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{Onze heures trente-six minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission du
budget et de l'administration est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi 74, Loi sur les
sociétés de fiducie et les sociétés
d'épargne. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M.
Vallières (Richmond) remplace M. Brouillette (Champlain).
Évaluation de l'actif
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
secrétaire. Lors de l'ajournement des travaux, nous étions
à l'article 319. M. le ministre.
M. Fortier: Mme la Présidente, dans un premier temps,
j'aimerais dire qu'on a fait un travail extraordinaire hier et je suis confiant
que tôt ce soir, le plus tôt possible, je l'espère, on
terminera l'étude du projet de loi tout en prenant le temps, bien
sûr, d'examiner les articles un par un et surtout les plus
importants.
À l'article 319, on parle de l'évaluation de l'actif.
Alors, nous étions justement à des dispositions qui touchent la
surveillance et le contrôle des sociétés. On a parlé
des permis; on a parlé des livres, registres et vérifications,
rapports annuels aux actionnaires, ordonnances de l'inspecteur
général. Là, on arrive à l'évaluation de
l'actif. Pourquoi? Tout simplement parce qu'il s'agit de s'assurer que
l'évaluation des actifs permette d'avoir confiance dans des actifs
déclarés dans les états financiers et que, si on doit les
réexaminer à un certain moment donné, cela puisse se
faire. Ce sont les règles qui sont ici aux articles 319 et suivants.
L'article 319: "Lorsque l'inspecteur général est d'avis
que la valeur attribuée par une société du Québec
à un bien immeuble qu'elle détient ou qui est détenu par
sa filiale est trop élevée, il peut exiger que la
société fasse procéder à une évaluation de
ce bien par un évaluateur dont il approuve le choix ou faire
procéder lui-même à l'évaluation. L'inspecteur
général peut, à la suite de cette évaluation,
attribuer au bien immeuble la valeur qu'il juge appropriée ou modifier
la valeur aux livres du placement de la société dans sa filiale.
"
Je crois que l'explication est très claire. Ce n'est pas
l'inspecteur lui-même qui fait l'évaluation. L'inspecteur demande
qu'il y ait une évaluation. Donc, la procédure normale pour la
compagnie serait qu'elle retienne un évaluateur et que cet
évaluateur soit approuvé par l'inspecteur et qu'à ta suite
de cette évaluation l'inspecteur détermine la valeur. J'Imagine
que cette évaluation décrétée par l'inspecteur sera
com- patible ou en accord avec l'expertise qui aurait été
apportée dans le dossier.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: J'écoutais les propos préliminaires du
ministre. Je ne suis pas convaincu que c'est une bien bonne idée de
siéger ce soir. L'expérience de l'an dernier, alors que le
Parlement était en "party", que les députés étaient
en "party", n'a pas été tellement heureuse.
M. Fortier: On est des gens sérieux, nous.
M. Garon: Comme il n'y a pas d'opération Nez rouge au
Parlement, je ne souhaite pas que la commission soit la garderie. Alors, j'aime
autant dire tout de suite aux députés et au ministre que je n'ai
pas l'intention de siéger avec du monde entre deux eaux.
Mme Hovington: Cela étant dit pour les
députés des deux côtés de la Chambre
M. Fortier: Comme vous le voyez, on est toujours aux verres
d'eau, on est toujours entre deux verres d'eau.
M. Garon: Comme je suis seul de mon côté et que je
ne peux pas être ici et au "party" en même temps, cela ne
s'applique pas beaucoup. L'expérience de l'an dernier m'a montré
que siéger le soir où les députés font leur
fête de Noël n'était pas une idée très
heureuse. En tout cas, je vous le dis. Comme vous n'étiez pas à
cette commission-ci l'an dernier, cela n'a pas été la meilleure
expérience, à mon avis.
Je voudrais dire quelques mots concernant l'article 319. On dit:
l'inspecteur peut exiger lui-même "que la société fasse
procéder à une évaluation de ce bien par un
évaluateur dont il approuve le choix ou faire procéder
lui-même à l'évaluation. L'inspecteur général
peut, à la suite de cette évaluation, attribuer au bien immeuble
la valeur qu'il juge appropriée ou modifier la valeur aux livres du
placement de la société dans sa filiale. "
Je trouve cela un peu curieux. S'il fait procéder à
l'évaluation par un évaluateur, comment se fait-il qu'ensuite, de
lui-même, il puisse manipuler - je ne sais pas quel terme employer -
modifier ou attribuer l'évaluation à lui-même alors qu'il y
aura déjà un évaluateur qui aura fait l'évaluation
à sa demande? Je ne comprends pas trop. Il se donne un pouvoir
discrétionnaire par rapport à l'évaluation alors qu'il
procède par l'engagement d'un évaluateur qui va faire un genre
d'arbitrage, si l'on veut, qu'il va procéder à une
évaluation, qu'il va mettre des chiffres. Ainsi, l'inspecteur
général ne
prendra pas les chiffres de l'évaluation qui a été
faite par la société. Il ne prendra pas les chiffres de son
évaluateur, mais il va en prendre d'autres. Enfin, je ne comprends pas
trop comment cela va fonctionner.
M. Fortier: Je pourrais le demander à un inspecteur.
Est-ce qu'un inspecteur veut faire un commentaire là-dessus?
La Présidente (Mme Bélanger): M. Bouchard.
M. Bouchard (Jean-Marie): Voici. Lorsqu'une évaluation a
été commandée, c'est à la suite d'une crainte que
l'on avait d'une première vérification d'un actif qui
apparaît au bilan. On demande alors qu'une réévaluation
soit faite par une personne experte ou encore, si la compagnie s'y refuse, une
évaluation sera faite par un évaluateur indépendant
agréé par un inspecteur.
À la suite de ce rapport, c'est justement pour permettre qu'un
jugement additionnel soit porté sans que cela soit péremptoire.
C'est pour donner encore une chance justement, sur la base d'une expertise
additionnelle, que la compagnie ne soit pas pénalisée par un
règlement qui ferait qu'il n'y aurait pas d'autre choix que de souscrire
à ce rapport. C'est donc une chance additionnelle à la compagnie,
avec une expertise additionnelle, qu'une évaluation soit faite en toute
bonne conscience pour qu'on soit bien certain qu'on ne se trompe pas dans une
modification fort importante apportée aux états financiers de la
compagnie. Ce n'est pas un peu de velléité ou de crainte, c'est
un peu de prudence pour bien s'assurer que toutes les chances ont
été données avec l'expertise requise en plus.
M. Fortier: Mais, M. l'inspecteur, on avait d'autres dispositions
qui faisaient que vous deviez entendre la compagnie avant de prendre votre
décision. Ici, on ne retrouve pas de disposition comme celle-là.
Est-ce que cela va sans dire ou s'il serait préférable de dire
qu'une fois que l'évaluateur a fait son travail, la compagnie aurait
l'occasion de s'expliquer ou de s'exprimer avant que vous preniez une
décision?
Si je comprends vos explications, c'était de...
M. Bouchard: Par prudence.
M. Fortier: Une fois que l'évaluation était faite,
c'était pour ne pas être prisonnier d'une évaluation qui
pourrait être excessive.
M. Bouchard: C'est cela.
M. Fortier: Nous pourrions peut-être ajouter une
disposition qui Indiquerait que, une fois que l'évaluation est obtenue
et avant que l'inspecteur ne prenne sa décision et ne statue, la
compagnie puisse alors faire des représentations devant l'inspecteur. Il
y aurait donc une certaine audition. Je ne sais pas si cela
répondrait...
M. Garon: Mais ce que je trouve curieux, c'est qu'il prend la
peine d'engager un évaluateur qui va procéder à
l'évaluation. Par la suite, iI dit: Je trouve que son évaluation
n'est pas meilleure que celle de la compagnie, je prends donc la mienne. (11 h
45)
M. Fortier: Mais c'est comme les arbitrages. On n'aime pas
beaucoup les arbitres indépendants parce que les experts prennent une
décision et ce n'est pas eux qui en ont nécessairement la
responsabilité. Je pense bien que, en définitive, c'est la
compagnie elle-même normalement qui prend cette décision. SI
l'inspecteur est d'avis que la valeur attribuée est trop
élevée, c'est probablement parce que la compagnie n'a
peut-être pas bien fait son travail, d'une façon significative. La
seule autre personne qui peut intervenir, c'est l'inspecteur. Je pense bien
qu'on ne devrait pas remettre cette responsabilité à un tiers
qui, lui, n'a pas l'autorité définie par la loi, ici. On me fait
remarquer, bien sûr, qu'en Ontario on a adopté la même
procédure.
Je crois que l'Idée de remettre la décision finale
à l'inspecteur est bonne, mais il serait peut-être bon de
prévoir un amendement pour permettre à la compagnie de faire des
représentations à la suite du rapport fourni par
l'évaluateur. À ce moment-là, la compagnie pourrait faire
valoir des arguments pour ou contre, et l'inspecteur trancherait en suivant les
règles de justice naturelle où on entend les parties; ce serait
peut-être plus sage. Le député de Lévis se
rallierait-il à cela? On pourrait faire préparer l'amendement
dans ce sens-là, s'il était d'accord?
M. Garon: Et disant quoi?
M. Fortier: L'amendement dirait que, à la suite de
l'évaluation faite par l'expert indépendant, la compagnie aurait
l'occasion de faire des représentations à l'inspecteur avant que
ce dernier ne statue sur la valeur qui serait attribuée à un
immeuble détenu par une société de fiducie.
La Présidente (Mme Bélanger): êtes-vous
d'accord, M. le député de Lévis?
M. Garon: Je ne suis pas certain que cela va donner grand-chose
parce que l'inspecteur a déjà procédé et qu'il a
déjà considéré que l'Immeuble était trop
évalué par rapport au bien garanti. Il a dû en parler avant
de procéder à une évaluation; il a déjà
procédé. Au fond, il a dû déjà leur en
parler, il connaît déjà leur opinion.
M. Fortier: Mais disons que, dans tes états financiers, si
une société a un bien immeuble évalué à 25
000 000 $ et que l'inspecteur est
d'avis que c'est trop élevé.., Il peut savoir que c'est
trop élevé en disant que cela ne vaut pas 25 000 000 $, que cela
vaut moins que cela. Alors, ce n'est pas lui qui peut déterminer la
valeur, mais à ce moment-là il demande à la compagnie
d'engager un expert. L'expert peut dire: Non, cela vaut 12 500 000 $, mais
selon certaines hypothèses. Si on donnait à la compagnie,
à ce moment-là, l'autorisation de se faire entendre par
l'inspecteur pour plaider, parce que ces évaluations - je ne suis pas
expert là-dedans - doivent être basées sur des
hypothèses de marché, sur des hypothèses diverses, cela
habiliterait la compagnie à faire les représentations qui
permettraient à l'inspecteur, en définitive, de statuer en toute
connaissance de cause.
Peut-être qu'à la suite de cette évaluation, selon
la revue des hypothèses... Quand j'étais ingénieur, il
m'arrivait de travailler à des évaluations de grands projets et
je savais que l'évaluation était aussi bonne que les
hypothèses qui étaient faites. D'ailleurs, dans tout document
bien préparé, au tout début d'un document estimatif d'un
projet, toutes les hypothèses sont là. En examinant les
hypothèses, on peut influer sur la valeur d'un projet. J'oserais penser,
sans être expert en la matière, qu'ici la revue des
hypothèses pourrait nous amener à porter un jugement dans un sens
ou dans un autre. C'est pourquoi je croirais qu'il serait peut-être bon
de permettre à la compagnie de faire valoir un examen des
hypothèses qui auraient été retenues par l'expert avant de
donner la valeur exacte.
M. Garon: Bon!
M. Fortier: Avez-vous d'autres informations à nous donner?
Non?
M. Garon: On va...
M. Fortier: Alors, je proposerais qu'on prépare un
amendement. On peut suspendre et préparer un amendement.
Une voix: II faudra qu'il s'applique aux deux articles
suivants.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Cela veut dire que ce serait un article ajouté.
On pourrait adopter celui-là et il viendrait dans...
Une voix:... 321. 1
M. Garon: Quelque chose de même, oui. Je pense que c'est
cela.
Une voix: À moins que je puisse l'intercaler entre les
articles 322 et 323. C'est plus facile de trouver un article...
M. Fortier: On peut peut-être sauter à l'article 324
pendant qu'il travaille à l'amendement et on reviendra.
M. Garon: Bien non, on peut continuer ces affaires-là
pendant qu'ils vont...
M. Fortier: C'est parce qu'on ne sait pas s'il va être
intercalé dans les articles 319, 320 ou 321 ou s'il va faire un article
seul.
M. Garon: Non, on les laisse en suspens, on les étudie et
on les laisse en suspens pour le vote...
M. Fortier: D'accord.
M. Garon:... et quand il est fait, on l'ajoute et on vote tout de
suite.
M. Fortier: Cela va.
M. Garon: On suspend pour le vote seulement.
M. Fortier: Cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 319 est
suspendu. J'appelle l'article 320.
M. Fortier: L'article 320. "Lorsque l'inspecteur
général est d'avis que la valeur d'un bien immeuble garantissant
une créance d'une société du Québec ou de sa
filiale est inférieure au montant du prêt consenti et des
intérêts échus et courus, ou lorqu'il considère que
ce bien immeuble constitue une garantie insuffisante, il peut exiger que la
société fasse procéder à une évaluation de
ce bien immeuble par un évaluateur dont il approuve le choix ou faire
procéder lui-même à l'évaluation. L'inspecteur
général peut, à la suite de cette évaluation,
réduire la valeur aux livres du prêt ou modifier la valeur aux
livres du placement de la société dans sa filiale à un
montant qui, à son avis, peut être réalisé sur cette
garantie. "
C'est une situation différente, mais semblable par ailleurs.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: C'est l'inverse. M. Fortier: C'est ça.
M. Garon: L'Ontario a une disposition semblable, je suppose, en
ce qui concerne les assurances?
M. Fortier: Oui, si vous lisez le texte de l'Ontario, on dit que
le surintendant effectue l'évaluation d'un actif détenu par une
banque ou par ses filiales, laquelle valeur qui est selon... Non, ce n'est pas
la disposition de l'Ontario.
Celle de l'Ontario dit: Le directeur peut exiger qu'une compagnie fasse
appel à plusieurs estimateurs. Excusez-moi, on a changé.,.
L'inspecteur général peut, dans son rapport, évaluer ou
faire évaluer les actifs de tout assureur. C'est dans la loi des
assurances comme telle et, dans la loi de l'Ontario, le directeur peut exiger
que la compagnie fasse appel à un ou plusieurs estimateurs
compétents. S'il appert, d'après l'évaluation
effectuée aux termes du paragraphe 1°, que la valeur d'un bien est
inférieure a celle qui est indiquée aux livres comptables de la
compagnie inscrite ou de l'une de ses filiales ou que cette valeur ne constitue
pas une sûreté suffisante pour garantir le prêt et les
intérêts, le directeur peut ordonner que les calculs faits en
application de la présente loi et des règlements reflètent
la valeur estimative. Alors, c'était une disposition semblable.
M. Garon: On fait la même chose et on va le suspendre pour
le vote aussi et...
M. Fortier: C'est ça.
M. Garon:... selon l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 320 est suspendu.
J'appelle l'article 321.
M. Fortier: L'article 321. "Lorsque l'inspecteur
général est d'avis que ta valeur au marché de tout autre
élément d'actif d'une société du Québec ou
de sa filiale est inférieure à la valeur inscrite aux livres, il
peut exiger que la société fasse procéder à une
évaluation de cet élément d'actif par un évaluateur
dont il approuve ie choix ou faire procéder lui-même à
l'évaluation. L'inspecteur générai peut, à la suite
de cette évaluation, réduire la valeur aux livres de la
société à celle déterminée par
l'évaluation ou modifier la valeur aux livres du placement de la
société dans sa filiale. '
C'est la même chose que l'Ontario.
M. Garon: Aux articles 319 et 320, on dit "immeuble" et à
l'article 321, c'est un autre élément d'actif.
M. Fortier: C'est tout élément d'actif. On parle de
quoi à tout élément d'actif?
M. Garon: Des peintures de Van Gogh. M. Fortier: Oui, ce peut
être des actions. M. Garon: Ce peut être un Van Gogh.
M. Fortier: Ce peut être un Van Gogh ou ce peut être
des actions cotées en Bourse. Autrement dit, c'est un pouvoir
extraordinaire, parce que, comme vous le savez...
M. Garon: Ce peut être la galerie des portraits des anciens
ministres des Institutions financières.
M. Fortier: Ah oui! ce serait une bonne idée,
ça!
M. Garon: Dans l'immeuble.
M. Fortier: Ah! vous voulez rendre hommage à Jacques
Parizeau. C'est bien, cette pensée-là, M. Garon!
M. Garon: Non, à l'ensemble. Des voix: Ha, ha, ha! Une
voix: À Pierre Marc.
M. Fortier: Bien oui, à Pierre Marc aussil Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article 321 est
suspendu?
M. Garon: Il n'y a rien de plus facile que d'être ministre
des Institutions financières. Tout le monde l'a été.
M. Fortier: Moi, je ne l'ai pas été comme ancien.
Vous voulez rendre hommage aux anciens. Alors, comme je ne suis pas un ancien,
je ne serai pas là-dedans. Est-ce qu'on y va?
M. Garon: On va suspendre pour le vote aussi.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Jusqu'à ce que la...
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 321 est suspendu.
J'appelle l'article 322.
M. Fortier: L'article 322. "L'Inspecteur général
doit aviser par écrit la société ainsi que le
vérificateur de celle-ci de toute attribution ou réduction de
valeur faite en vertu des articles 319, 320 ou 321. "
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Est-ce qu'on le suspend aussi ou quoi? je ne sais pas,
là.
M. Fortier: Ce serait aussi bien de le suspendre aussi. Cela va
dépendre de quelle façon l'amendement est
préparé.
L'article 323. "Sauf si l'inspecteur général en
décide autrement, l'évaluation faite en vertu des articles 319,
320 ou 321 est aux frais de la société. "
M. Garon: On pourrait le mettre là, à un
autre alinéa.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Sauf si l'Inspecteur général en
décide autrement.
La Présidente (Mme Bélanger): Les articles 322 et
323 sont suspendus.
M. Garon: Non, pas l'article 323.
M. Fortier: On peut adopter l'article 323, je pense.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 323 est
adopté. J'appelle l'article 324?
Plan de redressement
M. Fortier: L'article 324 parle d'un plan de redressement. On
dit: "Lorsque, de l'avis de l'inspecteur général, une
société du Québec connaît des difficultés
financières de nature à mettre en danger sa solvabilité,
elle peut, avec l'approbation de l'inspecteur général, adopter un
plan de redressement afin de corriger ta situation",
Cela s'est produit dans le cas des caisses d'entraide en particulier.
Cela se produit avec peut-être moins d'ampleur dans d'autres
sociétés où il y a des plans de redressement ponctuels. Je
pense que c'est une disposition tout à fait raisonnable.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Mais, à ce momment-là, comment
l'inspecteur général va-t-il évaluer que l'entreprise est
en difficultés financières? Comment va-t-il évaluer que le
fait d'accepter un plan de redressement et le laisser poursuivre ne contribue
pas à mettre davantage en péril les créances des
créanciers? Au fond, elle a des difficultés financières
qui sont de nature à mettre en danger sa solvabilité, dit
l'article. Donc, plus sa solvabilité va faiblir, plus les gens vont
pouvoir obtenir seulement un pourcentage de leur mise ou de leur avoir.
M. Fortier: Je peux demander à un inspecteur de
répondre à la question.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Bouchard.
M. Bouchard: C'est justement pour éviter ce danger.
M. Garon: Vous savez, on dit qu'il n'y a pas de danger
mais...
M. Bouchard: Pardon?
M. Garon: Je n'ai pas vu les amendements, mais j'apprenais hier
que la Caisse de dépôt et placement est en train de
présenter des amendements pour rétablir les équilibres.
Même le premier ministre nous disait l'après-midi du krach qu'il
n'y avait rien. Vous l'avez dit vous-même. Sauf qu'il y avait tellement
quelque chose que vous avez été obligés de
présenter un article en catastrophe la dernière semaine de la
session, parce que les pourcentages auxquels est assujettie la Caisse de
dépôt et placement en vertu de sa loi ne sont plus
respectés.
M. Fortier: Enfin, ce n'est pas le moment de discuter de la loi
sur la caisse de dépôt, mais dans certains cas, et tout le monde
l'a dit...
M. Garon: Non, mais c'est la même affaire.
M. Fortier:... c'est qu'à ia suite de l'effacement de
certaines dettes étrangères dans les banques, la performance des
banques est telle que, selon la loi sur la caisse de dépôt, la
caisse ne pourra pas acheter, dans le moment, des titres ou des actions de
certaines grandes banques, alors que tout le monde reconnaît que c'est
peut-être le meilleur moment d'acheter en ce moment parce que les actions
sont au plancher ou sont très basses. Il y a des dispositions comme
celle-là, mais ici on ne parie pas nécessairement de cela. On a
d'ailleurs indiqué hier que le krach avait eu peu d'influence dans le
sens que les sociétés de fiducie possèdent très peu
d'actions cotées en Bourse. On parie plutôt d'un cheminement. Soit
que la compagnie avait une stratégie commerciale qui n'était pas
valable, soit que la concurrence ait été pénible, soit que
la capitalisation n'était pas suffisante.
Peut-être pouvons-nous demander à l'Inspecteur de quelle
façon, étant donné que c'est lui qui applique ces plans de
redressement? Il y a aussi la Régie de l'assurance-dépôts
qui intervient aussi.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Bouchard.
M. Bouchard: C'est justement pour enrayer ce danger que, si vous
le remarquez comme il faut, le plan de redressement est à l'initiative
de la compagnie. Le plan de redressement est soumis à l'approbation de
l'inspecteur général justement pour s'assurer
précisément, à cause de la situation de la compagnie, que
le plan de redressement proposé est suffisant ou ne nécessite pas
de mesures plus draconiennes de la part de l'inspecteur
général.
Donc, la compagnie qui connaît ou qui croit connaître des
difficultés ou qui peut mettre en danger sa solvabilité peut
arriver avec un plan de redressement disant, par exemple - c'est
arrivé - qu'ils vont échelonner une capitalisation sur
quelques mois ou quelques semaines, une capitalisation assurée mais qui
va être versée graduellement. Il s'agit d'apprécier si
c'est solide, si c'est correct et si c'est suffisamment acceptable pour
permettre te maintien du permis.
C'est une mesure qui est laissée à la compagnie, mais qui
est soumise à la vérification très sévère
pour justement éviter qu'on dise: Bien, on propose un plan de
redressement, donc laissez-nous faire, tout est sous contrôle. On dit:
Non, ce n'est pas nécessairement sous contrôle, on veut voir si
c'est vrai. Et si ce n'est pas vrai, on va refuser le plan de redressement et
on va annuler le permis, ou donner des directives, ou prendre un blocage, ou
prendre une injonction ou toute autre mesure prévue dans la loi. (12
heures)
M. Fortier: Ou la Régie de l'assurance-dépôts
à un certain moment peut avancer des fonds.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Lévis.
M. Fortier: M. te député de Lévis, Je
comprends votre préoccupation. On a exactement la même. A un
certain moment donné, quand on dit un plan de redressement, ce n'est pas
un plan de sauvetage lorsque tout croule, comme lorsque pour les caisses
d'entraide la confiance s'est évanouie, on parle d'un plan de
redressement dans le cours normal des choses. Avec les moyens que nous avons en
main maintenant, je pense bien qu'on va être capables de suivre les
compagnies assez régulièrement et éviter justement...
Autrement dit, c'est toute la question de ce que nos amis canadiens-anglais
appellent le "early warning system". Autrement dit, avec te système que
nous avons, nous allons pouvoir prévoir, je pense bien, dans le plus
grand nombre de cas possible, les difficultés. Quand la sonnette
d'alarme sonne, l'inspecteur intervient pour s'assurer qu'un plan de
redressement est préparé et approuvé. Alors, je pense bien
que cela fait partie du "early warning system". Autrement dit, on n'attend pas
que la compagnie soit en banqueroute, on intervient avant cela. Cela va?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 324 est
adopté. J'appelle l'article 325.
M. Fortier: "Le plan de redressement doit être écrit
et approuvé par l'Inspecteur général préalablement
à son application. " Cela va sans dire, il faut qu'il soit écrit.
Ce serait trop facile pour le président d'une compagnie qui serait en
difficulté de dire: Bien, ayez confiance en moi, je vous le dis, C'est
ce qu'on va faire, on veut que ce plan soit par écrit et qu'il soit
également approuvé par l'inspecteur général.
Justement pour les motifs qu'invoquait M. le député de
Lévis, on veut approuver ce plan de redressement-là.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article 325 est
adopté?
M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 325 est
adopté. J'appelle l'article 326.
