Journal des débats (Hansard) of the Committee on Culture and Education
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Wednesday, November 25, 2020
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Vol. 45 N° 74
Special consultations and public hearings on Bill 69, An Act to amend the Cultural Heritage Act and other legislative provisions
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
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Guillemette, Nancy
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Roy, Nathalie
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Roy, Nathalie
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Guillemette, Nancy
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Melançon, Isabelle
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Weil, Kathleen
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Roy, Nathalie
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Guillemette, Nancy
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Melançon, Isabelle
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Guillemette, Nancy
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Roy, Nathalie
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Weil, Kathleen
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Ghazal, Ruba
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Ghazal, Ruba
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Guillemette, Nancy
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Roy, Nathalie
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Roy, Nathalie
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Guillemette, Nancy
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Weil, Kathleen
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Melançon, Isabelle
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures trente-sept minutes)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, bon matin, tout le monde. Donc, bienvenue à la Commission culture,
éducation. Avant de commencer officiellement la captation, je vous demanderais
à tout le monde de... Notre captation est débutée, M. le... D'accord. Donc, je
demanderais à tout le monde de bien vouloir éteindre leurs appareils
électroniques.
Donc, la commission est réunie afin de
poursuivre les auditions sur le projet de loi n° 69, Loi modifiant la Loi sur le patrimoine culturel et d'autres
dispositions législatives.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. Mme St-Pierre (Acadie) est remplacée par Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce); Mme Labrie (Sherbrooke), par Mme Ghazal
(Mercier); et Mme Hivon (Joliette), par M. Bérubé (Matane-Matapédia).
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Est-ce qu'il y a des votes par procuration?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. M. Lemieux (Saint-Jean) dispose d'un droit de vote par
procuration au nom de M. Chassin (Saint-Jérôme), Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré) et M. Émond (Richelieu), et Mme Melançon
(Verdun) dispose quant à elle d'un droit de vote par procuration au nom de
Mme Rizqy (Saint-Laurent).
Auditions (suite)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Merci beaucoup. Donc, avant de débuter, je vais vous mentionner que je
vais être très stricte sur le temps aujourd'hui parce qu'on commence un peu en
retard et on a un groupe parlementaire, là, qui doit vraiment quitter à
l'heure. Donc, je vais être très, très stricte sur le temps.
Donc, je vous souhaite la bienvenue,
M. Labeaume, ainsi qu'à votre équipe. Et vous avez 10 minutes pour
nous présenter votre exposé, et ensuite il y aura un échange avec les membres
de la commission. Donc, je vous invite tout de suite à débuter.
Ville de Québec
(Visioconférence)
M. Labeaume (Régis) : Merci.
Alors, Mme la Présidente, Mme la ministre, messieurs dames les députés, je
remercie la commission de nous permettre de présenter nos commentaires sur le
projet de loi n° 29. Je suis accompagné de
Marie-Josée Savard, vice-présidente du comité exécutif de la ville de Québec,
responsable des dossiers d'aménagement du territoire et du patrimoine, ainsi
que de Mme Alicia Despins, membre du comité exécutif et responsable des
dossiers relatifs à la culture.
D'emblée, soulignons que nous accueillons
favorablement le projet de loi. Dans ce mémoire, nous suggérons en premier lieu
quelques bonifications au projet de loi dans le but d'améliorer la cohérence
des interventions entre les paliers municipal et gouvernemental au plan de
l'identification et de la protection du patrimoine culturel.
Nous proposons également d'améliorer les
moyens nous permettant de veiller à l'entretien des bâtiments. Et vous
trouverez, en fait, en annexe une série d'amendements que nous recommandons et
qui, nous l'espérons, alimenteront de manière constructive les travaux de cette
commission.
Il importe, <d'entrée de jeu, de...
M. Labeaume (Régis) :
…
et de la protection du patrimoine culturel.
Nous proposons également d'améliorer les
moyens nous permettant de veiller à l'entretien des bâtiments. Et vous
trouverez, en fait, en annexe une série d'amendements que nous recommandons et
qui, nous l'espérons, alimenteront de manière constructive les travaux de cette
commission.
Il importe, >d'entrée de jeu, de
rappeler que, pour la ville de Québec, la préservation et la mise en valeur du
patrimoine revêtent une importance capitale. Il est primordial d'assurer la
pérennité de son caractère historique exceptionnel. Et la ville s'est d'ailleurs
dotée d'une Vision du patrimoine 2027 afin de faire de Québec une capitale
où le patrimoine est au coeur du développement urbain, culturel, social et
économique.
• (11 h 40) •
Québec est la ville de la province qui
compte le plus grand nombre de sites patrimoniaux déclarés, dont le site
patrimonial du Vieux-Québec, berceau de l'Amérique française et joyau du
patrimoine mondial de l'UNESCO. Notre ville compte trois autres sites
patrimoniaux déclarés, situés à Beauport, Charlesbourg et Sillery. Ces quatre
sites totalisent près de 2 700 bâtiments, témoins de quatre
siècles d'histoire et d'évolution. Notre ville compte également plus de 1 000 sites
archéologiques répertoriés, un patrimoine religieux d'importance comprenant
plus de 60 églises et autant d'ensembles conventuels.
Consciente de l'importance et de la
qualité de ce patrimoine, la ville de Québec s'applique depuis des décennies
à le conserver, à l'étudier et à le mettre en valeur. Elle le fait en
concertation avec ses citoyens et citoyennes, et soulignons d'ailleurs que,
depuis sa création en mai 2012, la Table de concertation du Vieux-Québec
s'emploie à établir des consensus sur les orientations, les interventions et
les actions à mettre en oeuvre pour un développement équilibré du Vieux-Québec.
Cette table regroupe des acteurs des secteurs public, culturel, institutionnel
et associatif.
Au fil des ans, la ville de Québec a donc
développé une vaste expertise en gestion du patrimoine, expertise dont
bénéficie également la Commission d'urbanisme et de conservation de Québec, la
CUCQ. Celle-ci exerce un contrôle sur l'implantation et l'architecture des
constructions, et les travaux qui y sont reliés, dans tous les lieux visés par
la Loi sur le patrimoine culturel et dans d'autres lieux désignés par le
conseil de la ville de Québec.
Ce patrimoine, il faut le préserver, mais
il faut également le garder vivant. Et, j'insiste là-dessus, le Vieux-Québec
doit demeurer un milieu de vie habité par des résidents permanents, et cet
objectif est inscrit dans le plan d'action adopté en 2016 par la table et dans
notre Vision du patrimoine. Et nous déplorons qu'au cours des dernières
années plusieurs projets résidentiels dans le Vieux-Québec aient essuyé un
refus du ministère pour des motifs que nous ne partagions pas ou que nous ne
comprenions pas. Parfois, les délais de traitement du projet ont été trop beaucoup
trop longs. Dans d'autres cas, les modifications demandées lui faisaient perdre
toute rentabilité. Ces projets avaient pourtant fait l'objet de consultations
publiques. Ils avaient été rigoureusement analysés, discutés, bonifiés, à la
demande de la ville de Québec, <et, finalement,...
M. Labeaume (Régis) :
...du projet ont été trop
beaucoup trop longs. Dans d'autres cas, les
modifications demandées lui faisaient perdre toute rentabilité. Ces projets
avaient pourtant fait l'objet de consultations publiques. Ils avaient été
rigoureusement analysés, discutés, bonifiés, à la demande de la ville de
Québec, >et, finalement, approuvés par la CUCQ. Et plusieurs de ces
projets avaient été travaillés aussi en collaboration avec la table.
Au cours des cinq dernières années, neuf
projets ainsi avalisés par la CUCQ auraient permis d'ajouter 430 logements
de qualité dans le Vieux-Québec, ce qui nous aurait permis d'atteindre notre objectif
d'ajouter 500 nouveaux résidents permanents nécessaires à la vitalité du Vieux-Québec.
De ce nombre, seulement 189 logements verront le jour à l'issue du processus
décisionnel du ministère. À lui seul, le projet sur le site de
Saint-Louis-de-Gonzague, que nous jugions acceptable, aurait permis d'ajouter
205 logements, dont des logements sociaux, pour des clientèles
diversifiées.
Par conséquent, la ville de Québec
accueille favorablement les dispositions du projet de loi qui encadrent la
discrétion ministérielle par des critères prévisibles et qui imposent un délai
de 90 jours au ministre pour rendre une décision. Nous sommes aussi très
favorables à la nouvelle procédure permettant de demander la révision de cette
décision et la possibilité pour la personne lésée de pouvoir la contester
devant le Tribunal administratif du Québec, le TAQ. Et, à ce sujet, nous
réclamons que le projet de loi soit modifié pour permettre à la ville de Québec
d'intenter elle-même une demande de révision et un appel devant le TAQ lorsqu'un
projet qui a reçu son approbation se voit refusé par le ministère. Et cela nous
fournirait l'occasion de présenter notre vision de l'aménagement du site
patrimonial et notre analyse de la façon dont le projet s'y intègre. Et cela
éviterait au demandeur de se débattre seul entre nos autorités décisionnelles
parfois contradictoires.
Par ailleurs, il est important de
maintenir une cohérence dans nos orientations respectives relativement à l'identification
du patrimoine culturel. Nous nous réjouissons de l'adoption d'une politique de
consultation par la ministre et de la création d'une table des partenaires.
Nous y entrevoyons la possibilité d'échanger sur les orientations relatives au
classement de sites et d'immeubles patrimoniaux et à leur catégorisation.
Le projet de loi prévoit aussi que le
conseil d'agglomération devra adopter et tenir à jour un inventaire des
immeubles construits avant 1940 et présentant une valeur patrimoniale. Le mode
de réalisation de cet inventaire sera déterminé par règlement de la ministre.
Pour nous, il est très important que le mode de réalisation qui sera imposé
tienne compte de la méthode adoptée à la ville de Québec, qui a été révisée en
2014 et qui est <appliquée depuis...
M. Labeaume (Régis) :
...
de cet inventaire sera déterminé par règlement de la ministre. Pour
nous, il est très important que le mode de réalisation qui sera imposé tienne
compte de la méthode adoptée à la ville de Québec, qui a été révisée en 2014 et
qui est >appliquée depuis 2015. Et l'inventaire déjà réalisé est
considérable, et nous souhaitons qu'il soit reconnu. L'accélération de ce
travail d'inventaire nécessitera l'injection à court terme de ressources
humaines et financières additionnelles. Nous demandons au gouvernement
d'assumer les coûts de cette nouvelle responsabilité qu'il impose au monde
municipal. Considérant le coût moyen d'évaluation patrimoniale d'un bâtiment,
nous estimons qu'il en coûtera aux environs de 5 millions de dollars
additionnels pour compléter l'inventaire.
L'un des plus grands défis dans la
protection du patrimoine est de veiller en temps utile à l'entretien des
bâtiments. Lorsqu'un bâtiment présente un intérêt patrimonial suffisant pour
être protégé par la Loi sur le patrimoine culturel, le propriétaire peut généralement
bénéficier d'une aide financière pour son entretien. Incidemment, les programmes
d'aide gouvernementaux à cette fin sont déjà insuffisants pour répondre à la
demande à Québec. Ils doivent être...
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le maire, il vous reste deux minutes.
M. Labeaume (Régis) :
2 min 30 s, peut-être? J'achève, là, O.K.? J'achève.
Mme Roy
: Mme la
Présidente, vous pouvez...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Oui?
Mme Roy
: M. le maire,
bonjour, c'est Mme la ministre.
M. Labeaume (Régis) : ...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Attendez une minute, M. le maire. Oui.
Mme Roy
: Oui. Bonjour,
M. le maire. Bonjour, tout le monde. Écoutez, prenez-le sur mon temps.
Poursuivez, M. le maire, c'est trop important, ce que vous avez à dire dans ce
mémoire.
M. Labeaume (Régis) : Ça
achève, là, madame, là.
Mme Roy
: Parfait. Allez-y,
prenez mon temps.
M. Labeaume (Régis) : Merci, Mme
la ministre. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Je vous cède la parole, M. Labeaume.
M. Labeaume (Régis) : Alors,
l'un des plus grands défis dans la protection du patrimoine est de veiller en
temps utile à l'entretien des bâtiments. Lorsqu'un bâtiment représente un intérêt
patrimonial suffisant pour être protégé par la Loi sur le patrimoine culturel,
le propriétaire peut généralement bénéficier d'une aide financière pour son
entretien. Incidemment, les programmes d'aide gouvernementale à cette fin sont déjà
insuffisants pour répondre à la demande à Québec. Ils doivent être bonifiés et
pérennisés, et nous appuyons cette revendication de l'UMQ.
Par ailleurs, pour les immeubles représentant
un certain intérêt sans toutefois bénéficier du statut de protection, il
importe tout de même de veiller à ce qu'ils demeurent dans un bon état
d'entretien. Et les municipalités disposent, bien sûr, de pouvoirs réglementaires
et de recours judiciaires pour y parvenir. Toutefois, il est souvent plus
avantageux pour un propriétaire de négliger d'entretenir un immeuble jusqu'à ce
que sa démolition soit inéluctable. Les délais associés aux contestations
judiciaires peuvent être fatals à la survie d'un bâtiment. L'arrêt de chauffage
ou une infiltration d'eau peut entraîner de graves dommages en peu de temps. Et
j'achève. D'ailleurs, les critères de décisions pour juger d'une demande de
démolition prévus dans le projet de loi n° 69
tiennent compte de l'état de l'immeuble, de la détérioration de son
apparence et du coût de sa restauration. Les municipalités doivent donc pouvoir
agir rapidement et efficacement pour forcer leur entretien avant que cette <détérioration...
M. Labeaume (Régis) :
…
les critères de décisions pour juger d'une demande de démolition prévus
dans le projet de loi
n°
69 tiennent
compte de l'état de l'immeuble, de la détérioration de son apparence et du
coût de sa restauration. Les municipalités doivent donc pouvoir agir rapidement
et efficacement pour forcer leur entretien avant que cette >détérioration
ne conduise inévitablement à devoir en autoriser la démolition.
Dans les séries d'amendements que nous
détaillons en annexe, nous demandons donc des moyens additionnels à cette fin,
dont la possibilité d'augmenter les amendes de façon à dissuader les
propriétaires qui négligent d'entretenir leurs immeubles, des mesures
facilitant l'expropriation de tels immeubles et à un juste prix, et, finalement,
le pouvoir de forcer le transfert d'un immeuble négligé à un propriétaire
intéressé à l'entretenir.
Et, en conclusion, la ville de Québec
réitère son accueil favorable au projet de loi n° 69.
Il contient des moyens qui, selon nous, permettront d'assurer plus efficacement
les objectifs de cohérence, de transparence, de prévisibilité auxquels nous
souscrivons. Les mesures qu'il prévoit imposent toutefois un fardeau
considérable au monde municipal et il est impératif qu'il soit accompagné
d'un financement conséquent, tant pour la réalisation de l'inventaire des
immeubles patrimoniaux que pour l'élargissement du régime de contrôle des
démolitions et pour la bonification des programmes de subvention à l'entretien
des bâtiments.
Nous avons le défi, en tant que ville du
patrimoine mondial, de préserver et de garder vivant le Vieux-Québec, ce
remarquable legs du passé, pour nos générations futures. Il faut y attirer un
nombre significatif de nouveaux résidents permanents. C'est un défi plus
compliqué que s'il suffisait d'y apposer une cloche de verre. Nous souhaitons
le relever en partenariat avec la ministre de la Culture et le gouvernement du
Québec.
Enfin, il faut que notre ville dispose de
moyens plus rapides et plus efficaces pour assurer l'entretien des bâtiments
sans que l'ensemble des contribuables ne soient tenus de payer pour la
négligence volontaire de certains propriétaires mus seulement par l'appât du
gain, et nous proposons des moyens, selon nous, novateurs en ce sens et nous
espérons qu'ils trouveront écho chez le législateur. Nous vous remercions.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci beaucoup, M. Labeaume. Donc…
• (11 h 50) •
M. Labeaume (Régis) : Est-ce
que j'ai fait 11 minutes? Ça m'aide de le savoir.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Vous avez fait 12 min 50 s. Mais
ça va, Mme la ministre vous a offert du temps, aucun problème. Maintenant,
j'inviterais Mme la ministre à débuter son échange avec vous.
Mme Roy
: Oui,
bonjour à vous tous. Je vais mettre mon petit chronomètre. Contente de vous
voir ce matin, contente de lire votre mémoire. Je ne suis pas surprise, M. le
maire, je ne suis pas surprise. Nous avons eu l'occasion et le plaisir d'en
discuter à quelques reprises.
Naturellement, la ville de Québec, c'est
particulier. Quel caractère spécifique, la ville de Québec, le nombre élevé de
bâtiments patrimoniaux, vous nous en avez fait mention, des secteurs entiers.
On pense au Vieux-Québec, à Sillery, à Charlesbourg. Votre mémoire témoigne
vraiment d'une administration qui… <elle est soucieuse…
Mme Roy
: …naturellement,
la
ville de Québec, c'est particulier. Quel caractère spécifique, la
ville
de Québec, le nombre élevé de bâtiments patrimoniaux, vous nous en avez fait
mention, des secteurs entiers. On pense au
Vieux-Québec, à Sillery, à
Charlesbourg. Votre mémoire témoigne vraiment d'une administration qui… >elle
est soucieuse du patrimoine. Et on comprend que vous cherchez à le faire vivre
le plus possible. Et ça, M. le maire, je partage ce sentiment avec vous. Pour
moi, un bâtiment patrimonial ne doit pas être vide, il doit vivre. Puis c'est
d'ailleurs une remarque que nous pouvons lire dans le rapport de la Vérificatrice
générale du Québec, qui se questionnait sur l'usage et la destination des
bâtiments qui sont préservés, donc leur trouver une vocation.
Par ailleurs, vous parlez… vous nous
faites des recommandations à l'annexe II. Et je comprends que les grandes
orientations, les grandes lignes du projet de loi, c'est-à-dire l'élaboration
d'un inventaire, le fait, entre autres… ça ne vous touche pas dans votre cas,
là, les MRC, mais le fait qu'on puisse, par exemple... que les citoyens
puissent avoir… faire appel au TAQ... Je sais que vous demandez que la ville
puisse faire affaire au TAQ, mais là, c'est toute une question de qualité
devant le tribunal en question. C'est une question juridique.
Par ailleurs, le fait qu'il y ait cet
inventaire, on est à la même page. Je sais que vous avez fait des travaux
importants, que vos inventaires sont pratiquement tous faits, M. le maire, à Québec.
M. Labeaume (Régis) : 1940. Marie-Josée.
Mme Savard (Marie-Josée) : …
Mme Roy
: On ne vous
entend pas, madame. On n'entend pas le son de madame.
Mme Savard (Marie-Josée) : Là,
je pense qu'on va m'entendre. Vous m'entendez?
Mme Roy
: Oui.
Mme Savard (Marie-Josée) :
Donc, oui, en fait, il y a plus de 14 000 bâtiments qui ont été déjà
inventoriés à la ville. On continue également à mettre à jour nos inventaires.
Et, je vous dirais, en fait, c'est un travail de longue haleine, parce que…
puis c'est la raison pour laquelle on soulève ce point-là dans notre mémoire. C'est
qu'on est très rigoureux. On souhaite également… Quand je disais qu'on est en
train de… on continue, mais également on met à jour parce qu'on veut s'assurer
d'avoir les mêmes critères pour tout notre inventaire, donc d'avoir une
cohérence pour pouvoir, justement, avoir un meilleur portrait de la situation. Donc,
oui, un inventaire qui est quand même assez important, mais… et tout à fait
conscient de l'importance également de cet inventaire-là, tout à fait.
Je vous dirais même qu'on porte une
attention particulière... Dans notre inventaire, on a différents niveaux de
classification et, dernièrement, on a même ajouté les valeurs patrimoniales,
bonnes à nos exceptionnels et nos supérieurs, pour pouvoir avoir encore plus de
rigueur autour de ces maisons-là, pour les contrôler davantage au niveau de la
démolition.
Mme Roy
: Et vous
faites une... Vous nous demandez, à la troisième recommandation, que les coûts
de réalisation de l'inventaire soient assumés par le gouvernement du Québec.
Actuellement, si je ne m'abuse, au moment où on se parle, il y a des ententes
de développement culturel qui sont particulières pour Québec et Montréal, qui
sont des enveloppes beaucoup plus importantes compte tenu de l'importance de
cette capitale et de <la métropole...
Mme Roy
: ...
que
les coûts de réalisation de l'inventaire soient assumés par le gouvernement du
Québec. Actuellement, si je ne m'abuse, au moment où on se parle, il y a des
ententes de développement culturel qui sont particulières pour Québec et
Montréal, qui sont des enveloppes beaucoup plus importantes compte tenu de
l'importance de cette capitale et de >la métropole. Et je crois
comprendre que, via les ententes de développement culturel, c'est là que vous
pouvez puiser les sources financières pour réaliser, entre autres, ces
inventaires, donc, qui sont financés actuellement à 50 % par le
gouvernement du Québec.
Mme Savard (Marie-Josée) :
En fait...
Mme Roy
: Oui,
allez-y.
Mme Savard (Marie-Josée) :
Pardon...
Mme Roy
: Allez-y.
Non, non, allez-y, nous échangeons. Allez-y.
Mme Savard (Marie-Josée) :
En fait, je pense que le point qu'on voulait surtout soulever, c'est que nous,
présentement, à la ville de Québec, notre inventaire commence avec les... en
fait, à partir de 1950, là. Dans votre proposition, on parle de 1940. Donc là,
c'est sûr que, pour nous, ça amène un inventaire supplémentaire.
Et également, pour ce qui est des
ententes, vous avez raison, on a des sous, mais on est quand même conscients
que, si on doit refaire l'inventaire au complet, et c'est pour ça qu'on soulève
ce point-là, c'est que c'est des coûts très élevés. Donc, pour nous, c'est des
efforts, bien sûr, qui ont été mis, mais également des coûts qui seraient quand
même très élevés puisque nous devrions recommencer tout le processus au
complet.
Mme Roy
: Et c'est
pour ça que je suis contente qu'on se parle, parce qu'effectivement ce n'est
pas la mission et le but. Le but n'est pas de recommencer le travail rigoureux
qui a été fait mais de le faire basculer éventuellement, centraliser
éventuellement, pour que tout le monde voie ce qui existe au Québec. Parce
qu'on n'a pas le portrait complet. Cependant, vous dites, chez vous, c'est
1950. Bien, écoutez, vous avez... c'est encore mieux. Et j'aimerais profiter de
ce moment. Je pense que c'est l'article 120...
