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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Bélisle): Mesdames, messieurs,
membres de la commission, je vous rappelle à l'ordre.
La commission du budget et de l'administration est réunie afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 64, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les impôts et d'autres
dispositions législatives d'ordre fiscal. M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a pas
de remplacement pour la séance.
Le Président (M. Bélisle): Nous étions
rendus, hier, à l'étude de l'article 35 du projet de loi. M. le
ministre.
Restriction à l'égard des
déductions additionnelles (suite)
M. Séguin: M. te Président, nous avions
commencé à discuter de l'article. Je ne sais pas si, à ce
stade-ci, il y a lieu de fournir d'autres explications.
M. Gendron: En ce qui me concerne, M. le Président, on est
d'accord pour adopter l'article 35.
Le Président (M. Bélisle): Article 35,
adopté. J'appelle l'article 36. M. le ministre du Revenu.
M. Séguin: Oui. C'est une nouvelle disposition qui va
permettre, dans certains cas, à des sociétés de pouvoir
faire des choix pour la distribution des dividendes provenant de leurs surplus.
À toutes fins utiles, en permettant de diviser les dividendes dans
différents surplus à l'intérieur de la compagnie et de
faire des choix séparés pour différents surplus
plutôt que d'avoir, comme cela était jusqu'à maintenant, un
seul choix unique pour un ensemble de dividendes.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Quel est l'objectif, M. le ministre du Revenu? Que
représente pour la compagnie le fait de pouvoir faire un choix
subdivisé plutôt qu'un choix unifié?
M. Séguin: Habituellement, le choix se fait dans le fait
de verser les dividendes à même le compte de dividendes en capital
et, s'il y avait un excédent, parce qu'il y a des règles pour
calculer le montant qu'on peut verser à même ce compte de
dividendes de capital, là, la possibilité qu'on offre, c'est que
l'excédent qui n'aurait pas été qualifié dans le
premier choix pourra aller dans un deuxième surplus qui, lui, pourra
être distribué dans la même année si la compagnie en
fait le choix, alors qu'auparavant, elle ne pouvait pas le distribuer.
M. Gendron: Est-ce que c'est une mesure fiscale qui peut toucher
beaucoup de corporations ou si c'est limité?
M. Séguin: Non. En règle générale, la
distribution des dividendes s'intéresse à presque l'ensemble des
compagnies. C'est une mesure relativement favorable, quoique ce n'est pas un
avantage additionnel. C'est un choix un peu plus facile à faire dans la
même année. C'est ce que cela donne. Cela ne donne pas plus
d'avantages fiscaux en termes d'impôt à payer ou non.
M. Parent (Bertrand): Plus de flexibilité.
M. Séguin: Plus de flexibilité pour la distribution
du dividende.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, à partir de quelle
date cela peut-il entrer en vigueur? À l'article 37, le suivant, on en
fait allusion. Mais l'article 36 comme tel s'applique-t-il à cette
disposition à partir du 1er mai 1987, comme d'autres dispositions?
M. Séguin: Oui, c'est ça. Ici, il n'y a pas de date
spécifique, sauf celle de la sanction, de la mise en vigueur du projet
de loi. Ici, il n'y a pas de date rétroactive à la date de mise
en vigueur par la sanction de la loi Donc, lorsque la loi sera adoptée,
cette mesure s'appliquera.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Bertrand.
M. Séguin: Les choix seront possibles à partir de
ce moment.
M. Parent (Bertrand): Donc, c'est implicite, le fait qu'il n'y
ait pas de date d'entrée en vigueur, de mise en vigueur.
M. Séguin: Parfois, on indique que c'est à partir
de la date de la sanction, parfois ce n'est pas indiqué.
M. Parent (Bertrand): C'est ce que je trouve un peu curieux.
C'est vrai que ce n'est pas une mesure dite obligatoire, c'est un nouveau
choix. Mais il me semble, par rapport à l'application d'autres articles
qu'on a vus hier, qu'il aurait dû y avoir là aussi une date. Parce
que je me mets à la place de l'individu qui veut voir appliquer cela,
les dividendes, tu peux reculer, et
si tu peux le faire, supposons, à partir de l'exercice financier,
le 1er janvier 1986, le 1er janvier 1987 ou le 1er mai 1987, à cause de
l'année financière des entreprises qui varient, et qui ne sont
pas sur le même calendrier, cela pourrait varier... Et de façon
explicite, si on avait une date, II me semble que cela pourrait éviter
toute ambiguïté quant à ce nouveau choix.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu.
M. Séguin: Oui. Remarquez qu'il y a plusieurs articles qui
n'ont pas de date de référence comme telle. C'est fréquent
dans notre projet de loi et dans d'autres, tout simplement d'après le
principe général qu'à l'origine, on ne faisait pas de
référence de date parce qu'il y avait peu d'appels
rétroactifs. Tranquillement, cela s'est développé au cours
des années de sorte qu'aujourd'hui on a toutes sortes de
rétroactivité avec des dates différentes. Mais il y a
beaucoup d'articles aussi où on ne met pas de date parce qu'on sait
très bien que le principe général, c'est que la loi est en
vigueur au moment où elle a été sanctionnée, sauf
s'il y a des dates particulières. Remarquez qu'on pourrait, à
chaque article, préciser sa date. Que ce soit la date... Mais il y a un
article habituellement, à la fin du projet de loi, qui dit que la
présente loi, sauf indication contraire dans la loi, a effet lors de sa
sanction. Alors on ne croyait pas utile de mettre à chaque article une
date surtout lorsque c'est la date de la mise en vigueur.
On m'indique aussi que dans l'article, on fait aussi appel au versement
du dividende selon certaines dates. Si vous regardez à l'article 35, un
peu plus loin, à 37, par exemple...
M. Parent (Bertrand): À 35, M. le ministre...
M. Séguin: À 37, on réfère au choix
dont on partait.
M. Parent (Bertrand): Oui.
M. Séguin: Alors on dit, par exemple, "d'un dividende
à payer par elle à un moment donné après le 3
décembre et avant le 1er janvier 1986 et qu'elle a fait
ultérieurement un choix prescrit valide à l'égard de ce
dividende, les règles suivantes s'appliquent... etc. "
M. Parent (Bertrand): Écoutez, cela me satisfait, sauf que
je trouve que, même si ce n'est pas une obligation, il aurait
été...
M. Séguin: Disons qu'on peu prendre bonne...
M. Parent (Bertrand):... juste par rapport à l'article
précédent qui est l'article 35 où effectivement on
retrouve la date du 1er mai. On verra que tes articles 36 et 37 sont des
disposi- tions similaires dans un même bloc comme on a dit hier.
Là aussi, on fait toujours référence à des dates et
il me semble important que si on le fait à 37, 38 ou 35, dans le cas de
36, il y ait une référence. Maintenant, si vos gens disent que ce
n'est pas une obligation. II reste qu'on n'est jamais trop explicite.
D'ailleurs, vous avez plusieurs dates qui varient selon l'application qu'on
veut que tes gens donnent.
M. Séguin: On a remarqué que le caractère
est intéressant et loin de moi l'idée de rejeter la suggestion.
Je pense que cela soulève une bonne considération. Je suis
prêt à prendre ça en note sérieusement et
peut-être nous assurer que dans nos projets on indique la date plus
systématiquement, surtout lorsqu'on pourrait avoir un certain doute. Je
suis prêt à regarder cela de près.
M. Parent (Bertrand): Non, cela va, M. le Président, pour
moi en tout cas.
Le Président (M. Bélisle): Cela va. M. Parent
(Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. Alors
j'appelle l'article 37.
Si vous me permettez, M. le ministre, je ferai juste un commentaire a
l'article 37, d'après ce que vous avez souligné tantôt. Les
dates au premier paragraphe, est-ce que ce sont les bonnes? Le 3
décembre 1985 au 1er janvier et avant le 1er janvier 1986. C'est bien le
3 décembre 1985?
M. Séguin: Oui, pourquoi?
M. Gendron: C'est sûrement le 31, je veux dire... Quand
on..
Le Président (M. Bélisle): Je ne comprends pas.
Alors allez-y, M. le ministre. Expliquez-nous cela.
M. Séguin: Non, pourquoi le 31?
M. Gendron: Pourquoi le 3? Le 3 c'est évident... Quand
habituellement on insère ce que j'appelle une date frontière par
rapport à une nouvelle ouverture de date, quand on oppose ou on met en
corrélation 1er janvier et 31 décembre, en règle
générale, c'est toujours les 31 et 1er. Là, si c'est le 3
décembre parce que c'est votre anniversaire, il faudrait le savoir.
Le Président (M. Bélisle): Je comprends, M. le
député d'Abitibi-Ouest, que le lendemain du 2 décembre il
y avait raison de fêter mais...
M. Séguin: Est-ce que je peux m'expliquer?
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu.
M. Séguin: Ce n'est pas le 31. Je comprends
peut-être que d'habitude on s'attend qu'une fin d'année soit le 31
décembre. Je vous ferai remarquer que pour les compagnies, les fins
d'année ne sont pas le 31 décembre. C'est la fin d'un exercice
qui peut aller jusqu'à 53 semaines ou à peu près 12
mois.
La raison du 3 décembre, ici, c'est que le 3 décembre
1985, le gouvernement fédéral avait annoncé son intention
de demander possiblement un impôt minimal aux sociétés, aux
corporations.
M. Dufour: Oui.
M. Séguin: Cela pouvait évidemment entraîner
le fait que les corporations devaient liquider leurs dividendes, parce que le
dividende est un surplus sur lequel aurait pu se calculer l'impôt
minimal. C'est le 1er janvier que cette idée d'exiger un Impôt
minimal sur les surplus a été abandonnée, de sorte que les
compagnies, entre le 3 décembre et le 31 décembre ou le 1er
janvier étaient susceptibles d'avoir provoqué une distribution de
dividendes sans être capables de faire facilement les choix en pensant ne
pas se taxer sur un impôt minimal. C'est pourquoi la date apparaît
comme cela, le 3 décembre. Cela fait référence à la
déclaration du ministre des Finances fédéral qui avait dit
le 3 décembre: On va peut-être exiger un Impôt minimal.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Cela nous apparaît une explication non
seulement plausible mais factuelle par rapport à des
événements politiques connus.
Ce qui m'étonne, c'est comment peut-on rédiger un article
sur quelque chose qui, dans les faits, n'a pas été retenu et qui
a été simplement annoncé et dire que, pour la
période où on a fait des annonces, il y aurait un comportement.
Je voudrais juste que vous me l'expliquiez. Je ne comprends pas que pour
quelque chose qui ne s'est finalement pas appliqué, on prévoie
une disposition pour couvrir la période où il y aurait eu des
gestes quelconques.
M. Séguin: Je comprends très bien.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu.
M. Séguin: Ce qui est arrivé, c'est qu'on dit bien
dans l'article que si des corporations, entre le 3 décembre et le 1er
janvier ou le 31 décembre, si vous voulez, ont fait un choix dans le
calcul du montant de dividende qu'elles ont présenté, elles ont
tenu compte d'un impôt minimal de remplacement; selon les règles
fiscales et comptables, pour calculer un montant de dividende qu'on peut
distribuer en surplus, on tient évidemment compte des impôts
afférents et même des impôts à venir. Donc, cela
pouvait changer le montant disponible à la distribution.
Au 1er janvier, on dit bien: Ultérieurement, elles ont voulu
faire un deuxième choix pour corriger le premier. Nous faisons juste
constater ce qui s'est peut-être fait. C'est que des compagnies, entre le
3 décembre et le 1er Janvier, ont produit un choix au ministère
basé sur un calcul tenant compte de l'impôt minimal lequel,
finalement, ne s'est pas enclenché et elles ont produit un
deuxième choix après le 1er janvier pour dire: Finalement, on
corrige notre choix antérieur, parce que nos chiffres ont changé;
' il n'y a pas eu d'impôt minimal ou de changement à la loi.
Nous voulons simplement permettre ici un deuxième choix pour ne
pas les pénaliser dans cette semaine où elles ont pris des
décisions malencontreuses.
M. Gendron: Selon l'explication que vous venez de me donner, si
j'ai bien compris, c'est une disposition qui ne confère pas
nécessairement une plus grande souplesse, mais une plus grande
capacité pour le concerné plutôt que le ministère du
Revenu. C'est un avantage pour les compagnies concernées d'offrir que
durant cette période il y ait une autre possibilité si elles
avaient anticipé que le gouvernement fédéral donnerait
suite à son intention d'imposer...
M. Séguin: Ce n'est pas vraiment un avantage, parce que
cela ne change strictement rien sur le plan fiscal pour la
société. C'est simplement le fait de ne pas la pénaliser
pour un mauvais choix qu'elle aurait fait pendant une période et lui
permettre que si elle faisait un deuxième choix, à certaines
conditions, cela puisse corriger ta situation.
De plus, ce que fait fondamentalement cet article, c'est qu'il
transforme aux fins fiscales le montant versé en dividendes en un
prêt pour toutes sortes de raisons fiscales. Cela permet un meilleur
contrôle sur l'aboutissement du choix à savoir s'il y a
effectivement des dividendes qui vont être versés.
M. Gendron: En fait, vous me répondez que c'est
bénéfique à la corporation et non pas au ministère
du Revenu.
M. Séguin: Ce n'est pas plus facile pour le
ministère du Revenu parce que selon nous cela ne change rien sur les
impôts qu'on pourrait réclamer.
M. Gendron: Donc, cela l'est pour la corporation.
M. Séguin: Cela lui permet de refaire son choix qui aurait
été mal fait dans ses calculs.
M. Gendron: Cela va. Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'article 37 est adopté.
J'appelle donc l'article 38. M. le député de Montmorency.
M. Séguin: Je suggère, M. le Président,
qu'on regarde les articles 38 et 39 ensemble. L'amendement, ici, consiste
essentiellement à faire référence à la
société en commandite. Par ailleurs, la portée de
l'article ne change pas, On veut inclure la société, en fait la
perte comme membre à responsabilité limitée à
l'égard d'une société à l'article 547. 1.
Une voix: Cela me va.
M. Séguin: À l'article 39, c'est la même
chose, M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que les articles 38 et
39 sont adoptés?
M. Gendron: Je suis d'accord.
Le Président (M. Chagnon): Les articles 38 et 39 sont
adoptés. J'appelle donc l'article 40.
Fraction à risque
M. Séguin: M. le Président, l'article 40 est
nouveau. C'est une nouvelle disposition du calcul qu'on pourrait appeler du
prix de base ou de la fraction à risque qui, habituellement,
excède le prix de base rajusté du coût d'une participation
comme membre dans une société à responsabilité
limitée, ou ce qu'on appelle une société en commandite
dont on va voir la définition plus loin, si on veut s'y arrêter.
Ici, on traite de mesures qui définissent essentiellement, par exemple,
la perte comme membre à responsabilité limitée parce qu'on
sait que, sur le plan fiscal, c'est l'intérêt de la
société en commandite, de pouvoir comme membre, individuellement,
déduire de son revenu personnel la portion de la perte
réalisée par la société. On te définit
quelque peu ici. Je rappelle que l'ensemble de ces mesures sur les
sociétés en commandite, sans empêcher l'utilisation d'une
société en commandite comme véhicule fiscal, limitent
certaines possibilités d'ordre Fiscal pour les sociétés en
commandite. M. le Président, je prends un peu de temps pour l'expliquer
parce que cela va éviter de reprendre ces explications pour une
série d'articles qui touchent la société en commandite...
Le Président (M. Chagnon): Ne vous inquiétez pas, M. le ministre.
Si vous en prenez trop, je saurai vous le dire.
M. Séguin: Merci, M. le Président. Une
société en commandite conférait des avantages que l'on
jugeait Indus dans certains cas et qui permettaient, contrairement au
traitement fiscal des autres sociétés, de doubler certaines
déduc- tions ou de profiter d'avantages jugés extraordinaires par
rapport à l'ensemble du régime fiscal des corporations. C'est
pour cette raison que cela apparaissait comme un véhicule
Indésirable et abusif sur le système. La fraction à
risque, ici, c'est exactement la mesure qui est faite. C'est une harmonisation
avec la loi fédérale qui consiste à diminuer le montant
que peut déduire une personne, les coûts de participation dans une
société, à un montant équivalent à son
coût réel et non pas à un coût augmenté par
toutes sortes de présomptions de revenus qui ne sont jamais
réalisés. Ainsi, ta perte, on veut la calculer pour qu'elle soit
la plus réelle possible. C'est ce qu'on appelle la fraction à
risque. Merci, M. le Président.
Le Président {M. Chagnon): Merci, M. le
député de Montmorency.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: On a eu l'occasion, hier, de donner notre point de
vue sur cet aspect de la réduction d'avantages fiscaux lorsqu'il
s'agissait de société en commandite. Je pense que le ministre du
Revenu, ce matin, y va encore plus fort en disant qu'il considère qu'une
société en commandite avait bénéficié
d'avantages extraordinaires, indus, abusifs sur le système. Je ne porte
pas de jugement ce matin, mais j'aimerais cependant, après nous avoir
expliqué le sens de l'article 40, que le ministre prenne un peu plus de
temps pour nous indiquer par rapport à quoi. Lorsqu'un gouvernement
décide d'offrir la formule des sociétés en commandite, en
règle générale, il veut varier la provenance des capitaux,
permettre qu'il y ait plus de financement public qui soit possible pour le
développement de certains secteurs de l'activité
économique. C'est un peu cela que je trouve trop général.
Si c'est la volonté du gouvernement, j'aimerais le savoir. Il me semble
que c'est votre responsabilité ce matin, à cet article, de nous
indiquer que c'est une position du gouvernement et du ministre du Revenu, mais
globalement, ayant pris connaissance de certains avantages réels, vous
avez raison de dire que, sur le plan fiscal, les sociétés en
commandite et des individus qui participaient financièrement à du
capital-actions dans les sociétés en commandite pouvaient
bénéficier d'avantages fiscaux, par comparaison avec d'autres
secteurs, d'une façon beaucoup plus avantageuse. Mais, il y avait
là, comme je l'ai mentionné hier, une volonté politique,
en tout cas, dans certains créneaux de développement. Ici, je
veux essayer de comprendre. Est-ce que, dorénavant, c'est la
décision du gouvernement de restreindre ce que j'appellerais la
portée fiscale avantageuse pour le citoyen d'être
éventuellement intéressé par des participations dans les
sociétés en commandite, quel que soit le secteur
d'activité économique dans lequel ces diverses
sociétés en commandite oeuvreront, Initieront des capitaux
à caractère plus large que le finance-
ment traditionnel des institutions bancaires? (10 h 30)
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre.
M. Séguin: M. le Président, je trouve que c'est une
question présentée d'une façon intéressante parce
que, d'une part, je me sens relativement à l'aise de pouvoir expliquer
peut-être le contexte qui a amené cette mesure. Non pas dans un
jugement de valeur, à savoir si la société en commandite
comme véhicule, c'est bon ou non. Ce n'est pas ici qu'on peut en
discourir. Sur le plan fiscal, la société en commandite, il faut
comprendre ce que c'est. La société en commandite a toujours
existé. Ce n'est pas nouveau. Ce n'est pas le gouvernement qui a
créé les sociétés. Ce n'est pas une création
comme les SPEQ, les REA ou un régime.
On va dans le Code civil et on voit qu'on peut s'associer. Tout le monde
connaît ce qu'on appelle en anglais les "partnership". Je dis
"partnership" parce qu'en français, le mot "société" on ne
sait plus s'il fait référence à des corporations, des
compagnies ou des sociétés, associer deux personnes. Donc, les
gens qui veulent faire des affaires, créer des entreprises, peuvent
s'incorporer, faire seuls ou s'associer. Deux personnes s'associent ensemble.
Fondamentalement, on pourrait dire qu'il y a deux sortes de
sociétés. La société que tout le monde
connaît et la société en commandite. La
société que tout, le monde connaît, c'est simplement celle
où les deux associés sont complètement solidaires et
complètement responsables l'un et l'autre des engagements de la
société vis-à-vis des créanciers. C'est le cas
classique.
La société en commandite, c'est la même chose. C'est
le même genre de société, dans l'ensemble, les mêmes
règlements, les mêmes dispositions de la loi, du Code civil, c'est
une association de personnes, avec raison sociale, tout ça, pour faire
une entreprise exactement. Sauf que la commandite c'est quoi? C'est que ce sont
des investisseurs qui ne seront pas responsables personnellement de la
société, des bailleurs de fonds, des commanditaires. Alors, il y
a les promoteurs qu'on appelle les associés, qui vont faire appel
à des Investisseurs pour dire: Investissez chez nous et on va vous
donner en échange une participation à nos profits, une
participation à l'avoir de la société. Par contre, vous
n'aurez pas un droit de contrôle direct dans l'administration. C'est
nous, les associés, qui allons gérer. Et, en échange de
cette perte de plein titre d'associé, on vous enlève la
responsabilité aux créances de la société. Vous ne
serez pas responsables personnellement de la marge de crédit à la
banque.
Vous ne serez pas responsables si on a des pertes. Sauf, jusqu'à
la limite de votre investissement dans la société. Si vous
investissez 10 000 $, le pire qui peut arriver, c'est que vous pouvez perdre 10
000 $ si cela va mal. Mais, pas plus. Vous ne serez pas endosseur sur le
reste.
C'est cela la commandite. Cela existe depuis toujours. Sauf que ce
n'était pas utilisé beaucoup pour toutes sortes de raisons.
D'autres véhicules étaient utilisés. Les corporations, les
filiales. Tranquillement, le développement des techniques fiscales
faisaient que dans les opérations commerciales, on a découvert
à un moment donné des avantages à procéder par une
société en commandite.
Je vous en donne un à titre d'exemple. On va le retrouver
tantôt, comme une mesure restrictive. On s'est rendu compte que dans
différents systèmes, on utilisait la société en
commandite pour lancer un projet. Les associés, les promoteurs
lançaient un projet par prospectus, des annonces dans les journaux, on a
vu cela dans tes films, on a vu cela à l'époque dans des projets
miniers, dans des projets de pétrole - je parle des années
soixante-dix, soixantre-treize - et dans d'autres projets d'investissements Les
promoteurs se présentent et disent- On a tel projet, on a telle
crédibilité, on est organisé de telle façon.
Investissez chez nous, on vous assure une belle qualité
d'investissement, rentabilité, retour de capital, etc. Vous n'êtes
pas endosseurs sur les opérations. Vous avez votre risque limité
à votre investissement. Cela a connu une popularité.
Sur le plan fiscal, le problème est apparu comme ceci. On sait
qu'un membre d'une société, que ce soit celle dont j'ai
parlé qui est standard ou la société en commandite,
n'importe quelle société... Quand vous êtes membre d'une
société, à la fin de l'exercice financier d'une
société, les pertes de la société, s'il y en a,
sont réparties entre chacun des membres de la société.
Pour une société en commandite, c'est la même chose.
Même si vous n'êtes pas responsable personnellement des dettes, il
y a un avantage. Vous n'êtes pas endosseur sur les dettes, mais, sur le
plan fiscal, vous vous faites attribuer votre quote-part de ces pertes en
déduction de votre revenu. Il y a tout de suite un attrait pour
l'investisseur qui investit un montant et qui, a la fin de l'année va
déduire de son revenu une perte encourue par la société et
dont il n'est pas responsable.
De plus, on a développé une technique pour rendre cela
encore plus intéressant pour l'investisseur. On a dit à
l'investisseur: Vous allez investir 2000 $ chez nous, vous prenez l'engagement
de nous payer 2000 $ si on a des revenus d'Ici cinq ans et, si on n'a pas de
revenus, vous n'êtes pas tenu de nous payer, l'autre partie, vous aurez
payé seulement 2000 $; mais, parce que vous vous engagez - à deux
plus huit, cela fait dix - on vous fait un billet ou une espèce de
connaissement et, dans votre rapport d'impôt, vous allez pouvoir
déduire 100 000 $ la première année. Cela a eu un
succès boeuf. Les investisseurs ont dit: C'est fabuleux! Et les
promoteurs ont beaucoup tablé là-dessus en disant: On annonce le
projet, vous investissez chez nous
10 000 $ par part, vous en payez 2000 $ tout de suite et les 8000 $ ne
seront payables dans cinq ans que si on a des revenus. Et, comme la
société en commandite s'arrangeait bien souvent pour ne pas avoir
de revenus, par toutes sortes de techniques, par exemple, en repompant cela -
si vous me permettez l'expression - dans une compagnie mère
affiliée qui repayait les profits aux investisseurs sous forme de
salaire, à titre d'administrateurs, pour ne pas qu'ils perdent leur
argent, cela ne revenait pas sous forme de distribution de la
société en commandite. De sorte que l'impôt voyait arriver
des demandes de déduction du revenu de 100 000 $, mais l'Individu avait
payé 2000 $ de sa poche. À un moment donné, le
système fiscal s'est dit: Non, cela n'a pas de bon sens. Le
système fiscal a commencé à réaliser que les
revenus ne se réalisaient pas dans la société. Donc,
l'obligation de l'investisseur de devoir payer ces fameux 8000 $ un jour, ne se
rencontrait pas. Si, à la fin des cinq ans il y avait un
événement qui avait des revenus, on s'arrangerait pour
redistribuer ces revenus autrement, de sorte qu'ils n'étaient jamais
versés directement à l'investisseur, mais l'investisseur ne les
perdait pas. Essentiellement, c'est cela qu'on bloque ici. Ce qu'on appelle
fraction à risque, c'est cette fraction qui ne représente pas ce
que l'individu a vraiment déboursé de sa poche par
différentes techniques. Autrement dit, i1 paie un montant de sa poche,
mais on lui reconnaît plus que cela en déductions. On a
essayé de trouver des façons d'extraire de sa déduction
des supposés engagements financiers qui ne sont pas, contractuellement
parlant, obligatoires, qui sont suspensifs, conditionnels et relatifs à
des événements qui, peut-être, ne se produiront pas. Le
système fiscal s'est dit: On va reconnaître la déduction du
coût fiscal d'un individu dans une société en commandite
égale à son risque, à son coût. On sait que le
risque, c'est au moins ce qu'on paie et, dans certains cas, peut-être un
peu plus, s'il y a vraiment des engagements réels à devoir payer
des sommes indépendamment de certaines conditions plus ou moins
sérieuses.
Je vous résume à peu près l'idée. Et
l'exemple que je vous donne de ce fameux paiement qui vient en deuxième
étape, c'est cela, fondamentalement, qui a chatouillé, qui a
été jugé inacceptable par le système fiscal. Moi
aussi, j'en conviens, ce n'est pas dans une saine administration fiscale
souhaitable de laisser des contribuables déduire ce qu'ils n'ont pas
payé. C'est dans ce sens qu'on a restreint l'usage de ce genre de
pratique. Mais cela ne veut pas dire que cela restreint l'utilisation possible
d'une société en commandite. Vous savez, on n'a pas
utilisé la société en commandite pendant des années
parce qu'il y avait d'autres véhicules plus intéressants; on l'a
découverte et cela existait. C'est simplement utiliser des
modalités actuelles. Mais it y a d'autres modalités qui vont se
développer, de sorte que la société en comman- dite sera
remplacée par un autre véhicule, par des conseillers ou
différents promoteurs qui vont repenser à une autre façon
d'équilibrer le pourcentage. On pourrait aussi parler des actions
accréditives qui ne sont pas vraiment nouvelles. Vous ne rencontrez pas
dans la loi les mots "création d'actions accréditives"; c'est une
vieille technique.
Le Président (M. Chagnon): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je veux bien entendre longuement le professeur...
Le Président (M. Chagnon):... qui est
intéressant.
M. Gendron:... qui est intéressant, je n'en disconviens
pas, mais je n'ai pas laissé voir que la société en
commandite était quelque chose de nouveau. C'est la même chose
pour les accréditives, je n'essaierai pas de dire que cela n'existait
pas. Ce dont j'ai toujours parlé, c'étaient des avantages fiscaux
comme abri fiscal; vous venez de le dire. La preuve, vous avez expliqué
clairement que, pour vous, c'était devenu nécessaire de
restreindre l'usage.
M. Séguin: De certaines pratiques.
M. Gendron: Oui, restreindre l'usage de certaines pratiques qui
avaient toujours la même conséquence de permettre que des
investisseurs y trouvent plus de bénéfice selon la formule qui
existait que selon celle qui existera à l'avenir. Dans ce sens, je pense
que c'est exact qu'à un moment donné, le régime fiscal
doive, à la pratique de certaines mesures, prévoir des
modifications pour fermer dans certains cas quelque chose qui ne permet pas de
satisfaire à des objectifs de développement ou d'investissements
importants pour l'État québécois. Tout ce que cela
apporte, c'est que cela se traduit par des pertes fiscales pour l'État
québécois sans nécessairement y trouver de
bénéfices. D'ailleurs, lorsque vous employez l'expression
fraction à risque", je pense que c'est assez clair, vous fractionnez
davantage la partie d'abris fiscaux qui étaient davantage
octroyés à l'investisseur. Dorénavant, le ministère
du Revenu, en la réduisant, se trouve à fractionner le risque. Il
en prend moins qu'avant dans les avantages qu'il consentait. Cela va pour
l'article 40 qui est très long.
Le Président (M. Chagnon): L'article 40 est-il
adopté? Adopté. J'appelle donc l'article 41, M. le ministre.
M. Séguin: Oui, Ici, c'est simplement une règle de
concordance pour changer les références à de nouveaux
articles.
Une voix: Oui, cela va.
Le Président (M. Chagnon): L'article 41 est-il
adopté? Adopté. J'appelle l'article 42.
