(Onze
heures quarante-deux minutes)
La Présidente
(Mme Dionne) : Donc, bonjour à tous et à toutes. Ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de
l'éducation ouverte.
Donc, la commission
est réunie aujourd'hui afin d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
n° 23, la Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique
et édictant la Loi sur l'Institut national d'excellence en éducation.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente, M. Asselin
(Vanier-Les Rivières) est remplacé par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac).
Mémoires déposés
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci beaucoup. Donc, avant de débuter, je dépose
les mémoires qui ont été reçus depuis la fin des consultations particulières.
Et, avant d'entamer
les remarques préliminaires, nous allons suspendre les travaux pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à
11 h 43)
(Reprise à 11 h 53)
La Présidente (Mme
Dionne) : La commission reprend maintenant ses travaux.
Remarques préliminaires
Nous en sommes rendus
à la portion des remarques préliminaires pour lesquelles chaque membre dispose
de 20 minutes. Donc, j'invite M. le ministre de l'Éducation à débuter
cette séance et nous faire part de ses remarques.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Je vous salue. Nous allons passer plusieurs heures ensemble,
alors souhaitons qu'elles sont... qu'elles soient des plus agréables.
Je
salue, bien entendu, mes collègues, les collègues de ma formation politique,
mes deux adjoints parlementaires, le
député de Richelieu et la députée de Lotbinière-Frontenac, mon adjointe gouvernementale, la députée de
Hull, et mes estimés collègues, le
député de Côte-du-Sud et le député de Beauce-Sud. Merci à vous tous
et toutes d'être là. Je n'oublie personne,
là, c'est bon? Je salue, bien entendu, la députée de Saint-Laurent, avec laquelle nous allons passer de très agréables moments. Je
n'en ai aucune... je n'ai aucune hésitation à le dire.
Alors, voilà, Mme la
Présidente, nous commençons l'étude de ce projet de loi n° 23. J'avais
très, très hâte de pouvoir entamer cette étude. Alors, le principe général,
j'ai eu l'occasion de le dire à de multiples reprises, c'est de rendre le réseau scolaire plus efficace, mais ce
n'est pas une efficacité juste pour de l'efficacité, c'est une efficacité pour
la réussite des élèves. C'est ça, le principe premier. Évidemment, ça se
décline de toutes sortes de manières, mais il ne faut jamais perdre de vue, Mme la Présidente, que la raison pour
laquelle nous sommes ici, c'est pour les élèves, c'est pour les enfants,
d'abord et avant tout, et pour la réussite de nos enfants.
Alors, comment est-ce
que ça se traduit dans ce projet de loi n° 23? Eh bien, ça se traduit par
une amélioration à l'accès aux données. L'accès aux données, c'est un des
moteurs, je dirais, de ce projet de loi. Je ne trouve pas ça normal, Mme la
Présidente, que trop souvent je sois obligé de me tourner vers le ministère et
de me retrouver avec une fin de non-réponse
parce qu'ils n'ont pas les données. Puis là, à ce moment-là, bien, il faut
envoyer une CollecteInfo dans les 72 centres de services scolaires pour
essayer d'avoir des chiffres aussi fondamentaux que, par exemple, le nombre d'enseignants qui manquent ou encore les
résultats des élèves à la première étape. Alors, dans le cas des
enseignants qui manquent, on finit par avoir le chiffre, mais on devrait
l'avoir en temps réel. On devrait être capable, Mme la Présidente, de savoir en
temps réel combien d'enseignants il nous manque, par exemple, pour la rentrée scolaire. Ce serait normal qu'on puisse
avoir ça sans devoir attendre une semaine, par exemple, pour avoir le chiffre.
Je ne trouve pas ça normal, Mme la
Présidente. Puis honnêtement je pense que, là-dessus, les députés de
l'opposition et notre formation
politique vont s'entendre très rapidement. J'en ai la conviction, parce que ça
a plein de sens, Mme la Présidente, qu'on ait de la bonne information,
parce que ça nous permet, évidemment, de prendre de meilleures décisions.
Ça
va nous permettre aussi... En ayant cet... ce meilleur accès à l'information,
ça va nous permettre, dans certains cas, de venir en aide beaucoup plus
rapidement et beaucoup plus efficacement, voilà, aux élèves en difficulté.
Alors, pas nécessairement parce qu'on l'aura
identifié, évidemment, individuellement, mais on sera capables, par exemple, de
voir... avec les résultats, par exemple, de la première étape, on sera
capables d'identifier peut-être les écoles, dans certains coins du Québec, qui sont davantage en besoin
d'aide et, à ce moment-là, on pourra agir pour leur prêter main-forte. Donc,
ça, c'est une partie très importante du
projet de loi, donc, l'accès aux données pour faire en sorte que la réussite
scolaire en sorte gagnante.
L'autre élément du projet de loi qui est très
important, c'est la création de l'Institut national d'excellence en éducation. Alors, encore une fois, Mme la
Présidente, l'idée, ici, c'est de soutenir nos élèves le plus efficacement
possible, en s'appuyant sur les meilleures pratiques, sur ce que la
recherche nous dit, sur ce que les données probantes nous disent. Et donc on veut démocratiser les
connaissances les plus à jour en matière d'enseignement et s'assurer, une fois qu'on a identifié ces pratiques... les diffuser
sur le terrain, dans les classes, dans les écoles, pour, justement, faire en
sorte que nos enseignants, nos
enseignantes aient accès aux toutes dernières connaissances sur ce que la
science de l'éducation nous enseigne.
Et donc l'institut va nous permettre de diffuser les meilleures pratiques
pédagogiques et en faire la promotion.
L'institut,
aussi, se voit confier un rôle important au niveau de la formation continue. On
le sait, Mme la Présidente, ça aussi, c'est bien appuyé sur la
recherche. On sait que la formation continue aide nos enseignants, nos
enseignantes à devenir encore meilleurs. Puis, quand on y pense, c'est normal,
c'est la même chose pour nous tous, plus on apprend,
meilleurs on devient, plus efficaces nous sommes. Alors, c'est vrai pour, je
dirais, tous les domaines de la vie, et puis c'est vrai, dans ce cas-ci, pour
l'éducation. Donc, mettre l'accent sur la formation continue, c'est gagnant
pour l'enseignante puis c'est
gagnant, bien entendu, pour les élèves qui reçoivent cet enseignement. Donc,
l'institut d'excellence va jouer un rôle important à ce niveau-là. Ce ne
sera pas son unique rôle, on aura l'occasion d'en rediscuter, mais je pense que
c'est important de mettre l'accent là-dessus en début de travaux.
• (12 heures) •
Par ailleurs, troisième pilier, je dirais, de ce
projet de loi, Mme la Présidente, c'est la gouvernance, alors s'assurer qu'on ait une gouvernance, au sein du
réseau scolaire, une gouvernance qui soit plus cohérente, qui soit plus performante, parce qu'elle aura plus de cohésion,
justement, au terme des changements que nous souhaitons apporter. Alors, oui,
les directeurs généraux des centres de services seront nommés par le
gouvernement, sur recommandation du ministre, pour des mandats d'au plus cinq
ans qui peuvent être renouvelés. Et, oui, le projet de loi prévoit la
conclusion d'une entente annuelle de
gestion et d'imputabilité avec chacun des centres de services scolaires, puis
c'est une entente qui va nous
permettre, donc, de définir des objectifs, de définir des cibles, des
orientations, des priorités pour favoriser un meilleur alignement entre
les orientations ministérielles et comment ces orientations-là se mettent en
place sur le terrain, dans les écoles, dans
les classes, toujours dans cette perspective d'obtenir le meilleur résultat
possible. Parce que, oui, c'est un projet de loi qui vise à favoriser le
renforcement d'une culture qui est axée sur les résultats, et le premier
résultat que nous souhaitons, évidemment, que l'on vise, c'est la réussite
scolaire.
Alors, je
l'ai déjà dit, Mme la Présidente, puis j'ai eu l'occasion de le répéter, j'ai
fait une tournée d'écoles quand je suis arrivé, c'est une tournée d'écoles que
je continue. Et au terme de ces visites d'écoles, j'ai énoncé sept priorités,
qui ne sont pas exclusives, parce qu'il s'est rajouté d'autres éléments par la
suite, mais les sept priorités que j'ai identifiées en janvier dernier demeurent : l'amélioration
du français, la création de programmes courts pour mener au brevet, donc,
des programmes de 30 crédits pour les personnes qui ont un bac dans une
matière qui est enseignée à l'école ou dans une matière qui est connexe. Ça
fonctionne bien. Il y a plusieurs institutions universitaires qui ont commencé
à offrir ces programmes courts pour des enseignants, donc, qui sont dans les
classes et qui n'ont pas de brevet. Et donc, avec ces programmes courts, ils
vont pouvoir obtenir la formation de base qui va leur permettre d'obtenir le
brevet. La formation professionnelle, Mme la
Présidente, ça, c'est une de mes sept priorités parce que, oui, on croit aux
métiers, nous. On y croit aux
métiers. On pense que nos jeunes peuvent être valorisés par l'enseignement
professionnel, par l'acquisition des compétences pour exercer un métier.
On pense
qu'ils peuvent se sentir très utiles socialement et on pense aussi qu'ils
peuvent très bien gagner leur vie. Et
donc cette emphase sur les métiers, c'est très important pour nous. Ça fait
partie de nos priorités, comme la création de nouveaux programmes particuliers, nouveaux programmes pédagogiques
particuliers, fait aussi partie de nos priorités. Parce qu'on le sait,
les programmes particuliers, Mme la Présidente, les projets particuliers,
devrais-je dire, ils font aimer l'école, ils
sont une source de valorisation, ils sont une source de stimulation. On a tous,
je pense, à des degrés divers, connu, à travers notre expérience
scolaire, le bonheur de pratiquer un sport, le bonheur de pratiquer un
instrument de musique, le bonheur de
découvrir les arts, le bonheur de découvrir la technologie, la robotique, peu
importe, des activités, donc, qui sont périphériques à ce qui se dit, à ce qui
s'enseigne à travers le programme scolaire. Donc, c'est pour ça qu'on parle souvent de parascolaire. Et puis nous, on
veut développer ça, Mme la Présidente, parce qu'on pense que c'est un facteur de motivation et donc un facteur de
réussite. On pense que ça peut nous aider dans l'atteinte de notre but,
d'obtenir une amélioration du niveau de réussite scolaire dans les
écoles, donc projets particuliers.
Les aides à la classe, Mme la Présidente, ça
aussi, c'est une priorité. On veut en déployer dans le plus grand nombre
possible d'écoles primaires du Québec. Le chantier des nouvelles écoles
également ou des écoles rénovées, des écoles
transformées, des écoles agrandies dans lesquelles on met plus de moyens
financiers que jamais dans l'histoire du Québec, on est passé de 9 à
22 milliards au PQI, c'est absolument sans précédent.
Et puis,
septième objectif, donc, Mme la Présidente, l'efficacité, bien oui, parce que,
compte tenu de tous ces défis qui se
présentent à nous en matière d'éducation... puis on a qu'à prendre compte des
comptes rendus médiatiques à tous les
jours, il y en a beaucoup, de défis, Mme la Présidente, en matière d'éducation.
Et donc on ne peut pas se permettre de ne pas utiliser, d'une manière
très efficace et très performante, les ressources qui sont les nôtres. Et donc
ce projet de loi, oui,
qui va nous permettre d'être plus efficaces, va faire en sorte, justement, que
les 72 centres de services scolaires qui constituent le grand réseau de
l'éducation publique au Québec vont travailler davantage en cohérence, vont
travailler davantage comme une équipe.
Vous savez, Mme la
Présidente, on dit souvent... on parle souvent du système de l'éducation, hein?
On parle souvent du système de l'éducation,
mais avec le projet de loi n° 23, on améliore le système pour améliorer
l'éducation. C'est ça qu'on fait avec
23. Bon, alors, je vous ai donné quelques éléments, je vous ai parlé des sept
priorités puis, oui, je pense que nos sept priorités que nous avons
énoncées vont sortir renforcées par l'adoption de ce projet de loi.
Alors,
on a eu des bonnes consultations particulières, Mme la Présidente, quand même,
hein? On a eu 40 mémoires qui
ont été déposés à cette commission. D'ailleurs, vous la présidiez. On a eu
24 intervenants qui ont pu venir exprimer leurs préoccupations,
leurs commentaires, leurs recommandations, leurs critiques également. C'est tout à fait légitime, et puis évidemment, bien, à
travers tous ces témoignages, toutes ces représentations, on a tiré un certain
nombre de conclusions. Alors, je ne vais
pas, Mme la Présidente, comment dire, présenter la totalité des changements
que nous avons l'intention de proposer à cette commission au fil de nos
travaux, mais je peux d'ores et déjà vous dire que nous avons l'intention, par
exemple, d'ajouter la formation professionnelle et la formation aux adultes au
mandat de l'INEE. Bon, ça, ça va de soi.
Dans le même sens, on
va ajouter quatre nouveaux membres au conseil d'administration de l'INEE, on va
ajouter un directeur ou une directrice générale de centre de services scolaire,
peut-être D.G., D.G.A., un parent va siéger
à l'INEE, un membre provenant du milieu de la recherche aussi sera là, et on va
également ajouter une... On va ajouter une personne qui va représenter
la formation professionnelle ou la formation générale aux adultes. Donc, ces quatre membres vont venir s'ajouter à la
composition initiale du conseil d'administration que nous avons déjà déposée
dans la version originelle du projet de loi.
Et je l'ai dit, Mme
la Présidente, lorsque le... lorsque j'ai rendu public le rapport sur le mandat
d'enquête en... le mandat d'enquête sur les
violences sexuelles dans le réseau scolaire, alors, on a eu une enquête
générale. Il y a eu un rapport qui a
été produit. Ce rapport-là a été rendu public. Je l'ai rendu public, tel que je
m'y étais engagé à le faire et, lorsque je l'ai fait, Mme la Présidente,
j'ai déclaré que nous avions l'intention de donner suite aux recommandations et
que nous n'excluions pas d'utiliser le véhicule du projet de loi n° 23
pour mieux protéger nos enfants. Et je redis que nous n'excluons pas d'utiliser
le projet de loi n° 23 pour mieux protéger nos enfants dans la foulée,
donc, de ce rapport sur les violences sexuelles.
Alors,
voilà, Mme la Présidente. Je suis très heureux de me retrouver en commission
parlementaire. Et moi, vous savez, la dernière fois que j'ai fait de
l'article par article, je pense que ça doit remonter à 2016. Ça fait que, là,
je vais peut-être être un petit peu rouillé, Mme la Présidente.
Une voix : ...
M. Drainville :
Bien oui, Mme la Présidente. Est-ce que c'est permis, ça, de mettre
l'accent sur mon âge? C'est une microagression, je pense.
La Présidente
(Mme Dionne) : Ça va bien. Ça peut...
M. Drainville :
C'est une blague, Mme la députée de Mercier, c'est une blague. Alors,
voilà, je suis très heureux d'être ici.
Alors, j'allais dire : Je vais peut-être être un petit peu rouillé, mais
je suis sûr que mes collègues et les députées de Mercier et de
Saint-Laurent vont m'aider à mettre un petit peu d'huile dans les engrenages,
s'il le faut. Je suis sûr que je peux compter sur leur appui, n'est-ce pas?
Oui? Voilà. On m'assure d'une belle collaboration, Mme la Présidente.
Alors, c'est avec
beaucoup de plaisir que je me retrouve ici et je nous souhaite de très bonnes
heures de travail en collaboration. On ne
sera pas toujours d'accord sur tout, on s'entend là-dessus, mais je pense que
je l'ai déjà dit, au-delà de la partie partisane, au-delà du jeu
partisan, Mme la Présidente, j'ai la conviction profonde que nous sommes ici
pour un but que nous partageons, c'est-à-dire essayer d'améliorer notre réseau
scolaire et, à travers ça, aider le sort de
nos enseignants, de notre personnel scolaire et, évidemment, contribuer à la
réussite scolaire de nos enfants.
• (12 h 10) •
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la porte-parole
de l'opposition officielle et députée de Saint-Laurent à nous faire ses
remarques préliminaires.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Bonjour, M. le ministre. Bonjour, Mme la députée. Bonjour aux
autres députés de la banquette gouvernementale. Bonjour à toute l'équipe qui
vous accompagne, M. le ministre, vous
êtes toujours bien accompagné. Évidemment, bonjour à ma collègue qui
m'accompagne et les autres aussi en arrière. Bon, évidemment, on n'a pas
les mêmes effectifs que vous, mais on va essayer d'être aussi efficaces que
vous et de vous suivre au même rythme effréné, parce que vous êtes quand même
très jeune et fougueux. Ça, tout le monde le sait bien.
Mme la Présidente,
moi, j'entame ma sixième année comme porte-parole en matière d'éducation, puis
ça m'a quand même pris du temps à saisir
tous les enjeux. Même si j'avais déjà été auparavant professeure à
l'université, j'ai réalisé assez rapidement que le réseau de l'éducation
primaire, secondaire, la FP, la formation professionnelle, puis la formation
générale aux adultes, c'est énorme et complexe à tout saisir.
Alors, j'ai été très
surprise que le ministre, d'entrée de jeu, avant même de souffler sa première
bougie pour ce terme comme ministre de
l'Éducation, dépose un projet de loi, son premier geste législatif, sur la
gouvernance scolaire. Parce que je peux vous dire que présentement, dans le
réseau, il y a d'autres enjeux qui sont très urgents et prioritaires. On
a encore commencé une autre année scolaire
sous le chaos, puis je vais toujours me rappeler le sentiment d'urgence qui
habitait le ministre de l'Éducation le 23 août dernier. Il avait vraiment
sonné l'alarme en disant : Écoutez, on s'en va commencer l'année scolaire,
et il nous en manque 14 000. Par la suite, on a appris, dans les heures
qui ont suivi, que c'étaient des données qui dataient déjà du 14 août.
Donc, ce n'était pas tout à fait l'heure juste. Et où est-ce que je le rejoins quand qu'il dit que ça nous prend de
l'information, depuis le jour 1 de ce dépôt de projet de loi, j'ai
toujours dit : Je suis d'accord
que ça nous prend des informations. Moi, je suis une fille de tableaux. Ceux
qui sont maintenant ici sont habitués, les tableaux, j'aime ça, puis les
tableaux de bord, j'adore ça.
Une voix : Florence aussi.
Mme Rizqy : Oui,
ma recherchiste adore ça, mais je pense qu'on ne commencera pas à s'interpeler
à travers le salon rouge ainsi. Je ne ferai pas l'arbitre, je vais vous
laisser gérer tout cela, Mme la Présidente, mais effectivement Florence aime
beaucoup les...
Une voix : ...
Mme Rizqy : Mais vous savez
que, si vous parlez en même temps que moi, étant donné que je ne suis pas
capable de faire deux choses en même temps, je vais perdre mon fil conducteur
et je vais parler plus longtemps.
La Présidente (Mme Dionne) : Mme
la députée, la parole est à vous. Vous pouvez poursuivre.
Mme Rizqy : Oui,
parce que moi, M. le ministre, moi, je ne suis pas capable de faire deux
affaires en même temps. Je suis très...
La Présidente (Mme Dionne) : J'entends
bien.
Mme Rizqy : Oui,
je suis cartésienne, puis il faut que j'aie un suivi, sinon je perds mon fil
conducteur puis là je peux aller dans les différents sujets. Et ça, me hasarder
dans différents sujets, ce n'est pas toujours nécessairement bien.
Alors, pour
la pénurie d'enseignants, ce qui m'a frappée, c'était... Est-ce que vous avez
eu le dépôt du rapport, qui était le 3 mai? Pardon, le 3 mai, c'était
le dépôt de ce projet de loi, si ma mémoire est bonne, mais simultanément
c'est aussi le dépôt du rapport de la Vérificatrice générale du Québec.
Qu'est-ce qu'on apprend dans ce rapport-là? C'est que les données existent en matière d'enseignants. C'est inscrit noir
sur blanc que c'est elle... puis elle l'a dit dans plusieurs
entrevues : Je suis allée fouiller dans les banques de données du
ministère de l'Éducation. Moi, quand j'apprends ça de la Vérificatrice générale
du Québec, ça m'a vraiment indisposée, parce que, dans le réseau scolaire, il
faut savoir que les enseignants, oui,
remplissent des CollecteInfos qu'ils transmettent aux directions d'école qui,
elles, par la suite, font des beaux
petits fichiers Excel, transmettent par la suite au D.G., direction générale
des centres de services scolaires du Québec puis, après ça, eux envoient
ça au ministère de l'Éducation du Québec.
Bien, moi, je
me suis posé la question, mais je la pose de façon très, très vraie, là, je
veux vraiment comprendre, une fois que les CollectesInfos sont arrivées au
ministère, bien, pourquoi que ce n'est pas traité. C'est une vraie question,
puis j'espère que j'aurai l'occasion, lorsqu'on va arriver au bloc sur les
données, là... je veux comprendre à quoi servent les CollecteInfos parce que, même dans le rapport, il y avait non
seulement des données sur les enseignantes, il y avait aussi des données sur les départs à la retraite,
il y avait aussi des données sur ce qu'on appelle les entrevues de fin
d'emploi.
Alors, pourquoi que c'est la Vérificatrice
générale du Québec et son équipe qui doivent aller fouiller à travers les bases
de données du gouvernement, données du ministère de l'Éducation, et que cette
information-là, quand on pose la question,
on nous dit à nous que ce n'est pas disponible? Et c'était la même réponse
qu'elle a eue, la Vérificatrice générale.
On lui a dit : Ce n'est pas disponible, mais vous pouvez fouiller. Puis en
fouillant, on trouve que c'est disponible. Alors ça, c'est une question
que j'aimerais avoir, évidemment, la réponse.
La pénurie de main-d'oeuvre, aujourd'hui, le
ministre de l'Éducation l'a soulignée tantôt sur son compte X. Et moi, en Chambre, je l'ai soulignée en déposant
la pétition de la Fédération du personnel de soutien scolaire. C'est leur
journée nationale aujourd'hui. Alors, merci
à vous, parce qu'il faut savoir que, dans une école, chaque rôle est important,
chaque rôle est essentiel, que ce soit vous qui êtes préposé à l'entretien, qui
ouvrez et fermez nos écoles, qui vous assurez que non seulement ce soit
sécuritaire, d'un point de vue sanitaire, mais aussi vous embellissez nos
écoles. Je pense aux éducatrices de services de garde qui, bien souvent, le
ratio, malheureusement, dépasse. Je pense aux techniciens et techniciennes en
éducation spécialisée, ceux qui vont essayer de désescalader les situations
avant que ça explose. Bien, dans la pétition que j'ai déposée tantôt, c'est
aussi indiqué que 70 % d'entre eux, leur emploi est précaire. 70 % d'entre eux, malheureusement,
ce n'est pas un emploi à temps complet, c'est un emploi à temps partiel.
