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(Vingt heures et onze minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et l'administration commence ses travaux.
Nous sommes réunis afin de poursuivre l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Finances pour l'année
financière 1987-1988, soit les programmes 6 et 7 qui sont sous la
responsabilité du ministre délégué aux Finances et
à la Privatisation. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: On ne m'a informé d'aucun
remplacement, M. le Président.
Organisation des travaux
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
J'aimerais vous faire part de la durée de l'étude des
crédits et qu'effectivement il y aurait eu une entente entre les leaders
qui se concrétise de la façon suivante: une période de
quatre heures a été allouée à l'étude des
crédits de ces programmes. On m'a informé qu'il y aurait une
entente afin de répartir ces quatre heures de la façon suivante:
de 20 heures à 22 heures, nous aurons une discussion d'ordre
général sur la privatisation; de 22 heures à 23 heures,
nous étudierons le programme 6, Inspecteur général des
institutions financières; et, de 23 heures à minuit, nous ferons
l'étude du programme 7, Contrôle, surveillance et
développement du commerce des valeurs mobilières. Maintenant,
j'aimerais céder la parole au ministre délégué
à la Privatisation relativement...
M. Gobé: M. le Président, une question de
directive.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine.
M. Gobé: Est-ce que vous pourriez nous indiquez la
façon dont le temps et les interventions sont réparties? Est-ce
que cela va être l'alternance? Afin que nous puissions être
clairement informés dès le départ.
Le Président (M. Lemieux): Je vais répondre
à vos questions, M. le député de Lafontaine.
M. Polak: Mais le député de l'Opposi- tion est
reconnu comme un homme très raisonnable.
Le Président (M. Lemieux): En effet, le
député de Bertrand est une personne ayant un jugement à
toute épreuve, une personne très, très raisonnable. Je
dois, moi, par contre, malgré cette raisonnabilité, appliquer un
règlement, l'article 284 et 209 du règlement, qui dit que chaque
membre peut parler pendant 20 minutes pour chaque élément d'un
programme et que ce temps de parole peut se faire en une ou plusieurs
interventions et que le ministre a un temps de réplique, après
chacune des interventions, qu'il peut intervenir aussi souvent qu'il le
désire ou après chacune des interventions pour une période
de 20 minutes également. Mais vous devez tenir compte, M. le
député de Lafontaine, que la tradition veut que, lors des
crédits, il y ait, je ne dirais pas une période de temps plus
longue, mais une conscientisation plus large de la part de l'Opposition
à regarder l'ensemble des crédits, et je vais faire respecter
cette tradition tout en ayant à l'esprit, comme guide, la règle
de l'alternance, mais ce qui va me guider, c'est davantage le respect de parole
du droit des parlementaires, c'est-à-dire le droit que les
parlementaires ont à s'exprimer. Sur ce, j'en arrive à demander
à M. le ministre délégué à la Privatisation,
s'il y a lieu pour lui de faire une déclaration d'ouverture ou des
remarques préliminaires. M. le ministre.
Privatisation et réorientation des
sociétés d'État
M. Fortier: M. le Président, merci. Je n'ai pas
l'intention d'abuser, d'autant plus que, dans ma lecture de chevet, je suis en
train de lire la section d'un traité d'administration financière
très intéressant écrit par M. René Dussault,
où justement on fait un portrait de l'évolution du contrôle
des parlementaires sur les crédits royaux et les crédits du
gouvernement. Il est évident que cette lutte qui s'est faite au sein du
gouvernement britannique, qui s'est transmise à notre type de
gouvernement que nous avons au Canada et au Québec, s'inspire de la
même tradition et, donc, nous commençons ce soir, comme nous
l'avons fait depuis une quinzaine de jour, un exercice extrêmement
important pour la démocratie en vertu duquel les deniers publics
votés sont surveillés, critiqués et votés par les
parle-
mentaires. Je crois que vous avez raison de dire que l'Opposition a
certainement un rôle à jouer, mais tous tes parlementaires
également devraient participer à un tel exercice. Comme il a
été agréé que nous aurons deux heures ou à
peu près pour le sujet de la privatisation, et que, plus tard, nous
aborderons les discussions touchant les budgets de l'Inspecteur
général des institutions financières et de la Commission
des valeurs mobilières du Québec. Je dirais, tout simplement,
pour résumer dès le départ, M, le Président, que je
crois que les crédits touchant ce qu'on peut appeler le dossier de la
privatisation, ont déjà été adoptés comme
tels puisqu'ils font partie intégrante du budget du ministère des
Finances, mais il me fera plaisir de répondre à toutes les
questions qui sont de mon ressort, mais que, de toute évidence, il
faudra adopter, ce soir, les crédits touchant l'Inspecteur
général des institutions financières ainsi que ceux de la
Commission des valeurs mobilières pour qu'on puisse, avant minuit, faire
en sorte que ces crédits soient adoptés.
En ce qui a trait au dossier touchant à la privatisation ou
même à la réorientation des sociétés
d'État, j'aimerais simplement dire deux mots. D'une part, j'aimerais
présenter M. Daniel Paillé, directeur de la Direction des
sociétés d'État. Il est accompagné ici de MM.
Lucien Biron, André Lavigne et Mario Bouchard, qui ont travaillé
à différents dossiers. J'aimerais tout de suite assurer
l'Opposition que, dans la mesure où les députés poseront
des questions - il me fait plaisir de voir que le député de
Bertrand est ici; il pose toujours de très bonnes questions - nous
fournirons de très bonnes réponses et cela dans un esprit de
collaboration.
Je crois que nous avons eu le loisir d'étudier, dans le
passé, certains de ces dossiers qui s'inspirent de la politique que le
gouvernement a mise de l'avant dans le document que nous avions publié
en février 1986 - mon Dieu que le temps passe vite! -et qui
résument les principes de base touchant la privatisation des
sociétés d'État ou même sa réorientation.
Nous avons publié un rapport d'étapes -j'ose
espérer que l'Opposition en a une copie qui résume les
différentes opérations touchant ces mêmes
réalisations. Je dirai immédiatement que ce rapport du
comité sur la privatisation, un des comités des sages, comme on
l'appelle, est un comité "aviseur" qui ne représente pas
nécessairement la politique du gouvernement du Québec. C'est un
comité qui a été formé pour faire des suggestions
au ministre et, indirectement, au gouvernement, mais même si cela ne
représente pas intégralement la politique du gouvernement, il me
fera plaisir de répondre à ces questions.
M. le Président, nous avons fourni à l'Opposition des
informations écrites. J'aimerais simplement dire qu'au cours de
l'année qui vient nous aurons effectivement très peu de grands
dossiers de privatisation comme nous en avons eu l'an dernier et qu'en
conséquence, dans l'année qui vient ou dans l'année
déjà engagée, mes efforts seront plutôt
orientés vers les institutions financières. Je crois qu'en
approuvant les crédits de l'année qui commence, il est normal de
répondre aux questions sur les activités budgétaires ou de
privatisation qui ont eu lieu l'an dernier.
Sur ces remarques très préliminaires, il me fera plaisir
de répondre aux questions qui nous seront posées.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre délégué à la Privatisation.
M. le député de Bertrand.
M. Polak:...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. le député de Bertrand, vous avez la parole.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): C'est dans sa tâche de
whip, on vous excuse, mais la parole est au député de
Bertrand.
M. Polak: Qui paie le café? C'est important.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît! M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): En débutant, je veux assurer le
ministre délégué à la Privatisation, de même
que les collègues, de toute ma collaboration. Le travail que j'ai
à faire en est un de critique, mais la critique peut se faire de
façon constructive.
Même si les commentaires du ministre étaient très
sommaires, ils étaient très importants. Il nous a annoncé
que, à toutes fins utiles, dans la privatisation, on y allait avec un
bémol au cours de la prochaine année. J'en suis fort aise parce
que vous savez avec quel acharnement j'ai défendu les dossiers de la
privatisation. J'ai relu avec attention ce qui a été tracé
comme plan, ce qui s'est fait jusqu'à maintenant. Je vois que l'on
marque un temps d'arrêt et j'espère que ce sera dans un esprit
très positif et constructif, un temp3 d'arrêt pour la
période la plus définitive possible. À l'analyse,
même à court terme, après six mois ou un an dans certains
cas, je pense qu'on est déjà capables de mesurer certains effets
des privatisations.
(20 h 15)
Mes premières questions iront dans le sens suivant. Les efforts
du ministre, au cours de la dernière année, ont été
mis pour privatiser avec une équipe relativement restreinte, si je me
souviens, sept ou huit personnes. J'aimerais savoir si vous allez continuer
à garder le nombre de personnes que vous aviez. Les contrats à
l'extérieur, parce que vous avez fonctionné par mandats, est-ce
qu'il y en a d'autres en marche actuellement? À toutes fins utiles, je
voudrais savoir, avant de commencer cette discussion de deux heures, si votre
organisation, strictement sur le volet de la privatisation, demeure la
même dans le cadre de vos fonctions? Est-ce qu'elle est réduite?
Est-ce qu'il y a des contrats en marche actuellement dans le cadre des
privatisations? Je pourrai revenir avec des questions précises sur des
contrats qui ont été octroyés et sur lesquels on a
déjà eu des parties de réponses. Il me manque des parties
de réponses, mais je vais peut-être demander au ministre de
m'indiquer sa structure, son fonctionnement et sa priorité à
l'intérieur de tout cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, je vais commencer par dire
que, si on lit les documents touchant la privatisation: Sociétés
d'État Orientations et perspectives", on parle bien sûr d'un
programme de privatisation et on énumère certains principes,
également, on ouvre la porte à ce que j'appellerais une politique
de réorientation des sociétés d'État, surtout
lorsqu'on parle du traitement équitable. On dit: "Le gouvernement
s'assurera que dans le cadre des rationalisations qui pourraient s'imposer... "
Non, ce n'est pas ce principe-ci, c'est plutôt "Une approche pragmatique"
et également "Des concurrents loyaux et performants".
On dit: "Les sociétés d'État appelées
à maintenir leur statut devront accomplir leur mission dans le cadre des
critères rigoureux de performance et des règles strictes qui
viseront à en faire des concurrents loyaux sur le marché. "
Dans ce sens, même si, en termes de privatisation comme telle, il
va y avoir moins d'opérations visibles comme celles qui ont eu lieu l'an
dernier, il reste que cette année- en particulier - on pourra revenir
sur d'autres opérations qui pourraient se continuer - il y a trois
dossiers qui sont surtout des dossiers de réorientation des
sociétés d'État. Cela touche SOQUIP, SOQUIA et la
société REXFOR.
Je crois qu'à prime abord on peut dire que, dans ces trois cas,
la société d'État en tant que telle sera maintenue, mais
plutôt comme société de développement de capital de
risque pour des missions bien précises. Je dirais même que
réorienter une société d'État, c'est aussi
difficile et même plus difficile que de faire une privatisation. Dans un
sens, lorsqu'on vend une société complètement, comme on
l'a fait pour Madelipêche, l'opération peut être complexe,
mais il est clair qu'il s'agit de vendre la totalité de la compagnie.
Tandis que, lorsqu'on parle de réorientation d'une société
d'État, il s'agit de définir une nouvelle mission, de
définir une statégie et de voir de quelle façon cette
société de développement de capital de risque pourrait
être complémentaire à des initiatives du secteur
privé.
Si on prend SOQUIA en particulier, il est évident qu'il y a des
coopératives très importantes sur le marché qui jouent et
qui peuvent jouer un rôle très important. Donc, le rôle de
SOQUIA doit être complémentaire et elle doit s'assurer que le
capital de risque qu'elle peut mettre de l'avant permettra un
développement qui, autrement, ne se serait pas produit.
C'est dans ce sens que notre action se fera en partie durant
l'année qui vient, ce qui ne veut pas dire qu'en redéfinissant la
mission de SOQUIP, de SOQUIA ou de REXFOR il n'y aura pas de filiales qui ne
pourront pas être vendues. De fait, nous l'avons dit clairement, dans le
cas de SOQUIA, nous voudrions nous départir des actions que nous
détenons dans Culinar, et ce, pour une raison bien simple, c'est que
nous ne critiquons pas le fait que l'État, à l'origine,
était impliqué, mais nous croyons qu'au moment où on se
parle, il y a des intervenants du secteur privé qui nous ont
indiqué à plusieurs reprises leur désir de se substituer
à nous pour assurer la relance parce qu'on doit parler d'un nouveau
développement de Culinar et, donc, ces gens sont prêts à
prendre la relève.
En ce qui concerne les ressources humaines - j'ai eu l'occasion d'en
parler à quelques reprises - de fait, il y a la Direction des
sociétés d'État du ministère des Finances qui
existait bien avant que nous n'arrivions au pouvoir. Comme vous pouvez le voir
par le document que nous vous avons distribué, il y avait, durant
l'exercice 1984- 1985, six personnes et, à partir de 1985- 1986, donc,
avant que nous n'arrivions au pouvoir, il y avait huit personnes. Il y a
toujours huit personnes. Il faut bien comprendre que cette équipe, qui a
été mise en place, c'est l'équipe qui a participé
en particulier... Je crois que l'augmentation du personnel s'est accrue au
moment où le gouvernement précédent a
réorienté la compagnie SIDBEC-Normines, la fermeture de
Gagnonville. La Direction des sociétés d'État n'est pas
uniquement impliquée dans le programme de privatisation. C'est la
direction du ministère des Finances qui suit les sociétés
d'État, qui étudie leurs demandes
de fonds, de garantie de fonds, qui revoit les programmes d'expansion et
qui se prononce chaque fois qu'un ministre de tutelle fait une recommandation
au Conseil des ministres pour obtenir des fonds supplémentaires, une
augmentation de capital de fonds ou pour obtenir une subvention.
Cette équipe, qui comprend - M. Paillé me donne un
feuillet ici - un directeur, une secrétaire, un adjoint et cinq
analystes, est composée à majorité d'analystes qui nous
permettent au ministre des Finances ou à moi-même de savoir ce qui
se passe dans l'une ou l'autre des sociétés d'État. Cette
équipe n'a pas du tout été augmentée. Je l'ai dit
à plusieurs reprises. On a fonctionné avec un personnel
très limité, bien sûr, l'an dernier. Je crois qu'on a un
peu taxé leur bonne volonté. On a un peu taxé leur temps
libre et je dois admettre qu'ils ont eu une collaboration extraordinaire et
j'aimerais leur rendre hommage ce soir. Ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient
faire. Vous savez, une opération comme Cambior demande à une
personne comme le directeur de ce groupe-là, M. Paillé,
d'être disponible jour et nuit à certains moments pour s'assurer
que le "pricing" définitif se fasse et demande donc un travail
extraordinaire.
Non, il n'y aura pas de diminution. Je crois que la Direction des
sociétés d'État continuera d'être impliquée
dans le programme de réorientation des sociétés
d'État et dans la vente de l'une ou l'autre des filiales qui pourrait se
faire ou même de privatisation éventuelle si on décidait de
faire une opération ou une autre en particulier. C'est pour cela que
j'ai expliqué que dans le but de nous permettre de conduire ces
opérations, nous avons retenu des individus de l'extérieur. On
les a retenus, bien sûr, par le biais de bureaux. Dans le cahier que nous
vous avons remis, on parle de Prémar, qui était en fait M.
Édouard Préfontaine, qui nous a permis de colliger une certaine
information en ce qui concerne Madelipêche. Nous avons publié le
document qu'il a préparé. M. Marcel Côté, lui, avait
une mission un peu plus grande. C'est lui qui est impliqué dans le
programme général des dossiers de privatisation. Dans le cas de
Cogesfonds, il s'agissait de M. Jacques Paquin, que le gouvernement
précédent, d'ailleurs, avait engagé dans des dossiers de
l'amiante et que nous avons retenu pour l'étude de SOQUIP.
Dans les trois cas, j'aimerais préciser que ces mandats sont
terminés. Je crois que M. Côté nous a imputé du
temps jusqu'à la fin de janvier, début de février. Dans le
cas de M. Préfontaine, ça s'est terminé également
avec le mois de mars. Dans le cas de M. Paquin, plus tôt, je crois que
c'est au mois d'octobre, si ma mémoire est fidèle. À
partir du 31 mars, en tout cas, d'une façon définitive, on peut
dire que tous ces contrats étaient terminés. Au moment où
on se parle, je parle des fonds, je parle des crédits du
ministère des Finances comme tels, il n'y a aucun contrat qui a
été donné et qui est en cours présentement touchant
le programme de privatisation des sociétés d'État.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand. (20 h 30)
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Justement,
sur ces trois dossiers, rapidement, avant de faire la fermeture parce que je
pense qu'on n'aura pas d'autres occasions d'avoir des discussions
là-dessus, dans le cas de Prémar, on se souviendra qu'il y a eu
un programme à deux volets, deux mandats de 30 000 $ et 35 000 $, pour
un montant total de 65 000 $. Dans les deux cas, cela a été fait
en dérogation; te ministre l'a reconnu le 17 février, lors de
l'étude des engagements financiers. Dans le cas de Prémar, le
montant global était de 65 000 $. On a les chiffres totaux, 71 000 $.
D'abord, le 17 février, j'ai pris soin d'informer le ministre sur ce cas
très particulier. On m'avait assuré que cela ne devrait pas
dépasser le total de 65 000 $. Le ministre avait alors
déclaré ce qui suit: "Je ne crois pas qu'il y aura
dépassement et son travail doit se terminer à l'intérieur
du mandat qui lui fut confié. " Il s'agissait d'un mandat de 65 000 $.
C'est ma première question; vous pourriez peut-être y
répondre au fur et à mesure, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué à la Privatisation.
M. Fortier: En fait, on a commencé avec un premier mandat
de 30 000 $; ensuite, il y a eu une prolongation pour un coût de 35 000
$. Vous dites que le chiffre total...
M. Parent (Bertrand): 71 198 $.
M. Fortier: C'est cela. On m'indique que, dans tous ces contrats,
il y a toujours une clause de dépassement possible de 10 %. Comme je
l'ai indiqué, ces individus que nous avons retenus ne l'étaient
pas pour produire un rapport de consultants de la même façon qu'on
engage un comptable agréé ou un "management consultant", un
conseiller en gestion. C'étaient plutôt des personnes-ressources
qui réunissaient des fonctionnaires du ministère de
l'Agriculture, de3 Pêcheries et de l'Alimentation, ou du ministère
des Finances, qui allaient consulter, par exemple, dans le cas de
Madelipêche, la direction de Madelipêche, qui colligeaient
l'information, qui trouvaient des statistiques.
Il y avait une partie qui touchait la production d'un rapport, mais il y
avait aussi une partie de ce travail, vers la fin, selon
laquelle cette personne, qui avait fait l'analyse du portrait ou des
problèmes qui existaient - disons, à Madelipêche - soit
également impliquée lorsqu'on faisait l'évaluation des
offres d'achat qui nous avaient été faites. On tenait à la
présence de l'individu parce qu'on voulait s'assurer, étant
donné qu'on avait défini la nature des problèmes, qu'on
avait défini les solutions possibles, que M. Préfontaine, en
particulier, soit impliqué dans l'analyse des offres qui ont
été faites pour nous assurer que la solution choisie était
compatible avec l'analyse des problèmes que lui-même avait
illustrés dans son rapport et qui avaient été rendus
publics.
En prenant avantage de cette clause de 10 % ou de cette clause
d'extension...
M. Parent (Bertrand): Est-ce que c'est une clause
automatique?
Une voix: C'est une clause omnibus.
M. Parent (Bertrand): C'est une clause omnibus, d'accord.
M. Fortier: C'est une clause omnibus qui existe. On s'est rendu
à la limite des budgets qui avaient été approuvés
par le Conseil du trésor, selon la clause qui existe dans tous ces
contrats.
M. Parent (Bertrand): Le dossier Prérnar, les services de
M. Préfontaine, tout est complété, les factures sont
rentrées, Madelipêche le dossier est fermé. C'est
terminé, tous ces exercices...
M. Fortier: Le dossier de Madelipêche n'est pas
fermé comme tel. Le mandat de M. Préfontaine est terminé.
Lorsque cette opération a été annoncée, nous avons
indiqué qu'avant le mois de juin - il y a eu un prolongement du dossier,
de toute façon - il y aurait un "closing", et, lorsqu'on aurait convenu,
de part et d'autre, des états financiers... Nous avons vendu, à
toutes fins utiles, moins la filiale de Crustacés des Îles, pour
la valeur aux livres de Madelipêche. Il s'agissait donc de s'entendre sur
les chiffres à la date qui avait été convenue dans
l'entente. Cela comprenait l'usine de Cap-aux-Meules, l'usine
Étang-du-Nord et les bateaux. C'est cette partie de Madelipêche
qui a été vendue au cours de l'année pour la valeur aux
livres. Donc, ce dossier sera complété, je l'espère, avant
la fin du mois de juin. Mais M. Préfontaine n'est plus dans le dossier,
au moment où on se parle.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Ma dernière question sur
le dossier - en même temps, cela va clore à titre d'information,
le dossier Madelipêche, - est-ce que le ministre peut s'engager,
aussitôt que la transaction sera complétée, à
publier tous les éléments de la transaction afin qu'on
puisse...
M. Fortier: Oui. Je pense que je l'ai dit publiquement, cjest un
principe... Le député comprendra que, dans la mesure où il
y a une certaine négociation, même s'il y a eu une entente de
principe, un protocole a été signé. Le
député a été en affaires et il sait fort bien qu'il
y a une certaine négociation qui se fait à la dernière
minute; il s'agit d'examiner le bilan, de savoir quelle est la perte
opérationnelle qui s'est faite à une date donnée. Mais, je
l'ai dit, et j'en prends l'engagement: aussitôt que l'entente finale sera
signée, tous les documents pertinents seront rendus publics.
M. Parent (Bertrand): Cela me va pour le dossier Prémar.
Sur le dossier SECOR, de mémoire, c'était une enveloppe
budgétaire de 130 000 $ pour ce qui était du dernier volet qui
avait été approuvé. Cela couvrait la période du 1er
avril 1986 au 31 mars 1987. Son mandat devait se terminer le 31 mars 1987. Vous
m'aviez informé en février que M. Côté avait
dû quitter pour un congé sabbatique de trois mois, à
Harvard et qu'à toutes fins utiles, il ne compléterait pas
nécessairement son mandat. J'aimerais juste que vous puissiez me
reconfirmer ce fait à savoir que M. Côté n'est plus en
service... D'autre part, toujours dans les engagements financiers du 17
février, on avait une facture de 103 000 $, plus exactement de 103 278,
13 $. J'avais demandé où devrait s'arrêter la facturation,
même si le mandat était de 130 000 $ pour une période de
douze mois. Le ministre m'avait confirmé que le montant devrait
atteindre un maximum de 110 000 $, Je ne dis pas que c'est catastrophique, je
vois juste qu'il y a un écart d'environ 9 000 $ à 10 000 $ par
rapport à ce qui avait été envisagé et je me
demande si les propos que vous avez tenus en février sont les
mêmes et si M. Côté est toujours...
M. Fortier: Ils sont essentiellement les mêmes. En fait, M.
Côté prend tellement plaisir à son année sabbatique.
Il était parti pour trois mois et on se demande maintenant quand il va
revenir au Canada. Vous savez qu'il est président du conseil de SECOR et
qu'il est en année sabbatique à l'Université Harvard,
à Boston. De fait, même si après la fin de janvier, on a pu
avoir quelques téléphones et quelques factures, il y a eu, dans
un certain cas, certaines factures étaient en retard, c'est la raison
pour laquelle nous arrivons à un montant de 119 830, 27 $. De toute
façon, le contrat n'a pas été renouvelé
après le 31 mars et les dernières factures couvraient le
début de février ou à peu près. Ce que je vous
avais indiqué la dernière fois qu'on s'en est parlé
représente à peu près ce qui est arrivé,
compte tenu d'une ou deux factures qui sont arrivées après le
moment où on en avait discuté. Le total des factures
s'élevait à 119 830 $. M. Côté est en train
d'écrire un livre et je crois que tous et chacun prendront plaisir
à lire le résultat de ses cogitations, parce qu'il
s'intéresse au développement économique du Québec
et qu'on aura le plaisir de lire le résultat de son année ou de
ses six mois sabbatiques. Mais M. Côté n'est plus engagé
dans le programme de privatisation depuis le mois de février.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie. Dans le cas de
Cogesfonds, c'est un mandat de 40 000 $ qui s'est arrêté à
27 000 $. M. Paquin, selon les informations que vous nous aviez fournies avait
mis fin au mandat et les travaux étaient suspendus puisque vous
attendiez un peu les orientations du ministère de l'Energie et des
Ressources concernant l'avenir de SOQUIP. Est-ce qu'il y a eu des
développements dans ce dossier de la privatisation, de la continuation
ou de l'orientation de SOQUIP et est-ce que le dossier Cogesfonds est
fermé, à toutes fins utiles?
M. Fortier: Comme il est indiqué dans la politique du
gouvernement sur la privatisation des sociétés d'État, on
procède toujours en deux étapes: une étape d'analyse qui
s'appelle la phase I et une étape de réalisation qui est la phase
II. À la fin de la phase I, normalement, on va au Comité
ministériel de développement économique et
également au Conseil des ministres. La première phase s'est
terminée en septembre ou en octobre. L'information qu'on vous avait
donnée est toujours valable. Le contrat de M. Paquin n'a pas
été renouvelle. Il avait assumé la responsabilité
de cette première phase. Je crois que, vers le mois de septembre ou
octobre, j'avais convenu avec le ministre de l'Énergie et de3 Ressources
que son ministère devait, en collaboration avec SOQUIP, nous
présenter un plan de développement. Je crois qu'il l'avait
demandé pour le 1er mai» Nous n'avons pas encore reçu ce
plan de développement. Il faut comprendre que la difficulté... Le
ministre de l'Énergie et des Ressources et moi-même étions
arrivés à la conclusion qu'il serait utile, dans le domaine de la
pétrochimie, en particulier, ou du développement gazier ou de
l'application gazière à certaines technologies, d'avoir une
société de développement qui serait un appendice du
ministère de l'Energie et des Ressources. Alors, lui et moi avions
convenu de l'utilité d'avoir un bras séculier pour s'assurer que
certains projets pourraient se faire, se développer pour que la
société soit un catalyseur, si on veut, d'investissements plus
considérables.
Mais comme je l'indiquais tout à l'heure dans mes quelques
remarques préliminaires, pour autant qu'on est d'accord avec ce
principe, nous aimerions, quant à nous, nous assurer que le plan
d'action, que la mission de la société d'État en question
soit très claire pour éviter que, dans un an, dans deux ans ou
dans trois ans, un président d'une société d'État,
prétextant ne pas connaître l'orientation de la
société, puisse s'en aller dans d'autres directions. Donc, il
faut définir des créneaux de développement assez clairs.
Je pense bien que la difficulté est évidente pour ceux qui
suivent les dossiers. Dans le domaine de la pétrochimie et du gaz en
particulier, le ministre de l'Énergie et des Ressources est en
négociation avec le gouvernement fédéral en ce qui touche
le dossier Soligaz, en particulier. C'est assez difficile présentement
pour SOQUIP de compléter un plan d'action qui correspondrait à
une réalité assez certaine. Â cause de cela, nous n'avons
pas reçu - je parle du ministère des Finances -et je le
comprends... Je n'accuse nullement le ministère de l'Énergie et
des Ressources. Je comprends très bien que c'est très difficile
pour eux à ce moment-ci de compléter leur jugement sur ce que
devrait être précisément la mission de SOQUIP parce que la
mission de SOQUIP pourrait aller dans un sens ou dans un autre, selon le
succès des négociations avec le gouvernement
fédéral. En conséquence, nous sommes un peu suspendus a
certaines décisions du gouvernement fédéral parce qu'on ne
croit pas que ce serait dans le meilleur intérêt du Québec
de prendre une décision présentement, décision qui ne
prendrait pas en considération la réalité que nous
vivons.
