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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. French): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons commencer la séance de la commission de la
culture afin d'étudier les crédits du ministère des
Affaires culturelles. Je dois faire part à tout le monde que c'est la
première fois que nous étudions les crédits sous
l'égide du nouveau règlement. Il y aura donc une période
de rodage, surtout pour le président qui, lui aussi, commence.
Les membres de la commission sont: M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), absent, M. Brouillet (Chauveau),
présent, M. Champagne (Mille-Îles), présent, M. Dauphin
(Marquette), absent, M. Doyon (Louis-Hébert), présent, M. French
(Westmount), présent, M. Gauthier (Roberval), absent, M. Hains
(Saint-Henri), présent, Mme Lachapelle (Dorion), présente, M.
Proulx (Saint-Jean), présent. M. le député de Saint-Jean,
cela me fait plaisir.
Avant de commencer, M. le ministre des Affaires culturelles, qui est
notre invité, voulez-vous nous présenter quelques-uns de vos
fonctionnaires ou si on peut présumer faire leur connaissance au fur et
à mesure? Comment voulez-vous procéder sur cette question?
M. Richard: M. le Président, d'abord, laissez-moi vous
présenter la personne qui se trouve immédiatement à ma
droite, M. Roland Arpin, sous-ministre en titre au ministère des
Affaires culturelles. Quant aux autres, puisque tout le monde n'est pas encore
là, il serait préférable de vous les présenter au
fur et à mesure quand il sera question des programmes qu'ils ont
à gérer.
Retard dans la distribution des documents
Le Président (M. French): Merci. Nous vous souhaitons la
bienvenue, M. le ministre, ainsi qu'aux fonctionnaires. L'occasion est
importante pour nous puisque, effectivement, nous essaierons, avec cette
étude des crédits des Affaires culturelles, d'amorcer une
nouvelle façon de procéder. Je vais en parler en détail
dans un instant. Mais, dès le commencement, je voudrais, en tant que
président, vous faire part d'une préoccupation qui me semble
très importante, c'est-à-dire la nécessité de
recevoir la documentation des ministères dont les crédits sont
étudiés dans un laps de temps suffisant avant le début de
l'étude des crédits pour permettre une étude
sérieuse ou un job professionnel. Je regrette de constater pour ma part
que, dans le cas qui nous concerne aujourd'hui, on m'informe que nous avons
reçu les renseignements vendredi dernier seulement au lieu de les
recevoir au cours de la semaine, ce qui me paraît le temps minimal
nécessaire. Je suis d'autant plus préoccupé par cela, M.
le ministre, Mmes et MM. les membres de la commission, que nous n'avons
reçu, du côté de l'Opposition, que deux exemplaires de la
documentation. Je constate, par exemple, si mes yeux sont bons, que tous les
membres ministériels de la commission sont dotés du livre de
briefing préparé par le ministère des Affaires
culturelles. Or, il n'y a que deux copies ou deux exemplaires disponibles pour
l'Opposition. Je comprends mal cette décision. M. le ministre, il y a le
problème du temps, d'une part, et la quantité des documents,
d'autre part. Par exemple, je suis le président de la commission de la
culture et je n'ai rien reçu du ministère, rien. Donc, il m'est
un peu difficile de participer efficacement à l'étude des
crédits du ministère.
M. Richard: M. le Président, si vous me le permettez, je
voudrais immédiatement indiquer que nous avons acheminé tous les
documents demandés au leader parlementaire du gouvernement à la
date qui nous avait été indiquée, c'est-à-dire le
mercredi 29 mars, à 13 heures, et c'est 20 copies que nous avons
acheminées.
Le Président (M. French): Bref, juste un peu avant la date
limite. De toute façon, vous avez fait preuve d'une certaine
négligence dans le dossier au point du vue du "timing". Êtes-vous
en mesure de nous indiquer si, à l'avenir, vous allez faire confiance
à votre leader parlementaire dans ce domaine, compte tenu de la
performance en question?
M. Richard: Ah! M. le Président, je n'ai jamais
indiqué que le leader parlementaire du gouvernement était en
faute. Je ne sais pas ce qui est survenu par la suite. Ce que j'ai dit, c'est
que nous, nous n'étions pas en faute.
Le Président (M. French): Vous n'étiez pas en faute
en tant que ministre...
M. Richard: Je ne sais pas ce qui est
survenu par la suite, si on a frappé à des portes qui
étaient closes ou s'il y a eu de la confusion. Je l'ignore totalement,
M. le Président.
Le Président (M. French): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: Pour être plus exact, je pourrais préciser
la chose. Nous sommes allés, nous-mêmes, vendredi dernier chercher
des documents au bureau.
M. Richard: Et ils étaient là?
M. Hains: Je veux dire que c'est mon recherchiste qui est
probablement allé à votre bureau du ministère chercher les
documents que nous avons actuellement en main.
Le Président (M. French): Ah bon! Donc, M. le
député de Saint-Henri, vous dites que vous avez trouvé la
documentation au bureau du ministère des Affaires culturelles.
M. Hains: Probablement. Si mon recherchiste était ici, on
pourrait le préciser davantage. Je pourrai vous dire dans quelques
minutes si c'est nous-mêmes qui sommes allés chercher les deux
premiers documents que nous avons en main.
M. Richard: M. le Président, je répète que
le mercredi 29 mars, à 13 heures, nous avons remis au leader
parlementaire 20 copies des documents demandés.
Le Président (M. French): M. le ministre, d'abord, je vous
signalerai tout simplement que c'est un jour trop tard, même si on
respecte le minimum nécessaire d'une semaine. D'autre part, on peut bien
répéter le fait mais le problème n'est pas là.
C'est que les documents n'ont pas été suffisamment tôt dans
les mains des membres de l'Opposition officielle en prévision de
l'étude des crédits. Il ne m'intéresse pas, M. le
ministre, de vous mettre sur la sellette de façon artificielle mais,
malheureusement, c'est un problème qui se répète
d'année en année. D'une part, je voudrais aller au fond des
choses quant à l'étude des crédits en question pour cette
année. D'autre part, je voudrais en arriver à une entente avec
vous et avec les membres de la commission pour que cette situation un peu
malheureuse ne se répète pas. M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): M. le Président, on est
ici pour faire l'étude des crédits. Les membres de la commission
se sont réunis mardi dernier et nous n'avons pas soulevé le
problème que vous soulevez vous- même, ce matin, sur la
documentation qu'on devrait recevoir. Je suis d'accord avec vous à
savoir qu'on devrait la recevoir le plus tôt possible, au moins une
dizaine de jours à l'avance, comme vous le disiez, hier, en Chambre, M.
le Président de la commission, où vous avez exprimé le
désir qu'on reçoive toute la documentation une semaine à
l'avance. Vous l'aviez aussi mentionné l'an dernier. J'aurais
aimé que vous parliez de cela mardi dernier pour qu'on puisse faire des
pressions auprès des différents ministères afin qu'ils
puissent nous fournir la documentation au moins une semaine à
l'avance.
Il ne s'agit pas de dire que c'est seulement l'Opposition qui a
reçu les documents en retard. Nous-mêmes avons été
un petit peu victimes. On les a reçus aussi en même temps que
vous, c'est-à-dire vendredi. M. le Président, j'aimerais qu'on
s'attaque à l'étude des crédits car le laps de temps est
assez court, seulement quatre heures et demie en commission parlementaire.
J'exprime donc le désir avec vous, M. le Président, que les
documents arrivent le plus rapidement possible et qu'en attendant on
entreprenne tout de suite l'étude des crédits.
Le Président (M. French): Pour répondre
brièvement à ce que vient de dire le député de
Mille-Îles, d'une part, je considère que le fait de demander ce
qui s'est passé quant aux documents sert tous les membres de la
commission. D'autre part, la réunion que nous avons eue était une
séance de travail, le ministre n'était pas là. Lorsque je
parle au député de Mille-Îles, je ne considère pas
que je parle à l'exécutif. Aujourd'hui, je parle donc à
l'exécutif et plus particulièrement au ministre responsable de la
documentation.
Pour ce qui est du désir exprimé par le
député de Mille-Îles de poursuivre l'étude des
crédits, je suis d'accord, mais je n'ai aucune espèce d'intention
de commencer avant de savoir ce qui s'est passé quant à la
documentation et s'il est possible d'en arriver à une entente avec le
ministre pour que cela ne se répète pas l'année
prochaine.
J'ai deux autres demandes d'intervention, si vous me le permettez. M. le
député de Saint-Henri.
M. Hains: C'est pour confirmer ce que je disais tout à
l'heure et vos dires, M. le ministre. Nous sommes allés chercher les
deux premiers documents au bureau du leader parlementaire; l'autre nous est
parvenu un peu plus tard en après-midi. C'était le
deuxième mode de distribution.
Le Président (M. French): Pour un total de deux
documents.
M. Mains: Trois en tout.
Le Président (M. French): Nous avons donc deux
documents.
M. Hains: Trois en tout.
Le Président (M. French): Trois maintenant. M. le
député de Chauveau.
M. Brouillet: M. le Président, comme vous l'avez
mentionné au point de départ, nous sommes en train de roder une
nouvelle façon de fonctionner et on voit, à l'expérience,
que tout n'est pas au point. Tout d'abord, je crois qu'il faut
déterminer, dans ce dossier de distribution des documents, qui a la
responsabilité de faire parvenir les documents aux membres de la
commission. Dans la situation actuelle, je crois qu'il revenait au leader
parlementaire de le faire.
Une fois qu'on a identifié la personne responsable, c'est d'abord
auprès d'elle qu'on doit faire des revendications ou des pressions. Si
on a prié les ministères de présenter leurs documents
à telle date au leader et que les documents y étaient au bon
moment, on peut difficilement faire des reproches au ministère. C'est
auprès du leader qu'il va falloir intervenir. S'il n'a pas
demandé aux ministères les documents d'une façon assez
hâtive, il va falloir faire des pressions auprès du leader. Si,
à l'avenir, ce sont les ministères qui ont la
responsabilité de nous les faire parvenir, là, on pourra
directement faire pression sur les ministères.
Je crois que pour cette année une entente a été
conclue pour que le leader soit le responsable. Il faudra d'abord savoir qui a
la responsabilité.
Moi aussi j'endosse l'idée qu'il faudra qu'on sache clairement
qui a la responsabilité et, deuxièmement, exiger que les
documents parviennent dans un laps de temps raisonnable - je dirais au moins
une semaine entre les mains des membres des commissions. Je crois que sur cela
on est tous d'accord. Il va falloir qu'on s'enligne pour que l'an prochain cela
se passe de cette façon-là une fois qu'on aura identifié
la personne responsable de nous acheminer ces documents.
Le Président (M. French): Là-dessus, M. le
député de Chauveau, je suis d'accord. Je vous informerai
cependant que la lettre de demande de renseignements n'est pas en question.
Ladite lettre était rendue au plus tard le 6 ou le 7 mars dernier. Il
s'agit cependant de savoir où a été le manque de
performance, le manque de diligence dans la distribution de la
documentation.
Tout en reconnaissant que le député de Louis-Hébert
m'a demandé la parole, je voudrais proposer au ministre que
l'année prochaine, avec l'accord de la commission -s'il y en a qui ne
sont pas d'accord ils me le diront - la distribution soit faite par le
ministère des Affaires culturelles ou le cabinet du ministre à
tous et chacun des membres de la commission de la culture, ainsi que deux
copies pour les services de recherche des deux partis politiques respectifs, et
que nous oubliions - l'année prochaine - les bons offices des leaders
parlementaires du gouvernement et de l'Opposition. Êtes-vous d'accord, M.
le ministre?
M. Richard: M. le Président, si tel est le voeu de la
commission, je n'ai pas la moindre objection à me soumettre à
celui-ci, mais je voudrais apporter de nouveau une correction. C'est le 29 mars
à 13 heures que nous avons acheminé non pas 2 mais 20 copies. Et
pourquoi le 29 mars? Parce que nous y avions été autorisés
puisque l'étude des crédits devait se faire hier. Comme
l'étude des crédits avait été reportée d'une
journée, nous avions été autorisés à
reporter d'une journée la remise des documents.
Je veux donc défendre l'honneur des fonctionnaires qui
m'entourent et dire qu'ils ont fait leur travail exactement comme il devait
être fait.
Le Président (M. French): Pour ma part, M. le ministre, je
voudrais vous indiquer que, compte tenu de ce que vous nous avez dit quant
à la livraison de la documentation, j'accepte d'emblée vos
explications. Je continue à croire cependant que la situation telle
quelle n'est pas satisfaisante.
M. Richard: Si vous me permettez, M. le Président, le
débat n'aura pas été inutile parce qu'on verra où
se trouve la faille et j'espère qu'à l'avenir ce sera
corrigé.
Le Président (M. French): Est-ce que nous sommes d'accord
que l'année prochaine la distribution se fera par le ministère ou
le cabinet du ministre, directement dans les bureaux respectifs de tous les
membres de la commission, et qu'elle va se faire au moins une semaine - le
temps est important; il ne s'agit pas tout simplement de la quantité et
de la distribution comme telles, mais du temps également - avant le
début de l'étude des crédits?
M. Richard: Je suis d'accord, M. le Président.
Le Président (M. French): Je vous remercie.
Je vous signalerai que j'ai fait la même entente l'année
dernière, en tant que porte-parole en matière de communications,
avec le ministre des Communications, qui n'a pas
"performé" cette année. Donc, je n'ai pas l'intention
personnellement de participer à l'étude des crédits du
ministère des Communications. Je vous signale, pour l'année
prochaine, le même genre d'entente qui peut exister entre nous.
M. Richard: M. le Président, je veux bien que nous soyons
de plus en plus imputables, de même que les fonctionnaires, mais je ne
voudrais pas que vous m'imputiez les fautes de collègues.
Le Président (M. French): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, toute cette discussion
concernant la distribution, surtout la date et le moment où nous sont
parvenus les documents, tourne, de toute évidence, autour d'un
arrangement interne qui a été pris et auquel cette commission
n'était pas partie. Ce qui nous importe - le ministre le
reconnaîtra - c'est le résultat final, à savoir si nous
avons, oui ou non, les documents en main. Je comprends fort bien que le
ministre ait fait ce qu'on lui avait demandé de faire et qu'il ait
remis, en temps utile, selon les exigences du leader, les documents, le 29
mars, ce qui donnait amplement le temps, en tout cas ce qui donnait le temps
pour qu'ils soient entre nos mains et que nous puissions en faire l'utilisation
que nous avons à en faire. Cependant, je me permettrai de demander au
ministre si cela n'a pas passé dans la tête de quelqu'un de
s'informer si cela avait tout simplement bloqué au bureau du leader ou
si c'est parce que la destination finale des documents n'était
évidemment pas le bureau du leader. Dans les circonstances, je comprends
qu'à la lettre de l'entente vous pouviez vous contenter de dire: Nous
les avons envoyés au leader; ensuite, advienne que pourra. Mais il
aurait été fort concevable aussi, M. le ministre, que quelqu'un
faisant preuve d'un tant soit peu d'initiative s'informe si c'est entre les
mains des députés et si c'est entre les mains du président
de la commission. Cela aurait été une bonne forme d'initiative
qui aurait peut-être permis que nous puissions éviter ce que nous
avons aujourd'hui et cela aurait peut-être été
au-delà des responsabilités formelles qui vous avaient
été attribuées dans le cadre d'une entente à
laquelle nous n'étions pas partie. Mais il me semble que quelqu'un
aurait pu dire: Où sont les documents à partir de maintenant?
Est-ce qu'ils sont entre les mains des députés? Est-ce qu'ils
sont entre les mains de la commission? Est-ce qu'on les a envoyés au
Secrétariat des commissions? Est-ce qu'il y aurait une façon de
faire les choses? Je me demande si quelqu'un n'a pas justement suivi beaucoup
trop la lettre là-dedans et oublié l'esprit de toute la
démarche qui était de nous permettre d'avoir les documents en
main.
Le Président (M. French): M. le député, je
considère que nous sommes maintenant tous en mesure de saisir
l'essentiel du grief des membres de la commission et que, le message
étant fait et une entente étant conclue, nous pouvons passer
maintenant au début de l'étude des crédits. M. le
ministre, je pense que vous avez reçu une lettre signée de ma
main vous informant du voeu des membres de la commission que les commentaires
préliminaires de part et d'autre ne dépassent pas les 30 minutes.
Je vous informe d'ailleurs que, officiellement, cela ne devrait pas
dépasser 20 minutes, mais nous avons décidé de 20 à
30 minutes. Tout cela, simplement pour vous inviter à être bref et
pertinent dans vos commentaires préliminaires qui seraient suivis d'une
réponse du porte-parole officiel de l'Opposition. M. le ministre.
Exposés préliminaires M. Clément
Richard
M. Richard: M. le Président, Mmes et MM. les membres de la
commission, je voudrais vous dire, dès le départ, que je suis
très heureux et aussi mes collègues du ministère des
Affaires culturelles, collaborateurs et collaboratrices du ministère des
Affaires culturelles, de participer à cette première
expérience sur la base des nouveaux règlements de
l'Assemblée nationale et, finalement, M. le Président, je
pourrais vous dire avec une pointe d'humour que nous sommes tous très
heureux d'être enfin confrontés à un véritable
"French power". On pense que cela pourra donner des résultats
extrêmement intéressants.
L'année 1984 sera, à coup sûr, une année
exceptionnelle pour le développement culturel, en particulier pour le
développement des équipements et la tenue
d'événements majeurs. 450 ans après l'arrivée des
francophones en Amérique, je suis heureux de souligner que cet
anniversaire sera marqué par la mise en chantier d'équipements
culturels majeurs: construction de la salle de l'Orchestre symphonique de
Montréal, orchestre qui, on le sait plus que jamais aujourd'hui, a
rapidement atteint les plus hauts standards internationaux; relocalisation du
Musée d'art contemporain sur le site de la Place des Arts. À
Québec, en plus du début de la construction du nouveau
musée à la Place Royale, le Musée du Québec
bénéficiera d'une restauration importante. Ce sont quatre
équipements de première grandeur pour la diffusion
culturelle.
Mais là ne s'arrêtent pas les mises en chantier puisque le
gouvernement québécois a en outre pris la décision de
dégager 18 000 000 $ de nouveaux crédits pour la
construction et la rénovation de nombreux équipements
culturels - des salles de spectacles, des bibliothèques, des centres
d'exposition, des galeries d'art, des centres d'interprétation du
patrimoine - favorisant ainsi la mise en place d'un véritable
réseau de services culturels et de centres de diffusion dans toutes les
régions du Québec. (10 h 30)
Dans la production d'événements, maintenant,
l'année 1984-1985 sera aussi une année bien pourvue, une
année exceptionnelle: l'exposition Picasso dont j'ai eu le bonheur
d'annoncer la préparation, il y a quelques semaines, la Biennale des
arts de la rue, à l'été 1985 à Montréal,
l'exposition sur l'époque et le monde de Jacques-Cartier, à
Québec, et cette autre exposition appelée le Grand
Héritage, présentée à l'occasion de la visite du
pape en septembre 1984. Bref, l'année 1984, celle des
célébrations 1534-1984, avec ses centaines de manifestations
culturelles, sera, comme on peut le voir, une année extraordinaire tant
par la qualité des événements artistiques que par leur
diversité et leur ampleur. J'estime que nous avons réussi, au
cours des récentes années, une relance dont 1984 sera
sûrement un des sommets, pas le plus élevé - je
l'espère, en tout cas - car nous avons encore nombre de projets dans nos
cartons.
J'aime à croire que le programme d'action que je rendais public
l'an dernier n'est pas étranger à ce nouveau dynamisme du
développement culturel au Québec. Cela m'amène maintenant
à brosser un bilan sommaire des résultats du dernier exercice
financier, celui de 1983-1984.
L'année 1983-1984 s'est imposée comme une année
décisive et capitale: décisive dans la manière de
gérer le soutien aux arts et capitale dans la reconnaissance du
rôle primordial des arts et de la culture dans le développement.
Depuis le temps où était réclamée une
administration plus souple, plus ouverte, plus compréhensive des
programmes de soutien aux arts, l'organisation du ministère et son style
d'intervention ont été repensés entièrement selon
les exigences mêmes du développement culturel:
régionalisation de plusieurs programmes de subventions; reconnaissance
de Montréal comme centre de création et de production et de la
nécessité de son rayonnement outre-frontières; extension
sensible des crédits affectés aux arts d'interprétation;
ouverture de programmes sur l'innovation, l'expérimentation et
l'initiative; amélioration du soutien aux créateurs;
préparation et adoption de lois qui confirment les démarches
longuement menées et qui ouvrent des voies nouvelles.
Priorité à la création, avons-nous dit. De nombreux
programmes qui respectent le caractère spontané de la
création et le rythme des artistes ont été
implantés. Trop grande rigidité des programmes, nous a-t-on dit
souvent. Maintenant, des programmes sont conçus dans un esprit
d'ouverture, de recherche, d'initiative et d'innovation. Ainsi, le programme
Accessibilité est un complément aux programmes d'aide aux
créateurs, mais il offre plus de souplesse que ces derniers. Il respecte
l'imprévisible et la polyvalence de l'activité créatrice.
Il accueille tous les projets sans imposer de date carcan pour leur
dépôt. Les jurys se réunissent mensuellement. Le soutien
financier est accordé dans des délais très courts et cela
a été salué par tout le monde, M. le Président.
Pour sa part, un nouveau programme, Art et innovation, va plus loin: il
s'adresse aux créateurs et artistes professionnels; il permet
l'expérimentation et la recherche; il encourage le jumelage de la
recherche en arts et de la recherche scientifique. En 1983-1984, la collection
de prêt d'oeuvres d'art, une initiative qui en est à sa
deuxième année et qui connaît un succès
inespéré, s'est enrichie de plus de 200 nouvelles oeuvres de 122
artistes différents. Au total, c'est donc environ 1 000 000 $ de plus
qui ont été consacrés à la création.
Le ministère s'est aussi attaqué sérieusement au
délicat problème des droits d'auteur et à l'étude
du statut de l'artiste dans la société québécoise.
Il a élargi le mandat du service gouvernemental de la
propriété intellectuelle à l'aspect de
l'amélioration et à la revalorisation du statut social de
l'artiste. Sachant fort bien que les auteurs sont les premiers
lésés par le piratage illicite de leurs oeuvres, notamment dans
les institutions d'enseignement, le MAC poursuit son difficile mandat de
redressement de cette situation. Il existe maintenant des accords de principe
liant des institutions d'enseignement avec les titulaires de droits d'auteur
pour la reproduction de leurs oeuvres. De plus, le ministère a
favorisé la publication et la diffusion de contrats types dans le
domaine des arts, de manière à mieux outiller les artistes comme,
par exemple, dans l'application de la politique d'intégration des arts
à l'architecture et à l'environnement et dans le cas de la
collection de prêts d'oeuvres d'art.
Dans le secteur des arts d'interprétation - autre priorité
du ministère - plus de 2 000 000 $ en crédits nouveaux sont venus
corriger les situations critiques. Les subventions versées à
l'Orchestre symphonique de Montréal et à l'Orchestre symphonique
de Québec ont été haussées substantiellement.
L'aide financière accordée par le ministère aux compagnies
de danse et de théâtre, garantie sur trois ans, respecte davantage
leurs besoins et leur donne ce que j'appelle le droit à l'échec.
Ces compagnies reçoivent maintenant des subventions plus
élevées afin, notamment, d'améliorer les
conditions de travail des danseurs et des comédiens.
Enfin, d'autres programmes ont été créés
afin de venir en aide à l'industrie du disque et du spectacle. Il
s'agissait là, M. le Président, d'un premier programme visant
l'industrie du disque et du spectacle. Il porte sur la production et la
promotion de jeunes artistes québécois.
Le ministère a appuyé en 1983 une vingtaine
d'événements dans diverses disciplines artistiques. En plus du
Festival d'été de Québec, de l'Archifête, du
Festival international de jazz et du Festival des films du monde, on peut
mentionner le Salon national des galeries d'art, l'exposition Bouguereau, Via
Design, le Festival international du nouveau cinéma. Il travaille
actuellement avec des partenaires à la préparation d'autres
événements importants, comme je viens de le mentionner, et
à d'autres de caractère international telle l'exposition L'art et
la bible, pour l'année 1986, que j'espère bien que nous serons en
mesure de réaliser parce qu'il s'agirait là d'un
événement de très grande envergure.
Du côté des équipements culturels, plusieurs
décisions importantes ont été prises au cours de cette
année. En plus de celles déjà mentionnées, le
ministère s'implique également dans le dossier de la Maison du
théâtre pour l'enfance et la jeunesse. Outre ces grands projets,
le ministère a accordé au cours de l'année une aide
financière pour au-delà de 150 projets d'équipements
mineurs et majeurs répartis dans toutes les régions du
Québec. La contribution financière du ministère pour ces
projets s'est élevée en 1983 à 7 000 000 $ dont la plus
large part est appliquée aux bibliothèques publiques. Le
programme unique, ouvert et polyvalent, d'aide à la rénovation et
à la construction d'équipements à des fins culturelles mis
en place au cours de l'année répond à des besoins
réels comme en témoigne le très grand nombre d'organismes
et de municipalités qui ont soumis des projets.
Il faut ajouter au bilan du ministère les travaux faits pour le
renouvellement de l'entente sur la mise en valeur du Vieux-Montréal et
du patrimoine montréalais ainsi que l'entente similaire convenue avec la
ville de Québec. Cette nouvelle entente, qui s'étend jusqu'en
1985-1986, permettra la création de nouveaux logements et la mise en
valeur de bâtiments publics significatifs hors du Vieux-Montréal.
Une attention particulière a été aussi accordée aux
grands dossiers d'aménagement afférents à la mise en
valeur de bâtiments publics significatifs hors du Vieux-Montréal.
Le renouvellement de l'entente permet la revalorisation économique et
sociale de l'espace patrimonial urbain à Montréal. Ces ententes
s'inscrivent dans la recherche de nouveaux partenaires du développement
culturel et dans le cadre d'un nouveau partage avec les
municipalités.
Au plan législatif, le ministère a fait adopter par
l'Assemblée nationale la nouvelle Loi sur le cinéma, la Loi sur
les musées nationaux et celle sur les archives. La Loi sur le
cinéma a pour objet de favoriser le développement du
cinéma au Québec et d'en assurer le contrôle et la
surveillance. La Société générale du cinéma,
créée en vertu de cette loi, pourra accorder une aide
financière au secteur privé du cinéma et, en 1984, des
crédits substantiellement accrus, comme on le verra, lui seront
accordés à cette fin.
Avec la Loi sur les musées nationaux, le Musée du
Québec et le Musée d'Art contemporain se voient accorder une plus
grande autonomie. Leurs fonctions et leurs responsabilités sont
également élargies. Ces dispositions permettront à ces
deux musées de prendre un élan dans leur développement en
leur donnant toute la souplesse indispensable à de telles institutions.