Mme Savard (Marie-Josée) :
Si vous me permettez, je pense que c'est moi qui s'est trompé...
Mme Roy
: Oui,
allez-y.
Mme Savard (Marie-Josée) :
...c'est l'inverse, en fait. C'est ça qu'on me dit, là. On me regarde, là.
Donc, pour nous, là, c'est l'inverse, là. Donc, ça demande un effort pour se
rendre à 1940. Non?
Mme Roy
: Non. En
fait, vous allez me permettre, parce qu'on en parle beaucoup de ce 1940 depuis
le début de cette commission. Donc, c'est le nouvel article 38 du projet
de loi. Et je vais juste me permettre... On ne fait pas l'étude article par
article, là, mais juste pour bien expliquer aux gens qu'un n'exclut pas l'autre,
c'est un minimum. On demande à nos MRC, à nos villes : De grâce, mettez
dans votre inventaire les bâtiments qui datent d'avant 1940, minimalement. Mais
absolument rien n'empêche les villes de mettre dans l'inventaire des bâtiments
de 1950, 1960, 1970, absolument rien, et c'est écrit textuellement que nous
pouvons aller plus loin.
L'article 38, ici, nous dit,
effectivement, voilà, l'article 38, qui introduit
l'article 120 : «Une municipalité régionale de comté — ou
toute autre municipalité, là, pour les besoins de la cause, là — doit
adopter et mettre à jour périodiquement un inventaire des immeubles construits
avant 1940 qui sont situés sur [le] territoire [...] qui présentent une valeur
patrimoniale.» Et vous pouvez également y inclure des immeubles dont la
construction est plus récente. Donc, il n'y a rien qui empêche les villes d'aller
plus loin si elles le souhaitent et de dire : Bien, ce bâtiment-là, pour
moi, <de 1950, il...
Mme Roy
: ...
inventaire
des immeubles construits avant 1940 qui sont situés sur le territoire qui
présentent une valeur patrimoniale.» Et vous pouvez également y inclure des
immeubles dont la construction est plus récente. Donc, il n'y a rien qui
empêche les villes d'aller plus loin si elles le souhaitent et de dire :
Bien, ce bâtiment-là, pour moi, >de 1950, il est patrimonial pour les
raisons que nous connaissons, que nous pouvons élaborer.
Donc, ce n'est pas... Et puis je pense que
c'est le temps de le corriger, de mettre les pendules à l'heure parce que
certains groupes ou certaines personnes comprennent que c'est un désaveu du
reste du patrimoine après 1940 et qu'on ne s'en occupe pas, alors que c'est
faux. Au contraire, c'est un minimum. On dit : Minimalement tout ce qui
est avant 1940 doit impérativement, si ça a une valeur patrimoniale, être
inventorié, mais vous pouvez mettre des constructions plus récentes. Alors, on
axe vraiment sur l'autonomie des villes, l'autonomie des municipalités pour
qu'elles nous disent ce que, selon elles, sont des bâtiments qui ont cette
valeur patrimoniale, et qui datent d'années subséquentes et qui sont plus
récents.
Alors, juste pour... Donc, vous, vous êtes
déjà allés plus loin que ce que demandait la loi. Donc, c'est bon, vous n'aurez
pas à recommencer, puis c'est parfait. Vous avez cette entière liberté. Alors,
je voulais ici mettre les pendules à l'heure parce que certains ont cru
comprendre que c'était... on envoyait balader les autres époques
architecturales, et les autres courants architecturaux, et les autres immeubles
patrimoniaux, ce qui n'est pas du tout le cas. C'est un minimum, et vous avez
toute la liberté d'aller plus loin. Vous...
M. Labeaume (Régis) : Si je
peux me permettre peut-être, Mme la ministre.
Mme Roy
: Oui, oui,
allez-y.
M. Labeaume (Régis) : Je veux
insister sur la capacité de la ville de Québec d'aller en appel devant le TAQ. Parce
que l'individu a le droit d'aller en appel, mais il n'est pas souvent équipé
pour le faire. Et nous, cette capacité d'aller devant le TAQ, ça nous permet de
contextualiser nos demandes et d'expliquer de quel environnement on souhaite
accepter les permis de construction ou les projets qui nous sont soumis. Alors,
je ne sais pas qu'est-ce que vous en pensez, mais nous, honnêtement, ça nous
aiderait beaucoup.
Mme Roy
: Initialement,
cet article-là a été mis là parce que, lors de nos discussions et à la suite
aussi de la publication du rapport de la Vérificatrice générale, il était clairement
énoncé qu'il y avait beaucoup... il y avait un... comment dirais-je, à l'égard
des décisions, il y avait un manque d'information, un manque de clarté pour le
contribuable ou le justiciable, le citoyen qui faisait une demande. Et c'est quelque
chose que vous m'avez dit également. Et, pour ces motifs, nous nous sommes
dit : Le citoyen, actuellement, n'a aucun recours, s'il se sent lésé,
autre que les tribunaux de droit commun. Et vous savez comme moi qu'un tribunal
de droit commun, bien, ça veut dire la Cour du Québec ou la Cour supérieure, et
c'est excessivement cher. Je pense à un contribuable qui a...
M. Labeaume (Régis) : Mais on
est tout à fait d'accord avec vous autres là-dessus, là.
• (12 heures) •
Mme Roy
: Alors, je
pense à un contribuable qui a un problème avec une décision, qui voudrait se
faire entendre. Naturellement, il y aura le processus administratif, qu'on
inclut parce qu'il n'y avait pas <d'appel...
>
12 h (version révisée)
<12187
Mme
Roy
: ...Et vous savez comme moi qu'un tribunal de droit
commun, bien, ça veut dire la Cour du Québec ou la Cour supérieure, et c'est
excessivement cher. Je pense à un contribuable qui a...
M. Labeaume (Régis) :
Mais on est tout à fait d'accord avec vous autres là-dessus, là.
Mme Roy
: Alors, je
pense à un contribuable qui a un problème avec une décision, qui voudrait se
faire entendre. Naturellement, il y aura le processus administratif, qu'on
inclut parce qu'il n'y avait pas >d'appel administratif ou de révision administrative
qui existait. On en inclut un parce que ça n'existait pas dans l'ancienne loi.
En fait, il n'y avait aucun recours pour le justiciable autre que le tribunal
de droit commun, donc il n'y avait personne qui y allait.
Et par ailleurs, s'il n'a pas les réponses
qu'il souhaite ou s'il n'y a pas de règlement qui lui convienne, il aura
toujours la prérogative d'aller devant le Tribunal administratif du Québec,
alors que c'est quelques... c'est très, très, très peu élevé, là.
M. Labeaume (Régis) : Mais on
est tout à fait d'accord avec ça.
Mme Roy
: Et c'était
pour... l'idée était pour le justiciable, mais pour des décisions, comme je
vous disais, à l'égard d'une décision pour une porte, une fenêtre, une toiture.
Mais je vous entends. Je vois ce que vous nous dites et je...
M. Labeaume (Régis) : Parce
que je pense vous l'avoir...
Mme Roy
: On analysera
toutes les demandes de modifications en temps opportun, mais je vois où vous
voulez en venir avec cette proposition. Par ailleurs...
M. Labeaume (Régis) :
...là-dessus, Mme la ministre.
Mme Roy
: Oui, allez-y.
M. Labeaume (Régis) : C'est
très compliqué d'amener des résidents permanents dans le Vieux-Québec, ça coûte
très cher, parce qu'il faut remettre à niveau le patrimoine. Et, si on perd le
contrôle d'un centre-ville historique comme Québec, et c'est documenté, ça, c'est
très difficile de le reprendre au long des années, par la suite. Et c'est pour
ça que notre effort, nous autres, pour peupler le Vieux-Québec, est important.
Et les projets qui sont amenés, à notre sens... Puis les gens de la Commission
d'urbanisme à la ville de Québec, ce sont des gens de très grande qualité. Les
gens étaient d'accord avec les projets dont je vous ai parlé, et, au ministère,
on n'était pas d'accord. Et on a de la misère à comprendre pourquoi on ne l'est
pas. On a l'impression qu'on est dans le discrétionnaire, et ce n'est pas vous,
c'est vos fonctionnaires.
C'est compliqué, parce que notre objectif,
nous autres, de peupler le Vieux-Québec, ça a beaucoup de conséquences, beaucoup
de conséquences pour l'avenir, pour s'assurer que ce Vieux-Québec-là vit. Et,
si les gens... Parce que les gens ont quitté le Vieux-Québec ça fait deux
décennies. C'est un phénomène qui a commencé il y a très longtemps, et on fait
notre effort pour tenter de repeupler, je vais le dire comme ça, de
500 individus, 500 individus, et honnêtement... et c'est pour ça
qu'on veut avoir la chance de pouvoir aller défendre notre dossier auprès du
TAQ, comme organisation. Je pense que c'est «fair». Parce que nous, c'est
primordial, là. Perdre le contrôle du Vieux-Québec parce qu'il se dépeuple,
là... Et on en pose, des gestes...
Mme Roy
: Je pourrais
employer la même expression que vous, être «fair», à l'égard des décisions qui
sont prises et des critères, parce que vous me dites : Il semble y avoir beaucoup
d'arbitraire, puis c'est nébuleux, puis c'est compliqué. Le projet de loi vise
justement l'élaboration de critères. Ça va être écrit, ça va être public, ça va
être clair. On veut donner une prévisibilité aux promoteurs, qu'ils sachent ce
qu'ils pourront ou ne <pourront...
Mme Roy
: …à l'égard
des décisions qui sont prises et des critères, parce que vous me dites :
Il semble y avoir
beaucoup d'arbitraire, puis c'est nébuleux, puis c'est
compliqué. Le
projet de loi vise justement l'élaboration de critères. Ça
va être écrit, ça va être public, ça va être clair. On veut donner une
prévisibilité aux promoteurs, qu'ils sachent ce qu'ils pourront ou ne >pourront
pas faire. Construire une tour de 11 étages dans un site patrimonial
déclaré, ça ne passe pas, puis ça va être écrit. Mais comment peut-on faire des
ajouts? Comment peut-on… Les critères seront là, et ces critères-là seront
définis, seront transparents.
Et il y a beaucoup de ça : la Vérificatrice
générale parlait beaucoup d'un manque de transparence. Les gens sauront ce
qu'ils peuvent ou ne peuvent pas faire avant de dire : Bon, on s'en va là,
puis ensuite essayer d'avoir les autorisations. Ce besoin de transparence là,
les administrations municipales les ont, les citoyens les ont, au premier chef,
pour savoir ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas faire avec leur propre bâtiment,
et tous, tous les entrepreneurs également qui ont des projets. Donc, c'est un
souci de transparence auquel nous voulons répondre.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Je suis vraiment désolée, je dois passer la parole à la
députée de Verdun pour continuer les échanges avec le groupe présent. Donc, Mme
la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci beaucoup.
M. le maire, Mme Savard, Mme Despins, c'est un plaisir de vous
recevoir ce matin à la commission.
J'ai lu attentivement, donc, le mémoire de
la ville de Québec. En fait, j'aimerais ça qu'on puisse continuer justement sur
le tribunal administratif, puis sur votre demande, parce que les gens qui
suivent nos travaux... il y a sûrement aussi des résidents qui suivent les
travaux actuellement, j'aimerais que vous puissiez expliquer, M. le maire,
ce qui est compliqué justement d'aller au tribunal administratif. Est-ce que
vous pouvez, s'il vous plaît, poursuivre là-dessus?
M. Labeaume (Régis) : Peut-être
expliquer que, quand on a des projets dans le Vieux-Québec, c'est... tout
d'abord, il y a des comités citoyens, il y a les conseils de quartier, en plus
de ça, on a une table de concertation du Vieux-Québec, vous avez le conseil d'arrondissement,
vous avez le conseil de ville, vous avez la Commission d'urbanisme. Tout le
monde passe à travers de ça. C'est d'une transparence extraordinaire. Et, au
bout du… Et, moi, je pense, tout d'abord, la culture des fonctionnaires de la ville
de Québec, ça date de Gilles Lamontagne. Le patrimoine, c'est un diamant à Québec.
Alors, la culture, à la ville de Québec, c'est qu'on préserve le patrimoine. Et,
en plus de ça, on a une commission d'urbanisme qui est très compétente, avec
des gens de très grande qualité.
Une fois qu'on a tout fait ça, où tout le
monde est d'accord, on arrive au ministère, puis un fonctionnaire nous dit que
ça n'a pas de bon sens. Et là on est à la merci de cette personne-là, et ça,
c'est un grave problème. Puis là je ne parle pas des problèmes du promoteur.
Puis, tu sais, les projets auxquels on dit oui, ce sont des projets pesés,
dosés, balancés, avec plein de connaissances ici et ailleurs pour les évaluer,
et là, nous, on est devant un refus et on est toujours <dépourvus...
M. Labeaume (Régis) :
...Puis, tu sais, les projets auxquels on dit oui, ce sont des projets pesés,
dosés, balancés, avec plein de
connaissances ici et ailleurs pour les
évaluer, et là, nous, on est devant un refus et on est
toujours >dépourvus.
Et donc ce qu'on aime dans le projet de
loi, c'est cette idée de pouvoir en appeler de ces décisions-là au TAQ. Sauf
que c'est le propriétaire de l'édifice ou le promoteur qui peut y aller. Nous,
à la ville de Québec, on veut avoir ce droit-là parce que c'est important de
situer un projet dans son environnement patrimonial. Parce que, si on prend la
bâtisse puis on fait juste parler de la corniche ou du demi-étage de plus, on
n'y arrivera pas, si on n'explique pas l'environnement dans lequel ça se situe.
Et ça, c'est la ville qui est équipée pour faire ça. Tu ne peux pas demander à
un individu de dépenser des dizaines de milliers de dollars pour tenter de
comprendre alors qu'à la ville on a cette connaissance-là. Et, moi, je pense
que ce serait correct de le faire. Et tout le monde serait gagnant parce qu'on
se comprendrait sur l'environnement patrimonial dans lequel on évolue et on vit
et où ces gens-là, les promoteurs, doivent évoluer.
Et, vous savez, des promoteurs qui n'ont
pas de bon sens, dans le Vieux-Québec, je vais vous dire, ils ne font même pas
long, là, ils ne passent pas la première étape à la ville. Alors, ça, nous
autres, là, ce n'est même pas compliqué pour nous autres, il n'y a personne qui
n'a pas de bon sens qui arrive là avec un projet qui n'a pas de bon sens, il ne
passerait même pas la première étape. On connaît notre ville, on connaît notre
culture, on connaît notre sujet. Sauf qu'à un moment donné on ne peut pas être
à la merci d'une personne alors que des dizaines de personnes intelligentes,
compétentes ont passé à travers du projet. C'est ça, notre point.
Mme Melançon : Merci, M. le
maire. C'est entendu. Concernant l'inventaire dont on parlait tout à l'heure,
vous avez parlé de 5 millions de dollars, là, à l'intérieur du mémoire, de
coûts demandés pour l'inventaire. Et, si je comprends bien, Mme Savard, le
5 millions pourrait devenir plus si la grille changeait, si on changeait
les paramètres de la grille avec laquelle la ville a travaillé.
Mme Savard (Marie-Josée) : Exactement.
En fait, j'ai très bien compris tout à l'heure tout ce que Mme la ministre a
ajouté, mais, à la lecture, nous, de ce qu'on avait, notre conclusion,
c'était... l'important, pour nous, ville de Québec, du fait qu'on a travaillé
déjà énormément, comme je le précisais tout à l'heure, il y a déjà un bon
inventaire de fait, on continue à faire cet inventaire-là qui date de 1950. Là,
j'ai compris tout à l'heure de Mme la ministre que ce n'était pas nécessairement
une obligation d'aller jusqu'à 1940. Mais, nous, au moment où on voit 1940 puis
on se dit : Bon, bien, si c'est pour faire l'inventaire de tous les bâtiments
à la ville de Québec de 1940 à 1950, qu'on n'a pas fait, de notre côté,
puisqu'on a débuté en 1950, il y a un coût supplémentaire, c'est certain. Mais
également le point que vous soulevez est très important, c'est au niveau du
critère. Donc, les critères, pour nous, qu'on... Il faut s'assurer que les
critères que nous... sur lesquels ont s'est basés soient acceptés par le
ministère et que ça soit conforme à leurs attentes. Parce que, s'il faut
refaire l'exercice avec de nouveaux <critères, c'est certain que, pour
nous, c'est...
Mme Savard (Marie-Josée) :
...c'est certain.
Mais également le point que vous
soulevez est très important, c'est au niveau du critère. Donc, les critères,
pour nous, qu'on... Il faut s'assurer que les critères que nous... sur lesquels
ont s'est basés soient acceptés par le ministère et que ça soit conforme à
leurs attentes. Parce que, s'il faut refaire l'exercice avec de nouveaux >critères,
c'est certain que, pour nous, c'est un coût supplémentaire.
• (12 h 10) •
Mme Melançon : Très bien,
merci. D'ailleurs, vous parlez aussi que vous voulez avoir les moyens pour que
ce soit plus rapide, plus efficace de pouvoir entamer notamment des travaux de
votre côté. Quels moyens vous recherchez pour être plus efficaces, plus rapides
aussi?
Mme Savard (Marie-Josée) :
Des travaux au niveau des inventaires, toujours, que vous...
Mme Melançon : Oui.
Mme Savard (Marie-Josée) :
C'est ça... En fait, c'est que présentement, on y va par secteur, on priorise
un secteur puis on se concentre sur ce secteur-là, et ça peut prendre facilement
une année avant de terminer cet inventaire-là. Donc, pour nous, c'est sûr que
plus on est capables d'aller rapidement, plus on est capables d'avoir accès à...
je vous dirais, les sous, c'est toujours un peu la base, là, donc on est
capables d'aller en contrat puis essayer d'aller faire un inventaire plus
rapide ou une révision de l'inventaire.
Mme Melançon : Parfait.
M. Labeaume, je veux revenir avec la table de concertation, notamment,
celle du Vieux-Québec, là. Vous, est-ce que vous iriez jusqu'à dire que c'est
une réussite, cette table de concertation là avec l'ensemble des gens qui y
siègent? Puis là je vois qu'il n'y a pas que des citoyens, là, il y a aussi
plein de professionnels qui siègent sur cette table-là.
M. Labeaume (Régis) :
Bien, écoutez, ce sont des gens... bien, même l'opposition à la ville de Québec,
c'est vous dire, ce sont des gens qui vivent dans le Vieux-Québec, qui
souhaitent la vigueur du Vieux-Québec, qui souhaitent l'appréciation de leur
patrimoine familial, évidemment, et qui souhaitent avoir des voisins au lieu d'avoir
des bâtiments vides parce qu'ils savent que 500 citoyens de plus, ça veut
dire... c'est comme l'oeuf et la poule, ça veut dire des services de plus. Un
service de plus, c'est un citoyen de plus. Alors, ils y vivent, ils adorent y
vivre, mais ils veulent qu'il survive, je vais le dire comme ça. Alors, cet objectif-là
de 500 nouveaux résidents permanents, il est fondamental. Mais, si à
chaque fois on se fait refuser des projets...
Puis, en passant, les promoteurs qui
viennent travailler dans le Vieux-Québec, ce ne sont pas des colons, là. C'est généralement
des gens de qualité. Nos gens sont de qualité. Les gens de la Commission
d'urbanisme sont de qualité. Comment se fait-il que tout ce monde-là qui pense qu'il
y a un projet de qualité se fait refuser par une personne? Je trouve qu'il y a
une injustice. Mais je pense qu'on ne comprend pas la portée du geste, la
portée du refus. Il est grave pour nous autres.
Et je le répète, là, allez voir, c'est documenté,
une ville patrimoniale qui perd le contrôle de son centre-ville, son
centre-ville patrimonial, parce que les gens le désertent, c'est compliqué
après de reprendre ça et ça <coûte très cher. Ce qu'on dit, c'est...
M. Labeaume (Régis) :
...grave pour nous autres.
Et je le répète, là, allez voir, c'est
documenté,
une ville patrimoniale qui perd le contrôle de son centre-ville, son
centre-ville patrimonial,
parce que les gens le désertent, c'est
compliqué après de reprendre ça et ça >coûte très cher. Ce qu'on dit, c'est,
honnêtement, il doit y avoir un moyen de faire un appel. Nous autres, la ville,
parce qu'on est... Tu sais, le citoyen qui est propriétaire du bâtiment qu'il
veut transformer, oui, mais, nous autres, on a un enjeu collectif, là-dedans,
d'aménagement puis de survie du centre-ville. On est concernés, et donc on
devrait, nous autres, pouvoir avoir le droit d'appeler devant le TAQ.
La Présidente (Mme Guillemette) :
...
Mme Weil
: Oui. Bonjour,
M. le maire. Bonjour, Mme Savard. C'est un grand honneur, M. le
maire, de vous avoir devant nous pour parler de la magnifique ville de Québec. Évidemment,
beaucoup d'entre nous, on vit ailleurs, mais on travaille à temps plein dans
cette magnifique ville. Et chaque fois qu'on revient... D'ailleurs, je vous
dirais, c'était avec beaucoup d'émotion que j'ai vu la ville décorée, comme
vous l'aviez promis, pour Noël. Ça m'a fait du bien. Parce que je ne pense pas
que Montréal est rendue là, et, vraiment, ça nous fait du bien. Alors, on a eu
l'occasion, par le passé, de parler beaucoup d'immigration, mais là je suis
vraiment contente d'être ici pour ce dossier-là.
Je veux en revenir sur cette question de
votre capacité d'avoir le pouvoir de faire appel au TAQ lorsqu'il y a une
demande qui est refusée, de révision. Et j'aimerais voir, avec la lumière du
statut particulier de la Capitale-Nationale, il y avait un chapitre sur la
culture et le patrimoine...
La Présidente (Mme Guillemette) :
30 secondes, Mme la députée.
Mme Weil
: La question,
oui, c'est : Comment fusionner les deux? Et, moi, je vois que peut-être ça
vient refléter ce nouveau statut quand même, qui est assez récent, d'avoir ce
pouvoir-là.
M. Labeaume (Régis) : Bien, c'est
un tout cohérent et c'est une grande responsabilité d'avoir un quartier qui
fait partie du patrimoine mondial de l'UNESCO. C'est une grande responsabilité.