M. Fortier: L'article 326: "Malgré l'approbation d'un plan
de redressement, l'inspecteur général peut rendre l'ordonnance
visée à l'article 315, s'il le juge opportun. "
L'article 315 c'est l'ordonnance qui permettait à l'inspecteur
général de donner des directives à un dirigeant ou aux
membres du conseil d'administration. Je pense que cela suit les remarques du
député de Lévis. On peut approuver un plan de redressement
au mois d'octobre, mais au mois de février, il peut arriver que les gens
essaient de faire des tours de passe-passe pour corriger la situation de
façon plus ou moins correcte. Alors, l'inspecteur général
- ce que dit l'article dit - conserve son pouvoir de donner des directives
malgré le plan de redressement.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article 326 est
adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté. M.
Garon: Ce ne sera pas long. Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 326 est
adopté. J'appelle l'article 327.
M. Fortier: "À la demande de la société,
l'inspecteur général peut approuver une modification au plan de
redressement "
On a dit que le plan de redressement devait être écrit.
C'est simplement une disposition pour permettre de le modifier en cours de
route. C'est tout à fait raisonnable.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 327 est
adopté.
M. Garon: Est-ce que l'amendement est prêt?
M. Fortier: SI vous me le permettez, Mme la Présidente, on
reviendrait à l'article...
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 319.
M. Fortier:... 319. Alors, on mettrait cela à l'article
322, parce que cela toucherait les trois articles: 319, 320 et 321.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 322. 1?
M. Fortier: Non, mais je vais vous le lire. C'est la
première fois que j'en prends connaissance.
M. Garon: D'accord, cela fonctionne.
M. Fortier: On en fera faire des copies.
À l'article 322, on dit: "Avant d'exiger ou de procéder
lui-même à une évaluation d'un élément
d'actif conformément aux articles 319, 320 ou 321, l'inspecteur
général doit aviser la société en cause de son
intention et lui fournir une occasion raisonnable de faire valoir son point de
vue. Il doit en faire autant avant d'attribuer une valeur différente de
celle proposée par l'évaluateur dont il a approuvé le
choix. "L'inspecteur générai doit aviser par écrit la
société ainsi que le vérificateur de celle-ci de toute
attribution ou réduction de valeur faite en vertu des articles 319, 320
ou 321".
Peut-être qu'on peut en faire des copies.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
voulez qu'on suspendre quelques instants?
M. Fortier: On peut prendre un certain temps et on peut
revenir.
M. Garon: Faire prendre une photo, ce n'est pas long.
M. Fortier: Cela prend deux secondes? M. Garon: Oui.
M. Fortier: Le but de l'amendement c'est de permettre que la
société soit entendue selon des règles prudentes.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'on continue
l'article 328 ou si on suspend deux minutes?
Une voix: Comme vous le voulez.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre?
M. Fortier: L'article 328, ce n'est pas bien long. Il y a
seulement un article.
M. Garon: Qu'est-ce que vous dites? M. Fortier: La section
X a juste un article.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
328.
Injonction
M. Fortier: L'article 328, c'est le pouvoir d'injonction. Tout
à l'heure, on s'est donné, par l'article 315, le pouvoir de
directives.
L'article 328 dit: "L'inspecteur général peut, par
requête, demander à un juge de la Cour supérieure de
prononcer une injonction dans toute matière se rapportant à la
présente loi ou à un règlement pris par le gouvernement
pour son application. "La requête en injonction constitue une instance
par elle-même. "La procédure prévue au Code de
procédure civile s'applique sauf que l'inspecteur général
ne peut être tenu de fournir un cautionnement".
Donc, c'est le pouvoir judiciaire qui intervient pour s'assurer que les
règlements ou le pouvoir de directives soient respectés.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 328 est
adopté. J'appelle l'article 329.
Blocage
M. Fortier: L'article 329, oui. On parle de blocage.
"L'inspecteur général peut en vue ou à l'occasion d'une
enquête visée à l'article 9. 1 de la Loi sur l'Inspecteur
général des institutions financières (L. R. Q., chapitre
1-11. 1) ou lorsqu'il a suspendu ou annulé ou est sur le point de
suspendre ou d'annuler un permis ou lorsqu'une plainte a été
portée ou est sur le point de l'être en raison d'une infraction
à la présente loi ou à un règlement pris par le
gouvernement pour son application, ordonner à la personne qui fait ou
ferait l'objet de l'enquête, à la société qui fait
l'objet de la plainte ou dont le permis est suspendu ou annulé ou est
sur le point de l'être, à toute personne partie à une
infraction à la présente loi ou à un règlement pris
par le gouvernement pour son application ou à toute autre personne qui a
en sa possession, sous sa garde ou sous son contrôle des biens de la
société ou des biens qu'elle détient ou administre pour
autrui, de ne pas se départir de ces biens ni de les retirer des mains
de la personne qui les a en dépôt ou qui en a la garde ou le
contrôle".
Il y a une disposition semblable dans la Loi sur les valeurs
mobilières. Autrement dit, quand on est rendu au blocage, on est rendu
à un point extrême. D'ailleurs, je crois que la Commission
des valeurs mobilières a utilisé ce pouvoir dans le cas
d'une propriété minière où les gens avaient leur
siège social à Panama ou je ne sais trop où, et il y avait
des millions de dollars dans des banques canadiennes, dans des banques
québécoises. Alors, on avait bloqué les avoirs avant que
l'argent ne disparaisse. C'est un pouvoir semblable qu'on donne ici. C'est une
mesure extrême pour s'assurer que les sommes d'argent ne
disparaîtront pas à l'étranger à un moment
donné.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 329
est adopté. Nous revenons à l'amendement de l'article...
Articles en suspens
M. Fortier: De l'article 322.
La Présidente (Mme Bélanger):...
c'est-à-dire, c'est le nouvel article 322.
M. Fortier: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est l'amendement
à l'article 322, ce n'est pas...
M. Fortier: Alors, l'article...
La Présidente (Mme Bélanger):... un nouvel
article.
M. Fortier: Cela modifie totalement l'article 322.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est un amendement
à l'article 322. Alors, M. le ministre.
M. Fortier: Mme la Présidente, je propose un amendement
qui remplace totalement l'article 322 et qui se lit comme suit: "Avant d'exiger
ou de procéder lui-même à une évaluation d'un
élément d'actif conformément aux articles 319, 320 ou 321,
l'inspecteur général doit aviser la société en
cause de son intention et lui fournir une occasion raisonnable de lui faire
valoir son point de vue. Il doit en faire autant avant d'attribuer une valeur
différente de celle proposée par l'évaluateur dont il a
approuvé le choix. "L'inspecteur général doit aviser par
écrit la société, ainsi que le vérificateur de
celle-ci de toute attribution ou réduction de valeur faite en vertu des
articles 319, 320 ou 321. "
Cela modifie l'article 322 parce qu'on disait, à cet article, que
l'inspecteur général devait aviser par écrit la
société ainsi que le vérificateur. Ce qui a
été ajouté, c'est: Avant d'exiger ou de procéder
lui-même à une évaluation, il doit en aviser la compagnie
et il doit, avant d'attribuer une nouvelle valeur, entendre la compagnie
à la suite de l'expertise qui aurait été obtenue.
Cela encadre davantage le pouvoir de l'inspecteur général
dans un cas comme celui-ci, qui est très important pour la santé
financière et l'évaluation de l'avoir de la société
de fiducie.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Garon: Une demande d'actif, c'est aux articles 319, 320, 321;
c'est plutôt modifier la valeur d'un immeuble. C'est un actif... Oui,
oui, Je sais.
M. Fortier: Ce qu'on vise, c'est l'évaluation de l'actif.
Alors, un immeuble, c'est un actif également.
M. Garon: D'accord. M. Fortier: Cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est...
M. Garon: On va passer...
La Présidente (Mme Bélanger):... adopté.
M. Fortier: On est à l'article 322. L'amendement est
adopté, oui.
M. Garon: D'accord. M. Fortier: Cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
l'article 322, tel qu'amendé, est adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'article...
M. Fortier: L'article 319.
La Présidente (Mme Bélanger):... 319 est
adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
320 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article 321 est
adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous passons à
l'article 330.
Blocage (suite)
M. Fortier: On revient au blocage. L'article 330 dit:
"L'ordonnance prend effet à compter du moment où la personne
concernée en est avisée, pour une période de 90 jours, qui
est renouvelable. "
On parle du blocage quand on parte d'ordonnance. Alors, c'est pour une
période de 90 jours renouvelable.
M. Garon: L'article 330. M. Fortier: L'article 330.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Lévis.
M. Fortier: Encore là, c'est semblable à ce qu'il y
a dans la loi des valeurs mobilières. L'article 250 de la loi des
valeurs mobilières dit: "L'ordonnance rendue en vertu de l'article 249
prend effet à compter du moment où la personne
intéressée en est avisée, pour une période de 90
jours, renouvelable. " C'est à peu près le même
libellé.
M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 330 est
adopté. J'appelle l'article 331.
M. Fortier: Toute personne visée par une ordonnance parce
qu'elle est gardienne ou parce qu'elle est en possession des biens de la
personne en cause doit aviser l'inspecteur général si elle a
loué ou mis à la disposition de celle-ci un coffre-fort.
"À la demande de l'inspecteur général, la personne
visée par l'ordonnance doit procéder à l'effraction du
coffre-fort en présence d'un témoin agréé par
l'inspecteur général. Elle doit dresser, en trois exemplaires, un
inventaire du contenu, en remettre un à l'inspecteur
général ainsi qu'à la personne mise en cause. "
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Lévis. (12 h 15)
M. Fortier: En fait, mutatis mutandis, c'est la Loi sur les
valeurs mobilières qu'on a reprise.
M. Garon:... "doit procéder à l'effraction du
coffre-fort", c'est peut-être un peu fort.
M. Fortier: C'est le pouvoir au cas où la personne...
M. Garon: Au cas où ils ne veulent pas ouvrir le
coffre-fort.
M. Fortier:... ne collaborerait pas. Comme de raison, quand on
est rendu au blocage, c'est...
M. Garon: C'est une mesure conservatoire. Est-ce qu'il y a
nécessairement...
M. Fortier: C'est cela. On force l'ouverture du coffre-fort au
fond. On le fait même si on n'a pas l'autorisation de la personne. On a
une disposition semblable à l'article 251 de la Loi sur les valeurs
mobilières qui dit: "Sur demande de la commission, elle procède
à l'effraction du coffre-fort en présence d'un agent de la
commission. " Ce sont les mêmes dispositions.
M. Garon: Quand on dit: "à la demande de l'Inspecteur
général, la personne visée par t'ordonnance", cela peut
être le gérant de la caisse ou de la banque. Mais avant cela,
avant de défoncer le coffre-fort, j'imagine qu'ils vont essayer
de...
M. Fortier:... trouver la clé. M. Garon: Pardon?
M. Fortier: Ils vont essayer de trouver la clé,
certainement.
M. Garon: On ne sait jamais.
M. Fortier: Comme vous le savez, il y a toujours deux clés
dans cela.
M. Garon: Oui, l'autre clé.
M. Fortier: Alors, s'ils n'ont pas la deuxième clé,
ils forcent.
M. Garon: Pardon? Adopté. M. Fortier: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 331 est
adopté. J'appelle l'article 332.
M. Fortier: C'est une autre disposition qui est dans la Loi sur
les valeurs mobilières: "À moins qu'il n'y soit autrement pourvu,
une ordonnance ne vise pas les fonds et les titres déposés
auprès d'une chambre de compensation ou d'un agent de transferts. "
M. Garon: Aller défoncer la chambre de compensation, ce
serait quelque chose.
M. Fortier: On ne peut pas. C'est pour cela
qu'il y a une exclusion ici. C'est une exclusion qui se retrouve...
M. Garon: Vous ne pourriez les obtenir de la chambre de
compensation?
M. Bouchard: La chambre de compensation, c'est le
mécanisme des transferts des fonds, des chèques et des billets.
C'est difficile d'aller faire une saisie des documents dont on a besoin dans
une chambre de compensation qui a des milliards de titres et d'aller chercher
parmi ces fonds.
M. Fortier: Ce qu'on dit ici c'est que cela deviendrait tellement
compliqué que c'est aussi bien de laisser aller ce qui est rendu
à ta chambre de compensation, en circulation. L'idée c'est de
bloquer les fonds disponibles, qui ne sont pas déjà en
circulation à la chambre de compensation.
M. Garon: "Ou d'un agent de transferts": Qui comprenez-vous par
agent de transferts?
M. Bouchard: C'est une compagnie qui est chargée de tenir
Ees registres ou de tenir les valeurs pour des fins de transferts de titres.
Par exemple, vous avez une compagnie qui se spécialise actuellement pour
tout le mécanisme de la négociation des titres en Bourse et qui
détient tous ces titres et qui ne donne à leurs clients qu'un
numéro, Les transactions à la Bourse se font, mais ils
détiennent les valeurs globalement pour l'ensemble de leurs clients.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 332 est
adopté. J'appelle l'article 333,
M. Fortier: "Lorsqu'une ordonnance concerne une banque ou une
société, elle ne s'applique qu'aux établissements qui y
sont mentionnés. "
C'est à cause des succursales. Autrement dit, quand on dit Banque
nationale du Canada, ce ne sont pas toutes les succursales de la Banque
Nationale du Canada, c'est tel ou tel établissement.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 333 est
adopté. J'appelle l'article 334.
M. Fortier: 'Une ordonnance vise également les fonds,
titres et autres biens reçus postérieurement à sa prise
d'effet. "
Autrement dit, l'ordonnance est émise tel jour; donc, cela bloque
les avoirs qui étaient déjà dans certains fonds à
cette date-là, mais s'il y a d'autres fonds qui s'accumulent par la
suite, l'ordonnance vaut également pour les nouveaux fonds
reçus.
M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 334 est
adopté. J'appelle l'article 335.
M. Fortier: Toute personne concernée par une ordonnance
peut demander des précisions à l'inspecteur général
quant aux fonds, titres ou autres biens visés par l'ordonnance. "
C'est une demande d'information.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 335 est
adopté. J'appelle l'article 336.
M. Fortier: "L'inspecteur général peut notifier
l'ordonnance au bureau d'enregistrement, afin qu'elle soit enregistrée.
"L'ordonnance ainsi enregistrée est opposable à toute personne
dont le droit est enregistré postérieurement. "
Ce sont des questions de procédure.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Administration provisoire, contrôle et
possession de biens
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 336 est
adopté. J'appelle l'article 337 et il y a un papillon qui se lit comme
suit: L'article 337 est modifié par le remplacement, dans les
cinquième et sixième lignes du premier alinéa, des mots
"s'il y a" par les mots "s'il a".
M. Fortier: Le "y" tombe, autrement dit.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article de loi 337,
M. le ministre.
M. Fortier: On parle d'administration provisoire, contrôle
et possession de biens, à la section XII. L'article 337: "L'inspecteur
général ou, à sa demande, en son absence ou en son
incapacité d'agir, toute personne désignée par le ministre
peut assumer provisoirement l'adminis-
tration d'une société ou, s'il s'agit d'une
société extraprovinciale, prendre le contrôle et la
possession des biens de cette dernière au Québec, pour une
période de sept jours ouvrables, s'il a raison de croire: "1° que
des biens ont fait l'objet d'un détournement ou qu'il y a absence
inexplicable de biens; "2° qu'il y a eu faute grave, notamment malversation
ou abus de confiance de la part d'un ou de plusieurs administrateurs, que le
conseil d'administration a manqué gravement aux obligations que lui
imposent la présente loi et les règlements pris par le
gouvernement pour son application ou se livre à des pratiques
administratives mettant en danger les droits des actionnaires, des
déposants ou des bénéficiaires ou que les biens ou les
contrôles sur ces biens sont insuffisants pour assurer efficacement la
protection des droits des actionnaires, des déposants ou des
bénéficiaires, "L'inspecteur général ou la personne
désignée par le ministre peut autoriser toute personne à
exercer les fonctions visées au premier alinéa. "
C'est une administration provisoire pour une période de sept
jours ouvrables. On retrouve des dispositions semblables dans ta Loi sur les
assurances, dans la loi concernant les institutions financières et le
système d'assurance-dépôts, projet de loi C-42 du
gouvernement fédéral et également dans la loi sur les
fiducies de l'Ontario.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Vous ne courez pas de risque, vous dites: "L'inspecteur
général ou, à sa demande, en son absence ou en son
Incapacité d'agir... "
M. Fortier: C'est cela. Ce peut être l'inspecteur
général ou quelqu'un d'autre, "en son absence ou en son
incapacité d'agir... " Autrement dit, si l'inspecteur
général est en Floride en hiver et que cela arrive. Ha, ha, ha!
il faut être capable de nommer quelqu'un. Ici, on parle d'une mesure
d'urgence. Alors, on ne court pas de risque. Cela va?
M. Garon: Attendez un peu.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Lévis, est-ce que l'article 337 est adopté?
M. Garon: Un instant! Quand vous dites que "l'inspecteur
général ou la personne désignée par le ministre
peut autoriser toute personne à exercer les fonctions visées au
premier alinéa", que voulez-vous dire?
M. Fortier: Autrement dit, l'Inspecteur général ou
la personne que le ministre a désignée en son absence peut
elle-même déléguer sa responsabilité à
exercer les fonctions. Autrement dit, il n'y a pas de délégation
de la responsabilité, mais il peut exercer les fonctions. Je pense bien
que, dans un cas semblable, l'inspecteur général retiendrait les
services d'une personne compétente qui normalement proviendrait d'un
grand bureau de comptables ou d'administrateurs.
M. Garon: C'est nouveau au Québec, non? M. Fortier:
Oui.
M. Garon: Est-ce qu'il y a quelque chose comme ça dans la
Lot sur les assurances?
M. Fortier: Non, on ne l'a pas comme cela dans la Loi sur les
assurances, sauf que...
M. Garon: II est prévu dans le projet, pour l'application
de ce pouvoir, que les pouvoirs de l'inspecteur général, du
ministre et du gouvernement sont une adaptation des dispositions prévues
dans la Loi sur les assurances. Je voudrais demander s'il y avait d'autres
dispositions semblables dans la Loi sur les assurances. D'après la
réponse, j'ai compris que c'était non.
M. Fortier: Ce qui est nouveau, c'est de prendre le
contrôle des actifs d'une société extraprovinclale. C'est
ce qui est nouveau. Mais il y a déjà une disposition semblable
pour le blocage et l'administration provisoire d'une société
d'assurances.
M. Garon: Mais c'est nouveau seulement pour une
société extraprovinciale.
M. Fortier: C'est cela.
M. Garon: Et c'est déjà prévu dans la Loi
sur les assurances.
M. Fortier: Oui. M. Garon: Cela va. M. Fortier:
Cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 337 est-il
adopté tel qu'amendé?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
338.
M. Fortier: "Le ministre peut prolonger la période
prévue à l'article 337".
On a vu dans l'article 337 que c'était pour
sept jours ouvrables. I! s'agit d'une mesure extraordinaire. Dans la Loi
sur les assurances, il y a une disposition semblable.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 338 est-Il
adopté?
M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
339.
M. Fortier: "Lorsqu'il assume l'administration provisoire d'une
société ou le contrôle et la possession de ses biens,
l'inspecteur général doit présenter au ministre, dans les
meilleurs délais, un rapport circonstancié de ses constatations
accompagné de ses recommandations. Cette obligation incombe
également à toute personne désignée par le ministre
pour exercer ces fonctions". C'est donc la nécessité de faire
rapport au ministre dans les meilleurs délais.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Attendez un peu! On voit que le ministre est au
courant.
M. Fortier: C'est cela. Le ministre est impliqué quand on
est rendu au point que c'est te bordel.
M. Garon: Je ne me souviens pas à quel article, mais on a
parlé hier du ministre, on parlait de...
M. Fortier: De la suspension des permis, je pense.
M. Garon: Non. On disait.,.
Une voix:... que le ministre pouvait demander des renseignements,
des rapports annuels.
(12 h 30)
M. Fortier: On parlait des rapports qui étaient faits
à l'inspecteur général par le conseil...
M. Garon: C'est cela, oui.
M. Fortier:... d'administration.
M. Garon: C'est cela, vous avez raison,
M. Fortier: C'est cela. On parlait d'information...
M. Garon: Oui.
M. Fortier: C'était plutôt de l'information,
à ce moment-là, qui allait à l'inspecteur. Cela va?
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
339 est adopté?
M. Garon: On avait dit qu'on regarderait la question des
renseignements que fournissait l'inspecteur général.
M. Fortier: On vous a dit, hier, que c'était...
M. Garon: Ah oui! Vous avez raison.
M. Fortier:... - on a lu l'article - dans la loi sur l'inspecteur
général.
M. Garon: C'est cela. II y avait un bout que je manquais.
M. Fortier: D'accord.
M. Garon: C'était la loi sur l'inspecteur
général.
M. Fortier: C'est cela. M. Garon: D'accord.
M. Fortier: "Qui s'applique à toutes les lois
administrées par l'inspecteur général.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 339 est-il
adopté?
M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
340.
M. Fortier: "Les frais, honoraires et déboursés de
l'administration provisoire ou du contrôle et de la possession des biens
sont à la charge de la société qui en fait l'objet
à moins que le ministre n'en ordonne autrement. "
C'est le ministre qui décide. Dans la Loi sur les assurances, je
crois que c'est exactement la même disposition.
M. Garon: Pourquoi le ministre peut-il en imposer les frais
autrement?
M. Fortier: Bon! C'est assez difficile de prévoir quelles
vont être les circonstances.
M. Garon: Oui, mais c'est à elle... M. Fortier: C'est
une...
M. Garon: Pourquoi faire payer les contribuables? Si ce n'est pas
la société qui paie, qui ce sera?
M. Fortier: Ce sera l'ensemble des institutions
financières. Le budget de l'inspecteur général pour
l'administration des institutions, comme vous le savez, est
éventuellement imputé
aux différentes institutions financières. Alors, il
s'agira pour le ministre de déterminer si ce sera la
société malade qui paiera elle-même pour les pots
cassés ou si ce sera l'ensemble des institutions financières. Ce
n'est pas le contribuable comme tel.
M. Garon: Là, le ministre pourra intervenir.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: En Ontario, qui est-ce que c'est?
M. Fortier: On dit que les frais engagés par le
surintendant relativement à ces mesures sont payés par la
compagnie inscrite, par la compagnie qui fait l'objet de mesures. Si la
compagnie, qui fait l'objet de mesures, est une compagnie de prêts qui ne
peut assumer seule la totalité des frais, - il peut bien arriver que la
compagnie soit tellement en mauvaise posture qu'elle ne pourra rien payer -
alors, on dit ici que si une compagnie de fiducie ne peut assumer seule, c'est
payé par toutes les compagnies de fiducie qui sont inscrites.
M. Garon: Oui. C'est mieux dit ici. J'en ai entendu des
meilleures. On dit: Dans le cas où elles ne peuvent pas payer...
M. Fortier: En Ontario, normalement, on ne paie pas tous les
frais inhérents à l'administration des institutions
financières, tandis qu'ici... À Ottawa, d'ailleurs, je crois que
c'est la même chose. Pour eux, c'est une mesure exceptionnelle que ces
frais puissent être payés par la totalité des
sociétés de fiducie, si la société malade n'a pas
les reins assez solides.
M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 340 est
adopté. J'appelle l'article 341.
M. Portier: "Si le rapport de l'inspecteur général
ou de la personne désignée par le ministre confirme l'existence
d'une situation prévue à l'article 337, le ministre doit,
après avoir donné à la société l'occasion
d'être entendue, soumettre ce rapport au gouvernement. "Le ministre peut
toutefois, si un motif impérieux le requiert et après avoir pris
l'avis de l'inspecteur général, soumettre le rapport au
gouvernement avant d'entendre la société, à la condition
de donner à celle-ci l'occasion d'être entendue dans les 15 jours
qui suivent la présentation du rapport. "
Donc, la procédure est dans le sens que l'inspecteur
général fait rapport au ministre et que le ministre fait rapport
au gouvernement. Ce rapport peut être fait avant ou après avoir
entendu la compagnie elle-même.
M. Garon: Entendue par qui?
M. Fortier: Ici, on dit que le ministre doit entendre. C'est le
ministre qui est impliqué ici. "Le ministre doit, après avoir
donné à la société l'occasion d'être
entendue": C'est le ministre ici qui intervient, donc, qui entend la compagnie.
Le ministre peut déléguer. À l'article 343, on dit: "La
société peut être entendue par tout fonctionnaire
désigné par le ministre". Le ministre peut alors
déléguer un fonctionnaire.
M. Garon: Un rapport... il peut remettre ses recommandations.
M. Fortier: Cela va?
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
341 est adopté?
M. Garon: Le gouvernement va devenir un genre de tribunal,
là.