Déduction additionnelle pour les personnes
considérées à la retraite
M. Séguin: M. le Président, je suggère ici
de lier ensemble les articles 42 à 49 inclusivement qui touchent les
modifications apportées à des articles antérieurs
concernant des déductions qui intéressent les personnes
âgées: revenus de retraite, de rentes, de placements,
d'intérêts. Essentiellement, je vais expliquer en quelques minutes
quitte à laisser mon collègue d'Abitibi-Ouest y revenir, parce
que je suis conscient qu'il va vouloir s'y attarder un peu. Ce qui arrive,
c'est que dans le dernier budget du 30 avril, il a été
décidé d'apporter une bonification à ces mesures. On veut
permettre aux personnes à la retraite de ne pas voir réduire la
déduction à laquelle elles ont droit, par exemple, pour revenus
de retraite ou en raison de l'âge de 65 ans ou en raison de revenus
d'intérêt de placements sur le deuxième 500 $ à la
condition que le revenu n'excède pas 10 000 $. Autrement dit, elles sont
toujours admissibles à un montant de 1000 $ à la condition que le
revenu n'excède pas 10 000 $. Si le revenu excède 10 000 $, le
deuxième 500 $ qui leur est alloué en raison de leur âge
est diminué de chaque dollar qui excède 10 000 $. Tous ces
articles visent à changer les montants et non pas le principe comme tel
qui ne change pas par rapport au régime fiscal de cette année. On
introduit fa règle du 10 000 $ qui est une bonification, puisque cela va
permettre aux personnes de ne pas subir de réduction de leur
déduction tel que c'était dans le système actuel, comme je
l'ai dit tantôt, jusqu'à 10 000 $. Autrement dit, les premiers 10
000 $ de revenus ne diminuent pas ces déductions.
Le Président {M. Chagnon): M. le député
d'Abitibi-Ouest. (10 h 45)
M. Gendron: Tout le monde aura noté que c'est dans cette
partie qu'on annonce - on y reviendra - pour la première fois que le
gouvernement du Québec a décidé de diminuer la
déduction autorisée de 1000 $ pour revenus d'intérêt
pour les personnes autres que celles âgées de 65 ans et plus.
C'est très clair à l'article 702 où on dit que,
dorénavant, cette somme est déductible pour autant qu'elle
s'arrête à 500 $ alors que, traditionnellement, cela a toujours
été 1000 $. C'est certainement la première occasion qu'on
a, à l'étude de ce projet de loi, d'indiquer qu'encore là
on ne trouve pas que c'est une mesure qu'il y aurait eu lieu d'harmoniser,
même si on va me répondre qu'effectivement le
fédéral a abandonné cette déduction pour revenus
d'intérêt. Si ma mémoire est bonne, je ne veux pas faire
d'erreur, dans la réforme proposée, ce sera zéro.
M. Séguin: C'est exact.
M. Gendron: Donc, je ne fais pas erreur. Cela ne veut pas dire
qu'il faut toujours prendre le mauvais exemple quand on a à prendre des
décisions de nature fiscale.
Je voudrais en profiter pour expliquer davantage pourquoi nous, de
l'Opposition, sommes convaincus que c'est une mesure qui ne correspond pas
à la tradition québécoise et également au discours
du Parti libéral à certains égards. On ne peut pas avoir
eu l'attitude que ces gens-là ont eue en ce qui concerne les assurances,
toute la problématique de la taxe sur les assurances, en disant que les
Québécois avaient pris l'habitude, depuis de nombreuses
années, bien sûr de dépenser - je pense que nous sommes de
grands consommateurs - mais on avait également essayé d'enseigner
la notion d'épargne. Il y a deux formes d'épargne. Il y a
l'épargne directe et, quand on ne peut pas épargner directement,
il y a lieu de songer à prendre des assurances sur n'importe quoi.
Compte tenu du fait que l'économie comporte des cycles - Dieu sait qu'on
a connu en 1982 une période très difficile - et que les citoyens
avaient trouvé sage de faire quelques économies qui leur
rapportent un peu d'intérêt, les Québécois ont
toujours pensé que, pour une certaine somme - c'est là qu'il y a
lieu de se faire un jugement - iI serait important que l'État
québécois considère que cette sagesse de se
réserver une certaine somme d'argent dans des placements qui rapportent
une certaine somme d'intérêt ne devrait pas être
imposée. C'est dans cet esprit que le législateur a permis
jusqu'à tout récemment que, pour un montant de 1000 $ de revenus
d'intérêt, cela ne devienne pas un revenu imposable C'est un peu
tannant que le gouvernement le fasse ou le régularise dans une
période où l'économie va passablement bien et où
les rentrées d'argent sont, tout compte fait, assez significatives,
d'autant plus qu'il s'agit Ici d'une mesure qui a un caractère
d'application quelque peu universel. Qui d'entre nous, au Québec, ne
connaît pas des amis, des parents qui ont ce souci d'épargner une
petite somme et qui comprennent mal que l'État québécois
ait toujours l'intention de percevoir un impôt sur quelle que soit la
somme qu'on décide d'épargner? Il y a un revenu
d'intérêt. On ne donne pas de marge de manoeuvre. Dès qu'on
a en tête l'idée de constituer un revenu d'intérêt
sur une épargne minimale, l'État considère que c'est un
revenu Imposable. Ce n'est pas parce que je vois aujourd'hui dans le projet de
loi que le Québec décide de s'arrêter à 500 $ qu'on
ne doit pas demeurer très inquiet, mais même très vigilant,
compte tenu de cette tendance quelque peu morbide de s'uniformiser presque
à tout crin. Il est très rare que le gouvernement du
Québec, en particulier celui-ci, n'a pas prétendu à trop
de vertu dans
l'harmonisation des mesures fiscales. Pour ce qui est des articles 42
à 49 qu'on étudie, je pense que c'est surtout sur cet aspect
qu'il y avait lieu d'attirer l'attention. Même si le ministre a
indiqué qu'en ce qui le concerne c'était pour s'assurer que les
personnes âgées de 65 ans et plus soient soustraites à
cette perte de bénéfices fiscaux, je pense qu'il a raison pour
les personnes de 65 ans et plus mais il était de notre
responsabilité de lui dire qu'on souhaiterait que, comme ministre du
Revenu, il fasse des représentations au ministre des Finances et
à son gouvernement pour que cette décision d'aujourd'hui soit
révisée dans les meilleurs délais quant au prochain
discours sur le budget du ministre des Finances. Pourquoi ne pas respecter un
peu plus la tradition québécoise à savoir que pour une
somme qui, tout compte fait, est devenue de plus en plus symbolique... Quand on
sait ce que représente la valeur de l'argent aujourd'hui - par rapport
à il y a 20 ans, un revenu de 1000 $ d'intérêt pour un
citoyen du Québec, c'est juste un minimum de sagesse Cela ne veut pas
dire que ce sont des sommes astronomiques que les citoyens veulent engranger
avec, comme certains le prétendent, de l'argent pas assez mobile, donc,
peu significatif par rapport à l'économie du Québec dans
le sens qu'il n'est pas dans des mouvements de fonds ou des mouvements de
trésorerie qui ont une implication sur de l'activité
économique roulante. Je sais que c'est un peu stagnant, des certificats
de dépôt à 9 %, mais c'est ça notre passé
historique pour une bonne partie de la population et c'est ça pour une
population qui est vieillissante.
Tout le monde déplore le fait qu'on n'a pas beaucoup de
relève sur le plan de la population mais il ne peut pas y avoir, dans
les mesures fiscales, des politiques familiales et des politiques de
natalité. Ce n'est pas la place pour cet aspect-là. Il me semble
qu'il faut être respectueux de la lecture de la démographie qui
est la nôtre. Notre démographie indique qu'il y a beaucoup de
personnes âgées et il y a beaucoup de personnes à
mentalité dite plus rurale qu'urbaine. Ce sont nos traditions, c'est
notre passé historique et, en conséquence, il me semble qu'un
gouvernement soit sensible et assez responsable pour convenir qu'un minimum de
placements rapporte des intérêts et qu'on consacre le principe, on
comprend ça et on ne touche pas à ça. On dit: Oui, les
citoyens devraient avoir droit à un minimum d'intérêts, de
dividendes sur des sommes placées sans être obligés de se
faire avoir par le bras long du fisc québécois.
C'est ce que je voulais commenter. C'est sûr que pour cette
section-là, on va y aller avec beaucoup de réserve et qu'on
adoptera cettedite section sur division. Ce sont les commentaires que j'avais
à faire. Si mes collègues en ont d'autres à ajouter...
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Séguin: Oui, quelques mots pour dire que je comprends
très bien les représentations et, malgré tout le respect
que J'ai personnellement pour l'élaboration des politiques fiscales par
mon collègue, je me permettrai moi aussi de faire certaines
représentations au ministre des Finances et de joindre un peu, sur
certains aspects, mes commentaires à ceux que mon collègue
d'Abitibi-Ouest vient de faire sur cet aspect-là, à savoir de
suggérer peut-être au gouvernement, dans la mesure du possible, de
considérer ce volet de la déduction à l'égard des
revenus d'intérêt et de placement.
C'est bien sûr que cela fait suite à une prise en
considération de jugement philosophique ou de valeur, à savoir si
l'épargne doit ou non bénéficier d'un avantage fiscal.
Là-dessus on peut débattre, c'est une question d'idées. SI
je ne me trompe pas, dans le livre blanc sur la fiscalité, on
suggérait également de restreindre les avantages fiscaux à
l'épargne, jugeant que c'était un montant important et qu'il n'y
avait plus de raison comme telle de maintenir ce genre... et que le coût
fiscal que l'État devait supporter par la déduction ne semblait
pas justifié. La même chose pour les personnes âgées.
Dans le livre blanc sur la fiscalité on croyait qu'il ne devrait plus y
avoir aucune déduction pour les personnes de 65 ans et plus.
Je ne veux pas attaquer cette prise de position du livre blanc. Elle
peut être très légitime, appuyée sur des arguments
très valables, comme la position contraire, peut être très
débattable aussi. Mais des choix ont été faits et je les
respecte. Sauf qu'on peut ne pas être d'accord ou on peut s'attendre avec
espoir à faire des représentations et convaincre, avec de bons
arguments, qu'il y a peut-être intérêt à
développer une autre façon de reconsidérer ce secteur. Je
sais que parmi mes collègues iI y en a quelques-uns aussi qui en ont
fait part, que c'est un sujet sur lequel ils auraient aimé qu'on se
repenche afin d'amener au ministre des Finances d'autres considérations.
M. le Président, je vais le faire avec plaisir.
Ceux qui voudront me faire part de leurs commentaires, je les ajouterai
aux miens et Je les transmettrai à mon collègue, le ministre des
Finances, concernant la déduction du revenu d'intérêt et de
placement.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: C'est intéressant d'entendre parler le
député de Montmorency et ministre du Revenu, concernant cette
déduction qui a été ponctionnée sur les plus
démunis de notre société. En fait, lorsqu'on a fait des
représentations, comme parti de l'Opposition, à
l'Assemblée nationale, on n'a pas entendu tellement d'échos forts
de la part du gouvernement. On s'est posé certaines questions.
Effectivement, en ponction-
nant tes 5000 $, parce que dans le fond on dit - avant c'était 10
000 $, fà c'est 5000 $ - qu'il y a deux aspects. Pour tes 10 000 $, vous
avez entendu, et Dieu sait si on a eu des représentations de la part des
gens intéressés, les retraités, ceux qui pouvaient gagner
un certain montant d'argent. Ils ont fait un certain nombre de
représentations avec beaucoup de fracas.
Ce gouvernement réagit, quand cela crie vraiment fort sur la
place publique, c'est pour empêcher des vagues de s'élever. On l'a
vécu au même titre que vous autres. Quant à la ponction des
5000 $ aux 10 000 $, c'était vraiment l'attaque aux plus démunis
de notre société ou des gens... Je ne pense pas que quelqu'un qui
aurait 10 000 $ d'économies, on peut considérer cela comme un
riche. On dit: On ne sait pas sur quel critère, de 5000 $ à 10000
$, ce n'est plus acceptable. Les premiers 5000 $ on vous l'accorde - 5000 $ ou
6000 $, selon les intérêts ou les placements - mais de 5000 $
à 10 000 $, ce n'est pas correct. Et ce sont vraiment les plus
démunis et c'est de ce côté que nous avons fait des
représentations.
Ceux qui gagnent des salaires, ceux qui ont des revenus, qui sont en
action ont d'autres façons d'aller chercher des déductions
fiscales, qui sont autres que les intérêts directs. Je pense que
les formules de placements par actions accréditives, que ce soit des REA
ou d'autres sortes de placements, iI y a possibilité d'aller chercher de
l'argent. Donc, c'est vraiment dans ces montants qu'on touche les plus
démunis de notre société ou du moins ceux qui ne sont pas
nécessairement favorisés. Je ne pense pas que quelqu'un qui a
5000 $ ou 10 000 $ aujourd'hui de côté, qui est à sa
retraite et même qui ne l'est pas, on peut te considérer comme une
personne ayant des revenus élevés, ayant des revenus sur lesquels
on peut aller ponctionner.
Mon collègue a soulevé un certain nombre
d'hypothèses ou d'avenues en disant: Cela n'a pas de bon sens. Il y a un
vécu. Le Québécois est reconnu comme quelqu'un qui
aimerait avoir un bas de laine. Tout le monde le sait. Un bas de laine, il y a
même du monde qui sont rendus à 75 ans, 70 ans, ils ramassent
encore de l'argent pour leurs vieux jours. On le sait. Le plus grand drame
qu'on rencontre chez les individus, c'est de prendre leur capital et
d'être obligé de le manger. Je pense que de ce côté,
il va falloir que les gouvernements se rendent compte qu'il y a une
mentalité chez la Quéoécoise et le Québécois
qui fait qu'on ne peut pas les traiter n'importe comment.
Prenez les personnes âgées qui ont à
dépenser. Ils nous le disent régulièrement et
j'espère que vous entendez les mêmes propos que nous, à
moins que "vous nous disiez qu'on vit dans des places différentes
d'ailleurs. J'ai bien l'impression que là où on vit, cela
ressemble à ce qui se passe dans d'autres endroits. Lorsque pour une
raison ou pour une autre, une personne en vient à manger son capital,
surtout chez les personnes âgées, c'est un drame. On dit: On
travaille toute notre vie pour laisser quelque chose à nos enfants et
là on va être obligé de le manger. Est-ce que c'est vrai ce
qu'ils disent? Moi je pense que c'est vrai. Ils le ressentent. Ce n'est pas
nécessairement vrai pour les jeunes. Souvent, ils n'ont pas
nécessairement besoin de l'héritage de leurs parents. Mais cette
mentalité peut se changer avec le temps. (11 heures)
Mais, ce n'est pas sur 5000 $ ou 10 000 $ qu'on parle actuellement. La
personne âgée - pour 5000 $ ou 10 000 $ - qui se sent en
sécurité avec ce petit montant-là, on aurait dû
penser de lui conserver cet avantage fiscal et ne pas lui faire payer
d'intérêt pour te premier 1000 $. C'était entré dans
les moeurs.
On n'est pas obligé de copier tout ce que fait notre grand
frère dans un autre gouvernement. Je pense que de ce
côté-là on devrait être clairs, précis. Le
Québec a sa particularité. Moi je dis: Qu'est-ce qui distingue
actuellement le Québec des autres provinces? Je pense qu'on devient une
copie conforme. Je me demande si ce n'est pas une façon de devenir des
assimilés jusqu'à un certain point. Si on se ressemble sur la
fiscalité, si on se ressemble au point de vue de la langue ou si on
laisse aller certains éléments un peu partout, bien, on va finir
par dire que te Québec c'est une province comme les autres Et ce n'est
pas vrai. Je pense que ce n'est pas vrai fondamentalement.
Il faut regarder avec quel soin jaloux nos parents ou nos concitoyens
réagissent par rapport à ce que le gouvernement a fait. Est-ce
que ça représente des millions en revenu? Est-ce que ça
représente un actif aussi important? Est-ce qu'on était aussi
démuni que ça au gouvernement? Est-ce que les finances de
l'État étaient tellement à terre que ça prenait
cette ponction-là sur ces gens. Je pense que la ponction sur les gens
qui étaient actifs était beaucoup moins dure à absorber et
même là je ne suis pas sûr qu'on aurait dû le faire Je
suis convaincu qu'on n'aurait pas dû le faire. Cela cause des
désagréments. Cela oblige ces gens-là aussi... Ce qui nous
fait dire aussi, sans aucune restriction, que vraiment cette mesure-là
attaquait les faibles, les plus démunis et on n'aurait pas dû le
faire.
Dans un même temps, on a pris certaines mesures pour favoriser la
fiscalité pour tes gens les mieux nantis. On n'aurait pas dû
toucher les moins bien nantis de notre société. Et ça je
pense que ça marque un gouvernement qu'on le veuille ou non. Quant
à nous, on ne peut pas concourir à une mesure qui a eu cet effet
aussi négatif chez les gens, comme si amasser des biens n'était
pas correct. Comme si le besoin était aussi précis d'aller
chercher chez ces gens-là, parce qu'on frappait juste une
catégorie de gens. Je pense que de ce côté-là la
preuve est faite et le recul que te gouvernement a fait dans ce
dossier-là... Ce n'est pas le gouvernement qui
l'a fait. Il l'a fait bien sûr. C'est le gouvernement qui le fait
mais à cause de représentations très fortes qui ont
été faites dans la société comme telle et ces
représentations-là ont été faites autant d'un bord
comme de l'autre. Nous aurions aimé sentir, comme Opposition, que le
gouvernement aurait compris, lorsqu'il a parié de cette
mesure-là, que l'Opposition à ce moment-là était
vraiment le bon porte-parole de la société
québécoise en général. Je pense que oui. On a le
droit d'écouter même quand on est au pouvoir. On a le droit aussi
de suivre les bons conseils qui nous sont donnés. Il ne faut pas juste
dire, parce qu'on a un grand nombre et parce qu'on a la majorité, qu'on
a toujours raison. Le temps nous donne raison. De ce
côté-là, je pense que la meilleure preuve c'est que le
ministre du Revenu vient de nous dire qu'il va faire certaines
représentations. Mais jusqu'à quel point le ministre du Revenu
va-t-il pouvoir se dissocier des actions du ministre des Finances? Est-ce qu'on
peut faire ça indéfiniment? Est-ce que le ministre du Revenu va
pouvoir dire impunément pendant un certain nombre de mois ou
d'années qu'il peut se dissocier des actions du gouvernement? Je pense
qu'il va falloir inviter le ministre des Finances à parler le plus vite
possible avec le ministre du Revenu pour s'assurer qu'au moins... Parce que
nous allons être démunis tantôt. On va frapper sur la
personne qui n'est pas là et le ministre du Revenu ne pourra pas
défendre les politiques du ministre des Finances. Là on va venir
avec des contradictions énormes et ce n'est pas sain pour
l'administration de ne pas savoir où on en est. Je peux bien accepter -
parce que le ministre du Revenu est nommé depuis peu d'années ou
peu de mois - qu'il se dissocie de cette politique. Mais au moment où
elle a été faite je n'ai pas entendu le député de
Montmorency la dénoncer à l'Assemblée nationale Je n'ai
pas entendu le député de Montmorency, lorsque le ministre des
Finances a mis en place cette mesure ou l'a annoncée, la
dénoncer. Donc, on est heureux qu'il soit devenu ministre du Revenu
parce que là il peut la dénoncer. Ce qu'il ne pouvait pas faire
avant. On va tous vous nommer ministres de l'autre bord pour que vous puissiez
dénoncer les mauvaises mesures ou celles qui nous semblent injustes qui
sont appliquées par le gouvernement, pour qu'on puisse avoir un jour des
mesures à l'avantage des citoyens et qui tiennent compte aussi du
vécu et des attitudes et comportements des Québécoises et
Québécois. C'est dans ce sens que, pour nous, cette mesure nous
semble excessive. On continue de la considérer excessive et on ne
concourra pas à son adoption.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M le
député de Jonquière. Je vous remercie davantage par
anticipation au nom de tous mes collègues. M. le député de
Montmorency.
M. Séguin: M. le Président, je pense qu'on a
beaucoup parlé sur l'article et que, fondamentalement, on se comprend.
On comprend la portée de l'article et je pense qu'on n'aura pas de
difficulté à reconnaître qu'il est conforme à la
déclaration budgétaire. Par ailleurs, je suis sensible aux
représentations qui sont faites et qui concernent plus l'acceptation
dans ses effets de l'article. Comme je l'ai dit tantôt, je l'ai fait dans
le passé, cette déduction. Je me souviens que l'an passé,
j'avais personnellement fait des représentations comme
député de Montmorency au ministre des Finances pour lui demander
qu'à tout le moins, à l'égard des personnes
âgées, la diminution de la déduction soft compensée.
Par la suite, le ministre des Finances, on l'a vu, a introduit ce plafond de 10
000 $ qui permet aux personnes âgées de ne pas être
affectées par la diminution sur les premiers 10 000 $. Donc, il s'agit
de continuer certaines représentations et ce sera au ministre des
Finances de voir s'il peut leur donner effet. Il faut comprendre que même
si le ministre des Finances était d'accord pour accepter une
bonification, c'est à lui de décider si les équilibres
financiers et si le coût fiscal ou le coût pour l'État le
permet compte tenu d'autres priorités. C'est dans ce sens qu'il faut
reconnaître que c'est te ministre des Finances qui décide. Je
répète à mon collègue, le député de
Jonquière, que malgré toute la collaboration qui existe entre les
Finances et le Revenu, il faut quand même comprendre que c'est le
ministre des Finances qui décide parce qu'il n'a pas seulement l'aspect
fiscal à considérer, mais l'aspect budgétaire, les
orientations économiques du gouvernement, les coûts et les
priorités par rapport à d'autres secteurs de l'économie ou
de la population C'est lui qui prend la décision de budget en budget;
notre système parlementaire et démocratique le veut ainsi Cela
n'empêche pas des ministres qui sont aussi des députés, qui
sont aussi des citoyens, d'acheminer au ministre des Finances des
recommandations, des suggestions et de souhaiter que le ministre des Finances
les accepte mais de reconnaître aussi que c'est son droit à lui de
choisir le moment pour le faire. Je vais continuer à faire des
représentations et là-dessus, je n'hésite pas à
dire que je vais en faire.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Moi aussi, je vais ajouter ma voix à
celle de mes deux autres collègues, non pas dans le but d'allonger le
discours à ce stade-ci sauf que je veux que le ministre du Revenu soit
pleinement conscient de l'ampleur et de la portée de ce geste. Je suis
un peu estomaqué d'entendre les propos du ministre du Revenu tout en
étant rassuré qu'il ne partage pas, si j'ai bien compris, ce qui
est fait. Étant un député de la nouvelle vague, un peu
comme certains autour de la table, y compris le ministre
du Revenu lui-même, j'ai hâte de voir quand les
parlementaires de quelque parti qu'ils soient lorsqu'ils ne sont pas d'accord
avec quelque chose soient capables de se tenir debout. Le ministre du Revenu
qui, aujourd'hui, est en position de parrainer un projet de loi, d'appliquer
des mesures qu'il ne partage pas, comme on peut le constater, c'est un non-sens
qu'il soit obligé de les appliquer. C'est encore bien plus un non-sens
lorsqu'on dit que le grand responsable, c'est le ministre des Finances. Moi, je
veux bien, mais dans quel système sommes-nous et qu'est-ce qu'on fait
ici si c'est le ministre des Finances décide, même s'il a le
pouvoir de façon un peu unilatérale d'une mesure qui ne fait pas
l'objet d'un accord de l'ensemble des 122 députés de
l'Assemblée nationale? C'est une mesure à laquelle, j'en suis
sûr, si on prenait les individus en particulier, les 122
députés, très peu seraient favorables. Que le ministre des
Finances ne soit pas là ce matin, cela fait partie des règles du
jeu aussi. Sauf qu'on est organisé, ici en commission parlementaire,
pour dire: Bon, c'est fait, c'est là. Il faut procéder même
si on crie, si on se lève debout, si on sensibilise tout le monde.
Même si de l'autre côté, on n'est pas d'accord, on sait ce
qui va arriver. Quant à moi, cela me fait aller bien plus loin. Cela me
fait même poser des questions sur le rôle en tant que
député à l'Assemblée nationale, d'une personne
élue pour représenter la population, qu'est-ce qu'on fait
ici?
Je dois vous dire que cette mesure, je vais même plus loin, qui
est passée de 1000 $ à 500 $ aurait dû non seulement
demeurer à 1000 $, mais peut-être même envisager de la
réajuster par rapport à ce qu'est la réalité. La
réalité fait en sorte que les 10 000 $ d'il y a cinq ans, d'il y
a quelques années par rapport aux 10 000 $ d'économie et ces
fameux 1000 $ d'intérêt ou de revenu ne sont même plus
correspondants à une réalité. SI on voulait juste te
ramener, toute proportion gardée, avec une indexation, on parlerait
peut-être plus de 1500 $ pour parler en termes de chiffres qui sont des
équivalences.
Qu'est-ce que c'est finalement 10 000 $ d'économie? C'est une
farce. Les propos qu'ont tenus mes collègues, le député de
Jonquière et le député d'Abitibi-Ouest, à savoir
sur la mentalité des Québécois, des questions de bas de
laine, cela va très loin par effet que cette simple mesure a un impact
négatif auprès d'un ensemble de petits épargnants qui sont
la majorité des Québécois. Dans un contexte où
surtout l'économie va bien, dans un contexte où le ministre des
Finances assis à cette même table m'a dit en commission
parlementaire, il y a quelques mois, que nous étions dans des
années de vaches grasses, on ne peut pas prétendre aujourd'hui
que cette mesure était nécessaire pour balancer le budget. Le
ministre du Revenu le sait fort bien, j'en suis conscient.
Donc, j'ai bien plus l'impression qu'on a décidé tout
simplement sur un genre de mesure comme cela de s'harmoniser en disant: C'est
l'harmonisation. Là, moi je vous dis, en terminant, que je pense qu'il
faut arrêter les questions de dire: On marche un peu aveuglément
dans les mesures d'harmonisation qui se passent au fédéral et,
particulièrement, d'autres mesures qui s'en viennent qui seront
l'élimination de ces 500 $. Comment va se situer le gouvernement du
Québec et quelles vont être les mesures? Le ministre des Finances
gèlera-t-il les 500 $? Le ministre des Finances va-t-il suivre dans
l'harmonisation? Le ministre des Finances sera-t-il prêt à le
remettre à 1000 $ ou même le réajuster? Moi je vous dis que
s'il n'y a pas des pressions importantes, s'il n'y a pas une sensibilisation de
la part des députés, pas seulement de l'Opposition, l'Opposition
déjà au départ... Le ministre des Finances dit: On sait
bien, c'est l'Opposition. Ces gens sont là pour critiquer. On n'est pas
là pour critiquer juste pour critiquer.
Je pense que les collègues qui sont ici aujourd'hui essaient de
faire valoir un point de vue qui est largement partagé, non seulement
par la population, non seulement par les gens qui sont touchés par cela,
mais qui est partagé par des députés ministériels,
mais qui ne disent mot. Je me dis: Si on n'a pas un mot à dire, si on
n'a pas une influence importante, pas pour être capable de dire
après: Le ministre des Finances, on l'a eu et il a changé
d'idée. Moi je pense que ce qu'on dit ici aujourd'hui doit amener le
ministre des Finances du Québec, le gouvernement du Québec, le
Conseil des ministres, maintenant le ministre du Revenu en fait partie,
à réaliser les gestes qu'il pose.
Entre le beau discours qui a été tenu depuis 1985 par ce
gouvernement, là voilà des gestes concrets qui sont posés
et comme le disait mon collègue, le député d'Abitibi-Ouest
tantôt, peut-être que ta première occasion que nous avons,
c'est peut-être d'être capable de discourir un peu
là-dessus. On est conscient qu'il n'y a pas des millions de personnes
qui sont à l'écoute. Il reste un fait et je le dis au ministre du
Revenu: II va falloir s'élever très haut, il va falloir crier
très fort si on veut être capable de renverser la vapeur des 1000
$ aux 500 $, pour non seulement qu'elle demeure là, mais qu'elle
réintègre et peut-être se réajuste par rapport
à la réalité de 1988.
Il va falloir un mouvement très fort, non seulement des
députés de ce côté-ci, mais de l'ensemble des
députés de l'Assemblée nationale, si on n'est pas d'accord
avec une mesure. Sinon, qu'est-ce que le député dans son
rôle à l'Assemblée nationale fait et est-ce que le
rôle du ministre des Finances est si important au point de dire que quand
il décide, on n'a plus rien à faire? Je pense que le ministre des
Finances a à écouter ce que ses autres collègues ont
à dire au Conseil des ministres mais, aussi, l'ensemble des élus
Le ministre des Finances n'a pas 3000 personnes à consulter. Il doit
être capable de prendre le pouls de quelque 122 personnes qui
ont été élues pour représenter des
circonscriptions et on représente tous des citoyens, qu'on soit d'un
parti ou d'un autre. Voilà une distinction importante d'un gouvernement
qui a tenu un discours et qui, aujourd'hui, pose des gestes exactement
inverses. Ce que j'ai entendu depuis deux ans, à savoir qu'on harmonise
et qu'on ne peut rien faire, je n'embarque plus là-dedans parce qu'il
est temps qu'on se tienne debout et qu'on pose des gestes. J'espère que
le ministre du Revenu mettra des choses en branle et utilisera tout son poids
pour que le ministre des Finances corrige de façon très tangible
ce qui a été fait et ce à quoi on doit donner un peu
d'approbation aujourd'hui, c'est-à-dire des mois et des mois plus tard.
Bien sûr que nous devrons nous enregistrer contre ces mesures et ce
bloc-là. J'attends des gestes concrets de la part du ministre du
Revenu.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. le
député de Bertrand. Je comprends que les articles 42 à 49
sont adoptés sur division.
M. Gendron: C'est exact, M. le Président. Le
Président (M. Chagnon): Adopté.
M. Dufour: Sur la question que j'ai posée tout à
l'heure à savoir ce que la mesure représentait comme ponction
fiscale chez les contribuables, est-ce que vous l'avez quantifiée?
M. Séguin: Je ne vous parlerai que de ce que je...
Le Président (M. Chagnon): Je m'excuse, M. le ministre, En
fait, la question que vous posez est à savoir quel est le coût de
la dépense fiscale pour les 500 $ déductibles.
M. Dufour: C'est ça. Comment est-ce que ça
rapporte?
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre, est-ce que vous
avez la réponse à cette question?
M. Séguin: Je peux répondre à mon
collègue d'après ce que je me souviens qui est indiqué au
budget, dans les annexes, que quand on indique des coûts à
certaines mesures, ce sont des montants importants de plusieurs dizaines de
millions de dollars.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre, pourriez-vous
fournir la réponse au député de Jonquière dans le
courant de l'après-midi ou au début de la soirée?
M. Séguin: Oui.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que le
député de Jonquière accepterait de procéder de
cette façon?
M. Séguin: M. le Président...
M. Dufour: Oui, oui On pourrait la donner à mon
collègue, porte-parole officiel.