Elle est morale, la responsabilité. Mais, au-delà de la moralité et du fait
qu'on soit... on fait partie de la... D'ailleurs, j'ai moi-même présidé
l'Organisation des villes du patrimoine mondial pendant deux ans. Alors, je
pense que je m'y connais pas pire, là. Et donc... Mais, au-delà de ça, il faut
que ça s'articule avec des projets. Alors, une fois qu'on a le titre, il faut
que ça vive. Et là on a de la misère à le faire vivre. Alors, le problème est
là, on a de la misère à faire accepter des projets.
Puis honnêtement, tu sais, regardez la
liste des membres de la Commission d'urbanisme à la ville de Québec, ce sont
des gens de grande qualité qui vivent à Québec, qui connaissent l'architecture,
ce sont des spécialistes dans leur domaine. Alors, ça nous embête. Puis, quand
vous avez passé tout le processus démocratique, conseils de quartier, comités
de citoyens, etc., puis que finalement on nous écrive, puis on nous dise non,
puis qu'on doive envoyer quelqu'un pour comprendre ce que dit la lettre, on est
là des fois, alors, ce que la ministre dit quand elle veut établir des
critères, c'est parfait, il faut que ça se fasse, c'est <fondamental...
M. Labeaume (Régis) :
...passé tout le processus démocratique, conseils de quartier, comités de
citoyens, etc., puis que finalement on nous écrive, puis on nous dise non, puis
qu'on doive envoyer
quelqu'un pour comprendre ce que dit la lettre, on
est là des fois.
Alors, ce que la
ministre dit
quand elle veut établir des critères, c'est parfait, il faut que ça se fasse, c'est
>fondamental, mais, en même temps, les critères, il faut les interpréter
souvent. Puis, quand on tombe dans l'interprétation, bien, ça mène à
l'arbitraire souvent.
Alors, nous, on pense qu'on doit pouvoir
faire appel d'une décision qui n'est pas malhonnête, c'est une décision
d'appréciation, d'interprétation, souvent, parce que le patrimoine, ce n'est
pas une science pure, en passant, hein, ce n'est pas une science si exacte que
ça, là, alors, il faut qu'on ait une seconde opinion, un second regard sur ces
projets-là, s'il y a des problèmes.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Donc, nos échanges sont terminés pour ce matin. Merci,
M. Labeaume. Merci, Mme Savard et tous les gens qui vous
accompagnent. Ça a été très enrichissant. Et, oui, on a un beau Québec, c'est
très agréable.
Donc, on va suspendre quelques minutes, le
temps d'accueillir nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 12 h 16)
(Reprise à 12 h 18)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, nous reprenons nos travaux.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, merci, tout le monde. Donc, bonjour, M. Breton-Demeule, d'être avec
nous ce matin. Je vous inviterais d'abord à vous présenter, et vous aurez un
10 minutes pour présenter votre exposé, et ensuite il y aura une période
d'échange avec les membres de la commission. Donc, je vous cède la parole.
M. Charles Breton-Demeule
(Visioconférence)
M. Breton-Demeule (Charles) :
Parfait. Bonjour. Charles Breton-Demeule. Je suis avocat et doctorant <en
droit à...
La Présidente (Mme Guillemette) :
...
d'abord à vous présenter, et vous aurez un 10 minutes pour
présenter votre exposé, et ensuite
il y aura une période d'échange avec
les membres de la commission. Donc, je vous cède la parole.
M. Breton-Demeule (Charles) :
Parfait. Bonjour. Charles Breton-Demeule. Je suis avocat et doctorant >en
droit à l'Université Laval et à l'ENS Paris-Saclay.
Dans le cadre de mes recherches de thèse,
je m'intéresse à la protection juridique du patrimoine bâti, plus
particulièrement au rôle des municipalités dans la protection de ce patrimoine.
Alors, je dois vous dire que je suis très heureux d'être avec vous aujourd'hui
pour discuter du projet de loi n° 69.
Mon exposé concernera principalement les
pouvoirs des municipalités dans le projet de loi et sera divisé en deux parties.
Dans la première, je reviendrai sur ce qui constitue, à mon avis, des avancées
majeures pour la protection du patrimoine, donc des points positifs, et, dans
la deuxième partie, je vous ferai part des modifications, des amendements qui,
à mon avis, seraient essentiels pour rendre le projet de loi encore meilleur
quant à la protection du patrimoine bâti.
Donc, en ce qui concerne les points
positifs, j'en ai identifié trois principaux. Brièvement, là, le premier
concerne la tenue obligatoire d'un inventaire pour les MRC, donc ce n'était pas
obligatoire auparavant, et c'est une bonne nouvelle. Le deuxième concerne
l'adoption obligatoire d'un règlement sur le contrôle des démolitions. Donc, ça
permettra aux citoyens et aux citoyennes de participer au débat public
entourant la protection du patrimoine. Et enfin le troisième point positif
concerne l'octroi d'un pouvoir de citation aux MRC. Donc, ce sont des acteurs
supplémentaires qui pourront protéger le patrimoine dorénavant.
• (12 h 20) •
Malgré ces avancées majeures, il y a
certains éléments du projet de loi qui, à mon avis, devraient faire l'objet de
certaines modifications pour que le projet puisse être encore meilleur quant à
la protection du patrimoine. J'aimerais partager avec vous quatre principaux amendements
qui me semblent essentiels.
Le premier concerne l'adoption obligatoire
d'un règlement sur l'entretien des bâtiments par les municipalités. À l'heure
actuelle, la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme prévoit des dispositions qui
permettent aux municipalités d'encadrer l'entretien des bâtiments. Or, ces
dispositions ne sont pas d'adoption obligatoire, et ça peut conduire à une
situation malheureuse qu'on a pu observer dans les dernières années, celle d'une
personne qui achète un bâtiment patrimonial dans l'intention de le démolir et,
pour arriver à cette fin, néglige l'entretien du bâtiment, et, au bout de
quelques années, l'immeuble est tellement détérioré que la seule solution
viable consiste à le démolir. Donc, pour remédier à ce problème, il devrait y
avoir une adoption obligatoire de règlements sur l'entretien des bâtiments par
les municipalités. Et c'est un processus, là, que le Vérificateur général
qualifie de «démolition par abandon».
Et la raison pour laquelle ces règlements <devraient
être...
M. Breton-Demeule (Charles) :
...
pour remédier à ce problème, il devrait y avoir une adoption
obligatoire de règlements sur l'entretien des bâtiments par les municipalités.
Et c'est un processus, là, que le Vérificateur général qualifie de «démolition
par abandon».
Et la raison pour laquelle ces
règlements >devraient être rendus obligatoires, c'est qu'actuellement,
selon le MAMH, il y a 65 % des municipalités au Québec qui n'ont pas de
règlement sur l'entretien des bâtiments. Alors, ça peut faire en sorte que dans
65 % des municipalités au Québec, il sera possible, en toute légalité,
pour un propriétaire, de laisser un immeuble qui est non classé ou non cité se
détériorer. Donc, ça concerne, à mon avis, là, le premier élément qui devrait
être modifié : l'adoption obligatoire d'un règlement sur l'entretien des
bâtiments.
Ensuite, le deuxième amendement qui, à mon
avis, devrait être apporté concerne l'encadrement des pouvoirs du comité de
démolition. Les notes explicatives du projet de loi indiquent que l'octroi de
nouveaux pouvoirs aux municipalités relativement à la démolition a
principalement pour objectif de protéger le patrimoine immobilier. Or, ce qu'on
constate, c'est que dans le projet de loi, il n'y a aucune disposition qui
précise que le rôle du comité de démolition devrait être de prioriser la
protection du patrimoine dans ses décisions. Donc, je pense que ça devrait être
inscrit dans les dispositions relatives au comité de démolition. Mais également
il devrait y avoir un encadrement beaucoup plus précis des critères que doit
prendre en considération le comité dans sa demande, parce qu'à l'heure actuelle
ces critères sont beaucoup trop larges et ils ne permettent pas une analyse
exhaustive de la valeur patrimoniale du bâtiment. Donc, dans mon mémoire, j'en
propose quelques-uns, entre autres l'âge du bâtiment, son courant architectural,
ses occupants, son histoire, son lien avec la trame urbaine dans laquelle il
s'insère. Ce sont tous des éléments qui, à mon avis, devraient être pris en
compte de manière obligatoire lorsque le comité analyse une demande.
Et la raison pour laquelle je crois qu'il
revient au législateur québécois de prévoir ces critères de manière
obligatoire, c'est que, selon le Vérificateur général du Québec, il y a
70 % des municipalités au Québec qui estiment ne pas avoir les compétences
nécessaires pour intervenir adéquatement en matière de protection du
patrimoine. Donc, grosso modo, il y a environ le trois quarts, là, des
municipalités qui disent : Nous ne savons pas comment faire. Alors, je
pense qu'il revient au législateur québécois de prévoir des critères beaucoup
plus stricts pour que la démolition ne soit pas qu'une formalité.
Le troisième amendement, qui, à mon avis,
est essentiel, concerne les recours qui sont disponibles pour les citoyens dans
le cas où une maison, donc, ne ferait pas l'objet d'un classement ou d'une
protection par les municipalités et que la démolition de cette maison est
autorisée. Je vous explique. On a assisté, dans les dernières années, à
plusieurs cas de <bâtiments...
M. Breton-Demeule (Charles) :
…
pour les citoyens dans le cas où une maison, donc, ne ferait pas
l'objet d'un classement ou d'une protection par les municipalités et que la
démolition de cette maison est autorisée. Je vous explique. On a assisté, dans
les dernières années, à plusieurs cas de >bâtiments qui avaient fait
l'objet d'une autorisation de démolition par la municipalité. Donc, je pense, par
exemple, là, à la maison Déry à Charlesbourg, la maison Pasquier à Québec,
l'église Saint-Coeur-de-Marie à Québec, mais aussi la maison Laporte à
Saint-Ambroise-de-Kildare ou la maison Bissonnette à Saint-Malachie. Donc, ce
sont des immeubles patrimoniaux pour lesquels la demande de démolition avait
été autorisée, et ça a amené les citoyens à se mobiliser, à dire : C'est
des bâtiments patrimoniaux, ils méritent d'être sauvés. Les citoyens se sont
tournés vers le ministère. Le ministère a analysé le dossier, a conclu que ces
bâtiments-là avaient une valeur patrimoniale, mais a indiqué que ces bâtiments
avaient une valeur qui était d'intérêt local et donc qui n'était pas d'intérêt
national, ce qui fait en sorte que le ministère n'a pas procédé au classement
de ces biens-là.
Or, les municipalités, à l'heure actuelle,
elles n'ont pas l'obligation de procéder à la citation des bâtiments
patrimoniaux sur leur territoire. Alors, ça fait en sorte que, finalement, ces
bâtiments-là dont je vous ai fait part tout à l'heure, ils ont disparu. Et ce
qui est le plus triste, c'est qu'ils ont disparu non pas parce qu'ils n'avaient
pas de valeur patrimoniale, mais bien parce qu'on n'arrivait pas à s'entendre
entre le ministère et les municipalités sur qui devait protéger ces biens-là, et,
pour cette raison, je crois qu'un recours en contestation devant le Tribunal
administratif du Québec serait une option nécessaire pour dépolitiser les
dossiers et permettre à toutes les parties de s'exprimer devant un organe
neutre. Et le tribunal, à mon avis, serait chargé, dans un cas comme celui-là,
de répondre à deux questions, d'abord : Est-ce que le bien a une valeur
patrimoniale qui fait en sorte qu'il mérite d'être protégé et, si oui, à qui
revient la tâche de le protéger? Et donc c'est essentiel de le prévoir, parce
que je crois que le recours qui est prévu, là, pour les MRC, sur la possibilité
de désavouer une décision d'un conseil qui autorise la démolition, ne constitue
pas un rempart suffisant pour prévenir ces cas-là, parce que le maire ou la
mairesse du conseil qui a autorisé la démolition fait partie du conseil de la
MRC. C'est susceptible de placer, là, les élus du conseil de la MRC dans une
position délicate, ce qui entraîne un risque non négligeable que ce pouvoir-là
ne soit pas utilisé. Et donc c'est le troisième amendement, c'est prévoir un
recours devant le Tribunal administratif du Québec dans ces cas-là.
Et je termine maintenant avec le quatrième
élément qui, à mon avis, devrait être modifié dans le projet de loi, qui
concerne l'encadrement des pouvoirs relatifs à la démolition sur le territoire
de la ville de Québec. Il y a une exception qui est prévue, dans le projet de
loi, relativement aux <immeubles qui sont…
M. Breton-Demeule (Charles) :
...dans ces cas-là.
Et je termine
maintenant avec le
quatrième élément qui,
à mon avis, devrait être modifié dans le
projet
de loi, qui concerne
l'encadrement des pouvoirs relatifs à la démolition
sur le
territoire de la
ville de Québec. I
l y a une
exception qui est prévue, dans le
projet de loi,
relativement aux
>immeubles qui sont sous compétence de la Commission d'urbanisme et de
conservation de Québec, et on prévoit que la ville peut adopter un règlement, à
l'égard de ces bâtiments-là, qui ne prévoit pas, là, les garanties relatives à
la participation citoyenne, donc l'affichage d'un avis public et la tenue d'une
audition publique à laquelle les citoyens peuvent participer. Moi, je pense que
cette exception-là devrait être mieux encadrée pour permettre que ces garanties
relatives à la participation citoyenne s'appliquent sur le territoire de la
ville de Québec, principalement pour deux raisons, la première, parce que c'est
une question d'équité pour les citoyens de Québec par rapport à ceux du reste
du Québec qui auraient la possibilité de se prononcer et, deuxièmement, parce
qu'on a assisté, malheureusement, à plusieurs démolitions sur le territoire de
la ville de Québec dans les dernières années. Je vous ai fait la liste dans mon
mémoire.
Donc, ça conclut, là, les quatre
amendements qui, à mon avis, seraient essentiels. Par contre, je l'ai précisé
au tout début, c'est un projet de loi qui apporte des avancées majeures. Et je
pense que ces avancées méritent d'être soutenues.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, M. Breton-Demeule. Maintenant, on passerait à la période
d'échange avec Mme la ministre. Donc, je vous cède la parole, Mme la ministre.
Mme Roy
: Je vais enlever
ça. Ça va aller mieux. Bonjour, maître. Contente de vous voir. Merci pour votre
mémoire. Attendez, je vais mettre mon chronomètre à l'instant. Voilà. Contente
de vous voir.
Pour ceux qui l'ignorent et qui nous
écoutent, vous avez commis un livre très important, un travail minutieux
justement sur le patrimoine bâti au Québec. Éventuellement, c'est ce qui va
s'appeler une doctrine, si on l'utilise, et que ce sera enseigné ou même
utilisé dans des décisions jurisprudentielles pour la suite des choses. Donc,
vous êtes un spécialiste de la question, j'avais hâte de vous entendre.
Le patrimoine, et vous le dites à juste
titre, il y a plusieurs instances qui sont impliquées, autant le gouvernement
du Québec, qui classe et qui déclare, les villes qui citent, et maintenant on
souhaite que les MRC puissent citer également. Puis vous avez les citoyens, les
citoyens qui sont au coeur de tout ça et qui, à certains moments, jouissent d'une
mesure de protection pour une question x ou y, jouissent d'une mesure de protection
pour un bâtiment puis, à d'autres moments, ont de magnifiques bâtiments qui n'ont
aucune mesure de protection.
• (12 h 30) •
Depuis le début, les groupes... Depuis mon
arrivée en poste, là, le principal... une des principales demandes qui nous ont
été faites, c'était cet inventaire-là. Je pense qu'on est rendus à faire un
inventaire unifié, mettre à jour ce qui existe, faire basculer ce qui existe,
nous assurer que nous ayons tous le même discours.
Je vais... Donc, ce que vous faites avec
ce mémoire-là, vous nous aiguillez, mais je pense que je vais aller tout de
suite à vos <recommandations...
>
12 h 30 (version révisée)
<12187
Mme Roy
:
…Je pense qu'on est rendus à faire un inventaire unifié, mettre à jour ce qui
existe, faire basculer ce qui existe, nous assurer que nous ayons tous le même
discours.
Je vais... Donc, ce que vous faites
avec ce mémoire-là, vous nous aiguillez, mais je pense que je vais aller tout
de suite à vos >recommandations. Ce sont des recommandations… Il y en a
une — attendez, j'ai pris des notes ici — relativement à
l'entretien des bâtiments. On sait que la loi permet… Attendez un petit peu,
attendez un petit peu, attendez un petit peu. La loi actuelle permet et dit que
les propriétaires de bâtiments, naturellement, doivent entretenir les bâtiments
qui sont… qui ont cette mesure de protection. Que se passe-t-il quand les
bâtiments n'ont pas de mesure de protection? Je pense que c'est à cet égard-là
que vous nous dites que nous devrions forcer un règlement. J'aimerais que vous
élaboriez là-dessus, parce que dans quelle mesure… Et c'est dans la LAU. Ce
n'est pas dans la Loi sur le patrimoine culturel, mais nous l'ouvrons, là,
actuellement. Dans quelle mesure, est-ce qu'il serait possible et opportun de
forcer ce règlement pour qu'il y ait entretien de bâtiments? Et dans quelle
mesure ce serait applicable? Parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de citoyens qui
possèdent des bâtiments qui ne sont pas inventoriés et qui ne possèdent pas de
mesure de protection.
M. Breton-Demeule (Charles) :
Oui. Merci pour votre question. Effectivement, c'est une question importante, parce
que, comme vous l'avez mentionné, il y a l'article 203 de la Loi sur le
patrimoine culturel qui permet d'ordonner l'entretien d'un bâtiment qui est
cité. Mais, pour ce qui est inventorié, il n'y a pas de disposition
actuellement, sauf celles qui sont prévues dans la LAU à l'article 145.41.
C'est un régime complet, là, qui prévoit l'entretien des bâtiments, qui est
déjà présent, mais ce régime n'est pas d'adoption obligatoire pour les
municipalités. Et moi, je pense que, pour les mêmes raisons qu'on rend
l'adoption d'un règlement sur les démolitions obligatoire avec le projet de loi,
on devrait également rendre ce règlement obligatoire. Et ça permet non
seulement de s'assurer, aux municipalités, qu'il y ait des normes obligatoires
relativement à l'entretien des bâtiments… Et sans même que le règlement ne
puisse s'appliquer, je pense que ça permet de prévenir la situation de la
démolition par abandon. Parce que dorénavant les gens qui savent qu'ils
souhaitent acheter un bâtiment pour négliger son entretien, ils sauront qu'il
existe un règlement sur l'entretien des bâtiments et qu'ils ne pourront pas
laisser le bâtiment se détériorer. Alors, c'est dans cette perspective-là, je
pense, qu'un règlement sur l'entretien des bâtiments est essentiel, parce
qu'autrement la démolition sera rendue facilitée. Donc, on interdit la
démolition par règlement, mais on permet que le bâtiment se détériore, et,
finalement, la seule solution possible, ça devient sa démolition s'il est trop
détérioré.
Mme Roy
: Il y a
quelque chose d'intéressant. Vous nous parlez aussi dans le mémoire de
permettre à toute personne intéressée de s'adresser au TAQ afin de contester
une autorisation de démolition <accordée…
M. Breton-Demeule (Charles) :
...
on permet que le bâtiment se détériore, et, finalement, la seule
solution possible, ça devient sa démolition s'il est trop détérioré.
Mme Roy
: Il y
a quelque chose d'intéressant. Vous nous parlez aussi dans le mémoire de
permettre à toute personne intéressée de s'adresser au TAQ afin de contester
une autorisation de démolition >accordée par une municipalité en vertu
de la LAU et vous nous dites qu'un recours semblable existe dans d'autres lois québécoises.
Pouvez-vous me donner des exemples, par exemple?
M. Breton-Demeule (Charles) :
Oui. Par exemple, dans la Loi sur la qualité de l'environnement, on prévoit que
toute personne intéressée peut s'adresser à la Cour supérieure pour obtenir une
injonction, là, pour faire cesser un acte qui est susceptible de porter à
l'atteinte au droit à un environnement sain. Mais il y a d'autres exemples
aussi, par exemple, dans la Loi sur la protection du territoire et des activités
agricoles, où on prévoit que toute décision de la commission peut faire l'objet
d'une révision, là, à la demande de toute personne intéressée. Également, dans
d'autres lois, je pense à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, à son article 227,
qui prévoit pour... que toute personne intéressée peut s'adresser à la Cour
supérieure pour obtenir, là, le respect d'un règlement de construction, par
exemple, de la municipalité. Donc, c'est des mesures qui existent déjà en droit
québécois. Et je suis d'avis que, puisqu'il en existe en urbanisme, en
protection du territoire agricole, en protection de l'environnement, il devrait
y en avoir aussi pour la protection du patrimoine, d'autant plus...
Et moi, je propose que ce soit le Tribunal
administratif du Québec, parce que le projet de loi confère déjà des pouvoirs
au TAQ relativement à la révision des décisions prises par le ministère, là,
dans les sites patrimoniaux. Donc, le TAQ pourrait déjà disposer d'une certaine
expertise en matière de patrimoine avec ce qui est prévu dans le projet de loi.
Et je pense que c'est un volet qui viendrait compléter ça et qui permettrait,
là, de combler un peu le vide juridique dont j'ai fait mention lorsqu'il s'agit
d'un bâtiment qui n'est pas cité ni classé.
Mme Roy
: Vous
nous dites aussi qu'il sera opportun d'appliquer la Loi sur le patrimoine
culturel de manière uniforme à toutes les municipalités du Québec. Et là vous
faites allusion… parce que la ville de Québec — nous avions les gens
de la ville de Québec juste avant vous — pourrait, dans la présente
version du projet de loi, tenir à huis clos, sans avis public, les réunions de
son fameux comité de démolition. Et ça, vous le dites, et il y a aussi un
éminent journaliste qui suit nos travaux, M. Nadeau, que je salue, c'était
une des premières questions qu'il avait posées, en disant : Bien, on
laisse faire la commission de Québec, la commission d'urbanisme de Québec va
pouvoir continuer à tenir ses travaux à huis clos, sans avis public. Pourriez-vous
commenter à cet égard-là davantage votre proposition?
M. Breton-Demeule (Charles) :
Oui. Bien, ce qu'on prévoit dans le projet de loi, c'est que l'ensemble des
municipalités au Québec devront dorénavant rendre obligatoire l'affichage, là,
d'un <avis...
Mme Roy
: ...
Pourriez-vous
commenter à cet égard-là davantage votre proposition?