M. Fortier: On juge que la matière est tellement
importante que le gouvernement dans son ensemble doit être
informé. Que le gouvernement par le biais de l'inspecteur
général assume la responsabilité d'administrer une
compagnie même sur une base provisoire, je pense bien qu'il s'agit d'une
mesure assez exceptionnelle. 11 faudrait que le gouvernement...
M. Garon: Je trouve que les délais donnent assez de temps:
"... donner à celle-ci l'occasion d'être entendue dans les quinze
jours qui suivent la présentation du rapport". Si on garde tous ces
délais, cela doit prendre un certain temps. Vous ne pensez pas
que...
M. Fortier: Là, l'administration provisoire est
déjà faite.
M. Garon: Elle est en cours.
M. Fortier: Oui, c'est cela, elle est en cours.
M. Garon: Elle dure toujours.
M. Fortier: Comme de raison, on essaie de prévoir ici des
situations assez anormales.
M. Garon: D'accord. C'est moi qui ai mal lu. Elle peut être
entendue dans les quinze jours qui suivent la présentation du rapport au
gouvernement parce qu'il y a urgence.
M. Fortier: C'est cela. D'accord?
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
341 est adopté?
M. Garon: Là, n'aurait-il pas été mieux de
l'entendre d'urgence avant?
M. Fortier: C'est cela. C'est l'un ou l'autre. C'est selon les
circonstances. Je pense bien que c'est bon de laisser au ministre la
possibilité de procéder d'une façon ou de l'autre: "Le
ministre peut toutefois, si un motif impérieux le requiert... "
M. Garon: Oui, d'accord. M. Fortier: Cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 341 est
adopté. J'appelle l'article 342.
M. Fortier: "Le ministre peut, avant de soumettre le rapport au
gouvernement, faire toute enquête qu'il juge à propos. "
Donc, le ministre reçoit un rapport de l'inspecteur
général et lui-même peut faire enquête.
M. Garon: En vertu des pouvoirs de la commission d'enquête.
Il y a un article, je pense, où le ministre peut faire enquête en
vertu de la Loi sur les commissions d'enquête, je pense.
M. Fortier: Je ne sais pas quels sont les pouvoirs d'un ministre
de faire enquête. Est-ce qu'il y a une disposition dans la Loi sur
l'exécutif ou dans la loi des enquêtes?
M. Garon: II me semble que c'est dans la Loi sur les commissions
d'enquête à l'article 34, je crois.
M. Fortier: Le ministre peut faire enquête...
M. Garon: Ce n'est pas seulement faire enquête. Il faut que
le monde se mette à table.
M. Fortier: Le mot "enquête" est un peu fort, je crois.
M. Garon: Non, mais en vertu de la Loi sur les commissions
d'enquête, le ministre peut se servir d'une disposition. Je ne me
souviens plus de laquelle.
Une voix: Il faudrait qu'on lui accorde. M. Garon:
Pardon?
Une voix: II faudrait qu'on lui accorde alors.
M. Garon: Je pense qu'il peut s'en prévaloir de
lui-même. Je ne suis pas certain, mais on m'avait déjà dit
cela dans le temps, il me semble. Je ne suis pas sûr.
Une voix:...
M. Garon: Pardon.
M. Fortier: Si c'est juste aller chercher de l'information, je
pense que le mot "enquête" est un peu fort ici. Cela devrait se lire: Le
ministre peut, avant de soumettre le rapport au gouvernement, obtenir toute
information additionnelle qu'il juge à propos. Ce n'est pas une
enquête dans le sens de la loi sur les enquêtes.
M. Garon: Oui, mais ce qu'il va vérifier va être
quelque chose d'important parce que, normalement, il faut qu'il ait les moyens
de vérifier. Comme ce n'est pas une vérification comme passer
devant une bâtisse et regarder si elle est là, il va falloir qu'il
fouille un peu ou bien qu'il fasse témoigner des gens, qu'il parle avec
des gens.
M. Fortier: Non, c'est à la suite du rapport de
l'inspecteur ou de l'administrateur.
M. Garon: De toute façon, on lui donne un pouvoir de faire
enquête; autrement, cela ne donne rien d'écrire "faut". Il est
évident qu'avant de voir le gouvernement et avant de faire des
recommandations... S'il en fait, il va falloir qu'il...
M. Fortier: Je suis d'accord avec vous, cela n'a pas l'air
d'être beaucoup encadré.
M. Garon: Non, mais...
M. Fortier: Cela ne veut pas dire grand-chose.
M. Garon: Je ne sais pas si...
M. Fortier: On l'avait dans la Loi sur les assurances.
M. Garon: Qu'est-ce qu'on disait dans la Loi sur les
assurances?
M. Fortier: C'était exactement la même chose,
à l'article 382 de la Loi sur les assurances: "Le ministre doit, avant
de soumettre ce rapport au gouvernement, donner à l'assureur l'occasion
de faire valoir son point de vue. "
M. Garon: Avec toutes les lois qu'il y a actuellement, faire
enquête s'il n'a pas de pouvoir... Il n'ira pas... Il va être mal
pris.
M. Fortier: Les gens disent souvent: On va demander au ministre
de faire enquête, mais te ministre demande à un fonctionnaire
d'examiner... Ce n'est pas réellement une enquête au sens de la
loi sur les enquêtes, c'est examiner des faits.
M. Garon: Je suis certain que, dans la Loi sur les commissions
d'enquête, il y a un article qui permet au ministre... Pardon? Qu'est-ce
que cela dit?
M. Boivin (Richard): C'est par décret. Lorsque le
gouvernement juge à propos de faire faire une enquête sur quelque
objet qui a trait aux lois ou gouvernement, etc., cela prend
nécessairement une décision du Conseil des ministres.
M. Garon: Êtes-vous dans la Loi sur les commissions
d'enquête?
M. Boivin: Oui. L'article 14 dit que "le Conseil du trésor
et les commissaires nommés par lui, les inspecteurs des
établissements de détention, des centres hospitaliers et autres
institutions, tout inspecteur des bureaux d'enregistrement et tout Inspecteur
des bureaux publics et chacun de ces inspecteurs, le ministre titulaire d'un
ministère ou les personnes commises par lui, le contrôleur"...
M. Garon: C'est cela.
M. Boivin:... "ont les pouvoirs mentionnés dans les
articles 9, 10, 11, 12, et 13. "
M. Garon: Ils les ont, n'est-ce pas. Ce n'est pas l'article 34,
c'est 14.
M. Boivin: C'est le ministre, titulaire d'un
ministère.
M. Garon: II a quoi? En vertu de la loi, il a les pouvoirs
d'enquête?
M. Boivin: Les pouvoirs mentionnés aux articles 9, 10, 11,
12 et 13. L'article 9, c'est assigner des témoins et l'article 10, c'est
pouvoir punir, s'ils ne comparaissent pas.
M. Garon: C'est cela.
M. Boivin: Aux articles 11 et 12 également, c'est le refus
de répondre, etc.
M. Garon: Le ministre a des pouvoirs d'enquête, il peut
faire faire enquête.
M. Fortier:...
M. Garon: Quelqu'un m'avait dit - je vais vous faire
étudier cela - que comme ministre, j'avais ces pouvoirs en vertu de la
Loi sur les commissions d'enquête pour obtenir des renseignements, pour
faire enquête.
M. Fortier: Oui, le seul problème que j'aurais ici, c'est
qu'on parle du ministre titulaire d'un ministère. Comme il n'y a pas de
ministère...
M. Garon: Un ministère, ouais...
M. Fortier: Enfin, dans une certaine mesure, dans la loi
actuelle, c'est le ministre des Finances qui est le ministre des Institutions
finan- cières, selon la loi. Je ne le sais pas, car, avec la
délégation, cela n'existe plus.
M. Garon: II faudrait dire que... Vous êtes un ministre
sans portefeuille, vous?
M. Fortier: Oui. M. Garon: Pardon?
M. Fortier: Non, je ne sais pas. En tout cas, on peut le laisser
comme cela.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: On peut le laisser comme cela: "Le ministre peut,
avant de soumettre le rapport au gouvernement, faire toute enquête qu'il
juge à propos. "
M. Garon: Le ministre a des pouvoirs d'enquête. On m'a dit
cela. Je me rappelle que j'ai déjà eu affaire à cela. Je
ne me rappelle plus sur quoi. Au ministère, on avait fouillé
cette question-là et ils m'ont dit: Vous avez, en vertu de la loi, des
pouvoirs d'enquête.
M. Fortier. C'est correct; d'accord, on le laisse comme cela. Cela
va.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 342 est-il
adopté?
M. Garon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
343.
M. Fortier: "La société peut être entendue
par tout fonctionnaire désigné par le ministre. " C'est
simplement un pouvoir de délégation.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 343 est
adopté?
M. Garon: Là, je suis moins convaincu. Selon la loi, quand
le ministre fait enquête, fait-il enquête lui-même ou s'il
fait faire l'enquête par d'autres? On dit qu'il va faire faire
l'enquête par d'autres. (12 h 45)
M. Fortier: Non, mais cela n'a pas rapport à l'article
342. Cela a rapport à l'article 341. On devrait peut-être inverser
les articles. À l'article 341, on dit que la société doit
être entendue dans les quinze jours. À l'article 343, on dit: "La
société peut être entendue par tout fonctionnaire
désigné par le ministre. "
M. Garon: Oui, vous devriez les inverser.
M. Fortier: Mais ce serait plus logique, je pense.
M. Garon: Le danger, c'est que les gens pensent que vous faites
faire enquête. Je ne sais pas. Dans les pouvoirs d'enquête...
Une voix: Le ministre peut déléguer. M. Garon: II
peut déléguer. Ah! M. Portier: D'accord. Cela va? M. Garon:
Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 344 est
adopté. J'appelle l'article 345.
M. Fortier: Non, c'est l'article 343 qui est adopté.
M. Garon: Non, c'est l'article 344.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 343, je
m'excuse. J'appelle l'article 344.
M. Fortier: Te ministre doit joindre au rapport de l'inspecteur
général ou de la personne qu'il a désignée un
résumé des représentations que la société
lui a faites ainsi que ses propres recommandations. "
Autrement dit, le ministre reçoit un rapport de l'inspecteur ou
de la personne qu'il a désignée. Il faut qu'il ajoute à
ça les représentations de la société, ainsi que ses
propres recommandations. Donc, cela constitue le rapport global.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article...
M. Garon: C'est-à-dire que c'est comme un mémoire,
avec la cause qui est entendue et où vous recommandez quelque chose.
M. Fortier: C'est cela. Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 344 est
adopté?
M. Garon: Attendez un peu. Est-ce qu'on a dit si le rapport de
l'inspecteur général concluait?
M. Fortier: On parle du rapport de l'inspecteur
général à l'article 341.
M. Garon: On ne dit pas ce que fait l'inspecteur.
M. Fortier: On dit que le ministre doit faire rapport au
gouvernement.
M. Garon: Oui, et c'est lui qui recommande. M. Fortier:
C'est cela. C'est ici à l'article...
M. Garon: Mais l'inspecteur général, lui, ne
recommande rien?
M. Fortier: C'est cela. Le rapport de l'inspecteur
général ne fait que constater la situation
appréhendée et c'est le ministre qui recommande.
M. Garon: Cela ne m'apparaît pas le diable. Qui donne le
permis?
M. Fortier: Le permis, c'est l'inspecteur. M. Garon: C'est lui
qui donne te permis.
M. Fortier: Mais dans le moment on ne parie pas d'enlever le
permis; on parle d'administration provisoire.
M. Garon: Oui, mais si vous arrivez aux constatations... On dit:
"Si le rapport de l'Inspecteur général ou de la personne
désignée par le ministre confirme l'existence d'une situation
prévue à l'article 337. " À l'article 337, ce sont des
détournements de fonds et toutes sortes d'affaires.
M. Fortier: C'est parce que quand on va arriver tout à
l'heure à l'article 349...
M. Garon: Oui.
M. Fortier:... vous allez voir que les mesures suivantes que le
gouvernement peut - ce n'est pas le ministre; c'est le gouvernement - Imposer,
c'est l'une ou l'autre ou plusieurs des mesures suivantes: 1° lever la
suspension des pouvoirs des membres du conseil d'administration; 2°
déclarer déchus de leurs fonctions les administrateurs; 3°
ordonner, aux conditions qu'il détermine, la liquidation.
Alors, là, c'est le gouvernement qui décide. Je pense bien
que l'idée, c'est justement ce que vous aviez dit. C'est que le
ministre, à un moment donné, fait rapport au Conseil des
ministres. Alors, ce serait un mémoire au Conseil des ministres
recommandant l'une ou l'autre de ces choses-là. Cela va revenir au
ministre d'assumer ses responsabilités, parce que c'est lui qui va
défendre son dossier au Conseil des ministres.
M. Garon: Ce n'est pas sûr.
M. Fortier: Ce n'est pas sûr? Bien oui.
M. Garon: Non, parce que s'il y a une situation comme
celle-là, c'est de la fraude et tout ça...
M. Fortier: Non, mais c'est le Conseil des ministres qui va
statuer.
M. Garon: Bien, si le dossier s'en va à la Justice, ce
sera la Justice. J'ai déjà vu un cas comme ça.
M. Fortier: On m'indique que la jurisprudence est très
claire là-dessus et que ce n'est pas la Justice qui va décider
ici. C'est l'inspecteur, le ministre et le Conseil des ministres.
M. Garon: Oui? M. Fortier: Oui.
M. Garon: Mais vous avez parlé de détournements de
fonds et tout cela. C'est ça, l'article 337.
M. Fortier: Dans ce cas-là...
M. Garon: Bien non, toute votre enquête, c'est en vertu de
l'article 337.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Bouchard.
M. Bouchard: Tout le mécanisme de l'administration
provisoire que vous avez là existe depuis longtemps dans le cas des
caisses d'épargne, dans les assurances. Ici, on l'applique dans le cas
des compagnies de fiducie. Il a été testé dans la cause du
Prêt hypothécaire qui a fait faillite. C'est allé jusqu'en
Cour suprême, cette cause-là.
M. Garon: Dans la cause de quoi? M. Bouchard: Du
Prêt hypothécaire. M. Garon: Oui.
M. Bouchard: Parce que le Prêt hypothécaire a fait
faillite, il y a cinq ou six ans et il y avait, dans ce temps-là,
à la régie des pouvoirs à peu près identiques,
c'est-à-dire à la Commission des valeurs mobilières. Le
tribunal a statué, parce qu'on avait plaidé
l'inconstitutionnalité soit pour pour un ministre, soit pour un
gouvernement, de dissoudre une corporation parce que le but ultime doit
être la dissolution de la corporation. On se demandait si ce
n'était pas intervenir dans le pouvoir de supervision de la Cour
supérieure sur les corporations, soit sur la dissolution des
corporations. La Cour d'appel a déclaré que ce n'était pas
anticonstitutionnel et que cela faisait partie des pouvoirs d'administration
normaux d'un ministre ou d'un gouvernement; que cela ne faisait pas partie des
pouvoirs judiciaires comme tels. La Cour supérieure n'était donc
pas lésée dans ses droits.
M. Garon: Ce n'est pas ce que je veux dire. Je veux dire que
j'aurais peut-être trouvé plus normal, comme dans le cas de la
Régie des marchés agricoles par exemple, que la décision
soit rendue par l'institution, par l'Inspecteur général des
institutions financières, et qu'il y ait un droit d'appel auprès
du Conseil des ministres.
M. Bouchard: On est dans une situation d'urgence L'administration
provisoire et les cas prévus des articles 337 à 348 forment un
tout. Lorsque vous êtes dans une situation comme celle-là, c'est
une tutelle. L'administration provisoire est une tutelle. C'est la raison pour
laquelle la tutelle de l'inspecteur ne dure que ce jour ou des périodes
prolongées par le ministre Mais, en vertu de l'article 345, le
gouvernement peut ordonner à l'inspecteur général de
continuer sa tutelle ou encore ordonner que te permis soit assujetti à
des restrictions et ensuite, entretemps, voir comment se passe et évolue
fa situation. Si la situation n'est pas modifiée à l'article 349,
le gouvernement peut aller jusqu'à destituer le conseil d'administration
ou encore ordonner la liquidation. Il est prévu que l'ordonnance du
gouvernement équivaut à une décision d'un juge de
tribunal, en vertu de la loi sur la liquidation.
M. Garon: Oui, c'est final. M. Bouchard: C'est final.
M. Garon: Si je fais un parallèle avec la loi sur les
marchés agricoles par rapport à des plans conjoints ou toutes
sortes de choses comme cela, la décision est prise par la régie.
Par la suite, il y a un droit d'appel au gouvernement.
M. Fortier: Oui, mais là, on ne parle pas de cela.
M. Garon: Par exemple, on a un cas récent dans le cas du
lait. Le gouvernement n'a pas voulu trancher immédiatement. Il a
nommé quelqu'un pour essayer de continuer le processus...
M. Fortier: Mais on ne parie pas de tutelle à ce
moment-là.
M. Garon: Non, non.
M. Fortier: On parle de l'administration d'une loi par rapport
à...
M. Garon: Oui, mais si c'est une tutelle, comment se fait-il que
ce soit le gouvernement qui le décide? C'est plutôt administratif
que politique. Ce n'est pas parce que c'est grave que l'inspecteur
général ne peut pas prendre de décision.
M. Fortier: Vous voudriez que ce soit l'inspecteur
général. En tout cas, d'une part, c'est la même
procédure que celle prévue dans la Loi sur les assurances.
D'autre part, l'inspecteur me dit que c'est la même procédure que
dans la lof sur les caisses d'épargne.
M. Garon: Oui, mais c'est ce qui fait des situations...
M. Fortier: Disons que c'est la même procédure qui
est suivie.
M. Garon:... drôles. C'est comme dans fe poisson
avarié. Ils envoient des rapports sur le bureau du ministre. S'il y a
une loi pour faire la "job", ils ne la font pas.
M. Fortier: Non, mais vous serez d'accord,
M. le député de Lévis, que, d'une façon
générale, c'est l'inspecteur qui est au "bat" dans 98 % des
cas.
M. Garon: Oui.
M. Fortier Ici, on trouve qu'il est assez extraordinaire que cela
doive aller jusqu'au gouvernement dans le cas des liquidations, etc. On
enlève tes pouvoirs aux membres du conseil d'administration, etc. On est
rendu loin.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: S'il fallait donner ces pouvoirs à
l'Inspecteur, ce serait pas mal fort. La possibilité serait d'aller au
tribunal, mais on croit que le tribunal ne peut pas régler...
M. Garon: Oui, mais l'Inspecteur général dans ses
fonctions a un rôle administratif.
M. Fortier: Oui, mais ce n'est pas une commission, il est
seul.
M. Garon: Cela ne fait rien.
M. Fortier: Ce n'est pas comme la Commission des valeurs
mobilières où il y a un ensemble de commissaires.
M. Garon: Oui, mais il a un rôle quasi judiciaire dans
certaines fonctions. C'est un statut très particulier que celui de
l'Inspecteur général. Cela procède du droit administratif
et du droit judiciaire. Il y a une partie où il exerce des pouvoirs
judiciaires ou quasi judiciaires, à tout le moins.
M. Fortier: Oui, mais à l'article 337 c'est l'inspecteur
qui bouge. On dit: L'inspecteur général ou, à sa demande,
une personne désignée par le ministre, peut prendre le
contrôle et la possession des biens. Il a agi. Il a
démarré...
M. Garon: Oui, mais ce que je trouve drôle, moi, c'est
qu'il agit, qu'il fait une enquête et qu'il envoie cela sur votre bureau,
comme s'il était un policier.
M. Fortier: Oui, mais c'est parce que les conséquences
sont graves.
M. Garon: Mais cela ne fait rien. Ce n'est pas un petit gars en
culottes courtes.
M. Fortier: Mais je dois vous dire que, d'une façon
générale, c'est un peu beaucoup ce que l'industrie voudrait voir
plus souvent que cela: Quand l'inspecteur exerce un pouvoir important, que le
ministre ou te gouvernement puisse être impliqué, mais je dois
admettre qu'ici c'est très Important et il faut absolument que le
gouvernement soit impliqué.
M. Garon: J'ai l'impression que ce serait mieux - remarquez bien,
on discute de la question - que l'Inspecteur général rende une
décision et qu'il y ait un droit d'appel auprès du gouvernement.
Le gouvernement maintient la décision de l'inspecteur
général, la renverse ou la modifie.
M. * Fortier: Dans un cas comme celui-là, ayant
travaillé dans ce secteur pendant plusieurs mois, je dois vous avouer
que, lorsqu'on arrive à des décisions aussi extrêmes, je
verrais difficilement comment justifier une telle mesure devant l'opinion
publique. Je pense qu'il faut, à un moment donné, dans des cas
extrêmes comme ceux-là, que le gouvernement assume ses
responsabilités.
Alors, j'en fais la proposition formelle, M. le député de
Lévis. Il me semble que c'est la meilleure situation, et elle s'inscrit
d'ailleurs dans ce qui a été fait dans la Loi sur les assurances,
de toute façon, par le gouvernement précédent.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: J'ai dit que cela s'inscrit dans la lancée ou
dans la même logique que ce qui a été fait dans la Loi sur
les assurances, en 1983.
M. Garon: Concernant l'article 170, hier soir, vous
n'étiez même plus d'accord avec votre discours...
M. Fortier: On y reviendra tout à l'heure, cet
après-midi.
M. Garon:... vous n'étiez même pas d'accord avec
votre discours de deuxième lecture. J'ai fait venir votre discours de
deuxième lecture, je me suis mis à le relire. Je vois que vous
n'êtes plus d'accord avec votre discours de deuxième lecture.
M. Fortier: On va y revenir cet après-midi.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
344 est adopté?
M. Garon: Un Instant. "Un résumé des
représentations"... Qui donnait le permis?
M. Fortier: Pardon?
M. Garon: Qui donnait le permis à l'institution?
M. Fortier: C'est l'inspecteur dans la région qui donne le
permis. L'incorporation...
M. Garon: Normalement, c'est...
M. Fortier:... c'est le ministre et le permis, c'est
l'Inspecteur.
M. Garon: L'incorporation?
M. Fortier: Ici, ce n'est pas seulement enlever le permis, cela
peut aller bien plus loin.
M. Garon: Non. Si cela va plus loin, cela va aller devant les
tribunaux. Pardon? Cela peut aller sûrement plus loin...
M. Fortier: Non, non, parce qu'on dit... M. Garon:... que
d'enlever le permis.
M. Fortier:... à l'article 349: "1° lever la
suspension des pouvoirs des membres du conseil d'administration; "2°
déclarer déchus de leurs fonctions les administrateurs". Cela
déborde de beaucoup la suspension d'un permis. Cela déborde, de
toute évidence, les pouvoirs que l'inspecteur avait à l'origine
de l'octroi du permis comme tel. D'accord?
M. Garon: Bien, d'accordl En tout cas, je trouve drôle de
donner ces pouvoirs au gouvernement. Je regarde toutes les lois qui donnent
normalement des permis. Par exemple, prenons quelqu'un, disons Waldman à
Montréal, qui a un permis de poisson. Waldman est plus gros que
plusieurs compagnies de fiducie. Le permis est donné dans un cadre et
est enlevé dans un cadre. Il respecte la loi ou il ne la respecte pas;
s'il ne la respecte pas, il perd son permis.
M. Fortier: Oui, mais ce n'est pas...
M. Garon: Là, on dit: À cause de la situation
financière, c'est le Conseil des ministres qui prendra les
décisions.
M. Fortier: Oui, mais là...
M. Garon: Cela m'apparait ne pas avoir de bon sens.
M. Fortier:... Waldman n'administre pas l'argent des autres.
M. Garon: Non, mais...
M. Fortier: II administre ses poissons.
M. Garon:... il administre la santé des autres.
M. Fortier: II administre ses propres poissons.
M. Garon: Oui, justement. Mais s'il vend des moules avec des
toxines, il peut en tuer quelques-uns. C'est aussi important qu'une
fiducie.
M. Fortier: La société de fiducie, comme vous le
savez, administre quatre à cinq fois ses propres avoirs.
M. Garon: Bien oui.
M. Fortier: C'est qu'on parie d'argent.
M. Garon: Ce n'est pas ce que je veux dire. En termes de chiffres
d'affaires, les entreprises qui ont des permis ont des chiffres d'affaires
aussi importants que les institutions financières.
M. Fortier: Mais ce n'est pas une société
commerciale, on parle d'une institution financière.
M. Garon: Oui, oui, mais une institution financière et une
société commerciale, c'est la même affaire. Au lieu de
faire le commerce de produits alimentaires, elle fait le commerce de titres
financiers. C'est un commerce comme un autre. Il faut arrêter de se
conter des histoires et de garder le mystère là-dessus. Elle fait
le commerce de l'argent.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Mais ce que je ne comprends pas, c'est tout ce
scénario, alors que, dans d'autres cas, pour une laiterie, par exemple,
prenez Agropur...
