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(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Trudel): Mme la secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Non, il n'y a pas de remplacement.
Le Président (M. Trudel): II n'y a pas de remplacement
pour la journée. Je crois comprendre que nous allons accueillir quelque
part durant la journée, probablement cet avant-midi et une petite partie
de l'après-midi, compte tenu du Conseil des ministres, Mme la ministre
des Communautés culturelles et de l'Immigration.
La commission de la culture est réunie aujourd'hui, en vertu de
l'article 294 du règlement, afin d'examiner les orientations, les
activités et la gestion du Conseil des communautés culturelles et
de l'immigration. C'est dans un contexte que j'oserais qualifier de particulier
qu'il nous fait plaisir, Mme la présidente et MM. les
vice-présidents, de vous accueillir aujourd'hui. Je vous souhaite
à tous la plus cordiale des bienvenues. Je pense que je me fais, au
moins sur ce point, le porte-parole de toute la commission. Je suis
assuré que nos délibérations et nos échanges de
vues seront fructueux et permettront à tous les membres de la
commission, y compris aux anciens ministres présents, de mieux
connaître les différentes facettes du rôle important et
essentiel que vous accomplissez.
Mme la présidente, MM. les vice-présidents, ainsi que les
membres de la commission, je vous rappelle les règles du jeu dont nous
sommes convenus, lors d'une séance de travail de la commission, la
semaine dernière. Je vous inviterai, Mme la présidente du
conseil, è faire tout à l'heure une déclaration
générale de 10, 15, 18 ou 20 minutes; j'inviterai
également le porte-parole de l'Opposition en ces matières, le
député de Mercier, à faire une déclaration de 8
à 10 minutes, à son choix; de la même façon,
j'inviterai le porte-parole de la députation ministérielle, le
député de Viger, à faire une déclaration au nom des
députés ministériels. Par la suite - il s'agit toujours de
déclarations préliminaires - ceux des membres de la commission
qui veulent le faire auront chacun 5 minutes pour faire une déclaration
préliminaire. Par la suite, nous procéderons à un
échange de vues, à une discussion que j'essaierai, comme je vous
le disais tantôt, Mme la présidente, en privé, de maintenir
de façon la plus informelle possible.
Nous sommes convenus à la commission d'étudier de
façon plus particulière, mais sans que nécessairement
l'ordre soit très strict, les questions suivantes: la mission "conseil",
le rôle du conseil, et notamment les articles 13 et 14 de la loi, les
activités de votre conseil depuis sa création, sans vous
arrêter nécessairement à votre rapport annuel puisqu'on
n'étudie pas un rapport annuel en particulier. Évidemment, on a
votre rapport annuel 1985-1986. Les questions pourront porter, de même
que vos interventions, Mme la présidente et les membres de votre
conseil, sur vos activités jusqu'à hier soir si vous le voulez
bien, si vous le jugez à propos. Nous examinerons également votre
budget et enfin, j'allais dire surtout, le programme d'activités et de
recherche, les quatre points pouvant être entremêlés, si
vous me - permettez l'expression. Comme je le dis souvent à cette
commission quand j'en inaugure les travaux, je serai tout à fait, sans
jeu de mots et sans partisanerie politique, libéral dans l'application
du règlement et la direction des travaux.
Enfin, tel que convenu entre nous, les heures de travail pour
aujourd'hui sont à compter de la seconde présente jusqu'à
13 heures, moment où nous suspendrons les travaux. Nous les reprendrons
après la période des affaires courantes, dite période des
questions à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire vers 15 h
45 ou 16 heures, et nous devrons ajourner les travaux de la commission à
18 heures ce soir. 5ur ce, Mme la présidente, sans plus de
préambule, tout en vous resouhaitant la bienvenue parmi nous, je vous
cède la parole avec qrand plaisir pour votre déclaration
préliminaire.
Exposé de la présidente
du Conseil des communautés
culturelles et de l'immigration
Mme Westmoreland-Traoré (Juanita):
Merci beaucoup. Au nom des membres du Conseil des communautés
culturelles et de l'immigration, j'aimerais vous remercier, M. le
député, président de cette commission, ainsi que les
députés membres, pour votre
accueil et pour l'invitation de venir présenter notre conseil
devant vous ce matin.
Nous accueillons cette invitation et nous voulons vous présenter
les orientations, les activités et la gestion de notre nouveau conseil.
Nous espérons pouvoir répondre à toutes vos questions,
mais nous sommes toujours conscients que certaines de nos réponses
risquent d'être partielles, parce que, au fond, nous sommes toujours un
jeune conseil avec un mandat double et dans un sujet qui est assez complexe et
chacun des volets de notre mandat est également important.
Je suis encouragée par le fait que le conseil comparaît
devant deux anciens ministres de l'Immigration, Mme la députée de
Maisonneuve, Mme Louise Harel, et M. le député de Mercier, M.
Gérald Godin, ce qui veut dire, pour nous, que nous sommes devant des
personnes déjà très averties. De plus, la ministre des
Affaires culturelles, Mme Lise Bacon, a également été
ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration dans les
premières années de notre ministère. Nous sommes donc
devant une commission dont les membres sont très avertis.
D'autre part, les membres de notre conseil tiennent à signaler le
travail important de votre commission et , plus particulièrement
l'étude sur l'impact culturel et socio-économique des tendances
démographiques actuelles sur l'avenir du Québec. La commission
était, à ce moment, présidée par le ministre
Richard French, qui est actuellement ministre de3 Communications.
Permettez-moi de vous présenter mes deux vice-présidents
et le secrétaire du conseil qui m'accompagnent ce matin. À ma
droite, M. Dominique de Pasquale, qui est vice-président et responsable
des questions concernant les communautés culturelles. À ma
gauche, M. Raymond Paquin, qui est vice-président également et
responsable des questions touchant l'immigration. À l'extrême
gauche, M. Jacques Johnson, secrétaire du conseil. Je dois signaler
qu'il nous a apporté une aide spéciale à cause de son
expérience comme secrétaire aux deux organismes qui nous ont
précédés, c'est-à-dire le Conseil consultatif sur
les communautés culturelles et l'immigration et aussi l'ancien CIPACC,
le Comité d'implantation du plan d'action à l'intention des
communautés culturelles.
Nous avons aussi avec nous, ce matin, M. Pierre Desmarais, qui est mon
adjoint, et, même si je le présente en dernier, ce n'est pas le
moins important, parce que c'est lui qui gère notre budget. De plus, il
y a M. Kofi Sordzi, qui est membre de notre conseil, qui a voulu être
présent.
Je crois que vous avez aussi reçu des documents, tels que
demandés par la secrétaire, Mme Tanguay, et, hier
après-midi encore, on vous a distribué le plan d'activités
1987-1988 pour notre conseil, ainsi qu'un résumé de nos avis et
un nouveau document sur les renseignements qénéraux.
Je peux commencer en vous disant que, si tout le monde connaît
maintenant le 8 mars qui est la Journée internationale de
l'égalité des femmes et qui est solidement implantée, je
crois qu'on commence à connaître aussi le 21 mars qui est la
journée internationale déclarée par les Nations Unies pour
l'élimination de la discrimination raciale sous toutes ses formes. Nous
avons fêté cette journée à Montréal
dernièrement. Nous l'avons fêtée en présence de
plusieurs amis et, tout particulièrement, nos amis de SOS Racisme et
certains étaient venus de France même. II y a eu ce que nous avons
appelé une grande fête de l'amitié.
À ce moment, plusieurs ont signalé que le Québec
possède actuellement des instruments d'une grande valeur dans cette
question de relation et d'intégration des communautés culturelles
dans la société québécoise. Ce sont des
institutions qui ont parfois des pouvoirs qui sont non seulement très
importants, mais aussi, souvent, assez uniques. Nous avons la Commission des
droits de la personne du Québec, le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immiqration. Nous sommes la seule
province à avoir un ministère des Communautés culturelles
et de l'Immiqration. Il y a évidemment notre conseil qui a un statut
spécial parce que nous avons un fondement juridique. Nous avons une
permanence. Nous avons également des ressources. Je puis dire que notre
mandat est un mandat qui pose des questions fondamentales. Nous voulons
signaler aussi le fait que la proclamation de la déclaration solennelle
sur les relations raciales et ethniques au Québec, en décembre
1986, a donné une nouvelle impulsion à ce dossier
d'intégration et d'amélioration des relations non seulement entre
les communautés culturelles et la société en
général mais aussi les relations entre les différentes
communautés culturelles au Québec.
Dans ma présentation, je vais suivre le document "Plan
d'activités et de consultation du conseil 1987-1988", qui est en votre
possession, parce que ce document comprend d'abord l'énoncé des
dispositions de notre loi qui concerne notre mandat et ensuite
l'énumération de nos orientations générales et nos
principes d'action. Il y a également dans le document une
présentation sur les priorités que nous attribuons à nos
diverses activités. Finalement, pour la gestion, je vais me reporter au
rapport annuel qui contient une section sur les finances du conseil.
Pour commencer cette présentation, je voudrais quand même
saisir les membres de certaines statistiques que nous pensons significatives,
d'abord, en ce qui concerne l'évolution des communautés
culturelles au
Québec et, deuxièmement, en ce qui concerne les mouvements
migratoires. Bien sûr, je pense que tous les membres de la commission
auront l'occasion de nous poser des questions. Nous sommes ici à votre
disposition pour y répondre. Mais, au départ, il y a certains
faits dont nous pensons qu'il serait bien de les mettre en évidence.
Nous avons constaté que présentement, selon les
statistiques qui sont à notre disposition, une personne sur dix au
Québec est membre d'une communauté culturelle, soit une personne
née à l'étranger, soit une personne dont la langue
maternelle est autre que le français, soit une personne appartenant
à un groupe racial autre que celui de la majorité. Je fais une
parenthèse. Pour nous, au conseil, nous considérons que la
communauté anglophone peut être comprise dans notre mandat pour
des fins spéciales tels les programmes d'accès à
l'égalité dans la fonction publique, pour certains programmes de
soutien. Mais, autrement, c'est une communauté ayant des droits
constitutionnels, des droits particuliers et relevant d'un contexte
spécial. Nous considérons que cette communauté est une
communauté linguistique plutôt qu'une communauté
culturelle, comme nous définissons les autres communautés.
Également, les peuples autochtones ne relèvent pas de notre
mandat, jouissant de certains droits ancestraux, de droits territoriaux et
ainsi que d'un statut constitutionnel spécial.
À Montréal, maintenant, nous constatons qu'au moins une
personne sur cinq est membre d'une communauté culturelle. Lorsque nous
avons assisté à la présentation de Mme Kathleen Verdon,
qui est maintenant membre de l'exécutif chargé du dossier des
communautés culturelles dans la nouvelle administration de la ville de
Montréal, elle a donné comme statistique le fait qu'une personne
sur trois à Montréal est membre d'une communauté
culturelle. Je vous fais donc part de cette statistique. (10 h 30)
Donc, ces données démontrent la grande différence
d'abord dans l'évolution, dans l'importance de la présence
des membres des communautés culturelles dans ia société
québécoise mais aussi elles démontrent la grande
différence entre Montréal et les autres régions du
Québec, où la société est toujours composée
jusqu'à 95 % et plus de personnes francophones et de culture
canadienne-française. Je pense que, parmi les communautés
culturelles traditionnelles au Québec, il y a des communautés
très importantes, comme vous le savez, les communautés italienne,
juive, grecque. Il y a des nouvelles communautés aussi qui ont pris une
plus grande importance numérique et je vous cite la communauté
haïtienne qui, entre 1981 et 1985, a connu une augmentation de presque 50
%.
Également, dans la communauté asiatique, la
communauté vietnamienne a beaucoup augmenté et vous savez que,
parmi les membres de la communauté asiatique, vous en avez une grande
proportion qui est également d'origine chinoise, ce qui fait que la
communauté chinoise a acquis une importance additionnelle. Je ne
peux pas faire une énumeration exhaustive. C'est à titre d'indice
seulement. Je voudrais vous dire que ces statistiques se répercutent,
évidemment, dans la vie sociale, culturelle et économique au
niveau de nos institutions.
À la ville de Montréal, une des questions les plus
remarquables est l'augmentation de la présence des élèves
dans les écoles. Ceci se traduit parfois de façon assez
dramatique. A la Commission des écoles catholiques de Montréal,
par exemple, une étude récente nous démontre
qu'actuellement 35 % des élèves à l'école primaire
et secondaire sont des communautés culturelles et il y a des
prévisions nous indiquant que ce pourcentage pourrait atteindre 50 %
dans les années 1993-1994, ce qui n'est pas loin.
En matière d'immigration, nous notons dans les dernières
années une tendance à la baisse du nombre de résidents
reçus au Québec. Nous notons toujours que la plupart des
immigrants permanents sont à destination de Montréal, sauf
environ 4 % maintenant à destination de la ville de Québec et 1 %
à destination de la région de Hull-Ottawa et aussi de l'Estrie.
Les pays de provenance aussi ont changé et nous voyons l'importance
maintenant des immigrants venant de l'Asie, du Vietnam et d'autres pays du
Sud-Est asiatique, et des Caraïbes, en particulier d'Haïti.
Vous avez remarqué avec nous l'accroissement du nombre des
revendicateurs. Je crois que c'est là un des phénomènes
importants que nous constatons et qui nous amène une réflexion
sur la politique et la gestion de la politique d'immigration. Il y a
également l'importance de la catégorie famille parmi les
immigrants. Donc, ayant pris connaissance de certains faits que nous pensons
les plus saillants dans le dossier, nous présenterons de façon
plus formelle nos orientations, nos activités et notre gestion.
D'abord, notre mission, telle que prévue à l'article 13,
comme vous l'avez mentionné, M. le Président, c'est de conseiller
la ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration sur toute
question relative à son mandat. À cette fin, nous pouvons la
conseiller sur la planification, la coordination et la mise en oeuvre des
politiques gouvernementales et la saisir de notre propre initiative de toute
question relative à son mandat; nous sollicitons des opinions, nous
recevons des requêtes, nous faisons des enquêtes et des
études. Nous avons le
pouvoir de rendre nos avis publics et de former des comités
spéciaux.
Notre conseil est composé de douze membres et des trois membres
de l'exécutif devant vous,'nous trois étant à temps plein.
Le sous-ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration
participe à nos réunions sans droit de vote.
Si je peux faire un résumé des activités
principales que nous avons eues du mois de juin 1985 jusqu'à maintenant,
vous pouvez les trouver dans un résumé des publications du
conseil. Dans ce document, vous voyez que le premier avis que nous avons
émis, en date du 27 juin 1985, concernait la fixation des niveaux
d'immigration pour 1986. Ceci est un de nos travaux récurrents et c'est
un travail qui est centrai à notre mandat de conseiller notre ministre
sur les niveaux d'immigration.
Ce premier avis avait été donné à la demande
du ministre, M. Godin. Cette année, nous avons recommencé
l'opération et nous avons encore donné un avis à la
demande de la ministre, Mme Robic, sur les niveaux. Cette fois-ci, on a
demandé qu'il y ait une planification pluri-annuelle à cet
exercice de fixation des niveaux. Nous avons préconisé qu'il y
ait augmentation et que cette augmentation soit étalée sur les
trois années à venir: la première année, que le
taux soit de 20 000 résidents permanents; la deuxième
année, 24 000 à 25 000 immigrants et, la troisième
année, c'est-à-dire 1988, 30 000 immigrants. Je crois que le
vice-président, M. Paquin, aura l'occasion de vous expliquer sur quels
critères, sur quelles considérations nous nous sommes
basés pour arriver à ces prévisions, à ces
objectifs.
Nous avons aussi, dans cette première année,
examiné la question des plans d'accès à
l'égalité. Nous avons eu l'occasion de soumettre un
mémoire, Les plans d'accès a l'égalité pour les
membres des communautés culturelles, à la commission qui
considérait le projet de règlement sur les programmes
d'accès à l'égalité.
Nous avons également émis un avis sur le processus de
reconnaissance au Canada du statut de réfugié. C'est un avis que
nous sommes en train de revoir actuellement en raison des prévisions,
notamment de la prévision d'un dépôt d'un nouveau projet de
loi au niveau fédéral, précisément sur ce processus
de reconnaissance des revendicateurs du statut de réfugié au
Canada.
Nous avons aussi porté une attention particulière au
secteur des médias, au secteur des communications parce que nous
considérons que l'image que la société se fait
d'elle-même est, dans un sens, structurante et conditionne pour beaucoup
les relations entre les groupes et les personnes membres de ces groupes.
Nous avons fait une consultation publique non seulement à
Montréal, mais également à Québec où nous
avons reçu un nombre considérable, environ une trentaine de
mémoires. Nous avons préparé un document-synthèse
de ces mémoires et nous avons émis un avis sur le sujet: les
membres des communautés culturelles et les médias, et nous avons
intitulé cet avis Les médias du Québec: un monde
tricoté serré. Je peux vous dire que depuis, on entend assez
souvent cette expression, ce qui nous fait croire que notre avis a quand
même fait un certain chemin.
En plus de cette question de médias et de communications, il y a
eu dans le secteur de l'immigration une étude sur le profil statistique
des revendicateurs. Nous avons entrepris ce travail parce qu'encore il y avait
des interrogations sur le nombre des revendicateurs présents au
Québec, sur les raisons pour cette concentration au Québec. Au
fond, qui sont ces revendicateurs qui séjournent chez nous parfois pour
une période assez longue?
Finalement, nous avons émis un avis à notre ministre, lui
demandant d'adopter et de faire proclamer la déclaration solennelle sur
les relations interethniques et interraciales. Cet avis lui avait
été communiqué le 30 mai 1986.
Au niveau des orientations et du principe général
d'action, ils ont été, dans un sens, confirmés lors d'une
deuxième délibération du conseil; cette
délibération a eu lieu le 19 février de cette
année. Nous avons raffiné, dans une certaine mesure, ces
orientations générales, mais elles sont, pour l'essentiel, celles
que nous nous sommes données au début de notre existence.
Je vais les énumérer rapidement, elles se trouvent
à la page 7 du document: Programme de consultation et de recherche
1987-1988. 1° Participer, par nos recherches et nos avis, à la
réalisation d'une société québécoise eu
égard à son pluralisme et à son caractère
français. Nous croyons que c'est un énoncé assez
fondamental qui peut encadrer et orienter nos travaux de recherche et de
consultation. 2 Contribuer au maintien et au développement des
communautés culturelles comme apport au progrès du Québec.
3° Favoriser les intérêts socio-économiques et
culturels à long terme de tous les Québécois et les
Québécoises. 4° Promouvoir l'égalité des
chances et la non-discrimination à l'égard des membres des
communautés culturelles. 5° Collaborer à l'élaboration
d'une politique québécoise d'immigration sur les bases suivantes:
immigration permanente favorisant la réunification des familles,
immigration sélective, mais non discriminatoire et immigration
humanitaire.
En outre, le conseil s'est donné certains principes d'action qui
vont, évidemment, conditionner les résultats de nos travaux.
D'abord, la collaboration avec les
associations et organismes du milieu oeuvrant auprès des
immigrants et des membres des communautés culturelles et, dans les cas
possibles, favoriser la concertation; assurer une présence du conseil
dans l'ensemble du Québec et non seulement dans la région de
Montréal; consulter régulièrement les organismes des
communautés culturelles et les intervenants socio-économiques;
favoriser la présence du conseil auprès des organismes publics ou
autres institutions impliquées dans les actions relatives aux
communautés culturelles et à l'immigration et collaborer avec les
organismes effectuant déjà des recherches sur les
communautés culturelles et l'immigration.
Quant aux objectifs, je vais seulement en signaler quelques-uns.
Evidemment, nous devons poursuivre les objectifs tels que définis dans
la loi. Nous avons également introduit la volonté d'avoir une
certaine flexibilité dans notre fonctionnement et d'intégrer la
capacité de présenter, au besoin, des avis ponctuels à
notre ministre sur des questions particulières. Nous voulons cette
année, au chapitre de l'immigration, nous concentrer sur la recherche et
la diffusion de cette recherche, sur l'apport économique, social et
culturel des immigrants et des membres des communautés culturelles, et
favoriser l'adaptation des mécanismes d'accueil et d'insertion à
la société francophone québécoise.
Nous travaillons à des projets concernant la politique
d'éducation interculturelle au Québec. J'y reviendrai au moment
de la présentation des activités dans notre programme de
1987-1988. Nous avons signalé dans nos objectifs le fait que nous
voulons aussi accorder une attention particulière à la promotion
des femmes, des personnes handicapées, des personnes âgées
et des personnes jeunes issues des communautés culturelles,
c'est-à-dire examiner aussi dans nos avis la spécificité
de ces catégories, et assurer l'accessibilité et la diffusion de
l'information produite par notre conseil sur les communautés culturelles
et l'immigration.
Je vais aller plus rapidement sur les consultations, bien que, pour
nous, c'est une technique de travail essentielle, car elle nous permet à
la fois de connaître l'état d'âme des membres des
communautés culturelles, des organismes des communautés
culturelles et de le transmettre à notre ministre. Elle nous permet
aussi d'être au courant des derniers développements et des
recherches et elle conditionne, évidemment, les travaux et les
réflexions que nous menons au conseil. Cette année, nous aurons
une consultation publique sur le travail et les communautés culturelles
- à la page 14 du document - sur l'éducation interculturelle,
particulièrement parce que nous avons reçu une demande d'avis de
notre ministre, Mme Robic, qui est, dans un certain sens, conjointe. M. Ryan,
le ministre de l'Éducation, nous a aussi demandé de donner un
avis sur les mécanismes pour éliminer les
stéréotypes dans les manuels scolaires et aussi valoriser
l'apport et la présence des communautés culturelles au sein des
manuels scolaires et des outils pédagogiques qui circulent dans les
écoles. (10 h 45)
Lors d'une consultation, nous allons explorer les avenues de
concertation entre les organismes des communautés culturelles et les
grands intervenants socio-économiques en vue, entre autres,
d'établir éventuellement des mécanismes de concertation.
Finalement, nous ferons une consultation sur la place des communautés
culturelles dans les échanqes internationaux. Je peux dire que, au
commencement, on pensait pouvoir faire une série de consultations dans
la première année du conseil, ce qui nous aurait fait un portrait
de l'ensemble de plusieurs dossiers, mais on a réalisé que
c'était un peu trop ambitieux. Cette année, on prévoit la
consultation sur le travail et la consultation sur les échanges
internationaux. Nous souhaitons aussi que cette consultation sur les
échanges internationaux puisse se situer à l'intérieur des
activités parallèles du sommet sur la francophonie.
Je passe maintenant aux activités de recherche, aux pages 17 et
suivantes du document. Parmi les recherches, vous avez, premièrement,
une recherche sur le rôle et l'action des organismes et associations
oeuvrant auprès des communautés culturelles. Les objectifs de
cette recherche y sont énoncés et le vice-président
pourrait donner plus de détails à votre demande.
Deuxièmement, à la page 18, une recherche sur le français,
les immigrants et les membres des communautés culturelles. Cette
recherche fait suite à une recommandation notamment de la commission de
la culture dans l'étude précitée d'entreprendre une telle
recherche à notre conseil. Elle fait suite aussi à une
recommandation explicite du Conseil de la langue française quant
à l'apprentissage du français par les membres des
communautés culturelles. Troisièmement, une recherche sur
l'apport des communautés culturelles dans le domaine des arts et,
finalement, au niveau des communautés culturelles, une recherche, on dit
bien, préliminaire sur le logement. Il nous est apparu, à cause
des représentations qui sont faites à notre conseil, qu'il y a,
quand même, la présence d'une certaine discrimination au niveau du
logement et nous voulons définir et circonscrire cette
difficulté, poser des balises et susciter la collaboration d'autres
organismes pour réaliser certaines améliorations dans ce
domaine.
Au niveau de l'immigration, nous allons mettre à jour les
recherches sur le portrait
statistique des revendicateurs du statut de réfugié.
Ensuite, l'étude sur l'impact de l'immigration sur le marché du
travail est toujours une question centrale. Le rendement scolaire des enfants
immigrants est une question importante à cause des statistiques que j'ai
mentionnées au début de la présentation. La
création de tables de concertation des communautés culturelles
dans les municipalités parce que c'est un milieu
privilégié pour nouer les contacts, améliorer les
relations, un travail que nous pensons faire en collaboration avec l'Union des
municipalités du Québec. Vous verrez "diffusion régionale
des informations concernant l'immigration". C'est plutôt un point
spécifique, mais qui a fait suite à une certaine présence
en régions, notamment à une réunion que nous avons tenue
à Sherbrooke. Vous avez d'autres articles qui sont
énumérés dans le plan, mais je me dois de vous signaler
aussi une recherche qui est orientée par un comité ad hoc
spécial, le comité sur les femmes des communautés
culturelles et le parrainage, un comité qui a été
autorisé par notre ministre, Mme Robic, et qui examine cette question
Importante. Il semble que cette recherche est assez unique, elle n'est pas
faite ailleurs et elle répond à un besoin important.
Dans les autres activités, vous allez voir les collaborations que
le conseil entretient notamment avec la Commission des droits de la personne du
Québec, avec la direction de la Société des transports de
la CUM et aussi avec certains comités consultatifs du Conseil du
trésor, un autre comité consultatif du ministère de la
Justice sur l'obligation contractuelle et les collaborations avec certains
organismes du milieu.
Les priorités sont énumérées à la
page 29 du document. Quant à la gestion, je dois d'abord signaler que
notre conseil est régi par la Loi sur l'administration
financière. Nous avons une autonomie financière, nous sommes dans
le programme 2 du ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration. Nos effectifs sont régis par la Loi sur la fonction
publique. Nous avons, quant à la gestion, une entente de service pour la
gestion du personnel avec le ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Comme effectif, nous sommes, comme je l'ai mentionné, les trois
membres de l'exécutif du conseil qui sont à temps plein; il y a
le secrétaire qui est cadre, l'adjoint, M. Desmarais et, ensuite, il y a
six membres du personnel au conseil, les trois agents de recherche et de
planification socio-économique dont M. Jean-François
Manègre qui était présent tantôt et qui va
peut-être nous seconder. Il y a également trois agents de
secrétariat. Je peux vous dire que, d'après nous, nous avons plus
de généraux que de soldats dans notre petite armée, mais
quand même nous faisons corps ensemble.
