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Terres et Forêts (Onze heures et trente deux du matin)
M. GRENIER (président du comité): A l'ordre,
messieurs!
M. GOSSELIN: M. le Président, avant que nous commencions
l'étude de nos crédits, je tiendrais à souhaiter la plus
cordiale bienvenue d'abord à la nombreuse délégation de
l'Opposition qui est majestueusement bien représentée par
l'honorable député de Mercier. Maintenant, pour que M. le
Président et que l'honorable député de Mercier connaissent
bien les autres députés et les officiers qui m'accompagnent ce
matin, j'ai ici, à ma droite, M. Roland Deschamps, sous-ministre, M.
Bourbeau, qui est sous-ministre également, M. Raymond Cas-grain, qui est
le directeur du service administratif et M. Paul Lachance, directeur du
personnel et M. Arsenault, l'assistant de M. Casgrain.
Alors, M. le Président, si notre collègue est prêt
à procéder à l'étude des crédits, nous
sommes prêts à répondre.
M. BOURASSA: Je me demande s'il n'y aurait pas lieu pour le
ministre, au début, de faire une déclaration sur la politique et
l'orientation générale de son ministère.
M. GOSSELIN: M. le Président, je remercie l'honorable
député de me donner cette opportunité, cependant, je crois
que nous aurions besoin de plusieurs heures pour expliquer aux membres du
comité les nombreux travaux que nous avons entrepris, en particulier,
depuis le 17 juin dernier.
Il faut vous dire que, tout de suite en arrivant, j'ai voulu faire un
inventaire complet de toute la situation du domaine forestier; et pour que cet
inventaire se fasse de la façon la plus logique, nous avons
commencé par inventorier le personnel. Il y avait, au ministère
des Terres et Forêts un organigramme qui avait été
préparé et que, malheureusement, pour des raisons que je ne
connais pas, on n'avait pas daigné mettre en application encore. Or,
nous avons convoqué le comité de coordination, qui est aussi une
institution nouvelle, et après l'étude de la situation, nous
avons regardé quels étaient, en somme, le personnel que nous
avions, les postes vacants et, là, nous avons commencé à
faire du recrutement pour remplir ces vacances et aussi pour voir à ce
que chaque employé du ministère, chaque officier soit bien
placé au poste qui lui convenait pour qu'il puisse donner le meilleur
rendement possible dans l'administration du ministère.
Par la suite, une fois ce travail fait, nous avons inventorié,
aussi, quels étaient les problèmes les plus urgents que nous
avions au ministère des Terres et Forêts. Il y avait en plan
environ cinq projets d'implantation d'industries qui n'étaient pas
terminés et d'autres qui n'étaient qu'à peine
amorcés. Or, nous avons mis à jour les dossiers de ces cinq
projets d'industrie, et par la suite, vous avez été à
même d'entendre ou de lire par la voie des journaux qu'il y en a un de
ces projets-là qui est maintenant réalisé. On n'a pas
commencé encore la construction de l'usine, mais par contre, tout est en
bonne voie.
M. BOURASSA: A quel endroit précis?
M. GOSSELIN: A Saint-Félicien, comté de Roberval.
Il y a aussi un autre projet d'implantation d'industrie. On est à
construire (c'est à Matane, la CIP) un complexe assez important. Et
l'autre projet que nous avions, qui m'a été signalé, mais
qui n'est pas complété encore, est celui de Lac Quévillon,
où la compagnie Domtar est à construire un complexe industriel
d'une grande valeur également. Il y en a un après cela, à
Gatineau. Maintenant, l'autre projet que nous avons en tête, j'aimerais,
pour des raisons bien sérieuses que l'honorable député
comprendra, en discuter avec lui en particulier, parce qu'il y a certaines
informations que je désirerais garder privées mais, par contre,
il me ferait grandement plaisir de lui donner toutes les explications.
M. BOURASSA: Il s'agit d'une autre usine? M. GOSSELIN: Il s'agit
d'une autre usine.
M. BOURASSA: Dans une région de la province?
M., GOSSELIN: Dans une région donnée de la province.
Puisque nous sommes à faire les négociations,
présentement, je crois qu'il y a certaines informations qui ne doivent
pas...
M. BOURASSA: Est-ce que c'est une usine importante?
M. GOSSELIN: Très importante. C'est un très
très gros projet.
M. BOURASSA: Et aussi gros que Pechinig? M. GOSSELIN: Bien, c'est
difficile. Aussi
gros, plus gros, moins gros. Je peux vous dire que pour la région
où cette usine serait implantée, je crois que c'est un projet
très important. D'ailleurs, je vous donnerais les détails.
M. BOURASSA: Oui, je veux dire, c'est juste pour... Je comprends
que si vous ne pouvez pas dire l'endroit, ça ne donne rien de savoir le
nombre d'employés que ça pourrait apporter.
M. GOSSELIN: Oui, déjà, il y a des
possibilités de plus d'une douzaine de cents employés, tant
à l'usine qu'en forêt. Alors, ce sont des détails.
D'ailleurs, si le député de...
M. BOURASSA: 1,200 employés?
M. GOSSELIN: Oui, 1,200 employés. Si le
député me le permet, je pourrai lui donner certains
détails en particulier et qui devront demeurer, pour le moment, à
caractère privé. Par la suite, nous nous sommes rendu compte
qu'il y avait un autre secteur de l'économie forestière qui
traversait des difficultés un peu extraordinaires, c'est celui de
l'approvisionnement en bois franc des usines. Il y a tout un secteur de la
province de Québec que, malheureusement, avec les années, on
n'avait pas pris soin de planifier de manière à prévoir
les approvisionnements extraordinaires dont ont besoin certaines industries, de
pouvoir avoir la quantité suffisante pour bien stabiliser leur
industrie.
Alors, immédiatement, nous avons lancé une campagne
extraordinaire pour faire, dans le plus bref délai possible, un
inventaire partiel, au début, afin de parer à des
difficultés extraordinaires.
Maintenant, si l'honorable député de Mercier me le permet,
je voudrais, pour le bénéfice de nos députés qui
viennent d'arriver, présenter à nouveau la
délégation qui m'accompagne à ce moment-ci. Alors, vous
avez M. Fernand Boutin, mon premier sous-ministre, ici à ma droite, M.
Roland Deschamps, M. Jean-Marie Bourbeau, M. Raymond Casgrain et ici, vous avez
M. Paul Lachance, M. Arsenault ainsi que M. Yvon Poulin, mon secrétaire
particulier, mon chef de cabinet.
Alors, je disais, donc que nous avons procédé à cet
inventaire forestier. Cet inventaire forestier se fait de la façon
suivante. La première journée, lorsqu'on s'en va dans un secteur
donné, les officiers du ministère, dont M. Michel Duchesneau, le
directeur du service de la planification, convoquent d'abord et discutent des
problèmes avec les propriétaires d'industrie de la
région.
Et le lendemain ils rencontrent par la suite les propriétaires de
concessions, c'est-à-dire les concessionnaires, et là, avec
toutes les données que l'on reçoit de ces gens, nous sommes
à compiler un mémoire qui, nous l'espérons, vers la fin de
juin, pourra nous apporter des solutions temporaires jusqu'à ce que nous
trouvions des solutions permanentes.
M. BOURASSA: C'est-à-dire, on pourrait reprendre ça
à l'article « planification » parce que j'aurais une ou deux
questions là-dessus.
M. GOSSELIN: Oui, certainement. Alors, si les honorables
députés le veulent bien, il y aura encore plusieurs autres points
que je pourrais donner. Cependant nous allons revenir presque à chacun
des articles...
M. BOURASSA: D'accord.
M. GOSSELIN: ... sur diverses questions. Alors, si on le permet,
nous allons commencer à l'article 1: Administration.
M. LACROIX: Vous avez fait une dépense
supplémentaire de $300,000 au cours de l'année pour
l'administration. Est-ce que c'est dû particulièrement aux
augmentations de salaires ou si vous prévoyez embaucher du personnel
supplémentaire?
M. GOSSELIN: Oui, une bonne partie de cette augmentation est
comprise d'abord dans les augmentations statutaires apportées par la
convention collective et aussi il nous faut améliorer nos effectifs. Il
y aura un personnel additionnel de sept. Nous aurons besoin d'un agent de la
gestion du personnel, nous aurons besoin...
M. COITEUX: Qu'est-ce que c'est un agent de la gestion du
personnel?
M. GOSSELIN: La gestion du personnel, c'est celui qui s'occupe en
somme de trouver les candidats dont nous avons besoin dans divers endroits.
M. COITEUX: Est-ce que c'est quelque chose de supérieur
à ce que touche actuellement M. Poulin?
M. GOSSELIN: Non, du tout. L'agent du personnel, c'est un
assistant du chef du personnel actuel qui est M. Paul Lachance.
Présentement M. Paul Lachance a fait un travail extraordinaire avec les
conventions collectives, avec
les besoins de recrutement. Comme le député le sait, au
ministère des Terres et Forêts, c'est peut-être un
ministère où c'est un peu plus difficile qu'ailleurs de faire du
recrutement; parce que d'abord, il y a une pénurie d'ingénieurs
forestiers, il y a une pénurie, également, d'arpenteurs, il y a
une pénurie aussi de plusieurs techniciens de toute sorte dont nous
aurions besoin; et avec tout ce travail-là, M. Lachance nous a fait part
qu'il lui faudrait sans faute avoir de l'aide.
M. COITEUX: En parlant de pénurie, est-ce que le ministre
pourrait nous dire combien il y a de diplômés de l'année
dernière venant de l'école forestière de Duchesnay qui
n'ont pas encore d'emploi actuellement? Je sais qu'il y en a plusieurs qui n'en
ont pas.
M. GOSSELIN: Bien voici. Un instant, ce ne sera pas long. Si le
député me le permet, lorsque nous allons discuter de
pénurie de personnel...
M. COITEUX: Non, c'est parce que là je parle de
pénurie de personnel.
M. GOSSELIN: De toute façon, on peut attendre à
plus tard.
M. COITEUX: Maintenant quel est le traitement moyen des
ingénieurs forestiers actuellement au ministère des Terres?
M. GOSSELIN: Le traitement moyen? Je sais que là-bas le
traitement, d'après la convention collective, le député le
sait, c'est de $6,317 en commençant et ils peuvent aller jusqu'à
$12,000 et $14,000, $14,300.
M. COITEUX: Est-ce que le traitement actuel de départ d'un
ingénieur-forestier se compare avantageusement avec ce que l'industrie
peut offrir?
M. GOSSELIN: Avec ce que l'industrie peut offrir, je dirais que
oui. Cependant le député le sait comme moi, c'est que dans ce
domaine-là, il y a passablement de compétition. Souvent tout
dépend de la compétence de l'individu. Il y a des compagnies qui,
pour obtenir un ingénieur forestier particulier, vont souvent offrir des
salaires supérieurs à ce que le ministère des Terres et
Forêts peut payer. Cependant, nous n'avons pas, en toute circonstance,
tous les candidats qui ont été approchés pour venir au
ministère des Terres et Forêts. Nous ne négligeons rien
pour leur offrir tous les avantages qui nous sont permis par la convention
collective afin de pouvoir obtenir...
M. COITEUX: Je ne doute pas que le ministre fasse tout ce qu'il
peut. Comme ministre des Terres et Forêts, il faut certainement qu'il
soit imbu de l'importance de son ministère et, deuxièmement,
qu'il soit certainement convaincu de l'importance de l'ingénieur
forestier au sein d'un ministère tel que le sien. Par contre, je crois
que le temps est passé, de chanter sur tous les toits que la forêt
est la plus importante richesse naturelle. Il y a des facteurs importants qui
le prouvent que c'est notre richesse naturelle la plus importante.
Par contre, lorsqu'on insiste encore pour faire débuter un
ingénieur forestier après vingt et quelques années de
scolarité à un salaire de $6,000 par année, bien
certainement qu'on ne pourra pas recruter les sujets supérieurs dont on
a besoin. Moi, je dis que, cette richesse-là, il faudra non seulement
verbalement mais physiquement faire un effort pour attirer nos
diplômés, parce qu'actuellement Ils s'en vont soit dans
l'industrie, soit dans la recherche, soit aux Etats-Unis. Alors on n'avancera
pas si on ne fait pas réellement un effort pour attirer... Ce n'est pas
la seule chose qui peut attirer, mais certainement que l'argent au
départ, pour un professionnel, un ingénieur forestier, un
arpenteur, un mesureur de bois, qui justifient un traitement de $500 par mois,
bien, écoutez... Quand on sait qu'un chauffeur de tracteur, qui commence
pour la compagnie Iron Ore, gagne $800, on ne peut tout de même pas
s'attendre à voir faire des merveilles pour améliorer le sort de
la foresterie dans la province de Québec.
M. GOSSELIN: Si le député me le permet, la question
de traitement ou de salaire aux ingénieurs forestiers en est une qui me
tient beaucoup à coeur. Je sais fort bien que, si nous voulons avoir un
personnel compétent, nécessairement il faut bien le
rémunérer. Cependant le député sait aussi que, dans
tous les corps administratifs du gouvernement, il faut qu'il y ait une certaine
parité de salaire ou égalité de salaire.
Au ministère des Terres et Forêts, je crois que cette
année, nous avons fait un effort surhumain et l'on peut dire que nos
ingénieurs sont payés sur le même pied que tous les autres
et puis vis-à-vis l'industrie, la marge...
M. KIERANS: Dans le domaine de l'industrie privée
aussi.
M. GOSSELIN: Oui, il n'y a pas une grosse
différence quoique l'industrie privée fait un peu mieux.
Un ingénieur de classe III commence à $6,317, va jusqu'à
$8,300; de la classe II, de $8,000 jusqu'à $12,000; de la classe I, de
$11,000 à $14,000, avec augmentation statutaire de 3% annuellement. La
base de traitement aussi est en conformité aux années
d'expérience que peut avoir l'ingénieur forestier lorsqu'il entre
à l'emploi du ministère.
M. KIERANS: Est-ce que c'est à la suite de la grève
des professionnels de l'année dernière?
M. GOSSELIN: Oui, oui. Et ces explications vont également
pour tous les autres cadres professionnels que nous avons à
l'intérieur du ministère des Terres et Forêts, comme
arpenteurs-géomètres, et tous les autres ministères.
M. LACROIX: Il est indéniable qu'au ministère des
Terres et Forêts on a besoin de plus en plus de personnel
qualifié, d'ingénieurs forestiers particulièrement. Mais
le traitement de base au départ, s'il était un petit peu plus
généreux, est-ce qu'il ne serait pas de nature à inciter
plus de jeunes à entrer dans cette formation, si vous voulez, des
ingénieurs forestiers? Etant donné que beaucoup d'autres
professions offrent des avantages pécuniers beaucoup meilleurs,
ça peut être de nature à décourager nos jeunes
à s'inscrire à la faculté de foresterie et
éventuellement, d'ici quelques années, nous pourrons nous voir
privés de personnel compétent et qualifié dont on aurait
un si grand besoin pour maintenir nos forêts en pleine période de
productivité.
M. GOSSELIN: Si le député des Iles-de-la-Madeleine
me le permet, je peux lui dire que présentement, après avoir
visité la faculté de foresterie et de géodésie de
l'université Laval, c'est qu'on ne manque pas de candidats. Au contraire
on manque d'espace pour recevoir des candidats. C'est ce qu'on m'a
allégué lors de ma visite à cette institution.
M. LACROIX: C'est la meilleure des deux: manquer d'espace c'est
mieux que de manquer d'élèves.
M. COITEUX: Comment est-ce que vous avez réuni ça,
cette année, à l'école forestière?
M. GOSSELIN: Cette année je crois qu'il y en a 50, soit 19
arpenteurs-géomètres et une trentaine d'ingénieurs
forestiers et, au nombre des 50 nouveaux ingénieurs ou professionnels
qui sortiront de cette faculté, nous avons 22 de ces professionnels qui
nous viendront de divers milieux, soit de l'université ou de
l'extérieur et cela depuis la grande campagne de recrutement que nous
avons faite.
M. COITEUX: Qu'est-ce que vous entendez par
l'extérieur?
M. GOSSELIN: C'est que souvent vous avez des ingénieurs
forestiers qui décident de laisser l'industrie pour s'en venir offrir
leurs services au ministère des Terres et Forêts. Alors, à
ce moment-là, soyez assuré que, lorsque nous connaissons leur
compétence et que nous voyons le travail qu'ils pourraient faire au sein
du ministère, nous les accueillons avec joie.
M. LACROIX: Depuis plusieurs années, il s'est fait du
travail formidable au ministère des Terres et Forêts. Est-ce que
le ministre, quand il est entré en fonction au mois de juin dernier, a
trouvé là un personnel dont il est fier et satisfait?
M. GOSSELIN: Monsieur, c'est la question conventionnelle que l'on
pose à tous les ministres et je tiens à dire devant tous mes
collègues de l'Assemblée législative que, depuis que je
suis au ministère des Terres et Forêts, j'ai reçu un appui
extraordinaire de tous les fonctionnaires dont je connaissais d'ailleurs la
compétence et la personnalité de plusieurs et qu'en toutes
circonstances, je n'ai jamais eu à me plaindre d'aucun de mes
fonctionnaires à quelque palier que ce soit. D'ailleurs je ne m'en suis
jamais plaint...
M. KIERANS: Vous n'avez pas de... En certains cas?
M. GOSSELIN: De purge à faire? Est-ce que c'est ça
que le député veut dire?
M. COITEUX: On veut avoir une confirmation...
M. KIERANS: ... les mécontents comme le docteur Dominique
Bédard, par exemple.
M. GOSSELIN: Mais ça, je ne pourrais pas dire, monsieur.
Mes fonctionnaires qui m'accompagnent, aussi bien que ceux du ministère
je pense bien, se sont rendu compte que j'ai créé une
atmosphère au ministère des Terres et Forêts, où
tout le monde devait travailler la main dans la main en n'ayant qu'un seul but,
celui de bien administrer tout le domaine forestier de la province de
Québec pour le plus
grand avantage de tous les concitoyens de la province de Québec,
sans exception. En ce qui me concerne, c'est l'esprit qui m'anime. Je pense
bien que c'est cet esprit-là qui anime aussi tous les hauts
fonctionnaires et les fonctionnaires qui travaillent au ministère des
Terres et Forêts. Nous avons eu tellement de besogne à faire que
nous n'avons pas eu le temps de faire soit de la partisanerie politique ou
autre, nous avons travaillé en toute objectivité et puis je pense
que c'est bien secondaire de penser qu'il pourrait y avoir des intentions de
quelque sorte que ce soit dans l'esprit du ministre.
M. COITEUX: La raison pour laquelle on pose cette
question-là, à chacune des études du budget, c'est parce
qu'on est à la recherche...
M. BOURASSA: De déclarations.
M. COITEUX: ... des déclarations, des confirmations du
docteur Tremblay, le député de Montmorency,
M. GOSSELIN: M. le Président...
M. BOURASSA: Il manque les démentis.
M. LE PRESIDENT: Je pense que le ministre a répondu...
M. GOSSELIN: Le docteur Tremblay a ses opinions et puis je sais
que le docteur Tremblay aussi avait raison dans plusieurs des
allégations qu'il a faites...
M. COITEUX: On n'a pas trouvé encore de ministre...
M. GOSSELIN: ... parce que le malaise ne provient peut-être
pas tellement des officiers en place dans certains ministères, que d'un
certain organisme qui est complètement désuet,
complètement mal organisé. Il s'agit d'être ministre pour
savoir quelles difficultés on rencontre en particulier au
ministère des Terres et Forets. Parfois on a un candidat qui est
à la portée de la main dont on pourrait obtenir ses services.
Quand il faut attendre des mois et des mois avant d'obtenir certaines
décisions quant à savoir si l'on peut prendre ce
candidat-là ou non, on court le risque de le perdre. Non seulement on
court le risque, mais nous avons perdu de très bons hommes et d'ailleurs
le député le sait, le ministère des Terres et Forêts
ne peut peut-être pas s'administrer comme tous les autres
ministères, parce que, lorsqu'il s'agit d'ouvrir un chantier quelque
part, lorsqu'il s'agit de donner des techniciens nécessaires pour voir
à la surveillance, par exemple, des droits de coupe aussi bien
qu'à la surveillance de certains terrains de coupe ou de certains
travaux que nous faisons au ministère des Terres et Forêts, eh
bien, grand Dieu, quand on est sur la Côte-Nord ou encore en Abitibi ou
aux Iles-de-la-Madeleine ou ailleurs, bien souvent le personnel
compétent que l'on recherche, on ne peut pas le retrouver aussi
facilement qu'on voudrait le faire. Alors, il faut parer au plus vite. Il faut
faire l'impossible pour trouver sur place les gens dont nous avons besoin et
souvent, quand on est obligé d'attendre les appoints d'une autre
commission, qui régit une partie des données que nous devons
faire, bien, mon Dieu, cela entraîne des conséquences assez graves
et des inconvénients assez graves.
M. COITEUX: Comment est-ce que c'est...
M. KIERANS: Si on met de côté le service de la
fonction publique, ce ne serait pas grave aussi?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! à l'ordre: Je pense que la
question...
M. KIERANS: Ecoutez, écoutez, vous n'êtes pas un
dictateur, parce que vous êtes président...
M. GOSSELIN: On va y répondre.
M. LE PRESIDENT: Cela a changé, cela a changé.
M. GOSSELIN: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce peut prendre son temps, j'ai l'intention même
si cela prenait un mois, de répondre personnellement à toutes ses
questions.
M. BOURASSA: M. le Président ne le permet pas.
M. GOSSELIN: Une minute, on pourrait dire au président que
pour une première fois, je trouve qu'il fait très bien cela,
jusqu'à présent, il vient juste de commencer ce matin. Alors, il
faut lui donner les chances voulues. Et là, nous sommes dans
l'administration, à l'article 1, à l'administration en
général; c'est une question qui est fort pertinente de la part du
député de Notre-Dame-de-Grâce, et je veux lui
répondre très, très volontiers.
Il n'est pas question d'enlever la Commission de la fonction publique
mais bien, par exemple, de la transformer ou de l'améliorer de
manière à ce qu'elle soit plus efficace qu'elle ne l'a
été jusqu'ici. D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi les
honorables députés semblent scandalisés de
certaines déclarations, parce que combien de fois, combien de fois,
depuis quelques années, ai-je entendu le député au pouvoir
qui s'en plaignait, qui disait: Vous ne savez pas combien on a des
embêtements!
M. KIERANS: Oui mais...
M. GOSSELIN: ... vous ne savez pas combien...
M. KIERANS: Oui, mais si le ministre me permet, c'est la
différence entre l'Union Nationale et le parti libéral. Parce que
vous avez un parti, comme le dit le docteur Tremblay, dans lequel, on voit
centrer toute la publicité sur votre chef. Nous, nous sommes un parti
ouvert et passionnant...
M. GOSSELIN: Je comprends que le député de
Notre-Dame-de-Grâce ait de grandes difficultés parce que, ce qui
arrive au sujet de la presse en particulier, et de plusieurs citoyens de la
province de Québec, on se demande, au juste, qui est le chef du parti
libéral. Il y en a tellement, dans le moment, de chefs, dans votre
parti!...
M. KIERANS: Oui, mais nous n'avons pas de difficulté
à trouver un piédestal pour notre chef, comme le dit le docteur
Tremblay.
M. GOSSELIN: Mais, faites attention. La population vous a
jugés. D'ailleurs, le 5 juin dernier il y a eu...
M. KIERANS: Oh! 40%.
M. GOSSELIN: Mais cela était suffisant en tout cas, pour
nous donner le pouvoir.
M. KIERANS: Les autres 47% ne l'étaient pas. C'est
curieux.
M. GOSSELIN: Ce sont là des statistiques...
M. LE PRESIDENT: Il faut revenir à nos crédits.
M. COITEUX: Est-ce que vous auriez objection à nous dire,
ce qui se passe avec les programmes que vous avez énoncés? Ils
sont, pour la plupart, la continuation des programmes déjà
amorcés par l'ancien ministre. Dans l'optique actuelle disons que vous
réalisez vos programmes dans un avenir assez immédiat, combien,
croyez-vous, vous manquerait-il de personnel qualifié?
M. GOSSELIN: Voici. Du personnel qualifié, nous avons
besoin, au grand total, de près de 103 personnes. D'après le
programme que nous nous sommes tracé cette année et que nous
avons préparé avec la plus grande minutie, afin de bien remplir
les cadres, nous aurions besoin d'un personnel additionnel de 119 personnes. Il
y a au ministère, présentement, un total de 953 employés.
Et le total que nous sommes autorisés à avoir cette année
est de 1,072; c'est-à-dire que nous devrons avoir, et que nous voulons,
dans toute la mesure du possible, un personnel additionnel de 119 nouveaux
officiers.
M. COITEUX: ... est-ce que dans 119 vous avez un très fort
pourcentage de professionnels, soit ingénieurs, arpenteurs ou mesureurs
de bois?
M. GOSSELIN: Oui, je vais vous donner cela. Il nous faudrait 25
nouveaux ingénieurs forestiers; il nous faudrait quatre
arpenteurs-géomètres; il nous faudrait trois conseillers
techniques; il nous faudrait des agents de bureau principaux, onze; des agents
de bureau, classe 2, huit; des commis de bureau, deux; des
sténo-dactylographes 18; (maintenant je donne les chiffres les plus
condisérables), les agents forestiers classe 2, treize; et les
techniciens en topographie, dix; et les autres c'est un, deux et
peut-être ici les agents forestiers principaux, cinq. Dans tous les
autres domaines c'est selon les besoins immédiats.
Cependant, à long terme, disons que pour la programmation faite
au ministère des Terres et Forêts, nous aurions besoin d'un total
de 270 ingénieurs forestiers en 1970.
M. COITEUX: En surplus?
M. GOSSELIN: Non, actuellement nous en avons 145,
c'est-à-dire que, pour trois ans, il nous faudrait en recruter 135
nouveaux.
M. COITEUX: Il faudrait doubler. Quand vous parlez de
programmation future, est-ce que vous avez dans l'idée la normalisation
ou l'uniformisation, la généralisation de la forêt
domaniale?
M. GOSSELIN: Oui, cette question des forêts domaniales, je
peux vous dire, apris beaucoup de notre temps jusqu'à maintenant
etprésentement nous sommes à étudier tous les moyens
possibles d'améliorer ce système de forêts domaniales. Je
ne veux critiquer en aucune façon, mais il y a certaines
expériences et c'est peut-être une opinion personnelle
qui ont été faites à certains endroits avec les
forêts domaniales qui ne se sont pas avérées tellement
fructueuses jusqu'à maintenant.
M. COITEUX: Est-ce que vous pourriez citer un exemple?
M. GOSSELIN: Oui. La forêt domaniale de Matane. C'est
pourquoi il faut absolument repenser en totalité avec les
expériences acquises. Il faut comprendre, et je l'admets avec le
député, que c'est une innovation qui a été faite
avant moi et que je trouve heureuse et que nous essaierons de moderniser dans
toute la mesure du possible pour tâcher de donner le meilleur rendement.
Je crois que c'est une formule qui peut apporter de grands résultats
dans la province. Cependant, jusqu'à maintenant, il va falloir y faire
certaines modifications si nous voulons réellement que les forêts
domaniales jouent le rôle que nous aimerions leur voir jouer.
M. KIERANS: Je comprends, mais est-ce que ces demandes-là
ont été acceptées par le conseil de la
trésorerie?
M. GOSSELIN: Oui. Les effectifs autorisés par la
trésorerie cette année. Tout a été fait en
conformité avec la direction générale des effectifs et
nous sommes autorisés à créer 119 nouveaux postes.
M. KIERANS: Très bien!
M. LACROIX: Quelles sont les difficultés
particulières qu'a rencontrées le ministère dans
l'exploitation de la forêt domaniale de Matane?
M. GOSSELIN: Je crois qu'on n'a pas tellement planifié
cette affaire-là et que le personnel a été choisi un peu
au hasard. On avait toute sorte de personnes. On avait des personnes
âgées, même de 70 ans et plus et, en plus de ça, je
crois qu'on a manqué passablement de planification dans tout l'ensemble
de l'administration de la forêt domaniale de Matane.
M. LACROIX: Et ça posait des problèmes dans quel
sens particulier?
M. GOSSELIN: Une exploitation forestière coûte
très cher. Elle coûte un prix qui est même hors de
portée. Pour revendre ces bois-là... on ne demande pas, en somme,
à faire de l'argent avec la forêt domaniale. Loin de là.
Seulement, il faudrait au moins que l'administration de ces forêts
domaniales entre dans le domaine des comparaisons que l'on pourrait faire avec
l'entreprise privée» A ce moment-là, on pourra mettre le
bois sur le marché sur un pied d'égalité pendant
qu'à l'heure actuelle l'administration est déficitaire. Il faut
absolument réorgani- ser les forêts domaniales sur une base de
rendement. Pour que le rendement soit meilleur, il faut que le bois dont nous
avons à disposer à l'intérieur des forêts
domaniales, puisse être acheté à un prix convenable
comparativement aux autres industries, aux industries qui en ont besoin pour
s'approvisionner. Alors je pense que là, il y a de nombreux
problèmes d'ailleurs qui sont notre plus grande préoccupation.
Nous nous efforçons dans toute la mesure du possible de
stabiliser...
M. COITEUX: Dès l'instant où le moulin actuellement
en construction à Matane opérera, est-ce que c'est l'intention du
ministère de continuer l'opération de la forêt domaniale de
Matane?
M. GOSSELIN: La forêt domaniale de Matane existera, parce
qu'elle a été constituée et nous n'avons pas l'intention
de la fermer. Alors elle va continuer la même chose lorsque le moulin
sera ouvert.
M. COITEUX: Est-ce que le ministère prévoit, lors
d'une exploitation pour livraison à Matane, pouvoir diminuer les
déficits d'opération actuellement?
M. GOSSELIN: Nous croyons que lorsque nous aurons mis de l'ordre
peut-être que le mot « ordre » est dans le moment un
peu péjoratif nous croyons que, lorsque nous aurons
réétudié en somme toute cette gestation de la forêt
domaniale de Matane, il y aura possibilité de baisser les prix de
revient de façon assez considérable.
M. COITEUX: J'insiste sur les coûts, parce que,
l'année dernière, le ministre qui était le
député de Compton dans le temps, trouvait les coûts
d'exploitation domaniale de Matane excessifs. Alors, je crois que le stage
qu'il a fait au ministère des Terres lui a été salutaire
et qu'il a réalisé que souvent, avec toutes les bonnes
volontés, on ne peut pas toujours réussir ce que c'est que,
théoriquement, il serait bon de vouloir bien réussir.
M. GOSSELIN: Si le député se rappelle certaines
suggestions et certaines de mes prises de position, alors que j'étais
dans l'Opposition, il a dû remarquer que je les ai toujours faites de
façon objective et en vue d'améliorer la situation et non de la
détruire.
M. COITEUX: Alors, je suis content de l'attitude du ministre,
qu'il me réponde que la forêt domaniale va continuer et
j'espère qu'avec
l'aide de son personnel qualifié, il réussira,
éventuellement, à faire de la forêt domaniale, pour
livraison à l'industrie locale, une opération sinon avec profit
du moins qui peut justifier les dépenses.
M. GOSSELIN: Oui. Pour l'information du député,
ancien adjoint parlementaire au ministère des Terres et Forêts, la
production de la forêt domaniale de Matane a été vendue
l'automne dernier à $32 les mille pieds et ça, sur les chemins de
camion alors à ce moment-là, nous avions une perte dans la
vente.
M. COITEUX: Combien étiez-vous obligé de donner
à l'opérateur pour rendre le bois en grume le long des
chemins?
M. GOSSELIN : Tout cela est fait à la journée.
M. COITEUX: Tout cela est fait àla journée. Dans
les opérations forestières, je n'ai jamais changé
d'opinion, j'ai travaillé pour des compagnies, mais mon
expérience personnelle est celle-ci, c'est que le bois, ça ne se
fait pas à la journée.
M. GOSSELIN: Bien voici, ce que le député sait fort
bien, (d'ailleurs j'en ai fait un peu d'opérations forestières,
certainement pas autant que le député en a fait), et je pense
bien qu'il conviendra avec moi qu'il y a certaines choses qu'on peut donner
à forfait et il y a autre chose aussi que, nécessairement, on
peut donner à la journée.
M. COITEUX: La coupe du bois, par exemple. Est-ce que la coupe du
bois se fait à forfait ou à salaire?
M. GOSSELIN: Bien, jusqu'à présent, je crois qu'en
grande partie, ça été à salaire. Mais, par contre,
là nous sommes à changer ce mode-là. Je voudrais dire ceci
au député. Je pense bien qu'il me le permettra, c'est que l'an
dernier, lorsque je suis arrivé au 17 juin, déjà toute
cette chose-là était en marche. Alors, au lieu de tout
chambarder, j'ai laissé porter les choses tout simplement avec une
surveillance et aussi, avec les officiers du ministère qui s'en
occupaient, pour bien voir exactement. Alors, c'est pour cela que je n'ai pas
voulu jusqu'à présent prendre des mesures drastiques ou encore
chambarder tout du jour au lendemain sans, au préalable, que j'aie eu
l'expérience, que j'aie eu la chance, moi-même, de prendre
l'expérience de toute l'administration de ces forêts domaniales.
Au fur et à mesure qu'on me signale certaines choses qui doivent
être améliorées, je m'efforce, avec l'expérience
personnelle que j'ai sur la question, d'apporter les remèdes pour...
M. COITEUX: Comment est-ce qu'on procède cette
année aux chemins?
M. GOSSELIN: Je ne crois pas que ceci soit calculé encore.
Cela n'a pas été soumis encore.
M. COITEUX: Vous n'avez pas d'idée?
M. GOSSELIN: Cela ne m'a pas été soumis encore.
M. COITEUX: Mais vous devez avoir des coûts?
M. GOSSELIN: Oui, il y a des coûts d'établis.
Cependant, je ne demande pas le rapport de la forêt domaniale toutes les
semaines.
M. COITEUX: Ah non?
M. GOSSELIN: C'est M. Paul Archambault qui s'occupe de cet
état de choses, il pourra assez facilement...
M. COITEUX: Mais dans toutes...
M. GOSSELIN: Il va venir après le dîner.
M. LACROIX: Mais, de toute façon, les difficultés
rencontrées par le ministère dans l'exploitation de la
forêt domaniale de Matane sont d'ordre administratif et non d'ordre, si
vous voulez, de l'exploitation trop intensive de la forêt. Parce que si
la forêt domaniale est exploitée pratiquement à son
maximum, il n'y a que par des moyens radicaux administratifs qu'on pourra
améliorer la situation, parce qu'on ne peut pas songer à
réduire le coût d'opération par l'augmentation de
l'exploitation, parce que la forêt ne peut pas rendre plus...
M. GOSSELIN: La forêt domaniale de Matane, comme toutes les
autres forêts domaniales d'ailleurs, est assujettie à des plans de
coupe. Elle est assujettie à un programme, à une planification
complète et je pense bien en aucun temps que ça serait
déplorable s'il fallait que le ministère des Terres et
Forêts dépasse les possibilités d'une forêt ou d'un
plan de coupe.
A ce moment-là, nous restons dans les limites des
possibilités de la forêt.
Cependant, ce que nous voulons améliorer, à
l'intérieur de la forêt domaniale,c'est d'abord l'administration
de cette forêt domaniale, aussi,
et de trouver les moyens... Nous avons eu certaines expériences
quant à la coupe du bois, disons au taux horaire. Nous avons eu aussi
certaines expériences quant à la coupe du bois à forfait,
mais, par contre, là, je crois que toute la question de la forêt
domaniale serait plutôt une amélioration dans la compétence
des employés. Je ne veux pas les blâmer du tout. Loin de moi
l'idée de vouloir diminuer de quelque façon que ce soit les
honorables concitoyens qui travaillent dans cette forêt domaniale.
Cependant, c'est que la forêt dominiale de Matane, il me semble au
rapport que j'en ai jusqu'ici, a été un peu le refuge de
certaines personnes âgées qu'on voulait aider et qui
n'étaient pas tellement qualifiées pour faire le travail qu'on
leur demandait. Alors à ce moment-là...
M. LACROIX: Est-ce que ce n'était pas un refuge du
bien-être social?
M. GOSSELIN: Bien, ça été un petit peu le
refuge Meurling du coin, qu'on a organisé dans ce coin-là.
Maintenant, je ne veux pas porter grief à qui que ce soit, cependant je
vous dis qu'il va falloir qu'il y ait une amélioration, que nous
mettions de l'ordre à l'intérieur de cette forêt
domaniale.
M. COITEUX: A quoi est due la situation qu'on rencontre à
Matane présentement, M. le ministre?
M. GOSSELIN: La situation que l'on rencontre dans le moment, bien
mon Dieu, elle est due à beaucoup de choses. D'ailleurs, on pourrait
retrouver certaines de ces choses-là en lisant les rapports du BAEQ.
Vous savez comme moi que dans toute la péninsule de Gaspé,
pendant trop longtemps, il y a eu absence totale de planification dans ce
coin-là du pays et puis...
M. KIERANS: Pendant les années 1944 à 1960.
M. GOSSELIN: C'est de valeur de voir que le député
de Notre-Dame-de-Grâce semble avoir une phobie épouvantable, vous
savez, puis de revenir totalement. Si le député de
Notre-Dame-de-Grâce veut faire perdre le temps du comité, je vais
remonter à Taschereau et, à ce moment-là, ça ne
sera pas beau, parce que je vais être obligé de lui dire que dans
le temps de Taschereau...
M. KIERANS: Vous n'avez pas le texte? M. GOSSELIN: On donnait
sans égards, vous savez, aux amis politiques des territoires
extraordinaires, des territoires d'une superficie épouvantable. Le
député des Iles-de-la-Madeleine aussi bien comme le
député de Duplessis, qui s'y connaissent dans ce
domaine-là, l'ont déploré comme je le déplore
d'ailleurs. Alors, on ne veut pas dans toute la mesure du possible... Moi, ce
qui m'importe, depuis que je suis au ministère des Terres et
Forêts, c'est de savoir ce dont demain sera fait pour le ministère
des Terres et Forêts, et l'avenir de la province de Québec. Alors,
dans toute la mesure du possible, je me suis efforcé, et je n'ai fait
aucune allusion de ce qui s'est passé avant que j'arrive le 17 juin
dernier.
M. LACROIX: On vous félicite d'avoir gardé vos
bonnes résolutions.
M. GOSSELIN: Je n'ai aucune menace à faire, mais si on le
veut absolument, il y a des choses dont on peut parler. Ce serait
peut-être très intéressant à discuter.
M. COITEUX: Non.
M. GOSSELIN: Mais là n'est pas le point. Nous sommes
à étudier ici les crédits budgétaires pour
l'année 67/68.
M. KIERANS: Je m'excuse, répondez aux questions.
M. GOSSELIN: Parce que d'ailleurs, le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous savez, quand il tombe dans le domaine des
forêts, je me demande au juste si...
M. COITEUX: La raison de ma question, c'est la suivante: J'ai
demandé peut-être ne me suis-je pas assez bien
expliqué la raison pour laquelle on fait face à cette
situation-là à Matane. Comme vous le savez, au départ,
à Matane...
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Il y avait, comme à Rimouski d'ailleurs et
comme dans d'autres régions de la province, et là je parle comme
forestier, des limites forestières. Et je ne blâme personne, mais
ces limites forestières, d'après la loi primordiale qu'on apprend
à l'école, que M. Boutin m'a montrée.
M. GOSSELIN: Mon Dieu!
M. COITEUX: Parce qu'il était notre professeur...
M. BOURASSA: Un bon professeur.
M. GOSSELIN: C'est un diplôme pour le
député.
M. COITEUX: J'ai appris ceci, qu'on ne devait pas exploiter une
forêt plus que sa possibilité. Alors il y a un organisme qui
s'appelle le ministère des Terres et Forêts, qui est chargé
de surveiller la mise en place d'organisme, de façon que la
possibilité ne soit pas dépassée. Ce qui s'est produit
à Matane comme à Rimouski, c'est que pour des raisons que je ne
veux pas qualifier, que je ne veux pas impliquer ou imputer à qui que ce
soit, on avait une industrie là qui n'était probablement pas
capable de produire, sur une base perpétuelle, du bois de sciage, disons
dans les proportions de 5 à 6 à 7 ou 8 millions par année.
Et annuellement, pour des raisons politiques, nous avons laissé les
compagnies couper souvent le double, malgré tous les avertissements
et j'en suis un qui le sait que le sous-ministre actuel a servis
au ministère dans ce temps-là, à l'effet qu'on s'en allait
vers la faillite, vers une chute.
Alors, est-ce que le ministre, actuellement, peut certifier au
comité que ces états de choses, le manque de surveillance et trop
de politique dans la loi forestière qui ont conduit à des
désastres économiques régionaux, comme ceux que l'on
connaît à Matane et à Rimouski actuellement, ne se
reproduiront plus?
M. GOSSELIN: Je suis très heureux de répondre au
député sur cette question-là et il est peut-être
malheureux que tous les officiers qui m'entourent ici n'aient pas droit de
parole parce qu'ils pourraient vous dire que, depuis le 17 juin dernier, en
toutes circonstances, je ne me suis jamais arrêté à quelque
pression politique que ce soit pour prendre une décision à
l'intérieur du ministère des Terres et Forêts. Nous avons
d'abord regardé ce qui était le plus rentable et le plus logique
à faire, dans le meilleur intérêt de l'administration du
ministère des Terres et Forêts et des forêts de la province
de Québec en général.
Alors, loin de moi la pensée que j'aurai à plier à
quelque pression politique. D'ailleurs il n'y en a pas eu de faite. Nous avons
étudié tous les problèmes qui nous ont été
présentés au ministère des Terres et Forêts, en
toute objectivité. Et encore plus que cela, j'ai dit et
répété et je tiens à dire ici devant le
comité que je ne veux pas avoir, pour aucune considération, le
titre ou être le ministre champion des Terres et Forêts qui aurait
implanté le plus grand nombre d'industries dans la province de
Québec. Je veux avoir le championnat des industries qui pourront
être stables. Je crois qu'il n'y a pas de plus mauvais service à
rendre à une communauté, à un secteur de la population,
que permettre par pression politique ou autre, en faisant fi de la
planification, à quelqu'un de venir implanter une industrie dans un
milieu où l'on sait que ce type-là ou cette industrie-là
aura à peine les approvisionnements pour trois ou quatre ans. Il n'y a
rien qui me fait plus mal au coeur, depuis que je suis ministre des Terres et
Forêts, que lorsque je vois des gens qui se sont installés depuis
quelques années et qui viennent me trouver et qui me disent: Bien voici,
je n'ai plus d'approvisionnement, je vais être obligé de fermer
mon moulin. Souvent dans une paroisse, c'est la seule usine qu'il y a et puis
les gens ont mis toutes leurs économies à se bâtir un petit
chez-eux autour de cette industrie-là. Si le gars fait banqueroute ou
ferme ses portes, à ce moment-là, on voit une région tout
à fait désolée et puis ceci cause un tort
considérable.
Alors, en toute circonstance, lorsqu'il s'agit de l'implantation d'une
industrie quelconque, aujourd'hui, au ministère des Terres et
Forêts, et surtout avec toutes les données modernes que nous
avons, nous n'avons aucune excuse de ne pas donner les projections
nécessaires à un industriel qui désire implanter une
industrie, pour qu'il sache qu'il y aura de l'approvisionnement convenable pour
son industrie pour, au bas mot, une cinquantaine d'années à
venir.
M. COITEUX: Bien d'ailleurs, je crois, M. le ministre, que c'est
exactement ce qui s'est produit. Je ne pouvais pas parler avant. Je
n'étais pas là. Maintenant, depuis que j'ai été
adjoint parlementaire aux Terres et Forêts, je sais qu'aucune nouvelle
industrie ne s'est implantée à moins d'avoir une lettre
officielle du ministère, à l'effet que le ministère lui
garantissait à même une forêt domaniale ou à
même des terrains vacants, un droit de coupe de 3 millions, 2 millions,
ou 4 millions de pieds de bois, même si c'est du bois de sciage.
M. GOSSELIN: C'est parce que le député...
M. COITEUX: Alors, je ne crois pas qu'il y ait eu d'industrie...
Le ministre a insinué tout à l'heure, qu'il a vu des gars
installés là faire banqueroute. Je ne crois pas que de 1960
à 1966 aucune industrie ne s'est implantée sans avoir au
préalable obtenu cette garantie-là du ministère.
M.GOSSELIN: Le député, qui est ingénieur
forestier, sait fort bien, il a travaillé là-dessus, qu'en
ce qui concerne l'implantation de certaines scieries, il n'y a pas longtemps
que l'on voit à donner une garantie d'approvisionnement. Je pourrais lui
citer des cas très très considérables où même
j'ai déjà signé des lettres, même aujourd'hui, pour
des scieries qui s'étaient construites sans la permission du
ministère, où on leur dit qu'elles ne peuvent pas s'attendre que
nous garantissions leur approvisionnement.
M. COITEUX: Je suis d'accord avec vous, mais...
M. GOSSELIN: Cette lettre d'approbation, disons de la
construction de l'usine, ne comporte en aucune partie l'engagement du
ministère à garantir les approvisionnements.
M. COITEUX: Je suis d'accord à 100% avec le ministre.
Maintenant il doit être bien chanceux si depuis la dernière
élection, il n'y a pas eu de pression énorme pour avoir des
petits permis de coupe pour un gars qui s'était bien occupé des
élections, ou quelque chose comme ça.
M. GOSSELIN: Le ministre a subi beaucoup de pressions, mais le
ministre peut le dire et hautement: il n'a plié à aucune d'elles,
et je n'ai plié en aucune circonstance, exception faite de choses que
j'ai tout simplement acceptées pour voir où nous allions. Je ne
veux, en toutes circonstances, donner des permis à qui que ce soit qui
ne possède pas déjà une industrie. Le trafic des permis de
coupe, comme cela s'est fait sous tous les régimes, je n'ai pas
l'intention, moi, que cette chose-là continue. Pour justifier un permis
de coupe, je veux dans toute la mesure du possible, que le type qui demande un
permis de coupe ait une industrie où il pourra usiner en totalité
les bois qu'on lui permet d'aller chercher sur les lots de la Couronne.
M. COITEUX: Maintenant, M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait me dire si théoriquement, par exemple, dans une
forêt domaniale (on dit qu'il y a telles possibilités dans une
forêt domaniale, théoriquement, sur papier cela existe),
indépendamment de l'industrie à laquelle on accorde le permis de
coupe dans cette forêt domaniale, le côté de l'exploitation
ou de la rentabilité d'une exploitation physique du peuplement a
été étudié à fond?
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Comment expliquer certaine banqueroute
fantastique...
M. GOSSELIN: Bien voici...
M. COITEUX: ... dans la réserve domaniale de
Sainte-Marguerite au Lac-Saint-Jean?
M. GOSSELIN: Oui, voici là...
M. COITEUX: Les gens nous disent que la quantité est
là, mais l'exploitabilité, c'est impossible.
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Mais apparemment, le facteur exploitabilité ou
rentabilité économique de ce secteur-là a
été étudié seulement sous un seul aspect, l'aspect
de la quantité. Et le résultat, il est là. Parce qu'il ne
faut pas s'en faire, j'ai travaillé pour la compagnie Price. Quand une
compagnie comme la compagnie Price...
M. GOSSELIN: Si le député me le permet...
M. COITEUX: ... cède 100 milles carrés de
territoire aux portes de ses moulins, il y a une raison à ça. Et
la raison principale, ce n'est pas que le bois n'est pas là, c'est qu'il
y a l'exploitabilité. Alors, lorsqu'on veut prendre une industrie,
indépendamment de l'importance, les plus grosses industries: Il y a
Merger, qui a été obligé de lâcher, des gars comme
Murdock, qui sont importants et qui se plaignent. Ce n'est pas leur faute, ce
n'est pas le manque d'administration, c'est le manque...
M. GOSSELIN: Je voudrais faire remarquer tout de suite au
député que je n'ai pas d'objection à ce que nous
continiuons sur ce domaine-là, mais seulement...
M. COITEUX: Mais dites-moi, quand est-ce qu'on pourra y revenir?
Parce que c'est bien intéressant pour moi.
M. GOSSELIN: Sur l'administration des forêts domaniales
article 7-1, article 1.
M. COITEUX: Cela vous intéresse aussi.
M. GOSSELIN: Mais si vous voulez, nous pouvons continuer.
Seulement, je ne voudrais pas qu'on recommence quand on arrivera au poste
budgétaire 7.
M. COITEUX: D'accord, on reviendra...
M. LACROIX: Concernant les salaires, au ministère des
Terres et Forêts, pour les employés, les ingénieurs
forestiers, les arpen-
teurs-géomètres ou autres fonctionnaires supérieurs
qui doivent travailler dans des conditions particulières, soit à
cause de l'éloignement ou toute autre raison, est-ce qu'il est
prévu, à votre ministère, des primes spéciales pour
ces employés-là, comme cela existe, par exemple, dans d'autres
ministères?
M. GOSSELIN: Je suis heureux que le député des
Iles-de-la-Madeleine soulève cette question-là. J'ai reçu
de la part de plusieurs fonctionnaires qui doivent aller faire des travaux, qui
doivent même rester dans des régions éloignées,
cette demande de primes d'éloignement si je peux m'exprimer de
cette façon-là d'isolement; et ceci fait le sujet
d'études avec l'ensemble de tous les ministères parce qu'il faut
bien tenir toujours en ligne de compte que nous sommes régis par
certaines normes, au ministère des Terres et Forêts, comme
ailleurs. Or, il y a un comité, à l'heure actuelle, qui est
à étudier toutes ces demandes de primes d'éloignement,
primes de séjour afin qu'il y ait une uniformité dans les
rémunérations que nous donnerons à ces
employés.
M. LACROIX: J'espère que le comité fera des
recommandations généreuses parce qu'il y a des personnes dans
votre ministère, comme dans d'autres ministères, qui travaillent
dans des conditions très difficiles à cause de
l'éloignement, de l'isolement. Je crois que c'est absolument injuste de
donner à ces personnes le même salaire, le même traitement
qu'à d'autres qui accomplissent des fonctions analogues, soit à
Québec, à Montréal ou dans d'autres grands centres. Et,
incontestablement, pour eux, je serais prêt à appuyer l'honorable
ministre pour faire des pressions auprès du comité afin qu'il se
montre plus généreux et également la Commission de la
fonction publique et le conseil de la trésorerie devraient comprendre la
situation particulière de ces personnes-là.
M. GOSSELIN: Mais ce comité est organisé par
l'entremise de la direction générale des relations de travail et
nous y avons un délégué. Je peux dire au
député tout de suite que je suis fort sympatique à cette
question. Je comprends très très bien le cas qu'il nous apporte
présentement et nous ne négligerons rien pour donner satisfaction
aux intéressés, surtout pour que nous soyons capables de
conserver ces techniciens, ces experts, à l'intérieur des cadres
du ministère. On le sait, au ministère des Terres et
Forêts, le travail que nous avons à faire ne se fait pas en
banlieue de la ville de Québec, ni en banlieue de la ville de
Montréal; en toute circonstance, cela se fait dans les régions
éloignées, les régions où le climat souvent est
inclément. Les employés doivent laisser leur famille pendant des
semaines, des mois. Ils ne peuvent pas revenir à la maison et, pour
toutes ces raisons, nous allons faire l'impossible pour que nous trouvions une
formule qui sera satisfaisante pour tous.
M. COITEUX: Une question qui revient à différents
articles et que l'on pourrait peut-être poser ici pour la liquider
immédiatement, est celle des voitures. Est-ce que le ministère
fournit les voitures ou si c'est encore les...
M. GOSSELIN : Oui, il y a plusieurs employés qui ont des
voitures, qui sont en possession de voitures du ministère. Au
comité de coordination, il y a environ trois mois, cet état de
choses a été apporté. Nous avons commencé à
analyser, en somme, les besoins de chacun des officiers qui est en possession
d'une voiture à l'heure actuelle, afin de savoir si réellement
c'est bien nécessaire que cet employé-là ait une voiture.
Là nous attendons, au comité de coordination, aussi, une
directive qui sera une directive, je dirais, générale pour tous
les ministères. Parce que il va falloir absolument que cette
décision-là soit prise au niveau gouvernemental dans son
ensemble, parce que l'on ne voudrait pas, nous, que les employés du
ministère des Terres et Forêts soient privés de services
pendant qu'on le permettra à d'autres. Alors, en ayant défini les
tâches et les besoins de l'officier qui possède une voiture,
à ce moment-là, je peux dire tout de suite au
député que le ministère des Terres et Forêts, eh
bien, n'est pas peut-être pas celui où il y a le plus grand nombre
d'employés qui possèdent des autos.
M. COITEUX: C'est-à-dire des employés qui
possèdent des automobiles du ministère.
M. GOSSELIN: Du ministère.
M. COITEUX: D'accord, mais à ce moment-là, je
suppose, lorsque cette politique générale s'établira pour
tous les ministères, qu'on fixera un montant au mille pour les gens qui
se serviront de leur propre voiture.
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Et ce sera uniforme.
M. GOSSELIN: Oui et il y a déjà eu des normes
d'établies et cela a été établi même par
arrêté ministériel. Cependant, nous avons cer-
taines plaintes, parce que cela ne marche pas de façon tellement
adéquate dans ce domainelà. Il y a lieu d'améliorer la
situation. Au ministère des Terres et Forêts, déjà,
nous avons pris les devants parce que le comité de coordination s'est
occupé de l'affaire. Il y a eu le comité du ministère qui
a pris la chose en main, qui nous a fait rapport. Nous avons analysé le
rapport de ce comité, et puis là, lorsque nous sommes
arrivés pour prendre ce que j'appellerais la grande décision pour
l'ensemble, là nous nous sommes référés au conseil
exécutif afin qu'il y ait en somme une coordination, une planification
des opinions adoptées afin d'uniformiser cette politique des officiers
qui possèdent une automobile des ministères.
M. COITEUX: Il y a une question que j'ai oubliée tout
à l'heure, quand on a parlé du salaire des techniciens, advenant
le cas où nous aurions à l'école forestière ou
à la faculté de foresterie, je pense, qu'on appelle cela,
quelqu'un qui décide de faire des études post-scolaires, de
prendre une maîtrise ou un doctorat quelconque soit dans une
université à l'extérieur et qui déciderait de
revenir offrir ses services à la province, est-ce qu'à ce
moment-là il y a une classification spéciale d'envisagée
dans l'échelle de salaire pour ce type-là?
M. GOSSELIN: Cette année, nous avons d'abord eu une somme
de $40,000, qui nous permettra de donner certaines bourses de perfectionnement
à ces étudiants et il y a un comité spécial, dont
je crois, fait partie M. Porter, doyen de la faculté forestière
de géodésie, le docteur Gosselin...
M. COITEUX: Je suis parfaitement à l'aise et je ne suis
pas inquiet du tout pour les bourses qui seront octroyées au
mérite. Je connais assez M. Porter et toute l'équipe. La raison
de ma question c'est que, malheureusement, nous avons eu des cas, des hommes de
valeur, et nous les avons perdus. Ils sont allés faire des études
post secondaires. Le salaire que le gouvernement leur offrait, dans bien des
cas, après toutes leurs qualifications scolaires ou universitaires, ces
gens-là trouvaient infiniment mieux dans l'industrie privée qu'au
gouvernement. Alors c'est dommage que le gouvernement les laisse aller. Est-ce
qu'il y a une clause spéciale dans la fonction publique qui permettrait
une recommandation, au palier des ministères, d'un salaire
équivalant à une autre classe que la classe originaire?
M. GOSSELIN: Dans le moment, nous avons cette
permission-là de la Commission de la fonction publique et je dois dire
qu'au ministère des Terres et Forêts, jusqu'à maintenant,
de mémoire je ne pourrais pas dire si nous en avons eu que
j'ai eu connaissance pour avoir assisté à certaines
réunions, que ceci se fait au niveau gouvernemental dans l'ensemble et
qu'au ministère des Terres et Forêts, celui qui détient une
maîtrise et qui a deux ans de séniorité, peut facilement au
ministère des Terres et Forêts obtenir l'aide voulue pour aller se
perfectionner.
M. COITEUX: Est-ce que M. le Président pourrait me dire
à quel article nous pourrons parler des inventaires forestiers?
M. GOSSELIN: Pour mieux expliquer peut-être, c'est que la
maîtrise qu'il obtient à la faculté lui donne
immédiatement deux ans de séniorité.
M. COITEUX: Deux ans.
M. GOSSELIN: Deux ans de séniorité, pour qu'il
puisse aller...
M. COITEUX: Est-ce que vous trouvez que c'est suffisant?
M. GOSSELIN: Le député admettra avec moi que je ne
connais pas tout le rouage de cette affaire-là et que nous
étudierons la situation...
M. COITEUX: Deux ans de séniorité. Par exemple,
disons un ingénieur forestier qui sort de l'école avec son
diplôme, $6,300 je pense, que vous avez dit tout à l'heure? Alors
deux ans de séniorité le mettrait à quel traitement?
M. GOSSELIN: Il faut d'abord qu'il passe un an à la
faculté et, après cela, ça le mène à environ
$7,000 par année de traitement.
M. COITEUX: Croyez-vous honnêtement que c'est suffisant, M.
le Président?
M. GOSSELIN: Nous allons étudier la situation et, si nous
le jugeons à propos...
M. COITEUX: Je vous garantis, moi, qu'un type qui s'en va...
M. GOSSELIN: Cependant, on me signale qu'il faut que je sois
prudent dans ce domaine-là, parce qu'on ne peut pas payer plus que la
Commission de la fonction publique...
M. COITEUX: Oui, mais justement, il va falloir la casser un jour
ou l'autre cette barrière-là!
M. GOSSELIN: Ah! je suis heureux que vous me signaliez cette
chose-là!
UNE VOIX: Cela compte bien plus que vous ne le pensez!
M. COITEUX: Dans certaines disciplines cela devient absolument
essentiel.
M. GOSSELIN: Voyez-vous là, le député nous
signale précisément un autre endroit où on a des
difficultés avec cette fameuse commission-là et qui nous barre
le...
M. COITEUX: Moi, je parle comme un forestier, et je dis ça
des gars qualifiés. Et pour avoir des gars qualifiés, il faut les
payer.
UNE VOIX: C'est vital!
M. GOSSELIN: Je suis parfaitement d'accord!
M. COITEUX: Lorsqu'on a été chercher M. Boutin
comme sous-ministre, il était dans l'industrie privée. Si on lui
avait offert $7,000 par année, il ne serait pas venu. Et c'est un homme
utile comme tous les autres fonctionnaires.
M. GOSSELIN: Il y a plus grave que cela, si le
député me le permet. C'est qu'il se fait du maraudage
présentement par le ministère des Forêts d'Ottawa et on
offre des salaires fabuleux à certains de nos techniciens que nous avons
et qui nous sont d'une utilité extraordinaire. Alors, il est sans
contredit que...
M. COITEUX: Est-ce que cet argument-là n'a pas force
lorsque vous en discutez au conseil des ministres?
M. GOSSELIN: Certainement! Mais vous savez, on ne peut pas
arriver et tout refaire du jour au lendemain. On vient d'arriver là. On
est là depuis un ans.
UNE VOIX: Pas un an!
M. GOSSELIN: Et tout le monde sait que, dans un an, dans le
domaine des Terres et Forêts, vous savez, c'est bien peu. On a toujours
à transiger avec...
UNE VOIX: C'est une barrière qu'il faut enfoncer,
ça!
M. GOSSELIN: ... des mesures que l'on doit prendre et qui sont
des mesurer à long terme.
UNE VOIX: Je n'ai jamais dit que ça partait de cette
année, dans mes questions.
M. GOSSELIN: Dans une forêt à découper le
bois, on peut s'attendre qu'on n'y viendra pas pour, au bas mot, 30, 35 ans. Si
elle passe au feu, cela peut aller jusqu'à 100 et 150 ans. Alors, dans
toutes circonstances, tous les gestes que nous posons sont toujours des gestes
qui ont une portée tellement considérable sur l'avenir qu'il faut
y aller avec beaucoup de prudence.
Et celui qui vous parle, je pense bien, va faire l'impossible pour
améliorer la situation comme d'ailleurs mes
prédécesseurs.
M. LACROIX: Un homme compétent n'est jamais payé
trop cher.
M. GOSSELIN: Je suis parfaitement d'accord avec le
député. J'ai toujours prétendu, moi, que c'était
l'individu qui commandait son salaire par sa compétence et non
autrement.
M. BOURASSA: Il y a quand même des normes.
M. GOSSELIN: Oui, il y a des normes, c'est accepté
ça. C'est accepté parce qu'il ne faut pas tout débalancer
l'ensemble de l'économie. Par contre, nous reconnaissons que, si nous
voulons avoir des employés compétents, si nous voulons avoir des
experts, ces compétences-là, il faut nécessairement les
rémunérer sur un pied d'égalité avec ce qu'il
pourrait y avoir ailleurs.
M. LE PRESIDENT: L'article 6.
M. LACROIX: Maintenant, dans les concessions forestières,
si vous permettez, qui sont consenties, est-ce...
M. GOSSELIN: Est-ce que je dois comprendre que nous avons fini
l'article 1?
M. LACROIX: Non, non.
M. KIERANS: Non, à l'article 1, traitements
électroniques...
M. LACROIX: Oui, mais là...
M. KIERANS: Le député des Iles-de-la-Madeleine va
poser une question.
M. GOSSELIN: Si vous voulez, pour tâcher d'avoir un peu
d'ordre dans cela...
M. LACROIX: Là, j'ai à poser une question
générale, et après cela on prendra article par article,
l'article 1 et les autres articles. Je ne sais pas si le député
de Duplessis a d'autres questions à poser, mais dans les concessions
forestières qui sont consenties aux grandes entreprises
intéressées dans l'industrie de la pâte et du papier,
est-ce que la loi prévoit l'utilisation des essences qui ne sont pas
requises pour les usines de pâte et de papier?
M. GOSSELIN: Je suis très heureux que le
député des Iles-de-la-Madeleine me pose cette question-là
et je l'en remercie. D'abord, il faut tout de suite vous dire que l'article 72
de la Loi du ministère des Terres et Forets dit et je crois qu'il
vaut la peine que je la cite au long, afin de bien comprendre le
problème que ceci nous amène que « le permis a effet
de donner à la personne qui en est en possession, tous droits de
propriété quelconque sur les arbres, bois de sciage, et de
construction qui sont et peuvent être coupés dans les limites
décrites dans le permis pendant la durée qui y est portée
soit que ces arbres, bois de sciage et de construction soient coupés par
la personne qui a ou possède le permis ou par d'autres personnes avec ou
sans son consentement. »
Or, par une telle disposition, lorsqu'un concessionnaire administre sa
concession, nécessairement, le ministre des Terres et Forêts ou le
ministère ne peut pas contrôler les essences qu'il n'utilise pas.
Nous pouvons voir, cependant, lorsqu'il y a des opérations
forestières qui se font, à ce qu'il n'y ait pas de gaspillage
à l'intérieur de cette concession-là mais, par contre,
nous n'avons aucune autorité quant à la manière dont
pourraient être dirigés ces bois. Ce qui arrive justement, dans le
domaine en particulier des feuillus, vous avez des propriétaires de
concessions qui ont des territoires immenses, à l'intérieur de
ces territoires-là, vous y retrouvez toutes les essences de bois et on
fait surtout de l'exploitation des bois mous, des résineux pour la
pâte et le papier et souvent, on laisse entrer des intermédiaires
qui, eux, font l'exploitation des feuillus ou en d'autres endroits, on ne les
fait presque pas: et là, il arrive que nous avons des difficultés
très considérables parce que si nous pouvions exercer un certain
dirigisme sur ces essences qui ne sont pas utiles aux concessionnaires, nous
pourrions stabiliser d'autres industries qui en auraient grandement besoin. Ce
problème...
M. BOURASSA: Vous voulez dire que la loi, telle qu'elle est
actuellement...
M. GOSSELIN: ... elle est inadéquate.
M. BOURASSA: ... vous empêche d'utiliser les autres
essences.
M. GOSSELIN: Autrement dit, j'irai jusqu'à dire qu'elle
nous empêche l'utilisation optimale de toutes les essences.
M. BOURASSA: Oui, mais est-ce que ça veut dire que c'est
la compagnie qui peut elle-même exploiter cela...
M. GOSSELIN: C'est la compagnie qui l'exploite à son
gré. C'est la compagnie qui elle...
M. BOURASSA: Vous ne pouvez pas limiter les droits de coupe pour
la compagnie...
M. GOSSELIN: Oui, nous limitons, mais lorsque les
possibilités de coupe ne sont pas dépassées, et que le
bois, souvent, est rendu à maturité, on ne peut pas dire à
la compagnie, par exemple: Bien, vous allez envoyer ce bois-là à
tel et tel endroit ou vous allez vous en servir pour alimenter telle et telle
industrie.
M. COITEUX: Je crois, M. le Président, que ce
débat-là est assez d'envergure parce que j'ai beaucoup de
questions...
M. GOSSELIN: Avez plaisir.
M. COITEUX: Maintenant, je pense que ça va être aux
choses des inventaires aussi là?
M. GOSSELIN: Oui. Nous pourrions encore. Si vous le voulez, nous
allons...
M. COITEUX: Je tiendrais, à ce moment-ci, à faire
une remarque. C'est que la loi telle que le ministre vient de la lire, c'est
parfait. Maintenant je crois, si ma mémoire est fidèle, que pour
toutes concessions nouvelles qui ont été données de 1960
à 1966, on avait une protection à l'effet qu'on ne donnait pas le
droit d'user des essences dont les compagnies concessionnaires se
servaient.
M. BOURASSA: Oui, on m'avait informé moi aussi de
ça. Les nouvelles concessions des essences...
M. GOSSELIN: Oui, il y a eucertains amendements, mais seulement
sur les nouveaux projets.
M. BOURASSA: Oui, c'est ça. Mais cela ne couvre presque
rien.
M. GOSSELIN: Cependant, ça ne couvre à peu
près rien, parce que...
M. COITEUX: Est-ce que la nouvelle...
M. GOSSELIN: Je peux dire que, depuis un an, j'ai refusé
toute demande de concession. Je prétends que cette politique-là
doit être repensée en totalité et ceci entre dans
l'orientation que j'ai l'intention de donner au ministère des Terres et
Forêts.
M. COITEUX: Est-ce Kruger qui s'installe à
Saint-Félicien?
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Est-il couvert par l'amendement?
M. GOSSELIN: Kruger qui s'installe à Saint-Félicien
est couvert, oui, de la manière suivante: C'est que nous avons une
garantie d'approvisionnement de 550,000 cordes de bois à la compagnie
Kruger.
M. COITEUX: Seulement ce dont ils ont besoin.
M. GOSSELIN: Seulement ce dont ils ont besoin, seulement les
essences dont ils ont besoin.
M. COITEUX: Seulement les essences dont ils ont besoin.
M. LACROIX: Parce qu'actuellement, il arrive que des industries
qui auraient besoin d'essences, par exemple, pour le contreplaqué
ou...
M. GOSSELIN: Le bouleau, le merisier, l'érable.
M. LACROIX: ... ne peuvent pas aller s'approvisionner 'sur les
réserves des compagnies qui les exploitent pour la pâte et le
papier. Cela cause des problèmes extraordinaires pour la survivance des
industries actuellement en place et ça empêche également
l'implantation de nouvelles industries dans d'autres secteurs, ce qui serait
fort utile.
M. GOSSELIN: Oui. Parce qu'il faut être juste là
aussi. Je veux dire que jusqu'à maintenant les concessionnaires ont
collaboré avec le ministère sur plusieurs demandes que nous leur
avons faites, mais je crois que cela n'est pas suffisant. On devrait avoir les
pouvoirs voulus pour être capable d'exercer le contrôle absolu sur
les essences dont ils n'ont pas besoin, afin que nous puissions diriger ces
bois et toujours en ayant en vue d'améliorer la situation dans le
meilleur intérêt de la province.
M. COITEUX: Si on continue dans ce domaine-là, ça
nous amène nécessairement à la rediscussion de la nouvelle
loi forestière.
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Est-ce qu'on continue là-dessus?
M. GOSSELIN: Là on va, si...
M. LE PRESIDENT: Alors, disons que l'on va passer à
l'article 2.
M. GOSSELIN: Vous avez l'article 1, M. le Président,
à l'administration. Alors le traitement et salaire.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. GOSSELIN: Frais de voyages, adopté.
M. LE PRESIDENT: Frais de bureau.
M. GOSSELIN: Frais de bureau. Adopté. Matériel de
bureau, instruments, impressions et abonnements, équipement d'office et
tout. Adopté.
M. KIERANS: Et traitement électronique des données,
pourquoi?
M. GOSSELIN: Le traitement électronique des
données. Lorsque nous recevons dans la compilation des données
statistiques, nous avons besoin de certaines informations additionnelles.
M. KIERANS: M. le ministre, est-ce que vous avez besoin de plus
de renseignements ou est-ce que le coût des opérations a
augmenté?
M. GOSSELIN: Non, le coût des opérations n'a pas
augmenté mais ça compte dans le plus grand nombre d'inventaires
passés. Ces données-là sont fournies par les bureaux
privés.
Non, c'est par le centre de mécanographie. Ceci est
intergouvernemental.
M. BOURASSA: C'est producible.
M. LE PRESIDENT: Article 6, adopté.
M. KIERANS: Un moment. Publicité et information.
M. LACROIX: Publicité et information, il y a $38,000 de
plus que l'an passé prévus au budget...
M. KIERANS: Il n'y avait rien il y a deux ans...
M. GOSSELIN: Voici, c'est qu'au ministère des Terres et
Forêts, malheureusement, je crois qu'en ce qui a trait au travail
gigantesque que l'on fait, on ne donnait pas suffisamment de publicité
à ce travail-là. En plus de cela, voulant donner l'accès,
dans toute la mesure du possible, à l'administration de nos
forêts, il y a plusieurs brochures qui ont été
préparées, il y a plusieurs périodiques qui ont
été organisés et nous voulons faire en sorte que ces
publications-là soient distribuées partout dans la province de
Québec, pour mieux faire connaître l'importance de la forêt
à l'intérieur de l'économie de la province. Alors, si on
me le permet, à l'article « publicité et information
», nous avons un périodique qui va sortir sur les bois secs, qui
est publié par les 4-Il. Alors, là, il y a un tirage de 25,000
exemplaires qui coûtera...
M. COITEUX: De bois sec?
M. GOSSELIN: ... oui, oui, de bois sec. C'est le titre d'une
publication qui s'appelle le Bois sec.
M. COITEUX: Je comprends, mais qu'est-ce que ça couvre
ça les bois secs? Ce sont les bois après les feux ou...
M. LACROIX: La publicité des 4-H plutôt.
M. GOSSELIN: C'est une publicité pour les 4-Il, en somme
pour leur faire connaître mieux la forêt...
M. COITEUX: Le titre n'implique pas la teneur,
M. GOSSELIN: Non, non, Bois sec.
M. LACROIX: La publicité des 4-H pour in- former la
population du travail qu'ils font dans le domaine forestier pour ne pas perdre
les restes.
M. GOSSELIN: C'est ça, $4,400. Alors dans les nôtres
vous avez, par exemple, sur l'aménagement régional, un bulletin
qui est préparé et qui coûtera $4,750; après
ça vous avez...
M. LACROIX: C'est préparé par le ministère,
ça?
M. GOSSELIN: C'est préparé par le ministère.
Vous avez après ça le fameux personnage qui est M. Prosper qui se
promène dans toute la province de Québec.
M. LESAGE: Pas le député fédéral? Pas
Prosper Boulanger?
M. GOSSELIN: J'espère que non, mais vous savez quand vous
l'avez vu à la télévision, d'ailleurs, il est beaucoup
plus grand, notre Prosper et là...
M. LACROIX: Vous faites circuler cette personne-là dans la
province?
M. GOSSELIN : Oui, et en plus de ça il y a une publication
qui est un peu identique à celle qu'on voit aux Etats-Unis qui
était « Yogi the Bear ». Alors nous autres, au lieu d'avoir
« Yogi the Bear », le ministère des Terres et Forêts a
voulu avoir M. Prosper. Alors...
M. LESAGE: Il n'avait pas assez du ministre.
M. GOSSELIN: Smoky aussi.
UNE VOIX: Cela coûte combien, ça?
M. LESAGE: Il n'avait pas assez du ministre?
M. GOSSELIN: Pardon?
M. LESAGE: Il n'avait pas assez du ministre?
M. KIERANS: Est-ce qu'il vous ressemble un peu, M. le
ministre?
M. GOSSELIN: Pardon?
M. KIERANS: Est-ce qu'il vous ressemble un peu?
M. GOSSELIN: Non, pas beaucoup. D'abord,
il a beaucoup moins de cheveux que moi, il est plus grand...
UNE VOIX: Il ressemble à Jean-Noël. M. GOSSELIN:
Même pas.
M. LACROIX: A combien estimez-vous les besoins pour promener M.
Prosper?
