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(Dix heures une minute)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre! La commission
du budget et de l'administration est réunie afin de procéder
à l'élection du vice-président de la commission.
Élection du vice-président
Les règles sont les suivantes: En vertu de l'article 134 et
suivants du règlement, le mandat d'un vice-président est de deux
ans. La motion doit être adoptée à la majorité de
chaque groupe parlementaire. Tout membre de la commission peut présenter
une motion à cette fin, mais ne sont éligibles au poste de
vice-président que les membres du groupe parlementaire formant
l'Opposition. Est-ce qu'il y a des propositions?
M. Garon: Je n'ai pas compris ce que vous avez dit.
Le Président (M. Lemieux): Je vous demande, M. le
député de Lévis, s'il y a une proposition à l'effet
de nommer un vice-président à la commission du budget et de
l'administration.
M. Garon: Je propose que Christian Claveau soit élu
vice-président de la commission du budget et de l'administration
à compter du 1er juillet 1989.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous le connaissez
bien, M. le député de Lévis?
M. Garon: Je le connais.
Le Président (M. Lemieux): Vous le connaissez. Je mets aux
voix la motion du député de Lévis. Est-ce que la motion
est adoptée? La motion est adoptée à l'unanimité.
M. le député d'Ungava est élu vice-président de la
commission du budget et de l'administration sur la proposition du
député de Lévis, à compter du 1er juillet 1989,
comme le dit si bien M. le député de Lévis, pour
fêter la Confédération. Nous suspendons les travaux deux
minutes avant de reprendre l'étude des projets de loi privés.
(Suspension de la séance à 10 h 12)
(Reprise à 10 h 13)
Auditions et étude détaillée de
projets de loi
Le Président (M. Gobé): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses
travaux. Je rappelle le mandat de la commission qui est d'entendre les
intéressés et de procéder a l'étude
détaillée de six projets de loi d'intérêt
privé, et ce dans l'ordre indiqué: le projet de loi 262, Loi
concernant Les Développements nouveaux de Lorette Itée; le projet
de loi 263, Loi concernant Gamma Lambda Foundation of Sigma Chi Fraternity
Incorporated; le projet de loi 270, Loi concernant l'Association
athlétique et sociale Hull volant inc.; le projet de loi 277, Loi
concernant club de golf La Pruchière inc.; le projet de loi 283, Loi
concernant Groupe André Perry inc. et le projet de loi 285, Loi
concernant Domaine Lafontaine Itée.
Est-ce qu'il y a des remplacements à cette commission?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Beaudin
(Gaspé) remplacera M. Després (Limoilou).
Projet de loi 262
Le Président (M. Gobé): J'appelle maintenant le
projet de loi 262. Je demanderais au procureur, Me Ciro Cucciniello, de venir
en avant, s'il vous plaît, ainsi que les intervenants, M. André
Boiteau, président des Constructions Beaubois inc., et Me Claude Jean,
procureur.
Je demanderais au requérant de bien vouloir s'identifier et de
nous expliquer le projet de loi. Me Cucciniello.
M. Cucciniello (Ciro): Je suis Me Cucciniello, du cabinet
Mendelsohn, Rosentzveig, Shacter, de Montréal.
Le Président (M. Gobé): Vous pouvez vous asseoir,
si vous le désirez.
M. Cucciniello: Je suis procureur de la compagnie Les
Développements nouveaux de Lorette Itée. Comme vous pouvez le
constater, la compagnie a été incorporée par lettres
patentes datées du 7 août 1986 sous la partie I de la Loi sur les
compagnies.
M. Fortier: 1956.
M. Cucciniello: 1956, oui. Le 12 octobre 1974, elle a
été dissoute pour non-production de rapports annuels. La
compagnie possède des biens. La compagnie a toujours produit les
déclarations d'impôt et, pour ces raisons, on demande à la
commission d'autoriser une demande pour faire une reprise d'existence de la
compagnie. C'est tout.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'il y a des
intervenants?
M. Fortier: M. le Président, on vient de m'informer qu'il
y a des gens qui vont s'opposer à cette demande. Je viens tout Juste de
recevoir un mémoire à ce sujet. C'est malheureux que nous l'ayons
reçu si tard parce que l'avis a été publié dans la
Gazette officielle le 5 novembre 1988. J'aimerais demander au procureur,
Me Cucciniello, en plus des terrains qui font l'objet de la contestation,
à sa connaissance, quelles sont les propriétés qui
existent et qui pourraient faire l'objet d'autres contestations.
M. Cucciniello: À ma connaissance, il n'y a pas de
propriété dans cette compagnie autre qu'un nombre de terrains
situés dans la ville de L'Ancienne-Lorette.
M. Fortier: Si je comprends bien, ici on fait allusion aux lots
255-26 et 255-30 qui furent requis, l'an dernier, à la suite de
non-paiement de taxes et d'impôts à la ville de
L'Ancienne-Lorette.
M. Cucciniello: D'après les informations qu'on a
reçues d'un notaire de la ville, il y a d'autres lots aussi mais
ça n'a pas encore été confirmé. Il fait encore des
recherches pour savoir si on a le bon titre mais il y a également
d'autres terrains.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Mille-Îles, vous avez la parole.
M. Bélisle: Merci. M. le Président. Me Cucciniello,
j'aurais quelques questions qui, je pense, sont très importantes dans le
présent dossier. Quand vous nous dites que les déclarations
d'impôt ont été produites depuis X temps,
faites-vous référence et êtes-vous en train de dire aux
membres de la commission que les déclarations d'impôt de la
compagnie Les Développements nouveaux de Loretta ont été
produites successivement, année après année, en 1974,
1975, 1976, 1977 et toutes les années subséquentes jusqu'à
l'année 1989 au provincial et au fédéral?
M. Cucciniello: Oui.
M. Bélisle: D'accord. Je fais peut-être
référence au document que vous n'avez pas vu, Me Cucciniello,
mais qui est devant mol et qui, je pense, revêt une importance
première dans le dossier, document que Me Jean a fait parvenir à
la commission ce matin où il est fait mention qu'un avis de
retrait...
Le Président (M. Gobé): Un instant.
M. Bélisle: Prenez-le à la section IV, un avis de
retrait a été envoyé à la ville de
L'Ancienne-Lorette par Les Développements nouveaux de Lorette
Itée, sous la signature des procureurs
Talbot et Drapeau, pour le compte des Développements nouveaux de
Lorette Itée. le 13 novembre 1986, soit environ six à sept mois
après la date de la vente pour taxes qui était le 10 mars
1986.
M. Cucciniello: C'est ça.
M. Bélisle: Je vois également, au chapitre V du
même document produit par Me Jean, sous la signature des mêmes
procureurs, qu'un avis de retrait amendé a été
envoyé, sous la signature des mêmes procureurs Talbot et Drapeau,
pour le compte des Développements nouveaux de Lorette Itée, cette
fois-ci également à la même date le 13 novembre 1986. Je
dois comprendre, par la nature de ces documents, que bien avant la date de
l'expiration d'une année du droit de retrait, à deux reprises, la
corporation Les Développements nouveaux de Lorette Itée, par
l'entremise de ses procureurs, en ayant signé des documents, a
donné avis à la ville de L'Ancienne-Lorette qu'elle
désirait à tout prix exercer son droit de retrait Est-ce
exact?
M. Cucciniello: Exact.
M. Bélisle: Je n'ai pas d'autres questions Allez-y, Me
Cucciniello. il n'y a pas de cachette ici.
M. Cucciniello: C'est exact. Je pense qu'on a une chose à
décider ce matin, c'est la reprise d'existence et ta reprise seulement.
Si mon honorable collègue veut faire des représentations, il
verra un tribunal un jour peut-être qui décidera d'autres
questions de droit, mais aujourd'hui on a une chose à décider,
c'est la reprise d'existence de la compagnie
M. Bélisle: Avez-vous en votre possession les
déclarations d'impôt provincial et fédéral de 1974
à 1989? Vous les exhibez entre vos mains? Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Mille-Îles J'aimerais maintenant entendre Me
Claude Jean.
M. Jean (Claude): Mes clients, M. Boiteau et Constructions
Beaubois Inc., ont acheté divers terrains à L'Ancienne-Lorette,
terrains autrefois propriété des Développements nouveaux
de Lorette Itée. Ces terrains ont été acquis à la
suite d'une vente faite par le shérif en mars 1986, vente qui
était rendue nécessaire à la suite de non paiement des
taxes par Les Développements nouveaux de Lorette Itée sur les
terrains en question
Vous savez sans doute que la Loi sur les cités et villes comporte
des dispositions un peu exorbitantes du droit commun, car elle permet à
l'ancien propriétaire du terrain de retraire l'immeuble vendu pour taxes
en suivant certaines
formalités qui sont plus amplement explicitées aux
articles 531 et suivants de la Loi sur les cités et villes. À
l'onglet 3 du document que je vous ai soumis, vous retrouvez les dispositions
pertinentes.
Donc, mes clients ont acheté ces terrains. Sur les deux premiers
numéros de lots, il y a présentement une piscine, parce que M.
Boiteau, qui est à ma droite, habite cet endroit. Il a construit une
piscine. Les autres terrains sont toujours vacants. Ces terrains ont
été vendus en 1986 et apparaissaient au rôle
d'évaluation comme étant propriété des
Développements nouveaux de Lorette. Cette compagnie - ça
apparaît également aux documents que je vous ai soumis - avait
été dissoute en 1974.
En vertu de la Loi concernant les renseignements sur les compagnies,
cette corporation ne peut aujourd'hui reprendre son existence, car, au moment
où elle a été dissoute, il y avait un délai maximal
à l'intérieur duquel une compagnie pouvait reprendre son
existence et ce délai est aujourd'hui expiré. On se retrouve donc
devant la situation suivante: la compagnie Développements nouveaux de
Lorette veut reprendre son existence et l'un des buts de cette loi est de faire
en sorte que les terrains qui ont été acquis par mes clients en
1986 puissent retourner dans le patrimoine des Développements nouveaux
de Lorette Itée. Donc, la compagnie - et c'est ce que je vous soumets -
veut faire en sorte que soit bonifié rétroactivement l'avis de
retrait qu'elle a fait signifier, parce qu'une chose est certaine, quand l'avis
de retrait a été signifié à mes clients, la
compagnie n'existait pas et ce n'était pas une compagnie qui, en vertu
du droit commun, pouvait reprendre son existence. C'est donc un avis de retrait
qui était tout à fait nul et Inexistant puisqu'il avait
été fait par une compagnie dissoute et qui n'avait pas droit de
reprendre son existence. J'ai communiqué avec Me Cucciniello à la
fin de l'automne, lorsque mes clients ont vu l'avis de présentation du
projet de loi dans le journal, en lui disant: Si vous pouvez m'assurer que le
but du projet de loi n'est pas de retraire les immeubles, aujourd'hui
propriété de mes clients, je vais retirer mon opposition ou on va
faire un article faisant en sorte que les terrains acquis par mes clients en
1986 demeurent leur entière propriété. Me Cucciniello m'a
écrit une lettre, et ça apparaît à l'onglet 6 du
document que je vous ai soumis, me signalant, à la toute fin de sa
lettre, que ses clients étaient intéressés à
réobtenir les terrains aujourd'hui propriété de mes
clients.
L'adoption du projet de loi, dans sa forme actuelle, qui a clairemont et
nettement pour but que des terrains acquis par mes clients, voilà plus
de trois ans, retournent dans le patrimoine d'une compagnie qui était
dissoute et qui n'avait pas droit à sa reprise d'existence, ferait en
sorte que trois principes que |e vous soumets seraient violés par
l'adoption de ce projet de loi.
Le premier principe, c'est la stabilité des titres immobiliers
lorsque des gens ont acquis des terrains à la suite d'une vente en
justice au-delà de la petite exception que l'on retrouve dans la Loi sur
les cités et villes. Alors, ça serait le premier principe qui
serait transgressé.
Le deuxième principe qui serait transgressé serait de
donner un effet rétroactif. On bonifierait rétroactivement un
avis de retrait qui est nul. Donc, l'adoption du projet de loi, a mon humble
avis, violerait ce deuxième principe de la
non-rétroactivité des lois et des procédures.
Le troisième principe qui serait violé par l'adoption du
projet de loi, c'est ce que je vous soumets à la dernière page du
court mémoire que je vous ai déposé. C'est qu'une fois que
la partie est commencée, il est un peu difficile et il me semble un peu
inapproprié de changer les règles du jeu, parce que les
Développements nouveaux de Lorette, étant comme tout le monde,
comme tout citoyen censés et présumés connaître la
loi, devaient savoir qu'au bout d'un délai d'un an après leur
dissolution ils ne pouvaient pas reprendre leur existence. Ils devaient savoir
que, lorsqu'ils ont exercé le droit de retrait, ils l'exerçaient
au nom d'une compagnie qui n'existait plus; c'est un avis de retrait qui
était donc inexistant.
Comprenez bien que l'opposition que nous faisons valoir ne concerne que
les terrains qui ont été acquis par mes clients. S'il y a
d'autres terrains et s'il y a d'autres biens qui appartiennent à cette
compagnie, on ne s'y oppose pas du tout. Mais, dans sa forme actuelle, nous
nous opposons à l'adoption du projet de loi. Le problème pourrait
être facilement réglé si un article additionnel
était ajouté au projet de loi pour dire que cela n'a pas pour
effet de préjudi-cier aux droits acquis par M. Boiteau et Les
Constructions Beaubois sur la liste de terrains, parce qu'il me semble que nous
inviter à aller faire un autre procès devant la cour pour
débattre quelque chose qui me semble aujourd'hui réglé en
vertu du droit commun, c'est une invitation que vous ne devriez pas accepter.
C'est ce que je voulais vous soumettre.
Le Président (M. Gobé): Merci, Me Jean. J'aimerais
en profiter pour déposer le mémoire d'André Boiteau et Les
Constructions Beaubois inc. devant cette commission. Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Fortier: Consentement.
Le Président (M. Gobé): II y a consentement. Le
mémoire est déposé.
M. Jean: Si vous me permettez, je m'excuse de l'avoir fait
déposer si tard. Je l'ai fait parvenir à la commission vendredi.
J'avais communiqué avec M. Major, qui me disait que s'il parvenait
vendredi les gens seraient en mesure d'avoir une copie.
Le Président (M. Gobé): il y a eu consentement, on
comprend bien ça. On vous remercie. M. le ministre, vous avez la parole
maintenant. (10 h 30)
M. Fortier: C'est sûr que nous aurions
préféré avoir le document bien avant vendredi pour pouvoir
étudier dans le détail l'information que vous voulez donner
à cette commission. À ce moment-ci, j'aimerais simplement dire
deux choses, et je vais laisser les autres parlementaires discuter du sujet.
D'une part, le projet de loi qui est devant nous ne parle pas de
rétroactivité. On parie simplement de reprise d'existence et la
reprise d'existence, c'est sans statuer, bien sûr, et nous le faisons
régulièrement. À un tel point, d'ailleurs, que le
député de Lévis me chicane continuellement sur le fait
qu'un projet de loi qui aurait pu être adopté l'an dernier aurait
permis des reprises d'existence quasiment automatiquement. Mais contrairement
à ce que vous dites, Me Jean, des reprises d'existence, nous en faisons
au cours de chaque session ici, cinq ou six par session.
Donc, le problème spécial sur lequel nous devons nous
pencher n'est pas le fait d'une reprise d'existence comme telle, puisque cela
se fait assez couramment. Une des questions que nous posons toujours, c'est
celle que le député de Mille-Îles a posée, à
savoir: Si nous vous redonnons l'existence, est-ce que la compagnie qui reprend
son existence a bien acquitté tous ses impôts dans le
passé? En fin de compte, ce serait quand même curieux que le
Parlement permette un reprise d'existence alors que l'impôt aurait
été triché, mais il semble que les impôts ont
été payés en bonne et due forme durant les
dernières années.
Ce qui m'embarrasse dans ce dossier-ci, c'est que, dans le fond, on est
appelé à être juge d'une situation sur le fait de vente par
huissier des terrains qui ont été acquis par votre compagnie.
Vous dites qu'éventuellement, s'il y a reprise d'existence, cela
pourrait créer une situation telle que vous seriez obligés de
défendre votre position devant un juge.
Justement, ici, nous ne sommes pas la cour; nous ne sommes pas un juge
et il est difficile pour nous de départager les droits de chacun et de
nous demander de trancher en faveur de l'un ou de l'autre. Cela nous semble un
peu difficile. J'aimerais entendre le député de Lévis
là-dessus avant de conclure et peut-être qu'on peut demander, dans
un premier temps, à l'inspecteur de nous dire quels sont les aspects
juridiques qui, d'après lui, entourent cette transaction. J'ai
reçu un avis de l'inspecteur sur la foi des informations que nous avions
reçues jusqu'à il y a une semaine, mais là il s'agit d'un
élément nouveau pour lequel l'inspecteur n'a pas eu grand temps
d'examiner la situation et de se prononcer. L'inspecteur aurait-il quelques
mots à nous dire sur les aspects techniques?
Une voix:... veut parler.
M. Fortier: J'ai demandé à l'inspecteur, il
pourrait intervenir après, oui.
Le Président (M. Gobé): M. l'inspecteur, vous avez
maintenant la parole. Pouvez-vous vous identifier pour les fins du
débat?