Quant aux ressources financières, vous trouverez dans le rapport
annuel l'énoncé de ces ressources; elles sont fixes depuis la
création de notre conseil. Autrement dit, nous avions un budget
d'environ 500 000 $ pour l'implantation du conseil» Cette année,
il y a eu une agumentation de 151 000 $, mais, en fait, c'est un transfert de
budget de la Société immobilière du Québec à
notre conseil pour le paiement du loyer. Cette année, nous avons
essentiellement le même budget, avec une légère diminution
du fonctionnement. Un accroissement est prévu au niveau du paiement des
traitements et il suit effectivement les ententes et les conventions
collectives qui viennent d'être signées.
Quant aux équipements, le conseil est bien installé. Nous
sommes à la Place Victoria, à Montréal, parce que notre
ministère est à Montréal et que la plupart des membres des
communautés culturelles sont là. Nous avons même un petit
centre de documentation de base. Nous avons un certain équipement
informatique; de ce côté-là, nous sommes favorisés.
Nous sommes satisfaits des ententes avec le ministère et nous
travaillons actuellement pour que les informations nous parviennent
régulièrement et que nous puissions échanger plus à
ce niveau.
Nous aimerions, au conseil, mettre plus d'accent sur les communications.
Nous avons certaines faiblesses du côté des communications; du
côté secrétariat, notre budget pour les occasionnels est
finalement absorbé à cause d'un besoin essentiel du
secrétariat. Nous accordons des contrats de services pour
réaliser certaines recherches. Finalement, les ressources à ce
niveau sont assez limitées.
Nous n'arrivons pas de façon satisfaisante à suivre les
requêtes qui sont faites au conseil. Disons que nous faisons un peu notre
autocritique; en partie, c'est parce que nous n'avons pas encore pris notre
rythme de croisière, mais aussi à cause des moyens modestes
à notre disposition.
Quant au fonctionnement du conseil, l'année dernière, nous
avons tenu huit réunions, plus des conférences
téléphoniques. Cette année, on s'est fixé quatre
réunions statutaires et, jusqu'à maintenant, nous avons aussi
tenu une réunion spéciale. Nous rencontrons la ministre en
moyenne tous les deux mois avec des échanges au besoin, lorsque
nécessaire. Notre conseil fonctionne aussi avec deux comités
réguliers: le comité des communautés culturelles et le
comité de l'immigration, tous les deux mis sur pied à la demande
du ministre du temps, M. Godin, mais qui continuent à fonctionner. Ces
comités se rencontrent une fois par mois en moyenne.
Nous ne faisons que mentionner les consultations, en présence de
l'exécutif, d'un membre du conseil spécialement chargé du
dossier et d'autres membres du conseil. Les réunions du conseil peuvent
se tenir en public, bien que, jusqu'à maintenant, nous n'ayons pas tenu
de réunions publiques. Nous nous sommes réunis à
Sherbrooke une fois cette année et nous avons l'intention de poursuivre
pour que le conseil et la problématique des communautés
culturelles soient mieux connus dans l'ensemble de la province. Comme je l'ai
mentionné, il y a aussi eu une consultation à Québec.
J'ai mentionné les collaborations, mais je n'ai pas
mentionné la collaboration avec le Conseil du statut de la femme avec
lequel on collabore plus particulièrement dans le dossier recherche sur
le parrainage. Nous avons aussi collaboré avec le comité
interculturel de la CEM. En ce qui concerne les groupes, nous avons une
collaboration spéciale. Je puis en nommer certains dont Québec
Multi-Plus, un organisme de jeunes, le comité de travail sur les plans
d'accès à l'égalité pour les membres des
communautés culturelles, le Centre maghrébin de recherche et,
avec l'UQAM, pour la mise sur pied d'un certificat en éducation
interculturelle.
Nous collaborons avec certaines institutions de recherche, tel
l'institut de recherches publiques. Nous avons fait des rencontres avec
d'autres conseils qui ont des mandats semblables au nôtre.
En guise de conclusion, notre conseil a eu la chance d'être
créé à un moment propice pour son implantation. Pourquoi?
À cause de l'importance des deux mandats qui sont reconnus sans
contestation. Deuxièmement, dans le rapport du ministre Gobeil, il a
été recommandé que notre conseil soit maintenu pour
assurer une meilleure communication avec les membres des communautés
culturelles au Québec. Notre conseil est également très
conscient que nos membres remplissent un mandat historique et qu'il n'y a pas
d'autre modèle à suivre pour la réalisation d'une
société pluraliste à caractère français" et
l'intégration harmonieuse des immigrants dans cette
société. Je vous remercie.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, Mme la
présidente, de ce tour d'horizon aussi impressionnant par la
façon dont vous l'avez fait que par les choses qu'il implique. Nous
aurons l'occasion très certainement, au cours de la journée,
d'approfondir plusieurs des points que vous avez mentionnés.
Tel que convenu, je cède maintenant la parole au porte-parole
officiel de l'Opposition en matière de communautés culturelles et
d'immigration, M. le député de Mercier.
Remarques préliminaires M. Gérald
Godin
M. Godin: M. le Président, je vous remercie. Je souhaite
la bienvenue aux membres du conseil ici présents aujourd'hui. Je
voudrais les remercier surtout de nous avoir fait part de leurs travaux depuis
leur existence et particulièrement depuis un an. Entre autres, je
souligne l'importance de leur documentation sur le monde des communications et
des communautés culturelles. Je pense que, depuis l'existence de ce
document, des changements se produisent dans la présence des membres des
communautés culturelles au sein de nos médias à
Montréal et ailleurs. Il était donc temps, pour citer la
présidente, que nos médias reflètent l'existence au
Québec d'autres personnes que les CF traditionnels, pure laine, car vous
avez contribué à changer l'idée que les médias et
les lecteurs des médias ont du Québec et des
Québécois d'origines autres, de nouvelles souches, comme on
dit.
Je pense qu'il est important de souligner que le ministère existe
depuis une vingtaine d'années et que son rôle s'est beaucoup
modifié depuis ce temps. Il serait important qu'on retrouve dans les
travaux de recherche du conseil une chose nouvelle qui se produit au
Québec quant à la présence des réfugiés. En
effet, contrairement à ce qui se passait avant alors que le
Québec choisissait ses immigrants, maintenant ce sont les immigrants qui
choisissent le Québec. On peut même se demander si le
ministère a encore sa raison d'être, puisque son rôle de
sélection est remplacé par le fait que le Québec est
sélectionné par des gens d'autres pays qui arrivent souvent ici
sans aucun contrôle et qui décident, à la place du
Québec, qui sera Québécois dans cinq ans ou dans dix
ans.
J'aimerais aussi savoir de la part du conseil, quand le temps viendra de
nous répliquer, si des moyens existent pour permettre aux
réfugiés et aux immiqrants de s'établir ailleurs
qu'à Montréal. Il est reconnu que, dans le Québec - je
pense, entre autres, à Sherbrooke qui est un cas de réussite
assez exceptionnelle - quand les immigrants ou les réfugiés
s'établissent à l'extérieur de Montréal, leur
intégration à la vie québécoise se fait beaucoup
plus rapidement et de façon beaucoup plus intense. Donc, est-ce que des
moyens sont présentement pris par le gouvernement fédéral
ou par le gouvernement du Québec, par le ministère, pour que ces
gens restent à Montréal ou aillent ailleurs? Est-ce qu'on ne
pourrait pas transférer ces moyens au Québec, de manière
que le Québec puisse jouer un rôle vraiment important dans
l'implantation dans tout le territoire du Québec de ces nouveaux
citoyens pour s'as-
surer que le développement du Québec se fasse partout de
la même manière et aussi pour s'assurer que l'implantation et
l'enracinement des nouveaux citoyens du Québec se fassent mieux et dans
un contexte plus favorable? Ce sont un peu les questions que je me pose. (11
heures)
Nous avons aussi constaté une espèce de changement de
mentalité de la part des francophones québécois à
l'égard de l'immigration. Il y a eu, au cours de l'été,
des vagues de réfugiés qui ont inquiété les
Québécois et les Québécoises. Face à cette
inquiétude, on s'est trouvé devant une réaction du
gouvernement central qui a annoncé des changements à la loi
fédérale. Je veux savoir si le conseil a été
consulté ou s'il le sera sur cette loi et, surtout, dans quelles
perspectives le conseil entend indiquer ses priorités par rapport
à cette nouvelle loi qui sera très importante pour l'avenir de
l'immigration au Québec et surtout pour l'avenir des
réfugiés dan3 notre territoire.
J'aimerais aussi rappeler que les Québécois et les
Québécoises s'inquiètent de l'avenir des nouveaux
citoyens, dans la mesure où ils s'inquiètent de leur langue et de
leur culture à eux. Je constate qu'une des recherches prévues
touche justement la langue française et j'aimerais que le conseil nous
dise s'il ne croit pas que le meilleur moyen de franciser les nouveaux venus ne
serait pas les COR dont le râle serait élargi et étendu de
manière à couvrir les réfugiés et les
revendicateurs en attente de statut. On n'a eu que des éloges des COFI
depuis qu'ils existent et on aimerait savoir si le conseil a l'intention de se
pencher sur cette question de l'importance plus grande accordée aux COFI
par le ministère et s'il a étudié la qualité des
COFI comme lieu d'intégration des nouveaux Québécois
à la majorité québécoise.
Ce sont plutôt des questions que des remarques. Par ailleurs, je
m'en voudrais de ne pas faire l'éloge des travaux du conseil, qui se
situent dans la continuité des décisions prises par le
gouvernement précédent. Avec plaisir, je constate que c'est une
des institutions du passé qui a été maintenue et dont
l'importance est de plus en plus grande maintenant que le Québec est de
plus en plus choisi par les nouveaux citoyens comme leur nouvelle terre
d'élection.
M. le Président, ce sont mes remarques et mes questions pour
l'instant. J'en aurai peut-être d'autres plus tard. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Mercier. Je cède maintenant la parole à
M. le député de Viger, au nom du parti ministériel.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. J'aimerais, au nom du
gouvernement, remercier Mme Westmoreland-Traoré, présidente du
Conseil des communautés culturelles et de l'immigration, pour sa
présence aujourd'hui devant la commission de la culture. J'aimerais
également remercier les autres membres de l'exécutif du conseil:
M. Raymond Paquin, vice-président à l'immigration, et M.
Dominique de Pasquale, vice-président aux communautés
culturelles.
C'est grâce à la qualité de son leadership que le
conseil a joué un rôle assez significatif et important depuis sa
création. Nous avons tous bénéficié de ses avis, de
ses consultations et de ses recommandations pour améliorer la
qualité de vie de nos concitoyens des minorités culturelles. Nous
sommes fiers aujourd'hui d'avoir les membres du conseil avec nous pour les
féliciter personnellement pour l'excellent travail qu'ils ont accompli
depuis 1985.
Le 1er avril 1985 entrait en vigueur la Loi sur le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration, sanctionnée le 21
décembre 1984. Cette loi a eu pour objet la constitution d'un organisme
d'étude et de consultation qui est justement le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration. Ce conseil, selon la loi,
sans en faire un interlocuteur exclusif du ministère et même du
gouvernement, sera, à toutes fins utiles, un interlocuteur
privilégié. Le conseil sera une voie de communication nouvelle et
dynamique entre les communautés culturelles, les organismes et les
ministères en matière d'immigration.
Lieu de convergence des échanges d'idées et d'informations
entre les divers intervenants, le conseil permettra également
d'identifier toujours plus clairement les besoins de ces milieux et les actions
qu'il faut entreprendre pour combler ces besoins.
Les gouvernements libéraux qui se sont succédé ont
réussi à répondre adéquatement aux attentes des
différentes communautés.
En parlant d'organisme conseil, au nom du Parti libéral du
Québec, dè3 1976, l'ex-ministre de l'Immigration, Mme Lise Bacon,
maintenant députée de Chomedy et ministre des Affaires
culturelles, avait présenté un projet de loi constituant le
Conseil de la population et de l'immigration. Ce conseil, comme par hasard, se
composait de quinze membres nommés par le gouvernement, comme le Conseil
des communautés culturelles et de l'immigration.
Son mandat consistait a donner des avis au ministre sur toute question
que celui-ci lui soumettait. D'autres projets de loi, d'ailleurs, ont
été présentés dans le même ordre
d'idées» En somme, M. le Président, la formation politique
à laquelle j'appartiens a toujours reconnu et appuyé des motions
aussi
fondamentales qui intéressent les communautés
culturelles.
La politique du gouvernement libéral envers les minorités
culturelles a été annoncée pendant la campagne
électorale dans le document titré "À part entière:
énoncé de politique du Parti libéral du Québec sur
la place des communautés culturelles dans la société
québécoise".
Ce document s'inspire d'une idée maîtresse: la
nécessité de faire une meilleure place aux citoyens
québécois membres des communautés culturelles, non
seulement par souci de justice à leur égard, mais aussi parce que
l'apport actuel de ces citoyens à la vie économique, sociale,
culturelle et politique est largement au-dessous de son énorme
potentiel.
Le gouvernement s'était engagé à prendre des
mesures qui permettraient d'atteindre trois objectifs connexes qui sous-tendent
toute sa politique: l'acceptation, l'intégration et la valorisation des
communautés culturelles. De plus, le gouvernement s'est engagé
à mettre tout en oeuvre pour que les groupes ethniques participent
pleinement à l'édification du Québec de demain.
Devant ce but, notre formation politique a toujours
considéré que le conseil devrait jouer un rôle très
important et autonome dans les prises de décision gouvernementales qui
touchent les communautés culturelles et l'immigration. À cet
effet, le Parti libéral du Québec a donné son appui
unanime au projet de loi 10 en 1984.
Le Parti libéral était d'accord pendant le débat
sur le projet de loi pour donner de plus grands pouvoirs au conseil et nous
nous sommes engagés pendant la dernière campagne
électorale à reconnaître un rôle important à
ce conseil. À titre d'adjoint parlementaire des Communautés
culturelles et de l'Immigration et aussi comme membre d'une communauté
culturelle, je suis particulièrement intéressé au dossier
des communautés et au rôle qu'un conseil comme celui-ci pourrait
jouer pour recommander au gouvernement des mesures concrètes à
prendre et surtout à faire adopter par l'Assemblée nationale.
J'ai souligné, M. le Président, que les membres de la
formation politique dont je fais partie ont toujours favorisé
l'établissement du conseil et nous souhaitons que le conseil continuera
à jouer un rôle primordial dans la politique de l'État
envers nos concitoyens des groupes ethniques.
En ce qui concerne les pouvoirs du conseil, ils sont assez larges et
exceptionnels. C'est d'ailleurs le seul conseil qui dispose du pouvoir lui
permettant de saisir la ministre de tous les problèmes et de toutes les
questions qu'il juge de nature à nécessiter l'étude d'une
action de la part du gouvernement.
La fonction de conseiller la ministre dans la planification, la mise en
oeuvre, la coordination des politiques gouvernementales qui sont relatives aux
communautés culturelles et à l'immigration est unique. Le conseil
est un partenaire indispensable, M. le Président. Également, le
conseil pourrait solliciter des opinions, recevoir des requêtes et
suggestions des intervenants du milieu. C'est là, en fait, un organisme
vraiment représentatif, accessible et le plus proche possible du
milieu.
La loi prévoit que le conseil prépare des avis pour la
ministre à sa demande ou de sa propre initiative. Ceci constitue,
à mon opinion, le pouvoir capital du conseil. Le conseil pourra traiter
tous les sujets qui touchent les communautés culturelles et
l'immigration ainsi que les conséquences des actions gouvernementales
dans ce dossier.
La pertinence des avis du conseil témoigne de l'excellence des
relations entre le conseil, les communautés culturelles et les
différents intervenants dans le milieu. On voit que les avis et les
consultations du conseil touchent les questions d'actualité pour notre
société.
J'aimerais citer ici quelques exemples de la pertinence des avis du
conseil. L'avis annuel du conseil sur les niveaux d'immigration, qui a
été soumis à la demande de la ministre, constitue un
excellent exemple de collaboration entre le gouvernement et le conseil qui, en
vertu de ses pouvoirs, est un partenaire précieux pour la ministre dans
ce dossier.
La croissance démographique des nouveaux immigrants étant
continue et le taux de natalité au Québec étant en baisse
constante, il est à prévoir que le Québec sera
peuplé d'un pourcentage de plus en plus grand de membres des
communautés culturelles. L'avis du conseil aide la ministre à
établir des niveaux d'immiqration qui respectent l'équilibre
démographique et linguistique de notre société.
Les deux documents du conseil: Avis sur les recommandations relatives au
processus de reconnaissance au Canada du statut de réfugié et Le
profil des revendicateurs du statut de réfugié, font le point sur
ces nouveaux arrivants au Québec. La ministre a récemment pris
des mesures pour assurer l'apprentissage du français de ces citoyens, le
manque de connaissance du français étant souligné par le
conseil dans son étude sur le profil des revendicateurs. Le gouvernement
actuel considère que l'intégration des nouveaux arrivants passe
par la communication, et la communication se fait en français au
Québec.
Les politiques d'accès à l'égalité sont une
des priorités du présent gouvernement. Le gouvernement actuel
pense que les membres des communautés culturelles sont souvent
discriminés dans le marché du travail. Plusieurs membres des
communautés
culturelles, notamment des minorités visibles et plus
particulièrement les femmes de certaines communautés, sont
confinés à des ghettos d'emplois où on les maintient dans
une situation d'inégalité chronique à cause de leur
difficulté linguistique, de leur race ou de leur faible
scolarité.
Les recommandations du conseil, dans son mémoire sur le projet de
règlement, ont été utiles pour guider le gouvernement en
vue de l'élimination de ces inégalités. A cet effet, le
gouvernement a déjà pris des mesures pour donner suite à
certaines recommandations du conseil concernant l'accès à
l'égalité en emploi dans la fonction publique à
l'intérieur des communautés culturelles.
Les communications jouent un rôle clé dans la
présentation des sociétés. La visibilité des
communautés culturelles dans les médias, dans la publicité
et dans l'information est l'un des éléments les plus importants
pour assurer l'intégration des communautés culturelles à
la société québécoise. Le conseil devrait
être félicité pour sa consultation publique sur les
communications où il a évalué la perception qu'avaient les
divers intervenants de la visibilité des minorités ethniques et
raciales dans les médias. À la suite de cette consultation, la
ministre a demandé au conseil de formuler des recommandations
précises et réalistes pour déterminer les actions
gouvernementales dans ce dossier prioritaire.
Également, l'avis du conseil sur la disparition d'Arrimage a
soutenu les propos avancés par la ministre, Mme Louise Robic, depuis les
premiers mois de son mandat. Le conseil déplore la disparition
d'Arrimage. À la suite de la recommandation du conseil, la ministre a
demandé, entre autres, au président, M. Girard, une place
équitable pour les communautés culturelles dans la programmation
de Radio-Québec.
En conclusion, M. le Président, j'aimerais, en tant qu'adjoint
parlementaire de la ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration, vous assurer de ma plus complète et entière
collaboration. Merci.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, M. le
député de Viger. Maintenant, si d'autres membres de la
commission, tel que convenu tantôt, ont des remarques
préliminaires à faire, il me fera plaisir de leur céder la
parole. Je présume que Mme la députée de Maisonneuve
exercera ce privilège. Mme la députée.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Avec plaisir. Merci, M. le Président. À
mon tour, je veux m'associer à ces paroles de bienvenue qui vous ont
été formulées, Mme Traoré, M. de Pasquale, M.
Johnson et M. Paquin, que j'ai eu l'occasion de connaître au
moment où il était à la CECM et qui vient
dernièrement d'occuper les fonctions de vice-président à
l'immigration. Je souhaite également la bienvenue aux gens qui vous
accompagnent.
Je dois vous dire que c'est un sujet de fierté de penser que je
suis la marraine de ce Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration. On s'est rappelé, la semaine dernière, lors d'une
séance de travail de notre commission, que si ce conseil avait une
mère, il avait aussi eu un père, parce que j'ai été
à l'origine du dépôt du projet de loi en première et
deuxième lectures mais c'est M. Gérald Godin qui a terminé
finalement en troisième lecture, compte tenu des
événements qu'on peut se rappeler à cette occasion.
Je pense que le député de Viau avait raison quand il
disait que le conseil jouit de pouvoirs larges et exceptionnels.
Une voix: Le député de Viger. (11 h 15)
Mme Harel: Le député de Viger. Des pouvoirs larges
et exceptionnels, peut-être. Mais, en fait, il y a aussi des
précédents. Je pense au Conseil du statut de la femme. Je pense
au Conseil supérieur de l'éducation. Je me rappelle, lors de
l'étude du projet de loi au comité de Législature -
c'était encore à l'état de projet à ce
moment-là - la résistance des conseillers juridiques du
gouvernement qui ne voient jamais d'un bon oeil qu'il y ait une
délégation aussi importante de pouvoirs et une autonomie, une
marge de manoeuvre aussi importante, le Conseil du statut de la femme ayant
été considéré comme "échappé"
à la suite des pressions exercées par la ministre de
l'époque, Mme Payette. D'une certaine façon c'est un sujet de
fierté de penser que oui, le conseil jouit de ces pouvoirs qui lui
assurent une crédibilité essentielle pour la poursuite de ses
travaux dans le milieu.
J'ai été ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration simplement pendant 63 jours, vous vous rendez compte? En fait, il
s'agît là de neuf semaines. C'est un privilège
extraordinaire, parce que pour toute personne qui est en poste, quelle que soit
la fonction qu'elle occupe, il y a toujours 100 jours de grâce. On admet
tous que l'on donne une sorte de délai. Cela a été
extraordinaire, je n'ai profité que d'une période d'état
de grâce et je n'ai pas eu à supporter finalement toutes les
critiques qui surviennent lorsque le temps fait son oeuvre. C'est donc toujours
avec beaucoup de plaisir que j'ai suivi les travaux du conseil, parce que
même si c'est un jeune conseil, ses travaux lui ont donné de la
crédibilité. II n'a pas encore complété ses trois
années et déjà, pourtant, il fait partie de la grande
famille québécoise.
C'était édifiant d'une certaine façon d'entendre
les propos du député de Viger; édifiant pour la raison
suivante. Je me disais que c'est quand même intéressant que l'on
soit dans une société où la surenchère entre les
partis consiste essentiellement à se considérer comme facilitant
le plus possible l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants.
Je pense à des sociétés occidentales actuelles,
à des pays industrialisés qui vivent une tout autre
réalité. Il suffit d'aller simplement dans n'importe quel pays
d'Europe pour voir qu'il y a des partis politiques... Je pense à la
France avec Le Pen, notamment, qui a quand même au-delà de 40 ou
presque 45 parlementaires, et à des partis qui se spécialisent
dans l'hostilité. On doit reconnaître que malgré que l'on
puisse tenir des propos partisans, ils consistent à faire de la
surenchère sur notre dynamique d'accueil et d'intégration.
C'est quand même d'une certaine façon rassurant de penser
que cela reste un projet de société pour la collectivité
québécoise. On a beau dire qu'il y a des courants qui la
traverse... Oui, ce sont des courants qui de toute façon sont encore
bien plus amplifiés dans d'autres sociétés. Mais il n'y a
pas de parti politique qui reprend ces courants, ce qui est quand même
extraordinaire. Par exemple, on peut faire la comparaison avec la peine de
mort, avec toutes ces questions de la peine de mort ou d'autres où, au
Québec, les partis politiques... Pensons à la question de
l'avortement qui, à un autre niveau, est également une question
qui transgresse, transcende les partis et va chercher finalement les
convictions des gens. Mais, au moins, il y a unanimité des partis
à l'Assemblée nationale du Québec pour reconnaître
la nécessaire ouverture à toute cette question relative aux
communautés culturelles, à leur intégration et une
ouverture aussi à toute cette question des niveaux d'immigration.
Ceci dit, je crois qu'il faut d'abord reconnaître qu'on ne peut
pas traiter cette question sans nécessairement avoir à parler de
la problématique de l'identité québécoise. Je ne
mets d'aucune façon en cause d'autres projets de souveraineté
étatique ou quoi que ce soit, je parle de la problématique de
l'identité québécoise. C'est sans doute pourquoi toute
cette question relative à l'immigration et aux communautés
culturelles est si importante. Elle enrichit le débat au sein de la
collectivité québécoise sur la question de son
identité. Je vous entendais, Mme la présidente, parler
tantôt des francophones d'origine canadienne française et je
trouvais cela très juste, parce que, d'une certaine façon,
l'appellation "québécoise" ne peut plus équivaloir
à la communauté d'origine canadienne-française. Quelque
part, des Québécois d'origine italienne, d'origine haïtienne
ou d'origine française, parce qu'il y a des Québécois
d'origine française... Je pense que c'est l'arrivée massive
durant les années soixante-dix de la communauté haïtienne
qui a obligé cette remise en question parce que la communauté
haïtienne est de langue française. La communauté francophone
n'est plus seulement une communauté d'origine
canadienne-française ou d'origine belge ou suisse, elle est aussi
d'origine haïtienne.
Il nous faut donc agrandir, d'une certaine façon, notre concept
d'identité de façon qu'il recouvre l'ensemble de ceux et celles
qui vivent sur le territoire québécois et qui, à plusieurs
titres, sont non seulement d'origine francophone, mais aussi d'origines
ethniques diverses, mais avec une identité québécoise.
Alors, cela nous oblige, les Québécois d'origine
canadienne-française, à reconnaître que s'il n'y a qu'une
seule façon d'être Canadien français, c'est-à-dire
de naissance par son père et sa mère, il y a plusieurs
façon d'être Québécois.
On peut être Québécois d'origine roumaine, d'origine
vietnamienne ou d'origine chilienne. C'est une sorte de portrait de famille
élargi auquel on est convié. La famille québécoise,
dont l'acceptation du terme, jusqu'à il n'y a pas lonqtemps, recouvrait
l'acceptation "canadien français", maintenant s'élargit à
d'autres membres de la famille, neveux, cousins ou autres, et cela est
très enrichissant à mon point de vue pour tout l'ensemble de la
problématique québécoise.
On aura l'occasion certainement d'y revenir. Ce qui me préoccupe
énormément, et j'aimerais beaucoup vous entendre sur cette
question durant la journée, c'est la collision frontale qui peut se
produire un jour entre le Québec des régions, de plus en plus
canadien-français, et un Montréal de plus en plus multiethnique
et anglophone, compte tenu des transferts linguistiques.