M. GOSSELIN: Ceci est fait en collaboration avec l'Association
forestière de la province de Québec. Le tout va nous
coûter, pour notre part, $5,500. Après ça, vous avez
l'ordre du mérite forestier qui commande aussi. Vous avez,
Forêt-Québec, qui est une autre publication qui coûte $4,000
et vous avez après ça un feuillet tout à fait
spécial sur l'entaille des érables, de quelle manière on
doit entailler les érables pour leur causer le moins de dommage
possible. Ce sont, en somme, toutes des publications qui sont susceptibles
d'améliorer considérablement les connaissances de toute personne
dans le domaine de la forêt.
M. LESAGE: Est-ce que c'est le ministère qui place toute
cette publicité pour me servir du terme du métier, par
l'intermédiaire d'une agence ou bien si c'est l'Office
d'Information?
M. GOSSELIN: Je dois répondre à l'honorable chef de
l'Opposition, que M. Robert Brise-bois est le directeur du service de la
publicité à mon ministère depuis toujours et puis...
M. LESAGE: Je sais.
M. GOSSELIN: C'est M.Brisebois qui s'occupe de la chose. Je crois
que c'est par l'entremise du service...
M.LESAGE: De l'Office d'Information.
M. GOSSELIN: ... de l'Office d'Information et de
Publicité.
M. LESAGE: Si je comprends bien, c'est l'Office d'Information et
de Publicité qui s'occupe du placement de toute la publicité
gouvernementale.
M. GOSSELIN: Oui, oui, une grande partie de ces publications sont
préparées en collaboration avec l'association forestière,
le club 4-H...
M. LESAGE: Je suis au courant.
M. GOSSELIN: ... et tous les...
M. LACROIX: C'est là le seul article de publicité
et d'information du ministère des Terres et Forêts prévu
pour le présent exercice financier?
M. GOSSELIN: A l'exception, bien entendu, de la direction de
l'information.
M. LACROIX: Oui, mais chargé directement au
ministère?
M. GOSSELIN: Oui, oui.
M. LACROIX: C'est le seul article?
M. GOSSELIN: Oui, oui.
M. LE PRESIDENT: Sept, fini. Alors, sept, adopté. Est-ce
qu'on prend huit?
M. GOSSELIN: Oui, oui.
M. COITEUX: Huit, d'où vient la différence de
$19,000 à $43,000 l'année dernière?
M. GOSSELIN: Bien voici, il y a un film qui est en voie de
préparation sur l'ingénieur et son milieu et puis, en plus de
cela, à ce même article-là, nous avons fait l'acquisition
de machines à microfilmer les documents des services des arpentages, du
cadastre et des terres.
Et à ce poste budgétaire-là, j'aimerais dire
à mes collègues qu'au ministère des Terres et
Forêts, et en particulier au service des terres, le service du cadastre
est dans un état lamentable et ce serait épouvantable, ce serait
presqu'un désastre s'il fallait qu'il y ait un feu. Toutes ces
données, qui sont d'une importance capitale dans tout ce que nous avons
à faire d'aménagement du cadastre, de cartographie et autres,
sont dans un état de désuétude je vais demander
à l'ancien ministre, qui est un diplômé d'une école
de haut savoir de me donner le mot juste de vétusté
lamentable et il faut absolument prendre tous les moyens possibles pour les
protéger parce qu'il y a de ces documents-là même qui sont
assez désagrégés. Lorsqu'on vient pour les prendre, ils
disparaissent presque dans nos mains. Or, devant cet état de choses,
nous avons voulu faire en sorte que tous ces documents soient
microfilmés, afin que nous puissions les placer dans des endroits
où ils seront en toute sécurité, car ce sont les seuls que
nous possédions.
M. COITEUX: C'est parfait.
M. GOSSELIN: S'il fallait que nous les perdions, je me demande ce
qui arriverait au service du cadastre de la province de Québec.
M. COITEUX: La diminution de $24,000 est due au fait que le film
est complet maintenant, n'est-ce pas?
M. GOSSELIN: Oui. Alors, l'an dernier on avait fait un film,
cette année, on n'en fait pas.
M. COITEUX: Le but de ce film-là, c'est d'aller dans les
collèges classiques pour...
M. GOSSELIN: C'est de le mettre à la disposition de toute
personne qui en fera la demande.
M. COITEUX: Maintenant, est-ce qu'il ne serait pas bon de faire
voyager ce film-là avec quelqu'un qui est parfaitement au fait de le
montrer dans les collèges classiques de façon à faire une
certaine propagande? Est-ce que ce serait quelque chose à faire?
M. GOSSELIN: Oui, M. le Président, je suis très
heureux de dire que ce film-là a gagné un prix à Madrid.
C'est le film « La présence de la forêt ». J'ai
reçu d'ailleurs, moi-même, la médaille d'or qui a
été remise à l'occasion des succès qu'a
remportés le film « La présence de la forêt ».
Nous avons obtenu le deuxième prix sur 92 participants. C'est autant
l'honneur de la province...
M. COITEUX: Alors ma question est d'autant plus justifiée
que le film est primé. Maintenant vous dites : A tous ceux qui en font
la demande. Mais pour faire la demande d'une chose, il faut savoir son
existence. Je suis convaincu que bon nombre d'écoles secondaires
à travers la province ne connaissent pas l'existence de ce
film-là. Alors, je crois qu'il appartiendra au ministère des
Terres de déléguer quelqu'un pour faire, peut-être, un tour
de province avec ce film-là.
M. GOSSELIN: Parfaitement d'accord avec le
député.
M. LACROIX: Par exemple, dans les écoles
régionales, ce serait très important de faire circuler ce
film-là. En plus de fournir le film à qui en fait la demande,
est-ce que je dois comprendre que le montant de $19,000, est suffisant pour
microfilmer les dossiers du service des cadastres du ministère?
M. GOSSELIN: Oui, parce que, voyez-vous, c'est l'achat de films
et l'achat de la machine à microfilmer. Pardon, la machine à
microfilmer, nous l'avions sur le dernier budget mais maintenant, nous avons
besoin, pour terminer, des crédits additionnels de $5,000 pour
compléter ce travail-là et acheter les films
nécessaires...
M. LACROIX: Le matériel nécessaire à
l'opération.
M. GOSSELIN: ... le matériel nécessaire à
l'opération de la machine.
M. LACROIX: Quant au salaire, cela va à l'article «
traitements ».
M. GOSSELIN: Parce que c'est fait par nos employés au
ministère.
M. LACROIX: Très juste, parfait.
M. LE PRESIDENT: Article 8 adopté. Article 9?
UNE VOIX: Adopté.
M. COITEUX: M. le Président, avant d'adopter le poste
budgétaire « administration » au complet, on est prêt,
nous autres à l'adopter ici. Maintenant, nous attendons l'ancien
ministre qui doit être présent à la réouverture de
la session cet après-midi. Est-ce que l'on ne pourrait pas ajourner et
puis...
M. GOSSELIN: Je n'ai aucune objection à ce que...
M. COITEUX: Au cas où le ministre...
M. GOSSELIN: ... si le député a d'autres questions
à poser sur le poste budgétaire « administration »,
je répondrai avec plaisir à ses questions.
M. COITEUX: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'on commence au poste
budgétaire 2 immédiatement.
M. KIERANS: On peut ajourner?
M. GOSSELIN: Cela va tellement bien qu'on ne pensait plus
à l'heure.
M. COITEUX: Cela va aller bien comme ça.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que c'est deux heures trente?
M. COITEUX: Cela va peut-être être long, mais cela va
bien aller.
M. LE PRESIDENT: Il est une heure moins cinq.
UNE VOIX: On recommence à une heure.
M. LE PRESIDENT: Alors on ajourne à trois heures.
UNE VOIX: Deux heures et demie.
M. LE PRESIDENT: Alors, deux heures trente.
M. GOSSELIN: Très bien. Il n'est pas nécessaire de
se rendre en haut à deux heures trente, nous reviendrons ici.
M. LE PRESIDENT: Bon appétit, messieurs. Reprise de la
séance à 2 h 35 p. m.
M. GOSSELIN: Puisque tout le monde semble être revenu - et
j'espère que tout le monde a bien mangé - nous allons
procéder.
M. BOURASSA: Nous étions rendus au poste budgétaire
numéro 2: En ce qui concerne la planification, j'aurais une question
à poser au ministre, M. le Président, à cet
égard-là.
M. COITEUX: Est-ce qu'on va prendre un vote tout de suite sur
l'opportunité de présenter un budget?
M. GOSSELIN: Il y a cela.
M. LE PRESIDENT: Attention je vais vous prendre au
sérieux. Le poste budgétaire numéro 2: planification.
Direction générale de planification, aménagement
régional et études économiques.
M. BOURASSA: Sur la planification elle-même, M. le
Président, est-ce qu'il y aurait moyen de savoir du ministre - j'arrive
justement du Lac St-Jean et j'ai rencontré plusieurs personnes et j'ai
questionné des gens qui sont au courant des problèmes de
planification et sont surtout au courant des problèmes du Lac St-Jean -
si l'on peut s'attendre à des résultats concrets, à court
terme, dans le domaine de la planification, par exemple, dans la région
du Lac St-Jean et dans d'autres régions?
M. GOSSELIN: Oui, certainement. D'abord, M. le Président,
je dois vous dire que déjà les effets bienfaisants de la
planification se font sentir pour toute nouvelle industrie. Or, je l'ai
mentionné au début, vous avez eu l'occasion de le lire dans les
journaux, l'implantation de l'usine Kruger à St-Félicien a
été possible grâce à un travail de planification qui
avait été fait antérieurement et qui est même du
service de la planification du ministère. A ce moment-là, on
avait étudié toute la région et on en était venu
à la conclusion qu'à la fusion de la forêt domaniale de
Roberval et de Chibougamau, il y avait un potentiel de 1,315,000 cordes de bois
annuellement, à l'infini, si on aménageait cette
forêt-là et qu'on l'utilisait de manière qu'elle puisse se
régénérer.
M. BOURASSA; Mais l'affaire de la société mixte, si je
peux me permettre de vous interrompre, est-ce que c'est abandonné
complètement?
M. GOSSELIN: Loin de là, loin de là. D'abord, il
faut s'entendre en ce qui a trait à la société mixte.
J'arrivais à vous dire que, lorsqu'on a eu constaté qu'à
l'intérieur de ces forêts domaniales de Roberval et de
Chibougamau, le potentiel était tellement volumineux et qu'il y
était là, il s'agissait de trouver une formule et il s'agit
encore de trouver une formule de manière que tous puissent
bénéficier de la totalité du potentiel qu'il y a à
l'intérieur de la forêt. Or, vous aviez dans cette
forêt-là de petits concessionnaires, propriétaires de
petites industries de sciage. Vous avez également la compagnie
St-Raymond Paper, qui, elle, a une partie de concession et a aussi un potentiel
d'environ une quarantaine de mille qu'elle retire de la forêt domaniale.
Vous avez aussi la compagnie Domtar, à Dolbeau, au bout de Dolbeau. Elle
aussi prend une partie de ce territoire forestier. Or, il y a des
possibilités, en somme, d'agrandissement. Il y a des possibilités
pour une autre industrie. Pour que les industries déjà existantes
ne soient pas lésées dans leurs droits acquis, pour que Kruger
puisse avoir son approvisionnement, pour que, également, St-Raymond
Paper puisse donner l'expansion qu'elle désire, à ce
moment-là, il fallait trouver la formule la plus adéquate
possible afin qu'en somme il y ait une répartition dans le coût du
bois qu'il y avait à retirer de cette forêt-là. Nous avons
fait la suggestion suivante à la compagnie et à tous
ceux-là qui sont directement intéressés et qui doivent
tirer leurs approvisionnements de ces forêts domaniales-là. Nous
avons dit: Assoyez-vous autour de la table et là le gouvernement, lui,
pour sa part, par l'entremise des forêts domaniales, va s'occuper de
l'inventaire forestier et va s'occuper des plans d'aménagement et puis
va s'occuper également de la protection des forêts. En somme, il
va donner tous les services, tous les services qui sont possibles d'être
donnés par l'entremise des forêts domaniales. Cela sera la part du
gouvernement. Maintenant, les propriétaires de papeterie et les
propriétaires de scierie, vous allez vous unir.
Et en même temps, aussi, les syndicats forestiers qui sont
intéressés à l'affaire. Alors là, vous allez former
une société d'exploitation forestière, mais à
caractère privé. Ce n'est pas l'Etat qui va la financer, c'est
chacun de vous, au prorata des quantités de bois dont vous aurez besoin,
qui allez prendre en main toute cette exploitation forestière, de tout
ce vaste territoire boisé qu'il y a à l'intérieur. Alors
là nous sommes à étudier présentement. Il y a eu
une rencontre, déjà, et l'accueil a été
bienveillant. L'accueil a été bon, l'atmosphère a
été bonne pour discuter de cette formule, afin que, d'abord, nous
puissions utiliser toutes les essences afin, aussi, que du bois qui...
M. BOURASSA: Pardonnez-moi, M. le Ministre, quand vous dites
« nous », vous parlez de toutes ces compagnies-là.
M. GOSSELIN: De toutes ces compagnies. C'est parce qu'en tout
temps elles seront toujours sous la surveillance du ministère des Terres
et Forêts. En tout temps. Mais il ne faut jamais perdre de vue que la
nouvelle formule employée, c'est que le gouvernement demeure
propriétaire de toutes les essences de bois et du terrain. En tout
temps. Vu que ce n'est pas une concession forestière où à
la concession forestière, le concessionnaire, lui, est
propriétaire de la surface si vous voulez. Tandis que là, c'est
le contraire qui se produit. Nous sommes non seulement propriétaires du
fonds de la terre mais nous sommes propriétaires de toutes les essences.
Or, ayant la responsabilité...
M. BOURASSA: Quelles sont vos relations avec les compagnies? Leur
cédez-vous si vous restez propriétaires de tout?
M. GOSSELIN: Tout simplement, on leur garantit un
approvisionnement, on leur garantit un potentiel, on leur garantit le volume
qui est nécessaire à un approvisionnement rentable de leur
industrie.
M. le Président, je suis très heureux de saluer
l'ex-ministre des Terres et Forêts. Je pense bien que je n'aurai pas
à répéter ici ce que je disais ce matin en lui
présentant tous les officiers qui m'accompagnent autour de cette table.
Je pense bien qu'il pourra reconnaître les figures très
familières et je ne crois pas que l'honorable député ait
besoin de présentation plus particulière que celle-là.
Alors je suis très heureux de le voir arriver cet après-midi.
M. LE PRESIDENT: Il serait peut-être bon d'ajouter que la
question conventionnelle a été posée et que le ministre a
dit qu'il était satisfait de son entourage.
M. CLICHE: Il n'y aura pas d'épuration, M. le ministre
nous l'a assuré...
UNE VOIX: Aucune épuration.
M. CLICHE: ... et que contrairement...
M. GOSSELIN: M. le Président, je vais être
obligé de vous rappeler à l'ordre. M. le Prési-
dent, je vous prierais de ne pas suggérer aucune...
M. CLICHE: A cause du bon jugement de son
prédécesseur!
UNE VOIX: Aucune mauvaise pensée!
M. GOSSELIN: Aucune mauvaise pensée aux gens de
l'Opposition.
M. BOURASSA: Est-ce que je peux continuer à poser mes
questions sur...
M. GOSSELIN: Certainement.
M. BOURASSA: Là, vous dites quel sera le type de
relations. Vous demeurez propriétaires de tout.
M. GOSSELIN: Oui.
M. BOURASSA: Là, tout ce que vous faites, c'est que vous
assurez l'approvisionnement à un certain nombre de compagnies.
M. GOSSELIN: Oui.
M. BOURASSA: Quelles seraient les objections à ce que le
gouvernement intervienne davantage, plutôt que simplement assurer
l'approvisionnement?
M. GOSSELIN: C'est que si, au moment où les parterres de
coupe auront été définis, les plans d'aménagement
auraient été définis, si, à ce moment-là, la
société d'exploitation forestière ne fait pas ses travaux,
ne va pas chercher les volumes de bois qui lui sont garantis, selon les
règlements établis par le ministère des Terres et
Forêts, le gouvernement pourra, en tout temps, en somme les mettre
à l'ordre.
M. BOURASSA: Autre question dans le même ordre de la
planification, vous avez augmenté la rente de $10 à $20.
M. GOSSELIN: Oui, la prime de fermage.
M. BOURASSA: Pensez-vous que c'est suffisant? Oui, la prime de
fermage. Le « ground rand » comme on appelle ça.
M. GOSSELIN: La rente foncière.
M. BOURASSA: La rente foncière, oui. Pensez-vous que c'est
suffisant ça pour inciter les compagnies à utiliser
davantage...
M. SIMARD: C'était une nouvelle augmentation.
M. GOSSELIN: Personnellement...
M. BOURASSA: Si vous me permettez que je réponde à
cette intervention, j'avais examiné la question quand j'étais
secrétaire de la commission Bélanger et $10 c'était
nominal. Et alors $20 cela reste presque nominal.
M. GOSSELIN: Oui, c'était nominal. Nous avons
considéré que, pour cette année, c'était
déjà faire un premier pas que de la doubler cette rente
foncière-là. Et nous aurions pu, peut-être, la monter
à $50 le mille carré et encore là, pour certaines
compagnies forestières, cela n'aurait pas tellement paru sur leur
budget. Mais par contre, pour ceux-là qui, jusqu'à maintenant,
n'ont pas exploité en totalité leurs concessions
forestières, nous trouvions que peut-être, pour le moment,
c'était un peu prématuré parce que nous n'avons pas
terminé complètement les études et les effets que pourrait
avoir une telle politique.
M. BOURASSA: D'ailleurs ce n'était pas une recommandation
qui était ferme et je pense qu'il y a moyen de combiner. On peut jouer
sur les droits de coupe, on peut jouer sur la rente foncière pour que
les concessions faites par le gouvernement soient mieux utilisées que
présentement. Je pense qu'il y a soixante pour cent actuellement qui
n'est pas utilisé...
M. GOSSELIN: Je sais que toute cette politique, que tous les
règlements des bois et forêts au ministère, surtout en ce
qui a trait au droit de coupe, aux primes de fermage, aux taxes de toute sorte
que l'on charge soit aux concessionnaires ou à tous ceux qui exploitent
les forêts doivent dans le plus bref délai possible faire l'objet
d'une étude tout à fait particulière. Je peux remarquer
moi-même, et je pense que mon prédécesseur aussi l'avait
remarqué, il y a des anomalies en ce qui a trait à certaines
charges que nous sommes forcés de faire par les règlements
actuels des bois et forêts. Il faudrait absolument que nous
étudiions, et d'ailleurs nous sommes prêts à le faire,
toute cette situation, pour planifier aussi dans ce domaine-là comme
ailleurs si l'on veut que le gouvernement retire le plus possible de
l'exploitation de ces forêts.
M. BOURASSA: Je pense que, dans le domaine des forêts, il y
a urgence de planification parce que cela couvre des régions où
le développement économique tend à ralentir.
M. GOSSELIN: Oui, je suis parfaitement d'accord avec le
député. En cela comme dans d'autres domaines, je l'ai dit cet
avant-midi et je me plais à le répéter en présence
du député de l'Abitibi-Est plusieurs initiatives prises avant mon
arrivée au ministère ont été continuées et
depuis nous continuons d'améliorer. Il y a de la place au
ministère des Terres et Forêts, monsieur, pour des
améliorations pres-qu'à tous les jours parce que les
problèmes sont tellement nombreux, complexes et variés qu'on est
certain à l'avance de ne jamais s'arrêter dans ce
domaine-là.
M. BOURASSA: Avez-vous toute la collaboration des compagnies que
vous désirez ou y a-t-il des résistances qui peuvent
entraver...
M. GOSSELIN: Il va sans dire que l'on commence à
chambarder un peu dans ce domaine-là depuis qu'on secoue un peu la
quiétude qu'ils ont toujours eue. Je suis certain que tous seront
d'accord: ceux qui ont été près du ministère des
Terres et Forêts depuis quelques années sentent fort bien que
lorsqu'on commence à brasser un peu ces choses-là,
immédiatement on fait du remue-ménage. Même si on le fait
en douceur, on s'inquiète beaucoup. Par contre il y a des mesures qu'il
faut absolument prendre, je l'ai dit à plusieurs reprises dans certaines
de mes conférences: c'est inutile d'avoir une direction de la
planification au ministère des Terres et Forêts pour travailler
à faire des plans, et en somme mettre de l'ordre dans tout cela si on ne
veut pas prendre, lorsqu'il le faut, les mesures qui seront peut-être
rigides pour tâcher d'améliorer la situation. Il y a des non-sens
dans plusieurs domaines. Quand on voit surtout de quelle façon se fait
le mouvement des bois dans certains secteurs de la province de Québec,
messieurs, on se demande vraiment si on n'est pas dans une tour de Babel ou si
on est logique de laisser perpétuer des choses semblables sans chercher
à trouver une formule qui pourrait améliorer la situation.
M. CLICHE: Comme quoi en particulier?
M. GOSSELIN: En particulier, vous allez prendre la
péninsule de Gaspé...
M. CLICHE: Dans le bois franc.
M. GOSSELIN: Dans le bois franc, oui et aussi...
M. CLICHE: Oui, mais dans la péninsule de Gaspé
l'étude a été faite. Je pense que la façon dont les
bois sont distribués il n'y a pas à se lamenter, dans cette
région en particulier. Un réaménagement a
été fait, il y a quelques années pour remédier
considérablement à la situation. Cela a aidé à
implanter de nouvelles usines, à alimenter des usines déjà
existantes, à prévoir leur extention. Je pense que la
région dont vous parlez est la région modèle actuellement:
la Gaspésie.
M. GOSSELIN: Je ne voudrais pas...
M. CLICHE: Il y a toujours quelque chose à
améliorer, cela je suis avec vous.
M. GOSSELIN: Je ne voudrais pas contredire l'ex-ministre mais on
voit encore des propriétaires de papeterie qui transportent leur bois
à papier sur trois cents, trois cent cinquante milles. Il y en a
d'autres qui viennent chercher du bois à papier à leur porte et
puis font... J'ai fait sortir du service de la planification la carte du
mouvement des bois de la péninsule de Gaspé, je l'ai vue encore
il y a à peine trois semaines. C'est comme un jeu de parchési
quand on regarde les flèches qui vont vers une concession à un
endroit, on traverse ce bois-là sur trois cents, trois cent cinquante
milles pour l'apporter au moulin. En même temps, on voit un autre
concessionnaire qui a sa concession-là. Il traverse avec son bois et les
bois se croisent.
M. CLICHE: Mais, ça ce sont des situations qui vont
toujours exister mais auxquelles on doit apporter des remèdes. Il faut
pas penser que, dans l'espace d'un mois ou de deux mois, on va remédier
à cela parce que c'est une situation qui existait depuis 50 ans.
M. GOSSELIN: Qui a dit qu'on avait l'intention de remédier
à cela dans un mois, deux mois?
M. CLICHE: Mais ce qu'il y a eu d'amélioré, c'est
qu'on a vu à connaître les réserves forestières, les
besoins des usines existantes, la possibilité d'en établir des
nouvelles et de leur fournir de l'approvisionnement voulu. Je pense que cette
région-là de la province a reçu une attention, depuis
quelques années, une attention toute spéciale du gouvernement, du
ministère des Terres et Forêts. Ce que j'aimerais savoir, c'est
où, actuellement, le ministère des Terres et Forêts, si
vous ne l'avez pas déjà dit, porte son travail d'études
concernant des études économiques? Dans quelle région de
la province? Est-ce encore là ou ailleurs?
M. GOSSELIN: Comme je l'ai dit ce matin, au début de mes
remarques, lorsqu'on m'a questionné, c'est que le problème le
plus crutial que nous avions au ministère des Terres et Forêts,
lorsque je suis arrivé, que nous avons encore d'ailleurs,
c'étaient les approvisionnements en feuillus. On sait les feuillus, on
n'en trouve pas partout dans la province de Québec. Il n'y a qu'une zone
dans toute la province de Québec où l'on trouve des feuillus.
Quand je parle de feuillus, il faut s'entendre. Du bouleau, il va en pousser un
peu partout aussi bien que du tremble partout dans la province de
Québec. Mais, par contre, nos approvisionnements en érable, en
merisier, en haie et en tout bois franc qui peuvent servir surtout à
l'industrie du meuble, il y a seulement un secteur dans la province de
Québec. Or, nous avons divisé ce secteur-là en neuf
différentes zones et là, le directeur du service de
planification, avec son personnel, sont allés dans chacune de ces
zones-là. D'abord, nous possédions déjà, certaines
données...
M. CLICHE: C'était fait déjà.
M. GOSSELIN: Le député n'a pas besoin de craindre,
je ne lui enlèverai aucun mérite.
M. CLICHE: Oh! je n'ai pas besoin de ça, de crédit,
mon cher monsieur, c'est la dernière chose qui m'inquiète.
M. GOSSELIN: Alors, là-dessus, en partant avec les
données que nous avions déjà au ministère des
Terres et Forêts, nous avons voulu aller sur place. Parce que même
si on possède, à l'intérieur du ministère, toutes
les données précises, encore-là, on fait des trouvailles
extraordinaires quand on s'en va sur le chantier, quand on s'en va dans la
région même, parce qu'il y a souvent des petites industries qu'on
a oubliées. D'autres industries nous ont fait des rapports et puis, ces
rapports-là, bien entendu, nous voulons reconnaître qu'ils sont
véridi-ques. Par contre, il y a des données d'une extrême
importance que l'on reçoit. En plus de cela, ça nous permet,
comme on l'a fait, d'ailleurs, lors de l'étude du BAEQ, de comprendre,
de prendre le pouls de la population, le pouls, l'atmosphère qui
règne, la collaboration qui a pu y avoir entre les propriétaires
de certaines usines et les concessionnaires.
M. CLICHE: Avez-vous présenté un rapport
préliminaire?
M. GOSSELIN: Il y a un rapport qui vient d'arriver. Le directeur
du service de la planification m'a fait parvenir, il y a une semaine, un
rapport de diverses réunions qu'ils ont eues. Maintenant, il m'affirme
que, d'ici peut-être le début de juin, vers le 15 de juin, nous
serons suffisamment avancés dans les travaux, dans les études que
nous sommes à faire, pour au moins commencer à prendre des
mesures temporaires. Pour tout l'ensemble de l'étude, les meilleurs
experts que nous avons au ministère nous ont dit que ça
prendrait, au bas mot, trois ans pour la faire au complet. C'est pourquoi nous
avons fixé, dès l'automne dernier, un objectif d'un an pour
passer le plus rapidement possible, pour être capable en somme, de
prévenir les désastres qui peuvent arriver si certaines usines...
En particulier, j'ai frais à la mémoire certaines usines de
meubles qui n'ont pas les approvisionnements nécessaires pour maintenir
le personnel qu'ils ont à l'heure actuelle. Or, si on ne veut pas perdre
notre marché dans l'industrie du meuble...
M. CLICHE: Il faut admettre que ce qui est arrivé dans le
passé, quels que soient les gouvernements, disons depuis bien des
années, les usines se sont installées ici et dans la province,
sans s'inquiéter, dès le départ, des sources
d'approvisionnement. Avec le résultat qu'à un moment
donné, il y avait trop d'usines pour les approvisionnements qui
n'étaient pas tellement loin de là. On a vu des usines du
St-Maurice s'alimenter dans le Témiscamingue, aller chercher du bois
aussi loin que ça. D'autres usines ont été dans
l'obligation de s'alimenter dans le Maine; il y en a encore plusieurs qui
s'alimentent du bois du Maine.
Alors, pour mettre de l'ordre dans ça, il a fallu amender la
législation et exiger qu'aucune usine ne puisse s'installer au
Québec sans avoir un permis spécial du ministère des
Terres et Forêts qui, lui, voyait à ce que les approvisionnements
soient disponibles ou le deviennent. Alors ça, ça a
été le début du système méthodique et de
l'ordre. Mais là encore il fallait voir à subvenir aux besoins
des usines en approvisionnement. C'est là qu'à la suite de la
formation du service de la planification et de l'étude, on a fait faire
du travail ici et là dans la province. Mais il y a tellement
d'années à reprendre, il y a tellement d'études à
faire que, moi, je comprends que ça prenne plusieurs années avant
d'arriver à des solutions difinitives. Mais il doit y avoir des rapports
préliminaires qui doivent être produits pour régler des
situations rapidement, des usines qui doivent être alimentées. En
particulier à l'usine de Sainte-Thérèse au sujet de
laquelle on recevait
régulièrement des délégations au sujet de
l'approvisionnement. Ils sont allés voir les gouvernements avant nous,
ils sont venus nous voir de notre temps, ils voulaient avoir des
approvisionnements à un coût, évidemment,
concurrentiel.
Alors c'est justement là que le travail du ministère des
Terres et Forêts doit être intensifié de façon
à régler ces problèmes-là, de façon à
terminer le plus rapidement possible ces études-là. Ce n'est pas
facile, c'est plus facile à dire qu'à faire. Mais je pense que le
présent ministère des Terres et Forêts, le présent
ministre des Terres et Forêts doit porter son attention, une attention
toute spéciale au réaménagement régional et aux
études économiques, études économiques d'abord et
réaménagement ensuite. C'est absolument important. C'est à
peu près la seule façon...
M. LE PRESIDENT: Il serait peut-être important de faire
connaître à l'assemblée ici que, si vous résumez en
gros ce que le ministre nous a dit cet après-midi au sujet de la
planification, je pense bien que les idées que vous avez émises
là ont été clarifiées au complet par M. Gosselin
cet avant-midi. Je ne pense pas...
M. CLICHE: On ne peut pas clarifier davantage?
M. LE PRESIDENT: C'est-à-dire, oui; ça peut amener
des précisions mais il reste que j'ai l'impression qu'on tourne en rond
actuellement, parce que ça a été dit au cours de
l'avant-midi, ça.
M. CLICHE: Bien, moi, je ne tourne pas en rond parce que je veux
donner certaines... Je suis sûrement loin de tourner en rond.
M. LE PRESIDENT: Il n'est pas question d'enlever la parole
à qui que ce soit mais il serait peut-être bon de savoir que c'est
une question sur laquelle on a débattu assez longuement.
M. CLICHE: Oui, je sais. Je comprends qu'au ministère on
connaît l'importance et l'urgence de la planification mais, tout de
même, à la suite de l'expérience que j'ai eue, je puis dire
que c'est essentiel et ce n'est pas reconnu comme tel dans tous les
milieux que ce travail se continue et s'intensifie de façon
à décentraliser l'industrie et à aider nos régions
éloignées à obtenir l'industrialisation à laquelle
nos régions ont droit. Alors ce sont là les...
M. GOSSELIN: M. le Président, si l'ex-ministre me le
permet, je lui dirai que c'est d'ailleurs toute cette argumentation que j'ai
apportée auprès de mes collègues de l'exécutif et
auprès du ministre des Finances qui m'ont per mis d'obtenir
l'augmentation la plus substantielle jamais obtenue au ministère des
Terres et Forêts depuis son existence. Si vous remarquez, à ce
domaine de la planification générale, il y a une augmentation
très considérable de$251,900 seulement pour cet
article-là. Alors ce sont ces choses-là... Maintenant lorsqu'on
parle des boisés de bois franc, il faut aussi admettre que, pendant
plusieurs années, on ne considérait pas tellement les bois francs
comme des essences réellement nécessaires. Je dirais
peut-être que je m'exprime mal mais on ne lui donnait pas l'importance
qu'elle a.
Quand on pense que si l'on peut traduire sous les items «
main-d'oeuvre », l'utilisation des bois francs, on verra qu'on peut
employer sept fois plus de main-d'oeuvre avec les feuillus qu'on peut en faire
avec les résineux. En particulier dans les usines de démoulage et
les usines de meubles. En plus de ça, on a oublié dans le
passé que lorsqu'on coupe une forêt à bois franc, cette
même forêt ne se régénère pas avant 150 ans,
160 ans, avant d'avoir des arbres d'une grosseur suffisamment bonne pour faire
du déroulage. En plus de ça je crois qu'avec l'expérience
d'aujourd'hui, on constate avoir fait une erreur. On s'en allait à
l'intérieur des forêts de bois branc et là on disait: On va
faire une coupe sélective. On coupait tous les beaux arbres, tous les
arbres en santé, et on laissait les arbres malades.
On se réveille dans plusieurs régions de la province
où il y a des bois francs avec des forêts de feuillus très
malades. On n'a pas la qualité de bois nécessaire. Et en plus de
ça, on a laissé sortir des quantités de bois très
considérables, on n'a exercé aucun contrôle ni aucun
dirigisme sur la destination de ces bois. Je peux vous dire qu'on a fait des
trouvailles extraordinaires dans ce domaine-là lors de nos
études. Même à un moment donné, je disais qu'il
fallait, dans le plus bref délai possible et nous sommes à
le faire aussi que nous regardions exactement qu'elles sont les
quantités de bois qui sortent de la province de Québec pour s'en
aller à l'extérieur. Il a fallu aussi s'arrêter pour
regarder quelles sont les quantités qui partent de l'extérieur
pour venir à l'intérieur de la province de Québec. Et
là encore, ce sont des données auxquelles on n'avait pas
attaché tellement d'importance jusqu'à maintenant et je crois
qu'elles ont leur impor-
tance parce qu'une très grande partie de nos industries et en
particulier dans ma région chez nous, vont chercher la quasi
totalité de leur approvisionnement dans l'état du Maine, dans
l'état du New Hamphire et même jusque dans l'état de New
York. Or il arrive, qu'aujourd'hui le gouvernement américain ne
possédant pas de prêt, parce que les forêts sur le
territoire américain ne sont pas administrées tout à fait
de la même façon que les nôtres ici, en grande partie ce
sont tous des territoires privés. Et là, ce que l'on fait pour
détourner, on n'impose aucune restriction à nos gars qui vont
chercher du bois aux Etats-Unis mais, par contre, on impose aux exploitants des
conditions de coupe, c'est-à-dire dans leur personnel des conditions
presque inacceptables. Entre autres, je connais une personne que l'ancien
ministre connaît très bien, le propriétaire de Megantic
Manufacturing qui me disait que cet hiver, alors qu'il avait 152 hommes dans
son chantier aux Etats-Unis, on l'a obligé de prendre une trentaine de
noirs. Il faut qu'il prenne un noir pour tous les quatre blancs qu'il embauche.
Il disait que ces gars-là n'étant pas habitués, il
était obligé de les éduquer, de leur apprendre à
manipuler les outils nécessaires pour exploiter la forêt, il lui
est arrivé que ses exploitations, cet hiver, sont presque à un
coût prohibitif.
Alors, on n'empêche pas complètement l'exportation des bois
ici, mais, par contre, on va poser des normes ou encore on va imposer des
exigences aux exploitants, de sorte que cela devient presque prohibitif d'aller
chercher du bois outre-frontières.
Alors, je crois qu'il n'y a pas un officier au ministère des
Terres et Forêts qui ne soit pas parfaitement conscient de cette
situation. C'est pourquoi nous avons mis tout en branle. Dans ce
domaine-là nous, nous pensions qu'il était plus crucial...
M. CLICHE: Est-ce que le personnel... M. GOSSELIN: ... que
partout ailleurs.
M. CLICHE: Est-ce que le personnel du bureau d'études
économiques a été augmenté et de combien?
M. GOSSELIN: Il a été augmenté mais nous
n'en avons malheureusement pas encore suffisamment. Il y a...
M. CLICHE: Est- ce qu'il y a eu des examens? M. GOSSELIN: Il y a
eu dix, dix... Oui.
M. CLICHE: Combien d'économistes? M. GOSSELIN: Un
économiste. M. CLICHE: Un?
M. GOSSELIN: On en avait déjà. Il ne faut pas se
surprendre si je ne pars pas à zéro. Je l'ai dit ce matin, il y
avait déjà quelque chose quand je suis arrivé
là.
M. BOURASSA: Tout le monde est d'accord là-dessus.
M. GOSSELIN: Bon. Alors si vous...
M. BOURASSA: C'est même un des rares points où on
est d'accord.
M. GOSSELIN: ... êtes d'accord ne vous surprenez pas...
M. BOURASSA: On parle...
M. GOSSELIN: ... quant on monte graduellement.
M. BOURASSA: Là, ce n'est pas tout à fait
graduellement. Vous dites, qu'il y a une augmentation d'à peu
près 70% dans le budget des salaires là, quelque chose comme
ça.
M. GOSSELIN: Oui.
M. BOURASSA: Puis c'est pour le bureau des études
économiques et vous dites que vous engagez seulement un
économiste de plus.
M. GOSSELIN: Bien oui, c'est un économiste proprement dit
à part les ingénieurs forestiers spécialisés dans
l'économie de la forêt que nous employons.
M. BOURASSA: Combien?
M. GOSSELIN: En tout et partout vous en avez...
M. BOURASSA: Combien y en a-t-il d'ingénieurs
spécialisés de plus dans l'économie de la forêt?
M. GOSSELIN: Vous en avez 13, vous en avez 6 additionnels de ces
spécialistes-là.
M. BOURASSA: A plein temps?
M. GOSSELIN: Oui, à plein temps, ces ingénieurs
forestiers...
M. BOURASSA: Six de plus, il y en avait sept avant.
M. GOSSELIN: Oui.
M. BOURASSA: Vous en avez engagé six au cours de la
dernière année?
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Spécialement pour le bureau.
M. COITEUX: J'entendais le ministre tout à l'heure dire
qu'on donne la chance seulement à la direction générale de
la planification surtout au bois franc. Est-ce que cela veut dire que toutes
les autres études qui pressent...
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: ... au point de vue de la qualification, sont
abandonnées pour trois ans?
M. GOSSELIN: Non, non. Pas du tout, loin de là.
Voyons!
M. COITEUX: Dans quel autre domaine s'exerce l'activité du
bureau de planification?
M. GOSSELIN: Vous avez le nord-ouest du Lac St-Jean, vous avez la
zone de bois franc que j'ai mentionnée, vous avez à Cabano, vous
avez après cela la région de Natashquan. On a une très
grande quantité d'études présentement en marche mais,
malheureusement, je dois l'admettre, nous n'avons pas tout le personnel voulu
pour être capable de répondre à tous les besoins dans le
moment. Il faudrait à peu près trois fois le personnel que nous
avons actuellement. Nous avons une équipe, et il me plaît ici de
leur rendre hommage, de leur donner ce témoignage. Ces gens se
dévouent et ne comptent pas les heures. M. Duchesneau, avec toute son
équipe, travaille sans relâche et je dirais presque semaine et
dimanche, presque jour et nuit; ils ont fait un travail fantastique au service
de la planification depuis leur arrivée, et ils continuent de le faire
et, à certains moments, je me demande même au juste comment ces
gens vont pouvoir continuer de travailler. Par contre, nous essayons de
recruter le personnel compétent et ce n'est pas chose facile. On ne peut
pas dire qu'il n'y en a pas, à certains moments, mais des gars
réellement spécialisés dans ce domaine-là et qui
pourraient nous rendre service, et qui ont une expérience acquise qui
serait une garantie à l'avance que le travail qu'il vont nous donner
sera efficace ce n'est pas chose facile de les trouver. Nous sommes ouverts et
s'il y a des députés qui en connaissent ou qui ont des
suggestions à faire, n'hésitez pas à les faire parce que
nous avons besoin...
M. CLICHE: Est-ce que de fait le ministère a engagé
six ingénieurs de plus à ce bureau-là de la planification
des études économiques?
UNE VOIX: Je crois que c'est de sept à treize.
M. GOSSELIN: Nous avons notre personnel, ils sont treize en
place, vous avez treize ingénieurs forestiers, un économiste, une
sténo-secrétaire, une sténo-dactylographe et puis
là, le total en 66/67, nous allons avoir en plus, six ingénieurs
forestiers, un économiste, une sténo-dactylographe et un
sociologue, chose qui n'existait pas avant. Nous allons avoir un sociologue et,
après cela, nous allons avoir un conseiller technique, ce qui va porter
le total à 27 pour le personnel de la direction générale
de la planification.
M. BOURASSA: Quels sont les relations de cette direction avec le
Conseil d'orientation économique?
M. GOSSELIN: Le Conseil d'orientation économique a fait
plusieurs suggestions et nous a fait parvenir des mémoires. Il est en
contact constant avec ces gens-là et toute suggestion heureuse qui nous
est apportée, nous essayons dans la mesure du possible de la mettre en
pratique.
M. BOURASSA: Oui, mais ce sont des phrases que nous entendons
souvent.
M. GOSSELIN: C'est une collaboration étroite.
M. BOURASSA: Si cela se peut, je voudrais savoir...
UNE VOIX: Mais on est contre toute collaboration qui n'est pas
étroite.
M. BOURASSA: ... là, vous dites des choses...
M. GOSSELIN: Ce n'est pas une collaboration intime, c'est une
collaboration étroite.
M. BOURASSA: Des clichés qu'on entend un peu plus souvent,
je pense que vous me permettrez que je sois un peu plus précis. Il y a
des conseils économiques régionaux, entre autres...
M. GOSSELIN: Oui.
M. BOURASSA: ... celui de la région du Lac St-Jean qui a
fait des recommandations. Est-ce que vous êtes au courant, est-ce que la
direction de la planification est au courant des recommandations de ce conseil
régional?
M. GOSSELIN: Elle est parfaitement au courant. Bien plus, nous
avons eu à Duchesnay, il y a environ trois mois une réunion
où on a étudié tous les mémoires
présentés lors des audiences publiques qui ont été
instituées par mon prédécesseur et qui ont
été bénéfiques et, depuis ce temps, nous consultons
constamment ces conseils économiques et nous consultons également
les mémoires qu'ils ont. Avant de prendre des décisions...
M. BOURASSA: Quand allez-vous agir?
M. GOSSELIN: Pardon? Le député est aveugle! Il
devrait voir ce qui se passe dans la province de Québec...
M. BOURASSA: J'arrive du Lac St-Jean, et puis on me dit qu'il n'y
a absolument rien qui se fait. C'est ce que l'on m'a dit là-bas.
M. GOSSELIN: Si vous avez rencontré seulement des gens de
la fédération libérale, ce n'est pas surprenant!
M. BOURASSA; Non, du tout!
M. GAGNON: En fin de semaine...
M. GOSSELIN: Voilà ce qui se fait. Mon sous-ministre me
dit que, la semaine dernière, il s'est rendu à Montréal
pour rencontrer tous les représentants des conseils économiques
de toute la province de Québec. Je pense qu'il n'y a pas à
dire...
M. BOURASSA: Cela, M. le Président, je suis d'accord avec
vous. Il faut qu'un travail se fasse, que des rencontres, des collaborations
étroites et des discussions s'organisent mais vous devez comprendre,
comme député peut-être plus que n'Importe qui, que ce que
la population veut; ce sont des résultats concrets et aussitôt que
possible. Il y a des paroisses, dans la région d'où j'arrive,
où il y aurait du chômage allant jusqu'à 50% ou 60% de la
population, alors...
M. GOSSELIN: Est-ce que cela vient de se produire, ces 50%?
M. BOURASSA: Non, non, il n'est pas question du passé, il
est question de l'avenir. Ces gens-là regardent l'avenir, ils ne
regardent pas le passé.
M. GOSSELIN: Vous ne pouvez pas vous attendre que, dans ce
domaine-là, nous allions pouvoir tout corriger du jour au lendemain. Je
l'ai dit cet avant-midi, il y a des mesures que nous prenons. Nous faisons tout
ce qu'il est possible de faire, nous sommes vigilants là-dessus, nous
prenons toutes les dispositions nécessaires à l'heure actuelle.
Mais je l'ai dit, il y a certains amendements nécessaires à la
loi du ministère des Terres et Forêts pour que nous puissions
poser des gestes encore beaucoup plus concrets. Mon prédécesseur
le sait, à certain moment, nous sommes paralysés dans ce que nous
aimerions faire. Pourquoi? Parce que nous n'avons pas les crédits en
main pour le faire. Or, nous nous efforçons dans la mesure du possible
et, au cours de la présente session, vous allez voir des mesures qui
vont être apportées et qui, je l'espère, vont recevoir
l'approbation de l'Opposition pour tâcher qu'elle soit unanime, si nous
voulons réellement remédier à la situation.
M. GAGNON: Mais la planification, il y a des fois qu'on lui donne
des mots magiques. La planification, disons dans le cas de la Gaspésie,
et je l'avais dit l'année dernière au BAEQ: Il y a une chose
qu'il ne faut pas oublier, c'est en exploitant au maximum les richesses
naturelles que la population est employée à son meilleur. Et,
à ce moment-là, je pense à ma région, où,
probablement, la main-d'oeuvre est la plus abondante. Il reste que l'industrie
ne peut pas l'absorber. Il faut envisager parfois la possibilité que les
gens aillent dans d'autres milieux plus favorisés économiquement
où il y a des usines, il y a de l'industrie qui s'établit et qui
se développe. En Gaspésie, à moins que cela arrête,
je crois qu'un développement minier considérable s'annonce. Mais
si ce n'était pas de cela, et je l'ai dit au BAEQ: Vous allez demander
(je n'ai pas fait d'étude) à 50% de la population de quitter les
lieux et d'aller ailleurs dans les régions plus favorisées. Alors
cela existe là, comme cela existe ailleurs, mais la planification
n'arrangera pas tout. Tout à l'heure, j'entendais parler des bois de la
Gaspésie, de l'expédition des bois. Prenons par exemple Cap-Chat,
Ste-Anne, St-Joachim, Riviêre-à-la-Martre, on ne peut pas penser
de prendre le bois, l'envoyer à New-Richmond ou à Chandler. Cela
va coûter $10 la corde par camion, alors on l'expédie ici à
Québec. Malheureusement, cela coûte environ
$4 à $5 la corde. Il y a deux solutions, soit que la compagnie
accepte de payer un prix beaucoup plus élevé pour le bois ou que
le gouvernement arrive et dise: On va donner une subvention pour compenser.
M. CLICHE: Pourquoi le gouvernement n'interviendrait-il pas,
n'exigerait pas...
M. GAGNON: Il y a deux mesures qui seraient...
M. CLICHE: ... comme on a exigé que le bois du
Québec soit usiné dans le Québec à la
frontière de l'Ontario.
M. GAGNON: Il est usiné dans le Québec, ce
bois-là. Mais, je dis: Il y a des facteurs démographiques que
vous ne pouvez pas empêcher. Le gouvernement peut intervenir et je crois
que le ministère est justement à étudier une excellente
mesure, premièrement pour établir une forêt domaniale dans
Gaspé-Nord, parce que là le comté est marqué d'une
topographie du terrain difficile. Or, à cause des pertes de terrain, et
de la perte du bois qui se situe à même des flancs de montagnes
irrécupérable, le bois n'a pas sa valeur marchande. Les
concessionnaires de forêt sont obligés de construire des routes
à des prix fabuleux, et des routes d'une longueur interminable, pour
permettre l'approvisionnement de leur moulin. Je crois que le ministère
des Terres et Forêts envisage la possibilité d'établir une
forêt domaniale. A ce moment-là, cela permettrait aux
bûcherons d'obtenir un salaire convenable, aux camionneurs de
réaliser une revenu raisonnable pour leurs familles et cela permettrait
aussi d'exploiter la forêt. S'il y a un déficit, cela sera
englobé dans le budget gouvernemental et c'est acceptable. C'est une
formule, mais cela ne veut pas dire qu'il va y avoir des formules magiques.
M. CLICHE: Oui, mais, je dis au député de
Gaspé-Nord, qu'il y a sûrement des possibilités et en cela
je n'adresse aucun blâme à qui que ce soit. Je pense comme tout
québécois doit penser. Je pense à la région de
Gaspé-Nord, comme on a pensé à la région de Matane,
on dit: Il. faut trouver une solution pour la région de
Gaspé-Nord, pour les aider à avoir une industrie importante dans
la région de Gaspé-Nord...
M. GAGNON: Cela s'en vient, cela s'en vient, ça me fait
plaisir de l'annoncer.
M. CLICHE: ... Ecoutez-là, je ne fais pas de politique
avec cela. Je dis que vous avez là des richesses forestières pour
alimenter une industrie d'importance. Je dis que vous perdez quantité de
bois, soit les rebuts du bois, etc. qui pourraient être utilisés.
Je prétends même que la situation à Matane était
plus difficile à résoudre qu'elle ne l'est dans
Gaspé-Nord. Dans Gaspé-Nord, vous avez déjà des
études qui ont été faites, mais là, si on s'en
prend à chaque région, on va parler indéfiniment
peut-être inutilement mais je reviens à une suggestion du
député de Mercier qui me semble excellente.
Le bureau d'étude et de planification aux Terres et Forêts
fait un travail excellent. Il ne peut pas tout faire. Il commence, son
existence ne date que de trois ou quatre ans. Mais je pense que la suggestion
du député est excellente parce qu'il suggère que ce
bureau-là soit en relation constante avec le Conseil d'orientation
économique provincial pour régler des situations. Je reviens
à Gaspé-Nord. Le ministère des Terres et Forêts est
capable d'établir certaines données, telle quantité, telle
sorte d'essence, tel approvisionnement possible. A-près ça,
conjointement avec le Conseil d'orientation économique provincial, les
organisations locales, on peut en venir à une solution, si on travaille
pour en trouver une solution. La même chose pour d'autres régions.
Vous allez prendre le comté de Charlevoix, il y a quantité de
trembles là, de bouleaux qui pourraient alimenter une usine. Je
comprends qu'au ministère on n'a pas le temps et ce n'est
peut-être pas nécessairement la juridiction du ministère de
faire de la promotion industrielle. Il y a le ministère de l'Industrie
et du Commerce qui doit intervenir dans ça, aussi, avec le Conseil
d'orientation économique et le ministère des Terres et
Forêts et puis aller de l'avant dans ce domaine-là. Je
prétends que, dans le comté de Charlevoix actuellement, on
devrait s'attacher à amener un industriel sérieux, soit des gens
locaux, localement ou de l'extérieur.
M. GOSSELIN: Est-ce que le député d'Abitibi-Est
prétend que, dans le moment, tel que la loi existe au ministère
des Terres et Forêts, en vertu de l'article 72, il y a une grande partie
de ces territoires qui sont présentement sous concession, que le
ministre a autorité pour diriger ces essences de bois-là qu'on
n'utilise pas.
M. CLICHE: A ceci je réponds au ministre des Terres et
Forêts que nous connaissons les difficultés que nous cause la
législation actuelle ou que nous causait la législation actuelle.
A cause de cela nous avons fait faire des études très
poussées, préparer une documentation très
élaborée qui a été soumise à tous les
corps publics qui s'intéressaient à la question forestière
et cela ça été fait en décembre 1965, lors
d'audiences publiques tenues à l'Université Laval comme le
ministre le sait. Et ces études-là, évidemment, ne doivent
pas demeurer là, ce travail-là doit se concrétiser par des
amendements à la législation, amendements qui vont donner au
ministère des Terres et Forêts des pouvoirs qu'il n'a pas
actuellement pour intervenir et changer le système des concessions
forestières et donner certainement plus de pouvoir au ministère
des Terres et Forêts. Si la situation est telle actuellement, c'est parce
que, depuis décembre 1965, on n'a pas amendé la loi. Je sais que
ça ne se fait pas du jour au lendemain. Mais le présent ministre
avait, lorsqu'il a commencé à exercer ses fonctions de ministre
des Terres et Forêts les outils en main pour amener toute une nouvelle
législation forestière. Cela ne fait pas tellement longtemps
qu'il est là, ce n'est pas ça. Mais où en est rendu ce
projet de refonte de la loi des Terres et Forêts?
M. GOSSELIN: Il y en a plusieurs. Je crois d'ailleurs qu'il y
aura plusieurs amendements à la loi du ministère des Terres et
Forêts. Je l'ai annoncé dès le début de la session.
Nous aurions...
M. CLICHE: Cela a même été annoncé
dans le discours du Trône. Ce n'est pas une certitude que cela va se
traduire par une législation.
M. GOSSELIN: Je suis heureux de le signaler, depuis que
l'Opposition a décidé de démarrer en nous aidant à
faire les travaux...
M. CLICHE: Il faut vous aider, ça on l'admet!
M. GOSSELIN: C'est votre rôle. Mais surtout ce qu'on a
constaté depuis quelque temps, c'est que vous étiez beaucoup plus
constructifs que l'opposition systématique que vous nous faisiez il y a
quelque temps. Actuellement, cela va bien et vous allez nous permettre de
passer des lois qu'on aurait aimé passer bien avant aujourd'hui pour
améliorer la situation.
M. CLICHE: Présentez-les !
M. BOURASSA: Présentez-les!
M. GOSSELIN: Et nous étions...
M. CLICHE: Est-ce qu'elle est prête?
M. GOSSELIN: Oui, elle est prête.
M. CLICHE: Est-ce qu'elle va être déposée
bientôt?
M. GOSSELIN: Aussitôt qu'on va pouvoir le faire.
M. LACROIX: Ce n'est pas l'Opposition!
M. GOSSELIN: Oui, elle est faite. La loi est prête.
D'ailleurs on ne manque pas de travail à l'heure actuelle. Vous
nepouvezpas dire qu'on manque de travail. Nos lois seront
déposées en temps et lieu, très prochainement. Nous
étions tellement conscients de tout cela et nous avons pris la situation
tellement au sérieux que sur certains allégués du
député d'Abitibi-Est, nous avons même refusé
à un endroit, l'implantation d'une industrie car les bouleaux et les
trembles dont on parlait dans ce projet sont des essences transitoires et non
des essences permanentes. C'est tout simplement en attendant que poussent des
conifères qu'on va avoir ces essences et on ne les retrouve pas non plus
dans tous les milieux. Or, déjà des industries sont
installées dans certains secteurs qui emploient du bouleau en
quantité et d'autres ont voulu venir s'y implanter. D'après
certains supposés experts de la région, il y en avait
beaucoup.
Il y a des gars qui, quand ils regardent une forêt, ou la
montagne, si elle est couverte, si ils ne voient pas le roc, ils disent:
« Regarde donc, comme il y en a du bois là-dedans. » Mais
ils ne se donnent pas la peine, par exemple, d'aller voir ce qu'il y a
là-dedans et quelle sorte de bois il y a. Si le bouleau est en
santé, si le tremble et en somme toutes les essences qu'il y a
là, sont réellement avantageuses pour l'implantation d'une
industrie.
M. CLICHE: Ce ne sont pas les ingénieurs forestiers qui
résonnent comme cela.
M. GOSSELIN: Non, non, ce ne sont pas les ingénieurs
forestiers. Mais vous avez plusieurs gens qui, à l'heure actuelle,
posent à l'expert, dans plusieurs commissions.
M. BOURASSA: Est-ce que ce sont vos experts?
M. GOSSELIN: Pardon, j'ai dit de l'extérieur, monsieur.
Alors, devant ces données-là, les nôtres sont bien plus
précises, et puis quand nous décidons qu'une industrie va
s'implanter, nous sommes certains à l'avance qu'il y a de
l'approvisionnement pour la maintenir
pendant, au moins, de vingt-cinq à trente ans. Si nous
étions capables, nous dirions à l'infini.
M. COITEUX: Dans la législation à certains
articles, a-t-on prévu que sur les concessions actuelles, le
gouvernement, à l'avenir, pourra disposer à son gré des
essences dont le concessionnaire ne se sert pas? Est-ce qu'il y a une
législation...
M. GOSSELIN: Oui, il y a une législation de
préparée.
M. COITEUX: Là-dessus? M. GOSSELIN: Oui, monsieur.
M. COITEUX: Maintenant, est-ce que cette législation
prépare, d'après les études économiques ou une
planification économique, une redistribution des limites?
M. GOSSELIN: Je ne sais pas...
M. COITEUX: Il sera trop tard quand le cas se
présentera.
M. GOSSELIN: Je dis qu'il y a un autre projet. D'ailleurs il y a
eu des suggestions de faites par le BAEQ et il y a eu aussi des suggestions par
divers corps économiques qui se sont spécialisés dans ces
études-là. Ils ont fait des suggestions, et déjà
nous étions vendus à l'idée qu'il fallait qu'il se fasse
des changements. Pour venir à mettre de l'ordre dans tout cela, et tel
que je l'ai dit dans mes remarques cet avant-midi, si nous voulons
réellement que notre service de la planification soit efficace, bien,
nécessairement il va falloir avoir des pouvoirs. Pour avoir des
pouvoirs, eh bien! il va falloir que la loi soit amendée.
M. COITEUX: Est-ce qu'on peut conclure que les recommandations
principales incluses dans le livre vert de 1965 seront incluses dans les
améliorations à la loi?
M. GOSSELIN: Oui, certainement. On en a tenu compte.
M. COITEUX: En ce qui touche à l'inventaire forestier?
M. GOSSELIN: Oui, on en a tenu compte.
M. COITEUX: En ce qui touche au mesurage des bois?
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: En ce qui touche à la protection
forestière?
M. GOSSELIN: Oui.
M. LE PRESIDENT: Le député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: M. le Président...
M. GOSSELIN: Je voudrais tout de suite signaler au
député de Duplessis qu'il y a certaines de ces mesures dont nous
avons des mémoires en main, que nous espérons pouvoir passer
à cette législation-ci. Mais, au fur et à mesure que nous
avançons, nous savons qu'il y en a qui vont créer des remous.
Mais personnellement, et tous mes collègues également, je n'ai
aucune crainte dans tout cela. Il faut prendre nos responsabilités dans
ce domaine, et puis nous allons les prendre! Seulement, nous voulons le faire
de manière à ne pas créer un climat intenable, pour tout
le monde. On veut le faire, sans pression sur personne. Nous voulons le faire
aussi, nous aimerions que tout cela se fasse, dans la plus grande
quiétude possible, parce que, dans le moment, si on regarde dans le
domaine du papier, la situation internationale est très bonne. Mais, par
contre, il y a une rivalité extraordinaire aussi, qui se fait, plus que
jamais. Vous n'avez qu'à regarder dans certains journaux financiers,
vous allez voir qu'en Saskatchewan, par exemple, on fait des offres
extraordinaires. On en a faites ailleurs, aussi, dans d'autres provinces, que
je ne crois pas devoir nommer ici. Mais avec tout cela, nous sommes prêts
à y aller quand même. Nous voulons travailler de manière
à ce que nous puissions améliorer la situation et surtout, faire
donner le plein rendement à tous les secteurs de l'économie
forestière de la province de Québec.
M. COITEUX: Le ministre vient d'ouvrir une porte à savoir
qu'il se prononce sur les demandes de papier-journal. Est-ce qu'il pourrait
nous donner un aperçu de l'état du marché actuellement au
sujet de la pâte mécanique, par exemple, à Clark City?
M. GOSSELIN: Le député conviendra avec moi que,
lors de l'étude de mes crédits, je ne peux toujours pas lui
donner toutes les statistiques qu'il y a. Mais si le député y
tient, il n'aura qu'à me voir après la réunion. Je n'aurai
aucune hésitation à demander à mes officiers de me fournir
toutes ces statistiques-là.
M. LE PRESIDENT: M. Mailloux.
M. MAILLOUX: M. le Président, on constate quand même
un phénomène curieux dans la province, c'est que les
comtés de la province qui sont les plus sous-développés
sont ceux qui, précisément, avoisinement la forêt de
façon immédiate alors qu'on prétend que c'est la richesse
naturelle la plus abondante que l'on possède actuellement. Je pense que,
dans la dernière campagne électorale, les deux partis politiques
offraient à l'électorat un programme à l'effet que le
gouvernement ferait un inventaire complet de toutes les forêts, qu'elles
appartiennent à des concessionnaires ou qu'elles soient des forêts
gouvernementales. Je pense que le ministre pourra peut-être nous dire
tantôt que le ministère va accentuer cette
politique-là.
Le député d'Abitibi-Est, disait que, dans un passé
pas tellement lointain, on a eu des offres d'industries importantes qui
voulaient oeuvrer dans le comté pour une meilleure utilisation des
essences perdues. A ce moment-là l'UCC du comté s'est
adressée aux concessionnaires ainsi qu'à tous les
propriétaires de boisés de fermes. On a eu des réponses
honnêtes des propriétaires des boisés de ferme,
réponses qui nous permettaient d'espérer que 50% des
quantités demandées pouvaient être obtenues par coupe
rationnelle. Mais quand on en est venu à poser des questions à
presque tous les concessionnaires privés, sauf un, les autres
réponses dont je pourrai faire part au ministre quand il voudra en
prendre connaissance, sont des réponses complètement
malhonnêtes disant: Chez nous, des essences secondaires, il n'y en a pas
ou ça ne vaut pas le peine d'être inventorié. Alors que les
mêmes entrepreneurs qui oeuvrent dans ces forêts-là nous
disent que les réponses auraient pu être complètement
différentes et possiblement laisser espérer l'organisation d'un
deuxième moulin.
Alors, je pense que le gouvernement fera un inventaire complet des
concessions des compagnies forestières. L'erreur de tous les
gouvernements passés, est d'avoir laissé à l'entreprise
privée le soin de nous donner les chiffres de l'inventaire de leurs
forêts. D'après leurs réponses les gens ne tiennent en
aucune façon à ce que d'autres concessionnaires aillent sur leurs
propres concessions. De là, vient le malaise de ces
comtés-là.
M. GOSSELIN: M. le Président, lorsque nous en serons
à l'étude de l'article 5, (inventaire forestier), il y aura
possibilité de donner au député certaines
précisions sur la manière dont nous procédons aux
inventaires forestiers.
M. LE PRESIDENT: Le député de
Témiscouata.
M. SIMARD: En réponse à une question de
l'ex-ministre des Terres et Forêts qui demandait à peu près
en ces termes: « Quand le gouvernement empêchera-t-il ou
obligera-t-il les compagnies qui résident sur les frontières du
Québec, les frontières du Nouveau-Brunswick et de l'Ontario,
à traiter les matières premières ici, pour interdire de se
diriger vers ces provinces? Car vous êtes au courant qu'il y a une loi
bien claire là-dessus. On peut constater tous ensemble qu'elle n'a
jamais été observée. Je dois ici rassurer l'ex-ministre et
féliciter le ministre des Terres et Forêts actuel sur l'attitude
ferme qu'il a adoptée au sujet d'une usine de Cabano détruite par
un incendie, l'été dernier. Pour l'information de mes
collègues ici, nous avions à Cabano une compagnie qui
était « roi et maître » depuis nombre d'années
et, puis qui privait 225 personnes d'un travail, dans la ville de Cabano en
transformant en copeaux peut-être 7 à 8 millions de pieds de bois
dirigés vers le Nouveau-Brunswick.
Je dois féliciter le ministre de l'attitude ferme qu'il a prise.
Je crois que c'est à l'avantage de la population et que nous
réussirons (j'espère) à emmener une industrie secondaire
utilisant 100 pour cent des essences du Témiscouata.
M. GOSSELIN: Je suis heureux de dire à tous les honorables
députés que le problème de Cabano nous préoccupe
beaucoup, que nous n'avons négligé aucun effort...
M. CLICHE: ... c'est réglé?
M. GOSSELIN: ... oui en partie mais il reste encore beaucoup de
choses dans ce domaine-là alors, nous nous efforcerons...
M. SIMARD: C'est déjà un point de les
empêcher de sortir.
M. GOSSELIN: ... efforcerons dans toute la mesure du possible
encore là, dans ce domaine-là comme ailleurs, d'apporter la
solution permanente.
M. CLICHE: C'est du bois du Nouveau-Brunswick qui
arrive-là à Cabano?
M. SIMARD: Non, non.
M. CLICHE: Il y a des quantités de bois là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CLICHE: Cela se fait dans les deux sens.
M. GOSSELIN: La comparaison, l'échange entre les deux
provinces, la compagnie Fraser entre autres, je peux donner des chiffres...
M. CLICHE: Fraser.
M. GOSSELIN: ... Sur 1,600,000 pieds cubes expédiés
au Nouveau-Brunswick, il n'en revient qu'à peine 300,000 pieds cubes
dans la province de Québec, à peine et nous avons des chiffres
bien précis là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je pourrais couvrir un point à
titre de député? C'est que, dans le comté de chez nous,
par exemple, on est limitrophe au Maine et puis on se rend compte qu'il y a un
commerce qui se fait là, un échange entre les Etats-Unis et les
industries du comté. Alors, on paie le bois, le bouleau de quatre pieds
par exemple, $25 la corde dans le comté alors que nos industries locales
sont obligées de le payer $27 ou $28 à cause de l'échange
d'argent. Cela devient un gros problème pour nos industriels près
des lignes américaines. Est-ce qu'il y a une loi qui existe à cet
effet-là?
M. GOSSELIN: Cela, c'est la loi naturelle du commerce. Je pense
bien que c'est assez difficile d'intervenir dans ce domaine-là.
Alors, M. le Président,...
M. LACROIX: Quelle est l'attitude actuelle et future de
l'honorable ministre des Terres et Forêts quant à la
réalisation du plan d'aménagement préparé à
la suite des études du Bureau d'aménagement de l'Est du
Québec?
M. GOSSELIN: J'ai lu toutes les recommandations que l'on faisait
et déjà par l'entremise d'ARDA, certains projets sont en cours.
L'honorable ministre de l'Agriculture en a annoncé quelques-uns et le
ministère des Terres et Forêts pour sa part, attend avec
impatience que certains de ces projets se réalisent. Je crois qu'ils
vont nous permettre de voir si nous devons réaliser les projets que nous
avons. Quelques-uns de ceux-là sont la clé d'une
réorganisation plus efficace encore de toute la péninsule. Alors
notre attitude est bien ferme et même elle est anxieuse, si je peux dire.
Nous avons hâte de voir s'exécuter certains projets à
l'intérieur du BAEQ.
M. LE PRESIDENT: M. Cliche.
M. CLICHE: Nous parlions tout à l'heure des concessions
forestières. Est-ce que le ministre peut donner une idée des
amendements qu'il désire apporter à la loi de façon
à changer le statu quo?
M. GOSSELIN: Voici...
M. CLICHE: Le statut actuel.
M. GOSSELIN: Là jepensequel'ex-ministre a beaucoup plus
d'expérience que moi. Il est avocat d'ailleurs et comprendra avec moi
que si je commence à divulguer, il serait plus logique d'attendre que le
dépôt de ces lois-là se fasse. Je ne vois pas comment je
pourrais ici, en comité, commencer à discuter d'une loi. J'ai
expliqué la politique généraledu ministère, j'ai
donné, en somme, ma façon de voiries choses. J'ai répondu
à toutes les questions mais je crois ce sont des projets qui ont
été discutés à l'intérieur du conseil des
ministres. La législation a été préparée, et
je ne crois pas qu'ici, en comité, il soit de mise pour moi, à
moins qu'on puisse tirer des conclusions contraires, de commencer à
discuter de certains amendements, de certaines lois qui ne sont même pas
encore déposées en Chambre.
M. BOURASSA: Elles doivent être déposées
d'ici la fin du mois?
M. GOSSELIN: Nous espérons. Pour ma part, je voudrais
qu'elles soient déposées le plus tôt possible parce que
j'ai besoin de certains de ces, amendements-là pour régler
certains problèmes urgents.
M. LACROIX: L'honorable ministre nous disait que les projets de
loi étaient prêts à être déposés.
Est-ce qu'il ne croit pas que, pour la bonne intelligence de la discussion, il
aurait été préférable de déposer les projets
de loi avant l'étude des crédits du ministère?
M. GOSSELIN: Si l'honorable député se souvient,
cela fait dix ans que je suis ici et, en tout temps, je ne crois pas que l'on
ait procédé autrement. Je ne sais pas si c'est une coutume
établie, pour ma part cela ne m'aurait fait absolument rien. Même
j'aurais été beaucoup plus à l'aise, parce qu'à ce
moment-là j'aurais pu répondre plus facilement sans toujours
faire attention de ne pas dévoiler des choses qu'il ne serait pas de
mise de dévoiler à ce moment.
M. CLICHE: Le ministre ne peut pas se retrancher de cette
façon-là pour éviter une dis-
cussion des politiques générales de son
ministère.
M. GOSSELIN: Pas du tout...
M. CLICHE: S'il vous plaît, je n'ai pas fini mon
exposé. Alors, parlant de concessions forestières, l'Opposition a
certainement le droit, à ce moment-ci, de faire des observations, des
suggestions et même de demander, d'exiger que des changements soient
apportés prochainement. Il y a des situations qui ne doivent plus
exister en 1967. Je pense aux concessionnaires qui n'utilisent pas
eux-même leurs concessions.
M. GOSSELIN: C'est ça.
M. CLICHE: Et qui vendent les droits de coupe en faisant un
profit au détriment de qui? Au détriment de la province. Que ce
soit n'importe qui, qu'il ait des concessions n'importe où dans la
province, cela ne doit plus durer. Est-ce que le ministre a l'intention de
laisser continuer cet état de choses.
M. GOSSELIN: J'ai dit, ce matin, dans mes remarques
générales que, pour ma part, je n'acceptais pas que se continue
cette spéculation que l'on fait avec les droits de coupe. Là,
j'ai été très clair en répondant à une
question du député de Duplessis. Je n'ai pas changé
d'idée depuis ce matin.
M. CLICHE: Oui.
M. GOSSELIN: Alors, je ne voudrais pas non plus que l'ex-ministre
en tienne compte. Cela fera dix ou douze mois que je serai là,
bientôt, pendant que lui y a été quatre ans. Alors, s'il y
avait des mesures qui étaient si urgentes que ça, eh bien, mon
Dieu, dans quatre ans, étant avocat, et ayant toutes les qualifications
voulues surtout pour étudier la législation qui doit se traduire
par des lois, il était, peut-être, beaucoup plus qualifié
que je le suis. Pour ma part, en tout cas, j'y mets tous mes efforts, j'y mets,
en somme, toute la bonne volonté du monde, j'y mets tout le temps
possible et j'y mets également les maigres talents que la Providence m'a
donnés pour tâcher de mieux remplir mon mandat pour l'avantage et
le bien-être de toute la population.
M. COITEUX: M. le Président, à la lumière
des études et des renseignements fournis par le bureau de planification
jusqu'à maintenant, est-ce que le ministre a suffisamment de
renseignements pour corriger la situation anormale qui existe de fait?
Certaines compagnies forestières ont sûrement trop de concessions.
Est-ce que, à ce moment-ci, le bureau de la planification ou le bureau
des inventaires a fourni suffisamment de renseignements au ministre pour qu'il
puisse se permettre de légiférer en ce sens, c'est-à-dire
d'attaquer une redistribution des concessions?
M. GOSSELIN: Oui, il est en mesure de le faire. Ce qui arrive
là, c'est que, nous ne sommes pas toujours de la même opinion,
j'entends les propriétaires de concessions et puis le ministre. Parce
que les propriétaires de concessions n'en ont jamais assez, puis, ils
sont toujours pour en manquer, ils sont pour faire banqueroute le lendemain
matin, à les entendre parler. Tandis que le ministre, lui, avec les
données qui lui sont fournies présentement, n'est pas de la
même opinion. Souvent, c'est difficile de concilier...
M. COITEUX: On reviendra là-dessus à l'article
« inventaire », parce que c'est très important, c'est un cas
d'espèce.
M. GOSSELIN: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. CLICHE: La réponse donnée par le ministre n'est
certainement pas adéquate et ne répond certainement pas aux
besoins de l'industrie du sciage, en particulier parce que l'indusrie du sciage
est affectée par ce genre de concessions qui appartiennent à des
individus et qui vendent leurs droits. Je pense à la région du
Lac-St-Jean et de Roberval où des industriels très
sérieux, qui ont investi des centaines de milliers de dollars, sont
obligés d'acheter du bois de particuliers qui ont des concessions. Vous
allez me dire pourquoi ne l'avez-vous pas fait, vous, pourquoi n'avez-vous pas
changé cet état de choses. Nous avons étudié la
situation, les études sont là au ministère. Je ne les ai
pas apportées, elles sont là au ministère. Nous avons fait
des études, nous avons fait des audiences publiques. Tout le monde a
donné son point de vue, et, là, c'est au gouvernement d'agir.
Nous aurions agi si, le 5 juin, nous avions été au pouvoir, mais
le peuple a décidé autrement. Alors, si le peuple a
décidé de vous confier à vous, messieurs, les rênes
de l'administration, eh bien, prenez vos responsabilités et prenez des
décisions, parce que, je le dis, maintenant la situation est mûre
pour prendre des décisions. C'est l'industrie du sciage, c'est
l'industrie du sciage...
M. GOSSELIN: C'est de la nostalgie.
M. CLICHE: Non, je suis très sérieux. Je connais la
complexité du problème. Mais les conseillers juridiques du
ministère, vos économistes et le bureau de la planification des
études connaissent la situation et vous pouvez y remédier. Je ne
dis pas qu'il faut préjudicier à toute une série de gens,
à une économie en particulier, mais il faut remédier
à la situation. Probablement que le seul remède, à mon
point de vue, pour corriger complètement cette situation-là,
c'est que le gouvernement rachète ces concessions-là, les fasse
disparaître, en payant à ceux qui les ont achetées, quoi la
valeur, pas...
M. GOSSELIN: J'ai donné ces détails là, ce
matin encore, quand on a posé certaines questions sur le projet que nous
avions, entre autres, avec les forêts domaniales de Roberval et de
Chibougamau. Il est bien entendu que, si l'on veut bien aménager tout ce
vaste territoire forestier, il faut absolument que tous les petits
concessionnaires qu'il y a à l'intérieur de cette immense
forêt de 16,000 milles carrés...
