(Neuf heures quarante-sept minutes)
La Présidente (Mme Dionne) :
Alors,
bon mardi et joyeuse Halloween à ceux et celles qui nous regardent ainsi qu'aux membres de la commission. Donc, je
déclare la séance de la Commission de
la culture et de l'éducation ouverte.
La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 23, Loi modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique et édictant la Loi sur
l'Institut national d'excellence en éducation.
Donc, Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Rivest (Côte-du-Sud) est remplacé par Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) et Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont),
par Mme Garceau (Robert-Baldwin).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Donc, je vous rappelle que nous étudions présentement le projet de
loi n° 23 par sujets. Donc, nous en sommes au
sujet 3, intitulé Données.
Donc, de façon plus précise, lors de
l'ajournement de nos travaux du 26 octobre dernier, nous étions à l'étude
de l'article 26. Donc, M. le ministre, je vous invite à en faire la
lecture.
M. Drainville : Oui, je pense qu'on
avait peut-être 24 avant 26, Mme la Présidente, si je ne m'abuse.
La Présidente (Mme Dionne) : Selon
l'ordre que nous avons, 24 sera après 26.
M. Drainville : Ah! bon.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
il y aurait 26, 24, 54, 56 et 58 qui...
M. Drainville : Vous avez 26, 24,
54, 56 et...
La Présidente (Mme Dionne) : Et 58.
M. Drainville : Et 58?
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
pour le bloc Données.
M. Drainville : Oui. O.K.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
c'est dans la mise à jour qui nous a été envoyée le 3 octobre.
M. Drainville : Très bien. On va y
aller avec...
La Présidente (Mme Dionne) : Je suis
désolée, on a un petit problème technique pour l'ordinateur. Donc, si jamais il
y a des amendements, on en fera des copies.
M. Drainville : O.K. 26, donc.
La Présidente (Mme Dionne) : 26.
M. Drainville : D'abord, salutations
à tous les collègues. Joyeuse Halloween!
Une voix : Merci.
M.
Drainville : Vous n'êtes pas très déguisée, je trouve, Mme la
députée de Robert-Baldwin, mais moi non plus, ça fait qu'on se reprendra.
Le sujet est trop sérieux pour se déguiser, Mme la Présidente, alors on
repassera pour l'Halloween.
Alors,
26 : L'article 219 de cette loi est modifié par l'insertion, après
«renseignements», de «, autres que ceux visés à l'article 6.8 de la
Loi sur le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport
(chapitre M-15),».
• (9 h 50) •
Commentaires : Cet
article propose une modification de concordance liée à l'insertion, par
l'entremise de l'article 61 du projet de loi, d'une nouvelle section, et
plus particulièrement d'un nouvel article 6.8 dans la Loi sur le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport
concernant le dépôt et la communication de renseignements personnels.
Donc, dans le
fond, on a travaillé beaucoup sur 61, n'est-ce pas? On est rendus, si je ne
m'abuse, à une cinquantaine d'heures passées dans cette commission à
faire l'article par article, et donc cet article 61, dont nous avons clos
les échanges jeudi dernier, sera intégré, donc, dans ce nouvel
article 6.8.
Alors, le texte actuel, juste pour qu'on se
situe, le texte actuel dit : «Le centre de services scolaire prépare et
transmet au ministre les documents et les renseignements qu'il demande pour
l'exercice de ses fonctions et pouvoirs, à l'époque et dans la forme qu'il
détermine.»
Et là le nouveau... le nouvel article, avec la
modification, se lirait comme suit : «Le centre de services scolaire prépare et transmet au ministre les
documents et les renseignements, autres que ceux visés à l'article 6.8 de
la Loi sur le ministère de
l'Éducation, du Loisir et du Sport (chapitre M-15), qu'il demande pour
l'exercice de ses fonctions et pouvoirs, à l'époque et dans la forme
qu'il détermine.»
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Des interventions sur l'article 26?
Mme
Garceau : ...élément de concordance, je n'ai pas de
commentaire, Mme la Présidente. Donc, je n'ai pas de commentaire.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
s'il n'y a pas d'autre commentaire, est-ce que l'article 26 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Dionne) : Parfait, donc l'article 26 étant adopté, nous
sommes rendus à l'article 24. Je vous laisse faire la lecture, M.
le ministre.
M.
Drainville : Merci, Mme la Présidente. Alors, 24 : Cette
loi est modifiée par l'insertion, après l'article 209, du
suivant :
«209.0.1. Le centre de services scolaire...»
Alors, cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 209, du suivant :
«209.0.1. Le centre de services scolaire qui est
informé qu'un élève qui fréquente l'un de ses établissements est admis aux
services éducatifs d'un autre centre de services scolaire ou d'un établissement
d'enseignement régi par la Loi sur
l'enseignement privé (chapitre E-9.1) communique dans les plus brefs
délais à ce centre de services scolaire ou à cet établissement les
renseignements qui concernent cet élève et qui sont nécessaires à
l'organisation et à la prestation des services éducatifs.»
Alors, commentaires : Cet article propose
d'imposer à un centre de services scolaire qui est informé qu'un élève qui
fréquente l'un de ses établissements est admis aux services éducatifs d'un
autre centre de services scolaire ou d'un établissement d'enseignement régi par
la Loi sur l'enseignement privé l'obligation de communiquer dans les plus brefs
délais à ce centre de services scolaire ou à cet établissement les
renseignements qui concernent cet élève et qui sont nécessaires à
l'organisation et à la prestation des services éducatifs.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a des commentaires ou interventions concernant
l'article 24?
Mme Garceau : Oui, Mme la
Présidente. Donc, bon matin à tous, et «happy»... joyeuse Halloween à tous.
Bon, je voulais, M. le ministre, commencer...
Parce que je comprends qu'il y avait eu certaines interventions d'organismes
liées à cette création d'une nouvelle obligation qu'un centre de services
scolaire et/ou un établissement d'enseignement... l'obligation de transmettre,
de communiquer des renseignements, puis les renseignements dans sa forme, si on
peut dire, générale, qui concernent un élève, qui sont nécessaires, là, je vois
le critère de nécessité...
M. Drainville : Et voilà. Bravo.
Mme
Garceau : ...et voilà, j'ai bien appris la semaine passée, à
l'organisation et à la prestation des services éducatifs.
Et là j'aimerais voir surtout les commentaires,
avec vous, du Protecteur du citoyen liés au rapport qui a été déposé, en tout
cas, c'est en date du 7 juin 2023, et plus particulièrement les
préoccupations du Protecteur du citoyen concernant
le libellé de la disposition, l'article 24, et l'étendue, évidemment, de
toute cette question de renseignements, quels renseignements seraient transmis, quels renseignements qui
seraient nécessaires à transmettre, là, liés à l'organisation et à la
prestation des services éducatifs.
Et je vous... si vous me permettez, là, j'attire
votre attention à la page 2 du rapport du Protecteur du citoyen concernant
l'article 24. Et on le mentionne, l'article 24 du projet de loi
prévoit que «le centre de services scolaire qui est informé qu'un élève qui
fréquente l'un de ses établissements est admis aux services éducatifs d'un
autre centre de services scolaire ou d'un
établissement d'enseignement [privé] communique dans les plus brefs délais à ce
centre de services scolaire ou à cet établissement les renseignements
qui concernent cet élève et qui sont nécessaires à l'organisation et à la
prestation des services éducatifs».
Le
premier commentaire du Protecteur du citoyen est lié à, puis je cite : «Je
suis d'avis que cette disposition doit être clarifiée, notamment pour préciser
de quels renseignements il est ici question.» Et là on cite également le rapport du Protecteur du citoyen, le rapport
spécial intitulé L'élève avant tout, et on va dans plus de détails
concernant toute cette question de renseignements, qu'est-ce qui
constitue les renseignements. Et je cite : «Le Protecteur du citoyen est
d'avis que la bonne transmission des plans d'intervention lors de changements
d'école, d'organismes scolaires ou de cycle est essentielle, tant pour le bien
de l'élève que pour le travail de tous les intervenants et intervenantes scolaires. En plus de favoriser une
continuité dans les interventions et un meilleur suivi des difficultés et des
progrès de l'élève, cette transmission permet aux nouveaux intervenants et
intervenantes de mieux comprendre la situation de l'élève et de proposer des
interventions qui tiennent compte des stratégies privilégiées par le passé.»
Donc, le Protecteur
du citoyen continue, dans son mémoire, en mentionnant qu'«il importe donc de
savoir ce qu'on entend exactement par "renseignements qui concernent cet
élève et qui sont nécessaires à l'organisation et à la prestation des services
éducatifs"».
Et
qu'est-ce qui est très, très important ici à souligner, c'est
le questionnement, la préoccupation du protecteur : «S'agit-il de renseignements purement
administratifs ou est-ce que cela inclut les évaluations et le plan
d'intervention préparés par le centre
de services scolaire? Peut-on penser que cela irait jusqu'à couvrir l'ensemble
des renseignements concernant un élève que le centre de services
scolaire détient et qui proviennent d'autres instances, notamment du réseau de
la santé et des services sociaux?»
Donc,
je pense qu'on devrait commencer avec la première partie des préoccupations du
Protecteur du citoyen, tel que mentionné ou détaillé dans son rapport.
M. le ministre, au niveau de l'étendue des renseignements, qu'est-ce qui est
vraiment nécessaire pour la transmission d'un centre de services scolaire à un
autre?
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Drainville : Alors, l'objet de
cette... de cette disposition, Mme la Présidente, dans le fond, c'est une
disposition qui s'applique à un
scénario très circonscrit où un élève change d'établissement scolaire et donc
se déplace d'un centre de services scolaire à un autre ou encore, possiblement,
à l'intérieur du même centre de services scolaire, d'une école publique
à une école privée. Et, dans le fond, ce que la disposition dit, c'est :
le centre de services scolaire, donc, qui reçoit
l'élève ou l'établissement privé qui accueille l'élève va pouvoir demander au
centre de services scolaire d'origine de transmettre les renseignements
concernant l'élève, mais seulement les renseignements qui sont nécessaires à la
prestation de services éducatifs.
• (10 heures) •
Donc,
la députée de Robert-Baldwin a bien fait de le noter, Mme la Présidente, il va
falloir qu'effectivement le centre de
services scolaire justifie la nécessité d'obtenir cette information-là. Et moi,
ce que je comprends, Mme la Présidente, c'est... ça vise notamment à
nous assurer qu'un élève, par exemple, qui a des besoins particuliers, qui a droit à certains services dans l'école A,
qu'on soit informé de ces services qu'il reçoit et donc des besoins particuliers
auxquels ces services répondent du côté de l'école B, là, qu'elle soit
du... qu'elle soit publique ou privée, pour faire en sorte, justement, Mme la Présidente, qu'il y ait une continuité,
qu'on n'ait pas... qu'on ne vive plus dans un régime où l'enfant, dans le fond, se retrouve dans une
espèce de... de zone... comment on dit ça en bon français, de no man's land,
là, dans une espèce de zone floue. Et là il faut recommencer à zéro, il faut
que... qu'on fasse à nouveau la démonstration qu'il a des besoins
particuliers, etc.
Alors, l'idée d'avoir
cette disposition-là, Mme la Présidente, c'est pour faire en sorte d'offrir les
meilleurs services possible à l'élève une fois qu'il a changé d'école.
Essentiellement, c'est ça, l'article 24, Mme la Présidente. Je ne sais pas
si ça répond aux questions de la députée de Robert-Baldwin. Peut-être?
Mme Garceau :
Oui, en partie...
M. Drainville :
En partie.
Mme Garceau :
...mais c'est aussi les questions du Protecteur du citoyen. Donc,
évidemment, en lisant le mémoire, c'est sûr que j'avais le même, si je peux
dire, questionnement. Mais je vous réfère, parce qu'en réponse... en réponse à
votre réponse concernant les besoins particuliers d'un enfant et de pouvoir
évidemment transmettre les renseignements à son sujet au prochain centre de
services, le Protecteur du citoyen a quand même une préoccupation à ce sujet. Et c'est à... au deuxième paragraphe,
là, de... à la page 3, et on précise le cas d'élèves. Là, on parle... il
mentionne l'élève handicapé. Moi, je vais mettre... j'enlève
«handicapé», un élève avec des besoins particuliers.
Donc, dans le cas...
je vais le citer : «Dans le cas des élèves handicapés ou en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage, HDAA, il est fort possible que le centre de
services scolaire ait en sa possession des renseignements provenant de telles
instances. Donc, on parle ici, là, d'autres instances, peut-être du réseau de
santé et de services sociaux, qui les auront nécessairement remis au centre de
services scolaire avec le consentement des parents.
Et là, M. le
ministre, j'aimerais bien... Puis je ne sais pas si vous avez ce paragraphe-là
sous les yeux, mais je vais vous demander,
peut-être, de le regarder, parce que le Protecteur du citoyen pose un peu les
mêmes questions que j'avais posées la
semaine dernière concernant le consentement du parent dans la transmission de
certains renseignements personnels de l'élève. Et là le Protecteur du
citoyen le mentionne, surtout lorsque les informations que le centre de services scolaire aurait reçu d'une autre instance
avec le consentement des parents, mais là soulève une problématique ou
une préoccupation en ce qui a trait à la transmission de ces mêmes
renseignements au ministère sans le consentement des parents.
Donc,
si on reprend ce deuxième paragraphe, dans le cas des élèves handicapés ou en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage HDAA, il est fort possible
que le centre de services scolaire ait en sa possession des renseignements
provenant de telles instances, telles que réseau de la santé et services
sociaux, qui les auront nécessairement remis au centre de services scolaire
avec le consentement des parents, ça, je le souligne, là, avec le consentement
des parents, à moins que les parents les
aient eux-mêmes transmis au centre de services scolaire. Et ça, c'est vraiment
une distinction qu'il faut garder à l'esprit parce que c'est une
distinction importante puis c'est une distinction que j'avais soulevée
moi-même.
«Je
m'interroge — là,
Protecteur du citoyen — à
la lecture des articles 24 et 54 du projet de loi, sur le caractère
systématique et obligatoire de la transmission qui y est prévue. Qu'en est-il
du consentement des parents»? Même question que j'avais posée au ministre. «Et
obligatoire de la transmission qui est prévue». «Même si ces documents sont pertinents pour l'organisation des services
éducatifs complémentaires, adaptation scolaire, il existe des situations dans lesquelles il pourrait être préférable pour
l'élève que certains renseignements ne soient pas transmis. C'est pourquoi
j'estime que les parents devraient avoir un droit de refus sur la transmission
des renseignements autres que les plans d'intervention et les évaluations
réalisées par les équipes-écoles.»
Donc, M. le ministre, compte tenu de la
préoccupation du Protecteur du citoyen, telle que détaillé dans son rapport,
vous répondez quoi au Protecteur du citoyen concernant sa préoccupation liée
aux articles 54... mais là on va commencer avec l'article 24?
M. Drainville : Bien, ce que je
vais répondre, Mme la Présidente, c'est qu'il faut penser à l'enfant, là. Ce
qu'on veut, ce dont... Celui ou celle à qui on pense, c'est cet enfant qui a
des services dans une école A, donc, et on ne
souhaite pas que ces services-là soient interrompus. Et donc on veut créer une
passerelle qui va permettre, donc, le transfert des informations afin
que l'on puisse continuer les services, je vais le dire comme ça, Mme la
Présidente, puis ce n'est pas toujours tout à fait possible, à cause de la
pénurie de main-d'oeuvre, notamment, mais je vais le dire comme ça, là, la règle générale qu'on souhaiterait
appliquer, c'est une poursuite des services, une continuité des services
aux élèves sans interruption malgré le déménagement. Parce que, dans le fond,
c'est la clause déménagement, ça.
Si on voulait
résumer, là, l'élève change d'école. Les parents déménagent ou un des parents
déménage. Et donc l'enfant change d'école. Et là, cet enfant-là a droit
à des services dans l'école A, et on veut s'assurer qu'il ait le plus possible
les mêmes services dans l'école B. Puis on ne veut pas qu'il tombe dans un...
tu sais, qu'il tombe, comme on le dit souvent, entre deux chaises, là, qu'il
tombe dans la... dans les craques du système, là.
Alors, je... C'est ça, ma priorité, Mme la
Présidente, là. Ça ne fait pas abstraction du reste bien entendu. Il faut
prendre en considération... Merci beaucoup. Il faut prendre en considération,
évidemment, toutes les dimensions de la
question. Mais ultimement, Mme la Présidente, qu'est-ce qu'on met au sommet,
là, de la pyramide, là? Qu'est-ce que... Dans la hiérarchie des valeurs,
là, qu'est-ce qui est en haut, là? Le point le plus important duquel découlent
toutes nos actions, c'est la réussite scolaire de l'élève. C'est ça qui est en
haut, là. C'est ça qui doit primer.