Cela m'inquiète beaucoup parce que dans la mesure où
l'immigration est vécue ou perçue comme un facteur
d'instabilité linguistique, il y a certainement à attendre une
sorte de résistance qui va aller en augmentant. Dans la mesure où
la promotion du respect des langues et des cultures d'origine des
communautés culturelles ne va pa3 fortement s'accompagner du respect et
de la promotion de la langue et de la culture d'accueil, il faut s'attendre
aussi à une sorte d'augmentation de la résistance de la part de
la majorité.
Dans la mesure, en d'autres termes, où on parle de
nécessaire politique de population pour équilibrer le
déficit démographique, avec le taux de natalité qu'on
connaît, par un apport essentiel de nouveaux arrivants, sans avoir des
mesures énergiques et vigoureuses pour une implantation
géographique qui ne soit pas que
montréalaise, on a le problème où on peut tenir un
discours en ce sens que le Québec est grand avec une superficie, un
territoire immense et qu'il peut accueillir, mais il faut reconnaître que
c'est à peu près l'équivalent de la superficie du
Luxembourg seulement qui accueille 95 % des nouveaux arrivants. On se trouve
non pas à avoir un grand pays à peupler, mais à avoir une
île sur le territoire du Québec, qui est à peu près
de la superficie du Luxembourg, qui reçoit tous les nouveaux
arrivants.
Vraiment, je pense qu'on a intérêt à approfondir
toute cette question qui est certainement au coeur des défis que la
société québécoise a à relever dans les
années à venir. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Est-ce que d'autres membres de la
commission voudraient faire, à ce moment-ci, des remarques
préliminaires?
Une voix: On va attendre les exposés.
Commentaires et questions
Le Président (M. Trudel): Nous pouvons passer, si vous le
voulez bien, Mme la Présidente du conseil, puisque l'ordre du jour
rappelle les termes abordés... Je vous ai dit tantôt
privément, je l'ai répété publiquement, que je
serai libéral dans la façon d'interpréter cet ordre du
jour.
Il serait quand même intéressant de commencer une
discussion sur ce que Mme la députée de Maisonneuve appelait,
lors d'une séance de travail, la "mission", entre guillemets, conseil.
Je pense que c'est un sujet qui est intéressant. Cette question a
été abordée tant par le député de Mercier
que par M. le député de Viger. Il s'agit de l'immensité du
mandat de votre conseil, à mon avis. On pourrait commencer par cette
question pour ensuite faire un seul point des points 2 et 3 qui sont les
rapports d'activité et le budget du conseil. C'est peut-être plus
une question d'organisation, si vous voulez. Ensuite, on étudiera avec
vous le programme de consultation et de recherche dont vous avez parlé
avec beaucoup de brio tantôt, Mme la présidente.
Sur le premier point, sans qu'il soit nécessaire, Mme la
députée de Maisonneuve et M. le député de Mercier,
d'établir les choses très rigidement, ceux et celles des membres
de la commission qui auront des questions à poser aux membres du conseil
sur la mission conseil de l'organisme pourront le faire. Je donnerai d'abord la
parole à un représentant de l'Opposition. Ensuite, on pourra
faire, si vous êtes d'accord, l'alternance entre l'Opposition et les
ministériels. Cela vous va? Mme la députée de Maisonneuve
ou peut-être M. le député de
Mercier.
L'opinion des Québécois sur
l'immigration et le statut de réfugié
M. Godin: J'aurai peut-être une petite question...
Le Président (M. Trudel): Allez-y.
M. Godin: ...précisément sur la mission conseil,
Mme la présidente. Par exemple, à la suite du sondage
Créatec-Le Devoir qui a jeté un froid, j'imagine, sur bien des
esprits chez vous et chez nous - en tout cas, de ce côté-ci de la
Chambre et, apparemment, de l'autre côté aussi - est-ce que le
conseil s'est senti fondé de conseiller la ministre sur ce qui pourrait
être fait pour contrebalancer un peu l'effet négatif de ce
sondage? Est-ce que la ministre vous a demandé un avis là-dessus?
Est-ce que cela a eu des suites?
Mme Westmoreland-Traoré: Je peux dire que nous avons suivi
de très près la publication des résultats de ce sondage
et, ensuite, les commentaires sur ce sondage. Il y a eu beaucoup de
commentaires. Nous avons noté qu'au fond il y a eu au moins une
discussion publique. Je crois qu'évidemment l'arrivée des
revendicateurs a mis la question de l'immigration devant l'opinion publique,
mais ce sondage a encore servi à canaliser beaucoup d'attention et
à faire que certaines personnes se prononcent sur plusieurs aspects de
notre politique d'immigration. Par exemple, la Conférence des
évêques s'est prononçée sur le caractère
humanitaire que doit revêtir aussi la politique d'immigration. Des
associations telles que le Congrès italo-canadien ou le Congrès
juif se sont prononcées. Les organismes qui se concertent pour venir en
aide aux réfugiés se sont prononcés. Nous avons
constaté que parmi les journalistes il y a eu plusieurs commentaires.
Dans l'opinion aussi, il y a eu plusieurs commentaires. Donc, nous n'avons pas
senti qu'il y avait un certain monolithisme par rapport à ce
sondage.
Le deuxième point, c'est qu'on a eu l'occasion d'examiner de
près les données de ce sondage. Nous avons pu l'analyser, nous
avons pu en discuter au conseil. Nous avons constaté qu'au fond, ce
sondage n'a pas révélé de faits nouveaux. Pour nous, ceci
était, dans une certaine mesure, étonnant parce qu'au moment
où on a fait ce sondage, nous étions, on peut dire, vraiment au
coeur d'un débat qui était assez étendu, provoqué
par l'arrivée de revendicateurs à partir de lieux qui
étaient moins connus, comme le Sri Lanka ou la Turquie, et
l'arrivée aussi en nombre plus important de gens de l'Amérique
latine, mais venant des Etats-Unis. C'était tout à fait un
nouveau phénomène. Cela a
fait en sorte qu'on aurait pu s'attendre que le sondage Créatec
nous démontre, si vous voulez, un vaste changement dans l'opinion
vis-à-vis de l'immigration. Pourtant, quand nous avons comparé
les résultats de ce sondage avec les résultats des sondages qui
ont été faits en 1981, par exemple, nous avons vu que
c'était plutôt constant, même qu'il y a eu certaines
données intéressantes. Par exemple, l'ouverture et l'existence au
Québec d'une société multiethnique et multiculturelle.
Nous avions vu cela comme étant un fait positif et assez innovateur. Par
contre, ce sondage a révélé aussi, et de façon
inquiétante, un certain manque de connaissances dans la population,
notamment quant au partage des compétences, à savoir ce que fait
le Québec et ce que fait le gouvernement fédéral en
matière d'immigration. Ceci a nécessairement conditionné
les réponses. (11 h 30)
Deuxièmement, nous avons noté un manque d'information sur
la proportion d'immigrants venant au Québec. On a dit: Le Québec
reçoit plus que sa part alors que, lorsque nous regardons les
proportions, on voit que le Québec reçoit moins que sa part,
selon son poids démographique dans la société.
Je pourrais demander à M. Manègre de donner une analyse un
peu plus technique. Je dirai ensuite ce que le conseil a fait jusqu'à
maintenant par rapport à ce sondage.
M. Manègre (Jean-François): Je peux parler un peu
plus sur la comparaison entre les deux sondages. Mme Westmoreland a
parlé des changements dans l'opinion publique. J'ai fait un
relevé des sondages qui ont été faits sur cette
question... Oui, excusez-moi.
M. Godin: M. Manègre, pouvez-vous nous dire quel autre
sondage?
M. Manègre: Oui, c'est cela. M. Godin:
D'accord.
M. Manègre: Je vais indiquer cela tout de suite. C'est
qu'en 1981, en particulier, un sondage a été fait par le Centre
de sondage de l'Université de Montréal qui avait posé deux
questions sur l'immigration. C'était dans le cadre du sondage omnibus
que ce centre de recherche tient régulièrement. On posait la
question suivante: Selon vous, le Québec devrait-il accueillir plus,
autant ou moins de réfugiés que présentement? Et la
même question pour les immigrants. On peut comparer rapidement les
résultats avec Créatec. En 1981, les résultats
étaient les suivants: 11 % disaient que le Québec devrait
accueillir plus de réfugiés; 59 % moins et 29,3 % le même
nombre. Si on regarde les données de Créatec, les mêmes
pourcentages sont respectivement: 9 % plus; 49 % moins et 37 % pour maintenir
le nombre. Compte tenu que dans le sondage Créatec l'échantillon
est plus petit, la marge d'erreur plus importante, on peut dire sans risquer de
trop se tromper que c'est exactement la même chose. Pour les immigrants,
c'est analogue. En 1981, on posait la question: Le Québec devrait-il
recevoir plus, moins ou autant d'immigrants? Attendez un peu, je vais trouver
cela. C'était 10,6 % pour en accueillir plus; 64 % moins et 25 % autant.
Dans le sondage Créatec, c'est: 13 % pour en accueillir plus; 45 % moins
et 38 % autant. De fait, Créatec est plus positif. Mais encore
là, compte tenu des marges d'erreur des sondages, ce sont des opinions
qui sont à peu près équivalentes. Cela traduit, en fait,
qu'entre ces deux moments-là l'opinion est presque la même.
Il y a peut-être d'autres éléments qu'on peut
souligner.
M. Godin: Au plan technique... M. Manègre: Oui.
Le Président (M. Trudel): Si vous permettez, M. le
député de Mercier, une fraction de seconde.
M. Godin: Oui, allez-y.
Le Président (M. Trudel): Pourriez-vous mieux vous
identifier, toujours pour les fins du Journal des débats...
M. Manègre: Oui, d'accord.
Le Président (M. Trudel): ...qui n'a pas saisi votre
fonction.
M. Manègre: Je suis Jean-François Manègre.
Je suis agent de recherche au Conseil des communautés culturelles et de
l'Immigration.
Le Président (M. Trudel): D'accord, merci. D'autre part,
je vois beaucoup de gourmandise pour des documents qui m'apparaissent
très intéressants pour ne pas dire passionnants. Pourriez-vous en
déposer un exemplaire auprès de la commission...
M. Manègre: Oui, sûrement.
Le Président (M. Trudel): ...on pourrait en faire faire
des copies.
M. Manègre: Sans problème.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie.
M. Manègre: J'ai deux documents, l'un que j'ai
préparé en 1982, qui s'intitule L'Opinion des
Québécois et des Canadiens à l'égard de
l'immigration et un document qui a été préparé
par le ministère qui donne les principaux tableaux de l'étude de
Créatec.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie de les
déposer. M. le député de Mercier, vous aviez une question,
je pense.
M. Godin: Oui, toujours sur le plan technique, M. Manègre,
le contexte du sondage Créatec est-il différent du contexte du
sondage de l'Université de Montréal?
M. Manègre: Le contexte...
M. Godin: Autrement dit, Créatec se produit au moment
où il y a soi-disant une crainte ou une menace pour les
Québécois, vraie ou fausse. À l'époque où
cela a été fait par l'Université de Montréal, y
avait-il le même contexte d'une arrivée massive d'immigrants?
M. Manègre; À ma connaissance, non, le contexte
était différent, mais il y avait un élément qui
jouait aussi dans les résultats: la conjoncture économique. En
1981, on commençait à entrer dans la récession. L'opinion
des gens pouvait être influencée aussi. En tout cas, elle pouvait
être assez négative du fait de l'augmentation du taux de
chûmage qui survenait à ce moment-là.
Pour ce qui est du contexte en matière d'immigration, je ne m'en
souviens pas exactement. Il faudrait revoir cela. Je n'ai pas fait cette
recherche.
Le Président (M. Trudel): 1981 ne marquait pas l'amnistie
des Haïtiens?
M. Manègre: Oui. C'était vers 1981- 1982. Cela
n'avait pas eu à ma connaissance autant de rebondissement dans
l'immédiat, mais peut-être que je me trompe. Je ne pourrais pas
juger.
M. Godin: Merci, M. le Président.
Mme Westmoreland-Traoré: M. le Président, je n'ai
pas terminé ma réponse. Je voulais laisser la parole à M.
Manègre. Parmi les choses qu'on avait notées aussi à la
suite de notre réflexion, il y a que l'opinion qui était
manifestée par les Québécois lors de ce sondage ne
s'écartait pas tellement de l'opinion des Canadiens d'autres provinces
et on pensait qu'il était utile de le savoir. D'autre part, M. de
Pasquale m'a rappelé aussi que ce sondage a démontré une
ouverture de la part des Québécois, non seulement d'une
multiethnicité ou d'un multiculturalisme, mais également d'une
multiracialité, autrement dit, l'expression d'opinions a
démontré qu'il y a ouverture au Québec à une
société multiraciale. Nous trouvons cela significatif, surtout
quand nous voyons l'évolution des bassins d'immigration, le nombre
d'immigrants qui viennent des continents d'Asie, d'Afrique et aussi des
Antilles.
De plus, en ce qui concerne le conseil, nous pensons que les
résultats de ce sondage et aussi la couverture qui dans l'ensemble est
intéressante - parce que cela sensibilise beaucoup l'opinion publique
sur l'importance, la présence de l'immigration - nous pensons, dis-je,
que ce sondage marque encore l'importance de l'élaboration au
Québec d'une politique d'ensemble par rappport aux communications et aux
communautés culturelles. C'est notre première recommandation
à la ministre sur la question des communautés culturelles et les
médias.
Nous pensons que nous ne pouvons pas tellement aborder cette question de
façon partielle, mais qu'on a vraiment besoin d'une stratégie et
de moyens pour réaliser une meilleure information et une
sensibilisation.
Deuxièmement, en ce qui concerne le conseil, déjà
on avait prévu une étude sur l'impact économique, surtout
sur l'impact de l'immigration sur le marché du travail. Sur la question
de l'impact de l'immigration sur les emplois, nous pensons qu'à travers
cette étude et cette consultation nous pourrons apporter des
compléments d'information. Donc, nous n'avons pas immédiatement
donné un avis à notre ministre. Nous pensons avoir dans une
certaine mesure couvert déjà une partie de la question et dans
nos travaux nous allons aborder de façon plus particulière
l'aspect impact de l'immigration sur le marché du travail. À ce
moment, on pourra donner un avis.
Le Président (M. Trudel): Avez-vous l'intention de donner
un avis à la ministre à la suite de ce sondage?
Mme Westmoreland-Traoré: Immédiatement, à la
suite du sondage, le conseil n'a pas exprimé l'intention ou le
désir d'émettre un avis.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Est-ce que le conseil a émis un commentaire, par
un communiqué de presse, sur ce sondage, donnant votre point de vue, qui
me semble plus positif que ce qu'on a lu ailleurs, ou s'il vous semblait que ce
n'était pas le rôle du conseil?
Mme Westmoreland-Traoré: M. le Président, nous
pensons que comme conseil nous sommes sur une ligne, pour ne pas dire une
corde» Nous sommes à la fois le
conseiller de la ministre et nous avons une position
privilégiée à ce niveau pour lui communiquer les avis du
conseil et des recommandations concrètes. D'autre part, nous savons que
notre opinion est sollicitée sur des questions d'actualité.
Nous ne vouions pas nécessairement intervenir de façon
trop régulière sur les questions d'actualité et nous
voulons pouvoir profiter d'un certain recul pour donner des avis qui sont
pondérés. Maintenant, sur cette question, nous avons quand
même été interrogés et, sans donner un
communiqué, nous avons répondu en disant que nous pensions
exactement la même chose, qu'il y avait du positif dans le sens que le
sondage a mis la question de l'immigration au centre d'un débat
public.
Nous avons dit qu'il n'y avait pas eu tellement de changement dans
l'opinion, selon notre analyse. Nous avons souligné la contribution de
certains leaders d'opinion en les mentionnant à ce débat, en
montrant les deux côtés et nous avons souligné le besoin
d'information additionnelle. Nous n'avons pas fait de communiqué de
presse comme tel, mais nous avons répondu en ce sens.
M. Godin: On reconnaît bien là la sagesse de la
présidente et la sagesse de ceux qui l'ont nomméel
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve, sur une note moins partisane peut-être.
Mme Westmoreland-Traoré: Je ne peux pas être en
désaccord.
Le Président (M. Trudel): ...partisanerie dans la loi, je
dois l'admettre.
Mme Harel: Je peux vous dire, M. le Président, qu'au
contraire, compte tenu des informations que la présidente et l'agent de
recherche du conseil ont transmises à la commission, je souhaiterais
qu'il y ait transmission dans l'opinion publique de cette
interprétation. Je pense que cela ne peut être que
bénéfique qu'il y ait une version qui ne culpabilise pas les
Québécois et qui, au contraire, plutôt que d'augmenter leur
niveau de résistance, vienne faire valoir qu'il y a un débat qui
est légitime, qu'il y a des expressions d'opinions qui peuvent
être reprises et qu'il y a un débat qui doit donc se
poursuivre.
Les informations que vous nou3 donnez sont extrêmement
intéressantes. La seule inquiétude... Je partage votre version,
votre interprétation du sondage Créatec. Il y a un membre du
conseil, d'ailleurs, qui a fait paraître - je pense que c'est le
père Julien Harvey, dans le journal Le Devoir qui a publié
les résultats du sondage - une analyse qui m'apparaissait aller dans le
sens de ce que vous venez d'exprimer, c'est-à-dire une version qui ne
soit pas culpabilisante pour la majorité, mais prenne en
considération l'évolution qui se fait sur cette question et les
défis que cela représente de poursuivre une démarche
multiethnique dans un Québec français.
La question qui me préoccupe à l'égard du sondage -
c'est la dernière - concerne les 18-24 ans. J'abonde tout à fait
dans l'interprétation que vous donnez du sondage, mais ne pensez-vous
pas que le seul élément qui soit vraiment préoccupant
c'est qu'on peut considérer, d'une certaine façon, comme une
sorte de rigidité, sinon de rejet, dans la catégorie des jeunes
de 18-24 ans à l'égard d'un projet multiethnique dans un
Québec français?
II ne vous semble pas que cela manifeste un rejet préoccupant?
Surtout que ce sont des jeunes qui, sans doute, ont été la
première génération à être en
présence, dans les écoles publiques, de jeunes immigrants ou de
jeunes de communautés culturelles autres. Je reviendrai, mais parmi
toutes les recherches que vous entendez faire, pensez-vous poursuivre - parce
que l'école est vraiment le premier lieu de socialisation - promouvoir
tout cet effort d'éducation multiculturelle ou interculturelle?
Mme Westmoreland-Traoré: J'aimerais passer la parole aussi
à M. de Pasquale qui fera une certaine mise au point sur une
réponse que j'ai donnée concernant l'intervention du conseil sur
le plan des médias.
M. de Pasquale (Dominique): C'est simplement pour rappeler qu'il
y a eu un certain nombre d'interventions, même s'il n'y a pas eu de
communiqué de presse d'émis formellement. Il y a eu plusieurs
interventions dans les médias d'information à la suite d'appels,
par exemple, que ce soit au téléjournal... En ce qui me concerne,
j'ai eu l'occasion d'intervenir à deux reprises dans un
téléjournal. Mme Westmoreland est intervenue aussi
régulièrement dans des médias à partir au moins des
questions des journalistes, ce qui déjà peut certainement
équivaloir à un communiqué.
Mme Westmoreland-Traoré: II y a un point que vous avez
soulevé, c'est-à-dire l'opinion des jeunes de 18 à 24 ans.
M. Paquin, peut-être.
M. Paquin (Raymond): Je voulais ajouter là-dessus que
c'est la faiblesse... (11 h 45)
Le Président (M. Trudel): M. Paquin, s'il vous
plaît, il ne faut pas oublier qu'il y a quelqu'un qui enregistre les
débats. Donc, il est extrêment important pour la transcription que
vous vous identifiiez.
M. Paquin: Parfait, M. le Président. Raymond Paquin,
vice-président du conseil. Il y a plusieurs faiblesses dans le sondage
de Créatec. Quand on commence à vouloir parler des 18-24 ans et
qu'on base les réponses sur 91 jeunes seulement, on ne peut pas tirer de
conclusions parce qu'il n'y a pas suffisamment de jeunes qui ont pu
répondre. Je pense que sur la langue aussi, on ne peut pas tirer de
conclusions à cause du peu de répondants.
À la suite de l'analyse faite par le conseil là-dessus, on
veut bien se pencher sur ces questions. On demeure convaincu que dans
l'ensemble les francophones qui ont répondu oui voulaient que les
immigrants, en général, parlent français, mais on ne peut
pas se baser uniquement sur des répondants si peu nombreux.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Richelieu, vous aviez demandé la parole.
Mme Harel: Sur cet aspect, dois-je comprendre de votre
réponse, M. Paquin, que vous considérez que
l'échantillonnage n'était pas suffisamment représentatif?
Diriez-vous que la catégorie des 18-24 ans a donc été mal
représentée? Votre expérience vous amène-t-elle
à penser qu'il y a là matière à réflexion
dans cette catégorie particulière de la population ou pas?
M. Paquin: C'est cela. Il n'y a pas eu suffisamment de
répondants. Par contre, il y a matière à revenir sur la
question.
Mme Harel: II n'y a pas eu suffisamment de répondants non
plus dans aucune autre des catégories. En d'autres termes, si on
considère la question seulement au point de vue de la
méthodologie, il reste que toutes les catégories étaient
insuffisamment représentées. Comment se fait-il que c'est la
catégorie des 18-24 ans qui donne cette impression? Est-ce que c'est
révélateur ou pas? Qu'en pensez-vous?
M. Paquin: En fait, sur 472 personnes seulement qui
répondaient à cela, il y a seulement 91 jeunes choisis un peu
partout au Québec. Si on voulait réellement faire quelque chose
de sérieux, il faudrait que cela s'adresse à beaucoup plus de
répondants.
Le Président (M. Trudel): Donc, vous confirmez ce que Mme
la députée de Maisonneuve dit?
M. Paquin: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Trudel): C'est que
l'échantillonnage total laisse à désirer jusqu'à un
certain point.
M. Paquin: Oui. Le sondage - qu'on a mentionné - de
l'Université de Montréal était plus solide, je pense, dans
ses conclusions.
Mme Harel: Oui. Pour l'ensemble, je pense bien que les
méthodologues s'entendent pour dire que l'échantillonnage global
était satisfaisant. Ce sont les sous-catégories qui sont mal
représentées. Mais elles le sont dans toutes les
catégories d'âge, n'est-ce pas?
M. Paquin: Exactement.
Mme Harel: Cela vaut donc pour les 25-34 ans comme pour les 45,
etc.. Ce qui a été révélé pour les 18-24
ans, en prenant en considération que l'échantillonnage de la
sous-catégorie est injustement représenté, est-ce que
c'est une préoccupation que vous avez ou pas à leur égard?
Pensez-vous faire une étude? Pensez-vous approfondir cette question ou
pensez-vous qu'il n'est pas nécessaire de le faire, qu'il n'y a pas
matière à poursuivre une inquiétude dans cette
catégorie d'âge, disons?
M. Paquin: Je pense qu'on a d'ailleurs prévu dans les
programmes du conseil des études à faire pour cette
catégorie de jeunes» Jusqu'à un certain point, il faut
tenir compte de ce sondage. Voilà quand même 91 jeunes qui ont pu
se prononcer, même si ce n'est pas énorme pour tirer des
conclusions là-dessus.
M. Manègre, qui a poussé un peu plus loin l'étude
de ce sondage, aurait peut-être quelque chose à ajouter en
réponse à votre question.
M. Manègre: Simplement une précision
méthodologique. Le sondage avec 472 répondants donne une marge
d'erreur pour des résultats d'ensemble - par exemple, avec la question:
Voulez-vous plus, moins ou autant d'immigrants? - quand même de l'ordre
de quelque 3 % ou 4 % à peu près. Mais dès qu'on va dans
n'importe quelle sous-catégorie et en particulier les catégories
selon l'âge, où on a une centaine de répondants, les marges
d'erreur sont certainement de plus de 10 %. Donc, il est impossible de tirer
une conclusion ou de faire des comparaisons en disant, par exemple, que les
résultats du sondage révèlent que les 18-24 ans ont une
opinion différente des autres groupes. Même si tous les
sous-groupes ne sont pas bons, on ne peut pas les comparer entre eux. C'est ce
que cela veut dire finalement. Donc, les sous-catégories sont trop peu
nombreuses. Les seuls résultats valables du sondage, à mon sens,
sont les résultats d'ensemble où on regroupe tous les
répondants. Là, on peut dire que cela a une fiabilité
relative.
Mme Westmoreland-Traoré: Si je peux
apporter un certain complément au programme d'activité, je
dirai que je ne sais pas si la députée de Maisonneuve
considère les gens de 18 à 24 ans comme des jeunes ou des moins
jeunes, mais on a parmi nos orientations...
Mme Harel: Les moins de 30 ans.
Mme Westmoreland-Traoré: ...un objectif qui identifie les
besoins spécifiques des jeunes et à ce niveau on mène le
projet à la demande de la ministre concernant l'éducation
interculturelle. On mène aussi une étude sur le rendement
scolaire des jeunes des communautés culturelles; ce qui pourrait nous
amener à identifier certains points critiques, préconiser
certains moyens et examiner les moyens de soutien à l'intégration
de ces jeunes.
Nous avons, à part notre programme de recherche et de
consultation, une collaboration. Nous collaborons avec l'association
Québec Multi-Plus. M. de Pasquale est venu en commission parlementaire
pour appuyer certaines de ses recommandations. C'était par rapport au
projet de loi sur le Conseil permanent de la jeunesse. Nous collaborons aussi
avec un autre groupe, SOS Racisme, qui a organisé la fête de
l'amitié. Aussi, en ce qui concerne l'acceésibilité, nous
" avons tenu une consultation sur l'accessibilité aux services sociaux.
On avait plusieurs questions sur l'intégration des jeunes . et nous
avons identifié six ou sept problématiques propres à ces
jeunes et parmi nos prévisions, nous voulons faire une consultation sur
ce que nous appelons l'intégration. Ce qui veut dire pour nous toutes
les interfaces, les modalités d'intégration, ce que l'on peut
préconiser pour les favoriser, parce nous parlons des associations des
communautés culturelles, mais il y a aussi tous les aspects
interculturels. C'est peut-être là que l'on va rejoindre les
préoccupations que vous manifestez.
Le Président (M. Trudel): Merci. M. le
député de Richelieu a demandé la parole. Je vous la
céderai après, M. le député de Mercier. M. le
député de Richelieu.
M. Khelfa: Merci, M. le Président. Si vous me permettez
une note non partisane, j'aimerais féliciter la députée de
Maisonneuve pour l'évolution de son discours depuis 1973, qui ressemble
à la réalité et est devenu un discours libéral.