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui. Jean Marie Bouchard, Inspecteur
général. Voici, il s'agit d'une question qu'on pourrait appeler
litigieuse, la protection des droits. Nous n'étions pas au courant,
comme le ministre l'a dit, de cette prétention. Mais je voudrais
souligner un point pour les fins de cette commission, c'est que la reprise
d'existence qui est prévue dans cette loi-ci est une reprise d'existence
qui se fait en conformité des dispositions de la Loi concernant les
renseignements sur les compagnies. Selon cette loi, lorsque nous
délivrons un statut de reprise d'existence, le statut de reprise
d'existence n'est jamais rétroactif, dans le sens que la date de reprise
d'existence est la date où on remet au monde la compagnie. Mais les
effets de la reprise d'existence sont ceux prévus à
l'alinéa 5 de l'article 11 de la loi sur les renseignements. Il est bien
connu, depuis que cette loi existe - et je la lis pour les membres de la
commission: "Sous réserve du paragraphe 4 - et les mots suivants
prennent toute leur importance - et sans préjudice aux droits acquis par
toute personne après sa dissolution, la compagnie jouit de tous les
droits et privilèges qu'elle aurait possédés et est
assujettie à toutes les obligations auxquelles elle aurait
été soumise si elle n'avait pas été dissoute. "
L'interprétation qui a toujours été donnée
de cette clause est pour dire que ce n'est pas tout à fait une
rétroactivité aussi claire que si on avait dit, comme
c'était le cas dans la Loi sur les compagnies, que la compagnie reprend
son existence ab initio. comme s'il ne s'était jamais rien passé.
Mais le but de l'alinéa de cet article. c'est tout simplement de dire
que la compagnie reprend l'existence, a les droits et obligations qu'elle
aurait eus si elle n'avait pas été dissoute, mais sous
réserve et sans préjudice des droits acquis de ceux qui. durant
la période en question, ont pu faire valoir, contre le compagnie, des
droits.
Alors, cela ne prive pas les gens de leurs droits. La reprise
d'existence qui est prévue ce matin ne dépossède personne
de ses droits, remet la compagnie dans l'état où elle
était, dans la situation où elle était avec les droits
qu'elle aurait possédés et est assujettie aux obligations
auxquelles elle aurait été soumise, mais sous réserve des
droits des tiers.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. Bouchard. Je
passe maintenant la parole au député de Mille-Îles.
M. Garon: Un instant.
Le Président (M. Gobé): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je pense bien qu'il doit y avoir une petite alternance
qui joue de temps en temps, non?
Le Président (M. Gobé): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, vous ne m'avez pas fait signe que vous
vouliez parler...
M. Garon: Je n'ai pas dit un mot... Bien oui, mais...
Le Président (M. Gobé): ...et le député
de
Mille-Îles l'avait fait un peu avant; alors, vous avez la parole,
à votre tour, M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais savoir quand les avis ont été
publiés dans les journaux concernant cette loi.
M. Fortier: Dans la Gazette officielle, le 5 novembre 1988,
d'après une information que M. Bouchard m'a donnée.
M. Garon: Mais la publication dans les journaux?
M. Fortier: Dans Le Soleil, le 26 octobre 1989.
M. Garon: Le 26... Bien non.
M. Fortier: ...le 26 octobre et le 2 septembre... Ah! Les 2, 9 et
16 novembre 1988.
M. Cucciniello: C'était le 26, le 2, le 9 et le 16.
M. Fortier: C'est cela, le 26 octobre, les 2, 9 et 16 novembre et
le dépôt en Chambre a été fait le 2 juin.
M. Garon: Le 2 juin.
M. Fortier: C'était aux mois d'octobre et de novembre
derniers.
M. Cucciniello: C'est ça.
M. Garon: La loi a été prête pour
dépôt à quel moment?
M. Fortier: La loi a été déposée en
Chambre le 2 juin.
M. Garon: Elle a été prête pour
dépôt à quel moment? '
M. Fortier: Elle a été faite... Je ne sais pas.
M. Garon: C'est parce qu'on a un nombre incalculable de "bills"
privés qui attendent depuis deux ans et depuis longtemps, et une loi qui
est déposée le 2 juin, laquelle semble assez récente,
passe avant toutes les autres. Cela fait partie des privilèges que je
trouve un peu surprenants.
M. Fortier: Écoutez, M. le Président, j'ai
reçu un ordre de la Chambre d'étudier le projet de loi, je n'ai
pas d'autres informations.
M. Garon: Non, mais, eux, ils le savent.
M. Fortier: M. Bouchard me signale qu'il m'avait fait rapport le
29 mars. Au-delà de ça, je ne suis pas au courant des
délais qui ont pu être provoqués par la suite.
M. Garon: On dit que la compagnie a payé ses impôts.
Comment se fait-il qu'elle payait ses impôts, mais non ses taxes à
la municipalité?
M. Cucciniello: Pardon?
M. Garon: Comment se fait-il que la compagnie payait ses
impôts, mais ne payait pas ses taxes à la municipalité?
M. Cucciniello: C'est une bonne question. D'après les
informations que j'ai, la compagnie pensait qu'elle était toujours
active. Elle a toujours déposé ses déclarations
d'impôt. Quand elle a reçu un avis de la municipalité,
à savoir qu'elle n'avait pas payé ses taxes, les lots ont
été mis en vente. Elle a fait un avis de retrait et a
présenté un paiement pour les taxes. Il y a eu un changement
d'adresse deux ou trois fois. J'ai eu des représentations des
responsables de la compagnie, lesquels n'ont pas reçu d'avis à
leur adresse actuelle. C'est une des raisons pour lesquelles ils n'ont pas
payé sur certains lots. Aussitôt qu'on a eu les factures ou qu'on
a su que la propriété était à vendre, on a
déposé des avis et on a présenté les chèques
pour le paiement pour taxes.
M. Garon: Est-ce qu'on peut avoir les documents concernant le
paiement des impôts des années passées? Monsieur a dit
qu'il les avait, mais on ne les a pas vus, d'aucune façon.
M. Fortier: Je ne les ai pas.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez les
documents? Est-ce qu'on a consentement pour déposer?
M. Cucciniello: Pardon?
Une voix: Consentement...
Le Président (M. Gobé): ...pour faire circuler
les... Si vous voulez me donner les
documents...
M. Bélisle: II faudrait le dire à la commis sion,
dire au président: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Maître, si vous
vouiez aller au micro, s'il vous plaît.
M. Cucciniello: Vous pouvez les vérifier, mais je ne veux
pas les déposer. C'est une compagnie privée.
M. Fortier: C'est parce que le député de
Lévis a demandé de les consulter.
M. Garon: C'est parce que la question a été
posée.
Le Président (M. Gobé): On va permettre au
député de Lévis de consulter les documents, mais ils ne
seront pas déposés devant cette commission.
M. Garon: De toute façon, il n'y a pas de
dépôt, mais ils devraient être analysés par
l'inspecteur général.
Une voix: Cela donne quoi? M. Garon: Pardon?
M. Cucciniello: Si vous voulez qu'on les dépose à
l'inspecteur, il n'y a aucun problème avec ça.
M. Fortier: On n'est pas au ministère du Revenu.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous voulez que
nous suspendions quelques minutes, pour que vous en preniez connaissance?
M. Bélisle: M. le Président, si vous me le
permettez, juste un court moment pour.. M. le député de
Lévis.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Mille-Îles, M. le député de Lévis a la parole
pour l'instant. Je m'excuse, mais nous nous devons de respecter son droit de
parole.
M. Garon:...
Le Président (M. Gobé): Oui, vous avez maintenant
la parole, M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Me Cucciniello m'apporte un document qui lui a
été adressé par le ministère du Revenu du
Québec le ter mars 1909. Il n'a aucune objection à ce que ce soit
déposé. C'est par courrier certifié. C'est que, tout
simplement, le ministère du Revenu reconnaissait que la compagnie
était à jour dans ses déclarations d'impôt, mais
demandait d'obtenir la dernière copie des états financiers de la
compagnie C'est signé: Jean-Marie Cormier, chef de division, service des
rôles. Direction générale des opérations
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous voulez
déposer le document, M le député de Mille-Îles?
M. Bélisle: Si c'est nécessaire, M. le
député de Lévis, après vous avoir permis de
regarder les déclarations d'impôt.
M. Garon: Oui, je les regarde.
M. Bélisle: Mais si vous me permettez un court
commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Je vous en prie.
M. Bélisle:... cela fait trois ans et demi qu'on fait
systématiquement des reprises d'instance et c'est la première
fois dans les 25 ou 30 cas qu'on épluche qu'on regarde visuelle ment des
déclarations d'impôt.
M. Garon: Que je regarde, il faut le dire vite. Je les
regarde...
M. Bélisle: En tout cas, vous les examinez en
diagonale
M. Garon: Oui, oui. Ha, ha, ha!
M. Bélisle: D'accord? Je pense qu'on va au delà de
ce qu'on a demandé à n'importe quel requérant ici.
M. Fortier: On prenait la parole des gens.
M. Bélisle: On prenait la parole des gens habituellement
et ça, c'est tout à votre honneur je pense.
M. Garon: Ce n'était pas contesté jusqu'à
maintenant. Je vais vous dire une chose, il n'y avait pas de contestation.
M. Bélisle: Je comprends, M. le député.
M. Garon: Deuxièmement, c'était
présenté par le député du comté où
était situé l'affaire Je remarque que c'est dans le comté
de Chauveau Le député de Chauveau ne parraine pas lu projet de
loi Normalement, c'est un député du comté qui
connaît la place.
M. Bélisle: Mais
M. Garon: Vous êtes de Laval, ce qui est C'est M. Kotler
qui fait affaire sous le nom qu'on vient de mentionner. Alors, c'est un peu
surprenant. Tout ça mis ensemble... Normalement.
ça devrait être le député de Chauveau qui
présente le projet de loi. C'est dans son coin. Mais là vous
n'êtes pas nécessairement au courant de ce qui se passe dans ce
coin. C'est un pou étonnant que le député de Chauveau se
désintéresse complètement de l'affaire et qu'il ne soit
même pas présent Ici ce matin. C'est un peu étonnant. Par
tradition, le projet de loi privé est présenté par le
député du comté où se trouve l'affaire, sauf quand
c'est un ministre qui trouve un autre parrain qui est nommé.
Le Président (M. Gobé): La commission a pris bonne
note, M. le député de Lévis.
M. Garon: Alors...
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Bélisle: M. le député de Lévis, je
vais laisser continuer... J'ai un paquet de questions à poser.
M. Garon: Mais vous avez dit que la compagnie payait ses
impôts, mais qu'elle ne payait pas ses taxes foncières. Vous
n'avez pas l'air d'avoir d'explications pour ça.
M. Cucciniello: Je n'ai pas dit qu'elle ne payait pas ses taxes
foncières. J'ai dit que c'est arrivé dans certains cas qu'elle
n'a pas payé les taxes foncières, mais, aussitôt qu'on a
reçu les avis que les lots seraient mis en vente, on les a
payées. On a déposé les avis de retrait et on a
présenté nos chèques. C'est...
M. Fortier: Est-ce qu'on peut suspendre deux secondes?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre demande une
suspension. Est-ce qu'on pourrait suspendre pour doux ou trois minutes? Les
travaux de la commission sont suspendus pour deux ou trois minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 44)
(Reprise à 10 h 45)
Le Président (M. Gobé): La commission reprend ses
travaux. À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Garon: Je vois dans les transactions sur ces terrains
qu'Eugène et Marcel Bois ont vendu à Monte Carlo Development
Corporation Inc. les lots 250, 260, 261 et partie des lots 255, 259 et 270, une
superficie de 94 arpents carrés, le 25 février 1957.
M. Bélisle: En quelle année? M.Garon:
1957.
M. Bélisle: 1957?
M. Garon: Oui, vous allez comprendre après.
M. Bélisle: D'accord.
M. Garon: On voit plus tard, dans une autre transaction:
Développements nouveaux de Lorette Itée vend à Corporation
du village Notre-Dame de Lorette les lots 255-1, 255-7, 259-6 et 259-22 au prix
de 1 $. Le vendeur s'engage à faire des travaux de mise en forme de la
future rue à être construite à cet endroit. C'est le 26 mai
1961.
Le 17 mai 1989, la ville de L'Ancienne-Lorette vend à Jean-Louis
Caron et à Noëlla Lavoie le lot 259-22 au prix de 19 500 $. Dans
l'achat qui a été fait par M. Boiteau, il a dû y avoir une
recherche de titres de faite au moment de la vente?
M. Jean: C'est une vente par le shérif. M. Garon:
Ah!
M. Jean: C'est une vente par le shérif. C'est pour
ça que quand Me Cucciniello nous dit que les taxes avaient
été payées avant la vente, je m'excuse, mais les terrains
ont été vendus à la suite d'un jugement de la Cour
municipale qui n'était pas satisfaite. L'avis de retrait a
été exercé dix mois après la vente.
M. Fortier: La vente par shérif nettoie les titres
automatiquement.
M. Jean: Sous réserve du droit de retrait prévu
à l'article 531 de la Loi sur les cités et villes. Ce qui me
permet de dire un mot sur ce que disait Me Bouchard, mon ancien professeur. Si
on examine l'article 11, alinéa 5, on nous dit: sous réserve du
paragraphe 4 et sans préjudice aux droits acquis par toute personne
après sa dissolution, M. Boiteau a acquis des terrains après la
dissolution, mais un terrain sur lequel il y avait une épée de
Damoclès, c'était le droit de retrait. Ce droit de retrait a
été exercé, mais par une compagnie inexistante.
Aujourd'hui, la reprise d'existence de cette compagnie aurait pour effet de
faire en sorte que l'avis de retrait pourra être considéré
comme étant exercé, en temps utile, par une compagnie qui existe,
de sorte que M. Boiteau verrait ses terrains être retraits. Donc, c'est
en raison même de l'article 11, alinéa 5, que la reprise
d'existence aujourd'hui aurait pour effet de bonifier un avis de retrait par
ailleurs nul, ne serait-ce du projet de loi 262. Si on ne modifie pas les
règles législatives par l'adoption du projet de loi 262, l'avis
de retrait sera nul, parce qu'il sera fait par une compagnie qui n'existe
pas.
M. Fortier: Me Jean, vous interprétez la loi et nous ne
savons pas ce qu'un juge va décider.
Est-ce que Me Cucciniello a quelque chose à dire
là-dessus?
M. Jean: Permettez-moi. Vous indiquiez tout à l'heure que
je vous demandais de Jouer le rôle de luge. Non, je vous dis qu'en raison
de l'état actuel du droit, l'avis de retrait n'existe pas. mais on ne
vous demande pas de jouer le rôle de juge, on vous demande justement de
jouer le rôle du législateur, c'est-à-dire de changer la
loi pour permettre la reprise d'existence de la compagnie et l'obtention des
terrains.
Remarquez que la lettre que Me Cucciniello m'expédiait le 5
décembre 1988, à l'annexe 6, disait: "Our client has expressed an
interest in re-acquiring all the above-mentioned lots" Donc, les terrains
acquis par mes clients, M. Kotler veut les reprendre par l'intermédiaire
de Développements nouveaux de Lorette, par l'intermédiaire de
l'avis de retrait. Si ta loi est adoptée, cela, dans la
prétention de mon confrère, aura pour effet de permettre de
bonifier l'avis de retrait par ailleurs nul si la loi n'est pas adoptée.
Ce n'est pas un rôle de juge qu'on vous demande de jouer, mais un
rôle de législateur, parce qu'un juge, dans la situation actuelle,
n'aura pas grand problème à trancher la question.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie. Me Jean.
Je passerai maintenant la parole au député de Mie-Îles. M.
le député.
M. Bélisle: D'abord, Me Jean, je suis en désaccord
avec vous sur plusieurs points. Je vous ai écouté tantôt
dans votre présentation, vous avez dit: Les dispositions exorbitantes -
j'ai pris des notes - des articles de la Loi sur les cités et villes
concernant le droit de retrait sont des règles extraordinaires. Ce que
je vais vous suggérer ici ce matin - je suis sûr que M. Bouchard
m'écoute attentivement comme un excellent juriste qu'il est-ce ne sont
pas des dispositions exorbitantes de notre droit, comme l'avis de 60 jours,
dans un cas de dation en paiement, n'est pas nécessairement une
disposition exorbitante de notre droit. Le législateur a
décidé et I a bien décidé qu'il existait, soit pour
un débiteur hypothécaire en retard sur son prêt, soit pour
quelqu'un qui est propriétaire d'un terrain et que, pour n'importe
quelle raison, iI a oublié de faire les paiements, soit que l'avis ne se
rende pas directement au bon siège social, soit qu'il y a eu
déménagement du siège social, une certaine
mécanique, une disposition pour lui permettre de corriger le tout. Je
m'aperçois, Me Jean, qu'il y a eu effectivement - et vous en donnez
copie dans votre document, aux chapitres 4 et 5 - deux avis de droit de
retrait. Je suis convaincu - et je vais vous demander de me suivre dans mon
raisonnement juridique - que si je pousse à la limite votre
raisonnement, à savoir que le droit de retrait ne pouvait pas être
exercé par la compagnie Les Développements nouveaux de Lorette
Itée dans l'année 1986-1987 à partir du 10 mars 1986.
parce quelle était inexistante, elle n'avait pas produit ses rapports
annuels, donc la ville de L'Ancienne-Lorette a vendu des lots qui
n'appartenaient à personne... Laissez-moi continuer, vous allez voir que
ce n'est pas si fou que ça. Si elle a vendu des lots qui n'appartenaient
techniquement à personne d'après votre raisonnement, la
procédure de la corporation municipale L'Ancienne-Lorette, ça
aurait été, techniquement parlant, que ces lots étalent la
propriété de celui qui est propriétaire au Québec
de tout ce qui n'appartient à personne. Et vous savez qui c'est: Le
Curateur public. Le Curateur public aurait dû avoir des avis, il aurait
dû être partie à toute la procédure. Je n'ai rien de
ça. Ce que je vois, ce que je me pose comme première question,
c'est: Quand les avis de retrait ont été signifiés
à la ville de L'Ancienne Lorette, vous en avez été
avisé. Il y a eu deux avis de retrait au mois de novembre, le 13
novembre 1986. Votre cliente en a eu connaissance, Me Jean, je suppose, je le
crois, je le présume.