Le Président (M. Chagnon): C'est parfait.
M. Séguin:... je voudrais demander une suspension de cinq
minutes.
Le Président (M. Chagnon): Je voudrais d'abord finir
d'adopter les articles 42 à 49.
M. Séguin: Oui, oui.
M. Dufour: Non, non, c'est pour autre chose.
M. Parent (Bertrand): Peut-être parce que le ministre veut
réviser.
Le Président (M. Chagnon): Ha, ha, ha! M. Dufour: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Chagnon): Je serai toujours prêt
à écouter un amendement que le ministre ou n'importe quel membre
de cette commission pourrait fournir.
M. Parent (Bertrand): Dans ce cas-là, on peut suspendre
nos travaux.
Le Président (M. Chagnon): Je comprends que les articles
42 à 49 sont adoptés sur division. N'est-ce pas?
Adopté?
M. Dufour: C'est ça.
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Chagnon): Les articles 42 à 49
sont adoptés sur division. Avant d'appeler l'article 50, je suspends les
travaux pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 18)
(Reprise à 11 h 36)
Le Président (M. Chagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend maintenant ses
travaux. Nous sommes à l'adoption... Nous sommes à
l'étude, plutôt - II ne faut présumer de rien - de
l'article 50. J'appelle l'article 50. M. le ministre et député de
Montmorency.
M. Séguin: M. le Président, cela vise les
organismes artistiques qui pourront bénéficier ou
permettre à un contribuable de déduire les dons
versés à certaines associations dont la liste fera
apparaître le nom déterminé par le ministre, sur
recommandation du ou de la ministre des Affaires culturelles.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'article 50 est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'article 50 est adopté.
J'appelle l'article 51. M. le ministre.
M. Séguin: On traite ici des options d'achat. On a vu
quelques mesures relatives aux options d'achat. Ici, on s'assure, en
concordance avec les dispositions antérieures, que le même report
du montant de l'avantage soit préservé dans les modalités
qui sont expliquées dans le calcul de l'avantage.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Chagnon): L'article 51 est-il
adopté? J'appelle l'article 52. M. le ministre.
M. Séguin: Cela concerne le prêt à la
réinstallation. C'est davantage une mesure de concordance dans les
références aux articles qui sont précisés dans
l'article lui-même.
M. Gendron: Pas de problème. Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'article 52 est-il
adopté? J'appelle l'article 53.
M. Séguin: Également, c'est davantage une mesure de
concordance dans les références.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'article 53 est
adopté?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Chagnon): L'article 53 est adopté.
J'appelle l'article 54.
M. Séguin: Ici, on aurait un bloc, de l'article 54
à l'article 57 inclusivement Cela traite de la société en
commandite. On veut s'assurer, dans les dispositions existantes, maintenant,
d'inclure la société en commandite dans ces calculs.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que les articles 54
à 57 sont adoptés?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Les articles 54 à 57
sont adoptés. J'appelle l'article 58.
Déduction relative à un chercheur
étranger
M. Séguin: M. le Président, l'article 58 est
relativement long, puisqu'il concerne les articles 737. 19 à 737. 22. Il
concerne la déduction relative à un chercheur étranger.
Dans le budget, on annonçait que des chercheurs étrangers qui
viendraient faire de la recherche au Québec
bénéficieraient de ce qu'on appelle un congé fiscal, une
exonération d'impôt, étant donné qu'ils paient de
l'impôt dans leur pays. Cela s'associe à la même formulation
de régime fiscal qu'on a faite pour le Centre international financier de
Montréal et qu'on a déjà vue dans nos projets de loi,
ici.
Le Président (M. Chagnon): Et l'organisation de la gestion
civile...
M. Séguin: Exactement. C'est pour éviter la double
taxation Ici, on reprend les dispositions à cet égard.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'article 58 est
adopté?
M. Gendron: Je voudrais d'abord faire un commentaire Je pense
qu'effectivement, lorsqu'on se préoccupe d'améliorer la
recherche, avec les conséquences qu'elle a sur le développement,
il est important d'avoir un comportement fiscal qui la stimule et
l'encourage.
Cependant, je voudrais être certain de ce que je vais dire. C'est
pour cela que je veux que le ministre du Revenu me corrige si ce n'était
pas le cas. Je ne suis pas certain que ce n'est pas à cet endroit qu'on
aurait eu des avantages plus grands à condition que ce soient des
chercheurs autres que québécois qui viennent, comme vous l'avez
mentionné, d'autres provinces canadiennes faire de la recherche au
Québec et bénéficient d'un congé fiscal.
Est-ce qu'il y a la réversibilité dans le sens que les
chercheurs du Québec qui, eux, feraient de la recherche à
l'étranger, bénéficieraient des mêmes avantages ou
du même congé fiscal?
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre
M. Séguin: M. le Président, non. On ne
connaît pas actuellement d'entente qui aurait été conclue
avec les États-Unis ou d'autres pays d'Europe qui ferait que des
Québécois à l'étranger ne seraient pas imposables
dans ces pays.
Cependant, on a des mesures qui imposent le revenu de
Québécois à l'étranger d'une façon moindre,
étant donné qu'ils travaillent à l'extérieur du
pays. Pour ne pas empêcher la réalisation de certains contrats
à l'étranger, ces mesures avaient été introduites
il y a quelques années.
Pour répondre à votre question comme telle à savoir
si on a une équivalence ici, c'est non.
M. Gendron: Est-ce que vous avez des données? Sans qu'on
ait l'information tout de suite, je ne détesterais pas qu'on ait une
figuration précise pour le ministère du Revenu en se basant sur
les dernières années, Qu'est-ce que cela représente
exactement comme coût à l'État québécois? En
ce qui me concerne, ce n'est pas tellement pour le coût. C'est plus pour
voir si le fait qu'on concentre ce congé fiscal pour des chercheurs
étrangers lorsqu'ils viennent faire de la recherche au Québec on
a un certain volume de chercheurs significatifs pour porter
éventuellement un jugement, stimuler davantage la recherche et
accroître l'avantage fiscal s'il y a lieu de le faire.
I! me semble que pour porter un jugement qualitatif, il serait
peut-être intéressant d'avoir quelques données. Le
ministère du Revenu dispose sûrement de ces données:
Premièrement, le coût; deuxièmement, est-ce qu'un certain
nombre de chercheurs s'en prévalent, si c'est significatif ou peu?
Également, cela nous permettrait peut-être d'avoir des indications
quant à la provenance de ces chercheurs et surtout le domaine de
recherche dans lequel ils oeuvrent. J'aimerais qu'on puisse avoir ces
informations. Je suis convaincu que le ministre du Revenu en dispose.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Séguin: Oui, M. le Président. On n'a pas
vraiment de statistiques à l'heure actuelle parce que cette mesure
prenait effet pour l'année d'imposition 1987. On n'a pas encore de
déclarations fiscales de 1987 qui nous sont parvenues.
Deuxièmement, on ne croit pas, et c'est là une
évaluation un peu personnelle ou suggestive, que cela soit important.
Cela va être un phénomène marginal que des chercheurs
étrangers viennent s'établir au Québec en association - il
y a quand même des conditions - avec des chercheurs du Québec.
D'après ce que j'en comprends, cette mesure a été
faite pour répondre a la demande du milieu qui, dans des recherches
expérimentales très développées, en plus de
s'associer avec des chercheurs étrangers, voulait les faire venir dans
des laboratoires ici au Québec pour accélérer les
recherches. Mais, sur le plan fiscal, ces chercheurs semblaient rencontrer des
inconvénients. C'est pour aider le développement de la recherche
et l'association surtout, avec de bon chercheurs, même s'ils sont
étrangers, à certaines conditions que la recherche demeure
fondamentalement au Québec. Je pense que c'est cela.
Pour la question des chiffres statistiques, malheureusement,
jusqu'à maintenant on croit que c'est marginal. On ne connaît pas
de chiffres comme tels. C'est très marginal. Ce sera peut-être par
quelques dizaines de personnes à comparer à 4 000 000 de
contribuables. C'est très minime comme phénomène.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. le ministre. Au
préalable, M. le député d'Abitibi-Ouest, j'inviterais les
membres de la commission à diminuer leur niveau de discussion
privée et particulière sur le projet de loi que nous
étudions présentement. Ainsi, nous pourrons mieux continuer le
travail d'étude que nous avons amorcé.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, j'ai une dernière
question concernant ce volet. Est-ce que le ministre du Revenu peut nous
indiquer si, lorsque son gouvernement a décidé d'accorder une
déduction relative à des chercheurs étrangers, c'est parce
que des représentations avaient été faites au gouvernement
par des centres de recherche situés à l'extérieur du
Québec ou par des associations de chercheurs, des individus? Qu'est-ce
exactement qui a justifié le gouvernement à souscrire, dans le
dernier discours sur le budget, à des mesures fiscales qui auraient
comme conséquence de stimuler ou de permettre davantage la
recherche?
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Séguin: M. le Président, je ne peux pas
répondre à la place du ministère des Finances qui a
élaboré sa réflexion pour décider finalement
d'accorder un congé fiscal à certaines personnes qui s'associent
à un développement de recherche expérimentale. J'ai
indiqué certaines présomptions qui me semblaient quand même
assez rationnelles pour expliquer le pourquoi de cette mesure. Au
ministère du Revenu, on va l'administrer et probablement qu'à la
suite de l'année d'imposition 1987, je pourrai indiquer, dans quelques
mois quand les rapports d'impôt seront produits, le nombre de personnes
qui auront demandé... Si je fais un parallèle avec le Centre
international financier, nous n'avons pas encore de demande d'exemption fiscale
parce qu'il n'y a pas encore de contribuables qui s'en sont prévalus
même si, dans la loi, cela existe. Je ne peux pas présumer combien
de personnes vont la réclamer. Je crois comprendre que ce ' sera
très marginal, qu'elles seront peu nombreuses. Cela a été
introduit pour permettre à un développeur québécois
de payer un salaire à une personne qui n'est pas
considérée résidente au Québec, qui vient
s'associer pour la recherche, de pouvoir déduire de son revenu une
partie, en fait de ne pas payer d'impôt sur le salaire qu'elle a
gagné au Québec. On comprend qu'elle en paiera dans son pays
d'origine.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: J'ai une question technique. On parle du sept cent
trente et unième jour. J'imagine que vous parlez des années
ordinaires. Deux fois 365 jours font 730. Si vous voulez donner un
congé de deux ans, quand il y a une année bissextile,
est-ce que vous en tenez compte ou pas? C'est une question technique, mais
c'est ça quand même. À la page 42 de votre projet de loi,
à ii: le sept cent trente et unième jour suivant celui de cette
entrée en fonction, ses périodes d'activité de recherche,
etc. On parle du sept cent trente et unième jour, mais si c'est une
année bissextile, ce serait le sept cent trente et unième jour
cette année-là. Comme la technique dans la fiscalité est
tellement précise, on ne peut pas échapper un jour. Là, on
a échappé un jour.
M. Séguin: Cela n'a pas tellement d'importance. Son
contrat de recherche est d'une durée de deux ans plus un jour. Je ne
vois pas de problème d'appariement avec l'année fiscale.
M. Dufour: Pourquoi ne parlez-vous pas de deux ans plutôt
que des jours? SI vous inscriviez deux ans, est-ce que ce ne serait pas juste?
Vous ne pourriez pas parler de jours si vous parlez de deux ans.
M. Séguin: C'est plus précis.
M. Dufour: Oui et non. C'est de la chinoiserie, me direz-vous,
mais, d'une façon ou de l'autre, deux ans, c'est plus précis dans
ce cas-là que le sept cent trente et unième jour.
M. Séguin: Si vous trouvez que le nombre de jours, c'est
plus ou moins précis comparativement à deux ans. L'expression
"deux ans", en termes fiscaux, peut parfois porter à confusion parce
qu'on ne distingue pas si c'est l'année fiscale, l'année civile.
On a mis la durée en nombre de jours. C'est clair, c'est évident.
Si le nombre de jours est indiqué sur le contrat, il n'y a pas de
problème.
M. Dufour: Mais quand le contrat est signé, est-ce que
c'est signé par année ou par jour? Je n'ai pas souvent vu de
contrat mentionnant...
M. Séguin: Ils mettront le nombre de jours.
M. Dufour: Vous parlez des gens étrangers; ils vont
peut-être se tromper, ils n'ont peut-être pas le même
calendrier que nous.
M. Séguin: Voilà une autre raison pour
préciser le nombre de jours.
M. Dufour: Mais des années, ce sont des années.
M. Séguin: Je pense bien que tout le monde s'entend sur le
nombre de jours qu'on peut accorder dans ta durée d'un contrat. Je ne
sais pas, je ne voyais pas de problème particulier.
M. Garon: Si c'est un martien?
Le Président (M. Chagnon): Le droit fiscal va
évoluer vers le nombre d'heures bientôt Est-ce qu'il y a d'autres
questions, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: En fait, quand on parle de chercheurs
étrangers, je trouve cela amusant parce que quelqu'un qui demeure en
dehors du Québec, le Canada, c'est un chercheur étranger. On
aurait pu l'assimiler à un chercheur canadien ou
québécois, je ne sais pas. C'est un avantage qu'on donne à
des gens qui, en principe, pourraient demeurer à Ottawa et Iraient
travailler à Hull. C'est un chercheur étranger. De quelle
façon interprétez-vous cela? Ottawa est une province... qui n'est
pas la province de Québec. Un chercheur d'Ottawa qui vient travailler
à Hull a un avantage fiscal parce qu'il a traversé te canal
Rideau. Est-ce que vous interprétez la notion de chercheur
étranger de cette façon?
Le Président (M. Chagnon): M. te député de
Jonquière, je ne veux pas vous reprendre en matière de
géographie mais, d'abord, Ottawa est une ville et, deuxièmement,
si un chercheur d'Ottawa traverse le canal Rideau pour aller au Québec,
il a de grosses chances de ne jamais se rendre au Québec.
M. Dufour: C'est là qu'il vient à Hull.
Le Président {M. Chagnon): II est mieux de traverser la
rivière des Outaouais.
M. Dufour: D'accord. Vous êtes meilleur que moi en
géographie, je vous le concède, mais je pense que je connais bien
ma géographie par rapport à ce qu'est le Québec et
l'Ontario. Je sais qu'Ottawa est en Ontario et Hull, au Québec.
Quelqu'un travaillant à Ottawa vient travailler à Hull, est-ce
que cela pourrait être assimilé à un chercheur
étranger? Il ne demeure pas dans la même province.
M. Séguin: M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Séguin: Le premier article qui est devant nous
définit exactement cela. L'article 737. 19 définit les chercheurs
étrangers. Si vous regardez le deuxième paragraphe, à I,
on lit "il n'a résidé au Canada à aucun moment entre te 29
avril 1987 et le jour de la conclusion du contrat d'emploi ou de son
entrée en fonction à titre d'employé auprès de
l'employeur admissible; " Je pense que cela répond exactement à
la préoccupation de mon collègue.
M. Dufour: Par rapport à un chercheur étranger.
J'ai posé la question avant.
M. Garon: C'est un coup bas.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais savoir de la part du ministre si on a
considéré la possibilité d'une certaine
réciprocité, à savoir plutôt que de donner cela aux
chercheurs résidant à l'extérieur du Canada, dans
n'importe quel pays, accorder cette mesure uniquement lorsqu'il y a accord de
réciprocité entre le pays concerné et le Québec?
Est-ce qu'il aurait pu y avoir des ententes sur le plan fiscal entre le
Québec et les pays étrangers en même temps qu'assurer
davantage la personnalité juridique du Québec sur le plan
international?
M. Séguin: C'est une bonne question, M. le
Président. Mais déjà, votre collègue a posé
cette question tantôt. C'est un point intéressant. Je ne peux pas
vraiment y répondre en détail, parce que d'abord, il appartient
au ministre des Finances de l'expliquer, mais ce que je peux comprendre...
D'abord, it n'en a pas actuellement de réciprocité, pour vous
répondre, on n'en connaît pas. Pourquoi? C'est peut-être
parce que ces pays, comme les États-Unis par exemple, notre voisin du
Sud, n'ont pas voulu le faire pour toutes sortes de raisons. Cela ne veut pas
dire que plus tard cela ne pourrait pas se faire, parce qu'en vertu du
traité fiscal avec la plupart des 47 pays industriels qui ont un
régime fiscal, il pourrait peut-être y avoir des
possibilités de négociation, mais on peut peut-être se
demander si ce serait souhaitable dans le sens que si on avait une
réciprocité avec les États-Unis, cela voudrait dire que
les chercheurs du Québec seraient peut-être amenés à
aller faire leurs recherches aux États-Unis. Je me pose la question,
J'imagine qu'on peut se la poser. Pour le moment, on ne connaît pas de
réciprocité C'est un bon point que vous soulevez, mais je ne peux
pas vous dire si on a une réponse à savoir si on devrait en
provoquer une avec différents pays. C'était une mesure pour ne
pas défavoriser des entreprises du Québec qui font de la
recherche, qui font de l'expérimentation et qui veulent s'associer des
chercheurs étrangers lesquels hésiteraient à venir,
à cause d'une situation fiscale. Bon, alors, c'est ça. Mais
j'avoue que c'est une première dans ce champ d'activité. La
première année d'imposition est 1987. C'est une année
expérimentale. On n'a pas encore vu les déclarations, donc, on ne
sait pas s'il y a beaucoup de chercheurs, si cela a bien répondu. C'est
probablement en examinant comment les gens vont répondre à cette
mesure fiscale qu'on pourra peut-être s'ajuster.
Peut-être ne pas exclure la possibilité, comme vous le
mentionnez, de considérer une réciprocité si on voit que,
par exemple, cette année ou l'année prochaine, c'était
souhaitable.
Le Président (M. Chagnon): M. le Prési- dent... M. le
Président, c'est moi-même. M. le ministre, la
réciprocité en matière de fiscalité implique que
lorsque vous signez votre traité de réciprocité vos
concitoyens ne subissent pas une fiscalité qui soit supérieure
à celle du pays dans lequel ils vont travailler.
M. Séguin: Généralement, c'est te but
recherché.
Le Président (M. Chagnon): Dans le cas de la question qui
est suggérée par le député de Lévis, il se
pose deux problèmes. Le premier problème, c'est en ternies de
personnes. La réciprocité de chercheurs canadiens,
québécois, par rapport à n'Importe quel pays occidental
peut-elle avoir une espèce d'effet dans la balance de la
possibilité d'avoir un traité? Deuxièmement, la
fiscalité québécoise ou canadienne peut-elle se comparer
avantageusement avec les pays dans lesquels il se fait de la recherche et,
particulièrement, aux États-Unis et les pays
nord-américains? Dans ce cadre, je ne suis pas certain qu'il y aurait
avantage pour le Québec de faire un traité de
réciprocité et de déduction fiscale en matière de
recherche.
M. Garon: Au contraire. Je pense que l'avantage principal, c'est
de faire en sorte que quelqu'un puisse contribuer à une recherche sans
qu'on essaie de l'attirer d'autre façon et le faire quitter son pays.
Souvent, quand on va chercher un chercheur, on va le payer de façon
assez chère, à un niveau assez élevé pour le faire
quitter son pays, pour le faire venir. Tandis que l'avantage qu'il y a dans ce
cadre, c'est de permettre à des gens de contribuer à une
recherche, qu'il y a un avantage fiscal en restant chez eux. On sait
qu'habituellement les pays ne sont pas intéressés à perdre
leurs meilleurs chercheurs. Il y a un avantage dans la
réciprocité. À moins qu'on considère que tous nos
chercheurs sont d'un niveau tellemement inférieur que personne va
être intéressé à eux autres. Je ne partage pas
l'idée du député de Saint-Louis. Je pense que nos
chercheurs dans certains domaines ont d'excellentes qualités et qu'il y
a des gens qui pourraient faire des recherches en restant ici en étant
taxés chez eux, plutôt que d'essayer d'aller acquérir un
statut de non-résident ou de résident d'un pays où il n'y
a pas de taxes.
Je pense, au contraire, qu'il y a un grand avantage à avoir un
traité de réciprocité. Même avec les
États-Unis, parce qu'à ce moment-là, un chercheur
américain peut travailler Ici en étant taxé chez lui, mais
l'inverse aussi. Au contraire, cela favoriserait les transferts technologiques
sans qu'on aille chercher les gens d'ailleurs pour essayer de les attirer ici.
Qu'arrive-t-il actuellement? C'est qu'on va attirer les chercheurs en leur
payant des salaires et leur donnant un paquet d'avantages pour essayer de les
enlever de leur pays. Je pense que même par
rapport aux pays sous-développés, par exemple, qui ont
besoin de leurs citoyens, actuellement on écrème les chercheurs
dans les pays sous-développés en les sortant de leur pays et en
les amenant dans des pays qui ont plus les moyens de payer.
Au contraire, avec une entente comme celle-là, cela leur
permettrait de faire des revenus, contribuer à des recherches ici tout
en restant chez eux et de ta même façon, par rapport à
d'autres pays. Ce serait très avantageux sur le plan de ne pas utiliser
des moyens autres pour aller chercher et faire sortir les gens de leur pays.
Or, je dis cela parce que dans le domaine... Je comprends que le ministre
réagit comme ministre du Revenu un peu comme l'exécuteur des
basses oeuvres du ministre des Finances. C'est un peu comme si la mafia
décide de tuer quelqu'un et que c'est lui qui fait le job. C'est un
exécuteur. C'est lui qui exécute. Sauf qu'il pourrait... Pardon?
Un peu comme on dit: La justice a le bras long, mais elle l'étend
souvent très lentement. Elle pourrait l'avoir long, mais elle ne
l'étend pas. (12 heures)
On voit l'affichage bilingue, par exemple. C'est comme si le ministre de
la Justice n'existait pas. Il doit être un peu comme vous. Il n'a pas eu
d'ordre, lui, du premier ministre. Dans le cas du Service des transports, je
vais vous donner un exemple, on a mis une clause de réciprocité.
On a demandé d'avoir une clause de réciprocité dans la
loi. L'industrie était d'accord. Pourquoi donne-t-on des avantages
à d'autres qui ne nous en donnent pas? On sait qu'aux États-Unis
dans le domaine du transport, l'État fédéral a fait des
lois pour décloisonner, mais 43 États sur 50 n'en ont pas fait.
Ils ont gardé toutes leurs lois complètement bouchées,
fermées au décloisonnement. Alors nous serions un petit peu
naïïs si on disait: Venez chez nous. C'est un bar ouvert. Prenez tout
ce que vous voulez. Il n'y a pas de problème. Servez-vous. Tandis qu'on
a dit: Non. On a dit au ministre: Cela ne serait pas correct. Il ne faudrait
pas en donner à ceux qui ne nous en donnent pas et faire des ententes de
réciprocité. On va donner des avantages à condition qu'ils
nous donnent des avantages. Je trouve que dans votre mesure on agit de la
même façon qu'autrefois alors qu'on disait que le Canada ou le
Québec c'était un bar ouvert.
Alors je pense qu'on devrait faire plutôt des accords de
réciprocité. On vous donne des avantages à condition que
vous nous en donniez. Donnant, donnant. Je comprends que le Parti
libéral n'est pas fort sur la négociation. On a vu ça dans
le cas des frégates. Il donne tout et il n'a rien en retour. La
négociation n'est pas la force du premier ministre actuel.
Habituellement, sa colonne vertébrale est dans la garde-robe. On
aimerait mieux qu'il la mette le matin en se levant. Qu'il mette sa colonne
vertébrale pour l'aider à se tenir debout.
C'est pour ça que je demande au ministre... Je comprends
qu'actuellement il peut dire: Je ne peux décider ce matin. Mais moi, ce
que j'aimerais comme attitude positive de sa part, c'est qu'il nous dise:
D'accord, on va suspendre l'article. Je vais en parler au ministre des
Finances. Je vais consulter les gens du gouvernement pour voir si ce n'est pas
une bonne idée. Le ministre des Transports a été plus
ouvert. Il a dit: Oui, on va regarder cela. Il trouvé que c'était
une bonne idée. L'industrie était d'accord. Tout le monde
finalement a été unanime pour dire: On va marcher vers la
réciprocité entre les États américains et le
Québec.
Alors pourquoi le ministre du Revenu ne dirait-il pas: Je vais suspendre
l'article. Je vais consulter mes collègues. S'il y a une
possibilité de faire en sorte de convaincre mes collègues ou d'en
discuter avec eux pour voir s'il y a un certain nombre d'avantages, bien, je
présenterai un amendement. Tout simplement. Il ne s'agit pas de changer
la disposition mais de dire: On va donner cet avantage-là aux chercheurs
des pays qui ont dit la même chose aux chercheurs de chez nous.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, je ne voudrais pas que vous laissiez croire que mes propos
antérieurs diminuaient la qualité des chercheurs
québécois. Je n'ai pas parlé de qualifications mais de
quantité par rapport à d'autres pays occidentaux, ce qui est
très normal compte tenu de notre démographie par rapport à
celle de la majorité des autres pays occidentaux.
M. le ministre.
M. Séguin: Oui, M. le Président. En fait, je l'ai
dit tantôt. L'idée est intéressante. J'avoue qu'on peut en
débattre. Le premier à poser la question avait été
le député d'Abitibi-Ouest. Maintenant le député de
Lévis s'interroge.
C'est un bon point. C'est un point intéressant. On peut y voir
des inconvénients et des avantages. Il y en a. Par exemple, est-ce que
ça voudrait dire que si on acceptait la réciprocité on
permettrait à des Québécois d'aller travailler, par
exemple, aux États-Unis et de payer leur impôt aux
États-Unis et non pas au Québec? En termes de recettes fiscales,
on encouragerait des travailleurs du Québec à aller payer leur
impôt aux États-Unis à un taux inférieur, on le
sait, à nos taux. Deuxièmement, c'est qu'on encouragerait
peut-être des travailleurs à vouloir aller travailler plutôt
aux États-Unis dans leurs recherches quitte à garder leur
domicile ou leur famille au Ouébec.
Je ne sais pas si c'est vraiment ce que cherche le député
de Lévis. Le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral font des efforts considérables pour garder les
chercheurs chez nous. On sait que le milieu des chercheurs, du
développement et de la recherche expérimentale fait beaucoup de
représentations disant qu'il y a des fuites de cerveaux. Les gens s'en
vont
aux États-Unis parce que la fiscalité est plus
avantageuse, les revenus sont plus élevés, etc. Là on
aurait une mesure qui dirait aux chercheurs du Québec: Écoutez,
profitez-en! Allez vous installer aux États-Unis. Allez là-bas
à un taux plus avantageux sur le plan fiscal. Vous ne paierez pas
d'impôt au Québec. Je ne le sais pas, là C'est cela
qu'implique la réciprocité. À l'heure actuelle, on
introduit une nouvelle mesure; c'est nouveau. Avant cela, les chercheurs
étrangers qui venaient au Québec pouvaient payer de l'impôt
au Québec sur le salaire qu'ils faisaient au Québec. Mais,
là, on dit...
M. Garon: Oui, à des taux beaucoup plus
élevés.
M. Séguin: À des taux plus élevés.
Donc, c'était un désincitatif vis-à-vis des chercheurs
étrangers qui pouvaient s'associer à de la recherche avec des
chercheurs du Québec. On a pensé que c'était une
amélioration, dans le milieu de la recherche et du développement
du Québec, de leur dire: Vous autres, les développeurs, au
Québec, si vous avez l'occasion de vous associer ou de faire venir des
chercheurs étrangers qui peuvent venir vous aider ici, au Québec,
dans la recherche, au moins, vous aurez un avantage sur le plan fiscal parce
que ces gens ne paieront pas de l'impôt ici, mais vont en payer dans leur
pays d'origine. Par exemple, l'Américain fera son rapport d'impôt
aux États-Unis. Il ne dira pas: Je ne veux pas aller au Québec
parce que vous allez me taxer à un taux plus élevé.
À l'inverse, cela peut avoir des effets peut-être... Je ne
dis pas que je parle à la suite de conclusion d'études et au nom
du gouvernement; on discute, ce matin. Je me pose la question suivante: Est-ce
qu'il serait sage de simplement dire: Oui, l'inverse s'applique? Et, en toute
honnêteté, dans la discussion que nous avons et que je trouve
très intéressante, M. le député de Lévis, je
ne peux pas dire que je suis rassuré de ces effets, peut-être.
Deuxièmement, vous mentionnez qu'on pourrait peut-être
suspendre l'article. Écoutez, si on voulait introduire la
réciprocité parce qu'on en était convaincu ce matin, cela
touche les deniers publics, puisqu'on va accorder des déductions
additionnelles, et vous savez comme mol que seul le ministre des Finances peut
le faire. Ce n'est pas nous, les membres, autour de la table, même avec
votre amendement, qui pourrions agréer cela, même si on
était tous d'accord sur la pertinence. Il faudrait que le ministre des
Finances évalue l'impact financier et si, dans ses équilibres
budgétaires, il est approprié de le faire à ce stade-ci,
il complétera les études à savoir si cela n'a pas des
effets négatifs sur le milieu de la recherche, etc. Donc, même si
on voulait être d'accord sur l'idée - je vous le dis, c'est une
idée que je trouve intéressante - de suspendre l'article, cela ne
nous permettrait pas, de toute façon, d'introduire un amendement dans ce
sens, à moins que le ministre des Finances soit d'accord. Si, entre
aujourd'hui et le moment où on en viendrait à un amendement,
supposons qu'on pourrait le faire, il s'écoulerait deux, trois semaines,
un mois, cela veut dire qu'on suspendrait toute la loi. Tant que cet article
est suspendu, on ne peut pas procéder à l'adoption finale de la
loi. Donc, on retarderait l'application de cette loi, dans l'ensemble. D'une
part, on va perdre probablement quelques sommes d'argent. On va possiblement
déséquilibrer les équilibres financiers de la province
pour les quelque temps qu'on retarde. Deuxièmement, il y a
là-dedans des mesures favorables au contribuable et prenant effet lors
de la sanction de la loi, qui vont être retardées.
Troisièmement, l'avantage fiscal qu'on veut donner aux chercheurs
étrangers, si on est d'accord pour dire que c'est déjà une
bonification, on va le suspendre lui aussi, en attendant de savoir si on va
donner une réciprocité. Cela veut dire que les chercheurs actuels
qui voudraient savoir s'ils peuvent bénéficier de cela, on va
être obligé de leur dire: Attendez, on est en train de
réfléchir à savoir s'il n'y aurait pas lieu de donner une
réciprocité avec des pays étrangers.