M. Fortier: Bien oui, mais vous enlevez le permis...
M. Garon:... ils ont un permis de...
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse,
M. le député de Lévis. Nous suspendons les travaux
jusqu'à cet après-midi, et ce, dès la fin des...
M. Garon: Agropur a un chiffre d'affaires de quasiment un
milliard.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis, nous suspendons les travaux
jusqu'à cet après-midi, et ce, dès la fin des travaux de
la commission de l'économie et du travail sur le projet de loi 105.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 20 h 35)
Le Président (M. Chagnon): La commission reprend ses
travaux. Nous sommes à l'article 344, M. le député de
Lévis.
M. Fortier: M. le Président, si le député de
Lévis me le permet, il a soulevé un point important lorsque nous
avons arrêté nos travaux. Il a demandé: Pour quelles
raisons l'Inspecteur général qui a certains pouvoirs ne les
exerce pas? Pendant la suspension, nous avons eu le temps de
réfléchir. Je crois que mes collègues en sont venus
à une proposition qui peut-être satisfera les désirs du
député de Lévis,
Le Président (M. Chagnon): Une proposition
d'amendement.
M. Fortier: C'est cela. Nous sommes à l'article 345, je
crois?
Le Président (M. Chagnon): À l'article 344.
M. Garon: Moi, M. le Président, je n'ai pas de
désir.
Le Président (M. Chagnon): Vous n'avez pas de
désir.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce adopté, M. le
député de Lévis?
M. Garon: J'aimerais mieux entendre parler des désirs de
la députée de Matane.
Le Président (M. Chagnon): Les désirs de la
députée de Matane sont très connus à l'égard
d'une éventuelle papeterie.
Mme Hovington: N'est-ce pas!
Le Président (M. Chagnon): M. Ee député de
Lévis, est-ce que l'article 344 est adopté?
M. Garon: Non.
M. Fortier: Peut-être que l'explication que je donnerais
permettrait de comprendre. Ces articles s'enclenchent l'un après
l'autre. Peut-être qu'on pourrait distribuer... Est-ce qu'on a des
copies? Je dépose un amendement à l'article 345 et un amendement
aux articles 347, 348 et 349.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre, je ne pourra]
prendre que votre amendement à l'article 344.
M. Garon: II n'y en a pas.
Le Président (M. Chagnon): II n'y a pas d'amendement.
M. Fortier: il n'y a pas d'amendement.
Le Président (M. Chagnon): Nous sommes à
l'étude de l'article 344.
M. Fortier: Cela me permettrait d'expliquer que de fait...
M. Garon: L'article 343.
Le Président (M. Chagnon): L'article 344. L'article 343 a
été adopté.
M. Fortier: II a été adopté. De toute
façon, l'explication que je pourrais donner est celle-ci: II y a deux
ensembles de raisons qui font que l'inspecteur général peut
recommander qu'il y ait ou qu'il exerce même une administration
provisoire.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
Mme la députée de Matane. M. le député
de
Marguerite-Bourgeoys. Mme la députée de Matane.
Une voix: Un instant, s'il vous plaît.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous sommes à
l'étude de l'article 344. M. le député de Lévis,
est-ce que vous avez des commentaires à faire sur l'article 344?
M. Garon: Là, j'ai compris que le ministre
répondait aux commentaires que j'ai faits ce matin.
Le Président (M. Chagnon): Le ministre a...
M. Fortier: Il n'y a pas d'amendement à l'article 344.
Le Président (M. Chagnon):... des amendements à
apporter aux articles subséquents. Quant à l'article 344, il n'y
a pas d'amendement
M. Garon: D'abord, on n'était pas à l'article 344.
J'ai laissé les pages exactement où on était rendus ce
matin. Nous étions à l'article 343.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, l'article 343 a été adopté.
M. Garon: Êtes-vous sûr de cela?
M. Fortier: Oui, oui. Vous avez fait vérifier dans la loi
sur les enquêtes. Il était question de
délégation.
M. Garon: Entendu, oui,
M. Fortier: Nous étions à l'article 344.
M. Garon: D'accord. C'est quoi, l'article 344, pour vous?
M. Fortier: Il n'y a pas d'amendement. On dit: "Le ministre doit
joindre au rapport de l'inspecteur général ou de la personne
qu'il a désignée un résumé des
représentations que la société lui a faites ainsi que ses
propres recommandations".
M. Garon: C'est cela. M. le Président, c'est là que
je disais au ministre ce matin que j'étais un peu étonné
que l'administration n'ait rien à dire, sauf faire un rapport et un
résumé de ses représentations, et que le ministre doit
faire ses recommandations sans aucune conclusion de l'administration. J'ai
été surpris parce que dans toutes les fois que je connais au
gouvernement, le pouvoir qui délivre les permis et le pouvoir qui les
enlève... c'est l'inspecteur général qui délivre
les permis et c'est lui qui doit, à mon avis, donner une opinion
concernant la suspension ou le retrait des permis et non pas remettre un
rapport descriptif au ministre qui après cela prend une décision
et qui sera toujours accusé d'être un peu politique.
L'administration des permis est une question fondamentalement administrative.
Je pense par exemple à...
M. Fortier: C'est pour cela, M. le député...
M. Garon:... la délivrance des permis d'usines
laitières - je n'ai pas terminé, je commence - des permis
d'usines de transformation du poisson. J'ai donné l'exemple ce matin de
l'usine de Waldman à Montréal dont le chiffre d'affaires est
aussi important qu'une petite entreprise de fiducie.
Le Président (M. Chagnon): Une entreprise du comté
de Saint-Louis.
M. Garon: Pardon.
Le Président (M. Chagnon): Une entreprise du comté
de Saint-Louis.
M. Garon: II y en a de grosses et de moins grosses.
Le Président (M. Chagnon): On parle de Waldman.
M. Gobé: II y a de gros et de petits poissons.
M. Garon: On ne peut rien vous cacher.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
quelle place?
M. Fortier:... Lafontaine.
Le Président (M. Chagnon):... Lafontaine, je vous rappelle
que cette discussion va virer en queue de poisson, si vous continuez comme
cela. M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, les représentations de
l'inspecteur général sont, à mon avis, faiblardes. Mais
l'inspecteur général devrait prendre une décision sur ce
qu'il sait et son rapport devrait conclure, autrement... Et je pense même
que le Conseil des ministres devrait plutôt servir d'instance d'appel
plutôt que de première instance. La délivrance des permis,
on va dire qu'on est dans les institutions financières... Je vous dirai
que, dans les entreprises de transformation, les entreprises qui
nécessitent des permis, il y a plusieurs entreprises, un grand nombre
d'entreprises, même des centaines, qui ont un chiffre d'affaires aussi
important que celui des petites ou moyennes Institutions financières. Je
ne vois pas pourquoi, dans le domaine des institutions financières, il
faudrait que la suspension et, l'annulation des permis aillent au Conseil des
ministres comme si on était dans un autre ordre de divinités.
M. Fortier: Mais M. le député de Lévis...
M. Garon: C'est pourquoi...
M. Fortier: M. le député de Lévis, si vous
me permettiez de...
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Garon: Je vous le permets entièrement.
M. Fortier:... procéder parce que le président nous
dit, avec raison, que nous sommes à l'article 344... Je vous ai
indiqué que j'avais des propositions à faire pour les articles 45
et les autres justement qui vont dans le sens de vos représentations. Si
on pouvait arriver à l'article 345, je pourrais faire état des
amendements que je propose et qui vont dans le sens de ce que vous
suggérez.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis. L'article 344 est-il adopté?
M. Garon: Non. D'abord, je voudrais peut-être que le
ministre nous montre les amendements qu'il veut présenter à
l'article 345 pour voir si...
M. Poulin: On n'est pas rendus là. M. Garon: Non,
mais c'est parce que...
M. Fortier: On peut suspendre l'article 344...
M. Garon: D'accord.
M. Fortier:... M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): M. le député...
M. Garon: D'accord, on peut suspendre. Le Président (M.
Chagnon):... de Lévis... M. Garon: Vendu.
Le Président (M. Chagnon): Adopté? M. Garon:
Non, en suspens.
Le Président (M. Chagnon): Vous suspendez 'article
344.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Chagnon): L'article 344 est suspendu.
J'appelle donc l'article 345 et nous avons un amendement à cet article.
M. le député je Chauveaul
M. Fortier: M. le Président, l'amendement que je
propose...
M. Garon: Je vais vous dire, je suis un peu comme... Le
Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, écoutez l'amendement.
M. Fortier: L'amendement que Je propose se lit comme suit et vous
allez voir que j'ai tenté de trouver une réponse à
question que le député le Lévis a posée ce matin.
On dit: L'article 345 le ce projet est remplacé par le suivant:
"L'inspecteur générai ou, à sa demande, en son absence ou
en son incapacité, toute personne désignée par le ministre
peut aussi assumer l'administration provisoire "de toute société
du Québec ou, s'il s'agit d'une société extraprovinviale,
prendre le contrôle et la possession des biens de cette
société au Québec. "1° si le permis de cette
société a été annulé; "2° si le permis
de cette société a été suspendu et qu'il n'a pas
été remédié aux causes le cette suspension dans les
30 jours de sa prise l'effet; "3° si, de l'avis de l'inspecteur
général, cette société exerce une activité
sans détenir le permis requis. "Les articles 339 à 344
s'appliquent égalenent à l'administration provisoire ou à
la prise le contrôle édictée en vertu du présent
article, compte tenu des adaptations nécessaires. "
Il y a deux ensembles de raisons pour lesquelles l'Inspecteur
général peut décréter l'administration provisoire.
À l'article 337, on parle réellement de fraude. Au nouvel article
345 qui est, en fait, l'ancien article 348, on parle l'une
société en difficulté financière, probablenent pas
pour des questions de fraude, mais pour les raisons de liquidité, pour
des raisons autres que des questions de fraude. À ce moment-là,
le député de Lévis avait raison, l'inspecteur
général doit exercer sa juridiction, il a le pouvoir de retirer
le permis. C'est ce que nous disons ici. On dit: Dans ces cas-là,
lorsque le permis est retiré, l'inspecteur général ou,
à sa demande, quelqu'un qui a été désigné
par le ministre, peut également assumer l'administration provisoire de
la société. Il est bien évident que, si l'inspecteur
général retire ou annule le permis, il faut que quelqu'un assume
l'administration provisoire. C'est la raison de l'article 345.
Tout à l'heure, je parlerai des autres amendements qui vont dans
le sens des remarques de ce matin du député de Lévis et
qui font que l'inspecteur général assume sa responsabilité
vis-à-vis du permis, qu'il le donne et qu'il le retire. Dans les deux
ensembles de cas, c'est-à-dire selon ce qui est défini à
l'article 337, les cas de fraude ou au nouvel article 345 lorsque le permis est
annulé ou suspendu ou que, de l'avis de l'inspecteur
général, la société exerce une activité sans
détenir le permis, dans ces cas, l'inspecteur général peut
également assumer l'administration provisoire. On verra qu'on a la
même procédure. Donc, deux ensembles de cas. L'un où il est
question de fraude et d'autres où il est question d'une situation
où le permis a été retiré pour différentes
raisons. Dans les deux cas, l'inspecteur général assume
l'administration provisoire ou une personne qui, à sa demande, a
été désignée par le ministre responsable.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que vous avez
terminé vos explications préliminaires, M. le ministre?
M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je ne vois pas trop bien où va cet article
345.
Le Président (M. Chagnon): II vient après l'article
344.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Chagnon): Que nous avons suspendu.
M. Garon: On ne peut rien vous cacher, M. le
Président.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, il s'agit là d'une phrase qui va vous rendre
célèbre!
M. Garon: Le problème, ce n'est pas cela. Le
libellé de l'article, ce n'est pas 345, D'où vient cet article?
C'était où avant?
M. Fortier: Cet article était à l'article 348.
Autrement dit, il y a une administration provisoire. Lorsque, après
examen, on s'aperçoit que les conditions ont mené à
l'administration provisoire et lorsque le ministre fait rapport au Conseil des
ministres, c'est l'article 349 qui va entrer en scène. C'est là
où le gouvernement a un pouvoir important: lever la suspension des
pouvoirs des membres du conseil d'administration de la société;
déclarer déchus de leurs fonctions les administrateurs; et
ordonner, aux conditions qu'il détermine, la liquidation de la
société. Quand on est rendu à liquider la
société, cela va plus loin que retirer le permis.
M. Garon: On est rendu trop loin!
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Là, on est rendu trop loin. Ce sont des
décisions qui sont prises par qui? À l'article 337, on parle bien
d'une société dont les biens ont fait l'objet d'un
détournement ou d'une absence inexplicable de biens.
M. Fortier: C'est cela, des questions de fraude.
M. Garon: Les fraudes sont l'article 337. M. Fortier:
C'est cela.
M. Garon: Vous nous arrivez avec l'article 345, où le
monde a été puni.
M. Fortier: Non, non. M. Garon: Bien oui.
M. Fortier: L'inspecteur général peut donner des
explications qui pourraient rétablir la vérité.
Le Président (M. Chagnon): Alors, M. l'Inspecteur
général.
M. Garon: La vérité! Si le permis a
été annulé, il a été annulé par
quelqu'un. Par qui?
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, nous allons écouter les explications de l'inspecteur
général. M. l'inspecteur général.
M. Bouchard: L'administration provisoire a deux voies ou deux
bases: L'article 337 et le nouvel article 345 qui était l'article 348.
L'article 337, si vous remarquez, c'est une administration provisoire qui est
faite d'office par l'inspecteur général pour une période
minimale de six jours. Il prend tout de suite possession des biens dans des cas
extrêmement graves prévus à l'article 337. Et
subséquemment, il fait rapport au ministre qui, à son tour,
entend les parties et subséquemment fait rapport au gouvernement.
S'ajoute à cela une autre possibilité de prise de
possession des biens. Cette fois, vous remarquerez la rédaction de
l'article 345 qui ne parle pas d'administration provisoire de sept jours. Ce
n'est pas une administration provisoire d'urgence du même cas que
l'article 337. Et l'article 345 s'explique parce que le permis a
été annulé. Mais par qui? Par l'inspecteur
général en vertu des dispositions préalables qui sont
prévues au chapitre de la suspension ou de l'annulation de permis
à l'article 244. C'est là que l'inspecteur général
a annulé le permis. Il l'a annulé non pas nécessairement
pour des cas de fraude, d'insolvabilité ou de faillite, mais pour
d'autres raisons. Alors, le permis est annulé ou le permis est suspendu
ou s'il exerce une activité sans détenir le permis. Dans ces
cas-là, il y a aussi une administration provisoire qui est faite de la
façon prévue à l'article 345...
M. Fortier: Au nouvel article 345.
M. Bouchard: Dans les deux cas, vous continuez le libellé
à l'article 346: Lorsque l'administrateur prend possession, les pouvoirs
du conseil d'administration sont suspendus. Ensuite, vous continuez le
libellé de l'article: Le ministre fait donc rapport au Conseil des
ministres. Les pouvoirs du gouvernement sont ceux du nouvel article 347, qui
était l'ancien article 349 qui dit que, cette fois, le gouvernement ne
s'immisce plus dans fa délivrance, la suspension ou la restriction de
permis. Ce n'est pas de son ressort. Mais le gouvernement met fin à
l'administration provisoire. Le gouvernement déclare déchus les
administrateurs ou ordonne la liquidation de la compagnie.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, avez-vous une question?
M. Garon: Oui. On n'est pas dans le même ordre
d'idées. À l'article 344, il s'agit de rendre une décision
sur une situation soulevée par les causes de l'article 337. À mon
avis, l'article 345 est autre chose.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, vous aviez demandé de suspendre l'article 344, ce qui a
été fait par la commission, pour étudier plus rapidement
l'article 345.
M. Garon: L'article 345 était l'article 348 du projet de
loi. On peut le regarder. Écoutez bien ce qu'on dit ici: L'article 345
du projet de loi est remplacé par le suivant. On le remplace à
l'article 348 en disant: "L'inspecteur général ou, à sa
demande, en son absence ou en son incapacité d'agir, toute personne
désignée... " Je dirai que le gouvernement ne risque rien. Il
imagine même que l'inspecteur général, en plus d'être
absent, peut être incapable d'agir. C'est fort. Je n'ai pas vu cela
souvent dans un projet de loi.
Toute personne désignée par le ministre
peut aussi assumer l'administration provisoire de toute
société du Québec ou, s'il s'agit d'une
société extraprovinciale, prendre le contrôle et la
possession des biens de cette société au Québec... " Ce
n'est pas rien, là. "1° Si le permis de cette société
a été annulé... " Comment aurait-il été
annulé? Ce n'est pas un cas comme ceux dont on a parlé
jusqu'à maintenant; "2° SI le permis de cette société
a été suspendu et qu'il n'a pas été
remédié aux causes de cette suspension dans les 30 jours de sa
prise d'effet; "3° Si, de l'avis de l'inspecteur général,
cette société exerce une activité sans détenir le
permis requis. "Les articles 339 à 344 s'appliquent également
à l'administration provisoire ou à la prise de contrôle
édictée en vertu du présent article, compte tenu des
adaptations nécessaires".
Parlons de l'article. Qu'est-ce que le gouvernement va faire de cette
société? C'est comme une société qui lui tombe
entre les mains, d'un coup sec.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, il me parait assez difficile de faire une analogie avec l'article
348, qui découle de l'article 347, qui nous amène à la
situation prévue à l'article 337. Je pense qu'il faut, sur le
plan du droit, regarder les articles 344 à 346 inclusivement et de 347
à 351.
M. Fortier: Je peux répondre à la question du
député de Lévis.
M. Garon: II s'agit de lire l'article 348...
M. Fortier: Est-ce que le député de Lévis me
permettrait? L'Inspecteur a dit qu'il y avait deux possibilités
d'intervention de la part de l'Inspecteur; non pas du gouvernement, mais de
l'Inspecteur. C'est là-dessus qu'il est intervenu ce matin et on lui
donne raison. Maintenant qu'on lui donne raison, il ne faudrait pas qu'il
présente un argument contraire. On vous donne raison. On vous dit que
l'inspecteur a des pouvoirs et qu'il va les exercer. Il y a deux options
possibles. La première option prévue par l'article 337, c'est
quand il est question de fraude. On dit que l'inspecteur général
prend alors l'administration provisoire, mais pour une période de temps
limitée. Par la suite, il fait rapport au ministre et le ministre fait
rapport à son tour.
La deuxième possibilité est le nouvel article 345. On dit:
Dans des cas où l'inspecteur général a annulé le
permis, a suspendu le permis ou a constaté qu'il y avait une
société financière qui fonctionnait sans permis, dans ces
cas-là, il n'a pas attendu le gouvernement, il a pris l'administration
provisoire de ta société. Une fois qu'il a pris l'administration
provisoire, il faut conclure. Quand on dit que c'est une administra- tion
provisoire, cela ne peut pas durer dix ans. À un moment donné, il
faut faire quelque chose. Que fait-on? C'est seulement après cela
qu'encore une fois il suit la même procédure prévue aux
articles 242, 243, 244. Il fait rapport au ministre, le ministre au
gouvernement. En fin de compte, le gouvernement décide. Est-ce qu'on
lève la suspension des pouvoirs? Autrement dit, est-ce que la situation
est redevenue normale?Est-ce qu'on déclare déchus de
leurs fonctions les administrateurs ou est-ce qu'on ordonne que la
société soit liquidée?
Alors, ce sont deux cas où l'inspecteur agit. Mais si, en fin de
compte, il s'agit de liquider la compagnie, ce n'est pas à l'inspecteur
de décider cela, c'est au gouvernement. C'est pour cela qu'on lui donne
raison. Ce matin, il avait dit: II faudrait que l'inspecteur joue pleinement
son rôle vis-à-vis des permis. Ce sont les amendements qu'on
présente. On vous donne raison, on vous dit: C'est cela qu'on va faire.
Alors, c'est dans ce sens-là que les amendements sont proposés.
On a trouvé, durant la période de suspension cet
après-midi, pendant que d'autres personnes travaillent, que votre
argumentation était bonne et on a préparé les amendements
en conséquence.
Le Président (M. Chagnon): Alors, M. le
député de Lévis, l'amendement à l'article 345
est-il est adopté?
M. Garon: Bien, je ne comprends pas parce que les conclusions
sont faites. Si le permis de la société a été
annulé, par qui est-ce que cela a été fait?
M. Fortier: Par l'inspecteur. M. Garon: En vertu de quel article?
M. Fortier: On va le trouver. Un instant! Une voix: L'article 244.
M. Fortier: L'article 244 dit: "L'inspecteur
général peut suspendre le permis de toute société -
page 55 - qui ne se conforme plus aux conditions requises pour ia
délivrance d'un permis... "
M. Garon: Mais le 1°, là...
M. Fortier:... "2° dont te capital de base est
Insuffisant...; "3° qui, de l'avis de l'Inspecteur général,
ne suit pas des pratiques commerciales et financières saines; "4°
qui a commis une infraction ou, de l'avis de l'inspecteur
général, contrevient à la présente loi; "5° qui
refuse à l'inspecteur général de procéder aux
examens; "6° qui contrevient à un ordre... "
Autrement dit, il y a six dispositions...
M. Garon: Cela ne se peut pas parce qu'à l'article 244,
c'est l'Inspecteur généra) qui suspend les permis alors que ce
dont on parle, à l'articles 345, 1°, c'est que le permis a
été annulé.
M. Fortier: il y a un autre article, l'article 245, tout de suite
après: "L'inspecteur général peut annuler le permis de
toute société dont le permis a été obtenu sur la
foi de renseignements faux ou Inexacts ou qui, à son avis, est dans une
situation financière insatisfaisante qui ne pourra être
corrigée. " Alors, c'est l'article 244 ou 245, la suspension ou
l'annulation. C'est l'inspecteur générai qui fait cela.
Votre argument était bon, c'est pour cela qu'on a fait
l'amendement.
Le Président (M. Chagnon): Alors, sur l'amendement, M. le
député de Lévis, d'autres questions? Sinon, ]e vais
procéder à l'adoption...
M. Garon: Un instant.
Le Président (M. Chagnon):... de l'amendement.
M. Garon: Si le permis a été annulé, ce
n'est pas en vertu de l'article 244. Pardon?
Une voix:...
M. Garon: Alors, le 2°, "si le permis de cette
société a été suspendu", c'est en vertu de quel
article?
M. Fortier: L'article 244. Un permis annulé, c'est en
vertu de l'article 245; un permis suspendu, c'est en vertu de l'article 244.
Et, l'article 345, 3°, c'est s'il n'avait pas de permis du tout et qu'il
fonctionnait quand même.
Une voix:...
M. Fortier: Non, non, on l'a écrit comme vous le vouliez.
C'est exactement ce que vous vouliez.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'amendement est
adopté, M. le député de Lévis?
M. Garon: Ce n'est pas ce que j'avais voulu, on n'était
pas rendus là. On était rendus à l'article 344.
Le Président (M. Chagnon): Non, non, M. le
député de Lévis. L'article 344, ]e vous le rappelle, a
été suspendu à votre demande.
M. Garon: Non, non, quand on a repris ce soir... Les amendements
qu'on a faits cet après-midi, ce n'est pas ce que j'avais dit.
Le Président (M. Chagnon): L'article 343 a
été adopté. L'article 344 a été
suspendu.
M. Garon: Ce soir.
Le Président (M. Chagnon): Nous sommes à
l'étude de l'amendement de l'article 345. M. le député de
Lévis, est-ce qu'il est adopté?
M. Garon: II peut assurer si le permis était
annulé. Si un permis est annulé, c'est que l'inspecteur
général va prendre la place de la compagnie pour qu'elle
continue.
M. Bouchard: C'est pour cela que l'article 345 lui permet de
prendre possession des biens, autrement...
M. Fortier: II faut comprendre, M. le député de
Lévis, qu'on annule le permis. Il y a des gens qui ont des
dépôts dans cette compagnie; il y a des fonds communs de
placements; il y a toutes sortes d'engagements. On ne peut pas seulement
annuler et dire: Allez-vous-en chez vous. Il faut que quelqu'un continue de
l'administrer d'une façon ou d'une autre, jusqu'à ce qu'on la
rétablisse, qu'on la vende ou qu'on la liquide. On ne peut pas, du Jour
au lendemain, dire: Le permis est annulé et ceux qui ont des
dépôts, rentrez chez vous, ne posez pas de question.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre, il s'agit, dans
ce cas-là, d'un cas de tutelle, finalement.
M. Fortier: C'est cela. Elles sont en tutelle.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, sur l'amendement de l'article 345. Est-ce que cela va? Est-ce que
je dois comprendre...
M. Garon: Attendez un peu, je regarde.
Le Président (M. Chagnon):... qu'il est adopté?
M. Garon: Un instant. Que va devenir l'article 345?
M. Fortier: L'article 345 disparaît; il disparaît
complètement. Justement, c'est l'argumentation que vous aviez faite.