Finalement, le patrimoine muséologique québécois s'est
nettement enrichi cette année avec l'inauguration du magnifique
Musée du séminaire de Québec.
D'autres dossiers ont également progressé en cours
d'année. Ainsi, la participation financière de 3 000 000 $ de la
Société de développement des industries de la culture et
des communications a permis la fusion des deux réseaux de
télévision payante francophone au Québec, Premier Choix et
TEVEC. Enfin, une importante campagne de promotion a été
lancée à la fin de janvier. Elle vise à élargir le
bassin des Québécois qui s'adonnent à des activités
culturelles. Elle vise également à modifier leur comportement
culturel et à les ouvrir à de nouvelles activités dans ce
domaine. En bref, l'année 1983 a été, à notre avis,
très fertile tant dans les choix stratégiques de gestion
culturelle que dans le développement de programmes et de services mieux
adaptés aux besoins de l'heure et aux perspectives d'avenir.
Le redéploiement de l'organisation annoncé l'an dernier
est maintenant chose faite. Il ne s'agit pas simplement d'une mise à
jour de l'organigramme. Bien plus, ce redéploiement incarne une
volonté nette de l'État de modifier son rapport à la
culture; inutile d'y revenir, le programme législatif en témoigne
comme, du reste, la structure budgétaire nouvelle du ministère.
Quatre programmes budgétaires au lieu des six qui existaient auparavant:
d'une organisation disciplinaire fondée essentiellement sur les arts,
les lettres et le patrimoine, nous avons évolué vers une
organisation par fonctions: les organismes-conseils et la gestion, le
développement culturel, les institutions nationales ainsi que le soutien
et la promotion des arts, des lettres et des musées. Cela a
été important, M. le
Président. Cela rend difficile, en tout cas, les comparaisons
avec ce qui existait l'an dernier si on ne tient pas compte des modifications
apportées aux programmes.
Les organismes-conseils et la gestion interne. En plus de la gestion
interne, nous avons regroupé dans ce programme les organismes
placés sous l'autorité du ministre des Affaires culturelles,
organismes dont les crédits se retrouvaient auparavant dans divers
programmes. Ce sont la Commission des biens culturels, l'Institut
québécois de recherche sur la culture, la Régie du
cinéma ainsi que le Commissariat général aux
célébrations 1534-1984, dont le budget ira, pour une large part,
en promotion d'événements culturels. Dans ce programme, on
retrouve également des fonds qui servent à appuyer les organismes
culturels dans des projets ou initiatives particulières: le fonds
d'initiative culturel, le fonds d'appui au financement privé et le
budget d'intervention.
Le développement culturel. Ce programme budgétaire
réunit l'ensemble des programmes désormais administrés sur
une base territoriale. Dans la structure budgétaire antérieure,
ces programmes étaient répartis entre les programmes 1, le livre
et autres imprimés; 2, la sauvegarde et la mise en valeur des biens
culturels; 4, les arts de l'environnement visuel et, enfin, 5, les arts
d'interprétation.
Les institutions nationales. Depuis quelques années, nous avions
pris l'habitude, à l'occasion de la défense des crédits,
de réunir les crédits affectés aux institutions
nationales. En retouchant la structure budgétaire, nous avons
regroupé en un seul programme les crédits accordés aux
Archives nationales, à la Bibliothèque nationale ainsi qu'au
Conservatoire de musique et d'art dramatique. Ces crédits apparaissaient
antérieurement aux programmes suivants: 1, la Bibliothèque
nationale; 2, les Archives nationales et, 5, le Conservatoire de musique et
d'art dramatique.
Soutien et promotion des arts, lettres et musées. Ce
quatrième et dernier programme regroupe les organismes majeurs en art
d'interprétation ainsi que les programmes nationaux d'aide à la
création dont les crédits ne sont pas gérés sur une
base territoriale, les sociétés du Grand théâtre et
de la Place des arts, le réseau des musées ainsi que les
programmes de développement des industries culturelles. Ces
crédits étaient auparavant imputés aux programmes 1, 4, 5
et 6. C'est encore dans ces programmes que sont regroupées les
activités reliées au développement des politiques ainsi
que bon nombre des nouvelles mesures du programme d'action. (10 h 45)
Cette nouvelle façon de faire permet au ministère des
Affaires culturelles d'intervenir sous plusieurs angles: d'une manière
disciplinaire, soit le théâtre, la musique, les arts visuels, la
danse et les autres. C'est ainsi que je rendais publique, il y a une dizaine de
jours, une politique de la danse. D'une manière territoriale, en donnant
à nos partenaires des régions une emprise sur les
décisions culturelles qui les concernent. Aussi, d'une manière
horizontale, en agissant sur la revalorisation du statut de l'artiste, en
favorisant le statut de métropole culturelle de Montréal, en
bâtissant un réseau d'équipements culturels, en harmonisant
l'action des différents partenaires dans la sensibilisation aux arts et
dans la formation professionnelle, en accentuant l'importance du culturel dans
le cadre de vie des citoyens. C'est ce que traduit la structure
budgétaire en vertu de laquelle les membres de la présente
commission seront invités à voter les crédits de ce
ministère.
Pour l'exercice financier 1984-1985, les crédits du
ministère sont portés de 131 000 000 $ qu'ils étaient en
1983-1984 à 144 000 000 $ en 1984-1985, soit une augmentation de 9,5%.
Cette croissance dans les faits est encore beaucoup plus importante lorsqu'on y
ajoute les 18 000 000 $ qui pourront être engagés dans le
développement des équipements culturels ainsi que les projets
majeurs que je vous rappelais il y a quelques instants, notamment la Maison de
l'Orchestre symphonique de Montréal et le déménagement du
Musée d'art contemporain, qui n'émargent pas, pour l'année
1984-1985, au budget du ministère des Affaires culturelles. Dans ce
budget, les crédits de transfert représentent 61% de
l'ensemble.
Au programme 1, Organismes-conseils et gestion interne, les
crédits s'accroissent de 42,2%. Cette croissance est imputable,
notamment, aux célébrations 1534-1984 ainsi qu'à la
Régie du cinéma qui voit ses fonctions élargies avec la
nouvelle loi sur le cinéma. De même, les crédits du fonds
d'intervention culturelle ainsi que ceux du fonds d'appui au financement
privé, qui apparaissent à l'élément Gestion interne
et soutien, expliquent essentiellement l'accroissement à cet
élément du programme 1.
Bien que le programme 2, Développement culturel, subisse une
baisse de 4,6% par rapport à l'année 1983-1984, cette baisse est
évidemment plus apparente que réelle. C'est volontairement que
nous avons réduit les crédits apparaissant au budget du
ministère et imputables à l'élément 1, Soutien
à l'implantation et à l'amélioration des
équipements culturels. C'est une réduction qui sera largement
compensée, comme je viens de l'indiquer, par un apport de 18 000 000 $
consentis par le gouvernement pour le développement des
équipements culturels.
Le budget du programme 3, Institutions
nationales, est de 20 300 000 $ comparativement à 18 000 000 $ en
1983- 1984. La part du lion de plus de 800 000 $ va aux Archives nationales du
Québec, comme conséquence, bien sûr, de l'adoption d'une
nouvelle loi sur les archives, lesquelles se sont vu confier en cours
d'année l'application de la toute première loi sur les archives
au Québec.
Finalement, le programme 4, Soutien et promotion des arts, des lettres
et des musées, est en hausse de 13,5%. C'est au chapitre des industries
culturelles que la progression est importante. Les crédits du
cinéma sont, en effet, portés de 4 000 000 $ qu'ils
étaient depuis plusieurs années à 10 000 000 $ en
1984-1985. En outre, dans le cadre du programme gouvernemental de relance, le
ministère subventionne la Société de commercialisation des
métiers d'art pour un montant total de 755 000 $ réparti sur
quatre ans. Les opérations d'exportation que cette société
réalisera seront effectuées en collaboration avec le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et celui du
Commerce extérieur.
Le livre des crédits laisse croire à une baisse de 1,1%
à l'élément 1 de ce programme. Il n'en est rien. Bien au
contraire. C'est d'une croissance de près de 1 000 000 $ qu'il s'agit,
soit 3,5%. Je vous ai expliqué l'an dernier que les crédits du
Grand Théâtre s'étaient considérablement accrus en
raison des taxes payées et de l'ajustement de l'année
financière à la nouvelle loi de la société. Alors
le paiement des taxes émarge désormais au budget du
ministère des Affaires municipales alors que l'exercice financier est
ramené sur douze mois. En outre, les crédits requis pour la
préparation des plans et devis du Musée d'art contemporain et
ceux prévus pour la campagne de publicité étaient
inscrits, pour l'année 1983-1984, à cet élément de
programme. Dans le premier cas, les crédits ne sont pas
récurrents alors que, pour la campagne de publicité, des
crédits ont été déplacés vers le programme
1. Donc, sur une base comparable, les crédits de cet
élément de programme passent de 26 000 000 $ à 26 800 000
$.
L'an dernier, je vous annonçais des prévisions de
dépenses d'environ 7 000 000 $ pour l'implantation et
l'amélioration des équipements culturels. Au cours des trois
dernières années, les dépenses de toutes sources à
ce chapitre se sont élevées à 57 000 000 $. Ces
dépenses ont généré une activité
économique équivalente à 135 000 000 $. Pour la seule
année 1984- 1985, nous dépenserons plus de 25 000 000 $ dans un
programme d'équipement culturel qui couvre l'ensemble du territoire
québécois et ce, sans compter, encore une fois, les projets en
cours tels la Maison de l'Orchestre symphonique de Montréal, le
Musée d'art contemporain et le nouveau Musée de Québec
dont les crédits n'émargent pas, comme vous le savez, au budget
du ministère des Affaires culturelles.
Le Président (M. French): M. le ministre, vous avez encore
au moins sept minutes.
M. Richard: Oui, mais je vais essayer d'écourter quand
même un peu.
M. le Président, j'attache une très grande importance au
développement des lieux de pratique et de diffusion culturelle. Ces
investissements ont des effets directs multiples: rentabilisation des
organismes culturels, développement des circuits professionnels de
tournée, diffusion de spectacles de haute performance dans toutes les
régions du Québec, développement des pratiques culturelles
des citoyens.
Les efforts considérables que nous avons consentis dans
l'amélioration du réseau de bibliothèques produisent
maintenant leurs fruits. En effet, en 1979, soit une année avant le
lancement du programme de construction et de rénovation des
bibliothèques publiques, les études de comportement indiquaient
que 23% des citoyens québécois fréquentaient les
bibliothèques publiques. En 1983, ce pourcentage s'élevait
à 32% et nous n'avons toujours pas couvert tout le territoire
québécois. Dans la seule ville de Québec, le pourcentage
pour les mêmes années passe de 18% à 40%, un bond
absolument magistral; à son tour, l'arrivée de la
Bibliothèque centrale de prêt de la région de Québec
a produit son effet: une croissance de 10% sur la rive nord et de 14% sur la
rive sud.
Ces données montrent que, lorsque les citoyens ont accès
à des équipements de qualité, ils en tirent un large
profit. Cependant, cette augmentation touche essentiellement les citoyens chez
qui les habitudes de lecture sont bien ancrées. C'est pourquoi la
politique de la lecture, que je rendrai publique sous peu, s'avère
absolument nécessaire. L'éloquence de ces chiffres donne
aujourd'hui raison à mon prédécesseur d'avoir lancé
ce programme; je me félicite d'avoir réussi à en
élargir la portée à l'ensemble des équipements
culturels.
Mais il est un autre secteur qui est susceptible de connaître
semblable progression, je veux parler du cinéma. Nous savons que les
Québécois démontrent un intérêt soutenu pour
cet art: 60% des Québécois sont allés au cinéma au
moins une fois en 1983 et 40% plus de trois fois. À cet
égard, nous devons par ailleurs être attentifs aux
modifications des structures industrielles. L'arrivée de la
télévision payante peut montrer des débuts
difficiles, mais elle est là pour demeurer. L'expansion du marché
de
la vidéo et du magnétoscope agit à son tour
directement sur le cinéma, particulièrement dans les
régions excentriques où la programmation en salle n'atteint pas
la qualité de celle des grands centres urbains.
Bientôt apparaîtra la programmation
spécialisée. Cette multiplication des véhicules de
diffusion doit faire en sorte qu'elle favorise une exposition plus grande pour
le cinéma fait au Québec car le niveau d'équipement des
ménages arrive au seuil où la demande pour les produits ira
croissante. Si nous en sommes absents, nous devrons faire face à une
massification de l'importation des produits culturels. Le défi
technologique pour nous est d'assurer les conditions d'émergence
d'industries capables de fabriquer des produits dérivés du
cinéma.
Il est encore un autre type d'investissement qui, tout en étant
moins visible dans un livre de crédits, n'en comporte pas moins son
poids de signification. Je veux parler de l'action de levier du
ministère, "la magistrature d'influence", selon la formule chère
à mon collègue Jack Lang, du ministère de la Culture de
France. Ce mandat, tout fondamental qu'il soit, est vaste. Il ne
s'exécute qu'au prix d'efforts répétés, d'objectifs
clairs, de scénarios bien arrêtés et d'une action
constante. Pour ce faire, le ministère doit poursuivre dans la voie
qu'il s'est tracée, l'abandon de la gestion directe de programmes.
Depuis trois ans nous avons entrepris de réduire notre
présence dans la gestion du parc immobilier. Nous avons élargi la
responsabilité de nos partenaires dans la gestion de programmes de
soutien au cinéma. Nous avons adopté la loi 35 sur les
musées qui a pour effet de rendre autonomes les musées
d'État. Le ministère que je dirige entend poursuivre dans cette
direction, tant à l'égard de la gestion de programmes de
subventions que dans la gestion de programmes de formation professionnelle.
Ainsi ne faudrait-il pas vous surprendre de voir d'autres décisions de
même nature être portées à votre attention au cours
des prochains moins.
En terminant, M. le Président, je soulignerais que certains
membres de l'Assemblée nationale semblent parfois douter du raisonnable
d'investir dans la culture en période de relance. L'un d'entre eux, l'an
dernier, s'est même élevé publiquement contre le refus du
ministre des Affaires culturelles d'interdire certaines manifestations
culturelles. En matière de culture, chacun croit juste son couplet et
les débats sont vite passionnés, ce qui est facile à
comprendre, la culture faisant vibrer les fibres de chacun d'entre nous
puisqu'elle s'adresse tout autant au coeur qu'à la raison. D'ailleurs
les sociétés occidentales, dont nous sommes, ont
entraîné l'émergence de toutes sortes de droits aux
côtés des droits fondamentaux. Elles ont admis côte à
côte l'éphémère et le durable. Elles ont
placé en compétition la sécurité sociale et le
plein emploi. Mais, si les véhicules de décision de la culture se
transforment, les valeurs demeurent fondamentalement les mêmes.
Ainsi, le droit à la beauté est ressenti d'une
manière aiguë même en période de relance
économique. C'est sans doute l'expression de la quête de la
lumière au bout du tunnel. Voilà le sens profond de notre action.
Il montre la véritable voie à suivre, celle qui conjugue dans un
même rapport le niveau de vie et l'art de vivre. C'est cette
préoccupation que j'ai voulu imprimer au ministère en adaptant
son organisation à ses préoccupations.
C'est dans le respect de ce rapport que j'ai voulu développer des
programmes souples, ouverts à l'innovation. C'est parce que la
création est l'expression de la liberté et qu'au Québec
elle peut toujours y prendre appui que j'ai fait tant d'efforts pour en
élargir les moyens.
C'est à ces objectifs que j'invite maintenant la commission
parlementaire à s'associer pour examiner la demande de crédits du
ministère des Affaires culturelles pour l'année 1984-1985.
M. le Président, Mmes et MM. les membres de la commission, je
vous remercie.
Le Président (M. French): Merci, M. le ministre.
M. le député de Saint-Henri.
M. Roma Hains
M. Hains: M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. et
chers membres de la commission, un peu contrairement à M. le ministre,
je serai plutôt court dans mes remarques au début. J'aurai
plutôt l'occasion de réserver mes questions et mes commentaires au
fur et à mesure que nous jetterons un regard que nous voulons le plus
attentif possible sur chacun des quatre programmes inclus dans l'étude
des crédits.
Toutefois, comme je l'avais fait remarquer l'année
dernière, je tiens à souligner le remarquable travail
effectué par les collaborateurs du ministre des Affaires culturelles qui
ont préparé, à l'intention des membres de l'Opposition, un
cahier explicatif des crédits avec des rapports annexés fort
intéressants et qui nous soulagent de recherches statistiques et de
synthèses qui nécessiteraient de notre côté aussi
une armée de fonctionnaires que nous n'avons pas, malheureusement. (11
heures)
Ce cahier est d'autant mieux accepté, M. le Président,
qu'il a été longuement désiré. En effet, j'estime
que l'intérêt de cette séance de travail consiste en ce
qu'elle
oblige le ministre des Affaires culturelles à répondre des
orientations et des gestes du gouvernement. Il vient de le faire avec beaucoup
de brio, de verve et de fierté, mais il revient, cependant, à
l'Opposition de scruter les moindres détails d'un budget de plus de 144
000 000 $ - plus les 18 000 000 $ - soit 162 300 000 $. De plus, cette
séance de travail consistera, selon nous, à bien saisir la
globalité des orientations budgétaires du ministère pour
l'année 1984-1985 pour en juger du réalisme et des moyens
envisagés par le gouvernement.
J'aimerais aussi indiquer que, dans le domaine de la culture, les
succès de nos artistes et de leurs oeuvres dépassent les simples
aléas de la crise économique. À cet égard, la
société québécoise n'a vraiment rien à
envier à personne. Crise économique ou non, nos créateurs
artistiques n'ont cessé de nous offrir vraiment un travail de
qualité. Il va sans dire que l'Opposition accueille favorablement la
part du budget accordée aux industries culturelles et salue donc aussi
avec beaucoup de satisfaction cette nouvelle injection de 18 000 000 $ qu'on
vient de donner pour les équipements.
Le domaine du cinéma semble en bénéficier davantage
- peut-être pas des 18 000 000 $, mais je parle en général
-mais il faut déplorer cependant l'élément de programme se
rapportant aux institutions nationales, tels les grands orchestres et
théâtres institutionnels, qui souffre d'une certaine diminution au
soutien et à la promotion des arts et des lettres. Il y a une diminution
de près de 300 000 $. On y reviendra plus tard.
Bien que le bassin des consommateurs de la culture que représente
notre population ne peut être fidèle à tous nos artistes
dans un aussi large éventail d'activités telles que nous les
connaissons aujourd'hui, en fait, il existe autant d'activités que de
goûts artistiques au Québec. L'État à lui seul,
évidemment, n'est sûrement pas en mesure d'assurer l'expansion
d'un aussi grand nombre de disciplines, déjà qu'il lui est
difficile d'identifier et d'évaluer les tendances des habitudes
culturelles présentes actuellement au Québec. À ce sujet,
l'étude menée par le MAC quant aux habitudes de la population
québécoise à l'égard de la culture nous
révèle au moins une réalité constante et c'est
celle-ci: Quelles que soient l'époque, la richesse et l'idéologie
dominante, les Québécois éprouvent toujours un sentiment
de fidélité et d'amour envers la culture.
Une seconde réalité veut qu'il y ait toujours place pour
la concurrence dans le domaine culturel. Cette espèce de
pluralité qui a toujours transcendé à travers les
perceptions, les comportements et les habitudes des Québécois
fait en sorte que nos créateurs et nos artistes sont astreints à
tendre toujours vers la qualité, souvent au nom même de la survie
de leur entreprise, et, à bien y penser, il est à souhaiter que
cette tendance se maintienne et s'accentue.
Dans un tel contexte, l'esprit de concurrence ne peut que motiver des
talents locaux et régionaux partout au Québec. Dans une
société aussi ouverte que la nôtre, il ne faudra jamais
souhaiter que la culture soit vue et perçue comme une chose
homogène et souvent linéaire. Bien au contraire, nous du Parti
libéral souhaitons cette culture diversifiée, ouverte,
productrice et accessible à tous. Tel est le sens des intentions
exprimées récemment par notre formation, laquelle mettait de
l'avant une politique culturelle basée sur les deux grands concepts de
la participation et de la décentralisation. C'est dans ce cadre
théorique, M. le Président, que l'Opposition avait accueilli
favorablement le plan d'orientation soumis par le ministre des Affaires
culturelles et présenté lors des crédits de l'an dernier
pour 1983-1984.
Les principes et modalités d'application mis de l'avant dans ce
document n'étaient valables qu'une fois mesurés et
vérifiés sur le terrain. Nous concevons qu'une telle
planification ne puisse pas s'appliquer en une seule année
financière. D'un autre côté, l'Opposition insistera pour
que les jeux de structures ne durent pas cependant éternellement.
L'année dernière, l'Assemblée nationale avait consenti
à des augmentations substantielles des budgets en faveur des
régions. Nous aurons d'ailleurs l'occasion de revenir sur ce sujet, mais
nous souhaitons vivement qu'une telle politique produise des effets encore plus
percutants dans l'aide directe aux milieux local et régional. Or, dans
le cadre du budget 1984-1985, un premier coup d'oeil sur les chiffres nous
indique que les augmentations de budget les plus substantielles sont
réservées aux structures administratives tandis que les
dépenses dites de transfert augmentent dans une plus faible
proportion.
En effet, nous avons compris au tableau 10, par exemple, de la page 135
du cahier explicatif que les crédits dits de transfert augmentaient de
36,6% alors que les dépenses de fonctionnement augmentaient de 38% et le
budget de fonctionnement, de 20%. Dans le texte de présentation
explicatif des crédits, on se contente de nous dire que des
crédits de transfert votés augmentent de 58,5% depuis 1981-1982.
Bien que c'est exact, il faut cependant dire, si on regarde le même
tableau, que cette augmentation serait plutôt d'environ 36,6%. C'est le
détail qu'il y a sur le tableau. Il est significatif qu'un programme
aussi essentiel que le Développement culturel, le programme 2, subisse
de légères diminutions, exception faite cependant de l'aide aux
équipements culturels qu'on vient d'augmenter encore
suffisamment. Le budget de ce que l'on désigne comme
développement culturel diminue de 4,6%. C'est le tableau 1 de la page
12.
Il nous semble donc que, si le ministère est sérieux dans
ses intentions de donner un coup de barre vers les régions, celui-ci ne
devrait ménager aucun effort pour allouer des ressources de plus en plus
nombreuses et favorables à l'amélioration du réseau
déjà existant. À titre d'exemple, le Parti libéral
du Québec avait accueilli très favorablement le vaste plan visant
à doter le plus de municipalités de livres de bibliothèque
en général. Nous estimons toujours essentiel de rendre le livre
accessible à toute la population du Québec, quelle que soit la
région où elle habite, et nous croyons utile de suggérer
au gouvernement de réserver des budgets additionnels, lesquels
s'adresseront aux municipalités, au chapitre des dépenses de
fonctionnement sur le plan d'acquisition des livres. Nous y reviendrons cet
après-midi.
Cet exemple illustre l'une des façons pour notre formation
politique de promouvoir la culture en région. En effet, tous sont
unanimes à dire que l'ère des grandes constructions dotées
d'espaces sous-utilisés semble révolue. L'heure est plutôt
maintenant à l'aménagement, à la consolidation de nos
équipements, à l'expansion des réseaux existants qui
seraient insuffisants. Aussi, le Parti libéral du Québec
surveillera de près l'évolution de ce que vous avez
annoncé tout à l'heure, M. le ministre, votre nouvelle et future
politique sur la lecture au Québec. Des pas importants,
évidemment, ont été faits jusqu'ici. Il reste encore
beaucoup à faire dans ce domaine. L'intérêt des
Québécois vis-à-vis de cette activité est
suffisamment évidente pour que l'État québécois se
penche sérieusement sur cette question.
Nous en avons eu la preuve et vous l'avez mentionné dans votre
discours, M. le ministre, avec la bibliothèque centrale ici à
Québec que j'ai visitée avec beaucoup d'admiration. Là
où il n'y avait rien il y a un an ou deux, actuellement la
bibliothèque compte presque 2000 clients par jour; 3000, cela se peut.
Quand je l'ai visitée, c'était 2000. De même, par
conséquent, il faut se réjouir de cela et j'ai hâte que
votre politique sur la lecture soit mise à jour et nous parvienne. Nous
l'appuyerons avec grand plaisir. De même croyons-nous qu'une telle
politique doit s'appuyer sur des besoins exprimés par le grand public.
Une vaste consultation serait, à cet égard, opportune et
nécessaire à toute application future de cette politique.
J'insisterais sur le mot que j'aime beaucoup: la consultation.
Le Parti libéral du Québec accueille de façon
favorable aussi les intentions du gouvernement en matière de danse. Ce
secteur d'activités nous semblait vraiment négligé depuis
quelque temps et toute aide, si minime soit-elle, devrait encourager un type
d'artistes qui doivent parcourir des chemins parfois très difficiles
avant d'atteindre la perfection qu'ils ou qu'elles jugent nécessaire. Le
statut de l'artiste mériterait également une attention
particulière de la part du gouvernement. Là-dessus,
dernièrement, le gouvernement canadien ouvrait la porte à des
hypothèses de travail au sujet de l'épineux dossier des relations
entre le ministère du Revenu et l'artiste - vous avez l'air surpris, M.
le ministre, on pourrait en parler. Sachant que le ministère
québécois du Revenu adopte souvent les mêmes
méthodes d'application -on en a parlé hier à
l'Assemblée quelquefois assez malheureuses, il serait bon cependant
qu'ici le gouvernement du Québec fasse le point sur ce dossier et, plus
spécialement, sur les relations entre le ministère du Revenu du
Québec et les artistes.
En somme, M. le Président, de ces quelques remarques, vous
êtes en mesure de juger du bien-fondé des paramètres du
travail et des principes qui sous-tendent nos préoccupations. Notre
formation politique a toujours à l'esprit, tant au cours de
l'étude des crédits que durant l'année, que la
société québécoise s'inscrive vraiment dans un
cadre d'ouverture d'esprit; deuxièmement, dans le cadre d'une culture
ouverte sur ce qui se déroule dans le monde, des goûts et des
attitudes diversifiés appréciant tout mouvement culturel tendant
vers des travaux de qualité, de liberté de créer, de
concevoir, de travailler l'art au Québec dans une multitude de
disciplines atteignant toutes les couches de la population, toutes les
régions du Québec et toutes les générations; enfin,
dans un esprit de participation et de décentralisation de l'appareil
d'État. Un budget du ministère des Affaires culturelles ne peut
ni se comprendre ni s'étudier sans remettre l'état de la culture
dans ce véritable contexte.