M. CLICHE ; Qui ne font pas vivre d'usines.
M. GOSSELIN: Qui, ne font pas vivre d'usines. Pour ma part, M. le
Président, si ça peut faire plaisir à l'ancien ministre,
je dis que de tous les temps...
M. CLICHE : C'est ça qu'on demande au ministre.
M. GOSSELIN: Je dis que, de tous les temps, tous ceux qui ont
obtenu des concessions forestières pour des récompenses de je ne
sais quoi, pour ma part, ils devraient tous les remettre au ministère.
Nous allons faire l'impossible pour tâcher qu'elles reviennent au
ministère.
M. CLICHE: C'est justement cette déclaration-là que
je voulais obtenir du ministre.
M. GOSSELIN: Et j'aurais aimé que l'ex-ministre la fasse
cette déclaration-là et je suis bien content.
M. CLICHE: Je l'ai faite peut-être cent fois.
M. GOSSELIN: Vous n'avez pas été compris puisque
cela ne s'est pas fait en temps.
M. GAGNON: Peut-être que le ministre actuel ne m'a pas
compris là lorsque... ou il ne voulait pas me comprendre.
M. GOSSELIN: Je suivais le...
M. GAGNON: La question du député d'Abi-tibi
était beaucoup plus profonde. Il reste un facteur. C'est que lorsqu'un
ministre entre en fonction dans un ministère pour la première
fois, on sait que cela demande du temps supplémentaire énorme
avant de se mettre à la page. Le ministre des Terres et Forêts
sait ça. Deuxièmement, à ce moment-là, on
pénètre dans un champ qui est un privilège de la Chambre
de connaître ce que contiendra un projet de loi. Si on discute des
crédits, on peut poser des questions mais on ne peut pas se diriger sur
une politique de ministère qui rentre en fonction, peut-être avec
un projet de loi future. Cela appartient à la Chambre de connaître
les dispositions d'un projet de loi...
M. COITEUX: ... on va aller en Chambre se faire valoir...
M. GAGNON: Là, on peut émettre des opinions.
M. GOSSELIN: Eh bien, M. le Président...
M. GAGNON: Mais là on veut connaître un peu les
détails d'un projet de loi. La question du député de
Duplessis était très adroite tout à l'heure et puis cela
adonné un peu de vitalité aux questions du député
de l'Abitibi. Je partage son opinion. Mais en ce qui concerne le ministre,
à ce moment-là, lorsqu'il s'agit d'une politique qu'on verra
peut-être dans un projet de loi, il est entendu que c'est un
privilège qui appartient à la Chambre.
M. COITEUX: C'est pour vous aider. Alors si vous aviez fait des
oublis au point de vue de la législation future... On est prêt a
légiférer, d'accord. Mais connaître le projet de loi...
M. GOSSELIN: Il y a une chose qui me fait plaisir vous savez,
c'est de voir que, après un an au pouvoir, il reste encore des questions
que nos honorables amis d'en face puissent nous poser, parce qu'à les
entendre parler ils auraient réglé toutes les questions avant
qu'on arrive là. Alors voici que cet après-midi on voit par leurs
questions, que tout n'est pas réglé.
M. CLICHE: C'est très sérieux.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Articlel:les salaires.
M. CLICHE: Si vous me permettez une question, M. le
Président, les ingénieurs forestiers sont payés de quelle
façon?
M. GOSSELIN: Us sont payés sous le régime
établi par la Commission de la fonction publique d'après la
convention collective avec $6,317 par année plus l'augmentation...
M. CLICHE: Combien reçoivent-ils?
M. GOSSELIN: ... de 3% allant jusqu'à $6,300...
M. CLICHE: Au départ.
M. GOSSELIN: Au départ, $6,317. Et cela peut aller
jusqu'à $14,000. Tout dépend de la catégorie et de son
expérience et tout ce qu'il y a. Ce sont des choses qui ont
été...
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. Article 3, frais de
voyage. Article 4, matériel.
M. LACROIX: De quel matériel s'agit-il?
M. GOSSELIN: Les instruments de recherche.
M. LE PRESIDENT: Article 5, service.
M. GOSSELIN: L'aménagement régional et les
recherches économiques. Alors, il y a la poursuite du projet sur la
régionalisation. En plus de ça...
M. BOURASSA: Mais quelles sont les compagnies? Est-ce que ce sont
les services extérieurs?
M. GOSSELIN: Presque tous ces services-là sont faits par
des ingénieurs forestiers.
M. CLICHE: Travail qui consiste en quoi? Voulez-vous
résumer le travail que font ceux qui obtiennent des contrats de ce
genre-là?
M. GOSSELIN: Vous avez les projets de régionalisation en
vue de préparer les cadres et l'organisation de chacune des
régions et sous-régions. Après ça vous avez
l'étude du territoire, de catégorie, pour fins
d'aménagement, de récréation en forêt, par exemple,
en vue de préciser l'orientation des divers projets présentement
à l'étude. Vous savez que déjà, au
ministère, il y a eu des études qui ont été faites
afin que, lorsque nous préparons les plans d'aménagement à
l'intérieur d'une forêt, nous voyons à ce que
l'exploitation forestière se fasse de manière à respecter
les normes et surtout les lieux pour que, s'il y a un aménage- ment
touristique à être fait, bien, que la forêt puisse, qu'il y
ait au moins une lisière qui demeure pour que ce soit avantageux.
M. CLICHE: Il ne s'agirait pas plutôt, M. le ministre,
d'études qui sont faites par des firmes extérieures, soit par des
firmes d'ingénieurs ou des firmes d'économistes concernant la
rentabilité ou la possibilité d'établir à un
endroit un type d'usine en particulier.
M. GOSSELIN: Oui, il y en a une partie là-dedans, mais
seulement...
M. BOURASSA: Quelles firmes d'économistes avez-vous
utilisées?
M. GOSSELIN: Il y en a eu plusieurs. Je crois que j'ai eu
à ce jour l'offre de service au bas mot d'une quinzaine de firmes et,
à ce moment-là, je ne vous cache pas que je ne les connais pas
mais mes officiers étudient la compétence de chacune et ce sont
eux qui me suggèrent les firmes à prendre et qui reconnaissent
les firmes les plus qualifiées pour faire un travail donné.
M. CLICHE: Un autre point que je voudrais discuter à ce
sujet-là c'est la possibilité d'aider les firmes du Québec
à faire des études de rentabilité parce que les
études de rentabilité des usines, des grandes papeteries ou des
usines d'envergure, sont généralement faites par des
ingénieurs ou des experts de l'extérieur du Québec alors
que les usines vont être augmentées à même les
richesses du Québec. Je comprends qu'on ne peut pas, par
législation, forcer telle compagnie à faire faire des
études par les experts que nous avons au Québec. Nous avons des
experts au Québec qui ont fait leurs preuves non seulement chez nous,
mais qui ont fait des études aux Indes, qui en ont fait aux Etats-Unis,
qui en ont fait en Amérique du Sud, ici et là, pour
l'établissement d'usines de grande envergure dans le domaine forestier
en particulier. Malheureusement leurs services ne sont pas toujours requis avec
le résultat qu'il est difficile pour eux d'établir des bureaux
où ils peuvent donner tous les services que doit donner un expert en
rentabilité. Est-ce que le ministère ne pourrait pas, sans
évidemment suggérer une étude en particulier, sans
établir de priorité dans les noms, insister sur le fait que des
études de rentabilité devraient être faites par des experts
de chez nous, du Québec? Est-ce possible?
M. GOSSELIN: Je dois dire au député d'Abitibi-Est
que déjà nous avons certaines firmes que Je ne crois pas devoir
nommer ici, des fir-
mes canadiennes-françaises, des firmes du Québec qui sont
très très compétentes et qui nous en ont faites. Vous avez
Monti, Nadon... vous avez Orner Lussier et associés, Gauthier, Poulin et
associés, aussi, qui se spécialisent dans ces études
particulières et je me souviens d'avoir reçu d'une dizaine de
compagnies compétentes des offres de services pour faire ces
études. Nous en avons eu dans le passé et nous avons l'intention,
dans toute la mesure du possible, de les encourager. Maintenant, il y a
certaines de ces études-là qui sont faites aussi par le service
de recherche de l'université elle-même, de l'Université
Laval. Alors, nous travaillons en collaboration avec tous et nous
tâchons, dans toute la mesure du possible, que nos gens d'ici, du
Québec, puissent obtenir leur large part.
M. CLICHE: Rien que pour donner un exemple au ministre, je pense
à la région de Matane où nous nous sommes acharnés
au ministère, pas seulement celui qui vous parle actuellement mais les
hauts fonctionnaires du ministère, à trouver une solution pour
cette région-là. Et pour procéder logiquement, nous avons
demandé à une firme de Montréal de faire une étude
de rentabilité, d'établir les possibilités d'une usine
d'envergure s'alimentant des réserves du genre de bois qu'il y avait
là, des réserves forestières de cet endroit ou de la
région et puis c'est ce qui nous a permis d'en arriver à une
solution, soit l'établissement d'une usine, d'une grande usine à
Matane.
La même chose devrait être faite... Je dis au ministre; Je
propose des endroits! Je ne veux pas tellement vous parler dans le vague, dans
le vide, je parle d'endroits où il est possible d'établir des
usines dans le Québec. Je voudrais qu'il en prenne note. Je sais que ses
fonctionnaires sont déjà au courant, qu'ils doivent être au
courant mais je vais citer des endroits où je sais, moi, pour avoir
passé au ministère, pour avoir été ministre pendant
quatre ans, qu'il est possible d'établir des usines. J'aimerais que les
officiers de ce service-là concentrent leurs efforts à cette
fin-là. Je vais nommer les endroits. Je pense à la région
de Gaspé-Nord.
M. GOSSELIN: Est-ce que déjà vous n'avez pas
laissé cette liste du temps que vous étiez là? Vous avez
Gaspé-Nord, Natashquan,...
M. CLICHE: Je pense à Gaspé-Nord, je pense à
Natashquan, je pense à une région...
M. GOSSELIN: ... vous avez sur la Matta-win, vous avez sur la
Baie James, vous avez tout l'autre côté du
cinquante-deuxième parallèle, une quantité
considérable de territoires où cela n'a pas été
touché encore, où il y aurait des possibilités
d'implantation, d'industries magnifiques et après cela nous avons tous
ces coins-là...
M. CLICHE: Mais comme député et ancien ministre, je
pense que je puis et que je dois même faire des suggestions. Ce ne sont
pas des normes que je fais, ce sont des suggestions pour, peut-être,
établir des priorités dans le travail. Je dis que dans la
région de Gaspé-Nord, il y a possibilité d'établir
une usine parce que les réserves sont là. Il y a une
possibilité, il y a des études très sérieuses et
très poussées qui sont faites actuellement. Je pense maintenant
à la région de l'Outaouais. Il y a possibilité là
que la compagnie Eddy... Ou plutôt on devra exiger que la compagnie Eddy
construise parce cette compagnie-là a, à même ses
concessions, une réserve suffisante pour établir une usine sur
l'Outaouais, au sud du Témiscamingue, dans le Haut-Pontiac. Je pense
à une autre région, la région de Charlevoix où il y
a possibilité d'établir une usine. Je pense à la
région du Saguenay, à Sacré-Coeur, comté de
Saguenay. Il y a là encore des études très poussées
qui sont terminées depuis assez longtemps où il y aurait des
possibilités. Je pense à un territoire extraordinaire, le
territoire de la rivière aux Outardes. Je pense au territoire de
Natashsquan où des études prolongées ont été
faites, où on a établi des inventaires et où on devrait
obtenir qu'une usine de grande envergure s'établisse. Je sais que
ça ne se fait pas du jour au lendemain, mais c'est en
s'établissant des objectifs qu'on réussit à faire quelque
chose.
Alors, je suggère que le ministère des Terres et
Forêts établisse certaines priorités dans le travail
à accomplir parce que le travail est énorme. Là, vous avez
des endroits où vous avez des réserves forestières.
L'attitude du ministère doit être une attitude de dirigisme, avoir
aussi une certaine agressivité et puis on doit également faire de
la promotion. Si l'on considère que les autres provinces obtiennent et
nous annoncent de nouvelles usines, je pense qu'au Québec, on devrait le
faire et le faire plus souvent. Je comprends, encore une fois, que ce n'est pas
facile mais nous avons les réserves forestières et le bateau
passe. C'est le temps, parce que c'est à ce moment-ci qu'on fait de
grands investissements dans les pâtes et papiers, que le marché
est là, et qu'il va être encore là demain et
après-demain. Ce n'est pas pour rien qu'on
investit dans la Saskatchewan. Je ne dis pas qu'on doit donner les
mêmes conditions qu'en Saskatchewan, mais je pense que le
ministère doit obtenir de l'aide pour faire cette promotion-là et
cette aide-là, c'est le conseil économique de la province, comme
le suggérait le député de Mercier, qui peut l'apporter, en
plus du personnel compétent que vous avez et que vous pourriez
peut-être ajouter à celui existant. En tout cas, ce sont là
des suggestions très pratiques. J'aimerais que le ministère s'en
occupe, à l'avantage de tous les Québécois.
M. GOSSELIN: Je remercie l'honorable député de ses
suggestions fort intéressantes et je tiens à lui dire que c'est
précisément pour cela que vous voyez une augmentation des plus
considérables à cet article. Nous aurions aimé avoir des
crédits plus volumineux, mais je crois que, pour cette
année,c'est déjà un très bel effort et nous
espérons que les résultats se feront sentir.
M. GAGNON: A propos de ce que le député d'Abitibi
vient de dire concernant l'usine de Gaspésie, ça me fait plaisir
de dire qu'il y a sept ou huit mois, j'ai rencontré le ministre des
Terres et Forêts actuel. Je lui ai même écrit. Il a
communiqué avec un M. Duchesneau des Terres et Forêts. J'ai
rencontré le comité de planification et, depuis au moins six ou
sept mois, sur les instructions du ministre d'ailleurs, le comité a pris
en main le problème de Gaspé-Nord et l'étude d'industrie
est en train de se faire dans la région de Madeleine et les autres
régions relativement à la récupération de tous les
bois. Mais en ce qui concerne la récupération des bois, ce dont
le ministre a parlé tout à l'heure, la récupération
des déchets, ça crée certains problèmes. James
Richardson de Cap-Chat,...
M. CLICHE: Oui, je pensais à Richardson, en particulier,
oui.
M. GAGNON: .... a commencé son exploitation lundi et,
cette année, pour la première fois, il récupère
tous les déchets. Cela a mis à pied trente travailleurs.
Pourquoi? Bien, cela a demandé l'amélioration d'une usine et la
récupération de tous les déchets, on sait que ça se
fait par une automatisation considérable, avec l'aide de deux hommes,
plus les chauffeurs de camion pour le transport des déchets. Alors,
lundi matin, trente personnes ont été mises à pied par
suite de l'automatisation de l'industrie et depuis que les déchets sont
récupérés, on a enlevé complètement les
quatre machines à lattes qui employaient quatre ou cinq hommes par
machine, puis après cela le transport, la manipulation de la latte.
Alors, on a là le problème de la récupération qui
crée...
M. CLICHE: Qu'est-ce qu'on fait des déchets
maintenant?
M. GAGNON: On les expédie à New Richmond,
actuellement, comme Couturier,.
M. CLICHE: Cela doit prendre quelqu'un pour transporter ces
déchets-là?
M. GAGNON: Oui, ça prend quatre camions, quatre
conducteurs de camion.
M. CLICHE: Puis ceux qui vendent les camions, ceux qui les
réparent, ceux qui les entretiennent?
M. COURCY: Cela ne donne pas de travail...
M. GOSSELIN: Cela ne change pas grand-chose.
M. CLICHE: Ce n'est pas un argument que le député
devrait apporter, ça, l'amélioration du système d'usinage.
Voyons, ce n'est pas...
M. GAGNON: Je parle de ce que cela a apporté chez nous. Je
vous dis que j'ai un fait chez nous...
M. GOSSELIN: On ne peut pas...
M. GAGNON: Je ne me plains pas. Au contraire, il faut encourager
ça tout de même. Et peut-être qu'à
Sainte-Anne-des-Monts où il y a trois ou quatre usines qui, un jour, je
l'espère, réuniront leurs forces avec un autre endroit un peu
plus loin; ça permettra probablement, peut-être, je ne le sais
pas, l'établissement d'une usine de pâtes et papiers dans
Gaspé-Nord. Et tout de même, je vous rapporte certains
problèmes que ça cause au niveau de la main-d'oeuvre.
M. CLICHE: C'est peut-être... M. GAGNON: Cela permet...
M. CLICHE: ... cela va peut-être permettre à la
compagnie de continuer à fonctionner.
M. GAGNON: Ah, écoutez! Ce n'est pas ça que je
conteste.
M. CLICHE: Bon!
M. GAGNON: Bien précisément, Couturier et Fils
à mis 18 ou 20 personnes à pied mais ça permet à la
compagnie de réaliser des profits pour permettre à l'industrie de
vivre. Mais je dis que ça cause des problèmes pour ce qui est de
la main-d'oeuvre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut passer à l'article
2?
M. GAGNON: C'est un facteur actuel de l'économie et on ne
peut pas l'empêcher.
M. LE PRESIDENT: Alors: service de la formation technique, Ecole
forestière et station de Duchesnay.
M. GOSSELIN: Alors au sous-article 1, il n'y a qu'augmentation,
cette année...
M. CLICHE: Est-ce que le ministre pourrait nous donner une
idée générale de la façon dont ça fonctionne
présentement à l'école forestière de Duchesnay?
M. GOSSELIN: Bien voici, à l'école de
Duchesnay...
M. CLICHE: Est-ce que le nombre des étudiants a
augmenté?
M. GOSSELIN: Présentement, je ne vous cache pas que nous
aimerions pouvoir accepter le double d'étudiants puisque nous avons des
demandes très, très considérables et le directeur de
l'école de Duchesnay, M. Jean-Marie Pleau, nous dit qu'il est bien
regrettable que l'on ne puisse pas en accepter beaucoup plus parce que les
demandes sont extraordinaires. Or, en 1967-68, il y avait 111 étudiants
à l'école de Duchesnay, les classificateurs, 46, les
affûteurs, les gars qui ont appris à limer les scies, à
prendre soin de l'équipement d'une scierie, 14 cela c'est
toujours en plus des 111 et il y a environ 100 élèves qui ont
suivi les cours abrégés de protection.
L'Ecole forestière de Duchesnay jour un rôle très,
très important dans la préparation de nos employés et je
crois que nous devons faire l'impossible pour qu'elle se maintienne. Il y a des
cours nouveaux qui sont donnés et il y a présentement à
l'étude certains projets pour qu'il y ait des cours spéciaux au
niveau technique. Nous espérons pouvoir donner ces cours durant
l'année qui vient et améliorer la situation, toujours dans le but
de bien préparer nos futurs employés du ministère et aussi
ceux-là qui voudront se diriger vers l'entreprise privée.
M. GAGNON: Mais il me semble que, l'année dernière,
l'ex-ministre des Terres et Forêts avait parlé de
l'agrandissement, je crois, de l'école de Duchesnay qui ne
répondait pas aux besoins. Il me semble qu'on avait discuté de
ça dans les crédits.
M. CLICHE: Il en a été question...
M. GAGNON: Est-ce qu'il y a eu un agrandissement à
l'école? Parce que beaucoup de candidats ne sont pas admis à
l'heure qu'il est.
M. GOSSELIN: Il n'y a pas d'erreur, c'est parce qu'on a trop de
demandes. C'est comme dans toute école, d'ailleurs, comme à
l'université. On nous dit que, cette année, au niveau
universitaire, il y a plus de 5,000 élèves qui ne pourront pas
entrer. Alors à l'Ecole forestière de Duchesnay, on a des
demandes... C'est un peu comme les emplois d'étudiants aussi pour les
travaux en forêt ou encore n'importe où dans tous les domaines
gouvernementaux. On nous disait il n'y a pas tellement longtemps qu'on a eu
au-delà de 20,000 demandes alors qu'il y a peut-être à
peine une quinzaine de cents emplois qui pourront être donnés aux
étudiants. Evidemment que pour celui qui a à coeur de vouloir
donner le plus possible à sa population, nous déplorons que
l'Ecole forestière de Duchesnay ne puisse pas prendre dans ses cadres
200 étudiants par année mais malheureusement, les locaux et
l'organisation qu'il y a là ne permettent pas de le faire.
M. COITEUX: Maintenant, M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait nous dire si ces élèves-là qui sortent
diplômés de l'école de Duchesnay... Il est bien beau de
former des gars, mais est-ce que le marché du travail est suffisant?
M. GOSSELIN: On a des emplois, on peut offrir des emplois.
M. SIMARD: Il faut les demander un an d'avance.
M. GOSSELIN: Mais l'Ontario vient nous chercher plusieurs de nos
diplômés de l'école de Duchesnay.
M. COITEUX: Surtout dans l'industrie privée?
M. GOSSELIN: Oui, l'Ontario vient nous chercher certains de nos
étudiants.
M. SIMARD: Le Maine, à part ça. Trois
élèves ont fini à Duchesnay dans l'affûtage de
« dent saw ». Ils viennent les chercher à $200 par
semaine.
M. COITEUX: Dites-moi, pas $200 par semaine?
M. SIMARD: Ah, oui, ah oui!
M. COITEUX: C'est plus que ce que gagnent les ingénieurs
forestiers en commençant au ministère, ça.
M. SIMARD: Cela dépend de la sorte
d'ingénieurs.
M. LACROIX: Ces 30 personnes à l'emploi du service de la
formation technique dans la catégorie 1: traitements. Est-ce que ce sont
particulièrement des ingénieurs forestiers ou des
professeurs?
M. GOSSELIN: Des professeurs, oui, des professeurs et des
techniciens.
M. LACROIX: Parce que la moyenne de traitement pour des
ingénieurs forestiers et des techniciens, n'est pas tellement
élevée.
M. GOSSELIN: Ils sont payés d'après les mêmes
barèmes établis par la Commission de la fonction publique
à tous les ingénieurs forestiers. La convention collective.
M. LACROIX: Combien avez-vous d'ingénieurs forestiers?
M. GOSSELIN: Il y a en tout et partout une trentaine de
professeurs.
M. CLICHE: Si je me permets de parler au nom des comtés
éloignés, je pense à Kamouraska, je pense à
Témiscouata, je pense à Gaspé-Nord, Frontenac en
particulier Frontenac ce n'est pas éloigné, c'est
reculé est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de donner un accent
particulier, de trouver les crédits nécessaires pour augmenter le
nombre d'élèves à l'école de Duchesnay? Je pense
que le ministère devrait prendre ça comme objectif, parce qu'on a
apporté certaines améliorations dans le passé. Disons que,
pendant que j'étais là c'est une formule consacrée
ça « pendant qu'on était là » on a vu
à améliorer la scierie pour former le plus possible des
techniciens là et leur procurer des emplois par la suite. C'est
très facile, ils trouvent des emplois facilement par la suite. Mais
l'école elle-même, bien, il y a quantité de nos jeunes qui
font une demande, qui viennent nous voir: On a essayé d'aller
étudier à Duchesnay. Ils n'ont pas tellement de scolarité
mais ils en ont juste assez pour entrer là, puis ils ont une certaine
habilité, soit pour le mesurage, soit pour différents
métiers. Et ils pourraient obtenir cette qualification-là et
ensuite ils feraient des techniciens qualifiés pour le ministère.
Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité de penser à trouver,
à rejoindre les fonds nécessaires pour doubler cette
affaire-là?
M. GOSSELIN: J'aurais aimé...
M. CLICHE: L'école de Duchesnay n'a pas pris d'importance
depuis combien d'années? J'aimerais bien ça le savoir. Pour moi,
cela fait bien longtemps.
M. GOSSELIN: Je suis heureux de la suggestion de l'honorable
député. Mais j'aurais aimé cependant qu'il lise la
conférence que j'ai prononcée devant les travailleurs en
forêt, il y a environ une semaine et demie.
UNE VOIX: Ce sont des mots ça!
M. GOSSELIN: Ah, ce sont des mots, mais cela exprime tout de
même l'opinion du ministre sur cette situation-là. D'ailleurs par
l'évolution moderne...
M. CLICHE: En parlant, vous devriez vous citer.
M. GOSSELIN: Je ne suis pas du côté de l'Opposition,
moi. M. le Président, j'ai été trop habitué pendant
les six ans où j'ai siégé dans l'Opposition à
attendre...
M. CLICHE: Parlons de l'école de Duchesnay.
M. GOSSELIN: Nos honorables amis qui disaient: Je, me, moi, nous,
premier ministre de la province de Québec prédisons telle chose.
Alors, M. le Président, je ne peux pas faire ça et ce que je veux
affirmer devant le comité ici, c'est que je suis très conscient
qu'aujourd'hui avec la modernisation des opérations forestières,
il ne faudrait pas seulement songer à former des mesureurs de bois, des
techniciens de toute sorte, mais il va falloir former des hommes très
compétents qui vont pouvoir devenir
des opérateurs de machinerie de plus en plus compliquée,
en plus de ça, devenir des mécaniciens compétents pour
être capables, lorsqu'ils ont à manoeuvrer une machinerie
quelconque à l'intérieur de la forêt, d'être capables
de la réparer...
M. CLICHE: Cela, ce sont des écoles de métiers.
M. GOSSELIN: Oui, mais même à ça, le travail
qui se fait en forêt est un travail...
M. CLICHE: Il ne faut pas compliquer.
M. GOSSELIN: ... tout à fait particulier. Et aujourd'hui
je suis heureux de mentionner l'ouverture de la scierie-école. Je suis
allé la visiter, cela a été une initiative
magnifique...
M. CLICHE: De qui?
M. GOSSELIN: Ah mon Dieu! c'était un nommé, pas
Bona Arsenault, Bédard; c'était un sous-ministre; l'autre Guay,
non! je pense que c'était Cliche. Adopté, M. le
Président.
M. CLICHE: Non, non, non, on continue sur ça.
M. COITEUX: Vous avez touché un point très
important, M. le ministre. Devant la modernisation du débusquement en
forêt, naturellement, l'ancien système, le système connu
aujourd'hui se doit d'évoluer par suite du manque de personnel. D'abord,
premièrement, les compagnies sont obligées. Alors, je suis
parfaitement d'accord, on devrait se tenir à l'heure de tous ces
développements-là qui ont leur expérience à coups
d'argent par les compagnies, parce qu'il ne faut pas s'en faire,
l'opération conventionnelle, c'est dépassé aujourd'hui.
Alors, il faut nécessairement avoir de nos gardes forestiers pour que
ces gens-là puissent prendre des positions de commande, deviennent
contremaîtres, dans les nouveaux chantiers où les compagnies
seront obligées de mécaniser leurs opérations
forestières. Je crois qu'une section, peut-être pas directement la
mécanique, comment fonctionne un moteur, mais la façon de se
servir de ces machines-là, devrait être donnée et suivant
la vitesse avec laquelle la modernisation s'implante dans les grandes
compagnies forestières, parce que ce sera certainement ouvrir un champ
considérable à nos diplômés d'écoles
forestières. Les gens nous traitent peut-être de gens qui s'en
vont dans la lune, mais éventuellement, il fau- dra en venir, avant de
nombreuses années, à la fabrication primaire du produit de la
forêt en forêt. J'entends par là des « chippers
» dans le bois et probablement que le bois, au lieu de la drave
conventionnelle ou du charriage par camions se fera par,,.
M. SIMARD: ... hélicoptère.
M. COITEUX: Non, par des tuyaux avec de l'eau. C'est très
rentable. Je pense même qu'une des compagnies a étudié le
plan de Natashquan, et c'est un peu dans ses idées de descendre... J'ai
rencontré moi-même les types à Natashquan, ils voulaient
descendre le bois «chippé » à vingt milles de
là...
M. GAGNON: Par une drague?
M. COITEUX: Non, pas par une drague, par un tuyau.
M. GAGNON: Ah, par un tuyau?
M. COITEUX: Alors, ce sont des choses dont il faut se tenir au
courant dans nos écoles forestières comme dans nos
universités, si on veut préparer des techniciens
compétents pour répondre aux demandes de l'industrie. Il faut
prévoir les budgets pour préparer nos gars lorsque ces
choses-là se produiront, pour que l'on puisse en fournir, pour qu'on ne
soit pas obligé d'en importer de l'extérieur et qu'on vienne nous
dire encore: Les maudits Anglais!
M. GOSSELIN: M. le Président, devant cette situation,
l'Ecole forestière de Duchesnay, comme toutes les autres d'ailleurs, ne
veut pas rester en arrière. Déjà, un comité
d'étude a été formé par le personnel de
l'école de Duchesnay, de concert avec les officiers supérieurs du
ministère des Terres et Forêts et aussi du ministère de
l'Education. Présentement, nous étudions de quelle manière
on pourrait organiser l'école de Duchesnay afin de donner le cours le
plus adéquat possible, et aussi à voir quels seraient les moyens
à prendre pour tâcher d'accueillir plus d'élèves que
nous n'en accueillons à l'heure actuelle.
Il y a les cours qui se donnent présentement à
l'école de Duchesnay, les sujets sont aussi plus sérieux, parce
qu'il faut comprendre que seulement dans le mesurage du bois, par exemple, il y
a là un domaine qui, présentement, ne répond plus
tellement à ce dont on avait besoin il n'y a pas tellement
d'années. Certaines compagnies aimeraient que le me-
surage du bois se fasse à la souche, d'autres voudraient qu'il se
fasse à la pesée, d'autres voudraient qu'il se fasse au volume,
alors il y a de nouvelles méthodes modernes. Toutes ces méthodes
modernes de l'exploitation de nos forêts aujourd'hui entraînent
automatiquement des changements pour ceux qui doivent surveiller ces
travaux-là comme pour ceux qui sont obligés de rester sur les
lieux pour tenir la comptabilité nécessaire afin que nous, au
ministère des Terres et Forêts, nous puissions aller
récupérer notre dû.
Alors, nous sommes tellement conscients de toute cette situation que
nous n'avons pas attendu. Déjà, le comité est formé
et nous espérons que nous pourrons apporter les suggestions
appropriées pour tâcher de pallier la situation qui existe chez
nous dans le moment.
M. COITEUX: Sans vouloir présager des données de ce
comité, pensez-vous qu'il puisse envisager la possibilité
qu'éventuellement le mesurage, de quelque façon que ce soit, soit
fait par le gouvernement?
M. GOSSELIN: Oui. Ce sont des choses qui sont à
l'étude, même à l'intérieur du ministère.
Notre service de recherche s'occupe de cette chose-là
présentement.
M. COITEUX: Parce qu'à l'heure actuelle et vous le
convenez aussi bien que moi, ce n'est pas une attaque que je fais contre qui
que ce soit, la situation est absolument normale. Je ne veux pas faire de
procès d'intention et je suis prêt à admettre que les
mesureurs qui travaillent pour les compagnies sont honnêtes. Mais, par
contre, c'est absolument anormal si, vous, par exemple, M. le ministre, vous
aviez un magasin où vous vendiez du ruban, que vous laissiez le type qui
est l'acheteur, passer de l'autre côté du comptoir, se mesurer le
ruban et en sortant dire: J'ai laissé $0.25, j'en ai pris tant de
verges! C'est ce qui se fait un peu dans le bois.
M. GOSSELIN: Oui, c'est ce qui s'est toujours fait.
M. COITEUX: Maintenant, on me répondra là-dessus:
On a les inspections, on a les inspecteurs du gouvernement.
M. GOSSELIN: On se fie constamment sur la conscience
professionnelle.
M. COITEUX: Seulement, il y a des faits humains tout de
même qu'il ne faut pas oublier.
J'ai vécu dans l'industrie et je sais un peu comment cela se
passe dans la question des vérificateurs. C'est un type,
premièrement, qui est très sincère, très
honnête dans le mesurage physique qu'il fait de la corde de bois. Moi, je
suis prêt à lui donner 100% raison, parce qu'il prend le temps de
le faire. Par contre, le système actuel de vérification des
cartes de mesurage laissées au choix du vérificateur
lui-même entraîne nécessairement des dangers. Si vous avez,
par exemple, une opération forestière dans un terrain très
accidenté et ça, je l'ai vécu, je l'ai vu
faite par des gens très honnêtes, du ministère des Terres
et Forêts, mais c'est clair que le mesureur s'en vient vérifier
une ou deux cartes d'un mesureur, il n'ira pas sur la montagne. J'ai vu maintes
et maintes fois, moi, des entrepreneurs un peu malins, dire: Ecoute, cette
rangée-là, ne la change pas. Quand le mesureur viendra
vérifier la semaine prochaine, on lui fera prendre cette
virée-là! Je vous dis des choses que j'ai vécu.
Alors, s'il y avait un système où le mesureur, pendant que
le changement du mesurage se fait, où il y aurait un contrôleur de
district qui, lui, s'occuperait, par des moyens statistiques, de
déterminer quelles cartes doivent être vérifiées
dans tel chantier, là on ne s'exposerait pas à ce qu'il y ait des
cartes fictives. Et là, je sais les précautions que les
compagnies forestières prennent pour que cela ne se produise pas. Et
cela peut se produire si on a un bûcheron malhonnête. Pas tellement
si c'est le mesureur. C'est parce que le système ne force pas
l'employé du gouvernement à aller dans les endroits
représentatifs du chantier. Et qui vous dit que la carte 333, sur le
dessus de la montagne, existe? Personne ne le sait. Si, par contre, on donne
des instructions, il y a moyen d'établir un système. La compagnie
Price l'a. La compagnie Price va même plus loin. Elle a un système
de comptage, d'identification de piles. Ce n'est pas pour rien qu'ils font
ça. Alors, s'il y avait un contrôleur qui disait: Voici, cette
semaine, dans tel chantier, tu vas aller prendre des numéros impairs de
tel mesureur, de telle date à telle date. Cela ne pourrait pas faire
autrement que l'une de ces cartes-là tomberait dans un coin du chantier,
l'autre dans un autre coin du chantier. Je comprends que ça va
être fatiguant pour les gars. Mais le système actuel, à mon
sens, ouvre la porte à une foule de dangers. Et tant et aussi longtemps
qu'on n'aura pas pris le contrôle nous-mêmes, qu'on n'aura pas
changé le système du mesurage pour qu'on puisse avoir la
conviction morale que tout le bois est mesuré, que tout le bois pour
lequel on demande un droit de coupe existe
réellement, ou a été bûché
réellement, ou s'il y en a qui a été bûché et
pas rapporté, je pense bien qu'il faudra en venir là et
étudier sérieusement le système que l'on doit donner dans
les instructions aux véfiricateurs du gouvernement. Parce qu'autrement,
c'est laissé au libre arbitre et à l'honnêteté, dont
je ne doute pas, mais partout où il y a de l'humain, il y a de «
l'hommerie ».
M. GAGNON: C'est un fait qu'on mesure les richesses du
gouvernement, tout en étant payé par un employeur. Mais il y a un
problème de personnel qui pourrait se présenter.
C'est-à-dire qu'il est possible que les compagnies offrent à leur
personnel de demeurer à leur emploi. Est-ce que le ministère, en
passant une telle mesure, serait capable d'envisager de dire: Eh bien,
supposons qu'on ne peut pas avoir le personnel que les compagnies ont...
M. COITEUX: Le bois se mesure actuellement.
M. GAGNON: Non, mais le personnel est à l'emploi de la
compagnie.
M. COITEUX: Oui, c'est ça.
M. GAGNON: Alors, si la compagnie dit: Eh bien, voici. Vous
pouvez rester avec nous. Si 90% du personnel de mesurage dit: Eh bien, nous, on
reste pour notre employeur actuel, le gouvernement a un problème sur les
bras, à savoir, où va-t-il prendre les hommes pour effectuer le
mesurage?
M. COITEUX: Alors, peut-être...
M. GAGNON: Le gouvernement a un problème sur les bras.
OÙ va-t-il prendre les hommes pour effectuer le mesurage?
Peut-être que nous pourrions procéder par étapes.
M. COITEUX: Vous pouvez garder le même système
qu'actuellement. La seule chose à corriger d'abord, et c'est urgent,
c'est la façon dont le libre arbitrage du vérificateur du
gouvernement a le droit de choisir ses empilements ou ses cartes.
M. GAGNON: Une bonne vérification, ça je suis
d'accord. C'est une opinion que j'émets. Et c'est à
prévoir que tout le personnel restera à l'emploi des compagnies
mais...
M. COITEUX: La même chose et ça n'aug- mentera pas
tellement le personnel du gouvernement.
M. GAGNON: ... on pourrait procéder par étape.
M. GOSSELIN: En tout cas, pour le moment, je pense que le
député d'Abitibi-Est le sait et le député de
Duplessis aussi le sait, que nous avons dans tous les districts un
chef-mesureur qui vérifie le travail des vérificateurs. Tout le
système de mesurage dans la province fait l'objet des études les
plus sérieuses. D'ailleurs, avant même que j'arrive là il y
a eu deux dendromé-tristes qui ont été engagés pour
étudier cette situation-là en rapport, bien entendu, avec la
mécanisation moderne que nous avons aujourd'hui. Dans les forêts
domaniales, ce sont ces inspecteurs du gouvernement eux-mêmes, les
mesureurs du gouvernement, qui font tout le mesurage.
M. COITEUX: Il faut que je sois bien compris, je ne voudrais pas
qu'on interprète mes paroles comme doutant de l'honnêteté
du mesurage physique qu'un vérificateur du gouvernement fait. Il le fait
son mesurage. C'est parfait. Seulement, est-ce qu'on a une
représentation suffisante des cartes de mesurage dans... C'est la seule
chose. C'est entendu que, s'il prend la carte « A », je suis
prêt à appuyer à 200% le travail du vérificateur du
gouvernement. C'est l'idée d'évasion, parce que c'est
laissé au libre choix. Il faudrait que le mesureur, une journée,
soit appelé avec une carte quelconque déterminée par des
systèmes. J'en avais déjà parlé à M. Pleau
et à M. Matte, qui sont de grands statisticiens. Ils m'avaient
déterminé une façon de procéder pour Price. Cela ne
prend pas tellement plus de personnel mais, de cette façon-là, un
bon matin, le chef vérificateur va téléphoner à ses
vérificateurs pour leur dire; Ce matin, vous allez dans tel chantier et
vous allez vérifier tel numéro de carte. Alors, à ce
moment-là, il n'ira pas à côté du camp probablement
et tout au long de l'opération, il finira par avoir des sondages dans
tout le chantier. Ce n'est pas le travail lui-même quand il le fait. Il
peut vérifier les cartes 1, 2, 3, 4. C'est dans le voisinage du camp et
son travail va être excellent. Mais au point de vue du gouvernement, je
pense que cela ne donne pas une image représentative de la
situation.
M. MAILLOUX: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question supplémentaire au sujet du mesurage?
M. GOSSELIN: Oui, c'est très bien!
M. LE PRESIDENT: Le député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: Durant l'audition de la commission Lippé,
l'enquête sur le problème du camionnage c'est un peu vague
dans mon esprit, je ne suis pas spécialiste en la matière
il y a eu des plaintes de formulées par l'ensemble des camionneurs qui
viennent de tous les comtés de la province à l'effet que ceux-ci,
entre le mesurage qu'on leur donne sur un camion et ce qu'ils reçoivent
rendus au moulin ou à destination, il y avait une différence d'un
quart ou d'une demi corde que ces gens-là transportent continuellement
pour rien. Je pense qu'ils ne sont pas assez riches d'abord pour faire une
telle perte. Alors, je me demande de quelle manière le gouvernement
pourrait corriger cette situation-là, qui frappe une classe de la
société qui oeuvre avec peine.
Ma deuxième question est celle-ci: Les mesureurs que vous
employez, est-ce que vous en avez suffisamment, actuellement? Si vous en avez
suffisamment, comment se fait-il qu'on en libère durant une
période de trois ou quatre mois par année?
M. GOSSELIN: D'abord on a besoin de ces mesureurs-là
lorsque les opérations forestières se font.
M. MAILLOUX: Oui. Mais est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de les
affecter à d'autres travaux pour éviter qu'ils quittent le
ministère, s'ils sont réellement compétents?
M. GOSSELIN: Il y en a un certain nombre qui demeurent en
permanence. Mais par contre, à la quantité que nous avons durant
les opérations forestières, automatiquement l'on ne peut pas les
reprendre tous à l'intérieur. Ils sont gardés,
d'après la convention collective, par ordre de séniorité.
Nous sommes obligés de garder ceux-là qui ont plus de
séniorité et de laisser aller les derniers entrés.
Maintenant, en ce qui a trait à la première question que le
député m'a posée sur la différence qu'il y a, bien,
un autre article doit être étudié. On sait que lorsqu'on a
fait un peu d'opérations forestières et qu'on a
bûché un petit peu aussi, souvent la corde de bois qui est
empilé à l'intérieur de la forêt lorsqu'elle est
transportée, elle va changer. Tout dépend de celui qui va la
placer sur le camion. Il y en a qui peuvent prendre une corde de bois et qui
vont en faire une corde et quart et d'autres peuvent en faire aussi trois
quarts de corde. Un bûcheron habile...
M. MAILLOUX: Pas sur un camion!
M. GOSSELIN: Demandez cela à Georges Vaillancourt, le
député de Standstead. Vous allez voir qu'il avait le tour. Alors
ce sont des différences qu'il y aurait peut-être
possibilité de combler si on changeait la méthode du mesurage.
Pendant longtemps on mesurait le gravier que l'on transportait par camion selon
la boîte des camions qui le transportaient et puis un jour on a
décidé de prendre la pesée, alors.
M. LAVOIE: C'était une bonne chose.
M. CLICHE: Après cela, ils viennent en
délégation et disent: On n'en veut plus de pesée!
M. MAILLOUX: Je voudrais dire au ministre que je suis conscient
qu'en forêt il y a peut-être des gens...
M. VAILLANCOURT: Est-ce que l'on connaît une façon
de corder son bois pour regagner une corde et quart sur une corde?
M. GOSSELIN: Après l'étude de mes crédits,
j'irai trouver le député de Standstead et puis on prendra la scie
à chaînes et on ira expérimenter cela.
M. MAILLOUX: M. le Président, je voudrais dire au ministre
évidemment que je conviens qu'il y a peut-être des gens qui savent
corder professionnellement en forêt pour que cela soit un peu
étendu, mais sur un camion c'est un peu plus difficile parce que,
lorsqu'on regarde l'ensemble des camions qui circulent sur les routes, c'est
difficile évidemment pour ceux-là, avec ce que cela entrafne de
conséquences, de faire des trous, spécialement sur un voyage de
bois qui est transporté. Il y a un deuxième problème avec
lequel ces gens-là sont aux prises c'est que le ministère oblige,
je pense, par sa loi, que tout le bois qui a été coupé,
que ce soit colle ou pas, soit transporté au moulin. Alors on force le
camionneur, évidemment, à accepter du bois qui n'est pas de
qualité première et au moulin on le lui coupe, alors qu'il a fait
souvent un transport de trente ou trente-cinq milles avec un bois pour lequel
il ne sera jamais payé. Et loin de le lui laisser au moins pour se
dédommager, on l'oblige à le laisser quand même dans la
cour du moulin. Cela, je trouve que c'est une
anomalie criante pour le camionneur. Si au moins on ne les paye pas pour
quelque chose qu'on les force à transporter, au moins qu'on leur donne
ce bois.
M. GOSSELIN: Vous avez le même problème non
seulement dans le bois de papier, mais vous avez le même problème
au sujet des billots de bois franc. Vous avez les billots qui sont vendus pour
l'usine de déroulage, mais on ne fait la classification du billot que
lorsqu'il arrive dans la cour de l'usine de déroulage. Alors on dit au
cultivateur ou on dit au vendeur: Voici, on va vous donner tant du mille. Vos
billots « sélects », on va vous les payer, disons $180,
peut-être un peu plus du mille; mais, par contre, lorsque le vendeur
arrive à la classification de ses billots à l'intérieur de
la cour, il n'est certainement pas pour les prendre sur son dos et puis les
ramener chez lui. D'ailleurs, la même expérience se
répète dans le commerce d'animaux. Quand on part avec dix
bêtes dans le comté de Compton et que l'on s'en va dans le
marché de Montréal pour les vendre, même si l'on n'a pas le
prix qu'on veut avoir ou la classification que l'on prétend avoir, on ne
peut même pas les rapporter. Il faut qu'ils restent là en
quarantaine avant que l'on puisse les ramener. Alors ce sont des
problèmes inhérents...
M. CLICHE: Que le vendeur qui a sorti du bois de mauvaise
qualité le perde.
M. MAILLOUX: M. le Président, le ministre ne me fera pas
admettre que le camionneur, qui n'est même pas responsable de cette
situation-là, doive subir le contre-coup. Le commerçant d'animaux
qui prend une chance d'aller à l'abattoir avec un animal qui n'est pas
de catégorie normale, c'est logique qu'on le lui retourne. Mais je me
demande pourquoi on obligerait une classe de gens qui vivent difficilement
à transporter, et cela c'est dans tous les comtés ruraux, du bois
qui n'est pas acceptable et, par-dessus le marché, qu'on ne les paie pas
et qu'on les force à jeter cela dans la cour quand même.
M. GOSSELIN: Pour donner au député une explication
qui va l'aider, on me signale que, d'après les règlements du
ministère, du bois qui n'est pas de catégorie commerciale, on
n'est pas obligé de le mettre dans des empilements. Mais, par contre, si
ce bois-là a été placé dans les empilements et a
été mesuré, à ce moment-là, automatiquement
on est obligé de l'enlever de là.
M. COITEUX: Il y a un autre problème qui se
présente, c'est celui d'une compagnie dont le bois est mesuré,
vérifié par les mesureurs de la compagnie, mesuré par les
mesureurs du gouvernement, sur un permis spécial par exemple, disons un
petit entrepreneur qui fait environ deux mille cordes de bois. Alors la
compagnie consent à payer, sur des feuilles de mesurage
vérifiées par le gouvernement, des droits de coupe.
C'est-à-dire que l'entrepreneur se trouve à le payer même
si la compagnie paie pour lui. Ils retiennent cela quand ils paient. Alors
l'entrepreneur avait deux mille cordes, la compagnie arrive et mesure
globalement le camion, parce que c'est bien difficile d'aller faire une croix,
mesurer pour savoir s'il y a les deux tiers ou le tiers, s'il y a une «
colle » ou pas, surtout si le camion est vidé à la
rivière.
Alors il ote un pourcentage fixe de 6% ou de 5% qui est souvent
supérieur au montant de colle qui a paru à la feuille de
mesurage. Alors, là, moi, je me dis que s'il y a quelqu'un qui se fait
ôter 5%, par exemple, sur 2,000 cordes, c'est 100 cordes. Alors à
$25 la corde, c'est $2,500. C'est son profit qui s'en va chez le diable.
M. GAGNON: Mais j'ai connu une compagnie qui a résolu le
problème d'une façon très intelligente, c'est la James
Richarson de Cap-Chat. Les camionneurs transportent le bois lorsqu'ils arrivent
à l'industrie. On mesure le voyage; on donne tant du pied. Or, qu'il ait
transporté la quantité de colle, le quart du voyage, le tiers du
voyage, le type est mesuré au pied et lorsqu'il part de son empilement,
il dit: Moi, j'ai tant de pieds, mon voyage représente tant de pieds de
bois. Cela me donne X piastres, indépendamment, colle ou pas colle, et
j'ai trouvé que la solution avait été extrêmement
intelligente. Puis, ça, c'est juste pour le camionneur.
M. MAILLOUX: Ce qu'on trouve de plus fantastique, c'est certains
moulins qui refusent ce bois-là puis le déclarent comme colle, le
gardent dans la cour et malheureusement l'usine également. C'est
ça qui est le plus fantastique.
M. GAGNON: Peut-être que le ministère pourra exiger
de mesurer au voyage, mais la mesure de voyage est très très
difficile dans le nord.
M. GOSSELIN: On examinera cela...
M. CLICHE: Au cours donné, ici à Duchesnay, j'avais
déjà demandé, moi, du temps que j'étais
là, au ministère, au directeur de l'école, s'il y
avait possibilité que certains cours soient donnés à
l'extérieur, soient donnés dans des régions
éloignées. On avait, de fait, donné des cours de mesurage
en Abitibi pendant une saison, une année. Cela ne s'est pas fait par la
suite mais je pense que le directeur de l'école, M. Pleau, serait
certainement en mesure de vous faire rapport là-dessus et de vous dire
quelles sont les possibilités de donner certains cours, pas n'importe
quel cours, des cours où il faut du travail de laboratoire. Mais il va
falloir que cela se fasse à Duchesnay. Certains cours pourraient
être donnés, je pense à la région de la Cote-Nord,
je pense aux Cantons de l'Est. Je pense à d'autres endroits, à
d'autres régions. Il devrait y avoir possibilité que certains
cours soient donnés à l'extérieur de façon à
alléger le fardeau à Duchesnay. Cela empêcherait
peut-être de doubler l'école à Duchesnay si on donnait
certains cours à l'extérieur. Je pense que M. Pleau, connaissant
assez la situation, pourrait vous dire quelles sont les possibilités
parce que ça s'est fait déjà. Cela devrait se refaire, et
vous avez dans vos divisions territoriales, dans vos divisions
régionales des ingénieurs forestiers qui sont compétents.
S'il n'y en a pas assez, il y a des ingénieurs forestiers qui
travaillent pour des compagnies. Vous avez des professionnels qui peuvent aller
donner des cours. Ce sont des cours qui dureraient, quoi, quelques mois par
année. Mais, cela permettrait peut-être aux officiers sur place de
se retremper un peu dans la théorie et puis cela permettrait à
une série de jeunes qui n'ont pas les moyens d'y aller de se rendre
à Duchesnay faire ce cours et puis avoir un diplôme quelconque,
devenir technicien, s'il y a des possibilités.
M. GOSSE LIN: Je remercie beaucoup le député de sa
suggestion et elle sera transmise à qui de droit
M. COITEUX: Dans le même ordre d'idées que le
député d'Abitibi-Est vient de donner, dans un autre domaine dont
on donne des notions à l'école forestière de Duchesnay,
dans des régions comme chez nous je crois qu'une entente pourrait
être facilement faite avec le ministère de l'Education dans
nos écoles techniques, si on donnait des cours, par exemple, pour
montrer ce qu'est un chaufeur, ce qu'est un homme de mire, ce qu'est un nomme
de niveau, ce qu'est un homme de boussole, qui, sans être des
techniciens, ont passé par l'école des gardes, cela serait d'un
apport considérable lorsqu'une compagnie ou un arpenteur ou un
ingénieur quelconque a besoin de ces gens-là. Autrement, c'est
assez difficile. Le soir il y aurait peut-être des gens. Que l'on mette
cela peut-être avec le ministère de l'Education, que ce soit
attaché à nos écoles techniques si on ne veut pas donner
des cours tout à fait spéciaux. Je crois qu'une programmation
pourrait être faite par le directeur de l'école des gardes
actuellement, que cela soit soumis au ministère de l'Education pour que
ces cours-là, éventuellement, des cours très minimes, mais
des cours tout de même, qui permettent encore à quelques-uns de
nos jeunes de se trouver un emploi assez rémunérateur.
M. GOSSELIN: Oui, déjà dans la province, il y a une
expérience qui se fait en ce sens. En particulier dans l'école de
Chicoutimi, par l'entremise de la régionale. Il y a un cours
spécial, un cours forestier et nous allons voir quels résultats
il va rapporter.
Je suis certain que les suggestions fort intéressantes qui nous
ont été faites par les honorables députés seront
transmises et qu'elles recevront une oreille attentive pour que nous mettions
tout en marche.
M. CLICHE: Une autre observation, si vous me le permettez. Il
faut absolument que le ministère, le directeur et le personnel
enseignant se rendent compte de leurs responsabilités, dans le sens
qu'il faut que l'éducation, au point de vue forestier, soit
améliorée, soit à la portée de plus de gens. Parce
que je sais que la tendance du ministère de l'Education, c'était
de s'accaparer de cette école-là, de la diriger et puis d'en
faire la programmation, etc. Moi, je suis d'avis que ça doit demeurer au
ministère des Terres et Forêts, à condition que les
ingénieurs forestiers, le ministère, le directeur et le personnel
enseignant prennent leurs responsabilités et donnent toute la
possibilité d'accès aux jeunes de chez nous, même à
ceux qui n'en ont pas les moyens, surtout à ceux qui n'en ont pas les
moyens. Alors, je pense que, de ce côté-là, il y a un
certain travail à faire qui devrait être fait et puis je suis
convaincu que vos officiers vont vous aider à le faire.
M. GOSSELIN: Je partage complètement l'opinion du
député d'Abitibi-Est. Cette école forestière de
Duchesnay est avant tout une école de formation pour le personnel du
ministère. Le surplus, bien entendu, s'en va dans l'industrie
privée et nous en sommes fiers, mais je crois qu'en tout temps, nous
devrons conserver la tutelle de cette école-là de manière
qu'elle demeure une école de formation. S'il le faut, qu'on ait une
école de formation pour la fonction publique, disons, mais je crois que
nous
nous devons, en tout temps, de conserver pour le ministère des
Terres et Forêts cette école de formation pour notre
personnel.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on continue? Sous-article 1,
traitements.
M. GOSSELIN: Oui, adopté; c'est ça.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2, salaires.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Frais de bureaux.
M. COITEUX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Equipement, c'est-à-dire outillage,
véhicules moteurs.
M. GOSSELIN: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Ensuite équipement en plus de l'entretien
et de l'opération. Sous-article 6. Sous-article 7, fournitures et
approvisionnements.
M. COITEUX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 8, entretien, achat de
matériaux, services contractuels.
M. COITEUX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 9, loyer d'outillage et
sous-article 10, transport et autres dépenses.
M. CLICHE: Vous me permettrez une question
générale. Est-ce qu'à Duchesnay, à l'école,
on dirige ou on administre encore de façon autonome, disons,
indépendante du ministère?
M. GOSSELIN: Ah oui!
M. CLICHE: A l'école de Duchesnay on administrait de cette
façon-là.
M. GOSSELIN: Je l'admets, c'était bien administré.
Cela n'a pas changé.
M. CLICHE: C'est encore une administration qui est
indépendante.
M. GOSSELIN: Totalement...
M. CLICHE: ... qui subvient à ses besoins.
M. GOSSELIN: ... totalement autonome. Le ministre ne s'est pas
mis le nez là-dedans depuis qu'il est là. Je suis allé la
visiter à plusieurs reprises parce que je trouve que l'école
forestière de Duchesnay a un cachet tout à fait particulier et
puis il est fort intéressant de visiter ces lieux. J'ai voulu, dans
toute la mesure du possible, conserver la coutume bien établie de leur
donner libre cours. Nous les surveillons de près, nous savons qu'il y a
là un personnel des plus compétents. Je crois qu'ils
accomplissent une oeuvre très utile et que nous devons les laisser
continuer comme ils l'ont toujours fait.
M. CLICHE: Bien moi, je ne donnerais pas une
bénédiction générale comme ça. Je ferais une
surveillance un peu plus soignée.
M. GOSSELIN: Je suis un peu moins susceptible que l'ancien
ministre.
M. CLICHE: Ce n'est pas une question de susceptibilité,
c'est une question d'administration et d'efficacité,
M. GOSSELIN: Ce n'est pas moi qui l'ai nommé. Nous
surveillons l'affaire très, très attentivement.
M. COITEUX: Depuis ce matin, j'entends le ministre vanter ses
employés, avec raison d'ailleurs et avec justification.
M. GOSSELIN: M'avez-vous déjà entendu dire le
contraire?
M. COITEUX: Non, non. Je suis rendu à rendre un grand
témoignage au député d'Abitibi-Est qui a laissé un
ministère dans lequel le nouveau ministre n'a absolument rien à
prévoir. Tout est en marche; il n'a qu'à continuer avec ses
employés.
M. GOSSELIN: Je suis très heureux de ça, je ne m'en
plains pas.
M. COITEUX: Alors, c'est un ministère où il n'y a
pas beaucoup d'ouvrage.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GOSSELIN : Je ne m'en plains pas du tout. Même que,
parfois, ça me crève le coeur de voir l'ancien ministre me
freiner sur certaines des réalisations que je suis obligé
d'accepter.
M. CLICHE: On n'est pas obligé de ne jamais faire
fonctionner l'encensoir!
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire.
UNE VOIX: C'est parce que le ministre du temps avait un bon
adjoint parlementaire.
M. LACROIX: La contribution du gouvernement fédéral
s'applique particulièrement à quel article, au point de vue de la
direction générale de la planification?
UNE VOIX: Bien, la contribution est très
appréciable...
M. GOSSELIN: Aux traitements, particulièrement.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire.
M. CLICHE: Il y a une augmentation dans la contribution ou
affectation de la contribution. La contribution est la même,
quoi»
M. GOSSELIN: C'est que, l'an dernier, cette
contribution-là a été sous-estimée et qu'elle a
été considérablement augmentée cette
année.
M. CLICHE: La contribution... M. GOSSELIN: L'an
passé...
M. CLICHE: ... générale, est-ce qu'elle est encore
la même?
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: De combien?
M. GOSSELIN: Tout cela, c'est en vertu d'une entente avec le
ministère de l'Education et dans le programme de la formation technique.
L'entente forestière, on m'informe qu'elle est périmée
depuis le 31 mars.
M. CLICHE: Le 31 mars 1967? M. GOSSELIN: 1967.
M. CLICHE: Est-ce qu'elle est renouvelée? Est-ce qu'elle
doit être renouvelée?
M. GOSSELIN: Non elle ne le sera pas... M. CLICHE:
Renouvelée.
M. GOSSELIN: Non, mais il y a eu une compensation fiscale
à un autre niveau pour ce que nous recevions du fédéral
dans ce domaine-là.
M. CLICHE: De sorte que le ministère... M. GOSSELIN:
Non.
M. CLICHE: ... n'abandonne pas les différents programmes
qui étaient déjà commencés...
M. GOSSELIN: Du tout, du tout, du tout. Vous voyez d'ailleurs les
crédits, on les amplifie. On met des crédits d'un montant
d'environ $140,000 additionnels, cette année, comparativement aux
crédits de l'an passé.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 3, direction générale du
domaine territorial y compris les subventions.
M. GOSSELIN: Il y a une légère augmentation qui est
due aux augmentations statutaires, par la convention collective et les choses
sont les mêmes que l'an dernier.
M. CLICHE: Qui est directeur du domaine territorial?
M. GOSSELIN: M. Bourbeau l'est par interim et il a un groupe
d'assistants dont M. Maurice Descoteaux, M. Bouchard et tout un groupe. Il n'y
a personne de changé depuis les heureux événements qui se
sont produits dans la province de Québec.
M. COITEUX: Vous sentez souvent le besoin d'essayer d'amoindrir
la déclaration du docteur Tremblay de Montmorency.
M. GOSSELIN: La déclaration...
M. COITEUX: Est-ce que la menace de démissions parue dans
les journaux?
M. GOSSELIN: ... de quelque autre collègue que ce
soit...
M. COITEUX: ... fulgurante?
M. GOSSELIN: Pardon?
M. COITEUX: Est-ce que c'est...
M. GOSSELIN: La menace des démissions fulgurantes dans le
parti libéral?
M. COITEUX: Non, non, parmi les hauts fonctionnaires du
ministère.
M. GOSSELIN: J'ai entendu dire en fin de semaine que le
député de Laurier, entre autres, voulait s'en aller, le
député, je ne sais pas...
M. CLICHE: Il ne s'en irait pas chez vous, s'il partait.
M. GAGNON: C'est parce que le docteur Tremblay...
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'on est loin du domaine
territorial.
L'article 3, le service des terres. Est-ce qu'il y a d'autres choses.
Adopté?
M. CLICHE: Actuellement, il y a combien d'employés au
service des terres?
M. GOSSELIN: Je vous donne ça dans deux minutes. Il y en a
45. Dans le total, il y en a 40 actuellement et nous allons avoir un personnel
additionnel. Nous allons en recruter cinq de plus, c'est-à-dire qu'il
nous faut un ingénieur forestier de plus, dans ce domaine-là, un
agent d'administration de plus. Il nous faut également un agent de
bureau classe II de plus, il nous faut un technicien en topographie classe II
de plus, et une dactylographe ou un dactylographe de plus.
M. CLICHE: Est-ce qu'il y a plusieurs employés qui sont
partis de là?
M. GOSSELIN: Il y a peut-être un employé qui
était là, un nommé Quirion je crois, qui est rendu
secrétaire de la Fédération de...
M. CLICHE: Non, non, je ne questionne pas.
M. GOSSELIN: ... secrétaire de la fédération
libérale.
M. CLICHE: Je ne questionne pas pour savoir si Quirion est parti.
Je le sais qu'il est parti.
M. GOSSELIN: Il a démissioné, il n'a jamais
été...
M. CLICHE: Je demande s'il y a plusieurs officiers ou plusieurs
membres de cette direction-là qui sont partis?
M. GOSSELIN: Non.
M. CLICHE: Plusieurs employés?
M. GOSSELIN: Il n'y en a pas.
M. CLICHE: Il n'y en a pas.
M. GOSSELIN: Il n'y en a pas, pas à ma connaissance.
M. CLICHE: Est-ce que le ministre est satisfait du rendement que
donne ce service-là?
M. GOSSELIN: Bien voici...
M. CLICHE: A la population, j'entends.
M. GOSSELIN: Je suis satisfait du rendement que donnent les
employés avec les moyens qu'ils ont. Cependant on ne peut pas dire que
je suis totalement satisfait quant aux services qu'on donne à la
population. Il y a là, comme ailleurs, des changements qui ont
été amorcés que nous continuons et que nous voulons
améliorer dans toute la mesure du possible, parce que c'est un domaine
assez compliqué.
M. LACROIX: Est-ce que vous prévoyez apporter des
améliorations dans l'immédiat ou si c'est pour...
M. GOSSELIN: Oui, oui, nous voulons le faire vite dans toute la
mesure du possible. Cependant, il y a quelque chose qu'il faudrait signaler.
C'est qu'au ministère des Terres et Forêts, cela a
été déploré par mon prédécesseur,
comme je le déplore aujourd'hui, c'est que nous avons des
employés qui sont éparpillés dans toute la ville de
Québec, dans seize endroits différents.
Or lorsqu'il s'agit d'obtenir certains renseignements et que ces
officiers-là souvent doivent, pour compléter les informations
qu'on leur demande, courir d'un endroit à l'autre, eh bien, mon Dieu, il
y a une perte de temps considérable et il y a une efficacité dans
le travail aussi qui n'est pas adéquate.
M. COITEUX: On le sait, nous, surtout depuis que nous n'avons
plus le droit de téléphoner aux employés.
M. GOSSELIN: Ah! M. le Président, ça, c'est faux,
archi-faux. Jamais en aucune circonstance celui qui vous parle, M. le
Président, a fait des menaces à qui que ce soit et les a
empêchés de donner toutes les communications possibles, et bien
plus que ça, M. le Président, je me suis fait un scrupule
extraordinaire toutes les fois qu'il me venait un député de
l'Opposition en particulier pour lui répondre le plus vite possible,
pour être sûr là...
M. COITEUX: Ou d'avoir le secrétaire pour répondre
toujours.
M. GOSSELIN: Je trouve que c'est déjà assez
difficile pour eux d'accepter la vallée de l'humiliation qu'il ne
faudrait pas au moins les priver de ça. Alors là, on va
faire...
M. CLICHE: Est-ce qu'on est sensé applaudir ou
déplorer la déclaration que vous venez de faire?
M. GOSSELIN: Tout va selon la bonne volonté des
hommes.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CLICHE: Je reviens à cette question-là pour dire
que quand un député correspond avec ce service-là, on
reçoit une réponse. Il n'y a pas d'erreur, on reçoit une
réponse.
M. GOSSELIN: Oui, comme dans tous les autres services
d'ailleurs.
M. CLICHE: Qu'il soit député de l'Opposition ou
député ministériel, je pense qu'il reçoit une
réponse.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Mais est-ce que la population, le grand public qui
s'adresse directement au ministère des Terres et Forêts, service
des terres, reçoit une réponse et une solution à ses
problèmes? Moi, je crois que non, d'après les plaintes que nous
recevons.
M. GOSSELIN: Non.
M. CLICHE: C'est un service important pour le public. Pas au
point de vue économique, je ne pense pas. Mais pour donner au grand
public une image de l'administration, pour démontrer l'efficacité
de l'administration, je pense que le service des terres devrait être
réaménagé, peut-être, je ne sais pas trop de quelle
façon, mais je me permets de suggérer que la Commission de la
fonction publique a des experts à sa disposition pour faire des
enquêtes. Je pense qu'une enquête devrait être faite
là, parce que les demandes entrent. C'est formidable le nombre de
demandes qui entrent chaque jour de la semaine, c'est formidable, le nombre de
gens qui sont de la région de Montréal en particulier ici et
là, de gens qui n'ont jamais aucun contact avec
l'administrationpro-vinciale sauf pour s'informer, question d'ac-
quérir, de louer du terrain. On doit leur donner une attention à
ces gens-là. Ce sont des contribuables. Dans le passé, on a
tenté de réaménager ce service mais, pour
différentes raisons, de mon temps comme du temps de ceux qui m'ont
précédé, on n'y a pas donné une attention
suffisante avec le résultat que, je pense je n'ai pas de preuve
de ça et personne ne m'a donné aucun renseignement
d'après les lettres que nous recevons de particuliers qui se plaignent
de ne pas avoir de réponse, le service actuel ne répondpas
à la situation. Alors le ministre devrait voir, donner une attention
spéciale à ça, en demandant à ses sous-ministre, au
chef du personnel d'y voir de façon à donner plus
d'efficacité, plus de rendement. C 'est très important.
M. GOSSELIN: Je suis parfaitement d'accord avec les remarques que
vient de faire l'honorable député. Cependant, je dois lui dire
que depuis la venue de M. Maurice Descôteaux, à la tête de
ce service, les choses ont été améliorées
considérablement. Il y a un autre aspect aussi de la question que l'on
doit prendre en considération. C'est qu'il y a une quantité
très considérable de gens qui s'adressent au service des terres
de la province pour avoir des renseignements sur tel et tel lot. Or, il arrive
que, dans plusieurs correspondances que j'ai obtenues, que j'ai eues au bureau
tant de mon comté que d'ailleurs, il y a des lots qui sont sous
juridiction de l'Agriculture et de la Colonisation et qui ne sont pas sous la
juridiction du ministère des Terres et Forêts. Ceci
n'empêche pas, bien entendu, de répondre et de le dire à
celui qui écrit.
M. CLICHE: Oui, c'est ça. Je comprends que tous les
problèmes ne peuvent pas être réglés
immédiatement. Il y a des difficultés de lieux, il y a des
difficultés considérables, mais...
M. COITEUX: Je vais vous donner un cas d'espèce que j'ai
vécu la semaine dernière. Une information m'était
demandée par téléphone par un entrepreneur de Sept-Iles.
Je sais pertinemment bien que le territoire en question, je le connais, il
appartient au ministère des Terres et Forêts. Alors j'appelle au
ministère. Le chef de service est en voyage et son assistant n'est pas
là pour une raison certainement justifiée. Alors un
troisième me répond. Je lui demande cette chose-là. Il me
dit: Attendez, je vais aller vous chercher l'information, à savoir si
les lots avaient été révoqués ou non. Il m'arrive
au téléphone et me dit: Monsieur je ne peuxpas vous donner de
réponse, il va falloir que vous vous adressiez au fichier de la
Colonisation.
J'ai dit: Ecoutez un peu, je sais ce dont je parle, je suis l'ancien
adjoint parlementaire du ministre. C'est ma place et je sais que cela
appartient aux Terres et Forêts. Alors de cette façon-là,
il m'a dit: Je vous donnerai la réponse demain. Cela fait quatre jours
et je ne l'ai pas encore. Si le client qui écrit et que ça tombe
dans les mains de ce fonctionnaire-là et qu'il lui réponde
pareille chose, imaginez que le gars à l'autre bout est en maudit! Je
suis d'accord avec le ministre, il y a eu énormément
d'amélioration. Il y en a encore à faire, surtout du
côté de l'émission des lettres patentes. C'est fantastique
comment cela peut causer du tort.
M. GOSSELIN: Je suis parfaitement d'accord...
M. COITEUX: Les lettrespatentes... Prenez un entrepreneur qui
demande surtout par l'entremise de la Société...
M. GOSSELIN: De la Société générale
de financement.
M. COITEUX: ... générale de financement. Bon! Alors
là, voici, ces gens-là commencent à construire. Il faut
qu'ils attendent une certaine période de construction ou un certain
stade de construction.
M. GOSSELIN: La Société d'hypothèques et de
logement.
M. COITEUX: Alors là, il faut qu'ils attendent
d'après la loi. Je ne conteste pas cette loi-là Il faut qu'il y
ait un certain montant de la maison, une certaine partie de la maison de
construite, finie. A ce moment-là, l'inspecteur du gouvernement, le chef
de district vient ou envoie un de ses hommes et constate. Et on fait la demande
des lettres patentes. Mais souvent les locataires ou les acheteurs de cette
maison-là sont rendus dedans, et les lettrespatentes ne sont pas
arrivées. Alors la centrale d'hypothèques ne peut pas marcher.
Qu'est-ce qui se produit? Bien, des petits fournisseurs font banqueroute. Des
entrepreneurs font banqueroute. Et je crois que c'est juste une question de
fonctionnarisme. Parce que le gars y a droit ou n'y a pas droit. Le rapport est
là. Pourquoi? Je ne m'explique pas que ça prenne quatre mois
avant que ces lettres patentes lui parviennent. Moi-même, je suis
obligé très souvent de faire des interventions personnelles pour
sauver certains gars, de hâter l'émission de lettres patentes.
M. GAGNON: Cela fait du bien.
M. COITEUX: Bien, cela leur fait du bien. C'est parce qu'ils en
ont trop probablement. C'est une question de service. Ce n'est pas une
question...
UNE VOIX: ... Agriculture et Colonisation et Terres et
Forêts.
M. GOSSELIN: Chacun à ses heures.
M. COITEUX: C'est parce que cela crée
énormément de...
M. CLICHE: En parlant du domaine territorial. Vous avez
reçu, je suppose, des délégations de Baie-Comeau et de
Hauterive.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Est-ce que le cas a été
réglé? Ce problème-là entre les deux villes.
M. GOSSELIN: Je suis heureux que l'ex-ministre me parle de cela.
C'est que, samedi soir dernier, j'avais justement l'occasion de rencontrer deux
délégations à Hauterive et à Baie-Comeau, alors que
j'allais prononcer une conférence devant l'association
forestière. Et là, on m'a signalé l'imbroglio qui existe
et que je connaissais déjà. Voici que quelque mois après
mon arrivée au ministère, j'ai eu des représentations de
la part des autorités de la ville de Baie-Comeau et de Hauterive et,
à ce moment-là, les autorités m'avaient laissé
entendre qu'il y avait possibilité de deux choses. La première la
fusion de deux municipalités en une seule, soit Hauterive et
Baie-Comeau, et la deuxième d'une entente à l'amiable avec cette
société de construction quelconque qui veut administrer ce
domaine-là.
Alors, j'ai laissé porter les choses jusqu'à ce que les
autorités elles-mêmes me fassent des représentations ou des
suggestions quant à la manière de disposer de ce
territoire-là. Samedi soir dernier, on m'a dit que d'abord là,
les deux conseils en sont venus à une entente qu'il y a de grandes
possibilités que ça se fusionne. Là ils ont fait
l'unanimité pour que les deux municipalités ne deviennent qu'une
seule. Maintenant, il reste, lorsque la nouvelle municipalité sera
formée, bien, cette société-là qui veut se porter
acquéreur de ces terrains-là pour faire un développement,
de quelle manière pour-ra-t-on en disposer? Il y a toute une
série de clauses qu'il me faudra faire étudier. D'ailleurs M.
Bourgault, mon sous-ministre, s'est occupé très attentivement de
ce problème, très activement plutôt de ce problème
et il y a certaines
clauses résolutoires qui ont été passées,
qui sont comprises dans l'acte mais dont il va falloir avoir une
interprétation plus précise.
Devrons-nous l'avoir du ministère de la Justice? Eh bien,
là, ce seront des choses que nous discuterons. Cependant, je crois que
pour le moment, ce que nous aimerions d'abord (et je crois que c'étaient
les vues de mon prédécesseur aussi) c'est que les citoyens qui
sont sur place s'entendent eux-mêmes entre eux sur ce qu'il y a à
faire sur ledit territoire. C'est pour le bien de la région, et il
appartient aux gens de la région de nous faire les suggestions et de
nous donner, en somme, leur opinion sur toute cette question.
