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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et rie l'administration entreprend ses travaux
relativement au mandat qu'elle a obtenu de la Chambre. La commission est
réunie aujourd'hui afin de procéder à un mandat qui lui a
été confié par l'Assemblée nationale, soit
d'examiner le rapport annuel du Vérificateur général pour
l'exercice financier terminé le 31 mars 1986 et d'entendre à
cette fin le Vérificateur général du Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: M. le Président, on ne m'a
informé d'aucun remplacement pour la séance.
Exposé du mandat et organisation des
travaux
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
Secrétaire. J'aimerais maintenant rappeler le contexte du mandat et les
modalités de fonctionnement de la présente séance. Avant
de céder la parole au Vérificateur général et
à mes collègues pour les remarques d'ouverture, je vais tenter de
cerner brièvement le contexte du mandat que nous entreprenons
aujourd'hui et les règles de fonctionnement qui vont baliser nos
travaux. Il faut dire que nous exécutons ce mandat en vertu d'une motion
adoptée à l'Assemblée nationale le 23 juin dernier. Cette
motion faisait en sorte de confier un mandat spécial à la
commission du budget et de l'administration, car, en vertu du règlement,
c'est une autre commission parlementaire, la commission de l'Assemblée
nationale, qui a le mandat d'entendre chaque année le rapport du
Vérificateur général.
Il est donc clair que nous entreprenons ce mandat sur un ordre de la
Chambre et non pas de l'initiative des membres de cette commission. Je crois
cependant que, si on nous a confié cette tâche, c'est que
plusieurs des députés qui composent cette commission ont
montré leur intérêt envers la question, notamment en
participant à la conférence annuelle qui regroupe les
vérificateurs législatifs et les comités des comptes
publics des différents Parlements canadiens. De plus, étant la
commission parlementaire spécialisée dans l'étude des
questions financières et administratives du gouvernement, il
était normal qu'on pense à cette commission, nous le crayons,
pour accomplir cette tâche.
Cela fait au-delà de six ans que le rapport du
Vérificateur général a été
étudié en commission parlementaire. À la suite de notre
séance d'aujourd'hui, la commission du budget et de l'administration
examinera la possibilité de donner une extension à ce mandat en
approfondissant certaines des questions qui auraient été
soulevées aujourd'hui, et ce, en présence des fonctionnaires
responsables. C'est une hypothèse - je dis bien, c'est une
hypothèse - qui sera examinée ultérieurement par les
membres de cette commission. Aujourd'hui, notre mandat est clair. Il s'agit
d'entendre le Vérificateur général sur son rapport. Nous
avons convoqué le Vérificateur général afin qu'il
nous donne des explications sur son rapport et sur les façons dont il
conçoit et réalise son mandat.
Le Vérificateur ne comparaît pas devant nous pour donner
des explications sur les actes posés par l'administration. C'est
à l'administration d'y répondre, et notre commission
parlementaire aura l'occasion de réfléchir ultérieurement
sur les moyens à prendre pour obtenir ces explications de la part de
l'administration, s'il y a lieu.
Je demanderais donc aux membres de la commission de respecter cette
démarcation entre la responsabilité du Vérificateur et
celle de l'administration dans leurs questions. Je rappelle que notre objectif,
ce matin, est d'interroger le Vérificateur général sur son
rapport et d'en expliquer le contenu. Les députés pourront
aborder tous les sujets contenus dans le rapport annuel sans qu'il n'y ait
d'ordre du jour formel précisant l'ordre et la durée des sujets
de discussion. Je vous indique cependant qu'au cours de la séance de
travail du 11 août dernier, nous avons eu l'occasion de
réfléchir aux sujets d'intérêt possibles contenus
dans le rapport annuel. Vous avez en main une liste indicative de ces sujets,
mais je vous rappelle que cette liste n'est nullement limitative.
En ce qui concerne nos modalités de fonctionnement, je vous
rappelle que celles-ci ont été convenues au comité
directeur de la commission et entérinées en séance de
travail la semaine dernière. Je vais vous en donner à nouveau
lecture pour le bénéfice de
tous les membres de cette commission.
La séance commencera par une période de
déclarations préliminaires répartie selon l'ordre et la
durée suivante: M. le Vérificateur général, pour
une durée de quinze minutes; le porte-parole de l'Opposition, quinze
minutes; le porte-parole des ministériels, quinze minutes; il n'y aura
pas de réplique ou de commentaires après la période des
déclarations d'ouverture de la part des membres ou du
Vérificateur général. Une période d'échange
de propos avec le Vérificateur général suivra les
remarques préliminaires et se poursuivra jusqu'à la fin de nos
travaux, c'est-à-dire jusqu'à 22 heures si nécessaire.
Les groupes parlementaires disposeront de parts égales en
respectant l'alternance dans les interventions. Le temps de parole
inutilisé par un groupe parlementaire sera disponible pour l'autre
groupe parlementaire, ceci en vertu d'une décision de la commission de
l'Assemblée nationale du 3 décembre 1986. La période de
discussion commencera par l'intervention du porte-parole de l'Opposition et les
membres de la commission disposeront d'un temps de parole de 20 minutes par
intervention. Le temps de réponse du Vérificateur
général - je tiens à le préciser - sera
imputé au temps de parole du député qui pose la
question.
J'aimerais ajouter, en raison du poste qu'il occupe, que le
Vérificateur général constitue un partenaire important du
processus de rationalisation amorcé par le gouvernement. Aussi les
membres de la commission de l'administration et du budget entendront-ils faire
un survol avec lui des différentes voies que pourrait prendre le
gouvernement pour présenter aux Québécois le portrait le
plus fidèle possible de sa situation financière et pour leur
assurer un rendement maximal sur les impôts qu'il perçoit.
Cette démarche, selon eux, devrait permettre d'identifier les
orientations possibles en vue d'entamer la seconde phase du processus de
rationalisation administrative et financière qui lui a permis d'offir
aux Québécois et Québécoises un budget
équilibré dans les dernières années.
Dan3 la foulée des remarques formulées par le passé
par les vérificateurs généraux, il sera possible, nous le
croyons, de dégager certaines orientations et, comme il s'agit d'une
première depuis plusieurs années, puisqu'on dit que la lettre tue
et l'esprit vivifie, permettez-moi de vous souligner dans quel état
d'esprit j'aimerais voir les travaux de cette commission s'orienter. En raison
de ceci, j'aimerais vous faire remarquer ce que disaient John Kelly et Hugues
Hensen. Ils écrivaient, en 1981, dans un volume de la fondation... Ce ne
sont pas mes... Pardon, M. le député de Lévis?
M. Garon: John Kelly? Lequel? 11 y en a plusieurs.
Le Président (M. Lemieux): Je ne les connais pas tous, M.
le député de Lévis.
Une voix: C'est un auteur.
Le Président (M. Lemieux): C'est un auteur très
réputé, M. le député de Lévis, en ce qui
concerne les conventions comptables, sujet qui vous intéresse tout
particulièrement, je crois. Malheureusement, il n'est pas ici, vous
n'aurez pas l'occasion de l'interroger. Alors, permettez-moi de
déterminer dans quel état d'esprit j'aimerais voir les travaux de
cette commission commencer...
M. Garon:... aux États-Unis que le danseur...
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas le même mais
je sais, M. le député de Lévis, que vous êtes
très habile pour faire des pirouettes. Alors, je continuerai en
mentionnant qu'ils disaient ceci dans un volume de la Fondation canadienne sur
la vérification intégrée intitulé Les commissions
des comptes publics et les vérificateurs législatifs: On ne peut
évidemment s'attendre que toute trace d'expression partisane soit bannie
des séances de la commission des comptes publics. Les membres sont
après tout des hommes politiques et la politique de parti est un
élément inhérent à notre processus parlementaire.
Mais l'envie du pouvoir de la part des membres de l'Opposition et la lutte pour
le garder de la part des partisans du gouvernement ne sont qu'une partie du
travail des représentants élus. Il leur incombe aussi de tenir
l'administration responsable de sa gestion des ressources publiques. C'est un
devoir non partisan et il est investi à tout député par
les électeurs. La commission des comptes publics s'acquitte en grande
partie de cette obligation au nom de tous les députés et doit le
faire de la façon - et c'est ce qui m'importe - la plus impartiale
possible.
Sur ces remarques d'ordre préliminaire et conformément
à la séance de travail et à la procédure qui
avaient été déterminées, j'aimerais maintenant
entendre, en ce qui a trait aux remarques préliminaires ou
déclarations d'ouverture, M. le Vérificateur
général du Québec. Vous avez la parole pour une
durée de quinze minutes. (10 h 15)
Remarques préliminaires M. Rhéal Chatelain
M. Chatelain (Rhéal): Merci, M. le Président. C'est
avec le sens du devoir et
avec beaucoup de plaisir que je me présente devant votre
commission pour l'examen du rapport annuel du Vérificateur
général. La convocation m'est arrivée comme une bonne
nouvelle. L'intérêt que vous manifestez envers la
vérification législative est une source de motivation pour mes
collaborateurs et moi-même.
Dans son rapport annuel, le Vérificateur général
fait part de ses activités, mais là ne ' s'arrête pas la
communication que la Loi sur le vérificateur général lui
fait obligation de préparer à l'intention de l'Assemblée
nationale. Ainsi que le prévoit l'article 42 de la loi, le
Vérificateur général signale dans son rapport tout sujet
ou tout cas qui, d'après lui, mérite d'être porté
à l'attention de l'Assemblée nationale à la suite de ses
travaux de vérification auprès des organismes publics, des
organismes et entreprises du gouvernement et' des bénéficiaires
de subventions.
De plus, l'article 43 invite le Vérificateur
général à faire les commentaires qu'il juge
appropriés sur les états financiers du gouvernement, y compris
les conventions comptables qui ont servi à leur préparation, et
sur les documents d'information financière fournis à
l'Assemblée nationale. Le législateur a ainsi pris des
dispositions pour que les députés puissent exercer le
contrôle parlementaire sur les actes de l'administration.
On peut se montrer étonné que te Vérificateur
général accorde une large diffusion à son rapport annuel.
Il est bon que ce document soit diffusé et commenté et qu'il soit
étudié comme il le sera aujourd'hui et au cours d'autres
réunions à venir, je l'espère. C'est l'attention qu'il
faut y donner pour qu'il ait toute sa force de persuasion. Plus il
connaît de rayonnement, plus il acquiert de force morale pour susciter
des améliorations à la gestion. La diffusion du rapport sert donc
en définitive les intérêts du bailleur de fonds,
c'est-à-dire le contribuable.
Le rapport traite de gestes administratifs et non de gestes politiques.
Le mandat du Vérificateur général ne vise aucunement
à mettre en cause le bien-fondé des politiques et des objectifs
des programmes. L'examen du rapport annuel en commission parlementaire et la
convocation des responsables de la gestion sont une pratique bien
établie dans toutes les autres Législatures au Canada, tant au
fédéral que dans les juridictions provinciales. La preuve a
été faite dans d'autres institutions législatives que
l'intervention des députés comporte des bénéfices
substantiels. Elle peut se traduire éventuellement par une
amélioration de la qualité de la gestion des fonds publics
surtout si les responsables de la gestion se trouvent davantage
sensibilisés aux exigences de l'imputabilité externe et non
seulement interne par le fait de leur témoignage en commission
parlementaire.
Le rapport qui fait l'objet de la rencontre d'aujourd'hui a
été déposé à l'Assemblée nationale le
25 novembre 1906. Il se divise en trois parties. La première partie
contient des remarques générales sur trois sujets. On y traite
tout d'abord des conditions d'exercice du mandat du Vérificateur
général, on y présente ensuite un résumé des
observations sur les travaux de vérification intégrée et
pour terminer, on y discute de la qualité de l'information
financière du gouvernement.
En traitant des conditions d'exercice, j'ai insisté sur
l'importance pour le Vérificateur général de disposer des
ressources suffisantes pour réaliser son mandat à
l'intérieur d'un cycle raisonnable. C'est là une
conséquence logique de la volonté du législateur de
surveiller les gestes du gouvernement à qui il confie les fonds et
autres biens publics. On doit assurer l'allégeance du
Vérificateur général envers l'institution parlementaire
dont il relève et à qui il doit rendre les services qu'elle
attend de lui.
Dans mes remarques générales, je fais état,
deuxièmement, des travaux de vérification intégrée
réalisés depuis l'adoption de la nouvelle Loi sur le
vérificateur général en juin 1985. On y résume les
constatations retenues dans cinq missions de vérification
intégrée. Les résultats de ces travaux apparaissent eh
détail dans la partie suivante du rapport. Ainsi, l'élargissement
du mandat du Vérificateur général apporte de nouvelles
informations utiles à l'Assemblée nationale.
Le mandat traditionnel fournit la réponse aux deux questions
suivantes. Premièrement, l'administration rend-elle compte
fidèlement des fonds et autres biens publics qui lui sont
confiés? Deuxièmement, a-t-elle fait les choses dans le respect
des lois et de la réglementation en vigueur? L'accomplissement du mandat
élargi va au-delà de l'aspect quantitatif, c'est-à-dire de
la régularité comptable et administrative. Elle touche à
la qualité de la gestion en cherchant réponse à la
question suivante. De quelle façon l'administration s'est-elle
acquittée des responsabilités que le Parlement lui a
confiées? Autrement dit, a-t-elle bien fait la bonne chose?
Le troisième sujet traité dans les remarques
générales du rapport annuel 1986 est celui de la
présentation de l'information financière du gouvernement. Le
Vérificateur général y discute la réforme des
conventions comptables du gouvernement débutant avec l'année
financière 1986-1987 et qui constitue une nette amélioration par
rapport à ce qui existait déjà. Ces modifications sur le
plan comptable sont une étape importante vers un compte rendu qui
reflète davantage la nature et l'étendue des activités et
des ressources
financières du gouvernement. II resterait maintenant à
améliorer la présentation, aux états financiers, des
obligations du gouvernement envers les régimes de retraite des
employés du secteur public et du secteur parapublic.
Enfin, il faudrait intégrer dans les états financiers du
gouvernement les opérations à caractère gouvernemental de
ses organismes, de ses entreprises et de ses différents fonds.
Dans ces remarques générales qui forment la
première partie du rapport annuel, je fais d'autres observations sur le
sujet de la bonne présentation de l'information financière en me
référant aux recommandations du comité sur la
comptabilité et la vérification des organismes du secteur public
de l'Institut canadien des comptables agréés.
L'une de ces recommandations préconise la description claire et
succincte des conventions comptables. Le Vérificateur
général, comme tout vérificateur du secteur public ou
privé, doit d'abord et avant tout se prononcer sur la
fidélité de la présentation de l'information
financière. La qualité de cette présentation repose
justement sur la qualité des conventions comptables. Telle est la partie
la plus obligatoire du mandat du vérificateur qu'il n'aurait pas le
choix de sacrifier en toute circonstance.
L'information financière doit être rendue
compréhensible à tous les utilisateurs. Les actionnaires dans le
secteur privé ont acquis le droit d'être bien informés au
moins autant que les créanciers et les experts de la finance. On ne voit
pas pourquoi il n'en serait pas de même dans le secteur public quand il
s'agit de présenter l'information financière aux actionnaires
qui, en définitive, sont les contribuables représentés par
l'Assemblée nationale.
Une autre recommandation de l'Institut canadien des comptables
agréés vise la publication en. temps utile des états
financiers du gouvernement de façon à rendre davantage service
aux utilisateurs. L'objectif fondamental de l'information financière est
celui d'éclairer le destinataire et de l'orienter dans sa prise de
décision. C'est passer à côté de cet objectif que de
lui servir de l'information refroidie.
Les échanges de vues que nous avons eus jusqu'à
dernièrement avec les intervenants nous donnent lieu de croire que la
date de présentation des états financiers du gouvernement dans
les comptes publics pourrait être devancée à l'avenir.
Pour la première fois, dans notre dernier rapport annuel, on ne
retrouve pas l'opinion et les observations du Vérificateur
général sur les états financiers du gouvernement pour
l'année financière terminée le 31 mars 1986. Ce compte
rendu du vérificateur n'apparaît dorénavant que dans les
comptes publics. Ces derniers sont déposés et publiés par
le ministre des Finances. En 1986, ils n'ont été
déposés à l'Assemblée nationale que le 19
décembre. On y trouve l'opinion du Vérificateur
général à la page 31 et ses observations à la page
35 du volume 1 des comptes publics.
La deuxième partie du rapport annuel de 1986 débutant
à la page 35 est la plus volumineuse. Elle expose les résultats
de la vérification financière et de conformité
menée sur trois fronts, à savoir, premièrement, le
gouvernement et ses ministères, deuxièmement, les fonds
spéciaux et les fonds renouvelables administrés par le
gouvernement et, troisièmement, les organismes et entreprises du
gouvernement.
Cette partie présente aussi les résultats des cinq
missions de vérification intégrée réalisées
au cours de l'année. Cette présentation comporte les
constatations et les recommandations du Vérificateur
général ainsi que les réactions à celles-ci
exprimées par les entités vérifiées.
Les députés peuvent, par le biais des commissions
parlementaires, faire appel à l'imputabilité administrative des
gestionnaires des fonds publics. Ceux-ci peuvent être invités
à témoigner sur les situations soulevées dans le rapport
du Vérificateur général, comme vous l'avez souligné
tout à l'heure d'ailleurs vous-même, M. le Président.
Ils pourraient ainsi rendre compte des gestes posés dans le cours
de leur administration, exposer les solutions qu'ils ont mises en place ou dire
ce qu'ils ont l'intention de faire pour remédier aux faiblesses
soulevées par le Vérificateur général dans son
rapport.
Le rapport de 1986 comporte en effet plusieurs rappels de
recommandations d'années précédentes qui semblent avoir eu
peu d'effet sur les gestionnaires. Les gestionnaires doivent s'attendre
à rendre compte ou ils devraient s'y attendre davantage puisque la
discrétion administrative remplace de plus en plus la norme
réglementaire dans l'administration. À cette latitude accrue
correspond un régime d'imputabilité qui couvre des champs plus
larges, tels que la délégation de responsabilités et le
processus de prise de décision.
Le compte rendu se fait déjà à l'interne, en
circuit fermé, dans des conditions qui normalement assurent
l'évaluation de la performance. Il faudrait maintenant compléter
le cycle par l'imputabilïté à l'externe. En effet, les
parlementaires se sont donné eux aussi des instruments de surveillance
de l'administration dont il leur serait loisible de se servir.
Les organismes et entreprises du gouvernement doivent ou devraient, pour
leur part, rendre compte de leurs activités dans un cadre
législatif et réglementaire approprié. Ces entités
sont soumises en
premier lieu à l'examen des ministres dont elles relèvent
et à celui du gouvernement.
Le deuxième niveau d'examen auquel elles doivent être
soumises est celui du contrôle parlementaire. Les administrateurs de ces
entités pourraient craindre que le contrôle parlementaire
restreigne leur autonomie dans le milieu des affaires. Mais son absence fait
courir des risques non moins importants. Celui, par exemple, de voir de telles
entités faire passer les intérêts commerciaux
immédiats avant les objectifs sociaux voulus par le législateur
qui les a instituées. Le Vérificateur général
constate, depuis longtemps, l'absence de lignes directrices, notamment sur la
nature des comptes rendus et de la vérification dans les lois
constitutives de ces organismes et entreprises du gouvernement. Il revient sur
cette question depuis dix ans, dans son rapport annuel. De 1977 à 1981,
il a recommandé des changements aux lois existantes, telles les lois
constitutives et la Loi sur l'administration financière. Depuis 1982, il
suggère fortement l'adoption d'une nouvelle loi, c'est-à-dire
d'une loi-cadre sur la direction, le contrôle et l'imputabilité de
ces entités, comme la chose est reconnue ailleurs.
La recommandation à ce sujet apparaît à la page 76
de notre dernier rapport annuel. Une loi-cadre favoriserait la mise en
lumière des activités de ces entités devant le
gouvernement, le Parlement et le public. Les propositions de contenu d'une
telle loi, que l'on trouve à cette page, ne sont pas exhaustives. Nous y
avons mentionné ce qui nous paraissait être d'intérêt
plus immédiat pour un vérificateur législatif, en gardant
à l'esprit que les exigences d'imputabilité de ces entités
devraient dépasser ce qui s'applique au secteur privé. Il serait
possible d'approfondir le sujet en commission parlementaire.
Immédiatement après avoir discuté de l'adoption
d'une loi-cadre, le rapport annuel évoque un moyen auquel les
entreprises du gouvernement pourraient avoir recours pour éviter le
contrôle du gouvernement et de l'Assemblée nationale- La mise sur
pied de filiales pour y faire transiter une partie importante des
opérations peut devenir, une échappatoire, selon un point de vue
juridique. Ce point de vue se défend difficilement, cependant, lorsqu'on
se place devant le devoir de reddition de comptes des entités
gouvernementales à l'interne comme à l'externe.
Dans la troisième partie du rapport, débutant à la
page 219, le Vérificateur général rend compte de la
gestion de son organisation. Cette partie fournit des renseignements sur la
structure de l'organisation, la planification des activités du
Vérificateur général et l'évolution de sa pratique
professionnelle. Il fait voir aussi sa contribution aux travaux de la
Conférence des vérificateurs législatifs du Canada, qui
s'est réunie à Québec tout dernièrement, cette
année, de la Fondation canadienne pour la vérification
intégrée et de l'Ordre des comptables agréés du
Québec. Ce rapport d'activités se termine par des données
sur la gestion des ressources humaines, matérielles et
financières.
Afin de s'engager résolument dans les travaux découlant de
son mandat élargi, le Vérificateur général a fait
appel à des ressources de l'extérieur. Il l'a fait par
permutation de personnels ou par contrats à honoraires avec des
spécialistes dont on trouvera les noms dans cette partie du rapport.
Pour garantir son allégeance envers l'Assemblée nationale,
le Vérificateur général, en accord avec la loi,
présente ses prévisions budgétaires au Bureau de
l'Assemblée nationale. Elles sont ensuite portées au budget des
dépenses déposé devant l'Assemblée.
Enfin, M. le Président, les deux annexes au rapport
présentent le texte de la Loi sur le vérificateur
général et les objectifs généraux de son
organisation. Je me tiens à votre disposition pour répondre aux
demandes de renseignements des membres de cette commission sur tout sujet
découlant du rapport annuel à l'étude. Avec votre
permission, je pourrai faire appel à mes adjoints et à d'autres
membres de mon personnel d'encadrement pour vous fournir des compléments
d'information.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
Vérificateur général. Dans un premier temps, pourriez-vous
présenter vos collaborateurs aux membres de cette commission?
M. Chatelain: Avec plaisir, M. le Président. Je vous
présente, à ma droite, M. Gilles Bédard,
Vérificateur général adjoint et, à ma gauche, M.
Robert Noël, également Vérificateur général
adjoint. Si, à l'occasion, nous avons besoin de faire appel à
d'autres intervenants, je me ferai un plaisir de vous les présenter
à ce moment-là.
Le Président (M. Lemieux): Je vous demanderais de le faire
aux fins de l'enregistrement du Journal des débats, s'il vous
plaît.
Maintenant, est-ce qu'il y aurait consentement afin que le
député de Frontenac puisse remplacer le député de
Saint-Louis? Il n'y a pas de problème, il y a consentement.
M. Garon: Je ne sais pas si on gagne au change.
Le Président (M. Lemieux): Je ne sais
pas si an y gagne au change; c'est une question d'opinion, M. le
député de Lévis. C'est la vôtre. M. le
secrétaire, voulez-vous noter que le député de Frontenac
remplace le député de Saint-Louis?
M. Garon: Je voudrais poser une question au...
Le Président (M. Lemieux): Au député de
Frontenac?
M. Garon: Au parti ministériel.
Le Président (M. Lemieux): Voyez-vous, qui dit mot ne
consent pas nécessairement.
M. Garon: Le député de Mille-Îles dit que
vous allez y gagner au change.
Le Président (M. Lemieux): Sur ce, j'inviterais le porte-parole
de l'Opposition... Dans le présent cas, à la demande du
député de Bertrand, j'ai consenti que le temps consacré au
porte-parole de l'Opposition soit divisé. Tout récemment, il y a
eu des changements dans l'Opposition, et je pense qu'il est tout à fait
équitable et juste de permettre à M. Parent de s'exprimer en
partie et de faire ses observations sur le rapport du Vérificateur
général. M. Parent, le temps total est quand même de quinze
minutes. Je vous laisse la parole et, ensuite, je donnerai la parole au
député de Lévis. M. le député de
Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je remercie
aussi les membres de cette commission d'accepter que, finalement, je partage ce
temps de quinze minutes avec mes collègues. Le député de
Lévis et, sûrement, le député d'Abitibi-Ouest ainsi
que la députée de Chicoutimi pourront soulever certains points de
ce rapport. (10 h 30)
Dans un premier temps, je suis très heureux de voir que le
Vérificateur général, après une longue absence,
apparaît finalement devant cette commission. Je souhaite que les membres
de cette commission, comme cela semble être certainement leur
volonté, fassent en sorte que le Vérificateur
général puisse comparaître de façon plus
régulière que dans le passé. Je ne voudrais pas
blâmer qui que ce soit, je n'étais pas là, mais je pense
que le Vérificateur général se doit de comparaître
devant les membres de cette commission, devant les élus, parce que nous
avons plusieurs questions à lui poser. Je trouve qu'une journée,
c'est très peu, mais voilà un bon départ.
Comme le temps est limité, je ne pense pas que, pour nous, de
l'Opposition, il s'agisse d'entrer dans les moindres détails.
Par contre, nous avons plusieurs préoccupations quant à la
présentation de votre rapport, particulièrement dans les
premières parties, aux pages 16, 17 et 18, concernant les coudées
franches que le Vérificateur général réclame et se
doit d'avoir et aussi concernant la question des ressources humaines puisque,
comme vous le mentionnez, dans une période où on passe par des
resserrements, des restrictions budgétaires, s'il y a quelque chose
d'important à mon point de vue, c'est que là où la
vérification doit se faire, elle se fasse avec toutes les ressources
nécessaires afin que n'échappent pas au gouvernement, finalement,
des procédures importantes, particulièrement en ce qui concerne
l'ensemble des ministères et aussi les sociétés
d'État.
Il y a beaucoup de matière dans ce rapport et nous aurons
certainement la chance, aujourd'hui, d'aller beaucoup plus en profondeur sans
faire, comme je l'ai mentionné, du cas par cas. Je pense aussi que les
parlementaires veulent de plus en plus jouer le rôle qui leur est
dévolu, c'est-à-dire être capables d'interroger les
changements apportés au cours des deux dernières années,
et que vraiment on commence à voir les résultats maintenant quant
à la nouvelle façon de tenir la comptabilité. La
façon de présenter les états financiers est un changement
majeur à mon point de vue qui se reflète finalement, dans la
population, dans ce qui est l'image des comptes publics.
Le Vérificateur général a, à mon point de
vue, un rôle de premier plan pour faire ressortir ce qui fonctionne et ce
qui ne fonctionne pas. Et nous, ici, en commission parlementaire avons à
scruter afin qu'il puisse nous donner les explications requises. Aujourd'hui,
pour ma part - et c'est certainement la même chose de la part de mes
collègues - je vous poserai certainement beaucoup de questions parce
qu'il y a, non pas des choses nébuleuses, mais des choses qui
méritent certes d'être éclaircles.
Je termine en disant que nous allons faire ce travail de façon
très positive et que je pense qu'il faut faire abstraction de toute
partisanerie politique, puisqu'il s'agit des comptes publics et qu'il s'agit
d'avoir le meilleur éclairage possible dans un esprit de travail
constructif, et ce afin qu'au sortir de cette journée, M. le
vérificateur, M. le Président, on ait des outils, des
recommandations et les informations qui nous manquent actuellement pour bien
comprendre le rôle qui nous est dévolu, soit d'apporter cette
surveillance, un rôle qui n'est particulièrement pas facile
à cause du nombre très limité d'heures mises à
notre disposition. Aujourd'hui, pour moi et mes collègues, c'est une
première approche qui se veut des plus constructives.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le député de
Lévis,
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, au cours des dix
dernières années, le rapport annuel du Vérificateur
général n'a jamais fait l'objet d'une étude en commission
parlementaire, sauf en 1980 où une partie seulement du rapport a fait
l'objet de considérations en commission parlementaire. Cette
année donc, l'audition du Vérificateur général
devant la commission du budget et de l'administration constitue un
événement.
Il est étonnant que les parlementaires n'aient pas porté
plus d'attention au rapport annuel du Vérificateur général
alors qu'en même temps, on parlait beaucoup dans le parlement de
revalorisation du rôle de député. Pourtant, le rapport
annuel du Vérificateur général constitue un outil
privilégié pour affermir le contrôle des parlementaires -
je dis bien des parlementaires - sur les fonds et autres biens publics. Les
nouvelles règles de procédure prévoient que c'est la
commission de l'Assemblée nationale qui doit entendre le
Vérificateur général une fois par année. La
commission de l'Assemblée nationale a toutefois donné le mandat
d'étudier ce rapport à la commission du budget et de
l'administration. Il faut espérer que l'expérience de cette
année sera la première d'une longue série et, en fin de
compte, une nouvelle tradition.
Malgré le voeu de plusieurs députés, les
sous-ministres ne seront pas présents à cette audition. Au moment
où l'on parle de plus en plus d'imputabilité des administrateurs,
ceux-ci devraient aussi être présents, autrement, tout cela, c'est
du "placotage", si on peut parler d'imputabilité pour les anges. Mais,
dans le fond, ceux qui sont imputables, ce sont les fonctionnaires, les hauts
fonctionnaires viennent ensuite, selon la ligne hiérarchique. Mais si on
parle d'imputabilité et que ceux qui sont imputables ne peuvent
même pas venir répondre de leurs gestes, alors, tout cela demeure
de la théorie et du "placotage", à toutes fins pratiques et un
peu une perte de temps. Même si on ne veut pas que les gens viennent
répondre, les hauts fonctionnaires, les sous-ministres, qu'ils viennent
répondre eux-mêmes de leur administration, et on fera de cette
façon beaucoup mieux la démarcation, parce que, trop souvent, on
impute aux politiciens... Il y a un point, je pense, que l'on va étudier
dans les prochaines heures, par exemple, l'informatique. On ne connaît
pas beaucoup de ministres ou de députés qui sont des
spécialistes en informatique, mais je pense qu'il serait bon justement
quand il y a des erreurs d'informatique de faire paraître ceux qui en
sont les responsables: les fonctionnaires. Ce ne sont pas des décisions
politiques, le choix d'un système d'informatique plutôt que tel
autre, ce sont des décisions administratives qui passent par plusieurs
paliers administratifs. Si on ne fait pas comparaître les fonctionnaires
qui ont pris ces décisions pour leur poser des questions, il n'y a pas
d'imputabilité et on tourne en rond à ce point de vue-là.
On essaie, au fond, de donner une perspective politique à des questions
qui n'en n'ont pas véritablement.
Une véritable perspective politique, ce serait de ne pas faire
venir les fonctionnaires devant cette commission pour répondre de leurs
actes. Alors, c'est pourquoi, je dis que si on veut parler
d'imputabilité des administrateurs, ceux-ci devraient aussi être
présents ne serait-ce que pour permettre aux députés
d'avoir les deux côtés de la médaille et ainsi de se faire
une meilleure opinion. Parce que encore là, dans les questions qui
touchent le Vérificateur général, il y a des questions
d'opinion, des questions, je dirais, qui sont presque des postulats ou des
axiomes selon qu'on a à les démontrer ou non.
Il y a aussi des questions d'opinion. Le Vérificateur
général peut dire: Je pense telle chose et les administrateurs
dire: Nous pensons autre chose pour d'autres raisons, et, selon les motifs de
chacun, les deux auraient raison. Il y a un choix à faire en fonction
des questions d'opportunité. Je pense, encore là, qu'il serait
bon que les gens puissent venir devant nous discuter de cette
question-là, au fond, pour démystifier aussi des questions qui
parfois ne sont pas si compliquées que cela, mais qui, derrière
un langage d'institution, prennent une valeur presque infinie.
Il est à noter que le Vérificateur général
souhaite lui aussi la participation des fonctionnaires à la commission.
Dans son rapport, il fait le commentaire suivant: "On peut au moins avancer -
à la page 18 - que ce dernier - le Vérificateur
général n'aurait pas à pointer du doigt, année
après année, les mêmes lacunes importantes s'il ne manquait
pas toujours un maillon à la chaîne d'imputabilité,
à savoir la convocation des gestionnaires en commission parlementaire,
lors de l'étude du rapport annuel du Vérificateur
général. "
On peut toutefois comprendre que les administrateurs de l'État
soient réticents à l'idée de répondre de l'heure
juste devant une commission parlementaire. La peur d'être
piégé par un débat politisé ou trop politisé
peut s'expliquer. Toutefois, les règlements de l'Assemblée
nationale prévoient des mécanismes qui, s'ils sont bien
utilisés, pourraient vaincre cette méfiance. On a peur que les
politiciens fassent de la politique. Les politiciens sont là pour faire
de la
politique, pourquoi s'excuseraient-ils de faire de la politique? La
politique, il n'y a rien de mal là-dedans, il n'y a rien de
méchant là-dedans et ce n'est pas parce que les gens font des
discussions politiques sur des choix de la société ou des choix
d'orientation, qu'il y a quelque chose de mal là-dedans. Le fait de
choisir, il n'y a rien de mal là-dedans, à condition que tout
cela soit débattu correctement.
Un fait demeure, l'imputabilité des gestionnaires est un
élément important d'une bonne gestion. La chose sera sans doute
rendue plus facile dans la mesure où la discrétion administrative
sera elle-même encadrée et qu'elle fera l'objet d'une
véritable reddition de comptes dont parlait Louis Bernard dans
Réflexion sur l'art de se gouverner à la page 124.
On peut toutefois comprendre que cette année soit une
première année et que certains soient craintifs. Toutefois,
lorsque l'audition du Vérificateur général sera
terminée, les parlementaires pourraient bien voir la
nécessité de convoquer les gestionnaires de l'État pour
obtenir une information complète. Je pense que ce serait souhaitable, et
il n'est pas nécessaire que cette journée soit la seule. À
mon avis, une des conclusions de cette commission serait justement de demander
que ce soit un ajournement pour qu'on puisse continuer les débats
puisqu'en plusieurs endroits on dit justement que la commission siège
même à l'année. À certains endroits des comptes
publics, on a parlé de commissions qui siègent à
l'année comme en Ontario. Comme le nouveau gouvernement est un grand
imitateur de l'Ontario, qu'il admire beaucoup l'Ontario, cette tradition
pourrait probablement s'instaurer, à savoir que la commission des
comptes publics ou la commission du budget et de l'administration siège
d'une façon un peu permanente. Ce serait sans doute la meilleure
garantie pour le public, pour les parlementaires, dont c'est la fonction, et
aussi pour le gouvernement, parce qu'un vieux proverbe grec - c'est le seul
dont je me rappelle dit: Tou théou phobos arkhè sophias. La
crainte de Dieu est le commencement de la sagesse.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je vous remercie. Je ne suis peut-être pas toujours
d'accord avec vous, mais permettez-moi de vous dire que je suis de ceux qui
croient aussi que l'imputabilité ne doit pas être strictement un
sujet de discussion pour la fonction publique. Je crois que la haute fonction
publique ne doit pas être à l'abri d'avoir à rendre des
comptes aux parlementaires et à la population. Je crois
sincèrement que le principe mérite effectivement qu'on s'y
attaque. Sur ce, je laisserai la parole au député de
Mille-Îles, représentant ministériel.
M. le député de Mille-Îles, s'il vous
plaît.
M. Jean-Pierre Bélisle
M. Bélisle: Merci, M. le Président, D'abord,
bienvenue, M. le Vérificateur général, MM. les
Vérificateurs généraux adjoints ainsi qu'à toute
l'équipe qui les seconde. Un "flash" m'est passé à
l'esprit lorsque je vous ai vu ce matin dans cette salle. J'ai dit à
quelqu'un d'autre: Le Vérificateur général n'a pas
dû dormir au cours des deux derniers mois, tout heureux qu'il
était peut-être d'imaginer, dans son esprit, le film de ce qu'on
allait vivre comme événement aujourd'hui, étant
donné qu'il y a tellement longtemps que vous attendez cette
journée, M. le vérificateur. Je partage votre attente
également et l'expectative que vous aviez vis-à-vis de cette
attente.
Je voudrais d'abord replacer le fait que le parti ministériel
soit d'emblée d'accord et enthousiaste avec le fait que vous soyez
devant nous aujourd'hui. Quand on y pense sérieusement, ceia fait partie
de toute l'attention qu'on a portée aux finances publiques depuis
l'élection du 2 décembre 1985. Peut-être que, pour
certains, il s'agit d'un dada ou d'une sorte de grosse balloune mais pour nous,
du parti ministériel, il semble important de prendre beaucoup de soin
à replacer dans la bonne voie le navire de l'État sur le plan
financier, et vous jouez, avec votre équipe, un rôle essentiel
à cet égard. Vous êtes, en somme, le chien de garde de tout
ce qui se dépense au gouvernement et vous faites la vérification
de toutes tes données comptables du gouvernement. (10 h 45)
Si le gouvernement qui est en place ne veut pas écouter celui qui
est payé à même les fonds publics pour faire la
vérification, c'est comme si une entreprise privée était
obligée, par la loi, de produire des états financiers chaque
année et d'engager, à grands frais, une firme de comptables
agréés pour faire produire des états financiers
vérifiés et qu'à un certain moment le vérificateur
dise aux membres du conseil d'administration de cette entreprise: J'ai des
commentaires supplémentaires à vous soumettre. Mais que
l'entreprise dise: Non, je suis satisfaite simplement de la publication de
votre rapport; j'ai satisfait aux exigences de la loi. Je pense que pas une
seule entreprise en Amérique du Nord, au Canada ou au Québec ne
procéderait de cette façon. Je suis très heureux de vous
revoir ici, aujourd'hui, et je veux surtout souligner, au départ de
cette démarche, le fait que vous soyez avec nous et que nous, du parti
ministériel, nous sommes très heureux de vous voir, car cela
entre dans notre ligne de
pensée de collaborer avec vous, parce que vous êtes un
outil et un rouage essentiel à notre philosophie d'administration plus
saine des finances publiques au Québec.
Le deuxième volet important à noter pour aujourd'hui,
c'est qu'on va peut-être permettre au monde normal, moyen et raisonnable,
à l'homme de la rue, par une certaine couverture dans les médias,
de démystifier un peu ce qui semble pour plusieurs d'une
complexité extraordinaire, c'est-à-dire les finances. Quand on
parle de milliards, les gens ne comprennent plus; quand on parte de millions,
certaines gens sont même incapables de mettre le zéro ou le point
au bon endroit. Je pense que c'est le but que l'on recherche aujourd'hui, la
démystification, dans une première étape. Et il ne s'agit
pas là d'essayer de tout régler d'un seul coup, alors qu'au cours
des dix dernières années on ne vous a pas entendu, mais
d'envisager une étape d'imputabilité, c'est-à-dire de vous
dire, comme le député de Lévis a dit tantôt, M. le
Président, que cet exercice est futile si on n'a pas avec nous les
fonctionnaires, c'est-à-dire la ligne de hiérarchie, les cadres
qui doivent répondre. Je suis d'accord avec cette position, mais avant
la commission a convenu de procéder par étape. C'est comme si on
avait lu, au cours des dix dernières années, les livres
publiés par un auteur connu sur le marché, qu'on n'avait jamais
rencontré l'auteur et qu'on avait l'occasion, à un certain moment
donné, de le rencontrer, de faire d'abord sa connaissance, car il faut
apprendre à se connaître. On va échanger et ensuite on
pourra peut-être parler d'avenir. Quant à l'avenir, M. le
Président, je pense que la commission a été très
explicite la semaine dernière à ce sujet, contrairement à
ce qu'a dit mon collègue de Lévis.
Sujet apparaissant au rapport annuel -je cite un document de la
commission - du Vérificateur général à
l'Assemblée nationale qui pourrait faire l'objet de discussions lors
d'une première réunion de la commission du budget et de
l'administration avec le Vérificateur général. On a
également une série de sujets pour lesquels seraient
convoquées les dirigeants et gestionnaires supérieurs des
ministères et organismes gouvernementaux. On veut suivre deux
étapes avec vous, aujourd'hui; an veut procéder à un
échange, se réunir entre nous par la suite, décider des
cibles, des organismes, des ministères concernés et des
sociétés d'États et, par la suite - je suis sûr que
vous serez présent lorsqu'on fera la chaîne d'imputabilité
- on ira voir si vos commentaires et recommandations ont été
entérinés et mis de l'avant par les ministères ou les
sociétés d'État concernés. Je mets un peu de
côté, M. le Président, le commentaire de mon
collègue, le député de Lévis.
Une autre remarque préliminaire importante. Rappelons-nous que
c'est en 1970, par la loi 55, que votre organisme a été
créé, celui du Vérificateur général.
C'était, à l'époque, sous un gouvernement du Parti
libéral du Québec. Nous attachions à ce moment-là
une énorme importance à la gestion des finances publiques. C'est
étrange, encore une fois, qu'en 1987, alors qu'on ne vous a pas entendu
pendant dix ans, ce soit encore sous un gouvernement du Parti libéral du
Québec qu'on s'occupe de sous et de dollars et qu'on vous
écoute.
Il n'y a jamais eu, au cours des années aussi, depuis 1970, un
dépoussiérage en règle de votre rôle, de vos
pouvoirs et de la façon dont vous exercez vos pouvoirs. Je lisais
tantôt l'article 22 de votre loi constitutive et j'aurais un tas de
questions à ce sujet aujourd'hui. "Le Vérificateur
général a compétence en matière de
vérification ou d'enquête se rapportant: "1. aux fonds et autres
biens publics; "2. aux services, aux fonds et autres biens transmis sous forme
de subventions accordées par un organisme public ou par un organisme du
gouvernement. "
Le pouvoir d'enquête vous est confié en vertu de la loi.
Est-ce que ce serait souhaitable que, dans certains cas, vous l'exerciez?
Serait-il souhaitable, d'autre part, que vous l'exerciez en collaboration
peut-être avec la commission du budget et de l'administration,
peut-être, même, avec d'autres commissions de l'Assemblée
nationale si on veut réellement donner aux Québécois une
gestion plus serrée de leurs finances? Toutes ces questions vont
défiler au cours de la journée. Il y a une foule de questions
qu'on pourrait se poser.
Prenons simplement la liste des sujets choisis. Il y avait sept sujets.
La loi-cadre sur le contrôle des entreprises du gouvernement. Vous avez,
de façon répétée, depuis quelques années, M.
le Vérificateur général, souligné qu'on ne pouvait
pas laisser, éternellement, en dehors du compte général de
la comptabilité gouvernementale et des états financiers
gouvernementaux, des entreprises qui appartenaient à l'État sous
forme de placement, sans aussi tenir compte des pertes ou des profits
d'exploitation de ces entreprises d'État. Mais, ça va plus loin
que cela. Je pense que présentement nous avons corrigé cela, et,
après les derniers discours sur le budget, c'était l'intention du
gouvernement libéral de corriger cet état de fait.
Vous nous direz tantôt si cela vous semble conforme à ce
que vous aviez écrit dans vos précédents rapports. Cela va
plus loin qu'une loi cadre. Si, au cours des x dernières années,
nous avons laissé au Québec, nous, des créatures du
gouvernement du Québec, des sociétés d'État,
à coups de millions de
dollars et de centaines de millions de dollars, créer des,
déficits sans aucun contrôle même administratif, une fois
qu'ils ont eu les pleins pouvoirs et la pleine capacité juridique, il
faut peut-être commencer à se demander si on ne devrait pas avoir
cette loi-cadre. Concernant les conventions comptables du gouvernement,
également, je me souviens que le député de Lévis,
M. le Président, lors des débats à l'Assemblée
nationale le 11 mars 1987 concernant le projet de loi 129 et le projet de loi
130, avait certains problèmes de compréhension relativement aux
comptes à payer qu'on laissait flotter depuis x années, à
la fin de l'exercice financier.
Le Président (M. Lemieux): Sur une question de
règlement, M. le député de Lévis. Quel article du
règlement, s'il vous plaît, M. le député de
Lévis?
M. Garon: L'article du règlement 200...
Le Président (M. Lemieux): Quel article? Article 200... Articles
211 ou 213?
M. Garon: Article 211 au 213, je ne me souviens plus du
numéro. Le député de Lévis avait tellement raison,
M. le Président, que le ministre des Finances a changé tous les
articles de la loi 129, même ses notes explicatives.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît, ce n'est pas une question de
règlement. C'est une question d'opinion et d'argumentation.
M. Garon: La loi a été changée.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, vous avez la parole.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Ce que j'essaie
de dire tout simplement, c'est que, maintenant, la nouvelle procédure,
à la suite de la loi 129 et de la loi 130 donne aux
Québécois une meilleure gestion, une meilleure
compréhension de ce qui se passe, et forcera, quels que soient le
gouvernement et les membres du cabinet de n'importe quel gouvernement, à
mieux administrer, entre autres, à éviter qu'un ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation traîne des
comptes à payer, impayés, de 2 181 200 $ pendant x années
sans les inscrire dans ses colonnes. Je cite les...
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je veux dire que j'ai beaucoup de difficulté
à comprendre dans quel contexte se situe l'intervention
ministérielle. Vous avez manifesté à plusieurs reprises
que vous souhaitiez qu'on fasse un travail sérieux. Ce ne sont que des
références partisanes comme il est seul capable d'en faire. Je le
croyais un peu plus sérieux ce matin. Le travail qu'on veut regarder,
c'est celui du Vérificateur général et de l'obligation de
vérifier les comptes publics. Mais là ce n'est pas cela du tout.
C'est constamment des applications au des références qui portent
à débat parce qu'il a dit des choses tantôt que j'ai prises
intégralement. J'aurais pu les relever, faire un historique en disant:
Écoutez, nous autres aussi, nous avons la préoccupation des
comptes publics. Il y a toujours eu un vérificateur et cela nous
intéressait.
Ce n'est pas ce qu'on veut savoir ce matin. S'il n'a rien à dire
dans ses quinze minutes, il n'est pas obligé de les utiliser. S'il veut
parler, au cours de ses quinze minutes de ce qu'on va faire comme travail en ce
qui concerne le Vérificateur général, j'en suis. Mais il
me semble, ce matin, que ce n'est pas le moment de camper le travail qu'on veut
faire dans une optique aussi partisane. Il y a eu pas moins de sept
références; nous du Parti libéral, cela s'est fait lors du
Parti libéral... Ce n'est pas le Parti libéral qu'on entend ce
matin, c'est le Vérificateur général. Ce n'est pas pareil.
En tout cas, je pense que ce n'est pas pareil. J'aimerais que, en ce qui a
trait au vérificateur, on puisse l'interviewer pour montrer... Ce n'est
pas ça qu'on veut discuter et il me semble que c'est complètement
en dehors de l'esprit de la séance de travail...
Le Président (M. Lemieux): M. le député...
M. Gendron:... de ce que vous avez indiqué en remarques
préliminaires et, si c'est pour être comme ça, je veux
dire, on peut suspendre. Il fera son "show". Après cela, on reviendra
entendre le Vérificateur général.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, vous connaissez tout aussi bien que moi la jurisprudence
relativement au critère de la pertinence. Vous n'êtes pas sans
savoir que ce qu'a dit le député de Mille-Iles, à partir
du moment... Et je dois lui donner une interprétation qui soit large,
libérale, et qui assure l'accomplissement de son objet. Vous connaissez,
comme moi, l'article 30 de la Loi d'interprétation. Pour autant que cela
a une incidence sur le rapport du Vérificateur général,
même si cela porte à tergiversations, vous savez tout aussi bien
que moi que je ne peux empêcher le député de
Mille-Îles de se référer à ces propos ou de les
aborder. Si cela n'avait pas une incidence sur le rapport du
Vérificateur général ou un lien direct avec ce
rapport,
soyez assuré que je ne laisserais pas le député de
Mille-Îles tenir des propos qui porteraient à tergiversations.
Là-dessus, je vais faire respecter l'ordre, tant du
côté ministériel... Je serai peut-être beaucoup plus
susceptible de le faire du côté droit que je pourrais l'être
du côté gauche... Peut-être plus à droite qu'à
gauche... Soyez assurés que, dans le présent cas, j'ai bien
écouté les propos du député de Mille-Îles,
conscient que cela porte à tergiversations, mais ils sont tout de
même pertinents puisqu'ils ont une relation avec le rapport. Vous le
savez fort bien, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. le député de Mille-Îles, vous pouvez
continuer.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Loin de moi, M.
le Vérificateur général, de vouloir me limiter à un
cadre partisan, mais je pense que ce qui doit être fait, c'est de
préciser vos commentaires passés dans vos derniers rapports, de
voir aussi l'évolution actuelle de ce que le gouvernement en place a
fait de vos recommandations et, de voir aussi, d'autre part, si vous constatez
ou si vous considérez que c'est un pas en avant que d'avoir
appliquées partiellement, en totalité ou pas du tout vos
recommandations.
Ce que j'essaie de faire dans mes remarques préliminaires, c'est
de regarder les récents rapports que vous avez faits. Je
m'aperçois qu'en ce qui concerne les comptes à payer, la
vérification comptable, tes normes comptables générales,
nous suivons, en grande partie, vos recommandations. Je pense que c'est un bien
pour l'Assemblée nationale et pour les Québécois.
Maintenant, il y a de nombreux autres sujets qui seront traités
aujourd'hui. Je ne veux pas tous les passer dans la liste qui nous a
été soumise, mais je suppose qu'on va se poser des questions.
Tantôt, quelqu'un soulevait un point, à savoir qu'on devrait
peut-être se réunir sur une base annuelle. C'est peut-être
une excellente idée, mais il ne faut pas tomber dans l'excès
contraire. Les autres provinces canadiennes ont des comités des comptes
publics et leur seule fonction consiste à analyser, à regarder en
détail les dépenses faites avec le Vérificateur
général.
Ce n'est pas du tout l'objet de la réforme parlementaire de 1984.
La commission du budget et de l'administration a d'autres fonctions que cela.
C'est sûr qu'aujourd'hui, nous sommes avec vous pour faire un travail qui
n'a pas été fait dans le passé. Je ne voudrais pas que la
commission du budget et de l'administration se transforme par la suite, en un
organisme qui va suivre, avec vous, M. le Vérificateur
général, chaque journée, les dépenses des
organismes et qui va faire la vérification après le fait, comme
cela se fait, de façon systématique, dans toutes les autres
provinces canadiennes. Je pense que ce n'est pas là la solution. Mais,
peut-être y a-t-il une autre solution de collaboration que l'on peut
trouver quelque part. Je peux peut-être soulever un exemple qu'on a tous
vécu ici, à la commission du budget et de l'administration, au
cours de la dernière année... Vous avez parlé
tantôt, M. le Vérificateur général, d'autres
pouvoirs qu'a l'Assemblée nationale, tels les mandats de contrôle
et de surveillance. Je pense que c'est à cela que vous faisiez
référence. La commission du budget et de l'administration en a
étudié un qui a pris une année. Cette étude
touchait un des organismes les plus puissants du Québec: la Commission
des valeurs mobilières du Québec.
Une des questions à se poser aujourd'hui, c'est de savoir s'il
n'y a pas un intérêt marqué pour que vous nous accompagniez
dans notre démarche...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste deux minutes, M.
le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Je pense que ce serait positif si on pouvait
faire la jonction entre les deux. Si une commission à l'Assemblée
nationale veut faire un travail sérieux, non pas simplement sur le
contenu des politiques ou sur ce qui est inscrit dans une loi comme pouvoirs
qui sont accordés à un organisme, mais peut-être aussi
procéder, en même temps, à l'examen de la gestion et de la
vérification de ce qu'un organisme fait, là, je verrais
peut-être doublée ou décuplée la force de
contrôle, de surveillance d'une commission. Je pense que c'est une
question qu'il faudrait se poser. Est-ce qu'on est prêt à faire
cela? Est-ce qu'on peut le faire et dans quelle mesure vous pouvez nous
être d'une certaine utilité? Je sais, M. le Président, que
le Vérificateur général a suivi les travaux que la
commission du budget et de l'administration a réalisés au cours
de la dernière année relativement à la Commission des
valeurs mobilières du Québec. (11 heures)
En conclusion, M. le Président, c'est sûr que la grande
question, c'est le chaînon manquant ou la maille manquante dans la
chaîne. Les fonctionnaires, les cadres doivent être responsables
vis-à-vis de quelqu'un. Peut-être le sont-ils responsables en
réalité, à toutes fins utiles, devant l'Assemblée
nationale et peut-être, beaucoup moins à cause de la
disponibilité de temps devant les membres d'un cabinet ou du cabinet qui
s'occupe de l'élaboration des grandes politiques? C'est peut-être
une des conclusions qu'on doit tirer de l'administration moderne, que ce soit
pour les commissions scolaires, les universités, les hôpitaux,
etc... Lorsqu'une subvention est
émise, il faut trouver une nouvelle façon de s'assurer
qu'il y a un contrôle de la dépense, après le fait. Notre
système n'a pas prévu en ce moment ce mécanisme de
contrôle, que vous pouvez peut-être trouver d'une très
grande utilité.
Le Président (M. Lemieux): C'est terminé, M. le
député de Mille-Îles, je m'excuse.
M. Béiisle: D'accord. Alors, je remercie M. le
vérificateur ici présent et j'anticipe la journée avec
beaucoup de plaisir.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Bertrand, vous avez demandé la parole?
Période de questions
M. Parent (Bertrand): Oui, puisque nous sommes là pour
entendre le Vérificateur général, on va avoir des
questions à lui poser pour en connaître un peu plus sur ce qu'il y
a d'écrit dans le rapport. J'ouvrirai simplement une parenthèse,
avec votre permission, M. le Président. J'ai trouvé
déplacés les propos de mon collègue, le
député de Mille-Îles, et j'espère que, lors du
débat, aujourd'hui, l'échange va se tenir au-dessus de la
partisanerie politique puisqu'on est là pour profiter au maximum de la
présence du Vérificateur général et de ses
collègues qui l'accompagnent.
Dans le cadre de la présentation de votre rapport j'aimerais, M.
le Vérificateur général, que vous puissiez nous dire, de
façon un peu plus explicite, ce que vous entendez lorsqu'à la
page 16 de votre rapport vous mentionnez: "On a pu noter une tendance qui se
dessine à l'heure actuelle et qu'il nous faut nous empresser de
dénoncer. " Alors il s'agit, en effet... "On a entrepris de confier des
contrats de vérification là où la loi désigne
nommément le Vérificateur général en des
matières qui sont de sa compétence. Cette initiative, bien que
son objectif puisse être louable en soi, va à rencontre du voeu du
Parlement... " J'en conviens...
Une voix: Quel est le paragraphe?
Contrats de vérification confiés à des
consultants
M. Parent (Bertrand): Oui, il s'agît, à la page 16,
du troisième paragraphe, si l'on veut... J'aimerais savoir de la part du
Vérificateur général, dans ce cas en particulier, si cela
s'est produit à plusieurs reprises et de quelle façon vous
entendez y remédier? Cela fait partie d'une question très large
que je vais aussi vous poser concernant toute cette indépendance de la
fonction; ce que vous proposez dans vos remarques préliminaires
c'est-à-dire d'avoir, ce que j'ai appelé dans la
présentation de , départ, les coudées franches, que le
Vérificateur général ne se sente pas assujetti de quelque
façon directe ou indirecte, qu'il puisse en tout temps être
capable de faire son travail et faire les rapports en conséquence.
J'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): M. le
Vérificateur général.
M. Chatelain: Merci M. le Président. Tout d'abord,
concernant le commentaire où on mentionne que nous avons noté une
tendance selon laquelle certaines entreprises, assujetties à la
vérification du Vérificateur général, confient des
mandats à d'autres vérificateurs, mais qu'il ne s'agit pas de
mandats qui sont confiés en ce qui a trait à la
vérification annuelle. Il faut s'entendre. Le Vérificateur
général est le vérificateur d'office, dans plusieurs cas,
on ne peut pas dire que les entreprises nomment d'autres vérificateurs
pour tout simplement remplacer le Vérificateur général.
Mais, il arrive que le mandat du Vérificateur général
depuis 1985 est très large. Il a un mandat de vérification
intégrée, ce qui comprend l'optimisation des ressources. Alors,
dans certains cas, on note que, lorsque nous planifions une vérification
d'optimisation des ressources, c'est que certaines entreprises peuvent avoir la
tendance ou du moins la tentation de confier des mandats à certains
conseillers, à des consultants, à des vérificateurs tout
simplement pour faire un déblayage ou encore pour faire une
vérification avant que nous arrivions.