Je sais que souvent,
le ministre de l'Éducation... et surtout, le premier ministre, il dit :
Faites-nous des propositions. Mais il oublie, après ça, de dire : Ah oui!
c'est vrai, vous avez fait une proposition. Les fameuses aides à la classe, ça a été proposé au mois de mai 2020
en Chambre, au salon bleu. Je me suis levée. Ça a pris du temps, mais je tiens
à le dire, vous pouvez le noter, je tiens à dire merci, ça a été suivi. J'espère
que ce sera davantage déployé, mais ça ne règle pas, lorsqu'il est
question d'enfants avec des difficultés d'apprentissage, ou des difficultés
d'adaptation, ou des
difficultés de comportement, une aide à la classe. C'est vraiment plus une
ressource spécialisée qui va nous aider. Alors, il ne faut pas non plus faire porter le chapeau aux aides à la
classe pour différents objectifs. Ça peut être très pertinent dans certains cas, mais dès lors qu'on tombe dans
la catégorie HDAA, ça prend des ressources professionnelles et des
ressources spécialisées, telles que les TES. Et dans leur cas à eux,
malheureusement, on le voit encore, c'est trop souvent des emplois précaires,
et ça, ce sont des enfants à besoins particuliers.
L'autre enjeu que
j'aurais aimé qu'on parle, c'est la violence. J'ai déposé, à plusieurs
reprises, des demandes pour qu'on puisse s'attarder là-dessus. Pourquoi? Parce
que, suite à des demandes d'accès que j'ai faites, et que j'ai transmises au
ministre aussi, là, ça a été déposé en Chambre, il y a quelque chose qui s'est
passé. Il y a un avant puis un
après-pandémie. Ça, c'est indéniable. Ce n'est pas normal, au Québec, que des
enfants assistent à des scènes de crime à l'école. Ce n'est pas normal que, sur l'heure du dîner, qu'on retrouve
un enfant poignardé, que l'ambulance doit arriver, transporter en
hôpital, plusieurs heures de chirurgie.
Donc, sur le
territoire de l'école, la police intervient, évidemment, mais pensez, il y a
plusieurs victimes. Évidemment, il y a la victime principale, mais tous les
autres enfants qui ont assisté à ce geste de violence inouïe, ce sont aussi des victimes, et c'est ça qu'on doit
arrêter. Les différents corps de police du Québec, notamment la Sûreté du
Québec, n'ont jamais saisi autant d'armes dans les écoles. Et là c'est de tout
acabit, que ce soit un couteau, un couteau fait maison, jusqu'à une arme
à feu. Ce n'est pas normal, et les demandes d'accès nous disaient qu'est-ce qui
a été saisi à l'école, pas à la maison, pas
sur le chemin de la maison, à l'école. Le ministre m'a dit qu'il allait
travailler sur un plan d'action, mais
on a commencé la rentrée scolaire et, à Repentigny, ce sont deux enfants qui
ont été poignardés la semaine passée.
Alors, moi, ce plan
d'action, M. le ministre, je réitère, nous sommes capables de travailler
ensemble. Je ne veux pas voir le plan d'action à la fin puis que vous m'avez
invitée à critiquer par la suite. Quand vous me demandez une bonne collaboration, bien, des fois, quand on
travaille en amont, on est capables de sortir conjointement et de dire :
Bien, ce qu'a fait le ministre, c'est vraiment bon. Tantôt, j'étais au salon
bleu puis j'étais en train de féliciter, ce n'est pas des farces, le ministre
de la Justice. Puis hier, je félicitais la présidente du Conseil du trésor,
puis c'était devant le whip puis le leader
du gouvernement, là, le leader adjoint du gouvernement. Donc, je suis capable
de dire qu'effectivement il y a des
bons coups. Je n'ai jamais été gênée de dire les bons coups des autres, jamais,
parce que ça ne m'enlève rien, mais ça donne, justement, plus aux
enfants, puis c'est ça dont il est question ici.
• (12 h 20) •
Violence sexuelle...
Je pense que ma collègue la députée de Mercier s'est époumonée sur les
violences à caractère sexuel. J'ai dû
déposer en Chambre une plainte pour qu'on déclenche une enquête dans différents
cas. Finalement, le ministre a fait le bon geste, c'est-à-dire
déclencher une enquête générale. Nous avons eu une rencontre de travail, tous
les partis, avec le ministre, qui était très attentif, qui a écouté aussi une
jeune fille, notamment, qui avait eu, elle, une
mauvaise expérience, puis qui avait été, au fond, témoin, et qui cherche, au
fond, la bonne façon de dénoncer puis une écoute.
Le rapport a été
déposé. Il date de juillet 2023, donc cet été. M. le ministre, je l'ai déjà dit
en entrevue, depuis le jour 1 que vous
avez pris la parole publiquement pour déposer officiellement ce rapport, puis
les écrits restent, hein, j'ai fait un beau petit gazouillis sur X, et
j'ai dit : Vous aurez ma pleine collaboration, cher ministre. Mais je vous
ai aussi demandé, puisque ce geste, là, tellement important, là, qu'on va faire
pour protéger les élèves, mais aussi les témoins
qui vont oser dénoncer... il y a un consensus social important, au Québec,
là-dessus. On prend la loi d'Hélène David, lorsqu'elle était ministre en
matière de l'Enseignement supérieur, elle a agi rapidement. Lorsqu'il y a eu le
#metoo, dans le réseau, qui était dénoncé, elle n'a pas attendu. Elle a
travaillé, de façon accélérée, avec tout le monde, pour qu'il y ait des gestes concrets qui soient faits. Et il y a
eu de l'argent qui était injecté immédiatement pour sécuriser les résidences
des étudiants, parce qu'imaginez-vous donc, Mme la Présidente, certaines
résidences, on ne pouvait même pas
barrer notre chambre, des résidences étudiantes. Alors, Hélène David l'a fait.
Alors, aujourd'hui, ce qui est demandé, ce n'est pas la lune. J'ai tout
simplement demandé de prendre ce même projet de loi, qui a fait ses preuves, de
faire les adaptations nécessaires puis de le mettre pour le réseau de
l'éducation.
Et moi, j'avais
demandé d'aller plus loin, autant pour le réseau scolaire, mais aussi
l'enseignement supérieur, parce que je porte
les deux chapeaux, puis d'enlever les clauses d'amnistie. Parce que pouvez-vous
croire, au Québec, Mme la Présidente,
et ça, ça me sidère, qu'on peut avoir un professeur ou un membre du personnel
scolaire qui commet un geste criminel, je le dis bien, là, une agression
sexuelle, c'est un geste criminel, qui va avoir une sanction, mais, s'il est
bien protégé par sa convention collective, ça varie ainsi de 12 à 24 mois,
c'est effacé? C'est impossible, à ce moment-là, d'appliquer ce qu'on
appelle, en droit du travail, la gradation des sanctions. Ça, pour moi, là,
c'est inacceptable. À un moment donné, il va falloir que les gestes comptent et
les sanctions comptent. Et c'est pour ça que je demande au ministre... ça nous
prend un projet de loi distinct, parce que celui-ci, je pense qu'on est
capables de l'adopter, là, en accéléré,
parce qu'il n'y a pas mal de monde qui l'attend, ce projet de loi là. Puis vous
allez avoir une collaboration, là.
Quand je vous dis que
je suis capable de travailler en célérité, demandez au ministre de la Justice.
Le projet de loi pour l'obsolescence programmée, savez-vous combien de temps
qu'on a siégé? À peine quatre heures. On l'a adopté, là, tantôt, là. On a
été là mardi. Et tantôt, en une journée, là, mardi, on a fait tous les
articles. Parce que pourquoi? C'est que le travail a été fait en amont. On
s'était entendu sur certains articles, sur certaines modifications. Je n'étais pas d'accord avec lui sur les
sanctions, je voulais avoir des sanctions plus sévères. Il m'a dit :
Parfait, envoie-moi ton amendement, je l'étudie. Avant même qu'on
commence la séance, il m'a dit : Parfait, je suis d'accord avec ton
amendement, il n'y aura pas de problème, Marwah. On l'a fait tellement
rapidement. Hier, j'ai siégé 11 minutes avec
la présidente du Conseil du trésor parce que tout était déjà réglé. Quand on
s'entend parce que c'est urgent, puis c'est important, puis c'est
essentiel pour les Québécois, là, on est capables de le faire. Or, moi, je
pense que ce dossier, là, cet enjeu, c'est
essentiel, et celui-ci, on est capable, je vous le rappelle, de le faire
séparément et de le faire correctement.
Vous pourrez compter sur
l'opposition officielle, le Parti libéral du Québec, pour travailler avec
célérité, mais je pense que, si vous le
faites dans ce projet de loi, vous allez tout mélanger, alors qu'il n'y a pas
vraiment, en ce moment, d'accord et de consensus sur le projet de loi
n° 23. Puis, en fait, plusieurs le décrient présentement. Pourquoi plusieurs
le décrient? Ce n'est pas parce que, contrairement à ce qui est affirmé par
certains, à cause de l'INEE. Ce n'est pas ça, l'enjeu, l'Institut national de
l'excellence. Qui peut être contre l'excellence? Pour vrai, qui?
Moi, je suis
professeure-chercheuse dans la vie, là, avant d'être politicienne. J'aime les
données, j'aime faire de la recherche.
Puis savez-vous quoi? J'ai toujours dénoncé mes recherches. J'étais à la chaire
en fiscalité puis en finances publiques.
Tout le monde savait sur quoi qu'on travaillait. C'était public, on déposait.
On avait même, des fois, des mandats du gouvernement, du ministère des
Finances du Québec, qui nous demandait de nous attarder sur certains enjeux. On
écrivait. Pouvez-vous comprendre ma
frustration, mais surtout ma consternation, d'apprendre un samedi dans Le Devoir, sous la plume de Marie-Michèle Sioui, ce comité opaque et confidentiel
qui a existé, qui s'est penché sur l'INEE et que trois d'entre eux sont
venus ici, mais qu'ils n'ont jamais senti le besoin de dénoncer ça? Et je l'ai
dit en entrevue, ça n'enlève absolument rien
à leur qualité de chercheur, absolument rien. Mais pourquoi retenir cette
information puis de lire dans ce fameux rapport qui a été déposé «comité ad hoc
et confidentiel»? C'est écrit noir sur blanc, «confidentiel».
Je veux qu'on me réponde, là. Je veux savoir,
c'est qui, à la demande de qui que ce comité est devenu confidentiel. Je n'ai jamais vu ça, de prendre des universitaires
québécois, de leur demander de se pencher sur quelque chose d'important de façon opaque, confidentielle
et que, par la suite, on les amène ici, en consultations particulières.
Particulières, pourquoi? Pour ceux qui nous écoutent, contrairement à des
consultations générales où n'importe qui pourrait
venir, consultations particulières, là, c'est trié sur le volet. Puis vous
comprendrez que trier, ce n'est pas nous qui le trions, on n'a pas grand
poids, nous autres, là, on s'entend, c'est trié par le gouvernement.
Donc, moi, je veux comprendre, d'autant plus que
certains d'entre eux, pas tous, ont reçu 18 000 $ par année pour une période de deux ans, donc
36 000 $. Et cinq d'entre eux, sur les huit, ont écrit une lettre
ouverte au mois de juin, en support de l'INEE, mais ils n'ont jamais, jamais
dénoncé que c'était leur idée. C'est sûr que tu peux juste être pour et
favorable à ta propre idée, sinon je vais vous dire que vous manquez de
cohérence. Moi, c'est simplement la transparence,
parce que, si on nous dit que l'INEE, l'objectif, c'est d'avoir des données,
que tout ça va être transparent, là, en ce moment, c'est un petit peu
mal parti.
Enfin, on fait une gouvernance scolaire, alors
que le p.l. n° 40, qui était la première gouvernance scolaire, la première
réforme du prédécesseur du ministre de l'Éducation, qui a été adoptée sous
bâillon, à grande vitesse, parce qu'on n'a jamais terminé les articles, alors
que tout le réseau disait : Ce n'est pas ça, la priorité... Le ministre de
l'Éducation de l'époque n'a pas écouté le réseau. Il a décidé que c'était sa
priorité à lui, pas celle du réseau. Cette réforme,
elle est contestée devant les tribunaux. Le juge Lussier, de la Cour
supérieure, a donné raison, pas au gouvernement, mais aux autres
parties, les commissions scolaires anglophones. En ce moment, le gouvernement a
appelé, c'est devant la Cour d'appel. Mais
nous, on va quand même aller plus loin que qu'est-ce qui est déjà présentement
par... la Cour supérieure dit que ce n'était pas valide. Donc, j'ai de la
misère à suivre pourquoi qu'en ce moment c'est
la grande priorité, alors qu'on est en appel d'une décision qui, pour certaines
dispositions, pas pour l'ensemble, mais pour certaines dispositions, le
juge Lussier dit que ce n'est pas valide.
Enfin, je vais dire merci au ministre, sur la
formation professionnelle... Lorsqu'il a déposé son projet de loi, on l'avait
souligné à grands traits que son projet de loi manquait une de ses sept
priorités. Alors, quand qu'il dit que ça va
de soi, c'est vrai, nous aussi, on trouvait que ça va de soi. Donc, bravo, il
n'est jamais trop tard pour bien faire. Et je suis très ravie d'entendre,
aujourd'hui, que vous allez ajouter des amendements sur la formation professionnelle.
Permettez-moi un petit conseil. La formation professionnelle, c'est important,
ainsi que la formation générale aux adultes. Je vous ai parlé du règlement sur
les licences pour les enseignants qui sont à la FP. Bien que le règlement a été publié, la mise en vigueur n'a toujours pas
été appliquée. Ça, c'est votre pouvoir à vous. Vous n'avez pas besoin du
projet de loi n° 23 pour régler ça, vous
pouvez le faire dès maintenant, puis c'était un engagement que votre
prédécesseur avait pris, de le régler.
Ça, ça permet, par exemple, là... Juste pour
bien vous le... pour bien asseoir le propos puis vous l'expliquer, imaginez un
électricien qui a 15 ans, 20 ans de métier, qui décide de venir
travailler avec nous dans le réseau pour former
un futur électricien. On est contents parce qu'on manque aussi d'enseignants en
FP, là, on en manque beaucoup. Alors,
lui, il va venir puis il devait faire 90 crédits, qu'il a déjà faits. Par
la suite, il y a eu la réforme de votre
prédécesseur qui a ajouté un autre
30 crédits. Alors là, on a vu plusieurs qui ont dit : Wo, les
moteurs! Finalement, il y a eu des
discussions. Votre prédécesseur a réalisé qu'effectivement 90 crédits,
c'était... c'est suffisant, et il a pu... Il est allé de l'avant...
La
Présidente (Mme Dionne) : Juste vous informer, Mme la députée, il vous reste
une minute. Ça fait que je vais vous laisser conclure.
• (12 h 30) •
Mme Rizqy : Merci, Mme la
Présidente. Inquiétez-vous pas, j'arrive toujours dans mon temps. Alors, votre
prédécesseur, après les discussions, s'était engagé, et il l'a fait, il a écrit
le règlement, il l'a publié, mais, par la suite, il n'a pas été publié dans la Gazette
officielle. Il n'a pas été rentré en vigueur. Ça, ça vous appartient.
Moi, je crois sincèrement à la formation
professionnelle. Je crois sincèrement à cela, et c'est des emplois que je tiens à dire qui sont payants pour vrai, là.
Moi, je connais des avocats qui gagnent moins que les électriciens, là. J'en
connais pour vrai. Puis j'encourage les étudiants à y aller, mais ça, ça nous
prend justement, là, un maître de la classe qui
a cette expérience pratique. Alors, ça, M. le ministre, j'espère que vous aurez
l'occasion assez rapidement de montrer votre bonne foi là-dedans, votre
bonne volonté d'aller de l'avant et que la formation professionnelle, oui,
c'est votre septième priorité, mais, de façon factuelle,
ça doit devenir une vraie priorité. Et ça, ça serait un geste concret qui répondrait à un engagement de son prédécesseur. Et
il n'a pas besoin de réécrire le règlement, il y a déjà même... Les gens connaissent
ce règlement-là, il faut juste le mettre en vigueur.
Alors, Mme la
Présidente, évidemment, je serai avec vous. On va... On a déjà dit notre
intention de collaborer puis de
travailler bloc par bloc. Alors, on va les faire un après l'autre, en espérant
que le ministre sera aussi capable de son
côté, lorsqu'il y aura des amendements qui viennent de
notre côté, les accepter, notamment pour les projets pédagogiques particuliers, parce que j'ai déposé
un projet de loi pour les rendre accessibles, gratuits, jusqu'à concurrence
de 5 000 $. Je pense que ma
collègue était d'accord aussi là-dessus. Alors, ça, c'était, je pense, une
belle proposition puis ça permet à tous les enfants, peu importe la
capacité de payer de leurs parents, d'avoir accès à différentes avenues puis se découvrir. Parce que les projets
pédagogiques particuliers, ça sert aussi à ça, c'est d'apprendre : Est-ce
que, oui ou non, j'aime l'art? Est-ce
que je suis bon ou pas en basket? Bien, peut-être que j'aime ça pareil, moi,
j'aime ça, mais sinon on enlève des
possibles à des enfants, uniquement basés sur la capacité de payer de leurs parents.
Alors, j'espère qu'il y aura de l'ouverture pour cela, Mme la
Présidente. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant à la porte-parole de deuxième
groupe d'opposition, Mme la députée de Mercier, pour nous faire ses remarques
préliminaires.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Oui, merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre. Bonjour à ma collègue du Parti libéral, la députée de Saint-Laurent.
Bonjour, chers collègues qui êtes ici et à toutes les équipes qui travaillent
très, très, très fort pour nous soutenir. Je ne pense pas que je vais faire mon
20 minutes, quoique, souvent, je dis ça puis je finis par trop
parler, mais bon.
Bien, tout d'abord, c'est extrêmement important,
là, le travail qu'on est en train de faire ici avec la réforme. Je ne suis pas
pour dire la... comment je l'appelle, mais la réforme du système de
l'éducation, le projet de loi n° 23. Et
je sais que le ministre aime ça quand on lui dit quand il y a des bons... des
éléments positifs dans ce qu'il fait. Il y a beaucoup de ministres qui demandent qu'on les félicite, quand ils font
des bons coups, des fois, je me dis : Il faut parler avec le premier ministre, peut-être qu'il ne
reconnaît pas assez votre travail puis il ne vous félicite pas assez. Donc,
vous avez besoin qu'on le fasse, mais
moi, ça me fait vraiment plaisir de le faire, puis de valoriser le travail,
puis de dire les bons coups quand ils sont faits.
Et, dans le projet de loi n° 23, il y a un
élément qui peut être positif, c'est celui de s'assurer d'avoir toutes les données. Je ne sais pas si le meilleur moyen était
de passer par une loi qui traite d'énormément, énormément de choses dans
le système de l'éducation, si c'était vraiment ça, la façon d'y arriver, mais
la volonté, en tout cas, d'avoir les données facilement, rapidement, de se
donner cet outil-là est extrêmement important. Parce que, si on veut corriger quelque chose, si on n'est pas capable de le
mesurer, ce serait... c'est très, très difficile. Puis nous-mêmes, plein de
fois, par exemple, dans... que ce soit moi ou dans les oppositions, on veut
avoir des informations puis on a de la misère, on... la réponse, c'est :
On ne le sait pas, ou c'est très, très difficile. Il faut faire des demandes
d'accès à l'information, puis, des fois, ce n'est pas évident de
colliger les informations. On apprend les informations aussi par les
journalistes, qui font beaucoup, beaucoup de demandes d'accès à l'information,
puis, des fois, ce n'est pas tous les centres de services scolaires qui leur donnent des informations. Donc,
c'est sûr que, si ce projet de loi permet de faire ça, c'est une bonne chose. On ne peut pas être contre ça, l'accès aux
données, pour après ça les utiliser puis s'assurer que les décisions qu'on
prenne contribuent à la réussite des élèves.
Puis je veux rappeler aussi un élément
important, maintenant, dans cette introduction, avant d'entreprendre ce travail de l'étude détaillée article par
article, ce que j'ai dit, pendant le discours que j'ai fait à l'adoption du
principe, au ministre, j'ai envie de
le rappeler : On n'a pas besoin à chaque fois de rappeler qu'on est ici
pour la réussite des élèves. Moi, je prends pour acquis que tout le
monde dans le Parlement, partout, le ministre, les porte-parole en matière d'éducation des partis d'opposition, les députés,
tout le monde, on est ici pour le bien-être des élèves. Et ça, on n'a pas
besoin de le dire puis de le rappeler, ça,
on le sait. Donc, une fois que c'est dit, on peut avancer puis prendre pour
acquis que les gens avec qui... qu'on
intervient lors des discussions avec le ministre, qu'on a, tout le monde, le
même objectif, et je suis certaine...
jamais je ne remettrais en question le fait que le ministre n'a pas cet
objectif-là. Maintenant, le débat, il doit être fait sur les moyens.
J'aimerais aussi lui rappeler ce que j'avais
dit, pendant le principe, le fait d'être à l'écoute des propositions, puis pas juste de les entendre puis dire :
J'ai entendu, mais je continue mon chemin, d'être réellement à l'écoute, d'en
tenir compte, des propositions que nous faisons. Puis il n'y a personne qui
fait des propositions par idéologie. On le fait
parce qu'on pense que c'est dans le meilleur intérêt de la réussite des élèves,
c'est dans le meilleur intérêt, là, pour l'éducation au Québec. Et ça,
j'aimerais qu'il y ait cette ouverture-là. Moi, je l'ai, cette ouverture-là par
rapport aux propositions du ministre. Je viens de dire que c'est une bonne
chose, par exemple, un des éléments, dans son projet de loi, qui est de pouvoir avoir des données, et je partage ça. Donc, je
suis capable de le reconnaître, puis de dire que c'est bon, puis de dire que, bien, on va travailler
ensemble pour améliorer le projet de loi. Et j'aimerais ça que ce soit la même chose
aussi de l'autre côté, du côté du premier... du ministre de l'Éducation.
