Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Santé (Huit heures et quinze minutes du soir)
M. LUSSIER (président du comité des
crédits):
M. CLOUTIER: Avant que débute l'étude des
crédits du ministère de la Santé, il serait de bon usage,
je crois, que je fasse quelques brèves remarques sur les crédits
de ce ministère. D'abord, c'est un des ministères dont le budget
est parmi les plus importants. Je crois, en fait, que c'est le plus important
en chiffres absolus et cela depuis quelques années. Il y
aégalement l'importance par le contexte actuel que revêt toute la
santé, étant donné que ce secteur est soumis à une
vaste enquête en même temps que le secteur du Bien-être.
C'est la première fois, sauf erreur, que les crédits du
ministère de la Santé sont défendus par un
non-médecin, parce que mon prédécesseur, qui
n'était pas médecin non plus, n'a pas eu l'avantage de
défendre les crédits. Je ne pousserai pas l'indiscrétion
à lui demander, si c'était à refaire, s'il le
recommencerait. De toute façon, en plus de ceux qui ne sont pas des
médecins, autour de cette table, il y a des représentants des
divers secteurs de la Santé à quelques titres autres que celui de
médecin. Ils apporteront à l'étude de ces crédits
une contribution très positive et très constructive comme tous
les membres d'ailleurs, et je ne doute pas, M. le Président, que, sous
votre sage et habile direction, les débats se dérouleront dans le
calme et qu'ils garderont une sérénité qui est de bon aloi
dans le domaine de la santé et cette contribution, elle viendra
évidemment des deux côtés de la table, même s'il est
d'usage pour celui qui défend ses crédits, pour le ministre, de
faire appel plus particulièrement à la collaboration de ses amis
d'en face.
Avant de procéder, M. le Président, j'aimerais vous
présenter à vous, et aux membres du comité, ceux qui
m'accompagnent, les fonctionnaires du ministère de la Santé.
D'ailleurs, je crois que tout le monde les connaît. Il y a, à ma
droite, le docteur Gélinas, sous-ministre en titre au ministère
de la Santé; il y a, dans la deuxième rangée, M. Marcoux,
qui est directeur du service de l'assurance-hospitalisation, et il y a M.
Raymond Gendron, qui est directeur du personnel au ministère de la
Santé et il y a, à ma gauche M. Gérard Gagnon, qui est
comptable au ministère de la Santé. Sur ce, messieurs, nous
sommes prêts à répondre à vos questions.
M. LE PRESIDENT: Article 1, administration.
M. KIERANS: Est-ce qu'on peut discuter d'une façon
très générale la politique du ministère d'abord?
Ceci est une sorte d'anniversaire pour moi, parce que c'est le 30 mai, et je
vois dans le rapport du ministère de la Santé pour 1965, que
c'était déposé. Il y a un an le 30 mai exactement..
« M. le lieutenant-gouverneur, le soussigné a l'honneur de vous
présenter le rapport du ministère de la Santé pour
l'année 1965, respectueusement soumis, le ministre, M. Eric Kierans.
» Est-ce que vous pouvez nous dire quand nous allons avoir le rapport
1966?
M. CLOUTIER: Je pense, M. le Président, que ce serait de
l'audace et de la présomption de déposer en Chambre un rapport
pour l'année 1966 alors que tous les ministères n'ont pas
déposé leur rapport de l'année précédente, A
tout événement...
M. KIERANS: Oui, mais c'était le fait l'année
passée.
M. CLOUTIER: ... je pense que cette excellente initiative qui
avait été prise au ministère de la Santé sera
continuée et nos officiers, actuellement, s'affairent à
préparer, font diligence dans la préparation du rapport de
l'exercice 1966.
M. KIERANS: Oui, mais vous n'avez pas répondu à
maquestion. Est-ce que vous pouvez nous donner une date? C'est en retard
maintenant.
M. CLOUTIER: Mes officiers me disent que tous les services du
ministère ont produit jusqu'à présent des textes qui vont
servir à la préparation du rapport final et ces textes sont
actuellement sous revision. Alors, si la session se prolongeait durant
l'année 1967, il serait peut-être possible au ministère de
la Santé, si l'imprimeur pouvait faire diligence, que nous puissions
déposer le rapport.
M. KIERANS: Oui, nous avons eu les mêmes problèmes
l'année dernière et c'était apparemment
complété à temps le 30 mai et nous avons demandé
que le sous-ministre surveille toutes les études, tous les
mémoires, toutes les soumissions de chaque directeur de service. Vous
n'avez pas une date précise?
M. CLOUTIER: Non, il serait prématuré de...
M. KIERANS: Trois mois, quatre mois, peut-être vers la fin
de l'année, avant la fin de l'année?
M. CLOUTIER: Disons que si le rapport n'est pas terminé
avant la prolongation de la session, le ministère de la Santé
sera un des premiers à déposer son rapport à l'ouverture
de la session.
M. KIERANS: La prochaine année.
M. CLOUTIER: Il sera un des premiers comme il a été
le premier cette année et j'en rends hommage à mon
prédécesseur.
M. KIERANS: Oui, bien c'était prêt. Qui est le
directeur maintenant au service des unités sanitaires?
M. CLOUTIER: Le docteur Claveau.
M. KIERANS: Le service de nutrition d'hygiène
maternelle?
M. CLOUTIER: Mlle Koenig...
M. KIERANS: Elle a remplacé le docteur...
M. CLOUTIER: Mme Koenig Morrissette.
M. KIERANS: Mme Morrissette. C'est un médecin?
M. CLOUTIER: C'est un médecin.
M. KIERANS: Qui est le directeur à la division de
l'hygiène dentaire?
M. CLOUTIER: Le docteur Bonneau.
M. KIERANS: Au bureau de l'éducation sanitaire?
M. CLOUTIER: M. de Léan. Il n'y a pas de changement dans
les postes de direction au ministère de la Santé.
M. KIERANS: Tuberculose.
M. CLOUTIER: Là, il y a un changement, c'est le docteur
Cardinal.
M. KIERANS: Au lieu du docteur Desmeules?
M. CLOUTIER: Au lieu du docteur Desmeules.
M. KIERANS: Dans l'intérêt de mon collègue,
la division des maladies vénériennes?
M. CLOUTIER: Le docteur Desrochers.
M. KIERANS: Le service de laboratoire?
M. CLOUTIER: Il y avait M. Drapeau qui était directeur. M.
Drapeau a cessé d'occuper cet emploi. Il n'a pas été
remplacé.
M. KIERANS: Pas encore? Qui assure la direction
provisoirement?
M. CLOUTIER: Provisoirement, chacun des services a son chef qui
assume la direction du laboratoire.
M. KIERANS: Est-ce que c'est efficace, cet arrangement? Un
laboratoire de recherches appliquées, c'est bien différent de la
direction d'un service.
M. CLOUTIER: M. le Président, le député de
Notre-Dame-de-Grâce demande si c'est efficace. Je pense que, pour mesurer
l'efficacité, il faut voir les statistiques. Alors, quand nous serons
rendus à cet article, il me fera plaisir de donner des statistiques pour
démontrer qu'actuellement on peut parler en termes d'efficacité,
même s'il y a des problèmes.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre veut dire simplement la
production d'un certain nombre de rapports? Que ces chiffres sont comparables
aux années précédentes?
M. CLOUTIER: Il y a deux points de comparaison évidemment.
Il y a la quantité des rapports et il y a aussi la qualité des
analyses qui sont faites. Alors, je pense qu'en ce qui concerne la
qualité des analyses et du travail, il n'y a aucun doute sur
l'efficacité. Quant au nombre évidemment, il y a eu un certain
relentis-sement après l'incendie, mais depuis ce temps il y a eu un
rattrapage, et je pense qu'on peut dire maintenant que les analyses qui sont
faites sont même, dans certains cas, plus considérables que celles
qui étaient faites à ce jour l'an dernier. Alors, je pense qu'au
moment où on passera à cet article « laboratoire »,
nous pourrons donner quelques statistiques, quelques chiffres que nous avons
ici.
M. KIERANS: Mais, de toute façon, vous n'avez pas
remplacé M. Drapeau.
M. CLOUTIER: La démission de M. Drapeau est assez
récente. La démission de M. Drapeau est récente.
M. KIERANS: Quant a-t-il démissionné?
M. CLOUTIER: Mes officiers me disent que M. Drapeau est parti
depuis quinze jours.
M. KIERANS: Mais, effectivement, il est parti du ministère
depuis quelques mois?
M. CLOUTIER: Non.
M. KIERANS: Il est parti du ministère...
M. CLOUTIER: On me dit que M. Drapeau est parti depuis un mois et
demi et que le poste n'est libre que depuis quinze jours, étant
donné que M. Drapeau avait des congés de maladie
accumulés, il avait des... Alors, le poste n'est vacant que depuis
quinze jours.
M. BOURASSA: Mais son avis de départ?
M. CLOUTIER: Bien, il y a un mois et demi que son avis de
départ est arrivé.
M. GOLDBLOOM: C'est à ce moment-là qu'il a
posé le geste...
M. CLOUTIER: Qu'il a posé le geste...
M. GOLDBLOOM: ... de soumettre sa démission et qu'il est
parti.
M. CLOUTIER: Il est parti.
M. GOLDBLOOM: Est-ce qu'il a donné un avertissement
quelconque avant cela?
M. CLOUTIER: Effectivement, il l'a annoncé le jour
où il a quitté le ministère définitivement.
M. KIERANS: Au service de génie sanitaire, qui est-ce?
M. CLOUTIER: M. Jean Roy, ingénieur.
M. KIERANS: Au service de l'hygiène industrielle.
M. CLOUTIER: C'est le même. M. Roy.
M. KIERANS: Evidemment, service de l'assurance-hospitalisation,
on n'en a pas changé.
M. CLOUTIER: C'est M. Marcoux.
M. KIERANS: Les services psychiatriques?
M. CLOUTIER: Le docteur Bédard.
M. GOLDBLOOM: Il reste solidement ancré...
M. KIERANS: Il est solidaire de son chef?
M. CLOUTIER: Il est solidaire de ses employeurs et de ses
collaborateurs. Il continue d'accomplir une oeuvre nécessaire au
ministère de la Santé.
M. KIERANS: Est-ce qu'on peut prévoir, après les
résultats des élections d'hier, le réengagement du docteur
Lazure?
M. CLOUTIER: M. le Président, je pense que nous sommes
dans un domaine de compétence fédérale. Vous faites
allusion aux événements d'hier.
M. KIERANS: Evidemment, le docteur Lazure est libre
maintenant.
M. CLOUTIER: Je dis que nous empiétons dans le domaine de
la juridiction fédérale.
M. BOURASSA: Jusqu'à hier, c'était peut-être
vrai, mais aujourd'hui ça ne l'est pas.
M. KIERANS: Il cherche un emploi et le docteur Bédard
apparemment a besoin d'aide, d'appui, d'assistance.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce ne pense pas que le champ de la politique n'est pas
un champ d'observation magnifique pour un psychiatre?
M. KIERANS: C'est parce que...
M. BOURASSA: Depuis le 5 juin.
M. KIERANS: Service de la démographie?
M. CLOUTIER: Le docteur Parrot.
M. KIERANS: Le service de l'assistance publique aussi, qui
est-ce?
M. CLOUTIER: Le docteur Turgeon.
M. KIERANS: D'accord. Et le docteur Li-zotte est encore
sous-ministre adjoint?
M. CLOUTIER: Sous-ministre adjoint. M. KIERANS: Il n'est pas
ict.
M. CLOUTIER: Actuellement, il est président du
comité des négociations pour l'entente relative à
l'assistance médicale.
M. KIERANS: Quand j'étais ministre, j'ai commencé
une réunion chaque semaine, le vendredi, je pense, pour tous les chefs
de service que j'ai nommés, est-ce que vous avez continué cette
pratique?
M. CLOUTIER: Oui, il y a des réunions. Est-ce que
l'ex-ministre, le député de Notre-Dame-de-Grâce veut dire
qu'il assistait à ces réunions?
M. KIERANS: Oui, j'ai assisté à ces
réunions-là. Oh! j'ai commencé peut-être deux mois
avant l'élection. J'ai continué à assister à ces
réunions parce que c'était la seule façon de
connaître les gens, d'écouter les chefs de service et
d'écouter leurs suggestions, leurs recommandations, parce que c'est un
ministère assez vaste, vous savez. Je me demande si vous avez
continué une telle pratique.
M. CLOUTIER: Il y a des réunions, M. le Président,
qui se sont continuées au ministère de la Santé,
réunions qui groupent différents services. Je n'ai pas eu
l'occasion, comme mon précécesseur, d'assister à ces
réunions bien que j'aie participé à plusieurs discussions,
plusieurs séances d'information d'un caractère plutôt
privé avec les principaux officiers. C'est dans mon intention de
m'associer de très près à ce travail d'équipe au
ministère de la Santé. Non seulement au ministère de la
Santé mais à ces réunions que je voudrais voir conjointes
entre les deux ministères, le ministère de la Santé et le
ministère de la Famille, à différents niveaux, à
différents paliers et dans différents secteurs. Alors nous avons
l'intention, le ministre d'Etat et le ministre en titre, de donner dès
que ce sera possible beaucoup d'importance à ces réunions de
dialogue et d'étude des problèmes particuliers. Durant cette
année dès que les travaux de la session en cours ne requerront
pas une partie importante de notre temps, c'est notre intention de participer,
de nous associer de très près.
M. KIERANS: Oui mais, M. le ministre, est-ce que vous pouvez
vraiment le faire avec un double mandat? Parce qu'après tout, c'est un
ministère avec un budget de près de $600 millions. Les grandes
corporations, même les plus grandes corporations ont des
présidents, des vice-présidents, peut-être une vingtaine de
vice-présidents pour une opération qui est moins grande que la
vôtre, que le ministère de la Santé. Et je me demande si
vous pouvez réellement rencontrer les gens assez
régulièrement pour connaître leurs problèmes, pour
écouter leurs suggestions, leurs recommandations.
Directement, parce que c'est votre devoir, au lieu d'entendre seulement
un seul porte-parole, soit ce que dit peut-être le sous-ministre, parce
que même avec toute l'admiration et le respect que j'ai pour votre
sous-ministre, ça peut devenir une espèce de goulot
d'étranglement.
M. CLOUTIER: M. le Président, je ne nierai pas que les
charges qui sont celles du ministre de la Famille et de la Santé, avec
l'importance des budgets qui sont dévolus à ces deux
ministères, sont assez considérables. Mais je peux m'appuyer dans
ce travail sur la collaboration de deux ministres d'Etat, un à la
Santé et un à la Famille.
M. KIERANS: Mais c'est vous qui êtes le responsable. C'est
le ministre qui est responsable, pas le ministre d'Etat ni le
sous-ministre.
M. CLOUTIER: Je comprends, M. le Président, que la
première responsabilité, que la responsabilité finale
repose sur les épaules du ministre titulaire, mais je pense que, depuis
mon assermentation et le début de l'exercice de mes fonctions,
malgré la lourdeur de la charge, j'ai pu entretenir avec mes officiers
des contacts assez fréquents. Quelle que soit la forme que l'on
préfère pour ce dialogue, je pense que j'ai pu établir des
contacts assez fréquents et organiser le travail de telle façon
que nous ayons pu avoir les discussions que nous devions avoir. Je pense que
cette façon également sans vouloir m'étendre trop
longtemps sur cette façon de travailler ou cette façon
d'envisager ces responsabilités je pense que le jumelage des deux
ministères dans le contexte actuel d'évolution que nous
connaissons à la Santé et à la Famille est une heureuse
initiative, quel que soit le travail que ça impose à celui qui en
a la charge.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que c'est l'intention du ministre de
recommander la fusion des deux ministères?
M. CLOUTIER: M. le Président, pour l'instant non. Je
préfère la formule de coordination très étroite
entre ces deux ministères. Je pense qu'il y a pour l'instant à
établir entre le ministère de la Famille et le ministère
de la Santé des mécanismes de coordination et de collabora-
tion très étroites. Est-ce que ceci conduira un jour
à la fusion des deux ministères? Il est trop tôt pour le
dire. Mais si, après une période plus ou moins longue de
collaboration, il s'avère, à ce moment-là, qu'une fusion
serait préférable à cette coordination et à ce
travail de collaboration, je pense que cette mesure s'imposera
d'elle-même et elle sera évidente.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, serait-il trop indiscret de
demander au ministre de nous donner une idée du partage de son temps
entre les deux ministères? Est-ce que c'est à peu près 50%
dans chaque cas ou est-ce qu'il y a une prépondérance d'un
côté ou de l'autre?
M. CLOUTIER: M. le Président, il n'y a pas de
réponse mathématique même par un comptable à cette
question, parce que le temps consacré à chacun de ces
ministères dépend de l'importance des problèmes qui sont
soumis. Il y a certaines périodes où le ministère de la
Santé requerra du ministre davantage de temps, mais le contraire peut se
produire comme il s'est produit à différentes reprises depuis un
an. Et, dans l'ensemble, je pense que le temps est partagé à peu
près également.
M. KIERANS: Est-ce que vous pensez, M. le Ministre, que
réellement vous avez besoin des autres sous-ministres adjoints,
peut-être, par exemple, dans le domaine des maladies mentales ou dans
d'autres domaines, même d'un sous-ministre adjoint chargé de la
direction, comme M. Marcoux, de l'assurance-hospitalisation pour leur donner un
statut, unpres-tige et une autorité, une responsabilité?
M. CLOUTIER: Est-ce que le député veut dire que
certains chefs de service auraient plus d'autorité et plus de
facilité à travailler s'ils avaient un titre de sous-ministre
adjoint?
M. KIERANS: Je pense que oui. C'est bien...
M. CLOUTIER: C'est le sens de votre question?
M. KIERANS: Non. Ce n'est pas le seul sens de ma question. Ce qui
me frappe aussi c'est: si vous-même, vous avez besoin d'unplus grand
nombre d'officiers supérieurs?
M. CLOUTIER: M. le Président, tout dépend de
l'importance que l'on attache au titre. Il y a des ministères où
les postes, les plus hauts postes de responsabilité, sont confiés
à des officiers supérieurs que l'on appelle directeurs
généraux et qui ont, à toutes fins pratiques, les pouvoirs
de sous-ministres adjoints, les responsabilités de sous-ministres.
M. KIERANS: Est-ce que c'est vraiment le cas?
M. CLOUTIER: Bien...
M. KIERANS: De tous les autres que j'ai nommés, est-ce
qu'ils ont les pouvoirs d'un sous-ministre adjoint? Je ne pense pas.
M. CLOUTIER: Tout dépend de l'organisation interne du
ministère.
M. KIERANS: Le Dr Bonneau, le Dr Foley, et tous les autres; M.
Roy, même M. Marcoux, qui est directeur de l'assurance-hospitalisation,
il n'a ni le pouvoir ni l'autorité d'un sous-ministre.
M. CLOUTIER: Mais vous avez mentionné en particulier le
poste de directeur des services psychiatriques.
M. KIERANS: Oui, c'est un autre cas où...
M. CLOUTIER: Evidemment, il y a des sections, des services du
ministère de la Santé qui prennent une part plus
considérable dans le budget du ministère de la Santé.
M. KIERANS: Oui. C'est un budget de plus de $80 millions.
M. CLOUTIER: Le budget est de plus de $80 millions.
M. KIERANS: Et dans ce cas, un tel budget est plus
élevé que celui de la plupart de nos plus grandes compagnies ici
au Canada.
M. CLOUTIER: Je ne pense pas, M. le Président, qu'un poste
de sous-ministre, sous-ministre adjoint dans le cas...
M. KIERANS: Du Dr Bédard?
M. CLOUTIER: ... précisément du Dr Bédard
qui a la direction des services psychiatriques donnerait plus d'autorité
dans l'exercice ou l'accomplissement de son mandat, de ses
responsabilités.
M. KIERANS: Dans ce cas, quelles étaient
précisément ces plaintes contre... la direction de votre
ministère?
M. CLOUTER: Bien il s'agit... Le député de
Notre-Dame-de-Grâce est certainement au courant...
M. BOIVIN: Ce sont de vieilles plaintes connues depuis
longtemps.
M. CLOUTIER: ...des problèmes qui arrivent dans n'importe
quel ministère, en particulier au ministère de la Santé
entre différentes sections, différentes directions. La division
de la psychiatrie est une division qui a pris de l'importance, une importance
énorme. Elle est partie d'un budget de $18 millions, il y a quelques
années, pour atteindre cette année un budget de $80 millions.
L'expansion aussi rapide d'un service ne se fait pas sans qu'elle s'accompagne
de certains problèmes, problèmes de croissance. C'est normal. C
'est inévitable. Quand mon prédécesseur a dirigé le
ministère, il a été mis au courant, il a pris connaissance
des problèmes qui se posaient à l'intérieur de la division
psychiatrique et dans les relations de la division psychiatrique avec les
autres divisions du ministère.
Il y a là des problèmes d'administration qui appellent
différentes sections du ministère à dialoguer, à
travailler ensemble. Il y a d'autres aspects de l'hospitalisation qui sont
concernés. Ajoutez à ça les problèmes humains qui
sont inévitables, qui sont partout, qui sont intrinsèques
à la personne humaine...
M. KIERANS: Cela ne m'intéresse pas du tout.
M. BOIVIN: Il se plaint qu'on ne l'a pas compris, il se plaint
qu'on n'a pas construit, qu'il n'y a pas eu lieu d'ajouter à la
psychiatrie. Il y a de vieilles plaintes...
M. KIERANS: Il y a une chose qui me frappe dans ce domaine.
Voici, le docteur Bédard, un psychiatre bien connu, reconnu à
travers le monde, à travers le Canada, de toute façon, qui est
chargé de l'administration, des détails de l'administration, d'un
service, d'un budget de $80 millions. Qui aide le docteur Bédard
à l'heure actuelle? A-t-il des adjoints? Qui sont les cinq officiers
supérieurs dans ce service? Qui sont-ils? Est-ce que vous les
connaissez?
M. CLOUTIER: Son assistant, son premier assistant, M. Fournier,
qui est un comptable.
M. KIERANS: Un comptable? Lequel?
M. CLOUTIER: Un psychiatre. Actuellement, avec le docteur
Bédard, il n'y a aucun psychiatre.
M. KIERANS: Un psychologue, est-ce qu'il y a un psychologue dans
ce...
M. CLOUTIER: Il n'y en a pas.
M. KIERANS: Qu'est-ce qu'il y a là-dedans?
M. CLOUTIER: Il y a des postes prévus... M. KIERANS:
Prévus?
M. CLOUTIER: ... au budget, dans ces cadres.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que ces postes n'existaient pas avant?
M. CLOUTIER: Ces postes existaient, oui.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que ces postes étaient occupés
par...
M. CLOUTIER: Le docteur Bédard a toute la latitude de
recruter des collaborateurs...
M. KIERANS: Voici, il est le psychiatre en chef, il est
l'administrateur, le contrôleur, il est presque le comptable, il est
chargé de toute l'administration. Qui est le contrôleur?
M. CLOUTIER: Le contrôleur est M. Fournier qui est un
comptable, qui est son assistant. C'est lui qui est le contrôleur de la
division, c'est lui qui s'occupe des chiffres. Question de budget, question
financière, c'est M. Fournier qui, autrefois, était à
l'assurance-hospitalisation.
M. KIERANS: Il est dans ce domaine depuis quand?
M. CLOUTIER: M. Fournier est avec le docteur Bédard depuis
1963.
M. KIERANS: Est-ce qu'il y a d'autres officiers supérieurs
dans ce domaine?
M. CLOUTIER: Sauf les comptables, il n'y en a pas.
M. KIERANS: Le docteur Bédard et un comptable, c'est tout?
Pour administrer un budget de $80 millions.
M. CLOUTIER: Une équipe de comptables.
M. GOLDBLOOM: Mais une équipe d'hommes de science, il n'y
en a pas.
M. BOIVIN: C'est comme ça qu'on a pris ça.
M. KIERANS: C'est un homme un peu surchargé, n'est-ce
pas?
M. CLOUTIER: C'est exact.
M. GOLDBLOOM: Il y avait une période où le docteur
Bédard n'était pas seul, si ma mémoire est
fidèle?
M. CLOUTIER: Il y avait le docteur Lazure, il y avait le docteur
Roberts.
M. KIERANS: Le docteur Roberts il y a trois ans...
M. CLOUTIER: M. Roberts est parti du ministère en 1963 ou
1964. Le docteur Lazure est parti en 1966 avant mon arrivée au
ministère, du temps de mon prédécesseur.
M. KIERANS: C'est ça. Il a travaillé au
ministère à temps partiel.
M. CLOUTIER: Quand je suis arrivé au ministère de
la Santé, le 16 juin, j'ai pris connaissance que le docteur
Bédard avait remis sa démission à mon
prédécesseur. J'ai demandé à ce moment-là
à M. Bédard de suspendre sa décision...
M. KIERANS: Il l'a suspendue. M. CLOUTIER: Il l'a suspendue.
M. KIERANS: Il l'a retirée avant les élections.
M. CLOUTIER: A différentes reprises, j'ai pu causer avec
le docteur Bédard du problème de la psychiatrie. M. le
Président, il faut bien se rendre compte que les problèmes dans
le domaine psychiatrique, je parle des problèmes administratifs, ont
été causés en partie par l'exclusion de la psychiatrie de
la Loi de l'assurance-hospitalisation.
Nous en avons fait une section isolée à tous les points de
vue, et, évidemment, comme conséquences, les services
psychiatriques ont dû travailler isolément, parce que nous les
avions isolés par la législation. Aujourd'hui, il serait
préférable, pour plusieurs raisons, que les services
psychiatriques travaillent en étroite collaboration...
M. KIERANS: Qu'ils soient intégrés.
M. CLOUTIER: ... avec les autres services du ministère de
la Santé, entre autres, l'assurance-hospitalisation...
M. KIERANS: ... qui ne sera peut-être pas...
M. CLOUTIER: Quelle que soit la forme de cette collaboration,
nous sommes convaincus qu'elle est nécessaire. Prendra-t-elle la forme
d'une intégration...
M. KIERANS: Sous l'assurance-hospitalisation?
M. CLOUTIER: Sous l'assurance-hospitalisation ou sous les
nouveaux services comptables qui, également, desserviront à la
fois et la section de l'assurance-hospitalisation et la section de la
psychiatrie et de la tuberculose. Nous sommes actuellement à
étudier au ministère quelle forme prendra cette collaboration.
Est-ce qu'elle sera parallèle, horizontale, ou sous forme
d'intégration?
M. GOLDBLOOM: Maintenant, M. le Président, quant à
l'exclusion des maladies mentales du tableau de l'assurance-hospitalisation,
qui découlait et découle encore de son exclusion de la loi
fédérale qui établissait la contribution
fédérale dans ce domaine, le prédécesseur du
prédécesseur du ministre actuel a fait des revendications assez
importantes auprès du gouvernement fédéral lors d'une
conférence fédérale-provinciale des ministres de la
Santé, pour que la loi fédérale soit amendée.
Est-ce que le ministre actuel fait de telles démarches, exerce de telles
pressions?
M. CLOUTIER: A la dernière conférence
fédérale-provinciale, cet article-là était encore
à l'ordre du jour, et nous avons répété des
demandes qui avaient été faites antérieurement
comme le député vient de le mentionner nous les avons
réitérées au fédéral, sans plus de
succès.
M. GOLDBLOOM: Cela ne progresse pas? M. CLOUTIER: Actuellement,
non.
M. BOURASSA: M. le Président, je voudrais poser une
question au ministre. Je ne suis pas complètement sûr que cela
relève du ministère de la Santé, mais peut-être du
Bien-être social. Cela concerne l'assistance-médicaments. Je
comprends que la province a refusé de signer des programmes conjoints en
question; je suis au courant que dans toutes les autres provinces, les
assistés sociaux, ou ceux qui en ont besoin, peuvent
bénéficier de médicaments gratuits.
Peut-être qu'une ou deux n'ont pas encore signé, mais
à ma connaissance, d'après les informations que j'ai obtenues, je
pense que dans toutes les autres provinces les assistés sociaux peuvent
bénéficier de médicaments gratuits.
Alors, je me demande, dans la province de Québec, où il y
a une proportion d'assistés sociaux je pense, d'après le
rapport Boucher plus élevée que dans les autres provinces,
quand ces assistés sociaux pourront bénéficier de
médicaments gratuits? Parce qu'actuellement, ils consacrent une bonne
partie de leurs allocations sociales à ces fins-là au
détriment de besoins qui sont aussi essentiels.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, j'ai l'impression que nous pourrions
peut-étre attendre pour discuter de ces particularités qui
entrent dans des chapitres particuliers ici dans le budget.
M. BOURASSA: Bien, je pense que puisqu'il s'agit d'une question
fondamentale, le ministre...
M. CLOUTIER: Enfin, très brièvement. M. BOURASSA:
Oui?
M. CLOUTIER: Peut-être que nous aurons l'occasion d'y
revenir, mais disons qu'en ce qui concerne les médicaments pour les
assistés sociaux, en vertu du régime canadien d'assistance
publique auquel nous adhérons, nous pouvons participer au paiement des
médicaments aux assistés sociaux, qui incluent les
médicaments dans la preuve de leurs besoins. En ce qui concerne le
secteur de la santé, ce que je viens de dire, c'est pour le secteur
bien-être...
M. BOURASSA: D'accord.
M. CLOUTIER: Mais en ce qui concerne le secteur de la
santé, nous avons créé une commission d'enquête
qu'on a appelée commission d'enquête sur
l'assistance-médicaments...
M. BOURASSA: Une autre!
M. CLOUTIER: ... et qui, actuellement, poursuit ses travaux
à une assez vive allure.
M. BOURASSA: Et quels sont les objectifs? Il me semble que cela
paraît assez évident qu'il faut accorder les médicaments
gratuits à ceux qui en ont absolument besoin! Quels sont les objectifs
de cette commission?
M. CLOUTIER: Disons que nous sommes d'accord sur le principe,
mais en ce qui concerne les formalités, c'est un problème
extrêmement complexe, et je ne crois pas que l'on puisse s'aventurer dans
un système d'assurance-médicaments partiel, qu'on appelle
assistance-médicaments aux assistés sociaux. On ne peut pas
entrer dans un régime même s'il est partiel, sans faire une
étude complète et exhaustive de ce qui peut convenir chez
nous.
M. BOURASSA: Vous voulez dire un formulaire?
M. CLOUTIER: Le formulaire est une des parties de l'étude
des modalités.
M. BOURASSA: Est-ce qu'on...
M. BOIVIN: C'est à craindre d'ailleurs de toutes les
provinces.
M. BOURASSA: Mais, dans d'autres provinces, cela existe. Ceux qui
en ont besoin actuellement ou ce qu'on peut appeler...
M. CLOUTIER: En vertu du régime canadien d'assistance
publique?
M. BOURASSA: Mais, au Québec, les gens, les
économiquement faibles attendent encore, à cause d'un
comité d'étude ou d'autres raisons, pour avoir leurs
médicaments gratuits.
M. CLOUTIER: Il y a les provinces qui ont un système
d'assurance-médicaments mais, les autres je n'ai pas
exploré le système des autres provinces - mais il me surprendrait
beaucoup que les autres provinces fournissent les médicaments aux
économiquement faibles. Elles les fournissent aux assistés
sociaux en vertu du régime d'assistance publique mais non pas aux
économiquement faibles.
M. BOURASSA: Oui, mais je veux dire qu'il y a pas mal de
coïncidence entre les économiquement faibles et les assistés
sociaux.
M. CLOUTIER: Bien non, on ne peut pas dire qu'il y a
coïncidence. Actuellement, notre loi d'assistance médicale ne
couvre que les assistés.
M. BOURASSA: En réalité, un économiquement
faible peut devenir un assisté social. Je pense que, là-dessus,
on joue sur les mots.
M. CLOUTIER: Bien, s'il franchit la marge qui le sépare,
il devient un assisté social.
M. BOURASSA: Mais, est-ce que le ministre peut être
précis? Je pense que je me fais l'interprète de milliers,
même de centaines de milliers d'individus. Personnellement comme
député, j'ai l'occasion, toutes les semaines de connaître
ces problèmes particuliers. Est-ce que le ministre peut nous donner une
date précise à laquelle on pourrait s'attendre que les
assistés sociaux bénéficient de médicaments
gratuits?
M. CLOUTIER: Non, je ne peux pas donner de date précise
pour l'excellente raison que le comité vient d'effectuer une
étude un voyage d'étude plus précisément
des systèmes qui existent ailleurs et on nous fera incessamment
un rapport. A la lumière de ce rapport, nous serons plus en mesure de
dire à quelle époque ce nous sera possible. Mais en
définitive, M. le Président ce sera le plus tôt
possible.
M. BOURASSA: C'est une réponse à laquelle je
pouvais m'attendre: Le plus tôt possible. Je pense qu'il n'y a pas un
député qui ne peut pas souhaiter que cette
échéance-là soit la plus rapide possible. Mais le fait
demeure que nous sommes actuellement au Québec dans une position
d'infériorité par rapport à plusieurs autres provinces et
je me demande si ce n'est pas un rapport à toutes les provinces. Je
pense qu'il devrait y avoir diligence exceptionnelle pour que nous puissions
appliquer cela le plus tôt possible.
M. CLOUTIER: Disons, M. le Président, que..
M. BOIVIN: A la suite de la dernière conférence des
provinces, je pense bien que nous ne sommes pas en arrière des autres
provinces et c'est la crainte de toutes les provinces de ce temps-ci au point
de vue économique.
M. BOURASSA: Oui, mais celles qui ont signé l'entente, si
mes informations sont bonnes, avec le gouvernement fédéral
bénéficient des médicaments...
M. CLOUTIER: ... en vertu du régime canadien d'assistance
publique, nous, de la province de Québec, nous en
bénéficions au ministère de la Famille...
M. BOURASSA: D'accord.
M. CLOUTIER: ...pour nos assistés sociaux. Mais au
ministère de la Santé, pour compléter le régime
d'assistance médicale, nous avons actuellement, et pour venir en aide
aux assistés sociaux, et tenter de régler définitivement
le problème de la santé pour eux, nous avons, dis-je,
institué ce comité auquel nous avons donné mandat de faire
rapport sur tout le problème de l'assistance-médicaments. Mais,
c'est un domaine qui est complexe, nous avons eu l'avantage d'en causer lors
d'une conférence fédérale-provinciale avec d'autres
provinces qui, elles aussi, s'étaient enquises de certaines
modalités du programme et elles nous ont fait des avertissements, elles
nous ont mis en garde contre l'instauration trop rapide d'un tel
régime,l'instauration sans l'avoir mûrement approfondi. Alors, je
pense que c'est une étape normale que nous devrions franchir,
l'assistance-médicaments, avant l'instauration d'un régime
d'assurance-maladie.
M. BOURASSA: Mais est-ce qu'il y a quelque chose de prévu
pour 67/68 dans le budget pour cette assistance-médicaments?
M. CLOUTIER: Il n'y a rien de prévu en ce qui concerne le
coût lui-même du régime. Mais le député sait
parfaitement que, dans le cours d'un exercice financier, même s'il n'y a
rien de prévu au budget, si le gouvernement décide d'y aller avec
une mesure gouvernementale, il y a à ce moment-là des moyens, des
mécanismes, comme des budgets supplémentaires ou le fonds
consolidé qui prévoit...
M. BOURASSA: Mais, dans le moment, il n'y a rien de
prévu?
M. CLOUTIER: Il n'y a rien de prévu au budget
actuellement.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, est-ce que je pourrais
poser une question au ministre? Par exemple, si on prend un cas particulier. Je
pense surtout a ces citoyens qui sont malades d'une façon incurable,
dont le service médical en soi est plus dispendieux, d'autant plus que
ces gens ont des cartes d'assistés sociaux. Dans ces cas-là, en
particulier, ce sont les médicaments qui sont à un coût
tout à fait exorbitant pour ces gens-là. Alors, on peut aller
voir un médecin, mais lorsque vient le temps de se procurer les
médicaments pour faire suite à la visite médicale, on est
dans des conditions absolument intenables parce qu'on ne peut absolument pas se
procurer ces médicaments-là. Alors, actuellement, dans la
province de Québec, où des cas semblables sont très
nombreux, de quelle façon votre ministère peut-il aider ces
gens-là, actuellement?
M. BOIVIN: Quand ils sont hospitalisés, ça ne
coûte rien.
M. SAINT-GERMAIN: En dehors de l'hospitalisation. C'est entendu,
avec l'hospitalisation. Mais vous avez des gens qui sont malades. Dans mon
comté, j'ai eu des appels tout à fait pénibles de gens qui
font de la sclérose en plaques, par exemple. Ces gens-là ne sont
même pas en mesure d'acheter les médicaments.
M. BOIVIN: Avez-vous des médicaments qui sont
efficaces?
M. SAINT-GERMAIN: Bien, là, je ne suis pas médecin.
De toute façon, maintenant si on fait de la sclérose en plaques,
est-ce que ce ne sont pas les réactions secondaires...
M. BOIVIN: Je ne connais pas.
M. KIERANS: Ce n'est qu'un exemple.
M. BOIVIN: Je ne connais pas, pour la sclérose en plaques,
de médicaments spécifiques.
M. BOURASSA: Qu'est-ce que ces gens-là peuvent faire
actuellement?
M. SAINT-GERMAIN: Qu'est-ce que votre ministère peut faire
actuellement?
M. MARTEL: Des services diocésains de bien-être
fonctionnent, subventionnés, je pense, par le ministère de la
Santé, dans chaque comté et qui paient de nombreux
médicaments.
M. BOIVIN: D'accord.
M. MARTEL : Des formules, il doit y en avoir un paguet avec
l'assurance-santé. D'accord, le système n'est pas parfait, c'est
évident. Les médicaments doivent être les premières
choses concernées dans un plan d'assurance-santé parce que le
diagnostic et la thérapeutique, ça va ensemble. Cela, il n'y a
aucun doute. Mais, est-ce que le gouvernement entend prendre ses
responsabilités dans le domaine des médicaments en particulier.
On sait que la santé est de juridiction provinciale. Est-ce que,
à la demande du rapport Taylor et aussi de l'enquête Hall, le
gouvernement a l'intention de prendre sous sa responsabilité le
contrôle de la qualité des médicaments par
l'établissement d'un formulaire et aussi du coût des
médicaments, afin, par exemple, comme cela se pratique actuellement en
Europe, de voir les bilans des compagnies pharmaceutiques pour contrôler
le prix. Il y a un formulaire pour contrôler la qualité des
médicaments. On sait que la santé, c'est un domaine provincial,
je pense que pour les médicaments, le gouvernement devrait intervenir
d'autant plus qu'on parle très sérieusement
d'assurance-santé pour bientôt. Et aussi, le comité dont
vous avez parlé tout à l'heure doit faire rapport très
bientôt. Est-ce que ce rapport va comprendre des résolutions
concernant le formulaire pharmaceutique et aussi pour prendre ces
responsabilités provinciales dans ce domaine-là?
M. CLOUTIER: M. le Président, je remercie le
député de Richelieu, qui est un pharmacien lui-même et qui
s'intéresse de très près à ce problème des
médicaments. Il est au courant que ce comité que nous avons
formé, ce comité d'enquête a pour mandat précis
d'étudier et de recommander au gouvernement de quelle façon le
gouvernement pourrait procéder pour l'instauration d'un régime
d'assistance-médicaments pour les assistés sociaux. Je pense que
ce comité ne peut pas conduire ces travaux sans déborder le cadre
des assistés sociaux. Est-ce que ce rapport traitera du formulaire? J'en
suis persuadé. Est-ce qu'il traitera du problème de la
distribution des médicaments à d'autres secteurs de la population
que les assistés sociaux? C'est possible. De toute façon,
dès la réception de ce rapport et avec les études qui sont
poursuivies actuellement par la commission Castonguay et qui englobe tout le
secteur de la santé, donc, dans le rapport préliminaire de la
commission Castonguay qui nous parviendra en juillet et qui traitera dans ce
rapport préliminaire de deux questions sur lesquelles nous avons
demandé priorité, nous avons fixé comme priorités
l'assurance-maladie et les internes et les résidents.
La commission Castonguay, dans son rapport, traitera certainement de
tout le problème des médicaments en fonction d'un régime
d'assurance-maladie.
M. KIERANS: Pour le moment il n'y a aucun projet
précis.
M. CLOUTIER: Aucun projet précis sauf le mandat qui a
été donné à la commission d'enquête
d'assistance médicale.
M. KIERANS: C'est un mandat assez étendu. M. CLOUTIER: Un
mandat...
M. KIERANS: Vaste, vaste. Mais pour revenir à
l'administration...
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, excusez-moi...
M. KIERANS: Oui.
M. SAINT-GERMAIN: Si le ministre le permet, je n'ai pas eu de
réponse directe.
M. CLOUTIER: Ah! vous aviez posé une question...
M. SAINT-GERMAIN: J'avais posé une question pour ceux, des
assistés sociaux, qui ont le service médical gratuit mais qui ne
peuvent absolument pas se procurer les médicaments qui sont quelquefois
très dispendieux et absolument nécessaires. Est-ce qu'il y a au
niveau de votre ministère, une façon...?
M. CLOUTIER: S'ils ont le service médical gratuit, je
comprends par la question du député qu'ils ont à ce
moment-là la carte d'assistance médicale.
M. SAINT-GERMAIN: Juste.
M. CLOUTIER: S'ils ont la carte d'assistance médicale,
cela suppose qu'ils ont une allocation, une prestation...
M. SAINT-GERMAIN: C'est ça.
M. CLOUTIER: ... qui leur vient du ministère de la
Famille. A ce moment-là...
M. BOURASSA: Ce peut être une somme très minime.
M. CLOUTIER: Oui. A ce moment-là, ils peuvent faire la
preuve...
M. BOURASSA: Ce n'est pas avec ça qu'ils peuvent se
payer...
M. CLOUTIER: ... de leurs besoins en médicaments.
M. SAINT-GERMAIN: Oui.
M. CLOUTIER: ... mais leur allocation sera
réajustée en conséquence.
M. SAINT-GERMAIN: Je suis très heureux de l'entendre dire
parce que j'ai déjà essayé de voir à ce que ces
gens-là aient de l'aide et je n'ai pas pu.
M. CLOUTIER: Les médicaments vont être inclus dans
la liste des besoins essentiels sur la formule 13-15-G.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais... M. CLOUTIER: Et à ce
moment-là...
M. SAINT-GERMAIN: Ces allocations sont toujours d'une somme
limitée, il y a un maximum.
M. CLOUTIER: Bien, il y a des tables. M. SAINT-GERMAIN: Il y a
des tables. M. CLOUTIER: Ce que vous dites...
M. SAINT-GERMAIN: Le maximum d'allocation ne permet pas
nécessairement aux gens et de se nourrir et de se loger et de se
vêtir, et en plus d'acheter ces médicaments qui restent
très dispendieux.
M. CLOUTIER: Si, après avoir pourvu à ces besoins
essentiels, il y a encore des problèmes cruciaux causés par
l'achat des médicaments pour un malade chronique, il y a toujours
possibilité, en dehors des tables budgétaires qui sont la
conséquence de la réglementation, pour le lieutenant-gouverneur
en conseil de subvenir par une somme spéciale aux besoins de cette
personne.
M. SAINT-GERMAIN: Si monsieur le ministre le permet, je pourrai
lui référer directement ces cas-là.
M. CLOUTIER: Certainement.
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre semble en pleine
théorie, c'est évident que selon les normes, selon les
barèmes, les allocations qui sont accordées sont censées
tenir compte des besoins des médicaments et des autres besoins
essentiels, mais en pratique ce qui arrive c'est que les sommes sont modestes,
forcément à cause des limites budgétaires de tout
ministère. Et ces gens-là sont obligés de sacrifier,
à cause de toutes sortes de circonstances, des besoins
considérés comme essentiels, comme le vêtement,
l'ameublement, ou autres pour se payer des médicaments. C'est pour
ça que la vraie solution au problème, ce n'est pas ce que vous
venez de proposer mais c'est évidemment
l'assistance-médicaments.
M. CLOUTIER: On a une autre solution, M. le Président,
qu'il sera hors d'ordre de discuter ici
ce soir. Je pense que nous sommes dans une discussion qui relève
du ministère de la Famille. Je suis heureux d'y participer même
par anticipation. Disons qu'il y a, tout le monde le sait, une nouvelle loi
d'aide sociale qui a été annoncée dans le discours du
Trône et qui va répondre plus adéquatement aux
problèmes...
M. BOURASSA: Qui va être déposée d'ici
l'ajournement?
M. CLOUTIER: ... déposée incessamment... M.
BOURASSA: Incessamment.
M. CLOUTIER: ... qui va répondre aux besoins, aux demandes
formulées par les députés des deux côtés de
la Chambre.
M. BOURASSA: Mais je pourrais peut-être poser une question
avant de retourner à l'administration. J'avais signalé en Chambre
qu'il y avait peut-être une façon de réduire le coût
des médicaments. Le gouvernement négocie lui-même avec les
fabricants afin que le prix payé par les hôpitaux soit celui
négocié entre le gouvernement et les fabricants, et le ministre,
quelques jours après, avait dit qu'il prévoyait l'application de
cette formule sur une base régionale. Est-ce qu'il y a des mesures
concrètes qui sont faites, ou qui doivent être faites incessamment
pour arriver à cette fin-là? C'est-à-dire réduire
le coût des médicaments, permettre au gouvernement à
travers l'assurance-hospitalisation de sauver des sommes considérables
en ayant un prix uniforme dans tous les hôpitaux alors qu'actuellement
chaque hôpital doit négocier séparément avec les
fabricants et dans certains cas payer des prix beaucoup plus
élevés?
M. BorviN: Il y a toujours un service qui s'impose: la
distribution du médicament. Le profit qu'on paie au détaillant,
c'est pour un certain service qu'il donne au malade. Même si vous
négociez avec les marchands de gros, si le marchand de gros est à
un bout de la ville et qu'il faut qu'il fasse 30 milles pour aller chercher ce
médicament...
M. BOURASSA: Non, non, d'abord ça se fait...
M. BOIVIN: Mais le détail, c'est ça le
détail. Le profit que l'on pale au détaillant c'est pour un
service qu'il donne actuellement.
M. BOURASSA: Ce n'est pas un obstacle à la solution.
M. CLOUTIER: M. le Président, il est exact que j'ai
déclaré à plusieurs reprises que nous souhaitions que les
hôpitaux dans ce domaine de l'achat et en particulier des
médicaments, se groupent pour obtenir les meilleurs prix, et
actuellement après que ces suggestions aient été
faites par celui qui vous parle et par d'autres il y a deux
hôpitaux de Montréal qui actuellement ont entrepris des
pourparlers pour acheter en commun des médicaments. Ce sont deux
hôpitaux.
M. BOURASSA: Deux sur 186.
M. CLOUTIER: Ce sont tout de même deux hôpitaux
importants. C'est un début.
M. BOURASSA; Un modeste début.
M. CLOUTIER: Je pense que cette initiative sera suivie par
d'autres.
M. KIERANS: Quels sont ces deux hôpitaux?
M. CLOUTIER: C'est l'hôpital Sainte-Justine et
l'hôpital Fleury.
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre a des mesures
concrètes pour favoriser... Là vous nommez deux hôpitaux,
comme je disais tantôt il y en a 186 ou 215, je ne sais pas. Est-ce que
le ministre a des mesures concrètes pourfavo-riser la fusion dans
l'achat des médicaments, par exemple, dans la région ouest de
Montréal?
M. GOLDBLOOM: Ou est-ce que le ministre attend le rapport de son
fameux comité d'enquête?
M. CLOUTIER: Non, pas nécessairement. Nous sommes
convaincus à ce moment-ci que la commission d'enquête va
corroborer notre pensée.
M. KIERANS: Quelle est votre pensée?
M. CLOUTIER: Nous sommes convaincus qu'une politique d'achats
groupés dans le domaine des médicaments réduirait le
coût des médicaments.
M. BOURASSA: Que faites-vous concrètement?
M. CLOUTIER: Concrètement nous avons déjà
fait des suggestions et je pense que c'est la première étape dans
le régime, dans le contexte dans lequel nous vivons.
M. BOURASSA; Deux hôpitaux, c'est la première
étape.
M. CLOUTIER: Dans le contexte des relations et du système
d'institutions hospitalières avec le ministère de la
Santé. Je pense que c'était le premier geste à poser. Nous
l'avons posé, et nous espérons que cette initiative qui est prise
par deux hôpitaux actuellement sera suivie à très
brève échéance par d'autres hôpitaux.
M. BOURASSA: Qu'est-ce que vous faites? Vous me dites deux
hôpitaux, quand même c'est un plus deux.
M. CLOUTIER: M. le Président, nous venons de
commencer.
M. BOIVIN: J'insiste encore sur le service qu'il faut donner aux
malades aussi. Ensuite le détaillant, il faut penser que le profit est
nécessaire au détaillant pour donner le service nécessaire
aux malades, cela s'impose aussi. Il ne faut pas déduire que tous les
hôpitaux ont achetés dans le gros et qu'il n'y aura plus de
service qui va se donner aux malades.
M. KIERANS: Le ministre a admis qu'il y a une pénurie de
personnel dans le domaine de la psychiatrie et je veux demander au ministre
quelles sont précisément les responsabilités de votre
sous-ministre adjoint, le Dr. Lizotte. A-t-il des responsabilités
précises bien définies?
M. CLOUTIER: M. le Président, il a les
responsabilités du sous-ministre adjoint qui sont...
M. KIERANS: Qui sont quoi?
M. CLOUTIER: Qui sont d'assister le sous-ministre dans ses
fonctions.
M. KIERANS: Le sous-ministre est-t-il un secrétaire?
M. CLOUTIER: Non, je ne pense pas que le rôle du
sous-ministre adjoint soit de servir...
M. KIERANS: Pour assister...
M. CLOUTIER: Mais nous lui avons confié des travaux bien
spécifiques.
M. KIERANS: Lesquels?
M. CLOUTIER: La présidence de la commission
d'enquête sur l'assistance-médicaments.
M. KIERANS: Oui, mais c'est un comité à temps
partiel. On emploie les conseillers comme le Dr Goldenberg et les autres.
M. CLOUTIER: C'est un travail qui lui a occasionné
récemment un voyage de dix-huit jours pour aller se renseigner dans
différents pays.
M. KIERANS: Oui, peut-être. Mais dans l'administration
de...
M. CLOUTIER: Il a la responsabilité actuellement du
renouvellement de l'entente pour l'assistance médicale, des
négociations, et des présidents du comité de
négociation.
M. KIERANS: Oui, c'est la même chose.
M. CLOUTIER: Qui négocie une entente avec la
fédération des spécialistes et la fédération
des omnipraticiens.
M. GOLDBLOOM: Ces deux fonctions existent depuis combien de temps
dans chaque cas?
M. KIERANS: Un an.
M. CLOUTIER: Disons que la date de l'arrêté en
conseil pour l'assistance-médicaments remonte à environ deux
mois, deux mois et demi ou trois mois environ et le mandat de
négociation pour l'assistance médicale remonte également
à quelques semaines, disons un mois et demi à deux mois.
M. KIERANS: Oui, mais entre-temps quel travail fait-il? Est-il
chargé, par exemple, de la responsabilité de la direction des
unités sanitaires ou d'autres de vos grands secteurs? A-t-il les
responsabilités dans certains domaines précis?
M. CLOUTIER: Il y a certains domaines au ministère de la
Santé qui relevaient plus particulièrement de lui, il y avait la
psychiatrie, la tuberculose, et il est également, M. le
Président, président de la commission de l'assistance
médicale.
M. KIERANS: Oui je sais. C'est une commission qui n'occupe pas
une personne à plein temps. Vous avez dit qu'il est chargé de la
responsabilité dans le domaine de la tuberculose et aus-
si des traitements de maladies mentales et de la responsabilité
de surveillance dans ce domaine?
M. CLOUTIER: Je voudrais ajouter, M. le Président, qu'il a
aussi des responsabilités dans le domaine des ententes
fédérales-provinciales.
M. GLODBLOOM: Est-ce qu'il contribue à coordonner les
activités des laboratoires où il manque un directeur
général?
M. CLOUTIER: Non. Les laboratoires ne relèvent pas du
sous-ministre adjoint.
M. KIERANS: Est-ce que vous voyez la nécessité ou
le besoin d'un sous-ministre adjoint chargé particulièrement de
l'administration, par exemple, dans votre ministère? Parce qu'il est
bien évident que le sous-ministre doit s'occuper de tous les changements
dans le domaine de la recherche médicale, les changements, même
sociaux, parce que cela relève de votre responsabilité, les
demandes, les besoins réels pour l'assurance-santé, etc. Il faut
que le sous-ministre, parce que ni vous ni moi ne sommes des médecins,
tienne compte de tous les changements, de toutes les avances dans ce
domaine-là. Et s'il s'occupe de l'administration d'un ministère
avec un budget depresque$600 millions, il n'a pas le temps de se tenir au
courant des avances dans sa profession?
M. CLOUTIER: Le député de Notre-Dame-de-Grâce
n'aura pas à argumenter longtemps pour convaincre le ministre de
l'importance d'une section ou d'une division forte de l'administration. Comme
ministre, je pense que cette conviction est partagée par les
collaborateurs qu'il y a dans un ministère quiprend de l'expansion et,
avec la législation future, dans un avenir plus ou moins lointain, il y
aura de la place pour une section administrative forte. Il est de l'intention
de celui qui vous parle de faire en sorte que le ministère de la
Santé bénéficie de tous les officiers nécessaires
dans ce domaine de l'administration. Quelle forme prendra l'agencement? Est-ce
que ce sera sous la forme d'un directeur général de
l'administration? A ce moment-ci je ne suis pas en mesure de dire au
député quel sera le titre ou quelle sera la forme de ces
responsabilités qui seront confiées à un officier
spécial et à une direction de l'administration.
M. KIERANS: M. le Président, est-ce que le ministre admet
qu'il y a un manque d'officiers, de hauts fonctionnaires dans son
ministère et qu'il devrait aller chercher les hommes qualifiés
pour remplir certaines fonctions, comme dans le domaine de
l'administration?
M. CLOUTIER: M. le Président, dans le domaine de
l'administration, il y a toujours possibilité de renforcer une section
administrative. Et s'il y a dans un ministère une section qui doit
être bien structurée sur laquelle peuvent se reposer toutes les
autres directions d'un ministère, c'est bien la section administrative.
Et c'est dans l'intention du ministre de la Santé. Avec ses
collaborateurs la discussion est commencée. L'élaboration dans ce
domaine d'une solution, la mise en place d'un mécanisme est
amorcée et ça se fera en collaboration avec le ministère
de la famille et du Bien-Etre social.
Je pense que s'il y a un domaine, un palier où les deux
ministères doivent travailler en collaboration, c'est bien le domaine de
l'administration.
M. KIERANS: Vous allez nommer, d'ici quelque temps, d'ici peu, un
sous-ministre adjoint chargé de l'administration dans votre
ministère?