Ce qui arrive à ce moment-là, comme nous disons, c'est
bien louable. C'est louable qu'une vérification d'optimisation des
ressources soit faite, bien sûr, mais à ce moment-là, on se
demande si cela devient une tactique tout simplement pour
précéder les interventions du Vérificateur
général, vous comprenez. C'est arrivé dans deux ou trois
cas. Nous ne pouvons pas dire qu'il s'agit d'abus flagrants, mais
c'était quand même assez important pour que nous le signalions
tout simplement dans notre rapport annuel. Si le fait que les entreprises
voulaient empêcher le Vérificateur général d'une
façon ou de l'autre de faire son travail devenait une tendance
répandue en disant tout simplement: Bien écoutez, ceci a
été vérifié et vérifié de nouveau et
nous avons eu des recommandations, nous sommes à les implanter, etc.,
cela ne devrait pas vous intéresser, M. le Vérificateur
général. Vous savez que la crainte c'est que le
Vérificateur général, lors de ses travaux de
vérification, fasse des constatations qu'il porte ensuite à
l'attention de l'Assemblée nationale. Cela
peut devenir une tactique pour que certaines choses ne soient pas
portées à l'attention de l'Assemblée nationale. C'est
cela. Il ne faudrait pas que les entreprises contournent la loi tout simplement
en confiant des mandats à d'autres vérificateurs, là,
où c'est le Vérificateur général réellement
qui est le vérificateur.
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'on pourrait avoir de façon
plus précise quelques cas qui se sont produits pour bien comprendre ce
que vous mentionnez? Certains exemples précis de type de recommandations
de vérificateurs externes qui ont pu être mandatés et qui
auraient pu jusqu'à un certain point amener te Vérificateur
général à avoir, un peu, les mains attachées et
être placé devant une situation de fait. Est-ce qu'il y a moyen
d'avoir des noms d'organismes très précis afin qu'on puisse bien
visualiser à partir d'exemples?
M. Chatelain: M. le Président, nous avons
préféré ne pas les mentionner ici. Comme j'ai
essayé de le signaler, il s'agit plus ou moins d'une zone grise.
Voyez-vous le mandat du Vérificateur général c'est un
mandat de vérification au départ, c'est clair, évidemment,
quand on parle de vérification d'optimatisation des ressources, on
s'approche - je ne dis pas que nous y sommes - de la consultation parce
qu'à la suite d'une vérification d'optimisation des ressources,
nous faisons des recommandations tout comme un consultant ou un conseiller le
ferait. Si l'entreprise donne un mandat de consultation tout simplement pour
obtenir des recommandations en vue d'améliorer la gestion, cela devient
une zone grise. Est-ce que cela fait réellement partie du mandat du
Vérificateur général ou non? Nous sommes peut-être
en train de jouer sur les mots ou, un peu plus, sur des questions de
sémantique. Comme il s'agit de zones grises, je
préférerais ne pas mentionner ces cas. Je peux assurer la
commission que, si cela nous cause des embêtements dans le sens que j'ai
signalé tantôt, on le mentionnera dans notre rapport annuel, c'est
sûr.
M. Parent (Bertrand): Que recommandez-vous sur ce point en
particulier pour qu'il soit clarifié, mis à part le fait de le
souligner dans le rapport et peut-être être obligés de le
faire dans le prochain rapport que vous rédigerez? Finalement, que
recommandez-vous qui soit mis ou tiré au clair de façon à
ce qu'il n'y ait pas cette répétition sauf des voeux pieux qu'on
peut mettre dans un rapport, pour que le gouvernement puisse agir en fonction
de cela?
M. Chatelain: Pour le moment, il s'agit tout simplement d'attirer
l'attention sur ce danger latent qui existe. Je crois qu'on peut arrêter
là. Vous savez cela devient quasiment un instrument de persuasion:
Prenez garde! N'essayez pas de vous substituer au Vérificateur
général et à son rôle.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, si j'ai bien
compris, chaque intervenant continue pour 20 minutes, est-ce cela? Alors,
toujours dans la même foulée, j'aimerais poser au
Vérificateur général - toujours a la page 16 de son
rapport - ce qu'est, pour lui, le fait d'être assujetti à
différentes fonctions ou pouvoirs du ministère des
Approvisionnements et Services, notamment dans le cas où vous avez
à vous approvisionner et à passer par la procédure. Tout
au bas de la page 16 et au début de la page 17, vous mentionnez que vous
n'êtes pas contre cette procédure. Par contre, vous voulez garder
absolument votre indépendance essentielle à l'accomplissement de
votre mandat. De façon pratique vous avez, j'imagine, parfois des
délais et des normes spéciales afin d'être capable de
procéder. Alors, par exemple qu'est-ce qui a pu se passer, depuis la
dernière année, qui vous a empêché... Quand cela
a-t-il pu se produire de façon à ce qu'à la suite de votre
commentaire concernant votre attachement à cette procédure quant
au ministère des Approvisionnements et Services, on puisse
définitivement faire la lumière de ce côté?
M. Chatelain: Avec plaisir, M. le Président. Dans Le
rapport nous signalons évidemment, la possibilité qui existe, qui
est présente à savoir que l'Exécutif pourrait assujettir
le Vérificateur général sur certains aspects de son
administration touchant la réglementation, non seulement la
réglementation, mais les actes mêmes de l'administration. Dans la
Loi sur le ministère des Approvisionnements et Services, on
prévoit justement que le ministre ou le gouvernement peut
désigner certaines personnes en plus des organismes et des
ministères du gouvernement auxquels la loi s'applique, c'est clair; il
peut étendre l'application de la loi et de ses diverses dispositions aux
personnes désignées par l'Assemblée nationale. Cela
comprend le Vérificateur général. Il est clair, c'est
reconnu et accepté par tout le monde, qu'une qualité essentielle,
un attribut essentiel pour un vérificateur, c'est l'indépendance
vis-à-vis du vérifié. D'accord? Nous vérifions
évidemment le ministère des Approvisionnements et Services; nous
vérifions le Service des achats et ainsi de suite. II est clair qu'il ne
faut pas que le vérificateur soit assujetti d'une façon ou de
l'autre à ces services.
D'autre part, comme nous l'avons signalé dans le rapport, nous
n'avons
absolument aucune objection à nous prévaloir des services
qui sont offerts par le ministère des Approvisionnements et Services, y
compris le Service des achats, dans le cadre d'un protocole d'entente librement
conclu entre le Vérificateur général et ces services.
C'est ce que nous avons fait. Le gouvernement n'a pas désigné le
Vérificateur général pour l'assujettir à cette
réglementation, il ne l'a pas fait; cependant, nous avons signé
un protocole d'entente, lequel protocle d'entente existait auparavant de toute
façon. Nous avons continué tout simplement à nous
prévaloir des services sans, quand même, être assujetti - il
faut comprendre - à l'administration dans ces cas-là. Nous
obtenons les services du ministère des Approvisionnements et Services
sans qu'il n'y ait un lien de préposition, si vous voulez, entre les
deux.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, de quelle
façon les experts ou les ressources professionnelles externes à
qui vous faites appel, de quelle façon ces groupes - la liste qu'on
retrouve par exemple à la page 231 de votre rapport - sont choisis?
Quelle est la procédure?
M. Chatelain: D'accord. C'est la procédure normale qui est
suivie au gouvernement. Nous suivons exactement la procédure qui est
suivie ailleurs, par exemple, la procédure prévue par le Conseil
du trésor à l'intérieur de la réglementation sur
les contrats d'honoraires professionnels. Je dois quand même amener une
précision tout de suite, c'est que, dans la Loi sur le
vérificateur général, il est prévu que le
Vérificateur général puisse se prévaloir d'une
réglementation qui est adaptée à son rôle, une
réglementation qui serait approuvée par le Sureau de
l'Assemblée nationale. Il y a eu une réglementation qui a
été préparée et approuvée par le Bureau de
l'Assemblée nationale et qui a été déposée
à l'Assemblée nationale. Cette réglementation est
récente. Auparavant, jusqu'à ces dernières semaines, nous
suivions tout simplement la réglementation qui est prévue pour
l'ensemble du gouvernement, ce qui veut dire que nous faisions appel à
Rosalie, par exemple, pour avoir des noms de bureaux de comptables, etc. Mais
il faut dire quand même que, dans certains cas, on doit faire appel
à des spécialités tout à fait précises et
qu'il n'y a pas certaines spécialités dans Rosalie. Par exemple,
la vérification intégrée, cela n'existe pas encore dans
Rosalie. Dans ces cas-là, vu que les spécialistes sont quand
même en nombre restreint au Québec, nous faisons appel à
ceux qui sont connus et on leur demande tout simplement de soumissionner.
Ressources internes et accomplissement du mandat
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le vérificateur. M. le
Président, à la page 17, on parle des ressources humaines et des
différentes ressources nécessaires pour l'accomplissement... Au
début de la page 18, vous mentionnez une chose qui, à mon avis,
est très importante. J'aimerais qu'elle puisse être
commentée: "S'il y a une chose qu'il ne faut pas diminuer en
période de rareté de ressources, ce sont bien les ressources de
la vérification. Celle-ci a pour vertu de mettre le doigt sur les
faiblesses de la gestion et, incitant à des améliorations, elle a
toutes les chances de rapporter au moins autant que ce qu'elle a
coûté. "
Pouvez-vous nous dire si vous avez actuellement les ressources
nécessaires pour bien faire ce travail? Sinon, quelles seraient pour
vous finalement ces ressources additionnelles? Et à quoi
serviraient-elles particulièrement? Est-ce qu'au cours - cela
s'enchaîne - de la dernière année, n'ayant pas eu ces
ressources, il y a un travail en profondeur qui n'a pas pu être fait?
M. Chatelain: M. le Président, j'apprécie la
question. Cela dénote bien l'intérêt que les
députés ont à ce que le vérificateur puisse
s'acquitter convenablement du mandat qui lui a été confié
par l'Assemblée nationale. (11 h 15)
II faut bien dire que le mandat du Vérificateur
général qui lui a été confié en 1985
représente une tâche énorme. Le vérificateur doit
quand même utiliser sa discrétion ou encore de beaucoup de
discernement quant aux interventions qu'il fait avec un mandat si large. Cela
veut dire que, si le vérificateur décidait d'appliquer ou
d'accomplir son mandat élargi partout où il y a
compétence, il n'y aurait peut-être pas suffisamment de ressources
au Québec pour qu'il puisse s'acquitter entièrement de ce mandat
en faisant, disons, de la vérification mur à mur.
Il y a, d'une part, une question de jugement et, d'autre part, une
question de discernement. Il y a une question de ressources disponibles
également. Ce que j'essaie de dire ici, M. le Président, c'est
que, dans un contexte de restrictions budgétaires, on demande au
Vérificateur général, c'est-à-dire qu'on ne lui a
pas imposé, qu'on l'a simplement invité, lui-même, à
restreindre l'augmentation de ses ressources.
Lorsque le projet de loi sur le Vérificateur
général - qui est devenu par la suite la Loi sur le
vérificateur général - a été discuté
en juin 1985 en commission parlementaire, j'avais indiqué, en
réponse aux questions, qu'il nous faudrait à peu près deux
ans avant que le Vérificateur général puisse
atteindre son rythme de croisière, si vous voulez, quant à
l'application de son nouveau mandat.
Eh bien! avec les restrictions budgétaires, c'est que,
plutôt que de l'atteindre ce rythme de croisière sur une
période de deux ans, nous sommes en train de l'atteindre - nous ne
l'avons pas encore atteint - sur une période de quatre ans,
peut-être, au lieu de deux ans.
Il y a, tout simplement, des questions de ressources non disponibles,
une question de discrétion et une question de ralentissement dans
l'implantation de ce nouveau mandat. Nous ne nous plaignons pas explicitement,
dans le rapport, de cette situation. Nous y faisons tout simplement allusion,
parce que le mandat que le Vérificateur général
détient, il le détient de l'Assemblée nationale. Et je
crois qu'il est de mon devoir de vous indiquer, messieurs de l'Assemblée
nationale, que le mandat qui m'a été confié, je ne
l'applique pas encore pleinement dans le contexte budgétaire actuel,
mais qu'il me faudra quatre ans pour l'implanter.
M. Parent (Bertrand): Mis à part le fait que certaines
ressources ne seraient pas disponibles, qu'est-ce qui ferait que vous pourriez
l'appliquer de façon plus accélérée et plus rapide
et réaliser pleinement le mandat qui vous est confié à
l'intérieur de la période de quatre ans que vous mentionnez?
Parce qu'en fait, en tant que parlementaires, notre préoccupation, c'est
d'avoir le meilleur portrait, le plus exact possible et aussi que vous alliez
mettre le doigt exactement là où il y a des lacunes dans le
système.
Ce serait un peu utopique de penser pour quelque gouvernement que ce
soit, qu'il n'y a pas de lacune, que tout fonctionne, que tout est bien, que
tout est merveilleux, parce que c'est un gouvernement de tel parti ou de telle
couleur.
Il y a, dans l'appareil gouvernemental, dans la machine, certainement
d'importantes lacunes. Certes, au moment où on se parle, il y a encore
beaucoup de choses dans lesquelles vous n'avez pas la chance d'aller en
profondeur. Ma préoccupation, c'est de dire: Est-ce qu'on peut... Parce
qu'il s'agit, dans bien des cas, non pas de milliers, mais de millions... On
parle de plusieurs sommes d'argent sûrement importantes qui
échappent à tout contrôle.
Si on prend comme exemple une entreprise... Si on parle d'une petite ou
d'une moyenne entreprise... Dans ce cas-ci, on parle d'une très grande
entreprise, soit celle de l'entreprise gouvernementale. Si on n'a pas vraiment
de la part du Vérificateur général tout l'éclairage
nécessaire, si on n'a pas de la part du Vérificateur
général toute la lumière qui doit être faite, par
exemple, au cours du prochain rapport, sur tout le dossier, par exemple, des
privatisations, les impacts qu'il a sur la rentrée de fonds par rapport
à la nouvelle présentation intégrée qu'on pourrait
avoir, à mon avis, on risque de manquer un peu le bateau. L'effet des
gestes posés par un gouvernement au cours des douze ou dix-huit derniers
mois devra se refléter aussi dans vos recommandations.
On sait que, déjà, vous-même, vous le notez. Il y a
des délais apportés dans la présentation des états
financiers, dans l'étude que nous en faisons et quant à toute
cette question des rapports. Je comprends que le système est lourd, mais
je trouve cela tout à fait aberrant qu'on se ramasse avec une situation
où on étudie le portrait douze ou dix-huit mois après le
portrait.
Si on veut que les chiffres disent quelque chose, il faudrait être
capable d'accélérer la machine. La preuve est faite dans
l'entreprise. Je ne verrais pas pourquoi elle ne se ferait pas au gouvernement,
afin que l'on puisse - je ne sais trop - dans les six mois qui pourraient
précéder la fin d'un exercice financier, être capable
d'avoir tout ce qu'il faut pour commenter. Comme c'est là, on en discute
pendant un an et demi, et nos commentaires portent déjà beaucoup
moins.
Il me semble d'autant plus important que, si on veut
accélérer ce processus, le Vérificateur
général puisse être capable, non seulement d'avoir les
outils, mais d'accélérer lui-même le processus pour aller
beaucoup plus en profondeur. L'exemple que je vous donne est effectivement
celui de tout le dossier sur les effets qu'aura la privatisation, entre autres,
l'impact sur le portrait financier du Québec.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général, brièvement, s'il vous plaît.
M. Chatelain: Merci, M. le Président. D'accord. Concernant
le retard, par exemple...
Le Président (M. Lemieux): Je veux dire une réponse
claire, nette et précise, M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: Oui, d'accord. Concernant le retard dans la
disponibilité de l'information financière, nous essayons de plus
en plus de déposer notre rapport le plus tôt possible, afin qu'il
ne s'agisse pas de vieux renseignements ou d'information refroidie. D'accord?
Nous déposons donc notre rapport au mois de novembre. Il y a quelques
années, notre rapport était déposé au mois de mars.
Cela faisait un an que l'année était terminée. Nous le
déposons maintenant au mois de novembre, dis-je? D'autre part, les
comptes publics ne sont
déposés qu'en décembre. Il s'agit évidemment
de documents essentiels, dans un cycle d'imputabilité. C'est pourquoi
nous recommandons, bien que la loi ne l'exige que pour la fin de
décembre, que les comptes publics soient également
déposés plus tôt à l'Assemblée nationale.
D'autre part, qu'est-ce que l'on ferait si on avait les ressources qui
nous paraîtraient nécessaires pour nous acquitter
complètement ou entièrement de notre mandat? Évidemment,
le genre de choses que l'on ne fait pas dans le moment. Par exemple, nous
pourrions vérifier l'utilisation que l'on fait des subventions. Vous
savez qu'il y a une bonne partie du budget de la province qui est versée
en subventions, entre autres, aux hôpitaux, aux commissions scolaires,
aux institutions d'enseignement, aux établissements de culture, etc.
Évidemmment, on pourrait vérifier l'utilisation qui se fait des
subventions. C'est prévu dans notre mandat. Présentement,
malheureusement, on le fait très peu.
Deuxièmement, l'exercice d'un droit de regard que le
Vérificateur général doit exercer sur les travaux de
vérification qui sont faits auprès d'entreprises du gouvernement
mais dont il n'est pas le vérificateur, enfin les travaux de
vérification faits par d'autres vérificateurs, c'est que le
Vérificateur général obtient de l'information de
vérificateurs de ces entreprises, entre autres, les états
financiers et les rapports des vérificateurs, etc. Le
Vérificateur général devrait être en mesure de
vérifier cette information ou de la réviser, de rencontrer ces
vérificateurs et même, au besoin, de rencontrer les dirigeants de
ces entreprises parce que cela fait également partie du champ de
compétence du Vérificateur général. Car, partout
où il est question de fonds publics, le vérificateur pourrait se
pencher sur ces cas et assurer que ces entreprises sont soumises aux
mêmes règles d'imputabilité que le sont les entreprises qui
sont vérifiées directement par le Vérificateur
général. Merci, M. le Président.
Projet de loi-cadre pour
les organismes et les entreprises
du gouvernement
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général. Merci, M. le député de
Bertrand. J'aurais peut-être une question assez brève, M. le
Vérificateur général. 11 y a deux aspects qui attirent mon
attention. Dans un premier temps, le projet de loi-cadre pour les entreprises
et organismes du gouvernement...
M. Garon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis, sur une question de règlement.
M. Garon: Est-ce que vous posez votre question au nom des
députés ministériels?
Le Président (M. Lemieux): Je pose rna question au nom des
députés ministériels, sur mon temps de parole, M. le
député de Lévis...
M, Garon: Correct.
Le Président (M, Lemieux):... qui est de vingt minutes. Je
n'ai point l'intention d'amputer...
M. Garon: Non, c'était simplement pour savoir.
Le Président (M. Lemieux): Cela va pour les
précisions?
M. Garon: Pas de problème.
Le Président (M. Lemieux): Je disais donc qu'il y a deux
aspects. Il y a d'abord le projet de loi-cadre concernant les organismes et
entreprises du gouvernement; et deuxièmement - vous l'avez abordé
brièvement - il s'agit de l'article 30 de votre loi,
Dans un premier temps, en ce qui concerne la loi-cadre sur les
organismes et entreprises, je constate que, dans votre rapport annuel de
l'année 1981-1982, vous en aviez fait état à la page 111.
En 1982-1983, vous en faisiez état également à la paqe 109
de votre rapport annuel. En 1983-1984, vous en faisiez état à la
page 58. En 1984-1985, vous en faisiez état encore une fois, dans votre
rapport annuel, à la page 99. En 1985-1986, et je vous invite à
regarder votre rapport aux pages 76 et 79, vous en faites toujours
état.
Vous nous suggérez en quelque sorte d'adopter une loi-cadre, si
je me souviens bien, à l'image de la loi C-31 du gouvernement
fédéral. Ce qui m'intrigue davantage -on n'a peut-être pas
encore compris que c'était nécessaire - si je regarde le
graphique 2. dans votre rapport annuel de 1985, je constate que les organismes
et entreprises représentent 13 000 000 000 $ de dépenses par
rapport aux dépenses du gouvernement qui sont de 25 000 000 000 $. Je
trouve un peu curieux que, dans ce cadre, eu égard aux dépenses
des entreprises de 13 000 000 000 $, vous laissiez sous-entendre que, par ta
création artificielle de filiales... Je vous invite à lire la
page 77 de votre rapport. Vous dites: "Selon une opinion juridique reçue
du ministère de la Justice, les filiales, à titre de personnes
morales distinctes, ne sont pas assujetties à de telles restrictions
à moins évidemment que les lois
constitutives des organismes et des entreprises ne contiennent des
dispositions à cet effet. Il est à remarquer que ces organismes
et ces entreprises effectuent souvent une partie importante de leurs
opérations par l'entremise de filiales. " Je pense qu'on n'a pas besoin
d'un dessin pour comprendre. Sauf que je constate que, dans votre rapport, M,
le vérificateur, vous êtes peu bavard sur les justifications
concrètes d'une pareille loi. Est-ce que vous pourriez préciser
davantage cet aspect?
Deuxièmement, est-ce qu'il y a déjà eu des
pourparlers avec le ministère des Finances sur !a création d'une
telle loi ou sur la possibilité qu'il y ait une loi-cadre de cette
nature? Est-ce qu'une pareille loi pourrait prévoir la
possibilité de faire disparaître certains conflits
d'intérêts qui pourraient exister entre différentes
personnes siégeant au conseil d'administration d'une filiale ou d'une
autre? J'aimerais bien vous entendre là-dessus. J'aimerais que vous me
donniez des exemples assez précis.
Ma deuxième question porte sur l'article 30 de votre loi. Vous
avez laissé sous-entendre qu'il y aurait peut-être la
possibilité d'un contrôle des organismes
décentralisés et autonomes. Je pense, entre autres, aux
commissions scolaires et aux hôpitaux. Est-ce que cela s'est
effectué? Vous avez dit que ce serait peut-être fait. Est-ce que
vous avez l'intention de le faire? Si vous avez l'intention de le faire, eu
égard au nouveau mandat qui vous a été octroyé sur
la vérification intégrée, est-ce que vous avez
suffisamment de ressources? J'aimerais vous entendre su ces aspects, M. le
vérificateur.
M. Chatelain: D'accord, M. le Président. Tout d'abord,
concernant l'adoption d'une loi-cadre sur les organismes et les entreprises du
gouvernement, comme vous l'avez signalé, depuis plusieurs années,
nous déplorons justement le manque de précision dans les lois
constitutives des organismes et des entreprises du gouvernement, de même
que dans la Loi sur l'administration financière quant à
l'imputabilité, à la direction et au contrôle de ces
entités. Comme nous le voyons ailleurs, et vous l'avez mentionné,
M. le Président, au fédéral, avec l'adoption de la loi
C-24, en 1995, il y a justement une loi-cadre qui précise quelles sont
les responsabilités ou les exigences d'imputabilité de ces
entités. Ici, au Québec, les lois constitutives ne sont pas
très précises. Ces lois sont surtout, évidemment, des lois
spéciales qui instituent ces entités, et elles ne sont pas
très précises quant aux exigences d'imputabilité. Bien
sûr, on signale qu'il doit y avoir un rapport annuel et qu'il doit y
avoir une vérification. Tout simplement, il doit y avoir un
vérificateur qui émet un rapport. Mais, règle
générale, les exigences d'imputabilité se limitent
à peu près à cela. Par ailleurs, la Loi sur
l'administration financière au Québec n'est pas plus
précise quant à ces exigences d'imputabilité. Pour que les
ministres et le gouvernement, d'une part, et le Parlement, d'autre part,
puissent disposer d'informations suffisantes pour pouvoir exercer un
contrôle sur ces entreprises et ces organismes qui, comme vous l'avez
signalé, représentent quand même un secteur très
important de l'administration, il y aurait lieu qu'une loi-cadre précise
justement ces exigences. Entre autres, nous signalons à la page 76 de
notre rapport le genre de choses qui pourraient être couvertes par une
loi-cadre. Évidemment, comme je l'ai indiqué tantôt, cette
liste n'est pas exhaustive. Comme vous l'avez dit vous-même, M. le
Président, on pourrait y ajouter des aspects comme celui touchant les
conflits d'intérêts des directeurs, par exemple. On pourrait
préciser dans une telle loi, par exemple...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
déjà constaté des abus à cet effet?
M. Chatelain: M. le Président, si on constatait des abus
flagrants, je crois bien qu'on l'indiquerait dans notre rapport annuel. Il y a
peut-être des cas où ii n'est pas absolument clair qu'il y a
eu...
Le Président (M. Lemieux): Peut-être que le terme
"abus" est grossier, mais je pense que vous savez lire entre les lignes, M. le
vérificateur. . _.
M. Chatelain: D'accord, bien sûr. Quand même, si on
avait une loi-cadre qui précisait exactement la ligne de conduite
à suivre par tes directeurs dans ces cas, on pourrait déterminer
s'il y a eu abus ou s'il y a eu respect de la loi, et ainsi de suite. Dans le
moment - il faut quand même s'entendre, M. le Président - dans
certaines lois spéciales, il y a des règles concernant les
conflits d'intérêts, mais ce n'est pas général. On
ne retrouve pas cela partout dans ces lois au Québec. D'accord? C'est la
raison pour laquelle il devrait y avoir une loi-cadre, entre autres pour
déterminer quels sont les rapports qui devraient être
présentés au gouvernement, pour commencer, et ensuite au
Parlement. La loi C-24 a été adoptée à Ottawa. Je
vous donne de nombreux exemples. Je crois bien que, de ce côté,
c'est un bel exemple et l'on pourrait s'en inspirer. (11 h 30)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce récent au
gouvernement fédéral?
M. Chatelain: Oui, en 1985.
Une voix: En 1984.
M. Chatelain: Excusez-moi, elle a été
adoptée en 1984. D'accord? Nous avons beaucoup de
références ici à ce sujet. On pourrait préciser
exactement... Par exemple, la loi C-24 à Ottawa prévoit,
c'est-à-dire cette loi-là maintenant fait partie de la Loi sur
l'administration financière, ce qui est prévu là-bas et ce
qui, nous croyons, n'existe pas ici d'une façon explicite.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a une autre
province qui a une pareille loi?
M. Chatelain: Que l'on sache, cela n'existe pas dans d'autres
provinces. Par contre, on ne sait pas si le problème se présente
de la même façon dans d'autres provinces. Si les lois
constitutives sont plus précises quant aux exigences
d'imputabilité, les exigences d'une loi-cadre sont donc moindres
à ce moment-là.
Le Président (M. Lemieux): C'est dans notre mandat, si je
comprends bien.
M, Chatelain: II faut dire quand même qu'au Québec, nous
avons beaucoup d'entreprises et d'organismes du gouvernement. Ils sont
peut-être plus nombreux qu'ailleurs aussi. Il faudrait peut-être se
pencher ou réaliser également cet aspect du problème.
M. le Président, des raisons pour une loi-cadre! Dans une
loi-cadre, on pourrait établir les modalités d'approbation de
l'institution. Que doit-on faire pour créer un nouvel organisme ou une
nouvelle entreprise? Est-ce qu'on peut créer un nouvel organisme en se
servant de la Loi sur les compagnies tout simplement par lettres patentes? II
pourrait y avoir des lignes de conduite de précisées
là-dedans, par exemple, sur le financement de ces entreprises et de
toutes ces nouvelles entités. On pourrait en ajouter. Est-ce que les
parlementaires ne devraient pas être informés des objectifs
annuels de ces sociétés?
Je sais que dans certains cas, peut-être dans le cas d'Hydro et
peut-être aussi de la Caisse de dépôt, vous avez
peut-être plus de renseignements que sur d'autres entités, mais je
ne croîs pas que ce soit encore suffisant dans le sens que le Parlement
devrait exercer son contrôle.
Fournir aux parlementaires les renseignements concernant l'atteinte des
objectifs de ces entreprises. C'est quand même le Parlement qui les a
créées dans la plupart des cas. C'est le Parlement qui a
approuvé la création de ces entités. Une loi-cadre
pourrait énoncer clairement les responsabilités et les
rôles respectifs des ministères, d'une part, et des dirigeants des
entités, d'autre part. On pourrait fournir aux parlementaires les
directives du gouvernement concernant les décisions stratégiques
et budgétaires des sociétés, ainsi de suite. Cela
permettrait justement aux députés d'exercer leur rôle de
surveillance. Je vous fais grâce de tout le détail parce que je
pourrais vous donner toute une série du genre de choses que l'on
pourrait retrouver dans une loi-cadre.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ce type de loi-cadre
ferait nécessairement des distinctions, eu égard à un
organisme qui pourrait être d'une nature quasi judiciaire ou à
caractère commercial?
M. Chatelain; Absolument. Dans une loi-cadre, on devrait commencer par
définir ce que l'on entend par un organisme, ce que l'on entend par une
entreprise, les classer ensuite pour pouvoir déterminer ce que seraient
les exigences d'imputabilité spécifiques à chacune de ces
classes, si vous voulez.
Le Président (M. Lemieux): Si je comprends bien, M. le
vérificateur, la création de filiales fait en sorte qu'il y a
moins de normes, que c'est plus facile d'opérationaliser, qu'on est
moins soumis à un contrôle gouvernemental. Je regarde à la
page 83, dans le cas d'Hydro-Québec, si vous regardez le nombre de
filiales, c'est incroyable. On y voit Convectair, Éconoler,
Hydro-Québec International, Les Contrôles P. S. C., Les Industries
F. P., Nouveler, Société d'énergie de la Baie James,
SIDBEC qui a aussi sept ou huit filiales; Société de
développement de la Baie James, c'est la même chose et ainsi de
suite. On y voit un nombre effarant de filiales eu égard à
chacune des sociétés d'État. La raison principale est-elle
effectivement de pouvoir en arriver plus facilement à certaines
opérations?
M. Chatelain: M. le Président, je ne voudrais pas
prêter de mauvaises intentions quand même...
Le Président (M. Lemieux): Non, non.
M. Châtelain:... à ceux qui instituent des filiales,
mais nous notons quand même la possibilité pour les
sociétés mères de peut-être contourner certaines
exigences que leur impose la loi, justement par l'entremise des filiales. Nous
le soulignons à la page 77, nous donnons des exemples.
Le Président (M. Lemieux): Ah bon!
M. Chatelain: Ce que nous voyons à la page 77, c'est que
la loi constitutive d'une société mère peut prévoir
que 'l'approbation
du gouvernement est exigée dans certains cas, par exemple, pour
que l'entreprise acquière un intérêt dans une autre
entreprise. Par exemple, contracter un emprunt qui porte à plus d'un
certain montant, par exemple 500 000 $, le total des sommes empruntées
et non encore remboursées, consentir des prêts, conclure un
contrat pour une longue...
Le Président (M. Lemieux): Donc une filiale pourrait faire
ce que la maison mère ne peut pas faire.
M. Chatelain: Oui. Lorsque nous avons été
confrontés à certains cas, nous avons demandé à ce
moment-là l'opinion du ministère de la Justice, pour savoir si
une société pouvait, par l'entremise d'une filiale, faire
certaines choses qui ne lui étaient pas permises, si vous voulez, sans
l'approbation du gouvernement, de par sa loi constitutive?
L'interprétation juridique que nous avons obtenue à ce
moment-là était que les sociétés,
c'est-à-dire les filiales elles-mêmes étant des personnes
morales distinctes, la loi ne s'applique pas à elles. Je trouve
qu'évidemment, c'est un point de vue juridique, qui est peut-être
restreint dans le sens qu'on se penche seulement sur l'aspect juridique de la
chose, mais dans un contexte de reddition de comptes, dans un contexte
où le Parlement adopte une loi et impose certaines restrictions, si vous
voulez, ou certaines conditions à la société, il me semble
qu'on ne devrait pas pouvoir faire indirectement, si vous voulez, ce qu'il
n'est pas permis de faire directement.
Le Président (M. Lemieux): D'une façon
concrète, une filiale pourrait emprunter beaucoup plus que la maison
mère ne pourrait le faire.
M. Chatelain: Voilà, Ou encore une filiale pourrait
acquérir une autre filiale à 100 %, acquérir les actions
à 100 % d'une autre société, ce qui ne serait pas permis
à la société mère.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général. Y a-t-il d'autres questions sur
l'article 30?
M. Chatelain: Oui, M. le Président, vous avez
mentionné l'article 30. L'article 30 prévoit que le
Vérificateur général peut faire des interventions, des
vérifications concernant l'utilisation des subventions. Il peut les
faire à deux niveaux. Il peut les faire auprès du
ministère ou de l'organisme qui verse la subvention et il peut le faire
auprès du bénéficiaire de la subvention. D'une part, le
Vérificateur général devrait s'assurer que le
ministère et l'organisme respectent toute la réglementation
concernant le versement des subventions -cela comprend la réglementation
du Conseil du trésor, etc. - que les besoins ont été
établis, que les analyses ont été faites, et qu'on a
versé ces subventions-là en y rattachant les conditions qui
s'imposaient pour une bonne utilisation de la subvention.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que cela va jusqu'au
versement de subventions à des entreprises privées, M. le
vérificateur?
M. Chatelain: Cela pourrait aller jusque-là. Du moment
qu'il s'agit du versement de subventions qui est conditionnel à certains
aspects, c'est bien sûr que cela irait jusque-là, mais notre
mandat va beaucoup plus loin que cela. On pourrait aller vérifier les
livres des bénéficiaires pour établir qu'on a bien
utilisé les subventions aux fins auxquelles elles ont été
versées. Cela comprendrait les exemples que vous avez mentionnés
tantôt: les commissions scolaires, les hôpitaux, etc., les
musées et j'en passe. On pourrait aller jusque-là. Vous m'avez
posé la question: Dans le moment, est-ce qu'on le fait? Eh bien, on le
fait très peu, M. le Président, à cause d'un manque de
ressources, c'est évident.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Je ne
voudrais pas faire de la petite politique - je vois le député
d'Abitibi-Ouest qui me regarde et il ne la trouvera peut-être pas
drôle - mais on pourrait peut-être s'interroger sur la
moralité d'une subvention à un bar ou ces choses-là, si je
comprends bien.
Pas de problème, M. le député d'Abitibi-Ouest?
J'ai terminé. M. le député de Lévis.
Engagements financiers du Solliciteur
général
M. Garon: M. le Président, j'aimerais poser une question
au Vérificateur général. Ce n'est pas dans le cadre de son
rapport, mais dans le cadre de son analyse habituelle des états
financiers, il a dû peut-être avoir connaissance de certains
éléments. On a constaté, par exemple, que le Solliciteur
général, cette année, faisait des dépenses qui
n'étaient pas soumises à l'approbation des parlementaires et que
les parlementaires qui vérifient les engagements financiers des
ministères pour chaque mois, pas nécessairement chaque mois -
cela peut être pour plusieurs mois ensemble en même temps -n'ont
peut-être pas la présentation complète des engagements
financiers du gouvernement puisqu'on vient de voir que le Solliciteur
général avait fait des dépenses considérables dans
plusieurs contrats.
On a parlé d'une vingtaine de contrats dans les journaux, qui
n'auraient pas été soumis à l'attention des
parlementaires. Est-
ce que vous avez déjà étudié cette question?
Est-ce qu'il vous semble que c'est une pratique particulière au
Solliciteur général, qui vient de donner sa démission ou
qui a été retourné sur les bancs des députés
ministériels ou s'il s'agit d'une pratique
généralisée au gouvernement? C'est inquiétant,
comme membres parlementaires d'une commission, de savoir qu'on doit
étudier des engagements financiers et qu'il puisse y en avoir qui
soient, et là, je n'ai pas de réponse à cela... Est-ce que
c'est une pratique du gouvernement? Est-ce que cela s'est fait sur le pilote
automatique ou si cela s'est fait possiblement à la demande du
ministère? En l'occurrence, on a vu que cela devait être assez
important pour que le ministre ait dû démissionner.
M. Chatelain: M. le Président, à ce
sujet-là, comme les députés eux-mêmes l'ont appris,
nous l'avons appris par les journaux, tout simplement. Nous avons
été surpris d'en prendre connaissance, je vous l'avoue bien
candidement. Nous n'avions pas constaté le fait que ces
engagements-là n'avaient pas été portés à
l'attention de la commission parlementaire pertinente. Nous l'avons
constaté comme vous tous. Nous n'avions pas vérifié cet
aspect-là, je l'admets, et nous nous proposons d'en faire quand
même un aspect dans nos programmes de vérification que nous
examinerons à l'avenir.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
Vérificateur général, mais je dois souligner que le
député de Lévis a soulevé la règle de la
pertinence tout à l'heure et que ce n'est pas pertinent au
présent rapport annuel du Vérificateur général et
que je me dois de faire respecter la règle de la pertinence.
M. Garon: Un instant! M. le Président. Vous n'avez pas
entendu ma question parce que vous parliez. Je vais vous dire ce que j'ai
demandé. J'ai demandé si, dans son analyse, sa
vérification générale, le Vérificateur
général, au cours des années antérieures, avait
déjà étudié cette question-là, ou si,
à son avis, c'est un geste isolé d'un ministre ou s'il s'agit
d'une pratique? Il est en train de répondre exactement à ce que
je lui ai demandé. Je n'ai pas parlé de l'avenir, c'est un cas
actuel qui préoccupe les gens, et, par ailleurs, le vérificateur
fait sa vérification chaque année. J'ai simplement demandé
s'il s'est déjà rendu compte que cela dépassait le cadre
d'un ministère ou non. Je pense qu'on n'a rien à cacher et que
les gens sont intéressés à savoir cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le vérificateur, que
vous vous en teniez strictement à la procédure.
M. Chatelain: D'accord. Dans la procédure, nous tenions
pour acquis que le Secrétariat du Conseil du trésor, qui assume
la responsabilité de la coordination de la présentation des
engagements financiers dans diverses commissions parlementaires, effectue le
contrôle sur cet aspect-là. Devant ce qui est arrivé, je
pense bien que nous en ferons un aspect de nos programmes de
vérification. Â l'avenir, nous nous pencherons sur cet
aspect-là.
Date de dépôt des états
financiers
M. Garon: Une autre question. Vous avez dit tantôt que vous
aimeriez que vos documents soient remis plus tôt. J'ai remarqué
que, dans le document concernant l'année financière
terminée le 31 mars 1986, à la page 31, votre document est
signé du 8 décembre 1986. Si votre document est signé du 8
décembre 1986, qu'il est imprimé, il ne pouvait pas être
déposé beaucoup plus tôt que le 19 décembre 1986.
Quand vous dites "plus tôt" que voulez-vous dire? Au fond, est-ce qu'on
vous soumet les documents trop tard pour que vous puissiez faire votre
vérification en temps utile? J'aimerais savoir comment vous voyez cela.
À quelle époque les documents vous sont-ils remis habituellement?
Vous faites votre vérification, vos commentaires et, finalement, cela
est déposé avant tes fêtes dans le brouhaha
général à travers des coups de téléphone de
ministres. Comment voyez-vous la procédure qui devrait être suivie
pour que tout cela se fasse à la clarté du jour et non pas lors
de fins de session tardives?
M. Chatelain: D'accord. En réponse directe à la
question, ce qui est arrivé en 1986, et ce n'est pas tout à fait
différent de ce qui est arrivé au cours des années
précédentes, c'est que les états financiers ont
été remis au Vérificateur général pour
vérification à une date beaucoup trop tardive. Par exemple, l'an
passé, le dépôt des comptes publics a été
fait à l'Assemblée nationale le 19 décembre. Comme vous
l'indiquez, la signature de l'opinion du Vérificateur
général sur les états financiers a été faite
le 8 décembre. Si je vous disais, par exemple, qu'en 1986 nous avons
reçu le premier projet d'états financiers le 18 novembre. Il
faudrait quand même accélérer et nous présenter ces
états financiers à une date beaucoup plus hâtive, beaucoup
plus rapprochée de la fin de l'exercice financier.
M. Garon: C'était à une époque où les
factures ne pouvaient pas être comptabilisées dans les
états après le 30 avril, c'est-à-dire un mois après
la fin de l'exercice financier.
M. Chatelain: D'accord.
M. Garon: Cela veut dire qu'entre le 30 avril où les
factures sont toutes rentrées, cela a pris aux Finances avril, mai,
juin, juillet, août, septembre, octobre, presque six mois et demi pour
fournir des documents après le mois d'avril.
D'après vous, quand un ministère des Finances efficace ou
le Conseil du trésor devrait-il vous produire cela?
M. Chatelain: Je vais vous donner l'exemple d'Ottawa. À
Ottawa, les états financiers, les comptes publics sont
déposés à la fin de septembre ou au début
d'octobre. Disons, pour être plus prudents, qu'ils sont
déposés en octobre à Ottawa. Je pense que les comptes
publics sont aussi volumineux que ceux du Québec. Vous me direz
peut-être: Oui, mais ils ont les ressources. Bien sûr, d'accord,
mais...
M- Garon: Ce n'est pas une référence, étant
donné que le Vérificateur général à Ottawa a
déjà dit qu'il avait perdu le contrôle. (11 h 45)
M. Chatelain: Je ne sais pas s'il avait perdu le contrôle
sur les états financiers. De toute façon, vous me demandez quelle
serait la date?
M. Garon: Oui.
M. Chatelain: Comme je l'ai signalé tantôt, vous
savez, au tout début de cette réunion, je pense bien que, pour
que l'information soit utile...
M. Garon: Oui.
M. Chatelain:... il serait absolument essentiel que ces
états financiers ou ces comptes publics soient déposés
à une date beaucoup plus hâtive après la fin de
l'année financière. Pourquoi attendre, comme vous l'avez
mentionné vous-même, au brouhaha de Noël pour déposer
les comptes publics alors qu'ailleurs on voit - au moins à Ottawa -que
ça se fait au mois d'octobre? Au moins si on pouvait les déposer
en septembre ou en octobre, ce dernier pourrait émettre son opinion
dès le mois d'octobre ou au début de novembre.
M. le Président, quand même, je voudrais signaler que pour
l'année en cours -je ne sais pas si cela fait partie du mandat de la
commission - ce qui se passe sur les états financiers de l'année
en cours, c'est que - et je l'ai signalé tantôt dans mon
allocution au tout début - nous avons une entente avec le
ministère des Finances afin que les états financiers nous
parviennent un mois plus tôt, soit au milieu d'octobre 1987, ce qui veut
donc dire, en regardant ce qui s'est passé au cours des années
passées, qu'ils devraient être disponibles pour être
déposés en novembre, c'est-à-dire nu moins un mois plus
tôt que l'an dernier. C'est déjà une amélioration.
C'est pour l'année en cours.
Conventions comptables nouvelles
M. Garon: M. le Président, j'aimerais maintenant passer
aux conventions comptables. Vous faites des remarques à
différents endroits du rapport, dans le rapport sur les états
financiers du gouvernement ou des comptes publics au 31 mars 1986, à la
page "3135, dans votre rapport annuel également. Moi, je ne suis pas
convaincu - je peux vous dire en partant -que tout ça éclaire
plus le public. Je vais vous dire pourquoi tout de suite, parce qu'il rne
semble qu'il devrait apparaître au moins des rapports transitoires ou
d'autres mesures transitoires pour montrer ce que fait ce genre de conventions
comptables. Je vais vous donner un exemple.
Quand, par exemple, sous le gouvernement, à venir jusqu'à
maintenant... Quand Hydro-Québec avait des profits, mettons, de 200 000
000 $ ou 300 000 000 $, si elle ne versait pas de dividendes au gouvernement,
il n'apparaissait aucun revenu additionnel pour le gouvernement. On sait
qu'habituellement, Hydro-Québec faisait des revenus
considérables. On a vu des années, au cours des années
quatre-vingts, des années de plus de 500 000 000 $ de profits. Cette
année, on a constaté que le gouvernement avait 300 000 000 $ de
revenus d'Hydro-Québec pour lesquels il n'a pas reçu une cenne.
Le gouvernement peut justifier qu'il avait baissé le déficit de
300 000 000 $ et se promener dans l'opinion publique disant: Auparavant,
l'ancien gouvernement avait un déficit de 3 200 000 000 $, maintenant il
est de 2 900 000 000 $, alors que le seul changement de la convention comptable
des revenus d'Hydro-Québec, sans payer une cenne de plus au
gouvernement, venait changer le déficit de 3 200 000 000 $ à 2
900 000 000 $.
Pensez-vous vraiment que cela éclaire le public et qu'il n'aurait
pas été important d'indiquer, quand on change les conventions
comptables, comment cela se reflétait dans les budgets antérieurs
sous l'ancienne convention comptable pendant un certain nombre d'années
jusqu'à la convention actuelle et comment cela se serait
reflété sous les états financiers antérieurs avec
l'ancienne convention comptable ou la nouvelle pour que le public puisse
comparer les deux? Si seulement la convention comptable change, et là le
déficit vient de changer et te gouvernement peut dire, faire croire
à l'opinion publique qu'il est devenu un excellent administrateur parce
qu'il a 300 000 000 $ qu'il peut comptabiliser alors que l'ancien gouvernement
n'aurait pas pu le comptabiliser, je ne suis pas convaincu que
cela rend service au public.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: D'accord. Je ne sais pas si je dois répondre
à l'ensemble de la question sur l'ensemble des conventions comptables ou
encore simplement celles qui traitent du cas d'Hydro-Québec.
M. Garon: Sur celles d'Hydro-Québec.
M. Chatelain: D'accord, on va parler de celles d'Hydro.
M. Garon: On va revenir sur les autres.
M. Chatelain: D'accord. Tout simplement pour dire que la
recommandation du Vérificateur général a été
que, dans le cas des entreprises du gouvernement, on devrait refléter
aux états financiers la valeur du placement dans ses entreprises sur la
base de ce qu'on appelle la valeur de consolidation, ce qui veut tout
simplement dire qu'on reflète aux états financiers le coût
original du placement, la valeur des actions, si vous voulez, quand le
gouvernement fait un placement...
M. Garon:... penser à cela.
M. Chatelain:... lequel coût du placement est inscrit dans
les comptes du gouvernement et fluctue ensuite pour refléter le
résultat des opérations de l'entreprise, soit ses
déficits, soit ses profits et, également, les dividendes qui sont
versés. Donc, le montant qui apparaît aux états financiers
du gouvernement serait influencé justement par le résultat des
opérations de cette entreprise. Il s'agit, M. le Président, d'une
norme qui est recommandée par l'Institut des comptables
agréés et ainsi de suite, afin de refléter les
opérations des entreprises, des filiales, appelez-les comme vous le
voudrez.
Alors, le gouvernement ou la société mère - ici, la
société mère, c'est le gouvernement - exerce là une
influence sensible. Une influence sensible, on a défini cela, dans le
passé, comme étant peut-être de 25 % à 50 % des
actions. Je pense bien qu'il est évident que le gouvernement exerce une
influence sensible. Dans le cas d'Hydro-Québec, c'est conforme aux
règles comptables généralement reconnues.
Concernant les états transitoires, je réalise,
j'apprécie, si vous voulez, les réticences du
député de Lévis, en ce sens que si l'on compare avec le
passé, on ne peut pas comparer... On est en train de comparer deux
situations que, en tant que fondées sur des règles
différentes, on ne peut absolument pas comparer, c'est sûr. Alors,
il y a aussi une règle en comptabilité qui dit:
Lorsque l'on modifie les conventions comptables, non seulement on doit
indiquer le résultât selon ces nouvelles conventions comptables,
mais on doit également indiquer aux états financiers ou dans les
notes aux états financiers quel aurait été le
résultat des opérations selon les anciennes conventions
comptables. En d'autres mots, il faut l'indiquer; c'est une exigence en
comptabilité, c'est une règle qui le dit. Vous pouvez être
assuré, M. le Président, que, si ce n'est pas fait dans les
états financiers du gouvernement, c'est-à-dire refléter
l'effet des conventions comptables, eh bien, le Vérificateur
général va se faire un devoir, parce que cela fait absolument
partie des normes de vérification d'un vérificateur, d'attirer
l'attention de l'Assemblée nationale à ce sujet et même
d'indiquer, s'il peut le faire, quantitativement, l'effet de l'application de
ces nouvelles conventions.
M. Garon: Maintenant...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis...
M. Chatelain: Je dois préciser quand même...
Le Président (M. Lemieux): M. le
Vérificateur général.
M. Chatelain:... que dans l'application de ces règles, on
parle de l'année en cours et de l'année précédente.
On compare toujours avec l'année précédente, on ne fait
pas marche arrière pour les cinq ans passés.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, vous pouvez continuer.
M. Garon: J'aurais une autre question concernant les conventions
comptables. Le gouvernement avoue... Dans vos recommandations, vous
suggériez de changer cinq conventions comptables. Maintenant, il semble
que le gouvernement n'en ait adopté que trois, lesquelles ont
été mises en application par le gouvernement. La convention
comptable que vous suggériez concernant les régimes de retraite
n'apparaît pas, cela représente des sommes considérables,
non plus que celle concernant le change étranger.
J'aimerais savoir, parmi les cinq conventions comptables qui ont
été modifiées par le gouvernement, lesquelles lui
étaient profitables, c'est-à-dire qui indiquaient un
déficit diminué ou encore des revenus accrus, des dépenses
moindres, c'est-à-dire qui lui étaient avantageuses, et
lesquelles ne lui étaient pas avantageuses? Si vous voulez, sur les
trois qui ont été changées, est-ce que les trois
étaient avantageuses ou s'il y en a qui étaient
désavantageuses pour le gouvernement
en déficits ou surplus d'opérations? Quel est le cas pour
les deux autres qui n'ont pas été changées?
M. Chatelain: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
générai, un conseil professionnel...
M. Chatelain: M. le Président... M. Garon: C'est une
loi.
M. Chatelain:... d'abord, Il faut réaliser que le
gouvernement, dans l'application de ses nouvelles conventions comptables, l'a
fait, disons, en deux temps. C'est qu'au 31 mars 1986, cette
journée-là seulement, il a donné effet à certaines
nouvelles conventions comptables dans les postes de l'actif et du passif du
gouvernement, c'est-à- dire dans le bilan si vous voulez, mais cela n'a
pas eu d'effets sur les résultats de cette année-là. C'est
que l'effet qu'aurait eu l'application des nouvelles conventions comptables sur
les opérations de l'année a été
reflété directement à la dette nette; il n'a pas
transité par le surplus ou le déficit du gouvernement, si vous
voulez, et il a été reflété directement à la
dette nette...
M. Garon: Parlez-vous de la loi 129?
M. Chatelain: C'est cela. Cela a été couvert par la
loi 129 éventuellement. D'accord, C'est de la façon dont le
gouvernement s'y est pris.
Vous me demandez...
M. Garon: Combien d'argent a-t-il envoyé directement
à la dette nette, à ce moment-là?
M. Chatelain: II y en a eu pour...
M. Garon: Bien, 174 000 000 $, je pense?
M. Chatelain: Voici. La loi 129 ou la loi 130, une des
deux...
M. Garon: La loi 129... Ah, il y a deux lois.
M. Chatelain:... c'est celui qui avait la liste là, vous
savez la liste des comptes à payer, c'est le projet de loi 130,
d'accord?
M. Garon: Le projet de loi 130. Le projet de loi 130 c'est la
liste des dépenses.
M. Chatelain: D'accord. Celui-là c'était tout
simplement pour que le Parlement se prononce parce que vous savez, le Parlement
n'ayant pns voté les crédits, alors c'est une façon pour
le Parlement de voter, ce geste, c'est-à-dire pour charger directement
à la dette nette, ce montant-là, vous savez, des comptes à
payer qui étaient non inscrits, d'accord? Mais voici le résultat
global de ces ajustements qui se sont faits cette journée-là:
c'est que les placements en actions des entreprises, ce que l'on discutait
tantôt, pour employer vos termes, M. le député de
Lévis, cela a été avantageux, si vous voulez, d'accord?
Cela a été positif.
M. Garon: De combien?
M. Chatelain: Pour ] 099 000 000 $. C'est reflété
dans les états financiers, vous l'avez à la page 22 dans les
comptes publics, d'accord?
M. Garon: C'est pour faire le point sur les conventions
comptables. Je sais qu'on trouve cela à différents endroits mais,
comme on est là, c'est pour faire le point sur les conventions
comptables.
M. Chatelain: D'accord. Les comptes à payer,
l'augmentation dans les comptes à payer, l'effet que cela aurait eu.
Mais il faut s'entendre, cela n'a pas été reflété
dans les opérations, cela a été reflété
directement à la dette nette. Alors, les comptes à payer
c'était un ajustement, appelons-le dans vos termes, négatif,
d'accord, au désavantage du gouvernement pour l 310 000 000 $ et
finalement l'ajustement sur emprunts en devises étrangères,
celui-là représente quand même un ajustement encore
"négatif", ou celui qui sert à augmenter la dette nette pour 1
300 000 000 également. L'effet net de ces trois ajustements est un effet
négatif de 1 517 000 000 $, et c'est ce qui a été
reflété directement à la dette nette.
M. Garon: Et dans le gouvernement, dans ce qu'il a adopté
comme conventions comptables qui sont apparues dans ses bilans de fin
d'année, c'est-à-dire des déficits parce que, lorsque cela
va directement dans la dette nette cela n'apparaît pas dans le
déficit budgétaire. Par rapport au budget, quand on dit que le
budget augmente, le déficit augmente ou diminue, dans les conventions
comptables qui ont été mises en pratique, c'est-à-dire
quand on n'a pas poussé la poussière dans la dette nette,
j'aimerais savoir l'effet net sur le budget de ces conventions comptables qui
ont été adoptées sur te budget non sur la dette nette,
pour chacune des conventions comptables qui ont été
adoptées et combien ont été refoulées dans la dette
nette sans apparaître dans le budget.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste environ une
minute et demie, M. le député du Lévis. M. le
vérificateur vous
pouvez répondre,
M. Chatelain: D'accord. Alors, comme je l'ai signalé
tantôt, cela n'a pas été reflété du tout dans
les opérations l'an passé, mais c'est entré en vigueur, si
vous voulez. Concernant les opérations, M. le Président, cela
entre en vigueur seulement le 1er avril 1986, d'accord?
Le Président (M. Lemieux): C'est cela.
M. Chatelain: Donc, cela va être reflété dans
les opérations de cette année, mais, quand même, il y a eu
tout le recouvrement de dépoussiérage d'un coup qui a
été fait directement à la dette nette. Cela
n'apparaîtra jamais dans les opérations. Alors, je pense bien que
c'est pour cela, par exemple, qu'il y a eu le projet de loi 130, c'est afin que
le gouvernement puisse se prononcer là-dessus, pour qu'il puisse voter
ces montants une fois pour toutes. Alors, on ne peut pas dire que... Je ne peux
pas vous donner une réponse selon laquelle, l'an passé, sur les
opérations, cela a eu une influence, que cela aurait dû en avoir
une, parce que les conventions comptables, le gouvernement a
décidé de ne pas les appliquer cette année-là. Il
les a appliquées à partir du 1er avril ou il les applique
simplement à partir du 1er avril 1986. D'accord? Mais ce qu'il a fait
quand même, c'est un ajustement de fin d'année pour faire le
dépoussiérage ou le nettoyage, appelez cela comme vous voudrez.
Il le fait d'un geste ou d'un seul trait. Il l'a fait par ces ajustements
à la dette nette. Mais je crois que dans nos observations... Est-ce que
nous ne le faisons pas dans nos observations? Est-ce que nous n'indiquons pas
quel aurait été le résultat, quelle aurait
été l'influence ou l'effet sur les opérations?
Si cela avait été appliqué aux opérations de
l'année 1985-1986, l'effet des comptes à payer sur les
opérations, c'est qu'il aurait augmenté le déficit pour
117 000 000 $ parce qu'il faut réaliser que c'est tout simplement
l'augmentation des comptes à payer durant l'année. Ce n'est pas
l'opération nettoyage, il faut comprendre, c'est simplement l'effet que
cela aurait eu sur les opérations de cette année-là, cela
aurait été un effet négatif de 117 000 000 $ pour
celui-là.
M. Garon: Quelle année?
M. Chatelain: L'année 1985-1986.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Lévis? M. le vérificateur, vous pouvez
continuer votre réponse. (12 heures)
M. Chatelain: Oui, pour le...
M. Garon:... sur le budget...
M. Chatelain: L'effet de la nouvelle convention comptable sur les
taux de change, d'accord? Pour les emprunts en devises
étrangères. L'effet encore applicable pour l'année aurait
été de 130 000 000 $.
Une voix: Négatif? Oui?
M. Chatelain: Négatif, un effet négatif, si vous
voulez qui aurait...
M. Garon: La convention comptable n'a pas été
adoptée, sur le taux de change?
M. Chatelain: Non, elle sera adoptée... Une voix:...
à partir de 1987.
M. Chatelain:... à partir de 1987, à ce qu'on me
dit. D'accord. Alors, voici. Je peux quand même citer
celui-là.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse là,
mais...
M. Chatelain: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, vous avez la parole.
Comptes à payer non inscrits
M. Bélisle: Merci, M. le Président. D'abord une
chose, si vous me le permettez, M. le Vérificateur
général, pour clarifier une chose bien importante quant à
la présentation des états financiers du gouvernement. À
moins que je ne me trompe, vous me corrigerez quelqu'un si je suis dans
l'erreur, dans les projets de loi 129 et 130 qui ont été
adoptés à la dernière session au printemps, les comptes
à payer non inscrits doivent être comptabilisés pour une
période de 90 jours qui suivent l'année de l'exercice financier.