J'ai ici les sept priorités devant moi. Le
ministre fait référence souvent à ces sept priorités-là. Quand on a des
priorités, je comprends que ça devient les actions les plus importantes, les
éléments les plus importants. Le ministre doit probablement avoir cette
liste-là de ces sept priorités affichée quelque part dans son ou ses nombreux
bureaux, peut-être chez lui, je ne sais pas, mais je sais qu'il s'y réfère,
puis c'est quelque chose d'important pour lui.
Moi, j'ai envie d'ajouter
une autre liste à ça, à cette liste du ministre. J'ai déposé, j'ai présenté, au
début de la semaine, un plan pour abolir, pour régler la pénurie de
main-d'oeuvre dans nos écoles. Évidemment, on ne peut pas faire ça rapidement. On ne peut pas trouver une
solution comme ça, magique, en très peu de temps, à un problème qui a été...
qui existe aujourd'hui, la pénurie de main-d'oeuvre, d'enseignantes, personnel
de soutien, de professionnels dans nos
écoles, qui existe à cause de très nombreuses années, de 15, 20 ans de
mauvaises décisions qui ont été prises dans le passé, qui ont fait aujourd'hui qu'on manque d'enseignants dans nos
écoles. On manque de professionnels pour aider nos élèves, les élèves,
on manque de ressources pour les aider, pour aider les élèves en difficulté.
Et ça, c'est un drame national. C'est une crise.
Ce n'est pas juste un petit problème, c'est un drame national de manquer des
enseignants, de la main-d'oeuvre dans nos écoles. Et même, il y a même eu les
directions des écoles privées qui ont dit : On se sent mal parce que nous,
ce n'est pas aussi criant dans le système privé, subventionné entre 60 %
et 75 % par l'argent public, je le rappelle. Et ils regardent cette
pénurie puis ils trouvent ça horrible.
Donc, moi, j'invite le ministre à ajouter une
autre liste. J'ai fait une proposition, en fait, 11, 11 mesures que je l'invite à lire. Je suis certaine qu'il en a
pris connaissance. Je ne sais pas si on peut déposer des choses, si c'est quelque
chose qui peut être fait. Là, je ne l'ai
pas, mais je pourrais... j'aimerais ça le déposer, déposer le plan de lutte à
la pénurie de main-d'oeuvre, que j'ai déposé lundi, avec
11 mesures.
La Présidente (Mme Dionne) : Vous
pouvez déposer ou distribuer, aussi, Mme la députée, c'est selon...
Mme
Ghazal : Bien, j'ai envie de le déposer pour que les gens,
après ça, qui consultent le site, puissent le voir.
La Présidente (Mme Dionne) : Sur
Greffier. O.K.
Mme
Ghazal : Donc, c'est mon plan. M. le ministre a sept
priorités, moi, j'ai 11 mesures pour lutter contre la pénurie de la main-d'oeuvre dans les écoles. Et le
premier, premier, premier point, c'est de mettre fin à l'école à trois
vitesses, mais il y a peut-être un élément préalable à cette liste-là.
Il y a comme un point préalable à cette mesure-là, c'est de reconnaître l'existence de l'école à trois
vitesses. Je ne vais pas faire un long discours là-dessus, je vais probablement
avoir l'occasion de le faire à d'autres moments, je l'ai déjà fait pour
convaincre le ministre de la... de l'existence de l'école à trois vitesses, qui est une... un des maux de notre système
d'éducation et qui fait en sorte qu'on a des profs qui quittent. Parce
qu'elles — je
vais le dire au féminin, les profs hommes vont me pardonner, parce que je suis
certaine qu'eux aussi réalisent à quel point cet... le métier d'enseignant est
surtout un métier composé de femmes, donc les enseignantes,
ça inclut les hommes, le féminin ici inclut les hommes quand je dis
«enseignantes» — quittent
beaucoup à cause de ce problème-là, qui est réel.
Et nous, à
Québec solidaire, on a beaucoup, beaucoup d'ambition. Les projets particuliers,
on veut qu'ils soient accessibles sans aucune, aucune barrière, que ce
soit financière, ou des résultats académiques, ou autres. On veut que les projets
particuliers soient accessibles à tous les élèves dans l'école de quartier.
Mais il y a plein de mesures, donc ça va être déposé, puis des collègues
pourront regarder ça.
• (12 h 40) •
Moi, j'ai une
inquiétude par rapport à l'étude détaillée qu'on va entreprendre maintenant.
C'est en lien avec le comité secret, confidentiel, qui a déposé un
rapport, j'imagine, confidentiel, tout est confidentiel, et qu'on a... dont on a appris l'existence par une demande d'accès à
l'information. Je trouve que c'est inquiétant de commencer comme ça
l'étude du projet de loi avec cet... ce nuage au-dessus de nos têtes, qui dit
que, ah, il y a des actions qui sont faites par
le ministre. Il pourrait être fier des actions qu'il a mises... des actions, de
la préparation qu'il a faite pendant deux ans. Je comprends que ce
comité secret a existé pendant deux ans. Il a mis en place des avis qui ont
probablement servi à déposer le projet de loi, ce qui est tout en l'honneur du
ministre, de faire ce travail-là préalable, c'est normal.
Pourquoi est-ce qu'on découvre son existence
maintenant? C'est bénéfique pour tout le monde, tous les parlementaires et le
réseau de l'éducation, de connaître le travail qui a été fait par ce comité-là.
Donc, le fait de... ça amène comme un environnement, que je n'aime pas, de
suspicion, que je n'aime pas. Je suis quelqu'un qui fait naturellement
confiance, jusqu'à preuve du contraire, et là je me dis : Ah! il y a
quelque chose qui nous a été caché. Pourquoi? Je veux dire, le ministre aurait
pu être fier puis dire : J'ai mis en place un comité, une sorte de comité consultatif, beaucoup de ministres font ça, c'est
dans son droit, puis ils m'ont donné des avis, puis voilà ce que j'ai retenu,
voilà ce que je n'ai pas retenu, etc.,
pourquoi j'ai invité tel chercheur et non pas tel autre. Juste faire les choses
de façon assumée et transparente,
c'est bon pour tout le monde, au lieu de commencer avec cette... avec ça. Donc,
j'espère que le ministre, s'il a des informations, des données, va
pouvoir nous les partager.
Et souvent,
dans les projets de loi, on va s'assurer aussi, quand il y a des... Par
exemple, dans les articles qu'on va
étudier, moi, je vais m'assurer qu'il y ait toujours de la transparence, dans
les actions qui vont être posées plus tard, à la suite, par exemple, de
l'adoption de certains articles, pour dire : Bien, il faut rendre
publiques les informations, c'est
extrêmement important. Et d'ailleurs, par rapport à l'élément positif que je
mentionnais, qui est d'avoir accès aux données, ça va être important que ces
données soient accessibles à tout le monde, et non pas uniquement au ministre,
et qu'on ne soit pas obligés de faire tout le temps des demandes d'accès
à l'information pour y avoir eu accès.
Un élément qui a été mentionné, qui est vraiment
très, très inquiétant, c'est la centralisation à outrance qu'amène ce projet de loi là, et ça, ça a été
mentionné par beaucoup, beaucoup d'acteurs. Puis je veux attirer l'attention
du ministre sur les... le réseau de
l'éducation, mais dans les régions. Souvent, la CAQ se targue d'être le
gouvernement des régions. Ils ont beaucoup, beaucoup de députés partout
à travers le Québec, dans les régions. Et il y a eu des intervenants, dans le système de l'éducation, notamment en Abitibi-Témiscamingue, qui ont réagi, à la suite du dépôt du projet de loi, en disant : Mon Dieu! Ce ne sera plus
les directeurs de centres de services scolaires qui pourront décider.
S'ils prennent une décision qui va à l'encontre de ce que le ministre de
l'Éducation ou, à Québec, une décision qui va à
l'encontre de leurs... si on veut, leurs objectifs ou leurs idées, du ministre,
bien, on pourrait... ce directeur-là pourrait perdre son poste ou, en tout cas,
il devrait changer d'idée pour s'enligner dans le droit chemin, le droit chemin
selon le ministre.
Et une des inquiétudes d'un des intervenants du
centre de services de la... centre de services scolaire de Rouyn-Noranda, qui
était commissaire, là, avant que les commissions scolaires soient abolies, il
avait dit : Ça va être quoi, la
prochaine étape? Est-ce qu'on va centraliser les centres de services scolaires,
puis il va y en avoir un par région, un
peu comme la réforme qui a été faite en santé? Ça, c'est une inquiétude. Ce
n'est pas ce que le ministre dit qu'il veut faire, mais on le voit, il y
a comme une... des étapes, c'est-à-dire qu'il y a une centralisation petit à
petit. Est-ce que ça va nous amener à avoir une hypercentralisation du système
d'éducation où est-ce qu'on va se retrouver avec un centre de services scolaire
par région? Et ça, c'est important, pour un gouvernement qui se dit un
gouvernement des régions, d'être sensible à
cette inquiétude-là puis que les décisions ne soient pas prises à Québec, mais
qu'elles soient prises partout dans
les écoles, le plus possible par les centres de services scolaires, et que,
s'il y a des mauvaises décisions qui sont prises par les centres de
services scolaires...
Parce que
moi-même, je vais l'avouer, comme députée, j'ai dénoncé des mauvaises décisions
qui ont été prises par les centres de services scolaires, notamment une
sur les services de garde. Et ça a été fait aussi par ma collègue la députée de
Saint-Laurent, du centre des Mille-Îles, le centre de services scolaire des
Mille-Îles, où, en pleine crise du coût de
la vie, les parents vont se retrouver avec des frais de services de garde qui
vont coûter extrêmement, extrêmement cher. Et les factures commencent à
rentrer là, là, donc les parents vont s'en rendre compte.
Et malheureusement, les parents et les gens qui
étaient contre cette décision-là ne peuvent pas la renverser. Donc, peut-être que, quand les centres de services
scolaires prennent des mauvaises décisions, au lieu que ce soit le ministre
qui dise... qui décide, bien, peut-être qu'on pourrait, dans la gouvernance,
faire quelques changements pour que ce soit
les gens qui sont autour du conseil d'administration, tout le monde qui est
autour, notamment les parents, ou dans les comités de parents, ou sur
les C.A., qu'ils puissent renverser ou, en tout cas, avoir des moyens pour
pouvoir faire valoir leur point, et que ce
ne soit pas un bras de fer comme on voit en ce moment, surtout quand on sait
que les parents, souvent, c'est des
parents bénévoles. Donc, s'ils n'ont pas toute l'information puis... ou que
l'information ne leur a pas été
montrée, bien là, ils ont moins de prise et prennent des décisions basées sur
des fausses informations. Ils se retrouvent après ça avec les résultats.
Donc, pour...
Je comprends que le ministre est sensible à ça. Quand on l'interpelle sur les
mauvaises décisions, la solution
n'est pas de dire : Bien, c'est moi, maintenant, qui vais prendre les
bonnes décisions. Peut-être que le ministre actuel va prendre les bonnes décisions, mais on ne le sait pas. Dans le
projet de loi, ce n'est pas écrit nommément, «untel» qui prend les
bonnes décisions, c'est écrit «ministre de l'Éducation», donc ça peut être
n'importe qui. Et c'est très, très important
de revenir à l'esprit qui avait été mentionné par l'ancien ministre de
l'Éducation, qui disait qu'il faudrait que les décisions soient prises
par les gens qui connaissent les enfants par leur nom, les élèves par leur nom,
alors que, là, on s'en va dans le sens
contraire. Donc, je voulais amener cet aspect aussi régional là. Je me dis,
peut-être que le ministre va être plus sensible à ça.
Un autre élément aussi qui est important, puis
je vais juste les mentionner, l'INEE, évidemment, la question de l'INEE, l'institut national de l'excellence. Je
comprends que le ministre dit qu'il faut démocratiser les connaissances.
Bien, ça va être important qu'il y ait de la
transparence, puis j'ai hâte de voir les amendements ou les changements que
le ministre va amener. D'ailleurs,
j'aimerais en profiter pour demander au ministre de déposer les amendements
rapidement, le plus rapidement
possible qu'il est capable, pour nous permettre, nous, après ça, de faire le
travail. Parce que, s'ils sont déposés tout de suite puis il faut qu'on
les analyse en même temps qu'on étudie le projet de loi, ce n'est pas facile
pour nous. Donc, de les déposer rapidement pour qu'on puisse comprendre puis
que nos équipes, nos petites équipes puissent les analyser, ça, ça aiderait
aussi à aller plus rapidement... bien, pas plus rapidement, mais, en tout cas,
de travailler de façon plus efficace,
disons, sur le projet de loi. Donc, j'ai hâte de voir les modifications qu'il
va faire par rapport à ce qui existe dans le projet de loi.
Par rapport à l'institut national de
l'excellence, ce qui va être important, puis ça lui a été mentionné, c'est de
tenir compte de la diversité des écoles, des écoles de pensée ou des écoles
scientifiques, là, en matière de sciences de l'éducation. Il n'y a pas une
seule façon de penser. C'est important que le ministre, qui n'est pas un expert
en matière d'éducation, des sciences de
l'éducation... ce n'est pas un expert, nous non plus, on n'est pas experts,
moi, je ne le suis pas... qu'il ne se
laisse pas enfermer par une façon de penser, une école de pensée, mais qu'il
puisse ouvrir ses horizons pour
dire : Il y en a... il y a d'autres façons de penser le système
d'éducation, et que ce ne soient pas uniquement les mêmes types de
scientifiques, ou de gens, ou d'experts qui réfléchissent qui le conseillent,
mais d'élargir. Et ça, c'est très important,
pour le bien de notre réseau, de ne pas s'enfermer dans une logique puis que,
quelques années plus tard, on dise : Ah mon Dieu! On s'est enfermés
dans une seule logique.
Puis je n'irai pas dans les détails, là, on va
avoir l'occasion d'y revenir, par rapport à l'institut d'excellence. J'en ai parlé beaucoup sur cette logique-là, un
petit peu, de nouvelle gestion, là, managériale, qui existe dans les entreprises
privées. Moi, je viens de l'entreprise
privée, j'ai travaillé dans des entreprises manufacturières, où on produisait
des objets sur des lignes de production, puis c'était normal d'avoir des... un
certain tableau de bord, d'avoir des codes de couleur : Ah! là, on a réussi à avoir tant d'unités par minute, là,
on n'a pas réussi. Donc, qu'est-ce qu'il faut aller changer dans la machine?
• (12 h 50) •
Tout ça, ça marche dans des entreprises où on
fait des objets, ça marche beaucoup moins en éducation, où l'éducation... on dit «sciences de l'éducation»,
mais ce n'est pas une science, c'est un art, l'éducation. Les experts de cet
art-là, c'est les gens
qui se retrouvent dans les classes, devant nos élèves, quand il y en a,
c'est-à-dire les enseignantes. Et
elles, elles sont les expertes, et il faut les écouter et ne pas regarder nos
tableaux de bord avec des oeillères, en disant : Bien, voilà ce que les enseignantes doivent faire,
parce que, quand on regarde les résultats, c'est là que ça ne marche pas. Des fois, elles, elles connaissent les nuances et
elles savent pourquoi c'est ce résultat-là que les élèves ont, par exemple,
en français, mais que ce n'est pas cette
solution-là, c'est-à-dire que le ministre leur impose d'aller suivre telle
formation en français. Elles, elles
savent pourquoi on a obtenu ce résultat-là, donc c'est important de tenir
compte de ces nuances. Et ça, comment est-ce qu'on peut le faire? Bien, en
donnant toute l'autonomie aux enseignantes et ne pas leur imposer ne
serait-ce qu'une heure ou quelques heures, là, de formation. Ça, là,
l'autonomie des enseignantes, c'est même une solution pour la pénurie de
main-d'oeuvre.
La Présidente (Mme Dionne) : Je vous
rappelle qu'il vous reste...
Mme Ghazal : Là, je vois que j'ai
fini mon temps. Non?
La Présidente (Mme Dionne) : Non, il
vous reste une minute.
Mme Ghazal : Ah! il me restait une
minute.
La
Présidente (Mme Dionne) : C'était juste pour vous aviser qu'il vous restait
une minute. Donc, vous pouvez conclure.
Mme
Ghazal : O.K. Le dernier point, violence sexuelle, j'ai
hâte de voir qu'est-ce que le ministre veut faire avec ça. Il y a le #MoiAussi scolaire, comme il y en a
eu un #MoiAussi dans notre société. Ça a changé beaucoup de choses, et
moi, j'invite le ministre à ne pas tout mêler. Il y a déjà beaucoup trop de
choses dans ce projet de loi, le projet de loi n° 23, qui est en train de
devenir un fourre-tout. Ce n'est pas dans ce projet de loi que nous allons
régler le problème des violences sexuelles.
Moi, j'ai
déposé un projet de loi qui calque beaucoup ce qui existe dans l'enseignement
supérieur. Le ministre, je le sais qu'il est sensible à la question. On a pu...
j'aimerais ça qu'on travaille ce dossier-là de manière transpartisane. Et je l'invite fortement à déposer rapidement son
amendement, mais de ne pas penser qu'on va le régler avec le projet de
loi n° 23, puis qu'il y a un autre projet de loi pour prévenir, prévenir,
vraiment, travailler en amont pour prévenir les violences sexuelles, parce que ça choque tout le monde... ça choque même
les médias qui sont supposés être neutres, qui disent : Comment ça
se fait que le ministre ne l'adopte pas? Ils sont dégoûtés, comme tout le
monde, par les histoires d'horreur qu'on a vues dans les médias dans les
dernières années.
Donc, voilà, je m'arrête là puis je n'ai pas
tenu ma promesse. J'étais supposée faire quelques minutes, mais je me suis
laissée emporter par ma passion. Je suis passionnée, comme le ministre, comme
tout le monde ici, par ce sujet-là. Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci beaucoup, Mme la députée. Donc, y a-t-il
d'autres membres qui souhaitent faire des remarques préliminaires?
Négatif.
Donc, nous
allons passer à la portion motion. Alors, avant de débuter l'étude article par
article, est-ce qu'il y a des motions préliminaires? Mme la députée, je
vous laisse présenter votre motion.
Motion proposant
d'entendre le Comité sur les résultats
scientifiques et le milieu scolaire
Mme
Rizqy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, j'ai une
motion préliminaire. Conformément à l'article 244 du règlement de
l'Assemblée nationale, je fais motion afin :
«Que la Commission de la culture et de l'éducation tienne, dans le cadre de l'étude détaillée du projet
de loi n° 23, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction
publique et édictant la Loi sur l'Institut national d'excellence en éducation,
des consultations particulières et qu'à cette fin, elle entende les membres du
Comité sur les résultats scientifiques et le milieu scolaire
(CRSMS) :
«M. Julien Prud'homme, professeur d'histoire à l'Université
du Québec à Trois-Rivières; M. Frédéric Guay, professeur titulaire à
l'Université Laval; M. Martin Maltais, professeur en financement et politiques
d'éducation à l'Université du Québec à
Rimouski; Mme Catherine Haeck,
professeure au Département des sciences économiques de l'École des
sciences de la gestion de l'Université du Québec à Montréal; Mme Hélène
Lecavalier, enseignante à la commission
scolaire des Laurentides; Mme Marie-Dominique Taillon, sous-ministre adjointe à
l'Éducation, relevée de ses fonctions
depuis juin 2023; Mme Nathalie Beaulac, professeure invitée au Département
d'administration et fondements de l'Université de Montréal; Mme Monique
Brodeur, présidente du Conseil supérieur de l'éducation.»
Dans la
motion, Mme la Présidente, c'est indiqué «dans le cadre de l'étude détaillée du
projet de loi n° 23», donc ce n'est pas en amont de nos travaux d'étude
détaillée. C'est parce que je ne veux surtout pas retarder nos travaux,
mais je pense que c'est important qu'on les entende, non pas à titre... par
exemple, de Mme Brodeur, qui est venue, effectivement, parce qu'il y en a trois
sur les huit qui sont venus ici, je le disais dans mon avant-propos, lors des remarques préliminaires, Mme Brodeur est venue à
titre de présidente du Conseil supérieur de l'éducation, elle n'a pas fait
mention du Comité sur les résultats scientifiques et le milieu scolaire, alors
qu'elle a commencé les travaux. Ma compréhension, c'est
qu'elle a arrêté, mais je ne veux pas mettre des mots dans sa bouche, parce
que, par la suite, elle a été nommée au Conseil
supérieur de l'éducation. Est-ce que je dois suspendre pour que tout le monde
lise ma motion? Parce que, là, je pense qu'il y a des...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
merci. Non, on acceptait la présentation. Je voulais juste vous dire qu'elle était disponible sur Greffier. Maintenant,
M. le ministre, souhaitez-vous suspendre les travaux afin d'en prendre
connaissance? D'accord. Donc, nous allons suspendre quelques instants...
M.
Drainville : Bien, Mme la Présidente, si vous permettez, avec
l'assentiment des membres de la commission, comme il reste moins de cinq
minutes aux travaux, avant que nous ajournions pour le lunch, je suggère que
nous en prenions connaissance pendant l'heure du lunch et que nous revenions à
14 heures pour en discuter.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a consentement de la part des autres groupes?
Mme Rizqy : Très sage suggestion.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
compte tenu de l'heure, je suspends les travaux jusqu'à 14 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 56)
(Reprise à 14 h 02)
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
la Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux.
Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 23, Loi modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique et édictant la Loi sur l'Institut national
d'excellence en éducation.
Document déposé
Donc, nous avons bien reçu le document de la
députée de Mercier. Donc, Mme la députée, souhaitez-vous déposer votre document
officiellement?
Mme Ghazal : Oui, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
le document est déposé et rendu public à tous les membres.
Reprise du débat sur la motion proposant d'entendre le
Comité
sur les résultats scientifiques et le milieu scolaire
Donc, nous allons poursuivre avec la motion.
Donc, lors de la suspension des travaux, nous étions rendus aux motions préliminaires avec la députée de
Saint-Laurent. Alors, il vous restait un temps de 27 min 45 s
pour votre motion. Donc, à vous la parole.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Permettez-moi de me servir un petit verre d'eau, hein, parce que
c'est important de se garder hydratée.