M. CLOUTIER: Je ne sais pas si ce sera la forme, c'est une autre
des possibilités que le ministre a à sa disposition...
M. KIERANS: Oui, mais est-ce qu'il y a tout de même des
possibilités?
M. CLOUTIER: Oui, oui.
M. GOLDBLOOM: On n'est pas plus loin que ça? M. le
Président, le ministre est en fonction depuis onze mois et demi.
M. CLOUTIER: Otez-en un mois pour la grève.
M. GOLDBLOOM: Mais, de toute façon, le ministre a eu le
temps nécessaire pour apprécier la qualité de la fonction
administrative de son ministère. A ce moment-ci, il devrait être
en mesure de nous dire s'il trouve qu'il y a un problème sérieux
qui devrait être réglé peut-être en demandant
à des conseils en administration de venir évaluer ce qui se fait
et ce qui ne se fait pas, ou bien il devrait pouvoir nous dire qu'il y a des
retouches nécessaires mais que ça va bien dans l'ensemble.
M. KIERANS: Est-ce qu'on peut revenir à ce fameux cas de
l'Institut de microbiologie et d'hygiène de l'université de
Montréal?
M. BOIVIN: On ne procède pas par...
M. KIERANS: Non, nous sommes dans le domaine
général... Je veux citer un exemple de mauvaise administration,
de manque de contrôle dans le ministère. A un certain moment, M.
le ministre, vous avez dit que l'institut a dépassé de $3
millions le montant de $5 millions. J'ai demandé a donné
l'autorisation de dépenser ce montant et qui a donné
l'autorisation de dépenser ce montant supplémentaire de $3
millions. Qui a donné à l'institut l'autorisation de
dépasser le montant de $5 millions? Vous avez répondu: J'imagine
que c'est le ministre qui m'a précédé, parce que, etc. Un
peu plus tard, M. Johnson a répondu dans le même sens: C'est une
des institutions dont le Québec est fier. Or, il y a deux ou trois ans,
cet institut a décidé de s'agrandir, on a construit. Est-ce qu'il
y a eu une autorisation à ce moment-là? C'est encore le
gouvernement antérieur qui pourrait nous le dire beaucoup mieux que
nous.
Je veux nier cette déclaration du premier ministre en citant un
arrêté en conseil, numéro 347, l'Institut de microbiologie
et d'hygiène de l'Université de Montréal. Le 11 mars 1935,
nous lui avons donné...
M. CLOUTIER: 1935?
M. KIERANS: 1965, excusez-moi. Nous lui avons donné une
subvention au montant de $4,165,000 et quelques cents. C'était une
subvention, en 1965, dans le mois de mars. Mais, maintenant, nous sommes
arrivés un peu plus tard, une année plus tard, et on trouve que
cet institut a dépensé $8 millions. C'est évidemment un
manque de contrôle et je me demande si c'est un exemple de manque de
personnel, une pénurie de personnel, d'officiers. Peut-être que le
sous-ministre est surchargé, mais qui est responsable?
M. CLOUTIER: Voici, M. le Président, le
député a choisi un cas bien précis.
M. KIERANS: Non, il y en a d'autres...
M. CLOUTIER: Je comprends, mais le député a pris le
cas de l'institut de microbiologie. Si le député me le permet,
nous en avons déjà discuté lors de la présentation
d'un projet de loi récent.
M. KIERANS: Non, ça a été refusé
à ce moment. C'était à la suite d'un arrangement avec le
premier ministre. Nous avons adopté cette loi le même jour en
troisième lecture.
M. CLOUTIER: Le député de Notre-Dame-de-Grâce
dit que s'il y avait eu une section administration mieux structurée et
plus forte, nous nous serions aperçus le député me
corrigera si ce n'est pas exact à ce moment-là que
l'institut de microbiologie dépassait les autorisations qui lui
étaient accordées par la législature.
M. KIERANS: Oui.
M. CLOUTIER: Si je me réfère au journal des
Débats de mai 1964,...
M. KIERANS: 1964?
M. CLOUTIER: 1964, j'avais dit lors des discussions sur le projet
de loi que c'était probablement le ministre qui m'avait
précédé, mais c'est le ministre qui a
précédé le ministre qui m'a
précédé.
M. KIERANS: Oui. Mais je ne suis pas intéressé aux
anciens ministres, je suis intéressé aux problèmes
d'aujourd'hui!
M. CLOUTIER: Je remonte jusque là parce qu'il s'agit de
l'institut de microbiologie, et c'est le prédécesseur du
député de Notre-Dame-de-Grâce, l'honorable Couturier,
ex-député de Rivière-du-Loup, qui avait dit à ce
moment-là en Chambre. Voici, à l'article 4, « subventions
spéciales », j'imagine qu'il s'agissait de l'étude des
prévisions budgétaires; « M. JOHNSON: Mais est-ce qu'on
faire un peu plus que... »
Et M. Courutier répond; « M. Couturier: J'ai dit - j'ai
fait un lapsus tout à l'heure j'ai dit $5 millions, à
l'institut de microbiologie, pas par année, c'est pour la construction
de l'institut de microbiologie. »
Alors, à ce moment-là, celui qui était l'honorable
ministre de la Santé, disait qu'il avait accordé à
l'institut de microbiologie une subvention de $5 millions. Je pense qu'on
aurait dû vérifier si cette subvention de construction qui
permettait à l'institut de microbiologie de prendre une expansion dont
nous sommes tous fiers, évidemment, et que personne, j'imagine, ne met
en doute,...
M. KIERANS: Non, ce n'est pas le problème...
M. CLOUTIER: Non, mais à ce moment-là...
M. KIERANS: Il y a bien d'autres agrandissements qu'on
entretient...
M. CLOUTIER: Mais, à ce moment-là, on acceptait le
principe d'une subvention de $5 millions à l'institut de microbiologie
pour son organisation...
M.KIERANS: Et par la suite,...
M. CLOUTIER: Et on aurait dû corriger la
législation, et permettre à l'institut de microbiologie que ses
actifs excèdent la somme de $5 millions.
M. KIERANS: Non, on leur a donné une subvention de $4
millions, ce n'est pas leur charte, ils avaient le droit de dépenser $5
millions. Mais on leur a donné une subvention de...
M. CLOUTIER: De $5 millions.
M. KIERANS: Non, de $4.165,000. C'était exact en 1965. Par
la suite, après la déclaration en Chambre...
M. CLOUTIER: Après la déclaration en Chambre. Et
à ce moment-là,...
M. KIERANS: C'était un engagement par le gouvernement, par
arrêté en conseil.
M. CLOUTIER: ... cette subvention à laquelle le
député fait allusion permettait à l'institut de
dépasser la somme de $5 millions qu'il avait le droit de
posséder.
M. KIERANS: Pas $4 millions?
M. CLOUTIER: Pas $4 millions, mais quel que soit le montant, cela
dépassait déjà les $5 millions autorisés par la
législation.
M. KIERANS: Non.
M. CLOUTIER: Parce que l'institut de microbiologie avait
certainement des actifs pour $3 millions à ce moment-là, au
moins, sauf erreur.
M. KIERANS: Oui.
M. CLOUTIER: Alors, $3 millions plus...
M. KIERANS: Et on leur a donné une subvention de
$4,165,000, c'est tout.
M. CLOUTIER: Quatre plus trois, cela fait sept!
M. KIERANS: Non, pas du tout! C'est com- pris, la subvention
était finale. C'est cela qui est déterminé par le conseil
exécutif.
M. CLOUTIER: Et cette subvention, c'était pour permettre
à l'institut de microbiologie de bâtir pour un montant
équivalant à $4 millions.
M. KIERANS: OÙ est l'autre arrêté en conseil?
C'est le seul que j'ai pu trouver. OÙ est l'autre?
M. CLOUTIER: M. le Président, les officiers sont d'opinion
qu'il n'y a pas besoin d'arrêté en conseil pour construire
l'institut de microbiologie parce qu'il ne relève pas de la loi des
hôpitaux.
M. KIERANS: Mais on parle de l'administion du ministère de
la Santé. Est-ce que l'insti- tut de microbiologie n'a pas besoin de
l'autorisa- tion de votre ministère pour dépasser ses
dépenses?
M. CLOUTIER: Ce n'est pas l'autorisation du ministère, M.
le Président, c'est la charte...
M. KIERANS: A qui...
M. CLOUTIER: ... la loi de l'institut de microbiologie,
incorporée en vertu de la troisième partie de la loi.
M. KIERANS: Oui.
M. CLOUTIER: C'est l'autorisation de procéder pour $5
millions d'actif.
M. KIERANS: Oui.
M. CLOUTIER: ... et en 1964, le ministre de la Santé du
temps autorisait une subvention de $5 millions à l'institut de
microbiologie...
M. KIERANS: Il n'a pas autorisé une subvention, il a
déclaré en Chambre...
M. CLOUTIER: J'ai le texte.
M. KIERANS: Oui, qu'est-ce qu'il a dit? Lisez clairement.
M. CLOUTIER: Il a dit: « M. Couturier: J'ai dit $5 millions
à l'institut de microbiologie, pas par année. C'est pour la
construction d'un institut...
M. KIERANS: C'est dans la charte, n'est-ce pas?
M. CLOUTIER: M. le Président, à ce
moment-là, je n'ai pas les chiffres mais je présume que
l'institut de microbiologie avait certainement dans ses actifs la somme d'au
moins $3 millions.
M. KIERANS: Non, ce n'est pas $4 millions, ce n'est pas $5
millions que l'institut a dépensés, c'est $8 millions entre le 4
et le 8 ou entre le 5 et le 8. Qui a donné l'autorisation pour ce $3
millions? Je ne pense pas que personne ait donné cette autorisation.
M. CLOUTIER: M. le Président, justement c'est
là...
M. KIERANS: A un certain moment, ils ont dépensé ce
montant, ils ont demandé que le gouvernement fasse un chèque pour
le montant mais qui leur a donné l'idée qu'ils pouvaient
dépenser un montant de $8 millions? Ce n'était certainement pas
l'ancien ministre de la Santé ni mon prédécesseur. Qui
leur a donné?
M. CLOUTIER: Comment le ministre peut-il expliquer que depuis que
je suis au ministère de la Santé, comme titulaire, l'institut de
microbiologie n'a pas bâti? Tout était bâti au moment
où je suis arrivé en fonction et l'institut de microbiologie a
des actifs pour $8 millions. Alors je demande au député de
Notre-Dame-de-Grâce qui a donné la permission...
M. KIERANS: Très bien, je demande encore au ministre qui a
donné l'autorisation parce que ce n'était pas le ministre. Est-ce
qu'il y a un autre ministre, peut-être un sous-ministre qui donne
l'autorisation sans l'approbation du ministre?
M. CLOUTIER: Bien vous avez entendu, M. le Président, la
déclaration...
M. KIERANS: C'est une déclaration qu'il
réfère à la charte de l'institut de microbiologie...
M. CLOUTIER: ... et qui donne droit à l'institut...
M. KIERANS: C'est une déclaration que vous avez faite et
le premier ministre d'aujourd'hui a fait les promesses. Même le ministre
de l'Education a promis, pendant la fin de semaine à ses
électeurs, à Missisquoi, un autre pont. Déjà, c'est
arrivé mais ce n'est pas un arrêté en conseil, ce n'est pas
un engagement formel, ce n'est pas un engagement devant les courtiers ou les
banques, pas du tout. Mais, si vous voulez dire que les $8 millions
étaient dépensés avant le 5 juin,...
M. CLOUTIER: Oui.
M. KIERANS: ... je demande que vous en fassiez les preuves. A ce
moment, nous questionnerons le sous-ministre ou d'autres personnes dans le
ministère pour trouver celui qui est responsable de cette autorisation.
Très bien?
M. CLOUTIER: M. le Président, je voudrais bien situer le
débat...
M. KIERANS: Oui, oui, je l'ai situé.
M. CLOUTIER: Il y a, je ne sais pas si le
député...
M. KIERANS: Il y a une chose qui me frappe. C'est que vous avez
un budget de $585,000,000 et il y a un manque d'administration et
d'efficacité dans le ministère. Ce n'est pas votre faute, mais
c'est bien nécessaire que vous preniez des mesures pour boucler.
M. CLOUTIER: Non, le député a choisi le mauvais
exemple.
M. KIERANS: Il y en a bien d'autres aussi, on ne discute pas tous
les autres articles mais on discute d'une façon très
générale l'administration.
M. CLOUTIER: Non, je ne conteste pas la thèse du
député de Notre-Dame-de-Grâce à l'effet que pour un
ministère qui a un budget de $585,000,000, il doit y avoir une direction
de l'administration qui soit bien établie, bien structurée avec
le personnel suffisant. Je ne conteste pas cette thèse-là et j'ai
déclaré tout à l'heure...
M. KIERANS: Et vous admettez que l'on manque de personnel.
M. CLOUTIER: ... que nous prenions les dispositions pour
renforcer à la section de l'administration ce qui peut être
déficient. J'en suis sur le fait que le député de
Notre-Dame-de-Grâce prend l'exemple de l'institut de microbiologie pour
nous dire...
M. KIERANS: Nous allons citer d'autres exemples.
M. CLOUTIER: ... qu'il y avait une administration
défectueuse. Mais l'institut de microbio-
logie a fait l'objet d'une discussion en Chambre lors de l'adoption d'un
projet de loi et, à quelques reprises, le député a
posé des questions en Chambre.
Je lui donne, ce soir, les explications relativement à ces
montants de $5 millions et de $3 millions. Pour résumer très
brièvement, je n'ai pas l'intention de prolonger le débat sur
cette question, mais disons que la situation était celle-ci lorsque je
suis arrivé au ministère de la Santé. L'institut de
microbiologie avait réalisé, était à toutes fins
pratiques à terminer, était à la phase tout à fait
terminale d'un programme d'expansion d'un montant approximatif de $5 millions.
Ce qui correspond avec la déclaration de l'honorable Couturier en 1964
en Chambre et alors qu'il disait qu'il apportait...
M. KIERANS: Et qui correspond aussi à leur charte,
n'est-ce-pas?
M. CLOUTIER: C'est-à-dire que la charte, quand vous
parlez...
M. KIERANS: Leur charte qui leur a donné le droit de
dépenser jusqu'à un montant de $5 millions.
M. CLOUTIER: Un montant de $5 millions qui, par un projet de loi
récent, a été porté à $12 millions.
M. KIERANS: Oui, oui.
M. CLOUTIER: A ce moment-là, il est évident que les
immobilisations faites à l'institut de microbiologie dépassaient
les montants autorisés par la charte...
M. KIERANS: Oui, c'est ça.
M. CLOUTIER: ... de l'institut de microbiologie. Mais quant
à savoir si l'institut de microbiologie avait...
M. KIERANS: Est-ce que les administrateurs de cet institut ont
pris cette responsabilité eux-mêmes de dépasser leur charte
de $3 millions? Je ne pense pas.
M. CLOUTIER: M. le Président, je pense que tout le monde
s'est rendu compte du dépassement et l'institut de microbiologie et le
ministère de la Santé, à différentes étapes,
en 1964, en 1965 et en 1967, après que ces choses-là ont
été réalisées...
M. KIERANS: Mais il y a des hommes d'affaires qui
s'intéressent à cet institut et je suis certains que, en bons
hommes d'affaires, ils ont procédé, après une certaine
entente, mais avec qui? C'est ça que je veux savoir. Avec qui?
M. CLOUTIER: C'est là que je retourne la question.
M. KIERANS: Pas avec l'ancien ministre de la Santé, pas
avec mon prédécesseur non plus.
M. CLOUTIER: Qu'est-ce qui expliquerait la déclaration de
l'ex-ministre de laSanté...
M. KIERANS: Il a référé tout simplement
à la charte. Et par la suite, il a fait passer...
M. CLOUTIER: A ce moment-là. Une subvention de $5 millions
et la charte $5 millions.
M. KIERANS: A la suite, il a fait adopter un arrêté
en conseil pour un montant précis de $4 millions.
M. CLOUTIER: M. le Président, je demande au
député de faire appel à toutes ses ressources comptables.
En 1964, le ministre du temps, l'honorable Couturier, autorise l'institut de
microbiologie à construire pour $5 millions. La charte...
M. KIERANS: Encore $5 millions et$10 millions additionnels?
M. CLOUTIER: Est-ce que le député veut me laisser
finir mon calcul? $5 millions additionnels, on les accorde à l'institut
de microbiologie, c'est indiqué, je cite encore une fois. C'est pour la
construction de l'institut de microbiologie. J'ai dit: $5 millions.
M. KIERANS: De l'institut de microbiologie.
M. CLOUTIER: J'ai dit: $5 millions. C'est ce que le ministre
Couturier...
M. KIERANS: Et c'est ce que dit la charte aussi.
M. CLOUTIER: Voici, M. le Président, si la charte dit $5
millions, alors à ce moment-là, si l'institut de microbiologie
avait voulu rester en deçà des limites permises, ça veut
dire que ça suppose qu'il n'avait aucun actif à ce moment-
là. Alors, on sait que P institut de microbiologie, en 1964,
avait tout de même des actifs. Alors, dès ce moment-là,
l'institut, par la déclaration du ministre de la Santé du temps,
était autorisé à aller au-delà de la charte.
M. HYDE: Si un ministre, même en Chambre, a
déclaré son intention d'accorder un montant de $5 millions
à une institution, est-ce que le ministre prétend, de ce fait,
que cette institution est autorisée à prendre des mesures en
conséquence de cette déclaration? Prenez l'exemple que le
député de Notre-Dame-de-Grâce a mentionné il y a
quelques instants, que le ministre de l'Education a mentionné, pas en
Chambre, mais pendant la fin de semaine qu'il va y avoir un autre pont dans son
comté.
Est-ce que le ministre prétend que le simple fait de taire une
déclaration des intentions du gouvernement, ça donne une
autorisation quelconque, à qui que ce soit, de commencer à
dépenser cet argent-là?
M. CLOUTIER: J'imagine, M. le Président, que si le
ministre, lors de l'étude de ses crédits, fait une
déclaration disant qu'il accordait $5 millions à l'institut de
microbiologie, à ce moment-là...
M. KIERANS: Qu'est-ce que c'est qu'un comité
exécutif, dans ce cas? Qu'est-ce que c'est qu'un comité
exécutif?
M. BOIVIN: Si vous autres...
M. CLOUTIER: Si vous parlez du conseil des ministres...
M. KIERANS: Oui.
M. CLOUTIER: M. le Président, je réponds à
la question du député de Westmount. A ce moment-là,
l'institut de microbiologie, qui n'est pas un hôpital, qui ne
relève pas du ministère de la Santé, mais qui est
régi par une loi spéciale, n'avait pas besoin
d'arrêté en conseil comme celui dont les hôpitaux doivent se
prévaloir avant de commencer de modifier un hôpital.
M. HYDE: Cela, c'est un autre cas complètement.
M. CLOUTIER: C'est justement...
M. BOIVIN: C'est vous autres qui devriez nous donner les
explications dans cette affaire-là. Cela s'est passé dans votre
temps.
M. HYDE: Cela ne m'intéresse pas du tout. M. BOIVIN: Ah
non! mais...
M. BOURASSA: Ce sont les réponses que vous avez.
M. BOIVIN: ...mais ça s'est passé dans votre
temps.
M. KIERANS: L'argent de la population québécoise
dont on discute ici, et l'administration de cet argent et en particulier
l'administration aujourd'hui...
M. BOIVIN: Oui, mais on ne peut toujours pas être
responsable de ce qui s'est passé avant nous.
M. CLOUTIER: Alors, M. le Président... M. BOURASSA:
L'obsession du passé. M. BOIVIN: Oui.
M. MATHIEU: Je pense qu'on vient de dire qu'on a passé un
arrêté ministériel qui porte le numéro 347, le 11
mars 1965...
M. KIERANS: Oui.
M. MATHIEU: ...et qu'on accorde $4,165,000. Vous ne me ferez pas
croire qu'il n'y avait absolument rien avant ou il y en avait, quelque
chose.
M. KIERANS: Non, il n'y a rien avant.
M. MATHIEU: Il n'y avait rien avant ça. Cela existait,
ça, l'institut de microbiologie, avant ça?
M. KIERANS: Où est-il?
M. MATHIEU: Cela existait avant ça, tout de même. Si
on ne fait pas de nouveau $4 millions, ça dépasse tout de suite
les $5 millions permis.
M. BOVIN: Laissez-nous faire sur le passé et commencez
à ce jour.
M. CLOUTIER: M. le Président, je pense que nous avons
assez abondamment traité du problème de l'institut de
microbiologie.
M. KIERANS: Nous avons traité la question...
M. CLOUTER: Je pense, M. le Président, que, quand nous
passerons sur l'article spécifique, je crois bien que le débat
que nous aurons tenu à ce moment-ci aura été suffisant et
que nous pourrons accélérer la marche de nos travaux.
M. KIERANS: Oui, mais est-ce qu'on peut demander au ministre, M.
le Président, quand on peut attendre un projet de loi nous donnant
l'assurance-santé dans le Québec? Je le demande tout simplement
parce que je peux citer quelques manchettes depuis le 5 juin et même
avant, les déclarations de son chef...
M. GOLDBLOOM: Surtout avant.
M. KIERANS: ... et surtout avant, les déclarations de son
chef, et de lui aussi après. Mais maintenant je pense qu'il a pas mal
changé sa pensée et je demande quelle est la version
d'aujourd'hui.
M. CLOUTIER: M. le Président, est-ce que... M. KIERANS:
Est-ce que...
M. CLOUTIER: ... est-ce que le député a l'intention
également de citer toutes les manchettes et les déclarations de
M. Sharp?
M. KERANS: Si vous parlez de l'été dernier, j'ai
dit à ce moment-là au mois d'août, que M. Sharp avait tort.
Parce que j'ai dit clairement, à ce moment, que dans l'été
de 1967, on ne serait pas en face d'un problème d'inflation mais
seulement de récession. C'est ça qui est arrivé. Nous
sommes en face des inquiétudes des gens à travers la province de
Québec. Ce n'est pas une question de danger d'inflation aujourd'hui. Et
même, je pense que M. Sharp a saisi les incertitudes du gouvernement du
Québec. L'Union Nationale était bien prête à
rapporter, en tout cas, ce projet qu'on supposait libéral. Mais,
maintenant, vous avez critiqué le projet. Je cite ici certaines de vos
paroles, un discours prononcé par M. Jean-Paul Cloutier, le ministre de
la Santé, de la Famille et du Bien-être social à l'occasion
du congrès de l'Association des pharmaciens détaillants de
Montréal.
Le 6 octobre, le ministre a dit: J'espère sincèrement que
personne, pour des fins qui ne peuvent être que politiques, n'accusera le
gouvernement d'avoir eu recours à la formation de la commission
d'enquête pour retarder l'établissement de l'assurance-maladie. Ce
serait nous prêter des intentions dans un domaine où le plus grand
bien de la population constitue no- tre seule préoccupation. Mais vous
vous êtes prononcé contre un système universel à un
certain moment, et maintenant...
M. CLOUTIER: Est-ce que le député dit que je me
suis prononcé contre un système universel.
M. KIERANS: Oui, et votre chef je peux citer les paroles
de votre chef...
M. GOLDBLOOM: Avant le 5 juin.
M. KIERANS: Le chef de l'Union Nationale a déclaré
c'était le 18 mai a déclaré hier
après-midi au cours d'une rencontre impromptue avec un groupe de
sympathisants du comté de Bonaventure que son parti n'était pas
en faveur d'un régime d'assurance-santé dont l'application serait
universelle, du moins comme d'habitude, pas tout de suite. C'est pour plus
tard.
M. BOIVIN: Par étapes.
M. KIERANS: Et, M. Cloutier a dit, a émis une opinion en
fin de semaine. C'était le 4 juillet, après le 5 juin, une
opinion...
M. BOIVIN: Vous n'avez pas le programme de l'Union Nationale.
M. KIERANS: Une opinion, en fin de semaine, à l'effet
qu'il sera impossible de mettre en marche le plan complet de
l'assurance-santé pour juillet 1967. Quand peut-on envisager un plan
d'assurance-santé et quelle sorte de plan? Est-ce qu'on peut poser ces
questions parce que c'est bien important avant qu'on commence l'étude de
vos crédits? Quelle était dans votre optique?...
M. CLOUTIER: Je n'ai pas d'objection à répondre
à la question du député de Notre-Dame-de-Grâce. J'en
ai parlé publiquement à plusieurs reprises. D'ailleurs il a
cité des extraits de quelques-unes des allocutions que j'ai
prononcées. Quand, un régime d'assurance-maladie? Je n'ai pas
changé d'opinion, à savoir qu'il nous aurait été
impossible d'instaurer un régime d'assurance-maladie pour le 1er juillet
1967.
M. KIERANS: Oui, maintenant je vous donne raison.
M. CLOUTIER: Vous ne remettez pas en cause cette partie de ma
déclaration,
M. KIERANS: Non. Ce que je veux dire c'est que c'était
bien possible. Ni les raisons que vous
avez données ni les raisons qu'a données M. Sharp ne sont
valables.
M. CLOUTIER: Je reviens à votre question. Vous me demandez
quand sera-t-il possible au gouvernement d'instaurer un régime
d'assurance-maladie? Nous avons une commission d'enquête qui actuellement
travaille, est à terminer son rapport, qui va nous faire des
recommandations dans la première semaine de juillet. Nous avons
demandé à la commission Castonguay de nous produire un rapport en
priorité sur l'assurance-maladie. Dès la réception de ce
rapport, M. le Président, nous allons prendre les dispositions
nécessaires pour étudier ces recommandations de la commission
Castonguay. Le rapport c'est normal sera déposé
entre les mains du lieutenant-gouverneur en conseil. Nous prendrons
immédiatement les mesures afin d'établir les modalités
d'une législation dans le domaine de l'assurance-maladie. Et s'il est
vrai que le fédéral est disposé à mettre le
régime national en vigueur le 1er juillet 1968, il est évident
que le gouvernement de la province de Québec sera prêt à
mettre en vigueur un régime d'assurance-maladie au moins aussi tôt
que le gouvernement fédéral.
M. KIERANS: Est-ce que ça serait universel?
M. CLOUTIER: J'ai déclaré personnellement, sans
engager la Commission Castonguay. Il faut bien se rappeler que durant le mandat
du gouvernement précédent, des membres de l'exécutif ont
statué sur les critères d'un régime d'assurance-maladie
même s'il y avait une commission sous étude, commission qui
s'occupait de ramasser des données statistiques nécessaires
à produire des recommandations au gouvernement. Alors j'ai cru,
personnellement, que je pouvais, comme ministre de la Santé, indiquer
quelles étaient mes préférences et comment je voyais les
modalités d'un régime d'assurance-maladie dans la province de
Québec. Et j'ai indiqué sans équivoque, lors d'une
allocution publique, que j'étais favorable à l'instauration d'un
régime universel par étapes.
M. KIERANS: Par étapes? M. CLOUTIER: Par
étapes.
M. KIERANS: Qu'est-ce que cela veut dire, par étapes?
M. CLOUTIER: Différentes étapes pourraient
être prévues. Elles feront l'objet de discussions par le
lieutenant-gouverneur en conseil...
M. KIERANS: Cela sera une époque...
M. CLOUTIER: ... qui décidera, si le lieutenant-gouverneur
en conseil juge que la position, que le régime qui sera accepté
par le Québec est un régime universel. Alors ces
différentes étapes seront établies par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. BOURASSA: Et cela peut être considéré
comme un enterrement, ça, de dire que vous allez procéder par
étapes, si vous n'êtes pas plus précis que ça.
M. KIERANS: Est-ce qu'on va augmenter le nombre de personnes qui
sont actuellement couvertes par la loi de l'assistance-médicale. C'est
une sorte d'étape. Et maintenant il y a à peu près 7% de
la population qui est couverte par la loi de l'assistance-médicale.
Est-ce que vous allez...?
M. CLOUTIER: Il y a 7% de la population qui a été
couverte par l'assistance-médicale et, après avoir couvert ces
7%, nous atteingnons maintenant 50% de la population dans le Québec qui
est couverte.
M. KIERANS: Sous le régime privé.
M. CLOUTIER: Le régime privé et le régime
public d'assistance-médicale. Nous atteignons une proportion de 50%.
M. KIERANS: Oui, oui!
M. CLOUTIER: Quelles pourraient être les différentes
étapes, M. le Président? Elles pourraient être...
M. KIERANS: On peut changer les 7% jusqu'à 10% ou 11% de
la population.
M. CLOUTIER: Il y a une multitude de possibilités.
M. KIERANS: Oui, justement! Justement, je crois...
M. CLOUTIER: Je pense que nous sommes d'accord pour dire qu'il y
a des groupes de la population et des secteurs de la population qui devraient
recevoir une attention prioritaire.
M. KIERANS: Oui.
M. CLOUTIER: Il y a actuellement et on l'a souligné
tout à l'heure au cours de débats antérieurs des
problèmes qui se posent pour les économiquement faibles.
M. KIERANS: Oui.
M. CLOUTIER: Il y a des problèmes qui se posent pour les
personnes âgées qui retirent actuellement la
sécurité de la vieillesse et qui ne sont pas couvertes par le
régime de l'assistance-médicale. Il y a également le cas
de ceux qui retirent des prestations d'assistance-vieillesse et qui atteignent
l'âge de la sécurité de la vieillesse et qui perdent les
bénéfices de l'assistance-médicale.
M. BOURASSA: La carte médicale.
M. CLOUTIER: Alors ce sont tous ces exemples, M. le
Président...
M. KIERANS: Oui, oui.
M. CLOUTIER: ... de secteurs de la population...
M. KIERANS: Dans l'optique du plan fédéral et
leurs...
M. GOLDBLOOM: Leurs exigences.
M. KIERANS: ... exigences, qu'il faut, que j'ai acceptées
et nous avons accepté une administration publique. Qu'est-ce que vous
voulez dire dans ce cas?
M. CLOUTIER: Je me suis prononcé parce que...
M. KIERANS: Vous avez inclus le régimes privés
apparemment dans votre optique, dans votre plan.
M. CLOUTIER: J'ai inclus les régimes privés pour
faire le calcul de la population qui est actuellement couverte par un
régime quelconque...
M. KIERANS: Je parlais...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je m'excuse, je suis
certain que le ministre ne voudrait pas induire le comité en erreur. Le
fait que 50% de la population jouit d'une assurance quelconque ne veut pas dire
que 50% du coût de la maladie est couvert par l'assurance. Bien au
contraire.
M. CLOUTIER: Non. Je n'ai pas voulu, M. le Président,
laisser sous-entendre que... Dans les 43% qui sont couverts par des
régimes privés, il y a également différents
degrés de couverture.
M. GOLDBLOOM: Ah oui!
M. CLOUTIER: Il est évident que tout le monde n'est pas
couvert au même degré. Il y a différentes options qui sont
faites à ces groupes de personnes.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre s'engage à offrir
à la population un régime qui sera acceptable selon les
critères du fédéral?
M. CLOUTIER: M. le Président, j'ai déclaré,
et je répète ce que j'ai déclaré,
antérieurement, que nous ne rejetions pas et que nous n'acceptions pas a
priori les quatre critères fixés par le gouvernement
fédéral. Nous avions déclaré que la santé
était un domaine de juridiction et de compétence provinciales.
Nous avions mis sur pied une vaste commission d'enquête qui avait pour
mandat d'étudier non seulement ce secteur précis de
l'assurance-maladie c'était le premier mandat de la commission
nous avons pensé qu'il était préférable que
la commission étudie comment l'assurance-maladie allait s'insérer
et s'intégrer dans tout le secteur de la santé.
C'est pour cette raison que nous avons demandé et que nous avons
élargi le mandat de la commission, parce que nous calculons que si la
commission Castonguay n'avait, comme objectif ou comme préoccupation,
que de fournir des recommandations au gouvernement provincial à l'effet
de couvrir financièrement une partie de la population contre le risque
de la maladie, je pense qu'à ce moment-là ce n'est pas suffisant
pour un agencement harmonieux de tout le secteur de la santé.
C'était à la lumière des événements
qui se sont passés. Je fais allusion ici particulièrement aux
événements que nous avons vécus l'été
dernier durant la grève des hôpitaux. Il nous est apparu, à
ce moment-là, qu'il était important d'élargir le mandat de
la commission de façon que nous ayons de ces études toute
l'optique de la santé et comment va s'intégrer dans cette optique
le secteur de l'assurance-maladie.
M. KIERANS: Est-ce que vous attendez réellement le rapport
du comité Castonguay pour le premier juillet? Est-ce que vous avez des
indications?
M. CLOUTIER: Oui, j'ai des indications que nous aurons la
première tranche du rapport Castonguay en juillet.
M. BOURASSA: M. le Président, c'est parce que le ministre
vient de faire une déclaration qui me préoccupe un peu. Il n'a
pas certifié que
le régime serait universel ou du moins il ne l'a pas
assuré. Il ne s'est pas dit convaincu que les quatre conditions
posées par le fédéral seraient respectées.
Evidemment, je comprends que c'est de juridiction provinciale. Mais, le fait
demeure que ces quatre conditions imposées par le fédéral
vont apporter à la province, je pense, une somme, c'était $14 il
y a trois ans, on me dit que c'est rendu peut-être à $24 par
tête, à cause de l'augmentation des honoraires des
médecins. C'est donc une contribution importante, disons que ça
fait environ $500 millions pour le Canada, ça voudrait dire $125
millions ou $130 millions.
M. CLOUTIER: $17.
M. BOURASSA: Mais, ça a l'air que ça monte
continuellement avec l'augmentation des frais...
M. KIERANS: Des médecins.
M. BOURASSA: ... des médecins, oui. Si, par exemple, le
fédéral ne voulait pas donner cette contribution, comment le
ministre concilie-t-il sa déclaration à l'effet que l'assurance
pourrait être mise en vigueur le premier juillet 1968 avec le fait que
les quatre conditions du fédéral ne pourraient pas être
respectées? Il me semble qu'il y a une espèce de contradiction
dans...
M. CLOUTIER: Il y a peut-être une contradiction apparente
mais il est évident que, dès la réception du rapport
comme je l'ai dit tout à l'heure nous mettons tout en
oeuvre pour préparer une législation d'assurance-maladie.
M. BOURASSA: Par étapes ou... M. CLOUTIER: Disons
que...
M. BOURASSA: Par étapes, si vous me permettez, cela me
fait peur, cette expression-là. C'est vague et cela peut être un
enterrement de première classe.
M. CLOUTIER: Disons que le député a le droit de
conserver certaines appréhensions, mais, dans l'esprit de celui qui
parle, le terme « par étapes » ne comporte aucune
appréhension. Au contraire, je pense qu'il prend soin, qu'il est plein
de réalisme dans l'instauration d'un plan, d'un programme aussi
important. Et dans cet intervalle d'une année qui va s'écouler
entre la production du rapport et l'adoption ou la mise en marche d'un
programme, il y a un temps suffisant pour la discussion et la
négociation, s'il y a lieu.
M. GOLDBLOOM: M. le Président...
M. BOURASSA: Oui, mais on n'apasd'assu-rance...
M. GOLDBLOOM: ...puisque le ministre parle de sa propre
plénitude de réalisme, je suis entièrement d'accord avec
lui que la santé est de juridiction provinciale, mais il reste quand
même que le fédéral a offert...
M. KIERANS: Cinquante...
M. GOLDBLOOM: ... une contribution assez importante. On peut
remonter au bill fédéral qui portait le numéro 320, qui
établissait l'assurance-hospitalisition, et l'on sait à quel
point l'action du fédéral a gêné
l'indépendance des provinces dans ce domaine important. Je comprends
parfaitement que, surtout dans notre province, nous ne voudrions pas accepter
de prima facie un projet fédéral, sans y accorder une attention
très particulière, en fonction de nos propres
intérêts et de nos propres besoins. Mais, toutefois, est-ce que le
ministre prétend que la province de Québec pourra quand
même se payer un régime d'assurance-santé, si les
idées du gouvernement ne rencontrent pas celles du gouvernement
fédéral?
M. CLOUTIER: M. le Président, il est regrettable que cette
façon de procéder du gouvernement fédéral...
M. KIERANS: Quelle façon?
M. CLOUTIER: ... j'y viens, M. le Président, cette
façon de procéder, de proposer aux provinces dans des
sphères qui sont de leur compétence je parle ici du
domaine de la santé des législations extrêmement
importantes, comme celle de l'assurance-maladie.
M. BOURASSA: Etes-vous sûr que les provinces n'ont pas
été consultées avant que cela ne soit fait?
M. KIERANS: Oui, c'est cela que je voulais dire. Nous
étions consultés avant; le fédéral a posé
certaines conditions, il a posé un geste pour donner aux provinces au
moins 50% du coût.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce est en mesure de me dire si la consultation qui a
été faite à ce moment-là rencontre toutes les
normes d'une consultation véritablement libre et
démocratique?
M. KIERANS: Quant aux exigences et à
l'universalité, moi-même, je crois sincèrement, en
l'universalité d'un tel programme, non par étapes. Je pense que
c'est un droit pour la population, pas un privilège...
M. CLOUTIER: M. le Président...
M. KIERANS: ... même dans cette ère, dans les
années soixante et soixante-dix. L'autre condition était
l'administration par un gouvernement ou par une corporation publique, la
transmissibilité. Qu'on inclue tous les soins médicaux et
chirurgicaux, c'est bien normal, c'est le moins qu'on puisse demander dans un
programme.
M. BOURASSA: C'est le sens commun.
M. CLOUTIER: M. le Président, il n'en a pas
été question. J'ai dit à plusieurs reprises qu'il
n'était pas question de rejeter ou d'accepter a priori les
critères d'éligibilité, moi je dis imposés par le
fédéral, le député dit après
consultation.
M. KIERANS: Après consultation.
M. CLOUTIER: Mais j'ai apporté une restriction, j'ai
demandé au député...
M. KIERANS: Peut-être que c'est l'ancien gouvernement
libéral provincial qui a imposé ses conditions.
M. BOURASSA: C'est une possibilité, ça.
M. KIERANS: Si c'est le gouvernement d'aujourd'hui, c'est un
autre cas.
M. BOrVIN: C'est une consultation, ce n'est pas une
imposition.
M. KIERANS: Oui, oui.
M. CLOUTIER: De toute façon, M. le Président,
j'accepte l'observation du député de Notre-Dame-de-Grâce
qui me dit qu'il est satisfait de la consultation accordée à ce
moment-là par le gouvernement fédéral.
M. KIERANS: Je suis bien content, soit dans le domaine financier
et le domaine de la santé.
M. CLOUTIER: Alors je reviens à mon affirmation
précédente en disant que nous n'acceptons pas ou nous ne rejetons
pas a priori les critères imposés je garde le même
terme imposés par le gouvernement fédéral.
M. KIERANS: Oui, mais pour donner à la population
québécoise un système d'assurance -santé cette
année, même le 1er juillet, nous avons accepté ces
conditions et ces critères. Heureusement!
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre maintient alors sa
déclaration que le gouvernement de la province offrira un régime
d'assurance-santé à la population pas plus tard que le
gouvernement fédéral, qu'il soit d'accord ou pas d'accord avec le
gouvernement fédéral...
M. CLOUTIER: M. le Président, nous avons l'intention,
dès que le rapport de la commission Castonguay nous sera remis dans
quelques jours, au début de juillet, de donner la priorité
à l'étude des recommandations de ce rapport et de préparer
une législation d'assurance-maladie.
M. BOURASSA: Mais vous avez dit tout à l'heure que
ça se ferait de toute façon par étapes, est-ce que
c'est...
M. CLOUTIER: M. le Président, je ne vois d'objection. Le
gouvernement qui nous a précédés a commencé
l'instauration d'un régime d'assurance-maladie par étapes.
L'assistance médicale est une première étape de
l'assurance-maladie...
M. BOURASSA: Oui, mais...
M. CLOUTIER: ... rien n'empêche le gouvernement de
légiférer dans le domaine de l'assurance-maladie, d'accepter le
critère de l'universalité et de proposer la réalisation de
ce programme par étapes.
M. KIERANS: Oui.
M. CLOUTIER: Rien n'empêche...
M. KIERANS: Je pense que le président va ajourner
l'étude...
M. CLOUTIER: Cela va bien, cela va bien.
M. KIERANS: ... nous sommes d'accord évidemment mais je
veux terminer... Non, non, rien n'est adopté.
M. CLOUTIER: Nous ne pourrons pas rapporter de progrès, M.
le Président...
M. KIERANS: J'espère que le ministre ne va pas nous
prêter d'intentions politiques. Parce que je vois mal de telles
accusations, en parti-
culier après avoir lu les nominations de ce comité, de
cette nouvelle commission d'enquête sur la santé et le
bien-être social. Peut-être peut-on prêter au ministre
certaines intentions politiques parce qu'on m'a dit que le docteur
Lachaîhe est bien un membre de cette commission qui a un mandat trop
vaste. Il était organisateur reconnu de l'Union Nationale dans Verdun et
la madame, nommée Warren, fut un candidat défait de l'Union
Nationale en 1962 et aussi le docteur Dinelle, un autre membre de cette
commission, était un candidat battu de l'Union Nationale en 1960.
M. BOIVIN: C'est inadmissible, ça, quand même.
M. CLOUTER: M. le Président...
M. BOURASSA: Je comprends que vous disiez par étapes.
M. BOIVIN: Vous ne trouvez pas qu'il y a assez de...
M. KIERANS: On ne prête pas d'intentions politiques au
ministre.
M. CLOUTER: M. le Président, je n'ai jamais
prétendu que le président de la fédération
atténuait les qualités ou empêchait un membre de
l'Assemblée législative de faire preuve de talents.
M. BOURASSA: Mais trois sur sept, quand même!
M. KIERANS: Oui, c'est ça.
M. CLOUTER: Quand nous y reviendrons, M. le Président, je
pense que nous aurons l'occasion de dire aux membres du comité quel est
le merveilleux travail qui est accompli par cette commission et le respect dont
elle est entourée et quel accueil sympathique on fait à ces
travaux qu'elle poursuit.
M. KIERANS: Parce que ce sont les besoins réels de la
population qu'on traite.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous ajournons quand? Demain?
M. CLOUTER: M. le Président, je pense que si...
M. KERANS: Demain, c'est quel jour?
M. CLOUTER: Sous réserve de l'entente qui pourrait
survenir entre les deux leaders des deux côtés de la
Chambre...
M. KERANS: C'est ça.
M. CLOUTER: ... nous pourons ajourner à demain
après-midi.
M. KERANS: C'est le jour des députés, demain.
M. CLOUTER: Sous réserve des décisions qui pourront
être prises...
M. LE PRESIDENT: Sous réserve, on ajourne.
(Séance du 1er juin 1967)
(Quatre heures et cinq minutes de
l'après-midi)
M. LUSSIER (président du comité des
crédits): On peut commencer, messieurs.
M. KIERANS: Nous avons discuté un mandat très
vaste, celui de votre commission d'enquête sur la santé et le
bien-être social. Quand vous avez nommé les membres de cette
commission, est-ce que vous l'avez discuté avec leur profession
médicale, M. le ministre?
M. CLOUTIER: M. le Président, il est d'usage courant, je
pense bien, pour le gouvernement, même les gouvernements qui ont
précédé, de faire certaines consultations quant aux
personnes qui pourraient être compétentes pour agir comme
commissaires sur une commission d'enquête aussi importante que celle de
la santé et du bien-être. Dans le cas qui nous préoccupe
plus particulièrement, la commission Castonguay, il y a eu des
consultations, des avis ont été demandés. Il y a des
personnes qui sont suggérées sans qu'il y ait besoin de
consultation tellement le choix de ces personnes est évident.
En ce qui concerne plus particulièrement les médecins, je
dois vous dire, M. le Président, qu'il y a eu consultation. Le ministre
de la Santé, en ce qui concerne plus particulièrement
l'omnipraticien désigné sur la commission d'enquête, a
consulté la fédération, les omniprati-ciens et le
collège des médecins. Quant à la nomination de l'autre
membre qui représente les médecins, c'est un spécialiste.
La nomination s'est faite également après consultation, mais de
la part du conseil des ministres.
M. KIERANS: Qui était le spécialiste?
M. CLOUTIER: Le spécialiste qui a été
nommé sur la commission est le Dr Lachaine.
M. KIERANS: Qui est-ce?
M. CLOUTIER: Le Dr Lachaine, un spécialiste.
M. KIERANS: Vous n'avez pas discuté cette nomination avec
la fédération des médecins spécialistes?
M. CLOUTIER: Personnellement, le ministre de la Santé.
M. KIERANS: Apparemment personne dans le ministère n'a
été éliminé.
M. CLOUTIER: Les nominations des commissaires sont faites par le
conseil exécutif de la province. Alors c'est une nomination qui a
été faite. D'ailleurs, comme pour tous les membres de la
commission d'enquête Castonguay, les nominations des membres ont
été faites par le lieutenant-gouverneur en conseil. Je pense,
comme je l'ai dit il y a un instant, qu'il y a différents
procédés de consultation qui peuvent être employés.
Je pense qu'on ne doit pas s'en tenir à un procédé en
particulier. Disons qu'en autant que le conseil des ministres est
concerné, il était satisfait des suggestions qui lui avaient
été faites d'une façon générale.
M. KIERANS: J'ai lu dans les journaux depuis quelque temps qu'il
y avait apparemment un certain mécontentement chez les
spécialistes.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, si vous n'avez pas d'objections,
j'avais demandé au début de discuter des
généralités des crédits de la santé, et je
crois bien que ça dépasse les généralités.
Vous êtes rendus dans certains articles en particulier. Si vous n'avez
pas d'objections, nous allons commencer le plus tôt possible à
discuter article par article.
M. KIERANS: Oui, mais M. le Président, il y a d'autres
questions que nous voulons soulever auparavant parce qu'il y a une certaine
confusion quant à la philosophie du ministère à l'heure
actuelle, et on veut clarifier cet état de chose. Maintenant, je me
demande quelles sont exactement les modalités que suivent les officiers
du ministère parce qu'apparemment c'est une politique du gouvernement de
collaborer avec tous les corps intermédiaires. Mais il coopère
apparemment avec certains corps intermédiaires mais pas avec
d'autres.
Il y a un autre exemple. Après que le bill 53 eut
été déposé en Chambre, soit une semaine
après, le collège des médecins a envoyé un
télégramme donnant son approbation, et je cite les paroles du
premier ministre, qui a cité à ce moment le
télégramme qui a été envoyé par le
collège des médecins et chirurgiens: « L'exécutif du
bureau provincial de médecine a pris connaissance du texte du bill 53
intitulé: Loi concernant l'exercice de la médecine sur le site de
l'Expo 1967. Le texte proposé par le gouvernement est approuvé
par l'exécutif. Augustin Roy, registraire, Collège des
médecins. » C'était une semaine après. J'accepte
votre déclaration. On peut peut-être poursuivre autre chose.
M. CLOUTIER: Seulement une remarque au sujet de ce que vient de
dire le député de Notre-Dame-de-Grâce. Nous avons d'abord
reçu une
lettre du collège des médecins signée par le
registraire, le Dr Roy, et cette lettre était suffisamment explicite
pour nous donner le texte du projet de loi qu'il désirait que nous
passions à l'Assemblée législative. En fait, le texte du
projet de loi renferme presque complètement le contenu de la lettre du
registraire, le Dr. Roy. Nous avons voulu obtenir une double confirmation que
le projet de loi tel que présenté était bien conforme
à l'idée, mais dès sa rédaction, en nous basant sur
le texte de la lettre du collège des médecins, évidemment,
nous savions que nous rencontrions le désir du collège des
médecins. Et nous avons voulu confirmer par télégramme ou
de n'importe quelle façon. Nous avons voulu avoir la confirmation que ce
texte répondait bien au désir du collège des
médecins.
M. KIERANS: D'accord. Pour revenir au projet de
l'assurance-maladie, je réfère à la manchette qui a paru
dans la Presse, hier: « Les quatre conditions imposées par Ottawa
pour le plan national d'assurance-santé n'ont rien de répugnant.
Jean-Paul Cloutier ». Est-ce qu'on peut être plus positif?
M. CLOUTER: Est-ce que le député connaît la
signification de tout le mot « répugnant »?
M. KIERANS: Oui. C'est ça, je pense. J'ai cherché
dans le Larousse et...
M. CLOUTIER: Alors, si...
M. KIERANS: ... je n'ai rien trouvé de positif dans une
telle déclaration.
M. CLOUTIER: S'il n'y a rien de répugnant dans les
critères donnés ou imposés, si vous voulez je
reviens au même terme imposés par le fédéral,
c'est donc signe que ce sont des critères qui possiblement pourraient
être acceptés par le gouvernement provincial. Mais cela continue,
cela explicite des déclarations que j'ai faites
précédemment à savoir que nous ne rejetions pas et que
nous n'acceptions pas a priori les critères du programme
fédéral, du programme national proposé. Alors je dis qu'il
n'y a rien de répugnant et quand on connaît le sens du mot «
répugnant » cela veut dire que...
M. KIERANS: Oui, je sais...
M. CLOUTIER: ... il y a possibilité que le plan que nous
propose la commission Caston-guay rencontre en tout ou partiellement les vues
du gouvernement fédéral. C'est dans ce sens-là...
M. KIERANS: Est-ce que vous êtes enthousiaste?
M. CLOUTIER: Pardon?
M. KIERANS: Est-ce que vous êtes enthousiaste?
M. CLOUTIER: Bien, M. le Président, l'enthousiasme c'est
une qualité que doit acquérir surtout l'Opposition!
M. KIERANS: Elle n'existe pas chez les...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le ministre a parlé
de l'introduction de ce régime par étapes mais nous n'avons pas
entendu des précisions sur la nature de ces étapes. Est-ce que
c'est possible d'avoir une idée plus précise de ce que le
ministre veut dire par étapes?
M. CLOUTIER: Je pense, M. le Président, que j'ai
donné suffisamment d'exemples, lors de causeries antérieures,
pour savoir qu'il y a une foule de possibilités dans ce domaine, et je
pense que le député de D'Arcy-McGee, qui était
présent, entre autres, à une conférence que j'ai
prononcée à l'université McGill sur l'assurance-maladie,
se souvient que j'avais énuméré à ce
moment-là des étapes possibles, et j'avais également
énuméré quels étaient les secteurs de la population
qui pourraient être couverts en priorité avant d'autres secteurs
de la population. Alors, je pense que dans ce domaine...
M. BOURASSA: Cela concerne l'universalité. Quand vous
parlez par étapes, vous ne voulez pas simplement dire les soins
médicaux, c'est-à-dire, par exemple...
M. CLOUTIER: Cela peut vouloir dire les groupes de personnes.
Parce que j'ai dit, au moment où nous avons commencé
l'étude des crédits, avant-hier, que l'assistance
médicale, je la considérais comme une première
étape. Nous avions couvert, à ce moment-là, un secteur de
la population jugé prioritaire, celui qui avait le plus besoin de
recevoir une attention, les indigents.
M. KIERANS: Oui, mais vous ne parlez pas d'un système
universel dans ce cas. Si nous procédons par étapes, nous
couvrirons peut-être encore 3%, 4% et 5% des économiquement
faibles. Vous ne parlez pas d'un programme d'assurance-santé universel.
Vous ne parlez pas du tout d'un programme d'assurance-santé.
M. CLOUTIER: Le gouvernement fédéral pose comme
critère que l'universalité peut être atteinte à
90%.
M. KIERANS: Oui, mais...
M. CLOUTIER: C'est de la proportion qui...
M. GOLDBLOOM: Sous la pression de certaines provinces.
M. CLOUTIER: Sous la pression de certaines provinces, oui.
M. GOLDBLOOM: Parce qu'au début, le gouvernement
fédéral a déclaré que 95% seraient
nécessaires pour que le régime provincial soit accepté
comme universel. Mais, justement, M. le Président, ce que je me permets
de reprocher au ministre, c'est qu'il parle en termes de possibilité et,
quand je lui demande de préciser sa pensée sur les étapes,
il me dit: Il y a des étapes possibles. Mais qu'est-ce qu'il pense, lui?
Parce qu'il y a trois sortes d'étapes. Il y a des étapes selon le
nombre de personnes couvertes par un régime. Il y a des étapes
selon la rangée des services des soins médicaux et autres qui
sont couverts. Il y a des étapes selon le montant d'argent couvert.
Alors, dans quel domaine est-ce que le ministre croit qu'il établirait
le régime par étapes?
M. CLOUTIER: Disons, M. le Président, d'abord, qu'il n'y a
pas contradiction entre ces deux objectifs. Premièrement,
l'universalité et, deuxièmement, par étapes. Je n'y vois
aucune contradiction. Il y a un élément nouveau qui est
introduit, c'est la philosophie de temps. On se situe dans le temps. Quand le
gouvernement qui nous a précédés a apporté une
législation d'assurance-médicale, nous la considérions
comme une première étape, qui a permis de couvrir une partie de
la population, plus précisément 7% de la population. Je ne vois
pas d'objection à ce qu'un éventuel régime
d'assurance-maladie québécois procède également par
étapes. Ces étapes, qui seront établies et qui devraient
être établies à mon sens, lors de l'élaboration
d'une législation, devraient comporter tout de même un horaire, si
vous me permettez l'expression, une feuille de route. Mais je pense qu'il est
possible, en tenant compte de certains facteurs, tels que le facteur financier,
qui en est un d'importance, je pense qu'il est tout de même possible d'en
arriver, dans un délai raisonnable, à une couverture suffisante
qui donnera aux citoyens de la province une protection aussi complète
qu'aux citoyens des autres provinces.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cela répond...
M. GOLDBLOOM: Cela répond jusqu'à un certain point.
Est-ce que je peux demander alors au ministre, si c'est la commission
Castonguay qui va fixer les étapes?
M. CLOUTIER: Bien, disons, si la commission Castonguay recommande
un régime universel par étapes, j'imagine que la commission
Castonguay fournira au gouvernement des recommandations sur les étapes
à parcourir et j'imagine que la commission Castonguay, peut-être,
proposera au gouvernement différentes solutions parmi lesquelles il aura
le choix.
M. BOURASSA: En tenant compte de la subvention
fédérale.
M. CLOUTIER: En tenant compte...
M. BOURASSA: Dans le moment, elle est accordée à
condition que ce soit universel.
M. CLOUTIER: En tenant compte de tout ce qui doit entrer en ligne
de compte pour l'élaboration d'un régime d'assurance-maladie
québécois. A ce moment-là, si la Commission Castonguay,
dans ses recommandations, proposait un régime qui rencontre les
critères d'un plan national, j'imagine que la commission, si elle
apporte, si elle propose certaines modalités qui, peut-être,
diffèrent, proposera tout de même au gouvernement un choix assez
intéressant dans les plans offerts pour que le gouvernement du
Québec puisse légiférer de façon à
satisfaire la population et apporter une solution la plus rapide, la plus
proche possible aux problèmes qui se posent dans ce domaine de la
sécurité sociale.