Dans l'ancien article 345, le gouvernement donnait des ordres à
l'inspecteur général touchant les permis et des choses comme
cela. Vous avez très bien argumenté, vous aviez raison. Alors, on
enlève l'ancien article 345. (21 heures)
Le Président (M. Chagnon): Alors, sur la plan technique,
M. le député de Lévis, l'article 345 de ce projet est
remplacé par le nouvel article 345 qui découle de l'amendement
proposé par le ministre.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'amendement est adopté.
L'article 345 est-il adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Tel qu'amendé. M. le
député de Lévis. Cela est blanc bonnet et bonnet blanc,
évidemment.
M. Garon: C'est quoi?
Le Président (M. Chagnon): L'article tel qu'amendé
est-il adopté?
M. Garon: Oui, adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'article 345 est adopté
tel qu'amendé. J'appelle donc l'article 346.
M. Fortier: II n'y a pas de changement. On dit: "Lorsque
l'Inspecteur général ou la personne désignée par le
ministre assume l'administration d'une société, les pouvoirs du
conseil d'administration de cette société sont suspendus.
L'inspecteur général ou la personne désignée par la
ministre assume alors ces pouvoirs ainsi que ceux de l'assemblée
générale. "L'inspecteur générai ou la personne
désignée par le ministre ne peut être poursuivi en justice
pour un acte accompli de bonne foi dans l'exercice de ses fonctions. "
C'est donc la tutelle. C'est simplement la définition de la
tutelle comme telle.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, l'article 346 est-il adopté?
M. Garon: N'allons pas trop vite là!
Le Président (M. Chagnon): La vitesse tue.
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Chagnon): La vitesse tue.
M. Garon: Vous avez raison. Je suis aussi dans les
transports.
Le Président (M. Chagnon): Pardon? Oui, vous êtes le
critique pour les transports.
M. Garon: Dans la sécurité routière, je sais
que la vitesse tue.
Le Président (M. Chagnon): Je vous préviens, M. le
député de Lévis, que la lenteur paralyse.
M. Garon: Oui, et la vitesse qui tourne en rond ne mène
nulle part.
M. Poulin: Vous avez dit que vous êtes critique pour les
transports.
M. Fortier: Cet article est assez simple. M. Garon: Cela doit
être votre meilleur,
M. Poulin: Je n'ai jamais dit que vous étiez meilleur aux
transports.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau!
M. Garon: Je n'ai pas dit cela.
M. Poulin: On vous aime bien quand même.
M. Fortier: Dans la Loi sur les assurances, il y a une
disposition semblable, M. le député de Lévis. Dans la loi
sur les fiducies de l'Ontario, la lof concernant les Institutions
financières et les systèmes d'assurance-dépôt au
gouvernement fédéral. Ce sont des dispositions semblables.
Le Président (M. Chagnon): L'article 346 est-il
adopté?
M. Garon: On va aller tranquillement.
M. Fortier: II y a des dispositions semblables là-dedans.
Cela va?
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, je comprends qu'il est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'article 346 est
adopté.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): J'appelle donc l'article 347 et
J'ai un amendement sur cet article. Je demanderais au ministre de
préciser son amendement.
M. Fortier: Le nouvel article 347 s'inscrit dans les mêmes
remarques faites antérieurement. Je crois que le député de
Lévis... Non, c'est un document qui vient d'être distribué,
M. te député de Lévis. L'amendement se lit comme
suit...
M. Garon: D'où vient-il, lui?
M. Fortier: C'est un nouveau papillon.
M. Garon: 347 vient de quelque part.
Le Président (M. Chagnon):... 347, j'en ai ici une copie,
M. le député de Lévis.
M. Fortier: C'est l'ancien article 349. L'article 347 de ce
projet est remplacé par le suivant: "Après avoir reçu le
rapport du ministre, le gouvernement peut Imposer l'une ou plusieurs des
mesures suivantes: 1° mettre fin à l'administration provisoire ou au
contrôle et à la possession des biens. " Autrement dit, en
administration provisoire, on dit: cela suffit, on arrête! "2°
Déclarer déchus de leurs fonctions les administrateurs de la
société et ordonner la tenue d'une assemblée
spéciale des actionnaires pour procéder à
l'élection de nouveaux administrateurs. 3° Ordonner, aux conditions
qu'il détermine, la liquidation de la société et nommer un
liquidateur.
Tout membre du conseil d'administration déchu de ses fonctions en
vertu du présent article est inhabile à occuper la fonction
d'administrateur pour une période de cinq ans. "
C'est pour cela qu'on a enlevé de la décision
gouvernementale tout ce qui touchait les permis. C'est l'inspecteur qui fait
cela; ici, ce sont des décisions strictement gouvernementales touchant
la fin de l'administration provisoire ou rendre déchus de leurs
fonctions les administrateurs ou ordonner la liquidation de la compagnie.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre, avez-vous
terminé vos déclarations préliminaires?
M. Fortier: Cela va, j'ai terminé.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: On se trouve, au fond, dans la suite de l'article 344
et, encore là, c'est le gouvernement qui décide à la place
de l'inspecteur général.
M. Fortier: Oui, mais, là, cela va au-delà du
permis, on est rendus dans des décisions encore plus importantes.
M. Garon: Lesquelles?
M. Fortier: Bien, liquider la compagnie. Je pense bien que...
M. Garon: Ah oui! c'est la même affaire. M. Fortier:
Oui, parce que...
M. Garon: Le permis ou le début des opérations, la
fin des opérations, la liquidation, tout ça fait partie du
même cercle.
M. Fortier: Non, mais cela a plus de conséquences. Vous
avez fait une comparaison avec Waldman, mais sans vouloir lancer un
débat là-dessus, il y a des différences essentielles. Si
vous retirez le permis de Waldman, il n'y a plus de poissons qui entrent
là. Cela vient de finir et ils ferment la boutique.
Dans le cas d'une institution financière, comme je le disais tout
à l'heure, il y a des gens qui y ont déposé leur argent;
il y a des gens qui ont donné leurs biens sous administration
fiduciaire; il y a des pensions; il y a des gens qui ont acheté des
fonds communs de placement administrés par la société de
fiducie.
Alors, c'est un peu plus compliqué que de fermer Waldman. Il
s'agit pour le gouvernement de prendre une décision importante dans ces
cas-là et de déterminer si c'est liquide ou non. C'est une
décision très importante et je crois que, si j'étais
l'inspecteur, je me sentirais un peu gêné d'aller à une
mesure aussi extrême, sans avoir été sanctionné par
le gouvernement.
Mais pour l'administration provisoire, il agit instantanément.
Mais pour la liquidation ou pour déchoir les membres du conseil
d'administration, je crois que donner ce pouvoir à l'inspecteur, c'est
aller un peu loin.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: SI on vote pour l'article 347, en fait, l'article 344
est en suspens et c'est comme s'il n'était plus en suspens, au fond,
parce que c'est le même genre d'opération qui va dans le
même sens.
M. Fortier: L'article 344 dit simplement de quelle façon
le ministre fait rapport, alors que 347 dit de quelle façon le
gouvernement statue là-dessus. On pourra revenir à l'article 344,
une fois que l'article 347 sera adopté.
Le Président (M. Chagnon): Nous reviendrons à
l'article 344 après l'adoption de l'article 351.
M. Fortier: C'est cela.
M. Garon: Dans la Loi sur la liquidation des compagnies, qui
déclare qu'une compagnie doit être liquidée?
M. Fortier: C'est l'inspecteur.
M. Bouchard: Une liquidation volontaire?
M. Garon: Une liquidation.
M. Bouchard: Dans le cas d'une liquidation volontaire, ce sont
les actionnaires qui à une assemblée générale,
décident de leur liquidation et ils présentent ensuite une
requête à un juge de la cour.
M. Garon: Forcée?
M. Bouchard: Forcée? Cela veut dire une faillite. Alors,
c'est une pétition de faillite et c'est le tribunal qui
décide.
M. Garon: Pourquoi aller au gouvernement pour ta liquidation
d'une société?
M. Fortier: Pourquoi le gouvernement? Pourriez-vous
répondre à la question, M. l'inspecteur?
M. Bouchard: Il y a deux possibilités. Il se peut que ce
soit le ministre ou le gouvernement qui le fasse, ou encore le tribunal. Mais
dans ce cas, pourquoi est-ce le ministre ou le gouvernement? C'est la
responsabilité gouvernementale de voir à la protection de
l'épargne publique. C'est une fonction de surveillance et de
contrôle de l'épargne. Ce n'est pas une fonction essentiellement
de tribunaux.
M. Garon: À cause des volumes...
M. Bouchard: Ce n'est pas comme les créanciers de
façon générale, dans le cas d'une liquidation,
M. Garon:... à cause des volumes.
M. Bouchard: Non, c'est pour cela que, dans la cause du
Prêt hypothécaire, la Cour d'appel a fait très bien la
distinction, disant que le ministre avait le pouvoir de le faire et que ce
n'est pas anticonstitutionnel de lui conférer ce pouvoir, parce qu'il
est responsable auprès du public, de par sa fonction, de la protection
du public et de l'épargne du public.
Le Président (M. Chagnon): Alors, l'intention du
législateur, M. le député, est d'abroger les articles
suivants... l'article 347, tel qu'il pourrait être adopté, une
fois amendé. Alors, cela implique que les articles 348 et 349 seraient
abrogés, ils disparaîtraient tout simplement du...
M. Garon: Qu'est-ce que vous pensez des notaires?
M. Bouchard: Des notaires? Cela a rapport avec quoi donc?
M. Poulin: Cela, c'est...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau.
M. Poulin: Ce n'est définitivement pas un sondage.
M. Garon: Les notaires servent beaucoup au point de vue des fonds
des individus qui leur...
M. Bouchard: Ah! ils ne sont pas couverts, parce que ce n'est pas
un dépôt, c'est garanti par la Régie de
l'assurance-dépôts, les fonds en fiducie.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, cela va pour l'amendement à l'article 347?
M. Garon: On n'a pas terminé. M. Fortier: Sur
division?
M. Garon: Non, non, Je regarde cela comme il faut parce que c'est
Important. Je sais que le député de Chauveau, depuis que la Loi
sur les courses de chevaux a été adoptée, a envie de
courir...
M. Poulin: Cela ne vous regarde pas! M. Garon: Pardon?
M. Poulin: II y en a pour qui ce sont les chevaux: pour d'autres,
c'est le porc.
M. Garon: Mais on est dans les poulains.
M. Poulin: Occupez-vous de votre porc, je vais m'occuper de mes
chevaux.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, la parole est à vous.
M. Garon: Je n'ai rien à faire dans le porc. Je
goûte à peine les cretons. Le député...
M. Poulin: On est rendus à l'article 347.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau!
M. Poulin: Étudiez l'article 347...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau!
M. Poulin: Non, non! Il n'a pas à s'occuper de ma vie,
lui!
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau, je vous rappelle l'article 32 de notre règlement qui concerne
le décorum dans l'Assemblée nationale et aussi dans ses
commissions parlementaires.
M. Poulin: Je m'excuse, M. le député de Chagnon, M.
le député de Saint-Louis...
Le Président (M. Chagnon): Appelez-moi... M. Poulin:
M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): L'article 37 de notre code de
procédure interdit que nous soyons nommés autrement que par le
nom de notre comté.
M. Poulin: Je me suis emporté.
Le Président {M. Chagnon): Je comprends, M. le
député de Chauveau. Toutefois, je remets évidemment
immédiatement la parole au député de Lévis.
M. Garon: Je vous remercie, M. le Président, d'avoir eu ce
geste d'autorité qui vous honore. Le député de Chauveau
est jeune.
Une voix:... et fringant.
M. Fortier: Bon Dieu! Ils veulent voir des gens au travail. Ils
sont venus pour vous écouter. M. le député de
Lévis, allez-y.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, nous vous écoutons.
M. Fortier: Nous sommes tout yeux, tout oreilles.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, nous avons un auditoire.
M. Garon: Je souhaiterais entendre une intervention de la
députée de Matane. J'attends, depuis deux ans, une bonne
Intervention de la députée de Matane dans le domaine des
institutions financières.
M. Poulin: M. le Président...
Mme Hovington: Je suis très heureuse de vous l'entendre
dire.
M. Poulin: M. le Président, nous étions rendus
à l'article 347. Le député de Lévis pourrait-il
continuer?
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau, voulez-vous invoquer une question de règlement?
M. Poulin: Oui. Le député de Lévis
pourrait-il continuer à l'article 347...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau...
M. Poulin:... et arrêter de nous conter sa vie?
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau. Faites-vous une question de règlement?
M. Poulin: Oui, oui.
Le Président (M. Chagnon): Alors, quel article?
M. Poulin: L'article 71.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau, vous faites...
M. Poulin:... sur la pertinence, l'article 71, sur la
pertinence.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau, l'article concernant la pertinence est l'article 211.
M. Poulin: Bien, je me suis trompé de 11...
Le Président (M. Chagnon): Alors, M. le
député de Chauveau...
M. Poulin: Mais l'article...
Le Président (M. Chagnon): Je note...
M. Poulin:... la pertinence, c'est l'article 347, qui
continue.
Le Président (M. Chagnon):... votre volonté de
revenir à la pertinence du débat. Je suggère au
député de Lévis de s'en tenir à l'amendement de
l'article 347 qui nous occupe à ce moment-ci en commission et je vous
demande, M. le député de Lévis, si nous adoptons
l'amendement de l'article 347.
M. Garon: Non. Je voudrais poser une question additionnelle. Je
comprends que vous avez résisté à mettre fin, à
prendre possession et à assurer l'administration provisoire du
député de Chauveau, mais ici...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, je voudrais tout simplement éviter que cette commission
verse dans l'escalade. Je vous rappelle gentiment à l'ordre.
M. Garon: M. le Président, le ministre peut-il nous dire
s'il trouve normal que le gouvernement se trouve dans la situation d'agir comme
un tribunal de première instance, après avoir reçu son
rapport et ses recommandations?
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Fortier: Nous sommes dans le secteur des institutions
financières qui reçoivent les dépôts et les sommes
d'argent du public. Il s'agit alors de l'intérêt public.
Sûrement que je ne verrais pas que ce genre de décision soit prise
par un tribunal, parce que, étant responsable de l'intérêt
public, il revient au ministre ou au gouvernement de statuer dans des cas aussi
importants que ceux-ci. Si on écarte la venue d'une décision par
le tribunal, je crois que, à ce moment-là, il reste peu de choix,
il faut donc s'en remettre à des gens élus par le peuple,
responsables devant le peuple, et qui doivent
prendre des responsabilités, des décisions difficiles
à certains égards, mais qui doivent les prendre dans le meilleur
intérêt du public. D'autant plus, comme le député de
Lévis le sait, que, lorsqu'une institution financière se trouve
en difficulté, ' cela a un impact sur d'autres institutions
financières. Quand nous avons eu, en 1981, des problèmes avec tes
sociétés d'entraide économique, nous en sommes venus
à un cheveu pour que les gens paniquent et retirent... (21 h 15)
M. Garon: Justement!
M. Fortier:... leurs avoirs d'autres institutions
financières. Il faisait allusion, tout à l'heure...
M. Garon: Justement.
M. Fortier:... à Waldman. Tout le monde sait qu'une
poissonnerie peut faire faillite, et ce n'est pas cela qui va faire que les
gens vont s'empêcher d'aller acheter du poisson à la poissonnerie
d'à côté. Mais, dans le secteur des institutions
financières, c'est très critique, il faut être
sévère. Il faut bien contrôler la situation, mais, dans des
cas extrêmes, il y a une décision à prendre qui
amène l'administration provisoire. Là, on a dépassé
l'administration provisoire. Une fois qu'on a fait l'administration provisoire,
que l'inspecteur général a décrété
l'administration provisoire, il y a une décision probable de
liquidation. À ce moment-là, le ministre qui vous parle
préférerait que la décision de liquidation soit prise en
collégialité avec ses collègues du Conseil des ministres,
étant donné l'impact que cela aurait sur certaines personnes.
M. Garon: Justement.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre, est-ce que vous
avez terminé?
M. Garon: M. le Président, le ministre vient
d'énoncer...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon:... un cas patent, la situation des caisses d'entraide
économique. J'aimerais que le ministre nous dise s'il peut estimer,
justement dans ce cas patent... C'est en pensant à ce cas que
j'hésite sur l'article 347. Depuis combien de temps l'administration
gouvernementale savait que l'administration des caisses d'entraide
économique ne pouvait pas en venir autrement qu'à un chaos?
Pendant combien de temps a-t-elle été au courant de cette
situation sans bouger parce que les pouvoirs de la loi n'étaient pas
clairs?
M. Fortier: Alors, je ne sais pas... M. Garon: C'est
justement cela...
M. Fortier:... là où le député veut
en venir. Je ne voudrais pas imputer...
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Fortier:... des fautes trop lourdes au gouvernement..
M. Garon: Je n'impute rien.
M. Fortier:... qui nous a précédés.
M. Garon: Je n'impute rien.
M. Fortier: Je ne voudrais pas Imputer trop de
responsabilités à M. Jacques Parizeau qui était ministre
des Finances, à ce moment-là.
M. Garon: Je n'impute rien.
M. Fortier: Je ne sais pas si c'est là son but, de nous
amener sur le terrain de la course au leadership...
M. Garon: Non.
M. Fortier:... mais je ne voudrais pas aller dans cette
direction.
M. Garon: Non, non.
M. Fortier: Non, je n'étais pas là. Donc, je ne
peux le dire. Mais ce que je sais, par ailleurs, c'est qu'à la suite de
ces événements, on a créé le poste de l'Inspecteur
général des institutions financières pour donner et pour
retirer des permis. Je crois que le Parti libéral du Québec a
voté avec le gouvernement sur la création du poste de
l'inspecteur général, et donc j'en suis. Mais donner des
responsabilités importantes à l'Inspecteur général,
cela ne veut pas dire pour autant que, au-delà d'une certaine limite, le
gouvernement doive abdiquer toute responsabilité. Là, on est dans
un cas extrême où le gouvernement désirerait assumer
certaines responsabilités dans un cas éventuel de liquidation
d'une société qui peut avoir des actifs extrêmement
Importants.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, je vais vous dire qu'on n'est
pas dans une course au leadership. D'ailleurs, depuis un certain nombre
d'années, des députés du Parti libéral m'ont
laissé entendre...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, je vous rappellerais la pertinence...
M. Garon:... qu'ils pourraient être
intéressés à me suivre...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis...
M. Garon:... mais je n'entrerai pas dans ces
considérations.
Une voix:...
M. Garon: Non, non... Je pourrais vous nommer des noms.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, je vous rappelle que nous sommes à l'étude de
l'amendement de l'article 347. Quant à l'appel à tous que vous
venez de formuler, je vous suggérerais de le faire peut-être un
peu plus tard, mais après l'adoption de l'article 347.
M. Fortier: Étant donné que...
M. Garon: J'aimerais soulever justement ce cas-là. Je
pense qu'il est très important que, sur le plan administratif, les gens
responsables du suivi de l'évolution des institutions financières
puissent prendre des responsabilités, mais surtout avoir la
responsabilité d'en prendre. Si on laisse les situations telles qu'elles
sont actuellement, je pense qu'on ne corrigera rien.
En tout cas, c'est longtemps avant d'avoir été élu
député qu'on m'a dit que la situation des caisses d'entraide
économique avait des problèmes et qu'il devrait y avoir des
interventions. Mais les lois étant faites de telle manière que
tout cela était animé de façon désastreuse, tout le
monde s'attendait... C'est justement parce que je connais cette
expérience que je pense que les lofs doivent être claires. II faut
qu'on dise qui prend les décisions, qui est responsable. En fonction de
ces aménagements de juridictions, ceux qui ont des
responsabilités à prendre, il faut qu'ils puissent les prendre.
Quand on laisse des situations ambiguës, il n'y a plus personne qui sait
qui doit prendre les décisions.
Le meilleur exemple qu'on vient d'avoir, récemment, c'est le cas
de la moule. Cela fait longtemps que je dis que les situations sont tellement
mal faites que le plus grande service qu'a rendu M. Nielsen quand il
était ministre des Pêches, ce fut de congédier - cela a
été son dernier acte avant de partir à Noël - son
sous-ministre. Pourquoi? Le cas du thon avarié avait amené...
À cause de conflits de juridiction ou de faits, les personnes ne
prennent pas leurs responsabilités. Je pense qu'il n'y a rien de pire
que de faire des lois ambiguës. Le fonctionnaire supérieur qui a
des responsabilités à prendre a un petit bout à faire, le
ministre a un autre petit bout et le gouvernement a un autre petit bout. Tout
le monde s'attend. Il n'y a rien de pire sur le plan administratif que de ne
pas confier les responsabilités à quelqu'un et de lui dire: Vous
êtes responsable.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Fortier: Le député de Lévis est
très injuste parce que, depuis trois jours et trois nuits, nous
étudions ce projet de loi.
M. Garon: On l'a pas étudié durant la nuit, on
arrête à minuit.
M. Fortier: II y a des dispositions extrêmement importantes
qui donnent des pouvoirs extrêmement précis. Je lui rappellerai
entre autres le pouvoir d'ordonnance de l'inspecteur général, les
injonctions possibles, les pouvoirs donnés à l'inspecteur
général de suspendre le permis, de l'annuler, de soulever des
questions sur la valeur des actifs, de statuer sur la valeur des actifs. Je
crois que les responsabilités sont très précises. Lorsque
le député de Lévis laisse entendre que le projet de loi
crée des ambiguïtés, je lui dirai, au contraire que ce
projet de loi vient donner à l'inspecteur général des
responsabilités extrêmement précises, qu'il en donne
également aux dirigeants et aux conseils d'administration des
sociétés de fiducie.
Lorsqu'on est rendu à l'extrême où l'inspecteur
général a joué le rôle qu'il devait jouer en
forçant l'administration provisoire, il reste à décider si
on liquide la compagnie ou non. Là, c'est une décision
très importante, qui, à mon avis, ne doit pas rester au niveau de
l'inspecteur général. De toute façon, il y a
l'administration provisoire qui joue. C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, je rappellerais très gentiment au député
de Lévis, que, de part et d'autre, on a donné tous les arguments
qu'on pouvait donner. À ce moment, soit qu'on prenne un vote nominal
soit qu'on adopte l'article sur division. Je crois qu'on ne fera pas avancer
beaucoup le dossier en restant chacun sur nos positions.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, je vous annonce qu'il ne reste que cinq minutes au débat
sur l'amendement de l'article 347.
M. Garon: Je vous dirai que c'est en vertu des mêmes
principes que le ministre de l'Agriculture, lui, a déterminé que
les règlements permettant à l'étalon d'avoir un permis
pour s'accoupler à une jument au Québec devraient être
déterminés par le Conseil des ministres. Je vous le dis! C'est
tellement important la capacité des étalons du Québec que
les règlements peuvent être adoptés seulement par le
Conseil des ministres. Alors que n'importe quel être humain au
Québec indépendamment de ses capacités le peut sans
problème. Mais pour les étalons, cela prend 84 critères
déterminés par le Conseil des ministres. Imaginez-vous le
ministre de l'Éducation avec le ministre de la Santé et des
Services sociaux qui discutent ensemble de la capacité de nos
étalons! J'aimerais être un petit oiseau pour être assis au
Conseil des ministres et assister à cette discussion sûrement
homérique ou
bucolique, sinon virgilienne...
Le Président (M. Chagnon): Il faudrait changer de parti,
M. le député de Lévis.
M. Garon: Non, non. Pourquoi? Parce qu'on dit toujours: C'est
tellement important, il faut que cela aille au Conseil des ministres.
Aujourd'hui, les étalons au Québec ne peuvent pas s'accoupler
à une jument sans avoir un permis déterminé en vertu d'un
règlement approuvé et déterminé par le Conseil des
ministres. Seulement le fait de le mentionner les gens en ont des sursauts. On
a dit que c'était important. Aujourd'hui, le ministre dit: Très
important. Une compagnie ne peut être suspendue dans le domaine des
institutions financières sans que cela aille au Conseil des ministres.
Moi, je fais partie de la catégorie des gens qui considèrent que
celui qui est capable d'aller peinturer sur le dessus du pont de Quéfbec
à 150 pieds de haut est aussi important qu'un avocat, qu'un notaire,
qu'un médecin parce qu'il fait un travail que pas beaucoup de gens sont
capables de faire.
Dans notre société, les fonctions sont un peu
équivalentes. Chacun en fonction de ses talents et de ses
capacités remplit une fonction. Il n'y a pas de fonction qui est
vraiment au-dessus d'une autre. Si, dans une foule de secteurs, te droit de vie
ou de mort, en termes d'existence et de permis, est à un niveau
administratif, pourquoi dans le cas d'une compagnie de fiducie cela doit alter
au Conseil des ministres? Je comprendrais qu'on ait réservé un
droit d'appel au Conseil des ministres parce que le droit d'appel permettant
une sanction, si l'on veut, de la décision du ministre ou de
l'inspecteur général pourrait susciter une plus grande prudence.