Cependant, je trouve l'idée Intéressante Je trouve que
c'est un pas intéressant. Ce matin, il y a quelques points dont on a eu
à discuter avec vos collègues, M. le député de
Lévis, que ('ai retenus et qui sont des suggestions fort
Intéressantes. Je vais les acheminer auprès du ministre des
Finances en lui faisant part que nous en avons discuté et que je porte
cela a sa connaissance pour qu'il puisse y réfléchir et voir s'il
n'y aurait pas un intérêt à développer la
réciprocité, soit par un traité fiscal, soit par une
mesure qu'il pourra faire éventuellement dans un budget.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'article 58 est
adopté? M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je trouve très gentil
que le ministre dise que c'est une idée intéressante, mais je la
traite comme si elle ne l'était pas. Il n'y a pas de différence,
au fond, que l'idée soit intéressante ou qu'elle ne le soit pas,
parce qu'il dit: Moi, je ne peux rien faire. Au fond, pourquoi sommes-nous ici?
Je sais que les députés ministériels sont là pour
garder le quorum. Mais on est ici pour quoi? Quoi qu'on dise, cela ne sert
à rien. Je dirai au ministre d'abord que son projet de loi ne pourra pas
être en vigueur avant le mois de mars, puisque l'ouverture de la session
se fera le 8 mars, si ma mémoire est bonne. Donc, cela veut dire que si
l'article est en suspens, quand on a fini d'étudier les articles du
projet de loi on revient là-dessus pour adopter les articles en suspens.
Il ne s'agit pas de faire durer l'affaire jusqu'au mois d'avril, il s'agit
simplement que, pendant le mois de février - on est encore au mois de
janvier - le
ministre fasse ses consultations, qu'il discute de ça avec le
ministre des Finances ou bien il peut y avoir une séance au début
de mars ou à la fin de février pour qu'on voie tous les articles
en suspens. Le ministre nous fera rapport de ses discussions avec le ministre
des Finances, avec le gouvernement et tout sera adopté avant l'ouverture
de la session le 8 mars. À ce moment-là II n'y aura pas eu une
seule seconde de retard, puisque le ministre ne pourra pas procéder de
toute façon avant le 8 mars. On sait bien que s'il y a un discours
d'ouverture le 8 mars, ce ne sera pas le 8 mars, on ne pourra pas avoir la
prise en considération du rapport avant telle date en mars. Il peut
demander à son leader, le député de Gatineau, quand la
prise en considération du rapport pourra se faire, à la
première occasion, à l'Assemblée nationale et, à ce
moment-là, il saura jusqu'à quelle date il a, au fond, pour
l'adoption finale des articles qui pourraient être laissés en
suspens. Sauf que...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis...
M. Garon: Oui?
Le Président (M. Chagnon):... je voudrais vous rappeler
succinctement que notre code de procédure prévoit, à
l'article 244 et l'ancien code de procédure - Geoffrion - de
l'Assemblée, aux articles 342 et 564, qu'une demande de reporter ou de
suspendre un article d'un projet de loi doit faire l'objet d'un consentement
unanime des membres de la commission.
M. Garon: Oui, mais je sais bien, M. le Président...
Le Président (M. Chagnon): J'ai cru comprendre qu'il n'y
avait pas ce consentement tout à l'heure. Donc, je pense qu'il...
M. Garon: Non, mais j'essaie...
Le Président (M. Chagnon):... n'y a pas
intérêt à poursuivre la discussion sur l'idée de
suspendre l'article.
M. Garon: M. le Président, le ministre n'a pas dit qu'il
ne consentait pas, il a dit que c'était impossible sur le plan
technique. Je suis en train de lui faire la démonstration que. sur le
plan technique, son projet de loi ne sera pas retardé d'une seconde.
Lui, il disait: Mon projet de lof ne pourra pas être en vigueur. Il ne
peut pas être en vigueur, de toute façon, avant le 8 mars.
Le Président (M. Chagnon): En deux mots, vous plaidez pour
un consentement unanime de cette...
M. Garon: Oui, oui, c'est justement. Je vais peut-être
finir par convaincre le ministre qu'il ne retardera rien dans son projet de loi
Cela lui permettrait de faire le tour de la question, cela lui permettrait de
faire rapport et cela permettrait possiblement aussi d'adopter un amendement
qui lui donnerait plus de force, plus de marge de manoeuvre sur le plan de la
négociation avec les pays étrangers.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Garon: Non, là, je suis en train d'essayer de
m'expliquer, d'essayer de le convaincre. Je suis en train de faire ma cour, si
vous voulez, et, si vous ne me permettez pas de courtiser le ministre pour
essayer de le convaincre, vous comprendrez que vous m'enlevez tous mes
moyens.
Une voix:...
Le Président (M. Chagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Je veux convaincre le ministre qu'il n'y a pas de mal
à ça. Le ministre n'a pas défendu plusieurs projets de loi
en commission parlementaire mais souvent la suspension d'un article pour prise
en considération de certains éléments est une façon
d'aller plus vite à l'adoption des articles. Au lieu d'essayer de le
convaincre sur différents points, le ministre prendra ça en
considération. Je vais revenir à la fin, je vais aller prendre
des informations et je verrai ce qu'il y a moyen de faire Cela arrive souvent
lors de l'étude d'un projet de loi. Cela fait quelques années que
je suis au Parlement, je dis que cela accélère l'étude
d'un projet de loi parce que le ministre démontre qu'il va regarder cela
et nous faire rapport par la suite.
C'est pour ça que je fais valoir ce point-là, M. le
Président, parce que le ministre est jeune. Si c'était un vieux
ministre, je dirais qu'en vieillissant des fois ie ministre devient plus
"bucké" mais, comme c'est un jeune ministre, il doit être
ouvert...
Une voix: Et vous, vous êtes un vieux député.
Vous êtes "bucké" en maudit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Moi, Je suis un jeune député de
l'Opposition.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Comme député de l'Opposition, je ne suis
pas plus vieux que vous.
Une voix: Vous êtes un vieux député.
M. Garon: Un jeune député de l'Opposition
mais, quand je me lève le matin, j'ai toujours ma colonne
vertébrale.
Le Président (M. Chagnon): Selon votre opinion, M. le
député...
M. Garon: Je ne l'enlève pas en me couchant.
Le Président (M. Chagnon): Selon votre opinion, M. le
député, après combien d'années un ministre
devient-il vieux?
M. Garon: Ce n'est pas égal. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Garon: C'est comme les vins et les fromages: certains
vieillissent bien, certains vieillissent mal, ce n'est pas égal, il n'y
a pas de recette là-dedans. Au contraire, le député de
Montmorency a sans doute obtenu son poste de ministre de cette façon,
soit en montrant comme adjoint parlementaire une certaine ouverture. Alors que
l'ancien ministre affrontait la commission pour rien, lui, quand il avait la
parole, il essayait de donner toutes les ouvertures possibles, quelquefois
même plus qu'il y en avait. À un moment donné, te premier
ministre a entendu parler de cela et il a dit: Cela me ferait un bon ministre.
Une fois nommé, il prend les vices du ministre qu'il a remplacé
et il va aller rapidement dans la liste de rappel. Je pense que lorsque c'est
une suggestion intéressante... C'est lui-même qui a dit que
c'était une suggestion intéressante. Nous-mêmes n'avons pas
fait toutes les analyses, mais je comprends que dans le temps qu'on a ici, il y
a plusieurs points à examiner et on n'a pas le temps de le faire sur le
plan technique, à la commission parlementaire. Mais comme il a dit
lui-même que c'était une idée intéressante, je pense
qu'il devrait dire: D'accord, je vais prendre te temps de l'analyser, je
consens à suspendre l'article et je vous ferai rapport avant qu'on
arrive à la fin de l'adoption du projet de loi. Le vote se prendra
à ce moment-là. La plupart du temps, le secrétaire de ta
commission est là, il sait à quel point quand on fait cela,
habituellement, cela ne retarde pas l'étude du projet de loi, souvent
cela l'accélère.
Le Président (M. Chagnon): M. le député
de
Lévis, est-ce que je comprends que vous faites une proposition de
suspension de l'article 58? Vous la faites?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Chagnon): Alors, je demande aux membres
de cette commission s'il y a consentement.
M. Garon: Non, non, je demande au ministre s'il consent.
Le Président (M. Chagnon): N'importe quel membre de cette
commission peut ne pas consentir ou consentir. C'est à la commission
de...
M. Garon: Oui, mais tous les membres sont
intéressés à connaître l'opinion du ministre.
Voyons! Il n'y a pas un député qui va avoir l'âme assez
basse pour refuser son consentement si le ministre veut.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, je suis ici garant des droits de chacun des parlementaires,
qu'ils soient ministres ou non.
Une voix: Ou qu'ils l'aient été.
Le Président (M. Chagnon): Ou qu'ils l'aient
été, enfin... Au départ, nous sommes tous sur un pied
d'égalité à titre de député. Alors, est-ce
qu'il y a consentement à la suspension de l'article 58? M. le
ministre.
M. Séguin: M. le Président, je l'ai dit
tantôt, le débat que veut soulever le député de
Lévis me semble un peu improvisé. Il n'a pas répondu
à la question, à savoir s'il était favorable à
accorder la réciprocité aux chercheurs du Québec. Avant de
répondre, je lui demanderais de réfléchir un peu. Cela
voudrait dire qu'il Indiquerait à tous ceux qui actuellement se battent
pour garder les bons chercheurs au Québec, qui se battent pour garder au
Québec les cerveaux québécois qui seraient tentés
d'aller ailleurs.. Veut-il préconiser une mesure qui inciterait les
chercheurs du Québec à aller ailleurs? La
réciprocité qu'il suggère, c'est exactement ce qu'elle va
faire. Je suis un peu étonné...
Le Président (M. Chagnon): M le ministre, nous tombons
dans un débat de fond. La question était de savoir...
M. Séguin: Non, non, M. le Président.
Le Président (M. Chagnon):... s'il y a consentement ou
non.
M. Séguin: Je me porte à la défense du
député de Lévis qui, comme jeune député de
l'Opposition dans son enthousiasme, dans sa fougue, a peut-être
sous-estimé cet effet dans son projet de suspendre l'article. Je l'ai
dit tantôt, M. le Président, il va empêcher une bonification
d'avoir lieu pour le moment et, en même temps, il veut soulever une
réciprocité qui n'est peut-être pas nécessairement
favorable au milieu des chercheurs du Québec. Cela me surprend de sa
part, lui qui aime bien défendre la cause du Québec. Inciter les
chercheurs du Québec à aller payer leur impôt à
l'étranger, c'est une constatation qui me renverse.
M. le Président, en conclusion, pour ma part, comme
député et comme membre de la commission à titre de
ministre qui présente un
projet de loi, je ne peux pas accepter de suspendre cet article
puisqu'il n'y a aucun argument qui me démontre que l'article que nous
avons devant nous n'est pas conforme au budget. Si le député de
Lévis veut soulever à nouveau la pertinence d'une mesure du
budget, il le sait, tant qu'il va soulever cette question, quand bien
même il le ferait 30 000 fois par jour, je devrai, par ma
responsabilité de ministre... Il fe sait parce que lorsqu'il
était au gouvernement, lui-même n'aurait pas accepté que le
ministre du Revenu remplace le ministre des Finances. Le ministre des Finances
de l'époque qu'il connaît bien, il a beaucoup de respect pour le
ministre des Finances d'alors, même s'il veut peut-être l'affronter
dans un certain débat, il sait très bien que le ministre des
Finances de l'époque du Parti québécois n'aurait pas
accepté que le ministre du Revenu charcute un budget en pleine
commission parlementaire, sans consultation, en entraînant des deniers
publics.
Il sait très bien que c'est ma responsabilité. Je ne
suspendrai pas un article si vous ne me démontrez pas qu'il n'est pas
conforme à tout le moins à la déclaration
budgétaire ou au budget qui l'a amené. Si vous voulez le
suspendre simplement pour réfléchir, je vous l'ai dit, même
si vous ramenez une conclusion qui nous convaincrait qu'il y aurait
peut-être quelque chose à faire, on ne peut pas ici, M. le
Président, et vous le savez, autour de la table, décider nous,
ici, comme membres de la commission, de prendre l'article et, en dehors de la
déclaration budgétaire qui n'existe pas à cet effet,
décider que la réciprocité devrait être bonne et on
va la donner. On ne peut pas faire cela.
M. Garon: Ce n'est pas ce que j'ai dit. M. Séguin: Vous le
savez, M. le Président. M. Garon: Ce n'est pas ce que j'ai
dit.
M. Séguin: Donc, la suspension de l'article n'amène
strictement rien. Je suis obligé de demander qu'on ne suspende pas, mais
qu'on procède à l'adoption de l'article.
Le Président (M. Chagnon): Je conclus que vous ne donnez
pas votre consentement à la demande de suspension de l'article 58 tel
qu'exprimé par le député de Lévis. Nous allons
continuer le débat sur l'article 58. M. le député de
Lévis.
M. Séguin: C'est exact.
Le Président (M. Chagnon): Nous allons continuer le
débat sur l'article 58. M. fe député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, le ministre n'a pas
répondu à la question que je lui ai posée. Je n'ai pas
demandé au ministre qu'il fallait faire telle ou telle chose. Ce n'est
pas ce que j'ai dit. J'ai dit: Quand on a étudié Se projet de loi
sur le camionnage, on s'est dit: II y aurait peut-être lieu d'avoir une
clause de réciprocité. Au lieu de dire non et tout cela, tout le
monde a consenti à regarder cela. Si elle n'avait pas été
bonne, il n'y en aurait pas eu. On s'est rendu compte que ce serait une bonne
affaire. Tandis qu'ici je dis au ministre... Je ne dis pas au ministre...
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, je vous arrête ici. Vous ne plaidez plus pour la suspension
de l'article 58, si je comprends bien, parce qu'il n'y a pas eu de
consentement.
M. Garon: Écoutez bien, ce n'est pas là-dessus. Le
ministre me dit: Vous avez à démontrer. Ce n'est pas à moi
de démontrer. J'ai posé une question au ministre. Bien
simplement. J'ai demandé au ministre, regardez ce que j'ai dit J'ai
commencé, en ne faisant pas une affirmation. J'ai dit: Est-ce qu'on a
étudié s'il n'y aurait pas lieu... ne serait-il pas avantageux
qu'il y ait une clause de réciprocité concernant ces avantages?
Je n'ai pas dit: II faudrait, c'est ceci, c'est cela. J'ai dit: Est-ce qu'on
n'a pas, est-ce qu'on a regardé cela en disant: Si ce n'est pas
avantageux, je vais être le premier à dire: On n'en met pas...
J'ai dit. A-t-on regardé cela? Si on ne l'a pas regardé, je dis
au ministre: Pourquoi ne suspendrions-nous pas l'article pendant que vous vous
informez? Attendez un peu.
Le Président (M. Chagnon): Je vous arrête, M. le
député de Lévis, parce que cette question de la demande de
suspension de l'article a été réglée
préalablement par un manque de consentement d'un des membres de cette
commission.
M. Garon: Attendez un peu. Le fardeau de la preuve, le ministre
nous a dit:...
Le Président (M. Chagnon): Peu importe, M. le
député de Lévis. M. le député de
Lévis, je vous rappelle à l'ordre.
M. Garon: Le fardeau de la preuve n'est pas à l'Opposition
Je pose une question au ministre. Alors, je vais lui poser ma question. Il va
répondre à la question.
Le Président (M. Chagnon): Voilà. Revenons à
l'étude de l'article 58.
M. Garon: Est-ce qu'on a étudié, y a-t-il eu une
étude, y a-t-il eu des consultations, y a-t-il eu un rapport quelconque
pour se poser la question de savoir si une telle clause de devrait pas avoir un
statut particulier où elle serait accordée dans les cas de
réciprocité par rapport à certains pays où cela
pourrait être avantageux pour nous de le faire?
Le Président (M. Chagnon): Voilà, c'est tout
à fait recevable. M. le ministre.
M. Séguin: M. le Président, c'est une question
qu'il devrait adresser au ministre des Finances.
Une voix: Cela n'a pas de bon sens.
M. Séguin: C'est lui qui fait les études
politiques, économiques d'ordre fiscal pour savoir si telle mesure est
légitime ou appropriée dans le contexte économique d'une
période à l'autre. Si le député de Lévis
veut à chaque article du projet de loi que nous avons refaire toutes les
études des finances, je pense que, malheureusement, il va falloir
s'interroger sur le genre de travail que l'on fait ici, M. le Président.
Si c'est l'intention du député de Lévis de refaire le
budget, de refaire toutes les considérations budgétaires avec le
ministre du Revenu sur l'étude de la conformité du projet de loi
avec le budget, je regrette. Je pense qu'éternellement, à chaque
jour, à chaque minute, je vais être obligé de lui
répondre que je ne suis pas la personne qui peut lui fournir ces
renseignements.
Il faut qu'il s'adresse au ministre des Finances et il va lui donner. Ce
n'est pas qu'il n'y a pas moyen de l'avoir. Je suis convaincu. Le
ministère des Finances n'est pas loin d'ici, tout contribuable peut
s'adresser au ministère des Finances et poser des questions. Nous
recevons 3 000 000 de questions par année, M. le député de
Lévis. On essaie d'y répondre. Alors vous pouvez vous adresser
aux Finances et vous faire expliquer le contexte de ça. Ces gens vont
peut-être réfléchir à votre proposition d'envisager
la réciprocité. Mais ils vont vous poser la même question
que moi. Est-ce que vous voulez dire par vos propos que vous seriez favorable,
M. le député de Lévis, à suggérer qu'on
pourrait encourager les travailleurs du Québec en recherche et
développement expérimental à aller travailler à
l'extérieur du Québec ou du Canada, à l'étranger,
sans payer leur impôt au Québec? Si vous répondez à
cette question, je saurai très bien où vous voulez en venir et je
pourrai peut-être précisément poser la question au
ministère des Finances. Mais je suis sûr que ce n'est pas la
question que vous voulez me poser.
Vous voulez savoir s'il y a des études, etc. Je vous dis que le
budget est fait par le ministère des Finances avec ses employés,
sa responsabilité, son autorité. C'est pour ça qu'il
existe. Mol, j'existe pour une autre chose: l'administration fiscale Ce n'est
pas à moi de faire les études durant l'année pour savoir
et connaître d'avance ou planifier toutes les politiques fiscales. Et
vous le savez très bien. Vous avez formé un gouvernement pendant
neuf ans. Vous avez été membre de ce gouvernement-là et
vous savez - vous étiez ministre de l'Agriculture - que vous ne pouviez
pas nécessairement discuter de politique fiscale avec votre
collègue du Revenu qui aurait pu, lui, présenter dans une
déclaration ministérielle comme ministre du Revenu, une mesure
à caractère fiscal. C'est le ministre des Finances et cela est
bien ainsi. C'est bien ainsi. C'est l'autorité du ministre des Finances.
C'est pour cela que ça existe. C'est pour ça qu'on le
reconnaît.
Et vous avez tout le droit - et je trouve votre idée
intéressante - de lui acheminer cela Moi aussi je suis prêt
à lui acheminer l'Idée. J'en ai d'autres ici. Je trouve ça
Intéressant J'avoue que ça mérite réflexion. Mais
ça n'a rien à voir avec notre article. Vous voulez ajouter une
dimension. Mais il faudrait que le ministre des Finances, dans un prochain
budget ou dans une déclaration, décide de l'ajouter. On peut lui
acheminer cela. Mais ça n'a rien à faire avec notre article.
Suspendre l'article risque de nous retarder dans nos travaux et ça ne me
semble rien changer à l'article que nous avons devant nous. C'est
fidèle au budget. On le constate. On en est satisfait. Vous soulevez une
autre dimension. Très bien. C'est aussi notre travail de parlementaire
d'adresser des recommandations ou des suggestions au ministre des Finances.
Nous sommes dans un système parlementaire démocratique. Nous
respectons les décisions. Nous avons droit au débat des
idées. Vous avez droit à cela, parfait. Mais ce n'est pas ici que
ça doit se faire. Je n'ai pas l'autorité de changer le budget.
Mais comme vous, comme porte-parole du comté de Montmorency que je
représente, comme porte-parole de mes préoccupations dans
l'administration fiscale, je peux adresser des réflexions à mon
collègue. Je vais le faire Oui, je vais le faire. Mais là, je
vous en prie, je pense qu'on est dans un débat où ni l'un ni
l'autre ne savons exactement ce que nous voulons.
On a une mesure qui nous semble agréable, qui nous semble une
bonification. On se demande si on devrait en avoir d'autres. Je pense que ce
n'est pas ici, ce matin, qu'on va réfléchir à toute la
dimension de la recherche et du développement au Québec, à
savoir si on n'aura pas d'autres choses qu'on peut penser. Oui, II y a
peut-être d'autres choses. Mais on va laisser le ministère des
Finances qui a tous les outils, l'équipe, l'autorité et la
responsabilité, le faire. Attendons leur budget et, en attendant,
faisons des représentations. Peut-être qu'ils vont les retenir.
Sinon, bien, un autre débat!
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'article 58 est
adopté sur division?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Chagnon): Adopté sur division.
Je suspendrai les travaux de cette commission jusqu'à quatorze
heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 25)
(Reprise à 14 h 20)
Le Président (M. Bélisle): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission du budget et de l'administration est réunie afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 64, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les impôts et d'autres
dispositions législatives d'ordre fiscal.
Nous étions rendus à l'article 59 et il y a un amendement.
M. le ministre du Revenu.
M. Séguin: M. le. Président, je veux simplement
vérifier si l'article 58 a bien été adopté.
Le Président (M. Bélisle): II a été
adopté sur division.
M. Séguin: Très bien, M. le Président.
À l'article 59, il y a un amendement concernant l'écriture afin
de corriger une référence.
M. Gendron: Nous sommes d'accord, M. le Président, avec
l'amendement à l'article 59.
Le Président (M. Bélisle): D'accord. L'amendement
est-il adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. L'article
59 tel qu'amendé est-il adopté? M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je n'ai pas de commentaire. Le Président
(M. Bélisle): Adopté? M. Gendron: Adopté,
Le Président (M. Bélisle): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 60.
Calcul du revenu imposable
M. Séguin: M. le Président, c'est simplement une
mesure pour le calcul d'un montant d'impôt pour expliquer qu'on se
rapproche du dollar le plus près lorsqu'il y a des multiples dans le
calcul de l'impôt.
M. Gendron: Je ne suis pas familier avec cela, mais est-ce
habituel, régulier? Suivant notre émission d'hier, il me semble
qu'on a l'occasion de temps en temps d'aller plus dans le sens du contribuable
que dans ie sens du fisc. Il me semble, selon ce que je lis, que c'est toujours
à l'avantage du fisc que d'aller le plus près du dollar
supérieur. SI c'est toujours ainsi dans les fois de l'impôt,
quelle est l'idée?
M. Séguin: On trouve cela dans le budget, annexe A, page
56. On dit: Dans le but de simplification, à compter de l'année
d'imposition 1987, lorsque l'impôt payable Indiqué dans la table -
certains contribuables qui remplissent certaines conditions peuvent simplement
utiliser une table d'impôt préparée d'avance; lorsqu'il
fait appel à cette table pour calculer ses impôts - ne sera pas un
multiple de 1 $, donc une somme inférieure à 1 $, il sera
ajusté au plus proche multiple de 1 $ ou, s'il est equidistant de deux
multiples consécutifs de 1 $, au multiple supérieur. Si le
montant est supérieur à 0, 50 $, il sera ajusté à 1
$.
M. Gendron: Un instant.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: À moins que je me trompe, 0, 35 $, ce n'est
pas un multiple de 1 $.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu.
M. Séguin: Si c'est 1, 35 $ ou un dollar et quelques
cents, mais inférieur à 1, 50 $, ce sera ramené à 1
$. Si c'est supérieur à 1, 50 $, ce sera ramené à 2
$.
M. Gendron: C'est ce que je voulais dire Je veux m'assurer que
c'est bien cela pour éviter que le fractionnement du dollar
inférieur à 0, 50 $ soit complété toujours en
faveur du fisc Vous me répondez que ce n'est pas cela. Cela me va.
Adopté
Le Président (M. Bélisle): L'article 59 est donc
adopté
J'appelle maintenant l'article...
M. Séguin: Non, l'article 60.
Le Président (M. Bélisle): Nous étions
à l'article 60. Excusez-moi. L'article 60 est donc adopté.
J'appelle maintenant l'article 61 du projet de loi. M. le ministre du
Revenu.
M. Séguin: C'est une disposition qui concerne la
réduction d'impôt à l'égard des familles. C'est
cette mesure qui va permettre à un certain nombre de familles
jusqu'à un revenu moyen d'environ 20 000 $ à 22 000 $ de ne plus
payer d'impôt. La formule, c'est un crédit d'impôt. Elles
vont calculer l'impôt à payer et si elles remplissent les
conditions, elles auront droit à un crédit d'impôt qui
pourra atteindre, dans certains cas, jusqu'à 980 $. La mesure commence
à y référer.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Bélisle): L'article 61 est donc
adopté.
J'appelle maintenant l'article 62. M. le
ministre du Revenu.
M. Séguin: Cet article concerne les allocations familiales
récupérées fiscalement mais on tient compte ici de la
dernière disposition budgétaire qui prévoit que cela ne
s'appliquera pas à compter du troisième enfant.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Juste un instant.
M. Séguin: Autrement dit, la récupération de
l'allocation familiale, c'est que dans certains cas les montants d'allocation
familiale doivent être rajoutés au revenu. Mais là, on
limite les allocations familiales à l'égard des premier et
deuxième enfants, ce qui exclut l'allocation familiale du
troisième qui lui, va échapper à cette forme de
taxation.
M. Gendron: En somme, à partir du troisième enfant
on ne prend pas une espèce de retour d'impôt sur la prestation
versée en allocation familiale.
M. Séguin: II n'y a pas de conséquence fiscale
à partir du troisième enfant.
M. Gendron: II n'y a pas de conséquence fiscale à
partir du troisième enfant.
M. Séguin: Pour les deux premiers, oui, il peut y avoir
des conséquences.
M. Gendron: M. le Président, à partir du moment
où on comprend très bien la disposition de l'article 62 il n'en
demeure pas moins, en ce qui me concerne, et je pense que c'est l'occasion de
le faire, que c'est sûr que c'est une disposition qu'on trouve
inappropriée et malheureuse dans le contexte qui est le nôtre
quant à la dénatalité. Je n'essaie pas de dire que ce seul
élément serait immensément majeur et important mais en
tout cas, quant à la symbolique, il est très difficile de
prêcher la nécessité d'avoir une politique familiale au
Québec et, en même temps, prélever de l'impôt sur une
somme versée aux parents qui ont décidé, heureusement en
ce qui me concerne, d'avoir des enfants.
Comme premier signe de politique familiale, il me semble qu'il y a de
l'incohérence de façon extraordinaire. D'une part, on ne peut pas
dire: II est urgent de se doter d'une politique familiale et, comme premier
geste symbolique du sérieux de la volonté politique de faire une
politique familiale, cela aurait été beaucoup plus intelligent,
plus simple et plus respectueux de cette volonté politique de dire: Dans
notre discours sur le budget, même si l'on tarde à accoucher d'une
politique familiale, on va commencer à vous donner une orientation. La
première orientation que ce gouvernement aurait dû
privilégier à tout le moins c'est de ne pas imposer cette
espèce d'insignifiance - entre guillemets - du montant que
représente l'allocation familiale du Québec.
Je pourrais prendre des heures pour expliquer que c'est à la
suite de discussions entre le palier fédéral et le palier
provincial. Quand on est arrangé avec et des bretelles et une ceinture,
cela a des conséquences de ce genre de temps en temps, que les citoyens
pensent que le gouvernement du Québec ne fait véritablement pas
sa part en termes d'allocations familiales. Pris en soi, je pense que les
Québécois qui pensent comme cela ont raison, mais on ne peut pas
prendre juste une mesure d'aide au contribuable québécois quand
on vit dans un régime double sans regarder l'ensemble.
Mais sur l'article 62 comme tel, je n'ai pas besoin de vous dire, M. le
Président, qu'en ce qui concerne l'Opposition, on va être en
désaccord parce que je pense que c'aurait été le moment
d'indiquer cette volonté politique de vouloir progresser dans un des
premiers éléments de la politique familiale qui aurait
été, comme je l'ai mentionné tantôt, une symbolique,
de ne pas prélever d'impôt sur une allocation de soutien à
la famille.
Je le reconnais et je l'ai dit: Les montants sont plus symboliques
qu'autre chose, mais il me semble que cela permettrait de voir que cela devient
une préoccupation collective non seulement du gouvernement mais de
l'ensemble des citoyens du Québec si on ne fait pas rapidement des
efforts pour partager un peu plus et un peu mieux le coût de la
responsabilité des impôts québécois,
numériquement parlant, mais c'est un fardeau qu'on reporte dans le temps
qui sera de plus en plus lourd à porter par les
générations qui vont nous suivre. Il me semble qu'à sa
face même, ce n'est pas une bonne politique.