Par exemple, dans le cadre de l'étude de la Loi sur les
musées, nous avons donné raison au ministre des Affaires
culturelles lorsqu'il disait qu'une telle loi était attendue depuis plus
de quinze ans. Mais nous avons, nous, particulièrement profité de
l'occasion pour souligner la nécessité d'élargir le
débat à l'ensemble du réseau muséologique du
Québec au lieu de s'en tenir à la définition simplement
juridique de deux musées d'État. Nous trouvions opportun
d'élargir ce débat par le biais d'une commission parlementaire
où tous les intervenants des musées, aussi bien publics que
privés, auraient pu avoir l'occasion de discuter du projet de loi 35,
évidemment, mais aussi de l'orientation qui aurait pu être
suggérée à tout le réseau muséologique.
D'abord, un peu comme l'aborde Guy
Robert dans son livre intitulé Art actuel au Québec,
publié en 1983, nous nous sentons jusqu'à un certain point, comme
il le dit, un peu détachés de la vie culturelle des années
de la révolution tranquille. Pourtant, c'est bien de cette époque
que date la création du ministère des Affaires culturelles, en
1961. À ce moment-là, la mission pouvait paraître un sommet
presque inaccessible. Qu'il suffise de s'imaginer qu'une mince partie du budget
du Québec devait servir, d'une part, à ériger une
structure administrative capable de faire face à toutes les demandes du
milieu et, d'autre part, à s'ajuster à une pluralité
d'idées dont on ne soupçonnait pas l'ampleur et surtout le
produit qui pourrait en jaillir. Une fois ces paramètres bien
établis, l'Assemblée nationale autorisa des crédits
proportionnels à la taille des défis, quoique toujours
insignifiants, cependant, par rapport au budget total du Québec. (11 h
15)
Ce qu'ont fait et exprimé nos artistes du Québec au cours
des années soixante-dix n'a pas empêché certains
problèmes de subsister, comme celui des espaces insuffisants, pour
desservir des populations à forte concentration urbaine. Pour leur part,
les régions se sentaient laissées pour compte tant
l'accessibilité des divers produits artistiques leur paraissait un
défi insurmontable. Mais le ministère des Affaires culturelles a
dû tenir compte d'un facteur économique et démographique
très important. Qu'il suffise, par exemple, de savoir qu'en moins d'un
siècle la proportion démographique s'est vertigineusement
renversée. Plus de 75% de campagnards et de villageois ont fait place
à 75% de citadins et de banlieusards. Mais voilà qu'au cours des
années soixante-dix on assiste après cela à un
léger déclin des populations urbaines et puis, la crise
économique aidant, on assiste maintenant à un retour à la
ville.
Cette courte description, M. le Président, m'apparaît
importante à souligner, ne serait-ce que pour dire que la population
québécoise se caractérise par cette capacité de
s'adapter à toutes les situations à travers les époques,
à incarner sa propre culture sans que l'État
québécois lui en dicte nécessairement tous les
paramètres. Tout au plus, ce dernier a dû fixer des formes
d'intervention et d'aide avec les moyens dont il disposait, de manière
à assurer une planification minimum. Mais des corrections se sont
imposées d'elles-mêmes en cours de route, au gré des
courants, des comportements et des habitudes de nos vies.
Souvenez-vous de ce fameux retour aux sources, concept qui impliquait
à l'époque une création originale et dispendieuse à
tous égards, au chapitre, par exemple, des normes architecturales
à respecter. Souvenez-vous également de l'effervescence des
métiers d'art qui a subitement ressurgi en diverses activités
sous un mode de production artisanale d'abord, pour devenir ensuite
commerciale. Tout cela pour dire que pas un artiste, ni aucun amateur d'art,
n'est invulnérable aux modes et aux idées nouvelles. Ce qui est
vrai pour l'art l'est également pour la culture en
général. Tant qu'elle ne viendra pas aliéner un
peuple, il faut la laisser respirer. Bref, il faut la laisser vivre,
s'imprégner et foisonner dans différentes directions au
gré de ses créations et de ses idées nouvelles.
Certes nos artistes éprouvent quelquefois un sentiment de
frustration lorsque décline, par exemple, une mode dont ils ont eu
à peine à apprendre les rudiments. Ils s'étonnent
même qu'une forme d'art institutionnelle, comme le théâtre,
par exemple, puisse un moment donné risquer de s'effondrer à un
point tel que l'on parle de crise actuellement dans le théâtre.
C'est là que doivent intervenir les puissants leviers de l'État
pour soutenir une entreprise que l'on sait en danger temporaire. On sait que,
dernièrement, la région de Québec, par exemple, a connu un
déferlement de menaces de fermetures de petits théâtres;
même, quelques-unes de ces fermetures sont déjà
réalisées. À moins que je ne sois mal informé, je
n'ai pas souvent entendu M. le ministre parler de cette situation: la fermeture
des théâtres dans la région de Québec. Ce petit
dossier illustre cependant, à mon avis, jusqu'à quel point il est
essentiel que le ministre des Affaires culturelles continue d'agir sur le
terrain. À cet égard, nous avons déjà
manifesté notre assentiment quant à la tournée qu'il a
effectuée en région pour connaître les tenants et les
aboutissants des sentiments du milieu, mais depuis lors, on ne parle que de
modifications de structures et de difficile gestation d'un plan de cinq
ans.
Le ministre ne saurait ignorer que les agents de la vie culturelle se
relèvent d'une des pires crises qu'ils ont connues. Nous aurions
souhaité - et nous souhaitons encore - qu'il intervienne souvent et
publiquement pour commenter ces situations et toujours trouver des solutions de
rechange.
Quant à un plan d'orientation, M. le ministre l'a fait savoir en
1983-1984, comme s'il venait de découvrir tout à coup que
vraiment des changements s'imposaient. Au train où le gouvernement du
Parti québécois a critiqué - et souvent avec raison - les
administrateurs précédents, on s'attend à un coup de barre
et on dirait heureusement que, maintenant, on veut vraiment le donner.
Là-dessus, nous sommes avec vous. C'est le principal constat de
l'Opposition qui ne remet pas en cause ce qui a été
ébauché dans ce plan, mais s'interroge quelquefois sur le retard
à accoucher - retard que nous comprenons souvent - d'un tel plan dont il
nous revient d'en critiquer aujourd'hui une
première année d'application. Le champ est immense. Les
ouvriers, contrairement à ceux de l'Évangile, sont nombreux et
c'est avec un oeil averti que nous allons ensemble faire le tour de ce vaste
domaine durant les quelques heures qui s'en viennent. Je vous propose, M. le
Président, de passer à l'ouverture de l'étude des
crédits. Merci.
Le Président (M. French): ...s'il y a d'autres
députés qui ont des commentaires d'ordre préliminaire,
parce que tous et chacun des membres de la commission ont enfin le droit
d'adresser la parole à ce stade-ci.
Temps alloué à chaque programme
M. Champagne (Mille-Îles): M. le Président...
Le Président (M. French): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Oui. Ce ne seraient
peut-être pas des commentaires, mais plutôt de l'information que je
voudrais avoir de votre part, considérant qu'on a quatre programmes
devant nous, à savoir, au premier programme, les organismes-conseils et
la gestion interne, au deuxième programme, le développement
culturel, au troisième programme, les institutions nationales et, enfin,
au quatrième programme, le soutien et la promotion des arts, lettres et
musées. N'y aurait-pas moyen, dans le temps qu'il nous reste, de
distribuer en quatre parts à peu près égales le temps?
C'est simplement cela. Une première question, la répartition du
temps et, deuxièmement, est-ce que ce sera l'idée de l'alternance
qui va dominer dans la répartition du temps?
Le Président (M. French): M. le député de
Mille-Îles, nous avons un peu plus de trois heures. Pour ma part, je n'ai
pas d'idée arrêtée. Je ne considère pas que c'est la
responsabilité de la présidence de dicter une ligne de conduite
dans ce domaine aux membres de la commission.
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui. Là-dessus, M. le Président, je pense
qu'il est peut-être un peu tôt pour se décider sur le temps
qu'on pourra consacrer à telle partie ou non. Je pense que le meilleur
moyen, c'est de commencer. Ce n'est pas parce qu'on a quatre programmes, par
exemple, qu'on peut savoir... Il y a des programmes qui peuvent aller plus
rapidement que d'autres. D'ailleurs, l'expérience le démontre. Je
pense que c'est déjà assez d'être encarcané dans
quatre heures ou quatre heures et demie de temps global sans avoir à
diviser cela en parties plus petites d'une heure ou de trois quarts d'heure.
Cela nous mettrait encore des carcans supplémentaires et je ne vois pas
à quoi cela nous avancerait. Personnellement, c'est mon idée.
Le Président (M. French): M. le député de
Chauveau.
M. Brouillet: Je crois que... J'endosse l'opinion du
député de Louis-Hébert de ne pas arrêter un nombre
de minutes précis, mais on peut partir avec l'idée, si on veut
une répartition égale, que c'est 45 minutes par programme.
À chacun, maintenant, de voir s'il veut accorder une égale
importance à chacun des programmes.
Le Président (M. French): M. le député de
Mille-Îles, avez-vous des préoccupations plus
particulières, c'est-à-dire... L'hypothèse que nous
procédions avec le programme 1, le programme 2 et le programme 3 n'est
pas nécessairement bonne, mais, advenant cette hypothèse,
avez-vous une préoccupation qui touche le programme 4 et qui vous
inspire certaines craintes quant à votre participation ou s'agit-il tout
simplement d'une question d'ordre général, sans ordre du jour
caché?
M. Champagne (Mille-Îles): Oui, M. le Président. Je
ne voudrais pas qu'on s'attarde à un article et qu'on prenne quatre
heures là-dessus. Il faudrait s'entendre au point de départ.
Enfin! Si je regarde le programme 4, on parle des arts et des lettres. On parle
de musées d'exposition. Je voudrais qu'on en parle. Je pense que les
arts, c'est important dans tous les domaines et je voudrais que tous les
domaines soient à peu près couverts. Je suis assez ouvert,
cependant, à l'idée que ce ne soit pas mathématique. Je ne
veux pas nécessairement un carcan, mais je voudrais, de la part des
membres de la commission, qu'on voie à peu près l'ensemble des
programmes.
Le Président (M. French): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Simplement pour qu'on s'entende bien dès le
début, M. le Président - je pense qu'il est normal, à part
cela, que cela se passe ainsi - pour l'étude des crédits, c'est
l'Opposition qui a un peu l'initiative là-dedans, dans le sens que le
ministre, la commission... Évidemment, tous les membres peuvent
participer, mais les questions, l'examen à proprement parler, les
réponses que nous devons obtenir...
Le Président (M. French): M. le député de
Louis-Hébert, je dois vous interrompre. Je comprends très bien
votre préoccupation, mais je dois vous signaler que l'esprit de la
réforme, c'est que la commission appartienne
à tous ses membres et je pense que c'est un principe important.
La présidence serait disposée à reconnaître tout
désir d'intervention de part et d'autre, sauf que je ferai remarquer au
député de Mille-Îles que, pour sa satisfaction personnelle,
je ne vois rien qui dicte nécessairement une répartition
égale du temps. Si le député de Mille-Îles veut
participer, qu'il participe, mais on adopte collectivement le principe que nous
procédons au fur et à mesure, tout en espérant
sûrement pouvoir entièrement couvrir les quatre
éléments de façon égale. Est-ce que cela vous
satisfait, M. le député de Mille-Îles?
M. Champagne (Mille-Îles): Si je comprends bien votre
intervention, lorsque je voudrai intervenir, je pourrai intervenir directement
sur le programme 4. D'accord.
Le Président (M. French): Oui. D'ailleurs, si vous voulez
nous en faire une proposition, cela serait très valable, M. le
député de Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Oui. D'accord.
Le Président (M. French): Si cela vous préoccupe,
on en discutera en temps et lieu, si vous voulez nous faire une proposition
concrète.
M. Champagne (Mille-Îles): Je pense que chacun a son temps
de parole. On peut quand même prendre l'article qui convient.
Le Président (M. French): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: Franchement, pour notre part, nous aimerions mieux
procéder selon le rythme des différents programmes. Soyez
assuré, M. le député, que c'est notre plus grand
désir de couvrir complètement le programme. Il y a certains
articles qu'on étudiera très rapidement et d'autres sur lesquels
on s'arrêtera peut-être un peu plus longtemps. Ce sera à
nous de faire la part des choses dans les réponses du ministre pour
qu'on puisse procéder assez rapidement et couvrir entièrement le
budget du ministère. C'est notre plus grand désir. Quant à
commencer à sauter d'un programme à l'autre, cela vous est
loisible mais je préférerais qu'on étudie vraiment les
programmes avec les différents éléments.
Le Président (M. French): M. le député de
Saint-Henri, la seule réserve que la présidence a sur ce sujet
est que, parfois, il y a des fonctionnaires qui sont venus de très loin
et qui profiteraient peut-être de la possibilité de repartir plus
tôt. M. le ministre, il s'agit de savoir si vous avez des fonctionnaires
ou des présidents d'organismes autonomes à qui on faciliterait la
tâche si on pouvait les libérer plus tôt.
M. Richard: M. le Président, je crois que j'ai tout mon
monde.
Le Président (M. French): Ce n'est donc pas le cas que
vous souhaitiez commencer par un élément quelconque pour leur
permettre... Non.
M. Richard: Non. Tout le monde est là.
Le Président (M. French): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Je pense que les propos du
député de Saint-Henri me rassurent. Je pense qu'on peut
procéder de bonne foi. Je sais que le député de
Saint-Henri est un homme d'arts et de lettres et sûrement qu'on se rendra
avec lui au programme 4.
Commission des biens culturels
Le Président (M. French): Programme 1, organismes-conseils
et gestion interne; élément 1, Commission des biens culturels. M.
le député de Saint-Henri.
M. Hains: À l'élément 1, M. le ministre.
Dans le diagramme que l'on trouve à la page 21, comment pourriez-vous
expliquer la baisse de 1,8%, par exemple, en dépenses de capital? Est-ce
que vous avez l'intention de diminuer les acquisitions ou quelque chose comme
cela? Quant au capital, une baisse de 1,8%. C'est une question très
technique. J'aime vous forcer à consulter à gauche et à
droite, comme cela.
M. Richard: M. le Président, cela représente 200 $
de moins. C'est probablement moins d'achats d'équipements. C'est la
différence de 1,8%.
M. Hains: Comment expliquez-vous sur ce même sujet la
hausse de traitements de 46%?
M. Richard: Oui, je vais vous expliquer cela. C'est plus
significatif et j'ai la réponse. Il y a deux vice-présidents qui
sont prévus pour cette année, comme c'est normal et comme la loi
le prévoit, alors que, durant presque toute l'année 1983-1984, il
manquait un des vice-présidents, à cause de la démission
ou du départ d'un vice-président, de sorte que la commission n'a
fonctionné qu'avec un seul vice-président. Ceci explique que les
coûts étaient moindres que prévu et que, si on
prévoit maintenant, pour l'année 1984-1985, deux
vice-présidents, cela augmente considérablement les
traitements.
Comme il n'y a que six personnes à la Commission des biens
culturels, le fait de passer de cinq à six représente une
fraction extrêmement importante. De là l'accroissement qui
apparaît aux crédits.
M. Hains: À la page 23, vous parlez aussi d'un nouveau
groupe qui a été formé. Il s'agit du groupe de travail sur
la réutilisation des bâtiments anciens à des fins de
musées. D'accord? Je vous demande où en est rendu ce groupe de
travail sur la réutilisation. Est-ce déjà en marche?
Est-ce qu'il fonctionne pour les fins de musées?
M. Richard: C'est dans le plan annuel de travail de la Commission
des biens culturels qui, comme vous le savez, est un organisme autonome. C'est
tout à fait interne à la commission. Mais, de toute
manière, elle doit déposer son rapport à
l'Assemblée.
M. Hains: Ah bon! Croyez-vous que ce sera prochainement?
M. Richard: Pardon?
M. Hains: Le rapport lui-même sera-t-il
déposé prochainement?
M. Richard: En ce qui a trait à cette étude, elle
ne fait que commencer, me dit-on. Donc le rapport viendra plus tard. (11 h
30)
M. Hains: C'est, une fois de plus, pour montrer
l'intérêt que je porte aux musées.
Le Président (M. French): D'autres interventions sur
l'élément 1 du programme?
M. Hains: Je n'ai pas fini.
Le Président (M. French): Excusez-moi, M. le
député.
M. Hains: M. le ministre, quand avez-vous l'intention de donner
suite à l'engagement que vous avez pris d'apporter des modifications
à la loi régissant les biens culturels? On a tout d'abord
parlé de réforme majeure, on a parlé ensuite de
réforme mineure; à quoi doit-on s'attendre là-dessus? Si
je ne m'abuse, il y avait même un projet de loi qui avait
été mis de côté.
M. Richard: Le député de Saint-Henri connaît
pertinemment bien les priorités que j'avais établies en la
matière. La Loi sur la Société de développement des
industries de la culture et des communications a été la
première priorité, si on exclut les modifications quand
même assez importantes apportées à la loi sur la Place des
Arts et sur le Grand Théâtre, mais oublions cela.
La SODICC a été une première priorité;
après, il y a eu la Loi sur le cinéma, la Loi sur les
musées, la loi sur les archives et je pense bien qu'il nous faudra
maintenant songer à déposer, avant longtemps, une loi modifiant
l'actuelle Loi sur les biens culturels. Le député de Saint-Henri
insiste toujours pour que je consulte beaucoup; alors, je vais beaucoup
consulter parce que c'est d'une complexité inouïe. Nous sommes
actuellement en consultation avec les municipalités, notamment parce que
cela les intéresse au premier chef.
Au cours de ma tournée de consultation, il y a finalement peu de
mémoires, contrairement aux autres disciplines, qui se rapportaient
directement au patrimoine; il y en a eu un certain nombre, oui, mais moins que
sur le théâtre, par exemple, ou moins que dans d'autres
disciplines. C'est d'une grande complexité, avec beaucoup d'incidence
parfois, par exemple, sur la fiscalité municipale.
En tout cas, même si c'est complexe, je vous dirai que c'est pas
mal moins difficile probablement qu'une loi sur le cinéma. Alors, si on
y est parvenu avec une loi sur le cinéma, on devrait y parvenir avec une
loi sur les biens culturels.
Le Président (M. French): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Tout à l'heure, à une question de mon
collègue de Saint-Henri, le ministre donnait une réponse
concernant le groupe de travail qui a été formé pour la
réutilisation des bâtiments anciens. J'aimerais savoir du ministre
en même temps, et en rapport avec cela, combien il y a
d'organismes-conseils au ministère des Affaires culturelles, de toute
nature.
M. Richard: De mémoire, d'organismes-conseils, il y a la
Commission des biens culturels... À proprement parler, je ne veux pas
jouer sur les mots, M. le député de Louis-Hébert,
mais...
M. Doyon: Je ne réfère pas...
M. Richard: ...si on parle d'organismes-conseils, il n'y en a
qu'un, la Commission des biens culturels. Si vous me demandez combien il y a
d'organismes qui relèvent du ministre des Affaires culturelles, au sens
de la loi, ma réponse sera très différente.
M. Doyon: Ce que je veux savoir, M. le ministre, c'est s'il y a
d'autres organismes-conseils qui, sans avoir une existence juridique à
proprement parler, au niveau consultatif, sont formés pour vous
conseiller dans le domaine de la danse, par exemple, ou je ne sais trop
quoi.
M. Richard: II y a la Commission des
biens culturels, les conseils régionaux de la culture...
M. Doyon: II y en a combien de ceux-là?
M. Richard: Neuf, dix... Neuf, car il n'y en a pas à
Montréal. Il y a neuf conseils régionaux de la culture; sauf
Montréal, il y en a dans toutes les régions. Il y a la Commission
des biens culturels, la commission sur les bibliothèques publiques et le
Conseil consultatif du livre. Je ne sais pas si je dois le mentionner, mais il
y a beaucoup de regroupements d'organismes privés comme l'Association
des directeurs de théâtre, par exemple.
M. Doyon: Oui, ce sont des groupes auxquels, à l'occasion,
vous pouvez faire appel sur certaines questions parce qu'ils sont là et
défendent les intérêts de leurs membres.
M. Richard: Oui. Par exemple, vient de naître un nouveau
groupe regroupant tous les artisans du théâtre au sein du Conseil
québécois du théâtre. Il y a un certain nombre de
regroupements privés comme cela un peu partout au Québec qu'il me
serait très difficile d'énumérer.
M. Doyon: Une autre question, avec votre permission, M. le
Président. À un certain moment, on a remis en question toute
cette distinction qui existe encore, je pense, entre les permis majeurs et les
permis mineurs dans la rénovation et l'amélioration des biens
culturels. Il y a eu des articles dans les journaux, entre autres dans le
Soleil. On référait plus particulièrement au cas du
quartier Petit Champlain que vous connaissez bien, qui, d'après les
renseignements que je crois avoir, a été recyclé,
rénové avec des permis mineurs, avec certaines
conséquences qui feraient que la rénovation ou le recyclage comme
tel ne cadrerait pas totalement, compte tenu que ce n'était pas le
même genre de permis - c'est peut-être une question
d'appréciation - avec la rénovation globale de la Place
Royale.
Est-ce qu'il est dans les intentions du ministre d'abolir cette
classification dans les permis ou de continuer cette dichotomie entre les
permis dits mineurs et les permis dits majeurs? Si c'est le cas pour le
ministre de continuer dans ce sens-là, quelle est l'utilité de
procéder comme cela compte tenu des inconvénients que cela peut
causer?
M. Richard: Si vous n'avez pas d'objection...
M. Doyon: Pas du tout.
M. Richard: ...je vais permettre à M. Bernard
Ouimet...
Le Président (M. French): De la Commission des biens
culturels.
M. Ouimet (Bernard): ...
Le Président (M. French): Non, M. le sous-ministre; nous
allons utiliser le micro devant M. Ouimet.
M. Ouimet: En fait, tous les cas qu'on appelle permis mineurs
sont quand même soumis à la Commission des biens culturels pour
avis. Il n'y a aucun cas qui n'est pas soumis à la commission en vertu
de la Loi sur les biens culturels. Cela date d'une entente de plusieurs
années avec la commission qui était à l'effet d'autoriser
en bloc ce qu'on appelait les permis mineurs pour fonctionner plus rapidement.
C'était même à la proposition de la Commission des biens
culturels que nous avons fonctionné ainsi et, lorsqu'on fait la
distinction entre permis majeurs et mineurs, c'est lorsque cela ne modifie pas
l'aspect extérieur de façon majeure.
M. Doyon: Quelle réponse le ministre fait-il aux remarques
que faisait le président de l'époque de la Commission des biens
culturels, M. Marcel Junius, où il disait que, dans le cas de la Place
Royale et du Petit Champlain, il y aurait eu nécessité - je
résume l'article en tentant de ne pas le trahir - qu'on procède
avec des permis majeurs dans ces cas-là, compte tenu que c'était
plus que repeindre des façades, plus que changer des poignées de
porte et que l'idée des permis mineurs est justement de permettre des
améliorations de nature mineure? Quand cela a un effet sur l'ensemble
d'une structure ou d'un quartier, il était de la prétention du
président Junius que cela devrait se faire par voie de permis majeurs et
que, si on ne procède pas comme cela, on se trouve à prendre la
porte d'en arrière pour en arriver à ses fins, finalement, avec
des résultats qui peuvent être discutables.
M. Richard: M. le Président, je pourrais peut-être
répondre à cette question. Vous savez qu'il y a deux
écoles de pensée en la matière. Nous retrouvons
l'illustration des deux écoles de pensée justement à Place
Royale et autour de la Place Royale. Il y a l'école dite de la
restauration exemplaire et il y a l'école dite de la restauration
légère. Ceci constitue, à proprement parler... La Place
Royale est une illustration fort valable, à mon humble avis, de
restauration exemplaire.
En ce qui a trait au Petit Champlain nous n'avons pas voulu, et j'en
assume toute la responsabilité, pour des raisons de coûts,
faire de la restauration exemplaire. C'est ainsi que nous avons pu
restaurer tout un quartier pour à peu près le coût d'une
maison quand il s'agit de faire de la restauration exemplaire. La restauration
d'une seule maison à Place Royale, qui a été
restaurée de façon exemplaire, nous a sensiblement
coûté l'équivalent de la restauration de tout le quartier
Petit Champlain. Voilà pourquoi nous avons opté pour la
restauration légère et il m'apparaît -et c'est l'aveu, en
tout cas, l'opinion de presque tous les experts - que c'est intéressant
d'avoir, l'une à côté de l'autre, une illustration de
restauration exemplaire et une illustration de restauration
légère. C'est ce que nous avons voulu.
M. Doyon: Est-ce que le ministre reconnaîtra que,
vis-à-vis de cette option qu'il favorise fort consciemment, il y a de la
part de la Commission des biens culturels de fortes réserves qui font
qu'on se demande tout haut si, finalement, la Commission des biens culturels
n'est pas - je lis l'article -tout simplement une façade rassurante
derrière laquelle se retranche le ministère des Affaires
culturelles pour n'en faire, de toute façon, qu'à sa tête?
C'est un reproche que vous connaissez, mais qui ne vous fait pas peur.
M. Richard: M. le Président, la Commission des biens
culturels, comme il se devait d'ailleurs, nous a autorisés à
émettre les permis dans chaque cas. À ma connaissance, il n'y a
pas eu de querelle avec la Commission des biens culturels au sujet de la
restauration légère à laquelle on s'est livré; au
contraire. Je pense que la commission était plutôt satisfaite de
voir qu'enfin on arrivait à habiter de nouveau tout un quartier qui
avait été, comme vous le savez, longtemps inoccupé et qui
était en voie de dégradation accélérée.
Le Président (M. French): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): M. le Président, est-ce
qu'on peut aborder l'élément 2? Je ne sais pas, à moins
que...
Le Président (M. French): Pas avant que la
présidence s'exprime. En tant que député de Westmount, et
non pas en tant que président, j'ai une vive préoccupation quant
au destin réservé par la Commission des biens culturels au
dossier de la gare du Canadien Pacifique dans la ville de Westmount. Cela ne
fait pas longtemps, d'ailleurs, mais nous espérons toujours avoir une
réponse relativement rapide de la commission dans ce dossier. Je
comprends très bien que nous ne pouvons peut-être pas en avoir une
tout de suite, mais...
M. le ministre, je n'insiste pas pour obtenir une réponse
tout...
Une voix: ...
M. Richard: ...ce dossier a été sur mon bureau
à une ou deux reprises, d'autant plus qu'on a eu l'occasion de
participer à la restauration de vieilles gares dans certaines
régions du Québec. Cela a été des projets
extrêmement intéressants, notamment la gare de
Rivière-Blanche, près de Matane. Je vais demander à Mme
Rondeau, qui connaît tous ces dossiers, M. le Président, de vous
apporter une réponse.
Le Président (M. French): Mme Rondeau, je vais vous
demander, lorsque vous prendrez le micro, de bien vous identifier, ainsi que
votre direction, pour les besoins de la transcription du journal des
Débats.
Mme Rondeau (Danielle): D'accord. Je suis Danielle Rondeau,
directrice du patrimoine, direction régionale de Montréal.