Et là, ce que l'on fait primer effectivement par
cette disposition-là, c'est la réussite de l'élève. Parce que, Mme la Présidente, disons-le franchement, là,
parfois, pour des raisons qui leur appartiennent, puis que je ne vais pas juger
aujourd'hui, mais parfois ça arrive que les
parents vont, pour des raisons x, y, z, refuser de donner le consentement, ou vont hésiter à donner le consentement, ou ils ont
un questionnement là-dessus. Peu importent les raisons, Mme la Présidente,
c'est arrivé par le passé, et donc nous, ce
que l'on dit, c'est qu'on veut s'assurer que les services soient offerts à
l'élève le plus rapidement possible à son arrivée à l'école. C'est pour
ça qu'on a cette disposition-là, Mme la Présidente.
• (10 h 10) •
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, M. le ministre. D'autres interventions?
Mme Garceau : Mais là, le
Protecteur du citoyen soulève un élément fort important qui est lié au droit
des parents, un droit de refus que les renseignements soient transmis, et ça,
c'est le Protecteur du citoyen qui le soulève, évidemment, l'enjeu de ce caractère-là systématique de transmission,
sans égard au consentement des parents de l'élève. Et moi, c'est là-dessus, là, que j'aimerais
réviser la disposition de l'article 24 parce que, d'après votre... d'après
votre réponse, c'est comme si vous preniez... vous mettiez à l'écart
complètement le droit d'un parent de consentir ou de refuser à la transmission. C'est comme si le ministère...
le ministre remplace le parent pour dire : Moi, pour la réussite scolaire,
c'est important qu'on ait la transmission des renseignements, puis peu importe
si le parent consent ou pas.
Puis je pense
que le protecteur soulève quand même un aspect qui est très important, une
question de droit aussi. Le droit d'un parent de refuser, ça fait partie de son
autorité parentale, qui n'est pas visée à l'article 24. Et le Protecteur
du citoyen qui a comme mission la protection
des droits des citoyens, et évidemment les parents, le soulève, M. le ministre,
que c'est une préoccupation parce que... et même fait une recommandation, dans
son rapport à la page 3 à ce sujet concernant les renseignements qui
devraient faire partie de cette transmission, si on peut dire, là, automatique
ou systématique. Puis je le cite : «Que les articles 24 et 54 du
projet de loi n° 23, qui introduisent respectivement les articles 209.0.1 de la Loi sur l'instruction
publique... soient modifiés pour y prévoir le droit, pour l'élève ou ses parents
s'il est mineur, de refuser la communication
de renseignements autres que les plans d'intervention, les évaluations réalisées
par les équipes-école». Le protecteur, évidemment, est là aussi pour... dans
l'intérêt... la protection des intérêts des enfants et des intérêts des
parents. Mais là, selon le libellé de l'article 24, on ne considère
d'aucune façon cet intérêt. Donc, je vous repose la question à ce sujet.
M. Drainville :
Oui. Ce qui se passe, Mme la Présidente, là, c'est que l'article 67 de
la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et de la protection des
renseignements personnels permet à un centre de services scolaire
de transmettre à un autre centre de services scolaire les renseignements
personnels sans le consentement des parents. On a vu ça. On en a discuté
abondamment au cours des semaines précédentes. Ce qui se passe présentement, Mme la Présidente, c'est que, puis ça, c'est
notamment la Fédération des centres de services scolaires qui nous le rapporte,
c'est que, même si la loi le permet,
même si l'article 67 le permet, il y a des centres de services scolaires
qui vont, pour des raisons x, y, z,
refuser de communiquer les renseignements lorsque l'élève change d'école ou en
tout cas vont être réticents à transmettre lesdits renseignements. Et
c'est pour ça que cette disposition-là a été introduite dans le projet de loi, Mme la Présidente. C'est pour s'assurer,
justement, qu'on puisse aller de l'avant avec le transfert d'information
sans délai pour faire en sorte qu'il y ait
le moins possible d'interruption de services aux élèves, en particulier aux
élèves à besoins particuliers. Bon.
L'autre chose qu'il
faut comprendre, Mme la Présidente, j'en étais un peu surpris, mais on me
confirme que c'est bel et bien le cas, au sens de l'article 67, les
établissements privés subventionnés sont considérés comme des organismes pouvant obtenir le transfert de
renseignements personnels sans le consentement des parents. Donc, c'est... Ils
sont... les établissements privés subventionnés sont considérés pratiquement
comme des organismes publics, sans doute à cause du financement public dont ils
bénéficient. Bon, par contre, si vous prenez la disposition qui est sous nos yeux, la disposition qui est sous nos yeux,
elle inclut également les établissements privés non subventionnés. Donc,
ce serait possible pour un élève de déménager... Le parent inscrit cet élève
dans une école privée non subventionnée, et cette disposition-là ferait en
sorte que ce serait possible pour l'organisme public, le centre de services
scolaire en l'occurrence, de transférer le
dossier de l'élève à cet organisme privé non subventionné, à cet établissement
privé non subventionné, toujours pour la même raison, Mme la Présidente,
pour s'assurer que l'élève bénéficie d'un maximum de services au moment où il
continue son parcours scolaire dans un nouvel établissement.
Alors,
évidemment, Mme la Présidente, si... Puis on a déjà eu cette discussion-là par
le passé, au cours des dernières semaines. L'objectif, toujours, c'est
d'éviter le gruyère, comme je l'ai appelé, donc de se retrouver dans une
situation où certains élèves se retrouveraient sans services ou avec une
interruption de services parce que l'information dont nous avons besoin pour poursuivre la prestation de services, par exemple
un élève qui a besoin, je ne sais pas, moi, de service d'orthopédagogie,
bon, bien, on veut qu'il commence l'école en ayant accès aux services
d'orthopédagogie, celui-là même... le même service qui lui était offert dans
l'école A. Alors, on souhaite que ça se poursuive dans la nouvelle école. Et puis là on ne veut pas, Mme la
Présidente, se retrouver dans une situation où, parce que le parent a
dit : Non, non, non, moi, les histoires de consentement, là, je ne
signe pas ça, moi, les histoires de consentement, ou peu importe la raison, bien, que l'enfant se trouve
pénalisé. C'est essentiellement le but de la disposition, Mme la Présidente,
on ne veut pas se retrouver dans un régime
qui pénalise certains élèves parce que, pour une raison ou pour une autre, le parent
a refusé de consentir, même si la loi no° 67 permet ce transfert-là sans
consentement.
Moi, ce que je
comprends, c'est que, malgré la disposition de 67, il y a des écoles ou des
centres de services scolaires qui vont dire : Écoute, là. Moi, là, je ne
suis pas à l'aise de transférer le dossier de l'élève. Je sais que tu me dis
qu'en vertu de 67, je pourrais, mais moi, je ne suis pas à l'aise, et qui se
tournent vers les parents et qu'ils disent : Êtes-vous d'accord pour qu'on
transfère le dossier de l'élève à la nouvelle école de votre enfant? Et ce qui
nous est rapporté, Mme la Présidente, c'est qu'il a des parents qui, effectivement,
refusent de donner leur consentement. Et là je ne vous parle pas... mais,
enfin, je vous en ai parlé il y a un instant, mais ça s'ajoute au phénomène des
centres de services scolaires qui ne vont même pas se rendre jusqu'aux parents,
qui vont dire : Regarde, moi, là, je ne suis pas à l'aise de transférer les dossiers, là, je sais que tu me dis que la loi
le permet, là, tu me parles de 67, Loi d'accès, etc., mais moi, je ne
suis pas à l'aise, ça fait que, non, je ne te le transfère pas.
• (10 h 20) •
Dans certains cas,
ces centres de services scolaires, si je comprends l'espèce de logique des
événements, vont dire : Regarde, je ne suis pas à l'aise, mais je vais
demander au parent, puis si le parent me dédouane, là, je vais te les envoyer. Mais dans certains cas, d'après ce qui
nous est rapporté, notamment par la Fédération des centres de services
scolaires du Québec, c'est qu'il y a des parents qui vont dire non. Et là, Mme
la Présidente, pour quelles raisons? Je pense
qu'on n'a pas besoin d'aller dans ce niveau de détail, là, mais le résultat, on
le connaît, par contre. Le résultat, c'est que tu as des élèves qui devraient
pouvoir continuer à avoir accès à des services qui, malheureusement, n'y ont
pas accès parce qu'il faut recommencer le processus, il faut recommencer
à démontrer la nécessité d'un service particulier, etc. Qui est ce nouvel
élève? Ah oui? Quels sont ses besoins? Est-ce qu'on peut voir son dossier? Non,
on n'a pas son dossier. Bon, O.K., alors il
faut se réunir, il faut se donner un plan d'intervention, etc. Ça peut prendre
beaucoup de temps. Alors, on veut éviter ça.
Mme Garceau : Parce que, M. le
ministre, avec respect, vous voulez éviter... C'est parce que, là, vous êtes en
train de soulever quelque chose qu'il est quand même important de dire. On ne
tient pas compte du consentement. On ne
tient pas compte d'une décision d'un parent en vertu de l'article 24, le
consentement ou le refus, ou surtout le refus d'un parent de transmettre
des renseignements concernant son enfant. Pourquoi est-ce que le ministre se
donne, si je peux le dire ainsi, plus de pouvoir décisionnel concernant un
enfant qu'un parent? Moi, c'est ça que je trouve quand même assez préoccupant.
Puis surtout lorsque je regarde la recommandation du Protecteur du citoyen.
C'est quand même important comme recommandation parce qu'il a vraiment ciblé
l'enjeu qui est important dans la transmission de renseignements parce que lui,
il dit : Bon, bien des renseignements comme nécessaires, là, plan
d'intervention, les évaluations réalisées
par les équipes-école, mais, à part de ces renseignements-là, est-ce qu'un
parent n'a pas un mot à dire concernant les renseignements qui vont être
transmis ou transférés d'un centre à l'autre? Il me semble qu'un parent a un droit décisionnel concernant certains
renseignements, et surtout ça fait partie également des préoccupations du protecteur liées aux besoins particuliers d'un
enfant que, peut-être, si je reprends mon scénario de Samuel de l'autre fois,
que peut-être Samuel avait besoin de certains services en orthopédagogie ou
autres, peut-être en première, deuxième année, mais là il est rendu en cinquième année, et là il
veut faire un transfert en sixième année. Il n'a plus de problème. Est-ce que
ça veut dire que, maintenant, en vertu de l'article 24, les renseignements
concernant sa première et deuxième année, ça va être pertinent
maintenant pour le transfert?
Il est là le problème
que le Protecteur du citoyen soulève dans l'actualité des données. Ce n'est pas
tous les renseignements d'un élève qui seront considérés comme étant
nécessaires ou pertinents au niveau de la transmission à l'autre centre de
services scolaire. Il me semble qu'un parent a le droit, a le droit, lorsqu'il
y a un changement dans un autre établissement, que peut-être ces éléments-là de
première, deuxième année, ils ne veulent pas nécessairement que le nouvel
établissement soit informé. Puis c'est dans leur droit aussi que ça ne soit pas
transmis si le parent ne veut pas. Il me semble que son autorité parentale,
avec respect, prime sur, si je peux dire, un pouvoir décisionnel du ministre en
fonction de l'article 24 qui ferait en sorte qu'on ne tient pas compte du
tout du consentement d'un parent dans la transmission de renseignements liés à
son enfant.
Il me semble qu'il y
a préjudice. Là-dessus, je m'excuse, là, mais il y a quelque chose. Ça ne
fonctionne pas. Je ne peux pas croire que
les parents qui nous écoutent vont dire : Ah oui! Aucun problème, c'est le
ministre qui décide, puis nous, on
n'a rien à dire concernant notre enfant. Ça me surprendrait énormément. Et on a
le Protecteur du citoyen, qui a les intérêts et les droits des enfants
et des parents à coeur, qui le soulève.
Donc, il me semble
qu'on a un devoir, ici, une responsabilité de réviser l'article 24, puis
peut-être un peu plus tard 54, puis de reconsidérer cette disposition afin de
pouvoir intégrer un droit de refus d'un parent. Puis je peux vous proposer, si
vous voulez, M. le ministre, un amendement à cet article.
M. Drainville :
Bien, Mme la Présidente, juste avant, peut-être, si la députée de
Robert-Baldwin le permet, avant qu'on
s'arrête pour votre amendement, moi, je veux juste dire, Mme la Présidente, je
ne me donne pas de nouveaux pouvoirs, là. Je ne donne pas au ministre de
l'Éducation de nouveaux pouvoirs, là. L'article 67, il s'applique, Mme la Présidente. Le transfert de renseignements
personnels d'un organisme public à un autre est valable, permet ce transfert de
renseignements personnels sans le consentement des parents, là.
Mme Garceau :
Mais il y a l'article 64.
M. Drainville :
La raison pour laquelle on a souhaité introduire cette disposition-là,
c'est pour clarifier la situation et faire en sorte que des refus ne nous
empêchent pas de continuer à donner les services aux élèves.
Et j'attire
l'attention, Mme la Présidente... Parce que la députée appuie sa position sur
l'intervention du Protecteur du citoyen, qu'évidemment nous respectons
grandement, mais j'attire son attention sur la position de la Fédération des
comités de parents du Québec, là, qui est l'organisme qui compte la plus forte
représentation chez les parents du Québec, Mme Payne en est la directrice
générale, Mme Corinne Payne, et Mme Mélanie Laviolette en est la
nouvelle présidente, et je vous rappelle que, dans le mémoire que la Fédération
des comités de parents, Fédération des comités de parents, dans ce mémoire, on
dit ceci : «L'article 24 du projet de loi prévoit l'insertion dans la
LIP de l'article 209.0.1, lequel crée
une obligation pour un centre de services scolaire informé du transfert d'un de
ses élèves dans un autre centre de services scolaire, de communiquer à
ce dernier, dans les plus brefs délais, les renseignements nécessaires à
l'organisation et à la prestation des services éducatifs.» Les comités de
parents sont favorables à cette mesure à 88 %, Mme la Présidente. Ça,
c'est la réponse des comités de parents à la consultation de leur fédération.
Êtes-vous favorable à ce que le centre de services doive transmettre les
renseignements concernant un de ses élèves au
centre de services ou à l'établissement privé auquel cet élève est transféré ou
admis? 88 % sont favorables, Mme la Présidente. Ils sont favorables
parce qu'ils y voient le bénéfice pour les enfants. Et là ce sont les parents
qui parlent, Mme la Présidente. Alors, je pense que c'est quand même une
considération importante à garder à l'esprit.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci, M. le ministre. D'autres interventions?
• (10 h 30) •
Mme Garceau : Je comprends qu'il y a la
question telle que mentionnée au niveau de la position des comités de parents,
mais c'est sûr que le Protecteur du citoyen a un autre mandat, une autre
mission. Et ça, c'est la protection de tous.
Et c'est... Je ne pense pas qu'on puisse écarter les recommandations du
Protecteur du citoyen qui, je n'en doute pas, est très aussi conscient
des dispositions législatives concernant la loi sur l'accès.
Et
je vais rappeler au ministre qu'il y a toujours l'article... Je comprends
l'article 67, mais, l'article 64, on ne peut pas l'écarter non plus,
concernant ou... oui, lorsqu'on parle de la transmission de renseignements
concernant un mineur. Là, il y aurait
la nécessité d'obtenir le consentement d'un parent. Donc, on ne peut pas
l'écarter cet article 64 qui est très précis.
Donc, je demanderais,
Mme la Présidente, de suspendre parce que j'ai une proposition, là,
d'amendement.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci, Mme la députée.
Donc, je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
10 h 31)
(Reprise à 10 h 48)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, nous avons reçu l'amendement
proposé par la députée de Robert-Baldwin. Mme la députée, je vous laisse en
faire la lecture.
Mme Garceau :
Merci, Mme la Présidente. Donc, l'article 24 du projet de loi est modifié
par l'ajout, à la fin de l'article, de l'alinéa suivant :
«Un élève ou ses parents, s'il est mineur, peut
refuser la communication de renseignements autres que les plans d'intervention
et les évaluations réalisées par les équipes-écoles.»
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
pour cette lecture. Des commentaires, interventions?
M. Drainville : Oui, s'il vous
plaît, Mme la Présidente. Alors, nous avons un désaccord avec l'opposition sur cet amendement-là, Mme la Présidente, parce que la
question qui se pose quand vous lisez l'amendement, évidemment, c'est : Quels sont les autres renseignements
qui pourraient venir aider l'équipe-école, donc, qui accueille l'élève et qui
ne seraient pas transférés, ne seraient pas communiqués? Parce que, là, on
dit : On va permettre la communication, mais
seulement des renseignements qui concernent les plans d'intervention et les
évaluations réalisés par les équipes-écoles, mais le reste, ça pourrait
ne pas être transféré, ça pourrait ne pas être transmis parce que le parent
l'aurait refusé.