C'est-à-dire que, si on calcule 90 jours, il faut ajouter, bien entendu,
avril, mai et juin, on va jusqu'au 30 juin. Mais selon vos recommandations, M.
le Vérificateur général, vous aviez dit qu'il serait
beaucoup plus logique de les appliquer à l'année
précédente. Il me semble, en toute logique, que c'est d'une
extrême Logique, Pour bien voir si le gouvernement qui a
présenté un budget à l'Assemblée nationale
l'année précédente, si les ministres qui composent le
cabinet sont entrés à l'intérieur de leur budget
proposé pour nous permettre à nous, les parlementaires et
députés de l'Assemblée nationale et de l'Opposition de
nous faire une idée de ce qu'on a dit, c'est ce qu'on a fait et voici ce
qu'on a dépensé; cela correspond exactement avec l'ensemble,
à 95 % des comptes à payer qui sont entrés après le
31 mars. Si je me rends jusqu'à la
fin de juin, c'est-à-dire à la dernière
journée de juin et que je me place dans les ministères
concernés, mettons au ministère de l'Éducation et au
ministère de l'Industrie et du Commerce, et que je reçois mes
comptes à payer au mois d'avril, de mai ou de juin, il faut que
j'attende le 30 juin pour commencer à faire ma comptabilité
générale. Est-ce que je comprends bien, M. le Vérificateur
général?
M. Chatelain: Oui, M. le Président, le
député comprend très bien ce qui se passe. Cependant, je
pense que la loi prévoit quatre mois après la fin de
l'année financière; cela fait seulement une semaine, à la
fin de juillet à ce moment-là.
M. Bélisle: Oui, mais cela a été
modifié à 90, il y a eu un compromis à 90, je pense.
M. Chatelain: Ce qui arrive, c'est que... Il faut se comprendre.
Vous soulevez le problème pour un député de faire la
comparaison entre les...
M. Bélisle: Non, ce n'est pas cela que je soulève.
Je soulève... Vous nous dites: J'aimerais que les états
financiers soient présentés plus tôt. Je comprends que ce
serait l'idéal que cela vous soit présenté au mois de
juillet, cela serait fantastique pour vous. Vous pourriez faire un long millage
là-dessus avec votre équipe. Mais ce que je comprends, en voyant
les statistiques au Canada, je m'aperçois que le Québec est la
première province de toutes les provinces canadiennes à produire
l'état financier le plus rapidement possible après le
gouvernement fédéral. Je dis: 8on, déjà, c'est
bien, mais si on peut améliorer encore plus pour vous aider... Je me
demande si, avec la règle des 90 jours, on peut espérer, compte
tenu de ce que le ministère des Finances vous a dit tantôt, soit
qu'on va vous les produire un mois plus tôt, qu'on va vous les donner
à la fin d'octobre, si on peut là encore demander encore plus
parce qu'on part du mois de juillet, il y a les vacances... Les gens, cadres et
autres, prennent des vacances, c'est normal. On arrive avec une période,
soit septembre et octobre, et on vous donne, je pense, assez rapidement, les
états financiers. Je ne pense pas qu'on puisse demander à
l'appareil public de fournir les états financiers plus rapidement que
cela, à moins que vous n'ayez un tour que je ne connais pas. Je ne vois
pas.
M. Chatelain: M. le Président, le tour que les comptables
ont n'est absolument pas magique, mystique ou rien de cela. De toute
façon, dans le passé, dans les états financiers du
gouvernement, celui-ci indiquait les comptes à payer en note
complémentaire, de toute façon. Il attendait d'avoir une
information. Le seul changement que la loi apporte à ce sujet, c'est que
la loi demande maintenant d'indiquer, à la face même des
états financiers, le montant des comptes à payer. L'ancienne loi
disait que, pour comptabiliser, si on a un crédit - il faut s'entendre -
il fallait que les livres soient fermés 30 jours après la fin de
l'année financière. Maintenant, c'est quatre mois. En d'autres
mots, plutôt que d'avoir 30 jours, on a maintenant quatre mois pour
déterminer, pour préciser, si vous voulez, le montant des comptes
à payer. Mais cela ne change pas le rythme auquel le ministère
des Finances peut faire son travail. Absolument pas, parce que, dans le
passé, il présentait quand même ces informations et qu'il
les a. Je dois dire que la très grande majorité des factures, des
comptes, etc., est entrée de toute façon dans le délai de
30 jours, à la fin du mois de mai. Tout ce que cela entraîne,
c'est que cette loi autorise le gouvernement à imputer ces comptes
à payer au crédit de l'année financière
précédente.
M. Bélisle: M. le Vérificateur
général, est-ce que vous pouvez être satisfait de la date
du mois d'octobre? C'est quand même un mois supplémentaire, ce qui
nous placerait encore plus en avance sur les autres provinces canadiennes pour
la production. Est-ce qu'on peut dire que c'est réellement le maximum
qu'on peut faire, le maximum qu'on peut exiger d'une administration?
M. Chatelain: Pour être satisfait, M. le Président,
je suis un éternel optimiste en ce qui regarde les améliorations.
Je serais très heureux de voir une amélioration d'un mois cette
année. Tant mieux! Bravo! Si on pouvait obtenir un autre mois plus tard,
encore bravol Vous savez, je suis un éternel optimiste.
M. Bélisle: Bon, d'accord.
M. Chatelain: Maintenant, quand on se compare aux autres
provinces, je comprends qu'on n'est pas si en retard que cela. Mais, quand
même, dans d'autres provinces - je pense qu'il y a eu des explications -
par exemple, des élections générales, etc., ont
retardé la présentation d'états financiers dans les
dernières années.
M. Bélisle: M. le Président, le
député de Lévis a touché quelques points, entre
autres - je vais les relever rapidement, on y reviendra au cours de la
journée. D'abord, les comptes à payer non inscrits. Actuellement,
à la suite des recommandations contenues dans votre rapport quant au
traitement des comptes à payer non inscrits, est-ce que vous
considérez que vos recommandations sont
suivies et appliquées?
M. Chatelain: Oui, M. le Président, absolument. Il faut
dire que, dans !e rapport du Vérificateur général, les
recommandations sur ce sujet précis...
M. Bélisle: Oui, oui.
M. Chatelain: L'objectif des recommandations sera atteint par le
biais de cette loi qui a été adoptée, c'est bien
sûr.
M. Bélisle: Donc, si je comprends bien, dans l'application
des lois 129 et 130, votre recommandation concernant les comptes à payer
non inscrits, selon vous, selon votre opinion professionnelle, c'est
satisfaisant?
M. Chatelain: C'est satisfaisant, dans le sens qu'on a
toujours... Je parle de l'objectif, d'accord?
M. Bélisle: Oui, oui.
M. Chatelain: On a prêché, on a recommandé
l'inscription dans les états financiers des comptes à payer, et
c'est ce qui va se faire maintenant.
M. Bélisle: D'accord, Deuxièmement point. Vous avez
parlé des provisions pour mauvaises créances. Même question
pour les provisions pour mauvaises créances: Est-ce que vous
considérez - tout te travail de votre équipe est contenu dans le
rapport que vous avez déposé à l'Assemblée
nationale -que, par les modifications qui sont apportées, vos
recommandations sont suivies ou non par le gouvernement?
M. Chatelain: Concernant les mauvaises créances?
M. Bélisle: Les provisions pour mauvaises créances,
pour créances douteuses.
M. Chatelain: Oui. Concernant les provisions pour mauvaises
créances, la nouvelle convention comptable qui sera désormais
appliquée rencontre exactement les objectifs du Vérificateur
général.
M. Bélisle: D'accord. Troisième question, M. le
Vérificateur général: la valeur des placements dans les
sociétés d'État. Vous y avez touché tantôt.
Il y a un long passage... Je relisais votre rapport. En réalité,
votre rapport est en deux sections. Jusqu'à la page 135, c'est toute
l'administration gouvernementale générale-Vous traitez de ta
grosse machine dans son ensemble, dans l'agrégat, dans la "macro" et,
ensuite, vous ciblez dans les ministères, la Régie des rentes
ainsi que d'autres. Quant à la valeur des placements dans les
sociétés d'État, est-ce que vous considérez que les
recommandations qui sont contenues dans votre rapport déposé
à l'Assemblée nationale sont maintenant suivies par les
modifications que le gouvernement a apportées?
M. Chatelain: M. le Président, je dois dire, en
réponse à cette question, qu'elles sont suivies en partie-
D'accord?
M. Bélisle: D'accord.
M. Chatelain: Le Vérificateur général a
recommandé que, dans certains cas, même plusieurs cas, les
placements dans les entreprises du gouvernement soient reflétés
au moins sur la base de la valeur de consolidation. Et c'est ce que la nouvelle
convention comptable va faire. Par contre, dans notre 'rapport, on va plus loin
que cela à d'autre endroits...
M. Bélisle: Oui.
M. Chatelain:... lorsqu'on parle de l'entité comptable du
gouvernement. Les comptables ont inventé un beau mot, ils appellent cela
le périmètre comptable. De toute façon, on parle de
l'entité comptable du gouvernement.
M. Bélisle: D'accord.
M. Chatelain: Nous recommandons que le gouvernement se penche
là-dessus. Par exemple, tantôt, on parlait d'une loi-cadre pour
classer les entreprises ou les organismes du gouvernement.
Éventuellement, nous voudrions que les organismes et les entreprises du
gouvernement dont la mission s'apparente de très près à
une mission gouvernementale... On ne parle pas d'une mission industrielle,
commerciale, peu importe. Mais ta où il y a une mission gouvernementale
ou qui s'apparente à des activités gouvernementales, dans ces
cas, que les organismes ou les entreprises soient, non seulement
indiqués dans les états financiers sur la base de la valeur de
consolidation, mais qu'ils soient réellement consolidés dans les
états financiers du gouvernement.
M. Bélisle: M. le Vérificateur
général, est-ce que cette procédure se fait? Est-ce
qu'elle est appliquée dans d'autres provinces canadiennes?
M. Chatelain: J'aimerais vérifier, mais je peux
répondre à prime abord, je pense, que cela se fait a deux
endroits peut-être. Je sais que cela se fait en Alberta et je pense qu'en
Colombie britannique, on le fait maintenant.
M. Bélisle: D'accord. Bon, on pourrait peut-être
revenir...
M. Chatelain: D'accord, je le dis sous toutes
réserves.
M. Bélisle: Oui, oui, vous pourriez peut-être le
vérifier et nous revenir après l'heure du lunch et nous... Alors,
cela fait trois points qui semblent... en tous les cas, deux points totalement
couverts, un troisième point en partie couvert d'après vos
recommandations. Moi, j'aimerais cibler peut-être, avant la fin de mon
intervention sur... J'écoutais la discussion tantôt,
c'était très intéressant, mais on parle de chiffres puis,
j'imagine que, s'il y a des gens qui nous écoutent, il y en a
quelques-uns qui doivent être pas mal perdus.
Visites et interventions du Vérificateur
général
Moi, j'aimerais revenir à ta base parce que j'ai dit tantôt
que le but de ce qu'on fait aujourd'hui, c'est de savoir comment vous
fonctionnez, comment vous accomplissez votre mandat. On va prendre un exemple
hypothétique. Vous entrez dans un ministère la première
journée, vous dites bonjour à un cadre. Vous envoyez vos gens.
Comment se fait la première rencontre? Est-ce que vous posez des
questions au cadre? Est-ce qu'il y a un échange qui se fait avec
beaucoup de collaboration, avec le cadre en question. Est-ce que c'est le cadre
lui-même, le sous-ministre, qui vous identifie la liste des points sur
lesquels il est en train de travailler et qu'il essaie de corriger? Car je
regarde cela dans votre rapport et je me dis, il me semble qu'on a un peu
d'expérience dans le domaine de l'administration publique, et je ne veux
pas que notre administration publique passe pour une administration
incompétente. Je pense qu'elle est très compétente, au
contraire. Mais j'imagine qu'il y a une bonne partie de ce que vous nous
rapportez dans votre rapport - c'est un rapport, c'est une sorte d'officier
rapporteur, jusqu'à un certain point - qui est décortiquée
et puis pas mal mâchée par les gens qui sont en place, qui sont
déjà conscients des lacunes qui sont là. Est-ce que je me
trompe? Est-ce que vous pourriez nous donner des précisions
là-dessus?
M. Chatelain: M. le Président, le député ne
se trompe absolument pas. Il est vrai que, lorsque nous entrons, si vous
voulez, dans un ministère ou un organisme, on rencontre les
gestionnaires, c'est bien sûr, et les gestionnaires sont heureux de nous
faire part des mesures qu'ils ont prises justement pour mettre en application,
pour implanter les recommandations que nous avons faites dans le passé.
C'est bien sûr, les gestionnaires s'empressent...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Limoilou, si vous avez une question de règlement à soulever,
soulevez votre question de règlement, mais j'aimerais bien entendre, moi
aussi, M. le Vérificateur général à la suite de la
question du député de Mille-Îles, par respect pour
l'ensemble des parlementaires et pour ce qu'a à nous dire M. le
Vérificateur général. M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: D'accord. Nous rencontrons absolument les
gestionnaires dans les ministères éventuellement. Je dis les
gestionnaires, cela comprend évidemment les sous-ministres adjoints, les
directeurs de service, etc. Éventuellement, nous rencontrons aussi le
sous-ministre ou le président de l'organisme en question. Alors, c'est
une des choses que nous faisons. Nous repassons ensemble les recommandations
que nous avons faites dans le passé pour établir avec eux s'ils
ont mis en place les correctifs que nous avons recommandés. Et ces
personnes-là s'empressent évidemment d'attirer notre attention
sur ce qu'ils ont fait. Je ne sais pas si je réponds à la
question du député, peut-être que le député
pourrait préciser, mais...
M. Bélisle: Prenons un département, un
ministère que vous n'auriez jamais "investigué". C'est possible.
Et là, il y a une liste vierge à préparer. La liste
vierge, ce que j'aimerais savoir, est-ce que, dans votre expérience que
vous vivez, avant de préparer votre rapport, est-ce que 90 % des points,
des lacunes du système vécu par les gestionnaires puis par nos
cadres vous y sont identifiés facilement par la personne qui est de
l'autre côté du bureau? Si c'est le cas, c'est bon pour le
système public québécois, puis c'est une drôle de
bonne note qu'on doit leur donner. C'est cela que je veux savoir de vous. C'est
ma première question.
M. Chatelain: D'accord. En d'autres mots, cela revient à
peu près à ceci. Est-ce que les lacunes ou les faiblesses, nous,
on doit les trouver à tour de bras ou bien, en d'autres mots, est-ce
qu'on joue à la cachette dans les ministères ou bien donc si les
gestionnaires sont responsables au point où ils nous signalent
eux-mêmes ces faiblesses-là? Je dois dire que, dans la
majorité des cas, oui, les gestionnaires eux-mêmes l'admettent et
nous l'indiquent, et nous font même part de leurs projets pour corriger
ces faiblesses.
M. Bélisle: Très bien. Maintenant, pour corriger
ces faiblesses, d'accord, c'est excellent. Si c'est fait d'une telle
façon et que vous avez un esprit de collaboration avec les gens que vous
allez voir, quand les points vous sont identifiés, les lacunes, les
points à corriger, vous, comme Vérificateur
général en vertu de la loi, telle qu'elle existe
présentement, est-ce que vous avez le pouvoir de leur recommander, sans
avoir écrit votre rapport parce que votre rapport n'est pas
écrit, de leur recommander et d'agir un petit peu, parce que j'ai
noté tantôt que vous avez parlé des limites de la
consultation, n'est-ce pas?
M. Chatelain: D'accord. (12 h 15)
M. Bélisle: Est-ce que vous agissez non seulement comme un
vérificateur, un rapporteur, mais aussi, à ce moment-là,
comme un consultant? Parce que ce n'est pas dans la loi, je pense que c'est
bien important. Si vous allez seulement dans te! ou tel ministère ou
dans tel département et que vous faites office d'officier rapporteur,
c'est bien pour l'Assemblée nationale et c'est bien pour la connaissance
de l'exercice du pouvoir au Québec, mais la mécanique et la
correction de la mécanique sur place, l'influence, le contact et
l'échange qu'il y a avec les gens que vous voyez, faites-vous cela
même si ce rôle ne vous est pas dévolu? Ou est-ce que vous
aimeriez l'avoir s'il ne vous est pas donné?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: M. te Président, comme bon
vérificateur, on ne doit pas se substituer à la gestion et on
doit aussi préserver et protéger notre indépendance. En
faisant des recommandations qui seraient précises, il faut s'entendre,
on perdrait notre indépendance à ce moment, parce qu'advenant le
cas où on implanterait une recommandation du Vérificateur
général, laquelle s'avérerait douteuse dans son
application, plus tard, le Vérificateur général perdrait
son indépendance et ne pourrait pas justement critiquer les gestes qui
ont été posés. Ceci étant dît, le
Vérificateur général quand même, bien que son
allégeance soit envers l'Assemblée nationale en premier lieu - il
fait une vérification pour en faire part à l'Assemblée
nationale, c'est bien l'objectif de la loi, n'est-ce pas? - vu ses
interventions de façon ponctuelle dans les ministères et les
organismes, il y a tout de même un article dans la loi qui prévoit
que le Vérificateur général peut faire des
recommandations. C'est l'article 35 qui dît tout simplement: "Le
Vérificateur général peut communiquer ses constatations de
vérification avec les recommandations qu'il juge appropriées aux
autorités gouvernementales et aux responsables concernés sur
toute matière qui, à son avis, est de leur compétence. "
Alors, nous faisons des recommandations. Lorsque nous faisons des
recommandations, nous indiquons l'objectif à atteindre et non pas la
façon d'atteindre l'objectif. On ne se substitue pas, à ce
moment-là, à la gestion. C'est donc dire que nous n'agissons pas
comme consultant. Nous faisons tout simplement des recommandations d'ordre
général, comme vous pouvez le noter, d'ailleurs, dans le
rapport.
M. Bélisle: Bon, alors, je pose la question. Est-ce qu'il
n'y a pas là une faille importante? Un mandat de vérification,
dans n'importe quelle entreprise privée, ce n'est pas exclusivement un
mandat de vérification de la conformité des
procédés et des dépenses avec ce qui est voté par
un conseil d'administration d'une entreprise. C'est plus que cela.
Automatiquement, inévitablement, inexorablement, le Vérificateur
général se retrouve dans la position de faire face aux limites de
la consultation, comme vous l'avez dit tantôt. Que vous nous produisiez,
à l'Assemblée nationale, un rapport qui nous indique clairement
les points à corriger, est-ce qu'il n'y aurait pas une mécanique,
un moyen ou un pouvoir additionnel qui serait peut-être plus pertinent?
Au lieu de nous rapporter tout cela à l'Assemblée nationale et
que, là, nous, nous ayons de la difficulté à rejoindre les
cadres, pourquoi ne pas, tout de suite sur le terrain, dire: Je vous
suggère telle chose? Et le faire de façon très informelle.
Est-ce que cela ne pourrait pas donner des résultats tangibles plus
rapidement que d'attendre qu'on vous entende l'année d'après? Je
ne sais pas, j'essaie de,.,
M. Chatelain: Oui, je comprends le but des questions du
député. Comme tout vérificateur, évidemment,
lorsque nous terminons une intervention de vérification nous faisons un
rapport rie gestion dans lequel on documente nos constatations et nous Faisons
part également de nos recommandations. Mais aussi, comme tout
vérificateur dans le secteur privé également, lorsque nous
faisons des recommandations, on ne peut pas se substituer à la gestion,
à moins d'avoir un mandat nommément de consultation. À ce
moment, c'est autre chose. Même dans le secteur privé, un
vérificateur qui exécute un mandat de vérification
financière, par exemple, émet une lettre à la gestion,
bien sûr, où il fait part de ses constatations. Il fait ries
recommandations de nature très générale, mais il ne va pas
plus loin que cela. C'est bien sûr qu'il a des discussions avec la
gestion, etc., qu'il fait part de ses opinions personnelles, etc., comment on
peut améliorer; mais, dans son rôle officiel de
vérificateur, il se limite justement à des recommandations de
nature générale où il indique l'objectif à
atteindre pour corriger certaines lacunes. C'est bien sûr qu'il peut
aller plus loin, pour être encore plus utile, mais je ne crois pas que ce
soit un rôle que puisse assumer le Vérificateur
général. Par
contre, c'est ce qu'un vérificateur dans le secteur privé
peut se faire confier par un mandat spécifique de consultation.
M. Bélisle: D'accord. En guise de conclusion, on y
reviendra cet après-midi, je dois comprendre qu'à regarder
rapidement votre récent rapport, il y a 135 pages sur la macrogestion
gouvernementale, les conventions comptables, etc., vous semblez très
satisfait, d'après ce que je peux comprendre, de ce qui est
appliqué et de ce qui sera appliqué également par le
présent gouvernement. Je suppose que, l'année prochaine, dans
l'ensemble, vous allez nous arriver avec 135 pages remplies de choses plus
précises, moins générales, plus spécifiques. Est-ce
que c'est votre orientation, maintenant que les grands objectifs que vous avez
soulignés vous semblent être atteints?
M. Chatelain: Je ne sais pas si on fait des déclarations
tout à fait générales pendant 135 pages. Je ne crois pas
que nous faisons des observations générales. Je reconnais et
j'admets bien volontiers que dans le chapitre I, le Vérificateur
général fait des remarques de nature générale. Je
pense bien qu'on va faire cela d'année en année. C'est bien
sûr. Le Vérificateur générai essaie d'attirer
l'attention des parlementaires sur des secteurs qui lui tiennent plus à
coeur. D'accord? Par exemple, les conventions comptables, son mandat, le
début de l'implantation ou de l'application du mandat élargi par
le Vérificateur général, ce genre de choses, c'est bien
sûr. Mais je pense que, dans les autres pages, on essaie d'être le
plus précis possible dans le sens qu'on fait part des constatations et
des recommandations.
M. Bélisle: Ce n'est pas...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Mille-Îles, vous avez terminé. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voyais le temps
passer et je m'inquiétais un peu parce qu'à mon grand regret, je
ne pourrai pas être des vôtres cet après-midi, parce que je
suis appelée dans mon comté. Je constatais qu'avec mon
départ, il ne restera finalement pas beaucoup de femmes autour de cette
table et qu'on devrait peut-être adopter ici votre programme
d'accès à l'égalité pour s'assurer qu'il y ait une
représentation un peu plus équitable.
La vérification intégrée
J'aimerais aborder... J'ai au moins trois questions. Il y a un risque
que vous n'ayez pas le temps de répondre aux trois questions dans les
dix minutes qui nous restent. Je voudrais aborder...
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre! Par respect
pour la députée de Chicoutimi. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn:... la partie du rapport qui touche la
vérification intégrée. D'une part, je vous cite ici le
deuxième paragraphe de la page 15, sur la vérification
Intégrée. Vous dites: "La vérification
intégrée rapportera à l'administration publique selon que
le cycle de vérification s'accomplira dans un espace de temps propice,
que les effectifs de vérification seront compétents et en nombre
suffisant et que l'on pourra recourir aux services experts nécessaires.
Un cycle de vérification est établi de telle façon que
l'ensemble des points de vérification soient atteints durant la vie
normale d'une législature, " Cela m'apparaît un programme fort
ambitieux. Si j'observe un peu les réalisations que vous avez faites
avec 227 personnes, j'essaierais de comprendre combien cela vous prendrait de
personnes additionnelles pour, effectivement, réaliser un tel
programme.
Ma deuxième question, c'est qu'on a pu constater, dans votre
rapport, que vous avez choisi de vérifier un certain nombre
d'organismes. Par exemple, au ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, le volet de l'aide financière aux
étudiants, ensuite Radio-Québec, le Grand Théâtre,
la Régie des rentes. J'aurais aimé connaître les
critères qui guident le Vérificateur général dans
le choix des organismes à être examinés - je ne dirai pas,
à subir, mais à se voir examinés - par le biais de ce
qu'on appelle la vérification intégrée.
Ma troisième question est: Est-ce que l'interprétation que
vous faites de votre loi constitutive vous permettrait d'examiner toutes les
opérations de privatisation? On sait que ces opérations, dans
plusieurs cas, que ce soit Quebecair, que ce soient la raffinerie de sucre ou
Cambior - et là, mon collègue de Bertrand en sait un bout
là-dessus - ont soulevé de nombreuses questions et que cela en a
laissé plusieurs sceptiques et inquiets. Est-ce que
l'interprétation que vous faites de votre loi, en vertu de ce nouveau
mandat de vérification intégrée, vous permettrait
d'évaluer, de procéder à une telle vérification par
rapport à ces opérations?
M. Chatelain: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: Oui, M. le Président. En réponse
à la première question concernant le
nombre de personnes additionnelles qui seraient requises par le
Vérificateur général afin qu'il puisse appliquer son
mandat partout où il a compétence dans la vérification
intégrée, je pense bien que le Vérificateur
général pourrait penser tout de suite à doubler au moins
ses effectifs. Mais je crois qu'il serait peut-être un peu utopique de
penser qu'on pourrait doubler les effectifs du Vérificateur
général. C'est pourquoi, d'abord, nous faisons ces interventions
sur une base cyclique. Quand on dit: "Durant la vie normale d'une
législature", on pense en termes de cinq ans environ. Mais quand
même, ce que l'on fait, c'est qu'on ne fait pas de vérification
mur à mur. Vous avez cité un bon exemple quand vous avez
mentionné la vérification que nous avons faite de l'aide aux
étudiants. C'est un secteur seulement du ministère de
l'Éducation. Alors, lorsqu'on ira dans un gros ministère comme
celui du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science,
on pourrait peut-être vérifier un ou deux programmes seulement. On
pourrait se limiter de cette façon. On essaie de ne pas faire de
vérification mur à mur. Ce serait tout à fait impossible.
Alors, nous essayons de faire des interventions dans le cas des organismes, des
entreprises, des ministères et des programmes plus importants. Nous
essayons de nous limiter à cela parce que cela deviendrait humainement
impossible de les couvrir tous. Alors, avec les ressources que nous avons, nous
essayons d'accomplir au mieux notre devoir en couvrant le plus possible, mais
il faut quand même réaliser que c'est très restreint.
Sur quelle base faisons-nous un choix d'organismes ou d'entreprises ou
encore de ministères quant à ceux ou celles qui feront l'objet
d'une vérification d'optimisation des ressources? Il y a plusieurs
critères qui entrent en ligne de compte. Par exemple, comme je l'ai dit
tantôt, on essaie de couvrir l'ensemble des entités les plus
importantes. Alors, qu'est-ce que l'on regarde? On regarde l'importance des
sommes en cause, l'importance des transactions, l'importance des programmes,
l'ampleur de ces programmes, pour commencer. On regarde évidemment le
degré d'intérêt que cela peut avoir pour l'Assemblée
nationale, parce que, nous aussi, nous lisons les débats de
l'Assemblée nationale, et ainsi de suite. L'Assemblée nationale
s'est penchée sur certains secteurs qui sont d'un intérêt
tout à fait particulier. Je parle au point de vue d'importance, il faut
s'entendre. Alors, il est possible que, vu que les parlementaires ont
dénoté un intérêt très marqué pour un
secteur en particulier, on puisse se pencher sur ce secteur tout simplement
pour informer l'Assemblée nationale.
On peut regarder, par exemple, les travaux pertinents de
vérification, les analyses qui ont déjà été
effectués là par le Conseil du trésor ou encore par le
contrôleur des finances. S'ils ont fait des interventions et que cela a
rapporté quelque chose dans le sens qu'ils ont fait des constatations
importantes et des recommandations, peut-être qu'il n'est pas utile pour
nous d'y aller et de refaire l'opération. On regarde aussi les rapports
de vérification interne et d'évaluation de programme de chacune
de ces entités pour voir ce qui s'est fait, l'état de
santé du ministère, de l'organisme, et ainsi de suite. On regarde
les observations et les recommandations qui ont déjà
été émises dans le cadre de notre mandat,
antérieurement, parce que l'on connaît ces entités, ces
organismes. On les connaît, bien sûr. Alors, à partir de nos
connaissances, on se demande: Est-ce que cela vaudrait la peine d'aller faire
une vérification intégrée ou une vérification
d'optimisation des ressources?
Comme je l'ai signalé tantôt, évidemment, pour
l'importance des activités financières, du degré
d'exposition aux erreurs ou aux carences administratives et aux
irrégularités, là encore on se fonde sur notre
connaissance de l'entité en question. Par exemple, s'il y a des
changements dans la législation et la réglementation pertinente
à cette entité, si on vient de modifier la législation de
façon assez prononcée, ce n'est peut-être pas le temps
d'aller faire une vérification, c'est que le ministère est
actuellement en état de changement au point de vue des structures et de
l'organisation, etc. Il y a tous ces facteurs que l'on doit prendre en
considération lorsque l'on détermine les endroits où on va
faire des interventions, par exemple, de vérification d'optimisation des
ressources.
La dernière question concernait tes opérations de
privatisation. Qu'est-ce que le Vérificateur général
ferait dans ces cas-là, eu égard à son nouveau mandat? Je
pense bien qu'il faut placer le nouveau mandat dans le cadre de l'obligation de
rendre compte, l'obligation d'informer le Parlement de ce qui se passe pour
qu'il puisse se prononcer. On regarderait tout simplement, pour commencer, le
genre d'information dont disposait le gouvernement quand il a
décidé de privatiser ou de vendre, ou d'acheter des actions, peu
importe, quelle sorte d'information le gouvernement avait à sa
disposition? Est-ce que c'était une information complète, fiable,
valable? C'est ce qui serait important pour nous, dans un contexte d'obligation
"redditionnelle", pour que les ministres puissent s'acquitter de leurs
tâches.
Par exemple, on regarderait quels étaient tes objectifs qui
étaient prévus, perçus, les objectifs que le gouvernement
cherchait à atteindre lors d'une opération de
privatisation. Alors, on voudrait commencer par déterminer quels
étaient ces objectifs. Ce n'est pas à nous de les établir,
c'est bien sûr, mais c'est peut-être à nous de les
identifier et ensuite de demander au gouvernement ou à l'organisme en
question, peu importe, un compte rendu quant à l'atteinte de ces
objectifs. C'est à nous de le demander et de nous assurer que le
Parlement a été informé de l'atteinte de ces
objectifs-là qui étaient recherchés, au tout début,
lorsque l'opération de privatisation a été lancée.
C'est ce genre de choses sur lesquelles on se pencherait.
Le Président (M. Lemieux): Nous avons terminé nos
travaux pour cet avant-midi. Nous allons suspendre jusqu'à 14 heures
pour reprendre l'audition du Vérificateur général du
Québec.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 14 h 13)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux. II y
a un changement relativement à la procédure établie pour
le temps de parole. Celui-ci sera de 20 minutes, maintenant, et cette
période, qui appartiendra à un membre de l'une des formations
politiques, pourra être partagée par un autre membre de cette
formation. C'est donc dire que, comme ce matin, la députée de
Chicoutimi n'avait utilisé que dix minutes de son temps de parole,
celui-ci peut être transféré, pour une durée totale
de 20 minutes, à un autre membre de sa formation politique. En ce sens,
je cède donc la parole au député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je reprends
où ma collègue...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez dix minutes
effectivement, M. le député de Bertrand.
M. Gobé: M. le Président, je voudrais demander une
précision. Le temps de parole est transférable dans la même
période? Il pourrait parler 40 minutes à la rigueur...
Le Président (M. Lemieux): Non, non, non.
M. Gobé:... ou si cela prend l'alternance.
Le Président (M. Lemieux): Ce temps de parole, qui
appartient à un membre, peut être transféré à
un autre membre parce que je dois faire respecter la règle de
l'alternance. M. le député de Bertrand parle sur le temps de
parole de Mme la députée de Chicoutimi pour une période de
dix minutes puisqu'elle n'avait pas utilisé ses 20 minutes. Le temps de
réponse du Vérificateur général est toujours
comptabilisé à l'intérieur de ces 20 minutes.
M. Gobé: Donc, il y a l'alternance qui...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: Excusez-moi, M. te Président, ce matin, on
m'a demandé certains renseignements et on m'a signalé que, si je
les obtenais durant l'heure du déjeuner, je pourrais les communiquer aux
membres de la commission. J'ai quelques renseignements que je pourrais
communiquer tout de suite.
Le Président (M. Lemieux): Vous permettez, M. le
député de Bertrand? M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: Merci.
Premièrement, concernant la transmission des états
financiers par le contrôleur des finances au Vérificateur
général, afin qu'il puisse faire la vérification des
états financiers, et le retard qu'on a signalé dans le
dépôt des états financiers, c'est-à-dire qu'ils
étaient déposés en décembre, j'ai signalé ce
matin que nous avions reçu le premier projet d'états financiers
le 18 novembre 1986. C'est exact, mais c'est le premier projet complet; il faut
s'entendre. Il ne faut pas lancer la pierre, il n'y a pas de blâme aussi
flagrant... On avait déjà eu des premiers projets,
peut-être incomplets, dès septembre. Par exemple, les états
des revenus et dépenses et de la dette publique pour la Gazette
officielle ont été disponibles vers le 15 septembre. Les
conventions comptables, l'état de l'actif et du passif et des besoins
financiers ont été disponibles entre le 1er et le 18 novembre. Je
tenais à apporter ces précisions, M. le Président, pour
indiquer qu'on n'avait pas reçu les informations seulement le 18
novembre. On a obtenu des informations bien avant cette date. D'accord?
Deuxièmement, concernant la consolidation, vous savez, la
présentation d'états financiers consolidés qui
comprendraient des informations relativement aux entreprises du gouvernement,
on m'a demandé, ce matin, ce qui se faisait dans d'autres juridictions
provinciales, s'il y en avait d'autres qui consolidaient ces états.
J'avais signalé, ce matin, que je croyais qu'il y avait l'Alberta et la
Colombie britannique.
Cela se révèle exact, l'Alberta et la Colombie britannique
consolident les opérations, si vous voulez, ou les données
financières des sociétés d'État dans leur
juridiction, surtout celles qui ont des activités étatiques,
c'est-à-dire des activités de nature gouvernementale. Dans ces
cas-là, en Colombie britannique et en Alberta, on consolide les
données financières. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général.
M. le député de Bertrand, vous avez la parole.
La vérification d'optimisation des ressources
M. Parent (Bertrand): Oui, M. te Président, un peu dans la
même foulée que ce dont parlait ma collègue, ta
députée de Chicoutimi avant le dîner, je me
référerai aux vérifications intégrées qu'on
retrouve dans vos remarques d'ordre général à la page 19.
Là où j'aimerais avoir un peu plus d'explications, c'est quant au
fonctionnement et, particulièrement, à l'application de ce que
vous appelez la vérification d'optimisation des ressources qui, en
effet, "a pour objectif de déterminer jusqu'à quel point les
ressources humaines, financières et matérielles ont
été gérées avec un souci suffisant
d'économie, d'efficience et d'efficacité". Lorsqu'on parle
d'optimisation des ressources, cela veut dire énormément dans
l'appareil gouvernemental, dans ses ministères, dans ses organismes, et
on voit, un peu plus loin, que vous êtes allé chercher des
ressources additionnelles extérieures pour être capable de faire
certaines de ces vérifications.
Je me demande, M. le Président, comment le Vérificateur
général peut réussir à obtenir satisfaction pour
remplir ce volet de la vérification, cette forme de la
vérification intégrée. Comment peut-il évaluer le
degré de satisfaction, à savoir que cela correspond, de
façon suffisante, à l'optimisation des ressources? Est-ce qu'il
existe des grilles avec lesquelles on est capable de quantifier et de dire:
Oui, tel ministère ou tel organisme a atteint ces objectifs? Puisque, ce
matin, vous nous avez mentionné être, avec les ressources que vous
avez, pratiquement dans l'impossibilité - si j'ai bien compris; vous
pourriez me corriger aussi - d'aller vérifier, entre autres,
l'utilisation de toutes les subventions, donc, de ce qui est émis par
les différents ministères et organismes. Le nom d'un organisme me
vient à l'esprit: ta Société de développement
industriel du Québec. Comment êtes-vous en mesure de faire un
rapport - on a le rapport plus loin et on pourra prendre certains exemples -
sérieusement à partir des ressources que vous avez et être
capable de dire: Oui, il y a optimisation des ressources tant humaines que
financières? Autrement dit, l'efficacité est pratiquement rendue
à son maximum, à son point dit acceptable.
Le Président (M. Lemieux): M. le
Vérificateur général.
M. Chatelain: Merci, M. le Président. Je pourrais
répondre bien succinctement: Ce n'est pas facile. D'une part, à
cause du manque de ressources spécialisées qui seraient
disponibles et, d'autre part, vu l'étendue du champ de compétence
du Vérificateur général. Enfin, la vérification
d'optimisation des ressources est relativement nouvelle dans le secteur public
et même dans le secteur privé dans le contexte où on
l'entend. On appelle cela une science en voie de développement. On a
commencé à pratiquer la vérification
intégrée à Ottawa il y a à peu près une
dizaine d'années. Voilà la limite de notre expérience au
Canada. Évidemment, dans d'autres pays, cela fait plusieurs
années qu'on pratique une vérification s'apparentant à la
vérification intégrée.
Cela étant dit, comment se fait-il que j'aie indiqué ce
matin qu'on ne vérifiait pas ou très peu l'utilisation des
subventions même si on s'était penché sur certains mandats
d'optimisation des ressources? C'est simplement une question de
priorité. Vous avez mentionné l'exemple de la SDI qui verse des
subventions. Nous vérifions là Société de
développement industriel. Sans faire une vérification
d'optimisation des ressources auprès de cette société,
nous vérifions quand même les dossiers de subventions pour
établir que la réglementation ou les bonnes pratiques ont
été suivies, sans faire une vérification d'optimisation
des ressources. On s'entend, d'accord? C'est simplement une question de
priorité, une question de ressources disponibles.
Comment faisons-nous une vérification d'optimisation des
ressources? Vous noterez que nos interventions sont pas mal limitées
dans le sens qu'on ne vérifie pas tout le gouvernement, pas toutes les
entités, etc. On en a fait cinq cette année-là et, cette
année, on en fait peut-être quatre ou cinq, je ne sais pas. L'an
prochain, on en fera peut-être six. Dans un endroit, on peut
établir la relativité entre ce que l'on fait et ce qui se fait
ailleurs. À Ottawa, où le Vérificateur
général du Canada a des ressources peut-être trois fois
plus considérables que les nôtres, il ne fait que six ou sept
interventions d'optimisation des ressources en profondeur, par année. Ce
sont de grosses entités très importantes, mais il se limite quand
même à cela. Il serait impossible de tout couvrir.
Comment faisons-nous une vérification d'optimisation des
ressources? Je pense que vous avez touché à cela
également. Un vérificateur qui fait une vérification
d'optimisation des ressources doit se fonder sur certains critères qui
ne sont pas faciles à établir. Pour commencer, il doit s'appuyer
sur des critères de vérification qui sont acceptables aux
gestionnaires pour que le gestionnaire puisse accepter les constatations du
vérificateur. Il faut être sur la même longueur d'onde.
Alors, on les évalue selon des critères que l'on établit
de concert avec les gestionnaires. Donc, les gestionnaires acceptent les
critères en vertu desquels ils seront évalués si vous
voulez. D'accord?
Alors, ce sont des critères qui peuvent servir également
de points de repère à l'Assemblée nationale. Quand on fait
rapport à l'Assemblée nationale, il faut quand même que ce
soit un rapport utile pour l'Assemblée nationale, un repère ou un
critère qui veut dire quelque chose, qui est concret, que les personnes
qui lisent le rapport puissent saisir exactement la portée de la
constatation. Où puisons-nous ces critères? À part cela,
cela prend un critère applicable et qui soit le moins technique
possible, le moins mystique possible, si vous voulez, que ce soit un
critère concret, qu'on puisse comprendre. Il faut qu'il soit pertinent
évidemment au domaine vérifié et qu'il soit dynamique.
Évidemment, en cours de vérification, puisqu'on peut rencontrer
des situations nouvelles, il faut ajuster ou adapter notre critère
à la situation.
D'où viennent ces critères? Cela vient, par exemple, de
l'expérience documentée dans les livres, peu importe, dans les
manuels de vérifications, et Dieu sait s'il y a maintenant des manuels
de consultation, pour les vérificateurs, et ainsi de suite. Cela peut
venir de là. Cela vient aussi d'organismes professionnels, que ce soient
les ingénieurs, les comptables, les actuaires ou les statisticiens, peu
importe. Cela peut venir tout simplement de lois de l'Assemblée
nationale et de règlements, de directives édictées en
vertu de ces lois. C'est que, dans certains règlements, on a quand
même des exigences. Par exemple, on demande qu'il y ait des soumissions
publiques dans certains cas pour assurer l'économie, n'est-ce pas?
Alors, on peut établir si ces critères ont été
respectés. Cela peut venir également de statistiques, de textes,
comme je le disais tantôt, qui ont été publiés sur
le sujet de la vérification, et des pratiques et des
procédés généralement acceptés comme
appropriés dans les circonstances.
Il ne faut pas se le cacher. Il faut trouver les critères. Il
faut qu'ils soient acceptables, il faut qu'ils soient pratiques et il faut
qu'ils soient acceptés par les gestionnaires. Une fois que nous avons
établi ces critères, évidemment, on fait notre
vérification, puis on évalue justement la gestion en fonction des
critères. Évidemment, on fait également part de nos
constatations aux gestionnaires et on leur demande leurs réactions.
C'est à peu près la façon dont on procède dans une
vérification d'optimisation des ressources, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général. Vous pouvez continuer, M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui. Toujours dans cette même
foulée, est-ce qu'il serait possible de déposer, pas à
cette séance-ci, mais dès qu'il vous sera possible de le faire,
pour le bénéfice des parlementaires de cette commission, quelques
exemples à partir des cas étudiés cette année qui
ont été ce que j'appellerais la grille de référence
d'analyse dans le but d'être capable, l'année prochaine, nous,
d'essayer de voir l'application de cette chose-là par rapport aux
différents ministères ou organismes choisis. Je pense que cela
pourrait être intéressant, quitte à ce que nous puissions,
nous autres mêmes, apporter dans une prochaine séance, soit
l'année prochaine ou avant, je t'espère, peut-être des
additions de ce côté.
J'aimerais poser d'autres questions, mais ça relève d'un
autre secteur et ça va être passablement long. Étant
donné qu'il reste juste une minute, M. le Vérificateur
général, concernant le cas de ce matin amené par mon
collègue, le député de Lévis, seulement pour
clarifier ce secteur, à savoir que, dans ce qui est arrivé
concernant le Solliciteur général aux engagements financiers qui
n'ont pas passé par la procédure habituelle et tout ça,
est-il possible...
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais souligner au
député de Bertrand que M. le député de Lévis
n'a pas fait état du cas du Solliciteur général...
M. Parent (Bertrand): II a été...
Le Président (M. Lemieux):... au sujet des engagements
financiers,
M. Parent (Bertrand): Je souligne donc ce qui a été
mentionné dans les journaux par rapport à des choses qui ont
échappé et que vous-même vous avez dit, en tant que
Vérificateur général, avoir appris de la même
façon que nous. Ma question est simple. Peut-il y avoir d'autres choses
qui aient échappé à nous en tant que parlementaires,
à la machine gouvernementale et au Vérificateur
général? Cela s'est passé dans un cas. Est-ce
possible?
M. Chatelain: M. le Président, bien sûr,
comme je l'ai indiqué ce matin, ce serait hypothétique
évidemment que de répondre à cela. Si cela s'est
réalisé ailleurs, c'est peut-être toujours possible. Mais,
comme je l'ai indiqué ce matin, il s'agit là d'un aspect qui va
faire partie de nos programmes de vérification à l'avenir.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais peut-être
souligner, M. le Vérificateur général, que ce processus se
rattache au niveau du Conseil du Trésor et de l'Assemblée
nationale. Je pense que vous en êtes bien conscient,
M. le député de Huntingdon.
Économies réalisables
M. Dubois: Merci, M. le Président. M. le
Vérificateur général, un des aspects qui me semble
très important dans votre rapport, c'est entre autres, la gestion de la
trésorerie. Dans ce sens, vous avez indiqué l'absence d'une
structure formelle de coordination et de suivi concernant les
ministères. J'aimerais que vous puissiez préciser un peu votre
perception de ce que pourrait être, pour remplacer l'absence de
structures, l'idéal dans les ministères, pour
récupérer en fait tous les fonds et la manière dont on
pourrait le faire.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais ajouter quelque
chose, M. le Vérificateur général, relativement à
cette question. Vous parlez aussi d'économies de 20 000 000 $ qui
pourraient être réalisées selon que ta durée des
entrées et des sorties de fonds soient terminées au 31 mars 1986.
Et selon cette entrée qui se chiffrait quand même à 120 000
000 000 $, vous parlez d'une économie d'une vingtaine de millions de
dollars, Pourriez-vous nous dire comment nous pouvons vous aider relativement
à la procédure? C'est en sous-question à la question du
député d'Huntingdon.
M- Chatelain: M. le Président, avec votre permission, je
vais demander à un de mes adjoints, c'est-à-dire à un
directeur de vérification chez nous, de répondre
spécifiquement à la dernière partie de la question
concernant les économies possibles.
Pour répondre à la première partie de la question
concernant la coordination ou le manque de coordination formelle, c'est que,
dans le moment, comme le prévoit la loi - il n'y a absolument rien
d'irrégulier si on se réfère aux lois de ce secteur -
c'est le ministre des Finances qui a une responsabilité directe sur la
gestion de la caisse comme telle et aussi concernant les dépôts ou
l'encaissement et le décaissement de certaines recettes et
dépenses. Mais la responsabilité légale du ministre des
Finances ne s'étend pas à toutes les transactions, à
toutes les opérations d'encaissement et de décaissement du
gouvernement. Pensons, par exemple, au ministre du Revenu qui a des
responsabilités d'encaissement de recettes quand même assez
importantes. D'accord? Cela se présente également ailleurs.
Concernant les décaissements, les dépenses et les
déboursés, évidemment, plusieurs ministères ont des
responsabilités. Bien que le ministère des Finances ait des
responsabilités de coordination concernant les décaissements, ce
sont les ministères eux-mêmes qui déterminent, selon leur
bon vouloir, les dates auxquelles seront faits les paiements, ainsi que celles
où les chèques seront émis, etc. (14 h 30)
Notre recommandation, c'est tout simplement dans le sens qu'il devrait y
avoir une coordination pas mal plus structurée de ce côté;
elle pourrait s'exercer par le ministère des Finances. C'est que le
ministre des Finances sache, à peu près au jour le jour, si vous
voulez, d'une façon quotidienne, ce qui se passe; c'est qu'il y ait des
directives ou des lignes de conduite à suivre et que le ministère
des Finances puisse s'assurer du respect de ces directives. C'est dans ce
sens-là, très général... On ne dit absolument pas
qu'il y a eu quelque chose d'irrégulier. Absolument pas! Mais, nous
croyons que la coordination pourrait être plus formelle, plus
structurée de ce côté et que, probablement, on pourrait
réaliser des économies additionnelles - on parle
d'intérêts sur l'argent, à ce moment-là.
Maintenant, concernant la deuxième partie de la question, quant
aux montants plus précis d'économies possibles, avec votre
permission, M. le Président, je passerai la parole à M. Arthur
Roberge, directeur de vérification chez nous; c'est lui qui a
été responsable de cette vérification d'optimisation des
ressources, l'an passé.
M. Roberge,
Le Président (M. Lemieux): M. Roberge, s'il vous
plaît.
M. Roberge (Arthur): M. le Président, concernant la
question soulevée quant aux économies possibles, en ce qui
concerne le ministère du Revenu, ce que nous disons, c'est que, si les
dépôts des recettes fiscales se faisaient plus rapidement, on
pourrait à ce moment-là avoir des sous beaucoup plus vite et
faire en sorte que les emprunts à court terme, par exemple du
ministère des Finances, au niveau du compte de banque en
général, soient moins élevés. Ce qui veut dire que
si on encaissait toutes les recettes de 50 000 $ et plus la même
journée et les autres recettes de 50 000 $ et moins le lendemain, le
fait que ces recettes entrent plus vite dans le fonds consolidé ferait
en sorte qu'on pourrait ainsi épargner environ
12 000 000 $ en intérêts, si vous voulez, parce qu'on
aurait les sous plus rapidement.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous des exemples concrets
- par exemple au ministère du Revenu principalement - à nous
donner sur la perception d'argent que vous considérez comme étant
un délai peut-être plus ou moins raisonnable et qu'il y aurait
possibilité d'améliorer?
M. Roberge: À la page 120 de notre rapport, à
l'aide d'un échantillonnage qui a été fait sur des
recettes encaissées durant les mois de mars, d'avril et de mai, nous
avons déterminé que le délai moyen pour l'ensemble des
recettes était de 3, 62 jours. C'était seulement en jours
ouvrables. C'est un peu plus élevé si on tient compte aussi, si
vous voulez, des journées non ouvrables. Pour 50 000 $ et plus, c'est 1,
33; 1000 $ à 50 000 $, 3, 46; 300 $ à 1000 $, 4, 7 et 1 $
à 300 $, 3, 88. Ce qu'on dit, en fait, et cela comme le disait tout
à l'heure, M. Chatelain, en trésorerie, habituellement, on essaie
de déposer nos recettes le plus rapidement possible. C'est à
partir de ce principe-là que nous avons déterminé qu'il y
avait un peu de retard dans le dépôt des recettes et que, si on
encaissait plus vite, ce serait autant de sous de gagnés.
M. Després: Juste une question, M. le
Président,
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Limoilou.
M. Després: J'aimerais simplement savoir si le
ministère du Revenu - il faut se rappeler que le rapport est daté
du 31 mars 1986 - a modifié sa perception dans le dépôt des
chèques qu'il perçoit présentement? Y a-t-il eu des
modifications au ministère du Revenu, jusqu'à maintenant? Le
savez-vous?
Le Président (M. Lemieux): M.
Châtelain.
M. Chatelain: M. le Président, je ne peux pas l'affirmer
catégoriquement, mais je ne crois pas, parce que la réaction du
ministère indique bien qu'il va tenir compte de nos recommandations
à ce sujet-là dans la refonte qu'il doit faire de tous ses
systèmes. Cette refonte n'est pas encore en place évidemment.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je ne veux pas apporter une
coloration politique à la question que je soulevais tout à
l'heure, mais j'aimerais qu'on puisse me dire si la décision du ministre
des Finances d'exiger le remboursement ou la remise des retenues à la
source bimensuellement, s'inscrit dans la foulée de vos
recommandations.
Le Président (M. Lemieux): M. le vérificateur.
M. Chatelain: M. le Président, je ne crois pas que je
puisse répondre à cela, dans le sens qu'il s'agit là de
beaucoup plus qu'une pratique. Il s'agit d'une politique gouvernementale,
à savoir la périodicité de la perception de certaines
recettes. C'est prévu dans la loi. À ce moment-là, tout ce
que l'on ferait, c'est de s'assurer tout simplement du respect de cette
loi.
M. Dubois: Cela ne fait pas suite à une recommandation
précédente des années antérieures.
M. Chatelain: Non, absolument pas, M. le Président.
M. Dubois: Je m'aperçois quand même que cette
décision du ministre va rapporter, cette année, 5 000 000 $
supplémentaires et 20 000 000 $ l'an prochain. Je pense que c'est quand
même une décision importante. C'est la question que je posais pour
savoir si c'est une recommandation faite antérieurement au
ministère des Finances.
M. Chatelain: Non. Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Vous faites aussi état
de délais additionnels tolérés par le ministère du
Revenu. À la page 121, dans l'avant-dernier paragraphe, vous parlez de
lois fiscales qui précisent des dates limites et vous semblez reprocher
ou, du moins, faire état qu'on donnerait des délais additionnels
à ceux que prévoient déjà les lois fiscales, ce qui
entraînerait une perte de revenu pour le gouvernement. Dans un premier
temps, j'aimerais savoir s'il y a eu des correctifs à cet effet.
Dans un deuxième temps, si je me souviens bien, quant aux
paiements à la Régie de l'assurance-maladie, il me semble qu'on
prévoit un délai de 45 jours pour payer les médecins. Il
semblerait qu'on ne respecte pas ce délai et qu'on paie en
deçà, dans un délai qui serait inférieur. Est-ce
que vous avez des remarques à faire à ce sujet?
M. Chatelain: Concernant les délais, une certaine
tolérance est pratiquée par le ministère du Revenu quant
aux dates auxquelles devraient entrer les remises fiscales. Nous croyons que
ces délais ne sont pas toujours respectés. Et même, il est
évident que les délais ne respectent pas la loi dans plusieurs
cas. Cette tolérance fait en sorte que, justement, il y a 8 000 000
$
en intérêts qui représentent un manque à
gagner. En d'autres mots, si les remises étaient faites à temps,
selon la réglementation et selon la loi, un montant de 8 000 000 $
serait économisé. Maintenant, quant à savoir si le
ministère a pris des mesures pour corriger ces délais... ? Cela
confirme ce que je disais tantôt. Cela va faire partie de la refonte que
le ministère doit faire. Donc, il n'y a pas encore eu d'implantation de
cette recommandation.
Le Président (M. Lemieux): En ce qui concerne le paiement
effectué aux médecins par la Régie de l'assurance-maladie,
il semble que le délai soit de 45 jours et que le paiement soit fait
avant ces 45 jours, est-ce que c'est exact? Est-ce que vous avez des
commentaires à faire à ce sujet?
M. Chatelain: Je pourrais demander a M. Roberge...
Le Président (M. Lemieux): Oui, s'il vous plaît.
M. Chatelain:... de nous donner un complément
d'information là-dessus, s'il y en a un.
M. Roberge: À la RAMQ, on paie beaucoup plus rapidement
que l'exigent les ententes...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que c'est bien 45
jours?
M. Roberge:... conclues avec les fédérations des
professionnels de la santé qui mentionnent un délai maximal de 45
jours. Au moment où la demande de paiement ou la facture du
professionnel de la santé arrive à la RAMQ, la Régie de
l'assurance-maladie du Québec pourrait prendre jusqu'à 45 jours
pour payer. En 1985-1986, on avait un délai moyen de 27 jours. Si ce
délai est étiré sans se rendre à 45 jours, si on
s'entend pour payer à 45 jours, il faut faire attention, parce qu'un
paiement peut comprendre plusieurs demandes de paiement. Donc, on n'est pas
capable, en théorie, de toujours payer à 45 jours. Par exemple,
si on étirait cela de cinq jours, on pourrait épargner environ 1
500 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Combien?
M. Roberge: Excusez-moi, c'est-à-dire 1 800 000 $ en
intérêts, parce que la RAMQ est financée par le fonds
consolidé.
Le Président (M. Lemieux): D'accord, cela va.
M. le Vérificateur général, vous voulez apporter un
complément de réponse?
M. Chatelain: M. le Président, en réponse à
votre question pour savoir si quelque chose avait été fait pour
changer cette pratique, selon nos renseignements, rien n'a encore
été fait.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général.
M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: La rapidité des encaissements et des
dépôts fait partie des suggestions que vous formulez depuis
plusieurs années. Est-ce que vous avez pu identifier une
amélioration constante depuis nombre d'années - je ne parle pas
depuis deux ou trois ans - où vous inscrivez dans vos recommandations
d'améliorer la rapidité des dépôts? Est-ce qu'on
peut dire que cela s'améliore constamment? Est-ce qu'il y a une
meilleure participation des ministères?
M. Chatelain: M. le Président, il est très
difficile de répondre à cette question dans le sens que, l'an
passé, nous avons fait une vérification d'optimisation des
ressources qui est une vérification d'envergure gouvernementale. On
s'est penché de façon délibérée sur
l'ensemble de ce problème ou de ces difficultés. D'accord? C'est
la première fois qu'on le fait. Alors, on ne peut pas vous donner
réellement le pouls, à savoir s'il y a eu amélioration
parce qu'on n'a pas fait cette étude dans le passé de
façon délibérée. Je dois dire que, dans des cas
isolés dans le passé, où nous avions noté certains
retards dans des dépôts ou des encaissements, il y a eu
amélioration à la suite de nos recommandations.
Évidemment, ce n'est pas une réponse qui couvre l'ensemble. Je ne
peux pas vous dire que, dans l'ensemble, il y a eu amélioration, on ne
le sait pas.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général.
M. le député de Limoilou.
M. Després: Oui, M. le Président. On sait que le
ministère de l'Éducation a procédé récemment
à une étude en vue d'aligner les versements de subventions aux
cégeps sur le rythme de leurs déboursés. Vous dites dans
votre rapport au 31 mars, à la page 124, qu'il y avait des
excédents de liquidités importants dans les fonds de
fonctionnement, c'est-à-dire qu'au 30 juin 1985, ils s'élevaient
à près de 43 000 000 $. Est-ce que c'est une pratique qui
était courante ou si on n'a effectivement jamais eu de suivi pour
équilibrer les sorties et les entrées de fonds, étant
donné que ces fonds viennent du fonds consolidé, ce qui fait que
pour l'État, comme vous le dites, c'est une perte
d'intérêts en revenus pour le gouvernement? J'aimerais avoir des
explications là-
dessus.
M. Chatelain: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander à M. Roberge, s'il vous plaît, de donner le
complément d'information?
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Roberge: M. le Président, si j'ai bien compris votre
question, vous vous demandez si le fait d'avoir un solde ou un surplus aussi
imposant dans les cégeps était une coutume.
M. Després: Une pratique courante, si vous voulez.
M. Roberge: Une pratique courante. Les chiffres que nous vous
donnons ici sont au 30 juin 1985; c'était pour l'année 1984-1985.
