (Bertrand): Ce que le ministre des Finances me donne
comme chiffres, ce sont exactement les chiffres que j'avais. Cela vient
confirmer que, n'eût été des changements des conventions
comptables en 1986-1987, 393 000 000 $ auraient dû s'ajouter. En
1987-1988, il y en a pour 591 000 000 $. Je pense que là-dessus...
M. Levesque: Un instant! Je pense qu'il faudrait faire la nuance
au moins pour la privatisation. Je ne pense pas que cela soit du comptant.
M. Parent (Bertrand); On s'entend là-dessus.
M. Levesque: D'accord.
M. Parent (Bertrand): Donc, vu le changement des conventions
comptables, pour la partie d'Hydro-Québec, il y a 303 000 000 $ qui
s'appliquent en 1986-1987. Le ministre des Finances reconnaît que,
d'après l'ancienne convention comptable, ou bien on avait des dividendes
ou on n'en avait pas. Quand an n'en avait pas, ce qui aurait été
le cas l'an passé et le même cas cette année pour 337 000
000 $, cela change d'environ 300 000 000 $. On s'entend là-dessus. C'est
une entrée, mais ce n'est pas une rentrée d'argent. C'est une
entrée positive dans les livres qui vient affecter positivement le
déficit de 300 000 000 $.
Deuxièmement, quant aux privatisations, cette année, il y
a 29 000 000 $. C'est très peu. L'an prochain, il y aura, dans le
prochain exercice financier 1987-1988, effectivement 254 000 000 $ que vous
avez mentionnés tantôt qui va rentrer...
M. Levesque: C'est-à-dire, il y a 215...
M. Parent (Bertrand):... sous le terme "autres". Il y a 215 000
000 $, je pense, en privatisation.
M. Levesque: II y a 215 000 000 $ en privatisation. Par contre,
pour les besoins financiers nets, on peut dire que, ce sera plus que cela parce
que du côté des revenus, des dépenses et du déficit,
on ne peut pas entrer toutes les recettes. On peut entrer des dividendes, des
profits tandis que, du côté des besoins financiers, il n'y a pas
seulement les profits qui entrent là, le reste de la caisse s'enrichit
également. Cela s'en va là.
M. Parent (Bertrand): Ce que je veux dire en terminant puisqu'on
dit que mon temps est...
M. Levesque: Autrement dit, si on a vendu telle
société 300 000 000 $ et qu'on fait un profit de 200 000 000 $,
il y a 200 000 000 $ qui vont aller dans les équilibres financiers et
les autres 100 000 000 $ vont s'ajouter dans la caisse. C'est pour cela que
cela va affecter les besoins financiers nets, mais les 100 000 000 $
additionnels n'affecteront pas le déficit.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Ce que je veux dire en terminant,
c'est que la privatisation, particulièrement celle qui va rapporter
beaucoup, par exemple, celle de Donohue, pour environ 215 000 000 $, il faut
juste être conscient que c'est une transaction qui est une
décision du gouvernement qui vient affecter positivement, non seulement
les besoins financiers nets, mais le déficit. En conséquence de
cela, je veux juste rappeler au ministre des Finances que, seulement cette
année, la compagnie Donohue a fait quelque chose comme 45 000 000 $ de
bénéfices et, pour l'année prochaine, on envisage des
bénéfices d'environ 55 000 000 $ à 60 000 000 $. Il faut
juste être conscient qu'il y a vente d'une société
d'État. On encaisse et on donne un bon coup pour 235 000 000 $, mais on
sait qu'année après année cette entreprise
générait quelque chose comme 40 000 000 $, 50 000 000 $ et plus.
C'est une entrée oui, mais on n'aura plus ce qu'on appelle la vache
à lait qui va générer les bénéfices par la
suite. En conséquence, cela vient affecter positivement de quelque 200
000 000 $ par une entrée nette qui va se faire par la privatisation de
la société d'État, ce qui n'est pas le cas pour les 337
000 000 $ d'Hydro-Québec, ce qui est bien différent. Dans
l'ensemble, cela vient affecter le portrait et les 2 400 000 000 $, si on veut
être honnête, toutes comparaisons gardées avec les 3 400 000
000 $, ne sont pas sur une base comparative. Je vous remercie, M. le
Président.
M. Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: II y a tout simplement deux petits points que je
voudrais ajouter. C'est que nous sommes conscients que les recettes de la
privatisation ne sont pas récurrentes. Nous en tenons compte lorsque
nous faisons nos prévisions triennales. Malgré que ce ne soit pas
récurrent, on verra que les prévisions les plus justes que l'on
puisse faire à l'heure actuelle indiquent que, malgré que la
privatisation de Donohue n'est plus présente pour 1988 et 1989, on
prévoit une
diminution du déficit encore une fois et cela à 2 200 000
000 $ et, l'année suivante, à 1 985 000 000 $. Autrement dit, je
ne voudrais pas qu'on puisse arriver à la conclusion que parce que cela
n'est pas récurrent, ce n'est pas prévu. On prévoit
d'autres revenus d'autres natures qui viendront améliorer, nous
l'espérons du moins, la situation. Espérons que nous n'aurons pas
de récession à travers tout cela parce que ce n'est pas ce que je
suggère, loin de là. (16 h 45)
Quant à Donohue, il faut dire que la SGF n'avait que 56 % de
Oonohue, si ma mémoire est fidèle. La SGF, par Dofor, n'avait que
56 %. Donc, s'il y a des profits de X, il faut tenir compte de la proportion de
nos intérêts là-dedans. Quant au reste, je pense qu'on a
échangé suffisamment pour faire ressortir ce que chacun voulait
faire ressortir. J'espère que le tableau qu'on a brossé de part
et d'autre se concilie, du moins autant que possible, pour l'information du
public.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Champlain, vous avez demandé la
parole, mais M. le député de Lafontaine a demandé la
parole avant vous. M. le député de Lafontaine.
M. Gobé: Je peux laisser la parole à mon
collègue.
Le Président (M. Lemieux): Non, cela va, M. le
député de Lafontaine.
Les priorités budgétaires
M. Gobé: Merci, M. le Président. Quand tout
à l'heure on m'a interrompu dans mon appréciation du budget,
j'étais pour aborder la rubrique suivante. Parmi les choses qui me
semblaient très bénéfiques et très importantes pour
le Québec et pour son économie, c'étaient les mesures qui
ont trait tout particulièrement à la recherche et au
développement.
On sait qu'au Québec la part du PIB en ce qui concerne la
recherche et le développement est de 1, 1 % et on peut comparer cela
avec d'autres pays comme les États-Unis ou des pays européens.
Cela va jusqu'à 2, 7 %; dans le cas du Japon c'est 2, 6 % et les
États-Unis, 2, 7 %. Quand on sait que c'est de là que jaillit la
source, en d'autres termes, s'il n'y a pas ou peu de recherche et de
développement, il n'y a pas de création, il n'y a pas de produit
particulier ou spécifique qui font qu'une entreprise peut envahir ou
concurrencer sur d'autres marchés; c'est un acte très important.
Alors, j'ai été très impressionné de voir en ce qui
concerne particulièrement les universités que différentes
mesures ont été décidées par le ministre,
contrairement à ce que l'on pouvait voir avant, parce que bien entendu
on semble avoir négligé sous l'ancien gouvernement ce domaine de
la recherche et du développement, sinon nous ne connaîtrions pas
ce retard d'à peu près 1, 5 % du PIB que nous avons par rapport
à nos principaux compétiteurs.
On a vu qu'un crédit de 15 000 000 $ par année sera
accordé aux universités pour leur base permanente de financement.
On a vu les montants de 8 000 000 $ en 1987 et 1988, en 1988 et 1989 et on a vu
aussi, la somme de 44 000 000 $ pour faire un fonds au cours des quatre
prochaines années. Je trouvais cela intéressant. Je trouvais que
là encore on avait une vision dans ce budget. Ce n'est pas un budget ou
un discours d'épicier. J'entends mon collègue de Bertrand qui
parle de modifications comptables...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Gobé: M. le député de Bertrand, je
m'excuse. C'est bien beau, c'est très technique, mais c'est là,
d'après moi, un discours d'épicier. Tout le monde sait que le
ministre des Finances sait compter et que les fonctionnaires avec qui il
travaille sont des gens qui ont une grande rigueur et une grande connaissance
des processus comptables et il est évident qu'aucun d'entre eux,
d'après ce qu'il me semble, ne s'est amusé à camoufler des
chiffres ou à faire ce que l'on pourrait appeler, comme sous l'ancien
gouvernement, des tours de passe-passe.
Ce n'est peut-être pas là que la discussion devrait porter,
mais plutôt, se demander quelle est la philosophie du gouvernement en
présentant un budget comme cela. Fait-il un budget qui correspond aux
meilleurs intérêts du Québec? Fait-il un budget qui
à moyen et à long terme fera en sorte de porter notre
société québécoise, qui aujourd'hui est en train de
se relever un peu des bombardements des dix dernières années,
vers quelque chose de plus prometteur ou alors est-ce que cela continue et on
n'est pas dans la bonne direction?
D'après moi, ce budget, comme je le disais
précédemment, a différents indices que nous sommes dans la
bonne direction. Alors, on parlait des mesures sociales, des baisses
d'impôt, de la motivation des gens pour travailler. On parle des
dépenses accrues en recherche et développement. J'aimerais que le
ministre puisse un peu plus élaborer et m'expliquer sa vision. Ces
quelques lignes que l'on trouve dans son exposé budgétaire sont,
malgré tout, arides. Il parlait d'autres revenus à
générer. Quand le député de Bertrand disait que
nous n'aurons pas tous les ans les recettes des privatisations, le ministre des
Finances disait: Oui, il va y
avoir d'autres revenus. N'y a-t-il pas là sa recette? Avec toutes
ces mesures-là, n'entend-il pas stimuler l'économie? Est-ce que
le ministre pourrait m'expliquer ou expliquer à la commission la
philosophie de base qui semble se dégager de ce budget? Est-ce qu'elle
va vers la création d'emplois, le développement
économique, redonner la fierté aux travailleurs et le goût
de travailler, de produire, d'aller sur les marchés, de sortir un peu de
ce que j'appellerais entre guillemets "un misérabilisme
économique" que nous avons connu depuis trop longtemps? M. le ministre,
est-ce que vous pourriez... M. le Président, si vous permettez?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé votre intervention, M. le député de
Lafontaine?
M. Gobé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances, et
après la parole sera à M. le député de
Bertrand.
M. Levesque: Oui, je suis très heureux que le
député de Lafontaine me donne l'occasion de revenir sur des
propos que j'ai déjà tenus même aujourd'hui relativement
à l'idée maîtresse de ce budget. Il n'y a aucun doute que
ce budget est dans la foulée des mesures que ce gouvernement a prises
depuis notre arrivée au pouvoir en décembre 1985. On se
rappellera la campagne électorale qui a précédé
l'élection de décembre 1985 et qui était axée
surtout sur l'économie, sur la priorité que notre gouvernement
maintiendrait à l'avant-garde, c'est-à-dire l'économie, le
développement économique, la création d'emplois.
Dès notre arrivée au pouvoir, nous avons - dès
notre premier énoncé de politique budgétaire qu'on a
appelé le minibudget - immédiatement attaqué des domaines
où il était question de retombées économiques. Cela
a été, par exemple, d'avancer la réduction d'impôt
sur le revenu des particuliers, cela a été d'enlever la taxe de
vente sur l'assurance-vie, cela a été de diminuer la taxe sur
l'essence, l'abolition même de la surtaxe sur l'essence dans les
régions périphériques.
Par la suite, le budget principal que nous avons mis de l'avant le 1er
mai 1986 avait toujours cette même tendance d'apporter des mesures qui
seraient de nature à favoriser l'économie. On se rappellera, par
exemple, des mesures prises pour faire en sorte que les jeunes entrepreneurs,
les nouvelles corporations, les nouvelles sociétés puissent
être complètement exemptes d'impôt sur le revenu des
corporations, même sur d'autres formes de fiscalité afin d'aider
et cela, pour les trois premières années d'existence de ces
corporations.
Nous pourrions prendre tout le budqet du 1er mai 1986 - je n'ai pas
l'intention de faire cela ici - et vous y verriez toujours cette
préoccupation de favoriser la création d'emplois, d'aider
l'économie, tout le long du parcours de ce budqet. Lorsque nous arrivons
au 30 avril 1987, encore là, et le député de Lafontaine
l'a souliqné, il y a les mesures que nous avons prises pour l'incitation
au travail, l'aide aux familles à bas et à moyen revenu; cela
comporte en soi, en plus d'aider ces familles, une incitation au travail. On ne
doit pas se scandaliser du fait que certaines personnes qui sont
récipiendaires d'aide sociale refusent presque d'aller sur le
marché du travail; ils n'ont aucun avantage financier à le faire.
Tandis qu'avec ces mesures il y a là une incitation au travail et en
même temps une incitation à la création d'emplois.
De la même façon on peut voir dans le budget 1986 tous ces
chapitres sur la recherche et le développement. Est-ce qu'on doit
insister sur une chose aussi évidente que la nécessité
d'être compétitif, d'avoir des produits qui comprennent la plus
grande innovation, qui aient une originalité et qui correspondent aussi
bien aux besoins? Qu'est-ce qu'on fait pour qu'il en soit ainsi? Il faut
être les premiers dans le domaine de la recherche et du
développement. Il faut mettre l'accent là-dessus. On n'aura
peut-être pas des retombées lundi matin, mais on met en place des
conditions telles que nous pourrons faire face à la concurrence
internationale. On ne peut pas oublier que 40 % de notre production est
exportée. Si on veut continuer à être des exportateurs
comme nous le sommes présentement et encore mieux, il va falloir que nos
produits soient tels qu'ils soient en demande ailleurs dans le monde. Pour
qu'il en soit ainsi, il faut mettre l'accent sur la recherche et le
développement. Il faut que nos universités soient
également dans le coup. Combien de nos chercheurs sont dans tout le
système universitaire au Québec! Il manquait peut-être
cette synergie entre l'université, l'entreprise et l'investisseur!
Dans ce budget, vous verrez justement cette synergie en action. Vous
verrez que l'accent est mis sur la recherche dans l'entreprise avec des mesures
fiscales importantes pour encourager l'entreprise à améliorer ses
investissements en recherche et en développement. En même temps,
il y a des sommes qui sont consacrées aux universités. Il y a des
avantages additionnels qui sont donnés lorsque l'université entre
en ligne de compte. Finalement, pour l'investisseur québécois, il
y a là un encouragement à investir dans des
sociétés de recherche et de développement. Cette
incitation est encore plus forte lorsque les universités sont dans le
coup. Ce budget fait
beaucoup pour la recherche et le développement et consacre des
sommes extrêmement importantes à cette fin.
Maintenant, encore là, si on fait le tour du budget, on trouve
toujours cette préoccupation; l'incitation au travail, l'économie
la création d'emplois, le développement régional, il y en
a plein dans ce budget. C'est pour cela qu'il a été aussi bien
accueilli par la population. C'est pour cela qu'il a été aussi
bien accueilli, autant dans les milieux patronaux que syndicaux, autant en
régions que dans les centres urbains. Cela a été, à
mon sens... Ce n'est pas par hasard. Je n'ai qu'à lire la revue de
presse, et vous voyez que les gens concluent qu'il s'agit du -je ne devrais pas
le dire, mais c'est écrit -meilleur budget depuis au moins dix ans.
Une voix: Un budget de déficit.
M. Levesque: Vous savez, pour terminer cet exposé que m'a
invité à faire le député de Lafontaine, je dirai
ceci. Durant la dernière campagne électorale, en 1985, je me
rappelle encore les ténors. Je ne parle pas de ces ténors que
j'ai devant moi. Il y a peut-être d'autres ténors que j'ai
à l'esprit et qui disaient à ce moment-là: Ces
gens-là sont en train d'essayer de vous dire - parce que ces
ténors s'adressaient à la population -qu'ils vont augmenter les
dépenses, qu'ils vont diminuer les déficits et qu'ils vont
diminuer les impôts. Pouvez-vous les croire? Or, M. le Président,
c'est ce que nous faisons. C'est pour cela que la population est tellement
heureuse de ce budget. Espérons -c'est là notre défi - que
nous pourrons dans l'avenir continuer dans ce sens malqré que ce soit un
défi considérable. Vous savez, ce n'est pas étrange que la
première question qu'on m'a posée après la lecture de mon
budget... Plusieurs de mes collègues sont venus me voir et ils ont dit:
Est-ce qu'il y a des élections tellement c'est un budget qui est fait
pour plaire dans un sens, pour répondre aux besoins de la population?
J'ai répandu: C'est comme cela qu'on agit. On n'agit pas en fonction de
donner un coup avant les élections. On veut agir comme cela tout le
temps, tant que cela sera possible de le faire. Évidemment, je n'ai pas
à cacher que la santé de l'économie est telle que cela
nous le permet aussi. Ce n'est pas seulement des miracles là-dedans. Il
faut que l'économie soit là pour supporter un budget. Si
l'économie tombait demain matin, j'aurais des problèmes à
réaliser cela, c'est évident. Je n'essaie pas de passer pour un
magicien. Mais je remercie le ciel que l'économie soit favorable au
moment où on se parle. (17 heures)
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances, de cet exposé très intéressant. M.
le député de Lévis, vous avez la parole. M. le
député de
Bertrand, cédez-vous votre droit de parole au
député de Lévis?
Une voix: II y a beaucoup de choses...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
La croissance économique réelle
M. Garon: M. le Président, je constate, à la
lecture du budqet, que les propres prévisions du ministre ne supportent
pas ses avancés, au contraire. Il faudrait que le ministre des Finances
se décide à un moment donné à dire la
vérité. La croissance économique réelle,
c'est-à-dire la croissance économique diminuée de
l'inflation, en 1987, sera la plus faible des cinq dernières
années. Je vais vous donner les chiffres de la croissance
économique réelle en 1983. La croissance globale de toute
l'économie du Québec était de 3, 4 % en 1983. Elle
était de 5, 4 % en 1984. Elle était de 4, 4 % en 1985. Les
libéraux arrivent au pouvoir en 1986; c'est la plus faible à ce
moment-là, 3, 3 %. Cette année, le ministre, qui est tellement
enthousiaste, prévoit seulement, pour 1987, 2, 7 % de croissance
économique réelle. Qu'est-ce qui se passe? Le ministre pourra
bien nous péter de la broue, sauf qu'actuellement il prévoit la
croissance économique réelle la plus faible des cinq
dernières années. La deuxième année la plus faible
des cinq dernières années est 1986. La croissance
économique réelle était beaucoup plus forte en 1984. Elle
était en réalité le double de 1987, puisque c'était
5, 4 % en 1984. Il parle de 2, 7 % pour 1987. C'est exactement le double en
1984 de ce qu'elle sera en 1987. Cela, c'est au niveau de la croissance
économique réelle.
Les investissements. La croissance des investissements, en 1984,
était, au Québec, de 12, 9 %. En 1985, elle était de 22, 1
%, Les libéraux arrivent et, en 1986, elle se retrouve à 6, 6 %,
trois fois moins que l'Ontario, qui aura 18, 4 % en 1986. On ne voit plus le
ministre des Finances se comparer à l'Ontario; il a l'air d'un "peewee"
comparé à l'Ontario, avec 6, 6 %, la plus faible année des
investissements des dernières années, depuis que les
libéraux sont là. Quand on arrive en 1987, c'est encore plus
faible, avec une croissance prévue de 4, 8 % des investissements, soit
quatre fois et demie moins qu'en 1985.