Je suis convaincu que sur le plan des coûts fiscaux, il ne doit
pas y avoir là des sommes astronomiques pour l'État
québécois si on pouvait dire aujourd'hui, si on en avait la
capacité et la responsabilité comme membres de cette commission,
qu'à partir de minuit ce soir il n'y aura plus d'imposition sur les
chèques d'allocation familiale. Cela ne représenterait
sûrement pas une somme astronomique et cela permettrait d'indiquer que le
gouvernement est conscient et conséquent en même temps, parce que
ce n'est pas tout d'être conscient, il faut être conséquent
dans certaines politiques. Je suis convaincu qu'on vous conférerait
là un degré de - passez-moi l'expression, elle n'existe pas - de
"sériosité" plus grand. Votre réflexion et votre recherche
sur des éléments d'une politique familiale auraient l'air plus
sérieuses, quitte à intégrer cela dans un ensemble. Je
reconnais qu'une véritable politique familiale doit inclure
également des réformes à la fiscalité du
Québec, si on veut que les incitatifs ne soient pas uniquement à
un endroit donné. Il peut y avoir des incitatifs sur le logement. Il
peut y avoir des Incitatifs sur l'habillement. Il peut y avoir des incitatifs
sur un per capita plus substantiel pour chacune des
familles qui déciderait d'avoir plus d'enfants. Mais, l'un des
premiers gestes, étant donné que c'est bien ancré dans la
tradition québécoise, c'est, au moins, d'être capable de
dire: Les allocations familiales, si minimes soient-elles, ne sont pas
imposées. Autrement dit, on vous laisse ce qu'on vous donne. On ne le
reprend pas d'une autre main. Et, à partir du moment où cela
vient s'ajouter au revenu gagné, il est très difficile de voir
là une mesure incitative, un geste de générosité du
gouvernement, geste minime, mais qui donnerait au moins une espèce de
confiance qui nous préoccupe tous, comme parlementaires, et de temps en
temps, on passe de la parole aux actes. Je pense qu'on a beaucoup plus discouru
sur ces questions, en étant conscient que c'est majeur, important et que
l'absence de politique familiale et l'absence de relève est
peut-être le problème numéro un du Québec. Avec un
taux aussi bas de natalité, volontairement, je pense qu'on progresse
dans une société qui doit tous nous inquiéter.
À l'article 62, j'aimerais bien mieux lire, non pas une exception
pour le troisième enfant, comme si c'était un peu la norme: si
vous ne voulez pas payer d'impôt, vous n'avez seulement qu'à en
avoir deux, pas plus... Au troisième, cela va aller. Mais le
problème n'est pas là. Quand on sait qu'actuellement, au
Québec, il y a à peu près 40 % des citoyens qui, au
ministère des Finances, ont un statut monoparental, ce n'est pas ce que
j'appellerais un geste de grande gratuité, de dire qu'à partir du
troisième enfant il n'y aura plus d'inconvénient dans la
prestation de l'allocation familiale, en termes d'imposition.
C'est le commentaire que je voulais faire. On comprend très bien,
quand même, la portée de l'article 62. Je sais qu'elle est
consécutive à un élément du dernier discours sur le
budget; je comprends cela. Mais le même gouvernement qui a
décidé de maintenir une imposition pour l'allocation familiale
dans son récent budget, c'est le même gouvernement qui, deux ans
auparavant, avait pris l'engagement ferme d'accoucher d'une politique familiale
dans les meilleurs délais. Comme je l'ai mentionné tantôt,
un geste de conséquence logique observable pour les citoyens et les
contribuables du Québec aurait été, à tout le
moins, d'indiquer, dans votre dernier budget que, dorénavant, les
allocations familiales du Québec sont non imposables. Encore là,
cela aurait permis de prouver que l'espèce de mention de
société distincte qu'à bout de bras on est arrivé
à obtenir dans un autre dossier, celui de l'accord du lac Meech, n'est
pas uniquement une donnée théorique et que, de temps en temps, on
pose des gestes qui nous distinguent. Ici, je pense que ce n'est pas parce que
le fédéral, lui aussi, impose les allocations familiales, qu'il
n'y aurait pas eu lieu de ne pas s'harmoniser. Que je sache, le problème
de la dénatalité est peut-être le problème de toutes
les sociétés nord-américaines dites modernes. Mais il est
peut-être davantage aigu dans la société
québécoise et cela aurait été une occasion de
l'alléger par le comportement politique que votre gouvernement aurait
dû avoir.
En conséquence, sur l'article 62, M. le Président...
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur
division?
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur
division. J'appelle l'article 63. M. le ministre du Revenu.
Report de l'impôt minimum de
remplacement
M. Séguin: Oui, M. le Président, nous sommes au
chapitre 1. 3. Le titre suggéré est: Report de l'impôt
minimum... C'est un ensemble de dispositions que l'on va commencer à
voir, qui concernent l'introduction dans la Loi sur les impôts, d'un
impôt minimum de remplacement qui va faire en sorte.. Je me permets de
l'expliquer pour éviter de revenir à chaque fois. Quant à
l'impôt minimum, ce qu'il fait en pratique, c'est que sous réserve
de certains montants qui seront exonérés de l'application de
l'impôt minimum, habituellement jusqu'à un montant de 40 000 $
d'investissements dans ce qu'on appelle des abris fiscaux, ou des formes
dérivées d'abris fiscaux, donc les premiers 40 000 $ ne
porteraient pas atteinte au calcul normal de l'impôt.
Mais, en excédant des premiers 40 000 $ d'investissements dans
des déductions, abris fiscaux ou véhicules d'ordre fiscal qu'on
veut réduire, l'individu, le contribuable fera face à un nouveau
calcul d'impôt par lequel iI ne pourra pas échapper à un
minimum d'impôt, de là l'impôt minimum de remplacement, dont
le pourcentage est difficile à établir puisqu'il tient compte de
tout un ensemble de calculs, mais qui fait qu'il y a un impôt minimum
d'au moins 17 % à 16 % qui va s'ajouter à l'impôt que
l'individu calcule en déduisant totalement de son revenu un ensemble de
déductions.
Donc, pour conclure, en dehors d'un montant de 40 000 $ qui est
alloué pour faire des investissements ou réclamer des
déductions, l'excédant va automatiquement dans un calcul fort
complexe provoquer un impôt additionnel ou, en tout cas, éviter
que l'individu réduise son impôt par l'excédant des
déductions.
Le Président (M. Chagnon): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Chagnon): Adopté? Adopté.
L'article 63 est-il adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 64. M. le ministre du Revenu.
M. Séguin: Oui, ici, c'est la même chose. On traite
de l'impôt minimum et on précise comment cela peut ou pas
interférer dans le crédit d'impôt pour dividendes.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Chagnon): Adopté? L'article 64 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 65. M. le ministre du Revenu.
M. Séguin: On est ici également, dans le calcul de
l'impôt concernant certaines réserves pour des corporations, par
exemple, des caisses d'épargne et de crédit, et on fait
simplement ici quelques modifications surtout au deuxième alinéa,
qui est d'ordre relativement technique.
M. Gendron: Juste une seconde. À l'article c), là
je veux juste comprendre, M. le ministre, les deux I que nous voyons là,
le premier paragraphe i), le deuxième paragraphe ii), est-ce que dans le
premier paragraphe i) c'est un libellé - parce que je l'ai lu et j'ai de
la difficulté à comprendre - sensiblement pareil à celui
qui existait et que le ii) est un ajout qui explique la façon de
percevoir le premier i)?
M. Séguin: En fait, il y a deux parties au paragraphe c).
L'ancien paragraphe c) n'était qu'un paragraphe. Maintenant, on va voir
apparaître deux paragraphes, i) et ii). On va choisir un des deux
montants, comme on le dit à c). Lorsque la corporation est au long de
l'année une caisse d'épargne et de crédit, le montant de
l'exonération qu'elle pourra réclamer sera le montant du plus
élevé, soit de petit I) ou de deux petits ii).
M. Gendron: Donc, dans les deux petits ii), cet
élément était quand même couvert dans la
dernière phrase de l'ancien paragraphe c) et de l'excédent
décrit au sous-paragraphe iii).
M. Séguin: Je m'excuse, ii...
M. Gendron: C'est que dans l'ancien texte c), vous faisiez la
référence: Et de l'excédent décrit au
sous-paragraphe e), moi, en tout cas, j'en vois trois iii du sous-paragraphe
e)...
M. Séguin: Oui, mais on ne l'a pas ici ie paragraphe e).
On y fait référence quand même dans le petit I), à
l'avant-dernière ligne. On a maintenu cette référence au
paragraphe trois petits iii), du sous-paragraphe e), du paragraphe 1 de
l'article 771, mais qu'on n'a pas ici. C'est un autre article, On continue d'y
faire réfé-rrence, comme dans l'ancien.
M. Gendron: Comme dans l'ancien. Cela va
Le Président (M. Chagnon): L'article 65 est-il
adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 66. M. le ministre du Revenu.
M. Séguin: Oui, je suggère qu'on regarde, M. le
Président, 66, à 71. En bloc?
Le Président (M. Chagnon): En bloc, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je vais regarder là. Ce n'est pas le bloc.
Le Président (M. Chagnon): Ce n'est pas le bloc, M. il
député d'Abitibi-Ouest.
M. Séguin: On est toujours dans le calcul de
l'impôt...
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Bélisle):... et on veut s'assurer
que les règles d'étalement de l'impôt à payer qui
sont déjà connues, qui ne sont pas modifiées et que les
règles du crédit d'impôt et le report de crédit
d'impôt ne soient pas affectés. Donc, on fait les modifications.
Et si vous remarquez, elles apparaissent en caractères gras. C'est une
référence aux articles 752. 1 et 752. 2 que l'on fait ici.
M. Gendron: Juste une seconde. Cela ne sera pas long.
M. Séguin: Autrement dit, le crédit d'impôt
prévu à 773 ne doit pas être affecté par les
règles d'étalement de l'impôt.
M. Gendron: Oui. Cela va.
Le Président (M. Bélisle): Cela va? Alors on
voudrait commencer par 66. Est-ce que l'article 66 est adopté''
M. Gendron: Adopté.
Vous pouvez aller jusqu'à 71. Cela va.
Le Président {M. Bélisle): Alors les articles 67,
68, 69, 70 et 71 sont-ils respectivement adoptés?
M. Gendron: Ils sont respectivement adoptés.
Le Président (M. Bélisle): D'accord. J'appelle
maintenant l'article 72
M. le ministre du Revenu.
M. Séguin: M. le Président, je suggère un
autre bloc d'articles, de 72 à 77 inclusivement et qui portent sur le
crédit d'impôt pour taxe à la consommation.
Le Président (M. Bélisle): Avez-vous une
explication, M. le ministre?
M. Séguin: Oui. Une explication générale qui
pourrait peut-être suffire à comprendre l'ensemble des
modalités. Ce sont des arrangements qui ne changent pas essentiellement
le crédit de taxe pour taxe à la consommation mais qui
redéfinit, en les élargissant, certaines définitions.
Entre autres, la définition de conjoint qui, maintenant, est un peu plus
élargie que ce que c'était anciennement, par exemple, conjoint
dans un moment précis de l'année ou toute l'année.
Le Président (M. Bélisle): Pour ce qui est à
72, M. le ministre du Revenu, la définition de conjoint.
M. Séguin: Exactement.
Le Président (M. Bélisle): D'accord.
M. Gendron: Mais est-ce que les autres articles sont toujours en
référence à la notion de conjoint. Je ne pense pas. Un
exemple, 74 n'a rien à voir avec la notion de conjoint.
M. Séguin: On est toujours dans le crédit de taxe
à la consommation.
M. Gendron: Oui?
M. Séguin: Par exemple, à 74 par l'article 776. 22,
on précise que le droit au crédit d'impôt pour taxe
à la consommation le dernier jour de l'année d'imposition d'un
particulier qui décède ou cesse de résider au Canada est
réputé être le jour de son décès ou le
dernier jour où il a résidé au Canada et non pas le
dernier jour de l'année fiscale...
À 75, c'est l'indexation des montants du crédit de taxe
à la consommation.
À 76, ce sont les montants au-delà desquels certaines
franchises ne s'appliquent pas dans le calcul du crédit.
À 77, ce sont des références de concordance.
À 78, c'est la même chose pour tenir compte de la nouvelle
notion de conjoint pendant l'année, et ça nous amènerait
à l'article 79.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Bélisle): Alors est-ce que je dois
comprendre que les articles 72, 73, 74, 75, 76, 77 et 78 sont
adoptés?
M. Gendron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 79.
Réduction d'impôt à l'égard des familles M.
Séguin: II y a un amendement.
Le Président (M. Bélisle): II y a un amendement.
C'est exact. M. le ministre du Revenu.
M. Séguin: L'amendement numéro 4, M. te
Président.
Le Président (M. Bélisle): C'est ça.
M. Séguin: C'est strictement une précision qui ne
change pas l'ancien article. C'est-à-dire qu'un contribuable - dans le
cas de l'article 776. 32 - qui veut réclamer la déduction pour
enfant à sa charge doit produire un formulaire prescrit, un formulaire
spécifique pour le faire L'amendement porte sur l'article 776. 32, M. le
Président, qui n'est pas le premier article ou sous-article que nous
avons devant nous. (14 h 45)
M. Gendron: Cela va pour l'amendement, mais avez-vous une
idée de la longueur de l'article 79?
M. Séguin: II est très long. Il est en deux
parties.
M. Gendron: Une chance. Quasiment 40 pages. Exactement 40
pages.
M. Séguin: II y a une première partie qui va
jusqu'à...
Le Président (M. Bélisle): Je comprends que
l'amendement est adopté.
M. Gendron: Oui, l'amendement est à caractère
technique.
Le Président (M. Bélisle): L'amendement est
adopté.
M. Séguin: Je vais expliquer un peu, si vous me le
permettez.
Le Président (M. Bélisle): Oui, s'il vous
plaît!
M. Gendron: J'aimerais cela, parce qu'il y a du stock
là.
M. Séguin: II y a deux parties à l'article. Les
sous-articles 29 à 41 de l'article 776 traitent de la réduction
d'impôt à l'égard des familles. C'est cette
réduction d'impôt qui peut atteindre 980 $ qui, habituellement, va
s'appliquer aux
contribuables qui ont un revenu inférieur à environ 20 000
$, 22 000 $. Ils vont calculer leur impôt de la façon habituelle.
Ils vont calculer feur impôt selon la nouvelle façon
décrite à ces articles-là et la différence va
réduire leur impôt autrement calculé de la façon
normale. Cela donne habituellement un rabais d'impôt, tel
qu'indiqué dans les articles, jusqu'à un maximum de 980 $. C'est
la première partie. À partir du sous-article 41...
M. Gendron: Si vous me le permettez, je préférerais
qu'on discute la première partie et vous expliquerez la seconde
tantôt pour ne pas qu'il y ait de confusion.
Concernant la première partie, J'ai des questions à poser
avant de faire des commentaires. Où voyez-vous bien
précisément que cela peut aller jusqu'à une
réduction du montant que vous avez indiqué?
M. Séguin: Vous allez retrouver cela un peu plus loin,
exactement à l'article 776. 33 où une première
réduction sera égale à 465 $ à l'égard du
contribuable réclamant, le particulier lui-même, et 465 $ à
l'égard de son conjoint. Cela fait 930 $. J'avais dit 980 $.
Excusez-moi, c'est 930 $, le montant global. S'il n'a pas de conjoint, mais un
enfant à charge, c'est le paragraphe c qui va s'appliquer et il pourra
additionner à ses 465 $ le montant additionnel de 300 $. Dans ce cas, il
pourra réclamer une diminution d'impôt de 765 $. Je dis bien une
diminution d'impôt et non pas une déduction du revenu.
M. Gendron: Vous avez répondu à ma première
question. Deuxièmement, c'est une nouvelle disposition qui faisait
partie du dernier discours sur le budget.
M. Séguin: Effectivement, cela a été
annoncé le 30 avril 1987.
M. Gendron: On vivra la première année
d'application de cette mesure avec les gens qui vont produire leur
déclaration d'impôt prochainement, pour l'année.
M. Séguin: Oui, et les déductions à la
source, sur le formulaire prescrit pour calculer ces déductions à
la source, c'est habituellement au début de janvier ou février.
Les gens peuvent déjà en profiter.
M. Gendron: Au début, dans l'interprétation - je ne
veux pas faire l'interprétation; je veux simplement savoir si c'est
exact - vous avez affirmé que c'était une mesure... Quand on aura
fait le calcul, ceux qui seront concernés feront le calcul, c'est
davantage pour les familles de quel seuil et moins? Vous avez dit un chiffre
dont je ne me souviens pas.
M. Séguin: Le seuil de revenu où, vraiment, la
déduction s'applique, c'est à partir de 20 000 $, 22 000 $. Cela
vise essentiellement les contribuables Jusqu'à un revenu de 20 000 $, 22
000 $. Je dis cela à peu près, parce que ce n'est pas un chiffre
absolu. C'est pour donner un ordre de grandeur.
M. Gendron: Est-ce que vous êtes en mesure, M. le ministre,
de nous Indiquer le coût de cette mesure? Le ministre des Finances a
décidé d'énoncer ce nouvel élément
concernant les familles avec un revenu de 20 000 $, 22 000 $, ou un revenu
Inférieur, et les montants peuvent représenter des sommes de 930
$ ou 765 $, selon qu'il y a la notion de conjoint avec enfant à charge
ou sans enfant à charge. Est-ce que vous êtes en mesure
d'indiquer, d'une part, le coût de cette mesure fiscale accordée
par le ministre des Finances?
M. Séguin: Le coût pour le gouvernement?
M. Gendron: Oui, et surtout, ce qui m'intéresse, c'est le
nombre de familles. Vous êtes certainement capable de le dire puisqu'il a
fait les calculs. S'il a calculé les coûts, il sait combien de
familles vont être touchées par cette mesure. Je voudrais avoir le
chiffre.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu.
M. Séguin: Ces informations sont données dans les
documents accompagnant le discours sur le budget. En prenant quelques minutes,
on pourrait retracer ces informations où on donne le coût global
et quelques autres explications. On indique d'ailleurs dans le discours sur le
budget ce seuil de 20 000 $ à 22 000 $ comme étant... Cela veut
dire que les revenus de 0 $ à 20 000 $ pour ce genre de familles ne
seront plus taxés à toutes fins utiles.
M. Gendron: Si je pouvais avoir la référence.
M. Séguin: Bon, d'une part, à la page 32 de
l'annexe A, vous trouverez les coûts estimés à
l'égard de la famille dans le dernier budget. Alors la réduction
d'impôt est estimée à environ 169 000 000 $ Et pour
peut-être répondre indirectement à une autre de vos
questions, la non-récupération pour le troisième enfant,
à elle seule c'est 22 000 000 $ sur une enveloppe globale, si ma
mémoire est bonne, de 160 000 000 $ par année qui est
payée en allocations familiales qui était également, soit
dit en passant, introduite dans le budget d'avril 1985. Je pense qu'on s'en
souvient très bien.
Ensuite, vous aviez une autre question, je pense.
M. Gendron: Si vous êtes capable de me donner le montant,
vous êtes probablement
capable également de m'indiquer le nombre de familles qui ont des
revenus de 20 000 $ à 22 000 $ qui pourraient bénéficier
de cette déduction.
M. Séguin: Enfin, à la même page 32, tout est
facile à ce moment-ci. On dit que la réduction de l'impôt
accordée aux familles avec enfant à charge éliminerait
l'impôt à payer pour 45 000 familles et le diminuera pour 300 000
autres familles. Parce qu'il y a une progression, certains vont profiter au
maximum, d'autres à des degrés divers. Mais dans l'ensemble, on
indique ici que ça va toucher 350 000 familles. Alors si on
considère qu'il y a en moyenne trois personnes par famille, cela fait
quand même 900 000 personnes.
M. Gendron: Trois personnes...
M. Séguin: Trois multiplié par 350 000.
M. Gendron: C'est là que vous prenez votre chiffre.
M. Séguin: C'est parce que le calcul implique trois
contribuables: l'individu, son conjoint ou un enfant.
M. Gendron: Oui.
M. Séguin: Donc, par famille, il faut entendre trois
personnes parce que la déduction est cumulative par le nombre de
personnes qui sont reliées à l'individu. Cela veut dire que
lorsqu'on dit 300 000 familles, dans le cas des familles qui vont en
bénéficier, il y a tout près de 900 000 personnes dont on
tient compte dans le calcul. C'est ce que cela veut dire
M. Gendron: Pour la première section, en tout cas, pour
moi ça irait. Là vous avez indiqué à la
deuxième section que c'était...
M. Séguin: L'impôt minimum de remplacement que vous
trouvez à. 42.
Le Président (M. Bélisle): 776. 42.
M. Séguin: Et jusqu'à la fin de l'article 776,
c'est l'impôt minimum de remplacement. C'est un bloc d'articles...
Une voix: 64.
M. Séguin: C'est ça. C'est un bloc d'articles qui
traitent uniquement de l'impôt minimum de remplacement qui, comme je l'ai
expliqué tantôt, M. le Président, là c'est la
mécanique détaillée de ce calcul fort complexe, est
là pour s'assurer que des contribuables par un ensemble de
déductions ne réduisent pas leur impôt à
zéro.
M. Gendron: Mais dans un cas comme dans l'autre, M le ministre du
Revenu, tout autant pour ce qui est de l'impôt minimum de remplacement
que pour la section qu'on avait vue préalablement, un contribuable qui
ne dispose pas - je lui souhaite ardemment - d'une copie de la loi qu'on est en
train de regarder, fa loi 64 - j'espère que personne ne vit avec cela
tous les jours parce que ça serait pénible...
M. Séguin: Sauf moi.
M. Gendron: Oui. Vous avez de bons moments de distraction. Je ne
compléterai pas ma pensée. Cela serait vraiment une
indiscrétion inappropriée. Mais concrètement, pour le
contribuable, est-ce que toutes ces nouvelles Informations vont figurer au
guide de l'impôt?
M. Séguin: Oui.
M. Gendron: En détail, puisque vous dites que ce sont des
modalités...
M. Séguin: Oui, oui. C'est déjà inclus dans
le formulaire et dans les explications. Remarquez que sur l'impôt minimum
de remplacement, c'est une technique fort complexe. Personnellement, Je n'ai
jamais été très favorable à ce genre d'introduction
de mesures et surtout qu'ici on est en harmonisation avec le
fédéral. C'est le fédéral qui, le premier, a
amené l'impôt minimum et on s'est harmonisé. Et c'est un
texte fort lourd et complexe II est très difficile pour l'ensemble des
contribuables de s'y retrouver Vraiment, je suis d'accord, c'est vraiment
extrêmement complexe. C'est regrettable.
M. Gendron: Si vous me permettez, j'avais un but en posant la
question. J'ai peine à vous suivre quand vous prétendez que vous
allez faire des efforts comme ce n'est pas possible. L'an prochain, on est
censé découvrir enfin le guide parfait du contribuable pour les
formulaires. Si vous me répondez qu'effectivement, d'une part, ces
informations figurent dans le guide et viennent compliquer davantage le
formulaire, comment va-t-on faire pour concilier un formulaire plus simple,
compréhensible par plus de gens si à chaque fois on y ajoute des
bébelles et, en particulier, des choses aussi compliquées que
l'impôt minimum de remplacement?
M. Séguin: M. le Président, je suis content
d'entendre mon collègue, parce qu'il rejoint mon discours.
M. Gendron: Je ne veux pas seulement entendre votre discours, je
veux avoir une traduction de votre discours dans le formulaire Comment
allez-vous faire pour arriver avec un formulaire plus simple, plus
compréhensible si à chaque fois qu'il y a un discours sur le
budget, on y greffe des éléments fort complexes - ce sont vos
mots, c'est votre propre langage -
d'autant plus s'ils sont intégrés au formulaire
d'impôt et au guide?
M. Séguin: Voici ce qu'on a fait cette année. On a
séparé le calcul de l'impôt minimum à tout le moins
du calcul normal qui est contenu au formulaire, de sorte qu'étant
donné que cela ne s'adresse qu'à une partie très marginale
des contribuables... Effectivement, très peu de contribuables ont
à payer l'impôt minimum de remplacement de sorte qu'étant
donné que c'est marginal et minime comme implication, on veut en
réduire l'Impact dans le formulaire, parce que celui-ci s'adresse
à 4 000 000 de personnes et très peu parmi elles ont à
faire ces calculs ou même à en payer. Notre proposition, c'est de
séparer le processus normal et le réserver à ceux qui
doivent le faire pour ne pas affecter la qualité de présentation
de l'ensemble du formulaire. Donc, cela a été
séparé, c'est annexé à l'ensemble du kit fiscal,
pour reprendre votre expression, mais ce n'est pas intercalé à
l'intérieur pour ne pas affecter tout le calcul de l'impôt pour le
contribuable moyen qui n'a pas à payer un tel impôt. Vous imaginez
bien que si c'est seulement l'excédent de 40 000 $ d'investissement dans
des placements qui réduit l'impôt, ce n'est pas ia majorité
des contribuables du Québec qui gagne peut-être 25 000 $ ou 30 000
S. Donc, on veut réduire cet impôt minimum dans les
formalités à quelque chose de marginal et réservé
à ceux qui doivent le faire. Pour ma part, si on pouvait trouver une
façon d'en changer les modalités pour les rendre plus simples, je
le souhaiterais. Notre problème, c'est que le fédéral qui
a été le premier à l'introduire a choisi cette
formulation. Même si on trouvait quelque chose de plus simple, une
formulation différente, le dilemme serait que, pour le contribuable du
Québec qui ferait son rapport d'impôt fédéral, il y
aurait encore la complexité de celle-là et, pour le formulaire du
Québec, qu'on trouve une autre formule. Comme on touche le calcul de
l'impôt et qu'il y a des transferts entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec sur certains montants
d'impôt, on complique une troisième dimension pour faire la
transition entre les deux de sorte que lorsqu'on touche au calcul de
l'impôt, on évite d'être différent dans les deux
lois; autrement, on a énormément de difficulté à se
retrouver. D'ailleurs, vous aviez trouvé un problème personnel
dans le transfert de l'impôt de conjoint. Heureusement, on ne l'a pas
à Québec mais vous pouvez imaginer que si on en avait un avec une
formule différente, ce serait encore très difficile d'apparier
deux formules sur un 'calcul d'impôt parce qu'on touche des montants
d'argent. Comme il y a des transferts dans certains cas pour ceux qui
travaillent, par exemple, en Ontario mais qui habitent le Québec,
imaginez tout le démarquage de calcul mathématique que cela
prendrait pour faire les appariements. Donc, on évite dans les calculs
de l'impôt que le contribuable se retrouve lorsqu'il attend un
chèque à voir des différences. Mais je pense que personne
ici ni même au ministère soit très heureux d'une telle
formulation II y a une indication que je peux vous donner, cependant, à
savoir pourquoi c'est greffé à l'article ici, pourquoi à
l'intérieur de l'article 776 on a deux blocs d'articles un peu
différents greffés à l'article 776. La raison est que
comme ce sont des mesures nouvelles, si on n'avait pas fait cela, il aurait
fallu Introduire de nouveaux articles dans la loi, mais comme la loi de
l'impôt est faite en séquences, on ne peut pas dire qu'à la
fin de la toi on va inclure de nouveaux articles avec de nouveaux calculs. Il
faut aller dans la loi où on touche au calcul de l'impôt. Or, dans
la loi du calcul de l'impôt, c'est l'article 776. Donc, il faut ouvrir
l'article 776 et y mettre les nouvelles mesures qui touchent le calcul de
l'impôt. Les deux mesures qu'on vient de voir sont directement
reliées au calcul de l'impôt. C'est pour cela qu'ils sont
greffés carrément dans l'article 776. (15 heures)
Le Président (M. Chagnon): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je suis d'accord. M. le Président, pour
procéder à l'adoption.
Le Président (M. Chagnon): L'article 79 est-il
adopté tel qu'amendé? Adopté?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Chagnon): J'appelle donc l'article 80, M.
le ministre du Revenu, A la page 67 du projet de loi
Revenu imposable modifié
M. Séguin: Oui, M. le Président. Ici, c'est
également une mesure de concordance par rapport au crédit
d'impôt pour taxe à la consommation, qui ne doit pas être
affecté par l'article 779.
Le Président M. Chagnon): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): Adopté. L'article
81?
M. Séguin: La même chose. C'est une mesure de
concordance avec l'article 80 que nous venons de voir.
Le Président (M. Chagnon): L'article 81 est-il
adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président {M. Chagnon): Adopté. J'ap-
pelle maintenant l'article 82. M. le ministre du Revenu.
Régime d'épargne-actions
M. Séguin: M. le Président, on aborde ici un
chapitre, relativement au REA, qui va retenir l'attention
d'énormément d'articles. Il y a une foule de petits changements
ou de corrections, quelquefois touchant de nouvelles politiques fiscales qui
ont été annoncées et, dans beaucoup d'autres, simplement
des mesures techniques. Alors, peut-être que la façon ta plus
simple, c'est d'y aller selon les articles et essayer de répondre aux
questions, parce que c'est trop gros.
Le Président (M. Chagnon): Oui, je pense que nous allons
procéder article par article, M. le ministre. L'article 82.
M. Séguin: L'article 82, c'est purement de la concordance
dans les référés des articles.
Le Président (M. Chagnon): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, j'ai compris. Il n'y a pas grand-chose de
nouveau. Là, on dispose autrement.
Le Président (M. Chagnon): D'accord. M. Gendron:
Cela va.
Le Président (M. Chagnon): L'article 82 est donc
adopté. J'appelle maintenant l'article 83.
M. Séguin: Oui, ici c'est pour élargir la notion
d'investissement qui a été annoncée dans le budget.
À toutes fins utiles, ce sont les consortiums mutuels pour exploiter des
REA.
Le Président (M. Chagnon): L'article 83 est-il
adopté?
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Chagnon): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 84.
M. Séguin: Ici, M. le Président, on a les articles
84 à 117 qui se suivent successivement tous pour modifier non pas les
articles ou les principes, simplement pour actualiser chacun des articles avec
de nouveaux montants sur les plafonds des déductions, sur les seuils de
pourcentages pour chacune des catégories d'actions admissibles au REA.
Donc, c'est simplement l'actualisation sur les plafonds, les seuils, les
pourcentages de déductions annoncés par le ministre. Mais, en ce
qui concerne le reste, il y a peu de changement, à toutes fins utiles,
dans ia mécanique du REA qu'on connaît.
Le Président (M. Chagnon): M. le député
d'Abitibi-Ouest, est-ce que vous voulez avoir quelques moments?
M. Gendron: Oui, c'est ça, c'est parce que je ne sais pas
à quel moment... On va procéder article par article. Bon. Je
pense quand même que c'est le temps, que ce soit celui-là ou
ailleurs, le ministre du Revenu vient d'indiquer, ce à quoi on assiste.