Mais non pas tout ramener au Conseil des ministres. On ramène tout au
Conseil des ministres au Québec.
M. Fortier. C'est faux. Dans ce projet-ci, vous avez complètement
tort, M. le député de Lévis. Arrêtez de charrier. Il
disait que l'annulation doit aller au Conseil des ministres. C'est faux. On a
dit 100 fois que l'annulation est faite par l'Inspecteur, Arrêtez de dire
des choses fausses.
M. Garon: Bien, c'est écrit. Je vais vous lire
l'article.
M. Fortier: Bien, voyons donc! Ici, ce n'est pas ça, c'est
la liquidation.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, le ministre en est à son droit de parole et de
réplique.
M. Garon: Mais on dit quoi? Après avoir reçu le
rapport du ministre, "le gouvernement peut Imposer l'une ou plusieurs des
mesures suivantes: "6* mettre fin à l'administration provisoire, au
contrôle et à la possession des biens. "
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Vous savez, il y a un paquet de cas qui vont devant la
Cour provinciale ou devant la Cour supérieure qui font ces actions, dans
des cas qui sont beaucoup plus Importants que les cas qu'on mentionne dans le
projet de loi. Les tribunaux, comme la Cour provinciale et la Cour
supérieure sont capables de faire ça.
On dit: "2° déclarer déchus de leurs fonctions les
administrateurs de la société et ordonner la tenue d'une
assemblée spéciale des actionnaires pour procéder à
l'élection de nouveaux administrateurs. " On n'est pas dans dans le nec
plus ultra, au niveau du droit divin. On est dans quelque chose d'administratif
normal. "3° ordonner, aux conditions qu'il détermine, la liquidation
de la société et nommer un liquidateur. " Dans toutes les autres
compagnies, cela ne se passe de cette façon nécessairement.
Pourquoi, dans ce cas, il faut que ça aille au gouvernement, au Conseil
des ministres? Je trouve que ce sont des pouvoirs exorbitants que c'est une
administration exorbitante. C'est un manque de confiance dans
l'administration.
Autrefois, il fallait qu'à chaque jour de la fête d'un
député, le premier ministre se lève pour souhaiter bonne
fête au député. On s'est rendu compte que c'était
une perte de temps. On a arrêté ça. Il y a beaucoup de
choses qui ont changé au cours des années. Aujourd'hui encore,
dans les institutions financières, on a encore les mêmes
systèmes vieux jeu d'aller au gouvernement pour des choses qui
pourraient être réglées à d'autres endroits.
Autrement, c'est un vrai gouvernement provincial, de nature municipale, en
gardant les caractéristiques rurales où tout le monde veut
être dans ia famille pour savoir ce qui se passe.
Mais je pense que ce n'est pas nécessaire dans un gouvernement
moderne de prendre des décisions comme celles-là. Est-ce qu'on
imagine le gouvernement de ta France faisant ça? Est-ce qu'on imagine le
gouvernement des États-Unis faisant ça? Est-ce qu'on imagine le
gouvernement du Danemark ou de la Norvège faisant ça? Je suis
persuadé qu'on ne fait pas ça dans ces pays. Alors, pourquoi,
nous, Ici, imposer au gouvernement des décisions qui peuvent être
rendues au niveau administratif?
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, est-ce que vous avez terminé?
M. Garon: Je plaide, M. le Président, espérant...
Je dirai comme le poète Miron disait en fin de semaine, dans une
assemblée que nous faisions ensemble: M. le Président, je
répéterai ces choses jusqu'à tant qu'on les comprenne.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce qu'on les a comprises
à la fin?
Une voix: II va falloir commencer à
répéter...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, il ne s'agit pas d'un exercice pédagogique, puisque vous
avez eu probablement une vocation et non seulement un intérêt
marqué en matière de pédagogie à
l'université, mais aussi quelques années de votre carrière
passée en avant des bancs de l'école, non pas sur les bancs de
l'école, mais en avant.
M. Garon: Plusieurs années.
Le Président (M. Chagnon): Peut-être que M.
l'inspecteur général voudrait relever...
M. Garon: Batêche! J'ai passé plus d'années
là que nulle part ailleurs.
Le Président (M. Chagnon): M. le député,
peut-être que M. l'inspecteur général aimerait relever
quelques commentaires que vous avez faits...
M. Bouchard: Sûrement.
Le Président (M. Chagnon): M. l'inspecteur
général et, après, si vous consentez, M. le
député de Lévis, nous procéderons à
l'adoption de l'amendement de l'article 347 sur lequel nous discutons et sur
lequel vous plaidez fort raisonnablement, dois-je le dire, depuis
déjà presque 20 minutes.
M. Garon: Il me reste combien de temps?
Le Président (M. Chagnon): Cinq minutes, trois ou quatre
minutes.
M. Garon: Cinq minutes?
Le Président (M. Chagnon): Même pas. Je pense que M.
l'inspecteur général tentera de répondre à cette
question.
M. Bouchard: Le gouvernement, en vertu de l'article 347, joue
véritablement le rôle d'appel que M. le député de
Lévis voudra lui faire jouer. Pourquoi? Parce qu'il y a
déjà eu un acte, une décision, un jugement de porté
par l'inspecteur général qui, d'une part, a pris possession sur
une base temporaire et qui, d'autre part, dans les cas de l'article 345, a
également pris possession lorsqu'un permis a été
annulé, parce que l'inspecteur l'a annulé. Donc, deux
décisions ont été prises.
Ces décisions font ensuite l'objet d'un rapport au ministre qui,
à son tour, fait une révision de cette décision en
entendant les parties et qui fait ses recommandations au
Conseil des ministres qui se trouve à être le tribunal
suprême pour décider si, effectivement, après les jugements
portés en première instance par l'inspecteur et en
deuxième instance par le ministre, en troisième Instance, on doit
aller jusqu'à lever la suspension ou déchoir cette compagnie
complètement de tous ses droits et lui ordonner de disparaître et
de liquider ses biens. C'est le rôle du Conseil des ministres. (21 h
30)
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis...
M. Fortier: On peut voter...
Le Président (M. Chagnon):... l'amendement de l'article
347 est-il adopté?
M. Garon: Non, pas immédiatement, M. le Président,
j'ai encore quelques arguments que je voudrais faire valoir au ministre, en
espérant qu'il va tenter de comprendre l'argumentation que je fais
valoir. Je comprends qu'il y aura toujours entre l'administration et le palier
politique une certaine concurrence, un certain débat dans l'attribution
des juridictions. Je pense qu'il n'est pas bon que le palier politique
s'affuble de toutes sortes de responsabilités qui ne lui échoient
pas naturellement. Écoutez là! Je vais lire encore l'article pour
que le ministre comprenne, dans toute sa splendeur, les responsabilités
incroyables qu'il veut confier au gouvernement, qui est un gouvernement
provincial, le gouvernement d'une province, comme dirait l'autre, mais il veut
confier les responsabilités suivantes comme des responsabilités
inéluctables, qui ne peuvent pas aller à d'autres paliers
qu'à celui d'un gouvernement.
Écoutez bien! Après avoir reçu le rapport du
ministre, le gouvernement peut imposer une ou plusieurs des mesures suivantes.
Imaginez-vous, il faut aller au gouvernement pour cela. Premièrement,
mettre fin à l'administration provisoire ou au contrôle et
à la possession des biens. Il faut aller au gouvernement pour cela.
Imaginez-vous si, en France, aux États-Unis, en Belgique, au Danemark,
en Norvège, il fallait aller au gouvernement de l'État pour
mettre fin à une administration provisoire! Imaginez-vous!
M. Poulin: Vous dites les articles 244, 245...
M. Garon:... ou pour mettre fin au contrôle et à la
possession des biens. C'est quelque chose.
Deuxièmement, on dit qu'il faut aller au gouvernement qui va
"déclarer déchus de leurs fonctions les administrateurs de la
société". Imaginez-vous! Le gouvernement va décider que
les administrateurs sont déchus ou non. Il faut aller à ce
palier-là...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, je vous rappelle que vous vous adressez à la
présidence.
M. Garon: Oui, oui, toujours, M. le Président, je ne
l'oublie jamais, "... et ordonner, M. le Président, la tenue d'une
assemblée spéciale des actionnaires". C'est le gouvernement de
l'État qui va décider que la société doit tenir une
assemblée spéciale de ses actionnaires. C'est ridicule. Entre
vous et moi, c'est ridicule. Ce n'est pas le rôle d'un gouvernement, d'un
État de prendre de telles dispositions, c'est à
l'administration.
Évidemment, cela oblige l'administration à prendre des
responsabilités, à pouvoir errer, à être responsable
de ses décisions. On dit également: "Ordonner la tenue d'une
assemblée spéciale des actionnaires pour procéder à
l'élection de nouveaux administrateurs. " Imaginez-vous! le Conseil des
ministres va arguer, discuter et déterminer si une société
doit tenir une assemblée spéciale pour l'élection de
nouveaux administrateurs. Voyons donc! Il me semble que cela n'a pas de bon
sens, à sa face même. "3° Ordonner, aux conditions qu'il
détermine, la liquidation de la société et nommer un
liquidateur. " C'est le gouvernement qui devra dire si la société
doit être liquidée et il devra nommer le liquidateur! Dans mon
esprit, ce sont des fonctions administratives qui relèvent de
l'administration, cela ne relève pas de l'ordre d'un gouvernement. Le
gouvernement a autre chose à faire que de s'occuper de ces questions
administratives, qui sont importantes, mais qui ne relèvent pas du
palier politique, celui d'un gouvernement de 7 000 000 de population.
Le gouvernement du Québec, ce n'est pas une brimbale; ce n'est
pas un casse-croûte, c'est le gouvernement d'un Etat qui a 7 000 000 de
population. On lui confie des responsabilités qui ne sont pas de son
ordre.
Je trouve inadmissible que l'administration ne veuille pas assumer ces
fonctions ou que le Québec n'ait pas assez confiance en l'administration
pour confier ces fonctions à l'administration. Ce sont des fonctions
administratives. Quelle gloire y a-t-il pour un gouvernement à assumer
ces fonctions? En quoi un gouvernement doit assumer des fonctions de cette
nature? En quoi un Conseil des ministres a le temps et va prendre le temps pour
statuer sur des conditions comme celles-là?
Cela revient à dire - et c'est là que c'est une erreur
pour le ministre - que le ministre, et on le voit à l'article 344 sur
lequel on va revenir, va présenter le rapport qui vient de l'inspecteur
général, va faire ses propres considérations, va
établir ses conclusions et ses recommandations telles qu'on le dit, et
ensuite au gouvernement cela va passer comme du beurre dans la poêle sans
que la question ait vraiment été étudiée. Le
gouvernement du Québec, même si ce n'est pas le gouvernement des
États-Unis, n'a pas le temps d'analyser ces questions. Il a d'autres
choses à faire. Je trouve anormal et Incroyable qu'on veuille confier au
gouvernement du Quéfbec des responsabilités de cette nature qui,
à mon avis, dans un État décentralisé,
organisé et bien structuré, ne doivent pas relever de lui. Cela
m'apparaît tellement évident que je ne comprends pas que le
ministre soit comme le rocher de Gibraltar, ce soir, et immuable comme le roc
d'Outremont.
M. Fortier: Vous pariez de Jacques Parîzeau encore, le roc
d'Outremont.
M. Garon: J'ai remarqué que les gens d'Outremont
habituellement ont une conception des choses qui diffère de celle des
gens d'ailleurs.
M. Fortier: Vous avez bien raison. Si le député de
Lévis me le permettait, très brièvement. Je sais que le
temps...
Le Président (M. Chagnon): Peut-être une seconde, M.
le ministre. J'ai eu deux demandes de vos collègues ministériels
qui veulent prendre la parole dans ce débat fort important pour l'avenir
de la nation.
M. Fortier: Allez-y!
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau.
M. Poulin: Seulement une question au vérificateur. Dans
l'article dont nous parlons présentement...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau, d'abord, est-ce que vous pourriez remonter votre micro?
Ml. Poulin: Après 23 heures.
Le Président (M. Chagnon): Deuxièmement, à
quel vérificateur faites-vous allusion?
M. Poulin: À M. Bouchard.
Le Président (M. Chagnon): M. Bouchard. Vous parlez de M.
l'inspecteur général.
M. Poulin: L'inspecteur général, je m'excuse.
À l'article 347, on parle de tutelle. Quand on parle de tutelle, on fait
rapport à l'article 244 et à l'article 245 comme on le disait
tantôt - seulement pour me situer dans le débat - où
l'Inspecteur général a pris des décisions, et à
partir de l'article 347 on arrive à une tutelle, je pense. C'est
à partir de ce moment que le ministre ou le gouvernement prend des
décisions, si on se rapporte un peu au cas des banques où le
gouvernement fédéral avait statué sur le problème
des banques, Est-ce cela un peu?
Le Président (M. Chagnon): M. l'inspecteur
général.
M. Bouchard: C'est exactement cela. Dans les cas prévus,
il y a d'abord une suspension ou une annulation de permis qui ne conduit pas
nécessairement à la tutelle au sens où on l'entend, sauf
dans les cas du nouvel article 345 où il y a une administration. Il est
prévu à l'article 250 que, lorsqu'une compagnie de fiducie ou une
compagnie d'épargne a perdu son permis, elle ne peut plus fonctionner,
sauf pour les fins de sa liquidation. Donc, cette compagnie se trouve dans un
état... je dirais, dans les limbes. Elle n'a plus le droit de
fonctionner, elle n'a plus le droit de recevoir de dépôts, mais
par ailleurs elle a des centaines de millions de dollars ou des millions de
dollars de biens sous administration. Il faut donc s'assurer que cette
liquidation se fasse dans l'intérêt des déposants, de ceux
qui lui ont fait confiance. Chaque compagnie va aller chercher 10 $, 15 $, 20 $
pour chaque dollar investi. Ce qui est prévu ici, c'est tout simplement
ce qui est prévu en Ontario. C'est le lieutenant-gouverneur en conseil,
le gouvernement de l'Ontario qui ordonne la prise de possession parce que c'est
grave. Ce n'est pas le ministre qui le fait en Ontario. C'est comme nous ici au
Québec.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau. Je pense, qu'encore une fois l'inspecteur général vous
donne raison.
M. Poulin: Je ne voudrais pas qu'il me donne raison. Je me pose
des questions. Cela fait 34? articles que je vois passer. Je n'ai pas
posé beaucoup de questions parce que le député de
Lévis en pose tellement.
M. Garon: Je- suis prêt à vous laisser votre tour,
mais c'est 20 minutes.
M. Poulin: Mais vous êtes bien, par exemple.
M. Garon: Ah oui! Je vous laisse vos 20 minutes.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Poulin: Je voudrais seulement poser une question. Dans le cas
des caisses d'entraide, à un moment donné quand il y a eu des
problèmes, comment le gouvernement a-t-il procédé ou
a-t-il réagi dans ce dossier? Est-ce que les projets de loi qui
existaient dans le temps ont permis au gouvernement de s'impliquer dans le
problème?
M. Bouchard: On écrira peut-être un jour l'histoire
des caisses d'entraide, mais il faudrait bien que vous vous rappeliez
l'histoire des caisses d'entraide. C'était un problème de
liquidité.
M. Poulin: Oui.
M. Bouchard: Et en l'espace de quelques semaines, il a fallu
emprunter 50 000 000 $ pour prêter de l'argent aux caisses d'entraide. La
Loi sur les caisses d'épargne et de crédit qui est une vieille
loi de 1963 - d'ailleurs, c'est encore celle qui nous régit en 1987 - ne
prévoit rien en ce qui concerne une escalade de demandes de
dépôt, sauf un article qu'on a invoqué et qui permettait
que, dans le cas d'un paiement de parts sociales, les parts sociales ne
devaient se faire qu'au fur et à mesure de l'échéance,
lorsque la liquidité était suffisante. Comme dans le cas des
caisses d'entraide, tous les dépôts étaient faits sous
forme de parts sociales, on a pu donc bloquer l'escalade du rachat des parts
sociales en invoquant cet article. Et le problème a été
résolu subséquemment par deux lois qui ont été
adoptées en l'espace de trois mois, parce qu'il n'y avait pas de
mécanisme pour régir et échapper à la crise
à ce moment-là, sauf ces lois spéciales.
M. Poulin: Je comprends mal quand on regarde les articles 244 et
245, et qu'on arrive à l'article 347 où je me situe. Je ne saisis
pas... Quand j'écoute le député de Lévis, il me
fait voir que peut-être la justice pourrait régler le
problème autrement que le gouvernement sur cela. Je ne pense pas que la
justice, dans le projet de loi qu'on est en train d'étudier, peut venir
quand il y aura un problème majeur dans les institutions, autre
qu'à l'article 347, alors que le gouvernement aura une décision
à prendre, parce que ce sont des épargnants, etc.
Le Président (M. Chagnon): M. l'inspecteur
général.
M. Bouchard: Écoutez, ce ne peut pas être la justice
parce que la réception de dépôts est une
responsabilité gouvernementale. C'est la raison pour laquelle être
une institution financière, c'est un privilège qui
nécessite un permis et qui, de plus, est une activité très
sévèrement réglementée. Donc, lorsque vient le
temps de mettre au pas une institution ou, je dirais, de juguler une crise, il
appartient au gouvernement qui est le responsable des fonds publics de prendre
les responsabilités en conséquence, d'aller jusqu'à
déchoir des gens qui sont responsables de la gestion ou encore
d'ordonner la liquidation de la compagnie.
M. Poulin: Donc, ce que vous me dites, c'est que...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau, une dernière question.
M. Poulin: Oui, seulement une dernière question. Vous me
dites que, à partir des articles 244 et 245, l'inspecteur
général a fait ce qu'il avait à faire comme administrateur
et l'article 347 est l'ultime article pour que le gouvernement
prenne les dernières décisions? M. Bouchard: Exact. M.
Poulin: Merci.
Le Président (M. Chagnon): Selon la règle de
l'alternance, M. le député de Lévis permettra au
député de Lafontaine de pouvoir poser une question et au
député de Chambly?
M. Garon: Non, mais j'aimerais juste, avant qu'il parle,
justement en vertu de la règle de l'alternance, mentionner très
brièvement que, dans la Loi sur les banques, on dit ceci, à
l'article 280, paragraphes 4° et 5°: Le ministre peut, pendant la
période où le surintendant a le contrôle d'une banque en
vertu de l'article 270, charger le Procureur général du Canada de
demander à une Cour supérieure une ordonnance de liquidation de
la banque aux termes de la Loi sur les liquidations. C'est la banque, et cela
va être par le tribunal.
Deuxièmement, quand on regarde la loi de l'Ontario, qu'est-ce
qu'on dit? Pendant que le surintendant a la possession et le contrôle de
l'actif de la compagnie provinciale en vertu du présent article, il peut
présenter au tribunal une requête en vue d'obtenir une ordonnance
de liquidation de la compagnie en vertu de la partie VI de la loi sur les
compagnies et associations. En Ontario, c'est le tribunal qui décide et,
au gouvernement fédéral, au niveau des banques, c'est le tribunal
qui décide. Nous, nous demandons ceci. Le fonctionnaire responsable,
l'Inspecteur général, fait un rapport. Il l'envoie sur le bureau
du ministre; le ministre prend la décision de faire des recommandations
au Conseil des ministres qui, lui, prend la décision. Cela
m'apparaît incohérent dans un système de droit où il
y a des lois qui doivent être administrées normalement par
l'administration et les tribunaux.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lafontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Tout d'abord,
avant de parler, j'aimerais souligner la présence ce soir parmi nous,
à cette commission, du ministre...
Le Président (M. Chagnon): Avant de...
M. Gobé:... des Approvisionnements et
Services, M. le député de Hull, qui nous fait l'honneur
d'être présent, tellement le projet de loi est important
Le Président (M. Chagnon): C'est assez curieux, M. le
député, que vous vouliez saluer des gens avant de parler.
M. Gobé: J'ai dit: avant de parler, j'aimerais le faire...
En commençant à parler, M. le Prési- dent.
Le Président (M. Chagnon): Ah bon! On comprend mieux. (21 h
45)
M. Gobé: La langue m'a fourché certainement
à cette heure; vous me le pardonnerez. En continuant, puisque j'ai
commencé à parler comme vous le dites si bien, vous me permettrez
de dire que je suis un peu étonné ce soir du discours de notre
collègue, le député de Lévis. Il ne nous a pas
habitués à cela depuis deux ans maintenant que je siège
à cette commission assidûment, d'ailleurs, un peu comme il le
fait, il a tenu le discours opposé en disant: Le pouvoir appartient aux
élus; c'est le gouvernement, ce sont les députés qui ont
à décider; ce n'est pas à l'administration; il ne faut pas
être sur le pilote automatique. Pour prendre des décisions, il
faut gouverner.
Ce soir, alors qu'on voit un amendement à un article, qui
était, d'ailleurs, très simple, mais que le ministre a voulu
affiner et dans lequel il veut donner plus de pouvoirs aux élus, au
gouvernement, on semble voir le député de Lévis qui fait
marche arrière par rapport à son discours habituel et qui dit: II
faudrait remettre ça à l'administration, aux tribunaux.
Vous me permettrez de m'étonner de cela. Je pense qu'il nous
avait habitués à un peu plus d'indépendance et de
délégation envers le pouvoir politique. Alors, je m'interroge
vraiment sur les raisons qui l'amènent à faire cette volte-face.
Je crois qu'il appartient aux élus de mettre de l'ordre et de prendre
des décisions qui concernent les épargnants en particulier, mais
également les consommateurs et la population en
général.
Je ne vois pas pourquoi, ce soir, on devrait s'étonner ou aller
à rencontre de l'amendement et du nouvel article 347. M. le
député de Lévis, vous-même le disiez très
souvent: Ce sont les élus, ce sont les députés, c'est le
gouvernement qui dirige. Là, vous m'étonnez. J'irai plutôt
dans le sens de l'article du ministre et je crois qu'on devrait, sans plus
attendre, l'adopter à l'unanimité, car je pense que c'est
là votre pensée, si je me fie aux deux années
passées avec vous à cette commission et à vos
déclarations antérieures.
Le Président (M. Chagnon): Nous vous remercions, M. le
député de Lafontaine. M. le député de Chambly.
M. Latulippe: Mol, c'est plutôt une question que j'ai
à poser au ministre. En droit, il y a des règles fondamentales
qui sont, entre autres: la règle de droit et "duty to act fairly". Ce
sont des règles de base dans notre système juridique. Je vous
pose une question: Comment va-t-on s'assurer, dans un cas comme celui qui nous
concerne à l'article 347, où on donne un pouvoir au gouvernement,
que ces règles fondamentales
de droit, "duty to act fairly" et la règle de droit, soient
véritablement respectées?
Le Président {M. Chagnon): M. le ministre.
M. Fortier: Dans les cas d'annulation ou de suspension, je pense
qu'on a vu hier des références très précises aux
règles de droit comme telles. Comme de raison, dans les cas de fraude
appréhendée à l'article 337, il y a une administration
provisoire qui est faite. À l'article 341 - oui, c'est ce que je
cherchais - aux articles 331 et 341, on dit: "Si le rapport de l'Inspecteur
général ou de la personne désignée par le ministre
confirme l'existence d'une situation prévue à l'article 337, le
ministre doit, après avoir donné à la
société - on parle de la société de fiducie -
l'occasion d'être entendue, soumettre ce rapport au gouvernement. "
Je pense qu'on a vu hier que, en ce qui concerne l'annulation et la
suspension, les règles de droit naturel dont vous pariez sont
respectées. Ici, à l'article 341, on le précise
également avant d'aller au Conseil des ministres et de conclure à
une liquidation éventuelle.
M. Latulippe: Mais quel est le recours d'un administrateur, par
exemple, qui est susceptible d'être déchu ou se voit déchu
de sa fonction ou quel est le recours d'une administration qui pourrait
prétendre que cela ne se fait pas suivant la règle de droit? Quel
est le recours que cette personne ou cette administration a à la suite
de l'article 347?
M. Fortier: Est-ce que je peux demander à l'inspecteur de
répondre, s'il vous plaît?
Le Président (M. Chagnon): M. l'inspecteur
général.
M. Bouchard: Oui, il y en a plusieurs, M. le
député. C'est que les articles 344 et 345 sont l'aboutissement
suprême d'un long processus préalable qui adébuté par la suspension ou l'annulation de permis ou par des
instructions qui ont pu être données par l'inspecteur
général.