M. Jean: Oui, cela a été signifié.
M. Bélisle: Cela a été signifié,
c'est encore mieux. Donc, elle a eu connaissance par huissier d'un avis de
retrait à ce moment-là qui a été envoyé par
les procureurs et sous la signature de Les Développements nouveaux de
Lorette Itée Vous étiez procureur, à cette
époque-là, des Invervenants?
M. Jean: Tout à fait.
M. Bélisle: Bon. Vous les avez certainement mis en garde
concernant la situation litigieuse qui pourrait exister par rapport à
l'exercice du droit de retrait. Je suppose que vous les avez au moins avertis.
Est-ce que vous les avez au moins avertis de la possibilité de la
reprise d'instance. Me Jean?
M. Jean: Regardez. C'est assez simple. Au moment...
M. Bélisle: C'est très simple dans mon esprit.
M. Jean: La réponse à cette question est bien
simple. Au moment où l'avis de retrait est expédié, il est
signifié à mes clients. D'ailleurs. c'est envoyé aux
clients, ce n'est pas envoyé à la ville de L'Ancienne Lorette Au
moment où mes clients le reçoivent, c'est fait au nom des
Développements nouveaux de Lorette Itée. La vérification
est faite, cette compagnie n'existe plus. La vérification est
également faite, cette compagnie ne peut pas non plus reprendre son
existence en vertu de la Loi concernant les renseignements sur les compagnies.
Au moment de sa dissolution, en 1974, cette compagnie avait
un délai d'un an, si je ne m'abuse, pour reprendre son existence.
Comme cette compagnie n'existait plus et ne pouvait pas reprendre son
existence, il est clair... il n'y a pas eu une réunion du conseil
d'administration des Développements nouveaux de Lorette pour exercer le
droit de retrait. Ça a été fait par un individu qui a
mandaté un procureur, au nom d'une compagnie qui n'existait plus,
première remarque. Deuxième remarque, les dispositions sur le
droit de retrait, ce sont des dispositions exorbitantes du droit commun. Voici
pourquoi: C'est parce que ces dispositions existent après la vente par
le shérif. L'avis de 60 jours n'existe pas après la vente par le
shérif. Le seul endroit où vous retrouvez dans notre
législation la possibilité pour quelqu'un de retraire un immeuble
après la vente par le shérif, c'est soit au Code municipal, soit
à la Loi sur les cités et villes. Après la vente par le
shérif, le Code de procédure à cet égard est bien
clair, ça purge tous les droits réels. Ça purge toutes les
charges qui ont été...
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, Me Jean.
M. le député de Mille-Îles, avez-vous terminé?
M. Bélisle: Je n'ai pas terminé du tout. Le
Président (M. Gobé): Alors, procédez.
M. Bélisle: II faut réellement clarifier la
situation. Quelle est la date de la demande du permis de construction sur les
deux terrains en question qui chatouillent votre cliente? À quelle date
a-t-elle demandé un permis de construction sur ces deux lots? J'aimerais
savoir ça.
M. Jean: II y a deux séries de terrains. La
première concerne ceux situés à côté de la
résidence de M. Boiteau. En réalité, c'est juste...
M. Bélisle: Oui, ce sont ceux dont on fait mention
à la page 4, Me Jean, deuxième paragraphe. "Cette piscine est
située aux abords de sa résidence".
M. Jean: Oui.
M. Bélisle: Sur les lots 255-26 et 259-30. Donnez-moi la
date de la demande et de l'émission du permis de construction.
M. Jean: Je l'ignore.
M. Bélisle: Posez la question à votre client.
Une voix: Les permis de construction...
Le Président (M. Gobé): Pourriez-vous vous
identifier, s'il vous plaît.
M. Boiteau (André): André Boiteau. J'avais une
bande do terrain où je voulais me construire et il y avait une autre
bande de terrain, à côté. Tous ces numéros de lots
ne représentent pas une terre, c'est deux terrains. À ce
moment-là, en 1978, je me suis dit que je contacterais le client
d'à côté pour savoir si son terrain était à
vendre. Après avoir essayé d'appeler pendant six mois à
Montréal, au bureau de M. Kotler, j'ai parlé à M. Bigman,
son gérant de projet, deux ou trois fois. Ensuite, j'ai réussi
à rejoindre M. Kotler pour lui demander s'il était
intéressé à me vendre cette partie de terrain. Je vais
vous donner la réponse claire, il a dit: Cette compagnie n'existe plus;
je n'ai plus d'affaire là, à L'Ancienne-Lorette. C'était
en anglais et en français, mêlé.
M. Bélisle: Je comprends.
M. Boiteau: Attendez un petit peu, je vais continuer. Quand j'ai
vu ça, j'ai demandé au notaire Hamel - c'est lui qui avait
procédé à ces ventes - qui a communiqué avec lui et
lui a envoyé une lettre lui offrant de rouvrir sa compagnie. Il me
demandait 2650 $ pour rouvrir la compagnie.
M. Bélisle: Là, M. le Président, je vais
faire...
Le Président (M. Gobé): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mille-Îles.
M. Boiteau: Est-ce que je peux terminer?
Le Président (M. Gobé): Une seconde, s'il vous
plaît. Il y a une question de privilège du député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, j'ai posé une
question précise au témoin. Je lui ai demandé deux dates:
celles où il a demandé l'émission et où le permis a
été émis pour la construction du bien qui,
supposément, crée un problème. Les autres personnes, M. le
Président, le notaire et Machin Chouette ou Untel, ne sont pas devant
nous. Elles ne sont pas avec nous, ce matin. Le principal
intéressé dans l'autre compagnie n'est pas là non plus. Il
ne s'agit pas d'entendre des témoins pour une version ou pour une autre.
Je veux avoir deux moments précis, parce que si vous avez
demandé, M. Boiteau, votre permis de construction en 1987 ou en 1988,
pour votre piscine, vous étiez bel et bien informé qu'il y avait
possiblement des problèmes avec ces terrains. Vous devez assumer votre
risque aujourd'hui. Ce n'est pas à nous, comme tribunal...
M. Boiteau: Si vous me laissez terminer, vous allez l'avoir votre
date.
M. Bélisle:... la commission parlementaire, de
régler le problème.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Mille-Îles. J'aimerais peut-être que vous puissiez
répondre, mais j'aimerais quand même rappeler à la
commission que nous sommes ici pour entendre les intéressés sur
les projets de loi. Je pense que si monsieur a des choses à nous faire
valoir, qu'il les fasse valoir...
M. Bélisle: Pas du ouï-dire, M. le Président,
pas du ouï-dire.
Le Président (M. Gobé):.. mais d'une manière
assez courte et en évitant d'impliquer des gens qui ne sont pas ici pour
apporter un autre son de cloche.
M. Garon: Je vais vous dire, M. le Président, je ne suis
pas au courant des affaires J'ai quelques renseignements. J'aimerais savoir
davantage ce qui s'est passé, parce qu'on ne le sait pas.
Essentiellement, tout ce qu'on peut savoir peut être utile dans cette
affaire qui m'étonne, par ailleurs.
Le Président (M. Gobé): Vous avez la parole, vous
pouvez y aller.
M. Boiteau: D'accord.
Le Président (M. Gobé): Si vous voulez
répondre aux questions du député de Mille-Îles,
aussi, peut-être.
M. Boiteau: Oui. J'arrivais au député de
Mille-Îles. J'ai fait les démarches à la ville pour savoir
à qui était le terrain. Finalement, quand ils m'ont dit que
ça appartenait à cette compagnie et à la suite de ce que
le notaire m'avait dit, qu'il n'était pas intéressé
à rouvrir la compagnie... M. Kotler me l'avait dit On ne donnera pas de
noms, en tout cas, je ne comprends pas pourquoi ils ont payé les
impôts parce qu'ils ont dit qu'ils ne voulaient pas rouvrir la compagnie
pour reculer de cinq ans. À la ville, on m'a dit que: Vu que tu sais que
le terrain appartient à quelqu'un qui n'existe pas, la loi
prévoit qu'au bout de 30 ans tu seras comme chez toi; si tu ne l'avais
pas su, tu aurais été chez toi après dix ans. Il m'a dit,
mais, comme vous dites, c'est encore sur la gueule... J'ai fait ma
clôture, ma piscine.
M. Bélisle: Je reviens à la question, M. Boiteau.
À quelle date avez-vous demandé un permis de construction pour
votre piscine sur les lots 255-26 et 259-30 et à quelle date, le jour,
le mois et l'année, avez-vous obtenu ce permis de la ville de
L'Ancienne-Lorette?
M. Boiteau: Je n'ai jamais fait de demande de permis. Je n'ai
jamais reçu d'avis disant que j'avais une piscine, une clôture, un
terrain que j'ai rempli d'environ 110 ou 112 voyages de terre. La ville ne m'a
jamais fait d'opposition.
M. Bélisle: M. Boiteau, je ne vous saisis pas Vous nous
faites des représentations via votre procureur. Je prends le document
qui nous est présenté, vous dites blanc ou vous dites noir, ou on
va se comprendre À la page 4, deuxième paragraphe: 'Motifs de
l'opposition. Il n'y a pas 56 000 motifs de l'opposition André Boiteau a
construit une piscine sur les lots 255-26 et 259-30. Cette piscine est
située aux abords de sa résidence L'adoption du projet de loi
pourrait le priver, sans indemnité, de ce bien. C'est ça votre
opposition. Je pose pour une troisième fois la question: À quelle
date avez-vous demandé un permis de construction pour votre
piscine9 À quelle date l'avez-vous obtenu, le jour, le mois
et l'année, de la corporation municipale de L'Ancienne Lorette? Ce n'est
pas compliqué Répondez-moi (11 heures)
M. Boiteau: J'ai construit la piscine en 1982
M. Bélisle: C'est encore pire, en 1982, avant le retrait
de I986? Donnez un sens à ça, si vous êtes capable
M. Boiteau: On dirait que la piscine est sur votre terrain!
M. Bélisle: Non. Il semble que vous, M. Boiteau, vous avez
considéré qu'en 1982 le terrain vous appartenait. C'est ce que
vous avez fait.
M. Boiteau: Monsieur, avec toutes les démarches que j'ai
faites pour acheter ce terrain, pendant quatre ans, et me faire dire en anglais
quelque chose comme: Sacrez-moi la paix..
M. Bélisle: Je comprends une chose en ce moment.
M. Boiteau: Je ne comprends pas
M. Bélisle: Je comprends que c'est un litige personnel
entre deux personnes. L'Assemblée nationale n'a pas à intervenir
entre deux personnes, surtout pour une personne qui acquiert ou qui pense
obtenir des droits sur un terrain en 1982, alors que le motif est l'acquisition
par la suite en 1986, l'exercice d'un droit de retrait où chacune des
parties peut avoir des droits... Je ne dis pas que M. Boiteau n'a pas de
droits. Je ne dis pas que l'intervenant n'a pas de droits Ce n'est pas à
nous de juger de ça. Est-ce que M. Boiteau avait le droit de construire
sa piscine en 1902? On n'est pas un tribunal ici ce matin Est-ce qu'il avait le
droit de continuer à occuper le terrain après le droit de
retrait? Est-ce qu'il y avait une existence légale? La seule chose qui
nous est demandée, c'est de donner une reprise d'instance à
quelqu'un qui a payé ses impôts. Le problème qu'on a chaque
année, M. le Président
On ne va commencer à rembourser des impôts qui ont
été payés. Cela serait le bout des bouts. L'État ne
reconnaît pas, Me Jean, l'existence légale d'une corporation parce
qu'elle n'a pas produit ses rapports annuels. C'est ce qu'on a fait avec les 30
autres projets de loi qu'on a adoptés. Qu'est-ce que fait l'État,
d'une autre main? Il reçoit les impôts et il ferme les yeux. On ne
peut pas recevoir les impôts de quelqu'un qui n'existe pas et de l'autre
côté ne pas lui donner une existence légale.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Mille-îles, j'aimerais vous rappeler en effet que nous ne sommes pas
Ici devant un tribunal, qu'il ne nous appartient pas de décider qui a
tort, qui a raison, dans un litige. Nous devons quand même étudier
le projet de loi, écouter les intéressés et tant que
ça portera sur le projet de loi, la commission se doit d'écouter
les intéressés. M. le député de Lévis, vous
avez demandé la parole, vous avez la parole.
M. Garon: Je ne sais pas si mes informations sont bonnes. J'ai
une information disant que ce lot aurait été revendu le 17 mai
1989. Êtes-vous au courant de ça?
M. Jean: C'est un autre terrain, M. le député de
Lévis.
M. Garon: C'est le lot qui est cité dans la lettre de Me
Cucciniello quand il demande un projet de loi privé, le projet de loi
262. Dans la lettre qu'on nous a donnée dans notre document, on parle du
lot 259-22... Me Linda Simard, l'adjointe au greffier de la ville de
L'Ancienne-Lorette, a informé que la ville ne pouvait accepter le
paiement pour le lot 259-22, étant donné que la compagnie, ayant
été dissoute, ne pouvait conclure d'acte de vente pour reprendre
possession du lot. L'information que J'ai de quelqu'un qui est allé au
bureau d'enregistrement, c'est que ce lot, qui donne lieu à ce projet de
loi, aurait été vendu par la municipalité le 17 mai 1989
à Jean-Louis Caron et Noëlla Lavoie, le lot 259-22, par un acte
d'enregistrement 1 325 240. Il est clair que c'est une affaire qui est plus
grosse qu'on pense. Je ne sais pas ce qui se passe, mais si la
municipalité revend le 17 mai 1989 le lot même sur lequel on
demande la reprise d'instance, il n'y a pas que M. Boiteau qui pense que la
compagnie n'existe pas. Si la municipalité vend l'un des lots, le lot
particulier pour lequel vous demandez la reprise d'instance, apparemment la
ville l'aurait vendu le 17 mai 1989...
Une voix:...
Une voix: Non, non, de gré à gré.
M. Garon: Je ne le sais pas.
M. Bélisle: M. le député de Lévis,
dans la même lettre qui nous est parvenue, moi aussi je suis resté
estomaqué quand j'ai lu le paragraphe 5. J'attire votre attention au
paragraphe 5. "Par lettre datée du 9 août 1988, ça fait
longtemps, c'est le comble de l'histoire; ça prouve que c'est encore
plus mélangé qu'on peut le penser - la ville de
L'Ancienne-Lorette a informé la compagnie - c'est Les
Développements nouveaux de Lorette Itée - qu'elle lui offrait le
lot 259-22 du cadastre officiel de la paroisse de L'Ancienne Lorette pour la
somme de 3011, 04 $, lequel lot avait été cédé par
la compagnie à la ville de L'Anciennce-Lorette aux fins de construction
d'une route. "
Continuons un peu plus loin: "La ville n'a plus eu besoin dudit lot pour
cette construction. " Ce que je trouve étrange au départ, c'est
que la ville offre à une corporation qui fait exister un avis de retrait
et qui n'avait pas accepté l'avis de retrait... Laissez-moi
terminer.
Le Président (M. Gobé): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mille-Îles, vous avez la
parole.
M. Bélisle: À une compagnie qu'elle
considérait soi-disant non existante. Continuons un peu plus loin. "Une
traite bancaire, datée du 26 août 1988, pour le montant susdit a
été présentée à la ville de
L'Ancienne-Lorette en vue de l'acquisition dudit lot - par la corporation des
Développements nouveaux de Lorette Itée. Le 2 septembre 1988 - la
ville de L'Ancienne-Lorette se réveille encore une fois - Mme Linda
Simard, assistante-greffier de la ville de L'Ancienne-Lorette a informé
que la ville ne pouvait accepter le paiement pour le lot 259-22, étant
donné que la compagnie, ayant été dissoute, ne pouvait
conclure d'acte de vente pour reprendre possession du lot. " C'est vrai une
journée et ce n'est plus vrai l'autre journée? On offre à
une compagnie ou pas...
M. Garon: II est possible que...
M. Bélisle: M. le député de Lévis, je
trouve ça drôlement bizarre.
M. Garon: Je ne peux pas deviner...
M. Bélisle: Moi non plus, je ne peux pas deviner.
M. Garon:... mais il est possible que les gens ne l'aient pas su
et que la ville ne l'ait pas su. Quand vous avez laissé entendre que M.
Boiteau était au courant de tout ça, si la ville elle-même
n'a pas l'air d'être au courant, j'imagine que les citoyens peuvent se
poser des questions.
M. Bélisle: M. le député de Lévis, M.
Boiteau nous a dit tantôt qu'il était bel et bien
au courant, qu'il a téléphoné au notaire et qu'il a
tenté d'obtenir de l'information.
M. Garon: Oui, mais est-ce qu'on lui a dit? Quand vous avez
communiqué avec la ville, qu'est-ce que la ville vous disait concernant
la compagnie?
M. Boiteau: Que la compagnie n'existait plus.
M. Garon: M. Bigman, avec qui vous avez communiqué, que
faisait-il là-dedans? Vous avez parlé avec M. Kotler et M.
Bigman.