Alors, juste
avant de suspendre nos travaux, je lisais une motion préliminaire afin
d'entendre en consultations particulières
les membres du Comité sur les résultats scientifiques et le milieu scolaire, et
ma motion l'indique clairement, que c'était durant le cadre de l'étude
détaillée. Donc, clairement, ici, l'objectif, ce n'est pas de ralentir les travaux. Je pense qu'on aura plusieurs journées
d'étude détaillée, sans rien, évidemment, présager de nos travaux. Alors, je
pense qu'on peut trouver une bonne heure où est-ce qu'on est capables
d'entendre M. Prud'homme, M. Frédéric Guay, M. Martin Maltais, Mme Catherine Haeck,
Mme Hélène Lecavalier, Mme Marie-Dominique Taillon, Mme Monique
Brodeur et Mme Nathalie Beaulac
puisqu'ils ont participé à ce fameux Comité sur les résultats scientifiques et
le milieu scolaire.
Bien que nous avons fait les consultations
particulières au mois de... à la fin du mois de mai, si ma mémoire est bonne...
On a fait les consultations à la fin du mois de mai. Trois d'entre eux sont
venus, mais ils portaient, à ce moment-là, d'autres chapeaux et ils n'ont pas
divulgué l'information qu'ils ont siégé sur ledit comité qui menait... en fait, l'idée de l'INEE. Puis, comme je l'ai dit
tantôt et je tiens à le préciser, cela n'enlève absolument rien à la qualité de
leurs travaux de recherche. Ce n'est pas ça, l'enjeu. L'enjeu, c'est lorsqu'on
se présente à l'Assemblée nationale du Québec
en consultations particulières, triés, donc, sur le volet par le
gouvernement... Oui, nous, on peut essayer d'avoir des groupes, mais ce n'est pas nous qui ont le gros...
du bâton, là, vous comprendrez, Mme la Présidente, c'est le gouvernement.
Il est, je vais le dire ainsi, avec une majorité écrasante.
Alors, nous... Moi, j'aimerais... En fait,
j'aurais souhaité juste le savoir, juste comprendre, puis je suis assez persuadée que ce n'est pas eux qui ont demandé que
le comité ad hoc soit confidentiel. Il y a eu le Pr Jacques Désautels, de l'Université Laval, qui a fait une demande d'accès à
l'information, donc, demande d'accès 16310/21-516 : «Nous donnons suite à votre demande d'accès visant à
obtenir des documents relatifs au Comité sur les résultats scientifiques
et le milieu scolaire, notamment le nom des
personnes composant ce comité, siégeant, ayant fait partie d'un ou d'autres
avis qui ont été sollicités par le
gouvernement, les critères et le processus ayant permis la sélection et la
désignation des membres de ce comité.»
Pourquoi que c'est important de comprendre
comment ces gens ont été sélectionnés, c'est qu'il y a quand même plusieurs
voix qui se sont élevées au Québec et qui ont dit la chose suivante : On
dirait que l'éducation de 1,3 million
d'enfants au Québec ne concerne qu'un petit groupe, tout petit, mais que les
250 autres professeurs-chercheurs au Québec, qui composent, en fait, la
moitié du corps professoral en éducation au Québec, sont un petit peu exclus. Ce n'est pas à moi de faire l'arbitrage à savoir
si c'est vrai ou faux, cette affirmation, mais je peux comprendre cette
crainte, cette préoccupation, quand
les gens me disent : On a cette impression-là que certains chercheurs ont
un poids plus important pour parler au ministre et à ses équipes parce
que, dans les faits, aujourd'hui, n'eût été de cette demande d'accès à
l'information du Pr Désautels, jamais on n'aurait eu l'article du Devoir,
écrit par Marie-Michèle Sioui, qui nous a appris,
à notre consternation générale, pour le Québec, le ministre ne pouvait pas être
consterné, il était au courant qu'il y avait ce comité ad hoc.
Alors, je
pense qu'ici ça permettrait de dissiper, justement, ce grand nuage gris qui est
au-dessus de tout le monde, à
savoir : O.K., est-ce que, oui ou non, il y a... Je vais le dire ainsi, tu
sais, à l'école, vous vous rappelez, des fois, dans... une bonne
enseignante ne disait jamais si elle avait des préférés dans sa classe. Une
bonne enseignante savait qu'il ne fallait jamais dire : Moi, j'ai des
préférés. Pas de chouchou. Là, ça permettrait de dissiper tout doute, est-ce
que, oui ou non, il y a des chouchous, mais
allons voir... parce que, dans la demande d'accès à l'information, il y a le
Comité sur les résultats
scientifiques et le milieu scolaire. On peut le trouver en ligne. Il n'est pas
caché, mais il a fallu une demande d'accès à l'information pour le
débusquer.
Dans ce
fameux comité, le rapport, il dit la chose suivante : comité ad hoc et
confidentiel. Pourquoi confidentiel? Il me semble que, quand on veut
pondre un document de travail de plus de 100 quelques pages avec des annexes, bien, c'est pour le bénéfice de l'ensemble des
Québécoises et Québécois. Pourquoi que ça a été gardé uniquement pour le gouvernement? Pourquoi qu'un professeur de
l'Université Laval doit passer par une demande d'accès à l'information?
Est-ce qu'on se rappelle Promouvoir des
savoirs et des pratiques validés par des résultats scientifiques en éducation?
C'était Sébastien Proulx. Tu sais, quand je vous dis que, le Parti libéral, on
est pour les données, bien, c'est sûr qu'on
est pour. Sébastien Proulx, ministre de l'Éducation, avait mis un comité
là-dessus pour se pencher là-dessus. Le
comité n'était pas confidentiel. Le rapport, il est disponible sur le site Web
du ministère de l'Éducation. Alors, pourquoi que, sous le gouvernement précédent, libéral, on savait pertinemment que
ce comité existait et que le rapport était rendu public?
J'ajoute la
chose suivante. Martin Maltais, lorsqu'il est venu ici, il nous l'a même
dit : J'ai siégé sur ce comité, j'ai travaillé sur ce rapport. Il
l'a dit, il ne s'en est pas caché. Il n'y a personne qui a demandé de garder le
tout confidentiel. Dans le message qu'on
peut lire dans le rapport, c'est marqué ainsi : «Le comité tient une à
deux rencontres par mois et produira de façon périodique des avis ad hoc
et confidentiels. Les membres du comité seront rémunérés sur prestation de factures détaillant le nombre
d'heures consacrées à ses travaux, tant en ce qui concerne la participation aux
rencontres qu'à leur préparation et à la rédaction des avis.»
• (14 h 10) •
Moi, ce qui
me dépasse, c'est qu'à ce jour, bien qu'il y ait eu un article du Devoir,
le ministre n'a pas répondu aux questions de Marie-Michèle Sioui. L'article
date du 9 septembre 2023, l'article fait mention : «On a confié à
un groupe de huit personnes le choix de définir les orientations du système
d'éducation. C'est là qu'on peut s'indigner. Ces préoccupations sont partagées
par près de 250 professeurs qui demandent au premier ministre — je ne
nommerai pas son nom — d'abandonner
la réforme de son ministre de l'Éducation...» Je ne nommerai pas son nom.
Et là on peut voir qu'il y a un petit peu de
tension. Je vais le dire ainsi. Ça ne devrait pas exister dans des... à travers
les corps professoraux. On peut avoir des divergences d'opinions. C'est bien
correct. En fait, c'est sain, dans notre démocratie et dans la liberté
académique, d'avoir des divergences d'opinions. C'est même très sain et c'est justement ce choc des idées qui nous permet
d'avancer, de trouver un juste milieu puis d'essayer de trouver un consensus.
Parfois, il n'y en aura pas parce qu'il y a
un large consensus, puis il y a une minorité de courants, puis on se dit :
Bien, finalement, on va y aller avec le large consensus puis, le courant
minoritaire, on va laisser tomber.
Alors, ici, moi, je voudrais entendre ce comité.
Je voudrais qu'eux aient la parole libre. J'aimerais qu'on me dise, bien, qui a reçu le 18 000 $ par
année, qui a refusé, parce que c'est quand même des deniers publics. Sur deux
ans, ça donne quand même
36 000 $. Tu sais, 18 000 $ pour participer à une rencontre
par mois ou deux rencontres par mois... J'aimerais savoir il y a eu
combien de rencontres au total. J'aimerais savoir combien d'avis ont été
rédigés, qu'il nous les dépose, ces avis-là. J'aimerais aussi surtout, surtout...
Qui vous a demandé que ce soit confidentiel? Puis êtes-vous à l'aise, comme
professeur-chercheur, de participer à des comités ad hoc puis qu'on vous
demande de ne rien dire, alors qu'à titre de professeur vous avez le plus grand
des pouvoirs, la liberté académique?
Pour moi, là, ça aurait été une fin de
non-recevoir. Jamais que, comme prof... Là, je suis prof à l'Université de
Sherbrooke. Je suis encore prof là-bas. Je suis en congé sans solde pour
service public. Jamais je n'aurais accepté de
me taire. Ça va... Je ne sais même pas si le gouvernement réalise ce qu'ils ont
fait, à quel point c'est grave de faire ça, de prendre notre intelligence vive,
des gens qui sont déjà payés par les services publics... Moi, quand je suis
payée par l'Université de Sherbrooke, là, c'est vos impôts qui me
paient. C'est ça, la réalité, puis je suis payée pour faire de la recherche,
pour enseigner puis faire aussi du service collectif. C'est 40 % de... Ma
tâche, c'est simple, 40 % prof... que je fais de la recherche, puis
40 % que je fais de l'enseignement, puis 20 % au service de la
collectivité. Il me semble que, lorsqu'on vient enlever
une partie de la liberté académique qui nous donne un droit de parole quand même très, très fort, là... Ici, là, il me semble
qu'on vient un petit peu pervertir le rôle du chercheur, un petit peu, beaucoup
même, parce que, par la suite, ces mêmes chercheurs, quand ils sont venus,
aucun d'entre eux n'a osé dire qu'ils ont participé à un comité ad hoc
que personne, au Québec, n'était au courant.
Puis j'espère que, quand que le ministre va
prendre son temps de parole, il pourra nous dire pourquoi lui aussi, et son équipe, n'a pas cru bon de partager
cette information avec ses collègues députés. Quand il nous dit : Il faut
collaborer, il me semble que la collaboration... Un des éléments qui est
important dans une bonne relation, là, je parle ici d'une relation de travail, c'est le partage de renseignements pour
ne pas se sentir un peu floué. Moi, je le disais ici, en entrevue, bien, je me suis sentie dans un dîner
de cons que tout le monde savait, mais pas moi, puis ni ma collègue, puis
ni mon autre collègue, le député de Matane-Matapédia.
Lui, il va un
peu plus loin que moi, lui, il est allé dire en entrevue, toujours avec
Marie-Michèle Sioui, mais, cette fois-ci, le 11 septembre 2023 :
Le ministre... la réforme qui porte son nom est pilotée par un politburo
et les consultations du ministre sur son projet de loi ont eu des airs
de dîner de cons, ont dénoncé — bien,
nous autres — l'opposition
dans la foulée des révélations sur le comité confidentiel en éducation.
Je vous ai toujours dit, faire un projet de loi
avec moi, vous n'allez pas vous ennuyer. Alors, les travaux sur le projet de loi
se sont toutefois basés en partie sur ses avis et recommandations. Le ministre
a dit que... C'est important :
«Sollicitée à ce sujet, l'attachée de presse de M. Drainville a fait savoir que
jamais le ministre n'a demandé à qui que ce soit de cacher des choses
lors des consultations.» Je le répète, jamais le ministre n'a demandé à qui que
ce soit de cacher des choses lors des
consultations. Ça, ce n'est pas le ministre qui l'affirme, c'est son attachée
de presse.
Alors, qui a demandé, si ce n'est pas lui... Moi
je crois au bénéfice du doute, et là mon bénéfice du doute, bien, j'aimerais
savoir c'est qui, si ce n'est pas lui. Elle ajoute : «D'ailleurs, il ne
connaissait pas la liste des membres de ce
comité ni son mandat.» Donc, si je veux bien comprendre, ça, ce n'est pas lui
qui l'affirme, encore une fois, c'est son attachée de presse. Il y a un
comité qui pond une réforme assez importante. Bonjour à vous, merci de suivre
nos travaux en éducation. Il y a un projet de loi sur l'éducation, mais le
ministre veut nous faire croire, alors que c'est un politicien aguerri, mais
surtout un journaliste d'expérience, qui sait fouiller ses dossiers, je le
connais, il fouille... ne connaissait pas la liste des membres de ce comité ni
son mandat.
Donc, on fait la plus grande réforme après celle
de son prédécesseur, mais il ne connaît pas et n'a pas cru bon de demander la
liste des membres de ceux qui ont préparé ça. Mais pire que ça, Mme la
Présidente, ici, sa réforme qu'il nous
présente, est-il en train de me dire qu'il n'a pas lu... Est-ce qu'il l'a lu,
ce dossier-là, là? C'est un dossier de recherche
préparé avec nos fonds publics, là, 18 000 $ par personne. Il y en a
deux qui ont refusé la rémunération. On devrait aussi leur demander
pourquoi qu'eux ont cru bon de laisser sur la table cet argent-là. Ça
m'intéresse de comprendre leur...
Une voix : ...
Mme Rizqy : ...leur raisonnement,
merci, cher collègue... mais quand même particulier. C'est juste sur un projet de loi qu'il veut faire l'INEE, puis qu'on
me dit : C'est la chose la plus importante, puis qu'il y a un seul
document qui porte là-dessus, qui a été payé par nous, il dit : Je ne
connaissais pas la liste des membres. Or, pourquoi qu'à la page 3 tous les membres sont présents? Il
ne faut pas chercher longtemps, là, pas besoin de lire 100 quelques pages,
page 3, «membres», il y a un gros
titre, plus gros que les autres, là, et on marque en caractères gras le nom des
participants. Généralement, je n'apprends rien à personne, en édition,
lorsque vous le mettez en caractères gras, c'est pour mettre une emphase. Donc,
on met l'emphase sur le nom des participants.
Toujours dans ce propre comité, toujours dans ce
rapport, on dit que c'est un comité ad hoc et confidentiel, et toujours, là, le
ministre veut nous faire croire qu'il n'est pas au courant de la liste des
membres. Bien, de deux choses l'une, ce
n'est pas lui qui pilote la réforme parce qu'il n'a clairement pas lu le
rapport, parce que, je le connais, jamais, jamais qu'il n'aurait passé par-dessus la page 3, là, c'est impossible.
Vous avez été directeur d'école. Vous n'auriez pas donné une bonne note
à ça, là. Et, si on continue toujours dans le même rapport, on le voit, six
contrats à 36 000 $, donc 18 000 $ par année. Il y a
un contrat de 18 000 $ pour un an et il y a deux participants qui
n'ont pas demandé de rémunération.
Bien,
permettez-moi de lire ce paragraphe-là : «Les critères et processus ayant
permis la sélection ou la désignation des membres du comité ou des personnes
dont l'avis a été sollicité ou contractuellement obtenu par le comité. Il n'y a
pas de critère préidentifié pour la sélection des membres de ce comité. Le
ministère de l'Éducation s'est appuyé sur
les liens qu'il entretient avec certains chercheurs et membres du personnel du
réseau scolaire pour inviter certains dont l'expertise est reconnue dans
leur milieu à faire partie du comité.»
Je répète,
c'est appuyé sur les liens qu'il entretient. Donc, des contrats de
18 000 $ pour une à deux réunions par année, c'est quand même cher payé
la présence, et surtout pour un rapport que, manifestement, le ministre dit
qu'il ne l'a pas lu, parce qu'il ne connaît pas les membres qui ont
participé à ce travail, mais que c'est donc littéralement trié sur le volet, c'est basé sur des relations. Donc,
il n'y a pas eu d'affichage pour dire : Bon, on aimerait avoir des idées
nouvelles en éducation, on aimerait... C'est correct de dire : On aimerait
créer l'INEE, un institut national qui promouvoit l'excellence en éducation, on
veut créer ça, est-ce qu'on a des preneurs? Bien, visiblement, force est de constater que les craintes qui ont été exprimées
par plus de 250 professeurs en éducation et chercheurs au Québec, donc
la moitié du corps professoral, de dire : On a l'impression qu'il y a un
petit groupe qui mène, puis nous autres, on est la gang d'exclus...
• (14 h 20) •
Pour
reprendre les propos d'un des huit membres, toujours dans l'article de
Marie-Michèle Sioui, un des huit membres, M. Guay, le professeur est
formel : Si on avait eu quelqu'un d'autre de l'autre camp, ça n'aurait pas
été fonctionnel. Il y a des camps maintenant
en éducation. Ah bon! On est tous pour les élèves. Moi, je pense sincèrement
que c'est même très risqué lorsqu'on commence à exclure d'autres
opinions divergentes, parce que c'est là qu'on s'emprisonne, sans le vouloir, dans sa propre tour parce qu'on est
convaincus d'avoir le bon camp, la bonne réponse. Il me semble que ça, c'est...
Si j'étais le ministre en ce moment, je me poserais de sérieuses questions
parce que la prémisse de travail, en ce moment, c'est qu'il y a deux camps,
selon un de ces chercheurs-là, le camp des 250 professeurs puis le camp de
ces huit professeurs.
Donc, si je comprends bien cette logique, puis
c'est pour ça que je veux l'interroger, je veux vraiment comprendre pourquoi que M. Guay pense qu'il y a
deux camps et pourquoi qu'il pense que les 250 autres professeurs
ne seraient pas parmi... dans tout ça, là,
il n'y en a pas un ou deux, là, qui est capable de travailler de façon
fonctionnelle pour faire avancer les intérêts des enfants. C'est quand même une
grosse affirmation, puis il me semble que, quand on va de l'avant avec
une réforme aussi importante, il faut qu'il y ait de la transparence.
Alors, vous
comprendrez, Mme la Présidente, que le ministre nous doit un petit peu,
beaucoup d'explications, lui ou son
équipe. Puis il peut juste nous répondre... qui a demandé que ce soit
confidentiel? Il me semble qu'on devrait le savoir, et je veux aussi
savoir si lui, il trouve que c'est correct que ça soit confidentiel.
Troisième question, j'aimerais aussi comprendre
s'il est d'avis que soit lui ou un de ses membres de son équipe auraient dû dénoncer cette apparence de
conflit d'intérêts, au moment que trois des huit membres étaient ici en consultations
particulières, et pourquoi qu'il a décidé de retenir cette information-là,
parce que, s'il dit que lui, il ne le savait
pas, bien, nécessairement, un membre de son équipe devait savoir, là, et, s'il
dit que, non, aucun membre de son équipe ne le savait pas, là,
honnêtement, là, ce n'est pas l'éducation qui a besoin de l'INEE, c'est lui qui
a besoin de l'INEE, là. C'est-à-dire qu'il
faut qu'il y ait quelqu'un autour de lui qui l'informe de qu'est-ce qui se
passe, là, parce qu'on ne peut pas se présenter, de la façon la plus
sérieuse au monde, dans une réforme puis dire : Je ne suis pas au courant qu'il existe un comité qui porte sur le
projet de loi. Le comité a été créé pour l'INEE. On fait une réforme qui s'appelle... un projet de loi qui parle de l'INEE.
Le ministre n'est pas au courant qu'il y a un comité opaque et confidentiel,
trié sur le volet. Moi, honnêtement, ça me dépasse.
Alors,
j'espère qu'on aura le droit cette fois-ci à de la transparence, de la bonne
foi, puis qu'il comprendra que, pour
rétablir le lien de confiance avec les autres chercheurs, mais aussi ceux qui
nous écoutent, mais aussi les députés, parce
que c'est quand même nous, là, que... Moi, je peux vous le dire, je me suis
sentie flouée. La moindre des choses... qu'il accepte qu'au cours des
travaux qu'on va avoir... Puis, si ça peut le rassurer, pas obligé que ce soit
sur le temps des commissions. Moi, je suis
capable de siéger le soir. Ce serait correct, hein, siéger le soir, oui, une
heure de plus, pas de problème. Vous
voyez, la députée de Mercier est très accommodante. Je pense qu'elle aussi est
intéressée pour des ententes. Elle
hoche de la tête, elle pourra sûrement s'exprimer, mais on est disponibles en dehors du
temps des commissions qui siègent sur le projet de loi, tellement qu'on
ne va pas, à ce stade-ci, là, l'empêcher d'avancer sur l'étude détaillée.
Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. J'ai
hâte d'entendre les commentaires de mon estimée collègue la députée de Mercier.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci beaucoup,
Mme la députée. Je vais d'abord demander au ministre s'il souhaite intervenir
sur la motion de la députée de Saint-Laurent.
M. Drainville : Bien, c'est sûr,
avec grand plaisir.
La Présidente (Mme Dionne) : ...M.
le ministre.
M. Bernard
Drainville
M.
Drainville : 30 minutes? C'est beaucoup, 30 minutes,
surtout si on veut commencer à étudier le projet de loi.
Alors, Mme la Présidente, il n'y a pas de
complot. Je vous le dis tout de suite, là, il n'y a pas de complot. Il n'y a
pas de force occulte. Honnêtement, je n'ai pas besoin que des forces occultes
exercent sur moi une influence occulte pour que je trouve que l'idée de créer
un institut d'excellence en éducation est une bonne idée. Il n'y a pas... On
n'a pas besoin d'inventer des forces occultes et d'inventer un complot pour
savoir qu'un institut d'excellence en éducation, c'est une bonne idée. Et
savez-vous pourquoi, Mme la Présidente? Je peux être aussi affirmatif, c'est
que les arguments pour créer un institut
national d'excellence en éducation, ils se retrouvent tous dans ce rapport,
c'est le rapport du Groupe de travail sur la création d'un institut
national d'excellence en éducation.
Et, Mme la
Présidente, ce rapport-là, il a été commandé par le ministre libéral de
l'Éducation, Sébastien Proulx, et
c'est lui qui a nommé M. Maltais, président du comité, ainsi que
Mme Lecavalier et M. Bertrand. C'est Sébastien Proulx qui les a nommés sur ce comité... sur ce groupe de
travail. Utilisons les mots «groupe de travail», sinon on va devenir
mêlés avec tous les comités, là. Alors, le groupe de travail, Mme la
Présidente, sur la création d'un institut national d'excellence en éducation, il a été créé par un ministre libéral de
l'Éducation, et ce groupe de travail a déposé son rapport en 2018, le
22 janvier 2018.