Pour ce qui est du cas de la gare de Westmount, effectivement c'est un
cas qui a été porté à notre attention tout
récemment parce qu'il semble qu'il y ait des projets de
réutilisation de la gare. Pour nous, c'est toujours extrêmement
favorable d'enligner une utilisation nouvelle pour des bâtiments à
caractère ancien, et la gare semble effectivement posséder un
caractère patrimonial intéressant. Le dossier est actuellement en
traitement à la direction des arts et équipements et chez nous,
puisqu'on s'occupe davantage de l'aspect restauration et qu'on appuie des
projets de réutilisation. Je pense qu'il y a une rencontre qui doit se
faire cette semaine ou la semaine prochaine avec la directrice des arts et
équipements et on reste liés au dossier puisque tout le dossier
des gares nous occupe énormément.
Le Président (M. French): Je vous remercie beaucoup. Y
a-t-il d'autres interventions? M. le député de Saint-Henri.
M. Hains: On va passer de la gare au poulailler, M. le ministre.
Vous êtes probablement au courant du poulailler du plateau Parc, à
Sherbrooke.
M. Richard: Du quoi?
M. Hains: Le poulailler du plateau Parc, à Sherbrooke,
où on a demandé... Cela ne vous dit rien?
M. Richard: Non.
Une voix: Qu'est-ce que c'est?
M. Richard: Selon moi, la question devrait s'adresser au ministre
de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Des voix: Ah! Ah! Ah! (11 h 45)
M. Hains: Je vais vous poser la question. On dit qu'on a
exigé des gens de Sherbrooke de faire une étude très
approfondie de cette question où ils veulent, évidemment, des
rénovations majeures. On aurait exigé d'eux une étude
aussi. Comme ils ne veulent pas la faire, enfin, cela reste en suspens parce
qu'on dit que la subvention serait en ligne directe avec cette étude que
votre ministère semble demander. C'est un article qui a paru dans un
journal de Sherbrooke, le mardi 14 février 1984. Cela vous a
échappé.
M. Richard: M. le Président, je m'engage à
vérifier cela. Je ne suis pas au courant...
M. Hains: Ce sont des gens de ce bout qui m'ont demandé de
soulever cela.
M. Richard: Le sous-ministre non plus n'est pas au courant.
M. Hains: Voilà. Surveillez cela, M. le ministre, il faut
que les poules soient abritées.
Le Président (M. French): Avant que cela
dégénère davantage...
M. Hains: On continue.
Le Président (M. French): Je m'excuse, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Hains: Je vous dis quand même comme cela, M. le
ministre, que cela peut nous sembler à nous parfois un peu superflu,
mais les gens de la place, ils y tiennent énormément. Pour cela,
on ne vous prendra pas en défaut. Ce n'est pas du tout notre but. C'est
au contraire souligner l'intérêt des gens, peut-être, pour
leur patrimoine qu'ils veulent améliorer.
M. Doyon: Dans le cadre, justement, de ce qui est un des piliers
de notre politique en matière culturelle sur la décentralisation,
vous ne vous surprendrez pas qu'on s'intéresse à ce qui se passe
ailleurs qu'à Québec et à Montréal. C'est dans cet
esprit que nous nous y intéressons et que nous vous incitons fortement
à le faire aussi. Par exemple, ce qui est connu à Chicoutimi
comme la vieille pulperie, il y a eu des discussions avec Parcs Canada,
d'après ce qu'on comprend dans ce dossier. Les renseignements que j'ai
sont que le ministère vient d'annoncer la désignation de cette
vieille pulperie en vertu de la Loi sur les biens culturels. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire ce qu'il a l'intention de faire pour la mise en
valeur de ce site? Est-ce qu'il a été question d'une
collaboration, d'une association de quelque nature que ce soit avec Parcs
Canada, dans ce dossier en particulier?
M. Richard: J'ai eu l'occasion d'annoncer à Chicoutimi, il
y a déjà quelques mois, la mise en valeur des vieilles pulperies
en trois phases. Il y a une phase pour laquelle les crédits ont
déjà été alloués. Ce sont des crédits
d'environ 1 500 000 $, des crédits qui font partie de la fin d'une
entente fédérale-provinciale et c'est 1 500 000 $ pour 1983-1984
et, en 1984-1985, c'est 750 000 $ OPDQ-MAC et 750 000 $ prévus qui sont
répartis également, je pense - pas répartis
également, mais, encore une fois, répartis OPDQ-MAC.
M. Doyon: La deuxième partie...
M. Richard: Cela suit tout à fait son cours. Le CT a
même été passé.
M. Doyon: D'accord. Est-ce que cela a fait l'objet d'une
quelconque entente, formelle ou informelle, avec Parcs Canada?
M. Richard: II y a eu des discussions avec Parcs Canada. Il y a
eu des discussions qui sont en cours, mais non achevées.
M. Doyon: Est-ce que ces discussions se déroulent
normalement ou si elles achoppent particulièrement?
M. Richard: M. Bruno Grégoire, qui a
négocié, peut répondre.
M. Grégoire (Bruno): Mon nom est Bruno Grégoire. Je
suis sous-ministre adjoint au ministère des Affaires culturelles. On a
rencontré effectivement le directeur général de Parcs
Canada et, à cette étape-ci, on s'est surtout partagé le
terrain. Étant donné qu'il y a plusieurs édifices sur le
site, on a convenu que le ministère des Affaires culturelles et l'OPDQ,
avec les fonds de l'entente, commenceraient à travailler sur l'un des
édifices. Il a été question par la suite qu'on fasse
éventuellement une entente concernant les autres édifices. Mais,
on n'est pas plus avancé que cela.
M. Doyon: Si je comprends bien, il y a eu une rencontre,
finalement, avec le directeur général de Parcs Canada. C'est
cela?
M. Grégoire (Bruno): C'est exact.
M. Doyon: Elle date de quand, M. Grégoire, à peu
près?
M. Grégoire (Bruno): Je dirais un mois ou un mois et
demi.
M. Doyon: Ah! c'est récent?
M. Grégoire (Bruno): Ah oui!
M. Doyon: Et il y en a d'autres qui sont prévues
normalement?
M. Grégoire (Bruno): Ces gens doivent nous faire,
effectivement, une proposition là-dessus.
M. Doyon: Oui. Alors, je me permets d'exprimer un souhait, M. le
Président: que ces rencontres se poursuivent et se fassent dans un
esprit de bonne foi et de collaboration, de façon que la population de
Chicoutimi puisse tirer le maximum, et du gouvernement provincial et du
gouvernement fédéral. Je suis sûr que le ministre va faire
en sorte que cela se produise.
M. Richard: Mais ce qu'on espère, M. le Président,
c'est qu'il y ait une entente-cadre qui permettrait beaucoup plus de souplesse
et qui permettrait d'aller beaucoup plus vite.
Le Président (M. French): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: M. le ministre, tout récemment, vous avez aussi
donné dans un document les orientations et les projets du gouvernement
en matière de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine pour la CUM.
Comment ce document a-t-il été reçu par les
autorités de la CUM? On dit que ce document a semblé les
surprendre un peu. On voulait signer un protocole d'entente, il me semble,
à ce sujet.
M. Richard: Mme Danielle Rondeau.
Le Président (M. French): Allez, madame.
Mme Rondeau: Danielle Rondeau, Direction du patrimoine,
Montréal. Le projet d'entente avec la Communauté urbaine de
Montréal s'inscrit dans le cadre de la loi 125 et c'est un projet qui,
évidemment, ne peut pas être annoncé par nous -
c'est-à-dire négocié fermement avec la CUM - tant que les
crédits ne sont pas octroyés de façon ferme. Avec la CUM,
on a, d'une part, une entente qui s'est renouvelée depuis trois ans sur
la diffusion, qui a donné des livres sur différentes
thématiques qui sont déjà axées sur le patrimoine.
L'optique de la nouvelle entente, c'est d'élargir afin d'arriver en
même temps à toucher la CUM avec des responsabilités
qu'elle a en matière de diffusion et en matière de ce qui lui est
donné par la loi 125 et à ouvrir également avec des
municipalités pour lesquelles il y a peu de connaissances d'inventaires.
Actuellement, les connaissances sont beaucoup plus précises sur la ville
de Montréal même et il y a des faiblesses assez marquées
dans certaines municipalités, parce qu'on n'a pas encore fait
l'inventaire approfondi. Cela fait donc partie des projets et la CUM a
effectivement lu et vu cette hypothèse, bien qu'il y ait eu aussi des
échanges verbaux entre le directeur de la planification de la
communauté urbaine, M. Gravel, et nous. Maintenant, c'est dès les
prochaines semaines qu'on va pouvoir conclure une première entente avec
ces gens sur un terrain plus large que celui de la diffusion uniquement.
M. Hains: Est-ce que vous avez prévu quel serait le
rôle des MRC dans ces ententes? Est-ce que c'est prévu dans le
moment?
Mme Rondeau: C'est la CUM qui va être effectivement notre
partenaire premier, comme dans d'autres cas, parce que la CUM est
considérée comme l'équivalent d'une MRC et on travaille
avec d'autres MRC ailleurs. Mais, sur le territoire de la communauté
urbaine, c'est certainement la CUM qui est la responsable et qui fait affaire
avec les municipalités.
M. Hains: Merci.
Le Président (M. French): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. La Société
de conservation et d'animation du patrimoine de Trois-Rivières s'est
intéressée de très près au sort du
presbytère de Yamachiche. Il y a eu aussi des éditoriaux dans le
Nouvelliste où on s'inquiète fort de ce qui va advenir de cet
édifice qui est l'un des derniers qui restent. On explique que le
collège est disparu, le couvent a été rasé, victime
de la réforme scolaire, etc., l'église de 1873 est passée
au feu, le manoir Dumontier est disparu et il reste le très bel
édifice qui est le presbytère de Yamachiche. Il y a un mouvement
régional pour la préservation de cet édifice pour fins
culturelles. On fait des suggestions comme, par exemple, en faire une
utilisation semblable à celle qui a été faite dans la
Beauce avec l'ancien presbytère de Saint-Évariste où on a
fait une espèce d'écomusée. Toutes sortes
d'hypothèses sont envisagées. Je voudrais savoir de la part du
ministre, d'abord s'il a été saisi de cette question, quels sont
les gestes qu'il a l'intention de poser et quelle sorte de contributions
peuvent espérer les gens de la région de Yamachiche pour que ce
témoin éloquent du
passé de Yamachiche et de toute la région, finalement,
soit préservé.
M. Richard: M. le Président, le problème des biens
conventuels au Québec est un problème de très grande
envergure. Dans le passé, quand un bien culturel de cette nature
était en péril, il y avait des groupes de pression qui naissaient
presque spontanément et qui réclamaient du ministère des
Affaires culturelles ou du gouvernement qu'il achète ces biens. Souvent,
malheureusement ou heureusement, cela dépend des cas, le
ministère des Affaires culturelles s'est porté acquéreur,
mais sans que les milieux auxquels ces biens appartenaient n'aient vraiment
trouvé une vocation. Ce que nous faisons maintenant de plus en plus,
c'est que nous laissons le soin aux différents milieux auxquels
appartiennent ces biens, en premier lieu en tout cas, de trouver une vocation
et, quand ils veulent s'intéresser à la préservation,
à la conservation et à la mise en valeur de leur patrimoine, nous
les soutenons avec enthousiasme. C'est ce qui a été fait à
peu près partout sur l'ensemble du territoire québécois
plutôt que de nous porter acquéreur. Nous avons même eu
tendance à nous départir de certains biens qui avaient
été acquis au fil des ans à la suite, justement, des
groupes de pression qui étaient nés un peu partout sur le
territoire. Beaucoup de ces immeubles étaient en voie de
dégradation, précisément parce que les milieux auxquels
ces bâtiments appartiennent, dans lesquels ils s'inscrivent finalement,
sont mieux placés que le ministère pour trouver des vocations. Si
on trouve une vocation au presbytère - remarquez que ce n'est pas le
seul presbytère qui sera en péril et qui est à mettre en
valeur et à protéger - cela nous fera plaisir de voir dans quelle
mesure on pourra soutenir la vocation que ces gens-là auront
trouvée. Je ne suis pas sûr, par exemple, qu'on puisse
spontanément lui donner une vocation similaire à celle du
presbytère de Saint-Évariste dans le cadre de
l'écomusée. Ce n'est pas tous les jours qu'on va pouvoir trouver
une vocation d'écomusée à un ensemble patrimonial au
Québec.
M. Doyon: M. le Président, les gens de Yamachiche
pourraient-ils au moins avoir l'assurance du ministre... Je comprends qu'il
renvoie la balle à la population: II vous appartient de nous faire des
propositions sur ce que vous voulez faire du presbytère et, à
partir de là, nous, nous étudierons et nous verrons quelle sorte
de contribution nous pourrons vous faire. J'aimerais entendre le ministre
là-dessus: Serait-il prêt à demander aux gens qui sont des
spécialistes, parmi ses fonctionnaires, et qui connaissent ces
choses-là... Il faut bien réaliser - je fais ici un petit
aparté, M. le Président - que, pour les gens qui sont pris dans
une situation semblable, c'est un cas unique et ils n'ont pas l'expertise qui
leur permettrait de faire des comparaisons et de voir comment se sont
réglés des problèmes semblables ailleurs. Il est beau, de
la part de ministre, de dire: Que les gens du milieu s'organisent et nous
fassent des propositions. Quant à nous, Dieu le père à
Québec, on décidera, s'il y a lieu, si vous êtes dignes que
nous vous aidions et que nous vous portions assistance et aide. M. le ministre,
il faut que vous fassiez plus que cela. J'aimerais vous entendre dire que vous
êtes prêt à faire plus que cela, dans ce sens que vous
êtes prêt à envoyer des personnes, soit des experts, des
spécialistes, explorer la situation; ils vont aller, s'il le faut,
provoquer l'animation nécessaire de façon que, de tout cela,
ressortent des propositions. En matière de culture, comme dans d'autres
choses, M. le ministre, je vous souligne que la génération
spontanée est plutôt rare.
M. Richard: M. le Président...
Le Président (M. French): M. le ministre.
M. Richard: Toute l'expertise en ce qui a trait au
presbytère de Yamachiche est d'ores et déjà assumée
par le bureau régional du ministère des Affaires culturelles aux
Trois-Rivières. (12 heures)
Le Président (M. French): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci. Nous allons passer à une...
Le Président (M. French): Je m'excuse. J'ai une demande
antérieure.
M. Doyon: Excusez-moi. Oui, c'est un peu dans la même ligne
de pensée. Il s'agit de Maizerets, M. le ministre. On sait que, depuis
un certain temps, les négociations, pour toutes sortes de raisons - et
on peut en trouver une multitude - ont piétiné entre le
gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et la ville de
Québec là-dedans. La ville de Québec soutient qu'il y a un
contentieux fédéral-provincial qui existe et qui fait obstacle
à la restauration et à la mise en valeur du domaine Maizerets et
aussi, puisqu'on y est, on peut en parler en même temps - du parc de
l'Artillerie. Je voudrais savoir de la part du ministre où en est rendu
ce dossier, aussi bien le domaine Maizerets que le parc de l'Artillerie et
quelles sont les démarches qui ont été faites
dernièrement et qui sont prévues dans un avenir prochain par le
ministre, de façon que ces deux dossiers puissent déboucher sur
une solution qui soit à l'avantage de la population, finalement, parce
que ce sont là
deux choses qui traînent en longueur. C'est le moins qu'on puisse
dire.
M. Richard: M. le Président, il y a des discussions
amorcées avec la ville de Québec pour inclure l'ensemble de
Maizerets, que je connais très bien, dans le cadre de l'entente
intervenue entre la ville et le MAC pour la mise en valeur du
Vieux-Québec. C'est dans le cadre même de cette entente qu'il y a
à peine deux jours, le maire de Québec et moi-même
procédions à la première levée de terre pour la
construction des immeubles de la rue Collin et de la rue Saint-Jean. C'est une
entente qui a déjà porté fruit. Il y a des discussions
pour inclure Maizerets dans le cadre de cette entente. Comme il y a des
déboursés de part et d'autre, cela ne peut pas se faire du jour
au lendemain, parce qu'il s'agit de voir les fonds dont la ville dispose et
dont nous pouvons disposer, de même que ceux de l'OPDQ, parce que l'OPDQ
est lié à cette entente.
M. Doyon: Simplement, M. le...
M. Richard: En fait, il s'agit encore, pour vous montrer
l'importance de la mise en valeur de tous les biens conventuels, de biens
conventuels. Il y en a comme ça partout sur le territoire
québécois et il y en aura de plus en plus, pour des raisons assez
évidentes.
M. Doyon: M. le Président, pourrais-je demander au
ministre quel sort il entend faire à un élément de
solution contenu, d'après les renseignements que j'ai en main, dans le
rapport de 1983 de la Commission des biens culturels, qui proposait que soit
créé un organisme parallèle et plus directif, à
l'image, si on veut, de ce qui existe en France avec la Caisse nationale des
monuments historiques ou aux États-Unis avec le National Trust? La
recommandation qui vous a été faite a-t-elle été
envisagée ou est-ce qu'elle est encore à l'étude?
M. Richard: C'est l'un des choix, M. le Président, qu'il
nous faudra faire au moment où nous déposerons la nouvelle loi
sur les biens culturels. C'est l'un des choix qu'il nous faudra faire et c'est
pour cette raison qu'on est en consultation présentement avec les MRC et
les municipalités sur les modifications à apporter à la
Loi sur les biens culturels. Il faut faire attention, parce qu'on ne peut pas
toujours s'inspirer trop précisément, en tout cas, de ce qui
s'est fait ailleurs en la matière. Une des formules qu'on a retenue,
nous, c'est d'élargir le mandat de la SODICC pour lui permettre
d'intervenir dans le domaine du patrimoine, ce qu'elle a fait au moins dans un
cas, avec beaucoup de succès, jusqu'à maintenant.
M. Doyon: De quel cas s'agit-il? M. Richard: Du Petit
Champlain. M. Doyon: Le Petit Champlain.
Le Président (M. French): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: Oui, M. le Président. J'ai ici une lettre que
j'ai lue tout récemment et qui a dû vous faire mal à vous
aussi. Je vais la lire, non pas pour vous blesser, mais seulement pour situer
le point dont je voudrais discuter. Il s'agit du bois de Saraguay. On dit ici
que, le 10 février 1984, vous avez finalement autorisé la
construction d'une centaine de maisons à l'intérieur de
l'arrondissement naturel du bois de Saraguay. On dit que ce chantier
détruira plus d'un million de pieds carrés d'une magnifique
forêt. Il est inadmissible que vous permettiez ainsi, dit cette personne,
la destruction d'une importante partie de notre patrimoine national, alors que
vous êtes chargé de protéger cet héritage. La valeur
de ce boisé est pourtant reconnue par un décret gouvernemental et
par la Loi sur les biens culturels. On pose ici la question: Un ministre des
Affaires culturelles qui sacrifie notre butin, ce n'est pas tellement beau. Je
vous pose vraiment la question, M. le ministre. Est-ce que vous pourriez
vraiment confirmer cette décision et nous dire quels sont les arguments
qui ont vraiment pu vous convaincre de céder à cette demande de
construction? Pensez-vous qu'il est trop tard pour revenir sur cette
décision?
M. Richard: M. le Président, avec votre permission, je
vais faire faire l'état de la question par un fonctionnaire responsable.
Après quoi, j'ajouterai les éléments qui ont
prévalu au moment où la décision a été
prise. C'est Mme Danielle Rondeau, encore une fois, directrice du patrimoine
à Montréal.
Mme Rondeau: Danielle Rondeau, directrice du patrimoine.
Effectivement, les derniers développements sur l'arrondissement de
Saraguay ont été le transfert de gestion de la zone est à
la ville de Montréal. Cela a été fait le 10 février
1984. Quant à la construction qui est mentionnée ici, c'est
effectivement une possibilité qui existe à l'intérieur des
règlements qui ont été dûment approuvés par
le ministère pour faire le transfert de gestion. Ces
réglementations ont été approuvées à la
suite du cumul de toutes les études qui ont été faites
tant par le Jardin botanique, par le ministère des Affaires culturelles,
par le ministère de l'Environnement sur la qualité du
boisé de cette zone tampon. Ceci fait que l'arrondissement naturel de
Saraguay est déjà
en grande partie à la CUM, quant à la partie ouest qui est
l'essence même de la forêt de Saraguay, alors que la zone est est
une zone tampon. Les précautions qui ont été prises l'ont
été à tous les niveaux, tant pour l'implantation, la
densité que pour ce qu'il peut y avoir comme déblayage pour faire
des chemins, qui sont réduits au minimum, pour affecter le moins
possible la partie est, justement, mais surtout pour ne pas affecter du tout -
c'est l'assurance, finalement, que nous ont donnée toutes les
études - la partie de la forêt de Saraguay, qui se situe du
côté ouest du mur, qui délimite les deux parties dont il
est question.
M. Richard: M. le Président, je pense que cela apporte une
réponse assez complète et, aussi longtemps que la
réglementation municipale ne sera pas modifiée, c'est la ville
qui va assumer seule la gestion de la partie est de cette forêt pour
environ 99 bâtiments unifamiliaux.
Le Président (M. French): M. le député de
Louis-Hébert, malheureusement, j'ai la responsabilité de vous
informer que vous avez maintenant dépassé votre temps de parole
sur l'élément 1. Vous avez grugé plus de vingt minutes sur
votre temps de parole. M. le député de Saint-Henri, vous avez
encore six ou sept minutes.
M. Hains: Pourquoi y a-t-il un temps limite de parole
là-dessus? On a convenu au commencement qu'on fonctionnait au rythme
de...
Le Président (M. French): En commençant, on a
convenu, M. le député, que la totalité du temps de la
commission sur chacun des éléments dépenderait de
l'intérêt des parlementaires. Cependant, nous n'avons pas convenu
que les règlements qui s'appliquent à tous et chacun de nous
soient suspendus. Je ne dis pas que le temps alloué à
l'élément 1 du programme 1 est écoulé. Je dis que
le temps alloué au député de Louis-Hébert est
malheureusement écoulé.
M. Doyon: C'était un temps de combien, M. le
Président?
M. Hains: Vingt minutes.
M. Doyon: Vingt minutes, ce n'est pas beaucoup. Je vois que cela
soulage le ministre.
Le Président (M. French): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: Donc, c'est seulement l'élément.
L'élément 1 est terminé.
Le Président (M. French): C'est le cas.
Sur l'élément 2, le député de
Louis-Hébert reprend son temps de parole de vingt minutes. M. le
député de Saint-Henri.
M. Hains: Est-ce dans l'élément 1 ou dans
l'élément 2? Attendez seulement un instant, s'il vous
plaît. Alors, nous allons aller à l'élément 3, si
vous le voulez bien.
Le Président (M. French): Je m'excuse...
M. Hains: Est-ce que cela va?
Le Président (M. French): ...mais il faudrait d'abord
adopter l'élément 1.
M. Hains: Bon, d'accord.
Le Président (M. French): Est-ce que
l'élément 1 du programme 1 est adopté?
M. Hains: Éléments 1 et 2.
Le Président (M. French): Excusez-moi, M. le
député, mais il est peut-être possible que quelqu'un
désire intervenir sur l'élément 2. L'élément
1 du programme 1 des crédits du ministère des Affaires
culturelles est-il adopté?
M. Hains: Adopté. Des voix: Adopté.
Le Président (M. French): Adopté.
L'élément 2, Institut québécois de recherche sur la
culture.
Des voix: Adopté.
Cinéma
Le Président (M. French): Adopté.
Élément 3, Régie du cinéma.
M. Hains: On est rendu là. Si vous le voulez, M. le
ministre, nous allons revenir à un sujet sur lequel nous avons
déjà discuté très longtemps: la question du
cinéma. Cela va nous rappeler de très bons souvenirs. Dans cet
épineux dossier, le ministre s'est déjà vu avertir par les
"majors" américains que pas un film américain n'entrerait au
Québec -vous vous rappelez - si les compagnies devaient céder
leurs droits et investir une partie de leurs revenus dans des productions
locales. C'était à peu près leur menace, entre
guillemets.
Je sais que, tout dernièrement, vous êtes allé
à Los Angeles rencontrer les "majors" américains. Malheureusement
pour nous, il y a eu très peu de comptes-rendus de vos relations ou de
vos entrevues avec les "majors". Je suis très curieux et j'aimerais que
vous nous disiez aujourd'hui si de
nouvelles ententes ont été conclues. Vous avez
semblé très heureux de votre voyage; alors, pouvez-vous nous
mettre au courant de ce qu'il peut y avoir de nouveau à la suite de
votre rencontre avec les "majors" américains?
M. Richard: J'étais convaincu qu'au moment de la
défense des crédits le député de Saint-Henri, qui
s'est tellement intéressé à cette nouvelle Loi sur le
cinéma, me demanderait des nouvelles de mon bref séjour à
Los Angeles. Je voudrais simplement signaler ceci. Depuis environ un an ou
durant tout le processus législatif, les représentants de ceux
qu'on appelle les "majors" américains m'avaient invité à
plusieurs reprises à faire un séjour à Los Angeles pour
voir leurs studios, les rencontrer et discuter.
Évidemment, cela ne me paraissait pas très
approprié de le faire au moment où l'Assemblée nationale
était saisie du projet de loi mais, une fois le projet de loi
adopté, je me sentais plus à l'aise pour accepter une invitation
émanant des "majors" américains. Cette invitation est venue
à l'occasion de l'American Film Market où plusieurs des
représentants de l'industrie québécoise du cinéma
se trouvaient justement à Los Angeles pour participer aux
activités de l'American Film Market. J'ai alors saisi l'occasion et je
m'y suis rendu, avec des représentants de l'industrie
québécoise du cinéma, pour en rejoindre d'autres à
Los Angeles. Nous avons eu l'occasion d'avoir plusieurs échanges de vues
avec les représentants des grandes compagnies américaines et avec
des représentants de ceux qu'on appelle les indépendants.
Cela a été, je pense, un voyage très fructueux,
voire très agréable, parce que nous avons été fort
bien accueillis par les "majors" américains. Nous avons eu des
échanges de vues qui, je pense, ont été susceptibles
d'éclairer nos vis-à-vis. Je pense que cela nous a
éclairés davantage aussi. Ce sera utile pour l'avenir des
relations entre le Québec et les "majors" américains. Je pense
qu'ils saisissent maintenant davantage le sens, la portée de la Loi sur
le cinéma, un certain nombre de choses qui leur avaient
échappé et qui, en tout cas je l'espère, ne leur
échapperont plus. Mais cela a été très
fructueux.