Ma question porte sur un point bien spécial du sondage dont nous
parlons. D'après vous, est-ce que ce sondage reflète la
réalité en ce qui concerne l'immigration et l'immigrant ou
l'immigrante, ou bien s'il y a un attrait pour les réfugiés et le
cas qui nous préoccupe à l'heure actuelle? D'après moi,
c'est un sondage qui arrive à un moment donné et qui biaise un
peu les résultats en fonction de l'immigration comme telle.
Mme Westmoreland-Traoré: Je peux essayer de
répondre à la question. Nous avons constaté que ce sondage
a eu lieu à un moment où il y avait beaucoup de discussion au
sujet de l'arrivée de revendicateurs du statut de réfugié
à la frontière de Lacolle, Plattsburg, etc.
Lors du sondage une question a été posée:
Connaissez-vous la distinction entre un immigrant, un revendicateur de statut
de réfugié et un réfugié? Certains ont dit oui et
certains ont dit non, mais il n'y avait pas d'information de donnée
lorsque l'on posait la question. Alors, il est toujours possible qu'il y ait eu
une certaine confusion dans l'esprit de ceux qui ont répondu.
Je dirais que oui pour le conseil. Il est possible qu'il y ait une
certaine confusion dans ces termes et alors, en ce sens, l'opinion
manifestée n'est pas une opinion aussi claire. Toujours est-il que comme
expression d'un courant, on pourrait dire que l'opinion exprimée
était plutôt défavorable à l'immigration. Nous
savons aussi qu'il y a ce sondage, mais il y a aussi les émissions de
lignes ouvertes où il y a eu beaucoup d'expression d'opinions. Les gens
qui répondent à des lignes ouvertes sont souvent des gens qui ont
quelque chose à dire, mais ce n'est pas toujours tout le monde qui le
fait et on doit tenir compte de cette réalité aussi. Mais dans
l'ensemble, on pourrait dire qu'actuellement il y a plutôt l'expression
d'une opinion qui n'est pas aussi favorable à l'immigration. Par contre,
pour nous, ce n'est pas un nouveau phénomène. On s'est dit aussi,
en examinant les statistiques d'autres provinces, que c'est à peu
près la même chose. Si on allait dans d'autres pays, un peu
peut-être comme la députée de Maisonneuve l'a
mentionné, il y a des courants beaucoup forts qui sont hostiles à
l'immigration.
Par contre, il y a aussi en même temps l'expression d'opinions et
aussi des articles sur les revendicateurs, leur pays d'origine, pourquoi ils
sont venus. Il y a même une ouverture aux réfugiés dits
économiques en disant: Est-ce qu'au fond il y a tellement de
différence entre les r.éfuqiés politiques et les
réfugiés économiques'' Tout cela est remis dans l'opinion
publique et il y a véritablement un certain cheminement.
M. Khelfa: Cela veut dire que vous pensez faire à un
moment donné une sorte d'éducation, faire une distinction entre
le statut d'immigrant et le statut de réfugié.
Mme Westmoreland-Traoré: Nous pensons que cette question
est très pertinente. Nous avons fait le portrait
statistique des revendicateurs, nous pensions que c'était une
façon aussi de démontrer qui étaient ces personnes, de
montrer aussi les distinctions entre le profil de ces personnes et les
immigrants réguliers, même dans leur pays de provenance, dans leur
statut marital, dans leur formation, et aussi de démontrer les points de
ressemblance. En faisant ceci, on a parlé spécifiquement des
réfugiés et des revendicateurs et on a peut-être pu un peu
faire la distinction.
On sait qu'il y a encore du travail d'information à faire
à ce niveau. Je pense aussi qu'on doit insister de plus en plus dans ce
domaine parce que le Québec reçoit une très grande
proportion de ces revendicateurs; le fait est que si on examine tes mouvements
de population actuellement, les personnes qui se présentent sont de plus
en plus des réfugiés, des revendicateurs du statut de
réfugié. On est appelé à examiner cette partie de
la politique d'immigration, que ce soit la sélection è
l'étranger ou le processus d'ajustement de statut de ces revendicateurs
sur place.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Mercier, vous aviez demandé la parole.
Concentration de l'immigration à
Montréal
M. Godin: Pour enchaîner avec mes propos du début et
ceux de Mme la députée de Maisonneuve, M. le Président et
Mme la présidente, est-ce que le conseil s'est fait une opinion par
rapport au fait que 4 % seulement des réfugiés et immigrants qui
viennent de Québec sont en dehors de Montréal? Si oui, est-ce que
le conseil a l'intention d'en aviser la ministre de manière à
apporter sa contribution à la discussion Ottawa-Québec sur le
partage des pouvoirs et la nouvelle loi qui s'en vient bientôt?
Mme Westmoreland-Traoré: Le comité d'immigration ne
s'est pas prononcé formellement là-dessus, mais j'étais
présente à une ébauche de discussion. Je ne peux pas dire
que oui, le conseil a exprimé son avis sur cette question. Je peux
peut-être vous donner certains éléments de la discussion.
Je pense qu'on constate au Québec, à la différence
d'autres provinces peut-être, qu'il y a une plus grande concentration des
immigrants à Montréal et moins en dehors de Montréal.
Nous constatons cependant qu'il y a quand même une augmentation du
nombre d'immigrants à Québec. Il y a des communautés qui
commencent à être plus nombreuses à Québec,
notamment asiatiques. Il y a la CALCQ, coalition d'un groupe de
communautés culturelles à Québec. Nous sommes allés
à Sherbrooke et nous avons rencontré plusieurs associations de
communautés culturelles qui nous ont fait des recommandations. Elles
nous ont demandé d'améliorer la diffusion d'information sur les
services disponibles aux membres des communautés culturelles en
régions, ou aux immigrants en régions. Elles nous ont
demandé d'améliorer les échanges interculturels, les
échanges entre les groupes. Elles nous ont demandé aussi de
faciliter l'accès à certains services, tel le service
d'orientation dans le travail. À ce moment, nous avons communiqué
les représentations qui nous ont été faites informellement
au ministère. (12 heures)
Sur la question plus générale de la
décentralisation, si vous voulez, des lieux d'installation des
immigrants, il a été mentionné que lors de l'accueil des
"boat people" certaines personnes ont été orientées vers
les autres villes du Québec. Mais, en grande partie, ces personnes sont
revenues progressivement à Montréal pour différentes
raisons, certaines ayant trait à l'embauche, d'autres à
l'isolement en régions et nous devons, si on aborde cette question de
façon plus profonde, examiner plusieurs facteurs concernant les
services, les possibilités économiques, l'isolement et la
société d'accueil. Maintenant, lors de la table ronde sur
l'immigration qui s'est tenue le 23 février à la CECM, il y avait
dans le questionnaire, la grille de discussion, cette question sur la
répartition des immigrants dans les différentes régions.
Tout ceci pour dire que c'est une question dont nous sommes conscients. C'est
une question que nous devrions aborder. Nous avons fixé certaines
priorités dans un premier temps. Nous savons aussi que la loi sur
l'immigration pour le Québec stipule qu'on peut favoriser cette
implantation dans d'autres régions tout en respectant le droit à
la mobilité pour les personnes immigrantes venant au Québec.
Donc, il est question de mesures incitatives, si vous voulez. C'est un
début. Ce n'est pas une réponse, mais c'est un début.
M. Godin: D'accord. Une deuxième question.
Mme Westmoreland-Traoré: M. Paquin aurait peut-être
un complément de réponse.
M. Godin: Oui.
M. Paquin: Raymond Paquin, vîce-président du
conseil. M. le Président, c'est bien sûr que, pour faire allusion
à ce qu'a dit tout à l'heure Mme la députée, mes
100 jours de grâce sont passés. Je suis en pleine action
maintenant au conseil. Il y a des choses que j'ai constatées quand
même. C'est
que, par le passé, il y a eu des efforts de faits en ouvrant des
COFI à Chicoutimi, par exemple, et à Trois-Rivières qui
ont été fermés par la suite. Il y a aussi beaucoup de
communautés qui, lorsqu'on leur pose la même question que celle
que vous nous posez ce matin, nous disent: C'est bien certain que, dans
certaines petites villes, certains immigrants qui s'étaient
installés là souffrent beaucoup d'isolement. Ils ont le mal du
pays. Ils, voudraient communiquer avec des gens de leur communauté. Ils
n'ont pas beaucoup de relations avec les citoyens dont les us et coutumes sont
très différents de ce qu'ils ont vécu dans leur pays. En
ce sens, on en a discuté au comité de l'immigration, comme le
disait Mme la présidente. On a aussi un projet de réalisation
d'une table de concertation dans laquelle on va - c'est une table de
concertation municipale - proposer des activités ou des choses pour que
ces gens puissent communiquer ensemble et qu'ils se sentent à part
entière dans la petite ville où ils vivent. Les exemples qu'a
donnés Mme la présidente, je pense que beaucoup connaissent les
"boat people". Je connais des familles qui vivaient dans de petits villages
comme Sainte-Véronique. Les citoyens de ce petit village étaient
peinés de les voir partir pour Montréal. Je ne sais pas, ils sont
insécures. Ils cherchent à s'approcher de leur communauté.
Il faut être très chaleureux dans le milieu. On va essayer
d'établir des plans d'action pour les inciter à aller un peu
partout au Québec.
M. Godin: Est-ce que je peux en conclure que le conseil serait
favorable à l'idée d'une implantation hors de Montréal,
mais qu'il cherche encore les moyens pour que cela réussisse?
M. Paquin: C'est bien cela, parce qu'étant donné
que les gens ont libre circulation ce n'est pas facile de les retenir. Mais il
faut quand même trouver certains moyens que nous allons
étudier.
M. Godin: Est-ce que le fédéral ne joue pas un
rôle très important dans l'implantation première de ces
nouveaux citoyens dans d'autres régions que Montréal par le biais
d'une aide financière à l'implantation, au logement ou par
d'autres formes d'aide quelconques? Est-ce que le fédéral joue
présentement ce rôle?
M. Paquin: Je ne pourrais pas vous répondre. Je ne connais
pas de disposition spéciale là-dessus. Je ne sais pas si Mme la
présidente...
Mme Westmoreland-Traoré: Je pourrais juste indiquer qu'il
y a le COFI qui existe à Sherbrooke. Ce COFI dispense des services, non
seulement la formation linguistique, mais aussi des services d'adaptation et
d'information. C'est un projet conjoint fédéral-provincial. Comme
je vous le disais, ce fut très intéressant pour nous d'aller
à Sherbrooke, car une trentaine de groupes sont venus sur un avis assez
court et nous avons échangé avec eux. Les associations
polonaises, les associations latino-américaines - il y a beaucoup de
Latino-Américains à Sherbrooke - l'association des Haïtiens,
des gens du Sud-Est asiatique, c'est-à-dire des Hindous et des Indiens
de l'Inde, sont venus nous dire qu'au fond ils avaient moins d'information sur
les services disponibles et qu'ils éprouvaient le besoin d'en avoir plus
car cela peut faciliter leur intégration et leur adaptation.
On nous a aussi fait part, par l'intermédiaire d'un travailleur
bénévole pour une association de femmes immigrantes, du besoin
très important des femmes immigrantes qui ne sont pas
nécessairement sur le marché du travail; il s'agit de faciliter
leur accès aux cours de formation linguistique. Les mêmes
recommandations nous ont été faites b Montréal par les
femmes immigrantes, mais elles furent doublement intensifiées, si vous
voulez, car parfois les femmes de Sherbrooke qui sont plutôt à la
maison ont besoin d'encore plus d'informations, étant dans un milieu
moins cosmopolite, pour faciliter leur intégration.
M. Godin: Si on tente de déqager un modèle de
comportement de ces groupes hors de Montréal, est-ce qu'on peut dire
qu'à l'instant où une masse critique est atteinte il y a plus de
chance que les gens restent, car il y a automatiquement la création de
services de communautés et il y a plus de chance que ces
Néo-Québécois qui s'installent à Sherbrooke,
à Trois-Rivières ou à Hull s'agglutinent autour d'un
groupe assez important pour leur fournir des services, qui est aidé par
le ministère pour le faire et que, passé un certain seuil, il est
possible que cela réussisse? Est-ce qu'on peut dire cela ou est-ce
purement théorique?
Mme Westmoreland-Traoré: Je ne voudrais pas trop
rn'avancer, car nos études ne sont pas encore très au point dans
ce domaine. Nous avons aussi rencontré l'association d'aide aux
néo-immigrants à Sherbrooke qui nous avait fait une
représentation écrite et qui avait dit qu'elle était
prête à collaborer à l'accueil et qu'elle avait une
certaine expertise pour faciliter l'intégration des nouveaux
arrivants.
Elle demandait aussi de collaborer avec le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration. Donc, il y a certains
organismes et mécanismes dans le milieu. M. Paquin a fait état,
à juste titre, du sentiment d'isolement. Il y a aussi le fait que, dans
les milieux autres que Montréal, la
présence de membres de communautés culturelles est moins
connue et il y a un besoin d'éducation et d'information auprès du
milieu et de la collectivité en général pour faciliter
l'acceptation et l'intégration.
M. Godin: Cela répond à ma question, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Dans l'ordre, M. le
député de Viger, Mme la députée de Maisonneuve, M.
le député de Richelieu et Mme la députée de
Matane.
Niveau d'immigration
M. Maciocia: Mme la présidente, relativement au niveau
d'immigration, vous avez dit tantôt que, pour l'année 1987, votre
recommandation serait autour de 24 000 ou 25 000 et, pour l'année 1988,
autour de 30 000. Est-ce que ces recommandations ont été faites
avant le phénomène actuel qu'on a, par exemple, alors qu'en
janvier on a eu au-delà de 3000 réfugiés au Québec?
Est-ce que cet aspect a été pris en considération pour
votre niveau d'immigration, et, en même temps, est-ce que le conseil - il
faudrait quand même un peu élargir le sujet - à part les
mesures déjà existantes au ministère pour
l'intégration de ces gens à la communauté
québécoise, se promet de faire des recommandations à la
ministre relativement à l'intégration de ces communautés
et de ces nouveaux immigrants dans la société
québécoise?
Mme Westmoreland-Traoré: Je voulais signaler votre
présence aussi, M. Maciocia, lors de mes premières remarques.
Pour autant que vous êtes adjoint parlementaire au dossier de
l'immigration et des communautés culturelles et que nous avons
déjà eu l'occasion d'avoir des relations et des échanges
concernant le fonctionnement de notre conseil, je suis contente que vous soyez
là pour nous interroger et nous aider à exposer les positions du
conseil. Je vais quand même demander à M. Paquin de situer cette
question de nos recommandations pour le niveau d'immigration.
M. Paquin: Mon nom est Raymond Paquin. Concernant les avis qui
ont été faits à la ministre par le passé, je n'ai
pas eu l'occasion de travailler au dernier qui s'est fait, on avait
prévu quand même un certain nombre de revendicateurs du statut de
réfugié dans l'évaluation qu'on avait faite; si on
prévoyait 20 000, on avait prévu peut-être environ 5000
revendicateurs à venir. C'est bien sûr que de 20 000, de 25 000 et
à 30 000 lorsque l'étude a été faite, on a dû
tenir compte du contexte démographique, économique et
socioculturel, on a aussi fait des consultations auprès de
spécialistes - ce qu'on a fait encore dernièrement - on a aussi
dû tenir compte des politiques québécoises et canadiennes,
voir si elles ont varié entre-temps. Même si on avait fait une
prévision sur trois ans, on aura à étudier de nouveau
l'ensemble de ce dossier à la suite des consultations qui sont faites
par le ministère.
En ce qui concerne les réfugiés qui venaient de
l'extérieur, l'inquiétude que j'avais était de savoir si
le fait que nous arrivaient ici spontanément beaucoup de
réfugiés qui revendiquaient ce statut allait compromettre le sort
de ceux qui étaient en attente dans les camps. J'avais constaté
que parfois on pouvait ralentir un certain moment l'acceptation de gens dans
les camps pour régler le cas de ceux qui étaient i venir.
On aura à se pencher sur cette question. Pour le moment, le
ministère nous dit qu'il en avait prévu 2000 en 1986, 4000 qui
seraient sélectionnés dans les camps, et qu'il va maintenir ce
nombre. On aura à tenir compte de cela dans notre prochain avis à
la ministre.
Mme Westmoreland-Traoré: J'aimerais enchaîner sur ce
qu'a dit M. Paquin. Lorsque nous avons élaboré l'avis sur les
niveaux pour 1987, nous étions quand même en présence de 20
000 revendicateurs du statut de réfugié, c'est-à-dire le
"back-log", l'écart en arrérages, dont 50 % étaient au
Québec. Il y en avait 10 000 qui étaient déjà au
Québec. C'est sûr que les nombres ont augmenté par la
suite, mais on était en présence d'un arrérage d'à
peu près quatre ou cinq ans pour les personnes qui étaient
là. Quand on a formulé notre avis sur les nombres à
recevoir, on était conscients aussi, comme je l'ai formulé dans
la présentation, qu'il y avait eu une baisse dans le nombre d'immigrants
reçus sur une période de trois ou quatre ans. C'est-à-dire
que le Québec a reçu en 1975-1976 28 000 immigrants, en 1976, 29
000 immigrants. Ensuite, il y a eu une baisse. En 1980 et 1981, il y avait 22
000 et 21 000 immigrants reçus au Québec. En 1983, il y en avait
16 000, en 1984, il y en avait 14 000, en 1985, il y en avait 14 000. Ces
chiffres sont en bas de la proportion d'immigrants que le Québec devrait
recevoir pour maintenir tout simplement la proportion démographique dans
la fédération. À notre avis, il y a eu une baisse dans ces
années et si on fixait un niveau d'immigration raisonnable, on pourrait
même admettre ou recevoir certains des revendicateurs qui étaient
en attente d'un statut. Ce serait comme combler, dans une certaine mesure, le
déficit pour les années antérieures. Je sais que dans les
années antérieures on ne pouvait pas recevoir plus d'immigrants,
peut-être à cause de facteurs économiques ou d'autres.
Mais, selon notre analyse, pour l'année 1987, les indicateurs
économiques étaient tels que l'on pouvait favoriser un
plus grand nombre d'immigrants. (12 h 15)
M. Maciocia: Mme la présidente, je vous ai demandé
si le conseil se propose aussi de faire des recommandations à la
ministre pour l'intégration de ces gens à la communauté
québécoise. On sait déjà que beaucoup de mesures
sont prises par le ministère. Est-ce que vous vous proposez de faire des
recommandations additionnelles à la ministre dans ce sens?
Mme Westmoreland-Traoré: À ce jour, nous nous
sommes donné un programme. Je peux dire qu'à l'intérieur
de ce programme on pourrait intégrer la condition spécifique des
revendicateurs. Je pense que le mouvement de régularisation du statut
des revendicateurs à travers le programme administratif appelle le
conseil à traiter particulièrement, parmi les catégories
d'immigrants, la catégorie de ceux qui sont régularisés
ici. Autrement dit, que ce soit dans les mesures linguistiques, dans
l'étude sur la langue ou dans d'autres mesures, on devrait plus
particulièrement tenir compte de cette problématique. Lorsque
nous avons fait la consultation sur l'accessibilité, certains indices
ont été relevés. Cette consultation a eu lieu le 19 mars,
il n'y a pas une semaine, donc, on n'en a pas encore fait la synthèse.
Dans les questions, il y a des éléments qui noua permettent
déjà de réfléchir à la problématique
particulière des revendicateurs et des réfugiés et
à leur intégration. On le note.
M. Maciocia: Merci.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, on doit donc comprendre,
évidemment, qu'en établissant la recommandation, lorsque vous
avez recommandé le niveau d'immigration à la ministre pour
l'année 1987, vous ne preniez pas en considération la
catégorie des revendicateurs de statut puisque cette catégorie ne
peut pas se planifier, étant entendu que les revendicateurs de statut se
présentent sans nécessairement...
Une voix: Sans préavis.
Mme Harel: ...sans préavis, voilà. Donc, ce niveau
d'immigration que vous recommandiez pour 1987 était une augmentation de
l'ordre de 20 %, je crois, ou de plus ou moins 20 %.
Mme Westmoreland-Traoré: De 18 000 à 20 000; ce
n'était pas...
Mme Harel: De 18 % à 20 %. Selon les propos que vous venez
de tenir devant nous, vous nous dites que, finalement, sans que ce soit pour
autant rédigé et transmis, vous considériez que la
catégorie des revendicateurs de statut pouvait de toute façon
combler - appelons cela ainsi, en italique - le déficit des
années antérieures, pour ce qui est de l'immigration et pour ce
qui est des autres catégories, plus ou moins. Evidemment, la situation
s'est beaucoup modifiée à partir de l'automne. Finalement, on a
vu des groupes plus imposants que jamais. C'était 3000, je pense, en
décembre, ensuite, 3000 et plus en janvier et on s'acheminait vers 5000
pour le mois de février. Évidemment, les mesures annoncées
par le ministre fédéral le 15 février ont d'une certaine
façon réduit ces prévisions, mais je pense qu'elles
étaient de l'ordre de 5000 demandeurs de statut. C'est donc dire que
c'est une catégorie qui était presque en train de contourner le
processus réqulier d'admission. Est-ce que cela vous semble... Vous avez
actuellement à faire une nouvelle fois tout le processus de
recommandation du niveau d'immigration. J'aimerais savoir quels sont les
critères auxquels vous travaillez présentement pour les autres
catégories d'immigration et pour l'appréciation de la
catégorie de revendicateur de statut pour l'année à venir,
évidemment, comme le disait M. Paquin, en les distinguant de la
catégorie des réfugiés que le Québec va
sélectionner dans les camps. Vous allez me permettre de lier cela avec
toute la question relative à la répartition élargie dans
l'ensemble des municipalités du Québec. Admettre, par exemple, 60
000 personnes sur l'île de Montréal pendant une seule
année, c'est bien différent du fait de recevoir 60 000 personnes
sur le territoire du Québec. Je pense qu'il faut concevoir que si 95 %,
comme c'est le cas présentement, des 60 000 personnes s'installent sur
l'île de Montréal, c'est bien différent d'un niveau
d'accueil de 60 000 personnes qui s'installent peut-être pas dans
l'ensemble du territoire mais au moins dans les grandes capitales
régionales des régions du Québec.
Mme la présidente, vous avez dit avec raison tantôt que
vous considériez que le sondage Créatec avait enclenché un
débat public sur toute la question et avait permis... Vous avez fait
état de l'ensemble de l'expression d'opinions que cela avait
provoqué, mais je peux vous dire une chose! Cela a été
exclusivement dans les médias d'information autour de la grande
région métropolitaine parce qu'à l'est de Drummondville on
ne change pas seulement de climat, on change de médias. Et pour en avoir
parlé encore récemment avec des journalistes de la salle de
rédaction du Soleil qui est un journal important pour tout l'Est
du Québec, l'ensemble, si vous voulez, de l'Est du Québec n'a pas
participé à ce débat
public qui existe, vous avez raison de le signaler, mais qui existe dans
la grande région métropolitaine. Alors, il faut reconnaître
qu'actuellement, en matière d'immigration et de communautés
culturelles, il y a comme deux pays et il y a comme deux opinions. Il y a,
finalement, deux débats: Un qui a cours et l'autre qui est à
peine enclenché.
Le Président (M. Trudel): Avez-vous une question?
Mme Harel: Oui, la question est la suivante: Vous semble-t-il,
d'une part, puisque vous êtes en train de procéder à
l'ensemble de la réflexion sur le niveau d'immigration... Ma
première question concerne la catégorie de revendicateurs de
statut en regard, cette année, de la recommandation que vous ferez sur
le niveau. Mon autre question: Considérez-vous que le niveau
d'immigration peut varier, dépendamment de l'implantation de la
répartition et est-ce un critère dont vous entendez tenir
compte?
Mme Westmoreland-Traoré: M. le Président, je vais
demander è M. Paquin de faire part de certaines données qui sont
à la disposition du conseil sur, justement, l'arrivée des
revendicateurs.
M. Paquin: Voici. En ce qui concerne la question de Mme la
députée, bien sûr que les revendicateurs, en dedans de
presque un an, ont doublé. Alors, c'est 50 %. Cela n'avait
sûrement pas été prévu dans l'étude qui avait
été faite pour donner l'avis à Mme la ministre
l'année passée. Cette année, on va être
obligés d'en tenir compte. Je vou3 voyais donner des statistiques qui
sont justes, mais je peux vous dire qu'en attente le 28 février, il y
avait 21,870 personnes. L'arrivée en janvier était de 3000, en
février de 1789 et en mars, compte tenu des dispositions qui ont
été prises au fédéral, on peut s'attendre à
plus ou moins 500 cas.
Il faut parler aussi du programme spécial qu'il y a eu pour les
renvendicateurs avant le 21 mai 1986. Là-dessus, donc, on a
appelé près de 6792 cas en entrevue. Il y en a 5074 qui ont
été interviewés, 3914 acceptés, soit 77 % des
entrevues. Il y en a environ 1000 qui ont été refusés. 138
personnes ont été appelées et le dossier sera
révisé. Aussi, une chose que l'on a pu constater, c'est qu'il y
en a 1718 qui ne se sont pas présentés en entrevue, ce qui veut
dire que ces personnes ont déjà quitté le Québec,
soit pour aller en Ontario ou ailleurs, ou encore qu'elles ne pensent pas
répondre aux critères et ne se présentent pas. Qu'elles ne
répondent pas aux critères d'acceptation, c'est encore une
possibilité qui expliquerait qu'elles ne se soient pas
présentées.
Donc, malgré la mise en place d'un processus
accéléré pour les réfugiés, on peut se dire
qu'actuellement il y a encore environ 10 000 à 12 000 cas. Le conseil
devra aussi encore une fois tenir compte de cela, à quel moment on
pourra arriver à trouver le vrai processus pour accélérer,
soit l'acceptation ou le refus de ceux qui demandent ce statut. Donc, compte
tenu de toutes ces questions, cela va être complexe de faire l'avis, mais
il faut tenir compte de ce phénomène qui est nouveau. Je suis
d'accord avec vous que des médias dans la région de
Montréal ont formé l'opinion publique tellement ils ont
parlé des cas des réfugiés. Par contre, quand on pense au
sondage Créatec qui a été fait à peu près
dans le même temps et qu'on voit que 60 % des répondants disent
qu'ils sont favorables à un Québec multiculturel, on reste
optimiste concernant cette question.