Bien, Mme la Présidente, je vous donne un
exemple. Un enfant qui est victime d'intimidation à l'école, ça ne va pas
nécessairement faire partie du plan d'intervention, ça, ça ne va pas
nécessairement faire partie non plus des évaluations réalisées par les
équipes-écoles. Si cette évaluation ou ce plan d'intervention ne porte que sur
les services éducatifs complémentaires, il n'y aura pas nécessairement cette
information. Il me semble, Mme la Présidente, que c'est important pour l'école qui accueille l'enfant de savoir que cet
enfant-là, pour une raison x, y, z, subit de l'intimidation. Je pense
que ça pourrait être important que l'équipe-école, la nouvelle équipe-école, le
sache.
• (10 h 50) •
L'autre chose aussi qui est un petit peu
implicite dans l'amendement, Mme la Présidente, mettez-vous à la place de
l'enseignant ou de l'enseignante qui s'est occupé de cet enfant-là, là, pendant
toute une année scolaire, là. Cette enseignante-là, là, elle s'est attachée,
hein? Les enseignantes, là, elles s'attachent à leurs enfants, à leurs élèves. Bon, elle s'est attachée à cet élève-là. Elle en a
pris soin avec, sans doute, dans certains cas, des professionnels de l'école
ou une technicienne d'éducation spécialisée, peut-être une éducatrice en
services de garde, on ne le sait pas. Et là arrive
la fin de l'année scolaire. Cette enseignante-là apprend que son élève va
quitter l'école et se dit : Moi, là, je veux vraiment, là, que
Charles, là, ou Juliette, là, je veux vraiment, là, que la prochaine
enseignante qui va l'avoir, là, je veux vraiment, là, qu'elle s'en occupe comme
moi, je m'en suis occupée, là, puis je ne veux vraiment pas, là, qu'on l'échappe, là, parce qu'on a bien progressé
pendant l'année scolaire, là, elle a connu une belle progression, là, puis je
ne veux pas qu'elle tombe dans une espèce de craque du système où ça va
prendre deux, puis trois, puis quatre mois dans la nouvelle école avant qu'elle
puisse avoir l'accès aux services parce qu'il va falloir recommencer
l'évaluation, parce que le dossier n'a pas suivi, bon.
Et là, dans
le fond, ce que dit la... ce que dit l'amendement, Mme la Présidente,
c'est : Toi, l'enseignante, là, qui veut transférer, dans le fond,
mettons, la boîte, là, qui contient l'évaluation puis les autres informations,
le contexte lié à cet enfant-là, qui ne se limite pas nécessairement
juste à l'évaluation ou juste au plan d'intervention, là, mais il y a des... il
y a d'autres informations qui sont pertinentes pour comprendre la situation que
vit cet enfant-là, mettons que cet enfant-là
vit de l'intimidation, bien, cette enseignante-là, dans le fond, se fait dire
par l'amendement : Sais-tu quoi, même si tu veux transférer
l'ensemble du dossier pour t'assurer que les services continuent, là, puis pour
t'assurer que ta collègue dans l'autre école
ait le portrait complet, là, même si toi, tu veux le faire, là, on ne te
permettra pas de le faire, à moins que le parent y consente.
C'est comme si, dans le fond, on disait à
l'enseignante du point a : Ce n'est pas toi qui es la mieux placée, là,
pour comprendre ce dont l'enfant a besoin comme services à l'école puis tout ce
qui l'entoure. Puis c'est comme si on disait aussi à l'enseignante du point
b : Tu n'as pas besoin de tout savoir, tu n'as pas besoin de pouvoir
recueillir le travail de ta collègue de l'école a. On va se donner le droit,
nous autres, de piger, là, dans la boîte, là, puis de retirer des
renseignements qui pourraient effectivement t'aider, toi, l'enseignante qui va
accueillir cet enfant-là, on se donne le
droit d'en enlever, des éléments d'information, là. Pourquoi, Mme la Présidente? Cet enfant-là, il a eu droit à des services. Il y a un personnel scolaire, une équipe-école qui en a
pris soin. Et là tout ce qu'on dit, Mme la Présidente, c'est que la
nouvelle équipe-école qui va s'en occuper puisse partir du même point, avec la
même connaissance du dossier. Mme la Présidente, qu'est-ce qui est en haut de
la pyramide, là, c'est quoi qui est en haut, c'est quoi qui est en haut?
Besoins de l'élève, réussite de l'élève, c'est ça qui est en haut, Mme la
Présidente. Tout doit tendre vers ça. Il ne faut jamais l'oublier.
Alors, il y a d'autres considérations qui sont
très importantes, Mme la Présidente, je ne le nie pas, mais, dans ce cas-ci, on
a des témoignages qui nous ont été transmis par des personnes qui travaillent
dans le réseau scolaire. Et, visiblement, la Fédération des comités de parents
du Québec connaît cette situation-là, Mme la Présidente.
Là, je vois, là, la fédération québécoise des
directions d'école, la FQDE, là — c'est M. Nicolas Prévost, ça,
n'est-ce pas? — bien,
«la FQDE trouve tout à fait pertinent l'ajout du nouvel article 209.0.1 à
la Loi sur l'instruction publique,
concernant la rapidité de transmission des renseignements des élèves d'un
centre de services à l'autre lors d'un changement de fréquentation. Cette
transmission de dossiers et d'information nécessaires à l'organisation et à la
prestation des services éducatifs de
l'élève est une obligation qui existe, mais qui devrait déjà être respectée.
Cependant, l'article vient mettre l'emphase sur la rapidité de la transmission
entre les centres de services car, pour certains élèves, chaque jour
compte dans la prise en charge de leurs besoins particuliers.» C'est les
directions d'école qui nous le disent, Mme la Présidente, dans le mémoire
qu'ils ont déposé sur le projet de loi n° 23.
CSN, qui
représente beaucoup, beaucoup de personnes qui travaillent en soutien, ils sont
très présents dans le... chez le personnel de soutien, la CSN :
«Nous sommes favorables aux articles 24 et 54, qui prévoient, lorsqu'un
élève change d'école, un transfert de renseignements
concernant cet élève, qui sont nécessaires à l'organisation et à la prestation des services éducatifs. Nous pensons
que cela pourra assurer une meilleure transition et une planification des
services qui lui seront offerts.»
Alors, Mme la
Présidente, je comprends l'objectif de l'opposition puis, encore une fois, je
respecte l'intention, mais, comme ça
arrive parfois, Mme la Présidente, nous avons un désaccord. Ça arrive, hein,
Mme la députée de Robert-Baldwin?
Mme Garceau : Ça arrive de temps en
temps.
M. Drainville : De temps en temps.
Mme
Garceau : J'aime mieux quand ça n'arrive pas, par exemple,
mais, ceci étant dit, permettez-moi, regardons ensemble la dernière partie de
l'amendement. On parle... «que les plans d'intervention et les évaluations
réalisés par les équipes-écoles...»
«Un élève ou ses parents, s'il est mineur, peut refuser la communication des
renseignements autres que». Donc, «autres que», c'est déjà prévu que,
oui, il va y avoir transmission, l'obligation automatique de transmettre les évaluations réalisées par les écoles, par les
équipes-écoles. L'enjeu n'est pas là. L'enjeu, c'est de conserver, dans cette
transmission systématique de renseignements, le droit d'un parent de refuser,
qui est soulevé par le Protecteur du citoyen, et c'est quand même important
comme recommandation.
Et je
reviens... Je vous donne un autre exemple, M. le ministre, pour, si je peux
dire, bonifier la raison d'être de cet amendement. À titre d'exemple, un
élève très jeune, première année, deuxième année, où il y a des tentatives... son père a tenté de se suicider à la maison, donc
il y a des troubles à la maison, peut-être avec une séparation, et tout ça. Donc, c'est sûr que, lorsque l'élève retourne à
l'école... peut-être des problèmes de comportement, mais il rencontre une
travailleuse sociale, et, après un certain temps, quelques mois
d'interventions, le petit Samuel va très bien, et là on est rendus... il n'y a pas eu d'autre intervention, puis ça va bien à
l'école, des bonnes notes, il s'adonne très bien avec ses élèves... avec ses copains. Là, on est rendus à un
changement d'établissement scolaire pour sa sixième année. Peut-être qu'il y a un déménagement des parents, peut-être
qu'il y a eu un divorce, une séparation, puis là l'enfant, il a une mère
qui a la garde exclusive, là, on le voit souvent, et donc c'est dans le
district d'où la mère habite avec l'enfant, donc, automatiquement il y a un
changement d'établissement scolaire. Et là, d'après le libellé de l'article en
ce moment, tous les renseignements qu'il y a
dans le dossier de cet enfant-là seraient transmis à l'autre établissement
d'enseignement ou l'autre centre de services scolaire.
• (11 heures) •
Est-ce que
c'est pertinent? Est-ce que c'est nécessaire pour... au niveau de
l'organisation et la prestation des services éducatifs? D'après moi, non. Est-ce qu'un parent n'aurait pas le
droit... un droit d'exercer un refus que... Vous savez, ça, c'est dans
le passé. Il n'y a pas eu d'autre incident. Il n'y a pas eu d'autre
intervention. Et je ne veux pas que, dans ce nouvel établissement de
renseignements... que ce dossier-là va suivre mon enfant. C'est un
renseignement aussi privé, de nature privée, puis il me semble qu'un parent a
le droit de dire... Oui, il va y avoir des circonstances... Il va y avoir des circonstances, M. le ministre, où le
parent va dire oui à la transmission de renseignements, mais il va y en avoir
d'autres, circonstances où le parent va dire non, va refuser. Il me semble que
nous ne pouvons pas écarter ce droit fondamental, prévu dans la loi, de
l'autorité parentale, de prendre des décisions pour son enfant, et dans la
protection de son enfant aussi, de ne pas
avoir ces informations-là qui sont hautement personnelles, privées, que ça soit
transmis et, par la suite, ça soit
transmis plus tard également, là, ça suit l'enfant. À un moment donné, il me
semble qu'un parent a le droit de dire : Non, à ce stade-ci, là,
j'ai le droit de refuser, puis ce n'est pas nécessaire.
Et, avec égards, je ne pense pas que le ministre
peut remplacer ou se porter garant du pouvoir décisionnel d'un parent à l'égard
de son enfant. Il y a une limite, là. Il y a une limite, là, en haut. Comme
vous avez dit, là, il y a une limite à... en
haut, d'après moi, et probablement d'après beaucoup de parents. À un moment
donné, vous ne pouvez pas... ce n'est pas à vous d'avoir le pouvoir
décisionnel sur tout, tout renseignement concernant un élève qui va être
transmis. Il y a une limite à ce pouvoir-là, et, je crois, dans certaines
circonstances, oui, un parent a un droit de refus.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. D'autres interventions?
M. Drainville : Oui, Mme la Présidente,
comment dire, j'attire l'attention de la députée de Robert-Baldwin sur la disposition,
là, à la toute fin, là, quand on voit, là, «les renseignements qui concernent
cet élève et qui sont nécessaires à l'organisation et à la prestation de
services éducatifs». «Qui sont nécessaires». Si les renseignements demandés ne
sont pas nécessaires à l'organisation et à la prestation des services
éducatifs, ils ne seront pas transmis. Donc,
si le centre de services juge que cette tentative de suicide, par exemple, date
de plusieurs années, bien, la communication de cette information-là ne
sera pas nécessaire et donc elle ne sera pas... elle n'aura pas lieu, Mme la
Présidente.
On va revenir au test de nécessité, là. Donc,
d'après moi, Mme la Présidente, le cas que soulève la députée, c'est un cas
pertinent, ça arrive évidemment, malheureusement, ça arrive, les histoires
comme celle qu'elle nous a... qu'elle a porté à notre attention, mais je pense
que la disposition permet justement l'exercice d'une discrétion qui va faire en
sorte que l'information qui sera transmise sera l'information qui est
nécessaire à la prestation des services, donc
à la continuité des services, à la poursuite des services. Mais si
l'information n'est pas nécessaire soit à la prestation des services ou
à l'organisation des services, à ce moment-là, ça ne passera pas le test de
nécessité. Donc, moi, je... Mme la Présidente, je comprends... je comprends les
objections de la députée à la disposition à l'article 24 que nous
proposons, mais je pense que le libellé, tel qu'il est présenté ici, nous
permet justement d'exercer ce bon jugement.
La
Présidente (Mme Dionne) :
Merci, M. le ministre. D'autres
interventions?
Mme Garceau :
Donc, laissez-moi, en ce moment,
vous référer à la page... toujours à la page 3 du rapport du Protecteur du citoyen, exactement sur ce point-là de nécessité et de la
façon... la perception de juger ce qui est nécessaire ou pas, et je le
cite : «Dans la mise en oeuvre des nouvelles façons de faire, il serait
pertinent que la transmission des renseignements, quels qu'ils soient, tiennent
compte du passage du temps et de la possibilité que la situation de l'élève ait évolué et que ses besoins diffèrent ou
disparaissent au fil des années scolaires. Le Protecteur du citoyen est d'avis que la transmission des informations
devrait se limiter à celles qui sont encore d'actualité — puis
ça, là, je le mets en caractères gras, d'actualité, mot clé. En effet, dans
le cadre de ses échanges avec les organismes du milieu scolaire pendant son
enquête, le Protecteur du citoyen a constaté, d'une part, que tous les
intervenants scolaires —
et j'attire votre attention, M. le ministre,
à cet aspect du passage — n'avaient
pas la même perception de ce qui est nécessaire au suivi d'un élève et,
d'autre part, que les plans d'intervention n'étaient pas toujours mis à jour».
Ce passage pour moi
est hautement pertinent et répond à ma préoccupation que j'avais concernant le
libellé actuel de l'article 24 et aussi
toute cette question de l'évaluation, finalement, du critère de nécessité, et
qui, même... ouvrir une parenthèse
à est-ce qu'on va avoir des critères qu'on va émettre aux centres de
services scolaires, aux établissements pour déterminer si un
renseignement ou non est nécessaire, ou est-ce qu'on va laisser ça à la
discrétion des 72 centres de services scolaires qui fait en sorte que,
d'un établissement à l'autre, ça pourrait être différent.
Puis, il me semble,
l'objectif de la loi, c'est d'uniformiser, dans un certain sens, centraliser,
mais ça, ça vaut aussi pour l'évaluation du critère de nécessité, surtout dans
la transmission des renseignements d'un établissement à l'autre. Et, pour moi,
ce passage et cet... ce passage du rapport est hautement pertinent et est lié à
mon amendement. Puis on pourrait revoir aussi, si vous le souhaitez... ajouter
le mot «d'actualité». Je ne sais pas si ce serait le bon mot à utiliser, là,
pour inclure ou intégrer dans l'article, à l'article 24.
Mais
on ne peut pas écarter ce commentaire-là, qui est hautement pertinent, du Protecteur du citoyen, parce que ça va vraiment au coeur de
l'enjeu, de tout cet aspect de la transmission de renseignements d'un élève qui
seraient nécessaires à l'organisation et à la prestation des services
éducatifs. Ce n'est pas tous les renseignements qui vont être nécessaires. Comment
est-ce qu'on va évaluer, d'un établissement à l'autre, le critère de nécessité?
• (11 h 10) •
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, Mme la députée. D'autres interventions?
M.
Drainville : Bien oui, Mme la Présidente, c'est sûr. Mme la Présidente,
la députée vient de plaider ce que j'ai plaidé juste avant. On est d'accord,
Mme la Présidente, on est d'accord sur le fait que la transmission des
informations devrait se limiter à celles qui sont encore d'actualité. C'est
précisément ce que j'ai plaidé juste avant, Mme
la Présidente, quand j'ai dit que le critère de nécessité ferait en sorte
qu'une information qui n'est plus d'actualité et qui n'est pas
nécessaire, donc, à l'organisation des services ou à la prestation des services
éducatifs ne serait pas transmise. C'est
exactement ce que dit l'article, Mme la Présidente. Donc, je ne peux que
concourir à la logique exposée par la députée, Mme la Présidente.
Mme Garceau :
Je ne vois pas, M. le ministre,
où vous trouvez le mot «actualité» ou «d'actualité» dans l'article 24.
M.
Drainville : Bien, dans l'avis que vous avez cité, là, vous avez cité
le Protecteur du citoyen. Bon, bien, l'actualité, ça relève du critère de
nécessité, ça. Si ce n'est plus actuel, ce n'est plus nécessaire, et donc
l'information ne sera pas transmise. Le critère de nécessité couvre déjà des...
comment dire, des conditions, si on peut dire, ou des éléments descriptifs
comme celui de l'actualité, là. Si ce n'est pas actuel, si ce n'est pas
d'actualité, si ce n'est pas nécessaire, ce ne sera pas transmis, Mme la
Présidente.