Bien sûr, on peut se poser la question. Je l'avais indiqué
à ce moment-là. SOQUIP, comme tel, est constitué tout
simplement d'un groupe d'une quinzaine ou d'une vingtaine d'individus qui
pourraient assurer le développement de certains projets. En plus de
cela, il y a deux investissements. Il y a SOQUIP-Alberta et il y a
l'investissement que SOQUIP a encore dans Gaz Métro ou dans Noverco.
Je crois qu'on a établi le principe avec le ministre de
l'Énergie et des Ressources que l'investissement que nous avons dans
Noverco n'est pas aussi requis qu'il ne l'était parce que, à
toutes fins utiles, le contrôle de Noverco n'est plu3 entre les mains du
gouvernement. Le contrôle de Noverco est entre les mains de deux groupes
à part égale, Unigesco et Canarn Manac. À toutes fins
utiles, Noverco est contrôlé par le secteur privé. Donc, le
contrôle qui était effectué dans le passé par la
Caisse de dépôt et par SOQUIP n'existe plus. C'est plutôt le
secteur privé qui l'exerce. Alors, il y a eu, si on peut l'appeler comme
cela, une
privatisation. Il y a eu un changement de contrôle et le pouvoir
que détenait SOQUIP dans Noverco n'est plus aussi déterminant
qu'il ne l'était. (20 h 45)
On pourrait penser, qu'à un moment opportun, le gouvernement du
Québec pourrait se départir de cet investissement qui
représente une centaine de millions de dollars, en chiffres
d'aujourd'hui. Ce montant serait le montant nominal, mais en termes de gains de
capital ou en termes de revenus budgétaires, ce serait très
minime, soit 16 000 000 $. Mais, c'est quand même une opération
qui pourrait être faite. Disons que c'est potentiel. Nous retardions
cette vente parce que nous croyions qu'il serait préférable de
connaître les tenants et les aboutissants de l'orientation de SOQUIP
avant de faire cette vente. En principe, il n'y aurait pas beaucoup de
difficulté à me convaincre moi-même que nous pourrions
vendre cet investissement, même si on ne sait pas
précisément quelle sera l'orientation définitive de
SOQUIP. On m'indique qu'il y a 49 employés chez SOQUIP
présentement, en incluant leur division de gaz porté.
En plus de cet investissement dans Noverco, il y a bien sûr
l'investissement de SOQUIP dans SOQUIP-Alberta. Là-dessus, je crois que
le député doit savoir qu'il y a eu certaines discussions avec
Noverco, puisque, à un moment donné, Noverco voulait se donner
une mission d'intégration verticale qui lui donnerait des ressources en
amont et qui ferait en sorte que Noverco Gaz Métro pourrait vendre du
gaz qu'elle achèterait de sa propre filiale en Alberta. Le changement
d'actionnariat a quelque peu changé l'orientation de Noverco; du moins,
c'est notre interprétation. Par ailleurs, il y a eu certaines
difficultés dans SOQUIP-Alberta. Au moment où on se parle, c'est
le calme plat de ce côté, quoiqu'on m'indique qu'il y aura
bientôt de nouvelles discussions avec Noverco à ce sujet. Disons
que le dossier progresse très lentement, compte tenu de la situation qui
n'évolue pas facilement présentement.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, si on brosse le
tableau de ce qui avait été prévu en février 1986 -
il y a maintenant plus de quinze à seize mois - le ministre responsable,
en collaboration avec... finalement, a représenté les
intérêts du gouvernement. Il avait planifié de liquider ou
de privatiser les dix entreprises stratégiques. Là, on parle de
la Société générale de financement, de SOQUIA, de
SOQUEM, de SOQUIP, de REXFOR, de SIDBEC, de la Société
québécoise des transports et de sa filiale Quebecair, de la SNA -
l'amiante - de Madelipêche et de la Société des
établissements de plein air. Les propos du ministre, ce soir, sont un
peu à l'effet d'y aller avec la pédale douce. Je suis bien
content de voir que le ministre responsable de même que le gouvernement
ont décidé d'y aller plus mollo. Pour ce qui est de la
Société générale de financement, je dois dire que
la partie importante qu'était Dofor a été vendue. On
connaît un peu l'histoire de Donohue. D'ailleurs, la transaction est
à compléter. Je trouve dommage - je l'ai dit et je le
répète - que, finalement, on ait décidé de vendre
cette partie de Donohue. Par contre, je me réjouis qu'on n'ait pas vendu
la partie du bloc d'actions de Domtar. En ce qui concerne la
Société générale de financement, j'avais dit - et
ce n'était pas une révélation extraordinaire, sauf qu'elle
a été confirmée à nouveau ensuite - que, sans
Dofor, la Société générale de financement devenait,
à toutes fins utiles, une société qui n'était plus
rentable. D'ailleurs, Yvon Marcoux, le président de la SGF, lors de son
rapport, en conférence de presse, a aussi mentionné que, sans
Dofor, la Société qénérale de financement serait
"dans le rouge".
Le gouvernement a décidé de vendre le bloc de Donohue; du
moins, cela doit être complété, mais on sait que c'est
fait. Est-ce que le ministre peut nous dire aujourd'hui s'il a toujours
l'intention de vendre le bloc d'actions de Domtar? II me semble majeur qu'on
oublie de façon définitive cette privatisation et qu'on laisse
vraiment toutes ses dents et toutes ses armes à la SGF. J'ai aussi
mené personnellement plusieurs consultations avec les milieux
d'affaires, de façon informelle, afin de voir leurs réactions.
J'ai parlé à beaucoup de qens. Je pense que la
Société générale de financement a un rôle
majeur à jouer. Cela lui prend aussi, à cause de ses cinq
secteurs et certains d'entre eux ne sont pas rentables... Ce n'est certainement
pas le volet de biotechnologie qui va faire marcher la Société
générale de financement. Alors, il me semble majeur qu'on ait de
la part du gouvernement l'engaqement ferme qu'on ne remettra pas en vente au
cours de la prochaine année - on va le prendre une année à
la fois - les blocs d'actions de Domtar, d'autant plus que 1987-1988 et
1988-1989 s'annoncent dans le domaine du bois, dans le domaine du sciage, dans
le domaine du papier, comme des années exceptionnelles. D'ailleurs, je
pense que le "timing" de la vente de Donohue était très
mauvais.
Ma première question sur la SGF. Est-ce qu'on va lui donner le
souffle dont elle a besoin? On avait d'ailleurs l'engagement du premier
ministre en janvier 1987 qu'on devait avoir une commission parlementaire.
J'avais demandé une commission parlementaire sur les privatisations. On
nous a répondu qu'on n'en ferait pas pour l'instant. Mais on nous avait
promis une commission parlementaire sur la Société
générale de financement et ses orientations. Est-ce qu'on va
l'avoir?
Cela me semble important que la SGF, qui a un rôle tellement
important à jouer dans le développement, dans les
investissements, puisse participer à cela. J'appelle cela un
débat ouvert, la formule des commissions parlementaires. C'est important
aussi qu'on ne la dépouille pas ou qu'on ne mette pas un processus entre
temps. On sait que lorsqu'est arrivé le moment de décider si on
vend ou on ne vend pas le bloc d'actions de Domtar, on sait ce qui est
arrivé au sujet des actions. On sait qu'il y a eu une montée de
ce côté. Je voudrais avoir ce soir l'éclaircissement sur
tout ce volet de la Société générale de
financement, de Dofor-Domtar. Je veux avoir l'assurance du ministre que, pour
l'instant, c'est définitivement mis aux oubliettes et qu'on aura une
commission parlementaire sur l'avenir et les orientations de la
Société générale de financement, dès
l'automne.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué à la Privatisation.
M. Fortier: Le député de Bertrand a posé une
question au ministre responsable. Il a raison. Le ministre est très
responsable. Il n'a jamais dit, quant à lui, qu'il vendrait dix
sociétés d'État. Je le répète encore une
fois. Il y a eu un comité "aviseur" qui nous a fait des recommandations:
ils nous ont dit, quant à eux, qu'ils verraient d'un bon oeil la vente
de dix sociétés d'État. Quant à moi, je vois ce
rapport qui est très bien fait, dans la mesure où on peut
différer d'opinions, mais dans la mesure où il y a des
références, où il y a des analyses qui sont faites. Cela
nous permet de voir les tenants et les aboutissants de la logique
derrière ce rapport. Je le répète. Ceci ne
représente pas l'opinion du gouvernement et je vois ce rapport comme une
espèce d'objectif du secteur privé francophone du Québec
qui dit: Nous avons fait beaucoup de progrès depuis 25 ans, depuis 10
ans. Eux disent: Très bientôt, nous pourrions assumer toutes ces
responsabilités. Et moi, je dis: Peut-être pas très
bientôt, mais enfin, pas trop tard. Cela demeure quand même un
objectif à moyen terme.
La politique du gouvernement n'est pas représentée par ce
document. Elle est représentée par ce document-ci qui a
été approuvé par le Conseil des ministres. On y trouve les
trois premiers principes qui, quant à moi, ont toujours animé mon
action. On parle du premier principe, soit Une plus grande place au secteur
privé. On dit: "La production commerciale de biens et services dans
l'économie québécoise est du ressort du secteur
privé, sauf dans des circonstances exceptionnelles justifiées par
l'intérêt public. " Donc, il s'agit bien sûr de
définir ce qu'est l'intérêt public. Au sujet du
deuxième principe, on dit: "L'objectif structurel a priorité sur
l'objectif financier. " La privatisation n'est pas une fin en soi. Lorsqu'elle
s'impose, la privatisation d'une société d'État doit viser
d'abord à renforcer la structure économique du Québec tout
en assurant la présence québécoise dans les secteurs
clés de l'économie. " Enfin, une approche pragmatique où
on dit que "la privatisation doit se faire de façon pragmatique, cas par
cas et peut emprunter des voies multiples". Tout cela pour dire que c'est
justement ce que nous avons fait. Bien sûr, l'an dernier, on a pu donner
l'impression que nous allions très vite. Ceci était dû,
d'une part, au fait que, dans l'Opposition, nous avions fait notre travail et
qu'on avait étudié plusieurs dossiers.
J'aimerais rappeler quand même que M. René Lévesque
indique en annexe dans son livre... II y a attaché un document qu'il
avait transmis à M. Pierre Marc Johnson, son successeur, dans lequel
justement, on dressait une liste de sociétés d'État. On
lui parlait de différents problèmes: d'Hydro-Québec, de la
Société des alcools, de la Raffinerie de sucre du Québec
et je lis: "La Raffinerie de sucre du Québec accumule des
déficits annuels de l'ordre de 10 000 000 $ et propose un plan
d'expansion expliquant des déboursés gouvernementaux non
prévus au budget de 30 000 000 $. Le ministère des Finances a
entrepris des discussions confidentielles avec Les sucres Lantîc en vue
d'y fusionner la RSQ pour une somme s'établissent à ce moment-ci
entre 33 000 000 $ et 56 000 000 $. " C'est dans le livre de M. Lévesque
Attendez que je me rappelle. M. Lévesque était donc bien
conscient de tout cela. Il mentionnait également Pétromont, il
mentionnait SOQUEM, les problèmes de Seleine. M. Lévesque
était très conscient qu'il y avait des problèmes. Nous en
étions conscients également et, dans certains cas, nous avons
hérité purement et simplement de dossiers que le gouvernement
précédent nous avait laissés et que nous avons
menés à terme. Nous les avons menés à terme pour
les mêmes raisons que M. Lévesque l'indique dans l'annexe
rattachée à son livre. Il fallait à tout prix assainir les
finances publiques.
C'est la raison pour laquelle des propositions ont été
faites par mon comité juridique et, comme je l'ai dit, je ne suis pas
nécessairement en désaccord dans la mesure où il s'agit
d'un objectif à moyen terme. Je ne le vols pas à court terme,
mais plutôt à moyen terme; à court terme, il faut bien voir
la réalité telle qu'elle est et, dans l'immédiat, des
ajustements doivent se faire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaîtl Je m'excuse M. le ministre
délégué à la Privatisation. M. le
député de Sainte-Anne! M. le ministre.
M. Fortier: Le député me pose des questions
précises sur la Société générale de
financement et je vais tenter d'y répondre. Nous avons dit à ce
moment-là que les revenus que Dofor ou que la Société
générale de financement pouvait percevoir par le biais des
dividendes étaient très minimes. Depuis que Dofor avait
été créé, je crois qu'on parlait d'un dividende
cumulatif de 5 000 000 $ et on prévoyait que, dans les années
futures, ce serait de l'ordre de 5 000 000 $.
Je sais bien que cela fait plaisir à un président de
compagnie lorsqu'il examine son profit consolidé et, comme le
député a été dans le secteur privé, il va
comprendre immédiatement. Cela fait toujours plaisir de regarder son
profit consolidé et dire: Mes revenus sont de l'ordre du milliard de
dollars et, cette année, je fais un profit consolidé de tant de
millions de dollars; cela paraît bien, mais cela ne donne pas un sou de
plus, au point de vue "cash" à l'actionnaire pour lui permettre de faire
de nouveaux développements. Je conçois avec le
député de Bertrand qu'après avoir vendu Donohue si nous
décidions de vendre Domtar, étant donné que, depuis ce
temps-là d'ailleurs, nous avons fait un investissement dans Marine - II
reste à voir dans quelle mesure cet investissement dans Marine et dans
la Davie Shipbuilding nous donnera les résultats escomptés - il
se pourrait que le bilan ne présente pas un profit consolidé
semblable à celui qui existait lorsque la SGF était actionnaire
de Donohue et de Domtar. Encore là, le député comprendra
qu'il s'agissait d'un profit consolidé et que cela ne fournissait pas de
l'argent palpable à l'actionnaire ou même à la direction de
la SGF pour lui permettre de faire de nouveaux développements.
D'ailleurs, plus que cela, on m'indique que Domtar fera prochainement
une émission d'actions de 100 000 000 $. J'imagine que,
présentement, la Société générale de
financement et le ministre de l'Industrie et du Commerce doivent décider
à savoir si la Société générale de
financement va maintenir son pourcentage, si elle veut maintenir son
pourcentage. Est-ce qu'elle maintiendra son pourcentage? Si elle maintient son
pourcentage - elle a 28 % des actions, si Domtar fait une émission de
100 000 000 $, à ce moment-là, il faudra que la
Société générale de financement achète pour
28 000 000 $ d'actions. (21 heures)
C'est donc dire que là-dessus, j'ai de la misère à
suivre le député de Bertrand dans la mesure où il s'agit
de profits consolidés qui ne donnent pas d'argent palpable à la
direction de la SGF, mais j'admets, comme lui, que cela paraît mieux
lorsqu'on fait un rapport annuel de dire qu'on a fait tant de profits cette
année et d'indiquer que cela représente tant de millions de
dollars, mais cela correspond, à toutes fins utiles, très peu
à la réalité, parce que ça ne permet à la
Société générale de financement de financer un
nouvel investissement avec les Japonais ou de financer un nouvel Investissement
à Pechiney. S'il fallait réaliser une autre ligne à
Pechiney et que le projet se réalisait, ce n'est certainement pas avec
les profits nominaux ou les profits consolidés de Dofor que la
Société générale de financement pourrait financer
une telle entreprise.
En ce qui concerne la vente de Donohue, le député nous
disait: Je vous l'avais bien dit. Ce n'est pas tout à fait le message
que j'avais eu à l'Assemblée nationale. Le député
nous disait qu'il n'y aurait aucun acheteur québécois capable
d'acheter Donohue. Vous serez obligé de vendre à des
étrangers. Cela va être effrayant. Vous allez handicaper le
développement de Donohue.
Malheureusement, ce n'est pas ce qui est arrivé. Je suis
très malheureux pour lui. Ce n'est pas ce qui est arrivé. Nous
avons eu aussi la vente avec une firme qui, de toute évidence... On a
vendu à un individu et à une firme, celle de
Québécor, qui est très bien implantée au
Québec, qui a fait ses preuves au Québec, qui a fait ses preuves
à l'extérieur du Québec et du Canada et à un homme
dynamique qui - toutes les formations politiques et tous les
députés autour de la table vont le reconnaître - est
très ancré dans le milieu québécois, capable
d'assumer le développement économique de sa firme et qui prendra
des décisions qui, j'en suis sûr, seront dans le meilleur
intérêt des Québécois.
Donc, la prévision pessimiste du député, quant
à la vente de Donohue, ne s'est pas matérialisée. C'est ta
raison pour laquelle je crois, à toutes fins utiles, je n'ai eu qu'une
seule question à l'Assemblée nationale. Je crois que nos amis
d'en face étaient quelque peu embarrassés par le fait que nous
ayons vendu à une personne aussi dynamique que M. Péladeau, une
personne qui est reconnue par tous les industriels québécois, par
tous les hommes d'affaires québécois et par tous les partis
politiques comme quelqu'un en qui on peut avoir pleine confiance pour
défendre les intérêts du Québec.
En ce qui concerne l'avenir de la SGF, il est vrai que le ministre de
l'Industrie et du Commerce et le premier ministre avaient confirmé qu'il
y aurait une commission parlementaire, non pas nécessairement pour
étudier la privatisation comme telle, mais pour étudier l'avenir
de la Société générale de financement.
À ce moment-là, je peux indiquer, quoique la question
relève réellement de l'autorité du ministre de l'Industrie
et du Commerce, enfin on m'indique, parce que le ministère des Finances
suit quand même ces développement de très près,
qu'on croyait, au
mois d'octobre, lorsque la réponse avait été
donnée, que le plan de développement de la SGF serait prêt
au printemps.
Il y a eu un changement de président à la SGF. On
m'indique que le plan de développement sera prêt cet automne et,
donc, en toute logique, la commission parlementaire devrait être tenue au
moment où le président de la Société
générale de financement pourra présenter son plan de
développement et en discuter avec les parlementaires,
ici-même.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): À la suite des propos du ministre,
j'aimerais apporter certains commentaires et rectifier certaines choses, pour
d'abord, rappeler au ministre la position que nous avons prise face à la
privatisation; nous n'étions pas contre ta privatisation. Ce qu'on a
dit, c'est qu'on est d'accord avec les privatisations, cas par cas, et à
certaines conditions.
Parmi ces conditions, il y avait la protection des emplois. Ce qui a
été fait, dans certains cas, et qui n'a pas été
fait dans certains autres cas. Exemple: Quebecair. Dans ce cas-là, on
l'a dénoncée. Le contrôle québécois
était très important. Je n'ai jamais dit - je vous défie
de prouver le contraire -que le cas de Donohue... Dans le cas de Domtar, j'ai
dit: Cela va être très difficile de trouver des acquéreurs
qui vont être québécois; dans le cas de Domtar, à
cause du montant de la transaction, parce que, au départ, on parlait de
500 000 000 $ ou 600 000 000 $, et que c'est rendu à 700 000 000 $ ou
800 000 000 $. Dans le cas de Donohue, il était souhaitable, pour nous
qu'à cause du secteur dans lequel se trouvait tout le dossier de Dofor
que, définitivement, il n'y ait pas de vente et que, s'il y avait vente
dans le cas de Donohue, le contrôle en soit québécois.
Que ce soit M. Péladeau de Québécor, je dis bravo.
Le contrôle reste à 51 %. Ce que je trouvais dommage, c'est que le
morceau soit quand même pesant. Il a dû aller chercher un M.
Maxwell, sûrement un bonhomme très valable aussi, mais il reste
que, pour ce qui est de la part des Québécois dans Donohue - le
ministre sera d'accord avec moi - des 56 % détenus, on était
propriétaire à 100 %. Aujourd'hui, il y a 49 % des actifs et des
profits futurs de Donohue qui vont s'en aller en dehors du Québec. On en
est conscients. L'actionnaire à 49 %, à toutes fins utiles, n'a
pas le contrôle, mais il a le droit à ses profits. Cette
rectification est très importante, parce que Domtar et Donohue, ce sont
deux choses. Le ministre nous a dit tantôt: sur les profits que faisaient
Domtar et Donohue, Dofor n'a pratiquement pas versé de dividendes.
Depuis son existence, il y a quelques années, 1982 ou 1983, Dofor a
versé à peine 4 000 000 $ à 5 000 000 $, si ma
mémoire est bonne. Ce n'est pas une question de dividendes, M. le
ministre. C'est là que l'on n'est pas sur la même longueur d'onde.
Le gouvernement n'est pas un jeu de petite caisse. Hydro-Québec n'a pas
versé de dividendes l'année passée. Elle n'en verse pas
cette année. Elle n'en versera pas l'année prochaine. Pourtant
ils ont fait 334 000 000 $ ou 350 000 000 $ de bénéfices. Cela
s'en va dans l'actif total de la compagnie et cela s'en va dans ce que
j'appelle le bien collectif des Québécois. Si la
Société générale de financement, par le biais de
ces différentes sociétés fait de l'argent, c'est
collectivement qu'on s'enrichit et on pourra se servir de ce levier - parce que
c'est cela finalement, la SGF, c'est un levier. Là-dessus je pense qu'on
s'entend. Qu'il y ait des dividendes de versés ou pas. Bien sûr,
c'est préférable qu'il y ait des dividendes de versés pour
être capable de faire monter l'argent haut, comme on dit. Dans mon
esprit, ce qui est important c'est d'abord qu'on continue à jouer un
rôle et qu'on puisse être capables d'avoir ces actifs dans notre
portefeuille. La preuve en est que, au moment où on se parle - ou
à toutes fins utiles dès que la transaction sera
complétée - on n'aura plus les profits que faisait Donohue. Ils
étaient fort intéressants cette année et ils
étaient envisaqés comme fort intéressants, pour
l'année prochaine. On n'a plus ces profits, ils ne feront plus partie de
l'enveloppe de Dofor et, par le fait même, par ricochet, de l'enveloppe
de la SGF. À mon point de vue, cela l'affaiblît et je vous
préviens que, si l'on vendait Domtar, cela serait une erreur, une erreur
magistrale.
M. Fortier: Est-ce que le député me permet de
commenter?
M. Parent (Bertrand): Oui, on va continuer avec la SGF.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué à la Privatisation.
M. Fortier; Je crois que j'ai de la misère à suivre
le député. Ce qu'il n'a pas compris et ce que j'ai
indiqué, c'est que Donohue, même si l'actionnaire n'est pas la
SGF, va continuer à se développer. Il indique que le
contrôle sera à 51 % québécois, et à 49 %
britannique. Je suis en désaccord avec lui lorsqu'il dit que
nécessairement 49 % des dividendes ou des profits passeront en
Angleterre. Il est évident que M. Maxwell a acquis une participation
dans l'actionnariat avec M. Péladeau. S'il s'intéresse à
cette société - étant donné qu'il possède
des journaux en Grande-Bretagne et aux États-Unis - son
intérêt consiste à s'alimenter en
papier, chez Donohue, au Québec, d'une façon plus
générale. En conséquence, pour eux, il s'agit d'un
investissement et ces profits vont être réinvestis. Cela va
alimenter le développement économique de Donohue, de toute
façon. Si on parle en termes de développement économique
et de création d'emplois, Donahue n'est pas appauvrie, au contraire. Les
deux actionnaires travaillent en participation, en collégialité.
Tous les deux possédant des journaux et vont s'assurer du
développement de Donohue. Le parallèle fait avec
HydroQuébec, à mon avis, n'est pas valable, parce que Donohue va
continuer à se développer avec des actionnaires
différents. Donohue n'est pas handicapé par le changement
d'actionnariat. Dans le cas d'Hydro-Québec, il s'agit d'un monopole. On
l'a dit dès le départ lorsqu'on a parlé de privatisation
des sociétés d'État: privatiser un monopole, c'est
très difficile. Il faut savoir de quelle façon la
réglementation des profits, des tarifs pourra se faire. Privatiser un
monopole, représente des difficultés insurmontables. Je crois que
le gouvernement fédéral l'a appris à ses dépens.
Mais également, ce qu'il faut comprendre, c'est que s'il est vrai
qu'Hydro-Québec ne déclare pas de dividendes au gouvernement,
c'est que, par ailleurs, elle investit tous ses profits dans ses
développements de construction. Elle doit même aller
au-delà de cela pour emprunter. Comme elle emprunte environ 75 % de ses
besoins et qu'elle investit 25 %, s'il n'y a pas déclaration de
dividendes, c'est tout simplement qu'on veut respecter ce critère, d'une
part, pour maintenir à environ 25 % l'actionnariat du gouvernement du
Québec. Le fait qu'il n'y a pas de déclaration de dividendes ne
fait qu'assurer le développement d'Hydro-Québec comme tel. Il
s'agit de deux situations différentes. Comme je l'ai dit, dans la mesure
où le développement de Donohue se continue, le fait que la SGF ne
soit pas actionnaire de Donohue ne lui permettait pas de jouer ce rôle.
De toute façon, en revendant Donohue - nous l'avons dit - nous avons
l'intention de laisser une centaine de millions de dollars à la
Société générale de financement et à
même ce projet. Étant donné que la SGF peut financer
jusqu'à huit ou même dix fois ce montant pour réaliser des
projets, on peut penser qu'avec ces 100 000 000 $ la SGF pourra
développer des projets pour 800 000 000 $ à 1 000 000 000 $.
Donc, cela créera, dans les années à venir, un
développement économique important.
J'aimerais quand même revenir à Domtar pour répondre
à la question du député si, oui ou non, nous avons
l'intention de vendre Domtar. Je crois que nous avons indiqué, pour les
raisons que je lui ai données en Chambre, que les acheteurs qui
s'étaient manifestés au mois de janvier se 3ont retirés au
moment où les actions sont montées en flèche.
Peut-être qu'il y avait un facteur de financement, mais ce qui les
inquiétait, c'était la montée subite du prix des actions.
Personne, je pense, n'aime acheter des actions au point fort. Quand on
achète des actions, on aime mieux les acheter lorsque le marché
baisse, et, sûrement, lorsqu'il est stable. Le fait qu'il y a une
accélération subite du marché a inquiété
certains de ces investisseurs.
Il y a une décision du Conseil des ministres de maintenir le
principe de la vente. J'ai dit publiquement que le moment de la vente n'avait
pas été déterminé, mais je peux dire que, pour le
moment, il n'y a aucune opération en cours. De toute façon, on ne
peut pas passer son temps à annoncer la vente d'une
société. Il faut quand même être respectueux des
dirigeants et des actionnaires de la compagnie. Au moment où on se
parle, il n'y a aucune opération en cours et je dirais même qu'on
n'en considère aucune pour les prochains mois. Si jamais on reprend le
dossier, ce ne sera sûrement pas avant la fin de l'année et
peut-être même pas durant l'année financière en
cours. Cependant, le principe étant maintenu, à ce
moment-là on reconsidérera le dossier à sa juste valeur.