M. CLICHE: Pour les membres du comité qui sont ici et qui
ne sont pas au courant de la situation, le problème est à peu
près le suivant. La ville de Baie-Comeau est propriétaire d'un
aéroport, et le terrain de l'aéroport est situé dans les
limites de la ville voisine qui s'appelle Hauterive. Il y a une clause au
contrat de la ville de Baie-Comeau, contrat passé entre les Terres et
Forêts et la ville de Baie-Comeau, a l'effet que, lorsque le terrain
devant servir d'aéroport ne sera pas utilisé par la suite
à cette fin-là, pour fin d'aéroport, le terrain revienne
aux Terres et Forêts. La ville de Baie-Comeau a, de fait,
déménagé l'aéroport à un autre endroit:
à Pointe-Lebel et la ville de Haute-rive disait au ministère:
Donnez-nous le territoire. La ville de Baie-Comeau disait: On a investi des
sommes considérables. Compensez-nous! Nous voulons le garder comme
aéroport local. En tout cas, il y avait toute une série de
difficultés entre les deux villes à cause de cet
aéroport-là! La ville d'Hauterive disait avoir besoin de ce
terrain pour agrandir les limites de la ville, pour permettre...
M. GOSSELIN: L'expansion.
M. CLICHE: ... l'expansion de la construction. Alors cela créait
des difficultés, et de nombreuses délégations sont venues
au temps où j'étais là. La solution à trouver
n'était pas facile. J'ai moi-même suggéré, pour
régler le problème, qu'il y ait une fusion des deux
municipalités. Mais à l'époque, je pense que les
personnalités qui occupaient les postes d'importance dans les deux
villes n'étaient pas tellement favorables à cela. Tant mieux si
l'on s'y dirige maintenant et qu'on règle le problème de cette
façon-là. Mais il y a également les droits du
ministère à envisager une aide à la ville ou aux villes
mais le trésor public va probablement récupérer des sommes
considérables dans ce cas-là.
M. GOSSELIN: D'ailleurs, tous ceux que f ai rencontrés en
fin de semaine m'ont promis qu'ils feraient diligence et qu'ils m'enverraient
chacun leur mémoire dans un avenir très rapproché. A la
lumière des nouvelles informations qui seront mises sur papier, eh bien,
nous verrons quelle solution sera la plus avantageuse pour tout le monde.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on procède maintenant...
M. LACROIX: L'honorable ministre peut-il porter une attention
particulière aux problèmes que nous rencontrons aux
Iles-de-la-Madeleine, en ce qui concerne les titres de propriété?
Je crois que je réserverai mes commentaires au poste budgétaire
no 2, de l'article 3: service du cadastre, et au service de l'arpentage et de
géodésie.
M. GOSSE LIN: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'on passe à l'article
traitements?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Frais de voyage. Adopté.
M. LE PRESIDENT: 4, honoraires.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors l'article 3, sous-article 2: service du
cadastre: traitements, adopté.
M. LACROIX: Est-ce que le ministère a l'intention de
continuer le travail de préparation du cadastre du comté des
Iles-de-la-Madeleine?
M. GOSSELIN: Oui, d'ailleurs il y a une somme assez
considérable qui est mise de côté pour continuer le travail
déjà entrepris aux Iles-de-la-Madeleine.
M. COITEUX: Le ministre, tantôt à l'article 2...
M. GOSSELIN: Il y a deux programmes. Je voudrais rectifier, je
voudrais donner cette rectification-là, il y a des
possibilités...
M. COITEUX: D'accord.
M. GOSSELIN: ... là, nous avons un certain montant que
nous octroyons cette année, par l'entremise du ministère; il y a
de grandes possibilités, aussi, par l'ARDA de continuer...
M. LACROIX: Le ministère a-t-il encore l'intention cette
année de retenir les services de l'arpenteur-géomètre
Germain Boucher, qui travaille sur l'île de Cap-aux-Meules cette
semaine?
M. GOSSELIN: Ah, je crois que oui. Il n'y a pas de changements.
Oui, s'il n'y a pas d'autres changements. Je ne vois pas la logique qu'il y
aurait à changer un arpenteur qui a déjà été
sur place et qui a déjà, dans son étude, toutes les
données nécessaires. Je ne verrais pas qu'il faille le
changer...
M. LACROIX: Quel montant prévoyez-vous dépenser
cette année au ministère?
M. GOSSELIN: Bien, tout dépendra des ententes que nous
pourrons faire avec l'ARDA, mais ce sera environ $70,000 à $100,000.
M. LACROIX: Parce qu'apparemment, avant que le gouvernement
fédéral...
M. GOSSELIN: Avec cela, ça finirait complètement le
travail.
M. LACROIX: Oui, parce que si on attend l'ARDA avant que le
contrat n'intervienne entre le gouvernement provincial et le gouvernement
fédéral, ça peut aller...
M. GOSSELIN: Déjà, le ministère s'occupe de
cela.
M. LACROIX: Maintenant, est-ce que le ministère entend
déposer le cadastre de l'île Amherst pour le terme exact,
je ne pourrais le dire
M. GAGNON: L'homologation.
M. LACROIX: L'homologation du cadastre parce qu'actuellement, il
doit s'écouler une période de temps entre le moment du
dépôt du cadastre et le moment où il devient officiel. A
l'heure actuelle, il est très difficile d'obtenir des certificats de
propriété aux Iles-de-la-Madeleine. Mais, comme ce
travail-là a déjà été accompli il y a
déjà quelque temps, cette année, je crois que le
ministère devrait être en mesure de déposer le
cadastre.
M. GOSSELIN: Je dois dire au député des
Iles-de-la-Madeleine qu'au fur et à mesure que les rapports nous
arrivent des arpenteurs-géomètres, nous nous
dépêchons de les déposer. Nous les déposons
immédiatement.
M. COITEUX: Tantôt, lorsqu'on a demandé les
explications au ministre concernant les frais contractuels au poste 2, services
contractuels sous-article 5 du poste 2, il nous a dit que c'était pour
les services contractuels, pour mettre le cadastre à jour et, là,
je vois ici qu'il y a encore $120,000 à ces fins-là.
M. GOSSELIN: Du montant de $120,000, pour commencer les travaux
immédiatement, il y avait un montant de $70,000 de réservé
pour les travaux à faire aux Iles-de-la-Madeleine. Alors, ça
explique...
M. COITEUX: Ah bon!
M. CLICHE: Le rapport du ministère des Terres et
Forêts n'a pas encore été déposé?
M. GOSSELIN: Oui, mais il ne faudrait pas confondre là. Au
poste budgétaire 2, les services contractuels, ce n'était pas
tout à fait la même chose. Ce poste-là, c'était pour
les revisions, c'était pour les études économiques, tandis
que l'autre c'était...
M. COITEUX: Je comprends que c'était pour les
études économiques, mais le ministre a mentionné, au cours
de ses remarques, que c'était aussi... Vous avez fait toute une longue
démonstration pour dire que c'était important de faire
miméographier le cadastre. Alors, ce n'était pas à ce
sous-article-là...
M. GOSSELIN: C'est parce que l'autre domaine, c'était
l'achat de matériel qui était entré ce dont on
avait besoin pour compléter alors, c'était pour les films,
le matériel photographique et autre, au poste 1.
M. LE PRESIDENT: M. Cliche a posé une question, si
M...
M. GOSSELIN: A part cela, pour compléter la réponse
que j'ai donnée tout à l'heure, il y a les revisions cadastrales
qui seront pour un montant d'environ $50,000 au poste budgétaire 3,
article 2 et sous-article 4.
M. LE PRESIDENT; M. Cliche a posé une question.
M. CLICHE : Le rapport du ministère n'a pas encore
été déposé?
M. GOSSELIN: J'ai expliqué pourquoi, ce matin, au
début de mes remarques et je le déplore. L'an passé, le
rapport du ministère du Travail
avait été fait par la compagnie Page & Sangster de
Sherbrooke et, cette année, le ministre du Travail, ayant
recommandé l'impression du rapport du ministère du Travail dans
une autre région, sur ma recommandation, je n'ai pas
hésité à donner à la même compagnie qui avait
fait l'impression du rapport du travail, Page & Sangster, notre rapport du
ministère des Terres et Forêts. Maintenant, il y a
déjà trois ou quatre mois que toutes les données ont
été envoyées à cette compagnie-là. Nous
avons communiqué avec elle pour qu'elle fasse diligence et qu'elle
l'envoie dans le plus bref délai. Cependant, ils sont d'une minutie
extraordinaire. Le rapport du travail de l'an passé était
très bien préparé et, cette compagnie-là, lorsqu'il
y a le moindre changement qui se fait, écrit immédiatement et
demande l'autorisation de M. Brisebois avant de faire le changement, même
d'un seul mot. Alors, nous attendons. J'aurais aimé l'avoir pour le
déposer. Sachez que j'ai fait l'impossible pour tâcher de
hâter...
M. CLICHE; Est-ce que vous devez l'avoir prochainement?
M. GOSSELIN: Oui, je crois que nous devrions l'avoir
peut-être pour la fin de semaine. Dès que je l'aurai, je le
déposerai avec plaisir.
M. LE PRESIDENT: Alors, on a sauté une couple de
sous-articles. Les traitements, frais de voyage, sous-article 2; sous-article
3, équipement.
M. GOSSELIN: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4, nous l'avons vu. Sous-article
5...
M. GOSSELIN: Quatre.
M. LE PRESIDENT: On l'a vu. Cinq.
M. CLICHE: Il reste quatrièmement, je reviens sur ce
sous-article-là, ce poste-là plutôt. Ce sont des contrats
qui sont accordés dans ce cas-là à des arpenteurs.
M. GOSSELIN: Les arpenteurs-géomètres, de la
même façon que ça se faisait antérieurement. Mes
officiers après avoir étudié les endroits, avaient
préparé les recommandations.
M. CLICHE: Est-ce qu'il ne s'agirait pas de
l'établissement de points géodésiques, en particulier
à ce poste-là?
M. GOSSELIN: Non, ça va venir à l'article 3.
M. CLICHE: Article 3.
M. GOSSELIN: Oui, service de l'arpentage et de
géodésie.
M. CLICHE: Alors, ce sont des travaux qui sont faits, où
en particulier? Les travaux d'arpentage.
M. GOSSELIN: Bien, les travaux d'arpentage...
M. CLICHE: Plutôt des travaux de cadastre.
M. GOSSELIN: Les travaux de cadastre, là. Il y a aux
Iles-de-la-Madeleine, $70,000. Après ça, il y en a qui vont se
faire, ah! mon Dieu, il y a eu quelque chose qui ne marche pas là dans
les cantons en Abitibi.
M. CLICHE: Ne me dites pas qu'ils n'ont pas bloqué ces
articles-là!
M. GOSSELIN: On les a acceptés. Dans le
Témiscamingue, le nord de Montréal, au Lac-St-Jean, je ne
pourrais pas donner les détails ici. Si un député les veut
là, je garderai... Il pourra appeler mes officiers.
M. HARVEY: Pour compléter le plan du Lac-St-Jean.
M. COITEUX: Est-ce qu'il y a des montants prévus à
même cet article-là pour continuer le travail mis à jour du
cadastre sur la Côte-Nord, dans la nouvelle municipalité de la
basse Côte-Nord, le travail entrepris déjà depuis deux
ans?
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Le ministre pourrait-il me dire le montant?
M. GOSSELIN: La répartition, ici, environ... Pour ne pas
donner d'informations imprécises à l'honorable
député, je lui donnerai la réponse de ça par ce qui
a été préparé. Je l'ai vu d'ailleurs dans la
préparation du budget lorsque nous sommes allés discuter nos
crédits au conseil de la préparation.
M. COITEUX: Parce que c'est un article qui est extrêmement
urgent, parce que les Affaires municipales, ça crée
d'énormes problèmes.
M. LE PRESIDENT: Article 4 adopté. Article 5,
subventions.
M. LACROIX: Il y a un montant considérable, là.
M. GOSSELIN: Ce sont les subventions à être
données aux municipalités. Maintenant à cet article,
subventions, M. le Président, je voudrais dire tout de suite que nous
avons des demandes très très considérables. Je crois que
l'ex-ministre s'en souvient...
M. CLICHE: Habituellement, le député de Shefford
venait discuter des crédits du ministère des Terres et
Forêts. Une des principales questions qu'il posait c'était:
Combien de subventions accordez-vous â Waterloo? Alors il n'y est pas
cette année. Je voudrais poser la question en son nom.
M. GOSSELIN: Je n'essaierai pas de vous passer de Waterloo. Cela
a été payé avant que j'arrive, au complet.
M. CLICHE: Il n'y en a pas avec le nouveau gouvernement.
M. GOSSELIN: Il n'en a pas besoin. Vous aviez fini les travaux.
C'est peut-être un des endroits où je peux payer un tribut
d'hommage au député d'Abitibi-Est, où il a au moins
terminé ce qu'il avait entrepris.
UNE VOIX: On peut toujours allonger la liste.
M. GOSSELIN: Alors on a une quantité très
considérable...
M. CLICHE: C'est pour ça qu'il n'est pas ici, le
député de Shefford.
M. GOSSELIN: Il est occupé d'ailleurs à un endroit.
Notre grande demande pour un montant de $241,000, cependant on ne croit
pas...
M. CLICHE: Pourriez-vous donner la liste des places où
sont attribuées des subventions?
M. GOSSELIN: Il faut tout dire aussi que, lorsqu'on demande que
ces travaux-là soient faits ou que nous acceptions de partager dans le
coût de ces travaux-là, on ne les fait pas tous la même
année et on ne les paie pas tous non plus la même année. Il
y a Saint-Hyacinthe, Douville, il y a Saint-André-Avellin dans le
comté de Papineau il y a La Tuque dans le comté de Laviolette, il
y a Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix, il y a Saint-Constant dans Laprairie, il
y a la Malbaie dans Charlevoix, Saint-Georges-Ouest, dans la Beauce, ville
Saint-Georges, dans la Beauce, Saint-Luc-de-Laval dans le Saguenay,
Portage-du-Port, dans Pontiac, Saint-Eleuthère dans Kamouraska,
Bélair, à Québec, Hauterive dans le Saguenay,
Sainte-Madeleine dans Sainte-Hyacinthe et Trois-Rivières dans
Trois-Rivières.
Après ça vous avez Beauceville et vous avez d'autres
subventions qui ont été payées cette année. La
ville de La Tuque a eu une subvention de $10,000; le village de Providence,
comté de Sainte-Hyacinthe, $5,800; Saint-Joseph de Sainte-Hyacinthe,
$3,500; la ville de Belair, dans le comté de Portneuf, $2,192.75;
Venise-en-Québec, dans le comté de Missisquoi, $10,350; ville de
Matane, comté de Matane, $4,500; le village de Sayabec, dans le
comté de Matapédia, $2,500; le village de Rawdon, comté de
Montcalm, $4,272; la ville de Waterloo, comté de Shefford, $3,500; la
municipalité de Girard-ville, $1,605; le village de Cookshire, dans
Compton, $1,770.
M. CLICHE: C'est trop pour Compton.
M. MAILLOUX: Est-ce que le ministre pourrait me donner...
M. VAILLANCOURT: A quoi servent ces subventions-là?
M. GOSSELIN: A aider les municipalités à faire
faire la revision de leur cadastre.
M. MAILLOUX: Est-ce que le ministre pourrait me donner les
montants alloués à Baie-St-Paul et à la Malbaie?
M. GOSSELIN: Oui. Baie-St-Paul et Malbaie...
M. VAILLANCOURT: Quel pourcentage payez-vous pour la revision
de...
M. GOSSELIN; Une seconde! Voici, M. Mailloux. Je voudrais dire au
député de Charlevoix, tout de suite, que cela ne veut pas dire
que nous paierons ce montant total cette année, mais pour les travaux de
la ville de la Malbaie elle-même, dans Charlevoix, une subvention totale
de$10,000 a été demandée. Maintenant, vous avez...
M. MAILLOUX: Baie-St-Paul?
M. GOSSELIN: La Malbaie, c'est $10,000; je dis bien. Puis
Baie-St-Paul veut $15,000.
M. MAILLOUX: C'est important pour Baie-St-Paul parce
qu'effectivement, la maison du député de Charlevoix a
changé de municipalité à cause d'une erreur de
cadastre!
M. GOSSELIN: Ah mon Dieu!, ne me dites pas, je pensais que vous
étiez parti avec l'inondation!
M. VAILLANCOURT: M. le Président, quel est le pourcentage
des subventions qui sont accordées aux municipalités pour la
revision de leur cadastre?
M. GOSSELIN: C'est environ $10 par lot, lorsque c'est une
nouvelle division, et $5 par lot si cela a été
antérieurement cadastré.
M. VAILLANCOURT: Ce qui veut dire environ 50% du coût?
M. GOSSELIN: A peu près. C'est difficile. Tout
dépend du travail qu'il y a à faire. Si les données sont
faciles, c'est à peu près de 50% à 60% de tous les
travaux.
M. LE PRESIDENT: Alors, poste 6, honoraires et autres
dépenses. Article 6, adopté? Numéro 3, sous-article 3,
service de l'arpentage et de géodésie.
M. GOSSELIN: Alors, il y a au service de l'arpentage et de
géodésie une augmentation qui est surtout due à la
convention collective, comme pour tous les autres articles dans ce
domaine-là. Il n'y a eu aucun changement de personnel...
UNE VOIX: Ni de salaires? M. GOSSELIN: Non plus.
M. COITEUX: Maintenant, à l'article « salaires,
» est-ce que le ministre juge suffisant le nombre d'arpenteurs maintenant
au service de l'arpentage pour les inspections?
M. GOSSELIN: Non, pas tout à fait, il nous en faudrait
davantage, mais là comme ailleurs, il reste toujours la question de les
trouver. Cette année, d'après les effectifs autorisés, il
faudrait sans faute avoir onze arpenteurs-géomètres de plus au
service de la province de Québec, si nous voulons réellement
améliorer la situation.
M. COITEUX: Est-ce que le ministre pourrait nous dire le montant
des contrats?
M. GOSSELIN: Pour l'information du député, nous
avons quatre nouveaux diplômés qui ont déjà
accepté de s'en venir au ministère.
M. COITEUX: Est-ce que le ministre serait en mesure de nous dire
le montant des contrats d'arpentage qui, actuellement, n'ont pas encore
été vérifiés?
M. GOSSELIN: Ah mon Dieu! je ne saurais dire au
député. Je serais bien en peine de le lui dire de mémoire.
Il faudrait que je le demande à mes officiers.
M. COITEUX: Est-ce que le ministre est au courant que cela
dépasse les millions?
M. GOSSELIN: Non, je pense que...
M. COITEUX: Est-ce que le ministre trouve normal qu'il y ait
à peu près de $9 à $10 millions de contrats qui n'ont pas
été vérifiés?
M. GOSSELIN: Je trouve que le député est fort bien
renseigné, il aurait dû...
M. COITEUX: Bien, c'est ma ligne!
M. GOSSELIN: ... dire cela à son ancien ministre.
M. COITEUX: Je le lui ai dit dans le temps et même il avait
fait des démarches. C'est pour cela que ma question s'acheminait
là. Est-ce que le ministre n'envisage pas du contractuel pour faire
vérifier cela?
M. GOSSELIN: Certainement Déjà nous avons mis des
spécialistes en la matière pour surveiller et améliorer
cette situation-là.
M. COITEUX: C'était l'attitude que l'ancien ministre avait
prise.
M. GOSSELIN: Ah oui! alors on essaie de corriger cela. Cette
année, dans toute la mesure du possible tout en donnant de nouveaux
contrats, nous allons tâcher d'enrayer, les irrégularités.
Nous allons arrêter cela le plus tôt possible.
M. COITEUX: Je ne prétends pas qu'il y ait eu des
irrégularités, mais je dis qu'on ne s'est pas rendu compte si il
n'y en avait pas.
M. GOSSELIN: Alors, tout de même, on vérifiera, et
on tâchera d'organiser l'affaire.
M. COITEUX; Cela ne tient pas debout, parce que...
M. CLICHE: Il ne faudrait pas seulement chercher les
irrégularités, il faudrait faire du travail aussi.
M. GOSSELIN: C'est la moindre de mes préoccupations, parce
que j'ai tellement d'autres choses à faire que je n'ai pas le temps de
fouiller s'il y a des puces ou des punaises de travers dans...
M. LE PRESIDENT: Frais de voyage...
M. CLICHE: Parlant de « traitement », est-ce que le
ministre...
UNE VOIX: Est-ce que le ministre pourrait... M. LE PRESIDENT: Un
instant! M. GOSSELIN: Pardon?
M. VAILLANCOURT: Est-ce que le ministre pourrait expliquer ce que
ce service-là comprend?
M. GOSSELIN: Certainement. Le service est responsable de
l'exécution de tous les travaux d'arpentage et de géodésie
faits dans la province et en particulier de la subdivision, de la
répartition, du mesurage et du bornage des terres de la Couronne. Il lui
incombe d'établir les points géodésiques requis pour
asseoir les autres travaux d'arpentage. Il doit également faire la
désignation des lots, le calcul de leur superficie, l'organisation des
cantons, la drescription des districts électoraux, des
municipalités et des paroisses, des lots de grèves ou de lots
dans l'eau profonde, des territoires de chasse et de pêche, des
propriétés minières, des concessions forestières,
des problèmes relatifs aux frontières. En somme, ce
service-là est divisé aussi en divers autres services qui font un
travail extraordinaire.
M. VAILLANCOURT: Si j'ai posé la question, ce n'est pas
seulement pour moi, c'est parce que ceux qui lisent le journal des
Débats, cela va les renseigner aussi.
M. GOSSELIN: Certainement, très bien. Je prendrai une
demi-heure après...
M. CLICHE: Parlant d'arpentage, est-ce qu'on peut ici discuter de
la faculté d'arpentage et de génie forestier, la faculté
de géodésie?
M. GOSSELIN: Certainement.
M. CLICHE: Combien d'arpenteurs graduent chaque année
à l'université Laval? Parce que c'est le seul endroit où
il y a une faculté?
M. GOSSELIN: 19. J'ai dit d'ailleurs antérieurement, dans
une remarque, qu'il y avait 30 ingénieurs forestiers qui graduaient
cette année et 19 arpenteurs-géomètres.
M. CLICHE: 19? M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Maintenant, est-ce que le nombre augmente? Parce que
l'on voit un chiffre aux prévisions budgétaires, on voit 38 et
34. Est-ce que cela indique le nombre d'employés?
M. GOSSELIN: C'est que les effectifs sont de 38 et puis il y en a
présentement en place, 30. Il y a quatre postes vacants, il y a trois
arpenteurs-géomètres qui ont décidé de se lancer
dans la pratique privée ou ailleurs, au cours...
M. CLICHE: Qui étaient au ministère?
M. GOSSELIN: ... de l'année...
M. CLICHE: Qui étaient au ministère?
M. GOSSELIN: ... depuis deux ans. Il y en a un là-dessus
qui nous a laissés aussi. Il est mort.
M. CLICHE: Bien lui, on ne peut pas le blâmer de diminuer
le nombre.
M. GOSSELIN: Non, mais tout de même son poste demeure
vacant.
M. CLICHE: Est-ce qu'il est mort après le 5 juin?
M. GOSSELIN: Bien, si c'était après le 5 juin,
c'était dû au traitement qu'il avait reçu avant le 5
juin.
M. CLICHE: Ou au traitement qu'on lui avait annoncé le 5
juin.
M. LACROIX: C'est plutôt celui que vous lui aviez
annoncé.
M. LE PRESIDENT: Frais de voyage, article 2, adopté?
M. VAILLANCOURT: A-t-il donné son certificat de
décès?
M. GOSSELIN: C'est un farouche, il est mort de ça.
M. LE PRESIDENT: Equipement, article 3.
M. CLICHE: En quoi consiste l'équipement M. le
ministre?
M. GOSSELIN: Equipement, matériel, je vais vous donner
ça dans deux secondes. Il faut acheter 3,500 bols en aluminium, il faut
acheter 20,000...
M. COITEUX: Est-ce qu'il y a des soumissions demandées
pour ça?
M. GOSSELIN: Pardon? M. COITEUX: Soumissions?
M. GOSSELIN: C'est envoyé au service des achats et le
service des achats s'occupe de ça. Je n'ai pas d'affaire dans ça.
Si cela avait été des piquets en bois, peut-être que je
m'en serais occupé mais pas ça. Des médaillons à
part de ça, 4,000 repères de médaillons. Tout ça
d'après les prévisions budgétaires... Pardon?
M. LACROIX: Ce ne sont pas les repaires de l'Union Nationale?
M. GOSSELIN: Non. Ce ne sont pas les repaires des brigands, des
libéraux non plus.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4, service contractuels et frais
d'équipe, ensuite honoraires et autres dépenses.
M. COITEUX: Maintenant, dans le service contractuel, est-ce qu'il
s'agit de la continuation des travaux entrepris suivant une planification bien
arrêtée?
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Par le ministère...
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: C'est la continuation de ces travaux-là.
M. GOSSELIN: Vous avez ici, d'abord, l'établissement et le
renouvellement de lignes pour fin de cartographie. Après ça, vous
avez l'établissement et le renouvellement de lignes pour les fins
minières. Après ça, vous avez les points
géodésiques, vous avez la direction générale du
domaine territorial et puis vous avez la direction générale des
bois et forêts qui est dans le besoin. Il y en a même qui font des
demandes. Après vous avez aussi au ministère des Forêts des
travaux que nous faisons pour le compte d'autres ministères. Le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, par exemple,
veut avoir des travaux pour $50,000 cette année; le ministère de
l'Agriculture et de la Colonisation, pour $25,000; le ministère de
l'Industrie et du Commerce, pour $10,000. Lorsque le député
demandait tout à l'heure si nous inspections les travaux-là qui
sont faits, eh bien, nous avons cette année une somme de $40,000 pour
procéder aux inspections des travaux faits.
M. VAILLANCOURT: M. le Président, est-ce que c'est sur cet
article-là qu'on peut parler de ce que disait le ministre du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, la semaine dernière, lors de
l'étude de ses crédits, qu'il y avait un manque de collaboration
entre le ministère des Terres et Forêts et son
ministère?
M. GOSSELIN: Non, je pense que cela n'a rien à voir
entre...
M. CLICHE: A quel poste?
M. GOSSELIN: Pardon. On verra ça au fur et à mesure
de l'étude des crédits.
M. LE PRESIDENT: Article 5.
M. MAILLOUX: Ah! une minute, $1,400,000 arrête donc!
UNE VOIX: Le ministère des Terres et Forêts manque
de collaboration. Si vous voulez relire le journal des Débats.
M. GOSSELIN: Ah! si je suis bien peiné d'une
déclaration...
M. CLICHE: Je suis bien surpris que M. Vincent ait dit ça,
parce qu'il ne fait jamais de déclaration à peu près
celui-là.
M. GOSSELIN: Vous savez, dans tous les partis politiques, il y en
a de toute sorte. Je pense bien que vous avez votre part.
M. COITEUX: En parlant au ministre de cet article-là,
est-ce que vous ne pourriez pas demander au ministre du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche, lequel des deux avait raison, hier à la
télévision? Est-ce que le pavillon du Québec est beau ou
s'il n'est pas beau?
M. GOSSELIN: C'est difficile, vous savez. L'appréciation
du pavillon du Québec, c'est un peu comme l'appréciation d'une
femme, ça. Il y a des gars au sujet desquels on se demande: Pourquoi
sortent-ils avec cette femme-là? Mais pourtant, elle a quelque chose,
hein!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Revenons à l'article 4.
M. CLICHE: On se demande pourquoi la province de Québec
sort avec l'Union Nationale.
M. GOSSELIN: Parce que la chanson de Maurice Chevalier veut que
chaque femme ait quelque chose, quelque chose qui nous plaît.
M. LE PRESIDENT: Services contractuels et frais
d'équipes.
M. CLICHE: Combien y en a-t-il d'arpenteurs qui obtiennent des
contrats?
M. GOSSELIN: Bien, il y en a, on va vous compter ça.
L'ancien ministre doit le savoir, je ne les ai pas changés.
M. CLICHE: Je ne sais pas si vous les avez changés. Je
voudrais le savoir.
M. COITEUX: Les montants non plus?
M. CLICHE: Si vous ne les avez pas changés, voulez-vous
nous dire quand vous allez les changer?
M. GOSSELIN: 1, 2,3,4,5,6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24 plus 32: 56, 48, 56, 48, 52, 76.
M. COITEUX: Les noms ne sont pas changés, mais est-ce que
les montants sont changés?
M. GOSSELIN: Les montants? Ah non! au contraire, on a fait une
répartition des plus adéquates. En tout et partout, on a 80 pour
ne pas se tromper.
M. CLICHE: Le montant alloué est le même que l'an
dernier?
M. GOSSELIN: Oui, oui. D'ailleurs le député devrait
le savoir, c'est lui qui les avait donnés l'an passé en grande
partie.
M. CLICHE: Qu'est-ce que le ministre a donc? Je ne formule pas de
plainte. Je dis: Est-ce que le montant est le même?
M. GOSSELIN: Non, non, mais vous me demandez le renseignement, je
vous dis que...
M. CLICHE: Le montant est le même.
M. LACROIX: Vous êtes plus lent pour donner des
réponses vives sur ce point-là que, tout à l'heure, sur ce
qui vous divisait avec le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
M. GOSSELIN: Ah non! du tout, du tout. Il n'y a absolument rien
qui nous divise.
M. CLICHE: Les normes établies...
M. GOSSELIN: Elles sont établies par les experts du
ministère...
M. CLICHE: Du ministère.
M. GOSSELIN: ... qui s'occupent eux-mêmes de voir...
D'ailleurs il faut qu'ils fassent l'étude des travaux en cours et
voir... On n'est toujours pas pour donner à Monsieur Untel, parce qu'il
est arpenteur-géomètre, un montant additionnel quand les travaux
n'en nécessitent pas plus. Chaque travail est bien étudié,
et il est donné selon les besoins du travail et évalué
selon les normes qui sont régies par la Corporation des
arpenteurs-géomètres de la province de Québec.
M. CLICHE: Maintenant, j'aimerais faire des observations à
ce point-ci. J'ignore quelle sera la décision du présent ministre
concernant l'attribution des contrats à des arpenteurs forestiers.
M. GOSSELIN: On va la faire en toute objectivité.
M. CLICHE: C'est qu'il faudrait, autant que possible,
répartir entre les arpenteurs des montants raisonnables, des montants
raisonnables à chaque bureau d'arpentage. Pas nécessairement
donner à un arpenteur ou à deux ou trois arpenteurs du même
bureau des montants excessifs. Les arpenteurs, c'est une profession très
im-
portante, et on doit sûrement les aider en divisant
proportionnellement et en étant le plus possible objectif dans
l'attribution des contrats.
M. GOSSELIN: Et en plus de cela, je dois le dire au
député d'Abitibi-Est. Nous voulons le faire en toute
objectivité et, en plus, nous voulong encourager les
arpenteurs-géomètres qui sont allés s'installer dans des
régions éloignées parce que, souvent, pour ces
gens-là qui donnent un service particulier à la population de
régions aussi éloignées que Ville-Marie,
Témiscamingue, ou ailleurs, si ce n'était du contrat qu'ils
reçoivent en arpentage de la part du gouvernement, ils ne pourraient pas
vivre dans ces coins-là. Et là, ce serait très,
très dispendieux pour ces populations que d'obtenir les services d'un
arpenteur-géomètre. Alors, dans la répartition des
crédits attribués à cette fin, nous nous efforçons
dans toute la mesure du possible de faire en sorte que tout le monde ait une
part du gâteau.
M. COITEUX: Je suis très heureux de la remarque que le
ministre vient de faire, parce que je sais que chez moi actuellement, on a un
bureau d'arpentage qui et s'il n'y a pas cette compréhension de
la part du ministre va être obligé de fermer ses portes et
c'est le seul arpenteur que l'on a à Sept-Iles. Il avait quelques petits
travaux qui ont été ordonnés de Québec et qui ont
été faits par un arpenteur de Québec cet hiver, lorsqu'un
autre était à ne rien faire et ça se produit
régulièrement dans la subdivision des territoires, lorsqu'on fait
venir soit un arpenteur de Baie-Comeau.
Maintenant, il peut y avoir des raisons à cela, mais tout de
même je crois que je suis très heureux de la remarque du ministre
parce qu'un bureau d'arpentage chez nous c'est extrêmement important.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CLICHE: Est-ce que les travaux d'arpentage se confinent au
Grand-Nord ou bien se font ailleurs dans la province?
M. GOSSELIN: Us se font un peu partout dans la province. Partout
d'abord où ils sont prêts.
Il y a certains endroits où l'on doit aller un peu plus vite
qu'à d'autres. Mais, par contre, il y a eu un certain plan de
préparé là-dessus par les officiers du ministère et
nous suivons graduellement l'évolution des travaux à faire.
M. COITEUX: La commission d'étude qui siège sur les
frontières du Québec, ce n'est pas encore assez à point
pour pouvoir donner des contrats cette année, n'est-ce-pas?
M. GOSSELIN: Non. Voici, cela ne relève pas de vous
d'ailleurs, même si c'est dans mon budget. Ce qui arrive c'est que cette
commission d'étude pour les frontières relève de
l'exécutif. Par contre, je n'ai pas objection à en parler.
M. CLICHE: Est-ce que cette somme-là de $1,440,000 est
attribuée actuellement à des arpenteurs, en totalité ou en
partie actuellement?
M. GOSSELIN: Oui, à tous les
arpenteurs-géomètres.
M. CLICHE: La somme totale est attribuée actuellement
ou...?
M. GOSSELIN: Non. Pas actuellement, parce que là nous
sommes, le comité est chargé de faire l'étude de
l'attribution de ces contrats-là. Il s'est réuni encore hier et
il y a une liste de prêle déjà parce qu'avec le temps, et
nous voulons, dans toute la mesure du possible, faire comprendre que l'an
passé, et l'ex-ministre le sait, nous avions une situation un peu hors
de l'ordinaire et, au ministère, les professionnels étant en
grève, il y a une quantité considérable de
préparation de ces travaux-là qui sont restés en plan.
Cette année, nous avons voulu, dans toute la mesure du possible
commencer beaucoup plus à bonne heure pour faire en sorte à ce
que les travaux qui doivent se faire lorsque le temps est idéal à
cela, commencent dans le plus bref délai possible. Alors nous sommes
prêts, mais...
M. CLICHE: L'an passé, quel montant a été
attribué à ça?
M. GOSSELIN: $1,191,652 sur un montant total de $1,440,000.
M. CLICHE: Le ministre aurait-il objection à nous fournir
la liste des arpenteurs ou des bureaux d'arpentage qui reçoivent les
contrats, ainsi que les montants?
M. GOSSELIN: Du tout. Il y en a 80. Je n'ai aucune objection
à en faire faire des copies et de les donner à l'ex-ministre.
Vous n'avez pas ça dans vos dossiers?
M. CLICHE: On parle pour 66/67.
M. GOSSELIN: Pour 66/67, ils vont paraître dans les comptes
publics.
M. CLICHE: A la fin de l'année. M. GOSSELIN: A la fin de
l'année.
M. CLICHE: Mais moi, je parlais pour l'année qui
vient.
M. GOSSELIN: L'année qui vient. Avant mai. M. CLICHE:
Oui.
M. GOSSELIN: Mon Dieu! Je ne vois pas, moi, que personne de vous
ait pu obtenir ça antérieurement. Pour le moment, je ne peux pas
voir de quelle utilité ce serait à l'honorable
député tout de suite, tant et aussi longtemps que l'on n'aura pas
attribué ces contrats-là parce qu'on ne sait pas au juste,
d'abord, quelle sera la totalité des travaux qui seront faits. C'est sur
l'ensemble. Je n'ai pas d'objection, lorsque ce sera terminé, au cours
de l'année, que l'honorable député m'écrive et puis
je lui enverrai volontiers tous les renseignements qu'il désire.
M. COITEUX: Avec les montants?
M. GOSSELIN: Avec les montants, je n'ai pas d'objection
là-dessus.
M. CLICHE: Sur cette somme de $1,440,000, combien est
affecté à la vérification des travaux d'arpentage?
M. GOSSELIN: $40,000.
M. CLICHE: $40,000 seulement. C'est suffisant?
M. GOSSELIN: $40,000 seulement. Ce n'est pas beaucoup, mais on
juge à propos de tenir compte, de ... Moi, je trouve cela drôle,
comme cultivateur, que les professionnels doutent toujours les uns des autres.
Après tout, ce sont des gens qui sont régis par une corporation,
qui sont des professionnels. Un serment d'office qu'ils ont fait. Alors, on n'a
pas le droit de douter que ces gens-là ont fait du travail
malhonnête ou qu'ils ne font pas du travail efficace. S'ils ont
été diplômés par une faculté quelconque, ils
doivent avoir assez de conscience professionnelle pour bien remplir leur
devoir. Alors, on prend des sommes, une somme de $40,000 par année, et
l'on fait, ce qu'on appelle dans le langage du métier, des « spot
checks ». Et puis, ainsi, on réussit parfois à
déceler certaines irrégularités. Mais on m'a souvent dit
que le travail était très, très bien fait en grande
partie. Cependant si quelques irrégularités se présentent,
immédiatement, nous veillons à remédier à la
situation et à pénaliser s'il le faut...
M. COITEUX: Je crois que le ministre interprète mal la
question du député d'Abitibi-Est. Lorsqu'on parle d'inspection,
ce n'est pas tellement la chasse aux irrégularités; parce que je
suis convaincu que, comme tout bon professionnel, ils ne font pas
d'irrigularités. Une irrégularité admet ou implique un
geste volontaire de dérogement à la loi. Mais ce qui peut se
produire, ce qui est humain, c'est une erreur. Si elle n'est pas
décelée à temps, elle peut avoir des répercussions
considérables sur les autres travaux d'arpentage ou de
géodésie, lesquels, éventuellement, seront
rattachés à ces travaux-là. C'est le sens de ma
question.
M. GOSSELIN: Je suis entièrement d'accord avec le
député et puis je prends en considération les remarques
que vous me faites et je...
M. CLICHE: Il n'est pas question d'accuser la profession
d'être de mauvaise foi.
M. GOSSELIN: Non, non.
M. CLICHE: ... de mauvaise foi ou de façon malsaine.
UNE VOIX: Je proteste.
M. CLICHE: Mais je sais qu'au ministère on avait mis sur
pied un système de vérification.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Vérification qui était absolument
nécessaire, parce que il est arrivé, dans certains cas, que des
travaux n'ont pas été faits avec satisfaction: n'ont pas
été faits à temps, n'ont pas été faits
suivant les normes. Cependant c'était loin d'être la
généralité. Mais, il se faisait une vérification
comme il s'en fait dans d'autres domaines. Et le député de
Terrebonne abonde dans mon sens, à moins qu'il ne veuille donner un
blanc-seing de compétence. C'est du bon monde, c'est justement pour cela
qu'il faut les surveiller.
M. GOSSELIN: Alors nous allons les surveiller. Il se fait aussi
certaines revisions par les employés du ministère
eux-mêmes. Alors le
montant de $40,000, je ne crois pas qu'il peut être
considéré comme le montant total qui servirait aux inspections
parce que déjà nos employés au ministère font
certaines inspections eux-mêmes sur le temps régulier.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cela va pour l'article 4? Article 5:
honoraires, dépenses, adopté.
M. LACROIX: Prévoyez-vous une dépense
considérable dans les honoraires et autres dépenses?
M. GOSSELIN: C'est que l'an dernier il y avait une machine pour
microfilmer que nous avions achetée. Donc, cette année,
automatiquement, elle ne figure pas dans les dépenses 67/68.
M. LE PRESIDENT: Article 4: Service de la photogrammétrie
et de la cartographie. Pour le grand mot ici, j'ai consulté le
député de Gouin. Cela se traduirait par l'interprétation
de la photo aérienne.
UNE VOIX: C'est bien cela.
M. LE PRESIDENT: Alors, traitements.
M. CLICHE: Comme professeur vous n'aviez pas d'idée?
M. LE PRESIDENT: J'avais une petite idée, mais j'aimais
mieux la faire confirmer par le député de Gouin.
UNE VOIX: C'est sûr.
M. CLICHE: M. le ministre, pourriez-vous me dire ce qui se passe
à ce service?
M. GOSSELIN: A ce service-là, certainement. En plus
d'être responsable de l'exécution des relevés
photographiques nécessaires pour la cartographie du domaine territorial
de la province, le service est également responsable de la confection et
de la distribution de toutes les cartes géographiques. Que ce soit des
cartes de municipalités, des cartes de comtés, des cartes
régionales et générales, enfin tout autre genre de cartes.
Comme son nom l'indique, le service comprend la division de la
photogrammétrie, la division de la cartographie. Le service de la
photogrammétrie et de la cartographie est chargé
d'exécuter les travaux relevant de sa responsabilité, pour tous
les ministères du gouvernement.
L'arrêté ministériel, 1303, le 5 juillet 1965, le
confirme. Il importe de souligner ici que ce service est primordial et que,
s'il n'obtient pas le minimum des effectifs demandés, presque tous les
autres services du ministère et plusieurs autres ministères
auront à en souffrir. C'est-à-dire que c'est la base, en somme,
de tout notre travail. Si nous n'avons pas de cartographie, si nous n'avons pas
de photographie, nous ne pouvons pas procéder souvent dans l'arpentage,
dans les inventaires forestiers, en somme, dans tout le travail que nous avons
à faire, de compilation au ministère des Terres et
Forêts.
M. COITEUX: Maintenant, M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait nous dire si ce travail de photogrammétrie qui, comme
il vient si bien de l'expliquer, est absolument important, sera suffisamment
complété lorsque l'on terminera la vérification des
inventaires du Québec?
M. GOSSELIN : Nous espérons que, d'ici trois ans, nous
aurons complété, du moins en deçà du 52e
parallèle, tous les inventaires forestiers. Mais il restera, par contre,
à refaire certaines revérifications pour que les données
soient très précises. Je crois que l'augmentation sensible des
budgets que nous avons cette année, permettra de hâter ce travail.
Par contre, il nous faut absolument faire un effort surhumain pour que, en
particulier dans le domaine de la cartographie, nous ayons toutes les cartes de
base pour être capables de faire nos compilations par la suite. Parce que
si nous n'avons pas ce matériel de base, bien, ça pourrait
entraîner un ralenti dans les objectifs que nous nous sommes
fixés, de compléter cet in-ventaire-là. Le
député de Duplessis sait qu'il est souverainement utile, pour
faire les études que nous sommes à faire dans le moment, en
particulier dans le service de la planification, si nous n'avions pas ces
données, je me demande ce que nous pourrions faire. Alors, c'est pour
cela qu'il y a un effort surhumain qui est fait cette année pour
hâter les travaux.
M. COITEUX: Maintenant, au point de vue de la
photogrammétrie, dans certaines municipalités, je sais qu'on
s'est servi du système et l'on a découvert qu'il y avait des
erreurs minimes mais qui changent énormément la description au
cadastre.
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Lorsqu'on trouve, dans une
municipalité j'en ai quelques unes à l'esprit
là de pareilles erreurs dêcelées par la
photogrammétrie, qui sont peut-être minimes en pieds, mais qui
sont énormes au point de vue d'une municipalité, est-ce
qu'à ce moment-là la décision est prise par le service des
arpentages de refaire une description au cadastre?
M. GOSSELIN: S'il y a des erreurs qui sont
décelées, à ce moment-là nous nous devons, dans
toute la mesure du possible, de nous empresser de les corriger. Maintenant,
même s'il y en a quelques-unes, je ne crois pas que cela soit la
règle générale. D'ailleurs j'ai assisté, il n'y a
pas tellement longtemps, à non pas tout le colloque mais j'ai eu
l'occasion de lire le rapport du colloque qu'il y a eu chez les
arpenteurs-géomètres, il y a environ un mois et demi à
deux mois. On s'interroge, il y a un peu des philosophies différentes
quant à l'interprétation de ces données. Certaines gens
ont foi, une foi extraordinaire au point géodésique, d'autres un
peu moins. Maintenant, il y a eu une thèse qui a été faite
sur cette question de cartographie le point juridique du Dr André
Fréchette qui est fort intéressante. Je ne vous cache pas
que celui qui vous parle a commencé à la lire et puis qu'à
certains moments, il a trouvé que c'était un somnifère un
peu puissant parce qu'il y avait des choses que j'avais de grandes
difficultés à comprendre. Mais, par contre, c'est un travail
très, très intéressant et qui nous sera fort utile.
Maintenant, dans la loi du cadastre, le ministre peut adopter tout moyen qu'il
croit propre à en assurer l'exactitude. Cela, c'est une des
prérogatives qu'a le ministre des Terres et Forêts dans ses
attributions. Alors, à ce moment-là, le ministre, qui est
à la fois arpenteur général sans avoir de diplômes,
même de doctorats honorifiques, il verra à corriger la situation
s'il y a lieu.
M. CLICHE: Plus tard, ils nommeront un accident de terrain
à son nom. Peut-être une chute.
M. GOSSELIN: Une chute, ça peut se produire dans quinze
ans.
M. COITEUX: A l'article des services contractuels, est-ce que
tous les contrats de photogrammétrie ou de restitution photographique en
partant de photographies qu'on peut obtenir déjà, soit du service
fédéral, est-ce que tous ces contrats-là sont
entièrement donnés à des maisons du Québec?
M. GOSSELIN: Oui. D'ailleurs, il n'y a pas tellement..
M. COITEUX: Est-ce que le ministre pourrait donner les maisons
qui actuellement font du travail pour...
M. GOSSELIN: Je pense que vous allez les retrouver dans le livre
des comptes publics. Ce sont toujours les mêmes depuis quelques
années. Il y a Photo-Air Laurentides, il y a Aéro-Photo.
Maintenant il y a les dessins généraux du Québec;
ça, pour $1,000. Alors on ne peut pas compter tellement
là-dessus. Après ça il y a M. Jean-Noël Poulin qui en
aurait eu pour $25,000 et il y aurait Jean-Marcel Lavoie, je ne sais pas...
M. CLICHE: Pas le Poulin qui est bien connu là? Pas un
type que vous connaissez bien ça, Jean-Noël Poulin?
M. GOSSELIN: Jean-Noël Poulin? Non, il doit faire partie de
la fédération libérale parce qu'il n'est pas à
notre camp, lui.
M. CLICHE: Ah! attention, attention. M. GOSSELIN: Je ne le
connais pas. UNE VOIX: Ne l'insultez pas!
M. GOSSELIN: Je ne veux pas l'insulter, en lui disant qu'il est
dans la fédération libérale, voyons...
M. LACROIX: S'il était avec vous, ce serait insultant.
M. GOSSELIN: Non, il va se glorifier de voir qu'il s'en vient
avec nous.
M. CLICHE: Il n'y a pas d'erreur que les contrats ne peuvent pas
être attribués à d'autres qu'aux deux compagnies qui ont
investi des sommes considérables.
M. GOSSELIN: Oui, oui.
M. CLICHE: Il n'y a pas à en sortir de là, il faut
que ce soient ces deux firmes-là.
M. GOSSSLIN: D'ailleurs, il y a autre chose, c'est un
travail...
M. CLICHE: Il faut leur attribuer suffisamment de contrats pour
justifier tout l'équipement qu'ils ont.
M. GOSSELIN: C'est un travail tellement spécialisé
que là vous avez deux compagnies qui ont fait des dépenses
très, très considérables
pour avoir l'équipement approprié, pour être capable
de le faire. Deux compagnies du Québec. Je n'ai aucune objection en ce
qui me concerne, moi, à continuer comme...
M. COITEUX: Le ministère n'a pas l'intention de lancer
lui-même sa propre organisation d'interprétation
photogrammétrique?
M. GOSSELIN: Pas pour le moment. Cela serait peut-être une
bonne chose mais, pas pour le moment. On a tellement d'autres problèmes.
Faire le recrutement de tout le personnel compétent pour faire ces
travaux-là, ce serait une tâche très, très
considérable. En plus de ça, on se demande au juste si par la
progression des travaux, si ça en vaudrait la peine.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut passer, on pourrait
considérer...
M. COITEUX: Qui est le directeur de ce service-là?
M. GOSSELIN: C'est M. Léon Valois... M. CLICHE: Un homme
très compétent. M. GOSSELIN: Pardon? M. CLICHE; Un homme
très compétent. M. GOSSELIN: C'est ce qu'on dit.
M. COITEUX: La raison de ma question, M. le ministre, tout
à l'heure, c'était parce que je sais que ces gens-là, il y
en a plusieurs d'entre eux que je connais, étant donné que ce
sont des confrères. Avec les développements qui se produisent
chaque année dans ce domaine-là, chaque année ces
compagnies-là font face à un réinvestissement de capital
considérable pour se mettre à jour avec les nouvelles machines.
C'est pour ça qu'ils veulent avoir une certitude morale que le
gouvernement n'est pas en train de s'installer. S'ils font un investissement de
$1 million, dans trois ans ils ne veulent pas se retrouver devant rien.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut revenir à l'article
« traitement »?
M. GOSSELIN: Très bien, c'est parce qu'on veut...
M. LE PRESIDENT: Traitement, frais de voyage, équipement
et matériel, les impressions...
M. LACROIX: Est-ce que le contrat est donné par le
ministère ou si c'est passé par le service des achats?
M. GOSSELIN: L'Impression de ces cartes-là, c'est le
service des achats, le service général des achats.
M. CLICHE: Maintenant, est-ce que le public a accès,
spécialement un arpenteur dans la pratique privée, aux documents
du ministère? Parce qu'il faut que ça serve, il faut que
ça soit mis à...
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: ... la disposition du public pour qu'il puisse en
profiter.
M. GOSSELIN: Lorsqu'il en a besoin, il y a une seule chose que je
voudrais signaler ici, c'est que nous ne permettons pas que ces
documents-là sortent. L'arpenteur lui-même peut venir les
consulter au ministère, mais nous ne permettons pas... Exception faite
des photographies aériennes, nous vendons des cartes à n'importe
qui qui veut s'en... Les photos elles-mêmes, nous en vendons à
ceux qui veulent s'en procurer.
M. CLICHE: Les travaux qui ont été faits, les
inventaires qui ont été faits dans la région de Natashquan
est-ce que c'est surtout par photo-grammétrie?
M. GOSSELIN: Photographies aériennes. C'est basé
sur la photographie aérienne, et c'est contrôlé par des
échantillonnages terrestres.
M. CLICHE: Oui, mais c'est de la photo-grammétrie,
autrement dit.
M. GOSSELIN: Oui, mais il y a eu des inventaires de
reconnaissance à la base sur tous ces travaux-là. Il y en a eu de
faits.
M. CLICHE: Oui, mais les travaux de photo-grammétrie,
ça ne consiste pas uniquement à de l'interprétation,
ça consiste à vendre...
M. GOSSELIN: Non, non, ça peut servir à tout. Cela
peut servir...
M. CLICHE: Cela consiste à prendre de la photo.
M. GOSSELIN: Cela peut servir à la géologie,
ça peut servir aux mines, ça peut servir en somme...
M. CLICHE: C'est de l'arpentage aérien, autrement dit,
est-ce que c'est ça?
M. GOSSE LIN: Non, c'est même mieux que ça, on ne
peut pas dire que c'est de l'arpentage aérien, cela comprend l'arpentage
aérien, mais cela nous donne des précisions extraordinaires dans
le travail que nous avons à faire pour connaître exactement le
potentiel qu'on a dans divers territoires, qui seraient souvent presque
inaccessibles. Avec la photographie aérienne, cela nous permet d'aller
chercher toutes ces données-là.
M. LE PRESIDENT: Cela va?
M. CLICHE: Est-ce que les travaux de photogrammétrie
déjà commencés sur la Côte-Nord, il y a quelques
années, se continuent ou sont terminés?
M. GOSSELIN: Ils se continuent, ils ne sont pas tous
terminés.
M. CLICHE: Ils ne son tpas tous terminés. M. GOSSELIN:
Non.
M. CLICHE: Est-ce que le ministère peut, à
même les travaux effectués puis les compilations faites,
évaluer à peu près justement les travaux forestiers?
M. GOSSELIN: Nous avons une très bonne idée
jusqu'à maintenant.
M. CLICHE: Les quantités de bois?
M. GOSSELIN: Mais jusqu'au 52e parallèle, si les choses
continuent comme ça, d'ici trois ans, un objectif de trois ans avait
été fixé l'automne dernier, et si les choses continuent
d'aller bon train et que nous sommes favorisés par le temps, il est fort
probable que nous aurons tout ce qu'il faut pour savoir exactement ce qui en
est.
M. CLICHE: Maintenant, il y avait contribution au
fédéral assez forte, de l'ordre de quoi? 50%?
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Après ça...
M. GOSSELIN: C'était aux inventaires forestiers. Nous en
avions aussi sur... C'étaient des travaux qui nous étaient
demandés et faits par ARDA, surtout pour la préparation du plan
BAEQ dans la péninsule de Gaspé. Est-ce que cela répond
à la question du député?
M. CLICHE: Oui.
M. GOSSELIN: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on passe au sous-article 5?
M. GOSSELIN: C'est ça.
M. CLICHE: Six heures moins quart, à moins qu'on
ajourne.
M. GOSSELIN: Ah non! cela va trop bien, allons jusqu'à six
heures. Il est moins vingt d'après ma montre.
M. CLICHE: A moins qu'on ajourne, qu'on participe un peu et que
l'on aille voir ce qui se passe à l'Assemblée
législative.
M. GOSSELIN: Ah non! il ne faudrait pas; ils vont bien,
laissons-les là.
M. CLICHE: Quel comité?
M. LE PRESIDENT: C'est le Secrétariat, M. Gabias.
M. GOSSELIN: Cela va bien.
M. LE PRESIDENT: Alors, direction générale des bois
et forêts.
M. GOSSELIN: La direction générale des bois et
forêts. Elle est responsable, elle, par toute la province, de la
surveillance, du contrôle, de la gestion des richesses forestières
se trouvant sur les terres publiques de la province. Elle s'occupe aussi, mais
à titre consultatif, de l'aménagement des forêts
privées, elle est chargée de l'administration, du contrôle,
de la protection contre les incendies, les insectes, les maladies dans tous les
territoires appartenant à la Couronne ainsi que dans certaines
forêts privées auxquelles s'étend le contrôle
gouvernemental. Alors il y a là, si pour l'information des
députés, c'est maintenant M. Yvon Dubé qui est le
directeur général de la division des bois et forêts.
Maintenant, il y a plusieurs services qui dépendent de cette direction
générale des bois et forêts, soit les services de
l'inventaire forestier, les services de l'aménagement forestier, les
services de la protection, les services de l'exploitation fores-
tière, les services de la restauration, les services de la
forêt rurale et les services des forêts domaniales. Et aussi il y
aura les divisions territoriales d'après le nouvel organigramme, qui
dépendront du directeur général des bois et
forêts.
M. COITEUX: Le nouvel organigramme, J'entends dire l'organigramme
qui a été soumis l'année dernière par le
sous-ministre.
M. GOSSELIN: Oui, à la lumière de certains faits
qui nous sont soumis, on a fait de légères modifications et
là il y a quelques changements. D'ailleurs, dès que nous aurons
complété au comité de coordination le
réaménagement complet de l'administration du ministère,
l'organisation administrative du ministère, j'enverrai au
député un organigramme bien fait avec le nom de chacun des
directeurs de service.
M. MAILLOUX: A quel article?
M. CLICHE: Es-ce qu'il doit apparaître au rapport
général aussi?
M. GOSSELIN: Même au rapport général, celui
que nous avons fait parvenir sera modifié quelque peu.
M. MAILLOUX: Est-ce que c'est au service de la protection qu'on
pourra rattacher la question relativement aux dépotoirs?
M. GOSSELIN: Aux dépotoirs? Oui, si vous le voulez.
M. COITEUX: Les permis de coupe, à quelle place est-ce
qu'on va en parler?
M. GOSSELIN: Les permis de coupe? On peut en parler à
« exploitation forestière ».
M. LACROIX: Ici, à service de l'aménagement
forestier, direction générale des terres et forêts.,.
M. GOSSELIN: Oui.
M. LACROIX: Le ministère prévoit une augmentation
du personnel de l'ordre de 50%. Est-ce que c'est dû à un
réaménagement ou à l'intensification du travail que le
ministère entend poursuivre dans ce...
M. GOSSELIN: Oui, c'est un réaménagement complet
que l'on a dû faire à ce service-là, avec les nouvelles
données et les recommandations qui ont été faites par le
comité d'organisation du ministère. Alors, là, il nous
faut au bas mot quatre ingénieurs-forestiers de plus, et il nous faudra
deux sténo-dactylographes et il nous faudra des agents de bureau, il
nous faudra des techniciens en topographie, et en tout et partout, il y en a
dans le moment seize en place, à cette direction-là et si nous
pouvons, par le recrutement que nous sommes à faire, compléter
nos cadres, il y en aura 28, d'ici quelque temps.
M. LACROIX: Mais est-ce que ce n'est pas le transfert des
responsabilités d'autres services, d'autres directions que
l'administration du service nouveau...
M. GOSSELIN: Il y a un peu le transfert des
responsabilités mais à la fois, il y a une réorganisation
complète qui commande plus de personnel que nous n'en avions jusqu'ici,
parce qu'il faut comprendre...
M. CLICHE: Qui est directeur du service? M. GOSSELIN: C'est M.
Yvon Dubé.
M. CLICHE: Non, M. Yvon Dubé, c'est la direction
générale...
M. GOSSELIN: La direction générale des terres et
forêts.
M. CLICHE: L'aménagement. M. GOSSELIN: C'est M. Langlois.
M. CLICHE: Langlois? M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Que comprend le service contractuel?
M. GOSSELIN: Les inspections de plans d'aménagment qui
sont faits par les compagnies.
M. COITEUX: Que vous dressez à contrats? M. GOSSELIN:
Oui.
M. CLICHE: Voulez-vous, M. le Ministre, donner, pour le journal
des Débats,...
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Quelles sont les fins du service de
l'aménagement forestier?
M. GOSSELIN: Avec plaisir. Ce service est responsable de
l'exécution, de la surveillance, du contrôle et de la
vérification, de l'aménagement de toutes les forêts de la
Couronne. Il est aussi responsable de l'exécution des prescriptions
sylvicoles, pathologiques, entomologiques, établies lors de
l'aménagement. Il doit de plus étudier et suggérer les
changements à être apportés aux règlements qu'il
doit faire appliquer. Les responsables des trois divisions suivantes, soit la
division des plans d'aménagement, la division du contrôle, la
division de la comptabilité des forêts. Et tout ceci se fait en
vertu de l'arrêté ministériel numéro 935, du 7 avril
1943, amendé par un autre arrêté ministériel
numéro 4931 du 14 décembre 1944.
M. CLICHE : On ne passera pas tous les arrêtés
ministériels de ce temps-là parce qu'il y en a eu assez
régulièrement.
M. GOSSELIN: D'ailleurs, on ne pourra pas, parce qu'il y en a eu
une vingtaine. Alors,...
M. CLICHE: Tous les concessionnaires doivent, en vertu de
l'article des concessions, soumettre un plan d'aménagement...
M. GOSSELIN: Oui, tous les concessionnaires doivent, en vertu de
l'article des concessions, soumettre un plan d'aménagement
complet...
M. CLICHE: ... du territoire qui leur est donné, qui leur
est affermé.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Bon. Aménagement qui consiste à dire
quelles sont les réserves forestières, quelles sont les essences
forestières, l'âge du bois, etc.
M. GOSSELIN: La quantité, la qualité, en somme, et
plus que cela, même les chemins qu'ils se proposent de faire à
l'intérieur, et puis tout le programme d'exploitation doit être
soumis au ministère.
M. CLICHE: Au ministère, au service de
l'aménagement.
M. GOSSELIN: Au service de l'aménagement forestier.
M. CLICHE: C'est un service qui existe depuis qu'existe le
ministère des Terres et Forêts.
M. GOSSELIN: Depuis toujours.
M. CLICHE: Et qui empile les rapports qui lui sont soumis par les
concessionnaires.
M. GOSSELIN: Comme on dit « empile »...
M. CLICHE : Non, c'est un service excessivement important.
M. GOSSELIN: Il ne faudrait pas dire qu'ils les empilent, parce
qu'à ce moment-là, ils restent là et qu'on ne les regarde
pas...
M. CLICHE : Cela veut dire ça, aussi. Non, je pense
que...
M. GOSSELIN: Non, ils sont constamment consultés. Mais je
sais où le député veut en venir. Je sais qu'il y a, dans
le moment, plusieurs plans d'aménagement qui ont été
soumis au ministère des Terres et Forêts, entre autres lors de la
discussion pour obtenir des crédits substantiels. J'avais
vérifié, et il y avait quarante plans d'aménagement qui
étaient soumis au ministère, et certains de ceux-là y
étaient même depuis au-delà de deux ans. Et on n'avait pas
eu le temps, en somme on n'avait pas les crédits et le personnel
plutôt, pour les vérifier et voir si, réellement, ils
étaient conformes aux données du ministère.
Alors, nous espérons qu'avec nos nouveaux effectifs cette
année, nous pourrons placer des techniciens qui verront à
surveiller cet état de chose et à nous donner dans le plus bref
délai possible ce dont nous aurons besoin pour contrôler cette
affaire.
M. COITEUX: Est-ce que le ministre, en quelques mots, pourrait
nous dire quelles sont les instructions générales qui sont
données à une équipe qui va vérifier, par exemple,
sur le terrain un plan d'aménagement?
M. GOSSELIN: Le plan d'aménagement? La première des
choses, il doit voir si le plan d'aménagement qui lui a
été soumis est bien conforme à la réalité,
lorsqu'il se rend sur le terrain. En plus de ça, il doit vérifier
si les plans d'aménagement ont été faits en
conformité des possibilités de production de la forêt, du
territoire. Il doit voir aussi de quelle manière, si les plans
d'aménagement sont faits de manière à ne pas
détruire la forêt et que la regénération de cette
forêt-là puisse se faire sans heurt. Alors, il y a une
quantité de choses d'ailleurs que le député, qui est
ingénieur-forestier,
sait fort bien qui peuvent être surveillées, qui peuvent
être considérées.
M. COITEUX: Maintenant, est-ce que le ministère ou ce
service a accès aux données des places-échantillons
permanentes établies par les compagnies?
M. GOSSELIN: Oui. Sur demande, les compagnies se prêtent
volontiers à donner ces choses-là qui sont d'ailleurs
nécessaires pour vérifier si réellement...
M. COITEUX: Est-ce qu'à différents endroits, le
ministère a l'intention d'établir de ces
places-échantillons permanentes à ses frais?
M. GOSSELIN: Certainement. Je crois que ça serait
avantageux pour le ministère et qu'il y aurait lieu même de le
faire.
M. COITEUX: Parce que dans ces places-échantillons, M. le
Président, les données les plus importantes pour
déterminer la croissance d'une forêt et de là en
déterminer sa possibilité, sont excessivement importantes.
M. GOSSELIN: C'est ça.
M. COITEUX: Alors si les données à ce point de
départ sont fautives, on applique des formules absolument fausses
à une quantité de matériel ligneux qui souvent nous
privent...
M. GOSSELIN: Oui. D'ailleurs si on avait respecté cette
ligne de conduite, il y a plusieurs années, on ne serait peut-être
pas dans le trouble comme nous le sommes avec nos forêts en feuilles.
M. COITEUX: Oui, oui.
M. GOSSELIN: Si, il y a plusieurs années, on avait pris
autant de soin, si on avait été aussi méticuleux à
surveiller cet état de choses, peut-être n'aurait-on pas à
déplorer certaines choses que nous avons dans le moment.
M. COITEUX: Parce que l'établissement de ces
places-échantillons permanentes sont à mon sens de très
grande importance.
M. GOSSELIN: Très importantes et nous nous
efforçons dans toute la mesure du possible d'en avoir le plus
possible.
M. COITEUX: Est-ce qu'il vous en faut ab- solument pour
vérifier les données d'un plan d'aménagement?
M. GOSSELIN: Je peux dire au député que, même
si je n'ai pas tellement de temps libre, il n'y a rien que j'aime plus, lorsque
j'ai quelques minutes, de descendre même à certains services pour
aller prendre l'expérience moi-même et étudier ces
choses-là afin de voir sur place les améliorations qu'il y aurait
à apporter. Très intéresant.
M. CLICHE: Les plans d'aménagement, M. le
Président...
M. LACROIX: Le plus de valeur, c'est que ça ne servira pas
longtemps.
M. GOSSELIN: Quand même ça ne me servirait seulement
pour vingt ans, je figure que c'est du temps bien dépensé.
M. LACROIX: C'est beau l'optimisme!
M. CLICHE: Est-ce qu'on peut considérer les plans
d'aménagement...
M. VAILLANCOURT: M. le Président, est-ce que c'est dans
cet article-là qu'on peut discuter des pépinières?
M. GOSSELIN: Les pépinières?
M. VAILLANCOURT: Non, l'installation.
M. LACROIX: M. le ministre, tout à l'heure vous disiez que
les compagnies consentaient, sur demande, à produire un rapport de leurs
opérations pour savoir s'ils sont conformes aux règlements.
Est-ce que les concessionnaires ne sont pas obligés de transmettre au
ministère les rapports d'après coupe, donnant tous les
détails de leurs opérations afin de juger la valeur?
M. GOSSELIN: Oui, ils sont obligés de le faire.
M. LACROIX: Est-ce que ces rapports produits par les
concessionnaires sont vérifiés par les fonctionnaires du
ministère?
M. GOSSELIN: Oui.
M. LACROIX: Afin de vérifier si on s'est
conformé...
M. GOSSELIN: Oui. Ils sont vérifiés non
seulement par le rapport, mais nous allons vérifier sur place
aussi, après chaque opération forestière et le moindrement
que quelque défectuosité est signalée auprès du
ministère, qu'un concessionnaire ne coupe pas ou, en somme, qu'il ne
respecte pas son plan, immédiatement nous prenons les dispositions
nécessaires pour que ça cesse.
M. LACROIX: Est-ce qu'il arrive fréquemment que le
ministère doive intervenir?
M. GOSSELIN: Oui, il est arrivé à diverses reprises
depuis que je suis au ministère qu'on m'a signalé certaines
irrégularités et immédiatement nous avons envoyé
des officiers vérifier sur place et faire rapport et nous avons pris les
mesures qui s'imposaient pour enrayer cet état de choses.
M. CLICHE: Les plans d'aménagement sont absolument
importants dans ce sens qu'ils déterminent la façon dont le
concessionnaire va exploiter la forêt.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Les plans d'aménagement doivent être
faits non pas seulement pas les concessionnaires, mais par le gouvernement sur
les forêts domaniales. Pour le territoire de la Couronne, de quelle
façon on va l'utiliser, il fait un aménagement, une indication
générale de la façon dont les réserves
forestières vont être utilisées, les différentes
essences aussi.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Bon. Dans le passé, les concessionnaires
forestiers ont fait eux-mêmes les plans d'aménagement et ils le
font encore.
M. GOSSELIN: Cui.
M. CLICHE: En vertu d'une obligation qui est mentionnée
à leurs titres, le plan d'aménagement, de fait, admettons-le,
n'est pas vérifié, n'est pas contrôlé par le
ministère comme il devrait l'être. Avec le résultat que, si
les plans d'aménagement qui sont soumis au ministère
étaient étudiés, vérifiés et
contrôlés, on y verrait, (s'ils sont tels qu'ils devraient
être soumis), on y verrait toute une quantité d'essences qui ne
sont pas des essences forestières, des sortes de bois qui ne sont pas
utilisés par le concessionnaire.
M. GOSSELIN: Qui se perdent.
M. CLICHE: Essences qui se perdent ou essences qui ne sont pas
utilisées par le concessionnaire mais revendues, par lui, à un
tiers.
M. GOSSELIN: Qui ne sont pas utilisées à...
M. CLICHE: En lui chargeant un droit de coupe, lui, le
concessionnaire, en chargeant un droit de coupe additionnel à celui du
gouvernement. Bon. Les plans d'aménagement étant faits par le
concessionnaire qui retient les services d'ingénieurs forestiers, etc.,
c'est un travail très élaboré et très
coûteux.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Cela prendra, je le suppose, de la part du
ministère, énormément de temps à vérifier.
De quelle façon le ministère peut-il remédier à
cette situation-là pour que la province puisse bénéficier
davantage, pour que toutes les essences puissent être
utilisées?
M. GOSSELIN: Il peut le faire de deux façons.
Premièrement. On peut le voir ici par des crédits
augmentés très, très considérablement. Ils
étaient l'an dernier de $37,500 sur des services contractuels
c'est-à-dire pour l'engagement de techniciens devant aller
vérifier ces plans d'aménagement-là, ces crédits
ont été portés à $150,000. Alors nous allons
pouvoir en faire beaucoup plus que nous en faisions antérieurement. En
plus de cela, avec la photographie aérienne qu'on a aujourd'hui, c'est
facile, lorsque le ministère possède les données
lui-même. Parce que les avions n'arrêtent pas, eux, sur les
terrains privés. On voit souvent cela par les compilations qu'on fait
sur des terrains appartenant à la Couronne et là où il y a
continuité dans la photogrammétrie.
M. CLICHE: Ce sont des observations vagues et rarement
fondées.
M. GOSSELIN: Si elles sont vagues, elles m'ont été
données par des techniciens du ministère, qui sont à
l'emploi du ministère et qui m'ont dit qu'il y avait
possibilité,, Quand je vois le député de Duplessis qui me
fait signe que oui, je pense que...
M. COITEUX: Dans une certaine proportion.
M. GOSSELIN: Oui, oui, dans une certaine proportion. Or, nous
avons ce service-là, comme je viens de l'expliquer, et dans tous les cas
nous nous efforçons, lorsque les plans d'aménagement nous sont
soumis, de les vérifier à la
fois, au ministère, et sur place, pour voir s'ils sont
très conformes.
Comme le député l'a dit, ( je l'avais
répété d'ailleurs à un autre endroit ), c'est
très important, lorsque nous préparons un plan
d'aménagement quelconque pour aller faire des exploitations
forestières à l'intérieur d'une forêt, que l'on
sache où l'on va. Que ce soit fait de manière à
protéger, dans toute la mesure dupossible, la regénération
de cette forêt-là et aussi pour qu'on l'exploite de façon
rationnelle, afin de ne pas dépasser les possibilités de coupe et
de tâcher que la stabilité de l'approvisionnement des industries
soient sauvegardée en tout temps,,
M. COITEUX: Il ne faut tout de même pas s'en faire. Moi,
j'ai travaillé pendant nombre d'années pour des industries. Alors
lorsqu'on fait un plan d'aménagement, c'est la loi qui l'oblige.
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Quand le plan est accepté par le Québec
on le met sur les tablettes et on dit: On n'a pas besoin d'y toucher avant dix
ans. Et la preuve qu'on a tellement peu confiance aux données par
bassin, à ces rapports-là, c'est qu'on nous oblige, ( c'est pour
ça qu'il y a un autre groupe de techniciens, dont je faisais partie dans
le temps ), à refaire un inventaire complet, qu'on appelle l'inventaire
d'exploitation. Qu'il y ait amélioration aujourd'hui dans la
photographie aérienne, je n'en doute pas; parce que mol, j'ai
découvert des plans d'aménagement. Lorsqu'on venait pour faire un
plan d'opération, il nous manquait un mille ou on avait un mille de
trop. Alors, ce n'est pas parce qu'on veut faire des chinoiseries, mais je
crois que c'est vital si on veut en arriver un jour à faire rendre le
maximum du potentiel forestier de notre province. Il faut arrêter de se
leurrer. Les compagnies sont là pour deux buts. Pour un, bien,
principalement, faire de l'argent. Alors, ( je vais vous donner un exemple
concret ) si une compagnie s'en va dans un territoire avec l'idée bien
arrêtée de réaliser le plus gros profit possible dans le
plus court délai possible, c'est clair que son optique envers un plan
d'aménagement n'est pas la même que celle de la compagnie qui,
elle, veut cacher, parce qu'elle avait besoin pour consolider son affaire,
comprenez-vous...
M. GOSSELIN: Très bien!
M. COITEUX: Alors c'est là que joue l'inspection du
gouvernement faite par des gars qualifiés. C'est excessivement
important, parce que c'est la base de tout. Maintenant quand je faisais oui,
tantôt, c'est que je savais qu'avec la photographie aérienne ont
peut déceler, au moins, les pires erreurs.
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Mais il reste encore beaucoup de jeu.
M. GOSSELIN: Il n'y a pas d'erreur. Nous sommes conscients...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que l'on considère cet
article-là comme adopté?
M. GOSSELIN: Non, non.
M. LE PRESIDENT: Alors on reprendra ce soir, à l'article
5: direction générale des bois et forêts. Au no 4 services
contractuels. Alors à 8 heures, on ajourne jusqu'à 8 heures.
UNE VOIX: Cela ne va pas vite, mais cela va bien.
Reprise de la séance à 8 h 5 p.m.
M. SIMARD (président du comité): Alors avec votre
permission, on va commencer.
M. GOSSELIN: Poste budgétaire numéro 5, article 2,
traitements, salaires.
M. MAILLOUX: Est-ce que cela s'adresse à l'article...
M. LACROIX: On était à l'article 4 de l'article
1.
M. MAILLOUX: Lors de l'étude des crédits du
ministère du Tourisme, il y a eu une discussion au sujet de
l'exploitation des forêts. La coupe de bois aux abords des lacs.