M. Boiteau: M. Bigman, c'est le gérant de projets de
toutes sortes de terrains pour M. Kotler. M. Kotler a plusieurs compagnies II
m'a dit qu'il était dans les ligues majeures, qu'il était pour
régler mon cas la dernière fois. Je les appelés plusieurs
fois en 1978-1979 et il y a quatre mois environ, il était à la
porte chez nous alors que je venais dîner pour enlever l'opposition
à ce règlement de loi parce que, comme M. Jean le disait, il
n'était pas capable de remettre la compagnie; en d'autres termes, elle
était déjà dissoute depuis bien longtemps. Il était
à ma porte pour négocier, parce qu'il avait d'autres terrains en
vue ailleurs et qu'il pourrait y avoir des sommes d'argent assez importantes.
Je ne suis pas au courant de tout ça.
Le Président (M. Gobé): Si vous n'êtes pas au
courant, s'il vous plaît, évitez de parler des choses dont vous
dites vous-même ne pas être au courant.
M. Boiteau: C'est ce que M. Bigman a dit. Il a dit: On a d'autres
lots autour.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie
beaucoup.
M. Garon: M. Bigman, c'est qui?
M. Boiteau: C'est le bras droit de M. Kotler, celui qui...
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît!
M. Garon: II dit qu'il a parlé à M. Bigman. Je ne
sais pas qui est M. Bigman, alors je demande c'est qui.
M. Fortier: M. le Président.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Boiteau: C'est lui qui représentait M. Kotler.
Le Président (M. Gobé): M. Boiteau, s'il vous
plaît, j'ai reconnu M. le ministre.
M. Fortier: M le Président.
M. Garon: Un instant, M. le Président, je pose une
question, c'est quoi cette affaire là? Je pose une question et c'est moi
qui ai la parole
M. Fortier: M. le député de Lévis, j'aurais
une recommandation à faire.
Le Président (M. Gobé): II y a une recommandation
du ministre, M. le député de Lévis
M. Garon: Oui, mais ça va se faire après que
j'aurai fini de parler. Cela ne fonctionne pas de cette façon. J'ai
posé une question à monsieur et je veux avoir la
réponse.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lévis, posez votre question.
M. Garon: II dit qu'il a parlé à M. Kotler et
à M. Bigman. J'ai demandé: Pourquoi parliezvous à M.
Bigman? Qui était M Bigman?
M. Boiteau: M Bigman travaille pour M. Kotler. C'est lui qui
s'occupe de ces cas.
M. Garon: Qui vous a dit d'appeler M. Bigman?
M. Boiteau: C'est lui qui m'a appelé. J'ai
téléphoné à la ville au début pour savoir
qui était le propriétaire et c'est là que j'ai eu les deux
adresses à Montréal pour ces gens là, mais j'ai
téléphoné...
M. Garon: Ah, la ville de L'Ancienne-Lorette vous a dit que
c'étaient des personnes qui répondaient.
M. Boiteau: Par les taxes, il y a des rôles
d'évaluation et les taxes sont envoyées aux gens et c'est par
là que chaque propriétaire.
Le Président (M. Gobé): Vous l'avez appelé
ou est-ce M. Bigman qui vous a téléphoné9 Est
ce M. Bigman qui vous a téléphoné ou est ce vous qui
l'avez appelé?
M. Boiteau: En 1978, c'est moi, mais maintenant c'est lui qui
rappelle.
M. Garon: Que fait-il là-dedans, M. Bigman?
M. Boiteau: C'est pas mal ambigu, il représente M. Kotler.
II voit aux intérêts de M. Kotler. Il venait régler
ça pour que ça n'aille pas en cour, mais on ne pouvait pas aller
en cour contre une personne et une compagnie qui n'existait pas Je ne peux pas
aller en cour contre le bureau C'est pour ça que vous êtes
réunis ici pour essayer de remettre la compagnie pour après.
Le Président (M. Gobé): On vous remercie, M.
Boiteau.
M. Boiteau: Je ne veux pas faire de la politique avec ça.
Je veux juste mon terrain et ma piscine tout simplement.
M. Garon: Maintenant, la reprise d'existence concerne un lot,
comme on dit dans la lettre, 259-22, mais vous dites qu'il y a plusieurs
numéros de lots.
M. Boiteau: Ça, c'est un autre lot ailleurs.
M. Jean: M. Boiteau ne l'a pas acquis, ce terrain-là. La
demande qui est faite pour un lot, en particulier... Écoutez, si
ça peut clarifier le problème...
M. Garon: Ah, ça ne vous touche pas, ce lot-là.
M. Jean: Non, on n'est pas contre la reprise d'existence. On veut
juste que ça ne puisse pas affecter les terrains qui ont
été acquis par M. Boiteau. C'est pour ça. Que la compagnie
ait payé ses impôts, c'est possible. Que ça lui donne un
droit de reprendre l'existence, tant mieux. Mais que ça ne nuise pas aux
droits d'un tiers qui a acquis des droits entre-temps. Si on adopte le projet
de loi 262, ça va justement permettre d'affecter les droits de M.
Boiteau. C'est juste ça.
M. Boiteau: S'ils veulent seulement le lot qu'il y a là
sur la feuille, qu'ils prennent le lot de monsieur. Je n'ai rien
là-dessus; je n'ai rien contre ça.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Garon: C'est un peu curieux quand même, parce que lot en
question, 259-22, la ville l'aurait vendu en date du 17 mal 1989 pour 19 500
$.
M. Fortier: Est-ce que je peux faire une recommandation? M. le
député, me permettez-vous de faire une recommandtion?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
le parole.
M. Fortier: Normalement, quand il y a des reprises d'existence
comme celle-là, nous avons en main toutes les informations. Chaque fols,
les parlementaires demandent à l'inspecteur qui a fait un examen
attentif de tous les faits qui sont connus de faire un rapport pour que les
parlementaires puissent juger en toute connaissance de cause. Je constate que
nous n'avons pas tous les faits. Personnellement, je recommande que nous
sursoyions à l'adoption de ce projet de loi pour permettre à
l'inspecteur de faire les examens qui s'imposent et les procureurs, s'ils le
désirent, reviendront l'automne prochain, parce que, en ce qui me
concerne, comme ministre responsable des institutions financières, je
n'ai pas toute l'information et l'inspecteur n'est pas en mesure de me donner
toute l'information dont j'aurais besoin pour recommander aux parlementaires
d'adopter ce projet de loi. Alors, c'est une recommandation. Les parlementaires
peuvent en décider autrement s'ils le désirent, mais c'est ma
recommandation.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y aurait consentement pour surseoir et suspendre l'étude du
projet de loi 262?
M. Garon: J'aimerais, avant qu'on fasse ça, poser une
question ou deux.
Le Président (M. Gobé): Oui, allez y, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Depuis quand la compagnie n'a-t-elle pas payé
ses taxes sur ces lots, la compagnie Les Développements nouveaux de
Lorette? Depuis quelle année?
M. Jean: Je n'ai pas l'information au dossier. Mais
c'étaient des taxes qui étaient dues sur ces terrains. Le
jugement qui a été prononcé par la Cour municipale non
satisfait, ii y a eu exécution par le shérif avec publication
dans la Gazette officielle et toute la procédure.
M. Garon: M. Cucciniello, est-ce que vous êtes au courant
depuis combien d'années la compagnie n'a pas payé ses taxes?
M. Cucciniello: Je ne le sais pas.
M. Garon: Vous ne le savez pas non plus. Il semble que les
personnes derrière cette compagnie sont des professionnels en
matière de terrains. Ce n'est pas le seul terrain; ils doivent
connaître les lois pas mal. On peut comprendre que parfois un individu
dise: J'avais une personne âgée qui était secrétaire
ou qui n'était pas au courant, mais là...
M. Fortier:...
M. Garon: Oui, mais la plupart du temps les gens avaient des
bonnes raisons à donner pour expliquer ça. Mais, là, quand
on parle de M. Kotler et de M. Bigman, d'après ce qu'on entend dire, il
ne s'agit pas de novices dans l'art des transactions immobilières.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que la
recommandation de M. le ministre de suspendre
les travaux... Me Cucciniello, vous voulez dire un dernier mot.
M. Cucciniello: Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par
suspendre les travaux. Vous n'allez pas prendre une décision aujourd'hui
concernant cette compagnie?
Le Président (M. Gobé): C'est exactement la
proposition: suspendre l'étude du projet de loi afin d'obtenir des
informations supplémentaires de la part de l'inspecteur
général et de revenir ultérieurement devant la commission
parlementaire.
M. Cucciniello: Écoutez, c'est très simple On n'est
pas Ici pour faire le débat qu'on a fait depuis une heure. La compagnie
a le droit d'avoir une reprise d'existence. S'H y a d'autres parties qui
veulent faire des représentations concernant des lots de cette
compagnie, on pourrait faire ça devant les tribunaux. Aujourd'hui, c'est
une question très simple. On accorde ça. cela se fait presque
automatiquement. On est ici pour une raison seulement. C'est parce qu'on n'a
pas encore eu d'amendement à la loi sur les renseignements qu'on m'avait
promis, il y a deux ans. J'étais ici dans cette même salle. On a
une loi sur les registres en ce moment qui va faire les amendements
nécessaires. Je pense que c'est quelque chose de très simple, de
très direct. On est ici pour reprendre existence aujourd'hui. S'il y a
des représentations à être faites par les parties, elles
pourront les faire devant la cour.
Le Président (M. Gobé): Merci. M. Cucciniello. M.
le ministre, un dernier mot?
M. Fortier: Non. M. Cucciniello, vous avez dit quelque chose qui
est faux. Vous n'avez aucun droit aujourd'hui de reprendre existence. La loi
est très claire, vous auriez pu reprendre existence si vous aviez fait
certaines choses. Vous ne les avez pas faites. Vous venez demander au Parlement
du Québec de reprendre existence, donc ce n'est pas un droit, c'est une
demande que vous vous faites. En ce qui me concerne, je ne veux pas parler pour
tous les parlementaires, nous n'avons pas l'information pour statuer. Vous
demandez un privilège de l'Assemblée nationale et, de
grâce, ne plaidez pas que vous avez un droit, vous n'avez aucun droit.
Nous sommes disposés à vous écouter, mais nous sommes
disposés à prendre une décision quand nous aurons toute
l'information. Quant à moi, l'inspecteur n'a pas toute l'information et
je recommande de reporter ce projet de loi à un autre moment.
Le Président (M. Gobé): Le débat ayant
duré 1 h 15. étant donné la situation...
M. Garon: M. le Président, je veux dire que je concours
aux propos du ministre. L'article 11 est très clair: Tout
créancier ou autre intéressé peut demander par
écrit au ministre de faire reprendre son existence à une
compagnie... "
M. Fortier:... selon certaines conditions
M. Garon: Et 2°. "Sur réception de la demande, le
ministre, après avoir pris l'avis de l'Inspecteur général,
peut y donner suite en délivrant, etc.
Le Président (M. Gobé): D'accord. Y a-t-il
consentement pour surseoir à l'étude du projet de loi?
M. Bélisle: M. le Président.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Mille îles, une dernière...
M. Bélisle: Oui. une dernière intervention. Je ne
suis pas en désaccord fondamental avec le sursis, mais je me pose deux
questions. Le rapport que l'Inspecteur général va nous faire va
drôlement l'embêter. Ce n'est pas une question de recherche de
titres qu'on lui demande, c'est sûr qu'il va refuser de le faire. C'est
effectivement une question litigieuse qui sera traitée par les
tribunaux. L'autre aspect de la question, c'est ceci: Pourrait-on avoir un
engagement ce matin, démontrant la bonne foi de M. André Boiteau,
des Constructions Beaubois inc, à savoir que jusqu'au moment de
l'étude du projet de loi à l'automne, avec le rapport qui sera
produit par l'Inspecteur général et je doute qu'il traite de la
cession des titres, c'est à l'Inspecteur général de faire
son rapport, mais je le vois hocher de la tête et je pense qu'il est
d'accord avec moi, mais en tout cas, on verra son rapport - il n'y ait aucune
transaction, aucune vente, aucune cession, aucune construction, aucun bail,
aucun droit réel d'accordé sur...
M. Chagnon: M. le Président, on a déjà une
orientation à savoir qu'on pourrait reporter le projet de loi à
l'automne..
M. Bélisle: Non. M. le Président, j'ai la parole et
si le député de Saint-Louis veut intervenir après...
M. Chagnon: Oui, c'est cela, mais...
M. Bélisle: Je pense que c'est important ce que je pose
comme question.
M. Chagnon: Si on est pour reporter le projet de loi à cet
automne.
Le Président (M. Gobé): Je m'excuse, M. le
député de Saint-Louis, mais...
M. Chagnon:.. finissons-en.
Le Président (M. Gobé): J'ai demandé le
consentement, le député de Mille-Îles a demandé de
faire une dernière intervention et je me dois de le reconnaître.
M. le député de Mille-Îles, rapidement, s'il vous
plaît.
M. Chagnon: La discussion n'est pas sur le fond, M. le
Président, mais sur la forme. Est-ce qu'on doit remettre l'étude
de ce projet de loi à plus tard, oui ou non? Et non pas revenir sur le
fond du projet de loi.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de
Saint-Louis, vous aurez l'occasion de dire oui ou non, à la suite
de l'intervention du député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Le problème est tout simple, M. le
Président. Le député de Saint-Louis devrait comprendre
facilement.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le député de Mille îles, rapidement.
M. Bélisle: Je ne veux pas que l'une ou l'autre des
parties subisse un préjudice lorsqu'elle reviendra devant nous à
l'automne et qu'on empire le problème qu'on a en impliquant des tiers
qui, de bonne foi, vont faire des transactions ou vont être aux prises
avec les problèmes. Si on a un véritable problème, qu'on
donne l'occasion à l'Inspecteur général de faire son
étude et, entre-temps, de grâce, les terrains qui ont
été acquis, étant donné que l'Assemblée
nationale prendra une décision à l'automne, qu'on attende
sagement l'automne et qu'on laisse là les terrains.
Le Président (M. Gobé): C'est un souhait, M. le
député, et je vous remercie de l'intervention. Je demanderais
maintenant à la commission s'il y a consentement pour suspendre
l'étude du projet de loi 262.
M. Bélisle: M. le Président, je demandais un
engagement, ce n'est pas un souhait.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Mille-Îles, la commission ne peut pas prendre d'engagement.
M. Fortier: Répondez, demandez...
M. Bélisle: Répondez donc. Me Jean, pourrait-on
avoir une garantie de votre part pour votre client?
M. Jean: Je pense que M. Boiteau est de bonne foi et je ne vois
pas en quoi cette bonne foi peut être remise en question.
M. Bélisle: Oui.
M. Jean: S'il est devant vous aujourd'hui... M.
Bélisle: Oui.
M. Jean:... pour avoir ces terrains-là, c'est qu'il est
Intéressé à ce que son problème soit résolu.
Écoutez, je ne peux pas m'engager dans le temps, s'il arrive des
circonstances exceptionnelles... Un projet de loi est sur la table. M. Boiteau
vient faire ses représentations.
Le Président (M. Gobé): Merci, Me Jean. Si vous
permettez...
M. Jean: Au-delà de cela...
Le Président (M. Gobé): Y a-t-il consentement pour
suspendre l'étude du projet de loi 262? Consentement. Alors,
l'étude du projet de loi 262 est suspendue et j'appelle maintenant le
projet de loi 263 Je vais suspendre les travaux pour deux minutes, le temps que
les gens viennent s'installer à la table.
(Suspension de la séance à 11 h 20)
(Reprise à 11 h 21)
Projet de loi 263
Le Président (M. Gobé): J'appelle le projet de loi
263, Loi concernant Gamma Lambda Foundation of Sigma Chi Fraternity
Incorporated. Le parrain est M. le député de Saint-Louis et le
requérant, est Me Thomas Hruby-Holy, procureur.
Je passerai maintenant la parole au parrain. M. le député
de Saint-Louis, vous avez donc la parole, pour une présentation du
projet de loi.
M. Chagnon: M. le Président, il s'agit d'un projet de loi
privé qui, pour le député de Lévis, a d'abord
été annoncé dans la Gazette officielle du Québec du
18 février 1989, a fait l'objet d'une publication dans le journal Le
Devoir les 10, 17 et 24 février 1989 et le 3 mars 1989. Il s'agit d'une
reprise d'existence d'une société Gamma Lambda, qui est
elle-même partie d'une fraternité qui s'appelle Sigma Chi. Ce sont
des fraternités universitaires dont le député de
Lévis et probablement les autres membres de cette commission ont
déjà entendu parler, des fraternités internationales
d'étudiants, dont le chapitre montréalais, le chapitre de
l'Université McGill, particulièrement celui de Gamma Lambda,
s'est dissous en 1974, après avoir acquis, entre autres, des
propriétés en 1973, propriétés qui sont encore
utilisées par les étudiants de l'Université McGill. Elle
nous demande une reprise d'existence de façon à pouvoir
rétablir légalement ses droits, entre autres sur sa
propriété.
Je tiens, M. le Président, à vous présenter M.
Thomas Hruby-Holy, qui est le procureur du chapitre Gamma Lambda de la
fraternité Sigma Chi inc. de l'Université McGill.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. Hruby-Holy, vous avez maintenant la
parole pour des explications.