J'aimerais assurer le député qu'au moment où on se parle
aucune opération n'est en cours. Mes collaborateurs et moi-même
n'avons enclenché aucune opération qui pourrait déboucher
d'ici plusieurs mois sur une opération qui serait déterminante
pour l'avenir de Domtar comme tel.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, cela me rassure. Je
pense que le ministre a raison lorsqu'il dit! On ne peut pas laisser planer le
doute constamment que Domtar pourrait être en vente. Je pense que cela
pourrait être nuisible. J'espère que cette position va rester le
plus longtemps possible au réfrigérateur.
Dans le cas de deux sociétés qui faisaient partie des
sociétés qui ont perdu de l'argent au cours des dernières
années, je veux juste porter à l'attention du ministre le fait
que plusieurs correctifs ont été mis en branle. Aujourd'hui, le
gouvernement, en 1987, se retrouve dans la position suivante. Certaines
sociétés qui étaient malades commencent aujourd'hui
à être rentables. Je pense particulièrement à SIDBEC
qui, lors de son dernier trimestre, a fait 1 300 000 000 $ de
bénéfices et qui s'aligne pour une année fort
intéressante à la suite de cette fameuse décision
enclenchée par la fermeture de SIDBEC-Normines. Lors de l'étude
des crédits de votre collègue de l'Industrie et du Commerce, il y
a quelques
jours, je lui ai demandé s'il avait l'intention de privatiser
SIDBEC. Je vous le demande aussi parce que ce n'était pas clair. On a
parlé peut-être de certains morceaux. Je dirais qu'on a sorti la
tête au-dessus de l'eau avec SIDBEC et je trouve important qu'on ne
commence pas à laisser planer des doutes, même si elle fait partie
de la liste des entreprises stratégiques à cause du rôle
qu'elle a joué. Quelle est la position du ministre responsable? Est-ce
que SIDBEC sera, en tout ou en partie privatisée au moment où
elle a atteint le seuil de la rentabilité avec des profits
intéressants?
Aussi, à propos d'un autre volet, Pétromont
prévoyait pour le premier trimestre de 1988 commencer à faire des
profits, mais il en a fait pratiquement douze mois à l'avance.
Pétromont a fait des profits en avril. (21 h 15)
Le rôle que le gouvernement va jouer est très important
pour ce qui est de Pétromont, surtout avec tout ce qui est en train de
se passer à Soligaz. C'est très inquiétant. Mais on voit
l'importance de la Société générale de financement
dans une société comme Pétromont à cause de
l'avenir pétrochimique. Il y avait et il y a toujours des partenaires
privés, mais il reste un fait, c'est que la Société
générale de financement est capable d'intervenir en force.
À mon avis, c'est un actif et on verra tantôt que peut-être
l'ajustement qui est en train de se faire est un ajustement dans le bon sens.
Le ministre disait, à propos de la SGF et à propos de REXFOR,
qu'on commence a penser non pas à privatiser mais à les orienter
pour qu'elles puissent se dynamiser elles-mêmes. Cela fait partie des
orientations que nous avions et on verra le cas de Rexfor tantôt. Mais
pour le cas de SIDBEC, it y a des questions très précises; Quelle
est la position? Où s'en va-t-on maintenant qu'on a atteint la
profitabilité? Et c'est la même chose pour Pétromont, tout
ce qui est pétrochimique.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: En ce qui concerne Pétromont, celui qui vous
parle était critique dans le domaine de l'énergie et des
ressources lorsqu'il était dans l'Opposition et il a toujours
appuyé le développement de Pétromont. De fait,
j'étais de ceux qui ont fait des déclarations publiques,
critiquant même nos amis fédéraux sur leur manque
d'initiative à ce moment-là, de ce côté-là.
Alors je ne crois pas qu'il y ait de différences d'orientation entre ce
qu'il a exprimé et l'orientation qui est la mienne et celle du ministre
de l'Industrie et du Commerce.
Nous croyons que Pétromont est une société
essentielle pour assurer la survie de la pétrochimie, comme de raison,
dans la mesure où on peut voir la lumière au bout du tunnel. Je
ne crois pas que le gouvernement pourrait, pendant 25 ans, maintenir à
bout de bras une société comme Pétromont. Avec les
opérations qui ont été faites depuis deux ou trois ans,
nous espérions qu'à ce moment-ci, avec Soligaz on pourrait, avec
la venue des gaz liquides à Montréal, assurer la
pérennité de Pétromont. Et au fur et à mesure - en
accord d'ailleurs avec notre politique - que le secteur privé pourrait
prendre une certaine relève, on pourrait peut-être revenir
à un tiers de participation au lieu de 50 %, parce qu'à l'origine
c'était un tiers, un tiers, un tiers. Donc, quant à
Pétromont, au contraire, le ministère des Finances suit l'affaire
de près dans la mesure où on n'aimerait pas se réveiller
avec une autre société nationale de l'amiante.
On a fait à ce jour des investissements assez importants. De
mémoire, je crois qu'on est rendus à 350 000 000 $ d'une
façon cumulative dans Pétromont. Je parle de tout ce qui a
été fait sous le gouvernement précédent et ce que
l'on a fait, l'absorption des déficits, parce que ce n'est pas
comptabilisé comme tel et c'est payé par subvention. On doit
admettre que c'est un investissement très important et que - je peux
bien l'avouer - le ministère des Finances espérait, lorsque tes
décisions ont été prises l'an dernier que, d'ici un an, on
verrait la lumière au bout du tunnel. Il y a des négociations en
cours et il n'est pas question d'accélérer une décision
qui irait dans un sens négatif, au contraire. Mais il va falloir que le
dossier débloque, parce que s'il fallait que... C'est la raison pour
laquelle le ministre de l'Énergie et des Ressources et le ministre de
l'Industrie et du Commerce font des pieds et des mains pour s'assurer que le
gouvernement fédéral prendra les meilleures décisions dans
ce dossier. Donc, de ce côté-là, je veux rassurer le
député de Bertrand: la politique du gouvernement était la
politique que nous avions dans l'Opposition. Il y a une continuité. Je
crois que les deux partis... J'avais appuyé personnellement l'initiative
de M. Biron de ce côté-là. Il y a une continuité
d'action qui est dans le meilleur intérêt du Québec. Donc,
je ne crois pas que ce soit un dossier qui divise nos deux formations
politiques.
En ce qui concerne SIDBEC, si vous regardez les états financiers
de SIDBEC, il faut bien comprendre que ce n'est pas réjouissant dans la
mesure où les pertes accumulées sont - j'ai les chiffres ici - de
l'ordre de 836 000 000 $ au 31 mars 1985. Quand on regarde les états
financiers, ce n'est pas réjouissant comme tel. En ce qui concerne la
fermeture du secteur minier qui a apporté une perte de 550 000 000 $,
ceci
est compensé présentement purement et simplement par une
subvention. Si on laissait SIDBEC à elle-même, elle ne serait pas
rentable, comme si on la laissait payer elle-même pour le financement de
la dette du secteur minier qui a été accumulée.
De ce côté-là, il n'y a pas d'opération en
cours, mais l'opinion que je vais exprimer rejoint essentiellement celle de mon
collègue de l'Industrie et du Commerce. Ce dont j'ai discuté avec
lui, même si on n'a pas ouvert de dossier ni de comité conjoint
comme tel -donc, il n'y a pas un processus formel d'enclenché - c'est
tout simplement qu'on s'est dit qu'à un moment donné il faudrait
bien et très probablement que SIDBEC va vouloir investir si elle se
donne un plan de développement. On se dit: Cela va bien, mais à
un moment donné, il va falloir qu'elle se donne un plan de
développement. Donc, cela va requérir de l'actionnaire des
investissements. Disons qu'à un moment donné, SIDBEC viendra avec
un plan de développement qui exigerait du gouvernement - je ne sais pas
- des investissements de l'ordre de 50 000 000 $.
À ce moment-là, la question qui va se poser, c'est:
Serait-il dans le meilleur intérêt de SIDBEC de nettoyer les
états financiers? Quand je dis "nettoyer", cela voudrait dire que le
ministre des Finances pourrait prendre la dette à sa charge, je dis
"pourrait" parce qu'il ne l'a pas encore agréé. Je ne voudrais
pas prendre d'engagement au nom du ministre de Finances. De toute façon,
il la prend à sa charge, parce que, dans le moment, si on prend la dette
du secteur minier, c'est payé par une subvention de toute façon.
On pourrait nettoyer les états financiers de SIDBEC, donc, faire une
restructuration financière de SIDBEC et, à ce moment-là,
penser - on utilise le mot "privatisation", ce n'est peut-être pas le bon
mot - à l'émission d'actions de SIDBEC, qui pourrait impliquer
même les employés de SIDBEC. Je pense que l'expérience
qu'on a acquise dans ces dossiers de privatisation nous porterait à
travailler avec eux. D'ailleurs, la direction de SIDBEC travaille en
étroite collaboration avec le syndicat, alors, je pense qu'on
continuerait dans ce sens-là.
Alors, il n'y a absolument rien d'enclenché. Ce sont simplement
des idées qu'on a derrière la tête et on se dit que, s'il
faut à un moment donné nettoyer les états financiers et
investir des montants pour assurer un développement accru, je crois que
la question qui se posera à ce moment-là, ce n'est pas tellement
de privatiser et de dire: On vend, mais ce serait plutôt de se poser la
question: Est-ce qu'au lieu que le ministre des Finances injecte des fonds, des
millions et des millions de dollars, on ne pourrait pas penser vendre des
actions sur le marché, quitte à en vendre une bonne partie, un
peu comme on l'a fait en Angleterre, aux employés eux-mêmes, mais
pour aller chercher dans le marché des fonds qui assureraient le
développement de SIDBEC?
C'est pour cela qu'aucune opération n'est enclenchée. Ce
sont des idées qu'on a derrière la tête, mais si on le
faisait, ce serait plutôt pour assurer à SIDBEC les
investissements requis pour réaliser un plan de développement
qu'elle pourrait présenter au gouvernement en temps opportun.
Le Président (M. Lemieux); M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Dans le cas de SIDBEC et pour terminer, M.
le Président, sur ce cas-là, effectivement, le syndicat a
présenté l'année dernière - cela a
été adopté, je pense, au début de l'année
1987 -un plan d'investissement des laminoirs, à Montréal, sur la
rue Saint-Patrick. Cela a été fait, sauf qu'en posant la question
au ministre de l'Industrie et de Commerce, il semblait un peu surpris, mais il
ne me l'a pas confirmé et il ne l'a pas non plus contredit, à
savoir que, dans un secteur, il y aurait une division qui serait en train de se
vendre actuellement. Ce n'est pas vraiment de la privatisation, ce serait en
train de se vendre.
D'abord, j'aimerais savoir si le ministre est au courant de cela et s'il
peut nous le confirmer. Deuxièmement, quant à l'approche qu'il
préconise, qui ne serait pas une privatisation, mais qui serait
peut-être d'aller vers une société mixte avec des
partenaires, pourquoi pas le Fonds de solidarité ou des groupes comme
cela? Cela pourrait être assurément envisageable ou
intéressant, mais la partie qui serait en train de se vendre
actuellement est-elle importante? Il y a des rumeurs qui circulent
actuellement. Le ministre de l'Industrie et du Commerce semblait agréer
que ce n'était pas officiel, mais que cela se ferait et qu'il s'agirait
d'une division de SIDBEC à Montréal.
M. Fortier: Celui qui vous parle n'est pas directement
impliqué dans ce genre d'opérations. Il faut bien comprendre que,
pour toute société d'État ou même, je dirais, pour
toute société privée, il est normal d'acheter ou de vendre
une division. Donc, ce sont des activités de "streamlining", comme on
dit, des activités de rationalisation et il ne serait pas surprenant que
SIDBEC puisse penser vendre une petite division de façon à
rentabiliser ses activités. J'ai vaguement entendu parler,
personnellement, de ce dossier. Je ne suis pas impliqué dans tous ces
dossiers de vente de divisions comme tel; il s'agit d'un dossier qui
relève du ministère de l'Industrie et du Commerce. Donc, je ne
peux pas confirmer l'information que le député me demande.
Une note sur ce que j'ai ajouté tout à l'heure, quand on
parlait de restructuration financière. Comme de raison, le
ministère des Finances est très sensible non seulement aux
besoins de capitaux des sociétés d'État, mais aux besoins
qui pourraient lui être demandés. Mais, quand il fait une
transaction comme celle-là, on est de plus en plus
préoccupés, quant à nous, par les pertes qui peuvent
survenir, que ce soient des pertes opérationnelles ou des pertes par des
transactions financières. Le député le sait, les nouvelles
règles de consolidation des revenus budgétaires du ministre des
Finances font en sorte que les profits ou les pertes des sociétés
d'Etat se répercutent dans les revenus du ministre des Finances et donc,
s'il y a une perte opérationnelle, c'est un "incentive" pour
réagir immédiatement, mais tout à l'heure, je lui ai
parlé d'une transaction financière. En tout cas, la
qualité de la transaction devrait prendre en considération la
perte fiscale qui pourrait être créée par une telle
activité. C'est la raison pour laquelle nous ne sommes pas en mesure,
aujourd'hui, de préciser davantage ce que j'ai indiqué
rapidement. Mais comme le député le dit, ce serait une
transaction qui pourrait aller au-delà d'une participation du fonds de
solidarité, parce qu'on pourait parler de plusieurs millions de dollars
et je ne crois pas que le fonds de solidarité, avec ses 100 000 000 $
présentement, voudrait injecter quelque chose comme 25 000 000 $, ce
serait beaucoup trop pour lui. Le député parle d'un partenariat
avec le secteur privé ou avec les employés ou autrement, mais
à la longue, cela pourrait aller plus loin que cela. Comme il n'y a
aucune décision de prise, c'est simplement... Ce que j'ai
évoqué indique, je pense, l'orientation et ce que le ministre de
l'Industrie et du Commerce fait présentement, c'est d'assurer la
rentabilité de l'entreprise.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Cela termine mes questions sur SIDBEC et
Pétromont. Pour conclure sur les dossiers de la SGF, on a parlé
ou effleuré tantôt le cas de Marine et j'aimerais savoir, à
la suite de la transaction entre Marine et la Davie, quels sont les plans ou
quelle orientation sera prise dans la prochaine année? D'abord, il y
avait une rationalisation de certaines activités. A-t-on envisagé
de faire la privatisation de Marine à court ou à moyenne
échéance? Le ministre pourrait-il nous éclairer sur
l'avenir de Marine quant à la participation de la SGF.
M. Fortier: II n'y aucun plan de privatisation de Marine en
cours, de près ou de loin. La question que le député me
pose aurait dû être posée, s'il ne l'a pas fait, au ministre
de l'Industrie et du Commerce puisque, personnellement, je n'ai pas comme telle
la responsabilité de suivre les transactions financières de
Marine. Comme lui, je sais que, à la suite de la décision qui a
été prise d'acheter Davie, il y avait un plan de redressement ou
de rationalisation qui devait être fait, mais je ne peux pas l'informer
davantage parce que je ne suis pas le dossier et que je ne suis pas
responsable. (21 h 30)
M. Parent (Bertrand): Merci. J'aimerais, dans le peu de temps qui
nous reste, aborder le dossier de SOQUIA et celui de REXFOR.
Dans le cas de REXFOR, il s'agissait d'une des dix
sociétés stratégiques qui devaient enclencher la
privatisation. C'est ce qu'on disait à propos de REXFOR dans le document
qui s'appelle le rapport Fortier: Dans cette optique, il nous semble
évident que REXFOR puisse difficilement être un instrument
efficace de rationalisation dans le secteur forestier au Québec. C'est
ainsi que nous sommes d'avis qu'elle n'a plus sa raison d'être comme
société d'État.
C'est quand même une position... à la page 36, en haut de
la page. C'est quand même quelque chose d'assez récent. C'est juin
1986. Cela fait pratiquement un an, jour pour jour, maintenant. II y avait un
état de fait concernant REXFOR permettant de dire: Elle n'a plus sa
place comme société d'État. On apprenait dans la Presse
d'aujourd'hui -moi, pour ma part, avec beaucoup de satisfaction - que REXFOR
envisage un investissement dans Forex.
On envisageait privatiser, on envisageait, à toutes fins utiles,
se débarrasser de REXFOR comme société d'État.
Maintenant, on envisage, davantage, de lui faire jouer un rôle dans
Forex. Pour moi, c'est un changement de cap important. Je trouve cette approche
vraiment intéressante de faire jouer un rôle à la
société d'État.
J'aimerais que le ministre me dise un peu sa réaction face
à cela et confirme cette orientation ou ce changement de cap, à
toutes fins utiles, concernant la société REXFOR.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, je vais répéter
au député que le rapport qu'il cite n'est pas une politique
gouvernementale, même si on l'appelait rapport Fortier. Si le
député regarde la liste des membres du comité, il va voir
que le ministre n'en faisait pas partie. Il va constater, de plus, que
les...
M. Parent (Bertrand): C'était votre
rapport.
M. Fortier:... gens qui en faisaient partie étaient des
représentants du secteur privé québécois, mais dont
tous - il y avait une personne de Québec - étaient de
Montréal.
En ce qui rne concerne, j'ai toujours cru que REXFOR était un
outil de développement régional important. Quand on parle de
REXFOR, on en parle comme une seule entité. Personnellement, j'ai
toujours pensé à REXFOR en termes de société
agissant en Gaspésie, en Abitibi, au Lac-Saint-Jean donc, une
société de développement régional extrêmement
important.
Par ailleurs, je ne sais pas si le député est au courant,
mais quand j'étais dans l'Opposition, nous avions tenu une commission
parlementaire pour examiner l'orientation de REXFOR. Je crois qu'il y a trois
ans ou quatre ans, celui qui était le président de REXFOR avait
soumis au gouvernement un plan de développement qui n'allait pas
tellement dans le sens d'en faire une société de
développement à vocation régionale. Il voulait en faire
une espèce de "empire builder". Il l'avait demandé dans son plan
de développement au gouvernement.
De mémoire, M. Duchesneau nous avait dit qu'il avait
demandé au gouvernement précédent de transférer
Domtar et Donohue à REXFOR. Alors, si j'ai bien compris, l'intention de
la direction de REXFOR, à ce moment-là, était d'en faire
une multinationale importante qui pourrait se comparer à Power
Corporation ou à Consolidated Bathurst. Quant à moi, je me suis
toujours inscris en faux contre une telle orientation. J'ai toujours cru qu'au
contraire, lorsqu'on examinerait l'orientation de REXFOR, on devrait la voir
non pas tellement pour en faire une compagnie forte et dynamique avec un
chiffre d'affaires imposant, mais plutôt l'examiner et susciter une
mission et un développement pour aider le développement
régional de l'une ou l'autre des régions du Québec.
Je crois que ce rôle de catalyseur, ce rôle de
développeur, de REXFOR, on peut le citer dans les cas de Cabano-Cascades
et Cascades-Cabano. On peut citer la participation de REXFOR dans Tembec. Dans
l'un et l'autre cas, REXFOR a joué un rôle de catalyseur, a
joué le rôle de capital de risque, a apporté du capital de
risque et a permis des réalisations qui, aujourd'hui, sont des
succès. En effet, dernièrement, REXFOR a vendu sa participation
dans Cabano aux frères Lemaire, parce qu'au bout d'un certain nombre
d'années, c'était devenu une réussite et que la
participation de REXFOR n'était plus essentielle. On pourrait même
envisager la même chose avec Tembec, quoique ce ne soit pas le cas
présentement. Je crois qu'on s'oriente, quoique les études ne
fassent que commencer dans le cas de REXFOR - nous n'avons formé le
comité conjoint que récemment, donc nous allons faire notre
analyse - je crois qu'on s'oriente vers une société de
développement dans le secteur du bois de sciage plus
particulièrement pour aider les compagnies privées à se
transformer et augmenter la valeur ajoutée de certains produits. C'est
le cas, par exemple, avec PanVal, Panneaux de la Vallée, où la
participation de REXFOR permet au secteur privé d'assurer de meilleurs
investissements et le développement de la région. Dans le
même souffle, je dirais que s'il n'en tient qu'à moi, je crois que
si on définit ce rôle - il n'est pas encore défini - il
faudrait accepter, en même temps qu'au moment opportun REXFOR puisse se
retirer si le secteur privé était capable de jouer le rôle
qui était requis de REXFOR pour lui permettre d'aller dans d'autres
régions et de continuer à jouer ce rôle de
développement. Je crois qu'on s'éloigne de beaucoup de la vision
d'empire à bâtir que pouvait avoir M. Duchesneau. On s'oriente
vers une société de développement régional
où, dans des régions précises, REXFOR pourra jouer un
rôle d'appoint, un rôle de catalyseur, de développeur. Elle
pourra aider le secteur privé à se réaliser et à
passer vers une société dans le secteur du bois qui pourrait
être un peu plu3 sophistiquée tout en augmentant la valeur
ajoutée des produits.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): J'ai apprécié le dernier
exposé du ministre sur le rôle important qu'une
société d'État peut jouer dans le plein
développement de l'entreprise privée. C'est essentiellement la
façon dont moi je vois, non pas dans ce domaine seulement, mais dans
d'autres domaines, les sociétés d'État, non pas pour en
faire des empires, mais des sociétés d'État à toute
épreuve. C'est pour cela que corriger le tir, dans certains cas, c'est
excellent, je pense. Tout en admettant que la société
québécoise a évolué beaucoup quant au secteur
privé qui a pris beaucoup d'ampleur, je ne pense pas que l'avenir du
Québec - même avec une vision de l'an 2000 - soit un avenir
où le secteur privé puisse être capable de se
débrouiller tout seul. Je pense qu'il y a des incitatifs, qu'il y a des
éléments moteurs et c'est un peu le rôle du
gouvernement.
J'aimerais demander au ministre s'il a sur sa table à dessin
quelques plans concernant la SAQ en termes de privatisation et qu'en est-il?
Est-ce que cela fait partie de ses projets de la prochaine année?
M. Fortier: La SAQ, cela fait entrer tellement d'argent au
ministère des Finances qu'on ne veut pas toucher à la poule
aux
oeufs d'or. Cela va bien comme cela. On continue.
M. Parent (Bertrand): Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, j'aimerais seulement vous faire remarquer que M. le
député de Lafontaine a aussi demandé la parole. Alors,
avant de revenir sur SOGUIA je passerais immédiatement la parole au
député de Lafontaine pour vous permettre de terminer sur SOQUIA.
M. le député de Lafontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Je ne voudrais pas
prendre beaucoup de temps, parce que je trouve les questions de notre
vis-à-vis assez pertinentes. Cela nous permet d'écouter les
exposés de M. le ministre d'une oreille très attentive. Le
député de Bertrand a abordé d'ailleurs beaucoup de sujets,
mais je pense qu'il a oublié un des postes assez important dans ces
crédits qui est la SNA. Je vois que c'est la principale perte parmi les
sociétés d'État, on parle de 43 300 000 $. On ne voit
toujours pas sur la table de travail de M. le ministre de projet de
privatisation, bien qu'il soit vrai qu'avec 190 000 000 $ hérités
de l'ancienne administration, cela peut créer certainement des
problèmes. Je me demande, bien que vous n'aviez pas de baguette de
magicien pour réparer ce dégât ou ce gâchis qu'on
pourrait qualifier de national, M. le ministre, si vous avez des projets ou si
vous avez des choses qui s'en viennent. Qu'est-ce que vous pensez faire pour
essayer de corriger cette situation déplorable, mais qui est
malgré tout réelle et présente pour nos goussets de
contribuables, pour les travailleurs et l'ensemble de l'industrie de
l'amiante?
M. Fortier: On pourrait vous donner une copie d'un tableau qui
indique les différentes opérations qui ont été
effectuées. Le dossier était tellement mal engagé qu'on ne
peut pas revenir en arrière. Plusieurs personnes du secteur privé
me disent toujours: Quand allez-vous vendre Asbestos Corporation et Bell
Asbestos? Il faut bien comprendre que, pour vendre ces compagnies, il faudrait
payer les gens qui les achèteraient. Comment voulez-vous vendre une
société qui a accumulé un déficit de l'ordre de 300
000 000 $ et qui est probablement en butte à des poursuites dans le
secteur de l'amiante aux États-Unis? En fin de compte, notre marge de
manoeuvre est très limitée. Une société en
commandite a été mise sur pied. Notre action porte surtout du
côté des sociétés manufacturières où
on a fait un certain nombre d'opérations. Nous allons continuer à
faire d'autres opérations. Ce ne seront pas toujours des
opérations très importantes en elles-mêmes, mais elles
permettront quand même une certaine forme de création d'emplois et
la poursuite des activités; autrement, certaines usines seraient
peut-être vouées à la fermeture. Des dossiers sont en cours
présentement, en particulier dans l'est de Montréal - je sais que
cela vous touche - où nous avons Atlas Turner. Certains
développements se feront prochainement de ce côté. Notre
but est toujours le même: tenter de sauver des emplois tout en diminuant
les pertes assumées par le gouvernement. Comme vous l'indiquez, c'est
une opération très difficile qui aurait pu être
évitée. En 1981, il est évident que le nombre de
poursuites augmentait de façon faramineuse, mais au moment où on
se parle, on essaie de faire le mieux possible avec une situation qui est
très difficle à redresser. On va faire une copie de cela et on va
la distribuer.
Le Président (M. Lemieux): D'accord, je vais en prendre
connaissance et, ensuite, je déciderai si j'en autorise le
dépôt ou non. Est-ce que vous me permettez, M. le
député de Lafontaine? Dans la même veine...
M. Gobé: Je voudrais revenir ensuite, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député. Dans la même veine que le député de
Lafontaine, 43 000 000 $, j'imagine que ce n'est pas le déficit
accumulé.
M. Gobé: Non, c'est 300 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Quel est le déficit
accumulé? Est-ce que vous pouvez nous informer sur le déficit
accumulé?
M. Fortier: II faut bien comprendre que, lorsqu'on parle de tous
les investissements qui ont été faits, on parle de l'achat des
actions ou des actions qui ont été payées à General
Dynamics.. Ceci n'apparaît pas dans le bilan de la SNA comme tel, puisque
cela a été payé... Est-ce que c'est dans le déficit
comme tel? Les chiffres sont les suivants. Dans Bell, il y a eu 35 000 000 $
d'investissements pour une perte accumulée de 71 500 000 $. Dans
Asbestos, on a investi 165 000 000 $, c'est le coût, pour une perte
accumulée de 206 000 000 $ à ce jour. Dans le secteur
manufacturier et celui de la recherche, on a accumulé une perte de 59
000 000 $. Donc, c'est une perte accumulée totale de 336 800 000 $, qui
apparaît aux livres présentement pour un investissement global
direct de 200 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): C'était un peu l'objet
de ma deuxième question. Vous avez dit qu'il y a le passé et
qu'il y a l'avenir. Il y a quand même des contribuables qui ont à
payer tout cela, Il m'intéressait de
savoir s'il existe un plan de redressement. Est-ce qu'il existe un
secteur de développement et de recherche pouvant permettre,
peut-être, l'utilisation de l'amiante d'une manière
différente? Vous parlez, pour le secteur du développement, d'un
déficit de 59 000 000 $. Est-ce qu'on a pensé à
créer une section de développement ou de technologie pouvant
amener, du moins, un redressement de l'entreprise? Est-ce que c'est une chose
possible? M'y connaissant peu dans le domaine minier, les questions que je vous
pose sont peut-être aberrantes, mais je trouve tout aussi aberrant de
voir un déficit annuel de 43 000 000 $ que les contribuables auront
à supporter. Est-ce qu'à un moment donné, M. le ministre,
les déficits de la Société nationale de l'amiante vont
finir?