M. GOSSELIN: Oui.
M. MAILLOUX: Plusieurs personnes se plaignent que, dans les parcs
nationaux surtout, je ne sais pas si c'est une loi qui a été
passée par le ministère des Terres et Forêts, mais la
forêt est abattue jusqu'aux abords des lacs. Alors, ça
entraîne évidemment pour le paysage et pour d'autres choses
apparemment, des complications extraordinaires. Est-ce que le ministère
a une politique pour sauvegarder un peu la forêt autour des lacs?
M. GOSSELIN: Il va falloir nécessairement que le
règlement du ministère des Terres et Forêts actuel soit
amélioré, puisque la réglementation veut que ça ne
vise que les rivières à saumon jusqu'ici. Mais par contre, le
ministère des Terres et Forêts, ayant été saisi de
cette question, veut dans toute la mesure du possible que, au moins pour la
réserve légale de trois chaînes, l'on tienne en
considération les possibilités d'aménagement de ces lacs.
Déjà, on a eu des mesures qui ont été prises
à cet effet pour que nous gardions au bas mot, au moins deux cents pieds
de largeur en bordure des lacs, des presqu'îles, des rivières et
des routes. Mais ça, c'est dans les parcs provinciaux. Mais en dehors
des parcs provinciaux, il est bien stipulé que ces règlements ne
s'appliquent que sur les rivières à saumon. Or, je sais que,
lorsque nous en avons discuté l'automne dernier, cet état de
choses a été porté à notre attention. Il a
été signalé au ministère à
différentes reprises et puis là, dans les nouveaux plans
d'aménagement que nous recevons aussi bien que dans les programmes
d'exploitation forestière, nous prenons en considération cet
état de choses et nous allons essayer de remédier à cette
situation.
M. MAILLOUX: Est-ce que le ministre a pris connaissance des
déclarations de son collègue disant que le ministère des
Terres et Forêts...
M. GOSSELIN: Oui, le ministre...
M. MAILLOUX; ... sous son oeil complaisant, qu'il y avait une
destruction totale?
M. GOSSELIN: Le ministre a tout vu ça, il a accepté
tout ça et puis il en a parlé avec son collègue et il va
essayer de remédier à la situation.
M. MAILLOUX: Qui va remédier à la situation, le
ministre des Terres et Forêts ou l'autre?
M. GOSSELIN: Le ministre des Terres et Forêts, parce que
c'est sous sa juridiction.
M. MAILLOUX: Mais il a parlé d'un comité
interministériel qui est formé depuis deux, trois ans.
M. GOSSELIN: Le comité interministériel a
été formé. A différentes reprises nous avons
tâché, nous avons essayé de nous rencontrer,
malheureusement, à cause du travail considérable qu'il y a de
part et d'autre dans les deux ministères, nous n'avons pas encore
été capables de nous réunir pour discuter de la chose
à fond.
M. CLICHE: Oui, mais lorsque le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, Me Gabriel Loubier, a dénoncé les
compagnies forestières qui sabotent les richesses naturelles des parcs
provinciaux, et je cite le ministre Loubier: « Sous l'oeil attentif et
complaisant du ministère des Terres et Forêts »...
M. GOSSELIN: De façon générale...
M. CLICHE: Le ministre s'est dit indigné de constater le
peu de collaboration qui existait entre ces deux ministères depuis
toujours, ajoutant que le gouvernement comptait remédier à cette
situation pour la création prochaine d'un nouveau comité
interministériel.
M. GOSSELIN: Le ministre a pris connaissance de toutes ces
déclarations-là et puis en temps opportun...
M. CLICHE: Est-ce qu'elles sont exactes?
M. GOSSELIN: Pardon?
M. CLICHE: Est-ce que les remarques du ministre Loubier sont
exactes?
M. GOSSELIN: Nous allons les vérifier. Nous allons
connaître les sources d'information du ministre du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche, nous verrons en temps et lieu s'il y a lieu de
s'alarmer.
M. COITEUX: Mais si l'on veut faire une bonne chicane, ce ne
serait pas le temps de proposer que...
M. GOSSELIN: Non.
M. COITEUX: ... l'usage polyvalent de la forêt en autant
que le sport est conservé...
M. GOSSELIN: On a un exemple frappant des chicanes intestines
qu'il y a dans d'autres partis politiques. Ce n'est pas un exemple à
donner à la province. Alors nous, nous sommes plus complaisants que
ça...
UNE VOIX: Cela ne répond pas...
M. COURCY: Nous allons remédier à la situation.
M. COITEUX: Je crois que ce serait une occasion magnifique pour
enfin mettre sous la juridiction des Terres et Forêts l'usage polyvalent
de la forêt, en ce qui concerne le tourisme.
M. GOSSELIN: Il n'y a pas d'erreur que c'est un problème
qui nous touche de près, nous allons faire l'impossible pour
améliorer la situation. Puisqu'il a bien stipulé, le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche...
M. COITEUX: C'est une réponse
stéréotypée. M. GOSSELIN: ...que c'était depuis
toujours. M. MAILLOUX: Oui.
M. GOSSELIN: Vous ne pouvez pas me prêter d'intentions.
M. CLICHE: Il a dit cela de même, depuis toujours.
M. GOSSELIN: Disons qu'on a pris connaissance et qu'on va essayer
d'arrêter ça pour que ça ne demeure pas toujours,
M. CLICHE: Mais quand il dit que les compa- gnies
forestières sont des saboteurs, est-ce que c'est l'opinion du
présent ministre des Terres et Forêts?
M. GOSSELIN: Des saboteurs? M. CLICHE: Oui, oui.
M. GOSSELIN: Bien voici, je pense que la guerre est finie depuis
1946 et qu'on n'a pas eu de sabotage ici dans la province.
M. CLICHE: Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Loubier qui dit
ça: des saboteurs.
M. GOSSELIN: Des saboteurs où? Des saboteurs ou des
caboteurs?
M. MAILLOUX: Des saboteurs en forêt.
M. COITEUX: Des compagnies en forêt, des saboteurs.
M. GOSSELIN: C'est bien épouvantable.
M. COITEUX: C'est Télé-Québec qui rapporte
ça, ça doit être vrai.
M. GOSSELIN: C'est bien effrayant.
M. COITEUX: Mais est-ce que c'est l'avis du ministre,
ça?
M. GOSSELIN: Pardon?
M. COITEUX: Les compagnies sont des saboteurs envers
l'exploitation?
M. GOSSELIN: Ah! ça dépend. Le ministre n'a pas
visité ça encore. Je vais attendre et je vais vérifier
pour voir si les associations...
M. COITEUX: Après cette déclaration-là, il
n'a pas consulté ses hauts fonctionnaires?
M. GOSSELIN: Le ministre avait déjà une opinion
là-dessus et le ministre va continuer de travailler...
M. COITEUX: Est-ce qu'on pourrait connaître l'opinion du
ministre?
M. MAILLOUX: Mais...
M. GOSSELIN: ... à bien travailler comme il l'a toujours
fait depuis le début, depuis le 17 juin qu'il se dévoue sans
relâche avec tous ses officiers du ministère, qu'il
n'hésite pas en tout
temps à employer toutes les heures de la semaine...
M. COITEUX: Est-ce qu'on pourrait avoir une opinion aussi nette
que celle du ministre Loubier, de la part du ministre des Terres...
M. GOSSELIN: A quel sujet, au juste?
M. COITEUX: Exactement à l'article des compagnies
forestières, des saboteurs. Je voudrais avoir l'opinion claire et nette
du ministre des Terres.
M. GOSSELIN: Je ne sais pas si les compagnies forestières
sabotent ou ne sabotent pas. Je sais une chose, c'est qu'elles exploitent nos
forêts dans certains milieux et on va les surveiller pour voir au juste
ce qui ne marche pas.
M. MAILLOUX: Mais le ministre nous assure qu'aux abords des lacs,
même en forêt, on pourrait faire une étude.
M. GOSSELIN: Je donne ma parole au député que
présentement, en ce qui a trait à l'aménagement total et
polyvalent de nos forêts, que nous nous en occupons de la manière
la plus sérieuse possible et que nous nous efforcerons de
remédier à la situation en tout temps.
M. MAILLOUX: Il avait signalé surtout le lac
Jacques-Cartier, qui est le long des routes et qui...
M. GOSSELIN: Oui.
M. MAILLOUX: ...et qui est tellement déboisé...
M. GOSSELIN: Oui.
M. MAILLOUX: ... et ça fait un portrait
évidemment.
M. GOSSELIN: Ce n'est pas tellement joli.
M. COURCY: Sur la route de Chicoutimi, on voir, à un
moment donné, des montagnes dénudées.
M. GOSSELIN: Il y a différents...
M. COURCY: ... est-ce qu'il y a des possibilités...
M. GOSSELIN: Il y a bien des choses qui peuvent avoir
amené ce paysage à être beaucoup moins beau qu'il aurait pu
l'être, mais on ne peut pas s'attendre que, si on fait de l'exploitation
forestière dans des endroits comme ça, nécessairement
ça va garder toujours le cachet qu'on aimerait lui voir jouer, parce
que, bien entendu, il y a diverses opinions d'émises sur la façon
dont on doit exploiter les forêts. Certaines gens disent qu'on aurait
dû faire une coupe un peu plus sélective et ne pas couper
complètement les forêts. Par contre d'autres experts nous disent
que, lorsqu'on ne les coupe pas complètement ce qui reste des arbres est
jeté par terre par le vent et renversé. Alors ce qui fait que
ça donne un paysage tout à fait désagréable
à voir.
En ce qui a trait aux officiers du ministère des Terres et
Forêts, je crois qu'en partie on a adopté de faire la coupe
à blanc avec des programmes de reboisement si possible, parce qu'on a
constaté que c'était plus avantageux et que souvent la
regénération se faisait plus rapidement que de ne faire qu'une
coupe sélective, souvent n'enlever que les bons arbres et laisser les
arbres malades sur place.
M. CLICHE: Parlant de plan d'aménagement, on en a
parlé avant l'ajournement à six heures.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Et je disais, à cette occasion-là, que
les camps d'aménagement fournis par les concessionnaires étaient
déposés dans les voûtes, dans les tablettes du bureau
d'aménagement et que de tout temps on n'y référait jamais
ou presque jamais. C'était, de la part des compagnies de se rendre
à leurs obligations que de produire un plan...
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Mais qui n'était pas vérifiépar
la suite. Je vais donner au ministre un exemple de ça. Un plan
d'aménagement avait été formé par la compagnie
Bathurst, indiquant la possibilité forestière, possibilité
du volume, ou le volume de coupe selon ce plan d'aménagement qui pouvait
être coupé annuellement en Gaspésie sur le
côté sud, sur les territoires de la compagnie Bathurst.
La possibilité s'établissait à environ 125,000
cordes. Mais, lorsque la compagnie, forcée de le faire, a
décidé de bâtir, la possibilité a augmenté,
à un moment donné, d'un coup sec à au-delà de
200,000 cordes annuellement. C'est pour cela, que j'insiste sur le fait que les
plans d'aménagement soumis par les compagnies, comme le disait le
député de Duplessis, souvent ces plans
d'aménagement-là n'étant pas
vérifiés, ne démontrent pas la situation exacte et puis,
c'est dans l'intérêt du ministère et dans
l'intérêt du gouvernement, d'intervenir et de les publier, s'il le
faut, ces plans d'aménagement-là, de les vérifier, de les
mettre à la disposition du public, pour que les gens sachent ce qu'il y
a et ce qu'il n'y a pas. Non pas dans le but de tout couper à blanc ou
de tout couper la même année, ce n'est pas cela, mais il faut que
le public sache, il faut que les ingénieurs forestiers, les
intéressés sachent ce qu'il y a là et ce qu'il n'y a pas
là. Lorsque nous avons obtenu des audiences publiques, il a
été question de changer ce mode d'opération. Les plans
d'aménagement sont faits présentement par les concessionnaires.
On a eu des suggestions à cet effet-là que le ministère
prépare les plans d'aménagement à l'avenir, de
façon à tenir une exploitation plus poussée de nos
richesses naturelles, pas une exploitation tout de même rationnelle.
Alors, est-ce que le ministre actuel est d'avis que les plans
d'aménagement devraient être encore faits par les compagnies et
laissés dans les tablettes ou bien aménagés par la
province?
M. GOSSELIN: D'abord, je crois qu'il n'est pas juste de dire que
les plans d'aménagement ont été laissés en entier
dans les tablettes, puisqu'au ministère, depuis que j'y suis
arrivé, je sais qu'il y a eu des plans d'aménagement qui ont
été apportés et puis il y en a certainement eu beaucoup
plus que quarante. Or, il n'y avait que quarante plans d'aménagement de
concessionnaires qui étaient en retard, qu'on n'avait pas
vérifiés, et avec l'augmentation des crédits que nous
avons cette année, qui est plus du triple de ce que c'était l'an
dernier, puisque l'an dernier on n'avait que $37,500,000, alors que je pense
bien que mon prédécesseur devait trouver que c'était
très, très important de vérifier ces plans
d'aménagement-là.
Cette année, nous, loin de reculer, nous avons mis un montant de
$150,000 à la disposition de la vérification des plans
d'aménagement, et je peux assurer mes collègues ici que cette
surexploitation que l'on a vue il n'y a pas tellement d'années, n'est
plus à craindre. Tous les officiers du ministère sont bien
conscients de, je ne dirais pas une négligence, mais par contre, de ce
qu'un manque, a apporté une attention spéciale aux plans
d'aménagement qui ont été présentés au
ministère antérieurement puis apportés. Or, devant les
nouvelles données que nous avons aujourd'hui, devant aussi les
possibilités que nous avons d'aller faire une inspection très
rapide pour vérifier lorsque certains cas nous sont signalés, eh
bien! je pense que nous allons pouvoir améliorer considérablement
la situation. Pour le moment, le ministre n'a pas l'intention de commencer de
faire faire des plans d'aménagement par le ministère
lui-même, parce que, comme on pourrait le remarquer dans l'étude
des crédits cette année, on n'a aucune prévision
budgétaire nous permettant d'aller faire des plans d'aménagement
sur des territoires qui sont déjà occupés par des
concessionnaires. Cependant, nous étudierons la situation et si l'on
juge à propos qu'il serait préférable que nous nous
occupions de faire les plans d'aménagement nous-mêmes, eh bien! je
pense qu'on n'hésitera pas, à ce moment-là, de mettre
cette politique en pratique et de la commencer.
Il y a plusieurs unités d'aménagement qui ont
été données à vérification par le service
contractuel et si ça intéresse mes collègues, je peux
peut-être leur en nommer quelques-unes où, par exemple, on a
l'intention de vérifier dans les cantons de Clark et de Gravier,
à Mont-Louis, dans les cantons de Lefrançois, Taschereau,
Grande-Vallée, dans le canton de Cloridorme, canton de Sydenham, canton
de Baie-de-Gaspé-Nord et la forêt domaniale gaspésienne,
les réserves forestières de Fournière. Il y aurait des
vérifications d'interprétations forestières sur les
unités d'aménagement de rivière Montmorency le
concessionnaire, c'est Anglo Canadian Pulp and Paper du haut
Saint-Maurice, la Compagnie Internationale de Papier du Canada; la
rivière Rouge, la Compagnie Internationale du Canada, encore CIP; la
rivière des Betsiamites, de Shipwhaw, la Cie Price et, sur la
rivière Pérobonka, encore la Cie Price; dans le canton de
Restigouche, Didier Ferdinand; la rivière Sault-au-Mouton, des
concessionnaires Domtar Ltd.; la rivière Moisie.
En somme il y a au bas mot, vingt unités d'aménagement que
nous vérifierons aussitôt que nous aurons pu mettre en branle tout
ce qu'il faut pour le faire.
M. COITEUX: La chose est très intéressante.
Tantôt le ministre mentionnait le fait qu'il n'y avait plus de danger
d'un « over cut » par rapport à la possibilité. Mais
il y a certainement un énorme danger qui est beaucoup plus grand, c'est
que les compagnies ne coupent pas ce qu'elles peuvent couper. Tout à
l'heure l'ancien ministre donnait un cas d'espèce. Je peux vous en
donner deux autres, dans le Lac-St-Jean. Lorsqu'il y a eu un conseil
économique de formé là, on a étudié les
possibilités forestières. Moi-même, j'ai travaillé
pour une de ces deux compagnies intéressées et, par les plans
d'aménagement, qui n'étaient pas faits par moi, j'avais un autre
travail que ça, je sais que la possibilité était
à
peu près ce dont ils avaient besoin. Sous les pressions du
conseil économique, alors là, la compagnie Price a
commencé à penser: Eh bien, ils vont envoyer des inspecteurs et
ils vont découvrir. Tout à coup, ils font une demande pour un
moulin de bois de sciage de $40 millions, avec les mêmes concessions.
Alors, ils cachaient quelque chose, c'est certain. Elle était là
la possibilité. Cela s'est découvert dans deux ou trois ans,
ça ne pousse pas si vite que ça, la petite épinette noire
de la Côte-Nord. Puis, la même chose s'est produite sur la
rivière Péribonka, avec Consol, qui a ouvert, je crois, je ne
sais pas s'il est en opération, un moulin de bois de sciage d'une
vingtaine de millions, de $30 millions. Alors, voici deux cas d'espèce
où c'est typique. On ne veut pas chicaner le ministre, cela se produit
depuis des années, mais il faut que ça s'améliore si on
veut réellement en arriver à l'exploitation maximale, sans nuire,
sans mettre en danger le capital ligneux de la province, mais à en venir
à l'exploitation optimale de nos réserves forestières.
D'ailleurs, je ne suis pas le seul à prétendre ça.
Tous les forestiers, qui en parlent dans différentes conférences
et partout, le savent qu'actuellement on exploite à peu près 60%
à 65%. Il y a une partie comprise dans les territoires non
concédés, je l'accorde, mais je suis certain que derrière
la tête de tous les gens, ils le savent pertinemment bien. On peut citer
d'autres cas d'espèce, comme l'Internationale, par exemple, qui a des
concessions sur la Cote-Nord, chez nous, depuis des années, la Domtar
à Baie-Trinité, qui vend à des prix ridicules aux
exploitants de l'extérieur. Et quand on leur en parle, ils nous disent:
On en a besoin pour notre possibilité. Ils n'en ont pas besoin. Ils en
ont besoin pour du crédit bancaire. Alors, c'est aussi brutalement franc
que cela.
M. GOSSELIN: Oui, mais je pourrais dire au député
que j'ai lu certaines statistiques qui, à un moment donné, m'ont
presque estomaqué. Quand on songe qu'ici, dans la province de
Québec, d'après certains experts, nous perdons annuellement
au-delà de 13 millions de cordes de bois qui pourraient être
exploitées et qui ne le sont pas. Lorsque je parle de pertes de 13
millions de cordes, c'est qu'il y a beaucoup de bois qui est rendu à
maturité, il y a d'autre bois qui est affecté par la maladie, des
maladies de toute sorte. D'autres, renversés par les chablis. En somme,
il y a une quantité très considérable de raisons qu'on
pourrait donner pour expliquer cette perte-là. Mais encore, c'est un
chiffre qui est fantastique, à mon avis, et ça ne devrait pas se
faire ici, dans notre province, où, lorsqu'on voit que dans certains
secteurs il y a des gens qui sont privés d'approvisionnement, d'autres
qui en ont peut-être trop.
Alors, cette année, justement avec l'augmentation de la rente
foncière, conme le député le sait, ceux qui exploitent de
façon rationnelle leur concession ne seront pas tellement
frappés. Tandis que de la manière que la rente foncière
est placée, eh bien, il en coûtera beaucoup plus cher au
concessionnaire qui n'exploitera pas sa concession. C'est un commencement. Je
ne dis pas que c'est une panacée qui va guérir toute la
situation, mais par contre, nous sommes conscients de cet état de
choses. Nous visons, dans toute la mesure du possible, à une
exploitation maximale de la forêt mais, à la fois, nous voulons
aussi que, lorsqu'elle est exploitée, voir à ce que sa
regénération, que les repousses se fassent normalement, afin de
ne jamais en manquer.
C'est pourquoi nous avons tous les services. Des services les plus
modernes possibles, aujourd'hui, au ministère, qu'on ne possédait
pas il n'y a pas tellement d'années, qui sont là.
Des experts qui surveillent constamment toutes les activités des
exploitations forestières, afin que, dès qu'une
irrégularité quelconque, qu'un état de choses quelconque
pouvant nuire à cette exploitation maximale de la forêt, nous est
signalé, nous puissions enrayer le mal avant qu'il ne soit trop tard. Je
pense que nous sommes tous, mes officiers, moi, qui vous parle et certains de
ceux qui m'ont précédé, conscients de la situation et nous
nous efforçons, dans toute la mesure du possible, de
l'améliorer.
M. GAGNON: ... tout à l'heure on a présenté
un problème particulier concernant la Bathurst, à l'effet qu'ils
ont préparé deux rapports, à des périodes
différentes, lesquels ne donnaient pas la capacité maximale de la
forêt. Mais, à ce moment-là, j'imagine qu'il était
probablement titulaire du ministère des Terres et Forêts. Quel
était le rapport exact? Est-ce que c'était celui qui
décrétait la possibilité d'une forêt de 125,000
cordes ou celui qui décrétait 200,000 cordes? Le ministre le
sait-il?
M. CLICHE: C'est sûrement le dernier. C'est sûrement
celui qui a établi le maximum de cordes.
M. GAGNON: Je ne pense pas!
M. CLICHE : Parce que la compagnie investissait $50 millions.
M. GAGNON: Oui.
M. CLICHE: Elle n'irait pas investir $50 millions sur des
possibilités d'exploiter à tel rendement, à tel volume de
cordes de bois pendant seulement dix ans ou quinze ans. Je crois que c'est dans
le deuxième cas. D'ailleurs la pousse se fait plus rapidement dans cette
région-là qu'ailleurs.
M. GAGNON: J'ai eu l'occasion de passer en Gaspésie et je
dois dire que les concessions de la Bathurst s'en vont très vite.
M. GOSSELIN: Il y a tout de même quelque chose de fort
cocasse dans toutes ces situations-là. Voici un fait patent, qu'on nous
explique, qu'on porte à notre attention: celui de la Bathurst. L'on nous
dit que l'on a préparé un deuxième plan
d'aménagement. Plusieurs pressions ont été faites par la
même compagnie, aujourd'hui, me disant qu'après avoir
vérifié ses affaires, elle n'a pas assez de bois. On
prétend qu'il leur manque, je crois, un minimum de 45,000 cordes de
bois, annuellement. Ils auraient besoin de 45,000 cordes de bois de plus pour
arriver à tenir leur usine, pour qu'elle soit rentable.
M. COITEUX: Est-ce que le deuxième plan
d'aménagement a été fait?
M. GOSSELIN: Je ne pourrais pas dire.
M. GAGNON: L'ancien ministre d'Abitibi-Est doit le savoir, il
était titulaire à ce moment-là.
M. CLICHE: Pardon?
M. GAGNON: Le deuxième plan d'aménagement a
été fait par eux également.
M. CLICHE : Certainement! Par la compagnie.
M. GAGNON: Les deux plans avaient été faits par
eux!
M. CLICHE : Bien oui, par les officiers de la compagnie.
M. GAGNON: Or, je pensais que quand ils font la demande...
M. CLICHE: Ou par des ingénieurs forestiers dont les
services avaient été retenus par la compagnie Bathurst. Je ne
sais pas si ce sont les mêmes, mais c'est la même compagnie qui
avait produit les plans d'aménagement.
M. GOSSELIN: Mais je crois que...
M. GAGNON; II faudrait que le ministère des Terres et
Forêts prouve que leurs concessions se détériorent à
une vitesse trop considérable en fonction des possibilités de la
forêt.
M. CLICHE: Ecoutez, je m'adresse au député de
Gaspé-Nord. Il n'y a pas de mystère dans ça. Jamais, dans
le passé, le ministère des Terres et Forêts n'est intervenu
de quelque façon, à la suite d'un plan d'aménagement, qui
a été produit par une compagnie forestière, pour dire;
Vous coupez trop; vous ne coupez pas assez; vous devriez couper plus; vous
devriez passer de telles essences à telles autres. Parce qu'on ne
pouvait rien à ce moment-là. Il y en avait trop de bois partout,
et puis, on ne le connaissait pas. On n'avait pas d'inventaire, on n'avait pas
l'organisation pour en faire. On n'avait pas de service d'étude et de
planification. Aujourd'hui on est rendu là.
M. GOSSELIN: Vous n'aviez pas de...
M. CLICHE: On est rendu là, aujourd'hui. Alors, il faut
les vérifier nos plans d'aménagement. Et si possible que le
gouvernement le fasse lui-même de façon à utiliser la
forêt comme elle doit être utilisée.
M. GOSSELIN: Je crois que nous avons un très bon
départ cette année puisque, à cet article, nous avons
quatre fois plus de crédits que vous aviez l'an passé. Alors je
crois qu'il y a un très bon départ.
M. CLICHE: Oui, mais je veux tout simplement prévenir le
ministère, exiger que le ministère intervienne dans ce
domaine-là, que le ministre et les officiers interviennent plus souvent
à ce ministère-là.
M. GOSSELIN: Oui. Nous allons le faire.
M. CLICHE : Et puis qu'il prenne des sanctions contre les plans
d'aménagement qui ne sont pas exacts ou qui ne sont pas fournis, de
façon à pouvoir déterminer si un concessionnaire forestier
a trop de réserves forestières ou bien s'il n'en a pas assez. Je
pense à un cas, comme la compagnie Domtar à Dolbeau. On m'a
affirmé, pendant que j'étais là, que les réserves
forestières étaient trop grandes pour la capacité du
moulin.
M. GOSSELIN: C'est exact!
M. CLICHE: A Dolbeau. Alors, il y a des sanctions à
prendre dans ces cas-là.
M. GOSSELIN: Dans le réaménagement de la
forêt domaniale, de Roberval, de Chibougamau, il y a une proposition de
faite à l'heure actuelle; une partie de ce territoire va être
annexée à la forêt domaniale pour tâcher de
compléter le complexe que nous sommes à organiser.
M. CLICHE: Il y a toute une série de décisions
très importantes qui pourraient être rendues si ce service
fonctionnait comme il doit fonctionner.
M. GAGNON: Mais je trouve que le député
d'Abitibi-Est est terriblement bien renseigné. Cela fait seulement dix
mois qu'il a quitté son poste tout de même. J'imagine donc qu'il
savait tout ça l'année dernière, ou il y a deux ans.
M. CLICHE: Oui.
M. GAGNON: L'ancien ministre a peut-être retardé
à se mettre en fonction...
M. CLICHE: Ah, non! Il fallait procéder logiquement. Il
fallait procéder logiquement, et on a procédé
logiquement.
M. COURCY: Qui est-ce qui a dépensé les
crédits? Ce ne sont pas les anciens ministres?
M. GAGNON: Non, je dis que cela fait deux, trois, quatre ans que
cela existe à ce moment-là. On convient qu'il pouvait se
présenter certains problèmes pour mettre le mécanisme en
marche, mais il ne faut pas penser qu'à la venue du nouveau gouvernement
que le mécanisme marche automatiquement, en tournant un bouton. Parce
que cela, ce sont des choses qui existent depuis quatre, cinq, six,
peut-être dix ans. Alors dans dix mois, le nouveau ministre... Non, je
réalise que le député d'Abitibi-Est nous donne des
informations qu'il savait depuis longtemps; cela, c'est ce que je
réalise.
M. COURCY: Mais tu as besoin de les donner, par exemple.
M. BINETTE: M. le Président,...
M. GAGNON: Je ne dirai pas qu'il ne le sait pas, mais qu'il le
savait. Cela, c'est important de le savoir.
M. BINETTE: Le ministre tout à l'heure a mentionné
un chiffre qui m'a frappé énormément. C'est le triple, le
chiffre de 13,000,000 de perte de bois de cordes...
M. GOSSELIN: ... de cordes de bois.
M. BINETTE: Treize millions de cordes de bois qui se perdent par
année. Evidemment le chiffre absolu semble fantastique si on regarde
cela. Est-ce que le ministre pourrait nous dire ce que représente en
pourcentage évidemment je lui pose une question assez difficile
mais approximativement, en pourcentage, ce que représente 13
millions de cordes de bois par rapport à la production annuelle? C'est
comme cela qu'on peut savoir exactement la gravité de la perte?
M. CLICHE: La production annuelle est environ de 10 millions de
cordes.
M. GOSSELIN: Il se coupe anuellement environ 7 millions de
cordes...
M. BINETTE: Il se coupe 7 millions de cordes et il s'en perd
treize millions?
M. GOSSELIN: Oui, dans les concessions.
M. BINETTE: Il s'en perd treize millions!
M. GOSSELIN: Oui, d'ailleurs les chiffres que je vous donne
là, ce sont des chiffres que je me souviens d'avoir lus au cours de
l'automne dernier, qui étaient dans un rapport qui a été
donné, qui m'a été apporté. Maintenant je ne les
tiens pas pour véridiques, je vous les donne pour ce qu'ils sont. Je
vous l'ai dit au début de mes remarques que, moi-même, j'avais
été renversé par le chiffre extraordinaire que je trouvais
élevé moi-même, mais par contre au fur et à mesure
qu'on travaille à l'intérieur du ministère des Terres et
Forêts, on est porté à croire que le chiffre serait
bon.
M. BINETTE: Alors ce qui veut dire qu'il est urgent et
très important que les plans d'aménagement soient
réalisés et suivis au plutôt par le ministère. On
perd deux fois plus qu'on ne produit. C'est une perte épouvantable pour
les richesses naturelles.
M. GOSSELIN: Sans aucun doute que tous ces calculs qui ont
été faits, l'ont été aussi sur une grande partie
des territoires qui encore sont inaccessibles et où la forêt est
rendue à maturité et où coûte que coûte le
bois va tomber. Et à tous les ans, et le député
d'Abitibi-Est le sait,
il y a certain concessionnaires dans sa région à qui on a
permis de faire une coupe au-delà des possibilités de coupes,
pour tâcher d'aller le récupérer le plus tôt
possible, parce que le bois est rendu soit à maturité ou il est
malade et il faut absolument le couper. Alors ce sont tous ces
montants-là que l'on a pris en considération et puis que,
peut-être, on est arrivé au chiffre de 13 millions de cordes. Bien
entendu, je ne vous donne pas cela comme un dogme de foi et vous dire que
c'était écrit dans le saint évangile, je vous dis...
M. BINETTE: C'est une approximation de la perte annuelle.
M. MAILLOUX: Sur les 13 millions, est-ce qu'il y a une forte
quantité d'essences secondaires?
M. GOSSELIN: Des essences secondaires, nécessairement il
doit y en avoir, parce que vous savez que du bouleau ou du peuplier, cela
périt plus vite que n'importe quel autre arbre. Le merisier, c'est
encore pareil. Vous avez des épidémies qui passent. Il n'y a pas
tellement d'années, vous avez eu une épidémie qui a
atteint les ormes, entre autres, qui a détruit pratiquement tous les
ormes dans notre région. Vous en avez une autre qui court dans le moment
et attaque, le hêtre ou le merisier. Il y a une maladie très grave
sur le bouleau il n'y a pas tellement d'années et il y en a eu une qui
court présentement sur le merisier. Nous sommes à faire des
travaux de recherches là-dessus pour tâcher d'enrayer ces
choses-là et également nous verrons, dans toute la mesure du
possible, à ce que la forêt soit exploitée à son
maximum et surtout pour améliorer les sources d'approvisionnement
de...
M. MAILLOUX: En parlant d'approvisionnement, le gouvernement n'a
aucun droit de regard sur des seigneuries telles le séminaire de
Québec?
M. GOSSELIN: Les seigneuries, ce sontdes propriétés
privées. A ce moment-là, le gouvernement n'a aucun
contrôle, pas plus qu'on en aurait sur la terre d'un cultivateur qui lui
appartient en entier.
M. MAILLOUX: Est-ce que ce serait l'intention du
ministère, à propos de ces seigneuries de procéder
à des transactions, à des ententes advenant qu'on ait besoin de
ces seigneuries?
M. GOSSELIN: Il y a certaines suggestions qui ont
été faites par le plan du BAEQ et il y aura des
possibilités de procéder à des transactions avec le
gouvernement pour que nous redevenions propriétaires de ces
seigneuries-là pour mieux aménager le milieu.
M. COITEUX: Vous dites qu'ils n'ont pas de droit de regard sur
les terrains privés. Légalement, j'en suis, mais si vous placez
le problème dans un contexte disons, par exemple, le contexte de
la Consol, qui, a un immense territoire privé, qui s'appelle l'Ile
d'Anticosti, alors, si, disons, il y avait possibilité pour la Consol,
vis-à-vis le gouvernement, est-ce que, à ce moment-là, le
gouvernement n'aurait pas droit d'aller vérifier les chiffres pour voir
si, réellement, ils n'ont pas dans ces terrains privés-là
suffisamment de bois ou peut-être deux fois plus que la
possibilité qu'ils exploitent actuellement?
M. GOSSELIN: Certainement. D'ailleurs, ça s'est
déjà fait. L'ex-ministre le sait d'ailleurs. Sur certains
échanges projetés, à un moment donné, on a fait des
vérifications, et lorsque la compagnie demandait des sommes fabuleuses
pour arriver à l'échange, lorsque les experts du gouvernement,
les officiers du gouvernement ont vérifié sur place tout ce qu'il
y avait, Je pense qu'on a fait des transactions, qui étaient beaucoup
plus conformes à la réalité et beaucoup plus avantageuses
pour le gouvernement que certains échanges qui s'étaient faits il
y a plusieurs années déjà.
M. LACROIX: Est-ce qu'une partie importante du montant de
$150,000 prévu pour l'aménagement forestier...
M. GOSSELIN: $150,000, ce n'est que pour vérification,
seulement pour la vérification.
M. LACROIX: Mais est-ce qu'une partie importante de ce
montant-là ne servira pas uniquement pour les travaux
d'aménagement en vue de l'organisation et de l'établissement de
forêts domaniales plutôt que pour la surveillance des...
M. GOSSELIN: Non, il y a déjà un autre article au
budget qui va nous permettre de faire des plans d'aménagement à
l'intérieur des forêts domaniales.
M. LACROIX: Aux crédits, c'est un autre budget qui est
prévu.
M. GOSSE LIN: Oui.
M. CLICHE : Le ministre voudrait-il nous dire si la transaction
qui devait se faire, qui devait être faite entre la Couronne, la
compagnie Price et la compagnie Donahue, a été terminée au
sujet d'un territoire forestier situé dans le comté de
Kamouraska, peut-être aussi celui de Montmagny? Est-ce que c'est
terminé, ça?
M. GOSSE LIN: Non, ce n'est pas fait encore, ce n'est pas
terminé.
M. CLICHE: Pas encore.
M. GOSSELIN: Il y a une entente par contre avec Price et la
côte sud, où il y a un programme d'aménagement conjoint de
concessions et de terrains privés. Et là, nous avons le plein
contrôle non seulement des concessions mais aussi des boisés
privés, puisque la compagnie a accepté de collaborer avec le
ministère à cet effet.
M. CLICHE: Oui, mais je me souviens que les chambres de commerce
et différents organismes importants de la région de Kamouraska,
du temps que j'étais là, faisaient des démarches, de
même que les différents services de 1'UCC, pour que ce
territoire-là, dans cette région-là, serve à
l'économie locale. Je pense qu'ils servent actuellement à
certains. Mais, de façon définitive, les industries, là,
s'alimentent à même cette réserve-là.
M. GOSSELIN: Oui, mais...
M. CLICHE: De la part des gens de Kamouraska...
M. GOSSELIN: Nous sommes parfaitement conscients de cet
état de choses, mais cependant j'aimerais dire au comité qu'on ne
peut pas tellement travailler cette chose-là avec un esprit de clocher.
Il faut absolument prendre toute cette situation du réaménagement
de nos forêts par régions totales.
M. CLICHE: Je regrette, ce n'est pas une question de clocher,
c'est une question d'aider la compagnie Donahue à avoir suffisamment de
réserves pour augmenter la capacité de son moulin de Clermont, et
puis, c'est pour aider les gens de la région de Kamouraska à
avoir du bois, l'avoir de façon définitive et assurée.
M. GOSSELIN: Oui, certainement, seulement, ce que le
député d'Abitibi-Est, je pense bien, doit se rappeler, c'est que
souvent nous avons des pressions qui nous sont faites à l'effet qu'on ne
devrait pas passer au-delà de telles limites, des limites de tel
comté ou de telle paroisse. Cela, ça appartient à telle
paroisse et à telle autre. Cela, ce sont des pressions qui nous sont
faites constamment, qu'on rencontre presque toutes les semaines au
ministère des Terres et Forêts. Cependant, nous, nous voulons,
dans toute la mesure du possible, lorsqu'un réaménagement se
fait, qu'il se fasse en fonction de toute la région.
M. CLICHE: Ce n'est certainement pas le cas qui se
présente, M. le Ministre.
M. GOSSE LIN: Mais, dans le cas de Donahue, à l'heure
actuelle, je crois qu'il y a des propositions de faites. Il n'y a rien qui
empêche d'ailleurs la compagnie Donahue de procéder à son
expansion, chose qui est déjà décidée d'ailleurs.
Elle l'a annoncée dans le journal, il n'y a pas tellement longtemps. Et
si elle l'a annoncée, c'est parce que, déjà, au
préalable, elle avait eu l'assurance des officiers du ministère
qu'elle pourrait obtenir tous les approvisionnements nécessaires
à son usine.
M. D'ANJOU: Je dois dire, M. le Président, que la
compagnie Donahue ne sort aucune bûche de bois pour la transporter au
dehors.
M. CLICHE: C'est ça, en plein ça. Ils ne prennent
pas de bois là, la compagnie Donahue. C 'est une situation qui devrait
être corrigée,
M. MAILLOUX: M. le Président, j'avais des questions
à poser au sujet de Donahue. Est-ce que je dois attendre l'article
« forêt domaniale » ou faut-il les poser
immédiatement?
M. GOSSELIN: Posez-les quand vous voudrez.
M. MAILLOUX: Ce que je voulais savoir exactement, c'est...
M. CLICHE: Juste avant de terminer, s'il vous plaît, cette
question-ci; est-ce que le ministre peut dire que, dans un avenir
rapproché, une question de semaines ou de mois, il va terminer cette
question-là qui était prête? Parce que trois choses en
dépendent: le moulin de Clermont, la population du comté de
Kamouraska et celle de Montmagny selon toute possibilité, et la
région de Sacré-Coeur aussi, parce qu'il y a là du
territoire de la compagnie Price. Alors
l'affaire est presque terminée, était presque
terminée. Qu'est-ce qui arrive?
M. GOSSELIN: Bien, je crois qu'elle n'est pas aussi
terminée...
M. CLICHE: Ce n'est pas cela que je veux savoir.
M. GOSSELIN: ... elle n'en est pas à un point aussi
définitif que cela. Parce qu'une des difficultés principales que
nous avons dans ce domaine-là, et que le service de la planification a,
c'est précisément de trouver un territoire au nord qui pourrait
servir à dédommager la Cie Donahue pour le territoire qu'elle
veut échanger avec le gouvernement. Mais, dans le
réaménagement que nous voulons faire, avec les
possibilités d'avoir certains amendements que nous voulons à la
Loi du ministère des Terres et Forêts, à ce
moment-là, nous serons beaucoup plus en mesure d'améliorer la
situation.
M. CLICHE: Je regrette de contredire le ministre, parce que les
territoires dont la compagnie Donahue aurait besoin sur la rive nord du
Saint-Laurent, elle peut les obtenir parmi ceux de la compagnie Price qui se
retire de ce coin-là. Et, en réglant cela, vous réglez la
question du comté de Kamouraska.
M. GOSSELIN: Oui, mais si c'était si près que cela,
il me semble que ça n'a pas dû arriver de but en blanc comme cela
au ministère des Terres et Forêts. Il y a à peine une
dizaine de mois, l'ancien ministre devait être au courant de la
situation, pourquoi est-ce qu'il ne l'a pas réglée?..
M. CLICHE: Certainement qu'il était au courant.
C'était à la veille de se régler comme on a
réglé toute une série d'affaires, on n'a pas pu les
régler toutes...
M. GOSSELIN: Bien, c'est comme bien d'autres choses qui, comme le
disait l'ancien ministre, étalent à la veille de se
régler, et qui m'ont laissé passablement de travail à
faire...
M. CLICHE: Là, je demande au ministre s'il est à la
veille de la régler.
M. GOSSELIN: Vous direz à l'ancien ministre qu'il en
restait beaucoup de choses qui, à l'entendre parler, étaient sur
le point de se régler.
M. CLICHE: Il y en avait de faites.
M. GOSSELIN: Ah, il y en avait de faites, mais il en restait
encore à faire! Il en restait encore, beaucoup plus à faire que
vous n'en avez fait, et cela après que...
M. CLICHE: Je m'Informe au nom de la population de ces
régions-là, je veux savoir quand?
M. GOSSELIN: Je vous dis que nous faisons l'impossible, et
aussitôt qu'on pourra le faire, on le fera et avec grand plaisir à
part cela. Parce qu'au fur et à mesure qu'on réussit à
résoudre un problème et qu'on peut le classer comme étant
résolu, eh bien, cela nous donne la chance, à ce
moment-là, de travailler sur d'autres.
Il n'y a aucun problème urgent qui est mis de côté.
Nous faisons l'impossible pour tâcher de le résoudre. Par contre,
je tiens à dire au député d'Abitibi-Est qu'il y a des
problèmes que, souvent, on prétend sur le point d'être
résolus, mais il arrive tellement de choses qui viennent contrecarrer
les plans que nous avons, que très souvent, on est obligé de
remettre un peu. Cela ne veut pas dire qu'on les met de côté et
cela ne veut pas dire non plus qu'on essaie de les boycotter ou qu'on essaie de
ne pas les résoudre ou qu'on les laisse traîner.
M. CLICHE: Oui.
M. GOSSELIN: Nous sommes conscients de ce fait et nous faisons
l'impossible pour améliorer la situation.
M. CLICHE: Il y a des problèmes qui doivent obtenir une
certaine priorité. C'en est un.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Il y a des populations qui ne sont pas riches, qui
dépendent de cette solution-là.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: ... et qui voudraient l'avoir, cette
solution-là. Je dis au ministre que c'est une question qui devrait
recevoir son attention, qui devrait être réglée. Je suis
convaincu que les députés des régions concernées
sont également conscients de cette urgence-là, que cela doit
être réglé.
M. GOSSELIN: Je dis au député d'Abitibi-Est que,
pour le développement et pour l'exten-tion de l'usine à Clermont,
il n'y a absolument aucun retard de la part du ministère. Il n'y a rien
qui les empêche à l'heure actuelle de pro-
céder. Ils ont eu les acceptations de principe sur leur affaire,
et là, ce n'est qu'une question de procédure pour que nous en
venions à des ententes. Il n'y a aucune difficulté, et cela ne
sera certainement pas laissé en plan.
M. COITEUX: A quel stade est l'organisation de
Sacré-Coeur?
M. GOSSELIN: L'organisation de Sacré-Coeur? Justement,
l'UCC a apporté de nouvelles données qui étaient
nécessaires au service de la planififacion. Ils devaient avoir une
réunion vendredi dernier avec M. Duchesneau et moi-même, ainsi que
d'autres fonctionnaires du ministère, pour que nous prenions ensemble
à nouveau toute cette question de l'implantation d'un moulin à
Sacré-Coeur. Nous espérons pouvoir les rencontrer peut-être
avant la fin de cette semaine ou au début de la semaine prochaine, pour
examiner l'affaire encore plus sérieusement.
M. COITEUX: Quel genre de moulin ont-ils l'intention de
construire là?
M. GOSSELIN: C'est un moulin de pâte me: II ranique au
début. Ils ont des projets assez élaborés sur toute cette
question...
M. CLICHE: Il y a plus qu'un projet élaboré, il y a
une étude très poussée qui a été faite par
des experts, payée par le ministère des Terres et Forêts,
et l'étude, d'après les renseignements que j'ai eus, est
certainement terminée depuis à bonne heure l'automne
passé, l'automne 1966.
M. GOSSELIN: L'étude n'était pas complète,
elle n'avait pas été à la satisfaction...
M. CLICHE: Depuis l'automne 1966, il n'y en a pas de nouvelles.
Je ne sais pas s'il y en a des nouvelles. Il peut y en avoir, mais je n'en ai
pas.
M. GOSSELIN: Si l'ex-ministre veut en avoir absolument, des
nouvelles, il n'a qu'à s'informer auprès du directeur de la
planification, il va tout lui donner. Il n'y a pas de porte de barrée au
ministère des Terres et Forêts. Cependant, je dois lui dire que la
fameuse étude préparée par le docteur Schweitz, elle
n'était pas complète, elle n'était pas satisfaisante
d'après les officiers du ministère et d'autres experts qui l'ont
consultée et l'UCC elle-même n'en était pas totalement...
satisfaite, puisqu'ils nous ont redemandé s'il n'y aurait pas
possibilité de les aider à poursuivre leurs recherches. Alors,
nous leur avons donné tout le temps voulu pour qu'ils l'examinent
à nouveau, mais le directeur du service de la planification, avec tout
son personnel, l'a regardée, l'a étudiée à nouveau
et, là, nous sommes sur le point d'avoir une autre rencontre.
Maintenant, il y a eu des propositions qui ont été faites par
l'UCC et une de celles-là, si les députés veulent le
savoir, c'est que l'UCC nous a demandé si le gouvernement était
prêt à garantir tous les emprunts que l'UCC fait pour implanter
une telle industrie de la même façon qu'on garantirait les
obligations des commissions scolaires...
M. CLICHE: Au montant de combien?
M. GOSSELIN: Au montant d'environ $20 millions.
M. CLICHE: Et puis, qu'est-ce que le ministre a
répondu?
M. GOSSELIN: J'ai dit que la politique du gouvernement
était certainement que le gouvernement ne pouvait pas, dans la
période que nous traversons, garantir pareille entreprise, que ce
n'était pas de son ressort, qu'il y avait pour cela des
sociétés qui ont été formées, comme la
Société générale de financement, aussi bien que
d'autres sociétés financières très connues dans la
province...
M. GAGNON: Ou la Banque Industrielle...
M. GOSSELIN: ... la Banque Industrielle ou autres. Dans la
province de Québec nous nous en servons...
M. COITEUX: Est-ce que ARDA peut entrer dans un genre de projet
comme ça?
M. GOSSELIN: Cela, j'aimerais mieux qu'on pose la question au
ministre concerné.
M. GAGNON: Je crois que oui.
M. GOSSELIN: ... parce que je ne suis pas en position,
c'est-à-dire que je ne me suis pas intéressé à
cette question sous cet angle-là. J'ai donné les positions que
prendrait le ministère des Terres et Forêts, après avoir
consulté mes collègues de l'exécutif. Je pense que
ça reflétait l'opinion générale que, en pareille
circonstance, il n'était pas du ressort du gouvernement d'aller
garantir...
M. CLICHE: Est-ce que les réserves forestières sont
disponibles pour alimenter une industrie semblable?
M. GOSSELIN : Oui, j'ai dit à l'UCC qu'en tout temps, nous
leur garantirions les approvisionnements autant que n'importe quelle autre
compagnie qui veut venir s'installer dans la province de Québec. Nous
leur donnerons exactement les mêmes avantages.
M. GAGNON: Mais tout de même, si une compagnie veut
s'établir, à ce moment-là, elle doit être rentable.
Pourquoi lui demander des garanties aussi considérables? Est-ce que ceux
qui sont les acheteurs d'obligations et d'actions n'auraient pas confiance dans
l'émission ou les émissions qui seraient faites sur le
marché? Pourquoi demander au gouvernement de les garantir? Parce qu'une
commission scolaire, ce n'est pas un producteur, ce n'est pas un
commerçant. Mais, eux sont des producteurs, c'est l'industrie. Ils
produisent quelque chose et vendent quelque chose. Or, quand on demande au
gouvernement d'aller garantir des obligations, à ce moment-là,
ça pose un doute, à savoir si c'est rentable ou non. Si c'est
rentable, il y a place sur le marché pour la vente d'obligations de ces
compagnies-là comme toutes les compagnies qu'on connaît dans la
province de Québec.
M. CLICHE : Je ne parle pas de compagnies, mais de l'UCC, d'un
projet de l'UCC.
M. COITEUX: C'est la grande différence.
M. GAGNON: Mais même l'UCC, si elle veut mettre en marche
une compagnie, certainement que, à cause d'une rentabilité,
à ce moment-là...
M. CLICHE: Est-ce à la connaissance du
député que d'autres provinces ont garanti des obligations
à des compagnies privées?
M. GAGNON; Bien, peut-être...
M. CLICHE: Pour amener de l'industrie dans leurs
forêts.
M. GAGNON: Ah! là il y a le problème d'amener de
l'industrie, ça, je l'admets.
M. CLICHE: Ce serait même...
M. GAGNON: Oui, à ce moment-là, le gouvernement
crée un problème. En Gaspésie, l'UCC avait demandé
les mêmes avantages et est-ce que le marché d'obligations sera
capable d'y aller?
M. LACROIX: Est-ce que le gouvernement étudie la
possibilité d'entrer dans un « joined venture » avec l'UCC
pour l'organisation d'une industrie?
M. GOSSELIN: Non.
M. LACROIX: Le gouvernement n'a étudié aucunement
la possibilité de joindre?...
M. GOSSELIN: Le gouvernement a étudié, seulement le
gouvernement actuel, je vous l'ai dit tout à l'heure en toute franchise,
n'a pas l'intention de garantir des obligations pour des projets semblables.
Pas pour le moment du moins. Je ne dis pas que la porte est fermée, mais
pas pour le moment du moins.
M. LACROIX: Mais dans un domaine de l'industrie où le
capital canadien-français ou les organisations
canadiennes-françaises sont tellement rares, pour ne dire pas absents
complètement, est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité
d'étudier encore de nouveau le projet, d'étudier la
possibilité de se joindre à l'UCC pour l'organisation d'une telle
industrie?
M» GOSSELIN: Le gouvernement antérieur a justement
fondé des organismes financiers spécialisés dans la
matière, pour le financement de l'industrie. Or, qu'on présente
le projet à la Société générale de
financement et qu'on obtienne après cela toutes les données du
conseil d'orientation économique si l'on veut et, là, je ne
verrais pas pourquoi que ça ne serait pas un projet qu'il serait
très avantageux pour ces gens-là de prendre en main.
M. LACROIX: Mais la SGF a-t-elle à ce moment-ci les
disponibilités pour pouvoir envisager la possibilité d'entrer
dans une société mixte avec l'UCC?
M. GOSSELIN: Ah! ça, il faudrait poser la question aux
officiers de la SGF. Je ne suis pas l'administrateur de la SGF pour
répondre à cette question-là mais je dis que cet
organisme-là a été fondé dans le temps
précisément pour aider au financement d'organisations
semblables.
M. GAGNON: Mais pas pour en mettre sur pied. Pour aider à
celles qui étaient en train de péricliter. Mais
deuxièmement, la SGF, d'après les déclarations de
Sonia.
M. LACROIX: SOMA est une organisation complètement
nouvelle?
M. GAGNON: Je sais, mais, actuellement,
d'après ses déclarations, je pense que M. Filion, avant de
la quetter, avait dit que la SGF en avait au maximum de ces capacités.
Il n'y a pas longtemps qu'il a déclaré cela.
M. MAILLOUX: Est-ce qu'onpeut revenir un instant à Donohue
Brothers? C'est une des deux seules compagnies canadiennes-françaises
qui restent dans le domaine des pâtes et papiers... Tantôt, le
ministre a dit, évidemment, que la compagnie Price Brothers, qui est
possesseur de concessions dans la région de Saint-Siméon,
Sainte-Catherine, Sagar, semblait consentir à des échanges de
concessions avec Donahue Brothers. Il a été question dans le
passé d'échanges de concessions avec celles de Kamouraska. Je ne
voudrais entraver en aucune façon l'annonce faite par M. Mike Donahue,
la semaine passée, quand il a dit que les journalistes l'avait
devancé mais que, d'ici quelques semaines, une annonce serait faite
éventuellement. Je ne voudrais pas, non plus, que, par mes paroles, un
de vos sous-ministres soit ennuyé parce que je sais qu'il a fait un
travail objectif pour une compagnie précédemment, comme il
travaille objectivement aujourd'hui pour le gouvernement. Est-ce que le
ministère, devant l'agrandissement possible d'une quatrième
machine à Clermont, et avec les 100,000 cordes que prendra, semble-t-il,
cette quatrième machine et qui devront venir des concessions de Price
Brothers surtout, est-ce que le ministère, dis-je, pense qu'il serait
souhaitable, à ce moment-là, que la compagnie d'Auteuil Lumber
soit évincée du territoire de Charlevoix? Et est-ce que le
ministère prendra les mesures nécessaires pour que le
boisé de ferme puisse doubler sa capacité de livraison vers
Donahue Brothers? Et, également, est-ce que le ministère prendra
les mesures nécessaires, au sujet de la concession forestière de
Price Brothers, pour que ces gens-là n'exploitent plus aujourd'hui, pour
que les syndicats forestiers de Saint-Siméon, de Sainte-Catherine, de
Sagar puissent continuer les mêmes opérations pour la compagnie
Donahue Brothers, s'il y a un échange de concessions?
M. GOSSELIN: En tout temps, nous prenons un soin scrupuleux pour
que, en premier lieu, les droits déjà acquis par les syndicats
qui font les opérations forestières soient respectés et
que ceux-ci puissent poursuivre les opérations forestières. C'est
reconnu au ministère et, également c'est la politique de celui
qui vous parle. Nous voulons, dans toute la mesure du possible, lorsqu'il y a
certains réaménagements qui se font, qu'on respecte et qu'on voit
d'abord à ce que les ouvriers qui sont en place, les cultivateurs, les
colons qui ont besoin de travail, puissent continuer d'avoir les mêmes
privilèges qu'ils avaient et même les améliorer, s'il est
possible. Alors, nous allons tenir en ligne de compte cet état de
choses, et nous allons voir à ce que ça soit respecté.
En ce qui a trait à la compagnie d'Auteuil et à la
compagnie Price, tout cela est sur le point de se résoudre.
Personnellement, je voudrais le voir résolu demain matin si
c'était possible. On peut être assuré que,
présentement, la compagnie Donahue peut procéder à toute
l'amélioration qu'elle veut faire à son moulin de Clermont,
qu'elle en a l'acceptation de principe, qu'elle a l'assurance également
que nous sommes à travailler et que tout est suffisamment avancé
pour que cet état de choses-là se régularise dans le plus
bref délai.
M. MAILLOUX: Une question supplémentaire. Il y a un
congrès de l'UCC qui se situera, je crois, jeudi à
Saint-Siméon, et on m'a souligné le problème de Joseph
Houde, dont j'ai déjà parlé au ministre, qui a un moulin
qui est bâti aux limites du comté de Dubuc. Les gens comprennent
difficilement l'organisation de ce moulin-là. Alors que la forêt
avoisinante est nulle, on prétend évidemment en venir à
approvisionner ce moulin-là des réserves de Baie-Sainte-Catherine
ou Saint-Siméon. Si les gens comprennent difficilement, c'est qu'il faut
venir chercher le bois à 35 ou 40 milles pour l'apporter au moulin et le
retourner vers la mer, soit dans la région de Saint-Siméon.
Alors, il y a un transport de 90 milles aller-retour, alors que le moulin
aurait pu être bâti à Saint-Siméon. Et il a
circulé un bruit, je voudrais que le ministre me contredise, à
l'effet que M. Houde, qui a un moulin de bois de sciage, pourrait
éventuellement couper le pied du bois, quitte à ce que les
têtes soient dirigées vers le moulin de Donahue Brothers, il va y
avoir des questions précises posées à ce sujet-là,
jeudi.
De quelle manière y a-t-il eu d'abord des concessions de faites
au dénommé Joseph Houde? Et est-ce que le ministère veut
nous dire si cette opération éventuelle de Joseph Houde entravera
les opérations forestières de Donahue Brothers?
M. GOSSELIN: Du tout. D'abord, pour répondre à la
première question, le député de Charlevoix sait que Joseph
Houde est déjà propriétaire d'une concession
forestière...
M. MAILLOUX: C'est entendu.
M. GOSSELIN: ... de 50 milles carrés et Joseph Houde est
prêt, à la suite de l'incendie de son moulin, à remettre sa
concession forestière au gouvernement afin que nous puissions
procéder à un réaménagement complet de tout ce
secteur-là. Et d'ailleurs, en faisant le réaménagement
aussi, les approches ont été faites auprès de d'Auteuil
Lumber également, qui est prêt à diriger ses bois vers
l'usine de Donahue. Et lorsque nous aurons terminé ce
réaménagement, Joseph Houde doit avoir une garantie
d'approvisionnement, et non pas une concession forestière pour son usine
qu'il désire reconstruire, et qu'il n'a d'ailleurs pas commencée.
Mais il a reçu l'approbation du ministère des Richesses
naturelles, soit de l'Hydro-Québec, pour avoir son alimentation en
électricité et, en ce qui nous concerne, nous, au
ministère des Terres et Forêts, devant le travail
déjà fait par Joseph Houde, nous sommes prêts, lorsque le
temps sera venu, à lui donner une garantie d'approvisionnement pour son
moulin, approvisionnement qui sera bien mesuré quant à la
quantité qu'il devra avoir et au sujet duquel il sera bien
spécifié aussi que cette quantité-là ne sera pas
dépassée.
M. MAILLOUX: Est-ce que cette quantité-là viendrait
effectivement des limites de Charlevoix?
M. GOSSELIN: Pas nécessairement, elle viendrait du
territoire, du coin là où on pourrait lui donner un
approvisionnement adéquat.
M. MAILLOUX: J'imagine mal que ça puisse venir d'en dehors
de Charlevoix, parce que, dans la région immédiate du moulin, il
y a déjà un moulin.
M. GOSSELIN: Cela revient à dire ce que je disais tout
à l'heure. Est-ce qu'on peut appeler ça les limites de
Charlevoix, les limites de Dubuc, les limites d'un tel, un tel?
M. MAILLOUX: Non, mais...
M. GOSSELIN: Lorsqu'on arrive pour faire un
réaménagement dans tout un secteur, on doit regarder le
réaménagement en rapport avec la région, parce qu'à
ce moment-là il y a bien des discussions qu'on pourrait amener, il y a
toutes les montagnes de Sainte-Marguerite, il y a l'Anse Saint-Jean, et de
tout, qui sont de l'autre côté et dont on voudrait à
certains moments que cela s'en aille rien que dans un secteur, que ça ne
sorte pas de là. Tandis que nous, au ministère des Terres et
Forêts, en particulier au ser- vice de la planification, nous analysons
toute la situation et, d'après les possibilités qu'il y a
à l'intérieur de la forêt, nous voyons à donner
à chacun les approvisionnements nécessaires pour que ce soit
stable et que toutes les industries qui s'implantent soient rentables.
M. CLICHE: Est-ce que le ministre me donne la garantie que les
syndicats qui ont été mentionnés par le
député de Charlevoix ne sont pas affectés dans
l'approvisionnement, dans leur quota de cordes?
M. GOSSELIN: Je ne crois pas. Je ne crois pas. Cet
angle-là a été...
M. CLICHE: Ni la future usine de Sacré-Coeur...
M. GOSSELIN: Non. Tout a été bien pesé. Tout
a été bien calculé. Et d'après des
possibilités qu'il y a dans ce secteur-là, nos experts nous
disent que tout est dans l'ordre.
M. MAILLOUX: Loin de moi l'intention de chicaner le ministre sur
les réponses qu'il vient de donner. Seulement, la hantise que les gens
ont en tête, c'est qu'à l'Anse St-Jean même, il y a un autre
moulin, je pense, de bois de sciage et qui doit s'approvisionner
évidemment dans cette périphérie-là. Alors, on se
demande d'où peuvent venir les réserves pour Joseph Houde, sinon
de ce qui devrait aller vers la Donahue Brothers.
M. GOSSELIN: En tout cas, je tiens bien compte des remarques que
me fait le député et à nouveau j'ai relu ce
rapport-là à différentes reprises. J'ai répondu de
mémoire au député. Quand il voudra discuter de cet
état de choses, qu'il vienne me rencontrer au bureau. Cela me fera
plaisir. Ou encore qu'il rencontre le directeur du service de la planification,
et nous lui donnerons tous les renseignements nécessaires. Le
député le sait. D'ailleurs il m'a écrit à
différentes reprises, il m'a fait des représentations et,
à chaque fois, je me suis empressé de lui répondre et j'ai
essayé de le mieux renseigner en toutes circonstances.
M. MAILLOUX: Une question supplémentaire relativement au
syndicat forestier. Nous avons un exemple assez frappant chez nous, que le
syndicat forestier a rendu un service énorme à des populations
qui végétaient. Il a nommé tout à l'heure
Ste-Catherine et St-Siméon. Est-ce que, dans la politique
générale du ministère, on voudrait recommander aux
compagnies fo-
restières d'employer davantage la formule du syndicat forestier
pour leurs opérations de coupe de bois pour protéger et les
membres du syndicat et le camionnage?
M. GOSSELIN: J'ai dit et répété à
toutes les compagnies avec lesquelles j'ai eu l'occasion de discuter de ces
problèmes, qu'elles n'avaient aucune raison d'avoir peur des syndicats
forestiers; qu'un syndicat bien organisé, qu'un syndicat bien
géré, pouvait en toutes circonstances leur rendre de bien plus
grands services que toute autre organisation par ce que, en ce cas, elles
peuvent certainement se fier...
M. MAILLOUX: Aussi bien une bonne gérance.
M. GOSSELIN: ... sur un approvisionnement beaucoup plus stable
qu'elles ont eu jusqu'à maintenant et en particulier devant tous les
problèmes. Il va sans dire qu'il faut absolument se placer dans le
contexte actuel et la formule syndicale, qui est employée maintenant
dans tous les domaines sans exception, qu'on le veuille ou non, nous sommes
obligés de nous y habituer. Moi, je n'en ai jamais eu peur. J'ai
été un militant dans l'UCC et je le demeure encore. Je dis donc
que lorsqu'on a un syndicat qui est bien organisé, bien
géré, il peut rendre de plus grands services et surtout il peut
aider très considérablement. Lorsqu'un syndicat est formé
dans une paroisse, tout le monde a l'impression que c'est son affaire
personnelle, cette chose-là, et qu'il doit faire l'impossible pour
tâcher que ça marche bien. Or, à ce moment-là,
lorsque ça marche bien, le propriétaire d'usine, lui, n'a pas
besoin de courir après sa main-d'oeuvre et il va avoir une main-d'oeuvre
beaucoup plus stable. Un bûcheron qui fait partie d'un syndicat forestier
ne cherche pas à courir d'un camp à l'autre. Il est certain
qu'à l'intérieur de son camp forestier il va avoir tous les
services voulus pour tâcher, d'abord, de se faire un salaire très
convenable et aussi pour avoir beaucoup plus de travail qu'ils n'en n'a eu dans
le passé. Alors personnellement, je vous exprime mon opinion. Je
n'hésite en aucune circonstance à recommander, dans toute la
mesure du possible, que l'on fasse appel à nos syndicats forestiers pour
prendre à leur charge les opérations forestières.
M. CLICHE: En parlant d'aménagement forestier, on a
parlé d'un cas qui est survenu dans mon comté à un endroit
qui s'appelle Chapais.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE : Bon! A maintes reprises, les autorités de la
ville de Chapais ont correspondu avec moi dernièrement, et avec le
ministère; elles m'envoient des copies de lettres envoyées au
ministre des Terres et Forêts. Au cours de l'automne 1965 et au
début de 1966... tout près de Chapais, où il y a des
réserves forestières immenses, disponibles, et pouvant alimenter
une scierie d'envergure, il a été question à ce
moment-là de favoriser un projet d'usine et l'élite de l'endroit
s'intéressait à mousser ce projet. Et je leur avais donné
une lettre, comme ministre des Terres et Forêts disant: Il y a des
réserves forestières à proximité, que le
ministère des Terres et Forêts est prêt à mettre
à la disposition d'une future usine.
Depuis de temps, le maire de Chapais affirme s'être
présenté à maintes reprises chez le ministre des Terres et
Forêts, avoir fait des démarches avec des
délégations et n'avoir jamais eu de réponse. Alors que les
réserves forestières sont là, sont disponibles, je ne
crois pas que cela se discute si longtemps; et alors qu'une industrie semblable
amènerait à Chapais une certaine stabilité, plus de
stabilité pour cette ville qui n'a qu'une entreprise minière, la
compagnie Opemiska, alors, qu'est-ce qu'il y a qui ne va pas dans ce
projet-là? Qu'est-ce qu'il y a?
M. GOSSELIN: Je suis très nerveux de répondre au
député d'Abitibi-Est et de lui donner beaucoup de détails.
Je les lui ai déjà donnés de vive voix. Il arrive qu'au
tout début, après mon arrivée aux ministère des
Terres et Forêts, on a commencé, on a plutôt continué
de faire des démarches pour l'implantation d'une usine à Chapais
puisqu'il y avait une réserve de dix millions de pieds de bois qui
était gardée pour la promotion industrielle de la ville de
Chapais. Or, dans ce temps-là M. Pellerin, maire de Chapais, avait
entrepris des pourparlers avec une compagnie qui, je crois, avait pour
président M. Zamgmen.
M. CLICHE: M. Reisman.
M. GOSSELIN: En tout cas, et lors d'une entrevue à mon
bureau, M. Pellerin m'a fait certaines affirmations que je n'aimais pas, que
j'ai prétendu n'être pas conformes avec son titre de maire, et je
lui ai demandé tout simplement de s'adresser ailleurs. Par la suite, on
a changé de compagnie, on a commencé à faire des
pourparlers. Or à ce moment-là, les pourparlers
déjà entrepris par Reisman et envoyés au mi-
nistère des Terres et Forêts accusaient une entente qui
avait été signée entre le maire Pellerin et sa compagnie
à l'effet que M. Pellerin, maire de Chapais, dans l'exercice de ses
fonctions, réclamait $5,000 pour services rendus en aidant à la
publicité de l'industrie, et de plus, se faisant garantir un poste
à $125 par semaine plus un pourcentage sur tous les bois achetés
en dehors de ce qui pouvait venir de la garantie de l'approvisionnement de
l'usine.
Or, devant un tel exposé, devant une telle dénonciation,
je dirais, au sujet de Reisman, que j'ai jugé à propos de faire
immédiatement appel à mon chef du contentieux qui est le
même d'ailleurs qui était du temps de l'ancien ministre M. Fernand
Côté, et aussi à M. Gérald Boisvert avocat et ancien
secrétaire particulier de l'ancien ministre, du député
d'Abitibi-Est. Or il arrive que tous deux m'ont dit que la position du maire de
Chapais en pareille circonstance était totalement incompatible avec ses
responsabilités de maire. Or, pour plus de prudence, j'ai
immédiatement retransmis tout le dossier au ministère de la
Justice pour obtenir une opinion légale. Le dossier a été
au ministère de la Justice pendant plusieurs mois et, lorsque le dossier
m'est revenu du ministère de la Justice, on ne l'avait pas
étudié sous le bon angle, à savoir si réellement
l'attitude du maire de Chapais était compatible avec ses
responsabilités comme maire. On m'a tout simplement dit: Le
ministère des Terres et Forêts n'est nullement engagé dans
aucune de ces négociations-là et n'a aucune
responsabilité.
Or je suis dans la position suivante. J'ai demandé au
ministère de la Justice de bien vouloir me donner une opinion pour
savoir si, réellement, un type qui est maire, ayant la
responsabilité de faire de la promotion industrielle dans sa ville, a le
droit de réclamer $5,000 pour rendre service à sa ville alors
qu'il agit comme maire et aussi s'il a droit de se garantir un emploi
lorsqu'une industrie vient d'implanter dans sa ville. Donc, moi qui ne suis pas
avocat, je peux vous dire qu'après avoir lu l'article 119 du code
criminel, il est bien stipulé que lorsqu'un officier d'une
municipalité quelconque est en fonction, il ne peut retirer quelque
rémunération que ce soit ou compensation que ce soit pour les
travaux ou les services rendus à sa municipalité. Je suis
prêt à prendre maintenant les suggestions du député
d'Abitibi-Est; je ne retarde nullement le projet, je suis prêt en toute
circonstance à voir à son exécution...
M. CLICHE: Il n'est pas question de cela! Et puis vous vous
méprenez sur ses intentions.
M. GOSSELIN: Bien, voici, là...
M. CLICHE: Je ne connais pas les exigences et les revendications
qu'il a faites à des groupements ou à des personnes
intéressés. Je ne le sais pas, cela ne me concernait pas. Si ce
n'est pas acceptable, le ministère ne doit pas l'accepter, c'est bien
clair, que cela vienne de Pellerin, que cela vienne de n'importe qui. Bon.
Mais, ce n'est pas là où j'en suis. J'en suis sur le fait que
lui, comme maire de sa place, a lancé cette idée d'une
usine...
M. GOSSELIN: Lancé?
M. CLICHE: ... et il a probablement fait certaines
dépenses. Alors que le ministre actuel ou le ministère actuel le
reçoive et discute avec lui de possibilités avec lui ou
avec d'autres mais qu'on favorise l'établissement d'une usine.
Bon, c'est possible. Il y en adesusines qui sont aussi loin que cela. Les
usines de St-Félicien prennent du bois dans cette
région-là. Cela peut être quelqu'un de St- Félicien
qui peut aller s'installer là. Ou de Roberval. Mais qu'on favorise un
établissement qui donnera du travail à quelques centaines de
personnes. Le bois est là, c'est l'endroit idéal pour faire du 2
par 4.
M. GOSSELIN: Mais est-ce que le député-avocat me
dit qu'il est compatible dans l'exercice des fonctions d'un maire de se faire
payer à lui un montant de $5,000 et de se faire garantir à part
cela un emploi...
M. CLICHE: Ah cela!
M. GOSSELIN: ... dans la venue d'une industrie? Est-ce compatible
avec ses fonctions de maire de la municipalité?
M. CLICHE: Cela, c'est le problème du maire Pellerin. Si
lui exige des questions semblables, ce que je ne crois pas, il se peut qu'il
exige le remboursement de certaines sommes. Mais est-ce qu'il doit les avoir?
C'est une autre affaire. Mais moi, personnellement, ce n'est pas ce qui
m'intéresse. Lui, Pellerin, veut avoir une usine là, et je
prétends que tous les conseillers, les échevins de Chapais sont
tous unanimes à vouloir cela. Qu'on les aide donc dans ce
sens-là! C'est cela que je veux, c'est ce qui m'intéresse,
moi.
M. GAGNON: C'est un problème, les deux se marient, hein?
Il reste un fait, quand un ministre est tenu au courant par une
personnalité et j'ai
déjà communiqué à des ministères
plusieurs cas et le ministre a eu les informations de la personne en
cause ou d'une tierce personne. Si dans les démarches qu'une telle
personne effectue, il se glissait des irrégularités, alors
à ce moment-là, le ministre est tenu d'avoir une extrême
prudence...
M. CLICHE: C'est entendu.
M. GAGNON: ... parce que là, on peut lui demander à
n'importe quel temps...
M. CLICHE: Il y a même plus que cela...
M. GAGNONS Les deux problèmes se marient, le ministre...
M. CLICHE: Plus que ça, je vois que le ministère
des Terres et Forêts doit prendre certaines précautions. Quant aux
approvisionnements, ils doivent aller, si possible, de façon prioritaire
à des Québécois plutôt qu'à d'autres.
Il faut qu'ils prévoient ça dans les transactions à
faire. Je dis qu'on doit donner aux Québécois la
préférence d'exploiter nos richesses. Aux nôtres.
M. GOSSELIN: Il faudrait que le député fasse
attention, parce que quand il dit qu'on a donné des priorités, il
pourrait être accusé d'antisémitisme lui aussi.
M. CLICHE: Je l'ai toujours dit qu'on doit donner la
priorité aux Canadiens français dans la province de
Québec, dans l'exploitation forestière. Je l'ai dit et votre
premier ministre m'a accusé de racisme à ce moment-là.
Cela ne m'a pas dérangé et je le répète à
part ça. Je regrette que dans la grande industrie forestière, nos
Canadiens français soient absents. Je regrette ça et je dis que
c'est l'ouvrage du ministère de les inciter, de faire de la promotion
dans ce sens-là pour les amener là et de favoriser leur
entrée dans ça. Alors je dis qu'à Chapais comme à
d'autres endroits, on doit favoriser des Québécois d'abord,
Canadiens français et des Québécois d'abord. Et dans ce
cas-là, le maire actuel vient d'être réélu avec tout
son conseil et il y a de toutes les couleurs politiques dans le conseil.
M. GOSSELIN: J'ai tout vu ça, j'ai tout vu ça.
M. CLICHE: Vous pouvez être sûr de çà.
M. GOSSELIN: Je ne suis pas, loin de là, contre le maire ou le conseil
ou contre la promotion d'une industrie à Chapais. Mes conseillers
juridiques m'ont dit qu'en pareille circonstance, je devais agir en toute
prudence et que jusqu'ici avec la documentation que nous avons au
ministère, qui est de la documentation très précise,
nécessairement on ne pouvait pas transiger avec cet homme-là pour
le moment. C'est malheureux que les choses soient comme ça; que le
ministère de la Justice me dise et que mes officiers qui sont des
avocats, qui me conseillent autour de moi, me disent: Allez-y, M. le ministre,
il n'y a rien. Je vais y aller tout de suite demain matin. Tout de suite demain
matin. Je ne veux pas retarder le projet pour aucune considération.