Mme Garceau :
Donc, peut-être que qu'est-ce qui manque dans l'article, ce serait le mot
«d'actualité», pour cibler qu'est-ce qui est nécessaire.
M. Drainville :
Oui, mais, Mme la Présidente,
moi, je pense que le libellé, actuellement, nous donne un cadre, avec des
balises suffisamment exigeantes pour éviter toute exagération. Et donc je
pense, Mme la Présidente, qu'on peut... avec le libellé que nous avons
présentement, je pense qu'on peut dire qu'on trace un cadre qui va permettre l'échange de renseignements personnels, si
certaines conditions sont respectées, et je ne sens pas, Mme la Présidente, le
besoin d'en rajouter. Je préfère faire
confiance aux personnes qui sont avec l'enfant, qui travaillent auprès de
l'enfant et qui vont être en mesure de déterminer si une information
doit être transmise parce qu'elle est nécessaire à l'organisation et à la prestation des services éducatifs. Faisons
confiance, Mme la Présidente, aux personnes qui travaillent auprès des enfants. Je ne comprends pas, Mme la Présidente,
pourquoi on souhaiterait voter une disposition qui, dans les faits, va limiter
la capacité d'évaluation et d'action du personnel scolaire qui travaille auprès
de l'enfant.
Puis évidemment, Mme
la Présidente, dans l'application de cet article-là, il y aura des travaux qui
seront faits par la Fédération des centres de services scolaires, laquelle
fédération nous a témoigné de la nécessité dudit article. Et visiblement elle n'est pas la seule à en voir
la pertinence, là, je vous ai cité quelques groupes qui ont appuyé ou qui
appuient cette disposition-là.
Alors,
il y aura, Mme la Présidente, dans le cadre de l'opérationnalisation de
l'article 24, de la mise en vigueur terrain, si je peux dire, de l'article 24, il y aura bien entendu
des outils qui seront donnés aux centres de services pour leur
permettre, justement, de bien baliser ces demandes-là et de bien baliser la
communication des renseignements. On ne veut pas, Mme la Présidente, limiter
indûment le sens du critère nécessaire ou du critère test de nécessité.
Moi, je vais vous le dire franchement,
Mme la Présidente, je n'ai pas le goût qu'un enfant manque de services
ou n'ait pas les... tous les services auxquels il a droit, auxquels elle a
droit parce qu'on n'a pas transféré l'ensemble du dossier qui était pertinent à
sa situation. Ce serait très dommage que ce soit le cas.
Alors,
je trouve, Mme la Présidente, encore une fois, que la disposition que nous
avons sous les yeux, elle est bien équilibrée.
Il y a transfert, mais il y a transfert d'une information qui est nécessaire
pour l'élève, si on veut résumer, là, c'est comme ça. Et je n'ai pas le
goût de commencer à enlever de cette disposition-là certains éléments ou les
rendre, comment dire, facultatifs
dépendamment des circonstances, alors que c'est l'enfant qui pourrait
ultimement payer pour ça et vivre avec les conséquences de ça.
Donc,
je pense que nous avons effectivement un petit désaccord, Mme la Présidente,
Mme la députée de Robert-Baldwin et moi. Mais je l'apprécie quand même, Mme la
Présidente, là, ce n'est pas ça du tout, l'enjeu, mais... hein, ce n'est
pas ça du tout, l'enjeu, mais malheureusement, là-dessus, on ne s'entend pas.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Oui, Mme la députée.
Mme Garceau :
Confiance — je
reprends vos paroles, M. le ministre — confiance
aux personnes qui travaillent auprès des enfants, mais qu'en est-il de
confiance aux recommandations du Protecteur du citoyen et confiance aux parents, confiance aux parents, qui, il me semble,
dans certaines situations, devraient avoir un droit de refus, qui n'est pas
prévu du tout dans cet article. Et on le mentionne, qu'est-ce qui est
pertinent, on le mentionne : les renseignements, les plans d'intervention, les évaluations réalisées par les
équipes-écoles. Au niveau de la continuité, là, c'est prévu. Ce sont des
renseignements nécessaires. Donc, vos préoccupations liées à cette continuité
de services pour l'élève, on ne l'enlève pas, on l'a prévu. C'est les autres
renseignements, et ce dont le Protecteur du citoyen soulève comme étant préoccupant, qui ne seraient pas nécessaires. Et donc,
pour ces autres renseignements-là, il faudrait le limiter à un droit de refus et d'actualité. C'est un petit peu ça,
l'idée derrière les recommandations du Protecteur
du citoyen. Ce n'est pas de
laisser ce libellé de renseignements, l'étendue des renseignements avec
cette... Le concept de nécessité est très vaste.
Et,
compte tenu que des renseignements peuvent être hautement personnels et qu'un
parent ne veut pas nécessairement que cette information-là ou les
renseignements suivent l'élève tout au long de son cheminement scolaire... Et même qu'il pourrait se retrouver
dans les dossiers, là, au cégep. Parce qu'un renseignement qui est dans le
dossier de première, deuxième année, changement d'établissement en cinquième,
sixième année, puis là, bien, plus tard, parce que ce renseignement-là suit l'élève, bien, quand on fait des
demandes au cégep, bien, tout d'un coup, les renseignements suivent
aussi l'élève.
À un moment donné, il
me semble que c'est hautement préjudiciable. Il y a des droits d'enfants qu'on
est en train de brimer, là, dans ce système
de transmission automatique de renseignements. À un moment donné, il y a une
limite, puis il me semble qu'il
faudrait encadrer cette limite pour sauvegarder le bien-être, les droits des
enfants puis le droit d'un parent de refuser dans le cadre de
l'article 24.
• (11 h 20) •
M. Drainville :
Bien, Mme la Présidente,
j'entends ce que la députée plaide, mais, comme je l'ai dit plus tôt, nous avons
un désaccord. Ce n'est pas plus grave que ça, mais on ne va pas appuyer son
amendement.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Donc, Mme la députée, il vous reste cinq minutes pour
cet amendement.
Mme Garceau :
Bien, peut-être, pour l'amendement, on pourrait faire un vote nominal, s'il
vous plaît.
La Présidente (Mme
Dionne) : S'il n'y a pas d'autre intervention, nous pouvons procéder
au vote par appel nominal. Mme la secrétaire.
La
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Garceau
(Robert-Baldwin)?
Mme Garceau :
Pour.
La
Secrétaire : M. Drainville (Lévis)?
M.
Drainville : Contre.
La
Secrétaire : Mme Tremblay (Hull)?
Mme
Tremblay : Contre.
La
Secrétaire : Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La
Secrétaire : M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La
Secrétaire : M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
La
Secrétaire : Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La
Secrétaire : Et Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
La Présidente (Mme Dionne) : Abstention.
Alors, cet amendement est rejeté. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
ou commentaires concernant l'article 24?
Mme Garceau :
Est-ce que vous seriez ouverts à une autre proposition dans le libellé de
l'article 24 pour intégrer la demande du Protecteur du citoyen concernant
les renseignements d'actualité?
M.
Drainville : ...prendre deux secondes pour y réfléchir, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme
Dionne) : Certainement. La commission suspend ses travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à
11 h 23)
(Reprise à 11 h 27)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, M. le ministre, je vous
cède la parole.
M. Drainville :
Oui. Bien, écoutez, Mme la
Présidente, je... Après réflexion, là, courte réflexion, parce qu'honnêtement
on considère que les raisons que nous avons évoquées sont les bonnes, et on
doit faire confiance à l'équipe-école qui travaille avec l'enfant, qui est la
plus à même, l'équipe-école, est la plus à même de déterminer les besoins de cet enfant-là. Et, à l'intérieur d'un
cadre législatif qui impose cette démonstration de nécessité, nous croyons
que nous avons là le bon équilibre,
c'est-à-dire la transmission de l'information, à l'intérieur de ce critère de
nécessité, qui va, nécessairement, Mme la Présidente, amener les
personnes qui sont engagées auprès de l'élève à faire une évaluation. Puis on
leur fait confiance, Mme la Présidente, on fait confiance aux personnes qui
travaillent auprès de l'élève. Elles devront
appliquer la loi, elles ne pourront pas transmettre n'importe quoi, n'importe
comment. Il va falloir qu'il y ait
une évaluation. Elles vont exercer leur jugement pour le bien de l'enfant à
l'intérieur des critères de nécessité qui lui sont... enfin, qu'elle
devra respecter. Et donc, Mme la Présidente, je pense que nous avons le bon
équilibre.
Mme
la Présidente, ce n'est pas à nous, depuis la salle Pauline-Marois, de
commencer à dire à telle enseignante ou à telle professionnelle qui a
travaillé auprès de cet enfant-là : Là, là, il y a des renseignements
qu'on te retire d'emblée, là, que tu ne pourras pas, là, transmettre, à moins
d'obtenir une permission.
Mme
la Présidente, moi, je préfère qu'on vive à l'intérieur d'un régime qui
dit : Je te fais confiance pour déterminer ce qui est bon pour
l'enfant à l'intérieur, bien entendu, de certaines balises — il
faut que ce soit nécessaire — mais, une fois que tu es convaincue que
c'est nécessaire puis une fois que tu as demandé conseil, puis on t'a
dit : Oui, ton évaluation est bonne,
c'est effectivement nécessaire, bien, je pense que l'information doit être
transmise, parce qu'on ne veut pas, justement, que l'enfant vive avec
une période pendant laquelle il ou elle pourrait se retrouver sans services et
donc possiblement vivre une régression, connaître une régression, puis être
obligé, dans le fond, après un certain nombre
de semaines ou de mois, de recommencer, puis là on a perdu un peu le fil de
l'histoire, on a perdu un peu le fil des interventions qui ont été
faites auprès de cet enfant-là.
• (11 h 30) •
Puis,
on le sait, Mme la Présidente, là, dans le cas, là, de certains élèves TSA
notamment, là, c'est la constance qui est importante, Mme la Présidente.
Il faut... les parents nous le disent, ça, il doit y avoir une constance. Puis
il y a d'ailleurs parfois, Mme la
Présidente, des parents qui nous disent : J'ai hâte qu'ils retournent à
l'école après les vacances de l'été
parce que je l'ai vu, j'ai vu que certains des gains qu'on avait faits avec
l'enseignante puis avec l'équipe-école, on voit, là, on a peur, là, qu'il en perde un petit peu, là, on commence à
voir qu'il a un petit recul, là, ça fait qu'on a hâte qu'il retourne à
l'école pour pouvoir reprendre le fil de sa progression.
Mme
la Présidente, pourquoi on se priverait de cette possibilité là d'assurer la
progression de l'enfant, tout en, encore une fois, s'assurant que les
renseignements qui sont transmis respectent le critère de nécessité en ce qui a
trait à l'organisation et la prestation des services à l'enfant?
Alors,
c'est notre position, Mme la Présidente, et puis on ne veut pas imposer de
restrictions qui pourraient créer des conditions en vertu desquelles ou
par lesquelles l'enfant pourrait être pénalisé.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Oui, Mme la députée.
Mme
Garceau : Donc, sur
ce, compte tenu que j'ai 30 secondes, je vais prendre, je pense, deux
secondes pour vous soumettre un amendement à l'article 24.
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission suspend ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 32)
(Reprise à 11 h 43)
La Présidente (Mme Dionne) :
La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, nous avons reçu l'amendement
de Mme la députée de Robert-Baldwin. Donc, je vous laisse en faire la lecture,
Mme la députée.
Des voix : ...
Mme
Garceau : Merci, Mme la Présidente. Désolée.
L'article 24 du projet de loi est modifié par l'ajout, après les
mots «ou à cet établissement les renseignements», du mot «d'actualité».
L'article modifié se lira ainsi : Cette loi
est modifiée par l'insertion, après l'article 209, du suivant :
«209.0.1. Le centre de services scolaire qui est
informé qu'un élève qui fréquente l'un de ses établissements est admis aux services éducatifs d'un autre centre
de services scolaire ou d'un établissement d'enseignement régi par la Loi
sur l'enseignement privé (chapitre E-9.1) communique dans les plus brefs
délais à ce centre de services scolaire ou à cet établissement les
renseignements d'actualité qui concernent cet élève et qui sont nécessaires à
l'organisation et à la prestation des services éducatifs.»
Et, si vous me permettez, Mme la Présidente,
compte tenu des exemples que le ministre a soulevés, le mot «d'actualité» répond à vos exemples. C'est
conforme à vos exemples. La continuité des services... Donc, si l'élève en cinquième année change, avait des besoins
particuliers, et donc l'enseignant, l'enseignante aimerait, souhaite que
l'enfant continue, bien, c'est
d'actualité, donc ça va avec le critère de nécessité et que les renseignements
vont être transmis au nouvel établissement, au centre de services
scolaire lorsque l'élève va commencer la sixième année.
Il me semble,
M. le ministre, que dans l'objectif, que je comprends très bien, au niveau de
la réussite scolaire, il y a quand même un élément ici, dans cette
disposition 24, puis il me semble que c'est de notre devoir, en tant que
législateurs, d'encadrer, d'encadrer, en ce
moment, de mettre des balises. Parce que, là, vous avez, à l'article 24...
c'est comme une obligation absolue, conditionnelle à un critère qui est
la nécessité. Puis qui qui va évaluer ce critère-là? Bien, on pourrait avoir
72 interprétations différentes concernant le critère de nécessité.
Ça, ça me préoccupe, puis j'ose croire que ça
préoccupait le Protecteur du citoyen également, parce que c'est lui qui reçoit
les plaintes. Et c'est lui qui a parlé à différents... il y a eu des échanges
avec des organismes du milieu scolaire pendant son enquête. Puis tout cet
enjeu-là, là, la perception, d'une commission à l'autre, du critère de nécessité, il me semble qu'il faut l'encadrer, en
quelque part, puis ce serait dans l'article 24 pour éviter... pour éviter
de laisser ce critère de nécessité à la discrétion entière.
Puis je n'enlève rien à la responsabilité des
centres de services scolaires puis des établissements, mais, à un moment donné,
on est des législateurs, et il faut, dans l'intérêt des parents et des enfants,
mettre un encadrement au niveau de ce
critère de nécessité là, surtout en raison des commentaires et des préoccupations
du Protecteur du citoyen, qui le mentionne que, dans un dossier d'un
élève, il y a une évolution de ses besoins et, à un moment donné, certains
renseignements ne sont pas nécessaires, et c'est fort probablement les
renseignements qui ne sont pas d'actualité.
Donc, si on écarte... parce que là, on n'a pas
adopté l'amendement avec la possibilité qu'un parent refuse la transmission, au
moins, dans le... dans le réseau scolaire, dans le réseau scolaire, là, dans sa
forme générale, incluant les centres et les établissements, il faut quand même
mettre un certain... ou prévoir un encadrement au niveau de la transmission des
renseignements. Voilà.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M. Drainville : Oui. Bien, Mme la
Présidente, j'ai déjà fortement indiqué quelle serait notre position sur
l'amendement. Mme la Présidente, le critère d'actualité, là, il fait déjà
partie de l'appréciation générale à partir du critère
de nécessité. L'actualité est déjà un critère d'appréciation de la nécessité.
Et là en le faisant précéder... Parce que, si vous lisez l'amendement, Mme la Présidente, là, «communique dans les
plus brefs délais à ce centre de services scolaire ou à cet
établissement les renseignements d'actualité qui concernent cet élève et qui
sont nécessaires», donc on place le critère d'actualité avant même le test de
nécessité, Mme la Présidente. Ce n'est pas une bonne idée.
Le test de nécessité existe, Mme la Présidente,
et de commencer à le qualifier, comme le propose l'opposition libérale, c'est
créer une sorte de précédent, et ce n'est pas une bonne idée, Mme la
Présidente. Le test de nécessité, il est déjà bien défini, il est appliqué, il
a fait l'objet d'une jurisprudence bien étayée, bien documentée. Et d'introduire
le critère d'actualité... enfin, de faire précéder le test de nécessité par le
critère d'actualité ce serait, pour le dire très, très, très poliment, très
inusité dans le corpus législatif, Mme la Présidente, très inusité.
Et je m'arrête là, là, mais le test de
nécessité, Mme la Présidente, on a eu l'occasion d'en parler, là, à de nombreuses reprises, là, je pense qu'il est bien
compris. Et de commencer à aller jouer là-dedans, là, on prend le risque
de briser un équilibre, Mme la Présidente. Et on crée aussi, d'une certaine
manière, un précédent. Et donc pour toutes ces raisons et
les raisons que j'ai déjà évoquées depuis le commencement de nos travaux ce
matin, nous allons voter contre cet amendement.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. D'autres interventions?
Mme Garceau : ...Mme la Présidente,
mais je vais demander un vote nominal.