Au moment où nous avons fait notre vérification, il était
difficile d'avoir des chiffres un peu plus récents parce que ce travail
a été fait en 1985-1986. Ce que nous avons vu était un
surplus d'environ 43 000 000 $. Est-ce que cela a toujours été
comme cela dans les années passées? Peut-être moins pire
que cela, c'est-à-dire que ce surplus n'est pas venu tout d'un coup.
Cela s'est fait graduellement au fur et à mesure des années. Il
faut dire aussi que la politique de versements du ministère était
complète, c'est-à-dire à leur égard. On leur
accordait 100 % de la subvention dans l'année même, contrairement
aux commissions scolaires qui, elles, ne percevaient que 85 % de la subvention
accordée et 15 % neuf mois après. Il faut penser aussi que les
cégeps avaient d'autres sources de revenus. Ils avaient quand même
d'autres sources. On exige des frais de perception de 50 $ à chaque
étudiant. Et il y avait d'autres services, l'éducation aux
adultes.
M. Després: Par contre, vous ne pourriez pas nous donner
exactement, par rapport à l'année d'avant ou par rapport à
il y a deux ou trois ans, le cumulatif dans ce cas.
M. Roberge: Non, je n'ai pas cette information pour le moment
dans mes dossiers. On pourrait toujours vous le donner à une
séance ultérieure.
M. Després: Mais le ministère de l'éducation
est tout de même sensible à modifier cette situation...
M. Roberge: Oui, je pense.
M. Després:... à l'heure actuelle dans le cadre de
l'année financière.
M. Roberge: Oui.
M. Després: Merci, M. le Président,
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions du côté ministériel? Il n'y a pas d'autres
interventions du côté ministériel.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je vous remercie de me donner
l'occasion d'interroger le Vérificateur général, et mes
premiers mots seront davantage un commentaire, si vous me le permettez, qui
sera très court. Je suis heureux de constater que, dans votre rapport
que nous étudions, vous ayez persisté, comme Vérificateur
général, à nous rappeler qu'il était un peu
étonnant que, comme parlementaires, nous ne nous acquittions pas plus
rapidement de cet exercice. Je trouve nécessaire et utile, comme
parlementaire, de prendre le temps de fouiller et de s'interroger sur le
rapport du Vérificateur général qui est quand même
un outil de gestion capital dans un gouvernement. Si j'ai une certaine
gêne à le faire aujourd'hui, comme parlementaire depuis onze ans,
c'est comme parlementaire que je suis gêné et non pas comme membre
d'une formation politique.
Une voix: Vous rougissez.
M. Gendron: Non, tout peut m'arriver, mais pas rougir.
Une voix: Ou bleuir. Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gendron: J'espère. Très sérieusement, je
pense, M. le Président et membres de cette commission, que cela
témoigne qu'il nous arrive - je pense que c'est important de le noter -
comme parlementaires, parfois, d'avoir de la difficulté à nous
acquitter pleinement de nos responsabilités, au-delà des lignes
de parti. L'exercice d'aujourd'hui devrait être un exemple à
suivre dans d'autres domaines où, souvent, si on rangeait mieux nos
priorités comme parlementaires, il n'est pas sûr que nous ferions
toujours ce que nous faisons. (14 h 45)
Je veux vous féliciter d'avoir eu la persistance d'écrire
encore une fois, combien il était urgent de prendre le temps de regarder
cela. Cela ne veut pas dire qu'aujourd'hui tout sera réglé, mais
je souhaite que nous creusions davantage et, année après
année, cet outil de travail que doit être le rapport du
Vérificateur général toujours au delà de la
personne proprement dite, mais, au niveau de la personne institutionnelle en
tout cas, je pense que
c'est fondamental.
Ressources humaines essentielles
Ma première question concerne les ressources humaines. J'ai eu
l'occasion de siéger pendant plusieurs années au Conseil du
trésor et, fréquemment, je voyais - encore là,
indépendamment de la personne, mais si je me réfère
à la personne institutionnelle -les demandes du Vérificateur
général pour des ajouts d'effectif, prétextant, une fois,
que c'était à la suite d'une modification de la loi qui
prolongeait votre mandat, une autre fois que c'était à la suite
d'une lecture professionnelle que probablement le Vérificateur faisait
et arrivait à la conviction qu'il n'avait pas les ressources requises
pour s'acquitter pleinement de son mandat, peu importe la
référence, que ce soit au niveau de la loi ou strictement au
niveau de ce qu'il observait. Comme j'ai toujours aimé les choses
concrètes et pratiques, quand cela a été touché cet
avant-midi vous avez dit: Écoutez, on peut là-dessus en faire
beaucoup, peu, passionnément, à la folie, indépendamment
de vos convictions.
Ma question sera claire: dans la perspective où le Conseil du
trésor vous octroierait des ressources additionnelles - on parle des
ressources humaines - c'est quoi le nombre qui, d'après vous, urgemment,
est requis? Est-ce que c'est 10, 15, 32? Je veux cela concret comme ça.
Dans la perspective où vous auriez des ressources additionnelles, sur
quoi ces personnes se mettraient-elles rapidement au travail? Qu'est-ce qui est
prioritaire comme carence ou déficience au bureau du Vérificateur
général en matière de "priorisation" des choses à
faire? Vous connaissez sûrement la loi mieux que moi, la vôtre,
mais il n'en demeure pas moins que même s'il y a des choses
incomplètes actuellement dans cette loi-là, il y a sûrement
des priorités sur lesquelles vous affecteriez des ressources
additionnelles si vous en aviez. Si c'était le cas, sur quoi ces
gens-là travailleraient-ils demain matin? Une vérification d'un
ministère particulier que vous avez en tête? Un organisme qui vous
fatigue depuis un certain temps, mais que vous n'avez pas eu l'occasion de
"checker" à votre goût, si vous me permettez l'expression?
Serait-ce une société d'État qui ne fait pas
nécessairement ce que vous pensez qu'elle devrait faire? J'aimerais
avoir votre avis précisément. On ne peut pas demander des
ressources et ne pas savoir exactement où on les affecterait, le
lendemain que nous les aurions, dans la perspective où la réponse
serait positive. J'aimerais vous entendre là-dessus d'une façon
très précise, et en nombre et en affectation.
Le Président (M. Lemieux): M. le
Vérificateur général.
M. Chatelain: Merci, M. le Président. D'abord, simplement
une précision. Nous présentons nos demandes de budget au Bureau
de l'Assemblée nationale qui est un organisme qui représente
l'Assemblée nationale, c'est sûr. C'est simplement pour
protéger ou préserver l'autonomie du Vérificateur
général vis-à-vis du vérifié. Donc, ce n'est
pas le Conseil du trésor qui nous octroie nos ressources dans ce
sens-là.
M. Gendron: Non. Juste une seconde!
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je sais cela. Cependant, les ressources
additionnelles, compte tenu que les directives aux instances internes
proviennent du Conseil du trésor concernant l'ajout de ressources, il
est souvent arrivé, peu importe le plaideur, que ce soit le
Vérificateur général ou le président de
l'Assemblée nationale au nom du Vérificateur
général, que cela aboutisse au Conseil du trésor parce que
c'est là que j'ai vu les dossiers. En conséquence, je pense que
la référence était exacte quand même, compte tenu
que c'est le Trésor qui statue sur la question des ressources
numériques.
M. Chatelain: D'accord. Pour répondre bien
précisément à ces questions-là, au point de vue du
nombre de ressources additionnelles dont on aurait besoin, je retourne, comme
je l'ai indiqué ce matin et vous vous êtes très bien
référé à cela, M. le député... Une
vérification intégrée, c'est élastique. On peut en
faire beaucoup et on peut en faire moins. Mais ce qu'il serait souhaitable de
faire dans un contexte où on veut que l'imputabilité fonctionne
au niveau de l'Assemblée nationale... Je retourne à ce que
j'avais dit en commission lorsque le projet de loi qui est devenu par la suite
la Loi sur le vérificateur général a été
discuté en commission parlementaire, on prévoyait à ce
moment-là une augmentation des ressources qui ferait en sorte qu'on
aurait un effectif total d'à peu près 245 ou 250 postes, en gros.
Dans le moment, au budget de 1987-1988 on a, je crois, 235 postes. Cela vous
donne un ordre de grandeur. On manque à peu près de 10 à
15 postes pour atteindre justement le niveau qu'on avait indiqué
à ce moment-là. Et on n'a pas changé d'idée depuis
ce temps-là. Cela représente pour nous à peu près
le nombre idéal qu'on devrait atteindre afin de faire un travail
raisonnable, sans en faire trop, mais en faire quand même
suffisamment.
D'autre part, où appliquerions-nous ces ressources? Je dois vous
dire, dès le début,
qu'un champ qui a été oublié à cause du
manque de ressources est justement tout le secteur des subventions, sujet que
nous avons soulevé ce matin, l'utilisation des subventions où une
bonne partie du budget de la province est dépensé. Je vous dis
tout de suite qu'on regarderait ce secteur-là.
Deuxièmement, l'autre secteur... Oui?
Le Président (M. Lemieux): Des subventions à la
fois publiques et privées.
M. Chatelain: Oui, dans le sens des subventions qui sont
versées par le gouvernement ou ses organismes dans les secteurs...
Le Président (M. Lemieux): D'accord.
M. Chatelain: Je comprends ce que vous voulez dire. Dans les
secteurs public et privé.
Une voix: Oui.
M. Chatelain: Oui, c'est cela. D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Je vois votre assistant qui dit
oui, effectivement. D'accord.
M. Chatelain: D'accord. Du moment qu'il s'agit de subventions qui
sont conditionnelles. Par exemple, une subvention d'équilibre
budgétaire, c'est conditionnel. C'est cela. Voilà. Ce serait la
priorité numéro un. La priorité numéro deux, et
celle-là est presque aussi importante que celle que je viens de
mentionner, c'est l'exercice du droit de regard du Vérificateur
général sur les travaux qui sont faits auprès
d'entreprises et d'organismes qui ne sont pas vérifiés
directement par le Vérificateur général, ceux qui sont
vérifiés par d'autres vérificateurs. C'est prévu
dans notre loi. Je pourrais vous donner les références aux
articles de la loi qui édictent que le Vérificateur
général doit exercer un droit de regard. Il faut dire qu'il
l'exerce au nom de l'Assemblée nationale, c'est bien sûr, à
ce moment-là. C'est pour s'assurer que les exigences
d'imputabilité sont les mêmes auprès d'organismes et
entreprises du gouvernement, peu importe qui en est le vérificateur.
En d'autres mots, est-ce que les vérificateurs du secteur
privé ou de la pratique privée, qui font ces travaux, font les
travaux prévus dans la Loi sur le vérificateur
général? C'est pour s'assurer du respect de ces exigences
légales, d'une part, et, d'autre part, est-ce que, dans ces travaux, il
y a certaines constatations qui devraient être portées à
l'attention de l'Assemblée nationale? Vous savez qu'un
vérificateur du secteur privé est joliment mal placé pour
attirer l'attention de l'Assemblée nationale sur certaines lacunes
sérieuses, sur certaines lacunes qu'il pourrait constater dans ses
travaux. Alors, le Vérificateur général lui-même,
par l'exercice de son droit de regard, pourra en faire part à ce moment
à l'Assemblée nationale. Alors, ce serait le deuxième
secteur où on appliquerait ces ressources additionnelles.
Comptabilisation des régimes de
retraite
M. Gendron: Je vous remercie. En tout cas, en ce qui me concerne,
je trouve que les réponses aux deux questions étaient
précises comme je le souhaitais.
La deuxième question que je poserais porte sur l'important bloc
ou incidence, dans tout le volet des finances publiques d'un gouvernement et
d'un Vérificateur général, des régimes de retraite.
À la page 32 de votre rapport, je pense que vous exprimez avec raison
que le gouvernement présente actuellement dans ses états
financiers, bien sûr, des informations, des renseignements, mais qu'il ne
comptabilise qu'une partie des régimes de retraite. En
conséquence, cela ne m'apparaît pas refléter une situation
complètement exacte.
Tout ce que vous nous dites comme Vérificateur
général là-dessus, à moins qu'il n'y ait d'autres
écrits ailleurs que je n'ai pas vus, ce qui me surprendrait pour la
section que je touche, c'est qu'actuellement il y a un groupe de travail sur
les régimes de retraite, d'abord pour faire les accords entre les
diverses théories comptables ou autres, pour s'assurer qu'il y ait un
peu plus d'uniformité dans la méthode de comptabilisation. Sauf
que pour le gouvernement actuellement, sa méthode, c'est de ne pas les
comptabiliser pleinement. Donc, il y a une partie qui n'est pas
comptabilisée. Â ce moment, j'aimerais savoir un peu plus votre
point de vue comme vérificateur sur les conséquences que cela
peut avoir effectivement sur une bonne lecture des états financiers du
gouvernement au-delà - même si je reconnais la complexité
du problème -des conclusions du groupe de travail, puisque vous dites
bien que c'est tellement important qu'on va regarder cela à nouveau et
qu'on va attendre les conclusions du groupe de travail pour savoir ce qu'il a
à nous dire là-dessus. Vous dites cela dans votre rapport, et je
suis convaincu puisque, règle générale, vous avez souvent
utilisé à bon droit, selon la loi en tout cas, votre pouvoir de
conseil au gouvernement. J'aimerais que vous profitiez de votre
expérience comme Vérificateur général pour nous
indiquer, sur les régimes de retraite, au-delà de la
nécessité de regarder cela d'une façon très
générale, comment vous voyez le fait que les coûts soient
uniquement reflétés en partie dans les états financiers du
gouvernement?
Le Président (M. Lemieux):... M. le député
d'Abitibi-Ouest le permet en sous-question relativement au même sujet.
Vous me permettez, M. !e député d'Abitibi-Ouest? Est-ce que le
problème ne concerne pas la période d'amortissement? J'aimerais
aussi que vous puissiez nous faire état de cette question. Quant aux
régimes de retraite, est-ce que vous avez eu toute l'information? Est-ce
que l'information vous a été fournie en totalité?
J'aimerais savoir. Pourriez-vous éclaircir ces deux aspects?
M. Chatelain: D'accord, M. le Président.
Premièrement, je pense que le groupe de travail auquel le
député fait référence, je crois qu'il s'agit.,.
Est-ce que je me trompe, M. le député, il s'agit du groupe de
travail auquel a fait référence le ministre des Finances dans son
discours sur le budget il y a un an et demi.
M. Gendron: Exact.
M. Chatelain: D'accord. Qu'il y aurait un groupe de travail qui
se pencherait, qui étudierait cela. Bon, d'accord. Je dois dire qu'il y
a eu quelques rencontres entre des représentants du ministre des
Finances ou du ministère des Finances et nous-mêmes sur le sujet.
Et d'ailleurs, il y a quelques petites modifications qui ont été
apportées dans les récents mois à cette convention
comptable. D'accord? Maintenant, quelles sont les conséquences d'une
bonne lecture, c'est que, dans le moment, il ne faut quand même pas dire
que le gouvernement cache l'information dans ce sens que cette information
n'apparaît nulle part. Elle apparaît dans des notes aux
états financiers.
Il y en a une partie qui apparaît à la face même des
états financiers et le solde de l'information, si vous voulez, on le
retrouve dans les notes complémentaires des états financiers.
Bien nous, ce que nous disons comme vérificateurs, c'est qu'une bonne
présentation de l'information devrait faire en sorte qu'à la face
même des états financiers on retrouve l'information suffisante
pour pouvoir déterminer quelle est l'obligation - mais je dis bien
à la face même des états financiers - du gouvernement
envers ses régimes de retraite. D'accord? Il s'agit des
bénéfices qui ont été gagnés. C'est une
obligation qui est réelle celle-là - les bénéfices
qui ont été gagnés - c'est une dette qui
éventuellement devrait être honorée, c'est bien sûr.
C'est ce que nous recommandons depuis de nombreuses années. Dans le
moment, je dois dire que tout ce secteur des régimes de retraite dans
les administrations publiques représente un joli problème qui est
à l'étude entre autres à l'Institut canadien des
comptables agréés de concert avec - je ne sais pas si on
l'appelle l'institut - l'Institut canadien des actuaires, dans le moment. Cela
fait également l'objet d'une discussion et même d'un projet de
directive ou d'une prise de position éventuelle par l'Institut canadien
des comptables agréés.
Je dois dire que les premières indications nous font voir
qu'éventuellement, je pense bien que l'institut va prendre position
à peu près dans le sens que nous recommandons nous aussi dans
notre rapport. Éventuellement, on se dirige vers cela,
c'est-à-dire de dévoiler d'une façon claire, à la
face même des états financiers, quelles sont les obligations du
gouvernement envers les régîmes de retraite.
Maintenant, pour retourner à la question qui a été
soulevée par le président, à savoir s'il s'agit d'une
question d'amortissement, c'est bien sûr que, quand on parle des
obligations, il y a une bonne partie de ces obligations qui ne sont pas
reflétées et qui ont trait à plusieurs services
passés. On ne parle pas des services qui ont été rendus
tout simplement au cours de la dernière année. Là, il n'y
a pas de règle établie dans les administrations publiques encore,
du moins dans le moment, sur la façon de refléter cela dans les
états financiers, c'est-à-dire comment imputer cela aux
dépenses. Vous savez, il faut quand même que cela passe aux
dépenses éventuellement. Quelle serait la méthode
alors?
Évidemment, une des méthodes, c'est bien l'amortissement.
Dans le moment, le gouvernement a décidé d'amortir, disons, ce
solde d'obligations qui n'est pas reflété sur une période
de 50 ans à partir de 1979, 1980 ou quelque chose comme cela. Bien,
nous, nous soutenons que la période de 50 ans est beaucoup trop longue.
Elle ne reflète pas la réalité. Cela prendrait quand
même une méthode d'amortissement qui est beaucoup plus
réaliste, plus conforme, disons, à la situation des obligations.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Actuellement, quelle partie, en pourcentage, des
obligations du. ' gouvernement envers les régimes de retraite est
comptabilisée et ainsi reflétée aux états '
finianciers? C'est quoi la proportion en pourcentage actuellement?
M. Chatelain: D'accord. On peut vous donner les chiffres. Nous
allons vous donner les chiffres. À partir de cela, on peut
établir le pourcentage, je pense, bien. M. le Président, avec
votre permission, est-ce que je peux demander à M. Robert Noël,
Vérificateur général adjoint et responsable justement du
secteur des états financiers chez nous, d'offrir la réponse
à cette
question?
Le Président (M. Lemieux): M. Noël, s'il vous
plaît.
Des voix:...
M. Gendron: Je voudrais savoir si la partie qu'il reflète
aux états financiers est importante. Est-ce majeur? Est-ce plus de 50?
Est-ce inférieur? Un ordre de grandeur.
M. Noël (Robert): Pour ce qui est des états
financiers, c'est 8 000 000 000 $, tandis qu'il y a 12 000 000 000 $ qui ne
sont pas inscrits. Je n'ai pas les chiffres de... Je peux vous donner les
chiffres de...
M. Gendron: Non, non, c'est dans ce sens-là. Vous l'avez
là. Cela veut dire qu'il y a 12 000 000 000 $ qui ne sont pas inscrits
et qu'il y en a 8 000 000 000 $ inscrits.
M. Noël: II y a 7 000 000 000 $ ou 8 000 000 000 $,
exactement, disons 8 000 000 000 $ environ d'inscrits.
M. Gendron: 8, 12, je me rends avec cela à 40, 60. (15
heures)
M. Noël: II y a 12 000 000 000 $ qui ne sont pas inscrits,
mais il y a différentes méthodes de calculs actuariels. Il faut
faire attention. On a changé la base. Les actuaires ont
différentes bases de calcul pour le passif actuariel. Cela n'est pas de
notre domaine. Mais à l'avenir, les actuaires recommandent des
prestations déterminées, une base d'évaluation
basée sur la carrière et les salaires futurs. Il peut y avoir
plusieurs formules. Actuellement, il y a 12 000 000 000 $ et, dans 30 ans, il
va y avoir 38 000 000 000 $ non inscrits. Nous, l'une de nos critiques, ce
n'est pas l'amortissement c'est l'inscription graduelle dans les passifs. Il y
a une nuance. L'inscription... Actuellement, il y a 12 000 000 000 $ de non
inscrits, mais, dans 30 ans, cela va être 38 000 000 000 $. Alors, on
dit: Au point de vue comptable, la politique budgétaire, ce n'est pas
acceptable. Ce n'est pas de l'amortissement; amortir, on serait censé
baisser le 12 000 000 000 $, mais il augmente tout le temps. Dans 30 ans, le
montant non inscrit sera d'environ 38 000 000 000 $. C'est pour cela que notre
critique est que ce n'est pas une politique comptable acceptable, parce qu'en
amortissant, il faut que la dette baisse. Au lieu de baisser, la dette
augmente. De la dixième année à la quarantième
année, cela augmente à 38 000 000 000 $, et le gouvernement veut
l'amortir, dans les dix dernières années, de 40 à 50 ans.
Cela fera une charge assez élevée.
Cent pour cela qu'on n'est pas d'accord avec la politique comptable, qui
est une politique budgétaire, et non une politique comptable convenable
et acceptable. Il n'y a pas d'amortissement. C'est l'inscription graduelle dans
les passifs. C'est cela qui est dangereux pour l'avenir.
Le Président (M. Lemieux): Oui?
M. Gendron: De toute façon, c'est parce que je viens de
mettre la main sur les commentaires du Vérificateur
général, sur les états financiers du gouvernement du
Québec; si je les avais eus avant, peut-être que j'aurais compris
plus.
M. Noël: Oui.
M. Gendron: J'ai l'impression que ce que vous m'avez donné
n'est pas faux, mais ce n'était pas tellement cela que je voulais savoir
plutôt que le commentaire que, vous-même, vous donnez à la
note sur les états financiers en disant: Des mesures, probablement
législatives parce que vous ne les mentionnez pas, devraient être
prises pour compléter l'inscription aux livres de ces autres obligations
du gouvernement envers ce régime pour refléter, avec plus
d'exactitude, l'entièreté du coût, au-delà de
l'amortissement que je comprends bien. Mais, si, actuellement, il y a des
obligations envers les concernés pour ce qui est des régimes de
retraite, il faudrait que la totalité des obligations du gouvernement
envers ces gens soit observable aux états financiers.
En gros, ce que je comprends, si, actuellement, on estime cela pour
à peu près - parce que c'est vous qui avez dit cela, à
moins que je ne me trompe 7 000 000 000 $ sur 12 000-000 000 $, cela veut dire
qu'on est à peine à 35 % ou 38 %; il y aurait le reste qui...
Quelqu'un qui veut regarder les états financiers et avoir une vision
rapide des obligations totales du gouvernement par rapport aux régimes
de retraite, il n'en voit, actuellement, que 38 % à 40 %, alors que je
souhaiterais que ce qu'il voit soit plus près du 100 %. Est-ce que je
suis correct dans mon interprétation?
M. Noël: Les actuaires vont dire... Autrement dit, quand
c'est inscrit dans les états financiers, c'est comme capitalisé.
Si on a 8 000 000 000 $ de capitalisés sur une dette de 20 000 000 000
$, on a à peu près juste 40 % de capitalisé. Le fait de
l'inscrire aux états financiers, c'est comme capitalisé.
Voyez-vous? Malgré qu'on n'a pas l'argent, le fonds, ce n'est pas un
fonds de retraite comme par exemple Hydro-Québec qui a son propre fonds
de retraite; elle a 1 800 000 000 $ de fondés. Au gouvernement, il n'a
pas le droit d'être fondé. Le fait qu'on l'inscrive aux
états financiers, il est capitalisé. À ce moment
là...
II faut penser aussi à ce sujet que ce n'est pas constant dans
l'inscription. Vous avez un employé qui gagne 50 000 $. On paie sa prime
d'assurance-chômage dans l'année même, dans l'exercice,
aussi celle de la Régie des rentes; on paie 3 % comme contribution au
fonds de services de santé, qui peut être 1500 $; tout est
entré dans les dépenses, excepté une seule... Les services
courants, c'est entré actuellement, mais pour les services
passés, les dépenses n'ont pas été entrées.
Aujourd'hui, c'est bien comptabilisé quant aux traitements des
fonctionnaires payés durant l'année pour ce qui est de la partie
du parapublic. Par contre, pour le passé, la cotisation de
l'employé était entrée dans les revenus de la province au
lieu d'être entrée dans les comptes non budgétaires, et la
partie du gouvernement n'était pas inscrite non plus.
C'est pour cette raison qu'il y a 12 000 000 000 $ de déficit,
c'est pour les enseignants et le régime de retraite des fonctionnaires
pour ce qui est du passé.
M. Chatelain: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain:... la réponse la plus spécifique
à la question du député, c'est que le montant qui
apparaît à la face même des états financiers au 31
mars 1986 concernant les régimes de retraite était de 7 997 852
000 $; donc, en gros, disons qu'il était de 8 000 000 000 $, le montant
qui était reflété à la face même. Et le
montant qui n'était pas reflété, mais qui
représentait les obligations également, comme nous l'indiquons
dans notre rapport, était de 12 618 000 000 $. Alors, si on additionne
les deux chiffres ensemble, on obtient un chiffre de 20 620 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, vous avez terminé?
M. Gendron: Juste une seconde, M. te Président. Est-ce que
j'ai terminé ma période de 20 minutes?
Le Président (M. Lemieux): Oui, vos 20 minutes sont
terminées, effectivement, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je reviendrai parce que j'ai d'autre chose.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, vous avez demandé la parole... M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Toujours dans
la même veine que ce que le député d'Abitibi-Ouest vient de
soulever, M. le Président. M. Chatelain, la question des régimes
de retraite est un sujet assez controversé de même que la formule
de comptabilisation à l'intérieur des états financiers du
gouvernement, c'est pour cela que je vois dans la note qui est inscrite, et que
le député d'Abitibi-Ouest a lue tantôt... Je la cite encore
une fois: "À mon avis, des mesures devraient être prises pour
compléter l'inscription aux livres de ces autres obligations du
gouvernement envers ce régime. " Je lisais un peu plus haut dans la
note, à la page 31 de votre rapport: "Le gouvernement comptabilise une
partie seulement de ses obligations envers ses régimes de retraite; il
fournit toutefois - dans la note complémentaire 5 - des renseignements
quant à ses obligations globales. " Je lis bien le terme "globales". Ce
qui me chicote là-dessus, c'est ceci: il semble qu'il y ait un
différend profond quant à l'interprétation de la valeur du
déficit qu'on doit reporter en masse totale, sur le nombre
d'années sur lesquelles on doit le reporter, sur la période
d'amortissement, si cela devrait être de 20, 25 ou 50 ans?
Si quelqu'un prend une retraite à 55 ans et le
décès moyen des gens - la longueur de vie, l'espérance de
vie, c'est 75 ou 77 ans - n'est-il pas mieux de le comptabiliser et de
répartir les déficits actuariels? Je comprends qu'il y ait des
divergences, mais pour moi, comme parlementaire, je me demande ce qui est
important. Au lieu d'entrer nous, comme parlementaires, dans une chicane
très complexe et pas facile entre actuaires de la CARRA, du RREGOP, les
autres provinces et les comptables, les vérificateurs et l'Institut
canadien des comptables agréés... Je me demande si l'important ne
serait pas que les renseignements totaux, globaux, soient fournis aux
états financiers. La querelle, les divergences de vues sur le plan
intellectuel, sur le plan conceptuel de laisser aller les choses et au fur et
à mesure des mois, de la nouvelle évaluation que les actuaires,
les vérificateurs généraux des provinces, du gouvernement
fédéral, vous pourrez approfondir et peut-être
rétrécir votre divergence, et à ce moment-là, pour
ne pas porter préjudice au Québec... Si on s'en va inscrire des
choses dans des états financiers où nous nous disons tout, mais
on ne le dit pas selon vous, M. le Vérificateur général,
assez clairement mais où nous nous pénalisons vis-à-vis
d'autres que nous, parce que ces états financiers nous servent à
aller sur les marchés d'emprunt, à préparer des
prospectus, à aller chercher des fonds sous forme d'émission
d'obligations et. tout le reste, je me demande si la prudence
élémentaire là-dedans présentement, si on ne
satisfait pas entièrement l'exigence dé pleine divulgation de
toutes les informations qu'on est obligé de donner à la
population, aux parlementaires à l'Assemblée nationale, si ce
n'est pas une sage politique que de dire:
Ouf! C'est complexe, on ne va pas se causer de préjudice, on
donne toutes les informations; on va prendre ce problème avec des
pincettes.
Le Président (M. Lemieux): Quel comportement auront les
autres provinces relativement... ?
M. Bélisle: Je ne sais pas là.
M. Chatelain: D'accord. Disons tout de suite, dès le
départ, qu'on tend évidemment vers l'amélioration de la
présentation... Ce qu'on recherche, c'est l'amélioration de la
présentation de l'information financière. Alors, il y a une
règle de l'Institut canadien des comptables agrées en
comptabilité qui dit que les notes... Là, c'est sûr et je
suis bien d'accord avec le député à savoir que dans les
notes aux états financiers, on présente l'information sur le
total des obligations du gouvernement envers ses régimes de retraite. Il
est vrai, l'information est là. Ce que nous disons, c'est que ce n'est
pas le bon endroit pour indiquer cette information. Elle doit apparaître
à la face même des états financiers et encore, on parle
justement d'amortissement et le député fait allusion aux
divergences de vues et ainsi de suite ou aux détails techniques ou peu
importe à ce moment-là, mais au moins que l'amortissement soit
plus fidèle à la réalité, vous savez. On parle de
vieux régimes de retraite. Les bénéficiaires sont en bonne
partie des gens à la retraite ou sur le point de prendre leur retraite.
Il ne faut quand même pas se leurrer et penser que cela va prendre 50 ans
pour liquider ces obligations. Cela va se faire pas mal plus rapidement que
cela, que sur la base d'un amortissement en ligne droite ou sur une
période de 50 ans, c'est bien sûr. On tend vers
l'amélioration, c'est ce qu'on recherche.
On parle aussi du marché d'emprunt, du marché financier.
Les états financiers ne sont pas préparés seulement pour
les experts qui prêtent de l'argent au Québec. Les états
financiers sont préparés pour les députés, entre
autres, pour les représentants des contribuables qui sont ici et pour
les contribuables eux-mêmes pour qu'ils puissent les comprendre et qu'ils
ne soient pas obligés de lire les états financiers comme une
police d'assurance où on doit aller lire les petits caractères
imprimés à l'endos des pages. Il faut que ce soit évident
dans les états financiers. La règle des comptables
agréés là-dessus dit bien que les notes et les tableaux
fournis avec les états financiers ne dispensent pas de l'obligation
d'appliquer les traitements comptables appropriés. Le traitement
comptable approprié, c'est d'indiquer ces données et de les
indiquer correctement.
Mais j'ai quand même bien exprimé certaines réserves
dans l'opinion que j'ai émise tantôt quand j'ai parlé
d'amortissement. On peut amortir sans avoir à indiquer exactement le
total de l'obligation globale dès demain dans les états
financiers. C'est-à-dire qu'on n'est pas obligé de l'ajouter
complètement aux dépenses de l'année en cours, c'est bien
sûr. On parle d'amortissement, mais sur une base plus réelle et
plus conforme aux prévisions des actuaires, par exemple.
Vous me dites: Mais, si on se compare avec d'autres provinces, si on se
compare avec d'autres gouvernements, qu'arrive-t-il du Québec? Bien
sûr, ici, nous prêchons pour la bonne présentation. Si les
autres provinces ne font pas une bonne présentation, est-ce que cela
veut dire que le Québec, dans ce cas, devrait être fier d'une
présentation qui n'est peut-être pas tellement bonne? Je dois dire
également que je croîs bien que l'on va voir un changement dans
les autres provinces. Nous allons voir des changements, des
améliorations.
On peut parler d'Ottawa également. À Ottawa, je dois vous
dire que la présentation est meilleure qu'ici, au Québec. La
présentation du gouvernement du Canada est meilleure que celle du
gouvernement du Québec. À Ottawa, le montant qui n'est pas
indiqué dans les états financiers est de 4 000 000 000 $ ou de 5
000 000 000 $. Au Québec, il est de 12 000 000 000 $. Le total, à
Ottawa est de combien?
Une voix: 42 d'indiqué.
M. Chatelain: II y a 42 000 000 000 d'inscrits à la face
même - il faut s'entendre et il y a à peu près 5 000 000
000 $ qui ne sont pas inscrits. Vous voyez qu'en comparaison, la
présentation d'Ottawa est quand même meilleure que celle de
Québec. Même là, le Vérificateur
général du Canada exprime des réserves dans son opinion
sur les états financiers du gouvernement du Canada.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: J'ai un problème. Je ne veux surtout
pas dire qui a raison parce que je ne sais pas qui a raison. Bien
honnêtement, je ne sais pas si c'est votre évaluation qui est la
bonne. Je ne sais pas si c'est l'évaluation de la CARRA qui est la
bonne. Cependant, j'ai les chiffres de la CARRA devant moi en ce moment. Il
s'agit quand même de gens chargés par l'État d'administrer
les régimes de retraite. Le député d'Abitibi-Ouest
connaît très bien cette question. On ne parle pas de 12 000 000
000 $; on parle d'une incidence différente. Quand on parle de ce qui
existe entre ce qui est montré et ce qui n'est pas
montré... On montre à peu près 58 % du total de nos
obligations globales dans nos états financiers. Cela diverge de la
position que vous nous donnez cet après-midi. C'est pour cela que je dis
qu'il y a une divergence.
Le gouvernement, quel qu'il soit, l'ancien, le nouveau ou le prochain,
fait face à la même situation: il y a un organisme d'État
chargé d'administrer les fonds de retraite qui lui dit: C'est tant.
Vous, le Vérificateur général qui êtes chargé
de nous représenter à l'Assemblée nationale, vous me dites
que c'est un autre montant. Il y a une divergence. On ne parle pas de 2, 50 $,
on parle d'une grande divergence entre les deux. Je suis satisfait au moins de
voir que, d'après ce que vous dites, M. le Vérificateur
général - vous le dites dans votre rapport à la page 31 -
les informations globales, au moins, sont divulgées. Je me sentirais mal
à l'aise d'essayer de trancher entre vous et les gens de la CARRA qui
sont supposés être aussi très compétents. S'ils sont
incompétents, on a un problème. On a un maudit gros
problème! On a un énorme problème!
M. le Vérificateur général, je suis sûr que
vous avez assez de travail à faire et que vous ne vouiez pas prendre la
place de la CARRA, et inversement. Je dis que, dans l'incertitude, j'aime
autant qu'on adopte une position de réserve dans tout cela. Est-ce qu'il
est vrai qu'en Ontario, par exemple, dans les états financiers, on
n'indique pas la pleine indexation des retraites alors que nous le faisons?
Est-ce que c'est vrai ou si ce n'est pas vrai?
M. Chatelain: M. le Président, pour commencer...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le Vérificateur
général, relativement à cette question.
M. Chatelain: M. le Président, je dois dire dès le
départ qu'on n'est absolument pas en désaccord avec les gens de
la CARRA. On prend les mêmes chiffres qu'eux. Ce n'est pas une question
de chiffres. Ce n'est pas la question de savoir quels sont les montants et les
obligations. On s'entend sur le montant des obligations; il n'y a pas de
dispute là-dessus. Mais c'est sur la façon de présenter
cette information dans les états financiers... C'est aussi simple et
aussi complexe que cela. Au fond, je ne crois pas que nos discussions avec les
gens du ministère des Finances portent sur les montants des obligations,
etc. Elles portent tout simplement sur la présentation même des
états financiers. Je pense bien qu'il n'y a pas non plus de dispute
entre nous et le ministère des Finances pour savoir si cela
représente une obligation du gouvernement, parce que le ministère
des Finances accepte ie fait que cela représente une obligation du
gouvernement du Québec et il l'indique dans les notes aux états
financiers. Alors, il n'y a pas de dispute là-dessus; c'est tout
simplement sur la façon de les présenter. (15 h 15)
Si on compare cela avec l'Ontario, la comparaison cloche
énormément pour deux raisons. L'Ontario n'a absolument pas la
même approche pour la présentation de ses états financiers
que celle que nous avons au Québec. L'Ontario est sur une base de caisse
et il y a beaucoup d'obligations du gouvernement de l'Ontario qui
n'apparaissent même pas dans ses états financiers. Ses
états financiers sont préparés sur une base de caisse au
départ. Deuxièmement, l'Ontario ne reconnaît absolument pas
dans ses états financiers l'obligation de ses régimes de retraite
par exemple envers les enseignants, tout le secteur parapublic. Cela
n'apparaît nulle part en Ontario. Le gouvernement ne reconnaît pas
cette obligation dans ses états financiers alors qu'au Québec et
dans d'autres provinces, on la reconnaît. Cela varie d'une province
à l'autre. Ici, le gouvernement reconnaît cette obligation pour
tous ses régimes. Cela a une très grande influence sur le montant
du passif.
M. Bélisle: Compte tenu du commentaire que vous venez de
faire, M. le Vérificateur général, je dois comprendre
qu'on a une meilleure divulgation, malgré que ce ne soit peut-être
pas la présentation que vous souhaitez avoir, que la province voisine.
Ce n'est pas un ordre de comparaison parfait, mais c'est au moins un
départ.
Le seul commentaire que j'ai à formuler en terminant, c'est que
j'écoutais M. Noël tantôt qui nous brossait un tableau en
disant: Oui, aujourd'hui, c'est 12 000 000 000 $. Dans une couple
d'années, je ne sais pas combien d'années vous avez dit...
Une voix: Trente ans.
M. Bélisle:... trente ans, c'est 30 000 000 000 $. Cela,
M. Noël, je m'excuse, mais cela ne me fait pas peur. Dans trente ans, le
budget de la province... Regardez ce qu'il était il y a trente ans et
regardez ce qu'il est aujourd'hui. Je pense -c'est mon opinion, M. le
Président, peut-être que je me trompe...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle:... que c'est agiter des épouvantails
à moineaux.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, vous avez la parole.
M. Gobé: Merci, M. le Président, Une voix: C'est
une opinion. Une voix: Cela vaut ce que cela vaut. Une voix: Vous
commenterez.
M. Gobé: Je serais un peu d'accord avec mon
collègue de Mille-Îles que ce n'est peut-être pas le but du
rapport du Vérificateur général que de porter des
jugements sur la manière dont le ministre présente ses
conventions comptables d'une manière ou d'une autre. Je pense que le
mandat que l'on reconnaît généralement dans la population
au Vérificateur général et plus particulièrement
nous, les députés, parce que, dois-je le rappeler, le
vérificateur dépend de l'Assemblée nationale et uniquement
de l'Assemblée nationale et son mandat est de faire rapport à
l'Assemblée nationale... Ce qu'on lui reconnaît comme mandat
surtout, c'est de voir à ce que les fonds publics soient
administrés de façon raisonnable, cohérente avec les
politiques qui commandent ces dépenses et non pas faire des commentaires
comme je le disais précédemment.
On se rend compte que, dans beaucoup de secteurs, beaucoup de
ministères, beaucoup d'organisations ou entreprises gouvernementales
où les fonds publics sont dépensés, il y a
énormément de coulage, on se rend compte qu'il y a des
irrégularités. On voit le rapport du vérificateur, ce
n'est pas un livre des horreurs, mais j'ai passé une partie de mon
dimanche à le lire et, croyez-moi, c'est comme un best-seller. Je pense
que l'été, on devrait le distribuer sur les plages, les gens
s'amuseraient à cela. Je crois qu'il y a beaucoup d'autres domaines
où mettre les ressources du vérificateur qui sont, comme le
disait ce dernier, assez limitées, autant en argent qu'en personnel que
de les mettre pour faire des études ou des commentaires, contradictoires
au non, avec les régimes de retraite du Québec ou le
ministère des Finances.
Un peu dans le même filon, lorsqu'on voit le genre de travail qui
est fait, je me demande et j'aimerais vous entendre parler là-dessus, M.
le Vérificateur général, lorsque vous faites vos mandats,
je présume que vous déterminez vous-même un certain nombre
d'organismes, de ministères ou d'entreprises que vous allez
vérifier et vous le faites de votre propre chef, bien entendu. Je
m'interroge, surtout à la face de la réforme du rôle des
députés, des commissions parlementaires, à savoir s'il ne
serait pas mieux d'avoir un système ou un processus par lequel ce
seraient les commissions parlementaires qui vous demanderaient d'aller
vérifier certaines entreprises, certains ministères, en d'autres
termes, que vos mandats pourraient être discutés avec vous et les
membres des commissions parlementaires concernées. Ce pourrait
être la commission des affaires sociales qui désirerait que vous
alliez faire audition ou vérification dans certains secteurs, certains
hôpitaux ou certaines organisations. Ce pourrait être la commission
de l'économie et du travail qui dirait: Allez vérifier la SDI
parce qu'une centaine de millions ont été donnés pour Bell
Helicopter. On nous avait dit qu'il y aurait 3000 emplois de
créés, il y en a eu 300. Les 100 000 000 $ ont été
distribués quand même. Comment se fait-il? Y avait-il des
mécanismes qui n'ont pas joué? Est-ce que les disjoncteurs n'ont
pas sauté ou si ce sont des décisions... Est-ce que le train,
comme disait souvent le député de Lévis, marche sur te
pilote automatique et que les millions se sont dépensés?
Dans ce sens-là, je me demande si on ne pourrait pas en arriver
à cette manière de faire. À ce moment-là, est-ce
que cela vous prendrait d'autres ressources? Le député d'Abitibi
en parlait un peu plus tôt: Qu'est-ce que vous feriez avec d'autres
ressources? Vous avez dit: Je ferais certaines choses; je vérifierais
les subventions et ces choses-là. Est-ce que vous ne pourriez pas
envisager de fonctionner de cette façon-là et quel genre de
ressources cela vous prendrait, aussi bien physiques que financières,
bien entendu?
Le Président (M. Lemieux): M. le
Vérificateur général.
M. Chatelain: D'accord. Il y a plusieurs aspects aux questions
qui ont été soulevées par le député.
Premièrement, concernant les conventions comptables, c'est-à-dire
l'attention que semble porter le Vérificateur général aux
conventions comptables, c'est un mandat de base qu'un Vérificateur
général ou qu'un vérificateur se prononce sur les
conventions comptables qui ont servi à dresser les états
financiers. C'est un mandat de base, c'est une obligation de base
élémentaire pour tout vérificateur, qu'il soit dans le
secteur public ou dans le secteur privé. Je pourrais vous faire part de
certaines règles qui sont édictées par les instituts
professionnels à ce sujet. Il y en a, il y a même des normes
internationales qui sont précises là-dessus. En plus, la Loi sur
le vérificateur général elle-même dit bien que le
Vérificateur général, dans son rapport sur les
états financiers annuels du gouvernement, doit indiquer si, à son
avis, ces états présentent fidèlement la situation
financière du gouvernement, les résultats de ces
opérations, et ainsi de suite, selon les règles ou conventions
comptables énoncées aux états financiers. Le mot
"fidèle" veut dire tout simplement que cela présente de
façon fidèle, de façon sincère, de façon
claire, de façon succincte et précise, et ainsi de suite,
l'information financière.
C'est une obligation tout à fait élémentaire pour
un vérificateur d'avoir à se prononcer sur l'à-propos et
la justesse des conventions comptables. Je pourrais aller plus loin et dire:
Dans la loi, l'article 43. 2 -c'est clair dans la loi - dit bien que le
Vérificateur général peut également faire dans son
rapport annuel - tantôt, on parlait du rapport sur les états
financiers; maintenant du rapport annuel - les commentaires qu'il juge
appropriés sur la forme, sur les états financiers du gouvernement
et des autres organismes publics, ceux des organismes du gouvernement et des
entreprises du gouvernement, ceux des fonds qu'ils administrent ainsi que sur
les règles ou conventions comptables en vertu desquelles ces
états ont été préparés. C'est clair. Cela
fait partie du mandat du vérificateur de se prononcer
là-dessus.
Maintenant, une autre partie de la question, l'autre aspect de la
question, à savoir: Est-ce qu'une commission parlementaire devrait avoir
l'autorisation, l'autorité ou le pouvoir - peu importe - de demander au
Vérificateur général d'aller faire certaines
interventions? Je crois qu'il ne faudrait quand même pas tomber dans ce
piège parce que, d'une part, je réalise que le
Vérificateur général est au service de l'Assemblée
nationale, mais il est au service de l'ensemble de l'Assemblée
nationale, il faut le réaliser, et non pas d'une commission ou, en tout
cas, de certaines parties de l'Assemblée nationale; c'est sûr. Il
est responsable envers l'institution comme telle.
Également, le Vérificateur général
détient son mandat de l'Assemblée nationale par
délégation législative. Ce n'est pas une relation de
mandant à mandataire. Absolument pas. C'est un mandat qui est
confié par délégation législative. C'est dans la
loi, c'est-à-dire que la loi dit au Vérificateur
général quel est son mandat. Ce n'est pas à
l'Assemblée nationale de dire au Vérificateur
général - ou à une commission -comment s'acquitter d'un
mandat. Lorsqu'on donne un mandat à un professionnel, on lui donne
complète autonomie pour pouvoir s'acquitter de son mandat de la
façon dont il le voit. C'est pour cela d'ailleurs qu'il a
été nommé.
Je pourrais donner beaucoup d'arguments, M. le Président, qui
justifieraient le fait que le Vérificateur général ne
devrait pas se faire dire par une commission, de façon ponctuelle,
où il devrait faire ses interventions. C'est bien sûr. Je pourrais
poursuivre. Si vous le désirez, je peux donner beaucoup d'exemples.
Le Président (M. Lemieux): II reste 30 secondes, M. le
député d'Abitibi-Ouest. En 30 secondes, M. le
député de Lafontaine.
M. Gobé: Je pensais qu'on avait droit à 20 minutes,
M. le Président, par parlementaire.
Le Président (M. Lemieux): Vous étiez sur le temps
de M. Bélisle, député de Mille-Îles. Vous avez 30
secondes pour poser votre question.
M. Gobé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Cela va. M. le
député de Bertrand, vous m'avez demandé la parole, ou M.
le député de Lévis.
M. Parent (Bertrand): Mon collègue voudrait poser des
questions.
M. Garon: M. le Président, en analysant les subventions ou
les actes du gouvernement, je ferai remarquer, pour que cela ne soit pas
oublié - on parlait des sommes de la SDI - qu'il serait bon aussi de ne
pas oublier les contrats de Quebecair en termes d'emplois qui devaient
être maintenus et des sommes qui auraient été
affectées, même, me dit-on, pour limoger les employés. Je
suppose que cela viendra dans l'analyse de l'an prochain.
M. Bélisle: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Sur la pertinence, M. le Président. On
étudie le rapport du Vérificateur général. Je
trouve que mon savant collègue de Lévis en mène large avec
Quebecair.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît! Vous avez la parole.
M. Garon: Je me reférais uniquement aux subventions, aux
contrats des gouvernements, de la même façon que le
député de Lafontaine, dans le même ordre d'idées.
J'aimerais dire que, concernant les régimes de retraite, je pense qu'on
voit là un bon exemple de la nécessité de faire
comparaître les dirigeants des organismes administratifs gouvernementaux
pour que la question soit justement débattue devant la commission
parlementaire. Je n'ai pas à douter de ce que dît le
Vérificateur général, mais je pense qu'on ne clarifiera
jamais cette affaire-là si on tente de faire comme le
député de Mille-Îles, c'est-à-dire d'obstiner le
Vérificateur général, surtout en se mélangeant dans
les termes. Alors qu'il faudrait plutôt faire venir les gens qui
administrent les régimes de retraite, leur dire: Le Vérificateur
généra! estime que votre présentation, pour fins de
clarification pour le public et pour les
députés qui doivent regarder cela, dit telle et telle
chose, fait telle et telle remarque, et leur demander pourquoi ils ne
réagiraient pas favorablement et leur demander de donner les raisons. Je
pense que c'est de cette façon-là qu'on peut régler la
question.
J'aimerais demander au Vérificateur général... Je
pense bien qu'il me dira que c'est une question d'opinion un peu, mais il y a
eu une évolution dans les régimes de retraite. On sait qu'avant
1978, je pense, le gouvernement ne payait pas les sommes qu'il devait payer. Je
pense qu'on ne comptabilisait pas non plus les dettes du gouvernement, à
un moment donné, par rapport aux régimes de retraite ou est-ce
qu'on les comptabilisait entièrement? Jusqu'à 1978 les sommes qui
étaient dues par le gouvernement n'étaient pas payées. Je
pense que de nouvelles règles ont été adoptées en
1978 - je vous dis cela de mémoire - mais on n'a pas voulu faire
apparaître d'un coup sec tout le montant qui aurait dû être
comptabilisé parce que jusqu'en 1978, depuis le régime de rentes
à la fin ou au cours des années soixante, le gouvernement n'avait
pas payé les sommes qu'il aurait dû payer pour sa part des
régimes de retraite payés par les salariés du gouvernement
ou des organismes connexes, de sorte que cela n'apparaissait pas et qu'un
montant considérable serait apparu, et il est arrivé quelque
chose en 1978. Vous connaissez plus cette histoire que moi. J'aimerais savoir
comment a évolué la présentation, pour le public, des
régimes de retraite depuis le début de leur existence
jusqu'à maintenant.
Je sais qu'il y a eu trois ou quatre événements majeurs.
Pourquoi se retrouve-ton actuellement dans une situation de présentation
au public et que suggérez-vous? Qu'est-ce qui devrait être fait
pour que les gens aient vraiment le portrait? Il ne s'agit pas de ne pas
s'énerver avec des milliards, je sais qu'il y a des gens qui ont bien de
l'argent qui disent: "What is a billion, what is a million?" Moi, je fais
encore partie des gens qui disent: "What is a thousand?" C'est encore important
pour moi un "thousand". Je suppose qu'il y a des gens qui ne sont pas dans les
mêmes stratosphères financières.
Le Président (M. Lemieux): M. le vérificateur.
M. Chatelain: M. le Président, je dois dire, dès le
départ, qu'il est vrai qu'au cours des années, depuis une
quinzaine d'années -je pense qu'en 1973, il y a eu une première
réforme, une autre en 1978-1979 ou 1979-1980, je ne le sais pas au
juste, une autre est en cours - il y a eu certainement des améliorations
et le Vérificateur général se fait un devoir de les
signaler. Même au cours de la dernière année, il y a eu
encore des discussions avec les représentants du ministère des
Finances et je crois qu'il y en aura d'autres, surtout, comme je le signalais
tantôt, que maintenant, l'Institut canadien des comptables
agréés et l'Institut canadien des actuaires se penchent sur ce
problème-là, parce que c'est un problème réel, un
vrai problème. Ils se penchent là-dessus. II y aura certainement
des améliorations. (15 h 30)
Je pense bien qu'au point de vue de l'objectif et des chiffres, il n'y a
absolument pas de dispute entre nous, le ministère des Finances et la
CARRA, qu'importe. Je pense qu'on est tous sur la même longueur d'onde.
On essaie d'atteindre une bonne présentation de l'information
financière.
Maintenant, est-ce que, à la face même des états
financiers, la situation, par exemple, de la dette de la province, des
obligations ou de la dette, appelez cela comme vous voudrez, permet au ministre
des Finances de pouvoir faire ces changements tout de suite dans ses
états financiers? C'est un autre problème d'ordre pratique pour
le ministre des Finances. Moi, mon devoir est de vous indiquer, à vous,
les parlementaires, quelle serait une bonne présentation de
l'information financière.
Ceci étant dit, je demanderais, M. le Président, avec
votre permission, à M. Marcel Rhéaume d'offrir un
complément d'information à la question que vient de soulever le
député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): Sûrement, M. le
vérificateur. Allez-y.
M. Rhéaume (Marcel): M. le Président,. le
problème dont on discute aujourd'hui couvre différents
régimes de retraite. Parmi les régimes de retraite, nous
connaissons très bien maintenant le RREGOP qui est le nouveau
régime et, quant aux états financiers, ce régime tout
nouvellement créé a un compte non inscrit, une obligation non
inscrite, de 1 800 000 000 $.
Cependant, lorsque nous traitons des autres régimes de retraite,
qui sont le régime de retraite des fonctionnaires, le régime de
retraite des enseignants et quelques autres tel que celui de la
Sûreté du Québec, nous sommes devant une situation de 10
000 000 000 $.
Ce qui a donné naissance à un tel montant, c'est une
pratique comptable des années antérieures. Ces régimes de
retraite des fonctionnaires et des enseignants sont des régimes de plus
ou de près de 100 ans et le gouvernement, dans sa façon de
comptabiliser, avait pour habitude d'enregistrer, comme revenus, les
cotisations des employés et d'inscrire, comme dépenses, les
prestations ainsi que les remboursements. Cette méthode comptable qui
était acceptable pour le temps est devenue inacceptable, puisque les
montants prenaient
une ampleur considérable. Nécessairement, lors de la
première évaluation, on a parlé de 4 000 000 000 $ non
comptabilisés. Cette évaluation était aux alentours de
1973. Avec les années, la CARRA nous a fourni des évaluations
actuarielles pour ces anciens régimes qui grossissaient d'année
en année, puisque te montant qui était enregistré ne
compensait pas pour l'accroissement du passif actuariel.
M. Garon: Vous dites qu'en 1973, le passif actuariel
dépassait 4 000 000 000 $?En 197B, il était rendu
à combien?
M. Rhéaume: Malheureusement, je n'ai pas la croissance,
mais on peut parler facilement de 7 000 000 000 $.
M. Noël: En 1978, il était de 7 000 000 000 $.
M, Rhéaume: Il était de 7 000 000 000 $ en
1978.
M. Noël: On avait commencé à enregistrer
à ce moment-là les premières analyses actuarielles.
M. Garon: Est-ce qu'on peut dire qu'après les conventions
qui ont été adoptées en 1978, grosso modo, le passif
actuariel a crû dans la même proportion que la
réalité ou dans une proportion qui était moindre? Pour les
règles qu'on a suivies par la suite ou qu'on a suivies avant 1973, entre
1973 et 1978, et après 1978, quelle proportion était
reflétée dans les états financiers?
M. Chatelain: M. le Président...
M. Garon: Je veux savoir si le régime s'améliore ou
s'il empire.
M. Chatelain: D'accord. Si je saisis bien la question du
député. Pour commencer, est-ce que le déficit actuariel a
crû...
M. Garon: Tel que présenté. Ce qu'on a
montré.
M. Chatelain: Est-ce que le passif actuariel a augmenté
plus vite que la réalité? Évidemment, le passif...
M. Garon: Ce que je veux savoir essentiellement, c'est: on en
montrait moins avant, on en montre de plus en plus, mais est-ce que,
actuellement, cela empire. Avant 1973, on reflétait combien du passif?
Entre 1973 et 1978, qu'est-ce que c'était? Qu'est-ce que c'était
après 1978? Et aujourd'hui, qu'est-ce qui manque pour le refléter
entièrement, en termes de croissance?
M. Chatelain: M. le Président, on pourrait obtenir des
chiffres. Évidemment, on n'a pas ici les chiffres de 1973 et de 1978. On
n'a pas cela ici. C'est bien sûr. Comme je l'ai indiqué
tantôt, il y a eu une amélioration dans l'approche de la
présentation de cette information à ta face même des
états financiers du gouvernement. Il y a eu une modification, il y a eu
une réforme en 1979-1980 qui a amélioré la
présentation. C'est un aspect de la question. Évidemment, le
passif actuariel a augmenté très rapidement au cours des dix ou
quinze dernières années, si bien que, quoique à la face
même des états financiers, l'on indique quand même un
passif, une obligation beaucoup plus élevée et, de façon
accélérée, le vrai passif lui-même, dans le moment,
qui est reflété dans les notes des états financiers,
augmente encore plus rapidement que ce qui est indiqué à la face
même des états financiers. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas
d'amélioration dans la méthode. Il y a eu une amélioration
de la méthode. Donc, la situation serait beaucoup moins bonne, si vous
voulez, du point de vue de la présentation, qu'elle ne l'est dans le
moment, s'il n'y avait pas eu de changement dans la présentation, en
1979-1980.
Gluant aux chiffres réels, on ne les a pas, mais on peut vous les
obtenir et vous les remettre si vous voulez, les faire parvenir à la
commission.
M. Garon: Au fond, ce que je voudrais savoir parce que là
cela répond et cela ne répond pas à ma question. Je
voudrais savoir si tout cela s'est amélioré ou non. Cela veut
dire que le trou qui n'apparaissait pas dans le passif actuariel en 1973
était de combien? Cela ne me fait rien que vous ne donniez pas la
réponse tout de suite parce qu'on se revoit à 20 heures.
Peut-être que quelqu'un pourrait regarder cela un peu. Le trou qui
apparaît en ]973 était de combien par rapport au passif
réel, par rapport à ce qui était montré, quel
pourcentage était montré et pourquoi il était de cette
ampleur? Qu'est-ce qui était montré et qu'est-ce qui
n'était pas montré? Pourquoi cela prenait-il cette
ampleur-là? Vous dites, après cela: En 1973 et en 1979 - en 1979,
c'est la réforme - qu'est-ce qui était montré et qu'est-ce
qui n'était pas montré et qui a été changé
en 1979? Maintenant, depuis 1979, même en comprenant l'augmentation des
charges, le trou par rapport à la mine d'or est plus grand ou plus
petit? Je veux dire qu'en ce moment, est-ce qu'on en montre plus qu'on en
montrait ou on en montre moins? II s'agit de sommes considérables. C'est
évident qu'elles vont affecter, sur le plan financier, le gouvernement
qui va avoir des obligations.