M. Breton-Demeule (Charles) :
Oui. Bien, ce qu'on prévoit dans le projet de loi, c'est que l'ensemble des
municipalités au Québec devront dorénavant rendre obligatoire l'affichage, là,
d'un >avis public relativement à la demande de démolition d'un bâtiment
patrimonial. Donc, concrètement, ça, ça permet à la population de prendre
conscience du fait qu'il y a une demande de démolition qui a été déposée, et il
y a la tenue obligatoire aussi d'une audition publique. Ça, ça permet aux gens
de faire valoir leur point de vue, de dire : Écoutez, cet immeuble-là a
une valeur patrimoniale importante pour notre municipalité et il mérite d'être
conservé.
Donc, actuellement, je l'ai dit, ça, c'est
une avancée majeure qui est prévue pour l'ensemble des municipalités au Québec,
sauf pour la ville de Québec, où on dit : Bien, il n'y a pas des garanties
relatives à la participation citoyenne. Moi, je pense que cette exception-là,
elle devrait être mieux encadrée pour permettre, justement, aux citoyens de prendre
la parole et de prendre surtout connaissance d'une démolition ou d'une demande.
Parce qu'autrement c'est uniquement quand les pépines sont rendues sur le
terrain que les gens peuvent savoir qu'il y a une demande de démolition qui a
été autorisée. Et ça, ça amène tous les intervenants à intervenir en pompiers,
là, parce que tout est déjà fait, et c'est à la dernière minute qu'on
l'apprend.
Donc, je pense que, par souci d'équité
aussi pour les citoyens de la ville de Québec qui méritent d'avoir ce droit-là
de se prononcer, de connaître les demandes de démolition, l'exception devrait
être mieux encadrée.
Mme Roy
: Donc, je
suis ravie de voir que vous voyez d'un bon oeil le fait que nous voulons, nous
souhaitons qu'il y ait ces règlements de démolition qui soient obligatoires
pour tout le monde, qu'il n'y a pas de passe-droit, qu'on rend ça public pour
que tous sachent partout. Et la décision sera prise en connaissance de cause,
là, s'il y a démolition. Actuellement, en tant que ministre, et vous l'avez
dit, j'apprends le matin qu'une pelle mécanique vient de défoncer un bâtiment
patrimonial, alors...
Et le processus… J'aimerais que vous me
parliez un peu du processus que je veux mettre de l'avant pour le reste du Québec
aussi, ce processus-là qui nous assure que les MRC soient impliquées, qu'il y a
ce règlement de démolition, et qu'il y a des comités qui sont là pour se
pencher sur les demandes qui seront faites, et que la population puisse se
prononcer dans un délai imparti. On n'attendra pas 10 ans, comme nous le
disait la Vérificatrice générale. Peut-être y aura-t-il lieu de modifier les
délais pour les rendre plus réalistes à la réalité puis à l'engorgement des
demandes, mais… C'est un aparté que je fais là, mais j'aimerais que vous commentiez
ce mécanisme-là qu'on tente de mettre sur place, c'est-à-dire, bien,
minimalement, comme 65 % des villes n'ont pas de règlement de démolition,
dans quelle mesure en obliger un, ça va aider à protéger le patrimoine. Je
voudrais vous entendre là-dessus.
M. Breton-Demeule (Charles) :
Oui. Bon, actuellement, comme vous l'avez mentionné, ce n'est pas obligatoire,
le règlement sur les démolitions. Donc, dans ce cas-là, lorsqu'une ville n'a
pas de règlement sur les démolitions, il n'y a pas d'affichage, là, public de
la demande et il n'y a pas de séance publique non plus. Et, dans ce cas-là, les
villes, du point de vue juridique, elles n'ont pas la discrétion pour refuser
la <demande...
M. Breton-Demeule (Charles) :
...
vous l'avez mentionné, ce n'est pas obligatoire, le règlement sur les
démolitions.
Donc, dans ce cas-là, lorsqu'une ville
n'a pas de règlement sur les démolitions, il n'y a pas d'affichage, là, public
de la demande et il n'y a pas de séance publique non plus. Et, dans ce cas-là,
les villes, du point de vue juridique, elles n'ont pas la discrétion pour
refuser la >demande, c'est-à-dire que, si la demande respecte, là, des
normes minimales, je pense, entre autres, au paiement des frais ou au règlement
de zonage, bien, la municipalité, juridiquement, en vertu de la LAU, elle n'a
pas le choix d'émettre le permis de démolition. Alors qu'avec un comité de
démolition on confère à la municipalité une discrétion.
Donc, du point de vue juridique, ça fait
en sorte que la municipalité peut accepter ou refuser la démolition sur la base
de considérations d'opportunité, notamment des considérations relatives au
patrimoine. Donc, ça permet, finalement, d'éviter des démolitions intempestives
et surtout ça permet la tenue d'une audition publique à laquelle les citoyens
peuvent participer pour faire valoir leur point de vue.
• (12 h 40) •
Par contre, et là je l'ai mentionné dans
mes recommandations, je pense que les critères que doivent analyser le comité
lors de la demande, ils devraient être mieux encadrés pour s'assurer que tout
ce qui est relatif à la valeur patrimoniale du bâtiment, à son âge, à son
courant architectural, ça soit pris en compte, de manière obligatoire dans le
comité, en toute connaissance de cause, parce qu'actuellement les critères ils
ne sont pas assez définis pour permettre cette décision plus approfondie.
Et donc il y a le fait aussi, et je l'ai
mentionné, que 70 % des municipalités estiment qu'elles n'ont pas les
compétences techniques pour intervenir. Je pense qu'il revient donc, là, au
législateur de prévoir des critères plus stricts, parce qu'autrement il y a un
risque que la démolition ne soit qu'une formalité. Et même s'il y a une
audition publique, les critères relatifs au patrimoine ne sont pas
nécessairement pris en compte, et on dit : Ah! bien, on autorise la
démolition, il faut aller de l'avant.
Mme Roy
: C'est
extrêmement important, ce que vous venez de dire là, puis c'est le noeud du
problème actuellement, je pense. Il y en a plusieurs autres, là, mais que des
municipalités... et ce n'est pas nécessairement de la mauvaise foi. Et c'est
pour ça, je vous dis, c'est un travail de collaboration, puis on veut que les
municipalités puis les villes embarquent. Des municipalités, lorsqu'elles se
font demander le permis et qu'elles n'ont pas, justement, de règlement de
démolition, doivent le donner, alors... ce qui ne veut pas dire qu'elles le
donnent nécessairement de gaieté de coeur, ou par négligence, ou parce qu'elles
se fichent du patrimoine, mais que la loi est ainsi faite. Et c'est la raison
pour laquelle on veut leur fournir un outil qui leur permettra de donner ce
permis, si elles le jugent à propos, mais compte tenu de critères, et qu'elles
puissent avoir le temps d'y réfléchir, et que la communauté, les citoyens le
sachent et le gouvernement également pour ne pas agir en catastrophe. Et moi,
je pense que c'est une des pierres angulaires de ce projet de loi, vous pourrez
me le dire, mais, tu sais, c'est un outil supplémentaire.
Pour ce qui est des critères, ça aussi, on
veut les rendre beaucoup plus clairs, précis, transparents. Vous les verriez
où, les critères? Parce qu'ils sont <dans la loi...
Mme Roy
: ...
Et
moi, je pense que c'est une des pierres angulaires de ce projet de loi, vous
pourrez me le dire, mais… c'est un outil supplémentaire.
Pour ce qui est des critères, ça aussi,
on veut les rendre beaucoup plus clairs, précis, transparents. Vous les verriez
où, les critères? Parce qu'ils sont >dans la loi actuellement, il y aura
ultimement des règlements, on va refaire les catégories, les classifications,
mais vous les verriez où pour les municipalités et MRC?
M. Breton-Demeule (Charles) :
Oui. Merci pour votre question. Les critères, je les verrais, là, tout de suite
au début de la série de pouvoirs habilitants relatifs à la démolition dans la
LAU, donc à l'article 148.0.1, où on prévoit le contenu du règlement, on
dit sur quoi porte le règlement de démolition. Et je pense que les critères, c'est,
dès le départ, où on devrait dire : Le règlement doit comprendre tel, tel,
tel critère lors de l'analyse de la demande. C'est à ce moment-là que ça
devrait être prévu. Actuellement, il y a de ces critères qui sont prévus de
manière obligatoire, mais ne sont pas assez définis pour la protection du
patrimoine, donc c'est à ce moment-là qu'on devrait les prévoir.
Et aussi, à l'article 148.0.2, on
prévoit certains documents que la municipalité peut exiger avant le dépôt d'une
demande, mais le projet de loi ne les rend pas obligatoires. Moi, je pense qu'il
y a certains de ces documents qui devraient être obligatoires. Je pense, entre
autres, à une étude d'expertise patrimoniale. Donc, le propriétaire qui
souhaite faire une demande doit avoir une étude qui dit : Écoutez, il est
impossible de restaurer le bâtiment. Il y a une personne indépendante qui s'est
prononcée, et il dit : On ne peut pas le restaurer. Et il doit y avoir aussi
des preuves relatives à l'entretien du bâtiment par le propriétaire. J'ai vu
certaines villes, par exemple à Lévis, qui demandent des preuves que le
bâtiment a été chauffé dans les dernières années, pour ne pas que la démolition
soit autorisée, et qu'on soit face à un cas de négligence.
Et il y a aussi le fait... Moi, je pense
qu'il y a un programme, là, de subventions qui a été mis en place récemment. Ce
serait intéressant de prévoir que, lorsqu'il y a une demande de démolition qui
est déposée, on ait la preuve que le propriétaire ait fait des démarches
antérieurement pour voir si des subventions étaient disponibles pour restaurer
son bâtiment. Je pense que ça serait essentiel que les municipalités l'exigent
avant le dépôt d'une demande parce que ça permettrait de voir est-ce que la
restauration a vraiment été considérée avant la démolition.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, M. Breton-Demeule. Merci, Mme la ministre.
Mme Roy
: Merci,
maître. Très, très intéressant.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, on passerait maintenant à la partie d'échanges avec Mme la députée de
Verdun pour 9 min 54 s.
Mme Melançon : Merci.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Maître, bonjour. Merci beaucoup. Merci de
partager avec nous, dans le fond, vos réflexions, qui sont bien étayées, je
dois le mentionner, là. C'était… En lecture, là, à chaque fois, je me disais :
O.K., mais où est-ce qu'on veut en venir? Puis il y a la réponse qui vient par
la suite. C'était vraiment très intéressant.
Je voudrais continuer, justement, sur la
discussion que vous aviez avec la <ministre...
Mme Melançon : …
vos
réflexions, qui sont bien étayées, je dois le mentionner, là. C'était… En
lecture, là, à chaque fois, je me disais : O.K., mais où est-ce qu'on veut
en venir? Puis il y a la réponse qui vient par la suite. C'était vraiment très
intéressant.
Je voudrais continuer, justement, sur
la discussion que vous aviez avec la >ministre concernant les
démolitions par abandon. Lorsque vous dites que ça prend la preuve d'entretien,
moi, j'en suis, là, pour assurer, pour obtenir, dans le fond, le permis de
démolition, mais vous savez que les municipalités, malheureusement, parfois
vont être aux prises, bien, avec des édifices qui vont avoir été abandonnés,
puis là, bien, il y a le service des incendies qui va venir puis qui va dire :
Bien là, il faut vraiment démolir parce que ça devient dangereux pour la
population. Même si on demande les preuves d'entretien, la suite, c'est qu'il
va y avoir cette démolition-là tout de même. Vous, si j'entends bien, parce que
là, on était dans cette discussion-là, c'est que, s'il y a démolition,
peut-être qu'il peut aussi y avoir des charges, qui seront portées directement
au propriétaire, supplémentaires? Est-ce que c'est ce que je comprends?
M. Breton-Demeule (Charles) :
Oui. En fait, moi, ce que je précisais, c'est qu'il faudrait agir plus en
amont. Donc, pour éviter cette situation-là, où on arrive avec un bâtiment qui
est trop détérioré, il faudrait prévoir un règlement sur l'entretien des
bâtiments. Et ça, ça permettrait de s'assurer qu'un propriétaire ne puisse pas
négliger l'entretien du bâtiment et ça éviterait de se rendre à ce cas-là, là,
où le bâtiment est tellement détérioré que sa démolition doit être autorisée. Parce
que le critère premier, lors d'une demande de démolition, ça devrait être la
valeur patrimoniale du bâtiment, son lien avec la municipalité et pas
nécessairement son état physique. Parce que je comprends, évidemment, il y a
des cas où il y a des bâtiments, de manière accidentelle, ils sont incendiés,
ou tout ça, là, mais, normalement, quand un bâtiment n'est pas entretenu, ça
résulte d'une décision volontaire qui est celle de ne pas investir dans son
entretien. Et ça, c'est possible quand il n'y a pas de règlement qui l'encadre.
Mme Melançon : Et,
dites-moi, dans cette réflexion-là… Parce qu'on parle, depuis le début, bien
sûr, de protection du patrimoine, depuis hier, on est beaucoup là-dedans, mais
vous savez comme moi que, malheureusement, dans certaines municipalités, les
maires sont aux prises avec… Parce qu'ils ont une façon, hein, d'obtenir des
revenus, c'est par les taxes municipales. Et, tant et aussi longtemps où on ne
trouvera pas une solution pour que la maison patrimoniale puisse avoir une
valeur, une vraie valeur aux yeux de la municipalité, ce sera difficile parfois
de protéger le patrimoine. Est-ce que vous avez réfléchi un peu, peut-être, sur
des avantages fiscaux qu'on peut avoir, justement, pour donner une valeur? Puis
là je vous le dis, là, moi, le patrimoine, là… je pense que tout le monde qui
est ici dans la salle, là, on aime le <patrimoine, on…
Mme Melançon : ...
le
patrimoine. Est-ce que vous avez réfléchi un peu sur… peut-être sur des
avantages fiscaux qu'on peut avoir, justement, pour donner une valeur? Puis là
je vous le dis, là, moi, le patrimoine, là… je pense que tout le monde qui est
ici dans la salle, là, on aime le >patrimoine, on aime le patrimoine québécois.
On ne remet rien de tout ça en cause, mais il faut quand même réfléchir et se
mettre quelques minutes à la place des maires et mairesses de partout au Québec
qui se disent, à un moment donné : O.K. Bon, bien là, j'ai le choix. J'ai
cette maison-là, qui est probablement dans un état trop avancé. Qu'est-ce que
je fais? Est-ce qu'on investit des sommes là? Ou j'ai un promoteur qui vient me
voir puis qui me dit : Bien, nous autres, on va te raser ça, là, puis on
va te monter des condos, puis ça va être payant, ça va être lucratif pour la municipalité.
Est-ce que vous vous êtes penché là-dessus? Pouvez-vous m'éclairer un peu, s'il
vous plaît?
M. Breton-Demeule (Charles) :
Oui. D'abord, je pense que la question de la protection du patrimoine découle d'une
question de volonté. Des exemples, là, de bâtiments patrimoniaux qui sont
habités, qui sont vécus et qui sont rentables, il y en a. Et je vais vous en
donner quelques-uns. Par exemple, à Québec, pour ne pas la nommer, l'entreprise
Chocolats favoris, qui opère une chocolaterie dans le site patrimonial de
Charlesbourg, dans une résidence bourgeoise, et ça n'empêche pas les gens de
venir acheter de la crème glacée parce que la maison est ancienne. Je pense à
la Fromagerie du Presbytère, à Sainte-Élizabeth, dans le Centre-du-Québec. C'est
une fromagerie qui attire 25 000 personnes par année. On a transformé
un presbytère et une église en fromagerie. Et tout ça, c'est des immeubles
patrimoniaux qui ont une deuxième vie, d'abord parce qu'il y a des gens qui ont
cru à ce projet. Et donc c'est la raison pour laquelle c'est une question
politique, de volonté. Mais cette volonté-là, on l'a constaté dans les
dernières années, elle doit être encadrée juridiquement. Parce que, comme vous
l'avez souligné, autrement, la pression est trop forte. Et ce n'est pas
uniquement avec de la sensibilisation qu'on pourra convaincre quelqu'un que les
100 000 $ supplémentaires qu'il aurait pu faire avec son projet de
démolition, bien, il ne devrait pas les faire à cause d'une sensibilisation. Ça
prend des normes strictes. Et on l'a déjà fait au Québec par le passé. Je pense
à la commission de protection du territoire et des activités agricoles, il y
avait le même problème de spéculation foncière. Les municipalités voulaient
faire du développement sur les terres, mais on a dit : C'est une question
d'intérêt public, ces terres-là doivent être protégées. Alors, je pense, c'est
la même réflexion qui s'applique pour le patrimoine. Et donc le premier volet
de la réponse, c'est de dire : Il doit y avoir des règlements plus stricts
pour faire en sorte que la démolition ne soit plus une possibilité.
• (12 h 50) •
Et, dans l'aide aux propriétaires, il y a
l'article 241 de la Loi sur le patrimoine culturel qui, à mon avis,
devrait être analysé plus en profondeur parce que cet article-là prévoit qu'on
peut prévoir une réduction de taxes pour les propriétaires d'immeubles
protégés. Mais c'est par règlement du gouvernement qu'on doit prévoir ça. Et
malheureusement, ce que j'ai constaté, là, c'est que, depuis 2011, il n'a pas
vraiment été <adopté...
M. Breton-Demeule (Charles) :
...
plus en profondeur parce que cet article-là prévoit qu'on peut
prévoir une réduction de taxes pour les propriétaires d'immeubles protégés.
Mais c'est par règlement du gouvernement qu'on doit prévoir ça. Et
malheureusement, ce que j'ai constaté, là, c'est que, depuis 2011, il n'a pas
vraiment été >adopté, ce règlement-là, par les gouvernements successifs.
Donc, c'est une piste peut-être à analyser pour aider les propriétaires.
Mme Melançon : Intéressant.
Très intéressant. Tout à l'heure, on avait avec nous le maire de Québec. Et,
dans le mémoire de la ville de Québec, ils parlaient aussi, justement, pour…
Là, je retourne un peu. Tout à l'heure, on parlait donc de l'entretien, hein,
des bâtiments patrimoniaux. À l'intérieur du mémoire de la ville de Québec, il
est question d'augmenter le coût des contraventions, justement, à partir du
moment où il y a un propriétaire qui est réfractaire à vouloir, justement,
faire les investissements nécessaires pour éviter la démolition par abandon. Est-ce
que vous êtes d'accord avec cette proposition-là?
M. Breton-Demeule (Charles) :
Oui. Effectivement, je pense que ce serait positif de rendre moins attrayant,
là, le manque d'entretien d'un bâtiment, mais ça prend aussi des outils
supplémentaires pour les municipalités, donc non seulement de rendre obligatoire
ce règlement sur l'entretien, parce qu'il y a 65 % des municipalités qui n'en
ont pas, mais aussi de prévoir à l'article 145.41 que les municipalités
peuvent demander à la Cour supérieure d'ordonner au propriétaire d'effectuer
lui-même les travaux. Parce qu'actuellement cet article-là permet uniquement
aux municipalités de demander qu'elles puissent exécuter elles-mêmes les
travaux. Et ça, c'est difficile parce que, souvent, on investit des fonds
publics dans un bâtiment qui est d'abord de propriété privée. Et, même s'il y a
une hypothèque, il n'y a pas toujours une garantie que ces coûts-là seront
récupérés. Alors, c'est une modification toute simple, là, je pense, qui
pourrait se faire.
Mme Melançon : Et la
petite dernière parce que là, je vois la présidente qui me regarde en me disant
qu'il me reste moins de temps.
La Présidente (Mme Guillemette) :
1 min 30 s.
Mme Melançon :
1 min 30 s. Je vais faire rapidement. Concernant le pouvoir de
désaveu, j'entends que vous êtes d'accord à savoir que les MRC vont avoir un
pouvoir supplémentaire, donc ce pouvoir de désaveu, si jamais une
municipalité... Mais vous nous dites quand même : Attention, ceci n'est
pas un rempart suffisant parce qu'il y a une joute politique dans tout ça qui
demeure possible. Et c'est pourquoi vous nous référez vers le Tribunal
administratif du Québec en cas de litige, là. Selon vous, est-ce que le
Tribunal administratif, parce que, moi, je ne suis pas avocate, va avoir
suffisamment de pouvoirs à recevoir s'il y a de nombreuses plaintes en ce
sens-là?
M. Breton-Demeule (Charles) :
Oui. Bien, le Tribunal administratif du Québec, c'est un tribunal, là, qui est
déjà reconnu, qui <exerce dans...
Mme Melançon : ...
va
avoir suffisamment… — parce que, moi, je ne suis pas
avocate — va avoir suffisamment de pouvoirs à recevoir s'il y a de
nombreuses plaintes en ce sens-là?
M. Breton-Demeule (Charles) :
Oui. Bien, le Tribunal administratif du QuébecT, c'est un tribunal, là, qui est
déjà reconnu, qui >exerce dans plein de domaines. Et moi, je pense que
la qualité principale que ce recours-là aurait, ce serait de dépolitiser le
dossier. Donc, le Tribunal administratif, c'est un organe qui est neutre, et ça
permettrait à toutes les parties intéressées de faire valoir leur point de vue
relativement à une démolition.
Donc, c'est clair que, comme vous l'avez
mentionné, ce n'est pas un rempart suffisant, le pouvoir de désaveu, et on doit
prévoir un recours devant le TAQ, qui aura une expertise, parce qu'on prévoit
dans le projet de loi que d'autres recours seront possibles devant le TAQ en
matière de patrimoine. Alors, on pourra, je pense, améliorer au fil du temps
cette expertise.
Mme Melançon : Merci. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, M. Breton-Demeule.
M. Breton-Demeule (Charles) :
Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci à tout le monde. Donc, je vous remercie, tout le monde, de votre
contribution aux travaux aujourd'hui. C'est très enrichissant et très agréable.
La commission suspend ses travaux jusqu'à
15 h 50.
(Suspension de la séance à 12 h 55)
15 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 h 51)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Alors, bonjour, tout le monde. À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous reprenons
nos travaux.
La commission est réunie cet après-midi
pour entendre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières du projet de loi n° 69, Loi
modifiant la Loi sur le patrimoine culturel et d'autres dispositions
législatives.
Cet après-midi, nous entendrons, par
visioconférence, la table de concertation des acteurs nationaux en patrimoine
et Mme Phyllis Lambert. Donc, bienvenue à M. Bessette et Mme Cyr.