M. Hains: Je voudrais deux autres explications plus
précises. Premièrement est-ce qu'ils ont consenti à faire
certains investissements, comme la loi leur demande, dans le cinéma
québécois? (12 h 15)
M. Richard: Je vous avoue, M. le Président, qu'il a
été très très peu question de cela, si ma
mémoire est fidèle, les Américains ayant toujours dit que,
dans la mesure où une loi était universelle ou s'appliquait
à tout le monde, ils ne voyaient pas comment ils pouvaient
réclamer qu'elle ne s'applique pas à eux. Comme la mesure que
vous évoquez est une mesure universelle qui s'applique à tout le
monde, ils en ont très très peu parlé sauf à une
occasion, le dernier déjeuner offert par un président des
"majors" qui a dit qu'ils avaient hâte de savoir quel serait
effectivement le pourcentage, pour qu'ils soient fixés d'une
manière définitive. Ce qui les intéresse et ce qui a fait
l'objet de multiples échanges de vues, c'est, comme vous le savez fort
bien, M. le député de Saint-Henri, la définition des
"world-wide rights" ou des droits mondiaux. C'est là-dessus que nos
échanges de vues ont surtout porté durant deux jours avec des
représentants des compagnies américaines.
M. Hains: En êtes-vous venu, M. le ministre, à une
définition de ce que sont vraiment les droits mondiaux?
M. Richard: Non. Comme vous le savez, il appartiendra à la
régie de définir les droits mondiaux. Notre rencontre avait pour
objectif d'échanger avec les compagnies américaines dans un
climat moins tendu que celui qui prévalait au moment de la commission
parlementaire. C'est pourquoi nous avons accepté leur invitation
où nous avons été très bien accueillis. Je pense
même que c'est véritablement la première fois que
l'industrie québécoise du cinéma allait ainsi assez
massivement affirmer son existence en même temps que sa volonté de
se développer sur le continent nord-américain.
M. Hains: Est-ce que vous croyez sérieusement, M. le
ministre, qu'à la suite de cette rencontre, ces "majors"
américains vont vraiment céder leurs droits de distribution au
Québec à des distributeurs indépendants?
M. Richard: Écoutez! il y a déjà des
progrès considérables qui ont été accomplis avant
même que toutes les dispositions de la loi ne soient en vigueur puisqu'on
nous a donné l'assurance que jamais plus ils ne tenteraient de
s'approprier les droits de films classiques - vous vous souvenez de films dits
classiques - pour l'ensemble du territoire nord-américain. Je pense
qu'ils sont de plus en plus conscients que le Québec ne veut pas
être partie intégrante du "domestic market" américain et
qu'il y a lieu de trouver des moyens, des façons d'échapper
à l'emprise des "majors" américains sur l'ensemble du continent
nord-américain. Nous avons été très fermes
là-dessus, insistant pour leur dire, leur redire que le Québec ne
souhaitait pas être partie intégrante de l'"american domestic
market".
M. Hains: Une dernière question là-
dessus. Au point de vue de la réglementation, est-ce que cela
avance assez bien?
M. Richard: Oui. J'ai même eu une rencontre hier soir avec
les membres de la Régie du cinéma et la réglementation
avance. Je pense que les délais jusqu'à maintenant sont
respectés. Ce qui est assez extraordinaire, c'est toute la dynamique qui
a été développée par les nouvelles structures,
notamment la dynamique qui existe entre le nouvel Institut
québécois du cinéma, la Société
générale du cinéma et aussi - j'en suis de plus en plus
convaincu, surtout depuis ma rencontre avec ces gens hier soir - la
Régie du cinéma.
Le Président (M. French): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Merci, M. le Président.
J'étais de ceux qui ont discuté longuement de la loi 109. Le
ministre a également injecté des sommes assez importantes
à la fois dans la production du cinéma et dans les structures. On
voit qu'il y a déjà 24% du budget de plus, cette année,
pour les organismes-conseils et la gestion interne de la Régie du
cinéma.
Ma question est la suivante: Depuis cette injection de fonds dans le
domaine du cinéma, est-ce que vous voyez poindre à l'horizon une
espèce d'espoir pour les artistes, également un espoir pour les
producteurs et pour l'industrie de la traduction, entre autres, les
vidéocassettes françaises qui manquent sur les
étagères? Est-ce que vous voyez quand même à
l'horizon quelque espoir pour les producteurs et les autres?
M. Richard: II m'apparaît assez évident, M. le
Président, à la suite de la question du député de
Mille-Îles, que, compte tenu de l'existence de nouvelles structures et
aussi - il faut bien le reconnaître - de l'accroissement substantiel des
crédits alloués au cinéma, nous verrons la production
cinématographique au Québec s'accroître
considérablement dans les prochains mois, en tout cas, dans les
prochaines années. Pour ce qui a trait au problème du doublage,
M. le député de Mille-Îles sait que c'est un
problème qui ne relève pas que de nous. C'est un problème
qui est lié à la volonté de syndicats français de
ne pas perdre le monopole là-dessus. Ce n'est pas facile à
résoudre parce que même les gouvernements ne pourraient que
très difficilement résoudre ce problème. Je crois savoir
toutefois qu'il y a de plus en plus de tentatives de la part des syndicats en
cause, c'est-à-dire syndicats québécois et syndicats
français, de se rapprocher pour aboutir à une solution qui serait
équitable à la fois pour la
France et le Québec. J'espère que cela portera fruit.
M. Champagne (Mille-Îles): Est-ce que l'Institut
québécois du cinéma entrevoit, cette année, une
production de cinéma québécois, quelques productions
québécoises?
M. Richard: Oui, bien sûr. Il y a déjà des
longs métrages qui sont en train d'être tournés. Il y en a
qui viennent d'être présentés au public. Il y a beaucoup de
projets, bien sûr, sur les différentes tables de travail.
Maintenant, je voudrais juste vous indiquer que les nouveaux crédits ne
pourront pas rejoindre directement la production avant le mois d'avril, en tout
cas, avant le milieu d'avril. Donc, la Société
générale du cinéma est prête, toute disposée
à recevoir ses nouveaux crédits, pour véritablement
relancer toute la production cinématographique au Québec.
Le Président (M. French): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: J'ai encore une question sur le cinéma. C'est
à propos des députés de l'Est du Québec qui vous
avaient demandé d'étudier un rapport - cela vous fait sourire -
concernant différents projets à réaliser dans l'Est du
Québec, dont le projet pilote Profic, et de fixer alors une rencontre
avec ce regroupement, des intervenants et les représentants de
l'industrie du cinéma. Est-ce que cette rencontre a vraiment eu lieu?
Deuxièmement, qu'est-ce qui est advenu de la demande d'obtenir un
représentant de l'Est comme on en avait eu tellement de demandes au
conseil d'administration de l'institut? Deux petites questions.
M. Richard: À cause de la dynamique assez
particulière de l'Est du Québec en matière de
cinéma, j'ai voulu demander au directeur général du
Conseil de la culture de l'Est du Québec de siéger au sein du
conseil d'administration de l'Institut québécois du
cinéma, ce qu'il a accepté, et, comme il s'agit d'une personne
extrêmement compétente, il pourra défendre, je pense, avec
brio les intérêts du cinéma de l'Est du Québec au
sein de l'institut.
M. Hains: M. le ministre, pourrions-nous savoir le nom?
M. Richard: Oui, c'est Bernard Boucher.
M. Hains: Maintenant, est-ce que les autres régions ont
posé des candidatures semblables? Est-ce que les autres seront
acceptées aussi? Là vous me dites que vous avez accepté de
nommer ce M. Boucher au conseil d'administration. Est-ce que d'autres
régions de la province vous ont demandé
d'avoir aussi un représentant?
M. Richard: Je n'ai pas souvenir que d'autres régions
aient demandé d'avoir un représentant au sein de l'Institut
québécois du cinéma, mais je vous rappelle qu'en
commission parlementaire il y avait à peu près une cinquantaine
de groupes ou de regroupements qui nous avaient demandé d'avoir un
siège de l'Institut québécois du cinéma. Inutile de
vous dire qu'il n'était pas possible de satisfaire toutes les
demandes.
M. Hains: Ce que je ne sais pas, M. le ministre... Vous vous
rappellerez que, dans un petit discours, j'avais fait ressortir que
malheureusement au Québec on perdait des sommes énormes parce
qu'on était plus ou moins réceptifs aux gens qui venaient faire
du tournage ici dans notre province. Je pense qu'actuellement vous êtes
en train de faire quelque chose à ce sujet. J'ai lu cela avec beaucoup
de joie et d'enthousiasme. Est-ce que vous pourriez nous dire vraiment ce qui
se dessine?
M. Richard: Oui. Je pense que le député de
Saint-Henri a parfaitement raison de signaler nos faiblesses à cet
égard. L'une des raisons pour lesquelles j'ai accepté d'aller
à Los Angeles, c'était précisément pour les inviter
- ce que je n'ai pas manqué de faire - à venir tourner au
Québec, d'autant plus qu'il y avait certains tournages qui venaient tout
juste de se faire au Québec - un, entre autres, qui s'appelle New
Hampshire, dans le comté de Charlevoix. Cela était d'autant plus
intéressant que j'ai eu l'occasion d'accueillir les représentants
des compagnies américaines avec Jean Leclerc, un Québécois
en train de tourner à Los Angeles, et Carole Laure, qui est la vedette
d'un film de la compagnie Orion. C'était extrêmement
intéressant, parce que non seulement il est souhaitable qu'on vienne
tourner au Québec, mais il est également souhaitable que certains
comédiens et comédiennes québécois puissent avoir
accès au grand cinéma international. J'ai donc profité de
l'occasion pour les inviter à venir tourner au Québec, d'autant
plus que l'occasion était belle, puisque je leur ai dit de venir
profiter de notre "mini-dollar". Cela devient vraiment intéressant pour
eux de profiter de la différence entre le taux de notre dollar et le
leur. Nous avons amorcé des discussions avec la Société
générale de cinéma et le ministère du Commerce
extérieur pour aboutir à une politique vraiment cohérente
visant à favoriser un plus grand nombre de tournages au Québec.
Cela génère beaucoup d'activités économiques, et
vous avez parfaitement raison, M. le député de Saint-Henri, de le
signaler.
M. Hains: Je pense qu'il y a un projet d'environ 447 000 $ qui
vous aurait été présenté - ou qui vous sera
présenté - pour faire un montage audiovisuel afin,
précisément, de favoriser cette expansion. Est-ce fait? Est-ce
accepté? Est-ce encore à l'état de projet?
M. Richard: C'est exactement ce qu'on est en train de regarder,
sauf qu'on hésite toujours un peu avant de mettre d'autres structures
sur pied. Je ne voudrais pas que tous les fonds se perdent dans des structures
qui n'atteindraient peut-être pas forcément les objectifs pour
lesquels on les aurait créées. J'ai essayé de diminuer la
création de nouvelles structures depuis que je suis aux Affaires
culturelles; je suis toujours un peu réticent à l'idée de
créer de nouvelles structures qui, parfois, constituent une
espèce de fonction publique parallèle. Il s'agit de voir quelle
sera la meilleure façon pour nous d'atteindre les objectifs.
Or, assez curieusement, d'autres provinces - et je le reconnais - ont
déployé des efforts considérables pour amener plus de
tournages sur leur sol, tandis que, pour nous, nos efforts ont
été déployés pour produire davantage. Il y a des
provinces qui ne produisent à peu près pas. Vous savez que
l'industrie du cinéma en dehors du Québec est dans une
période qui n'est pas très rose. Je ne dis pas que c'est le
Pérou au Québec, mais la situation n'est pas aussi dramatique
qu'en dehors du Québec; en même temps, ces provinces ont
déployé des efforts pour attirer des tournages.
M. Champagne (Mille-Îles): L'élément 3 est-il
adopté? On pourrait peut-être accepter...
M. Hains: J'aurais encore une petite question sur
l'élément 3 et ce serait terminé.
Le Président (M. French): M. le député de
Saint-Henri, très rapidement.
M. Hains: C'est que nous sommes censés arrêter
à 12 h 30, cela ne me fait rien.
Le Président (M. French): On vous invite à disposer
de votre petite question dans les...
M. Hains: Elle n'est peut-être pas très petite, elle
est longue.
Le Président (M. French): Bon! Elle n'est pas si petite,
donc...
M. Hains: C'en est aussi une bonne; c'est sur les
événements - ce n'est pas une cachette - qui se préparent
ici pour le 450e anniversaire et la visite des voiliers, etc.
M. Champagne (Mille-Îles): Programme 4.
Le Président (M. French): M. le député de
Saint-Henri, on va retenir votre question.
M. Hains: Oui.
Le Président (M. French): La commission de la culture
ajourne donc... M. le député de Chauveau.
M. Brouillet: Je propose donc qu'on adopte le...
Le Président (M. French): Je viens de me rappeler qu'en
effet on adopte les programmes, non pas les éléments; donc, il ne
s'agit pas d'adopter l'élément. La commission de la culture
ajourne ses travaux sine die. Sachons pertinemment et officieusement qu'il y
aurait peut-être une autre rencontre relativement rapidement.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise de la séance à 16 h 14)
Le Président (M. French): Le mandat que nous avons
reçu de l'Assemblée nationale est l'étude des
crédits du ministère des Affaires culturelles. Nous étions
à l'élément 3 du programme 1. Excusez-moi, M. le
ministre.
M. Richard: Avec votre permission, on pourrait peut-être
revenir un peu en arrière, ce qui me permettrait de répondre
à une question de ce matin qui m'avait un peu perdu - je le reconnais -
relative au poulailler. Vous vous souvenez?
Le Président (M. French): Ah oui! Je suis convaincu
que...
M. Richard: C'est une question du député de
Saint-Henri et, si je n'ai pas très bien saisi la question, c'est parce
que c'est connu autrement au ministère des Affaires culturelles. En
fait, ce bâtiment est connu sous le nom de pavillon avicole au
ministère des Affaires culturelles.
Des voix: Ah! Ah!
M. Richard: Les poulaillers relèvent du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, mais les pavillons
avicoles, du ministre de la culture. C'est pourquoi nous avons eu de la
difficulté à faire le lien. Ce pavillon avicole, M. le
député de Saint-Henri, appartient à la ville de
Sherbrooke. Il s'agit d'un bâtiment qui n'est utilisé qu'une
quinzaine de jours par année. Le ministère s'est engagé
à aider la ville pour trouver une utilisation à ce bâtiment
qui n'est pas sans qualité. C'est pourquoi nous avons
subventionné la ville de Sherbrooke pour une étude cherchant
à trouver une vocation au pavillon avicole de Sherbrooke, appelé
le poulailler par M. le député de Saint-Henri. Voilà, M.
le Président!
M. Hains: Question de règlement.
Le Président (M. French): Question de règlement?
Mais il n'y a pas de question de règlement, M. le
député.
M. Hains: Question d'amusement, d'abordl Si je regarde...
M. Richard: La question a été posée par le
député de "Saint-Henri-des-tanneries".
M. Hains: C'est exact. Non, mais tout de même j'ai vu
l'article dans la Tribune de Sherbrooke. Si on avait la
télévision, je vous montrerais cela. Il est bien écrit:
"Le sort du poulailler du plateau Parc étudié." C'est pour cette
raison que, n'ayant pas d'autre source que celle-là, j'ai pris le titre
qui m'était donné.
M. Richard: II ne faut pas toujours lire les journaux, M. le
député de Saint-Henri.
M. Hains: Oui, voilà! Mais il faudrait, la prochaine fois,
publiciser votre nouvelle nomenclature. Cela manque un peu.
M. Richard: Je note que le député de Sherbrooke
nous écoutait attentivement.
Le Président (M. French): Excusez-moi, M. le ministre.
Voulez-vous attendre que le député de Sherbrooke intervienne sur
la question du fameux pavillon? J'appelle donc l'élément 3 du
programme 1. M. le député de Chauveau.
M. Brouillet: Je crois que nous avions terminé
l'élément 3.
Le Président (M. French): Je le constate, M. le
député. Puisqu'il s'agit du Commissariat général
aux célébrations 1534-1984, je vais céder la
présidence à mon collègue, le député de
Chauveau, et, comme la salle n'est pas tellement bien aménagée du
point de vue de la vice-présidence, je vais changer de place avec
lui.
Le Président (M. Brouillet): L'élément 4
étant appelé, la période des questions est ouverte. M. le
député de Louis-Hébert.
Commissariat général aux
célébrations 1534-1984
M. Doyon: Oui. Concernant la
Corporation Québec 1534-1984, je voudrais poser un certain nombre
de questions au ministre. Je les poserai en bloc et, si vous voulez bien les
prendre en note de façon que la réponse soit globale,
peut-être qu'on suivra mieux votre réponse de cette
façon.
M. Hains: Je crois que nous arrivons à cette question
à l'élément 4, n'est-ce pas?
Le Président (M. Brouillet): Oui, l'élément
4. C'est cela.
M. Hains: On a donc terminé l'élément 3.
Le Président (M. Brouillet): Nous procéderons
maintenant en adoptant les programmes par programme et non les
éléments par élément. Cela laisse peut-être
une plus grande liberté de revenir aux éléments à
l'intérieur d'un programme, s'il y avait d'autres questions.
M. Hains: Parfait. Je n'avais pas bien compris. Merci.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: J'aimerais demander au ministre s'il pourrait
déposer, s'il l'a en main, un premier rapport d'étape qui,
d'après les renseignements que j'ai, serait disponible et
prévoirait, en ce qui concerne la Corporation Québec 1534-1984,
des surplus d'environ 2 000 000 $ à 4 000 000 $. Je ne sais pas si c'est
le cas. J'aimerais savoir du ministre en quoi consiste ce rapport
d'étape. Quel est son contenu?
M. Richard: M. le Président, puisqu'il s'agit de la
corporation des fêtes de 1534-1984, nous n'avons pas en main ces
documents dont fait état le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Est-ce que je pourrais savoir de la part du ministre
quelle est présentement la participation financière du
gouvernement dans les fêtes de 1534-1984, tels les engagements financiers
et les montants versés?
M. Richard: Directement dans la Corporation Québec
1534-1984, 1 500 000 $.
M. Doyon: Quelle est la participation... Oui, allez-y.
M. Richard: Je voulais ajouter, M. le député de
Louis-Hébert, que j'ai dit directement parce qu'il y a des coûts
en services que je n'inclus pas dans le montant de 1 500 000 $, mais ce qui a
été versé en argent par le gouvernement du Québec
à la
Corporation Québec 1534-1984 est bien de 1 500 000 $.
M. Doyon: Quand vous parlez de services qui sont fournis par le
gouvernement, de quels services s'agit-il?
M. Richard: Mon Dieu! Je crois savoir qu'il y a des
fonctionnaires qui ont été prêtés à la
Corporation Québec 1534-1984. Il y en a même du ministère
des Affaires culturelles, il y a des services de téléphonie qui
sont assumés par le gouvernement du Québec et il y a
également des locaux dont le coût est assumé par le
gouvernement du Québec. Je ne crois pas que cette liste soit
exhaustive.
M. Doyon: Le ministre parle de fonctionnaires qui seraient - je
ne sais pas si on peut employer le terme - prêtés à la
corporation; de combien de fonctionnaires s'agit-il à ce moment-ci?
M. Richard: À la Corporation Québec 1534-1984, une
quinzaine de fonctionnaires ont été prêtés.
M. Doyon: Le ministre est-il à même de nous dire,
sur une base annuelle, quelle somme cela représente?
M. Richard: Je pourrais faire le calcul, mais je ne suis pas en
mesure de vous le dire maintenant.
M. Doyon: Pour les autres services, la téléphonie,
les locaux, etc., le ministre est-il en mesure de nous dire à quel
montant on peut évaluer ces services?
M. Richard: L'ensemble des services pour les fêtes de 1984
- là, ça ne rejoint pas exclusivement les besoins de la
Corporation Québec 1534-1984 - se chiffrera à plus de 10 000 000
$; cela, c'est pour l'ensemble des services. Je pourrais, si vous le souhaitez,
faire la ventilation de ces 10 000 000 $.
M. Doyon: Ce montant de 10 000 000 $ est le montant global des
services de toute nature offerts par le gouvernement dans le cadre des
festivités de Québec 1534-1984. Quant à la ventilation que
vous m'offrez de faire, j'aimerais me limiter à certaines questions plus
particulières en ce qui concerne ces choses.
Dans tout le budget, quel est le montant consacré à la
publicité des fêtes de Québec 1534-1984? Avez-vous ces
chiffres?
M. Richard: C'est la corporation qui gère son budget et je
n'ai pas la moindre idée de la partie qui est réservée
à la publicité ou aux communications.
M. Doyon: Le gouvernement, par la voie du conseil
d'administration, par des représentants siégeant au conseil
d'administration de la corporation, a-t-il un contrôle quelconque et de
quelle façon?
M. Richard: Le gouvernement est là comme observateur au
sein du conseil d'administration de la Corporation Québec 1534-1984.
M. Doyon: Et qui représente le gouvernement?
M. Richard: M. Gaston Harvey.
M. Doyon: M. Harvey est là depuis combien de temps?
M. Richard: Ah! mon Dieu! Depuis un an et demi.
M. Doyon: II est là à titre d'observateur, purement
et simplement?
M. Richard: À titre d'observateur, purement et
simplement.
M. Doyon: C'est la seule personne au conseil
d'administration?
M. Richard: Pour le gouvernement, oui. M. Doyon: Pour le
gouvernement. M. Richard: Oui.
M. Doyon: Le conseil d'administration comprend combien de
personnes, M. le ministre?
M. Loiselle (Gilles): En toute justice, il serait bon de dire
qu'il y a d'autres instances de concertation. Il y a le conseil et les
différents bureaux qui siègent où nous sommes
représentés à titre d'observateurs, parce que c'est une
corporation à but non lucratif. Il existe également un
comité de coordination composé du représentant du
gouvernement fédéral, du représentant du Québec, du
maire de Québec, du président Richard Drouin, ainsi que du
directeur général où je siège, si vous voulez.
M. Doyon: Pour les fins du journal des Débats...
M. Loiselle: Je m'excuse.
M. Doyon: ...j'aimerais qu'il soit noté quelque part que
la personne qui vient de répondre n'est pas le ministre, mais M. Gilles
Loiselle, qui est haut-commissaire aux fêtes 1534-1984, pour qu'on sache
bien à quoi s'en tenir, étant donné que vous étiez
occupé à faire autre chose pour le moment,
M. le Président.
J'aimerais savoir du ministre si ce montant de 10 000 000 $ auquel
s'ajoute un montant de 1 500 000 $ comprend l'ensemble de la participation du
gouvernement à quelque titre que ce soit.
M. Richard: En rejoignant la corporation, oui.
M. Doyon: M. le ministre, est-ce que des demandes
supplémentaires vous sont faites à ce sujet-là?
M. Richard: Oui, en effet, il y a eu quelques demandes
supplémentaires. Par exemple, quant à notre participation au
montage d'expositions.
M. Doyon: Sans vouloir poser une question qui serait hors de
propos, est-ce que les dépenses éventuelles pour un voilier, un
navire ou un bateau quelconque sont comptabilisées quelque part? Est-ce
déjà prévu de quelque façon? Est-ce une
dépense prévisible? Où est-ce que cela se situe?
M. Richard: C'est-à-dire qu'il ne faut pas confondre
commissariat et corporation. Je ne sais pas à quel organisme vous vous
référez.
M. Doyon: Je veux savoir dans le moment, pour l'ensemble, mais
parlons plus spécifiquement du plan gouvernemental que le Québec
soit représenté sur le fleuve, lors des festivités, par un
bateau qui porterait ses couleurs ou quelque chose comme cela. Je ne sais pas
dans quoi cela s'inscrit exactement.
M. Richard: C'est le commissariat qui, depuis le départ,
d'ailleurs, a cherché à avoir un bateau pour représenter
le gouvernement du Québec et le commissariat sur le fleuve,
l'été prochain, un bateau qui, à l'origine, devait
également servir à faire la promotion des fêtes de 1984 sur
la côte est des États-Unis.
M. Doyon: Est-ce que ce bateau a été trouvé?
Est-ce qu'il existe? Est-ce qu'il a déjà entraîné
des dépenses?
M. Richard: II y a eu une histoire de bateaux qui est bien
connue. Je vais laisser le Commissaire général aux
célébrations 1534-1984, M. Loiselle, raconter l'histoire, non pas
du bateau, mais des bateaux.
M. Loiselle: Je suis Gilles Loiselle, Commissaire
général aux célébrations 1534-1984.
Dès mon arrivée au commissariat, au cours d'une rencontre
avec le président de la corporation, on a constaté qu'une des
grandes
failles de l'organisation des fêtes de cet été
était la publicité sur la côte américaine. Venant
d'arriver au commissariat, étant sans équipe, j'ai demandé
au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme s'il avait
envisagé un certain nombre d'actions pour pallier cette carence. On m'a
répondu qu'on avait effectivement un projet de noliser un bateau qui
atteindrait les principales clientèles touristiques pour Québec
1984, soit les ports de la côte américaine, mais que,
malheureusement, ce projet n'avait pas abouti et qu'il était, pour le
moment, en tout cas, mis de côté. Devant l'importance de cette
action, j'ai demandé que le dossier soit rouvert et nous avons
effectivement rouvert le dossier de la manière suivante: Nous avons
demandé à celui qui était à l'origine du
rassemblement des grands voiliers, M. Langlois, et au responsable de
l'organisation du rassemblement des grands voiliers à New York, M.
Schertler, d'identifier un voilier qui pourrait effectivement répondre
aux exigences d'une telle tournée. On en a identifié un qui a
entrepris sa tournée, qui a bien démarré, qui s'est rendu
à New York et qui, au cours de cérémonies à New
York -c'est un bateau que je n'ai jamais vu personnellement - a eu un accident,
qui n'est pas de notre fait, de toute façon. La location du bateau, au
moment où nous avons mis fin à sa tournée, nous avait
coûté en tout, pour les différentes manifestations, 30 000
$. (16 h 30)
Dans la foulée de votre question, pour cet été,
nous avons l'intention de retenir un autre voilier qui serait là tout au
long de l'été pour participer au rassemblement et, je dirais,
augmenter ce rassemblement et pour servir également à toutes les
corporations le long du fleuve. En l'absence d'un voilier
québécois, nous avons cherché le voilier le plus
économique possible, capable d'entrer et de sortir rapidement des ports,
très souple de manoeuvre pour permettre aux gens et aux
bénévoles qui travaillent dans toutes les municipalités le
long du fleuve de faire autre chose que de regarder passer les bateaux et de
monter à bord. Ce bateau, effectivement, a été
nolisé il y a quelques jours et sera à notre disposition
l'été prochain.
M. Doyon: C'est un bateau qui a été nolisé
à quel endroit et à qui appartient-il?
M. Loiselle: C'est un bateau qui a été
nolisé en France, à Royan; il appartient à M. Toulet, et
il s'appellera le Gaspé aux fins de la tournée cet
été.
M. Doyon: II portait quel nom? M. Loiselle: Adélie.
M. Doyon: Quel est le coût de cette location? J'imagine que
c'est de la nature d'une location.