Autrement dit, manifestement, de 84 à 117, quand on en prendra
connaissance tantôt, on va se rendre compte - cela commence tout de suite
à l'article 84 - qu'effectivement, les modalités du régime
d'épargne-actions - communément appelé REA - ne sont pas
véritablement transgressées. Ce qui l'est, par exemple,
fondamentalement, c'est ce que j'appellerais l'attrait significatif que peut
représenter pour le contribuable québécois l'abri fiscal
que représentait dans son esprit, dans sa forme et ses montants
l'introduction de cette mesure qui, en ce qui me concerne, était
très intéressante pour ceux qui ont des objectifs de revitaliser
l'économie du Québec à partir d'un portefeuille vraiment
plus équilibré, réparti dans toutes les régions du
Québec
C'est une forme de relance économique, mais à partir du
moment où on disait à des citoyens, des citoyennes du
Québec: Si vous décidez d'utiliser vos fonds propres pour faire
des activités économiques quelles qu'elles soient, on va vous
permettre par une formule fiscale de tirer certains bénéfices de
ce risque-là que vous prenez éventuellement en vous associant
à des partenaires économiques, des partenaires socioculturels,
parce que ce n'est pas juste dans le domaine économique qu'on fait de
l'argent ou qu'on envisage d'en faire. En conséquence, je pense que le
régime d'épargne-actions, au Québec, a relancé
l'économie québécoise, a donné confiance à
des gens qui, traditionnellement, n'avaient pas été instruits
dans cette capacité et cette culture et que, nous aussi, nous pouvions
faire une piastre dans la vie et que ce n'était pas péché
mortel. Ce à quoi on assiste actuellement, encore là, sans parler
du haut d'une certaine chaire que je n'ai pas... Mais, une chose est certaine,
on a graduellement effrité et réduit l'impact du régime
d'épargne-actions. Si on continue rapidement dans le sens où on
l'on va, ce n'est pas uniquement la question du fameux krach du 19 octobre 1987
- si ma mémoire est bonne - mais c'est une dilution et une absence
d'intérêt pour les REA qui existent. Je pense que cela aura comme
conséquence de revenir à des capitaux plus passifs, à de
l'argent avec moins de rendement économique que celui qu'aura
donné la forme du régime d'épargne-actions.
Je veux signaler au ministre du Revenu qu'il me semble que, lui, en tout
cas comme compétence en cette matière, devrait sûrement
sensibiliser le ministre des Finances aux conséquences que cela peut
avoir sur l'économie
québécoise et, également, à son rôle
de percepteur des sommes d'argent qui ne rentreront plus. Si l'affaiblissement
du régime d'épargne-actions a comme conséquence
d'affaiblir l'activité économique, les premiers perdants seront,
bien sûr, nous-mêmes, les Québécois, qui que nous
soyons. C'est le ministre du Revenu qui percevra moins de fric parce que
l'activité économique sera ralentie, compte tenu d'une
espèce de méfiance et d'une espèce d'inquiétude
concernant la progression des capitaux que les Québécois
pourraient vouloir investir dans le régime d'épargne-actions.
C'est étonnant, le glissement est quand même très
prononcé, très accentué. Je ne sens sûrement pas
plus aujourd'hui... On dit: Justement, c'est une série de mesures pour
affaiblir l'impact du régime d'épargne-actions II me semble que
le gouvernement devrait nous laisser voir qu'il n'a pas le goût de
laisser cela aller jusqu'à l'ultime limite, comme c'est le cas
actuellement. Actuellement, on ne peut mettre la main sur aucune chronique
financière sérieuse sans constater qu'il y a là un drame.
On avait doté le Québec d'un instrument collectif de
développement économique qui pouvait être
intéressant dans cette ouverture sur les capitaux Et, actuellement, le
régime d'épargne-actions s'effrite. Les plafonds sont
réduits. L'intérêt de l'investisseur diminue. Et là,
on dit: Bien, écoutez, ce sont les effets du krach boursier. Ce ne sont
pas juste les effets du krach boursier. Ce sont les effets d'un certain
immobilisme...
M. Garon: Du krach libéral.
M. Gendron:... du gouvernement envers un régime qui avait
fait ses preuves, envers un régime qui avait quand même
indiqué ce que j'appelle son taux de satisfaction dans la
société québécoise. S'il y a tant de citoyens qui,
à la suite de prospectus... Je pense qu'il est important qu'on demeure
vigilant. Toute mesure qui a comme effet de ne pas gonfler artificiellement des
données dans un prospectus pour éviter que des contribuables se
fassent avoir avec des appréciations de valeurs absolument
gonflées et farfelues, en termes de rendement... C'est le rôle de
la Commission des valeurs mobilières. Que la Commission des valeurs
mobilières continue à être le chien de garde de tous les
prospectus pour que les citoyens ne perdent pas leur chemise ou autre chose,
c'est fondamental. Il me semble qu'on assiste à un laisser-aller sans
précédent dans une réduction des avantages. À
partir du moment où un citoyen ne voit plus véritablement
d'avantages à investir dans une forme de régime
d'épargne-actions, il continue à faire ce qu'il faisait avant. Ce
seront des certificats de dépôt, des obligations d'épargne
du Québec, plutôt des obligations d'épargne du Canada ou
des bons du trésor, mais c'est toujours de l'argent qui, en règle
générale, n'a pas la même vertu circulante, si vous me
passez l'expression. Ce sont des capitaux qui dorment tranquillement et qui
sécurisent les personnes qui les possèdent, mais qui n'ont pas le
même effet de faire rouler l'activité économique. Le
régime d'épargne-actions a vraiment fait rouler l'activité
économique.
Le ministre du Revenu nous dit bien correctement: 84, chers
collègues, à 117, ce sont des mesures qui vont affaiblir et
réduire les avantages fiscaux accordés au régime
d'épargne-actions, puis on va regarder cela et on va comprendre cela, il
va nous expliquer que c'est bel et bien cela que ça veut dire, puis on
bénirait cela. On dirait: Oui, c'est une bonne affaire. C'est correct,
on est pour ça.
Je voulais au moins signaler au ministre du Revenu que c'est sûr
que ce n'est pas parce que je l'étudie que cela fait mon affaire et ce
n'est pas parce que Je le comprends bien - supposons que c'est possible - que
cela signifie que je partage cette orientation politique d'affaiblir le plus
possible le régime d'épargne-actions; à un moment
donné, ce sera à peu près ce qu'on voit là. On a
beau regarder n'importe quel journal le lundi qui fait le tour du régime
d'épargne-actions, comme par hasard, ce n'est jamais plus beau d'une
semaine à l'autre de' ce temps-ci et ça ne le sera pas non plus
si on ne se décide pas à un moment donné à donner
un coup de barre et à rendre alléchant, pas truqué, pas
falsifié, ce n'est pas ce que j'ai dit... Il faut que les valeurs
réelles demeurent, mais si c'est un abri fiscal, si on y confère
des avantages fiscaux intéressants, on pourrait redonner une certaine
vigueur au régime d'épargne-actions du Québec et qu'il
continue à nous servir comme outil de développement
économique, comme Instrument d'élargissement du financement
public, pour que des contribuables québécois qui le
désirent puissent avoir l'occasion de participer eux aussi à la
pose de leur pierre dans l'édification d'un milieu économique
plus sain et plus valable. Ce sont les objectifs et cela a été
passablement réalisé.
Mais on nous dit: Le dernier discours sur le budget a comme
conséquence d'affaiblir à peu près tous les seuils, tous
les plafonds, quand on lisait 1 000 000 $ quelque part, on lira
dorénavant 950 000 $ et ainsi de suite.
Un affaiblissement de l'épargne-actions, ce n'est pas sain pour
l'avenir du Québec et aussi pour le père fondateur du
régime d'épargne-actions qui a peut-être donné sa
plus gande contribution au développement économique. It me semble
qu'il mériterait mieux, surtout dans le contexte actuel, que d'assister
à un affaiblissement graduel de son oeuvre. Quelles que soient nos
orientations dans ce qui se passe chez nous, c'est quand même notre
responsabilité de ne pas être des témoins silencieux d'une
opération de désincarnation aussi grande de son magnifique
régime.
Ce sont les commentaires, M. le Président, que je voulais faire
comme introduction et si
jamais on a d'autres articles qui, visiblement, affaiblissent davantage
les seuils, les planchers ou les planchers de certaines normes, je le
signalerai.
Le Président (M. Bélisle): C'est avec beaucoup
d'éloquence, M. le député d'Abitibi-Ouest, que vos propos
sont notés pour la postérité.
M. le ministre du Revenu.
M. Séguin: Quelques mots, M. le Président, pour dire que
je ne peux pas nier que la disposition fiscale qui concerne le régime
d'épargne-actions a été modifiée depuis nombre
d'années, et particulièrement dans les dernières
année, d'une façon à en réduire la portée.
C'est un fait, ce sont des décisions du gouvernement et certaines ont
été revues après ce budget. Ici il y a quand même
une nouveauté, ce sont les fonds d'investissement qui permettront des
structures de fonds mutuel dans le régime d'épargne-actions, mais
pour le reste des observations de mon collègue, député
d'Abitibi-Ouest, j'en prends bonne note et j'en ferai part, comme je l'ai fait
à d'autres occasions, au ministre des Finances, mais c'est lui le grand
maître d'oeuvre de ces politiques et...
M. Garon:... celles du gouvernement? (15 h 15)
M. Séguin: Effectivement, M. Ee député de
Lévis, c'est lui. Ce n'est pas moi ni vous, c'est lui et on verra qu'il
puisse prendre en considération nos remarques sur le régime
d'épargne-actions. On a tous, ici, nos opinions à savoir si dans
les prochaines années, cette année ou l'année prochaine,
il doit être rebonifié, maintenu dans l'état actuel ou
diminué Des personnes peuvent avoir des considérations
différentes.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je ne sais pas si le ministre a terminé. Je ne
veux pas lui enlever son droit de parole. Je veux juste ajouter que j'ai dit ce
que j'avais à dire, sauf qu'il me semble qu'à quelques occasions
quand même, le ministre du Revenu pourrait être un peu plus
impliqué et participant. Il est un nouveau ministre du Revenu, donc
membre de l'équipe ministérielle, que je sache. Heureux de
l'être, selon ce que j'ai pu entendre et constater. En
conséquence, on ne peut pas se distancer autant qu'il le fait sous
prétexte qu'il a des responsabilités ministérielles, qu'on
connaît tout autant que lui. Je ne parie pas du fond, je parle juste de
comment cela marche. En conséquence, à partir du moment où
on est membre d'un gouvernement et surtout qu'on partage ou qu'on épouse
certaines causes défendues dans nos travaux, il me semble qu'il pourrait
être un peu plus incisif, en termes de preneur, et indiquer par là
que oui, il y a des choses qu'il entend conduire comme ministre du Revenu,
véhiculer plus fortement que d'autres et possiblement convaincre son
gouvernement que dans certains glissements négatifs, que ce soit pour la
famille, pour les plus démunis de la société ou le
régime d'épargne-actions, il va se raidir un tant soit peu et il
va essayer de convaincre son gouvernement qu'on ne peut pas laisser glisser les
choses jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à collecter dans ni
l'un ni l'autre de ces secteurs-là, parce que c'est un mandataire. Lui,
comme ministre du Revenu, il essaie de percevoir quand il y a de la perception
et de retourner quand il y a un peu de retour, ce qui est assez rare. Dans ce
sens-là, je comprends sa réflexion, mats j'ai de la
difficulté à ne pas le sentir un peu plus contributif, vraiment
impliqué et convaincu, convaincu qu'à certains endroits il y a
lieu d'épouser des causes. En règle générale,
lorsqu'on décide d'épouser des causes, on essaie de les
défendre. On essaie de les porter. On essaie de soutenir les arguments
qui sont requis pour être capable éventuellement d'élargir
le champ de conviction et de faire partager plus largement notre point de vue
par différentes personnes. Je sais que c'est un projet de loi qui donne
suite à ce qu'un autre a dit, mais cet autre, comme par hasard, est un
vieux pro, un vieux renard, qui fait partie également du même
gouvernement que vous, M. le ministre. Normalement, s'il ne nous écoute
jamais, il devrait vous écouter une fois de temps en temps. Dans ce
sens-là, je pense qu'il y a une couple d'articles, très
précisément, qu'on va regarder et sur lesquels vous devriez nous
signaler que même vos collègues silencieux, membres de cette
commission, seraient peut-être bien d'accord pour faire un petit effort
afin de sensibiliser le ministre des Finances au fait d'améliorer
certaines situations qui feraient que les contribuables du Québec
pourraient, à certains égards, être attentifs à des
orientations non seulement exprimées mais de temps en temps traduites
d'un article d'un projet de loi, traduites dans une réalité
fiscale ou budgétaire. Il verrait que, de temps en temps, on ne fait pas
que discourir en commission parlementaire. On pose des gestes qui se traduisent
par des changements. C'est la remarque que je voulais faire.
Le Président (M. Bélisle): Est-ce que je dois
comprendre qu'on peut appeler l'article 4? Non, je dois comprendre que non. M.
le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je ne m'explique pas l'attitude
du ministre du Revenu. J'ai écouté le député
d'Abitibi-Ouest. J'ai l'impression que, bientôt, on n'aura plus de
ministre du Revenu, on va avoir le chauffeur du ministre des Finances. Parce
qu'il pourrait dire la même chose. Je vais où le ministre des
Finances me dit d'aller. J'ai l'impression qu'on n'a pas un ministre devant
nous, on a le chauffeur de quelqu'un. Il dit: le ministre des Finances me dit
de tourner à
gauche, je tourne à gauche. Il dit: tourne à droite, je
tourne à droite. I! m'a dit de mettre le pied sur les freins, je mets
les pieds sur les freins. Il dit: Arrête à la lumière
rouge, envoyé. Il dit: Passe la lumière rouge, Je passe. Il dit:
Je ne juge rien, je n'analyse rien, je ne pense à rien. C'est le
ministre qui parle, le ministre des Finances. Moi, je suis comme quelqu'un qui
est là et qui n'a rien à dire, rien à penser, qui n'a
même pas l'air d'être membre de ce gouvernement-là. Je n'ai
jamais vu cela, M. le Président. J'en suis un peu estomaqué.
J'estime que le ministre du Revenu doit répondre aux questions qui lui
sont posées pour défendre les politiques de son gouvernement. Il
a une attitude incompréhensive. On massacre des familles avec
l'allocation de disponibilité; on massacre les personnes
âgées en baissant les déductions de 1000 $ à 500 $;
on est en train actuellement de mettre la hache dans le régime
d'épargne-actions. Mais comme on ne veut pas que cela paraisse parce que
c'est un régime populaire, on dit: Vidons-le de l'intérieur!
Comme quelqu'un devant un 2 litres de crème glacée, il mettrait
une paille en-dessous, iI laisserait la boîte là et viderait la
crème glacée pour faire croire à l'enfant ou au citoyen
qu'il y a encore de la crème glacée dans la boîte, mais il
se serait organisé pour la siphonner par en dessous avec un petit trou
pour siphonner toute la crème glacée dans la boîte de 2
litres.
Alors, là on est en train de vider le régime
d'épargne-actions, un peu comme la loi 101. Quelqu'un me disait
aujourd'hui: On n'a pas l'impression dans l'ouest de Montréal qu'il y a
encore une loi 101. Elle est là, mais encore là elle est
vidée de son contenu. On est en train de faire du régime
d'épargne-actions un fromage suisse, mais les trous sont tellement gros
que les rats pourraient s'y promener. Pas des souris, des rats; pas des mulots,
des rats, parce qu'on est en train de faire des trous béants dans le
fromage suisse qu'était le régime d'épargne-actions pour
les citoyens.
Le ministre, qui est supposé être le gardien du fromage,
dit: Le ministre des Finances, s'il veut faire des trous, il fait des trous;
s'il veut vider les 2 litres de crème glacée avec une paille par
en dessous, il peut. Je suis sur le pilote automatique. J'attends ce qu'il me
dit de faire et je n'ai rien à défendre, rien à exposer.
Il est comme un spectateur devant un spectacle qui se passe où il n'est
pas partie. On dit que quand on meurt, apparemment l'esprit sort du corps et on
peut regarder son corps comme s'il n'était pas le sien. II y a un livre
qui a été écrit où des gens seraient morts
temporairement, mais auraient été ramenés dans leur corps,
mais la partie de temps, la minute où ils étaient absents de leur
corps, apparemment, ils s'élèvent au-dessus de leur corps puis
ils le regardent comme si ce corps était un corps étranger et
quand ils sont ramenés à la vie, ils sont ramenés dans
leur corps malgré eux.
Quand on demande au ministre du Revenu, au fond il a l'air d'être
en dehors de son corps, du corps du gouvernement, puis quand on essaie de le
ramener à la réalité et évaluer la situation, on le
ramène dans son corps et il a l'air malheureux, ce n'est pas
croyable.
Il me semble que le ministre du Revenu est là, ce n'est pas
seulement le ministre du Revenu, quand on est devant une commission
parlementaire, le ministre est là au nom du gouvernement. Il ne peut pas
dire: Je suis uniquement le ministre du Revenu, Il est là au nom du
gouvernement. On lui pose des questions qui ne s'adressent pas seulement au
ministre du Revenu, mais c'est le ministre qu'on nous a donné comme
porte-parole à cette commission. Il ne peut pas ignorer tout ce qui est
au gouvernement. Il ne peut pas s'abstenir de répondre aux questions qui
fui sont posées, comme vient de le faire le député
d'Abitibi-Ouest, autrement imaginez-vous vos électeurs! On devrait aller
faire la commission parlementaire dans votre comté. Les gens diraient:
Ce n'est pas un député qu'on a là, c'est un gars qui nous
dit qu'il ne peut répondre à rien. Il n'est en charge de
rien...
M. Séguin: M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu, sur une question de règlement, je présume.
M. Garon: lis diraient: Qu'on le remplace par le ministre des
Finances puisque...
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, le ministre du Revenu, sur une question
de règlement.
M. Garon: Quel article? M. Séguin: La pertinence. M.
Garon: Sur quel article?
Le Président (M. Bélisle): L'article 211, je
présume, M. le ministre du Revenu C'est exact?
M. Séguin: Trouvez-vous pertinents, M. le
député de Lévis, vos commentaires?
M. Garon: Oui. je trouve ça pertinent, parce qu'il faut
que vous répondiez...
Le Président (M. Bélisle): M le ministre du Revenu,
vous devez vous adresser à la présidence et non au
député de Lévis qui s'adresse toujours à moi
lorsqu'il vous parle.
M. Séguin: M le Président, Je demanderais...
M. Garon: Je ne parle jamais au député de
Montmorency.
M. Séguin:... au député de Lévis, mon
cher collègue, de peut-être être un peu plus pertinent. S'il
a des observations à faire sur tes articles devant nous, qu'il n'a pas
lus d'ailleurs, Je lui demanderais d'être un peu plus
détaillé dans ses observations. J'ai répondu à des
questions du député d'Abitibi-Ouest avant son arrivée.
Alors, qu'il arrête de dire que je n'ai répondu à rien.
S'il avait été là aux travaux, iI aurait participé
davantage à la discussion. Alors, là s'il recommence encore un
débat sur les mesures budgétaires, il faut vraiment le rappeler
à l'ordre dans la pertinence de ses observations, parce qu'on n'en finit
pas de rappeler au député de Lévis qu'on n'est pas ici
à refaire le budget ni la politique du gouvernement.
Ce n'est pas mon mandat ni ma responsabilité de refaire ici la
politique du gouvernement, même si je suis membre de ce gouvernement. Et
même si on peut tous avoir des observations à faire, ce n'est pas
le mandat de l'Assemblée nationale que nous avons ici aujourd'hui.
Qu'est-ce que vous voulez? Si, à chaque fois, si 30 fois par jour, vous
revenez là-dessus, je vais être obligé, 30 fois par jour,
de dire: Malheureusement, je peux être bien sympathique à des
observations que vous faites, mais - qu'est-ce que vous voulez? - je ne suis
pas le ministre des Finances, ce n'est pas mon autorité, et vous le
savez très bien, cher collègue. Alors, pourquoi prendre
peut-être encore une demi-heure, trois quarts d'heure, une heure et
répéter continuellement que vous aimeriez que je refasse le
budget? Ce n'est pas mon rôle, alors je ne le ferai pas. Par contre, je
serai d'accord avec certains de mes collègues, à l'occasion, et
je ferai des représentations, moi aussi. Je suis très sympathique
aux commentaires que fait le député d'Abitibi-Ouest.
Maintenant, notre rôle, aujourd'hui, est de savoir si l'article
est adopté. S'il est adopté, cela veut dire qu'il serait conforme
à la déclaration budgétaire que nous avons dans le
discours sur le budget. Je comprends que vous pouvez ne pas être d'accord
avec le discours sur le budget ni avec le gouvernement actuel; d'accord, c'est
votre droit. Mais ce n'est pas à la commission du budget et de
l'administration, aujourd'hui, à procéder à ce genre
d'audition pour examiner les politiques du gouvernement. Je pense que vous avez
peut-être d'autres recours, M. le député. Et, bien
respectueusement, je veux simplement vous demander d'adresser des commentaires
autrement, à une autre instance. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): Merci, M. le ministre du
Revenu. M. le député de Lévis, je veux simplement vous
rappeler l'article 211 et, bien entendu l'incidence que nous avons avec
l'article 244. C'est-à-dire que les débats portent sur les
détails du projet de loi. Or, j'ai trouvé très
intéressante votre théorie personnelle sur la
réincarnation et je suis sûr que les générations
futures pourront se référer à ce passage sur la
réincarnation. Je vous demanderais, M. le député de
Lévis, de vous restreindre un peu dans vos commentaires et d'aller
directement au point, à l'article 84 qui a déjà
été appelé.
M. Garon: Contrairement à ce qu'a dit le
député de Montmorency, il n'a répondu à aucune des
questions que lui a posées le député d'Abitibi-Ouest. Je
viens de m'enquérir auprès de mon collègue: Est-ce qu'il a
répondu à quelque chose? Il a dit: Non, il n'a répondu
à rien. Sur d'autres articles, il a répondu. Mais, à des
questions qu'il a posées particulièrement concernant le
régime d'épargne-actions, il n'a répondu à
rien.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu...
M. Séguin: Bien voyons donc!
Le Président (M. Bélisle):... je dois vous dire que
le député d'Abitibi-Ouest a fait une déclaration
générale sur l'ensemble des articles 84 à 117 juste au
moment où vous êtes entré à cette commission,
tantôt. C'était le but du député d'Abtibi-Ouest de
faire une intervention générale. Maintenant, des questions
spécifiques... C'était plutôt une question de portée
générale, mais ce n'était pas une question
spécifique comme telle ou une série de questions
spécifiques. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je voudrais juste vous
indiquer que je pense que, puisqu'on débute une nouvelle section portant
sur le régime d'épargne-actions, mon collègue est
légitimé de faire comme j'ai signalé au ministre du
Revenu... Je pense que c'était le moment de le faire, puisque
c'était la première fois qu'on appelait un bloc nouveau sur le
régime d'épargne-actions. Que mon collègue expose, lui
aussi, que nous sommes très peu d'accord avec les principaux articles
qui vont suivre, puisqu'ils ont comme conséquence d'affaiblir, de
réduire les avantages fiscaux qu'offrait le régime
d'épargne-actions, je pense que, dans son point de vue
général sur le début de l'article 84 - s'il veut le faire
sur les suivants, ce sont ses affaires - il a non seulement le droit, mais le
devoir d'exposer son point de vue. Et, à la toute fin, si son
intervention est à caractère interrogatif au président de
la commission, disant: Je suis étonné que le ministre du Revenu
ne semble pas plus ouvert, plus sensible à nos interrogations, dans une
perspective de véhiculer, dans une perspective de se faire le
porte-parole de son collègue, le ministre de Finances... Le ministre du
Revenu sait bien que mon collègue, le député de
Lévis, à une commission, ne peut pas s'adressser directement
à une autre personne qu'au président pour faire connaître
son point de vue au porteur du dossier. Alors, le porteur du dossier, dans ce
projet de loi, c'est quand même le répondant. Pour nous, membres
de l'Opposition, c'est le
ministre du Revenu qui est le répondant politique des discussions
que nous avons et de la conduite des travaux. Il me semble que c'est dans ce
sens qu'il faut interpréter le point de vue et les propos de mon
collègue de Lévis et surtout les prendre comme un
témoignage également de sa part concernant la non-acceptation en
ce qui nous concerne de l'affaiblissement graduel d'un instrument collectif de
développement économique qui a fait ses preuves et qui est en
train de les faire de moins en moins parce que, politiquement, le gouvernement
a décidé de réduire considérablement l'attrait que
pouvait représenter cet instrument collectif. Tous propos, dans ce sens,
je pense, sont pertinents aux travaux de notre commission. (15 h 30)
Le Président (M. Bélisle): Est-ce qu'on pourrait
regarder plus spécifiquement, plus attentivement, étant
donné que le point est très bien fait, moi, en tout cas, je l'ai
très bien compris, je suis sûr que le ministre du Revenu l'a
également très bien compris d'après ses remarques.
M. Garon: On ne le sait pas. Je n'ai pas répondu. On ne
peut pas présumer que j'ai compris. Ses propos ne nous ont rien
indiqué.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu, une dernière fois.
M. Séguin: M. le Président, je ne comprends pas ce
que je pourrais ajouter a ce moment-ci. J'ai bien compris les
représentations qui viennent d'être faites par le
député d'Abitibi-Ouest, même celles du député
de Lévis. C'est très bien. Ils remettent en cause les
modifications fiscales apportées au REA par le gouvernement actuel. J'ai
bien compris cela. Je comprends qu'ils ne sont pas d'accord. Je comprends
qu'ils souhaiteraient rebonifier le REA. Le ministre des Finances en a
décidé autrement. Le gouvernement actuel en a
décidé autrement. Je suis membre de ce gouvernement. Donc, le
gouvernement auquel j'appartiens en a décidé autrement.
Que pourrait-on discuter de plus cet après-midi sur ces articles
que de dire: Ce sont des choix politiques du gouvernement actuel. Nous, nous en
répondons tout de même à l'électorat ou au public,
même aux critiques qui sont faites de l'Opposition. Ce sont des choix,
lis ont été faits. Que vous ne soyez pas d'accord, très
bien. Mais ce n'est pas un débat politique que nous faisons aujourd'hui.
Je crois qu'on devrait procéder à l'étude du projet de loi
tout en retenant les observations qui sont faites. Vous allez probablement
voter contre ou sur division. Très bien. Ce sera noté. Je vais
transmettre cela à M. Leves-que, comme les autres points qu'on a
soulevés depuis le début de nos travaux en lui faisant part de
vos observations.
Maintenant, si vous voulez m'indiquer ce que je pourrais faire de plus
qui, légalement ou conformément à nos règles
parlementaires, peut relever du ministre du Revenu et qui peut être fait,
moi je veux bien voir. Mais, franchement, je n'en vois pas. Je regarde comment
l'ancien gouvernement a fonctionné de 1976 jusqu'à 1985, en
matière fiscale. Je regarde comment les ministres du Revenu se sont
succédé dans leur travail pendant l'ancien régime avec le
ministre des Finances et je ne crois pas actuellement vivre une situation
différente de celle qui a été vécue pendant neuf
ans par l'ancien régime.
Je ne comprends pas là où on voudrait en arriver. Si on
veut discuter de certaines dispositions que nous avons devant nous parce
qu'elles ne seraient peut-être pas conformes aux intentions
budgétaires, d'accord. Maintenant, je ne sais pas. Il me semble que le
débat politique est bien compris et on a bien noté les
observations. Je pense que pour le moment je n'ai pas d'autres commentaires
à ajouter.
Le Président (M. Bélisle): J'appelle donc le vote
sur l'article 84.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'ai noté que pour une
fois, le ministre avait une mission importante lorsqu'il a dit que le
gouvernement aurait pu décider de bonifier le régime
d'épargne-actions, il en a décidé autrement. Il a au moins
admis que le gouvernement avait décidé de ne pas bonifier le
régime d'épargne-actions et faire en sorte qu'il sort moins
complet qu'antérieurement et de lui enlever, d'effeuiller la marguerite.
Cela ressemble de moins en moins à une fleur, de lui enlever des
morceaux, On va pouvoir voir. Là c'est en général. Il va
falloir demander sur chacun des points, chacun des articles pourquoi le
gouvernement a décidé d'enlever tel morceau. Qu'a-t-il
enlevé exactement et pourquoi il l'a enlevé comme cela et la
rationnelle derrière cela.
Je pense bien que le ministre ne procède pas plus rapidement de
cette façon.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Après que mon collègue aura
terminé.
Le Président (M. Bélisle): C'est parce que je vous
vois lever la main. Je pressentais que le député de Lévis
avait terminé. Cela va?
M. Garon: Oui.
M. Parent (Bertrand): À l'article 84, le ministre du
Revenu peut-il nous dire, comme il l'a fait très clairement ce matin,
quand il a dit
qu'il était en désaccord... Il était prêt
même à faire des recommandations par rapport à la baisse
des 1000 $ à 500 $ pour les dépenses admissibles au sujet des
intérêts. Est-ce que le ministre est d'accord, à titre de
ministre du Revenu, avec la baisse du plafond des entreprises admissibles de 1
000 000 000 $ au total des actifs à 250 000 000 $ tel qu'il est
proposé là-dedans ou si, 'dans ce sens, iI est prêt
à faire des recommandations pour remonter le plafond? Voilà ma
première question.
Ma deuxième question: Est-ce que ce montant de 250 000 000 $ au
niveau de l'actif a été choisi à partir d'une analyse des
entreprises qui pourraient être brimées entre le total des actifs
de 1 000 000 000 $ qui va chercher une catégorie d'entreprises et celles
qui vont maintenant se situer en deçà des 250 000 000 $ du total
des actifs? Il y a une gamme importante au chapitre du total des actifs. Est-ce
qu'on a analysé l'Impact avant de proposer ce montant de 250 000 000 $?
Cela peut sembler beaucoup, mais pour les entreprises qui sont le moindrement
en croissance, 250 000 000 $ d'actifs actuellement, ce n'est pas
nécessairement de supergrandes entreprises, surtout avec ce qui se passe
dans le domaine des regroupements et des fusions d'entreprises. Est-ce que le
ministre est d'accord, est-ce que l'analyse a été faite et est-ce
qu'on peut me dire si cela peut toucher à beaucoup d'entreprises qui
vont être restreintes avec ces nouvelles modifications?
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu.