Seulement tant et aussi longtemps que je ne pourrai obtenir de mes officiers
qui sont beaucoup plus qualifiés que moi dans le domaine juridique,
qu'ils ne voudront pas appuyer d'une recommandation la négociation avec
de tels personnages, moi, monsieur, je ne mettrai pas...
M. CLICHE: Que le ministère dise donc aux autorités
de Chapais, aux autorités de la ville de Chapais: Les réserves
forestière sont là, elles sont à la disposition d'un
projet qui sera accepté par notre ministère...
M. GOSSELIN: Cela a été dit.
M. CLICHE: ... et dont l'approvisionnement sera de l'ordre de...
Alors que le ministre reçoive le maire et les conseillers de la ville de
Chapais et leur dise carrément quelles sont les conditions. Ils
prétendent qu'ils ne peuvent pas être reçus et qu'ils n'ont
pas de réponse à leur correspondance.
M. GOSSELIN: C'est faux, archi-faux. Ils sont venus et aussi
longtemps qu'ils ont voulu venir me voir, à toutes les fois qu'ils ont
demandé pour venir me rencontrer, je les ai reçus, et je donnerai
demain matin la correspondance au député d'Abitibi-Est. Il verra
à quel point ces gens-là ne lui disent pas la
vérité, et s'ils peuvent tromper le député
d'Abitibi-Est sur des détails aussi insignifiants que ceux-là,
bien, après les preuves que j'ai en main de certaines transactions et
propositions faites avec le maire, j'ai toutes les raisons au monde de ne pas
vouloir transiger avec eux. J'ai toutes les raisons au monde de ne pas vouloir
transiger avec le maire actuel.
M. COITEUX: Il faudrait qu'ils ôtent le maire.
M. GOSSELIN: Us mettront qui ils voudront, ce n'est pas ça
qui est la question. Tant et aussi longtemps que les choses seront ainsi, il va
falloir tirer au clair d'abord l'affaire Reisman avant d'aller plus loin avec
cette affaire-là. Mes officiers m'informent que je ne peux pas arriver
et transiger, tant et aussi longtemps que des choses semblables, des
irrégularités semblables nous sont signalées. Si on disait
quand même: On va encourager cet état de choses-là, je ne
crois pas que l'ex-ministre aurait accepté une telle chose. D'ailleurs,
je ne suis pas obligé de divulguer certaines conversations personnelles
qu'il y a eues dans mon bureau avec le maire Pellerin. Par contre, rien que par
les propositions qui m'ont été faites, j'aurais dû le
mettre à la porte la première fois. Et s'il avait fait ces
mêmes propositions au député d'Abitibi-Est, le connaissant
comme je le connais, il aurait été le premier à le mettre
à la porte.
M. GAGNON: Cela demande de la prudence partout.
M. CLICHE: Evidemment que ça demande de la prudence, mais
ce que Pellerin a pu dire, je ne demande pas au ministre de me le
répéter, mais il laisse entendre que ça peut être
grave.
Il m'a déjà mentionné ça, le ministre
actuel, et j'en ai parlé au maire. Le maire prétend qu'il n'y a
absolument rien d'irrégulier dans ce qu'il a dit ou dans ce qu'il aurait
dit, dans ses pourparlers avec le ministre. A tout événement, ce
n'est pas le cas du maire que je viens régler ici, c'est le cas de
Chapais. C'est un endroit où tout est prêt pour une usine.
Evidemment il manque l'intéressé. Si ce dénommé
Reisman ne fait pas l'affaire je n'affirme pas qu'il fait l'affaire moi,
je ne l'affirme pas, loin de l'affirmer même qu'on fasse de la
publicité et qu'on en amène un autre. Il y en a.
M. GOSSELIN: Bien, il appartient à la ville de Chapais de
la faire cette publicité. Ils peuvent la faire en n'importe quel temps.
Quiconque est intéressé... si c'est une annonce qu'il faut
faire...
M. CLICHE: Oui, oui, mais ils ont l'impression... Le maire, entre
autres, est convaincu que du moment qu'il présente quelqu'un,
automatiquement, il est refusé, on va lui refusé.
M. GOSSELIN: C'est faux, archi-faux.
M. CLICHE: Cet intéressé-là sera
refusé au ministère.
M. GOSSELIN: Que le maire nous vienne avec un projet
sérieux, avec des gens qui n'auront pas certaines organisations faites
à l'avance, comme il y en a eues jusqu'à présent, et puis,
on verra à l'implantation d'un complexe, en n'importe quel temps. Qu'on
nous amène qui on voudra, en autant que ça sera quelqu'un de
sérieux, et sûr, sûrement, qu'on ne tirera pas cette
affaire-là dans le vent. Nous voulons, nous, que ce soient les citoyens
de la ville, pour que ça profite à toute la population de la
ville de Chapais et non pas seulement à un petit groupe.
M. CLICHE; C'est exactement ce que je voulais moi-même; c'est
exactement l'attitude que j'avais prise: qu'il fallait que ça
profite à tout le monde, autrement je ne voulais pas qu'une concession
forestière soit donnée.
M. GOSSELIN: Non, mais...
M. CLICHE : Je voulais que la forêt demeure sous le
contrôle immédiat de la province.
M. GOSSELIN: Vous n'avez pas besoin d'avoir peur.
M. CLICHE: Je n'ai pas peur.
M. GOSSELIN: ... le volume est mis à part pour
l'implantation d'une industrie de sciage à Chapais et c'est une
forêt domaniale d'ailleurs, et ainsi nous avons le plein contrôle
de toute l'affaire et elle ne sera pas dilapidée, d'aucune façon.
Nous verrons à ce que les gens de cette région-là puissent
obtenir tout le bénéfice dans toute la mesure du possible.
Cependant, tel quel, pour les raisons que j'ai expliquées, je pense que
le député, qui est avocat en même temps, va convenir avec
moi que dans de pareilles circonstances, je suis obligé d'agir selon les
conseils qui me sont donnés et en l'occurence ce sont des gens qui
avaient l'oreille du ministre du temps qui m'ont conseillé dans cette
affaire-là et qui m'ont dit; M. le ministre, soyez prudent, n'agissez
pas tout de suite dans cette affaire-là. Il va falloir qu'elle soit
toute tirée au clair avant d'aller plus loin. Lorsque j'aurai une
opinion bien précise du ministère de la Justice, qu'il me dise
que tout est compatible, qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse, à
moi? Cela ne me dérange pas du tout. S'il y a quelque chose,
ça va me faire plaisir de voir une industrie s'implanter à
Chapais. Plus il y en aura mieux ce sera! Par contre, dans les circonstances,
je suis forcé, dans le moment, d'attendre. Mais si le conseil de Chapais
veut que je lui répète tout cela de vive voix, je le dis, ici, ce
soir encore: Ils n'ont qu'à commu-
niquer avec mon secrétaire et dire s'ils sont capables de venir
me voir, mardi prochain, à neuf heures, à mon bureau.
M. CLICHE: Alors, on prétend qu'à la suite d'une
élection récente, le maire et les échevins, (ils ont
communiqué avec vous par lettre ou autrement, je l'ignore), ont
demandé une entrevue et l'entrevue aurait été
refusée.
M. GOSSELIN: Non.
M. CLICHE: Non, et le ministre affirme qu'il est prêt
à recevoir une telle délégation.
M. GOSSELIN: Oui, monsieur. M. CLICHE: Ouvertement?
M. GOSSELIN: Ouvertement, et de plus, je tiens à ce que le
député vienne avec eux.
M. GAGNON: Je n'ai jamais reçu d'invitation comme
celle-là.
M. CLICHE: J'en ai eu des visiteurs.
M. GAGNON: Je n'ai jamais reçu d'invitation de la
compagnie.
M. LE PRESIDENT: Poste-budgétaire 5, article 2: service
des exploitations forestières, traitements, salaires. 1 Adopté.
2, salaires. 3, frais de voyage et autres dépenses.
Poste-budgétaire 5: direction générale des bois et
forêts article 3: service de la restauration, 1, traitements,
adopté.
M. CLICHE: Une seconde.
M. LE PRESIDENT: Article 2...
M. CLICHE: Une seconde. Sous le service des exploitations
forestières, est-ce que c'est de ce service-là que relève
le droit de coupe, les permis de coupe?
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Maintenant, est-ce que le ministre peut envisager une
action identique, ou dans le même sens, à l'endroit des droits de
coupe, sur les concessions, je dirais une augmentation, de façon
à inciter les exploitants forestiers à se faire à
l'idée d'une forêt domaniale. Vous avez dit tout à l'heure
que vous avez doublé, maintenant, les droits de coupe. Naturellement, je
sais que le ministre va me répondre qu'il faut toujours rester dans le
domaine pour rester dans la compétition, mais je crois qu'à cet
article des permis de coupe, il serait certainement valable, peut-être
fructueux d'étudier la possibilité de se servir de ce
moyen-là aussi comme on s'est servi de l'augmentation des taux de rente
foncière aux concessionnaires afin d'atteindre le but visé,
à savoir qu'éventuellement on revienne à reprendre le
contrôle. C'est une question que je pose. i
M. GOSSELIN: Je suis ravi que le député pose une
pareille question. Cependant, je pense que le député sait comme
moi qu'en toute circonstance, lorsqu'il arrive qu'il y a un changement
quelconque dans le prix des exploitations, il y a un fait tout à fait
curieux qui se présente, à toutes les fois, c'est qu'on vient
toujours demander que les permis et les droits de coupe soient réduits.
Ce n'est jamais la faute des autres domaines de l'exploitation
forestière si on n'arrive pas tout à fait, si le bois coûte
trop cher. On revient toujours et on demande toujours au gouvernement de
diminuer les droits de coupe. Il faudrait que lui, le gouvernement, baisse,
mais par contre on n'étudie pas ce qui...
M. COITEUX: Justement la réponse de l'honorable ministre
m'amène justement à la suggestion suivante. Est-ce que le
ministre n'est pas d'avis que le système actuel de permis de coupe,
basé uniquement sur la quantité coupée sans tenir compte
de la moyenne par acre exploitable, pour une forêt par exemple, va
m'amener à un problème assez sérieux? Vous êtes au
courant qu'il y a actuellement une grève à Clark City. Bon,
alors, vous avez une concession, par exemple, comme Clark City, qui elle, pour
couper du bois dans ses concessions qui sont d'environ quatre cordes à
l'acre, cinq cordes, à certains endroits six cordes j'ai
exploité là pendant quatre ans, comme gérant du bois
a tout de même à faire face à une compétition
des gens qui détiennent des concessions avec une moyenne de 20 à
25 cordes à l'acre.
Alors ce qui se produit actuellement à Clark City, à mon
sens, est un peu le résultat, pas tout mais partiellement le
résultat de çà. C'est-à-dire que la compagnie
actuellement ne peut plus opérer et les gens qui sont en grève,
réellement on a Bourgault qui monte, qui se sert de démagogie
pour exploiter cette affaire-là, j'espère qu'il n'aura pas les
mêmes résultats qu'il a eus à Lachute avec Ayers. Mais
c'est complètement hors de ses patates parce qu'il ne connaît rien
là-dedans. Mais je peux vous dire une chose, c'est qu'actuellement Clark
City a un personnel entouré de grosses compagnies
minières. Alors c'est humain. Les salaires augmentent, et les
employés de la Gulf Pulp qui regardent leurs voisins gagner des plus
gros salaires sont sous l'impression de ne pas avoir justice vis-à-vis
le contexte social de la place. Naturellement je suis prêt à
admettre qu'ils oublient peut-être certaines contingences, comme la
valeur des loyers qui est très minime, l'électricité qui
est gratuite. On oublie ça, c'est humain qu'on le fasse d'ailleurs.
Alors les négociations ont eu lieu et le syndicat n'a pas cru les
chiffres donnés par la compagnie. Les livres ont été
ouverts à l'audition des comptables de la CSN. La CSN n'a pas cru
ça, ils ont pris un bureau de comptables supérieurs qui, eux,
sont entrés en contact directement avec la maison-mère qui est
Read, le groupe Read, dont l'Anglo fait partie. Ils ont posé des
questions bien précises, la réponse est venue et,
définitivement, l'année dernière, la compagnie, ayant un
déficit d'au-delà de $1 million sous une opération
d'environ 50,000 cordes, peut-être pas plus que 50,000 cordes parce que
la moyenne du déficit est d'environ $16 la corde, se voit dans une
position difficile. La compagnie Read a offert à ces gens-là de
traverser et d'aller vérifier sur place, auditer les livres, etc.
Alors parmi d'autres suggestions qui aideraient peut-être à
régler un conflit comme celui-là, il faudraitprendre en
considération que le bois de coupe dans la province ne devrait pas
être uniforme. On devrait établir une échelle
indépendamment de la valeur des limites. Je crois que ça serait
un peu normal. Est-ce que le gouvernement, le ministère ferait
étude dans un cas comme ça pour aider à empêcher le
grand risque qui court actuellement que cette industrie ferme? Serait-il
prêt à considérer dans ce cas-là une
réduction de coupe?
M. GOSSELIN: Le député de Duplessis sait qu'il y a
eu plusieurs expériences qui ont été faites dans ce coin
du pays où les opérations forestières sont plus difficiles
peut-être que n'importe où ailleurs.
Il y a tellement d'éléments qui peuvent entrer en ligne de
compte quant au coût des exploitations forestières et souvent
c'est difficile d'estimer exactement ce qui en est. Le député
sait également que nous avons réduit très
considérablement les droits de coupe d'ailleurs, grâce à un
pouvoir que possède le ministre des Terres et Forêts et qu'il fait
sanctionner par le conseil exécutif, par arrêté
ministériel, de diminuer les droits de coupe.
M. COITEUX: Cela, c'était pour le secteur à l'est
de la rivière Moisie, pour les petites opérations, minimes.
M. GOSSELIN: Oui. Mais par contre, on a fait des
expériences qui ont été fort coûteuses; même
en réduisant les droits de coupe à son minimum, on n'a pas
réussi malgré tout cela à diminuer le coût du bois
pour qu'on puisse le mettre sur le marché et qu'il soit rentable, que
ces exploitations-là soient rentables. Nous sommes conscients de cet
état de choses et je crois que le député a parfaitement
raison lorsqu'il nous dit que les droits de coupe ne devraient pas être
uniformes dans toute la province de Québec. On devrait les
reconsidérer dans plusieurs endroits. J'ai mentionné à
diverses reprises, par exemple, ce soir, cet après-midi, les
forêts de Sainte-Marguerite, où vous avez des montagnes
épouvantables, où les exploitants ont des difficultés
extraordinaires pour aller chercher le bois dans ces endroits-là et il y
a beaucoup de bois qui se perd. Or je dis que, dans pareil cas, je crois que le
ministère doit, dans toute la mesure du possible, s'efforcer à
diminuer, même à seulement contrôler la quantité de
bois qui sera coupée et même laisser aller le bois pour ce que les
compagnies pourront en avoir, à le récupérer si on ne veut
pas que le bois ne se perde en entier. Cela donnerait du travail à ces
gens-là et puis je crois, franchement qu'il y a possibilité
d'amélioration.
Le député va comprendre avec moi que c'est un secteur
excessivement difficile dans ce coin-là. Il y a des situations
particulières qu'on ne retrouve nulle part ailleurs dans la province de
Québec. Et lorsqu'on parle des droits de coupe non uniformes, vous en
avez un exemple frappant dans les forêts domaniales où les droits
de coupe sont négociés et là, par la suite, on les
approuve, on les sanctionne par arrêté ministériel. Alors
je crois que ce que le député vient de nous signaler, vient de
nous apporter, c'est fort logique et, dans toute la mesure du possible, nous
nous sommes efforcés de répondre aux demandes qui nous ont
été faites et d'ailleurs le député le sait, entre
autres, sur certaines opérations qui ont été faites dans
son coin...
M. COITEUX: Oui.
M. GOSSELIN: ... on a réduit les droits de coupe
même à $1 la corde et, malgré tout cela, cette
année, on n'a pas pu faire les opérations forestières
qu'on aurait voulu. On a eu tellement de difficulté que ça n'a
même pas marché.
M. COITEUX: On va revenir tout à l'heure à ce
problème-là.
M. GOSSELIN: Or, cela, ce n'est la faute d'aucun officier du
ministère ni de ...
M. COITEUX: Vous parlez d'opérations minimes. Ce sont des
opérations peut-être de 2,000 ou 3,000 cordes. Mais lorsqu'on
parle d'une opération de compagnie comme ça, parce que c'est un
problème urgent, le ministre n'est pas sans savoir que le marché
actuel de la pâte à papier est très bas.
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: D'ailleurs, on n'a qu'à visiter l'Ontario
où tous les moulins qui restaient sont disparus. Il y en a deux en
Nouvelle-Ecosse qui sont à production réduite. Il yen a un, entre
autres, qui est supposé fermer.
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Nous avons là une industrie vieille de 65
ans.
M. GOSSELIN: Et qui est devenue périmée par le
besoin du marché.
M. COITEUX: Oui. Par contre, je crois qu'il n'y a pas que le
marché, parce qu'eux ont une condition un peu spéciale. C'est
qu'ils ont emploi pour ce genre de matériel puisqu'ils sont
obligés d'en importer aussi de Suède et de Norvège. On a
fait sortir les prix moyens de Suède et, quand les équations sont
faites, cela arrive à peu près au même que le prix qu'ils
paient à Clark City, parce que la question a été
posée par le syndicat. Comment se fait-il qu'ils opèrent s'ils
font des déficits? Question au point de vue des négociations sans
penser aux répercussions que cela peut avoir sur les employés qui
sont là depuis 15, 20, 25 ans. Pour les jeunes, cela n'a pas tellement
d'importance. Et c'est très sérieux. Ce n'est pas une menace, la
compagnie a l'intention de continuer, seulement, dans les conditions actuelles
et les demandes des syndicats qui sont jusqu'à un certain point
justifiées par les salaires qui se gagnent dans les alentours, c'est une
situation excessivement grave et je crois que, certainement, la semaine
prochaine, le ministre aura à rencontrer de ces gens-là et je
crois que le ministère actuellement est en train de demander un rapport
concernant ces limites-là et ces choses-là.
M. GOSSELIN: Tout est en voie de préparation.
M. COITEUX: Il y a plus de 200 employés.
C'est une production qui atteint environ les 80,000 à 85,000
tonnes par année avec prospection. Us sont prêts à
réinvestir.
M. GOSSELIN: Mais je pense que le député sait qu'en
l'occurence, cette même compagnie n'a qu'un seul client qui est sa
maison-mère en Angleterre. Alors des fois il y a peut-être
certaines choses qu'il y aurait lieu de regarder un peu plus attentivement. Si
cette compagnie avait beaucoup de clients et puis pouvait diversifier un peu sa
production, il y aurait peut-être un autre aspect, il y aurait
peut-être un autre angle de la situation financière...
M. COITEUX: L'investissement du capital a été fait
d'abord par les Clark, originairement. Ils ont vendu à
intérêts à l'Impérial Paper de Londres.
M. GOSSELIN: Il paraît que tout ce qui est produit à
Clark City est expédié au même endroit.
M. COITEUX: Il faut tout expédier au gros prix en
Angleterre.
M. GOSSELIN: Ça ne va pas nulle part ailleurs, il y a
seulement un client qui est là, qui est la maison-mère qui se
trouve en Angleterre.
M. COITEUX: C'est à dire que Clark City est un
subsidiaire, Clark City n'a pas d'affaire à mettre des voyageurs sur
leur chemin pour vendre leurs produits. Ils ont essayé, naturellement,
parce qu'ils ont une certaine latitude. Ils seraient prêts, ils seraient
heureux s'ils pouvaient vendre deux cent mille cordes parce que la
possibilité de forêt, même si elle est pauvre, est
supérieure à cela. Mais je crois que sous cet angle-là,
cela réglerait le problème. Je ne dis pas tout le
problème, mais, certainement une partie du problème.
M. CLICHE: Quoi? Réduire les droits de coupe?
M. COITEUX: Oui.
M. GOSSELIN: Il y a quelque chose qui me frappe dans tout cela.
Le député a affirmé tout à l'heure que la compagnie
avait fait un déficit d'au-delà d'un million et, à ce
moment-là, les droits de coupe sont d'environ (je cite de
mémoire) $2 et demi la corde.
M. COITEUX: C'est pour cela que j'ai dit...
M. GOSSELIN: ... et ils ont coupé 85,000 cordes l'an
passé. Alors quand bien même que le ministère
enlèverait en totalité les droits de coupe cela réduirait
le déficit mais il resterait encore un déficit...
M. COITEUX: Oui, mais c'est justement ce que j'ai dit au
ministre; ce serait un des facteurs. Il faudra naturellement que les ouvriers
et l'union fassent aussi leur part et peut-être trouve certaines
méthodes. La compagnie vient de faire un investissement de $5 millions;
ils ont installé les « Cameo machines », au lieu d'affaires
périmées. Et je pense que quand on dit « Cameo machines
», on ne peut parler de choses périmées.
M. CLICHE: Alors, s'ils ont mis $5 millions il y a des chances
qu'ils continuent.
M. COITEUX: Il y a des chances qu'ils continuent, mais je
m'avancerais pas dans le produit dans la vente.
M. GOSSELIN: Mais, je pense bien...
M. COITEUX: D'après les informations que j'ai, que l'union
a prises parce que l'union il ne se laisse pas arranger comme on voudrait, vous
savez cela, ils ont réservé les services d'experts j'ai vu
la correspondance, j'ai vu la réponse de Rider Rider est
prêt à les recevoir, de l'autre côté, pour le temps
qu'ils voudront. Il y a un fait brutal, c'est que ce n'est pas la seule
compagnie de ce genre-là. Les prix payés à la
Nouvelle-Ecosse et ces choses-là, même s'ils distribuent la
production un peu partout, ne sont pas supérieurs aux prix qui sont
payés à Clark City. Il y a une différence, d'après
les revues de production de la pâte à papier, il y a une
différence pour l'acheteur qui achète de petites quantités
mais les contrats négociés pour une grosse quantité, soit
en Suède ou en Norvège, vienne quand l'équivalence fiscale
est faite, a quelques cents près du prix payé à Clark
City.
M. GOSSELIN: Il est évident, M. le Président, que
quand on a ici en main toutes les données pour être en mesure de
juger, en somme, si c'était la différence des droits de coupe que
charge le gouvernement qui pourrait résoudre le problème
cependant, nous sommes très ouverts à la discussion. Si les
autorités de Clark City jugent à propos de venir nous visiter au
ministère des Terres et Forêts, nous les recevrons et nous nous
efforcerons dans toute la mesure du possible, parce que...
M. COITEUX: C'est que...
M. GOSSELIN: ... c'est le bien-être de la population.
M. COITEUX: Je n'aime pas que la compagnie vienne seule. Je dois
rencontrer les ouvriers en fin de semaine, parce que j'ai travaillé
là, et sans vouloir être médiateur ou quelque chose du
genre, ça m'intéresse, parce que je sais qu'il peut y avoir
danger. Il peut y avoir un danger d'autant plus grave que l'intégration
de ces ouvriers-là dans les industries environnantes va être assez
difficile. Un employé peut être comptable dans une industrie
depuis trente-cinq, quarante ans avec le système de la compagnie...
M. GOSSELIN: Il n'y a pas d'erreur que le niveau de
scolarité de plusieurs de ces employés-là...
M. COITEUX: Est-ce que le ministre, serait disposé
à recevoir une partie de l'exécutif de l'union et la compagnie
pour discuter du problème?
M. GOSSELIN: En tout temps. Ils n'ont qu'à donner un coup
de fil à mon secrétaire, M. Yvon Poulin, 693-4669, et il
organisera un rendez-vous et je vais les recevoir à bras ouverts.
M. LACROIX: Vous ne les serrez pas trop fort pour ne pas les
étouffer toujours?
M. MAILLOUX: M. le Président, celui qui a
précédé l'actuel ministre des Terres et Forêts
consentait aux syndicats forestiers des réductions de 50% de leur droit
de coupe et le ministre invitait également les concessionnaires, les
compagnies concessionnaires, à réduire de 50%. Est-ce que c'est
son intention de continuer cette politique-là à l'endroit des
syndicats?
M. GOSSELIN: Le ministre n'a pas changé d'opinion, il a
continué. D'ailleurs il y a plusieurs syndicats du comté de
Charlevoix qui ont obtenu des réductions de coupe, et nous avons
l'intention de continuer dans toute la mesure du possible. Cependant, le
député conviendra avec moi que je crois qu'il serait plus que
temps d'étudier cette situation des droits de coupe dans son ensemble,
pour tâcher d'établir une politique générale. Nous
sommes conscients de cet état de choses qui se passe au ministère
des Terres et Forêts et là c'est un autre problème qui a
déjà attiré notre attention et qui va continuer de le
faire pour améliorer la situation.
M. MAILLOUX: Je voudrais faire remarquer au ministre cependant
que, dans la raison motivée dans la réduction des droits de
coupe, on a parlé tantôt de la montagne Sainte-Marguerite, et je
pense que ces syndicats-là ont opéré dans des montagnes
qui avaient été délaissées par les
concessionnaires, dans des conditions difficiles.
M. GOSSELIN: On va faire des coupes de jardinage qu'on appelle ou
des coupes de récupération qui sont fort dispendieuses.
M. MAILLOUX: Absolument.
M. GOSSELIN: Le ministre est parfaitement au courant de ça
et s'est déjà effilé les griffes dans... pas dans ces
montagnes-là mais dans d'autres...
M. CLICHE: Si nous avons accordé dans le passé des
réductions à plusieurs syndicats forestiers de Charlevoix, sinon
à tous les syndicats forestiers, c'est exactement pour cette
raison-là, c'est que, à cause de l'emplacement du bois, la...
M. GOSSELIN: La difficulté...
M. CLICHE: ... la difficulté d'aller le chercher, le
coût élevé d'aller le couper à cet endroit-là
et de le transporter. Evidemment si le bois, même s'il était beau,
était encore là, c'est parce que les compagnies qui avaient
passé là n'étaient pas allées le chercher à
cause du coût excessif des opérations forestières. Alors,
nous avons aidé des localités en réduisant les droits de
coupe, ce qui permettait à ces syndicats-là de s'organiser, de
faire la coupe du bois, de le vendre et de faire un profit raisonnable.
M. GOSSELIN: C'est une coutume qui dure depuis plusieurs
années.
M. MAILLOUX: Et qui va se continuer?
M. CLICHE: C'est une politique que nous avons mise à point
et que nous avons pratiquée depuis quelques années et la
même situation prévaut, comme le ministre le disait
toutâl'heure, dans les forêts de Sainte-Marguerite, tout
près de Chicoutimi, où la chute de neige est très
abondante et où la difficulté d'aller chercher le bois est
énorme, où le coût est excessif. Alors, c'est là le
devoir, dans ces conditions-là seulement. Parce que, en ce qui concerne
le trésor public, il faut tout de même que les richesses
naturelles de la province servent à payer, à remplir les coffres,
le trésor de la province. Seulement dans des cas spéciaux comme
ça, des réductions doivent être accordées.
M. GOSSELIN: Le ministre est parfaitement conscient de cela et je
suis certain que si le député de Notre-Dame-de-Grâce me
demandait des réductions de droit de coupe sur sa montagne, je le lui
donnerais volontiers.
M. CLICHE: Dans Notre-Dame-de-Grâce?
M. LE PRESIDENT: Service des restaurations.
M. COITEUX: Est-ce que c'est l'endroit, M. le Président,
pour parler et M. le ministre semble être très, très
amoureux des syndicats forestiers des syndicats forestiers. Moi, j'en ai
un dont j'aimerais parler, au sujet de Natashquan.
M. GOSSELIN: Celui que vous contrôlez?
M. COITEUX: Est-ce que c'est... Non, ne commencez pas sur ce
ton-là parce que ça va dégénérer
certainement en quelque chose qui n'a pas été si calme
qu'aujourd'hui.
M. GOSSELIN: Allez-y, je ne suis pas...
M. COITEUX: Non, est-ce que vous préférez que
j'attende aux chemins de pénétration ou si c'est l'endroit?
M. GOSSELIN: Non, vous pouvez y aller.
M. MAILLOUX: C'est à l'article 15, les chemins de
pénétration.
M. COITEUX: Alors, comme vous connaissez certainement
l'historique des chantiers coopératifs de Natashquan, alors, pour
commencer au point de départ, c'est que nous avions ce secteur-là
qui a été étudié d'une façon très,
très complète par M. Régis de Roquefeuil,
économiste, qui a proposé des solutions pour la basse
Côté-Nord et comme solution à ces territoires-là,
proposait la forêt.
M. GOSSELIN: Est-ce que le député aurait objection
à me répéter sa question, s'il vous plaît?
M. COITEUX: Elle va être longue, ma question.
M. GOSSELIN: Allez-y, nous avons tout le temps qu'il faut.
M. COITEUX: Je vais commencer par l'historique qui a amené
l'idée de la formation d'un syndicat forestier à Natashquan.
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: C'est que d'après le rapport publié par
M. Régis de Roquefeull, en ce moment-là à l'emploi de
l'ARDA, comme seule solution possible pour le territoire de Natashquan,
Ouanish, Pointe-Parent, et Joannes Buttes, c'était la forêt. Nous
savions qu'il y avait du bois. Nous savions aussi que nous avions une
main-d'oeuvre inexpérimentée.
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Et en recommandation qui était d'ailleurs
notre idée, mais confirmée par les données du rapport
Roquefeuil, nous avons essayé d'abord de faire de l'exploitation en
intéressant un entrepreneur privé, ce qui est impossible. C'est
alors que nous sommes allés trouver l'UCC. On lui a expliqué le
problème, et l'UCC, c'est un peu son but d'aider jusqu'à un
certain point tous ces mouvements coopératifs. Alors, effectivement, le
syndicat forestier s'est formé en 1965. Les démarches ont
été entreprises pour vendre le bois. Le bois a été
vendu trop bon marché à une compagnie forestière qui a
profité de la situation, parce qu'elle savait qu'on voulait revaloriser
l'économie de ce coin-là.
Le chantier coopératif, dans des conditions excessivement
difficiles, a débuté à l'automne de 1966, non à
l'automne de 1965, grâce aux chemins de pénétration que le
ministère des Terres avait fait commencer. Et puis on a coupé,
durant l'année 1965-1966, tout près de 3,000 cordes de bois. Une
partie de ce bois-là a été sortie, il en restait 350
cordes dans le bois. On comptait sur la part habituelle du ministère des
Terres et Forêts pour les chemins de pénétration, pour
pouvoir sortir ce bois. On ne l'a pas eue. Le bois est resté là.
Trois cent soixante-quinze cordes, avec le résultat que c'était
un déficit, déficit pour deux raisons. D'abord, le prix auquel on
vendait le bois n'était pas suffisant, vu comme je l'ai
expliqué que la compagnie, sachant qu'on voulait revaloriser
l'économie de ce coin-là... et deuxièmement, parce
que le ministère n'a pas voulu, pour aucune raison, nous donner les
chemins de pénétration dans l'année 1967, pour qu'on
puisse continuer à sortir ce bois-là.
Et le déficit global, il est assez considérable. Le
déficit des salaires, c'est là que c'est important, est d'environ
$9,000. Des démarches et j'ai toute la correspondance ici
ont été entreprises par l'UCC, auprès d'ARDA, et je dois
avouer ici que le ministre de l'Agriculture actuel nous a reçus, a
reçu l'UCC d'une façon très bienveillante. Il dit: Moi,
naturellement, je ne connais pas le problème, je vais le
référer. J'ai toute la correspondance entre le sous-ministre et
tout le bazar, disant qu'il étudiait la chose immédiatement.
C'était au début de l'hiver. On a étudié l'affaire
probablement, mais on n'a pas eu de réponse, à part de dire : On
a envoyé un inspecteur pour les chemins, voir si on n'avait pas trop
dépensé d'argent. Les informations que j'ai sont à l'effet
que les inspecteurs sont venus et ils ont dit: L'argent, dépensé
là pour le nombre de milles qui ont été faits dans les
conditions et jusqu'à un certain point est raisonnable. De toute
façon, je sais, moi, qu'il est bien comparable à ce que le
gouvernement fait dans Rivière Sainte-Marguerite; c'est à peu
près le tiers de ce que cela coûte là-bas.
Et, pendant tout ce temps-là, le temps avançait. D'autres
démarches ont été entreprises auprès de l'ARDA et
eux étaient prêts à payer le déficit des salaires,
mais ils ont dit cela vous prend le « feu vert » du
ministère des Terres. On avait manqué notre coup parce qu'on
n'avait pas eu de chemins de pénétration. Deuxièmement,
pour quelle raison on ne pourrait pas donner le « feu vert » pour
que l'ARDA puisse combler ce déficit-là? Ils étaient
prêts à le faire. D'ailleurs, cela rentre dans la
définition de leur tâche. J'en ai parlé à M.
Sauvé, j'en ai parlé à M. Vincent, cela rentre
exactement.
Une autre démarche avait été entreprise pour le
chantier, cette année, au ministère des Affaires indiennes, parce
que nous avons des Indiens. Le ministère des Affaires indiennes
était prêt à bâtir des camps aux Indiens. Ils ont
dit: Attendez le « feu vert » du ministère des Terres et
Forêts. Le ministère de l'Education, plus que cela, était
prêt à investir $20,000 pour entraîner nos gars. J'ai toute
la correspondance ici, la même réponse: Attendez le « feu
vert » du ministère des Terres et Forêts. Quelles bonnes
raisons le ministre a-t-il à donner pour avoir tué ce syndicat
forestier?
M. GOSSELIN: Ah! mon Dieu, me voici un meurtrier maintenant,
poursuivi devant les tribunaux pour avoir tué...
M. COITEUX: Négligence criminelle.
M. GOSSELIN: Négligence criminelle, alors, là, ce
n'est pas drôle ! D'abord, ce que le député a
oublié, dans tout son exposé, c'est que bien avant que j'arrive
ici il y avait eu des montants très considérables de
dépensés...
M. COITEUX: Quel montant?
M. GOSSELIN: Je cite de mémoire, mais en particulier
l'ARDA a dépensé, pour sa part, au-delà de $60,000 et je
me souviens d'avoir lu...
M. COITEUX: Dans les chemins?
M. GOSSELIN: Oui, dans les chemins.
M. COITEUX: Dans les études démographiques, ils ont
dépensé plus que ça...
M. GOSSELIN: Dans les chemins et le ministère des Terres
et Forêts, lui, y est allé, et pas de mainmorte. Nous avons
donné une réduction du droit de coupe. Nous avons donné la
permission de couper 2,500 cordes de bois à $1.25 seulement. En plus de
cela, j'ai redonné, moi, dès l'automne dernier, aux syndicats
forestiers qui sont administrés par Landry, entre autres il en
est le président une autre possibilité d'aller couper
3,000 cordes de bois. Et il n'a pas été question, alors de leur
charger un droit de coupe hors de l'ordinaire. Nous avons dit: Vous avez
besoin; vous nous demandez un permis pour 3,000 cordes de bois, voici, nous
vous le donnons. Maintenant, lorsque le député dit qu'il n'y a
pas eu d'études de faites et que le ministère des Terres et
Forêts, jamais, en aucune circonstance, celui qui vous parle n'a
refusé quoi que ce soit qui a été demandé par
l'ARDA. Mais il y a une chose, par exemple, qu'il commençait à
être temps que nous sachions, c'est qu'on cesse de se tirer la balle
entre l'ARDA et d'autres organismes qui veulent s'occuper du
développement de ces régions-là, de manière que
nous sachions exactement où on veut aller avec tout ça. Encore
une fois, jamais en aucune circonstance, au ministère des Terres et
Forêts, nous n'avons refusé notre aide de quelque façon que
ce soit.
M. COITEUX: Aussitôt que le projet d'ensemble pour
l'opération forestière sera accepté par le
ministère des Terres, ça, ça concerne l'octroi du
ministère de l'Education, les affaires indiennes la même chose,
ils sont prêts. La correspondance entre M. Vincent et M. Mo-rasse et
moi-même, je lui ai écrit, ici, les dates sont du 22
février, du 8 février, le 6 février. Voici la
correspondance échangée entre messieurs...
M. GOSSELIN: Mes officiers qui sont présents ici, avec
moi, m'affirment qu'en toute circonstance nous avons demandé qu'ils nous
pro- duisent leur rapport et nous ne venons de le recevoir que la semaine
dernière, le rapport de nos inspecteurs à nous. Et aussi nous
avons demandé à différentes reprises d'avoir certaines
explications, et je sais pertinemment que mon sous-ministre, entre autres, qui
siège sur le CPAR, s'est occupé de la chose avec tous ces
projets-là et qu'en toute circonstance ils n'ont pas eu la collaboration
que nous aurions dû avoir pour tâcher de résoudre le
problème.
Là, il y a un problème tout à fait particulier que
le député connaît beaucoup mieux que tous nous autres, et
que j'ai étudié moi-même. J'ai eu un rapport, à un
moment donné, qui m'a été fait pour me donner tout
simplement l'ensemble du portrait, des difficultés qui existaient
là. On sait que c'était une population de pêcheurs,
antérieurement, et de trappeurs et de chasseurs et que maintenant, vu
qu'il semble que la pêche soit presque disparue, ces gens cherchent
à s'adapter à un autre genre de travail; ils ont
été, depuis plusieurs années, sur l'assistance, sur le
bien-être social et il y a une difficulté extraordinaire à
les réhabiliter pour les édu-quer ou leur montrer à
travailler...
M. COITEUX: C'est vrai pour une certaine partie de la population,
mais il faut admettre qu'il y a plusieurs personnes, plusieurs travaillants qui
sont venus de là dans les compagnies forestières.
M. GOSSELIN: Oui, oui, j'admets...
M. COITEUX: Maintenant, lorsque le ministre dit qu'il y a eu des
montants fantastiques, je tiens à préciser. L'argent que les
chemins de pénétration en forél ont mis la première
année, a été mis pour deux buts. Il a servi seulement pour
un but. Il a servi pour le ministère des Terres, de façon
à faire un chemin pour aller vers un lac qui sert pour la protection
forestière et ou le gouvernement fédéral installe un
débarcadère cette année. C'est là que l'argent a
été placé. Le chemin sert à l'exploitation
actuellement. Il y a eu deux apports du ministère; pas quatre, deux.
L'autre montant de première et de deuxième année a
été investi, sur le tracé éventuel de la route 15,
en vue de donner un chemin de pénétration pour aller au lac, en
arrière de Natashquan. Parce que le ministre sait que, s'il n'y a pas de
possibilité d'atté-rissage sur un lac près du village,
c'est impossible, advenant le cas d'un feu, d'atterrir à la mer
lorsqu'on a un vent du sud-ouest. C'est pour ça, c'est dans ce
but-là et l'argent n'a pas été mal
dépensé.
M. GOSSELIN: On ne l'a jamais dit. Un instant! Je n'ai jamais dit
que l'argent avait été mal dépensé. J'ai dit et je
le répète qu'en toute circonstance depuis que je suis au
ministère des Terres et Forêts après avoir vu ce qui a
été fait dans le passé pour essayer de tirer cette
population-là de la situation difficile dans laquelle elle se trouve, il
n'y a personne, il n'y a pas eu de négligence à nulle part.
M. COITEUX: Oui, mais comment se fait-il qu'ARDA était
prêt à mettre $125,000 cette année pour la construction de
camps et de chemins, et on a refusé?
M. GOSSELIN: Oh non, on n'a pas refusé.
M. COITEUX: Certainement que ça été
refusé.
M. GOSSELIN: Cela n'a jamais été refusé.
Vous avez été refusé...
M. COITEUX: ... on voulait faire une enquête avant de
donner d'autres montants à savoir comment cela avait coûté
pour les chemins.
M. GOSSELIN: Alors le rapport que nous attendions sur cette
affaire, le rapport définitif là...
M. COITEUX: De la part de qui? Venant de qui?
M. GOSSELIN: De deux de nos ingénieurs qui sont
allés sur place pour...
M. COITEUX: La coupe du bois se faisait au cours de l'hiver.
M. GOSSELIN: Bien oui, mais on l'a donné l'automne
dernier.
M. COITEUX: Vous ne pouviez pas donner la coupe du bois...
M. GOSSELIN: On a donné tous les droits. Les syndicats
sont venus chez moi, avec M. Landry. Ils m'ont expliqué toutes les
difficultés qu'ils avaient et ils m'ont demandé un permis de
coupe de 3,000 cordes. J'ai dit: Messieurs, allez-y et repartez avec la lettre
d'acceptation.
M. COITEUX: Est-ce que le ministre sait qu'aucun organisme,
même l'UCC ou un entrepreneur privé, ne peut pas retourner
à une population qui s'est trouvée dans des conditions
énormément difficiles, sans les sortir du marasme dans lequel
elle est à cause de l'opération de l'année
précédente. Est-ce que le ministre peut prétendre qu'on va
se présenter pour faire du bois lorsqu'il se doit encore $9,900 de
salaires? La lumière verte, c'est dit en toutes lettres dans toute cette
correspondance-là; c'est qu'ARDA attendait pour les payer. Cette
année on avait $23; $4 de plus la corde. Si le ministre avait mis
$10,000, c'est tout ce qu'il fallait pour compléter le chemin. On avait
$20 la corde, 375 cordes qui sont restées dans le bois à $20 la
corde, c'est presque le déficit des salaires.
M. CLICHE: Il aurait fallu faire le chemin?
M. COITEUX: Améliorer le chemin pour sortir le reste du
bois.
M. GOSSELIN: Mais d'après les informations et
d'après certains pourparlers qu'il y a eu à mon bureau et
là le député est à me rafraîchir la
mémoire si ma mémoire est fidèle, si elle me sert bien
c'est qu'ils avaient eu l'an passé un déficit
d'opération de $11.05 la corde.
M. COITEUX: L'UCC n'a jamais, dans ses réclamations, fait
mention de $11. Elle a fait mention de $9,900, des salaires, c'est tout ce
qu'ils ont réclamé: que les salaires soient payés.
M. GOSSELIN: Je crois que le député se trompe un
peu là parce que c'est au-delà de $33,000 le déficit qui a
été fait et non pas $9,000.
M. COITEUX: Le déficit... je suis prêt à
l'admettre...
M. GOSSELIN: Si le député a tous ces
renseignements, pourquoi le député n'est-il pas venu me voir
à mon bureau?
M. COITEUX: Bien, j'ai été voir quelqu'un et je
pensais que c'était pour marcher.
M. GOSSELIN: Bien au lieu d'aller voir ce quelqu'un la prochaine
fois, qu'il s'adresse au ministre et il va voir qu'il va avoir une
réponse!
M. COITEUX: Oui, mais les organismes se sont adressés au
ministère et puis ils prétendent ne pas avoir eu les
réponses appropriées. C'est ça!
M. GOSSELIN: Quand ils se sont adressés au bureau du
ministère et à tous mes officiers supérieurs, je peux
affirmer ici qu'ils ont obtenu satisfaction et que...
M. CLICHE: Oui, mais...
M. GOSSELIN: ... les demandes qui nous ont été
faites étaient à l'effet, dans le temps, d'avoir un permis de
coupe de 3,000 cordes de bois et il fut fait immédiatement.
M. CLICHE: Oui, mais le ministre pourrait comprendre...
M. COITEUX: Si vous voulez qu'on règle ce problème
de demande de 3,000 cordes de bois, je vais vous dire comment cela s'est
passé. Cela n'a pas passé par l'entremise du syndicat. C'est
qu'après l'élection ils ont dit: Le syndicat, on n'en a pas
besoin. Nous autres, on est du bon côté, et nous autres on va y
aller et l'avoir le bois. C'est un nommé Emilien Landry avec son
garçon. Ils sont venus et ils n'ont pas d'affaire avec le syndicat
forestier.
M. GOSSELIN: Ah bien! il faudrait les identifier. Ce sont eux qui
étaient dans le syndicat forestier, ils se sont présentés
en tant que président et secrétaire du syndicat.
M. COITEUX: Pour mettre les points sur les i...
M. GOSSELIN: Parce que moi, Landry, je ne le connais pas
et...
M. COITEUX: Ce n'est pas Landry qui est président du
syndicat, c'est Robert Leblanc.
M. GOSSELIN: Bien vous direz à Robert Leblanc qu'il
s'occupe de son affaire et qu'il vienne au ministère. Après cela,
la question va se régler.
M. CLICHE : Mais le ministre devrait connaître la situation
à cet endroit-là. Quand les opérations forestières
ont débuté sur la Côte-Nord...
M. GOSSELIN: Oui, oui.
M. CLICHE: ... au temps où j'étais là, on a
donné un permis et on a dit: On va réduire les droits de coupe.
Plus que ça, on va intervenir pour que vous vendiez votre bois le plus
cher possible.
M. COITEUX: C'est ça!
M. CLICHE: Si vous avez besoin de plus d'aide, on va le faire
pour aider cette population-là, qui n'a absolument aucune
possibilité de gagner sa vie. Et à cause du fait qu'on
prévoyait dans un avenir assez rapproché l'installation d'une
usine majeure de pâte et papier sur la côte...
UNE VOIX: Elle a été fermée.
M. CLICHE: ... là, on a dit; On va aider à la
construction de chemins. Là on a aidé à la construction de
chemins. On l'a dit et c'est à ce moment-là qu'on l'a fait. Ils
ont...
UNE VOIX: Dix heures!
M. GOSSELIN: On peut continuer...
M. COITEUX: Maintenant l'argent qu'on a refusé...
M. GOSSELIN: Cela va bien. Voyons donc, on pourrait donner encore
une heure. Tous mes officiers, M. le Président, je trouve que ce n'est
pas raisonnable, tous mes officiers ont une quantité de travail
très considérable. On s'est plaint à différentes
reprises...
UNE VOIX: On est mieux de se tenir.
M. GOSSELIN: ... au cours de la journée que nous n'allions
pas assez vite dans plusieurs domaines. Voici qu'il y a des travaux en
marche...
M. CLICHE: Si c'est le seul argument qu'on peut donner à
l'Assemblée législative, siégeons le dimanche quant
à ça.
M. GOSSELIN: Je me souviens, moi, qu'on a été
beaucoup plus gentil que ça envers l'exministre des Terres et
Forêts et que jamais, en aucune circonstance, nous n'avons voulu le
bousculer de quelque façon que ce soit...
M. FRECHETTE: Ce n'est pas la question de bousculer
quelqu'un.
M. GOSSELIN: ... et là nous avons encore le temps, il y a
encore au bas mot une heure. On siège encore à l'Assemblée
législative en haut, les officiers du ministère ici ont bien
voulu donner toute la journée et sont prêts à revenir
encore demain. Par contre, nous pourrions nous avancer très
considérablement dans l'étude des crédits et puis...
UNE VOIX: Siégez-vous le matin?
M. GOSSELIN: Onze heures demain.
M. CLICHE: Nous avons le temps encore.
M. GOSSELIN: Dans l'Opposition vous vous plaignez que vous n'avez
plus rien à faire, alors vous devez être reposés.
M. MAILLOUX: Nous allons terminer.
UNE VOIX: Nous allons siéger toute la nuit dans ce
cas-là.
M. CLICHE: Vous pourriez aller travailler à votre bureau
ce soir, si vous voulez.
M. GOSSELIN: On continue quand même à
l'Assemblée législative jusqu'à 11 heures.
M. CLICHE: Le ministre pourrait aller travailler à son
bureau...
M. GOSSELIN: Pardon? Le ministre travaille à son bureau et
bien des nuits aussi jusqu'à 2 heures.
M. CLICHE: C'est assez, c'est assez.
M. GOSSELIN: On siège quand même en haut. Pourquoi
ne continuerions-nous pas ici?
M. MAILLOUX: Cela va se terminer assez tôt demain.
M. GOSSELIN: Parce qu'il y a encore certains articles. Là
nous sommes obligés de noliser tous les officiers de nos
ministères. Si nous pouvions ce soir, pendant qu'ils sont rendus, donner
peut-être une demi-heure ou trois quarts d'heures de plus, nous pourrions
avancer considérablement. N'ayons pas peur demain, s'il y a d'autres
questions qu'on veut poser...
M. CLICHE: Pas question de peur.
M. GOSSELIN: Je vais déposer demain après-midi
certains documents qui ont été demandés à
l'Assemblée législative, nous aurons tout le temps voulu et je
n'ai pas d'objection même à remettre l'adoption complète
des crédits jusqu'à ce que nous ayons pu analyser les documents
que je déposerai demain, et puis, à ce moment-là, nous les
considérerons comme adoptés. Je dis qu'il me semble que c'est
raisonnable. Nous pourrions travailler encore au moins pendant trois quarts
d'heure, ce qui avan- cerait l'étude des crédits et ce qui
permettrait en même temps à mes nombreux officiers qui ont
beaucoup de travail à faire au ministère, de pouvoir retourner
à ce travail-là. Je prétends que...
M. CLICHE: Cela va aller aussi vite demain matin.
M. GOSSELIN: Je pense que d'ailleurs, c'est curieux le
député d'Abitibi-Est était beaucoup plus sociable que
ça vis-à-vis ses employés. Il ne faudrait pas qu'il les
garde ici...
M. CLICHE: C'est le dernier des arguments que vous pourriez
employer, M. le ministre.
M. LACROIX: On m'a dit que vous avez obligé le ministre
des Terres et Forêts à garder ses employés en
arrière du trône de l'Orateur pendant plusieurs jours.
M. GOSSELIN: Ah non!
M. LACROIX: Sans même passer à l'étude des
crédits.
M. GAGNON: A moins que le député d'Abitibi-Est
fasse confiance au député de Duplessis.
M. CLICHE: Vous menez le bal.
M. GOSSELIN: Tout le temps que nous perdons, nous aurions pu
donner encore quelques explications. On siège encore en haut. Pourquoi
ne pas continuer jusqu'à 11 heures? Vous l'avez fait plusieurs fois.
M. CLICHE: Il n'y a rien à faire, nous reviendrons demain
matin. Nous n'avons pas fait ça. Nous n'avons pas fait ça de
notre temps.
M. GOSSELIN: Ah non! ah! là, par exemple, il y a des
limites. Le député d'Abitibi-Est se rappelle, alors même
qu'il était président de l'Assemblée législative,
ils nous ont tenu jusqu'à 5 heures du matin, 6 heures du matin, à
l'étude des crédits du ministère de la Voirie...
M. CLICHE: Ah non! nous n'allons pas remonter à ces
histoires-là.
M. GOSSELIN: ... voici que nous lui demandons seulement trois
quarts d'heure, et puis qu'il refuse ça. C'est épouvantable, je
ne le comprends plus du tout.
M. CLICHE: C'est arrivé une fois.
M. GOSSE LIN: Je ne peux pas croire que le député
d'Abitibi-Est est en train de se corrompre alors qu'il est dans
l'Opposition.
DES VOIX: Ce n'est pas l'Opposition qui nous tenait cette
fois-là.
M. GOSSE LIN: Le ministre est en pleine forme, il n'est pas
fatigué du tout, il peut tenir le coup encore...
M. COITEUX: Demain matin, je vais pouvoir citer au ministre le
chiffre qu'on va dépenser à l'assistance sociale, étant
infiniment supérieur...
M. GOSSE LIN: Je vais pouvoir citer demain d'autres chiffres au
député, que j'avais apportés quand même...
M. CLICHE: Onze heures demain matin.
M. GOSSELIN: Vous reculez devant le devoir.
M. LACROIX: Le ministre connaît assez les
députés. Je pense que c'est une remarque assez injuste à
l'endroit du député d'Abitibi-Est.
M. GOSSELIN: Pourquoi refuse-t-il de siéger pendant que
nous siégeons en haut?
M. LACROIX: C'est pas au député d'Abitibi-Est
à décider ça, c'est au président.
M. CLICHE: Si vous voulez recueillir la documentation que vous
nous avez promise, vous en avez pour une bonne partie de la soirée.
M. GOSSELIN: Ah oui! je ne suis pas inquiet de ça.
M. MAILLOUX: Nous pouvons revenir demain matin.
M. CLICHE: On l'a à la portée de la main.
M. MAILLOUX: De bonne heure demain matin.
M. LE PRESIDENT: On peut continuer.
M. GOSSELIN: Voici, il appartient au président de
décider si nous devons siéger ou non.
M. LE PRESIDENT: Parce que nousn'avons pas fait grand-chose, nous
avons passé seulement qu'un article.
M. GOSSELIN: Légalement, nous ne le pouvons pas?
M. CLICHE: Ajournons à demain matin.
M. GOSSELIN: Nous avons des problèmes en route, pourquoi
ne pas siéger encore? Nous allons donner trois quarts d'heures,
jusqu'à onze heures.
M. LE PRESIDENT: Tout le monde s'en va.
M. GOSSELIN: Allons, allons, soyez plus gentils.
M. CLICHE: Soyez plus gentils, vous autres aussi.
M. GOSSELIN: Comment plus gentils? Nous avons répondu
à toutes vos questions pendant toute la journée. Vous allez
refuser de nous accorder trois quarts d'heures de plus?
M. CLICHE: Onze heures.
M. GOSSELIN: Pas dix heures et demie, onze heures, je continue,
je vais être ici toute la nuit. On siège quand même en haut
à l'Assemblée législative. C'est fini en haut? Dites- moi
pas qu'ils ont lâché avant nous autres.
M. CLICHE: De onze heures du matin à dix heures du
soir.
M. LE PRESIDENT: Demain matin onze heures.
(Séance du 10 mai 1967)
(Quatre heures et cinquante-huit minutes de
l'après-midi)
M. GRENIER (président du comité): A l'ordre,
messieurs! Nous allons revenir à ce que vous étiez rendus hier
soir. Alors c'était « direction générale des bois et
forêts », à la page 147: service de la restauration.
M. GOSSELIN: M. le Président, si vous me le permettez
avant que nous ne continuions l'étude des prévisions
budgétaires, j'aimerais, tel que mentionné hier, remettre
à l'honorable député d'Abitibi-Est, certains documents que
je lui avais promis. Alors, voici ici, la liste des
arpenteurs-géomètres à qui nous avons donné des
contrats, l'année dernière. Maintenant, j'en ai deux copies,
est-ce que le député d'Abitibi-Est en veut une copie?
M. CLICHE: S'il vous plaît, oui.
M. GOSSELIN: Maintenant, aussi, je veux donner au
député d'Abitibi-Est toute la documentation que j'ai, concernant
cette fameuse affaire de l'usine de Chapais. Mais avant de ce faire, j'aimerais
donner certaines précisions, M. le Président, pour dire ceci:
alors que nous discutions de cette affaire, j'ai mentionné à
différentes reprises qu'il me semblait y avoir certains actes
posés par le maire de Chapais qui étaient incompatibles avec son
mandat et j'ai mentionné que ces actes-là que je jugeais
incompatibles, pouvaient se rapporter à un article du code criminel et
j'ai dit que c'était 119, alors que c'est l'article 104. Alors, c'est
tout simplement une rectification que je veux faire et, si le
député d'Abitibi-Est veut que j'explicite encore plus, je suis
prêt à le faire.
M. CLICHE: Allez-y.
M. GOSSELIN: Bien voici, c'est que nous avons reçu de M.
Samuel Reisman une entente faite entre M. Gérard Pellerin, 115
Springher, Chapais, et M. Samuel Reisman, président de Select Gold Sale
Lumber Quebec Company. Il faut bien comprendre que M. Gérard Pellerin
est le maire de Chapais.
Or, il est dit dans cette entente signée par M. Reisman et M.
Pellerin que l'employeur s'engage par les présentes à prendre
à son emploi M. Pellerin sur réception des documents
demandés dans sa lettre adressée au maire de la ville de Chapais
en date du 15 juin 1966, et à lui verser, à titre
d'employé, les montants suivants: la somme de $150 par semaine avec
majoration automatique annuelle de 4% en considération de l'augmentation
du coût de la vie; la somme de $125 par mois pour frais de
représentation dans l'exécution de ses fonctions; un montant
représentant 1% du prix d'achat pour les bois achetés par
l'employeur, libre de toute redevance, rendus dans la cour du moulin de
l'employeur, et ceci à un prix déterminé par l'employeur.
Ce bois proviendrait d'autre source que de la réserve déjà
garantie. Et là où est peut-être la clause la plus
litigieuse de toute cette affaire, c'est qu'il est stipulé que
l'employeur versera à M. Gérard Pellerin en fiducie, et ceci
dès que le moulin entrera en production la somme de $5,500 à
titre de remboursement pour les dépenses occasionnées par les
démarches faites afin d'obtenir l'établissement d'une industrie
à Chapais.
Or, d'après les officiers du ministère qui m'ont
conseillé en cette affaire, cette clause seulement serait suffisante
pour que nous envoyions au ministère de la Justice tout le dossier pour
étude. Or, on pourra trouver par la suite, une opinion légale et
les détails de toute cette volumineuse correspondance que je remets au
député d'Abitibi-Est. Alors le député
d'Abitibi-Est, également, pourra se rendre compte par cette
correspondance que jamais, en aucune circonstance, nous n'avons
négligé de répondre à toutes les demandes de la
ville de Chapais. Il verra par les dates de cette correspondance que nous avons
fait diligence dans l'étude de toute cette fameuse affaire et qu'il n'y
a aucune négligence de la part du ministère des Terres et
Forêts ni d'aucun de ses officiers, ni de celui qui vous parle. Alors
nous espérons que cette situation se clarifiera et que Chapais pourra
bénéficier de l'industrie qu'elle aimerait avoir en ces
lieux.
M. CLICHE: Alors je remercie le ministre de la correspondance
qu'il me remet concernant toute cette question de l'établissement de
l'usine de sciage à Chapais. Mais il n'en reste pas moins que l'attitude
du ministère, ou l'attitude du ministre à l'endroit du maire de
Chapais a créé peut-être cette impression que le maire de
Chapais voulait profiter du fait d'un établissement de projet semblable
pour mousser sa candidature à un poste où il serait
rétribué, peut-être, au-delà de la valeur des
services qu'il peut rendre. Il n'en reste pas moins que c'est à
l'entrepreneur ou à celui qui réalisera le projet, (si ce n'est
pas le
maire de Chapais qui le réalise), à décider qui il
prendrait comme gérant de son entreprise, ou promoteur ou vendeur, ou
quoi que ce soit. Mais ce que le ministre doit répondre, soit à
la ville de Chapais ou à Reisman ou à d'autres: Nous sommes
prêts à mettre à la disposition d'une entreprise
l'approvisionnement forestier voulu.
M. GOSSELIN: Est-ce que..,
M. CLICHE: Sans décider ce que le maire a à faire
dans ça ou ce qu'il n'a pas à faire dans ça.
M. GOSSELIN: Je suis tout à fait surpris des propos que
tient présentement le député d'Abitibi-Est parce que lui
qui est avocat, qui sait fort bien qu'un maire dans l'exercice de ses fonctions
n'a pas le droit et c'est bien stipulé dans l'article 104 du code
criminel
M. CLICHE: Ce sont ses problèmes à lui.
M. GOSSELIN: ... de retirer quelque boni que ce soit alors qu'il
est dans l'exercice de ses fonctions. Or, il verra dans la documentation que je
viens de lui remettre que les officiers du contentieux du ministère ont
étudié très attentivement cette situation et qu'ils m'ont
conseillé même d'obtenir l'opinion légale du
ministère de la Justice parce qu'on ne devait pas, lorsqu'il
était porté à notre connaissance des faits aussi patents,
où il était possible d'obtenir une récompense assez
plantureuse pour des services que le maire se doit de donner en tant que maire
de la ville de Chapais, je crois que c'était mon devoir de prendre
toutes les précautions pour que des gestes semblables ne se
répètent pas, étant personnellement moralement convaincu
que c'était une situation tout à fait hors de la normale.
D'autant plus qu'il y a eu, et je ne tiens pas à entrer bien
profondément dans ce domaine, des causes retentissantes où on a
traduit en cour des gens qui avaient fait bien moins que ce que le maire de
Chapais a fait, ou tentait de faire dans cette circonstance. Je crois qu'alors
il était de mon devoir d'apporter à la connaissance du
ministère de la Justice toute cette situation-là et que je ne
devais prendre aucune chance. Je n'ai jamais dit, et vous le verrez dans la
correspondance qu'il y a là, j'ai une lettre qui en atteste, que nous
sommes prêts en toute circonstance mais par les procédures
employées par le maire de Chapais et le conseil municipal en
l'occurence, je ne crois pas que nous pouvions continuer.
D'ailleurs il y a eu, dans cette correspon- dance-là on le verra,
une autre compagnie qui s'est trouvée intéressée et
qu'elle-même s'est désistée devant les faits qui ont
été apportés à la connaissance du ministère
des Terres et Forêts. Par la suite, le maire de Chapais revient à
la charge, fait passer d'autres résolutions pour revenir encore à
la première proposition, toujours en gardant et en ne sachant pas si les
exigences ou le contrat passé entre le maire de Chapais et la compagnie
mentionnée dans le dossier avait été annulé.
Or, devant cet était de choses-là, M. le Président,
je ne discute pas de l'opinion du ministre, de l'ex-ministre des Terres et
Forêts, mais je dis tout simplement que je dois me fier, moi, aux
conseils qui me sont donnés par les officiers de mon ministère,
lesquels sont d'ailleurs très compétents, ces officiers
étaient ici et avaient la confiance du ministre du temps. Je ne peux,
maintenant, acquiescer à une telle demande tant et aussi longtemps que
le ministère de la Justice n'aura pas donné son opinion.
M. CLICHE: L'opinion...
M. GOSSELIN: Si au ministère de la Justice, on me dit
qu'on peut y aller, je n'ai aucune objection à laisser porter les
choses; d'ailleurs ce sont aux citoyens de la ville de Chapais de s'occuper de
l'affaire. Mais il nous appartient, cependant, à nous, de voir à
protéger les biens de la province de Québec pour qu'ils ne
tombent pas entre les mains de certains aventuriers qui sont prêts
à toutes les manigances.
M. CLICHE: Bien, je pense que le ministre ne veut pas parler,
quand il parle d'aventuriers, du maire de Chapais. Il a été
élu et réélu. Ce que je veux dire au ministre c'est que je
ne crois pas que ce soit de sa juridcition ni de son domaine de surveiller la
conduite du maire en tant que maire. Le maire, s'il commet, comme maire, des
actes repréhensibles, des actes illégaux et bien, ce sera
à lui à en porter la responsabilité et c'est aux citoyens
ou qui que ce soit de là-bas de s'occuper du cas. Il peut être
disqualifié, il y a toute sorte de recours qui sont donnés
à ce sujet-là.
Ce qui est important, à tout événement, c'est qu'il
y ait là-bas les réserves forestières nécessaires
ou voulues pour approvisionner une usine. Il faudrait donc qu'il y en ait une.
On va prendre les moyens pour qu'il y en ait une. Le ministre a
déclaré hier qu'il était prêt à recevoir une
délégation, je vais en informer la municipalité. Je vais
leur demander de vous écrire et demander qu'une date soit fixée
pour que la délégation se présente à vos bureaux.
Et puis, à
ce moment-là, ils discuteront de l'affaire. C'est ça.
M. GOSSELIN: Très bien.
M. GAGNON: Maintenant, un instant, hier soir on a parlé
des syndicats forestiers. Entre autres un syndicat, je crois que c'est le
syndicat de Natashquan. Evidemment il y a les syndicats forestiers de
Gaspé-Nord, il ne s'agit pas d'un syndicat mais de tous les syndicats
forestiers. Disons, jusqu'en 1960, que la situation n'était pas trop
mal. Je crois que c'était le ministère de l'Agriculture ou de la
Colonisation, peut-être le ministère des Terres et Forêts
qui leur donnait une subvention permettant l'amélioration de leurs
routes pour les opérations forestières.
Or, en 1960, par le changement de gouvernement on a totalement
discontinué ces subventions. Et en second lieu, Gaspé-Nord, au
point de vue d'exploitation forestière, n'a à peu près pas
bénéficié d'avantages financiers en ce qui concerne les
chemins de pénétration en forêt, comparativement à
Bonaventure, où là, je crois, des centaines de milliers de
dollars sinon des millions de dollars ont été
dépensés. Ce qui a eu pour effet de causer une situation
financière extrêmement précaire chez les syndicats
forestiers.
Et, en 1965-1966, si nous regardons leur bilan, nous trouvons que les
déficits accumulés égalent à peu près les
subventions pour la période de cinq ou six années, le montant
égal des subventions qu'ils recevaient du ministère. Donc ils
avaient accepté de verser les montants pour permettre les
opérations forestières. Or, les syndicats forestiers, à
peu près tous sans exception, sont dans une situation extrêmement
difficile. Dans les circonstances, l'année dernière, j'en ai
parlé avec le ministre, celui-ci m'a référé au
comité de planification où les gens ont montré beaucoup
d'attention et de compréhension, mais je crois qu'actuellement, la
solution pour les syndicats forestiers, dans ma région, est la suivante.
Probablement que c'est la meilleure. Je n'ai pas la compétence, mais je
crois que, d'après ce dont on a discuté, c'est
l'établissement de la forêt domaniale dans Gaspé-Nord. Or,
les syndicats forestiers qui, eux, ont des moulins...
M. CLICHE: La forêt domaniale aiderait de quelle
façon?
M. GAGNON: Bien cela aiderait, je l'ai expliqué hier
soir,...
M. CLICHE: Dans ce cas-là...
M. GAGNON: ... c'est que le bois pourrait être vendu au
syndicat forestier ou à ceux qui opèrent des moulins à
scie et il serait vendu de la même façon qu'il est vendu à
Matane. Probablement ça donnerait peut-être une perte au
ministère des Terres et Forêts, quelque chose comme ça.
Mais ça permettrait aux syndicats forestiers, comme je l'ai dit tout
à l'heure, qui ont des scieries, cela permettrait aux autres entreprises
qui ont des scieries, de pouvoir continuer à les maintenir en
opération tout en permettant également à tous les ouvriers
de la forêt de réaliser du moins un salaire convenable pour la
famille. Je crois que le ministère des Terres et Forêts envisage
cette possibilité qui est une des solutions, la meilleure dans la
situation actuelle.
M. GOSSELIN: Je dirais au député de
Gaspé-Nord que déjà nous avons un projet de
réaménagement complet de tout ce secteur-là et nous
espérons trouver une formule qui sera adéquate pour venir en aide
à tout le monde.
Maintenant, M. le Président, parlant toujours de cette question,
alors que le député de Duplessis disait hier, et employait des
termes assez sévères à l'effet que nous avions tué
le projet de Natashquan et que le ministère des Terres et Forêts
aurait été peut-être négligent dans ce secteur.
J'aimerais ici attirer l'attention des membres du comité sur le fait
que, d'abord, rien n'a été négligé pour apporter,
dans toute la mesure du possible, l'aide nécessaire à la
réalisation des divers programmes que nous avions dans ce secteur. Or,
l'automne dernier, en date du 9 novembre, nous avisions l'agent des relations
extérieures du chantier coopératif de l'UCC de Natashquan qu'il y
avait une autorisation et un arrêté ministériel qui
était passé, autorisant la coupe de 5,000 cordes de bois dans ce
secteur de Natashquan par ce même syndicat. Par la suite, nous avons
également envoyé sur place des experts du ministère
pour...
M. COITEUX: Ils ont fait leur rapport uniquement la semaine
dernière.
M. GOSSELIN: ... étudier toute la situation.
M. COITEUX: C'est ça le point du problème. C'est
que le rapport est arrivé après que la session de coupe fut
finie.
M. GOSSELIN: Il n'y avait absolument rien qui empêchait ces
gens-là de procéder, puisque antérieurement...
M. COITEUX: Oui. Je vous l'ai expliqué hier
soir qu'il y avait quelque chose. Il y avait $8,000 qu'il fallait
retirer.
M. GOSSELIN: Si le député veut tout simplement se
calmer, je vais lui donner des détails beaucoup plus complets et il se
rendra vite compte que peut-être lorsqu'il veut accuser le ministre
actuel de négligence ou d'autre chose, il pourra peut-être s'en
prendre à certains des siens de son côté. Alors, de cette
manière-là, chacun acceptera...
M. COITEUX: Je vais citer de la correspondance tantôt qui
va le faire rougir.
M. GOSSELIN: Ce n'est pas dangereux...
M. COITEUX: Signée par le sous-ministre à part
ça.
M. GOSSELIN: Ce n'est pas dangereux de me faire rougir quand je
sais d'où cela vient. J'ai de la peau qui tient!
M. CLICHE: Vous n'êtes pas bien bien gentil!
M. GOSSELIN: Je suis aussi gentil que le député
peut l'être à mon endroit. J'ai été calme
jusqu'à maintenant. J'ai l'intention de demeurer calme à part
cela et de donner le plus de détails possible et de répondre
à toutes les questions qui peuvent m'être posées par
l'Opposition.
M. GAGNON: Le ministre donne tousles détails.
M. GOSSELIN: Or, en 63/64...
M. COITEUX: Je lirai des lettres tout à l'heure!
M. GOSSELIN: Il y a eu, pour les chemins d'accès, dans la
préparation du projet de Na-tasquan, un montant de $9,972.99. En 64/65,
$5,290.10. En 65/66, pour $33,381.11 et j'ai continué, moi, pour faire
un grand total que nous avons donné. J'ai continué alors que je
suis arrivé au ministère, pour $48,643. Et nous avons
donné, en plus de cela, des réductions de droit de coupe sur
2,500 cordes de bois, c'est monté à $9,375. Et l'ARDA,
elle...
M. COITEUX: Comment pouvez-vous arriver, M. le Ministre, à
$9,000 de réduction de. coupe?
M. GOSSELIN: Une minute. Je vérifie ici et puis si le
député veut regarder lui-même, qu'il essaye de me donner le
chiffre.
M. GAGNON: Cela, c'est pour un syndicat?
M. GOSSELIN: Tenez, regardez le montant. Est-ce que c'est $9,000
ou $3,000.
M. GAGNON: C'est impossible que ce soit $9,000.
M. GOSSELIN: C'est 75% sur $5.
M. COITEUX: 3,000 cordes, 75%. Cela ne fait jamais $9,000.
M. GAGNON: M. le Ministre, est-ce que c'est un syndicat qui a
bénéficié d'autant d'argent. Dans Gaspé-Nord, il y
avait douze syndicats, puis on ne pouvait pas leur en trouver de l'argent.
M. GOSSELIN: Exactement, la réduction de droit de coupe
75% sur 2,500 cordes à $3.75. Ceci fait un montant total de $9,375. Le
tarif régulier, dans ce secteur-là est de $5. L'ARDA, la
construction du chemin: $3,000, $12,000. La grande plage aussi, $3,000 et
encore $12,000, pour faire un grand total de $82,019.20. Et, encore à
l'ARDA, nous avons offert l'automne dernier, une réduction de droit de
coupe sur les 5,000 cordes, ce qui ferait un autre montant de $18,750 et en
plus de ça, les projets de construction par ARDA sur les demandes faites
par le comité, le syndicat, pour un montant de $25,000 et $100,000; plus
les camps, $28,000, pour faire un grand total, en tout et partout, où
nous étions disposés à travailler dans ce
domaine-là...
M. COITEUX: $26,000 pour des camps, il n'y en a pas.
M. GOSSELIN: Je dis que ce sont des demandes faites par le
syndicat et qui étaient acceptées, selon les rapports que nous
avons ici en main, pour un grand total de $253,769.20. M. le Président,
je pense bien, que devant ces explications, l'on verra, dans toutes les
circonstances, on n'a jamais cessé d'aider dans toute la mesure du
possible ces gens et bien plus, il y a eu des approches qui ont
été faites avec le ministère à la fois du Travail
et le ministère de l'Education, pour tâcher d'améliorer
toute cette situation dans ce coin-là, pour s'efforcer, dans toute la
mesure du possible, de réadapter une population qui
antérieurement, était accoutumée de tirer sa vie de la mer
puisque, en grande partie, on m'informe que c'étaient des
pécheurs. Et là, je crois que tous les organismes du
gouvernement, qui sont intéressés à cette partie de la
population, je ne crois pas qu'on puisse leur jeter quelque blâme que ce
soit.
M. COITEUX: M. le Président, lorsque l'on veut faire jouer
les chiffres, on peut arriver à $253,000 et moi je dis, que la seule
somme qu'il y aurait contribué à faire continuer ce chantier
était de $9,000 pour payer les salaires qui n'étaient pas
payés encore à la fin de l'opération. Ces $9,000 peuvent
s'expliquer très facilement. Il y a 375 cordes de bois qui n'ont pas
été sorties parce que le ministère des Terres et
Forêts nous a refusé catégoriquement $10,000 de chemins de
pénétration. On a l'impression, au ministère des Terres et
Forêts, pour une raison que je ne saurais comprendre, on semble imputer
au député un intérêt personnel dans l'affaire.