M. Loiselle: C'est de la nature d'une location. Si vous voulez,
je vous ai dit que nous avions cherché à faire la location la
moins chère possible. À titre d'exemple, on nous demandait, pour
le voilier La Marie-Clarisse, environ 3500 $ ou 4000 $ par jour. Nous avons une
location de 500 $ par jour.
M. Doyon: C'est un bateau qui a quelle envergure, qui mesure
combien?
M. Loiselle: Une couple de pieds moins grand que le bateau
canadien L'Auriol. Donc, dans la liste des 75 ou 70 voiliers qui vont venir cet
été, il sera - si on commence par la fin - à peu
près le 20e ou le 21e. Il a 24 mètres, 95 pieds.
M. Doyon: Quel sera le coût total de cette location? 500 $
par jour, je comprends bien cela...
M. Loiselle: 90 jours, et nous avons les frais de fonctionnement.
Quand on prévoit de faire monter à bord un groupe de jeunes, ce
sont des sandwichs, des trucs comme cela qui leur sont servis. Les frais de
fonctionnement pour le reste, le mazout, lorsqu'il n'est pas à voile, on
a un budget total pour toute l'utilisation du voilier, de son transbordement
transatlantique, etc., de 200 000 $ pour l'été prochain.
M. Doyon: 90 jours.
M. Loiselle: Oui, plus que cela puisqu'il doit repartir.
M. Doyon: Maintenant, je note ici qu'en date du vendredi 9 mars,
M. le ministre, on titrait dans un journal qu'à trois mois des
festivités il n'y avait, au niveau de la programmation culturelle
Québec 1534-1984, qu'un seul contrat de signé. Au moment
où on se parle, M. le ministre, est-ce que vous pouvez informer cette
commission du nombre de contrats qui ont été signés dans
le cadre des activités culturelles?
M. Richard: Autant que je sache, il ne s'agissait pas d'une
déclaration émanant ni du commissaire général, ni
du commissariat, ni de moi-même. Je pense que c'était une
déclaration qui était à tout le moins inexacte. Il y a un
certain nombre de contrats qui sont déjà signés. Je crois
qu'il y en aura plusieurs autres dans les heures qui viennent.
Je pense que vous allez très bien comprendre, M. le
député de Louis-Hébert, qu'il ne s'agit pas de contrats
qui peuvent être négociés sur la place publique et que
la
signature de ces contrats est toujours extrêmement
délicate, mais il y aura suffisamment de contrats qui seront
signés pour que je sois en mesure - je l'espère bien, en tout cas
- d'annoncer très bientôt la programmation, du moins une grande
partie de la programmation des fêtes de 1984.
M. Doyon: M. le ministre, étant donné que vous me
dites que plusieurs contrats sont signés à l'heure actuelle,
êtes-vous en mesure d'informer cette commission des contrats qui seront
signés, avec qui et pour quelle activité?
M. Richard: M. le Président, je n'aurais pas d'objection
à remettre au député de Louis-Hébert la liste des
contrats et à la déposer à l'Assemblée nationale la
semaine prochaine. Mais, comme nous sommes en négociation avec plusieurs
personnes dans le moment et comme je dois donner une conférence de
presse pour annoncer la programmation bientôt, je souhaiterais que la
liste soit remise après au député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Je comprends bien, M. le ministre, et je ne veux pas
insister, sauf que vous réaliserez que je ne parle pas des contrats qui
sont en voie de négociation. Il est normal, lorsqu'on en a l'occasion,
que les premiers informés de l'utilisation des fonds publics - puisqu'il
s'agit de cela - soient les parlementaires qui sont ici
représentés à cette commission. Je comprends, M. le
ministre, que vous vouliez vous réserver le plaisir de faire une
conférence de presse. Je suis d'accord et je ne vous blâme pas. Ce
n'est pas là mon propos ni mon souci. Je vous demanderais de nouveau
s'il est possible de nous informer des contrats qui sont signés, avec
qui et pour quel montant. Je ne parle pas des contrats qui sont en
négociation.
M. Richard: M. le Président, je pense que le
député de Louis-Hébert va comprendre que plusieurs des
contrats qui sont signés seront rendus publics vendredi. La commission
n'aurait strictement rien à gagner à ce qu'on dévoile la
programmation ici même aujourd'hui. Beaucoup de contrats importants,
j'imagine, ne sont pas encore signés. Alors, on verra.
M. Doyon: Je retiens qu'on apprendra cela un peu plus tard, mais
je fais quand même une remarque au niveau du principe: il
m'apparaîtrait normal - mais le temps nous manque pour faire un
débat de fond là-dessus - que, quand il s'agit de fonds publics
et qu'une commission siège spécifiquement pour étudier les
crédits d'un ministère, et que, justement, le but de cette
commission, c'est de savoir comment sont ou seront dépensés
certains crédits du ministère des Affaires culturelles, j'aurais
aimé que le ministre profite... Cela aurait été un signe
de l'acceptation de la réforme parlementaire que nous sommes en train de
vivre d'une façon temporaire, si on veut, que de donner ces
renseignements à la commission. Cependant, je n'insiste pas.
Je passe immédiatement à une autre question, M. le
ministre, toujours en ce qui concerne l'été 1984. Qu'en est-il de
la participation du Grand Théâtre de Québec ou de la Place
des Arts de Montréal en ce qui concerne la production de spectacles soit
ici, soit à Montréal? Y a-t-il des développements de ce
côté? Le Grand Théâtre de Québec ou la Place
des Arts de Montréal sont-ils impliqués à un titre ou
à un autre dans ce qui s'en vient?
M. Richard: M. le Président, il faut bien comprendre qu'il
y aura la programmation propre au commissariat général aux
fêtes de 1984, mais il y aura aussi ce que j'appelerais des
célébrations parallèles qui pourront s'organiser. Je ne
sais donc rien de ce que j'appellerais les célébrations
parallèles, qui sont même souhaitables. Je ne sais donc pas,
présentement, ce qu'il y aura ni à la Place des Arts ni au Grand
Théâtre en ce qui a trait aux célébrations
parallèles, au commissariat et à la corporation. En ce qui a
trait au commissariat, j'ai moi-même demandé au commissariat de ne
pas planifier de production au Grand Théâtre et à la Place
des Arts, à la suite du refus que m'ont opposé les deux syndicats
- il s'agit des deux unités d'accréditation, mais du même
syndicat international - à qui j'avais demandé un moratoire pour
les fêtes de 1984, moratoire qui se serait étendu jusqu'au 1er
septembre 1984. Comme le syndicat IATSE a refusé, et à
Montréal, et à Québec - je rappelle encore une fois qu'il
s'agit de deux unités d'accréditation - j'ai donc demandé
au commissariat de ne pas risquer de prévoir toute une programmation
pour Place des Arts et le Grand Théâtre de Québec.
C'eût été un peu trop risqué parce qu'on est en
négociation.
M. Doyon: Cette sorte de directive que vous avez donnée,
M. le ministre, de quelle façon - simplement pour comprendre un peu le
fonctionnement - pouvez-vous donner une directive au Grand Théâtre
et à la Place des Arts? Comment cela fonctionne-t-il?
M. Richard: M. le député de Louis-Hébert, je
n'ai point donné de directive à la Place des Arts ou au Grand
Théâtre, puisqu'il s'agit de corporations qui sont, dans une
très large mesure, comme vous le savez, autonomes. J'ai toutefois
donné des directives au haut-commissariat pour ne pas
qu'il prévoie une programmation à la Place des Arts et au
Grand Théâtre; en d'autres termes, pour ne pas qu'il s'engage
à l'égard du Grand Théâtre et de Place des Arts,
compte tenu de la situation qui prévalait.
J'ai moi-même, M. le Président, rencontré le
syndicat IATSE de Québec avant qu'il ne m'oppose un refus; en ce qui a
trait à celui de Montréal, après qu'il m'ait opposé
un refus de moratoire.
M. Doyon: Dernière question, M. le Président. Le
ministre accepterait-il de déposer, s'il a cela sous la main ou
aussitôt que ce sera possible, l'organigramme du commissariat des
festivités, combien cela comprend de personnes, comment c'est
organisé?
M. Richard: M. Loiselle m'informe qu'il a cet organigramme et
qu'il est en mesure de le déposer immédiatement.
M. Doyon: Merci. Je n'ai pas d'autre question sur ce sujet.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. Quant au dépôt de ce
document...
M. Richard: Je ne sais pas si on peut maintenant, en vertu du
nouveau règlement, déposer des documents, mais je n'aurais pas
d'objection à ce qu'une copie soit remise.
Le Président (M. Brouillet): Le règlement permet au
président de la commission d'accepter le dépôt d'un
document quand c'est un document qui se réfère justement à
la discussion sur les crédits.
M. Richard: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Oui, il n'y a pas d'objection
de la part de la commission à ce que le document soit
déposé.
M. Richard: M. le Président, le document demandé
par M. le député de Louis-Hébert apparaît dans les
cahiers que nous avons remis à tous les membres. L'ensemble des
effectifs, c'est plus complet qu'un organigramme.
Le Président (M. Brouillet): Ah bon! C'était
déjà entre les mains des membres de la commission, dans le
cahier.
M. Richard: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Bon. C'est très bien.
Le député de Saint-Henri m'avait demandé la parole.
Statut économique de l'artiste
M. Hains: Pour continuer un peu dans cette veine - il semble
qu'on va délaisser les fêtes, cependant - je reviens sur le statut
de l'artiste. Je lisais cette semaine un article où on disait ceci:
Pourquoi cette hargne du fisc contre l'artiste? Je ne sais pas si vous avez lu
cela, M. le ministre. On dénonçait là-dedans,
évidemment, le procédé de Revenu Canada qui va rechercher
des dépenses professionnelles que l'artiste avait déjà
eues.
M. Richard: M. le Président, je trouve que c'est un sujet
extrêmement intéressant. J'espère qu'on aura l'occasion de
l'aborder, mais je voudrais savoir à quel programme on se
réfère.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que nous sommes
toujours à l'élément 4 du programme 1?
M. Hains: Une minute!
Le Président (M. Brouillet): Si vous n'avez plus de
questions sur cet élément, ce serait bon de le dire. Nous allons
passer à un autre élément.
M. Hains: C'est l'élément 2. Je pense qu'on est
toujours dans le même programme.
Le Président (M. Brouillet): Le programme 1?
M. Hains: C'est cela.
Le Président (M. Brouillet): Nous étions à
l'élément 4.
M. Hains: Ou le programme 2 qu'on fait actuellement.
Le Président (M. Brouillet): L'élément 4,
c'est le Commissariat général aux célébrations
1534-1984.
M. Hains: Alors, c'est le suivant.
Le Président (M. Brouillet): Le suivant. Nous allons donc
passer à l'élément 5, Gestion interne et soutien.
M. Hains: Et voilà! Cela va?
Le Président (M. Brouillet): Nous sommes actuellement
à l'élément 5, Gestion interne et soutien. Nous passons
à l'élément 5.
M. Richard: D'accord. Très bien.
Le Président (M. Brouillet): Reste à savoir
maintenant si la question se réfère à
cet élément. Je demande au député de
Saint-Henri de vérifier. Votre question se réfère-t-elle
à l'élément 5?
M. Hains: Non. Je reviens là-dessus. Je vous demandais, M.
le ministre - j'avais lu un article là-dessus - pourquoi cette hargne du
fisc contre l'artiste. Cela va?
Le Président (M. Brouillet): Votre question se
réfère-t-elle à l'élément 5?
M. Hains: Oui, je crois. C'est de la gestion interne, du soutien.
C'est la direction et le soutien administratif. Je crois que c'est pas mal dans
cet ordre-là, non?
M. Richard: Oui, mais où est-ce que cela irait?
Le Président (M. Brouillet): Écoutez! Posez
brièvement votre question et nous verrons si...
M. Hains: J'aurais une autre petite question à poser
après sur les auteurs-compositeurs. Je pense que c'est dans le
même sens aussi.
M. Richard: M. le Président, je pense qu'on peut le
rattacher au service gouvernemental de la propriété
intellectuelle et du statut de l'artiste, à la page 46. Donc, le
député de Saint-Henri serait dans le bon programme.
M. Hains: Merci.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Allez, M.
le député!
M. Hains: D'accord, surtout si la question vous intéresse,
parce qu'elle est vraiment grave. Donc, cet artiste dénonçait
dans une lettre l'attitude et le procédé de Revenu Canada qui,
dans le passé, avait accepté des dépenses d'artistes et,
quelques années après, ne les acceptait plus et demandait des
retours d'impôt. L'artiste accuse le gouvernement du Québec,
Revenu Québec, d'utiliser exactement le même procédé
actuellement. C'est pour cette raison qu'il intitulait sa lettre: Pourquoi
cette rancune contre l'artiste? Je voulais vous poser deux ou trois petites
questions là-dessus. Premièrement, est-ce que vous approuvez
cette manière d'agir de Revenu Canada et, par le fait même, est-ce
que vous approuvez aussi l'attitude de Revenu Québec à
l'égard de nos artistes? (16 h 45)
M. Richard: II me serait difficile de répondre à
cette question puisque je ne connais pas les faits. Si je connaissais vraiment
les faits, je serais en mesure de me prononcer. Vous imaginez bien que ma
déformation professionnelle m'interdit de me prononcer sur une situation
que je ne connais vraiment pas.
M. Hains: Le fait est celui-ci: l'artiste - je le cite - accuse
les deux gouvernements de retourner en arrière et de refuser des
dépenses professionnelles qui avaient été acceptées
auparavant. Étant donné que l'idée est de protéger
nos artistes, est-ce que vous pensez qu'il y a possibilité de faire une
entente avec le fisc fédéral et le fisc provincial pour que ces
choses ne se reproduisent pas? Vous étiez en Chambre cet
après-midi, d'ailleurs, où c'était sur la même
plainte, c'est-à-dire contre le fisc en général. On
reprend les impôts des années dernières et on
demande...
M. Richard: Oui, mais il faut faire attention. Je pense qu'il est
très possible, et même certain, que, parfois, il y a des abus qui
peuvent être commis par certains fonctionnaires du fisc, mais tel n'est
pas toujours le cas. Je sais qu'aujourd'hui on a évoqué un cas
où un fonctionnaire était retourné plusieurs années
derrière. Vous savez que, dans notre système de droit, il n'y a
pas en matière pénale, en tout cas, en matière criminelle
et en matière d'évasion fiscale, de prescription. Or, comme il
n'y a pas de prescription, il nous appartient de modifier la loi. Sinon, les
fonctionnaires sont tenus d'appliquer la loi que nous avons nous-mêmes
votée à l'Assemblée nationale.
M. Hains: Mais toujours le point que nous reprochent ces
gens-là, M. le ministre, c'est que ces dépenses avaient
déjà été acceptées.
M. Richard: Oui. Là, M. le député de
Saint-Henri arrive justement à la bonne question. Je pense qu'il s'agit
de voir s'il ne devrait pas exister des dispositions législatives
particulières pour l'artiste; en d'autres termes, si on ne devrait pas
reconnaître un statut différent à l'artiste. C'est pourquoi
j'ai annoncé, il y a déjà quelques mois, qu'à
l'automne prochain se tiendrait un Sommet sur le statut socio-économique
de l'artiste au Québec, sommet auquel seront, bien sûr,
convoqués mes collègues qui pourront intervenir dans ce dossier
pour aplanir les difficultés qui se posent à un certain nombre
d'artistes, compte tenu de leur situation tout à fait
particulière.
M. Hains: Dans le concret, M. le ministre, est-ce que vous
êtes prêt actuellement à rencontrer le ministre
fédéral sur ce sujet? Puisque vous avez déjà,
à ce point de vue, des hypothèses de solution, car vous semblez
me dire que vous allez étudier la chose, mais, présentement,
est-ce qu'on
peut quand même les préserver un peu dans leur emploi et
dans les bénéfices qu'ils ont déjà
accumulés?
M. Richard: Je serai très heureux de les rencontrer et
d'intervenir auprès de mon collègue, le ministre du Revenu, le
cas échéant, à la condition qu'il y ait des abus de droit
qui aient été commis ou qu'il y ait des actes
d'inéquité posés par des fonctionnaires. Je
n'hésiterai pas un seul instant à intervenir. Je l'ai d'ailleurs
déjà fait pour empêcher que des abus ne soient commis.
M. Hains: Alors, c'est parfait. J'espère que...
M. Richard: J'ai déjà demandé par lettre
à mon collègue du Revenu d'assouplir la loi à
l'égard des artistes avant même la tenue du sommet
socio-économique sur le statut socio-économique de l'artiste.
M. Hains: Vous n'avez pas encore reçu la réponse.
Malheureusement, non?
M. Richard: Je ne l'ai pas eue encore, mais la
portée...
M. Hains: Je parlais de la réponse à votre
lettre.
M. Richard: ...c'est que je l'ai. Oui, j'ai déjà eu
l'assurance que mes collègues participeraient au sommet sur le statut
socio-économique de l'artiste.
M. Hains: Parfait. Maintenant une autre petite question. Elle
concerne les auteurs-compositeurs et se rattache un peu à la question
précédente. Vous vous rappelez qu'au début de novembre
dernier, je crois, vous aviez publiquement appuyé les
auteurs-compositeurs à la suite de la sortie assez célèbre
et assez retentissante de M. Luc Plamondon. Depuis lors - évidemment, il
y a eu plusieurs suggestions à ce sujet, mais je n'ai rien vu de votre
part plus directement dans ce domaine - y a-t-il quelque chose qui s'est fait
pour aider d'une façon bien concrète les
auteurs-compositeurs?
M. Richard: Et comment! Et comment, des choses
concrètes!
M. Hains: Bon, allons-y!
M. Richard: Tout d'abord, un appui public
répété - d'ailleurs, vous l'avez déjà
entendu - et non seulement cela, mais une lettre que j'ai écrite et dont
il me fera plaisir de transmettre copie à M. le député de
Saint-Henri a été adressée au ministre André
Ouellet, qui était le ministre responsable et qui l'est toujours, je
pense, juridiquement... Non? Il y a peut-être eu un changement. Enfin, il
était, à l'époque, le ministre responsable des
consommateurs et, donc, des droits d'auteur. Il faut bien comprendre - et c'est
cela qui guidait toute la philosophie du gouvernement fédéral -
et ne pas s'étonner de voir qu'il y a eu peu de progrès qui ont
été faits dans ce domaine parce que le ministre responsable des
droits d'auteur avait à s'occuper en même temps des consommateurs;
on voit qu'il y avait là une opposition qui n'était pas facile
à vivre.
J'ai donc écrit à mon collègue, ex-ami et
ex-confrère de classe André Ouellet, qui, dans le temps,
était un peu plus poli, car il ne m'a pas encore répondu
après plusieurs mois. Malheureusement, il ne m'a pas encore
répondu. Ce qui est le plus important, toute blague mise à part,
c'est que la responsabilité du gouvernement du Québec concerne la
reproduction et, notamment, dans tout le réseau scolaire. C'est pourquoi
nous avons créé au ministère un service gouvernemental de
la propriété intellectuelle qui avait précisément
pour mission de régler ce problème avec le ministère de
l'Éducation.
Au moment où je vous parle, je suis en mesure de vous dire qu'il
y a eu un accord de principe qui est intervenu entre l'Union des
écrivains et le ministère de l'Éducation quant à au
moins un des niveaux d'enseignement, le niveau collégial, qui a
été le premier niveau auquel on s'est attaqué. Un accord
de principe est donc intervenu. Il reste maintenant au Conseil des ministres
à entériner cet accord de principe. Ce sera un déblocage
extrêmement important pour empêcher le "piratage" qui se fait dans
toutes nos écoles, dans nos cégeps, dans nos universités
depuis trop longtemps. Compte tenu de l'exiguïté du marché
québécois, on ne peut pas se payer pareil "piratage".
M. Hains: J'ai vu dans un journal qu'on faisait une suggestion
pour aider les auteurs-compositeurs, soit l'abolition de la taxe d'amusement.
Est-ce que vous avez entendu parler de cette solution possible?
M. Richard: Oui. Vous savez, il y a beaucoup de monde qui
proposent des abolitions de taxes. Il y en a qui proposent l'abolition du
péage sur les autoroutes, d'autres proposent...
Une voix: Pas durant la période électorale.
M. Richard: ...l'abolition de la taxe d'amusement; en même
temps, il y en a beaucoup qui réclament l'augmentation et
l'amélioration des services. Si on abolissait la taxe d'amusement,
peut-être n'aurions-nous pas les moyens de subventionner des groupes qui
ont absolument besoin de subventions
pour continuer d'exister et de se développer.
M. Doyon: Étant donné que le ministre semble
s'inquiéter...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Louis-Hébert, s'il vous plaît...
M. Champagne (Mille-Îles): Question de
privilège.
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît!.
M. Champagne (Mille-Îles): Je pense que le
député de Louis-Hébert a eu son droit de parole de 20
minutes sur le même sujet tout à l'heure. J'ai hâte de
changer de programme.
Le Président (M. Brouillet): Non, s'il vous plaît,
ce n'est pas une question de privilège et c'est moi qui suis là
pour interpréter le règlement! J'ai une personne ici qui tient
compte du temps et elle ne m'a pas averti que le député de
Louis-Hébert avait épuisé ses 20 minutes; je vais
m'enquérir de cela.
M. Champagne (Mille-Îles): M. le Président, je
voudrais une indication. Ce matin, on s'était entendu de part et d'autre
pour répartir le temps à peu près équitablement. Je
n'aime pas les carcans, comme le député de Louis-Hébert ne
les aime pas, mais on est encore encarcané dans le programme 1. Il y a
des gens qui sont venus ici pour parler de patrimoine, de bibliothèques,
d'archives, d'art et de lettres. Ce matin, on s'était entendu pour
parler à peu près de l'ensemble de tous ces programmes. Je
m'aperçois qu'on n'est pas encore sorti du premier programme et il reste
à peu près une heure de discussion. J'ai hâte qu'on puisse
passer au deuxième programme pour parler de soutien à
l'implantation et à l'amélioration des équipements
culturels. Je fais simplement une remarque et je voudrais qu'on passe le plus
rapidement possible au deuxième programme.
Le Président (M. Brouillet): J'allais justement intervenir
dans ce sens-là. Je croyais qu'on terminait les questions sur la gestion
interne et soutien. Si vous voulez terminer rapidement sur ce
point-là...
M. Doyon: J'ai seulement une question très très
courte, M. le Président. Je n'ai pas d'objection à ce que le
député de Mille-Îles veuille passer à autre chose.
Je suis complètement d'accord.
Le Président (M. Brouillet): Si vous voulez poser votre
question.
M. Doyon: Est-ce que le ministre peut nous dire combien cela
représente? Il nous dit que la taxe d'amusement nous ferait perdre des
montants, etc., qu'on devrait sacrifier autre chose. Est-ce que vous avez une
idée de ce que cela peut représenter?
M. Richard: Je ne le sais pas, mais c'est une somme
extrêmement importante de plusieurs dizaines de millions de dollars.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Le
député de Westmount m'a demandé depuis longtemps la parole
sur cet élément.
M. French: Merci, M. le Président. Compte tenu des
interventions du député de Mille-Îles, je veux informer le
ministre que j'aurais voulu intervenir sur les droits d'auteur, etc. Je me
réserve donc le droit de le faire si on peut en venir à une
entente entre gentlemen pour permettre un certain progrès. S'il reste du
temps par la suite, je voudrais en parler davantage.
M. Richard: Je suis tout à fait d'accord.
M. French: Quitte à adopter le programme et que je me
permette de revenir par la suite.
M. Richard: Oui, tout à fait d'accord, M. le
Président.
M. Champagne (Mille-Îles): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
Le Président (M. Brouillet): Excusez. Une minute! C'est
moi qui pose la question. Une minute!
M. Champagne (Mille-Îles): Enfin, je demande s'il est
adopté.
Une voix: M. Champagne a été longtemps
président et il n'est pas capable de s'en passer. On le constate.
Le Président (M. Brouillet): II n'y a plus de question sur
le programme 1. Je demande si l'assemblée est prête à
adopter le programme 1.
M. Champagne (Mille-Îles): Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Il nous reste
trois programmes. II nous reste une heure et quelques minutes. Nous abordons
immédiatement le programme 2. J'inviterais les membres de la commission
à faire diligence pour essayer de passer sur les points les plus
importants dans les trois programmes qui nous restent. Le député
de Mille-Îles m'avait demandé la parole sur
l'élément 1 du programme 2.
Programme d'équipements culturels
M. Champagne (Mille-Îles): Merci beaucoup, M. le
Président. M. le ministre, vous annonciez hier que le gouvernement du
Québec a décidé d'inclure un montant de 18 000 000 $
à son programme d'immobilisation. Vous ajoutiez que ces 18 000 000 $
devraient générer des travaux estimés à plus de 36
000 000 $ au programme d'équipements culturels actuellement en vigueur
et que cet élément ferait en sorte qu'en plus 80 projets
significatifs d'immobilisation seraient réalisés. Partout dans la
province, il y a un programme d'implantation et d'amélioration des
équipements culturels. J'ai en tête, entre autres, à Laval
l'implantation ou la construction d'une Maison des arts. Je sais que Laval a
demandé au ministre des Affaires culturelles d'aider à
réaliser cette Maison des arts.
Je sais, d'autre part, que la ville a eu une offre du gouvernement
fédéral au montant de 500 000 $ pour aider à la
réalisation de la Maison des arts de Laval. Considérant que le
fédéral s'implique au niveau culturel dans bien des
investissements dans la province et dans différentes villes, je veux
demander au ministre s'il prévoit que, dans un avenir assez prochain, il
puisse y avoir une entente fédérale-provinciale signée
pour qu'enfin certaines municipalités puissent, tout en respectant le
privilège du Québec de gérer les affaires culturelles,
comme il l'a fait depuis de nombreuses années, depuis la
Confédération... Est-ce que vous pensez qu'incessamment on aura
une entente fédérale-provinciale au sujet des équipements
socioculturels et culturels? (17 heures)
M. Richard: Je ne le sais pas, M. le Président, et j'en
doute. C'est sans doute ce qui m'a amené à demander au Conseil
des ministres d'allouer à mon ministère des crédits
supplémentaires de 18 000 000 $ pour un programme d'équipements
culturels. Je voudrais vous rappeler qu'avant 1983-1984 il n'y avait pas,
à proprement parler, au ministère des Affaires culturelles, de
programme d'équipements culturels. Cela a été la
nouveauté, à la suite du lancement du programme d'action, que
d'instituer un programme d'équipements culturels. Tout ce qui existait
auparavant, c'était ce que j'appellerais un programme pour les
bibliothèques, qui était beaucoup moins important. Le programme
d'équipements, cette année, sera d'environ 7 000 000 $, plus les
18 000 000 $ dans le cadre du 450e; cela veut dire 25 000 000 $ dont on va
disposer pour la construction, l'érection d'équipements culturels
sur l'ensemble du territoire québécois. Dans de pareilles
conditions, j'imagine qu'il sera possible d'aboutir à une entente avec
la ville de
Laval dans la mesure où elle respectera les règles qui
nous sont imposées par la constitution.