M. KIERANS: M. le Président, si je peux faire une mise au
point ici, je ne suis ni impressionné, ni convaincu par les propos du
ministre de la Santé. Je pense qu'il confond deux choses bien
différentes ici, c'est-à-dire l'assistance publique ou
l'assistance sociale desquelles relèvent évidemment les causes
chroniques, les assistés sociaux, les économiquement faibles, les
cas plus ou moins désespérés. On pourrait procéder
par étapes en couvrant ces cas.
Mais la sécurité sociale est une toute autre chose. C'est
une philosophie basée sur les besoins réels d'une population
entière qui est vulnérable devant les changement sociaux, devant
les changements technologiques. Et la population, les membres d'une telle
population, les citoyens peuvent devenir un jour les victimes d'une
imprévoyance due à l'automatisation de n'im-
porte quoi. C'est là un programme. C'est dans cette optique qu'on
envisage un programme de l'assurance-maladie. Le propre de la
sécurité sociale est d'éviter la discrimination entre les
citoyens et d'assurer à tous les soins dont ils ont besoin, un minimum
égal de couverture des risques, ce qui est particulièrement
important dans notrre domaine de la maladie.
Il faut éviter à tout prix les distinctions entre les
pauvres, les moins pauvres et les riches. Ce sont des distinctions très
odieuses et aussi très coûteuses et très complexes parce
que, quand on cherche à séparer les gens entre les trois classes,
ça devient très coûteux. En matière de
système de sécurité sociale il faut éviter, comme
je l'ai dit, cette discrimination. Ainsi apparaît dans notre optique, un
système de sécurité sociale, c'est un système
universel, pas un système par étapes. Et pas un système
qui désigne les fortunés, les moins fortunés parles cartes
roses, par la langue ou par la race, par la couleur, par n'importe quoi.
C'est là la différence, on ne peut procéder pour un
système de sécurité sociale proprement dit par
étapes. On croit dans un tel système ou on n'y croit pas du
tout.
M. CLOUTIER: M. le Président, je comprends l'argumentation
du député de Notre-Dame-de-Grâce qui dit qu'un
système universel d'assurance-maladie suppose, dès son
instauration, que la majeure partie de la population soit couverte. Mais on
peut atteindre et rencontrer le critère de l'universalité, tout
en fixant dans la réalisation de ce programme certaines étapes et
certaines échéances. Cela n'enlève pas le critère
d'universalité.
Je dis que dans l'instauration d'un tel régime, par
étapes, le député semble penser que, dans les
étapes que nous voulons parcourir, nous voulions nous servir de ce seul
critère de l'état de fortune de la personne.
M.KIERANS: C'est évident.
M. CLOUTIER: Il y a, M. le Président, une foule d'autres
critères qui peuvent nous guider dans le choix de ces étapes.
M. KIERANS: Quels sont les critères?
M. CLOUTIER: Le premier critère qui est employé
quand a été appliqué un système d'assistance
médicale, c'est le critère d'indigence. Mais dans d'autres
étapes, il pourrait être question de faire, de considérer
particulièrement le côté de la médecine
préventive et de couvrir cette partie de la population, population
écolière, population étudiante, qui constitue tout de
même une partie importante de notre population. Je n'ai pas de
statistiques ici dans le moment, mais je pense que cela représente tout
de même une proportion importante de notre population...
M. KIERANS: Moins les 10% d'enfants, cela représente
peut-être 40% de la population.
M. CLOUTIER: Bon, acceptons pour fins de discussions, le
pourcentage de 40%. Il y a également des secteurs de la population qui
peuvent être couverts dans une même étape, dans une
étape subséquente, la population qui est d'âge plus
avancé et qui recourt davantage et qui consomme davantage des soins
médicaux. Comme deuxième étape et dernière
étape, il pourrait y avoir l'autre partie de la population.
Je ne voudrais pas que le député de
Notre-Dame-de-Grâce et ses collègues croient que dans un
système par étapes, le critère seul d'indigence pourrait
être celui qui devrait être considéré. Il y a
également d'autres aspects dont on doit tenir compte.
Je pense que c'est tout cela, mis ensemble, qui faisant l'objet de
préoccupations de la part de la commission Castonguay, sera contenu dans
le rapport, sera analysé et dont on tirera des conclusions et des
recommandations à soumettre au gouvernement. Je pense que c'est
là, parmi toutes les solutions, une solution qui serait possible et
acceptable. Mais en ce qui me concerne particulièrement, j'ai
déjà dit que j'étais d'accord personnellement avec ce
critère d'universalité et je pense que dans la politique que le
gouvernement actuel a élaborée, dans le domaine social depuis
quelques mois, ce critère d'universalité a été
respecté.
M. KIERANS: Oui, mais vous n'avez pas défini ce
qu'était un critère d'universalité, ni de quelle
façon on peut laisser de côté ce...
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre croit que l'instauration
d'un régime d'assurance-maladie aurait un effet inflationniste?
M. CLOUTIER: M. le Président, je...
M. GOLDBLOOM: Une déclaration à cet effet a
déjà été faite par le ministre du Revenu
national.
M. CLOUTIER: C'était l'an dernier, c'était dans le
contexte de 1966. Mais je pense, M. le Président, que depuis ce temps,
il y a eu tout de même une évolution et des modifications dans le
contexte tel qu'on le connaissait à ce
moment-là. Je ne crois pas à ce moment-ci... Je vois que
le député de Mercier s'intéresse tout
particulièrement...
M. BOURASSA: Vous parlez d'évolution. Hier, on
annonçait justement une hausse des prix de 4.6. Alors, je me demandais
si c'était de ce côté-là que vous voyiez
l'évolution.
M. CLOUTIER: Alors, je demanderais au député de
D'Arcy-McGee de poser la question au député de Mercier afin
d'avoir des...
M. BOURASSA: Non, non, non...
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas lui le ministre de la Santé,
malheureusement!
M. BOURASSA: ... c'est parce qu'il parlait de
l'évolution.
M. CLOUTIER: De toute façon, M. le Président,
à ce moment-ci, disons qu'il n'est pas question d'instauration d'un
régime d'assurance-maladie pour le 1er juillet 1967. Je ne vois pas que
l'on s'interroge particulièrement sur des considérations à
savoir si à ce moment-ci l'instauration d'un régime
d'assurance-maladie devrait tenir compte des tendances inflationnai-res du
marché de l'économie.
M. KIERANS: M. le Président, nous allons discuter d'une
façon très détaillée toutes les dépenses du
ministère pour expliquer pourquoi nous avons fait un tour d'horizon. Je
peux justifier la prochaine question en citant un article, par exemple
l'article 18, qui réfère à l'achat, à la
construction, à la transformation d'hôpitaux et à l'aide
aux dispensaires, etc. Et il y a aussi l'article 13, qui souligne les
subventions pour la construction d'hôpitaux et pour autres fins.
Maintenant, il y a un problème dans le domaine de la
santé, et je veux poser cette question au ministre. Comment peut-on
décongestionner les hôpitaux? Evidemment, votre attitude à
l'endroit de ce problème sera d'une aide énorme pour nous, quand
nous parlerons de ces deux articles-là. Maintenant, je veux citer les
propos du collège des médecins: « Le collège des
médecins a proposé d'utiliser les hôpitaux sept jours par
semaine au lieu de cinq, comme c'est actuellement le cas, dans la plupart des
établissements hospitaliers du Québec ». Evidemment, M. le
ministre, ce sera moins onéreux, moins coûteux que la construction
de nouveaux hôpitaux? Que pensez-vous de cette recommandation du
collège?
M. CLOUTIER: J'en pense beaucoup de bien parce que, dans une
récente conférence que j'avais l'occasion de donner aux
administrateurs d'hôpitaux, j'ai mentionné cette condition, cette
possibilité, comme un des moyens de réduire la demande
d'investissements, dans le domaine hospitalier. Mais, évidemment, il
faut être réaliste. Cela suppose que l'on doit faire appel
à du personnel spécialisé en grand nombre, et je pense
qu'il y a là, M. le Président, une sérieuse
difficulté. Tout le monde sait, particulièrement ceux qui
s'intéressent au domaine de la santé et d'ailleurs, les
commissions d'enquête qui ont travaillé dans ce domaine-là
depuis quelques années l'ont mentionné, qu'il est important de
former du personnel qualifié pour occuper des postes dans le domaine de
la santé.
Alors, en théorie, disons que ce désir de voir nos
hôpitaux fonctionner sept jours par semaine est très louable et
c'est un objectif qu'il faudra s'efforcer d'atteindre. Je pense que cela ne se
fera pas sans un certain effort du côté de la formation des
effectifs et également un effort de collaboration de la part des
hôpitaux. De toute façon, si nous parlons en termes de
séjour, et si c'est un objectif qu'il serait désirable
d'atteindre, je pense qu'il y aura une étape intermédiaire tout
de même que nous pourrions essayer d'atteindre le plus tôt
possible, c'est celle de faire une rotation et de créer une
activité dans nos hôpitaux durant six jours. Ce serait
déjà énormément de gagné, si l'on pouvait
utiliser pendant six jours et les effectifs et les locaux de nos institutions
hospitalières. Je ne sais pas, en terme de pourcentage, quelles seraient
les conséquences d'une telle utilisation, mais je pense que les
pourcentages correspondants, les pourcentages de diminution de besoin en lits
hospitaliers, sont assez intéressants, M. le Président, pour
qu'on s'y arrête. C'est un objectif vers lequel tend le ministère
de la Santé et pour cela, évidemment, nous devrons avoir la
collaboration du personnel spécialisé qui travaille à
l'intérieur des hôpitaux et particulièrement, des
médecins autour desquels gravite une bonne partie du personnel dans le
domaine hospitalier.
M. KIERANS: Mais quelles mesures avez-vous prises pour assurer
que les administrateurs d'hôpitaux agissent de cette façon?
M. CLOUTIER: La première, c'est toujours la même
façon de procéder avec les hôpitaux. Je pense que, dans ce
domaine précis de l'activité médicale, nos hôpitaux
sont bien conscients eux aussi de l'importance qu'il y a de trouver des moyens
de réduire la demande dans le do-
maine des investissements. Alors, la première façon: nous
leur suggérons ces objectifs que nous voulons atteindre et nous leur
demandons leur participation. Je pense que nos hôpitaux sont suffisamment
désireux de voir cet objectif atteint qu'ils vont apporter au
gouvernement leur collaboration sans aucune restriction, mais le premier
problème, c'est certainement un pro- blème de formation de
personnel.
M. KIERANS: Est-ce que vous allez déclarer, par exemple,
un moratoire sur l'agrandissement de certains hôpitaux jusqu'au moment
où ils utilisent leurs facilités sept jours par semaine?
M. CLOUTIER: M. le Président, je pense que les demandes
qui nous sont faites actuellement, du point de vue des investissements, je
pense que les demandes qui sont agréées et acceptées par
le ministère de la Santé comportent également une foule
d'autres considérations, et si, avant que nous consentions à
accepter l'agrandissement d'un hôpital, nous devons considérer
évidemment les besoins, je pense qu'à ce point de vue-là,
les besoins en cliniques externes, les besoins du côté du service
d'urgence, les besoins qu'ont nos hôpitaux, à cause de
l'évolution qu'il y a eu. Evolution très rapide dans le domaine
de la médecine, nos hôpitaux sont devenus des centres de
santé où se font également enseignement, recherche et,
disons, soins de traitement: c'est là d'où partent les soins
à domicile, les diagnostics. Alors, toutes ces préoccupations et
tous ces domaines dans lesquels oeuvrent nos hôpitaux doivent être
pris en considération au moment de l'établissement des besoins
dans le domaine des investissements et nous ne pouvons pas seulement
considérer, M. le Président, ce facteur qui consiste à en
arriver le plus tôt possible à l'utilisation des locaux pendant le
séjour.
M. GOLDBLOOM: En encourageant les hôpitaux à se
servir d'une manière plus efficace de leurs locaux, de leur
équipement, de leur personnel, est-ce que le ministre leur offre
l'assurance que leur demande budgétaire pour une augmentation de
personnel sera reçue d'un bon oeil?
M. CLOUTIER: Certainement, M. le Président. Tout ce qui
contribue à réduire le coût de l'hospitalisation est
considéré, parce que, si on utilise d'une façon plus
rationnelle et d'une façon plus complète les locaux, le personnel
dont nous disposons, je pense qu'à ce moment-là, nous
exerçons une action directe sur le coût de l'hospitalisation.
Alors, les demandes de ce genre sont reçues très favorablement
à notre division de l'assurance-hospitalisation et on en tient compte
dans l'établissement du budget.
M. BOURASSA: Le ministre est-il au courant de certaines
expériences, sur le même sujet de la réduction des
investissements hospitaliers, qu'on a faites en Ontario, comme à
Sault-Sainte-Marie, à des centres médicaux avec plusieurs
services de laboratoires, de rayons-X, de physiothérapie, et qui ont
réduit dans ces régions-là, de presque la moitié,
l'utilisation des lits hospitaliers. Est-ce que le ministre est au courant de
certaines expériences qui ont été faites en Ontario?
M. CLOUTIER: Je sais que des expériences comme ça
se poursuivent non seulement ici, au Canada, mais également dans
plusieurs pays, parce que je pense que ces problèmes de demandes dans le
domaine hospitalier, demandes d'investissement, ne sont pas particuliers au
Québec.
M. BOURASSA: Mais, dans le cas particulier, cela a réduit
de plus de moitié l'utilisation des lits. Donc il y a...
M. CLOUTIER: Ici, au Québec, on peut citer des exemples.
Je pense que mes officiers pourraient citer des exemples de ces centres qui ont
été établis. Nous avons la clinique Berger, à
Québec, la clinique Métropolitaine, à Montréal qui,
me dit-on sont de ces centres dont vient de parler le député de
Mercier, et qui contribuent à atteindre cet objectif dont nous parlons
depuis quelques instants.
M. BOURASSA: Mais vous n'avez pas de...
M. CLOUTIER: La durée de séjour dans les
hôpitaux concernés serait diminuée. Je ne sais pas si l'on
peut dire que l'effet d'une telle mesure est aussi directe que d'autres mesures
que nous pourrions adopter et qui auraient pour objectif de n'admettre dans les
hôpitaux que les malades qui ont réellement besoin d'être
hospitalisés, et de loger dans d'autres parties, dans des
hôtelleries, des malades qui n'ont pas besoin d'être dans
l'hôpital lui-même, là où la priorité doit
être donnée à ceux qui ont besoin d'utiliser les services
de l'hôpital au point de vue de l'urgence, au point de vue du
laboratoire, des examens et ainsi de suite.
M. FORTIER: M. le ministre, est-ce que vous prévoyez
prochainement que certains ser-
vices externes pourront être donnés gratuitement,
payés par l'Etat? Par exemple les services d'examens, de radiographie,
d'électrocardiogramme? Est-ce qu'il pourrait un jour, arriver que ce
soit payé au lieu que le patient, par exemple, comme dit M. Bourassa,
entre à l'hôpital pour quatre ou cinq jours pour avoir des examens
de radiographie ou d'électrocardiogramme? Est-ce qu'on peut
prévoir que, dans un avenir prochain, ces services seraient
donnés gratuitement?
M. CLOUTIER: Je suis heureux, M. le Président, que le
député me fournisse l'occasion de préciser la politique du
ministère dans ce domaine. Nous avons l'intention, très
prochainement, probablement le 1er juillet 1967, d'assurer les services,
d'étendre l'assurance-hospitalisation au service de laboratoire et
également au service de radiologie, ce qui aura pour effet de
décongestionner, je pense, dans une proportion assez importante, nos
hôpitaux. Je ne voudrais pas ici avancer de pourcentage vraiment
basé sur des études scientifiques, mais on dit couramment, et je
pense que ces chiffres-là sont acceptables, qu'il y a 20% des lits de
nos hôpitaux qui sont actuellement occupés par des patients qui
n'auraient pas besoin d'être hospitalisés si ces
services-là étaient assurés. Et je pense qu'un pourcentage
comme 20% est assez conservateur.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que le ministre
entend offrir ce service dans les bureaux privés de radiologistes et des
autres médecins de laboratoires?
M. CLOUTIER: Cela est en discussion actuellement avec les
associations de spécialistes concernées. Mais, pour l'instant, ce
que je viens de rendre public, c'est pour les hôpitaux seulement.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant, le ministre constate que, dans le
contexte actuel, faire fonctionner des hôpitaux sept jours par semaine
est une chose pratiquement impossible, d'une façon immédiate,
à cause du manque de personnel. Dans ce contexte-là, comment le
ministre pourra-t-il résoudre ce manque de personnel avec
l'assurance-hospitalisation qui s'en vient? D'après le ministre...
M. CLOUTIER: L'assurance-santé.
M. SAINT-GERMAIN: L'assurance-santé, je veux dire.
M. CLOUTIER: Voici...
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que le ministère a pris des
initiatives pour remédier à ce manque de personnel? Parce que
j'imagine bien qu'avec l'assurance-santé on va avoir besoin d'un
personnel accru.
M. CLOUTIER: Il y a actuellement entre le ministère de la
Santé et le ministère de l'Education, des pourparlers. Entre
autres, cette semaine encore, il y a eu une réunion des recteurs des
universités, de représentants de l'Education et de la
Santé, afin de mettre au point un programme réellement
énergique et agressif dans le domaine de la formation du personnel,
parce que, ces difficultés, ces problèmes de la formation du
personnel ont été mentionnés publiquement, je l'ai dit il
y a un instant, dans les enquêtes et dans les études qui ont
été faites récemment. Je pense que le gouvernement devra
apporter une attention assez considérable à ce problème de
la formation du personnel.
M. SAINT-GERMAIN: Mais il est déjà tout de
même à la connaissance du public, par exemple, que nous manquons
de médecins et de dentistes surtout dans la province de Québec,
depuis nombre d'années. D'un autre côté, si je prends comme
exemple l'université de Montréal, cela fait des années que
l'on refuse de bons candidats à la faculté de médecine.
Pour un étudiant, aujourd'hui, s'incrire à une faculté de
médecine, c'est quelque chose de sérieux et de très
difficile. Alors, c'est un vieux problème, et je ne crois pas que cela
soit un problème qui puisse se résoudre dans l'espace d'un an ou
deux. Je crois que dans la province, à ce point de vue-là, nous
sommes énormément en retard, parce que je vois mal un service
d'assurance-santé fonctionner convenablement si, enfin, vous n'avez pas
le personnel médical pour faire face à la demande du public.
M. BOIVIN: Je ne pense pas que cela soit surtout le personnel
médical, mais plutôt le personnel paramédical, il y a un
effort qui a été fait pour les écoles, les centres
médicaux, les écoles de gardes-malades, qui vont combler le
déficit que nous avons actuellement.
M. SAINT-GERMAIN: Bien, je crois qu'au point de vue
médical, il y a certainement pénurie. Par exemple, on manque
certainement de radiologistes. Je crois qu'on manque également de
pathologistes dans les hôpitaux.
M. BOIVIN: Mais de façon générale...
M. SAINT-GERMAIN: Je crois que la lacune, le manque de personnel
ne se réduit pas à un manque de personnel paramédical. Il
serait dû...
M. BOIV1N:... en général, les médecins
pourraient travailler le samedi. Par exemple, six jours par semaine au moins,
mais c'est surtout le personnel paramédical qui manque.
M. SAINT-GERMAIN: Nous avons de la difficulté dans nos
villes, nous avons de la difficulté, partout, à avoir des
médecins en cas d'urgence, à avoir des médecins le samedi,
à avoir des médecins le dimanche, c'est certainement par ce que
la concurrence n'est pas assez forte. C'est que la demande est plus soutenue
que l'offre, si vous voulez. Si les médecins étaient
obligés de lutter pour avoir une clientèle, il y aurait
certainement des médecins...
M. KIERANS: ... qui entrent dans la politique.
M. SAINT-GERMAIN: ... qui seraient, bien certainement, s'il y
avait un manque de médecins...
M. BOIVIN: ... il manque de...
M. KIERANS: ... c'est moitié, moitié
peut-être.
M. SAINT-GERMAIN: Mais pour continuer, il y aurait certainement
des gens, puis des médecins, qui seraient heureux de servir le public le
samedi et le dimanche, et même la nuit.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je n'ai pas saisi
exactement la portée des remarques du ministre d'Etat. Est-ce qu'il
suggère que les médecins puissent travailler plus qu'ils ne
travaillent en ce moment en faisant du travail le samedi? Est-ce que le
ministre d'Etat est au courant du nombre d'heures que travaille, par semaine,
en moyenne un médecin dans la province de Québec?
M. BOIVIN; Ils ne refusent pas de travailler. Pour l'expérience
que j'en ai, moi, dans l'hôpital où j'ai travaillé, c'est
que les médecins s'offrent pour travailler le samedi. C'est impossible,
avec tout le personnel paramédical qui manque actuellement. Je ne veux
pas défendre la profession médicale...
M. GOLDBLOOM: Ni moi non plus.
M. BOIVIN: ... mais, d'un autre côté, pour
être juste, je sais que les médecins, en général,
les chirurgiens, pourraient travailler le samedi, mais le problème, la
lacune nous vient surtout du personnel paramédical, du personnel
infirmier.
M. GOLDBLOOM: Mais le ministre d'Etat est sûrement au
courant du fait que le médecin du Québec travaille en moyenne
entre 60 et 65 heures par semaine, déjà, à une
époque où les syndicats ouvriers cherchent à
réduire leur semaine de travail à moins de 40 heures. C'est un
peu fort de leur demander...
M. BOIVIN: Je n'élimine pas la possibilité,
remarquez bien, qui s'ajoute, des formations des universités et qu'on
ouvre plus d'écoles et de facultés de médecine.
M. GOLDBLOOM: Il y a d'autres remèdes aussi.
M. BOIVIN: Je ne m'oppose à ça d'aucune
façon.
M. CLOUTIER: Non, il y a aussi une nouvelle faculté de
médecine qui vient de commencer à fonctionner à Sherbrooke
et qui a reçu cette année sa première...
M. BOIVIN: Sa deuxième...
M. CLOUTIER: ... sa deuxième année, qui a
reçu cette année son premier groupe d'étudiants.
M. BOIVIN: C'est ça.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que le ministre croit qu'actuellement il
y a assez de finissants en médecine pour faire face aux obligations
futures?
M. CLOUTIER: Dans les études de la commission Castonguay,
il est dit que le rapport, médecin par population, pourrait être
considéré comme satisfaisant, ici, au Québec. Ce qu'on
déplorait, évidemment, et ce qu'on mentionnait, c'est que la
répartition des médecins, géogra-phiquement aurait besoin
d'amélioration.
M. KIERANS: D'être améliorée dans la province
de Québec?
M. CLOUTIER: Oui.
M. KIERANS: Pour revenir à la sous-utilisation des
hôpitaux, si les plaintes des omnipraticiens à l'effet que les
hôpitaux sont en grande partie fermés au médecin de
pratique générale, sont bondées, est-ce que c'est un
facteur dans l'utilisation insuffisante des hôpitaux?
M. CLOUTIER: M. le Président...
M. KIERANS: La fédération des omnipra-ticlens se
plaint que les hôpitaux sont presque fermés aux médecins de
pratique générale. Je demande si ce n'est pas un facteur qui
plaide pour l'utilisation des hôpitaux sept jours par semaine.
M. BOIVIN: Quand on dit qu'il manque peut-être de lits dans
les hôpitaux, et qu'on voudrait accélérer, par exemple, le
travail à six jours et à sept jours par semaine, c'est
évident qu'il y a des médecins, à part aussi les
omniprati-ciens, qui souffrent de la situation, parce qu'il y a des listes
d'attente considérables, actuellement. Il n'y a pas que les
omnipraticiens, les spécialistes aussi manquent de lits.
M. KIERANS: Oui, mais ce sont les omnipraticiens, en particulier,
qui se plaignent.
M. BOIVIN: C'est parce qu'il sont peut-être plus
près, évidemment, du malade. Ils sont obligés de donner
des soins à domicile, et peut-être qu'eux voient davantage les
besoins du malade, qu'ils voient plus les besoins de la population pour... On
devrait accélérer l'entrée aux hôpitaux.
M. KIERANS: Je signale ce problème, peut-être
pourra-t-on y revenir plus tard. Il y a autre chose. M. le ministre, j'ai
été bien surpris, en voyant la pénurie de médecins,
que vous n'avez pas saisi l'occasion dans le bill 53, d'enlever
complètement cette clause de citoyenneté, parce que, les faits
sont là, il y a entre 1,100 et 1,200 médecins étrangers
qui travaillent dans nos hôpitaux, qui ne peuvent pas exercer leur
profession.
M. CLOUTIER: Ils sont internes et résidents,
actuellement.
M. KIERANS: Oui, mais ils ont...
M. CLOUTIER: De toute façon, ils ont décidé
d'apprendre, de prendre une spécialité...
M. KIERANS: Oui, oui.
M. CLOUTIER: Il est exacte que, sur 2,300 internes et
résidents, il y a environ 1,300 médecins étrangers. Mais
je ne sache pas que ces médecins-là, s'ils ont choisi
d'acquérir une spécialité dans le domaine de la
médecine, soient disponibles dès maintenant pour exercer leur
profession sur le territoire du Québec. Et, de toute façon, pour
revenir à la question du député et au débat qui a
eu lieu récemment en Cham- bre, au sujet du bill 53, M. le
Président, je ne veux pas revenir reprendre le débat. Le
débat était bien circonscrit au problème de l'Expo,
mais...
M. KIERANS: On peut soulever la question ici.
M. CLOUTIER: Je ne sais pas si on y peut revenir, M. le
Président.
M. KIERANS: Non, non, on réfère au pro-
blème global, maintenant.
M. BOIVIN: C'est une solution.
M. KIERANS: Cela été refusé par le
président, mais, maintenant, nous avons le droit de soulever cette
question.
M. CLOUTIER: De toute façon, M. le Président, je
n'ai pas d'objection à en parler.
M. BOIVIN: C'est une solution.
M. CLOUTIER: Voici! Le collège des médecins...
M. KIERANS: C'est une solution, oui! Je demande pourquoi le
ministre n'a pas saisi l'occasion.
M. CLOUTIER: M. le Président, ce problème-là
a été réglé en Chambre et au cours de
l'Exposition...
M. KIERANS: Pour l'Expo seulement et non le reste de la
province.
M. CLOUTIER: ... on a dit qu'on réglait le problème
de l'Expo comme on a réglé les autres problèmes quand il y
a eu d'autres lois relatives à l'Expo, soit dans le domaine du logement,
on n'a pas profité de l'occasion pour régler tous les
problèmes du logement. Alors, nous avions un problème qui nous a
été soumis par le collège des médecins. Nous savons
que le collège des médecins se penche, actuellement, sur toute sa
loi médicale. Le président, le Dr Gingras, a annoncé
récemment qu'il avait l'intention, lui et ses collègues, de
présenter une refonte complète de la loi médicale. Alors,
avec l'invitation qui a été faite par le premier ministre, de
concert avec l'Opposition, je pense qu'à la lumière de ce
débat, on se rendra compte, au collège des médecins, que
le voeu des hommes qui ont la responsabilité de la santé publique
dans la province de Québec, c'est que les ca-
dres des professions et en particulier celle de la profession
médicale, soient plus largement ouverts, pour donner la chance aux
médecins étrangers de pratiquer chez nous. Je pense que
là-dessus, il n'y a pas de discussion. Tout le monde s'entend.
Là où je diffère d'opinion avec le
député de Notre-Dame-de-Grâce, c'est quand il dit que le
gouvernement devait absolument profiter de cette circonstance de l'Expo, du
projet de loi apporté à l'occasion de l'Expo pour régler
un problème bien particulier, c'est-à-dire pour nous dire que
nous, aurions dû régler à cette occasion-là tout le
problème général de l'admission des médecins
étrangers. Je pense que ce problème pourra être
réglé avec la collaboration du collège des
médecins. Et je pense également que ce problème fera
l'objet de recommandations par la commission Caston-guay, dès juillet,
parce que la commission Castonguay fera un rapport préliminaire au
gouvernement sur le problème de l'assurance-maladie et sur celui des
internes et des résidents. Je crois et je pense qu'il est logique que
dans ce rapport la commission Castonguay traite de ce problème de
l'exercice de la médecine par les médecins étrangers.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que le ministre peut
nous dire si le projet d'amendement global à la loi médicale sera
soumis à l'attention de l'Assemblée législative avant la
fin de la présente session?
M. CLOUTIER: M. le Président, il faut attendre que le
collège des médecins nous présente son projet de refonte
de loi médicale...
M. GOLDBLOOM: Et vous ignorez l'horaire...
M. CLOUTIER: Il n'en est pas question pour la présente
session.
M. KIERANS: Et la discrimination continue! M. CLOUTIER: Bien, M.
le Président...
M. BOIVIN: Il y a une chose que je voudrais dire au
député, c'est que c'est peut-être un moyen d'accepter les
étrangers. Mais je pense qu'il faudrait travailler davantage pour
favoriser l'ouverture de nouvelles facultés de médecine, pour que
les Québécois soient d'abord les premiers servis.
M. GOLDBLOOM: Je suis d'accord avec le ministre d'Etat,
mais...
M. KIERANS: Ils ont le droit de faire un choix
eux-mêmes.
M. BOIVIN: On a fait quelque chose en favorisant l'ouverture
à l'université de Sherbrooke, de la faculté de
médecine. Il y a 64 médecins qui sortiront...
M. KIERANS: Et voici un problème qui existe à
l'heure actuelle. Nous avons un médecin par 855 personnes dans la
province de Québec, mais dans la région de la Gaspésie, la
rive sud, il y a un médecin par 1,944 personnes. Dans une autre
région, l'Abitibi-Témiscamingue, il y a un médecin par
2,297 personnes. Ce sont les chiffres d'un autre rapport Castonguay, le premier
rapport du comité de recherche sur l'assurance-santé. Voiciles
discriminations entre les régions. Vous avez un problème, M. le
ministre. Vous n'avez pas saisi une occasion pour résoudre un
problème qui est très grave chez nous. Et maintenant, nous avons
un phénomène qui apparaît de façon évidente
à tout le monde. Au Canada, les médecins se répartissent
comme suit je cite la commission Hall « Au Canada 35% des médecins
sont des omniprati-ciens, 35% des médecins sont des spécialistes
». Ici au Québec, 29% des médecins sont des praticiens,
43.6%, en 1965, d'après M. Castonguay, sont des spécialistes.
Il en résulte donc un surinvestissement dans notre province que
l'on attribue, en particulier, à cette clause de citoyenneté qui
force les médecins étrangers à rester dans les
hôpitaux et à agir comme des résidents, comme des internes.
C'est un problème que je veux signaler...
M. CLOUTIER: D'ailleurs, je l'ai mentionné tout à
l'heure, il y a un problème de répartition des médecins
sur le territoire du Québec. Et le député vient de faire
allusion à la proportion de médecins qui se spécialisent
chez nous, proportion qui est supérieure à celle de la moyenne
nationale du Canada.
M. KIERANS: Oui.
M. CLOUTIER: Il faut bien, dans cette discussion, prendre en
considération le fait que la population aussi sur le territoire du
Québec est beaucoup plus concentrée dans une région comme
celle de la région métropolitaine de Montréal ou de
Québec. Nous avons deux concentrations.
M. KIERANS: M. le ministre, je ne peux pas accepter une telle
réponse parce qu'il y a dans chaque province des centres
métropolitains,
comme Vancouver en Colombie-Britannique, Winnipeg...
M. CLOUTIER: Non.
M. KIERANS: ... au Manitoba, comme Toronto et les environs dans
la province d'Ontario.
M. CLOUTIER: Je comprends, M. le Président, mais je dis
que c'est une des considérations dont il faut tenir compte. Ce n'est pas
le seul facteur qui a incité nos médecins à se
spécialiser davantage mais cette concentration de population sur le
territoire du Québec, si l'on compare le Québec avec l'Ontario,
il faut en tenir compte.
M. KIERANS: Je compare le Québec au point de vue national,
pas avec l'Ontario.
M. CLOUTIER: Disons que la considération vaudrait pour
certaines autres provinces où la population est plus également
répartie sur tout son territoire. Alors, dans le Québec,
étant donné que nous avons cette concentration dans
Montréal et le Montréal métropolitain, nous avons
là également une concentration d'hôpitaux et
d'hôpitaux de calibre supérieur, d'hôpitaux universitaires.
Alors, cela entraîne par conséquent une concentration de
médecins spécialistes dans le Montréal
métropolitain. Mais il y a des mesurer qui devront être prises.
Dans notre législation, autant que faire se peut, nous devrons avoir
comme préoccupation une meilleure répartition des effectifs sur
le territoire du Québec.
M. GOLDBLOOM: D'accord, M. le Président. Or, le
gouvernement précédent avait promis l'établissement de
certains centres régionaux hospitaliers justement pour créer un
pôle d'attraction dans des régions où pourraient venir des
médecins et du personnel paramédical. Je n'en n'ai pas entendu
parler de la bouche du ministre actuel.
M. CLOUTIER: Oui, M. le Président, le député
était distrait. Je n'en n'ai pas parlé ici, mais j'ai
laissé entendre à plusieurs reprises, lors de causeries, que
cette politique de régionalisation dans le domaine de la santé
était une politique bien fermement établie au ministère de
la Santé et que, si nous avions passé un certain stade de
suggestions aux hôpitaux, à savoir consentir à cette forme
de régionalisation, il y aurait peut-être d'autres étapes
qui devraient venir afin d'accéler cette régionalisation. Et
c'est dans la politique du ministère de la Santé.
Disons, pour satisfaire le député, que c'est la
continuation de la politique du ministère de la Santé que de
régionaliser les hôpitaux et que, dans un territoire aussi vaste
que la Gaspésie ou le Bas-Saint-Laurent, qui a été
mentionné par le député de Notre-Dame-de-Grâce il y
a un instant, il y ait des hôpitaux régionaux de calibre
supérieur qui soient capables de remplir un rôle de surveillance
auprès des hôpitaux satellites, hôpitaux de calibre
réduit, de calibre inférieur quant à la qualité des
soins, et capables également de rendre des services à ces
hôpitaux.
Alors je pense que j'irai plus loin, même plus loin que le
député de D'Arcy-McGee en disant que s'il faut, pour maintenir
une répartition équitable des médecins dans la province de
Québec, employer même la politique des investissements je
fais allusion ici particulièrement à ces
maternités-cliniques . Donc, si c'était le seul moyen que
nous avions à notre disposition pour maintenir dans des régions
comme la Gaspésie ou l'Abitibi, dans un rayon donné, des
médecins qui vont dispenser des soins à la population, je pense
que nous devrions en dernier ressort utiliser ce moyen-là pour permettre
à des médecins également de procurer à la
population des soins auxquels elle a droit et pour lesquels elle paie des taxes
à la province. Mais, tout en ayant à l'esprit cependant dans ces
hôpitaux, dans ces petits hôpitaux et ces hôpitaux moyens, on
doit également surveiller de très près la qualité
des soins. Parce que notre objectif de décentraliser les investissements
hospitaliers pour les rapprocher de la population ne doit pas être
atteint au détriment de la qualité des soins et là-dessus
je pense que tous les médecins qui sont ici doivent être
d'accord.
M. KIERANS: Pour assurer une meilleure répartition des
médecins à travers le Québec, je pense que
l'assurance-maladie serait un des meilleurs projets.
M. CLOUTIER: Evidemment, ça n'exclut pas, M. le
Président, une foule d'autres mesures. Il y a des mesures qui ont
été prises. L'assistance médicale est un de ces moyens.
J'avais mentionné en Chambre l'an dernier, lors de l'étude en
deuxième lecture du projet de loi, que je considérais qu'un des
premiers effets de la loi de l'assistance médicale, ce serait
d'encourager des médecins qui restent, qui pratiquent la médecine
dans des régions défavorisées et
sous-équi-pées, d'avoir évidemment un motif de plus de
demeurer au poste parce qu'ils seront assurés au moins pour une partie
des soins qu'ils vont
dispenser à la population, cette partie qui est moins
favorisée du point de vue financier, de percevoir de justes
honoraires.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le ministre, est-ce que je peux me
permettre une question là-dessus, une question rapide?
M. CLOUTIER: Certainement.
M. LEVESQUE (Laurier): Une chose qu'on constate aussi et qui
avait été constatée dès le début comme
conséquence possible, c'était la raison pour laquelle ça
devait durer un an seulement, peu importe qu'on se soit fait des illusions, on
ne pourra jamais vérifier puisque c'est maintenant un autre gouvernement
qui est là, qui a établi des délais différents.
Mais une des choses qu'on avait constaté d'avance et qui se confirme
maintenant, c'est que les $5, $6, $7, $8, disons, pour une base que tout le
monde connaît, qui est celle de la visite de médecin telle que
prévue dans la loi de l'assistance médicale...
M. CLOUTIER: $7.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, mais en pratique c'est une
limitation, des histoires comme ça. Enfin, ça joue
là-dessus, que cette base-là est devenue très facilement
un minimum pour beaucoup de médecins, ce qui est compréhensible.
Je veux dire que c'est devenu leur nouveau barème. Ce
barème-là, par rapport aux gens qui ne sont pas classés
comme des indigents officiels mais qui sont quand même des
économiquement faibles dans beaucoup de régions, crée des
difficultés terribles au point de vue de l'accessibilité des
soins médicaux. Pour des gens qui ne veulent pas s'appeler
officiellement indigents, qui ne peuvent pas de toute façon parce qu'ils
gagnent à peu près leur vie on a des régions
où les gens gagnent leur vie marginalement en maudit est-ce que
ce n'est pas urgent de plus en plus, je veux dire de réduire
évidemment ça crève les yeux mais je voudrais que le
ministre me dise s'il est d'accord de réduire ces délais
qui généraliseront le système? Parce que ce qu'on a fait
était nettement l'amorce d'un système général qui a
tout débalancé l'économie des services médicaux
dans les régions excentriques du Québec. Ce qui fait une bonne
base réelle pour les médecins au point de vue pécuniaire,
mais qui a également démantibulé le système des
honoraires de médecins dans ces régions-là. Cela, c'est la
première question. Autrement dit, est-ce que l'expérience de
l'assistance médicale ne confirme pas que justement c'est une amorce et
qu'il faut au plus tôt arriver à un système
génêral?Deuxiêmement, est-ce que le ministre de ce
côté-là, puisqu'il a mentionné ce domaine,
espère aboutir quand même le plus tôt possible à une
formule d'assistance-médicaments? Je ne demande pas de détails,
je voudrais seulement savoir dans les deux cas si on...
M. CLOUTIER: Je connais particulièrement bien le premier
problème. La première partie de la question qu'a soulignée
le député parce que moi-même, je suis représentant
d'une circonscription qui fait partie d'une zone sous-équipée ou
d'une zone économiquement faible.
Je conçois bien que pour ces gens qu'on appelle les marginaux,
qui ne sont pas des indigents mais qui ne sont pas non plus des gens à
l'aise. D'ailleurs, je l'avais souligné l'an dernier, qu'il y aurait
certainement un problème pour ces gens qui sont situés à
la démarcation, Il y a un problème et nous en sommes bien
conscients.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, est-ce que cela confirme le
besoin d'accélérer l'assurance médicale
générale?
M. CLOUTIER: Disons, M. le Président, que les gens
marginaux devront recevoir une attention toute spéciale et prioritaire
de la part du gouvernement.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il y a une autre façon
que l'assurance médicale générale qui soit potable ou
concevable pour des gens qui ne sont pas des indigents?
M. CLOUTIER: Je n'en vois pas, sauf une extension d'assistance
médicale.
M. LEVESQUE (Laurier): Qui serait basée sur quels
critères imaginables de définition des économiquement
faibles qui ne sont pas des indigents?
M. CLOUTIER: Cela, évidemment, M. le
Président...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est l'ouverture à
l'assurance...
M. CLOUTIER: C'est l'ouverture à l'assurance-maladie. Mais
disons que les critères par lesquels nous pourrions établir qui
sont véritablement les économiquement faibles, peuvent varier
suivant l'optique dans laquelle on se place. De toute façon, je pense
que...
M. LEVESQUE (Laurier): Des critères de ce genre-là,
est-ce que cela, honnêtement, n'expose pas à la fraude, à
la discrimination, etc? Il faut définir le gars à $3,500 ou
à $4,000, et là, on sait ce qui arrive. N'est-ce pas un fait?
M. CLOUTIER: Bien, c'est un fait, et il pourrait être
acceptable que les économiquement faibles, dans la ligne de
pensée du gouvernement actuel si on se base sur la
législation récente que ce soit $2,000 ou $4,000.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, ce que je veux dire au ministre,
personnellement, c'est qu'à partir de l'expérience de
l'assistance médicale et de ce qu'il avait lui-même
constaté, et de ce qui est apparamment confirmé dans sa
région et ailleurs,...
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... qu'on conçoive une assurance
médicale telle qu'on doit l'avoir, l'assurance-santé pour
cesser de jouer avec les mots...
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (LAURIER): ... comme une chose qui irait à des
catégories de citoyens ou qui devrait être universelle, de
façon à pouvoir être fournie à tout le monde. C'est
dans son esprit.
M. CLOUTIER: On en avait discuté abondamment tout à
l'heure, je m'excuse...
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. CLOUTIER: ... de faire cette remarque au député
de Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): Donc, il n'y a pas de...
M. CLOUTIER: On en a discuté à d'autres
comités tout à l'heure, abondamment, et je pense que c'est admis
le ministre est le premier à l'admettre qu'il y a de ce
côté-là un besoin pressant. Nous sommes d'accord pour
accepter le principe de l'assurance-maladie. J'ai déclaré que
j'étais d'accord sur l'universalité du type, mais selon les
recommandations de la commission Castonguay, à procéder par
étapes, et nous avons tout à l'heure discuté longuement
sur ces différentes étapes qui pourraient être
réduites au strict minimum. Tout dépend de certaines contraintes.
Alors, je pense...
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, je m'excuse...
M. CLOUTIER: ... que cela rencontre...
M. LEVESQUE (Laurier): Une deuxième question, très
rapidement. Y a-t-il des espoirs que l'assistance-médicaments soit une
autre étape préliminaire, puisque cela peut venir vite?
M. CLOUTIER: Le député sait que nous avons
formé un comité d'assistance-médicaments qui étudie
spécialement, actuellement, l'instauration d'un régime
d'assistance-médicaments.
M. LEVESQUE (Laurier): Y a-t-il une date fixée?
M. CLOUTIER: Non, il n'y a pas de date fixée, M. le
Président, mais j'ai déclaré avant-hier, lors de
l'étude des crédits, que je concevais cette étape comme
préliminaire à l'assurance-maladie.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais sans date pour l'instant?
M. CLOUTIER: Sans date pour l'instant, mais qui pourrait se
situer peut-être entre...
M. BOURASSA: Le ministre réalise quand même que les
citoyens d'autres provinces bénéficient actuellement comme je le
signalais avant-hier, à cause d'une entente qui a été
signée...
M. CLOUTIER: Oui!
M. BOURASSA: ... d'une assistance-médicaments, alors que
nous, parce qu'on a une proportion plus élevée,...
M. CLOUTIER: J'ai répondu au député que nous
tenions compte, au ministère de la Famille, dans l'établissement
des besoins,...
M. BOURASSA: Cela, c'est de la théorie, quand
même!
M. CLOUTIER: Non, écoutez!
M. BOURASSA: Ces gens-là n'ont pas seulement besoin de
médicaments...
M. BOIVIN: Ce sont des choses...
M. CLOUTIER: Je pense que, de toute façon,
quand les crédits du ministère de la Famille viendront,
nous pourrons discuter, si vous le voulez, de cette question.
M. LEVESQUE (Laurier): Bien sûr, on peut toujours discuter
où l'on veut, mais la loi de l'assistance médicale, dont ce
serait un complément en même temps qu'une étape pilote, au
point de vue des médicaments, dépend du ministère de la
Santé pour son administration, et non du ministère de la
Famille.
M. CLOUTIER: Actuellement, la loi de l'assistance médicale
dépend du ministère de la Santé, et le comité
d'assistance-médicaments a été formé aglement au
ministère de la Santé.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est pour cela que je trouve logique
qu'on en discute ici.
M. CLOUTIER: Bien, c'est parce que le député
faisait allusion au régime canadien d'assistance publique. Alors, je dis
que, là-dessus, nous sommes d'accord, et qu'au ministère de la
Famille, nous profitons de tous les avantages du régime canadien
d'assistance publique.
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, pas pour les médicaments?
M. CLOUTIER: Non! pour les médicaments, mais dans
l'appréciation des besoins que nous faisons pour ceux qui sont des
assistés sociaux, des indigents. Mais dans la liste des besoins de ces
personnes pour la formule, appelez-la comme vous voulez, formule
numéro...
M. LEVESQUE: D'accord, mais le ministre admettra une chose ou ne
l'admettra pas. Enfin, je ne sais pas, cela a l'air d'un dada pour certaines
gens qui refusent de l'étudier, mais je sais que le ministre
lui-même et, parmi les députés, j'en connais au moins un de
l'Union Nationale que cela intéresse, c'est que le système actuel
des médicaments est un scandale complet. Pour citer un Américain,
Lome, qui est président du comité équivalent aux
Etats-Unis, et qui n'est pas, Dieu sait, un radical, le système actuel
des médicaments, « pricing policy », qui est
incorporé dans ce qu'on fait payer actuellement aux assistés
sociaux, c'est un scandale complet. C'est un vol organisé, et je crois
que le ministre avait l'intention d'enchaîner, enfin, de
compléter, parce qu'on avait à peine amorcé les
études de formulaire, de listes de médicaments nécessaires
et d'achats en bloc en vue de faire une étape laboratoire
d'assistance-médicaments qui servirait à un plan
général et qui arrêterait, surtout quand ce sont les fonds
publics qui doivent financer, le vol organisé dans le domaine des
médicaments, les médicaments nécessaires. Je ne parle pas
de vitamines, de ces choses-là, mais des médicaments qui sont
prescrits pour les malades. Avec cette expérience-là, je voudrais
savoir si... il n'y a pas de date. Enfin, je demande au ministre...
M. CLOUTIER: Non, il n'y a pas de date.
M. LEVESQUE: ... si cela va se concrétiser, parce que s'il
s'agit d'encourager avec les fonds publics l'extorsion littérale que
fait cette industrie-là, bien là, ça pourrait se discuter
longuement.
M. CLOUTIER: Le député comprendra facilement que je
ne peux lui donner de date exacte de mise en application d'un tel
système, parce qu'il comprend, s'il y en a un qui le conçoit
bien, parce qu'il s'intéresse particulièrement à cette
question, c'est un domaine excessivement complexe. La question du formulaire
entre autres, est complexe et demandera des études approfondies.
Actuellement, je peux dire que le comité qui a été
formé, le comité spécial, a accompli un bon travail et il
poursuivra ses travaux le plus rapidement possible afin de nous soumettre un
rapport.
M. LEVESQUE: Sans exagérer, mais vu que c'est un domaine
extrêmement complexe et vaste, on pourrait aller quand même un peu
plus loin. Le domaine du formulaire, est-ce qu'il n'y a pas un bon nombre
d'hôpitaux bien organisés dans Québec qui se sont
bâti des formulaires à partir desquels ils travaillent, des
formulaires qui leur paraissent pratiques? J'ai eu l'occasion, dans les
derniers mois de notre administration, de rencontrer des gens d'hôpitaux
qui, partant de leur formulaire, que je n'étais pas équipé
pour analyser, disaient, eux, qu'un formulaire demandait de l'étude,
demandait surtout de résister à certaines pressions. On
conçoit ça facilement, mais c'était une chose
déjà réalisée et sur laquelle des pays nombreux, et
qui ne sont pas mystérieux, ont une longue expérience et que des
hôpitaux du Québec emploient. Cela, c'est une chose. Une autre
chose qui a été proposée récemment et qui pourrait
aussi être une amorce, c'est que nos hôpitaux et c'a
été proposé entre autres par un médecin de la
région de Montréal, c'a été repris par d'autres et,
entre autres, par un député, je crois, de l'Union Nationale,
député de Richelieu...
M. CLOUTIER: Richelieu.
M. LEVESQUE: ... que nos hôpitaux qui, actuellement, dans
beaucoup de cas, sur la base de formulaires, ont réduit un peu, quand
même, même dans le système commercial abusif actuel, les
coulages dans ce domaine-là, groupent leurs achats, qu'on le fasse
régionalement ou qu'on le fasse à l'échelle de la
province. Cela créerait un outil d'achat spécialisé qui
aurait un instrument qui s'appellerait le formulaire. Cela permettrait
probablement X centaines de milliers, peut être X millions de dollars
d'économie sur les achats qu'on fait actuellement dans le système
hospitalier, avec tous les dangers de pression de contact, etc qui peuvent
régner quand c'est chacun pour soi. Cela accentuerait cette
expérience que le ministre désire, une expérience pilote
pour essayer d'arriver à quelque chose de civilisé dans ce
domaine.
M. CLOUTIER: Ces formulaires-là, qui existent dans nos
hôpitaux, sont des outils de travail dont va se servir également
le comité. Tout ce qui existe actuellement de formulaires.
M. LEVESQUE: Qui y a-t-il sur le comité?
M. CLOUTIER: Je vous les donne de mémoire. Il y a le
docteur Laurent Lizotte, sous-ministre adjoint au ministère de la
Santé, il y a M. Gilles-D. Bergeron, qui est le directeur
général de l'administration au ministère de la Famille, 11
y a M. Périard, du ministère de la Famille, section de la
direction de l'administration, il y a M. Dussault...
M. LEVESQUE: L'ancien secrétaire.
M. CLOUTIER: ... qui est de la commission d'enquête, qui
faisait partie des travaux de la commission d'enquête Castonguay, et Mlle
Martin, qui est économiste et qui était sur les travaux de la
commission Castonguay et qui fait le lien entre la commission Castonguay et
cette commission.
Parce qu'il faut tout de même qu'il y ait une certaine
homogénéité, une certaine suite dans ces travaux que la
commission Castonguay poursuit directement et indirectement, parce que cela
entre aussi dans tout le contexte de la santé et cette commission
spéciale qui étudie l'assistance médicale.
M. LEVESQUE: Mais, il n'y a pas de gens, disons, qui
représentent la pharmacologie, les pharmaciens...?
M. CLOUTIER: Ce sont des sous-comités.
Ils font appel à tous les sous-comités qui sont
formés de spécialistes, mais, pour un travail de synthèse,
ce sont des gens qui ne sont pas directement au milieu du problème des
médicaments.
M. LEVESQUE: Est-ce que le ministre aurait de mémoire le
nombre de réunions qu'ils ont eues et où ils en sont dans leurs
travaux?
M. CLOUTIER: Oui, j'ai eu, de mémoire, disons, des
procès-verbaux où j'ai constaté à la lecture qu'il
y avait eu des séances très longues et très
élaborées. Ils ont actuellement un voyage d'étude de fait
où ils ont visité une foule de pays, des systèmes en voie
de fonctionnement et j'attends incessamment un rapport de ces travaux
itinérants.
M. LE PRESIDENT: Je vous ferai remarquer que nous sommes encore
dans les généralités et c'est...
M. KIERANS: C'est bien important.
M. LE PRESIDENT: Oui, d'accord, c'est bien important,
excepté qu'il ne faudrait pas entrer dans les questions
particulières au cours des généralités. Ce serait
intéressant aussi de passer le plus tôt possible à
l'étude, article par article, du budget du ministère de la
Santé.
M. KIERANS: Nous allons commencer incessamment...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si vous me permettez,
j'aimerais quand même, pour ne pas être obligé d'y revenir,
apporter deux précisions à une déclaration faite par le
ministre il y a un moment. Le ministre a dit qu'il y a dans nos hôpitaux
un chiffre qui se trouve quelque part entre 1,200 et 1,300 médecins
étrangers qui sont à l'étude, et le ministre a
déclaré qu'il doute que ces médecins soient disponibles
pour exercer la médecine dans la province de Québec, parce qu'ils
ont choisi de se spécialiser. Je souligne que ce sont des exigences qui
les obligent de se spécialiser et que ce qui arrive, c'est que ces
médecins sont obligés, par les exigences actuelles, de devenir
spécialistes. Un certain nombre d'entre ceux seraient tout à fait
prêts à s'établir dans la pratique de la médecine
dans notre province, mais ces médecins, en bon nombre, et même en
majorité, au lieu de s'enraciner dans la pratique de la médecine
au bout de deux ans d'étude, disons, se trouvent, au bout de cinq ans,
munis d'un certificat de citoyenneté canadienne et d'un certificat de
spécialiste de la province de Québec,
et, avec ces deux documents-là, partent pour les Etats-Unis.
Alors, il y a une perte considérable sur toute la ligne, et,
deuxièmement, je dois souligner que le gouvernement
précédent a exercé des pressions considérables sur
le collège des médecins, pression dont j'ai été le
receveur, dans le temps, pour que ces articles de la loi médicale soient
apportés pour amendement avant l'amendement global de la loi
médicale et, maintenant que c'est le député de Montmagny
qui est au monticule, je trouve que ses lancers ne trouvent pas le marbre.
M. CLOUTIER: Que ses lancers...
M. GOLDBLOOM: Que ses lancers ne touchent pas le marbre.
M. CLOUTIER: M. le Président...
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas un joueur de baseball.
M. BOIVIN: Est-ce que l'ex-vice-président s'est
borné à recevoir seulement les plaintes? Quand il était au
collège des médecins, est-ce qu'il a fait...
M. KIERANS: Je peux répondre à cette question parce
que j'ai été la personne qui a exercé des pressions sur le
collège, trois semaines après que j'ai été
nommé ministre. J'ai invité le collège, dont le docteur
Goldbloom était un membre et, à ce moment, c'est-à-dire le
10 novembre 1965, le collège a accepté d'éliminer la
nécessité d'être citoyen canadien. Maintenant, c'est une
autre période de 18 mois.
M. BOIVIN: Alors, nous attendons.
M. KIERANS: Ils sont prêts. Ils étaient prêts,
j'étais certain d'éliminer cette clause quand vous avez
déposé votre fameux bill 53, et vous avez raté une
possiblité d'éliminer une cause d'injustice et de discrimination
qui continue à exister ici seulement dans le Québec.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je trouve que le mot discrimination
est un peu fort en ce qui concerne...
M. KIERANS: ... quand vous forcez les médecins
étrangers à se spécialiser, c'est une discrimination.
M. TREMBLAY (Montmorency): ... Ne trouvez-vous pas essentiel
qu'ils aient les qualifications du médecin et...