Mme Westmoreland-Traoré: Oui. Si je peux intervenir aussi
sur ce que dit M. Paquin, les membres du conseil sont très conscients de
la complexité du dossier. Une des choses aussi qui préoccupent
les membres du conseil, c'est qu'en fixant nos niveaux c'est sûr qu'on
doit tenir compte du contexte actuel immédiat. En même temps, on
doit le situer dans un certain contenu. Ce qui s'est passé
dernièrement a été en partie provoqué par les
mesures qui ont été adoptées par notre grand voisin, les
États-Unis. On sait que c'est cela qui a provoqué aussi une
certaine distorsion. On a vu que, même aux États-Unis, il y a un
certain retournement de l'opinion en disant: Peut-être qu'il y a eu une
panique concernant les Latino-Américains, peut-être qu'il y a
d'autres mesures... En tout cas, ce n'est pas la même chose que
c'était pendant la période de Noël. Lorsque nous venons pour
étudier la question, on est obligé de tenir compte de tous les
facteurs et de tenir compte aussi des besoins du Québec. Par rapport aux
médias, je pense que cela a été constaté aussi
formellement dans notre avis sur les communications que dans les faits: il y a
Montréal et il y a le Québec. Nous pensons à ce niveau
que, si on veut intégrer, on doit favoriser aussi une stratégie
à l'échelle de l'ensemble de la province.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Richelieu. Avez-vous...
Mme Harel: Je vais terminer, parce que sur la question de
l'implantation, l'élargissement dans les capitales régionales, on
ne peut peut-être pas parler, puisqu'il il y a tous ces problèmes
d'isolement, d'une répartition dans toutes les municipalités,
mais dans les capitales régionales. Il y a une exception, malgré
qu'elle confirme la règle de l'implantation à Montréal, de
Sherbrooke.
II pourrait y avoir des exceptions dans des capitales régionales.
Bon, vous allez avoir la table des municipalités, il me semble que c'est
une excellente initiative, la table de concertation avec l'Union des
municipalités. Est-ce que vous pensez, par exemple, que
l'établissement de COFI... Il y a eu fermeture à
Trois-Rivières, à Chicoutimi. Est-ce que la mise en place de COFI
qui sont presque des maisons communautaires, presque des centres communautaires
souvent pour les communautés... Est-ce que l'implantation de COFI serait
une condition sine qua non dans les capitales régionales pour qu'il y
ait une sorte de rétention? Est-ce que vous pensez qu'il y a
matière à des programmes incitatifs au niveau du logement, par
exemple, qui pourraient favoriser la répartition? En d'autres termes,
pensez-vous que c'est une priorité de penser à une
répartition élargie?
Mme Westmoreland-Traoré: Oui, j'aimerais peut-être
que M. de Pasquale intervienne. (12 h 30)
M. de Pasquale: Dominique de Pasquale, vice-président aux
communautés culturelles. Il y a peut-être un élément
de notre programme de recherche qui va nous permettre d'aborder cette question
au moins en partie, c'est le projet de recherche sur le rôle des
organismes et associations des communautés culturelles. Il n'y a pas que
le rôle du gouvernement directement impliqué, il y a aussi le
rôle des organismes bénévoles, des organismes issus des
milieux des communautés culturelles et d'autres qui rendent des services
aux communautés culturelles, sans être nécessairement
eux-mêmes issus des communautés culturelles. Alors, bien
sûr, il y a un certain nombre d'actions qui peuvent être faites par
ces organismes. II y a une question qu'il ne faut jamais oublier, par exemple,
quand on considère l'implantation à l'extérieur de
Montréal, c'est que cette tendance à s'installer dans les grands
centres, et en particulier à Montréal, ce n'est pas le fait
seulement des communautés culturelles, mais de l'ensemble, je dirais,
d'une bonne quantité, d'une bonne proportion des forces vives, des
forces de travail. La recherche de travail est déterminante. Il n'y a
pas vraiment d'études systématiques, mais je pense aux
conversations qu'on a eues soit à Québec, soit à
Sherbrooke avec des gens des communautés culturelles. Souvent, les gens
quittaient aussi parce qu'ils réussissaient plus facilement à
trouver un emploi à Montréal. Alors, c'est un
élément déterminant.
M. Paquin: Si vous me permettez, M. le Président, à
la suite de la question de Mme Harel, je pense qu'il y aurait une
réflexion à faire parce que, lorsqu'est advenue l'immigration des
"boat people", ils ont été répartis un peu partout au
Québec. Donc, on a pris bonne note de cela et on va voir ce qui est
arrivé, on va voir s'il y a des statistiques là-dessus. Cela
pourra nous aider à voir ce qui a fait défaut, pourquoi ces
familles sont revenues dans les grands centres.
Il y a une autre réflexion que je voulais faire et que M. de
Pasquale a faite. C'est vrai que les grandes villes attirent non seulement...
Prenez les gens de la Gaspésie; on a combien de grandes familles dont
les enfants sont partis pour Montréal pour la question de
l'économie ou du travail? Donc, il y a aussi chez le
Québécois un phénomène vers la grande ville.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Richelieu.
M. Khelfa: Merci, M. le Président, juste pour
renchérir sur les paroles de M. de Pasquale. En ce qui a trait à
l'immigration ou à la répartition élargie dans les
régions, par expérience personnelle, la première
préoccupation d'un immigrant, c'est de trouver un travail et de
s'intégrer à l'intérieur de la communauté
québécoise, à l'intérieur de la vie de l'ensemble
du Québec. C'est une des raisons pour lesquelles, si je regarde un peu
partout, la répartition, c'est dans les grands centres comme
Québec et Montréal où il y a beaucoup plus d'emplois
offerts, pas nécessairement à l'immigrant comme tel, mais
à l'ensemble de la population.
Si je regarde dans notre coin, à Sorel, comme capitale
régionale, si vous voulez, nous avons plusieurs personnes d'immigrations
différentes, de pays différents. Je pourrais dire avec
fierté qu'en 1978 nous avons installé une sorte de rencontre,
à trois ou quatre reprises par année, multiculturelle où
il y a une dimension différente. Ce ne sont pas nécessairement
les immigrants comme tels, c'est l'ensemble des Québécois et
Québécoises qui veulent participer à une sorte
d'échange et apprendre à connaître une dimension
différente, une dimension d'un autre pays. C'est un aspect
intéressant et important. Si on regarde seulement l'aspect d'un
immigrant qui vient ici et qui essaie de trouver des structures, des
associations ou des groupements venant strictement et uniquement de sa culture
d'origine, je crois que l'intégration, qui est la volonté de
travailler pour le pays, devient un peu modifiée. Le premier objectif,
d'après moi, quand arrive un immigrant, c'est de s'intégrer, de
travailler et de faire quelque chose pour le Québec comme tel. C'est une
réflexion, à moins que vous n'ayez d'autres indications. Je me
pose des questions à ce sujet.
Mme Westmoreland-Traoré: Merci. M. de Pasquale?
M. de Pasquale: Juste un élément à ajouter:
c'est tellement cela que le directeur du COFI de Sherbrooke, je pense, nous
faisait remarquer que les gens quittaient non seulement la région, mais
très souvent - il y a des statistiques qui témoignent de cela -le
Québec parce qu'ils venaient de trouver un emploi ailleurs. Alors,
souvent, ayant à peine terminé ou n'ayant même pas
terminé les cours, ils quittaient le Québec parce qu'ils venaient
de trouver un emploi, et sans doute toute cette question d'intégration
est-elle reliée, jusqu'à un certain point, à
l'accès à l'emploi et, par exemple, aux programmes d'accès
à l'égalité à l'emploi.
M. Khelfa: Si vous me permettez, à un moment donné,
localement, comme président du conseil pédagogique de ma
commission scolaire, nous avons décidé d'ouvrir une sorte de COFI
à Sorel pour un groupe d'immigrants. On a facilité leur
intégration de cette façon, on est passé par la commission
scolaire locale pour donner ce cours d'appoint à une clientèle
bien spécifique. Cela peut être une formule, je ne le sais pas.
C'est à titre très personnel que j'avance cela,,
J'avais une autre question concernant les revendicateurs.
Êtes-vous intéressés au traitement administratif des cas
arriérés, dans le cas des revendicateurs du statut de
réfugié, qui a été mis en place par le gouvernement
du Canada et auquel, à l'heure actuelle, participe le gouvernement du
Québec? Êtes-vous en faveur de ce processus?
Reconnaissance du statut de
réfugié
Mme Westmoreland-Traoré: Je peux dire que, lorsque nous
avons donné un avis sur le projet d'amendement à la loi
fédérale sur le processus de reconnaissance des revendicateurs du
statut de réfugié - à ce moment, c'était le rapport
Plaut qui était à l'étude - le conseil a examiné la
question. Le conseil avait fait certaines recommandations demandant que la loi
de l'immigration du Canada soit amendée pour que les revendicateurs
aient l'occasion d'être entendus à une audition orale par un
organisme indépendant.
À cette occasion, le conseil a aussi exprimé l'avis que,
si on arrivait à accélérer le processus de traitement et
d'étude de ces demandes de revendicateurs du statut de
réfugié, par le fait même, on limiterait l'attraction
constituée par ce processus selon lequel d'énormes délais
permettent aux gens de pratiquement s'installer au pays. Si on arrivait
à accélérer ce processus, on freinerait la venue au
Québec de personnes qui, au fond, étaient attirées par la
possibilité de séjourner temporairement, séjour temporaire
qui pouvait finalement devenir presque définitif. On n'a pas encore eu
le suivi de cette recommandation, mais je sais que, dans les milieux qui
s'occupent des revendicateurs et des réfugiés, il y a beaucoup
d'attentes face à ce projet de loi concernant le processus de
reconnaissance.
En même temps, lorsqu'on a émis cet avis, on a
préconisé pour les cas en attente, les 20 000 dont à ce
moment environ 10 000 étaient présents au Québec, un
programme d'ajustements généraux. On avait dit qu'on ne devait
pas tellement faire de distinction selon le pays d'origine des revendicateurs,
mais qu'on devait prendre des mesures spéciales de redressement
généralisé pour régulariser la situation de ces
personnes qui étaient en attente depuis assez longtemps et qui n'avaient
pas bénéficié du processus constitutionnel, car ils
n'avaient pas été entendus oralement, selon l'opinion de la Cour
suprême du Canada.
Le programme administratif mis sur pied le 20 mai 1986 est allé
jusqu'à un certain point, dans la mesure où le programme a
préconisé la révision des cas de tous les revendicateurs
en attente. Le programme a mis de l'avant certains critères pour
l'acceptation, critères de nature économique dans la mesure
où un individu capable de démontrer qu'il peut s'intégrer,
qu'il a un travail et qu'il a peut-être de la parenté, peut
être reçu et sa situation régularisée comme
immigrant permanent au Québec et au Canada.
Évidemment, ce n'est pas une mesure de redressement
général où toutes les personnes en attente seraient
reçues, mais cette mesure permettait une révision de chaque cas
individuel. Je crois que nous avons certaines données sur le nombre de
cas qui ont été régularisés. M. Paquin en a fait
état tantôt en disant que 70 % des cas qui étaient
passés avaient été régularisés. Quant
à ceux qui ont été refusés, ils retombent dans le
processus et ils seront entendus par la Commission d'appel de
l'immigration.
Vu que ce projet est toujours en fonction et que le conseil avait
déjà émis une opinion sur le processus qui pourrait
être préconisé, le conseil ne s'est pas prononcé de
nouveau. Je sais que le conseil est intéressé à voir le
projet de loi fédéral traiter de ce processus. Le conseil donnera
probablement un avis à Mme Robic. Je ne sais pas s'il y a d'autres
éléments à ajouter à cela.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Richelieu, merci, madame. M. le député de
Mercier, vous aviez demandé la parole.
M. Godin: Mais après vous, je pense, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Non, cela va. Je prendrai les
dix ou quinze dernières minutes.
M. Godin: On sait que l'immigration fait partie de la "short
list" de demandes du Parti libéral au fédéral, les cinq
revendications du gouvernement actuel dans les négociations avec le
fédéral. Est-ce que le conseil qui est, peut-on dire, le meilleur
expert dans tes questions d'immigration a été consulté ou
a émis un avis au gouvernement actuel sur les points qu'il devrait
obtenir du fédéral dans ce3 négociations, oui ou non?
Mme Westmoreland-Traoré: La réponse est non.
M. Godin: Merci.
Mme Westmoreland-Traoré: Dans l'avis sur le processus de
reconnaissance du statut de réfugié, dans le rapport Plaut, le
conseil avait recommandé à la ministre que le gouvernement du
Québec obtienne plus de pouvoirs pour la régularisation des
statuts. Surtout dans le cas de personnes en détresse, la
régularisation du statut devrait pouvoir se faire au Québec sans
que la personne soit obligée de quitter le Canada ou la province de
Québec. Maintenant, à part cette recommandation, qui, au fond,
relève de questions constitutionnelles, le conseil n'a pas émis
d'autre opinion à ce sujet.
M. Godin: Est-ce que le conseil a réfléchi,
même un début de réflexion très préliminaire,
sur un avis à donner au gouvernement sur ces questions, puisque c'est
votre raison d'être?
Mme Westmareland-Traoré: Je ne peux pas dire directement.
Je pense qu'il y a plusieurs études qui, par incidence, touchent le
mandat du Québec. Je pense notamment à la table ronde sur
l'immigration. Cette table est censée alimenter le conseil et le
comité d'immigration dans leurs réflexions, dans leurs
orientations. Parmi les sujets qui y sont traités, il y a la question de
la capacité de rétention des immigrants. Pour faciliter la
rétention des immigrants, il y a certaines recommandations qu'on
voudrait faire concernant les pouvoirs, soit à travers une entente
négociée, du genre entente Cullen-Couture, ou à travers,
des modifications constitutionnelles. C'est un début de réponse.
Je passe la parole à M. Paquin.
M. Paquin: Je n'ai pas tellement à ajouter, M. le
député, à ce que dit la présidente. L'ensemble des
avis qu'on donne va sûrement jouer un rôle dans les prises de
position du conseil. L'équipe de permanents, bien sûr,
reflète beaucoup, pour ne pas dire la totalité des gens qui sont
autour de la table avec nous. Il y en a qui ont fait des réflexions
là-dessus et c'est à nos comités, comité
d'immigration, comité des communautés culturelles, que nous
abordons ces questions. On attend donc impatiemment de voir un peu ce qui va
arriver. Est-ce que cela va tenir compte des avis qu'on a déjà
émis ou de ceux qu'on est en train de préparer? On espère
que oui.
Mme Westmoreland-Traoré: Le vice-président, M.
Paquin, me donne l'occasion de souligner quelque chose. Quand il dit que vous
avez devant vous plus ou moins l'ensemble de la permanence sur la question de
l'immigration, c'est vrai. Il y a le vice-président, il y a le chercheur
attitré, si je puis dire, de sorte que nos moyens sont plutôt
réduits. Si nous avons procédé au moyen d'une table ronde,
c'était justement pour aller chercher des expertises et associer les
membres du conseil à cette démarche. Lors de cette journée
de réflexion, de table ronde sur l'immigration, nous avons pu dans un
premier temps réunir deux démographes reconnus, M. Réjean
Lachapelle, qui est actuellement démographe à Statistique Canada,
mais qui a déjà été directeur de recherche au
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration, et M.
Termote, de l'INRS, qui a d'ailleurs travaillé sur l'impact
économique de l'immigration ou qui était au courant de ces
recherches. (12 h 45)
Dans un deuxième temps, nous avons discuté de questions
économiques avec M. Gasse, qui est professeur à
l'Université Laval et qui collabore à une importante recherche,
en partie avec l'institut de recherches politiques. À une
troisième table, nous avons associé aux communications une firme
d'experts pour nous entretenir des possibilités de promouvoir la
diffusion et la sensibilisation sur l'aspect immigration. Était aussi
présente une journaliste connue, une experte dans le domaine, Mme Tasso.
Egalement, au chapitre de l'intégration, nous avons eu à cette
table la professeure Micheline Lebel, qui a fait plusieurs études sur
l'intégration des femmes immigrantes et qui a apporté une
problématique spécifique.
Nous voudrions aborder plusieurs sujets. Une des raisons pour lesquelles
nous avons abordé la question des organismes, c'est parce que nous
pensons que les organismes sont, en grande majorité, les "relieurs" de
l'action gouvernementale. Leur rôle sera valorisé et deviendra
encore plus important dans la mesure où nous serons dans une position,
peut-on dire, de diminution, de "de-sizing" de l'État, de privatisation,
etc., de sorte qu'il est nécessaire que le conseil apporte une
réflexion à ce niveau, car, lorsque nous parlons d'immigration,
nous parlons toujours d'intégration. On pense que les organismes et les
associations, que ce
soient les communautés culturelles ou d'autres organismes
d'accueil, ont un rôle privilégié à jouer à
ce chapitre.
Le deuxième point que nous avons mis par ordre de priorité
concerne la place, le rôle et les mécanismes d'apprentissage du
français. C'est fondamental. On a mis cette priorité, car il nous
était impossible, avec nos moyens, de traiter de beaucoup plus de
sujets. On doit être réalistes. On a déjà
réclamé d'autres moyens. On est très conscients de nos
limites. Je profite simplement de cette intervention pour vous le dire. Par
exemple, relativement à l'étude sur le français, j'ai
présenté très rapidement les moyens du conseil. J'ai
expliqué qu'au fond une partie, environ 80 %, va aux traitements; une
autre, je dirais, 10 % ou 15 %, va au loyer. Il nous reste, après les
frais fixes de fonctionnement, environ 40 000 $ pour les services de contrats,
40 000 $ pour organiser les consultations et les rencontres parfois à
l'extérieur de Montréal - on en a fait une jusqu'à
maintenant - plus les contrats de recherche. La moyenne de nos contrats de
recherche est d'environ 2000 $ ou 3000 $, ce sont de jeunes chercheurs. Cela
n'a rien de comparable avec les autres conseils. Vous êtes au courant que
les recherches sont parfois commandées soit par le Conseil du statut de
la femme ou par le Conseil de la langue française. On nous pose parfois
des questions sur la question constitutionnelle et sur les nouvelles
problématiques de l'immigration. Nous avons parlé des
revendicateurs. Il y a une mesure de contrôle qui peut être
exercée par le Québec, mais il y a une autre mesure qui nous
dépasse. C'est un phénomène mondial, ces
déplacements de population, ces mouvements de masse et de population.
Ces études sont également menées par le Conseil de
l'Europe, par l'OCDE et par des instituts aux États-Unis. Nous avons une
certaine connaissance, car nous collaborons à certains comités de
recherche de ces instituts. Mais, par rapport à cela, les moyens du
conseil sont très très réduits.
Le Président (M. Trudel): Mme la présidente, ayant
été à la fois généreux et...
M. Godin: Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Trudel): Vous n'avez pas terminé,
M. le député?
M. Godin: II m'en restait deux.
Le Président (M. Trudel): J'allais dire ayant
été à la fois libéral et généreux
avec mes collègues, j'aurais aimé me réserver quelques
questions, mais je le ferai cet après-midi, car...
Mme Harel: II n'est pas niaiseux.
M. Godin: Ce n'est pas exclu.
Le Président (M. Trudel): ...Mme la présidente m'a
donné une bonne ouverture sur les questions budgétaires. Allez-y,
M. le député de Mercier!
M. Godin: L'un n'empêche pas l'autre. Je comprends, Mme la
présidente, que vous n'avez pas été saisis d'un mandat par
la ministre sur cette question.
Mme Westmoreland-Traoré: Nous n'avons pas eu de demande
d'avis sur cette question. La question constitutionnelle, si je comprends
bien?
M. Godin: Oui, oui.
Mme Westmoreland-Traoré: Non, nous n'avons pas eu de
demande d'avis sur la question constitutionnelle.
M. Godin: D'accord, cela répond à ma question. Il
ne m'en reste qu'une, M. le Président, et elle est très
courte.
Présence des communautés culturelles
dans les médias
Au sujet d'Arrimage, l'émission multiethnique de
Radio-Québec, vous avez émis un avis et la ministre s'est
engagée à saisir son collègue des Communications d'une
proposition au terme de laquelle Radio-Québec aurait plus de
présence multiethnique dans d'autres émissions. Avez-vous fait un
suivi pour vérifier si, effectivement, ces engagements ont
été tenus par Radio-Québec'' Y a-t-il eu plus de
présence multiethnique dans d'autres émissions puisque Arrimage
avait sauté?
Mme Westmoreland-Traoré: Nous avons actuellement seulement
certains éléments de réponse à cette question. Je
vais passer la parole à M. de Pasquale qui suit plus directement cette
question.
M. de Pasquale: À la fois au conseil des
communautés culturelles et au conseil de Radio-Québec. En fait,
il n'y a pas eu d'étude systématique pour l'instant faite
là-dessus, mais on est en relation avec un groupe qui s'est
créé à la suite de la disparition d'Arrimage et qui fait
une comptabilité assez serrée de la présence des
communautés culturelles dans les émissions d'information, enfin,
dans l'ensemble de la programmation de Radio-Québec. Il faut juste se
rappeler que la très grande majorité, la quasi-unanimité
des organismes des communautés culturelles ne souhaitait pas seulement
une présence dans l'ensemble de la programmation, mais souhaitait une
émission du type d'Arrimage, c'est-à-dire une émission
qui porterait sur la problématique spécifique des
communautés culturelles à Radio-Québec, une
émission qui serait en même temps, non pas un facteur de
ghettoîsation de l'information - une argumentation qui était
utilisée par la direction de Radio-Québec -mais, au contraire,
une émission qui favoriserait le rapprochement entre les cultures
puisque Arrimage était vue par... Plus de 50 % du public d'Arrimage, en
fait, était issu de la majorité francophone. Alors, cela avait
exactement, dans le fond, l'effet contraire. En plus, les gens des
communautés culturelles souhaitaient aussi une présence physique,
c'est-à-dire, à toutes fins utiles, un programme d'accès
à l'égalité, enfin, quelque chose qui permettrait une
participation concrète des professionnels issus des communautés
culturelles à Radio-Québec.
Alors, il y a donc une comptabilité qui se fait, pour
résumer, quant à la présence dans le contenu, mais il y a
aussi un certain nombre de revendications, je pense, auxquelles on n'a pas
donné suite. C'est en ce qui concerne la présence physique et,
par ailleurs, une émission du type Arrimage.
Mme Westmoreland-Traoré: Lorsque l'avis sur les
communications et les membres des communautés culturelles a
été diffusé, le conseil a saisi l'occasion pour organiser
aussi un colloque et c'est à ce moment qu'il y a eu beaucoup
d'expressions d'opinions et beaucoup d'appuis pour cette recommandation qu'il y
ait une meilleure représentation des membres des communautés
culturelles parmi le personnel dans tous les aspects de la production
électronique à Radio-Québec.
Nous sommes informés que Radio-Québec va publier un
rapport - je crois que c'est demain - et, dans ce rapport, il y aura quelques
recommandations spécifiques par rapport aux communautés
culturelles. Maintenant, nous n'avons pas encore eu connaissance de ce rapport.
Les éléments préliminaires que nous avons ne sont pas
aussi encourageants. Nous savons qu'il y a eu quand même rencontre entre
la ministre, Mme Robic, et M. French, le ministre des Communications, au sujet
non seulement d'Arrimage, mais aussi au sujet de la représentation des
membres des communautés culturelles dans la programmation de
Radio-Québec comme telle. Nous espérons qu'il va y avoir une
meilleure représentation, si je peux dire. Lors de la consultation, on a
été déçu de voir que Radio-Québec n'avait
pas répondu à notre invitation de faire une soumission, sauf une
soumission écrite. On aurait attendu une plus grande participation d'un
organisme ayant une mission d'éducation vis-à-vis du public
québécois.
Alors, ce que l'on peut dire, c'est que l'on suit toujours ce dossier
sur les médias. M. le député Maciocia a quand même
mentionné que Mme la ministre nous demande un avis sur les relations
entre le ministère et les médias ethniques. C'est un des volets
de ce dossier médias, mais on suit aussi le dossier
général.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la présidente.
Si vous permettez, à 12 h 55, si l'Opposition n'a pas d'autres
questions... Oui, M. le ministre. Nous avons le plaisir d'avoir M. le ministre
des Communications parmi nous. Je lui cède la parole.
Mme Harel: Avec notre consentement.
Le Président (M. Trudel): Décidément, je
n'arriverai pas à parler à cette commission aujourd'hui, mais je
me réserve la reprise de cet après-midi, à 16 heures. M.
le ministre.
M. French: Je vous remercie, M. le Président. Je suis venu
pour récupérer mon "trench", mais je profite de l'occasion non
pas pour une défense de Radio-Québec, mais plutôt pour
signaler au conseil mon intérêt en tant que ministre des
Communications d'explorer avec lui la possibilité de poursuivre la
recherche sur la présence des communautés culturelles dans les
médias québécois d'une façon, disons, un peu plus
scientifique qu'on a pu le faire jusqu'ici. Il est courant pour les diffuseurs
de se faire dire qu'ils ne font pas assez attention aux femmes, aux
minorités culturelles, aux régions, etc.
Donc, ce qu'il faut pour établir un cas qui soit convaincant face
à ces gens qui sont quand même autonomes dans leur programmation -
je ne parle pas de Radio-Québec là, je parle de l'ensemble de la
problématique - ce qui est nécessaire, c'est de monter un dossier
comme les femmes l'ont fait auprès du CRTC récemment, et j'ai
signalé à ma collègue, à la suite de votre rapport,
notre disponibilité pour parler avec vous là-dessus. Nous avons
une expertise importante dans la recherche sur les médias. Je vous avoue
que je ne pourrai pas demander à mon monde de se brancher
immédiatement sur la question à temps plein, mais nous pourrons
identifier les ressources possibles et même, peut-être, parler
conjointement entre les deux ministères de financement. En tout cas, je
veux signaler ma disponibilité sur ce problème-là, tout en
signalant aussi que les médias, que ce soit Radio-Québec ou
d'autres, ne sont pas les éléments de mon ministère, ni
les éléments du ministère des Communications du Canada,
donc, on n'a pas de pouvoir de direction. Vous savez que, déjà,
dans le domaine de la publicité au gouvernement du Québec, on
demande si les communautés culturelles sont représentées,
etc., avec les résultats que vous voyez qui sont plus ou moins
satisfaisants, d'après mot.