M. Champagne (Mille-Îles): Dans un autre domaine, je
voudrais parler de l'Orchestre symphonique de Montréal qui fête
cette année son 50e anniversaire, qui a gagné trois prix du
disque en France et qui connaît présentement une tournée
triomphale en Europe. Je lisais hier, en première page de la Presse:
"L'OSM à Berlin, un coup de foudre." Il est question, M. le ministre,
d'établir à Montréal une Maison pour l'Orchestre
symphonique de Montréal et le gouvernement du Québec a
déjà promis d'investir 30 000 000 $. J'ai eu le privilège,
l'an dernier, M. le ministre, de visiter la Maison de l'Orchestre symphonique
de Toronto, le Roy Thomson Hall, de Toronto. C'est un très bel
édifice qui a été subventionné, entre autres, par
le gouvernement fédéral. Considérant qu'à
Montréal le gouvernement du Québec va investir 30 000 000 $, je
voudrais savoir si le gouvernement fédéral a l'idée
d'aider, comme il l'a fait à Toronto, à la construction de cette
Maison pour l'Orchestre symphonique de Montréal.
M. Richard: M. le Président, si vous me le permettez, je
profiterais de l'occasion pour répondre à une appréhension
qui a été formulée par M. le député de
Saint-Henri plus tôt dans la journée, quand il a
évoqué la subvention qui était accordée à
l'Orchestre symphonique de Montréal et, je pense, à l'Orchestre
symphonique de Québec. Je voudrais lui rappeler qu'en 1982-1983, donc,
avant le programme d'action rendu public en mai 1983, la subvention
accordée à l'Orchestre symphonique de Montréal par le
ministère des Affaires culturelles était de 613 700 $. Elle a
été, en 1983-1984, de 940 000 $. Elle sera indexée
à 4%, je crois, pour 1984-1985. Pour l'Orchestre symphonique de
Québec, cette subvention était, en 1982-1983, de 715 000 $ et, en
1983-1984, après le programme d'action, de 922 137 $. Vous voyez
l'augmentation substantielle qui a été accordée à
l'Orchestre symphonique de Montréal et à l'Orchestre symphonique
de Québec, qui vivent dans des conditions économiques
essentiellement différentes.
Cela dit, M. le Président, tout ce que je peux répondre
à la question du député de Mille-Îles, c'est que je
regrette l'attitude du gouvernement fédéral qui a refusé
de s'impliquer dans la construction de la Maison de l'Orchestre symphonique de
Montréal sous l'unique prétexte que nous avions annoncé
notre participation avant le gouvernement fédéral. Ce qu'il faut
savoir, c'est qu'au moment où les représentants de l'Orchestre
symphonique de Montréal sont venus me soumettre le projet de
construction d'une
Maison de l'Orchestre symphonique de Montréal, ils m'ont
affirmé qu'ils avaient déjà saisi les autorités
fédérales de ce projet. Donc, nous savions que les
autorités fédérales en étaient saisies et ce n'est
que plusieurs semaines plus tard, probablement -je le dis de mémoire -
plusieurs mois plus tard, au moment du Conseil des ministres de Compton, que
nous avons annoncé notre participation de 15 000 000 $ à la
construction de la Maison de l'Orchestre symphonique de Montréal. Comme
mon collègue fédéral a pris ombrage du fait que nous
l'avions annoncé avant lui, chose qu'il aurait pu faire lui-même,
d'ailleurs, parce que cela faisait plusieurs semaines que ce projet
était en discussion, je lui ai immédiatement tendu une perche en
lui rappelant qu'il avait parlé du projet de la Cité du
cinéma bien avant qu'on en ait parlé, mais que je n'en prendrais
pas ombrage et que j'étais disposé à apporter notre
collaboration à la réalisation d'un projet auquel M. Fox tient
à coeur.
Malgré cela - je le regrette encore une fois - c'est une fin de
non-recevoir que les autorités fédérales nous ont
opposée en ce qui a trait à la participation à la
construction de la Maison de l'Orchestre symphonique de Montréal. J'en
suis heureux, surtout compte tenu de l'énorme succès que remporte
présentement dans sa tournée européenne l'Orchestre
symphonique de Montréal qui rayonne dans tout l'Occident et je trouve
heureux que le gouvernement ait pris la décision d'apporter une
contribution de 30 000 000 $, de doubler sa contribution puisque le
fédéral refusait de s'impliquer. C'est' donc le gouvernement
seul, avec Cadillac Fairview, qui pourra réaliser ce magnifique projet.
Espérons que l'acoustique sera meilleure qu'au Roy Thomson Hall.
M. Champagne (Mille-Îles): M. le ministre, malgré la
fin de non, recevoir que vous avez reçue de la part du gouvernement
fédéral, est-ce que vous n'avez pas l'intention quand même
de poursuivre les négociations? Si on aide la ville de Toronto pour
construire une Maison de l'Orchestre symphonique de Toronto, je pense qu'on
devrait avoir droit aux mêmes égards. Est-ce que vous avez
l'intention, M. le ministre, de poursuivre vos négociations avec le
ministre Francis Fox?
M. Richard: J'ai eu l'occasion de rencontrer à
Montréal, il y a déjà quelques semaines, peut-être
une couple de mois, mon collègue Francis Fox et, comme il s'agissait
d'une rencontre particulièrement cordiale et chaleureuse, j'en ai
profité pour lui rappeler que c'était un non-sens que le
gouvernement fédéral refuse de participer à ce projet,
compte tenu qu'il y a eu une contribution extrêmement importante du
gouvernement fédéral pour la construction du Roy Thomson Hall
à Toronto.
Mon collègue Francis Fox m'a dit que, malheureusement, il n'avait
pas d'argent pour ce projet et que je devrais aller frapper à d'autres
portes. J'ai donc demandé à mon collègue, le ministre des
Finances, de frapper à la porte de M. Marc Lalonde, son homologue, et,
apparemment, il n'a pas eu plus de veine que moi.
M. Champagne (Mille-Îles): Je ne sais pas si on devrait
parler, M. le ministre, de deux poids, deux mesures. De toute façon, les
choses semblent claires. Tout en parlant encore de l'équipement
culturel...
M. Richard: C'est rompre l'harmonie de cette commission
parlementaire en parlant surtout de l'Orchestre symphonique de
Montréal.
M. Champagne (Mille-Îles): En parlant d'équipement
culturel, vous annonciez qu'une somme de 15 000 000 $ serait affectée
pour le nouvel édifice du Musée d'art contemporain de
Montréal. Vous annonciez aussi que vous affecteriez 27 000 000 $ pour la
construction d'un nouveau Musée du Québec. Premièrement,
quand pensez-vous que cette réalisation sera faite? Deuxièmement,
est-ce que vous avez eu aussi l'appui du gouvernement fédéral
pour la construction de ces deux musées: celui d'art contemporain
à Montréal et le nouveau du Québec, à
Québec?
M. Richard: En ce qui a trait à celui de Québec,
normalement, nous irons en appel d'offres au mois de juin. En ce qui a trait au
Musée d'art contemporain, à Montréal, j'aurai l'occasion
dans quelques jours, c'est-à-dire au cours du mois d'avril, de
dévoiler avec les membres du jury le gagnant du concours d'esquisses. Je
serai accompagné, je pense, de mon collègue, le ministre des
Affaires municipales, à cette occasion. Donc, les travaux devraient
commencer au cours de l'année financière 1984-1985. C'est la
même chose pour la Maison de l'Orchestre symphonique de Montréal.
Le choix des architectes a déjà été fait et,
normalement, les travaux commenceraient au cours de l'année 1984-1985,
mais je crois même que ce sera en 1984.
M. Champagne (Mille-Îles): Vous annonciez que cette
année des travaux de plus de 100 000 000 $ seraient entrepris à
l'échelle du Québec et qu'il y aura la création de plus de
3400 emplois permanents. Je ne sais pas si vous avez un commentaire à
faire là-dessus.
M. Richard: Si vous faites le total, cela donne au-delà de
100 000 000 $ dans la
construction d'équipements culturels au cours de
l'année.
M. Champagne (Mille-Îles): Oui. Une dernière
question. On a la politique d'intégration des arts à
l'architecture: 1% sur les édifices publics. Je voudrais savoir quel est
le montant réservé à cette politique d'intégration
des arts à l'architecture en vue d'aider les créateurs
québécois, les peintres et les sculpteurs à se
réaliser dans les édifices publics.
M. Richard: Je pense que, si je devais renoncer à un
programme, c'est bien le dernier auquel je renoncerais, parce que c'est
probablement celui qui rejoint le plus directement les créateurs
québécois. Cependant, il m'est difficile de vous donner des
chiffres, parce que je n'ai pas à réserver de budget: tous les
ministères constructeurs, en d'autres termes, tous les ministères
qui ont des projets de construction doivent réserver 1% du coût de
la construction à la politique du 1%. Or, c'est l'ensemble des
constructions du gouvernement québécois, finalement. Ce 1% n'est
pas inclus dans les 144 000 000 $ du ministère des Affaires culturelles
et, maintenant, dans les 162 000 000 $. En 1983-1984, on m'informe que c'est
environ 2 000 000 $ que la politique du 1% aurait coûté au
gouvernement québécois, à l'ensemble des ministères
qui ont réalisé des projets.
M. Champagne (Mille-Îles): Merci beaucoup. Je n'ai plus de
question sur l'élément 1 du programme 2.
Le Président (M. Brouillet): Bien, merci. Je me
permettrais de poser une ou deux questions, très brièvement.
Étant donné qu'on a parlé des musées et qu'on a
abordé le projet du nouveau Musée du Québec, il y a deux
autres projets qui apparaissent dans les crédits: celui du
réaménagement du Musée du Québec... À ce
propos, j'aimerais que vous expliquiez un peu la nature des travaux et les
sommes d'argent qui seront impliquées. Pour ce qui est aussi de la
région de Québec, dans certains milieux artistiques,
actuellement, on se plaint du manque de petites salles de théâtre.
Croyez-vous que dans vos programmes de cette année - je vois, entre
autres, les 18 000 000 $ pour les équipements régionaux - dans ce
budget, dans ce programme, on pourrait penser répondre à ce
besoin ressenti dans la région de Québec? Donc, le Musée
du Québec et le problème des petits théâtres, des
petites salles. (17 h 15)
M. Richard: Nous savons d'ores et déjà que nous
devrons investir environ 2 500 000 $ pour la rénovation de
l'édifice de l'actuel Musée du Québec, sur les plaines
d'Abraham. Nous sommes en pourparlers avec le ministère des Travaux
publics et de l'Approvisionnement - ce qui en reste - pour ajouter des sommes
et avoir une rénovation qui soit plus complète. On espère
bien que ce sera 6 000 000 $ de plus qui seront injectés pour faire en
sorte que la rénovation soit vraiment parachevée, compte tenu du
fait qu'il y aura là deux grandes expositions, deux expositions assez
importantes, celle de Jacques Cartier durant les fêtes de 1984 et celle
du Grand Héritage, exposition d'art sacré, durant la venue du
pape. On sait que le pape viendra au Musée du Québec. Les travaux
urgents seront faits immédiatement. On pense qu'on aura un musée
qui sera montrable aux nombreux visiteurs qui viendront au Québec.
Ce matin, je pense que c'est le président de la commission, le
député de Westmount, qui a parlé de quelque chose qui m'a
frappé: l'exposition Colville à Montréal, au Musée
des beaux-arts, récemment, attirait 3500 personnes par jour, pour donner
une idée de l'importance de ces musées. En même temps, le
directeur de la bibliothèque de Québec, cette superbe
bibliothèque, me disait qu'il recevait 3500 visiteurs par jour. Deux
institutions qui sont essentiellement différentes, mais deux
institutions culturelles, l'une à Québec et l'autre à
Montréal, et les deux institutions accueillaient chacune 3500 visiteurs
par jour. De là, l'importance d'investir plus d'argent dans les
équipements culturels et de modifier, aussi, les comportements. Quand on
dit que les activités culturelles sont beaucoup plus importantes et
concernent beaucoup plus de citoyens et de citoyennes que les activités
sportives réunies, on en a là une petite idée.
Le Président (M. Brouillet): Êtes-vous à
étudier le dossier sur les besoins en petits théâtres?
M. Richard: M. le Président, vous avez parfaitement
raison. Nous sommes en train de faire des études avec le Conseil de la
culture du Québec. J'espère que, très bientôt, je
serai en mesure de dire qu'une partie du problème est
réglé et, oserai-je dire, d'une façon presque
inattendue.
M. Proulx: Une petite question, M. le ministre.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Saint-Jean.
Théâtres d'été,
musées et bibliothèques
M. Proulx: Oui, une petite question. Un groupe de citoyens chez
nous a formé une corporation pour un théâtre
d'été qui va s'appeler L'Écluse, à cause du
Richelieu -pour ceux qui sont souvent venus dans notre région, si vous
montez de Sorel jusqu'aux
États-Unis, vous passez par sept écluses - ce sera donc un
théâtre d'été. Y a-t-il des subventions de
fonctionnement, des subventions de départ, des coups de pouce?
M. Richard: Non, M. le Président. Parfois, je le regrette,
parfois, non. Il n'y a pas de subventions aux théâtres
d'été pour la bonne raison que nos fonds ne sont pas
illimités, mais aussi parce que la plupart d'entre eux - et ils sont
nombreux - sont rentables. Je ne dis pas que c'est une façon de
s'enrichir. Parfois, il y a une centaine de théâtres
d'été qui existent au Québec disséminés un
peu partout sur le territoire. Vous vous imaginez bien que, si nous nous
mettions à subventionner les théâtres d'été
quand ils sont déjà rentables... Sauf que de temps en temps -
c'est ce qui me fait parfois regretter qu'il n'y ait aucun programme - il y en
a un certain nombre qui subissent des échecs. Plus ils sont nombreux,
plus il y en a qui subissent des échecs parce que la concurrence est
plus vive et ils aboutissent souvent au ministère pour dire: Vous
devriez avoir un programme pour les théâtres d'été.
Je pense qu'il y aura désormais, toutefois, compte tenu de l'importance
des activités des théâtres d'été au
Québec, une façon de les rejoindre. Ce sera par le programme
d'équipements culturels. Je pense que certaines municipalités
voudront se prévaloir de ce programme pour construire des salles de
théâtre et, ensuite, y attirer des troupes pour présenter
des pièces, l'été, dans leur municipalité. Ainsi,
nous rejoindrons indirectement les théâtres d'été.
Est-ce que cela répond à votre question, M. le
député de Saint-Jean?
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Proulx: En fait, il y a beaucoup de musées au
Québec. Il y a chez nous un musée, le Musée de Saint-Jean,
qui me demande constamment, chaque jour - je vous ai envoyé de la
documentation à ce sujet -des subventions de fonctionnement. Ces
gens-là font un travail extraordinaire. Ils ramassent des objets d'art
d'antique de première importance et ils ont beaucoup de
difficulté à arriver. Avez-vous des subventions pour ce genre de
musée?
M. Richard: M. le Président, la question est fort
pertinente. Il y a un réseau de musées privés au
Québec et M. le député de Saint-Henri a ce réseau
très à coeur. Il y a un réseau d'environ 70 musées
privés. Ce réseau de musées privés est
subventionné par le ministère des Affaires culturelles quelque
part entre 60% et 70% du chiffre d'affaires global des musées
privés. L'ensemble des études dont nous disposons
démontrent qu'il ne faut pas, un peu pour certaines compagnies en art
d'interprétation, subventionner davantage au risque que cela apparaisse
de véritables nationalisations. Il vient un temps où, si la part
du ministère est trop importante, c'est presque l'équivalent
d'une nationalisation.
Le problème majeur au Québec, c'est la disproportion entre
l'implication du ministère des Affaires culturelles, d'une part, et
l'implication des municipalités où se trouvent ces institutions
muséologiques, d'autre part. On a généralement beaucoup de
difficulté à faire en sorte que les municipalités
s'impliquent dans le développement de leurs institutions culturelles en
général, et des institutions muséologiques en particulier.
C'est l'énorme différence qui existe avec les pays
européens où les municipalités s'impliquent bien davantage
- il y a une question de tradition là-dedans - dans le
développement des institutions culturelles. Certaines institutions
muséologiques en arrachent - il faut le reconnaître - parce
qu'elles n'ont, à toutes fins utiles, pour exister et pour se
développer qu'à compter sur la subvention du ministère des
Affaires culturelles et les revenus provenant des entrées.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Ma question touche
les bibliothèques centrales de prêt, et plus spécifiquement
celle de l'Outaouais. Je crois que le ministre, lors de son passage à
Hull, à l'ouverture du salon du livre, a eu l'occasion d'être
sensibilisé à ce problème. Si je comprends bien la
situation, chaque bibliothèque de prêt en région a un
budget de fonctionnement. Qu'est-ce qui se produit? Comme vous le savez, dans
l'Outaouais, il y a deux communautés, une communauté anglophone
et une communauté francophone, et sans être capable
d'évaluer les effets sur la communauté francophone, qui est
elle-même pénalisée, si on est homogène, tous
francophones, toutes les sommes d'argent peuvent être
dépensées par la bibliothèque pour des livres
français, mais, dans l'Outaouais, on est obligé d'acheter des
livres français et des livres anglais. La bibliothèque fait une
évaluation présentement et il semblerait que, du
côté anglophone, il y a certainement une pénurie de livres.
Si on fait une évaluation selon cette étude, il y a des pertes
depuis cinq ans au point où il y a un manque de 5800 livres. Si on
revient en arrière pour faire un inventaire, il y aurait 3000 livres
additionnels qu'on serait obligé de remplacer. Qu'est-ce qui se produit
avec tout cela? Le comportement des usagers confirme le besoin de rajeunir la
collection. En effet, les bibliothèques anglophones reçoivent
plus de visiteurs que les bibliothèques
francophones mais elles prêtent moins de livres. Les clients se
présentent mais retournent sans emprunter de livres et n'y reviennent
plus du tout. Ce qui est conséquent avec le faible taux de recrutement.
Je peux vous donner un exemple très spécifique. Il y a eu, il y a
à peine deux ans, l'ouverture d'une bibliothèque, à
Waltham, dans le comté de Pontiac, qui a été
obligée de fermer ses portes parce que les gens ne fréquentaient
plus la bibliothèque parce qu'il n'y avait pas un grand choix de livres.
Ils sont obligés d'aller à Pembroke en Ontario pour obtenir des
livres. Est-ce que le ministre a une solution à ce problème?
M. Richard; Je sais gré au député de Pontiac
de m'avoir, il y a déjà quelques jours, saisi de ce
problème qui est propre à la région et à la
circonscription qu'il représente à l'Assemblée nationale.
Je pense que je puis aujourd'hui prendre l'engagement d'analyser la situation
avec les autorités de la Bibliothèque centrale de prêt et
voir quels seraient les correctifs qu'on pourrait apporter pour rendre justice
à tout le monde.
Il faut bien faire attention toutefois parce que je veux voir si le
même problème se pose ailleurs que dans Pontiac. Je ne serais pas
étonné qu'il se pose également dans la région de la
Gaspésie.
M. Middlemiss: Peut-être l'Estrie aussi.
M. Richard: Peut-être aussi l'Estrie. C'est pourquoi je ne
veux pas trop m'aventurer parce que cela pourrait être lourd de
conséquences sur les virements de crédits au ministère des
Affaires culturelles.
M. Middlemiss: Le but n'est pas d'enlever de l'argent à
d'autres bibliothèques de prêt mais de reconnaître, dans les
régions où il y a deux communautés linguistiques, que leur
budget devrait peut-être être augmenté. Il faudrait
reconnaître ce fait parce que peut-être même que la
communauté francophone n'est pas aussi bien servie, étant
donné qu'il faut partager cet argent entre deux communautés.
M. Richard: Oui, mais il faut faire attention parce que, parfois,
on évoque d'autres raisons pour demander des augmentations de
budget.
M. Middlemiss: On vous parle d'un problème
spécifique et on vous demande de l'analyser à la lumière
de...
M. Richard: Oui, mais il y a des problèmes
spécifiques, par exemple, liés à la distance à
parcourir.
M. Middlemiss: Je pense que vous pourrez étudier ces
problèmes selon leur valeur. Quant à celui-ci, est-ce qu'on est
fier du fait qu'on a eu l'ouverture d'une bibliothèque voilà deux
ans à peine et que ces gens sont obligés d'aller en Ontario pour
avoir des livres?
M. Richard: Je m'engage à apporter toute l'attention
nécessaire à ce problème, à bien l'étudier
et à voir s'il n'y aurait pas des correctifs à apporter
immédiatement.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Saint-Jean.
M. Proulx: M. le ministre, on a vu dans les journaux, il y a
quinze jours, que vous avez réalisé un coup de maître, soit
l'exposition Picasso. J'aimerais que vous commentiez un petit peu sur comment
cela s'est passé. Deuxièmement, quel sera l'impact culturel,
économique et touristique pour l'année 1985, je pense?
M. Richard: Vous vous référez à quel
programme, M. le député de Saint-Jean?
M. Proulx: À la muséologie. Est-ce que vous me
permettez, M. le Président, de poser cette question?
Le Président (M. Brouillet): Oui, dans la mesure où
il y a des crédits d'impliqués dans cela. Je le suppose.
M. Richard: Bien oui.
M. Proulx: Bien oui, il doit y avoir des crédits,
j'imagine.
Le Président (M. Brouillet): Bon, alors, s'il y a des
crédits, cela doit paraître quelque part. Je ne le pourrais pas
mais le ministre pourrait nous dire de quel élément il s'agit. Je
m'aperçois que, pour les trois programmes, nous ne procédons pas
élément par élément, chaque député
intervenant actuellement sur le point qu'il juge le plus important parmi les
trois programmes qui restent, mais nous adopterons ces programmes à la
suite l'un de l'autre aux termes des échanges que nous avons entre nous.
Comme nous avons peu de temps, je crois qu'il est bon de laisser aux
députés le soin de parler de ce qu'ils jugent le plus important
dans les programmes 1, 2, 3 et 4.
M. Hains: Mais on est sur le point de terminer le programme 2.
Ensuite, nous sauterons par-dessus le programme 3 pour attaquer le programme 4.
Si vous voulez, nous allons poursuivre comme cela. Cela va bien et cela ne sera
pas long. Il nous restera environ une pleine demi-heure pour le programme
4.
Le Président (M. Brouillet): Oui. M. le
député de Saint-Jean, est-ce que votre question concernant
l'exposition sur Picasso revient?
M. Richard: C'est au programme 4, l'élément 2,
Développement des musées et centres d'exposition.
Le Président (M. Brouillet): Bon. Très bien. Disons
qu'il y a encore peut-être une question à poser sur le programme
2.
M. Hains: C'est une question de la part de mon
collègue.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Louis-Hébert, vous avez une question à poser sur le programme 2.
Nous adopterons ce programme ensuite. (17 h 30)
M. Doyon: M. le Président, compte tenu du peu de temps
dont nous disposons, je voudrais simplement porter à l'attention du
ministre une augmentation assez considérable dans la ventilation des
crédits au programme 2. Pour les autres dépenses, il y a un
montant qui passe de 18 500 $, d'après ce que je vois ici, à 50
300 $. Ce n'est pas un gros montant, mais c'est une question de principe. C'est
à la page 2-3 du livre des crédits, dans la ventilation des
crédits de tout le programme 2, Développement culturel.
M. Richard: On n'est pas dans le même livre.
M. Doyon: Ce que je veux savoir, M. le ministre, concerne la
ventilation des crédits que vous avez en bas, dans la deuxième
moitié de la page, à la catégorie 11, Autres
dépenses. Vous avez, pour l'année 1983-1984...
M. Richard: De 18 000 $ à 50 000 $?
M. Doyon: C'est une question de principe.
M. Richard: Là, je vous retrouve.
M. Doyon: Vous me retrouvez? Parfait. Je n'en attendais pas moins
de vous, à la longue. Ce que je voudrais savoir, M. le ministre, c'est
la raison qui motive cette augmentation considérable au niveau du
pourcentage.
M. Richard: M. le député de Louis-Hébert,
moi aussi, de temps en temps, j'ai sursauté quand je le voyais. Ce n'est
pas le seul écart que vous allez voir comme cela, il y en a d'autres.
C'est lié à la réorganisation du ministère.
M. Doyon: II y a plus d'autres dépenses que si on ne
l'avait pas réorganisé?
M. Richard: Non, c'est parce qu'on a pris beaucoup de personnel
qui était à
Québec pour l'envoyer dans les régions, notamment,
à Montréal, et c'est ce qui explique les écarts qui
existent.
M. Doyon: Vous me dites que vous avez envoyé du personnel
en région et, notamment, à Montréal?
M. Richard: Oui, parce que c'est à Montréal qu'on
en a envoyé le plus, mais on en a envoyé dans toutes les
régions du Québec.
M. Doyon: Oui, c'est une région, mais est-ce qu'on
pourrait s'entendre sur le fait que c'est une région importante?
M. Richard: Montréal est une région assez
importante, M. le député de Louis-Hébert, c'est 56% de
toute la population du Québec.
M. Doyon: C'est pour cela que je sursaute un peu, M. le ministre,
quand vous dites qu'on envoie des gens en région et qu'on les envoie
à Montréal; normalement, on se fait dire le contraire quand on
envoie des gens à Québec. En tout cas, une fois n'est pas
coutume, mais je prends ça en passant.
M. Richard: Montréal, c'est une région!
M. Doyon: Techniquement, vous avez absolument raison.
M. Richard: C'est une région importante.
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaît, je
vous rappelle à l'ordre car le temps passe. M. le député
de Louis-Hébert a-t-il reçu une réponse à sa
question?
M. Doyon: Cela répond à la question. Comme le
ministre a dit lui-même qu'il a déjà sursauté devant
ce genre de choses, je fais appel à lui pour qu'il fasse preuve de la
plus grande vigilance, surtout quand on est dans les autres dépenses,
dans des choses qui sont difficilement cernables et à peu près
pas identifiables. On peut inclure tellement de choses là-dedans et il
n'est pas sain de ne pas connaître la nature des dépenses.
M. Richard: Je prends note de vos observations, M. le
député de Louis-Hébert.
Le Président (M. Brouillet): Je soumets à
l'approbation de la commission le programme 2. Est-il adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Y a-t-il
quelqu'un qui veut intervenir sur le programme 3?
M. Doyon: M. le Président, avec votre permission,
concernant le Conservatoire de musique de Hull...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: ...est-ce que le ministre a des détails qui
pourraient encourager les gens de Hull concernant le conservatoire? Est-il au
courant des menaces de fermeture de ce conservatoire? A-t-il eu des contacts
avec l'Association des parents des élèves du conservatoire?