M. Fortier; II faut bien comprendre que, comme
Québécois, indépendamment des erreurs passées...
(21 h 45)
Le Président (M. Lemieux): C'est sans vues politiques.
D'ailleurs, mon collègue, le député de Bertrand,
n'était pas présent au moment où la décision a
été prise.
M. Fortier: Comme Québécois, on devrait tout faire
pour redresser la situation, puisque l'amiante est un produit
québécois. On est le plus grand producteur, on a les meilleurs
ressources minières, la meilleure qualité. Il existe aussi
l'Institut de l'amiante qui est financé à moitié par le
gouvernement fédéral et à moitié par le
gouvernement québécois, qui est maintenant présidée
par Claude Forget, qui aime toujours les missions impossibles. Après
avoir produit un rapport sur l'assurance-chômage, il a accepté de
présider l'Institut de l'amiante. La meilleure percée que l'on
pourrait faire, c'est de convaincre les acheteurs éventuels qu'il est
possible d'utiliser l'amiante d'une façon qui ne soit pas dommageable
à la santé.
C'est cette mission-là. L'Institut de l'amiante a effectivement
un lobby qui suit toute les déclarations des "congressmen"
américains, qui fait des représentations auprès de
l'agence de l'environnement américaine et qui tente de convaincre les
Américains, les Européens et tous les acheteurs éventuels
qu'il est possible d'acheter de l'amiante et de l'utiliser d'une façon
non dommageable à la santé. Je crois que c'est là la
percée... C'est là où on doit mettre la priorité.
Bien sûr, en plus de cela, on peut penser à investir certains
montants dans la recherche comme telle. Il existe effectivement un institut de
l'amiante qui présentement fait partie de la Société
nationale de l'amiante, mais je crois que le ministre responsable des mines a
l'intention de le transférer vers le ministère des Mines comme
tel. Il y a des budgets - je ne sais pas quelle est l'importance des budgets -
de quelques millions de dollars par année pour tenter de trouver de
nouvelles applications. Cela fonctionne par subventions, non pas par
capital-actions.
Je reviens à la principale préoccupation qui est de
réfuter les fausses allégations perpétuées par
l'agence de protection américaine dans le domaine de l'environnement.
C'est là-dessus que. porte la plus grande partie des efforts faits
présentement au Canada. Il faut bien comprendre que ce problème
est très difficile à résoudre dans la mesure où il
y a eu de nombreuses poursuites engagées dans le passé. Il s'agit
qu'un producteur canadien ou une compagnie canadienne soit le malheur
d'exporter aux États-Unis des produits à base d'amiante, pour
s'apercevoir qu'il ne peut absolument acheter aucune assurance
responsabilité touchant ce produit. C'est donc dire que tant et aussi
longtemps que nous n'aurons pas trouvé une réponse à cette
conjoncture qui fait en sorte que les acheteurs américains en
particulier et, quelquefois, ceux d'autres pays sont très
négatifs; quelle que soit leur opinion personnelle, ils
s'aperçoivent qu'ils peuvent faire face à des poursuites
importantes pour lesquelles ils peuvent difficilement trouver de
l'assurance-respon-sabilité. On s'aperçoit qu'à ce
moment-là l'avenir de la vente de l'amiante doit plutôt s'orienter
vers des pays en voie de développement moins préoccupés
par ce genre de problème et prêts à accepter les expertises
rationnelles qui se font sur le sujet et qui leur permettent d'utiliser les
produits et de les transformer dans leur propre pays.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Lafontaine, brièvement,
j'aimerais que M. le député de Bertrand puisse terminer.
M. Gobé: M. le Président, sans abuser de votre
temps que vous m'avez laissé prendre.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez un droit de parole,
M. le député de Lafontaine, tel que je l'ai mentionné au
tout début, mais...
M. Gobé: Une dernière question pour terminer, si je
ne me trompe pas, la dette à payer à General Dynamics est de 190
000 000 $?
M. Fortier: 165 000 000 $, on l'a indiqué tout à
l'heure.
Le Président (M- Lemieux): C'est exact, 165 000 000 $.
M. Gobé: Excusez-moi, 165 000 000 $,
on doit payer cela quand?
M. Fortier: C'est payé. M. Gobé: C'est
payé?
M. Fortier: Cela a été payé au mois de
décembre dernier, parce qu'il fallait que ce soit payé. Selon
l'entente originale en 1981, cela devait être payé avant le mois
de mars, je crois ou de février. General Dynamics, tel qu'elle en avait
le droit, a demandé que le paiement se fasse avant la fin de
décembre.
M. Gobé: Quelle était la valeur réelle
de...
M. Fortier: Je crois que nous devions payer...
M. Gobé:... quelle valeur au marché...
M. Fortier:... 42 $ l'action ou l'équivalent de 42 $
l'action avec indexation de 16 % par année. Si vous faites le calcul, je
crois que ça donne environ 80 $ l'action. Durant la campagne
électorale, j'avais moi-même acheté une action pour 4, 50
$. Je crois que c'est à peu près la valeur présentement,
à peu près 5 $ l'action. Le prix que nous avons payé,
selon l'entente de 1981, était de 80 $ l'action à peu
près, alors que la valeur du marché est d'environ 4, 50 $ ou 5 $
l'action.
M. Gobé: Cela reviendrait, en conclusion, à dire
qu'on n'a certainement pas de leçon à recevoir de l'ancien
gouvernement en termes d'administration d'entreprise privée ou de
privatisation.
Le Président (M. Lemieux): M, le ministre.
M. Fortier: Je crois que ce fut une opération malheureuse,
dans la mesure où elle ne répondait pas aux priorités
essentielles du Québec. Nous avions mis de l'avant, à ce
moment-là, des propositions en ce sens. Nous étions d'accord avec
les objectifs de développer des produits à base d'amiante, mais,
pour ce faire, il n'était pas nécessaire d'acheter des mines
d'amiante, comme telles. Les gens nous disent avec raison: Écoutez, si
la même conjoncture internationale s'était produite, autrement
dit, il est certain que ce qui est arrivé en 1982, 1983 et 1984 serait
arrivé.
Mais il n'était nullement nécessaire d'acheter des mines
et l'argent qu'on a investi, on aurait pu l'investir dans la recherche et le
développement, dans la défense de l'amiante comme telle. Le fait
qu'on se soit embourbé dans l'achat des mines nous a coûté
quelque 300 000 000 $. Ce fut certainement une erreur de stratégie qui
coûte très cher aux contribuables du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Lafontaine?
M. Gobé: Oui. Je pense que c'est assez clair et
évident pour tout le monde.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Il fallait que M. le député
de Lafontaine, place en addition, une petite note politique. Je lui
répondrais de la façon suivante: Si les actions de ta SNA ont
fait une chute aussi importante causant des pertes astronomiques aux
Québécois, je le déplore. Je dirais aussi, politiquement,
que si les actions de Cambior qu'on a vendues 10 $ alors qu'elles valent 40 $
aujourd'hui, on aurait eu quelque chose comme 700 000 000 $ au lieu d'avoir eu
170 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Bertrand, parce que je me suis mis...
M. Fortier: Elles valent 25 $ aujourd'hui.
M. Parent (Bertrand): Et combien les bons valent-ils?
M. Fortier: Les bons valent 15 $, mais ce n'est pas la valeur des
actions comme telles. C'est 25 $.
M. Parent (Bertrand): Mais le ministre sera d'accord que
lorsqu'on achetait une action à 10 $, on avait un bon gratuit. En tout
cas, on ne fera de débat là-dessus.
M. Fortier: Ah bien! On est mieux de ne pas faire de débat
là-dessus?
M. Parent (Bertrand): C'était pour remettre le
député de Lafontaine dans son contexte, parce que je trouve qu'on
a perdu peut-être quelques centaines de millions. De toute façon,
on s'éloigne un peu des préoccupations des privatisations.
Étant donné qu'il ne reste peut-être que cinq
minutes, j'aurais aimé rapidement... Je vais poser les deux questions et
le ministre pourra y répondre dans le temps qui nous reste. Quant
à SOQUIA, M. le ministre, qu'a-t-on l'intention de faire avec notre bloc
d'actions de 35 % de Culinar? Quelle est l'orientation?
M. Fortier: L'orientation, c'est tout simplement de le vendre et
le vendre au prix que ça vaut. De fait, le problème auquel on
fait face, vient de ce qu'on est actionnaires
minoritaires. Comme vous le savez, comme on est actionnaires
minoritaires. Il n'y a pas grand-monde qui est intéressé à
prendre notre place, parce que lorsqu'on est actionnaires minoritaires, on est
captifs.
Maintenant, il y a une offre qui a été faite - je peux
l'indiquer au député, parce que c'est public - par Ouimet
Cordon-Bleu qui est prêt à acheter la totalité des actions
pour 203 000 000 $ ce qui ferait en sorte que notre part des actions vaudrait
70 000 000 $. Je peux lui dire que Ouimet Cordon-Bleu est prêt à
revenir à la charge et à nous offrir encore davantage.
Je peux lui dire qu'il y a des entreprises québécoises et
non québécoises qui parlent présentement au Mouvement
Desjardins, parce que certaines seraient intéressées à
exercer une certaine synergie entre Culinar et Ieurs propres entreprises. Le
dossier est encore chaud. Nous avons indiqué très clairement au
Mouvement Desjardins -parce qu'eux nous avaient fait une offre à 50 000
000 $ - que c'était une somme dérisoire qui ne nous
agréait pas du tout, et que les montants de 70 000 000 $ ou 72 000 000 $
étaient des montants qui semblaient équitables. De fait, les
offres formelles ou informelles qui ont été faites tournent
autour de ce montant. Même je sais qu'on pourrait vendre nos parts pour
plus que cela. Encore là, je l'indique, si nous voulons nous
départir de nos actions, c'est que, d'une part, on ne voit pas pourquoi
on continuerait à être actionnaires alors qu'il existe des gens
dans le secteur privé qui sont prêts à prendre notre place,
et que, d'autre part, il s'agit pour nous d'un gain de capital quand même
appréciable qui se réfléterait dans les comptes de SOQUIA
et qui se réfléterait indirectement dans les comptes du
gouvernement du Québec.
M. Parent (Bertrand): Essentiellement pour conclure sur ce sujet,
c'est le Mouvement Desjardins qui empêche que la transaction ou
l'approche Ouimet ou toute autre offre équivalente se fasse.
M. Fortier: Ce qu'on a indiqué, j'ai rencontré
dernièrement... D'ailleurs, malgré ce dossier on a de bonnes
relations avec le Mouvement Desjardins. J'ai des très bonnes relations
avec M. Claude Béland. J'ai indiqué très clairement
à M. Béland que notre désir était de nous
départir de ce bloc d'actions et j'ai indiqué que je comprenais,
par ailleurs, le voeu du Mouvement Desjardins qui désirait demeurer
actionnaire majoritaire. À ce moment, j'ai exprimé le
désir auprès de M. Béland que la direction de la
Société d'investissement Desjardins comprenne notre désir
de nous départir de notre bloc d'actions et il leur revenait, en
définitive, de trouver un actionnaire qui travaillerait en
collégialité avec eux. Tous ces gens nous parlent et nous sommes
au courant qu'il y a une, deux ou trois personnes ou trois compagnies
intéressées. Pour le mouvement Desjardins, la difficulté
étant bien sûr sa volonté de choisir un partenaire
compatible avec ses propres objectifs, mais je crois qu'on va arriver à
une solution dans un avenir assez rapproché, je l'espère.
M. Parent (Bertrand): Merci. Comme dernière question,
j'aimerais sensibiliser le ministre aux futures privatisations, en regard de
tout le dossier du libre-échange. Vous savez que c'est un dossier qui me
préoccupe au plus haut point particulièrement en tant que
critique en ces matières. Je voudrais porter à l'attention du
ministre certains faits et certains dangers qui nous guettent. J'aimerais que
le ministre se fasse, très pressant aussi auprès de ses
collègues et, particulièrement de son collègue, M.
MacDonald, au Commerce extérieur. Le problème est le suivant:
Lorsqu'on a voulu vendre Donohue ou si l'on voulait vendre à l'avenir,
je ne l'espère pas, mais si l'on voulait vendre - parce que cela fait
toujours partie des plans - je ne sais pas, la compagnie, le bloc d'actions de
Domtar, dans les conditions actuelles, on peut se permettre d'imposer comme
condition d'en conserver le contrôle québécois.
Or, si on conclut une entente de libre-échange et qu'on ne prend
pas certaines précautions actuellement - en tout cas, concernant le
Québec, cela nous préoccupe de garder le contrôle de
certaines sociétés -on risque de se faire littéralement
ramasser par les Américains avec la clause de sauvegarde qu'ils ont
inscrite, par exemple, dans le traité d'Israël. Ils trouveraient
discriminatoire que, finalement, on garde le contrôle ou qu'on veuille
imposer des clauses semblables. Ils pourraient rendre ces clauses
complètement inadmissibles. Ma préoccupation est la suivante: Le
ministre responsable de la privatisation, lorsqu'il voudra réaliser
d'autres privatisations, se verra peut-être, si les mesures n'ont pas
été prises, incapable d'imposer - ou bien elle ne sera pas
valable - cette fameuse clause de contrôle québécois. Cela
me semble important que le Québec, le gouvernement et le ministre
responsable, actuellement, se préoccupent de faire ces
représentations, afin qu'on puisse assurer ou protéger ce volet.
(22 heures)
M. Fortier: Comme le député le sait, les
négociations qui ont été engagées par le
gouvernement fédéral excluaient ce type de transactions, parce
qu'on ne peut pas parler nécessairement de libre-échange quand on
parle d'investissements américains au Canada. C'est un dossier
séparé. Quant à moi, je suis toujours confiant qu'il sera
possible de protéger notre industrie. On l'a fait jusqu'à
maintenant. Je ne crois pas qu'on doive être
si pessimiste, qu'on doive craindre une telle éventualité.
Néanmoins, je sais que mon collègue Pierre MacDonald, ministre du
Commerce extérieur, suit le dossier de très près. On
désire le faire dans le secteur culturel et dans le secteur
économique de toute façon. D'ailleurs, il est intéressant
de noter que dans le dossier de Donohue, en définitive, nous avons eu
peu d'offres. Il n'y a personne venant de l'extérieur du Québec
comme tel qui a indiqué un intérêt pour l'achat de Donohue.
C'est peut-être parce que nous avions indiqué notre
préférence. Il aurait bien pu arriver qu'une firme
américaine se présente mais cela ne s'est pas produit.
Alors, comme le député peut le constater, dossiers
réalisés l'an dernier ont été très bien
complétés. Nous sommes très pragmatiques. Nous continuons
notre politique de cas par cas. Il m'indiquait que cela était son
désir. Alors, il doit se réjouir de voir que nous sommes sur la
même lancée et que les dossiers, pour cette année, sont
plutôt des dossiers de réorientation. J'ai été un
peu surpris que le député prenne deux heures pour discuter de
privatisation parce que j'aurais voulu parler davantage d'institutions
financières et de la Commission des valeurs mobilières. Mais
quand même, comme il s'agit d'une prérogative de l'Opposition de
nous poser des questions là-dessus, cela m'a fait plaisir d'y
répondre. J'espère qu'on a pu le réconforter et
réconforter les parlementaires. Le dossier est bien engagé et il
va se continuer. Il va se continuer avec moins de visibilité, car
lorsqu'on parle de réorientation, cela frappe moins l'imagination
populaire, mais il n'en demeure pas moins qu'il s'agit de dossiers importants
qui se feront durant l'année en cours.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre
délégué à la Privatisation. Comme nous avons
terminé les discussions d'ordre général concernant la
privatisation, nous allons suspendre quelques minutes pour permettre à
l'Inspecteur général des institutions financières de
prendre place.
(Suspension de la séance à 22 h 3)
(Reprise à 22 h 7)
Inspecteur général des institutions financières et
Commission des valeurs mobilières
Le Président (M. Lemieux): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux pour
étudier les crédits de l'Inspecteur général des
institutions financières. J'appelle te programme 6, Inspecteur
général des institutions financières. M. le ministre.
M. Fortier: Est-ce que je peux demander au député
s'il y a un secteur, en particulier, qui l'intéresse davantage? En tout
cas, on va y aller.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y.
M. Gobé: Est-ce que je peux poser une question?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lafontaine.
M. Gobé: En vertu des articles 284 et 289, est-ce que les
députés vont pouvoir utiliser leur droit de parole de 20 minutes,
de chaque côté, s'ils le désirent?
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, en vertu des
articles 284 et 209, vous avez un droit de parole de 20 minutes. Mais nous
n'avons qu'une heure pour étudier les crédits de l'Inspecteur
général des institutions financières.
J'appelle le programme 6.
M. Garon: C'est deux heures...
Le Président (M. Lemieux): Pardon?
M. Garon:... au total.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, j'ai vérifié et l'entente est la suivante.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Cette fois-ci, j'ai
vérifié, M. le député.
M. Garon: C'est de 22 heures à minuit.
Le Président (M. Lemieux): Nous avons de 22 heures
à 23 heures pour étudier le programme 6, Inspecteur...
M. Garon: Non, non. On a de 20 heures à 22 heures pour
étudier la partie qui nous concerne.
Le Président (M. Lemieux):... généra! des
institutions financières. Nou3 avons de 23 heures à minuit pour
étudier le programme 7, Contrôle, surveillance et
développement du commerce des valeurs mobilières.
M. Garon: Non. On a de 22 heures à 24 heures. C'est nous
qui menons nos affaires comme nous le voulons.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Garon: C'est ce qui est le jeu. J'ai de 22 heures à 24
heures. Si je veux passer deux heures sur la même institution, j'en ai le
droit. Le reste, je ne m'en occupe pas.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Parfait, M. le
député de Lévis.
ML Fortien M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le...
M. Fortier: M. le Président, juste sur le point de
règlement, je suis tout à fait disponible, ainsi que mes
collaborateurs, pour répondre aux questions du député de
Lévis. J'aimerais simplement faire remarquer que, lorsqu'on a
parlé de privatisation tout à l'heure, il n'y avait pas de
crédits à faire approuver comme tel. Si on s'engage dans une
discussion sur tout sujet quel qu'il soit, j'aimerais que vous gardiez à
la fin, avant minuit, un certain nombre de minutes pour qu'on puisse,
effectivement, adopter les crédits...
Le Président (M. Lemieux): Oui, certainement, M. le
ministre.
M. Fortier:... de façon plus particulière parce que
nous avons les crédits de l'inspecteur général et les
crédits de la Commission des valeurs mobilières à adopter.
Alors, j'aimerais, quelle que soit la procédure suivie, que nous
puissions, vers 23 h 45, si on n'a pas eu le temps d'adopter les
crédits, élément par élément, le faire
à ce moment-là.
Le Président (M. Lemieux): Je veux simplement souligner,
M. le ministre délégué à la Privatisation, à
M. le député de Lévis qu'il ne dispose que de 20 minutes
par programme. S'il regarde bien l'article 284 et 209, il verra que son temps
de parole est de 20 minutes par programme. S'il regarde le livre des
crédits, à la page 15-7, programme 6, Inspecteur
général des institutions financières, il pourra constater
qu'il n'y a pas d'élément de programme, mais qu'il y a bien un
programme. Cette disposition vous octroie, en vertu du règlement, en
vertu des articles 209 et 284, un droit de parole de 20 minutes par
programme.
Là-dessus, M. le ministre, je vous cède la parole et
j'appelle le programme 6, Inspecteur général des institutions
financières.
M. Garon: C'est 20 minutes divisibles en plusieurs questions.
Le Président (M. Lemieux): En une seule ou plusieurs
interventions, je vous l'accorde. Mais il s'agit d'un temps de 20 minutes. M.
le ministre.
M. Garon: Oui, c'est cela. Pas de problème. J'en ai
assez.
Remarques préliminaires M. Pierre
Fortier
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais faire quelques
remarques préliminaires parce que je crois que le secteur des
institutions financières est un secteur extrêmement important pour
le développement économique du Québec et rappeler que le
système financier canadien comme, d'ailleurs, celui des
États-Unis, a été aux prises ces dernières
années, nous le savons, avec les pires problèmes qu'il lui fut
donné de rencontrer. Pendant ce temps, il y a eu de très
nombreuses transformations a chaque fois que nous nous réunissons, entre
ministres des institutions financières, nous en parlons. Les
différents réformes mises de l'avant par le gouvernement
fédéral, par le gouvernement de l'Ontario et par
nous-mêmes, tendent à nous assurer que le virage sera fait pour
répondre à cette nouvelle conjoncture.
Je crois qu'on peut situer en 1973 l'origine des problèmes que
connaît encore le système financier canadien, soit au premier choc
des prix pétroliers. À partir de cette date, en effet,
l'activité économique comprendra une succession
d'événements qui, pris séparément ou ajoutés
les uns aux autres, entraîneront des difficultés dans la plupart
des institutions financières et expliqueront la faillite de plusieurs.
La formation de l'OPEP, la hausse des prix pétroliers, la hausse
inflationniste généralisée postérieure, les besoins
de recyclage des pétrodollars, la recherche intensive de sources
additionnelles de pétrole et d'énergie, la très forte
vague d'investissements dans les régions productrices de pétrole
et l'inflation encore plus forte, en particulier du prix des immeubles, dans
ces régions, ou encore la croissance élevée des pays en
voie de développement amèneront les institutions
financières à satisfaire exagérément, avec le recul
du temps, les demandes de financement qui se sont exprimées sur le
marché de l'or. Puis vinrent les hausses dans les taux
d'intérêt de 1980-1981. Cet événement, à lui
seul causa des ennuis aux institutions qui n'avaient pas tiré de
leçons d'un premier sommet dans les taux d'intérêt de 1974.
On sait que, dans cette période de montée progressive des taux
d'intérêt, la plupart des institutions financières ont
diminué ou abandonné la transformation des
échéances et recherché un équilibre dans
l'échéancier de l'actif et du passif en réduisant le terme
des prêts et en transférant ici le risque d'intérêt
aux emprunteurs. Les institutions qui ne l'auront pas fait subiront des
difficultés de rentabilité, particulièrement en 1981 et
1982.
Au Québec, ce fut peut-être la période la plus
inquiétante et les compagnies de fiducie sont en général
les institutions qui s'en tirèrent le mieux. Puis vint la
récession, la baisse de la production et les mises à pied, la
baisse graduelle des taux d'intérêt, la chute et le maintien
à bas niveau des prix des matières premières, les
difficultés et les bas prix dans le secteur agricole, la reprise de la
croissance dans les régions centrales et le maintien de la stagnation
dans des régions et des pays entiers, dont les pays en voie de
développement.
On verra les faillites personnelles et commerciales augmenter, en
même temps que celles des les institutions financières
spécialisées dans le crédit. On verra augmenter les
arrérages sur prêts, les prêts improductifs, la
renégociation des clauses des prêts, dont les
échéances de la hausse des provisions pour pertes et des pertes
sur prêts. On l'a vu, encore cette semaine, par les ajustements qu'ont
dû faire les banques canadiennes sur les prêts qui avaient
été faits en Amérique du Sud. Les résultats des
institutions en seront plus ou moins affectées suivant leur degré
d'exposition à ces mauvais risques et certains y laisseront leur
capital. En effet, un grand nombre d'assureurs, de compagnies de fiducie, de
prêts et de banques seront soit liquidés, soit fusionnés au
Canada, quoiqu'il faille tenir compte que plusieurs de ces institutions
auraient survécu à l'absence d'une crise de confiance sans
fondement et que la faillite de certaines autres, comme celle de Crown Trust de
Toronto, n'a rien à voir avec la conjoncture. Les mêmes
événements économiques laisseront plusieurs mouvements de
caisses d'épargne et de crédit avec un besoin d'aide
financière, tandis que le State Banking américain sera mis
à l'épreuve par une surexposition au crédit agricole,
pétrolier et immobilier, dans certains États en particulier, et
que les Savings and Loans seront aux prises avec des problèmes plus
particuliers. Au niveau international, le problème de l'endettement des
pays en voie de développement n'a toujours pas trouvé de solution
définitive.
Les résultats seront donc désastreux pour
l'économie canadienne. Les provinces de l'Ouest perdront une grande
partie des institutions mises de l'avant depuis vingt ans. Le secteur bancaire
reprendra son profil des années cinquante et soixante, à
l'exception du secteur sous contrôle étranger qui en retirera une
certaine vigueur à la suite des fusions réalisées. Le
fonds fédéral d'assurance-dépôts sera
entraîné dans un lourd déficit, sans compter les sommes
obtenues directement du fonds consolidé du revenu. Ces revers auront
néanmoins servi à démontrer une certaine
égalité devant les possibilités de faillite entre les
institutions bancaires et les autres institutions ou entre les institutions
dont la propriété est diffuse et les autres dont la
propriété est fermée, Ce qui devait entraîner un
équilibre dans la réglementation de ces catégories
d'institu-tions. (22 h 15)
Au Québec, ce fut plus tranquille. À part quelques
difficultés dans le secteur des caisses d'économie dont la
solution consistera en une intégration au Mouvement Desjardins avec une
aide financière de la Régie de l'assurance-dépôts,
en 1981 et la liquidation de Le Prêt hypothécaire Inc. dont la
faillite en 1982 a été facilitée par l'absence
d'encadrement véritable de ce type d'institution au Québec, le
seul accident digne d'intérêt est la crise de liquidité
dont ont été victimes les caisses d'entraide économique en
1981. Déjà aux prises avec un problème d'appariement
d'échéances qui ne leur permettait pas d'offrir un rendement
compétitif pour leurs parts sociales, ces caisses ne pourront faire face
aux demandes de remboursement de ces parts en juin 1981. Les membres ont
dû exercer, par la suite, un choix entre deux solutions dont l'une, celle
offerte par le Mouvement Desjardins, apparaît, avec le recul du temps,
avoir comporté trop peu de capital et trop de dépôts
échéant en une seule journée pour que les institutions qui
s'en sont prévalues puissent traverser la récession et survivre
par la suite. Elles seront toutes fusionnées. L'autre solution
comportera plus de capital et moins de dépôts dont les
échéances seront par contre plus lointaines et qui comporteront
des rendements divers suivant la caisse. La plupart des institutions qui s'en
sont prévalues résisteront à la récession et
pourront faire face, par la suite, à leurs engagements. Seules six
sociétés ont dû être liquidées pour raison
d'insolvabilité et le coût pour la Régie de
l'assurance-dépôts ne dépassera pas 8 000 000 $, sans
compter cependant le coût d'intérêt des sommes
engagées, ce qui est peu relativement â l'actif de 1 250 000 000 $
que détenaient les caisses au moment de la crise.
Si j'ai rappelé ces faits, M. le Président, c'est pour
résumer les événements qui se sont produits depuis une
dizaine d'années et pour indiquer que le Québec s'est donc bien
tiré jusqu'à maintenant de cette période
d'instabilité, mais il faudra quand même s'assurer que la
réglementation à venir prévoie le respect de certaines
règles de base concernant Ies structures et les pratiques
financières des institutions. Il faudra notamment s'assurer d'un niveau
adéquat de capital dans toutes les institutions et donner aux
institutions, qui ne diposent pas de sources externes de capital, la
possibilité d'y recourir. De même, des dispositions visant
à capitaliser le fonds d'assurance-dépôts de la
Régie de l'assurance-dépôts du Québec ont
déjà été
prises. J'indiquerais que, quoi que nous ayons doublé, à
partir du 1er avril ou du 1er mai, les contributions des institutions
québécoises à la Régie
d'assurance-dépôts, ces tarifs demeurent bien en
deçà des contributions qui sont exigées par la
Société d'assurance-dépôts du Canada.