Il faudrait que le ministre des Finances arrête de se lancer dans
un discours du temps de Taschereau où une grande partie des gens ne
savait pas lire ni écrire. Il faudrait que le député de
Lafontaine aussi se situe au Québec, un pays nordique. En France, par
exemple, la fiscalité est à peu près la plus
réqressive du monde occidental. Le député de Lafontaine
devrait savoir que
la fiscalité la plus régressive du monde occidental, la
plus conservatrice du monde occidental, c'est la fiscalité de la France
où les hauts revenus sont les moins taxés du monde occidental -
je pense qu'il y a peut-être un petit pays qui est à peu
près du même niveau - tandis que te Québec, dans sa
fiscalité, se compare beaucoup plus aux pays Scandinaves où les
gens recherchent une plus grande forme de sécurité parce qu'ils
vivent dans un pays nordique. Le député de Lafontaine n'a pas
l'air trop ajusté à ce point de vue. Il comprendra
également que...
M. Gobé: M. le Président...
M. Garon:... les Québécois craignent bien plus des
taxes du style "valeur ajoutée", des taxes indirectes qui affectent
beaucoup plus les consommateurs au détriment de la fiscalité qui
tient compte du niveau des revenus.
Actuellement, on a un système de taxation qui tient beaucoup plus
compte de la capacité de payer. Tandis que, si on regarde la France,
elle a un système de taxation...
Une voix: Écoutez... Une voix: C'est
intéressant. M. Garon: C'est régressif. M. Gobé: M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Lafontaine!
M. Garon: Elle a une fiscalité régressive. Ce n'est
pas parce que M. Reagan, aux États-Unis, arrive avec un système
de fiscalité... On sait que M. Reagan a la réputation
d'être un des Hommes politiques les plus conservateurs du monde
actuellement. Et on voudrait copier son système? On nous fera croire,
à ce moment-là, qu'on aidera davantage les plus
démunis?Allez demander aux États-Unis et à
ceux qui connaissent un peu la fiscalité américaine si c'est
uniquement sur la base de la concurrence qu'on doit établir... On
écrase les petits pour être plus concurrent. Vous savez que le
Japon n'a pas établi sa fiscalité et sa politique des taux
d'intérêt en fonction des Américains et c'est cela qui a le
plus réussi. Alors qu'on a connu ici des taux d'intérêt qui
dépassaient les 20 %, au Japon, ils ne dépassaient pas 6 % parce
que ces gens tenaient compte de leurs propres intérêts. Il faut
quand même connaître la base des lois économiques.
Troisièmement, j'ai parlé des croissances réelles,
et 1987 sera la pire des cinq dernières années. J'ai aussi
parlé du taux de croissance des investissements pour lequel 1987 sera la
pire des cinq dernières années. Je vais vous dire maintenant que
1987 sera aussi la pire année en ce qui concerne l'emploi. En 1984, le
Québec créait 80 000 emplois, dont 66 000 permanents. Les
libéraux trouvaient que c'était épouvantable, ce
n'était pas assez. En 1985, ils ont créé 82 000 emplois au
Québec, dont 49 000 emplois permanents, ces champions, ces
présumés champions et matamores du développement
économique qui se comparent à des gens qui ont mené le
gouvernement comme une "business", une "business" qui "claire" le monde. En
1986, c'était l'année de la croissance la plus faible de l'emploi
au Québec avec 60 900 emplois: pas 62 000 comme le disent les gens qui
essayent d'arrondir un peu, 60 900, dont 48 000 emplois permanents, la
croissance la plus faible des dernières années. En 1987, le
ministre des Finances, qui parle de ses politiques de l'emploi, prévoit
seulement 65 000 emplois, ce qui serait plus faible que les derniers emplois du
gouvernement du Parti québécois. Il faut quand même
comprendre ce qui se passe.
M. Gobé: M. le Président, excusez-moi, M. le
député de Lévis. Vous avez employé le terme
"matamore" en parlant de parlementaires. Est-ce que cela ne serait pas un terme
antiparlementaire? M. le Président, j'en appelle à votre bon sens
et à votre jugement.
Le Président (M. Lemieux): II ne s'aqit pas d'une question
de privilège, il s'agit d'une question de règlement. M. le
député, je pense que c'était dans son sens très
large...
M. Garon: Matamore, ce n'est pas péjoratif.
Le Président (M. Lemieux):... et ne visant qui que ce
soit.
M. Gobé: Vous pourriez nous expliquer le sens du mot
"matamore" M. le Président?
Le Président (M- Lemieux): M. le député de
Lévis, vous pouvez continuer votre intervention.
M, Garon: Matamore n'était pas un terme péjoratif, c'est
plutôt... Si le ministre était un matamore, il serait très
heureux. J'ai dit au contraire qu'il avait l'air de dire que les
libéraux sont les matamores de l'économie, alors qu'ils sont les
feluets de l'économie. L'année la plus faible des
dernières années aura été l'année 1987. La
plus faible des cinq dernières années au point de vue du
développement économique, cela sera 1987. Pourquoi? Parce que les
politiques du Parti libéral commencent a avoir leur effet. Qu'est-ce
qu'elles donnent? Elles ne
donnent pas la sécurité, elles donnent
l'insécurité. Au chapitre de l'emploi, une année plus
faible que les dernières années du Parti québécois,
avec le plus faible taux de croissance d'investissement, avec le plus faible
taux de croissance économique réelle, dépouillée de
l'inflation.
Où le ministre des Finances veut-il prendre des sujets de
vantardise? Lorsqu'il aura répondu à cette question, je
reviendrai en lui montrant le maquillage du développement
économique régional. Il est complètement faux que le
gouvernement actuel donne une priorité au développement
économique régional. Je lui démontrerai que, pour le
développement économique régional, les plus faibles
années auront été les années du gouvernement
libéral. Je lui dirai ces données-là par après.
Actuellement, cette année, si on tient compte de l'inflation, le
développement économique régional verra des sommes deux
fois moins grandes que celles de 1985-1986, où le Parti
québécois était au pouvoir. Je comprends qu'il peut y
avoir des journalistes qui ne connaissent pas les chiffres, qui laissent
entendre que le gouvernement a donné une priorité au
développement économique régional, sauf que les chiffres
ne corroborent cela d'aucune façon. Je reviendrai là-dessus, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, vous avez terminé; je pense même que vous avez
excédé de deux minutes le temps prévu. M, le ministre des
Finances. M. le ministre, M. le député de Lafontaine, a un droit
de réplique après chacune des interventions de dix minutes et,
après, ce sera M. le député de Sainte-Anne. M. le ministre
des Finances, vous avez la parole.
M. Levesque: M. le Président, avec un peu plus de calme
que le député de Lévis, qui a le droit, évidemment,
de faire ses sorties...
Une voix: Le matamore.
M. Levesque: Peut-être que les chiffres vont parler plus
fort que celui qui va les donner.
Lorsque le député de Lévis parle de la croissance
économique au Québec, il se réfère à la
croissance de 3, 3 % que nous avons connue au Québec en 1986 et il
essaie de comparer cela avec certaines années antérieures de
croissance. M. le Président, je vais immédiatement souligner deux
points. Premièrement, lorsqu'il fait cette comparaison, il oublie de
mentionner qu'il s'agit de récupération pour le gouvernement
antérieur pour ces années-là. Il n'a pas mentionné
qu'en 1982, au lieu d'avoir une croissance, on a eu une décroissance de
l'économie. Il a oublié de dire qu'à ce moment-là
ce n'était pas 0, 0 %, mais - 4, 4 %.
Une voix: II n'a pas dit cela.
M. Levesque: II ne l'a pas dit. On n'est pas surpris qu'il ne
l'ait pas dit. Personne n'est surpris qu'il ne l'ait pas dit.
Une voix: On sait qu'il dit la vérité. Une voix:
On ne savait rien.
M. Levesque: Je pense que la vérité a ses droits.
Lorsqu'on prend une dégrinqolade comme celle-là, on comprend fort
bien qu'ensuite on peut avoir une petite augmentation qui est supérieure
à celle de cette année, mais c'est une augmentation sur un
déficit. C'est une augmentation par rapport à une chute. Si vous
tombez par terre et si vous vous relevez, vous reprenez un peu d'altitude. Je
ne me vanterais pas trop de cette altitude. Quelqu'un qui est "knock-out", qui
tombe dans l'arène et qui commence à se lever, évidemment,
il prend un peu d'altitude, mais on ne se vante pas de cela. On se vante de ce
qu'on peut réussir une fois debout. À ce moment, cela compte. Je
pense que cette chose devrait être dite.
Deuxièmement, quand on parle de 3. 3 %, on doit comparer à
l'année même, avec la conjoncture qu'on connaît pour telle
année. C'est là que c'est important de voir ce qui s'est
passé ailleurs. Au Canada, par rapport aux 3, 3 % que nous avons connus
en 1986, cela a été 3, 1 %, en Allemagne, 2. 4 %, en France, 2 %,
en Italie, 2, 5 %, en Grande-Bretagne, 2, 7 %, au Japon, 2, 5 %, aux
États-Unis, 2, 5 % et le député de Lévis va venir
nous dire que cela ne va pas, parce que c'est 3, 3 %? Voyons donc, M. le
Président, soyons sérieux!
Par rapport à 1987, l'année qui nous préoccupe pour
l'avenir, pour l'année en cours, qu'est-ce qui se passe? Nous avons
prévu que nous connaîtrions une croissance de 2, 7 %. Qu'est-ce
qu'on prévoit ailleurs? Au Canada, 2, 5 % et dans les quatre grands pays
d'Europe: Allemagne, France, Italie, Grande-Bretagne, 2, 4 %. Alors, est-ce
qu'on doit s'excuser d'être encore parmi les leaders de la croissance
économique? Je pense qu'il faudrait revoir ces chiffres dans leur
perspective, dans leur contexte et les placer exactement dans leur contexte
véritable.
Le député de Lévis a parlé d'emplois.
Regardons ce qui se passe. Prenons les chiffres qu'aime à citer le
député de Lévis. On l'entend encore en Chambre parler de
chiffres dessaisonalisés. Prenons-les pour le Québec. En avril
1986, quels étaient les chiffres de l'emploi? 2 858 000. En avril 1987,
2 958 000. 100 000 emplois de plus en avril 1987 qu'en avril 1986 et cela, ce
sont
des chiffres dessaisonalisés. Maintenant, voulez-vous avoir les
chiffres bruts? Ils sont encore plus impressionnants. Est-ce que c'est ce que
vous voulez? Là, je vois qu'il ne m'écoute plus. J'ai perdu te
député de Lévis. Il ne s'intéresse pas à la
vérité.
M. Garon: Prenez donc janvier 1985 à janvier 1986, il y a
une hausse de 143 000. (17 h 15)
M. Levesque: Si on veut prendre janvier, février, mars et
avril, Je pense qu'il faut être très ouvert pour cela. Je pense,
moi aussi, qu'on ne peut pas prendre un seul mois. Il faut prendre plusieurs
mois avant de... On arrive à 76 000 de moyenne. Alors, on doit se
féliciter et j'espère que le député de Lévis
va nous encourager à continuer dans ce sens, au lieu d'être
toujours négatif et de dires C'est ceci, c'est cela. Finalement, les
chiffres sont là. Je suis heureux de pouvoir présenter de tels
chiffres. Je ne m'en attribue pas le mérite, du moins pas exclusivement.
Il y a une conjoncture, il y a une situation qui nous est
généralement favorable, tant mieux, et tant mieux pour la
population du Québec. Qu'on ne vienne pas sortir des chiffres comme
cela.
On a parlé des investissements également. Dans les
investissements non résidentiels privés - cela touche le
commercial, l'industriel - la prévision de Statistique Canada, eu tout
début de l'année, était de 4, 9 % d'augmentation.
Maintenant, le niveau révisé est de 10, 9 %. Le taux
d'investissements privés dans l'économie québécoise
pour 1986 s'est établi à 6, 2 %, soit le niveau le plus
élevé enregistré depuis 1980. Bien, ce n'e3t pas vrai? Ce
sont les statistiques.
M. Garon: En 1985, la croissance était de 22 %.
M. Levesque: Ce sont les statistiques, M. le
Président.
M. Garon: 22 % de croissance. Écoutez, je l'ai ici.
M. Levesque: Je vous réfère, pour ces chiffres,
à l'annexe D du budget.
M. Garon: L'annexe D, je l'ai, page 18...
M. Levesque: En page 12.
M. Garon: Regardez à la page 18.
M. Levesque: Ce n'est pas le taux de croissance, c'est le taux
d'investissements.
M. Garon: Oui. Le taux d'investissements, ne regardez pas...
C'est un graphique qui est là. Regardez plutôt les taux.
M. Levesque: Lisez le deuxième paragraphe.
M. Garon: à la page 18, vous avez les taux.
M. Levesque: Regardez le deuxième paragraphe.
M. Garon: Je regrette, c'est 22 % en 1985, par rapport à
1984, vous l'avez, immobilisations totales pour le Québec. Je ne vois
pas où vous prenez votre chiffre de 8 %.
M. Levesque: On ne parle pas de la même chose.
M. Garon: On parle des investissements, c'est l'immobilisation;
les investissements, c'est cela.
M. Levesque: C'est notre part des investissements.
M. Garon: Notre part par rapport au Canada, 8, 2 %, ce n'est pas
diable, celai
M, Levesque: Ce n'est pas par rapport au Canada.
M. Garon: C'est quoi? Par rapport à l'année
antérieure? C'est 22, 2 %.
M. Levesque: C'est par rapport au PIB. Mais vous n'avez pas les
investissements publics, vous avez les investissements privés. Ils sont
de 8, 2 %. Si on additionne les deux, on est rendu à quoi? À 17
%? Â plus que cela? Â plus de 18 %.
M. Garon: En quelle année? M. Levesque: En 1986.
M. Garon: Non, mais ce n'est pas cela qui est écrit. Vous
avez 8, 4 % pour le Québec. C'est vrai ce que vous dites. Alors, en
1985, par rapport à 1984, c'était 22, 2 %.
M. Levesque: Pardon?
M. Garon: C'est cela. Page 18, à la colonne des
immobilisations totales.
M. Levesque: Oui, mais pourquoi...
M. Garon: Oui, mais vos chiffres sont là.
M. Levesque: Je vous parle des données que l'on retrouve
à la paqe 12. J'espère que vous allez comprendre qu'il s'agit du
taux d'investissements privés dans l'économie
québécoise. On a toujours dit qu'il fallait qu'on s'en aille vers
les 20 % et non pas les
16 % qu'on connaissait sous votre régime. On vous a
critiqués là-dessus. On a dit: On ne peut pas continuer, on ne
peut pas réussir à créer des emplois si on reste à
15 %, 16 %, alors que les pays industrialisés ont 20 % et plus. J'ai dit
que, quant au taux d'investissements privés, auquel il faut ajouter le
taux d'investissements publics, on arrive avec les deux à plus de 18
%... À 18, 7 %.
M. Garon: Ce ne sont pas les investissements totaux.
M. Levesque: À l'heure actuelle, pour 1986, c'est la part
des investissements par rapport au PIB. Alors, c'est 18, 7 %. On s'en vient
près des 20 % qui, à notre sens, doivent être atteints.
Dans ces 18, 7 %, il y a 8, 2 % qui sont attribués au secteur
privé. C'est tout ce que j'ai dit.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances. M. le député de Sainte-Anne, vous avez
demandé la parole.
M. Garon: Ce ne sont pas les investissements totaux.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, vous avez la parole.
Justice sociale et fiscalité
M. Polak: M. le Président, je voudrais parler un peu avec
le ministre, obtenir quelques réponses plus détaillées sur
la section: Mesures visant à améliorer la justice sociale et la
fiscalité. Dans le budget, je prends l'annexe A. Cela couvre les pages
25 à 46. M. le ministre, je vous réfère à l'annexe
A, la section concernant les mesures visant à améliorer la
justice sociale et la fiscalité. Parce que je me rappelle quand le
député...
M. Levesque: Quelle page? M. Polak: Page 2, annexe A.
M. Levesque: 2... Oui.
M. Polak: C'est l'index qui contient toutes les mesures. Ce qui
m'a beaucoup déçu, M. le Président, c'est d'entendre le
député de Lévis. Je me rappelle quand nous étions
dans l'Opposition, nous, on était le pour critiquer un budget, mais tout
de même quand il y avait quelque chose de bon dans le budget nous le
soulignions. Nous pensions que notre tâche était non seulement de
critiquer négativement mais aussi de dire: Voici quelque chose de bon -
c'était difficile de trouver du bon dans le temps du budget de M.
Parizeau, avec tout le respect que je lui dois - mais, quand nous trouvions
quelque chose de bon, nous le disions. Cela m'a beaucoup déçu,
parce que j'ai suivi le discours du député de Lévis, en
Chambre et àla commission. Je prends, par exemple, quand le ministre a
parlé de l'amélioration de la fiscalité à
l'égard de la famille avec des enfants - on tombe à la page 25 de
l'annexe A - tout de suite le député de Lévis, au lieu de
souligner cela, de dire: Voici, il y a quelque chose d'intéressant et de
neuf pour les familles avec des enfants, criait: Qu'est-ce qu'il y a pour les
célibataires? Il n'a pas dit: Qu'est-ce qu'il y a pour les familles avec
des enfants? Il a complètement sauté cela, il a dit: Qu'est-ce
qu'il y a pour les célibataires? Je trouvais cela triste vraiment que
quelqu'un, tout de même avec une formation universitaire... Je pensais
que le député de Lévis aurait dit, par exemple: Ce sont
des mesures intéressantes. Vu que lui n'a jamais souligné ces
mesures, je pense que la population mérite que le ministre des Finances
nous explique encore une fois ces mesures qui sont d'une extrême
importance. Dans mon comté je peux vous assurer que cela a
été reçu extrêmement bien.
Avec cette réduction d'impôt, il y a aussi le programme
APPORT que le député de Lévis n'a aucunement
analysé. Il n'a même aucunement tenté d'expliquer que
c'était quelque chose de bon et de neuf. Je pense qu'on doit donner au
ministre des Finances l'occasion... Je sais que c'est un homme qui n'a pas
besoin de ma protection, loin de là. Je pense que le travail qui a
été fait sur le budget, ces mesures splendides et qui ont
été tellement bien reçues par les plus démunis de
notre société... Dans mon comté, je peux vous assurer,
cela a été très bien reçu. J'ai regretté...
J'ai trouvé dans le discours du député de Lévis une
omission. Il n'a pas dit: Voici quelque chose de très bon, il faut qu'on
en parle. Il n'en a pas parlé. Il a dit: Qu'est-ce qu'il y a pour les
célibataires? Également, les mesures pour les personnes
âgées... Il y a des mesures très intéressantes pour
les personnes âgées. Quand le ministre est venu avec cette
exemption de 10 000 $, le député de Lévis a patiné
sur cela très vite. Il n'a presque rien mentionné, parce que
c'était quelque chose de bon. Pourquoi n'a-t-il pas dit: Nous sommes
d'accord avec cela, cela bénéficie à tous les
Québécois et toutes les Québécoises.
M. le Président, je ne voudrais pas prendre plus de temps.
J'aimerais que le ministre donne les grandes lignes... Ce n'est pas une
question de répéter ce qu'il a dit au cours de cette fameuse nuit
du budget... Votre budget a été tellement bien reçu...