M. KIERANS: D'accord, complètement, mais la
citoyenneté canadienne n'est pas une qualification.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, c'est la troisième fois que
cette question-là reprend dans les généralités, je
crois bien que c'est hors d'ordre, que nous devons passer à autre chose
dans les généralités si vous voulez y demeurer. Cette
question-là a été discutée à plusieurs
reprises.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, est-ce qu'on
pourrait tout de même avoir une précision sur la façon de
procéder? On a toujours compris, les dernières années, et
je crois que c'est ce qu'on faisait couramment, que l'article initial ou enfin
l'amorce de la discussion était toujours sur les aspects divers de la
politique du ministère, pour autant qu'il y en a une, la façon de
la faire préciser de façon générale aussi, quitte
à entrer dans certains détails. Mais il y a une foule de choses,
entre autres, dans la législation possible, qui ne sont pas dans les
articles individuels des crédits. On a toujours tenu pour acquis, ces
dernières années, et je croyais que ça continuait, surtout
dans un ministère aussi important, aussi central pour toute la
population que le ministère de la Santé, que la politique
générale du ministère devait être
déblayée le mieux possible, quitte ensuite à aller plus
vite dans les articles individuels.
M. LE PRESIDENT: Oui, d'accord. Voici, c'est qu'au début,
de consentement mutuel, les parties se sont entendues à discuter les
généralités Je suis bien d'accord. Excepté que,
quand une généralité ou une polituque a été
établie ou a été discutée amplement, et que vingt
minutes, une demi-heure ou une heure après ou à la séance
suivante, on recommence à discuter ce point qui a déjà
été discuté, bien, je pense bien que ça n'a plus sa
place d'être rediscuté. Mais, pour aussi préciser ma
pensée, c'est qu'il y a certaines questions particulières qui
vont être discutées lors de l'étude des articles
eux-mêmes. Je suis bien d'accord, tout le monde était d'accord, de
consentement mutuel, à discuter des généralités,
mais pas à les reprendre quatre ou cinq fois, ces
généralités, au cours de ces discussions.
M. KIERANS: D'accord, M. le Président, je vais soulever
une autre généralité, si vous le voulez. Je demande au
ministre quelle est son attitude envers les hôpitaux privés, et
voici pourquoi. Je cite le collège des médecins, qui a
recommandé la disparition des hôpitaux pri-
vés en disant: Les hôpitaux qui sont
propriété privée et à but lucratif
représentent un anachronisme dans les structures de la
société québécoise de 1967. Je demande au ministre
s'il pense que ce serait souhaitable que tous les établissements
hospitaliers relèvent un jour de corporations sans but lucratif.
M. CLOUTIER: M. le Président, je répondrai
très franchement à la question du député de
Notre-Dame-de-Grâce. Depuis mon arrivée au ministère de la
Santé, comme ministre titulaire, je n'ai pas accordé de nouveaux
permis pour de nouveaux hôpitaux privés. Je n'ai fait que
respecter les engagements pris par mon prédécesseur
immédiat ou celui qui l'a précédé.
M. KIERANS: Je n'ai pas donné de permis moi non plus.
M. CLOUTIER: Il y en avait trois en suspens, quand je suis
arrivé au ministère de la Santé. Trois... deux dont
je...
M. KIERANS: Ils n'étaient pas donnés.
M. CLOUTIER: ... me souviens parfaitement là et un
troisième que... Il était donné
antérieurement...
M. KIERANS: Ah!
M. CLOUTIER: ... antérieurement peut-être au
député. Je dis, soit par le ministre qui m'a
précédé ou l'autre ministre. Il y a ces engagements que
j'ai respectés, et je pense que ces gens, ces particuliers, qui avaient
demandé au ministère de la Santé et qui s'étaient
vu accorder un permis par arrêté ministériel vont, s'ils
n'ont pas déjà commencé la réalisation de leur
projet, la commencer incessamment. Mais je n'ai pas donné d'autres
permis soit pour des hôpitaux généraux, soit pour des
hôpitaux pour malades chroniques. Et, en cela, je pense que cette
politique a un pendant au ministère de la Famille, là aussi, en
ce qui concerne le domaine des personnes âgées,
l'établissement de centres pour personnes âgées, j'ai
continué la politique de mon prédécesseur immédiat
et il n'y a pas eu de permis d'accordé à l'entreprise
privée.
Ce sont des corporations, des groupes de corporations publiques qui se
font les promoteurs de projets. Je pense que, sans avoir arrêté
à ce moment-ci de politique définitive, au ministère de la
Santé, je pense que nous tendons, nous nous orientons davantage vers la
formule publique. Et, dans le domaine de la santé, je suis d'accord avec
la déclaration du collège des médecins, qui dit que le
domaine de la santé est un domaine public, que l'exploitation des
institutions devrait être désormais confiée à des
entreprises publiques. Mais je comprends également qu'il y a des droits
acquis, qu'il y a des institutions qui sont dans ce domaine de la santé
depuis de nombreuses années, qui ont donné une bonne
qualité de soins, qui maintiennent des établissements de haute
qualité. Je pense que celles-là également devraient
continuer de recevoir du ministre et du ministère de la Santé la
permission de travailler dans ce domaine de la santé. Je ne sais pas si
ça répond exactement, mais je pense avoir répondu sans
détours à la question du député de
Notre-Dame-de-Grâces.
M. KIERANS: Bravo! Il y a une autre question. Quand nous avons
introduit, l'année dernière...
UNE VOIX: Adopté.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela n'a pas été
adopté.
M. KIERANS: ... la loi de l'assistance médicale, nous
avons conclu seulement une entente avec les médecins et les chirurgiens.
A ce moment, nous avons eu en vue la possibilité d'augmenter les soins
qui seront payés sous l'empire de cette loi, en particulier,
peut-être les soins fournis par les optométristes, parce que nous
avons reconnu évidemment que c'était une certaine discrimination
dans la loi, à l'heure actuelle, mais nous avons tenté d'abord de
conclure une entente avec les médecins, avec les collèges et avec
les deux syndicats. Quel est votre point de vue sur ce sujet?
M. CLOUTIER: L'attitude de l'Opposition, du gouvernement
d'aujourd'hui, Opposition d'alors, est publique. Je pense que tout le monde
sait que nous avons fait une proposition l'an dernier au gouvernement, lors de
la passation en Chambre de la loi de l'assistance médicale. Nous avions
demandé à ce moment-là que les optométristes
puissent faire partie de l'entente et dispenser les soins de leur profession.
Je pense qu'il serait illogique, à ce moment-ci, maintenant que
l'Opposition a assumé la responsabilité de gouverner et,
particulièrement dans le domaine de la santé, je pense qu'il
serait illogique, M. le Président, de dire que ce que nous proposions
hier ne serait plus compatible avec notre politique d'aujourd'hui.
M. KIERANS: C'est arrivé d'ailleurs.
M. CLOUTIER: M. le Président, le député de
Notre-Dame-de-Grâce sort du domaine de la santé.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que le ministre pourrait me dire quand
les soins opto-métristes pourront faire partie de l'assistance
médicale?
M. CLOUTIER: Il y a actuellement une étude qui se poursuit
par la commission d'enquête Castonguay sur tout ce problème des
paramédicaux, et nous attendons les recommandations avant d'y
insérer les modalités qui permettront aux optométristes de
dispenser les soins géographiquement dans toute la province.
M. KIERANS: Notre position est très claire, je pense qu'il
faut inclure maintenant les services optométriques dans un régime
d'assistance-médicale.
M. TREMBLAY (Montmorency): Vous auriez dû y penser
l'année passée !
M. KIERANS: Non, non, nous avions assez de problèmes avec
vous et les médecins en ce moment! C'était assez complexe et
difficile de conclure même une entente avec vous autres, parce que mon
collègue était un négociateur à ce moment aussi, et
ce n'était pas facile.
Maintenant dans un autre domaine, dans le domaine des
universités, les centres de sciences médicales, quelles sont vos
intentions quant à la construction d'un centre des sciences
médicales à Laval et à l'université de
Montréal? On a beaucoup parlé de la pénurie des
médecins, ici au Québec. Voici une question précise.
M. CLOUTIER: Une remarque, avant de parler spécifiquement
de Laval et de Montréal. D'abord, il y a un centre hospitalier
universitaire en construction à l'université de Sherbrooke.
M. KIERANS: Non, je parle maintenant de Laval et de
l'université de Montréal.
M. CLOUTIER: Non, c'est une remarque que je fais avant de parler
spécifiquement. Voici pour Laval. Il y a une commission d'étude,
appelée commission Bonneau, qui a fait un travail de recherche sur tout
le problème de l'enseignement de la médecine dans la ville de
Québec et le Québec métropolitain. Actuellement, je pense
que le rapport en est à sa phase finale et nous devons recevoir
incessamment de la commission Bonneau le rapport de la commission
d'enquête et je pense qu'en ce qui concerne le problème de Laval,
ce rapport sera suffisamment explicite pour que le gouvernement prenne une
décision. Quant à Montréal, il y a actuellement des
discussions entre les principaux hôpitaux, les hôpitaux
universitaires de Montréal et l'université de Montréal. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce sait qu'actuellement, il a
certainement pris connaissance, au temps où il était en fonction,
des premières études qui avaient été produites par
l'université de Montréal dans ce domaine...
M. KIERANS: Oui.
M. CLOUTIER: ... des centres médicaux. D'autre part, nous
avons permis aux hôpitaux de Montréal, aux hôpitaux majeurs,
en particulier Maisonneuve, l'Hotel-Dieu et Notre-Dame, par arrêté
en conseil, d'étudier les développements, d'établir des
programmes d'expansion qui tiennent compte de l'enseignement et de la
recherche, de l'enseignement de la médecine dans le milieu hospitalier.
Je pense que ce problème de l'enseignement de la médecine ne peut
pas se traiter, ne peut pas se régler isolément par
l'université de Montréal, en vase clos, sans pourparlers
très étroits avec nos hôpitaux universitaires. Et l'inverse
est également vrai,
M. KIERANS: Quels hôpitaux universitaires?
M. CLOUTIER: Maisonneuve, Notre-Dame et l'Hôtel-Dieu.
M. KIERANS: Les hôpitaux affiliés.
M. CLOUTIER: Bien, ceux qui sont actuellement les hôpitaux
majeurs de Montréal.
M. KIERANS: Affiliés. Je ne pense pas que
l'université de Montréal considère que l'hôpital
Maisonneuve est un hôpital universitaire, n'est-ce pas? Quand on parle
d'un hôpital universitaire, on parle d'un hôpital qui est
centré, basé sur le campus.
M. CLOUTIER: Bien on les appelle communément... Je pense
que l'appellation « hôpital universitaire » comprend
l'hôpital...
M. KIERANS: Quand Mgr Vachon parle d'un hôpital
universitaire, il parle d'un hôpital localisé à
l'université.
M. CLOUTIER: Quand je parle d'hôpitaux universitaires,
actuellement, j'ai à l'idée des hôpitaux affiliés
à l'université et où il se fait de l'enseignement. Alors,
c'est dans ce sens-là que j'ai employé le terme «
hôpital universitaire ».
M. KIERANS: Oui.
M. CLOUTIER: Alors, il y a Maisonneuve, il y a Notre-Dame..
M. KIERANS: Oui, mais je parle de l'optique de
l'université Laval et de l'université de Montréal. C'est
une autre chose.
M. CLOUTIER: D'autre part, je sais qu'à Montréal,
également, on attend impatiemment les conclusions du rapport
Bonneau.
M. LEVESQUE (Laurier): Il s'agit essentiellement, je crois, dans
cet ensemble de considérations qui rejoignent d'ailleurs d'autres
aspects du problème médical que le ministre citaient tantôt
en parlant des maternités cliniques, des choses comme ça, il
s'agit essentiellement, pour autant qu'il y en ait un, du nombre des
médecins disponibles dans Québec,du problème du
recrutement.
Est-ce qu'on voudrait me permettre, juste quelques minutes, rapidement
en tremblant? Parce que c'est un domaine d'une grande, vieille et noble
corporation, et aussitôt que les profanes osent y mettre le nez, on a
l'impression que c'est scandaleux ou criminel. Seulement, comme il y a des
implications sociales très graves dans le rôle de la
médecine, que c'est une des professions les plus centrales dont on a
besoin dans n'importe quelle société civilisée, il y a une
chose qui est frappante. Je laisse de côté l'argument qu'on entend
souvent du nombre insuffisant des médecins en fonction d'un plan
d'assurance-santé, qui est d'ailleurs une bonne partie des
inquiétudes qu'on formule, parce que d'après ce qu'on peut
savoir, c'est faux. Malgré nos faiblesses actuellement, et malgré
la mauvaise répartitien entre spécialistes et omnipraticiens, et
la mauvaise répartition géographique que le ministre
évoquait tantôt, on a quand même, en chiffres absolus, un
nombre de médecins suffisant par rapport à d'autres pays, qui ont
commencé un régime d'assurance-santé.
Cela n'empêche pas qu'il y a quelque chose d'inquiétant
quand on regarde les chiffres analysés, comme j'ai eu l'occasion de le
faire récemment, sur le « trend », si vous voulez, la
tendance à long terme telle qu'elle est manifestée. Une chose qui
est frappante, entre autres, c'est que la médecine est une des rares
professions, au niveau universitaire de l'enseignement, dont le recrutement est
stagnant, à toutes fins pratiques. Cela trafne entre 100 et 125, je
crois, dans les trois grandes universités, McGill, Laval et
Montréal je donne les chiffres approximatifs, mais c'est l'ordre
de grandeur 100 et 125 étudiants par année qui sont admis.
Cela trafne là-dedans depuis dix et parfois quinze ans. Toujours dans
ces mêmes chiffres, selon une étude détaillée que
j'ai vue récemment et qui a été faite à même
les compilations des chiffres d'université.
Curieusement, au bout de dix ans, tout récemment, les
facultés de médecins étaient à 96% de leur
recrutement de dix ans auparavant donc en bas de 100%. On avait établi
le chiffre 100, je crois, en 1950, quelque part par là. Donc, cela a
baissé, pendant que dans d'autres facultés donnons comme
exemple les sciences sociales et d'autres facultés, qui étaient
beaucoup moins bien structurées par tradition on est rendu, comme
tout le monde le sait, dans les 175% et les 200% de recrutement. Un argument
qu'on entend souvent et qui vient des milieux médicaux et pour lequel on
ne peut pas ne pas avoir de respect mais le respect ne doit pas nous
rendre aveugle non plus, parce qu'il peut y avoir dans ces arguments-là
beaucoup de routine de l'esprit c'est qu'il faut relativement de petites
unités d'enseignement. L'Université de Toronto est en train de
prouver le contraire, et c'est une des mieux cotées de l'Amérique
du Nord, je crois, au point de vue de sa faculté de médecine.
Elle est en train de passer de 200 et plus à 350 et plus
d'étudiants admis.
Donc, il y aurait des choses à sonder de ce
côté-là sur la possibilité d'augmenter les nombres.
En dépit de certaines résistances et je ne veux pas les
accuser d'être malthusiennes, mais il y a toujours une tendance au
malthusianisme dans les vieilles professions et c'est faux,
d'après l'expérience d'ailleurs, qu'on ne puisse pas augmenter
les nombres. Point. Il y a toutes sortes de résistances qui peuvent
être artificielles et qui peuvent être des routines de
l'esprit.
Mais je voudrais terminer en disant quelque chose qui me paraît
beaucoup plus important. Le ministre parlait à la fois de ce
problème des nombres, et on a touché à cela en parlant des
égrangers, par exemple, et aucune société ne peut se fier
à l'immigration étrangère comme une panacée, c'est
évident. Et alors, c'est chez nous qu'il faut trouver des
médecins. Or, les étudiants ne vont pas vers la médecine
en nombre suffisant actuellement. Alors, comment aug-
menter les nombres? En brisant les vieux arguments des petites
unités, etc., qui ont paralysé en grande partie
l'élargissement des facultés de médecine, à part le
problème hospitalier, etc. Il y a une chose qui me frappe, c'est que
l'éducation, sauf erreur, doit être payés actuellement au
niveau universitaire à 80% par les comptes publics. Ce que payent encore
les élèves, via leurs parents ou plus ou moins avec des bourses,
cela ne doit pas équivaloir à plus de 15% ou 20% de
l'entraînement des étudiants, y compris les étudiants en
médecine.
Si on tient compte du fait qu'ils se servent des hôpitaux et de
l'équipement des hôpitaux qui sont payés par le public,
c'est probablement dans les 90% que le citoyen, le petit contribuable, tout le
monde, tous ceux qui ont besoin de ces services professionnels, payent les
études de ceux qui deviendront les professionnels de la
société, y compris les médecins. Si on a un
problème de nombre et de recrutement qui apparaît
évidemment, d'après les chiffres, est-ce que ce ne serait pas un
des cas pressants?
Je demanderais au ministre s'il est d'accord le moindrement
peut-être, pour aider à pousser cette première
étape. Nous avons parlé de gratuité de l'enseignement et
de présalaire. Il y a un présalaire en médecine qui
existait déjà dans les dernières années.
Est-ce que la première étape urgente de la gratuité
au niveau universitaire et du présalaire complet ne pourrait pas
être dans le domaine de l'étude de la médecine? Cela aurait
des avantages, il me semble, évidents. En tout cas, je suis prêt
à croire que c'est farfelu mais souvent les choses farfelues ont un
certain bon sens pas longtemps après. Premièrement, cela
éliminerait le recrutement un peu aristocratique qui est quand
même resté une partie des traditions professionnelles, cela
permettrait d'élargir le recrutement.
Je connais beaucoup de gens frustrés dans la province de
Québec à 30 ans ou 35 ans qui auraient eu les tendances à
étudier la médecine mais qui ne pouvaient pas se payer pareille
étude. Cela élargirait la base, cela permettrait d'augmenter les
nombres, si nous prenons les autres mesures nécessaires, et puis, cela
permettrait de faire ce que d'autres pays ont fait, entre autres nos pays
Scandinaves, je crois.
Nous avons un problème géographique dans le Québec,
entre autres, de petites municipalités ou régions plus ou moins
peuplées. A partir du moment, où d'urgence on dirait:
Désormais les étudiants en médecine, en particulier,
seront à toutes fins pratiques instruits par l'en- semble de la
société en dehors de toutes considérations de fortune...
ce à quoi on doit viser, c'est d'exiger qu'ils aillent pratiquer
là où on a besoin d'eux avant qu'ils se jetent dans les
spécialités qui sont devenues à la mode à un point
exorbitant et qui sont devenues à toutes fins pratiques une façon
de ne pas couvrir les besoins tel qu'ils devraient être couverts.
Québec est débalancé, cela a été dit, au
point de vue de sa proportion de spécialistes. Avant de laisser
n'importe quel interne, finissant son internat, se jeter dans les
spécialités parce que ceux qui pratiquent aujourd'hui, le
salariat, c'est comme si on leur proposait l'enfer tout pur qu'on dise
donc aux nouveaux: Vous avez été instruits de A jusqu'à Z
avec les fonds publics, pendant deux ou trois ans, à salaire. Vous irez
pratiquer votre médecine dans les endroits où nous avons besoin
de vous et après, vous pourrez passer à la
spécialité.
Ceci leur permettrait peut-être aussi d'avoir un point de vue plus
complet, plus humain, plus aéré sur ce que c'est qu'un patient,
un être humain et de devenir, peut-être éventuellement, le
meilleur spécialiste. Cela permettrait peut-être aussi de garder
une bonne partie de ces gens si le salariat était bien conçu,
était suffisamment généreux dans les endroits où
nous avons besoin d'eux. Il n'y a rien qui empêche l'omnipraticien de se
faire un avenir dans ces régions-là et d'introduire en même
temps la notion de salariat, qui est une notion respectable, dans 1'exercice de
la médecine. Avec ces nouveaux-là, non seulement cela pourrait,
mais cela devrait être une chose qu'on pourrait exiger d'eux pendant
quelques années, au début de leur carrière tandis que,
pour les médecins pratiquant aujourd'hui, on sait que cela serait une
cause de conflit immédiat et que c'est seulement par révolution
que cela viendrait.
M. CLOUTIER: Brièvement, M. le Président, il est
certain que pour deux non-médecins comme le député de
Laurier et le ministre de la Santé, certaines considérations
qu'il vient d'apporter peuvent avoir quelque chose d'attirant, quelque chose de
nouveau, des suggestions qui nous paraissent...
M. BOIVIN: Il a de bonnes suggestions. Maintenant moi, je...
M. CLOUTIER: ... quelque chose qui nous paraît...
M. BOIVIN: Les normes d'accréditation pour la
médecine sont très sévères. J'admets que le
député de Laurier a de bonnes...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que vous parlez des normes
d'accréditation américaines des facultés?
M. BOIVIN: Oui, nord-américaines.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord, mais même aux
Etats-Unis...
M. BOIVIN: Elles sont assez sévères. Vous ne croyez
pas que si les universités élargissaient sur les normes
d'accréditation, si elles étaient moins exigentes parce que nulle
profession n'est plus sévère pour ses membres que la profession
médicale...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le député est au
courant du fait qu'aux Etats-Unis, l'évolution est très rapide en
ce moment. On discute terriblement du système médical
américain...
M. BOIVIN: J'admets, il y a de bonnes suggestions...
M. LEVESQUE (Laurier): ... mais par conséquent,
s'accrocher comme on le fait d'une façon presque morbide j'admets
les justifications générales aux normes d'une
société de 200,000,000, infiniment plus riche que nous et qui,
malgré cela, a d'infinies difficultés à résoudre
ses propres problèmes de recrutement médical convenable. C'est
peut-être un peu fragile comme ancre à laquelle s'accrocher
désespérément. Je comprends que l'habitude est
là.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on doit reprocher à une profession,
par exemple, de demander autant de scolarité?
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, cela, c'est un autre sujet.
M. BOIVIN: Parce que la profession médicale est la
profession qui manque le plus de...
M. LEVESQUE (Laurier): Cela est un autre sujet. En regardant
quelqu'un qui n'est pas loin du député, mais je ne veux pas viser
personne, je pourrais dire que nous nous sommes fait répondre à
propos du recrutement de la médecine. Nous voulons garder, n'est-ce pas,
une élite intellectuelle.
Or, je prétends, moi, que, jusqu'à un certain point, cette
notion d'élite intellectuelle est complètement de l'aristocratie
à l'envers, parce que c'est beaucoup plus un fondement de culture
scientifique et l'évolution qui, par exemple, la polyvalence illustre,
etc., qui va permettre de recruter les médecins dont on abesoin. Ce
n'est pas la pseudo-élite intellectuelle dont on peut se faire parler
à l'occasion. Enfin...
M. CLOUTIER: Mais enfin, M. le Président, d'autre part,
pour terminer ce que j'avais commencé, je pense que l'on peut dire
honnêtement que quelqu'un qui est dans le champ d'observation de la
santé, un profane, comme le ministre de la Santé l'est
actuellement, peut percevoir tout de même une évolution assez
rapide dans ce domaine-là et à l'intérieur de la
profession, surtout chez les jeunes médecins. Cela, j'ai pu m'en rendre
compte lors des échanges.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre voudrait
répéter surtout...
M. CLOUTIER: Surtout chez...
M. LEVESQUE (Laurier): Les jeunes.
M. CLOUTIER: ... les jeunes médecins. Disons, M. le
Président, pour être juste avec la profession médicale, que
cette tendance peut s'observer généralement
M. LEVESQUE (Laurier): Surtout chez les jeunes.
M. CLOUTIER: Je pense que ceux qui ont charge de l'enseignement
dans le domaine de la médecine, dans les universités et ceux qui
ont également charge de responsabilités, se rendent compte de
plus en plus que la question, le problème de la formation personnelle
dans le domaine de la médecine doit être repensé. Et c'est
dans ce contexte-là qu'a eu lieu cette réunion, cette semaine,
à laquelle ont assisté le sous-ministre de la Santé et le
sous-ministre de l'Education avec les universitaires. Alors, je suis d'accord
avec le député de Laurier quand il dit que cette période
pour le médecin, cette période de noviciat, appelons-là
comme on voudra, cette période de formation, de pratique en territoire,
de pratique générale, serait très formatrice pour le
médecin.
Et j'ai constaté personnellement, pour être venu en contact
avec des médecins qui ont fait de la pratique générale et
qui sont allés se spécialiser par la suite...
M. LEVESQUE (Laurier): Après.
M. CLOUTIER: ... ils en ont retiré un enrichissement, si
vous voulez, qui leur a été un actif toute leur vie. Je pense
que, du point de
vue professionnel, on admet de plus en plus aujourd'hui que le domaine
de la formation et de l'enseignement des médecins doit évoluer
comme évolue tout le secteur de la santé.
M. KIERANS: Oui, de quelle façon doit-il
évoluer?
M. CLOUTIER: L'enseignement doit s'adapter aux exigences modernes
de la pratique.
M. KIERANS: S'intégrer aux universités.
M. CLOUTIER: La France, M. le Président a adopté ce
qu'on appelle la réforme Debré. Ils ont voulu, ils veulent
rapprocher ou intégrer l'enseignement au domaine hospitalier. Vous
n'ignorez pas, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, il y a
quand même, dans ce domaine de l'enseignement de la médecine, il y
a encore des théories qui s'affrontent chez les médecins. Des
théories...
M. LEVESQUE (Laurier): Et des habitudes.
M. CLOUTIER: ... contradictoires qui s'affrontent et je pense
qu'avec le dialogue et la discussion, on trouvera des solutions et qu'on
élaborera des programmes d'enseignement qui permettront la formation des
médecins en nombre et en qualité pour répondre aux
législations que nous voulons mettre de l'avant.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre peut nous dire par qui cette
réunion des représentants universitaires avec les sous-ministres
a été convoquée?
M. CLOUTIER: Par le président du collège des
médecins.
M. GOLDBLOOM: Merci.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, savez-vous, on
est peut-être un peu habitué à des condamnations globales
et pratiquement sans appel. Le député de Laurier a parlé
tout à l'heure de malthusianisme, enfin il connaît des grands
mots, il fait partie d'une aristocratie intellectuelle tout probablement, de
laquelle j'ai été séparé par ma profession
médicale.
M. BOIVIN: Journaliste.
M. TREMBLAY (Montmorency): De toute façon, vous savez, je
pense qu'il y a actuellement au sein de la profession médicale un
réel désir de perfectionnement qui n'est pas nouveau d'ailleurs
et qui a existé et qui existe depuis toujours. Je pense que les
médecins ont et chaque médecin en particulier a un souci de
compétence et de perfectionnement qui ne s'égale peut-être
pas dans toutes les professions. Nécessairement, on parlait tout
à l'heure des gratuités, de présalaire, de recrutement
aristocratique. Bien, je vous dirai que, dans tout ceci, il faut tout de
même respecter la liberté des individus qui désirent
s'établir dans une localité ou dans l'autre parce qu'ils aiment
cette municipalité, parce qu'ils y sont nés.
Je crois qu'on doit laisser cette liberté aux étudiants et
aux finissants en médecine de s'établir là où ils
le désirent. Ceux qui désireront faire un présalaire et
qui s'engageront pour une période déterminée comme en
Suède ou dans d'autres pays, s'installer à un endroit
plutôt que dans tel autre, libre à eux. Mais je pense que nous
devons conserver cette conception de la liberté qui permet à ceux
qui se spécialisent ou qui finissent en médecine de
s'établir là où ils le désirent.
Maintenant, il faut parler aussi des exigences de la médecine et
du médecin aujourd'hui. C'est 20 ans, 25 ans et 30 ans de
scolarité. Il faut y penser. Il faut aux médecins aujourd'hui,
aux médecins modernes, parce qu'en médecine nous avons de la
compétition, il y a de la concurrence en médecine, c'est le
meilleur médecin qui gagne le mieux sa vie, c'est un fait, il faut des
qualifications et une compétence hors pair pour résister à
la critique du public. Le médecin qui ne résiste pas au jugement
du public est nécessairement éliminé. Maintenant, la
province de Québec n'est pas si mal partagée au point de vue du
nombre de médecins et, on l'admettait tout à l'heure, c'est la
répartition. Je pense bien qu'il faudra prévoir des avantages
particuliers pour les médecins qui sont obligés, qui s'en vont
dans des milieux assez éloignés des grandes villes où il
n'existe aucun confort et pour lesquels élever une famille est une
difficulté considérable. Je pense bien qu'il faut rétablir
les choses.
M. SAINT-GERMAIN: Enfin, M. le Président, que ce soit la
répartition ou le manque de médecins, le résultat, pour le
malade, est le même, en fin de compte. Et puis, deuxièmement,
même dans les centres où le nombre des médecins
relativement à la population est très élevé, c'est
un secret de polichinelle que pour quelqu'un qui a besoin d'un médecin
d'urgence, ou en fin de semaine ou une journée de fête, il n'y en
a pas de médecin. Alors...
M. KIERANS: Une autre chose, M. le Président..
UNE VOIX: Vous trouverez des plombiers.
M. SAINT-GERMAIN: Mais ce n'est pas urgent, un plombier, comme un
médecin, c'est ce qu'il y a. Cela peut attendre, un plombier. On ferme
l'eau quand ça ne marche pas.
M. KIERANS: M. le Président, c'est bien difficile, comme
économiste, je ne suis pas médecin, et le docteur Tremblay n'est
pas économiste évidemment, mais on ne peut pas parler, d'une
part, de la pénurie de médecins dans le Québec, et,
d'autre part, d'une concurrence parce que la concurrence n'existe à peu
près pas du tout et en particulier dans les régions comme la
Gaspésie et à travers la province, comme l'a souligné mon
collègue, même dans les régions de Montréal. Il n'y
a pas concurrence du tout entre les médecins.
M. LEVESQUE (Laurier): Si on me permet, je ne veux pas
entreprendre un débat. C'est juste pour rectifier une couple de choses
rapidement, Quand le député a parlé de condamnation
globale, j'ai justement fait un effort pour ne pas faire de condamnation
globale mais pour essayer plutôt de partir de faits qui sont bien connus,
sauf que les médecins sont si souvent occupés qu'ils n'ont pas le
loisir c'est une chose qu'on dit souvent de voir ce qui se passe
dans leur propre profession en dehors de leur propre cabinet. C'est d'ailleurs
le risque que court toute profession ou tout métier d'être le
dernier à voir ses propres faiblesses. Nous sommes tous exposés
au même danger mais je crois qu'en toute sérénité,
je serais prêt à admettre que, par exemple, un journaliste ou un
avocat est très mal placé souvent pour voir les faiblesses du
Barreau ou du métier de l'information que d'autres verront
peut-être partiellement mieux que lui, parce qu'ils sont plus
désintéressés. C'est une chose que je crois, utilement,
les médecins pour autant que cela les intéresse, pourraient ne
pas oublier.
Quant au malthusianisme, je suis sûr que le député a
oublié, parce que c'est un mot bien simple qui vient du vieux Malthus
dont la théorie a sûrement été
étudiée, s'il n'était pas distrait, dans son cours de
médecine, par le député, parce que cela a des implications
sur la santé générale. Pour le reste, on vient d'avoir un
parfait exposé rapide de la bonne vieille doctrine de la médecine
libérale à très fort contenu économique qui est
strictement contraire à l'intérêt général.
Mais enfin, ça, c'est très difficile de... il ne faut pas rentrer
dans les détails.
M. KIERANS: Puis-je citer, M. le Président, un article du
Progrès de Chicoutimi? Apparemment le député de Dubuc, le
Dr Boivin, a promis un centre universitaire à Chicoutimi. Je ne me
rappelle pas qu'il y ait une université là-bas mais, de toute
façon, il a dit: « Non seulement un centre universitaire à
Chicoutimi serait utile, mais nécessaire » a précisé
le ministre d'Etat à la Santé. Je cite: « Peut-on compter
sur nos universités actuelles pour recevoir tous nos universitaires?
Impossible. Il manque présentement 2.500 médecins au
Québec. » Ce que je veux demander, parce que c'est apparemment une
division au fond, ici, est-ce que dans, votre esprit, la construction des
hôpitaux universitaires à Laval et à l'université de
Montréal aurait une priorité sur un centre universitaire à
Chicoutimi, par exemple?
M. CLOUTIER: M. le Président, je ne vois rien dans cette
déclaration qui dise que la réalisation d'un tel projet serait
imminente.
M. KIERANS: Oui, oui.
M. CLOUTIER: Si je m'en réfère au texte que le
député vient de lire: « serait utile et même
nécessaire ».
M. KIERANS: Mais j'ai d'autres coupures aussi que je vais citer
un peu plus tard, mais on discute maintenant la philosophie du
ministère.
M. CLOUTIER: Mais je pense que le Dr Boivin, le
député de Dubuc, ministre d'Etat à la Santé, sera
d'accord pour dire qu'évidemment que les centres où il y a
concentration de population, à Montréal et à
Québec, là où il y a des traditions d'établies au
point de vue de l'enseignement de la médecine, devront recevoir une
attention prioritaire. Mais je ne crois pas que ça engage ou que
ça ait comme conséquence de rejeter l'étude d'un projet
que le ministre d'Etat à la Santé qualifie de nécessaire
pour la région de Chicoutimi.
M. BOIVIN: J'espère que la région de
Chicoutimi...
M. KIERANS: Je suis un économiste et il y a une
pénurie d'argent aussi et il faut faire un choix ici. Je vous demande
tout simplement de faire un choix.
M. CLOUTIER: Je viens de dire, M. le Président, que je
considère les projets comme Montréal...
M. KIERANS: Une université à Montréal, un
centre de sciences médicales et à Laval aussi, un centre, qui
seraient prioritaires.
M. CLOUTIER: J'ai dit tout à l'heure que nous avions
autorisé les hôpitaux majeurs de Montréal à
étudier des programmes d'expansion en collaboration avec
l'université de Montréal. Ceci veut donc dire, M. le
Président...
M. KIERANS: Cela ne résout pas du tout les
problèmes des universités comme Laval.
M. CLOUTIER: Je ne sache pas, M. le Président, que nous
ayons....
M. BOIVIN: Une des normes, au point de vue universitaire, qui
déterminent le nombre d'étudiants qu'on est capable d'accepter
dans une université... On dit, par exemple, que ça prend dix lits
par élève. Alors, à un moment donné, la ville de
Québec peut être limitée au nombre de lits qu'elle a, dont
elle dispose pour ces malades. Alors je ne vois aucune objection à ce
qu'on décentralise. Vous savez que l'hôpital de Chicoutimi,
actuellement, reçoit même des médecins en formation,
peut-être de troisième, de quatrième année, depuis
quinze ans qu'on dispense l'enseignement universitaire attaché
actuellement à l'université Laval, je verrais très bien
une certaine décentralisation dans nos écoles de médecine,
où on peut utiliser le matériel nécessaire, ces lits de
malades pour la formation des jeunes médecins.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, il est six heures.
M. KIERANS: A huit heures, si vous voulez. Reprise de la
séance à 8 h l0p.m.
M. LUSSIER (président du comité des
crédits): A l'ordre, messieurs ! Nous commençons.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander au ministre de préciser davantage sa pensée sur la
relation entre les facultés de médecine et les hôpitaux qui
leur serviraient pour l'enseignement? Il y a deux moyens de procéder,
soit de construire ou autrement d'établir sur le campus de
l'université un hôpital strictement universitaire ou bien
d'arriver à des ententes avec des hôpitaux environnants. Alors,
est-ce qu'il y a une politique d'établie dans l'esprit du ministre quant
au développement des deux universités dont on a fait mention,
c'est-à-dire Laval et Montréal, quant à ces arrangements
pour l'enseignement clinique?
M. CLOUTIER: M. le Président, jusqu'à maintenant,
il n'y a pas de politique définitive d'arrêtée en ce qui
concerne le développement des facultés de médecine, de
l'enseignement de la médecine, c'est-à-dire à
l'intérieur de quel cadre cet enseignement sera contenu. Comme je l'ai
dit cet après-midi, il y a ici à Québec la commission
Bonneau, qui va incessamment remettre son rapport et qui fera certainement au
gouvernement des recommandations quant à la façon dont les
facultés de médecine et les hôpitaux où il y a un
enseignement universitaire de la médecine, ici à Québec,
conçoivent l'orientation future de l'enseignement pour la formation des
médecins.
M. GOLDBLOOM: Bien, M. le Président, je crois que les deux
universités en question ont soumis des demandes, des mémoires,
des recommandations au ministre, au ministère au moins, demandant
l'établissement d'un hôpital universitaire sur le campus. Est-ce
que j'ai raison?
M. CLOUTIER: Oui. L'université Laval, d'une part, a
déjà fait des représentations au ministère de la
Santé, au ministre qui m'a précédé, probablement au
ministre qui a précédé le député de
Notre-Dame-de-Grâce...
M. KIERANS: Oui.
M. CLOUTIER: ... au sujet de la construction d'un centre
hospitalier universitaire. Il y a eu des pourparlers, il y a eu, discussion,
antérieurement à la formation de la commission que l'on appelle
la commission Bonneau, qui a eu comme
mandat bien spécifique d'étudier cet aspect particulier
du secteur de la santé qui est l'enseignement de la médecine. A
la lumière de ce rapport, qui sera incessamment produit au gouvernement,
je pense qu'il sera utile, je pense qu'il sera nécessaire même de
reprendre les discussions qui ont eu lieu antérieurement afin d'en
arriver à l'élaboration d'une solution définitive qui
pourrait être concrétisée dans un délai raisonnable,
dans un délai le plus proche possible, afin que tous ceux qui sont
intéressés par la formation des médecins sachent à
quoi s'en tenir sur la façon dont le gouvernement entend collaborer
à la mise en place et à l'investissement nécessaire si -
comme il est probable que des investissements seront requis - des
investissements additionnels seront requis, soit à l'ancienne formule,
la formule telle qu'on la conçoit des centres hospitaliers
universitaires, telle qu'elle se développe actuellement à
Sherbrooke. Ou suivant une conception je dirais plus nouvelle, plus près
de nous et qui tend à se développer actuellement et qu'aux
Etats-Unis on met de l'avant dans certains endroits, qu'on met de l'avant en
France actuellement, à l'effet que ce soit les facultés de
médecine qui aillent se rapprocher des hôpitaux.
M. KIERANS: S'il y a une pénurie de médecins au
Québec, il n'y a d'autre part aucune pénurie de commissions ou de
comités d'enquête. On a discuté ce problème depuis
des années et des années et évidemment rien n'est
décidé. C'est toujours le temps pour les enquêtes mais le
temps n'arrive jamais pour décider à faire quelque chose,
à agir.
Je peux citer quelques paragraphes d'un livre dont l'auteur est Mgr
Louis-Albert Vachon. C'est intitulé « Progrès des
universités et consentement populaire ». A la page 44: « Un
autre des problèmes majeurs que doit résoudre notre
faculté de médecine, c'est celui de l'hôpital universitaire
dont il est question depuis plusieurs années c'est écrit
en 1964 . Le 1er juin 1962, le conseil de l'université confiait
au doyen de cette faculté le soin de constituer un comité qui
aurait pour mission de faire une étude complète de cette
question. Des membres de la faculté, au nombre de 88,
représentant tous les secteurs de la profession médicale,
acceptèrent de faire partie de ce comité d'étude qui
lui-même constitua, pour l'aider dans l'accomplissement de sa
tâche, vingt sous-comités. C'est ainsi qu'on a pu mener depuis
plus d'un an un vaste travail d'investigation couvrant tous les aspects du
problème, en particulier l'enseignement, la recherche et
l'hospitalisation.
On a établi les statistiques les plus précises et fait
appel à la collaboration de toutes les catégories de
spécialistes, même dans le domaine de la sociologie et de la
démographie. Aux termes de leur enquête dont le rapport vient
d'être publié, les membres du comité ont recommandé
unanimement c'est-à-dire 88 médecins unanimement la
construction immédiate d'un hôpital universitaire qui soit
intégré à notre faculté de médecine. Ils
considèrent que, par la centralisation qu'il permettra d'opérer,
un tel hôpital, loin de faire double emploi avec les autres institutions
hospitalières, comportera de précieux avantages et qu'à
vrai dire il est d'une nécessité absolue dans le cadre actuel de
l'enseignement et de la recherche clinique. »
Apparemment, il y a une division au sein de votre ministère,
parce que c'est un secret de Polichinelle que le sous-ministre n'est pas
d'accord avec cette pensée.
Je peux citer quelques autres extraits dans le domaine, dont un autre
médecin: « Il est évident que le couronnement de cette
pyramide doit être l'hôpital universitaire ou, comme on l'appelle,
l'universel. La pyramide est évidemment un hôpital universitaire,
un hôpital affilié et un hôpital régional. Il me
semble absolument nécessaire que les facultés de médecine
aient un centre hospitalier universitaire où l'enseignement puisse se
faire de façon uniforme, où les médecins à plein
temps dans l'hôpital universitaire pourront s'occuper des
étudiants toute la journée pour leur enseigner l'art
médical de façon aussi parfaite que possible. Il est pratiquement
impossible d'admettre aujourd'hui qu'une faculté de médecine
puisse donner un enseignement adéquat sans son centre hospitalier
universitaire. »
Et je cite aussi un autre médecin: « Avec les ressources
qui l'ont fait débuter notre école peut quand même pallier
le pire. » Il a parlé à ce moment de la faculté de
médecine de l'université Laval. « Elle est parvenue
à former beaucoup de médecins moyens et quelques excellents
spécialistes. Elle ne peut faire que ce qui lui a été
humainement possible de faire. Seulement elle ne peut, elle aussi
l'université, se maintenir à la poursuite constante du rendement
exigé par les progrès effarants de la science médicale et
paramédicale. A cause d'un personnel enseignant restreint (peu veulent y
aller) de chercheurs en nombre limité, du manque de matériel
pratique, c'est-à-dire les malades, sans son enseignement de base et
toutes ces autres lacunes qui ont été signalées
antérieurement.
Elle a dû et doit encore limiter le nombre de ses
étudiants. Et elle concourt donc, par la
force des circonstances, au maintien de la pénurie de
médecins au Québec et l'enseignement qu'elle prodigue laisse des
doutes quant à son efficacité réelle et n'est pas un gage
de la meilleure médecine qu'on réclame.
Et pourquoi un hôpital universitaire intégré
à la faculté de médecine qui mette à sa disposition
ses laboratoires et ses organisations de recherches? On y trouve les services
diagnostiques essentiels. On y trouve un nombre suffisant de lits qui sont
installés pour permettre un enseignement adéquat des sciences de
base ou précliniques. Tous les patients qui y sont hospitalisés
servent à l'enseignement, tous les médecins y sont des
professeurs à plein temps et régis par une corporation, Il est
administré comme tout hôpital qui a un contrat avec le service de
l'assurance-hospitalisation et il peut devenir un centre de recherches
régulières.
Maintenant, est-ce que je peux poser cette question? Est-ce que vous
êtes d'accord avec l'idée, oui ou non, d'un hôpital
universitaire?
M. CLOUTIER: M. le Président, je pense qu'on ne doit pas
ramener le débat sur cette question à un simple oui ou non. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. KIERANS: C'est pour vous parler d'une université
française qui, depuis des années...
M. CLOUTIER: Je ne pense pas qu'on puisse ramener le
problème à une question de oui ou de non. Parce que, même
à l'intérieur de la profession médicale, même dans
le milieu enseignant de la médecine...
M. KIERANS: Il y en a 88 qui sont unanimes, monsieur le
ministre.
M. BOIVIN: Monsieur le Président...
M. CLOUTIER: Oui, il y a deux théories. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce est certainement au courant,
pour avoir lu des publications, des volumes sur l'enseignement de la
médecine, de la façon dont on entrevoit le développement
dans ce domaine: Je dirais même que des réunions récentes
ayant pour objet de traiter de tout le problème de l'enseignement de la
médecine, tendent à faire, tendent à avoir comme une de
leurs principales préoccupations, leur première
préoccupation, justement la discussion sur ces centres hospitaliers
universitaires. Je me souviens d'avoir vu au cours de lectures qui sont
maintenant un peu lointaines d'avoir lu qu'il y avait deux
théories diamétralement opposées sur la formation des
méde- cins une école, que l'on appelle les
fondamentalistes, et l'autre école que l'on appelle les cliniciens. Je
ne sache pas que ces deux tendances opposées aient pu trouver
jusqu'à présent de commune mesure, de point de rencontre, et je
crois que ces tendances opposées se traduisent dans la
réalité par, d'une part, l'opposition au centre hospitalier
universitaire tel que le député de Notre-Dame-de-Grâce l'a
souligné tantôt, tel qu'il l'a en tête, ou, la nouvelle
conception, qui voudrait que l'enseignement de la médecine se fasse
surtout sur une base clinique à l'intérieur des hôpitaux.
Je ne suis pas un expert en la matière, mais je pense qu'il y a
là suffisamment matière à discussion, je pense que, quelle
que soit la formule, il y a des avantages et des inconvénients. Quelle
formule donnera la meilleure formation à des médecins? Je pense
que, de toute façon, si un profane pouvait se prononcer sur cette
question, je dirais qu'un équilibre entre les deux théories qui
sont prêchées serait peut-être la meilleure solution.
M. KIERANS: Je le sais, j'ai reçu quand j'étais
ministre de la Santé, un mémoire de quatre médecins,
Jobin, Brunet, Soucy et Laroc-que. Ils étaient pour une théorie
moderne et ils ont recommandé un hôpital universitaire universel,
si vous voulez, et j'ai envoyé 30 copies aux experts à travers la
province.
Les réponses sont dans vos dossiers et presque tous, sinon tous,
étaient en faveur de l'idée d'un hôpital universitaire
sauf, si je me rappelle bien, le sous-ministre. Mais je parle franchement, il
parle très franchement aussi. Il peut facilement se défendre par
l'entremise de son ministre mais il faut concilier les idées. Vous avec
dit qu'il y a une scission même chez les professeurs de médecine.
Voici une étude faite par quatre-vingt-huit membres de la faculté
de médecine à Laval. C'était unanime...
M. CLOUTIER: En quelle année?
M. KIERANS: C'est en 1962, 1963, 1964 que cette enquête a
été faite. Us étaient unanimes. Je tiens pour acquis les
témoignages de Mgr Vachon.
M. CLOUTIER: Mais est-ce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce a toujours constaté cette unanimité
à chaque fois où il a eu l'occasion de discuter...
M. KIERANS: J'étais bien surpris mais heureuse ment.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il y a
une chose frappante dans cette situation. Les deux facultés de
médecine concernées dispensent l'enseignement clinique depuis
bien des années par entente quelconque avec des hôpitaux
environnants et sont venues après toutes ces années-là
à la conclusion que ça ne leur satisfait pas, et elles ont
signifié au gouvernement et au public qu'un hôpital universitaire
serait la solution. Le collège des médecins a fait des
recommandations dans le même sens et tente à encourager les
facultés de médecine à prendre la responsabilité de
l'ensemble de l'enseignement clinique à partir de la première
année de l'école de médecine jusqu'au cours de
perfectionnement qui serait offert aux médecins qui ont
déjà leur droit de pratique et même leur
spécialité et qui continueraient de se perfectionner
après. Tout le monde croit, pas tout le monde puisque évidemment
vous reflétez des divergences de vues, mais les gens qui sont les plus
immédiatement concernés semblent croire que ce n'est pas possible
de réussir sous les conditions qui existent actuellement par moyen
d'entente avec les hôpitaux où il y a d'autres
intérêts de toutes sortes et non pas simplement des
intérêts purement cliniques et médicaux. Alors les
recommandations sont formulées à cet effet-là.
M. BOIVIN: M. le Président, est-ce qu'il n'y aurait pas
moyen que j'émette certaines opinions là-dessus? C'est qu'il y a
deux écoles présentement qui s'affrontent... Que l'enseignement
se fasse dans un autre hôpital bâti sur un terrain donné! Il
est impossible qu'on prodigue l'enseignement clinique dans un hôpital,
par exemple, de 400, de 500, de 600 lits. Que ce soit un hôpital
universel... il y a deux écoles...
M. KIERANS: On retient l'idée des hôpitaux
affiliés.
M. BOIVIN: Il y a d'autres écoles actuellement qui
s'affrontent. Quoique cela se fasse, on dit que l'on va faire l'enseignement
dans un hôpital sur un terrain universitaire. Peu importe, pour parler
comme le député de Laurier, qu'il y ait un tas de briques sur un
campus universitaire ou qu'on ait un tas de briques dans différentes
places dans une ville! Mais peu importe, il y a une chose qui est
sûre...
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne me souviens pas d'avoir dit
cela.
M. BOIVIN: ... vous avez déjà parlé de tas
de briques quand vous avez parlé de l'enseignement. Peu importe que
ça soit sur un campus, quand on peut s'assurer que dans chacun des
hôpitaux qui sont affiliés à l'université sous la
direction de l'université, l'enseignement se fasse publiquement. Vous
savez bien que même si on construisait un hôpital universitaire, je
n'ai pas d'objection que l'on bâtisse un hôpital, absolument, sur
un campus universitaire, mais jamais cet hôpital uni-versitaire-là
ne pourra prodiguer tout l'enseignement aux élèves de
l'école de médecine. Pour ajouter quelque chose à ce que
j'ai dit cet après-midi, quand f ai parlé de
décentralisation, on dit qu'il y a une mauvaise répartition des
médecins dans la province. Alors, cela ne serait pas impossible qu'il y
ait des écoles de médecine ailleurs qu'à Québec et
à Montréal. Cela favoriserait une meilleure répartition et
des spécialistes et des médecins dans tous les coins de la
province.
M. KIERANS: Oui, mais il faut une université d'abord,
avant de créer un centre universitaire.
M. BOIVIN: Non, vous parlez physiquement quand il faudrait
parler... Peu importe qu'il y soit, le tas de briques.
M. KIERANS: Des professeurs de qualité.
M. BOIVIN: Ce qui compte, c'est la direction intellectuelle qui
sera donnée par le milieu universitaire dans chacune des
universités affiliées. On fait l'enseignement à Chicoutimi
actuellement. Depuis quinze ans, on dispense de l'enseignement pour une partie
clinique. Vous voulez avoir des médecins qui ne sont pas trop savants,
vous voulez avoir des médecins qui sont formés dans la pratique,
n'allez pas en faire seulement des savants et des chercheurs, dans un
hôpital spécialisé, où on va garder ces
gens-là sur un terrain tout simplement théorique. Il nous faut
des médecins, c'est vrai. Le député de Laurier, j'ai dit
qu' il avait fait d'excellentes suggestions. Mais nous voulons des
médecins, nous voulons former des cliniciens qui vont venir le plus
tôt possible dispenser des soins aux malades. C'est de ça que nous
avons besoin et, à travers la formation de ces médecins-là
pour les soins médicaux, il se trouvera des chercheurs, il se trouvera
des gens qui se dirigeront, ailleurs, mais par exception peut-être. On ne
peut pas faire seulement des chercheurs. Ce qu'on vise, ce sont des cliniciens,
c'est le soin aux malades d'abord et jamais un hôpital universitaire.
Placez, par exemple, un hôpital universitaire sur le campus, si vous
voulez, placez un
hôpital de 400 à 500 lits, croyez-vous que cet
hôpital-là va pouvoir dispenser tout l'enseignement clinique
possible? Quand je vous ai dit, cet après-midi, qu'il fallait dix lits
par élève...
M. KIERANS: On n'a jamais dit cela.
M. BOIVIN: ... qu'il fallait dix lits par étudiant pour
dispenser normalement l'enseignement qu'on doit donner à des
cliniciens.
M. GOLDBLOOM: J'irais plus loin que ça, M. le
Président, je dirais qu'un tel hôpital ne devrait pas dispenser
tout enseignement.
M. BOIVIN: C'est ça, c'est ça.
M. KIERANS: On n'a jamais dit cela. C'est un peu curieux, M. le
Président, qu'il y ait deux Anglais qui défendent les
intérêts de Laval et de l'université de Montréal,
mais avant et je continue...
M. BOIVIN: Non, non, je ne m'oppose pas...
M. KIERANS: Je vais demander au député de Laurier
de...
M. BOIVIN: Je ne m'oppose pas...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est le député de
Chicoutimi...
M. KIERANS: Vous avez exprimé la politique du
ministère.
M. LEVESQUE (Laurier): Si le député de Dubuc me
permet, ce n'est pas pour relever les citations qu'il a fabriquées
à même...
M. BOIVIN: Des tas de briques...
M. LEVESQUE (Laurier): ... ce qu'il appellerait mon style, c'est
simplement une tendance qui me paraît curieuse au point de vue de
l'enseignement. Si on regarde les faits, on a six millions de population dans
Québec. On a actuellement quatre écoles de médecine,
McGill, Montréal, Laval et Sherbrooke, qui commence à peine. Tout
en admettant, je crois, que ça doit évoluer, on voit à
quel point nos facultés de médecine ont été
fragiles dans Québec, sauf peut-être le cas de McGill, sur lequel
il n'est pas question d'insister. En tenant compte du fait de ces
accréditations, par exemple, difficiles à obtenir, qui ont
déjà été perdues, etc, on voit aussi que la
multiplication jusqu'ici, où le plus grand nombre des écoles de
médecine n'a pas le diable aidé le recrutement, parce que les
écoles de médecine sont restées trop petites par rapport
au recrutement, peu importe les raisons qu'on peut donner. Les chiffres sont
là pour le prouver. Pour six millions, quatre écoles de
médecine. A condition qu'on ait l'intention d'en faire les meilleures
écoles possibles, en tenant compte de la recherche moderne, et là
je ne joue pas sur la question de l'hôpital universitaire etc., je ne m'y
reconnais pas compétent. Le danger qui se profile, il me semble, dans ce
que disait le député de Dubuc, c'est quand il
réfère à cette école possible ou cette extension
possible des enseignements à Chicoutimi ou ailleurs. Je n'ai rien contre
Chicoutimi et je n'ai rien contre ailleurs. On a quatre facultés,
essentiellement, pas trop fortes dans Québec, qui représentent
à peu près un million et demi en moyenne, c'est-à-dire
quatre pour six millions d'habitants...
M. BOIVIN: On rencontre l'accréditation.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, on rencontre l'accréditation,
mais, au point de vue de l'intégration...
M. BOIVIN: Ne diminuez pas la valeur de nos universités et
de nos écoles.
M. LEVESQUE (Laurier): Je m'excuse, mais cela correspond à
tout ce que j'ai lu de gens qui étaient
désintéressés de tous autres intérêts que le
progrès de la médecine. Il y en a qui ont quand même
écrit depuis quelques années et d'autres qui se prononcent. Chez
les jeunes en particulier, ça commence à monter. Certains
conflits le soulignent. Si on n'intègre pas au maximum des
compétences très peu nombreuses chez nous, si on tient compte des
progrès de la science, de l'incroyable rapidité avec laquelle
tout évolue, des nouveaux équipements, de la
nécessité de bâtir des médecins qui seront autre
chose que des médiocrités, et qui soient capables de tenir
parce qu'il ne faut pas se conter des romances, il y a des médiocres
là comme ailleurs, il y en a dans toutes les professions il faut,
autant que possible, tendre à la compétence maximum. Quatre
facultés pour une population de six millions d'habitants.
Cela me paraît un rêve complet de prétendre ouvrir
l'enseignement médical le moindrement évolué ailleurs dans
le Québec quand on a encore des facultés fragiles qui sont en
très grande partie beaucoup trop petites à mon humble avis, mais
cela peut encore se discuter. Des facultés encore fragiles et qui ne
remplissent pas vraiment le rôle dans la dernière partie du
vingtième siècle, devant l'évolution des sciences
mé-
dicales, qu'elles pourraient remplir.