Je ne suis aucunement et personnellement intéressé. Je
puis dire ici, en face du comité, que si le ministère des Terres
et Forêts avait consenti à seulement donner, sans dépenser
un cent, la lumière verte à l'ARDA pour payer le déficit
des salaires avant qu'on commence aucune autre opération, on aurait
continué cette année. $253,000, naturellement, si on veut
impliquer les chemins, ces choses-là, je pourrais en faire un calcul qui
pourraitpeut-être arriver à beaucoup moins que ça. C'est
très facile de faire dire aux chiffres ce qu'on veut, quand on est
foncièrement contre un projet qui est de nature à aider toute une
population. Si l'on se place uniquement, lorsque l'on part un syndicat
forestier, sur le point de vue rentabilité ou profit, je suis d'accord
avec le ministre. Mais trouvez-moi une seule industrie, un seul projet, qui,
dès le départ de ses opérations montre des profits!
Pourquoi exige-t-on, lorsqu'un syndicat forestier est parti dans des conditions
excessivement difficiles, des profits dès la première
année, pour consentir d'autres subventions? Le seul point pourquoi le
syndicat forestier n'a pas marché cette année, c'est parce qu'on
a douté que les sommes dépensées l'avaient
été adéquatement. On a envoyé quelqu'un
enquêter et on attendait ce rapport-là et le rapport est sorti la
semaine passée et c'est pour cela que ça n'a pas
marché.
J'ai ici une lettre du 6 février, adressée à M.
Jean-Baptiste Bergevin, par M. Roger Mo-rasse: « La présente fait
suite à notre lettre du 7 novembre ça fait longtemps que
ça marchait, la patente! la fédération de l'UCC de
Québec demandait à l'ARDA d'absorber le déficit des
opérations du chantier coopératif de 1'UCC, pour les salaires
pour l'année 65/66 tel que démontré au bilan du 31 octobre
1966. « Il nous apparaît que l'ARDA pourrait aider
financièrement cet organisme en comblant le déficit en cours,
à condition... »
M. GOSSE LIN: Quel montant, le déficit?
M. COITEUX: De $9,900. C'est tout ce que demandaient les
salaires.
M. GAGNON: Le salaire n'est pas nécessairement un
déficit.
M. COITEUX: Non, parce que le gouvernement n'a pas voulu nous
aider pour qu'on sorte les derniers $375.
M. GAGNON: Non, mais le déficit d'une opération,
c'est autre chose que les salaires. Un déficit, c'est l'ensemble des
opérations,,
M. COITEUX: C'est ce qu'ils réclamaient.
M. GAGNON: Ah oui! mais là, c'est une autre paire de
manches avec le déficit.
M. COITEUX: « ... à cette fin vous trouverez
annexées à la présente copie plusieurs lettres
signées par le député qui vous parle dans laquelle
il dénonce à plusieurs reprises que le chantier coopératif
de Natashquan a été mis sur pied comme projet-pilote sur la basse
Côte-Nord par le ministère des Terres et Forêts, en
collaboration avec 1'UCC. « Vous trouverez aussi plusieurs autres lettres
dans lesquelles il y eut échange de correspondance avec d'autres
personnes intéressées. »
M. Bergevin répond le 8 février: « Pour faire
suite à votre lettre en date du 6 février, il me fait plaisir de
vous informer que j'ai eu, ce matin, une réunion avec M. Fernand Boutin,
sous-ministre des Terres et Forêts, et quelques hauts fonctionnaires de
son ministère. « Nous y avons discuté votre demande pour
couvrir le déficit des opérations de votre chantier 65/66. Le
ministère des Terres et Forêts communiquera sous peu avec vous
à ce sujet. »
(Signé) J.-B. Bergevin. »
Le 22 février: M. Fernand Boutin à Clément Vincent:
« Merci de votre lettre du 16 courant, relativement au chantier
coopératif de Natashquan. Je suis heureux de voir que les hauts
fonctionnaires de votre ministère étudient la question. »
Cela est typique de l'Union Nationale: étudier, ne jamais rien
régler!
M. GOSSE LIN: Pauvre malade!
M. COITEUX: « La question de prêts et que vous vous
proposez de rencontrer le représentant de 1'UCC afin de traiter du
problème financier du chantier coopératif concerné plus
haut».
Cela, c'est en date du 22 février. Fernand Boutin, 16
février, c'est avant l'autre. Alors c'est la réponse à la
lettre que M. Boutin adressait: forêts domaniales, M. Archambault doit
analyser le bilan de ce chantier coopératif. Je compte recevoir un
rapport de lui à très brève échéance. La
très brève échéance, ça a été
la semaine passée. C'est pour ça que ça n'a pas
marché. D'autre part, notre directeur général de la
planification, M. Michel Duchesneau, doit rencontrer certains fonctionnaires
qui sont chargés d'étudier le développement de cette
partie de la Côte-Nord. Dès que ces rencontres auront eu lieu, je
convoquerai un représentant afin de traiter du problème financier
résultant des opérations forestières, M. Bergevin sera
convoqué pour cette réunion, nous vous tiendrons au courant des
événements. » Il n'a jamais été
convoqué. Naturellement le rapport n'est pas arrivé.
En date du 22 mars, l'honorable Clément Vincent, signé
Fernand Boutin, sous-ministre: « En réponse à votre lettre
du 16 mars 1967 concernant le chantier de coopérative de Natashquan, je
dois vous dire que nous venons tout juste de recevoir certains renseignements
dont nous avions besoin avant de convoquer M. Morasse. »
Pourquoi cette lettre alors que le rapport a été
reçu la semaine dernière?
M. GOSSELIN: J'ai dit que le rapport avait été
envoyé.
M. COITEUX: Dès que celui-ci sera analysé nous
convoquerons. Il n'était pas reçu dans le temps, pourquoi
écrire une lettre comme ça?
M. GOSSELIN: Une minute, une minute.
M. COITEUX: Ah! écoutez là. Je suis convaincu que
c'est uniquement parce qu'on a douté de l'honnêteté des
gens qui ont dépensé l'argent pour les chemins de
pénétration, et qu'on voulait faire une enquête et
l'enquête a prouvé que l'argent a été
dépensé honnêtement. Maintenant, que ces gens aient fait un
déficit, c'est normal. $19 la corde, il n'y a pas un gars qui peut
opérer pour $19 la corde. Mais cette année, on avait $23. On
n'aurait peut-être pas fait de profit, mais au moins on serait
arrivé à l'égalité. Le ministère de
l'Education, après qu'on leur a eu expliqué, a été
bien plus compréhensif que le ministère des Terres et
Forêts. Je vais citer des lettres, j'en ai ici. J'espère que je
les ai.
UNE VOIX: Naturellement, il doit en manquer.
M. COITEUX: Ah non, non! Le ministère de l'Education, M.
Roger Morasse: « Veuillez trouver ci-inclus copies des ententes que j'ai
préparées concernant les cours que vous projetez de conduire
à Natashquan pour les forestiers. J'inclus de plus copies des programmes
des cours ainsi que formules d'inscription pour les élèves. Je
vous serais reconnaissant de présenter ces ententes aux autorités
pour signature et les retourner aussitôt que possible. » «
Nous accusons réception de votre lettre du 21 septembre 1966 concernant
les cours spécialisés pour les travailleurs forestiers de la
ville de Natashquan. Après avoir étudié cette entente,
nous constatons que tout est conforme à la rencontre du 20 septembre.
Aussitôt que le projet d'ensemble de l'opération forestière
sera accepté par le ministère des Terres, nous sommes prêts
à donner $20,000. »
M. CLICHE: A quelle date cette lettre?
M. COITEUX: La même chose... 21 septembre. La même
chose pour les Affaires indiennes qui étaient prêtes à
bâtir des camps. Tout dépendait de la lumière verte du
ministère des Terres et Forêts pour permettre au ministère
de l'Agriculture, par l'entremise d'ARDA, de payer $9,000 de salaires de
déficit, et c'est pour ça que je vous blâme.
M. GOSSELIN: M. le Président, s'il y avait lieu de
dire...
M. COITEUX: Les autres ministères ne sont pas des
imbéciles et ils comprennent le problè- me humanitaire qu'il y a
là, et vous autres vous voulez le considérer uniquement sur un
problème de fiscalité.
M. GOSSELIN: M. le Président, s'il y avait lieu de
décerner un Oscar pour une performance quelconque d'un acteur...
M. COITEUX: Non, non, j'ai des faits.
M. CLICHE: Vous pourriez répondre autrement que ça
à des questions aussi...
M. COITEUX: J'ai des faits précis et des lettres
signées par vos officiers du ministère.
M. GOSSELIN: Cela mériterait certainement...
J'étais prévenu d'ailleurs qu'il me ferait une scène
semblable, déjà depuis plusieurs mois, et je m'en attendais et ne
me surprends pas du tout et ne m'impressionne pas non plus.
M. COITEUX: Ah je n'en doute pas, parce qu'il n'y a pas
grand-chose qui impressionne le ministre.
M GOSSELIN: Ah non! certainement surtout quand on sait d'où
ça sort. Alors, M. le Président, le ministère des Terres
et Forêts, en toute circonstance a voulu d'abord dans toute cette affaire
bien savoir où il allait, et chacun des officiers qui m'entourent ont
pleinement ma confiance et ce ne sont certainement pas les attaques
acrimonieuses que vient de faire le député qui vont diminuer dans
mon esprit et dans mon coeur l'estime que j'ai pour ces gens-là
qui...
M. COITEUX: Ce ne sont pas les fonctionnaires, car les
fonctionnaires sont obligés de prendre les ordres du ministre,
malheureusement.
M. GOSSELIN: M. le Président, si le ministre prend souvent
des décisions, il les prend à la lumière des faits qui lui
sont apportés. Or, dans ce domaine, il y a beaucoup de choses que le
député de Duplessis semble ne pas vouloir dire. Par exemple ici,
devant le comité, c'est qu'il y a eu des demandes qui ont
été faites par certaines organisations. Pour tâcher de
fonctionner on voudrait laisser croire ici devant le comité qu'il n'y
avait que l'assentiment du ministère et tout simplement tout se passait
comme ça.
M. COITEUX: Certainement.
M. GOSSELIN: Et on voudrait laisser croire qu'il n'y avait
seulement qu'une négligence quelconque de la part du ministre dans
l'accomplissement de ses fonctions, qui aurait pu entraver. Ce que le
député ne dit pas par exemple, c'est que...
M. COITEUX: Je ne voulais pas parler de la petite politicaillerie
de la part du ministre pour pas que ça marche.
M. GOSSELIN: ... de la petite politicaillerie, nous avons connu
ça pendant six ans avec des gens qui n'avaient d'autres ambitions que de
nous salir, que de nous cracher à la figure par toutes les invectives
possibles. Et nous en avons été victimes, nous savons de quel
bois vous vous chauffez, et nous savons aussi, quand vous ouvrez vos trappes
d'égout, ce qui nous arrive sur la tête. Cela nous savons tout
ça. Et nous vous avons acceptés, nous avons patienté et
sous peu nous allons vous en remet- tre des plats que vous nous avez servis, et
vous verrez peut-être qu'ils ne sont pas aussi agréables
que...
M. COITEUX: Vous pouvez en servir à n'importe qui,' mais
vous ne pouvez pas en servir aux députés.
M. GOSSELIN: ... M. le Président, ce qui nous
intéresse le plus en dehors de toutes les attaques partisanes que vient
de faire le député de Duplessis, ce qui nous intéresse,
c'est le bien-être...
M. COITEUX: Le chantier de ...
M. GOSSELIN: Pendant que le député a parlé
j'ai eu la politesse, de ne rien dire, de tout accepter ce qu'il m'a dit et je
ne suis pas intervenu un seul moment. S'il veut tout simplement prouver autant
de gentilhommerie, lui, qui vient de se vanter qu'il a beaucoup de
leçons à nous faire, la première et la plus
élémentaire, c'est qu'il pourrait commencer par être
poli.
Alors, M. le Président, dans ces discussions qu'il y a eues entre
le syndicat de Natashquan et tous ceux qui étaient directement
intéressés, tous les officiers, je dis, qu'à un moment
donné, le syndicat demandait, lors d'une entrevue qu'ils ont eue avec M.
Bergevin, ils voulaient absolument que...
M. COITEUX: Qui étaient les membres du syndicat?
M. GOSSELIN: Les membres du syndicat n'étaient nul autre
que M. Maxime L. Plamondon, M. Leopold Lévesque, M. Fernand Morasse et
M. Roger Morasse. Je pense bien que ces gens-là sont bien connus comme
étant des gens du syndicat. Or, ils demandaient, contrairement à
ce que vient d'affirmer le député de Duplessis, que le
gouvernement comble un déficit de $30,000 et non de $9,000 comme le
disait le député de Duplessis.
Or, par la suite, devant tout ce qui s'était passé, nous
ne doutions nullement de l'honnêteté, de l'intégrité
de tous ceux-là qui s'occupaient de l'affaire, mais il était du
devoir du ministère des Terres et Forêts et de celui qui vous
parle, du ministre des Terres et Forêts, de demander à ses
officiers qu'une enquête minutieuse soit faite afin que nous puissions,
dans toute la mesure du possible, aider réellement ces gens-là.
Or, qu'est-ce que l'étude a donné, M. le Président?
D'abord si on a eu tellement de difficulté à faire les
opérations forestières dans ce coin-là, on en a
parlé hier, et on l'a dit
à diverses reprises, c'est que ce n'est pas un endroit ordinaire,
c'est un endroit éloigné, difficile, rempli de côtes si
vous voulez, et on dit...
M. COITEUX: Là, le ministre parle à travers son
chapeau. Il n'est pas content.
M. GOSSELIN: Est-ce que, M. le Président, le
député de Duplessis peut se calmer? Prendre ses nerfs? Je ne suis
pas du tout nerveux. Qu'il aille au train qu'il voudra!
M. COITEUX: C'est parce que le ministre veut parler comme un
expert d'une chose qu'il ne connaît pas.
M. GOSSELIN: M. le Président, il y a une chose que le
ministre peut dire. Il ne se prend pas pour un autre, il y a des
ingénieurs forestiers...
M. COITEUX: Il laisse l'impression qu'il se prend pour un
autre.
M. GOSSELIN: ... et il y a certains professionnels qui à
certain moment: Vous savez, quand on les entend parler de certaines choses on
croirait qu'ils sont Dieu le Père. Le ministre actuel, connaissant ses
capacités, a voulu en toute circonstance bien s'appuyer sur des rapports
précis, rapports très sérieux, et il a accordé tout
le temps nécessaire pour qu'ils soient faits. Alors le rapport dit ceci:
a) Si on a eu beaucoup de difficultés, si on est arrivé à
des déficits extraordinaires dans ce domaine-là, c'est que la
situation géographique est très désavantageuse; b)Toutes
les opérations forestières, dans le secteur de Natashquan, ont
été exécutées depuis la fondation du chantier
coopératif en octobre 1965; conséquemment, manque
d'expérience des dirigeants, et manque de compréhension
fondamentale par les membres de la formule coopérative; c) La mauvaise
administration, main-d'oeuvre et personnel administratif trop nombreux et trop
coûteux. Le manque de compétence technique. Les dirigeants ont eu
à résoudre des problèmes qui les dépassaient.
L'absence à peu près totale de la discipline et du sens des
responsabilités. Le manque d'études et d'éducation
nécessaire à l'application de la formule coopérative. Les
méthodes et les équipements inadéquats. L'organisation
originale pour 10,000 cordes, selon la lettre de M. Roger Morasse...
M. CLICHE: Commentaires, de qui ça?
M. GOSSELIN: ... au ministère des Terres et Forêts.
Je vais le dire, que l'ex-ministre attende! Le manque d'organisation originale
pour les 10,000 cordes, selon la lettre de M. Roger Morasse au ministère
des Terres et Forêts en date du 3 septembre 1965, aussi le contrat
signé avec 1'Anglo Pulp and Paper Mills Ltd pour 10,000 cordes. La
quantité coupée n'ayant été que de 2,500 cordes, il
s'en est suivi un coût de revient unitaire beaucoup plus
élevé pour les membres et des dépenses
supplémentaires inutiles pour le chantier.
Etant donné le débusquement par chenille, la construction
de chemins secondaires n'était pas nécessaire. Les facteurs
énumérés plus haut de même que les explications
fournies au rapport ci-joint, démontrent de façon indiscutable la
nécessité d'apporter des modifications importantes dans la
formule et les méthodes employées. Dans les circonstances, nous
croyons que la mise sur pied d'un chantier-école présenterait
certains avantages et nommément. » Et là on donne tous les
avantages qu'il y aurait d'organiser une formule nouvelle afin qu'on n'ait pas
à déplorer tous les méfaits qu'il y a eus dans ce
coin-là.
M. COITEUX: Non, non.
M. GOSSELIN: Et le rapport est signé par M. Paul-M.
Archambault et il a été préparé en
collaboration...
M. COITEUX: Ah! Ah! Cela me fait rire.
M. GOSSELIN: ... avec M. Robert Desmeules et M. Marc Martel.
Là, M. le Président, ce sont là des confrères du
député de Duplessis et je ne crois pas que je pourrais douter de
la compétence de ces employés.
M. COITEUX: On ne rentrera pas dans les personnalités du
tout. Je vous dis juste une chose c'est que la signature du gars, ça me
fait rire.
M. GAGNON: Mais, il y a une chose...
M. GOSSELIN: M. le Président, je considère
l'incident clos et c'est tout ce que j'ai à dire.
M. COITEUX: Maintenant, moi je ne le considère pas clos.
Est-ce que le ministre préfère que nous continuions à
donner à ces gens-là le seul recours du service social?
M. GOSSELIN: Non, monsieur. Le ministre... M. COITEUX: Est-ce que
le ministre est...
M. GOSSELIN: ... a été en tout temps prêt
à aider tous les gens de Natashquan et de cette région-là
pour améliorer la situation dans toute la mesure du possible. Et nous
allons le faire aussi.
M. COITEUX: Bon!
M. GOSSELIN: Nous prétendons que, jusqu'à
présent, nous n'avons rien négligé pour améliorer
la situation puisque des sommes très considérables ont
été dépensées pour aider ces gens-là,
mais...
M. COITEUX: C'est encore inférieur à ce que nous
considérons...
M. GOSSELIN: D'après l'attitude que le
député prend ici au comité, je crois qu'il est beaucoup
plus inquiet que les gens de la région, même, parce que je n'ai
jamais refusé l'entrée à mon bureau aux gens de cette
région. Ils n'ont qu'à se présenter en n'importe quel
temps.
M. CLICHE; Ils n'ont même pas les moyens de venir à
Québec, voyons, soyons...
M. GOSSELIN: Il doit certainement avoir des officiers qui les
représentent, et que je pourrais rencontrer.
M. CLICHE: J'interviens ici, pour dire ceci au ministre qu'il ne
connaît rien, qu'il ne connaît pas exactement la situation
là-bas. Il s'agit d'une population très pauvre...
M. COITEUX: Il ne connaît rien là-dedans.
M. CLICHE: ... aucune instruction, pratiquement pas
d'instruction...
M. GOSSELIN: Oui, je ne connais pas grand-chose, j'ai seulement
10 mois comme ministre mais l'ex-ministre, je suis prêt à me
mettre à la table avec lui n'importe quand.
M. CLICHE: Ne dites pas de sottise, je n'en dirai pas de sottise
puis je n'en dis pas de sottise, habituellement, moi.
M. GOSSELIN: Bon bien! ne commencez pas de sottise, alors nous
allons discuter...
M. CLICHE: Je discute raisonnablement. Je dis que le ministre ne
connaissait pas exactement la situation et voici, d'après moi, de quelle
façon elle se présentait. Je ne la connaissais pas la situation
avant que le député de Duplessis vien- ne me la présenter.
J'en avais entendu parler de ces problèmes-là parce qu'alors que
j'étais ministre des Affaires municipales, il avait été
question, et cela avait été fait par la suite, de la formation
d'une grande corporation pour les aider, ces gens-là, à essayer
de leur procurer des travaux municipaux et la formule qu'on avait prise,
c'était une corporation globale pour tout le territoire. Alors, moi, je
connaissais un peu la situation là-bas. Le député me l'a
exposé la situation. Il y a d'autres personnalités qui sont
venues nous voir, dont Mgr Scheffer, avec qui nous avons discuté, ce
n'était pas le dernier venu, Mgr Scheffer. Avec eux, nous avons
discuté de la situation. Je ne blâme pas n'importe quel
gouvernement qui nous a précédé. Ceux qui sont au courant,
tous les officiers qui sont ici, du ministère des Terres et
Forêts, savent quelles sont les conditions là-bas, sur la basse
Côte-Nord. Il n'y a même pas de chemin qui relie Sept-Iles à
ces endroits-là, il n'y a pas encore de route qui les relie alors, on
peut s'expliquer les problèmes et les situations cocasses qui existent
là-bas. La seule réserve, les seuls moyens pour ces
gens-là de gagner leur vie, bien, c'est soit la mer, soit la fourrure,
ou bien les réserves forestières. Les réserves
forestières sont là, inexploitées, il n'y a personne qui
exploite ça, jamais ou pratiquement jamais. C'est absolument impossible,
il n'y a pas d'installation, il n'y a pas d'usine, il n'y a pas de
possibilité de vendre de bois. L'expédier, ça
coûterait trop cher alors si ça s'est déjà fait,
ça s'est fait sur une très petite échelle. Alors, il
fallait aider cette population-là de quelque façon. Le
député de Duplessis vient me voir et m'en parle.
Il vient ensuite avec des représentants de l'UCC qui
s'engageaient, eux, à former une espèce de corporation, un
syndicat chez ces gens pour les aider. C'est à la demande du
député de Duplessis que l'UCC s'est intéressée
à l'affaire. L'UCC n'était pas intéressé à
aller là. Cela ne pouvait pas les payer. Cela ne pouvait pas être
intéressant pour eux. Premièrement à cause des distances
et du fait que sur la Côte-Nord, là-bas, il n'y en a pas de
syndicat forestier ou pratiquement pas. Alors pour l'UCC ce n'était pas
tellement intéressant.
L'UCC est allée là-bas pour remplir un devoir qu'elle
remplit ailleurs dans la province, pour aider les résidants de ces
endroits-là pour qu'ils puissent, si possible, gagner leur vie à
même les richesses de la province. Alors là, j'ai dit à
l'UCC: « Très bien, nous allons vous aider ». A qui
allez-vous vendre le bois? On est prêt à vous aider, à
faire des démarches et M. le sous-ministre Boutin en a faites, M.
Des-
champs aussi. On a étudié tout cela ensemble. On a
trouvé un acheteur, suggéré soit par le
député de Duplessis, soit par l'UCC, (les acheteurs, ce n'est pas
tellement compliqué ça, ce sont les grandes compagnies qui
utilisent le bois de papier). Ensuite, on a discuté pour obtenir le
meilleur prix. Il fallait les aider. Evidemment, ils ne comprennent pas la
formule coopérative. C'est bien clair ça; ils n'ont aucune
instruction, ils vivent du bien-être social, ils vivent d'aide
gouvernementale. On ne peut pas les blâmer. C 'est nous qui devrions nous
blâmer de ne pas les aider plus qu'on ne le fait.
Donc on les a aidés avec cette formule-là, on a
aidé à d'autres endroits aussi mais, plus spécialement,
cette région. Moi, je pense que c'était le devoir des Terres et
Forêts de faire quelque chose, soit en construction de routes ou en
réduction de droit de coupe, en intervention auprès des acheteurs
de bois. Alors on a fait ça pour aider les gens de cette
région-là. Il y en avait régulièrement des
problèmes. Le député de Duplessis m'en parlait, M. Morasse
de l'UCC, régulièrement. Il y avait des complications. Il y en a
toujours des complications. Mais on y faisait face et puis, pendant quelques
années, ce syndicat-là a opéré et on a vendu du
bois. Je ne prétends pas qu'ils ont fait des millions et je ne
prétends pas qu'ils peuvent en faire des millions. Mais on croyait
qu'à cause des travaux qu'on faisait, de l'inventaire forestier il y
avait des possibilités pour l'avenir. Parce qu'on voulait implanter
là-bas une usine d'envergure. On essayait. On faisait de la
publicité. On faisait faire les travaux établissant exactement
l'inventaire, les réserves et tout ça.
Alors là, c'était de la part des Terres et Forêts un
service que le gouvernement rendait à la population de cette
région. Il n'était pas question d'aller récolter des
sommes pour le trésor public. Cela était pour redonner un peu
plus de dignité à la population. Je sais que c'était le
souci du député de Duplessis et cela l'est encore. Ce n'est pas
pour lui qu'il demande ça. Voyons donc! Ce sont des populations
éloignées, presque isolées d'avec le reste de la province.
C'est la patrie de Gilles Vigneault; Gilles Vigneault chante les
difficultés et les problèmes de ces gens-là. Et c'est
là, c'est dans ce coin-là. C'est le ministère des Terres
et Forêts qui a commencé à aider. Je pense que le
ministère devait continuer à aider.
Je ne connais pas les circonstances de l'affaire mais je veux juste
expliquer l'histoire. Cela a commencé il y a quelques années
seulement; pas tellement pour augmenter la production ou pour inciter ces gens
au coopératisme ou quelque chose de semblable, mais surtout, pour les
aider à gagner dignement leur vie si possible. Alors c'est très
plausible qu'il y ait eu de la mauvaise administration. Les gens ne sont pas
habitués à travailler. Ils ne sont pas habitués à
travailler ensemble non plus. Alors il y a eu des difficultés. Dans le
passé on en a eues, on les a réglées, on les a
surmontées, le gouvernement est intervenu et il n'a pas fait d'argent.
Il en a même perdu; dans le sens qu'il a investi en travaux de chemins.
Et cela a marché jusqu'à un certain point.
On a fait la même chose dans le comté de Gaspé-Nord.
Le député de Gaspé-Nord était ici tantôt. On
a fait la même chose pour Gaspé-Nord et toute la péninsule
gaspésienne, pas à un degré aussi avancé. Non, nous
n'aurions pas été justifiables de le faire. Et à chaque
année le représentant de l'UCC, M. Jean-Marie Jobin, venait nous
voir au ministère. On réunissait les officiers et on discutait
des conditions là-bas. S'il y avait des réductions de droit de
coupe à accorder, on les accordait. Et quand le député a
dit que le ministère n'a pas construit de chemins dans le comté
de Gaspé-Nord et qu'il en a construits plutôt dans le comté
de Bonaventure, bien je lui ai dit: C'était l'UCC dans le temps, le
secrétaire, M. Jobin, qui venait nous tracer un programme à
chaque année. Nous devions construire, relier Chandler à la ville
du cuivre-là, Murdochville...
DES VOIX: Murdochville.
M. CLICHE: ... et continuer de Murdochville jusqu'à la
côte. Alors c'est l'attitude que nous avons prise. Dans le cas
présent, je ne le connais pas. Je ne viens pas blâmer le
ministère. Je n'en dis pas de sottises. Mais je dis que le ministre doit
se mettre dans l'idée que ce n'est certainement pas une opération
rémunératrice. C'est une opération qui va lui apporter des
problèmes et des difficultés autant à lui-même
qu'à ses officiers.
Mais quand on exerce de telles fonctions, on doit s'occuper de ces
cas-là comme des autres, c'est clair que ces gens-là
n'administrent pas comme la CIP. C'est clair qu'ils vont venir nous voir
régulièrement et nous exposer leurs problèmes. Mais
ça, il faut le faire. Cela fait partie des attributions et des
responsabilités. C'était ce que je voulais dire.
M. GOSSELIN: M. le Président, les propos du
député d'Abitibi-Est sont beaucoup plus sobres et beaucoup plus
logiques que ceux de son collègue, tout à l'heure. Et je pense
bien que le
député d'Abitibi-Est, me connaissant comme il a eu
l'occasion de me connaître depuis que je siège à
l'Assemblée législative, depuis que j'ai eu l'occasion de le
rencontrer, de jaser, autant dans l'intimité comme ailleurs, va admettre
qu'il n'y a certainement pas aucune mauvaise volonté de ma part. Loin de
moi l'idée d'avoir voulu bloquer en toute circonstance des avantages qui
auraient pu être donnés à cette population de Natashquan
que je connais, quoi qu'on en dise, peut-être beaucoup plus que vous ne
le pensez. Parce que la population de Natashquan, j'ai eu l'occasion d'en
entendre parler souvent et comme je l'ai dit, j'ai reçu quelques
délégations, elles n'ont pas été nombreuses, et ils
m'ont expliqué la situation difficile dans laquelle ces gens-là
ont à vivre et, bien plus encore, j'ai eu l'occasion de visiter ce
secteur, pas aussi loin qu'à la Natashquan. Lorsqu'on voyage un peuvers
cette région de la Côte-Nord, on se rend vite compte que les
difficultés doivent être immenses et qu'il y a là des
populations qui vivent dans des conditions tout à fait
déplorables.
Il n'y a personne qui discute ces causes-là, il n'y a personne
qui doute de tous ces effets-là. Cependant, M. le
Président...
M. CLICHE: Si vous me permettez juste une intervention. Si le
député de Duplessis intervient aussi vivement, c'est que lui, il
s'intéresse à l'affaire. On doit admettre ça, son
désintéressement personnel et l'intérêt qu'il porte,
comme député, à aider ces populations-là, quelles
que soient les couleurs politiques. Il n'a jamais été question de
ça. Mais je sais que le ministre ne marche pas dans ce sens-là
vis-à-vis ces gens-là non plus. Malgré que le
député ait discuté vivement, il faut reconnaître
chez lui qu'il a à coeur de les aider. Cela le fâche de voir que
ça retarde et puis que ça ne marche pas aussi vite qu'il le
voudrait.
M. GOSSELIN: Ce qui à moment donné devient un
contraste avec l'attitude du député, c'est qu'il voudrait laisser
entendre qu'il y a une question de personnalité en arrière de
ça. Il voudrait laisser entendre qu'il y aurait même des doutes
quant à son honnêteté, à son
intégrité. Il n'y a jamais personne...
M. COITEUX: Vous l'avez mentionné cette fois en toutes
lettres, je vais revenir tantôt. Je vous laisse parler, mais je vais vous
parler ensuite.
M. GOSSELIN: Il n'y a jamais personne qui a douté de son
intégrité. Il n'y a personne non plus qui a douté de sa
sincérité. Loin de là, ce- pendant. Cela, c'est une
question qui a été à l'étude du temps de mon
prédécesseur, qui a continué de nous préoccuper, et
nous n'avons rien négligé. Comme je le disais tout à
l'heure, nous avions besoin de certaines données et ça non
seulement pour le ministère des Terres et Forêts. M. Bergevin, qui
s'occupe de l'ARDA, lui aussi il avait besoin de certaines données, et
puis il était aussi à l'avantage autant pour les syndicats de
savoir exactement où ils allaient dans ça, et loin de moi
l'idée d'être scandalisé sur le fait que ça ait pu
coûter trop cher ou qu'on ait vendu du bois à un déficit de
$11.05 la corde.
S'il y en a un qui a déjà préconisé, puis
qui en a déjà parlé à plusieurs reprises qu'on
était beaucoup mieux de payer ces gens-là pour qu'ils soient au
travail, pour qu'ils apprennent à faire quelque chose et puis surtout
qu'on les aide dans toute la mesure du possible à augmenter, à
replacer leur niveau de vie. Je pense bien que mon opinion là-dessus est
bien connue. Alors je dis que, dans les circonstances, nous, avec tousles corps
intermédiaires qui se sont occupés de cette situation-là,
nous avons trouvé par les études que nous avons faites, certaines
anomalies qui vont nous permettre d'améliorer la situation pour le
bien-être de tous ces gens-là. Et devant tout ce que nous avons
trouvé jusqu'à maintenant et devant les résultats des
études qui ont été faites, nous avons pu constater que
même si nous avions pu couper encore cette année et qu'on vendait
le bois à $23 la corde, il en serait resté un déficit de
$9 la corde. Mais ceci n'entrait nullement en ligne de compte lorsque nous
arrivions à décider ce qui était possible de faire pour
aider cette population.
Devant les résultats des recherches que nous avons faites
jusqu'à maintenant, eh bien, il y aura une réunion, dès la
semaine prochaine, à laquelle prendront part les officiers du
ministère de l'Education, les officiers du ministère du
Bien-être social, les officiers du ministère de l'Industrie et du
Commerce et nos officiers, afin que, tous ensemble, nous puissions mettre sur
pied un organisme qui verra d'abord à l'éducation de ces
gens-là, qui verra à les aider dans toute la mesure du possible
pour améliorer...
M. CLICHE : Je dirais au ministre d'inviter M. Roger Morasse, de
l'UCC...
M. GOSSELIN: M. Morasse, bien sûr.
M. CLICHE: ... il discute de façon merveilleuse et il
connaît la situation.
M. GOSSELIN: L'ex-ministre doit savoir
que ce n'est pas à moi qu'appartient de faire les convocations.
Le comité...
M. CLICHE : Pourquoi pas?
M. GOSSELIN: Si on tient absolument...
M. CLICHE: Ah là, je ne suis pas de votre avis.
M. GOSSELIN: Si cela vous scandalise, très bien, je vais
prendre sur mes chances et si cela peut vous faire plaisir...
M. CLICHE: Cela ne me scandalise pas.
M. GOSSELIN: ... je peux inviter toute la paroisse.
M. COITEUX: Est-ce que le député du comté va
être invité?
M. GOSSELIN: Certainement, si vous voulez venir, vous
viendrez.
M. COITEUX: Certainement.
M. GOSSELIN: Tous ceux qui sont intéressés, on
verra à faire en sorte qu'ils soient présents.
M. LE PRESIDENT: Le député de
Témiscouata.
M. SIMARD: J'ai écouté avec beaucoup d'attention le
député de Duplessis tout à l'heure lorsqu'il a fait
l'énumération de son volumineux dossier, qui disait qu'il
reprochait au ministre non pas que je veux défendre le ministre,
parce qu'il est capable de se défendre tout seul, mais disons que c'est
une comparaison que je veux faire du moins, il avait des réponses
et des accusés de réception. On a fait la lecture des lettres
reçues d'ARDA, des Terres et Forêts, de l'Education, etc.
M. GOSSELIN: Avant ça, il n'était pas
supposé...
M. SIMARD: Et puis, je peux vous dire que, comme administrateur
municipal, comme maire d'une paroisse de 2,500 de population et comme
préfet de comté durant une couple d'années dans
Témiscouata, durant l'administration précédente, nos gens
qui nous ont précédés, nous étions loin de recevoir
la coopération, du moins, que prouvent les lettres d'aujourd'hui. Il y a
eu des télégrammes, pour votre information, qui avaient
été envoyés et qui sont restés sans réponse
jusqu'au changement de gouvernement, l'an passé.
M. COITEUX: Le député veut défendre un cas
personnel, c'est complètement en dehors de la question,
M. SIMARD: Bien on parle de...
M. GOSSELIN: Vous avez parlé de nous, tout à
l'heure et on ne vous a pas empêché...
M. COITEUX: J'ai d'ailleurs une réplique à faire
sur ce que le ministre a dit, si on me le permet.
M. LE PRESIDENT: Monsieur, c'est fini.
M. MAILLOUX: M. le Président, si mon honorable
collègue continue dans ce sens, il va avoir des réponses vives,
parce qu'il y a des réponses, nous, qu'on attend depuis cinq mois, et je
ne voudrais pas qu'on embarque sur un terrain aussi glissant.
M. GOSSELIN: Au ministère...
M. SIMARD: On a attendu pendant six ans.
M. MAILLOUX: Non, même au bureau du premier ministre
lui-même.
M. GOSSELIN: Au ministère des Terres et Forêts, il
n'y a aucune réponse encore...
M. MAILLOUX: Non, mais il parle entre deux gouvernements, et je
pense que c'est un chemin sur lequel on ne devrait pas s'aventurer.
M. GOSSELIN : Là-dessus, on peut en parler.
Il y a des réponses qui n'ont jamais été
données dans six ans.
M. COITEUX: M. le Président, en passant par
Témiscouata...
M. MAILLOUX: C'est un terrain extrêmement glissant sur
lequel on avait...
M. COITEUX: M. le Président, en passant par
Témiscouata et Charlevoix, il y a d'abord une affirmation que le
ministre a niée par la suite, au cours de son intervention, et sur
laquelle je me dois de revenir d'une façon très calme mais
très positive. Le ministre a insinué au cours de ses remarques:
Le seul que ce projet semble intéresser, c'est le député
du comté.
Impliquant par là, par une insinuation malveillante et
très habile, que le député de Duplessis serait, d'une
façon ou d'une autre, financièrement intéressé
à l'affaire. Je puis dire au ministre que, si je défends les
intérêts de ces gens, je le fais parce que j'ai conscience que mon
mandat me demande de le faire. J'ai cru voir une faiblesse dans les agissements
du ministère des Terres et Forêts cette année, et personne
ne m'empêchera de le signaler en public. J'ai d'ailleurs en main les
preuves évidentes que l'admission du ministre et de ses officiers
à l'effet que le rapport qui a bloqué toute l'affaire n'est venu
dans les mains du ministère que la semaine dernière.
M. GOSSELIN: M. le Président, permettez-moi...
M. COITEUX: C'est ce qu'on a dit hier.
M. GOSSELIN; Permettez-moi, M. le Président. Hier, j'ai
mentionné que je parlais de mémoire et que le rapport m'avait
été remis et que j'avais souvenance que peut-être ça
pouvait être la semaine dernière. Or, au cas et pour avoir toute
la minutie possible, M. le Président, le rapport a été
produit le 11 avril soit il y a environ 29, 28 ou 29 jours.
M. COITEUX; Je savais ça.
M. GOSSELIN: Il a été produit. Alors, si vous le
saviez, vous auriez pu, au moins, vous qui avez seulement ça à
faire...
M. COITEUX: Bien non, j'imagine que le ministre, quand il parle,
doit connaître son affaire. Il ne doit pas parler à travers son
chapeau.
M. GOSSELIN: Non, mais je pense que, jusqu'à
présent, j'ai répondu passablement à toutes les questions
que vous m'avez posées et ce ne sont pas les remarques que le
député fait qui vont m'intimider non plus.
M. COITEUX: Maintenant, pour continuer là-dessus, lorsque
le ministre dit: $33,000 de déficit, théoriquement, si on veut
mettre tous les investissements j'ai été opérateur,
le ministre a eu certainement des investissements a faire quelque part
et s'il regarde le résultat de son opération la première
année et qu'il applique l'investissement de capital la première
année, on peut facilement en arriver au chiffre de $33.
Maintenant, lorsqu'on fait un chemin et qu'on dit: Il a
dépensé $50,000, ils ont fait 3,000 cordes de bois, le ministre
raisonne certainement, au point de vue économique, d'une façon
enfantine, parce que, lorsqu'on fait un chemin qui peut servir peut-être
pendant trente ans, on fait une dépréciation basée sur ce
qui est prévu, un tiers, ou un trentième. Le seul déficit,
c'est le déficit des salaires. Maintenant, le déficit, je l'ai
expliqué hier; c'est clair que, à $19 la corde, il n'y a personne
qui connaît un peu l'exploitation forestière qui peut arriver
à ce prix-là.
Jusqu'à un certain point, on le savait, mais nous avons
figuré, l'UCC a figuré que, vu la fierté de ces gens, il
était encore préférable de faire face à un
déficit pour une première année, pour prouver que
l'affaire était possible, que de laisser ces gens-là les pieds
sur le poêle pour retirer les allocations sociales, ce dont ils ne
veulent pas. La seule place, le seul endroit, la seule richesse première
disponible, c'est la forêt. Que, dès la première
année, c'a n'ait pas été un succès, moi, ça
ne me surprend pas du tout; même, je crois qu'avec les conditions de
chemins de sortie qui existaient, avec l'argent qu'on avait, c'est même
un record.
Je dois dire que je suis fort surpris et heureux de l'attitude de la
population qui a consenti à se bâtir des abris de fortune dans la
pluie, dans la boue, dans la neige, pour pouvoir prouver que l'argent qu'ils
retiraient, ils l'avaient gagné. C'est rentable, profitable,
peut-être que non, mais je me dis que, si on mettait seulement le tiers
de l'argent qu'on donne en service social pour aider une opération
réelle, on arriverait à un succès. Le seul déficit
dont j'aie entendu parler et qu'il fallait couvrir avant de parler de faire
couper les gens, de faire bûcher du bois encore, de la part de l'UCC,
c'était de $9,000. L'honorable Vincent, après explication, de la
part de l'UCC, était prêt. Il nous faut savoir si cette
opération-là continue.
Je viens de donner un rapport au sous-ministre à l'effet que le
ministère de l'Education était prêt à
dépenser $20,000, que le ministère des Affaires indiennes
était prêt à dépenser $15,000 pour des camps. Chaque
fois, on nous disait: Est-ce que, au ministère, il nous faut
l'assentiment du ministère des Terres et Forêts comme quoi cette
affaire-là marche? Le ministère des Terres et Forêts, et
c'est là qu'est le point, n'a jamais voulu le donner avant d'avoir le
rapport, et le rapport est arrivé après coup. Le résultat
est que, cet hiver,
nous n'avons pas opéré. Mais le déficit de $9,000,
si, dans le contexte des chemins de pénétration, on avait
consenti aux $10,000 qu'on demandait, 375 cordes de bois à $19 la corde,
c'aurait énormément diminué ce déficit de salaire.
Le solde aurait été payé par l'ARDA, parce que l'ARDA,
c'est son but, c'est d'aider ces régions-là économiquement
faibles. C'est le but qu'ils visaient.
Maintenant, mon intervention a peut-être été
violente; c'est parce que j'y crois encore à ce projet-là, et je
puis prévenir le ministre que nous allons commencer les démarches
incessamment pour continuer cette affaire-là. Mais je crois qu'à
ce moment-là, il y aura lieu qu'on se rencontre autour d'une table pour
discuter objectivement du projet. Que ça soit loin, oui, par contre, la
compagnie Consolidated vient juste en face chercher chaque année 60,000
cordes de bois à l'île d'Anticosti, et, cette année,
c'était la Consol, qui était prête à acheter...
M. CLICHE: Quel prix? M. COITEUX: $23.
M. CLICHE: Quel prix paie-t-elle ailleurs, la Consol?
M. GOSSELIN: Avant que nous n'ajournions, je crois que je me dois
d'apporter certaines précisions. Le député a
mentionné qu'il y avait eu un manque de collaboration de la part du
ministère des Terres et Forêts, ce qui...
M. COITEUX: ... c'est typique...
M. GOSSELIN: ... n'est pas tout àfait...
M. COITEUX: ... it is obvious...
M. GOSSELIN: ... la vérité, parce que, d'abord en
date du 2 novembre 1966, le ministre des Terres et Forêts faisait passer
un arrêté ministériel autorisant une réduction de
droit de coupe de 75%...
M. COITEUX: C'est une bagatelle, ça. M. GOSSELIN: ...
sur...
M. COITEUX: ... cela avait été fait l'année
d'avant...
M. GOSSELIN: ... 5,000 cordes de bois. En plus de ça, le
permis a été préparé au ministère des Terres
et Forêts, et l'UCC et l'organisa- tion de cet organisme-là ont
été avisés par un télégramme en date
je l'avais ici, il y a à peine quelques minutes ...
M. COITEUX: Le ministre sait pertinemment bien...
M. GOSSELIN: Le député a eu son tour, qu'il se
calme, qu'il se calme. En date...
M. COITEUX: Bon, je ne peux pas fermer le radio là-dessus,
ce sont des faussetés.
M. GOSSELIN: ...de quelques jours après, en même
temps que l'arrêté ministériel a été
passé. En plus de ça, le député a affirmé
à différentes reprises, au sujet du déficit
d'opération, qu'on avait calculé à l'intérieur de
ce déficit d'opération le coût des chemins d'accès.
Ce qui est faux, le député est mal renseigné, parce qu'il
y a ici, dans le rapport, tous les coûts de tous les détails des
opérations qui ont été faites. Par exemple,
l'administration a coûté $3.68 la corde,la coupe et le
débusquage ont coûté $10.88 la corde, le camionnage a
coûté $11.12 la corde. Les machineries coûtaient $0.51 la
corde, les frais de campement coûtaient $0.20 la corde. Les
opérations de la cuisine coûtaient $1.09 la corde, les
contremaîtres et commis pour la surveillance $0.68 la corde. Les
bénéfices marginaux, soit l'assurance-chômage, $0.16. La
Commission des accidents de travail, $0.32. Le Régime des rentes du
Québec, $0.02, pour un total de $0.50. Et les charges fixes,
c'est-à-dire les frais de mesurage, $0.45, les bois de coupe $1.25, pour
former un total sur les charges fixes, à $1.70. Pour arriver à un
grand total de $30.36 la corde.
Or, il va sans dire que, dans tout ça, on avait tenu compte de
toute cette situation là-bas et qu'on n'avait voulu considérer en
aucune circonstance les facteurs des chemins d'accès, mais je pense bien
que le député devrait convenir, bien gentiment, qu'il y avait
là une situation un peu extraordinaire. Mon prédécesseur a
essayé de la résoudre.
L'automne dernier, alors que je suis arrivé, moi, au
ministère des Terres et Forêts, j'ai dû prendre connaissance
de toutes ces situations-là, et je prends mes responsabilités. Je
ne blâme personne, s'il y a quelqu'un à blâmer, qu'on me
blâme, je l'ai accepté et c'est mon devoir de ministre de
l'accepter. Mais, par contre, je dis que, dans les circonstances, dans une
situation tout à fait particulière, lorsque le
député vient nous dire qu'il faut absolument faire l'impossible
et qu'il vaut mieux verser des montants pour que ces gens-là travaillent
que de verser l'assistance sociale, je suis parfaitement d'accord
avec lui. Si, depuis 1944 on paie de l'assurance-chômage et de
l'assistance-chômage et des allocations sociales de toute sorte, on avait
tout transformé ça en travail, on aurait un paradis terrestre
dans la province de Québec et on n'aurait peut-être pas les
difficultés qu'on rencontre à l'heure actuelle dans
l'administration de ce domaine-là.
M. CLICHE: Faire la manchette.
M. GOSSELIN: Or, M. le Président, je pense que, dans les
circonstances, le député a eu l'occasion de se vider comme il
faut, très bien, je l'accepte, mais il peut être assuré
d'une chose que, même s'il ne nous avait pas fait cette
scène-là, le ministère des Terres et Forêts, le
ministre avec tous ses officiers vont continuer d'exercer, dans toute la mesure
du possible, leur fonction en toute objectivité et avec le plus grand
dévouement qui soit, et surtout, en ne pensant jamais, en aucune
circonstance, de tenir quelque région que ce soit de la province de
Québec en arrière des autres. Nous voulons les servir toutes sur
un pied d'égalité, partout dans la province, et je ne crois pas
que les insinuations qu'a faites le député, si ça lui a
fait plaisir, bien, mon Dieu, tant mieux...
M. COITEUX: Je n'ai pas fait d'insinuations, j'ai cité des
faits.
M. GOSSELIN: Des faits qui, le plus souvent, n'étaient pas
tout à fait conformes à la réalité.
UNE VOIX: Six heures.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GOSSELIN: Alors, M. le Président, j'accepte ces
choses-là et nous verrons à corriger la situation dans toute la
mesure du possible.
M. LE PRESIDENT: Alors, on siège en Chambre demain,
à onze heures, et on se réunira ensuite en comité ici,
à la suite de la réunion en Chambre.
(Séance du 11 mai 1967)
(Quatre heures de l'après-midi)
M. GRENIER (président du comité des
crédits): Nous avions laissé la discussion, à la page
147, à l'article 5 - 3 - premièrement, et nous avons pris le
contentieux. La parole est au député de Duplessis.
M. COITEUX: M. le Président, à la clôture du
débat, hier soir, nous étions à l'article du chantier
coopératif de Natashquan. Avant de clore cette discussion, j'aimerais
faire quelques remarques à l'honorable ministre sur les
allégations qu'il a faites hier. Je l'ai fait par écrit pour
m'expliquer très clairement et ainsi mettre fin à cette
discussion sur le chantier de Natashquan. Je demanderais au ministre
ça va prendre quelques minutes de me laisser faire mon
exposé. S'il juge à propos d'y répondre, il pourra y
répondre ensuite.
M. le Président. Le ministre, hier, a invoqué toute sorte
d'arguments pour justifier son attitude administrative à l'endroit de
l'exploitation du chantier coopératif de Natashquan. Il a
calculé, d'une façon très minutieuse et par article,
comment ce chantier en était arrivé à un déficit de
$31,000. Il a même cité amplement un rapport d'un de ses officiers
supérieurs, M. Archambault, pour expliquer théoriquement la
raison de ce déficit. J'admets tout cela. Cependant j'aimerais que le
ministre se rappelle ceci: il y a un déficit, dit-il, de $31,000, soit
environ $11 la corde pour $5.50 le mille pieds. Par contre, il faut tout de
même admettre que, par son manque de compréhension de l'urgence du
problème social auquel a à faire face cette population, il fait
en sorte que les améliorations énormes envisagées pour le
chantier au cours de cette année ont été
catégoriquement, sinon refusées, du moins ignorées. Je
cite ici les montants, qui, sans les hésitations apportées par le
ministère, auraient permis d'exploiter cette année le chantier
coopératif, tout en envisageant une normalisation des opérations
et une diminution certainement très marquée des
déficits.
Premièrement, $125,000 qu'ARDA était prêt à
consentir pour la construction de chemins et de camps portatifs pouvant servir
pour l'exploitation d'au moins 50,000 à 60,000 cordes de bois.
Deuxièmement, $20,000 que le ministre de l'Education était
prêt à mettre à la disposition de ces gens dans l'optique
du recyclage professionnel; $15,000 que le ministère des Affaires
indiennes était prêt à consentir aux Indiens pour leur
construire des camps; tout près de $10,000 en remboursement des salaires
non payés qu'ARDA était prêt à consentir; $20,000
sur coupe possible de 5,000 cordes cette année à $4 la corde,
étant donné que le prix de cette année était de $4
supérieur à celui de l'année dernière. Ajoutez
à cela $7,000 pour 375 cordes de bois qui sont restées en
forêt, ceci pour un grand total de $197,000.
Tous les organismes étaient prêts ainsi à aider
à la solution du problème économique par l'entremise d'un
chantier coopératif à Natashquan et la seule condition qu'ils
posaient était que le ministère des Terres et Forêts se
décide à aller de l'avant avec ce projet. La correspondance
échangée donne d'ailleurs toutes les informations au sujet des
conditions imposées.
M. le Président, c'était une première année
d'exploitation dans des conditions excessivement difficiles et je me demande
pourquoi, dans l'optique du règlement de cette situation, on s'est
uniquement attardé au coût, puisqu'en condamnant sans
rémission, dès la première année d'exploitation, un
projet déficitaire, le ministre me laisse une curieuse impression. Et je
me permets de douter des vrais facteurs qui ont influencé sa
décision, car, M. le Président, je sais je l'ai
vérifié hier soir que lorsque le ministre a parlé
au préalable d'une entrevue qu'il avait eue avec le syndicat forestier
à laquelle étaient présents des gens que je connais bien,
M. Emilien Landry, père, résident de Sainte-Foy, Québec;
son fils, marchand, résidant à Saint-Raymond et son autre fils
Marc Landry, résidant à Natashquan, organisateur en chef de
l'Union Nationale incidemment. Ceux-là, n'étaient pas des
représentants officiels du chantier coopératif.
M. GAGNON; Tout le monde le sait.
M. COITEUX: J'imagine bien qu'ils n'ont pas à coeur que
l'organisme vienne en aide à la population de Natashquan, du moins ils
laissent cette impression, parce que cela avait été l'initiative
prise par l'ancienne administration libérale avec le concours de
l'ancien ministre des Terres et Forêts et ils se sont bien gardés
j'en suis sûr de vanter l'action du ministre. M. le
Président, je vous le demande, est-ce que le ministre
préfère un déficit de $31,000 et garder une population
fière, ou bien voir la société concourir dans des
proportions de $50,000 à $75,000 en service social, comme ce sera le cas
cet hiver, et avoir une population peu fiêre d'être ainsi
obligée de vivre en ayant recours à l'aide directe de la
société?
D'ailleurs, M. le Président, pourquoi deux poids, deux mesures?
Pourquoi traiter la région de Natashquan et sa population à
l'égard d'un problème aigu, autrement qu'on a traité,
qu'on traite encore, et avec raison, la population de Matane, dans des
conditions peut-être plus avantageuses au point de vue économique
que ne l'est la région de Natashquan?
On en viendra bientôt à l'article: forêts domaniales,
et j'ai hâte, M. le Président, de voir le ministre nous faire
connaître les arguments dont il se servira pour justifier une
dépense de $775,000 à cet article, pour une opération que
nous pouvons prouver et nous le prouverons en temps et lieu de
beaucoup plus déficitaire après plusieurs années, et cela
avec tous les experts possibles. Nous fournirons la preuve que le
déficit accumulé après une première année
d'activité au chantier de Natashquan était de beaucoup
inférieur à celui du cas que je soulèverai en temps et
lieu tout à l'heure.
En conclusion, M. le Président, je sais que le ministre n'aime
pas d'une façon particulière le député de
Duplessis, c'est normal; je sais aussi qu'il n'a pas en très haute
estime l'UCC et il l'a prouvé dans ses discours antérieurs, mais
qu'il traite la population de Natashquan d'une autre façon qu'il traite
la population de Matane, cette façon d'agir est inexpliquablet
M. le Président, avant de terminer pourrais-je poser une
dernière question sur ce sujet au ministre des Terres et Forêts?
Est-ce que le ministre nous promet de faire tout en son pouvoir pour que, de
concert avec son collègue de l'Agriculture, par l'entremise d'ARDA, les
salaires impayés de quelque $9,900 dont j'ai pu fournir la liste
je crois que le ministre doit en avoir une soient enfin payés?
Car vous le savez, M. le Président, le salaire d'un homme qui travaille
durement et honnêtement ne peut pas se perdre. Je demande au ministre de
bien vouloir régler ce cas d'abord avant que l'on entreprenne d'autres
démarches pour continuer cette opération.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre.
M. GOSSE LIN: M. le Président, comme vous l'avez
remarqué, j'ai écouté avec un silence religieux la
nouvelle sortie du député de Duplessis et je tiens à le
rassurer tout de suite pour lui dire que je n'ai aucune animosité
vis-à-vis d'aucun des membres de l'Opposition. Je n'aurais aucune
raison, non plus, d'en vouloir plus au député de Duplessis
qu'à aucun des autres membres de l'Opposition. Je ne sais pas de quoi il
souffre et il ne m'appartient pas, puisque je ne suis ni psychologue ni
psychiatre, d'essayer de déceler en somme cette hantise qu'il a ou
encore ce complexe qu'il a de se croire constamment malmené, de se
croire constamment bafoué.
M. LACROIX: Est-ce à dire que vous les traitez tous de la
même façon?
M. GOSSELIN: Parce que d'abord, M. le Président, si le
député de Duplessis jugeait que la situation était
à ce point grave sur la Natashquan, comme représentant de son
comté, il se devait immédiatement d'apporter cet état de
choses à l'attention du ministre. Par contre, cet avant-midi j'ai
communiqué avec mon collègue, l'honorable ministre de
l'Agriculture, et au cours de la conversation que nous avons eue, l'honorable
ministre de l'Agriculture s'est trouvé fort surpris d'apprendre toute la
discussion qui avait eu lieu ici au sujet des gens de Natashquan. Parce que,
d'abord, me dit-il, après avoir eu une conversation avec M. Bergevin,
qui a été mis au courant de ce qui s'était passé
ici, M. Bergevin lui a affirmé qu'en toute circonstance il y a eu la
plus grande collaboration possible entre les autorités du
ministère de l'Agriculture responsable d'ARDA et les autorités de
mon ministère.
Or, je ne sais où le député de Duplessis peut
puiser toutes ses informations, mais par contre, je crois que selon la parole
donnée par M. Bergevin aussi bien que celle donnée par le
ministre de l'Agriculture et celle que j'ai donnée hier, en toute
circonstance nous avons fait l'impossible pour tâcher d'améliorer
la situation. Et lorsque le député de Duplessis parle comme il
vient de le faire, ce n'est certainement pas un compliment qu'il fait à
son prédécesseur parce qu'il faut comprendre que, toute cette
situation existait avant que nous arrivions le 17 juin et que par la suite nous
avons continué dans toute la mesure du possible, ce qui avait
été entrepris. Nous n'avons mis de bois dans les roues d'aucun
projet, puisque l'honorable député d'Abitibi-Est disait
lui-même hier que c'était une expérience qui avait
été faite dans la région de Natashquan et qu'on voulait
voir exactement par quel moyen il y avait possibilité d'améliorer
la situation.
Or, après cette première expérience, M. le
Président, j'admets que peut-être il y a eu un ralenti, mais par
contre, dans ce qui était la responsabilité du ministère
des Terres et Forêts, nous avons donné les réductions qui
nous avaient été demandées, nous avons aussi donné
notre appui, puisque nous avons passé un arrêté
ministériel permettant une nouvelle coupe de
bois de 5,000 cordes avec une réduction de droits de coupe
très considérable. Nous avons également mis des sommes
à la disposition du comité qui a été formé
pour étudier toute cette situation, comité présidé
par M. Bergevin et certains fonctionnaires du ministère. Alors, M. le
Président, je ne crois pas, après avoir donné toutes les
explications que j'ai données hier ici devant le comité, que
l'honorable député de Duplessis puisse douter de toute la bonne
volonté que peut avoir le ministre actuel des Terres et Forêts
ainsi que tout le ministère dans son ensemble pour aider dans tout ce
qu'il y aura moyen de faire et tâcher d'améliorer la
situation.
Je comprends qu'au point de vue politique, il était bon de faire
la sortie qui a été faite ici devant le comité, mais tout
cela ne changera en rien la bonne volonté que nous avions. Je crois que
mon prédécesseur a fait des efforts surhumains dans ce
domaine-là et, d'ailleurs, j'ai été à même de
le constater moi-même et je ne me suis pas gêné pour le
dire. Et ceux-là qui m'accompagnent ici étaient imbus du
même désir dans son temps et ils n'ont certainement pas mis du
bois dans les roues pour retarder les choses. Nous continuons de travailler,
nous allons apporter des efforts et, en ce qui a trait à la comparaison
des montants que nous devons dépenser pour aider la population de
Natashquan, M. le Président, nous ne tiendrons pas en ligne de compte
les coups qui parfois peuvent paraître éloquents.
Cependant, si on veut réellement rendre service à cette
population-là, il faut bien étudier la situation et puis voir si
réellement nous posons les bonnes mesures, si nous avons les bons
remèdes pour aider la population. Donc, à la lumière des
faits qui nous ont été apportés, à la
lumière des études que nous avons, maintenant que nous avons
l'appui également des ministères de l'Education, de l'Industrie
et du Commerce, du Bien-Etre social, le ministère des Terres et
Forêts, l'ARDA, en somme,tous, d'un commun accord, nous ferons tout ce
qu'il y aura possibilité de faire pour améliorer la
situation.
Je ne crois pas, M. le Président, que, même si je devais
parler encore vingt minutes pour essayer de convaincre le député
de Duplessis, j'y réussirais, le député de Duplessis
asonopi-nion et elle est bien précise, même si j'essayais de le
convaincre que, par le ton qu'il a apporté dans la discussion
aujourd'hui, il se réhausserait un peu dans mon estime, ça ne le
convaincra pas, puisqu'il n'a pas foi en moi. Par contre, M. le
Président, je vous le dis, nous allons faire l'impossible pour
améliorer la situation.
M. LE PRESIDENT: Le député de
Gaspé-Nord.
M. GAGNON: D'abord il s'est dit bien des choses. Le syndicat de
Natashquan fait le sujet d'une longue discussion. Le député de
Duplessis y est allé d'une façon assez cinglante. Je ne sais pas
si c'est en surface ou en profondeur. Tout de même. Concernant le
ministre, je dois dire que le ministre actuel est extrêmement objectif et
la discussion qui va suivre va le prouver. Indépendamment de question
politique, je comprends qu'il a un ministère à administrer, un
budget, et qu'il regarde dans toute la province d'abord, sans
considération d'aspect politique, aussi bien, je crois, que
l'ex-ministre, le député d'Abitibi-Est, que j'avais connu durant
quelques années, et que je trouvais très bon collaborateur avec
les députés de l'Opposition. Alors, tout autant, le ministre
actuel apporte une collaboration aussi grande. Il y a eu de la correspondance
échangée avec les officiers du ministère et on verra que
les officiers du ministère ont apporté une collaboration aux
problèmes de Natashquan.
Il y a bien des aspects dans le problème de Natashquan.
Evidemment, on a dit qu'on faisait dire aux chiffres ce qu'on voulait. On fait
dire aux chiffres ce qu'on veut en ce sens qu'on sait qu'un bilan peut
être réparti en cinq pas: administratif, budgétaire,
amortissement, fiducie, n'importe quoi. Mais, dans le cas actuel, il n'y a pas
de fonds, il y a un état de revenus et dépenses, et, lorsque le
ministre dit qu'il a donné tant d'argent à Natashquan, on ne fait
pas dire aux chiffres ce que l'on veut. Lorsqu'on adonné tel montant
pour l'entretien du chemin, lorsqu'on a donné une réduction de
coupe, ça représente X piastres, lorsqu'on donne des subventions,
ça représente X montants et ce qui s'applique à l'endroit
particulier, ça représente un montant de X dollars.
Or, partant de ce fait, est-ce que le cas de Natashquan est un cas
où la province, à ce moment-là, doit verser des sommes
très considérables? Est-ce qu'il s'agit d'un cas où
ça demande une subvention pour payer des salaires, mais sans
prévoir si l'industrie ne va pas, tête première, dans la
faillite ou s'il s'agit d'un cas qui doit être repensé, à
savoir s'il est possible de l'exploiter, à savoir si l'entreprise est
rentable? On a parlé de $9,000 et on a parlé d'un déficit
de $30,000. Si c'est un déficit de $30,000 et si on avait les rapports
financiers des deux dernières années, dans 10 minutes, on
pourrait savoir quelle est la situation du syndicat forestier, tenant compte
des subventions du gouver-
nement et, également, si on excluait les subventions, on pourrait
savoir quels seraient les déficits et s'il n'y a pas, disons, je ne sais
pas, une administration qui pourrait présenter certains
problèmes, aux fins d'apporter la pleine efficacité
administrative.
Mais le gouvernement, le ministère des Terres et Forêts, ne
doit pas nécessairement dire: On verse $9,000 pour payer les salaires.
Quoique, j'en conviens, les salaires, ce sont des créances
privilégiées qui doivent être payées. Mais est-ce
que, là, on demande au ministère la possibilité de
permettre une entreprise opérée ou simplement de retarder une
faillite. A ce moment-là, comme je le disais tout à l'heure,
c'est à même les bilans financiers que vous verriez si, avec un
montant de $8,000, on tient à touer l'entreprise ou si on la fait
plonger tête première et si on retarde de quelques mois la
situation dans laquelle se trouve le syndicat forestier de Natashquan.
Alors, on parle d'argent, on avance des chiffres, mais, tout de
même, il n'y a pas de bilan pour donner au ministre et aux officiers les
chiffres tels qu'ils pourraient être constatés, de manière
à permettre à l'industrie de savoir où est la
déficience. Parce qu'il y a tout de même une déficience. On
ne l'ignore pas. Où est-elle? Je ne le sais pas. Mais tout de
même, le ministère des Terres et Forêts doit agir de
façon à maintenir une entreprise. Pour les syndicats forestiers,
il y a un problème qui existe dans Gaspé-Nord à un
degré beaucoup moindre et, depuis 1960, on les a ignorés
complètement...
M. CLICHE: Qui?
M. GAGNON: Les syndicats forestiers de Gaspé-Nord.
M. CLICHE: Les syndicats forestiers ont été
ignorés?
M. GAGNON: Au point de vue des subventions.
M. CLICHE: Au point de vue des subventions. Au point de vue des
avantages, certainement. Au point de vue d'avantages spéciaux,
sûrement qu'ils n'ont pas été oubliés.
M. GAGNON: Lesquels?
M. CLICHE: Vous demanderez ça à M. Jean-Marie
Jobin, secrétaire de l'UCC, il va vous en parler de tous les syndicats
forestiers de la Gaspésie...
M. GAGNON: Les syndicats forestiers sont restés avec les
avantages qu'ils avaient en 1960...
M.CLICHE: Non, ils ont eu plus que cela.
M. GAGNON: Une réduction de coupe et toutes les
subventions qu'on leur donnait pour l'amélioration et la construction de
chemins ont été enlevées. Ah oui! ça, je l'affirme,
je le dis...
M. CLICHE: Non, non, ce n'est pas exact...
M. GAGNON: Tous les syndicats forestiers ont perdu leurs
subventions, mais la compagnie Bathurst, cependant, elle en a eu des
subventions pour la construction des chemins au détriment des syndicats
forestiers.
M. CLICHE: Ce n'est pas exact. Non, le député est
probablement de bonne foi, mais il est sûrement dans l'erreur. Les
travaux de construction de chemins servant aux syndicats forestiers ont
été faits à la demande de l'UCC, à la demande de M.
Jobin, en particulier.
M. GAGNON: Il n'y en a pas eu un seul chemin.
M. CLICHE: Hier, nous avons discuté de cela en entier et
je crois avoir démontré très clairement que le
ministère des Terres et Forêts a fait un effort tout particulier
dans cette région de la province, la Gaspésie, pour
réaménager la région, connaître les réserves,
aider à la construction de chemins» Des centaines de milliers de
dollars ont été investis là-bas pour la construction de
chemins, à la demande de l'UCC...
M. GAGNON: Vous parlez de la Gaspésie, vous ne parlez pas
de Gaspé-Nord...
M. CLICHE: A la suite de suggestions de M. Jean-Marie Jobin,
secrétaire de l'UCC.
M. GAGNON: Non, non. Je dis que dans Bonaventure, l'argent a
coulé dans les chemins. Et je demande au ministre de partir de 1962
à 1966 et de donner le montant des sommes dépensées pour
la construction de routes de pénétration en forêt dans
Gaspé-Nord.
M. CLICHE: Est-ce qu'il n'y a pas une somme importante qui a
servi à la construction du chemin allant à Murdochville?
M. GAGNON: C'était pour la communication entre deux villes
et non pas pour des chemins de chantier. C'est la communication entre
Murdochville et Grande-Vallée qui permet...
M. CLICHE: Et de Murdochville à Chandler ensuite?
M. GAGNON: Bien oui, mais c'est une construction entre deux
villes.
M. CLICHE: Je ne parle pas...
M. GAGNON: Je parle des chemins de pénétration en
iorêt.
M. CLICHE: Qui réfèrent aussi aux travaux de
colonisation.
M. GAGNON: Non, non. Je parle des chemins qui servent...
M. COURCY: Je pense bien que c'est le ministre qui est là,
qui doit défendre son budget 66/67...
M. GAGNON: Non, mais il y a des députés en face de
moi qui ont fait des représentations; je dois être capable d'en
faire.
M. CLICHE: A Murdochville...
M. GAGNON: Non, non. Mais il parle d'un problème. Il dit
que Matane a été favorisé du temps qu'il était
ministre; Je ne me plains pas, au contraire. Comment se fait-il qu'il n'y a pas
eu les mêmes avantages à Matane dans la même période?
Je ne le sais pas, cependant.
M. CLICHE: A Matane ou à Natashquan?
M. GAGNON: Il a parlé de Matane qui avait
été très favorisé. Matane a été
favorisé depuis l'établissement...
M. COITEUX: Il ne faudrait pas que le ministre oublie tout de
même que le chantier coopératif a fonctionné pendant un an
etc'est immédiatement après la première année
d'exploitation comme je l'ai dit tantôt à la fin de mes remarques,
dans des conditions excessivement difficiles... On s'est basé uniquement
sur le coût d'exploitation; on a oublié le problème social
et on a condamné l'affaire. C'est la seule chose...
M. GOSSELIN: M. le Président, peut-être, pour
conclure et afin de bien éclairer les membres du comité et de
démontrer que le ministère des Terres et Forêts a fait tout
son possible en l'occurence pour aider le chantier de Natashquan, je pourrais
dire que le 12 septembre 1966, M. Roger Morasse m'écrivait pour me
demander que, tant et aussi longtemps qu'il y aura absence de voies terrestres
et de communications, afin d'inciter l'exploitation forestière dans ce
secteur de la basse Côte-Nord, il voulait obtenir des réductions
de droit de coupe. Et il mentionnait ici: « Nous espérons, M. le
ministre, qu'il sera possible de nous donner la décision de votre
gouvernement d'ici peu, car c'est une des conditions fondamentales qui incitent
le chantier à faire des opérations cette année.»
Or, M. le Président, immédiatement, quelques jours
après, soit le 2 novembre, un arrêté ministériel
était passé, permettant les réductions de droit de coupe
sur un volume maximum de 5,000 cordes et, le 9 novembre, un
télégramme était envoyé au chantier
coopératif de l'UCC de Natashquan l'avisant de ce qui suit: «
L'honorable Gosselin me prie de vous informer que l'arrêté
ministériel autorisant un droit de coupe de 5,000 cordes à
Natashquan, au même tarif que l'an dernier est accepté, est
passé. »
Or, M. le Président, il y a certainement d'autres agences, il y a
certainement eu d'autres effets qui n'ont pas permis, l'hiver dernier, que l'on
puisse procéder au chantier comme d'habitude et loin, M. le
Président d'avoir à l'idée d'avoir tué le projet.
Au contraire, le projet qui était peut-être né
prématurément, n'était certainement pas mort-né
puisque l'on va essayer, M. le Président, de le raviver. Disons qu'il
est sous la tente d'oxygène pour quelques jours, puisque, dès la
semaine prochaine, nos officiers se réuniront à nouveau avec les
officiers d'autres ministères qui sont intéressés à
cette affaire et nous ferons l'impossible pour aider les gens de la
Natashquan.
M. COITEUX: Alors, je suis...
M. GOSSELIN: Le député de Duplessis n'a pas besoin
d'être inquiet, il peut se fier à mes assertions et nous nous
efforcerons dans toute la mesure du possible de corriger cette chose-là,
si par hasard il y avait dans l'esprit de quelqu'un du retard de la part de qui
que ce soit.
M. COITEUX: Est-ce que le ministre peut répondre
directement à la dernière question que je lui ai posée
à la fin de mes remarques?
M. GOSSELIN: Si nous allions payer le déficit? Eh bien, M.
le Président, le ministre n'a pas de crédits à son budget
lui permettant...
M. COITEUX: Il n'en a pas besoin, ARDA est prêt.
M. GOSSELIN: ... seulement si ARDA est prêt, M. le
Président, je ne vois pas pourquoi après l'étude des gens
qui s'occupent d'ARDA, ils hésiteraient à aider le
chantier...
M. CLICHE: Il y a peut-être, monsieur, ce
phénomène que, d'un ministère à l'autre, on se
renvoie les responsabilités et on retarde les décisions en
prétendant, peut-être de bonne foi, sûrement de bonne foi
plutôt, que telle décision doit être rendue par tel
ministère plutôt que par tel autre. Je pense que le
ministère des Terres et Forêts devrait prendre l'initiative de
trouver une solution au problème en communiquant avec le
ministère de l'Agriculture qui a ARDA sous sa juridiction et en obtenant
une décision et un paiement Si le ministère des Terres et
Forêts s'en occupe, cela va se régler. Le ministère de
l'Agriculture n'est pas directement intéressé à
Natashquan, on le sait, ça, sous aucune forme que ce soit, sauf par
ARDA. Alors, c'est au ministère des Terres et Forêts à
prendre l'initiative de trouver, de demander, d'exiger le paiement de cette
somme de $9,000. Cela veut dire énormément pour les gens
là-bas. Cela veut dire plus de $90,000 à bien d'autres endroits
à Gaspé-Nord ou dans mon comté. C'est une solution qu'il
faut apporter. Alors le ministère des Terres et Forêts devrait en
prendre l'initiative et je pense que le député de Duplessis va
sûrement continuer les représentations qu'il a faites depuis
longtemps et qu'il continue de faire et espérons tous que la question va
se régler à l'avantage de la population de là-bas.
M. LACROIX: M. le Président, si l'honorable ministre le
permet, je voudrais lui faire une suggestion. Hier soir, avant que le
comité s'ajourne, il a été question d'une réunion
interministérielle qui grouperait des représentants du
ministère de l'Industrie et du Commerce, de la Famille et du Bien-Etre
social, des Terres et Forêts et de l'Agriculture...
M. GOSSELIN: Et de l'Education.
M. LACROIX: ... et de l'Education. Je crois que si l'on veut
faire une étude vraiment objective et efficace pour le district
concerné, il faudra absolument qu'il y ait dans ces
délégations de gens qui connaissent exactement la situation qui
prévaut sur la basse Côte-Nord. J'ai personnellement eu l'occasion
de connaître les mêmes difficultés avec les
Iles-de-la-Madeleine quand des projets étaient présentés
aux dif- férents ministères et les réponses étaient
invariablement les mêmes. La politique générale de la
province ne tend pas vers telle réalisation mais il faut bien se mettre
dans l'optique, autant aux Iles-de-la-Madeleine que sur la basse
Côte-Nord, que les conditions ne sont pas les mêmes que dans
l'ensemble du territoire.
Il y a au ministère de la Famille et du Bien-Etre social une
personne qui connaît fort bien les problèmes que l'on vit et sur
la basse Côte-Nord et aux Iles-de-la-Madeleine, c'est le sous-ministre,
M. Guay, et je crois qu'au ministère des Terres et Forêts, il y a
également des personnes qui connaissent les problèmes tels qu'ils
se posent à Natashquan ou ailleurs sur la basse Côte-Nord.