De toute façon, il s'agit d'avoir des dossiers bien
étoffés et de passer à une autre étape que
l'étape des opinions. On est encore à l'étape des opinions
et il faudrait, je pense, passer à une autre étape où on
pourra avoir des données un peu plus rigoureuses à
présenter.
Mme Westmoreland-Traoré: Au nom du conseil, je ne peux que
recevoir avec grand plaisir cette offre de collaboration. Je peux vous assurer
que c'est notre plus grand intérêt de collaborer avec vous. Je
n'admets pas nécessairement que les recommandations que nous avions
faites ont été fondées uniquement sur des opinions, mais
je pense qu'on peut poursuivre le dialogue. Cela est très positif et je
vous remercie.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. Comme
députés, nous retiendrons votre grande ouverture à nos
recommandations de faire de la publicité dans les médias
communautaires et multiculturels. Alors, la commission ajourne ses travaux
jusqu'après la période des affaires courantes.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 16 h 51)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la culture reprend l'examen des orientations, des
activités et de la gestion du Conseil des communautés culturelles
et de l'immigration entrepris ce matin. Je vous rappelle que nous devons
ajourner nos travaux à 18 heures au plus tard. J'accorderai dix minutes
vers 17 h 50 pour les déclarations finales si les membres de la
commission en ont, notamment les gens de l'Opposition et les
ministériels.
Tel que promis à la suspension des travaux à 13 heures, ce
midi, je me réserve égoïstement - j'ai été
généreux ce matin -les premières questions pour cet
après-midi, à tout le moins, la première question.
Mme la présidente, dans le peu de temps qu'il nous reste,
j'aimerais discuter de trois questions avec vous, mais au profit de mes
collègues de la commission, je n'insisterai pas pour les traiter l'une
après l'autre si quelqu'un d'autre veut intervenir. Je vous pose tout de
suite, Mme la présidente, les trois questions que j'aimerais discuter
avec vous. Peut-être par formation ou déformation professionnelle,
la question des manuels scolaires m'intéresse au plus haut point.
J'aimerais aussi vous parler de votre projet de recherche. J'aimerais en
discuter avec vous. Deuxièmement, on a déjà parlé
ce matin de la question de l'intégration des immigrants à la
communauté francophone du Québec. Peut-être aussi par
déformation professionnelle et par goût particulier, j'aimerais
parler de l'apport des communautés culturelles dans le domaine des-arts.
J'ai donc ces trois questions que je fais précéder par une courte
question d'ordre administratif. J'inviterais peut-être les membres de la
commission à me suivre sur ce terrain pendant quinze ou vingt minutes,
au maximum, pour liquider les questions d'ordre administratif.
La question que j'avais pour vous, Mme la présidente, c'est que
ce matin, en nous pariant, vous avez fait allusion, parlant de
l'intérêt que le conseil porte à la question des
communications pour l'ensemble des communautés culturelles, vous avez
fait allusion, pour autant que je me souvienne, au fait que votre conseil
était... Je ne veux pas déformer vos paroles, mais j'ai cru
comprendre que votre conseil était plus ou moins équipé
d'un plan de communication ou un plan de relations extérieures; je
n'aime pas le mot. Est-ce que vous entendez remédier à cette
faiblesse, jusqu'à un certain point, si vous me passez l'expression?
Nous lisons vos avis et ils sont assez bien couverts par la presse, mais j'ai
l'impression que l'excellent travail que vous faites et dont je vous
félicite pourrait être beaucoup mieux connu de la population si on
répandait la bonne nouvelle de façon un peu plus
systématique. J'aimerais vous entendre sur cette question.
Mme Westmoreland-Traoré: Merci beaucoup, M. le
Président. Sur la question des communications, il y a certains
éléments qui se retrouvent dans notre document, Orientation
générale. C'est vrai que le conseil a le pouvoir de rendre
ses avis publics. Parmi les principes généraux, on avait
adopté ceux-ci: promouvoir l'accessibilité et la diffusion de
l'information que nous produisons, contribuer aussi â
l'élaboration et à la réalisation d'une politique
d'éducation interculturelle. Partant de ces principes, nous avons
élaboré un programme de communications pour notre conseil et ce
programme a été adopté le 9 octobre 1986. Ce programme
avait été vu d'abord en comités des communautés
culturelles et ensuite il est venu au conseil. Parmi les objectifs de ce
programme, nous voulons aussi, en plus d'assurer l'accessibilité et la
diffusion de nos avis, contribuer à la sensibilisation des divers
publics à la réalité multiculturelle de la
société québécoise. Notre programme de
communications devrait nous permettre d'assurer une présence
auprès des différents publics et sur l'ensemble du territoire du
Québec et nous voulons aussi être présents auprès
d'organismes publics.
Si j'ai signalé certaines carences au niveau des communications
pour notre conseil, c'était que, nous étant dotés
d'une
certaine politique de communications, nous sommes à court de
moyens pour la réaliser. Nous devons compter sur, si vous voulez,
l'exécutif du conseil pour la réaliser, le vice-président
aux communautés culturelles, alors que chacun des vice-présidents
a non seulement un rôle à l'intérieur au niveau de la
gestion, mais a aussi à s'occuper des éléments substantifs
de son mandat, soit les communautés culturelles ou l'immigration.
Dans cette politique de communications on prévoit, par exemple,
la collaboration des services de communications du ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration, une politique de traduction
de nos documents. On préconise la représentativité de tous
les outils et toutes les publications, une représentativité qui
va tenir compte des régions du Québec ainsi que des composantes
de la société, c'est-à-dire, les groupes ethnoculturels
sociaux, les organismes de femmes, de personnes âgées, de
personnes handicapées et autres. Nous avons une politique
vis-à-vis de la publication de nos avis. Pour réaliser cette
politique, on devrait pouvoir disposer d'un relevé de presse, des
relations avec la presse, d'un programme de rencontres que nous avons
énumérées, améliorer le fonctionnement de notre
centre de documentation de base et avoir un bulletin.
Les membres de notre conseil, les organismes, d'autres intervenants nous
disent que, comme vous, M. le Président, c'est très bien de faire
un travail intéressant, mais il importe que ce travail soit connu. Nous
sommes en train de faire un premier bulletin, mais encore avec des
contractuels. Pour nous, il est essentiel qu'on puisse améliorer ce
service pour réaliser le programme. On ne pense pas qu'on puisse
réaliser ce programme dans une année ou qu'on puisse couvrir tous
les aspects du programme, mais en même temps on devrait pouvoir avoir une
approche plus systématique, au moins toucher certains
éléments de ce programme à chaque année. Je ne sais
pas si vous voulez ajouter quelque chose, M. de Pasquale.
M. de Pasquale: II y a aussi, peut-être, la question des
pouvoirs mêmes du conseil relativement à l'information.
Récemment, j'accompagnais les gens de Québec Multi-Plus en
commission parlementaire. Je n'ai pas à portée de la main le
projet de loi 104, mais je sais qu'il y a un des articles qui porte
explicitement sur le pouvoir qu'aura le prochain Conseil permanent de la
jeunesse d'informer le public. Nous, le pouvoir que nous avons, du moins de par
la loi, c'est de donner de l'information plutôt sur les activités
que mène le conseil, que fait le conseil, de l'information sur les avis,
bon, la possibilité de les rendre publics. Une des hypothèses
qu'on faisait, c'est qu'on puisse contribuer aussi plus largement, par exemple,
aux actions de sensibilisation du grand public à l'interculturalisme,
par exemple. Sur ce plan, notre loi est peut-être un peu restrictive.
Bon, comme le signalait Mme Westmoreland-Traoré, par ailleurs, sur le
plan des moyens, on n'a aucun moyen, en fait.
Le Président (M. Trudel): Vous avez une politique, mais
pas de moyens.
M. de Pasquale: On n'a pas les moyens, vraiment, d'une politique,
parce que ce sont les gens permanents du conseil qui, pour l'essentiel, font
Ies communiqués. Exceptionnellement, on va engager quelqu'un pour
rédiger un texte, mais on n'a pas vraiment quelqu'un qui s'occupe... On
n'a pas d'agent d'information. On doit certainement être un des seuls
conseils à ne pas avoir d'agent d'information ou de communications pour
s'occuper des relations de presse, par exemple.
Les ressources du conseil
Le Président (M. Trudel): Ceci nous amène au coeur
du sujet, sur le plan administratif tout au moins, qui est la question dont je
parlais tantôt, celle des qros sous. J'aimerais vous entendre... Je ne
vous poserai pas de questions très précises sur vos budgets; on
les connaît, ils sont modestes. Je pense que ce que vous faites avec ces
budgets est de l'ordre de l'excellence. J'aimerais quand même vous
entendre parler de la question budgétaire et de vos
préoccupations à ce sujet.
Mme Westmoreland-Traoré: Le conseil est un organisme
professionnel. Nous sommes appelés à conseiller la ministre et
à donner des avis sur des questions qui ont une importance clé,
je pense, pour l'avenir de la société québécoise,
sur des sujets qui sont aujourd'hui aussi d'un intérêt très
manifeste dans l'opinion publique. Ce sont, pour nous, des
éléments additionnels qui font que le travail que l'on fait doit
pouvoir résister à toutes les épreuves et être
véritablement scruté, approfondi. Nous faisons des consultations
et des recherches complémentaires à ces consultations pour
pouvoir aviser et conseiller notre ministre utilement.
Pour réaliser cela, en tant que structure professionnelle, il
nous faut un minimum de ressources professionnelles. Actuellement, j'ai la
collaboration des vice-présidents qui ont, comme je l'ai dit, un
rôle de direction, mais aussi, avec moi, un rôle de
représentation du conseil, un rôle de direction, de coordination
pour les deux travaux, les deux comités: le comité de
l'immigration et le comité des communautés culturelles.
Maintenant, quant à ceux qui sont de
l'ordre des exécutants, nous avons trois professionnels, ce qui
revient à dire qu'il y a un professionnel pour tout le mandat des
communautés culturelles. Vous avez vu un peu la façon dont nous
avons articulé ce programme. Un professionnel est avec nous, M.
Manègre, pour tous les aspects de l'immigration. Vous savez, nous avons
une responsabilité quand même importante, chaque année,
afin d'aider à la formulation de la politique de fixation des niveaux
d'immigration, indépendamment des autres questions. Il nous reste un
professionnel pour les questions qui viennent, pour les demandes d'avis, pour
les recherches ponctuelles, que ce soit sur l'éducation interculturelle
ou autres, ou pour les collaborations sollicitées.
Cette année, je peux dire que nous avons eu des demandes venant
d'associations, de groupes et qu'on les a classées, d'une certaine
façon, en attendant. Nous avons eu aussi des demandes venant
d'organismes publics; c'est peut-être un peu plus troublant. Par exemple,
le ministère du Solliciteur général nous avait
demandé une certaine collaboration pour le chapitre de la réforme
de la police et des communautés culturelles. Il y avait, dans ce
document, un certain développement. Il estimait qu'on pouvait collaborer
en apportant une certaine illustration, une extension, etc. Nous l'avons
assuré de notre ferme volonté, de notre acceptation, mais, dans
les faits, on n'a pas pu satisfaire cette demande qui est très
légitime et très importante pour les communautés qui sont,
finalement, en contact avec les policiers. Nous reconnaissons le travail
énorme et très intéressant qui est fait par le service de
police de la Communauté urbaine de Montréal. Encore là,
nous sommes appelés à collaborer, mais nous n'avons pas pu y
donner suite concrètement, sauf pour répondre à certaines
invitations ponctuelles. Aussi, en ce qui concerne le Conseil scolaire de
l'île de Montréal, il a un agent chargé de ce dossier. Ce
dernier a demandé aussi de nous rencontrer. Nous ne refusons pas,
évidemment, mais je dois dire qu'il y a des délais et que nous ne
l'avons pa3 encore rencontré.
Quant à l'avis sur les médias, vous avez posé la
question suivante: Quel suivi avons-nous donné à ce jour? Quel
suivi allons-nous donner? Encore là, cela dépend de nos moyens.
M. le ministre French nous a indiqué ce matin qu'il est prêt
à discuter et à voir de plus près l'avis que nous avons
rendu. (16 h 45)
Tout ceci, seulement pour illustrer les besoins concrets, même en
ce qui concerne notre collaboration aux instances publiques. Ce qu'on nous
demande est quand même important dans la mesure où les recherches
en ce domaine sont vraiment préliminaires. Le ministère fait des
recherches et beaucoup de ses recherches sont quand même au niveau
opérationnel parce que le ministère a des services à
rendre. Il doit pouvoir planifier ses services alors que nous sommes
censés donner des avis, peut-être certaines perspectives,
certaines visions de l'intégration des communautés culturelles et
de la planification de l'immiqration. Nos recherches et nos interventions sont
donc de différents ordres. Il y a complémentarité, mais
avec pour chacun des domaines spécifiques.
En ce qui concerne le soutien aux travaux professionnels, le
secrétariat, nous avons trois agents de secrétariat pour
l'ensemble des travaux. C'est sûr que l'informatique nous a aidés.
Il y a une secrétaire principale qui est, en fait, une collaboratrice et
contribue pour beaucoup à m'aider à être aussi efficace que
possible. Mais cela veut dire que pour les deux vice-présidents, les
trois professionnels, les contractuels et les occasionnels, il y a deux
secrétaires. Nous avons une secrétaire occasionnelle, mais
celle-ci nous est indispensable. En fait, on prend toutes les sommes
attribuables aux occasionnels pour le conseil, de sorte que, si nous avons des
personnes qui sont malades ou s'il y a un excès de travail, on doit
procéder par contrat. J'ai déjà mentionné le
montant qu'on avait de disponible pour les contrats.
Maintenant, nous avons déjà signalé que nous
n'avons pas d'agent d'information. Nous n'avons pas d'aqent pour la
communication. Nous avons des ententes tenchniques pour ce qui est du soutien
technique avec le ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration. Cela marche bien. Mais, pour les autres aspects, le conseil est
plutôt à l'étroit. Nous avons fait une demande lors de
l'ajustement des crédits l'année dernière. Nous avons eu
une réponse. Nous comprenons que ce n'était peut-être pas
le bon moment de faire la demande parce qu'il y avait beaucoup de débats
à ce moment-là sur les compressions. Nous avons dit: Nous allons
redoubler nos efforts dans nos travaux. Il faut dire qu'en démarrant on
n'avait peut-être pas atteint notre capacité. Mais là, avec
les pressions venant du milieu, avec les demandes qui nous ont
été faites dans la mesure où nos travaux sont de plus en
plus visibles, je crois qu'on risque qu'il y ait une certaine réflexion
sur la qualité de nos travaux et même sur l'usure des membres. On
ne voudrait pas trop "taxer" pour ensuite démoraliser.
Ce sont là les représentations que je ferais à ce
niveau. Nous avions soumis une entente, certaines options au Conseil du
trésor, soit en ce qui a trait à l'accroissement du budget pour
les contrats, ce qui donne une certaine flexibilité, ce qui nous permet
d'accorder des contrats de services pour des recherches,, soit pour
l'augmentation de postes d'occasionnels. Mais, comme je le
dis, à ce moment-là, ce n'était pas le moment
propice. Nous sommes véritablement obligés de revenir sur cette
question.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve, vous m'avez indiqué que vous aviez une question?
Mme Harel: Oui, c'est sur ce sujet, M. le Président.
Est-ce que vous aviez terminé votre intervention?
Le Président (M. Trudel): Oui, cela va.
Allez-y.
Mme Harel: Je pense que mon collègue, le
député de Mercier et moi-même aimerions savoir ceci: Est-ce
que vous avez fait des demandes qui devraient se refléter dans les
crédits de cette année? Est-ce que vous avez
réitéré vos demandes? Si tant est que l'an dernier ce
n'était pas le moment propice, vous souhaiteriez que cette année
cela le devienne?
Mme Westmoreîand-Traoré: C'est cela.
Mme Harel: Les crédits nous seraient disponibles, mais je
pense que c'est arrivé à nos bureaux au moment où on
siège ici. Est-ce que vous avez déjà été
informés des montants qui vous seront alloués pour 1987-1988?
Mme Westmoreland-Traoré: Oui. Pour l'année...
Mme Harel: Pour 1987, plutôt.
Mme Westmoreland-Traoré: ...1987-1988, c'est
essentiellement le même budget, sauf pour les sommes allouées pour
l'augmentation de traitement à la suite des conventions collectives.
Maintenant, vu l'expérience de l'année dernière, j'ai
repris le dossier avec l'adjoint qui vient de se joindre à notre
conseil. M. Desmarais est venu en tant que prêt de services depuis le
mois de juin 1986, je crois, mais cette fois-ci il y a un transfert de postes
et crédits en tant qu'excédent à notre conseil de sorte
que c'est avec son expertise que nous allons pouvoir reprendre ce dossier et
nous profitons de la première expérience pour pouvoir
élaborer un moyen de réussir cette deuxième
démarche pour obtenir les ressources nécessaires.
Mme Harel: Parce que je vous avoue que c'est vraiment une
réflexion à faire; finalement, presque tout le conseil est devant
nous, à part deux agents de recherche et le personnel de
secrétariat et, effectivement, quand on compare avec le Conseil du
statut de la femme ou avec le Conseil supérieur de l'éducation,
vous faites assuré- ment figure de parents pauvres. Est-ce que le
comité interministériel... Au moment où était
adoptée la création du conseil, en même temps, il
était question d'un comité interministériel des
sous-ministres auquel vous, comme présidente, seriez invitée
à siéger. Le comité interministériel
siège-t-il toujours? Avez-vous été invités à
plusieurs reprises à y participer? Et n'y a-t-il pas des ressources qui
pourraient vous être disponibles par le biais de ce comité
interministériel?
D'autre part, tantôt, M. de Pasquale a parlé
brièvement des réajustements que vous souhaiteriez au niveau de
la loi. On a fait état de l'autre côté de cette commission
que vous aviez des pouvoirs considérables et vous semblez croire que le
pouvoir de sensibiliser l'opinion publique ne vous est pas véritablement
octroyé. Dois-je comprendre que c'est là votre
interprétation et que vous souhaiteriez un réajustement à
ce niveau-là? Et, est-ce qu'il y a des jetons de présence qui
sont versés aux membres qui siègent au conseil parce que chacun
des conseils a à faire part, je pense, au Conseil du trésor ou
à son ministre responsable pour qu'il en fasse part au Conseil du
trésor, de ses recommandations au Conseil supérieur de
l'éducation? Cela a été révisé de
façon que les personnes qui y siègent reçoivent des jetons
de présence et il en a été de même pour le Conseil
du statut de la femme. En est-il de même pour le Conseil des
communautés culturelles?
Mme Westmoreland-Traoré: Je peux répondre pour le
comité interministériel. A ma connaissance, ce comité a
siégé deux fois, une fois pour une séance de coordination
et de planification, une autre fois lors de la fixation des niveaux
d'immigration pour l'année 1986 et, par la suite, je ne pense pas que ce
comité interministériel a siégé. Je pense qu'il
existe quelques comités interministériels, par exemple, entre le
ministère des Communautés culturelles et le ministère de
l'Éducation, un comité de travail ou un comité
interministériel. Il est possible qu'il y en ait un autre, mais je ne
fais pas partie de ces comités. Je ne sais pas s'il y a d'autres membres
qui voudraient ajouter quelque chose à cet
élément-là.
Maintenant, au niveau des recherches nous pensons également qu'il
est peut-être possible pour les différentes instances qui ont des
demandes traitant de la participation de membres de communautés
culturelles, que ce soit par rapport à des questions scolaires ou des
questions linguistiques, de procéder à une certaine collaboration
ou concertation entre les organismes et d'impliquer notre conseil. La
même chose est vraie pour le ministère de la Santé et des
Services sociaux qui mène aussi un travail sur l'accessibilité
aux
services de santé et services sociaux pour les membres de
communautés culturelles. Si au niveau de cette concertation il peut y
avoir un certain partage des enveloppes budgétaires, de cette
façon, il serait possible pour le conseil de trouver d'autres ressources
sans vraiment déséquilibrer les finances.
Quant aux jetons de présence, un arrêté en conseil a
été adopté à la fin de février 1986
indiquant qu'il n'y aurait plus de paiement de jetons de présence aux
membres des conseils et, depuis ce moment, les membres de notre conseil n'ont
pas reçu de jeton de présence.
La ministre, Mme Robic, a écrit à la présidente du
Conseil des communautés culturelles et de l'immigration pour aussi la
consulter sur un projet d'amendement à la loi sur les communautés
culturelles et l'immigration, la loi de notre conseil. Nous avons
répondu et, par la suite, nous avons fait de nouveau certaines
représentations à Mme Robic. La ministre nous a expliqué
que, finalement, à la suite de discussions, ce projet d'amendement
à notre loi avait été retiré pour le moment, de
sorte que le paiement des allocations n'est pas supprimé dans notre loi.
Mais, dans la pratique, le décret existe toujours et les membres de
notre conseil ne reçoivent pas de jetons de présence. Plusieurs
membres ont déjà exprimé le voeu que cette pratique soit
rétablie pour des raisons évidentes.
Le Président (M. Trudel): Je ne suis pas certain d'avoir
compris. Vous avez dit qu'il y a eu un arrêté en conseil.
Mme Westmoreland-Traoré: Oui.
Le Président (M. Trudel): La politique a été
annoncée, on s'en souvient. Vou3 avez parlé de février
1986. Le règlement du conseil est daté de mars 1986.
Mme Westmoreland-Traoré: Bon. Cela doit être le
même.
Le Président (M. Trudel): Donc, j'imagine que c'est venu
par la suite.
Mme Westmoreland-Traoré: C'est le même.
Le Président (M. Trudel): Vous avez quand
même...
Mme Westmoreland-Traoré: Je crois que c'était en
mars. C'était pour tous les conseils actuels.
Mme Harel: Sauf ceux qui pouvaient obtenir une
dérogation.
Le Président (M. Trudel): Ce qui n'a pas été
votre cas.
Mme Westmoreland-Traoré: De la façon que cette
dérogation est interprétée par notre conseil, nous avons
été informés que, si des membres individuels subissaient
des pertes de rémunération et voulaient soumettre des
pièces justificatives, il y aurait moyen, pour eux, de recevoir une
indemnité. Aucun de nos membres n'a soumis de pièces
justificatives, ni fait ces démarches.
Mme Harel: II y a une autre forme dérogatoire qui n'est
pas personnalisée, donc, un peu odieuse, mais qui vaut, par exemple,
pour le Conseil supérieur de l'éducation: On se trouve à
rembourser, sous forme d'indemnité, la présence des personnes
autres que les fonctionnaires. Donc, toute personne qui, déjà,
à titre de fonctionnaire de quelque instance publique, siège
à un conseil, ne se trouve pas à accumuler le salaire, le revenu
et les jetons de présence, mais toute personne autre reçoit une
indemnité; par exemple, au Conseil supérieur de
l'éducation, les mères de famille. Le ministre Ryan
lui-même a beaucoup plaidé pour cela. Voulant un conseil
représentatif et la présence de personnes qui ne sont pas
nécessairement des professionnels, notamment de mères de famille,
etc., il fallait aussi s'assurer de la présence possible de ces
personnes, donc, de la nécessité d'une indemnité.
Mme Westmoreland-Traoré: En ce qui a trait au pouvoir
d'information, le conseil a fait un débat sur cette question, au
début de ses délibérations, lors de l'adoption de notre
premier document sur Ie3 orientations. À ce moment, les objectifs qu'on
avait formulés par rapport au pouvoir d'information étaient
beaucoup plus larges. On voulait contribuer de façon plus significative
à la diffusion d'informations qui existaient déjà et qu'on
estimait pertinentes pour nos différents intervenants et partenaires* On
voulait aussi pouvoir stimuler des débats. On voulait pouvoir diffuser
nos informations.
À ce moment, il y a eu une analyse de notre loi. En faisant
certaines comparaisons, nous avons vu qu'à l'opposé de certaines
institutions tels la Commission des droits de la personne - je ne le sais pas
pour le conseil de la langue - et le Conseil du statut de la femme, on n'avait
pas de pouvoirs particuliers pour faire diffuser de l'information, on avait le
pouvoir de rendre nos avis publics. Alors, nous avons fait une certaine
interprétation libérale en disant qu'il est inhérent
à un conseil de pouvoir au moins diffuser les matériaux qu'il
produit lui-même et, par le biais des diffusions des avis, si
nécessaire aussi, de distribuer certains documents connexes et
d'informer le public pour pouvoir faire des consultations valables. De cette
façon, on a fait, dans une certaine mesure, de la diffusion
d'informations. Mais,
pour agir de façon appropriée, nous estimons
qu'actuellement nous ne pourrons pas valablement aller faire autre chose que ce
que nous faisons actuellement avec l'état de notre législation
telle qu'elle est.
Il y avait des questions sur les manuels scolaires et je n'y ai pas
répondu. Vous avez posé trois questions. (17 heures)
Le Président (M. Trudel): Oui, madame. Je veux simplement
savoir de mes collègues s'ils en ont terminé avec l'aspect
plutôt budgétaire et administratif. Est-ce qu'il y a d'autres
questions qui portent sur le sujet?
Une voix: C'est sur autre chose.
Le Président (M. Trudel): C'est sur un autre sujet. Alors,
madame, si vous voulez, nous commencerons par la question des manuels
scolaires, peut-être?
Les matériaux pédagogiques
Mme Westmoreland-Traoré: Ceci est une demande formelle qui
nous a été faite par la ministre, Mme Robic, après
discussion avec le ministre de l'Éducation. La demande est
formulée dans un sens double. La demande nous donne le mandat d'examiner
les manuels scolaires et les matériaux pédagogiques pour extirper
ce qui pourrait demeurer comme stéréotype. Nous sommes conscients
qu'il existe déjà une grille au ministère de
l'éducation, au bureau d'approbation des manuels, et nous sommes en
train, à l'aide d'un chercheur contractuel, d'examiner cette grille, cet
outil. De fait, cette grille est actuellement en révision par le
ministère même et nous serons consultés sur le projet qui
est en train d'être formulé, complété par le
ministère de l'éducation. L'aspect particulier qui nous revient
surtout est l'élaboration d'une grille qui pourrait nous aider, aider
les éditeurs et d'autres intervenants à trouver les moyens de
valoriser les communautés culturelles, leur présence et qui
pourrait trouver le moyen d'évaluer la valorisation qui est faite. Ce
serait un outil opérationnel. Maintenant, nous comprenons aussi qu'au
ministère de l'Éducation il y a actuellement une certaine
réforme qui vise à coter les différents outils
pédagogiques plutôt qu'à accorder une approbation ou un
refus global de sorte que les outils seraient évalués selon une
cote de 1 à 10 et ce sera à la discrétion des commissions
scolaires de choisir les outils à l'intérieur de cette gradation.