M. Hruby-Holy (Thomas): Merci. M. le député. M. le
Président, M. le ministre, mesdames et messieurs de la commission, je
n'ai pas grand chose à ajouter à ce que M. le
député Chagnon vous a exposé, sauf pour expliquer
peut-être un peu l'histoire de la corporation maintenant dissoute, Gamma
Lambda Foundation of Sigma Chi Fraternity Incorporated. La corporation a
été incorporée en 1945, en vertu de la troisième
partie de la Loi sur les compagnies, pour garantir la continuité des
biens, des actifs des membres de la fraternité Sigma Chi à
McGill. L'actif principal de cette corporation a toujours été un
immeuble qui était occupé par les étudiants membres de
l'association fraternelle. Depuis 1945, plusieurs édifices ont
été acquis par la corporation, dont elle a disposé. Le
dernier édifice est toujours situé sur la rue University,
à Montréal, près de l'Université McGiil. Cette
corporation, faute d'avoir produit des rapports annuels, a été
dissoute en 1974, mais la corporation a toujours continué, ou les
administrateurs de la corporation, qui Ignoraient la dissolution, continuaient
toujours à agir comme si la corporataion n'avait pas été
dissoute. Ils payaient les taxes municipales sur l'immeuble, ils payaient pour
l'entretien de l'immeuble. L'immeuble est toujours entretenu par la
corporation, si vous voulez, les taxes sont payées par les
administrateurs et la maison est utilisée par les étudiants
membres de la fraternité Sigma Chi.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. HrubyHoly. M. le
ministre, vous avez maintenant la parole.
M. Fortier: Est-ce que je comprends bien que vous dites que
depuis 1974, date à laquelle vous n'avez pas fait les rapports annuels
à l'Inspecteur des institutions financières ou aux
autorités qui ont précédé la création de
l'Inspecteur des Institutions financières, vous ne possédiez
qu'un seul immeuble...
M. Hruby-Holy: C'est ça.
M. Fortier:... et que vous le possédez toujours et qu'il
n'y a pas eu de transaction immobilière entre les deux?
M. Hruby-Holy: Non.
M. Fortier: Alors, il s'agit d'une simple reprise d'existence qui
va vous permettre de légaliser la possession que vous avez de l'im-
meuble que vous utilisez pour les étudiants
M. Hruby-Holy: C'est exact, M. le ministre.
M. Fortier: et il n'y a pas d'autres considérations qui,
à votre connaissance. de vraient être portées à
notre attention9
M. Hruby-Holy: Pas vraiment. Il y a aussi des dépôts
à la banque.
M. Fortier: Oui
M. Hruby-Holy: qui appartenaient à la corporation...
M. Fortier: C'est ça
M. Hruby-Holy: mais lactrf principal, c'est l'immeuble.
M. Fortier: Et je crois que, traditionnelle ment, cet immeuble
vous a été donné par un donateur de McGiil à
l'origine, quelque chose comme ça, et que, de toute façon, vous
n'en avez pas la connaissance, mais probablement que c'est au sujet d'une de
ces maisons qui a été donnée à Sigma Chi...
M. Hruby-Holy: Franchement
M. Fortier: Vous n'en connaissez pas l'origine, mais vous savez
que vous possédez un immeuble
M. Hruby-Holy. C'est ça...
M. Fortier: Vous êtes chanceux Ha. ha, ha!
M. Hruby-Holy: depuis 1927. alors
M. Fortier. " Alors, je vous remercie. Je pense que l'information
que j'ai de l'inspecteur est qu'il s'agit d'une simple reprise d'existence,
sans aucune complication, et nous n'avons aucune objection
Le Président (M. Gobé): Merci. M. le ministre. M.
le député de Lévis, avez vous quelque chose à
ajouter7
M. Garon: Avez-vous l'intention de vous donner une raison sociale
française9
M. Hruby-Holy: Oui. M. le député
M. Garon: Parce que vous parlez très bien
français.
M. Fortier: Bien, c'est en grec. ça.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: Sigma Chi, c'est en grec. Ha,
ha, ha!
ML Hruby-Holy: Au moment de la reprise d'existence, c'est
l'intention des membres de cette corporation d'adopter le nom de Fondation
Gamma Lambda.
M. Fortier: C'est la raison sociale francophone.
M. Hruby-Holy: Oui.
M. Garon: Et, pendant toutes les années pendant lesquelles
votre corporation a été dissoute, avez-vous fonctionné
normalement chaque année?
M. Hruby-Holy: Chaque année, M le député,
oui.
M. Garon: Vous avez fait affaire avec la banque...
M. Hruby-Holy: Oui.
M. Garon: ...et personne ne vous a demandé si vous
étiez en conformité avec la loi concernant les renseignements sur
les compagnies?
M. Hruby-Holy. Pas vraiment, parce que nous faisons affaire avec la
même banque depuis très longtemps. Nous avons changé de
succursale de temps en temps, mais nous avons toujours fait affaire avec la
Banque canadienne impériale de commerce.
M. Garon: Je pense que l'une des façons de régler
ce problème serait peut-être que les banques ou les institutions
financières vérifient. Parce que, si c'est dissous... Une des
réformes, ce serait peut être, quand ils font affaire avec les
gens, de leur demander s'ils sont en conformité avec la Loi concernant
les renseignements sur les compagnies.
M. Fortier: Dans ce cas-là, on a une lettre indiquant que,
depuis 20 ans, ils font toujours affaire avec la même banque...
M. Garon: Oui, parce que les gens peuvent ne pas être au
courant, surtout... Ça doit être des étudiants
bénévoles qui sont là-dedans, qui gèrent la
fondation.
M. Hruby-Holy: Oui, ce sont des bénévoles, ce sont
les diplômés, les anciens membres de l'Association fraternelle de
McGill qui en sont les administrateurs.
M. Fortier: Cela va, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Vous allez mettre la même condition que vous
mettez sur la raison sociale française?
M. Fortier: Ah oui! Je crois que la loi, de toute façon,
exige qu'ils prennent une raison sociale française et le procureur
semble nous dire qu'il va se plier très facilement à cette
condition.
M. Hruby-Holy: Volontiers.
Le Président (M. Gobé): D'ailleurs, tous tes
projets de loi privés qui ont été adoptés devant
cette commission, à ma connaissance, ont toujours eu le même
traitement privilégié grâce à la collaboration de M.
l'inspecteur.
M. Garon: Alors, ça va pour nous.
Le Président (M. Gobé): Alors, j'appelle... Est-ce
que le préambule du projet de loi 263 est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 1du
projet de loi 263 est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 2du
projet de loi 263 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 3du
projet de loi 263 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que le titre du
projet de loi 263, Loi concernant Gamma Lambda Foundation of Sigma Chi
Fraternity Incorporated, est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que le projet de loi
est adopté dans son ensemble?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup, M.
Hruby-Holy, d'être venu. J'appelle maintenant le projet de loi 270. Si
les intervenants veulent bien prendre place.
M. Fortier: C'est M. John Kehoe qui...
Projet de loi 270
Le Président (M. Gobé): Le projet de loi 270 est
proposé par le député de Chapleau, M. Kehoe, et te
requérant est Me Normand Thé-berge, procureur. Je demanderais
à M. Théberge de prendre place et à M. le
député de Chapleau de bien vouloir présenter son projet de
loi.
M. Kehoe: Oui, M. le Président, merci. Le projet de loi
270 que nous avons devant nous est similaire aux deux autres que vous venez
juste d'étudier et plus particulièrement à celui qu'on
vient d'adopter. C'est une situation quasiment identique. (11 h 30)
Une corporation qui fut Incorporée en 1936 fut dissoute en 1973
parce que les administrateurs du temps n'ont pas fourni les rapports annuels.
Ce qui est arrivé, c'est qu'elle a été expropriée
et a quitté l'édifice. Elle a déménagé
à un autre endroit et, pour une raison ou une autre, elle n'a jamais eu
les avis du ministère en question de fournir les rapports annuels. Par
contre, la compagnie est en existence. C'est un club social qui est très
vivant dans la région de Mull. Elle est en activité et elle a
toujours acquitté ses taxes et autres dus au gouvernement. C'est
strictement sur cela. Au mois de novembre l'an passé, elle a
découvert qu'il y avait une lacune dans la charte immédiatement,
au mois de décembre, le procureur a pris les moyens pour corriger
ça et nous nous retrouvons ce matin avec le projet de loi.
M. le ministre, avant d'aller plus loin, j'aimerais vous
présenter et souhaiter la bienvenue aux différents
représentants du club Hull volant et plus particulièrement au
requérant et porte-parole, Me Normand Théberge. Je lui
demanderais d'identifier les autres personnes qui sont avec lui
aujourd'hui.
M. Théberge (Normand): A ma droite, M. Richard Murray,
président de l'Association athlétique et sociale Hull volant inc;
à ma gauche, M. Marcel Bourgault, président sortant, et, à
ma toute droite, M. Charles Me Cann, secrétaire de l'association.
M. Kehoe: M. le président et messieurs, je vous souhaite
la bienvenue à la commission.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, M. le
député de Chapieau. Je demanderais au requérant de faire
la présentation et d'expliquer s'il y a d'autres faits à
établir.
M. Théberge: C'est une association sans but lucratif. Ce
sont tous des bénévoles qui sont dans le domaine du sport. Cela a
été fondé en 1932 et incorporé en 1936. En 1973,
l'association a été dissoute. Effectivement, elle a toujours
été en activité. En 1983 - on a les livres ici - elle a
célébré son 50e anniversaire. Il y a aussi une lettre dans
le dossier, je crois - j'avais parlé à M. Alain Major -
expliquant que cette association fait partie intégrante du monde sportif
de l'Outaouais et est très renommée dans le sport Elle a toujours
oeuvré dans le domaine du sport. II y a environ 400 à 450 membres
en règle à ce moment-ci Elle constitue un centre
d'activités sociales pour ses membres et leurs invités. Elle
ignorait la dissolution. Elle l'a apprise au mois de novembre. Les avis ont
été publiés le 7 décembre 1988, le 14
décembre 1988, le 21 décembre 1988 et le 28 décembre 1988.
Nous demandons que ce projet de loi soit adopté afin qu'on puisse faire
notre requête pour la reprise d'existence de cette association et qu'elle
ne perde pas sa tradition bien établie dans la région de
l'Outaouais et ce, rétroactivement.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie. M.
Théberge. Je passerai maintenant la parole à M. le ministre.
M. Fortier: J'étais pour vous demander ce que vous
"voliez"; je me demandais ce que signifiait Hull volant. J'imagine que c'est..
Quel genre de sport est-ce? À l'origine, était ce pour faire du
sport aéronautique?
M. Théberge: C'était pour toutes sortes de
sports
M. Fortier: Ça n'a rien à faire avec l'avia
tion.
M. Théberge: Non, du tout. C'est le hockey, pour aider les
jeunes, le baseball.
M. Fortier: C'était le "Flying Hull"
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Kehoe: Tous les sports terre à terre.
M. Théberge: Effectivement, ils sont engagés en ce
moment. On prend la relève des Dauphins de l'Outaouais qui sont devenus
les Dauphins du Hull volant. Depuis cette année, effectivement, ils sont
très engagés. Ils sont à peu près 120 ou 125
nageurs et sont impliques socialement dans ça.
M. Fortier: Est ce que vous êtes dans la ville de Hull ou
si vous êtes
M. Kehoe: Dans la ville de Hull M. le ministre, la raison pour
laquelle je suis le parrain du projet de loi privé en question...
M. Théberge: C'est parce qu'on n'avait pas de
député.
M. Kehoe: c'est parce que le ministre des Approvisionnements et
Services. M. Gilles Roche-
leau, quand le projet de loi fut présenté, était
ministre et ne pouvait pas être le parrain. Il m'a demandé
d'être le parrain. C'est la seule raison.
M. Fortier: Cela fait plaisir, d'autant plus que le
député de Chapleau est un bon ami de la région et je suis
sûr qu'il défend très bien vos intérêts. Je ne
vois aucun problème à l'adoption de votre projet de loi et
j'imagine qu'il n'y a pas, comme un des cas précédents, des
transactions immobilières compliquées. Vous n'avez rien de
ça. L'avis de l'Inspecteur général indique qu'il s'agit
d'une simple reprise d'existence. Je voulais juste vous entendre nous dire
qu'il n'y a aucun fait qui nous est inconnu qui pourrait faire en sorte que ce
soit beaucoup plus compliqué que ce que vous nous dites. Alors, iI n'y a
absolument rien de spécial.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Je
passerai maintenant la parole à M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous dites que vous avez un permis d'alcool. Est-ce que
c'est un permis d'alcool permanent?
M. Théberge: C'est un permis d'alcool fait au nom du Hull
volant, effectivement.
M. Garon: Depuis combien d'années?
M. Théberge: Depuis 1982 qu'il est au nom du Hull volant,
je crois, ou aux alentours de 1982. C'est un permis accordé pour une
corporation sans but lucratif.
M. Garon: C'est encore un cas, M. le Président,
où je trouve que les sociétés de la couronne pourraient au
moins vérifier si les entreprises existent. Ce serait, il me semble, la
moindre des choses avant de donner des permis. C'est un simple appel
téléphonique pour voir si la compagnie est dissoute. Il me semble
qu'il y a du laxisme dans l'administration gouvernementale quand les gens ne
vérifient même pas ça. Après ça, on se
demande comment il se fait que les autres ne le vérifient pas. Il me
semble qu'à la Société des alcools, le premier geste
à poser, ce serait...
M. Fortier: On va transmettre votre remarque à la
Société des alcools.
M. Garon: Je pense, à ce moment-là, que cela
éviterait bien des choses. Elle dirait: Vous êtes dissoute. La
compagnie l'aurait appris il y a longtemps.
Une voix: En quelle année?
M. Garon: Ils ont dit qu'ils ont leur permis d'alcool depuis
1982.
M. Fortier: Depuis 1982. C'était sous l'ancien
gouvernement.
Une voix: II est vrai qu'il y avait du laxisme dans
l'administration gouvernementale en 1982.
M. Garon: Non. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: C'est la même chose avec vous autres.
M. Fortier: II se critique lui-même.
M. Garon: Je fais une distinction entre la politique, le
gouvernement et l'administration. J'ai parlé sur le plan administratif.
Il me semble que cela devrait être une règle ou encore l'inscrire
dans la loi que les organismes gouvernementaux devraient, quand ils font des
choses avec une société, vérifier si la
société existe toujours. Il me semble que ce serait la moindre
des choses. Cela éviterait toutes ces affaires-là parce que
ça coûte toujours de l'argent pour faire des reprises d'instance.
Si les sociétés d'État, lorsqu'elles font affaire avec une
corporation, faisaient cette vérification, elles pourraient leur dire:
Vous n'êtes pas en règle, vous n'existez pas. Nous ne pouvons pas
donner de permis à une compagnie inexistante.
M. Fortier: Vous avez raison.
M. Garon: II n'y a pas d'objection de notre part.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
député de Lévis. J'ai été heureux que vous
notiez qu'en 1982 II y avait du laxisme dans l'administration
gouvernementale.
M. Garon: Non, ne faites pas de la petite politique. Je dis tout
simplement que, sur le plan administratif, cela devrait être une
règle qui s'applique. En 1982, cela a fait trois ans; et en 1989, cela
fait quatre ans, vous autres, que ça fonctionne de cette
façon.
Le Président (M. Gobé): Vous avez raison, M. le
député de Lévis. Je pense que tous les membres de la
commission souscrivent avec vous à cette recommandation. Est-ce que le
préambule du projet de loi 270 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 1 du
projet de loi 270 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 2du
projet de loi 270 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 3du
projet de loi 270 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que le titre du
projet de loi, Loi concernant l'Association athlétique et sociale Hull
volant inc., est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que le projet de loi
est adopté dans son ensemble?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie beaucoup,
messieurs, d'être venus devant cotte commission. Merci, M. le
député.
M. Fortier: Bienvenue aux gens de Hull.
Projet de loi 277
Le Président (M. Gobé): J'appelle maintenant le
projet de loi 277, Loi concernant Club de golf La Pruchière Inc. Je
demanderais aux intervenants de bien vouloir se présenter devant la
commission et à Mme Dionne, la marraine de ce projet de loi, de bien
vouloir intervenir pour nous présenter son projet de loi.
Mme Dionne: Merci, M. le Président. Ce matin, nous avons
devant nous le projet de loi 277, Loi concernant Club de golf La
Pruchière inc. Le but principal du dépôt en cette
commission est une modification à la charte de l'entreprise puisque
cette corporation, qui a été constituée en 1970 avec un
but bien précis, demande aujourd'hui une modification pour être
régie par la partie III de la Loi sur les compagnies.
J'aimerais faire un petit historique. Dans les années
soixante-dix, quand un club de golf ou des représentants d'un club de
golf décidaient de l'implantation d'un club, on procédait selon
la première partie de la Loi sur les compagnies, qui était la
façon habituelle de procéder pour la création d'une
entreprise. Toutefois, au fil des années, cette compagnie a toujours eu
des buts s'apparantant à ceux d'une corporation sans but lucratif.
Aujourd'hui, Club de golf La Pruchière inc. demande cette modification.
Ce projet de loi ressemble beaucoup à celui du club de golf de Montmagny
qui a eu une modification semblable dans les années quatre-vingt
Par ailleurs, M. le Président, j'aimerais souhaiter la bienvenue
aux deux représentants du club de golf, soit M. Jean-Claude Boucher et
Me Yves Lêvesque. Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci. Mme la
députée. Je demanderais au requérant, Me Yves
Lévesque, de bien vouloir prendre la parole
M. Lévesque (Yves): J'interviens en tant que notaire et
secrétaire de Club de golf La Pruchière inc. Le club de golf est
situé à Saint-Pacôme de Kamouraska Les lettres patentes ont
été émises le 3 mars 1970 et il y a eu une modification,
par lettres patentes supplémentaires, le 24 juillet 1972, pour augmenter
le capital social de la compagnie. Actuellement, le club de golf a des actions
ordinaires émises pour 427 actionnaires. Il y avait des actions
privilégiées, lesquelles ont toutes été
rachetées en 1980.