Une fois mieux assurée la stabilité des institutions
financières, il faudra s'arrêter sur les autres aspects du
fonctionnement des institutions. La concurrence qui grandit sur le plan
international, l'internationalisation des marchés eux-mêmes et
leur globalisation ou encore les perpectives de libre-échange entre les
États-Unis et le Canada posent un défi particulier aux secteurs
financiers canadien et québécois. Mais l'élément le
plus remarquable de l'évolution du secteur financier, au cours des vingt
dernières années, demeure le nombre de produits nouveaux mis sur
le marché et la concurrence qui s'installe d'un point à l'autre
des marchés financiers, alors qu'on aurait pu penser qu'ils
étaient plus isolés. Le très fort degré de
substitution qui s'installe de plus en plus entre ces produits et entre
différents marchés rend désuète une bonne partie de
l'approche actuelle de réglementation qui contient en
général un trop grand degré de cloisonnement. C'est donc
le décloisonnement qui représente l'évolution principale
des marchés financiers.
On n'insistera pas sur ce qui a rendu possible une bonne partie de ces
innovations, soit les progrès dans l'informatique et les communications
qui viendront révolutionner la tenue de livres et de registres, de la
facturation à la préparation d'états financiers et ce
jusqu'aux réseaux de distribution des services, y compris le
système de paiement lui-même. Ces progrès modifient petit
à petit les relations entre les institutions et leurs clients, entre le
siège social et ses bureaux et succursales, entre les caisses et leurs
fédérations, entre les institutions et leurs vérificateurs
et les autorités de surveillance. Les innovations elles-mêmes ont
touché tous les secteurs. Pour les institutions de dépôt,
il en est résulté une forte ressemblance, sur le plan financier,
entre le passif d'une banque, celui d'une caisse d'épargne et de
crédit, et même d'une compagnie de fiducie, puisque toute la gamme
d'échéance et toutes les modalités de calcul et de
versement des intérêts, y compris l'intérêt
quotidien, peuvent être trouvées chez les plus importantes
institutions et que toutes ces institutions peuvent être membres de
l'Association canadienne des paiements. Seules des différences sur le
plan de la composition des actifs demeurent en raison des différences
dans leurs lois.
Le secteur des assurances, aux prises avec un déclin relatif de
ses actifs et à la recherche de corrections, amènera les
compagnies à lancer des produits comme la police d'assurance universelle
et à multiplier les produits de rentes dont certaines seront des
substituts à des dépôts à terme.
Dans le secteur des courtiers en valeurs mobilières, les services
qui se greffent de plus en plus autour des comptes de transaction sont bien
connus, tandis que les fonds de placement dont les spécialisations se
multiplient deviennent de plus en plus accessibles par l'intermédiaire
de compagnies d'assurances, de courtiers en valeurs mobilières, de
banques et de caisses d'épargne et de crédit. La souscription
dans l'émission de type financier est en partie accessible aux banques,
de même qu'à la caisse centrale Desjardins. Plusieurs institutions
financières offrent des services limités de courtage à
escompte. Il s'établit une concurrence de plus en plus globale entre ces
institutions carrément à la recherche des avoirs financiers des
individus et les produits deviendront de plus en plus "convertissables" les uns
aux autres, à moins que la loi n'établisse des crans
d'arrêt très étanches ou désamorce te
problème par un type de décloisonnement approprié.
Le même genre d'évolution a lieu du côté des
produits qui apparaissent à l'actif des institutions et entre les
marchés eux-mêmes. Le crédit hypothécaire est
maintenant disponible d'une multitude de sources sous une large gamme
d'échéances à taux fixe ou à taux variable et
l'institution qui le consent n'est pas certaine de conserver son client
jusqu'à la fin de la période d'amortissement, tellement les
possibilités de transfert à un autre prêteur deviennent
faciles. Le "Home Equity Loan" qui fait fureur aux États-Unis et qui
apparaît au Canada permet, notamment, à un prêteur
hypothécaire d'effectuer en réalité du crédit
à la consommation. De même le crédit hypothécaire
permet-il de plus au plus aux compagnies d'assurances et aux compagnies de
fiducie de financer beaucoup d'activités commerciales au Canada. Le
crédit à la consommation ou les prêts personnels consentis
par les banques et les caisses d'éparqne et de crédit continuent
de jouer un grand rôle. Ils s'effectuent de plus en plus par
l'intermédiaire de cartes de crédit ou de marges de crédit
personnel préautorisées. Quand les émetteurs de cartes
s'élargissent, mais aussi l'offre de telles marges, le nombre de
prêteurs potentiels augmente. C'est dans le secteur du crédit
commercial et des titres financiers que s'établit la concurrence la plus
forte et où le degré de substitution entre marchés est le
plus élevé. Il devient possible aux emprunteurs dont la cote de
crédit est égale ou supérieure à celle des banques
de trouver des alternatives moins coûteuses au crédit bancaire et
même d'émettre des titres que peut détenir une compagnie
d'assurances ou
une compagnie de fiducie qui n'aurait pas par ailleurs la
capacité d'effectuer le prêt. Les alternatives de ce genre sont
très nombreuses et auront pour effet de rétrécir les
marges dans le crédit commercial.
Enfin, la vague sans précédent de fusions et
d'acquisitions d'entreprises, les besoins de financement qu'elle créent,
les réorganisations qu'elles entraînent ont été
à la source d'importantes innovations, en particulier, sur les
marchés américains et à l'origine d'importants revenus de
commissions, en particulier, pour les maisons de courtage impliquées.
Plusieurs banques s'ouvriront des services de fusion et d'acquisition, mais on
constate déjà qu'il s'effectue des ouvertures facilitant
l'entrée des banques dans le commerce des valeurs mobilières
directement ou indirectement; c'est la politique que le gouvernement
fédéral a annoncée à la fin de l'année
dernière. Le très fort degré de substitution existant
entre les produits qui entrent dans la composition de l'actif des institutions
et entre les marchés eux-mêmes amènera le Québec
d'abord et ensuite d'autres autorités de réglementation au Canada
à reconnaître que les spécialisations imposées par
les lois n'ont plus l'effet voulu. Puisqu'il est possible à un
prêteur hypothécaire d'effectuer un certain type de crédit
à la consommation et un autre type s'il est émetteur d'une carte
de crédit, qu'il peut financer des activités commerciales aussi
comme prêteur hypothécaire et qu'il peut facilement
acquérir des titres émis par le placement privé en
remplacement du crédit qu'il ne peut effectuer, le Québec a
donné aux compagnies d'assurances la possibilité d'entrer de
plein fouet dans le crédit à la consommation et le crédit
commercial de différents genres.
Il permettra le même genre d'entrée aux compagnies de
fiducie, tandis que la présence des caisses dans ces domaines sera
confirmée et renforcée. Le degré de substitution qui
s'installe de plus en plus dans le passif d'un fiduciaire, d'une autre
Institution de dépôt, d'un assureur et d'une maison dans
l'immobilier pose des problèmes sérieux, car à travers
cette évolution c'est la fonction elle-même qui se dilue ou se
transforme. Puisque la réunion de ces fonctions sous une même
corporation pose des problèmes de conflit d'intérêts et
soulève d'importantes difficultés dans l'évaluation de la
solvabilité de chaque institution, en se basant sur des
précédents établis par les institutions elles-mêmes
et la Loi sur les assurances du Québec de 1984, le Québec donnera
à ces institutions d'assurances la capacité plus
générale de détenir des filiales dans d'autres secteurs
financiers complémentaires à leur activité principale.
Cette approche deviendra une caractéristique majeure à la fin des
années 1980.
M. le Président, si j'ai fait cet historique et ce tableau des
institutions financières aux États-Unis et au Canada, c'est pour
indiquer que, lorsqu'on parle de décloisonnement, on s'inscrit dans une
dimension problématique internationale, qu'on s'inscrit dans un
réseau qui de plus en plus s'internationalise et qu'il faut à
tout prix s'ajuster à ces besoins de décloisonnement tout en
prenant la défense des institutions financières qui sont
nettement québécoises et qui ont fait leurs preuves
jusqu'à maintenant. Nous avons établi un plan d'action qui fera
en sorte que, dans les prochains mois, nous déposerons des projets de
loi extrêmement importants, que nous ajusterons les
caractéristiques, que nous fournirons des pouvoirs accrus à
plusieurs des institutions financières du Québec, tout en prenant
en considération les situations qui ont été vécues
à l'étranger, aux États-Unis, au Canada et au
Québec même. D'ailleurs, s'il est vrai que nous voulons
accroître les pouvoirs de ces institutions financières, leur
permettre de se décloisonner pour offrir des produits divers, que nous
voulons insister pour que l'Inspecteur général des institutions
financières puisse avoir des contrôles accrus, les projets feront
en sorte que nous donnerons aussi des responsabilités plus grandes aux
conseils d'administration, que nous leur imposerions la nécessité
de former des comités d'éthique pour l'application des codes de
déontologie à l'intérieur des institutions
financières, et, ce faisant, nous aurons un secteur financier
québécois qui ira en augmentant, qui ira en s'intensifiant, mais
qui satisfera aux exigences modernes des institutions financières
d'aujourd'hui.
M. le Président, je voudrais indiquer rapidement que nous avons
un projet de loi qui est prêt dans le secteur des sociétés
de fiducie, mais que nous ne pourrons pas, je ne crois pas, déposer
avant la fin de la session en cours. Nous le déposerons au début
de la session qui aura lieu au mois d'octobre. Nous avons aussi
enclenché des négociations très importantes avec le
Mouvement Desjardins pour arriver avec un projet de loi qui, je
l'espère, sera prêt plus tard cette année et dont nous
aurons l'occasion de discuter à cette commission, au début de
l'année prochaine. Nous déposerons cet automne un projet de loi
faisant des ajustements importants à la Loi sur les assurances pour
aller dans le même sens que le projet de loi 75 qui a été
adopté Il y a quelques années au Québec, mais pour
emprunter certaines des exigences que le gouvernement fédéral ou
que d'autres institutions ont cru bon d'inclure dans leur propre
législation. Il y aura également des modifications à la
Loi sur les assurances pour créer le Conseil des assurances que j'ai
annoncé la semaine dernière et - mon Dieu! - j'en passe. Il y
aura, bien sûr, des modifications importantes
à la loi de la Commission des valeurs mobilières et,
à la lumière des recommandations que nous fera votre commission,
nous reviendrons à la commission, ici même, avec des
recommandations plus précises sur les orientations qui pourraient
être données aux valeurs mobilières du Québec.
M. le Président, je crois que ce tracé du portrait
québécois, national et international des institutions
financières, de la loi qui sera déposée, pourra vous
donner appréciation du travail que nous avons enclenché et
auquel, je suis sûr, le député n'avait jamais pensé,
puisque je vois, à ses réactions, qu'il est estomaqué du
travail que nous avons entrepris pour parfaire la réforme des
institutions financières et pour assurer la suprématie du
Québec dans un secteur aussi névralgique pour son
développement économique.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre
délégué à la Privatisation. M. le
député de Lévis.
Discussion générale
M. Garon: M. le Président, j'ai été vraiment
sidéré d'entendre le ministre et il n'y a pas d'erreur qu'il
laissera une marque indélébile sur son ministère un peu
comme un baptisé qui rentre au ciel.
Une voix: Un quoi?
M. Garon: Un baptisé qui rentre au ciel.
Une voix: Ah! C'est nouveau, cela.
M. Garon: Une marque indélébile. Il est clair que
le ministre nous a donné, en 20 minutes, une vue... Il dit qu'il en a
passé, mais il n'en a pas passé beaucoup.
M. Gobé: Voulez-vous lui donner 20 minutes
supplémentaires.
M. Garon: Je ne commenterai pas le "Home Equity Loan". Je suppose
que le député de Lafontaine voudra en parler tout à
l'heure. Je laisserai le "Home Equity Loan" aux questions posées par le
député de Lafontaine. J'ai vu que le ministre voulait
déposer en grande quantité des projets de loi, entre autres un
sur les fiducies et, s'il est prêt, ce ne serait peut-être pas pire
de le déposer tout de suite avant l'ajournement du mois de juin, de
sorte que les gens puissent le regarder tranquillement.
M. Fortier: Si c'est possible, on va le faire.
M. Garon: Vous pouvez le faire, s'il est prêt. Je comprends
que ceux qui ne sont pas prêts ne pourront pas être
déposés tout de suite, mais, nous, de la commission du budget et
de l'administration, il va falloir nous embarquer...
Le Président (M. Lemieux): En juillet et en août, il
n'y a pas de problème, M. le député de Lévis.
M. Garon: Bien là, on va être un peu embarqué
dans la réforme de la fiscalité fédérale avec,
possiblement, un livre blanc du ministre des Finances qui nous a dit:
Possiblement des commissions parlementaires sur la consultation tant
fédérale que provinciale...
Le Président (M. Lemieux): Possiblement, M. le
député de Lévis. (22 h 30)
M. Garon: Cela va nous occuper possiblement un peu. C'est pour
cela que cela peut n'être pas mauvais que... Je suis en train de me
méfier d'un gouvernement qui ne voulait pas légiférer
beaucoup, qui ne voulait pas réglementer. Là, vous n'avez pas un
secteur que vous ne retoucherez pas, que vous ne fonderez pas à nouveau
et que vous ne reformerez pas cette année, alors, il serait
peut-être bon de nous donner quelques avis et votre projet de loi sur les
fiducies pourrait être déposé avant la Saint-Jean-Baptiste.
Il y a deux fins de semaine de suite et nous pourrions commencer tranquillement
dans nos moments de loisir à regarder la loi sur les fiducies, en
attendant la Loi sur les assurances et la loi sur les caisses populaires.
Vous comprendrez, M. le Président, j'ai regardé vos
rapports et je n'ai pas été très heureux de lire
ça. Ce qui va bien, vous n'en parlez jamais et ce qui va mal, vous en
parlez partout. J'ai regardé, par exemple, dans votre document final et
je n'ai pas vu... Vous parlez un peu de Madelipêche et vous dites que
cela n'a pas pris autant que vous auriez voulu.
Mais j'ai appris, cet après-midi, que le gouvernement du
Québec, alors qu'il avait placé 100 000 $ dans Pêcheries
gaspésiennes en 1984, a vendu sa participation à 186 000 $. Cela
veut dire un profit assez important sur deux ans. J'ai vu également que
Crustacés, où il y avait une participation du gouvernement en
1982 de 118 000 $ ont été revendu.
M. Fortier: Ce sont des institutions financières,
cela?
M. Garon: Bien non, vous voyez bien. Les institutions
financières placent dans les entreprises en fonctionnement.
Des voix: Par la bande...
M. Garon: 118 000 $ placés par le gouvernement en 1982. On
vend les parts du gouvernement, quand il les a payées 118 000 $ en 1982,
668 000 $ en 1986; c'est du profit. Pas un mot! Mais Madelipêche qui
aurait eu une perte d'opération, là: AYe c'est
épouvantable, il faut en parler! Pas un mot sur les 37 000 000 $ de gain
en capital des ventes des actions de SOQUIA dans Provigo; pas un mot des
dizaines de millions de profits anticipés sûrement des
participations de SOQUIA dans Culinar.
Mais s'il y a 500 000 $ qu'on peut perdre quelque part, là,
comprenez-vous, ces 500 000 $ deviennent un vrai Frankenstein. Là, il
faut en parler et l'indiquer partout.
Je pense que vous ne contribuez pas à établir un climat de
confiance. On sait que la piastre que vous avez dans vos poches ne vaut rien.
Ce dollar ne vaut strictement rien; ça ne vaut rien, zéro!
M. Fortier: Ils l'échangent pareil.
M. Garon: Zéro! Tout ça est basé sur la
confiance et on dit que ça vaut quelque chose. Si demain matin, tous
ensemble, on se dit que ça ne vaut rien, ça ne vaut rien.
M. Bélisle: Question de règlement, M. le
Président.
M, Garon: Je pense que le ministre responsable,
délégué aux Finances...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je m'excuse. J'ai une question de règlement qui vient de
M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: J'aimerais demander à M. le
député si je peux lui poser une question.
Le Président (M. Lemieux): Quel article, M. le
député de Mille-Îles?
M. Bélisle: Non? Si cela ne vaut rien, son dollar,
j'aimerais ça...
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le
député, question de règlement.
M. Bélisle: Est-ce que vous voulez me le donner, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Non.
M. Bélisle: Non? Ah!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, j'aimerais, s'il vous plaît, permettre au
député de Lévis, comme le veut le règlement, de
s'exprimer. M. le député de Mille-Îles, sur une question de
règlement, citez-moi l'article du règlement.
M. le député de Lévis, continuez.
M. Garon: Alors, voyez-vous, ce que je veux dire, au fond, c'est
que tout le système financier est basé sur la confiance. Quand
j'entends le ministre contribuer par ses propos à diminuer la confiance
partout, à dire que ça va mal, qu'on n'est pas bons. C'est
épouvantable; c'est ci et c'est ça. Il faut qu'il change...
M. Fortier: On est bons; nous, on est bons.
M. Garon:... toutes les lois cette année partout.
Autrement, ça va être l'apocalypse; ça va être le
Saint-Jean-Vianney de la finance. Tout va glisser, comprenez-vous?
Une voix: II est terrible.
M. Garon: Moi, j'aimerais avoir des questions plus
concrètes, bien plus simples. Je ne réglerai pas la fin des
années 1980, on va parler de 1987 seulement. On ne parlera pas de l'an
2000; on ne parlera pas du monde sidéral ni cosmique. On va juste
parler... Mais je vais laisser le "home equity loan". Je ne peux pas parler de
tout, je n'ai que 20 minutes. J'aimerais savoir, par contre, comme la
Commission des valeurs mobilières nous demandait d'être
informatisée, si vous avez... J'ai vu qu'il y avait un montant d'argent
qui avait été augmenté pour l'informatique...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député...
M. Garon: Non, mais là; je fais mes remarques
générales. Le ministre a fait des remarques
générales; je fais mes remarques générales avant
d'attaquer le programme 6 et le programme 7.
Ce que je veux savoir... Oui, préliminaires aux deux
programmes.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. M. Garon: Là,
je vois...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez effectivement le
droit, M. le député de Lévis, de faire des remarques
préliminaires.
M. Garon:... que les fonds vont passer de 25 000 $ pour
l'équipement en 1986-1987 à 450 000 $ en 1987-1988. Il est
possible que ce soit pour des équipements informatiques. Mais j'ai
remarqué, quand on a vu la Commission des valeurs mobilières, que
leur principale demande, c'était l'informatique.
Alors là, c'est peut-être trop terre-à-terre ou trop
quotidien ou pas assez flamboyant, mais, moi, c'est ce qui
m'intéresse de savoir, s'ils vont avoir une organisation
informatique dès l'an prochain. J'aimerais poser des questions
également, par rapport à la politique nationale des commissions
des valeurs mobilières. Dans les valeurs mobilières actuellement
le Québec est en train de se faire passer un sapin, comprenez-vous. Il
est un peu le cocu de l'affaire. Actuellement, le fédéral et
l'Ontario sortent ensemble et le Québec est laissé dans le
décor comme une fille qui n'est pas assez belle ou comme un...
Des voix: Ah! Ah! Ah! Assurance-vie
M. Garon:... ou comme un garçon qui n'est pas assez beau,
parce qu'il ne faut plus faire de sexisme dans les années qu'on vit.
Alors, j'aimerais savoir ce que le ministre a l'intention de faire pour qu'on
ne fasse pas rire de nous dans le domaine des valeurs mobilières qui est
un domaine de juridiction provinciale. Le ministre ne nous a rien dit à
cet effet.
J'aimerais savoir également quelle sera la position du ministre
concernant les luttes qu'il y a actuellement, on le dit dans les journaux, la
guerre entre l'Association canadienne des assurances-vie et l'Association
provinciale des assureurs-vie du Québec. J'aimerais savoir si le
ministre va prendre position sur cela et dire une fois pour toutes, alors que
les gens veulent être mieux formés, alors qu'on dit que, sur 10
000 assureurs au Québec, il y en a 3000 qui entrent par année et
3000 qui sortent par année, si on a décidé de penser
aujourd'hui, avec toute cette mobilité des institutions
financières, ou si on a l'intention de fonctionner avec Ies
universités, d'avoir des gens qualifiés, des professionnels des
institutions financières? Il ne faut pas seulement dire qu'on va le
faire, pas seulement dire que cela s'en vient, mais il faut le faire
concrètement pour que le public soit protégé. À ce
moment, est-ce qu'on va établir une véritable reconnaissance du
statut professionnel des gens qui sont non seulement dans le domaine de
l'assurance, mais en particulier dans le domaine de l'assurance, pour faire en
sorte que nos universités voient à la formation de
spécialistes compétents dans ce domaine, plutôt que laisser
les gens de l'Ontario venir nous former avec des programmes traduits, souvent
mal traduits? Et, avec un petit 450 000 $ de cours, on dit qu'on forme nos
assureurs-vie à raison de 3000 nouveaux par année, imaginez-vous,
alors que nos universités sont prêtes en entrer dans ce secteur et
le ministre ne nous a pas dit un mot à ce sujet!
Moi, la fin des années 1980, je trouve cela gentil, parce qu'on
va avoir des élections avant la fin des années I960.
Une voix:...
M. Garon: J'aimerais mieux qu'on parle de l'année 1987,
avec peut-être une perspective sur 1988 et une vision sur l'horizon.
Avant de parler des grands "kits" modernes, j'aimerais plutôt qu'on nous
dise ce qu'on va faire. Je comprends qu'il y a une loi, mais le code de
déontologie, je trouve cela merveilleux, je trouve cela beau. Quand on
pense que les courtiers d'assurances ont un comité de discipline qui est
illégal depuis 22 ans et qu'on veut le rendre légal 22 ans en
arrière, je trouve qu'on est loin de la bombe atomique ou du mur du son.
J'ai l'impression qu'on est un peu en voiture à cheval actuellement dans
ce secteur où il faut reconnaître des institutions...
Imaginez-vous, en 22 ans, ils ne se sont pas aperçus qu'ils n'existaient
pas.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: J'ai l'impression que, pour la protection du public, on
est...
M. Fortier:...
M. Garon: C'est quelque chose. Imaginez-vous, M. le
Président, vous qui êtes avocat, on veut parler de la
mobilité, comprenez-vous, inter-valeurs mobilières, de la
mobilité des institutions; on va passer des fonds de retraite aux
assurances, aux valeurs mobilières, à tout cela.
Le Président (M. Lemieux): Aux valeurs
mobilières.
M. Garon: Et en même temps, on va avoir un comité de
discipline...
Le Président (M. Lemieux): C'est ce qu'on appelle le
décloisonnement.
M. Garon:... dans le domaine des assurances. Cela n'existe pas
depuis 22 ans et, apparemment, ils viennent de s'en rendre compte. C'est
quelque chose, M. le Président. Moi, j'aimerais mieux qu'on commence
avec des affaires plus modestes, qu'on puisse savoir d'abord si on est
là ou si on n'est pas là, avant de savoir si...
M. Fortier: "To be or not to be".
M. Garon: Oui, ce sont des questions fondamentales. Je trouve
qu'on se pose de grandes questions cosmiques, mais, dans la vie quotidienne,
cela n'a pas l'air à marcher aussi bien qu'on le voudrait. J'aimerais
mieux cela pour les délibérations que nous allons avoir. On n'a
pas beaucoup de temps, on a juste deux heures et en deux heures, on ne fera pas
le tour de la planète.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: On va pouvoir se poser un certain nombre de questions
fondamentales. J'aimerais mieux qu'on se pose ces questions. On nous a dit que
dans les valeurs mobilières au Québec, on n'était pas si
niaiseux que cela. Moi, c'est ce que j'ai appris. On nous a dit aussi qu'on
avait fait un grand cheminement et qu'actuellement on n'avait pas honte quand
on se comparait aux autres. Je me dit: Bon! pour faire un pas important en
avant, il faut l'informatique. Le ministre, lui, que va-t-il faire par rapport
à cela? J'aimerais que le ministre nous dise également dans sa
réponse ou dans l'introduction, avant de passer programme par programme,
ce qui va sans doute nous mener avec...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je vous interromps sur cet aspect. Dans un premier temps, je vous
fais remarquer... C'est important ce que je vais vous dire, parce que je ne
voudrais pas créer de précédent en rendant une
décision qui vous aurait permis de faire des remarques
préliminaires aux déclarations d'ouverture lorsque j'ai
appelé un programme. Si je ne vous ai pas interrompu, parce que je vous
avais bien fait mention tout à l'heure que vous aviez 20 minutes par
programme, si je ne vous ai pas interrompu, et vous savez très bien que
cela ne se fait pas, c'est que j'ai considéré que vos
interventions avaient un lien avec un élément de programme. Vous
avez parlé d'assurance-vie tout à l'heure et, comme la balise, la
régie concernant la pertinence, la balise concernant les crédits,
c'est de parler en règle générale de ce qui est dans le
livre des crédits, j'ai considéré que ce que vous aviez
dit se rattachait au programme 6, Inspecteur général des
institutions financières. Je ne voudrais pas que vous puissiez faire
dire au président que vous avez fait des remarques, une
déclaration d'ouverture, lorsqu'un programme a été
appelé.
M. Fortier: Maintenant, cela ne me fait rien. Cela ne me fait
rien, si on traite de la Commission des valeurs mobilières.
Le Président (M. Lemieux): Je vous comprends, M. le
ministre délégué à la Privatisation, mais je ne
voudrais pas que, par après, on se serve d'un précédent
qui aurait été établi, ici, en cette commission pour dire,
dans d'autres commissions, lorsqu'on a appelé un programme, qu'on permet
une déclaration d'ouverture de 20 minutes aux remarques
préliminaires. Cela ne se fait pas en règle
générale selon la procédure parlementaire. Le
député de Lévis le sait très bien.
Je vous laisse continuer là-dessus, M. le député de
Lévis, tout en considérant que vous êtes toujours dans le
programme 6, Inspecteur général des institutions
financières.
M. Garon: Non, non. Ce sont des remarques générales
touchant les deux programmes, avant d'attaquer le programme 6.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, lorsqu'un programme... Ce que je veux que vous sachiez, M. le
député...
M. Garon: Ce sont les remarques préliminaires concernant
l'ensemble de la question. Après cela, on entre dans un programme. C'est
ça.
Le Président (M. Lemieux): Y a-t-il consentement, M. le
ministre? Mais, je pense avoir rendu clairement ma décision.
M. Garon: Le ministre a parlé de tous les domaines.
M. Fortier: C'est à vous de diriger les
délibérations, M. le Président. Moi, je vous dis que je
suis très flexible. Je suis prêt à répondre à
toutes les questions, à condition qu'on garde quinze minutes pour
approuver les crédits à la fin.