La Présidente (Mme Dionne) : Allons-y
avec un vote par appel nominal.
La Secrétaire : Pour, contre, abstention.
Mme Garceau (Robert-Baldwin)?
Mme Garceau : Pour.
La Secrétaire : M. Drainville
(Lévis)?
M. Drainville : Contre.
La Secrétaire : Mme Tremblay
(Hull)?
Mme Tremblay : Contre.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
La Secrétaire : Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire : Et Mme Dionne
(Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
La
Présidente (Mme Dionne) : Abstention. Donc, l'amendement est rejeté.
D'autres interventions et commentaires sur l'article 24? Donc, est-ce
que l'article 24 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Dionne) : Donc, article 24 adopté. Nous serions rendus
à l'article 54. Donc, M. le ministre, je vais vous laisser en faire
la lecture.
M.
Drainville : Oui. Merci, Mme la Présidente. Excusez-moi, il
faut que je le trouve. Alors, la Loi sur l'enseignement privé
(chapitre E-9.1) est modifiée par l'insertion, après l'article 38, du
suivant :
«38.1.
L'établissement qui est informé qu'un élève qui le fréquente est admis aux services
éducatifs d'un autre établissement régi par la présente loi — dis-je
bien — ou
d'un centre de services scolaire communique dans les plus brefs délais à cet établissement ou à ce centre de
services scolaire les renseignements qui concernent cet élève qui sont nécessaires
à l'organisation et à la prestation des services éducatifs.»
Cet article
propose d'ajouter l'obligation pour un... Alors, commentaires : Cet
article propose d'ajouter l'obligation, pour un établissement
d'enseignement régi par la Loi sur l'enseignement privé, lorsqu'il est informé
qu'un élève qui le fréquente est admis aux services éducatifs d'un autre
établissement régi par cette loi, donc un établissement privé, ou d'un centre de services scolaire, de
communiquer dans les plus brefs délais à cet établissement ou à ce centre de
services scolaire les renseignements qui concernent cet élève et qui
sont nécessaires à l'organisation et à la prestation des services éducatifs.
Donc, dans le fond, Mme la Présidente, avec
l'article précédent, on partait du centre de services scolaire et on partageait
l'information, on communiquait l'information soit à un autre centre de services
scolaire, soit à un établissement privé, y compris un établissement privé non
subventionné. Dans ce cas-ci, on part d'une... d'une institution privée, on part donc d'une école privée, et là l'information
se dirige soit vers un centre de services scolaire, si l'élève déménage
et s'inscrit dans un établissement public ou encore vers un autre établissement
privé. Donc, c'est le point de départ qui est différent,
mais, pour le reste, c'est... c'est les mêmes critères... le même critère de
nécessité et le même processus qui est suivi.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Des interventions sur l'article 54?
Mme
Garceau : Oui, Mme la Présidente. Et je vais revenir, parce
que c'est sensiblement, là, le même... le même article que 24, mais la
préoccupation du Protecteur du citoyen concernant l'évaluation du critère de
nécessité, parce qu'il a quand même... il a fait l'exercice, il a rencontré des
organismes et il a bel et bien vu qu'il y a une perception différente de ce qui
est nécessaire au suivi d'un élève d'un établissement à l'autre. Donc, quelle
est votre réponse à cette préoccupation du Protecteur du citoyen?
M.
Drainville : Bien, je respecte le Protecteur du citoyen, bien
entendu, il a une opinion qui diffère de la nôtre, comme je vous l'ai
expliqué dans mes interventions précédentes.
Mme Garceau : Mais vous n'êtes pas
préoccupé par le fait qu'un centre de services scolaire va évaluer ou apprécier
le critère de nécessité. Parce qu'il n'y a pas de définition en soi.
M. Drainville : Bien, il y en a une.
Mme Garceau : Oui, mais là on parle
de la jurisprudence.
M. Drainville : Il y en a une, mais
dans l'application, ça peut varier, mais c'est pour ça...
Mme Garceau : C'est ça, exactement.
M.
Drainville : ...mais c'est pour ça, comme je vous l'ai dit tout
à l'heure, qu'il y aura accompagnement de la Fédération des centres de
services scolaires du Québec, notamment de la Fédération des centres de
services scolaires du Québec, pour
s'assurer, justement, que le critère de nécessité soit bien compris. Puis dans
certains cas, Mme la Présidente, ça
se peut que le centre de services ait un questionnement, ça se peut, tu
sais : Est-ce que c'est nécessaire? Qu'est-ce que vous en pensez? Bien, à ce moment-là, ils vont
pouvoir en discuter avec nous puis ils vont pouvoir s'en référer également
à la Fédération des centres de services, qui
a comme une espèce d'expertise dans le fonctionnement des centres de services,
qui est une expertise précieuse, d'ailleurs, Mme la Présidente.
Petite parenthèse, parce que j'y ai fait
référence hier lors du point de presse, lorsque nous avons annoncé les
formations courtes, là, pour créer des... des nouvelles attestations d'études
professionnelles pour quatre formations et cinq
métiers, j'ai fait référence, dans mon... ma petite allocution à l'annonce, Mme
la Présidente, au rôle clé joué par la Fédération
des centres de services scolaires du Québec dans la mise en place de ces
attestations d'études professionnelles, ces A.E.P., et j'ai souligné en
particulier le travail de notre propre Direction de... de la formation
professionnelle sous la... la direction de Jean-Sébastien Drapeau, mais j'ai
aussi souligné le travail déterminant de Caroline Dupré, la directrice générale de... de la fédération des
centres de services du Québec et de ses équipes, parce qu'on ne travaille jamais
tout seul dans ces dossiers-là. Et donc la
Fédération des centres de services scolaires du Québec est un... est une... est
un organisme extrêmement engagé, très, très présent, avec un leadership
très solide, très efficace, celui notamment de Mme Dupré. Et donc l'organisme en question, donc Fédération des
centres de services scolaires du Québec, va contribuer à la mise en place de cette espèce de
compréhension commune que les centres de services scolaires vont se donner dans
l'application du critère de nécessité. Et c'est évident que les travaux qui
auront été faits par la fédération vont aider aussi les établissements privés.
Ils vont pouvoir communiquer, partager le fruit de leurs réflexions et le fruit
de leurs travaux. Et évidemment, du côté des
institutions privées, ils ont également leur propre organisme qui fait du bon
travail. Et puis je pense que ces
deux groupes-là vont pouvoir partager cette compréhension commune, s'entraider.
Puis nous, on sera là, bien entendu, Mme la Présidente, nous, comme ministère
de l'Éducation, on sera là pour les accompagner, pour accompagner les centres de services scolaires ou les établissements
privés dans la mise en place de ce critère de nécessité.
Et donc ma réponse à la question de la députée
de Robert-Baldwin, c'est de rassurer le Protecteur du citoyen, de lui
manifester un respect et de le... comment dire, de lui indiquer que nous sommes
conscients des enjeux qu'il soulève. Et nous
avons l'intention, bien entendu, de se conformer à la loi, mais toujours,
toujours, Mme la Présidente, en ayant en tête que l'objectif ultime de
tous nos gestes, c'est de favoriser la réussite de l'élève, toujours.
• (12 heures) •
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. D'autres interventions?
Mme Garceau : Oui, Mme la
Présidente. D'entrée de jeu, ce matin, vous avez parlé de qu'est-ce qui vous
préoccupait. Et la raison d'être, surtout, des articles 24 et 54, c'était
pour créer cette obligation-là entre les centres de services scolaires ou les établissements, parce qu'il y avait des refus,
il y avait des refus, et je présume qu'on ne pouvait rien faire face à
ces refus de transmission de renseignements.
M. Drainville : La Loi d'accès le
permet, permet le transfert. Mais, dans certains cas, les centres de services
préféraient ne pas le faire ou s'en référaient aux parents qui, visiblement,
dans certains cas, ne souhaitaient pas que ce transfert-là se fasse.
Mme Garceau : Et
donc, lorsqu'il y avait refus de transmettre l'information, je présume que,
dans le motif du refus, un centre de services scolaire aurait apprécié
le critère de nécessité et aurait refusé sur cette base-là que nous, d'après
nous, ce n'est pas nécessaire.
M. Drainville :
C'est possible. Puis c'est possible, dans certains cas, que le centre de
services avait raison, Mme la Présidente. Ce n'est pas parce que le centre de
services a refusé que c'était toujours une mauvaise idée de refuser. Là, on crée une disposition très
précisément... visant très précisément ces circonstances. Et ce n'est pas
impossible, Mme la Présidente, que
même avec cette disposition-là, ce n'est pas impossible que le centre de
services en vienne à la conclusion qu'il n'y a pas nécessité, et donc il
n'y a pas transmission. C'est possible.
On ne veut pas
présumer, Mme la Présidente, que, lorsqu'il y a eu refus, il y a toujours eu...
comment dire, non-évaluation en fonction du critère de nécessité, mais on ne
peut pas présumer non plus qu'il y a eu évaluation en fonction du critère de
nécessité. On ne le sait pas. Visiblement, les personnes qui travaillent sur le
terrain considèrent que, dans certains cas, il aurait dû y avoir communication,
et la communication n'a pas été faite, et ça va dans le sens des
représentations qui nous ont été faites.
Mais, Mme la
Présidente, la disposition ne fait... La députée de Robert-Baldwin fait bien de
le souligner, Mme la Présidente, je pense que ça va dans le sens de l'attitude
très prudente et très responsable que nous adoptons dans ce projet de loi là. Elle a raison de dire que le critère de
nécessité s'applique déjà en vertu de la loi actuelle, et nous rajoutons des
dispositions qui s'appliquent à la fois à un transfert originant d'une école
publique et d'un transfert originant d'une école privée. Et on prend
quand même le... comment dire... on prend la peine... mais ce n'est pas... ce
n'est pas la bonne expression, on s'assure de réitérer, dans la disposition,
Mme la Présidente, le critère de nécessité. Et donc on ne fait pas fi de la
nécessité, là, on l'inscrit dans le... dans l'article, dans la disposition. Et
le message qu'on envoie, donc, c'est :
Quand vous serez sur le point de transmettre, quand on vous fera une demande de
transmission, de communication, on vous rappelle que vous devrez
respecter le test de nécessité. Et là on verra.
Peut-être que dans
certains cas, comme le souligne la députée, peut-être que dans certains cas le
centre de services va dire : Écoutez, ou je l'avais déjà appliqué, puis ça
ne change rien, la réponse est la même, on ne transmet pas parce qu'il n'y a pas nécessité, ou il n'y avait pas eu test de
nécessité. Là, le centre de services était juste mal à l'aise, mais
n'avait pas nécessairement fait l'application... procédé à l'application
rigoureuse du test de nécessité et a refusé ou
encore n'a pas... n'a pas procédé à l'application du test de nécessité et s'est
tourné vers le parent puis le parent a dit non.
Peu
importe les circonstances, Mme la Présidente, une chose est claire, dans les
deux cas qui nous concernent, que
l'on parle de 24 ou que l'on parle de 54, on réitère l'importance du test de
nécessité. Donc, on est très responsables, et je pense que... enfin,
j'ose croire que, comment dire... que ce sera interprété comme une attitude qui
se veut à la fois responsable mais à la fois aussi très déterminée à donner aux
élèves les services auxquels ils ont droit et dont ils ont besoin.
La Présidente
(Mme Dionne) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Garceau :
Mais en ce moment, M. le ministre, comment ça fonctionne? Parce que,
lorsqu'il y a une demande de transmission
d'informations d'un centre de services scolaire à un autre, je vais présumer
que la fédération est là pour accompagner le centre de services et qu'il
y a déjà comme une explication du critère de nécessité. Moi, je voulais
comprendre un peu l'accompagnement de la fédération dans l'évaluation de ces
situations de transmission de documents.
M. Drainville :
...certains cas, effectivement, un centre de services va faire appel à la
fédération, mais dans d'autres cas ne le fera pas nécessairement, Mme la
Présidente. C'est libre à chacun. Mais je pense que le mérite de cette disposition-là... Cette disposition-là a
plusieurs mérites, mais je pense que l'un de ces mérites, c'est de justement
créer une disposition pour encadrer cette
situation très précise d'un déménagement de l'élève, mais c'est aussi de
rappeler le principe de base de la
nécessité. Je pense que cette disposition-là fait, comment dire, office de
pédagogie... je pense qu'elle fait oeuvre, devrais je dire,
pardonnez-moi, elle fait oeuvre de pédagogie.
Mme Garceau :
Donc, si je suis, comme... un petit peu la logique en termes de... le
pourquoi, la raison d'être, là, on va parler de 24 et de 54... C'est parce
qu'en ce moment, les centres de services scolaires, il n'y a pas d'obligation
dans l'évaluation ou de l'appréciation du critère de nécessité. C'est à eux de
juger que c'est nécessaire ou pas, ils n'ont aucune obligation de dire :
Ah! je devrais appeler la fédération pour comprendre un petit peu mieux est-ce
que je devrais ou pas... Est-ce que, compte tenu des circonstances
particulières de ce dossier... J'ai des doutes. Il n'y a pas d'obligation,
donc... d'accompagnement, donc...
Encore, j'ai une
question, parce que là on est dans l'application du critère de nécessité, mais
les centres de services scolaires, là, ils
ne s'en vont pas regarder dans la jurisprudence pour déterminer, là... de voir
les principes, puis tout ça, les critères de... jurisprudentiels. Je ne
pense pas qu'ils vont faire ça. Donc, comment est-ce que les...
M.
Drainville : ...Mme la Présidente, si vous me permettez, Mme la
députée.
Mme Garceau :
Ah! allez-y.
M. Drainville : Les secrétaires
généraux des centres de services scolaires connaissent le test de nécessité, Mme la Présidente, et les centres de services
scolaires ont des services du... des services juridiques, et puis les services juridiques et le secrétariat général du centre de services
scolaire travaillent ensemble sur ces enjeux, notamment celui du test de
nécessité, bien sûr.
• (12 h 10) •
Mme Garceau : Donc, pour vous,
c'était nécessaire, nonobstant tout ce que vous venez de dire, parce que c'est
déjà... ils le font en ce moment? Donc, les refus...
M. Drainville : Ils le font, mais
ils ne le font pas toujours, d'après ce qu'on entend.
Mme Garceau : O.K.
M. Drainville : Et là je pense
qu'avec ces dispositions-là, 24 et 54... je pense qu'on va, comment dire... on
inscrit dans le cadre législatif cette obligation de communication, mais qui
est assujettie à une condition.
Dans le fond, il y avait déjà un parcours
législatif qui relevait de la loi d'accès, donc, le chemin était déjà balisé
par la loi d'accès, mais là, dans le fond, c'est comme si on disait : À
l'intérieur de ce chemin-là, on trace notre propre
chemin, à l'intérieur de la Loi sur l'instruction publique et à l'intérieur de
la Loi sur l'enseignement privé. Donc, on balise très clairement le
chemin dans la manière avec laquelle il s'applique au monde de l'éducation. Et
donc je pense que le signal est clair, il y
a une obligation de communication, mais elle doit respecter un processus. Et
donc je pense que, nonobstant sa valeur juridique, je pense, comme je
l'ai dit tout à l'heure, je pense que ça fait office également de valeur
pédagogique dans le fonctionnement de nos centres de services scolaires et de
nos établissements privés.
Puis par ailleurs, Mme la Présidente, on me
rappelle à juste titre que, dans tout ce processus-là dont nous parlons, il y a toujours le centre... il y a
toujours la Commission d'accès à l'information qui a un pouvoir de surveillance
sur les centres de services scolaires. Ça,
il ne faut jamais l'oublier, Mme la Présidente. On parle beaucoup du Protecteur
du citoyen, là, mais la CAI est
toujours là, là, la CAI est présente avec tous ses pouvoirs. Tout à l'heure, je
parlais de la Fédération des centres
de services scolaires, je parlais de l'organisme qui concerne les écoles
privées, c'est la fédération des établissements privés, qui fait
d'ailleurs partie de ce qu'on appelle le MEQ partenaire ou les MEQ partenaires,
ministère de l'Éducation du Québec
partenaires. Donc, il y a une table des MEQ partenaires, et la fédération des
établissements privés est présente, Mme Brousseau, Nancy Brousseau,
est présente.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le Ministre. Mme la députée.
Mme Garceau : Oui. Merci, Mme la
Présidente. M. le ministre, en cas de refus, qu'est-ce qui se passe, en ce
moment, en cas de refus, lorsqu'un centre de services scolaire refuse la
transmission de documents?
M. Drainville : L'information n'est
pas transmise.
Mme Garceau : N'est pas transmise, il
n'y a pas de...
M. Drainville : Il y a-tu procédure
d'appel?