Pour faire face à la concurrence des clubs de golf de la
région, où il y a cinq clubs de golf Saint-Jean Port-Joli, Trois
Saumons, Saint-Pamphile, Montmagny, Rivière-du-Loup et Cacou-na, qui
sont tous des clubs sans but lucratif Lorsque vient le temps d'immobiliser sur
lus terrains de golf, il a beaucoup de projets, de subventions, de projets
divers auxquels nous ne sommes pas admissibles parce que nous sommes à
but lucratif. Dans le passé, de 1970 à 1988, lorsque le club
faisait des profits, c'était toujours réinvesti sur le
terrain.
La requête vise à demander que la charte du club de golf
soit transférée sous la partie III de la Loi sur les compagnies,
comme tous les autres clubs de golf de la région
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Fortier: Bienvenue aux gens de Saint-Pacôme M. le
notaire, juste une question Je comprends la donnée du problème
Vous êtes une compagnie à capital-actions, créée en
1970, donc vous avez des actionnaires dans le moment Vous en avez 427 J'imagine
quo le conseil d'administration a adopté les résolutions
nécessaires, parce que, par la transformation, il n'y aurait plus
d'actionnaires Les actionnaires deviendraient membres. Est-ce vous pouvez nous
attester des procédures utilisées pour informer chacun des
actionnaires du fait qu'ils ne seraient plus actionnaires mais qu'ils
deviendraient membres d'une société sans but lucratif? Autrement
dit, est ce que toutes les procédures ont
été suivies? Et, pouvez-vous faire état de ce genre
de procédures?
M. Lévesque (Yves): L'assemblée
générale du club a eu lieu en janvier 1989. Dans l'ordre du jour
envoyé à tous les actionnaires, on indiquait qu'un
règlement serait adopté pour modifier la charte.
M. Fortier: Et cela a été adopté... M.
Lévesque (Yves): À l'unanimité.
M. Fortier: II y avait quorum et ça a été
adopté à l'unanimité.
M. Lévesque (Yves): Oui
M. Fortier: Le but de se transformer en société
sans but lucratif vous permettra d'avoir des subventions, si le club pout en
obtenir.
M. Lévesque (Yves): II y a ça aussi, mais
également le fait que, chez nous, le peu des profits qu'on fait tous les
ans, est toujours réinvesti sur le terrain. Dans les faits, aucun
dividende n'a jamais été déclaré aux
actionnaires.
M. Fortier: Oui. Autrement dit, vous avez toujours
fonctionné comme un club?
M. Lévesque (Yves): C'est ça. Lorsqu'on investit,
quand on est à but lucratif, l'investissement n'est pas une
dépense, c'est toujours une immobilisation. Cela veut dire qu'on payait,
pendant des années, de l'impôt sur de l'argent qu'on n'avait plus
parce qu'il était toujours réinvesti. Dans le passé, il y
a quelques années, on a ou beaucoup de dégâts à la
suite d'inondations de la rivière Ouelle. Toutes les réparations,
d'une trentaine de milliers de dollars, ont été faites par
bénévolat, les tracteurs, d'autres ont fourni des camions de
tourbe. Le club a toujours agi comme un club sans but lucratif, même si,
dans le fond, il avait une charte à but lucratif.
M. Fortier: D'accord.
M. Lévesque (Yves): Sur les 427 actionnaires - ce sont
tous des gens du milieu - à peu près une centaine jouent au golf.
Ce qui veut dire que, pour les 300 autres, c'est leur club de golf de la
région, sans qu'ils soient nécessairement des golfeurs.
M. Fortier: Le point important, pour moi, c'est le fait que les
actionnaires acceptent, parce qu'il ne faudrait pas leur enlever un droit. Je
prends votre parole à savoir qu'il y a eu une assemblée annuelle
et que tous les actionnaires, à l'unanimité, comme vous dites,
ont accepté de perdre leur droit pour devenir membres et ne plus
être actionnaires.
M. Boucher (Jean-Claude): J'étais présent à
l'assemblée, M. le ministre, et cela a été adopté
à l'assemblée générale de janvier. (11 h 45)
Le Président (M. Gobé): Excusez-moi, voulez-vous
vous identifier avant de parier?
M. Boucher: Mon nom est Jean-Claude Boucher et je suis directeur
au club de golf La Pruchlère.
Le Président (M. Gobé): Merci.
M. Boucher: J'assiste en remplacement de M. Marteau. Comme je
vous le disais, j'étais présent à l'assemblée
générale de janvier dernier et effectivement ça a
été adopté en assemblée générale.
M. Fortier: J'ai reçu un avis de l'inspecteur en ce sons
qu'il n'y avait pas d'objection do fond et il me fait plaisir, quant à
moi, d'endosser la demande qui nous est faite.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le député de Lévis, vous avez des commentaires à
faire, je crois.
M. Garon: Je veux poser une question à l'Inspecteur
général et aux intervenants d'abord. On dit que la compagnie est
constituée pour différents objets. Premièrement, est-ce
qu'il y a eu des changements dans les objets ou si ce sont toujours les
mêmes?
M. Lévesque (Yves): Non, jamais. M. Garon: Les
mêmes objets encore? M. Lévesque (Yves): Non.
M. Garon: Cela fait drôle pour une société
sans but lucratif. On dit: "1. exploiter un ou des clubs de golf; 2.
établir, acheter et exploiter des hôtels, motels, auberges,
maisons de touriste, camps, stations estivales, tavernes, ports, restaurants et
établissements connexes. " Pour une société sans but
lucratif, je ne sais pas si on a vraiment examiné la charte de la
compagnie, mais ça fait drôle. "3. faire l'exploitation et la
promotion des loisirs, des sports et des divertissements pour le public,
exploiter des golfs miniatures, des pistes de "go-karts", des cinémas en
plein air et autres activités, ainsi que toutes sortes de machines ou
appareils servant aux divertissements ou à l'amusement du public; 4.
acquérir et exploiter des constructions de toutes sortes pour
l'entreposage, la réparation, la garde et le commerce d'achat, de vente,
en gros et au détail, de tout véhicule et équipement de
toutes sortes en relation avec la pratique du sport du golf, de leurs parties
et accessoires et en faire le
commerce de location; 5. exercer les opérations d'entrepreneurs
généraux en construction, démolition ou réparation
de bâtiments de toutes sortes...
M. Fortier: C'est une grosse compagnie que vous avez.
M. Garon:... *6. faire le commerce, en gros et au détail,
de toutes sortes de matériaux de construction; 7. fabriquer, importer et
exporter, entreposer et généralement faire le commerce, en gros
et au détail, de meubles et nouveautés de toutes sortes; 8.
acquérir et détenir des actions, obligations ou autres valeurs de
compagnies possédant ou non des buts similaires à ceux de la
compagnie, les vendre ou autrement en disposer. "
M. Fortier: The sky is the limit".
M. Garon: 'Les administrateurs peuvent, lorsqu'ils le Jugent
opportun, sur simple résolution du conseil d'administration: a) faire
des emprunts de deniers sur le crédit de la compagnie, b) émettre
des obligations ou valeurs de la compagnie et les donner en garantie ou les
vendre pour les prix et sommes jugés convenables", etc.
Ne trouvez-vous pas que les objets de cette compagnie sont peu
compatibles avec une société sans but lucratif? Est-ce que
l'Inspecteur général a pris des dispositions pour que les objets
de la compagnie... C'est un club de golf, je comprends que ça peut
être une société sans but lucratif, mais là
ça peut être à peu près pour faire le commerce de
n'Importe quoi. Je ne suis pas sûr que ce soit compatible avec ce que
demandent les représentants du club de goff La Pruchière Inc.
M. Fortier: M. l'inspecteur.
M. Bouchard: Je ne nie pas la lecture des objets actuels de la
corporation. Tout simplement, on en était tellement conscients que
ça a pris beaucoup de discussions avec les gens pour en arriver à
la rédaction que vous avez à l'heure actuelle. C'est pourquoi
vous avez la. rédaction de l'article 1 qui dit: "1. Club de golf La
Pruchière inc. est autorisé à demander des lettres
patentes constituant ses membres en corporation régie par la partie
III... * Je peux vous dire que, lorsqu'on émettra des lettres patentes,
on va s'assurer que ce seront des corporations régies par la partie
III.
M. Garon: Cela va.
M. Fortier: C'est une des conditions.
Le Président (M. Gobé): Êtes-vous satisfait,
M. le député de Lévis?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que le
préambule du projet de loi 277 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Adopté. Est-ce que
l'article 1 du projet de loi 277 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Adopté. L'article 2
du projet de loi 277 est il adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Adopté. L'article 3
du projet de loi 277 est-il adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Adopté. Est ce que
le titre du projet de loi. Loi concernant Club de golf La Pruchière inc,
est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Adopté. Est ce que
le projet de loi est adopté dans son ensemble?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Alors, je remercie beaucoup
les requérants, ainsi que Mme la députée.
Projet de loi 283 ;
J'appelle maintenant le projet de loi 283, Loi concernant Groupe
André Perry inc. Je demande aux reguérants, Me Assunta Di Lorenzo
et Me Jean-Pierre Ouellet, procureurs, de venir à la table, ainsi
qu'à M. Richard French, député de Westmount. À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Westmount, vous avez maintenant la parole
sur le projet de loi 283.
M. French: M. le Président, Me Jean Pierre Ouellet et Me
Assunta Di Lorenzo sont en mesure de présenter ce projet de loi
privé qui touche une restructuration corporative du Groupe André
Perry inc. De crainte de compromettre les chances d'adoption du projet de loi,
je vais me
taire immédiatement.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M. le
député de Westmount.
Une voix: Vous êtes un député
expérimenté!
Le Président (M. Gobé): C'est une sage
décision. Je demanderai au requérant de Groupe André Perry
inc. de bien vouloir prendre la parole et de s'identifier pour les fins de la
transcription des débats.
M. Ouellet (Jean-Pierre): Jean-Pierre Ouellet, du cabinet
Stikeman, Elliott, de Montréal.
Le Président (M. Gobé): Bonjour, M. Ouellet.
M. Ouellet: Bonjour, M. le Président et MM. les
députés. Il y a Me Di Lorenzo également, du cabinet
Stikeman Elliott. Nous représentons le Groupe André Perry inc. Le
but du projet de loi, essentiellement, est de remédier à une
omission de déposer physiquement des statuts de modification
auprès de l'Inspecteur général, tel que la Loi sur les
compagnies l'exige.
Les faits pertinents peuvent être résumés comme
suit: La compagnie a été formée, à l'origine, en
1974, en compagnie privée. Dans les années quatre-vingt, en 1986
précisément, elle a modifié ses statuts et fait un appel
public à l'épargne dans le cadre du Régime
d'épargne-actions. Au moment de l'appel public à
l'épargne, il y avait trois catégories d'actions: les actions
privilégiées qui ne sont pas pertinentes à la question et
des actions ordinaires à droits de vote multiples, cinq droits de vote,
et des actions subalternes comportant chacune un droit de vote.
Comme la Loi sur les impôts du Québec l'exige, pour que les
actions subalternes bénéficient du Régime
d'épargne-actions, les statuts doivent comporter dos clauses
protégeant les porteurs de cos actions advenant une offre publique
d'achat. Parmi les nombreuses dispositions des clauses en question, il y en
avait une qui. prévoyait que les actions deviendraient toutes
égales quant au vote advenant que le fondateur de la compagnie et sa
famille immédiate ainsi que les personnes affiliées perdent le
contrôle de la compagnie.
Dans le courant de l'année 1987, le fondateur de la compagnie, M.
André Perry, a manifesté au conseil d'administration le
désir de se départir de son bloc et de se retirer de la gestion
de l'entreprise. Le vice-président senior à l'époque, M.
Pierre Thibeault, a manifesté le désir d'assumer la gestion ou de
continuer la gestion de l'entreprise. M. Thibeault était
déjà le porteur de 300 000 actions à droits de vote
multiples sur les 2 000 000 qu'il y avait en circulation. De façon
à faciliter le transfert des actions en question de M. Perry et de sa
famille à M. Thibeault, le conseil d'administration de la compagnie a
adopté une résolution visant à modifier les statuts de
façon à inclure M. Thibeault parmi les personnes qui pouvaient
acquérir le contrôle de la compagnie, sans enclencher le
mécanisme de conversion des actions.
Le conseil a adopté le règlement en question le 24
septembre 1987 et, à une assemblée générale
spéciale des actionnaires de la compagnie convoquée pour et tenue
le 23 octobre 1987, tous les actionnaires présents et ceux
représentés par procuration ont voté pour la
résolution visant à modifier les statuts. Pour des raisons qu'on
n'a pas réussi à comprendre à ce jour, les statuts n'ont
jamais été déposés physiquement au bureau de
l'inspecteur et ce n'est qu'en septembre 1988 que la compagnie s'est rendu
compte de l'omission.
La compagnie a tenté de procéder à la rectification
de cette omission par voie de requête à la Cour supérieure.
L'inspecteur général s'est opposé à cette
façon de procéder en prétendant qu'une omission ne pouvait
pas être corrigée par les tribunaux, que le seul moyen
était un projet de loi privé. Voilà pourquoi nous sommes
ici.
Ce qui est important de savoir là-dedans, c'est que les
actionnaires ont approuvé à l'unanimité, tant ceux qui
étaient présents que ceux qui étaient
représentés par procuration, la modification en question. Je me
dois d'ajouter qu'à la suite de l'adoption de la résolution, il y
a eu transaction entre la famille Perry et M. Thibeault, ce qui fait que le
projet de loi doit avoir un effet rétroactif à la date d'adoption
par les actionnaires.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M.
Ouellet. M. le ministre, vous avez maintenant la parole.
M. Fortier: Oui, bonjour, M. Ouellet et Mme Di Lorenzo. Si )e
comprends bien, iI n'y a aucune contestation sur le fait que la transaction
serait rétroactive.
M. Ouellet: La modification...
M. Fortier: Est-ce que c'est ça que vous avez dit?
Ça avait été adopté à l'unanimité des
actionnaires et de ceux qui étaient là auparavant. Donc, à
votre connaissance, il n'y a pas contestation sur la
rétroactivité que vous demandez?
M. Ouellet: Absolument pas, M. le ministre.
M. Fortier: Pourriez-vous nous dire - ce n'est peut-être
pas pertinent au débat - seulement à titre d'information, quelles
sont les activités de Groupe André Perry, pour nous
situer un peu?
M. Ouellet: À l'origine, vous avez peut-être
déjà entendu parler du studio d'enregistrement Morin Heights.
M. Fortier: Le...
M. Ouellet: Le studio d'enregistrement Morin Heights. On y lait
l'enregistrement de disques; on y travaille dans l'audio.
M. Chagnon: M. Perry, c'est un amateur de...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Saint-Louis, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ouellet: Ce studio est très connu pour la
qualité de ses produits non seulement au Québec et au Canada,
mais dans le monde. Il y a des artistes américains, britanniques et
français qui sont venus régulièrement enregistrer. Mais,
depuis quelques années, il s'est lancé dans la production de
vidéos produits sur électronique. Je ne prétends pas
être un expert, loin de là, dans le domaine, mais si vous voyez,
par exemple, un vidéoclip comme celui qui va précéder Les
Nouvelles de Radio-Canada ou Le Point, qui est monté sur
électronique, c'est produit par le studio André Perry.
M. Fortier: Oui. Alors c'est...
M. Ouellet: II a maintenant des filiales à Washington et
à San Francisco.
M. Fortier: C'est un groupe important. M. Ouellet: C'est
un groupe important.
M. Fortier: C'est curieux, pour un groupe important, qu'il ait
fait une négligence comme celle-là. Comment peut on expliquer
cela? Cela me surprend toujours parce que... Tout à l'heure, le
député de Lévis me disait, pour des reprises d'existence,
parfois, c'est... Je pense que, l'an dernier, il y avait un boulanger de
Chicoutimi qui avait oublié de remplir les prescriptions pour permettre
à la compagnie de rester en vie. On peut l'expliquer dans les cas de
gens qui, normalement, ne sont pas en affaires, d'oublier des exigences
légales comme celle-là, mais, de la part d'un groupe important,
cela me semble assez inexcusable, n'est-ce pas?
M. Ouellet: C'est probalement inexcusable, M. le
Président, mais, à ma connaissance, ce qui est arrivé...
À l'époque, la compagnie était en train de changer de
procureur, d'une part, et, d'autre part, II y avait également la
transition entre la famille Perry et M. Thibeault, de sorte que les questions
administratives ont été négligées. La personne qui
était secrétaire de la compagnie à ce moment-là et
dont c'était la responsabilité juridique et corporative de
s'assurer du dépôt des statuts était
désintéressée de l'administration de la compagnie.
M. Fortier: Merci
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le député de Lévis, avez-vous quelques commentaires?
M. Garon: Je voulais vous demander si c'était vrai ce
qu'on voyait récemment dans le journal Les Affaires, à'
savoir que vous êtes en train de faire une transaction de fusion ou de
vente avec une compagnie américaine?
M. Ouellet: Écoutez, la compagnie, comme je l'ai dit tout
à l'heure, a pris beaucoup d'expansion récemment et a, comme cela
arrive à l'occasion, des difficultés de flux monétaire
Certaines alternatives sont examinées. Maintenant, je me verrais mal
commenter les possibilités de transactions ici.
M. Garon: Ha, ha, ha! Je pose la question à l'Inspecteur
général: Ce genre de disposition qu'une compagnie doit remplir,
est ce fréquent que ces papiers doivent vous être transmis ou si
ce n'est pas fréquent?