M. Séguin: M. le Président, sans vouloir faire un
débat politique, parce que mon collègue veut m'amener dans un
débat politique, à savoir si Je suis d'accord ou non avec une
mesure, je répète encore que ce n'est pas l'occasion ni le moment
ici de discuter de cela dans le mandat donné à la commission par
l'Assemblée nationale; ce genre de débat pourrait se faire
ailleurs, bien sûr. Je lui indiquerais que, non, je ne suis pas contre
l'idée de réduire le plafond de 1 000 000 000 $ à 250 000
000 $. Cela restreint les modalités plus à de petites
corporations qu'à des grandes et je pense que cela fait partie un peu de
l'évolution des considérations des différents
gouvernements qui se sont succédé à Québec depuis
trois ou quatre ans. Même sous l'ancien régime, l'ex-ministre des
Finances songeait à diriger le traitement fiscal REA davantage vers les
plus petites corporations que vers les plus grandes. C'est une mesure qui me
semble très acceptable.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président, cela
répond à la première partie de ma question, à
savoir s'il est d'accord. Ce n'est pas dans le but de faire un débat
politique, je voulais avoir son point de vue comme ce matin il l'a émis
sur d'autres points: il était prêt dès le prochain discours
sur le budget à essayer d'influencer le ministre pour qu'on sache dans
quel sens vous avez l'intention de pousser ou si vous êtes un peu en
accord avec nos revendications, si revendications il y a.
Le deuxième des volets...
M. Séguin: Si vous me le permettez, M. le
député...
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu.
M. Séguin:... j'ajouterais que sur le plan personnel une
autre considération que j'aimerais bien voir apparaître concernant
les REA, c'est davantage de restrictions imposées, soit par la
Commission des valeurs mobilières ou par un autre organisme
d'autorité sur certaines informations qui devraient peut-être
être mieux données au public au sujet des REA. Je pense que les
observateurs, à la lumière des troubles qu'on a constatés
à la Bourse, particulièrement au sujet des REA, ont
réveillé des inquiétudes sur certaines informations qui
étaient plus ou moins bien comprises par les investisseurs, par le
public à l'achat des REA. C'est certainement un domaine, quoique cela ne
relève pas tout à fait de mon autorité, bien sûr,
mais comme membre d'un gouvernement, comme citoyen, comme député,
je serais plutôt favorable au fait qu'on se penche là-dessus pour
améliorer dans le but de protéger les investisseurs qui sont en
moyenne de petits investisseurs dans le public vis-à-vis du REA. Je
souhaiterais que ce genre de choses se fasse. Je me souviens d'ailleurs lorsque
j'étais membre de la commission, on avait à l'intérieur du
mandat d'initiative concernant la Commission des valeurs mobilières...
Personnellement, j'avais beaucoup de réserves vis-à-vis de
certaines pratiques de la part de la Commission des valeurs mobilières
au sujet des prospectus REA qui se limitaient à vérifier
certaines choses mais qui, à mon humble avis, n'allaient pas assez loin
dans un exercice de contrôle, de prudence ou d'information au public.
Peut-être que les derniers événements l'ont
sensibilisé davantage. Là-dessus, je serais prêt à
m'associer à toute représentation pour aider dans ce
sens-là.
M. Parent (Bertrand): Alors je suis d'accord avec cette
partie-là aussi puisqu'on l'avait manifesté.
Maintenant le deuxième volet de la question que je vous avais
posée, M. le ministre. Est-ce qu'il y a eu une évaluation, si
sommaire soit-elle, de l'impact et du nombre d'entreprises qui pourraient
être touchées par le fait qu'on ait baissé ce plafond
admissible des actifs, de 1 000 000 000 $ à 250 000 000 $? Si vous
n'avez pas cette donnée, j'aimerais peut-être qu'on
puisse l'obtenir parce que j'imagine que le chiffre n'a pas
été mis de façon arbitraire. Parce que, quant à
cela, on aurait pu parler des actifs à 150 000 000 $, à 200 000
000 $ ou à 500 000 000 $. Les avoir fait passer de 1 000 000 000 $
à 500 000 000 $... J'aimerais juste qu'on puisse me dire s'il y a eu
analyse et combien d'entreprises cela pourrait toucher et qui ne seront plus
admissibles sous ce volet.
M. Séguin: Je ne peux pas vraiment, M. le
député, avoir avec moi ce genre d'information d'autant plus que
ce sont plutôt des études qui appartiennent au ministère
des Finances. Il est difficile pour moi de vous donner des indications.
Peut-être que je pourrai tâcher d'en obtenir et de vous les faire
parvenir, si vous voulez bien.
Le Président (M. Bélisle): J'appelle donc l'article
84.
M. Gendron: Un instant très court sur te dernier
commentaire. Bien amicalement, je pense que le ministre du Revenu doit quand
même souscrire à une demande précise d'un parlementaire.
Mon collègue de Bertrand dit: On est convaincus que ce
chiffre-là... Parce qu'on a un petit peu l'expérience de la
machine. Vous ne pouvez pas passer de 1 000 000 000 $ à 250 000 000 $
sans savoir exactement combien d'entreprises vous touchez, sans que vous ayez
exactement tes données. Disons que ça va faire; encore là,
bien amicalement.
C'est sûr que le ministère des Finances a cela. Notre
rôle, comme membres de cette commission, c'est de dire: Là-dessus,
on est prêts à voter. On n'est pas d'accord. Mais je voudrais au
moins savoir que j'ai été capable d'appuyer ma plaidoirie sur des
données que je prétends être exactes. Il s'agit d'une
réduction de plafond qui affecte véritablement un nombre
d'entreprises. Ce sont quinze, cinq cents, quatorze entreprises. Ce n'est pas
à moi à spéculer. Mais une chose est certaine, c'est que
le ministère des Finances, donc le gouvernement du Québec, a ces
informations-là. Quand cela affecte d'une façon
particulière les contribuables ou les corporations - on est dans le
domaine public M. le Président - la résultante de la
décision n'est pas une résultante privée qui ne va
affecter personne et c'est uniquement un ange quelque part qui va être
affecté. La conséquence étant d'ordre public, la
décision étant prise par un gouvernement d'ordre public, nous,
comme parlementaires,
II me semble que là on demande... Je ne veux pas avoir une
étude privée du ministère des Finances Je veux avoir une
information sur ce sujet-là. Quand le ministère des Finances est
passé de 1 000 000 $à 250 000 $...
Une voix: 1 000 000 000 $.
M. Gendron:... 1 000 000 000 $, excusez-moi. 1 000 000 000 $
à 250 000 000 $ au ministre du
Revenu. Le ministre du Revenu, je le sais, quant à lui, c'est
normal. C'est un exécutant, sans le qualifier, des basses oeuvres ou des
hautes oeuvres du ministre des Finances. Il y a des informations qui nous
apparaîtraient plus utiles que ce dont on dispose pour éclairer
notre jugement et éclairer également notre rôle, notre
revendication. Moi, comme parlementaire, si je veux utiliser comme cheval de
bataille, le régime d'épargne-actions, et dire que j'ai envie de
livrer - entre guillemets - un certain nombre d'heures de travail ou de
bataille sur quelque chose auquel je crois, je risque que ma bataille soit plus
éclairante et plus dynamique en termes de résultats, si je la
fais avec des données, avec des chiffres, avec une argumentation. - Et
c'est dans ce sens-là, je pense, comme parlementaire, que vous devriez,
M. le ministre du Revenu, nous dire: Bien oui, je sais qu'il y a des chiffres
là-dessus. Oui, comme ministre du Revenu, membre de cette commission, je
m'engage à les faire parvenir à vous, membres de la commission.
Et vous nous ferez parvenir tout ce sur quoi vous serez capable de mettre la
main. Parce que, précisément, passer de 1 000 000 000 $ à
250 000 000 $, c'est sûr que tes conséquences ont
été évaluées. Vous savez exactement si c'est
mineur, majeur. L'impact peut être relativement fort, faible. C'est
ça qu'on veut. Et moi je suis prêt...
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu, un petit commentaire et peut-être que...
M. Séguin: Un court commentaire.
Le Président (M. Bélisle):... le député de
Lévis pourra faire le sien après s'il le veut bien. (15 h 45)
M. Séguin: Je n'ai pas d'objection, si vous me le
demandez, à tenter d'obtenir du ministère des Finances quelques
renseignements et vous les faire parvenir. Je peux cependant vous donner
l'indication que, cette année, d'après les informations que j'ai,
il y a eu une centaine de demandes de prospectus REA au Québec. On peut
imaginer que les sociétés qui avaient un plafond de 1 000 000 000
$ au Québec ne sont pas si nombreuses. Sur une centaine de demandes de
prospectus, on parte de quelques unités ou quelques dizaines de
corporations possibles. Déjà, je vous donne un ordre de grandeur.
On ne parle pas de plusieurs centaines de milliers de corporations. Cela me
fera plaisir, M. le Président, de voir à obtenir
l'information.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis.
M. Garon: J'ai une question à poser. Le terme "actif",
quand on dit "l'actif est Inférieur à 1 000 000 000 $ ou 250 000
000 $", à quoi réfère-t-on?
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu.
M. Séguin: Ce sont les actifs, comme on l'entend au sens
normal du mot, d'une compagnie selon les états financiers et selon fe
bilan. On a vu dans les articles précédents qu'il y a toute une
réglementation qui voit à corriger ce qu'on entend par actif,
soit enlever certains biens ou en ajouter certains autres. En règle
générale, cela comprend ce qu'on retient comme notion d'actif au
bilan.
M. Garon: Pardon?
M. Séguin: Ce qu'on retient comme actif au bilan, à
peu près.
M. Garon: Je vais poser une question au ministre à ce
sujet. La compagnie Steinberg pourrait sans doute être vendue. C'est
possible. Il s'agit d'une entreprise dont les actifs doivent être assez
considérables. Le ministre sait que son gouvernement, lorsqu'il est
arrivé au pouvoir, a permis à UNIGESCO d'acquérir des
actions de Provigo qui étaient détenues par SOQUIA, et
peut-être même par la Caisse de dépôt et placement en
faisant bénéficier UNIGESCO des programmes REA. Est-ce qu'il
considère qu'en toute équité les nouveaux
acquéreurs de Steinberg, s'ils sont des Québécois,
devraient avoir les mêmes avantages que les nouveaux actionnaires de
Provigo, puisqu'on a trois ou quatre grands regroupements ou chaînes
d'alimentation au Québec qui sont Provigo, Métro, Steinberg et
IGA Boniprix? Seulement sur le plan de la concurrence, seulement sur le plan de
l'équité, puisque son gouvernement l'a décidé,
puisque cette décision a été prise sous son gouvernement,
est-ce qu'il estime que les avantages qui ont été donnés
à l'un devraient être donnés à l'autre ou s'il
estime que Steinberg pourra être vendue à qui que ce soit, mais
qu'il ne devrait pas y avoir de programme de régime
d'épargne-actions comme il a bien voulu faire profiter UNIGESCO quand
elle a acheté des actions qui étaient détenues, remarquez
bien, par le gouvernement, pas des actions dans le public, ce qui a voulu dire
une subvention importante pour acquérir des actions qui appartenaient
déjà au gouvernement ou au ministre des Finances?
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu.
M. Séguin: Vous comprendrez, M. le Président, que
je ne peux pas commenter le cas particulier d'un contribuable, d'autant plus
dans l'exercice de mes fonctions. Le député de Lévis
comprendra qu'en vertu de l'article 69 de la Loi sur le ministère du
Revenu, je ne me permettrai pas de commenter le cas particulier d'un
contribuable qui est assujetti à l'impôt du Québec, et
certainement pas en vertu d'une loi dont l'administration relève du
ministre du Revenu. Je ne commenterai pas si la transaction ou
l'émission d'actions en REA était jugée acceptable ou non,
conforme ou non, légitime ou non. appropriée ou non, moralement
agréée ou non. Il ne m'appartient pas d'en discuter. S'il y avait
eu des irrégularités par rapport à la loi qui existait
à l'époque, je pourrais intervenir et voir si l'émission
était acceptable dans le sens juridique, et c'est là ma
responsabilité comme ministre du Revenu. Dans le cas des compagnies qui
offrent des prospectus, ma responsabilité est de voir à ce
qu'elles répondent aux termes de la loi, aux dispositions fiscales,
qu'elles soient conformes à nos prescriptions de la loi. Si elles le
sont, elles peuvent effectivement émettre leurs actions. Je n'ai pas
à regarder, comme ministre du Revenu, s'il me semble approprié
sur le plan social, sur le plan communautaire, sur le plan politique, sur le
plan religieux ou à tout autre plan, à savoir si elles doivent
avoir... J'ai une autorité administrative en regard des prospectus.
Comme la Commission des valeurs mobilières a jugé que son mandat
ne portait pas sur la qualité des compagnies ni sur l'opportunité
des transactions, mais à savoir si elles répondaient à
certaines normes, alors vous comprendrez que je ne commenterai pas, pour toutes
ces raisons-là, une transaction particulière ou un cas
particulier, d'autant plus qu'au moment où on se parle aujourd'hui, en
1988, je ne suis pas sûr que la même émission d'actions
existe. Alors c'est difficile de commenter une émission d'actions qui,
dans le temps, remonte à quelques années et qui probablement, si
mon information est bonne, n'existe pas présentement comme telle.
L'émission est terminée.
Alors, M le Président, c'est à peu près les
commentaires que je voulais faire.
Le Président (M. Bélisle): J'appelle donc l'article
84.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis.
M. Garon: II s'agit d'une loi ou d'un programme qui donne des
avantages. Alors les avantages que confère une loi ont un certain
caractère public, le fait, par exemple, qu'une entreprise comme
UNIGESCO, qui a été d'abord admissible au REA, a
conféré en termes d'admissibilité pour fins de
déductions en fonction de l'émission faite en 1986 à un
certain montant. Je demande, tout simplement parce qu'il va y avoir une
émission d'un montant important qui va se faire sans doute si la
compagnie Steinberg est vendue, en termes d'admissibilité au
régime d'épargne-actions, quel est l'avantage qui a
été conféré sous forme de déduction
admissible à l'émission de UNIGESCO pour les fins d'acheter des
actions de Provigo, qui étaient essentielle-
ment déjà entre tes mains du gouvernement, à cause
de la caisse de dépôt?
M. Séguin: M. le Président, il ne m'appartient pas,
et là je pense que je suis carrément à l'intérieur
de mon autorité comme ministre du Revenu... Je pense que je ferais une
infraction à ma responsabilité de confidentialité, en ce
qui me concerne, moi, par rapport aux contribuables. Vous me demandez de
commenter...
M. Garon: Non, non.
M. Séguin:... d'indiquer des avantages ou des dispositions
fiscales qu'auraient eu UNIGESCO ou une autre corporation dans le cadre du REA.
Je ne peux pas commenter. C'est un dossier d'un contribuable qui relève
et qui est protégé par la loi Comme vous, M. le
député, si des gens me demandaient des informations sur le cas
personnel de qui que ce soit, il m'est complètement interdit de donner
quelque information. C'est le secret auquel je suis tenu et auquel te
ministère du Revenu, qui est d'ailleurs le seul astreint à ce
genre de confidentialité, doit observer. Alors, je ne peux pas commenter
une émission particulière REA qui s'est faite dans le
passé ou que vous estimez pouvoir se faire Je ne peux pas commenter.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, il va falloir s'entendre. Une
émission, comme a été faite l'émission de UNIGESCO
pour ces fins, est une émission publique qui doit être
autorisée ou admise par la Commission des valeurs mobilières, qui
est donc une autorisation publique. Je ne demande pas de commenter les
déductions, mais en fonction de l'émission, quel montant
était admissible. Je ne dis pas qu'il était tout admis. Ce n'est
pas cela que je dis. Je ne parle qu'en fonction de ce qui est public. Il y a
une émission publique. Publique, ce n'est pas un secret, c'est public.
N'est-ce pas? Cette émission d'actions publique a été
admise au REA et, en tant qu'elle a été admise comme une
émission publique, à combien de déductions
était-elle admissible? Publique. Je ne demande pas comment cela a
été dans chacun des comptes, pour chacun des individus. Mais
à combien était-elle admissible, en fonction du montant de
l'émission et de ce qui était admissible au REA, en fonction du
pourcentage que vous avez accepté? Parce que l'acceptation du
ministère, c'est public cela aussi. 50%, 75%, 100%, etc. Cela aussi,
c'est public. À combien était-elle admissible, en fonction de
l'émission, pour fins de déduction?
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu.
M. Séguin: La seule information qui, à ma
connaissance, peut être publique dans ce genre de matière, c'est
ce que vous pouvez retrouver au prospectus qui est publié. Les REA font
tous l'objet d'un prospectus qui est public et que vous avez sans doute
consulté. L'information est à l'intérieur. Moi, je ne peux
pas vous dire, sur l'ensemble des 1000 à 1200 compagnies qui ont
profité du REA, ce que chacune a pu réclamer de pourcentage selon
toutes les catégories qu'on connaît maintenant de compagnies avec
des pourcentages différents. Ce sont des cas d'espèce C'est un
cas particulier que vous me demandez de qualifier, ou de commenter. Je vous
répète que tous les contribuables et la compagnie que vous
mentionnez est un contribuable au ministère du Revenu, et je ne
commenterai pas des informations qui sont contenues au dossier.
Si vous vouiez qu'on commente des informations publiques...
M. Garon: Je ne vous demande pas de les commenter.
M. Séguin:... consultez le prospectus.
M. Garon: Non, non. Je vous demande une information. Vous
êtes le ministre du Revenu. Vous avez ces informations.
M. Séguin: Je ne commenterai pas...
M. Garon: J'ai dit qu'il y a eu une émission...
M. Séguin: Je ne commenterai pas des cas particuliers. Je
ne vois pas la liaison qu'on pourrait faire à l'article aujourd'hui de
parler d'un cas particulier qui aurait souscrit ou non à une
émission d'actions REA. Vous le dites vous-même. C'est une
information publique. C'est exact. C'est contenu dans le prospectus. Vous
pouvez l'obtenir gratuitement en faisant la demande soit à la Commission
des valeurs mobilières, ou en vous adressant à la compagnie,
c'est dedans. Moi, je ne peux pas commenter plus. Je ne vois pas non plus,
peut-être, l'intérêt ici de faire un cas particulier
à un article qui est quand même très général.
L'article n'est pas fait pour une société en particulier.
L'article que nous avons ici est d'ordre général. Je ne peux pas
commenter davantage, M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je ne demande pas de commentaires. Je voudrais bien
être compris parce que les mots en français veulent dire quelque
chose. Je ne demande pas de commentaires Les gens feront les commentaires
qu'ils voudront, ils évalueront. Je demande simplement des faits, des
données publiques. Je pense que le ministre peut répondre
à des données publiques Tous les ministres actuellement
accèdent à répondre à des
données publiques. Il s'agit de données publiques. Je
demande tout simplement ceci. Quelle a été l'émission qui
a été faite par UNIGESCO en 1986 en tant qu'émission
d'actions admissibles au régime REA? C'est public. C'était
accepté par la Commission des valeurs mobilières. Cela a
été accepté par le ministère du Revenu.
Je demande à quel niveau, à quel pourcentage elle a
été admissible? Cela aussi ce sont des documents publics. Ici, je
peux le faire dire simplement pour faire inscrire au Journal des
débats quelle que soit la fin. Ce sont toutes des données
publiques. Bon. Quelle a été l'émission? À quel
niveau? À quel pourcentage elle a été admissible? Et par
rapport à l'émission, cela veut dire quel montant total pouvait
être admissible aux déductions pour les fins du REA? Je sais bien
que le montant du point de vue de l'impôt va dépendre du niveau de
revenus des gens qui ont acheté des actions, etc. Sauf que j'ai
demandé à quel niveau total qu'elle était admissible
à ce moment en pourcentage par rapport à l'émission
totale, l'émission d'UNIGESCO?
Deuxièmement, je demande au ministre si, en fonction des actifs
de la compagnie Steinberg, par exemple - il peut répondre ou ne pas
répondre à celle-là s'il veut - avec la disposition qu'il
adopte, cette entreprise est admissible ou non? Mais là il peut
répondre ou ne pas répondre à celle-là, parce que
ce ne sont pas des données, à ce moment-ci. Mais la
première question que j'ai posée est une donnée
entièrement publique où je demande au ministre pour fins
d'inscription dans le Journal des débats, ces données
parce que cela va être sans doute dans les discussions des semaines qui
vont venir.
M. Séguin: M. le Président...
Le Président (M. Bélisle): Oui, M. le ministre.
M. Séguin:... je suis obligé de
répéter exactement, pour la troisième fois, la même
réponse. Il ne m'appartient pas de commenter la situation fiscale d'un
contribuable étant donné que ma responsabilité me
l'interdit. Ce que dit le député de Lévis n'est pas exact
à savoir que parce que c'est public, je peux le commenter. Toute
information du ministère du Revenu est d'ordre confidentiel et cela en
est bien ainsi. Je pense que le public serait inquiet que je me mette à
commenter des cas particuliers en donnant des renseignements en disant: Bien
oui, telle société a eu droit à telle chose, comme le
député de Lévis, dans son rapport d'impôt, a
réclamé tel pourcentage de REA.
Vous me demandez la même information que si je devais donner un
renseignement sur le montant de pourcentage que vous, vous auriez pu
réclamer à UNIGESCO pour votre REA. C'est une information que je
n'ai pas le droit de donner. Je fais le même commentaire. Vous savez que
c'est public. Vous l'avez dit vous-même. Vous êtes bien
informé de ce cas, puisque vous me posez des questions. Vous voulez
savoir des choses. Vous pouvez vous adresser à la Commission des valeurs
mobilières, vous pouvez avoir ces renseignements dans le prospectus, si
vous voulez. Moi, je n'ai pas à commenter un cas particulier d'autant
plus que ce sont des renseignements d'ordre confidentiel et là-dessus je
reste confidentiel... J'ai rencontré M. Parizeau récemment...
Une voix: Ah oui?
M. Séguin:... il y a à peu près deux mois lors d'un
colloque et il me disait que la qualité première que
lui-même a toujours observée et qui est fondamentale dans notre
régime, c'est que le ministre du Revenu doit toujours faire preuve d'une
confidentialité scrupuleuse vis-à-vis de l'ensemble des
contribuables assujettis à la loi. Cela fait partie de notre
système et c'est impensable qu'il en soit autrement. Je pense que,
là-dessus, je rejoins exactement cette préoccupation. Je ne
voudrais pas par un mouvement de générosité à
l'égard de mon collègue donner des renseignements qui porteraient
atteinte à ma responsabilité. Dans ce sens, je
préfère rester sobre dans ma démarche, respecter ma
responsabilité quitte à ne pas faire plaisir à mon
collègue. Mais je pense que le reste des inconvénients serait
plus du côté d'enfreindre ma responsabilité que de ne pas
faire plaisir à mon collègue. Donc, je suis obligé de lui
dire que, comme cette Information est disponible ailleurs, je l'invite à
aller prendre cette information ailleurs, étant donné que
j'estime que cela peut gêner l'exercice de mes fonctions. Je pense qu'il
peut le comprendre comme parlementaire. Si je commençais à donner
ce genre d'information, cela pourrait laisser croire que la
confidentialité au ministère, c'est quelque chose de relatif.
Moi, je considère que c'est important et en ce qui me concerne, je fais
ce que je peux pour la proléger. Je pense que je vais m'abstenir de
commenter davantage sur un cas particulier, M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): D'accord, M. le
député de Lévis. J'appelle l'article 84. M. le
député de Lévis, je vous signale que cela fait au moins
quatre fois que vous posez la même question. Il me semble que vous avez
été très clair dans votre question. On pourrait faire
sortir les galées et on s'apercevrait que c'était
très...
M. Garon: Je pense que ma question est très claire, vous
avez raison.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, j'ai la parole. D'accord?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Bélisle): Le ministre du Revenu
vous a répondu à quatre reprises précisément qu'il
ne pouvait pas, c'était la sa conception, répondre à la
question à cause de son obligation de respecter la stricte
confidentialité. M. le député de Lévis, vous savez
très bien comme moi, comme les autres parlementaires, que la
réponse à votre question peut être obtenue à la
Commission des valeurs mobilières du Québec en demandant un
exemplaire du prospectus qui y est déposé. Il y a d'autres moyens
à part celui-là d'obtenir réponse à votre question.
Moi, je ne veux pas appliquer l'article 35 et vous Imputer le motif suivant,
c'est-à-dire que vous ne prenez pas la parole du ministre du Revenu,
vous ne l'acceptez pas comme étant la vérité. Le
député qui a ia parole ne peut, conformément à
l'article 35, imputer des motifs indignes à un député ou
refuser d'accepter sa parole.
M. Garon: Question de règlement.
Le Président (M. Bélisle): II faut accepter la
réponse à la question que vous avez posée au ministre du
Revenu comme étant sa réponse et sa seule réponse.
M. Garon; Question de règlement.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Précisément sur l'article que vous venez
de mentionner, le ministre s'acharne à dire que je lui demande des
commentaires. Je ne lui demande pas de commentaires. Au contraire, je ne veux
pas de commentaires, je lui demande une donnée concrète. Je ne
lui demande pas un commentaire, je ne lui demande pas de dire s'il est pour ou
contre, je lui demande une donnée concrète. Il y a eu
émission d'actions REA; elle a été acceptée en
fonction du régime par le ministère du Revenu pour un certain
pourcentage, 50 %. 75 %, 100 %, 150 % de déductibilité ou
d'admissibilité pour les fins de déductions. Je ne demande pas de
commenter cela, c'est une donnée qui est publique puisqu'elle est
inscrite au prospectus. Ce n'est donc pas une donnée cachée, ce
n'est pas une donnée confidentielle puisqu'elle est déjà
inscrite au prospectus. Je demande tout simplement au ministre de nous dire
quel est ce pourcentage auquel a été admissible UNIGESCO dans son
émission de 1986. Il me dit: Je ne veux pas faire de commentaires. Je ne
lui demande pas de commentaires.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, j'ai très bien compris votre
question et je vais vous rappeler à l'ordre selon l'article 81 du
règlement qui stipule: "Aucun rappel au règlement ne peut
être fondé sur l'opinion que la réponse à une
question posée à un ministre est insatisfaisante. " Vous pouvez
comprendre que la réponse du ministre du Revenu ne satisfait pas votre
question, mais on va devoir prendre la réponse du ministre du Revenu qui
a été exactement la même à quatre reprises comme
étant satisfaisante pour les autres membres de la commission. Et, par
conséquent, je vais appeler l'article 84 si vous n'avez pas d'autres
questions à part la question que vous posez depuis au-delà de
quinze minutes à peu près Vous savez, M. le député
de Lévis, que vous avez des moyens d'obtenir cette réponse et
je...
M. Garon: Sauf que, M. le Président...
Le Président (M. Bélisle):... pense que notre
règlement est bâti de la façon suivante: c'est que
lorsqu'à trois, quatre, cinq reprises, on revient avec la même
question et qu'on obtient une réponse qui n'est pas satisfaisante, il
s'agit tout simplement de s'y prendre autrement.
M. Garon: Non, mais c'est une donnée publique, et le fait
de vouloir demander au ministre c'est de la faire enregistrer au Journal des
débats.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, c'est ma décision. Je vais appeler
le vote sur l'article 84, si vous n'avez pas d'autres questions.
M. Garon: J'ai d'autres questions.
Le Président (M. Bélisle): Allez-y. Quelles sont
vos autres questions?
M. Garon: L'autre question à l'article 84: est-ce que le
ministre considère que le régime d'épargne-actions...
M. Séguin: Vous m'excuserez, chers collègues
peut-être que je vais demander à M. le Président de
suspendre un petit cinq minutes
Le Président {M. Bélisle): Suspension de cinq
minutes s'il vous plaît.
M. Séguin: Si vous n'avez pas d'objection. On reprendra la
discussion, si vous voulez.
Le Président (M. Bélisle): Suspension de cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 7)
(Reprise à 16 h 22)
Le Président (M. Bélisle): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux sur
le projet de loi 64. Nous en étions à l'article 84. Le
député de Lévis avait des questions précises. Non?
Alors, j'appelle l'article 84.
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Bélisle): J'appelle l'article
85.
M. Séguin: M. le Président, je pourrais dire que
c'est de concordance avec ce que nous venons de voir.
M. Gendron: C'est exact. L'article 85, c'est exactement l'article
84. Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur... M.
Gendron: Sur... Le Président (M. Bélisle):... division. M.
Gendron:... division. Oui.
Le Président (M. Bélisle): D'accord. J'appelle
l'article 86.
M. Séguin: L'article 86 est de concordance avec les
nouvelles règles qui concernent le fonds d'investissement qui va
maintenant s'appliquer aussi au REA.
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur
division, M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Un instant!
Le Président (M. Bélisle): D'accord.
M. Séguin: Le fonds d'investissement, c'est une
espèce de fonds mutuel qui va permettre le regroupement de plusieurs
émetteurs REA.
M. Gendron: Oui, adopté sur division.
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur
division. J'appelle l'article 87.
M. Séguin: Également, on fait simplement un
amendement pour introduire les nouvelles règles de fonds
d'investissement dans l'article 965. 6. 0. 2.
M. Gendron: II n'y a pas de problème à l'article
87.
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur
division. J'appelle l'article 88.
M. Séguin: ici, c'est l'article 965. 6. 8 qui traite du
régime d'actionnariat qui existait. Mais, maintenant, on fait une
référence à l'article 965. 11. 7. 1...
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur
division.
M. Séguin:... pour exclure les corporations autres que
celles décrites à l'article que je viens de citer.
M. Gendron: Non, adopté, tout court, parce qu'il n'y a pas
de référence au régime...
Le Président (M. Bélisle): Adopté, tout
court. J'appelle l'article 89.
M. Séguin: C'est une modalité qui va permettre
à des investisseurs d'avoir des contributions automatiques durant
l'année, dans le but d'acheter des actions, des espèces de
retenues sur les chèques de paie.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. J'appelle
l'article 90.
M. Séguin: Oui, c'est conséquent à ce qu'on
vient de dire. C'est pour permettre des retenues d'impôt à la
source.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. J'appelle
l'article 91.
Fonds d'investissement
M. Séguin: Ici, on traite de la définition du fonds
d'investissement dont je viens de parier, M. le Président.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. J'appelle
l'article 92.
M. Séguin: Ici il y a une partie de mesures purement
d'écriture et une question de date par rapport au visa
délivré par la Commission des valeurs mobilières ou d'une
décision anticipée délivrée par le ministère
du Revenu qui sont des nouvelles dispositions en ce qui concerne maintenant
l'obligation d'obtenir auprès du ministre du Revenu une décision
anticipée sur les REA. Alors, à d. 1) on voit apparaître
ici la référence à ces obligations.