Mme Cyr, vous êtes là également, on vous entend, mais on ne vous voit pas,
je crois.
Mme Cyr (Lise) : C'est tout à
fait cela. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) :
D'accord. Donc, si vous voulez intervenir, vous n'aurez qu'à vous manifester.
Ça va être un petit peu plus compliqué, mais on va prendre le temps qu'il faut.
Mme Cyr (Lise) : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, je vous souhaite la bienvenue. Je vous rappelle que vous avez 10 minutes
pour présenter votre exposé, et qu'à la suite de ce 10 minutes il va y
avoir un échange avec les membres de la commission. Donc, je vous laisse la
parole immédiatement.
Table de concertation des organismes nationaux en
patrimoine bâti du Québec (TCONPB)
(Visioconférence)
M. Bessette (Guy) : Merci. Mme la
ministre, Mme la Présidente et les membres de la commission, d'abord,
permettez-nous de vous remercier de votre invitation à participer à cette consultation.
Nous représentons la Table de concertation
des organismes nationaux en patrimoine bâti. Cette table regroupe des
organismes nationaux oeuvrant pour la sauvegarde, la mise en valeur et
l'interprétation du patrimoine bâti. Ces organismes rassemblent des milliers de
citoyens de partout au Québec intéressés, interpelés ou impliqués dans le
milieu du patrimoine. La table se veut un espace de discussion ouvert sur des
enjeux communs aux organismes participants en matière de conservation, de
protection et de valorisation du patrimoine. En concordance avec cette mission,
nous avons tenu, notamment, le Sommet national du patrimoine en 2017. Deux
grands constats faisaient consensus au terme de ce sommet : nous devons
envisager le patrimoine bâti dans une perspective intégrée d'aménagement du
territoire et nous devons substantiellement modifier notre discours sur le
patrimoine pour parler de lui comme d'un levier de développement local et
régional durable.
Permettez-moi un préambule à notre
discussion. D'abord, nous tenons à souligner que nous sommes en accord avec
l'esprit du projet de loi. Nos interventions s'appuient sur deux principes
fondamentaux à nos yeux. Premièrement, nous croyons que le patrimoine a besoin
de professionnels et d'organismes pour l'encadrer mais aussi de bénévoles, de
passionnés et de propriétaires exemplaires pour le mettre en valeur.
L'implication des citoyens, nous la retrouvons à deux <niveaux...
M. Bessette (Guy) : ...
s'appuient
sur deux principes fondamentaux à nos yeux. Premièrement, nous croyons que le
patrimoine a besoin de professionnels et d'organismes pour l'encadrer mais
aussi de bénévoles, de passionnés et de propriétaires exemplaires pour le
mettre en valeur. L'implication des citoyens, nous la retrouvons à deux >niveaux :
les organismes locaux liés au patrimoine, qui regroupent des passionnés avec
une grande connaissance de leur milieu, et les organismes nationaux, qui
mobilisent une grande expertise dans leur domaine et une vision d'ensemble à
l'échelle du Québec. Nous croyons que la loi doit explicitement reconnaître les
organismes et s'engager à les soutenir adéquatement afin qu'ils puissent jouer
pleinement leur rôle.
Le second principe est le suivant. Nous
présumons de la bonne foi des municipalités et des MRC, comme vous, mais, sur
le terrain, nous constatons combien les besoins de développement et la
sauvegarde du patrimoine peuvent être des sources de tension. Nous estimons
que, même avec la meilleure volonté du monde, être juge et partie dans une
cause peut facilement amplifier ces tensions.
Quelques observations et suggestions
d'ordre général relatives au projet de loi. Certaines causes peuvent opposer
des visions différentes entre élus et citoyens. Nous croyons que la création
d'un poste d'ombudsman du patrimoine donnerait aux citoyens lésés une
possibilité d'intervention de… (panne de son) …recours évitant des aberrations
comme nous en avons tous vues dans le passé.
En concordance avec le rapport du Vérificateur
général du Québec, nous croyons que les propriétaires de biens classés, et nous
ajoutons cités et inventoriés, devraient bénéficier de la part de l'État d'un
support logistique et financier mieux adapté. Nos expériences nous permettent de
l'affirmer, l'intérêt pour le patrimoine par les autorités locales peut changer
radicalement aux quatre ans. C'est pourquoi nous disons que la décitation d'un
bien ne devrait pas suivre le même chemin que sa citation, que celle-ci devrait
nécessiter une autorisation gouvernementale.
De nombreux inventaires ont été réalisés
par l'État. Ils sont des sources importantes de connaissances. Les grilles utilisées
pour les réaliser devraient être améliorées et servir de base aux inventaires
que les autorités locales seront appelées à produire. Dans la perspective où
ces biens seront placés dans des catégories dont nous ignorons encore la
teneur, il faudra prendre garde que ces biens, qui ne s'inscrivent pas dans la
catégorie d'intérêt national, ne soient pas perçus comme n'ayant pas d'intérêt
local. On a vu trop souvent des administrations locales dire : Ce bien n'est
guère important, il n'est même pas classé par Québec, alors que, localement, il
était important et a passé ainsi entre deux chaises. Nous recommandons de
publier les inventaires passés et à venir et de créer des grilles d'évaluation
standardisées pour l'ensemble des inventaires.
Finalement, l'État doit voir les éléments
patrimoniaux d'un même type mais dispersés sur un territoire comme s'ils
étaient d'un seul... comme s'il s'agissait d'un seul élément patrimonial <national...
M. Bessette (Guy) : …passés
et à venir et de créer des grilles d'évaluation standardisées pour l'ensemble
des inventaires. Finalement, l'État doit voir les éléments patrimoniaux d'un
même type mais dispersés sur un territoire, comme s'ils étaient d'un seul...
comme s'il s'agissait d'un seul élément patrimonial >national.
Nous reconnaissons la bonne foi de
l'ensemble des intervenants, mais il existe assez de mauvaise foi dans notre
domaine pour qu'il soit nécessaire de mettre en place des mécanismes pour les
contrer. À nos yeux, quatre actions doivent être entreprises pour maintenir la
confiance et la participation du public. La création, par l'État, d'une
certification pour les firmes d'ingénieurs et d'architectes qui se spécialisent
en patrimoine. Des rapports d'évaluation concernant la qualité structurelle
d'un bâtiment doivent être réalisés par des professionnels possédant cette
certification, et nous ajoutons que, pour recommander la démolition d'un
bâtiment, un professionnel à l'emploi d'un service des incendies devrait avoir
aussi cette certification. Pour éviter toute apparence de conflit d'intérêts,
une firme qui fournit un avis sur la qualité structurelle d'un bâtiment ne
devrait pas pouvoir soumissionner sur aucun projet de remplacement de ce bien. Le
ministère devrait, à notre avis, renforcer son équipe de… (panne de son) …afin
d'offrir un soutien aux organismes qui travaillent à la préservation d'un bien
menacé de démolition. Si cette menace repose sur un certificat qui laisse
croire à une complaisance, l'État pourrait ainsi fournir à ces organismes des
contre-expertises crédibles. Grâce aux médiateurs, le rôle des institutions
muséales et des lieux d'interprétation est crucial pour transmettre au public
le savoir-faire et la valeur d'un patrimoine donné. La protection et la
valorisation de ces professionnels et institutions doivent faire partie de la
réflexion des décideurs.
Sur le principe des pouvoirs inclus dans
la loi pour faire corriger des travaux non conformes exécutés sur un bien
classé, nous croyons que la loi devrait explicitement prévoir que le propriétaire
d'un bien classé ou cité a l'obligation de protéger celui-ci minimalement
contre les intempéries, les avaries structurelles et intrusions, faute de quoi
le ministère ou la ville ont l'obligation de faire exécuter ces travaux, et le
coût de ceux-ci constituent une créance prioritaire.
• (16 heures) •
Nos observations plus spécifiques à des
articles du projet de loi. À notre avis, la table des partenaires devrait
comprendre une représentation régionale afin de faire ressortir les
particularités du territoire, et les organismes nationaux en patrimoine bâti
doivent être partie prenante de celle-ci. Pour une plus grande implication des
citoyens, nous croyons que tous les avis de déclassement, de démolition, etc.,
devraient, en plus de la publication dans les journaux, être affichés en
bordure de rue sur le lieu concerné. L'abandon des plans de conservation
devrait, selon nous, être suivi d'une bonification du support apporté aux
propriétaires. De telles balises sont importantes pour les petits organismes ou
les municipalités moins bien <outillées…
>
16 h (version révisée)
< M. Bessette (Guy) : …en
plus de la publication dans les journaux, être affichés en bordure de rue sur
le lieu concerné. L'abandon des plans de conservation devrait, selon nous, être
suivi d'une bonification du support apporté aux propriétaires. De telles
balises sont importantes pour les petits organismes ou les municipalités moins
bien >outillées.
Nous croyons qu'il est primordial de
favoriser les fouilles archéologiques et, en ce sens, nous estimons qu'il
serait plus rentable socialement d'annuler les frais des permis et d'offrir, en
lieu et place, une première expertise gratuite, mais le ministère de la Culture
devrait développer une façon de faire plus aidante, plus collaborative, moins
mur à mur et moins coûteuse pour le propriétaire.
Afin d'augmenter la participation
citoyenne et pour une question de plus de transparence de l'État, nous croyons
que les recommandations du Conseil du patrimoine culturel devraient être
publiques a priori. Il nous semble normal que le conseil demande au requérant
de formuler des observations avant de transmettre son avis au ministre, mais il
serait tout aussi pertinent de demander des observations aux organismes locaux
liés au patrimoine et aux organismes sectoriels nationaux lorsqu'ils existent.
Les MRC doivent se doter d'un inventaire
des biens patrimoniaux construits avant 1940. Nous croyons que les MRC ont
besoin d'un inventaire de l'ensemble de leur patrimoine, que celui-ci soit
ancestral ou moderne. Le patrimoine moderne est moins bien compris, moins bien
protégé, tant par la structure municipale que par les citoyens et même par les
organismes, beaucoup plus axés sur le patrimoine ancestral. Nous croyons
important que l'État exerce un leadership à ce chapitre. Nous croyons que le
ministre non seulement… le ministère, excusez, non seulement peut, mais doit
exiger la publication des inventaires réalisés par les MRC. Nous considérons
que c'est essentiel pour une participation citoyenne active, certes, mais
surtout pour une participation citoyenne pertinente.
Lorsqu'il existe une menace à un bien, la
municipalité peut ordonner une série de mesures. Nous sommes d'avis que, s'il y
a menace, non seulement elle peut agir, mais elle doit agir. Particulièrement
pour les villes, la composition de la CLP devrait être différente de celle de
la CCU. Pour rendre transparentes les interventions en patrimoine et pour
favoriser la participation des citoyens à sa protection, nous croyons que la
CLP devrait minimalement comprendre un professionnel du domaine du patrimoine,
des membres issus des organismes d'histoire et de patrimoine, des personnes
nommées par le conseil, certes, mais à partir de listes fournies par les 10 organismes,
et être en nombre paritaire à ceux provenant d'autres milieux.
En conclusion, nous espérons que ces
observations puissent vous guider dans la révision de la loi. Les organismes
membres de la table réitèrent leur espoir de voir l'État reconnaître et
financer les organismes locaux et nationaux actifs pour la sauvegarde du
patrimoine. Merci de votre attention.
La Présidente (Mme Guillemette) :
<Merci beaucoup…
M. Bessette (Guy) : ...
ces
observations puissent vous guider dans la révision de la loi. Les organismes
membres de la table réitèrent leur espoir de voir l'État reconnaître et
financer les organismes locaux et nationaux actifs pour la sauvegarde du
patrimoine. Merci de votre attention.
La Présidente (Mme Guillemette) :
>Merci beaucoup. Nous passerons maintenant aux échanges avec Mme la
ministre. Je vous cède la parole.
Mme Roy
: Oui. Et
Mme Cyr ne voulait pas intervenir? On va juste s'en assurer.
Mme Cyr (Lise) : Oui, je suis
toute là. Merci.
Mme Roy
: D'accord. Je
vous laissais la parole, si vous vouliez intervenir. Parfait. Bien, bonjour à
vous deux, M. Bessette, Mme Cyr. Merci pour votre présentation. D'abord,
vous allez me permettre de vous remercier pour toutes ces années de travail,
parce qu'on sait que, bien souvent, les groupes de défense du patrimoine
portent le flambeau très, très fort pour beaucoup de monde, et c'est un travail
passionné que vous faites et il est important.
Donc, je veux vous remercier pour le
travail qui est fait et je veux aussi souligner le fait qu'au fil des ans les
groupes et la table de concertation, les groupes que vous représentez et même
des groupes locaux, pas uniquement des groupes nationaux, on toujours demandé
d'avoir plus de collaboration, plus d'interactions avec le ministère de la
Culture ou le patrimoine de façon générale, avec ceux qui auront les rênes du
patrimoine, et j'ai voulu marquer pas le pas dans ce projet de loi en vous y
incluant.
Vous dites que vous souhaitez que nous
reconnaissions les organismes, ce que nous avons fait. Et, tout au début du projet
de loi, nous avons créé — et je vais y aller ici — naturellement,
un nouvel article, l'article 5, et on introduit le fait que nous allons
créer une politique de consultation à 11.1. Et un petit peu plus loin, à 11.2,
on dit : Et pour tout ça, bien, nous prévoyons la formation d'une table
des partenaires, et nous allons déterminer la composition, le fonctionnement,
les sujets qui seront soumis à la consultation de ses membres.
Donc, j'ai voulu qu'on écrive dans la loi
que le travail que vous faites est tellement... que vous faites est crédible et
important à ce point que vous ferez partie de la solution puis vous allez nous
partager votre expertise. Donc, on crée cette table des partenaires. Et c'est
depuis des années et des années que vous demandiez d'être entendus d'une voix
plus forte. Bien, on vous a inclus dans la loi. Alors, j'espère que vous voyez
le geste qui est posé, et que la protection du patrimoine, c'est l'affaire de
tous, des groupes, du gouvernement, des différents paliers de gouvernement, des
citoyens, et qu'il faut trouver un équilibre dans tout ça.
Puis ce n'est pas facile parce qu'il y a
souvent des motifs qui s'affrontent, je vais dire ça comme ça, des motifs qui
s'affrontent, des réalités différentes pour les uns et les autres. Bien, il
faut trouver des façons de s'entendre et de parler ensemble pour trouver des
solutions pour le protéger. Parce que, la réalité... moi, je voudrais bien, ce
serait mon souhait le plus cher, protéger absolument tout et de donner des
centaines de millions pour tout restaurer. C'est impossible. C'est impossible.
Donc, il y a des choix, il y a de l'arbitrage, et c'est sûr qu'on ne peut pas
tous s'entendre, mais il faut arriver à des terrains d'entente pour nous
assurer qu'on le <protège...
Mme Roy
: ...solutions
pour le protéger. Parce que, la réalité... moi, je voudrais bien, ce serait mon
souhait le plus cher, protéger absolument tout et de donner des centaines de
millions pour tout restaurer. C'est impossible. C'est impossible. Donc, il y a
des choix, il y a de l'arbitrage, et c'est sûr qu'on ne peut pas tous
s'entendre, mais il faut arriver à des terrains d'entente pour nous assurer
qu'on le >protège, ce patrimoine. Donc, je voulais juste vous dire que...
c'est juste pour vous dire jusqu'à quel point... On a dit : Ça, les
groupes nous le disent, nous le demandent, puis on va travailler ensemble parce
que moi, j'ai confiance.
Par ailleurs, vous parliez, puis là c'est
juste une petite note que j'ai prise ici, puis je veux... J'ai oublié de partir
mon chronomètre, Mme la Présidente. Vous me ferez signe. Vous disiez que le
patrimoine doit être vu, puis là j'ai pris des notes, dans une perspective
intégrée d'aménagement du territoire. Je veux vous dire que nous y travaillons.
Je travaille main dans la main avec ma collègue la ministre des Affaires
municipales, et, tout comme elle... c'est-à-dire, tout comme moi, elle croit
qu'il est important de préserver notre patrimoine et de le prendre en
considération dans un ensemble plus grand et dans une perspective intégrée
d'aménagement du territoire. Et ça, c'est ma vision, et c'est notre vision.
Et j'irais même un peu plus loin à l'égard
de ma vision. Je suis de ces gens qui prônent la réutilisation des bâtiments,
faire vivre les bâtiments, leur donner une vocation. Protéger ou classer un
bâtiment qui ne sert à rien ni à personne, c'est triste. Il faut qu'il vive.
Alors, il y a tout cet arbitrage-là à faire, mais moi, je veux faire vivre le
patrimoine. Voilà. Voici pour les apartés et les introductions.
Maintenant, je vais vous poser une
question relativement... Je vous disais : Nous avons créé, bon, bien,
cette table des partenaires, c'est une nouveauté, alors, je voulais voir
comment vous verriez le rôle de cette table des partenaires relativement à la
politique de consultation que nous voulons élaborer.
M. Bessette (Guy) : Bien,
écoutez, d'abord, merci. C'est heureux de voir que nous avons beaucoup de
perspectives communes. Et, pour revenir à votre question, la participation, c'est
sûr que nous pensons, peut-être qu'on l'a spécifié, que, notamment, pour la représentation
des régions, les réalités... et je pense que c'est important qu'au niveau de la
consultation de la table des partenaires que les organismes, particulièrement
les organismes nationaux, à ce moment-ci, puissent être présents pour être en
mesure d'apporter un éclairage spécifique en fonction des différents types de
biens dont il est question et aussi d'apporter un éclairage en termes de
région. Parce que vous êtes certainement très sensible au fait que ce n'est pas
la même réalité pour le patrimoine qu'on soit en milieu urbain, en milieu
périurbain et en milieu rural, par exemple. Et il y a quand même une partie
relativement importante du patrimoine qui se retrouve dans chacun de ces types
de zonage là. Bon, quand on pense, par exemple, à des moulins, on les retrouve
plutôt en milieu éloigné, en milieu rural. Évidemment, le milieu urbain en a
beaucoup. <Et le milieu...
M. Bessette (Guy) : ...
il
y a quand même une partie relativement importante du patrimoine qui se retrouve
dans chacun de ces types de zonage là. Bon, quand on pense, par exemple, à des
moulins, on les retrouve plutôt en milieu éloigné, en milieu rural. Évidemment,
le milieu urbain en a beaucoup. >Et le milieu périurbain, bien, avec
toutes les problématiques de densification de territoire, par exemple, pour les
municipalités qui sont membres de la CMM, ça implique des enjeux sur le
patrimoine qui sont extrêmement importants puis pour lesquels je pense que les
organismes pourraient être un éclairage et un support important.
Mme Roy
: Parfait.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Est-ce que Mme Cyr voudrait intervenir?
• (16 h 10) •
Mme Cyr (Lise) : Non, je
n'ai pas demandé la parole, mais je peux intervenir quand même, dans le sens où
j'appuie tout à fait ce que Guy dit, parce qu'on est beaucoup appelés à
intervenir, justement, peut-être dans des régions éloignées où il n'existe pas beaucoup
de ressources au niveau professionnel. On est appelés à intervenir non
seulement sur les créneaux qu'on a à coeur, comme... moi, c'est la Corporation
des gestionnaires de phares, donc, toute la dimension des phares, je pense qu'on
n'intervient pas seulement sur les créneaux qui nous concernent, mais on a une
certaine sensibilisation et on est appelés à jouer un rôle-conseil dans tous
ces groupes-là. Donc, cette voie-là aussi, d'un patrimoine élargi, d'un patrimoine
de paysages culturels, d'un patrimoine de conservation en région, je pense que
c'est à ce niveau-là, je pense, que peut-être le poids de nos interventions
pourrait faire la différence.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait, merci. Mme la ministre.
Mme Roy
: Oui, merci.
À cet égard-là, vous avez constaté aussi, à la lecture du projet de loi, que
nous voulons redéfinir les critères, la grille pour cette raison-là entre
autres, parce que Québec classe, les villes citent, les MRC pourront citer,
nous le souhaitons également, donc davantage d'organismes soucieux de la protection
du patrimoine, cependant, actuellement, pour qu'un bien soit classé par Québec,
avec la grille qu'on a puis les évaluations que nous faisons, il faut absolument
que le bien soit d'intérêt national et réponde à certains critères. À cet
égard-là, ils doivent être modifiés, selon moi, puisqu'en région on peut avoir
des bâtiments absolument exceptionnels, mais, vu certains matériaux, vu
certaines composantes, vu certains lieux, vu certains critères, ils ne
répondent pas à la définition d'intérêt national, alors qu'ils sont quand même
d'intérêt national de par leur histoire. Donc, nous ajoutons des valeurs qui
seront prises en considération, et ce qui permettra entre autres d'avoir
quelques bâtiments classés de plus, donc qui auront une protection. Donc,
là-dessus, je pense que... j'espère que vous saluez ce changement pour pouvoir
protéger des édifices qui ne répondent pas nécessairement aux actuels critères,
donc modifier et moduler les critères avec des réalités des régions entre
autres.
J'avais une question. Parce que vous êtes,
naturellement, des organismes, pour la plupart des bénévoles et des
professionnels, <des spécialistes...
Mme Roy
: ...
ce changement pour pouvoir protéger des édifices qui ne répondent pas
nécessairement aux actuels critères, donc modifier et moduler les critères avec
des réalités des régions entre autres.
J'avais une question. Parce que vous
êtes, naturellement, des organismes, pour la plupart des bénévoles et des
professionnels, >des spécialistes, le soutien financier... Je regarde,
ma collègue députée juste en face m'a déjà interpelée sur le soutien financier
à vos organismes, pour vos organismes. Ma question est : De quel type de
soutien financier auriez-vous besoin?
M. Bessette (Guy) : Je
pense que la réponse simple et courte, c'est : On a besoin d'un support
financier au fonctionnement. La plupart des organismes, on est admissibles à
différents programmes, des programmes spécifiques, mais ce qui manque à l'ensemble
des organismes, c'est d'avoir un minimum vital pour assurer d'avoir une... si
ce n'est une permanence, au moins une permanence partagée avec quelques organismes
entre eux, parce qu'on est quand même plusieurs qui avons des éléments assez
similaires. Mais, c'est ça, donc, on a besoin vraiment de pouvoir être épaulés
par un minimum, là, au niveau du fonctionnement. C'est là le problème majeur
pour l'ensemble des organismes.