Est-ce que le ministère a reçu une demande d'aide du milieu et,
si oui, de quelle nature, de quel ordre est cette demande? Est-ce que le
ministre peut nous fournir des renseignements en ce qui concerne le projet
d'établissement d'une salle régionale de spectacle liée au
Conservatoire de musique de Hull?
M. Richard: Comme il n'arrive pas souvent que le directeur
général des conservatoires ait l'occasion de s'exprimer, je vais
lui donner la chance de le faire pour répondre...
M. Doyon: Vous ne le laissez pas parler souvent.
M. Richard: ...aux questions de M. le député de
Louis-Hébert. Sa vocation n'est pas de parler, M. le
député de Louis-Hébert, c'est de chanter.
Le Président (M. Brouillet): Sur le programme 3...
M. Richard: M. Genest.
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi. Vous vous
êtes identifié. Excusez-moi, j'étais un peu distrait.
M. Genest (Pierre): Je viens tout juste de m'identifier.
Effectivement je n'ai pas l'occasion de m'exprimer mais j'ai très
souvent l'occasion de permettre aux jeunes de s'exprimer en dirigeant un
réseau d'écoles comme cela.
Pour ce qui est du Conservatoire de musique de Hull, il n'est absolument
pas question de la fermeture de ce conservatoire. Des rumeurs ont effectivement
circulé à cet effet. J'ai rencontré et l'association des
parents et des représentants de la population le 8 mars dernier pendant
toute une soirée qui s'est très bien terminée. Nous avons
donné toute l'information pertinente et nous avons annoncé que
nous étions en processus de nomination d'une directrice ou d'un
directeur pour ce conservatoire pour la fin de l'été afin
d'entreprendre la nouvelle année en toute harmonie.
M. Doyon: Si je comprends bien, le problème est en voie de
règlement et le sera totalement d'ici peu de temps.
M. Genest: II le sera totalement d'ici peu de temps,
effectivement.
M. Doyon: Merci, c'est encourageant pour les gens de Hull.
Espérons qu'il en sera de même pour les bibliothèques.
M. Champagne (Mille-Îles): M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): On s'excuse auprès des
personnes qui sont venues de si loin pour parler peut-être d'archives, de
la Bibliothèque nationale et du Conservatoire de musique. Je peux vous
dire qu'on n'a peut-être pas le temps de poser des questions
là-dessus mais on souligne ici quand même l'effort du gouvernement
qui fait en sorte qu'au point de vue des archives du Québec le budget a
augmenté de 50% comparativement à l'an passé; pour la
Bibliothèque nationale le budget monte de 7% et pour les conservatoires
de musique et d'art dramatique il monte quand même de 5%. On pourrait
peut-être poser des questions mais considérant qu'il semble que le
travail soit bien fait nous allons passer à un autre programme.
Le Président (M. Brouillet): Le programme 3 est-il
adopté?
M. Richard: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Sur le programme 3?
M. Richard: Oui, sur le programme 3, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Un mot avant l'adoption
définitive.
M. Richard: Je voudrais m'adresser au président, au
vice-président et aux membres de la commission pour leur suggérer
de venir voir sur place nos institutions nationales, qui sont à
Montréal, notamment, n'en déplaise à M. le
député de Louis-Hébert. Je pense en particulier à
la Bibliothèque nationale et aux archives. Je pense que cela pourrait
présenter un grand intérêt pour les membres de la
commission qu'il me ferait plaisir
d'accueillir dans ces institutions fort importantes pour le
Québec.
Le Président (M. Brouillet): Nous vous remercions, M. le
ministre. Au nom du président, au mien et au nom de tous les membres de
la commission, nous sommes très heureux de cette invitation. Soyez
assuré que nous allons entrer en contact avec vous le plus tôt
possible pour matérialiser cette invitation.
M. Proulx: M. le Président.
Le Président (M. Brouillet); Un bref commentaire, M. le
député de Saint-Jean.
M. Proulx: Oui, merci beaucoup de cette invitation, nous irons.
Je suis allé visiter les archives. Nous devions organiser -le
président et tous les membres de la commission - une visite aux bureaux
de votre ministère, M. le ministre. Je pense que ce serait
extrêmement important que nous connaissions la bâtisse, les
personnes, les gens responsables et les problèmes de fond. Est-ce que
cela pourrait s'organiser dans les plus brefs délais? Nous serions
très heureux d'une rencontre officielle avec vous et tous vos hauts
fonctionnaires qui suivent des cours à l'heure actuelle... J'ai
écouté cela à la radio hier... Je ne sais trop quelle
sorte de cours, j'aimerais discuter aussi de ce problème en même
temps. J'aimerais, M. le ministre, que vous puissiez recevoir la commission.
Cela devait se faire ces jours-ci. Il serait extrêmement important que
nous connaissions tous vos hauts fonctionnaires, qui font un travail
fantastique.
Le Président (M. Brouillet): Rapidement, s'il vous
plaît.
M. Richard: M. le Président, il me fera plaisir
d'accueillir les membres de la commission au ministère des Affaires
culturelles ou dans n'importe quelle des institutions relevant du
ministère des Affaires culturelles, y compris, par exemple, les
archives, à Québec. J'espère que cela pourra se faire
à très brève échéance. Je signale qu'il y a
eu un problème de disponibilité parce que, comme vous l'avez
évoqué, j'avais invité la commission et les membres
à venir rencontrer les hauts fonctionnaires et voir les lieux.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Cela dit,
je soumets le programme 3 à l'adoption de la commission.
Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Le programme
4. M. le député de Saint-Henri.
Dépenses de fonctionnement
M. Hains: Au programme 4, M. le ministre, on s'aperçoit
qu'il y a encore là des chiffres qui nous font parfois sursauter.
J'espère que vous ne sauterez pas trop haut. D'abord, il y a une hausse
des crédits affectés aux dépenses de fonctionnement, une
augmentation de 311,4%. Est-ce qu'on pourrait...
Une voix: Le tableau, à la page 104.
M. Hains: Le tableau, à la page 104, Autres
rémunérations. Cela passe de 198 à 818 - c'est exact -
pour une variation de 619, donc un pourcentage d'augmentation de 311%. Vous y
êtes, à la page 104? C'est le premier tableau de "fonctionnement -
Personnel, Fonctionnement - Autres rémunérations", le tableau
9.
M. Richard: M. le Président, il y a une réponse qui
est toute simple. Maintenant que les musées nationaux, les deux
musées d'État, ont obtenu leur autonomie, il faut prévoir
que les postes vont relever directement de ces organismes plutôt que du
ministère des Affaires culturelles, ce qui crée la variation, qui
est très importante, en effet, puisque jusqu'à maintenant les
postes du Musée du Québec étaient des postes du
ministère des Affaires culturelles.
Maintenant, cela devient des postes du Musée du Québec,
comme cela va devenir des postes du Musée d'art contemporain, à
Montréal.
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: ...est-ce que M. le ministre peut donner des
indications sur ce que sera le sort des employés de ces deux
musées après la fin des décrets? Comment cela va-t-il se
passer? Est-ce qu'ils deviennent des employés des musées?
Une voix: À la suite de la loi 35.
M. Doyon: À la suite de la loi 35, qu'est-ce qui se
passe?
M. Richard: Comme Mme Martin, sous-ministre adjointe au
ministère, n'a pas encore eu l'occasion de se faire entendre, je vais
lui demander de répondre.
Le Président (M. Brouillet): Si vous voulez bien vous
identifier, s'il vous plaît!
Mme Martin (Nicole): Je suis Nicole Martin, sous-ministre
adjointe au ministère des Affaires culturelles. Les employés
des
deux musées avaient un certain temps pour choisir entre
être rattachés aux musées ou rester au ministère.
L'ensemble des employés, à l'exception d'une demi-douzaine, a
choisi d'aller dans les musées. Le petit nombre qui a choisi de rester
dans la fonction publique sera replacé au fur et à mesure dans
d'autres postes.
M. Doyon: Pour ce qui est des autres, ils devront donc
négocier, si je comprends bien, et convenir de conditions de travail en
temps et lieu avec leur nouvel employeur. Est-ce que c'est l'idée?
Mme Martin: Ils sont protégés par les conventions
actuelles et ils gardent leurs privilèges de la fonction publique.
M. Doyon: Est-ce qu'ils gardent ces privilèges d'une
façon indéterminée, aussi longtemps qu'ils sont à
l'emploi des musées?
Mme Martin: Oui, monsieur.
M. Doyon: Oui. Un peu comme cela se passe pour la
Société immobilière du Québec, est-ce qu'ils
conservent la possibilité de revenir à l'intérieur du
ministère des Affaires culturelles?
Mme Martin: Oui.
M. Doyon: La réponse, c'est oui. Il n'y a pas de limite de
temps pour cela?
Mme Martin: II n'y a pas de limite de temps, non.
M. Doyon: II n'y a pas de limite de temps.
M. Richard: Ce sont deux lois qui sont harmonisées et les
deux contiennent les mêmes dispositions.
M. Doyon: En ce qui concerne l'unité de négociation
pour les employés, est-ce que ces employés demeurent - pour
autant que vous le sachiez, pourriez-vous informer la commission -
affiliés au Syndicat des fonctionnaires du Québec ou s'ils
deviennent un syndicat indépendant, une unité de
négociation indépendante? Quelle est la situation
là-dessus?
Mme Martin: C'est le même syndicat.
M. Doyon: C'est le même syndicat, donc le Syndicat des
fonctionnaires du Québec, qui les représente et qui continue
à les représenter.
Mme Martin: C'est cela. M. Doyon: Merci.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'il y aurait
d'autres questions sur le programme 4? M. le ministre.
Exposition Picasso et autres sujets
M. Proulx: L'exposition Picasso. C'est très important.
C'est parce que c'est un coup de maître.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Saint-Jean.
M. Proulx: Je voudrais qu'on en parle encore davantage. Un peu
plus. (17 h 45)
M. Richard: Oui, il y aura une exposition Picasso au Musée
des beaux-arts de Montréal. Les dates prévues, c'est août,
septembre, octobre et novembre 1985. Nous aurons alors l'occasion d'exposer des
oeuvres qui, pour la plupart, sont inédites et qui appartiennent
à la veuve de Pablo Picasso. Il y aura donc au Musée des
beaux-arts des peintures, des gravures, des lithographies, des
céramiques et des sculptures. Je pense qu'il s'agira d'une exposition
extrêmement intéressante et de grande envergure. Mme Picasso aura
l'occasion de venir préciser la nature de l'exposition. J'ai
déjà eu l'occasion de voir un certain nombre des oeuvres qui
seront exposées au Musée des beaux-arts de Montréal.
Le directeur général du Musée des beaux-arts, M.
Gaudieri, le conservateur, M. Pierre Théberge, et Mme Louise
d'Argencourt ont également eu l'occasion de voir un certain nombre des
oeuvres qui seront exposées à l'occasion de cette grande
exposition. Déjà la sélection est commencée. Elle
est faite par le conservateur d'Argencourt et le directeur
général du Musée des beaux-arts. J'espère que ce
sera un très grand succès. On en connaîtra davantage
très bientôt puisque, comme je l'ai déjà dit, Mme
Picasso sera au Québec bientôt pour faire la promotion de cette
exposition et en organiser les détails. Je dois dire que, sans
l'intervention fort pertinente et très amicale de Martin Gray, ce projet
n'eût pas été possible. Je pense que nous devons remercier
Martin Gray et Mme Jacqueline Picasso, qui a accepté évidemment
de présenter des oeuvres qui, pour la plupart, sont inédites.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Saint-Jean.
M. Proulx: À part l'aspect strictement culturel, il y a
l'aspect touristique d'une telle exposition. Est-ce qu'il y a beaucoup de
personnes qui peuvent venir des États-Unis ou d'Europe pour voir cette
chose authentique? Est-ce possible d'évaluer l'affluence de la
population?
M. Richard: Je pense que cela attirera, comme toutes les
expositions Picasso et toutes les grandes expositions, beaucoup de monde. Mais
il faut comprendre qu'il est difficile de préciser aujourd'hui combien
de visiteurs viendront et d'où ils viendront. On peut imaginer qu'il en
viendra beaucoup, je l'espère, du Québec, avec le réseau
scolaire, parce que cela m'apparaît assez important. C'est pour cela
qu'on a voulu que ce soit au mois d'août pour attirer les touristes, aux
mois de septembre, octobre et novembre pour tout de suite intéresser
tout le réseau scolaire et permettre au plus grand nombre possible de
Québécois et de Québécoises de voir cette
exposition. J'imagine qu'il viendra beaucoup de visiteurs de l'extérieur
du Québec et, notamment, des États-Unis et de l'Ontario. On peut
imaginer qu'un grand nombre de personnes viendront voir cette exposition, mais
la capacité du musée est limitée. J'imagine bien qu'on
sera obligé d'allonger les heures d'ouverture du Musée des
beaux-arts de Montréal au moment où se tiendra cette
exposition.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Mille-Îles.
M. Richard: La prévision budgétaire - à mon
avis, c'est très conservateur - s'appuie sur 350 000 visiteurs. Mais
c'est, à mon humble avis, très conservateur et je pense que cet
avis sera partagé par le président de la commission, M. le
député de Westmount.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Mille-Îles, est-ce encore sur l'exposition Picasso? Non?
M. Champagne (Mille-Îles): Non. Cela a rapport à des
oeuvres d'art, mais enfin, je vais laisser le droit de parole...
Le Président (M. Brouillet): II reste dix minutes et M. le
député de Saint-Henri voudrait intervenir aussi.
M. Hains: Seulement une petite question, M. le ministre.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. M. le
député de Saint-Henri.
M. Hains: Lors de votre passage à Trois-Rivières,
en 1983, le maire Beaudoin vous a fait valoir qu'il fallait doubler la
subvention qui lui était allouée pour l'orchestre symphonique.
Actuellement, je crois que la subvention est de l'ordre de 24 000 $...
M. Richard: M. le Président, cela est assez
extraordinaire. C'est peut-être le programme le plus efficace que j'aie
au ministère, d'ailleurs, le programme de jumelage de fonds, dont
j'aurais aimé qu'on puisse parler plus longuement pour voir les
expériences qu'on a pu faire avec ce programme. Vous savez, j'ai
parlé tout à l'heure de la difficulté que nous avons
à intéresser les municipalités à s'impliquer dans
le développement des institutions culturelles. Heureusement, tel n'est
pas le cas à Trois-Rivières. Le maire a accepté une
politique de jumelage de fonds il y a déjà un an et nous le
répétons cette année, de telle sorte que la subvention
à l'orchestre de Trois-Rivières sera augmentée parce que
le maire l'augmente. Nous avons fait du jumelage de fonds et cela fera deux ans
que ça dure. Je pense qu'il sera très heureux. On me dit
même que la lettre est dans mes cahiers de signature, que je dois
compléter avant de partir samedi prochain.
M. Hains: Est-ce qu'on peut connaître le montant de
l'augmentation de part et d'autre?
M. Richard: Je pense que, cette année, la nôtre sera
de 10 000 $; une augmentation de 10 000 $ cette année et de 17 000 $
l'an dernier. Or, vous voyez, comme la municipalité augmente
également, on commence à avoir des crédits qui permettent
à l'orchestre de Trois-Rivières de se développer, ce qui
n'était pas le cas il y a deux ou trois ans.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Oui, M. le Président.
Vous avez un nouveau programme qu'on appelle Art et innovation. Il s'adresse
aux créateurs et aux artistes professionnels. Le ministère a
constitué une collection de prêt d'oeuvres d'art. Je voudrais que
vous élaboriez davantage sur cette collection de prêt d'oeuvres
d'art. On dit qu'il y a 122 artistes qui y ont contribué et qu'on peut
avoir droit à 200 oeuvres...
M. Richard: Je trouve que c'est une coïncidence, M. le
député de Mille-Îles, que vous me posiez cette question
parce que, ce matin à 8 h 45, je donnais une interview à la radio
à M. Frenchie Jarraud qui me proposait qu'on fasse comme en Hollande,
où le gouvernement achète des oeuvres d'art pour les
édifices publics. Or, c'est précisément ce qui a
été fait ici, c'est-à-dire qu'on a créé une
collection d'oeuvres d'art - de banque de prêt, si je peux me permettre
l'expression - qu'on prête aux autorités responsables des lieux
publics. C'est la deuxième année que cela est en vigueur, et ce
sont 300 000 $ de crédits qui sont alloués pour l'achat d'oeuvres
d'art par le ministère des Affaires culturelles. C'est un jury qui le
fait, sous la direction du Musée
du Québec. Ces oeuvres sont ensuite réparties dans des
édifices publics un peu partout sur le territoire
québécois et choisies par les autorités de ces lieux
publics. Cette année, je pense qu'il s'agit de 200 oeuvres et de 122
artistes, pour 300 000 $. Les collections ont été exposées
à la fois au Musée du Québec et au Musée d'art
contemporain et, également, à Rivière-du-Loup. Nous avons
fermement l'intention de maintenir ce système qui a donné des
résultats assez extraordinaires.
Ce que je craignais le plus, M. le député de
Mille-Îles, c'est qu'on n'arrive pas à assurer la rotation des
oeuvres d'art. Or, précisément, pour le moment en tout cas, ce
n'est pas le cas; on arrive à assurer la rotation des oeuvres d'art et
on en manque même.
L'autre jour, j'étais avec le sous-ministre, M. Arpin, quand on
nous a adressé une commande fort importante, tellement qu'on n'a pu
livrer toutes les oeuvres qu'on nous demandait, entre autres - on peut
l'évoquer - pour le Palais des congrès.
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Champagne (Mille-Îles): J'aimerais poser une petite
question.
M. Richard: Ce qui est assez extraordinaire, c'est que cela
permet, en toute dignité, à des créateurs
québécois de vendre leurs oeuvres et de mieux se faire
connaître, puisque ces oeuvres sont exposées dans des lieux
publics dans tout le Québec.
M. Champagne (Mille-Îles): Mais avez-vous l'intention
éventuellement de faire en sorte qu'on fasse le prêt d'oeuvres
d'art à des particuliers? Vous parlez de corporations, de lieux
publics.
M. Richard: Oui.
M. Champagne (Mille-Îles): On l'a déjà vu
dans un musée.
M. Richard: Oui, c'est vrai. Cela existe. On le fait aussi dans
certaines galeries et dans certains musées, mais je pense que cela
devrait davantage relever de musées, voire de musées
d'État plutôt que de la collection du ministère des
Affaires culturelles, parce que c'est un système assez difficile
à mettre en place, mais peut-être que cela pourrait être mis
en place efficacement par les nouveaux conseils d'administration des deux
musées nationaux.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Il nous
reste encore quelques minutes. M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui. Il y aurait long à dire sur toute cette
question de prêts de tableaux et de choses semblables, parce que
l'idée de Frenchie Jarraud venait probablement du programme "60 Minutes"
de dimanche dernier, et je vous assure que c'était loin d'être
flatteur, la façon dont la Hollande administrait tout ce
système-là. Il y avait des entrepôts de 300 000 ou 400 000
tableaux et c'était des artistes fonctionnaires qui "fonctionnarisaient"
d'autres artistes. En tout cas, ce n'était pas beau à voir.
M. Richard: Ah oui? Je ne sais pas, je n'ai pas vu
l'émission. Il m'a dit que le système en Hollande lui
apparaissait fort intéressant, mais c'est un système qui existe
ailleurs qu'en Hollande aussi.
M. Doyon: Oui. Ah, Seigneur! En tout cas! Pourrais-je vous parler
un peu du Grand Théâtre, M. le ministre?
M. Richard: Oui.
M. Doyon: Je voudrais savoir, premièrement, concernant la
nomination du nouveau directeur général qui est entré en
fonction depuis peu, M. Duguay, je crois, si le ministère, de quelque
façon, a été impliqué dans le choix de M.
Dùguay ou si c'est tout simplement la Société qui s'est
occupée de cela.
M. Richard: Non. C'est essentiellement la Société
du Grand Théâtre, le conseil d'administration, qui a
organisé le concours, retenu un certain nombre de noms et, après,
fixé son choix.
M. Doyon: II y a eu une enquête qui a été
faite, qui avait donné lieu à certaines critiques de la part du
Vérificateur général du Québec. Avez-vous eu
l'occasion de prendre connaissance de ce rapport d'enquête et, si oui,
quels sont les gestes que vous avez posés à la suite de ce
rapport? Pourriez-vous mettre cette commission au courant de ce que vous
entendez faire s'il n'y a rien de fait dans le moment à ce sujet?
M. Richard: Bon! M. le député de
Louis-Hébert, non seulement j'ai pris connaissance du rapport, mais je
vous rappelle que c'est moi-même qui l'ai demandé, ce rapport, au
Vérificateur général.
M. Doyon: Je le sais.
M. Richard: Donc, puisque j'avais moi-même demandé
cette vérification, j'ai pris connaissance du rapport. Vous connaissez
les faits qui sont survenus par la suite. Il y a eu la démission d'un
haut cadre de la Société du Grand Théâtre,
l'organisation d'un concours et son remplacement. On est en
voie de réorganisation complète.
M. Doyon: Est-ce à dire, M. le ministre, que le seul effet
visible de ce rapport d'enquête, que vous dites avoir commandé au
Vérificateur général, est la démission de la
personne dont vous parlez et que, finalement, c'était la seule chose qui
était recommandée dans ce rapport? Est-ce qu'il y avait d'autres
recommandations, d'autres remarques? De quelle nature étaient-elles?
Qu'avez-vous fait concernant les autres remarques?
M. Richard: M. le Président, si ma mémoire est
fidèle, il y avait d'autres recommandations quant à l'exercice
d'un meilleur contrôle, ce dont a été saisi le conseil
d'administration et le nouveau directeur général du Grand
Théâtre. Non seulement ils en ont été saisis, mais
je sais pertinemment qu'ils sont en train de réorganiser
complètement le Grand Théâtre de Québec,
précisément pour assurer un meilleur contrôle des
dépenses des fonds publics.
M. Doyon: À la suite de cette enquête qui avait
été faite par le Vérificateur général,
est-ce qu'il y avait eu constatation de malversations quelconques à
l'intérieur de l'administration du Grand Théâtre? Est-ce
que cette constatation a été faite par le Vérificateur
général?
M. Richard: Je pense qu'on peut parler très certainement
d'anomalies. Je ne suis pas sûr qu'on puisse parler de malversation.
M. Doyon: À la suite de ces anomalies, je comprends que
des correctifs seront apportés. Il y a déjà une personne
qui est partie, etc. Est-ce que des accusations ont été
portées? Est-ce que certains fonds ont été
récupérés ou le seront, sur lesquels on fait des
tentatives de récupération?
M. Richard: Pour autant que je puisse savoir, il n'y a pas eu de
fonds publics qui ont été perdus. Ce que je peux indiquer
à la commission, c'est que j'ai adressé une copie du rapport du
vérificateur au ministère de la Justice.
M. Doyon: En avez-vous entendu parler depuis?
M. Richard: Non.
M. Doyon: Quand avez-vous envoyé cette copie?
M. Richard: Oh! Dès les jours qui ont suivi la
réception du rapport du vérificateur.
M. Doyon: C'est-à-dire...
M. Richard: De mémoire...
M. Doyon: II y a plusieurs mois, n'est-ce pas?
M. Richard: Plusieurs mois.
M. Doyon: Est-ce qu'il ne serait pas à propos de demander
au ministère de la Justice ce qu'il en advient?
M. Richard: Non, il ne m'appartient pas de pourchasser
quiconque.
M. Doyon: Non?
M. Richard: J'ai reçu l'accusé réception le
29 juin 1983: "Le ministre de la Justice, Me Marc-André Bédard,
me prie d'accuser réception de votre lettre du 23 courant ainsi que du
rapport du Vérificateur général du Québec portant
sur certaines pratiques administratives de cadres supérieurs à la
Société du Grand Théâtre de Québec. "Ce
document a été transmis à la Direction
générale des affaires criminelles pour analyse et action
appropriée le cas échéant. "Espérant le tout
à votre satisfaction...". Voilà. C'est signé de Me
Jean-Robert Nadeau et c'est du 29 juin 1983.
M. Doyon: M. le ministre, sans que ce soit votre fonction de
pourchasser qui que ce soit - il appartient au ministère de la Justice,
bien sûr, de décider si des poursuites doivent être
intentées...
M. Richard: Oui.
M. Doyon: ...ne croyez-vous pas que vous devriez au moins savoir
quel geste, s'il y en a, le ministre de la Justice va poser?
M. Richard: Je n'ai pas l'intention d'insister, maintenant que
mon devoir a été accompli, pour que des suites soient
données à la lettre du 23 juin. J'estime que s'il n'y a pas eu de
suite, c'est que l'analyse du ministère de la Justice est telle qu'elle
ne permet pas d'entamer des poursuites.
Le Président (M. Brouillet): Je dois maintenant vous
rappeler que nous dépassons un peu 18 heures. Le député de
Westmount, président de la commission, aimerait dire un mot.
M. French: J'aimerais simplement reprendre avec le ministre et le
sous-ministre l'entente de ce matin quant à l'étude des
crédits de l'année prochaine, c'est-à-dire que nous
recevrons, tous et chacun, la documentation pertinente au moins une semaine
avant le jour de l'étude des crédits. Je pense que c'est dans le
meilleur
intérêt de tous, surtout dans l'intérêt du
député de Mille-Îles qui aurait pu épargner les
quinze minutes de chicane du début au sujet de l'argumentation voulant
faire rouler plus rapidement les travaux de la commission.
Je pense, M. le vice-président, que vous avez quelques mots
à adresser au ministre.
Le Président (M. Brouillet): Avant de clore la
séance, il y a encore des programmes à adopter. Il y a le
député de Saint-Henri qui aurait quelques mots à ajouter,
mais nous allons d'abord adopter les programmes qui restent.
Le programme 3 a été adopté tantôt. Je
soumets à l'adoption le programme 4. Est-il adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Je propose
l'adoption de l'ensemble des crédits du ministère des Affaires
culturelles. Est-ce adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Je
céderai maintenant la parole au député de Saint-Henri pour
une brève minute.
M. Hains: Juste un petit mot pour terminer. J'ai trouvé
cela court et même très court, M. le ministre. C'est une nouvelle
expérience, évidemment. Cela a presque été une
harmonie parfaite, excepté qu'à un certain moment, j'ai
trouvé que les violons du côté ministériel
étaient d'un registre très aigu. Mais je pense que cela fait
partie du jeu qu'on joue ici, à l'Assemblée nationale.
Franchement, j'ai trouvé l'expérience intéressante et
instructive. Je remercie M. le président, M. le vice-président,
M. le ministre et ses brillants fonctionnaires, de même que mon
collègue de Louis-Hébert et mon recherchiste. Enfin, pour moi
aussi, c'est un concert de louanges. Merci.
Le Président (M. Brouillet): En tant que
vice-président de la commission et président de cette
séance, je remercie M. le ministre et tout son personnel, qui nous ont
éclairés par leurs réponses, et tous les membres de la
commission. Étant donné que nous avons terminé notre
mandat, je dois ajourner nos travaux à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 4)