M. BOIVIN: Est-ce que je vous ai parlé de multiplier les
facultés?
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais il y a cette tendance
à...
M. BOIVIN: Est-ce que je vous ai parlé de multiplier les
universités? Je vous ai dit que l'enseignement médical clinique
nécessitait des écoles. Vous ne pouvez toujours pas organiser des
écoles dans les polyvalentes et d'autres centres. Il faut aller
où sont les malades... On peut organiser les écoles dans des
hôpitaux où il y a des lits pour enseigner la clinique.
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne veux pas m'étendre, je
voudrais être sûr qu'on se comprend. Je ne parlais pas de la
distinction, enseignement clinique, enseignement académique, etc. Ce que
je voulais dire, c'est ceci, et je vais l'illustrer très simplement. Une
des choses qu'on reconnaît aujourd'hui, c'est qu'en plus de toutes les
spécialités nouvelles il y a aussi des professions de la
santé qui se multiplient également. Il y a au pluriel toute une
gamme de professions de la santé qui sont de plus en plus reconnues
comme nécessaires dans le monde d'aujourd'hui sans compter les
techniciens supérieurs.
M. BOIVIN: Alors...
M. LEVESQUE (Laurier): Ce que je veux dire, c'est qu'au niveau de
l'enseignement...
M. BOIVIN: Il faut utiliser tous les...
M. LEVESQUE (Laurier): Si le député me le permet,
en dehors de la chicane sur la clinique et où elle devrait se faire,
dans l'enseignement, supposons, par exemple, que vous ayez et il en est
question à Montréal une greffe centrale de ces professions
de la santé qui ont besoin de certains enseignements
généraux...
M. BOIVIN: De base.
M. LEVESQUE (Laurier): Il n'y a pas tellement de professeurs
compétents et au point et qui ont fait suffisamment de sabbatique pour
se maintenir dans le courant du siècle dans telle ou telle
catégorie scientifique de base.
M. BOIVIN: Je suis de votre opinion.
M. LEVESQUE (Laurier): Si on ne les a pas encore dans quatre
écoles de médecine, on ne les aura pas dans huit.
M. BOIVIN: Je suis de votre opinion qu'il y a des sciences de
base qui ne pourraient être centralisées et vous avez donné
l'exemple cet après-midi de Toronto. Je suis absolument de cette
opinion-là. Il faut utiliser toutes les possibilités. Etant
donné qu'on est rien que six millions, il faut diminuer le coût de
toutes les opérations...
M. LEVESQUE (Laurier): Là vous revenez à la
partie...
M. BOIVIN: Encore, encore une fois...
M. LEVESQUE (Laurier): ... d'accord, la partie clinique et tout
ça ce n'est pas moi.
M. BOIVIN: Ecoutez. Des écoles s'affrontent actuellement.
On est dans un domaine de spéculations. Où doit-on prodiguer
l'enseignement de la médecine? Est-ce dans nos hôpitaux qui sont
très bien organisés ou si on doit ajouter un autre hôpital
sur le campus universitaire?
M. LEVESQUE (Laurier): C'est l'autre partie ça.
M. BOIVIN: Je n'ai aucune objection qu'on place un tas de briques
de plus sur un campus universitaire. Je n'ai aucune objection mais pensez par
exemple aux deux écoles qui s'affrontent actuellement. Ce n'est pas le
fait d'avoir un hôpital sur le campus universitaire, il ne sera pas
capable de prodiguer tout l'enseignement. Je pense bien que le
député de D'Arcy-McGee...
M. KIERANS: Répétez encore une fois.
M. BOIVIN: ... est de mon opinion là-dessus, qu'on doit se
servir de tous les équipements qu'on a dans nos hôpitaux, de tous
nos médecins pour l'enseignement clinique de nos étudiants. Les
sciences de base encore une fois, c'est très bien. Je vous l'ai dit
après-midi. Le député de Laurier a fait d'excellentes
suggestions là-dessus. C'est qu'il y a des sciences de base pour
lesquelles on pourrait peut-être regrouper les étudiants et
ensuite, par exemple dans l'enseignement clinique, les diviser dans
différentes écoles. Il y a une émulation qui est
très simple de la part de certains hôpitaux qui sont très
bien organisés. Il y a une émulation qui peut être
même profitable à chacune de ces écoles pour la forma-
tion, pour le maintien du standard nécessaire pour prodiguer
l'enseignement à nos étudiants.
M. BOUSQUET: Ici, d'après ce que je peux voir, il y a
seulement une base si on fait la distinction entre l'enseignement clinique et
l'enseignement des sciences de base. Vous paraissez être tous d'accord
pour dire que, dans l'enseignement des sciences de base, eh bien,il peut y
avoir une concentration minimum dans les universités quitte ensuite
à avoir une certaine décentralisation dans l'enseignement
clinique.
M. SAINT-GERMAIN: Qu'est-ce qui soutient la deuxième
thèse qu'on a besoin en médecine de plus d'enseignement?
M. BOIVIN: C'est mondial. Il y a deux écoles.
M. KIERANS: Nommez quelques experts dans ce domaine...
M. BOIVIN: Dans ce domaine, la France... M. KIERANS: ... dans la
province de Québec.
M. SAINT-GERMAIN: Dans la province de Québec ici, qui
est-ce qui soutient?
M. BOIVIN: ... le grand professeur Debré. Actuellement on
est dans le domaine de la spéculation...
M. KIERANS: J'en connais un seulement, le docteur Gélinas.
Mais est-ce qu'il y en a d'autres?
M. BOIVIN: Vous avez fait certaines enquêtes et c'est assez
facile de ramasser tous ceux qui sont d'une opinion à un moment
donné et qui veulent avoir un hôpital à un endroit
donné. Alors, peu importe que ça soit sur un campus! Je vous le
dis encore une fois ce n'est pas de là que va dépendre la
qualité de l'enseignement que nous allons prodiguer à nos
étudiants.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas une question de briques, c'est une
question de cerveaux et c'est une question de formation et il nous faut, parce
que le député de Dubuc a parlé d'accréditation. Il
faut souligner que. sur ce point-là l'université Laval est dans
une situation assez solide.
L'université de Montréal est dans une situation moins
solide. Et, si vous demandez aux dirigeants de ces universités pourquoi
ces situations existent, à Laval, on vous dira que c'est malgré
l'absence d'un hôpital universitaire, et à Montréal, on
vous répondra que c'est parce qu'il n'y a pas un tel hôpital, qui
était d'ailleurs prévu au début.
M. BOIVIN: Est-ce que le député de D'Arcy-McGee
prétend que même s'il y avait un hôpital de 400, 500 ou 600
lits sur un campus universitaire, toute la formation que devront
acquérir ces étudiants...
M. KIERANS: Non.
M. BOIVIN: ... devra se faire dans cet hôpital?
M. GOLDBLOOM: J'ai déjà répondu à
cette question.
M. KIERANS: On a besoin d'hôpitaux comme Notre-Dame,
Maisonneuve, Saint-François-d'Assise, et les autres.
M. BOIVIN: Alors, peu importe où il est, on doit se servir
de tout le matériel, de tout l'équipement qu'on a dans chacun de
nos hôpitaux pour prodiguer le meilleur enseignement.
M. KIERANS: M. le Président, pour sauver du temps...
M. BOUSQUET: Je suis tout à fait édifié par
les efforts du député de Notre-Dame-de-Grâce et celui de
D'Arcy-McGee pour défendre les intérêts de Montréal
et de Laval, mais par contre, si je prends l'ensemble des disciplines
scientifiques, je constate que les Anglo-Saxons semblent croire à la
multiplication des universités. Dans la plupart des sciences, il y a
déjà trois universités anglaises au Québec, et puis
ils voudraient en avoir une quatrième.
M. KIERANS: Soulevez cette question quand nous en serons aux
crédits du ministère de la...
M. BOUSQUET: Oui, on en parlera, mais seulement au passage, je
voulais souligner cela.
M. GOLDBLOOM: Mais il n'y a qu'une seule faculté de
médecine d'expression anglaise dans la province de Québec.
M. KIERANS: Oui, c'est cela. M. BOUSQUET: Je suis d'accord.
M. KIERANS: Nous n'en avons pas demandé une
deuxième. M. le Président, est-ce qu'on peut demander qu'on
examine le tableau 3: volume neuf, organisation des services de santé,
premier rapport du comité de recherche sur la science et la santé
de l'autre comité? Caston-guay, le premier. Quand on examine le tableau
3, l'organisation des services de santé en Saskatchewan, on voit
là-dessus une division, sous l'administration et l'autorité du
ministère de la Santé, une division de la planification et de la
recherche. Que pensez-vous d'une telle initiative?
M. CLOUTIER: M. le Président, j'en pense beaucoup de
bien.
M. KIERANS: Mais est-ce que vous allez prendre de telles
initiatives?
M. CLOUTIER: M. le Président...
M. KIERANS: Nous sommes pour la vertu aussi, c'est vous qui
êtes responsable à l'heure actuelle.
M. CLOUTIER: ... nous n'aurons pas à argumenter longtemps
pour convaincre le ministre de la Santé de la nécessité
d'organismes bien structurés dans le domaine de la recherche et de la
planification. J'ai eu l'avantage depuis mon assermentation de travailler en
collaboration avec les services de recherche et de planification des
différents ministères. Je pense que, dans l'orientation future
à court terme du ministère de la Santé, une attention sera
apportée à l'implantation - si on me permet l'expression
ou au développement d'un service de la recherche et de la planification
bien structuré. Et j'ai l'intention de demander à ces deux
services de recherche, celui du ministère de la Famille et du Bien-Etre
et celui de la Santé, de travailler en étroite collaboration. Il
faudra au ministère de la Santé...
M. LEVESQUE (Laurier): Vous n'êtes pas sorti du bois, mais
cela ne fait rien, c'est une bonne idée!
M. CLOUTIER: Tout dépend des problèmes sur lesquels
se pencheront ces deux services de recherche. Mais, de toute façon, ce
que l'on veut savoir du ministre ce soir, c'est s'il est convaincu de
l'importance d'un tel service bien organisé. Alors, M. le
Président, je réponds que non seulement c'est important, c'est
indispensable, c'est un outil moderne indispensable dans tous les
ministères du gouvernement, et il doit y avoir entre ces
différents services de recherche et de planification des
différents ministères non pas des clôtures, ni des
barrières, mais des formules et des mécanismes de
coopération et de collaboration.
M. KIERANS: Oui, mais est-ce que vous avez pris des initiatives
dans ce domaine pour créer au sein de votre ministère une
division sur la planification?
M. CLOUTIER: M. le Président, il y a actuellement tout
l'organigramme du ministère de la Santé qui est actuellement sous
revision. Nous allons aménager...
M. BOIVIN: On a fait ça, nous autres aussil
M. CLOUTIER: ... les locaux du ministère de la
Santé dans le même édifice que ceux du Bien-Etre et de la
Famille, un nouvel édifice, l'édifice Joffre. Et nous sommes
actuellement à préparer les étapes qui vont nous conduire
à l'organisation de ces deux ministères, à l'entrée
de ces deux ministères dans cet immeuble. Il y aura des services
auxiliaires qui, probablement, trouveront grand avantage à être
intégrés. Il y aura d'autres services qui trouveront grand
avantage à travailler en étroite collaboration. De toute
façon, il est indispensable que des mécanismes de coordination
soient établis entre ces deux ministères et, la première
étape à franchir, c'était le regroupement physique,
d'abord, de tous les effectifs du ministère de la Famille au même
endroit. Ils sont actuellement dispersés, comme on le sait, dans la
ville de Québec. En plus de regrouper les effectifs de la Famille, il y
aura regroupement avec le ministère de la Santé. Nous avons
l'intention, à partir de là, de développer dans les deux
ministères tous ces outils modernes que sont la recherche et la
planification des services administratifs, des services comptables, de
l'information et les autres.
M. BOURASSA: Si je peux me permettre de faire une suggestion,
concrète, M. le Président, dans le secteur de la planification,
est-ce qu'il n'y aurait pas moyen, comme je l'avais suggéré en
accord avec le député de Laurier pour les médicaments, de
grouper davantage les achats par les hôpitaux, afin toujours de
réduire le coût. Si on planifie sur un an, même sur
plusieurs mois, on peut arriver à cause d'achats massifs, à
réduire considérablement les coûts et vous savez comme moi
comment il faut chercher de plus en plus à réduire les
coûts, à cause de l'augmentation con-
sidérable de ces derniers et à cause des limites des
ressources financières des gouvernements.
M. CLOUTIER: Je suis d'accord, M. le Président, pour
promouvoir cette formule des achats disons des achats de
médicaments...
M. BOURASSA: Et qui pourrait s'étendre à d'autres
domaines également.
M. CLOUTIER: ... et qui pourrait s'étendre à
d'autres domaines. Et cette initiative est actuellement, comme je l'ai dit au
tout début des discussions des prévisions budgétaires, en
discussion dans certains hôpitaux de la ville de Montréal.
J'espère qu'à très brève échéance ils
pourront trouver un mécanisme d'entente pour commencer, par une
coordination, un groupement des achats à l'échelle
régionale. Et dans le domaine des médicaments...
M. BOURASSA: Non seulement pour les médicaments, mais pour
d'autres articles, oui.
M. CLOUTIER: Une politique d'achat communautaire. Et on parle du
domaine particulier des médicaments. Disons que, dans ce domaine
particulier, je n'ai aucune objection à ce que ce regroupement soit fait
même à l'échelle provinciale.
M. LEVESQUE (Laurier): On parlait de planification et de
recherche. Une chose qui est quand même frappante, c'est que le
ministère de la Santé est peut-être plus... Je vais le
prendre comme non intégré là, parce que
l'intégration dont parle le ministre, cela viendra un de ces jours, je
suppose, et tant que nous ne la verrons pas, bien, on parle des
réalités d'aujourd'hui, dans le ministère de la
Santé. Je pense qu'on peut peut-être dire une chose, c'est que
c'est peut-être médical à beaucoup de points de vue. Il y a
ici des gens équipés pour en parler, mais c'est aussi,
peut-être plus, de façon plus frappante pour n'importe quel
citoyen, surtout le contribuable, un ministère économique. Et
quand on voit les coûts, je pense bien que le ministre, qui a une
formation économique, peut être d'accord. C'est un
ministère de grosses manoeuvres de fonds publics. A ce point de vue
là, la question originale du député de
Notre-Dame-de-Grâce, je crois, ne concernait pas seulement des locaux,
sûrement, mais aussi du personnel. Aujourd'hui, le ministre a
nommé une économiste, une jeune fille je crois, ou une jeune
femme, qui, je crois, a été détachée des services
de la commission Castonguay. C'est ce que j'ai cru comprendre.
M. CLOUTIER: Madame...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que dans le ministère, en
les identifiant un peu, il y a des genres de formation économique autre
que purement comptable, qui a son importance fondamentale, mais de formation
économique, de recherche, de prospection, etc. Enfin toutes les
techniques économiques modernes dont parlait le ministre. Est-ce qu'il y
en a un minimum de noyau dans le ministère de la Santé?
M. CLOUTIER: Nous aurions, M. le Président,...
M. KIERANS: Est-ce que vous avez...
M. CLOUTIER: Je pense que nous avons actuellement au
ministère de la Santé un embryon, que nous ne sommes pas capables
actuellement...
M. LEVESQUE (Laurier): Quelle forme d'embryon?
M. CLOUTIER: ... sans que nous allions puiser dans les
différents services, pour regrouper ensemble dans un service de
planification et de recherche, que nous allions dans chacune des directions
pour aller chercher un individu spécifiquement. Je pense que nous
pourrions constituer un début de service de la planification et de la
recherche, mais nous ne pouvions pas constituer un service complet sans avoir
recours à l'extérieur. Alors nous sommes à la recherche,
actuellement, d'économistes qui nous viendront de l'extérieur et
j'ai moi-même entrepris...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il n'y a pas une équipe
minimale qui a été constituée par la commission Castonguay
et est-ce que c'est l'intention du ministre de récupérer tout au
moins les meilleurs éléments de cette équipe?
M. CLOUTIER: Oui, oui. Il y a entente tacite entre le
président de la commission Castonguay et le ministre de la Santé
pour que tout ce personnel qu'on a utilisé pour...
M. LEVESQUE (Laurier): Qu'est-ce que c'est, une entente tacite?
Vous vous êtes fait un clin d'oeil là dessus ou quoi?
M. CLOUTIER: M. le Président, disons que je suis convaincu
qu'un rapport de l'importance de celui de la commission Castonguay ne doit pas
rester sur les tablettes du ministère.
M. LEVESQUE (Laurier): J'espère.
M. CLOUTIER: Et il y aura une suite. Et pour ça, je pense
qu'il serait normal que le ministre regarde dans la commission, aux alentours
de la commission, ceux qui auront collaboré et travaillé de
très près aux travaux de la commission afin, si possible, de les
intégrer dans la poursuite des objectifs, dans la réalisation des
objectifs proposés par la commission Castonguay. Mais,
définitivement, je pense qu'un service de la planification et de la
recherche au ministère de la Santé, qui est l'un des
ministères les plus importants nous n'avons pas actuellement au
ministère, même si nous en avons quelques-uns, suffisamment
d'effectifs pour nous empêcher d'aller chercher de l'aide à
l'extérieur.
M. BOUSQUET: A l'étude de quel article sommes-nous
rendus?
UNE VOIX: Non.
M. BOUSQUET: Non, non, je vous demande ceci justement parce que
je pense que l'étude des crédits doit se faire article par
article.
M. BOURASSA: C'est au président. M. BOIVIN: C'est
évident.
M. BOUSQUET: Alors si on veut progresser, il faut étudier
ça, article par article.
M. KIERANS: C'est au président. Laissez -le.
M. BOIVIN: On parle beaucoup que les médicaments
coûtent cher. Vous êtes-vous demandé pourquoi les
médicaments coûtaient si cher?
M. LEVESQUE (Laurier): N'ouvrez-moi pas une porte
là-dessus, parce que vous n'êtes pas sortis du bois.
M. BOIVIN: Je vais arrêter, si M. le Président me le
permet.
M. LEVESQUE (Laurier): Qu'est-ce que disait l'honorable
député de Dubuc?
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je pourrais avoir le tapis?
M. BOIVIN: C'est que les gouvernements qui nous ont
précédés n'ont pas participé assez à la
recherche. Alors, il y a un retour, on a laissé à l'initiative
privée le poids de la recherche, c'est ce qui fait aujourd'hui...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, je suis prêt
à prendre vos directives forcément, mais, à l'article
« assistance médicale », est-ce que pour éviter
d'entamer un débat de détails là-dessus il est entendu
que, dans le budget, le complément de l'assistance médicale qui a
déjà été évoqué par le ministre sous
forme de comité, c'est à-dire la question des médicaments,
pourra être évoquée à ce moment-là?
M. LE PRESIDENT: Il s'agit ici de
généralités. S'il faut recommencer, dans chacun des
articles, à rediscuter ce qui a été discuté dans
les généralités, comme...
M. LEVESQUE (Laurier): Voulez-vous parier, M. le
Président, qu'on peut avoir du nouveau à dire là-dessus,
par rapport à ce qui a été dit?
M. BOIVIN: Vous n'y étiez pas l'autre jour. C'est la
troisième séance qu'on passe sur les médicaments.
M. LEVESQUE (Laurier): Et après? M. BOURASSA: Il n'y a
rien qui se fait.
M. BOURASSA: On est obligé d'y revenir. On n'a pas de
réponse précise. Vous renotez toujours la même chose.
M. CLOUTIER: M. le Président, je pense qu'il regrette
déjà sa remarquer
M.BOURASSA: Bien, disons qu'il pourrait être plus
précis et plus concret.
M. BOIVIN: C'est la troisième fois qu'il revient
là-dessus!
M. KIERANS: M. le Président, je pense que nous avons fait
un tour d'horizon sur les responsabilités du ministère de la
Santé et on peut poser cette question maintenant. Peut-être que
c'est un peu brutal, mais ça s'impose. Est-ce qu'un ministre à
temps partiel suffit au domaine de la santé? Et je sais que la
réponse est clairement: non. Parce que nous avons un ministère,
ici, avec un budget de 585 millions. Le ministre est en face de
problèmes très graves dans des secteurs bien différents.
Par exemple,
l'administration de l'assurance-hospitalisation, un secteur qui
coûte maintenant $412 millions.
Un autre secteur, le traitement des maladies mentales, un domaine
complètement différent, a un budget de $80 millions le
service des unités sanitaires, c'est-à-dire l'administration de
75 bureaux de santé à travers la province et dans les
régions les plus éloignées, a un budget de $7 millions
les subventions pour construction d'hôpitaux et dépenses en
immobilisation, plus de $44 millions.
Et, évidemment, le temps consacré à chacun de ces
secteurs doit être très restreint, particulièrement quand
le ministre peut y passer un temps, peut-être la demie de la
moitié de son temps. Est-ce qu'il reste au ministre suffisamment de
temps pour l'étude des problèmes que nous avons discutés,
comme la pénurie des effectifs médicaux et paramédicaux?
Est-ce qu'il reste au ministre le temps qu'il faut pour l'étude des
problèmes comme les centres des sciences médicales et des
hôpitaux universitaires, l'investissement, soit dans
l'amélioration des services externes, soit dans des nouveaux
hôpitaux, soit dans l'agrandissement des hôpitaux existants.
Est-ce qu'il reste au ministre suffisamment de temps pour créer
une philosophie de sécurité sociale, au lieu de la philosophie
d'assistance publique qu'il a défendue à quelques reprises?
Est-ce qu'il reste au ministre le temps d'édifier un programme, un
projet de l'assurance-maladie bien arrêté? Et les autres
problèmes chez les médecins, leur pratique, les hôpitaux
fermés aux médecins, etc? Je pense qu'on peut conclure qu'il y a
des conséquences très graves à ce double mandat.
D'abord, c'est bien évident que les rencontres avec ses chefs et
directeurs de service, comme l'a souligné le docteur Bédard,
entre autres, sont presque impossibles, parce qu'il n'a pas le temps. La course
contre la montre rend le ministre...
M. TREMBLAY: M. le Président, M. le
député...
M. KIERANS: Est-ce que je peux continuer? Vous parlerez
après.
M. TREMBLAY: Vous avez posé la question lors de la
première séance...
M. LE PRESIDENT: Je pense que M. le député tentait
d'exposer un point de vue à l'effet que l'on a pris l'habitude, quand
quelqu'un parle, d'écouter jusqu'à la fin de son exposé et
de le contredire ou de prouver le contraire après.
M. KIERANS: Je pense que ça peut rendre routinier le
ministre ou n'importe quelle personne. Le ministre doit répondre
à trop de détails chaque jour. C'est évident. Il ne peut
pas rendre les décisions rapidement, et il n'a pas de temps à
passer avec une équipe, avec ses officiers, à créer une
équipe dévouée, pleine d'ardeur, et capable de
répondre aux exigences pressantes d'aujourd'hui dans le Québec.
Et il ne reste pas pour le ministre suffisamment de temps pour l'étude
et l'établissement des objectifs clairs basés sur les besoins de
la population. Et, je pense que ces lacunes sont des conséquences
très graves d'un double mandat et je recommande fortement au
gouvernement qu'il change la politique d'un double mandat pour que la
population québécoise puisse bénéficier d'un
ministre à plein temps.
M. CLOUTIER: M. le Président, la question soulevée
par le député, évidemment, est moins brutale, parce que
c'est la deuxième fois qu'il en parle au cours des prévisions
budgétaires. Alors, disons qu'elle s'amortit avec la
répétition.
Je ne nie pas, comme je l'ai dit antérieurement, que les
responsabilités d'un double mandat comme ministre de la Famille et
ministre de la Santé sont très lourdes.
Si on regarde d'abord les implications budgétaires, il s'agit
cette année d'un budget de près de $1 milliard qui, disons, avec
les responsabilités qui normalement devraient venir s'ajouter à
plus ou moins brève échéance avec le rapatriement possible
de certains des plans fédéraux, avec l'expansion de la
sécurité sociale, de législations nouvelles, entre autres,
l'assurance-maladie. Evidemment, il y a là suffisamment de
matière pour retenir l'attention d'un homme.
Mais, l'ancien ministre semble oublier que, dans l'accomplissement de ce
mandat, le ministre en charge a avec lui des collaborateurs, il a, d'une part,
un ministre d'Etat à la Santé, il a un ministre d'Etat à
la Famille qui, eux, individuellement, consacrent tout leur temps chacun
à un ministère en particulier. Us sont là pour assister le
ministre dans l'exécution de sa tâche, dans l'élaboration
de la politique du ministère.
Mais, quand on parle de budget de $500 millions ou de $1 milliard, je
pense qu'à ce moment-là ce n'est pas le fait d'ajouter des
montants en argent, ce n'est pas le fait de partir de $500 millions pour en
arriver à$l milliard qui change la nature du problème. Je pense
que le ministre, quelle que soit l'importance de son budget, doit avoir
à côté de lui des collabora-
teurs, une équipe de fonctionnaires qui vont l'aider à
établir la politique du ministère et à la
réaliser.
J'ai dit antérieurement que je devais diviser, partager mon temps
entre le ministère de la Santé et le ministère de la
Famille. Je pense que le fait d'être titulaire de ces deux
ministères comporte énormément d'avantages. Ils me
permettent une chose qui ne serait pas possible, si je n'avais qu'à
diriger un seul de ces ministères. Cette duplication, ce double mandat
me permet de faire des points de comparaison entre les deux ministères,
de voir où est la force respective de chacun des deux ministères
et où sont les faiblesses. Je peux voir, par comparaison, si dans une
direction générale d'un ministère, il y a faiblesse par
rapport à l'autre. Je peux également assurer plus facilement,
bien que ce soit possible autrement, je pense, que les deux ministres qui m'ont
précédé, à un et à l'autre des
ministères, ont travaillé en étroite collaboration. Je
pense que cette formule du ministre titulaire des deux ministères,
assisté de deux collègues dans deux domaines où il y a
tellement de zones qui se touchent, où il y a tellement de zones grises,
où on se sait pas où commence la responsabilité du
ministère de la Santé et où finit celle de la Famille, je
pense que, dans ce domaine-là, un ministre en charge et deux ministres
d'Etat qui l'assistent, c'est une formule qui, si elle n'est pas
supérieure, du moins peut être comparée à la formule
de deux seuls ministres qui ont chacun un portefeuille mais qui collaborent
très étroitement.
Quant à savoir si le ministre est capable, assisté de deux
titulaires, d'assumer indéfiniment la direction de ces deux
ministères, c'est une question d'opinion, mais je comprends, M. le
Président, qu'il y a une période qui comporte probablement plus
de difficultés, c'est celle où normalement on doit s'initier au
rouage du ministère où on arrive. Il y a une certaine
période d'information, période d'étude, de rodage, et je
dirais qu'il est normal que cette période dure un certain temps. Mais je
crois que maintenant cette période est terminée avec
l'intégration physique des deux ministères à
l'intérieur d'un seul édifice, par la mise en place de ces
mécanismes de coordination, par le recrutement du personnel
qualifié surtout dans les services, dans les directions où nous
avons constaté certaines déficiences.
Et c'est normal, M. le Président, dans deux ministères qui
ont bénéficié, depuis ces dernières années,
d'une expansion tellement rapide et considérable si l'on songe que le
budget du ministère de la Santé s'est multiplié par quatre
ou cinq depuis cinq ans et que le budget du mi- nistère de la Famille
lui aussi s'est accru dans des proportions assez considérables. Je pense
que ce sont deux ministères en pleine expansion et comme tout
ministère en pleine expansion, c'est normal qu'il y ait des
problèmes. Mais je crois, M. le Président, que c'est une formule
de jumelage qui est naturelle, qui n'est pas contre raison même si le
mandat et les responsabilités que cela charge sur les épaules
d'un seul homme sont assez considérables. Et, M. le Président,
pour l'instant, à la lumière de l'expérience acquise
pendant cette année, je suis prêt à continuer
l'expérience sous sa forme actuelle parce que je comprends qu'elle a
comporté et qu'elle comportera de nombreux avantages.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, puisque le
ministre a évoqué l'expérience de ses
prédécesseurs, dont la mienne qui a été très
courte dans les deux cas, puisque tous les deux on a eu quelques mois
seulement, je n'ai pas la moindre intention de mettre en doute sa
sincérité. C'est sûr que ce que vient de dire le ministre
sur les avantages de ce double mandat, les avantages qu'il y voit, c'est
sincère et je suis obligé de lui dire que je suis
profondément convaincu qu'il rationalise en fait les faiblesses de la
situation dans laquelle il se trouve. Nous sommes tous portés à
faire ça.
Eventuellement, il y aura, je suppose, un grand ministère de la
sécurité sociale dans le Québec, comme sous diverses
appellations. On a ça dans certains pays où l'administration
moderne fonctionne convenablement. Ce n'est pas encore le cas chez nous. On est
en pleine restructuration, pour employer le jargon, aussi bien de la fonction
publique que des définitions d'emploi et, Dieu sait, de la modernisation
des services. Et le ministre est en charge de deux ministères où
notre petite expérience à nous, au député de
Notre-Dame-de-Grâce et à moi-même, nous a permis de voir que
ces deux ministères étaient dans un fouillis terriblement
dangereux et le sont encore, pour autant que je sache. D'ici un an, deux ans,
trois ans, cela sera amélioré mais, entre-temps on me
permettra, c'est une opinion qui vient de l'expérience s'il y a
une chose qui peut être catastrophique, c'est la division de
l'autorité dans des ministères que même physiquement on n'a
pas fini d'unifier, le ministre le disait tout à l'heure. Même
physiquement, les tas de briques, pour citer le député de Dubuc
dans son style inimitable, ne sont pas encore unifiés dans l'un et
l'autre ministère. C'est à peine fait récemment et pas
tout à fait complété dans le cas de la Santé. C'est
à peine en voie de se faire dans le cas du ministère de la
Famille et du Bien-être.
Oui, Dieu sait. Or, en ce moment, qui est une pleine période de
structuration aussi bien de la brique que des services de modernisation de deux
énormes domaines qui seront complémentaires un jour, s'il y a une
chose, quant à moi et je crois que c'est l'avis de mon
collègue de Notre-Dame-de-Grâce qui nous paraît
essentielle c'est qu'il n'y ait pas de division de l'autorité ni de
distraction. Parce que, dans chacun des cas, il y a des gens, et ce sont les
deux ministères peut-être qui touchent le plus près, avec
l'Education, et peut-être sûrement de façon plus
douleureuse, tous les citoyens du Québec. On peut facilement combiner,
avec des résultats problématiques de toute façon
l'Industrie et le Commerce disons, avec autre chose. Mais la Santé, qui
touche quand même éventuellement tous les citoyens malades qui ont
des priorités terribles, si ce n'est pas fait efficacement, le service
de ce ministère-là. Et le ministère du Bien-être,
qui touche d'autres fragilités qu'on connaît dans tous les coins
de la province, aurait en période de transition, en période
difficile comme ces années-ci, à notre humble avis, besoin
d'autorité précise qui voie dans chacun des cas et de temps plein
et plus que plein, Dieu sait, et qui voie le plus tôt possible la fusion,
une fusion logique, organique et pas accidentelle. Simplement parce qu'on fait
des locaux conjoints avant même d'avoir structuré les services et
refait les routines et certains vieillissements terribles qu'il y a dans ces
administrations- là.
Or, le système des ministres d'Etat, à ce point de vue
là, a été improvisé à mon humble avis. On
l'a connu un petit peu nous aussi, il a été quelque peu
systématisé par le gouvernement actuel et c'est un danger
additionnel, à mon humble avis, parce qu'il a été fait
d'une façon incohérente. Il ne s'agit pas de juger les gens
eux-mêmes, je parle de la façon dont cela a été
fait, de façon incohérente; ça a été
improvisé en fonction de critères politiques beaucoup plus que de
critères d'efficacité administrative, autant qu'on puisse juger
les répartitions des ministres d'Etat. Une chose certaine, c'est que,
dans cette période de transition et on ne citera pas des
échos, parce qu'on vit tous dans un milieu assez restreint où les
échos circulent cela a amené une division artificielle de
l'autorité qui n'existe pas puisque, juridiquement, le ministre d'Etat
n'a qu'un pouvoir que le ministre veut bien lui déléguer.
Mais le ministre d'Etat, par exemple, peut créer par sa seule
présence, à l'occasion, dans un système incohérent,
ça peut ne pas être de sa faute, une division, des intrigues
additionnelles dans des milieux où il y en a déjà suffi-
samment et, finalement, l'affaiblissement de l'autorité, au moment
où on aurait besoin, au contraire, je crois de la présence d'un
homme à chacun de ces endroits-là, avec plusieurs centaines de
millions dans chaque cas et les problèmes inouis d'un homme qui est
l'autorité et l'initiation surtout des réformes possibles, qui a
tout son temps à mettre sur le choix entre toutes ces opinions.
Comme disait le ministre, je ne suis pas un expert, mais la modestie
toujours admirable ne remplace pas la nécessité de l'action qui
doit être prise au seul endroit où est l'autorité dans le
système qu'on a qui est, jusqu'à nouvel ordre, le ministre en
titre. Et je ne crois pas que, tout en rationalisant sincèrement les
faiblesses de cette situation, ça puisse être justifiable dans
l'intérêt du Québec. Et je crois que c'est vrai, ce que
disait le député de Notre-Dame-de-Grâce, qu'avec tout le
respect et l'estime qu'on a pour le ministre actuel, il y a un danger pour les
deux ministères et qu'il doit en être conscient au fond de
lui-même, dans les années actuelles, peut-être pas dans
quelques années.
M. CLOUTIER; M. le Président, quant à ce qui concerne
l'orientation de ces deux ministères vers un ministère plus vaste
de la sécurité sociale, je vois, j'admets avec le
député de Laurier, que c'est une avenue vers laquelle, dans
laquelle il est possible et il est peut-être normal que l'on
débouche un jour. Actuellement, par le rapprochement de ces deux
ministères, il ne s'agit pas non plus d'ajouter des problè- mes
à ceux qui existent déjà. C'est pourquoi j'ai dit que je
ne partageais pas l'opinion de ceux qui voulaient actuellement fusionner les
deux ministères.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est pourtant ce qui s'est promis.
M. CLOUTIER: Actuellement, je ne partage pas cette opinion. Je
préfère que l'on règle à l'intérieur des
deux ministères, pour employer l'expression du député, que
l'on fasse la restructuration nécessaire, que l'on mette en place les
équipes dont on a besoin dans chacun des deux ministères. Je
constate que cette mise en place des effectifs est peut-être plus
avancée dans un cas que dans l'autre. Mais il faudra de toute
façon que cette fusion ne vienne que quand elle sera arrivée,
qu'elle ne se fasse que quand elle sera mûre, que quand elle se
réalisera tout naturellement, sans aucune friction.
Et actuellement, je ne crois pas que cela soit possible de fusionner les
deux ministères sans qu'ils n'aient, l'un et l'autre, vécu une
période...
M. LEVESQUE (Laurier): De rajeunissement?
M. CLOUTIER: ... de rajeunissement j'accepte le mot du
député de Laurier une période de restructuration,
de raffermissement. Et je crois, avec le rapport Castonguay qui étudie
tout de même tout le secteur de la santé et une partie importante
du bien-être, et surtout la partie qui touche le domaine des
institutions, le secteur bien-être relié au secteur santé,
que c'est une étape, préliminaire à cette fusion ou
à cette élaboration d'un ministère à
sécurité sociale. Mais disons que, pour l'instant, je ne partage
pas l'opinion du député de Laurier, à savoir que cette
formule du ministre titulaire et de ses deux ministres d'Etat ne vaut pas la
peine qu'on la mette à l'épreuve et qu'on l'essaie
sérieusement.
M. KIERANS: Vous ne pouvez pas laisser à d'autres la
responsabilité qui est la vôtre.
M. TREMBLAY (Montmorency): Trois bons ministres compétents
valent bien deux ministres qui ne font que dire: « Je n'ai fait que
passer ».
UNE VOIX: Pardon?
M. KIERANS: C'était trop vite pour moi.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est à peu près...
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est à peu près
cela!
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais au niveau de la qualité,
les interventions récentes...
M. BOIVIN: Il y aurait peut-être quelque chose à
ajouter de ma part, puisque je suis ministre d'Etat. Je ne souffre pas du tout
d'avoir un ministre titulaire, je crois que...
M. LEVESQUE (Laurier): Lui, en souffre-t-il?
M. BOIVIN: Je crois que l'idée de l'honorable Johnson de
distribuer nos tâches dans la discipline qu'on connaît dans le
parti de l'Union Nationale...
M. LEVESQUE (Laurier): Ah ça! M. KIERANS: Ah oui!
M. LEVESQUE (Laurier): Vous pouvez y aller.
M. BOIVIN: Je crois que...
M. TREMBLAY (Montmorency): ... nous serons d'accord avec
vous.
M. BOIVIN: ... nous pourrons travailler très
facilement...
M. KIERANS: S'il pensait..
M. BOIVIN: ... d'ailleurs avec l'honorable Cloutier, dont vous
connaissez toutes les qualités d'un comptable, où il y a beaucoup
d'argent. Nous nous sommes peut-être prévalus de
l'expérience qui a été tentée par le parti qui nous
a précédé, par le gouvernement qui nous a
précédé, où on avait placé un médecin
au ministère de la Santé, où il y avait beaucoup trop de
finances, et où on a essayé ensuite une autre formule, celle de
placer un financier où il y avait beaucoup trop de médecine.
Alors, je crois à cette formule des deux ministères, celui du
ministre titulaire et du ministre d'Etat à la Santé, si on veut
travailler à l'organisation de ces deux ministères qui nous ont
été cédés, vous venez de le dire, dans un tel
fouillis, j'espère qu'on pourra les organiser très bien, et vous
y verrez des changements dans les mois qui vont suivre.
M. LEVESQUE (Laurier): Je voudrais seulement spécifier
là-dessus. Cela fait plusieurs fois qu'on me rappelle je l'ai
employé et je l'emploierai encore le fait que ces deux
ministères étaient et sont dans un état de fouillis par
rapport à la réponse efficace qu'on doit donner aux
problèmes d'une société dans ses parties les plus
fragiles. C'est cela que touchent les deux ministères. Bon, c'est vrai,
à mon humble avis.
M. BOIVIN: Bien, vous l'avez dit..
M. LEVESQUE (Laurier): C'est encore vrai aujourd'hui, un an
après l'arrivée de l'honorable député de Dubuc et
des autres. Et ce sera très long à corriger ce qui venait aussi
bien, si on veut, de cent ans de négligence dans ces domaines-là,
de cent ans surtout de non-politique dans le domaine social. Et c'est vrai que
nous avons certainement perdu plus de temps que nous n'aurions dû en
perdre pour amorcer les structurations nécessaires pour être
équitables dans le cas que j'ai couvert. Il y en avait une bonne partie
qui était en marche depuis le rapport Boucher, en 1963, quand je suis
arrivé. Mais c'était suffisant pour voir à quel point il y
avait un terrain encore immense à dé-
blayer, parce qu'il y avait quelque chose comme une centaine
d'années de négligence, y compris les seize années de
l'Union Nationale, Taschereau,et tous les autres.
A ce point de vue, là on n'est pas sorti du bois, c'est
sûr. Mais ce n'est pas en se jouant avec le mot « fouillis »,
comme si c'était notre héritage complet, c'est l'héritage
du Québec, à ce point de vue là, pendant trop longtemps.
On pourrait dire la même chose de l'éducation. Mais enfin, cela
nous entraînerait loin. Alors c'est évident, il y a un fouillis
lointain, dont les origines sont lointaines, qui est devenu des comportements
qui ne tiennent plus debout et qui ne répondent plus aux
problèmes de notre époque, des structures qui n'ont plus aucun
bon sens pour rejoindre les problèmes auxquels ils sont censés
répondre. Cela ne se fait pas en criant ciseau et ça rejoint le
fait qu'une autorité précise, qui n'est pas
déléguée pendant cette période nécessaire,
nous semble être indispensable à la tête de ces gros
ministères dont le public a si terriblement besoin. Si ce n'est pas se
gargariser de lui faire des beaux discours et de lui laisser attendre
indéfiniment l'action ou de dire modestement: On n'est pas en mesure de
choisir, alors attendez, patientez!
M. BOUSQUET: Je pense, moi, que pour ce qui est de
l'autorité, il ne fait aucun doute qu'il y a une autorité
précise actuellement, c'est celle du ministre, pour ceux qui sont un peu
au courant de la chose.
M. LEVESQUE (Laurier): La question, c'est de savoir à quel
point elle s'exerce avec la persistance, l'attention continuelle à
l'ensemble, à la synthèse des problèmes de chaque
ministère et ce n'est pas déprécier le ministre que de
dire que cela apparaît humainement impossible, quand on l'a vécu.
Et je n'entrerai pas dans les détails parce que je crois que cela l'est,
pratiquement, impossible, par rapport au problème.
M. TREMBLAY (Montmorency): On a un bon ministre!
M. BOIVIN: Tout s'organise. Qu'est-ce que vous voulez! On a des
problèmes, on le sait, mais gardez des espoirs. Dans quelques
années, vous allez voir que cela va changer.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Nous allons rester dans
les crédits de la Santé. Et, si vous le voulez bien, nous allons
passer à l'article 1, « Administration ».
UNE VOIX: C'est accepté, ça!
I
UNE VOIX: On en discute depuis ce matin!
M. GOLDBLOOM: M. le Président, vous avez là un
chiffre pour le nombre des fonctionnaires, qui est diminué en
comparaison avec l'an dernier. Je comprends que ces chiffres
représentent les postes autorisés par ce budget. Est-ce qu'il y
avait en effet 105 employés l'an dernier? Est-ce qu'il y en aura en
effet 102 cette année?
M. CLOUTIER: Ici il paraît y avoir une diminution, mais sur
les 105 postes de l'an dernier, il y en a cinq qui sont à l'article 6,
« Santé publique ». Alors, en fait, il y a une augmentation
de deux postes.
UNE VOIX: Cent cinq, moins cinq. Cent deux.
M. KIERANS: Est-ce qu'ils étaient en fonction
l'année dernière? Leurs responsabilités, l'année
dernière?
M. CLOUTIER: Les cinq ont été
transférés au programme conjoint de santé publique. Les
cinq disparaissent de l'article « administration » et ils vont
apparaître à l'article 6. C'est un nouveau poste.
M. KIERANS: Mais ils exercent... Ah bon! Votre budget a
augmenté d'à peu près 20% mais le nombre d'employés
n'a pas augmenté sensiblement, n'est-ce pas?
M. CLOUTIER: M. le Président, nous avions 1,921 postes
approuvés au 1er janvier 1966 et nous avions 1,934 postes au 31
décembre 1966. Alors, il y a 23 postes de plus que l'année
précédente.
M. KIERANS: Vous avez parlé de vos collaborateurs à
l'intérieur du ministère. Est-ce que vous pouvez nous dire
combien de personnes gagnent plus de $15,000 par année? Deux, trois,
quatre, cinq?
UNE VOIX: Vingt, vingt-cinq?
M. KIERANS: Avec un budget de $85 millions!
M. CLOUTIER: Il y aurait... M. KIERANS: Six seulement?
M. BOURASSA: Seulement six?
M. KIERANS: Un grand nombre de collaborateurs!
M. BOURASSA: Certainement six, dites-vous?
M. CLOUTIER: J'attends l'information finale.
M. BOURASSA: Comme le dit le député de Laurier,
c'est la broche à foin!
M. LEVESQUE (Laurier): Les excuses, je fournissais ça au
député de l'Islet!
M. BOIVIN: Pardon!
M. LEVESQUE (Laurier): C'est le côté de la broche
à foin!
M. BOIVIN: C'est ce qui nous a été,,..
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est l'héritage...
UNE VOIX: Le travail que le ministère avait fait... les
commissions d'enquête.
M. BOIVIN: Nous sommes à le réorganiser.
M. LEVESQUE (Laurier): Québec n'endurera pas longtemps, je
crois, ces années-ci, ces vieux damnés refrains de la vieille
politique plate qui passe de l'héritage à l'autre.
M. BOIVIN: Le Québec...
M. LEVESQUE (Laurier): Parce que là, ça va faire un
an que vous êtes là.
M. BOIVIN: Le Québec a eu confiance en nous...
M. LEVESQUE (Laurier): Mais si vous continuez encore pendant
trois ans à parler d'héritage et à dire nous sommes trop
modestes pour nous décider, vous allez sortir...
M. BOIVIN: Ce n'est pas au député...
M. LEVESQUE (Laurier): ... sortir sur un temps riche avec votre
héritage!
M. BOIVIN: Ce n'est pas au député de Laurier
à le juger, le peuple jugera!
M. LEVESQUE (Laurier): C'est du placotage!
M. LE PRESIDENT: M. le ministre vous a donné l'information
qu'il attendait Alors la récréation est terminée.
M. CLOUTIER: M. le Président, pour répondre
à la question du député de Notre-Dame-de-Grâce, il y
a sept fonctionnaires qui, actuellement, ont un salaire supérieur
à $l5,000.
M. KIERANS: Voulez-vous les nommer?
M. CLOUTIER: Il y a le sous-ministre, le Dr Gélinas, le
sous-ministre-adjoint, le Dr Lizotte, le directeur des services psychiatriques,
le Dr Bédard, le directeur...
M. KIERANS: Un moment, le Dr Bédard est inclus sous une
autre rubrique, n'est-ce pas?
M. CLOUTIER: Je vous donne pour tout le ministère.
M. KIERANS: Non, sous cet article.
M. CLOUTIER: Ah! l'article « administration ». Vous
avez le sous-ministre, le Dr Gélinas, vous avez le Dr Lizotte,
sous-ministre-adjoint.
M. KIERANS: Qui sont chargés de l'administration
générale, pas les secteurs.
M. CLOUTIER: L'administration générale, alors ce
sont les...
M. KIERANS: Ce sont les deux seulement.
M. CLOUTIER: ... les deux seulement d'après la liste qu'on
me remet, ce seraient les deux seulement qui auraient un salaire
supérieur à $15,000.
M. KIERANS: Dans un ministère qui dépense un
montant de $500...
M. CLOUTIER: $583 millions. Cela, c'est à l'article
« administration ».
M. KIERANS: Oui, mais vous avez parlé vous-même,
vous vous vantez de vos collaborateurs, où sont-ils?
M. CLOUTIER: Bien, M. le Président, c'est dans tout le
ministère, les collaborateurs.
M. KIERANS: Oui, mais dans l'administration.
M. CLOUTIER: J'espère que tout le monde collabore.
M. KIERANS: Est-ce que vous avez un contrôleur de finances,
par exemple, pour le ministère, pas pour l'assurance-hospitalisation ou
d'autres secteurs, pour le ministère?
M. CLOUTIER: Bien la division d'assurance... est-ce que
vous...
M. KIERANS: Non, dans l'administration. Il y a, comme on peut
dire dans les affaires, un vice-président de la finance.
M. CLOUTIER: Nous avons un comité de finances.
M. KIERANS: Un comité.
M. CLOUTIER: Un comité de finance qui est constitué
de fonctionnaires qui travaillent à l'intérieur du
ministère. Le député sait quel est l'organisme auquel je
fais allusion, et qui est chargé de faire une étude
spéciale des demandes qui nous arrivent, des demandes de subventions de
la part des associations ou de subventions spéciales de la part des
hôpitaux. Alors c'est un comité de finance qui siège
régulièrement pour l'étude de ces demandes.
M. KIERANS: Peut-être que je puis poser ma question d'une
autre façon. Combien de personnes, sous cet article-là, article
1, administration, gagnent plus que $12,000?
M. LEVESQUE (Laurier): On ne parle pas des ministres d'Etat.
M. KIERANS: Ah! non, on n'en parle pas. Ils n'ont aucune
fonction.
M. CLOUTIER: Il y aurait à ajouter aux deux noms le nom du
directeur du personnel, M. le Président.
M. BOURASSA: Cela fait trois.
M. KIERANS: Seulement le directeur du personnel.
M. CLOUTIER: Et il y aurait, si l'on compte dans
l'administration, le cabinet du ministre, il y aurait le secrétaire
particulier...
M. KIERANS: Non, je ne compte pas le secrétaire
particulier.
M. BOURASSA: Ne trouvez-vous pas, M. le ministre, que c'est un
nombre ridicule pour un montant aussi élevé. Il y a des petites
entreprises avec un chiffre d'affaires de $500,000.
M. CLOUTIER: Evidemment, écoutez, l'administration au
ministère de la Santé actuellement ne se fait pas par la section
de l'administration, c'est-à-dire elle se fait enpartie.
M. KIERANS: Et lentement.
M. CLOUTIER: Oui, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce voudrait que la conception que vous vous faites
actuellement de l'administration, en autant que cette administration doit
entrer à l'intérieur de tous les services, n'existe pas au
ministère de la Santé, et vous le savez. Ce que vous
considérez l'administration, à l'intérieur de
l'assurance-hospitalisation. Ils ont leur équipe à
l'intérieur de cette division pour s'occuper des problèmes de
l'assurance-hospitalisation.
M. KIERANS: Est-ce que l'assurance-hospitalisation et les
maladies mentales et les maladies vénériennes se rapportent
à l'administration générale, à vos sous-ministres,
oui ou non?
M. CLOUTIER: Ils se rapportent au sous-ministre.
M. KIERANS: Directement. Il n'y a aucune personne qui puisse
examiner leurs chiffres pour conseiller le sous-ministre?
M. CLOUTIER: Actuellement, il n'y apasde direction de
l'administration, telle qu'onlacon-çoit et telle que je pense. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce se l'imagine, il n'y en a pas
au ministère de la Santé.
M. KIERANS: C'est ça.
M. CLOUTIER: C'est cette direction générale de
l'administration que nous envisageons de créer dans le nouvel
organigramme, telle qu'elle existe au ministère de la Famille.
M. KIERANS: Ce n'est pas un organigramme qui va donner une
efficacité à votre ministère, ce sont les hommes.
M. CLOUTIER: Oui, je comprends...
M. KIERANS: Et on ne peut pas attirer, at-trapper les hommes avec
les salaires de $5,000, $6,000 ou $7,000 par année. Avec une telle
pénurie d'hommes importants dans un ministère, évidemment,
toute la responsabilité tombe sur un sous-ministre ou les personnes qui
gagnent...
Il y en a deux ou trois, deux, parce qu'un directeur de personnel n'a
pas l'autorité, une responsabilité générale.
M. CLOUTIER: Je suis d'accord, M. le Président, qu'il ne
peut pas y avoir dans tous les articles « administration », qu'il
n'y a pas actuellement, je l'ai dit, de structuration, de division de
l'administration telle qu'on le conçoit de la façon moderne.
C'est une organisation à laquelle nous songeons, c'est peut-être,
appelons ça si vous voulez une déficience. Un objectif que s'est
fixé le ministre c'est d'y remédier très
prochainement.
M. KIERANS: Oui, mais vous avez répondu à mes
propos au sujet d'un ministre qui travaille à temps partiel, vous avez
eu un grand nombre de collaborateurs. C'est bien évident que ces
collaborateurs n'existent pas.
M. CLOUTIER: Tous les directeurs et tous ceux qui sont
chargés de responsabilités au ministère de la Santé
sont les collaborateurs du ministre et ceux qui sont chargés
d'exécuter la politique du ministère, à quelque titre que
ce soit, sont aussi des collaborateurs du ministre. Ils ne le sont pas au
même degré. Je comprends qu'une équipe...
M. KIERANS: Les administrateurs, comme le docteur Bédard
avec un budget de $80 millions, qui s'est plaint qu'il n'avait pas
rencontré le ministre assez souvent pour discuter de politiques dans ce
domaine...
M. CLOUTIER: M. le Président, sans savoir combien de fois
mon prédécesseur dans les mois où il a été
au ministère de la Santé, où il a eu des rencontres avec
le docteur Bédard, je peux lui dire dès maintenant, que j'ai eu
plus de rencontres avec le docteur Bédard qu'il en a eues.
M. KIERANS: Il faut les énumérer parce que j'en ai
eu un assez bon nombre de rencontres avec le docteur Bédard.
M. CLOUTIER: Depuis onze mois, M. le Président, j'ai eu
avec le docteur Bédard plusieurs entrevues très amicales,
très positives et très fructueuses...
M. KIERANS: Je ne veux pas parler de l'atmosphère de vos
rencontres, je demande que font les autres. Vous avez cité le docteur
Gélinas et le docteur Lizotte comme les deux qui gagnent plus de
$15,000. Il y en une autre certaine. Que font les autres? Quelles sont leurs
responsabilités?
M. CLOUTIER: Il y a l'information, il y a la direction du
personnel, il y a la négociation, il y a l'approvisionnement et le
matériel...
M. KIERANS: La négociation?
M. CLOUTIER: A la négociation, M. Char-bonneau...
M. KIERANS: Il n'est pas sous cette rubrique.
M. CLOUTIER: Oui, il est à la rubrique... M. KIERANS:
Administration, salaires et...
M. CLOUTIER: Oui, il esta l'administration, j'ai la liste
ici.
M. KIERANS: Quel salaire gagne M. Char-bonneau?
M. CLOUTIER: $13,600.
M. KIERANS: Oui, mais vous ne l'avez pas cité comme...
M. CLOUTIER: $13,000, il est sur la liste, $13,600.
M. KIERANS: Vous n'avez pas cité M. Char-bonneau comme un
homme qui gagne plus de $12,000 sous cette rubrique.
M. CLOUTIER: Alors, je l'ajoute maintenant. Maintenant que j'ai
la liste.
M. KIERANS: Est-ce que son salaire tombe sous cet article 1 ou
sous l'article de l'assurance-hospitalisation?
M. CLOUTIER: M. Charbonneau? Sous l'article 1 et non pas sous
l'assurance-hospitalisation.
M. KIERANS: Il y a d'autres questions sur..
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que c'est sur 1-1 ou si c'est
l'ensemble de 1?
M. KERANS: Nous allons parler d'autres articles. C'est à
vous.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est simplement une question de
renseignement. Est-ce que le ministre, qui parlait tout à l'heure
à propos des services qu'on pourrait appeler généraux, de
l'information et de la publicité, surtout, évidemment de
l'information valable et qui n'a cette année encore qu'un petit budget
comme l'an dernier, d'ailleurs $8,500 et $10,000, je suppose que c'est le
budget complet de l'information du ministère dans l'article 1. Est-ce
que le ministre a l'intention de développer quelque peu? Qui s'occupe de
l'information? Je veux dire qu'est-ce que ça représente $10,000
au point de vue personnel? Qui est-ce qui s'occupe de l'information?
M. CLOUTER: A l'information, nous sommes à
réorganiser le service. Non, la publicité et l'information,
$10,000, ce ne sont pas les traitements.