Alors, j'invite notre vaste public à le
consulter, et, si vous lisez, Mme la Présidente, le rapport du groupe de travail comme moi, je l'ai fait, vous retrouvez
là-dedans tous les arguments favorables à la création d'un institut d'excellence
en éducation. Il n'y a pas besoin de forces
occultes. Il n'y a pas besoin de complot. Il n'y a pas besoin de comité secret.
Tout est public, tout est là-dedans. Puis d'ailleurs vous n'êtes pas
obligés. Si vous trouvez ça trop d'ouvrage, vous avez
juste à lire le résumé des deux premières pages, adressé à Sébastien Proulx,
ministre de l'Éducation, et là vous avez les cinq principes qui ont gouverné le
groupe de travail et qui amènent le groupe de travail à recommander la création
d'un institut.
Alors, le premier
principe : «Rendre accessible l'état des connaissances scientifiques et
des pratiques avérées dans le domaine de la
réussite éducative.» Mme la Présidente, il n'y a pas de complot. C'est écrit
noir sur blanc, l'institut va nous aider à rendre accessibles les connaissances
scientifiques et les toutes dernières pratiques en matière d'éducation. C'est
une bonne idée. Je n'ai pas besoin de forces occultes pour me convaincre que
c'est une bonne idée.
Deuxième argument,
deuxième principe, l'indépendance de l'INEE. Troisième principe, le type de
savoirs à considérer et l'étendue des
savoirs scientifiques qu'il faut prendre en considération, dont il faut rendre
compte, les savoirs scientifiques,
les savoirs d'expérience, les contextes. C'est le troisième principe qui a
gouverné le groupe de travail dans sa
recommandation pour créer l'INEE. Le quatrième principe, qu'il y ait une
relation de proximité avec tous les acteurs et les groupes concernés. Puis, cinquième principe, que l'INEE joue un
rôle significatif auprès des acteurs de la réussite éducative en
déterminant avec eux les besoins de formation.
Puis c'est signé par
les trois membres qui ont été nommés par le ministre de l'Éducation. Mme la
Présidente, comme j'ai dit lors de l'étude du principe, j'ai beaucoup de
défauts, Mme la Présidente, que vous allez peut-être découvrir dans les multiples heures que nous allons consacrer à l'étude
du projet de loi si on finit par le commencer, si on finit par commencer l'étude, mais je pense avoir
démontré, au fil de mes années dans le métier du journalisme, notamment, une certaine indépendance d'esprit. Puis, Mme la
Présidente, je n'ai pas besoin qu'on me souffle à l'oreille : L'INEE,
ça serait vraiment une bonne idée, alors que tout est ici dans ce rapport
public, aucun enjeu.
• (14 h 30) •
Alors, Mme la
Présidente, le comité dont on parle, là, il a été créé en janvier 2021. Il a
mis fin à ses travaux en janvier 2023. Moi,
j'arrive comme ministre de l'Éducation au mois d'octobre, Mme la Présidente,
puis là, à écouter les oppositions, c'est comme si, tu sais, j'étais
arrivé dans mon bureau puis là j'avais trouvé dans un tiroir secret un rapport... me souffla à l'oreille qu'il faudrait
créer l'INEE. Mme la Présidente, on ne fait pas du cinéma ici, là. On travaille
pour améliorer l'éducation. Ça fait que d'essayer de faire... d'inventer une
histoire abracadabrante en mettant en vedette
des acteurs cachés quelque part dans un garde-robe de mon bureau, qui
m'auraient peut-être influencé, Mme la Présidente, soyons un petit peu
sérieux.
Alors,
la députée de Saint-Laurent nous demande de reprendre les consultations
particulières. Mme la Présidente, les
consultations particulières ont eu lieu. Elles ont fait l'objet d'une
négociation avec les partis d'opposition. Alors, on a entendu les groupes, puis je pense qu'on a été
très bien servis par la qualité des témoignages que nous avons entendus,
et puis on s'en est inspirés, et on s'en inspirera encore pour améliorer le
projet de loi.
Alors,
voilà où on en est, Mme la Présidente. Les six avis sur lesquels s'est penché
ledit comité, là, sont publics depuis déjà... depuis l'été 2022. Bon,
alors, si les gens veulent savoir à quoi le comité a servi, bien, ils ont juste
à aller lire les avis. Ils sont
publics, là, puis les sujets, là, qui ne sont, encore une fois, pas du tout
secrets, les sujets sur lesquels s'est penché ledit comité secret, c'est
les suivants, Mme la Présidente. Alors, je vous les lis.
Ils ont produit un
avis sur les pratiques et les résultats probants en éducation. Ça, c'était en
juin 2021. Allez voir l'avis, il est
public. Il est public depuis... pas l'été qui vient de finir, l'été d'avant,
comme quoi c'est très, très, très secret, n'est-ce pas? Un autre avis
sur la recommandation sur l'âge de fréquentation scolaire obligatoire au
Québec, ça, ça a été publié en... ça a été
produit en juin 2021. Troisième avis que ledit comité a produit, ça
s'intitule La réussite et la diplomation des filles et des
garçons : état de la situation et recommandations pour le milieu scolaire.
Ça, c'est daté de janvier 2022. L'autre
avis, Avis provisoire en vue de renforcer les compétences en lecture et en
écriture de chaque élève québécois, très secret, n'est-ce
pas, janvier 2022. L'autre avis, un avis en faveur des... de référentiels
de compétences pour les personnels de
direction, les cadres et les dirigeants des centres de services scolaires et de
commissions scolaires, ça, ça a été
produit en février 2022. Et le dernier avis dudit comité secret, Avis
sur la réussite et la persévérance scolaires des élèves issus de
l'immigration, mars 2022.
Bon,
c'est des sujets importants, Mme la Présidente, mais de là à dire, là, que
c'est des enjeux secrets... Il n'y a rien de secret là-dedans, Mme la
Présidente. Ce sont des thèmes importants qui ont fait l'objet de débats
publics. Les avis qu'ils ont produits sont publics également et ils le
sont depuis l'été 2022.
Alors,
Mme la Présidente, l'opposition libérale fait de la diversion. Honnêtement, si
ça les amuse de faire de la diversion, bien, ils peuvent continuer à
faire de la diversion. Mais nous, ce qu'on veut, Mme la Présidente, c'est aller
de l'avant avec l'étude du projet de loi
parce qu'on veut, le plus rapidement possible, avoir accès aux données pour
nous permettre d'avoir un système
d'éducation qui est plus efficace, qui nous permet d'aider les élèves qui ont
besoin d'aide pour mieux réussir...
Une voix : ...
La Présidente (Mme
Dionne) : Un instant!
M.
Drainville : Mme la Présidente, est-ce que je peux terminer mon
intervention?
Une voix :
...
La Présidente (Mme
Dionne) : C'est un appel au règlement. Oui, j'écoute, Mme la députée.
Mme Rizqy : C'est
un ministre expérimenté, même plus que moi. Il sait qu'il ne peut pas me prêter
des intentions. Je ne vais quand même pas faire de la diversion sur un
sujet aussi important.
M.
Drainville : ...la Présidente, très bien. J'entends, j'entends...
La Présidente (Mme Dionne) : Bon,
vous êtes aussi un politicien aguerri, M. Drainville... M. le ministre,
pardon, mais...
M. Drainville :
J'ai quand même... Malgré mon
expérience, j'ai quand même le droit d'exprimer une opinion, l'un
n'empêche...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui.
J'en profite quand même pour passer un message général à la prudence.
Merci.
M.
Drainville : Oui, c'est très bien, Mme la Présidente. On n'est jamais
trop prudent, oui.
Bon, cela étant dit,
Mme la Présidente, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus? Moi, je
veux aller de l'avant avec l'étude du projet
de loi parce que ça va nous permettre d'avoir accès aux données, meilleure
gestion. On va aider notamment... On va être davantage en mesure
d'identifier les besoins pour venir en aide aux élèves. Et puis la formation continue, c'est bon, puis le... tout
le travail qu'on veut faire au niveau de la gouvernance, c'est bon aussi.
Puis, Mme la Présidente, c'est un bon projet
de loi, mais là il faudrait commencer à... Moi, je suis impatient, Mme la
Présidente, je piaffe d'impatience de commencer les travaux, n'est-ce
pas? Et là, écoutez...
Mme
la Présidente, j'ai beaucoup de respect pour la députée de Saint-Laurent, mais
honnêtement, je n'ai jamais pensé qu'elle pourrait verser dans le
complotisme, sinon l'occultisme, sinon l'occultisme...
La Présidente (Mme
Dionne) : On fait attention, c'est...
Des voix : ...
La Présidente (Mme
Dionne) : Bon, un instant. O.K. Je...
Mme Rizqy : ...vous
connaissez, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : J'entends bien.
Mme Rizqy : Je le mets au défi, un seul moment, dans tout mon
propos, de trouver le mot «complot» ou quoi... J'ai parlé de transparence, M. le Président. Et de qualifier une
collègue, votre vis-à-vis, de complotiste, sincèrement, ça ne vous
ressemble pas. Ressaisissez-vous, M. le ministre.
La
Présidente (Mme Dionne) :
Bon, je rappelle, j'invite à la prudence sur les mots utilisés. Il y a des
termes...
Une voix :
...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui, on n'est jamais trop prudent, effectivement,
M. le ministre. Vous pouvez poursuivre.
M.
Drainville : Mais, Mme la Présidente, j'ai dit tout ce que j'avais à
dire, c'est comme ça. Et donc je souhaite que nous puissions aller de l'avant
avec l'étude, parce que, si on veut avoir l'occasion, Mme la Présidente, de discuter, là, avec la députée de Saint-Laurent
et la députée de Mercier, puis mes collègues vont se joindre à la discussion,
bien là, il faut aller de l'avant, hein? Il faut aller de l'avant. Donc, en
tout respect, là, pour la députée de Saint-Laurent, je pense qu'on peut maintenant clore ce chapitre et
commencer le merveilleux chapitre de l'étude article par article du projet
de loi n° 23.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a une intervention de
la part de... Oui, Mme la députée de Mercier. Vous disposez également de
30 minutes.
Mme Ghazal : Merci. Oui, mais c'est possible, même pendant une
motion préliminaire, d'avoir un échange avec le ministre?
La Présidente (Mme
Dionne) : C'est une intervention seulement en bloc, oui.
Mme Ghazal : Ah!
c'est des monologues. O.K.
La Présidente (Mme
Dionne) : Donc, la parole est à vous.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Bien, écoutez, j'ai
regardé mes notes de ce que j'avais dit pendant le principe, puis la première
phrase que je lis, c'est : ne pas caricaturer la critique. Et c'est
exactement ce que le ministre était en train de faire. Puis moi, je pourrais caricaturer... il était en train de
caricaturer la critique. C'est exactement ce qu'il a fait depuis tantôt.
Ça fait que je ne vais pas le faire, je vais m'abstenir moi-même de le faire.
C'est des
questions extrêmement légitimes, puis nous ici, à l'Assemblée nationale, dans
les partis d'opposition, on ne fait pas que parler de notre opinion
personnelle, parce qu'à la limite on s'en fout. Nous sommes ici dans
cette enceinte, dans ce Parlement, la maison du peuple et de toute la société,
on porte la parole des gens qui interviennent dans
la société, notamment des professeurs d'université qui étaient outrés
d'apprendre qu'il y a eu un rapport confidentiel — le
mot «confidentiel», c'est ce qui était écrit, c'est confidentiel, il faut que
ça reste confidentiel — et
qui se demandaient pourquoi est-ce que c'est ces experts qui ont été invités et
pas d'autres. Peut-être qu'il y a une bonne
raison, peut-être qu'il y en a une, mais on n'entend pas de réponse. Il faut
qu'on entende, nous aussi... moi, j'ai envie d'entendre des réponses du
ministre.
Et de ce que je comprends de ce qu'il vient de
faire, c'est qu'il a lu le rapport du comité qui a été mis sur pied de façon
publique et transparente par Sébastien Proulx, parce que lui, quand il l'a mis
sur pied, ça a été annoncé qu'il l'a mis sur pied. Il y a probablement eu un
communiqué, je n'ai pas fait la recherche, et, après ça, tout le monde savait que ce comité travaillait. Puis une fois
que le comité a fini, tout le monde attendait le rapport, puis le rapport a été
rendu public. Donc, toute la démarche
a été faite de façon publique et transparente, puis le mot «confidentiel»
n'était pas dans ce rapport-là.
Après, le prédécesseur, donc l'ancien ministre
caquiste de l'Éducation, parce que c'était en 2001‑2022, là, lui, il a mis un comité, mais ça, il ne s'en est
pas vanté. Il n'y a pas eu de communiqué pour dire : J'ai mis sur pied un
comité parce que je veux faire une réforme puis compléter le travail qui a été
fait auparavant par des experts. Ça aurait pu être annoncé.
Ma question
est très, très, très claire : Pourquoi ça n'a pas été annoncé? Pourquoi
est-ce que cette démarche-là, très légitime... Et même, on pourrait même
féliciter le ministre de s'y prendre à l'avance, au lieu de nous arriver juste avec un projet de loi, de dire : Bien, moi,
je veux préparer quelque chose, mais je ne veux pas faire ça tout seul,
justement, de façon obscure, dans mon bureau de ministre. Moi, je suis
simple ministre, je suis un politicien, je ne suis pas un expert en matière
d'éducation, j'ai besoin d'être conseillé. Et on l'aurait félicité de faire ça
et, après ça, de dire : Voici les
experts qui vont être... qui vont siéger sur ce comité, puis là c'est sûr qu'on
aurait eu un débat. Pourquoi eux? Pourquoi pas d'autres qui ont d'autres
écoles de pensée? Puis le ministre aurait pu dire : parce que j'ai choisi
pour telle, telle raison. Juste d'avoir des
réponses... Ce n'est pas une critique juste pour faire de la critique, puis
pour s'amuser, puis dire qu'il y a
des complots. Ce n'est pas du tout ça. On pose des questions puis on veut des
réponses où le ministre s'assume puis dit : Bien, oui, on a mis en place
un comité, et nous dire pourquoi il était confidentiel et pourquoi le
rapport n'a pas été rendu public, et qu'on a pu le lire, et l'avoir devant nous
uniquement par demande d'accès à l'information.
• (14 h 40) •
Donc, ma question va être très, très claire au
ministre. Je ne peux pas avoir d'échange avec lui. Ah! puis d'ailleurs il y a quelque chose que je veux noter.
C'est quand même intéressant que le ministre connaît bien puis cite le rapport qui a été soumis, rédigé par le comité de
l'ancien ministre Sébastien Proulx, mais qu'il n'ait pas connaissance du
rapport du comité qui a été mis en place par
son propre gouvernement, parce que le ministre avait répondu à la journaliste
Marie-Michèle Sioui, dans Le Devoir du 9 septembre, qu'il
n'était pas au courant du rapport. Donc, il est au courant de l'ancien rapport
de 2017, mais pas celui plus récent. Je voulais juste noter ça.
Maintenant, ma question, c'est : Pourquoi
est-ce que le rapport, et le comité, et ses avis sont confidentiels? Pourquoi
ils sont confidentiels? J'aimerais le savoir. Et par ailleurs, moi, je vais
voter pour la motion de la députée de
Saint-Laurent, mais je ne sais pas si je peux poser une question puis avoir une
réponse. Pourquoi c'est confidentiel? Pourquoi? Il y a peut-être une
bonne raison, on aimerait juste la savoir.
La
Présidente (Mme Dionne) : Je vous invite à poursuivre, Mme la députée. Il ne
peut pas y avoir d'échange, malheureusement, entre les parlementaires.
Donc, vous disposez d'un bloc et...
Mme Ghazal : Oui. Bien, je vais
continuer, puis peut-être le ministre, lui, il peut intervenir, s'il le veut.
J'espère. Donc, pourquoi est-ce que c'est confidentiel? Pourquoi c'était ça qui
était écrit que c'est confidentiel? C'est quoi, la raison? Et aussi est-ce que...
Il y a aussi d'autres chercheurs, peut-être, qui auraient pu l'éclairer.
Quel est... Quels sont les critères qui ont
amené son gouvernement... parce que ce n'est peut-être pas nécessairement lui, puisque ce n'est pas lui qui
l'a mis sur pied, ce comité-là. Pourquoi est-ce que son gouvernement a choisi et le ministère... l'ancien ministre de
l'Éducation a choisi ces experts-là qu'on veut... que la députée de
Saint-Laurent veut inviter en commission pour qu'on puisse les entendre,
pour qu'ils nous expliquent, en tant que comité, qui a été en grande partie rémunéré, qu'ils nous expliquent
leur travail, et la démarche, et tout ça, comme comité et non pas comme
individus, parce qu'ils ont dû se réunir à plusieurs reprises, avoir des
échanges. Et ce serait très, très bénéfique pour tout le monde d'en savoir
plus.
Donc, j'ai deux questions. Je sais que je ne
peux pas avoir l'échange, mais j'ose espérer que le ministre va nous parler et réponde à nos questionnements de
façon transparente. Pourquoi est-ce que c'est confidentiel, c'est resté
confidentiel, et ces recommandations devaient rester confidentielles, comme
c'était écrit dans le rapport? Et pourquoi... Quels
sont les critères qui ont amené le ministre à demander à ces experts-là et non
pas d'autres qui sont intervenus dans l'article? Je nomme, par exemple,
Mme Hélène Makdissi, qui trouve que c'est une question démocratique aussi de rendre ce genre d'informations là publiques et
non pas confidentielles, ou le professeur de l'Université Laval... j'essaie
de trouver son nom, qui a fait, en tout cas,
la demande d'accès à l'information. Pourquoi ce n'est pas eux? Pourquoi ce
n'est pas d'autres? Pourquoi... Quels sont les critères?
Donc,
je vais le... je vais reposer ma question, juste pour être sûre, là : Pourquoi
c'est confidentiel? Et la deuxième : Quels sont les critères qui
ont amené le ministre à choisir ces experts-là qu'on aimerait entendre à notre
commission? Voilà, merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. On aura l'occasion de poursuivre les échanges sur ce sujet lors de l'étude détaillée, là. Pour
l'instant, les motions préliminaires, c'est une intervention par groupe
parlementaire. Si...
Mme Ghazal : J'ai
juste une question, peut-être, de procédure. Le ministre... des fois, on dit
souvent que le ministre peut intervenir
quand il le veut. Nous, on a un certain temps, et tout ça, mais lui, il peut
intervenir autant qu'il le veut.
Donc, le ministre pourrait... ce n'est pas par groupe parlementaire de la
commission, c'est par groupe parlementaire des groupes d'opposition.
La Présidente (Mme Dionne) : La
procédure des motions préliminaires, pour pouvoir avancer, c'est vraiment un
bloc d'intervention par chef parlementaire.
Donc, M. le ministre s'est exprimé, Mme la députée de Saint-Laurent s'est
exprimée, vous vous êtes exprimée. Pour la suite des choses, pour... parce
qu'après il faut mettre la motion aux voix et... mais, par contre, vous pouvez poursuivre vos échanges lors de
l'étude détaillée. Mais pour ce segment de la procédure, c'est vraiment
une intervention par chef parlementaire, et il faut mettre, après ça, la motion
aux voix.
Mme Ghazal : Je
comprends très bien, mais je comprends aussi que le ministre, s'il a envie de
répondre, il pourrait le faire.
La Présidente (Mme Dionne) : Il
pourra le faire pendant l'étude détaillée. Pour l'instant, c'est... à moins
d'un...
Mme Ghazal : Il
peut le faire maintenant aussi, là, je pense. Il n'y a rien qui l'interdit.
Une voix :
...
La Présidente (Mme
Dionne) : C'est des blocs, c'est ça, c'est des blocs. C'est des blocs,
il n'y a pas de... il n'y a pas de choix d'intervention ou pas, là, dans cette
partie de l'étude.
Mme Ghazal : Ça
fait que si, par exemple, le ministre a très, très, très envie de répondre, il
ne pourra pas.
La Présidente (Mme
Dionne) : Il pourra le faire pendant l'étude détaillée.
Mme Ghazal : Il
ne pourra pas maintenant.
La
Présidente (Mme Dionne) :
Vous aurez des discussions qui seront moins... avec moins de procédures. Mais pour le bien de l'avancement de l'étude,
présentement, les motions préliminaires, c'est un bloc par chef parlementaire
et... ou si la parole peut être donnée aux
autres membres qui ne se sont pas exprimés, eux disposent de 10 minutes.
Donc, si...
Mme Rizqy :
...intervenir pour répondre aux questions très pertinentes de la députée de
Mercier, il a mon consentement.
La Présidente (Mme
Dionne) : C'est noté. Comme je vous rappelle, c'est des discussions
que vous pourrez avoir lors de l'étude
détaillée sans problème. Pour l'instant, je vais demander s'il y a d'autres
interventions de la part des autres parlementaires, sinon nous allons
mettre la motion...
M. Émond : ...rappeler,
là, la présidence a raison, dans les motions préliminaires, c'est des blocs qui
sont prévus, il n'y a pas d'échange. Puis je
suis convaincu que mon collègue ministre ne voudrait pas arriver à
l'article 36, qui est interruption d'un député. Donc, comme vous le
dites, Mme la Présidente, à l'étude détaillée, le processus des échanges va pouvoir suivre son cours. Nous avons
tous très hâte de débuter l'étude détaillée de ce très beau projet de loi.
Mise aux voix
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le député. Donc, est-ce que cette motion est
adoptée?
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Dionne) : Très certainement. Donc, nous allons y aller par
appel... vote par appel nominal. Mme la secrétaire.
Des
voix : ...
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui, appel par vote nominal. Désolée.
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Rizqy (Saint-Laurent)?
Mme Rizqy :
Pour.
La Secrétaire :
M. Drainville (Lévis)?
M.
Drainville : Contre.
La Secrétaire :
Mme Tremblay (Hull)?
Mme
Tremblay : Contre.
La Secrétaire :
M. Rivest (Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
La
Secrétaire : M. Émond (Richelieu)?
M. Émond : Contre.
La
Secrétaire : Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
La Présidente (Mme Dionne) : Abstention.
Donc, la motion est rejetée. Est-ce qu'il y a d'autres motions préliminaires
avant de débuter l'étude détaillée?
Mme Rizqy : Oui, Mme la Présidente. J'aurais une autre motion.