M. Bouchard: Oui, c'est régulier. Ce sont les
dépôts de statuts pour modification de statuts. On en a des
milliers par année. Ici, c'est parce que la date n'a pas
été respectée et, en vertu de la loi, l'inspecteur ne peut
pas délivrer des statuts rétroactifs. Comme le délai
était expiré, on pourrait toujours délivrer les statuts
encore aujourd'hui, mais ils ne veulent pas parce qu'il y a eu des droits
acquis durant ce temps là. des transferts d'actions qui ont eu lieu
Alors, ils veulent se replacer à la date où cela a
été approuvé à l'assemblée
générale spéciale et à la date où cela
aurait dû être déposé chez nous.
M. Fortier: L'essence même du projet de loi, c'est la
rétroactivité
M. Ouellet: Exactement. M.Garon: Pardon?
M. Fortier: J'ai dit: L'essence même du projet de loi,
c'est sa rétroactivité
M. Ouellet: Exactement
M. Fortier: Comme l'inspecteur vient de le dire, il pourrait
aujourd'hui approuver les statuts.
M. Ouellet: Absolument, sauf que cela n'aurait pas l'effet
d'entériner sans conversion la transaction qui a lieu entre la famille
de M. Perry et Pierre Thibeault.
M. Garon: Est-ce qu'il arrive souvent qu'il y a des omissions de
cette nature-là?
M. Bouchard: Non, je ne dirai pas que cela arrive souvent; cela
arrive occasionnellement. On fait comprendre aux procureurs qu'ils ne peuvent
pas. Ici, ils ont voulu invoquer un article qui, à notre avis, ne
s'appliquait pas du tout. L'article 140 dit qu'une compagnie peut modifier ses
statuts pour rectifier une illégalité ou une
irrégularité. Alors, on n'a pas commis d'illégalité
chez nous, c'est eux qui ont commis une erreur. Alors, c'est pour cela qu'on
s'est opposé à la cour à la requête qu'ils ont
déposée. (12 heures)
M. Fortier: M. le député de Lévis, avez-vous
terminé?
M. Garon: Je suis un peu étonné que ça
arrive. Je comprends lorsque ce sont des clubs de chasse et pêche
où les gens se rencontrent deux fois par année pour ouvrir
les...
M. Fortier: Au Sigma Chi. M. Garon: Pardon?
M. Fortier: Au club Sigma Chi des étudiants.
M. Garon: ...ou encore un groupe de bénévoles. Mais
c'est un peu surprenant.
M. Fortier: J'aimerais demander à l'inspecteur, pour les
fins d'enregistrement, s'il a étudié tout le dossier et s'il
recommande l'adoption du projet.
M. Bouchard: Oui, on a étudié le dossier et il est
évident que le principe qui est en cause, c'est celui que le ministre
dit, soit que le législateur accepte la rétroactivité et
autorise l'inspecteur à émettre des statuts rétroactifs.
C'est le seul débat qu'il y a au dossier. Tout le reste est correct.
M. Garon: Est-ce qu'il pourrait y avoir des conséquences,
selon vous, à ce qu'il y ait une telle rétroactivité?
M. Bouchard: D'après les représentations qui nous
ont été faites, II y aurait des conséquences pour les
transactions de transfert d'actions. Mais le procureur est là et il
pourrait les expliquer davantage. C'est qu'il y a eu effectivement, je crois,
un changement parmi les actionnaires considérés comme principaux.
Cette compagnie est une compagnie dont les actions sont cotées en Bourse
et vous avez fait l'objet de prospectus et vous auriez des difficultés,
je crois...
M. Garon: Je sais. Ils ont même été
dans...
M. Bouchard: Vous êtes sur le point de retourner en
Bourse.
M. Garon: ...le REA. M. Bouchard: Pardon? C'est ça.
M. Garon: II y a eu un REA, Perry. M. Ouellet: C'est
exact.
M. Bouchard: Cela aura des effets sur les actions en cours.
M. Ouellet: La situation actuelle, si je peux me permettre, M. le
député de Lévis, c'est... Quand je dis la situation
actuelle - tenons pour acquis que le projet de loi sera adopté - il y a
2 000 000 d'actions à droits de vote multiples en circulation qui
seraient toutes détenues, soit 1 900 000, par M. Thibeault, ce qui lui
donne 950 000 votes et ce qui lui permet de contrôler la compagnie. Il y
a à peu près 2 500 000 actions subalternes en circulation qui
sont détenues par le public, en petit bloc, par des investisseurs ici et
là et il y a également une banque suisse qui en détient
indirectement. C'est la situation actuelle et c'est la situation qui est
perçue comme la situation actuelle par tout le monde. Si on ne parvient
pas à remédier à l'omission qui a eu lieu en octobre 1987
et que la transaction de mars 1988 par laquelle M. Thibeault a pris le
contrôle de la compagnie enclenche le mécanisme de conversion,
cela veut dire que M. Thibeault n'a plus le contrôle. Le contrôle
est diffus dans le public. Il n'y a personne qui a 50 % des votes.
M. Fortier: Excusez-moi, mais étant donné l'impact
très important et qu'il s'agit, de toute évidence, de la faute de
celui qui était secrétaire de la compagnie à ce
moment-là...
M. Ouellet: Celui ou celle, M. le ministre.
M. Fortier: Celui ou celle, on ne fera pas de sexisme, est-ce que
la compagnie ou le procureur...
Une voix: ...c'est la première fois que...
M. Fortier: Est-ce que je peux poser une question, parce qu'on
est ici pour corriger une faute? Je trouve pénible que la personne qui
est responsable de la faute s'en tire aussi facilement. La compagnie n'a
intenté aucune poursuite. On n'a pas déposé de plainte
auprès du Barreau si la personne était avocate? Il n'y a rien qui
a été fait de ce côté-là?
M. Ouellet: La personne n'était pas avocate. M.
Fortier: Non?
M. Ouellet: La personne était à l'emploi de la
compagnie.
M. Fortier: Simplement.
M. Ouellet: Écoutez, pour la compagnie, cela aurait
été une vindicte.
M. Fortier: Je sais bien que ça n'aurait pas
réglé le fond du problème. Probablement que la personne ne
serait pas en mesure de payer quoi que ce soit qui serait de l'ordre de
grandeur des dépenses encourues ou des...
M. Ouellet: Si vous me permettez, M. le ministre, il n'y a pas un
montant d'argent qui.. Je veux dire que... C'est certain qu'en fin de compte on
pourrait compenser tout le monde en donnant des dollars, mais ce n'est pas pour
viser... Le projet de loi ne vise pas à réparer une question
financière. Il vise essentiellement à clarifier la situation
juridique.
M. Fortier: C'est parce que si les statuts n'étaient pas
rétroactifs, cela créerait une situation financière
très complexe.
M. Ouellet: Absolument. M. Thibeault n'aurait plus le
contrôle et, n'ayant pas le contrôle, on ne sait pas ce qu'il
pourrait faire pour...
M. Fortier: C'est ça.
M. Ouellet:... continuer d'assumer la gestion de la compagnie. Le
public serait pris avec une compagnie qu'il croyait contrôlée par
une personne et elle ne le serait plus.
M. Fortier: Alors, c'est dans le meilleur intérêt
public. C'est votre meilleur argument.
M. Ouellet: C'est ce que je pense. Mon meilleur argument, c'est
que les actionnaires... Ce qu'on vise à corriger, c'est le
dépôt physique du papier, du document auprès de
l'inspecteur général. Tous les actes de nature substantive ont
été suivis. Le conseil d'administration a adopté le
règlement. Les actionnaires l'ont adopté à
l'unanimité. C'est simplement le geste formel qui n'a pas
été posé.
M. Fortier: Je posais la question sur la personne qui
était secrétaire, mais il y a certainement des procureurs qui
étaient mêlés au dossier. Il y avait certainement un
président de compagnie. Il y avait des membres du conseil
d'administration. Je trouve qu'il y a bien du monde là-dedans qui s'en
tire facilement. Vous nous demandez de donner l'absolution à tout ce
beau monde. Il y a des gens qui devraient payer d'une façon ou d'une
autre, soit au Barreau ou ailleurs, et il n'y a aucune plainte qui a
été portée. Vous nous demandez de donner l'absolu- tion
totale alors qu'il y a des gens qui n'ont pas fait leur devoir dans ce
dossier
M. Ouellet: M. le Président, on ne s'est pas posé
la question de savoir qui était la personne responsable. La personne
responsable était le ou la secrétaire de la compagnie Les membres
du conseil d'administration, tant les administrateurs qui sont des
employés de la compagnie que ceux qui venaient de l'extérieur,
sont en droit d'assumer, je pense, que les fonctionnaires et les dirigeants de
la compagnie vont remplir leur devoir. Comme je vous l'ai expliqué, plus
tôt, à cause du changement de contrôle qui avait
commencé, la transmission des pouvoirs avait commencé à se
faire à l'époque. Il y a eu également un changement de
procureur.
M. Fortier: Depuis quand êtes vous procureur chez Stikeman
Elliott?
M. Ouellet: Procureur de la compagnie, en tant que tel,
après le mois de mars 1988
M. Fortier: Quels étaient les procureurs avant cette
date?
M. Ouellet: Écoutez, M. le Président, je ne peux
vous dire qui était responsable de ce dossier. Je ne sais pas s'il
était représenté à l'extérieur. M. le
ministre, je m'excuse, mais je ne peux vous dire s'il était
représenté à l'extérieur.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie. M.
Ouellet Avez vous terminé, M. le ministre?
M. Fortier: Oui, j'ai terminé.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lévis.
M. Garon: C'est quand même curieux parce que c'est
marqué au point 12 Par mégarde ou inadvertance, les statuts de
modification ne furent pas déposés auprès de l'Inspecteur
général des institutions financières. II y a quelqu'un qui
devait ie faire et qui ne l'a pas fait.
M. Ouellet: C'est sûr
M. Garon: On ne change pas des statuts comme ça.
M. Ouellet: Écoutez, il faut bien comprendre, M. le
député de Lévis, que le dépôt des statuts,
c'est le geste formel Je comprends que c'est important. Je n'essaie pas d'en
nier l'importance, mais le geste substantif, c'est que. premièrement,
les administrateurs adoptent le règlement et, deuxièmement,
qu'ils le soumettent pour approbation aux actionnnaires, qu'ils convoquent les
actionnaires en leur envoyant une circulaire de sollicitation, une procuration,
leur
expliquant les tenants et aboutissants et leur disant la date à
laquelle la question va être débattue. Tout ça a
été fait. À l'assemblée en question, un quorum des
actionnaires s'est présenté et a voté à
l'unanimité pour la modification en question. C'est simplement... Je
comprends que c'est aberrant pour une compagnie publique d'omettre de poser le
geste formel alors qu'elle a posé tous les gestes substantiels. Je
comprends ça et je ne le nie pas, mais la prétention de ma
cliente, qui est également la mienne, c'est que l'intérêt
public va être mieux servi par l'adoption du projet de loi qui va
corriger cette omission, si épouvantable soit-elle, que de ne pas
adopter le projet de loi pour punir le secrétaire, les administrateurs
ou les procureurs qui avaient ou auraient pu avoir la
responsabilité.
M. Fortier: Je fais mon commentaire non seulement comme ministre
des institutions financières mais comme ministre responsable des lois
professionnelles pour vous dire qu'il y a des professionnels qui s'en tirent
facilement dans ce dossier. Je suis d'accord avec vous que
l'intérêt public nous commande d'adopter le projet de loi.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Au paragraphe 13, il y a eu d'autres transactions. M.
Thlbeault a acheté 1 600 000 actions.
M. Ouellet: C'est cette partie qui rend nécessaire
l'adoption du projet de loi.
M. Garon: Je comprends, mais quand il a acheté 1 600 000
actions... Il a acheté ça comme ça. Il n'a pas fait de
vérification.
M. Fortier: Le procureur n'a rien vérifié.
M.Ouellet: II a tenu pour acquis...
M. Garon: Après ça, signalons une convention
d'échange avec Nordplus dans laquelle il cédait ses 300 000
actions de catégorie A du capital actions de la compagnie à
Nordplus permettant ainsi à Nordplus de devenir le détenteur
inscrit de 1 900 000 actions, catégorie A. En théorie, on dit que
toutes les actions subalternes, catégorie B, mises en circulation sont
alors devenues des actions de catégorie A à l'insu de la
compagnie et de ses dirigeants puisque les statuts et modifications de 1987
n'avaient pas été déposés. Ça fait un
certain nombre de transactions que, normalement, les gens regardent et
vérifient un peu.
M. Ouellet: C'est exact.
M. Garon: C'est quand même surprenant. Est-ce qu'il y avait
des avocats, des notaires, des comptables?
M. Ouellet: Dans la transaction par laquelle M. Thibeault a
acquis les actions, il y a eu plusieurs procureurs d'impliqués
représentant M. Thibeault, justement, et ça s'est fait... Le
dossier a changé de mains deux ou trois fois.
M. Garon: Des fois, c'est mieux d'en avoir un que plusieurs.
M. Ouellet: II faut savoir également que M. Thibeauit
était vice-président de la compagnie, à cette
époque, et qu'il présumait que tout avait été fait
comme il faut, et il est également avocat lui-même.
M. Garon: M. Thibeauit?
M. Ouellet: Oui. Lui-même voulait minimiser l'implication
de professionnels de l'extérieur.
M. Garon: Ah! c'est lui-même qui a fait ces actes?
M. Ouellet: Écoutez, je ne le sais pas, je n'ai pas vu
tout ce qui s'est passé là-dedans.
M. Garon: Est-ce que vous avez vérifié si
l'adoption des statuts, en 1987, était conforme?
M. Bouchard: Les assemblées ont été tenues,
on a des certificats indiquant que cela a été... On ne va pas
au-delà du certificat du secrétaire. En vertu de la loi, il faut
prendre le certificat du secrétaire. On a tout ça au dossier.
Tous les documents sont au dossier.
M. Garon: La seule omission...
M. Bouchard:... sauf qu'ils n'ont pas été
déposés.
M. Garon:... a été la transmission des
modifications à l'Inspecteur général.
M. Bouchard: Ils n'ont pas été
déposés, mais on peut les déposer aujourd'hui s'ils le
veulent, mais ils ne veulent pas.
M. Garon: Ah oui!
M. Bouchard: Ils veulent une date rétroactive.
M. Fortier: On procède, M. le député de
Lévis?
Le Président (M. Gobé): Est-ce que le
préambule du projet de loi 283 est adopté?
M. Fortier: C'est une loi qui ne coûte pas cher du
tout.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: C'est une loi qui ne coûte pas cher pour les
difficultés dans lesquelles ils sont.
M. Garon: Quand ce sont de pauvres diables qui font des affaires
du genre, Us se font mettre à la porte, vous savez...
M. Fortier: C'est ça, complètement d'accord.
M. Garon: et quand ce sont des professionnels, c'est comme
quelqu'un me disait, si...
M. Fortier:
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas nous qui
allons régler ça...
M. Fortier: Non. Je suggérerais qu'on procède, M.
le député de Lévis, il nous reste...
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Gobé): J'appelle donc l'adoption
du projet de loi. Est-ce que le préambule du projet de loi 263 est
adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté. M.
Garon: Le préambule est adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 1 du
projet de loi 283 est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 2du
projet de loi 283 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que le titre du
projet de loi 283, Loi concernant Groupe André Perry inc., est
adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que le projet de loi
283 est adopté dans son ensemble?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Gobé): C'est bien. Alors, je
remercie Me Ouellet et Me Di Lorenzo, ainsi que le député...
M. Fortier: De Westmount
Le Président (M. Gobé):... de Westmount d'avoir
fait cette brillante présentation. Projet de loi 285
J'appelle maintenant le projet de loi 285. Loi concernant Domaine
Lafontaine ltée, proposé par M. le député de Saint
Louis et dont le requérant est Me Barbeau. Me Barbeau, si vous voulez
prendre place. M. le député de Saint Louis, si vous voulez
commencer la présentation du projet de loi, nous allons vous
écouter.
M. Chagnon: Sûrement, M. le Président J'aimerais
informer.
Le Président (M. Gobé): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chagnon:... les membres de cette commission, d'une part, que
Me Marc Barbeau ainsi que...
M. Raizenne (Robert): Robert Raizenne.
M. Chagnon:... M. Robert Raizenne qui l'accompagne sont ici pour
nous demander de faire en sorte qu'une reprise d'existence concernant le
Domaine Lafontaine Itée puisse être acceptée par projet de
loi privé. La dissolution de cette compagnie s'est faite le 8
décembre 1973 et cette compagnie, entre le 24 octobre 1972 et le 14
novembre 1980, est demeurée totalement inactive.
M. le Président, encore une fois pour le député de
Lévis, je tiens à préciser que ce projet de loi...
Le Président (M. Gobé): Vous avez la parole.
Allez-y!
M. Chagnon: a été publié dans la Gazette
officielle du Québec du 25 février 1989 et dans La Presse
du 14, 21 et 18 février et du 7 mars 1989, où on a pu y
trouver l'annonce. L'avis a donc paru à ces quatre dates. M. le
Président, je demanderais à M. Barbeau de continuer cette
présentation. (12 h 15)
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Saint-Louis. Me. Barbeau, vous avez maintenant la
parole.
M. Barbeau (Marc): M. le Président, tout ce que j'aimerais
ajouter à ce que le député de Saint-Louis vous a
indiqué tout à l'heure, c'est tout simplement quelques
détails. Premièrement, la date de constitution de la compagnie
Domaine Lafontaine Itée est le 4 février 1965. Cette compagnie,
entre le 4 février 1965 et le 12 octobre 1972, a été
relativement active. Elle a
ensuite cessé, à toutes fins utiles, ses activités
en octobre 1972 et a été dissoute, pour défaut de
production de rapports annuels, en décembre 1973, sans toutefois que les
dirigeants de la compagnie aient connaissance de cette dissolution. Si bien
qu'en 1980, lorsque la chose était devenue utile, les dirigeants se sont
tournés vers cette compagnie pour l'utiliser dans d'autres affaires
qu'ils ont transigées pendant deux ou trois ans, y compris trois ou
quatre transactions immobilières pour enfin, en 1984, 1985, se rendre
compte qu'ils avaient utilisé un nom uniquement et non une compagnie en
existence.