M. LEVESQUE (Laurier): Qui est-ce qui...
M. CLOUTIER: C'est le rapport annuel et les autres publications
du ministère. Alors, c'est sous l'article « traitements »
que nous retrouvons les gens de l'information. Nous avions...
M. LEVESQUE (Laurier): Le rapport annuel et les autres
publications?
M. CLOUTIER: Les autres publications.
M. LEVESQUE (Laurier): Quelles sont les autres publications,
très brièvement, du ministère, pour autant qu'il ne s'agit
pas de petits fascicules accidentels?
M. CLOUTIER: Ce sont des dépliants sur les maladies
vénériennes ou autres maladies d'éducation, et autres
dépliants dans le domaine de la santé.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais avec $10,000, quand on tient compte
que dans ce domaine-là...
M. CLOUTIER: Non, mais il y en a dans d'autres articles.
M. LEVESQUE (Laurier): Ah bon! il y en a ailleurs.
M. CLOUTIER: Il y a aux unités sanitaires, je donne cela
de mémoire mais je pense qu'il y a un budget également, pour
l'éducation, $61,000.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela, c'est du côté de
l'hygiène publique.
M. CLOUTIER: Du côté de l'hygiène.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais du point de vue des politiques du
ministère, évidemment, c'est toujours glissant parce qu'on sait
que l'Office d'information et de publicité est devenu à certains
points de vue un article discutable mais, à l'intérieur du
ministère, par rapport à la connaissance qu'il doit
répandre, surtout en cette période-ci de nouveautés,
bientôt la nouvelle forme d'assurance-santé, de nouveaux services,
est-ce que le ministre entend développer le budget général
d'information et du personnel aussi?
M. CLOUTIER: Le budget général d'information et le
recrutement du personnel parce qu'actuellement nous avions à
l'information, M. Denis que le ministère de l'Education nous a
demandé...
M. LEVESQUE (Laurier): Vous a volé, dites-le donc.
M. CLOUTIER: C'est exact, le terme est exact. Malgré les
heures de travail immenses à faire, ce que nous avons à
présenter au ministre, le ministre dans un geste de collaboration a
consenti mais seulement, il reste que nous avions en M. Denis un très
bon directeur de l'information...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il a été
remplacé?
M. CLOUTER: Il n'a pas été remplacé. Nous
avons actuellement à l'information M. Allard qui est ici, et qui en est
à ses premières armes au ministère de la Santé dans
le domaine de l'information, bien qu'il ait de l'expérience dans ce
domaine-là.
M. LEVESQUE (Laurier): Où était M. Allard
avant?
M. CLOUTIER: M. Allard était à la commission
scolaire régionale de Sainte-Foy.
M. LEVESQUE (Laurier): Dans l'information?
M. CLOUTER: C'est cela.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors son expérience vient surtout
de la commission régionale de Ste-Foy.
M. KERANS: Où est Mlle Audet qui était la
rédactrice?
M. CLOUTIER: Elle a demandé un transfert au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. KIERANS: Je veux souligner l'efficacité de Mlle Audet
parce que c'est grâce à elle si le rapport annuel a
été déposé le 30 mai.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, puisqu'on parle dans
l'ensemble du poste 1, parce qu'on vient de parler de 1-5, publicité et
information, le ministre a déclaré qu'il y avait d'autres postes
du budget où la publicité apparaissait. J'en ai cherchés.
J'en ai trouvés aux unités sanitaires, publicité et
information suivies d'un montant de $41,000 pour les films et après
cela, à l'article 15, trois mille minables dollars pour publicité
et information pour l'assistance médicale aux assistés sociaux et
alors, nous devons comprendre qu'à part ces montants assez
impressionnants qui sont affectés aux unités sanitaires, le
ministère fait sa publicité avec $13,000.
M. BOURASSA: ... je réalise, chaque fois que je rencontre
mes électeurs, jusqu'à quel point l'information est
inadéquate.
M. CLOUTIER: M. le Président, j'ai... M. BOURASSA: $3,000,
je le comprends.
M. CLOUTIER: ... je n'aime pas l'appellation de minable qu'a
employée le député de D'Arcy-McGee quand on sait combien
il est difficile d'aller chercher tous les budgets dont on a besoin. Si ces
$3,000 sont bien employés, il peuvent avoir une efficacité
supérieure à...
M. BOURASSA: Il y a des limites.
M. GOLDBLOOM: Nous avons quand même une population de six
millions de personnes.
M. LEVESQUE (Laurier): Même un pistolet bien employé
ne pourra jamais défoncer une muraille!
M. KIERANS: Voici, dans votre ministère, sous cet article
aussi, dans le rapport 1965 du ministère, nous avons le rapport de M.
Pierre de Léan qui apparaît à un certain moment à
son bureau d'éducation sanitaire, dont le bureau distribue environ 250
imprimés pour consommation populaire et une centaine de publications
techniques réservées aux professions attachées au domaine
de la santé publique touchant les points essentiels du programme: ali-
mentation, hygiène, maternelle et de l'enfance, etc. Est-ce qu'on peut
accomplir un tel travail avec $10,000? C'est à la page 64.
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est mieux que l'année
passée.
M. BOURASSA: C'est assez dit par le passé.
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est l'avenir qui me concerne.
M. BOURASSA: ... c'est encore plus frappant.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est encore mieux que vous parliez du
passé que de l'avenir!
UNE VOIX: Mon avenir est assuré.
M. CLOUTIER: Les sommes qui sont disponibles par l'entente
fédérale-provinciale seraient dépensées pour la
publicité...
M. KIERANS: Alors, c'est le gouvernement fédéral
qui paie.
M. CLOUTIER: Ces sommes viennent de fonds conjoints.
M. KIERANS: Très bien.
M. GOLDBLOOM: En plus de...
M. CLOUTIER: En plus de ce que nous pouvons consacrer
nous-mêmes à l'information et à la publicité.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que je peux vous
demander une décision présidentielle? Quand on arrivera aux
autres postes du budget, est-ce qu'on sera libre de parler de la question de
publicité ou puisqu'il n'y a pas d'articles de publicité aux
autres postes, est-ce qu'on devrait discuter entièrement cette question
en ce moment?
M. LE PRESIDENT: Je croirais qu'aux différents articles,
lorsque la publicité est indiquée, on devrait discuter de la
publicité aux articles mentionnés. Je vois par exemple...
M. GOLDBLOMM: Il n'y en a que deux.
M. LE PRESIDENT: ... à l'article 3, il y a
publicité et information...
M. GOLDBLOOM: Et à l'article 15. Ce sont
les seuls. Alors, aux autres articles, est-ce qu'on peut parler de
l'absence d'un article publicité ou est-ce qu'on doit en discuter
maintenant?
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas l'impression qu'on peut discuter
à tous les articles, recommencer la publicité en
général.
M. GOLDBLOOM: Alors, dans ce cas-là, M. le
Président, je voudrais...
M. LE PRESIDENT: ... les articles 3 et 15.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, la publicité efficace, il
faut que ce soit groupé le plus...
M. GOLDBLOOM: Je voudrais souligner, M. le Président,
puisqu'on arrivera ultérieurement à la discussion du
problème des maladies vénériennes, que j'ai
été récemment aux Etats-Unis, j'ai écouté la
radio, j'ai vu des annonces affichées un peu partout incitant la
population à ne pas avoir honte de se présenter pour le
diagnostic et le traitement si nécessaire de ces maladies-là.
Devant le problème qui existe dans la province de Québec, je
crois qu'on devrait insister davantage sur cette éducation parce que
c'est un problème semblable à celui des maladies mentales
où certaines personnes ne se dirigent pas vers les centres de traitement
parce qu'ils ont honte de déclarer ou même de soupçonner
qu'ils souffrent de telles maladies. Il y a aussi le problème,
également dans le cas des maladies vénériennes, des
personnes qui cherchent les endroits où se diriger pour un traitement.
Elles ont de la difficulté à trouver ces endroits-là et je
recommande fortement au ministre d'entreprendre une campagne publicitaire pour
aider ces gens-là et pour lutter plus efficacement contre ces
problèmes.
M. CLOUTIER: Il y a au ministère actuellement, on me dit,
500,000 dépliants sur les maladies vénériennes et il y a
également à la dispositions des unités sanitaires...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que c'est envoyé «
personnel et confidentiel » à 500,000 clients ou quoi?
M. BOURASSA: Je pense que la distribution doit être...
M. LEVESQUE (Laurier): Parce que les dépliants c'est
vraiment quelque chose de singulièrement désuet et qui fait un
petit peu vieillot par rapport aux moyens de publicité modernes. Ce que
dit le député de d'Arcy-McGee, comme ancien de ce
métier-là, me paraît très évident.. Avec les
moyens d'aujourd'hui, la télévision, entre autres, permet de
briser des vieux comportements qui font du mal à la
société beaucoup plus vite que ces petits damnés
dépliants qui ressemblent à des affaires confidentielles.
M. CLOUTIER: Bien, nous avons également des films à
la disposition des unités sanitaires.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, mais où passent-ils, mais
quand le grand public peut-il les voir?
M. BOIVIN: Ils passent dans les écoles.
M. KIERANS: Qui paye pour ces dépliants et pour ces
films?
M. CLOUTIER: Bien, nous les avons déjà. Nous les
avons au ministère.
M. KIERANS: Qui a payé pour?
M. CLOUTIER: La distribution doit se faire en vertu de l'entente
fédérale-provinciale.
M. KIERANS: C'est le gouvernement fédéral qui le
paye.
M. CLOUTIER: En vertu des programmes conjoints d'hygiène
publique.
M. GOLDBLOOM: Mais il me semble tout de même, M. le
Président, qu'il faudrait prendre d'autres moyens plus efficaces de
publicité. J'ai vu d'autres annonces incitant toutes les femmes à
aller chez leur médecin pour les vérifications pour le cancer. Ce
sont des choses que, malheureusement, beaucoup de gens ne comprennent pas. Ils
ne sont pas au courant et le fait qu'il existe un dépliant ou un film ne
porte pas ces faits à l'attention de ceux qui n'ont pas l'occasion
d'aller vers ces moyens qui sont en place mais qui ne sont pas
distribués, malgré la volonté de ceux qui auraient
peut-être besoin de ces soins.
M. CLOUTIER: Acturellement, le ministère de la
Santé est en pourparlers avec la télévision et la radio
pour avoir des périodes hebdomadaires à la radio, hebdomadaires
à la télévision, et quotidiennes à la radio, qui
seraient à la dispostion du public...
M. LEVESQUE (Laurier): Et qui permettraient de vulgariser...
M. CLOUTIER: Pour vulgariser, comme il y a des périodes
mises à la disposition par le fédéral, par le
ministère de la Santé et du Bien-Etre à Ottawa, une
période diffusée par ce ministère à Ottawa.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que je pourrais demander au
ministre... A ce point de vue-là, c'est un à-côté,
qui touche directement au problème budgétaire. Vu qu'il n'y a pas
de crédit comparable à ce que pourrait être un budget
régulier de radio ou de télévision, j'espère qu'il
n'est pas question de payer. Est-ce qu'il est question de payer pour ces
périodes-là?
M. CLOUTIER: Non, c'est gratuit, M. le Président.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela va être gratuit.
M. CLOUTIER: Ah oui, gratuit, oui. Parce que c'est
l'éducation...
M. LEVESQUE (Laurier): Cela rentre sous le service public.
M. BOURASSA: Profitez-en, profitez-en! M. CLOUTIER: C'est le
domaine de la santé.
M. KIERANS: M. le Président, article deux, frais de
voyage, $50,000. Quels sont les détails de cet article?
M. LE PRESIDENT: Publicité, adopté.
M. CLOUTIER: Quels sont les détails qu'aimerait
particulièrement avoir le député...
M. KIERANS: Dans les...
M. CLOUTIER: Ce sont les frais de voyage de ceux des
fonctionnaires qui relèvent de l'administration.
M. KIERANS: Est-ce que ce sont seulement les voyages?
M. CLOUTIER: Oui, oui, les frais de voyage et les frais
inhérents au voyage.
M. BOURASSA: Combien de personnes?
M. CLOUTIER: De tous ceux qui sont sous l'article administration,
M. le Président.
M. KIERANS: Quels sont les plus forts montants?
M. CLOUTIER: Les listes sont en préparation, les listes
qui vont au comité des comptes publics, qui seront incorporées
dans les comptes publics.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que ce sont surtout des voyages des
fonctionnaires entre Québec et Montréal et est-ce qu'il y a
beaucoup de nécessité?
M. CLOUTIER: Bien là-dedans, il y a les conférences
provinciales, il y a les voyages des ministres, les frais de voyage des
ministres, des sous-ministres, des fonctionnaires qui relèvent de
l'administration, y compris toute la division du personnel. Alors il y a 100,
102, il y avait 105 postes l'an dernier, alors, il y a 102 postes prévus
cette année. Il y a $50,000 de prévus.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que les frais de voyage du ministre
lui-même sont compris dans ce montant?
M. CLOUTIER: Bien, il faut s'entendre. Il y a une
réglementation quant aux frais de voyage du ministre, les voyages
à l'intérieur de la province sont compris dans son
allocation...
M. GOLDBLOOM: C'est bien ce que je pensais.
M. CLOUTIER: Ce sont les voyages à l'extérieur de
la province qui lui sont remboursés.
M. GOLDBLOOM: Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui ont fait
des voyages à l'extérieur de la province?
M. CLOUTIER: Il y a nos fonctionnaires qui vont souvent à
des réunions à Ottawa ou en d'autres endroits à
l'extérieur de la province, et à l'intérieur de la
province...
M. GOLDBLOOM: En dehors du continent nord-américain?
M. KIERANS: Est-ce qu'il y a aussi... M. CLOUTIER: A
l'extérieur du... ?
M. GOLDBLOOM: ... du continent nord-américain?
M. CLOUTIER: Il n'y a pas de voyage en province qui sont dans...
Evidemment, nous parlons de l'article de l'an dernier.
M. KIERANS: Oui.
M. CLOUTIER: Vous demandez pour l'an dernier?
M. KIERANS: Je demande quelles sont les prévisions ici,
$50,000. J'ai les chiffres dans les comptes publics pour l'année
dernière, et je vois, par exemple, un chiffre de $5,138 pour le
sous-ministre, etc. $2,245 pour Kierans, un autre de $3,000 pour mon
collègue, M. Couturier, etc. Et je demande quels sont les chiffres pour
l'année dernière. Est-ce que...
M. CLOUTIER: Non, j'ai dit tout à l'heure que le comptable
m'informe que les chiffres sont en préparation pour les comptes publics
et qu'on pourra les déposer incessamment.
M. KIERANS: Est-ce que les frais de domicile du sous-ministre
sont inclus?
M. CLOUTIER: Les frais de domicile? M. KIERANS: A
Québec?
M. CLOUTIER: Je ne comprends pas le genre de question.
M. BOURASSA: Les frais de logement. M. CLOUTIER: Les frais de
déplacement? M. KIERANS: Non, les frais de logement. M. BOURASSA; Les
frais d'hôtellerie.
M. CLOUTIER: Les frais de logement sont inclus.
M. KIERANS: Ils sont inclus, d'accord, quand le sous-ministre est
en résidence ici à Québec. Bon. Est-ce que le
sous-ministre est toujours en résidence?
M. CLOUTIER: Le sous-ministre passe une partie de la semaine
à Québec. La majeure partie de son temps, il le passe à
Québec, et l'autre partie à Montréal, pour les affaires du
ministère de la Santé.
M. KIERANS: Où est son bureau, à
Montréal?
M. CLOUTIER: 200, rue Crémazie, dans l'immeuble du
Bien-Etre social. L'administration du ministère de la Santé a
été déménagée dans l'immeuble du Bien-Etre
social, sur la rue Crémazie.
M. KIERANS: Est-il normal qu'un sous-ministre avec une telle
responsabilité ne demeure pas à Québec, qui est vraiment
le siège social du ministère?
M. CLOUTIER: Je pense, M. le Président, qu'il y a
également à Montréal des responsabilités...
M. KIERANS: Oui, mais l'administration est ici.
M. CLOUTIER: L'administration est à Québec, mais je
pense que...
M. KIERANS: L'administration est ici, elle.
M. CLOUTIER: ... je pense qu'il y a tout de même à
Montréal certains services qui doivent être rendus à la
population. D'ailleurs le député est de Montréal et il
sait quelle est l'importance de tout le secteur de la Santé dans
Montréal, l'importance des hôpitaux, l'importance des
problèmes. Alors, je pense qu'il est normal que le sous-ministre
consacre quelque temps au règlement des affaires de la
métropole.
M. KIERANS: Quand j'étais ministre, M. le ministre, j'ai
soulevé cette question à quelques reprises, moi-même, je ne
puis accepter qu'un sous-ministre demeure ailleurs qu'à Québec,
et je pense qu'il y a une perte de temps, un manque d'efficacité. En
effet, j'ai parlé d'un demi-ministre, si vous voulez, un ministre
à temps partiel, je peux parler aussi d'un sous-ministre à temps
partiel. Parce qu'on gaspille beaucoup de temps en voyageant entre les deux. Et
je ne comprends pas moi-même comment un sous-ministre peut s'occuper deux
ou trois jours par semaine, à Montréal, et donner le rendement
qu'on attend d'un sous-ministre en particulier dans ce domaine.
M. CLOUTIER: Bien, M. le Président, je pense que...
M. KIERANS: Parce qu'il y a nombre de plaintes. C'est impossible
de rejoindre le sous-ministre; le ministre, on peut le comprendre. Nous allons
déposer certaines plaintes, lorsque nous discuterons d'autres articles.
Mais, moi-même, je suis prêt à vous recommander que vous
insistiez pour que le sous-ministre demeure à Québec.
M. CLOUTIER: M. le Président, je pense, si je...
M. KIERANS: Pour l'intérêt de la population.
M. CLOUTIER: Au moment de l'entrée en fonction du
sous-ministre je n'étais pas là à ce
moment-là il y a peut-être eu une entente sur cette
façon de travailler, cette répartition du séjour de
travail entre Montréal et Québec. J'ai l'impression que
c'était une entente qui date du début de l'engagement et que
c'est une situation qui a duré et qui se continue.
M. KIERANS: Trop longtempsl C'est une situation qui a duré
trop longtemps. Ce n'est pas une entente. Cela a été
accepté exactement par d'autres. Cela relève de la
responsabilité du ministre de changer, s'il le veut ou non.
Moi-même, j'étais prêt à faire des démarches,
quand on a déclenché les élections. Mais je peux vous dire
ceci, aussi, qu'on peut trouver la raison dans un manque de rencontres avec ses
chefs de services à chaque semaine ici, à Québec. Ces
voyages d'un endroit à l'autre le frustrent d'un temps précieux
et ils restreignent évidemment ces services chaque jour, et en
particulier, parce que le sous-ministre est un homme qui veut décider
tout lui-même.
M. LE PRESIDENT: Un instant, je crois bien que l'on
s'éloigne considérablement...
M. KIERANS: Non, je parle, on parle des dépenses.
M. LE PRESIDENT: ... de l'article 1, de l'article 2, frais de
voyage.
M. KIERANS: Oui. On parle des frais de domicile.
M. LE PRESIDENT: Mais à la fin, j'ai l'impression...
M. KIERANS: On parle des frais de domicile.
M. LE PRESIDENT: ... qu'on fait des personnalités...
M. KIERANS: Non, non! J'aime très bien le sous-ministre,
j'ai un grand respect pour lui, mais je demande absolument qu'on lui paye ses
frais de domicile pour qu'il trouve un logement ici à Québec pour
en...
M. LE PRESIDENT: Ne vous éloignez pas trop du poste
budgétaire 1 et de l'article 2, frais de voyage.
M. KIERANS: Peut-être que j'ai fait le point et
j'espère qu'il y aura un changement, parce qu'il y a évidemment
une faiblesse.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 1, article 2,
adoptés.
M. KIERANS: Article 1, sous-article 3 -Frais de bureau et autres
dépenses.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. KIERANS: Il y a des questions.
M. LEVESQUE (Laurier): Non.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4. Adopté.
M. KIERANS: Pourquoi l'augmentation de presque 50%?
M. CLOUTIER: M. le Président, le chiffre réel de
l'an dernier était de $63,500. Alors, en fait, il n'y a une augmentation
que de $3,500, dans le matériel et les articles de bureau.
M. KIERANS: Ah bon!
M. LE PRESIDENT: Article 1, sous-article 4. Adopté.
Sous-article 6. Adopté. Nous passons au poste 2, sous-article 1,
administration. Assurance-hospitalisation.
M. LEVESQUE (Laurier): Il est dix heures, M. le
Président.
M. BOUSQUET: On siège jusqu'à minuit.
M. LE PRESIDENT: Il semble que l'on continue. Alors, on va aller
s'ennuyer.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, car il faut au moins passer un budget
cette année.
M. LE PRESIDENT: Un budget en deux ans.
M. LEVESQUE (Laurier): En deux ans, là, ça risque
d'être dangereux, un président qui...
M. KIERANS: Assurance-hospitalisation. Article 2, sous-article
1.
Est-ce qu'on peut parler d'une façon générale de
l'administration seulement? Peut-être sous-article 1
traitements.
M. LE PRESIDENT: Allez, on verra jusqu'où vous allez.
M. KIERANS: On a manqué au ministère de
vérificateurs...Est-ce que je peux demander si on a engagé
environ 15 ou 20 vérificateurs dans ce secteur?
M. CLOUTIER: Oui, M. le Président, on a engagé
durant l'année des comptables. Des professionnels à
l'assurance-hospitalisation, des comptables, il y en a actuellement 39, il y a
dix médecins.
M. KIERANS: Je m'intéresse seulement aux comptables. Quel
était le nombre il y aun an par exemple?
M. CLOUTIER: Dix de plus. Il y a un an, il y en avait 29 et nous
en avons maintenant 39.
M. KIERANS: Evidemment, il y a une augmentation de salaires dans
ce domaine. Est-ce qu'on a augmenté les limites des salaires, les
barèmes? Est-ce qu'on a augmenté les barèmes des
vérificateurs?
M. BOURASSA: Les barèmes.
M. KIERANS: Parce qu'on avait de la difficulté d'avoir les
vérificateurs à cause de l'industrie privée.
M. CLOUTIER: C'est en voie d'intégration à la
fonction publique. Tous les salaires des professionnels...
M. KIERANS: Est-ce qu'on a donné une attention toute
spéciale à ce domaine?
M. CLOUTIER: Le maximum est passé de $9,500 à
$11,500.
M. KIERANS: Ah bon!
M. BOURASSA: Avez-vous eu encore recours à des services
extérieurs?
M. CLOUTIER: Il y en a eu l'an dernier durant la grève des
professionnels, nous avons fait appel...
M. BOURASSA: De façon régulière?
M. CLOUTIER: ... à des bureaux de comptables. Bien, pas de
façon systématique, mais, à l'occasion, nous y avons
recours.
M. BOURASSA: Pour l'année dernière, quel montant
pour les services extérieurs de comptabilité? Avez-vous une
idée?
M. CLOUTIER: Durant la grève, nous avons employé
des bureaux de comptables pour la vérification des états
financiers, des hôpitaux, environ $18,000 pour toute l'année.
C'est ce que ça nous a coûté pour les services
extérieurs.
M. BOURASSA: Durant la grève.
M. KIERANS: Est-ce que la division est à jour maintenant?
Est-ce que l'on peut dire, je pense que le directeur de
l'assurance-hospitalisation sait ce que je...
M. CLOUTIER: Est-ce que le député veut parler de la
vérification des états financiers...?
M. KIERANS: Des bilans des hôpitaux.
M. CLOUTIER: ... des règlements de fin d'année.
Est-ce que vous avez à l'idée en particulier le règlement
de fin d'année?
M. KIERANS: Oui, évidemment, l'année
dernière, nous étions en retard. Cela a causé des
problèmes avec les hôpitaux puis on a fait une très grande
publicité autour des critiques qui étalent bien
exagérées. J'ai écrit à ce moment des articles en
excusant, en justifiant le service parce que j'étais très fier de
ce service et par la suite, nous avons retenu les services d'une vingtaine de
vérificateurs venant de bureaux de comptables comme Bélair et
Côté, Bélanger et Dallaire, McDonald et Currie, etc. Ces
comptables ont reçu pour instructions de régler
définitivement toutes les demandes impayées de 1964 au plus tard
le 1er juillet. Evidemment on n'a pu observer cette date à cause de la
grève. Est-ce que maintenant nous sommes à jour?
M. CLOUTIER: Les règlements de l'année 1964 sont
complétés...
M. KIERANS: Oui, et 1965?
M. CLOUTIER: En ce qui concerne l'année 1965, tous les
règlements seront complétés le 1er septembre prochain.
Actuellement, parmi les états financiers que nous avons reçus des
172 hôpitaux, il y en a 144 qui indiquent un déficit global de
$25,800,000 et nous avons effectué des avances provisoires pour le
règlement de $15,461,882.99. En ce qui concerne l'année 1966, le
total des rapports reçus représente un déficit total de
$28,257,745 pour 120 hôpitaux...
M. BOURASSA: L'an dernier, excusez-moi, c'était 24 pour
144.
M. CLOUTIER: Pardon?
M. BOURASSA: En 1965, c'était $24 millions pour 144
hôpitaux.
M. CLOUTIER: C'était $25,800,000 pour 144
hôpitaux.
M. BOURASSA: Là, c'est $28,000,000 pour 120
hôpitaux?
M. CLOUTIER: Là, c'est $28,000,000 pour 120 hôpitaux
puis il y avait un surplus pour 25 hôpitaux.
M. BOURASSA: D'accord, en 1965.
M. CLOUTIER: Alors, nous avons effectué, sur
réception des états, des avances provisoires de $13,957,475
jusqu'à présent.
M. BOURASSA: Sur $28 millions. M. CLOUTIER: Pour l'année
1966.
M. BOURASSA: Vous prévoyez les règlements pour
quand en 1966?
M. CLOUTIER: Nous prévoyons la fin des règlements
de l'année 1965 pour le 1er septembre prochain.
M. BOURASSA: Le 1er septembre 1967, oui.
M. CLOUTIER: Et nous prévoyons, au début de
l'année 1968, terminer les règlements de fin d'année de
1966.
M. BOURASSA: Vous réduisez à un an ce qui
était auparavant un an et demi.
M. CLOUTIER: On réduit davantage chaque année la
marge qui nous sépare...
M. BOURASSA: D'accord. Le premier signe encourageant qu'on
a...
M. CLOUTIER: M. le Président, il faut bien se rappeler
aussi que les hôpitaux ont trois mois après le 31 décembre
pour produire les états financiers. Normalement, les états
financiers ne nous arrivent qu'à partir de la fin de mars ou du
début d'avril.
M. KIERANS: Plus tard que cela.
M. CLOUTIER: Oui, il y en a qui arrivent plus tard mais je veux
dire que les premiers qui entrent nous arrivent deux ou trois mois après
la fin de l'exercice financier, le temps pour les comptables de préparer
les états financiers.
M. BOURASSA: Il y a 25 hôpitaux, M. le Président,
qui, par rapport à 1965, ont montré en 1966, disons, une
situation financière équilibrée.
M. CLOUTIER: Il y en a 25 qui avaient un surplus en 1966, mais il
faut dire que les états financiers ne sont pas tous rentrés. Il y
en a 120 sur 172.
M. BOURASSA: D'accord.
M. CLOUTIER: En 1965, par contre, si cela intéresse le
député...
M. BOURASSA: C'est pour voir la progression.
M. CLOUTIER: Je vais lui donner la progression tout à
l'heure, je la lui ai fait préparer. Il y avait 28 hôpitaux qui
avaient un surplus global en 1965 et si on veut avoir une idée de la
progression croissante ou décroissante du dépassement...
M. BOURASSA: Des normes.
M. CLOUTIER: ... des budgets des hôpitaux, voici ce que
ça donne. Pour 1964, il y avait 139 hôpitaux qui ont
dépassé de $23,101,416.75. les budgets approuvés de
$208,769,495. Donc, 11.6% de dépassement. En 1965, un dépassement
de $25,944,900 sur des budgets approuvés de $255,106,778; donc
10.17%.
M. GOLDBLOOM: Quel est le nombre d'hôpitaux?
M. CLOUTIER: Pardon? 142 hôpitaux sur 171. M. BOURASSA: Les
autres?
M. CLOUTIER: Bien, les autres, en 1965, c'est...
M. BOURASSA: Qu'est-ce qui est arrivé aux autres
hôpitaux?
M. CLOUTIER: Ce sont ceux qui ont eu des dépassements. Il
faut ajouter 28; j'ai donné tout à l'heure...
M. BOURASSA: D'accord.
M. CLOUTIER: ... ceux qui avaient un crédit. Alors, si
vous ajoutez pour 1965 j'ai dit 28 vous arrivez à 170. Je
pense que c'est à peu près...
M. BOURASSA: Il y en a 170 qui relèvent de l'assurance
-hospitalisation.
M. CLOUTIER: C'est 170, 171 et 172. Cela varie. Et, pour 1966, 76
hôpitaux ont dépassé de $10,471,887 les budgets
approuvés, pour 102 hôpitaux, de $125,136,330.
M. BOURASSA: Avez-vous changé vos normes? Oui.
M. CLOUTIER: Alors, M. le Président, si vous me permettez,
juste la proportion.
M. BOURASSA: Oui.
M. CLOUTIER: Alors, on est parti de 11.6% de dépassement,
10.17% et là évidemment, ce sont des résultats incomplets
il apparaît que ce sera 9.17%. Alors, il y a une diminution que
l'on peut constater dans les dépassements par rapport au volume des
budgets...
M. BOURASSA: D'accord. Est-ce qu'on a changé les normes de
revision ou d'acceptation des budgets? C'est normal, d'ailleurs.
M. CLOUTIER: Il y a d'abord des normes pour l'acceptation de ces
dépassements; il y a des normes pour les budgets, qui sont
revisées chaque année, parce qu'il se produit chaque année
des événements nouveaux dans le domaine de l'hospitalisation.
Alors, il y a revision des normes.
M. BOURASSA: Actuellement, les budgets sont revisés et
vous mentionniez des montants qui sont remis après pour
équilibrer. Combien y a-t-il de cas de règlement qui demeurent en
suspens, c'est-à-dire que l'assurance-hospitalisation n'accepte pas de
rembourser? Le montant ou le total global.
M. CLOUTIER: Si je prends l'année 1963, il y avait;
réclamations de l'hôpital, $19,060,093.24 il y a eu un
règlement total pour $17,617,435.15. Il y a eu des acomptes
versés de $14,056,127.45 et un paiement final de $4,618,849.09. Alors,
si l'on prend la réclamation de l'hôpital avec acomptes
versés et paiement final, on voit qu'il est resté très peu
de différence entre...
M. BOURASSA: En 1963.
M. CLOUTIER: En 1963.
M. BOURASSA: Mais vous n'avez pas globalement 1964, 1965 et
1966.
M. CLOUTIER: Pour 1964, je crois que ces différences sont
plus considérables.
M. BOURASSA: Pour 1963, il n'y a pratiquement rien.
M. CLOUTIER: C'est évident, parce que l'importance des
budgets en cause...
M. BOURASSA: Cela cause un problème pour les
hôpitaux ça. A part les 40% qui leur reviennent sur les lits
privés, ils n'ont pas de moyens de financement.
M. CLOUTIER: $3,500,000 non payés sur des
dépassements de $23 millions.
M. BOURASSA: C'est-à-dire qu'il y a $20 millions...
M. CLOUTIER: $20 millions d'accordés et $3 millions...
M. BOURASSA: Continuez donc pour les autres années.
M. CLOUTIER: Pour 1965, l'opération n'est pas
terminée, il y a des avances de faites, mais les budgets sont encore
sous revision, ça se terminera au 1er septembre.
M. BOURASSA: Parce que la revision, dans le cas de 1964, se
trouve à avoir corrigé disons 90% ou 85% des montants. Cela
révèle donc que les normes n'étaient pas tout à
fait...
M. CLOUTIER: Il y a des normes pour l'acceptation des
dépassements. Si ça intéresse le député, je
peux lui dire qu'en ce qui concerne les fournitures médicales et
chirurgicales, médicaments et autres fournitures et dépenses de
nursing, c'est 100% du dépassement. L'administration, alimentation,
buanderie, lingerie, entretien ménager, entretien de l'installation
matérielle, fonctionnement de l'installation matérielle et frais
d'amortissement, le total du dépassement jusqu'à concurrence de
10% du montant approuvé.
Et en ce qui concerne les salaires, le moins élevé de 50%
de l'excédent ou 10% du montant approuvé.
M. BOURASSA: D'accord, pour être plus
précis, M. le Président, je voudrais demander au ministre
ce qui arrive dans des cas concrets, ça a dû se
présenter quand vous n'acceptez pas les dépassements par
les hôpitaux et que les hôpitaux ne peuvent pas recourir aux 40%
qui leur proviennent de l'utilisation des lits privés par les
malades?
M. CLOUTIER: Il n'y a pas la possibilité pour
l'hôpital comme pour une commission scolaire de recourir à une
taxe spéciale.
M. BOURASSA: Oui, oui, c'est pour ça que je pose la
question.
M. CLOUTIER: Alors ils...
M. BOURASSA: Parce qu'on veut faire la même chose avec les
commissions scolaires. Si on veut abolir l'impôt foncier scolaire, je
veux voir ce qui arrive dans le cas des hôpitaux.
M. CLOUTIER: Ce qui arrive c'est qu'il y a un déficit, et
le déficit reste dans les livres, dans l'état financier de
l'hôpital.
M. GOLDBLOOM: On est obligé d'emprunter pour couvrir le
déficit.
M. CLOUTIER: Bien on procède par des emprunts temporaires
pour...
M. BOURASSA: Mais comment cela se règle-t-il?
M. CLOUTIER: Pardon?
M. BOURASSA: Comment cela se règle-t-il finalement. Les
emprunts temporaires, c'est une solution à court terme.
M. CLOUTIER: Bien il y a...
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministère accepte dans le
budget de l'hôpital le paiement d'un intérêt sur ces
emprunts?
M. CLOUTIER: Non, ce n'est pas accepté, M. le
Président.
UNE VOIX: Mais qu'est-ce qui arrive?
M. CLOUTIER: Pour régler la situation d'un hôpital
dont le déficit augmente soit pour cette raison-là ou pour
d'autres raisons, le ministère peut, en certaines circonstances,
accorder une subvention spéciale qui lui permettra de...
M. BOURASSA: Regardez, parce que voyez-vous...
M. CLOUTIER: ... de rétablir l'équilibre dans sa
situation financière.
M. BOURASSA: M. le Président, je ne veux pas insister
là-dessus, mais c'est parce que c'est toute l'efficacité du
contrôle des dépenses d'organismes qui ne relèvent pas
directement, si on peut dire, du gouvernement. Lorsque ça s'appliquera
aux commissions scolaires, ça pourra doubler, tripler, quadrupler le
problème. Alors là vous parlez de subventions spéciales
pour ceux qui résistent le plus. Je pense qu'il peut y avoir un
problème au point de vue de la sécurité de
l'administration des fonds publics.
M. CLOUTIER: M. le Président, je comprends l'argumentation
du député et l'importance du problème. C'est pour cela que
notre collaboration avec l'hôpital dans ce domaine de la surveillance de
la dépense et de la dépense du budget est de plus en plus
étroite. Je comprends que l'hôpital ne s'imagine pas que ce
contrôle du ministère de la Santé est une contrainte pour
le seul objectif d'exercer le contrôle. C'est parce qu'on veut que
l'institution se rende compte de l'importance de rester en deçà
des cadres de l'acceptation d'un budget. S'il est, d'une part,
nécessaire pour le gouvernement d'établir son propre budget et
d'opérer pendant un an à l'intérieur de ce budget, il est
également important pour l'institution hospitalière ou
l'institution de bien-être d'opérer à l'intérieur de
ce budget. Il arrive des circonstances imprévues durant l'année
qui amènent des dépassements qui sont acceptables. C'est pour
cela que nous avons des normes au ministère qui nous permettent
d'accepter...
M. BOURASSA: Mais lorsqu'elles ne sont pas acceptables, vous
n'avez pas de sanction?
M. CLOUTIER: M. le Président, nous n'avons pas de sanction
actuellement, sauf...
M. BOURASSA: C'est un problème...
M. KIERANS: C'est l'administrateur qui paye le surplus des
dépenses.
M. BOURASSA: Ils sont obligés de réduire les
dépenses essentielles, je suppose. Ce doit être la solution. C'est
que les hôpitaux sont obligés de réduire les
dépenses essentielles pour pouvoir financer les dépassements qui
ont
été faits antérieurement. C'est toujours le
même problème. C'est que les ressources financières des
gouvernements deviennent de plus en plus limitées, si on ne met pas un
accent prioritaire sur l'efficacité administrative, on court vers
l'impasse.
M. CLOUTIER: C'est pour cela que nous insisterons de plus en plus
auprès des hôpitaux pour qu'ils restent en-deça des limites
de leur budget, et...
M. BOURASSA: Quelle sanction? M. CLOUTIER: Bien,
actuellement...
M. BOURASSA: Des voeux pieux, ce n'est pas tellement
efficace.
M. CLOUTIER: Actuellement, M. le Président, il n'y a pas
de sanction qui nous permette de sévir contre une institution qui aurait
des dépassements, sauf dans les hôpitaux du ministère de la
Santé, où nous pourrions là, peut-être, prendre le
conseil d'administration, le mettre en face de ses responsabilités dans
ce domaine du contrôle et de la surveillance.
M. BOURASSA: Si vous...
M. CLOUTIER: Mais nous n'avons pas l'intention, au
ministère de la Santé actuellement, d'avoir à
l'intérieur de l'institution des contrôleurs qui relèvent
du ministère. Mais pour cela, nous sommes en droit d'exiger, en
contrepartie, la collaboration de ces institutions. Autrement, nous devrons
envisager d'autres mesures de contrôle plus sévères et plus
efficaces.
M. KIERANS: Mais en fait, l'administration et le gouverneur de
chaque hôpital sont responsables des dépenses qui dépassent
le budget C'est à leur compte, c'est une sanction, s'ils veulent
dépasser le budget qui a été accepté par le
gouvernement Ils ont la responsabilité, tout simplement
M. CLOUTIER: Mais il y a des dépassements de budget que
nous acceptons...
M. KIERANS: Oui, mais c'est malheureux, et ceux que vous
n'acceptez pas...
M. CLOUTIER: ... etilyades dépassements que nous
n'acceptons pas.
M. KIERANS: Et dans ce cas, la sanction, c'est tout simplement
que le gouverneur de chaque hôpital devra trouver l'argent
M. CLOUTIER: C'est une situation, M. le Président,...
M. BOIVIN: Le gouverneur n'est pas bon, cela arrive.
M. BOURASSA: Oui, mais les dépassements demeurent
Evidemment, je ne réclame pas de sanction, parce qu'on ne peut jamais
être sûr de la justesse des normes applicables à 171
hôpitaux. Je pense qu'il y a tellement d'évolution, il y a
tellement de cas particuliers,...
M. CLOUTIER: Oui.
M. BOURASSA: Mais je pense que le ministère devrait faire
des efforts pour s'assurer de l'efficacité administrative.
M. CLOUTIER: Les hôpitaux sont groupés par sections.
Alors ces normes-là varient avec les différents... Il y a neuf
groupements d'hôpitaux, neuf divisions, et ces normes-là varient
avec chacune des divisions. Tout dépend de l'importance de
l'hôpital. Suivant son importance, on le classe dans telle
catégorie plutôt que dans telle autre.
M. SAINT-GERMAIN: Je voudrais demander, M. le Président,
dans ces dépenses que vous n'acceptez pas, quel genre de dépenses
n'acceptez-vous pas?
M. CLOUTIER: Tout à l'heure, j'ai donné la liste de
ce que nous acceptions.
M. SAINT-GERMAIN: Oui.
M. CLOUTIER: Evidemment, par différence, nous n'acceptons
pas la partie qui dépasse les pourcentages que j'ai donnés. J'ai
donné comme pourcentages tout à l'heure que nous n' acceptions
pas dans le domaine de l'administration et de l'alimentation: buanderie,
lingerie, entretien ménager. Nous acceptons le total du
dépassement, jusqu'à concurrence de 10% du montant
approuvé. Alors, si cela dépasse le montant approuvé par
15%, alors il y a 5% qui n'est pas couvert.
M. SAINT-GERMAIN: Bon, alors, si vous n'acceptez pas ce surplus
de dépenses, c'est donc que vous admettez que le budget qui a
été établi par le ministère était un budget
juste à 10% près? C'est ce que cela veut dire au point de vue
pratique.
M. CLOUTIER: Bien...
M. SAINT-GERMAIN: Si vous dites: On permet 10%, c'est que vous
calculez que dans votre budget, il peut arriver qu'un hôpital soit
obligé de dépenser pour un article donné 10% de plus.
M. CLOUTIER: Oui, pendant l'année fiscale, l'année
de calendrier pour l'hôpital, il survient des augmentations de
coût.
M. SAINT-GERMAIN: C'est juste!
M. CLOUTIER: Tout de même nos normes, même si elles
ont un plafond, comportent tout de même une marge
d'appréciation...
M. SAINT-GERMAIN: C'est ça!
M. CLOUTIER: ... qui permet à l'hôpital de
récupérer une bonne partie de son dépassement.
M. SAINT-GERMAIN: Mais lorsque votre marge de
dépréciation est dépassée, là vous ne payez
plus.
M. CLOUTIER: Non, on ne le paie pas.
M. SAINT-GERMAIN: Alors là vous admettez, ou du moins vous
considérez ce surplus de dépenses comme étant
inadmissible.
M. CLOUTIER: Inadmissible.
M. SAINT-GERMAIN: Comme étant de la mauvaise
administration si vous voulez.
M. CLOUTIER: Disons, M. le Président, qu'une marge de 10%
de dépassement en ce qui concerne l'administration proprement dite est
considérée raisonnable et suffisante par le ministère de
la Santé.
M. SAINT-GERMAIN: C'est ça. Alors le surplus est
considéré comme étant une preuve de mauvaise
administration.
M. CLOUTIER: Disons que c'est considéré comme
inacceptable. Je ne sais pas si dans l'industrie ce serait
considéré comme une mauvaise administration.
M. SAINT-GERMAIN: Bon. Alors lorsque vous remettez par une
subvention spéciale ces sommes dépensées inadmissibles, le
gouvernement paie pour une somme qu'on considère avoir été
dépensée malhabilement.
M. CLOUTIER: Dans certaines circonstances, pour éviter un
plus grand mal, pour ré- gler une situation très difficile pour
un hôpital, pour lui permettre de continuer d'opérer, il faut
prendre une disposition tout à fait spéciale, des subventions
particulières qui ne nous font pas reconnaître que ces montants
sont à l'intérieur des normes.
M. SAINT-GERMAIN: Oui.
M. CLOUTIER: Mais tout de même, nous devons prendre des
dispositions spéciales en certaines circonstances pour permettre
à un hôpital de continuer de fonctionner même si nous
n'admettons pas qu'ils aient dépassé.
M. SAINT-GERMAIN: Autrement dit votre ministère paie pour
des sommes que vous considérez comme ayant été mal
placées, mal dépensées, mais vous les payez parce que les
maux qui s'en suivraient par un non-paiement seraient plus
considérables.
M. CLOUTIER: Ils seraient plus considérables.
M. SAINT-GERMAIN: ... C'est une situation...
M. CLOUTIER: L'administration et l'opération de
l'hôpital en seraient paralysés.
M. SAINT-GERMAIN: C'est une situation un peu exclusive, si vous
voulez, qu'on ne rencontre jamais dans l'industrie ou dans...
M. CLOUTIER: Oui, on ne peut pas comparer le domaine de
l'hospitalisation non plus en ce qui concerne l'acceptation des budgets et des
dépassements de budget au domaine industriel.
M. SAINT-GERMAIN: C'est une situation tout à fait
unique.
M. CLOUTIER: C'est une situation unique et nous essayons...
M. SAINT-GERMAIN: Je crois bien que vous considérez que
c'est une situation passagère où il faudra trouver une
journée ou l'autre un autre...
M. CLOUTIER: De plus en plus et surtout par
l'établissement des règlements, les articles 20 et 21, il faudra
davantage prévoir toutes ces situations, les prévenir et les
corriger.
M. SAINT-GERMAIN: Parce qu'en fin de compte, au point de vue de
la finance, il y a
certainement un principe élémentaire que celui qui
dépense en dehors de ses responsabilités ou de l'argent mal
dépensé et surtout les fonds publics, il doit y avoir une
sanction d'une façon ou d'une autre. Il est inadmissible qu'il en soit
autrement.
M. BOIVIN: Il y a tout de même la responsabilité
d'un conseil d'administration qui voit à ses administrateurs locaux.
M. GOLDBLOOM: Et après tout, la réponse
fondamentale, c'est que c'est un problème humain, n'est-ce pas?
M. BOIVIN: C'est ça.
M. BOLDBLOOM: On a des malades à l'hôpital. Il faut
les soigner.
M. BOURASSA: Disons que j'ai une expérience comme membre
d'un conseil d'administration. Quand on est pris avec des problèmes
urgents on se dit: Bien les gouvernement va finir par payer et on ne peut pas
attendre...
M. BOIVIN: Si c'est urgent, il faut répondre à
l'urgence.
UNE VOIX: Si c'est urgent, cela devient admissible.
M. SAINT-GERMAIN: C'est subjectif cette urgence.
M. GOLDBLOOM: Maintenant, M. le Président, on était
en train de discuter les normes et je voudrais y revenir dans un instant mais,
que le ministre me permette deux ou trois petites questions
préliminaires. On parlait des montants qui sont permis à
l'hôpital de charger pour les chambres semi-privées et
privées. Est-il vrai qu'il y a des hôpitaux qui ont des chambres
un peu plus luxueuses que d'autres et qui ont une clientèle qui serait
prête à payer un peu plus que les montants permis par le service
de l'assurance hospitalisation et que le service perd de l'argent à
cause de cela puisqu'il en retire 60%?
M. CLOUTIER: M. le Président, justement, les
suppléments qui sont édictés par l'arrêté en
conseil numéro 2247, si ma mémoire est bonne, sont les plus hauts
au Canada? Ce sont des suppléments qui tiennent compte des prix des
chambres avant l'instauration de l'assurance-hospitalisation. C'est basé
sur les prix qui existaient au 31 décembre 1960.
M. GOLDBLOOM: Il n'y a pas eu de baisse. M. CLOUTIER: Il n'y a
pas eu de baisse.
M. GOLDBLOOM: Je connais au moins un hôpital qui a subi une
baisse dans le montant admissible.
M. CLOUTIER: M. le Président, mon sous-ministre me fait
part d'un calcul technique extrêmement compliqué. Pour simplifier,
disons que ce sont les taux des chambres tels qu'ils existaient au 31
décembre 1960. Ils ont été fixés en février
1961 en tenant compte de diverses considérations mais il est possible
que, dans certains cas, il y ait eu une diminution en tenant compte de certains
calculs, de certains critères qui sont entrés en ligne de compte
dans l'élaboration du calcul. Depuis ce temps-là, il n'y a pas eu
de diminution.
M. GOLDBLOOM: Je sais, M. le Président, et je
répète ce que j'ai dit tout à l'heure, il y a au moins un
hôpital qui a écrit au directeur du service de
l'assurance-hospitalisation pour souligner le fait qu'une diminution dans le
supplément permis jusqu'à ce moment-là a
coûté au gouvernement plusieurs milliers de dollars.
M. CLOUTIER: Une diminution, est-ce que vous voulez
répéter?
M. GOLDBLOOM: Une diminution dans le montant permis comme
supplément chargé pour les chambres privées a
coûté au gouvernement plusieurs milliers de dollars au cours d'une
période X je n'ai pas la lettre devant moi.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député pourrait me faire
part tout à l'heure du cas précis auquel il réfère
de façon que je puisse avec mes officiers...
M. GOLDBLOOM: Oui, certaimenent. Je vous donnerai le
renseignement. Deuxièmement, M. le Président, est-ce que le
ministre peut nous donner une idée de la nature de ces hôpitaux
qui ont accusé un profit au cours de ces récents exercices
financiers? Est-ce qu'il y a, par exemple, des hôpitaux d'enseignement
parmi eux?
M. CLOUTIER: Sans avoir consulté la liste, M. le
Président, je ne serais pas porté à croire qu'il y ait des
hôpitaux d'enseignement.
M. GOLDBLOOM: Moi, non plus.
M. CLOUTIER: Ces surplus sont occasionnés par des
dépenses non effectuées à des postes où ces
dépenses avaient été autorisées parce qu'en fait ce
n'est pas en surplus dans le sens que l'hôpital...
M. BOURASSA: Dans le genre de la nourriture, des choses comme
ça.
M. CLOUTIER: Ce sont des postes qui avaient été
autorisés et la dépense s'est avérée
inférieure au montant autorisé, mais sans avoir fait une
étude bien approfondie de la liste, il apparaît à
première vue que ce sont des petits hôpitaux et des hôpitaux
moyens.
M. GOLDBLOOM: Y a-t-il des hôpitaux privés parmi
eux?
M. CLOUTIER: M. le Président, il n'y a pas
d'hôpitaux privés en cause à ce moment-ci parce qu'ils
opèrent sur une base de per diem. Alors ils ne sont pas à budget.
Alors ils ne sont pas compris dans les règlements donnés.
M. GOLDBLOOM: Maintenant troisièmement, M. le
Président, j'ai entendu l'honorable ministre dire qu'il y a neuf
catégories et que l'on insère un hôpital dans une
catégorie quelconque. Est-ce que ça veut dire qu'il existe
maintenant au ministère de la Santé une classification officielle
des hôpitaux?
M. CLOUTIER: Cela veut dire ça, M. le Président,
que les hôpitaux sont classés en neuf catégories.
M. GOLDBLOOM: Tous les hôpitaux de la province.
M. CLOUTIER: Tous les hôpitaux de la province. La
première catégorie, M. le Président, ce seraient des
hôpitaux universitaires, hôpitaux de 500 lits et plus. Il y aurait
une dizaine d'hôpitaux dans cette classe-là.
Une autre catégorie de 400 à 500, une autre de 300
à 400, une autre de 200 à 300, une autre de 100 à 200 et
une autre inférieure à 100 lits. Il y a les hôpitaux pour
malades chroniques qui constituent une autre catégorie.
M. BOURASSA: M. le Président, je voudrais poser une
question en ce qui concerne les hôpitaux. Ce sont les cas d'urgence qui
seraient refusés à des hôpitaux. J'avais une conversation
téléphonique hier justement avec un commentateur radiophonique
bien connu, M. Jarraud, qui a coutume d'éveiller l'opinion publique avec
vi- gueur à des problèmes de ce genre. Qu'est-ce qui arrive
actuellement? Il y a beaucoup de plaintes, je voyais qu'il y avait des
accidents en fin de semaine. On rapportait cela dans les journaux. Qu'est-ce
qui arrive aux cas d'urgence qui seraient refusés aux hôpitaux?
Est-ce qu'il y a quelque chose de prévu? On parle d'un hôpital,
Charles Le Moyne, qui serait aux deux tiers ou trois quarts vide alors que des
accidentés seraient refusés dans des hôpitaux.
M. CLOUTIER: Normalement, la ville est divisée en
secteurs. L'accidenté qui est blessé dans une zone, est
transporté dans l'hôpital de cette zone et si, par hasard, on ne
pouvait le recevoir, il serait dirigé vers un hôpital d'une autre
zone. Mais, de toute façon, même si l'hôpital ne peut pas le
recevoir, il est vu avant d'être dirigé dans un hôpital
d'une autre zone.
M. BOURASSA: Mais, il y a quand même des cas qui sont
survenus. Comment pouvons-nous expliquer ces cas-là? Là, il y
avait un cas, je pense que c'était l'hôpital Maisonneuve, du moins
c'était rapporté par les journaux et M. Jarraud au poste CJMS
faisait état de ces choses. Alors, comment expliquer? Est-ce que le
système fonctionne?
M. CLOUTIER: Le système, M. le Président,
fonctionne avec la collaboration des hôpitaux. J'imagine qu'il a pu se
produire peut-être des circonstances où le mécanisme n'a
pas fonctionné comme il aurait dû fonctionner. C'est malheureux si
c'est arrivé et j'espère que l'on se rendra compte de
l'importance qu'il n'y ait pas de faille dans le mécanisme parce que des
vies humaines en dépendent.
M. BOURASSA: D'accord, mais l'hôpital Charles Le Moyne,
comment se fait-il qu'il ne soit pas utilisé ou soit utilisé
peut-être au cinqième ou au quart?
M. CLOUTIER: Bien, M. le Président, l'hôpital
Charles Le Moyne est un hôpital neuf qui a été ouvert au
début de 1966, et je ne connais pas actuellement son pourcentage
d'occupation. On me dit qu'il est à 50% d'occupation actuellement. Il y
a des difficultés de recrutement de personnel qui ont retardé
l'ouverture ou qui ont retardé la mise en opération de plusieurs
des services de l'hôpital. Il y a également des problèmes
de livraison de l'équipement. Cet équipement-là
étant en partie fabriqué dans des pays étrangers, en
Europe et aux Etats-Unis, les délais de livraison ont été
plus grands que prévus. Alors, ces raisons de livraison
d'équipement,
de difficultés de recrutement de personnel ont amené
l'hôpital à ouvrir ses services beaucoup plus lentement que
prévu.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai participé
directement et indirectement à assez d'enquêtes dans ces cas
d'urgence et d'accidents qui ont fait les manchettes des journaux pour savoir
que ce n'est pas toujours exactement comme c'est rapporté dans les
journaux ou à la radio. Mais, est-ce qu'il y a des exigences du
ministère auprès des hôpitaux quant à un pourcentage
de lits que les hôpitaux sont tenus de garder libres pour les urgences ou
est-ce qu'il y a des ententes à cet effet?
M. BOURASSA: Ils ne peuvent pas aller de Caïphe à
Pilate, quand même, quand ils sont gravement accidentés.
M. CLOUTIER: M. le Président, de façon
générale, les hôpitaux gardent les lits pour les urgences.
Mais il arrive que ces lits pour les urgences soient occupés par
d'autres urgences qui ont précédé, que d'autres
circonstances ont forcé d'admettre des patients en nombre
supérieur à la normale ou à la moyenne, bien, il peut
arriver que cet hôpital soit momentanément dans l'obligation de
refuser des patients. Mais, règle générale, je crois que
nos hôpitaux gardent des lits pour répondre justement à ces
besoins.
M. BOIVIN: Ordinairement, il peut se faire que l'hôpital
soit rempli, quoique on ait ordinairement l'habitude de garder un nombre de
lits suffisant pour donner le traitement d'urgence. Ce malade-là est
dirigé vers d'autres hôpitaux.
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre pourrait accorder une
attention spéciale à ce problème-là, si je peux me
permettre?