Malheureusement, on avait deux bonnes nouvelles en même temps. On avait
aussi une bonne nouvelle du premier ministre au lac Meech. Tout le monde en
attendait le
résultat. Je voudrais que le ministre ait l'occasion de parler de
ces mesures de justice sociale qui sont tellement importantes. Peut-être
que le ministre pourrait aussi dire que ces mesures ne sont pas tombées
du ciel. Vous vous rappelez, M. le ministre, on en a parlé, on ne
révèle rien des discussions secrètes en caucus. Vous avez
reçu des représentations de la part de votre députation,
nous savons très bien que vous nous avez écoutés et nous
nous retrouvons maintenant avec un budget qui inclut cinq mesures sociales qui
aident toute une classe de personnes démunies et que, malheureusement,
le député de Lévis a oublié de mentionner,
peut-être expressément, mais j'espère que non. J'aimerais
avoir un peu plus de commentaires du ministre des Finances sur ces grandes
mesures sociales.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, peut-être le
député de Sainte-Anne voudra-t-il utiliser le reste de son temps
de parole pour commenter les propos que je vais tenir à ce moment-ci
pour faire ressortir ce qui, dans son propre comté, répond le
mieux aux aspirations de la population qu'il représente. Je lui sais
gré de faire connaître justement ce que la population de son
comté, comme plusieurs de nos collègues l'ont fait... C'est pour
cela que ce n'est pas un budget qui a été conçu en tour
d'ivoire. Nous sommes à l'écoute de la population, nos
collègues sont à l'écoute de la population. Je savais
exactement, en commençant mes travaux sur ce budget, ce que mes
collègues pensaient, ce qu'ils désiraient. Évidemment, on
n'a pas pu répondre à toutes les aspirations de la population;
c'est impossible dans le contexte économique et financier actuel. Mais
les principales mesures que nous avons prises ont été grandement
inspirées des échos que nous recevions de la population par
l'entremise de nos collègues à l'Assemblée nationale.
Si je voulais résumer les grandes lignes de ce budget, je dirais
que nous avons voulu poursuivre l'assainissement des finances publiques. Nous
avons voulu donner un soutien vigoureux à la croissance de
l'économie et de l'emploi. Nous avons voulu apporter des réformes
pour alléger le fardeau fiscal des familles québécoises,
particulièrement celles à faible et à moyen revenu.
D'abord, pour l'assainissement de nos finances, nous avons
décidé de ramener le déficit budgétaire à 2
400 000 000 $ au cours du présent exercice financier, puis, sous la
barre des 2 000 000 000 $, nous l'espérons bien, dès l'exercice
financier 1989-1990. Nous avons, de plus, dévoilé les
éléments d'une nouvelle politique fiscale du gouvernement du
Québec visant à accélérer la croissance des
activités de recherche et de développement dans les
universités et dans les entreprises, pour appuyer, dans les
années qui viennent, l'essor, le dynamisme et l'expertise
québécoise, particulièrement dans les secteurs porteurs
d'avenir. Nous avons annoncé plusieurs mesures visant à
améliorer d'une manière importante l'équité du
régime d'imposition et de soutien du revenu à l'égard des
familles à faible revenu. De plus, nous avons rendu publique une
série de mesures budgétaires, notamment pour venir en aide aux
plus démunis de notre société.
Je n'ai qu'à rappeler certaines parties de ce budget, par
exemple, le soutien à la recherche et au développement dans les
entreprises, l'injection d'une somme annuelle de 102 000 000 $ et le
crédit d'impôt, qui était de 10 % des salaires
versés en recherche et développement, est maintenant porté
à 20 % pour les corporations, le coût de cette mesure
représentant environ A3 000 000 $ par année d'imposition. Il y a
une déduction additionnelle de 33 1/3 % à l'égard de la
totalité des dépenses de recherche et de développement
effectuées au Québec par des particuliers investissant dans la
recherche et le développement par le biais de sociétés en
commandite. Cette déduction viendra s'ajouter à la
déduction de 100 % dont ils peuvent déjà
bénéficier, le coût de cette mesure étant de 46 000
000 $ par année. Il y a l'instauration d'un congé fiscal de
l'impôt sur le revenu des particuliers de 24 mois pour les chercheurs
étrangers de haut niveau qui viennent au Québec; de plus, les
crédits d'impôt accordés par le gouvernement
fédéral en matière d'investissements en recherche et
développement ne seront désormais plus imposables au
Québec, ce qui représente 7 000 000 $. (17 h 30)
Nous avons accordé un soutien à la recherche,
particulièrement en milieu universitaire: une injection de 40 000 000 $,
dès 1987-1988; des crédits additionnels de 15 000 000 $ par
année académique sont accordés aux universités pour
leur permettre de relever de façon permanente leur base de financement;
l'octroi d'un montant de 8 000 000 $ en 1987-1988 et de 7 000 000 $ en
1988-1989, pour les aider à résorber leur déficit, le
versement de ces sommes étant conditionnel à la
présentation, par les établissements, de plans de
résorption de leur déficit; création d'un fonds
spécial visant à renforcer la capacité de recherche des
universités, ce fonds se voyant octroyer une somme totale de 44 000 000
$ pour les quatre prochaines années, dont 17 000 000 $ dès
1987-1988. Une majoration de 20 % à 40 % du crédit d'impôt
pour la recherche et le développement en milieu universitaire. De plus,
ce crédit sera applicable à la totalité des sommes
enqagées en recherche et développement, et non seulement aux
dépenses en salaires. Il y aura une
majoration de 33 1/3 % à 66 2/3 %, dans ce cas, de la
déduction additionnelle accordée à l'égard* des
investissements dans les sociétés en commandite finançant
la recherche et le développement en milieu universitaire. Cette mesure
représente environ 6 000 000 $ par année d'imposition.
Ai-je besoin de rappeler que nous avons pu dégager des sommes de
200 000 000 $ pour le réseau routier, pour les trois prochaines
années, à même des excédents qui ont justement
été dégagés par la Régie de l'assurance
automobile du Québec à la suite des économies
substantielles que cette dernière a réalisées grâce
à l'amélioration du bilan routier, moins de victimes, etc. ?
Est-ce que je dois mentionner également une réduction d'environ
50 000 000 $ des contributions au régime public d'assurance automobile,
ce qui voudrait dire une diminution moyenne de 10 % des cotisations
individuelles perçues par la Régie de l'assurance automobile du
Québec? Dois-je mentionner également l'accélération
immédiate du programme de renouvellement des équipements
médicaux dans le domaine de la santé de 20 000 000 $ et une
injection d'un montant additionnel de 20 000 000 $ sur trois ans pour
améliorer ou remplacer certains bâtiments des
établissements privés du réseau de la santé?
Dois-je ajouter toutes les mesures qui ont été prises dans le
développement régional, dans la création de fonds
d'investissement REA, et plusieurs autres mesures qui s'ajoutent àcelles que je viens de mentionner?
Mais peut-être devrais-je m'attarder un instant sur les mesures
pour améliorer la justice sociale? Pour la famille à faible et
moyen revenus, une réduction d'impôt de 169 000 000 $, c'est
important. Cela veut dire également une réduction graduée
en fonction des revenus et des charges familiales qui pourrait atteindre 930 $
pour (es familles biparentales et 765 $ pour les familles monoparentales.
À la suite de cette réduction d'impôt, une famille
biparentale de deux enfants commencera à payer de l'impôt au
gouvernement du Québec à partir d'un revenu de 20 822 $ au lieu
de 13 004 $, comme c'est le cas présentement. Si, par contre, elle a
droit à la déduction pour frais de garde, son seuil d'imposition
nul passera de 15 541 $ à 25 871 $. Cette mesure éliminera
l'impôt à payer pour 45 000 familles tout en réduisant
celui de 300 000 autres familles.
En plus de cela, il y a le programme APPORT que nous avons mis en marche
et qui entrera en vigueur à compter du 1er janvier 1988 afin d'aider
justement les parents à compléter leur revenu de travail. Les
prestations seront versées mensuellement et l'application du programme
se fera par le biais des bureaux de Travail-Québec, ce qui favorisera un
règlement rapide des dossiers. Les prestations seront calculées
en fonction du revenu net de travail, c'est-à-dire le revenu
gagné moins les frais de garde d'enfants. Une proportion plus importante
du gain financier et de l'effort de travail est laissée aux familles
à faible revenu, des prestations plus substantielles pour celles qui
encourent des frais de garde, particulièrement les familles
monoparentales. En plus de cela, il y a cet ajout comme soutien aux garderies:
création de 2600 nouvelles places de garde, majoration de 8000 $
à 9000 $ du plafond d'aide aux garderies à but non lucratif au
titre du logement, montant de 3 800 000 $ pour le nouveau projet dans les
garderies et, enfin, les soutiens aux familles nombreuses: abolition de la
récupération des allocations familiales pour le troisième
enfant, récupération ayant déjà été
abolie en décembre dernier à partir du quatrième...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
ministre des Finances.
M. Levesque:... réaménagement de l'allocation de
disponibilité, accroissement total de 188 000 000 $ du revenu disponible
des familles à la suite des mesures contenues dans ce discours sur le
budget.
Je pourrais continuer, M. le Président. Des crédits
additionnels de 36 700 000 $ consacrés en 1987-1988 à
l'amélioration, entre autres, des services d'hébergement
destinés aux jeunes, aux personnes âgées, aux sans-abri,
ainsi que pour répondre aux besoins des personnes handicapées et
des femmes en difficulté et victimes de violence. Il y a tout ce
chapitre pour les personnes âgées: exemption de 10 000 $ du revenu
de travail, la réduction de la taxe de vente sur les primes d'assurance
automobile, c'est une baisse de 50 000 000 $ qui va aller à ces
détenteurs de primes d'assurance automobile, cette réduction de
la taxe de vente de 9 % à 5 %.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
est-ce que vous avez terminé? S'il vous plaîtl
M. Levesque: Je pourrais continuer, M. le Président. J'ai
encore beaucoup de choses à dire, mais je pense que ceci est suffisant
pour montrer que ce budget répond aux besoins véritables de la
société québécoise. Il s'adresse en particulier aux
plus défavorisés de notre société.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. Je remercie le ministre
d'avoir fait un peu le
sommaire de tous ces points parce qu'une des raisons pour laquelle on
intervient ici à cette commission, c'est qu'autrement on n'entend qu'une
critique très négative. Je pense que ce n'est pas juste envers la
population et même envers le ministre de ne pas discuter vraiment de tous
ces points du budget. Par exemple, dans mon comté, et le ministre y a
fait référence - évidemment, chaque député
regarde cela de son propre point de vue, il y a de mes confrères qui
représentent des comtés ruraux et ils sont très
intéressés au système routier - il y a certains secteurs
où le programme APPORT jouera un rôle très important.
C'est typique, ça, M. le Président. Je parle du programme
APPORT, parce que je suis fier de ce programme. J'ai rencontré des
représentants d'organismes communautaires de mon comté qui sont
très intéressés par ce programme. Entre-temps, j'entends
le député de Lévis, qu! a le dos tourné vers moi -
c'est son droit - qui vient de dire: Ça ne vaut rien. Il a
déjà décidé, lui, que ça ne vaut rien. C'est
fini.
M. Garon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de règlement,
M. le député de Lévis.
M. Garon: Vous savez que le règlement dit qu'il faut
s'adresser au président. Je suis tourné vers le président.
Le député de Sainte-Anne ne peut pas se plaindre que j'ai le dos
tourné vers lui parce que le règlement ne dit pas que je dois me
tourner vers le député de Sainte-Anne, mais qu'un
député doit se tourner vers ie président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis. Le règlement dit qu'en vertu de l'article 35...
M. Garon: II faudrait que le député de Sainte-Anne,
qui est ici depuis des années, prenne au moins le temps de lire son
règlement.
Le Président (M. Lemieux):... on ne peut pas s'adresser
directement à un député, mais M. le député
de Sainte-Anne peut faire remarquer au président une réplique du
député de Lévis.
M. Polak: Je voulais seulement décrire pour la population
de quelle manière le député de Lévis est
installé. Sa manière de s'installer ne m'intéresse pas,
mais ce qu'il a dit, par contre, cela m'intéresse. Il a dit: Cela ne
vaut rien. Là, il lève ses bras en l'air et dit: Ça ne
vaut rien. C'est fini. C'est pourquoi je veux revenir sur le programme APPORT
et prendre les minutes qui me restent parce que je pense que c'est très
important. Aussi, c'est pour présenter une image vraie à la
population pour qu'elle réalise.
Par exemple, il y a les familles monoparentales - le ministre va me
corriger si je fais erreur - des femmes qui étaient presque
condamnées à rester dans un cercle vicieux, à rester chez
elles avec un jeune enfant, incapables de réintégrer le
marché du travail. Elles étaient condamnées à
être dépendantes de l'aide sociale. Par le biais de ce programme
APPORT et avec la réduction des impôts quand elles commenceront
à travailler, c'est, pour moi, une incitation énorme pour ces
personnes de retourner sur le marché du travail, et de retrouver leur
fierté et leur confiance en elles-mêmes. Ici, je pense qu'on a une
mesure sociale qui, pour la première fois - et je suis
député depuis 1981 - est vraiment d'une grande importance. Pas
seulement dans mon comté parce que je suis certain que, dans tous les
comtés, y inclus le comté de Lévis, on trouvera de telles
familles, des personnes ou des travailleurs à faible revenu qui pourront
en profiter. Sans doute que leur député leur dira d'aller au
bureau de Travail-Québec pour remplir des demandes pour qu'ils puissent
bénéficier de ces mesures.
Je voudrais féliciter le ministre. Je voudrais avoir une
explication, toutefois. À la page 29 de l'annexe A, quand on parle des
prestations maximales d'APPQRT, est-ce que j'ai bien compris, M. le ministre,
par exemple, que, dans le cas d'une famille monoparentale avec un enfant de
moins de six ans - c'est un exemple qui y est donné -la prestation
maximale de ce programme APPORT peut atteindre 4389 $ par année pour une
telle famille? À toutes fins utiles, cette personne va recevoir ce
montant par versements mensuels de 1/12 de ce montant?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: C'est exact.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, il vous reste 30 secondes.
M. Polak: Je suis très content de la réponse du
ministre et de cet aspect du budget.
M. Levesque: Quel était le montant que vous avez
donné?
M. Polak: Un montant de 4389 $ comme prestation maximale du
programme APPORT, après déduction pour frais de garde. C'est
à la page 29 de l'annexe A.
M. Levesque: C'est cela. Sur la base annuelle en 1988, vous avez
les couples avec deux enfants de six à onze ans et le tableau indique
exactement ce que donnent les prestations maximales du programme APPORT.
M. Polak: Les familles monoparentales avec un enfant de moins de
six ans.
M. Levesque: C'est cela.
M. Polak: C'est ce que j'ai mentionné: 4389 $.
M. Levesque: 4389 $. Vous avez l'aide avant les frais de garde de
2599 $ et l'aide à la garde de 1790 $; vous avez un total de 4389 $.
M. Polak: Parfait:
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député de Sainte-Anne?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
quant à l'argumentation du député de Sainte-Anne, est-ce
que cela va?
M. Levesque: Oui. Je crois que le député de
Sainte-Anne vient de nous faire part par sa réaction - et il
représente si bien la population de son comté - des
expériences que connaîtront plusieurs personnes de son
comté lorsque ces personnes auront à profiter de ce
programme.
Le programme APPORT va sûrement encourager ces personnes, dont
plusieurs sont présentement bénéficiaires de l'aide
sociale, qui auront grand avantage maintenant à se trouver du travail
qui peut-être ne sera pas aussi rémunérateur qu'on le
désirerait, mais qui sera complété justement par les
prestations du programme APPORT. À ce moment-là, les familles
trouveront un grand avantage à se trouver ce genre d'emploi qui,
jusqu'à maintenant, n'était pas tellement intéressant
parce qu'on ne voyait pas d'avantages financiers à retourner sur le
marché du travail à certains niveaux de revenus, tandis qu'avec
le programme APPORT qui s'adresse aux familles à bas revenus, là,
il n'y a aucun doute que ceci fait en sorte que ces familles - le
député de Sainte-Anne a parlé de familles monoparentales,
par exemple - ces personnes vont vouloir retourner sur le marché du
travail avec les avantages des frais de garde et avec les avantages du
programme APPORT et elles y verront un grand avantage. J'espère que ceci
aura un effet le plus immédiat possible et que, dès 1988, on s'en
aperçoive. Même, déjà, j'ai l'impression que des
gens qui sont au courant des programmes vont vouloir se trouver un emploi avant
que le programme ne soit mis en oeuvre afin de pouvoir en profiter dès
le 1er janvier 1988. Ils n'attendront pas le 1er janvier 1988 pour se chercher
du travail, ils iront le chercher le plus rapidement possible afin d'être
en mesure de profiter pleinement de ce nouveau programme APPORT dès son
entrée en vigueur le 1er janvier 1988.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Lévis.
La croissance des investissements
M. Garon: M. le Président, le ministre des Finances, avec
l'aide de son conseiller, a préféré choisir les
investissements privés non résidentiels qui sont une partie des
investissements. J'ai pris les investissements totaux. Je calcule que les
investissements totaux sont plus indicatifs de la réalité qu'une
partie des investissements et qu'on aurait pu prendre des investissements dans
le domaine de la fabrication. II y a des investissements privés non
résidentiels, des investissements privés, des investissements
publics et des investissements totaux. J'ai préféré
prendre les investissements totaux parce qu'ils reflètent plus la
réalité. Par exemple, on peut prendre les investissements
privés totaux et non pas une partie. En 1984, qu'est-ce qu'on avait
comme situation? Le Québec! 21, 3 % de croissance; l'Ontario, 13, 6 %.
En 1985, au Québec, 31, 2 % de croissance des investissements
privés totaux et, en Ontario, 36, 6 %. En 1986, le gouvernement
libéral arrive. Les investissements privés totaux tombent
à une croissance de 14, 9 % et l'Ontario passe à 23, 2 %. C'est
l'écart le plus considérable des dernières années
entre les deux taux de croissance et cette année, cela va être
encore pire, puisque, pour les investissements privés totaux au
Québec, la croissance sera de 2, 2 %, alors qu'en Ontario, elle sera de
6, 2 %, presque trois fois plus. (17 h 45)
M. le Président, ce sont des chiffres publics qui sont
disponibles au ministre. Le ministre pourra bien choisir les chiffres qu'il
voudra, moi, je préfère prendre les investissements privés
totaux. Si on compare les investissements totaux du Québec à ceux
de l'Ontario, on se rend compte que la situation était, en 1984, de 12,
9 % pour le Québec et de 9, 5 % pour l'Ontario, dans tout le Canada. Il
disait: Oui, mais c'est une situation particulière au Canada.
C'était une croissance de 2, 5 % dans tout le Canada. En 1984, on
était dans la même situation économique dans tout le
Canada; c'était 12, 9 % de croissance au Québec, 9, 5 % en
Ontario et 12, 5 % au Canada pour les
investissements totaux.
Quand on passe en 1985, on se rend compte que le Québec avait des
investissements totaux de 22, 1 % et, I'Ontario, de 28 %. On arrive en 1986.
L'Ontario est dans la même situation que le Québec. Le
Québec aura une croissance totale des investissements de 6, 6 %, alors
que, pour l'Ontario, à côté, notre voisin auquel aiment
tellement se comparer les libéraux, ce sera trois fois plus, avec 18, 4
% de croissance des investissements totaux. Notre comparaison avec l'Ontario
n'a jamais été aussi mauvaise depuis que les libéraux sont
là.