Tant et aussi longtemps que le ministre des Terres et Forêts
actuel ne sera pas allé sur les lieux se rendre compte des conditions
particulières, de la situation qui prévaut, autant dans
l'exploitation des forêts que dans les autres conditions de vie, il
pourra difficilement porter un jugement qui soit valable et réaliste.
C'est pourquoi je demanderais à l'honorable ministre, quand il aura
cette réunion interministérielle, de voir à s'entourer de
personnes qui ont connu et qui ont vécu les problèmes tels qu'ils
se présentent sur la basse Côte-Nord. C'est essentiel parce
qu'autrement son jugement ne pourra jamais être objectif et valable et je
crois qu'au ministère on ne devrait jamais oublier qu'il y a là
une situation tout à fait particulière que nous ne rencontrons
nulle part ailleurs dans la province de Québec. C'est là la
suggestion que je voudrais faire au ministre de prendre conseil de personnes
qui connaissent exactement la situation du milieu.
M. GOSSELIN: M. le Président, j'ai pris bonne note de
toutes les remarques qui ont été faites et il n'y a qu'une chose
qui me peine lorsque j'entends ces remarques, c'est qu'on semble croire qu'au
ministère aussi bien que de la part du ministre on ne prend pas
suffisamment en considération les tâches extraordinaires qu'il y a
dans ce coin-là. On n'a pas besoin de me faire de portraits, M. le
Président, tous ceux qui y sont allés et qui ont eu à me
faire une image de la situation triste de toute cette région, eh bien
m'ont convaincu qu'il y a là un état de choses qui devrait
cesser. Cela, sans contredit, par contre, je dis...
M. CLICHE: A quel endroit?
M. GOSSELIN: A Natashquan, il y a des cas lamentables, il y a une
situation tout à fait pénible. Alors nous nous efforcerons, dans
toute
la mesure du possible. Je communiquerai ce message à mes
officiers et sans aucun doute, ces remarques ne tomberont pas en terre
stérile.
M. COITEUX: M. le Président, juste à titre
d'information, le ministre pourrait peut-être, avant la réunion
qui doit se produire au palier des hauts fonctionnaires des différents
ministères, se procurer le rapport de M. Régis de Roquefeuil,
économiste...
M. GOSSELIN: Régis?...
M. COITEUX: De Roquefeuil. Un rapport très complet a
été fait sur l'économie de la région et les
solutions proposées, dont l'exploitation forestière. Cela a
été préparé sous les directives de M. Jean-Baptiste
Bergevin.
M. GOSSELIN: De l'ARDA?
M. MAILLOUX: M. le Président, est-ce que l'on pourra
revenir à l'article « Chemins de pénétration en
forêts » à 15 où si l'on doit vider la question?
M. GOSSELIN: Non, non, nous ne sommes pas rendus là, il
faudrait suivre les articles un peu.
M. MAILLOUX: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Alors, on considère l'incident clos et on
revient au poste 5, article 3, nous étions au sous-article 1:
Traitements.
M. LACROIX: Mais en général, M. le
Président, est-ce que c'est à cet article-là qu'on
pourrait discuter du problème des pépinières?
M. GOSSELIN: Non, pas tout à fait. M. LACROIX: A quel
article?
M. GOSSELIN: A la restauration. Non, je m'excuse.
UNE VOIX: C'est là.
M. LACROIX: Nous avons aux Iles-de-la-Madeleine, à
Lavernière, une pépinière provinciale qui est en
exploitation depuis quelques années. Les Iles-de-la-Madeleine forment un
pays extraordinaire mais où la forêt est quasi inexistante. Depuis
plusieurs années, je suis intervenu auprès des autorités
du ministère. L'on a accueilli avec bonne grâce les recom-
mandations que j'ai faites et l'an dernier l'on a fait un effort pour
procéder à la plantation d'arbres, surtout des feuillus, parce
que le peu d'arbres que nous avons aux Iles sont surtout des résineux.
C'est une forêt qui est relativement jeune et, à cause des
conditions particulières, la forêt prend naturellement beaucoup
plus de temps aux Iles-de-la-Madeleine à se reproduire qu'ailleurs.
L'an passé j'avais demandé au ministère,
étant donné que les arbres qui proviennent des
pépinières de Berthierville, de Saint-Jacques-des-Piles ou de
New-Carlisle ont beaucoup de difficulté à demeurer vivants aux
Iles-de-la-Madeleine s'il n'y aurait pas possibilité, pour organiser la
restauration forestière aux Iles, d'avoir des arbres qui proviennent des
pépinières de l'Ile du Prince-Edouard dont les conditions sont
à peu près les mêmes que celles des Iles-de-la-Madeleine du
point de vue climatique? Je ne sais pas si je m'exprime pour me faire
comprendre c'est un domaine qui est un peu austère pour moi mais il
reste qu'aux Iles-de-la-Madeleine nous sommes en plein milieu du Golfe.
Il y a la question du sel, il y a la question des vents. Je crois que
nous ne connaissons pas les mêmes conditions à New Carlisle,
à St-Jacques-des-Piles ou à Berthierville.
Alors si pour faire la plantation d'arbres aux îles nous
utilisions des pousses qui proviendraient de l'Ile-du-Prince-Edouard, il me
semble que nous aurions beaucoup plus de facilité de reproduction et
aussi nous aurions une forêt plus vigoureuse, si vous voulez. Parce
qu'à l'heure actuelle, sur les centaines de mille arbres qui ont
été plantés aux îles depuis quelques années,
même avant que je ne sois député, il y en a un très
petit nombre qui a résisté aux intempéries. L'an
passé on a fait un effort valable et j'espère que le
ministère continuera à agir de la même façon. S'il
était possible au ministère de considérer cette
possibilité de prendre des arbres qui proviendraient de
l'Ile-du-Prince-Edouard ou de l'île du Cap-Breton, pour voir la
proportion d'arbres qui demeurent vivants ne serait pas supérieure, ce
serait peut-être de nature à améliorer la forêt aux
Iles-de-la-Madeleine, chose qui est essentielle particulièrement dans le
domaine des feuillus.
M. GOSSELIN: M. le Président, je remercie l'honorable
député des Iles-de-la-Madeleine de m'avoir fait cette suggestion.
Je dois vous dire que déjà, ayant très, très peu
d'expérience dans ce domaine mais tout de même en ayant fait
quelques expertises, je peux lui dire que, dans toute la mesure du possible, on
se doit de trans-
porter les arbres aux distances les plus restreintes. Plus on change
l'habitat de l'arbre lorsqu'on le plante après l'avoir ensemensé,
même à deux ou trois ans, les différences de climat, les
différences de pression atmosphérique sont toutes des choses qui
peuvent affecter. Plus que ça, je vais faire rire le
député d'abi-tibi-Est pour de bon. Je lui dirai que dans le
commerce d'animaux, ça peut se produire parce que, lorsque l'on va
chercher des petits cochons à un certain endroit, si on ne fait pas
attention durant le transport et si on ne fait pas attention pour les
réadapter au nouvel endroit où on les amène,
immédiatement ils prennent la fièvre du transport et là,
ça cause un retard très considérable...
M. LACROIX: Ce n'est sûrement pas la fièvre des
propriétaires.
M. CLICHE: Vous voulez dire en période
électorale.
M. GOSSELIN: Il faudrait qu'à ces conditions, que je
demande au député d'Abitibi-Ouest quelle était sa
formule...
M. COURCY: Tous les cochons qu'on a achetés dans les 29
comtés les plus producteurs de la province de Québec et ce sont
tous des comtés bleus!
M. LACROIX: Tous les cochons malades...
M. GOSSELIN: Je suis très heureux d'apprendre
ça!
M. LACROIX: C'étaient des cochons malades au
départ.
M. GOSSELIN: Au moins, M. le Président, on aura toujours
plaidé la situation économique dans un domaine.
Alors, M. le Président, je tiens à dire au
député des Iles-de-la-Madeleine que je ferai part aux
autorités concernées, soit M. Hervé Lizotte, qui est le
chef du service de la restauration et qui s'occupe spécialement des
pépinières, de ces remarques et nous tâcherons
d'améliorer la situation.
M. COITEUX: Une question très brève. Est-ce que le
ministre est au courant que l'année dernière la
pépinière de la rivière Moisie a subi une perte? Il y a eu
un éboulis dans la rivière Moisie, une inondation
considérable et la pépinière est dans un état
lamentable.
Avez-vous l'intention d'investir cette année un certain montant
pour, soit la changer déplace ou réparer les dommages
causés par cette inondation?
M. GOSSELIN: Si le député me le permet, demain ou
mardi, je lui apporterai des précisions. C'est qu'il y avait un
mémoire préparé sur les pépinières. Je l'ai
lu lorsqu'il m'a été apporté par M. Lizotte.
Malheureusement, de mémoire, je ne pourrais pas lui citer de montant,
mais je lui donnerai ces détails-là...
M. COITEUX: D'accord.
M. MAILLOUX: Est-ce qu'on pourrait avoir en même temps la
liste des subventions pour les pépinières?
M. GOSSELIN: Oui.
M. LACROIX: M. le Président, au point de vue de la
restauration forestière, aux Iles-de-la-Madeleine nous avons
expérimenté une situation tout à fait particulière
également. Pendant la période d'été, depuis
quelques années, et même avant 1962, l'on procédait
à la plantation d'arbres sur les dunes de sable afin d'en assurer la
stabilisation. Depuis les deux ou trois dernières années,
l'honorable ministre mettait à la disposition des îles une somme
de $10,000 qui servait pour la restauration forestière, soit la
plantation d'arbustes sur les dunes de sable et aussi la construction d'une
clôture en fascines qui permettait d'arrêter le sable de se
transporter de gauche à droite, assurait la disparition de dunes et
servait également à la préservation des routes et des
chemins de voirie.
Une somme de $10,000 était, dis-je, affectée à
cette fin et le ministère fournissait le matériel, soit les
piquets, le bois, les « branchail-les » et ça nous
permettait, avec une somme de $20,000 qui était mise à notre
disposition parle ministère de la Voirie, de fournir du travail pendant
la période des vacances à nos étudiants qui doivent
poursuivre leurs études à l'extérieur des îles,
parce que nous ne sommes pas organisés aux îles pour leur fournir
ces études. Le système de bourses, naturellement, ne vient pas en
aide davantage aux étudiants des Iles-de-la-Madeleine qu'à ceux
des autres parties de la province. Nos étudiants, aux Iles, doivent
consentir des sacrifices beaucoup plus considérables à cause des
frais de transport, etc.
Est-ce qu'il y aurait possibilité que cette année encore,
le ministère des Terres et Forêts mette à la disposition
des Iles-de-la-Madeleine une somme de $10,000 pour ces travaux de restauration
forestière qui servent à la sta-
bilisation des dunes de sable et qui permettent également la
construction de clôtures en fascines pour arrêter le mouvement du
sable, préserver les routes? Ceci permet également à nos
étudiants qui sont obligés de s'expatrier pour poursuivre leurs
études de gagner un peu d'argent pendant la période des vacances
pour au moins ne pas être entièrement à la charge de leurs
parents. Et tous les étudiants des Iles-de-la-Madeleine pouvaient
bénéficier de cette situation-là, parce que le
gérant de la pépinière demandait à chaque
curé de paroisse de fournir la liste des étudiants de 16 ans
à 17 ans, de 17 ans à 18 ans, de 18 ans et plus qui poursuivaient
leurs études à l'extérieur et ainsi on pouvait faire
gagner deux semaines de travail aux étudiants de 16 ans à 18 ans;
trois semaines à ceux de 18 ans à 19 ans et quatre semaines
à ceux de 19 ans et plus qui poursuivaient leurs études à
l'extérieur, ce qui aidait considérablement les parents à
maintenir leurs enfants aux études, soit à l'Ile-du-
Prince-Edouard, en Nouvelle-Ecosse, au Nouveau-Brunswick ou même à
Québec, Sherbrooke et Montréal.
Je crois que c'est là encore pour les Iles-de-la-Madeleine un cas
d'exception et je demanderais au ministre de consulter son sous-ministre et ses
hauts fonctionnaires qui connaissent particulièrement le problème
qui se pose aux Iles-de-la-Madeleine, et de se montrer aussi
généreux que son prédécesseur à l'endroit
des étudiants madelinots. Je crois que ce serait là une chose qui
serait fort appréciée et ce n'est pas un caprice mais un besoin
essentiel pour nos étudiants.
M. GOSSELIN: M. le Président, déjà le
problème des dunes de sable a été souligné à
mon attention par une ou deux corporations municipales, je cite de
mémoire, et j'en ai soumis la teneur à M. Lizotte et nous
tiendrons compte, dans la redistribution des sommes de cette année, des
recommandations faites par le député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Stanstead.
M. VAILLANCOURT: M. le Président, y aurait-il
possibilité de se transporter dans la région des Cantons de
l'Est, soit la région du ministre et la mienne également.
M. CLICHE: Il n'a pas dû l'oublier, cette
région-là!
M. VAILLANCOURT: M. le Président, est-ce que le
ministère des Terres et Forêts a l'in- tention d'acheter les
plantations de pins de l'Hydro-Québec qui se trouvent dans le
comté de Stanstead, sur la route 50, à Burroughs Falls?
M. GOSSELIN: Toute la question des plantations de
l'Hydro-Québec fait le sujet d'une étude très
sérieuse puisque par la voie des journaux, par la voie de l'association
forestière, on nous a signalé que l'Hydro avait l'intention de
discontinuer ces pépinières. Or, nous savons quel rôle
important ont joué ces pépénières alors que la
Southern Canada Power en était propriétaire et qu'elle permettait
que nous puissions aller nous approvisionner dans ces pépinières
pour tous les projets de reboisement que nous avions.
Or, nous ne voulons, pour aucune considération, que l'on renonce
à cette bonne initiative prise il y a déjà plusieurs
années, parce que nous sommes à même de constater les
effets extraordinaires qu'elle nous a apportés.
M. le Président, j'ai communiqué déjà avec
le président de l'Hydro-Québec,M. Jean-Claude Lessard. Ce dernier
nous a envoyé une estimation qui a été faite de tout leur
potentiel de pépinières, de tout ce dont ils voulaient se
départir et, jusqu'ici, nous n'avons pas pris de décision
définitive puisque ça implique une dépense très
considérable.
Je crois qu'il y a lieu pour nous de rencontrer de nouveau les officiers
de l'Hydro-Québec afin de leur faire part de notre point de vue, afin de
regarder aussi s'il n'y aurait pas lieu de séparer certains territoires
qu'ils ont et qu'ils considèrent, eux, comme faisant partie de la
pépinière de l'Hydro-Québec. Alors, je peux assurer le
député de Stanstead que, considérant que notre
région la région de l'Estrie est peut-être
celle qui s'est occupée le plus activement de reboisement, plus que
toutes les autres régions de la province de Québec, puisque cette
année nous allons planter au-delà d'un million d'arbres seulement
dans notre secteur, soit le secteur de Stanstead, Sherbrooke, Compton et Wolfe,
alors, nous ne voulons certainement pas négliger cette heureuse
initiative et nous voulons faire en sorte aussi que nous puissions continuer de
nous alimenter de plants de ces pépinières.
M. VAILLANCOURT: M. le Président, vu que
l'Hydro-Québec, c'est une commission du gouvernement, est-ce qu'il ne
serait pas possible que les plantations de l'Hydro-Québec soient
achetées à un prix très bas et contrôlées par
le ministère des Terres et Forêts?
M. GOSSELIN: Je ne crois pas, parce que
l'Hydro-Québec donne pour raison dans le mémoire qu'ils
m'ont fait parvenir et, encore là, je cite de mémoire que
l'estimation dans leurs livres du territoire qu'ils possèdent en
pépinières serait de l'ordre de $7 millions. Alors, il va
certainement falloir qu'il y ait une rencontre au sommet afin de discuter du
prix.
M. COITEUX: Deux raccordements.
M. MAILLOUX: Quel montant avez-vous?
M. VAILLANCOURT: M. le Président, est-ce que le ministre a
l'intention d'acheter la pénière volante qu'il y a sur la route
22 entre Lennoxville et le village de Compton?
M. GOSSELIN: Si la chose est possible, M. le Président,
nous aimerions le faire. Il y a eu des approches qui ont été
faites avant que j'arrive au ministère des Terres et Forêts, mais
le prix exigé par le propriétaire était inabordable. On
m'informe qu'il a changé quelque peu d'idée depuis et, si tel est
le cas, je n'aurais aucune hésitation à suggérer à
mes officiers d'étudier toute cette question d'achat de cette
pépinière, et nous nous en porterons acquéreurs si la
chose est raisonnable.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest
M. COURCY: M. le Président, quel est le montant
dépensé l'an dernier?
M. GOSSELIN: Pour la totalité...
M. COURCY: Pour la pépinière de Clairval en
Abitibi-Ouest?
M. GOSSELIN: Clairval, un instant.
M. COURCY: Et quel est le montant que le ministre s'attend
à dépenser cette année, en 67/68, pour la même
pépinière?
M. GOSSELIN: Est-ce que le député d'Abitibi-Ouest
parle de la pépinière de Clairval?
M. COURCY: Oui, oui.
M. GOSSELIN: Est-ce que ce ne serait pas plutôt celle de
Trécesson?
M. CLICHE: Non, non. Trécesson, c'est dans mon
comté: Abitibi-Est
M. COURCY: Clermont
M. GOSSELIN: Clermont, oui. Clermont, l'an passé, c'est
dans Charlevoix...
M. CLICHE: C'est dans la onzième province quand
même.
M. GOSSELIN: Alors, Clermont. C'est pourquoi nous avions de la
difficulté: il n'y a rien ici. A Clermont, en 1966/67, on a
dépensé $4,800 et, en 67/68, cette année, nous nous
proposons de dépenser $6,500. C'est le projet 402 et il y a, à
l'heure actuelle, un « stock », c'est-à-dire une
quantité de 450,000 plants.
M. MAILLOUX: De quel Clermont s'agit-il?
M. GOSSELIN: De Clermont, Charlevoix, je présume.
M. MAILLOUX: Non, non.
M. COURCY: Ah oui! ce n'est pas la même chose.
M. GOSSELIN: Ici, Clairval. M. le Président,
Laterrière est-ce que ça...
M. COURCY: Clairval, c'est ça. UNE VOIX: C'est dans
Chicoutimi.
M. GOSSELIN: Chicoutimi. Malheureusement dans les explications
qu'on nous donne ici, M. le Président, on ne mentionne pas les
comtés et je donnerai au député d'Abitibi-Ouest,
dès mardi prochain, ces renseignements.
M. COURCY: Quand vous les aurez. M. GOSSELIN: Très
bien.
M. MAILLOUX: Au sous-article 2, la somme de $1,983,000, ça
concerne l'augmentation?
M. GOSSELIN: Cela concerne les salaires payés dans
l'ensemble du service de la restauration.
M. COITEUX: Gardes forestiers?
M. GOSSELIN: Gardes forestiers. En somme, tous ceux-là qui
font les...
M. CLICHE: Est-ce que ça comprend les camps forestiers des
étudiants?
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Il y en avait combien de camps forestiers là
à l'été 1966 et il y en aura combien à
l'été 1967? Est-ce que c'est la même chose?
M. GOSSELIN: Exactement la même chose. Nous n'avons pas
changé de programme pour 67/68. C'est exactement le même
nombre.
M. CLICHE: Mais, est-ce que les camps sont aux mêmes
endroits?
M. GOSSELIN: Mêmes endroits, exception laite d'un camp qui
est le camp du mont Orford que nous devons déménager parce que le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a pris sous sa
juridiction toute l'administration du camp du mont Orford parce que l'on
transforme en quelque sorte le parc du mont Orford.
M. CLICHE: Est-ce que vous avez trouvé un endroit dans les
Cantons de l'Est où il peut y avoir un tel camp?
M. GOSSELIN: Oui, il y a un endroit qui est très
convenable et qui est facile d'accès et c'est...
M. CLICHE: Quel endroit?
M. GOSSELIN: ... dans le comté de Compton où il y a
un territoire...
M. CLICHE: Cela m'inquiétait, c'estpourquoi je posais la
question. Je me demandais où cela pouvait aller ailleurs que dans le
comté de Compton.
M. GOSSELIN: Le député d'Abitibi-Est sait qu'il
reste encore un territoire assez grand qui appartient à la Couronne dans
le comté de Compton et c'est peut-être le seul d'ailleurs dans la
région.
M. CLICHE: Ma question est sérieuse, voici pourquoi. Il y
a deux ans, des officiers du ministère avaient voulu faire
disparaître le camp qui était là dans les Cantons de l'Est
et c'était le seul, et le député de Stanstead est au
courant. Alors, on a dit: On va garder ça comme un camp dans les Cantons
de l'Est pour favoriser les étudiants de cette région-là.
Et, le plus proche, c'était dans le comté de Montmagny. Je crois
que c'est dans le comté de Montmagny ou de Beauce.
M. GOSSELIN: La Providence a voulu que ça soit dans le
comté de Compton.
M. CLICHE: Que le ministre a voulu que ça soit dans le
comté de Compton pour installer le camp.
M. COITEUX: Après des études très
approfondies.
M. GOSSELIN: Très sérieuses.
M. MAILLOUX: Est-ce que le camp du lac Jacob...
M.VAILLANCOURT: Est-ce que le camp est
déménagé actuellement?
M. GOSSELIN: Non, pas encore.
M. VAILLANCOURT: Parce que je peux dire au ministre qu'il aurait
du travail à faire encore à la « Cherry Pond »
si...
M. GOSSELIN: « Cherry Pond? »
M. VAILLANCOURT: Cherry Pond, dans le mont Orford. J'ai
été voir cela puis il y aurait possibilité d'employer les
étudiants certainement une couple d'années là pour
nettoyer le fond du lac...
M. GOSSELIN: Je n'ai aucune objection...
M. VAILLANCOURT: ... le fond du lac de Cherry Pond en laissant
vider le lac...
M. GOSSELIN: Je n'ai aucune objection à cet état de
choses. Cependant, je voudrais faire remarquer au député de
Stanstead que c'est à la demande du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche que nous avons retiré au mont, à la
demande du ministre des Terres et Forêts...
M. VAILLANCOURT: Mais le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, je crois qu'ils n'ont pas pensé qu'au lac
aux Cerises, si on peut l'appeler en français, il y aurait un nettoyage
à faire. Il ferait un très beau lac pour les
villégiateurs.
M. GOSSELIN: Oui, je crois que les territoires que nous avons
dans le comté de Compton, qui sont des boisés de la Couronne
également, se prêtent beaucoup plus pour des travaux de
sylviculture que des travaux de nettoyage. Alors, c'est peut-être une des
raisons qui a incité les officiers... Cependant, je dis au
député de Stanstead que nous étudierons la question. Je
n'ai au-
cune objection en autant que l'on aura un camp forestier dans notre
région à favoriser les étudiants de notre
région.
M. COITEUX: Est-ce que les normes d'admission des
étudiants sont les mêmes?
M. GOSSELIN: Les normes d'admission sont exactement les
mêmes que l'an dernier et plus que cela. Comme vous l'avez sans doute
appris par la voie des journaux, il y a un comité spécial de
placement d'emplois d'été, déplacement des
étudiants entièrement contrôlé par les officiers du
ministère du Travail et ce sont eux qui choisissent les candidats qui
seront les plus susceptibles d'aller dans ces camps forestiers. Maintenant, en
ce qui a trait aux normes, l'an passé, j'avais respecté la
consigne donnée par mon prédécesseur à l'effet que
nous devions, en toute circonstance, commencer par favoriser d'abord les
étudiants qui en avaient le plus besoin. On commençait, dans la
sélection, à ce que m'a dit M. Guy Samson par prendre les
orphelins de père ou de mère, les enfants de famille nombreuse,
les enfants provenant de foyers désunis, en somme tous ceux-là
qui étaient les plus nécessiteux. Alors la même consigne
est restée cette année et j'entends bien qu'elle soit
respectée.
M. CLICHE: Au point de vue du reboisement dans la province,
est-ce qu'il y a le même nombre de pépinières
qu'auparavant?
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Est-ce que vous pourriez nous dire combien de plants,
combien de millions de plants il y a dans les différentes
pépinières de la province et combien d'arbres seront
plantés, combien de plants seront mis en terre cette année?
M. GOSSELIN: Je suis très heureux, M. le Président,
de donner ces détails puisque nous avons établi un plan
quinquennal afin d'être sûrs de pouvoir savoir exactement où
nous allions dans ce domaine. Nous avons projeté, pour les cinq ans
à venir, c'est-à-dire jusque passé l'année 70/71,
de planter au moins, 50 millions d'arbres annuellement. C'est l'objectif que
nous nous sommes fixés. Il fallait d'abord préparer les plants.
Or, nous avons cette année, 66/67, les plants qui sont prêts pour
le reboisement: 6 millions; repiqués, 2-2, c'est-à-dire qu'ils
ont 2 ans: 9 millions; repiqués 2-1, ce qui s'appelle repiquage et
entretien: 17 millions; en semis 2-0 et entretien: 28 millions; en semis 1-0,
semaine et entretien: 55 millions. Alors pour un grand total, si nous
regardons, en plants, nous avons 55 millions de plants à l'heure
actuelle ou un « stock » total plutôt de 109 millions.
M. CLICHE: 109 millions.
m. GOSSELIN: 109 millions cette année.
M. CLICHE: Mais les plants disponibles actuellement en 1967, les
plants qui sont prêts à être plantés, qui devraient
être plantés et qui de fait le seront venant des
pépinières de la province, la quantité sera de combien de
millions?
M. GOSSELIN: Six millions cette année... M. CLICHE: Six
millions.
M. GOSSELIN: ... et en 67/68, neuf millions.
M. CLICHE: En plus des plants que la province doit acheter
ailleurs?
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Comme par le passé?
M. GOSSELIN: Oui, nous allons continuer.
M. MAILLOUX: Est-ce que le camp du lac Jacob en arrière de
Clermont doit être aussi important que celui du précédent
budget?
M. GOSSELIN: Oui. Il n'y aura pas de changement.
M. MAILLOUX: Il n'y aura pas de changement.
M. CLICHE: C'est encore, vous avez dit,M. Hervé Lizotte
qui est en charge...
M. GOSSELIN: M. Hervé Lizotte qui est en charge.
M. CLICHE: Il est très compétent et puis il est
très efficace. Maintenant, est-ce que les machineries qu'il devait
acheter pour planter des arbres, en vertu des dernières décisions
alors que j'étais ministre, est-ce qu'elles ont servi ces
machines-là l'an passé?
M. GOSSELIN: Oui, il y en a à la pépinière
de Berthier, à ce qu'on m'a signalé...
M. CLICHE: Oui.
M. GOSSELIN: ... et il y en a dans nos plus grosses
pépinières que nous avons. Les achats ont été faits
et l'on m'a même invité à aller voir marcher ces machines
très modernes qui peuvent planter jusqu'à dix rangs à la
fois.
M. CLICHE: Disons que le ministre de l'Agriculture du temps, mon
collègue d'Abitibi-Ouest et moi-même, nous avions convenu à
ce moment-là avec nos officiers des deux ministères d'une
politique de reboisement qui était à peu près la suivante.
Dans des cas où des terrains déjà donnés à
la colonisation n'étaient plus cultivés, plus cultivables, ne
faisaient plus l'intérêt de qui que ce soit, ces
terrains-là, on les reprenait le plus possible, nous, aux Terres et
Forêts pour y appliquer des politiques de reboisement, pour reboiser,
redonner une valeur à ces terrains-là. J'aimerais bien...
M. GOSSELIN: J'aimerais dire au député
d'Abitibi-Est que, dans tout ce qu'il y a possibilité de faire, nous
allons accentuer cette initiative puisque nous croyons que nous devons remettre
en état de productivité dans le plus bref délai tous ces
immenses territoires qui présentement, sont sous la juridiction du
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation et qui ne sont pas
propices à l'agriculture.
M. CLICHE: Adopté. M. GOSSELIN: Il y a...
M. VINCENT: Est-ce que je pourrais ajouter quelque chose à
ceci?
M. GOSSELIN: Certainement.
M. VINCENT: C'est qu'au cours du mois d'octobre dernier, j'ai
rencontré le ministre des Terres et Forêts et nous pensions avoir
en notre possession tous les documents pour pouvoir faire un travail encore
plus considérable en ce qui concerne la rétrocession de certains
lots de colonisation au ministère des Terres et Forêts. Et avec le
sous-ministre des Terres et Forêts, le sous-ministre de l'Agriculture, M.
Lalande, ils se sont entendus pour qu'un spécialiste au ministère
des Forêts, un spécialiste, M. Lebel, au ministère de
l'Agriculture, aux Terres et Forêts, M. Poulin, je crois...
M. GOSSELIN: M. Pouliot.
M. VINCENT: M. Pouliot... se sont attardés à
préparer un document qui nous a été présenté
en fin de semaine dernière. On a fait une évalua- tion
complète de toute la situation à travers la province.
Maintenant que le document est en notre possession, document
préliminaire, nous avons l'intention de le regarder, les hauts
fonctionnaires du ministère des Terres et Forêts, les hauts
fonctionnaires du ministère de l'Agriculture ainsi que les ministres,
afin de voir ce que nous pourrions faire, en discuter avec ARDA, parce qu'il
s'agit là de quatre, cinq ou six mille lots de colonisation qui peuvent
être rétrocédés au ministère des Terres et
Forêts. Le député d'Abitibi-Est admettra avec moi que ce
n'est pas une affaire de quelques jours, surtout quand on considère
que...
M. CLICHE: Non, non, je n'ai pas prétendu cela et puis je
connais les problèmes et les difficultés...
M. VINCENT: Non, non, c'est simplement pour affirmer...
M. CLICHE: ... mais je voulais seulement savoir si c'était
toujours la politique du ministère des Terres et Forêts, et je me
demandais si ce ministère-là recevait la coopération de
votre ministère à vous.
M. VINCENT: Plus qu'avant, monsieur...
M. CLICHE: ... Mais on verra. Les résultats nous le
diront. Cela s'en vient.
M. MAILLOUX: Ne croyez-vous pas qu'il serait bon par
l'intermédiaire des fonctionnaires, les mesureurs, les gardes-forestiers
ou ceux qui ont la surveillance des terrains où il se fait de la coupe,
d'entreprendre une campagne de conservation. Vous savez, je parle en
connaissance de cause comme industriel qui fait des coupes. Malheureusement, je
suis obligé d'aller dans le Maine parce qu'il n'y en a pas dans le
Québec, mais vous comprenez le désastre que causent les fameuses
« chain-saws » aujourd'hui. Pour abattre un arbre, le
bûcheron va couper dix, quinze pieds autour de lui. Vous pourriez
peut-être dire que la sécurité entre en ligne de compte,
mais je crois qu'il y a des abus épouvantables. Parfois pour couper un
arbre, le bûcheron va en détruire dix ou quinze.
M. GOSSELIN: Je tiens à dire ceci au député
de Témiscouata que, non seulement cette campagne a été
commencée, mais qu'un arrêté ministériel a
été passé, il n'y a pas tellement longtemps, qui permet de
donner certai-
nés primes à tous les concessionnaires qui font du
reboisement et qui font des travaux de sylviculture. Alors ceci est de nature
à encourager les concessionnaires à voir à la
régénération de leurs boisés. Je le remercie
très sincèrement des suggestions qu'il nous a faites, et nous
allons en tenir compte sûrement et je les transmettrai aux officiers de
mon ministère
M. LE PRESIDENT: Article 3, frais de voyage, frais de bureau.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Equipement, adopté.
Outillage, adopté. Fournitures et approvisionnement, adopté.
Entretien, adopté. Loyer et machinerie, adopté. On a passé
sur le 10 tout à l'heure. Prime et reboisement, adopté. Service
de forêts rurales, article 5-4. Alors traitements et salaires.
M. CLICHE: Le ministre voudrait-il nous donner une idée
succintement de la politique du présent gouvernement concernant le
service de la forêt rurale, service qui a été
inauguré il n'y a pas tellement d'années et qui donnait des
espoirs à des régions qui avaient souffert dans le passé
d'un déboisement systématique et puis qui permettait
peut-être à certaines régions de voir de nouvelles
industries s'implanter, etc, De toute façon il faut mettre de l'ordre
dans cette question de foresterie, de reboisement, etc.
M. GOSSE LIN: Comme le député d'Abitibi-Est le
sait, le service de la forêt rurale est responsable de
l'aménagement forestier rural, des programmes de reboisement; il doit
fournir l'aide technique et les renseignements pouvant aider les petits
propriétaires forestiers à dialoguer avec les associations
coopératives forestières et la régie des marchés
agricoles. Il doit aussi conseiller et orienter les producteurs de bois,
procéder à la classification et recommander l'attribution de
terres.
A cette fin, nous avons quatre divisions. Ce sont la division de
l'aménagement, la division des structures économiques, la
division de la vulgarisation et de l'animation, la division de la
classification et de l'attribution des terres. Au cours de 67/68, nous
prévoyons devoir faire l'aménagement de certaines forêts
privées, entre autres dans les comtés de Matane, de
Gaspé-Nord, de Gaspé-Sud et Bonaventure. On prévoit aussi
participer à la rédaction des plans d'aménagement
polyvalents en collaboration avec le service d'aménagement
régional, principalement en ce qui a trait au plan de zones de la
région du Bas-St-Laurent et de la Gaspésie. On intensifiera
l'assistance technique aux petits propriétaires forestiers ainsi que le
dialogue avec les associations coopératives forestières.
On continuera aussi de répondre aux demandes de classification
économique des terres en vue de déterminer leur vocation et d'en
recommander l'attribution. Comme on peut le constater, les anciennes
attributions de la division pour l'utilisation des terres du ministère
de l'Agriculture et de la Colonisation ont été entièrement
transformées, et la partie de l'inventaire forestier a été
intégrée au service des inventaires du ministère, tandis
que le bureau des renseignements forestiers a été fusionné
à ce nouveau service. Voilà, M. le Président, les grandes
lignes de tout ce service, et nous nous efforcerons, dans toute la mesure du
possible, d'y donner une attention toute particulière afin que tous les
projets présentement à l'étude soient mis à
exécution.
M. CLICHE: Une question. Le ministre a parlé de
l'aménagement de forêts privées. Que veut-il dire par
cela?
M. GOSSELIN: Oui. Il y a, pour certains secteurs, des suggestions
qui ont été faites par le BAEQ, et il y a aussi, pour certaines
régions, d'autres suggestions à l'effet que, dans certains
milieux.il y aurait possibilité de prendre des territoires privés
et de les aménager afin de les mettre en état de
productivité. Alors ce sont là des suggestions qui ont
été faites par des comités d'étude, et nous nous
efforcerons d'expérimenter jusque dans quelle mensure le
ministère des Terres et Forêts pourrait leur être utile.
Alors c'est surtout pour déterminer les possibilités de la
forêt sur des bases régionales. Comme le député
d'Abitibi-Est le sait, il y a une grande campagne qui est menée à
l'heure actuelle par l'UCC dans certaines régions. Maintenant, dans
plusieurs coins, on a ce que l'on appelle le syndicat des producteurs de bois.
Ces syndicats de producteurs de bois sont unis maintenant et veulent se
contingenter, c'est-à-dire qu'ils acceptent de faire partie d'un
syndicat et de ne couper que telle quantité de bois. Eh bien! en
même temps, on veut voir de quelle façon il y aurait
possibilité de les inciter aussi à organiser leurs boisés
privés de la même façon que l'on prépare des
parterres de coupe sur des terrains de la Couronne.
M. COITEUX: M. le Président, le ministre vient justement
de parler d'aménagement polyvalent. Il y a reçu hier un
mémoire de la corporation des ingénieurs-forestiers.
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Ce mémoire traite d'une façon
succincte, mais très objective, du problème de
l'aménagement polyvalent.
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: Dans une réponse concrète, est-ce que
le ministre croit qu'il est possible de se rendre aux arguments de la
corporation des ingénieurs forestiers et que, suivant la logique telle
que déterminée et alignée, si j'oserais dire, par les
ingénieurs-forestiers, ces arguments aient des chances de faire leur
chemin auprès des autres ministères afin que cet
aménagement polyvalent de la forêt soit enfin confié, pour
fins d'administration, fins d'organisation, au ministère des Terres?
M. GOSSELIN: Je pourrais donner à peu près la
même réponse que j'ai donnée aux ingénieurs
forestiers hier matin, lors de la présentation de leur mémoire
à l'effet que cet aménagement polyvalent, normalement je crois,
pourrait relever entièrement du ministère des Terres et
Forêts. Cependant, vu que le sujet est à l'étude
présentement au niveau du conseil exécutif, je ne veux, en aucune
manière, influencer de quelque façon que ce soit l'opinion de mes
collègues dans ce domaine. J'espère bien pouvoir annoncer des
nouvelles assez intéressantes d'ici quelques mois.
M. COITEUX: Sans vouloir imposer de décision au conseil
exécutif ça, je conçois très bien que c'est
assez difficile pour le ministre je crois que les arguments
invoqués au mémoire des ingénieurs forestiers, lorsqu'on
décrit surtout la productivité potentielle et globale du
territoire, je crois que le ministre pourrait avec avantage, pour convaincre
ses collègues, se servir de ce mémoire.
M. GOSSELIN: J'ai beaucoup d'arguments. J'ai un bagage
d'arguments assez complet pour convaincre mes collègues si par hasard la
chose est nécessaire.
M. LE PRESIDENT: Alors on passe à l'article... Articles 1,
2, 3, accepté. Article 4, Equipement et outillage. Article 5,
Véhicules-moteurs. Article 6, Transport. Article 7, Service de
l'inventaire forestier. Une question?
Alors, nous continuons. Service de l'inventaire forestier, article 1,
adopté. Article 2.
M. COITEUX: La mention 28 (18), cela veut dire qu'il y a eu
dix?
M. LE PRESIDENT: Ce sont des employés.
M. CLICHE: Qui est le chef du service de l'inventaire,
actuellement?
M. GOSSELIN: M. René Rinfret.
M. COITEUX: Anciennement de l'Hydro?
M. GOSSELIN: Je ne sais d'où il vient. Il y était
lorsque je suis arrivé. C'est encore lui qui est là.
M. CLICHE: Oui, il a été nommé chef du
service en 1965.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Est-ce que des contrats de l'inventaire forestier sont
donnés par soumissions ou suivant des normes établies au
ministère?
M. GOSSELIN: Ils sont donnés suivant des normes
établies au ministère tel que cela se faisait
précédemment.
M. COITEUX: Dans quel district cette année...?
M. CLICHE: C'est de cette façon que cela doit se faire
aussi. Je l'avais dit à M. Rinfret que cela devait se faire de cette
façon.
M. GOSSELIN: C'est supposé se faire comme ça.
Toutes les bonnes habitudes, vous savez, on ne les met pas de
côté. Nous sommes là pour améliorer la situation et
non pour la détruire.
M. CLICHE: Dans ce cas-là, vous n'avez rien changé
au ministère.
M. GOSSELIN: Ah oui! Nous avons changé certaines choses
mais, par contre, on a gardé ce qu'il y avait de bon!
M. COITEUX: On a changé de ministre!
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté. Article 5,
adopté. Article 6, matériel, adopté. Article 7,
adopté.
M. GOSSELIN: Adopté.
M. COITEUX: Les inventaires.
M. GOSSELIN: Poste 8.
M. CLICHE: Un instant! Les inventaires forestiers contractuels,
brièvement, pourriez-vous me dire dans quelle région ils vont se
faire cette année?
M. GOSSELIN: Nous avons des prises de « stocks » dans
les différentes zones de la péninsule gaspésienne pour les
besoins du service de l'aménagement régional et il y a quelques
milliers de parcelles ou d'échantillons qui vont être
établis aussi à l'intérieur des 8,500 milles carrés
qui doivent être étudiés. C'est-à-dire que nous nous
efforçons de continuer le programme déjà commencé
pour nous rendre jusqu'au 52e parallèle. Il va sans dire que tous ces
territoires sont très vastes, mais une attention tout à fait
particulière est donnée aux régions en feuillus du
sud-ouest québécois afin d'arriver à couvrir le territoire
en question, qui est d'une superficie d'environ 32,500 milles carrés. Il
y aura cette année environ 12,000 milles carrés qui pourront
être couverts par les sommes additionnelles que nous avons à cette
fin.
M. CLICHE: Est-ce que...
M. GOSSELIN: Il y avait des objectifs de posés et nous
nous efforçons, dans toute la mesure du possible, de devancer même
ces objectifs, si nécessaire, devant l'urgence qu'il y a d'avoir des
données nécessaires, afin que nous puissions résoudre
certains problèmes aigus que nous avons.
M. COITEUX: Est-ce que le bassin d'Agua-nish et de Natashquan est
complet?
M. GOSSELIN: Oui, la reconnaissance est finie. Il y a même
un rapport de rendu au ministère. J'en ai pris connaissance.
M. COITEUX: Est-ce qu'il y aurait possibilité, en
s'adressant au ministère, d'avoir une copie des quantités, juste
pour avoir une idée, un aperçu?
M. GOSSELIN: Je n'ai pas d'objection à ce que le
député vienne consulter ce que nous avons au
ministère.
M. CLICHE: Dans l'attribution des contrats d'inventaire et autres
travaux connexes, je demande au ministre de tenir compte des bureaux
d'ingénieurs forestiers qui se sont spécialisés, ni plus
ni moins, dans les inventaires forestiers, tant pour le gouvernement que pour
des individus, des concessionnaires ou des particuliers, alors qu'ils ont un
personnel, qu'ils ont investi des sommes peut-être assez fortes pour
monter une organisation qui donne un bon rendement, qui donne un excellent
service au ministère. Je lui demanderais, dans l'attribution, de tenir
compte de cela. Je n'ai pas besoin de nommerpersonne, il faut tenir compte de
cela et de traiter les ingénieurs forestiers équitablement.
M. GOSSELIN: Le député d'Abitibi-Est peut
être assuré qu'il y avait antérieurement quarante-six
firmes ou ingénieurs forestiers qui obtenaient des contrats, et nous
allons continuer...
M. CLICHE: Je me souviens personnelle ment d'avoir reçu,
chaque année, une lettre du député de Missisquoi me
demandant: Voudriez-vous ne pas oublier tel ingénieur forestier de ma
région? Je disais: C'est très bien. Je demande au ministre de
continuer la même politique d'administration.
M. GOSSELIN: J'ai reçu de ces
représentations-là de plusieurs députés des deux
côtés de la Chambre.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 6, Service de la
protection forestière, page 149.
M. CLICHE: Qu'est-ce qu'il y a de neuf dans la question de la
protection? Est-ce que les avions qui devaient être construits et
spécialement conçus pour combattre les feux de forêt, sont
en construction actuellement à Canadair?
M. GOSSELIN: Oui, ils sont en construction. Maintenant nous
aurons la livraison du premier, le 1er mai 1968 et, par la suite, à
l'automne 68 je crois, d'après les officiers de Canadair. Si je me
souviens bien, ils m'ont dit que nous en aurions... A la fin de 1968, nous en
aurons sept de livrés. Je pense bien qu'ils arriveront à temps
puisque, d'après les informations que j'ai, les avions Canso qui ont
rendu d'immenses services dans le domaine de la protection commencent à
être désuets et, en plus de cela, ne pouvant trouver de
pièces de rechange, nous sommes obligés d'en mettre un de
côté afin d'avoir des pièces pour être capables de
réparer les autres et maintenir le coup jusqu'à ce que nous
puissions obtenir les nouveaux avions.
M. COITEUX: Quelle est la capacité en gallons des nouveaux
avions comparativement...
M. GOSSELIN: 12,050 gallons, comparativement à 800 pour
ceux-là que nous avons à l'heure actuelle.
M. COITEUX: Plus rapides aussi?
M. GOSSELIN: Plus rapides, beaucoup plus rapides. La
manoeuvrabilité beaucoup améliorée et aussi je crois que
ces avions pourront être facilement transformés en avions de
transport. Ils sont complètement versatiles puisqu'on pourra transporter
dix-neuf passagers si, par hasard, on en avait besoin pour le transport.
M. COITEUX: Quel sorte d'avions ça?
M. GOSSELIN: C'est le CL-215 par Canadair. C'est un type nouveau,
et nous espérons qu'il rendra les services que nous attendons puisque c
'est une expérience extraordinaire qui est faite dans ce
domaine-là.
M. VAILLANCOURT: Quel est le coût de ces
avions-là?
M. GOSSELIN: Le coût total des vingt avions est d'environ
$800,000 chacun, mais d'après le programme établi avec la
compagnie, le contrat se chiffre à $21,000,000. Par contre, il ne faut
pas calculer le montant de $21,000,000 comme étant ce que nous
coûteront les avions, parce qu'il y a une entente à l'effet que...
Il y a une franchise sur ces avions-là et plus la compagnie Canadair
vendra d'avions, qu'elle en vende peu importe où cela sera, il y a une
diminution sur le coût de chacun des avions dont le ministère se
portera acquéreur.
M. VAILLANCOURT: Est-ce que vous donnez les vieux en
échange ou bien si vous les vendez?
M. GOSSELIN: Non, nous conservons les avions actuels. Nous
verrons, lorsque nous aurons reçu les nouveaux appareils, de quelle
façon nous disposerons des avions Canso que nous possédons.
D'ailleurs je dis qu'il faudrait faire une mise au point, c'est que ces
avions-là, même si on en discute au ministère des Terres et
Forêts, appartiennent au ministère des Transports.
M. COITEUX: Est-ce que le ministre est satisfait du
système qui a été commencé comme projet pilote, il
y a deux ou trois ans, de moderniser les patrouilles aériennes pour la
protection forestière, au lieu de les faire à pied, suivant
l'ancien système conventionnel? Est-ce que le ministre est satisfait du
nouveau système qui consiste à faire la patrouille par avion?
M. GOSSELIN: Oui, je dois dire au député de
Duplessis qu'il y a un comité spécial qui se charge
présentement d'étudier toute cette situation du système de
protection que nous avons dans la province de Québec. Cette étude
s'est faite en collaboration avec les associations de protection
déjà en place et avec nos officiers du ministère. Il y a
certaines suggestions qui ont été faites pour améliorer la
situation et même nous allons adopter certaines nouvelles
modalités cet été. En toute circonstance, nous sommes
là pour améliorer la situation et je pense que ces
améliorations auront le succès que nous attendons tous.
M. COITEUX: Une des raisons principales militant en faveur de
cette pratique, c'est qu'on peut concentrer beaucoup plus l'équipement
et en faire l'entretien d'une façon beaucoup plus efficace.
M. GOSSELIN: En plus, lorsqu'on localise un feu de forêt,
avec la patrouille aérienne, les ordres se donnent beaucoup plus
rapidement et il y a possibilité d'enrayer les feux dès le
début.
M. CLICHE: Pourquoi l'augmentation de $200,000 dans les
subventions aux associations de protection?
M. GOSSELIN: L'augmentation des territoires et aussi certaines
augmentations de salaires. Bien plus, j'ai appris au cours de la semaine, alors
que je rencontrais un des principaux officiers...
M. CLICHE : Augmentation de territoires.
M. GOSSELIN: ... de l'association, augmentation de
territoires.
M. COITEUX: Est-ce que c'est encore dans les politiques du
ministère ou du ministre actuel de viser éventuellement à
reprendre complètement au ministère des Terres et Forêts,
au service de protection, la protection totale des associations?
M. GOSSELIN: C'est un projet à l'étude et il est
beaucoup trop tôt pour que je me prononce, puisque j'ai eu le rapport
préparé par le comité
interministériel, formé aussi de certains
représentants des associations, qu'il y a environ deux semaines. Ce
rapport n'est que préliminaire. Nous avons eu une séance
d'étude au comité de coordination, mais comme il n'y a pas encore
d'opinion définitive de prise dans ce domaine...
M. COITEUX: D'après le rapport préliminaire, est-ce
que le ministre pourrait nous dire s'il s'est aperçu d'une
résistance?
M. GOSSELIN: Le climat jusqu'ici a été très
bon.
M. COITEUX: Très bon.
M. GOSSELIN: Je ne pourrais pas dire qu'il y a eu de la
résistance; le climat a été bon.
M. CLICHE: Le climat?
M. GOSSELIN: Le climat des discussions avec...
M. COITEUX: Les associations.
M. GOSSELIN: ... les associations. Ils ont collaboré dans
la préparation du rapport et nous n'en avons reçu que le rapport
préliminaire. Jusqu'ici mes officiers m'ont fait part que tout allait
bien.
M. CLICHE: Mais tout allait bien. Moi, je me souviens d'avoir
annoncé à un moment donné, que la protection des
forêts devrait relever uniquement de la province et non pas de toute une
série d'associations appartenant à des compagnies où il y
a quantité de gens qui sont casés là et où il se
fait du patronage par l'entremise de ces compagnies-là ou de ces
associations, où il n'y a pas tellement de contrôle
d'exercé par le ministère des Terres et Forêts.
M. GOSSELIN: C'est vrai.
M. CLICHE: Et puis le gouvernement paie sans trop
vérifier. Incidemment, le service de la protection des forêts au
ministère des Terres et Forêts, cela a toujours été
une chasse gardée, cela a toujours été un endroit
où le chef du service menait sa petite affaire à lui, sans que le
ministre puisse intervenir ou sans que le ministre doive intervenir même.
C'était son organisation à lui et il menait cela un peu à
sa façon. Je me souviens d'avoir demandé au service de la
protection; Les machines à pluie, est-ce que le gouvernement contribue
à cela?
Jamais, jusqu'au moment où l'on a découvert que, de fait,
en payant des subventions aux associations, on contribuait indirectement
à maintenir, à payer le loyer de machines à pluie dans la
province...
M. GOSSELIN: Monsieur,...
M. CLICHE: ... ceci a causé tout un émoi pendant un
certain temps. Heureusement que le ministère des Richesses naturelles en
parlait et s'en occupait. A ce moment-là, on n'attaquait pas le
ministère des Terres et Forêts, mais dans le fond
c'était...
M. GOSSELIN: Si, si...
M. CLICHE: ... le ministère des Terres et Forêts qui
payait pour.
M. GOSSELIN: Si ceci peut faire plaisir au député
d'Abitibi-Est, je lui dirai que je n'avais pas l'intention de parler des petits
malaises de guerre et d'estime qu'il y a parfois dans le ministère; ce
n'est rien de grave et je dis au député d'Abitibi-Est que j'ai eu
à peu près les mêmes réticences de ce service, mais,
par contre, des ordres assez sévères ont été
donnés et maintenant que ce service de la protection relève de la
direction générale des bois et forêts, sous la tutelle de
M. Yvon Dubé, eh bien nous espérons du moins qu'il prendra une
tout autre tournure.
M. CLICHE: Moi, j'avais annoncé, du temps que
j'étais ministre, que la politique du gouvernement du temps que nous
devions élaborer pour la protection des forêts, devait,
âl'avenir, relever du ministère des Terres et Forêts et non
pas d'une série d'associations. Est-ce que le présent ministre
continue la même politique?
M. GOSSELIN: M. le Président, je dois dire au
député d'Abitibi-Est que j'ai bien l'intention d'étudier
très sérieusement toute cette question. J'ai pris la peine de
visiter moi-même les lieux et de voir le travail que faisaient certaines
associations. Je suis allé voir un peu quels étaient leurs
effectifs et j'en ai discuté avec les hauts-fonctionnaires de mon
ministère. J'ai une opinion personnelle là-dessus que j'ai
transmise et, lors de la parution du livre blanc, ou pourra y trouver les
initiatives que nous prendrons dans ce domaine.
Actuellement, M. le Président, il me faut regarder encore bien
sérieusement les suggestions qui m'ont été faites avant de
prendre définitivement position. Je pourrais peut-être faire comme
l'ancien ministre et me lancer dans une gran-
de déclaration, mais par contre j'aime mieux, pour le moment,
garder une certaine réserve et peut-être lui faire quelques
surprises lors de l'étude de nos crédits en 68/69.
M. CLICHE: Ce n'était pas une question de grande
déclaration, c'était une grande décision qui avait
été prise. Je peux dire au ministre qu'à peu près
le seul moyen d'administrer, c'est de prendre des décisions, de cesser
d'étudier et dire...
M. GOSSELIN: Est-ce que le député...
M. CLICHE: Prendre des décisions et ensuite les
appliquer.
M. GOSSELIN: Le député d'Abitibi-Est me dit qu'il
avait pris une grande décision. Il a été là quatre
ans et sa décision n'a pas été exécutée.
Alors comment peut-il me demander de prendre une décision à
brûle-pourpoint quand je lui dis que je suis là depuis dix mois,
douze mois. Cela fera un an le mois prochain, soit le 17 juin, et il voudrait
que je règle ça de but en blanc.
Or, M. le Président, je dis au député d'Abitibi-Est
que cette question de prendre sous notre tutelle tous les services de
protection des bois et forêts de la province de Québec est
étudiée très sérieusement par celui qui vous parle
et qu'il a déjà une opinion qu'il émettra sous peu. Le
député d'Abitibi-Est pourra juger si oui ou non le ministre
actuel a fait un bon geste lors de l'étude des crédits l'an
prochain.
M. CLICHE: J'ignore quelle sera la politique. Je ne peux pas
conclure de ce qu'a dit le ministre quelle sera sa politique future concernant
la protection des forêts. Mais moi, je dis dès maintenant que la
protection des forêts doit relever uniquement de la province et c'est ce
qui a incité le gouvernement précédent à investir
autant dans l'achat d'avions spécialement conçus pour la
protection des forêts. Je dis et réitère que les
associations forestières ont pendant un certain nombre d'années
accompli un travail qui répondait à ce qu'on attendait d'elles
lorsque les moyens de communication n'étaient pas aussi
développés qu'ils le sont actuellement, moyens de communication
par terre, par eau, par radio, etc.
Et aujourd'hui, encore une fois, on combat les incendies non seulement
avec du sable, de la terre ou avec des tracteurs et des chevaux. Je me souviens
que je recevais à mon ministère des rapports du service de la
protection me donnant le nombre d'heures fait par les chevaux ou les montants
payés pour tel travail. Franche- ment, ce n'est pas de cette
façon que l'on administre un service aussi important que le service de
la protection. Je dis au ministre qu'il devrait prendre une décision et
l'annoncer à l'effet que désormais la protection des forêts
de la province va relever uniquement de la province et que les compagnies
forestières devront y contribuer raisonnablement.
M. GOSSELIN: M. le Président, je voudrais bien me rendre
à la demande du député d'Abitibi-Est, mais par contre,
même en me basant sur tous les arguments qu'il vient de me donner pour
prendre une décision immédiate, en me basant aussi sur
l'expérience qu'il a eue, lui, alors qu'il avait décidé...
Sans aucun doute que le député d'Abitibi-Est qui est aussi un
homme d'affaires... Il faut constater que pour se porter acquéreur ou
décider de prendre sous notre tutelle tout l'ensemble de la protection
des forêts, eh bien, nous n'avons pas tout l'équipement
nécessaire. Lorsque nous aurons nos avions, lorsque nous aurons en main
ce qu'il faudra pour bien donner ce service de protection nous
n'hésiterons pas à prendre à ce moment-là toutes
les mesures possibles pour contrôler cette affaire, quoique dans le
moment nous exerçons une surveillance des plus étroites et des
plus sévères et que nous avons pleinement le contrôle du
service de protection qui est donné par diverses associations dans la
province de Québec. Il ne fait aucun doute que très
prochainement, et surtout lorsque nous aurons complété les moyens
que nous devons avoir pour bien combattre ces feux de forêts, eh bien,
nous prendrons les décisions qui s'imposent sans retard.
M. CLICHE: La surveillance ou les améliorations ne peuvent
pas être aussi fortes que ça parce que le total des
employés au service de la protection forestière était de
34. Il est augmenté à 36. Il est augmenté de deux.
M. GOSSELIN: Le député d'Abitibi-Est sait fort bien
que ceci ne représente que les employés permanents, il sait fort
bien que, lorsqu'il y a un feu de forêt, les employés peuvent
monter jusqu'à j'ai vu sur un seul feu à Forestville
l'été dernier où les employés se chiffraient
au-delà de 600 alors le chiffre mentionné par le
député d'Abitibi-Est ne correspond pas du tout...
M. CLICHE: Je parle des associations de protection, je ne parle
pas des feux sur les terrains de la Couronne.
M. GOSSELIN: C'est le personnel au minis-
tère que nous avons ici lorsqu' il mentionne 36 ou 34.
M. COITEUX: La surveillance de ces associations, tout de
même, doit se faire par les employés du ministère.
M. GOSSELIN: Certainement, et elle se fait...
M. COITEUX: Maintenant les gardes forestiers à
l'emploi...
M. GOSSELIN: A l'emploi du ministère, elle se fait par les
gardes forestiers et les...
M. CLICHE: Non, non, il n'y a aucun contrôle
d'exercé par le ministère pour le service de la protection. Ce
sont des associations de protection. Il n'y a pas de contrôle, il n'y en
a jamais eu à part ça.
M. GOSSELIN: Bon, je suis très heureux d'apprendre
ça.
M. CLICHE: On ne peut pas dire qu'il y en a eu. Il n'y en avait
pas et il n'y en a pas encore. Il n'y en aura pas tant que la province ne
s'occupera pas elle-même de la protection des forêts.
M. GOSSELIN: Je suis très heureux d'apprendre ça de
la bouche du député d'Abitibi-Est vu qu'il a été
quatre ans à la tête du ministère des Terres et
Forêts. Si je réussis d'ici un an à résoudre le
problème, bien, je pourrais me considérer comme un champion.
M. GAGNON: Mais tout de même, il y a ceci. Je ne dis pas
que le problème que le député d'Abitibi-Est a
expliqué n'a pas de sens, mais les associations ont un avantage de
régionalisation. C'est un fait. C'est qu'elles sont installées
dans différentes sections, elles sont autonomes et elles opèrent
en vertu de la régionalisation et on dit qu'apparemment leur personnel
serait assez compétent parce qu'on a toujours dit dans le passé
que, quand les gouvernements changeaient, les employés changeaient.
C'était vrai ça, jusqu'en 1960, ça été vrai
pleinement, tandis qu'eux avaient des employés
expérimentés qui à ce moment-là étaient
là depuis 10 ans, 15 ans, 20 ans. Alors il s'agit de savoir pour
l'efficacité du travail, c'est tout un problème qui,
nécessairement, demande une...
M. CLICHE: Evidemment que la province, s'occupant elle-même
de la protection, devra avoir dans différentes régions
forestières de la province à peu près le même nombre
de per- sonnes ou en tout cas un personnel compétent, et
expérimenté, et ceux qui sont déjà en place et qui
ont une valeur vont sûrement demeurer là. La province va avoir
besoin d'un personnel.
M. GAGNON: Mais je me demande, tant que le gouvernement n'aura
pas commencé à faire sa régionalisation, ce serait une
chose peut-être sage. En somme, un ministère a une espèce
de régionalisation, si on garde les effectifs dans les circonstances
actuelles. Alors, c'est en fonction d'une régionalisation
provinciale.
M. LE PRESIDENT: Articles 6,7. Alors on a passé les
articles 8, 9. On les a discutés. Articles 10, 11.
M. GOSSELIN: Adopté. La même chose que l'an
passé. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Service des forêts domaniales.
M. COITEUX: J'aurais quelques questions très brèves
à demander au ministre. Le nombre d'employés du ministère
qui s'occupent de la forêt domaniale de Matane au point de vue des
ingénieurs et gardes forestiers, en fin de compte de personnel
d'administration?
M. GOSSELIN: La forêt domaniale de Matane. Il y en a 10. Il
y a un ingénieur forestier, un agent de bureau principal, un agent de
bureau classe 2, un agent forestier classe 1, quatre agents forestiers classe
2, deux sténo-dactylographes plus les employés ici du
ministère à Québec. Ils ne sont pas spécialement
affectés à la forêt domaniale de Matane mais ils s'en
occupent continuellement Alors, à l'intérieur de la forêt
domaniale, il y a 200 bûcherons qui retirent un salaire d'environ $1.68
l'heure et il y a environ 20 journaliers à $1.55 l'heure à part
les cuisiniers et les aides-de-camp.
M. COITEUX: Est-ce que le montant prévu en 66/67 a
été dépensé?
M. GOSSELIN: Le montant? Un instant, je vais vous donner
ça. Le montant prévu pour les forêts domaniales en
66/67...
M. COITEUX: Etait de $757,000.
M. GOSSELIN: Etait oui, était de $775,400.
M. COITEUX: Cela, c'est cette année.
M. GOSSELIN: Il était de $755,000. On a
dépensé $687,427.15.
M. COITEUX: Quelle quantité de bois a été
faite?
M. GOSSE LIN: Je vais vous donner ça dans une minute. Il y
a eu 315 ouvriers qui se sont partagés $445,388 en salaires. Alors il y
a une moyenne d'environ $1,400. Les bûcherons, par contre, ont
gagné une moyenne de $1,100.20.
M. COITEUX: Ce n'est pas...
M. GOSSELIN: Je vais donner les cordes de bois, ce ne sera pas
long.
M. COITEUX: Les cordes ou les mille pieds?
M. GOSSELIN: Les mille pieds.
M. CLICHE: C'est aussi bon que Natashquan.
M. GOSSELIN: Quasiment.
M. CLICHE: C'est ce que je...
M. GOSSELIN: Ah! ce n'était pas un cadeau, la forêt
domaniale de Matane.
M. COITEUX: Ce ne sera pas un cadeau l'année prochaine non
plus, même si le ministre est là.
M. GOSSELIN: Ah non! Alors les résineux: 1,890,000 pieds
cubes, les feuillus, 80,000 pieds cubes et 60 cordes et 45 cordes de
cèdre pour un total de... Je dois rectifier pour ne pas parler de pieds
cubes mais pieds PMP.
M. COITEUX: Pied, mesure et planche.
M. VAILLANCOURT: Pour moi, cela n'a pas été un
chantier...
M. COITEUX: Comparez cela avec Natashquan.
M. CLICHE: Peu importe! Est-ce que le ministère a
l'intention de continuer à exploiter cette forêt
domaniale-là. comme auparavant?
M. GOSSELIN: J'ai eu l'occasion hier, au début de mes
remarques, de dire que la forêt domaniale de Matane, alors qu'elle a
été constituée, consistait, en somme, à une
expertise que l'on faisait et qu'il fallait sans aucun doute, après les
expériences obtenues jusqu'à présent, repenser
entièrement le genre d'exploitation qui est fait à
l'intérieur de cette forêt domaniale.
Parce que jusqu'à présent, si vous voulez avoir mon
opinion personnelle, je tiens à vous dire que je n'en suis pas satisfait
et il faut absolument étudier toute cette question de cette forêt
domaniale afin d'améliorer la situation. Je prétends qu'il ne
faudrait pas non plus dans toute la province de Québec analyser les
effets obtenus jusqu'à présent avec la forêt domaniale sur
d'autres effets qui pourraient être de beaucoup...
M. CLICHE: Bon, eh bien! est-ce que vous continuez en 1967 de la
même façon qu'en 1966 ou auparavant?
M. GOSSELIN: Non.
M. CLICHE: Vous l'avez diminuée, autrement dit.
M. GOSSELIN: Elle n'est peut-être pas diminuée, mais
on a changé le mode d'exploitation à l'intérieur de la
province.
M. COITEUX: J'ai bien compris, 1,890,000 pieds...
M. GOSSELLIN: Oui, pieds cubes. M. COITEUX: Pieds cubes.
M. GOSSELIN: Et ce qui donne 8,000,000 de pieds PMP environ.
D'ailleurs...
M. GOSSELIN: Je me ferai un plaisir de donner ces chiffres plus
précis au député de Duplessis s'il le veut. Je n'ai aucune
objection à lui remettre copie du rapport obtenu.
M. CLICHE: Est-ce qu'au rapport du ministère, on donne de
façon élaborée, l'administration, les résultats des
opérations à la forêt domaniale de Matane?
M. GOSSELIN: Il y a ici une quantité assez
considérable de chiffres permettant de se former une opinion cependant.
Je dois dire à l'honorable député qu'il y aurait certains
détails qui m'échapperaient si je voulais essayer
d'élaborer trop dans ce domaine.
M. CLICHE: Un mot pour dire que la forêt domaniale de
Matane a gardé sa forme et son mode d'exploitation pour quelques
raisons. C'est qu'à ce moment-là, il y avait
énormément de chômage dans cette région.
M. GOSSELIN: Oui, oui.
M. CLICHE: Il fallait aider les gens localement, leur trouver du
travail et c'était une des formules employées. Maintenant, depuis
que l'usine de Matane est là, est érigée et doit commencer
à opérer bientôt, je pense qu'on doit changer la formule de
façon que la province y perde moins à chaque année qu'elle
y a perdu dans le passé.
M. GOSSELIN: Je dirai au député d'Abitibi-Est que
c'est précisément avec l'ouverture de l'usine à Matane que
nous devons réorienter totalement l'administration de la forêt
domaniale de Matane, quoiqu'il ne faudra jamais perdre de vue que cette
forêt domaniale a été constituée dans un territoire
qui ne peut être comparé non plus avec d'autres territoires qu'on
a formé en forêt domaniale. Il faut tenir compte de tous ces
effets-là avant de donner l'orientation de...
M. COITEUX: Vite, vite là, à quel prix moyen a
été vendu le bois?
M. GOSSELIN: $32 les mille pieds l'épinette; le sapin, $25
les mille pieds; pour le cèdre, $40... ça, c'est pour les chemins
d'accès.
M. COITEUX: Maintenant, le chemin était construit
là.
M. GOSSELIN: Il était construit par la forêt
domaniale.
M. COITEUX: Avec les autres informations, si le ministre veut
être assez aimable pour ne pas qu'on...
M. GOSSELIN: Certainement.
M. COITEUX: Est-ce que le ministre aurait une objection de faire
parvenir une copie?
M. GOSSELIN: Du tout, du tout. Je vous donnerai même, il va
pouvoir avoir...
M. MAILLOUX: Au sous-article 2, « haute forêt
domaniale ». Est-ce qu'il est question d'organisation dans Charlevoix
à ce sujet-là?
M. GOSSELIN: Oui, dans Charlevoix, il y a un projet. Je me
souviens de l'avoir passé, alors que nous discutions de nos projets, il
n'y a pas tellement longtemps.
M. LE PRESIDENT: Cet article-là est adopté?
Adopté.
M. GOSSELIN: Deuxième sous-article.
M. GOSSELIN: Adopté.
M. LE PRESIDENT: « Inventaire canadien des terres »,
poste 8.
M. GOSSELIN: Oui, adopté. Voici, l'inventaire canadien des
terres. Je pense bien que l'ancien ministre se souvient que c'est un poste que
l'on garde toujours pour le conserver qui est payé 100% par
Ottawa et qui revient d'ailleurs au ministère des Terres et
Forêts. Nous continuons cette pratique adoptée depuis plusieurs
années.
M. LE PRESIDENT: Poste 9: « Divisions territoriales
».
M. CLICHE: Les divisions territoriales, qu'est-ce qui tombe
exactement sous ce poste-là?
M. GOSSELIN: Ce sont tous les services extérieurs, tous
les bureaux de district qui tombent sous ce poste-là. Ce sont les
anciennes unités régionales qu'on appelle maintenant les
divisions territoriales.
M. CLICHE: Est-ce qu'il y a plus d'unités
régionales qu'il y en avait auparavant ou si c'est le même
nombre?
M. GOSSELIN: C'est le même nombre. M. CLICHE: Des
districts, autrement dit.
M. COITEUX: Est-ce que le ministre prévoit en créer
de nouveaux d'ici peu?
M. GOSSELIN: Non, pas pour le moment.
M. MAILLOUX: Sommes-nous au poste 15 là?
M. LE PRESIDENT: Alors, poste 9.
M. MAILLOUX: Au poste budgétaire 15, est-ce qu'il y aurait
possibilité d'avoir la liste des subventions pour les chemins
d'accès en forêt? Plus précisément, est-ce
qu'à Baie-Sainte-Catherine, les problèmes de l'an passé,
les dégâts...
M. GOSSELIN: Oui. Je donnerai de grand coeur au
député ces détails, s'il le veut, mardi prochain.
M. MAILLOUX: Le ministre voudrait-il me donner en même
temps ce qui concerne les cinq syndicats de comté?
M. GOSSELIN: Certainement.
M. CLICHE: Il y a des demandes qui sont présentées
aussi... C'est-à-dire qu'au cours des années passées, le
comté d'Abitibi-Est, qui est un comté forestier par excellence, a
reçu des sommes assez importantes pour la construction de chemins par le
ministère des Terres et Forêts. Est-ce qu'au cours de la
présente année, le ministère des Terres et Forêts va
donner encore beaucoup d'importance à cette région au point de
vue du budget?
M. GOSSELIN: Oui. Il y a des effectifs, il y a en somme...
M. CLICHE: Le ministre voudrait-il m'informer par écrit,
m'écrire et me dire quelles sommes seront affectées à tout
le Nord-Ouest québécois au cours de la présente
année?
M. GOSSELIN: Certainement. Je ferai parvenir ces détails
à l'honorable député.
M. MAILLOUX: J'aurais une question supplémentaire à
poser et ça ne concerne pas le budget. C'est une information que je
voudrais avoir au sujet des dépotoirs. Je pense que c'est le
ministère, des Terres et Forêts, évidemment, qui donne les
permis.
M. GOSSELIN: Qu'est-ce que le député entend par des
dépotoirs?
M. MAILLOUX: Les dépotoirs municipaux et la
protection-incendie, évidemment. Je pense que c'est le ministère
des Terres et Forêts qui émet les permis.
M. GOSSELIN: Si ces dépotoirs-là sont sur les
terrains de la Couronne...
M. MAILLOUX: Quand ils sont aux abords de la forêt. Je sais
qu'il y a un permis émis par le ministère des Terres et
Forêts qui exige qu'ils soient à une certaine distance de la
forêt. La protection de la forêt.
M. GOSSELIN: Si ces dépotoirs sont sur des terrains de la
Couronne, c'est le ministère qui s'en occupe, et, par contre, s'ils sont
sur des terrains privés, cela relève du ministère de la
Santé.
M. MAILLOUX: Etes-vous catégorique? parce que, même
sur des terrains privés, si c'est voisin d'une forêt
privée, est-ce que ce n'est pas, même là, le
ministère des Terres et Forêts qui émet un permis.
UNE VOIX: C'est le ministère de la Santé.
M. MAILLOUX: C'est le ministère des Terres et
Forêts.
M. CLICHE: Avant de terminer l'étude, disons que je
voudrais dire que nous nous sommes réservés et nous nous
réservons encore de discuter, lors de l'adoption finale en Chambre, de
différentes questions qui sont des questions générales,
des questions d'ordre général. On ne voudrait pas se limiter
à aujourd'hui. M. le Président, c'est important. Si vous voulez
prendre note de ça, dans votre rapport, que nous nous réservons
le droit de discuter de questions d'ordre général, lors de la
présentation de votre rapport en Chambre et avant l'adoption.
Avant ça, une question à poser, est-ce que le ministre
aurait objection à produire prochainement le rapport dont il parlait,
dont nous avons parlé concernant Sacré-Coeur, le rapport du Dr
Schweitz, qui avait fait des études à la demande du
ministère et qui a été payé par le ministère
et dont le rapport a été déposé il y a plusieurs
mois.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Le ministre aurait-il objection à ce que ce
rapport qui concerne plusieurs régions, qui peut concerner plusieurs
régions de la province, soit déposé en Chambre dans un
avenir rapproché, demain ou après-demain?
M. GOSSELIN: Le rapport du Dr Schweitz?
M. CLICHE: Oui.
M. GOSSELIN: Je tiendrais, par exemple, à signaler ceci
à l'honorable député. C'est que nous n'avons au
ministère que deux de ces copies du rapport du Dr Schweitz. Alors, je
verrai à les faire polycopier et j'en remettrai une couple de copies au
député d'Abitibi-Est. J'en ferai faire des copies.
M. LE PRESIDENT: Alors, on ajourne la séance
là-dessus!
M. GOSSELIN: Maintenant avant que nous terminions, M. le
Président, très, très brièvement, j'aimerais
remercier tous ceux qui ont pris part à la discussion de ces
prévisions budgétaires. Je crois que nous avons fait avec le
meilleur esprit possible et je me dois aussi de remercier les officiers qui
m'accompagnent de leur collaboration et nul doute qu'ils conserveront des
discussions que nous avons eues un excellent souvenir et qu'ils seront encore
très
près lorsque nous aurons à affronter nos honorables
amis...
M. CLICHE: Ils seront encore là après le changement
de gouvernement...
M. GOSSELIN: Oui, dans vingt ans d'ici, M. le Président,
lorsque le député d'Abitibi-Est aura à ce moment-là
sa pension de vieillesse.
M. LE PRESIDENT: Alors, je vous remercie de votre collaboration
et soyez assuré que dans vingt ans je serai peut-être plus actif
comme président de votre comité des Terres et Forêts.
J'espère bien que j'occuperai encore ce poste.
M. COITEUX: Mais vous allez encore très bien.