M. CLOUTIER: Certainement, M. le député.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, on a parlé de normes
et je voudrais y revenir. Il est évident qu'il y a des normes
budgétaires qui doivent être imposées mais ces normes
doivent tenir compte du fait que c'est une institution qui traite des malades,
que les besoins ne sont pas toujours prévisibles et le ministre nous a
déjà fait part de certaines tolérances budgétaires
qui existent à cause de ces faits-là qui sont
appréciés par le ministère et qui sont acceptés
à peut-être 85%. Mais il y a des normes scientifiques ou
professionnelles qui doivent être à la base de toute autre norme
qui serait imposée dans ce domaine de l'assurance-hospitalisation. Or,
le ministre a fait allusion, il y a quelques instants, aux articles 20 et 21 de
la Loi des hôpitaux, des règlements qui devraient exister sous ces
articles-là. Est-ce que le ministre peut nous dire où l'on en est
rendu avec ces articles-là?
M. CLOUTIER: Le ministre d'Etat, le député de Dubuc
s'est attaqué de façon particulière à ce
problème des règlements en vertu des articles 20 et 21 et il a
travaillé à l'élaboration de ces règlements avec
des collaborateurs. Ces règlements ont été soumis au
collège des médecins et à l'association des hôpitaux
et je pense que nous en sommes rendus maintenant à la phase finale. Nous
devrions être en mesure de les déposer en juillet prochain.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que vous avez reçu des
réponses de ces organismes?
M. CLOUTIER: Oui, le collège des médecins et
l'association des hôpitaux ont fait connaître leur
appréciation...
M. GOLDBLOOM: Favorablement ou défavorablement?
M. BOIVIN: Ils ont donné quelques suggestions.
M. GOLDBLOOM: Le collège des médecins n'a pas
exprimé son opinion?
M. CLOUTIER: Pas définitive. Il aurait donné une
opinion définitive sur les règlements en vertu de l'article 20.
Resterait à venir l'appréciation des règlements de
l'article 21.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le collège des médecins a
reçu les règlements de l'article 21?
M. CLOUTIER: Il est supposé les avoir reçus au
moment où...
M. GOLDBLOOM: Je suis informé que le collège des
médecins a écrit au sous-ministre le 24 avril pour demander les
règlements de l'article 21 et pour demander des consultations plus
poussées sur l'article 20 et qu'il n'a pas reçu de réponse
à sa lettre.
M. BOIVIN: Il se fait un travail actuellement sur ces
règlements-là. Maintenant, au sujet de l'article 21, je me
demande si on est tenu de l'envoyer au collège des médecins. Nous
ne sommes pas tenus d'envoyer l'article 21. Les règlements de l'article
20 mais pas de l'article 21.
M. GOLDBLOOM: La consultation ne s'applique pas.
M. BOIVIN: Je ne crois pas.
M. GOLDBLOOM: On peut peut-être vérifier.
M. BOIVIN: On peut les leur envoyer. Je n'ai pas d'objections
à ce qu'on les leur envoie.
M. GOLDBLOOM: Bien le collège les a demandés et je
suis informé qu'il n'a pas reçu de réponse, ni oui ni non,
ni accusé de réception.
M. BOIVIN: Ils ont reçu les règlements avant.
M. GOLDBLOOM: Oui, est-ce qu'on peut connaître la nature de
la réponse du collège des médecins au sujet des
règlements proposés pour l'article 20?
M. CLOUTIER: Le seul commentaire qui aurait été
fait par le collège des médecins, c'est que l'article en vertu du
règlement numéro 20 ne donnait pas de droit de regard au
collège des médecins sur l'acte médical.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas une objection mineure, M. le
Président.
M. CLOUTIER: Cette observation-là venant d'un
médecin, j'y attache beaucoup d'intérêt.
M. GOLDBLOOM: On pourrait refaire tout l'historique de ces
règlements, si on le voulait.
M. BOIVIN: Je me demande si c'est une chose qui n'est pas
discutée juridiquement. L'acte médical, il y en a qui
prétendent que le collège des médecins a droit sur l'acte
médical, même l'acte médical qui est posé dans les
hôpitaux. J'ai consulté un avocat qui m'a dit au ministère
que le collège des médecins avait affaire à l'acte
médical partout où il est posé dans la province.
M. BOLDBLOOM: Ecoutez, M. le Président, il s'agit, ici,
d'un document qui a une importance capitale pour les malades qui sont
hospitalisés dans la province de Québec. Il s'agit d'un document
qui avait pour but et ça, je suis prit à admettre dans
l'esprit de tous ceux qui y ont contribué: les représentants des
hôpitaux, les représentants de la profession médicale, les
représentants du ministère de la Santé de
régler des problèmes graves, certaines situations qui
n'étaient pas dans l'intérêt du bien commun, tel que
représenté par l'intérêt des malades dans les
hôpitaux, y compris, par exemple, l'élimination de certaines
situations de chasse gardée dans des hôpitaux de la province, de
situations où l'admission de médecins au bureau médical
était soumise à des pressions de politique interne qui
finissaient par exclure de certains hôpitaux des médecins tout
à fait compétents et d'admettre à certains hôpitaux
des médecins tout à fait incompétents, même à
des postes de commande à l'intérieur de ces
hôpitaux-là.
L'on a cherché, avec beaucoup de difficulté, parce que les
points de vue ne se rapprochaient pas facilement, à trouver un terrain
d'entente pour permettre à un organisme quelconque, de
préférence un organisme qui connaît la médecine, la
pratique de la médecine, les habitudes et les exigences des
médecins d'avoir un mot à dire et de permettre de jouir d'un peu
de justice et de démocratie à un médecin qui se sentait
lésé dans ses droits à l'intérieur d'un
hôpital ou qui se sentait lésé, parce qu'il se sentait
exclu d'un hôpital, d'avoir un recours à l'organisme officiel de
sa profession.
C'est à l'été de 1965, après trois ans de
négociations pénibles, que l'on est arrivé à
présenter devant l'Assemblée législative un projet de loi
qui portait à ce moment-là le numéro 74, qui redonnait au
lieutenant-gouverneur en conseil le pouvoir de faire les règlements. Un
pouvoir qui avait été accordé au lieutenant-gouverneur en
conseil par la version originale de la loi des hôpitaux. Première
lecture. La version finale, cela remonte à l'été de 1962,
avait modifié cet article pour dire que le collège des
médecins, avec le concours des deux associations hospitalières
qui se sont fusionnées depuis, donnait, dis-je, au collège avec
le concours des organismes hospitaliers, le droit de faire ces
règlements. Or, à ce moment-là, on avait constaté
un semblant d'impasse. On avait proposé de redonner au
lieutenant-gouverneur en conseil le droit de faire ces règlements.
Le gouvernement du temps a accordé aux parties en cause, sur
l'insistance pressante de la profession médicale, un délai
supplémentaire de douze jours. A la fin de cette
période-là, justement le onzième soir, une entente a
été conclue, et, à ce moment-là, certaines choses
avaient été acceptées de part et d'autre et un document a
été signé conjointement par le représentant de tous
les organismes. Les conseillers juridiques du ministère de la
Santé, à ce moment-là, ont trouvé qu'il y avait
certains défauts juridiques là-dedans, y compris des
défauts assez mineurs, tel le
fait que certains mots étaient différents, dans les
règlements, des mots qui paraissaient dans la loi originale, chose qui
aurait été facile à corriger.
Or, M. le Président, nous arrivons aujourd'hui avec un texte qui
est proposé, qui ne comprend que 163 des 228 articles qui existaient au
document signé conjointement, et un document, ce qui est beaucoup plus
grave, qui ne rencontre pas les désirs et exigences de certains corps
importants qui sont intéressés et qui croient encore que ce
qu'ils ont voulu mettre dans ce document était dans
l'intérêt du malade, non dans l'intérêt du
médecin ni de l'administrateur, mais dans l'intérêt du
malade et c'est ça qui compte. Et je trouve qu'il y a des choses qui
sont éliminées de ce document qui sont d'une importance capitale,
et j'ai fait allusion à la question de recours à un organisme
officiel de la profession pour l'appréciation de certaines situations
médicales et ça de nouveau dans l'intérêt du malade,
pour éliminer les chasses-gardées, pour éliminer certains
manquements à l'éthique professionnelle qui existent
malheureusement dans certains de nos hôpitaux, pour exiger, comme il se
doit, de tous les hôpitaux, de s'en tenir à certaines normes et
certaines de ces normes s'y trouvent toujours et d'autres normes sont
disparues.
En particulier, je suis étonné d'apprendre que les
associations hospitalières auraient exprimé une opinion favorable
sur ce point-là. La constitution du comité exécutif du
bureau médical et la constitution d'un comité médical
avi-seur qui, à part d'agir comme comité des créances ou
comité d'examen des titres, n'aurait pas d'autres fonctions. Ceci
malgré le fait que ce comité serait composé de tous les
chefs de service, et le fait que, malgré une entente survenue entre la
profession médicale et les administrations hospitalières quant au
mode de constitution de ce comité exécutif, qui aurait
assuré à certains hôpitaux d'enseignement la
présence au sein de ce comité exécutif de certains chefs
de service dont la présence serait indispensable à la bonne
marche, non seulement au soin des malades mais de l'enseignement dans ces
hôpitaux. Cela, c'est disparu de ce document.
Or, M. le Président, je crois que nous avons droit à des
réponses plus précises sur la situation qui traînait sous
le gouvernement précédent, je le sais, mais qui trame encore sous
le gouvernement actuel, et qui n'est pas arrivé à une solution
satisfaisante. Est-ce qu'en effet, on a des acceptations officielles? Est-ce
que les consultations exigées du ministère par la loi ont
été menées à une conclusion satisfaisante? Est-ce
que ces consultations ont eu lieu autrement que par l'envoi récent de
documents à ces organismes-là?
M. CLOUTIER: M. le Président, je demanderais au ministre
d'Etat qui a travaillé à cela de répondre.
M. BOIVIN: Actuellement, il y a un comité avec un avocat
qui travaille encore sur ces règlements. Nous avons reçu de ce
comité certaines suggestions assez importantes, et je crois même
qu'après la rédaction de ces règlements, nous les
enverrons encore au collège des médecins pour qu'ils puissent en
faire une étude. J'admets avec le député de D'Arcy-McGee
qu'il est très important qu'on ait un organisme qualifié pour
juger de l'acte médical. Je suis un peu de son avis, et je pense bien
que cela se reflétera dans les règlements. Je pense bien que dans
la loi médicale que le collège des médecins devra
présenter, il me semble que cela apparaîtra aussi dans le jugement
de l'acte médical.
Cela pourrait être inscrit aussi dans les règlements mais
je me demande si ça doit nécessairement dépendre de
l'assurance, ces règlements, qu'on ait la conduite à venir pour
l'acte médical.
M. GOLDBLOOM: Il y a plusieurs moyens d'y arriver, M. le
Président. Le collège des médecins a obtenu en 1962 une
modification de la loi médicale qui lui accordait le pouvoir de faire
enquête, mais ce pouvoir finissait là et finit là encore,
puisque cet article existe toujours. Il n'y avait aucun pouvoir exécutif
pour imposer ses recommandations. Je sais, M. le Président, que les
hôpitaux ont accepté difficilement l'idée que le
collège des médecins ait son mot à dire à
l'intérieur de l'hôpital et on représentait ce désir
de la part du collège des médecins comme un désir de
s'ingérer dans la gestion purement administrative de l'hôpital. Je
crois qu'à la fin de ces négociations entre les organismes
concernés qu'on était convaincu de part et d'autre que ce
n'était pas le désir de la profession médicale de
gérer les hôpitaux mais que c'était quand même le
désir de la profession de protéger les malades à tous les
points de vue à l'intérieur des hôpitaux,
M. BOIVIN: M. le Président, je pense bien que l'opinion du
député se réflétera dans la dernière
étude qu'on fera des règlements. Je partage votre opinion que
l'acte médical doit être surveillé par un organisme
compétent.
M. CLOUTIER: De toute façon, le député peut
être assuré que les mécanismes de con-
sultation auxquels il a fait allusion vont fonctionner et que les
règlements ne seront déposés que quand il y aura entente
entre le collège des médecins, le ministère de la
Santé et l'association des hôpitaux, et que tous ces points
mentionnés auront été éclaircis par ceux qui ont la
responsabilité plus particulière de composer ces
règlements.
M. GOLDBLOOM: Je suis assuré, M. le Président, ( je
l'ai toujours été), de la bonne foi du ministre et du ministre
d'Etat. Je soumets respectueusement que je n'ai pas encore reçu de
réponse plus précise que simplement le fait que les choses vont
s'arranger, à ma question. Quelle est la nature des réponses
reçues des organismes concernés?
M. CLOUTIER: Bien, le ministre d'Etat.
M. BOIVIN: Je n'ai pas eu la réponse du collège des
médecins.
M. KIERANS: On n'a pas répondu.
M. CLOUTIER: Il n'a pas eu la réponse du collège
des médecins.
M. BOIVIN: Maintenant je l'ai eue de l'association des
hôpitaux et cela a été remis au comité qui travaille
actuellement sur ces règlements.
M. GOLDBLOOM: Le collège des médecins dit qu'il
attend des réponses aussi. M. le Président...
M. BOIVIN: Je ne pense pas qu'on ait eu des réponses parce
que... moi j'en ai pas eu toujours.
M. LEVESQUE (Laurier): Enfin, pour citer le ministre, le ministre
d'Etat s'est attaqué au problème, mais de loin.
M. BOIVIN: Non, non. Dernièrement...
M. CLOUTIER: S'il avait vécu de très
près...
M. BOIVIN: Si on a eu une réponse, c'est tout
dernièrement qu'on l'a eue. Je n'en ai pas pris connaissance encore.
M. CLOUTIER: Non, je profite de l'occasion pour dire que le
ministre d'Etat a passé de longues heures et de jour et de nuit sur la
rédaction des règlements des articles 20 et 21.
M. LEVESQUE (Laurier): Il faudrait qu'il fasse attention à
sa santé quand même.
M. BOIVIN: D'ailleurs, je suis à peu près de la
même opinion.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, toujours sur la question
des normes, il y a eu un document soumis au ministre, il y a plusieurs mois,
sur les normes dans le domaine des soins infirmiers dans les hôpitaux, un
document signé conjointement par plusieurs organismes concernés,
document qui était prêt à être mis en application
dès son étude par le ministre et par ses collaborateurs.
M. CLOUTIER: Vous faites allusion au rapport de l'union
professionnelle...
M. GOLDBLOOM: Au rapport du comité, oui. Est-ce qu'on peut
demander au ministre, puisqu'il y a là aussi des situations regrettables
et même dans certains cas déplorables, dans les hôpitaux,
quant à la qualité des soins infirmiers et quant aux normes qui
sont appliquées par les hôpitaux à la disposition de
infirmières et des auxiliaires en nursing, en service hospitalier,
où est rendu ce document-là?
M. CLOUTIER: Si je me souviens bien des recommandations du
rapport, il y avait une recommandation qui stipulait que des études
devaient être continuées dans les domaines précis que vient
de mentionner le député de D'Arcy-McGee. Mais, ce premier rapport
qui a été remis au ministère de la Santé a fait
l'objet d'une revision. On m'a dit que le document est actuellement à
l'impression pour distribution.
M. GOLDBLOOM: Distribution comme directive du ministère de
la Santé à tous les hôpitaux de la province?
M. CLOUTIER: Et comme distribution...
M. GOLDBLOOM: Ou simplement pour information?
M. CLOUTIER: Comme directive.
M. GOLDBLOOM: Comme directive. Parce que, très
respectueusement, je dois différer un peu d'opinion avec le ministre. Il
y avait à la fin une recommandation que le ministre autorise ce
comité de poursuivre ses travaux dans le domaine des normes
quantitatives. Mais il y avait une série d'au moins une douzaine de
recommandations spécifiques au ministre, lui demandant de poser des
gestes et non seulement d'établir comme normes qualitatives des
critères d'attribution des fonctions à l'intérieur d'un
hôpital, soit aux médecins exclusivement, soit à
l'infirmière diplômée exclusivement, soit à
l'auxiliaire ou même à l'aide.
M. CLOUTIER: Ce sont des directives, M. le Président, qui
font l'objet actuellement d'un travail d'impression et qui seront remises comme
telles à qui de droit.
M. GOLDBLOOM: Merci, M. le Président. Est-ce que le
comité poursuit ses travaux dans le domaine des normes
quantitatives?
M. CLOUTIER: Le comité a eu instruction du ministre de la
Santé de continuer ses travaux et au fait il y a eu une réunion
la semaine dernière.
M. GOLDBLOOM: La première de la nouvelle série?
M. CLOUTIER: C'était la première réunion. M.
LE PRESIDENT: Procédons.
M. KIERANS: Nous n'avons pas fini l'article 1.
M. LE PRESIDENT: L'article 1 est fini. Entendons-nous.
Assurance-hospitalisation.
M. KIERANS: C'est ça, mais l'article 1, administration,
n'est pas fait. Nous avons discuté l'ensemble de l'article 1.
M. CLOUTIER: M. le Président, nous étions
entrés également dans le sous-article numéro 2, parce que
nous avons parlé de budgets d'hôpitaux, de règlements, de
fin d'année, alors, je pense...
M. KIERANS: Nous n'avons pas fait...
M. CLOUTIER: Nous traitions tout l'article...
M. GOLDBLOOM: Est-ce que vous y avez des objections? Nous n'avons
pas adopté les frais de voyages, les prévisions...
M. LAPORTE: Est-ce que c'est sous cet article-là, qu'il a
été question de l'hôpital de Charles Le Moyne?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LAPORTE: J'aurais un certain nombre de questions à
poser au ministre, quant à l'hôpital de Charles Le Moyne, et
peut-être quelques remarques à faire. La première question
que je voudrais poser au ministre, c'est: quel est l'état d'occupation
de l'hôpital actuellement?
M. CLOUTIER: 50%.
M. LAPORTE: On l'a peut-être dit tout à l'heure, je
m'excuse, M. le Président. Je voulais venir poser des questions
spécifiquement sur ça. J'ai été retenu à un
autre comité, je m'excuse de devoir poser des questions auxquelles vous
avez peut-être répondu. Une année après
l'inauguration et même plus, parce que l'hôpital a
été inauguré au mois de mars ou avril 1966, quelle est la
cause de la non-occupation de 50% de cet hôpital? C'est extrêmement
important pour les citoyens de la rive sud et j'ajouterais qu'il y a
actuellement plus de demandes que jamais à cause de l'Expo.
M. CLOUTIER: J'ai énuméré brièvement,
tout à l'heure, deux raisons et la première est la
difficulté de recrutement du personnel, ce qui n'est pas, en passant,
particulier à l'hôpital dont parle le député. Cette
difficulté se retrouve ailleurs également dans la province et,
deuxièmement, nous avons mentionné les délais de livraison
de l'équipement spécialisé, équipement qui est
fabriqué pour une bonne partie à l'étranger, pour une
partie en Europe pour une partie aux Etats-Unis. Alors, il y a des
délais de livraison de cet équipement spécialisé.
Ajoutez à cela monsieur le député connaît
bien les lenteurs administratives et les procédures des services
concernés, service des achats...
M. LEVESQUE (Laurier): Trésorerie.
M. CLOUTIER: ... la trésorerie, comme le souligne le
député de Laurier. Alors, je crois que nous avons là les
deux principales raisons qui retardent l'utilisation totale de l'hôpital
de Charles Le Moyne.
M. LAPORTE: M. le Président, je remercie le ministre. Ce
qui manque dans l'hôpital, à part le personnel hospitalier, ce
sont les lits. Ceux-ci sont-ils rendus pour occuper tout l'hôpital? Je
pose la question parce que, à l'époque, il y avait un contrat
avec une maison. Je sais qu'au sujet des lits, il y a eu plusieurs
problèmes qui se sont présentés. Un type de lits avait
été accepté. Après d'autres études, on a
décidé que ce type de lits pouvait être
amélioré. On a passé une autre commande avec tous les
délais dont vient de faire état le ministre, et, il y a plus d'un
an, un contrat avait été accordé, je ne me souviens plus
à quelle maison, qui devait commencer, dans les quelques semaines
qui
suivaient, la livraison à un rythme de 75 ou 80 lits par mois. Je
voudrais savoir si cette partie-là, la partie qui se fabrique à
Montréal, les lits et les autres meubles des chambres de
l'hôpital, si ces choses-là ont été livrées
et si elles ne l'ont pas été. Pourquoi est-ce que le contrat n'a
pas été respecté?
M. CLOUTIER: On cherche les lits. Nous voulons savoir ce que nous
sommes en train d'établir...
M. BOIVIN: Il y aurait peut-être...
M. CLOUTIER: ... à quel moment du processus de livraison,
la chaîne de distribution s'est arrêtée et on m'a dit que,
dans la première livraison des lits, il y avait des défauts de
spécification qui ont obligé à recommencer comme le
député disait cela tout à l'heure...
M. LAPORTE: Cela, ça part de...
M. CLOUTIER: ... obligé à recommencer les
procédures. Mais le député veut savoir sur la
deuxième livraison, la deuxième commande...
M. LAPORTE: Oui, c'est-à-dire, pour que le ministre sache
bien de quoi je parle, tous ces recommencements ont eu lieu avant qu'il soit
ministre. La deuxième commande a été passée avant
qu'il soit ministre et la livraison devait commencer à peu près
à l'époque où le nouveau ministre a été
assermenté. Cela n'a évidemment aucune relation entre les deux,
mais toutes ces choses-là étaient déjà
terminées. On voudrait savoir maintenant si les lits ont
été livrés et, s'ils n'ont pas été
livrés, pourquoi?
M. BOIVIN: Est-ce qu'il n'y avait pas une déficience du
côté du conseil d'administration? Le député est
proche de cet hôpital-là, peut-être il pourrait nous...
M. LAPORTE: Je ne pense pas que le conseil d'administration
fabrique des lits...
M. BOIVIN: Je vous le demande. Il y a quand même une
responsabilité de la part du conseil d'administration.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que la seule
responsabilité du conseil d'administration, c'est de se plaindre depuis
des mois que ça ne fonctionne pas. Tout est bloqué et je pourrais
peut-être demander au ministre associé s'il existe un autre cas
dans la province d'un hôpital qui est terminé et qui n'est pas
occupé.
M. BOIVIN: Non, c'est assez long, par exemple, de mettre un
hôpital en fonction complètement. C'est assez long.
M. LAPORTE: Il s'agit...
M. BOIVIN: Maintenant, un an, on peut enquêter
là-dessus, il y a peut-être une déficience de la part du
conseil d'administration.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que je peux dire au ministre
qu'il n'y a pas de déficience de la part du conseil d'administration
parce que le ministre sait que ces commandes ne sont pas passées par le
conseil d'administration. C'est un hôpital qui appartient au
gouvernement, qui est en location, entre les mains d'un conseil
d'administration, que c'est le service des achats de la province de
Québec qui passe les commandes, que les spécifications sont
rendues depuis plus d'un an et demi maintenant et que, étant
donné que je n'ai pas eu de réponse à ma première
question, le conseil d'administration constate comme moi que le matériel
n'a pas été livré, si toutefois il ne l'a pas
été. C'est ce que je veux savoir.
M. CLOUTIER: M. le Président, il y a 172 hôpitaux
avec l'assurance-hospitalisation. Nous n'avons pas ici...
M. KIERANS: Le cas de Charles Lemoyne est spectaculaire.
M. LAPORTE: Parce que je commence à être un peu
fatigué de lire dans certains journaux désagréables que
c'est la faute de Pierre Laporte si l'hôpital n'est pas
occupé.
M. CLOUTIER: Selon le témoignage de mes officiers, le
matériel, les lits auraient à peu près tous
été livrés, sinon tous. La commande serait
entièrement remplie. Alors, dans les deux problèmes
mentionnés tout à l'heure, il resterait la question du
recrutement du personnel.
M. LAPORTE: Est-ce que je pourrais savoir maintenant... Je tiens
pour acquis que les lits ont été livrés, je vous avoue que
je ne le sais absolument pas...
M. CLOUTIER: Non, on pourra confirmer de toute
façon...
M. LAPORTE: Si le ministre voulait faire quelques recherches sur
cela. Qu'est-ce qui manque maintenant à la partie physique, à
la
partie matérielle? Je ne parle pas du personnel hospitalier.
Qu'est-ce qu'il manque dans cet hôpital pour que l'équipement soit
complété en tenant pour acquis que les lits sont rendus et que
les draps, les oreillers, tout le matériel pour chaque chambre est
rendu? Qu'est-ce qui manque? Enfin, quel est ce matériel qui doit venir
des Etats-Unis ou qui doit venir d'Europe et qui n'aurait pas encore
été livré, qui retarderait l'utilisation complète
de cet hôpital?
M. CLOUTIER: De toute façon, M. le Président, si le
député y consent, je verrais à obtenir des renseignements
précis, très précis sur le matériel livré,
le matériel qui manque et je pense qu'il y aura lieu de donner
l'information au député demain.
M. LAPORTE: Est-ce que je peux poser au ministre une question,
très générale? Il s'agit de nous préparer un
rapport complet sur l'utilisation de l'hôpital Charles Lemoyne. Quelles
sont les choses qui manquent au niveau de l'équipement? Quand peut-on
espérer que ces choses seront livrées? Si les commandes ont
été passées, à quel moment ont-elles
été passées et quels sont les délais de livraison?
Deuxièmement, quels sont les espoirs quant à la partie des
services hospitaliers, du recrutement du personnel? Quels sont les espoirs
d'occupation?
Evidemment, vous avez là un investissement de plusieurs millions
de dollars, de $8 millions, $9 millions ou $10 millions, qui est improductif
à 50%, alors que la population de la grande rive sud qui se chiffre
maintenant par 200,000 personnes, c'est le seul hôpital. Je
répète que cet hôpital, et surtout son service de soins
d'urgence, est extrêmement occupé. Cela dépasse même
la capacité de l'hôpital. Alors, je deman-drais au ministre de
nous faire un rapport complet, s'il veut être assez aimable, pour que
nous sachions où nous en sommes et où nous allons, et dans quel
délai.
M. CLOUTIER: Oui.
M. LAPORTE: Et deuxièmement, une autre mise au point que
je voudrais faire, puisque c'a été dit à un autre
comité où j'étais absent. On a fait état d'un
certain nombre de contrats sans soumissions, qui auraient été
donnés par le gouvernement précédent, de l'ordre de $15
millions. Et dans ces $15 millions, il y avait un contrat sans soumission pour
la construction de l'hôpital Charles Lemoyene, contrat qui aurait
été donné par le gouvernement libéral de M.
Lesa-ge. Or, il arrive que ce contrat sans soumis- sion a été
donné dans les derniers jours de l'administration qui nous a
précédés. A cette époque, je n'étais pas
ministre, mais il est arrivé que l'on m'a demandé d'aller au
conseil des ministres pour discuter du problème de l'hôpital
Charles Lemoyne. Le gouvernement qui était alors à
l'administration de la province, a fait des pieds et des mains pour tenter
d'annuler ce contrat et il s'est fait dire par ses conseillers juridiques qu'il
était toujours possible de ne pas respecter un contrat, que le contrat
était quand même clair, précis, que l'entrepreneur avait
une réclamation à peu près sans équivoque contre le
gouvernement et que ce que nous pourrions sauver avec un contrat par voie de
soumissions publiques. Nous le perdrions en dommages-intérêts
payés à cet entrepreneur et la solution qui a été
acceptée, c'était de respecter le contrat qui avait
été signé par le gouvernement précédent,
mais d'exiger que tous les sous-trai-trants, sans exception, soient tenus par
l'entrepreneur principal, de faire des soumissions publiques.
C'est-à-dire que le ministère des Travaux publics a exigé
que des soumissions publiques soient demandées par la voie des journaux,
pour tous les sous-traitants, sans exception.
Or, je tenais à faire cette mise au point, M. le
Président. Ce n'est pas un contrat qui a été donné
par le gouvernement libéral. C'est un contrat qui a dû être
respecté par le gouvernement précédent, et nous avons pris
toutes les mesures possibles pour qu'à toutes fins pratiques, ce soit un
contrat à soumissions publiques, avec tous les sous-traitants.
M. LE PRESIDENT: Alors, le poste budgétaire 2, article 2,
est-il adopté?
M. KIERANS: Non, un moment, il y a d'autres questions. Les
hospitalisations à l'étranger...
M. CLOUTIER: Le poste budgétaire no 2, article 2 est
adopté. L'article 1 n'est pas adopté, on peut y revenir, mais
ça fait tellement longtemps que nous discutions...
M. KIERANS: Non. Ecoutez bien. Le maximum quotidien a
été porté de $15 à$25 pour les hospitalisations
à l'étranger. Quand un médecin recommande qu'un patient
aille, par exemple, à Boston pour un diagnostic, est-ce que le
gouvernement paie le coût de $25 dans ce cas?
M. CLOUTIER: Jusqu'à concurrence de $25. M. KIERANS: Et
les frais de transport, non?
M. CLOUTIER: Les frais de transport, non. Ils sont à la
charge du patient.
M. LE PRESIDENT: Mais ici, nous allons nous entendre. C'est
l'article 2 que nous discutons actuellement.
M. KIERANS: Oui, c'est l'assurance-hospitalisation.
M. LE PRESIDENT: Lorsque ce sera fini, nous n'y reviendrons
plus.
M. KIERANS: Non. C'est la structure générale de
l'assurance-hospitalisation. Est-ce qu'on a engagé encore un directeur
des finances ou est-ce que M. Marcoux garde encore la direction de cette
division?
M. CLOUTIER: Il y a l'assistant de M. Marcoux, M. Lavoie, qui est
le directeur des finances.
M. KIERANS: Il est directeur?
M. CLOUTIER: Il est directeur des finances à
l'assurance-hospitalisation. Il est assistant du directeur
général, M. Marcoux.
M. KIERANS: Et dans la division des normes
hospitalières?
M. CLOUTIER: C'est le Dr Carter qui est responsable.
M. KIERANS: Oui, et nous avons sur la liste quatre
médecins conseil. Qu'est-ce que ça veut dire le mot conseil?
Est-ce que ce sont des médecins à plein temps ou à temps
partiel?
M. CLOUTIER: Ce sont des médecins à plein temps,
payés comme conseillers, et dont les salaires sont remboursés par
le gouvernement fédéral.
M. KIERANS: Quel est le salaire, de ces conseillers dans ce cas?
Est-ce qu'ils sont payés...
M. CLOUTIER: $10,000 à $11,000, M. le
Président.
M. KIERANS: Ce sont les salaires. M. CLOUTIER: Ce sont les
salaires. M. KIERANS: A part les honoraires. M. CLOUTIER: Ils sont
à temps complet.
M. KIERANS: C'est la même chose pour un conseiller en
nursing, c'est à plein temps?
M. CLOUTIER: C'est à plein temps, M. le
Président.
M. KIERANS: Et tous les autres en diététique.
M. CLOUTIER: Tous les employés de
l'assurance-hospitalisation, M. le Président, sont à plein temps,
258 employés. Il y en a 10 à la direction générale,
77 au service des finances, 26 au service des normes et 145 au service
administratif; répartition entre le personnel (si ça
intéresse le député), 39 comptables, 10 médecins, 2
pharmaciens, 2 diététistes, 8 infirmières
licenciées et un archiviste médical, 8 conseillers techniques et
deux économistes.
M. KIERANS: Cela suffit pour...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que le gouvernement
a une politique quant à l'achat d'incubateurs pour les
bébés prématurés dans les pouponnières des
hôpitaux? Est-ce qu'il y a un critère d'incubateur selon le nombre
de berceaux à la pouponnière?
M. CLOUTIER: M. le Président, un pour cinq, un incubateur
pour cinq berceaux.
M. GOLDBLOOM: Ce qui veut dire, M. le Président, qu'il y a
des incubateurs pour le traitement des prématurés dans bon nombre
d'hôpitaux de la province. Il y a pourtant des hôpitaux qui sont en
mesure d'offrir des soins plus particuliers et plus délicats à
des prématurés et il y a des moyens de transport qui permettent
de déplacer le prématuré sans trop de risques pour
lui.
Est-ce que le ministre trouve que c'est une politique valable?
M. CLOUTIER: Il y a des incubateurs dans la plupart des
hôpitaux de la province, M. le Président.
M. BOIVIN: C'est une question médicale beaucoup plus
qu'une question de subsides...
M. LE PRESIDENT: Question médicale. C'est une question
médicale, cela. Le médecin qui met au monde un enfant
prématuré doit avoir assez de sens professionnel pour savoir s'il
peut le soigner à tel hôpital ou s'il doit le transférer,
c'est une question médicale.
M. GOLDBLOOM: Bien justement, M. le Pré-
sident, vous touchez le point névralgique de la question. Ce
n'est pas l'incubateur qui prend soin du bébé
prématuré, c'est le médecin. Et quand il s'agit d'un
bébé prématuré, les soins sont très
particuliers et celui qui est médecin, sans vouloir exprimer des
sentiments péjoratifs à l'endroit de quelque médecin que
ce soit, il y a quand même des expertises qui se créent par les
médecins leur permettant de traiter différemment un malade
souffrant d'une maladie quelconque; et quand il s'agit des soins des
prématurés, les résultats sont nettement différents
entre les mains de spécialistes qu'entre les mains
d'obstétriciens ou d'omnipraticiens et le fait...
M. LE PRESIDENT: Cela revient à une question
médicale.
M. GOLDBLOOM: Non, mais, M. le Président,
respectueusement, je vous soumets que la politique du ministère
crée une situation où des bébés
prématurés sont retenus dans les hôpitaux qui n'ont pas le
personnel pour en avoir soin, au lieu d'être dirigés vers des
centres où il y aurait possibilité de les soigner d'une
manière plus efficace.
M. BOIVIN: Est-ce que le collège des médecins a
porté des plaintes?
M. GOLDBLOOM: L'Association des pédiatres de la province
de Québec a formé un comité pour l'étude de ce
problème. Maintenant, je ne suis pas en mesure d'affirmer que leurs
conclusions ont été portées à la connaissance du
ministère de la Santé ou non.
M. LE PRESIDENT: Mais un incubateur ne sert pas exclusivement
pour traiter les prématurés, c'est surtout là son usage,
mais cela ne sert pas exclusivement à traiter un
prématuré. Là, il faudrait entreprendre la discussion.
Qu'est-ce qu'un prématuré?
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, si le député de
D'Arcy-McGee me permet, M. le Président, nous sommes tous je
suppose que c'est votre cas plus ou moins profanes là-dedans,
mais moi, je vois très bien...
M. LE PRESIDENT: Je suis médecin. M. CLOUTIER: Il est
médecin.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, dans ce cas-là, je comprends
mal votre objection, parce que comme médecin, il me semble que comme
profane, cela crève les yeux, que dans les $413 millions, c'est bien de
ce montant que nous discutons?
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Dans le budget de $413 millions, il y a
telle ou telle politique d'achat ou telle ou telle politique
d'équipement,qui est une politique du ministère, ou qui n'est que
l'absence de politique, selon le cas, peu importe, qui va nettement influer sur
la qualité de traitement que les gens ont droit de recevoir pour $413
qu'ils payents. Je vais donner un exemple que je connais, moi, seulement pour
illustrer ce que je crois comprendre de l'argument du député de
D'Arcy-McGee.
Combien de centres de traitement de cancer y a-t-il dans la province de
Québec ou ce qu'on appelle des centres de traitement de cancer?
Financés à même les $413 millions dont nous discutons.
L'équipement, c'est... je ne sais pas quoi...
M. CLOUTIER: Avec des bombes?
M. LE PRESIDENT: Avec des bombes...
M. LEVESQUE (Laurier): Avec des bombes et des gens qui
prétendent traiter le cancer qui est une maladie
légèrement grave!
M. LE PRESIDENT: Traitement thérapeutique...
M. LEVESQUE (Laurier): Thérapeutique, oui, avec
l'équipement nécessaire et qui coûte cher.
M. LE PRESIDENT: Il y a une thérapeutique chirurgicale
aussi.
M. LEVESQUE (Laurier): Ecoutez, je n'entrerai pas dans la partie
médicale, je parle de la partie de$413 millions. Combien
d'équipement a-t-on installé dans la province de Québec,
dans divers hôpitaux? A Chicoutimi, à Rimouski, bombes au cobalt,
avec des gars théoriquement capables de s'en servir! On m'a dit que
c'était plus de vingt.
M. BOIVIN: Soyez sans crainte, à Chicoutimi, les gens
savent s'en servir.
M. CLOUTIER: On m'a fourni l'information qu'il y aurait quinze
centres de traitement du cancer.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, je veux seulement illustrer un
point; je crois que l'Ontario n'en a pas la moitié, à ce qu'on
m'a dit enfin, c'est facile à vérifier que dans les
villes américaines, aux Etats-Unis où on est assez riche
aussi on calcule que des moyennes comme celle-là, quinze pour 6
millions d'habitants, c'est du super-caricaturaL Parce qu'il faut des
équipes supérieurement compétentes et il faut les
concentrer. Il ne faut pas avoir du pseudo-traitement du cancer, par des
spécialistes de troisième ordre, qui, parfois s'intitulent
spécialistes parce qu'ils ont la bombe à côté d'eux,
et qui vont je parle en profane risquer de « maganer
» des patients pendant qu'avec le genre de bassin de population qu'on a
dans le Québec, deux ou trois centres de cancer seraient probablement un
super-maximum. Mais il y a des gens à qui une politique d'achat peut
permettre de pratiquer je caricature à peine, je crois que ce
sont des médecins eux-mêmes qui me l'ont dit et qui l'ont dit avec
indignation permettre de pratiquer jusqu'à un certain point sur
le dos des patients, pendant que des équipes compétentes et
intégrées de ce genre de traitement n'ont pas été
formées.
M. LE PRESIDENT: M. le député, c'est que là,
il peut y avoir deux choses. Nous sommes en train de discuter les subsides de
la Santé. Si vous parlez de l'achat des incubateurs, d'accord. Mais si
vous parlez de l'acte médical, ou de la compétence de l'acte
médical, ou s'il y aeu une négligence de Pacte médical
posé dans tel ou tel cas, bien je ne crois pas que cela relève du
comité des subsides de la Santé. Cela relève du
collège des médecins qui a l'autorité de juger de l'acte
médical posé. Et c'est dans ce sens-là que je demande
à M. le député de D'Arcy-McGee, s'il veut discuter des
incubateurs, qu'il en discute à l'intérieur des subsides de la
Santé, et non pas en ayant le point de vue ou en discutant de l'acte
médical qu'un médecin...
Si j'ai bien compris, vous dites que parce qu'il existe un incubateur
dans tel hôpital, que le médecin, au lieu d'envoyer ce cas
à un hôpital plus spécialisé pour ce cas-là,
ne l'enverrait pas parce qu'il existe un incubateur chez lui. Alors, cela
devient un acte médical. C'est le médecin qui doit voir dans son
âme et conscience à prendre cette décision, s'il
transfère ou ne transfère pas. Ce n'est pas dans les subsides,
ça. C'est pour cette raison que je dis: Si vous voulez parler de l'acte
médical, c'est hors d'ordre.
Si vous voulez discuter l'achat ou la quantité de
pouponnières, si c'est un par cinq ou un par sept, bien, dans telle ou
telle région, d'accord. vous pouvez en discuter. Voilà pourquoi
j'ai soulevé ce point.
M. GOLDBLOOM: J'ai dit simplement, M. le Président, que la
politique d'achat du ministère a eu une influence sur une situation et
le tout relève de la responsabilité du ministre de la
Santé.
M. SAINT-GERMAIN: Mais, enfin, M. le Président, si on
ajoute, si on achète un incubateur et si cet incubateur-là ne
rend pas les services qu'on doit attendre, c'est une dépense
inutile.
M. LE PRESIDENT: Ah bien là! vous pouvez discuter
ça. Ce sont des subsides. C'est une question de dépense.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce que ça veut dire, c'est que
ça peut amener à favoriser des... Non, non, à favoriser,
parce que la distinction que fait le président, je m'excuse, 11 devient
un peu avocat-là et ça peut être glissant, ça. La
distinction que fait le président, est une distinction qui peut
être terriblement artificielle. Parce qu'une politique d'achat peut
amener jusqu'à une dégradation des soins que requièrent
les patients. Cela, c'est évident.
M. LE PRESIDENT: Il peut les mentionner dans son argumentation,
mais pas simplement mentionner dans cette discussion, ne parler que de
ça.
M. BOIVIN: S'il y a des cas précis où vous pensez
que l'on gaspille les deniers de la province en accordant des bombes de
cobalts, par exemple, à des places où on n'a pas les
spécialistes, nommez ces cas précis pour qu'on corrige la
situation.
M. LEVESQUE (Laurier): Parce que le ministre aurait une
parenthèse...
M. BOIVIN: Vous laissez entendre...
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne veux pas changer...
M. BOIVIN: Vous nommez Rimouski, vous nommez Chicoutimi...
M. LEVESQUE (Laurier): Oui.
M. BOIVIN: ... et puis vous arrivez et vous dites qu'il n'y
aurait pas les spécialistes nécessaires pour donner le
traitement, ou des traitements.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que je pourrais demander au
ministre s'il pourrait fournir une liste des centres qui se disent centres de
traitements du cancer, dans la province, et qui sont équipés au
moins au minimum pour cela? Parce que cela peut être souvent un minimum
et cela implique forcément bombe au cobalt et gens qui prétendent
traiter le cancer.
M. CLOUTIER: Bien, je ne crois pas que dans le terme...
M. LEVESQUE (Laurier): Bien nous discuterons après, en
voyant les faits, d'accord?
M. BOIVIN: Oui, mais n'affirmez pas. Retirez vos
affirmations.
M. LEVESQUE (Laurier): J'ai dit que je citais des...
M. BOIVIN: Ce sont des insinuations.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, non, ce ne sont pas des insinuations.
J'ai dit...
M. BOIVIN: Est-ce que vous avez voulu signaler à telle
place que vous avez nommée...
M. LEVESQUE (Laurier): Ce ne sont pas des insinuations, ce sont
des faits.
M. BOIVIN: Très bien.
M. LEVESQUE (Laurier): Je voudrais avoir des précisions
sur les chiffres, par exemple.
M. BOIVIN: Mais, est-ce que vous avez des faits sur les endroits
que vous avez nommés?
M. KIERANS: On demande des précisions.
M. LEVESQUE (Laurier): Je demande le détail. Ceux à
qui j'ai parlé, je ne sais pas si c'est le cas du député
de Dubuc, étaient des spécialistes en traitement du cancer dans
la province de Québec Bon.
M. BOIVIN: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Or ces gens-là étaient
indignés et blâmaient non seulement une politique d'achat, mais
une certaine souplesse devant des pressions politiques qui peuvent venir des
milieux médicaux comme d'ailleurs, pour des raisons de prestige ou des
raisons de considération qui n'ont rien à voir avec le
bien-être des patients. On multiplie abusivement des soi-disant centres
de traitement du cancer. Je demande au ministre si ce serait possible,
puisqu'il a dit une quinzaine, d'avoir une liste des endroits, et à
partir de là on pourra peut-être aller plus loin dans le...
M. KIERANS: Et le pourcentage de cet équipement?
M. LEVESQUE (Laurier): Et le pourcentage d'utilisation aussi ou
enfin les détails d'utilisation.
M. CLOUTIER: M. le Président, mes officiers vont
préparer la liste et demain matin, il me fera plaisir de la donner au
député de Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): Je remercie le ministre, c'est une
parenthèse, et je ne voudrais pas empêcher le député
de D'Arcy-McGee de... Je ne veux pas qu'il perde le fil de ses incubateurs.
UNE VOIX: Non, parce qu'il n'est pas « connecté
» avec les incubateurs!
M. CLOUTIER: Voici une remarque, en ce qui concerne les
incubateurs, M. le Président Je ne suis pas médecin, mais je
comprends que dans un hôpital où il y a des enfants qui viennent
au monde, il est normal qu'il y ait un incubateur pour voir aux situations
d'urgence. Mais, à partir de ce moment-là, je crois que c'est du
devoir du médecin de juger s'il doit y avoir transport du malade ou
transfert de l'enfant dans une autre institution ou s'il peut le garder et
continuer à lui prodiguer des soins dans l'hôpital
où...
M. GOLDBLOOM: On a parlé, à un certain moment, de
planification à l'intérieur du ministère. Est-ce qu'il y a
une planification qui se fait, quant à la distribution de certains
appareils par région, par genre d'hôpital, pour ne pas permettre
à chaque hôpital, ce qui est normal parce que c'est la nature
humaine, pour non seulement les médecins de l'hôpital mais les
administrateurs de l'hôpital, de vouloir tout avoir dans leur
hôpital, vouloir être en mesure d'offrir tous les services aux
malades? Est-ce qu'il y a une planification qui se fait globalement?
Est-ce que le ministère refuse à des hôpitaux
certains équipements en leur disant: Il existe déjà dans
votre région l'équipement nécessaire pour fournir ces
services.
M. CLOUTIER: M. le Président, chaque demande
d'équipement fait l'objet d'une étude au ministère de la
Santé, au service de l'assurance-hospitalisation et, dans bien des cas,
il y a refus, soit que cet équipement, dans notre plan de
régionalisation, ne convienne pas à l'institution ou soit qu'il
n'y ait pas de médecin spécialiste assez compétent ou
formé pour se servir adéquatement de cette instrumentation. Alors
il y a ensuite des comités qui étudient ces demandes
d'équipement très particulier. Il y a, entre autres, le
comité de radiologie qui étudie les demandes des hôpitaux
dans le domaine des appareils de radiologie. Ce comité se prononce sur
les demandes qui sont soumises au ministère de la Santé. Pour
l'équipement de laboratoire, il y a également un comité
qui s'occupe d'étudier les demandes des hôpitaux, demandes
d'équipement de laboratoires.
M. KIERANS: M. le Président, est-ce qu'on peut revenir
à l'article 2, sous-article 1?
M. LE PRESIDENT: Deux, adopté.
M. KIERANS: Et on revient à deux. Article 1,
administration; sous-article 1, traitements.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1, deux - un - un. D'accord.
M. KIERANS: Oui. Structure générale, combien de
personnes dans cette section de l'assurance-hospitalisation gagnent plus de
$15,000? Voici un montant de $412 millions pour la supervision de ces gens.
M. CLOUTIER: Il y a le directeur de l'assurance
-hospitalisation...
M. LEVESQUE (Laurier): Le directeur général.
M. CLOUTIER: Le directeur général de
l'assurance-hospitalisation qui gagne plus de... Vous avez demandé
$12,000 ou $15,000?
M. KIERANS: $15,000.
M. CLOUTIER: Il gagne plus de $15,000; et vous avez le directeur
des normes, le Dr Carter qui gagne plus de $15,000.
M. KIERANS: Le Dr Carter qui a remplacé le Dr Roy.
M. CLOUTIER: Qui a remplacé le Dr Roy, oui.
M. KIERANS: Il est chargé de la responsabilité pour
la division des normes hospitalières. Les deux autres sections, la
division des finances dont le directeur général maintenant est,
j'imagine, Jules Lavoie?
M. CLOUTIER: M. Lavoie.
M. KIERANS: Est-ce que c'est Jules, Jules Lavoie? D'accord.
M. CLOUTIER: Oui. Il a $14,000.
M. KIERANS: Et la division administrative, M. Paul Lessard, ce
serait identique?
M. CLOUTIER: $12,000.
M. KIERANS: Voyons, est-ce que vous considérez qu'avec de
telles responsabilités dans un tel domaine, concernant la surveillance
et l'administration d'un budget de $412 millions que...
M. CLOUTIER: Tous ces salaires, M. le Président, font
l'objet de revisions. Je l'ai mentionné antérieurement, il y a
des études qui se poursuivent.
M. KIERANS: Un homme dans l'industrie privée, avec de
telles responsabilités, gagnerait un salaire de $30,000, $40,000 et
$50,000 par année. Je ne peux pas comprendre comment on peut retenir les
services d'un homme comme Paul Lessard, même les services d'un homme
comme M. Marcoux avec de tels salaires! Il faut qu'on revise
immédiatement de tels barèmes.
M. CLOUTIER: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à ce que les fonctionnaires, à quelque ministère qu'ils
appartiennent, aient des salaires qui correspondent véritablement aux
responsabilités qui leur sont demandées. D'autre part, nous
savons que la Commission de la fonction publique étudie actuellement,
est à re-viser ces salaires des cadres supérieurs.
Nous espérons qu'il sera possible de leur accorder des
traitements qui sont dans la ligne de pensée de ce que vient de
mentionner le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. LEVESQUE (Laurier): En fait, on peut candidement dire une
chose dont le député de Notre-Dame-de-Grâce aussi bien que
moi, dans l'autre domaine plus ou moins connexe, nous avons été
conscients. Rapidement, inévitablement. Nous voulons donner un coup de
main au ministre, nous savons que ça peut être dif-
ficile ces hausses-là. Il y a une vieille mentalité qui
s'y oppose, il y a une vieille sclérose dans la façon de
considérer l'administration publique qui fait que, par rapport au
recrutement nécessaire, je sais que le ministre en est conscient, mais
c'est quelque chose de scandaleux à cause des résultats que
ça donne. On demande à des gens d'être des apôtres
s'ils sont compétents ou alors on se condamne à recruter des
médiocrités, alors que le gouvernement avec un budget de $413
millions par année c'est un chiffre d'affaires de $413 millions
est administré non seulement en broche a foin mais comme une
toute petite entreprise du coin, qu'on appelle à peine moyenne dans une
petite ville. Avec $413 millions, par rapport aux besoins de compétence
qu'il a, et ça, je crois qu'à toutes fins pratiques on ne peut
pas le souligner suffisamment parce que c'était une des choses
auxquelles on s'est heurté durant les quelques mois seulement
d'administration d'un ministère d'une telle importance. Probablement que
le ministre a les mêmes problèmes, mais, il faudrait quand
même défoncer ces vieilles barrières de mesquineries dans
l'administration publique, qui empêchent le recrutement de gens
compétents en nombre suffisant parce que ça, c'est caricatural et
on est tous conscients.
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est un bel aveu
d'incompétence du précédent gouvernement qui n'a pas su
améliorer une situation que je considère...
M. LEVESQUE (Laurier): Pour cette fois-ci, on n'a pas fait
allusion à quoi que ce soit et si le député de Montmorency
veut reprendre ce ton-là, avec le talent qu'il a pour déformer
toutes les questions, en particulier des questions où le Québec a
des besoins, où des représentants publics de son espèce
sont une catastrophe ambulante, on peut entrer sur ce terrain-là. Mais,
ça ne servirait pas à grand-chose.
M. TREMBLAY (Montmorency): On peut répondre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. KIERANS: Si je peux répondre au député de
Montmorency, ça regarde bien plus que...
M. TREMBLAY (Montmorency): Nous perdons notre temps.
M. KIERANS: ... l'ancienne administration. Les progrès
accomplis depuis quelques années à ce titre ont été
prodigieux. Ainsi, par exemple, je peux citer les chiffres de 1961
jusqu'à 1965. Le taux des salaires horaires s'est accru en moyenne de
12% par an. C'est commencé avec les salaires que nous avons
trouvés en 1960 et 1961. Ce n'est pas ici. Le rattrapage maintenant est
peut-être accompli, mais le commencement était assez mauvais.
M. LEVESQUE (Laurier): Il faut juste souligner au
député de Montmorency qu'on vit dans un monde où les
administrateurs privés gagnent deux ou trois fois le salaire pour des
responsabilités correspondantes, et où des médecins
gagnent au moins autour de $30,000 ou $40,000. Je crois qu'il en est conscient,
dans un monde où l'on traite de problèmes médicaux.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je pense qu'il y a quelque chose de
mieux à faire que ce que vous avez fait en tout cas.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela, c'est sûr. Mais, vous
n'êtes pas partis en ce sens.
M. CLOUTIER: M. le Président, je n'aurais qu'une autre
considération à ajouter. Pour avoir été en contact
avec l'entreprise privée, le domaine industriel, je comprends que si
l'on veut aller chercher du côté de l'entreprise privée des
gens compétents dont nous avons besoin, il est important, il est urgent
que nous assurions aux cadres supérieurs, aux gens que nous appelons
à des responsabilités dans le domaine de l'administration
gouvernementale, que nous puissions leur assurer des conditions de travail
assez intéressantes. Certainement, à ce point de vue là,
il y a eu une période de rattrapage à faire et il faut que cette
période se fasse, se poursuive, s'achève le plus rapidement
possible, afin que nous conservions, non seulement à l'intérieur
du gouvernement, mais à l'intérieur des hôpitaux, des gens
qui administrent des budgets très considérables. Alors, que nous
conservions également à ces postes de direction
générale dans nos hôpitaux, des gens compétents dont
nous avons besoin. Le ministère de la Santé seul ne pourra pas
véritablement rencontrer les exigences de l'administration moderne des
budgets.
Il faudra avoir à l'intérieur des hôpitaux la
collaboration de gens compétents comme il nous la faudra
également, à l'intérieur du ministère de la
Santé. Et pour ma part, je suis conscient de l'importance qu'il y a de
rémunérer adéquatement des gens qui sont compétents
et qui acceptent l'invitation de venir travailler dans le fonctionnarisme
provincial.
M. KIERANS: M. le Président, le ministre a dit
tantôt que, par exemple, les barèmes des vérificateurs sont
augmentés jusqu'à $11,500. Voici une contradiction: M. Lessard
qui est chargé de régler la division administrative gagne
à peu près $12,000 et il est responsable avec l'administration,
de toute l'assurance-hospitalisation. Cependant, il gagne presque le même
salaire que certains vérificateurs. Peut-être, avons-nous
passé cet article, mais je veux en même temps souligner le fait
que je considère que les sous-ministres qui travaillent pour le
gouvernement ont droit à une augmentation; à $30,000 ou $35,000
aussi. Pour les députés, on peut...
M. LE PRESIDENT; Est-ce que l'article 1 du poste budgétaire 1 est
adopté?
M. KIERANS: Oui.
M. LE PRESIDENT: Nous passons au sous-article 2 de l'article 1 du
poste budgétaire 2. Frais de voyage.
M. KIERANS: Eh bien, ce sont principalement les dépenses
des vérificateurs.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 3, frais de bureau
et autres dépenses, $24,000, rien. Adopté. Sous-article 4,
matériel, articles de bureau, adopté. Sous-article 5, traitement
électronique des données, adopté.
M. GOLDBLOOM: A quelles fins servent des données
traitées électroniquement actuellement? Est-ce que c'est
simplement un contrôle statistique pour fins budgétaires ou est-ce
qu'il y a là-dedans des données sur la qualité de la
pratique médicale, profil de certains hôpitaux quant à
l'exercice de la médecine à l'intérieur de cette
institution?
M. CLOUTIER: Nous avons actuellement des renseignements surtout
pour fins budgétaires mais, de plus en plus, les renseignements qui nous
parviendront et que nous utiliserons permettront d'interpréter le
rendement des hôpitaux; et dans l'ordre d'idées que vous
mentionnez, évidemment, il serait très utile au ministère
de la Santé de posséder de plus en plus des analyses statistiques
du rendement de chacun de ces hôpitaux. Alors, c'est dans ce
sens-là que va s'orienter notre collaboration avec le traitement
électronique des données.