Alors, notre conseil ne s'est pas encore prononcé sur ceci. La
chercheure qui s'occupe de ce dossier pour nous est en communication
étroite avec les professionnels du ministère de
l'Éducation. Je dois dire que nous avons leur entière
collaboration à ce que je sache, et je crois que nous serons
consultés formellement sur ce projet de grille. Nous ne voudrions pas
faire de duplication. Nous sommes particulièrement
intéressés par l'aspect valorisation.
Il y avait une deuxième partie à la demande.
C'était la possibilité pour nous de voir à l'application
de cette grille du moment qu'elle aurait été proposée et
adoptée parce que l'évaluation relève, de façon
législative, du ministère de l'Éducation. Une fois qu'elle
aurait été approuvée par le ministre, que le conseil soit
associé, d'une façon ou d'une autre, à
l'opérationalisation, à l'utilisation de cette grille. Le conseil
s'est réservé la possibilité de revenir sur cette
deuxième partie du mandat. Il faut d'abord qu'on réussisse sur la
première. Quant à la deuxième, on avait des
réserves. En regardant nos moyens, il fallait qu'on soit
réaliste. Il y avait plusieurs approches possibles dans les
circonstances, mais on ne pouvait pas vraiment se situer, dans un premier
temps, et on voulait avancer avec la demande qui nous était faite et on
voulait le faire en temps utile.
Je vais demander à M. de Pasquale de compléter parce que
ce travail est fait sous sa responsabilité et sous celle du
comité des communautés culturelles.
M. de Pasquale: Et avec la collaboration du secteur immigration.
Tout simplement, brièvement, la recherche étant en cours, il est
évidemment difficile d'amener beaucoup de conclusions. On peut
mentionner qu'on a fait un certain nombre de choix. En particulier, notre
analyse et notre réflexion, plutôt que de porter sur l'ensemble du
matériel pédagogique, vont plutôt, pour l'instant, porter
sur les manuels scolaires. On a choisi de centrer notre travail sur le secteur
primaire. Mais, déjà, la volonté qu'on a, c'est
peut-être d'aller au-delà de ce qui est prévu pour
l'instant dans la grille du ministère qui, elle, vise plutôt
à l'élimination des stéréotypes négatifs et
à aller chercher, trouver, identifier des éléments de
valorisation. On pourrait peut-être aussi, dans nos recommandations,
ensuite essayer d'imaginer des moyens de faire connaître ces
éléments possibles de valorisation aux éditeurs et les
vendre, dans le fond, aux éditeurs et aux auteurs.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie. Sur le
même sujet, y aurait-il une autre intervention?
Je pense que vous êtes en bonne voie d'aider à
régler une question qui est importante parce que c'est quand même
au niveau primaire que se prennent les bonnes et les mauvaises habitudes, tant
sur le plan de l'enseignement que sur... Je me souviens, à
l'époque où j'étais éditeur de manuels scolaires,
c'était l'époque de la première grille d'analyse des
stéréotypes, et tout cela.
Une des objections que l'on a eues, assez curieusement, ne venait pas
nécessairement des éditeurs. Il y en avait quelques-unes qui
venaient des éditeurs. C'était compliqué, ce
n'était pas tout le monde qui comprenait, mais sur le terrain même
il y avait des objections qui nous venaient des professeurs à
l'extérieur de Montréal. Et, là, je reviens à ce
que vous disiez ce matin, Mme la présidente, et on constate les
chiffres, et ce n'est pas une expression d'opinion, je vous donne l'opinion de
ce que l'on entendait sur le terrain à l'époque. À partir
du moment où on a 5 % des communautés culturelles qui
s'établissent en dehors de Montréal, on entendait souvent de la
part... Je ne nommerai pas de ville pour ne pas insulter quelque professeur ou
quelque enseignant que ce soit, mais en dehors des grands centres les gens, les
représentants que l'on avait sur le terrain nous disaient, dans ma
maison d'édition comme dans beaucoup d'autres: Pour nous, ce n'est pas
une réalité que l'on vit, donc, pour nous, ce n'est pas
important. Même que c'est assez dérangeant parce que cela ne
correspond à rien.
Vous allez un cran plus loin - moi, je vous suis là-dessus et je
suis pleinement d'accord, on est de Montréal - mais ne pensez-vous pas
qu'avec les 5 % dont on parlait ce matin on ne va pas avoir aussi un
problème, à un moment donné, au niveau de
l'application?
Mme Westmoreland-Traoré: Oui. La façon dont le
conseil perçoit cette question, c'est qu'il y a une évolution, et
une évolution qui s'accélère, au Québec. Les
raisons ont été articulées ici par la commission French,
c'est-à-dire qu'en ce qui a trait à une politique de population
on doit tenir compte des changements fondamentaux. On doit tenir compte du fait
qu'il y a une baisse dans le taux de fécondité très
marquée sur une période de dix ans, qu'il y a,
nécessairement, un vieillissement de la population. Avant, on subissait
plus une perte de population par l'émigration mais, depuis
l'année 1985, il y a une somme migratoire nette. Cependant, ceci
n'arrive pas à équilibrer à nouveau les taux d'immigration
et la croissance de la population au Québec. Pour toutes sortes de
raisons, non pas simplement pour des raisons démographiques, mais pour
des raisons économiques, des raisons culturelles.
Donc, nous sommes devant un phénomène qui, d'après
nous, va aller en s'intensifiant, c'est-à-dire la diversification, la
différenciation, l'acceptation des différences sur le plan
culturel, sur le plan des habitudes de vie, et ceci est un
phénomène qui deviendra de plus en plus présent pour tous
les Québécois.
Si nous regardons les déplacements de population... Au
comité d'immigration, il y a eu un débat à savoir si ce
comité devait regarder les migrations non seulement internationales, non
seulement interprovinciales, mais aussi intraprovinciales. Il y a des
migrations intraprovinciales. Il y a des jeunes qui quittent leur région
pour venir, soit en visite, soit habiter, étudier ou travailler, se
marier à Montréal. Ces personnes venant à Montréal
ne se reconnaissent pas et il y a parfois des chocs. Nous pensons que, d'abord
sur le plan de la formation, de la compréhension de ces jeunes,
où qu'ils soient au Québec, ce serait mieux qu'ils soient
introduits de façon pédagogique à cette nouvelle
réalité afin qu'ils puissent la comprendre, l'assimiler sans
heurt, avec des aides, dans les meilleures des circonstances, presque comme des
jeux, et non seulement par les outils pédagogiques, mais à
travers tous les moyens de communication. Nous pensons aussi que pour ceux qui
vivent dans la province, sans même qu'ils viennent directement en contact
avec Montréal en venant physiquement à Montréal,
Montréal fait aussi partie de la province} autant faire la distinction,
Montréal fait aussi partie de la province. Je crois qu'en termes de
population Montréal constitue à peu près 50 % de la
population et il est nécessaire, donc, que dans ces manuels on
reflète les réalités de la métropole, de ce centre
cosmopolite qui évolue. Ceci ne veut pas dire qu'on fasse une
dénégation de ses caractéristiques propres. Je retourne
à notre premier objectif, c'est vraiment de participer à
l'évolution, à la réalisation de cette
société, en tenant compte des deux facteurs, facteur pluralisme,
mais aussi caractère français. Dans toutes nos recherches, nos
discussions sur l'éducation interculturelle -parce que ce mandat sur les
manuels scolaires n'est qu'un volet d'une politique d'éducation
interculturelle - nous essayons de voir aussi les éléments
culturels, les éléments de compréhension
réciproque, les éléments de valorisation de la
société collective dans laquelle on vit autant que les
éléments de valorisation des minorités ethniques et
raciales qui évoluent au sein de cette société.
Alors, je pense qu'en mettant les différents
éléments dans leur contexte, en les analysant, en les discutant,
parce qu'il y a certains échanges, nous arriverons à avoir des
ententes. Au début, lorsqu'on parlait des manuels et des
stéréotypes vis-à-vis des femmes, il y a eu certaines
résistances. Ce n'était pas accepté comme allant de soi et
c'est simplement avec une approche, je dirais systémique, avec une
application régulière, constante, que, maintenant, on commence
à percevoir certains changements fondamentaux.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie. Mme la
députée de Maisonneuve,
sur le même sujet. Je pense que vous aviez une question?
Mme Harel: Ce sera très rapide, M. le Président.
Souvent, il y a beaucoup de bonne volonté, mais il y une sorte de manque
d'imagination. Tantôt, vous parliez de la nécessité presque
d'introduire l'aspect du jeu éducatif ou pédagogique et toute
cette dimension nouvelle à l'interculturalisme qui ne vaut pas que pour
la majorité d'origine canadienne-française du Québec, qui
vaut aussi entre les communautés culturelles elles-mêmes qui,
parfois, comme vous le savez encore mieux que moi, ont des réflexes qui
viennent de leur pays d'origine. Tout cela n'est pas simple, évidemment,
entre les communautés elles-mêmes. Mais est-il possible
d'envisager une série de mesures, une panoplie de mesures? Je pense, par
exemple, à des jumelages d'écoles. J'ai toujours
été étonnée qu'on jumelle des écoles de la
communauté grecque du Mile-End à Montréal avec des
écoles grecques ou des écoles portugaises avec des écoles
du Portugal et qu'on ne pense jamais à faire un jumelage entre des
mondes qui n'ont jamais l'occasion de se rencontrer. Une école de
Matane, par exemple, avec une école haïtienne de la rue Jean-Talon.
Finalement, il y aurait des façons de faire qui ne seraient pas
nécessairement très coûteuses. Je pense à
l'Année internationale de la jeunesse où il y avait plein de
projets pour envoyer des jeunes des communautés culturelles dans leur
pays d'origine. Mais on aurait très bien pu penser des projets pour
envoyer des jeunes des communautés culturelles dans les régions,
par exemple, faire des échanges, du jumelage, n'importe. Y a-t-il un
lieu où ces questions se discutent actuellement, en termes de projets
éducatifs, parce que c'est là que vont naître les nouvelles
attitudes? C'est à cet âge qu'il y a possibilité de faire
évoluer les comportements, finalement.
Mme Westmoreland-Traoré: Je pense que M. de Pasquale a des
éléments de réponse.
M. de Pasquale: En tout cas, il existe certainement un
appétit croissant actuellement, je pense, du milieu scolaire pour des
moyens pédagogiques de toutes sortes pour favoriser les échanges
interculturels, l'éducation interculturelle. Cela se fait souvent sans,
finalement, des moyens très coûteux, à partir de semaines
d'activités, à partir de chansons que font les enfants. Je vais
parfois dans des écoles qui ont des fêtes de l'amitié, par
exemple. Je pense à la façon dont le milieu scolaire s'est un peu
emparé du calendrier des communautés culturelles qui est
publié par le ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration et qui est un excellent moyen de valorisation. Cela rejoint les
préoccupations que l'on avait des communautés culturelles.
Mme Westmoreland-Traoré: Et c'était l'idée
originale de notre vice-président, Dominique de Pasquale. (17 h 15)
M. de Pasquale: C'est un outil dont s'est un peu emparé le
milieu scolaire qui, à partir de cela, fait des activités. Il y a
certainement un appétit croissant. On peut espérer que le milieu
de l'édition, notamment, puisse nous relayer au moins à partir
des recommandations qu'on va faire. De toute façon, le ministère
de l'Éducation lui-même est à faire aussi certaines
réflexions.
Le Président (M. Trudel): J'ai encore un peu d'influence
dans ce milieu et quelques amis. Vous pouvez compter sur ma collaboration pour
relayer vos messages et vous assister dans cette tâche qui est quand
même difficile mais essentielle. Oui, Mme la présidente.
Mme Westmoreland-Traoré: Oui, j'allais juste ajouter, en
ce qui concerne le calendrier comme simple exemple, que ce calendrier est
recherché au Québec dans les écoles qui connaissent
l'existence du calendrier et recherché par . des fonctionnaires à
Ottawa qui en connaissent l'existence. Disons que c'est le seul qui est produit
systématiquement et qui repère les faits nationaux principaux. On
peut en profiter pour dire que nous avons eu l'occasion de souhaiter une bonne
fête aux membres de la communauté grecque grâce à ce
calendrier qui nous a rappelé qu'aujourd'hui c'est la fête de
l'insurrection de la république grecque.
M. Gardner: Dans le même ordre d'idées, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Oui, M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: Dans le même ordre d'idées, est-ce que,
Mme la présidente vous avez vu les vidéos qui ont
été présentés l'automne dernier par le ministre
Ryan, ministre de l'Éducation, sur l'éducation interculturelle?
Est-ce que vous en avez déjà pris connaissance?
Mme Westmoreland-Traoré: J'ai eu connaissance que ces
vidéos existent. Je pense aussi qu'il y a des vidéos qui ont
été faits en collaboration avec Radio-Québec, les
nouvelles éditions Passe-Partout, mais je ne les ai pas visionnés
moi-même.
M. Gardner: Est-ce que vous croyez
qu'un moyen aussi moderne que le vidéo pourrait vous être
utile?
Mme Westmoreland-Traoré: Oh! Ce sera un "understatement",
c'est plus qu'utile.
M. Gardner: Oui. Est-ce que vous avez d'autres moyens que vous
pourriez nous suggérer au gouvernement pour encore valoriser davantage
l'immigration? Est-ce que vous auriez d'autres moyens comme cela?
Mme Westmoreland-Traoré: Nous pensons qu'il y a toute une
panoplie de mesures qui peuvent être utilisées. Il y a le
vidéo, comme vous mentionnez. Il y aurait aussi un programme qui serait
conçu, articulé par des professionnels des communications et il y
aurait moyen de faire une campagne au sujet de l'immigration. Il fut un temps
où j'étais associée aux travaux de l'Office de la
protection du consommateur. À ce moment, pour inculquer des bonnes
habitudes de consommation, ils se sont lancés dans un programme de
contrepublicité. La contrepublicité était une série
d'éléments, d'outils pédagogiques, d'annonces - il y avait
des annonces, des genres de vignettes qui passaient plusieurs fois.
C'était comme des vignettes, les gens s'identifiaient. Je sais quelle
peut être l'efficacité de certains programmes de cet ordre.
Maintenant, au niveau du conseil, je ne sais pas si on a trouvé un
moyen, une recette, mais nous pensons qu'il y a moyen avec la collaboration de
professionnels d'élaborer des programmes qui peut-être auront des
volets immédiats, à moyen terme et à long terme. Ce n'est
pas une question qui peut être réglée de façon
facile.
M. Gardner: Je dois vous préciser, Mme la
présidente, que je viens d'une région qui a peut-être
envoyé des lettres au président quand il était
éditeur, je viens des Bois-Francs où les seuls immigrants sont
ceux qui viennent acheter les terres. Alors, ce sont ceux qui sont riches mais
nous lisons, nous, les journaux de Montréal. Elle mentionnait, ce matin,
que les régions de Montréal et de Québec... On lit les
journaux de Montréal. Ce qui m'inquiète - je vous le mentionne
comme député - c'est quand je vois des gens venir dans mon bureau
et me dire: On aimerait bien avoir les mêmes avantages que les
immigrants. Je sais fort bien qu'eux ne font pas la distinction entre
immigrants et réfugiés. C'est ce que j'essaie de leur expliquer,
mais cela m'inquiète. On a cela dans une région où on n'a
presque pas d'immigration, en fait c'est simplement quelques immigrants qui
viennent acheter et exploiter les terres, je voulais tout simplement vous
mentionner cela, ce n'est pas une question, je m'excuse mais...
Mme Westmoreland-Traoré: Nous sommes très sensibles
à cette question. Je pense que c'est là un peu le mandat, que ce
soit au ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration
ou à notre conseil, de faire connaître l'apport de l'immigration.
Il y a parfois toute une publicité qui est faite, comme vous le dites,
au sujet de certains événements comme l'arrivée d'un grand
nombre de travailleurs ou de revendicateurs, le fait qu'ils sont logés
à l'hôtel, qu'ils reçoivent certains services sociaux
presque immédiatement. Mais, de l'autre côté, on n'examine
pas l'apport économique de l'immigration. On n'examine pas le fait que
ce sont des travailleurs, des professionnels, des chercheurs, des
investisseurs, des hommes d'affaires qui arrivent déjà
formés, qui amènent un bagage d'expérience. Si on compare
le coût en éducation pour un jeune jusqu'à l'âge
d'entrée sur le marché actif de l'emploi, j'ai vu des chiffres
qui peuvent monter jusqu'à 50 000 $ chacun, je ne sais pas, et
probablement plus. Mais ces travailleurs arrivent déjà
formés. Il y a aussi les éléments de consommation, tous
les multiplicateurs économiques qui entrent en ligne de compte à
ce moment. Mais, à côté de cette question d'apport
économique, je pense que c'est aussi utile dans des situations de cette
nature de voir les aspects démographiques. Au conseil, nous devons
peut-être tenir un peu plus compte de ces nécessités que la
population en général. Autrement dit, on voit les coûts
immédiats.
Un autre aspect qu'on ne regarde pas très souvent aussi, c'est
que les revendicateurs, en moyenne, sont sur l'aide sociale pour une
période relativement courte parce qu'essentiellement ce sont des
personnes qui cherchent à faire leur vie en attendant le processus et
tout le reste. Ils ne sont pas habitués à l'aide sociale. Ils
n'aiment pas tellement cela. C'est la même chose avec les immigrants. Je
pense que les statistiques nous démontrent que, dans une période
de croissance économique, le taux de présence des immigrants sur
les rôles d'aide sociale est proportionnellement minime, beaucoup moindre
que la proportion générale, que c'est dans les périodes de
récession que la proportion des immigrants sur les rôles de l'aide
sociale est plus élevée. Alors, je crois qu'il faut prendre
l'ensemble et il faut voir ces comportements. Avec cela, il y aura une
meilleure compréhension.
M. Paquin.
M. Paquin: M. le Président, j'aimerais peut-être
ajouter à la réponse qui vous est donnée que le conseil
cherche par tous les moyens... parce qu'on parle beaucoup des
réfugiés, mais on ne parle pas beaucoup des immigrants
indépendants qui arrivent ici avec de l'argent... Donc, une des
études qu'on
voulait entreprendre, et même faire un colloque, c'est
particulièrement sur les entrepreneurs-immigrants. On a un peu de
statistiques là-dessus, si on compte qu'en 1983-1984 ils ont
créé 23 000 emplois au Québec et versé environ 500
000 000 $ en salaire. Ce sont des choses qu'on ne met pas suffisamment en
évidence. Dans les prochains mois, le conseil veut mettre un peu
l'accent là-dessus.
M. Gardner: Merci.
Le Président (M. Trudel): Dans l'ordre, puisqu'il reste
seulement 35 minutes et que je ne voudrais pas priver les membres de la
commission de poser des questions, j'ai une demande de la part du
député de Sherbrooke et du député de Viger. Je vais
d'abord céder la parole au député de Sherbrooke puisqu'il
manifeste une certaine impatience. Il y aussi Mme la députée de
Matane qui m'avait indiqué ce matin qu'elle avait une question à
poser et qui a dû s'absenter.
Mme Hovington: M. le Président, je me suis
absentée. Je dois m'en excuser auprès du conseil. C'était
légitime.
Le Président (M. Trudel): C'était tout à
fait légitime.
Mme Hovington: J'étais whip à l'Assemblée
nationale ce matin. Je devais aller vérifier...
Le Président (M. Trudel): Je vous comprends parfaitement,
Mme la députée.
Mme Hovington: ...si tout se passait bien.
Le Président (M. Trudel): Dans l'ordre, M. le
député de Sherbrooke, Mme la députée de Matane, M.
le député de Viger et Mme la députée de
Maisonneuve.
Tables de concertation avec les
municipalités
M. Hamel: Merci, M. le Président. J'avais trois questions,
mais, voyant l'heure, je vais en poser seulement une. J'aimerais, s'il vous
plaît, avoir un peu plus d'explications. Dans votre section sur les
recherches concernant le comité de l'immigration, ce matin, vous avez
parlé rapidement de la création de la table de concertation des
communautés culturelles dans les municipalités. J'aimerais avoir
un peu plus de détails et que vous développiez davantage cet
aspect, s'il vous plaît.
Mme Westmoreland-Traoré: Je vais demander à M.
Paquin. car il est aussi conseiller municipal à la ville de
Montréal...
M. Paquin: Montréal-Nord.
Mme Westmoreland-Traoré: Montréal-Nord,
excusez-moi, M. Paquin. C'est une personne vraiment bien placée pour
répondre à cette question.
M. Hamel: Merci, madame.
M. Paquin: II est vrai que j'ai beaucoup d'intérêt
pour la création de ces tables de concertation. J'ai donné
quelques raisons ce matin. Même pour les petites municipalités, on
pense que par la formation d'une table de concertation municipale on pourrait
communiquer avec les nouveaux arrivants et les intégrer plus facilement
à la communauté.
On a pensé aux municipalités parce qu'on trouve que c'est
un gouvernement qui est très près des citoyens, que les actions
qu'il pose ont un impact souvent immédiat sur la qualité de vie
des citoyens. On considère très important que la
municipalité s'implique dans l'établissement de rapports
harmonieux parmi les différentes communautés culturelles qui se
retrouvent sur son territoire.
Les objectifs de cette étude sont très simples: On veut
assurer la participation de tous les citoyens et toutes les citoyennes aux
affaires de la municipalité quelle que soit leur origine ethnique et
créer un sentiment d'appartenance dans toute la communauté;
s'assurer qu'il n'y a pas de pratique discriminatoire lorsqu'elle rend des
services, entend des revendications ou des plaintes ou embauche du personnel ou
octroie des contrats; et développer le respect mutuel entre les citoyens
de toute origine. J'ai vécu . l'expérience d'une table; la
Revue des municipalités en parlait, on a une table de
concertation à Montréal-Nord. Dans le quartier même
où je suis conseiller municipal, j'ai beaucoup d'ethnies,
particulièrement des Haïtiens et des Italiens.
On ne veut pas établir un cadre trop rigide, que cela s'appelle
table de concertation des communautés culturelles ou comités...
Il y en a quelques-uns actuellement qui font l'expérience, mais on veut
fournir assez d'outils pour leur rendre cela tellement facile qu'ils acceptent
de former leur table et on est prêt, le conseil, à leur fournir
des statistiques, à faire des petites recherches sur les membres des
communautés qui seraient présents.
Qui serait à cette table? C'est, bien sûr, les
représentants de communautés culturelles qui vivent dans ces
villes, mais on veut aussi que des conseillers municipaux soient à cette
table, soient à l'écoute, peut-être des chefs de service
aussi, des commissions scolaires, des CLSC. On veut que ces gens soient
entourés et participent très activement à la vie de leur
milieu.
Donc, dans les objectifs qu'on poursuivait, on voulait aussi travailler
à ce projet avec l'Union des municipalités du Québec.
Donc, on a déjà fait des démarches en ce sens. Je pense
que notre demande sera très bien reçue. Dans un deuxième
temps, on aimerait bien aussi, à leur prochain congrès, non pas
celui de cette année, mais celui de l'an prochain, à la suite de
ce projet que nous espérons mettre en place pour le mois d'octobre, que
le conseil ait sa place dans un atelier sur les communautés culturelles
au prochain congrès des municipalités. On voudrait prendre notre
place et bien sensibiliser les municipalités de la province sur ce
sujet.
Ce sont les grandes lignes du projet.
M. Hamel: Merci. (17 h 30)
M. Westmoteland-Traoré: Le conseil a déjà
fait une table ronde aussi sur la question des relations raciales en milieu
urbain. On a eu l'occasion d'avoir un invité spécial, c'est le
commissaire aux relations raciales de l'Ontario, M. Dan Mc Intyre, qui est
aussi commissaire à la Commission des droits de la personne en Ontario
et un des professionnels. Lors de la discussion qui a réuni des membres
de notre conseil et des représentants du service de police de la CUM,
des représentants de la table de consultation de Montréal-Nord et
d'autres personnes intéressées, beaucoup de promotion a
été faite de tables tel que préconisé dan3 ce
projet de recherche, et je puis dire de recherche-action, comme étant
des moyens de prévention parce que, parfois, nous adoptons des moyens
lorsque, déjà, nous avons atteint un certain degré de
"confiictualité". Je pense que le moment est propice pour nous, au
Québec, d'être prévoyants, d'être rationnels et de
saisir des moyens tels que les tables de consultation et de concertation pour
faire un travail préventif et, en même temps, ces tables sont un
moyen d'intégration. La question a été posée,
à savoir comment favoriser l'intégration. Ce sont justement aussi
des moyens d'intégration. C'est un autre niveau. On pense souvent au
gouvernement provincial, au gouvernement fédéral. Le gouvernement
le plus près, au fond, est le gouvernement municipal.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Sherbrooke. Mme la députée de Matane.
Programmes d'accès à
l'égalité
Mme Hovington: Merci, M. le Président. À propos de
vos programmes d'accès à l'égalité, on sait qu'au
mois de septembre la Loi sur l'accès à l'égalité
est entrée en vigueur au Québec et, dans les programmes
d'accès à l'égalité, il y a plusieurs mesures
gouvernementales destinées à assurer le succès desdites
mesures, dont l'obligation de certaines entreprises contractant avec le
gouvernement d'adopter des programmes d'accès à
l'égalité. Je lis cela dans votre rapport. Il y a aussi la
création d'un comité "aviseur" sur l'accès à
l'égalité pour les femmes. Est-ce que vous pourriez me parler un
peu plus du rôle et de la fonction de ce comité "aviseur"?
Dans un deuxième temps, il a été beaucoup question
ici de mesures de sensibilisation pour améliorer l'image ou la
perception de l'immigrant à travers le Québec, pour corriger les
injustices et tout cela. Est-ce qu'il y aurait des mesures de sensibilisation
qui seraient susceptibles de corriger l'image et qui pourraient aider aussi au
programme d'accès à l'égalité? Si on a cette
bonification au programme d'accès à l'égalité,
est-ce que ce ne serait pas une mesure qui pourrait aider les immigrants
à aller en région, à faire qu'ils restent en région
aussi?
Mme Westmoreland-Traoré: Je vais demander à M. de
Pasquale de répondre parce que c'est lui qui a participé au
comité sur la mise en place de l'obligation contractuelle et c'est lui
aussi qui a beaucoup travaillé sur les mesures de sensibilisation par
rapport au plan d'accès è l'égalité.