Peut-être juste suspendre le temps qu'on l'envoie pour que tout le monde
puisse l'obtenir.
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui, vous pouvez la présenter, puis après on pourra la
déposer, suspendre les travaux.
Motion proposant que le ministre de l'Éducation produise
des documents
permettant d'apporter un éclairage supplémentaire à la
commission dans l'exécution de son mandat
Mme Rizqy : Parfait. Alors, conformément à l'article 244
du règlement de l'Assemblée nationale, je fais motion afin :
«Que la Commission de
la culture et de l'éducation, dans le cadre de l'étude du projet de loi
n° 23, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique et
édictant la Loi sur l'Institut national d'excellence en éducation, demande au ministre de l'Éducation de produire, d'ici la
prochaine séance d'étude détaillée du présent projet de loi, des documents permettant d'apporter un
éclairage supplémentaire à la commission dans l'exécution de son mandat;
«Qu'à cette fin, le
ministre de l'Éducation transmette à la commission :
«La liste des
rencontres du Comité sur les résultats scientifiques et le milieu scolaire
(CRSMS);
«[...]liste des
personnes présentes lors des rencontres;
«L'ordre du jour;
«Les contrats
octroyés aux membres du comité;
«Copie
de tous les avis produits par le comité à ce jour et les correspondances avec
le ministère et/ou le cabinet du ministre.»
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, Mme la députée. Donc, la motion est disponible sur
Greffier. Souhaitez-vous suspendre les travaux pour en prendre connaissance?
M.
Drainville : Oui, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme
Dionne) : Donc, je suspends les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
14 h 49)
(Reprise à 15 h 10)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission est maintenant prête à reprendre ses travaux. Donc, nous avions
le dépôt de la motion de la députée de
Saint-Laurent. Donc, chaque chef parlementaire dispose d'un temps de
30 minutes pour en débattre. Donc, Mme la députée de Saint-Laurent,
la parole est à vous.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, tel que je l'ai mentionné tantôt, je n'ai
jamais parlé de complot, je tiens à rassurer
le ministre, et je ne verse pas non plus dans le complotisme. Alors, je fais
très attention à ce que je dis et...
mais je dois avouer que c'est toujours agréable d'écouter le ministre, et ça me
rappelle le temps que je l'écoutais à
la radio. Il avait toujours une façon de raconter les histoires, avec, quand
même, une bonne dose d'humour, et
j'étais accrochée à ses lèvres, à l'époque, et maintenant. Oui, mais je vous
écoute toujours, hein, et vous avez toujours gardé cette façon d'amener
les sujets.
M.
Drainville : ...
Mme Rizqy : Non,
plus que ça.
M.
Drainville : ...
Mme Rizqy : Oui,
quand même... divertissant, ça pourrait avoir une connotation quand même des
fois... Vous avez la... vous êtes capable
de... je dois l'avouer, vous êtes capable de faire preuve, dans votre discours,
d'une façon intelligente et amusée...
d'apporter des propos, et surtout imagés, mais je tenais quand même à vous
rassurer que jamais que vous allez voir en moi une complotiste. Je suis une
personne quand même assez rigoureuse et...
M.
Drainville : Je suis rassuré.
Mme
Rizqy : ...mais je dois vous
avouer que vous m'avez surprise, tantôt, parce que je pensais que vous m'écoutiez
quand moi, je parlais. Parce que moi, quand vous, vous parlez, j'écoute pour
vrai, là, puis je note tout.
D'entrée
de jeu, dès que j'ai fait mon premier propos, j'ai dit que ce rapport de
Sébastien Proulx, au gouvernement libéral, ministre libéral, le comité
était public, le rapport était public, puis on n'avait pas eu besoin de faire
de demande d'accès à l'information. En cas
que le ministre fait... Bien, vous connaissez mon passé d'avocate, je vais
utiliser l'expression «effet de toge» pour essayer peut-être de...
tenter de discréditer mon propos en répétant mot pour mot ce que j'ai dit dans mon avant-propos. Donc, si je
dis : Sébastien Proulx a fait preuve de transparence, que M. Martin
Maltais, lorsqu'il est venu, il a
fait preuve de transparence, il a dit : J'ai siégé sur ce comité, je tiens
à vous le dire, j'ai participé à la rédaction d'un rapport, ça, c'est de la
transparence. C'est précisément ce qui fait défaut de l'autre comité,
celui-ci. Donc, pour les gens qui nous suivent à la maison : Sébastien
Proulx, transparence; bleu, bleu caquiste, pas de transparence. Ça, c'est via
une demande d'accès.
Quand
on continue, le ministre, il dit : Oui, mais il y avait des membres de ce
comité, mais M. Martin Maltais est un des trois membres. Il y a
Hélène Lecavalier dans... enseignante au primaire, commission scolaire des
Laurentides; Dominic Bertrand, à l'époque
D.G. de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys. Ça, c'était, à l'époque,
ce trio qui avait pensé l'INEE. Ils l'ont divulgué, c'était public. Mis
à part Martin Maltais, aucun des deux autres membres du comité de Sébastien
Proulx n'est dans le nouveau comité, le nouveau comité opaque, ad hoc, où
est-ce que c'est marqué, noir sur blanc,
«confidentiel». Lui, là-dedans, il y a sept autres membres qui n'en faisaient
pas partie, de l'INEE. Il faut aussi
se rappeler, je tiens à le préciser, le rapport de 2017 ne demandait pas le
démantèlement du centre... pardon, du CSE, là. Donc, le Conseil
supérieur en éducation restait intact, donc il était capable d'avoir l'INEE et
le Conseil supérieur de l'éducation.
Donc, pour revenir,
le ministre n'a pas répondu à aucune de mes questions, ni celle... ni les
questions de ma collègue. J'espère qu'il aura l'occasion de pouvoir nous dire
qui a demandé que ce soit confidentiel.
Par
la suite, il faut vraiment écouter, quand le ministre parle, il faut évidemment
élaguer le côté un petit peu, des fois, théâtral, parce que c'est vrai que ça
peut être bon pour la télévision, puis je comprends, là, c'est sûr que ça n'intéresse
pas tout le monde ce qui se passe au salon
rouge, mais, moi, ça m'intéresse. Puis je pense que ceux qui nous écoutent,
c'est sûr que ça les intéresse. Il a dit la
chose suivante : Le comité a travaillé jusqu'en janvier 2023.
Rappelons-nous, le comité a travaillé
jusqu'en janvier 2023. Parfait. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi que tous
les rapports terminent au plus tard juin ou été 2022? Par la suite,
les autres avis, discussions, on ne les a pas.
Alors, j'ai une question : Est-ce qu'il y
a d'autres rapports? Est-ce qu'on peut savoir qui d'autre participait aux
rencontres de cedit comité? Est-ce que c'était un comité en huis clos ou est-ce
qu'il y avait d'autres personnes qui participaient, par
exemple, des membres du cabinet du ministre, des fonctionnaires du ministère de
l'Éducation? Est-ce qu'il y avait peut-être
des conférenciers invités? Je ne le sais pas. Je n'ai pas eu la chance de
savoir qui y participait. Quel est
l'ordre du jour? Qui écrivait l'ordre du jour? Parce que c'est arrivé, là,
qu'un comité... que ce soit le gouvernement qui dicte l'ordre du jour,
c'est déjà... ça s'est déjà vu ici.
Les contrats octroyés aux membres du comité...
Qui a obtenu le 18 000 $ et qui n'a pas obtenu le 18 000 $?
Je pense, ce serait pertinent de le savoir, parce que j'ai regardé assez
rapidement dans les crédits, à part pour Mme Taillon,
je n'ai pas vu d'autres 18 000 $. Alors, pourquoi que, pour
Mme Taillon, on les a divulgués dans les crédits, mais pas pour les
autres membres? Quand même, 18 000 $, c'est quand même de l'argent,
surtout que, dans le cas de Mme Taillon, elle était, à l'époque, D.G. Par
la suite, la même année, elle deviendra sous-ministre. Sous-ministre, là, je
rappelle que c'est quand même, dans son cas, 209 000 $ par année puis
D.G., c'était 188 000 $, donc un 18 000 $ de plus, c'est
plus qu'arrondir les fins de mois.
Par la suite, est-ce que le ministre dispose de
tout avis produit par le comité à ce jour, des correspondances, oui ou non?
Parce que je ne peux pas croire que, depuis tantôt, le ministre refuse de nous
dire si, oui ou non, il est au courant de ce rapport-là, le deuxième rapport.
Donc, on a le rapport Sébastien Proulx, public.
Là-dessus, il n'y a pas d'enjeu, tout le monde est d'accord, c'est la bonne
façon de faire, publique, transparence. Quand il dit : Oui, mais tout ça,
les autres avis, ils sont publics, non,
c'était via une demande d'accès à l'information réalisée par le Pr Désautels
de l'Université Laval. Donc, il a fallu faire une demande d'accès à
l'information. On ne peut pas dire que c'est transparent lorsqu'il faut faire
des demandes d'accès à l'information.
Puis, en plus, Mme la Présidente, permettez-moi
de faire mon cri du coeur, vous êtes 89, vous avez des ressources beaucoup plus
grandes que les nôtres. Plus, vous êtes au gouvernement, c'est beaucoup plus
facile pour vous, côté gouvernemental, de
donner accès à l'information que pour nous, petites oppositions, que même les
médias osent nous dire fragmentées.
Alors, imaginez, avec les moyens que nous avons... Puis je ne me plains pas,
j'ai une excellente recherchiste, très bonne, mais vous comprendrez, Mme
la Présidente, que, pour que nos débats fonctionnent puis que ce soient des
débats intelligents, nous avons, en ce moment, un enjeu d'équité au niveau de
l'accès à l'information. On ne peut pas passer notre temps à faire des demandes
d'accès à l'information puis attendre les délais. Puis là je ne vous parle pas de tout ce qui a été caviardé, là,
dans les demandes d'accès, là. Ça, au moins, on est chanceux, ce n'est
pas caviardé.
Si on prend le temps d'aller lire la demande
d'accès à l'information, un peu plus tard, prenons le temps de regarder : «Consultation sur la stratégie
visant à valoriser et attirer et à mobiliser le personnel scolaire», ça, ça
m'intéresse de comprendre, O.K., mais avez-vous un procès-verbal? Je
n'en ai pas, mais on dit juste : «Mot de bienvenue», 10 minutes de mot de bienvenue. Après
ça : «1.1. Hausser la valeur accordée aux carrières en éducation»,
30 minutes, «faire de la communauté locale des alliés du personnel
scolaire». O.K., mais encore? «Discussion plénière»... pause de 10 minutes, donc, après une heure, pause
de 10 minutes. «Discussion en plénière : axe deux, un personnel
scolaire qui réalise son plein potentiel», ça m'intéresse, mais pourquoi qu'on
n'a pas le reste? Il n'y a pas de... une liste de personnes présentes.
«Projet sur l'âge minimum obligatoire», bien, c'est sûr que ça m'intéresse de
savoir les pourparlers, c'était quand même
une promesse phare de la CAQ, à l'époque, de rendre ça obligatoire jusqu'à
l'âge de 18 ans. Finalement, ça a été abandonné. On se rappelle
tous de la fameuse phrase : «Quand je prends un engagement, c'est pour le
tenir.»
Après ça, on
voit que, le 9 février, un sous-ministre adjoint participe à la rencontre
du comité, M. Nicolas Mazellier, sous-ministre adjoint à la
prospective, aux politiques et aux statistiques, ministère de l'Éducation. Il
fait le mot d'accueil. Alors là, on voit que,
ah, d'accord, on a un sous-ministre qui participe. Est-ce qu'il y en a eu
d'autres, sous-ministres qui ont participé? Est-ce que d'autres
ministres... sous-ministres étaient présents? Est-ce que certains ont cru bon,
peut-être, de le dire au ministre?
Parce qu'à ce
jour la défense du ministre, c'est qu'il dit qu'il n'était pas au courant, mais
j'ai de la misère, là... Il y a beaucoup de monde autour de lui qui sont
au courant. Puis je ne voudrais quand même pas que le ministre pense qu'autour
de lui les gens ne lui parlent pas... puis le tenir au courant, parce que ce
serait désolant pour lui.
• (15 h 20) •
Puis, si on continue, les autres réunions, bien,
après ça, on dirait qu'il n'y en a pas eu tant que ça. 9 juin : «Suite : priorisation des thèmes à l'égard
desquels le comité pourrait être appelé à aviser le ministre», ah, «Priorisation
des thèmes à l'égard desquels le comité pourrait être appelé à aviser le
ministère.» Ça a été quoi, les thèmes qui ont été soumis? Est-ce qu'on peut
savoir? «Travail : 45 minutes», «avis sur les pratiques et les
résultats probants en éducation», bien, c'est le coeur même du projet de loi.
Est-ce qu'on peut avoir davantage... moi, avoir... je veux de la chair autour
de l'os. Ça, on est au coeur du projet de loi. Pour ceux qui sont en train de
retenir leur souffle pour l'étude détaillée, inquiétez-vous pas, bien, on va le
faire, mais, imaginez, il y a un avis sur les pratiques et les résultats
probants en éducation. Bien, j'aimerais tellement ça, le lire. Ça va m'aider,
justement, à mieux comprendre le projet de loi pour lequel, moi, je suis
d'accord, pour les données. J'en veux, des données.
Mais on revient encore sur l'âge minimum
obligatoire. D'accord. «Travaux entamés en fonction des thèmes priorisés»,
encore les thèmes priorisés. Mais c'est qui? Ah! ici, on a un début de
réponse : «Planification des travaux pour 2021‑2022, besoins
ministériels». Donc, des chercheurs payés, en catimini, 18 000 $ par
année, vont devoir se pencher sur les besoins
ministériels. Bon, bien, ceux qui veulent savoir c'est quoi, les besoins
ministériels : «Engagement des parents et des communautés locales
dans la réussite éducative», ça, évidemment, c'est positif, là, l'engagement
des parents et des communautés locales dans la réussite éducative; «soutien à
la réussite scolaire des garçons, des autochtones et des immigrants», je pense
que ça nous intéresse tous, on aimerait avoir tout ça; «rehaussement des compétences en littératie de la population», ça,
c'est très important; «accessibilité aux projets pédagogiques particuliers»,
ça, comme vous le
savez, je vous ai donné mon projet de loi, vous pouvez le prendre, vous pouvez
barrer mon nom et mettre le vôtre; «définition de la réussite éducative
des élèves et sa mesure»; «enrichissement de la formation initiale des
enseignantes»; «valorisation de la formation professionnelle», ça, ça me fait
sourire, mais il ne parle toujours pas de... du règlement.
Alors, pour revenir,
aujourd'hui, bénéfice du doute... Le ministre a un test, que le ministre de la
Santé a déjà réussi. Donc, le ministre de la
Santé, pour vrai, le vôtre, là, je ne nommerai pas son nom, mais, si vous me
permettez, vous le connaissez, qui, lui aussi, a un gros projet de loi,
il travaille très fort puis il a dit la chose suivante... Il avait refusé certaines affaires, mais, sur une motion très
similaire, savez-vous qu'est-ce qu'il a dit? Je m'engage à vous communiquer
tous les avis, les écrits. Il s'est engagé à ça pour les faire suivre. C'est
tout à son honneur. Vous voyez comment je suis capable de donner des
bons points?
En éducation, on
dit : une étoile dans son cahier. Moi, j'offre la possibilité au ministre
de rejoindre le... dans mon livre à moi, ça vaut ce que ça vaut, dans mon livre
à moi... je le sais, ça... pas personne, mais l'estime que j'ai pour M. Dubé. Sincèrement, moi, je trouve ça
important quelqu'un qui dit : Je vais prendre un engagement de faire suivre
les documents. Puis moi, à ce moment-là, si le ministre, tout de suite, me
regarde, il dit... puis il fait juste dire : O.K., arrête, je te les
envoie, je retire même ma motion préliminaire, je vais faire confiance au
ministre... puis qu'il va me faire suivre ma liste de demandes, mais, si jamais
il dit non, qu'est-ce que ça va vouloir dire? Ça veut dire que tantôt, son
10 minutes qu'il nous disait que c'était important, la transparence, puis
qu'il n'y a pas d'enjeu, que tout ça est public, il n'y a pas de problème, parce
que c'est déjà disponible pour tout le monde, ça veut dire qu'au fond ce ne l'était pas, disponible pour tout le monde, parce
que, s'il y avait des enjeux, bien, à ce moment-là, il faudrait qu'on se pose
des sérieuses questions.
Moi, il me semble
qu'avoir l'ordre du jour de toutes les réunions jusqu'en janvier 2023... je ne
veux pas m'arrêter en 2022, là, 2023, les avis qui ont été produits, je pense
que c'est fort pertinent pour nous guider dans nos réflexions, parce qu'il faut
quand même qu'on soit à... comment dire, à armes égales, non? Imaginez, vous
avez un côté de la Chambre qui ont un avantage intellectuel. Donc, moi, je vais
avoir quelqu'un un peu plus savant que moi, parce qu'il a eu le temps de lire
plein d'avis, mais je ne sais pas s'il les a tous lus, mais il y a quand même
une équipe qui les a lus. Puis nous, de ce
côté-ci de la Chambre, on n'a pas eu accès à tout ça. Imaginez, je vous demande
de me faire lire, et de redire : Bien sûr, je vais faire lire la
députée, puis moi, je vais lire ça durant la fin de semaine, évidemment, comme
ça, la semaine prochaine, je vais arriver bien prête. Puis ce sera, pour lui,
au fond, son test de transparence et de bonne foi.
Parce
que, si jamais il dit non, bien, on pourra comprendre, de ce côté-ci de la
Chambre, qu'il y a effectivement un
comité ad hoc et confidentiel, pour lequel maintenant ce n'est pas son
prédécesseur qui dit non. C'est lui qui dit non, parce que tantôt il
disait, en fait, que c'était son prédécesseur qui avait mis en place le comité
sur les résultats et le milieu scolaire... les résultats scientifiques et le
milieu scolaire. Ça, c'était son prédécesseur, le député de Chambly.
Maintenant, cette
décision-là, ça lui appartient à lui à 100 %, et on ne pourra pas blâmer
quelqu'un d'autre. Or, c'est à lui aujourd'hui de faire preuve de transparence,
puis moi, je m'attends généralement que, lorsqu'il y a un changement de portefeuille, bien, généralement,
les équipes se parlent. Puis d'ailleurs, respectueusement, Mme Lepage
était avec M. le député de Chambly, là, donc il devrait y avoir un suivi. Puis
même vous, je vous ai vu dans plein de projets de loi, vous étiez très présent,
toujours fidèle au poste. Ça, c'est bien parce que ça assure une continuité. Alors, c'est pour ça que je suis un peu sceptique
quand vous me dites que le ministre n'était pas au courant. Puis, c'est un petit peu désolant, on ne peut pas faire une
réforme aussi importante, basée sur un comité, mais ne pas dire au ministre
qu'il y avait un comité.
Alors, j'espère que,
cette fois-ci, le ministre ne descendra pas dans les caricatures, s'en tiendra
à la demande et pourrait dire : Un, deux, trois, quatre, cinq, lesquels
qu'il dit oui, lesquels qu'il dit non. Il peut même scinder les demandes puis nous expliquer pourquoi qu'il dit
oui puis pourquoi qu'il dit non. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Donc, M. le ministre, désirez-vous prendre votre temps
de parole? M. le ministre... Oui, oui.
M.
Drainville : ...j'arrive, parce que j'essaie de... j'ai demandé qu'on
imprime les documents qui sont sur le site
Internet, mais il semble que... dans la copie papier que j'ai, il semble qu'il
manque une page. Et donc je veux vraiment être certain que je...
Mme Rizqy : ...je
ne veux pas... c'est ce qu'il n'y a pas sur Internet.Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme
Dionne) : Souhaitez-vous...
Mme Rizqy : Juste
pour précision, parce que, quand même, pour souci d'environnement...
M. Drainville :
Très bien, alors...
Mme Rizqy : Tout
ce qui existe sur Internet, on l'a déjà. C'est ce qui n'existe pas, ces postes,
c'est ce que je veux. Si vous voulez
concentrer votre propos, c'est ce qui n'existe pas. Tout le reste, on l'a déjà.
On l'a déjà imprimé, c'est devant moi, là, puis j'ai même des
hyperliens, là, inquiétez-vous pas.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. On va laisser la parole à M. le ministre.
M. Bernard
Drainville
M.
Drainville : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, voilà,
c'est ça, c'est important de... que les gens qui nous écoutent sachent la
quantité de documents qui sont déjà publics. C'est parce que, si on écoute la
députée de Saint-Laurent, on peut avoir l'impression, là, que, finalement,
l'essentiel de ce qui a été théoriquement produit par ce fameux comité est
resté caché, on ne sait pas trop, mais, si vous allez sur le site Internet du
ministère de l'Éducation, Mme la Présidente, vous allez voir, il y a beaucoup,
beaucoup d'information qui est là, là. Et d'ailleurs il y a un document
synthèse qui a été produit à la suite de la demande d'accès à l'information.
Alors, c'est ce
document-là intitulé Comité sur les résultats scientifiques et le milieu
scolaire... et là, si vous prenez connaissance de ce document-là, vous avez une
espèce de synthèse, là, de tous les travaux qui ont été faits par le comité, y
compris, Mme la Présidente, je l'ai dit tout à l'heure, les avis qui ont été
produits par le comité. Donc, les avis sur
les pratiques et résultats probants en éducation, les avis sur l'âge... l'avis
sur l'âge de fréquentation scolaire obligatoire, l'avis sur la réussite,
diplomation des filles et des garçons, l'avis sur les compétences en lecture et
en écriture, l'avis sur les référentiels de compétence pour le personnel
scolaire, l'avis sur la réussite et la persévérance scolaire des élèves issus
de l'immigration. Tout ça, c'est là, Mme la Présidente, là, c'est tout là, là.
Puis là ce que je vous montre là, à la
caméra, là, c'est imprimé des deux côtés des feuilles. Ça fait
qu'imaginez-vous, là, si c'était juste d'un côté, là, on aurait une
belle brique, là.