Dans le chapitre sur la suspension et l'annulation de permis, à
l'article 247 que l'Inspecteur doit, avant de suspendre ou annuler un permis,
donner au titulaire l'occasion d'être entendu. Il doit aussi notifier par
écrit sa décision. Donc, une décision motivée de la
suspension ou de l'annulation. D'où découle ce dont nous parlons,
il y a appel prévu à l'article 251 pour des motifs de droit ou
des motifs de fait lorsque c'est manifestemment erroné, lorsqu'il y a
irrégularité grave ou lorsque la décision n'est pas rendue
avec impartialité.
En plus de ce qui est prévu pour l'appel à l'article 251,
il ne faut pas oublier qu'il y a toujours l'appel de droit commun qui est
l'appel de brefs d'évocation.
M. Latulippe: Pas contre le gouvernement. M. Bouchard:
Non, contre l'inspecteur.
M. Latulippe: Absolument pas contre le gouvernement, contre
l'inspecteur.
M. Bouchard: On parle de l'étape des préliminaires
qui conduisent à l'aboutissement suprême: le bref
d'évocation qu'on peut invoquer, l'équité, le manque de
justice ou enfin tout ce que l'on veut dans un bref d'évocation. Lorsque
la décision est rendue à l'étape de la suspension ou de
l'annulation, c'est là qu'entrent en jeu les articles 337 et 345,
surtout 345, dans le cas d'annulation ou de suspension de permis - et 337
où vous êtes dans une situation très grave, lorsque il y a
faute, malversation, abus de confiance, enfin, des cas très graves
où l'administration d'office est faite pour une période minimale
de 7 jours, prolongée ensuite à la discrétion du ministre
pour une période plus longue. Elle est suivie de l'obligation pour le
ministre d'entendre les parties avant que le ministre fasse son propre rapport
au Conseil des ministres qui statuera, en dernier ressort, sur l'ensemble de la
situation pour faire en sorte qu'une compagnie soit liquidée ou que les
administrateurs soient déchus de leur fonction.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chambly.
M. Latulippe: Mais vous comprendrez que, face à cette
dernière alternative, il n'y a pas de moyens de... .
M. Fortier: Non. Il faut bien comprendre qu'on parle de
sociétés de fiducie et d'épargne et que, dans une
très large mesure, il s'agit de biens sous administration, qu'on ne
parle pas de biens propres à la compagnie ni d'une compagnie
ordinaire.
Comme exemple ici, je peux prendre Montréal Trust, qui a des
actifs de 3 milliards, mais des biens sous administration de 7, 5 milliards. Le
Trust Royal a des actifs propres de 3, 2 milliards, des biens sous
administration de 20 milliards.
Autrement dit, la plupart des biens qui sont administrés ne leur
appartiennent pas. C'est là où il y a des exigences
particulières qui font que... Le député de Lévis a
soutenu que c'est une décision administrative. Il faut bien se rendre
compte que... Bien sûr, si je prends la plus petite des
sociétés de fiducie, une fiducie canadienne-italienne, par
exemple... Il y en a quelques-unes qui sont très petites, mais la
plupart sont très importantes.
Si on a fait une loi, c'est qu'on doit tout prévoir. Ce peut
être une petite société de fiducie ou une très
grosse qui se trouve dans cette situation. Mais iI faut savoir que cela aurait
des conséquences et un impact extraordinaires sur les biens sous
administration, sur le
personnel qui y serait employé, etc,.
On peut bien argumenter qu'on veut laisser cela à
l'administration, mais hier le député de Lévis
était celui qui insistait pour que l'Inspecteur Informe le ministre
continuellement. Il se posait même la question: Est-ce que, dans la loi,
il y a un article qui permet au ministre de poser des questions? Il a
trouvé un article dans la loi de l'Inspecteur général. Non
pas dans cette loi-ci, mais dans la toi de l'inspecteur général
qui permet au ministre de poser toute question, même si à 99, 9 %
l'administration de la loi est confiée à l'Inspecteur
général des institutions financières.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chambly.
M. Latulippe: Les prérequis dont vous avez parlez, M.
l'inspecteur, sont obligatoires à l'article 347? Est-ce que ce sont des
prérequis nécessaires? En d'autres termes, est-ce qu'on pourrait
passer directement à l'étape de l'article 347?
M. Bouchard: Pour l'article 347, non, mais à l'article
337, oui. Parce que l'article 337 mentionne des cas de fraude très
graves où l'annulation de permis va se faire de façon
concomitante.
M. Latulippe: Concomitante à l'article 347. M. Fortier:
M. le député de Lévis.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chambly,
M. Latulippe: Cela va.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau.
M. Poulin: Juste un peu pour rappeler ceci au
député de Lévis. Tantôt quand je ('écoutais
parler, il parlait de gens plus Importants que les notaires, les avocats, ceux
qui montent sur les ponts. Je retrouve présentement, avec ce que j'ai
écouté de l'inspecteur, les articles 244, 245, 247, 251, 237, 345
qui protègent et qui amènent aujourd'hui le ministre à
faire un article comme le 347.
Si on se souvient - et on en parlait ce matin, entre autres - quand on
est rendu à la cour, l'Important, ce sont les causes de fraude, de
meurtre, d'homicide, etc. L'article 347, pour moi - et je suis d'accord avec le
député de Lévis sur cela - c'est pour protéger
l'épargnant. Quand on est rendu, après tous les articles qu'on a
vus et que j'ai nommés tantôt, à l'article 347, je pense
que le gouvernement peut, entre autres, prendre des décisions, alors que
l'épargnant, lui, attend de savoir ce qui se passe avec ses
économies, ses placements dans ces compagnies.
Je pense qu'on doit, comme gouvernement, réagir plus vite-Une
voix:... l'imputabilité.
M. Poulin:... l'imputabilité, oui, mais réagir plus
vite que la cour peut agir dans ce processus-là. Si on regarde tout le
processus de la cour, on peut se retrouver un an, un an et demi ou deux ans
plus tard et l'épargnant, lui, n'aura pas été
protégé. Pour moi, je pense que le gouvernement doit agir dans
ces moments-la, des moments d'urgence comme on peut dire. L'article 347
protège et devient une responsabilité du gouvernement. Merci.
Le Président (M. Chagnon): C'est pour cela, M. le
député de Chauveau et MM. les membres de cette commission, que
j'appellerai M. le député de Lévis.
M. Garon: Je sais qu'il ne me reste pas beaucoup de temps. Le
ministre...
Le Président (M. Chagnon): Pas vraiment, non.
M. Garon:... le gouvernement a 99 députés et nous
sommes 23; la majorité est très forte ici. Je dirai simplement
ceci: c'est un peu comme si on décidait, par exemple, dans n'importe
quel domaine, les affaires criminelles si l'on veut, que le fonctionnaire doit
faire rapport au ministre, que le ministre fait une recommandation, que cela va
au gouvernement et que le gouvernement tranche. Ce n'est pas au gouvernement
à administrer les lois comme cela. Ce sont des lois administratives
comme d'autres, et on voit, dans le domaine des banques, par exemple à
Ottawa, que ce sont les tribunaux qui tranchent. J'admettrais qu'il y ait un
appel...
M. Fortier: Non, mais là, est-ce qu'on peut... ?
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chauveau.
M. Garon: J'admettrais que. si, par exemple, l'inspecteur
général décrétait la liquidation d'une entreprise,
tous les différents points qui sont mentionnés à l'article
347 soient décidés par l'inspecteur général, qui
peut "ordonner, aux conditions qu'il détermine, la liquidation de la
société et nommer un liquidateur. " J'admettrais, moi, un droit
d'appel au gouvernement qui. lui, pourrait décider pour d'autres motifs
supérieurs que, malgré les difficultés que l'entreprise a
vécues, il serait bon qu'elle vive et qu'il pose des conditions pour la
faire fonctionner. Mais pas dans l'administration courante des affaires.
Là, on voit par exemple: "Mettre fin à l'administration
provisoire ou au contrôle et à la possession des biens",
"déclarer déchus de leurs
fonctions les administrateurs de la société"... Ce sont
des gens qui vont être déclarés déchus par le
gouvernement sur un rapport de fonctionnaires qui aura été remis
au ministre qui aura fait une recommandation au gouvernement. Cela ne
m'apparaît pas avoir de bon sens. Dans le cas des situations de fraude
à l'article 337, ce sera un rapport administratif qui sera fait au
ministre, qui va être acheminé au gouvernement, avec une
recommandation du ministre. Quel genre de justice ce sera? On n'est pas en
Haïti. Non, non, mais je pense qu'il appartient à l'administrateur,
qui est l'inspecteur général, de prendre ses
responsabilités, de prendre les décisions et on peut, dans
certains cas, qui peuvent avoir un caractère supérieur, permettre
un appel au gouvernement sur l'opportunité...
M. Fortier: M. le député de Lévis.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon:... mais pas sur l'administration courante de la
justice.
Le Président (M. Chagnon): Vous avez écoulé
tout le temps qui était mis à votre disposition, et je dois vous
demander si l'amendement à l'article 347 est adopté. Je conviens
que...
M. Garon: Vote enregistré.
Le Président (M. Chagnon): Vote enregistré. Je
demanderais au secrétaire de procéder au vote.
Le Secrétaire: M. Fortier (Outremont)? M. Fortier:
Pour.
Le Secrétaire: M. Latulippe (Chambly)? Pour ou contre?
M. Latulippe: Pour.
Le Secrétaire: M. Gobé (Lafontaine)?
M. Gobé: Pour.
Le Secrétaire: M. Poulin (Chauveau)?
M. Poulin: Pour.
Le Secrétaire: M. Chagnon (Saint-Louis)?
Le Président (M. Chagnon): Abstention.
M. Garon: C'est le président, cela arrive souvent.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Secrétaire: Quatre pour, un contre et une
abstention.
Le Président (M. Chagnon): L'amendement est donc
adopté. Je dois le reconnaître.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'article 347, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Fortier: Adopté, tel qu'amendé... M. Garon: Sur
division. M. Fortier:... sur division.
Le Président (M. Chagnon): II est adopté sur
division. J'appelle donc l'article 348 qui est retiré.
M. Fortier: L'amendement à l'article 348 de ce projet est
abrogé.
Une voix: Abrogé?
Le Président (M. Chagnon): L'article 348 du projet est
abrogé. Est-ce que l'amendement à l'article 348 est
adopté?
M. Garon: Mais j'aimerais que le ministre nous indique tes
raisons de son abrogation, parce qu'il avait de bonnes raisons pour mettre cet
article dans son projet de loi. Alors, j'aimerais savoir quelles sont les
arguments pour lesquels il veut...
M. Fortier: M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Fortier: On l'a expliqué à plusieurs reprises.
On peut reprendre, mais on allait bien pour adopter le projet de loi.
J'aimerais qu'on reprenne le rythme qu'on avait, mais cela ne me fait rien de
répéter dix fois. C'est qu'il y a plusieurs des dispositions de
l'article 348 qui ont été mises dans l'article 345 à la
suggestion de ce que le député de Lévis a dit ce
matin.
C'est la première fois que j'essaie de faire des amendements pour
satisfaire quelqu'un qui fait des représentations et qui argumente
contre les représentations qu'il a faites lui-même. Là, je
ne comprends plus rien.
Le Président (M. Chagnon): Cela vous apprendra!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: Alors, cela se retrouve dans l'article 345
modifié.
M. Garon: D'ailleurs, c'est ce qu'on...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Chagnon): Sur division. L'article 348.
Est-ce que l'article 348 tel qu'amendé est adopté?
M. Garon: Adopté sur division.
Le Président (M. Chagnon): Sur division. J'appelle donc
l'article 349 et j'ai un amendement à l'article 349. M. le ministre.
M. Fortier: L'article 349 de ce projet de loi est abrogé,
puisqu'il se retrouve à peu près intégralement dans
l'article 347 qui a été modifié et qui inclut à peu
près les mêmes dispositions qui étaient prévues
à l'article 349.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'amendement de
l'article 349 est adopté?
NI. Garon: C'est vrai qu'une fois que l'article 345 a été
adopté, l'article 349 n'a plus beaucoup d'utilité.
Le Président (M. Chagnon): Alors, ' je~ comprends qu'il est
adopté.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Adopté. J'appelle donc
l'article 350.
M. Fortier: L'article 350 dit ceci: "La décision du
gouvernement ordonnant la liquidation de la société a le
même effet qu'une ordonnance rendue par un juge de la Cour
supérieure en vertu de l'article 24 de la Loi sur la liquidation des
compagnies. Les articles 161 à 168 de la présente loi
s'appliquent, compte tenu des adaptations nécessaires. "Cependant, le
gouvernement peut mettre fin à la liquidation si l'intérêt
des déposants, des bénéficiaires ou des actionnaires le
justifie. "
M. Garon: Est-ce que je pourrais demander une suspension de
quelques minutes?
Le Président (M. Chagnon): M. le député,
nous pourrions suspendre pour cinq minutes. Alors, ta commission parlementaire
suspend ses travaux pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 4)
(Reprise à 22 h 7)
Le Président (M. Chagnon): Oye! Oye! La cour est ouverte.
Nous sommes rendus à l'article 350.
M. Fortier: Qui a été lu. Adopté?
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Ah oui! M. le Président, on essaie de donner,
dans l'article 350, un caractère judiciaire à une décision
d'un gouvernement. On dit: 'La décision du gouvernement ordonnant la
liquidation de la société a le même effet qu'une ordonnance
rendue par un juge de la Cour supérieure en vertu de l'article 24 de la
Loi sur la liquidation des compagnies".
Pensez-vous que des compagnies qui sont liquidées, il n'y en a
pas qui sont aussi importantes que des compagnies de fiducie et des
sociétés de prêt? il y en a qui sont très
importantes et là on essaie de donner maintenant au Conseil des
ministres un pouvoir judiciaire qu'il ne remplira pas de toute façon. Il
y aura un tas de procédures, mais en 1987 on n'est pas dans le temps
où les justiciables payaient le juge pour juger. Cela a
déjà existé en Angleterre. Oui, il a déjà
été un temps en Angleterre où les juges étaient
payés par ceux pour qui ils rendaient justice. Évidemment, quand
il y en avait un qui payait et que l'autre ne payait pas, cela pouvait
être laid. Cela aidait le juge à pencher du bon bord.
Le Président {M. Chagnon): Vous vous rappelez ce
temps-là, vous?
M. Garon: Je ne m'en souviens pas, mais j'en ai entendu parler.
J'ai entendu parler aussi des bourgs pourris sur le plan parlementaire à
Londres, mais ce que je voudrais dire essentiellement ici, c'est qu'on essaie
de donner au processus du Conseil des ministres un caractère judiciaire
qu'il n'a pas.
M. Fortier: Mais M. le député de Lévis.
M. Garon: Je trouve qu'en 1987 c'est vraiment, sur le plan de la
conception des choses de l'état, une conception qui retarde de 200 ans
à peu près. Ce n'est pas normal.
M. Fortier: Mais est-ce que je peux faire une
représentation au député de Lévis? Il faisait
partie du gouvernement précédent.
M. Garon: Puis? M. Fortier: En 1983. M. Garon: Oui.
M. Fortier: Il a approuvé un projet de loi en 1983, le
projet de loi sur les assurances qui est allé au Conseil des ministres
et qui avait une disposition à l'article 389 identique à celle
qui est dans notre projet de loi.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: Alors, votre gouvernement a statué et cela a
été adopté à l'unanimité par
l'Assemblée nationale.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: Là, on prend exactement les mêmes
dispositions et, à ce moment-là, j'ai de la misère
à comprendre.
M. Garon: C'est très simple... M. Fortier: Oui,
c'est très simple!
M. Garon:... vous l'avez, la bonne raison. Pensez-vous que tous
les ministres d'un Conseil des ministres - et vous, le faites-vous,
actuellement - lisent tous les projets de loi qui sont présentés
au Conseil des ministres?
M. Fortier: Certainement. M. Garon: Tous les articles?
M. Fortier: Ne me dites pas que vous ne le faisiez pas quand vous
étiez au Conseil des ministres!
M. Garon: Je serais curieux de vous demander combien parmi les
quelque vingt ministres du gouvernement ont lu les quelque 600 articles de la
Loi sur l'enregistrement des compagnies, le projet de loi 54. Je suis
persuadé qu'il n'y en a aucun...
M. Fortier: Alors, moi, je l'ai lu
M. Garon: Je ne suis même pas certain si vous faites partie
de ceux-là.
M. Fortier: Moi, je l'ai lu.
M. Garon: Je ne suis pas convaincu. Je ne gagerais pas
là-dessus.
M. Fortier: Ne gagez pas parce que vous allez perdre votre
argent.
Le Président {M. Chagnon): M. le député de
Lévis...
M. Garon: Pourquoi? Parce que le Conseil des ministres n'est pas
une instance qui...
Le Président (M. Chagnon):... vous ne pouvez quand
même pas demander à vos collègues d'enfreindre le Code
criminel et de les amener à vouloir gager, surtout sur la place
publique.
M. Garon: Non, vous comprenez que c'était au sens
figuré que...
M. Fortier: Non, mais est-ce ce que le député de
Lévis...
M. Garon:... j'indiquais...
M. Fortier: Non, mais étant donné qu'on a fait la
discussion, tout à l'heure, M. le député de Lévis,
est-ce que je peux demander votre collaboration...
M. Garon: Oui.
M. Fortier:... pour qu'on puisse avancer dans l'étude du
projet de loi.
M. Garon: Bien, on avance.
M. Fortier: Je sais que vous êtes en désaccord avec
fa procédure. J'ai appris une chose dans l'Opposition, et c'est Fernand
Lalonde qui me t'a enseignée à plusieurs reprises, c'est que le
gouvernement qui est au pouvoir gouverne...
M. Garon: Ouf.
M. Fortier:... et l'Opposition doit critiquer...
M. Garon: Oui.
M. Fortier:... et faire valoir son point de vue.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: Elle peut, quelques fois, amener le gouvernement
à changer d'idée, mais, en fin de compte, le gouvernement assume
sa responsabilité. Dans ce cas-ci, on a fait le débat. Je vous
signalerais très raisonnablement que, maintenant qu'on a fait le
débat, est-ce qu'il y aurait moyen de procéder?
M. Garon: N'oubliez pas, M. le Président...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon:... que le grand Disraéli, qui a
été une des personnes qui a réussi à...
Le Président (M. Chagnon): Vous l'avez connu, lui
aussi!
M. Garon: Je l'ai lu. Il a dit... Il a été une des
personnes qui a contribué avec Gladstone et d'autres à mettre en
place le parlementarisme britannique. Il disait: The duty of Opposition is
to oppose". Pourquoi? C'est le rôle de l'Opposition dans la
conception du parlementarisme britannique de s'opposer aux aspects qu'elle
considère mauvais et de les combattre - je dirais comme Churchill - par
air, par mer et par terre, c'est-à-dire par tous les moyens qu'elle a
à sa disposition. Vous seriez le premier à dire: L'Opposition,
qui avait la possibilité de s'opposer, ne s'est pas opposée dans
la dernière semaine de la Législature avec tous les moyens qu'on
connaît; l'Opposition, dans la dernière semaine de la
Législature, aurait pu faire changer des dispositions qu'elle
considérait importantes et elle ne l'a pas fait, et vous seriez le
premier, après le Jour de l'an, à me blâmer de ne pas avoir
fait mon travail.
M. Fortier: Jamais je ne ferai cela.
M. Garon: C'est pourquoi...
M. Fortier: Jamais je ne ferai cela.
M. Garon: Le ministre a été député de
l'Opposition pendant longtemps. Il sait, rendu à ce stade de la session,
quels sont ses moyens et quels sont les articles auxquels II tient plus
qu'à d'autres, il doit faire des compromis pour faire en sorte que le
projet de loi soit davantage acceptable. C'est pourquoi je le dis ici. Je ne
passerai pas la soirée sur cet article, mais je montre au ministre qu'il
est incohérent. On vient d'adopter l'article 347 et il dit que c'est le
gouvernement qui va prendre la décision, le Conseil des ministres. Je
lui disais justement... Le député de Chambly a dit la même
chose dans ces termes...
M. Fortier: J'accepte la critique.
M. Garon: II dit simplement... Oui, il faut non seulement
l'accepter, mais il faut la comprendre.
M. Fortier: C'est-à-dire que vous parlez... M. Garon:
Comme disait le grand poète... Le Président (M. Chagnon): M. le
ministre... M. Garon:... Gaston Miron...
M. Fortier: C'est vrai que c'est Gérald Godin qui a dit
qu'il acceptait la critique, qu'il acceptait le blâme, mais qu'il ne
s'excusait pas.
M. Garon:... à Rivière-du-Loup, dimanche soir, iI
faut que ces propos soient répétés jusqu'à tant
qu'ils soient compris.
Le Président (M. Chagnon): Là, M. le
député de Lévis, après nous avoir cité
Disraéli et Gaston Miron, cela ne fera pas un beau couple. Permettez-moi
de vous citer William Shakespeare qui disait dans Hamlet: "Let us kill the
lawyers first".
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Chagnon): "Let us kill...
M. Garon: Vous avez un accent trop fort.
Le Président (M. Chagnon): C'est l'accent que j'ai appris
à Cambridge...
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Chagnon):... mais je peux vous le
répéter, pour le bénéfice de la commission et le
vôtre en particulier: "Let us kill the lawyers first".
M. Garon: Commençons par ceux qui voudraient
l'être!
Le Président (M. Chagnon): Là-dessus, M. le
Président...
M. Fortier: Est-ce qu'on peut procéder, parce que j'ai
compris...
Le Président (M. Chagnon): Nous sommes à l'adoption
de l'article 350. Est-ce que je dois comprendre, M. le Président, M. le
député de Lévis - je m'excuse, c'est un lapsus - que
l'article 350 est adopté?
M. Garon: Vote enregistré.
Le Président (M. Chagnon): M. le secrétaire, on
vous demande d'enregistrer.
M. Garon: Est-ce qu'on peut faire un vote enregistré quand
il n'y a pas quorum?
Le Président (M. Chagnon): Nous pouvons suspendre pour
deux minutes.
M. Fortier: Y a-t-il moyen de procéder?
M. Garon: Écoutez, vous voulez nous faire siéger le
soir, durant des veillées, le diable à quatre. Il faut que vos
gens soient là.
Le Président (M. Chagnon): Alors, je suspends pour deux
minutes les travaux de cette commission. {Suspension de la séance
à 22 h 15)
(Reprise à 22 h 20)
Le Président (M. Chagnon): M. le secrétaire,
voudriez-vous procéder au vote sur l'article 350?
M. Garon: II me semble qu'on a parlé du
vote au moment où il n'y avait pas quorum.
Le Président (M. Chagnon): Non, on a demandé de
voter au moment où il n'y avait pas quorum.
M. Garon: Mais on a constaté qu'on ne pouvait pas
voter.
Le Président (M. Chagnon): J'ai suspendu en vertu de
l'article 44 qui me permet de suspendre les travaux. "Le Président peut,
à tout moment, suspendre ou lever la séance. "
En utilisant l'article 44, j'ai permis à des
collègues...
M. Garon: Oui, la parole était au député de
Chambly qui avait demandé de poser des questions.
Le Président (M. Chagnon): Non, M. le député
de Lévis. Au moment de la suspension des travaux, je n'ai pas eu de
demande de parole.
M. Garon: Ah oui!
Le Président (M. Chagnon): II n'y avait pas quorum. J'ai
suspendu les travaux parce qu'il n'y avait pas quorum. Mais je reprends les
travaux parce que le vote avait été demandé et parce que
maintenant il y a quorum. Alors, je procède au vote, comme vous l'aviez
demandé, M. le député de Lévis, par vote
enregistré.
M. Garon: Vous ne gagnez rien à être formaliste
comme cela!
M. Fortier: Procédons par vote nominal.
Le Président (M. Chagnon): M. le secrétaire.
Le Secrétaire: M. Fortier (Outremont)?
M. Fortier: Pour.
Le Secrétaire: M. Gobé (Lafontaine)?
M. Gobé: Pour.
Le Secrétaire: M. Latulippe (Chambly)?
M. Latulippe: Abstention.
Le Secrétaire: M. Fortin (Marguerite-Bour-geoys)?
M. Fortin: Pour.
Le Secrétaire: M. Poulin (Chauveau)?
M. Poulin: Pour.
Le Secrétaire: M. Després (Limoilou)?
M. Després: Pour.
Le Secrétaire: M. Chagnon (Saint-Louis)?
Le Président (M. Chagnon): Abstention.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Chagnon): Alors, l'article 350 est
adopté sur division. J'appelle donc l'article 351.
M. Fortier: Toute décision du gouvernement en vertu de la
présente section est sans appel. "
Le Secrétaire: Cela n'a pas de bon sens!
Le Président (M. Chagnon): M. ledéputé de Lévis.
M. Garon: M. le Président, c'est vraiment une disposition
qui a ni queue ni tête. Il s'agit d'un rapport d'un fonctionnaire qui va
aller au ministre. Il va y avoir une recommandation du ministre et une
décision du gouvernement qui va pouvoir, déterminer en vertu des
amendements présentés à l'article 347 des clauses qui
auront des conséquences majeures sur les gens et pour lesquelles il ne
pourrait pas y avoir d'appel.