Mme Cyr (Lise) : Peut-être
pour compléter, Mme la ministre, si vous permettez, il n'y a pas si longtemps,
les organismes comme la Fédération Histoire Québec, plusieurs organismes
avaient quand même une base où on pouvait minimalement avoir un local, pouvoir
se payer le téléphone, pouvoir au moins ranger les principales archives, ce qui
a complètement été abandonné depuis quelques années et qui fait en sorte que
tout risque de s'éparpiller. Et ça, ce serait vraiment dommage. Donc, comme mon
collègue Guy le souligne, c'est vraiment d'avoir une base qui nous permet d'avoir
au moins une structure minimale de fonctionnement.
Mme Roy
: Je vais
être hyperhonnête et transparente avec vous, il y a des gens qui n'aiment pas
ça. Moi, je vous le dis tout de suite, je vais voir tout ce que je peux faire
pour essayer de vous aider. Je ne vous dis pas là que je m'engage à vous donner
au fonctionnement demain matin, là, comprenez-moi bien, mais on est... je suis
très sensible à vos propos et nous réalisons qu'effectivement il y a des
besoins.
Cela dit, c'est un équilibre, hein? Le ministère
de la Culture soutient au financement... on parle de centaines et de centaines,
voire de milliers d'organisations culturelles. Donc, il y a des choix qui
s'imposent. Et actuellement la réalité financière, mon collègue le ministre des
Finances nous a dit que nous étions 15 milliards de dollars en déficit
cette année, huit l'année prochaine et sept la suivante. Alors, vous comprenez qu'il
y a des arbitrages à faire. Mais j'entends votre message et je vais faire tout
ce que je peux pour vous aider, mais il n'y a aucune garantie et aucune somme, et
je voulais vous le dire tout de suite.
Vous avez soulevé quelque chose tout à
l'heure. Vous disiez que, bien, le propriétaire d'un bien classé, cité ou d'un
site déclaré devrait avoir l'obligation de protéger ce bien. Vous allez me
permettre de vous souligner qu'il a déjà cette obligation, qui est dans la loi
et qui n'est pas modifiée, <à l'article...
Mme Roy
: ...je
voulais vous le dire
tout de suite.
Vous avez soulevé
quelque chose
tout
à l'heure. Vous disiez que, bien, le
propriétaire d'un bien classé, cité
ou d'un site déclaré devrait avoir l'obligation de protéger ce bien. Vous allez
me permettre de vous souligner qu'il a déjà cette obligation, qui est dans la
loi et qui n'est pas modifiée, >à l'article 26 pour les biens
classés, à l'article 136 pour les biens cités. Donc, ça existe déjà. Je
pense, ce à quoi vous faisiez référence, c'est que trop peu de fois les
citoyens sont, comment dirais-je, rappelés à l'ordre pour remplir leurs
obligations. C'est peut-être ça, parce que l'obligation, elle existe déjà.
Par ailleurs, vous avez soulevé... vous
parliez d'inventaire. J'ai une petite observation. L'article 38, qui dit
que les MRC, les municipalités, etc. devront se doter d'un inventaire, il est
bien important de comprendre ici qu'on n'arrête pas d'inventorier après 1940.
L'article dit : C'est un minimum. Obligatoirement, ce qui a été bâti avant
1940 qui est patrimonial devra être dans l'inventaire, ce qui n'empêche en rien
les MRC, les villes, les municipalités d'aller plus loin, et ce qu'elles font
pour la plupart. Certaines... plusieurs l'ont déjà fait. Donc, ce n'est pas
limitatif, mais bien au contraire, et ça n'exclut pas le patrimoine postérieur,
bien au contraire. Là, je veux le souligner, parce qu'il y a eu comme, je
pense, une interprétation à l'effet qu'on ne voulait pas protéger tout autre
type de patrimoine, et ce n'est pas le cas du tout, c'est
une... — vous me faites signe, deux minutes, Mme la
Présidente — c'est une base pour travailler.
Il me reste deux minutes. Je veux juste
vérifier si Mme Cyr veut dire quelque chose, puis j'irai d'une autre
petite question.
Mme Cyr (Lise) :
Effectivement, je voulais dire quelque chose sur la notion des inventaires.
Mme Roy
: Allez-y, allez-y.
Mme Cyr (Lise) : Je vous ai
entendue dire un mot qui est très important pour nous, c'est le mot «valeur».
Alors, je pense que, lorsque va venir le temps d'intervenir au niveau de fiches
standardisées d'inventaires ou tout ça, le mot «valeur» va prendre toute son importance,
dans le sens que les valeurs sont multiples. Il n'y a pas juste la valeur de la
date, mais il y a la valeur ethnologique, la valeur historique, la valeur
d'intérêt régional. Il y a beaucoup de valeurs qui prennent sensiblement un
autre éclairage lorsqu'on les regarde, et qui viennent faire en sorte qu'on
peut faire ressortir beaucoup d'éléments d'importance par rapport à ces
systèmes-là. Donc, les grilles qui vont nous amener à des évaluations et qui
vont nous amener à des catégorisations, le jeu de ce qui va être dans
l'inventaire va être très important au niveau des notions qui vont y être
inscrites. Merci.
Mme Roy
: Et également
la façon dont seront faits les inventaires et les inventaires, ce qui est bien
fait, qui a été... qui est à jour, et, naturellement, est conservé, puis nous
tenterons de bonifier... Et, vous avez sûrement remarqué, le programme
patrimoine et municipalités que nous avons mis sur pied permettait à des MRC de
se regrouper, justement, ensemble pour embaucher un agent en développement
patrimonial pour faire ces inventaires puis pour faire le lien entre le
citoyen, la ville et le ministère. <Donc, on s'en va vers ça...
Mme Roy
: ...et
,
vous avez sûrement remarqué, le programme patrimoine et municipalités que nous
avons mis sur pied permettait à des MRC de se regrouper, justement, ensemble
pour embaucher un agent en développement patrimonial pour faire ces inventaires
puis pour faire le lien entre le citoyen, la ville et le ministère. >Donc,
on s'en va vers ça. Je crois qu'il me reste à peine 10 secondes pour
vous... Il ne m'en reste plus, hein?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Il ne vous reste plus de temps, mais je vous laisse 10 secondes.
Mme Roy
: M. Bessette,
merci beaucoup. Mme Cyr, merci pour votre contribution aujourd'hui.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, Mme la ministre. Donc, je passerais maintenant la parole à Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Merci, Mme
la Présidente. Alors, Mme Cyr, M. Bessette, bienvenue. Heureuse de
vous entendre. Surtout, très émouvant d'entendre votre passion, votre
implication et les heures et les heures de bénévolat que vous faites parce que
vous croyez tellement à votre mission.
À plusieurs égards, vous mettez l'accent
sur le citoyen et l'importance que le citoyen soit informé, que le citoyen soit
impliqué, connaissant. Il y a une éducation, mais une sensibilisation qui fait
que ce citoyen devient un acteur de protection. J'aimerais vous entendre
là-dessus, parce que c'est vraiment un fil conducteur dans votre vision qui
rejoint une... C'est drôle, hein, dans un sens, c'est un concept qui est là
depuis des centaines d'années, vraiment. Quand la société a voulu bouger, elle
n'a pu que bouger et avancer avec l'appui des citoyens. Mais on revalorise
actuellement, en donnant des outils, par des expertises, et ces citoyens
deviennent des experts.
Parlez-moi un peu, si vous pouvez, de
cette importance, pour vous... parce que la question de financement est là
aussi, le financement pour assurer votre pérennité et votre... cette
implication continue. Il y a un tout là-dedans, il me semble. Évidemment, la
ministre, là, l'a souligné, son intention, sa volonté, et c'est un pilier pour
le gouvernement aussi.
• (16 h 20) •
M. Bessette (Guy) : Bien, on
pourrait dire à ce sujet-là que c'est déjà bien que des citoyens, là, la
considèrent importante, parce que, malheureusement, au cours des dernières
décennies, comme société, on n'a pas été très actifs dans la valorisation. Souvent,
on va parler de patrimoine suite à un désastre pour... on va se rassembler
autour d'une maison qui vient d'être démolie, alors que nous, ce qu'on dit :
Il faudrait être beaucoup plus proactifs, il faut valoriser, il faut que les
gens réalisent... En fait, on croit, ce n'était pas l'objet du projet de loi,
mais on croit que le gouvernement aurait tout avantage à faire des campagnes de
sensibilisation, d'information, comme on en a faites pour le tabac, la ceinture
de sécurité pour les autos, et tout.
Les citoyens... Si on veut que les
citoyens s'impliquent, il faut les informer, donc les animer par, peut-être, de
la publicité, mais surtout les informer. Et les informer, bien,
malheureusement, dans la société, souvent, on a la perception que, dans le
domaine du patrimoine, les choses sont faites, peut-être, par les pouvoirs
locaux un peu quand ils y sont forcés, quand ils arrivent au bout, parce qu'il
n'y a comme pas d'autre alternative. Et nous sommes <conscients que...
M. Bessette (Guy) : ...
dans
la société, souvent, on a la perception que, dans le domaine du patrimoine, les
choses sont faites, peut-être, par les pouvoirs locaux un peu quand ils y sont
forcés, quand ils arrivent au bout, parce qu'il n'y a comme pas d'autre
alternative. Et nous sommes >conscients que c'est la pression du milieu,
et c'est normal aussi.
Vous savez, on ne veut surtout pas jeter
le blâme sur les municipalités, par exemple, qui sont prises entre l'arbre et
l'écorce. Les citoyens demandent de plus en plus de services, ne veulent pas trop
payer de taxes. Donc, en quelque part, l'argent, ils n'en impriment pas, donc
ils sont obligés de faire des choix. Et bien sûr que les amants du patrimoine
trouvent que, des fois, les choix se font trop au détriment du patrimoine par
rapport à ce qu'il pourrait être.
Mme Weil
: Et, dans
quelques pages suivantes, vous attachez à cette notion de l'implication, un
peu, du citoyen et de la crédibilité des processus... vous proposez quatre
actions et vous dites : La confiance du public, ça revient à ça aussi, la
confiance du public dans les processus pour favoriser son implication, que ça
va de pair. Donc, parmi vos recommandations, vous recommandez la création par
l'État d'une certification pour les firmes d'ingénieurs et d'architectes
spécialisés en patrimoine, parce que vous dites : Malheureusement, il y a
beaucoup de gestes de mauvaise foi. Donc, parlez peut-être de cet élément
aussi.
M. Bessette (Guy) : Bon, on
voudrait peut-être corriger. Ce n'est peut-être pas beaucoup, mais il y a des
gestes de mauvaise foi. Peut-être qu'ils sont plus mis... ils sont souvent,
peut-être, mis davantage de l'avant, hein, parce que... bon, par les médias,
puis tout ça, c'est peut-être plus facile de parler des gestes de mauvaise foi,
mais ça existe.
Et pour redonner confiance... Vous savez,
les citoyens, par exemple, dans un organisme qui protège le patrimoine, quand
ils voient une firme d'ingénieurs qui dit : Bien, la maison devant vous,
nous devons la démolir parce qu'elle présente des conditions inacceptables, et
que c'est la même firme qui fait la proposition du projet de remplacement,
bien, le citoyen est à même de se poser la question : Est-ce que la firme
était vraiment indépendante dans son avis? Et c'est pour ça que nous disons...
Et l'autre élément qu'on voit souvent quand on veut se débarrasser d'un
bâtiment : Ah! ça va coûter des millions, réparer ça, ça va coûter des
millions à restaurer, ça.
C'est pour ça que nous disons que le
certificat de validation structurelle et l'évaluation des coûts de remplacement
ou d'amélioration d'un projet devraient être donnés par des firmes que le
ministère reconnaîtrait comme étant des firmes qui ont de l'expérience dans le
domaine du patrimoine et qui sont indépendantes, parce que cette même firme-là
ne pourrait pas proposer de projet de remplacement.
Mme Weil
: Ça, c'est
intéressant. Donc...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la députée, je vous demanderais de vous enligner avec votre micro pour les
besoins de la... pour la télédiffusion...
Mme Weil
: Oh oui! bien
oui, je suis très loin du micro...
La Présidente (Mme Guillemette) :
...pour que tout le monde entende bien vos propos.
Mme Weil
: ...en direct
avec M., mais loin du micro.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, vous pouvez continuer.
Mme Weil
: Merci, Mme
la Présidente. Oui, c'est ça, donc, vous avez <quatre principes...
La Présidente (Mme Guillemette) :
…
Mme la députée, je vous demanderais de vous enligner avec votre micro
pour les besoins de la... pour la télédiffusion...
Mme Weil
: Oh oui!
bien oui, je suis très loin du micro...
La Présidente (Mme Guillemette) :
...pour que tout le monde entende bien vos propos.
Mme Weil
: ...en direct
avec M., mais loin du micro.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, vous pouvez continuer.
Mme Weil
: Merci,
Mme la Présidente. Oui, c'est ça. Donc, vous avez >quatre principes.
Donc, ces principes-là, vous n'avez pas retrouvé quelque part dans le projet de
loi... je veux dire, c'est sûr que tout peut être rajouté au projet de loi,
mais vous voyez ça comme un élément quand même important... étant donné la
volonté du gouvernement, de la ministre de, justement, moderniser et sécuriser
le patrimoine, que c'est des éléments importants du schéma, si on veut.
M. Bessette (Guy) : Exactement.
Mme Weil
: D'accord.
M. Bessette (Guy) : C'est ça.
C'est des éléments sur lesquels nous croyons important d'insister. Peut-être
que, par certains aspects, ils se retrouvent dans le projet de loi, mais nous
croyons important de s'assurer, d'insister sur le fait qu'ils doivent prendre
une place prépondérante.
Mme Cyr (Lise) : Peut-être…
Mme Weil
: Oui, Mme
Cyr.
Mme Cyr (Lise) : …dans une
certaine campagne de promotion du patrimoine, faire ressortir qu'il y a aussi
un impact positif, économique et social, un sentiment d'identité qui est très
valorisant, donc d'amener le citoyen, en tout cas, par une campagne promotionnelle,
à comprendre l'importance de ce patrimoine-là, et non pas juste de le voir
comme étant toujours des coûts faramineux pour arriver tout près de réaliser ou
de sauver ces bâtiments-là.
Et, à ce niveau-là, on parle… on a un
article un petit peu plus loin qui parle, justement, des plans de conservation
qui devraient, quand on aura vraiment les grilles et la catégorisation, avoir
des recommandations pour aider et les citoyens et tous les gens à comprendre
vers quoi ils devraient tendre pour être capables de sauvegarder ces
bâtiments-là avec… Bon, les plans de conservation, c'est vrai que c'était
contraignant, c'est vrai qu'il y avait quand même des… c'était lourd pour le
citoyen, mais en ajoutant, avec la catégorisation, des orientations pour l'aider
à atteindre des objectifs de conservation, je pense que ça, ça sera vraiment
intéressant.
La Présidente (Mme Guillemette) :
...
Mme Weil
: Deux
minutes, O.K. C'est beaucoup de temps, c'est formidable, Mme la Présidente.
Avant de revenir sur le rôle du citoyen parce que, dans plusieurs de vos
recommandations... il y a vraiment une cohérence dans votre plan de match, si
on veut, les aires de protection, il y a plusieurs… quelques organismes qui en
ont parlé, mais je ne peux pas dire que les gens qui nous écoutent ont
beaucoup, peut-être, compris, et je pense que c'est un aspect bien important. Et
c'est à la page 6 de votre document, vous parlez de l'article 40 de
la LPC, les aires de protection, donc, géohistorique des territoires avec une
trame territoriale. Peut-être vous <pourriez...
Mme Weil
: ...
aspect
bien important. Et c'est à la page 6 de votre
document, vous parlez
de
l'article 40 de la
LPC, les aires de
protection,
donc,
géohistorique des
territoires avec une trame
territoriale.
Peut-être vous >pourriez en parler, parce qu'on se rapproche aussi du
développement durable un peu, hein, quand on arrive sur ...c'est un peu la
croisée des chemins entre le patrimoine et le développement durable.
M. Bessette (Guy) : C'est
ça, exactement. Dans notre position, c'est que les aires de protection, on
comprend qu'elles sont déjà comprises dans la loi, qu'il y en a, mais on pense
que, si elles ne sont pas généralisées, il faut au moins s'assurer que, dans
l'analyse du bien qu'on va classer, on tienne vraiment compte de l'ensemble de
ce qui est autour du bien qu'on va classer. Un moulin, ce n'est pas un bâtiment
de pierre dans lequel il y a des meules. Un moulin, c'est aussi un lieu dans
lequel... autour duquel, bon, il y a le barrage, il peut y avoir des
dépendances. Et ce sont ces éléments-là. Parce que c'est ce qui permet souvent
aux citoyens de comprendre le fonctionnement, de comprendre l'importance, de
comprendre comment ça s'intégrait, comment c'était inclus dans le mode de vie
qui est mis de l'avant par le bien qu'on veut protéger.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup.
Mme Cyr (Lise) : C'est ce
qui fait aussi qu'on peut... Pardon. Je veux intervenir un peu.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Allez-y, Mme Cyr.
Mme Cyr (Lise) : Au
niveau des aires de protection, c'est souvent, on va dire, le bien... je parle...
par exemple, justement, un phare, un phare, c'est une station de phare.
Souvent, on va classer ou on va reconnaître seulement que la tour, mais tout
l'environnement est important. De créer des fenêtres sur la notion du
patrimoine, de l'espèce d'environnement culturel, du patrimoine culturel qui le
contextualise, c'est aussi très important. C'est ce qu'on... Sans créer
nécessairement... Parce que je sais qu'au niveau des trames urbaines, c'est
beaucoup plus compliqué d'avoir des aires de protection. Souvent, on va avoir
une maison qui va être reconnue, qui va être entre des édifices en hauteur, et
tout ça, mais, en tout cas, en région, c'est peut-être plus facile de créer...
de voir comme étant des ensembles et de voir si l'interférence, justement, de
ce qui peut être amené autour va créer ou va diminuer l'importance ou la
lecture historique de cet ensemble-là.
Mme Weil
: Merci.
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, je passerais maintenant la parole à la députée de Mercier pour son
échange avec vous. La parole est à vous.
Mme Ghazal : Merci, Mme
la Présidente. Merci pour votre présentation. J'ai à peu près deux minutes
quelque chose. J'ai une question par rapport à... Dans votre rapport, ou votre
mémoire plutôt, à la page 4, vous parlez d'un ombudsman du patrimoine.
Est-ce que c'est la même chose ou c'est quelque chose de différent qu'un
commissaire au patrimoine, qui a été une recommandation du rapport
Corbo-Courchesne?
• (16 h 30) •
M. Bessette (Guy) : En
fait, pour être honnête, là, on n'a pas analysé, on ne l'a pas mis en parallèle
ou en comparaison avec la proposition du rapport <Corbo. Mais, pour
nous...
>
16 h 30 (version révisée)
<17933
Mme Ghazal :
...qu'un commissaire au patrimoine, qui a été une recommandation du rapport
Corbo-Courchesne?
M. Bessette (Guy) : En
fait, pour être honnête, là, on n'a pas analysé, on ne l'a pas mis en parallèle
ou en comparaison avec la proposition du rapport
>Corbo. Mais,
pour nous, l'ombudsman, là où c'est différent, en tout cas, il y a un tribunal
administratif dont il est question aussi, pour nous, c'est très différent,
parce que, l'ombudsman, le tribunal, on n'est pas obligés, la plupart du temps,
d'être représentés par un avocat. Sauf que, si je ne m'abuse, je crois que,
quand c'est contre un corps public, ça nous en prend un. Et donc il faut
s'imaginer qu'un tout petit organisme, une société d'histoire locale, par
exemple, bien, elle n'a pas la possibilité de s'embaucher un avocat pour aller
faire sa représentation. L'ombudsman, dans notre vision à nous, c'est vraiment
une procédure plus simple, pour le citoyen ou le tout petit organisme, d'aller
dire : Écoutez, il y a quelque chose là qui nous chicane, on pense qu'il y
a quelque chose en arrière de cette position-là qui n'est pas correcte, puis
elle devrait... ce bâtiment-là, par exemple, devrait être protégé pour telle,
telle raison, puis il ne le sera pas, puis on demande à l'ombudsman de nous
aider.
Mme Ghazal : Très bien.
Comme un levier, là, pour les citoyens, oui. Très bien.
M. Bessette (Guy) : C'est
ça. Pour les... c'est surtout à l'intention des citoyens et des tout petits
organismes.
Mme Ghazal : Oui. Puis
j'avais une autre question. Parce que, dans le fond, quand vous parlez, par
exemple, d'«un support étatique mieux adapté pour les propriétaires» Parce que,
ce qu'on entend, ce qu'on voit, là, le pattern, c'est qu'un propriétaire achète
un bâtiment soit classé ou qui a une importante valeur, il le laisse dépérir à
travers les années — personne ne voit rien, hein, ça se fait de façon
invisible — et là, tout d'un coup, c'est tellement, tellement,
tellement en décrépitude qu'il décide de... bien, <de le... >je
veux dire, qu'il <soit... il >n'y a aucune autre solution qu'il
soit détruit.
Moi, en fait, ma question, c'est :
Est-ce qu'avec le projet de loi puis les dispositions qui sont dans le projet
de loi ça empêcherait que ce genre de pattern là se reproduise dans le temps?
M. Bessette (Guy) : Bon.
Écoutez, je pense qu'il y a des bons aspects du projet de loi qui permettent
une protection qui n'existait pas avant. Il y a une amélioration de la
protection.
Cependant, je souhaiterais vous souligner
qu'il y a comme deux éléments dans votre intervention. Parce que, oui, il y a
des propriétaires de mauvaise fois, mais il y a aussi beaucoup de propriétaires
de bonne foi. Parce que, le début de votre question, quand vous faisiez
allusion à un meilleur support, hein, nous, c'est à ça qu'on fait référence. On
croit qu'il y a beaucoup de propriétaires qui, de bonne foi, investissent dans
leur bien pour le garder, pour le promouvoir, et que ces propriétaires-là ont
besoin d'une aide.
Juste pour vous donner un exemple très,
très simple, si j'ai une maison patrimoniale, que je refais la toiture en
bardeau d'asphalte, que ça coûte 20 000 $, si je la refais en
baguette, une couverture de tôle à baguette pour la rendre conforme puis lui
donner vraiment ce qui lui revient, ça va m'en coûter 70 000. Une des
problématiques, c'est que le 50 000 de plus, je vais payer des impôts
fonciers à vie sur ce 50 000 $ là, ma maison a eu une augmentation de
la valeur de 50 000 $. Donc, au <lieu...