On regarde l'année 1987. La croissance, au Québec, des
investissements totaux sera de 4, 8 %, alors qu'en Ontario elle sera de 6, 2 %.
Encore là, je veux bien croire qu'on va vous dire qu'au Québec et
en Ontario cela va mieux que dans l'ensemble du Canada, mais c'était
aussi le cas au début des années quatre-vingt, dans le temps du
gouvernement du Parti québécois, sauf qu'il y avait des
investissements. Là, on voit que la croissance des investissements
diminue de façon radicale avec ce gouvernement qui mène cela
comme une "business". La croissance des investissements n'a jamais
été aussi faible au cours des dernières années que
depuis que les libéraux sont là, et même en la comparant
avec l'Ontario. La plus forte année d'écart avec l'Ontario, c'est
1986 où le Québec a eu une croissance de 6, 6 % et l'Ontario de
18, 4 %.
Quand on regarde la situation de la crise économique, on se rend
compte également qu'au Québec, pour le produit... Regardez 1982
par rapport à 1981 - le ministre voulait faire des comparaisons - le
produit intérieur brut réel, la croissance en 1982 par rapport
à 1981 - regardez bien cela - c'était une diminution dans
l'ensemble du Canada de 3, 8 % alors qu'au... Pardon. Non, 3, 1 %... 4, 4 %,
cela veut dire qu'il n'y avait pas une grande différence - je n'ai pas
les chiffres de l'Ontario pour cette année. En 1983 par rapport à
1982, de 3, 1 %, par rapport au Québec à 3, 4 % de croissance.
L'écart entre les deux était très faible dans le temps de
la diminution. Si on regarde en termes de croissance, quand arrive la
croissance, l'écart avec le Québec est beaucoup plus fort, quand
on regarde les différentes années. Les chiffres sont disponibles
au ministre. Quand on compare avec l'Ontario, on se rend compte qu'entre notre
croissance et celle de l'Ontario, il n'y avait quasiment pas d'écart,
alors qu'en 1986 et en 1987, on voit que les écarts de croissance entre
le Québec et l'Ontario vont être beaucoup plus forts. Je n'invente
pas les chiffres, ils sont là.
M. le Président, j'ai donné les chiffres des
investissements privés, j'ai donné les chiffres des
investissements totaux et la réponse est là. On voit cela. Je
vais dire plus. On peut en regarder plus. Pour les investissements dans le
domaine de la fabrication, en 1984, le Québec a eu une croissance de 31,
8 % alors que, pour l'Ontario, c'était 3 %. Le Canada a fait 0, 3 %.
Notre taux de croissance était 100 fois plus élevé que
celui de l'ensemble du Canada dans le domaine de la fabrication et dix fois
plus élevé que celui de l'Ontario.
L'année suivante, le Québec, 23, 4 %, l'Ontario, 46, 5 %,
et le Canada 29, 6 %. Regardez l'arrivée des libéraux.
L'écart devient épouvantable. Le Québec va croître
de 7, 1 %, l'Ontario de 32, 3 % et, le Canada, de 20, 8 %. On n'a jamais eu des
écarts aussi forts que ceux qu'on retrouve en 1986 avec les
libéraux au gouvernement. On a beau dire qu'il y a eu des écarts
dans les années antérieures, mais ils étaient faibles
comparés à ces écarts. L'année la plus pourrie
qu'on peut trouver au point de vue des investissements dans le domaine de la
fabrication au cours des dernières années, c'est 1986 où
la croissance est de 7 % au Québec, 32 % en Ontario, 20, 8 % au Canada,
presque 21 %. C'est trois fois moins que la moyenne canadienne et presque
quatre fois et demie moins que la croissance de l'Ontario. Il faut le faire
pour un gouvernement qui se trouve bon.
On voit cela un peu dans les journaux tous les jours. On se fait
organiser dans le domaine de la recherche et du développement parce
que,.. Je comprends que le ministre veut essayer de compenser. C'est parce
qu'il s'est fait faire. On voit que les contrats du ministère de la
Défense s'en vont en Ontario. Il y a même les cours de
français par le gouvernement fédéral qui s'en vont en
Ontario. Imaginez-vousi C'est Toronto, avec des entreprises sans
expérience, qui a les contrats, alors que le Québec n'a
même pas les contrats d'enseiqnement du français au gouvernement
fédéral. Le ministre est sur le pilote automatique. Que
négocie-t-il? Il fallait négocier pour savoir négocier.
C'était cela la différence qu'il y avait entre le gouvernement du
Parti québécois et le gouvernement du Parti libéral. On
n'a jamais été si peu représenté dans les
négociations puisqu'on voit qu'on se fait faire de partout. Quand il
s'agit de mettre quelque chose au Québec ou en Ontario, tout s'en va en
Ontario. On voit cela dans les résultats. Les investissements
apparaissent là tandis qu'on peut voir que, sous le gouvernement
antérieur, le Québec occupait plus sa place qu'il ne le fait
actuellement.
Ce n'est pas parce qu'on voit des machines à propaqande comme
Ghislain Dufour, du Conseil du patronat... On ne peut pas dire que Ghislain
Dufour, du Conseil du patronat, parle au nom de la petite entreprise
québécoise. Il faudrait savoir qui est membre de cet organisme.
Il peut bien féliciter à tour de bras le ministre des Fi-
nances, comprenez-vous? Mais les grandes compagnies internationales vont
aller très bien, les entreprises québécoises vont crever
et il va trouver que cela va bien. Il faut regarder les choses
concrètement. On se rend compte que cela ne fonctionne pas.
Dans le domaine du développement régional, M. le
Président, j'aime autant ne pas aborder ce sujet immédiatement
puisqu'on doit discuter pendant une période de six heures et que le
ministre va vouloir répliquer. Mais ce soir...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
député.
M. Garon:... je parlerai du développement régional
pour montrer que, jamais, il n'y a eu aussi peu d'efforts consentis dans le
développement régional par le ministre des Finances. Il n'y a pas
d'effort. On va parler aussi du fonds de suppléance et on va se rendre
compte que le ministre ne sait tellement pas où il s'en va qu'il n'est
même pas capable de mettre l'argent dans les budgets sectoriels qui n'ont
même pas de projet. Il est obligé de mettre l'argent dans des
fonds de suppléance parce qu'il n'est pas capable de mettre les sommes
qu'il a annoncées dans son budget dans des programmes
spécifiques. C'est quelque chose, M. le Président. Il n'a
même pas de programme, il n'a même pas d'indication. Il ne sait
même pas où il va mettre les fonds dans les différents
ministères. Alors, il les met dans les fonds de suppléance. On
n'a jamais vu cela un gouvernement sans idée. On voit actuellement qu'il
nous parle de recherche et de développement. Mais oui, il continue la
politique qui était appliquée par le Parti
québécois et il s'en vante comme s'il avait trouvé cela.
Il me fait penser à un enfant qui joue avec le jouet de l'enfant du
voisin.
Après cela, il nous parle des REA. C'est le Parti
québécois qui a inventé la formule des REA. Actuellement,
qu'on me trouve une formule. Il se vante, mais il se vante des accomplissements
des autres. Le ministre des Finances devrait nous dire ce qu'il a
trouvé, lui. Qu'est-ce qu'il a trouvé dans son imagination?
Qu'est-ce que son équipe a trouvé dans son imagination, dans son
document Maîtriser l'avenir? Je comprends. Maîtriser
l'avenir quand il s'agit de nous faire descendre, c'est facile. On est comme
dans une pente de ski actuellement qu'on descend graduellement, sauf que, la
machine à propagande étant là, les gens ne sont pas encore
complètement conscients...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, votre temps de parole est terminé depuis environ une
minute, 30 secondes. Je dois céder la parole...
M. Garon: Mais on verra bientôt... Je n'en dis pas plus. Je
vais laisser la parole au ministre des Finances.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je remercie le
député de Lévis de sa condescendance à me laisser
terminer. Je veux simplement lui rappeler les chiffres d'aujourd'hui parce que
s'il s'en va dans le passé - il a l'air de vouloir vivre dans le
passé - il comprendra que ce que j'ai dit, il y a quelques minutes,
tient toujours. Quand on est à terre et qu'on se lève, on prend
un peu plus d'altitude à mesure qu'on se relève. Mais, quand on
est debout, là, c'est difficile de se surpasser. C'est ce que nous
faisons présentement. Évidemment, il était knock-out dans
les années 1981-1982, c'est entendu qu'après il y a eu une
récupération, par la suite.
Pour prendre une comparaison boiteuse, prenez un élève qui
a toujours deux sur dix ou un et demi sur dix, il s'en va comme cela...
À un moment donné, il a trois sur dix. Il vient de doubler sa
performance. Il vient d'avoir un pourcentage d'augmentation extraordinaire.
Mais on n'est pas pour le féliciter trop vite, on va le laisser aller un
peu. On va le laisser se relever un peu plus. C'est ce genre de comparaisons
qui font que cela fausse une réalité ou, si cela correspond
à une réalité, c'est qu'on n'a sûrement pas à
faire de comparaisons. Maintenant que nous sommes sortis de cette
période, il faut regarder où l'on se trouve et quelles sont les
prévisions et perspectives d'investissement pour 1987. C'est cela qui
nous intéresse, c'est pour le monde d'aujourd'hui que l'on parle. On va
regarder. Que voit-on? On voit au Canada une amélioration de 3, 8 % pour
les immobilisations totales et, au Québec, de 4, 7 %. Dans le secteur
non résidentiel, le Québec voit dans les perspectives
d'investissement 7, 6 %; au Canada, 4, 4 %.
M. Garon: En Ontario?
M. Levesque: En Ontario, 5, 9 %. Si vous voulez avoir les
chiffres: Québec, 7, 6 %? Ontario, 5, 9 %; Canada, 4, 4 %. Source:
Statistique Canada. Si on veut aller plus loin dans les détails, le
député a parlé de la fabrication. Il veut avoir les
chiffres de l'Ontario et du Québec? Je vais les lui donner. Les
investissements non résidentiels par secteur en 1987. Ce qui est
prévu: une augmentation pour le Québec de 6 %, qui serait de 9, 8
% si on exclut les alumineries qui viennent de terminer des investissements;
l'Ontario, 2, 1 %. Les services d'utilité publique: Québec, 17, 5
%; Ontario, 9, 1 %. Les services, surtout commerce et finances: 11, 3 % au
Québec, 7, 8 % en Ontario. Ce sont des chiffres cela aussi. Source:
Statistique Canada, 1987. C'est encourageant. Et je lisais justement...
C'est le Conference Board, je crois, qui vient de publier cela, nous le
recevons à l'instant. Qu'est-ce que l'on dit? Cela commence comme cela,
c'est merveilleux, je ne l'ai pas commandé pour la commission
parlementaire: "The Canadian economy is expected to post average annual growth
of about 2. 5 % in 87-88. This year, Ontario and Quebec will be the leading
provincial economies mainly because of the continued strength of their domestic
demand. " C'est bon, n'est-ce pas?
Une voix: C'est votre budget.
M. Levesque: Alors, que voulez-vous? On parle présentement
de la bonne performance du Québec, on parle également de la bonne
performance de l'Ontario. Je ne puis que me réjouir que le Québec
tienne son bout et que nous soyons dans plusieurs domaines, d'après les
pronostics, dans le domaine, par exemple, de la fabrication, des services
d'utilité publique et dans les services comme le commerce et les
finances, que nous soyons en avant au point de vue du pourcentage, de la
croissance de l'Ontario même, qui pourtant connaît une très,
très bonne économie. Personne ne va le nier.
Une voix:... que le Québec...
M. Levesque: Quand on parle des emplois, je viens de donner des
chiffres extrêmement éloquents qui parlent d'eux-mêmes.
Avril 1986: 2 858 000 emplois; avril 1987; 2 958 000 emplois. 100 000 emplois
de plus d'avril à avril et je ne m'en vante pas. Pourquoi? Parce qu'on
ne peut prendre un seul mois, ce n'est pas un mois qui va faire l'année,
c'est sûr. Mais, si je prends la moyenne, cependant, de janvier à
avril 1987 par rapport à janvier jusqu'en avril 1986, la moyenne
d'augmentation de l'emploi est de 76 000. C'est assez intéressant quand
on en prévoit 65 000. C'est ce qui arrivé l'an dernier, nous
avions prévu un taux de croissance X, cela a été X plus.
C'est ainsi qu'on s'en va et c'est ainsi que nous allons continuer de
travailler dans l'intérêt du public québécois, dans
l'intérêt du Québec. Par ce fait même, je pense qu'on
peut dire que le budget apporte une contribution dans ce sens-là.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances. La commission va continuer ses travaux à 20
heures. Préalablement, j'aimerais faire quand même certains
commentaires sur l'organisation des présents travaux. Vous n'êtes
pas sans savoir que les règles particulières qui régissent
le présent débat sont les articles 275 et 276. Si je fais ces
remarques, c'est eu égard à certains commentaires qui n'ont
peut-être pas été enregistrés, mais que j'ai
entendus. Dans les articles 275 et 276, on ne spécifie pas un temps de
parole, je dois donc me référer à l'article 209 qui dit
que, théoriquement, le droit de parole de chacun des parlementaires est
de vinqt minutes. Si j'avais à appliquer l'article 209, ceci serait
aberrant, parce que cela consacrerait à l'Opposition 100 minutes sur 600
minutes. Cette chose me paraît inacceptable eu égard au
contrôle parlementaire.
En vertu des précédents de l'article 179 et 180 de mon
règlement et des décisions jurisprudentielles, entre autres,
celles de l'ex-président de cette commission, M. Lachance, alors
député de Bellechasse, je m'en réfère à la
règle de l'alternance qui veut que les temps de parole soient de 50-50
en toute équité, par respect des parlementaires. J'ai fait
compiler le temps dans le cadre du présent débat et on en arrive
pour les ministériels à 25 minutes 55 secondes et pour
l'Opposition à une heure 29 minutes et 20 secondes. C'est donc dire que
l'Opposition a utilisé plus de 75 % du temps de parole. Or une des
choses qui me guident en tant que président de cette commission, c'est
justement le respect des parlementaires, le droit au contrôle
parlementaire et j'applique strictement les règles de procédure
et les autres dispositions pertinentes au présent règlement.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Pourriez-vous regarder la tradition, pour 1984 et 1985,
dans le cadre de la même commission parlementaire... quel était le
temps occupé par l'Opposition par rapport au temps total pour les
critiques officiels en matière de finances. Les années 1984 et
1985 seraient très indicatives. Je pense à 1985 où 100 %
du temps était pris par l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, il y a eu une réforme parlementaire en 1984.
M. Garon: C'est pour cela que je dis 1984 et 1985...
Le Président (M. Lemieux): Il appartient effectivement aux
députés... Eu égard aux précédents et en
vertu des articles 179 et 180, je me dois de faire respecter le principe de
l'alternance 50-50 en respectant le droit de chacun des parlementaires. C'est
ce principe que je vais faire respecter. Je vais faire respecter leur droit de
parole tout en étant bien conscient du rôle de l'Opposition. Et je
vous dis qu'actuellement plus de
75 % du temps a été utilisé par l'Opposition. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, vous avez donné des
statistiques, j'aimerais qu'on ait des statistiques complètes. En 1984,
pourriez-vous nous dire - vous pourrez nous le dire à 20 heures - quel
est le nombre d'heures qui a été dévolu à cette
commission parlementaire dans le cadre de l'étude du budget et quel est
le temps occupé par l'Opposition et par les députés
ministériels, et la même chose en 1985?
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de...
M. Garon: II y a les règlements, il y a la jurisprudence,
mais il y a aussi la tradition. J'aimerais que vous puissiez le faire en 1984
et 1985 pour la commission parlementaire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine.
M. Gobé: Est-ce qu'on pourrait tendre à comprendre
que le député de Lévis voudrait bâillonner une
partie des députés qui sont présents en voulant
restreindre leur privilège de s'entretenir et de questionner le ministre
des Finances?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine...
M. Gobé: Je pense que les électeurs
n'apprécieraient pas.
Le Président (M. Lemieux): Lors du dernier débat en
présence du présent ministre des Finances, c'est la règle
qui a été appliquée et, en ce qui concerne les
présents travaux, c'est la règle que j'ai l'intention d'appliquer
dans le respect du droit des parlementaires. Merci. Nous suspendons la
séance jusqu'à ce soir, 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 4)
(Reprise à 20 h 13)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux relativement au discours sur le
budget. La parole était à M. le ministre.
M. Levesque: C'était à moi.
Le Président (M. Lemieux): La parole était à
vous. Vous étiez en conclusion, si je me souviens bien. Alors, comme
vous étiez en conclusion...
M. Levesque: C'était à la suite de l'intervention
du député de Sainte-Anne, je pense?
Le Président (M. Lemieux): Du député de
Sainte-Anne, M. Polak, effectivement, De M. Garon, je m'excuse. C'était
à la suite de l'intervention du député de Lévis.
Vous étiez en conclusion.
M. Garon: Une intervention remarquée, d'ailleurs.
Une voix: Je ne le sais pas.
Le Président (M. Lemieux): À la suite de
l'intervention de M. le député de Lévis, vous avez la
parole.
M. Levesque: C'était au sujet de certaines données
relatives aux investissements, à l'emploi...
Le Président (M. Lemieux): Soixante-trois de...
M. Levesque: C'est cela. Oui, M. le Président,
c'était justement relativement aux investissements, à l'emploi et
aux...
Le Président (M. Lemieux): Vous aviez...
M. Levesque: Cela avait trait à la croissance
économique, aux emplois et aux investissements. Je pense que j'ai
conclu, M. le Président, avec la fin de nos travaux de cet
après-midi. Je suis prêt à aborder un sujet qui pourrait
être amené par un de mes collègues du côté
ministériel.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a des
interventions du côté ministériel?
M. Gobé: Oui, je peux y aller, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine.
Réforme de la fiscalité
M. Gobé: Merci, M. le ministre, de me laisser vous poser
quelques questions. Après cette suspension, je ne me souvenais plus si
c'était le député de Lévis ou nous qui avions
parlé.
M. le ministre, il est abondamment question dans les médias, dans
les journaux, de réforme de la fiscalité tant au niveau
fédéral qu'au niveau provincial. Je pense qu'on a vu l'an dernier
un peu la réforme américaine. Personnellement, je l'avais suivie
un peu dans les journaux, étant aux Etats-Unis durant cette
période, dans le courant de l'été. Il y a beaucoup de
bruits qui circulent.
Les gens ont beaucoup de perceptions différentes. Si c'est le
ministre fédéral qui parle, il y a un son de cloche qui arrive;
si c'est un groupe d'hommes d'affaires ou de fiscalistes, on entend d'autres
choses. Il est évident pour tout le monde, par contre, qu'il y aura
certainement une réforme.
Je vois votre budget. Ce budget engage les prochaines années. On
parle aussi de transferts avec le fédéral, on parle de
différentes choses. Les gens que je rencontre me disent: Mais, M. le
député, à quoi cela sert-il de faire des budgets pareils
parce que dans sept, huit mois, un an au plus tard, on nous dira à la
télévision, à la chambre de commerce ou ailleurs que le
ministre des Finances du Québec va devoir changer la fiscalité?
Et là, ils ne comprennent plus. Ils se disent: Est-ce que c'est normal
qu'on ait ce budget maintenant, dans un premier temps, et qu'ensuite on en
fasse un autre pour s'adapter à la réforme de la fiscalité
fédérale?