Mme
Garceau : Il y a-tu une procédure, si je peux dire, au
juridique, de plus haute instance... j'étais pour... mais... pas un
droit d'appel, mais un droit de révision, ou autres, dans le système?
M.
Drainville : La loi actuelle, la loi d'accès dit : «Peut
communiquer», Mme la Présidente, pas «doit communiquer», «peut
communiquer». Donc, «peut» : si c'est refusé, ça s'arrête là.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
D'autres interventions?
Mme Garceau : Est-ce que je peux
avoir juste deux minutes, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
certainement.
Mme Garceau : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
la commission suspend ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 14)
(Reprise à 12 h 16)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend ses travaux. Donc, Mme la députée de Baldwin.
Mme
Garceau : Oui. Merci. Merci, M. le ministre, pour ces
explications. Donc, je n'ai pas d'autre question ou commentaire.
La
Présidente (Mme Dionne) : D'autres interventions, commentaires sur
l'article 54? Est-ce que l'article 54 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La
Présidente (Mme Dionne) :
Donc, article 54 adopté. Nous sommes maintenant rendus à
l'article 56. M. le ministre, je vous laisse en faire la lecture.
M.
Drainville : Oui. Modification de concordance, Mme la Présidente.
Alors, l'article 64 de cette loi est modifié par l'insertion, après
«renseignements», de «autres que ceux visés à l'article 6.8 de la Loi sur
le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (chapitre M — comme
Martine — 15)».
Cet article... Alors,
commentaires : Cet article propose une modification de concordance liée à
l'insertion, par l'entremise de
l'article 61 du projet de loi, d'une nouvelle section, et plus
particulièrement d'un nouvel article 6.8 dans la Loi sur le ministère
de l'Éducation, du Loisir et du Sport concernant le dépôt et la communication
de renseignements personnels.
Alors,
actuellement, le texte se lit comme suit : «L'établissement prépare et
transmet au ministre les documents et les renseignements qu'il demande
pour l'exercice de ses fonctions et pouvoirs, à l'époque et dans la forme qu'il
détermine.» Et là le texte proposé avec la
modification se lirait comme suit, donc : «L'établissement prépare et
transmet au ministre les documents et les renseignements autres que ceux visés
à l'article 6.8 de la Loi sur le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport
(chapitre M-15) qu'il demande pour l'exercice de ses fonctions et
pouvoirs, à l'époque et dans la forme qu'il détermine.»
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Des interventions sur
l'article 56?
Mme Garceau :
...c'est une modification de concordance, donc je n'ai pas de commentaire.
La Présidente (Mme
Dionne) : Donc, est-ce que l'article 56 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
sauf avis contraire, nous aurions terminé le bloc de... le sujet 3,
Données. Donc, tel qu'il avait été discuté, nous serions prêts à entamer
le sujet 4, donc l'INEE, et ce bloc débuterait...
(Interruption)
La
Présidente (Mme Dionne) :
Bon, il y a des gens heureux! Non, il n'y a pas de problème, tout le monde est
tout sourire, c'est parfait. Alors, ça...
M.
Drainville : Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui, M. le ministre.
M. Drainville :
Si vous me permettez, comme
c'est... comme on vient de terminer le bloc Données et comme c'est
l'Halloween — aucun
rapport! — est-ce
que...
Une voix : ...
M. Drainville :
Oui, voilà, c'est ça. Le temps
d'aller acheter des chocolats pour les distribuer à la commission, Mme
la Présidente, je suggérerais que nous ajournions.
La Présidente (Mme
Dionne) : Suspendre, suspension.
Une voix : ...
M.
Drainville : C'est un engagement, je vais essayer de trouver des
bonbons pour tous les membres de cette commission,
Mme la Présidente, pour le retour. Donc, vous aurez un incitatif pour revenir.
Alors donc, je suggérerais, Mme la Présidente, que nous suspendions
jusqu'à cet après-midi, n'est-ce pas?
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce qu'il y a consentement pour la suspension?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme
Dionne) : Donc, je suspends les travaux jusqu'après les affaires
courantes. Bon dîner!
(Suspension de la séance à 12 h 19)
(Reprise
à 15 h 19)
La
Présidente (Mme Dionne) :
La Commission de la culture et de l'éducation reprend maintenant ses travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 23, Loi modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique et édictant la Loi sur l'Institut national
d'excellence en éducation.
Lors de la suspension de nos travaux de cet
avant-midi, nous en étions au début de l'étude du sujet 4, soit l'INEE.
Donc, il y avait... Simplement, j'aurais peut-être besoin de votre consentement,
il y avait eu une petite modification au niveau de l'article 58, qui
devait être traité au sujet 3, soit les données, qui a été ajoutée au bloc
sur l'INEE. Donc, s'il y a consentement de votre part, nous pouvons
poursuivre.
• (15 h 20) •
Des voix :
Consentement.
La Présidente (Mme Dionne) : Parfait.
Donc, premier article du sujet l'INEE. Donc, nous sommes à l'article 57.
M. le ministre, je vais vous laisser en faire la lecture.
M. Drainville :
Oui. D'abord, Mme la Présidente,
il y a un engagement qui a été pris, là, un engagement solennel, hein,
n'est-ce pas, qui a été pris face à tous les membres de cette commission.
Alors, je me suis engagé, puisque c'est l'Halloween et puisque les députés d'opposition,
en particulier, se sont très, très bien comportés, ils méritent une récompense, hein, Mme la Présidente, regardez la
très intéressante collection de bonbons que j'ai ici, n'est-ce pas? Alors,
avec la... avec votre permission et le consentement de cette commission, je
vais procéder, tel que je me suis engagé à le faire, Mme la Présidente, à
une distribution de bonbons pour l'Halloween. On va prendre seulement une
minute ou deux, là, hein?
Mme Rizqy : Consentement,
surtout que c'est tellement bien présenté.
M.
Drainville : C'est une... Oui, une belle assiette.
Mme Rizqy : Une
assiette rouge, hein?
M.
Drainville : C'est fait avec classe, n'est-ce pas?
La Présidente (Mme
Dionne) : Donc, consentement, M. le ministre...
M.
Drainville : Mme la Présidente, je commence par vous.
La Présidente (Mme
Dionne) : Oh! Oui, d'accord.
M.
Drainville : Oui, à toute seigneuresse, tout honneur.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci.
Des voix :
...
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Bon, pendant que vous vous rassoyez,
je vais juste en profiter pour vous dire que l'article 57 sera étudié
comme l'article 61, donc ce sont des articles introduits. Alors, nous
allons procéder de la même façon que l'article 61. Donc, les articles
introduits seront discutés un à un, et nous allons adopter, au final,
l'article 57.
M.
Drainville : Ah oui! O.K., c'est bon. Alors, on est prêts?
La Présidente (Mme
Dionne) : Alors, vous pouvez procéder. Oui, allez-y.
M.
Drainville : Passons aux choses sérieuses. Alors, Loi modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique, édictant la Loi sur
l'Institut national d'excellence en éducation. Alors, chapitre II, édiction
de la Loi sur l'Institut national d'excellence en éducation.
Article 57 :
«La Loi sur l'Institut national d'excellence en éducation, dont le texte figure
au présent chapitre, est édictée.
«Loi sur l'Institut
national d'excellence en éducation.»
Alors, voilà pour
l'article 57.
La Présidente (Mme
Dionne) : Donc, c'est une loi édictée.
Mme Rizqy : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui.
Tout à fait.
Mme Rizqy : Ça
vous va si on...
M. Drainville : On n'a pas besoin
d'adopter le titre, Mme la Présidente? Non?
La Présidente (Mme Dionne) : Non,
vous pouvez continuer...
Mme Rizqy : Non, parce qu'on regarde
l'article 57 dans son ensemble.
M. Drainville : D'accord.
Mme Rizqy : Mais le titre semble
exactement ce que vous avez dit lors de l'annonce, c'est fidèle à tous vos
commentaires, l'INEE.
M. Drainville : Très bien.
«Chapitre I
«Constitution.»
Article 1 : «1. Est créé
l'"Institut national d'excellence en éducation".»
Commentaires : Cet article propose de créer
l'Institut national d'excellence en éducation.
La
Présidente (Mme Dionne) : ...veuillez m'excuser, je prends la
responsabilité, ce n'est pas une loi qui introduit des lois, mais c'est une loi édictée. Donc, les
articles seront adoptés un à la suite de l'autre. Je suis désolée de cette
petite erreur. Alors, c'est une loi édictée et non une loi qui
introduit.
Mme Rizqy : Donc, pour ma... pour ma
compréhension, on lit 57, le titre, on va l'adopter, après ça, on va à
l'article 1 de 57, on doit l'adopter, ainsi de suite.
La Présidente (Mme Dionne) : Exact.
Mme Rizqy : Je comprends, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Petite
nuance.
Mme
Rizqy : Donc, vous voulez qu'on... Bien, nous, on n'a pas
d'enjeu sur le titre, le titre est fidèle aux propos du ministre.
M. Drainville : ...
La
Présidente (Mme Dionne) : Le titre, dans le fond, on peut l'adopter à la fin
du projet de loi, ça fait qu'on va adopter, comme, les articles, là, 1,
2, 3, et ainsi de suite.
Mme Rizqy : Parfait. Excellent.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
si on revient, donc, l'article 1, est-ce qu'il y a des interventions sur
l'article 1? Oui, Mme la députée.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme la
Présidente, mais, M. le ministre, vous savez, la création de l'Institut national d'excellence en éducation, communément
appelé l'INEE, a suscité beaucoup de commentaires. Est-ce que vous avez
eu le temps de prendre connaissance des différents commentaires, notamment du
secteur universitaire?
M. Drainville : Bien sûr. Bien sûr.
Mme Rizqy : Comment vous calmez
ces... les appréhensions?
M. Drainville : Bien, écoutez, il y
a beaucoup... il y a eu beaucoup, beaucoup d'interventions, beaucoup de lettres ouvertes, notamment. Et, dans le fond, je
ne vais pas répondre à tous les... à toutes les lettres qui ont été publiées, parce
qu'il y en a eu vraiment beaucoup, beaucoup, mais je vais vous dire, Mme la
Présidente, moi, ce qui est... ce qui va me
guider, là, pendant tous ces travaux sur l'INEE, c'est le rapport du Groupe de
travail sur la création d'un institut national d'excellence en
éducation.
Bon, là, je l'ai barbouillée un petit peu, là,
mais c'est cette page couverture, que vous reconnaîtrez. C'est très facile, d'ailleurs, j'invite les gens qui nous
écoutent, s'ils veulent lire le rapport, ce n'est pas très volumineux, c'est,
quoi, une trentaine de pages, et vous faites... 33 pages, en fait, et
vous faites... vous allez sur un moteur de recherche, vous faites : rapport groupe de travail INEE,
création de l'INEE, et, tout de suite, c'est... ça apparaît, vous pourrez
l'imprimer et le lire. Et honnêtement
c'est très bien fait, c'est une excellente synthèse des arguments qui nous ont
guidés pour créer cet institut.
Quand
on regarde le rapport, Mme la Présidente, que j'ai à nouveau... dont j'ai à
nouveau pris connaissance, ce matin, en
préparation, donc, des heures que nous allions passer ensemble, ça m'a permis,
Mme la Présidente, de réviser les
différents principes qui nous ont guidés, en fait, dans la proposition de créer
un institut national d'excellence en éducation. Le rapport fait état de
ces... de ces principes.
Alors,
il y a plusieurs endroits, en fait, dans ce rapport, qui résument l'objectif et
qui résument les fondements sur lesquels reposera cet institut
d'excellence. Et, par exemple, à la page 17 du rapport, on rappelle
quelques-uns des principes directeurs qui
vont régir l'action de l'institut. Et je pense, Mme la Présidente, que, quand
on prend connaissance de ces principes-là, on se doit de reconnaître
qu'ils sont susceptibles de rassurer les nombreuses critiques qui se sont
exprimées, comme l'a évoqué la députée de Saint-Laurent.
Alors, je vous
rappelle la recommandation n° 3, donc, du groupe de travail : La loi
créant l'Institut national d'excellence en
éducation doit se fonder sur, notamment, l'indépendance de l'institut, que son
action, comme institut, doit se fonder sur les besoins du système
scolaire et, au premier chef, évidemment, les besoins de nos élèves; que cet institut doit s'appuyer également sur la
collaboration des acteurs de la réussite éducative; que l'institut doit être
autonome dans l'exercice de ses
fonctions. Je rappelle l'indépendance, ça, c'est le premier
principe que j'ai nommé et qui est ici, au rapport, mais on souligne
l'indépendance dans l'exercice de la fonction enseignante. Donc, l'INEE doit
s'appuyer aussi sur cette reconnaissance de
l'autonomie des enseignants, de la liberté d'enseignement également. Alors, ça,
c'est quelques-uns des principes directeurs.
• (15 h 30) •
Et, par la suite, Mme
la Présidente, le rapport donne... fait une énumération beaucoup plus
exhaustive des différents principes
directeurs. Et là on reprend l'indépendance, on dit à quel point l'objectif
central de l'INEE, ça doit être la prise en compte des savoirs, les
savoirs issus de la science, en tenant compte du contexte et de l'expérience,
la recherche des résultats scientifiques, aussi bien qualitatifs que
quantitatifs, les plus complets, les plus exacts, les plus actuels, les plus
pertinents, partir des besoins, à nouveau, on le rappelle, la diffusion et la
valorisation des meilleures pratiques
pertinentes, la collaboration, alors, et que les travaux de l'institut doit
viser à améliorer la réussite éducative. Et là il y a beaucoup d'autres
principes, Mme la Présidente, puis il y en a plusieurs qui sont énumérés.
J'invite
l'auditeur ou le téléspectateur à prendre connaissance du rapport, mais, bref,
Mme la Présidente, moi, ce que j'ai remarqué, là, dans les critiques qui
étaient exprimées, je trouve que ça tournait beaucoup autour, justement, d'une
inquiétude par rapport à l'indépendance de l'INEE. Et, Mme la Présidente, on
l'a dit depuis le début et on le réitérera pendant
tous nos travaux, l'INEE sera un institut indépendant, comme l'est, par
exemple, le Scientifique en chef, comme l'est
l'INESSS en matière de santé. Donc, ce sont des organismes publics qui ont une
indépendance, et l'INEE ne le sera pas moins.
J'ai
vu aussi, j'ai lu l'inquiétude par rapport au fait que l'INEE pourrait
favoriser un certain type de recherche au détriment d'un autre type de
recherche, Mme la Présidente. L'INEE va regarder tous les types de recherche,
parce que l'objectif, Mme la Présidente,
c'est de se fonder sur la recherche la plus à jour et la plus probante pour,
par la suite, en extraire des conclusions, des enseignements, des
pratiques qu'on va vouloir étendre, qu'on va vouloir partager le plus possible
dans les écoles du Québec, auprès du personnel scolaire et, en particulier,
auprès des enseignants et des enseignantes, afin d'obtenir les meilleurs
résultats possibles, Mme la Présidente, à l'intérieur du réseau scolaire, pour
favoriser justement la réussite.
Si je voulais faire,
là... si je voulais résumer, là, si je voulais faire un peu l'espèce de,
comment dire, le fil, le fil de l'INEE, là,
où ça commence et vers quoi ça tend, on commence avec les besoins, Mme la
Présidente. On regarde les savoirs et les pratiques qui sont validés par
les résultats scientifiques. On adapte ces savoirs-là et ces pratiques-là validés par les résultats scientifiques et on les
contextualise par rapport aux réalités locales, toujours en tenant compte,
évidemment, du travail qui est fait par
l'équipe-école, dans le respect de l'autonomie de l'équipe-école, de l'autonomie
professionnelle et avec, pour objectif, la réussite des élèves.
Alors,
Mme la Présidente, tout changement suscite des résistances et, parfois, la
résistance est forte parce que le changement est profond. Je pense, Mme
la Présidente, et je demeure convaincu comme je l'étais lorsque j'ai d'abord
proposé la création de l'INEE, je pense que ce sera un formidable instrument au
service de la réussite éducative de nos élèves. Qu'il y ait des questionnements
au début, c'est normal qu'il y ait des inquiétudes, c'est normal, mais j'ai confiance, Mme la Présidente, qu'une fois créé,
cet institut nous servira très, très bien collectivement, servira très, très
bien ce bien public qu'est l'éducation et
saura, à terme, susciter l'adhésion du monde de l'éducation, y compris chez
ceux et celles qui ont, actuellement,
des questionnements, des doutes, des inquiétudes, mais je pense qu'il faut
aller de l'avant avec cet outil-là qu'on se donne.