Ces transactions causent bien des problèmes au point de vue
strictement technique pour la chaîne des titres. Après
s'être penché sur la question, notre cabinet a cru que le seul
moyen de réparer le titre serait de faire reprendre l'existence de cette
compagnie par le biais du projet de loi privé qui est devant vous.
J'ajouterais que la compagnie a déposé ses déclarations
d'impôt annuellement pendant toutes les périodes pertinentes et
qu'à toutes fins utiles, on s'est comporté, jusqu'à ce que
la découverte de la dissolution se fasse, comme si la compagnie
était en existence.
Le Président (M. Gobé): Merci, Me Barbeau. M. le
ministre, vous avez maintenant la parole.
M. Fortier: Bienvenue en commission parlementaire. La seule
question que j'aurais, c'est que vous avez dit qu'elle a été plus
active ces dernières années. Dans le temps où elle
n'était pas active, est-ce qu'il y a eu des propriétés,
comme le cas que nous avons eu tout à l'heure, qui auraient
été vendues par le shérif et qui pourraient être
contestées, des reprises d'existence ou des retraits?
M. Barbeau: Non.
M. Fortier: II n'y a aucune situation conflictuelle.
M. Barbeau: C'est ça. Il n'y a aucune situation où
des tiers sont impliqués. Ce sont strictement des acquisitions de
propriétés.
M. Fortier: Donc, il n'y a pas... Nous n'avons reçu aucune
contestation mais, à votre connaissance, il n'y a pas de tierce partie
qui pourrait contester la reprise d'existence comme telle.
M. Barbeau: C'est exact. M.Fortier: Je vous
remercie.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le député de Lévis, quelques commentaires?
M. Garon: Vous dites, selon vos informa- tions, que la compagnie
est demeurée entièrement inactive depuis le 24 octobre 1972
jusqu'au 14 novembre 1980, de sorte qu'elle n'aurait possédé
aucun actif à la date de sa dissolution. Alors, qu'est-ce qui est
arrivé pour qu'elle soit entièrement inactive pendant tant
d'années et, à un moment donné, qu'elle soit en
activité?
M. Barbeau: La question est bonne mais souvent le problème
dans ces compagnies, justement, qu'on cesse d'utiliser mais qui demeurent dans
l'esprit de ceux qui en étaient des dirigeants des compagnies vivantes,
c'est, que, aussitôt que l'occasion se présente où on a
besoin d'une compagnie - on dit en anglais des "shelf companies", des
compagnies qu'on garde sur la tablette - on se tourne vers la première
compagnie qu'on rencontre et on utilise celle-là. C'est manifestement,
ou, enfin, je présume, ce qui s'est produit. On avait besoin d'une
société qu'on croyait existante et c'est le Domaine Lafontaine
Itée qu'on a choisi d'utiliser, malheureusement, sans faire les
vérifications nécessaires pour s'assurer que la compagnie
était bel et bien existante.
M. Garon: Qui est derrière la compagnie Domaine Lafontaine
Itée?
M. Barbeau: C'est une société hollandaise ou un
groupe hollandais du nom de Chemnor?
M. Garon: Ce groupe fait quoi?
M. Barbeau: Me Raizenne m'informe que c'est une multinationale
qui fait affaire dans plusieurs domaines, surtout dans les produits
chimiques.
M. Garon: Dans l'achat de lots dont on parle, cela
représente combien d'acres?
M. Barbeau: Ce serait 100 hectares environ.
M. Garon: Cent hectares. Est-ce que ce sont des acres dans des
terrains zonés agricoles ou non zonés agricoles?
M. Barbeau: À notre connaissance, ce serait zoné
agricole.
M. Garon: Mais quel est le but d'une compagnie hollandaise dans
les produits chimiques d'acheter des terrains zonés agricoles?
M. Barbeau: Investissement à long terme...
M. Garon: Cela donne quoi? Il y a une loi sur les
non-résidents, et il faut indiquer, quand on achète des terrains
zonés agricoles, qu'on a l'intention de les cultiver. Est-ce que cette
démonstration a été faite? Cela n'a pas de bon sens.
M. Barbeau: Je n'ai pas connaissance de cette déclaration.
On n'agissait pas pour la compagnie, à l'époque des transactions,
en 1980, 1981 et 1982.
M. Garon: II y a une loi qui dit qu'une entreprise ne peut
acheter de terrains dans des zones agricoles, à moins d'Indiquer qu'elle
va les cultiver ou qu'ls soient dézonés.
M. Forget: II peut y avoir quelqu'un, quand même, qui est
intéressé à les cultiver, mais normalement ces terres sont
cultivées. Je pense que la plupart des gens...
M. Garon: Voyons donc...
M. Forget: Non, non, mais écoutez Dans la région de
Boucherville, M. le député de Lévis, allez voir, V y a
quand même beaucoup de terres qui sont cultivées.
M. Garon: Est-ce que la compagnie cultive les terres?
M. Barbeau: Non, pas à ma connaissance. Elles sont
déjà cultivées. Elles sont louées...
M. Garon: Elles sont louées à des cultivateurs.
M. Fortier: Je pense que les représentations du
député de Lévis sont valables, mais je tiens pour acquis
que, si on fait reprendre l'existence, la compagnie va respecter toutes les
lois du Québec, cela va sans dire.
M. Barbeau: C'est exact. L'objet de la reprise d'existence est
simplement pour régler une question de titre. Cela n'a pas pour objet de
retirer les lots de terrain ou la compagnie elle-même de l'application
des lois d'application générale.
M. Garon: Qu'est-ce que faisait la compagnie Domaine Lafontaine
Itée avant d'être inactive?
M. Barbeau: Elle avait fait des transactions immobilières
aussi. Mais toutes les transactions qu'elle avait faites... Elle n'avait plus
de biens au moment de sa dissolution, en 1973.
M. Garon: Elle n'avait plus de biens?
M. Barbeau: Elle n'avait plus de biens. C'était une
coquille vide.
M. Garon: Dont les actionnaires étaient les
mêmes?
M. Barbeau: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Lévis?
M. Garon: Vis-à-vis de la Loi sur la protection du
territoire agricole, est ce que vous avez fait ces vérifications? Il y a
une loi sur les non-résidents qui...
M. Bouchard: Ils sont tous branchés sur le fichier, ils
ont seulement à communiquer avec le fichier et ils vont savoir si elle
est dissoute ou pas.
M. Garon: Non, ce n'est pas ce que je veux dire. Il y a une loi
administrée par la Commission de protection du territoire agricole sur
les non-résidents. Un non résident qui acquiert une terre dans la
zone agricole doit faire des représentations auprès de la
Commission parce que la transaction peut être nulle. II faut faire une
demande à la Commission de protection du territoire agricole quand on
est un non-résident et qu'on acquiert une terre au Québec, dans
la zone agricole.
M. Bouchard: Ils l'ont acquise, eux. C'est acquis.
M. Garon: Cela ne fait rien Si la terre a été
acquise, si la loi sur les non résidents n'a pas été
respecté, la transaction...
M. Fortier: Ce serait à la Commission de protection du
territoire agricole de faire enquête là-dessus, ici...
M. Garon: Non, non.
M. Fortier: Tout ce qui nous concerne ici, c'est sur la reprise
d'existence de la compagnie
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Prévost, vous avez quelque chose à dire?
M. Forget: Voici ma question. C'est un droit acquis, ces terres,
ça fait quand même une couple d'années. La loi a
été adoptée en 1982 ou 1983, si ma mémoire est
bonne.
M. Garon: La loi sur les non-résidents.
M. Forget: Oui.
M. Garon: Je ne me rappelle pas l'année.
M. Forget: Oui. c'est en 1982-1983. Donc, il y a un droit acquis
là-dedans, dans ce cas.
M. Fortier: Je ne sais pas. Je ne peux pas dire en quelle
année cela avait été adopté.
M. Barbeau: Les transactions ont eu lieu entre le 14 novembre
1980 et le 20 janvier 1983.
M. Fortier: C'était antérieur à l'adoption
de la loi sur...
M. Garon: Je ne sais pas si la loi... On peut le savoir
rapidement.
Non, vous avez raison. Ce n'est pas en 1978. Je ne me rappelle
pas...
Des voix: C'est en 1983, je pense.
M. Forget: Lorsqu'il y a eu des amendements à la loi.
Le Président (M. Gobé): C'est une de vos lois. Vous
devriez vous le rappeler.
M. Garon: Pardon? Quelle année? J'ai adopté 60
lois.
Le Président (M. Gobé): Elle est importante.
M. Garon: Je ne me rappelle pas la date de chacune. En attendant,
Bellefeuille Investments Incorporated qui a acquis tous les lots le 31
décembre 1985... Qui est Bellefeuille Investments Incorporated?
M. Barbeau: C'est une société indirectement
détenue par le même groupe. On voulait mettre les terrains entre
les mains d'une compagnie qui existait plutôt que de les avoir entre les
mains d'une compagnie qui n'existait pas.
M. Garon: Pardon?
M. Barbeau: On voulait mettre les lots entre les mains d'une
compagnie qui existait.
M. Garon: Mais Bellefeuille...
M. Barbeau: Cette compagnie, qui était indirectement
détenue par le même groupe, a acquis les terrains de façon
qu'au moins il y ait une personne qui existe qui soit au registre, au
cadastre.
M. Garon: La Loi sur l'acquisition de terres agricoles par des
non-résidents a été adoptée en 1979.
M. Fortier: Elle dit quoi exactement? M. Garon: Pardon?
C'est que... M. Fortier: II y a des conditions.
M. Garon: C'est marqué: "Une personne qui ne réside
pas au Québec ne peut, sans l'autorisation de la commission, faire
directement ou indirectement l'acquisition d'une terre agricole. "Une personne
qui ne réside pas au Québec est réputée faire
l'acquisition d'une terre agricole si elle acquiert des actions d'une compagnie
dont le principal actif consiste en une terre agricole et si, du fait de ce
transfert d'actions, cette compagnie devient une personne morale qui ne
réside pas au Québec. "
M. Fortier: Cela veut dire que la transaction pourrait être
nulle.
M. Garon: Oui, si... En tout cas, il y avait des conditions. Je
ne peux pas l'affirmer parce que je ne sais pas tout ce qui s'est passé.
Mais...
M. Barbeau:... la reprise d'existence de la compagnie n'a aucun
impact sur l'application de cette loi qui va demeurer quand même
d'application à la transaction si c'est le cas.
M. Garon: Non, mais si une compagnie ne respecte aucune des lois
du Québec, ça fait un drôle de citoyen. Si elle n'agit
pas... Là, vous demandez quand même des choses. Il y a la reprise
d'existence. Dans l'intervalle, la compagnie a agi en ne respectant pas,
semble-t-il, les lois du Québec.
M. Barbeau: Elle a déposé les déclarations
d'impôt tout de même.
M. Garon: Oui, si elle n'était pas en activité, la
déclaration d'impôt devait être nulle. Elle ne faisait rien,
elle n'avait pas d'actif.
M. Barbeau: Nulle ou près de nulle.
M. Garon: Pardon?
M. Barbeau: Nulle ou près de nulle.
M. Garon: Vous dites qu'elle ne faisait rien. Elle demeure
entièrement inactive depuis le 24 octobre 1972 jusqu'au 14 novembre
1980. Alors, les déclarations d'impôt... Vous dites qu'elle
n'aurait possédé aucun actif à la date de sa
dissolution.
M. Barbeau: Mais j'aimerais souligner quand même que,
quelle que soit l'application de la loi dont il est fait mention...
Le Président (M. Gobé): Excusez-moi, Me Barbeau. M.
le député de Lévis, ça va nous prendre le
consentement pour déborder un peu, parce que vous avons atteint l'heure
limite de l'ordre de la Chambre. Est-ce qu'il y a consentement pour continuer
jusqu'à expiration du débat et l'adoption du projet de loi?
M. Fortier: Consentement.
Le Président (M. Gobé): II y a consentement.
D'accord, M. Barbeau vous pouvez continuer.
M. Barbeau: L'objet du projet de loi est de régler un
problème de titre, qui, s'il n'est pas
réglé, va demeurer une charge sur la
propriété. qu'elles que soient les mains, résidentes ou
non résidentes, qui puissent le détenir. Si la compagnie ne
reprend pas existence, le doute qu'il pourrait y avoir sur le titre de la
compagnie ou sur les titres des lots de Boucherville va demeurer pendant trente
ou cinquante ans encore, ce qui est un problème majeur pour n'Importe
qui, qu'il soit résident ou non.
M. Fortier: M. le député de Lévis, j'aurais
une proposition, étant donné qu'il s'agit d'une reprise
d'existence. La loi générale de 1979 s'applique. Ce que Je
proposerais, c'est qu'on demande à l'inspecteur d'envoyer l'information
que vous avons ici aux autorités responsables de l'application de la
loi. On pourrait donner suite à ce moment-là à la reprise
d'existence comme telle, puisque les deux problèmes sont
complètement séparés les uns des autres.
M. Garon: Cela dépend. Je dis que la reprise d'existence,
quand on regarde cette loi, c'est pour une compagnie qui respecte un peu les
lois du Québec. On dit: "peut demander au ministre de reprendre son
existence", mais si on se rend compte, à un certain moment, que les lois
québécoises ne sont respectées d'aucune
façon...
M. Fortier: On n'a pas l'Information ici aujourd'hui pour
contester ça.
M. Garon: Non, ce n'est pas ce que je veux dire, mais c'est
pourquoi je dis: Avant de donner la reprise d'existence à une
entreprise, il faudrait peut-être vérifier si elle respectait les
lois du Québec. Qu'est-ce que cette affaire? On ne sait pas. C'est
facile d'avoir des compagnies et de faire des transactions entre
compagnies...
M. Fortier: Est-ce que je peux demander au procureur quelle est
l'urgence de faire la reprise d'existence? Bien entendu, le plus tôt,
c'est le mieux.
M. Barbeau: Le plus tôt, c'est le mieux, parce que...
M. Fortier: S'il y avait un délai jusqu'à cet
automne, est-ce que cela vous créerait un gros problème?
M. Raizenne: Je pense que, dans les circonstances, ce n'est pas
tout à fait nécessaire, parce que notre mandat est de faire
revivre la compagnie, rectifier les défauts de titre qui existent et
dissoudre la compagnie immédiatement après. C'est uniquement pour
régler le problème de la chaîne de...
M. Fortier: De titres. M. Raizenne: Oui
M. Fortier: C'est sûr que...
M. Garon: Je pense que bientôt, au Québec. 1 va
falloir se demander si on est une république de bananes où tout
le monde peut agir sans respecter les lois. On a des droits par rapport
à nos lois. Normalement, surtout un citoyen étranger, à
mon avis, comme preuve de bonne foi, doit d'abord respecter nos lois Là,
on n'a pas beaucoup d'éléments. On constate qu'une compagnie
étrangère a acquis des terres en zone agricole. On ne sait pas si
elle a rempli ses obligations, on ne sait rien, on n'a pas grand chose
là-dessus iI me semble qu'il n'y a pas urgence en la demeure, d'autant
plus qu'elle a déjà vendu à Bellefeuille Investments.
Bellefeuille Investments, c'est un citoyen de Hollande aussi.
M. Raizenne: C'est une compagnie contrôlée par les
mêmes personnes. Encore une fois, on l'a utilisée pour
régler le problème de titre qui existe.
M. Garon: Elle aussi.
M. Fortier: Qu'est-ce que vous recommandez, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je suspendrais pour qu'on vérifie Et il va
falloir se poser une question comme commission parlementaire. Si on est un
"rubber stamp" pour tout le monde, je pense qu'on commence à voir...
M. Fortier: Ce que je vais faire, je vais proposer la suspension
dans ce cas-ci. D'ailleurs. d'autres ministres le font. Par exemple, le
ministre des Affaires municipales, pressenti pour un projet de loi - je crois
que c'était la ville de Hull qui voulait créer un fonds
d'assurance - m'a écrit pour me demander si j'avais des objections je
lui ai alors répondu par écrit que non, à la suite de
l'information que j'ai eue de l'inspecteur. Dans ce cas-ci, je peux demander
avis...
M. Garon: Surtout que la commission du budget et de
l'administration se réunit très souvent. À ce moment
là, il serait facile, au début d'une autre commission, à
un moment donné, de...
M. Fortier: Là, ce n'est pas de commission à
commission, mais je pourrais écrire une lettre au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pour qu'il nous donne
un avis sur ces transactions. À ce moment-là, je ferai part de
l'avis du ministre qui aura contacté, j'imagine, la Commission de
protection du territoire agricole pour nous informer des transactions qui ont
eu lieu. À ce moment là, vous aurez toute l'information et vous
pourrez décider en toute connaissance de cause.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre l'étude du projet de loi 285?
M. Garon: Consentement.
Le Président (M. Gobé): Consentement. Je remercie
les procureurs et M. le député de Saint-Louis. La commission du
budget et de l'administration a complété son mandat quant
à l'étude des projets de loi d'intérêt privé
263, 270, 277 et 283. En ce qui concerne les projets de loi 262 et 285, la
commission devra recevoir un nouvel ordre de l'Assemblée nationale pour
poursuivre ses travaux. Je remercie tout le monde de s'être
déplacé et d'avoir participé à cette séance.
J'ajourne les travaux de la commission sine die.
(Fin de la séance à 12 h 36)