M. Bessette (Guy) : ...
de
tôle à baguette pour la rendre conforme puis lui donner vraiment ce qui lui
revient, ça va m'en coûter 70 000. Une des problématiques, c'est que le
50 000 de plus, je vais payer des impôts fonciers à vie sur ce 50 000
là, ma maison a eu une augmentation de la valeur de 50 000. Donc, au >lieu
de supporter puis d'aider le citoyen qui a injecté plus d'argent dans son
bâtiment, on vient le pénaliser. Et c'est juste un exemple parmi d'autres, là,
d'éléments qu'il faut que la société, elle réfléchisse à ce niveau-là.
Mme Ghazal : ...par plusieurs,
là, de revoir la fiscalité, qui est vraiment le problème, là, la fiscalité, que
ça soit pour les municipalités ou aussi pour les propriétaires, pour les
encourager, qu'il y ait des incitatifs. Des incitatifs pour qu'ils le gardent,
mais des désincitatifs, c'est-à-dire que, pour empêcher ceux qui veulent… le
laissent dépérir et le font détruire. Vous, vous pensez que c'est par la
fiscalité, dans le fond, que ça passe?
M. Bessette (Guy) : Bien, il
n'y a pas uniquement la fiscalité. Comme le disait tantôt Mme la ministre,
oui, la loi prévoit déjà une obligation pour les propriétaires de garder leurs
biens, mais ce qu'il faut, c'est renforcer le... Il faut rendre obligatoire
l'intervention de l'État, de la ville, s'il est cité, ou du gouvernement, s'il
est... c'est-à-dire l'inverse… non, s'il est classé, du gouvernement, s'il est
cité, de la ville, et qu'ils interviennent d'une façon proactive, qu'on
n'attende pas que le bâtiment soit en train de tomber avant d'injecter... de
forcer le propriétaire à le maintenir. Il faut être proactifs à ce niveau-là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Désolée… Merci beaucoup, M. Bessette, merci beaucoup, Mme Cyr,
de votre présence, de vos contributions à nos travaux.
Nous allons suspendre quelques instants,
le temps d'accueillir nos futurs invités. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 35)
(Reprise
à 16 h 39)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, bienvenue, Mme Lambert, merci d'être avec nous aujourd'hui. Donc,
comme mentionné, vous disposez de 10 minutes pour votre exposé et, suite à
ça, il y aura un échange avec les parlementaires. Mais ne soyez pas inquiète,
on va s'ajuster dans notre temps. Donc, je vous laisse déjà, d'emblée, la
parole.
Mme Phyllis Lambert
(Visioconférence)
Mme Lambert (Phyllis) : Je
vous remercie beaucoup, Mme. Alors, premièrement, je… féliciter la ministre de
la Culture et des Communications d'avoir entrepris de <déposer…
La Présidente (Mme Guillemette) :
...il y aura un échange avec les parlementaires. Mais ne soyez pas inquiète, on
va s'ajuster dans notre temps. Donc, je vous laisse déjà, d'emblée, la parole.
Mme Lambert (Phyllis) : Je
vous remercie beaucoup, Mme. Alors, premièrement, je… féliciter la
ministre
de la Culture et des Communications d'avoir entrepris de >déposer le projet
de loi qui est si nécessaire, et je n'ajoute plus rien, mais merci. Mais c'est-à-dire
que nous reconnaissons qu'il y a des choses tout à fait intéressantes
là-dedans, mais nous voulons présenter ce que nous trouvons... les lacunes.
• (16 h 40) •
Alors, en premier lieu, nous voulons
élaborer sur un point fondamental à la dynamique en cause dans les
municipalités à l'égard de la protection du patrimoine qui n'est pas reflété
dans le projet de loi, et c'est le suivant : les municipalités sont
placées en conflit d'intérêts vis-à-vis les développeurs et promoteurs
immobiliers. Les municipalités cherchent toujours et avant tout à élargir la
base de revenus des taxes foncières et autres taxes auxquelles elles ont accès
pour se financer. Plusieurs se trouvent à devoir choisir entre protéger un
édifice ou un site qui ne leur rapporte pas financièrement… que peut être la
perspective d'un projet de développement, plantureux, d'ailleurs. Elles vont
plutôt opter spontanément pour favoriser la démolition ou encore ne pas
intervenir, laisser un édifice vacant être squatté ou pas et de devenir
éventuellement un danger pour la sécurité publique.
Alors, je donne l'exemple de la
municipalité de Mascouche qui a laissé dépérir le manoir de Repentigny qu'ils
avaient acquis en 2015. Et c'est tout à fait pas bon, parce que rappelons que
le manoir figurait déjà à l'inventaire des édifices historiques en 1929, par le
gouvernement du Québec, évidemment, et qu'il a commencé à se détériorer quand
la municipalité l'a acquis en 2015. C'est un geste d'abandon délibéré et, d'une
certaine manière, un cas de négligence quasi criminelle.
Alors, il y a d'autres municipalités, il y
a d'autres problèmes, mais je passe par-dessus. Mais je veux parler que... je
veux dire que les villes sont les juges... dans la position de juge et jury en
même temps, et il est absolument essentiel qu'il y ait une autorité capable de
dénouer des conflits d'intérêts incontournables. Et pour… le projet de loi n° 69 fait <référence aux MRC, mais les MRC ne sont rien
d'autre qu'un...
Mme Lambert (Phyllis) : ...
il
est absolument essentiel qu'il y ait une autorité capable de dénouer des
conflits d'intérêts incontournables. Et pour… le projet de loi
n°
69 fait >référence aux MRC, mais les MRC
ne sont rien d'autre qu'un rassemblement des mêmes représentants de villes et villages
sur un territoire donné. Donc, on déplace le conflit de l'intérêt d'un autre
niveau avec les mêmes joueurs. Il est donc nécessaire qu'il y ait un tribunal administratif,
c'est-à-dire un arbitre indépendant dédié spécifiquement à cette responsabilité
d'adjuger entre protéger l'intérêt public et conserver les édifices ou un site.
Tant qu'on ne dénouera pas ce noeud inextricable pour obtenir la nomination d'un
arbitre neutre pour protéger l'intérêt public dans la préservation du
patrimoine, on perpétuera la même dynamique, le combat reprendra de plus belle
entre les municipalités et les individus et les organisations voués à la
défense du patrimoine. Autrement, je crois... je crains qu'on ne fasse que
déplacer les problèmes à un autre niveau.
Alors, en deuxième lieu, je passe aux
lacunes de communication, de la gestion et des critères de classification.
Alors, je parle du problème de défaut de ne pas reconnaître l'importance
fondamentale des inventaires — Héritage Montréal avait d'autres idées
là-dessus — et la manière de les constituer, c'est-à-dire que… les
critères à impliquer et les normes professionnelles à suivre. Le manque de compréhension
de la nécessité de l'éducation du public est terrible. Les panneaux existent,
évidemment, dans certains cas, surtout à Montréal — en tous les cas,
nous les érigeons — et les textes explicatifs des éléments
historiques et architecturaux sur ou à proximité des bâtiments et sites
reconnus sont nécessaires aux règlements. En même temps, une petite publication
attrayante et bien distribuée offrant l'histoire des bâtisses et indiquant...
incluant les acteurs, analyses et vocabulaire architectural est essentiel. C'est
par ce moyen que l'organisation Sauvons Montréal et Héritage Montréal nous ont
amenés à aimer notre patrimoine, c'est-à-dire, il faut l'aimer comme un
portrait de famille, c'est ça qui est important. À cet égard, de l'excellente
information se trouve sur les sites Web spécialisés de Montréal et de la <MCC...
Mme Lambert (Phyllis) : …
patrimoine,
c'est-à-dire il faut l'aimer comme un portrait de famille, c'est ça qui est
important… À cet égard, de l'excellente information se trouve sur les sites Web
spécialisés de Montréal et de la >MCC, mais méconnue du grand public, vous
voyez. Et puis alors, je donnais l'exemple de la maison Alcan, que les
acheteurs qui ont acheté la maison Alcan ne savaient pas du tout que, la maison,
les éléments composants étaient classés monuments historiques. Alors, comment est-ce
que ça se trouve? Incroyable. L'imprécision des critères déterminants, la
classification, comment sont-ils établis? Quel est le rôle des administrateurs
des villes et des MRC et des organismes voués à la définition… à la défense,
pardon, du patrimoine dans les régions? Quel est le rôle et comment impliquer
le public, les architectes et les historiens professionnels qui dévouent leur
vie à l'étude et à l'enseignement sur les questions et les problématiques liées
au patrimoine?
Je parle du rapport de Claude Corbo, qui
parlait du manque d'information, et Mme Michelle Courchesne, de 2016,
qui… «...l'information dont dispose le gouvernement sur les propres immeubles à
caractère patrimonial est fragmentée, non uniformisée — je
cite — éclatée entre plusieurs détenteurs. Faute d'une information de
nature comparable et accessible, les décisions que pourrait prendre le
gouvernement pour bien gérer son propre patrimoine immobilier à valeur
culturelle et celui des organismes ou réseaux dépendant de ses ministres
reposent — tout ça repose — sur des bases très fragiles.»
Je parle plus tard aussi du manque de
complicité entre les éléments dans le ministère des Affaires culturelles et
Communications, parce qu'il y a des questions de tellement de… c'est-à-dire, il
y a le patrimoine, il y a la question de… je vais lire ça tout à l'heure parce
que je ne veux pas inventer.
Alors, je veux faire… parler d'une note
personnelle. Quand j'ai siégé sur la Commission des biens culturels, les
critères se résumaient en typologie, une église ou une maison par secteur, mais
pas plus, pas deux, pas trois. Cependant, les édifices sont au coeur de nos
communautés, et c'est également une connaissance de <l'histoire…
Mme Lambert (Phyllis) : ...
culturels, les critères se résumaient en typologie, une église ou une maison
par secteur, mais pas plus, pas deux, pas trois. Cependant, les édifices sont
au coeur de nos communautés, et c'est également une connaissance de >l'histoire
qui est en cause. Si on continue la politique suivie jusqu'ici, ça pourrait
être dévastateur. Alors, je donne un exemple aussi, un problème de contemporanéité
parce que c'est les immeubles contemporains qui sont le patrimoine du futur.
Par exemple, Habitat-67, à Montréal, pourrait être démoli selon le projet de
loi n° 69 puisqu'il est postérieur à 1940. C'est absurde de ne pas avoir
la flexibilité nécessaire pour ajuster au temps qui s'écoule. Il faudra une
catastrophe à venir pour qu'on rende compte que la vue qu'on a du patrimoine,
dans le projet de loi, est trop limitée dans le temps, et autres éléments dont
je parle.
Pour la supervision des sites et édifices
cités, qui s'occupe d'assurer le maintien, de suivre les règlements, et dans le
cas d'un ajout d'une construction? Je parle, ici, le problème de la maison
Mount Stephen, à Montréal, qui a été sérieusement affectée lors de la
construction d'un hôtel commercial adjacent, et d'une lecture insuffisante des
documents de construction et de la supervision du site. Et c'était un endroit
même que, moi, je connaissais. Qui aura la responsabilité d'évaluer et
d'autoriser une telle construction tout en protégeant l'intégrité architecturale
et historique du site? Alors, il y a un exemple positif... Je passe par-dessus
parce que je ne veux pas perdre de temps.
• (16 h 50) •
En troisième lieu, questions posées par un
propriétaire de bâtiments et sites classés. Au Centre canadien d'architecture,
nous avons acquis une expérience, comme gestionnaires, dans la maison
Shaughnessy, qui fut classée monument historique avec son aire de protection en
1974. En ce qui concerne les ressources humaines affectées au secteur du
patrimoine du ministère de la Culture, le CCA ressent la diminution d'équipe de
direction du patrimoine, ce qui joue sur l'efficience, l'efficacité et
l'expérience pertinente et suffisante. Ce manque de ressources humaines indique
une insuffisance chronique de <fonds...
Mme Lambert (Phyllis) :
...
diminution d'équipe de direction du patrimoine, ce qui joue sur
l'efficience, l'efficacité et l'expérience pertinente et suffisante. Ce manque
de ressources humaines indique une insuffisance chronique de >fonds
alloués au ministère de la Culture et des Communications. Le CCA conclut aussi
que le répertoire... il faut des répertoires sur les sites, et que cette information
soit largement diffusée. Voilà encore le cas de l'Alcan qui brille là-dedans. La
documentation, le projet de loi… Je parlais des connaissances et des documentations
sur les bâtiments, mais le projet de loi ne semble pas prévoir une obligation
ou d'autres mécanismes de documentation sur le processus de restauration et de
sauvegarde de certains biens patrimoniaux et la documentation à compléter et à
archiver. L'éducation du public et la sauvegarde des métiers traditionnels qu'on
lègue aux générations futures dépendent de ça.
Alors, aussi, le déficit de l'entretien.
Le ministère ne devrait-il pas imposer le dépôt, par le propriétaire, d'un plan
de maintenir des actifs pour tous les sites patrimoniaux classés? Ça, c'est
très important dans le maintien de n'importe quel bâtiment, et c'est
l'expérience énorme là-dedans, pas dans des bâtiments qui sont classés, mais
les bâtiments de grande valeur.
Partenariats, comités de concertation. Où
se situe le citoyen, et même plus, où sont les propriétaires des sites
patrimoniaux lors des consultations, des travaux de comité ou encore des tables
de réflexion?
Alors, maintenant, je viens à la fin de
mes questions, mais ces questions importantes à soulever. En quatrième lieu, la
question des interactions entre les secteurs connexes, c'est ça dont je voulais
parler tout à l'heure, connexes au patrimoine immobilier. Dans les lois sur l'aménagement
et l'urbanisme, sur le paysage et sur le patrimoine immobilier, surtout les
archives, la ministre parle de décloisonnement touchant la diversité des
disciplines dans Le Devoir et, dans le projet de loi n° 69,
des liens inévitables entre le patrimoine et les autres responsabilités des ministères.
Je donne un exemple. Ces problèmes qui surviennent, récemment, avec l'hôpital
de l'Hôtel-Dieu et l'Université McGill, tous les deux à Montréal, où les
discussions, et les démarches, et les clarifications rebondissaient
continuellement comme une balle entre les ministères <impliqués…
Mme Lambert (Phyllis) :
...avec l'hôpital de l'Hôtel-Dieu et
l'Université McGill, tous les deux
à
Montréal, où les discussions, et les démarches, et les clarifications
rebondissaient continuellement comme une balle entre les
ministères >impliqués.
La Loi sur l'aménagement et l'urbanisme
s'occupe plutôt des questions de démolition des édifices, page 24. Mais, pour
les sites ou les quartiers comme le quartier de Maisonneuve ou encore le Square
Mile et bien d'autres à Montréal, qui... comment les protéger, ainsi que tous
les autres sites authentiques à Montréal et à travers la province? Dans la même
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, comment peut-on protéger les édifices et
quartiers sans tenir compte des espaces verts, des squares et des parcs? Je
présume qu'il y a une loi sur l'urbanisme, mais elle doit être liée aux intérêts
et interprétée en tenant compte de la nécessité de protéger et de mettre en
valeur le patrimoine, et vice versa, pour toutes, toutes, toutes ces lois.
Comment peut-on conserver des édifices, si on ne sauvegarde pas les archives? Il
faut que toutes les cités... on fait référence, dans la loi, dans le chapitre
des objets ou biens… pardon, ou biens immobiliers, les archives doivent être
liées au patrimoine sans lesquelles il ne peut pas y avoir de connaissance et
de compréhension réelle de la conception des édifices et des lieux à protéger.
Je vous remercie de votre attention et de
la compréhension véritable et essentielle de l'importance du patrimoine, non
pas comme de vieilles bâtisses ou de vieilles pierres d'un autre âge, mais
comme des éléments de vie distincte, dans le Québec, qui nous donnent notre
identité, dans nos villes et nos villages. On fait les choix. Le patrimoine du
Québec est notre raison d'être. L'économie, la santé, la morale, la créativité,
tout s'en suit. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, Mme Lambert. Donc, on va maintenant passer à la période
d'échange avec la ministre.
Mme Roy
: Pour une
période de...
La Présidente (Mme Guillemette) :
14 min 51 s.
Mme Roy
: Parfait.
Bonjour, Mme Lambert. Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui. Je
pense que... je vois les visages des autres collègues, on est ravis que vous
soyez là, de nous partager votre expertise, votre expérience. C'est vraiment un
privilège de vous avoir.
J'ai beaucoup aimé vous entendre. Et vous nous
avez dit ce qu'il fallait améliorer, et, effectivement, j'ai pris beaucoup de
notes, parce qu'on est là pour l'améliorer, ce projet de loi, parce
qu'ultimement ce qu'on veut, c'est le protéger, notre patrimoine, puis le
sauvegarder pour les générations futures. C'est notre histoire, c'est notre
identité, vous <avez...
Mme Roy
: ...C'est
vraiment
un privilège de vous avoir.
J'ai
beaucoup aimé vous
entendre. Et vous nous avez dit ce qu'il fallait améliorer, et, j'ai des...
effectivement,
j'ai pris
beaucoup de notes,
parce qu'on est là pour l'améliorer,
ce
projet de loi,
parce qu'ultimement ce qu'on veut, c'est le
protéger, notre patrimoine, puis le sauvegarder pour les générations futures. C'est
notre histoire, c'est notre identité, vous >avez tout à fait raison.
C'est ce qui fait notre unicité, c'est ce qui fait la beauté du Québec, c'est
ce qui fait qu'il est différent. Et c'est une raison, c'est la raison, c'est à
nous, c'est notre histoire et il faut en prendre soin.
Mme Lambert, vous avez commencé en
disant : Il y a des choses tout à fait intéressantes là-dedans, mais je
vais vous dire tout de suite ce qu'il y a à améliorer. Mais, moi, j'aimerais
que vous me disiez quelles sont les choses que vous trouvez intéressantes là-dedans,
dans ce projet de loi, qui vont nous aider à préserver notre patrimoine.
Mme Lambert (Phyllis) : Oh! Mme,
j'aimerais bien donc vous le dire, mais je n'ai pas noté ça, parce que je le
lisais avec l'oeil critique. Et il y avait des choses, oui. Je suis navrée. Je
pourrai le regarder et envoyer un petit mot, mais je ne peux pas vous le dire
comme ça.
Mme Roy
: D'accord.
Alors, c'est bien que vous me disiez ça parce que je pense que ça va pouvoir
ouvrir la discussion. Parce que vous soulevez des points et, effectivement,
quand on le lit comme ça, on peut penser qu'on s'en va dans une direction, mais
je veux vous rassurer à plusieurs égards.
Quand vous nous parlez, par exemple, à la
page 3 de votre mémoire, du fait que nous avons introduit, à
l'article 38 du projet de loi, un nouvel article, l'article 120, qui
nous dit qu'«une municipalité [...] doit adopter et mettre à jour
périodiquement un inventaire des immeubles construits — c'est écrit
avant 1940, mais on poursuit — qui sont situés sur son territoire
[...] qui représentent une valeur patrimoniale. Elle peut également — elle
peut également — y inclure [les] immeubles dont la construction est
plus récente», alors, on ne dit pas qu'on arrête à 1940, bien au contraire,
mais ce qu'on dit, c'est... Parce qu'actuellement il y a déjà des inventaires
qui sont faits et qui vont bien, bien, bien après 1940, et c'est parfait. Ce
que nous donnons, c'est que nous donnons ici la latitude aux administrations
municipales, qui sont aussi des gouvernements, nous leur laissons cette
autonomie de pouvoir aller plus loin. Donc, on permet d'aller plus loin. Alors,
on ne dit pas : Tout ce qui est après, on ne le répertorie pas, bien au
contraire.
Et quand vous nous dites, et ça me faisait
un peu de peine : «Par exemple, Habitat-67, à Montréal. Cet ensemble
pourrait être démoli selon le projet de loi n° 69
puisqu'il est postérieur à 1940», eh bien, non, pas question. Et c'est
impossible pour Habitat-67, comme vous le savez, parce que c'est un édifice,
vous le savez, qui est classé depuis 2009, et les articles de la loi qui disent
qu'on ne peut pas toucher à un édifice classé demeurent, là. Alors, il n'est
pas possible que quelqu'un fasse quelque chose ou démolisse Habitat-67. Par
ailleurs, il est répertorié également.
• (17 heures) •
J'aimerais vous entendre sur le fait que,
dans la loi, il y a cette obligation de faire un inventaire. Et ce que nous
avons tenté de faire, c'est de créer un mécanisme, un mécanisme pour ne pas que
le ministère et la ministre, au premier chef, soient informés le matin même
qu'il y a une pelle mécanique, et c'est la raison pour laquelle ça se fait en
plusieurs <étapes. On demande... on dit que les MRC pourront...
>
17 h (version révisée)
<12187
Mme
Roy
: ...
il y a cette obligation de faire un inventaire.
Et ce que nous avons tenté de faire, c'est de créer un mécanisme, un mécanisme
pour ne pas que le ministère et la ministre, au premier chef, soient informés
le matin même qu'il y a une pelle mécanique, et c'est la raison pour laquelle
ça se fait en plusieurs >étapes. On demande... On dit que les MRC
pourront citer, alors on rajoute une administration municipale qui pourra
protéger des bâtiments, vouloir les protéger. Par ailleurs, on dit : Il
faut faire un inventaire, et, lorsque quelqu'un voudra avoir un permis de
démolition, il faudra également qu'il y ait des règlements de démolition. Parce
que c'est un gros problème, plusieurs villes, municipalités n'ont pas de
règlement de démolition et font un peu... aussitôt qu'on leur demande un
permis, ils doivent le rendre. La loi est ainsi faite.
Alors, en ayant un règlement de
démolition, en ayant le fait qu'il faille... qu'il y ait des inventaires, le
projet de loi crée un processus qui fait en sorte qu'avant de donner ce permis
de démolition la ville devra, et c'est ça qui est vraiment nouveau, procéder
avec un processus, avec des audiences, avec une analyse, parce que le bien est
un bien patrimonial. Les citoyens, les élus, les groupes pourront être
interpellés. Il y aura une audience, il y aura un délai, et là une décision
sera prise, et le gouvernement... la ministre sera informée. Et ultimement, si
une municipalité souhaite démolir un bâtiment d'une grande valeur patrimoniale
pour des raisons qui lui sont propres, après tout ce processus-là, ultimement,
la ministre peut toujours intervenir et dire non, utiliser son pouvoir
discrétionnaire.