• (15 h 30) •
Alors, Mme la
Présidente... puis là, écoutez, il n'y en a pas, de cachette, Comité sur les
résultats scientifiques et le milieu scolaire, avis sur les pratiques et
résultats probants en éducation à l'intention du ministère de l'Éducation du Québec, pas à l'intention du ministre, à
l'intention du ministère de l'Éducation. Donc, ce comité a été créé sous l'égide
d'un sous-ministre, M. Mazellier, et puis, là, il crée un comité, et son
comité, donc, travaille, fait des travaux, produit des avis à
l'intention du ministère de l'Éducation du Québec. Puis ce n'est pas juste
écrit une fois, Mme la Présidente. Si vous passez au travers des documents, là,
vous allez voir, c'est très clair, c'est écrit à plusieurs reprises que le
comité produit des avis pour le ministère de l'Éducation, pas pour le...
Alors, c'est un
comité administratif, Mme la Présidente, un comité administratif. Vous avez un
sous-ministre qui décide de créer un comité et qui décide, donc, de produire
des avis. Alors, Comité sur les résultats scientifiques et le milieu scolaire,
avis provisoire en vue de renforcer les compétences en lecture et en écriture
de chaque élève québécois et réponses à des questions du ministère à
l'intention du ministère de l'Éducation du Québec, c'est écrit ici, janvier
2022. Continuons. Continuons, hein, parce que, là, on pourrait finir par croire
que...
Alors, Mme la Présidente,
Comité sur les résultats scientifiques et le milieu scolaire, avis en faveur
des référentiels de compétence pour les
personnels de direction, les cadres, les dirigeants des centres de services
scolaires et de... à l'intention du ministère de l'Éducation, Mme la
Présidente. «Le comité sur les résultats scientifiques et le milieu scolaire a été constitué par le ministère de
l'Éducation du Québec pour soutenir, à partir de résultats de recherches
scientifiques, ce dernier — c'est-à-dire
le ministère — dans
sa réflexion sur les enjeux prioritaires de l'éducation et de son ministère en fonction de quatre axes
d'action : le développement en pédagogie et en gestion de l'éducation, les
mécanismes de soutien au réseau, la qualité des infrastructures
scolaires et des environnements d'apprentissage, le numérique et la formation à
distance.»
Et là il y a une
série de recommandations pour le ministère. Et là, si vous continuez, Mme la
Présidente : «Comité sur les résultats scientifiques et le milieu
scolaire, avis sur la réussite et la persévérance scolaire des élèves issus de l'immigration à l'intention du ministère
de l'Éducation du Québec, mars 2022.» Très bien, puis là vous avez, à la
fin...
Alors, tous ces
documents-là, Mme la Présidente, sont publics depuis l'été 2022, grosse
cachette, là, hou, grosse cachette. Depuis pas l'été passé, l'été d'avant, tout
ça, c'est public. Alors, Mme la Présidente, la députée de Saint-Laurent essaie
de faire lever une histoire à partir d'un document qui a, quoi, 14,
15 mois, puis là elle essaie de créer
une trame autour de ce document très public qui raconte ce que ce comité
faisait, qui produit les avis qui sont très, très, très publics... qui produit
des avis qui sont très, très, très publics, et là vous avez une demande d'accès
à l'information, les critères et processus ayant permis la sélection,
blablabla, les montants des contrats conclus de gré à gré dans le cadre du
comité, blablabla.
Mme
la Présidente, il n'y en a pas, de complot, puis il n'y en a pas de... il n'y a
pas de comité occulte, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : Rappel à l'ordre, M. le ministre, faites...
Mme Rizqy : Le
ministre tente de m'apposer l'étiquette de complotiste... plusieurs fois. Là,
c'est vraiment une atteinte à mon honneur, là, sincèrement. Puis vous oubliez
de mentionner que j'ai dit d'entrée de jeu que ça a été fait via une demande d'accès à l'information. J'ai pointé ce
document-là. Alors, je vous demande, là, que ça soit la dernière fois
qu'il arrête de parler de complot. Je n'ai jamais parlé de complot et j'ai déjà
dit que je ne versais pas dans le complotisme à l'ère de la désinformation.
C'est un ministre qui est aguerri, un politicien aguerri, un journaliste aguerri. Il sait pertinemment que ça, là, cette
tache-là peut être très, très dommageable. Alors, je lui demanderais de s'excuser
cette fois-ci.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, Mme la députée.
M. Drainville : Je
vais retirer le mot «complot». Je retire le mot «complot».
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Vous pouvez poursuivre.
M. Drainville : Bien, tout ça pour
dire, Mme la Présidente, que c'est une stratégie.
Mme Rizqy : Non.
M. Drainville : Bien oui, c'est une
stratégie pour... Bien là, j'ai le droit de dire «stratégie», là. Ce n'est pas un mot à l'index, ça, là, c'est une stratégie, là.
Bon, alors, c'est une... Mme la Présidente, je le sais, j'ai déjà joué dans
ce film-là, j'ai déjà été du côté de la députée de Saint-Laurent, je sais
comment ça marche. Alors, c'est une stratégie, effectivement, pour nous amener
ailleurs, parce que, quoi, le projet de loi est trop bon puis trop positif pour
qu'on commence à l'étudier, parce qu'elle va être obligée de dire
qu'effectivement il y a beaucoup de belles choses dans ce projet de loi,
notamment tout le chapitre sur les données. Et donc elle veut retarder le
moment fatal où elle va devoir dire :
M. le ministre, votre projet de loi est très bon, puis, savez-vous quoi, on va
l'appuyer. Alors là, elle gagne du temps. Elle nous amène ailleurs sur
des chemins de travers.
Mme la Présidente, il n'y a pas de chemin de
travers. Il y a juste des documents publics produits par un comité administratif
dont la création a été décidée par un sous-ministre, le sous-ministre adjoint à
la Prospective, aux Politiques et aux Statistiques. D'ailleurs, c'est dans les
documents rendus publics, n'est-ce pas, mot d'accueil de M. Nicolas
Mazellier, sous-ministre adjoint, etc. Alors, ce n'est pas caché ça, là, là,
que ce comité-là, il a été créé par un
sous-ministre. Et donc ce sous-ministre a réuni un certain nombre de personnes
qui ont produit des avis, et puis, là, bien, les avis... lorsque la
demande d'accès a été faite, les avis ont été rendus publics, Mme la
Présidente. Il n'y a pas de cachette. Il n'y en a pas, de cachette.
Et là j'aimerais beaucoup, beaucoup ça, Mme la
Présidente, si on pouvait se mettre au travail et commencer à étudier le projet
de loi n° 23, parce que, si on ne se met pas au travail bientôt, je vais
avoir l'impression que l'opposition libérale ne veut pas qu'on avance avec le
projet de loi n° 23, et le projet de loi n° 23, Mme la Présidente, je le rappelle, il vise à rendre notre système
plus efficace. Est-ce que l'opposition libérale veut qu'on ait plus d'efficacité
dans le système de l'éducation? Je pense que oui. Moi, je connais assez la
députée de Saint-Laurent pour savoir qu'elle n'est pas rebutée par le concept
d'efficacité. Tu sais, bon, je pense que, là-dessus, elle est pragmatique. Elle
est pragmatique, la députée de Saint-Laurent. Je pense qu'elle reconnaît que
l'efficacité, le concept d'efficacité, c'est un
concept qui peut nous permettre d'obtenir de meilleurs résultats avec des
ressources qui sont toujours limitées, alors que les besoins, eux, sont
infinis.
Alors, plus d'efficacité, plus d'accès aux
données, plus de formation continue, une meilleure cohérence dans la
gouvernance, les meilleures pratiques partagées dans toutes les écoles du
Québec grâce à l'institut d'excellence, il me
semble que c'est de ça dont on devrait parler, Mme la Présidente. C'est de ça
qu'on devrait parler. C'est là-dessus qu'on devrait travailler, et,
comment dire, je souhaite que la députée de Saint-Laurent, Mme la Présidente,
ayant fait ses représentations, se range
maintenant à ce point de vue fort raisonnable qui est de dire : Nous
sommes ici pour faire l'étude article par article d'un projet de loi et
nous n'avons toujours pas commencé le travail. Est-ce qu'on peut commencer ce
pour quoi nous sommes ici, Mme la Présidente? Nous sommes ici pour faire
l'étude article par article du projet de loi n° 23 et
on n'a toujours pas commencé à le faire. J'aimerais ça qu'on commence à le
faire.
Mise aux voix
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci beaucoup, M. le député... M. le ministre,
pardon, et aussi député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions auprès
des parlementaires? Donc, nous allons mettre la motion aux voix. Donc, est-ce
que cette motion...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Par
appel... vote nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Donc, Mme Rizqy (Saint-Laurent)?
Mme Rizqy : Pour.
La Secrétaire : M. Drainville
(Lévis)?
M. Drainville : Contre.
La Secrétaire : Mme Tremblay
(Hull)?
Mme Tremblay : Contre.
La Secrétaire : M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
La Secrétaire : M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Contre.
La Secrétaire : Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
La Secrétaire : Et Mme Dionne
(Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
La Présidente (Mme Dionne) : Abstention.
Donc, cette motion est rejetée.
Étude détaillée
Alors, nous sommes maintenant rendus à la partie
de l'étude détaillée. Donc, je prends en considération l'article 1 du
projet de loi. Donc, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Drainville : Alors, Mme la
Présidente, je demande le consentement de cette commission pour procéder à l'étude détaillée des articles par blocs. Les
thématiques suggérées sont : gouvernance, services éducatifs, données,
comme données au pluriel, là, comme on dit, l'accès aux données, donc,
les données, l'INEE et transitoire. Ainsi, tous les articles relatifs à la gouvernance, par exemple, seraient étudiés
ensemble avant que l'on enchaîne avec un autre bloc portant sur un autre
sujet. Voilà ce que je suggère, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Y
a-t-il consentement pour procéder à l'étude par thèmes?
Mme
Rizqy : Oui, malgré que j'aurais bien aimé que... obtenir
au moins les autres avis, parce que ça ne nous aurait pas empêchés de travailler
tout en... moi, sur mon temps, lire d'autres informations.
La
Présidente (Mme Dionne) : C'est bien noté, Mme la députée. Donc, nous allons
débuter avec le thème n° 1. Donc, il s'agit de la gouvernance. Nous
allons aller à l'article 2. Donc, M. le ministre, je vous cède la parole.
• (15 h 40) •
M. Drainville : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je suis très content. Je commence le travail. Merci à la députée
de Saint-Laurent pour sa collaboration. Alors, on y va.
Donc, on commence par l'article 2 :
Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 68, du
suivant :
«68.1. Les membres du conseil d'établissement
peuvent participer à une séance du conseil d'établissement à l'aide de moyens permettant aux personnes qui
participent ou qui assistent à cette séance de communiquer immédiatement
entre elles, à moins que les règles de régie interne du conseil d'établissement
n'en disposent autrement.
«Au moins un membre du conseil d'établissement
ou le directeur de l'école doit toutefois être physiquement présent au lieu
fixé pour cette séance.
«Un membre du conseil d'établissement qui
participe à une séance à l'aide de tels moyens est réputé être présent à cette
séance.»
Alors,
commentaire : Cet article propose de permettre aux membres des conseils
d'établissement de participer à une séance à l'aide d'un moyen
technologique pourvu que ce moyen permette la communication immédiate entre les
personnes qui y participent ou y assistent. L'article exige cependant qu'un
membre soit présent physiquement au lieu prévu pour cette séance, à moins que
le directeur de l'école y soit. Il devra également y avoir un endroit physique
permettant au public d'y assister.
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
merci, M. le ministre. Y a-t-il des amendements à cet article?
Mme Rizqy : ...commencer d'abord
avec les questions.
La
Présidente (Mme Dionne) : Oui, allez-y. Alors, on va y aller avec les
questions d'abord et on verra par la suite pour les amendements.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Au niveau du conseil d'établissement, est-ce que les personnes
peuvent aussi participer en ligne?
M. Drainville : Excusez-moi, je n'ai
pas entendu.
Mme
Rizqy : Les personnes, est-ce qu'elles peuvent toutes participer en
ligne quand... ceux qui ne sont pas membres
du conseil d'établissement, mais qui désirent tout simplement pouvoir
participer à une séance en ligne virtuelle?
M.
Drainville : Oui, oui, oui.
Mme Rizqy : O.K.
Est-ce que, dans la mesure que... Si tout le monde participe en ligne, est-ce
qu'il y a une ouverture pour qu'à ce
moment-là tout le monde soit en ligne pour ne pas toujours mettre le fardeau
sur un membre du conseil d'établissement d'être dans un lieu fixe à
l'école? Parce que, très souvent, là, c'est toujours les mêmes, là, on l'a vu
dans différentes consultations particulières, c'est souvent les mêmes parents
qui s'impliquent, c'est souvent les mêmes directions, puis effectivement, des
fois, ça peut avoir un effet un peu plus dissuasif pour ceux qui désirent s'impliquer. Ce sont des parents avec des jeunes
familles pour la plupart, on le sait, même chose pour les enseignants, même
chose pour les directions d'école... et peut-être avoir une formule que,
lorsque requis, une personne pourrait faire la demande que la séance
soit en personne.
Donc, la règle
générale serait à distance pour tout le monde, et je pourrais prévoir un
amendement où est-ce qu'on pourrait faire une règle générale, à distance pour
tous, mais, lorsqu'on voit qu'il y a un nombre suffisant ou trop important pour
tenir une séance en ligne, on pourrait, à ce moment-là, lorsque le nombre, je
ne le sais pas, là, de personnes qui
indiquent qu'ils seront présents, si c'est nécessaire... puis, à la demande,
évidemment, du milieu, le faire en personne, si nécessaire.
M.
Drainville : Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui, M. le ministre, vous pouvez répondre.
M.
Drainville : Oui. En fait, vous m'avez demandé, Mme la députée de
Saint-Laurent : Est-ce que tous les membres du conseil d'établissement
pourraient être en ligne? Je vous ai répondu : Oui, ce qui est exact,
mais, s'ils sont tous en ligne, si vous regardez le deuxième paragraphe, il
faut, à ce moment-là, que le directeur d'école, lui, soit physiquement présent, et la raison est simple,
c'est que ce sont des séances publiques. Donc, on veut vraiment qu'il y ait
un lieu physique où les citoyens vont
pouvoir se rendre pour assister à la rencontre. Donc, c'est important de
préserver un lieu physique, et, à ce moment-là, il faut qu'il y ait une
personne, notamment, pour accueillir les citoyens qui souhaitent assister à
cette rencontre du conseil d'établissement.
Donc, pour en revenir
à votre question, si jamais le directeur d'école n'est pas physiquement présent
sur les lieux, à ce moment-là, il faut qu'il
y ait un membre du conseil d'établissement qui, lui ou elle, soit physiquement
présent. Cette personne-là doit être présente. D'un coup, bien, par
exemple, des parents veulent assister à la rencontre du conseil, bon, bien, de
façon générale, comme vous l'avez dit, c'est à l'école que ça se passe. Alors,
si les parents se rendent à l'école pour
assister, bien, il faut s'assurer que la porte soit débarrée, puis que, tu
sais, les gens aient des chaises sur lesquelles s'asseoir, puis qu'ils
puissent avoir accès aux échanges.
Mme Rizqy : ...en fait, j'ai demandé : Est-ce que les
autres membres qui ne sont pas au conseil d'établissement, donc, des parents ou des enseignants qui
aimeraient participer au conseil d'établissement, puissent participer à
distance?
M.
Drainville : Oui, oui, la réponse est oui, excusez-moi.
Mme Rizqy : Alors, dans la mesure que tout le monde voudrait
participer à distance, parce que, des fois, il y a des contraintes
familiales tout simplement, pourquoi qu'on ne ferait pas une règle générale
qu'en 2023 c'est à distance, sauf s'il y a
une demande, à ce moment-là, que ce soit en personne? À ce moment-là,
effectivement, je peux comprendre que le lieu tout à fait désigné, c'est
l'école, bien évidemment, mais, s'il y a un consensus complet, à ce moment-là,
pourquoi qu'on demanderait à un directeur, ou une directrice d'école, ou un
autre membre du conseil d'établissement,
qui, eux, pour la plupart, aussi ont des jeunes familles, d'être présent, si
tout le monde est en ligne, là? C'est-à-dire qu'au fond il fait juste se
brancher en ligne, alors qu'il n'y a personne puis il est seul à l'école, là.
Donc,
à moins qu'il y ait des gens, je pense qu'on pourrait permettre que tout le
monde soit en ligne, s'il y a un consensus, évidemment, puis, donc,
règle générale, tout le monde en ligne. S'il y a une demande pour que ce soit
fait en personne, parce que ça peut arriver que quelqu'un dise : Non, moi,
je veux que ce soit en personne, bien, à ce moment-là, effectivement, le
directeur de l'école ou le membre du conseil d'établissement pourra être
physiquement présent au lieu fixé pour cette
séance. C'est juste, au fond, d'avoir une flexibilité si jamais... Vous
comprendrez... Vous comprenez ce que je dis. Je vous vois hocher de la
tête.
M. Drainville :
Non... En fait, Mme la
Présidente, je comprends très bien l'intention de la députée de Saint-Laurent
puis je... Elle souhaite être constructive. Par contre, il faut garder le lieu
physique, Mme la Présidente, et la raison est simple,
c'est que, si on veut respecter le critère de rassemblement public ou de
rencontre publique, il faut qu'il y ait un lieu physique où les gens peuvent se rendre au cas où des personnes qui
souhaiteraient assister n'aient pas la technologie pour se mettre en
ligne. Donc, si les personnes n'ont pas la technologie pour se mettre en ligne,
à ce moment-là, si on disait : La rencontre est uniquement virtuelle, on
se trouverait à priver, dans ce cas-ci, un citoyen ou une citoyenne qui n'a pas
d'accès à la technologie de son droit d'assister à la rencontre.
Donc, si on
veut préserver le caractère public de la rencontre, il faut préserver, dans la
loi, un endroit physique où les gens peuvent se rendre, et, si on
préserve ce droit d'assister en personne à une rencontre publique, il faut s'assurer qu'il y ait sur
place... et c'est ce que prévoit la disposition, il faut s'assurer qu'il y ait
sur place soit un membre du conseil
d'établissement, soit le directeur ou la directrice d'école. C'est ça, la raison,
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Oui, puis, bien, votre
argument est valable, mais l'autre argument est tout aussi valable. En ce moment, ce que... Dans toutes les consultations
que j'ai faites en éducation, les gens me disent souvent que c'est souvent
les mêmes personnes qui participent. C'est toujours les mêmes qui sont ce qu'on
appelle, nous, dans le réseau, des superbénévoles,
là, qui sont dans tous les comités. C'est pour ça que la règle générale peut
être : si ceux qui ont décidé de
participer... Bon, ils savent que... disons, que le 25 octobre prochain,
il y a une séance. Vous pouvez venir, inscrivez-vous, préférez-vous
venir en virtuel ou en personne? Disons que tout le monde dit : Je veux
être en virtuel, bien, à ce moment-là,
pourquoi qu'on va forcer une personne à être présente toute seule dans son
bureau? Puis mettez-vous à sa place, là, la très grande majorité, c'est
tous des gens avec des familles la plupart, là.
M. Drainville : ...Mme la députée...
Mme la Présidente...
Mme
Rizqy : Non, mais je peux terminer mon exemple, si vous le
permettez, M. le ministre. Ce n'est pas une attaque, là, rien du tout,
là, et ça peut être webdiffusé, après ça, mis sur le... Toutes les écoles ont
un site Web. La webdiffusion, on la met directement en ligne, on regarde...
Tous les échanges en ligne sont disponibles aussi.
M.
Drainville : Non, mais, comment dire, l'argument que présente
la députée de Saint-Laurent, Mme la Présidente, est tout à fait valable.
Tout ce que je dis, moi, c'est qu'il s'agirait qu'une citoyenne dise :
Écoutez, vous m'avez privée de mon droit
d'assister à la rencontre du conseil d'établissement en décidant de tenir cette
rencontre-là de manière virtuelle
sans que je puisse... sans que j'ai pu pouvoir avoir accès à la rencontre, au
lieu physique de la rencontre, parce que je n'ai pas, moi, Internet, je
ne l'ai pas, Internet. Ça peut arriver, ça arrive encore, on a des personnes
parfois plus âgées, puis je ne pense pas que c'est de faire de l'âgisme que de
dire ça, mais parfois les personnes plus âgées sont moins à l'aise avec la
technologie, d'autres n'ont malheureusement pas le moyen de se la payer.
Et donc moi,
je dois, comme ministre, Mme la Présidente, puis je suis certain que la députée
de Saint-Laurent est très sensible à ça... On doit préserver le droit.
S'il ne s'agit que d'une personne, Mme la Présidente, elle a le droit de pouvoir avoir accès au conseil d'établissement.
Même s'il y en a 100 personnes qui y assistent, il y en a 99 qui peuvent
le faire en ligne, je dois quand même préserver le lieu public pour m'assurer
que la 100e, qui, elle, n'a pas accès à l'univers d'Internet, puisse se
prévaloir de son droit démocratique, dis-je, d'assister au conseil
d'établissement, à la rencontre du conseil d'établissement.
• (15 h 50) •
Alors, je
suis d'accord avec la députée que, de plus en plus, la vaste majorité des
personnes qui vont participer à ces rencontres-là vont le faire de façon
virtuelle, mais je ne suis pas en mesure, Mme la Présidente, de dire :
O.K., on va le faire... on va se donner la
possibilité de ne le faire que d'une manière virtuelle, au cas où on aurait un
citoyen ou une citoyenne qui lèverait la main après coup puis qui
dirait : Bien, voyons, vous avez décidé, vous autres, là, virtuellement,
de vous convoquer à une rencontre puis vous avez tous dit : Oui, oui, moi,
je peux faire ça en ligne, je peux faire ça en ligne, mais moi, moi, moi qui
n'a pas accès à Internet, moi qui n'a pas les moyens technologiques, qu'est-ce que vous faites de mes droits? Alors,
dans un contexte comme celui-là, il faut préserver le droit démocratique pour
les personnes qui n'ont pas accès à la technologie et donc il faut préserver
l'espace physique, Mme la députée de Saint-Laurent.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions pour des éléments... Oui, Mme la députée.
Mme Rizqy : M. le ministre, c'est
précisément pour cela que je vous ai dit qu'il y a un préavis avant une séance et que, lorsque 100 % disent qu'ils
vont être présents de façon virtuelle, dans cette mesure-là, lorsque c'est
100 %, pourquoi qu'on aurait une personne seule, un directeur à
la... qui, lui aussi, a des enfants... C'est juste pour ça, là, c'est... Si
vous en avez un, pas de problème. Je vous dis juste que, lorsque tout le monde
indique qu'ils ne seront pas présents en personne... imaginez, lorsque vous
êtes un directeur ou une directrice d'école, pour la plupart, vous avez fait
plusieurs écoles. Ils sont jeunes, avec des familles, c'est une réalité
aujourd'hui.