Il y a aussi des choses qui circulent. Les gens s'interrogent et disent:
Est-ce que cela veut dire qu'on va payer moins d'impôt? Est-ce que cela
veut dire qu'on va payer plus de taxes sur les produits de consommation? Le
député de Lévis nous faisait, en début de
soirée, une rétrospective de la taxation en France que je ne
connaissais pas d'ailleurs, parce qu'il y a très longtemps que j'y suis
allé pour payer des impôts. Il semblait connaître assez
cela. Il disait que c'était un système régressif et il
parlait de la TVA, la taxe sur la valeur ajoutée. Est-ce qu'on peut
s'attendre que, dans la réforme de la fiscalité qui va être
entreprise au fédéral - mais je pense qu'on va devoir s'aligner
au Québec - il va être question de ce genre d'impôt? C'est
un peu flou pour la population, j'ai l'impression, peut-être à
juste titre parce qu'il n'y a rien sur la table actuellement, mais c'est
peut-être un peu flou aussi pour les élus. Auriez-vous
l'amabilité de m'expliquer ou d'expliquer à l'intention de mes
collègues de la commission quelles sont les approches? Est-ce que vous
pouvez nous dire s'il y a un échéancier ou quelque chose comme
cela? Si vous ne pouvez pas, je comprendrai très bien. Comme disait un
de nos collègues au cours de la période de questions, on ne
négocie pas en public. On négocie les choses importantes en
privé. Alors, on comprend très bien cela, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Garon: Je ne voudrais pas que le ministre des Finances soit
obligé de parler à une commission parlementaire où il n'y
a pas quorum. Étant donné qu'il y a 99 députés
libéraux, je pense bien que le whip, à qui on paie un salaire
additionnel pour faire ce travail, devrait faire en sorte que les
députés libéraux, à 99, puissent siéger. Je
demanderais au président d'appeler le quorum.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons suspendre nos
travaux environ une minute. Je vais me charger de faire en sorte que le quorum
soit assuré jusqu'à la fin de cette séance.
(Suspension de la séance à 20 h 19)
(Reprise à 20 h 22)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Lévis, M. le
député de Jonquière. La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux après avoir suspendu quelques
minutes. La parole était, si ]e me souviens bien, à M. le
ministre des Finances. Nous allons attendre une fraction de seconde, le temps
que M. le ministre des Finances puisse prendre sa place. Ce n'est pas en raison
de la non-présence du ministre des Finances que nous avons dû
suspendre, mais parce que nous n'avions pas le quorum. M. le ministre des
Finances s'il vous plaît.
M. Levesque: M. le Président, le député de
Lafontaine a abordé un sujet d'actualité lorsqu'il a parlé
d'une réforme éventuelle de la fiscalité au Québec.
C'est une réforme qui s'est engagée d'abord chez nos voisins du
Sud et qui est déjà pratiquement à l'étape de la
mise en oeuvre, alors que du côté du gouvernement
fédéral, on annonce pour le 18 juin prochain le
dépôt d'un livre blanc sur la fiscalité. Ce
dépôt sera suivi d'une période de consultation
jusqu'à la mi-octobre probablement avec en vue le dépôt,
à la Chambre des communes, de procédures qui seraient de nature
à mettre en marche cette réforme, du moins partiellement, pour le
1er janvier 1988.
Cette réforme devra normalement toucher l'impôt sur le
revenu des particuliers, l'impôt sur le revenu des corporations et les
taxes à la consommation. Dans le cas du gouvernement
fédéral, la taxe de vente fédérale, qui pourrait
être... Je dis toujours "pourrait" parce qu'on parle toujours dans une
forme hypothétique I ce moment-ci, au conditionnel, parce que je ne peux
pas affirmer quoi que ce soit, étant donné que nous sommes dans
l'attente de certaines décisions qui viennent d'ailleurs, bien que je
doive dire que nous sommes régulièrement en discussion avec le
gouvernement fédéral au niveau des fonctionnaires. Je crois que
l'on peut s'attendre que, de notre côté, nous soyons
appelés à procéder éqalement à une
réforme qui serait de nature à nous donner la plus grande
compétitivité possible avec
nos voisins du Sud et les autres parties du Canada. Il est important
que, s'il y a des réformes qui se font ailleurs, elles n'aient pas pour
effet de nuire à notre compétitivité et qu'elles n'aient
pas non plus pour effet, à cause de la mobilité, d'attirer
ailleurs les éléments importants de notre population. Au
contraire, nous devons faire en sorte que cette réforme ait des
retombées positives pour le Québec. C'est pourquoi nous
surveillons de près ce qui se fait ailleurs, tant aux États-Unis
qu'au Canada.
Je ne suis pas à même de parler pour le gouvernement
fédéral, évidemment, mais d'après les
renseignements que j'ai pu recueillir, on ne procéderait pas à la
mise en oeuvre de cette réforme en même temps. Il y a
peut-être des éléments qui pourraient commencer à
prendre place au début de l'année prochaine, mais cela ne veut
pas dire que tout entrera en vigueur en même temps. Mais là
encore, je crois qu'on devra attendre au moins le dépôt du livre
blanc attendu pour la mi-juin pour avoir des réponses plus
précises à ces questions.
Qu'est-ce que je puis ajouter, évidemment? Il y a certains
éléments qui font partie de notre dossier à l'heure
actuelle, mais que je ne crois pas d'intérêt public de transmettre
parce qu'ils font partie des travaux qui se font chez les fonctionnaires du
ministère des Finances au gouvernement fédéral et chez
nous. Nous ne sommes pas encore autorisés à rendre ces choses
publiques bien que nous sachions que votre curiosité bien
légitime et celle de vos commettants devra être comblée,
satisfaite d'ici quelques semaines lorsque le livre blanc du gouvernement
fédéral sera déposé et que la consultation sera
engagée. (20 h 30)
Je dois cependant répondre à l'interrogation que vous nous
transmettiez disant: Pourquoi ne pas attendre la réforme pour
procéder à certaines décisions majeures que nous
retrouvons dans le discours sur le budget du 30 avril dernier? C'est que nous
avons voulu mettre en place immédiatement des éléments que
nous considérons comme essentiels dans notre politique
financière. Nous les avons mis de l'avant avec la presque certitude que
nous allons pouvoir conserver ces morceaux aussi intacts que possible. Bien
plus, cela serait de nature à indiquer immédiatement, à
ceux qui réfléchissent sur la fiscalité au niveau
fédéral en particulier, qu'il y aurait avantage pour eux de
s'harmoniser dans cette réforme fiscale avec des éléments
aussi importants que ceux que nous avons mis de l'avant. Ce n'est pas toujours
nécessaire que ce soit le provincial qui s'harmonise avec le
fédéral. Il est possible d'imaginer que le fédéral
doive également s'harmoniser avec le provincial. C'est arrivé et
cela va arriver encore. Il ne faut pas penser que cela n'a pas de
précédent. On a vu le gouvernement fédéral, par
exemple, changer d'attitude lorsque nous avons refusé de nous harmoniser
dans certains cas que j'ai à l'esprit et, par ce refus, on a
forcé une nouvelle réflexion du fédéral. Le
fédéral est arrivé à s'harmoniser avec le
gouvernement du Québec. Cela s'est fait encore il n'y a pas longtemps
dans le domaine, par exemple, des rentes où nous avons vu que notre
point de vue a été prépondérant dans les
discussions que nous avons eues avec le gouvernement fédéral et
ainsi de suite, de sorte que les mesures que nous prenons dans le budget
actuel, si elles n'avaient pas été prises, cela n'aurait pas pu
profiter aussi rapidement aux personnes et aux familles vers lesquelles
certaines sont destinées ou dirigées. Deuxièmement, il est
possible que, en ce faisant, nous amenions le gouvernement
fédéral dans sa réforme à y inclure des
pièces de résistance que l'on retrouve présentement dans
notre budget. Je ne crois pas que les gens doivent s'inquiéter quant aux
mesures principales que nous retrouvons dans le budget. Nous avons fait ce
budget justement ayant à l'esprit de ne pas proposer de mesures qui
seraient susceptibles d'être annulées par l'effet de la mise en
oeuvre de cette réforme.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
ministre. Il reste... Merci, M. le ministre.
M. Levesque: J'ai compris votre signal, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Levesque: Comme je suis un homme discipliné, je n'ai
pas attendu que vous insistiez.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? M. le
député de Lévis.
M. Gobé: M. le Président, je n'avais pas
terminé mon temps de dix minutes d'intervention.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. Effectivement,
vous avez raison, M. le député de Lafontaine. Vous avez 3 minutes
20 secondes de faites. Il vous reste donc 6 minutes 30 secondes.
Une voix:... M. le Président
Le Président (M. Lemieux):... pas nécessairement,
monsieur. C'est dû à l'intérêt que je portais aux
remarques qui étaient faites par le ministre des Finances. M. le
député de Lafontaine, s'il vous plaît.
M. Gobé: Je crois, M. le ministre des Finances, que vos
explications sont très claires et fort pertinentes, en particulier en ce
qui concerne la vision que vous avez eue et l'intérêt que vous
portez à vos concitoyens en mettant dans le budget actuel
déjà des mesures que vous désirez avoir dans la
réforme fédérale. C'est là, je crois, qu'on peut
juger la vision qu'une personne peut avoir dans son administration. Cela nous
change, je dois dire, avec ce qu'on a pu connaître depuis une dizaine
d'années sous l'ancien gouvernement» Croyez-moi, ce n'est pas
toujours qu'on a vu des ministres des Finances qui prennent assez à
coeur et assez au sérieux les intérêts du Québec
pour ne pas en faire des guerres de drapeaux ou des enjeux de basse
politicaillerie, pour aller justement apporter des réformes ou des
éléments avec lesquels un autre gouvernement n'aura pas d'autre
choix que d'agir. Je vois le député de Lévis qui rigole.
Il rigole tout le temps ces temps-ci, sauf qu'il ne trouve pas le budget bien
bon, puis il rigole. M. le Président, je me demande pourquoi un
député qui ne trouve pas un budget bon rigole quand un
député, un de ses collègues, même s'il est dans une
formation politique différente, fait valoir à la population les
bons points et les bonnes mesures fiscales qu'un ministre responsable
amène. Là, on rigole et on s'amuse. C'est là que je
m'interroge, M. le Président, sur tout le sérieux qu'on peut
avoir quelquefois dans l'Opposition et particulièrement en ce qui
concerne notre critique à nous à cette commission. Alors, Il me
reste un peu de temps. Je vais laisser la parole maintenant.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît.
M. Garon: Alors, M. le Président, je suis content que vous
me passiez la parole puisque le député de Lafontaine n'avait plus
rien à dire. Un temps, je me rappelle que le député de
Bonaventure a connu cette époque, que je pensais révolue, qu'on
appelait l'ère des flatteurs. Il se rappellera qu'à cette
époque le principal rôle des députés "backbenchers"
était de flatter les ministres ou le premier ministre. En entendant le
député de Lafontaine, j'ai cru cette époque revenue.
M. le Président...
M. Gobé: M. le Président, une question de
privilège...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, c'est au
député de Lévis...
M. Gobé: J'aurais une question de privilège, M. le
Président.
M. Garon: II n'y a pas de question de privilège.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas de question de
privilège...
M, Gobé: Oui. Le député de Lévis vient de
dire que cela lui rappelait une époque qui était révolue
et il parlait de "flatteur". J'estime que, de la manière qu'il parle, il
porte atteinte à mon intégrité de parlementaire. Je ne
crois pas qu'on ait à qualifier un député, l'action ou le
discours d'un député - quel qu'il soit - de "flatteur" ou
d'autres qualificatifs. On est là pour faire notre travail et donner
notre opinion. On a été élu pour la donner et je la donne,
que cela plaise ou ne plaise pas au député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Lafontaine.
M. Gobé: II fera une commission parlementaire s'il le juge
utile plus tard, mais pour l'instant j'ai le droit de m'exprimer.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît, c'est vous qui avez la parole.
Développement régional
M. Garon: Je n'ai pas insulté le député de
Lafontaine. II prend la mouche rapidement. Si je lui avais dit qu'il avait un
tempérament à faire partie de l'OAS, là, je l'aurais
peut-être insulté, mais je ne lui ai pas dit cela. Je lui ai
simplement dit qu'il flattait un peu fortement le ministre des Finances.
M. le Président, je voudrais simplement faire part de mon opinion
au ministre des Finances concernant ce que je lui avais dit avant l'heure du
souper, le sujet sur lequel je reviendrais ce soir, soit le
développement régional. Le ministre, dans son discours sur le
budget, a essayé d'impressionner la galerie en indiquant ses
préoccupations pour le développement régional. Si je fais
un bref historique des fonds consacrés au développement
régional, je ferai remarquer au ministre des Finances que le budget de
1985-1986, le budget du gouvernement du Parti québécois,
contenait des sommes de 62 600 000 $, pour les fins du développement
régional, c'est-à-dire l'OPDQ, programme 2.
Dans le premier budget du ministre des Finances, on voit des
crédits de 34 959 000 $, c'est-à-dire près de 30 000 000 $
de moins, presque la moitié moins de fonds pour le développement
régional. On a vu, après le budget, une somme additionnelle de 10
000 000 $ pour faire une somme totale des crédits de 44 959 000 $, sauf
qu'on voit maintenant au budget que les dépenses probables seront de 33
255 000 $, c'est-à-dire qu'il y aura 11 700 000 $ de crédits
périmés. Cela veut
dire que les 10 000 000 $ rajoutés par le discours sur le budget
du 1er mai 1986 ne seront pas dépensés entièrement aux
crédits périmés.
M. Levesque: Pour quelle année?
M. Garon: Pour l'année 1986-1987. Cela veut dire que les
dépenses probables sont de 33 255 000 $ pour l'année
1986-1987.
Lors des crédits, on s'est retrouvé cette année
devant la même comédie que l'an dernier. Le ministre a
affecté 33 468 000 $ aux crédits de 1987-1988, ce qui est
à peu près le montant des sommes qui seront
dépensées ou qui ont été dépensées
dans l'année 1986-1987 et après le budget du 30 avril 1987,
après avoir ajouté 10 000 000 $, il y aura une somme totale de
crédits au développement régional pour l'année
1987-1988 de 43 468 000 $.
Si on compare cela avec la somme indexée de 62 600 000 $ pour
l'année 1985-1986, cela voudrait dire que 67 000 000 $ auraient
été nécessaires en 1987-1988, en mettant un taux
d'inflation de 4 %, ce qui n'est pas exagéré, puisque le ministre
sait que le taux d'inflation était plutôt proche de 5 % que de 4
%. C'est beaucoup moins d'argent qui est consacré au
développement régional en 1987-1988 qu'il n'en a
été consacré en 1985-1986.
Je ne comprends pas comment le ministre des Finances peut dire dans son
budget... Je vois un jeune homme qui s'approche pour souffler une
réponse au ministre; je suis persuadé que le ministre des
Finances, qui est un député régional, doit connaître
ces chiffres-là par coeur. Je ferai remarquer que c'était, en
1985-1986, des crédits de 62 600 000 $ qui étaient
affectés au développement régional. En 1986-1987, il y
aura eu des dépenses probables de 33 255 000 $ et, après
l'augmentation de 10 000 000 $ ajoutés par le ministre des Finances dans
son budget du 30 avril 1987 pour l'année 1987-1988, on se retrouvera
avec des crédits après budget, en tenant compte des 10 000 000 $
ajoutés par le ministre des Finances, avec un budget de 43 468 000 $,
soit, à toutes fins utiles, près de 25 000 000 $ de moins que les
crédits en valeur constante affectés par le gouvernement du Parti
québécois en 1985-1986. Je suis persuadé que le ministre
des Finances ne peut pas dire qu'il a une grande préoccupation du
développement régional alors que les sommes consacrées au
développement régional sont de plus de 60 % moins
élevées que les sommes consacrées par le gouvernement
précédent en 1985-1986, par rapport à son budget de
1987-1988.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, j'ai justement
demandé à un de mes collaborateurs de m'indiquer où se
trouvaient les 60 000 000 $ et quelques dont parle le député de
Lévis. On ne peut pas me l'indiquer. Alors, j'attends que le
député de Lévis m'indique à quel endroit on trouve
ces 60 000 000 $ et quelques pour le développement régional.
M. Garon; Dans le programme 2 de l'Office de planification et de
développement du Québec, le budget 1986-1987, à la page
19-3, on voit programme 2, Développement régional, et les sommes
sont indiquées.
M. Levesque: À quelle page?
M. Garon: 19-3.
M. Levesque: 1986-1987?
M. Garon: 1985-1986. Pardon, 1986-1987.
M. Levesque: Ce sont les crédits ou le budget?
Le Président (M. Lemieux): Je vais vous demander
d'identifier le document à M. le ministre des Finances.
M. Garon: C'est cela, les crédits. Mais
c'est-à-dire qu'il faut comprendre ce qu'on veut dire là. C'est
très simple, au fond. Les crédits ont été
présentés à la fin de mars, et le ministre par son budget
ajoute 10 000 000 $ puisqu'il a l'habitude maintenant de faire deux
énoncés de crédits.
M. Levesque: Un instant, là. Si je prends le budget
1987-1988, les renseiqnements supplémentaires, à la page 72, pour
bien concilier les choses, et que je prends Tannée 1986-1987, je vois
que les dépenses, par exemple, pour 1985-1986 ont été de
36 339 000 $ au développement régional. Comment est-ce qu'on
concilie vos 62 000 000 $ ou je ne sais quoi - ou 68 000 000 $ - que vou3
prétendez avoir dépensés au Fonds du développement
régional en 1985-1986?
M. Garon: C'est simple. Si vous regardez les budgets aux
crédits, je prends les chiffres du gouvernement, à la page
19.
M. Levesque: Mais, moi aussi, je prends les chiffres du
gouvernement.
M. Garon: Attendez un peu, c'est parce que vous enlevez une
partie d'un programme qui n'est pas là. Le budget 1986-1987, vous voyez
ici, Fonds de développement régional, 1985-1986, 35 000 000 $,
alors que 1986-1987, 12 359 000 $; provision pour
augmenter tout crédit pour la réalisation par les
ministères de projets d'aménagement et de développement
régional, 100 000 $, 100 000 $. Création d'emplois communautaires
en 1985-1986, 27 000 000 $ et création d'emplois communautaires en
1986-1987 22 500 000 $.
M. Levesque: Alors, vous ajoutez le PECEC,
M. Garon: Vous additionnez les deux... M. Levesque: Un
instant!
M. Garon:... et vous avez 62 600 000 $. Oui, mais
c'étaient des crédits.
M. Levesque: Là, vous allez dans un autre
ministère, je crois. Vous allez chercher cela... (20 h 45)
M. Garon: Pour le développement régional, cela
ferait 62 600 000 $ comparativement à 34 950 000 $, alors que, si vous
voulez comparer seulement le Fonds de développement régional, on
indique 35 500 000 $ comparativement à 12 359 000 $.
M. Levesque: Oui, c'est pour ça. On parlait du Fonds de
développement régional et, là, vous ajoutez...
M. Garon: Oui, si on parle seulement du Fonds de
développement régional, on parle, dans les crédits, de 35
500 000 $ en 1985-1986, comparativement ô 1986-1987 avec 12 359 000 $ sur
la même base.
M. Levesque: Eh bien! Voici les chiffres que j'ai. Quant à
1985-1986, les crédits initiaux étaient de 23...
M. Garon: II y a trop d'électricité qui s'en va aux
États-Unis.
Une voix: Quand le député de Lévis parle,
les lumières s'éteignent.