On dit: "L'inspecteur général ou, à sa demande, en
son absence... " Attendez un peu. Ce sont les articles 345 et 347, de toute
façon. Je vais prendre l'article 347 pour en dire moins: "Après
reçu le rapport du ministre, le gouvernement peut imposer l'une ou
plusieurs des mesures suivantes: "1° Mettre fin à l'administration
provisoire ou au contrôle et à la possession des biens; "2°
déclarer déchus de leurs fonctions les administrateurs de ta
société et ordonner la tenue d'une assemblée
spéciale des actionnaires pour procéder à
l'élection de nouveaux administrateurs; "3° ordonner, aux conditions
qu'il détermine, la liquidation de la société et nommer un
liquidateur;
Tout membre du conseil d'administration déchu de ses fonctions en
vertu du présent article est inhabile à occuper la fonction
d'administrateur pour une période de cinq ans. "
La personne qui est déchue de ses fonctions ne pourra pas occuper
ses fonctions pendant cinq ans par décision du gouvernement et il n'y
aura aucun appel.
M. le Président, je comprends qu'on pourra me parler de la clause
dans les assurances. Ce n'est pas parce qu'elle est dans les assurances qu'elle
est bonne. Cela n'a pas de bon sens. C'est du droit, c'est de l'Instance
politique. Le Conseil des ministres va décider de suspendre un
administrateur pendant cinq ans et de le déchoir. En étant
déchu, il est inhabile à exercer sa
fonction d'administrateur pendant cinq ans, il n'aura droit à
aucun appel en vertu de l'article 351. Je vais vous dire que, si M. Duvalier
avait pris une telle décision, on aurait compris, mais que le ministre
et député d'Outremont veuille faire une telle mesure, cela n'a
pas de bon sens. Les gens ont droit normalement à avoir des recours
normaux en vertu de la loi. On est dans un pays de règles et de droit.
Ce n'est pas une décision du Conseil des ministres qui se comporte comme
un tribunal comme si on était en temps de guerre. On n'aura pas la
médecine de guerre, On va avoir le tribunal de guerre. Puis là,
on va avoir le droit de vie ou de mort sur les gens pour des périodes
considérables de cinq ans sans les avantages qu'il peut y avoir en vertu
du droit de réhabilitation, etc., parce que cela aura été
décidé par le Conseil des ministres. Cela n'a pas de bon sens, M.
le Président. Je ne comprends pas qu'on ait mis dans un fourre-tout
d'une ligne et quart des choses d'une telle conséquence pour les
décisions du gouvernement.
Le Président (M. Chagnon): Après le plaidoyer
martial du député de Lévis, nous entendrons le
député de Chambly.
M. Latulippe: Ce serait une question. J'aimerais savoir quelle
est la situation en Ontario? On voit l'évolution de l'article 347
où il y a des pouvoirs extraordinaires qui sont donnés au
gouvernement; 350 où effectivement ces précisions-là
équivalent à une décision judiciaire et 351 où
finalement il n'y a pas de droit d'appel. C'est donc un pouvoir exercé
par l'Exécutif.
Quelle est la situation en Ontario?
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Fortier: En Ontario, dans la loi qui vient d'être
adoptée - elle a été adoptée il y a six mois -
c'est à peu près dans le même sens. On dit: Le
décret du lieutenant-gouverneur en conseil pris en vertu du paragraphe
1°. - et on se réfère à ce genre de décision -
prend effet immédiatement, est définitif et a force
exécutoire. Aucun tribunal ne doit suspendre, modifier ou annuler ce
décret ni celui pris en vertu du paragraphe 5°.
Nous avons discuté ce genre de chose, et de fait lorsque j'ai
discuté du projet de loi avec les représentants des
sociétés de fiducie, on a discuté en particulier des
appels possibles. Tout à l'heure, l'inspecteur général
faisait allusion aux articles de suspension et d'annulation de permis qui sont
des décisions extrêmement Importantes. Au fond, l'article 251
permet un appel, mais pas sur le fond de la discussion. Autrement dit,
l'inspecteur général, lorsqu'il y a suspension ou annulation, le
fait en étudiant les aspects: le capital de base, les pratiques
commerciales et financières saines. La raison pour laquelle, sur ces
questions de fond, il n'y a pas d'appel comme tel, c'est que l'inspecteur
général n'aurait aucun droit de suspendre l'activité d'une
compagnie parce que, comme vous le savez, il pourrait aller en appel pendant
trois ans et, pendant ce temps-là, la compagnie pourrait continuer
à fonctionner.
C'est la raison pour laquelle, dans ces cas-là, il n'y a pas
d'appel sur les questions de fond, mais il y a des appels sur les motifs de
fait ou de droit invoqués au soutien de la décision que la
procédure suivie a été entachée
d'irrégularités graves et que la décision n'a pas
été rendue avec impartialité.
L'inspecteur général expliquait que, bien sûr, II y
a un contingentement de mesures qui sont prises. On a même un pouvoir de
directives qui peut devenir des injonctions par la Cour supérieure, et
on arrive vers la fin où la même compagnie, disons-le,
supposément n'a pas corrigé cette situation. Là on arrive
à la fin où il y a administration provisoire par l'inspecteur,
rapport au gouvernement, décision du gouvernement. Là
réellement, c'est le bout de la fin.
Il s'agit là d'un privilège. Le fait de construire une
société de fiducie c'est un privilège encadré de
bien des façons et on a vu jusqu'à quel point les pouvoirs
donnés à l'administration sont nombreux. Là-dessus, j'ai
de la misère à être d'accord avec le député
de Lévis parce que, au fond, la très grande majorité des
pouvoirs ne sont pas donnés au ministre, ils sont donnés à
l'inspecteur général. Mais quand on arrive en bout de piste, ou
la société agit avec fraude ou sa santé financière
ne s'est pas corrigée malgré toutes les autres dispositions qui
prévalaient auparavant et qui certainement ont eu cours normalement
avant d'en arriver à cette décision ultime, la décision de
liquidation, et c'est là où le législateur décide
qu'il ne peut pas y avoir appel.
L'Ontario fait exactement la même chose et, dans la Loi sur les
assurances de 1983, on a fait exactement la même chose. C'est la
décision ultime. C'est un privilège de lancer et de diriger une
compagnie d'assurances, une société de fiducie, et ce
privilège est retiré après que l'inspecteur
général a posé une multitude de gestes pour s'assurer que
ceux qui étaient actionnaires de la compagnie ou administrateurs de la
compagnie avaient eu l'occasion de rétablir la santé
financière ou de corriger les règles de mauvaise pratique qui
pouvaient prévaloir à l'intérieur de la compagnie.
C'est un pouvoir extrêmement Important et je suis sûr que
les avocats dont vous êtes, M. le député de Chambly, et
vous pouvez en votre for intérieur vous poser des questions
là-dessus, mais c'est la seule façon, en définitive,
d'asseoir l'autorité gouvernementale par une loi dans un secteur aussi
important que celui-là.
M. Latulippe: Prenons le cas d'un administrateur qui, en vertu de
347, est déchu de sa fonction par décision gouvernementale et qui
est
inhabile à occuper la fonction d'administrateur à l'avenir
pour une période de cinq ans. En Ontario, cet administrateur peut-il en
appeler ou non et est-ce effectivement par décret gouvernemental que
l'administrateur sera déchu de sa fonction et sera inhabile à
siéger pendant une certaine période de temps?
M. Fortier: Je n'ai pas la loi avec moi. Je ne sais pas si
l'inspecteur ou son adjoint ont la loi de l'Ontario. Est-ce que vous l'avez?
Oui? M. l'inspecteur.
M. Bouchard: En Ontario, tout vient du Conseil des ministres.
L'article 201 dit: Malgré toute disposition contraire à la
présente loi, le lieutenant-gouverneur en conseil peut, par
décret, sans tenir d'audience - ici, il y a une audience, parce que le
gouvernement n'agit pas sans avoir entendu les parties par l'entremise du
ministre - enjoindre au surintendant de prendre possession et d'assumer le
contrôle des biens de la compagnie. Ensuite, le surintendant prend
possession et administre.
En cours de possession, le lieutenant-gouverneur en conseil, s'il est
d'avis que la compagnie dont la possession et le contrôle de l'actif sont
présentement dévolus a satisfait aux exigences, peut enjoindre au
surintendant de se dessaisir de son administration provisoire pour la redonner
à la compagnie. C'est encore le Conseil des ministres qui le fait. Mais,
en cours d'administration, c'est le surintendant qui présente une
requête à la haute cour pour obtenir les ordonnances, par exemple,
pour autoriser une autre personne à gérer l'entreprise, autoriser
et surveiller la vente de la totalité ou d'une partie des biens de la
compagnie, donc la liquider, nommer des représentants suppléants,
provisoires et permanents, afin d'acquitter la totalité ou une partie
des obligations. Enfin, c'est la cour qui fait...
M. Latulippe: En d'autres termes, en Ontario, si je comprends
bien, c'est le surintendant qui, sur requête au tribunal, pourrait
obtenir la déchéance d'un administrateur.
M. Bouchard: Ici, ils ne parlent pas tout à fait de la
déchéance de l'administrateur, ils parlent des cas dont j'ai fait
mention: "autoriser une autre personne à gérer". Ils ne parlent
pas de la déchéance, mais ils confient la gestion de l'entreprise
à une autre personne, donc à un mandataire; "d'autoriser et de
surveiller la vente de la totalité ou d'une partie des biens de la
compagnie", selon ta loi sur la vente en bloc; donc, c'est la liquidation.
M. Latulippe: Est-ce qu'on va aussi loin que d'empêcher,
à l'avenir, un membre d'un conseil d'administration à
siéger...
M. Bouchard: Non.
M. Latulippe:... quelque part pour une période de cinq
ans? C'est pratiquement un pouvoir pénal, finalement. Non?
M. Fortier: Comme de raison, on dit "siéger en tant
qu'administrateur d'une société de fiducie", la personne peut
faire bien d'autres choses à part cela.
M. Latulippe: Oui, mais pas nécessairement à la
société de fiducie où il siégeait.
M. Fortier: "Occuper la...
M. Latulippe: De toute autre société...
M. Fortier:... fonction d'administrateur", de la façon
dont je l'interprète, c'est...
M. Latulippe: De toute société de fiducie.
M. Fortier:... de toute société de fiducie, oui.
Mais cela ne l'empêche pas de gagner sa vie. il ne gagne pas sa vie en
tant qu'administrateur.
M. Latulippe: Non, non. Mais si je comprends bien, c'est le
gouvernement qui a le pouvoir de dire: Monsieur, vous allez être
déchu de vos fonctions; non seulement cela, mais vous allez aussi
être inhabile à occuper une fonction d'administrateur pendant cinq
ans. Ce gars-là n'a aucun pouvoir, aucun recours.
M. Fortier: Comme de raison, il faut réaliser - je ne sais
pas si le député de Chambly était avec nous lorsqu'on a
étudié les dispositions donnant les responsabilités des
administrateurs d'une société de fiducie - que, dans le projet de
loi, on donne des responsabilités extrêmement importantes aux
membres du conseil d'administration et on dit même que, si un
administrateur démissionne pour des motifs sérieux, il faut que
l'inspecteur général soit avisé.
M. Latulippe: Non, je n'étais pas avec vous mais, par
ailleurs, je suis très sensible aux droits fondamentaux des personnes
lorsqu'elles occupent des postes.
M. Fortier: C'est à la suite des dispositions de l'article
337 surtout. On dit qu'il y a eu faute grave, notamment malversation et abus de
confiance de la part d'un ou de plusieurs administrateurs. Comme de raison, il
faut savoir que ce genre de pénalité vient des enquêtes qui
ont eu lieu. Il y a eu des faillites de certaines sociétés de
fiducie. Il y a eu des faillites de sociétés bancaires dans
l'Ouest. C'est la raison pour laquelle on cherche à responsabiliser
davantage les membres du conseil d'administration et peut-être à
les amener à démissionner...
En tout cas, moi, à la lecture de ce projet de loi, si
j'étais membre d'un conseil d'administration, je n'attendrais pas que
toute la baraque saute, je démissionnerais avant et je donnerais les
motifs pour lesquels je démissionne. Donc, il faut que les membres du
conseil d'administration soient actifs. Ils ne doivent pas seulement encaisser
leurs 15 000 $ par année pour être membres d'un conseil
d'administration et ne rien dire.
À l'article 337, on parle de fraude. Là, la compagnie a eu
ta chance d'être entendue. À ce moment-là, on doit suivre
les règles normales de justice pour que ta compagnie soit entendue et
fasse valoir son point de vue. Comme de raison, on présume que
l'inspecteur a fait rapport et que le ministre lui-même - on le dit
à un moment donné - peut faire enquête; donc,
lui-même s'informe et, à la suite de cela, on va au gouvernement.
Donc, it y a deux ou trois instances de suite auxquelles le
député de Lévis s'opposait, mais qui, en
définitive, font en sorte qu'un filtre se fait chaque fois et que les
gens posent des questions. La raison pour laquelle on désire que ce soit
le gouvernement qui ait l'instance finale, c'est qu'à un moment
donné, il faut trancher, surtout s'il s'agit de biens administrés
pour d'autres personnes.
M. Latutippe: Ce sera ma dernière question...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Chambly.
M. Latulippe:... en somme, politiquement, vous avez pris la
décision d'aller plus loin que la loi de l'Ontario en ce qui concerne
les pouvoirs qui sont accordés.
M. Fortier: D'une part, pour une raison bien particulière,
quoique la loi de l'Ontario ait été adoptée il y a huit
mois et qu'elle n'ait pas encore été promulguée, nos
sociétés de fiducie au Québec sont plus Importantes que
celles de l'Ontario. En Ontario, il y a des sociétés de fiducie
qui sont plus importantes, mais elles sont à charte
fédérale. De fait, il est vrai que, au Québec, d'ailleurs,
la Loi sur les assurances... Dans un sens, les gens nous accusent d'être
à la fois plus généreux, plus sévères que
d'autres provinces. Quand M. Parizeau avait provoqué le
décloisonnement des sociétés d'assurances, il avait
été plus généreux, mais par ailleurs, si vous lisez
les dispositions de contrôle, elles étaient plus
sévères. Également ici, les gens nous accusent, en
regardant la loi sur les fiducies, d'être plus généreux
pour le déctoisonnement et tout cela. Donc, on permet une plus grande
latitude pour permettre une ptus grande compétitivité; mais en
même temps, plus sévères quand on regarde la
réglementation et, dans ce sens-là, on peut dire qu'on est plus
généreux sur les pouvoirs, mais ta réglementation est loin
d'être diminuée.
Le Président {M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'écoutais le ministre... C'était vrai
quand il a fait son discours en deuxième lecture, mais pas avec les
amendements qu'il veut apporter.
M. Fortier: On en reparlera. Si vous voulez terminer cela, on va
revenir à l'article 170. Moi, je suis prêt à vous
écouter.
M. Garon: Non, mais ce n'est plus vrai, cela.
M. Fortier: Non, mais c'est parce que...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous faites sauter, à l'article 170, les
paragraphes 7°. et 12°. Vous amendez l'article 171 et tout le
décloisonnement qui était prévu...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, je vous rappelle que nous sommes à l'étude de
l'article 351.
M. Garon: Non, mais je réponds sur le même argument
que le ministre.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Alors, ce n'est plus une loi de décloisonnement.
Maintenant, je voudrais proposer un amendement.
Le Président (M. Chagnon): Ah bon! M. Garon: C'est
très simple.
Le Président {M. Chagnon): M. le député de
Lévis, nous vous écoutons.
M. Garon:... qui se lirait comme suit... D'ailleurs,
tantôt, j'ai fait une erreur quand j'ai dit que la Loi sur les assurances
allait dans le même sens; c'était une erreur, elle n'est pas dans
le même sens. La Loi sur les assurances dit - et c'est bien important:
"Dans le cas d'une telle liquidation, l'ordonnance est sans appel. " La
disposition qu'il a proposée Ici, à l'article 351, est
différente de celle de la Loi sur les assurances puisqu'elle nie le
droit d'appel dans le seul cas d'une ordonnance de liquidation. C'est
simplement dans le cas d'une liquidation. On l'a dit à l'article 350:
"Cependant, le gouvernement peut mettre fin à la liquidation si
l'Intérêt des déposants, des bénéficiaires ou
des actionnaires le justifie, " Cela, c'est correct, c'est une déci-
sion d'opportunité. Le gouvernement décide qu'il n'y pas
opportunité ou qu'il y a opportunité de faire la liquidation.
Là, on dit que c'est sans appel parce que c'est une question
d'opportunité politique à toutes fins utiles. C'est pourquoi je
voudrais présenter un amendement qui dirait: L'article 351 est
remplacé par te suivant: "Dans le cas d'une liquidation prévue
à l'article 350, l'ordonnance du gouvernement est sans appel. " S'il est
recevable...
Le Président (M. Chagnon): Je vais relire tout haut
l'amendement qui stipule ceci: "L'article 351 est remplacé par le
suivant: "Dans le cas d'une liquidation prévue à l'article 350,
l'ordonnance du gouvernement est sans appel. "
Y a-t-il discussion sur la recevabilité de l'amendement? Je
déclare l'amendement recevable.
M. Garon: Voici. Je vais faire l'amendement pour que la
décision du gouvernement soit sans appel, dans le cas de la liquidation
qui, en vertu de l'article 350, à mon avis, est une question
d'opportunité, mais pas sur le cas des administrateurs, pas sur d'autres
affaires qui sont des décisions où la règle de droit doit
valoir normalement, où les gens peuvent se défendre. Si le
gouvernement veut assumer des responsabilités judiciaires ou quasi
judiciaires, qu'il les assume, mais que les justiciables puissent se
défendre.
Dans le cas de la liquidation de l'entreprise, à mon avis, cette
option procède beaucoup plus de l'opportunité puisque, si les
gens sont déclarés en infraction grave, le gouvernement peut
décider, pour des fins d'opportunité, que, malgré cela,
l'entreprise peut continuer ou non et que la décision est sans appel. On
a remis... On ne voulait pas cela, j'ai voté contre cela, mais la
majorité a décidé que cela devrait être une
décision du gouvernement. À ce moment-là, c'est la
décision, mais qu'elle soit sans appel uniquement pour la
liquidation.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je pense que c'est assez clair. Le Président (M.
Chagnon): C'est clair.
M. Garon: Cela m'apparaît ramener l'équité au
niveau des personnes.
Le Président (M. Chagnon): Y a-t-il des... ?
M. Fortier: Peut-on suspendre un instant, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Fortier: On est en train de regarder avec les juristes ce que
cela signifie.
Le Président (M. Chagnon): Une demande de suspension.
Alors, je suspends les travaux pour une minute puisque. M. le
député de Lévis, je pense qu'il y a eu une entente entre
les parties pour terminer nos travaux à 22 h 45. M. le
député de Lévis. M. le député de
Lévis! Alors, je suspends nos travaux.
(Suspension de la séance à 22 h 41)
(Reprise à 22 h 42)
Le Président (M. Chagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux.
M. Fortier: D'accord, M. le député de Lévis,
on va accepter votre amendement.
Le Président (M. Chagnon): L'amendement...
M. Fortier: Quel serait le libellé, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Chagnon): Le libellé de
l'amendement: L'article 351 serait remplacé par le suivant, et je cite:
"Dans le cas d'une liquidation prévue à l'article 350,
l'ordonnance du gouvernement est sans appel. "
M. Fortier: Non, ce n'est pas en vertu de l'article 350; à
l'article 350, on dit que la liquidation a le même effet qu'une
ordonnance rendue. Alors, il faudrait faire référence à
l'article 347 où on dit qu'il peut y avoir liquidation. Si c'est cela,
on s'entend. L'article 350 est seulement une description des lois qui
s'appliquent dans le cas d'une liquidation.
M. Garon: Non, mais je fais référence à la
décision du gouvernement.
M. Fortier: Oui, oui, mais la décision du gouvernement,
c'est à l'article 347.
M. Garon: Bien non!
M. Fortier: À l'article 347, on dit: "Après avoir
reçu le rapport du ministre, le gouvernement peut imposer l'une ou
plusieurs des mesures suivantes: 3°. ordonner, aux conditions qu'il
détermine, la liquidation de la société et nommer un
liquidateur. " Je suis d'accord, on va le spécifier.
M. Garon: Oui, mais là...
M. Fortier: C'est en référence à
l'article...
M. Garon:... la décision du gouvernement qui ordonne la
liquidation, c'est à l'article 350.
M. Fortier: Non. c'est à l'article 347. Regardez l'article
347. Non, c'est un papillon à
l'article 347.
M. Garon: Ah nonl Ce n'est pas 347: "déclarer
déchus de leurs fonctions les administrateurs...
M. Fortier: Non, non, mais 3°. "ordonner, aux conditions
qu'il détermine, la liquidation de la société" et vous
faites référence à la liquidation... La décision a
été prise à l'article 347.
Le Président (M. Chagnon): Un instant! M. Fortier:
Alors ce que...
Le Président (M. Chagnon): Messieurs, je ne fais que vous
signaler que l'amendement que j'ai reçu concernait l'article 350. S'il
s'agit de prévoir que, dans le cas d'une liquidation prévue
à un autre article que 350, je devrai demander au député
de Lévis soit de retirer sa demande d'amendement ou encore qu'elle soit
sous-amendée par un autre article.
M. Garon: Oui, mais j'ai fait référence à
l'ordonnance du gouvernement qui ordonne la liquidation; la décision du
gouvernement qui ordonne la liquidation est prévue à l'article
350. On dit: Cela a même effet...
M. Fortier: Non, non, c'est justement là qu'on ne s'entend
pas...
M. Garon: C'est une décision...
M. Fortier: Ce n'est pas prévu à l'article 350.
Une voix:... 347.
M. Fortier: C'est parce que là...
M. Garon: L'article 350, c'est la décision...
Le Président (M. Chagnon): Monsieur...
M. Fortier:... on est d'accord sur l'intention, II s'agit de
s'entendre sur le libellé. Si on s'entendait pour dire: Dans le cas
d'une telle liquidation, l'ordonnance est sans appel, à ce
moment-là, il n'y a pas de problème. Accepteriez-vous un
libellé aussi simple où il n'y a pas de référence?
Nous croyons que la décision est prise à l'article 347 et non pas
à l'article 350. À l'article 350, on dit: "... a le même
effet qu'une ordonnance... " C'est juste la description des lois.
M. Garon: C'est l'ordonnance qui est sans appel.
M. Fortier: Oui, c'est cela.
M. Garon: Oui, mais l'ordonnance est indiquée à
l'article 350.
M. Fortier: Bien non.
M. Garon: "La décision du gouvernement ordonnant la
liquidation...
M. Fortier: Seigneur! Cela ne se peut past
M. Garon:... a le même effet qu'une ordonnance rendue par
un juge. "
M. Fortier: Cela ne se peut pas. Vous ne voulez pas comprendre.
Quand vous ne voulez pas comprendre, vous avez la tête dure.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Garon: Je comprends très bien, moi là...
M. Fortier: Non. non, vous ne comprenez pas. Moi, je suis
Ingénieur et je comprends.
M. Garon: Vous comprenez trop facilement.
M. Fortier: Ah ouit C'est cela, je m'excuse, mais ce n'est pas ma
faute. Je suis prêt à vous donner raison en écrivant: "Dans
le cas d'une telle liquidation, l'ordonnance est sans appel". C'est ce que vous
voulez, mais ne vous référez pas à l'article 350 parce
qu'on ne croit pas que c'est la bonne référence. Mes juristes me
disent que ce n'est pas la bonne référence. Alors, si vous
êtes d'accord, nous allons retirer votre amendement et l'article 351, et
nous allons le remplacer par le suivant: "Dans le cas d'une telle liquidation,
l'ordonnance est sans appel". C'est clair? À ce moment-là, on
parle juste de liquidation. D'accord?
Le Président (M. Chagnon): Alors, M. le
député de Lévis, est-ce que je comprends que vous retirez
votre amendement?
M. Garon: Bien oui, voyons!
Le Président (M. Chagnon): Alors, l'amendement du
député de Lévis est retiré et je reçois un
nouvel amendement qui stipule à l'article 351 que: "Dans le cas d'une
telle liquidation, l'ordonnance est sans appel".
M. Fortier: Cela va.
Le Président (M. Chagnon): Quels sont ceux qui sont en
faveur de cet amendement?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Adopté. Alors
l'amendement est adopté.
Est-ce que l'article 351 est adopté?
M. Garon: Adopté.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Alors, il est adopté tel
qu'amendé.
M. Fortier: M. le Président, je propose l'ajournement de
nos travaux.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Les travaux de cette commission
sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 22 h 46)