Le gouvernement s'engage à payer des montants à des gens,
à moins qu'il ne fasse comme dans le temps de la crise et décide,
à un moment donné, que les obligations sont
payables à 70 %. Apparemment, ils ont fait cela en Russie,
à un moment donné, aussi. Ils ont décidé que les
intérêts, les économies que les gens venaient de faire,
étaient réduits de tant. C'était fini. Le gouvernement a
des obligations par rapport à tous ces gens qui ont des fonds de
retraite. À un moment donné, il va falloir payer, quelle que soit
l'ampleur. Les gens ont le droit de savoir c'est quoi l'ampleur de cela, pour
qu'ils réagissent en fonction de cela.
Maintenant - et là c'est peut-être à part que je
vais vous le dire - j'aimerais savoir aussi si, par rapport au Régime de
rentes du Québec - au cours des années des avantages ont
été accordés et tout cela, pour ce fonds-là aussi,
quand il est parti graduellement - actuellement, par rapport aux obligations
contractées à des gens qui paient des montants, est-ce que les
gens paient ce que cela vaut ou moins que cela ne vaut ou plus que cela vaut?
Mais, par rapport à ce qu'ils paient, il va y avoir de l'argent dans le
"pot" qui est supposé y avoir à la fin ou il n'y aura pas
d'argent dans le "pot"? À ce moment, il va falloir que les gens qui ne
sont pas à leur retraite paient plus dans l'avenir ou non.
Je dis cela tout en vrac. C'est parce que je pense que c'est important
de connaître ces données là. Ce sont des sommes d'argent
considérables. Ce sont des sommes d'argent très importantes.
D'autant plus qu'on a, au Québec, une population qui vieillit. On dit
qu'on peut imaginer qu'au début de l'an 2000, il va peut-être y
avoir 25 % de la population qui aura plus de 65 ans. On sait ce que cela veut
dire en termes de fonds de retraite pour des gens qui y ont droit, pour un
gouvernement qui sera capable ou incapable de payer par rapport à des
coûts de santé, par rapport à différents types de
coûts. Alors, c'est pour cela que j'aimerais savoir si le trou s'agrandit
ou rappetisse par rapport aux montants, en termes de pourcentage. Ce qui est
montré par rapport à ce qui devrait être montré.
C'était quoi avant 1973? C'était quoi en 1978-1979? Après
cela, qu'est-ce que cela a corrigé?
Le Président (M. Lemieux): M. le
Vérificateur général.
M. Chatelain: M. le Président, on peut évidemment,
justement, montrer un tableau, ce que l'on fera, disons, pour les trois
années auxquelles on a fait référence, soit 1972-1973,
1979-1980 et l'an dernier, en indiquant quel était le montant total des
obligations et quel était le montant qui était
reflété à la face même des états financiers.
 partir de cela, on peut établir des pourcentages.
M. Garon: Le montant que le gouverne- ment versait pour
rencontrer ses obligations, c'est possible d'avoir cela. Le gouvernement y
mettait de l'argent, la part qu'il devait payer. S'il ne paie pas sa
part...
M. Chatelain: Bien oui, mais il faut...
M- Garon:... et qu'à un moment donné, il dit: Quand les
gens paieront, on la sortira d'année en année, ce n'est plus un
régime capitalisé, c'est un "pay as you go". Alors, les
régimes qui devaient être des régimes capitalisés au
Québec, est-ce qu'ils l'ont vraiment été ou s'ils ont
été des "pay as you go", comme à Ottawa, alors qu'on nous
avait toujours dit qu'on faisait un régime capitalisé au
Québec? Est-ce qu'on a menti aux gens ou quoi? C'est pour cela que je
pense que tout cela est très important par rapport à ce qui a
été présenté.
M. Chatelain: D'accord.
M. Gendron: En complémentaire...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, en complémentaire, parce que c'est une
question qui m'intéresse. Je pense que le Vérificateur
général comprend... Ce qui serait utile aux membres de la
commission, ce n'est pas tellement des réponses d'appréciation -
là, je ne porte pas de jugement - mais, carrément, un très
court tableau, où, aux trois époques, on aurait quatre ou cinq
colonnes qui nous montreraient très clairement ce que l'on veut savoir.
Là, je ne le répète pas, je pense que cela a
été bien compris; je ne veux pas perdre de temps...
M. Chatelain: Cela va.
M. Gendron: C'est de cela qu'on aurait besoin. Là, cela
devient un outil important pour nous permettre, comme parlementaires, de dire:
II y a des efforts importants à faire à ce sujet, pour une plus
grande franchise, une meilleure visibilité de la situation réelle
et, également, pour certains correctifs, car il nous appartient tout
autant qu'à vous d'être Imaginatifs pour éventuellement
apporter des corrections.
Le Président (M. Lemieux): M. le
Vérificateur général.
M. Chatelain: D'accord, cela va, M. le Président. On peut
préparer un tableau dans ce sens-là.
M. Gendron: J'aimerais mieux cela. M. Chatelain: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que, M. le
Vérificateur général, ce tableau sera transmis à la
commission?
M. Châtelain: Absolument, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Veuillez prendre note, M. le
secrétaire, que le tableau sera transmis à la commission.
M. Garon: Y a-t-il moyen d'avoir cela ce soir, pour que l'on
puisse en reparler?
M. Châtelain: Cela va, on va essayer de l'obtenir pour ce
soir. D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Il reste environ cinq minutes. Combien? Trois minutes, M. le
député de Bertrand.
M. Châtelain: Maintenant, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général, oui.
M. Châtelain:... tantôt, il y a eu une question
concernant le Régime de rentes du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Oui, du député de
Lévis, je crois.
M. Châtelain: D'accord. C'est concernant les obligations,
à savoir si le gouvernement pourra rencontrer ses obligations, etc. Je
pense que c'est une situation qui est connue de tous les députés;
elle a été soulevée assez régulièrement.
Même aux états financiers de la Régie des rentes, je crois
qu'on indique exactement quelle est la situation. Dans le fond, le
Régime de rentes, c'est un "pay as you go", il faut le réaliser.
Quand même, il y a des statistiques, il y a des données
d'actuaires qui sont publiées avec les états financiers et qui
indiquent qu'à un moment donné, la caisse sera à sec.
M. Garon: C'est un "pay as you go" à la Régie des
rentes?
M. Châtelain: Oui, il y a des cotisations, des
contributions, etc., mais ce n'est pas indiqué dans le régime
même; ce n'est pas indiqué que les cotisations doivent
équivaloir ou financer éventuellement les contributions. Ce n'est
pas indiqué comme tel. Cela devient, à ce moment-là, un
"pay as you go".
M. Garon: Mais, au lancement du Régime - comment
appelle-t-an cela?...
M. Châtelain: Le Régime de rentes...
M. Garon:... de rentes du Québec, on avait dit que ce qui
distinguait celui du Québec de celui du gouvernement
fédéral ou des autres provinces, c'est que nous avions un
régime capitalisé qui servirait au développement
économique du Québec, tandis qu'eux avaient un régime "pay
as you go". Alors...
M. Châtelain: D'accord.
M. Garon:... actuellement, est-ce qu'il est devenu "pay as you
go" ou bien s'il est encore capitalisé?
M. Châtelain: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain:... je pourrais demander à M. Gilles
Bédard, Vérificateur général adjoint - je pense que
c'est la première fois qu'il va parler aujourd'hui - de vous donner des
informations additionnelles concernant ce sujet.
Le Président (M. Lemieux): M. Bédard, s'il vous
plaît.
M. Bédard (Gilles): Merci. M. le Président,
à l'égard de la Régie des rentes, je pense qu'il faut bien
expliquer que, d'une part, on obtient des cotisations et, d'autre part, on
donne des prestations. Les cotisations ne sont pas suffisantes pour couvrir le
passif dans son ensemble, éventuellement, Â cet égard, on
dit qu'à la Régie des rentes, présentement, l'actif net
est de l'ordre, au 31 mars 1986, de 11 600 000 000 $, mais que, s'il n'y a
aucun changement à l'égard des cotisations que la régie
perçoit des contribuables à cet égard, l'actif sera
à zéro en l'an 2004. Donc, dans ce contexte, une partie est
compensée, mais une autre partie n'est pas compensée.
Dans les états financiers en tant que tels, le déficit
actuariel de la Régie des rentes n'est pas enregistré. Il y a un
actif et le montant qui devrait être l'équivalent du passif n'est
pas reflété à l'état même des états
financiers.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Bédard. Vous
avez terminé?
M. Bédard: Oui. (15 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Lafontaine, vous avez la parole.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Tout à
l'heure, il me restait 30 secondes.
Le Président (M. Lemieux): Sur le temps de parole du
député de Mille-Îles.
M. Gobé: Là, on parle encore dans le temps du
député de Mille-Îles.
Le Président (M. Lemieux): Non, pardon. Là, vous
êtes dans votre droit d'intervention de 20 minutes.
Mandat confié par une commission
parlementaire
M. Gobé: Merci, M. le Président. Je remercie le
député de Mille-Îles de m'avoir donné une minute et
demie. J'ignorais qu'elle était à lui, M. le
Président.
M. le vérificateur, lorsqu'on a terminé
précédemment, vous avez semblé mettre en doute le pouvoir
des commissions parlementaires de vous demander d'exécuter certains
mandats, mais je vous rappellerai que les commissions parlementaires sont
partie intégrante de l'Assemblée nationale; elles sont le bras
droit de l'Assemblée nationale. Je ne vois pas comment vous pourriez
dire: Je suis là pour l'Assemblée nationale et non pas pour les
commissions parlementaires. Je ne sais pas si vous aviez saisi toute la nuance
du rôle des commissions parlementaires en ce qui a trait à la
vérification des ministères. Comme vous le savez, nous recevons
régulièrement les ministres pour vérifier les états
financiers, et particulièrement, les engagements des ministères.
Cela m'amène à vous poser une question: on remarque dans votre
rapport qu'il y a beaucoup de répétitions, d'année en
année, dé cas qui sont mentionnés. On dit qu'il y a des
problèmes dans différents ministères, différentes
institutions, organisations et qu'il n'y a pas de correctifs qui sont
apportés. D'année en année, vous retrouvez les mêmes
problèmes. À moins que vous ne preniez le même livre pour
le répéter, mais j'en doute fortement. Je présumé
que vous voyez toujours les mêmes choses. Ne serait-il pas bon, lorsque
vous faites votre rapport, que chaque commission parlementaire concernée
dans son domaine particulier, reçoive un rapport des anomalies que vous
constatez dans les ministères ou organisations qui sont sous sa
juridiction, en termes de contrôle des crédits? Et que, à
ce moment-là, les députés, lorsque le ministre va venir,
puissent le questionner et voir si vos recommandations sont suivies, si elles
étaient bien fondées ou non? Là on parle... On vous
reçoit à une commission et on voit un peu de tout, les affaires
sociales, l'économie. On n'est pas forcément tous des
députés habitués à travailler dans tous ces
domaines en particulier. Chaque commission a sa propre juridiction. Je me
demande s'il n'y aurait pas moyen de trouver là un levier, quelque
chose... Qu'en pensez-vous, M. le vérificateur?
M. Chatelain: M. le Président.
M. Gobé: Vous avez bien saisi ce que je veux dire?
M. Chatelain: Oui, absolument. M. le Président, il s'agit
là d'une approche qui se pratique, ailleurs, dans certains cas. La
suggestion que soulève le député de Lafontaine, à
savoir si les commissions parlementaires, les diverses commissions sectorielles
pourraient convoquer, par exemple, le Vérificateur général
pour qu'il vienne témoigner lors de l'étude des crédits de
divers ministères selon, évidemment, le champ de
compétence de la commission, il est bien sur que cela se pratique,
à l'occasion, ailleurs, par exemple, au gouvernement
fédéral, où on invite le Vérificateur
général justement à venir témoigner, en plus des
gestionnaires du ministère en cause, quant au constatations qu'il a
faites lui-même sur ce ministère au cours de la dernière
année. Cela se fait.
Quant à moi, je me fais un devoir d'être présent et
représenté à ces commissions, pour pouvoir commenter et
fournir des renseignements additionnels sur les commentaires que nous avons
dans notre rapport annuel concernant les secteurs à l'étude,
à ce moment-là, par les commissions.
M. Gobé: Bien entendu, les crédits que nous
autorisons bien souvent peuvent correspondre à l'utilisation d'un des
secteurs ou on pourrait déceler des anomalies. À ce
moment-là, cela pourrait peut-être aller aussi loin que de dire:
Avant d'autoriser ces crédits ou de les voter, réglez votre
problème, mettez de l'ordre un peu dans ce secteur. II y aurait
là un moyen très efficace d'exercer un contrôle du
côté des parlementaires.
Le Président (M. Lemieux): M. le vérificateur.
M. Chatelain: Oui, M. le Président. Non seulement ce
serait un moyen très efficace, mais je crois bien que, d'autre part,
cela serait également un moyen de s'assurer qu'il y ait des suites de
données au rapport du Vérificateur général, en
même temps.
M. Gobé: Est-ce que vous pourriez, dans vos prochains
rapports, faire... Je ne dirais pas scinder votre rapport, mais faire parvenir
à chaque commission un rapport particulier dans chaque domaine de sa
juridiction pour chacun de ces membres?
M. Chatelain: Â ce moment-là, je pense bien que
nous... Je ne m'oppose pas du tout
à l'idée, absolument pas. À ce moment-là,
nous sommes régis par une loi qui nous dit qu'on présente un
rapport annuel à l'Assemblée nationale. Ce que vous proposez
relève plutôt de la procédure - que je ne connais pas
tellement - suivie à l'Assemblée nationale, à savoir:
Quels sont les documents référés aux diverses commissions
et comment s'y prend-on pour les référer aux commissions? C'est
autre chose.
M. Gobé: Lorsque vous rendiez votre rapport public, on a
eu l'impression ou on a pu avoir l'impression, par le passé, que vous
rendiez votre rapport à la population alors qu'il est bien écrit,
dans votre mandat, que cela se fait devant l'Assemblée nationale.
À moins que je n'aie mal saisi toute ta coordination qui peut se
produire entre la divulgation dans les médias et le dépôt
devant l'Assemblée nationale. Il y a peut-être un laps de temps
que je n'ai pas vu. Pourriez-vous nous expliquer comment vous procédez
et comment cela se fait ailleurs, dans d'autres provinces. Au Canada, on a vu
quelquefois M. Dye donner des conférences de presse. Personnellement,
qu'est-ce que vous favorisez comme formule?
M. Chatelain: M. le Président, l'influence que peut avoir
le rapport du Vérificateur général sur
l'amélioration de la gestion, comme je le disais ce matin dans mes notes
ou dans mes remarques d'ouverture, provient en grande partie de la diffusion ou
de la publicité que l'on fait concernant le rapport du
Vérificateur générai. À ce moment-là, cela
devient un instrument de persuasion. Je crois bien qu'il est bon que le rapport
du Vérificateur général obtienne la plus grande diffusion
possible. Dans ce contexte, la pratique qui a été suivie au
Québec, l'an dernier, est la suivante: le Vérificateur
général a invité les journalistes à une
séance à huis clos -j'appelle cela une séance, ce n'est
absolument pas une séance - à une rencontre à huis clos
où les journalistes ont pris connaissance du rapport du
Vérificateur général avant son dépôt à
l'Assemblée nationale, mais avec l'engagement de leur part qu'absolument
rien concernant ce rapport ne serait rendu public avant son dépôt
à l'Assemblée nationale.
La même procédure est suivie par le ministre des Finances
concernant le discours sur le budget. Les journalistes ou les
représentants des médias sont invités à prendre
connaissance à huis clos du discours sur le budget, avec l'engagement
qu'absolument rien ne sera rendu public avant que le discours soit
prononcé à l'Assemblée nationale.
C'est dans ce contexte que les journalistes étaient
invités et qu'ils ont pris connaissance du rapport. Le
Vérificateur général lui-même n'était pas
présent à cette rencontre. Il y avait tout simplement des
personnes de son bureau pour fournir des explications concernant le rapport,
afin d'empêcher une mauvaise interprétation des constatations
faites sur ce rapport. Cependant, j'ai rencontré personnellement
l'ensemble des journalistes, pour répondre à leurs questions,
à la fin de cette rencontre, juste avant la période de questions,
à l'Assemblée nationale. Le rapport a été
déposé à l'Assemblée nationale à la fin de
la période de questions. C'était bien clair qu'il ne s'agissait
pas d'une conférence de presse, mais j'étais là pour
répondre à leurs questions, et c'est ce que j'ai fait d'ailleurs,
afin de fournir les explications additionnelles concernant le rapport.
Maintenant, à savoir si des députés ou des membres
de l'Assemblée nationale pourraient ou devraient - peu importe, je les
mets entre guillemets - prendre connaissance du rapport avant qu'il soit
déposé à l'Assemblée nationale, je dois dire
qu'à ce moment-là, ce serait une décision qui
relèverait du président de l'Assemblée nationale. Cette
séance ou - je n'aime pas employer le mot "séance" - cette
rencontre à huis clos avec les journalistes pour qu'ils prennent
connaissance du rapport se fait selon une entente avec le président de
l'Assemblée nationale. D'ailleurs, on se sert des locaux de
l'Assemblée nationale pour cette rencontre. Je pense que la rencontre de
l'automne dernier a justement eu lieu ici, dans cette salle. À ce
moment-là, je laisserais cela à la discrétion du
président de l'Assemblée nationale quant aux modalités qui
pourraient être suivies concernant la participation des
députés à cette rencontre. Une invitation pourrait
peut-être être adressée aux membres de cette commission qui
est plus directement concernée ou intéressée par le
rapport du Vérificateur général.
Maintenant, qu'est-ce qui se fait ailleurs? Je dois vous dire
qu'à Ottawa, il y a une rencontre de ce genre avec les journalistes, ce
qu'on appelle un "lock up". Depuis tantôt que je parle de cela, cela
s'appelle un "lock up". Je ne sais pas quel est le terme français pour
"lock up". Cela se fait à Ottawa, mais de deux façons.
C'est-à-dire qu'il y a une rencontre avec les journalistes pendant tout
l'avant-midi, incluant l'heure du lunch, etc. En même temps -
peut-être à partir de dix heures, le matin - il y a aussi une
autre rencontre à huis clos - là-bas, c'est le comité des
comptes publics - avec les membres du comité des comptes publics. Ce
sont des députés du fédéral qui prennent
connaissance du rapport du Vérificateur général avant
qu'il soit déposé. Cependant, ces derniers signent un engagement
sur le fait qu'il ne rendront absolument rien public tant que le rapport n'aura
pas été déposé en Chambre. Lorsqu'ils
laissent la salle où a eu lieu la rencontre, ils laissent
même là le rapport et tous les renseignements. Alors, certains
députés qui sont intéressés prennent connaissance
de ce rapport, bien sûr, de façon confidentielle.
De plus, à Ottawa, je sais qu'à l'heure du midi, il y a
une séance de la commission à huis clos, Pendant cette
séance, le Vérificateur général et ses principaux
adjoints communiquent aux députés du comité des comptes
publics le contenu du rapport et fournissent les explications additionnelles.
Tout cela est fait de façon confidentielle. Le rapport n'a pas encore
été déposé. Il est déposé vers 14
heures ou vers. 1. 5 heures l'après-midi même. C'est ce qui est
fait à Ottawa en ce qui concerne les députés. Ensuite,
après que le rapport a été déposé, à
Ottawa vers 15 heures, il y a une autre rencontre, à 16 h 30, du
comité des comptes publics - qui est l'équivalent de votre
commission - où le rapport est discuté publiquement avec les
membres du comité. Voilà!
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général.
M. le député de Lafontaine.
M. Gobé: Cette question était surtout une petite
mise au point, parce que l'an dernier, j'ai eu l'impression que vous le rendiez
public, pour l'avoir écouté à la radio et à la
télévision, avant que j'aie reçu moi-même le rapport
à mon bureau. C'était pour rappeler aussi qu'étant
donné que votre mandat est de faire rapport à l'Assemblée
nationale, les élus sont les députés qui, eux, sont
responsables devant leurs électeurs. C'est pour assumer cette
responsabilité qu'on vous donne ce mandat. Je pense que la
priorité nous revient d'avoir le rapport. Je ne veux pas nier du tout
l'opportunité de le rendre public. Au contraire, je pense que c'est
là un excellent moyen de stimuler les administrateurs publics que sont
nos hauts fonctionnaires pour régler rapidement leurs problèmes
lorsque cela paraît dans les médias. Je pense que...
M. Chatelain: D'accord. Je pense que je l'ai bien indiqué
dans ma réponse, nous sommes disponibles. Vous savez, bien sûr, ce
qui est important, d'une part, c'est la diffusion du rapport et son effet.
Évidemment, l'information doit être disponible pour les
députés. Je l'ai indiqué, nous sommes disponibles si vous
voulez nous convoquer. Si la commission veut nous convoquer le jour où
on dépose notre rapport, à huis clos ou en séance
publique, après qu'il ait été déposé, ou
à huis clos avant qu'il soit déposé, nous sommes
disponibles.
M. Gobé: La force des médias et l'instrument
extrêmement dangereux, dévastateur que peut être une
information mal véhiculée ou mal comprise pour un gouvernement ou
un Parlement...
M. Chatelain: D'ailleurs, c'est pour cela, M. le
Président, que nous nous efforçons, lorsque nous rencontrons les
journalistes, de fournir des explications afin qu'il n'y ait pas mauvaise
interprétation du contenu du rapport.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
Vérificateur général. M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: M. le Président, vous avez mentionné
tout à l'heure dans vos commentaires lors d'une question de mon
collègue de Lafontaine que vous vous faisiez un devoir d'assister
vous-même ou d'être représenté aux commissions
parlementaires qui étudient les crédits des ministères.
Pourriez-vous... Évidemment, moi, j'ai ma petite opinion
là-dessus, mais j'aimerais vous entendre sur les raisons qui vous
amènent à assister à ces séances de discussion des
crédits en présence des ministres et experts qui entourent le
ministre lors de ces commissions parlementaires.
M. Chatelain: M. le Président, je voudrais simplement
corriger. Peut-être ai-je laissé une mauvaise impression. Nous
n'avons pas assisté à ces rencontres parce que nous n'avons pas
été invités, tout simplement. J'ai indiqué notre
disponibilité si on voulait nous inviter. Mais, à ce
moment-là, pourquoi...
M. Lefebvre: Est-ce que vous avez eu l'occasion, au cours de la
dernière année particulièrement, d'y assister, de les
suivre et, si oui, j'aimerais que vous m'indiquiez pour quelle raison vous
jugez important de le faire? Autrement dit, est-ce que cela cadre avec le
pouvoir que vous confère la loi non seulement de faire rapport mais
d'enquêter sur les gestes des élus?
M. Chatelain: Je ne crois pas que nous enquêtions sur les
gestes des élus.
M. Lefebvre: Pour être plus clair; d'enquêter, de
vérifier si les décisions qui ont été prises ont
été appliquées telles qu'elles avaient été
prises.
M. Chatelain: D'accord. À ce moment-là, je dois
dire qu'on n'a pas assisté à ces réunions. Maintenant,
est-ce qu'on s'intéresse... C'est bien sûr que lorsqu'on fait une
vérification dans un organisme ou un ministère, peu importe, une
des choses que l'on regarde... Cela dépend évidemment de l'objet
de notre vérification. Non seulement cela peut être
intéressant mais très utile de
prendre connaissance des débats en commission parlementaire
lorsque les crédits ont été étudiés.
Pourquoi? Pour savoir exactement ce que l'on veut faire avec ces
crédits, pourquoi ils ont été accordés, s'il y a eu
des contraintes lorsqu'ils ont été accordés. On revient
toujours à ceci: c'est tout simplement dans le contexte de
l'imputabilité, ce qui est d'intérêt pour
l'Assemblée nationale, ce qu'on devrait savoir quand on s'acquitte de
notre mandat, C'est tout simplement de l'information qui peut être
très utile pour nous. (16 heures)
Maintenant, je n'ai pas dit ce qu'on pourrait faire à une
commission parlementaire si on était invité; ce n'est pas la
même chose. En réponse à la question, j'ai tout simplement
essayé de démontrer l'intérêt pour nous de prendre
connaissance de ces débats.
M. Lefebvre: J'aimerais vous entendre là-dessus, M. le
Vérificateur général. Si, par hypothèse, vous
étiez invité et si vous acceptiez l'invitation, est-ce que vous
croyez que votre rôle en serait un strictement et seulement
d'observateur?
M. Chatelain: M. le Président, en réponse à
cette question, on jouerait le rôle entre guillemets - que la commission
voudrait bien nous faire jouer quand même toujours à
l'intérieur de notre mandat. D'accord? Toujours. On ne pourrait
absolument pas...
M- Lefebvre: Votre mandat législatif, vous l'avez expliqué
ce matin.
M. Chatelain: Oui, comme vérificateur législatif,
on ne pourrait absolument pas participer à une discussion sur les
objectifs ou objets du ministère, peu importe ce qu'on essaie de
justifier avec les crédits qui sont demandés. Absolument pas. On
ne pourrait pas participer à une discussion comme celle-là. Ce
n'est pas notre rôle. Notre rôle serait tout simplement de
répondre aux questions quant à la qualité de la gestion ou
les gestes qui ont été posés dans le passé par ce
ministère et qui ont fait l'objet de constatations dans notre rapport.
Nos interventions devraient à ce moment-là se limiter à
cela tout simplement.
M. Lefebvre: Est-ce que vous considérez qu'il serait utile
que vous puissiez participer, même de façon aussi limitée
que vous venez de l'expliquer, dans le but justement de préparer un
rapport annuel encore plus complet et mieux étoffé? Est-ce que
vous jugez que ce serait utile?
M. Chatelain: Ce ne serait pas d'une utilité accrue pour
la préparation de notre rapport annuel parce que cette information, on
l'a quand même. D'accord?
M. Lefebvre: Voilà.
M. Chatelain: Est-ce que ce serait plus utile pour la commission?
C'est autre chose. Plus utile pour la commission et également plus utile
quant à l'implantation des recommandations du Vérificateur
général dans son rapport? Oui, ce pourrait être plus utile
dans le sens que ce serait quand même un outil pour que les gestionnaires
puissent expliquer à la commission ce qu'ils entendent faire
précisément pour améliorer ou encore pour corriger les
lacunes qui ont fait l'objet de constatations du Vérificateur
général.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général. Est-ce que vous avez terminé,
M. le député de Frontenac?
M. Lefebvre: C'est tout.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Limoilou.
La vérification d'optimisation des ressources (suite)
M. Després: Merci, M. le Président. Je voudrais
revenir à un sujet qui a été abordé tout à
l'heure en ce qui concerne les différents types de vérification.
On sait qu'il y a la vérification législative, celle qui est la
vérification de l'attestation financière, la vérification
de la conformité des opérations aux lois et aux règlements
et celle aussi que les vérificateurs externes appliquent. Depuis la
nouvelle loi, vous avez la vérification intégrée, la
vérification d'optimisation. Vous avez dit tout à l'heure qu'avec
l'augmentation de l'effectif de dix à quinze personnes, cela vous
permettrait de vérifier les subventions publiques et privées.
Cela vous permettrait aussi de vérifier les organismes, si j'ai bien
compris, qui ont des vérificateurs externes. C'est cela?
M. Chatelain: Oui, cela ne nous permettrait pas de
vérifier les organismes comme tels. Dans le dernier cas que vous
soulevez, cela nous permettrait de prendre connaissance des travaux de ces
vérificateurs.
M. Després: Des travaux?
M. Chatelain: Oui, des travaux, précisément la
nature des travaux et leurs constatations.
M. Després: D'accord. Est-ce que cela vous permettrait
aussi d'augmenter le nombre
de vérifications intégrées ou si, de quatre
à cinq, pour !e nombre d'organismes qui existent, c'est un
échantillonnage valable par année?
M. Chatelain: Je dois dire que les vérifications
d'optimisation des ressources, ce sont des interventions qui sont quand
même assez importantes dans le sens que cela commande beaucoup de
ressources. Quand on parle de quatre ou cinq, disons six et,
exceptionnellement, peut-être sept dans une année, c'est à
peu près le nombre idéal ou le nombre le plus élevé
que l'on pourrait espérer atteindre. Comme je l'ai dit, je pense bien
qu'au niveau du Vérificateur générai du Canada, où
ils ont beaucoup plus de ressources que nous, ils limitent quand même
leurs vérifications d'optimisation des ressources à six ou sept
par année au maximum. Je pense bien qu'avec les ressources
additionnelles que l'on pourrait avoir, cela nous permettrait, plutôt que
d'en faire cinq, d'en faire peut-être six ou sept, mais on se limiterait
à cela de toute façon.
M. Després; Est-ce qu'une vérification
intégrée peut prendre plus qu'un an? Selon ce que vous me dites,
c'est sept par année. Est-ce qu'une vérification
intégrée prend beaucoup plus d'un an ou en moyenne un an?
M. Chatelain: Cela dépend de l'endroit où on fait
l'intervention. Il y a un exemple concret; c'est un exemple qui est public dans
le moment: on fait une vérification intégrée auprès
de la CSST. C'est un organisme qui est énorme où les
opérations sont très complexes. Alors, je ne vous cache pas que
cela va nous prendre plus d'une année à la faire. Vous savez,
cela dépend de l'endroit où on fait l'intervention. Disons que,
règle générale, on peut faire une intervention en
vérification d'optimisation des ressources à l'intérieur
d'une année.
M. Després: D'accord, M. le Président. Je vais
laisser la parole aux membres de l'Opposition.
Le Président (M. Poulin): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
Frais d'inspection à la CSST
M. Gendron: M. le Président, je pense qu'il serait
inconvenant pour des parlementaires sérieux qui ont l'occasion, la
chance, l'opportunité - appelez cela comme vous voudrez - de faire leur
travail comme il faut avec le Vérificateur général, de ne
pas l'interroger sur un organisme gouvernemental qui a énormément
d'incidences sur les questions qu'on discute, soit la Commission de la
santé et de la sécurité du travail, compte tenu des sommes
en cause, de l'ampleur et un peu - entre guillemets - la confusion qui semble
exister en tout cas au niveau de certains chiffres et des prétentions,
selon qu'on s'adresse au ministre, à la présidence de la CSST,
Mme Forget, ou à d'autres. Mais aujourd'hui, on a le Vérificateur
général avec nous et comme celui-ci a parlé, dans son
rapport de l'an dernier, de certains éléments concernant la CSST,
j'aurais trois ou quatre questions très précises.
La première question que je voudrais poser fait suite au litige
concernant la décision du gouvernement que, pour l'avenir -pour le
gouvernement, c'était à partir du 1er juillet 1986 - tous les
frais concernant l'inspection ne seraient plus versés par le
gouvernement. Il faut se rappeler que dans le rapport de l'an dernier,
vous-même, comme Vérificateur général, vous aviez
refusé d'approuver intégralement les états financiers de
la CSST en indiquant que, comme la commission continuait à indiquer des
sommes à recevoir du gouvernement pour un montant de 31 600 000 $ pour
des frais d'inspection et que le Parlement avait refusé d'approuver les
crédits à la suite de la décision du gouvernement.. Est-ce
que ce litige concernant la perception de sommes à recevoir de la
Commission de la santé et de la sécurité au travail du
gouvernement pour l'année budgétaire 1986 est réglé
avec vous?
M. Chatelain: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain:... en réponse à cette
question-là, est-ce qu'on pourrait demander à M. Jean-Luc
Ferland, directeur de la vérification chez nous, et responsable de la
vérification de la Commission de la santé et de la
sécurité au travail, de fournir la réponse, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Lemieux): M. Ferland, s'il vous
plaît!
M. Ferland (Jean-Luc): Je pense que la réponse
là-dessus est assez simple. Le litige n'est pas encore
réglé. Il s'agit d'un problème fondamentalement lié
à la Loi sur la santé et la sécurité du travail
dans laquelle on confie à la commission certains devoirs et dans
laquelle on mentionne à quel endroit seront prises les sommes pour payer
ces frais-là. Cette loi mentionne que c'est le gouvernement qui paiera
les frais reliés à l'inspection alors que le Conseil du
trésor a décidé de ne plus accorder de crédits pour
ce faire, de sorte que la commission engage encore des, sommes pour
l'inspection, fait les dépenses d'inspection, réclame ces sommes
au gouvernement qui ne veut pas lui donner les crédits.
Le Président (M. Lemieux); M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, cela, c'est plus l'explication un peu technique.
Mais je voudrais savoir si le Vérificateur général a une
opinion là-dessus, comme Vérificateur générai du
Québec, compte tenu qu'on continue à permettre que la commission
inscrive cela à une rubrique budgétaire "comptes à
recevoir" pour lesquels, on le sait, il n'y a pas de crédits
prévus ou autorisés par le Conseil du trésor. À
moins que je ne comprenne mal la Loi sur le Vérificateur
général, il s'agit, en tout cas, d'une illégalité
par rapport aux pratiques comptables selon la Loi sur l'administration
financière et, en conséquence, sur ce problème-là
qui n'est toujours pas réglé, devant les parlementaires
aujourd'hui, est-ce que le Vérificateur général a un avis
à communiquer?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain:... beaucoup plus que ce qu'on fait dans le moment.
Nous portons évidemment l'attention de l'Assemblée nationale sur
ce problème-là qui est un problème réel. La loi dit
une chose: Apparemment que la commission, en vertu de la loi, serait
autorisée à demander le remboursement de ces sommes. D'autre
part, Il y a un conflit! ces sommes-là ne peuvent pas être
accordées, évidemment, si les crédits n'ont pas
été votés par l'Assemblée nationale. Nous sommes
placés devant ce conflit ou ce problème qui semble sans solution.
Il y a un réel problème.
De plus, la CSST, en se fondant sur sa loi, maintient évidemment
qu'elle a une réclamation qui est bonne, justifiée, etc.
Cependant, le gouvernement se refuse à demander à
l'Assemblée nationale de voter des crédits à cette
fin-là. Je pense bien que devant un conflit comme celui-là, on ne
peut pas aller plus loin que de vous le signaler ici, à vous,
représentants de l'Assemblée nationale.
M. Gendron: Je voudrais poser une deuxième question au
Vérificateur général. En 1986, le déficit
d'exploitation de la Commission de la santé et de la
sécurité au travail a atteint à peu près 357 000
000 $, en tout cas selon les données qu'on peut voir aux états
financiers, et la dette non provisionnée dépassait, en 1986, les
2 200 000 000 $.
Toujours selon les informations que je peux avoir sur ce dossier, il
semblerait qu'au moment où on se parle la dette non provisionnée
a grimpé, au cours de la même période, de 1 800 000 000 $
à 2 200 000 000 $. Il s'agit de prestations que la commission doit payer
pour les accidentés avant 1986 et pour lesquelles aucune somme n'est
inscrite dans le budget.
Je pose la question au Vérificateur général.
Premièrement, vous devriez être conscient de cela. Je suis
étonné que dans le rapport de 1986 il n'y ait pas de
recommandations, il n'y ait pas de mention du Vérificateur
général sur le fait qu'il y ait tout près de 400 000 000 $
pour lesquels il n'y a pas de provisions prévues et que le
Vérificateur général passe cet aspect sous silence
considérant que c'est quand même une variation très
importante de 1 800 000 000 $ à 2 200 000 000 $ par rapport à ce
qu'on appelle la dette non provisionnée.
Donc, 400 000 000 $ non provisionnés à la CSST uniquement
pour une année sur la dette à long terme et il n'y a pas
d'expression du Vérificateur général, il n'y a pas de
point de vue sur un aspect aussi important que celui-là.
Le Président (M. Lemieux): M. le
Vérificateur général.
M. Chatelain: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander à M. Bédard, Vérificateur général
adjoint, s'il vous plaît, de répondre à cette question?
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. Bédard, s'il
vous plaît.
M. Bédard: Vous avez tout à fait raison. Dans un
premier temps, vous avez une dette non provisionnée qui est inscrite aux
états financiers, qui est inscrite à la face même des
états financiers. Dans ce contexte, l'information financière est
clairement divulguée.
Dans un deuxième temps, il faut se rappeler aussi que la loi sur
la CSST, telle qu'elle est rédigée présentement, lui
permet, selon son mode de financement, pour chaque dollar qu'elle devra payer,
de ne récupérer que 90 %, ce qui veut dire qu'à chaque
dollar d'engagement qu'elle a, elle a la possibilité de
récupérer 0, 90 $ seulement. Donc la justification d'engager 0,
10 $ n'est pas compensée et cela s'aggravera jusque dans les
années 1992. Cela diminuera par la suite de 2 % par année pour
revenir en l'an 1997, si ma mémoire est bonne, à une pleine
cotisation. Cela veut dire que cette dette non provisionnée va aller en
s'accroissant d'année en année. C'est conforme à la loi
sur la Commission de la santé et de la sécurité du
travail. Notre mandat est de le rapporter et quant à savoir si c'est
conforme, oui, c'est conforme.
M. Gendron: Ouï, c'est exact.
Le Président (M. Lemieux): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: C'est toute la problématique du taux de
capitalisation dans la loi. Sauf qu'il me semble qu'à partir du moment
où vous croyez - avec raison, selon les connaissances que j'ai de ce
dossier - que la dette non provisionnée va s'accentuer en termes de
montant et que le Vérificateur général, souvent, ne s'est
pas exprimé uniquement sur l'aspect de la conformité d'une
disposition gouvernementale par rapport à la loi qui la conditionne mais
à plusieurs reprises, parce que... Je suis convaincu que M. Chatelain le
sait. Je n'ai pas besoin de relire le mandat et la loi. Mais, à partir
du moment où il y a une disposition générale qui dit qu'il
peut faire tout autre commentaire qu'il juge approprié sur n'importe
quoi, bien c'est cela que cela veut dire. C'est selon son jugement, ce qu'il
juge approprié. La question était plus: Ne croyez-vous pas
approprié d'indiquer, compte tenu des sommes en cause et compte tenu de
l'accroissement, comme vous le dites, de la dette non provisionnée qui
va être très grand, que le Vérificateur
général donne un avis soit de délai quant à
l'application par le gouvernement de ne pas provisionner à 100 % les
sommes auxquelles il devra faire face dans le futur? C'était plus pour
essayer d'avoir un point de vue du Vérificateur général
là-dessus. Quand cela lui apparaît-il urgent, dramatique? Est-ce
dans cinq ans qu'il va falloir commencer à "reprovisionner" à 100
% la dette non comptabilisée ou non provisionnée? C'est un peu
cela que je veux savoir.
M. Chatelain: D'accord. M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: Oui. M. le Président, je dois dire que ce
qui est important pour le Vérificateur général,
évidemment, c'est la divulgation, la connaissance de ces faits, toujours
dans un contexte d'imputabilité, un contexte de rendre compte à
l'Assemblée nationale. Il faut que l'information soit disponible,
qu'elle soit claire et que les députés puissent disposer de cette
information. C'est le premier objectif du Vérificateur
général dans le contexte d'imputabilité. (16 h 15)
Quant au fait que la CSST a divulgué cette information,
également quant au fait que cette approche est prévue par la loi
-ce mode de financement - le Vérificateur général a
jugé qu'il n'était pas opportun pour lui d'attirer encore
l'attention de l'Assemblée nationale sur ce sujet, parce que
déjà l'Assemblée nationale a été
informée. Je ne dis pas... Par exemple, on a des
précédents, M. le Président, dans le cas de la
Régie des rentes. Au cours des années passées, nous avons
signalé dans notre rapport le fait que bien que tout soit fidèle
à la loi la caisse se trouverait à sec en l'an 2000, en l'an 2001
ou 2003. Bien que ce renseignement soit reflété aux états
financiers de la Régie des rentes, on a quand même attiré
l'attention de l'Assemblée nationale sur le sujet. Donc, c'est un
commentaire qui est tout à fait positif et que j'accepte de la part du
député, M. le Président. Je ne dis pas qu'à
l'occasion, à l'avenir on n'attirera pas l'attention là-dessus.
Ça fait partie également de nos fonctions, je pense, de le dire
à l'Assemblée nationale.
M. Gendron: À la page 92 de votre rapport, M. le
Vérificateur général, vous indiquez qu'il y a des
indemnités qui sont versées en trop. Le problème des
indemnités versées en trop, vous l'évaluez pour
l'année qu'on discute à environ 10 000 000 $, 9 500 000 $.
Là, vous faisiez le commentaire que la commission, essentiellement - on
parle de la CSST, évidemment -n'a pas modifié le montant du
salaire de base pour tenir compte du changement survenu dans la situation
financière. Et vous recommandez à la CSST de mettre en place des
mécanismes de contrôle qui permettraient de s'assurer de la
validité du salaire servant au calcul des indemnités
versées en vertu des programmes de stabilisation sociale et
économique. Bien sûr, comme c'est la pratique courante, il y a une
réaction de la commission à votre recommandation.
Ma question précise sur ce sujet c'est: Comment nous, comme
parlementaires, pouvons-nous nous assurer que le Vérificateur
général, après avoir fait une recommandation à une
instance concernée... Là, je prends la Commission de la
santé et de la sécurité du travail parce que c'est de cela
que je discute, mais cela s'applique à à peu près
n'importe quelle instance. Vous faites une recommandation et nous on a un
commentaire ou une réaction de l'instance interpellée ou
concernée par votre recommandation, mais on n'a pas de capacité
de voir comment le Vérificateur général, lui, dans la
gestion de sa responsabilité comme vérificateur, va tenir compte
en tout, en totalité ou en partie, de la réaction de l'instance
interpellée. Ici, sur le plan bien concret, je pense que cela n'a pas
l'air d'être très efficace, pour parler concrètement de vos
recommandations, puisque entre autres, tout de suite sur le point suivant qui
est le contrôle de la qualité vous commencez votre phrase par:
Pour une quatrième année consécutive, on a noté le
même problème sur le contrôle de la qualité. Vous
dites: "Pour une quatrième année consécutive, nous
avons
constaté que le contrôle de la qualité qui permet,
entre autres, etc.. a certaines faiblesses et vous faites une recommandation.
Là, je suis à l'autre point, mais je touche le même
problème de fond. "La commission devrait intensifier ses efforts dans
l'implantation d'un contrôle de la qualité approprié afin
d'assurer, entre autres, une certaine rigueur dans les décisions... " Et
encore là, on a un commentaire de l'instance concernée qui
s'explique, qui ne nous dit pas vraiment comment elle va corriger l'affaire,
mais qui explique un peu plus pourquoi cela est arrivé comme cela et
pourquoi c'est comme cela. Alors moi, je finis avec ma question bien
précise. Qu'est-ce que le Vérificateur général du
Québec peut nous indiquer à nous, comme parlementaires, pour que
dans l'avenir on ait de meilleures garanties que non seulement votre
recommandation est comprise et interprétée par l'instance
concernée, mais qu'il y a une certaine garantie de correctif
reliée à la suggestion que vous faites dans votre
recommandation?
Le Président (M. Lemieux): M. le
Vérificateur général.
M. Chatelain: M. le Président, la réponse à
cette question est claire et facile puisque nous y revenons depuis nombre
d'années. Bien que nous fassions des recommandations année
après année - et on note que nous revenons année
après année avec les mêmes constatations - des gestes
concrets ne sont pas posés par les gestionnaires pour corriger les
situations. La réponse à cela, c'est que nous n'avons pas un
pouvoir de coercition, nous avons un pouvoir de persuasion, mais je crois bien
que le pouvoir de persuasion réside bien plus ici que chez le
Vérificateur général. Si la commission du budget et de
l'administration, par exemple, demandait des explications aux gestionnaires qui
font l'objet de ces constatations et de plus demandait à ces
gestionnaires quels gestes concrets ils se proposent de poser, quels moyens
concrets ils vont prendre pour corriger ces lacunes, je pense que cela aurait
une influence pas mal plus prononcée que ce qui se passe dans le
moment.
M. Gendron: C'est bien. Je m'attendais à cela dans le sens
que vous nous renvoyez à celui qui a reçu l'ordre de faire telle
et telle affaire. Mais n'est-il pas arrivé dans certains cas... Ou si
j'avais l'occasion d'avoir comme interpellé aujourd'hui non pas le
Vérificateur général, mais le président du temps et
la présidente actuelle de la CSST, ils ne m'auraient pas indiqué
qu'ils ont commenté, avec le Vérificateur général,
votre recommandation. Il vous a expliqué, dans certains cas, qu'elle ne
pouvait être suivie pour telle et telle raison. Or, quand vous nous le
rappelez, vous ne nous indiquez pas cela. Exemple concret: Pour ce qui est de
toute la question de la comptabilisation de l'assurance-récolte, je ne
veux pas embarquer dans le fond de l'affaire, mais je sais qu'il y avait une
divergence importante entre l'instance concernée et la recommandation
que vous avez déjà faite.
Il me semble que pour que nous puissions être capables de bien
faire - parce qu'il n'y a pas de jugement dans mon affaire - notre travail de
correction dans les cas où on est sûr que votre point de vue est
défendable, qu'il est correct pour un meilleur contrôle de la
situation budgétaire du gouvernement, il faudrait absolument avoir un
peu la contrepartie. Quand vous me dites: Pour une quatrième
année consécutive, je reviens encore sur le contrôle de la
qualité; la deuxième, la troisième année, est-ce
que la CSST ne vous a pas dit qu'elle n'était pas capable de donner
suite à cette recommandation pour les raisons A, B, C, D et que ceci
devrait également faire partie de. votre rapport annuel pour que nous
soyons capables de juger qui est en faute là-dedans? Est-ce que c'est
parce que la suggestion du Vérificateur général est
inapplicable pour telle et telle raison ou si simplement, indépendamment
du degré d'application de la recommandation qu'il a faite, il la
répète d'année en année en disant: Vous voyez, le
fautif, uniquement parce qu'il n'a pas donné suite à ma
recommandation, c'est l'instance concernée?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: D'accord, M. le Président. Il y a deux
aspects, je pense bien, à cette question. Pour commencer, le
Vérificateur général s'efforce, dans la mesure du
possible, de faire part, dans le rapport annuel, de la position prise par
l'entité qui fait l'objet de la vérification. Ici, par exemple,
dans le cas dont on discute sur le contrôle de la qualité,
à la page 93, nous indiquons la réaction de la commission. Alors,
si la commission n'est pas d'accord, elle nous le dit dans sa réaction.
Cela peut faire mal dans certains cas. Nous imprimons exactement la
réaction de l'entité en cause. D'ailleurs, vous avez eu d'autres
exemples dans le passé où la réaction n'était
peut-être pas tellement flatteuse pour nous, mais où on l'avait
imprimée quand même. C'est parce que nous essayons d'indiquer le
point de vue de l'entité. Surtout s'il y a certains obstacles à
l'implantation de la recommandation, on veut que vous soyez renseignés
et on l'indique tout simplement.
D'autre part, si les gestionnaires étaient appelés
à témoigner en commission parlementaire, je pense bien qu'ils
ne
seraient pas seuls; nous-mêmes, nous serions appelés - je
parle des représentants du Vérificateur général -
à témoigner également. À ce moment-là, vous
pourriez obtenir les deux points de vue concernant la constatation qui fait
l'objet du rapport.
M. Gendron: Merci. Ma dernière question sur la CSST, c'est
sur le rapport actuariel. Vous dites: Absence de rapport actuariel. Sauf que,
dans votre recommandation, vous dites: "Des mesures devraient être prises
pour que !e rapport actuariel soit complété et disponible
quelques semaines avant la date limite pour la présentation du rapport
du vérificateur sur les états financiers de la commission. "
Là, on vous a répondu: "Toute la documentation est disponible sur
ces données, méthodologies et hypothèses utilisées.
" Est-ce qu'il s'agissait là d'une différenciation par rapport
à la terminologie utilisée? En termes clairs, est-ce que vraiment
dans la suggestion que vous faites, disant que des mesures devraient être
prises pour que le rapport actuariel soit complété et disponible,
le Vérificateur général a fait des suggestions et ne s'est
pas contenté de demander que des mesures soient prises pour que le
rapport soit disponible? Est-ce que vous avez fait des suggestions
concrètes pour qu'il soit disponible?
M. Chatelain: M. le Président, je demanderais...
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain:... à M. Bédard de
répondre.
M. Bédard: À cet égard, ce n'est pas la
première fois qu'on revient avec cette absence de rapport actuariel pour
nos fins, surtout à l'égard de notre vérification
financière. Et on a discuté à moult reprises avec la
commission pour dire qu'il était essentiel pour nous d'avoir cette
information. On a rencontré d'ailleurs les actuaires de la commission;
ils étaient absolument conscients de cet aspect et des besoins que nous
avions. Dans ce contexte, ils étaient d'accord pour nous fournir
l'information.
L'an dernier, tout le monde s'était mis d'accord pour nous donner
l'information en temps. Malheureuseument, à cause de toutes sortes de
circonstances que la commission pourrait expliquer, elle n'a pas pu
répondre à nos demandes. Encore une fois, on a dû
répéter, à l'intérieur de notre commentaire, le
fait que nous n'avions pas toutes les étapes pour justifier les
fluctuations à l'intérieur de la réserve actuarielle,
autrement dit la conciliation... Je m'excuse, vous avez un commentaire
additionnel.
M. Gendron: Je pense que votre réponse est correcte dans
le sens que vous nous indiquez que personne, pas plus à la CSST
qu'ailleurs n'aurait contesté la nécessité pour être
un meilleur conseiller, par rapport à votre responsabilité, que
vous disposiez de cet outil d'information. C'est ce que vous nous
confirmez.
M. Bédard: Absolument pas.
M. Gendron: Mais il s'est trouvé des raisons, comme vous
dites, qu'on pourrait opposer aux concernés...
M. Bédard:... exact.
M. Gendron:... pour expliquer le retard. Mais la CSST est
d'accord que c'est un outil essentiel pour que vous puissiez nous faire des
recommandations, éventuellement, dans votre rôle de conseiller du
gouvernement concernant ce qu'on discute.
M. Bédard: Notre rôle principal est d'attester les
états financiers de la commission.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Bédard.
Avez-vous terminé, M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: J'ai terminé mon temps.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Limoilou.
Vérification et informatique
M. Després: Je vous remercie, M. le Président.
Avant d'en arriver au dossier de l'informatique, étant donné que
je n'ai pas eu le temps de terminer, en ce qui concerne le dossier de la
vérification, je voudrais aborder le dossier des différentes
nominations au niveau de la vérification. Je veux savoir, au
départ, ce qui fait que telle société... On me dit que le
Vérificateur général fait la vérification pour 75
sociétés sur 164 ou 169, de mémoire. Donc, toutes les
autres ont un vérificateur externe. Qu'est-ce qui fait qu'une
société... ? Premièrement, est-ce le conseil
d'administration qui détermine si on utilise les services du
Vérificateur général ou d'un vérificateur externe?
Deuxièmement, le Vérificateur général a-t-il droit
de regard à savoir s'il peut s'imposer ou si cette société
a toute liberté?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: D'accord. Dans beaucoup de sociétés
ou organismes et entreprises du gouvernement, une clause très claire
concernant la vérification dit que c'est le
Vérificateur général. Par contre, et elles sont
quand même passablement nombreuses, dans plusieurs entreprises du
gouvernement surtout, dans les sociétés d'État, il est dit
dans plusieurs cas que la vérification des livres de comptes est
effectuée annuellement par le Vérificateur général
ou par un autre vérificateur désigné par le gouvernement
sur la recommandation du conseil d'administration. En gros, c'est ce que l'on
trouve. Il arrive qu'en l'absence d'une autre nomination par le conseil
d'administration ou par le gouvernement, à la suite de la recommandation
du conseil d'administration, que ce soit le Vérificateur
général.
Mais, concernant le droit de regard, le Vérificateur
général a quand même compétence dans ces
cas-là dans le sens qu'il pourrait faire lui-même la
vérification. Le Vérificateur général n'y va pas,
mais il peut exercer son droit de regard dans le sens qu'on en discutait
tantôt, c'est-à-dire qu'il peut prendre connaissance des travaux
des vérificateurs de la pratique privée qui font la
vérification et de leurs rapports, les rencontrer et discuter avec eux
etc. et faire rapport à l'Assemblée nationale de choses qu'il lui
semblerait tout indiqué d'inclure dans son rapport annuel, à ce
moment-là.
M. Després: Si je comprends bien, le conseil
d'administration a comme règlement qu'il peut utiliser les services du
Vérificateur général ou d'un vérificateur externe;
il peut décider d'utiliser un vérificateur externe, et le
Vérificateur général devra laisser la porte ouverte.
M. Chatelain: Oui, c'est cela, mais à ce moment-là,
le Vérificateur général conserve son droit de regard.
Cependant, nous disons que là où on rencontre cette situation,
là où on nomme un vérificateur de la pratique
privée, il devrait y avoir quand même des raisons assez valables
pour que le Vérificateur général ne soit pas nommé
vérificateur ou que ce ne soit pas le Vérificateur
général qui fasse la vérification, qu'il y ait quand
même des bonnes raisons et que ce soit discuté avec le
Vérificateur général. On signale un cas à la page
74 de notre rapport annuel où un vérificateur du secteur
privé a été nommé. La raison pour laquelle on dit
cela, c'est très simple: premièrement, le législateur
lui-même, l'Assemblée nationale a jugé bon de dire dans la
Loi sur le Vérificateur général que c'était le
Vérificateur général qui était le
vérificateur partout. Il a commencé par dire cela; donc, il a
compétence partout. Cela devrait être la ligne de conduite.
Cependant, le législateur a reconnu, dans certaines circonstances, qu'il
pourrait y avoir un autre vérificateur et, s'il y en a un autre, le
Vérificateur général devrait avoir droit de regard. Je
pense que la règle de conduite, c'est que cela devrait être le
Vérificateur général. Pourquoi? Parce que le
Vérificateur général, plutôt que d'exercer son droit
de regard s'il faisait lui-même la vérification, a un accès
direct à l'information et le Vérificateur général a
une relation tout à fait privilégiée, comme vous pouvez
vous en rendre compte ici aujourd'hui, avec l'Assemblée nationale. Il a
accès directement à l'Assemblée nationale. Il
présente un rapport annuel directement à l'Assemblée
nationale. Alors, les exigences d'imputabilité, dans ces cas-là,
sont beaucoup plus présentes, c'est-à-dire qu'on respecte
beaucoup plus les exigences d'imputabilité. (16 h 30)
M. Després: Je vous remercie. Je vais maintenant aborder,
M. le Président, le dossier de l'informatique qui n'a pas encore
été abordé cet après-midi. J'aimerais tout d'abord,
en ce qui concerne le dossier sur l'informatique, que vous résumiez les
conclusions en ce qui concerne le développement des systèmes et,
deuxièmement, en ce qui concerne la sécurité de
l'informatique. Quelles sont les grandes conclusions que l'on retient?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général, en ce qui concerne la sécurité
informatique, est-ce que vous avez fait une évaluation des coûts?
On reviendra tout à l'heure à ce que je pourrais qualifier de
musée des horreurs, dans ce dossier.
M. Chatelain: D'accord. Est-ce que nous avons fait une
évaluation des coûts...
Le Président (M. Lemieux): En ce qui concerne la
sécurité informatique comme telle.
M. Chatelain:... de la sécurité informatique? Non,
pas comme telle, mais on pourrait le faire. Je pourrais peut-être ajouter
un complément d'information à ce sujet- On a parlé
également de systèmes. On parle de systèmes et on parle de
sécurité informatique.
Le Président (M. Lemieux): Alors, allons-y au sujet des
systèmes, puisque c'était la question du député de
Limoilou. Ensuite, nous aborderons la question de la sécurité et
les quelques lacunes qu'il y a dans le rapport à ce sujet.
M. Chatelain: D'accord. Au point de vue du développement
de systèmes informatiques, au cours de l'année qui fait l'objet
de ce rapport, nous avons regardé particulièrement le
développement de deux systèmes. D'une part, le
développement des gros systèmes à la Régie des
rentes et, d'autre part, le développement du système des
prêts et bourses au ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
Le Président (M. Lemieux): Girafe 2000.
M. Chatelain: D'accord, Girafe 2000. Nous nous sommes
penchés sur le développement de ces deux systèmes quant
aux coûts et quant à l'expansion que ces systèmes
prenaient, etc. D'autre part, nous n'avons pas fait une vérification
spécifique à l'étendue gouvernementale concernant la
sécurité informatique comme telle, mais ce dont nous nous sommes
rendu compte, lors de nos interventions ponctuelles dans les divers
ministères et dans les divers organismes -cela fait maintenant partie de
notre programme de vérification de surveiller la sécurité
informatique - c'est ce que vous appelez le "musée des horreurs", de
plusieurs exemples où la sécurité laisse à
désirer. Si vous voulez avoir des renseignements additionnels concernant
ces deux sujets, nous avons ici M. Jean-Noël Thériault, directeur
de la vérification chez nous, qui est un spécialiste en
vérification informatique.
M. Thériault (Jean-Noël): M. le Président, si
on aborde l'aspect limitation ou la sécurité, on parle surtout de
limitation des accès aux données et aux programmes qui traitent
les différentes informations au gouvernement du Québec.