Alors, juste pour ça, quand c'est 100 %,
est-ce que vous êtes d'accord avec moi qu'à ce moment-là on pourrait permettre
de la laisser virtuelle? Ce sera en webdiffusion, parce que tantôt vous m'avez
dit : De toute façon, tous ceux qui
vont vouloir participer vont pouvoir regarder la webdiffusion, participer en
virtuel, poser leurs questions en virtuel. Je ne comprends pas ici
pourquoi qu'on ne se donnerait pas cette petite flexibilité.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre, oui.
M. Drainville : Les personnes, Mme
la Présidente, qui assistent au conseil d'établissement ne s'inscrivent pas
d'avance. Ça n'existe pas, ça. La personne peut décider le soir même de se
présenter à la rencontre. Donc, l'idée est de dire : Bon, bien, on va
prévenir d'avance la communauté puis on va leur donner la possibilité de
s'inscrire. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
Et par ailleurs, Mme la Présidente, j'insiste
là-dessus, je pense que... je pense que c'est clair, mais, des fois, je peux penser que c'est clair puis ça ne l'est
pas, ça se peut, mais, pour reprendre l'exemple de la députée de Saint-Laurent,
tous les parents dont
elle parle... Puis elle a bien raison de dire que, si on veut que nos parents
s'impliquent, il faut leur faciliter la vie, et donc il faut leur donner
accès à ce genre de rencontre de manière virtuelle. Tous ces parents-là dont elle parle, ils vont pouvoir avoir accès à la
rencontre de manière virtuelle en vertu de la disposition qui est ici, là. Ça
va être possible d'y avoir accès. Ce n'est pas soit physique soit
virtuel, là. Ça peut être virtuel pour tout le monde, sauf qu'il faut quand même avoir un lieu physique avec
une personne qui s'assure que la porte est débarrée puis que les lieux
sont aménagés convenablement pour des citoyens qui, pour une raison ou pour une
autre, ne souhaitent pas ou ne peuvent pas assister à la rencontre de manière
virtuelle.
Alors, on peut se retrouver effectivement dans
une situation où on est dans une classe, l'écran est là, on voit tous les
participants au conseil d'établissement, puis il y a, dans la salle, le
directeur d'école ou la directrice puis quelques citoyens qui regardent l'écran
puis qui assistent à la... puis la vaste majorité des personnes se parlent de manière virtuelle, mais le principe... Comme je
l'ai dit, c'est le principe que nous défendons ici, et honnêtement on n'a
pas le choix, Mme la Présidente. On n'a pas le choix que de préserver cette
disposition.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée, avez-vous...
Mme Rizqy : Je veux qu'on la
préserve. Je veux juste la bonifier, parce qu'effectivement moi, je peux vous dire, dans le réseau, en ce moment, on a rarement
vu des conseils d'établissement où est-ce que ça se bouscule aux portes.
J'espère que ça va changer. Par contre, je
ne vous parle pas de tous les parents, je vous parle de lorsque tout le
monde... À ce moment-là, il n'y a
personne puis on est seul à faire... Puis les réunions sont à quelle heure?
Elles sont à sept heures puis se
terminent généralement vers 10 heures. Donc, de sept heures à 10 heures,
la personne pourrait, lorsqu'elle est seule chez elle, en famille, pour
faire sa réunion...
M. Drainville : ...
Mme Rizqy : Bien non, c'est que, là,
la personne, le membre du conseil d'établissement ou le directeur d'école va
devoir être physiquement présent au lieu fixé. Ah! tu sais, je comprends, vous
faites votre point, puis, regardez, moi, je comprends parfaitement ce que vous
dites, là, puis je ne suis pas une personne buckée, moi, je vous dis juste que,
respectueusement, lorsqu'on voit qu'il n'y aura pas un chat puis qu'on est...
M. Drainville : ...
Mme Rizqy : Non, non, mais quand on
est à l'école, là, puis que la personne...
M. Drainville : Oui, mais on ne peut
pas... On ne peut pas le savoir d'avance, Mme la Présidente. Prenez l'exemple,
mettons, tu sais, on discute, là, bon, parfois, les grands-parents s'occupent
de venir déposer les enfants à l'école. Bon, alors, mettons, mamie vient déposer
sa petite-fille à l'école, bon, elle voit sur le babillard de l'école «conseil
d'établissement lundi prochain, telle date», bon, mamie, elle ne va pas aller
s'inscrire sur une liste, là, parce que ça n'existe pas. La liste des personnes
qui ont l'intention d'assister aux conseils d'établissement, ça n'existe pas. Les personnes ne s'inscrivent pas. Alors, mamie
retourne à la maison, mais elle se dit : Ah! lundi prochain, moi,
j'aimerais ça venir voir un peu comment ça marche, un conseil d'établissement.
Ça fait qu'il n'y a personne qui est au courant que mamie a décidé de
venir...
Alors, si... Alors, on ne veut pas une situation
où des personnes décideraient entre elles de dire : Ah! bien, regarde, sais-tu quoi, on est toute une gang, on
va tout faire ça de manière virtuelle puis pas nécessaire de réserver une
salle, pas nécessaire d'avoir le directeur. Oui, mais mamie, elle, c'est parce
qu'elle a l'intention d'y assister, puis c'est son droit démocratique. Alors,
je donne l'exemple de mamie, puis ça pourrait être une maman, un papa, peu
importe. Alors, encore une fois, Mme la Présidente, c'est juste le
principe de préserver l'accès à ces rencontres-là. C'est juste ça qu'on défend.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée, avez-vous...
Mme
Rizqy : Juste pour être sûre, on parle bien du conseil
d'établissement puis des réunions du conseil d'établissement?
M. Drainville : Bien sûr, oui.
Mme
Rizqy : O.K., mais le conseil d'établissement, il y a des réunions
juste entre eux, non, quand ils font leurs réunions entre eux?
M. Drainville : Oui, mais les
personnes ont le droit d'assister. Le citoyen a le droit d'assister au conseil
d'établissement. C'est une assemblée publique, le conseil d'établissement.
Alors, c'est pour ces personnes-là que ça prend un lieu physique, ce n'est pas
juste pour les membres du conseil d'établissement. Vous avez raison, on
pourrait avoir des membres de conseils
d'établissement, par exemple, les représentants de... Bien, écoute, c'est assez
rare de nos jours, là, mais on pourrait avoir un représentant parent,
par exemple, qui, pour une raison ou pour une autre, a décidé qu'il n'y avait
pas d'Internet dans la maison, il y a assez d'écrans, je ne sais pas quoi, là,
peu importe, et puis donc cette personne-là ne pourrait
pas participer à la rencontre du conseil d'établissement de manière virtuelle.
Il faudrait qu'elle le fasse de façon
physique. Ça, c'est pour les membres des conseils d'établissement, mais ce
qu'on défend ici, c'est... bien oui, c'est pour les membres des conseils
d'établissement, nécessairement, mais c'est aussi... c'est pour le grand
public, c'est pour la... On veut préserver la capacité du grand public
d'assister à ces réunions-là, et, pour ça, ça prend un lieu physique pour
s'assurer que le droit de tout le monde soit préservé.
Mme Rizqy : Il a-tu un droit de parole? Disons,
pratico-pratique, le conseil d'établissement, là... les membres, c'est
eux qui ont le droit de parole puis des échanges, puis l'objectif, c'est que ce
soit public, puis, après ça, qu'on fasse un
procès-verbal ou peu importe, puis que ce soit mis sur un lien. Mettons, si je
suis votre logique, le grand-parent, il va intervenir dans les
discussions du conseil d'établissement? Comment ça va fonctionner?
M.
Drainville : Non, non, mais c'est comme un conseil municipal. Un
conseil municipal...
Mme Rizqy : Bien
non, le conseil municipal, on peut aller au micro.
M. Drainville :
Bien oui, justement, mais tu peux
décider aussi de ne pas aller au micro. Tu assistes au conseil municipal, c'est
ton droit, comme citoyen, de savoir ce que le conseil municipal décide. C'est
le même principe. L'article 68 de la LIP dit : «Les séances du
conseil d'établissement sont publiques.» Alors, pour que ce soit public, il
faut que tous et toutes puissent y avoir accès.
La Présidente (Mme
Dionne) : Mme la députée.
Mme Rizqy : Honnêtement,
je suis juste surprise, là, que ça bloque parce que, dans la mesure... si tout
le monde... puis tout le monde était d'accord, j'aurais dit : Parfait,
mais j'aurais mis une exception, là. Si, admettons, il y a quelqu'un qui
manifeste que, non, il n'a pas Internet puis que, non... puis il veut
absolument être à l'école, je suis d'accord, là. Dès qu'on a une personne qui
le demande, je suis 100 % d'accord avec vous, mais, si tu as un réseau où 100 % disent : Nous, dans notre école,
notre couleur-école, on a une plus petite école avec... Je ne le sais pas, moi,
une école... Ça existe où on a des écoles de 30 élèves. Ça existe au
Québec, en région, on a aussi des écoles spécialisées avec 160 élèves, juste ça, puis que... regardez, dans notre cas, bien,
on est capables de tout faire ça en ligne. J'aurais gardé une certaine
flexibilité.
M. Drainville :
Mais vous l'avez. Vous l'avez, la flexibilité.
Mme Rizqy : Bien
non, c'est quand même toujours une personne qui doit être là puis c'est
toujours...
M.
Drainville : Ah! oui, oui, non, ça...
Mme Rizqy : C'est
juste pour cette personne-là... Je comprends que ça peut être un désagrément
pour cette personne-là. Peut-être qu'il faut, à ce moment-là, une rotation,
peut-être aussi de s'assurer... Je ne sais pas comment on pourrait le phraser.
Tantôt, vous avez parlé des outils, parce qu'effectivement c'est bien beau que
l'école soit ouverte, mais ce n'est pas vrai
que c'est le directeur qui va partager son ordinateur avec les autres, là.
Donc, j'imagine...
M.
Drainville : Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
Mme Rizqy : Bien,
c'est parce que le directeur, lui, quand il va faire sa réunion en Teams, il va
être derrière son ordinateur dans son
bureau, on va dire, ou, mettons, dans une salle avec... Disons qu'il y a un
grand-parent qui décide de se
présenter ou un autre membre de l'équipe-école, un parent ou un autre
enseignant, qui n'est pas membre du conseil d'administration, mais qui
veut participer, qui veut écouter, puis que... alors, généralement, la personne
qui va faire la réunion utilise son ordinateur, elle va se brancher, bien, il
va falloir s'assurer que la personne qui est physiquement présente en
webdiffusion, bien, ait aussi le matériel pour pouvoir participer.
• (16 heures) •
M.
Drainville : Non, pas nécessairement. Ça pourrait être un écran.
Mme Rizqy : Bien
non, parce que, maintenant, on peut, de concert, dire, par exemple, en Teams,
qu'on... posez vos questions en ligne,
écrivez vos questions, puis que... Tu sais, il y a une façon de communiquer en
ligne, là, vous comprenez, si la personne va intervenir.
M.
Drainville : Non, non, mais, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui, M. le ministre?
M.
Drainville : ...si vous avez un écran, puis on voit toutes les
personnes qui participent à la rencontre du conseil
d'établissement, si on les voit en Teams, si on les entend parler, alors, la citoyenne
qui n'est pas membre du conseil d'établissement
puis qui veut assister à la rencontre, elle va les entendre et elle va savoir,
donc, ce qui se passe. Et donc, si le directeur, lui, est derrière son
écran dans la même pièce, bien, on va... elle va le voir sur le grand écran.
Mme Rizqy : Oui,
mais comment qu'elle va faire pour être... c'est pour son intervention à elle.
M. Drainville : Ah! bien là, Mme la
Présidente, je... est-ce que les conseils d'établissement prévoient des
périodes de questions pour les personnes qui assistent au conseil? J'imagine
que ça doit dépendre des conseils. Il y a des
conseils, j'imagine, que, sur certains sujets, ils souhaitent avoir le point de
vue des personnes qui ne sont pas membres du conseil et donc ils vont
leur demander de participer à la discussion.
Mme Rizqy : ...prévoir une petite
ligne, quelque part, parce que c'est quand même nouveau de mettre les outils
nécessaires pour la participation lors des webdiffusions, parce que c'est...
Tel que rédigé en ce moment, on ne dit pas
qu'il y a une obligation de fournir l'outil pour participer, on dit juste qu'il
faut que ce soit là, mais tantôt le ministre l'a bien phrasé. Je pense
que je pourrais reprendre ses mots, il disait : et de s'assurer de bien
aménager les outils pour participer à la
séance virtuelle. Il l'a dit dans ses mots à lui, je trouvais ça très bien dit,
d'ailleurs, mais ce n'était pas écrit, c'est juste... bien, j'ai compris
l'intention du législateur, là.
La Présidente (Mme Dionne) : D'autres
interventions, M. le ministre?
Mme
Rizqy : Bien, je ne sais pas s'il veut l'amender
maintenant, là, avant qu'on termine... juste pour l'amender, pour que ce soit
une petite ligne, là : au moins une personne physique doit toutefois être
physiquement présente au lieu fixé pour cette séance et de s'assurer que
le lieu soit aménagé pour la participation des personnes présentes.
La
Présidente (Mme Dionne) : Souhaitez-vous suspendre quelques instants pour en
discuter, M. le ministre?
M. Drainville : ...
La Présidente (Mme Dionne) : D'accord.
Mme Rizqy : Ce serait juste, après
le point, genre, juste : et de s'assurer que les outils... Il l'a dit
tantôt : et d'aménager les lieux afin d'offrir aussi les outils pour que
la personne puisse participer.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
On va suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 03)
(Reprise à 16 h 08)
La
Présidente (Mme Dionne) : La commission est maintenant prête à reprendre ses
travaux. Donc, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Drainville : Oui, Mme la
Présidente. Alors, on a bien pris le temps, là, de soupeser, là, et on en vient
à la conclusion, Mme la Présidente, que
l'objectif souhaité par la députée de Saint-Laurent est déjà rencontré par la
disposition, telle qu'elle est
formulée, parce que... Je relis la disposition, Mme la Présidente : «Les
membres du conseil d'établissement peuvent
participer à une séance du conseil d'établissement à l'aide de moyens
permettant aux personnes qui participent ou qui assistent à cette séance
de communiquer immédiatement entre elles.»
Donc, vous êtes assis dans la salle, vous avez
l'écran qui permet... donc qui vous permet d'entendre les échanges entre les personnes qui participent au
conseil d'établissement, et donc vous avez pleine connaissance des échanges.
Et, si vous désirez poser une question, ce
serait possible de le faire, à ce moment-là, parce que vous pourriez tout
simplement permettre l'interaction des personnes qui assistent avec les
personnes qui sont en mode virtuel. Donc, la disposition, telle que rédigée, Mme la Présidente, rencontre,
je pense, le souhait exprimé par la députée de Saint-Laurent. C'est la lecture
que nous faisons.
La Présidente (Mme Dionne) : Mme la
députée, souhaitez-vous intervenir?
Mme Rizqy : Oui. Juste pour clarté,
«les membres du conseil d'établissement — les membres, il faut être membre du conseil d'établissement, participent — participent
à une séance du conseil d'établissement à l'aide de moyens permettant
aux personnes qui y participent ou qui assistent à cette séance de communiquer
immédiatement entre elles, à moins que les règles de régie interne du conseil d'établissement n'en
disposent autrement.» 68.1, alinéa un vise quoi? Vise à ce que les gens aient le droit de participer à une séance
en ligne.C'est ça, l'objectif de l'alinéa un. L'alinéa deux, l'objectif est qu'au moins une personne du conseil
d'établissement ou le directeur de l'école soit présent à l'école pour
accueillir ceux qui ne peuvent pas participer en ligne.
Je vous
invite à aller à la page 7 du mémoire de la FQDE, parce que c'est eux qui
nous ont pointé cet enjeu-là, pas moi, c'est eux. Eux, première des
choses, c'est important de le souligner, ils saluent 68.1, donc ils sont
d'accord avec 68.1 qui permettrait «la
participation à une séance du conseil d'établissement en mode virtuel, tant que
la direction ou un membre de l'établissement est présent physiquement au
lieu fixé.» La FQDE est confiante... et mon ordinateur s'est arrêté. «La FQDE est confiante — désolée,
j'ai un petit souci technique — que
cette pratique favorisera la participation des parents et facilitera la tenue des séances. Il est aussi logique que
la même organisation puisse être utilisée pour les conseils
d'administration des centres de services scolaires.»
Recommandation, c'est
là que j'attire votre attention, la FQDE, à la page 7 : Veiller à ce que les établissements aient les moyens
technologiques de tenir des séances de conseil d'établissement en mode hybride.
• (16 h 10) •
Donc, au fond, ceux qui ne sont pas capables de
faire la réunion du conseil d'établissement, mais qui veulent quand même y
avoir accès, et participer, et assister, ils vont devoir aller à l'école, mais
ils ne sont pas plus avancés si on ne leur
fournit pas un petit outil informatique. Alors, c'est... oui, il pourrait y
avoir, évidemment, sur l'écran tout le monde, mais, si la personne
désire participer, ça va lui prendre quand même un lien Teams pour que cette
personne puisse parler, et qu'on voit son
nom, puis qu'on puisse inscrire par la suite son propos, là, dans le
procès-verbal, puis que cette personne soit enregistrée dans la séance
publique.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci, Mme la députée. M. le ministre,
avez-vous... Des interventions de votre part, M. le ministre?
M.
Drainville : J'ai l'impression de me répéter, Mme la
Présidente. J'ai l'impression de me répéter, là. Je ne sais pas quoi dire de plus, là. Les membres du conseil
d'établissement peuvent participer à la rencontre du conseil d'établissement
de manière virtuelle, mais il faut assurer un lieu physique pour assurer le
droit démocratique à tous et chacun de pouvoir soit y participer, soit y
assister. Ce n'est pas plus compliqué que ça, Mme la Présidente.
Et, soit dit en passant, cette disposition-là,
pourquoi est-ce qu'on l'amène? C'est parce qu'actuellement ce n'est pas
possible pour les conseils d'établissement de se réunir de manière virtuelle.
On crée un espace virtuel pour permettre,
justement, à ces rencontres de se tenir, par Zoom, par Teams, peu importe, mais
il faut quand même assurer un lieu physique. Et, soit dit en passant,
cette disposition, Mme la Présidente, c'est une copie d'une disposition qui
existe déjà pour les conseils d'administration des centres de services
scolaires. Tout ce qu'on fait, c'est qu'on prend la disposition qui existe déjà pour les C.A. des centres de services
scolaires et on la calque pour l'appliquer au conseil d'établissement.
Et, Mme la
Présidente, ça fonctionne très bien avec les conseils d'administration des
centres de services scolaires, cette disposition-là. Ça fonctionne très
bien. On n'a pas de... on n'a pas eu de plainte, on n'a pas eu de critique. Ça fonctionne bien. Alors, on prend la disposition
qui existe déjà, qui permet aux conseils d'administration des centres de
services de se réunir de manière virtuelle,
puis on donne ce droit aux membres des conseils d'établissement de pouvoir le faire à leur tour, pour, justement,
accommoder... bien, pour notamment accommoder les parents qui, effectivement,
ont des vies de fou, alors, pour leur donner, dans le fond, une occasion de
participer sans être obligés nécessairement de se déplacer, mais il faut quand même... Mme la Présidente, en bout de
ligne, parce que l'assemblée est publique, il faut quand même s'assurer
qu'il y ait un endroit physique auquel le citoyen ou le membre du C.E. puisse
avoir accès. C'est juste ça.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Oui, Mme la députée.
Mme Rizqy : La raison pourquoi que
la FQDE fait cette proposition de recommandation, là, c'est juste qu'au-delà du lieu physique... S'il y a une séance
hybride, il faut que la personne qui désire participer de façon hybride...
dire qu'elle n'a pas d'ordinateur chez elle,
n'a pas d'Internet, bien, il faut qu'on l'équipe lorsqu'elle arrive à l'école.
C'est juste ça. Puis, en ce moment, 68.1, alinéa un, ça permet la séance
virtuelle.
La FQDE, qu'est-ce qu'elle dit, ce n'est pas
moi, là, puis on s'entend, ce n'est pas des lobbys, là. Ils disent juste d'ajouter une petite recommandation et de
fournir le moyen technologique, tout simplement, pour que ce soit... parce
qu'au-delà de fournir le lieu physique c'est de s'assurer que, si la personne a
besoin d'un ordinateur... qu'on lui fournisse, tout simplement. C'est à la
page 7 du mémoire de la FQDE.
La Présidente (Mme Dionne) : Souhaitez-vous
suspendre, M. le ministre, ou...
Mme
Rizqy : Bien, moi, je vais envoyer juste un amendement,
tout simplement, parce que je pensais que ce serait... C'est quelque
chose de supersimple, là. On va l'envoyer, là, ce n'est pas compliqué... On va
suspendre, j'aurais un amendement.
La Présidente (Mme Dionne) : Alors,
on suspend quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 15)
(Reprise à 16 h 30)
La
Présidente (Mme Dionne) : La commission reprend ses travaux. Donc, Mme la
députée de Saint-Laurent... Oui, est-ce qu'il y a consentement pour aller
au-delà de l'heure prévue, question que Mme la députée puisse déposer son
amendement?
Des voix :
Consentement.
Mme Rizqy : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Consentement.
Alors, Mme la députée, la parole est à vous.
Mme
Rizqy : Article 2 : L'article 68.1,
introduit à l'article 2 du projet de loi, est modifié par l'ajout, à la
fin du deuxième alinéa, de la phrase suivante : «Cette personne
doit veiller à ce que les membres du conseil et les personnes qui y assistent aient les moyens technologiques
afin de tenir des séances de conseil d'établissement en mode hybride.»
Je vais pouvoir expliquer, lors de notre
prochaine séance, davantage, l'amendement.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Donc, souhaitez-vous déposer cet amendement?
Mme Rizqy : Oui, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Dionne) : Alors,
ce sera déposé.
Donc, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Bonne fin de journée à tous.
(Fin de la séance à 16 h 31)