De la même manière,
Mme la Présidente, que l'INESSS a été créé du côté de la santé et des services
sociaux, est-ce que vous entendez,
aujourd'hui, beaucoup de gens dire que l'INESSS, la création de l'INESSS était
une mauvaise idée? Bien non, bien
non. L'INESSS était une bonne idée lorsqu'il a été créé, et ça reste une bonne
idée. Je pense que l'INEE va suivre le même parcours, et qu'on se
félicitera, dans quelques années d'ici, de l'avoir créé.
La Présidente (Mme
Dionne) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup. M. le ministre, lorsque nous avons reçu les différents intervenants
durant les consultations particulières, nous avons évoqué, le Parti libéral, de
déposer des amendements pour, justement, refléter les mêmes dispositions qui
existent pour la formation du conseil d'administration de l'INESSS. Est-ce que
vous avez eu le temps de regarder, de votre côté, si vous souhaitez ouvert à
cette modification législative?
M. Drainville : Mme
la Présidente, on va... comme on l'a fait jusqu'à maintenant dans cette
commission, on va étudier nos articles les
uns après les autres et, lorsqu'on arrivera aux dispositions pertinentes, on
pourra regarder les propositions qui seront mises de l'avant par
l'opposition. Jusqu'à maintenant, Mme la Présidente, on a procédé à nombre
d'amendements qui, je le pense, ont bonifié le projet de loi. Et nous allons
continuer nos travaux dans cet état
d'esprit, en tout cas, du moins, de notre côté, puis je pense que c'est
également le cas pour vous, Mme la députée de Saint-Laurent, et je m'en
réjouis. Évidemment, ça nous... comment dire, ce travail-là de précision et
d'amélioration comporte un coût, le coût, c'est les heures travaillées. On
travaille de nombreuses heures dans cette commission depuis le début de l'étude article par article, mais c'est un... c'est
une responsabilité, Mme la Présidente, que j'assume pleinement et que, je
pense, nous assumons pleinement. On souhaite que le projet de loi soit le
meilleur possible lorsque nous en aurons terminé avec son étude. Je ne
présume, encore une fois, de rien, le Parlement est souverain, mais je pense qu'on va y arriver, Mme la Présidente. Et
j'ai bon espoir qu'au terme de nos travaux on aura un projet de loi dont
nous serons encore plus fiers que nous le sommes déjà.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. Je
préfère vous le dire d'avance pour ne pas être... vous prendre par surprise au
niveau des amendements qui vont suivre.
J'aimerais
déposer, Mme la Présidente, dans les documents, la décision du tribunal
d'arbitrage, sous la présidence de
Me André G. Lavoie, entre le Syndicat de l'enseignement de La Jonquière et
le centre de services scolaire De La Jonquière. Ça fait suite, en fait,
à l'article... En fait, ça a été révélé par la journaliste Daphnée Dion-Viens
ce matin. Et pourquoi c'est important, cette
décision? c'est que je trouve qu'elle assure parfaitement le propos au niveau
de la crainte qui a été exprimée par
les enseignants, mais aussi les professeurs universitaires qu'on a entendus,
qui disaient : Bien, l'enseignant est un professionnel qui sait, en
fait, quel type de formation dont il a besoin. Et une des craintes au niveau de
l'INEE, c'est de se faire imposer un type de formation ou même une bracket de
formation.
• (15 h 40) •
Alors, je vais vous donner un exemple concret
qui date du 19 octobre 2023, et je ne peux pas croire que le syndicat a dû se rendre pour demander une
ordonnance de sauvegarde. Ça, c'est l'équivalent d'une injonction, M. le
ministre. J'aurais cru que le gros bon sens aurait pu s'appliquer et que
les deniers publics... Parce qu'il faut savoir que cet argent-là émane du gouvernement et ça a servi à les contester devant un
tribunal. Qu'est-ce qu'il faut savoir? Pour une journée pédagogique,
généralement, les enseignants vont en profiter, par exemple, pour faire de la
correction ou, par exemple, l'employeur a un
pouvoir qu'il pourrait faire de la formation ou des activités de groupe. Et il
a été décidé de faire, l'après-midi,
des activités pour augmenter le sentiment d'appartenance. On a envoyé aux
employés un sondage, et voici les types de formations offertes, et je ne
les invente pas, je pourrais même les déposer : zumba, randonnées pédestres, équipes de jeux de société, casse-tête,
cartes, hockey cosom, quilles, tournois de volley-ball, danse en ligne, entraînement, cours de cuisine, entre guillemets,
sushis, cours de pâtisserie, entre guillemets, desserts, cours de charcuterie,
saucisses, et la clinique de course avec Jakours, une conférence avec Mme Josée Boudreault,
visite d'exposition, cours de... Ah!
bien, ça, c'est plus pertinent après, là, c'est... Alors, le syndicat demandait
tout simplement que ça soit sur une base volontaire et non pas obligatoire.
Ils sont allés au tribunal pour cela.
J'aimerais vous entendre, parce qu'il me semble
qu'en matière d'utiliser les tribunaux de façon efficiente et efficace, personnellement, j'ai vu mieux, mais
c'est quand même une appréhension qui existe dans le milieu. Une fois que
l'INEE sera créé, est-ce qu'on va avoir ce type de formation, brochette de
types d'activité de formation qui pourraient exister? Parce que là
l'INEE va être encore plus loin du milieu, alors que, imaginez, on est dans un
centre de services scolaire qui est proche, habituellement, de son milieu, là.
Mais je vous dis, j'étais un petit peu abasourdie ce matin en lisant cet
article. J'aurais espéré que, d'un commun accord, ça soit sur une base
volontaire et qu'on respecte ce qu'on appelle communément l'autonomie
professionnelle, parce qu'en toutes fins pratiques c'est quand même
l'enseignant qui sait qu'est-ce qu'il a besoin de plus comme formation. Et,
dans la décision, on parle justement que ça sort du cadre de ce que
l'enseignant a besoin pour remplir sa mission et son travail d'enseignant.
Alors, ça, je pense que vous comprendrez que, ce
matin, je pensais même que c'est une mauvaise blague. Finalement, ce n'est pas... ce n'était pas le 1er avril, on est
quand même l'Halloween, là, mais je pensais vraiment qu'on avait comme sauté
quelques mois, là. Je ne sais pas si vous avez eu le temps de prendre
connaissance de cette décision.
La Présidente (Mme Dionne) : ...Mme
la députée, pour le dépôt de document, simplement l'envoyer au secrétariat.
Merci.
M. Drainville : Oui, bien, j'ai vu
ça, Mme la Présidente, puis j'ai vu aussi qu'il y avait eu une décision du
tribunal administratif. Je n'ai pas vraiment de commentaire à faire là-dessus,
là. Le juge a statué. Moi, tout ce que je peux
dire, Mme la Présidente, c'est que nous croyons à la formation continue. Nous
pensons que c'est une manière très efficace d'aider les enseignantes et
les enseignants à améliorer sans cesse leurs compétences. La formation
continue, Mme la Présidente, elle est... C'est une réalité pour beaucoup,
beaucoup de professions. Je pense qu'on peut dire que la vaste majorité des
professions ont recours à la formation continue, parce que, justement, c'est
une façon éprouvée d'améliorer nos
compétences. Et donc on croit, nous, à la formation continue, Mme la
Présidente. Le projet de loi n° 23 fait de la formation continue un de ses principes directeurs. Et, comme
vous le savez, Mme la Présidente, l'INEE va jouer un rôle en matière de
formation.
Et donc, moi,
ce que je souhaite dire et redire, Mme la Présidente, c'est que la formation
continue, c'est une très bonne chose. On souhaite qu'il y en ait, de bonnes
formations continues offertes à nos enseignantes et à nos enseignants. La loi prévoit, je vous le rappelle,
30 heures de formation aux deux ans. Et donc on aura l'occasion, Mme la
Présidente, dans
les prochaines heures et les prochains jours, de discuter notamment du rôle que
l'INEE jouera au chapitre de l'offre de formation. Et donc je souhaite
me concentrer là-dessus, Mme la Présidente.
Mme Rizqy : ...important,
parce qu'on est d'accord, puis même les enseignants sont d'accord, la formation
continue, c'est important, mais
l'enseignant, est-ce que vous êtes d'accord qu'un enseignant connaît ce dont il
a besoin de faire? Puis j'aimerais juste, pour précision, que les
activités dont j'ai fait mention, ce n'est pas de la formation continue, c'est l'employeur qui a exercé... Il a
tenté d'exercer, en fait, ici une direction en dépit de la convention nationale,
la convention collective nationale ainsi que la convention collective locale
qui dit qu'on doit consulter pour ce type d'activité. Et ça montre aussi... Et
pourquoi que je faisais le lien avec cela, c'est parce que, si on va plus loin
dans l'INEE, dans votre projet, c'est qu'il
faut se rappeler — vous-même,
vous l'avez dit en entrevue à quelques reprises — qu'on
pourra dire des champs dont les enseignants devront piger pour faire leur
formation continue.
Or, aujourd'hui, je
vous parle d'une décision que, pour moi, il y a eu une dérive ici, clairement.
Puis, vous savez, en droit, là, pour qu'un tribunal accorde une injonction, là,
c'est parce qu'il y des critères très importants à rencontrer qui ne sont pas
faciles, là. C'est des critères... Le fardeau de preuve, là, c'est le syndicat
qui l'a, puis ils l'ont quand même obtenu, leur ordonnance, là, de sauvegarde
ici, donc, qui est l'équivalent de l'injonction. Alors, c'est là l'enjeu que j'ai, parce que j'essaie de vous faire voir que
l'inquiétude qui a été soulevée par différentes parties prenantes,
autant au niveau des enseignants, mais même au niveau des universitaires, c'est
au niveau de l'autonomie professionnelle.
Donc, c'est pour ça
que j'aimerais vous entendre, si vous partagez, je vais vous le dire ainsi, la
même incrédulité — ça
se dit-tu? Attendez. En fait, vous, ce matin, quand vous avez vu ça, là, cette
décision dans le journal, est-ce que vous avez continué à boire votre café ou
vous avez fait : Hi! ça a un petit peu grincé, ou vous avez fait :
Effectivement, c'est aller trop loin, puis peut-être qu'on peut faire confiance
davantage au monde dans le réseau, dans les
enseignants pour choisir des affaires qui sont en lien avec leur mission
d'enseigner, avec leurs tâches à eux, là, et non pas de leur imposer,
parce que, sinon, on peut avoir d'autres dérives comme celles-ci, là.
M. Drainville :
Oui, Mme la Présidente, sur la
question de la formation, là, on n'est plus tout à fait dans l'INEE, je
pense, là.
Mme Rizqy : Bien oui, parce que l'INEE, une de ses principales
fonctions, ce sera aussi d'offrir des gammes de formation.
M. Drainville :
Oui. Non, mais je parle de la
disposition, là, pour... par laquelle le ministre va pouvoir déterminer
un certain nombre de...
Mme Rizqy : ...la
création de l'INEE. Donc, c'est la base, le fondement même de l'INEE, la raison
d'être de l'INEE. Moi, je me pose la
question : Pourquoi on a besoin, au niveau de la formation, d'avoir un
organisme de plus pour venir dire aux
gens quelle gamme de formations à suivre? Puis, quand je dis «gens», je peux
préciser «aux enseignants».
M. Drainville :
Alors, l'INEE, Mme la Présidente,
la création de l'INEE nous permettra donc, effectivement, d'avoir un institut d'excellence qui jouera un
rôle au niveau de la formation, au niveau de la reconnaissance des formations.
Maintenant, le projet
de loi, à l'article 34, fait référence au fait que le ministre peut, par
règlement, prévoir les conditions et
modalités relatives à la formation continue. Bon, j'ai déjà eu l'occasion de
dire, Mme la Présidente, que cette disposition-là, je n'allais pas en
abuser, bien entendu, mais elle visait notamment à faire en sorte que, si on décide comme gouvernement, par exemple, de se
donner une orientation x, y, z, que l'on puisse, une fois qu'on a annoncé
cette orientation-là, qu'on puisse décider
de prioriser, pendant une année x, un trois heures, mettons, de formation sur tel
ou tel sujet.
Alors, dans certaines
entrevues, j'ai donné l'exemple du français. On sait qu'on a un enjeu au niveau
de la maîtrise du français chez nos élèves,
alors je disais : Bon, bien, sur les 30 heures qui sont prévues par
la loi, les 30 heures de formation continue, est-ce que le ministre
pourrait, en vertu de cet article 34, dire : Bon, bien, telle année,
il y aura trois des 30 heures ou trois des 15 heures, si on le prend
sur une base annuelle, qui seront consacrées à une formation sur le français, une formation pour améliorer notre
maîtrise du français comme enseignant, comme enseignante. Alors, j'ai donné cet exemple-là, je pense que c'est un
bon exemple, parce que la maîtrise du français, ça concerne toutes les matières. Je pense que, qu'on décide, à un moment
donné, pendant une année x, de prioriser l'amélioration de nos compétences en
matière d'enseignement du français, je pense que ça pourrait être un... ça
pourrait être une bonne idée.
• (15 h 50) •
L'autre exemple, je
pense, que j'ai donné dans certaines entrevues, c'était la gestion de la
classe. Alors, on le sait, la composition de
la classe, c'est un grand défi, Mme la Présidente, alors on pourrait décider,
en vertu de l'article 34 de
l'INEE, qu'il y a un trois heures de formation, qui est offerte, et qui est
donc prescrite pour améliorer les compétences de notre personnel enseignant en matière de gestion de la classe. Bon,
ce sont des exemples. Maintenant, Mme la Présidente, j'ai aussi dit dans ces entrevues, je disais
toujours : Écoutez, sur les 30 heures, peut-être trois heures,
peut-être six heures qui pourraient être prescrites par le ministre en
vertu de cet article 34. Mais ce que j'ai aussi dit, Mme la Présidente,
c'est que, dans la majorité des cas, ce seront les enseignants, les
enseignantes qui vont décider de la formation qu'ils choisiront en fonction de leurs besoins, en fonction de l'évaluation
aussi, qui est faite de concert avec les directions d'école. Parce que
les directions d'école, Mme la Présidente ont un rôle à jouer dans l'évaluation
du travail des enseignantes et des enseignants.
Alors
on peut s'imaginer, par exemple, qu'à un moment donné, pendant l'année
scolaire, le directeur, la directrice s'assoit avec l'enseignante,
l'enseignant, et puis ils font un peu le point sur le travail de l'enseignante.
Et puis, au fil de la discussion, on peut s'imaginer un scénario où le
directeur et l'enseignante conviennent que la personne pourrait prendre telle
ou telle formation pour améliorer tel ou tel aspect de son travail comme
enseignante. Bon. Ça se fait d'une manière,
comment dire, ça se fait au terme d'un dialogue, ça se fait au terme de la...
d'une discussion. Bon. Puis, Mme la
Présidente, il est certain que nous, on croit au principe de l'autonomie des
enseignantes et des enseignants. Alors, c'est sûr que, sur les
30 heures, il y a une partie de ces 30 heures là, bien entendu, qui
va être choisie par l'enseignante concernée. Mais ce que nous souhaitons, Mme
la Présidente, c'est que ces formations-là soient choisies à l'intérieur d'une
sélection de formations qui sont reconnues.
Alors, actuellement,
dans certains cas, je ne dis pas que c'est la majorité des cas, mais je sais
que, dans certains cas, je dirais que le
suivi des formations n'est pas toujours idéal, bon, parce que, parfois, dans
certaines situations, la formation consiste, par exemple, à lire un
livre, dire : Bon, bien moi, j'ai lu tel livre. Ça compte pour... Ça m'a
pris trois heures pour lire le livre. Bon, bien, ça compte pour trois heures
dans les 30 heures de formation. Ça se peut, Mme la Présidente, ça se peut
que cet ouvrage-là soit un ouvrage de référence et puis que... Mais on veut, Mme
la Présidente, donner au cadre des
formations offertes un cadre, je dirais, plus rigoureux que celui qui existe
présentement.
Alors,
ça ne veut pas dire que l'autonomie professionnelle ne s'exerce pas, bien
entendu que non, l'autonomie s'exerce, mais on souhaite qu'elle s'exerce
en lien avec des formations qui sont reconnues pour leur sérieux, qui sont
reconnues parce qu'elles sont fondées justement sur une approche scientifique.
Ce sont des formations qui s'appuient sur les données probantes. Elles s'appuient
sur des pratiques pédagogiques éprouvées. Ce sont, dans certains cas, des formations qui ont été reconnues à
l'international, ça peut arriver, Mme la Présidente. Mais chose certaine, on
veut que ces formations-là soient
fondées sur des données qui démontrent qu'elles sont bien appuyées sur l'état
des connaissances, qu'elles sont bien appuyées sur la science de
l'éducation.
Je
pense, Mme la Présidente, qu'on peut trouver là-dedans un juste équilibre,
offrir les bonnes formations, sérieuses, rigoureuses, fondées sur la
science, l'INEE nous aidera avec ça, tout en permettant à l'enseignante et à
l'enseignant d'exercer son libre jugement, sa libre autonomie professionnelle
dans la majorité des cas.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci. Mme la députée.