M. Garon: Ça ne prend pas quinze minutes. Il y a deux
programmes. Si c'est adopté, c'est adopté et ça prend
quinze secondes.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, alors, de
consentement, j'accepte que le député de Lévis puisse y
aller de manière générale. Ce n'est pas un
précédent, c'est de consentement, je tiens bien à le
souligner. Il n'y a pas de remarques préliminaires aux
déclarations d'ouverture lorsqu'un programme a été
appelé, et on s'en tient au livre des crédits du programme. M. le
député de Lévis.
M. Garon: II n'y a pas eu de programme d'appelé. On est
à l'étape des remarques.
Le Président (M. Lemieux): Si vous révisez les
galées, M. le député de Lévis...
M. Garon: À quel moment avez-vous fait l'appel?
Le Président (M. Lemieux): Lorsque j'ai suspendu, tout
à l'heure, pour permettre à l'Inspecteur général
des institutions financières de prendre place. Alors que vous preniez
place, je vous ai même dit, je l'ai en note ici, qu'il y avait eu un
débat sur votre temps de parole et que vous aviez 20 minutes par
programme, et le programme a
bel et bien été appelé. J'ai fait en sorte que
l'Inspecteur général des institutions financières puisse
prendre place après avoir suspendu deux minutes. Je ne veux pas vous
brimer dans votre droit de parole, mais je ne voudrais pas créer ce
précédent. Comme il y a consentement de la part du ministre,
qu'il y a une bonne entente, continuez M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je vous remercie, M. le Président. Je suis plus
habitué à votre style que le ministre
délégué aux Finances. Il faut que vous fassiez votre tour
de piste pour que le monde sache aussi que vous étiez
présent.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, M. le
député de Lévis, je ne ferai pas de commentaire sur cette
remarque.
M. Garon: Ce sont des remarques générales.
D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Je n'aime pas faire des tours
de piste, M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, il me reste combien de
temps.
Le Président (M. Lemieux): Il vous reste neuf minutes.
M. Garon: II me reste neuf minutes? C'est parfait. Parce
qu'à ce moment-là, je ne suis pas obligé de faire mes 20
minutes d'une traite et que je peux les couper en périodes, je voudrais
immédiatement entrer dans le concret et demander au ministre, concernant
le programme 6, dans le domaine des assurances, ce qu'il a l'intention de faire
au sujet de la lutte importante que se livrent les associations nationales des
assurances et l'association québécoise des assurances? A-t-il
l'intention de faire en sorte...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué à la Privatisation.
M. Garon:... que le colonialisme de Toronto soit une chose du
passé?
M. Fortier: M. le Président, je m'étais
préparé pour avoir - parce qu'avant de venir ici j'avais lu le
curriculum vitae du député de Lévis et je m'étais
rendu compte qu'il avait été professeur d'université - un
débat de haut niveau, mais puisqu'il faut aller dans des sujets...
Une voix: Terre-à-terre.
M. Fortier:... terre-à-terre, on va répondre aux
questions. Non, effectivement, c'est un sujet important. Il y avait...
M. Garon: Je suis content de vous l'entendre dire. Je pensais
qu'on était dans les bas-fonds de la manière dont vous parliez.
(22 h 45)
M. Fortier: Oui, quasiment. Il y avait un débat - c'est
important - entre les agents d'assurance-vie, certains étaient membres
de l'association provinciale des agents en assurance-vie. Depuis 1983, depuis
la Loi sur les assurances, comme vous le savez, un agent d'assurances pouvait
obtenir son permis en s'adressant directement à l'Inspecteur
général des institutions financières, soit en
s'adressant... Depuis 1972? Ou soit en devenant membre de l'Association
provinciale des assureurs-vie du Québec. Cette association provinciale
avait une entente avec l'Association canadienne des assureurs-vie. Vous avez
raison en disant que l'association canadienne avait une mentalité un peu
impérialiste et, quoiqu'elle ait joué un rôle, je dirais,
important, parce qu'on peut bien maintenant... Je ne voudrais pas tourner en
dérision, personnellement, le travail qui a été fait dans
les années passées par l'association canadienne qui avait mis sur
pied un programme d'éducation par correspondance, lequel, pendant de
nombreuses années, a joué un rôle utile. Je ne pense pas
qu'on devrait dénigrer ce qui a été fait, parce que les
agents que j'ai rencontrés m'ont dit que cela avait rendu service et
cela a permis à plusieurs personnes d'obtenir les qualifications
requises pour avancer dans leur profession.
Cependant, depuis combien d'années le débat existait-il?
Depuis surtout deux ans. Il y a un débat qui s'est enclenché
puisque l'association provinciale, qui avait été reconnue par le
Parlement du Québec d'une façon très explicite, par la Loi
sur les assurances, en particulier, ou par l'Inspecteur général
des institutions financières, avait décidé d'organiser des
cours de formation et de prendre de plus en plus d'autonomie vis-à-vis
de l'association canadienne. Il est arrivé que des agents du
Québec soient partagés. Certains favorisaient l'association
provinciale comme telle, d'autres favorisaient l'association canadienne. Mais
là, je parle de bons Québécois. Je ne parle pas
d'Ontariens, je parle de bons Québécois qui étaient
divisés et qui ont donc enclenché, à mon avis, ce qui
était une guerre stérile.
J'aimerais dire au député de Lévis, puisque j'ai
pris position... Ce n'est peut-être pas paru, dans les journaux d'une
façon aussi évidente que je l'aurais voulu, mais je pourrai lui
faire parvenir le texte du discours que j'ai tenu, jeudi soir dernier, à
Laval, alors que j'ai dit très clairement, en ce qui me concernait, que
le ministre responsable des institutions financières, non seulement
donnait son appui le plus total à l'Association provinciale des
assureurs-vie,
mais, de plus, j'ai dit clairement, également, que la proposition
de faire en sorte que les cours soient désormais organisés par
l'association provinciale en collaboration avec l'Université du
Québec qui, avec ses différents établissements, à
Montréal, Québec, Chicoutimi, Hull ou ailleurs, pouvait donner
des cours dans toute la province et en collaboration avec l'Université
McGill, pour ceux qui voudraient suivre le cours en anglais, j'ai donc dit
très clairement que je trouvais que ces initiatives allaient, dans le
sens qu'indiquait le député de Lévis, donner une meilleure
formation aux agents d'assurances du Québec.
Par. ailleurs, j'ai pris position et cela a été
très bien reçu. J'aurais voulu que le député de
Lévis soit là. L'inspecteur général peut en
témoigner, j'ai eu droit à une "standing ovation" au moins quatre
fois. Je ne sais pas si cela fait longtemps que le député de
Lévis a eu droit à cela, mais c'est vrai.
M. Garon: Je me suis toujours méfié des
flatteurs.
M. Fortier: Comme j'ai pris position d'une façon
très claire, à ce sujet, pour appuyer l'Association provinciale
des assureurs-vie, parce que j'ai indiqué, en outre, que j'étais
complètement d'accord et que le Conseil des ministres avait
approuvé la formation du Conseil des assurances qui comprendrait trois
ou quatre membres - le nombre importe peu - lesquels seraient
désignés, pour une moitié, par l'Association canadienne
des compagnies d'assurance-vie et, pour l'autre moitié, par
l'Association provinciale des assureurs-vie. L'Inspecteur général
des institutions financières déléguerait à ce
conseil l'autorité de nous proposer une réglementation en ce qui
concerne le droit de pratique et l'application du code de déontologie.
C'est donc une formule qui aura un succès certain, je crois, puisqu'il
s'agit d'une délégation et d'une autoréglementation sous
l'autorité de l'Inspecteur général des institutions
financières. Alors, nous avons pris position parce que ce Conseil des
assurances, étant formé moitié-moitié, une
moitié sera désignée non pas par l'association canadienne,
comme certains l'auraient voulu, mais par l'Association provinciale des
assureurs-vie. Je voudrais rassurer le député de Lévis,
parce que je sais qu'il est en accord avec son chef lorsqu'il parle
d'affirmation nationale, que le ministre qui vous parle a affirmé la
position du gouvernement très clairement en appuyant (es agents et
l'Association provinciale des assureurs-vie et en affirmant très
clairement que nous étions Ici pour défendre les
intérêts des Québécois. J'ose espérer que
cette afirmation nationale des Québécois sera bien reçue
par le député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: On pourra commencer immédiatement en parlant de
l'Association canadienne nationale des assurances-vie et en parlant des
associations québécoises.
M. Fortier: L'association canadienne?
M. Garon: Parce que si on parle de l'affirmation nationale, on ne
parlera pas de l'affirmation provinciale.
Maintenant, concrètement, j'aimerais que cela se
matérialise par des choses plus sûres. Il y a des voeux pieux dans
ce que vous dites. Mais, concrètement, on ne sait pas trop ce qui va
arriver à ce point de vue, dans cette lutte qu'il va y avoir entre les
deux associations. On a dit que 85 % des assureurs-vie du Québec
appuient leur association québécoise. Alors, je pense qu'il
faudrait qu'il y ait des gestes concrets du ministre pour reconnaître
immédiatement une association et travailler avec elle au point de vue du
statut.
On parle du décloisonnement. Je n'ai pas le sentiment que les
cours d'assureur-vie qui viennent de Toronto vont bien loin dans le
décloisonnement. J'ai l'impression que ce sont plutôt des cours
pépères sur l'assurance-vie. Ils sont bien gentils, mais, dans
une perspective de décloisonnement où les gens parlent... Je
pense qu'on s'en va, dans ie domaine des institutions financières, vers
le décloisonnement avec une véritable formation et non pas un
petit cours à 150 $ pour 3000 agents où 3000 entrent et 3000
sortent par année. Je pense qu'on s'en va vers un domaine, le domaine
des institutions financières, que les gens vont vraiment
connaître, que ce soit le domaine de l'assurance, le domaine des fonds de
pension, le domaine du commerce des valeurs mobilières, etc. Les gens
vont connaître davantage la gamme, dans un véritable
décloisonnement.
J'ai le sentiment qu'à ce point de vue, les institutions prennent
du retard. On veut faire un commerce qui va circuler, alors qu'on garde un
statut corporatif très cloisonné, au point de vue de ceux qui
pratiquent ce genre d'opérations dans la vie quotidienne. Les gens se
font vendre les mêmes affaires qu'auparavant, il ne faut pas se conter
d'histoires. Il y a des gens dans le domaine des valeurs mobilières, il
y en a d'autres dans le domaine de l'assurance-vie, il y en a d'autres dans le
domaine des fonds de retraite, il y en a dans chacun des domaines. Mais les
qens qui comprennent l'ensemble, je ne pense pas que ce soit organisé
actuellement.
Quand je vois que les universités semblent
intéressées par ce secteur, il pourrait y avoir de
véritables formations
professionnelles dans un domaine financier décloisonné,
qui en sera un vrai, où les gens vont comprendre tous les domaines de ce
secteur. Quand on fait un cours de droit, par exemple, on ne fait pas un cours
de droit sur un petit domaine. On fait un cours de droit sur l'ensemble. On
peut se spécialiser davantage dans certains domaines. Prenez le type qui
suit un cours d'agronomie, il ne se spécialise pas dans les radis, il ne
se spécialise pas dans les échalotes. Il suit un cours
d'agronomie sur l'ensemble. Et il peut s'intéresser plus aux animaux ou
à ceci, ou à cela, mais il a une vue d'ensemble.
Dans le domaine des institutions financières, j'ai l'impression
qu'il y a bien du mystère, bien du placotage, sauf que c'est le domaine
qui prend le plus de retard actuellement dans la vie quotidienne. Je pense
qu'il est vraiment temps de dépoussiérer ce secteur qui est,
à mon avis, très empoussiéré. Il y a eu un travail
considérable qui a été fait, dans les dernières
années, à ce point de vue. Je pense que le ministre des Finances,
M. Parizeau, a joué un rôle important, mais je pense qu'il faut
aller plus loin maintenant quant à la pratique des gens dans ce
secteur.
C'est pourquoi, je pense qu'on a une occasion en or, avec la lutte qui
se fait entre les associations d'assureurs-vie du Canada et du Québec,
pour entrer de plain-pied dans l'affaire et avec, je pense, le domaine des
assurances, le domaine des valeurs mobilières, le domaine des fonds de
retraite, pour faire en sorte qu'il y ait une plus grande compétence et
une plus grande responsabilité. Autrement, c'est un cours de vendeur.
À mon avis, cela ne doit pas être un cours de vendeur, cela doit
être un cours de conseiller pour que les gens qui sont dans ce
domaine-là puissent conseiller et soient capables de faire des habits
sur mesure, en fonction de leurs types de clientèles et non pas
d'être des vendeurs de produits, comme on retrouve actuellement et encore
trop souvent. Il n'est pas normal, dans le domaine de l'assurance-vie, qu'il en
entre 3000 par année et qu'il en sorte 3000 par année, cela fait
drôle. Cela fait drôle aussi, cette sorte de réglementation
qu'on a sur la pratique à temps plein et la pratique à temps
partiel.
Je regarde dans les domaines professionnels qui sont aussi
compétents et aussi compliqués que ces domaines, on ne voit pas
ces genres de barrière artificielle qu'on retrouve dans le domaine des
institutions financières. C'est une matière que j'ai
enseignée à l'université et j'ai trouvé que
c'était l'un des secteurs les plus empoussiérés qu'il y
ait. Mais comme il y a des bouffes, on a beaucoup de mots pour cacher des
choses qui ont l'air très mystérieuses, mais qui, au fond, ne
sont pas si mystérieuses que cela. Vous savez, faire des patates frites
quand on ne sait pas en faire, c'est compliqué. Dans le domaine des
finances, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas compliquées, mais
parce que les mots semblent compliqués et que les gens ne sont pas
familier avec la terminologie, ils trouvent cela complexe.
Je pense que, actuellement, le rôle du gouvernement, dans une
perspective de décloisonnement, c'est justement de
dépoussiérer tout cela et de faire en sorte qu'on ait des gens
qui pratiquent dans un secteur où il y aurait de l'enseignement
compétent, de la recherche et aussi des gens qui seraient bien
formés pour jouer ces rôles. Si les universités veulent
entrer dans ce secteur, je pense qu'on doit en profiter pour établir des
curriculums qui vont permettre d'avoir des gens spécialisés.
Maintenant, j'ai dit cela, mais le ministre a parlé également des
cas de déontologie. Il a passé très vite là-dessus.
Qu'est-ce qu'il veut faire au point de vue des cas de déontologie?
M. Fortier: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: J'aimerais revenir immédiatement sur le
premier sujet que le député a abordé, en ce qui concerne
la formation des agents d'assurance-vie. Je voudrais immédiatement le
rassurer, le gouvernement a pris très nettement position très
tôt, parce que l'an dernier, nous avons autorisé le triple permis
aux agents d'assurance-vie, soit un permis dans le domaine de l'assurance-vie,
de l'assurance générale et des fonds mutuels. Donc, il est
loisible à un agent d'assurance-vie, maintenant, de détenir un
triple permis, s'il le désire, en passant, bien sûr, les examens
de chacun de ces secteurs. J'ai dit au député, et je ne sais pas
s'il a compris, que le Conseil des ministres - il parlait de gestes concrets -
a approuvé la formation du Conseil des assurances qui va donner,
à un conseil québécois, l'autorité voulue pour
déterminer des qualifications, alors que les gens de l'Ontario...
M. Garon: Est-ce que la décision est prise?
M. Fortien La décision a été prise par le
Conseil des ministres il y a quinze jours, trois semaines, je l'ai
annoncé la semaine dernière. Bien sûr, il faudra amender la
loi à l'automne. Alors, c'est l'une des modifications qu'on apportera
à la Loi sur les assurances pour permettre cela. Non, c'est
décidé et je dois vous dire que la décision a
été très bien reçue parce que cela va dans le sens
de leur désir et je crois que c'est ce qu'il faut faire. Cela va
permettre aux compagnies et aux agents de travailler
encore; d'ailleurs, il faut qu'une action s'établisse entre les
deux pour éviter toutes sortes de pratiques qui étaient douteuses
d'une part et pour s'assurer qu'il y ait un meilleur professionnalisme, d'autre
part.
Je lui ai indiqué également que j'ai donné mon
plein appui à l'Association provinciale des assureurs-vie et que, ce
faisant, quoique j'aie indiqué que ce serait peut-être une bonne
chose que l'association provinciale soit associée à l'association
canadienne, parce qu'il est bon d'avoir des liens et parce que l'association
canadienne pourrait faire des représentations auprès du
gouvernement fédéral dans le domaine de la fiscalité, en
particulier, dans le domaine des fonds mutuels, dans différents domaines
qui pourraient toucher leurs intérêts propres. Il est certain que
le fait de reconnaître l'association provinciale et de la
reconnaître pleinement et de faire un discours qui, je crois, les
appuyait, a permis justement, étant donné qu'il y avait des
élections le lendemain, à ceux qui étaient présents
- on m'a dit qu'il y avait jusqu'à 900 personnes présentes,
samedi dernier - qu'à 90 % ou 95 %... l'équipe qui était
plutôt en faveur de l'association provinciale et en faveur du type de
formation qui serait donné par des universités parce que ce n'est
pas le gouvernement qui a négocié ces cours-là, c'est
l'association provinciale elle-même qui a négocié sur la
base des exigences que l'Inspecteur général des institutions
financières avait agréées, au préalable, c'est
l'association provinciale qui a négocié ces ententes avec
l'Université du Québec et l'Université McGilI. Donc, je
crois que l'appui que j'ai donné, vendredi soir, a joué un
rôle utile et déterminant dans les résultats
électoraux, lors de l'élection des membres du conseil
d'administration et des dirigeants de l'association provinciale, et dans
l'acceptation, par les membres, de cette nouvelle avenue, qui va être en
vigueur dès le mois de septembre. (23 heures)
Alors, je vaudrais le rassurer là-dessus. Je voudrais lui dire
également que j'ai annoncé que nous sommes en faveur de ce que
nous appelons le décloisonnement des intermédiaires de
marché, c'est-à-dire des gens dont il parle, mais que ceci se
fera en collaboration avec les gens du milieu.
Vous savez, il y a des cloisons qui existent. II y a une association des
courtiers dans le domaine de l'assurance générale. Nous avons
engagé des dialogues avec eux. Le député se souviendra
peut-être que M. Duhaime, avait fait une commission parlementaire dont il
était sorti un peu apeuré. Il voyait qu'il y avait tellement de
divergences d'opinions qu'il avait décidé de ne rien faire.
Quant à nous, nous reprenons le dossier et nous avons
établi le dialogue. Je ne sais pas si c'est notre approche ou le fait
que les gens ont évolué quelque peu, on s'aperçoit que les
gens sont prêts à dialoguer et l'inspecteur général
et moi-même maintenons des contacts suivis.
Je crois que ceci nous permettra d'arriver avec une espèce de
livre blanc, à l'automne ou, en tout cas, vers la fin de l'automne, je
l'espère, ou un peu plus tard, d'arriver avec des propositions...
M. Garon:... sur quoi?
M. Fortier: Non, mais c'est très complexe. Je voudrais que
le député se rende compte que, quand on parle...
M. Garon; Non, mais ce n'est pas ça. C'est dans le livre
blanc sur quoi?
M. Fortier: Justement, sur ce qu'on appelle un
décloisement qui pourrait être très ouvert, sur le
décloisonnement global des intermédiaires. Alors, on pourrait
toucher à tous les domaines à peu près. Cependant, je suis
un de ceux qui aiment bien procéder étape par étape.
Alors, dans un premier temps, on va poser des gestes dans le domaine des
assureurs-vie. Ensuite, on va poser des gestes en ce qui concerne les courtiers
d'assurances.
On pourra examiner d'autres secteurs également et on les ajoutera
au fur et à mesure des possibilités. Mais je pense bien qu'il est
bon d'avoir une vision globale des intermédiaires de marché. Je
suis d'accord... Je le conçois personnellement - je trouve que les
propos du député de Lévis, sur ce point, vont dans le sens
de notre réflexion -que l'on doit aller dans une direction où il
y aura des équipes multidisciplinaires.
Le député semblait dire: Pour quelle raison un même
individu n'aurait pas cinq, six ou sept permis? Je ne sais pas. Je ne sais pas
si le même individu pourra avoir lui-même plusieurs permis, mais ce
qui est certain, c'est qu'on s'en va vers des équipes
multidisciplinaires où, à l'intérieur d'un même
bureau, il y aurait des gens peut-être plus spécialisés
dans le domaine de l'assurance-vie et d'autres plus spécialisés
dans le domaine de l'assurance générale, dans le secteur des
valeurs mobilières ou dans d'autres secteurs. Mais il faut arriver,
étant donné que c'est un chambardement, avec des règles
concernant les conflits d'intérêts et le partage des
commissions.
Comme le député peut le savoir, étant donné
que c'était très cloisonné, ce genre de problème ne
se posait pas dans le passé, en apparence, parce qu'on me dit que, sous
la table, le partage des commissions existait.
Quand un notaire favorisait une transaction immobilière et qu'il
suggérait tel type d'assurance pour la maison, on me dit qu'il y avait
des échanges de commissions. Enfin, je n'en ai pas de preuves. On me
dit
que différents types de courtiers qui s'échangeaient des
clientèles s'échangeaient des commissions également.
Alors, dans les faits, je crois qu'il y avait, des partages de
commissions, mais c'étaient des règles inconnues du public et des
clients. Nous nous en allons, quant à nous, lorsqu'on parle de conflits
d'intérêts, vers des divulgations de faits, divulgations
d'intérêts que M. X pourrait avoir avec M. Y, lorsqu'il propose
à M. Z d'aller voir M. Y pour obtenir tel genre de protection. Surtout
s'il y a des équipes multidisciplinaires, je crois, ce serait important
qu'il y ait un cadre législatif entourant ce genre de
possibilités.
Alors, quand on parle d'un livre blanc ou de propositions, d'une
façon plus générale, touchant le décloisonnement
des intermédiaires, c'est ce genre de considérations que nous
avons en tête. J'ai indiqué très clairement que je voulais
évoluer très rapidement et j'ai indiqué à
l'Association des courtiers d'assurances générales, parce que je
me suis adressé à elle, vendredi dernier, qu'il ne fallait pas
compter en termes d'années, mais en termes de mois et que, de toute
évidence, il fallait poser des gestes.
Je suis conscient, tout comme le député, qu'il est
important que nous posions des gestes. Je suis conscient comme lui que c'est
une occasion pour certains bureaux de se développer, surtout dans les
régions. Il y a des bureaux en Abitibi. J'ai rencontré des
dirigeants de courtiers d'assurances générales qui ont des
bureaux importants en Abitibi. Pour quelles raisons ces bureaux de courtiers ne
pourraient pas vendre d'autres produits financiers? Là, je rejoins les
propos du député de Lévis. Il faut quand même
négocier avec ces gens qui ont des droits présentement, parce
que, comme le député de Lévis le sait, il existe une
association des courtiers qui a été créée par
l'Assemblée nationale en 1963. C'est quasiment une corporation
professionnelle fermée, ce qui fait qu'il y a exclusivité des
actes, ce qui ne permet pas à d'autres types d'individus de poser des
gestes. Si on va vers un décloisonnement, il va falloir négocier
avec l'association des courtiers. Mais le dialogue est bien engagé et je
crois qu'on s'en va dans la direction que le député a
évoquée tout à l'heure.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Mille-Îles.
M. Garon: Concernant le code de déontologie, vous n'avez
pas...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, il vous reste deux minutes trente secondes pour ce programme.
M. Fortier: J'ai parlé de la formation du Conseil des
assurances. Il faut bien savoir que dans le moment, si on prend les
assureurs-vie, ceux-ci obtiennent un permis soit en s'adressant directement
à l'Inspecteur général des institutions
financières, soit en devenant membres de l'Association provinciale des
assureurs-vie. Or, il y avait un code de déontologie, dans un cas,
administré par l'association provinciale et, dans l'autre cas, par
l'inspecteur général. C'est la raison pour laquelle nous avons
adopté un petit projet de loi - on n'est pas encore allé en
commission parlementaire parce qu'il y avait un problème. Étant
donné qu'il y avait deux portes, deux possibilités, on pouvait se
trouver dans une situation où, lorsqu'une personne savait qu'elle
était sur le point d'être condamnée, disons, par
l'inspecteur, si elle avait enfreint le code de déontologie, ou
c'était plutôt l'inverse, si elle était sur le point
d'être condamnée par le comité de discipline de
l'Association provinciale des assureurs-vie, à ce moment-là, elle
démissionnait et obtenait un permis de l'inspecteur
général. Le petit projet que nous voulons voir adopté va
fermer ces possibilités pour qu'une personne ne puisse pas éviter
d'être condamnée en prenant avantage d'un trou dan3 la loi comme
présentement. Ce que j'ai indiqué, c'est que les modifications
que nous ferons à l'automne à la Loi sur les assurances va faire
en sorte qu'il n'y aura qu'un seul endroit où aller pour obtenir un
permis de pratique, si on veut l'appeler comme ceci, ou pour être
enregistré comme agent d'assurances. Ce sera une
autoréglementation par ce Conseil des assurances et c'est le Conseil des
assurances qui également appliquera le code de déontologie qui
aura, j'imagine, son propre comité de discipline. Alors, c'est dans ce
sens qu'on parle d'autoréglementation et de délégation de
la part des responsabilités et des devoirs de l'inspecteur
général. Nous verrons, en approuvant la réglementation et
en donnant un pouvoir de surveillance à l'inspecteur, à nous
assurer que tout se passe dans le meilleur des mondes.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Garon: Non, non, je n'ai pas fini mon...
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le député
de Lévis, vous avez raison, il vous reste deux minutes vingt. M. le
député de Lévis.
M. Fortier: Le député m'a posé d'autres
questions, je pourrais revenir sur l'informatique et sur les valeurs...
M. Garon: Non, cela c'était... Je pense
qu'on est dans le programme 6?
Le Président (M. Lemieux): C'est cela, on est dans le
programme 6, M. le député de Lévis, c'est ce que j'ai dit
tout à l'heure.
M. Fortier: Correct, j'ai compris.
M. Garon: Quand avez-vous l'intention de faire votre
dépôt de loi sur les fiducies, les caisses populaires et les
assurances?
Sociétés de fiducie
M. Fortier: Alors, dans le cas des fiducies, il y avait un
travail qui avait été fait. Nous avons fait une consultation
auprès du milieu. L'inspecteur général a fait des
comparaisons, parce que l'Ontario a déposé un projet de loi sur
les fiducies, l'an dernier, et je crois que le projet de loi est adopté
présentement. Alors, il est toujours bon de se comparer, quoique nous
soyons quelque peu différents. D'ailleurs, notre projet de loi va
être quelque peu différent de celui de l'Ontario. En temps
opportun, on pourra vous donner des détails. J'ai reçu de
l'inspecteur...
M. Garon:...
M. Fortier: Pardon?
M. Garon:...
M. Fortier: Nous sommes distincts au Québec, c'est dans la
constitution maintenant.
M. Garon: Vous n'avez pas peur de vous sentir tout seuls.
M. Fortier: Pardon?
M. Garon: Vous n'avez pas peur de vous sentir tout seuls.
M, Fortier: Et donc, j'ose espérer que je pourrai envoyer
un mémoire au Conseil des ministres. Alors, le député, qui
est un ex-ministre, connaît la procédure, j'enverrai très
probablement, demain ou lundi, un mémoire au Conseil des ministres avec
le projet de loi...