Évidemment, si on veut jeter un coup d'oeil à l'horizontale - je
ne sais pas si on peut parcourir le rapport rapidement - on parle
d'entités comme le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, la Commission administrative des
régimes de retraite, la CSST, la Société d'habitation du
Québec, la Régie de l'assurance automobile et la Régie de
l'assurance-maladie. On désigne ces entités comme manquant
foncièrement de rigueur quant à la protection des données
qui peuvent être considérées comme confidentielles.
Évidemment, on peut deviner, par le nom des entités, quelles sont
les données qui doivent être considérées
confidentielles.
On parle de manque de rigueur, mais il est bien certain qu'il ne
faudrait pas penser tout de suite que les valves - entre guillemets - sont
ouvertes à tout le personnel qui travaille à l'intérieur
de ces différentes entités. Il y a quand même des
mécanismes en place. Il y a quand même des limitations qui sont
faites quant à l'accès aux programmes et aux données. Mais
nous considérons que cela n'est pas suffisant surtout si on combine ces
différentes lacunes d'accès à une administration
déficiente de la gestion des mots de passe ou de la gestion des codes
d'identification des individus qui ont accès aux programmes et aux
données. C'est peut-être ce mélange de gestion
déficiente et de manque de rigueur quant aux accès
attribués ou à être octroyés aux gens à qui
cela doit l'être, c'est peut-être la combinaison de ces deux
lacunes qui fait un mélange un peu plus explosif, si vous me permettez
l'expression.
Je ne sais pas si vous avez des questions plus précises en ce qui
concerne les entités. J'ai essayé de dresser le portrait global
de l'étendue des dégâts, entre guillemets. Accès aux
programmes, accès aux données, manque de rigueur,
c'est-à-dire code d'accès octroyé à trop de
personnes, de façon générale, tant pour les
données... Quand on parle de données, il s'agit du nom des
bénéficiaires, par exemple, quant à certaines
entités, leur nom, leur âge, les montants octroyés, leur
adresse, enfin des informations qui doivent être tenues confidentielles.
C'est un excès, en ce sens qu'on peut consulter les informations.
Parfois, et la plupart du temps, on peut aussi les modifier. Ce sont les deux
aspects qui se présentent, soit les modifier, soit les consulter. En ce
qui concerne les programmes proprement dits, les systèmes qui sont
appelés à manipuler ces données, il y a également
un accès qui est trop permissif. Ce devrait être beaucoup plus
restreint. Souvent, des départements complets ont la possibilité
d'accéder à des programmes, alors que seulement quelques
individus devraient y accéder, les besoins ne justifiant pas de donner
un accès à 75 personnes, alors que deux ou trois personnes sont
appelées à entretenir le système en question.
M. Després: Donc, dans une certaine mesure, est-ce qu'il
est possible de satisfaire toutes ces mesures de sécurité?
M. Thériault: Oui.
M. Després: Vous m'avez donné quelques solutions,
mais étant donné l'ampleur, le nombre de personnes qui peuvent
manipuler cela, est-ce qu'on peut satisfaire toutes les mesures de
sécurité?
M. Thériault: Évidemment, je crois que cela ne
viendra pas du jour au lendemain. Si on parle de l'entité
gouvernementale, je crois que la Direction générale du
ministère des Communications en est bien consciente, il va falloir
établir des politiques globales, il va falloir un meilleur encadrement
de la sécurité informatique, il va falloir établir des
objectifs, qu'est-ce qu'on doit faire, le partage des responsabilités de
chacun des intervenants du gouvernement du Québec et de ses
différentes entités. La plupart des entités ont en main
des logiciels - je ne voudrais pas tes désigner par des termes
techniques parce qu'on va s'y perdre - des outils qu'il suffit de fignoler, de
travailler un peu plus, en plus des politiques d'encadrement, en plus d'une
meilleure administration
de ce secteur, on a quand même en main des choses qui ne demandent
qu'un petit ou un moyen coup de pouce pour satisfaire à une meilleure
sécurité. Évidemment, on ne vise pas ici une
sécurité absolue, on vise la meilleure sécurité
dans les circonstances. Cela implique qu'on identifie quelles sont les
données confidentielles, les degrés. II y a tout un travail, tout
un débroussaillage à faire. II ne s'agit pas de bloquer toute
donnée à tout le monde n'importe quand,
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a des choses qui
sont accessibles quand même au public?
M. Thériault: Oui. Il y a un travail à faire. Je ne
dis pas que cela va prendre la prochaine année, mais avec une bonne
politique d'encadrement, des énoncés d'objectifs, des normes...
D'ailleurs, par les informations récentes que j'ai obtenues, la
Direction générale du ministère des Communications devrait
déposer à la fin de septembre ou au début d'octobre une
norme à ce chapitre pour fins de discussion.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
député.
M. Després: Je reviens à ce qu'on a dit tout
à l'heure, à savoir qu'il y a deux systèmes, celui de la
RRQ et celui de Girafe. Si je reviens à la page 146 du rapport du
vérificateur en ce qui concerne Girafe 2000, quand on regarde cela, on a
plutôt l'impression que les gestionnaires en informatique ne s'en sont
pas tenus au processus de décision. Est-ce parce qu'ils ont
improvisé? Est-ce parce que le système a évolué
trop vite, qu'il y a eu trop de modifications? Je me pose certaines questions
au sujet des sommes qui sont investies dans ces dossiers de l'informatique, et
lorsqu'on change le système Girafe 2000, Clés en main, on
l'abandonne, on en fait la conception administrativej on l'approuve, on
l'autorise, on arrête le processus, on redonne le contrat à un
consultant: on ne sait pas trop où on s'en va. Je pense que c'est un peu
inquiétant de ce côté-là. J'aimerais vous entendre
un peu là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Pour compléter la
question du député de Limoilou et c'est ce que je qualifierais de
musée des horreurs, lorsqu'on lit les troisième et
quatrième paragraphes où on approuve un projet, on ne le suit
pas, on engage un consultant et on ne le suit pas non plus, on arrive à
un fiasco que je considère catastrophique. Dans votre rapport pour
l'année 1985-1986, vous identifiez des lacunes dans le
développement des systèmes d'information de trois entités.
Il y a sept autres entités où vous notez des lacunes dans les
contrôles d'accès en milieu informatique pour ce qui est de la
sécurité. Il me semble ressortir de tout cela - j'aimerais bien
qu'on puisse vraiment le dire - que dans les plans de développement, les
gestionnaires en informatique devraient s'en tenir au processus de
décision formel plutôt que d'improviser face aux
événements. Je vous pose la question directement: Est-ce que nos
gestionnaires dans les ministères - je pense aux sous-ministres,
sous-ministres en titre et sous-ministres adjoints - sont suffisamment
compétents pour prendre des décisions relativement à des
plans de développement d'informatique ou s'il ne faudrait pas
prévoir des cours de formation pour ne pas faire en sorte que ce soient
seulement les techniciens en informatique qui aient à décider des
processus de développement étant eux-mêmes, à mon
avis, en conflit d'intérêts professionnels? J'aimerais bien vous
entendre sur cet aspect.
M. Chatelain; M. le Président, il est clair qu'on ne peut pas
s'attendre que les sous-ministres, les sous-ministres adjoints, et ainsi de
suite, aient ces compétences techniques - je dis bien "techniques",
parce que c'est très important - pour exercer ce contrôle
quotidien sur le développement des systèmes? c'est sûr.
Cependant, je pense bien que, comme tout bon gestionnaire, un sous-ministre, un
sous-ministre adjoint ou un directeur de service devrait s'entourer de
compétences ou s'assurer que son personnel dispose de compétences
techniques qui peuvent quand même l'assurer du contrôle qu'il
devrait exercer sur le développement des systèmes. C'est
élémentaire. On ne peut pas s'attendre qu'un gestionnaire
possède toutes les connaissances techniques dans tous les domaines pour
tout contrôler. C'est impossible. Je pense qu'il est essentiel, comme
tout bon gestionnaire, qu'il puisse disposer des ressources pouvant l'aviser
afin qu'il puisse exercer ce contrôle.
Concernant ce qui est arrivé dans le cas de Girafe 2000, je pense
que vous avez mis le doigt sur la nature du problème à bien des
endroits. On a lancé des projets, ensuite on ne les a pas suivis, on n'y
a pas donné suite. On a changé en cours de route. Il semble qu'il
y a eu un manque de direction assez flagrant dans tout le développement
de ce système-là. Je ne sais pas si mon collègue, M.
Roberge, voudrait ajouter autre chose à ce que je viens de dire.
M. Roberge: Non, c'est quand même assez complet ce que vous
venez de dire. C'est bien sûr que les chefs de projet, comme on en avait
dans celui de Girafe 2000, sont des informaticiens. Ce ne sont pas des gens qui
sont habitués à faire de la gestion et à s'occuper des
problèmes
de gestion. Ces gens-là ont recours assez souvent à des
moyens informatiques pour tout régler, et tout est possible. C'est
sûr que ce que vous dites a plein de sens.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a un moyen
d'arriver à un contrôle des plans de développement
informatique dans les ministères? Est-ce qu'il y a une solution à
cela ou si ce doit être laissé purement à l'initiative de
nos techniciens en informatique?
M. Roberge: Lors du développement d'un projet, le
comité directeur qui doit régir le développement tient
compte de l'avancement des travaux, etc. Ce comité est très
important et il doit être formé de gens qui ont des connaissances
en informatique, mais qui ont aussi des connaissances en gestion et sont aussi
très conscients des problèmes que les nouveaux systèmes
veulent résoudre. Je pense que le comité directeur qui chapeaute
un projet de plan de développement est très important et doit
être formé de gens qui...
Le Président (M. Lemieux): Je vous dis cela parce qu'il me
semble qu'on a une consommation, je dirais, non contrôlée de
l'informatique au Québec, et surtout lorsqu'on se compare - et, souvent,
M. Garon en fait état - à l'Ontario, à cet
effet-là. Vous savez qu'on les dépasse et largement pour ce qui
est de notre consommation en informatique comme telle. Je trouve cela
inquiétant eu égard au fait que le Québec est quand
même moins populeux que l'Ontario et on semble, en ce sens-là, un
peu désorganisés. C'est ce que j'ai cru comprendre entre les
lignes de votre rapport et c'était l'objet de mon inquiétude.
Peut-on en arriver à créer un organisme central qui pourrait
assurer au moins un minimum de sécurité et qu'on ne s'envoie pas,
comme cela, en l'air dans n'importe quel plan de développement, sachant
qu'on n'en a pas besoin? Est-ce qu'on doit vraiment avoir une Cadillac
lorsqu'on a besoin d'une Chevrolet? C'est ma question. J'ai terminé.
M. Chatelain: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: En réponse à vos inquiétudes
que je trouve très justifiées, vous semblez chercher à
dire: Oui, mais qu'est-ce qu'on pourrait faire pour s'assurer que les
sous-ministres, les sous-ministres adjoints et les gestionnaires assurent le
contrôle...
Le Président (M. Lemieux): Je pense à nos
organismes décentralisés. Je pense à nos hôpitaux,
entre autres, nos commissions scolaires, etc.
M. Chatelain: À l'intérieur du gouvernement, je
crois que celui-ci a été sensibilisé à ce
problème, du moins, il se propose de poser certains gestes qui vont
assurer quand même certains contrôles sur tout le
développement de systèmes informatiques. Avec votre permission,
est-ce que je pourrais demander à M. Guy Breton, Vérificateur
général adjoint, qui est un spécialiste en
vérification informatique et en développement de systèmes,
d'ajouter un complément d'information?
Le Président (M. Lemieux): M. Breton.
M. Breton (Guy): M. le Président, en ce qui concerne le
choix des systèmes à développer, le Conseil du
trésor a quand même son mot à dire dans cette
sélection des systèmes. On sait que le développement futur
ou le développement depuis quelques années s'oriente quand
même vers ce qui est essentiel. En ce qui concerne la méthodologie
de vérification, on disait justement qu'à notre connaissance, le
ministère des Communications déposera très prochainement
des commentaires, une méthodologie ou des remarques afin d'inciter les
gens à mettre plus de suivi dans leur façon de gérer les
systèmes en développement. Le système en
développement est extrêmement difficile comme tel, c'est
très aléatoire dans le processus. II y a différentes
méthodes, différentes écoles et, comme on le signalait
tout à l'heure, il y a beaucoup d'informaticiens qui ont
accédé à des postes de gestion. Plusieurs gèrent
peut-être - je ne dirais pas "de mémoire" mais - en utilisant leur
expérience personnelle. D'autres sont des gestionnaires de
l'extérieur qui viennent les assister. Je pense que l'ensemble de tout
cela fera qu'à l'avenir on aura une gestion de projets beaucoup plus
efficace.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. On se demande
si c'est une Girafe ou un coup monté. Je dois vous avouer que cela nous
intrigue. Sur cela, on m'a demandé, tout à l'heure, si on ne
pouvait pas suspendre nos travaux. M. le député de Bertrand,
à la demande du Vérificateur général, environ trois
ou quatre minutes? Nous reprendrons donc nos travaux dans trois ou quatre
minutes.
M. Parent (Bertrand): Sûrement! Sûrement!
Le Président (M. Lemieux): Nous suspendons nos travaux
pour quatre minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 46)
(Reprise à 16 h 55)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaîtl La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
à la suite d'une suspension, il y a quelques minutes. M. le
député de Lévis, vous avez la parole.
Comptes du Vérificateur général
M. Garon: M. le Président, comme on doit revenir sur les
conventions comptables, j'aimerais donner l'occasion au Vérificateur
générai de répondre à une accusation que j'ai
portée à son endroit dans mon discours de deuxième lecture
lors de l'étude du projet de loi 130.
J'aimerais qu'il nous explique comment il se fait que, lui qui
blâme tout le monde concernant les comptes qui n'entrent pas dans
l'exercice financier où ils devraient entrer ou concernant le
dépassement, il apparaît lui-même dans le projet de loi 130,
au programme 2, c'est-à-dire à 24: "Personnes
désignées par l'Assemblée nationale", programme 2. Le
Vérificateur général lui-même apparaît pour 80
700 $. Puisque le vérificateur disait que les états de compte ne
révélaient pas, comme il le faut, la réalité et que
lui-même apparaît pour 80 700 $, j'aimerais lui demander si, du
fait qu'il apparaisse pour 80 700 $, son dépassement ou le montant dont
il a besoin, dans le projet de loi 130, est de même nature que ce qu'on
trouve dans d'autres ministères. Si c'est possible, j'aimerais que ce
soit décortiqué par élément, par exemple les
comptes non inscrits, etc., pour justifier ce montant de 80 700 $, dans cette
loi où on trouve des programmes pour chacun des ministères du
gouvernement.
M. Chatelain: M. le Président, la réponse à
cette question est fort simple. Comment se fait-il que le Vérificateur
général y apparaisse pour environ 80 000 $?
M. Garon: Pour 80 700 $.
M. Chatelain: Pour 80 700 $. C'est tout simplement...
M. Garon: II est aussi coupable que les autres, au fond.
M. Chatelain: Je ne me sens pas coupable du tout, M. le
Président. Vu la nouvelle approche pour comptabiliser, ce montant
devenait un compte à payer qu'il fallait refléter dans les
dépenses du gouvernement ou passer directement à la dette nette.
C'est ce qui est arrivé dans ce cas-ci. Alors, d'où provient ce
montant? Il ne s'agit pas d'une mauvaise administration ou du fait que le
Vérificateur général ait dépassé ses
crédits. Absolument pas. C'est qu'il s'agit tout simplement de contrats
d'achat sur la base de location-achat. Je ne sais pas si vous me suivez.
Alors, à ce moment, sur la base d'achat dans un contexte de
contrat location-achat, le solde qui était dû sur
l'équipement qu'on avait acheté était ce montant de 80 700
$. Alors, dans un contexte où le gouvernement décide de
refléter les comptes à payer et de les inscrire, ce montant
était un compte à payer. Il n'était pas dû encore au
point de vue du décaissement. Mais c'était quand même un
compte à payer qu'il va falloir honorer éventuellement. Donc,
c'est pour cela que le gouvernement l'a indiqué. Il ne s'agit pas de
dépassement de crédits. Absolument pas.
M. Garon: Non, mais cela entre dans vos notes de recommandation
parce que cela vaut aussi pour les autres ministères. Tous ceux qui
avaient des locations-achats...
M. Chatelain: Absolument.
M. Garon:... apparaissent comme s'il y avait de l'argent qui
n'était pas affecté à des crédits de l'année
qu'on vient d'écouler.
M. Chatelain: D'accord. Absolument. Mais ce n'est pas la
majorité des cas. Vous savez, je crois qu'il y en a pour environ 1 300
000 000 $ de ces comptes à payer. L'exemple que je donne n'est pas
tellement substantiel par rapport au total.
M. Garon: Les factures? Les factures qui arrivaient après
le 30 avril, pour combien y en a-t-il?
M. Chatelain: Ah oui! Mais ce n'est pas pareil. Ce sont des
engagements qui étaient pris. La facture n'était pas
entrée, elle est entrée au mois d'avril, mais pour un service ou
une marchandise qui a été reçue avant la fin de
l'année. Cela c'est un vrai compte à payer. Et, à ce
moment, d'après mot, si on n'a pas de crédits, c'est un cas
flagrant de dépassement de crédits.
M. Garon: Non, non. S'il y a un des crédits.
M. Chatelain: S'il y a des crédits, c'est correct, cela
va, s'il y a engagement, cela va. Mais je ne sais pas s'il y avait des
crédits pour couvrir tous ces montants.
M. Garon: J'ai demandé cela élément par
élément au ministre des Finances, pour les 31 paragraphes. Je
pense que, sur 31 paragraphes, où il y a plusieurs programmes par
paragraphe, il y avait seulement quatre ou cinq cas où il n'y avait pas
de crédits. Dans certains cas même, il y avait des crédits
excédentaires considérables par rapport aux montants qui ne
pouvaient pas
être inscrits dans l'année écoulée. M.
Chatelain: D'accord.
M. Garon: J'ai demandé cela- C'est tout enregistré
dans la deuxième lecture. Vous pouvez vérifier si le ministre des
Finances m'a conté des menteries. Je peux vous dire que j'ai fait
vérifier cela parce que, justement, il avait laissé entendre des
affaires en deuxième lecture. J'ai vérifié tous les
éléments à tous les programmes sans exception, lui
demandant à quoi était dû le montant, s'il y avait les
crédits suffisants. Il y avait à peu près partout les
crédits suffisants, mais la facture est arrivée en retard, soit
qu'il s'agisse de locations-achats ou de factures qui s'échelonnaient
sur plusieurs années, de comptes à termes, ou encore, de
rétroactivité de conventions collectives, etc. Il y avait, dans
certains cas, des changements à des conventions, comme le transport
scolaire ou autre chose.
M. Chatelain: D'accord. Comme je vous ai expliqué
tantôt, c'est ce qui explique de toute façon que le
Vérificateur général ait eu l'honneur d'apparaître
dans la liste qui paraît dans la loi 130. Il s'agissait de contrats de
location-achat. C'était le solde qui était dû dans ces
contrats.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Bertrand. Sur le temps de M. le député de Lévis.
M. Garon: Seulement 20 minutes.
Réforme des conventions comptables
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président. J'aimerais
revenir avant l'ajournement de 18 heures et on continuera aussi par la suite,
car mon collègue le député de Lévis voudrait aussi
intervenir sur cette dimension, c'est-à-dire ce qu'on a effleuré
ce matin, la question de la réforme des conventions comptables du
gouvernement. Je conçois que les chiffres sont les chiffres et que le
gouvernement ne peut pas jouer avec les résultats financiers d'une
année financière avec un déficit. Cependant, là
où on peut jouer et très souvent, c'est dans la
présentation des états financiers, ou dans la façon dont
on montre le tout à la face de la population. Ma préoccupation,
en tant que parlementaire, qui est certainement partagée autour de cette
table, c'est de s'assurer qu'en tout temps, dans les chiffres, les
résultats, tant en ce qui concerne l'état des revenus et
dépenses que le bilan, la dette, le consolidé, nous puissions
vraiment retrouver ce que j'appelle le portrait le plus exact possible.
À partir du moment où il y a des modifications aux
conventions comptables qui ont été faites par le gouvernement
à la suite de recommandations du Vérificateur
général, il y a lieu certainement de se poser des questions sur
cette période de transition qui, à mon avis, devient capitale. Je
ne voudrais pas, à aucun moment donné, qu'on puisse s'amuser
à jouer avec les chiffres sur le plan politique, comme souvent cela
arrive parce que c'est trop sérieux pour qu'on puisse essayer de
politiser les résultats du Québec. Dans cet esprit, les
conventions comptables étant modifiées, je vous dirai, dans un
premier temps, que je ne remets pas en question ces modifications. Ce que je
remets en question, ce sur quoi je voudrais avoir des explications - je pense
que c'est important dans cette rencontre qu'on a aujourd'hui et j'espère
qu'on pourra la prolonger par d'autres rencontres subséquentes - c'est
toute la comparaison qu'on sera capable de faire entre les deux tableaux,
c'est-à-dire les anciennes méthodes ou les méthodes
utilisées auparavant avant les modifications comptables et les
méthodes maintenant utilisées.
Bien sûr, vous allez me dire qu'on retrouvera cela dans des notes
en annexe et je pense que, là-dessus il y a des coutumes qui sont
déjà établies. II ne s'agit peut-être pas d'en
établir d'autres, sauf que je relisais bien attentivement le mandat, la
loi qui régit le Vérificateur général et il est
bien sûr que vous avez à mettre des restrictions, des notes et
aussi, à l'article 38. 30, il est mentionné - cela me donne un
peu, il me semble, de la latitude - que le Vérificateur
général "fait tout autre commentaire qu'il juge
approprié". Cela étant dit, il me semble qu'en plus des notes qui
devront être ajoutées aux états financiers,
présentés en ces mots: Écoutez, notez avec un
astérisque que nous avons changé les méthodes comptables
et qu'on fonctionne maintenant de cette façon... Il reste que les fameux
résultats nets sont trompeurs.
Et nous allons certainement le voir au cours de l'exercice se terminant
le 31 mars 1987, où il y aura application de cette nouvelle politique
qui est entrée, à toutes fins utiles, en vigueur pour
l'année 1986-1987, donc, le 1er mai 1986, à la suite du discours
sur le budget. Mais j'ai beaucoup de préoccupations de ce
côté parce qu'on ne comparera plus vraiment deux choses
similaires.
Ma première préoccupation, c'est de savoir comment le
Vérificateur général va vraiment pouvoir faire
refléter cette dimension pour qu'on n'ait pas l'impression... Je l'ai
mentionné au début et je le répète parce que c'est
important, les chiffres et les résultats sont les mêmes,
c'est-à-dire qu'on peut jouer sur les dates de fermeture d'année,
mais cela nous rejoint un jour ou l'autre, j'en suis conscient. Il reste que,
sur une base comparative, si on veut vraiment
avoir le portrait réel, il est important, à mon avis, que
te Vérificateur général puisse apporter plus que des
notes, selon les us et coutumes, j'imagine, afin que l'on puisse vraiment
réaliser - parce que ce n'est pas le cas, actuellement, dans la
population... Une des préoccupations que nous avons comme
parlementaires, que l'on soit d'un côté ou de l'autre, c'est de
s'assurer que tout le monde comprend ou lit les mêmes chiffres; c'est de
s'assurer que la lecture que l'on fait du Québec au 31 mars 1986 ou au
31 mars 1987 est la même; que, si, par exemple, on a baissé le
déficit réel ou s'il y a eu une compression de dépenses de
l'ordre de 300 000 000 $, 500 000 000 $ ou 600 000 000 $, vraiment elle se
retrouve là, mais s'il s'agit de modifications des règles
comptables, qui font que,., Là, on retrouve, bien sûr, les petites
notes qui accompagnent les résultats, mais à toutes fins utiles
les chiffres restent imprégnés et restent là. Alors, cela
fait partie de mes préoccupations.
C'est un petit peu la toile de fond. J'aimerais vous entendre
là-dessus et, par la suite, on aura des questions très
particulières concernant cela.
M. Chatelain: M. le Président, en réponse à
la question, comme je l'ai indiqué à un moment donné? il y
a une règle en comptabilité - je pense que le
député de Bertrand y a fait référence - qui dit
que, lorsqu'il y a un changement dans les méthodes comptables, il faut
que le lecteur ait le portrait exact, complet de l'effet de la modification.
Quel a été l'effet de cette modification, par exemple, sur les
résultats de l'année, sur le montant qui nous concerne, sur le
montant du déficit, si vous voulez? Alors, il faut absolument que les
états financiers du gouvernement, dans ce cas-ci, présentent
l'effet de cette nouvelle convention ou de cette modification.
Je vais vous lire, si vous le voulez, tout simplement la règle de
l'Institut canadien des comptables agréés, en l'occurrence:
"Chaque fois qu'une modification de convention comptable a un effet important
sur l'exercice ou risque d'avoir un effet important sur les exercices
subséquents, il y a lieu d'indiquer, dans une note distincte, la nature
et le motif de cette modification, ainsi que son incidence sur les états
financiers de l'exercice. " Je pense bien qu'il va être du devoir de ceux
qui préparent les états financiers du gouvernement d'indiquer
cette incidence,
D'autre part, cela va être également l'obligation du
Vérificateur général... Si cela n'est pas fait de
façon claire, il va entrer dans les prérogatives ou même
dans les obligations du Vérificateur général d'attirer
l'attention là-dessus. Vous avez fait référence
tantôt à l'article 38. Si je vais à l'article 38. 2° de
la Loi sur te Vérificateur général, on dit bien que le
Vérificateur général "formule toute restriction qu'il juge
pertinente, en expose les motifs et, dans la mesure du possible, indique
l'effet de la déficience sur les états financiers; ". S'il y
avait déficience à ce sujet, alors le Vérificateur
général indiquerait lui-même, dans son rapport, quelle a
été l'incidence qui aurait dû être
dévoilée dans les états financiers et qui ne l'a pas
été.
M. Parent (Bertrand): Dans le rapport du 31 mars 1986, lequel
rapport nous étudions présentement et aussi dans les notes qui
accompagnaient les résultats, vous avez, à plusieurs reprises,
mentionné... J'imagine que c'est dans la façon de
procéder, entre autres concernant les conventions comptables non
appropriées, concernant la participation dans les placements en actions
dans les entreprises où il y avait, si on peut dire, dans ta
façon de procéder - vous vous exprimez de façon claire...
mais qu'on retrouve toujours dans les petites notes appropriées que
cette façon de procéder a eu l'effet de sous-évaluer les
dépenses et le déficit d'opérations budgétaires
pour l'année financière qui s'est terminée le 31 mars
1986... Dans le cas des dépenses non comptabilisées, il
s'agissait d'un montant de 174 900 000 $. On retrouve cette façon de
procéder aussi en ce qui concerne les participations,
c'est-à-dire dans les placements en actions dans les entreprises. On a
aussi un autre montant de 88 000 000 $ concernant la variation annuelle de la
provision pour les fameuses créances douteuses pour ne prendre que ces
trois cas-là qui représentent un montant de 293 900 000 $.
Vous mentionnez dans vos notes que le redressement des comptes à
payer pour les dépenses effectuées, non prévues par des
crédits au 31 mars 1986, a été porté directement
à la dette nette à cette même date, sans transiter par
l'état des revenus et dépenses. Au moment où on applique
des modifications comptables exactement à cette date, autrement dit,
dans l'exercice financier se terminant au 31 mars 1986, un montant de 293 000
000 $, si on prend ces trois cas-là, est envoyé directement
à la dette nette. Si je comprends bien, cela augmente directement la
dette nette comme telle, mais dans les jours qui suivent, la nouvelle
année commence et elle ne sera pas affectée; autrement dit, il
n'y aura pas, selon une expression, de "carry-over" dans l'année
suivante puisqu'on change nos méthodes comptables et on se retrouve dans
une nouvelle année avec de nouvelles conventions comptables.
C'est-à-dire que quelque part entre le 31 mars 1986 et l'année
financière commençant le 1er avril 1986 qui s'est terminée
le 31 mars 1987, on s'est retrouvé
avec des dépenses qui sont passées non pas par
l'état des revenus et dépenses, mais directement à la
dette et qui, à toutes fins utiles, ont été
consolidées dans un bloc.
C'est reflété, c'est annoté, c'est là, mais
je trouve que c'est trompeur. Le Vérificateur général,
même les députés à l'Assemblée nationale, qui
représentent la population - à part les spécialistes qui
ont à analyser les états financiers - les gens ordinaires et la
population... ont à comprendre ce qui se passe dans l'évolution
du Québec sur le plan financier, si le portrait s'améliore ou
s'il se détériore. Au-dessus de la politique, je me dis: C'est
très préoccupant de voir une situation semblable qui s'est
passée le 31 mars 1986, alors que cela a été envoyé
directement dans la dette.
Deuxièmement, on verra aussi au cours de la prochaine
année, donc l'exercice qui est déjà terminé,
l'exercice 1986-1987, par exemple, le changement des règles comptables
dans l'application au niveau, par exemple; d'Hydro-Québec, de ses
revenus et de ce qui est maintenant comptabilisé dans les
dépenses et qui ne l'était pas, ce qui n'est pas versé
comme revenus au gouvernement, mais qui est consolidé, donc qui
apparaît comme un revenu. Je trouve qu'on ne joue pas là avec 2
000 000 $, 3 000 000 $, 4 000 000 $ ou 5 000 000 $, on parle de 300 000 000 $,
350 000 000 $ et même 400 000 000 $. Si vous ajoutez ces sommes dans le
portrait réel, je me demandé, M. le Vérificateur
général, comment on pourra entre le 31 mars 1986 et le 31 mars
1987, donc dans votre prochain rapport, comment on pourra vraiment
décortiquer et refléter à cause de toutes ces
modifications qui sont passées... J'en citais tantôt, soit 293 000
000 $, mais on parle aussi de, l'effet, par exemple, d'Hydro-Québec et
on pourra y revenir plus en détails tantôt. Je trouve cela
préoccupant et je me demande comment vous allez réussir à
simplifier cela et à le rendre très clair pour tout le monde.
Non pas que je veuille que le portrait financier du Québec se
détériore, au contraire, je voudrais bien qu'il s'améliore
dans les faits et non pas dans les chiffres comptables, parce que, maintenant,
on a procédé à une nouvelle façon de voir, de
même qu'on a procédé à une
réévaluation, par exemple, au niveau des actions dans les
entreprises, dans les sociétés d'État ou dans les
sociétés dans lesquelles on avait une participation; de
même qu'on a réévalué le taux de change où on
procède maintenant de façon différente. Il me semble
fondamental de pouvoir maintenant être capables de décortiquer
toutes ces modifications et de les amener sur une base comparative pour voir de
quelle façon cette nouvelle méthode, dans l'ancienne façon
de faire, pourrait se refléter.
(17 h 15)
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: M. le Président, il est sûr que nous
avons les mêmes préoccupations que le député. Nous
voulons nous assurer nous-mêmes, comme vérificateur des
états financiers, que ces renseignements sont fournis dans les
états financiers, que c'est clair pour que le député
puisse apprécier exactement l'effet ou les effets des modifications sur
les résultats de l'année, sur l'état du passif et de
l'actif, ainsi de suite; que ce soit clair, que ce soit compréhensible,
comme le dit le député.
Maintenant, il y a quand même un autre aspect qui nous
préoccupe énormément, le député y a fait
référence tantôt: Comment se fait-il que l'on puisse faire
des ajustements à la dette nette pour un montant aussi
considérable sans que l'Assemblée nationale ne soit
appelée à voter des crédits, en l'occurrence, ici, pour
des comptes à payer non inscrits, lesquels ont été tout
simplement comptabilisés comme comptes à payer et versés
directement à la dette nette, je dis versés, mais disons
comptabilisés à la dette nette?
C'est le genre de choses qui nous préoccupe
énormément parce que nous voulons absolument que - appelons cela
-l'autorité de l'Assemblée nationale soit respectée en
toute circonstance, surtout en ce qui regarde les crédits. C'est pour
cela que, cette fois-çi, nous avons fait un commentaire dans notre
rapport annuel à l'Assemblée nationale. Nous avons signalé
que le Conseil du trésor, dans sa décision du 10 juin 1986,
proposait qu'un projet de loi soit présenté à
l'Assemblée nationale, justement, pour que cette dernière se
prononce sur cette transaction concernant les comptes à payer non
inscrits. C'est ce qui a été fait par la suite par le projet de
loi 130.
Je vous dis que, n'eût été du projet de loi 130, je
pense que le Vérificateur général et plusieurs
députés auraient crié pas mal fort et avec raison.
À ce moment-là, on aurait contourné l'autorité du
Parlement; c'est sûr, c'est clair. C'est pour cela que nous l'avons
signalé dans notre rapport. Je pense que le projet de loi a
été adopté juste à temps, le 26 mars 1987, alors
que l'année était sur le point de se terminer. Mais, quand
même, c'était le genre de choses sur lesquelles nous nous
penchions d'une façon très attentive. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général. M. le député de
Bertrand, vous avez une autre question?
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'il me reste encore du temps?
Rapidement?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Allez-y, dans votre cas,
M. le député de Bertrand, on va vous laisser la parole.
M. Parent (Bertrand): C'est trop gentil, j'en prends bonne note.
Ce sont les cinq minutes que j'ai données au Vérificateur
général, tantôt.
Le Président (M. Lemieux): C'est cela, on pourra les
reprendre.
M. Parent (Bertrand): Effectivement, le projet de loi 130 qui a
maintenant force de loi est venu corriger cette chose. Vous conviendrez avec
moi que ce n'est pas habituel, ce ne sont pas les us et coutumes. Maintenant
qu'il est adopté, on dit: Tout cela est réglé, c'est
passé et c'est rendu dans la dette nette consolidée. Pour avoir
participé à cette même commission, à
l'époque, avec le ministre qui défendait le projet de loi 130, on
nous a laissé entendre -cela se passait à une commission
parlementaire publique - qu'il s'agissait de formalités, de
technicités. Je suis inquiet. Tout ce qui se passe au Parlement est
public et les gens sont censés suivre cela. On sait que ce
n'étaient pas des formalités, que ce n'était pas habituel.
On sait que c'est très dangereux d'avoir procédé et
d'avoir "liquidé" - je pense que le terme est bon, mais, du moins, je
vais l'utiliser entre guillemets - un montant d'à peu près 300
000 000 $ et de l'avoir mis dans la dette. Et là, il est rendu dans la
dette et on l'oublie. En tout cas, il n'est plus dans les revenus et
dépenses et il n'est plus dans les dépenses... D'une part, c'est
très préoccupant non seulement parce que c'est un changement des
règles comptables, mais aussi parce que c'est un changement de
procédure. En tout cas, j'ai tout lieu de m'interroger. Même si on
était contre et même si on a fait valoir ces points, maintenant
que c'est adopté, que c'est béni par l'Assemblée nationale
à la majorité des voix, il reste que, dans les faits, il faudra
qu'au bilan du 31 mars 1987, le Vérificateur générai, en
fonction de cela, fasse tout cet éclairage de façon à ce
que l'on ait toujours ce que j'appelle le tableau comparatif et le portrait
réel. On fonctionne toujours par référence; c'est ainsi
fait. La loi nous régit, les conventions comptables, devrais-je dire,
nous régissent de façon à ce qu'on compare. Je verrais mal
que dans une société ou une entreprise privée on
procède de la même façon. En tout cas, cela ne
fonctionnerait pas. Les actionnaires seraient certainement tous à la
porte pour revendiquer leurs droits. J'essaie d'appliquer un peu la même
approche, la même philosophie et je me dis: Qui d'autre que le
Vérificateur général peut apporter l'éclairage
suffisant, surtout en regard de ce qui s'est passé au cours de la
dernière année, même s'il y a eu le projet de loi 130?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: D'accord. M. le Président, je pense
bien que cela se résume à ceci: Dans le contexte
d'imputabilité de l'administration ou de l'exécutif envers le
législatif, c'est de l'information qu'il faut et de la bonne
information, une information compréhensible et qui fait voir les
variations d'une année à l'autre, les effets que peuvent avoir
les modifications à des règles comptables.
M. Parent (Bertrand): J'ai terminé.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général, merci, M. le député de
Bertrand.
M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Oui, je veux bien.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez demandé la
parole. Ensuite, ce sera au tour du député de Limoilou.
M. Bélisle: Je veux bien, M. le Président. Sans
entrer dans des considérations et sans remonter à des temps
immémoriaux, en toute camaraderie pour essayer de replacer dans
l'histoire ce qui s'est fait il y a quelques années, c'est chatouillant
sûrement, à notre esprit quand on voit une telle façon de
procéder qui change les règles de façon aussi
fondamentale. Je l'accorde au député de Bertrand. Je comprends
très bien. Il n'est pas le seul a sursauter quand on voit une
modification aussi impartante. C'est 1 300 000 000 $ qu'on envoie à la
dette du Québec pour éliminer un passif qui n'a jamais
été comptabilisé correctement et qu'on veut placer au bon
endroit. Ce n'est pas pour faire de la partisanerie, mais cela s'est
déjà passé à d'autres moments. Des modifications
comptables importantes ont aussi été faites à la
façon de traiter les données financières du gouvernement
et, entre autres, après l'élection de 1981, avec la loi 16
où les profits accumulés d'Hydro-Québec, des profits
historiques s'élevant à 3 400 000 000 $, ont été
par le ministre des Finances de l'époque retournés à
l'actif du gouvernement en diminution de la dette totale. C'était
là aussi une façon très exceptionnelle d'agir et cela a
permis d'équilibrer les livres à une époque où la
situation économique était assez désastreuse pour le
Québec. On peut comprendre qu'en période de crise on puisse le
faire pour des motifs d'urgence nationale. On peut peut-être aussi, dans
un moment où on n'est pas en crise, où on est en période
de prospérité économique, essayer une fois pour toutes
d'enligner nos chiffres correctement parce qu'on peut se permettre de le
faire. J'ai un passage important qui me sourit beaucoup. C'est à la page
221 de votre rapport. Vous vous êtes donné un code de
déontologie. Là, franchement, M. le Vérificateur
général, vous m'avez! D'abord, je suis très surpris qu'il
y ait un code de déontologie. J'aimerais en connaître plus. Je
voudrais savoir si c'est particulier au Québec. Est-ce que cela existe
ailleurs notamment? Quelles sont les règles de base que vous devez
suivre et pourquoi vous avez fait une telle chose? Je trouve cela
exceptionnel.
M. Chatelain: Pour commencer, M. le Président, il me fait
plaisir de répondre à la question, parce qu'on est fier de notre
code de déontologie.
Le Président (M. Lemieux):... un peu comme les
avocats.
M. Chatelain: Nous sommes fiers. Est-ce que cela existe ailleurs?
Oui, cela existe ailleurs. Entre autres, le Vérificateur
général du Canada en a un. Je pense bien que les professions, par
exemple la profession comptable a un code de déontologie pour l'ensemble
de la profession. Cela s'impose qu'un vérificateur législatif, un
vérificateur général ait un code de déontologie
quant à sa conduite et à la conduite de ses employés. Je
pense que cela s'impose qu'il y ait un code. Non seulement le
vérificateur doit-il être indépendant de toute influence,
mais dans les faits, ses ressources humaines doivent être
complètement indépendantes de toute influence qui peut être
exercée sur celles-ci qui doivent être au service de
l'Assemblée nationale de façon exclusive. C'est aussi simple que
cela. Voilà la raison pour un code de déontologie. Je pense que
si cela s'applique à un endroit dans l'ensemble de la machine - je ne
veux pas dire de la machine gouvernementale, parce que le Vérificateur
général ne fait pas partie du gouvernement, mais dans l'ensemble
de l'administration publique - c'est bien chez le Vérificateur
général. C'est la raison pour laquelle on a un code, cela me fera
plaisir de vous en donner un exemplaire, si vous le désirez.
M. Bélisle: J'aimerais bien en avoir une copie et
peut-être d'autres membres de la commission également.
Vous avez parlé du gouvernement fédéral. Est-ce que
d'autres provinces au Canada ont un tel code de déontologie? C'est quand
même...
M. Chatelain: Je sais qu'il y en a dans quelques provinces. Je ne
peux pas être plus précis que de vous dire que je sais qu'en
Colombie britannique, il y en a un. En
Ontario, probablement, parce qu'on nous a demandé
également des exemplaires de notre code. Je ne peux pas l'affirmer avec
plus de précision, mais je crois que plusieurs provinces en ont un.
La vérification intégrée
(suite)
M. Bélisle: D'accord. C'est une question, M. le
Président.
Une autre question concerne la vérification
intégrée. On y a touché tantôt. Je ne sais pas si
vous pouvez accepter ce que je vais essayer de paraphraser. C'est un peu le
petit cousin éloigné du PPBS, jusqu'à un certain point.
Présenté _de façon comptable, avec des notions de
performance ajoutées, d'efficience et d'économie, c'est une forme
hybride de ce qui a été le centre des discussions en finances
publiques en 1970, en 1972 ou 1973. C'est qu'on a tenté d'appliquer au
gouvernement du Québec en 1973 entre autres, les fameux documents sur la
budgétisation par programmes et tout le reste.
Je lis à la page 228 de votre rapport, M. le Vérificateur
général, que le Vérificateur général a
entrepris, dès septembre 1985, un programme d'implantation de la
vérification intégrée qui s'échelonnera sur
quelques années. C'est à la page 228 au bas de la page,
sous-paragraphe 7: L'implantation de la vérification
intégrée au Vérificateur général. Cela
va?
M. Chatelain: Oui, cela va, M. le Président.
M. Bélisle: Je vois que vous êtes très
prudent. On dirait que vous avez des réminiscences de ce qui s'est
passé avec le PPBS. Je vous vois sourire. Je pense que vous me comprenez
à demi-mot. Je veux savoir, M. le Vérificateur
général, avec une estimation conservatrice, dans combien de
temps, pensez-vous, vos gens, chez vous, votre personnel de contrôle qui
va sur le terrain, vont pouvoir maîtriser cette technique qui est
supérieure à une simple vérification des organismes, des
ministères et des départements.
M. Chatelain: Merci, M. le Président. Je dois dire
dès le départ qu'on ne doit pas s'attendre à ce que tous
nos vérificateurs deviennent des experts en vérification
intégrée. Ce serait se leurrer que de penser que tous nos
vérificateurs obtiendraient ces connaissances, cette expérience
ou cette compétence. Mais l'ensemble de nos équipes devrait
être en mesure de faire des travaux de vérification
intégrée d'ici environ deux ans. J'ai indiqué à un
moment donné, aujourd'hui, que, dès le départ, on pensait
atteindre notre rythme de croisière dans une période de deux ans
à la suite de l'adoption
de la loi en juin 1985, c'est-à-dire que la troisième
année après l'adoption de la loi, à peu près toutes
nos équipes devraient être capables d'accomplir des mandats de
vérification intégrée. Nous avons retardé quelque
peu cette implantation à cause de restrictions budgétaires, comme
vous le savez. Je dirais que dans environ deux ans, l'ensemble de nos
équipes devrait être en mesure de faire ou de s'acquitter de
mandats de vérification intégrée. L'ensemble de notre
organisation devrait avoir les compétences requises pour pouvoir
justement faire des mandats de vérification intégrée.
M. Bélisle: Quelle est la réceptivité des
cadres de la fonction publique québécoise face à une
approche semblable de vérification intégrée quand vous
avez une équipe rodée, formée, qui se présente dans
un ministère, une société d'État ou un
département et qui pose des questions comme on doit les poser dans une
vérification intégrée? Est-ce que les gens se rebiffent?
Est-ce que les gens comprennent? Est-ce que les gens participent? Est-ce que
c'est du chinois pour eux ou si...
M. Chatelain: Au début, je dois dire que, en règle
générale, il y a des craintes, il y a beaucoup de craintes de la
part des gestionnaires pour plusieurs raisons évidemment. Vous savez,
j'ai souvent fait référence à la propension humaine
à refuser le contrôle. Cela existe. Dès le départ,
une personne qui se fait contrôler n'aime pas trop cela. Quand on arrive
avec un mandat de vérification intégrée, on se fait
contrôler avec des critères d'évaluation nouveaux, inconnus
pour beaucoup de ces personnes. Alors, la crainte est là. On se rend
compte qu'au fur et à mesure que ces personnes prennent connaissance de
notre approche dans notre travail et des critères selon lesquels elles
vont être évaluées, ces craintes s'amoindrissent
graduellement. Je ne dois pas dire que nous sommes reçus à bras
ouverts partout; absolument pas. Nous ne sommes pas invités partout pour
aller faire de la vérification intégrée. Absolument pas!
Mais, quand même, certains organismes, certaines entreprises nous
invitent, nous demandent d'aller faire de la vérification
intégrée. Vous savez que, dans le cas des entreprises, selon la
loi - je dis bien "les entreprises" et non pas les organismes - il nous faut
l'accord du conseil d'administration pour faire une vérification
intégrée. (17 h 30)
Je dois vous dire que jusqu'à maintenant on n'a absolument pas eu
de difficultés à obtenir l'accord du conseil d'administration,,
Au contraire, on a été invités dans deux ou trois cas pour
aller faire de la vérification intégrée. Disons que la
réceptivité est là. Il y a des craintes, c'est normal,
c'est tout à fait naturel. C'est normal au début, il s'agit d'une
science nouvelle, d'un contrôle additionnel, etc. Les craintes existent,
mais elles s'estompent au fur et à mesure qu'on effectue des mandats de
vérification intégrée.
D'ailleurs, M. Bédard me signale que dans certains cas où
nous avons fait de la vérification intégrée nous avons
reçu des lettres de satisfaction de la part du sous-ministre ou du
président où nous avons fait justement des interventions de
vérification intégrée.
M. Bélisle: Merci, M. le Président.
Le Président (M, Lemieux): Merci, M. le député de
Mille-Îles.
M. le député de Limoilou.
Grand Théâtre
M. Després: Merci, M. le Président. J'aimerais
aborder le dossier du Grand Théâtre. On lit dans le rapport du
Vérificateur général que dans le cadre des années
1982-1983 et 1983-1984 cette société n'a pas produit à
l'Assemblée nationale... Donc, vous n'avez pas pu, en tant que
Vérificateur général, vérifier l'administration de
cette société.
Par contre, pour 1984-1985 on dépose un rapport financier et on
nous dît que celui se terminant en juin 1986 sera déposé
bientôt. J'aimerais d'abord savoir si le rapport déposé
pour 1984-1985 est un rapport consolidé de ces trois dernières
années financières pu si on a déposé un rapport
détaillé pour chacune de ces années-là, mais trois
ans en retard.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Chatelain: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander à M. Bédard de répondre à la question,
s'il vous plaît?
M. Bédard: À cet égard, comme vous avez pu
le constater à la page 206 en bas du rapport, vous avez tout à
fait raison de dire que nous signalions que le Grand Théâtre
n'avait pas présenté à l'Assemblée nationale le
rapport tel que l'exigeait sa loi. Dans ce contexte, il a, par contre,
présenté un rapport en juin 1986 pour la période
1984-1985. Ce rapport ne contenait que de l'information à l'égard
de l'année financière 1984-1985. Il faisait quelquefois quelques
petites références aux années antérieures, mais on
ne peut absolument pas appeler cela un rapport consolidé, si je
comprends bien le sens de votre question, qui engloberait les trois
dernières années. Ce n'était absolument pas cela.
M. Després: Donc, on a fait un rapport financier pour
cette année-là comme si on avait produit antérieurement
déjà des résultats financiers.
M. Bédard: Exact.
M. Després: Est-ce que c'est la première fois,
depuis que le Vérificateur général du Québec
existe, qu'une société ne produit pas son rapport financier ou ne
le dépose pas à l'Assemblée nationale à votre
connaissance?
M. Bédard: Que je sache, dans le passé, des
entreprises et des organismes du gouvernement ont déposé en
retard, mais je ne suis pas au courant d'autres qui n'auraient pas
déposé, comme l'exige la loi.
M. Després: Donc, le Vérificateur
général n'a aucun recours lui-même. Étant
donné que ces institutions doivent déposer leur rapport à
l'Assemblée nationale, le Vérificateur général peut
simplement constater ou rapporter cette situation. C'est ce qu'il fait.
M. Chatelain: Je dois dire, comme M. Bédard l'a
indiqué, qu'il y a eu des retards dans le passé dans le
dépôt de rapports à l'Assemblée nationale. Il y en a
un en particulier qui a plusieurs années de retard dans le moment. Les
rapports n'ont pas été déposés depuis plusieurs
années dans le cas du Curateur public. C'est un cas tout à fait
particulier et on le relate justement dans le rapport annuel à la page
95. C'est un problème qui continue dans le moment, mais qui devrait
être réglé au cours de la prochaine année.
M. Després: Donc, ce serait à l'Assemblée
nationale à voir si elle détermine d'avoir des recours face
à ces institutions-là. C'est bien cela, M. le Vérificateur
général?
M. Chatelain: Absolument. Je pense bien que dans ces
cas-là il revient à l'Assemblée nationale de se prononcer
ou d'exercer des recours.
M. Després: Comme le disait le président tout
à l'heure, comme conseil professionnel, quel genre de recours
pourrait-on avoir contre ces institutions-là?
M. Chatelain: Ce n'est pas à moi à dire à
l'Assemblée nationale comment s'acquitter de son mandat. Par contre, il
y a des périodes de questions à l'Assemblée nationale,
etc.
M. Després: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Limoilou.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions du côté
ministériel? Il reste sept minutes. Il n'y a pas d'autres
interventions?
M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. Non pas sept
minutes mais quatre minutes. M. le député de Bertrand, c'est
à vous. Vous avez vingt minutes.
Effets des modifications aux conventions
comptables
M. Parent (Bertrand): D'accord. Merci. J'aimerais avoir
l'explication concernant la petite note qui apparaît aux états
financiers concernant la fameuse perte sur le taux de change, sur le change
étranger. En fait, il s'agit d'un écart... Je m'excuse, on saute
d'un sujet à l'autre, étant donné qu'on n'a pas le
même cheminement. Alors, il s'agit d'un écart qui n'est pas
minime, un écart de 1 300 000 000 $ au 31 mars 1986. Le
Vérificateur général dit: À mon avis, cet
écart aurait dû être inscrit à l'actif comme frais
reportés puisqu'il représente une perte non
réalisée sur le change étranger.
Ma première question concernant cette note aux états
financiers de 1986, est d'abord de vous demander: Est-ce que c'est en fonction
des nouvelles conventions comptables? Si oui, comment se fait-il qu'on l'ait
fait au 31 mars 1986, puisque parmi les buts visés des nouvelles normes
comptables, parmi ceux que vous mentionnez à la page 26 de votre
rapport, il s'agissait justement d'amener la comptabilisation des emprunts en
monnaies étrangères par évaluation de la dette? Alors,
j'avais compris que c'était à partir de l'exercice financier
1986-1987, donc qui devrait apparaître au 31 mars 1987. On a fait une
réévaluation et on a envoyé cela directement, encore une
fois, à la dette nette, si je comprends bien la note. Il s'agit
là de 1. 3 milliard ou 1 306 000 000 $ pour être plus exact.
J'aimerais avoir l'explication sur la note et aussi sur la question de
l'applicabilité des nouvelles normes en vigueur à partir de
l'année commençant le 1er avril 1986.
M. Chatelain: D'accord. M. le Président, je pense bien
qu'une partie de la réponse réside en ceci. Et je vais tout
simplement faire rapport de l'approche qui a été suivie par le
gouvernement. Concernant les modifications aux conventions comptables qui
touchaient des postes de l'état de l'actif et du passif, c'est que ces
modifications ont été reflétées dans l'état
de l'actif et du passif au 31 mars 1986, sans que cette
opération n'ait des influences ou des effets sur les
résultats des opérations de l'année. D'accord?
Alors, le gouvernement a choisi, par exemple, dans le cas de la perte
sur change étranger, d'appliquer sa convention comptable concernant
l'évaluation ou la comptabilisation de la fluctuation des taux de
change, l'influence que ceci peut avoir sur le montant de la dette, etc. Il a
décidé tout simplement de refléter à l'état
de l'actif et du passif la dette en monnaies étrangères selon les
principes de la nouvelle convention comptable. Ils ont évalué la
dette en devises étrangères eu égard à la nouvelle
convention comptable comme si elle était en vigueur à ce
moment.
Je pense qu'on explique le résultat de cette opération
dans le paragraphe qui suit. Le résultat des opérations de
l'année aurait été, si on l'avait reflété,
comme ceci: On le dit bien, c'est que l'effet de ne pas avoir appliqué
cette convention comptable à l'année financière en cours a
été de sous-évaluer les dépenses et le
déficit des opérations budgétaires de l'année
financière terminée le 31 mars 1986 d'un montant d'environ 130
000 000 $. Entre parenthèses, on dit que c'est le montant estimatif
basé sur une durée moyenne restante des dettes de dix ans.
À l'avenir, on va amortir cette variation. La variation due aux
fluctuations dans le taux de change, on va l'amortir sur la période
restante de la dette. Supposons que l'écart est de 1 000 000 000 $ et
qu'il reste dix ans, bien, c'est un montant de 100 000 000 $ par année
à ce moment.
Le gouvernement a choisi d'appliquer sa convention comptable à
l'état de l'actif et du passif seulement, sans refléter
l'influence que ceci aurait eu sur les opérations pour l'année
entière à ce moment. Est-ce que cela répond à la
question du député?
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président. Sauf que sur
le principe même, sans être un expert en ces matières, sur
le principe même, comment le ministre des Finances peut-il, dans un
discours qu'il tient le 1er mai 1986, mettre en vigueur de nouvelles
conventions comptables ou annoncer de nouvelles conventions comptables le 1er
mai 1986 et venir rétroagir, sans en faire mention lorsque cela semble
être le plus approprié, à l'année financière
qui s'est terminée dans les 30 ou 60 jours avant, au 30 mars 1986, et
venir appliquer... Peut-être qu'au fond cela ne changera rien sur un
portrait de deux ans mais ce que j'essaie de comprendre c'est pourquoi le 1er
mai 1986 on nous annonce de nouvelles conventions comptables et là on
nous dit: Pour la partie de pertes sur le taux de change étranger au
niveau de la dette, on va venir l'appliquer et l'adopter le 31 mars 1986.
Cfest ce que j'appelle rétroactivement parce qu'on chevauche
sur deux années. Est-ce que c'est correct? On voit une petite note de
trois ou quatre lignes du Vérificateur général et moi,
cela me semble important.
Sans en faire tout un plat, je me dis: Cela mérite en tout cas
qu'on comprenne le fonctionnement parce que là, ou bien on applique des
nouvelles mesures comptables à partir de telle date et on les applique
finalement pour tout le monde à partir de la même date. De
là ce que je vous mentionnais tantôt. C'est cette
complexité de pouvoir comprendre les réformes comptables parce
qu'elles vont s'appliquer vraiment sur deux années. L'exemple du taux de
change étranger va venir chercher au 31 mars 1986... Mais le 31 mars
1987, vous n'aurez pas à le refléter, Il a été
passé directement dans la dette nette. J'essaie de voir comment on va
être capable de le "canter" sur deux ans parce que ces mesures, comme
c'est bien dit dans le discours sur le budget et comme vous le rapportez
à la page 25 de ce que vous mentionnez dans votre réforme des
conventions comptables, s'appliquent vraiment et ce à compter de
l'année financière 1986-1987. Alors, certaines mesures - à
moins que je ne comprenne pas M. le Président, sont appliquées ou
ont été appliquées rétroactivement et d'autres
seront appliquées dans la prochaine année.
Je voudrais d'abord savoir si je suis sur la bonne voie. Si c'est ma
compréhension qui n'est pas correcte, je voudrais qu'on la corrige
immédiatement.
M. Chatelain: Je pense que la compréhension du
député est tout à fait exacte. Vous êtes sur la
bonne voie. Cependant, il y a des difficultés quant à la mise en
application des nouvelles conventions comptables. Le ministre a
déclaré ou a fait part de ses modifications aux conventions
comptables en mai 1986. Cependant, il n'a pas appliqué ces modifications
aux résultats des opérations de l'année qui s'est
terminée le 31 mars 1986. Il ne l'a pas fait, c'est-à-dire qu'il
n'a pas appliqué les modifications aux conventions comptables
rétroactivement à l'état des résultats pour
l'année qui s'était terminée le 31 mars
précédent. Cependant, au point de vue technique, il y avait des
difficultés de dates d'entrée en vigueur de ces nouvelles
conventions. À ce moment, je pense que le gouvernement avait le choix de
mettre en vigueur ces nouvelles conventions le 1er avril au matin ou le 31
mars, la veille. D'accord?
Ces conventions pouvaient avoir un effet sur les états financiers
du gouvernement, c'est-à-dire sur l'état de l'actif et du passif
sans influencer le résultat des opérations, le gouvernement avait
le choix à ce moment et il a opté pour refléter
immédiatement à l'état de l'actif et du
passif l'influence de ces conventions comptables, c'est-à-dire
l'influence des modifications aux conventions comptables. Il s'agit de
technicités tout simplement, à ce moment. Vous allez dire que ce
sont des technicités qui ont des effets tout à fait
extraordinaires. C'est bien sûr. Je suis d'accord avec vous. Cela a un
effet quand même tout à fait extraordinaire. Mais je pense bien
que le résultat aurait été le même, comme vous
l'avez indiqué, M. le Président, et comme le député
l'a indiqué. C'est que les opérations de l'année
subséquente, de toute façon, n'auraient pas été
affectées, qu'on les applique la veille, le lendemain ou peu importe
quand. Le résultat lui-même n'aurait pas été
affecté. L'important, c'est que dans l'année où on
décide d'appliquer les modifications, disons l'état financier,
l'état de l'actif et du passif au début comme à la fin de
l'année, les deux soient présentés sur la même
base.