M. Garon: Je n'ai jamais arrêté de parler.
M. Levesque: Ce que j'ai ici comme note, c'est que les
crédits initiaux étaient de 23 500 000 $ en 1985-1986. Il est
vrai que, dans les crédits supplémentaires qui sont
arrivés probablement peu de temps avant les élections, on a
ajouté 12 000 000 $. Je ne sais pas qui, mais ce n'est pas dans les
crédits qui étaient votés.
M. Garon: On n'a pas fait de budget supplémentaire en
1985.
M. Levesque: 23 500 000 $ et les crédits
supplémentaires, je ne sais pas si vous aviez dépensé plus
que... Je ne sais pas.
M. Garon: Bien non! I! n'y a pas eu de budget
supplémentaire en 1985.
M. Levesque: D'où viennent ces 12 000 000 $, je vais
essayer de le... Ils s'appliquent pour 1985-1986. Il y a eu un virement de
crédits de 9 600 000 $.
M. Garon: C'est ça ou pour un ministère sectoriel
en vue du développement régional. C'est comme ça que
ça se faisait.
M. Levesque: On m'informe que cela a été la
même chose en 1985 que cette année-là. Au lieu d'avoir 10
000 000 $, ils ont mis 12 000 000 $ dans le budget, suivant le
dépôt des crédits antérieurs.
M. Garon: On devrait reconnaître le montant le plus
élevé.
M. Levesque: Je comprends, mais il ne faudrait pas qu'on soit
trop sévère sur la technique, parce que c'était exactement
ce qu'on avait fait. C'était la veille des élections. Nous, c'est
après. On a peut-être plus de mérite.
M. Garon: Cela faisait deux fois... Cela faisait beaucoup plus
d'argent, par exemple, les deux ensemble.
M. Levesque: Oui, c'est vrai, parce que vous étiez partis
d'un montant plus élevé. Les crédits initiaux
étaient de 23 500 000 $. On m'informe, quitte à le
vérifier, que, dans le discours sur le budget du 23 avril 1985, on a
rajouté 12 000 000 $. Mais pour faire une étude assez exhaustive
de l'affaire, il faudrait peut-être partir d'il y a quelques
années. Dans le fond, je suis heureux qu'on mentionne le Fonds de
développement régional parce que, sans vouloir pêcher par
vantardise, j'ai été celui qui a donné naissance au Fonds
de développement régional, alors que j'étais ministre
responsable de l'Office de planification et de développement du
Québec.
C'est un sujet pour lequel j'ai la plus haute considération. Vous
me comprendrez. C'est pourquoi, chaque fois qu'on veut amputer le Fonds de
développement régional, vous avez ici quelqu'un qui va s'y
opposer, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas trouvé une meilleure
formule que celle-là.
Alors, soyez assuré, M. le Président, que je vais
défendre cet élément du budget. C'est pourquoi j'ai dit,
quand j'ai regardé les crédits une autre fois: Bon, il faut faire
un effort de ce côté-là. C'est ce que j'ai fait et j'en
suis très fier.
Est-ce qu'on aurait pu faire davantage?
Je ne dis pas qu'on ne pourra pas, dans l'avenir, faire encore mieux. Je
l'espère.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Mille-Îles. Est-ce que vous avez
terminé, M. le ministre des Finances? M. le ministre des Finances,
est-ce que vous avez terminé votre intervention?
M. Levesque: Si M. le député de Lévis veut
me poser une autre question, je suis prêt à répondre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je remarque aussi que les frais administratifs ont
augmenté considérablement. En plus d'avoir un montant d'argent
qui est moins considérable, les frais administratifs...
M. Levesque: On avait des frais administratifs tout à
l'heure, dans cette page.
M. Garon: Les frais d'administration et de consultation ont
augmenté considérablement en 1987-1988. Quelle est l'explication
du ministre? Lorsqu'on voit que...
M. Levesque: Je note que les dépenses de 1985-1986
à ce chapitre étaient de 10 434 000 $. Elles ont passé, en
1986-1987, à 10 889 000 $ et elles passent à 12 168 000 $. Je ne
pense évidemment pas qu'on puisse éviter l'explication suivante -
du moins, c'est ce qu'on nous donne: Cette croissance de 11, 7 % est
principalement attribuable au transfert à ce programme de la
responsabilité administrative de l'organisation des conférences
socio-économiques régionales, auparavant sous la
responsabilité du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Vous trouverez cette explication à la page 72 du budget
1987-1988, renseignements supplémentaires pour les crédits.
M. Garon: À la page 72. Je n'étais pas à la
bonne place. Est-ce que la lumière va revenir?
M. Gobé: Votre seule présence brille assez pour
éclairer cette commission.
M, Levesque: À la page 72. Voulez-vous aller quérir
une bougie pour le député de Lévis? Est-ce que quelqu'un
aurait pressé un bouton ou quelque chose?
Le Président (M. Lemieux): Cela va. C'est le degré
d'intensité. C'est celle-ci qui ne fonctionne pas.
M. Garon: Vous constatez quand même que les sommes
dévolues au développement régional dans ce secteur
d'activité ont baissé considérablement. Est-ce que le
ministre a des intentions à l'avenir? Il nous a dit qu'il aimait
beaucoup ce secteur, qu'il avait été l'initiateur dans ce
domaine, sauf que la musique n'annonce pas la chanson. À ce
moment-là, tes sommes ont baissé considérablement et le
développement régional s'en trouve diminué et les
crédits périmés semblent assez élevés.
M. Levesque: D'ailleurs, j'ai noté qu'il y avait une
diminution pendant toutes les années qui précèdent,
à partir du moment où cela a été mis de l'avant, si
ma mémoire est fidèle; les sommes du premier budget du
développement régional étaient beaucoup plus
considérables que les sommes dont on parle actuellement. Cependant, je
ne dis pas que l'on ne peut pas faire de développement régional
en dehors de ce fonds; ce ne serait pas encourageant de penser que tout le
développement régional se fera à même le Fonds du
développement régional. Il y a des sommes considérables
destinées au développement régional qui n'apparaissent pas
dans le développement régional. Par exemple, lorsque l'on ajoute
70 000 000 $ pour le réseau routier, c'est sûr que cela s'en va
dans les régions. Cette somme additionnelle va aider davantage les
régions, le développement régional. Lorsque l'on parle,
par exemple, de certaines mesures d'aide aux familles à faible revenu,
c'est sûr qu'une grande partie de ces sommes va aller en régions.
Lorsque l'on parle des 27 000 000 $ qui s'ajoutent au budget pour les
hôpitaux, c'est sûr que, dans les régions, il devrait y
avoir des retombées. On peut faire le tour. Quand on dit, par exemple,
que la Caisse de dépôt et placement va s'impliquer davantage dans
l'injection de capital de risque dans les petites et moyennes entreprises en
régions, c'est sûr que cela fait partie du développement
régional. Pour le Fonds de développement régional
lui-même, je vais sûrement continuer d'être vigilant.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, votre temps de parole est terminé.
La parole est à M. le député de Mille-Îles, s'il
vous plaît.
M. Bélisle: Merci beaucoup, M. le Président. Cela
me fait plaisir que vous me donniez la parole. Bien entendu, je dois comprendre
que je peux m'exécuter dès que vous m'avez donné le droit
de parole. C'est bien cela, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, vous avez dix minutes.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Ce
que j'ai vu, au lieu d'examiner des chiffres détaillés
dans le budget... Ce qu'il faut peut-être surtout faire c'est essayer de
lire ce qui n'est pas écrit dans le budget. C'est en cela surtout que je
tiens à féliciter chaleureusement le ministre des Finances. Je
pense que, quelquefois, ce qui n'est pas écrit est plus porteur du germe
dont on a besoin pour faire épanouir une économie, une
société, que toutes les hautes voltiges que, par le passé,
l'ancien gouvernement du Parti québécois - et, entre autres, le
député de Lévis qui en était membre et son savant
compère, l'ex-ministre des Finances qui se pétait les bretelles
comme un lord britannique à l'Assemblée nationale - tentait de
faire croire qu'ainsi on réglerait le problème de la situation
économique du Québec.
Ce que je vois, depuis deux ans que M. le député de
Bonaventure, M. Levesque, est ministre des Finances, c'est un revirement de
climat au Québec, climat qui fait qu'on se sent bien maintenant, qu'on
ne se sent pas traumatisé et poigné par en dedans comme on
l'était avant, climat où on a confiance et où les gens ont
une vision de l'avenir un peu plus à court terme que dans les moments
absolument défaitistes et traumatisants de 1982.
C'est sûr qu'en 1982, il y avait les indicateurs
économiques, Les membres de l'ancien gouvernement pouvaient très
bien dire: Les indicateurs économiques: Haut taux
d'intérêt, 21 %, 22 %; les stocks sont empilés dans les
entreprises; les inventaires ont augmenté, le chômage est à
un point tel qu'on ne peut plus rien y faire, nous sommes à la remorque
de l'économie américaine, l'économie américaine
péréclite, par conséquent, l'économie
québécoise s'en va chez le diable.
Mais je pense qu'à côté des indicateurs
économiques, il y a d'autres facteurs qui influencent l'économie;
on les appelle les facteurs subjectifs et psychologiques. C'est la vision que
les dirigeants d'une société impriment à chacun des
individus de la société. Jamais, sous un gouvernement du Parti
québécois, les Québécois n'ont pu avoir une vision
optimiste d'une société que l'on tentait d'abord de
détruire sur le plan constitutionnel; on en a la preuve avec ce qui se
passe au Salon rouge et avec sa position. On a même tenté de la
détruire sur le plan économique. (21 heures)
Je regarde la société d'aujourd'hui, je me promène
dans les restaurants de mon comté, je me promène dans les
associations sportives et les gens nous disent: Mon Dieu que cela va bien au
Québec! Cela sent bon au Québec1. Les gens
délient les cordons de leur bourse, investissent, mettent de l'argent
sur la table et reprennent confiance. Je pense que c'est là
l'ingrédient majeur que le budget des Finances, pendant deux
années consécutives, a mis dans notre économie. M. le
Président, j'aimerais que vous indiquiez au député de
Lévis d'écouter attentivement comme on l'a écouté,
comme on le fait toujours, habituellement et religieusement.
M. le Président, M. le député de Lévis nous
parle souvent des étalons. Il nous a parlé des chevaux à
nous en pourfendre à l'Assemblée nationale. Il était
censé connaître les chevaux. Et cela s'adonne que pour le
député de Lévis les chevaux, c'était la notion
d'étalon et il a oublié, tout au cours de ses années comme
ministre de l'Agriculture, de s'occuper de ceux qui s'occupaient des chevaux,
M. le Président. 11 n'a pas vu qu'un cheval, ce n'était pas
seulement un cheval, cela procurait de l'emploi à des
Québécois et, pour la première fois depuis au-delà
de dix ans, le ministre des Finances du gouvernement actuel a eu la sagesse de
faire ce que le député de Lévis n'a même pas
pensé faire alors qu'il était le ministre de l'Agriculture. Il
n'a pas pensé tenter d'influencer le ministre des Finances de
l'époque, son collègue Jacques Parizeau, en lui disant: Mon ami
Jacques, il y a présentement des chevaux dans nos champs, mais il y a du
monde qui s'occupe de ces chevaux et on devrait peut-être leur donner de
l'emploi et on devrait peut-être regarder sérieusement cette
industrie.
Je lis la page 22 du discours sur le budget et je rends hommage au
ministre des Finances pour avoir su comprendre l'importance d'une industrie qui
donne présentement de l'emploi à 10 000 Québécois
et qui créera vraisemblablement, avec les mesures inscrites dans le
budget, au cours des prochaines années, 15 000 emplois additionnels au
Québec, avec une injection minime d'environ 6 000 000 % au cours des
cinq prochaines années. Dollar pour dollar, c'est peut-être, en
termes de bénéfices-coûts, le meilleur investissement que
le gouvernement puisse faire. Et ce n'est pas étonnant que pour la
première fois, au lieu de considérer, comme l'ancien gouvernement
- et vous en parlerez, M. le Président, si vous le voulez bien, à
tous les intervenants du milieu de l'industrie des courses de chevaux - les
qens de l'industrie des courses de chevaux comme des contribuables en leur
imposant des taxes pour éviter que l'argent sorte du Québec...
C'était la trouvaille de l'ancien ministre des Finances du Parti
québécois: percevoir une taxe tellement imposante pour essayer de
garder au Québec les fonds et éviter que des fonds soient
détournés vers l'Ontario. Pour lui, c'était la taxation,
point final.
M. le Président, quand je regarde l'ensemble du dossier, quand je
reviens à la notion de confiance, pourquoi l'année
dernière y a-t-il eu autant de régimes
d'épargne-actions d'acheté3 au Québec? Pourquoi les
gens ont-ils soudain commencé, pourquoi les gens ont-ils
dépassé toutes les années précédentes en
achetant autant d'actions dans ce Régime d'épargne-actions? C'est
parce que des gens ont décidé de différer leur
consommation d'aujourd'hui et de la reporter à l'avenir parce qu'ils ont
plus confiance dans l'économie de demain, parce qu'ils font plus
confiance aux propriétaires des entreprises et aux
Québécois qui travaillent dans ces entreprises. Est-ce qu'on
aurait pu penser qu'en 1982 un tel climat de confiance aurait pu permettre
d'accumuler du capital de risque semblable? Je rends hommage encore une fois au
ministre des Finances.
Les sections du budget, M. le Président, sur le capital de
risque, sur l'amélioration des SPEQ et des REA vont exactement dans
cette perspective: moins de présence de l'État. Comment
donne-t-on confiance à un enfant? On peut appliquer la comparaison. Si
une mère, chaque fois que son enfant tombe par terre alors qu'il apprend
à marcher, le relève et le remet debout, l'enfant va être
dépendant de sa mère. C'est une notion de base en psychologie.
Mais depuis qu'il y a eu un nouveau gouvernement le 2 décembre 1985, M.
le Président, l'État a cessé, chaque fois que quelqu'un
tombait, de le relever et de le remettre sur ses pieds. C'est d'imprimer de la
confiance, c'est d'avoir confiance dans l'autre. On en a eu un exemple avec
l'industrie de la construction: on a remis aux parties des
responsabilités que jamais un gouvernement du Parti
québécois n'avait osé penser que les parties
étaient capables d'assumer elles-mêmes. C'est ce que j'appelle
avoir confiance dans les gens, leur remettre les responsabilités.
Qu'est-ce qu'on fait avec l'industrie des courses de chevaux? On fait la
même chose. Ne nous posons pas de questions. On fait exactement la
même chose. On remet à une commission des courses du Québec
les pleins pouvoirs. On dit à ces gens: Messieurs, d'ores et
déjà, vous allez avoir à assumer vos
responsabilités et ne venez pas vous plaindre par la suite que
l'ensemble de votre industrie soit mal administrée, vous aurez le
rapport Marceau. Je n'en parlerai pas parce que, M. le Président, le
député de Lévis nous en parle constamment sauf qu'il l'a
mal lu et j'ai toujours hâte qu'on ait un débat public sur le
rapport Marceau. J'y rêve même quelquefois.
M. le Président, quand on parle de déficit de
l'État, qu'est-ce que cela signifie prendre moins d'argent dans le
déficit ou diminuer le déficit? Cela signifie pour l'État
laisser sur la table plus de revenus disponibles aux consommateurs et aux
entreprises du Québec, faire plus confiance à l'individu qui,
lui, est le meilleur maître et juge d'un investissement dans tel ou tel
secteur, que ce soit pour de3 biens immobiliers, des
électroménagers, de meubles ou un REA. Tout cet ensemble, cette
vision générale de l'économie, M. le Président,
c'est une vision que le Parti libéral du Québec a imprimée
et je dirai encore une fois au ministre des Finances qu'il a bien su, bien
tourné les ingrédients de la sauce pour nous servir un plat qui
déplaît seulement à une seule personne, le
député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, j'ai été fort
intéressé d'entendre le député de Mille-Îles
qui a donné un souffle de vie, d'optimisme, de confiance qu'avait
presque éteint le député de Lévis avec ses
remarques réellement négatives, et cela fait du bien d'entendre
cela.
Ce que nous entendons de la part du député de
Mille-Îles, il a raison de dire qu'il l'entend autour de lui. Mes
collègues et moi ne cessons de rencontrer des gens qui, partout, nous
transmettent le même message, M. le Président: Cela va bien au
Québec, vous faites une bonne "job", les gars. J'entends cela combien de
fois par jour, je ne le sais pas et j'ai été assez longtemps en
politique pour faire la distinction entre les choses que l'on dit du bout des
lèvres et les choses que l'on sent venir du fond du coeur.
J'espère que nous allons continuer d'être diqnes,
justement, de cette opinion qu'a le public en général de
l'administration actuelle et nous allons essayer d'y collaborer dans le
même sens que le député de Mille-Îles. Il a
lui-même apporté une contribution significative dans le domaine
qu'il a évoqué soit celui du pari mutuel et des courses de
chevaux au Québec qui signifie 10 000 emplois présentement, et 10
000 emplois en péril depuis quelques années. Il était
devenu de plus en plus évident que cette industrie était en
déclin, que l'État était en train de tuer un peu la poule
aux oeufs d'or, en quelque sorte. L'État ne laissait à cette
industrie aucune chance de pouvoir se relever parce que, justement, la part que
récoltait l'État était supérieure à la
capacité de l'industrie de pouvoir répondre à cet
appétit vorace de l'État. Justement, cette commission à
laquelle a participé très activement le député de
Mille-Îles nous a remis un rapport qui nous a permis d'apporter, sans
délai... Ce rapport sortait tout frais des presses lorsque le budget
actuel du 30 avril répondait, immédiatement, aux recommandations
que nous faisaient MM. Mireault, Bélisle et Hupé.
Alors, je suis très heureux qu'on ait fait
référence à ce travail de la commission en même
temps que les dispositions que l'on retrouve présentement dans le
budget.
J'espère que la prédiction du député de
Mille-Îles va se réaliser quant à l'augmentation du nombre
d'emplois dans cette industrie. Je suis convaincu que si nous ne prenions pas
les mesures envisagées ces 10 000 emplois continueraient de diminuer
d'une façon catastrophique. J'ai bon espoir qu'en mettant en place ces
nouvelles structures et ce nouveau financement nous allons pouvoir sauver une
industrie gravement mise en danger. Ceci étant dit, M. le
Président, je veux terminer ces quelques remarques en soulignant
l'importance de conserver cet optimisme dont parle le député de
Mille-Îles. C'est important, quand on sent qu'on travaille ensemble et
qu'on travaille pour le bien de la population, que la population
réagisse positivement à notre message, non pas seulement à
notre message, mais également aux mesures que nous mettons de l'avant.
Il y a là sûrement une symbiose entre le gouvernement et la
population qui fait que justement ce message revient continuellement:
Continuez, vous faites une bonne "job". Lorsqu'on voit la réaction au
budget, on n'a qu'à prendre la revue de presse, par exemple, et la
réaction est générale, constante, continue; cela revient:
un bon budget, un budget qui est bien vu du côté du patronat, du
côté du syndicat, autant dans les milieux populaires qu'ailleurs,
dans les milieux urbains et ruraux, dans les milieux d'affaires, dans les
milieux qui s'occupent de promotion des intérêts de la famille,
etc. Vous avez un peu partout, à des degrés plus ou moins divers,
une approbation que je dirais générale.