M. Garon: Sur les fiducies.
M. Fortier:... sur les fiducies. La procédure veut qu'une
fois que cela est envoyé au Conseil des ministres, selon la
procédure que nous avons, nous, en tout cas, je ne sais pas si
c'était la même, le projet de loi sera référé
au Comité ministériel du développement économique.
Ensuite, lorsqu'il sera adopté par le Comité ministériel
du développement économique, il sera transmis au Conseil des
ministres. J'aurais voulu, quant à moi, si le temps... Enfin, je vais
faire mon possible pour que le projet de loi soit déposé, mais je
crois que tes procédures normales... Il s'agit, quand même, d'un
projet de loi de plusieurs articles. Si le Comité ministériel du
développement économique fait bien son travail et si le Conseil
des ministres fait bien son travail, ce n'est pas quelque chose que nous allons
adopter en une semaine, mais je doute que ce soit possible, quoique je l'aurais
espéré. C'est pour cela que je dis qu'on est prêts, mais
qu'il faut quand même obtenir les autorisations voulues. Cela aurait
été une bonne chose qu'on puisse le déposer avant le 20
juin, mais, malheureusement, on va peut-être manquer un peu de temps. On
a travaillé très fort, mais nous devions faire des modifications
importantes; d'ailleurs, on a fait des modifications jusqu'à ce matin.
De toute façon, s'il n'est pas déposé avant le 21 juin ou
avant la fin des travaux, il sera déposé dès la
première journée, lorsque que nous reviendrons. Je vais demander
au leader du gouvernement de tenir une commission parlementaire pour entendre
les gens du milieu, puisqu'il s'agit d'une réforme, d'une loi, qui date
de 1913...
M. Garon: Après le dépôt.
M. Fortier:... après le dépôt. Les gens du
milieu, qui ont déjà été consultés, auront
quand même, si c'est opportun et s'ils le désirent, une autre
occasion de se manifester, parce qu'une loi comme celle-là est une loi
importante et substantielle et je crois qu'il faut procéder de la
meilleure façon possible. Même si le milieu a demandé
à M. Parizeau, dans le temps, et à d'autres ministres d'adopter
ce projet de loi dans les meilleurs délais, je crois qu'il faudra faire
notre travail et je suis sûr que la commission Ici voudra faire le sien
avec beaucoup de sérieux. Donc, on prendra le temps qu'il faut pour
adopter un projet de loi substantiel qui aura un impact déterminant, qui
va donner des pouvoirs importants aux sociétés de fiducie et qui
va doter les corporations du Québec de la meilleure loi pour qu'elles
épanouissent, se développent et prennent avantage du
décloisonnement, tout en respectant un principe qui nous est très
cher, celui de ne pas dénaturer les sociétés
financières.
Le gouvernement fédéral, après avoir
résisté au décloisonnement, semble se diriger dans une
direction où il va permettre à peu près à tout le
monde de faire n'importe quoi. Nous, nous n'allons pas dans cette direction;
nous favorisons le décloisonnement, mais nous voulons que les compagnies
d'assurances soient surtout des compagnies d'assurances, mais puissent aussi
faire autre chose et nous voulons que les sociétés de fiducie
soient surtout des sociétés de fiducie,
même si on leur permet des activités complémentaires
à leurs propres activités.
C'est le principe que nous respectons de ne pas dénaturer les
sociétés, mais de leur permettre quand même un certain
décloisonnement et des activités accrues. Le député
sera intéressé de savoir que même si la plupart des
sociétés de fiducie ou même toutes les
sociétés de fiducie, sont régies par des lois
particulières, pour la plupart, selon cette nouvelle loi, toutes les
nouvelles dispositions vont s'adapter, même, aux sociétés
de fiducie pour lesquelles il y avait une loi privée. Donc, les pouvoirs
accrus, la réglementation à l'intérieur de
sociétés de fiducie, les pouvoirs de l'Inspecteur
générai des institutions financières vont s'appliquer
à toutes les fiducies existantes, à charte
québécoise, même si elles ont
bénéficié d'une loi privée dans le
passé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
Caisses populaires
M. Garon: Maintenant, pour les caisses populaires et pour les
assurances.
M. Fortier: Pour les caisses populaires, quant à nous,
nous sommes prêts.
M. Garon:...
M. Fortier: C'est-à-dire que l'inspecteur avait fait un
certain travail et que nous avons enclenché ce qu'on peut appeler des
discussions ou des négociations. Le Mouvement Desjardins est en demande
pour de nouveaux types de pouvoirs et de capitalisations. Ce sont de nouveaux
concepts, différents des concepts traditionnels des mouvements
coopératifs. Les demandes qui nous ont été faites sont
plutôt verbales. Il reste à mettre un peu de chair autour de ces
demandes. C'est assez difficile, pour nous, de dire oui ou non, car, en fait,
on nous exprime des voeux qui ne sont pas clairement définis. Nous leur
avons indiqué que, dans la mesure où ils voudraient travailler
très fort cet été, nous serions prêts, après
avoir pris quelque temps de vacances, en juillet, de faire en sorte que
l'Inspecteur général et les légistes de l'inspecteur
régional soient tout à fait disposés à s'asseoir,
quasiment à temps plein, au mois d'août, avec les avocats du
Mouvement Desjardins, surtout, pour qu'on puisse comprendre, de part et
d'autre. (23 h 15)
Je pense qu'on est d'accord sur les grands principes. Les grands
principes, c'est qu'on veut donner un cadre moderne à la Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit, on veut que le réseau joue
pleinement... Comme on le sait, les caisses populaires, en principe, sont
autonomes, mais dans les faits, ta confédération intervient
lorsqu'une caisse est en difficulté, et nous voudrions refléter
cette réalité dans la loi. Nous voulons nous assurer que, si
jamais il y avait des difficultés financières, on puisse
établir des crans d'arrêt au niveau des fédérations
parce que, en premier, le Mouvement Desjardins disait: Faites-nous confiance,
on n'a jamais eu de problème. Je pense bien que le gouvernement du
Québec n'est pas pour attendre que tout le mouvement soit en
difficulté, on voudrait bien avoir des crans d'arrêt à
certains niveaux. On va leur donner des pouvoirs additionnels. On voudrait
assurer que les institutions financières soient bien définies et
que leurs activités non financières dans le secteur industriel
soient quelque peu cloisonnées par rapport à leurs institutions
financières comme telles.
Disons qu'on s'entend sur les grands principes, et c'est
déjà beaucoup, mais leur nouveau mode de capitalisation, pour
lequel Ils ont fait certaines propositions à ce stade-ci, vont nous
demander une certaine réflexion, et on en est rendu là pour le
moment. C'est donc dire que si on peut faire débloquer ces ajustements,
qui ont besoin d'être faits, c'est-à-dire comme disait Boileau, ce
qui s'énonce clairement et les mots pour le dire viennent
aisément, alors quand on saura ce qu'on veut écrire, on
l'écrira, mais il faut d'abord s'entendre 3ur les concepts. Dans
certains secteurs, on est encore à préciser des concepts que le
Mouvement Desjardins voudrait avoir.
Nous sommes tout à fait d'accord pour faciliter les choses, pour
nous assurer que le Mouvement Desjardins ait une marge de manoeuvre importante.
Bien sûr, les banques nous font des représentations pour nous
dire: Bien, assurez-vous qu'ils puissent jouer le jeu à peu près
de la même façon que nous le jouons. Je suis sûr que les
banques voudront se faire entendre lorsque le projet de loi sera
déposé à l'Assemblée nationale. Si vous me demandez
à quel moment, c'est difficile à prévoir à ce
moment-ci, mais ce ne sera certainement pas très, très tard
à l'automne - si on veut donner une indication - parce qu'une fois qu'on
se sera entendu avec eux, il faudra l'écrire et cela prendra un certain
temps.
Si j'avais à fixer une date, je dirais très tard à
l'automne, le projet de loi sera prêt à être
déposé.
Le Président (M. Lemieux): M. te député de
Lévis.
M. Garon: La rédaction n'est pas encore faite?
M. Fortier: Oui, nous avons une rédaction.
M. Garon: Oui? M. Portiers Oui.
M. Garon: Parce que dans les journaux, vous laissez entendre
qu'ils ne savent pas ce qu'ils veulent, mais eux laissent entendre que vous
vous traînez les pieds.
M. Fortier: Je pense qu'il serait bon qu'on retrace l'histoire.
Vous savez, cela fait longtemps que le Mouvement Desjardins demande une
modernisation de la loi. Quand M. Parizeau était ministre, il y avait eu
un enclenchement de discussions. Il faut bien dire que dans le secteur des
institutions financières sous votre gouvernement, après que M.
Parizeau eut démissionné, il n'y a pas grand-chose qui s'est
fait, mais cela, c'est une autre histoire.
M. Garon: Oui, il y en a qui sont prêts...
M. Fortier: Somme toute, pour être gentil, j'aimerais vous
dire qu'étant donné que les concepts ont évolué
beaucoup depuis deux ou trois ans...
M. Garon: Un exemple?
M. Fortier: Je parle de tout ce qui s'est passé, des
politiques fédérales qui ont été
énoncées. Il faut bien comprendre que les politiques
fédérales, qu'on le veuille ou non, auront une certaine influence
sur ce que nous faisons et sur ce qui s'est fait en Ontario dans une certaine
mesure. J'en parlais avec M. Béland, justement, à
l'Assemblée annuelle de la fédération de Montréal,
dans une certaine mesure, même s'ils viennent toujours se plaindre en
public, le fait qu'il y ait un retard ne sera pas nécessairement
néfaste, parce que cela va nous permettre de prendre en
considération ces nouveaux concepts, ces nouveaux modes de
réglementation...
M. Garon: Dans mon comté, ça ne traîne
jamais.
M. Fortier: Non, c'est vous qui dites qu'on se traîne les
pieds. Je dois vous dire, en toute vérité, que nous sommes
prêts et que c'est le Mouvement Desjardins qui cherche de nouveaux
concepts qu'il n'a pas exprimés clairement, et j'ose espérer que
cela se fera dans les prochains mois.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-il exact que, dans le décloisonnement, il y
a un danger que le fédéral prenne la juridiction sur les Caisses
populaires Desjardins?
M. Fortier: Cela a été évoqué quand
je disais que ce que fait le fédéral a un impact sur nous. Il
faut bien comprendre qu'un des derniers rapports - si jamais le
député est intéressé, je pourrais lui en obtenir
une copie - du Conseil économique du Canada... Quand on sait que le
Conseil économique du Canada travaille très près du
gouvernement fédéral, il faut s'inquiéter des
recommandations faites par ledit conseil. Le Conseil économique du
Canada fait des recommandations très claires d'une réglementation
par fonction. Remarquez que si on ne fait pas attention, on pourrait dire, dans
le secteur des valeurs mobilières: On veut réglementer par
fonction. Le fédéral peut nous dire: Si vous voulez avoir une
réglementation par fonction, étant donné que les banques
sont du ressort du gouvernement fédéral, nous allons
réglementer par fonction et, donc, nous allons réglementer la
fonction bancaire. Comme le Mouvement Desjardins, dans une très grande
mesure, a une fonction bancaire importante, il y a un danger que le
gouvernement fédéral dise: Nous allons réglementer. C'est
la raison pour laquelle, de part et d'autre, le Mouvement Desjardins et nous -
d'ailleurs il y avait d'autres raisons - nous sommes très conscients
qu'il est Important de présenter une loi le plus tôt possible, de
le faire le mieux possible et d'exercer pleinement notre juridiction. De toute
façon, je peux vous dire que je ne crois pas que le gouvernement
fédéral en arrive là. Les fonctionnaires y ont
peut-être pensé, mais les hommes politiques fédéraux
seront très prudents sachant très bien qu'en 1907, quand M.
Desjardins a voulu obtenir une incorporation à Ottawa, il l'a
demandée pendant huit ans, je crois, il s'est exprimé, il a fait
des demandes à plusieurs reprises et cela a été
rejeté. Finalement, après cinq ou six ans, cela a
été adopté à la Chambre des communes, cela est
allé au Sénat et cela a été battu au Sénat
par une voix. Tout cela pour dire que dans les années 1910-1920, le
gouvernement fédéral a tout fait pour que le Mouvement Desjardins
ne puisse obtenir une incorporation fédérale. Ce serait tout de
même ridicule, maintenant que le Mouvement Desjardins est un organisme
très fort et très puissant, que le gouvernement
fédéral dise: On a refusé votre incorporation à
votre naissance, mais maintenant que c'est une réussite, on voudrait
qu'il tombe sous la juridiction fédérale.
Il faut bien se rendre compte quand même que le Mouvement
Desjardins déborde de plus en plus les frontières du
Québec par la caisse centrale, qu'il est un joueur très important
et qu'il faudra donc que les règles que nous nous donnerons dans cette
nouvelle loi, qui n'est pas la loi du Mouvement Desjardins, mais la loi des
caisses d'économie et d'épargne soit la plus professionnelle
possible, et, tout en permettant au Mouve-
ment Desjardins de se développer, qu'elle satisfasse aux
exigences les plus modernes en termes de réglementation et qu'elle donne
les pouvoirs à l'inspecteur général, démontrant
très clairement que le gouvernement désire exercer les
contrôles appropriés pour éviter tout
événement malheureux qui pourrait - j'espère que cela
n'arrivera jamais - arriver dans l'avenir.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Concernant les assurances, brièvement...
M. Fortier: Concernant les assurances, la loi que M. Parizeau a
fait adopter...
M. Garon: Le temps passe. Il est 11 h 25 et je voudrais parler un
peu des valeurs mobilières. Il faudrait passer au programme 7.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste deux minutes.
M. Fortier: Je vais répondre rapidement. Dans le cas des
assurances, on fera des ajustements, comme je vous l'ai dit. Je vous ai
parlé du Conseil des assurances. D'autres ajustements seront faits, mais
le projet de loi sera déposé l'automne prochain, en revenant.
M. Garon: À l'automne. M. Fortier: C'est cela.
M. Garon: Donc, les trois seront pour l'automne.
M. Fortier: En plus, parce que j'aimerais que les membres de la
commission sachent tout le travail qu'il y aura à faire, avant que nous
ne partions en vacances le 21 juin, je vais déposer un projet de loi
extrêmement important, la Loi sur le registre. Si cela vous
intéresse, on n'aura peut-être pas le temps de le discuter en
détail, nous vous donnerons un résumé du projet de loi.
Tout à l'heure, je vous ai parlé de la Loi sur les fiducies qui
comporte 390 articles. Sur le registre, c'est au-delà de 500 articles.
Si cela vous intéresse, je sais que nous n'avons pas le temps ce soir,
mais j'en donnerai quelques copies. C'est un projet de loi extrêmement
important qui sera déposé avant le 21 juin. Il devra être
étudié en commission parlementaire et on entendra les
intervenants cet automne.
Tout cela pour dire qu'avec la fiscalité, cette commission-ci
sera très occupée cet automne et il faudra planifier nos travaux
en conséquence.
M. Garon: C'est une chance que votre gouvernement ait dit qu'il
ne voulait pas trop réglementer.
M. Fortier: M. le Président, dans la mesure où il
s'agit de moderniser des lois et dans le cas du registre, c'est une
simplification parce qu'on réduit le nombre de lois et le nombre de
règlements, je peux assurer le député que notre
première préoccupation est toujours de simplifier
l'administration et, également, de créer des emplois. En
modernisant la Loi sur les assurances, la loi sur les fiducies ainsi que celle
sur le Mouvement Desjardins, je crois que cela va permettre d'atteindre nos
objectifs gouvernementaux.
Voulez-vous passer aux valeurs mobilières, maintenant?
M. Garon: J'ai une dernière question. Avez-vous
l'intention de faire régir ce secteur par le Code des professions?
M. Fortier: Quel secteur?
M. Garon: Le secteur des institutions financières.
M. Fortier: Je crois que l'Office des professions n'est pas
d'accord pour reconnaître de nouvelles professions. Je ne crois pas que
ce soit nécessaire. Je crois qu'il y a moyen, à
l'intérieur des institutions financières, de se donner des cadres
touchant les valeurs mobilières et les assurances, qui permettent de se
donner des critères requis d'admission, de se donner un code de
déontologie semblable à celui des arts professionnels. En ce
faisant, il ne s'agit pas de corporation fermée, mais cela va quand
même donner un cadre de contrôle suffisant pour obtenir une
très bonne qualité et permettre le développement
requis.
M. Polak: M. le Président.
M. Garon: M. le Président, je suis prêt à
passer au programme 7.
M. Polak: Avant cela...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, j'aimerais vous faire mention que tout à l'heure il a
été convenu qu'on ne prenait pas les programmes en particulier,
on procédait par considérations... C'est incroyable, vous
revenez...
M. Garon: Concernant les remarques préliminaires, la
minute où vou3 avez dit qu'il n'y en avait pas, à ce moment on
passait programme par programme.
Le Président (M. Lemieux): On procédait par
considérations générales...
M. Polak: À notre question aussi.
Le Président (M. Lemieux):... générales et
à la toute fin, on adoptait les programmes 6 et 7. En
conséquence, cela vous donne un droit de parole, en vertu de 209 et 284,
de vingt minutes, il vous reste deux minutes sur ce temps de parole. Je devrai,
par la suite, passer la parole à des membres du parti ministériel
qui ont un droit de parole de vingt minutes chacun.
M. Polak: On a également quelque chose à dire.
Arrêtez donc!
Le Président (M. Lemieux): Écoutez M. le
député de Lévis...
M. Polak: Ici, ce n'est pas de la tyrannie.
M. Garon: On procède programme par programme.
Une voix: Non.
Le Président (M. Lemieux): C'est vous-même, M. le
député de Lévis...
M. Garon: Non, on a parlé de remarques
générales...
M. Polak: Soyez raisonnable, c'est assez.
M. Garon: Au début, on a parlé de remarques
générales et comme vous avez dit: Non, il n'y a pas de remarques
générales, j'ai appelé le programme 6. Vous l'avez
appelé ou vous ne l'avez pas appelé. C'est vous qui avez dit
cela. Par la suite, vous avez appelé le programme 6.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais il y a eu
consentement. J'ai demandé à M. le ministre s'il y avait
consentement pour que nous parlions de remarques générales eu
égard aux deux programmes. On m'a dit; oui.
M. Garon: Le ministre ne pouvait pas donner seul un
consentement.
Le Président (M. Lemieux): On m'a dit oui. Ce que j'ai
dit...
M. Garon: Si vous fonctionnez comme cela, vous m'enlevez 20
minutes de droit de parole.
Le Président (M. Lemieux): Bien non!
M. Garon: Bien oui, j'ai droit à 20 minutes par programme.
Là vous dites: II y a consentement du ministre pour qu'on étudie
les deux programmes ensemble. Il n'en est pas question. Non, je regrette.
M. Polak: Regardez donc ici, de l'autre côté de la
table.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je m'excuse, je vais rendre une décision à cet
effet. Il a été convenu, dès le début...
M. Garon: Non, il n'a pas été convenu... Je n'en ai
jamais convenu.
Le Président (M. Lemieux):... par consentement, qu'il y
aurait des considérations...
Une voix: M. le Président, rappelez-le à
l'ordre.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse...
M. Garon: J'ai droit, M. le Président, à 20 minutes
par programme. Il n'y a jamais eu consentement. Il a été question
au début de faire des remarques générales sur les deux
programmes...
M. Polak: Est-ce qu'on vous a posé une question...
Une voix: Non, non.
M. Garon:... la minute que vous avez dit: Non, j'ai appelé
un programme. Vous l'avez appelé ou vous ne l'avez pas
appelé.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis. Je n'ai pas dit: Non, j'ai appelé
un programme. J'ai dit: Je ne voudrais pas ici qu'on fasse un
précédent en ce sens que le président de la commission du
budget a permis qu'il y ait des remarques générales après
que j'ai appelé un programme. Vous avez dit: Non, on y va de remarques
générales sur l'ensemble des deux.
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Lemieux): J'ai demandé alors le
consentement de M. le ministre.
M. Garon: Des remarques préliminaires avant d'aborder le
programme, article un par un.
Le Président (M. Lemieux): Des remarques sur l'ensemble
des deux programmes et on a convenu que les programmes seraient adoptés
à la toute fin. M. le ministre a même fait remarquer: Je voudrais
garder quinze minutes pour adopter les programmes. Vous avez dit: Cela prend de
15 à 20 secondes, il n'y a pas de problème. C'est cela que vous
avez dit.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Lemieux): Je ne peux pas brimer les
parlementaires...
M. Polak: M. le Président, regardez ici...
M. Garon: M. ie Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon:... vous ne pouvez pas dire que j'ai donné des
consentements pour me priver de 20 minutes d'interrogation parce qu'il y a 20
minutes par programme. Je n'ai aucun intérêt et je n'avais aucune
volonté, d'aucune façon, de faire que j'aurais un seul bloc de 20
minutes, à moins que vous ne combiniez les deux blocs de 20 minutes
d'interrogation.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, lorsque vous aurez terminé...
M. Garon: C'est un bloc de 20 minutes par programme, c'est cela
le règlement.
Le Président (M. Lemieux):... je maintiens le fait... Je
connais très bien le règlement, vous le savez fort bien, M. le
député de Lévis. J'ai voulu te faire appliquer dans toute
sa rigueur tout à l'heure, mais vous avez semé la zizanie
intellectuelle, vous êtes venu et vous en êtes arrivé
à me dire: Non, on peut faire des remarques préliminaires aux
déclarations d'ouverture lors de l'appel d'un programme, alors que c'est
faux, cela ne s'est jamais vu dans notre commission. J'ai consulté le
secrétaire à cet effet. Vous me dites: Non, cela se fait.
M. Garon: On l'a fait avec le ministre des Finances. On a
commencé par des remarques générales avant d'adopter les
programmes un par un.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Les remarques
générales d'une vingtaine de minutes et, après, j'ai
appelé chacun des programmes et on est allé à chacun des
programmes.
M. Garon: C'est cela. Dans ce cas-ci, il était très
clair que c'est un nouveau ministre qui a une responsabilité
particulière dans le cadre du ministère des Finances et qu'il
s'agissait, dans mon esprit, d'une façon très claire de remarques
générales sur les responsabilités du ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation avant de
passer à l'étude programme par programme. Tout ce que j'ai dit
jusqu'à maintenant était cohérent dans ce sens. (23 h
30)
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, ce qui est clair pour vous est loin de l'être pour le
président de cette commission, je vous l'assure. À l'avenir, je
vais faire en sorte d'avoir les galées presque immédiatement,
mais...
M. Garon: Non. Qu'on pose les questions clairement.
Le Président (M. Lemieux): Abstraction faite
là-dessus, il vous reste quand même deux minutes.
M. Polak: II lui restait deux minutes tout à l'heure. Il a
parlé pendant cinq minutes, depuis.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
Pardon!
M. Garon:... c'est un règlement.
Le Président (M. Lemieux): Si les membres de cette
commission veulent intervenir sur le programme 6...
M. Bélisle: Arrêtez cela!
Le Président (M. Lemieux):... je n'appellerai pas le
programme 7, tant et aussi longtemps que ces personnes n'auront pas
utilisé leur droit de parole sur le programme 6, car elles ont le droit
de le faire; vous êtes bien conscient de cela?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Continuez, M. le
député de Lévis pour vos deux minutes.
M. Garon: Mais là, vous avez appelé quoi?
Le Président (M. Lemieux): Je n'ai rien appelé, M.
le député de Lévis, vous exercez toujours votre droit de
parole de deux minutes.
M. Garon: Non, non. Je vous demande si c'est sur le programme
6.
M. Polak: Un programme ou l'autre.
Le Président (M. Lemieux): Selon vous, c'est sur le
programme 6...
M. Garon: Ce n'est pas de même, le règlement.
Le Président (M. Lemieux):... selon moi, ce sont des
considérations générales, mais si c'est sur le programme
6, continuez là-dessus
et je vais céder la parole aux députés... M.
Polak: Non, non.
Le Président (M. Lemieux):... ministériels tout
à l'heure. M. le député de Sainte-Anne, s'il vous
plaît! Continuez, M. le député de Lévis. Vous avez
la parole.
M. Garon: Là, on est sur le programme 6 ou...
M. Polak: II est avant moi?
Le Président (M. Lemieux): Pour vous, c'est sur le
programme 6, continuez sur le programme 6. Sur le programme 6.
M. Garon: J'ai dit: Je suis prêt à passer au
programme 7, c'est ce que j'ai dit.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais il y a des membres du
parti ministériel qui veulent intervenir.
M. Fortier: M. le député de Lévis, on va
passer aux députés ministériels qui ont des
questions...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Moi, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Garon: Programme 7, mais, à ce moment-là, il est
clair...
M. Bélisle: M. le Président.
M. Garon: On repart sur le programme 7 après.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez bien convenu qu'on
garderait quinze secondes ou une minute à la toute fin pour adopter les
deux programmes. D'accord. M. le député de Mille-Îles,
s'il vous plaît!
M. Garon: C'est évident, on ne fera pas de débat
là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais écoutez...
C'est incroyable. M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président.
M. Polak: Donnez-nous une chance.
M. Bélisle: M. le Président, pourriez-vous rappeler
à l'ordre le député de Lévis, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, c'est votre droit de parole, s'il vous plaît!
M. Bélisle: Oui, j'ai bien compris ce que vous avez
compris et je me suis inscrit, pensant très bien qu'on pouvait
également aborder le programme suivant, qui est le programme sur la
Commission des valeurs mobilères du Québec. Je trouverais
excessivement dommage, à cause du très haut respect du
député de Lévis pour le droit de tous les parlementaires
d'intervenir de façon égale, je pense, sur les crédits
budgétaires... Je pense qu'il considère que tous les
parlementaires sont égaux. Mot, j1ai saisi correctement, M.
le Président, qu'on était pour adopter à la fin de la
soirée et le programme 6 et l'autre programme dans une quinzaine de
secondes et qu'on allait, de façon très élastique, comme
l'a dit M. le ministre, voguer d'un programme à l'autre pour discuter
généralement et satisfaire aux élucubrations du
député de Lévis.
Je n'ai pas de question à poser sur le programme 6, mais je veux
exercer mon droit de parole, le premier, sur le programme 7, tel que j'ai
été inscrit. Sinon, je vai3 me sentir lésé.
Le Président (M. Lemieux); M, le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: D'accord. M. le Président, l'autre fois le
ministre des Finances est venu toute la journée et il n'avait pas de
problème avec le député de Lévis; on a posé
des questions. Il faut tout de même respecter notre droit de poser des
questions, toujours en réalisant que vous avez la
préséance. Pour cela, il n'y a pas de problème du tout. On
a parlé pendant 90 minutes ou 80 minutes.
M. Bélisle: On est rendu à 100 % du temps.
M. Polak: Moi, j'ai seulement une question. Bien, c'est cela; il
n'y a pas de problème, moi je m'entends bien avec lui. Je voudrais
demander au ministre...
M. Bélisle: Vous êtes chanceux.
M. Polak:... il a parlé tout à l'heure de
décloisonnement. Vous avez dit que, pour certaines personnes, leur
occupation principale sera telle ou telle activité, mais elles ont le
droit de faire d'autres activités à part, comment allez-vous
déterminer, vérifier et contrôler l'activité
principale et l'activité accessoire dans cela?