M. Garon: Est-ce qu'il y a...
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Là on dit: L'action est admissible à un
régime d'épargne-actions si elle a été émise
par une corporation admissible, mentionnée aux articles. Comment est
faite la publicité pour que le citoyen, qui veut acheter des actions
admissibles, sache qu'elle est vraiment admissible?
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu.
M. Garon: "Elle est émise par une corporation admissible
qui, dans ie prospectus définitif, ou la demande de dispense de
prospectus, stipule que cette action peut faire l'objet d'un régime
d'épargne-actions et donne droit à t'avantage prévu
à son égard par le présent titre; ".
Par exempte, je suis un citoyen et je veux savoir si elle est admissible
ou si elle ne l'est pas, parce que je ne veux pas placer mon argent n'importe
où. Alors, comment puis-Je savoir d'une source officielle, pas quelqu'un
qui me dit que je suis admissible, que l'action est admissible au régime
d'épargne-actions quand on sait que l'admissibilité est
déterminée par le ministère du Revenu et qu'il ne veut pas
parler, comme vous l'avez dit tantôt, il ne veut rien dire?
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre, du
Revenu.
M. Séguin: Pour reprendre certains propos de mon
collègue, le député de Lévis, je vais tout
simplement lui répondre que c'est le prospectus sanctionné par la
Commission des valeurs mobilières. Le prospectus est un document
légal dont les informations sont contraignantes, c'est-à-dire les
informations sont sous peine de poursuite ou de pénalité par la
Commission des valeurs mobilières si elles s'avéraient fausses ou
trompeuses. C'est toute l'administration de la Commission des valeurs
mobilières, M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): Cela va. M. le
député de Lévis, additionnellement, bien entendu, il y a
les responsabilités professionnelles de ceux qui signent le prospectus
également.
M. Garon: Ici on dit qu'elle est admissible, elle peut faire
l'objet d'un régime d'épargne-actions. On a adopté les
articles rapidement tantôt. Cela peut être 75 %, 100 %, 125 %,
etc., à des pourcentages différents, sauf que quand
j'achète des actions, je ne parie pas de moi personnellement, mais un
acheteur d'actions peut acheter une action admissible, il veut savoir si elle
est à 75 %, 100 %, 125 % ou 150 %, qu'il va pouvoir déduire dans
son rapport d'impôt. Il ne veut pas savoir si c'est possible ou si cela
peut arriver, il veut savoir s) elle est admissible pour quel pourcentage Il
veut avoir un pourcentage sûr, pas un pourcentage aléatoire.
On sait que le pourcentage d'admissibilité est
déterminé par le ministère du Revenu. Comment peut faire
un citoyen qui veut avoir une information sûre?
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu.
M. Garon: Je sais que c'est technique, mais...
M. Séguin: M. le Président, c'est en consultant le
prospectus qu'il doit obtenir, qu'il doit lire. C'est là le document qui
explique l'émission d'actions. C'est le seul document public relatif
à l'émission d'actions où toute l'information est
donnée et est censée être validée par la Commission
des valeurs mobilières du Québec. C'est à sa disposition,
c'est fourni par chacun des courtiers ou des émetteurs au public.
Le Président (M. Bélisle): L'article 92 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. J'appelle
l'article 93.
M. Gendron: Un instant. Adopté sur division...
Le Président (M. Bélisle): Sur division. D'accord,
sur division.
M. Gendron:... vraiment dans le régime
d'épargne-actions.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député d'Abitibi-Ouest, l'article 92 est adopté sur
division.
L'article 93 est appelé.
M. Séguin: Ce sont des références de
concordance.
M. Gendron: Cela va. Adopté sur division.
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur
division.
J'appelle maintenant l'article 94.
M. Séguin: Ici, on précise toujours que des actions
acquises dans un fonds d'investissement peuvent bénéficier de
certaines modalités qui sont précisées.
M. Gendron: J'ai une question. Les éléments de
l'analyse du ministère du Revenu pour la décision
anticipée avant que cela aille au prospectus, c'est-à-dire avant
que cela aille à la Commission des valeurs mobilières, parce que
cette dernière ne regarde pas une demande de prospectus si le
ministère du Revenu n'a pas donné un avis, ce que vous appelez
une décision anticipée, à savoir que cela répond
aux objectifs du régime. D'accord? Est-ce bien cela?
M. Séguin: Si vous me permettez une clarification.
Jusqu'à maintenant - parce que maintenant c'est obligatoire d'obtenir la
décision anticipée - la pratique ou les exigences étaient
que la Commission des valeurs mobilières exigeait que la compagnie
transmette copie de la décision anticipée qu'elle avait obtenue
du ministère du
Revenu confirmant le traitement fiscal du régime. Si la compagnie
ne la transmettait pas ou n'avait pas obtenu cette décision qui
n'était pas obligatoire, la Commission des valeurs mobilières
refusait de procéder au prospectus. C'était une prudence.
M. Gendron: Cela va.
M. Séguin: Maintenant, c'est obligatoire.
M. Gendron: Cela va, mais là n'est pas mon propos.
Justement parce que c'est obligatoire, on dit: On ne peut pas émettre,
on ne peut pas conférer des actions en régime
d'épargne-actions s'il n'y a pas eu d'évaluation faite par le
ministère du Revenu dans ce que vous appelez une décision
anticipée. Ma question, c'est: Quels sont les éléments qui
sont couverts dans l'analyse faite par le ministère du Revenu pour
émettre à la Commission des valeurs mobilières afin
qu'elle sanctionne dans le prospectus demandé la demande d'actions en
régime d'épargne-actions?
M. Séguin; II faut dire à ce stade-ci que la
décision anticipée émise par le ministère n'est pas
adressée à la commission. Elle est adressée au
contribuable.
M. Gendron: Qui, lui, doit la transmettre.
M. Séguin: C'est interne. Tout contribuable du
Québec peut s'adresser au ministère pour demander une
décision sur une transaction, un projet, une difficulté d'ordre
fiscal, et le ministère peut lui donner cette attestation
évidemment sous la signature ou l'autorité du ministre Dans le
cas présent, lorsque la demande est adressée au ministère,
ce dernier ne regarde que la conformité des règlements, à
savoir les actifs, les passifs, toutes les normes qui se sont
développées autour du régime d'épargne-actions, les
seuils, les plafonds, si c'est observé, etc. S'il constate
qu'effectivement c'est le cas, il émet la décision, mais la
décision est une réponse à la demande du contribuable. Le
contribuable s'adresse par écrit en disant: Nous avons tel projet; nous
voulons faire ceci; voulez-vous nous confirmer telle chose, a, b, c, d, e, f,
tel seuil, tel pourcentage, etc. ? Et le ministère ne répond
qu'à la question posée, parce que la responsabilité
fiscale, vous en conviendrez, est toujours sur les épaules du
contribuable lorsqu'il fera sa déclaration d'impôt.
M. Gendron: Ouf, mais à l'article 94 c) - c'est ma
dernière question à ce sujet - vous dites "qui a fait l'objet,
avant le placement, d'une décision anticipée favorable du
ministère du Revenu relativement au respect des objectifs du
présent titre". Ma question: Au-delà du regard, du respect des
objectifs du présent titre, est-ce qu'il y a d'autres
éléments que le ministère du Revenu regarde quand un
contribua- ble fait une demande?
M. Séguin: Vous voulez dire une appréciation un peu
plus large.
M. Gendron: C'est cela.
M. Séguin: Non. C'est purement d'ordre technique.
M. Gendron: C'est ce que je pensais.
M. Séguin: C'est purement mathématique, si je peux
employer le mot.
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Bélisle): L'article 94 est
adopté...
M. Gendron: Sur division.
Le Président (M. Bélisle):... sur division.
J'appelle maintenant l'article 95.
M. Séguin: M. le Président, nous sommes toujours
dans le régime d'épargne-actions. Ce sont les actions comportant
un droit de vote. Le texte change très peu la portée. C'est
plutôt afin d'introduire un verbe au passé...
M. Gendron: Cela va.
M. Séguin:... pour des cas qui auraient pu avoir
été possibles.
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Bélisle): L'article 95 est
adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article 96.
M. Gendron: Même chose pour moi, en tout cas.
Le Président (M. Bélisle): L'article 96 est
adopté sur division. J'appelle l'article 97.
M. Séguin: Oui. Ici, c'est un article qui est
modifié pour permettre à certaines corporations d'être
exemptées de certaines exigences dans les modalités du
régime d'épargne-actions.
M. Gendron: Adopté, tout court.
Le Président (M. Bélisle): Adopté tout court.
M. Garon: Un instant!
Le Président (M. Bélisle): Non, pas adopté
tout court. M. le député de Lévis.
M. Garon: D'accord
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, est-ce adopté tout court ou
adopté différemment?
M. Garon: Je me demandais si c'était la disposition dont
on avait beaucoup discuté l'an dernier, concernant les dispositions qui
étaient moins sévères concernant les institutions
financières pour l'acquisition d'entreprises.
M. Séguin: C'est effectivement un article sur lequel vous
aviez voté contre ou sur division. Apparemment, vous n'étiez pas
d'accord avec le fait que les institutions énumérées
puissent être exemptées de certaines formalités, qui sont
énumérées à. 4. C'est te même article qu'on
retrouve d'ailleurs à 965. 9. 7, sauf que là il est amendé
pour inclure une autre institution...
Le Président (M. Bélisle): Merci beaucoup, M. le
ministre. Continuez.
M. Séguin:... qui est les corporations à capital de
risque à vocation régionale.
M. Garon: Adopté sur division. M. Gendron:
Adopté sur division.
Le Président (M. Bélisle): Alors, adopté sur
division, c'est bien cela? L'article 97 est adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article 98.
M. Séguin: Ici, c'est un nouveau texte, simplement
rédigé pour tenir compte des niveaux référés
à l'article 965. 11. C'est une règle de concordance.
M. Gendron: Oui, adopté sur division.
Le Président (M. Bélisle): L'article 98 est
adopté sur division. J'appelle maintenant l'article 99.
M. Séguin: C'est une question de date de mise en vigueur
de l'article qui est mentionné.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté tout
court. J'appelle maintenant l'article 100.
M. Séguin: C'est la même chose, M. le
Président, en référence à des dates.
M. Gendron: C'est la même date. Adopté,
Le Président (M. Bélisle): Adopté tout
court.
M. Gendron: Oui, monsieur.
Le Président (M. Bélisle): L'article 101.
J'appelle l'article 101.
M. Séguin: Oui, M. te Président. Ici, on traite des
corporations à capital de risques à vocation régionale,
qui est une nouvelle forme de petite corporation dont on encourage le recours
au REA, surtout à vocation pour le développement
régional.
Le Président (M. Bélisle): Adopté tout
court, M. le député?
M. Gendron: Oui, parce que c'est l'article 101, et non la loi
101, parce que ce serait plus long.
Le Président (M. Bélisle): Ha, ha, ha! Mais Je
supposerais également qu'elle serait à tout le moins
adoptée tout court également.
Adopté tout court. J'appelle l'article 102.
M. Séguin: L'article 102, M. le Président, c'est le
rachat d'action, compte tenu d'une période particulière qu'on
implique ici entre le 7 mai 1986 et le 16 décembre 1986. C'est pour
tenir compte de certaines modifications qui ont eu lieu.
M. Gendron: Attendez un peu.
M. Séguin: Cela permet le rachat de certaines actions
à certaines conditions, selon le montant du rachat, sans disqualifier
l'émission
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Bélisle): Adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. L'article
102 est adopté. J'appelle maintenant l'article 103.
M. Séguin: C'est strictement de concordance, M. le
Président.
M. Gendron: II n'y a rien là, l'article 103 est de
concordance.
Le Président (M. Bélisle): Adopté? M.
Gendron: Oui.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. L'article
103 est adopté. J'appelle l'article 104. Il y a un amendement.
Halte-là! il y a un amendement. Une chance que la présidence est
vigilante.
M. Séguin: Excusez-moi.
M. Garon: Je ne sais pas si le ministre a le droit.
M. Séguin: Alors la seule modification qui est...
M. Gendron: Oui, parce qu'on a l'accord du ministre des
Finances.
M. Séguin:... incluse, M. le Président, c'est pour
ajouter dans les deux paragraphes b), premier alinéa et b), dans le
deuxième, l'expression 'dans le cadre d'une distribution importante de
surplus effectuée après le 16 décembre 1986" parce qu'on
sait que l'importance d'une distribution peut être un
élément de disqualification dans certains cas. Alors on le
précise pour que ce soit plus clair, mais ça ne change
strictement rien à la portée de l'article.
Le Président (M. Bélisle): Sur l'amendement?
M. Garon: Est-ce une distribution de surplus de votre caisse
électorale?
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis, c'est une question non pertinente. Sur
l'amendement?
M. Gendron: Je n'ai pas de commentaire sur l'amendement. Cela
va.
Le Président (M. Bélisle): L'amendement est-il
adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): J'appelle l'article 104
tel qu'amendé.
M. Gendron: Tel qu'amendé. Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. L'article
104 tel qu'amendé est adopté.
J'appelle l'article 105. Page 87 de notre projet de loi.
M. Séguin: M. le Président, on est toujours dans le
REA. C'est également ici une mesure de concordance avec les autres
dispositions dont on a vu la modification.
M. Gendron: Exact.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député d'Abitibi-Ouest, l'article 105?
M. Gendron: Attendez un peu.
Le Président (M. Bélisle): Attends un peu! M. le
député d'Abitibi-Ouest, sur division, celui-là.
M. Gendron: L'article 105, oui. Adopté sur division.
Le Président (M. Bélisle): Logiquement.
M. Gendron: Oui, oui, parce que c'est la réduction...
Le Président (M. Bélisle): C'est exact. C'est ce
que j'avais compris. J'appelle l'article 106.
M. Séguin: Concordance.
Le Président {M. Bélisle): Concordance. M. te
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, mais adopté sur division.
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur
division également.
J'appelle l'article 107.
M. Séguin: On apporte une précision sur les 365
jours précédant la date mais quant au reste, c'est exactement la
même chose.
M. Gendron: Je suis d'accord avec l'article 107, M. le
Président, parce qu'effectivement c'est une précision qui
pourrait éviter une certaine confusion et je trouve que c'est plus
clair. D'accord.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. M.
Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): J'appelle l'article
108.
M. le ministre du Revenu.
M. Séguin: Ici on traite des corporations en voie de
développement et on donne les précisions sur ce concept des
corporations en voie de développement.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Bélisle): Adopté.
M. Garon: Attendez donc un instant!
Le Président (M. Bélisle): Pardon. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Quelles sont les précisions que vous voulez
adapter aux corporations en voie de développement par les
différents éléments qui sont mentionnés dans cet
article?
M. Séguin: Bien ici en particulier, dans l'article...
M. Garon: Les modifications.
M. Séguin:... c'est qu'on traite la possibilité
qu'elles puissent avoir des filiales tout en étant
qualifiées. Ce qui se rencontre par ailleurs dans les autres
modalités du régime REA. On tes applique de nouveau ici pour les
corporations en voie de développement. C'est là aux articles 965.
16...
M. Gendron: C'est un élément d'élargissement
pour les filiales.
M. Séguin: C'est ça.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. J'appelle
l'article 109. M. le ministre du Revenu.
M. Séguin: Ce sont des modalités dans le cas de
fusion et la modification est surtout pour faire apparaître la notion de
365 jours plutôt que la notion d'exercice financier antérieur.
C'est plus clair.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Adopté,
Le Président (M. Bélisle): Adopté. J'appelle
l'article 110.
M. Séguin: Les modifications sont mineures et d'ordre
plutôt administratif et on le voit très bien dans les mots qui
sont ajoutés.
M. Gendron: Oui, mais est-ce que dans l'article 110, M. le
ministre, ce n'est pas pour la seconde partie? Un instant! Juste un
instant!
M. Garon: Quand vous avez... M. Gendron: Un instant!
Le Président (M. Bélisle): M le
député de Lévis, on va laisser la parole à votre
collègue.
M. Garon: Cela marche. Pas de problème. (16 h 45)
Le Président (M. Bélisle): Je m'en doutais.
M. Gendron: À l'article 110, je veux que le ministre du
Revenu clarifie une chose. Il y avait là également une
réduction quant au montant admissible du tout début.
M. Séguin: Excusez-moi.
M. Gendron: Vous avez répondu qu'il s'agissait là
strictement de technicité, alors que je pense qu'à l'article 110
il y a également des références à l'application du
montant de 1 000 000 000 $ qui était prévu, qui est devenu 250
000 000 $ et qui continue de s'appliquer en fractions. Donc, il y a
également une réduction des sommes couvertes
antérieurement.
M. Séguin: Directement, cela peut s'appliquer. Ce n'est
pas mentionné ici, comme tel. Mais, par déduction, on peut dire
cela, oui.
M. Gendron: C'est ce que je crois. En conséquence...
Le Président (M. Bélisle): Sur division? M.
Gendron: Sur division.
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur
division.
M. Gendron: Non, il ne...
Le Président (M. Bélisle): Un instant! D'accord.
Étant donné que vous êtes entendu, M. le
député de Lévis, vous avez la parole.
M. Garon: Dans la définition, jusqu'à maintenant,
à l'article 695... pourquoi parliez-vous d'actions? Là, vous
ajoutez les parts et les titres. Quel est le but de remplacer le terme
"actions* ou de ne pas le remplacer et d'ajouter "des actions, des parts et des
titres inclus dans un régime" plutôt que "des actions incluses
dans un régime"?
M. Séguin: Parce que cela nous paraissait plus clair, tout
simplement.
M. Garon: Plus clair, vous ne pouvez pas seulement dire cela.
C'est court, comme... Des actions, des parts... Est-ce qu'on veut ajouter autre
chose que des actions quand on écrit "parts"? Est-ce qu'on veut dire des
parts sociales? Est-ce qu'on veut parler...
M. Séguin: Effectivement.
M. Garon:... d'autres éléments? Ce n'est plus la
même chose. Est-ce que le discours sur le budget a annoncé
cela?
M. Séguin: Oui.
M. Garon: Si on parte des actions d'entreprises, c'est une chose.
Des parts sociales de coopératives, ce sont des parts. À quoi se
réfère-t-on? On dit: "des titres inclus dans ces régimes".
"Des titres", c'est un terme qui est plutôt large. Qu'est-ce que cela
comprend? J'aimerais la référence du discours sur le budget.
M. Séguin: II y a plusieurs sortes...
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu, M. le député de Lévis pose une question
très précise. Il veut avoir ta référence au
discours sur le budget. Je pense que cela éliminerait toute discussion
si on pouvait lui trouver illico. J'ai bien compris?
M. Garon: Oui. Je voudrais savoir ce qu'on ajoute ou si le
discours sur le budget donne une ouverture aussi large. Je voudrais savoir ce
qu'on ajoute.
Le Président (M. Bélisle): Je comprends. On va
d'abord régler cette partie.
M. Séguin: Vous me permettrez de dire tout de suite que le
mot "parts" s'adresse au fonds d'investissement. Dans la loi, on a
créé un nouveau régime qui est le fonds d'investissement.
Mais la participation à un fonds d'investissement, c'est "parts".
M. Garon: À quel article?
M. Séguin: D'une part, je peux me référer
tout de suite à la page 19, annexe A, du budget, qui parle, au
paragraphe f, du mot "titre".
M. Garon: Pouvez-vous lire la disposition?
M. Séguin: On définit ici le mot "titre" qui est un
fonds d'investissement REA, un investissement dans un fonds commun de placement
ou une société d'investissements à capital variable qui
sont des fonds d'investissements. C'est dans le budget. On dit: Le titre va
s'appliquer par rapport au fonds d'investissement.
M. Garon: Oui, mais qu'est-ce qu'on dit,
précisément?
M. Séguin: Je peux vous le lire, si vous voulez.
M. Garon: D'accord.
M. Séguin: Paragraphe f, titre d'un fonds d'investissement
REA: Un investissement dans un fonds commun de placement ou une
société d'investissement à capital variable qui sont des
fonds d'investissement REA. Donc, la participation dans un fonds
d'investissement qui est une nouvelle forme de régime REA qu'on a
créée, va s'appeler "titre" et non pas "action". Ce n'est pas
tout à fait d'une action dont on est détenteur dans un fonds
d'investissement. C'est une nouvelle entité qui n'est pas exactement
corporative. Le mot "part" est retenu surtout pour les parts dans les
mouvements corporatifs, par exemple, les caisses populaires qui appellent leurs
participations, des parts sociales et non pas des actions.
Le Président (M. Bélisle): Est-ce que cela va? M le
député Lévis, est-ce que vous êtes satisfait?
M. Garon: Je ne sais pas, Je n'ai pas fini.
Le Président (M. Bélisle): Vous êtes
satisfait en partie.
M. Garon: Je me demandais si le ministre avait terminé
parce que je voyais que son conseiller...
M. Séguin: Non, il me faisait remarquer que c'était
même dans la loi à l'article 82, paragraphe cinquième,
sous-paragraphe J. 1).
M. Garon: Article 82. Quelle page dans la loi?
M. Séguin: Page 68. SI vous regardez au bas de la page,
à votre gauche, ie titre investissement. Cinquième alinéa,
regardez le paragraphe ou la ligne j. 1), "titre": un Investissement dans un
fonds d'investissement.
M. Garon: Article 965, 9. 8 dit quoi?
M. Séguin: Non, non. En-dessous de la ligne où est
inscrit 5, vous voyez, par l'insertion après le paragraphe j) des
suivants: "j. 1", le mot "titre": un investissement dans un fonds
d'investissement Cela reprend ce que je viens de vous dire qui était
dans le discours sur ie budget pour définir que la participation dans un
fonds d'investissement va s'appeler titre et non pas action dans le contexte du
régime d'épargne-actions.
M. Garon: Mais dans un fonds d'investissement, cela
équivaut à une part du fonds d'investissement.
M. Séguin: C'est ça.
M. Garon: Pourquoi donnent-ils un nouveau terme?
M. Séguin: C'est plus Juridique Le droit de participation
est un titre en termes légaux, en termes juridiques. "Part" est
peut-être une appellation un peu différente qui, par tradition,
est plus attachée aux participations coopératives où les
parts sociales...
M. Garon: Vous avez voulu réserver le mot "part" au
mouvement coopératif. Est-ce que c'est une intention comme
celle-là?
M. Séguin: Pas la réserver, mais reconnaître
la pratique. On reconnaît simplement la pratique.
M. Garon: Je comprends. En reconnaissant la pratique, vous ne
voulez pas employer le mot "part" pour d'autres entreprises, entreprises
coopératives, ou si le mot "part" pourrait être employé
à d'autres fins que pour des parts sociales d'entreprises
coopératives.
M. Séguin: Les émetteurs REA, qui vont appliquer,
qui sont conformes à la loi, s'ils ne sont pas des corporations, mais
sont des mouvements corporatifs ou autres appelleront leurs titres ou leurs
droits de participation de la façon qu'ils le voudront. Cela ne changera
strictement rien au régime fiscal, sauf qu'ici, pour plus de
précision, on dit: Le mot "action" n'exclut pas des titres dans un fonds
d'investissement ni dans des parts sociales. C'est pour tenir compte d'une
pratique qui s'est développée.
Le Président (M. Bélisle): Cela va? L'article 110
est-il adopté? Adopté.
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur
division. D'accord. J'appelle l'article 111.
M. Séguin: Ici, c'est un peu la même chose.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député d'Abitibi-Ouest?
M. Séguin: C'est la même chose.
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur
division, M. le député d'Abitibi-Ouest? J'appelle l'article
112.
M. Gendron: Article 112...
Le Président (M. Bélisle): Je dirais que c'est le
même genre d'explication où on fait référence au mot
"titre".
M. Gendron: C'est cela. Adopté sur division.
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur
division. Article 113. J'appelle 113.
Obligation
M. Séguin: Ici, on définit le mot "obligation" dans
son sens juridique, qui est un emprunt public.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. J'appelle
l'article 114.
M. Séguin: Article 114.
M. Gendron: C'est la notion de registre.
Le Président (M. Bélisle): C'est cela. C'est une
technicité.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté.
M. Gendron: Un instant!
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Lévis. L'article 114 n'est pas
adopté.
M. Garon: Une minute! Je voudrais poser une question
d'information.
Le Président (M. Bélisle): Je présume, M. le
député de Lévis, que toutes vos questions sont des
questions d'information.
M. Garon: Pardon? Évidemment, il ne s'agit pas du
même registre. Comme le ministre du Revenu ne doit pas être
insensible à ce registre, nous avons remarqué que le ministre
responsable des Institutions financières, le ministre adjoint aux
Finances ne semble plus pressé d'adopter sa loi 54.
Le Président (M. Bélisle): Est-ce que c'est
pertinent, M. le député de Lévis?
M. Garon: Oui. Si on est dans le cadre de registre.
Le Président (M. Bélisle): Passez. Vous passez.
M. Garon: II a demandé au ministre du Revenu: Est-ce que
cela veut dire que le gouvernement recule, qu'il n'a pas l'intention de faire
adopter la loi 54?
Le Président (M. Bélisle): Je dois vous dire, M. le
député de Lévis, que la présidence juge proprio
motu cette question comme non pertinente.
J'appelle l'article 114. Est-il adopté?
M. Garon: Pensez-vous que le gouvernement est en danger de tomber
si le ministre répondait?
Le Président (M. Bélisle): L'article 114 est-il
adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. J'appelle
l'article 115.
M. Séguin: C'est une référence au fonds
d'investissement, M. le Président.
M. Gendron: Qu'on a déjà vu. Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. J'appelle
l'article 116.
M. Séguin: Ici on fait une référence
à la SPEQ.
M. Garon: Ah oui.
Le Président (M. Bélisle): Qu'est-ce qu'on modifie.
M. le ministre?
M. Séguin: On ajoute à la fin de l'article c) une
exclusion en ce qui concerne la société de placement dans
l'entreprise québécoise qui attribue à un actionnaire de
son choix la totalité ou une partie d'un placement admissible à
titre de participation. Alors, on enlève le qualificatif ou les
attributions du régime dans le cas qui se produit ici et que je viens de
décrire. C'est bien normal aussi.
Le Président (M. Bélisle): Adopté? M.
Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): L'article 116 est
adopté. J'appelle l'article 117 qui est le dernier de cette section.
M. Séguin: M. le Président, ce sont purement des
références administratives à des nouveaux articles.
M. Gendron: Adopté sur division, parce qu'il a la
même incidence concernant les montants de réduction.
Le Président (M. Bélisle): Adopté sur
division. J'appelle l'article 118.
M. Séguin: M. le Président, ici on traite des
sociétés en commandite et l'amendement n'est que pour Inclure les
dispositions de l'article 1006, la société en commandite.
Le Président (M. Bélisle): Cela va?
M. Séguin: On a longuement parlé hier de l'ensemble
des mesures qui touchaient la société en commandite et ici dans
l'article 1006 on amende simplement pour inclure...
M. Garon: Je vous demandais si le président interviendrait
proprio motu pour demander que ça fasse moins de bruit.
Le Président (M. Bélisle): Est-ce qu'on pourrait
avoir un peu de silence autour de la table pour permettre la même
célérité dans les dernières minutes de nos
débats?
M. Poulin: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): Merci, M. le
député de Chauveau.
M. Poulin: II y en a que c'est à parler et il y en a que
c'est à respirer.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu.
M. Séguin: Suis-je à l'article 118?
Le Président (M. Bélisle): Nous en étions
tous à l'article 118.
M. Gendron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. L'article
119?
M. Séguin: Ce sont des mesures de concordance, M. le
Président.
M. Gendron: Un instant, M. le Président. Le ministre du
Revenu devrait nous indiquer quand même les mesures de concordance par
rapport... À ma connaissance, on n'est plus dans le même
sujet.
Ce sont des mesures de concordance.
M. Garon: Un genre de...
M. Gendron: Sur quoi, M. le ministre du Revenu, l'article
119?
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): Un instant! M. le
député d'Abitibi-Ouest, vous avez posé une question au
ministre du Revenu. On va lui demander de répondre.
M. Gendron: Oui.
M. Garon: Je voudrais renchérir sur la question.
Le Président (M. Bélisle): On va permettre au
député de Lévis de renchérir. Allez-y, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je veux juste rappeler au président et au
ministre du Revenu - je ne sais pas s'il était présent à
cette séance - que c'est justement dans une mesure de concordance
où la clause nonobstant avait sauté dans une loi du
ministère du Revenu en février ou mars 1986. Pour les mesures de
concordance, je suis un peu méfiant.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre du
Revenu, vous pourriez peut-être répondre à la
méfiance du député de Lévis.
M. Séguin: Oui. L'article 1012. 1 traite du calcul du
report d'impôt et ici on s'assure, par exemple, dans tes modifications
qu'on a vues qui touchaient les subventions, dans les modifications qui
touchaient l'impôt minimum de remplacement et dans le choix fait en vertu
de l'article 1054, qu'on en tient compte.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Bélisle): L'article 118 est-il
adopté? Pardon, l'article 119 est adopté. J'appelle l'article
120.
M. Séguin: Ici on modifie les règles de retenue
d'impôt à la source.
M. Gendron: Oui. M. le ministre. Cependant, selon mes
informations que votre personnel m'a données, on m'a indiqué que
de 120 à aller passablement loin, c'était effectivement un bloc
complet sur les retenues à la source. On a même indiqué
jusqu'à 160.
M. Séguin: Oui. Dans les articles dont on a affaire
Ici.
M. Gendron: Mais je ne pense pas qu'on puisse passer au travers
le bloc "retenu à la source" de 120 à 160 dans les quinze minutes
qu'il reste.
Le Président (M. Bélisle): C'est très
pertinent.
M. Gendron: Comme je trouve qu'on a bien travaillé
jusqu'à maintenant, je...
Le Président (M. Bélisle): Alors, si vous le
permettez, M. le député d'Abitibi-Ouest, compte tenu de vos
remarques très pertinentes, nous aborderons un autre bloc plus tard.
Après entente entre les groupes parlementaires, j'ajourne les travaux de
la commission du budget et de l'administration, relativement à
l'étude du projet de loi 64, à mardi 2 février, à
14 heures.
La séance est donc ajournée. Merci de votre
collaboration.
(Fin de la séance à 17 h 1)