Je ne sais pas si vous me suivez. C'est pour cela que le gouvernement a
opté pour implanter ces conventions comptables le 31 mars et non pas le
1er avril au matin. D'accord? Évidemment, l'effet que ceci avait, par
exemple, sur le contrôle que le Parlement doit exercer sur les
crédits et ainsi de suite, c'est qu'il a fait voter une loi concernant
les comptes à payer non inscrits auxquels on a fait
référence tantôt tout simplement pour faire autoriser par
le Parlement le fait que ces comptes à payer dorénavant,
c'est-à-dire que le montant de la dépense soit
reflété directement à la dette nette et cette transaction
s'est faite autoriser par le Parlement tout simplement. Je ne sais pas si cela
répond à votre question. Il s'agit d'un aspect technique
très complexe et dans ce sens, quelle devrait être la date de mise
en vigueur de ces modifications et quand doit-an les refléter exactement
dans les états financiers? Elles auraient pu être
reflétées tout simplement dans l'année suivante, mais
là on aurait eu un problème. Le problème aurait
été peut-être encore plus compliqué dans
l'année subséquente. Je ne parle pas des résultats de
l'année, je parle tout simplement de l'état de l'actif et du
passif à la fin de l'année. (17 h 45)
M. Parent (Bertrand): M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand):... oui, si vous le permettez. Je comprends
et j'accepte très bien l'explication du Vérificateur
général, sauf qu'il va falloir pouvoir reculer. Au 31 mars 1987,
donc l'exercice financier qui s'est terminé il y a quelques mois et qui
est la première année complète de la nouvelle application
des normes, on retrouvera d'une part reflétées dans les revenus
et dépenses - donc, les opérations de l'année - certaines
des mesures qui sont en application ou qui ont été
annoncées le 1er mai 1986. Par contre, d'autres mesures comme les
régimes de retraite où il y a un comité de travail, etc.
se verront différées dans le temps et d'autres mesures telle que
le taux de change ont été référées dans
l'année précédente, donc au 31 mars 1986.
Alors, ma préoccupation est celle-ci: Comment le
Vérificateur général va-t-il pouvoir, sur deux ou trois
exercices financiers, être capable de bien refléter? Si on change
tout la même année, je me dis qu'on est capable de remettre, si
l'on veut, le tableau comparatif qui apparaît dans le bilan, dans
l'état des revenus et dépenses. On est capable de les faire
refléter sur une base comparative et de les ramener. Mais comment
pourra-t-on le faire pour que tout le monde s'y retrouve et qu'on sache, en
jargon clair, quels sont les vrais résultats nets une fois qu'on aura
sorti les modifications? Là, je donne l'exemple du montant de 1 300 000
000 $ qui est passé dans la dette, mais vous avez raison de dire,
relativement aux revenus et dépenses, dans l'année 1986-1987,
qu'on va retrouver l'affectation comme telle des mesures dans les
dépenses courantes, mais la partie de la dette - tantôt, on
faisait allusion à 293 900 000 $ - il y a trois autres mesures qui ne
sont jamais passées par l'état des revenus et dépenses,
mais qui sont passées aussi dans la dette.
Là, cela commence à faire des millions de dollars. On est
rendu à 1 600 000 000 $ - pour ces deux points-là - qui viennent
affecter comme tels la dette. Je vous réitère ma demande,
à savoir comment tout cela pourra être clarifié et
expliqué par le Vérificateur général. Vous
êtes le seul qui puisse apporter cet éclairage pour que tout le
monde puisse s'y retrouver et dire: La situation s'est améliorée
ou s'est détériorée, tout simplement à cause de
l'application qui en est faite. C'est peut-être et sûrement pour de
bonnes raisons, mais je vous dis que ce sont des sommes importantes qui
viennent changer le portrait définitif.
M. Chatelain: M. le Président, le député a
tout à fait raison. Ses préoccupations, nous les partageons,
c'est sûr. En comptabilité, quand il y a des modifications aux
conventions comptables, que ce soit dans le secteur privé ou dans le
secteur public, les règles en comptabilité demandent que l'effet
de ces modifications soit reflété sur une période de deux
ans, c'est-à-dire qu'on établisse le comparatif et enfin, pour
comparer des choses qui sont semblables, l'on doit toujours indiquer l'effet
sur une période de deux ans. Cela se limite à cela. On ne peut
pas, pendant des années et des années à venir, dire quel
aurait été
l'effet des conventions comptables si on ne les avait pas
changées.
I! y a une chose évidemment que le député
déplore et que nous, comme Vérificateur général,
avons déplorée, mais quand même. » L'effet justement
de cette modification a été qu'il y a eu des dépenses, qui
ont été inscrites dans les cas des comptes à payer, pour 1
300 000 000 $ qui n'ont jamais été reflétées dans
le résultat des activités du gouvernement. Une somme de 1 300 000
000 $ est allée directement à la dette nette et,
également, dans le cas des emprunts en devises étrangères,
également là, pour les fluctuations, un montant de 1 300 000 000
$ est allé directement à la dette nette. Je vous donne cet
exemple: 1 306 000 000$, c'est dans le cas de la fluctuation de la dette en
devises étrangères, 1 300 000 000 $, c'est pour cela que nous
avons indiqué dans notre rapport que, si on avait amorti cette variation
sur une période de dix ans, qui était la moyenne des
échéances des obligations, l'effet sur le résultat des
années aurait été de 10 % de 1 300 000 000 $ qui est 130
000 000 $. C'est cela qui a été fait. Nous déplorons au
fond que ces montants n'aient jamais transité, si vous le voulez, par
l'État, des revenus et dépenses du gouvernement. Ce sont des
dépenses... On prend tes comptes à payer non inscrits qui ont
été inscrits d'une seule entrée; ainsi, les 1 300 000 000
$ ne sont jamais apparus dans le résultat des activités du
gouvernement, ils sont allés directement à la dette nette.
D'autre part, M. le Président, je dois quand même ajouter
que le Parlement a été consulté là-dessus. La loi
130 a quand même autorisé justement cette comptabilisation
à la dette nette, dans le cas des comptes à payer non
inscrits.
M. Parent (Bertrand): Oui, de là l'importance du fameux
projet de loi 130, mais à toutes fins utiles, cela devra être
rapporté ou être mis à la lumière,
considérant que cela change jusqu'à un certain point le portrait,
que cela change les règles du jeu et que ce sont des modifications
majeures. À partir de cela, si on se comprend comme il faut, en tant que
parlementaire, mon travail est de m'assurer d'abord qu'on comprenne bien ce qui
est en train de se faire ou ce qui s'est passé, mais aussi que les
préoccupations du Vérificateur général, puisque
vous êtes là aujourd'hui, on le voit de la même
façon, soient définitivement reflétées de
façon que tout le monde puisse y voir clair et se retrouver
là-dedans quant on chevauche des années, quand on passe des
sommes importantes directement à la dette nette, sans passer par le
biais des dépenses courantes, si on peut appeler cela ainsi.
M. Chatelain: D'accord, mais, M. le Président, il faut
quand même reconnaître que cela a déjà
été fait et que c'est fait dans le moment. Vous savez que cela a
été fait le 31 mars 1986; c'est envoyé à la dette
nette. Je pense bien que les états financiers devraient refléter
au moins au cours de la prochaine année, l'influence que cela aurait eu
sur les résultats de l'année 1986-1987, Ce serait facile de ne
pas s'y référer parce que cela a déjà
été fait. Le montant est déjà rendu à la
dette nette, à la fin de l'exercice précédent.
M. Parent (Bertrand): On se comprend. Dans le cas...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président. Dans le cas de
la réévaluation des monnaies étrangères en ce qui
concerne nos emprunts, j'imagine que cela sera réajusté chaque
année de façon à ce qu'on puisse refléter... Cette
évaluation se fait à la fermeture, au 31 mars de chaque
année, afin que l'on puisse dire: Bon, notre taux de change est rendu
à tant et on réévalue à la hausse ou à la
baisse. Cela sera refait en conséquence.
M. Chatelain: C'est exact, M. le Président. Par contre, il
y a quand même une autre conséquence. Ce que vous dites est exact:
La fluctuation de l'année sera reflétée tous les ans, mais
amortie sur les périodes à courir; c'est sûr. Cependant, du
fait que l'ajustement a été fait à la dette nette pour
l'entrée en vigueur de la convention comptable et pour les dix
années à venir, en gros, l'influence est de 130 000 000 $. Si on
n'avait pas fait d'ajustement directement à la dette nette, il y aurait
quand même une dépense de fluctuation de 130 000 000 $, chaque
année, pour les dix prochaines années.
M. Parent (Bertrand): Je comprends.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
député de Bertrand, Vous laissez la parole à M. le
député de Champlain ou... Non? Cela va? D'accord, cela va. M. le
député de Bertrand.
Comptabilisation des régimes de retraite (suite)
M. Parent (Bertrand): Toujours dans ce cadre, est-ce qu'on va
aussi assister à une comptabilisation, une mise à jour des
placements des actions du gouvernement sur le même principe?
C'est-à-dire que le placement en actions dans les entreprises qui
appartiennent au gouvernement sera réévalué là
aussi sur le même principe, chaque année,
avec... Oui?
M. Chatelain: Oui, M. le Président, c'est cela. Avec la
nouvelle convention comptable, dorénavant, le gouvernement va inscrire
le placement dans ses entreprises sur la valeur de consolidation. Il va quand
même y avoir des fluctuations tous les ans, à l'avenir,
fluctuations dans la valeur qui sera affectée...
M. Parent (Bertrand)s Effectivement.
M. Chatelain:... par les dividendes, le résultat des
opérations de ces entreprises. Ce sera reflété dans
l'état des opérations du gouvernement.
M. Parent (Bertrand): D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Bertrand. Je vous suggère de suspendre nos
travaux jusqu'à 20 heures ce soir pour reprendre l'étude du
rapport du Vérificateur général.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise à 20 h 13)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
conformément au mandat qui lui a été confié par
l'Assemblée nationale pour l'étude du rapport du
Vérificateur général du Québec.
Lorsque nous avons suspendu nos travaux, nous avions demandé a M.
le Vérificateur général d'obtenir, si possible, un tableau
comparatif de l'enregistrement des obligations des régimes de retraite
pour les différentes années. Est-ce que vous avez ce tableau en
votre possession?
M. Chatelain: Oui, M. le Président. On vous en remet des
exemplaires; il y en a une douzaine de copies.
Le Président (M. Lemieux): Je permets le
dépôt et la distribution de ce tableau comparatif. M. le
Secrétaire, vous voudrez bien prendre note qu'effectivement le
Vérificateur général a remis ce rapport.
Oui, M. le Vérificateur général.
M. Chatelain: Je voudrais juste donner un complément
d'information...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, oui.
M. Chatelain:... concernant les obligations actuarielles totales
des régimes de retraite des secteurs public et parapublic.
Cet après-midi, lorsque nous avons discuté de chiffres,
nous avons précisé que le total des obligations était de
20 700 000 000 $ dont 7 997 000 000 $, tout près de 8 000 000 000 $,
étaient déjà comptabilisés à la face
même des états financiers du gouvernement. Il y a une somme
additionnelle aux 20 700 000 000 $ qui est dévoilée dans les
notes aux états financiers qui n'apparaît pas là, mais qui
apparaît tout simplement dans les états financiers de la CARRA et
c'est la CARRA qui se porte garante pour faire ces paiements
éventuellement. Donc, ce n'est plus une obligation du gouvernement parce
que les cotisations des employés ont été versées
à la CARRA et que c'est celle-ci qui devra verser les prestations aux
retraités. Donc, cela n'apparaît pas aux états financiers
du gouvernement; ce n'est plus réellement une dette du gouvernement.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur générai.
Mme la députée de Matane, vous avez demandé la
parole ainsi que M. le député de Mille-Îles. Est-ce que
vous permettez, M. le député de Mille-Îles?
Mme la députée de Matane.
Mme Hovington: M. le Président, je voudrais juste avoir un
éclaircissement. À la page 97 de votre rapport à propos du
Musée d'art contemporain de Montréal, je vois par exemple que
vous aviez déjà signalé dans votre rapport de 1985 que
îe Musée d'art contemporain de Montréal devait faire
approuver par le gouvernement tout règlement concernant sa régie
interne, ses ressources humaines et ses normes administratives. Vous mentionnez
que cela n'a pas encore été fait et n'a pas été
sanctionné par le gouvernement, si je comprends bien. Depuis combien
d'années cette situation dure-t-elle ou perdure-t-elle? C'est une lacune
dans un sens.
M. Chatelain: Absolument. Je vois bien dans le cas du
musée la réaction, à savoir que les projets de
règlement sur la régie interne, ses ressources humaines et ses
normes administratives ont été présentés au
gouvernement pour approbation en mars 1985 et le musée en attend
toujours la sanction officielle. Vous demandez: Depuis quand? Je vois ici que
c'est tout simplement depuis mars 1985 que ce projet de règlement est
entre les mains du gouvernement et que le gouvernement n'y a pas encore
donné suite, ne l'a pas encore sanctionné.
Mme Hovington: Est-ce que cela signifie qu'avant 1985 les
règlements du musée n'avaient pas besoin d'une approbation
gouvernementale?
M. Chatelain: M. le Président, je n'ai
pas la réponse à cette question, mais on peut l'obtenir et
on avisera tantôt.
Une voix: II a été institué en 1980...
Une voix: En quelle année a-t-il été
institué?
M. Chatelain: On me dit...
Mme Hovington:... latitude très large sur la régie
interne.
M. Noël: II n'existait pas avant 1985, je crois.
C'étaient des nouvelles lois: les musées nationaux, le
Musée d'art contemporain. Il y a tout un lot de nouvelles lois qui ont
été faites. Je n'ai pas cela devant mot exactement, mais...
M. Chatelain: On me dit que le Musée d'art contemporain -
je ne sais pas en vertu de quel instrument - a été formé
en 1984. Donc, cela aurait été sa première tentative,
disons, pour faire approuver son règlement par le gouvernement. Donc,
cela aurait été la première tentative.
Mme Hovington: C'est la première tentative.
M. Chatelain: Oui. Mme Hovington: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, Mme la députée de Matane?
Mme Hovington: Oui, je reviendrai un peu plus tard avec un autre
sujet.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Si vous voulez, M. le Président, on va
essayer de revenir aux fonds de retraite. On va essayer de se
démêler un peu. Ce n'est pas facile, mais on va essayer de se
comprendre. J'ai devant moi, M. le Président, un document qui est
tiré des rapports annuels de la CARRA, de l'évaluation
actuarielle et estimations de la CARRA concernant l'évolution de la
position actuarielle des régimes de retraite du secteur public. Je
regarde le document que vous nous avez fourni, M. le Vérificateur
général, et j'aimerais que vous tentiez de m'éclairer. Je
saisis peut-être mal, mais je pense qu'on mélange les concepts et
je voudrais bien qu'on se comprenne comme il faut.
Quand je regarde l'année 1985-1986, qui est peut-être la
dernière année, on pourrait peut-être regarder la ligne qui
est au bas. Vous dites dans la première colonne: Passif inscrit aux
états financiers en millions de dollars. Vous avez les anciens
régimes et le nouveau RREGOP. J'y vois 3 000 000 000 $ pour les anciens
régimes et 4 906 000 000 $ pour le nouveau régime RREGOP, ce qui
totaliserait un passif que je qualifie de "passif comptable" de 7 900 000 000
$.
M. Chatelain: Le passif inscrit aux états financiers.
M. Bélisle: Passif comptable inscrit aux états
financiers. C'est pour cela que j'utilise le terme "comptable",
comptabilisé, calculé et inscrit aux états financiers.
M. Chatelain: À la face même des états
financiers.
M. Bélisle: À la face même des états
financiers. On se comprend jusque là?
M. Chatelain: Oui.
M. Bélisle: Bon! Est-ce que je dois comprendre qu'il y a
une différence importante entre ce qui est inscrit, calculé et
représenté aux états financiers de façon comptable,
soit les 7 900 000 000 $ et le passif non comptable, non inscrit, le passif
actuariel de l'ensemble des anciens régimes et du RREGOP qui pourrait
s'élever à environ 24 700 000 000 $? Je veux savoir si on ne
mélange pas des concepts, ce qui est comptable, ce qui est inscrit, ce
qui est donné et l'obligation économique, le fardeau
éventuel de l'État dans le cas où on aurait à payer
pour un temps de X années des régimes de retraite aux
employés. Je veux bien départager les concepts pour qu'on se
comprenne.
J'ai devant moi "passif actuariel". C'est sûr que la CARRA, selon
moi, n'a pas utilisé ce qui est calculé, inscrit,
comptabilisé aux états financiers mais plutôt ce qu'elle a
évalué comme obligations éventuelles en termes... Oui,
certainement.
M. Gendron: M. le Président, je n'ai pas d'objection, mais
pour mettre les parlementaires dans le coup, au-delà du document remis
par le Vérificateur général, le député de
Mille-Iles cite constamment un document qu'on n'a pas. C'est très
difficile pour nous de suivre. Peut-être que, collectivement, on va
réussir à l'éclairer si on travaille sur les mêmes
papiers.
Une voix: Pour quelle année?...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest... le document, je vais décider si j'en autorise ou non
le dépôt.
M. Garon: Est-ce que vous avez eu l'imprimatur ou le nihil obstat
du
représentant du ministre des Finances?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je n'ai pas besoin des lumières du ministre des Finances
pour prendre mes décisions. J'autorise le dépôt.
Voulez-vous le faire photocopier? Ce document a été
préparé par le Vérificateur général, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Ce document que vous avez entre les
mains, 1973-1974, a été préparé par le
Vérificateur général. Je ne pense pas qu'il y ait eu
d'incitation de la part du parti ministériel pour influencer le
Vérificateur général. Cela va. Oui, aucun passif.
M. Gendron: Zéro. Hypocrisie.
Le Président (M. Lemieux): Ah bon! Cela va. Je comprends
le sens de votre intervention. Cela va.
M. Bélisle: L'inscription 1978-1979 a été
préparée de longue haleine par des études actuarielles qui
ont été commandées avant 1978-1979. L'aboutissement au
RREGOP s'est fait à cause d'actes posés avant le 15 novembre
1976.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous voulez qu'on
suspende?
M. Bélisle; Je n'en attendais pas moins de vous.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous pouvez
continuer, M. le député de Mille-Îles?
M. Gendron: La vérité a ses droits.
M. Bélisle: Oui, oui. Je peux continuer en attendant.
M. Gendron: C'est parce que s'il cite son document, j'aimerais
l'avoir parce qu'on...
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous allons suspendre
environ deux minutes en attendant le document de la CARRA. C'est ça,
c'est la CARRA?
(Suspension de la séance à 20 h 24)
(Reprise à 20 h 28)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
après le dépôt de l'évolution de la position
actuarielle des régimes de retraite du secteur public, annexe 1, rapport
annuel de la CARRA. M. le député de Mille-Îles, vous aviez
la parole.
M. Bélisle: M. le Président, au cours de la
période de suspension, j'ai eu l'occasion de jaser avec le
Vérificateur général. On va quand même faire
l'exercice pour préciser le tout au complet. J'en étais à
utiliser le document qui vient d'être déposé,
préparé par la CARRA qui établit pour 1986 -prenons le cas
de 1986 parce que c'est la dernière donnée - que le passif
actuariel RREGOP est de 9 400 000 000 $, c'est bien ça, et pour les
autres régimes 15 300 000 000 $, ce qui fait un montant total de passif
d'obligations éventuelles au régime de 24 700 000 000 $ au total.
Ce n'est pas une donnée comptable que l'on peut trouver dans les
états financiers du gouvernement.
Est-ce que c'est ce que je dois comprendre, M. le Vérificateur
général?
M. Chatelain: D'accord. Voilà. C'est que dans les
états financiers du gouvernement on retrouve les chiffres qui
apparaissent au tableau qui a été distribué tantôt.
D'accord?
M. Bélisle: Vous parlez de votre tableau?
Une voix: Votre tableau.
M. Chatelain: Je peux retracer chacun des chiffres qui
apparaissent là, en bas, pour 1985-1986, précisément dans
les notes aux états financiers du gouvernement.
M. Bélisle: D'accord, allez-y donc.
M. Chatelain: D'accord. Est-ce que vous voulez que je le
fasse?
M. Bélisle: Ce serait important, je pense, pour qu'on
comprenne comme il faut.
M. Chatelain: D'accord. Pour commencer, si vous allez à la
page 21 des comptes publics, en-dessous du passif, vous avez un
élément qui s'appelle "Compte des régimes de retraite
(note 5), 7 997 000 000 $. Vous le voyez sur le tableau qu'on vous a
distribué tantôt. Vous voyez sous fa colonne passif inscrit aux
états financiers, 1985-1986, un total de 7 997 000 000 $.
M. Bélisle: L'ancien régime et le RREGOP, c'est
ça?
M. Chatelain: Oui, les deux ensemble. Ensuite, ils ont
indiqué les autres endroits. Si vous tournez maintenant à la page
25, dans les notes complémentaires... (20 h 30)
Le Président (M. Lemieux): Toujours dans les comptes
publics?
M. Châtelain: Oui, dans les comptes publics,
toujours...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Châtelain:... à la page 25, vous avez au
paragraphe 5, sous-paragraphe a, dès la première ligne: "Le
montant de 4 906 010 000 $ ne comprend pas le 1 856 200 000 $ pour d'autres
obligations du gouvernement envers ce régime... " Là il s'agit de
RREGOP. Si on additionne ces deux chiffres, cela nous donne 6 800 000 000 $.
Les chiffres apparaissent au tableau qu'on vous a remis tantôt en dessous
de "obligations actuarielles". C'est ce chiffre-là...
M. Bélisle: Dans la deuxième colonne... Une voix:
En haut, d'accord. M. Châtelain: D'accord? Une voix: D'accord.
M. Châtelain: Là, c'est un total. D'ailleurs, les
chiffres que l'on vient de voir, le montant de 4 906 000 000 $... Si vous
regardez notre tableau, dans la colonne de gauche, au bas, vous voyez RREGOP, 4
906 000 000 $. Ils sont là également. Ce sont les mêmes
chiffres. Ils viennent de cet endroit, de la même source.
Ensuite, au sous-paragraphe b, toujours au paragraphe 5, dans les
comptes publics, à la page 25, au troisième paragraphe, "autres
régîmes de retraite", au centre de ce paragraphe, on dit, et je
cites "Elle a estimé - la commission - le passif envers ces
régimes à 13 853 600 000 $. " C'est le chiffre qui apparaît
également dans le tableau qu'on vous a remis tantôt, où on
a arrondi le chiffre à 13 900 000 000 $. Voilà.
Même au paragraphe b où j'étais, il y a un moment,
on était au premier sous-paragraphe} on dit, dans le premier paragraphe,
au premier sous-paragraphe, je m'excuse: "Au 31 mars 1986, le montant inscrit
aux livres du gouvernement à l'égard du passif de ces
régimes de retraite est de 3 091 800 000 $. " C'est ce qui
apparaît dans la colonne de gauche du document qu'on vous a remis
tantôt. Voilà, tous les chiffres sont là.
M. Bélisle: Si je peux continuer, M. le
Vérificateur générai. Je comprends bien la provenance des
états financiers et du tableau que vous avez préparé.
M. Châtelain: Oui.
M. Bélisle: Maintenant, si on prend l'autre tableau qui a
été distribué et qui provient de la CARRA, pouvez-vous
expliquer ce qui apparaît et ce qui n'apparaît pas aux états
financiers, ainsi que l'écart entre les deux? M. le Vérificateur
général, cela va?
M. Châtelain: Oui. Allez-y.
M. Bélisle: En haut, en 1986, le passif actuariel du
RREGOP - je reprends ce que j'ai dit tantôt - était de 9 400 000
000 $. Dans votre tableau, le passif du RREGOP inscrit aux états
financiers, était de 4 900 000 000 $. Pourquoi y a-t-il une
différence semblable entre les deux? Comment explique-t-on cette
différence, juste sur ce point? Je suis sûr qu'il y a une
explication claire.
M. Châtelain: D'accord.
M. Bélisle: On va partir de là... Je suppose que
les autres questions que l'on va poser...
M. Châtelain: Excusez-moi, M. le Président, j'essaie
de suivre trois conversations en même temps et j'ai un peu de
difficultés, avec ces chiffres-là.
M. Bélisle: Mais vous devez comprendre, M. le
Vérificateur général, que nous avons aussi un peu de
difficultés - bien qu'on ne suive pas trois conversations - à
essayer de comprendre ce qui se passe.
M. Châtelain: D'accord. Alors, je peux recommencer. Je
pense qu'on n'a pas les mêmes dates. Â ce moment-là, je
pense qu'il ne faudrait pas prendre... Je ne sais pas d'où vient ce
document. D'où vient ce document? Je ne sais pas qui l'a
préparé.
M. Bélisle: Voulez-vous prendre la fin de l'année
1985?
M. Châtelain: C'est le document de qui?
Le Président (M. Lemieux): L'annexe 1, c'est le document
qu'on a déposé tout à l'heure et qui apparaissait au
rapport annuel de la CARRA, je pense. Est-ce que c'est cela?
M. Bélisle: C'est cela. Les sources sont indiquées
au bas: rapport annuel de la CARRA...
Le Président (M. Lemieux): Rapport annuel de la CARRA.
M. Bélisle:... évaluation, estimation de la
CARRA.
M. Châtelain: D'accord. Si on prend ce document, la
dernière colonne indique bien
1986. Cependant les chiffres qu'on donnait tantôt, c'est pour
1985. On dit bien dans les états financiers du gouvernement qu'il s'agit
de données estimées au 31 décembre 1985,
M. Bélisle: Oui, je comprends. Mais, M. le
Vérificateur, même si je prenais la colonne de 1985, dans le
tableau qu'on vous a distribué, cela ne pourrait jamais m'expliquer la
différence, entre autres, pour ce qui est du RREGOP, à la
quatrième colonne du tableau qu'on a déposé, de 8 300 000
$ par rapport à ce qui est inscrit dans votre colonne de passif - je
l'ai appelé comptable - inscrit aux états financiers et qui est
de 4 900 000 $. II est impossible qu'en une année il y ait une
différence d'environ 3 400 000 $. En douze mois, c'est... Il y a quelque
chose. II y a une explication.
M. Chatelain: II y a une chose. Je ne sais pas si c'est là
la réponse, mais je vais céder la parole à M.
Rhéaume dans quelques instants, M. le Président, Je sais que
d'une année à l'autre, lorsque l'on fait les estimations
actuarielles, selon les hypothèses qui sont adoptées, il y a des
variations quand même assez considérables. Je ne sais pas si c'est
ce qui est arrivé ici. D'une année à l'autre, c'est
possible. Tout de même, je vais demander à M. Rhéaume de
vous donner des explications.
Le Président (M. Lemieux): M. Rhéaume, s'il vous
plaît.
M. Rhéaume: M. le Président, si vous voulez, on va
faire exactement la comparaison des chiffres pour les mêmes
périodes. Pour commencer, on va aussi essayer de transposer la
provenance des données. Si vous voulez retracer le montant de 7 900 000
000 $ qui est représenté par 3 000 000 000 $ pour les anciens
régimes et par 4 900 000 000 $ pour le RREGOP, vous le retrouvez dans
l'annexe 1 qui a été déposée par la CARRA, dans la
partie "Actif". Vous voyez cela sur le compte non budgétaire du
gouvernement: RREGOP, 4 700 000 000 $. Vous voyez une petite différence
de 200 000 $ et 3 000 000 000 $ pour "autres régimes". Effectivement, on
a les mêmes données, on part de la même base.
Maintenant, si vous voulez faire une comparaison avec les passifs
actuariels apparaissant à l'annexe en question, nous sommes
informés que les évaluations actuarielles qui ont
été utilisées pour les états financiers du
gouvernement étaient sur une base différente de celles qui ont
été utilisées pour les questions de rapports de la CARRA
entre autres et pour évaluer, à l'avenir, les besoins financiers.
Alors, on peut parler de méthodes d'évaluation actuarielles selon
la prime nivelée versus celles des prestations réparties et, de
cette façon-là, nous nous retrouverions effectivement avec des
écarts d'évaluation actuariels. Les comparaisons deviennent un
peu plus difficiles dans ce cas-là.
M. Bélisle: Quand je lis... M. le vérificateur, M.
Rhéaume nous a cité tantôt la page 25 des états
financiers du gouvernement, on regarde ici le texte: "La Commission
administrative des régimes de retraite et d'assurances - je cite le
texte -dont l'année financière correspond à l'année
A, a effectué une estimation provisoire... Vous nous dites qu'il y a des
différences dans les méthodes d'interprétation,
d'évaluation, d'actualisation du fardeau selon la méthode
mathématique que l'on utilise. Comme vérificateur, quand vous
avez un dilemme qui vous est présenté par un organisme
d'État semblable, que faites-vous? Choisissez-vous une des
méthodes? Faites-vous un choix ou commentez-vous la valeur de la
méthode utilisée? Est-ce cela que l'on doit comprendre dans
l'écart que l'on peut constater entre les deux? Je comprends très
bien que les 4, 7 devraient être les 4, 9, mais l'un c'est l'actif et
l'autre c'est le passif comptable inscrit pour les deux et là je regarde
un peu plus haut et je vois que pour le passif actuariel, il y a une
énorme différence par rapport au passif comptable inscrit.
M. Rhéaume: M. le député, vous avez raison
lorsque vous dites que le passif du gouvernement est un actif pour la CARRA.
Pour le régime de retraite, nécessairement, ce qui est un compte
à payer pour l'un est un compte à recevoir pour l'autre et,
évidemment, c'est pour cette raison qu'on retrouve cela. C'est aussi
pour cette raison qu'actuellement lorsque l'on parle de passif actuariel, nous
parlons, dans votre cas, de passif actuariel du régime envers les
participants, alors que nous, nous parlons de passif actuariel du gouvernement
envers les régimes. C'est là toute la distinction.
M. Bélisle: L'écart entre le passif actuariel des
régimes vis-à-vis des participants d'après le tableau qui
a été déposé, est-ce exact que, pour la
comptabilité finale, selon vous, d'après votre connaissance, M.
Rhéaume, que ce soit en 1985 ou en 1986, il y ait 56 % - je prends la
colonne du bas - ou 58 % qui soient garantis par des actifs réels,
c'est-à-dire des actifs tangibles? Est-ce une approximation de la
vérité? Cela a beau ne pas être inscrit aux livres, on
sait, en réalité, que c'est vrai, c'est-à-dire qu'il y a
60 % des fonds de retraite qui sont garantis. Cela fait une énorme
différence, même si vous me disiez, que dans les livres du
gouvernement, cela
n'est pas inscrit.
M. Chatelain: M. le Président, je ne pense pas que
même si on soutient que ce n'est pas inscrit dans les livres du
gouvernement cela n'apparaît nulle part. Â part cela, on fait une
distinction entre la comptabilisation et la capitalisation, ce n'est pas la
même chose. On le dît toujours. Les chiffres que l'on vous donne ne
sont pas nos chiffres. Je vous l'ai indiqué tantôt, ce sont des
chiffres qui viennent directement des états financiers du gouvernement.
Il faut s'entendre là-dessus.
M. Bélisle: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Mais, approximativement, eu
égard à la question du député de
Mille-Îles?
M. Bélisle: Je vous poserais une question, M...
M. Chatelain: Oui, mais la question ne se pose pas parce qu'on
est en train de faire une distinction. Le député de
Mille-Îles est en train de faire une distinction entre le montant qui est
apparemment garanti et le montant qui apparaît aux livres. Ce n'est pas
cela le fond du problème. Nous, nous parlons de la bonne
présentation de l'information à la face même des
états financiers; ce n'est paâ la même chose. Je ne crois
pas que... Le fait que nous disions que cela n'apparaît pas au complet
à la face même des états financiers n'a absolument rien
à voir avec le fait qu'une partie du régime soit garanti ou
non.
Le Président (M. Lemieux): Un instant, s'il vous
plaît. Il reste encore trois minutes au député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Je peux passer mon tour à quelqu'un
d'autre, quitte à revenir peut-être s'il y a quelqu'un qui veut
prendre la parole de l'autre bord.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand? M. le député d'Abitibi-Ouest, oui.
M. Gendron: Ce n'est pas parce que je veux finir les trois
minutes, mais je pense qu'effectivement, sans prétendre être
spécialiste de ces questions, les réponses fournies à la
question posée ont clairement établi que la provenance des
chiffres du passif inscrits dans le document produit par le Vérificateur
général sont à même ceux du gouvernement et que ce
n'est que sur cette base qu'on doit porter un jugement d'exactitude quant
à la présentation. Tout le volet, pour en avoir vu d'autres... Je
n'ai pas apporté mes dossiers du Conseil du trésor, mais j'ai vu
d'autres évaluations de la CARRA par rapport à ce que
j'appellerais une projection du passif total. Les projections du passif total
comme valeur pour le gouvernement, ont toujours été bien
différentes des chiffres que le même gouvernement, quel qu'il
soit, inscrivait à l'intérieur de ses comptes.
Les deux colonnes qui m'intéressent, c'est celles dont a
parlé M. Rhéaume; le passif pour l'un devient l'actif pour
l'autre ou inversement, cela dépend. II n'y a pas d'écart
fondamental. C'est ce qui m'intéresse. S'il y avait un écart
prononcé entre ces deux données, je serais inquiet. Je dirais au
Vérificateur général: Je ne comprends pas votre
présentation. Mais à partir du moment où il y a
équilibre, dans le document que vous avez déposé, M. le
député de Mille-Îles, entre ce qui est intitulé
"Actif" par la CARRA et, bien sûr, inscrit comme passif aux états
financiers du gouvernement et qu'il n'y a pas d'écart, peu importe les
années qu'on prend, moi, cela me suffit. Je pense qu'effectivement... On
peut bien s'amuser pour une minute. Ce qui est fondamental, c'est ce que mon
collègue a demandé. Ce n'est pas s'amuser, c'est la
réalité des choses. L'ancien gouvernement de 1970-1976,
indépendamment de la résultante de la commande, n'a jamais
montré, dans les états financiers du gouvernement... Sa
responsabilité par rapport aux fonds publics -le tableau le
démontre très bien - c'était zéro en termes de
passif inscrit aux états financiers du gouvernement. Cela devient ce
qu'on appelle hypocritement une façon de laisser voir que la situation
budgétaire est différente de ce qu'elle est. Il s'agit juste
-permettez-moi l'expression - de changer de "ledger" et d'aller voir dans un
autre "ledger" et là, on se rend compte qu'il y a un petit milliard qui
a été oublié, qui devient un passif pour l'État et
qui, normalement, doit être cumulé au déficit. Cela n'est
pas apparu en 1978 ou 1979, indépendamment de la commande qui avait
été placée avant; cela, c'est une autre histoire.
On décide de montrer avec plus d'exactitude la
responsabilité de l'État en ce qui regarde le passif ou son
dû par rapport aux régimes de retraite. En 1978-1979, on voit
arriver pour la première fois un passif inscrit aux états
financiers de 915 000 000 $, presque 1 000 000 000 $ de réglés.
Oui, le déficit était plus élevé en 1978-1979 qu'en
1976, je comprends; il y avait tout de suite 1 000 000 000 $ à cause de
ce qu'on vient d'expliquer. Le tableau illustre cela très bien. C'est
surtout cette démonstration qu'on voulait faire de même que
connaître l'autre colonne. (20 h 45)
Moi, je suis intéressé de savoir l'obligation actuarielle
totale, mais toujours
sur la base non pas des prétentions de: Moi, si je suis actuaire,
mon collègue, c'est un autre genre d'actuaire, mais sur la base de ce
qu'on peut lire, de ce qui est inscrit dans les états financiers. Ce que
vous avez titré dans la colonne 2 et que je vois 20 700 000 000 $ - je
prétends que c'est une obligation du gouvernement sur la base des
chiffres du gouvernement et non pas sur la base d'un système
d'évaluation actuarielle de la CARRA. C'est cela que je veux avoir. Il
est important qu'on ait cela. Qu'on fractionne le pourcentage par rapport
à la couverture des actifs actuariels, c'est une donnée, mais ce
n'est pas fondamental. Il s'agit plus de dire: Écoutez, l'obligation
actuarielle en millions, selon les chiffres du gouvernement, c'est rendu
à 20 700 000 000 $. C'est imposant, c'est majeur. Ce tableau-là
me le donne.
On revient au pourcentage. On a commencé au tout début,
dans les années soixante-dix, et il n'y avait pas de
représentation aux états financiers. En 1978-1979, on s'approche
d'un début de réalité, 15 %. On montre 15 % du portrait
exact. En 1982-1983, on est rendu à 30 % du portrait exact de la
réalité budgétaire pour le gouvernement en termes
d'imputation, et on monte tranquillement. Je dis: Parlez-moi de cela. De plus
en plus, tout citoyen qui veut avoir une information éclairée du
portrait exact par rapport aux régimes de retraite - c'est cela qu'on
avait touché au début de notre question - dit: On s'approche
d'une figuration observable qui s'approche de 50 % du coût réel.
Je dis qu'on s'en va vers la bonne voie.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous consentez, M.
le député de Bertrand, les trois minutes au député
de Mille-Îles?
M. Parent (Bertrand): Oui, les trois minutes qu'il lui reste,
qu'il les prenne.
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. le député
de Mille-Îles.
Une voix: Pourquoi a-t-on besoin d'une permission pour cela?
Le Président (M. Lemieux): Parce que le droit de parole
appartenait au député d'Abitibi-Ouest. Vous étiez en droit
de compléter vos 20 minutes et le député de Bertrand a
accepté que le député de Mille-Îlesl'interrompe pour trois minutes.
M. le député de Mille-Îles.
M. Parent (Bertrand): Je suggère qu'on termine ce sujet et
qu'on passe à autre chose. Il reste une heure et quart.
Le Président (M. Lemieux): Oui, je suis d'accord.
M. Bélisle: M. le Vérificateur
généra!, dans le tableau que vous avez distribué,
Obligations actuarielles - c'est pour compléter ce que le
député d'Abitibi-Ouest vient de dire - les 20 700 000 000 $ en
1985-1986, soit le total des obligations actuarielles des anciens
régimes et du RREGOP, est-ce que je dois comprendre que ce sont des
obligations, que c'est la part de l'employeur et aussi ce que les
employés ont mis?
M. Chatelain: C'est la part des employés pour les anciens
régimes, c'est-à-dire les anciens régimes seulement et non
pas pour le RREGOP. Dans le cas du RREGOP...
M. Bélisle: D'accord, c'est cela.
M. Chatelain:... la contribution des employés a
été versée à la CARRA et elle n'apparaît pas
ici. Ce n'est plus une obligation.
M. Bélisle: Elle est au CDPQ. M. Chatelain:
Pardon?
M. Bélisle: Elle est à la Caisse de
dépôt et placement.
M. Chatelain: C'est cela. Elle est à la caisse. Cela
expliquerait, évidemment, en bonne partie la différence entre les
deux tableaux.
M. Bélisle: Cela va. D'accord. Cela fonctionne. Cela
commence à... Mais il n'y a pas de différence en
réalité entre les pourcentages respectifs des deux. Quand on
regarde...
M. Chatelain: Non, non. En gros, non.
M. Bélisle: Que ce soit vos 38, 6 et qu'on ajoute ce qui
est déposé à la caisse...
M. Chatelain: Les 4, 6.
M. Bélisle: Les 4, 6 ou les 4, 7 à la Caisse de
dépôt...
M. Chatelain: Vous arrivez à peu près...
M. Bélisle:... on arrive à tout près de 58 %
ou à 38 %, selon ce qu'on exclut ou ce qu'on inclut.
M. Chatelain: C'est exact.
M. Bélisle: On s'entend là-dessus?
M. Chatelain: On s'entend.
M. Bélisle: D'accord. Et vous préférez,
comme présentation comptable, ajouter le montant qui est
déposé...
M. Chatelain: Non, absolument pas.
M, Bélisle:... ou enlever le montant qui est déposé
à la Caisse de dépôt.
M. Chatelain: Mais il n'apparaît pas du tout ici.
M. Bélisle: C'est ce que vous souhaitez, que cela demeure
exclu.
M. Chatelain: On n'a pas de dispute avec le fait que le
gouvernement n'indique pas ce montant-là parce qu'il a été
versé.
M. Bélisle: D'accord.
M. Chatelain: II a été versé. Alors, il est
en dépôt auprès de la CARRA justement pour des versements
futurs.
M. Bélisle: D'accord. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Mille-Iles?
M. Bélisle: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest. Est-ce que vous avez terminé?
M. Gendron: Sur ce sujet, j'ai terminé. Comme mon
collègue souhaite...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé. Vu
qu'il reste seulement une trentaine de secondes sur le temps du
député de Mille-Îles que je peux me permettre de prendre,
j'aimerais simplement souligner au député d'Abitibi-Ouest qu'en
1973, c'est le ministre des Finances alors au pouvoir, M. Raymond Garneau, qui
avait créé le RREGOP avec un mandat, vous vous le rappelez fort
bien, d'inscrire à la fois les nouveaux employés et de calculer
le déficit actuariel pour les anciens employés. Effectivement,
cela a pris une certaine période, une période de deux ans. Cela
n'a pas été fait de façon globale parce que le pouvoir est
passé entre vos mains, vous vous le rappelez, en novembre et, par
après, M. Parizeau lui-même a pris une période de deux
années avant que le tout soit vraiment stabilisé. Je veux
simplement vous dire que, dans l'affirmation que vous avez faite tout à
l'heure, il y avait peut-être une petite exagération relativement
à la responsabilité -je ne voudrais pas faire de la politique -
du parti qui était au pouvoir de 1970 à 1976.
M. le député de Bertrand, vous avez la parole.
M. Gendron: Là, j'ai envie de (a reprendre parce
que...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gendron: On peut s'amuser, M. le Président. Bien
amicalement, ce n'est pas votre responsabilité de porter un jugement sur
les propos que je tiens, à savoir s'il y a une légère
exagération, mais, tout compte fait, j'allais dire: Écoutez!
après tout, s'il y en avait une petite, cela prouverait que je suis bel
et bien en politique.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président.
Le Président (Mo Lemieux): Oui, M. le Vérificateur
général, vous avez quelque chose à ajouter sur cet
aspect?
M. Chatelain: Non.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, s'il vous plaît!
M, Parent (Bertrand): Avec la permission du Vérificateur
général, on va changer de sujet. On va laisser un petit peu les
RREGOP tout en disant à mon collègue, le député
de...
Le Président (M. Lemieux): Une minute, M. le
député de Bertrand.
M. le Vérificateur général, vous voulez prendre la
parole?
M. Chatelain: Je m'excuse, mais si on est pour changer de sujet,
avec votre permission, M. le Président, j'aurais un complément
d'information à apporter à une question qui a été
soulevée tantôt par Mme Hovington. Dans le cas du Musée
d'art contemporain, les renseignements que j'obtiens à l'instant sont
que les règlements de régie interne ont été
approuvés par le décret 1707-86 le 19 novembre 1986 au moment
où on déposait notre rapport l'année dernière.
Mme Hovington: Merci.
M. Chatelain: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général.
M. le député de Bertrand, la parole est enfin à
vous.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président.
M. Garon: Prenez-la pendant qu'elle
passe!
M. Parent (Bertrand): II ne faut pas être nerveux.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis est en ce moment...
M. Garon: Depuis que la Gendarmerie royale est en charge du
Parlement, je surveille tout ce qui se passe autour de moi.
Une voix: Vous êtes chanceux, M. le député de
Lévis, vous allez avoir des lieux de prières chez vous.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis nous apprenait qu'il sera exaucé tout à l'heure.
M. le député de Bertrand, vous avez la parole.
M. Parent (Bertrand): Cela manque de sérieux, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): C'est parce que c'est la fin de
la journée; c'est le dur labeur de la journée.
M. le député de Bertrand, vous avez la parole.
M. Garon: C'était l'armée en 1970 et c'est la
Gendarmerie royale en 1987.
Une voix:...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît, M. le député de Bertrand! M. le
député de Lévis, M. le député de Frontenac
et M. le député de Lafontaine. On y va, M. le
député de Bertrand, la parole est à vous, s'il vous
plaît!
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie de me rappeler à
l'ardre, M. le Président, mais je n'ai pas encore dit un mot. J'ai
essayé de placer un mot. Comme le Vérificateur
général est ici, on va en profiter pour lui poser des questions.
Quant aux autres questions, on pourra les régler après 22 heures
ce soir.
En ce qui concerne deux points...
M. Garon:...
Réforme des conventions comptables
(suite)
M. Parent (Bertrand): Mon cher collègue, en ce qui
concerne deux points qui resteraient à vider, la question de la
réforme des conventions comptables et celle de la gestion de la
trésorerie, j'aimerais y revenir puisqu'on en a discuté en fin
d'après-midi, juste avant le souper.
Concernant la question des conventions comptables, lorsqu'on s'est
laissé à 18 heures, M. le Vérificateur
général, on était aussi dans les milliards et dans les
chiffres qui nous amenaient à essayer de comprendre ce qui avait
été passé à la dette nette.
Juste pour ma compréhension - et je sais que mon collègue
le député de Lévis aura aussi quelques questions - au
sujet de la partie des 1 300 000 000 $ qui a été passée le
31 mars 1986 concernant la variation du taux de change, vous mentionnez
à la page 32 de vos commentaires accompagnant les états
financiers que l'amortissement annuel de cette perte reportée - et
là on fait référence aux 1 300 000 000 $ - aurait dû
débuter à compter du moment où des écarts
importants furent constatés et ce, en utilisant la convention comptable
qui a été adoptée à cette fin. L'effet de ne pas
avoir appliqué cette convention comptable à l'année
financière en cours a été de sous-évaluer les
dépenses et le déficit des opérations budgétaires
de l'année financière qui s'est terminée le 31 mars 1986
de 130 000 000 $.
Pour ma compréhension, en plus du montant de 1 300 000 000 $ qui
a été passé directement à la perte, dans l'impact,
dans l'état des revenus et dépenses, donc dans les
dépenses, cela a été sous-estimé de quelque 130 000
000 $. De plus, dois-je comprendre aussi que les fameux 293 000 000 $ qui se
référaient aux dépenses non comptabilisées de
même qu'à la participation au niveau des placements des actions
qui ont été réévaluées et la variation de la
provision pour créances douteuses dont on a discuté cet
après-midi ont été passés aussi à la perte
nette? Ai-je bien compris? Donc, pour ma compréhension, ces 293 000 000
$ ne se reflètent pas dans les dépenses au 31 mars 1986. Est-ce
que c'est exact de cumuler ces 293 000 000 $ avec ces 130 000 000 $ pour dire
que ce sont les montants qui n'ont pas été passés dans les
dépenses au 31 mars 1986? Si oui, est-ce qu'il y a d'autres montants ou
si cela forme le montant global qui n'a pas été passé
directement au compte des revenus et dépenses, mais qui a
été passé directement à la perte?
Le Président (M. Lemieux): M. le
Vérificateur général.
M. Chatelain: M. le Président, la réponse est oui.
Les deux montants qui ont été cités, 293 900 000 $ et 130
000 000 $, auraient dû se refléter dans l'état des
opérations, dans l'état des revenus et dépenses du
gouvernement et auraient affecté d'autant le déficit de
l'année. La réponse, c'est oui.
Deuxièmement, est-ce que d'autres montants auraient dû se
refléter? Évidemment, il y a toujours la question des
régimes de retraite. Cela apparaît également
à la page 31 des comptes publics qui contient notre opinion sur
les états financiers. Dans le cas des régimes de retraite, le
montant qui aurait affecté l'état des revenus et dépenses
est de 1 261 000 000 $. C'est le montant qui aurait affecté le
déficit de l'année. C'est à la page 31, au bas, à
droite. Vous voyez le montant de 1 261 000 000 $ qui apparaît sous la
colonne Dépenses et déficit de l'année financière
1985-1986, Redressement requis pour une présentation adéquate,
Montant à ajouter: 1 261 300 000 $.
M. Parent (Bertrand): Cela est au niveau de...
M. Chatelain: Des régimes de retraite.
M. Parent (Bertrand): Oui. Mais je veux dire que cela aurait
dû être passé dans les dépenses de l'année en
cours.
M. Chatelain: Absolument.
M. Parent (Bertrand): Donc, sur une base comparative, 31 mars
1986 avec 31 mars 1985, l'année précédente, toujours en
s1 appuyant sur cette même base de comparaison, on a ce
montant de 1 261 000 000 $ qui vient s'ajouter aux 293 000 000 $ et aux 130 000
000 $ qui constituent un montant total qui fait la variation par rapport
à des choses qui avaient été comptabilisées au 31
mars 1985, mais qui ne l'ont pas été au 31 mars 1986.
M. Chatelain: Non, non. D'accord. Il ne faut pas mêler deux
choses différentes ici. Évidemment, vous avez raison si vous
dites que, s'il y avait eu une présentation comptable correcte de
l'information financière, le déficit de l'année aurait
été augmenté de ces sommes.
Cependant, pour donner effet aux modifications dans les conventions
comptables, ces modifications n'auraient touché que les 293 900 000 $ et
les 130 000 000 $ et non pas le montant que nous avons indiqué pour les
régimes de retraite parce que la convention comptable comme telle pour
les régimes de retraite n'a pas été modifiée
encore.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Donc, la modification ou la
différence réelle qui n'apparaît pas, c'est un montant de
423 000 000 $ qui aurait dû être... C'est-à-dire que les
montants de 293 000 000 $ et 130 000 000 $, donc un montant de 423 000 000 $,
au 31 mars 1986, auraient dû se retrouver dans les dépenses de
l'année courante.
M. Chatelain: D'accord, M, le Président.
M. Parent (Bertrand): On se comprend. Alors, pour moi, cela
éclaircit ce point. Je ne sais pas si mon collègue le
député de Lévis a des questions particulières
concernant la convention comptable ou la réforme des conventions
comptables. Je le laisse aller. Je reviendrai sur la question de la gestion de
la trésorerie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît.
M, Garon: Je voudrais revenir sur une question dont nous avons
parlé ce matin à la fin d'une de mes interventions, mais le
député ministériel qui a suivi n'a pas continué
dans la même veine. Cela concerne trois conventions comptables
principalement. Â la page 25 de votre rapport annuel, vous
référez au discours sur le budget du ministre des Finances du 1er
mai 1986 en disant, à toutes fins utiles: "Cette réforme fait
suite aux critiques et aux restrictions déjà exprimées par
le Vérificateur général. Certaines conventions comptables,
de l'avis de ce dernier, ne favorisaient pas une présentation
fidèle et complète de la situation financière du
gouvernement et des résultats de ses opérations. " Il y a un
montant qui est prévu - je n'ai pas les chiffres devant moi - pour les
profits d'Hydro-Québec. Vous rappelez-vous les chiffres? (21 heures)
M. Parent (Bertrand): Je crois que c'est 373 000 000 $.
M. Garon: Ce sont quelque 373 000 000 $, il me semble, 300 000
000 $.
Une voix: En 1985, j'ai 209 000 000 $. M. Garon: Non, en
1986.
M. Parent (Bertrand): C'est 373 000 000 $, de mémoire.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît,
monsieur.
M. Garon: II me semble que c'est autour de 300 000 000 $.
Bon!
M. Châtelain: C'est dans le budget de 1986.
M. Garon: C'est ça.
M. Chatelain: C'est dans le discours sur le budget que vous
voulez dire.
M. Garon: Oui, oui, en 1986-1987. Mais comme vous y
référez dans votre rapport à la page 25 pour dire qu'il
applique en partie vos recommandations, j'aimerais savoir si
vous êtes d'accord pour dire que si cette convention comptable
n'avait pas permis au ministre des Finances dans son budget du 1er mai 1986
d'inclure 300 000 000 $ - les profits d'Hydro-Québec - dans la
catégorie des revenus de l'État, le déficit estimé
à 2 900 000 000 $ aurait été à 3 200 000 000 $.
M. Chatelain: Je n'ai pas compris la dernière partie de la
question.
M. Garon: Si cette convention comptable n'avait pas
été modifiée - pour le déficit du gouvernement qui
est anticipé à 2 900 000 000 $ en gros - et si le ministre des
Finances n'avait pas pu compter ces 300 000 000 $ comme les ministres des
Finances le faisaient dans les années antérieures, à ce
moment, est-ce que le déficit aurait été ramené
à 3 200 000 000 $ pour l'année 1986-1987, seulement avec ce
point-là?
M. Chatelain: Seulement pour ce point, c'est sûr qu'il y
aurait eu l'effet que vous indiquez. C'est sûr parce qu'à ce
moment, si je comprends bien, les 300 000 000 $ -disons que c'est 300 000 000 $
- qui étaient indiqués au discours sur le budget... Cependant,
j'ai des chiffres qui varient; j'en ai un ici. On m'indique que c'est 133 000
000 $ dans un document qu'on appelle le discours sur le budget, et ensuite dans
la synthèse des opérations...
M. Garon: C'est ça.
M. Chatelain:... financières, budget 1986-1987.
M. Garon: C'est ça.
M. Chatelain: Le chiffre qui y apparaît...
M. Garon: A été changé.
M. Chatelain: C'est un chiffre révisé qui
apparaît au montant de 304 000 000 $.
M. Garon: C'est ça. M. Chatelain: Bon.
M. Garon: On me dit qu'à cause d'autres changements qui
arrivent dans les données, le déficit est maintenu au même
montant, soit 2 900 000 000 $, dans la synthèse des opérations
financières du mois de septembre. C'est la même, je pense, que
celle que vous avez.
M. Chatelain: Le 31 décembre 1986. M. Garon: Le 31
décembre 1986, encore mieux.
M. Chatelain: D'accord. Évidemment, s'il n'y avait pas eu
de modification à la convention comptable, ce chiffre ne serait pas
apparu comme un revenu dans les livres du gouvernement, dans les états
financiers du gouvernement. Il n'aurait pas été
présenté comme un revenu, évidemment. Ce qui serait apparu
comme un revenu, par contre, dans les revenus du gouvernement, c'est le montant
du dividende qui aurait été versé par Hydro à ce
moment-là.
M. Garon: Oui, mais comme elle n'a pas versé d'argent, de
dividendes au gouvernement, donc il y aurait eu 300 000 000 $ de moins à
la synthèse des opérations financières de l'année
1986-1987 et le déficit aurait été maintenu à 3 200
000 000 $. Donc, le gouvernement n'aurait pas pu dire: C'est grâce
à son action fantastique si le déficit est réduit. C'est
simplement par une convention comptable.
Des voîx: Ah! Ah!
M. Gobé: On tombe dans la politicaillerie.
M. Lefebvre:... question de règlement à soulever
sur les questions du député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Frontenac, est-ce que c'est une question de règlement?
M. Lefebvre: Oui, sur la pertinence et également sur la
compétence du Vérificateur général à
répondre aux questions du député de Lévis.
M. Garon: Oui.
M. Gobé: Aux suggestions du député de
Lévis!
M. Lefebvre: M. le Président, je signale qu'il
n'appartient pas au Vérificateur général d'évaluer
si le gouvernement a bien agi en posant tel geste plutôt qu'un autre.
C'est un choix politique du gouvernement. Le Vérificateur
général est là pour évaluer si la décision
prise par le gouvernement a été respectée dans les faits.
Dans un premier temps, c'est le premier volet de ma question de
règlement. Dans un deuxième temps, M. le Président, la
question du député de Lévis est purement
hypothétique.
M. Gobé: II suggère des réponses au
Vérificateur général.
Le Président (M. Lemieux): Sur la
question de règlement, M. le député
d'Abitibi-Ouest,
M. Gendron: Sur la question de règlement. En tout cas,
pour ce qui est de la première partie, je pense que si les
ministériels, au lieu de lire leur correspondance ou autre chose,
avaient écouté te député de Lévis - je parle
de la première partie de la question - il est évident que la
référence du député de Lévis était:
Est-ce que... Puisque le Vérificateur générai fait
référence aux modifications des pratiques comptables et qu'il
s'en sert dans son rapport que nous avons étudié, je pense qu'il
est tout à fait pertinent de demander au Vérificateur
général, qui est concerné, si cette pratique comptable
n'avait pas été changée, puisqu'il y fait
référence, est-ce à dire que dans les 300 000 000 $, qui
ont permis de réduire le déficit, celui-ci aurait
été, à ce moment-là, de 3 200 000 000 $
plutôt que de 2 900 000 000 $? Et, honnêtement, la preuve que cela
le regardait, il a répondu honnêtement, bien sûr...
Qu'est-ce que vous voulez, c'était une opération comptable.