M. Fortier: C'est défini dans les pouvoirs qui sont
donnés ou par la capacité de propriété de filiale,
en particulier. Cela
peut se faire soit à l'intérieur de la compagnie comme
telle, de ta corporation comme telle et à ce moment-là, c'est
défini dans les pouvoirs mêmes de la corporation. En 1983, quand
la loi 75 a été adoptée; c'est ce principe qui a
été suivi et on a l'intention de le suivre. Alors, quand vous
aurez en main le projet de loi sur les fiducies, vous allez voir, on pourra
aller plus en détail pour vous indiquer que les pouvoirs qui sont
donnés aux sociétés de fidéicommis vont dans ce
sens-là.
M. Polak: Comment est-ce qu'on contrôle... À un
moment donné, l'accessoire va devenir le principal. Quand ils auront le
pouvoir, ils vont peut-être dire; Bon! on laisse tomber la fiducie, on va
prendre l'assurance.
M. Fortier: Il y a des ratios; on peut mesurer ces
choses-là par des ratios ou par...
M. Polak: Est-ce qu'on peut contrôler cela.
M. Fortier: Oui, il y a des contrôles qui s'exercent et
c'est justement... Sans cela, ce serait seulement du verbiage.
M. Polak: Oui.
M, Fortier: Alors quand on dit qu'on veut préserver la
nature même des sociétés de fiducie, c'est que nous allons
leur permettre d'avoir d'autres types d'activités. Il est bien
établi, par des critères précis, qu'un inspecteur peut
contrôler, à un tel point d'ailleurs que, dans la Loi sur les
assurances, on indique que, si une activité secondaire dépasse 2
% - c'est 2 % de quoi? - des revenus comme tels, le ministre peut obliger la
société à incorporer une filiale pour ce type
d'activités.
Nous aurons une disposition semblable dans le projet de loi sur les
fiducies pour pouvoir donner ce pouvoir au ministre.
M. Polak: C'est tout, quant à moi.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Sainte-Anne. M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, je vous demande qu'on
respecte la règle de l'alternance. Il n'y a pas eu d'entente
là-dessus; il n'y en aura pas.
Le Président (M. Lemieux): M. le député,
vous avez la parole.
M. Bélisle: M. le Président, question de
règlement. Je vous demande d'appliquer effectivement les directives que
vous nous avez données, dès le départ. Si je fais sortir
les galées, je suis sûr d'avoir très bien compris qu'on
pouvait...
Le Président (M. Lemieux): M. le député,
relativement à la...
M. Bélisle:... intervenir indistinctement sur l'un et sur
l'autre. Je n'ai pas l'intention de céder un demi-pouce de terrain au
député de Lévis là-dessus, pas un demi-pouce.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Iles, s'il vous plaît, relativement à ce que vient de
demander le député de Lévis, j'aimerais lui souligner une
décision du 12 avril 1984 par mon prédécesseur et
député péquiste de Bellechasse à l'époque,
M. Claude Lachance, qui dit ceci: Lors de l'étude des crédits, le
président est-il tenu de respecter la règle de l'alternance? La
tradition parlementaire reconnaît le principe de l'alternance entre ceux
qui sont pour et ceux qui sont contre.
Mais cette tradition ne s'applique pas nécessairement en toute
circonstance et le choix d'accorder la parole à tel ou tel
député relève de l'entière discrétion du
président qui devra néanmoins distribuer les droits de parole en
toute équité. Elle n'est qu'un guide et cela doit se faire dans
le respect des droits des parlementaires, en vertu de 204 et de 289. Je
cède la parole au député de Mille-Îles et, dans le
cadre de considérations générales, sur l'un ou l'autre des
programmes, programme 6 ou programme 7.
Et, après, la parole reviendra au député de
Lévis. M. le député de Mille-Îles.
Octroi de services professionnels par la CVMQ
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Pour aborder
exactement ce que le député de Lévis veut aborder et je
vais être très court. Je ne serai pas long, mais je vais exercer
mon droit de parole.
Ce que j'aimerais savoir, M. le ministre, c'est à la page 18 du
document produit par la Commission des valeurs mobilières du
Québec. Ce sont des informations produites à la demande de
l'Opposition, la liste des contrats de services professionnels pour l'exercice
financier du 1er avril 1986 au 31 mars 1987.
Ma première question est la suivante: Je voudrais savoir, M. le
ministre, si la Commission des valeurs mobilières du Québec est
obligée de procéder dans l'octroi de services professionnels par
le Service des achats du gouvernement, c'est-à-dire par le fichier
central du gouvernement du Québec, pour faire sortir des noms du
fichier, obtenir des noms et tout le reste.
M. Fortier: Oui, essentiellement, la
commission est tenue aux mêmes règles et fait partie
intégrante des fonctionnaires de la Fonction publique et fait partie
intégrante des règles s'appliquant aux agences
gouvernementales.
M. Bélisle: D'accord. Une deuxième question, M. le
ministre. Est-ce que la Commission des valeurs mobilières du
Québec étant obligée de se référer au
fichier central du Service des achats du gouvernement pour les services
professionnels, dans le cas de Sorecom Inc., participation et sondage
d'opinion... C'est le deuxième sur la liste afin d'établir les
habitudes d'investissements des Québécois à 5000 $. Est-ce
que je dois comprendre qu'il y avait un certain nombre de noms qui ont
été tirés du fichier ou du boulier central?
M. Fortier: Jusqu'à 5000 $, il n'y a pas
nécessité de procéder par appel d'offres.
M. Bélisle: D'accord.
M. Fortier: L'approbation du Conseil du trésor n'est pas
requise à ce moment.
M. Bélisle: Je comprends bien, M. le ministre, que, dans
le cas de Sorecom, il s'agissait, à ce moment-là, d'un contrat
qui a été donné de gré à gré entre la
Commission des valeurs mobilières et cette firme-là.
M. Fortier: La réponse, c'est oui.
M. Bélisle: Est-ce qu'il s'agissait, M. le ministre, d'un
contrat à taux horaire ou à prix fixe, c'est-à-dire un
contrat à forfait?
M. Fortier: C'est un contrat à forfait. M.
Bélisle: C'est un contrat à forfait?
M. Fortier: Je peux demander au président de la commission
de donner des détails, si vous voulez.
Le Président (M. Lemieux): Sous l'autorité et le
temps de parole du ministre, M. le président de la Commission des
valeurs mobilières du Québec.
M. Fortier: M. Paul Guy.
Le Président (M. Lemieux): M. Paul Guy, voulez-vous vous
identifier, pour les fins de l'enregistrement.
M. Guy (Paul): Paul Guy, président â la Commission
des valeurs mobilières du Québec. M. le Président, en
fait, c'est la troisième année que la commission fait cette
étude-là et c'est toujours la même firme qui l'a faite. Au
début, on a choisi - on ne les a pas choisis comme ça, on a
demandé plusieurs noms - ces gens-là, parce qu'ils font un
sondage global. À l'intérieur de ce sondage, ils intègrent
des questions à un sondage sur les valeurs mobilières.
C'était la façon la moins coûteuse de le faire pour
nous.
M. Bélisle: Dans te cas de Datasult, contrat de services
des bureaux en informatique, 132 000 $ et vous passez par le fichier central du
gouvernement.
M. Guy: II y a un CT du Conseil du trésor autorisant ce
contrat, qui est renouvelé en fait tous les six mois.
M. Bélisle: Est-ce qu'originellement vous avez
passé par le Service des achats du gouvernement?
M. Guy: Je présume. Je le dis sous toute réserve,
mais certainement, je ne vois pas pourquoi... On a eu l'autorisation du Conseil
du trésor. Cela remonte à 1982.
M. Bélisle: Vous présumez. D'accord. Dans le cas de
Socomine Inc., l'analyse de rapports géologiques déposés
avec le prospectus de compagnies minières, prévisions de
dépenses 40 000 $. Avez-vous passé par le Service des achats du
gouvernement, par le fichier central?
M. Guy: J'ai de la difficulté à
répondre.
M. Bélisle: René Dufour, analyse de rapport
géologique, avec le prospectus de la compagnie minière
auprès de la commission: 30 000 $. Avez-vous passé par le Service
des achats du gouvernement?
M. Guy: Je ne crois pas dans le cas de René Dufour que
cela ait passé par le service. Il faudrait que je vérifie, mais
je ne le crois pas.
M. Fortier: Pour bien comprendre, si je peux ajouter une
réponse que dans le cas de René Dufour, c'est un professeur
à l'École polytechnique de Montréal qui est connu. Je
crois que la difficulté pour la commission c'était de tenter de
trouver une personne autonome, indépendante de différents bureaux
qui font affaire avec la Commission des valeurs mobilières et que la
commission cherchait à avoir recours à une personne
indépendante et ayant une compétence certaine dans ce
milieu-là. Je ne sais pas s'il y a eu appel, mais cela pourrait
s'expliquer.
M. Bélisle: Mais vous n'avez pas de données
précises dans le moment. Je vois le président de la Commission
des valeurs qui hésite.
M. Guy: Je ne peux pas répondre d'une façon exacte,
mais je pourrais...
M. Bélisle: Vous ne savez pas.
M. Guy:... vous fournir les détails et je pourrais les
transmettre au président de la commission.
M. Bélisle: Essayez donc, M. Guy, si vous êtes
capable.
M. Guy: Je n'ai pas de problème avec cela.
Le Président (M. Lemieux): Un instant, M. le
député de Mille-Îles! Voulez-vous noter, s'il vous
plaît, la question du député de Mille-Îles...
M. Fortier: Pour les autres questions aussi, M. le
Président. M. Guy pourrait prendre engagement en ce qui concerne les
questions qui ont été posées touchant ces
différents contrats-là: fournir l'information et la faire
parvenir au président de la commission.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: J'ai une question à poser dans ce
même ordre d'idées, que ce soit M. René Dufour ou Socomine
Inc. ou le groupe-conseil Roche, qui sont des professionnels, sont-ils
engagés à l'heure ou à contrat?
M. Guy: C'est sur un tarif horaire. Le groupe-conseil Roche, je
peux confirmer dès maintenant que c'est sur appel d'offres qu'on les a
engagés et sur un tarif horaire.
M. Bélisle: Un tarif horaire?
M. Guy: Je ne connais pas le tarif horaire.
M. Bélisle: D'accord. Cela devrait
présumément être la même chose pour René
Dufour et Socomine Inc.
M. Guy: René Dufour, c'est certainement un tarif horaire
et Socomine, c'est un tarif horaire. Je ne sais pas dans ces deux cas-là
si cela s'est fait par appel d'offres ou non. Je ne pourrais pas le dire.
M. Fortier: Alors, vous allez nous donner la réponse un
peu plus tard.
M. Guy: Oui.
M. Fortier: D'accord.
M. Bélisle: M. le président de la Commission des
valeurs mobilières, dans le cas du groupe-conseil Roche, cela s'est fait
par un processus où il y a le Service des achats du gouvernement et
appel d'offres. Dans le cas du groupe-conseil Roche, était-il le plus
bas soumissionnaire?
M. Guy: Je n'ai pas le dossier avec moi et je ne m'avancerai pas
à répondre à cela. Ce que je sais, pour le groupe-conseil
Roche, c'est que l'on avait un certain nombre de critères, dont celui du
conflit d'intérêts qui était un des critères les
plus importants pour nous. On ne voulait pas des géologues
impliqués dans des dossiers courants et on voulait s'assurer qu'il n'y
aurait pas de conflits d'intérêts dans les études qu'il
faisait pour la commission. Je crois que, si ce n'est pas le plus bas, c'est un
des plus bas, mais c'est probablement le plus bas. C'est un autre point que je
pourrais...
Le Président (M. Lemieux): M. le président, vous
allez nous transmettre l'information?
M. Guy: Oui.
Le Président (M. Lemieux): D'accord.
M. Bélisle: Dans le cas d'un contrat à forfait qui
est accordé, M. le président de la Commission des valeurs
mobilières, à un professionnel par la Commission des valeurs
mobilières, est-ce que vous demandez un compte rendu des services et des
prestations rendus à la Commission des valeurs mobilières, de
façon détaillée, c'est-à-dire un état de
compte détaillé avec les dates, les heures, les personnes
rencontrées et exécuté par le professionnel en question,
avant d'émettre le paiement de la facture?
M. Guy: De façon générale dans le cas de
SORECOM, c'est assez simple. L'on reçoit l'étude, la commission
fait l'analyse des résultats et publie toujours chaque année un
rapport là-dessus. Ils ne sont pas payés tant qu'on n'a pas
reçu l'étude qu'on leur a commandée. Dans les autres, on
devrait avoir une facture détaillée chaque fois. (23 h 45)
Vous me posez des questions. Je reçois un grand nombre de
factures. Ce n'est pas toujours moi qui les approuve, de toute façon. Je
ne pourrais pas dire si dans tel cas j'ai reçu une facture
détaillée. En général, je pense qu'on le demande.
Dans le cas de M. Alboini, c'est un expert qui a témoigné pour
nous à Montréal. Il est évident qu'il nous a fait une
facture détaillée avec le nombre d'heures qu'il a passées,
ce qu'il a fait et ainsi de suite.
M. Bélisle: Si M. Alboini, qui a témoigné, a
préparé son dossier d'expertise au préalable, en faisant
des recherches
ailleurs, en parlant avec d'autres experts, en vous rédigeant un
rapport d'expertise, je suppose qu'en bons administrateurs vous demandez, avant
d'effectuer le paiement, qu'un état de compte détaillé de
services professionnels vous soit donné.
M. Guy: Absolument, oui.
M. Bélisle: Alors j'aimerais, s'il y a possibilité,
M. Guy, que vous déposiez à la commission dans les meilleurs
délais l'état de compte détaillé et avec le compte
rendu de tous les services professionnels rendus avec les dates et les
personnes rencontrées par M. Pierre B. Lesage, Conseils et recherche en
gestion et communications qui a produit le rapport sur la Commission des
valeurs mobilières du Québec à la recherche de
l'excellence pour un montant de 18 000 $.
M. Guy: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Pas de problèmes, M.
Guy?
M. Guy: Pas de problème.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions, M. le député de Mille-Iles?
M. Bélisle: C'est tout.
Le Président (M. Lemieux): Pas d'autres questions. M. le
député de Lévis, vous avez la parole.
M. Garon: Alors, M. le Président, je voudrais demander au
ministre ce qui en est, quant à la Commission des valeurs
mobilières, des investissements en informatique qui étaient
requis et dont ses représentants nous ont fait part quand ils nous ont
rencontrés au mois de mars dernier lors d'une étude que fait la
commission du budget et de l'administration sur la Commission des valeurs
mobilières.
M. Fortier: Oui, alors nous avons réagi très
rapidement parce que je constate ici que j'ai envoyé un CT au Conseil du
trésor le 8 octobre. C'était un mois à peu près
après ma nomination comme responsable des institutions
financières. Cette demande a été approuvée le 18
novembre. Donc, la demande pour un système informatique plus
sophistiqué a été faite et elle a été
approuvée. La Commission des valeurs mobilières aurait voulu,
puisqu'elle avait fait une étude de ce dossier, négocier
directement avec IBM. Le Conseil du trésor a exigé d'aller en
appel d'offres. Peut-être que M. Guy peut préciser les avenues.
Alors, nous en sommes à l'étape où il y a encore des
discussions avec te Service des achats. Peut-être que M. Guy peut donner
plus de précisions sur le stade où nous en sommes
présentement.
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
Commission des valeurs mobilières, sur l'autorité et le temps du
ministre.
M. Guy: M. le Président, il y a eu, à la suite de
la décision du Conseil du trésor, des négociations qui se
sont faites sur le cahier des charges pour effectuer l'appel d'offres. entre le
Service des achats, le Bureau central de l'informatique et nous. Le Service des
achats est venu à la conclusion que c'était un dossier où
l'on ne devrait pas aller en appel d'offres et ils doivent, eux, retourner au
Conseil du trésor pour avoir l'autorité de négocier
directement avec le fournisseur. Maintenant, c'est là où l'on en
est. Cette étape n'est pas encore franchie, c'est-à-dire que
l'appel d'offres ne s'est pas fait et la décision définitive pour
la négociation directe n'est pas encore prise. On attend encore une
décision définitive quant à cette question.
M. Fortier: II faut bien comprendre qu'il s'agit d'une question
de compatibilité -peut-être qu'on peut préciser - parce
qu'on désire avoir un système qui va être branché
sur la Bourse de Montréal. Donc, c'est la raison pour laquelle, pour des
raisons tout à fait techniques...
M. Garon: Quelles sont les sommes prévues au budget pour
ceci.
M. Fortier: Le CT, ici, est de 663 000 $. Est-ce qu'il y d'autres
frais?
M. Guy: II y a 600 000 $ à peu près de
prévus au budget pour cela.
M. Garon: Sous quelle rubrique?
M. Guy: Si vous voyez Capital, Équipement, il y a 425 000
$ à peu près là. Il y a aussi 80 000 $ à 100 000 $
environ dans Services professionnels.
M. Garon: Bien.
M. Fortier: Cela va? Vous voyez, nous avons été
très agissants de ce côté-là.
M. Garon: Je vois, au programme 6, sous Fonctionnement, A,
Services, que cela passe de quelque 230 000 $ à 722 000 $, 500 000 $ de
plus.
M. Fortier: Où ça? Lequel? Une voix: Au programme
6. Le Président (M. Lemieux): Au
programme 6, c'est l'Inspecteur général des institutions
financières?
M. Garon: Bien! Il faut que vous soyez au moins cohérent.
Vous demandez... Est-ce une discussion ou des remarques générales
sur les deux programmes? Là...
Le Président (M. Lemieux): Non, non, non. Je sui9
d'accord, M. le député de Lévis, mais c'est parce que vous
vous adressiez au président de la commission de...
M. Fortier: D'accord. C'est parce que je regardais le mauvais
document. Excusez-moi.
Le Président (M. Lemieux): C'est parce qu'on regardait le
mauvais document à la suite de votre question.
M. Fortier: C'est parce qu'on n'est pas aussi vite que vous, M.
le député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): C'est cela. C'est la raison
pour laquelle j'ai fait cette remarque, M. le député de
Lévis.
M. Fortier: Justement, à la page 7 des explications qui
vous ont été fournies, c'est là. On peut bien vous lire la
page 7. Voyons. C'est ici, le dernier alinéa. C'est cela. Alors,
à la page 7, on y lit que ce service qui est augmenté de 484 700
$ - c'est bien cela? -comprend principalement les services de formation, des
abonnements, du traitement informatique et de la main-d'oeuvre informatique.
Cette augmentation résulte principalement d'un budget additionnel de
traitement informatique pour l'application de la future Loi sur le registre des
entreprises.
D'ailleurs, cela me fera plaisir, M. le Président, lorsqu'on
déposera le projet de loi, de demander à M. Bouchard de revenir
pour vous donner toutes les explications. Mais vous allez comprendre qu'il
s'agit d'instituer un guichet unique pour l'enregistrement des compagnies, les
entreprises de toutes sortes et même les individus, et de faire en sorte
que toute cette information se retrouve sur un système informatique qui
permettra soit à des personnes qui iraient au bureau de l'inspecteur
général à Québec ou à Montréal, soit
dans des bureaux d'enregistrement qui se trouvent partout en province, ou
même à des avocats ou à d'autres professionnels qui
seraient branchés sur le système par l'intermédiaire d'un
contrat qu'on passera en temps opportun avec une firme privée... C'est
donc dire que nous aurons un moyen sophistiqué pour que cette
information soit très accessible.
L'autre fois, j'ai eu le plaisir d'aller au bureau de l'inspecteur
général et très facilement, on peut "pitonner" et obtenir
une information très rapidement. Autrement dit, avec quelques mots
clés, on peut obtenir le nom d'une société et, à
partir de là, obtenir la date à laquelle ils ont produit leur
dernier rapport, la liste des dirigeants, la liste des membres du conseil
d'administration, et j'en passe. Alors, cela va être un outil de
publicité des informations qui, dans le moment, se retrouvent dans des
paperasses très difficiles à examiner et qui se retrouvent
quelquefois dans quatre, cinq ou six ministères. Alors, tout cela va
être concentré au bureau de l'inspecteur général
dans un programme développé avec ce montant prévu ici.
M. Garon: Quel est le montant affecté juste à
l'équipement informatique?
M. Fortier: On m'indique que le coût total pour l'achat du
système informatique va être de 2 500 000 $.
M. Garon: Et les budgets ne sont pas là.
M. Fortier: Alors, vous pouvez voir à la page 3, M. le
député de Lévis, que nous avons déjà 1 000
000 $ dans le budget. Toujours dans cette même page, vous allez voir
qu'il y a des ajustements et que nous avons obtenu du Conseil du trésor,
vers la troisième ligne avant la fin: Ajustement pour la mise en place
d'un nouveau support informatique pour le registre des associations, 1 000 000
$. L'autre 1. 000 000 $ sera l'année prochaine parce que la loi ne sera
pas adoptée avant l'automne, très tard, et le programme ne sera
pas mis en oeuvre avant la prochaine année financière. C'est donc
dire que nous avons, et à la Commission des valeurs mobilières et
chez l'Inspecteur général des institutions financières,
les sommes requises approuvées et les actions sont entre bonnes mains
pour s'assurer que ces nouveaux moyens informatiques soient installés
dans les meilleurs délais possible.
Le Président (M. Lemieux): Si vous le permettez, M. le
député de Lévis, M. le Président de la Commission
des valeurs mobilières aimerait apporter une information additionnelle.
Est-ce que vous le permettez? Alors, de consentement.
M. Guy: M. le Président, je voudrais juste préciser
une chose. Tout à l'heure peut-être - je ne le sais pas - que moi
ou d'autres ont été induits en erreur. C'est que le
député de Mille-Iles me posait des questions quant à
savoir si c'étaient des tarifs horaires et ainsi de suite. J'ai dit,
pour M. Alboini, que c'est un tarif horaire, pour M. Dufour, c'est un tarif
horaire, et Socomine. Et on m'a demandé si je pouvais fournir des
documents pour Pierre B. Lesage.
Je n'ai pas parlé de Pierre B. Lesage, il faut bien vous dire
cela.
Le détail. Bon! Dans le cas de Pierre B. Lesage, je dois
préciser qu'il s'agit d'un contrat forfaitaire. Il n'avait pas à
nous fournir les détails, le nombre d'heures et ainsi de suite pour tout
le travail qu'ils ont fait. Il s'agissait d'un contrat forfaitaire. Maintenant,
on peut bien leur demander, mais ce n'était pas dans le contrat.
Lorsqu'on donne un contrat forfaitaire, on reçoit une facture où
l'on dit: Voici le montant forfaitaire sur lequel on s'est mis d'accord. Voici
la facture. C'est après que le travail est complété.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles...
M. Guy: Je voulais juste indiquer que...
Le Président (M. Lemieux):... relativement à la
précision du président de la Commission des valeurs
mobilières.
M. Bélisle: C'est une possibilité, M. le
Président, qu'on procède ainsi. Mais il y a aussi une autre
possibilité. Cela dépend du style d'administration qu'on a. Je ne
voulais pas du tout juger l'administration de la Commission des valeurs
mobilières. Mais, dans les faits, lorsqu'il y a également contrat
forfaitaire, plusieurs administrations exigent quand même un compte rendu
des rencontres, des travaux exécutés par un mandataire en vertu
d'un mandat accordé par un mandant, c'est-à-dire par le donneur
de service, le donneur de travail, simplement pour faire une
vérification générale.
Je comprends très bien, lorsqu'il y a un contrat à forfait
et que quelqu'un nous apporte, disons, un sondage et le dépose sur la
table, qu'on lui dise: Donne-moi ta facture avec le montant total et je te paie
tout de suite. Mais il y a une autre façon de faire et je voudrais, si
c'est possible, M. le Président - c'est une demande que je fais
-l'état de compte détaillé, s'il existe, avec la date des
rencontres, le nom des personnes rencontrées, tel que produit par Pierre
B. Lesage à la Commission des valeurs mobilières et qui a
amené ce paiement avec la remise du document qui a coûté 18
000 $ à la Commission des valeurs mobilières du Québec et
qu'il soit déposé dans les plus brefs délais. S'il
n'existe pas, il n'existe pas; s'il existe, il existe.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais demander au ministre si c'est la pratique,
lorsqu'on donne un contrat à forfait, ou si c'est le mandat qui est
habituellement détaillé et là, il y a un montant
forfaitaire pour accomplir le travail. Je ne suis pas convaincu qu'il y ait
souvent des factures détaillées par la suite. Je pense que c'est
le contraire. C'est comme une soumission avec un devis détaillé
de ce qu'on veut. On soumet un prix pour faire cet ouvrage-là.
M. Fortier: Cela dépend de la nature du contrat. J'ai
travaillé dans un bureau de consultants durant de nombreuses
années et je pense que la pratique est la même ici. On peut avoir
un forfait total et à ce moment-là, la personne s'engage à
faire le travail et, une fois ce travail terminé, à produire la
facture finale. Dans d'autres cas, il peut y avoir des paiements progressifs.
On peut même, avec le paiement total, exiger des comptes rendus. C'est
pour cela que la question du député de Mille-Îles est
valable. C'est selon le type d'exigences que la commission a fixé et je
pense qu'il s'agit que la commission vérifie si l'information existe et,
si elle n'existe pas, elle n'existe pas. Mais si elle existe, le
député aimerait en avoir une copie. Alors, je ne vols pas de
difficulté, quant à moi.
M. Bélisle: II m'est arrivé très
souvent...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous...
M. Guy: M. le Président, je peux préciser tout de
suite que l'information n'existe pas. Un devis a été donné
lors de l'appel d'offres. Le "contractant" a accompli le devis. II a fourni les
rapports voulus et exigés par ce devis et il a été
payé sur cette base. On ne lui a pas demandé le nombre d'heures
qu'il a fait. Bien entendu, il y avait une listes des personnes qu'il pouvait
rencontrer, mais cela fait partie de l'étude complète. Mais on ne
connaît pas le nombre d'heures qu'il a passées avec chaque
personne qu'il a rencontrée.
M. Fortier: J'aimerais rapidement donner...
Le Président (M. Lemieux): Cela va. Je vous remercie. M.
le ministre.
M. Fortier:... une réponse du député de
Lévis qui m'a posé une question sur la discussion que nous avons
avec le gouvernement fédéral. S'il lit le Journal des affaires
aujourd'hui, il verra un très bon article de Carole-Marie Allard qui
dit: "Pierre Fortier, le ministre d'État québécois aux
Finances, a remporté la première manche d'une bataille contre le
gouvernement fédéral sur la question de la réglementation
du marché financier hors cote... De concert avec ses collègues
provinciaux, il a forcé une réunion entre les ministres
responsables et leur
homologue fédéral". 11 me fait plaisir de lui en donner
une copie et je lui donne toutes les coupures de presse. II verra qu'on a fait
notre travail et qu'on a défendu les intérêts des
Québécois.
Adoption des crédits
Le Président (M. Lemieux): Sur ce, M. le ministre
délégué à la Privatisation, j'aimerais demander si
le programme 6, d'Inspecteur général des institutions
financières, est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que le
programme 7, Contrôle, surveillance et développement du commerce
de valeurs mobilières, est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits budgétaires du ministère des
Finances pour l'année financière 1987-1988, comprenant aussi les
programmes 6 et 7, est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Je remercie les
membres de cette commission et les fonctionnaires qui les accompagnaient ce
soir. Nous ajournons nos travaux sine die, la commission du budget et de
l'administration ayant rempli son mandat.
(Fin de la séance à minuit)