Donc, nous mettons en place un processus
pour nous assurer qu'il n'y ait pas de démolitions sauvages en série à
contrôler, et ça commence par la création... l'obligation, pardon, de se doter
d'un règlement de démolition, ce qui va aider pour la gestion, l'administration
du patrimoine bâti, parce que c'est une lacune actuellement. Donc, je veux vous
rassurer à cet égard-là.
Vous parlez également des critères... Vous
parliez de l'État. Vous faites allusion, dans votre rapport, dans votre
document, à la Vérificatrice générale. Et c'est, entre autres, beaucoup pour
répondre aux critiques du rapport de la Vérificatrice générale, qui remonte
jusqu'en 2012 dans ses analyses et ses critiques, pour répondre à ses critiques
que nous mettons des dispositifs en place, et à l'égard de l'information, et à
l'égard du gouvernement.
Vous nous parlez du fait que le
gouvernement n'est pas au fait de tout ce qu'il a, n'entretient pas
nécessairement ses bâtiments. Bien, dans la loi, on crée justement une
obligation, on crée cette table gouvernementale interministérielle pour essayer
de tendre vers l'exemplarité de l'État. Est-ce que vous pensez que c'est un pas
dans la bonne direction puis qu'il est temps qu'on se parle entre ministères et
entre organismes?
Je ne vous entends pas. Je ne sais pas...
Le son de Mme... On a perdu votre son, Mme.
La Présidente (Mme Guillemette) :
On a perdu le son de Mme Lambert. Peut-être votre ordinateur, <Mme Lambert...
Mme Roy
: ...c'est un
pas dans la bonne direction puis qu'il est temps qu'on se parle entre
ministères et entre organismes?
Je ne vous entends pas. Je ne sais
pas... Le son de Mme... On a perdu votre son, Mme.
La Présidente (Mme Guillemette) :
On a perdu le son de Mme Lambert. Peut-être votre ordinateur, >Mme
Lambert. On ne vous entend plus.
Une voix
: ...suspendre.
Mme Roy
: Oui, on
pourrait faire ça, le temps qu'elle retrouve... Ah! il y a quelqu'un qui va
l'aider, je pense.
Une voix
: C'est bon.
Mme Roy
: Ah oui!
Mme Lambert (Phyllis) : O.K.,
parfait.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait, on vous entend bien, vous pouvez y aller.
Mme Lambert (Phyllis) : Je
trouve que c'était absolument... J'ai fait référence au fait que vous avez
parlé d'amener tous ces... d'ailleurs, les ministères variés ensemble, mais je
disais, un des problèmes que je trouve dans toutes les composantes des départements
de votre ministère, on ne lie pas le bâtiment aux archives, on ne lie pas les
endroits verts, la verdure, on ne lie pas tous ces éléments ensemble, ils sont
tous dans un silo, alors... et puis évidemment l'aménagement paysager,
l'aménagement urbain, tout ça. Alors, ce n'est pas lié, c'est tout... c'est un
peu séparé, alors l'un peut faire quelque chose sans que l'autre le sache.
Alors, je sais, dans les organismes, c'est très difficile, mais il faut
amener...
Mme Roy
: Et, oui, il
faut travailler ensemble, il faut créer cette conscience, c'est plus qu'une
concertation, c'est une conscience de l'importance du patrimoine. Et je disais
aux gens qui étaient juste avant vous, tout à l'heure, qui nous disaient, entre
autres, qu'il fallait approcher le patrimoine dans une perspective intégrée
d'aménagement du territoire... alors, moi, ce que je vous dis, Mme Lambert,
puis on s'en était parlé, vous m'aviez, parlé entre autres, de l'importance de
garder les jardins lorsqu'on a, par exemple, des couvents, lorsqu'on a de
grands ensembles, etc., puis j'étais tout à fait avec vous, tout à fait sur la
même page, c'est important, c'est un tout, c'est un ensemble.
Et dans cette perspective, ces bâtiments
qui nous parlent, qui sont notre histoire, qui reflètent un passé, qui sont des
témoins de notre histoire, moi, j'en parle avec ma collègue la ministre des
Affaires municipales, et il faut intégrer et avoir cette vision d'intégrer le
patrimoine dans l'aménagement du territoire. Et moi, je suis...
Mme Lambert (Phyllis) : Oui,
absolument, absolument.
Mme Roy
: Et c'est
notre vision, Mme, et nous allons dans cette direction. Et ça, ça se fait avec
différents ministères parce que c'est plus grand qu'une loi, c'est une vision
plus globale des choses. Alors, nous travaillons déjà dans cette direction. Et
je vous dirais que je suis de celles qui prônent le fait que nous utilisions
des bâtiments patrimoniaux pour leur donner vie. Classer pour classer ou citer
pour citer un <édifice...
Mme Roy
: …c'est plus
grand qu'une loi, c'est une vision plus globale des choses. Alors, nous
travaillons déjà dans cette direction. Et je vous dirais que je suis de celles
qui prônent le fait que nous utilisions des bâtiments patrimoniaux pour leur
donner vie. Classer pour classer ou citer pour citer un >édifice qui ne
sert pas et qui ne sera pas utilisé, c'est dommage et c'est triste. Il faut,
par ailleurs, qu'il y ait... que nous soyons conscientisés à l'importance de
donner vie à ces bâtiments et de permettre des usages, pas nécessairement…
Mme Lambert (Phyllis) : Mais
qu'est-ce qui arrive à des quartiers, comme je disais… est un endroit
absolument merveilleux, et puis il y a des… Je vous ai parlé déjà, il y a
longtemps, de la problématique des quartiers…
Mme Roy
: Oui, dans le
coin de McGill.
Mme Lambert (Phyllis) : …qui
sont authentiques à Montréal, alors... Et puis ça, c'est… Mais comment est-ce
qu'on peut… Je sais qu'on peut faire quelque chose avec ça, un peu au niveau de
la ville avec le… qu'est-ce que c'est, les lois de contrôle, mais comment
est-ce qu'on peut faire ça? Je crois que la ministre doit… le ministère du Patrimoine
doit vraiment donner le goût, la compréhension de l'importance de ces endroits.
Mme Roy
: Absolument,
je suis d'accord avec vous. Et vous parliez du…
Mme Lambert (Phyllis) : ...
Mme Roy
: Il faut
aussi… et vous en parliez tout à l'heure, vous nous disiez : Le manque
d'information… Vous parliez des nouveaux propriétaires de la maison Alcan qui
ignoraient qu'elle était classée. Cette information-là… et vous nous parlez
qu'il faut tenir un répertoire des sites protégés, les sites actuels, les sites
classés pour que les gens savent qu'ils sont là et sachent à quoi s'attendre.
Je suis tout à fait d'accord avec vous.
Et ça, ce n'est pas nécessairement dans la
loi. Sachez que nous avons, et nous allons… nous avons commencé à entreprendre
un plan d'action pour répondre à ces observations et ces critiques qui ont été
faites dans le rapport de la Vérificatrice générale. Et le manque
d'information, ça revenait beaucoup, beaucoup, beaucoup, et ça, ça n'a pas
besoin d'être dans une loi.
Mais la ministre que je suis, et j'en
parle depuis un bout, là, il faut absolument que nous fassions… que nous
puissions faire — puis je regarde les équipes — que nous
puissions faire part aux citoyens, aux élus aussi, de la loi, bien entendu,
mais de ce qui existe, de ce qu'ils peuvent faire, de ce qu'ils ne peuvent pas
faire, informer les gens de leurs droits, de leurs obligations aussi pour
donner de la prévisibilité. Et c'est la raison pour laquelle, entre autres, nous
souhaitons avoir cet inventaire qui soit ultimement versé au ministère de la
Culture, qu'il soit mis à jour et versé pour que nous puissions tous y avoir
accès et connaître l'étendue, l'ampleur de notre patrimoine bâti. C'est… je
pense que… Allez-y, allez-y, Mme.
Mme Lambert (Phyllis) : Mais, vous
savez, à propos, les petits pamphlets ou les livres, le CCA a fait des livres
sur une période de Montréal qui n'était pas <connue du tout, et puis, en
plus…
Mme Roy
: ...
l'étendue,
l'ampleur de notre patrimoine bâti. C'est… je pense que… Allez-y, allez-y, Mme.
Mme Lambert (Phyllis) : Mais,
vous savez, à propos, les petits pamphlets ou les livres, le CCA a fait des
livres sur une période de Montréal qui n'était pas >connue du tout, et
puis, en plus de ça, il y a des tas de chercheurs dans les universités qui font
un travail magnifique. Mais on ne voit pas les livres maintenant, on ne voit
pas... Quand c'est publié, c'est une espèce de chose très moche qui n'a pas de
caractère. Alors, ça, c'est tellement important. Alors, c'est sûrement... vous savez
sûrement l'importance de leadership à faire là-dedans, parce que même dans...
que ce soient les inventaires, très important, O.K., mais, en même temps, il
faut que ça parte dans le public. Et comment est-ce que ça part dans le public?
Comme je disais, il faut connaître les gens qui étaient dans le... un peu l'histoire,
comme une histoire de famille. Comment... C'est ça que le... Comment est-ce que
vous pouvez... Vous devez le faire, surtout, mais comment?
• (17 h 10) •
Mme Roy
: Je pense qu'il
y a déjà beaucoup de ressources extérieures. Il y a aussi les nouveaux moyens
technologiques que nous pourrions utiliser davantage. Je pense — et
là ça me vient comme ça à brûle-pourpoint — à Trois-Rivières, à des
travaux absolument magnifiques qu'ils ont faits dans un ensemble, je crois que
c'est un ancien couvent ou c'est un ensemble religieux, et ils ont tout fait ça
de façon informatique dans un programme. Vous entrez dans... Vous prenez votre
ordinateur et vous voyez...
Mme Lambert (Phyllis) :
Superbe.
Mme Roy
: ...l'ampleur
du bâtiment, la richesse architecturale qui s'y trouve, les beautés qui y sont.
Mme Lambert (Phyllis) : Voilà.
Voilà.
Mme Roy
: Le nom
m'échappe, malheureusement. Je suis convaincue que vous connaissez les gens
dont je parle, c'est dans le Vieux-Trois-Rivières, c'était... pas un monastère,
je pense. C'est absolument sublime, ce qu'ils ont fait pour faire connaître le
patrimoine.
Mme Lambert (Phyllis) :
Formidable.
Mme Roy
: Ici, au ministère
de la Culture, nous avons des outils pour le faire connaître. Et vous avez
raison, je pense qu'il faut les utiliser davantage, et je dis ça depuis déjà plusieurs
mois.
Donc, ce sont des efforts concertés que
nous faisons, mais nous allons sur différents fronts. La loi, c'est un front
pour améliorer la loi qui est déjà là, mais améliorons-la pour nous assurer que
nous nous retrouvions avec de moins en moins de démolitions sauvages en
catastrophe. Et par ailleurs il y a un plan d'action qui a été élaboré... est
en voie de l'être, là, il est en processus d'élaboration. Et, moi, j'ai la
ferme intention de nous assurer qu'il y ait davantage d'information qui soit
communiquée. Déjà, on pense à une forme d'information auprès des villes, des municipalités
pour qu'elles sachent ce qui existe, pour qu'elles connaissent les recours, les
obligations, les devoirs. Je suis tellement surprise de parler à certaines
personnes qui sont des élus, qui ignorent qu'ils ont le pouvoir de protéger. Ce
n'est pas normal. Ils ont les mêmes pouvoirs que la ministre a au niveau
municipal et ils l'ignorent. Alors là, il y a eu un grave manquement d'information,
je suis tout à fait d'accord avec vous, Mme, à cet égard-là. Et je vois le
temps qui a filé, et on me fait des gros yeux. Mme Lambert, c'est trop
agréable, discuter avec vous. Merci. Et je sais que mes collègues ont beaucoup
de questions à vous poser également. <Merci...
Mme Roy
: ...que
la
ministre a au niveau municipal et ils l'ignorent. Alors là,
il
y a eu un grave manquement
d'information, je suis
tout à fait
d'accord
avec vous, Mme,
à cet égard-là. Et je vois le temps qui a filé, et on me
fait des gros yeux. Mme Lambert, c'est trop agréable, discuter avec vous.
Merci. Et je sais que mes collègues ont
beaucoup de questions à vous
poser
également. >Merci pour votre collaboration à nos travaux.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Donc, nous allons maintenant passer à l'échange, la
période de discussion avec Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Oui.
Alors, bonjour, Mme Lambert. Un grand honneur, un grand plaisir de vous
avoir avec nous. Sachez que moi, j'ai grandi dans le Golden Square Mile et j'ai
eu une mère qui était très, très, comment dire, attachée à l'héritage, et tout,
qui était dans la rue lorsqu'ils ont détruit la maison Van Horne, Van Horne
Mansion. Et ça a été mon éveil, à l'époque, aussi, de toute cette question.
Alors, je commence avec vos commentaires
où vous parlez d'un conflit essentiel, fondamental, un conflit d'intérêts :
développement, municipalités et protection du patrimoine. Donc, vous préconisez
un tribunal administratif, un arbitre neutre, et d'ailleurs vous n'êtes pas la
seule à le proposer. Donc, je pense qu'on aura l'occasion d'en parler. J'aimerais
vous entendre sur l'importance de cette entité neutre pour prendre ces
décisions comme arbitre. Mais aussi je trouve votre... l'importance que vous
attachez à connaître son histoire. Et vous parlez des inventaires du ministère,
que le ministère doit connaître, donc, mais que vous dites, selon... vous citez
le rapport Corbo-Courchesne, que l'inventaire du ministère doit être, bon,
modernisé, amélioré, mis à jour, etc.
Donc, ces deux questions-là, arbitre
indépendant et connaître son histoire, j'aimerais peut-être vous entendre
là-dessus.
Mme Lambert (Phyllis) : Alors,
pour l'arbitre indépendant, comment est-ce qu'il y a... comment est-ce qu'on
peut gérer ce grand problème? J'ai essayé, pendant qu'on faisait le... et que beaucoup
d'autres personnes ont fait aussi, j'espère, la loi sur Montréal, le nouveau, c'était
la loi... j'oublie le nom, et puis ça n'a rien donné parce qu'il y avait ce
problème, toujours, que les taxes sont... Ça, ce n'est pas votre département,
mais vous pouvez parler aussi avec le ministre des Finances, parce que les
taxes, alors, ça, c'est toujours un problème. Ça marche très bien à Montréal en
ce moment, il n'y a pas de problème, mais, si on a un maire qui veut changer
les choses, qui ne veut pas... qui veut faire démolir pour avoir plus de
l'argent de <taxes...
Mme Lambert (Phyllis) : ...
problème.
Ça marche très bien à Montréal en ce moment, il n'y a pas de problème. Mais, si
on a un maire qui veut changer les choses, qui ne veut pas... qui veut faire
démolir pour avoir plus de l'argent de >taxes, il n'y a rien qui
contrôle ça. C'est ça, le problème. Et c'est le... c'est encore pire.
Mme Weil
: On avait quand
même un maire, ce matin, de Québec, qui plaidait aussi pour peut-être d'autres
raisons... Mais, d'une manière ou d'une autre, on a eu cette discussion, donc
je pense qu'on... C'est une recommandation intéressante, je pense, pour nous,
les députés de l'Assemblée nationale, et peut-être pour la ministre aussi, pour
voir s'il y a lieu d'avoir une instance, un arbitre. Mais il y a eu plusieurs
demandes dans ce sens, parce que je pense que vous rejoignez beaucoup
d'intervenants disant que, des fois, être juge et partie... évidemment, ça
prend une entité neutre.
Maintenant, vous parlez, donc, de... «"L'information
dont dispose le gouvernement sur ses propres immeubles à caractère patrimonial
est fragmentée, non uniformisée, éclatée entre plusieurs détenteurs. Faute
d'une information de nature comparable et accessible, les décisions que
pourrait prendre le gouvernement pour bien gérer son propre patrimoine"»
ferait défaut, essentiellement. Donc, ça, c'est votre lecture de la situation
actuelle de l'inventaire ou de l'information qu'a le gouvernement.
Mme Lambert (Phyllis) : Alors,
je crois que pour la gestion des... Bien, O.K., laissez-moi donner un exemple.
Vous savez, ce n'est pas une question de gouvernance, je ne sais pas, je ne
donne pas l'exemple pour ça, mais je pense à l'église Notre-Dame à Montréal et
que... il n'était pas classé, pas classé. Alors, il y a ce grand feu, et tout
ça, et puis il n'y avait pas encore les supervisions parce que c'était... de ce
qui se passait, alors il y a un grand feu qui a démoli, vraiment, cette
merveilleuse chapelle de mariage. Alors, il y a des choses comme ça. Et, moi, j'ai
cité le rapport de 2016 de M. Corbo et Mme... J'oublie son nom.
Mme Weil
: Courchesne.
Mme Lambert (Phyllis) : Oui,
Courchesne, merci. C'est un exemple de... je disais ça pour renforcer un peu ce
que je disais sur l'information qui n'est pas... Et nous trouvons ça aussi au
CCA en gestionnant la maison Shaughnessy qui... j'ai donné les exemples là
aussi.
Mme Weil
: J'aurais une
autre... ça va?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Allez-y, il reste quatre minutes.
Mme Weil
: Bon, <très
bien...
Mme Lambert (Phyllis) : …
l'information
qui n'est pas... Et nous trouvons ça aussi au CCA en gestionnant la maison
Shaughnessy qui... j'ai donné les exemples là aussi.
Mme Weil
: J'aurais
une autre... ça va?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Allez-y, il reste quatre minutes.
Mme Weil
: Bon, >très
bien. Griffintown. Bon, j'aimerais… en parlant, justement, de… Je ne sais pas
si vous avez eu l'occasion de lire l'histoire An Irish Heart. Mais après
avoir lu ce livre, An Irish Heart, sur l'histoire de Griffintown, et
quand on se promène à Griffintown puis on regarde tout ça, tout ce qui a
disparu de ce qu'était Griffintown et son histoire, est-ce que, ça, ça serait
un exemple pour vous, quand vous dites : Connaître son histoire pour être
capable de valoriser ces sites et l'histoire qui nous a précédés, les gens qui
nous ont précédés? Moi, je vois ça un peu comme le symbole de ce dont vous
parlez.
Mme Lambert (Phyllis) : Je ne
peux pas qu'être d'accord avec vous, c'est vraiment lamentable. Mais ça va
arriver à Maisonneuve bientôt et ça va être la même chose, parce que ce n'est
pas protégé, O.K.? Et ça va arriver à Saint-Henri et à beaucoup d'autres
quartiers avec une histoire de grand intérêt et avec... et qui sont aussi des
quartiers de vie intéressants, O.K.? Ça va arriver, la même chose, si on ne
fait pas quelque chose.
Mme Weil
: Très bien. Merci.
Une voix
: Est-ce que...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Oui, vous pouvez y aller, Mme.
(17 h 20) •
Mme Melançon : Merci,
Mme Lambert, d'être avec nous. Je vais prendre la suite de ma collègue quelques
instants à peine. Ce que j'aimerais savoir de votre part : Qu'est-ce que
l'on devrait retrouver? Bref, comment est-ce que l'inventaire doit être
formulé? Là, je vous ai... j'ai bien lu, pour vous, le 1940... la ministre a
donné une explication, nous étions plusieurs à avoir une lecture... je pense
qu'on va devoir retravailler un peu la façon peut-être dont c'est écrit, mais ça,
on y viendra, on va être là pour bonifier le projet de loi. Mais, pour vous,
les critères de classement, on a besoin de votre éclairage là-dessus. Et est-ce
que vous pourriez nous parler un peu de ce que vous voyez, sur quoi on pourrait
se baser?
Mme Lambert (Phyllis) : Vous
savez, je crois qu'on commence avec la vie du quartier, la vie d'endroits. Par
exemple, Milton Park, c'est un exemple formidable, O.K.? Et alors il y avait un
quartier qui a été fait à la fin du XIXe siècle, quartier des gens de moyenne
capacité, des avocats, des gens qui gestionnaient, qui venaient par le
chemin... «streetcar» dans le Vieux-Montréal, O.K.? Alors, quand il y avait
cette fausse idée de faire... de changer ce <quartier...
Mme Lambert (Phyllis) : ...moyenne
capacité, des avocats, des gens qui gestionnaient, qui venaient par le
chemin... «streetcar» dans le Vieux-Montréal, O.K.? Alors, quand il y avait
cette fausse idée de faire... de changer ce >quartier complètement,
parce que c'était le genre de TOD, O.K., ils croyaient. Le TOD n'existait pas à
cette époque-là. Alors, on a dit : Voilà, on va faire un endroit où on
peut... on n'a pas besoin de sortir de cet endroit sans... on peut être... tout
ça. Alors, on a... il y avait les gens qui ont défendu ce quartier. Et
finalement c'était un cas de... il n'y avait rien à Québec, c'était avec le
fédéral qu'on a pu faire ça, on a pu faire ça, mais c'était quelque chose
d'invraisemblable. Mais votre question...
Mme Melançon : C'était sur la
classification, sur quoi on doit commencer à se baser. Là, je vois la
présidente qui...
La Présidente (Mme Guillemette) :
...
Mme Melançon : On a
30 secondes, là, je sais qu'on ne réglera pas ça en 30 secondes, mais
pour mieux classifier, la première idée qui vous vient en tête, là, sur
laquelle on devrait vraiment mettre le temps et l'énergie, qu'est-ce que c'est?
Mme Lambert (Phyllis) : Est-ce
que c'est la classification? Est-ce qu'il y a d'autres façons de faire? Ça, c'est
pour commencer. Il faut avoir des quartiers où il y a... ce n'est pas un
bâtiment qui est fantastique, mais c'est la somme des... qui est importante. Et
ça, c'était quelqu'un de notre époque... beaucoup d'autres choses. On doit...
Et ce qui est important pour les gens, en tout cas, dans le temps, je ne sais
pas maintenant, parce que les gens changent de mentalité, mais j'avais une
autre idée dans ma tête, mais je l'ai perdue, mais, en tout cas, je crois qu'il
y a beaucoup à voir comment protéger ces...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, Mme Lambert. C'est tout le temps qu'on avait.
Mme Melançon : Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, on en aurait pris encore plus longtemps, mais c'est tout le temps qu'on
avait. Merci beaucoup de votre contribution aux travaux de la commission. C'est
très apprécié. Donc, ce sera tout pour aujourd'hui.
La commission ajourne ses travaux jusqu'à
demain, jeudi le 26 novembre, à 12 h 20.
(Fin de la séance à 17 h 24)