M. de Pasquale: Je peux donner une partie de la
réponse.
Mme Westmoreland-Traoré: Oui, et je vais parler du
comité "aviseur".
M. de Pasquale: D'accord. Vous avez mentionné notamment la
nécessité de faire des actions de communication; vous avez fait
allusion à cela par rapport au programme d'accès à
l'égalité. En tout cas, il est certain qu'un programme
d'accès à l'égalité est un bouleversement important
d'abord pour une entreprise et aussi, dans une mesure importante, pour une
société, ce qui rend d'autant plus nécessaires les actions
de communication et de sensibilisation, en fait, toute une politique de
communication pour le Québec qui soit un peu rajustée en fonction
de la présence des communautés culturelles et de la place
qu'elles prennent dans la société.
II y avait aussi un autre élément...
Mme Hovington: Le rôle du comité aviseur que vous
voulez. Vous en parlez dans votre...
Mme Westmoreland-Traoré: En ce qui concerne l'aviseur sur
l'accès à l'égalité pour les femmes, il y a des
femmes qui représentent les communautés culturelles au
sein de ce comité. C'est un comité qui a été
mis sur pied par la ministre déléguée à la
Condition féminine et un des membres de ce comité est Mme
Bizzarri, qui est directrice du Collectif des femmes immigrantes. Ce
comité s'est réuni déjà trois ou quatre fois. Ce
comité donne des avis à la ministre. Maintenant, je pense qu'il
va de nouveau rencontrer la ministre. Une des discussions actuelles est de
savoir comment on peut intégrer les préoccupations et la
représentation des femmes de communautés culturelles à
travers la formulation, la préparation des plans d'accès à
l'éqalité pour les femmes. Pour rejoindre cette double
problématique, à ce comité, il y a discussion de la
possibilité de plans harmonisés, c'est-à-dire que,
plutôt que de procéder à des pians qui visent uniquement un
groupe, soit la femme, les plans puissent aussi intégrer d'autres
groupes, que ce soient des personnes handicapées ou des femmes de
communautés culturelles. De cette façon, il pourrait y avoir des
mécanismes, des objectifs et des délais réalistes pouvant
à la fois favoriser l'intégration des femmes, y compris celles
des communautés culturelles.
Maintenant, pour ce qui est de ce comité et de l'utilisation des
fonds qui ont été mis à la disposition des entreprises du
secteur privé prêtes à expérimenter des programmes
d'accès à l'égalité comme projets pilotes, je sais
qu'il y a des démarches et que les fonds existent, mais je pense qu'il y
a encore des efforts à y consacrer parce qu'à ma connaissance
aucune entreprise n'a encore accepté de formuler un de ces plans de
façon volontaire. Alors, à la fois, nous travaillons au dossier
sous l'angle des communautés culturelles et nous sommes impliqués
dans le dossier sous l'angle des femmes parce que plusieurs membres des
communautés culturelles sont aussi des femmes, dont la
présidente. Nous essayons de nous entraider, de communiquer des
informations et de profiter des mesures introduites dans un dossier pour
qu'elles puissent aussi se refléter dans le dossier des
communautés culturelles.
Nous voudrions aussi qu'il y ait plus d'action dans le dossier des
communautés culturelles. Il y a souvent une grande visibilité du
dossier sur l'accès à l'égalité pour les femmes. Je
fais partie d'un comité consultatif du Conseil du trésor sur les
plans d'accès à l'égalité dans la fonction publique
pour les membres des communautés culturelles. À ce chapitre, il y
a eu une étude des effectifs et je crois qu'il va y avoir, en
collaboration avec la Commission des droits de la personne du Québec,
une étude de disponibilité. En ce qui concerne les femmes, le
comité consultatif, le comité aviseur sur l'accès pour les
femmes est informé. Il ne fait pas partie de ce comité en
particulier, mais nous avons des communications avec Mme Bizzarri qui en fait
partie et qui représente les femmes des communautés culturelles
comme telles.
M. de Pasquale: Vous avez mentionné aussi la notion
d'obligation contractuelle, qui est une des notions qui avaient
été annoncées. En fait, c'est une mesure annoncée
qui n'est pas actuellement en application. Un comité
interministériel a travaillé sur cette question et a remis ses
recommandations au ministre de la Justice, mais les mesures d'obligation
contractuelle, ne sont pas en application actuellement. À notre avis, il
y a toute une série de retards des communautés culturelles
relativement au programme d'accès à l'égalité. II y
a un certain nombre de choses qui ont retardé relativement à
d'autres groupes comme, par exemple, les handicapés et les femmes,
retard peut-être dû en bonne partie aux communautés
culturelles elles-mêmes qui, même si elles sont infiniment
sensibles aux inéquités dans l'emploi, n'ont peut-être pas,
jusqu'à maintenant, formulé leurs revendications de façon
assez claire par rapport au programme d'accès à
l'égalité, encore qu'un certain nombre de groupes l'aient fait.
À ce chapitre, il y a aussi un certain leadership gouvernemental qui, au
cours des nombreuses années passées, ne s'est peut-être pas
totalement exercé non plus. Même dans la fonction publique,
à l'heure actuelle, il y a une sous-représentation
extrêmement nette des membres des communautés culturelles.
Mme Hovington: Est-ce que vous avez l'intention de faire des
recommandations très ponctuelles à la ministre?
M. de Pasquale: On a fait, très rapidement, à notre
arrivée, le mémoire sur le règlement. On est en train de
travailler à une réflexion un peu plus poussée,
peut-être plus systématiquement organisée, dirais-je, parce
que cela avait été fait très vite. On devrait certainement
être capable de remettre des conclusions dans un avenir assez proche
à ce sujet.
Mme Hovington: Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Matane. M. le député de Viger.
M. Maciocia: Merci, M. le Président. (Bruit de fond)
M. Maciocia: Est-ce que c'est parce que tu veux m'empêcher
de parler?
Le Président (M. Trudel): Pour le Journal des
débats...
Mme Hovington: Pour le Journal des débats, cela va
être...
Le Président (M. Trudel): ...ce sera "beding bedang".
M. Maciocia: Étant donné que le temps passe vite,
j'aurai deux questions, Mme la présidente. Je sais que vous avez des
discussions avec d'autres organismes gouvernementaux. Est-ce que je pourrais
savoir quelle est la nature de la collaboration que vous avez avec la
Commission des droits de la personne, vous, le conseil, dans la recherche sur
les minorités visibles au Québec, premièrement? Ma
deuxième question: Vous savez que le 10 décembre dernier il y a
eu une déclaration sur les relations ethniques et raciales qui a
été adoptée à l'unanimité à
l'Assemblée nationale du Québec. Étant donné que je
crois qu'il faut donner suite à cette déclaration solennelle,
est-ce que le conseil promet de se pencher sur cette déclaration
solennelle et de faire des recommandations? A-t-il l'intention de faire des
recommandations à la ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration?
Mme Westmoreland-Traoré: Merci de me donner l'occasion
d'en parler. Sur la première question, la collaboration de notre conseil
avec la Commission des droits de la personne du Québec dans la recherche
sur les minorités ethniques et visibles, cette recherche est importante.
C'est une recherche qui est parrainée à la fois par le service de
recherche de la commission et par la section sur la discrimination
systémique et les plans d'accès à l'égalité
de la commission. La commission a sollicité la collaboration de notre
conseil au niveau des personnes-ressources et au niveau de la formation d'un
comité consultatif formé de membres de communautés
culturelles qui pourrait suivre et orienter les travaux de recherches.
Actuellement, c'est M. de Pasquale qui est la personne-ressource pour notre
conseil et je pourrais lui demander de vous fournir quelques
éléments sur cette vaste recherche.
M. de Pasquale: La question porte surtout sur la collaboration.
Essentiellement, on a contribué à former le comité
"aviseur" qui conseille les professionnels de la commission qui sont, eux,
directement impliqués dans la recherche. Cette recherche se fait par des
personnes qui vont dans les maisons, directement dans les maisons, questionner
longuement des groupes qui pourraient être victimes de discrimination
pour l'analyser. On a aussi contribué à trouver, à
identifier, si on veut, les personnes qui vont faire ces entrevues parce qu'on
voulait chaque fois avoir des personnes issues de la communauté
culturelle qui était visée par cette recherche. Il y a quelque
chose comme 2700 entrevues qui vont avoir été effectuées.
C'est réparti par groupes et, chaque fois, c'est une personne issue de
la communauté culturelle où on va faire les entrevues qui s'y
rend. On a aussi un professionnel qui est directement impliqué dans le
petit comité d'organisation de cette recherche, mais toujours au niveau
du conseil. Le leadership quotidien, concrètement, est exercé par
la Commission des droits de la personne qui a, elle, des professionnels
à temps plein là-dessus et les moyens financiers pour
réaliser cette recherche où on apporte plutôt une
expertise.
M. Maciocia: Le comité n'a pas encore été
formé, c'est cela?
Mme Westmoreland-Traoré: Ah oui!
M. de Pasquale: Le comité est formé. La recherche,
en fait, tire à sa fin. En principe, elle devrait se terminer avant
l'été. Sans doute les résultats pourraient-ils être
disponibles dans le courant de l'automne.
M. Maciocia: Et c'est la Commission de3 droits de la personne qui
va communiquer les résultats de cette recherche?
M. de Pasquale: On s'est entendu pour... D'abord, le lancement
ou, si on veut, l'annonce publique de cette recherche a été faite
conjointement, c'est-à-dire que le conseil était présent
et a participé à cette présentation. On s'est entendu pour
que les résultats soient d'abord communiqués en primeur au
conseil et qu'on puisse assurer aussi une présence lors de l'annonce des
résultats. On va s'entendre aussi sur la façon dont les
résultats seront rendus publics.
Mme Westmoreland-Traoré: II y a une entente, parce que
cette recherche peut être utile aussi pour le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration, pour que cela nous soit
transmis en temps utile.
M. Maciocia: Est-ce que cette recherche se fait par
téléphone ou au domicile des personnes concernées?
M. de Pasquale: Cela se fait au domicile des personnes. Les gens
se rendent et vont d'abord solliciter un rendez-vous; ensuite, ils retournent
faire l'entrevue. C'est une entrevue qui est assez longue, qui va d'une
demi-heure à une heure, selon le cas.
M. Maciocia: Merci. Sur la déclaration solennelle, Mme la
présidente? (17 h 45)
Mme Westmoreland-Traoré: Oui. Il est
inscrit formellement à notre programme d'activités, au
niveau des suivis, autres activités. Nous avons indiqué le suivi
du dossier Déclaration solennelle sur les relations interethniques et
interraciales et avis sur les communautés culturelles et les
communications. Nous l'avons indiqué, parce que nous pensons que la
déclaration est un outil très précieux. Elle a
déjà été diffusée assez largement par le
moyen des allocations familiales, par le moyen aussi des traitements des
effectifs de la fonction publique et nous pensons maintenant qu'il y a d'autres
moyens de la diffuser, notamment auprès des commissions scolaires et des
écoles. Nous voulons aussi pouvoir poursuivre certains des engagements
qui sont présents dans cette déclaration, en faisant comprendre
cet outil non seulement à Montréal, mais comme étant une
déclaration unanime de l'Assemblée, une déclaration
signée par cinq ministres du gouvernement. C'est un outil qui a valeur
de symbole et qui a une force propre pour aider à faire valoir, à
promouvoir et à assurer de bonnes relations interethniques,
interraciales au Québec. Alors, nous allons le suivre.
M. Maciocia: Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Viger. Mme la députée de Maisonneuve, il
reste quinze minutes.
Mme Harel: Alors, M. le Président, d'abord, une remarque
sur la question d'accès à l'égalité et, ensuite,
une question sur la rétention des immigrants qui viennent ici et qui,
pour un très grand nombre d'entre eux, nous quittaient après cinq
ans, mais il semble maintenant que le solde migratoire se soit
rééquilibré.
D'abord, la remarque. C'est complexe toute cette question d'accès
à l'égalité. C'est très complexe parce que je
constatais dernièrement, à la lecture du rapport Chancy,
commandé par le ministère de l'Éducation, que, par
exemple, l'accessibilité aux études collégiales
était beaucoup plus importante pour les adolescents des
communautés culturelles qu'elle ne l'était encore pour les
adolescents, les Québécois de vieille souche, en fait, les
Québécois d'origine canadienne-française.
Évidemment, cela ne tient pas compte des distorsions entre les
communautés culturelles. La question est complexe, c'est-à-dire
que pour les femmes, d'une certaine façon, la discrimination est
systémique, et pour les personnes handicapées aussi, tandis que,
pour les communautés culturelles, cela varie beaucoup d'une
communauté à l'autre, d'une certaine façon. Par exemple,
beaucoup d'indices de revenus, d'indices de fréquentation scolaire,
universitaire et autres démontrent que des communautés
culturelles sont de loin en avance sur les Québécois de vieille
souche.
Donc, on ne peut pas parler d'accès à
l'égalité, sauf en sens inverse, si vous voulez. Donc, je
comprends très bien qu'il y a toute une dimension assez complexe,
finalement, de la question et c'est certainement autour de toute la question
des minorités visibles qu'il faut maintenant, sans doute, axer
l'intervention - je ne sais pas si M. de Pasquale est d'accord, il me le
dira.
La question sur la rétention. Vous menez présentement une
étude. Dois-je comprendre qu'il y a une association entre l'étude
menée par le conseil sur toute la question du français, de la
francisation eu égard aux communautés culturelles et à
l'immigration... Je crois comprendre qu'il y a une étude de cette
nature-là. Ce sera une priorité ou cela l'est déjà,
mais, en fait, quelle sera la nature de l'étude que vous entendez
entreprendre ou qui est déjà en cours? Vous semble-t-il qu'il y a
là matière à indices pour retenir ici les immigrants qui
viennent de l'immigration internationale, qui demeurent sur place un certain
nombre d'années, mais qui nous quittent au profit d'autres provinces, je
pense? Pensez-vous que la francisation peut être un critère de
rétention important? Est-ce que vous avez les moyens d'étudier...
Évidemment, on ne peut pas étudier les motifs de ceux qui
quittent puisqu'on ne peut pas, j'imagine, les identifier, les localiser, ils
sont partis. Peut-être, à ce moment-là, l'étude
porte-t-elle sur les motifs de rétention de ceux qui restent. Je pense
qu'il s'agit là d'un problème important. Est-ce exact que
près d'un tiers de ceux qui étaient accueillis ici, après
un certain nombre d'années, cinq ans en moyenne, nous quittaient et
qu'ils étaient en très grande majorité de langue anglaise,
je crois?
Mme Westmoreland-Traoré: Si je peux essayer de
répondre à la deuxième question d'abord sur la
rétention, c'est vrai que le conseil a énoncé dans son
plan d'activités une recherche et un projet sur le français, les
immigrants et les membres des communautés culturelles. Nous pensons que
par cette étude on va pouvoir faire l'état de la francisation
chez les communautés culturelles, l'évolution, faire le point.
Deuxièmement, on va pouvoir déterminer les mécanismes
d'apprentissage en faisant une consultation pour essayer de nous montrer d'une
façon plus concrète comment fonctionnent les différents
mécanismes. Nous sommes au courant qu'il y a eu de nouveaux programmes
mis de l'avant et lancés par le ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration, notamment pour les femmes, qui associent
certaines possibilités de garde d'enfants pour rendre ces cours plus
disponibles.
Lorsque nous examinons les revendications des immigrants, des
membres
des communautés culturelles, une des revendications qui revient
de façon constante et de façon importante, c'est toujours
l'accessibilité aux cours de français, l'accessibilité au
français. Le français est finalement la clé de
l'intégration. C'est le prérequis, c'est la condition sine qua
non. C'est pour cette raison que nous sommes obligés de l'examiner et de
profiter des recherches qui ont déjà été faites en
ce qui a trait aux entreprises, aux écoles. Ce n'est pas un petit
dossier.
Pour la rétention, nous pensons que, oui, il y aura, et là
on ne peut pas préjuger des résultats de cette recherche, mais
nous pensons qu'il y aura quand même une incidence importante sur
l'apprentissage du français et le taux de rétention. Le taux de
rétention dépend de plusieurs facteurs. Je sais qu'il y a eu
déjà certaines réflexions. Dans notre avis sur les niveaux
d'immigration 1987, nous énumérons certains de ces facteurs: la
présence de parenté, ies déménagements des
sièges sociaux, les questions linguistiques; en tout cas, il y a
plusieurs facteurs. Ces phénomènes de mobilité dans les
mouvements d'immigration ne sont pas propres au Québec, cela existe
aussi dans d'autres pays. Les facteurs de rétention sont à la
fois linguistiques et économiques pour beaucoup. Nous ne savons pas
s'ils sont identiques, si ce sont les mêmes facteurs qui jouent sur la
rétention des immigrants que ceux qui jouent sur la rétention
même des Québécois de la communauté majoritaire.
Cela fait partie des réflexions qui seront menées dans la section
de l'immigration. Cette recherche sur le français qui se situe dans la
partie communautés culturelles, évidemment, sera utile et
élaborée de concert avec la section immigration.
Peut-être, M. Paquîn, voudriez-vous ajouter quelque chose
à ce niveau?
M. Paquin: Non.
Le Président (M. Trudel): Je tiens à vous faire
remarquer qu'il vous reste sept minutes. Si on veut passer aux remarques
finales, je vous inviterais à procéder rapidement, s'il vous
plaît!
M. Paquin: Non, je pense que Mme la présidente a
souligné les principaux points.
Mme Westmoreland-Traoré: Le programme d'accès
à l'égalité, vous avez raison, c'est très complexe.
Je pense que le propre d'un plan, c'est de procéder de façon
systémique; autrement dit, après des études, et que le
plan soit taillé pour répondre à la discrimination
à corriger. Le plan ne doit pas être plus exhaustif que les maux
auxquels on doit remédier. Quand nous considérons les plans pour
les communautés culturelles, on fait la distinction suivant les groupes
ethniques et les groupes raciaux, et il est possible que, dans un milieu
d'éducation, certains groupes soient défavorisés et
d'autres ne le soient pas. Si nous parlons d'éducation, nous sommes au
courant que, dans certaines communautés culturelles, le taux de
scolarisation, même après une ou deux générations,
ne rejoint pas la moyenne. Nous sommes aussi conscients que ce n'est pas
seulement la communauté visible. Le taux de scolarisation au
Québec, en moyenne, a fait de grands progrès, mais n'est pas
toujours encore égal au taux de scolarisation dans d'autres provinces
canadiennes. On a comme objectif de promouvoir les intérêts
à long terme de tous les Québécois. On est conscients de
cela. Les programmes doivent être taillés de façon
scrupuleuse, ils sont temporaires et c'est pour une question
précise.
Conclusions
Le Président (M. Trudel): Mme la présidente, il est
17 h 55. Les journées sont toujours très courtes,
particulièrement celle du mercredi puisque nous devons ajourner les
travaux à 18 heures plutôt qu'à 22 heures, les mardi et
jeudi. Je vous inviterais, Mme la présidente, si vous le souhaitez,
à faire un commentaire final aux membres de la commission. J'inviterais
par la suite Mme la députée de Maisonneuve à faire de
même au nom de l'Opposition et M. le député de Viger, au
nom du parti ministériel; la présidence de la commission mettra
fin aux travaux immédiatement après. Mme la
présidente.
Une voix: ...
Le Président (M. Trudel): Je me garderais peut-être
une minute.
Mme Westmoreiand-Traoré: Merci, M. le Président. Au
nom du Conseil des communautés culturelles et de l'immigration, on doit
d'abord vous remercier pour les questions, l'intérêt et la
discussion que nous avons eue. Je crois que ces échanges d'idées
nous permettent de tester certaines de nos hypothèses et cela nous
permet aussi d'être conscients des préoccupations de votre
commission. Nous allons communiquer fidèlement l'audience que nous avons
tenue ici aujourd'hui. Je pense que, sur la plupart des questions que vous avez
posées concernant, notamment, la politique d'insertion des immigrants
dans les régions, la politique par rapport aux revendicateurs,
l'apprentissage de la langue et concernant aussi les programmes d'accès
à l'égalité et les communications, tous ces aspects sont
des dossiers majeurs. On apprécie aussi les questions que vous avez
posées concernant notre gestion. Je ne
peux que vous dire que pour nous la préparation et notre
présence à la commission parlementaire étaient une
occasion importante de confronter et d'analyser certaines de nos
réflexions. Cela devrait nous préparer à rendre des avis
et à être pertinents dans nos communications avec notre ministre.
Pour cela, nous vous remercions.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la présidente.
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, rapidement, M. le Président. Je pense
que c'est une première rencontre importante parce que vous occupez
certainement un rôle stratégique. C'est un secteur
névralgique pour l'avenir de la société
québécoise. D'une certaine façon, on a pris conscience de
la modestie de vos moyens. Vous avez vu d'ailleurs que cet après-midi on
vous interrogeait moins sur tout ce que vous vouliez entreprendre, étant
donné qu'on se rendait compte de tout ce que vous aviez
déjà à réaliser, mais nous serons certainement
vigilants pour faire en sorte que vous ayez les moyens à la mesure des
défis que vous avez à relever, d'une part. D'autre part, je
souhaite que l'évolution soit telle qu'à un moment donné,
quand on parlera de la majorité francophone, on fera
référence à la très grande majorité des
Québécois de toute origine. Je pense que le jour n'est pas si
lointain où un Québec français ne signifiera plus
uniquement un Québec canadien-français. Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. M. le député de Viger.
M. Miaciocia: Merci, M. le Président. Moi aussi, je veux
féliciter le conseil, comme je l'ai fait ce matin, pour le travail qu'il
fait. Pour l'information de la députée de Maisonneuve, j'aimerais
quand même faire une petite remarque. Deux choses. Elle parlait
tantôt des moyens modestes que vous avez, j'en conviens, mai3 il faut
dire aussi que c'est le gouvernement précédent qui a voté
le budget que vous avez eu de 550 000 $ en 1985-1986.
Mme Harel: C'était juste un début.
M. Maciocia: Alors, vous comprendrez qu'on a fait un peu le suivi
de cela, du gouvernement précédent. Il y a quand
même...
Mme Harel: Notre propre turpitude ne les justifie plus,
là.
Le Président (M. Trudel): Nul ne peut invoquer sa propre
turpitude.
M. Maciocia: ...une autre chose que je voulais aussi faire
remarquer à la députée de Maisonneuve, parce que je sais
que cela va lui faire- plaisir, c'est que c'est la première fois dans
l'histoire du Québec que les revendicateurs du statut de
réfugié ont la possibilité de suivre des cours de
français. C'est la première fois dans l'histoire. Cela n'a pas
été fait par le gouvernement précédent, mais cela a
été fait par le gouvernement actuel. Moi, je suis convaincu,
comme je le disais tantôt, que c'est en français que cela va se
passer au Québec, et c'est une priorité de notre gouvernement. Je
crois que le Conseil des communautés culturelles et de l'immigration va
tout faire pour donner cette directive au ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration, ses conseils, si on peut
dire, ou ses recommandations. Si je peux être utile à n'importe
quel moment au Conseil des communautés culturelles et de l'immigration -
je peux le dire en mon nom personnel et au nom de mes collègues - je
suis à votre disposition à n'importe quel moment. Merci.
Mme Harel: Je voudrais seulement, M. le Président,
spécifier que les revendicateurs de statut ont eu droit à des
cours du COFI jusqu'en septembre 1984, jusqu'à ce que,
unilatéralement, le gouvernement fédéral se retire du
financement partagé.
Le Président (M. Trudel): Nous n'engagerons pas...
M. Maciocia: Non, non, c'est...
Le Président (M. Trudel): Je ne permettrai pas un
débat sur cette question.
M. Maciocia: Je voulais seulement faire remarquer à Mme la
députée de Maisonneuve qu'au mois de mai 1984 les seules choses
qui aient été demandées au Conseil des ministres ont
été l'aide juridique, l'assurance-maladie et l'assurance
sociale.
Mme Harel: Oui, parce que...
M. Maciocia: II n'a jamais été demandé au
Conseil des ministres...
Mme Harel: Huit mois auparavant... Le Président (M.
Trudel): A l'ordre! M. Maciocia: ...des montants...
Mme Harel: ...en septembre 1984, le gouvernement
fédéral avait mis fin à son financement
partagé.
M. Maciocia: ...pour donner des cours de français aux
revendicateurs du statut de réfugié.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je vois...
Mme Harel: Tant mieux! Voyez, on se chicane pour en faire plus,
c'est déjà beau, pas pour en faire moins.
Le Président (M. Trudel): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je vois cette cette belle harmonie, qui se situe au-delà de
la partisanerie, s'effriter au fur et à mesure que la journée
avance et que la fatigue s'empare de nous. À mon tour et au nom de la
commission, je le souhaite et je vais éviter toute partisanerie en le
faisant au nom de la commission. Mme la présidente, messieurs les
vice-présidents et ceux qui vous assistent, je tiens à vous
remercier de votre présence qui était nécessaire 'et qui
s'est avérée fort utile. Je remercie aussi les membres de la
commission pour leur participation aussi intéressée
qu'intéressante tout au long de la journée.
En conclusion ultime, Mme la présidente, je vous renverrai
à l'avis sur les niveaux d'immigration - si M. le député
d'Arthabaska peut essayer de parler moins fort que moi, cela m'aiderait
beaucoup. De l'avis sur les niveaux d'immigration au Québec en 1987, je
vais vous citer deux phrases que je ferai miennes, évidemment: "Tous les
efforts du gouvernement du Québec, accentués depuis la
création en 1968 d'un ministère de l'immigration, ont
été consentis avec l'objectif de faire en sorte que la population
immigrante s'intègre harmonieusement au sein de la société
québécoise et plus particulièrement de la majorité
francophone."
Vous dites aussi, à la page 21, Mme la présidente et votre
conseil: "L'édification d'une société multiculturelle et
multiraciale doit pousser le gouvernement et tous les Québécois
à rechercher des. solutions empreintes de tolérance et aptes
à éviter des conflits prévisibles. La réussite
d'une politique de croissance de l'immigration dépendra de notre
aptitude à relever les défis et à régler les
problèmes de l'avènement d'un Québec de plus en plus
multiculturel et multiracial."
Vous jouez, comme conseil, un rôle important dans l'atteinte de
cet objectif et, dans la poursuite de cet objectif, vous avez - je pense me
faire le porte-parole de tous les membres de la commission - notre appui
entier. Merci. Sur ce, la commission ayant accompli son mandat ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 3)