Ceci étant dit, M. le Président, je remercie mes
collègues qui ont ainsi apporté une note différente de
celle à laquelle semble se résigner l'Opposition. Je pense bien
que cela doit être bien déprimant d'avoir à critiquer un
budget de cette nature, mais je ne veux pas non plus tourner le couteau dans la
plaie, je sais que...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Levesque: Non, non, j'ai été 17 ans dans
l'Opposition, je sais ce que c'est. 11 y a des bons moments, il y a des moins
bons moments. Des fois on critique parce qu'on a été mis
là pour critiquer, malgré que je n'ai jamais aimé cela, je
n'ai jamais été "critiqueux" bien bien. À un moment
donné je m'aperçois qu'il faut, enfin, au moins susciter la
discussion et des critiques de l'Opposition. Présentement, on
s'aperçoit de plus en plus à force d'expliquer qu'on a un bon
budget. Peut-être que si on n'avait pas l'Opposition pour nous stimuler
ainsi, on n'aurait pas souligné tous les aspects du budget qui sont
très favorables et positifs. Je remercie l'Opposition pour nous
permettre ainsi de mettre en lumière autant d'aspects positifs de ce
budget. Même moi qui en suis l'auteur, j'en apprends tous les jours.
Des voix: Hal Ha! Ha!
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je ne suis pas étonné d'apprendre que le
ministre des Finances en apprend tous les jours en lisant le budget. C'est un
peu ce que je lui avais dit. Le ministre des Finances dit qu'il a
été 17 ans dans l'Opposition sur ses 30 ans de vie politique. Au
fond, j'aurais besoin d'être au pouvoir seulement quatre ans d'ici l'an
2006 ou 2007 pour battre son record au pouvoir puisqu'il s'agira d'avoir
été 13 ans sur 30 au gouvernement...
M. Levesque: Moi, cela fait quatorze ans.
M. Garon:... pour battre les quatorze ans, ou cinq ans...
M. Levesque: 14 et 17 font 31.
M. Garon:... d'ici l'an 2006 ou 2007, pour battre le record du
ministre des Finances. Il faut dire que la moyenne au bâton du ministre
des Finances est beaucoup moins forte que celle du député de
Mille-Îles qui est un jeune député qui commence sa
carrière au Parlement, qui a encore beaucoup de choses à
sentir...
Une voix: Le syndrome du vieux...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon:... mais je lui dirai ceci...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles. M. le député de Lévis, oui. (21 h
15)
M. Garon:... que, d'abord, dans les chevaux, il faut dire qu'il a
fallu amener les chevaux de Floride, parce que vous savez que son gouvernement
avait trouvé l'insigne... Il s'était illustré avant 1976
en payant un voyage en Floride aux chevaux du Québec, avec une
subvention aux chevaux pour aller manger le foin en Floride, pour faire
travailler les gens de la Floride. C'est le député de
Lévis qui est devant vous qui a fait changer cette mesure qui
était épouvantable. Ce n'était même pas bon pour les
chevaux québécois. On s'est rendu compte facilement que les
meilleurs chevaux élevés, même aux États-Unis,
venaient du Kentucky, une région où ils ont l'hiver comme ici. Il
est peut-être un peu moins rigoureux mais ils ont un hiver. Les analyses
démontrent que les chevaux qui passent l'hiver sont
habituellement plus vigoureux que les chevaux qui passent l'année
au soleil. On remarquera que, dans les endroits renommés pour les
chevaux comme l'Irlande, il s'agit plutôt d'un endroit frais que d'un
endroit où le soleil est trop fort. Pour ce qui est des chevaux, je
pense bien avoir, fait en sorte que l'industrie du cheval se développe
ici plutôt qu'ailleurs, puisque le Parti libéral avait l'insigne
honneur de contribuer à développer l'industrie du cheval en
Floride.
Maintenant, dans les remarques qui ont été faites par le
ministre des Finances... C'est un drôle de député
régional, il parle du budget du ministère des Transports. Je suis
obligé de dire que le budget du ministère des Transports, de par
ses propres données, était en 1985-1986 de 1 660 000 000 $ et
passe, en 1986-1987, à 1 594 000 000 $. Donc, c'est une diminution
considérable. Il passe à 1 652 000 000 $ en 1987-1988. Donc,
c'est une diminution par rapport à 1985-1986. Si on tient compte d'une
inflation entre 4 % et 5 % de ces montants, on se rend compte que le budget du
ministre des Finances, pour le ministère des Transports, donc de
l'argent dépensé en région, est moins considérable
en 1987-1988 qu'en 1985-1986.
J'ai démontré tantôt, dans le développement
régional, que le budget a diminué considérablement de
1985-1986 à 1987-1988. Maintenant, je vais lui montrer que même au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, la
partie en région qui est l'aide à la production agricole a
baissé, lors de la première année du gouvernement, de 22,
7 %. L'aide à la production agricole qui était de 128 306 000 $
en 1985-1986, avec à peu près aucun crédit
périmé, est passée en 1986-1987 à 99 232 000 $.
Cela a baissé encore de 2, 3 % en 1987-1988 car cela est passé
à 96 995 000 $. Cela veut dire que pour le budget consacré
à l'aide à la production agricole, le principal programme est le
programme de drainage, de travaux mécanisés, de SolPlus pour
l'amélioration des cours d'eau, etc. Le budget d'aide à la
production agricole, dont le principal volet est justement les travaux qui
aident les producteurs utilisant de la machinerie lourde dans tout le
Québec et dont le nombre de faillites sera sans doute à un niveau
record, comme cela l'a été l'an dernier, passe de 128 000 000 $
à 96 000 000 $, sans compter l'indexation. Si on indexe 128 000 000 $
aux chiffres de 1985-1986, on verrait que c'est sans doute une baisse de budget
de plus de 30 %, c'est-à-dire environ 40 000 000 $, en passant de 128
306 000 $ en 1985-1986 à 96 995 000 $ pour l'agriculture, aide à
la production agricole en 1987-1988. Je ne connais pas de budgets
régionaux où il est question d'impact régional qui aient
augmenté. Qu'il s'agisse de budgets régionaux dans quelque
domaine que ce soit, ils ont tous diminué.
Je ne comprends pas le ministre des Finances, qui est un peu le
coordonnateur des perspectives économiques du gouvernement, d'être
si peu intéressé par- le développement régional. On
se serait attendu de lui, comme ministre des Finances et député
de Bonaventure depuis 30 ans - il est vrai qu'il réside plus à
Québec qu'à Bonaventure - qu'il ait une préoccupation
régionale. On se rend compte que dans les différents
ministères qui ont un impact économique, de développement
régional, les budgets baissent partout. Je demanderais au ministre des
Finances comment il se fait qu'autant au ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et au ministère des Transports
qu'à l'OPDQ, il a laissé baisser les budgets réels si on
compare 1985-1986 avec 1987-1988.
M. Levesque: M. le Président, encore une fois, je dois
relever certaines inexactitudes...
M. Garon: Allez-y donc!
M. Levesque:... du député de Lévis. Je dois
lui rappeler, par exemple, que, dans le domaine des transports, il faut bien
regarder ce qui se passe. Si l'on prend les dépenses probables pour
1986-1987...
M. Garon: À quelle page?
M. Levesque:... à la page 87 du budget 1987-1988, les
renseignements supplémentaires...
M. Garon: Oui, c'est cela.
M. Levesque:... on voit que, si l'on y ajoute les 60 000 000 $ du
budget, on arrive, cette année, à 1 712 000 000 $.
M. Garon: Pardon?
M. Levesque: Je répète. Si on ajoute aux
crédits 1987-1988, qui devront être adoptés prochainement,
les 60 000 000 $ du budget, on arrive à 1 712 208 000 $, ce qui est
supérieur à tout ce qu'il y a eu de dépenses
antérieures. Les dépenses 1986-1987, 1 594 690 000 $ et
1985-1986, 1 660 810 000 $.
M. Garon: C'est sans indexation. C'est de l'argent. La valeur de
l'argent n'est pas la même.
M. Levesque: Je parle en chiffres absolus et je donne exactement
les chiffres tels qu'ils apparaissent à la page 87 des renseignements
supplémentaires du budget 1987-1988. Pour l'agriculture, qui est un
domaine où le député de Lévis peut sans
doute me donner quelques leçons, si on veut regarder les chiffres
- j'invite le député de Lévis à se
référer à la page 38 du même document - il verra
qu'en 1985-1986 les dépenses ont été de 517 665 000 $. Les
dépenses probables pour 1986-1967, c'est pratiquement la même
chose, 517 033 000 $. Mais les crédits adoptés cette année
pour l'Agriculture, les Pêcheries et l'Alimentation - toujours à
la page 38, tel que je l'avais indiqué, et cela se trouve dans le budget
1987-1988, renseignements supplémentaires, crédits - on verra que
ce n'est plus 517 000 000 $ comme en 1985-1986, comme en 1986-1987, mais que
c'est devenu 551 169 000 $. Je ne dis pas qu'on doive absolument juger d'une
administration par le nombre de dollars consacrés à telle ou
telle fin; c'est surtout par la façon dont ces dollars sont
utilisés. Je n'ai pas l'intention, à ce moment-ci, de faire le
procès de l'administration de mon ami d'en face, mais je suis convaincu
que les sommes consacrées à un domaine aussi important que
l'Agriculture, les Pêcheries et l'Alimentation, tout en étant
supérieures, seront sûrement utilisées par l'administration
avec le souci de l'efficacité. Mais, lorsque l'on veut faire des
comparaisons et que l'on fait comme l'a fait, tout à l'heure le
député de Lévis en prenant l'aide à la production
agricole, un élément parmi dix... On dirait qu'il fait
exprès de passer par-dessus d'autres éléments du budget de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. On ne peut pas
simplement isoler un point sur dix; il faut tenir compte des priorités
que se donnent le gouvernement et le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de- l'Alimentation, de la façon qu'il envisage son
budget ' comme Instrument pour atteindre ses objectifs et, quelle que soit la
distribution qu'il fait dans son budget des sommes qui sont consacrées
à l'Agriculture, aux Pêcheries et à l'Alimentation, il y a
une chose qui apparaît, de toute évidence, très sûre,
très certaine, très claire: en 1985-1986, pour l'Agriculture, les
Pêcheries et l'Alimentation, 517 000 000 $; l'année suivante,
1986-1987, 517 000 000 $, et pour 1987-1988, nous venons d'adopter 551 000 000
$, c'est-à-dire que nous allons les adopter dans quelques heures ou dans
quelques jours. Ce sont les sommes prévues pour l'année
1987-1988. Donc, une augmentation de l'ordre de 6, 6 %.
Le Président (M. Gobé): Excusez-moi, M. le
député de Lévis, la parole est encore à M. le
ministre des Finances. Avez-vous terminé, M. le ministre des
Finances?
M. Lévesque: Pour le moment.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le
député de Lévis, il vous reste 3 minutes et 20
secondes.
M. Garon: Merci. M. le ministre des Finances, vous annoncez des
chiffres bruts, mais vous ne tenez pas compte de l'inflation. Si vous prenez 1
660 000 000 $, pour le budget des Transporta en 1985-1986, pour 1986-1987, en
tenant compte du taux d'inflation, que vous-même vous indiquez dans votre
budget, de 4, 9 %, il aurait fallu que votre budget de 1986-1987 soit de
I 741 300 000 $ pour l'année 1986-1987, soit une centaine de
millions de plus que ce que vous avez prévu pour l'année qui
suit, même avec votre addition au budget. Si on tient compte d'un taux
d'inflation de près de 5 % au cours de l'année 1987-1988
où vous prévoyez un peu plus de 4 %, cela veut dire qu'il aurait
fallu prévoir en 1987-1988 un budget de plus de 1 800 000 000 $,
c'est-à-dire 100 000 000 $ de plus que ce que vous avez prévu en
1987-1988, même avec le montant additionnel que vous aviez dans votre
budget pour maintenir le rythme des dépenses dans le domaine des
transports en 1985-1986.
Quant au budget agricole, on ne peut pas comparer l'impact sur le plan
régional. Je ne dis pas que les assurances agricoles ne sont pas
nécessaires, elles sont très nécessaires, sauf qu'en
matière de travaux au niveau local, l'aide à la production
agricole, c'est le secteur qui est directement relié aux travaux. Et,
d'ailleurs, c'est tellement vrai, M. le Président, que je vous avais dit
que les budgets en agriculture diminueraient. Vous rappelez-vous, M. le
ministre des Finances, que les investissements en agriculture sont
passés de 649 000 000 $, en 1985, à 503 000 000 $ en 1986, soit
une diminution de 21, 6 %? Dans le budget du ministère de l'Agriculture,
quel est ce pourcentage qui ressemble le plu9 à celui-là?C'est exactement l'aide à la production agricole qui a
baissé de 22, 7 %. Il n'y a même pas un pourcentage de tout le
budget du ministère de l'Agriculture qui se rapproche de ce montant. Le
seul qui est en corrélation à peu près parfaite avec la
baisse des investissements dans le secteur agricole est justement l'aide
à la production agricole.
II faut savoir de quoi on parle. La partie du budget du ministère
de l'Agriculture qui est reliée directement aux investissements dans le
secteur de l'agriculture, c'e3t l'aide à la production agricole. Et vous
remarquerez que votre baisse de 22, 7 % en 1986-1987 a amené une baisse
des investissements dans le secteur agricole de 21, 6 %.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lévis, s'il vous plaît, il vous reste 30 secondes.
M. Garon: C'est exactement ce qui a été
prévu. C'est la corrélation la plus directe, M. le
Président. Je ne suis pas étonné, pour vous dire une
chose, j'ai
toujours pensé qu'au ministère des Finances, on se donnait
une prestance en s'habillant comme des banquiers, excepté qu'ils ne
connaissent pas toujours la réalité de ce qui se passe dans le
milieu. On le constate quand on regarde le genre de commentaires que vous font
dire ceux qui vous soufflent des réponses parce que cela n'a pas de bon
sens.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lévis, votre temps est maintenant...
M. Garon: Par rapport au budget de l'Agriculture, je viens de
faire la démonstration...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lévis, votre temps est maintenant...
M. Garon:... de même pour le ministère des
Transports, et je vous l'avais faite tantôt par rapport à
l'OPDQ.
Le Président (M. Gobé): Votre temps est maintenant
écoulé, M. le député de Lévis. M. le
ministre des Finances, avez-vous une intervention à faire à la
suite des déclarations de M. le député de
Lévis?
M. Levesque: Je vais attendre que le collaborateur de M. le
député de Lévis ait fini de lui souffler... (21 h 30)
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lévis, si vous voulez...
M. Levesque: Ceci étant dit, M. le Président, je
reprends ce que j'ai mentionné tout à l'heure.
Premièrement, lorsqu'on regarde le budget de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation...
M. Garon: M. le député de Trois-Rivières qui
vient d'arriver, M. le ministre des Finances, n'est pas venu pour vous
enterrer.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lévis, s'il vous plaît, à l'ordre!
Une voix: II n'a pas demandé la parole...
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le député de Trois-Rivières! M. le ministre des Finances,
votre intervention. Je vous en prie.
M. Levesque: Les dépenses en 1985-1986 pour l'agriculture,
je le répète, ont été de 517 000 000 $. Le chiffre
a été conservé pour 1986-1987, bien que nous ayons
dû dans l'ensemble des dépenses du gouvernement sabrer pour plus
d'un milliard, et malgré cela, dans le domaine de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, nous avons conservé le
même montant de crédits.
Deuxièmement, 1987-1988 indique une augmentation de 6, 6 % par
rapport aux dépenses probables de 1986-1987. Ces 6, 6 % se comparent
à une augmentation de 5, 6 % pour l'ensemble des dépenses du
gouvernement. Donc, pour l'Agriculture, les Pêcheries et l'Alimentation,
nous avons consacré une augmentation plus importante que nous ne l'avons
fait en moyenne dans les autres ministères. Cela est indéniable.
Le député prend un seul des dix programmes que nous retrouvons
dans l'Agriculture, les Pêcheries et l'Alimentation et il se dit: Eh
bien, il y a une baisse là. Bien oui, il y a une baisse. Pourquoi?
Alors, il n'a qu'à lire la page 39 des renseignements
supplémentaires des crédits de cette année. Il lira ceci:
La diminution des crédits pour ce point - un point sur dix - est
principalement attribuable à la fin de l'aide versée pour la
réduction de la production porcine dans le bassin de la rivière
Assomption et à une baisse des crédits alloués aux fins de
l'amélioration foncière. Par contre, les budgets d'aide aux
productions animales et végétales ont augmenté. II faut
tout lire pour avoir l'explication, non pas une explication tronquée
comme celle que vient de formuler le député de Lévis, mais
je préfère avoir la version officielle.
Quant au ministère des Transports, je dois dire que le
député de Lévis a souligné une réduction
encore à certains points. Qui a commencé à couper dans le
budget du ministère des Transports? S'il y a quelqu'un qui a
commencé à donner le mauvais exemple, ce sont bien ceux que nous
avons devant nous. Je me rappelle, lorsque le budget du Québec
était d'environ 8 000 000 000 $ ou 9 000 000 000 $, qu'il y avait 500
000 000 $ pour la construction et cela n'a jamais arrêté
d'être coupé par ceux que nous avons devant nous. Je me rappelle
les discours que je faisais dans l'Opposition moi aussi. J'en ai fait des
discours dans l'Opposition, je disais: Comment se fait-il qu'avec 9 000 000 000
$ de budget on pouvait consacrer 500 000 000 $ à la construction de
routes et qu'avec un budget de 27 000 000 000 $ - le montant dans le temps - on
a de 300 000 000 $ à 400 000 000 $ pour la construction de routes? Je
n'avais jamais de réponse satisfaisante. Regardez la progression des
sommes consacrées à la construction routière depuis 1975
jusqu'en 1985 et, M. le Président, on verra qui est responsable de ce
grand couteau qui est passé. Savez-vous ce que vous répondiez"?
Pas vous, pas le député de Lévis, parce que lui s'occupait
d'autres domaines, mais je suis convaincu qu'il écoutait de temps en
temps, il devait écouter de temps en temps. Il a dû entendre la
réponse que donnaient ses collèques à cet effet. Ils
disaient: Nous avons changé nos
priorités. C'est vrai que nous consacrons moins d'argent pour les
routes mais nous augmentons les sommes consacrées au transport en
commun. C'était la réponse classique de ce gouvernement. Que
voulez-vous? Là, ils sont à peine arrivés dans
l'Opposition qu'ils crient, qu'ils déchirent leurs vêtements pour
le réseau routier qu'ils ont laissé se détériorer
pendant dix ans.
Alors, qu'est-ce qu'on fait? On fait l'effort que l'on retrouve dans le
budget cette année. En plus des crédits du ministère des
Transports qui sont devant nous, qui indiquent que, par rapport à
1986-1987 où les dépenses probables étaient de l'ordre de
1 594 000 000$, dans les crédits, nous consacrons une augmentation de 3,
6 % pour porter ces crédits, en 1987-1988, à 1 652 000 000$.
Mais, non contents de cette augmentation, nous ajoutons 60 000 000 $ et nous
annonçons 70 000 000 $ de plus pour l'an prochain et 70 000 000 $ de
plus pour l'année suivante. Immédiatement, nous prenons ces 200
000 000 $ et nous les destinons à l'augmentation des crédits du
ministère des Transports, sans compter ce que l'on pourra faire lorsque
la situation le permettra. Cela veut dire que nous essayons de corriger une
tendance qui avait été mise en place par ceux qui nous ont
précédés pendant près de dix ans et qui ont ainsi
contribué à sabrer, justement, dans tes dépenses de
construction et d'entretien du réseau routier.