Quant à la seconde partie de la question du député
de Lévis, je peux reconnaître qu'effectivement, il y a là
de l'interprétation. Je pense que le Vérificateur
général est bien correct, il a dit: Ce n'est pas mon bout. Il n'a
pas dit cela ainsi, mais sa réaction le disait. Cependant, pour la
première partie, à la suite d'une modification des pratiques
comptables, mon collègue, le député de Lévis, a
tout à fait raison de dire: Écoutez, vous êtes
vérificateur, si on n'avait pas fait cette modification des pratiques
comptables, est-ce que le chiffre qui aurait apparu, au lieu d'être de 2
900 000 000 $, aurait été de quelque 3 000 000 000 $? Il a
répondu oui. Il venait de faire la preuve que, pour le gouvernement, il
était - là, ce n'est pas son bout - intéressant, pour
cette année, de faire une démonstration sous le seuil des 3 000
000 000 $ de déficit plutôt que de 3 000 000 000 $ et plus. II me
semble que vous avez tout à fait raison de reconnaître la
première partie de la question du député de Lévis
pertinente.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Effectivement, en ce qui a trait à
la deuxième partie, celle de l'opportunité politique, je pense
que M. le Vérificateur général du Québec a
été assez clair. Ce n'est pas la première fois qu'une
telle question est posée par le député de
Lévis.
En ce qui a trait à la deuxième question, j'attire
l'attention du député de Frontenac sur l'article 211, qu'il
connaît tout aussi bien que moi: "Tout discours doit porter sur le sujet
en discussion". Mais j'attire davantage son attention sur le traité de
Beauchesne, page 299, cinquième paragraphe, où il est dit que
dans le cadre d'un débat, comme celui que l'on connaît
actuellement, la pertinence du sujet doit toujours être
interprétée au bénéfice du député.
À partir du moment où il y a un lien, si petit soit-il, eu
égard au mandat qui nous a été confié par
l'Assemblée nationale, je dois reconnaître comme étant
pertinente la question qui a été posée.
À cet effet, M. le député de Frontenac, j'aimerais
aussi vous référer à une décision du 13
février 1986, relativement à une décision analogue,
où on dit que: La règle, comme telle, de la pertinence doit
être interprétée au bénéfice du
député.
En ce qui a trait à la deuxième partie, je vous donne
raison. Mais, en ce qui a trait à l'opportunité politique,
effectivement, ce n'est pas au Vérificateur général du
Québec à dire ou à énoncer quelles sont les
orientations et les décisions qu'un gouvernement doit prendre. Il est
là pour s'assurer de la conformité de nos lois et
règlements.
En ce qui a trait à la première partie de la question du
député de Lévis, à mon avis, elle est fort
pertinente. J'invite le député de Lévis à
continuer, avec toute sa sagesse, dans le sens de sa première
question.
M. Bélisle: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Sur la présente question de
règlement, la décision est rendue,
M. Bélisle: Une autre question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Une autre question de
règlement, allez-y, M. le député de Bélisle, de
Mille-Iles, pardon.
M. Bélisle: Peut-être qu'il y a un nouveau
comté, on ne sait jamais.
Le Président (M. Lemieux): Non, de Mille-Iles,
monsieur.
M. Bélisle: Je ne m'attache pas tellement au reste du
contenu, mais je pense que le député de Lévis, M. le
Président, ne peut pas...
M. Garon: II n'y a pas de question de règlement
là-dedans.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de...
M. Garon:...
M. Bélisle: Un député ne peut pas...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, messieurs.
M. Bélisle:... dire une fausseté, sachant
très bien qu'il y a des documents qui ont été
publiés, le budget 1986-1987. Le député de Lévis a
bel et bien dit au début, dans son considérant, que cela n'avait
pas été publié. Je le réfère à la
page 13.
M. Garon: Voyons doncl Je n'ai jamais dit cela.
M. Bélisle: Vous avez cela ici, en noir sur blanc, le
budget 1986-1987, année financière.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, je vous trouve fort habile d'avoir fait en sorte
d'énoncer qu'une question d'opinion devienne une question de
règlement, mais ce n'est pas une question de règlement.
M. le député de Lévis, vous pouvez continuer sur
votre lancée. Continuez sur votre lancée, M. le
député de Lévis, vous avez la parole.
M. Garon: Merci...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
dé Chauveau, s'il vous plaît! M. le député de
Lévis, la parole est à vous.
M. Garon: M. le Président, donc on a réglé
quelque 300 000 000 $. Le déficit vient d'augmenter de quelque 300 000
000 $ si on avait la même comptabilité qu'auparavant. Maintenant,
en vertu de la loi 130, Loi concernant les dépenses effectuées et
non comptabilisées au 31 mars 1986... ces choses-là
représentent beaucoup d'argent. Là, le gouvernement a fait
adopter cette loi à la fin de l'année 1986, pour 1 306 016 800 $
qu'il renvoie dans le service de la dette. Maintenant, là-dedans, il y a
des sommes d'argent qui sont dues à des factures qui n'étaient
pas rentrées à temps, à des contrats de location-achat,
à des contrats à terme, à de la
rétroactivité de conventions collectives, etc. Sauf qu'en faisant
cette opération, le ministre des Finances - et là-dessus je
voudrais avoir votre opinion pour le montant exact - n'a pas seulement
régularisé une période transitoire, il en a profité
pour envoyer dans le service de la dette des sommes qu'au fond il aurait
dû prévoir dans son budget de 1986-1987. En faisant cette
opération, il s'est avantagé de sommes d'argent qu'il aurait
dû trouver soit par taxation, soit par emprunt, soit en les repoussant
dans le service de la dette pour l'année financière 1986-1987.
Comme il a repoussé tout le montant dans le service de la dette,
j'aimerais savoir pour quel montant exactement il s'est avantagé en
faisant cette opération, en adoptant la loi 130 concernant les
dépenses effectuées et non comptabilisées au 31 mars
1986...
M. Gobé: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Sur une question de
règlement...
M. Gobé: Sur la pertinence, M. le Président. Comme
vous le mentionnez...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lafontaine, mais jusqu'à maintenant, les propos
du...
M. Gobé: M. le Président, est-ce que vous permettez
que je m'explique au moins avant de prendre votre décision?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, sur une question de règlement, je vous ai demandé de
me citer le règlement, vous m'avez fait état de la règle
de la pertinence de l'article 211. J'ai bien entendu ce que le
député de Lévis a dit et je n'y vois rien...
M. Gobé: Mais est-ce que vous permettez que je donne mon
argumentation, s'il vous plaît?
Le Président (M. Lemieux): Je n'y vois rien d'impertinent.
Brièvement.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Je pense que le
Vérificateur général a pour mission de porter des
jugements, non pas sur les politiques du gouvernement, mais sur des faits et
des dépenses...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine.
M. Gobé: Vous permettez, M. le Président? Le
député de Lévis veut faire donner par le
Vérificateur général des opinions sur des décisions
politiques du ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, tout à l'heure, j'ai rejeté une demande semblable de
la part du député de Frontenac et je me fie au bon jugement du
Vérificateur général du Québec qui est ici dans une
pure neutralité politique. Je dis au député de
Lévis qu'il peut continuer sa question. Les parlementaires du parti
ministériel auront l'occasion tout à l'heure de poser toutes les
questions voulues au Vérificateur général relativement aux
conventions comptables qui peuvent, dans certains cas, avantager ou
désavantager. M. le député de Lévis, je n'irai pas
plus loin que cela dans mon opinion, vous pouvez continuer.
M. Garon: M. le Président, ce n'est pas tellement un grand
secret, il y a déjà eu un montant qui a été
indiqué dans une des Synthèses des opérations
financières. Je ne me rappelle pas laquelle. Un montant de 153 000 000.
$ a déjà été avancé. Maintenant, je voudrais
savoir, à ce moment-ci, alors qu'on a tous les chiffres au 31 mars 1986,
qu'on a les données réelles... À ce moment-là, il
s'agissait d'approximations, mais maintenant on a les données
réelles. Je dis tout simplement qu'en faisant cette loi 130, le ministre
s'est avantagé d'un certain montant par rapport à l'année
1986-1987. Ce montant a été évalué, au cours de
l'année 1986, à 153 000 000 $.
M. Gobé:...
M. Garon: Bien non!
M. Bélisle: Question de règlement, M. le
Président,
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement, M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, le Vérificateur
général...
M. Garon: Question de règlement, M. le
Président!
M. Bélisle: Je veux émettre mon opinion.
M. Garon: Question de règlement! M. le Président,
une question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! M. le
député de Mille-Îles et M. le député de
Lévis, sur la question de règlement je vais procéder par
étapes. Dans un premier temps, M. te député de
Mille-îles a soulevé une question de règlement. Dans
l'ordre logique des choses, dans l'ordre de notre règlement, votre
leader adjoint pourra le confirmer, je dois statuer sur la première
question de règlement qui a été posée. Ensuite, M.
le député de Lévis, je vous permettrai une intervention
soit sur la même question de règlement et je rendrai ma
décision, soit pour intervenir sur une autre question de
règlement, M. le député de Mille-Îles, vous avez la
parole sur votre question de règlement.
M. Bélisle: M. le Président, on est
présentement réunis pour écouter le Vérificateur
général sur son rapport déposé le 31 mars 1986.
Nulle part, en vertu de la loi qui constitue les pouvoirs accordés au
Vérificateur général, il n'a le droit d'être le
consultant, celui qui émet des opinions politiques ou économiques
sur telle décision prise par le ministre des Finances quant au
traitement de telle ou telle donnée financière. Je vous
rappellerai, M. le Président, que le député de
Lévis, lors de l'étude des projets de loi 129 et 130, a
déjà tenté... Il a même écrit une lettre au
Vérificateur général pour lui demander son opinion
personnelle sur les projets de loi 129 et 130.
M. Garon: C'est faux.
M. Bélisle: Ce n'est pas vrai. C'est mensonger, ce que
vous dites.
M. Garon: C'est faux.
M. Bélisle: C'est mensonger, ce que vous dites.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Bélisle:... parce que vous avez tenté...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles,
M. Bélisle:... déposer en commission. Et vous avez
décidé, à un certain moment donné...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, s'il vous plaît!
M. Gobé: C'est exact,..
Le Président (M. Lemieux): Non, je m'excuse! Un peu
d'ordre.
Une voix: J'étais présent, (21 h 15)
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. M. le
député de Mille-Îles, sur votre question de
règlement.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de...
M. Garon: En vertu du règlement, je demande au
député de Mille-Îles de retirer ses paroles,
M. Bélisle: Je ne retire pas mes paroles.
M. Garon: Dans la lettre que j'ai envoyée au
Vérificateur général, je lui ai demandé de faire
prendre un vote à l'Assemblée ici ou à la commission
parlementaire pour qu'il comparaisse, et j'ai demandé de le rencontrer
pour avoir son opinion. Je n'ai pas essayé de lui faire dire
quoi que ce soit, j'ai demandé de pouvoir le rencontrer pour
avoir son opinion.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, il ne faudrait quand même pas brouiller les cartes.
M. Garon: Je demande au député de Mille-Îles
de retirer ses paroles.
Le Président (M. Lemieux): Un peu d'ordre, s'il vous
plaît! Nous sommes tous des parlementaires et vous avez ici suffisamment
de gens. Une question de règlement a été soulevée.
Permettez-moi tout au moins de pouvoir y réfléchir
consciencieusement. Cette question-là, je la juge suffisamment
importante sans qu'une espèce de zizanie intellectuelle de part et
d'autre ne vienne effectivement, dans une certaine mesure, essayer de changer
cela dans un certain climat politique que je juge inacceptable lors d'une
commission comme la nôtre.
M. le député de Mille-Iles, sur votre question de
règlement, s'il vous plaîtî
M. Bélisle: Ce que j'essaie de dire, c'est que personne
autour de cette table de quelque parti que ce soit n'a le droit de penser que
le Vérificateur général est un consultant en
administration ou un économiste à la solde de qui que ce soit
pour donner une opinion sur une décision en matière de politique
budgétaire, économique ou de traitement des données
financières. C'est spécifiquement dans la loi. Lisez la Loi sur
le Vérificateur général. Le député de
Lévis ne peut pas poser une telle question au Vérificateur
général.
M. Gobé: Ou suggérer les réponses.
M. Bélisle: Ou suggérer des réponses
à cet égard.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, si vous voulez intervenir sur cette question de règlement,
auriez-vous l'amabilité de demander la parole? Je vais vous céder
la parole, mais laissez au député de Mille-Îles le soin de
s'exprimer. S'il vous plaît!
M. Gobé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Je sais, M. le Président, qu'on a
déjà discuté de cela devant cette commission lorsque le
député de Lévis avait dans ses mains une lettre qu'il
avait envoyée au Vérificateur général, dans
laquelle il lui demandait la même chose. Ce soir, ce n'est pas simplement
la deuxième fois, mais c'est la troisième fois qu'il essaie de
faire la même chose. De toute façon, le député de
Lévis a beaucoup de tours dans son sac, mais c'est une question qui
n'est pas permise, qui est irrecevable et qui devrait être rayée
du débat.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, vous avez la parole. M. le député d'Abitibi-Ouest
l'avait demandée. Sur la question de règlement, M. le
député de Lévis l'avait demandée avant vous, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Sur la question de règlement,
n'est-ce pas, M. le député de Lévis?
M. Garon: Je voulais tout simplement dire qu'à la page 26
de son rapport annuel, le Vérificateur général dit
lui-même au troisième avant-dernier paragraphe: "Le Conseil du
trésor a prévu dans sa décision du 10 juin 19B6 qu'un
projet de loi serait présenté par le ministre des Finances
à l'automne 1986 pour régulariser les comptes et obtenir du
Parlement les crédits requis pour la liquidation des comptes à
payer non pourvus. " Alors, je lui demande tout simplement si c'est en fonction
de ce dont il parle. Il dit lui-même que c'est sa propre suggestion
à la page 25. Je lui demande tout simplement si, en faisant cette
opération, le ministre des Finances s'est avantagé de montants
d'argent et pour quelle somme par rapport au budget 1986-1987. En faisant
l'opération au 31 mars 1986, c'est exactement dans le cadre de
l'année étudiée par le Vérificateur
général puisqu'il s'agit de l'année financière
terminée le 31 mars 1986. Le projet de loi parle justement de la loi
concernant les dépenses effectuées non comptabilisées au
31 mars 1986. Il s'agit exactement de cela et c'est en plein dans le cadre de
son mandat, M. le Président.
M. Gendron: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest, sur la même question de règlement.
M. Gendron: Surtout si vous croyez sincèrement accorder de
l'importance à la décision que vous allez prendre, je suis
très étonné que vous ayez pris le temps requis, pour
entendre les propos du député de Mille-Îles, alors
qu'essentiellement il n'avait rien à dire sur la question de
règlement. Toute son interprétation pour dire que ce
n'était pas pertinent, parce que c'était de cela qu'il traitait,
était basée sur une interprétation que mon collègue
aurait faite éventuellement de la réponse que le
Vérificateur général aurait donnée. Or, M. le
Président, vous avez assez d'expérience pour savoir que lors
d'une question de règlement, il faut savoir si oui
ou non elle est appuyée sur ce qui régit nos travaux.
Deux phrases et je termine: notre mandat, c'est regarder le rapport
annuel du Vérificateur général et entendre à cette
fin ce qu'il a à nous dire sur son rapport. Mon collègue, le
député de Lévis, fait référence dans sa
question à deux choses spécifiquement mentionnées dans te
rapport du Vérificateur général. C'est on ne peut plus
clair à ta page 26 et il devait faire cette référence.
Quand il a demandé un point de vue, c'est justement parce que, dans son
rapport, le Vérificateur général avait indiqué que
ce projet de loi qui s'en venait soutiendrait sa justification de modifier les
pratiques comptables. C'est cela que mon collègue, le
député de Lévis, demande au Vérificateur
général. Moi, je ne veux pas savoir s'il a déjà
envoyé une lettre ou non. Tout ce que je lis, c'est qu'à la page
26 du rapport, oui, le Vérificateur général dans son
rapport fait mention de cette politique qui s'est traduite par un projet de loi
modifiant les pratiques comptables. Il me semble que sa question est dans
l'ordre, qu'elle est pertinente et je ne vois pas pourquoi, entre autres... Le
député de Mille-Îles, au moins, a suivi les travaux, mais
d'autres collègues, qui sont venus ici faire tapisserie, embarquent dans
une question de fond, alors qu'ils ne savent même pas de quoi on parle
depuis le début de ta séance. Je trouve vraiment
déplacé que ces gens-là aient le droit de plaider sur des
questions de règlement qui n'en sont même pas.
M. Gobé: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Cela va sur la...
M. Bélisle: Quand je lis les pages 25 et 26, je comprends
qu'il est fait état à la page 26 par le Vérificateur
général au troisième paragraphe, au bas de la page... Je
cites "Le Conseil du trésor a prévu dans sa décision (...
) qu'un projet de loi serait présenté par le ministre des
Finances à l'automne 1986 - je vous suis, M. le député
d'Abitibi-Ouest - pour régulariser les comptes et obtenir du Parlement
les crédits requis pour la liquidation des comptes à payer non
pourvus. " Le député de Lévis a cité la page 25, te
troisième paragraphe du bas où il partait des hypothèques
à liquider, de la réforme de la comptabilité. M. le
Président, dans la loi qui est en annexe au rapport du
Vérificateur général, Loi révisée du
Québec, chapitre V-5. 01 de la page 241 du rapport du
Vérificateur général en date du 31 mai 1986 jusqu'à
la page 251, aucun article de loi ne permet au Vérificateur
général - je ne voudrais pas te placer dans cette position -de
donner une opinion à savoir si c'est avantageux. Le député
de Lévis a demandé:
Est-ce que c'est avantageux? Le Vérificateur
général, la seule chose qu'il peut faire, c'est de constater le
fait, mais ce n'est pas à lui d'émetttre une opinion sur
l'avantage ou le désavantage d'une décision ou d'une loi
adoptée à l'Assemblée nationale qui change certaines
pratiques comptables. Ce n'est pas un consultant en administration, il ne veut
pas s'immiscer dans ces questions. Il noua l'a dit, il veut garder son
indépendance. Conservons-lui au moins son indépendance. Ne le
mêlons pas à nos débats là-dessus.
M. Garon: Drôle d'indépendance!
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! M. le
député de Lévis. M. le député de
Mille-Îles. Écoutez.
M. le député de Bertrand et M. le député de
Lafontaine, c'est la dernière intervention sur la question de
règlement. Je suis prêt à rendre ma décision
après vous avoir écoutés.
M. Parent (Bertrand): En 30 secondes...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Limoilou. M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, il reste 35
minutes. Y aurait-il possibilité de faire respecter autour de cette
table un peu plus d'ordre? Depuis 10 heures ce matin, tout s'est passé
convenablement. Je trouve dommage ta tournure prise actuellement.
J'espère que tous les membres de cette commission voudront être
au-dessus de cette chicane qui est embarquée dans les
technicités. Le Vérificateur général est un grand
garçon; il est capable de répondre ou non. Ce matin et cet
après-midi, quand il n'a pas voulu répondre à des
questions, il l'a dit clairement. Une question lui est posée et je vous
demande, M. le Président, de laisser la parole au Vérificateur
général et qu'on passe à autre chose. J'ai encore une
dizaine de questions à poser. Qu'on arrête de s'enfarger dans des
technicités.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Bertrand. M. le député de Lafontaine, sur
la question de règlement.
M. Gobé: M. le Président, je pense que le
député de Mille-Îles a résumé le principal de
ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Lemieux): D'accord.
M. Gobé: J'abonde dans son sens et j'appuie son
intervention.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Lafontaine. Dans un premier temps, de part et d'autre,
à la
fois du parti ministériel et du parti d'opposition, j'aimerais
attirer votre attention sur un article qui me semble primordial entre
parlementaires. Le député qui a la parole ne peut employer un
langage grossier, irrespectueux envers l'Assemblée, mais aussi et
davantage, en vertu de l'article 7, se servir d'un langage violent, injurieux
ou blessant envers qui que ce soit. Je ne pointe personne, mais j'adresse la
remarque à chacun des deux groupes parlementaires.
Relativement à la décision, cela m'apparaît, dans
une certaine mesure, être un problème pour intellectuels et,
lorsque je regarde l'article 211 comme tel concernant la règle de la
pertinence, on a eu énormément de décisions sur cet aspect
de l'article. Je pourrais peut-être le qualifier, dans une certaine
mesure, de faux problème, mais la première question que j'ai
à me poser comme président, c'est: Quel est notre mandat? Nous
avons un mandat de l'Assemblée. Est-ce que la question du
député de Lévis - c'est ma prémisse - a un lien
avec le présent mandat? Je réponds que la question et les
questions du député de Lévis avaient un lien avec le
présent mandat. À partir de ce moment, est-ce que j'ai à
interpréter, comme président de cette Assemblée, le mandat
qui a été confié par l'Assemblée nationale? Est-ce
que j'ai à trancher les questions de droit? À cet effet,
j'aimerais vous référer à Geoffrion, article 67 paragraphe
2, qui dit qu'un président de commission n(a pas à
interpréter la loi ni le mandat qui lui est donné, ni à
trancher les questions de droit.
Mais qu'est-ce que j'ai à faire? J'ai à me reporter
à l'article 211 concernant la règle de la pertinence. À
partir du moment où j'y décèle un lien avec le rapport,
rien n'empêche le député de Lévis d'avoir à
poser sa question et je ne peux pas, comme président, me prononcer sur
l'opportunité de la réponse comme telle que pourrait avoir
à faire le Vérificateur général. Ce n'est pas
à moi à déterminer les réponses ni à
orienter les réponses que le Vérificateur général
aurait à faire. C'est là une question de jugement et s'il
considère qu'effectivement les questions posées ne sont pas dans
le cadre de sa compétence et dans le cadre de son mandat, de sa
juridiction et du mandat qui nous a été confié par
l'Assemblée, c'est à lui de décider s'il doit y
répondre ou pas. En ce sens-là, ma décision est la
suivante. Vos questions, M. le député de Lévis, avaient un
lien avec le rapport et vous pouvez poser vos questions au Vérificateur
général.
M. le député de Lévis, vous avez la parole.
M. Garon: Au fond, ma question est posée. Cela fait deux
ou trois fois que je la pose. L'avez-vous comprise?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Si vous l'avez comprise, cela ne me donne rien de la
répéter.
M. Chatelain: M. le Président, j'ai bien compris la
question, je pense qu'elle traite d'un sujet qui est clairement dans mon
mandat. Si on se réfère à la Loi sur le
Vérificateur général, on dit bien clairement que, d'une
part, il se prononce sur les états financiers du gouvernement, qu'il
exprime les restrictions qu'il croit appropriées, et ainsi de suite, non
seulement cela, mais il indique également dans son rapport l'effet
qu'une restriction pourrait avoir quantitativement sur les états
financiers et il doit donner les montants, etc. D'ailleurs, il y a un autre
article qui dit que le Vérificateur général, dans son
rapport annuel, peut commenter les conventions comptables. Cela ne me
gêne absolument pas de répondre à la question, d'autant
plus qu'il s'agit d'un sujet qu'on a couvert de différentes
façons au cours de la journée. D'ailleurs, en répondant
tantôt, plus tôt dans la soirée, au député
d'Abîtibi-Ouest, on a couvert justement ce cas-là.
Le montant de 1 300 000 000 $ qui a été porté
à la dette nette pour les dépenses non comptabilisées avec
la modification aux conventions comptables a eu pour effet, en 1985-1986, de
réduire le montant des dépenses de 175 000 000 $, en gros, 174
900 000 $. D'accord? C'est tout simplement ceci: le montant de 1 300 000 000 $
représente des comptes à payer. Mais, si cette convention
comptable avait été en application depuis plusieurs
années, ces comptes à payer auraient été
indiqués à la fin de chacune des années. Quand on parle
d'une différence de 175 000 000 $, c'est tout simplement le montant de
la différence entre le total des comptes à payer au début
de l'année et celui i la fin de l'année. On a passé d'un
milliard et quelque cent millions à 1 300 000 000 $. L'effet net, c'est
175 000 000 $ sur les dépenses du gouvernement pour cette
année-là.
M. Garon: Pour l'année 1986-1987?
M. Chatelain: On ne le sait pas encore parce qu'on n'a pas encore
les états financiers pour cette année. On n'a pas encore
vérifié les états financiers pour l'année
1986-1987. Cela dépendra évidemment de la variation dans les
comptes à payer, mais, à ce moment-là, le problème
ne se présentera pas de la même façon parce qu'ici...
M. Garon: Ce que je veux dire au fond, c'est que s'il n'y avait
pas eu cette méthode comptable qui a repoussé cela dans le
Service de la dette, il aurait fallu que le ministre des Finances s'ouvre 175
000 000 $
en 1986-1987 pour payer ce montant-là parce que le montant aurait
été à payer en 1986-1987. (21 h 30)
M. Chatelain: Oui, mais il a déjà été
comptabilisé, M. le Président, Nous ne sommes plus maintenant sur
une base de comptabilité de caisse, mais sur une base de
comptabilité d'exercice.
M. Garon: Non, non, non. Ce que je voulais dire, c'est: Si on
restait sur la même façon de faire qu'en 1985-1986.
M. Chatelain: À ce moment-là, selon les anciennes
conventions comptables, s'il n'y avait pas eu de modifications,
évidemment les 175 000 000 $ auraient été imputés
au compte de 1986-1987.
M. Garon: Pour des raisons, au fond... parce qu'il s'agissait de
comptes à payer non inscrits.
M. Chatelain: D'accord.
M. Garon: II ne s'agit pas de vol ou de détournement de
fonds mais, pour des raisons techniques, on ne pouvait pas Ies imputer à
1986-1987. Si on avait été selon les mêmes conventions
comptables, il aurait dû trouver 175 000 000 $ de plus qu'il n'a pas eu
besoin de trouver. Donc, en 1986-1987, le déficit est réduit de
304 000 000 $ pour Hydro parce qu'il peut compter les revenus. Les 175 000 000
$ parce qu'il a repoussé avec la loi 130 des montants dans
l'année 1985-1986, donc, le ministre des Finances s'est avantagé
de 479 000 000 $ en termes de réduction artificielle du déficit.
Je ne dis pas que les conventions comptables qui ont été
changées ne sont pas bonnes pour la présentation, je n'ai rien
là-dessus, simplement je dis que l'effet net pour le ministre des
Finances est le suivant: Son déficit est de 479 000 000 $ plus bas parce
qu'il a adopté ces méthodes comptables.
M. le Président, j'aimerais que vous invitiez le
représentant du ministre des Finances à s'asseoir parmi les
spectateurs. On est des parlementaires ici et...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaîti Non, M.
le député de Lévis...
Une voix:...
M. Garon: On est des parlementaires. Il n'est pas du
gouvernement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, quel que soit le parti, les députés ont le droit
d'avoir un conseiller. Peu importe d'où ils proviennent, ils ont droit
de les consulter. Dans aucune commission, dans aucune décision
antérieure depuis 1975 et je les ai lues, je peux vous en assurer, je
n'ai vu cet argument à savoir qu'un parti ministériel ne pouvait
pas avoir de conseiller, peu importe qu'il provienne du ministère des
Finances ou autres. Je pense que là-dessus le parti ministériel
est en droit de se faire conseiller. Il n'y a pas de problème
là-dessus. Par contre, je leur demanderais d'être moins bruyants,
s'il vous plaît!
M. le député de Lévis.
M. Gobé:...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je vous
demanderais d'être un peu moins bruyants et de permettre au
député de Lévis de s'exprimer.
M. le député de Lévis.
M. Garon: C'est parce que j'avais pensé que les
ministériels avaient pris leurs recherchistes plutôt que les
recherchistes du ministre des Finances ou l'attaché politique du
ministre des Finances. En tout cas.
Une autre question que je voudrais poser au Vérificateur
général. Est-ce qu'il pourrait nous dire, à partir de sa
considération de la page 25 du rapport annuel, on peut dire à la
date la plus éloignée, par exemple, à la synthèse
des opérations financières du mois de décembre ou selon
les chiffres les plus récents qu'on a, si les méthodes comptables
n'avaient pas été changées par le ministre des Finances
dans son discours sur le budget, quel aurait été le
déficit du gouvernement en suivant les mêmes méthodes
comptables que celles que suivait le ministre des Finances pour l'année
1985-1986, si elles avaient été suivies pour l'année
1986-1987 en tenant compte de tous les éléments?
M. Chatelain: On ne peut pas le dire. Cela prendrait des calculs,
il y aurait un travail à faire, pour établir cela. I y a un
danger aussi avec cette discussion-là, c'est qu'on mélange des
choses. Une opération a été faite, une modification aux
conventions comptables d'une part. Il y avait également des restrictions
exprimées par le Vérificateur général, d'autre
part. Si les conventions comptables n'avaient pas été
amendées au 31 mars 1986 en ce qui concerne les comptes à payer
non inscrits, le Vérificateur général aurait dit quand
même dans son rapport annuel que les dépenses étaient
sous-comptabilisées pour 175 000 000 $. Ce n'est pas strictement
à cause d'une modification dans les conventions comptables, mais vu la
modification dans les conventions comptables et vu que le montant a
été porté au total à la dette nette, cela a le
même effet qu'auparavant. Cela n'a pas été
comptabilisé
aux opérations d'une façon ou d'une autre. Auparavant, on
ne comptabilisait pas ces comptes à payer. Cette fois-ci, durant cette
année-là, vu la modification aux conventions comptables, on ne
l'a pas comptabilisé aux opérations non plus, on l'a
envoyé directement à la dette nette. L'effet sur les
opérations de l'année est le même. C'est 175 000 000 $, que
l'on ait modifié la convention comptable ou non, si on accepte le point
de vue du Vérificateur général que la bonne
présentation aurait été qu'il faut que ces comptes
à payer soient inscrits et qu'ils apparaissent aux états
financiers. Je ne sais pas si vous me suivez. C'est qu'il y a là une
coïncidence. On parle évidemment des mêmes chiffres. De toute
façon, si cela n'avait pas été fait, le
Vérificateur général aurait exprimé une restriction
et il aurait dit: II faut que ces 175 000 000 $ soient ajoutés aux
dépenses de l'année, de toute façon.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, vous avez la parole. M. le député de
Lévis, votre temps de parole est terminé. C'est bien cela?
M. Garon: Avez-vous compté le temps de règlement
là-dedans?
Le Président (M. Lemieux): On a exclu le temps du
règlement. C'est bien cela, mademoiselle? C'est bien cela, M. le
député de Lévis. M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Vérificateur
général, pour faire un dernier tour de piste sur le sujet sur
lequel on a épilogue longuement aujourd'hui et sur lequel on nous a
répondu avec beaucoup d'exactitude, je pense. Quand on tient compte des
anciennes conventions comptables, relativement aux comptes à payer qui
n'étaient pas inscrits, je ne vous demanderai pas si c'est avantageux ou
non, parce que je pense que je n'ai pas le droit de vous poser cette question.
Mais est-ce que c'est plus simple d'inscrire présentement les comptes
à payer et est-ce que la nouvelle façon selon laquelle on
fonctionne présentement augmente ou rend plus difficile l'administration
du gouvernement en les inscrivant? Est-ce que c'est plus lourd? Est-ce que cela
fait plus de dépenses si on est obligé de les inscrire? Est-ce
plus difficile à administrer que les nouvelles méthodes
comptables d'aujourd'hui et non pas est-ce que c'est plus avantageux? Quelle
est la réponse?
M. Chatelain: Ce n'est pas absolument plus difficile parce que
les montants étaient connus auparavant, puisqu'ils étaient
donnés en note aux états financiers. Mais il y a une chose, c'est
que c'est beaucoup plus précis; c'est bien sûr que cette
présentation est beaucoup mieux.
M. Bélisle: C'est beaucoup plus franc?
Le Président (M. Lemieux): Disons que c'est plus... Si
nous étions en France - c'est un terme qu'on emploie en
comptabilité en France - ce serait beaucoup plus sincère.
Maintenant...
M. Bélisle: Voilà. Ah! J'adore la
sincérité.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous reposer votre
question, M. le député de Mille-Îles?
M. Bélisle: Non. J'ai compris ce que le
Vérificateur général vient de nous dire en employant un
terme qui est utilisé en France: la sincérité.
J'apprécie beaucoup ce terme. Cela me fait chaud au coeur,
M. Chatelain: Ici, au Canada, on parle de fidélité;
en France, on parle de sincérité.
M. Bélisle: Oui, fidélité.
M. Chatelain: Je parle de comptabilité. Il faut
s'entendre.
M. Bélisle: Ohi On parle en comptabilité. Je suis
bien d'accord avec vous. Maintenant, toutes les modifications de conventions
comptables, dans le temps, effectuées par quelque gouvernement que ce
soit à la tête du Québec, si on se reporte, disons, en
1981-1982. Vous étiez là, M. le Vérificateur
général, à ce moment?
M. Chatelain: Oui.
M. Bélisle: Oui. Et si je lis aux statistiques
budgétaires et financières, à la page 58, les états
financiers du Québec de 1986, le 31 mars 1986, et que je regarde
à la dette nette du gouvernement, celle-ci était de 12 450 000
000 $ en 1980-1981 et en 1981-1982 elle s'est retrouvée à 11 067
000 000 $. Il y a eu une diminution. Mais je regarde la petite note 4, la "foot
note". C'est écrit: Y compris 4 374 100 000 $ pour tenir compte des
actions d'Hydro-Québec attribuées au ministre des Finances et
payées à même les bénéfices nets
accumulés de cette société jusqu'au 31 décembre
1980.
M. Gendron:... vous avez un exemple parfait.
M. Bélisle: Cela fait mal.
M. Gendron: Cela ne me dérange pas du tout.
M. Bélisle: Cela doit faire mal.
M. Gendron: Mais là, voua avez l'exemple parfait d'un
président qui applique le règlement. Que le député
de Mille-Îles me montre l'endroit où ce dont il nous parle figure
dam le rapport du Vérificateur général et cela va me faire
plaisir de prendre.. * Je suis même prêt à donner mon
consentement pour prolonger d'une demi-heure pour en parler. Cela ne me fait
pas mal du tout. Mais vous avez un exemple concret de "bullshit" quand on veut
faire de la "bullshit". Cela n'a rien à voir avec ce qu'on a
étudié.
Le Président (M. Lemieux): En faites-vous une question de
règlement, M. le député?
M. Gendron: Non, même pas.
Le Président (M. Lemieux): Non. Même pas.
M. Gendron: Je vous demande tout simplement d'appliquer le
règlement. Là, ce n'est pas dans le rapport.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaîtl S'il
vous plaît, M. le député de Mille-Iles. S'il vous
plaîtl Voulez-vous continuer, s'il vous plaît, conformément
au mandat qui nous est donné.
M. Gobé: M. le Président.
M. Bélisle: Oui, oui. C'est justement.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il s'agit d'une
question de règlement, M. le député de Lafontaine?
M. Bélisle: M. le vérificateur, vous nous parlez de
conventions comptables. On vous demande votre opinion et vous la donnez depuis
huit ans, de façon répétée, année
après année, pour obtenir des modifications aux conventions
comptables. Vous nous avez dit, ce matin, que vous étiez satisfait des
modifications apportées pour mieux représenter la
réalité. Le député de Lévis, tantôt,
vous demande si c'est avantageux. Je ne veux même pas vous demander cela.
Je me réfère à d'autres modifications de pratiques
comptables tout aussi importantes. Le député
d'Abîtibi-Ouest va me dire - je n'utiliserai pas son expression - que ce
n'est pas pertinent, que cela n'a rien à voir avec ce que vous nous
dites depuis huit ans et ce que l'autre gouvernement n'a pas voulu modifier. Je
vous pose une question. La modification a été faite par un tour
de passe-passe, pour diminuer le déficit de 12 450 000 000 $ à 11
067 000 000 $, par 4 000 000 000 $ qui ont été injectés
directement via les actions d'Hydro-Québec et à même les
bénéfices nets, est-ce que, dans ce contexte, cela avantageait ou
cela désavantageait le gouvernement en place? Je ne parle pas de 175 000
000 $.
Le Président (M. Lemieux): M. le
Vérificateur général, s'il vous plaîtl
M. Châtelain: M. le Président, je crois qu'on fait
référence, en ce moment, aux amendements de la Loi sur
Hydro-Québec. Je ne sais pas au juste en quelle année. C'est en
1981 qu'il y a eu des amendements à la Loi sur Hydro-Québec en
vertu desquels on a constitué un capital-actions à
HydroQuébec de 4 000 000 000 $ ou quelque chose comme cela, ce qui
représentait, je pense, à ce moment les bénéfices
accumulés d'Hydro-Québec. Ce n'était pas une modification
aux conventions comptables. C'était à la suite de l'adoption de
cette loi qui a donné comme entrée, dans les livres, tout
simplement, un placement, d'une part, de 4 100 000 000 $ et une
réduction de la dette nette d'un montant correspondant d'autre part.
M. Bélisle: Si je comprends bien, ce n'est peut-être
pas guillemets, guillemets -une modification, mais une convention comptable.
C'est un drôle de beau truc de passe-passe pour essayer de diminuer un
déficit.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Iles, s'il vous plaît, je dois... Oui.
M. Gendron: II n'y a pas de passe-passe là-dedans.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abîtibi-Ouest, j'ai...
M. Gendron: C'était une loi. En tout cas, je n'en reviens
pas qu'on soit obligé, chaque fois, depuis ce matin, d'expliquer
à M. le député de Mille-Îles qui, lui, a des
incompréhensions qui lui sont fort particulières. Je ne veux pas
commencer à donner des explications. Lorsque cela s'est passé,
sans revenir sur le fond, c'était strictement parce qu'on
considérait qu'Hydro-Québec appartenait à l'ensemble des
Québécois et que, pour le gouvernement, c'était un
investissement qui pouvait figurer dans ses actifs.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Ouest...
M. Gendron: Je veux juste illustrer, M. le Président,
qu'il faudrait expliquer cela, plutôt que de prendre cela comme
référence similaire. C'est pour cela que je vous disais, au lieu
de nous entendre, moi et lui, là-
dessus, que cela aurait été plus simple de dire: Cela n'a
rien à voir avec ce qu'on a à faire ce soir; avez-vous d'autres
questions? si vous n'en avez pas, passez la parole à d'autres.
Le Président (M. Lemieux): J'en suis bien conscient, M. le
député d'Abitibi-Ouest, et je demanderais au député
de Mille-Îles de s'en tenir au mandat qui nous a été
donné par l'Assemblée. Voulez-vous continuer, M. le
député de Mille-Îles?
M. Bélisle: Je comprends, M. le vérificateur, pour
suivre la même logique, qu'il aurait fallu prendre, comme vous l'avez
suggéré depuis huit ans, les autres sociétés d'Etat
et faire peut-être la même chose, c'est-à-dire celles qui
n'avaient pas seulement des profits accumulés, mais qui avaient des
déficits accumulés et appliquer cela de la même
façon. Cela aurait été beaucoup plus sincère comme
formule comptable.
M. Chatelain: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député -
pardon, M. le Vérificateur général.
M. Chatelain: En réponse à cette question.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, oui.
M. Chatelain: En réponse à cette question, c'est
exactement ce que la nouvelle convention comptable, eu égard à la
comptabilisation des placements du gouvernement dans les
sociétés, va avoir comme résultat maintenant: Elle va
tenir compte des bénéfices et des pertes accumulées de ces
entreprises.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, est-ce que vous avez terminé? M. le
député de Limoilou.
M. Després: Merci, M. le Président. En ce qui
concerne les correctifs administratifs que vous indiquez dans votre rapport et
que vous revendiquez depuis peut-être plusieurs années, dans
certains cas, si je prends la période de 1981 à 1986, vous avez
un tableau ici qui concerne environ une douzaine de ministères, soit
l'Environnement, la Main-d'Oeuvre, le Revenu, la Santé et les Services
sociaux, les Transports, les fonds renouvelables des publications
gouvernementales, la CARRA, la CSST, le Curateur public, le Musée d'art
contemporain de Montréal, la RAAQ, et la Régie des assurances
agricoles du Québec, avec des sujets bien précis que vous avez
identifiés et qui se répètent, dans certains cas, de 1981
à 1986, dans d'autres cas, à partir de 1982, un cas, depuis 1981,
celui du ministère du Revenu, en ce qui concerne le processus de
cotisation des revenus des particuliers et des corporations. Après cela,
on a trois ministères qui sont concernés à partir de 1982,
c'est-à-dire l'Environnement, avec l'amélioration du milieu
ambiant, les fonds renouvelables des publications gouvernementales...
Parmi tous ces correctifs administratifs, puisque, si vous les avez
mentionnés, c'est parce qu'il doit y avoir des choses à corriger,
si on avait des priorités à déterminer, pour vous, est-ce
qu'il y a des choses qui sont plus importantes à modifier? Quelles sont
ces priorités?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que je peux ajouter, en
question accessoire, M. le Vérificateur général, ceci:
Comment se fait-il que cela se répète chaque année? Il me
semble que vous devez être un peu fatigué d'avoir à
répéter cela d'une façon continue. Je pense justement
à ce que vous soulevez, à la page 54 de votre rapport,
relativement au processus de cotisation des revenus des particuliers et des
corporations. Cela ne me semble pas exorbitant comme demande de modification.
On aimerait peut-être avoir des précisions là-dessus. (21 h
45)
M. Chatelain: Je suis bien d'accord avec vous, M. le
Président. Avoir à répéter ces choses
d'année en année, c'est très frustrant. Nous,
évidemment, notre objectif, c'est l'amélioration de la gestion;
c'est simple. On fait rapport à l'Assemblée nationale, mais
l'objectif ultime, c'est cela, c'est que les choses se fassent
régulièrement dans le cadre des lois et aussi dans un contexte de
bonne gestion administrative. Alors, nous sommes extrêmement
frustrés d'avoir à répéter ces choses
d'année en année.
Comment les expliquer? Cela nous est assez difficile de le faire,
à savoir qu'on ne met pas en place les mesures correctives qui
s'imposent. Je pense qu'une façon peut-être d'obtenir ces
explications et peut-être encore d'obtenir des résultats serait de
convoquer ces personnes ici et leur demander de témoigner devant votre
commission afin qu'elles s'expliquent ou encore qu'elles vous disent quels
moyens elles vont prendre pour corriger ces lacunes.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général. Vous avez autre chose à
ajouter, M. le député de Limoilou?
M. Després: Oui. Je pense que vous avez probablement
répondu à la question du président, mais, en ce qui me
concerne, j'aimerais savoir pour vous, en tant que
Vérificateur générai, parmi les douze
ministères, quels sont les plus importants?
M. Chatelain: Pour nous, ce sont toutes des lacunes qui sont
importantes, dans le sens qu'elles devraient être corrigées.
M. Després: Oui.
M. Chatelain: Ce sont toutes des déficiences qui devraient
être corrigées. C'est une question qui nous revient sans cesse:
Qu'est-ce qui est le plus important, qu'est-ce qui l'est moins? Nous
considérons que ce que nous mettons dans notre rapport annuel, ce sont
toutes des choses très importantes et on n'essaie pas d'établir
un ordre de priorités quant à savoir quelles sont les lacunes qui
devraient être corrigées en premier lieu. C'est simplement cela,
elles devraient toutes être corrigées et faire l'objet d'une
étude, d'un suivi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Limoilou.
M. Després: Donc, comme membres de la commission, si nous
avions des choses à privilégier, vous ne pourriez pas, en aucune
façon, nous identifier quoi que ce soit.
M. Chatelain: Non, pas précisément, M. le
Président.
Le Président (M, Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général. M. le député de
Lafontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. M. le
Vérificateur général, je vois que l'heure avance et
j'avais une question à vous poser depuis cet après-midi et je
pensais avoir le temps de le faire. Vu qu'on arrive à la fin, j'en
profite. Je vois que vous avez fait une vérification de la SOQUIA,
Société québécoise d'initiatives agro-alimentaires.
Votre recommandation était la suivante, à la page 108 de votre
rapport; peut-être que tout le monde peut la prendre. Votre
recommandation était la suivante: "La Loi sur la Société
d'initiatives agro-alimentaire mentionne que la société doit,
chaque année, faire approuver par le gouvernement son plan de
développement ainsi que ceux de ses filiales. Le 31 janvier 1986, la
société faisait parvenir dans le délai imparti, au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
comme par les années antérieures, son plan de
développement et celui de ses filiales. " Alors là, vous dites:
"Ni ce plan de développement ni celui de ses filiales, pas plus
d'ailleurs que ceux des années antérieures, n'ont
été approuvés par le gouvernement. " Et votre
recommandation est la suivante; "La société devrait poursuivre
les démarches pour faire approuver par le gouvernement son plan de
développement et celui de ses filiales. "
Si je comprends ce que vous avez écrit, SOQUIA, depuis de
nombreuses années, fonctionne avec des fonds publics, des fonds du
gouvernement, sans que son plan n'ait été approuvé par le
gouvernement. A part ces deux, trois lignes qui sont un peu sibyllines, est-ce
que vous avez pu percevoir les raisons pour lesquelles le ministère - il
semblerait que ce soit à ce niveau - n'ait pas approuvé?
Le Président (M. Lemieux): M, le Vérificateur
général.
M. Chatelain: C'est bien difficile pour nous de répondre.
Évidemment, il faudrait peut-être poser la question aux
autorités de SOQUIA, d'une part...
Le Président (M. Lemieux): Aux gestionnaires
concernés.
M. Chatelain:... et au gouvernement, d'autre part. Tout ce que
nous pouvons faire, c'est à peu près ce que nous avons fait;
attirer l'attention sur ce fait. En même temps, nous avons
également demandé la réaction de la société.
Vous voyez la réaction qu'a eue la société, nous l'avons
imprimée dans le rapport. La société soutient qu'elle a
fait toutes les démarches possibles.
M. Gobé: En ce qui concerne la réaction de la
société, est-ce qu'elle vous a fait parvenir cette
réaction ou si c'est vous-même qui avez eu...
M. Chatelain: Non. C'est une citation de la réaction de la
société elle-même.
M. Gobé: Est-ce que je peux la lire?M. Chatelain:
Oui, bien sûr.
M. Gobé: "Au cours des dernières années, la
société a, dans les délais prévus, fait parvenir,
pour approbation par le ministre de l'Agriculture ~ le ministre - des
Pêcheries et de l'Alimentation, son plan de développement ainsi
que celui de ses filiales. Toutefois, malgré des demandes
répétées, ces plans de développement n'ont jamais
reçu les approbations souhaitées. " Est-ce à dire que le
ministre a négligé de vous les faire parvenir à cette
époque?
M. Chatelain: Non. Si je comprends bien, ce plan de
développement a été présenté au
gouvernement, c'est-à-dire au Conseil des ministres.
M. Gobé: Cela a été présenté
au ministre?
M. Chatelain: Oui.
M. Gobé: Et le ministre n'a pas répondu.
M. Chatelain: Non, au Conseil des ministres.
M. Gobé: Au Conseil des ministres. Est-ce que vous avez
fait des recommandations auprès du ministère de l'Agriculture
pour voir à ce qu'un suivi soit fait? On parle d'années
antérieures. On parle de plusieurs années.
M. Chatelain: Exactement.
M. Gobé: Avez-vous le nombre d'années où
cette recommandation n'a pas été suivie?
M. Chatelain: On peut s'informer. Nous, nous faisons des
représentations auprès du ministère et on doit
s'arrêter là. On fait des représentations en disant:
Écoutez, obtenez l'autorisation, mais on ne peut pas aller plus
loin.
Le Président (M. Lemieux): Une petite question du
député de Mille-Îles. M. le député...
M. Gobé: En terminant, M. le Président. J'ai
l'impression que c'est là un cas flagrant de l'incompétence
administrative d'un ministère, l'Agriculture.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Gobé: Quand on sait qui a été le ministre
à l'époque, on peut comprendre maintenant.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. S'il vous
plaît, M. le député de Lafontainei M. le
député de Mille-Îles, vous avez demandé la parole
sur votre temps de parole.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles a la parole, M. le député de Lévis.
M. Garon: Je voudrais suggérer une chose. Le
député pourrait peut-être se demander si le ministre ou si
le gouvernement était d'accord avec le plan de développement
suggéré par l'entreprise.
Le Président (M. Lemieux): Oui, effectivement.
M. Garon: Ce serait peut-être plus simple.
Le Président (M. Lemieux): Je me doutais de cette
intervention, M. le député de Lévis. M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, je veux savoir si on
fait des remarques de conclusion avant la fin des travaux. On approche 22
heures.
Le Président (M. Lemieux): II nous reste trois minutes, M.
le député.
M. Bélisle: Non. C'est parce que je ne veux pas martyriser
le député de Lévis plus longtemps. II y a une question qui
me trotte dans la tête depuis le matin.
Le Président (M. Lemieux): Oui? Alors, vous pouvez la
poser si elle vous trotte dans la tête.
M. Bélisle: C'est une question de vérification, M.
le...
Le Président (M. Lemieux): M. le
Vérificateur.
M. Bélisle:... Vérificateur général,
mais c'est aussi pour détendre un peu l'atmosphère en badinant un
peu, en conclusion. Quelles seraient les méthodes de contrôle que
vous suggéreriez en matière de trésorerie et de
dépôt de chèques pour éviter qu'un ministre se
promène avec un chèque de 11 000 000 $ pendant quelques semaines
dans ses poches?
M. Chatelain: M. le Président, je ne peux pas
répondre à cette question. Cela m'apparaît être une
question hypothétique parce que je ne connais pas assez le cas.
M. Bélisle: D'accord. Excusez-la.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vous remercie.
M. Garon: M. le Président, je veux vous suggérer
une réponse: Félicitez le ministre qui a obtenu le
chèque...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon:... parce que, pendant trois ans, il n'en avait pas eu
et parce qu'il a fait cela ainsi, il en a eu un autre de 18 000 000 $ dans les
trois semaines qui ont suivi.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! En guise
de conclusion, il nous reste environ six minutes. Alors, il y a deux minutes
pour le critique officiel de l'Opposition, deux minutes pour le parti
ministériel et deux minutes pour M. le Vérificateur.
M. le député de Bertrand, vous avez deux minutes pour
conclure.
M. Parent (Bertrand): En deux minutes pour conclure, M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! Dans le
respect du droit de parole des parlementaires, M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui, en deux minutes, M. le
Président, je conclus que le travail effectué aujourd'hui est un
travail très positif, une approche que, j'espère, on aura la
chance de répéter. Parce qu'on a à peine effleuré
l'ensemble du rapport, on n'a pas pu aller plus en profondeur et, au nom de
l'Opposition, j'espère que nous aurons et que nous trouverons les
moyens, M. le Président, de répéter cette
expérience afin que l'on puisse se familiariser davantage.
Deuxièmement, te Vérificateur général nous a
dît: L'amélioration de la gestion, voilà ma
préoccupation. Je lui dis que, dans ce sens-là, seulement au
chapitre de la gestion de la trésorerie, j'aurais eu beaucoup de
questions et j'en glisse une ou deux, en terminant, concernant les
économies importantes à faire pour les encaissements de fonds. Il
y a des suggestions qui pourraient être faites certainement au
gouvernement, quel qu'il soit, et vous en faites quelques-unes qui font
allusion à des économies de 20 000 000 $ pour les encaissements.
Pour ce qui est des décaissements de fonds, on parle aussi
d'économies qui iraient facilement chercher 4 000 000 $ par année
et je pense que, si on avait la chance de scruter davantage et de voir de
quelle façon le gouvernement peut faire des économies, parce
qu'il émet quelque chose comme 30 000 000 000 $ de
déboursés au cours du dernier exercice financier... Seulement
dans la façon de payer ses comptes, on n'a qu'à penser à
aller chercher 2 % comme toute bonne entreprise le fait. Je laisse comme
pensée que 2 % de 30 000 000 000 $, ce seraient des économies,
seulement dans la façon d'activer et de payer ses comptes, de quelque
600 000 000 $, même si on ne les prenait pas tous. D'un autre
côté, les entreprises, de façon générale, qui
font affaires avec le gouvernement se plaignent très souvent de la
façon dont elles sont payées, dans leurs comptes à
recevoir. Je trouve que le gouvernement aurait un effort à faire de ce
côté. Je pense que le Vérificateur général
pourrait aussi faire beaucoup de recommandations pour ce qui est des
décaissements comme des encaissements. Mais il y a, dans le mouvement de
la trésorerie, tellement d'entrées et de sorties de fonds
importantes qu'il y a un jeu d'économies, non de quelques millions, mais
de centaines et de centaines de millions de dollars, qui pourrait être
fait. Je trouve dommage qu'on n'ait pas eu plus de temps...
Je termine en disant que n'eût été de la
dernière heure qui a dégénéré un peu en
combat politique, ce que je trouve dommage... Je pense et j'ai la ferme
conviction que les questions posées par mon collègue, le
député de Lévis, étaient très pertinentes.
Je remercie le Vérificateur général de même que tous
ses collaborateurs de la très grande ouverture d'esprit, de l'approche
positive qu'ils ont, au-dessus de toute partisanerie politique.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand.
M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, M. le
Vérificateur général, comme je vous l'ai dit tantôt,
dans les remarques introductives, on est très heureux de vous avoir eu
avec nous aujourd'hui. Je vous voyais entrer ce matin avec le sourire; je vous
vois repartir ce soir avec le sourire, avec la satisfaction du devoir accompli,
d'un devoir qui a tardé, au cours des années, à être
reconnu par votre témoignage devant la commission pertinente de
l'Assemblée nationale. Je veux, avant tout, situer le tout. Vous pouvez
être assuré que, du côté du parti ministériel,
Il est très important pour nous de vous voir, de vous revoir et
d'essayer, dans une deuxième étape, comme je l'ai
mentionné ce matin, de faire une démarche en collaboration et
d'obtenir le suivi, la reddition de comptes et l'imputabilité, à
la suite de ce qui est noté dans vos rapports annuels. Pour nous, c'est
essentiel et cela se situe dans la démarche entreprise, le 2
décembre 1985, de redressement, de resserrement, d'assainissement des
finances publiques. Pour nous, c'est capital pour l'avenir du Québec.
L'exercice de débroussaillage, aujourd'hui, pour notre part, a
été très salutaire. J'ai adoré l'expression, quand
vous avez parlé de sincérité, de la
sincérité du gouvernement actuel - non, je vais le dire et vous
pouvez dire tout ce que vous voulez de l'autre côté, mais cela
sera écrit pour la postérité - qui a accepté, alors
que vous avez refusé systématiquement durant sept ou huit ans,
où vous avez écrit et réécrit dans vos rapports
annuels qu'il devait y avoir des modifications aux conventions comptables, que
les comptes à payer qui n'étaient pas inscrits devaient
être payés, qu'on ne pouvait pas seulement prendre d'un
côté les profits accumulés d'une société
d'État qui est la vache à lait du Québec,
Hydro-Québec, et diminuer la dette et, d'un autre côté,
oublier la Société nationale de l'amiante et les autres...
Le Président (M. Lemieux): M. le député,
voulez-vous conclure, s'il vous plaît?
M. Bélisle: Oui, je conclus, M. le Président. Je
vois que vous êtes satisfait des développements que le
gouvernement actuel a
faits dans l'application de vos recommandations. Vous pouvez être
assuré, M. le Vérificateur général, que vous avez
notre entière coopération et notre plus complète
collaboration. Continuez votre excellent travail.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général, en conclusion.
M. Chatelain: Merci, M. le Président. Merci bien pour
toutes ces bonnes paroles qui nous sont adressées par les
députés. Ce sont des paroles très encourageantes pour le
Vérificateur général et son personnel qui sont au service
de l'Assemblée nationale, comme je J'indiquais aujourd'hui. Son mandat
lui est confié par délégation législative. C'est un
mandat qui lui est confié par l'Assemblée nationale. II est
responsable à l'Assemblée nationale. C'est avec grande
satisfaction que nous avons participé aux travaux de votre commission,
aujourd'hui. Nous plaçons cette intervention d'aujourd'hui, de notre
part, dans le contexte de l'imputabilité du Vérificateur
général qui rend compte devant l'Assemblée nationale de
son administration et également de la façon dont il s'acquitte de
son mandat. Cela fait plusieurs années, comme on l'a indiqué, que
nous demandions, que nous faisions des représentations pour que la
commission ou qu'une commission de l'Assemblée nationale nous entende.
Enfin, aujourd'hui, on nous a entendus. Nous sommes évidemment à
votre disposition. Nous continuons à être à votre
disposition pour vous donner des explications sur le rapport du
Vérificateur général. Évidemment, notre souhait le
plus ardent, c'est qu'il y ait des suites à nos recommandations et
à notre rapport. Je pense que la démonstration a
été faite aujourd'hui que la présence des gestionnaires
devant votre commission serait très utile lorsqu'on étudie ces
constatations et ces recommandations. Comme je vous le disais, c'est une
motivation additionnelle pour le Vérificateur général et
son personnel de comparaître devant vous et c'est avec beaucoup de
plaisir que nous poursuivrons l'étude du rapport. Je vou3 remercie, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
Vérificateur général. Je remercie les membres. M. le
député de Lévis, nous avions convenu d'un temps à
parts égales. Malheureusement, je dois respecter cette entente. Je
remercie le Vérificateur général. Je remercie ses
fonctionnaires. Je remercie les membres de cette commission politique.
Nous devons ajourner nos travaux sine die puisque la commission, je le
pense, a rempli son mandat, si on oublie peut-être la dernière
heure, certaines minutes de la dernière heure, ce que je peux attribuer
à une certaine fatigue, mais il n'en demeure pas moins qu'en tout
dernier compte et en tout dernier lieu, c'est la population en
général qui bénéficie de cet exercice.
Là-dessus, je vous dis merci à tous et nous ajournons nos
travaux sine die, la commission ayant accompli son mandat.
(Fin de la séance à 22 h 1)