M. LE PRESIDENT: Alors adopté?
M. GOLDBLOOM: Pas encore, M. le Président, je m'excuse.
Est-ce qu'alors on a des statistiques sur la fréquence de...
M. CLOUTIER: Oui, nous avons certaines statistiques. Nous en
avons sur la durée moyenne des séjours dans les hôpitaux,
c'est une des données principales dont on a le plus besoin parce qu'elle
a une influence directe sur le coût... Nous l'avons par diagnostic, nous
l'avons par médecin. Nous avons l'origine de chaque patient, chaque
malade, et ainsi sur le passage de ce patient à l'hôpital, combien
de jours...
M. GOLDBLOOM: Alors, vous avez des statistiques sur la
fréquence de certaines interventions chirurgicales, par hôpital,
par exemple.
M. CLOUTIER: J'ai visité, en compagnie du ministre d'Etat
et des officiers, plusieurs hôpitaux et l'on constate, avec plaisir, que
de plus en plus on se rend compte dans les hôpitaux de l'importance de
ces statistiques. Dans certains hôpitaux, j'ai vu moi-même des
tableaux où l'on donnait certaines courbes, le rendement, l'utilisation
des locaux, l'utilisation des salles.
Ils avaient des statistiques également par médecin. Alors
je pense que, pour le bureau médical, c'est un indispensable outil de
contrôle du rendement des médecins à l'intérieur de
l'institution.
M. GOLDBLOOM: Or, le ministère fournit-il ces chiffres aux
hôpitaux, aux bureaux médicaux, sur demande?
M. CLOUTIER: A quels chiffres faites-vous allusion?
M. GOLDBLOOM: Sur la fréquence de certaines
interventions.
M. CLOUTIER: Sur demande, nous fournissons des chiffres à
l'hôpital, et il arrive, à l'occasion de la discussion des
budgets, que nous donnions à des hôpitaux, que des
précisions sur les statistiques soient apportées, afin de
convaincre les hôpitaux d'atteindre le plus tôt possible certaines
normes.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministère a sévi contre
certains hôpitaux, parce que ceux-ci ne rencontraient pas les normes
statistiques?
M. CLOUTIER: Les conséquences des hôpitaux qui ne
rencontrent pas les normes quand il
s'agit des budgets, nous en avons discuté tout à l'heure.
Et quand il s'agit de normes statistiques, il n'y a pas de contrainte, mais
nous espérons que les hôpitaux vont nous donner la collaboration
voulue. Je pense que le langage des statistiques est suffisamment
éloquent, quand nous le présentons aux hôpitaux, et je
pense qu'à l'heure actuelle nous ne l'avons pas rendu public d'une
façon générale. Mais, il y aura peut-être lieu, en
certaines circonstances de donner publiquement certaines statistiques qui
amèneront des hôpitaux à se pencher particulièrement
sur certains problèmes importants.
M. GOLDBLOOM: Est-ce qu'il arrive alors que les
représentants du ministère je ne parle pas de rendre
nécessairement les chiffres publics disent à un
hôpital: Vous gaspillez les fonds publics, ou vous cherchez à
gaspiller les fonds publics?
M. CLOUTIER: Bien, disons que nous n'employons pas l'expression,
mais le sens y est.
M. GOLDBLOOM: Il y a eu une politique au début de
l'existence de ce service au ministère de transmettre au collège
des médecins, dans le cas des médecins, et aux autorités
des autres professions, sans doute dans leur cas, des données qui
indiquaient une mauvaise pratique de la médecine de la part de certains
médecins, surtout dans certains petits hôpitaux où la
pratique de la médecine reste entre les mains de deux ou trois
personnes. Est-ce que cette politique existe toujours au ministère?
M. CLOUTIER: M. le Président, quand des plaintes nous
arrivent au ministère de la Santé, concernant l'acte
médical, ces plaintes sont référées au
collège des médecins.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas exactement le sens de ma question, M.
le Président. Il est arrivé que M. le sous-ministre ait
attiré l'attention du collège des médecins sur certains
manquements à la bonne pratique de la médecine, qui
étaient venus à sa connaissance parce qu'il récoltait les
statistiques. Est-ce que cela arrive encore? J'insiste un peu là-dessus
pour une raison assez simple, c'est que le collège des médecins,
comme les autres corporations professionnelles, n'est pas une
sûreté provinciale pour aller sur place dépister tous les
manquements qui existent, quand un rapport est fait d'un manquement. Or, ces
corps-là entrent en action et agissent selon le cas. Alors, ces
renseignements sont extrêmement précieux et j'irais plus loin, M.
le Président. Je pense que ces renseignements devraient être
transmis au corps professionnel plutôt que d'être conservés
au ministère, pour qu'une action convenable soit prise.
M. CLOUTIER: Nous sommes d'accord, M. le Président. De
plus en plus nous utiliserons la statistique, au ministère de la
Santé, de façon à inciter les hôpitaux à
accroître la qualité de leur rendement, non seulement en ce qui
concerne leur acceptation et les limites du budget, mais également en ce
qui concerne le domaine du particulier.
M. GOLDBLOOM: Et la qualité des soins. M. LE PRESIDENT:
Article adopté?
M. BOURASSA: Vous vous en servez aussi pour planifier les
achats.
M. CLOUTIER: L'électronique...
M. BOURASSA: Pour les statistiques, l'électronique.
M. CLOUTIER: D'ailleurs vous constatez chaque année, du
moins cette année, qu'il y a une utilisation plus accentuée de
l'électronique.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 5 adopté. Sous-article 6;
études, recherches et enquêtes.
M. KIERANS: Est-ce que le ministre peut nous donner les
détails sur une augmentation de $20,000 à cet article?
M. CLOUTIER: M. le Président, il y a $100,000 pour le
comité d'étude des tâches des hôpitaux, faisant suite
à la convention collective signée avec les hôpitaux. Alors
il y a $100,000 d'affectés à cette tâche qui est
précise.
M. GOLDBLOOM: Mais les tâches des employés...
M. CLOUTIER: Les emplois d'hôpitaux, le résultat de
la convention collective de l'article 3006.
M. KIERANS: Cela veut dire qu'il y a une reclassification de
certaines...
M. CLOUTIER: Oui, c'est une tâche qui a été
entreprise, une tâche qui n'avait jamais été faite alors
et, dans le règlement, dans l'entente il a été
prévu une somme de $100,000, de concert avec les syndicats, pour faire
cette évaluation des tâches.
M. GOLDBLOOM: Est-ce qu'il y a des personnes qui font des
études ou des recherches à même les données du
traitement électronique dont on vient de parler? Est-ce que ces
données servent à des recherches, à l'intérieur du
ministère?
M. CLOUTIER: Bien, en ce qui concerne l'article, c'est 215. Le
député fait allusion à 215: il y a $268,000...
M. GOLDBLOOM: Je faisais surtout allusion à 216, pour
demander si les études et recherches et enquêtes qui y sont
spécifiées ont une relation avec les données du traitement
électronique de l'article précédent.
M. BOURASSA: Vous avez $50,000 aussi.
M. CLOUTIER: Il reste $30,000. Il y a $100,000 pour le
comité d'étude des tâches, la convention collective. Il a
$30,000 qui est consacré à tous les autres comités du
ministère, aux comités auxquels on a fait allusion, au
comité de mécanographie, comité de radiologie, diagnostic,
thérapeutique, recherches de laboratoire, arbitrage ou tous les autres
comités du ministère se partagent la somme de $30,000.
M. BOURASSA: Cela je comprends. Mais les $50,000 que vous voyez,
si je peux un peu anticiper à l'article 18, le même article,
études, recherches, et expertises pour les hôpitaux du
ministère, est-ce qu'il y a une combinaison avec...
M. CLOUTIER: Non, M. le Président... M. BOURASSA: Eh bien,
d'accord.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas la même chose, je donnerai les
explications quand...
M. LE PRESIDENT: Sous-article 7. Sous-article 6
adopté.
M. KIERANS: N'avez-vous pas été
généreux, qu'est-ce que c'est que les $10,000?
M. CLOUTIER: Ah! c'est une bourse pour une étudiante, Mlle
Domingue, qui étudie pour un baccalauréat en nursing.
M. BOURASSA: Un cas particulier?
M. KIERANS: Est-ce qu'on ne peut pas en trouver d'autres?
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'elle est bien?
M. CLOUTIER: Elle est en relief. M. LEVESQUE (Laurier): Elle
doit
M. CLOUTIER: C'est une de nos employés de plusieurs
années, de dix ou onze ans. Alors elle a fait preuve de
persévérance et...
M. LEVESQUE (Laurier): Elle a mérité d'être
inscrite dans la petite histoire des crédits.
M. BOURASSA: Une décision du ministre.
M. LE PRESIDENT: Article 3. Unités sanitaires.
M. KIERANS: Les remboursements...
M. CLOUTIER: Ah! les remboursements...
M. KIERANS: ... ce sont les...
M. CLOUTIER: ... les tierces responsabilités.
M. LE PRESIDENT: Article 3, unités sanitaires.
M. LEVESQUE (Laurier): Il est minuit.
M. LE PRESIDENT: Il faudrait qu'Us nous avertissent quand cesser,
cela continue à la Voirie.
M. KIERANS: Oui, mais c'est à vous de décider, M.
le Président, parce que j'ai averti quelques
députés...
M. LEVESQUE (Laurier): Mais nous devons proposer l'ajournement,
sinon il peut arriver une chose qui serait désagréable pour tout
le monde, comme on en a déjà eu l'expérience, c'est que si
on veut abuser, ce n'est pas notre faute si la session n'a pas avancé
très vite, c'est la faute de tout le monde, mais ce n'est toujours pas
la nôtre.
M. LE PRESIDENT: D'accord!
M. LEVESQUE (Laurier): Et si on veut abuser des prolongements,
c'est curieux, on va peut-être perdre plus de temps qu'on va en gagner,
d'accord?
M. LE PRESIDENT: Des menaces?
M. LEVESQUE (Laurier): Non, c'est seulement l'expérience
vécue.
M. BOIVIN: C'est toujours sa façon de procéder.
M. LEVESQUE (Laurier): Pardon?
M. BOIVIN: C'est toujours votre façon de
procéder.
M. LE PRESIDENT: Des menaces?
M. TREMBLAY (Montmorency): Toujours des menaces.
M. LEVESQUE (Laurier): Si vous n'étiez pas si
nouveau...
M. BOUSQUET: Des insinuations.
M. LEVESQUE (Laurier): ... vous auriez vu la réaction de
vos ainés quand c'est arrivé.
M. BOIVIN: Bien, peut-être.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est une triste expérience.
UNE VOIX: Apportons le progrès!
M. LEVESQUE (Laurier): Non, des menaces dans le genre des menaces
aux fonctionnaires du député de Montmorency, je n'en fais
pas!
(Séance du 2 juin 1967)
(Onze heures et trente-cinq minutes de la
matinée)
M. LUSSIER (président du comité des
crédits): Alors messieurs, à l'ordre! Nous
commençons.
M. KIERANS: Article 3.
M. LE PRESIDENT: Article 3 - Unités sanitaires.
M. KIERANS: Voici, M. le Président, les traitements et les
indemnités. On voit une augmentation de personnel assez
considérable. Est-ce qu'on peut avoir les explications?
M. CLOUTER: Oui, M. le Président, voici. La cause
principale de cette augmentation, c'est le programme d'hygiène scolaire.
C'est un programme qui sera réalisé sur une période de
trois années et qui comprend l'engagement de personnel additionnel. Les
effectifs autorisés pour 67/68 comprennent 111 médecins, 67
dentistes, 7 diététistes, 689 infirmières, 103 inspecteurs
sanitaires, 114 agents de bureau, 54 commis et 23 autres personnes pour donner
un total de postes autorisés de 1,168.
Alors, pour compléter l'information, j'ajouterai en ce qui
concerne spécifiquement l'engagement de personnel additionnel pour le
programme d'hygiène scolaire qui est la principale cause de l'expansion
de ce service, il y a de prévu l'engagement de 9 médecins, 4
dentistes, 65 infirmières, 2 diététistes et 14 divers
postes, ce qui donne 94 personnes additionnelles pour la mise en marche du
programme d'hygiène scolaire.
M. KIERANS: Quel salaire offrez-vous à un médecin
pour entrer dans le service des unités sanitaires?
M. CLOUTIER: Les salaires actuels sont de $9,600.
M. KIERANS: $9,000?
M. CLOUTIER: $9,600. Ils sont actuellement sous
négociation et on prévoit une augmentation à ce poste,
augmentation de traitement.
M. HOUDE: M. le Président, à quel niveau scolaire
s'adresse ce programme, quel niveau académique?
M. CLOUTER: Aux niveaux primaire et secondaire.
M. HOUDE: A la demande des commissions scolaires?
M. CLOUTIER: Avec la collaboration des commissions scolaires qui,
pour quelques-unes, avaient déjà commencé le programme
d'hygiène scolaire. Et nous voulons intégrer ce qui est
déjà commencé par les commissions scolaires sous la
direction du ministère de la Santé afin qu'il y ait une action
coordonnée, qu'il n'y ait pas de double emploi dans ce domaine.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le rapport annuel pour 1965
indique six cas où le titulaire en charge de l'unité sanitaire
était en fonction intérimaire. Est-ce que la même situation
existe aujourd'hui? Il y avait en outre trois ou quatre cas où un
médecin était en charge de plus d'une unité sanitaire.
M. CLOUTIER: Il y a encore des médecins qui ont la charge
d'une ou deux unités sanitaires. J'ai ici un tableau qui nous donne ces
cas spécifiques auxquels réfère le
député.
Il y a dans Bonaventure l'unité dirigée par
Gaspé-Est; dans Dorchester, dirigée par Lévis; dans
Gaspé-Ouest, par Matane; dans Hull, par le médecin
régional; dans les Iles-de-la-Madeleine, par le médecin
régional; dans Kamouraska, par l'Islet; dans Maskinongé, par le
médecin régional; dans Matapédia, par Mont-Joli; dans
Mégantic, par Wolfe, dans Papineau, par le médecin
régional; dans Stanstead, par Sherbrooke; dans St-Hyacinthe, par le
médecin régional; dans Témiscamingue, par Rouyn; dans
Témiscouata, par le médecin régional; et dans Yamaska, par
Richelieu. Donc, il y a quinze unités sans médecin, au 18 mai
1967, dont neuf sont dirigées par intérim par le directeur de
l'unité voisine et six par le médecin régional.
M. THEBERGE: M. le Président, est-ce que vous
prévoyez des améliorations à ce sujet-là? Pour le
comté de Témiscamingue, par exemple, nous avions toujours eu un
médecin à venir à peu près jusqu'à il y a
six ou sept ans. Maintenant, s'il y a une loi qui vous dirige, comme vous
dites, avec les distances qu'il y a chez nous, ce n'est pas pratique.
M. CLOUTIER: Bien la première phase pour obvier à
cet inconvénient, c'est une situation tout de même temporaire.
Comme première phase, évidemment, je reviens à cette
affirmation de tout à l'heure qu'il y a une amélioration de
traitement qui est désirable et sur laquelle actuellement nous portons
notre attention. Mais mes officiers me disent qu'au Témiscamingue, le
1er août, il y aura un médecin régional. Un médecin
attaché à l'unité sanitaire de Rouyn.
M. THEBERGE: Bonne nouvelle! M. KIERANS: A quel salaire?
M. CLOUTIER: Bien, c'est dans la ligne des salaires dont j'ai
fait mention tout à l'heure.
M. KIERANS: Est-ce qu'il est facile d'attirer les
médecins, avec leur formation, par un salaire de $9,600?
M. CLOUTIER: Ce n'est pas facile, M. le Président, dans
les conditions de salaire actuelles, d'attirer des médecins à
plein temps pour ce programme à l'intérieur des unités
sanitaires, dans le programme d'hygiène. Mais, je répète
ce que j'ai dit tout à l'heure. Il y a sur la table le problème
de l'amélioration des conditions de travail parce que nous savons, il
est admis que si nous voulons assurer le recrutement d'hommes qualifiés
et d'hommes qui seront un actif pour le ministère de la Santé,
pour la médecine préventive, je pense qu'ils devront tout de
même bénéficier de conditions de travail acceptables.
M. KIERANS: Certainement. Si nous sommes sérieux, il faut
donner aux médecins au moins un salaire qui est concurrentiel avec ce
qu'ils peuvent gagner dans les grands centres. Par exemple, on m'a dit que le
Dr Quimper a démissionné de son poste de médecin dans la
ville de Rimouski. Il y a peut-être deux ans. Est-ce qu'on a
remplacé le Dr Quimper?
M. CLOUTIER: La question vient à propos, le Dr Quimper a
été remplacé hier...
M. KIERANS: Après deux ans?
M. CLOUTIER: ... par le Dr Desmeules, qui a
complété son cours d'hygiène.
M. SAINT-GERMAIN: Quel âge a le Dr Desmeules?
M. CLOUTIER: A peine trente ans.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce qu'il vient de terminer ses
études ou si...?
M. CLOUTIER: Il vient de terminer son cours d'hygiène
publique.
M. SAINT-GERMAIN: A-t-il fait de la médecine
générale auparavant?
M. CLOUTIER: Il avait son cours de médecine, mais...
M. SAINT-GERMAIN: Il n'a jamais pratiqué?
M. CLOUTIER: Il n'a pas pratiqué avant de prendre son
diplôme d'hygiène publique.
M. SAINT-GERMAIN: Lorsque vous engagez des médecins comme
ça, est-ce que ce sont habituellement de jeunes médecins ou si ce
sont habituellement des gens qui sont à la fin de leur
carrière?
M. CLOUTIER: Ce que le ministère de la Santé essaye
de recruter, ce sont des médecins qui n'ont pas 40 ans et qui ont autant
que possible quelques années de pratique.
M. SAINT-GERMAIN: Je me demande, réellement, ce qui peut
amener un médecin à travailler dans des conditions semblables si
le médecin a déjà pratiqué privément. Il
devrait certainement avoir des raisons personnelles, il devrait y avoir
certainement certaines raisons qui sont communes, il me semble à ces
médecins qui s'engagent pour des salaires aussi peu
élevés.
M. CLOUTIER: Jusqu'à maintenant, nous admettons que les
conditions de rémunération n'étaient pas satisfaisantes.
J'imagine que d'autres raisons (que je suis prêt à admirer) ont
poussé des médecins à travailler dans des conditions pas
tellement faciles. Disons que d'autres motivations plus nobles ont pu les
pousser à exercer une sorte d'apostolat au ministère.
M. SAINT-GERMAIN: Je veux bien croire qu'il y a certainement des
gens qui, pour des nobles motifs, veulent travailler comme cela dans
l'intérêt de la société mais comme de nos jours, les
apôtres sont de moins en moins nombreux, il doit y avoir certainement
d'autres raisons aussi.
M. CLOUTIER: Non, voici, M. le Président... M. BOIVIN: Il
y en a encore de cela.
M. CLOUTIER: ... je ne sais pas quelles sont les raisons qui ont
pu pousser les médecins à accepter de travailler ainsi. A tout
événement, nous constatons un fait, c'est que les conditions de
rémunération ne sont pas satisfaisantes. Le problème est
actuellement sous revision et nous espérons qu'incessamment, des
conditions de travail beaucoup plus généreuses pourront
être offertes aux médecins qui viendront travailler dans ce
domaine, parce que nous en avons besoin. Le gouvernement est conscient de
l'importance de la médecine préventive et je pense que c'est
encore la forme, le développement de la santé, qui est la plus
rentable étant beaucoup plus économique que la médecine
curative ou la médecine thérapeutique. Je pense que partout
où il est possible d'exercer une action très directe et
très efficace dans le domaine de la prévention, le gouvernement
ne doit pas ménager ses efforts dans ce domaine. Si les conditions de
travail, actuellement, sont une des objections au recrutement d'un personnel
qualifié, je pense que nous devons nous appliquer à
résoudre le plus tôt possible, ces difficultés...
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, je suis un petit peu
surpris que le ministre dise si ces conditions de travail peuvent être un
inconvénient à engager un personnel compétent, je
crois...
M. CLOUTIER: Elles le sont.
M. SAINT-GERMAIN: ... elles le sont...
M. CLOUTIER: J'emploie le si dans le sens d'une incidence que
nous acceptons.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que, maintenant, vous prévoyez
changer ces conditions dans les semaines ou les mois qui vont suivre?
M. CLOUTIER: Incessamment, nous attendons les rapports, la
négociation, qui nous permettra de reviser toutes ces échelles de
salaire.
M. BINETTE: M. le Président, quant aux services fournis
par les unités sanitaires, est-ce que vous pourriez dire quels sont les
services actuellement?
M. CLOUTIER: C'estleprogrammed'hygiê-ne scolaire qui,
définitivement... Bien à part l'hygiène scolaire, ce sont
les mêmes services de prévention et de détection qui sont
reconnus.
M. BINETTE: Pour l'intérêt des membres du
comité, est-ce que vous pourriez dire quels sont les services
actuellement fournis?
M. CLOUTIER: Une brève description, je pense,...
M. BINETTE: Oui, oui.
M. CLOUTIER: ... sur la question du travail des unités
sanitaires, va donner satisfaction au député. On décrit
comme suit la fonction. « Les unités s'occupent d'hygiène
maternelle et infantile et d'hygiène scolaire. Elles assurent le
contrôle de la contagion, elles veillent à la salubrité
publique, elles surveillent la collection des statistiques vitales, enfin elles
éduquent la population dans le domaine de la santé. Ce rôle
d'éducation est très important.
M. VAILLANCOURT: Quel est le rôle du médecin en ce
qui concerne les plaintes de l'hygiène scolaire?
M. CLOUTIER: En ce qui concerne, pardon?
M. VAILLANCOURT: L'hygiène scolaire. Quel est le
rôle de l'unité sanitaire en ce qui concerne l'hygiène
scolaire? Quel est le travail qu'ils font dans les écoles?
M. CLOUTIER: Il fait l'examen médical de
l'élève. A la suite de cet examen médical, s'il
décèle des anomalies, il réfère l'enfant au
médecin de famille et également on pourrait ajouter qu'il dirige
les services des infirmières.
M. VAILLANCOURT: Il dirige les services...
M. CLOUTIER: Des infirmières.
M. VAILLANCOURT: ... des infirmières. Est-ce qu'ils font
l'inspection des dents aussi ou bien si c'est le dentiste qui fait
ça?
M. CLOUTIER: Cela fait partie des unités, du travail des
unités sanitaires.
M. VAILLANCOURT; C'est fait ça, par les infirmières?
M. CLOUTIER: Par les dentistes qui sont attachés aux
unités sanitaires.
M. HOUDE: Etant donné qu'il n'y a aucune
législation à ma connaissance concernant l'hygiène dans le
domaine, dans un domaine qui m'intéresse en particulier, celui des camps
de vacances, est-ce qu'il serait possible - c'est une suggestion très
modeste - que dans un territoire donné, là où il y a une
unité sanitaire, des représentants de l'unité sanitaire
puissent faire un relevé des camps de vacances dans ce territoire? Ce
qui est très facile à faire, soit par l'association des camps,
soit par le ministère de l'Education et peut-être à la
demande des camps étant donné qu'il n'y a pas de
législation.
Je ne pense pas qu'on puisse obliger... Mais je rêve du jour
où il y aura une loi qui obligera certains organismes qui ont à
coeur l'éducation des enfants durant l'été, obligera,
dis-je certains organismes, certains camps en particulier à se soumettre
à certaines normes élémentaires de l'hygiène, tant
dans le domaine de la sécurité qui fait partie de la grande
famille de l'hygiène que dans le domaine, par exemple, des
facilités les plus simples et également dans le domaine de la
nourriture, dans le secteur de la propreté? Est-ce que c'est
possible?
M. CLOUTIER: Alors à la demande de la direction du camp,
des visites sont faites par l'unité sanitaire pour s'assurer de la
salubrité des aliments et des lieux...
M. HOUDE: Sans l'accord.
M. CLOUTIER: Mais je comprends ce que le député
veut dire, que ça soit systématisé, que ça soit
inscrit dans des législations et je pense qu'actuellement...
M. HOUDE: Parce que le camp, M. le ministre, qui va demander
votre visite répond ordinairement, est conscient des normes à
suivre au point de vue de la propreté, au point de vue de la grandeur
des dortoirs, de la ventilation, de la sécurité aquatique, etc.
Mais je pense bien que les camps qui ne répondent pas à ces
normes...
M. CLOUTIER: En ce qui concerne... M. HOUDE: ... n'en feront pas
la demande.
M. CLOUTIER: ... en ce qui concerne l'aménagement. Ce qui
relève du ministère de la Santé habituellement en dehors
aussi des camps d'enfants, comme la question de l'eau, la qualité de
l'eau, l'inspection par le ministère de la Santé est
systématique. Ce qui ne l'est pas, ce sont les visites qui sont faites
pour les enfants, pour leur faire subir...
M. HOUDE: D'accord, mais même là, la question de
l'eau, personnellement je suis propriétaire d'un camp de vacances et je
dois vous avouer que je n'ai jamais reçu la visite de qui que ce soit
pour venir inspecter l'eau, pour
venir vérifier si je ne faisais pas dormir, je ne sais pas moi,
25 enfants dans un espace de 10 par 10 avec ou sans fenêtres. Il n'y a
jamais personne qui est venu chez nous pour vérifier la qualité
de la nourriture, la ventilation, la réfrigération des viandes,
etc., et je me demande si le ministère de la Santé ne pourrait
pas le faire à l'occasion d'un travail d'inspection fait peut-être
par une unité sanitaire dans un territoire. Il y en a très
peu.
Chez nous le camp est dans le comté de Papineau. J'imagine qu'il
y a une unité sanitaire dans le comté de Papineau. Or, si dans ce
comté-là il y a quatre ou cinq colonies de vacances, il me semble
que ça serait assez facile d'envoyer au cours de l'été
quelqu'un de responsable pour venir voir ce qui se passe, venir inspecter et
faire un rapport. Et, à ce moment-là, faire des
réprimandes même s'il n'y a pas de loi, dire; Ecoutez, vous
ambitionnez un peu, il y en a 50 qui couchent dans une salle de 10 par 15, il y
a une fenêtre, vous n'avez pas d'extincteur chimique, etc., etc.
Je sais que ça se fait malheureusement. Je pense que le
ministère de la Santé pourrait rendre un fichu de service
à des milliers de jeunes et surtout à des milliers de parents qui
seraient quand même rassurés. C'est une suggestion et je pense que
c'est important.
M. CLOUTIER: Je pense que, dans ce domaine-là, l'action du
ministère de la Santé devra se conjuguer avec celle du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, surtout au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
éventuellement la section du service du loisir; de toute façon f
accepte la suggestion du député à l'effet que, du
côté des camps de vacances, il devra y avoir une action
concertée de tous les ministères, afin qu'il y ait des
inspections et que la santé publique soit protégée, afin
d'apporter un complément à ce que ces camps de vacances peuvent
apporter aux enfants dans tous les domaines que l'on connaît, que cette
action puisse être complétée, que le ministère de la
Santé, éventuellement le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche peut lui aussi apporter. Alors, dans ce
domaine-là, l'action va certainement...
M. BINETTE: M. le Président, pour revenir dans l'ordre,
est-ce qu'il est question d'agrandir l'unité sanitaire des
Deux-Montagnes depuis quelques années? Est-ce que vous savez si
l'agrandissement a été fait? Je sais que le médecin
hygiéniste se plaint énormément du manque d'espace. Il
veut donner un service évidemment en conséquence. Le service en
souffre.
Alors, est-ce qu'il y a des prévisions pour agrandir le local
où se trouve l'unité sanitaire, actuellement? Je sais que c'est
un local loué, mais on avait demandé au ministère
d'agrandir ce local-là et de payer le loyer en conséquence,
alors, est-ce qu'il y a eu quelque chose de fait?
M. CLOUTIER: Mes officiers me disent que le projet est en
marche.
M. BINETTE: Le projet est en marche.
M. KIERANS: M. le Président, combien de médecins
travaillent-ils pour ce service-là, comparativement à
l'année dernière?
M. CLOUTIER: Le 17 mai 1967, M. le Président, il y avait
96 médecins sur la liste de paie des unités sanitaires; il y a eu
deux décès et deux remplacements. C'est donc dire que nous
aurions cette année à peu près le même nombre de
médecins que l'an dernier.
M. GOLDBLOOM: Et sur ce nombre, M. le Président, combien
sont-ils à temps complet et combien à temps partiel?
M. CLOUTIER: Sur 96, M. le Président, il y en a dix qui
sont à temps partiel.
M. GOLDBLOOM: Ce qui représente une baisse sur 1965
certainement. Est-ce que cela constitue une baisse progressive?
M. CLOUTIER: Eh bien, il y a une baisse...
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons pas les chiffres ici pour 1966.
M. CLOUTIER: Ce que je vous donne, c'est le 17 mai 1967.
M. GOLDBLOOM: Bon.
M. CLOUTIER: Il y a eu une baisse de 6.
M. GOLDBLOOM: Bon, très bien. Sur ce nombre de 96, combien
sont des hygiénistes diplômés?
M. CLOUTIER: Une proportion de 80% sont des hygiénistes
diplômés.
M. KIERANS: M. le Président, combien de dentistes
travaillent-ils dans le service?
M. CLOUTIER: Il y en a 61, le 17 mai 1967.
M. KIERANS: L'année dernière?
M. CLOUTIER: Sensiblement le même nombre.
M. KIERANS: Est-ce que je peux citer la lettre signée par
le ministre, le 22 août?
Docteur J. L'Archevêque, 5335 Monseigneur Dubé, Thetford
Mines. « Docteur,
La présente est pour vous aviser que le directeur du service
d'hygiène dentaire publique a décidé d'abolir le poste de
dentiste à temps partiel à l'unité sanitaire de
Mégantic, et, ce à compter du 25 août. Vos services ne
seront donc plus requis, à compter de cette date.
Bien à vous,
Jean-Paul Cloutier Ministère de la Santé. »
M. KIERANS: Est-ce que vous avez remplacé de docteur?
M. CLOUTIER: Il a été remplacé par un
médecin à plein temps.
M. KIERANS: Un dentiste à plein temps, quand? J'ai
reçu une lettre de Thetford Mines, il y a un mois, dans laquelle un
monsieur se plaint qu'il est excessivement injuste pour le comté de
Mégantic de ne pas avoir un dentiste à plein temps comme cela
existe dans à peu près toutes les autres unités sanitaires
de la province. Il n'y a apparemment aucun remplacement.
M. CLOUTIER: Le dentiste du comté voisin fait tout le
travail de l'unité sanitaire du comté de Mégantic.
M. KIERANS: Dans ce cas, il n'y a aucun dentiste qui travaille
à plein temps...
M. CLOUTIER: Bien, c'est le dentiste voisin qui...
M. KIERANS: ... vous avez jumelé...
M. CLOUTIER: ... comme pour les médecins, ce que je vous
ai donné au tout début de mes remarques. Alors c'est un dentiste
qui travaille à plein temps pour l'unité sanitaire du
comté de Mégantic tout en demeurant dans le comté
voisin.
M. KIERANS: Il habite le comté voisin mais il n'exerce
pas...
M. CLOUTIER: Il n'exerce pas dans le comté où il
demeure, il exerce dans le comté de Mégantic à plein
temps, comme dentiste.
M. KIERANS: Quel est son nom? J'aimerais avoir son nom, son
âge, et son expérience?
M. VAILLANCOURT: Est-ce que le dentiste qu'il y avait à
l'unité sanitaire de Stanstead est encore là?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a un autre genre de question en
attendant le retour de...
M. THEBERGE: M. le Président, est-ce que vous pouvez me
donner les salaires de base des dentistes qui sont engagés soit à
plein temps, soit à temps partiel?
M. CLOUTIER: Juste un instant.
M. THEBERGE: Je pense que nous avons le même
problème. C'est une profession tellement noble que cela
m'intéresse évidemment.
M. CLOUTIER: Je comprends le député.
M. HOUDE: En attendant ces réponses, M. le ministre, quels
sont les critères et ensuite quelle est la procédure pour obtenir
du ministère, l'établissement d'une unité sanitaire dans
un district donné, dans une région donnée? Comment doit-on
procéder?
M. CLOUTIER: Il y a actuellement 73 unités sanitaires en
service et il y a 17 bureaux pour 90 établissements au total.
M. HOUDE: Vous n'avez pas répondu à ma question, je
vais être plus précis. Nous avons dans la ville de Laval 200,000
de population. Il n'y a qu'une seule unité sanitaire. Nous n'avons pas
d'hôpital, et l'unité sanitaire est située à
l'extrémité ouest de l'Ile Jésus, c'est-à-dire
Chomedey.
Maintenant qu'il y a deux comtés sur l'île Jésus,
que Fabre existe, j'aimerais savoir quels sont les critères ou quelle
est la procédure pour pouvoir obtenir une unité sanitaire dans la
partie est de l'île qui a au moins 100,000 de population?
M. CLOUTIER: La première étape, M. le
Président, c'est que la demande soit faite au ministère de la
Santé, représentant qu'il y a des besoins et que les ressources
qui existent actuellement ne sont pas suffisantes. Alors, à ce
moment-là, le ministère de la Santé, le service de
direction des unités sanitaires verra à examiner le
bien-fondé de la demande. Evidemment, étant donné le
chiffre de la population, et si les besoins à combler et toutes les
autres considérations qui peuvent entrer en ligne de compte le
justifient, alors le ministère de la Santé décide
l'ouverture possible d'une unité additionnelle à
l'intérieur de cette unité géographique qu'a
mentionnée le député, qu'est la ville de Laval.
M. HOUDE : Ce n'est pas plus compliqué.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas plus compliqué que ça. Il
faut que la demande soit faite au ministère de la Santé qui verra
à faire une étude spéciale des besoins de la
région.
M. HOUDE: Cette demande peut être faite par le
député ou par un groupe de parents ou un groupe de
médecins ou quoi?
M. CLOUTIER: Le député autant que n'importe quel
citoyen de son comté est habilité certainement à souligner
au ministère de la Santé les besoins de sa région.
M. HOUDE: Merci.
M. BINETTE : M. le Président, je ne sais pas si ma
question se rapporte à l'article en question, mais ça se rapporte
aux inspecteurs sanitaires. C'est peut-être à l'article 4
ça, je vous le dirai. C'est la question des dépotoirs,
l'inspection, quand on installe...
M. LE PRESIDENT: Là nous sommes à l'article 3, au
sous-article 1, traitements et indemnités. Si vous voulez attendre
à l'article en question.
M. VAILLANCOURT: J'ai un renseignement à demander.
M. CLOUTIER: Un instant, si vous voulez, on va répondre
à la question du député de Notre-Dame-de-Grâce pour
Mégantic. Le dentiste en fonction est le Dr Lévis Doyon.
M. KIERANS; Oui, son âge et son expérience?
M. CLOUTIER: Alors les autres renseignements on va les avoir dans
un instant. Le député de...
M. THEBERGE: Je voudrais savoir le sa- laire de base des
dentistes employés à plein temps et employés à
temps partiel, deux jours par semaine je pense.
M. CLOUTIER: Nous aurons également les informations dans
quelques instants. Nous y reviendrons. Mes officiers me disent qu'on vient
d'engager un dentiste à $13,500.
M. VAILLANCOURT: A quel endroit? Est-ce que vous parlez de
Stanstead?
M. CLOUTIER: Non, non. On ne parle pas de Stanstead, on parle en
général.
M. VAILLANCOURT: A quel salaire?
M. CLOUTIER: Le député de Témiscamingue
voulait savoir...
M. THEBERGE: C'est presque trop beau pour être vrai.
M. CLOUTIER: Bien, on me fournit cette information. J'admets que
c'est une amélioration sur les chiffres que j'ai donnés tout
à l'heure au sujet des médecins.
M. THEBERGE: J'admettrais que vous augmentiez les médecins
mais pas... On peut payer $10,500 ou $9,500, ce serait normal.
M. CLOUTIER: Je ne voudrais pas.
M. THEBERGE: Mais $13,000, c'est encore mieux.
M. KIERANS: C'est un peu de la discrimination.
M. GOLDBLOOM: En attendant, M. le Président, est-ce qu'on
peut aborder un autre aspect du sujet?
M. LE PRESIDENT: Toujours dans le trois-un.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LE PRESIDENT: Le trois-un est adopté.
M. CLOUTIER: M. le Président, une remarque afin qu'il n'y
ait pas de frictions entre ces deux nobles professions de la médecine et
des dentistes. Ce nouveau dentiste, qui a été engagé
à $13,500, a été engagé en vertu du nouveau plan
après intégration et les salaires qui ont été
donnés tantôt pour les médecins, c'est avant
l'inté-
gration. Alors, nous espérons que ces nouvelles échelles
rétabliront l'équilibre sain, normal entre ces deux
professions.
M. KIERANS: Mais c'est un peu curieux que des employés
dévoués depuis longtemps gagnent un salaire inférieur aux
nouveaux.
M. CLOUTIER: L'intégration va prendre en
considération les états de service, la séniorité,
l'ancienneté et toute autre considération. Alors je pense que
nous devons attendre les résultats de cette intégration avant de
porter un jugement sur sa qualité.
M. GOLDBLOOM: Je voulais demander au ministre de nous faire
rapport des activités des infirmières de colonies. Est-ce qu'il y
a une augmentation du nombre de ces infirmières, ou est-ce qu'il y a une
diminution? Est-ce qu'on a réussi, au cours de l'année, à
remplacer des infirmières de colonies par des médecins, par des
unités sanitaires?
M. CLOUTIER: En Abitibi il y a eu la fermeture de trois postes de
colonies. Il y a trois infirmières de moins, au total, qu'il y en avait;
de 94, le chiffre est réduit à 91 infirmières de
colonies.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministère offre des primes
d'éloignement aux médecins qui pourraient être
intéressés à s'établir dans de telles
régions?
M. CLOUTIER: Oui, il y a des primes d'éloignement.
M. GAUTHIER (Berthier): De combien sont-elles?
M. CLOUTIER: Aux Iles-de-la-Madeleine, qui est l'endroit le plus
éloigné, pour le médecin, la prime d'éloignement
est de $6,000.
M. GAUTHIER (Berthier): En avez-vous plusieurs?
M. GOLDBLOOM: Je croyais que c'était là le paradis
de la province de Québec
M. CLOUTIER: Il y a des paradis qui sont
éloignés.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je me permets une
suggestion au ministre. Jetons un coup d'oeil à la page 25, sur
l'énumération des services rendus par les infirmières de
colo- nies. A l'article 8: obstétrique, je vois le mot: avortement, et
dans l'autre colonne, en anglais: « abortions ». Je suggère
le mot: « miscarriage », quoiqu'il y a une définition
technique mais quand on dit « abortions », en anglais, ça
laisse l'impression que les infirmières de colonies pratiquant en dehors
des...
M. CLOUTIER: Alors, la suggestion du député sera
retenue. Le dentiste qui travaille à l'unité sanitaire de
Mégantic est le Dr Lévis Doyon, de Victoriaville, qui a 60 ans et
qui a 36 ans de pratique, qui est au service du ministère depuis le
premier juin 1955, à temps partiel et depuis le 3 novembre 1966,
à plein temps.
M. KIERANS: Dans le rapport pour 1965, on lit qu'on avait,
à ce moment-là, 75 bureaux de santé, ou unités
sanitaires, à la disposition de la population. Est-ce qu'il y a plus ou
moins de bureaux maintenant?
M. CLOUTIER: Il y en a 73, M. le Président M. KIERANS: Il
y en a 73.
M. CLOUTIER: Oui, et 17 sous-bureaux, pour un total de 90
établissements.
M. KIERANS: Quels étaient les deux bureaux qui
étaient fermés?
M. CLOUTIER: Il y a deux établissements qui étaient
connus sous le terme d'unités sanitaires, et qui sont maintenant
désignés comme sous-bureaux. Alors, il n'y a pas
d'établissements en moins. C'est l'appellation de deux postes
principaux, de deux unités sanitaires, qui, aujourd'hui, sont
appelés des sous-bureaux et qui sont compris dans les 17 que j'ai
donnés tout à l'heure: Mistassini et Arvida.
M. GOLDBLOOM: En 1965, on disait que les services offerts par ces
75 bureaux étaient à la disposition de 3,500,000 citoyens de la
province de Québec. Est-ce que ce chiffre a pu augmenter depuis?
M. CLOUTIER: Je pense que nous pouvons prendre comme point de
comparaison les mouvements de concentration urbaine. Les unités
sanitaires desservent surtout des populations mi-rurale, mi-urbaine,et au fur
et à mesure qu'il y a concentration de population dans une région
comme Montréal, qui est desservie, elle, par un bureau de santé,
un service de santé, et Québec qui est desservie par un service
de san-
té autonome. Alors, vous avez évidemment une diminution de
population desservie par les unités sanitaires au bénéfice
des populations desservies par les services de santé des villes.
Chiffres de fin d'année 1965, j'ai ici: population totale de 3,817,445
qui serait desservie par les régions où il y a des unités
sanitaires, et par les services indépendants. Il y aurait une population
de 1,646,273 y compris les villes de Québec, de Montréal et
toutes les villes qui ont leur propre service municipal de santé.
M. KERANS: Qui décide de changer le siège des
unités?
M. CLOUTER: La direction des unités sanitaires
étudie les besoins de la population du comté; s'il est
accepté qu'il serait préférable que l'unité
sanitaire, pour rendre davantage des services à la population, soit
située dans un endroit plutôt que dans un autre, dans un
comté, l'unité sanitaire autorise le déménagement
ou l'aménagement ailleurs de cette unité.
M. KERANS: Qui fait l'enquête?
M. CLOUTER: Le médecin hygiéniste local et
régional et le ministère de la Santé.
M. KERANS: On m'a dit que le siège de l'unité dans
le comté de Richmond avait été changé de Richmond
à Asbestos. Qui a fait ces recommandations?
M. CLOUTIER: L'adjoint du directeur, le Dr Quimper, adjoint du Dr
Claveau, est allé lui-même faire l'inspection dans le comté
de Richmond,
M. GOLDBLOOM: Est-ce que ce changement a soulevé des
protestations?
M. CLOUTER: Le Dr Quimper a fait un rapport à ses
supérieurs, recommandant le changement, dans le comté de
Richmond, du lieu de localisation de l'unité sanitaire.
M. KERANS: Quelle était la date de ce rapport?
M. CLOUTER: Un instant, M. le Président, le 20 septembre
1966.
M. KIERANS: 1966.
M. CLOUTIER: La demande était faite depuis plus de cinq
ans aux Travaux publics pour qu'il y ait déménagement, pour qu'il
y ait des locaux plus fonctionnels, mieux équipés dans le
comté de Richmond. Et on a cherché des locaux pendant quelques
années dans la ville de Richmond et, devant l'impossibilité de
trouver des locaux, le transfert a été autorisé dans une
autre ville du comté de Richmond soit...
M. KIERANS: Le député de Richmond m'a dit que les
locaux étaient disponibles mais, de toute façon, voulez-vous nous
lire le rapport du docteur Quimper?
M. CLOUTIER: Voici...
M. KIERANS: Et les raisons, les raisons seulement, qui justifient
sa recommandation.
M. CLOUTIER: Voici son opinion: « A mon avis il serait sage
d'envisager un futur déménagement à Asbestos.
Premièrement, à l'extrémité du comté, dans
le voisinage d'Asbestos, il y a un bloc démographique important de
quelque 17,000 âmes, soit plus du tiers de la population totale du
comté. Deuxièmement, la ville d'Asbestos me paraît
être le principal centre où forcément doivent se rencontrer
les gens aux divers besoins. Troisièmement, projet d'un futur centre
hospitalier, ce qui permet d'envisager une intégration. » Ce sont
les raisons...
M. KIERANS: Et la date?
M. CLOUTIER: Les locaux actuels à Richmond créent
réellement une atmosphère déprimante par suite de
l'état de vétusté et de l'éclairage insuffisant. De
toute façon, même à Richmond, il y aurait urgence de
rechercher de nouveaux locaux. Je doute qu'à Richmond la population du
comté tire tout le profit souhaitable de nos services. Entre
parenthèses, durant la journée de vendredi, c'est daté du
20 septembre, alors le vendredi qui a précédé, trois
appels téléphoniques dont un pour le dentiste et aucune visite au
bureau. Cela, c'est le rapport du docteur Quimper.
M. KIERANS: Alors ça, c'était le 20 ou le 30
septembre?
M. CLOUTIER: Le 20 septembre 1966. Il y a évidemment de la
correspondance qui commence en 1962 ici même, qui réfère
à de la correspondance antérieure, laquelle je n'ai pas. Voici
une lettre du docteur Jean Grégoire, sous-ministre en 1962,
adressée à M.
Gauvin, sous-ministre des Travaux publics, et qui commence comme suit:
« Malgré de nombreuses demandes répétées dont
la dernière en date du 29 mars 1961, le projet d'amélioration des
locaux de notre unité sanitaire susmentionnée il s'agit de
l'unité sanitaire de Richmond est resté sans solution
malgré l'état pitoyable des lieux. » Cela, c'est en 1962,
c'était la lettre du sous-ministre du temps, le docteur Jean
Grégoire.
M. LE PRESIDENT: Or, messieurs, je crois bien que c'est une
question qui a été amplement débattue, et en Chambre, et
à l'occasion de l'étude des subsides des Travaux publics. J'ai
bien voulu laisser aller cette question de nouveau un certain temps. Mais je
crois bien qu'il faudrait être très bref parce qu'il y a de
très nombreuses autres questions...
M. KIERANS: Les explications.
M. LE PRESIDENT: ... à étudier qui sont plus
pressantes que celle-là.
M. CLOUTIER: M. le Président, si vous le permettez, pour
compléter les informations que j'ai transmises il y a un instant,
j'aimerais ajouter un témoignage plus récent Celui de l'honorable
Couturier, en 1964, qui disait à M. Lafrance, le député du
comté et ministre de la Famille: « Pour faire suite à votre
lettre du lldêcembre, concernant l'unité sanitaire du comté
de Richmond, j'ai fait procéder à une petite enquête dont
voici les rédultats. Premièrement: local exigu et non
fonctionnel. Deuxièmement: demande transmise au ministère des
Travaux publics où on a effectué le déménagement et
ce, depuis un certain temps. Troisièmement: ce ministère s'en
occupe activement et a de la difficulté à trouver un local
convenable dans Richmond. Quatrièmement: nous admettons que les locaux
actuels auraient besoin de gros travaux de réfection, de ménage,
de peinture mais le ministère des Travaux publics hésite à
le faire, préférant plutôt déménager le
personnel dans un local plus conforme aux besoins. » Espérant que
ces renseignements vous donneront satisfaction.
M. KIERANS: Les explications sont satisfaisantes. J'ai
posé cette question pour me convaincre que les raisons étaient
valables dans l'optique du Dr Claveau et de son équipe et non pas
à la suite de pressions exercées par n'importe qui. Dans son
rapport, le Dr Claveau a dit que la nomination d'un directeur adjoint au
directeur général du service permettra le partage du fardeau
administratif et des visites plus fréquentes sur le territoire desservi
par chaque unité sanitaire. Quel était le nombre de ces visites,
l'année dernière et l'année précédente?
M. CLOUTIER: Je ne sais pas si mes officiers ont en main ces
statistiques mais, de toute façon, je pense qu'elles sont contenues dans
le rapport annuel du ministère qui...
M. KIERANS: Je réfère cette année
même... M. CLOUTIER: Cette année. en 1966...
M. KIERANS: En 1966, comparativement à 65. J'ai
parlé de la possibilité pour les officiers de Ste-Foy de visiter
plus fréquemment les unités sanitaires, ce qui est absolument
nécessaire, et je me demande si c'est arrivé?
M. CLOUTIER: Le directeur des unités sanitaires, le Dr
Claveau, me communique qu'il a fait trois tournées des unités
sanitaires et qu'il a visité, à l'occasion de ces
tournées, quelques unités sanitaires comprises dans ce
territoire. Egalement il y a eu au ministère de la Santé des
réunions mensuelles, des médecins régionaux sont venus
à la demande du ministère rencontrer les officiers
supérieurs et discuter des problèmes qui les concernent.
M. KIERANS: Mais je pense qu'il s'impose qu'un directeur d'un
service ou d'une unité sanitaire ou son adjoint visite les unités
sanitaires. Il y a seulement 75 de ces bureaux à peu près et
c'est seulement par ces visites que l'on peut examiner et étudier de
près les conditions, le travail qui est accompli par le dentiste, les
médecins, l'hygiéniste, etc. Et la raison d'être de la
nomination d'un directeur adjoint a-t-elle précisément pour but
de libérer le directeur général ou l'adjoint pour faire
des visites plus fréquentes? Est-ce le cas oui ou non?
M. CLOUTIER: Le directeur adjoint, le Dr Quimper, a dû
s'absenter du ministère une partie de l'année pour cause de
maladie. Au fait, il a été absent pour une période de
quatre mois et plus. Alors cela n'a pas permis évidemment au Dr Claveau,
le directeur, de s'absenter autant qu'il aurait voulu et de poursuivre un
programme de visites plus élaboré que celui qu'il a pu faire.
Mais il est d'accord sur le principe énoncé dans le rapport
annuel et sur la question posée par le député de
Notre-Dame-
de-Grâce à savoir, dès qu'il lui sera possible, que
ce serait une mesure d'efficacité d'entreprendre la visite
régulière des unités sanitaires.
M. KIERANS: M. le Président, il faut se rappeler aussi une
autre nomination, celle de M. Giguère, pour assister le Dr Claveau dans
l'administration de ces vastes unités sanitaires. Je pense que cela
aurait aussi l'effet de libérer, je crois, le Dr Claveau ou bien M.
Giguère ou le Dv Quimper.
J'aimerais avoir les chiffres et je vois qu'il est maintenant midi et
demi et peut-être que nous pourrions ajourner jusqu'à mardi.
UNE VOIX: Ce n'est pas à une heure maintenant?
M. KIERANS: Non, on m'a dit midi et demi.
M. CLOUTIER: Je pense, M. le Président, que la Chambre
siège jusqu'à une heure. Nous allons confirmer...
M. KIERANS: On m'a dit que c'était à midi et
demi.
M. CLOUTIER: Nous allons demander la confirmation.
M. KIERANS: Il faut que les gens prennent le train pour
Montréal.
M. CLOUTIER: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
M. KIERANS: Alors, est-ce que nous pouvons ajourner, dans ce
cas?
M. CLOUTIER: Est-ce qu'on peut adopter l'article 1...
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 3, article 1.
M. THEBERGE: M. le Président, j'ai posé une
question tout à l'heure...
M. KIERANS: Il faut des renseignements. J'ai d'autres
questions.
M. THEBERGE: Est-ce que je peux convenir...
M. CLOUTIER: Quitte à donner les renseignements quand
même, même si l'article est adopté, à donner les
renseignements qui ont été demandés par le
député.
M. THEBERGE: Mais vous les avez, les renseignements actuellement.
C'est le salaire d'un dentiste permanent. Vous avez mentionné $13,500,
ça c'est...
M. CLOUTIER: En vertu de la nouvelle échelle.
M. THEBERGE: Oui. A partir d'aujourd'hui, tout dentiste qui est
engagé à plein temps aurait un salaire de base de $13,500. Je
trouvais que c'était un peu beau aussi!
M. CLOUTIER: L'échelle des salaires des dentistes n'est
pas encore publiée, elle n'est pas officielle.
M. THEBERGE: Alors, ce n'est pas amélioré depuis
deux ans, quand on parlait de $6,500 je pense que vous payiez, et je vous avais
dit que c'était impossible d'avoir des dentistes. Cela s'améliore
un peu. Mais pas officiellement.
M. CLOUTIER: Disons que le chiffre qui a été
annoncé tout à l'heure est une primeur, une
indiscrétion.
M. THEBERGE: Disons que je n'en parle pas! Maintenant, pour ceux
engagés à temps partiel il a été...
M. LE PRESIDENT: Une heure.
M. KIERANS: C'est au président de décider. Je suis
prêt à l'appuyer.
M. CLOUTIER: Si la Chambre siège jusqu'à une heure,
M. le Président, je n'ai pas d'objection à continuer
jusqu'à une heure.
M. KIERANS: Et le docteur aussi? Et le président
aussi?
M. CLOUTIER: M. le Président, nous ne pouvons pas
siéger sans président! Alors, étant donné
l'atmosphère assez violente de nos débats...
M. THEBERGE: Ne nous plaignons pas!
M. KIERANS: Nous sommes mieux d'adopter...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a encore beaucoup de questions
à l'article 3...?
M. KIERANS: Pas trop. Mais peut-être que nous pourrions
laisser une porte ouverte pour
d'autres questions, parce que à « traitements et
indemnités », nous pouvons soulever certaines questions que nous
ne pouvons pas soulever à d'autres articles.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre a dit que même si
c'était adopté, qu'il accepterait quand même de...
M. KIERANS: Les questions? Adopté.
M. SAINT-GERMAIN: Enfin, j'aurais quelques questions relativement
aux unités sanitaires, est-ce que nous pourrions remettre ça
à...?
M. KIERANS: C'est seulement le poste budgétaire 3, article
1, Traitements et salaires. Nous pourrons discuter les autres...
UNE VOIX: Les frais de voyage.
M. CLOUTIER: Ah non! il n'y a que le poste budgétaire 3,
article 1, d'adopté.
M. KIERANS: Exactement.
M. THEBERGE: On pourrait terminer ma réponse tout de
même, cela peut prendre deux minutes pour me dire ça, le salaire
du dentiste à temps partiel qui comprend, je crois, deux jours par
semaine. Quel est le salaire de base? Avez-vous ça?
M. CLOUTIER: Les deux-cinquièmes du salaire minimum.
M. THEBERGE: Maintenant, pouvez-vous me donner le nom du
médecin qui va être nommé dans le comté de
Témiscamingue, le 1er août, ce qui est une bonne nouvelle pour le
comté?
M. CLOUTIER: Le Dr Rheault, de Montréal. M. THEBERGE:
Merci. Cela règle mon cas!
M. VAILLANCOURT: M. le Président, on ne m'a pas
donné le nom du dentiste qui est à l'unité sanitaire de
Magog. Est-ce que vous l'avez?
M. CLOUTIER: Du comté de Magog? Du comté de
Stanstead.
M. VAILLANCOURT: Du comté de Stanstead. M. CLOUTIER: A
Magog, le Dr Jean Paquet.
M. VAILLANCOURT: C'est lui qui a été engagé
il y a deux ans? Est-ce le même?
M. CLOUTIER: Oui, c'est le même. L'Assemblée
législative ajournera probablement ses travaux à mardi. Alors
nous irons en Chambre et il sera déterminé, à ce
moment-là, quand nous reviendrons en comité.