M. le Président, c'est clair pour moi, clair comme de l'eau de
roche, que ce qu'on nous reproche aujourd'hui, c'est simplement un constat qui
devrait être fait de l'administration précédente quant au
traitement que ces gens ont donné et pour les raisons qu'ils
avançaient alors. Ils ne s'en excusaient même pas. Ils disaient:
II faut mettre l'accent sur le transport en commun. C'était leur
théorie. Je n'ai rien contre le fait de mettre l'accent sur le transport
en commun, rien du tout, au contraire, mais non aux dépens du
réseau routier du Québec. C'est là qu'on a commencé
à couper. C'est donc facile de couper dans le réseau routier;
c'est ce qu'il y a de plus facile pour quelqu'un qui ne fait simplement que
donner des coups de crayon. On peut couper, on a simplement à ne pas
construire telle route ou on a seulement à laisser se
détériorer la surface de telle route jusqu'à ce qu'on
doive peut-être tout recommencer, mais c'est très dangereux. On se
rappellera le rapport Middlemiss fait par des députés du groupe
ministériel. Ils ont fait une étude sur cette situation et en
sont arrivés à la conclusion qu'il fallait, comme on l'avait fait
dans les années soixante-dix, mettre de nouveau l'accent sur la
construction et l'entretien du réseau routier
québécois.
Je termine en disant simplement que, dans le domaine de l'Agriculture,
des
Pêcheries et de l'Alimentation et dans le domaine des Transports,
deux domaines auxquels s'est référé le
député de Lévis, le gouvernement actuel prend ses
responsabilités. Nous avons l'intention de suivre cette voie dans ces
deux domaines très importants pour notre population et
particulièrement importants pour la population en région.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Je
vais maintenant demander à la formation ministérielle si elle
désire faire une intervention. Est-ce qu'il y a une intervention de la
part de la formation ministérielle? M. le député de
Montmorency, vous avez la parole.
Allocations familiales
M. Séguin: Oui. J'aimerais vous demander, M. le ministre,
un complément d'information que vous avez peut-être donné
sur deux points, premièrement, concernant les allocations familiales. On
sait que c'est un sujet qui nous a beaucoup préoccupés et qui a
fait l'objet, dans le dernier budget, d'une mesure correctrice que vous avez
annoncée. Je pense qu'on est très heureux du cheminement vers une
solution. Évidemment, la problématique financière fait que
c'était un premier pas. Vous avez indiqué vous-même, M. le
ministre, que vous espériez peut-être éventuellement
trouver une façon de remédier de manière plus globale
à ce problème. D'ailleurs, vous indiquez dans le texte du budget
que la méthode choisie, qu'on appelle récupération fiscale
des allocations est une méthode à tout le moins surprenante.
D'ailleurs, ici, à la commission, lors de l'étude d'un projet de
loi antérieur, vous aviez très clairement indiqué votre
désaccord sur ce système qui provient de l'ancien gouvernement,
dans son budget du 23 avril 1985. Je ne sais pas s'il vous serait possible de
nous indiquer si on peut simplement s'attendre à d'autres modifications
et dans quel contexte elles peuvent se développer.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, voilà peut-être
un sujet que nous n'avions pas encore abordé au cours de cette
commission. Je suis heureux que le député de Montmorency, qui est
d'ailleurs un spécialiste dans le domaine de la fiscalité, aborde
ce sujet extrêmement important pour nos familles
québécoises. Cela me permet en même temps de faire une
rétrospective de cette situation. En effet, comme le mentionnait le
député de Montmorency, adjoint parlementaire du ministre du
Revenu, c'était le 23 avril 1985...
Une voix:...
M. Levesque:... que le ministre des Finances de l'époque,
après avoir annoncé une augmentation des exemptions personnelles,
a décidé qu'en contrepartie, il devait rendre les allocations
familiales récupérables par l'État. On avait à ce
moment-là, du côté de l'Opposition, fait valoir que cela
voulait dire tout simplement l'abolition des allocations familiales pour tous
les contribuables du Québec qui pouvaient en bénéficier
autrement.
De fait, on disait: On va continuer de vous envoyer vos chèques
d'allocations familiales - ce n'était pas écrit comme cela dans
le budget, mais cela voulait dire cela -mais, lorsque vous ferez votre
impôt, lorsque les libéraux seront au pouvoir, vous nous
retournerez cela en l'ajoutant à l'impôt payable. Je me rappelle
que M. Johnson, le ministre actuel de l'Industrie et du Commerce, que M.
Scowen, adjoint parlementaire du premier ministre et député de
Notre-Dame-de-Grâce, ainsi que d'autres ont fait valoir à ce
moment-là que c'était l'abolition pure et simple des allocations
familiales. Mais le gouvernement de l'époque, dans sa grande
transparence, niait clairement et avec force qu'il s'agissait de l'abolition
des allocations familiales et disait: Vous verrez, les chèques vont
continuer à parvenir aux mères de famille. Il niait en escamotant
volontairement et avec une certaine efficacité, mais à court
terme, la récupération éventuelle de ces allocations par
le gouvernement. J'ai moi-même eu l'occasion de dire que je trouvais fort
surprenant, pour utiliser un mot... Je pense que le député de
Montmorency l'a utilisé. Ce n'est pas surprenant qu'un gouvernement
agisse ainsi d'autant plus que ce processus de remettre le chèque et
d'aller le chercher par la suite comporte un coût additionnel de 7 000
000 $ au moins simplement pour ce petit échange qui ne donne rien. Ce
que nous avons fait pour le moment, c'est que nous avons déjà
pris certaines mesures, soit celles qui étaient dans une
déclaration ministérielle l'automne dernier qui faisaient en
sorte qu'on enlevait la récupération ou l'obligation de
rembourser, si l'on veut, pour le quatrième enfant et les autres. Au
quatrième, cinquième, sixième, septième et
huitième, on faisait tomber l'obligation de rembourser. Dans le budget
actuel, on a ajouté la même disposition pour le troisième
enfant, de sorte qu'il ne reste que le premier et le deuxième. Nous
avons de plus, à part ces deux mesures, négocié avec le
gouvernement fédéral afin qu'on n'ajoute pas l'insulte à
l'injure parce que, non seulement ces gens-là demandaient un
remboursement des allocations familiales, mais on avait même
oublié de protéger les gens qui recevaient ces allocations
devenues taxables par le gouvernement fédéral. De sorte que, non
seulement on avait à les rembourser, mais il fallait payer au
gouvernement fédéral l'impôt sur les allocations familiales
qu'on recevait et qu'on devait rembourser.
M. Garon: Ce sont les libéraux. Ce sont les
libéraux qui ont adopté cette loi-là. Ah oui! (21 h
45)
Le Président (M. Lemieux): C'est M. le ministre des
Finances qui a la parole. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je vois dans quel
état se trouve le député de Lévis. Cette
vérité-là doit lui faire mal...
M. Garon: Non, non. C'est une loi qui a été
présentée par les libéraux, la loi 135.
M. Levesque:... pour qu'il gesticule, qu'il fasse fi du
règlement. Écoutez-le, il parle continuellement.
M. Garon: C'était une loi adoptée par les
libéraux.
M. Levesque: Cela doit faire mal. Cela doit être humiliant
pour des gens qui se pensaient bien bons.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, voulez-vous
revenir à la pertinence du débat.
M. Gobé: Des sociaux-démocrates à la petite
semaine.
M. Levesque: C'est effrayant d'avoir fait cela. Un budget du 23
avril 1985 dans lequel on stipule qu'on devra rembourser les allocations
familiales, alors qu'aucun soin n'est porté à la situation
suivante: que ces allocations familiales, en plus du fait qu'on ne puisse pas
les garder, feront l'objet d'une imposition par le gouvernement
fédéral. C'est incroyable, mais c'est cela. C'est ce qui nous a
amenés à légiférer, d'ailleurs, à
négocier avec le gouvernement fédéral, et nous avons
convaincu le gouvernement fédéral, qui ne l'était pas
jusqu'alors, parce qu'il nous avait dit: C'est taxable. Cela a
été la réponse du gouvernement fédéral,
c'est taxable. Les allocations familiales sont taxables, vous allez payer
l'impôt. Et c'est là que nous avons plaidé avec le
gouvernement fédéral qui, finalement, a reconnu la valeur de nos
arguments mais n'a pas voulu changer d'opinion, à moins que l'on change
la nature même de ces allocations familiales. Dans la loi que nous avons
fait adopter par l'Assemblée nationale, ces allocations familiales sont
devenues des crédits d'impôt et, comme tels, le gouvernement
fédéral ne peut les taxer. Nous avons adopté au moins
trois mesures importantes, sans compter tes autres que nous trouvons
présentement dans le budget du 30 avril 1987 et qui sont de nature
à aider les familles, mais strictement avec les allocations familiales.
Le député de Montmorency a soulevé la question et je dois
dire que nous avons, par une déclaration ministérielle l'automne
dernier, procédé à une première
amélioration. Dans le budget actuel, nous avons une deuxième
amélioration et nous avons, entre-temps, déposé un projet
de loi qui a transformé les allocations familiales en crédits
d'impôt, pour éviter l'impôt fédéral.
Voilà les choses pratiques et concrètes qui ont
été faites pour aider les personnes concernées. Je suis
fier des mesures que nous avons prises et nous allons continuer dans ce sens.
Qu'est-ce qui va arriver dans l'avenir? Tout cela sera revu au moment de la
réforme fiscale envisagée. Je ne peux pas, à ce moment-ci,
donner plus de détails, mais je veux simplement dire que les gestes que
nous avons posés dans le passé sont un gage de cette
détermination qui est la nôtre d'améliorer constamment le
sort des familles québécoises.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Montmorency.
La simplification du régime fiscal
M. Séguin: Le deuxième volet de ma question, M. le
ministre, est la suivante: Dans le budget, vous faites état,
peut-être cette année plus qu'avant, du problème de la
complexité et de la simplification de la fiscalité. On sait que
la réforme fiscale américaine a voulu réagir
vis-à-vis de la complexité de la fiscalité surtout pour
les contribuables, dans les formalités, etc., et non pas
complexité en termes nécessairement de projet de loi ou de
réglementation, mais plutôt pour l'ensemble de l'administration
fiscale pour les contribuables. Dans les attentes vis-à-vis de la
réforme fiscale fédérale que le ministre Wilson devrait
déposer incessamment - et vous avez indiqué tantôt que vous
attendez de voir un peu le résultat de ce que le gouvernement
fédéral peut proposer - de quelle façon croyez-vous que la
question de la simplification ou de la complexité pourra, disons, pour
les contribuables du Québec, s'enclencher à l'intérieur de
tout cela?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, ceci me permet de citer
quelque chose dont il n'a pas été question jusqu'à
maintenant. Je le prends à la page 20 du discours sur le budget qui
parle justement de la rationalisation et de la simplification fiscale. On y
lit: "Tous les citoyens doivent faire leur juste part pour le financement des
services offerts par le gouvernement. Il est important aussi que les
contribuables ne se soustraient pas au paiement des impôts et taxes qui
sont dus. Il faut, pour ce faire, que le régime fiscal soit juste et
équitable, qu'il cesse d'encourager les comportements
anti-économiques et aussi qu'il soit bien compris par les
contribuables". Il y a plusieurs éléments dans cette
citation.
Je continue: "Le ministre du Revenu a chargé son adjoint
parlementaire, le député de Montmorency - que je salue à
ce moment et que je remercie pour l'excellent travail qu'il a fait dans ce
domaine - de lui présenter, dis-je, des recommandations pour simplifier
le régime fiscal, lesquelles ont été rendues publiques
récemment. La réforme fiscale qui vient sera l'occasion de donner
suite à certaines de ces recommandations".
Je pense que c'est là qu'on a la réponse plus
précise mais de nature générale, par exemple. Je ne suis
pas entré dans les détails lorsque la question m'a
été posée tout à l'heure par le
député de Lafontaine, je crois, relativement à la
réforme fiscale. J'ai donné des échéanciers,
à peu près évidemment, parce qu'on ne peut pas être
précis, sauf pour le 18 juin, alors que le gouvernement
fédéral, le ministre des Finances fédéral, doit
déposer son livre blanc sur la fiscalité, qui sera suivi d'une
période de consultation. En attendant, nous travaillons avec les
fonctionnaires du ministère des Finances du gouvernement
fédéral et nous nous attendons que cela bouge du
côté décisionnel à l'automne 1987, l'automne
prochain, afin que les premiers éléments de cette réforme
puissent commencer à être mis en oeuvre dès le 1er janvier
1988. Du moins, ce sont les hypothèses qui circulent à l'heure
actuelle.
Je reprends la citation: "La réforme fiscale qui vient sera
l'occasion de donner suite à certaines de ces recommandations. Je veux
quand même effectuer dès maintenant quelques corrections qui
s'imposent. Un des premiers gestes à poser sera de simplifier les
déclarations de revenu". Là, évidemment, je compte
énormément sur le député de Montmorency, parce
qu'à ce moment on tombe dans des responsabilités qui sont les
siennes au ministère du Revenu. D'ailleurs, je pense que le ministre du
Revenu a annoncé tout récemment qu'on n'aurait pas à avoir
ces trois façons d'avoir des déclarations pour les personnes
âgées, et ainsi de suite. Je vois que vous avez déjà
commencé votre travail. Il n'y a aucun doute que la population sera
très heureuse de ne pas avoir à répéter
l'expérience de cette année avec ces formulaires d'impôt.
Comme on a pu s'en rendre compte ce printemps, cela ne sera pas une mince
tâche.
Alors, je termine en disant: "Le ministre du Revenu a déjà
annoncé qu'il avait entrepris des travaux en vue de les simplifier pour
faciliter la tâche des contribuables. Ce travail sera poursuivi durant
l'année". Et, justement, M. le Président, je croîs qu'il
était important de souligner le travail qui se poursuit au
ministère du Revenu et je suis très heureux encore une fois que
le député de Montmorency ait abordé cette question,
d'autant plus que je compte énormément sur son expérience
et sur sa compétence pour nous aider à réaliser
l'engagement que nous avons pris vis-à-vis du public et des
contribuables québécois. Je suis convaincu que le ministre du
Revenu, le député de Montmorency et toute l'équipe au
ministère du Revenu pourront compter sur la collaboration - je le dis
immédiatement - de toutes les instances au ministère des
Finances, car il est important qu'il y ait un dialogue constant et soutenu et
une coopération acquise entre ces deux ministères. C'est la
volonté très claire du ministre des Finances qui vous parle
à ce moment-ci de vous assurer de la plus grande collaboration de notre
ministère vis-à-vis des difficultés
éprouvées par le ministère du Revenu, lequel
ministère pourra sûrement nous aider à répondre
affirmativement à ces voeux que nous recevons, à juste titre, des
contribuables québécois.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Est-ce que M. le député de Montmorency a encore du
temps, madame? Oui, M. le député de Montmorency.
M. Séguin: Combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Combien de temps? Sept minutes,
M. le député de Montmorency.
M. Levesque: On va voir ce qui se passe au ministère du
Revenu.
L'allocation de disponibilité
M. Séguin: Je vous remercie, M. le ministre, de ces
paroles très flatteuses jusqu'à un certain point. Remarquez que
ces mesures que nous discutons et qui apparaissent au budget, je pense,
réjouissent les contribuables. Dans les prochaines minutes, M, le
ministre, je vous demanderai une petite information qui pourrait
intéresser les contribuables qui ne l'ont peut-être pas vue; cela
concerne l'allocation de disponibilité. L'on sait que le régime
actuel faisait que le premier enfant pouvait faire accorder à la
mère un montant de remboursement d'impôt de 300 $, de 200 $ pour
le deuxième et de 100 $ pour le troisième. Mais, contrairement
à ce qu'a dit le député de Lévis à
l'Assemblée nationale, ce n'est pas un chèque mensuel qui
était expédié à la mère de famille,
c'était dans le rapport d'impôt annuel où la mère
qui, habituellement, est la personne bénéficiaire réclame
un crédit d'impôt dans son rapport d'impôt et
évidemment, le montant lui est expédié par le
ministère du Revenu en s'ajoutant à son remboursement
d'impôt, s'il y a lieu. Ce n'est pas un chèque mensuel ou quelque
montant versé séparément durant l'année. C'est
important à clarifier; je pense, d'ailleurs, que les gens qui le
réclament savent bien que c'est dans le rapport d'impôt et pas
autrement.
Les modifications proposées vont quelque peu changer les montants
touchant chacun des enfants. D'une part, ce qui est intéressant, c'est
que le montant global qui pouvait atteindre un maximum de 600 $ est
augmenté à 800 $. C'est important de le dire. Peut-être que
l'ordre du montant accordé à chacun des enfants est
différent et, plus il y aura d'enfants, plus le montant sera
élevé. Par exemple, pour le troisième enfant, le montant
atteindra, dans l'année, 500 $, si je suis correct, M. le ministre. Ce
qui veut dire qu'il y a un encouragement direct au développement des
familles. Je pense que cela va dans le sens d'une politique familiale à
encourager. On peut, bien sûr, espérer que le ministre des
Finances puisse un jour augmenter les montants couvrant chacun des enfants.
Mais, dans l'immédiat, je pense qu'au troisième enfant, obtenir
800 $, c'est quand même un pas très intéressant. Il y a
cependant des règles transitoires qui ne sont pas compliquées
mais entre les deux systèmes -je ne sais pas si vous pourriez apporter
quelque complément sur...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste environ une
minute, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je sais que nous avons prévu que pour, par
exemple, les personnes qui reçoivent l'aide sociale... À ce
moment, il y a des mesures transitoires justement qui sont prises afin de
protéger les acquis de ce côté-là. Je pense que cela
va toucher environ 10 000 personnes si ma mémoire est fidèle et,
dans ce cas, on maintiendra - je n'ai pas les modalités devant moi - le
pouvoir d'achat justement que constituent ces sommes pour les personnes
bénéficiant de l'aide sociale. Je tiendrais également
à mentionner que, lorsque le député parle de 500 $ pour le
troisième enfant et les suivants, s'il y en a, nous avons l'intention de
donner suite à cela dès le moment où il y aura le prochain
rapport d'impôt. On peut s'attendre que cela soit quelque part au
printemps 1988. Je tiens aussi à rappeler,
comme je l'ai fait aujourd'hui, que cela sera bien 500 $. À la
veille des élections de 1981, c'est là qu'on a inventé les
allocations de disponibilité. Une petite chose que j'avais notée,
c'est qu'avant les élections, on avait annoncé 400 $ pour le
premier enfant, 200 $ pour le deuxième et 100 $ pour le
troisième. Mais, lorsque cela s'est traduit en législation,
après les élections, c'est devenu 300 $ et non plus 400 $. Je ne
voudrais pas, évidemment, répéter une telle mesure.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances. M. le député de Lafontaine.
M. Gobé: Un dernier mot, M. le Président, avant de
demander l'ajournement peut-être. J'aimerais déplorer que le
critique officiel de l'Opposition n'ait pas daigné bon de rester
jusqu'à la fin de cette commission.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine!
M. Gobé: II nous a quittés en plein milieu. Je le
déplore, croyez-moi, pour la qualité de ces débats.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, nous devons ajourner jusqu'à demain matin, 10 heures, pour
reprendre le débat sur le discours sur le budget tel que le
prévoient les règles de procédure et autres dispositions
pertinentes de l'Assemblée nationale.
(Fin de la séance à 22 h 2)