Mme Rizqy : Ma
question portait vraiment au niveau... à savoir si, oui ou non, vous étiez
d'accord que c'est un petit peu une dérive, là, qu'on a dû se rendre au
tribunal pour tout simplement dire que vous pouvez offrir ces formations sur une base volontaire et non pas
l'imposer... ces activités, dis-je bien, pas formations. Puis moi, pourquoi
je vous en parle, c'est parce que je voulais vous entendre là-dessus. Parce que
si vous ne considérez pas, justement, cette décision du tribunal quand même un
petit peu, je vais vous le dire ainsi, là, particulière, dans le sens qu'on a
dû dépenser de l'argent public, alors que ça fait partie du sens commun et
c'est déjà prévu dans la convention collective nationale et dans les
conventions collectives locales qu'il doit avoir une concertation avec le
milieu, qui n'a pas été... qui n'a pas été
faite, imaginez, plus tard, une fois qu'on a l'INEE, puis si jamais l'employeur
décide d'aller plus loin, puis dire :
Ce sera cinq heures en français, alors que la personne a déjà 20 ans
d'expérience en littérature française, là, moi, j'ai peur qu'on ait, par
la suite, encore d'autres dérives où est-ce qu'on se rend jusqu'au tribunal.
Puis là c'est un temps précieux qu'on perd non seulement des ressources du
tribunal, mais aussi des deniers publics, là, dedans, là.
C'est
pour ça que j'attirais votre attention précisément sur l'article de Daphnée
Dion-Viens, parce que c'est sûr que
si vous ne voyez pas le danger de cela ou que vous ne partagez pas la... Parce
que je pense même, ce matin, j'étais... Ce matin, j'étais avec Alexandre Dubé de QUB, même lui, là, il trouvait
ça complètement loufoque, là, il dit : Voyons donc, qu'on doit se rendre au tribunal pour
quelque chose qui fait partie du sens commun, qu'on doit imposer des activités
aux enseignants dans une journée, il me semble qu'on est capables de mieux
utiliser le temps, puis on peut faire aussi confiance
à l'autonomie professionnelle des enseignants. Moi, au fond, c'est juste de
savoir : Est-ce que vous êtes d'accord qu'effectivement, là, on n'aurait pas dû se rendre jusqu'au tribunal
là-dessus, là, tout simplement, là, ça n'a pas de bon sens, là?
M.
Drainville : Mme la Présidente, je n'ai pas l'intention de commenter
un cas en particulier. Ce que je souhaite réitérer, c'est que la formation
obligatoire, c'est quelque chose de sérieux, qu'il faut s'en occuper. Et il y a
déjà 30 heures qui sont prévues à la loi, et donc il faut s'assurer que
ces 30 heures là soient utilisées pour maximiser, comment dire, le résultat
lié à cette formation-là. On souhaite que ces formations-là permettent aux
enseignantes et aux enseignants d'améliorer le plus possible leurs compétences.
C'est à ça que ça sert, de la formation obligatoire, Mme la Présidente.
Et donc, moi, ce que
je dis, c'est qu'on souhaite que les formations qui soient offertes soient des
formations qui soient reconnues. Et, dans
mon esprit, Mme la Présidente, il y aura un vaste choix, un vaste choix de
formations, parmi lesquelles les enseignants vont pouvoir choisir la
majorité des heures qui seront consacrées à la formation continue. Et donc je
n'ai pas le goût de rentrer dans une discussion sur le...
• (16 heures) •
Mme Rizqy : O.K.Non, je comprends, mais, moi, je vous dis tout de
suite qu'est-ce qui risque d'arriver, là. C'est les appréhensions qui
sont... qui ont été divulguées lors de la consultation particulière, c'est,
lorsqu'on veut imposer de la formation, puis, à un moment donné, il y a
quelqu'un qui décide d'aller trop loin puis il ne consulte pas, et là,
finalement, on dépense l'argent du public pour se rendre au tribunal.
Je vous amène ailleurs, M. le ministre. CTREQ,
dans leur mémoire, eux, ça fait maintenant 20 ans qu'ils échangent sur
l'éducation, donc, il y a eu beaucoup de projets qui ont été réalisés. Le
CTREQ, pour ceux qui nous suivent, c'est le Centre de transfert pour la réussite... pardon, c'est
le centre au transfert des connaissances en éducation. Alors, j'aimerais
savoir qu'est-ce que l'INEE va faire de plus que le CTREQ.
M. Drainville :
Mme la Présidente, l'INEE va
notamment puiser dans les travaux du CTREQ pour, justement, constituer cette banque de formation, si on peut
dire, cette offre de formation, mais le fera auprès du CTREQ, comme il le fera auprès d'autres organismes également qui
ont développé une expertise, pourra le faire également, bien entendu,
Mme la Présidente, auprès des universités. Donc, le CTREQ, ce sera un des
organismes auprès duquel l'INEE pourra trouver des contenus, notamment, en
matière de formation, c'est un des organismes.
D'ailleurs,
le CTREQ est mentionné dans le rapport que la députée de Saint-Laurent a sans
doute lu, là, le rapport du groupe de
travail. Il est fait référence, notamment... On parle, notamment, du CTREQ,
dans le contexte, justement, de la collaboration qui devra exister entre
l'INEE et le monde de l'éducation.
La Présidente (Mme
Dionne) : Juste une petite précision avant de poursuivre. Étant donné
que les articles sont adoptés un à la suite de l'autre, c'est... le temps est
divisé, donc, par article, donc c'est 20 minutes par article. Donc, Mme la
députée, il vous reste un petit peu moins de 10 minutes.
Mme Rizqy : O.K., d'accord. Alors, si l'INEE puise dans CTREQ,
j'imagine que l'INEE va aussi puiser dans le Conseil supérieur de
l'éducation?
M.
Drainville : Possiblement, Mme la Présidente. L'INEE sera autonome,
indépendante, et donc je pense qu'elle... On peut lui faire confiance, quant
aux sources de sa... quant aux sources dans lesquelles elle ira puiser pour,
justement, reconnaître, à terme, les formations.
Mme Rizqy : Le
CTREQ, est-ce qu'il est financé par le ministère de l'Éducation?
M.
Drainville : Bien sûr.
Mme Rizqy : À
quelle hauteur?
M.
Drainville : Bien là, il faudrait revenir à la députée, Mme la
Présidente, mais... Je n'ai pas le chiffre sous les yeux, là, mais on peut le
trouver puis revenir, Mme la Présidente, avec le chiffre.
Mais
j'attire l'attention, page 18 du rapport du groupe de travail sur la
création de l'INEE, Mme la Présidente, quand
on parle, là, des principes directeurs dont je parlais tout à l'heure, là, que
j'évoquais tout à l'heure. Alors, le premier, c'est l'«indépendance par
rapport aux divers pouvoirs et intérêts de toutes natures qui pourraient
chercher à l'influencer»; le deuxième
principe, «la prise en compte des savoirs issus de la science, du contexte et
de l'expérience», ce dont je parlais tout à l'heure; en 3, c'est «la
recherche des résultats scientifiques, tant qualitatifs que quantitatifs, les
plus complets, les plus exacts, les plus actuels, les plus pertinents pouvant
lui permettre de remplir sa mission.» Alors,
ainsi de suite. Et, si vous allez à la lettre n, n comme Nathalie, alors,
l'institut... «Que l'institut établisse des liens fonctionnels avec les organismes de transfert
existants, notamment le Centre de transfert pour la réussite éducative du
Québec et le Réseau québécois de recherche et de transfert en littératie.»
Mme Rizqy : ...le
même financement pour le CTREQ, une fois la création de l'INEE?
M. Drainville :
Bien, je n'ai pas l'intention
de... je veux dire, je n'ai pas l'intention de couper le financement de quiconque,
Mme la Présidente, ça ne fait pas l'objet du projet de loi, là. Maintenant, en
matière budgétaire, Mme la Présidente, il y a un budget annuel, et donc on ne
s'engage pas avant que le budget soit déposé, là. Mais ça ne fait certainement
pas partie des orientations ministérielles que de réduire le financement de
quiconque.
Mme Rizqy : Y
compris du CTREQ?
M.
Drainville : Ça ne fait pas partie, Mme la Présidente, de mes
orientations de couper le financement de quiconque.
Mme Rizqy : ...garder
mes questions, je vais attendre d'avoir la réponse pour le budget du CTREQ puis
je vais revenir là-dessus. Mais je suis prête à passer la parole, je pense que
ma collègue avait des questions.
La Présidente (Mme
Dionne) :
Oui. Allez-y, Mme la députée.
Mme Ghazal :
Merci. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, par rapport à cet article sur
l'Institut national d'excellence en éducation, moi, en fait, je ne sais pas
trop quoi penser de ça. J'ai évidemment tout lu, là, ce qui a été dit comme critiques puis j'ai entendu le ministre répondre à
certaines de ces critiques-là, mais un des éléments qui m'inquiètent le plus puis que peut-être que
maintenant ça m'aurait rassuré, c'est le fait d'abolir le Conseil supérieur
de l'éducation.
C'est ça, ce
que je dis, c'est que je... Je veux juste attendre que le ministre, peut-être,
termine, parce que j'ai des questions à lui demander puis là, si je les pose...
Oui, bien... Oui, bien, en fait, je voulais juste... J'ai des questions par
rapport à cet
article-là, par rapport à l'Institut national d'excellence. Ça fait juste le
créer, mais de façon générale — là,
je vous entendais parler avec ma collègue sur la formation, mais je vais
y aller de façon beaucoup plus générale, on va avoir d'autres occasions aussi
de parler de la formation — c'est
que je ne sais pas trop quoi penser de l'institut, de la création de l'institut lui-même. J'ai entendu les réponses du
ministre face aux critiques, mais, moi, ce qui fait que je me pose des questions, puis je ne sais pas trop
quoi en penser puis où me situer, c'est parce que le Conseil supérieur de
l'éducation est aboli.
Si, le Conseil supérieur de l'éducation, on ne
changeait pas son mandat, parce que je comprends qu'il n'est pas totalement
aboli, mais on change son nom, puis il va juste s'occuper de l'éducation
supérieure, si ce n'était pas le cas, si le
Conseil supérieur de l'éducation était maintenu tel qu'il existe actuellement,
je me serais dit : Bien, c'est correct, là, il y a un autre
institut, il y a peut-être des études plus idéologiques qui sont étudiées
là-dedans. Je comprends que le ministre, lui, il dit : On va tout
regarder. Mais ça m'aurait plus rassurée. Donc, moi, je fais le lien entre les
deux.
Je voulais juste savoir, depuis qu'on a discuté
de ça, je pense, c'était le printemps dernier, si la pensée du ministre par
rapport au Conseil supérieur de l'éducation a évoluée. Parce que, comme ça, mes
questions, peut-être, seront différentes,
par rapport à l'étude de l'article, s'il me disait... si ça... s'il y a des
amendements, peut-être, qui sont préparés pour, justement, ne pas abolir
le Conseil supérieur de l'éducation.
M. Drainville : Bien, c'est-à-dire,
Mme la Présidente, que notre intention, c'est de fondre les fonctions du Conseil supérieur de l'éducation, en ce qui a
trait à l'éducation préscolaire, primaire et secondaire, dans les fonctions de
l'INEE. Et donc l'INEE aura un rôle, je
dirais, multi... comment dire, multitâches, si on peut dire, ou
multiresponsabilités. Il y aura, évidemment, cette tâche liée à la
synthèse des connaissances scientifiques, et à leur promotion, et à leur diffusion, l'INEE va jouer un rôle au niveau des
formations, également, de la reconnaissance des formations. Et l'intention
que nous avions, nous l'avons toujours.
Mme Ghazal : Le Conseil supérieur de
l'éducation... En fait, est-ce que l'INEE est aussi indépendant que le Conseil supérieur de l'éducation? C'est-à-dire que
le ministre nous parle beaucoup de l'INESSS, mais même l'INESSS, là, on va y arriver, là quand on va parler du
conseil d'administration... ce n'est pas la même chose, là, l'INEE puis
l'INESSS, ce n'est pas la même chose, la même structure, le même niveau
d'indépendance. Mais on pourra en parler plus tard. Mais je veux savoir, de
façon générale : Est-ce que l'INEE est aussi indépendant que l'est le Conseil
supérieur de l'éducation?
M. Drainville : Oui, bien sûr.
Mme Ghazal : Il l'est autant?
M. Drainville : L'INEE est aussi...
Mme Ghazal : Indépendant que le
Conseil supérieur de l'éducation?
M. Drainville : Bien sûr.
Mme Ghazal : Comment ça?
M. Drainville : Bien, le processus
de nomination est le même, notamment.
• (16 h 10) •
Mme Ghazal : Le processus de
nomination de...
M.
Drainville : Bien, des dirigeants de l'un et de l'autre. Le
processus de nomination de la personne qui dirige le Conseil supérieur de l'éducation et le processus
de nomination pour ce qui est de la personne qui dirigera l'INEE, c'est le
même processus.
Mme Ghazal : Mais autre que la
nomination des dirigeants, il y a plein d'autres choses dans lesquelles, pour
l'INEE, le ministre a des pouvoirs, alors
que, pour le Conseil supérieur de l'éducation, il ne touche pas à ça, le
ministre, là. Le CSE, le Conseil supérieur de l'éducation, fait son
travail de façon totalement indépendante.
M. Drainville : ...le cas aussi pour
l'INEE.
Mme Ghazal : Ce n'est pas ce que le
projet de loi dit.
M. Drainville : Ah! bien, à quel...
Mme Ghazal : À part les nominations.
M. Drainville : Non, je ne suis pas
d'accord avec vous, là, l'INEE va être aussi indépendant que l'est le Conseil
supérieur de l'éducation.
Mme Ghazal : Pourquoi?
M. Drainville : Bien. C'est vous qui
mettez en question l'indépendance. Moi, je vous dis que ça va être la même
chose, ça va être la même indépendance, ça va être la même autonomie.
Mme Ghazal : Mais il y a plein
d'articles où on voit que le ministre fait ça, le ministre fait ci, qui
n'étaient pas dans la loi par rapport au conseil... qui n'est pas dans la loi
qui met en place le Conseil supérieur de l'éducation. Tu sais, on voit : le ministre fait ça, le ministre doit recevoir
ça, le ministre doit faire ça, alors que le Conseil supérieur de l'éducation, ils n'ont pas besoin de tout le
temps faire référence ou intervenir auprès du ministre, ils font leur rapport,
puis le ministre le découvre quasiment au même moment que tout le monde.
Comment est-ce que le ministre peut dire qu'il est aussi indépendant?
M.
Drainville : Mme la Présidente, j'aimerais ça savoir en quoi
est-ce que, selon... selon la députée de Mercier, en quoi est-ce que l'INEE aura moins d'autonomie
ou moins d'indépendance que le Conseil supérieur de l'éducation? Je ne
vois pas ça, là, moi, puis ça ne fait...
Mme
Ghazal : Bien, il faudrait qu'on regarde les articles, mais
il y a plein d'endroits où le ministre intervient par rapport au travail de l'INEE, alors que, pour le
Conseil supérieur de l'éducation, le ministre n'a pas à intervenir à aucun
moment. Il faudrait qu'on les regarde, les articles, là, on n'est pas rendus
là.
M. Drainville : Bien non, mais c'est
ça, là, on n'est pas rendus là, mais je vous rappelle...
Mme Ghazal : Mais c'est parce que,
moi, ce que j'essaie... Oui.
M. Drainville : Je vous rappelle
qu'un des rôles du Conseil supérieur de l'éducation, c'est de conseiller le ministre. C'est un de ses rôles principaux. Alors,
évidemment, Mme la Présidente, dans le cadre de son rôle de conseiller
du ministre, il est évident qu'il y a des discussions, parfois, des rencontres
avec le Conseil supérieur de l'éducation.
Moi, j'ai eu quelques rencontres avec
Mme Brodeur, la P.D.G., donc, du Conseil supérieur de l'éducation, et puis évidemment, quand on se rencontre, on discute
de différents enjeux liés à l'éducation. Je ne crois pas qu'elle y voie
là une intrusion dans son mandat. Ça fait
partie de son rôle que de me partager ses observations, ses réflexions.
Éventuellement, ses observations et autres réflexions se retrouvent dans
les rapports que le conseil décide de publier à sa guise, sans que le ministre
n'ait à intervenir de quelque façon que ce soit. Mais c'est certain, Mme la
Présidente, que, si le Conseil supérieur de
l'éducation est pour s'acquitter de sa mission de bien me conseiller, bien, à
ce moment-là, pour me conseiller, encore faut-il me rencontrer, encore
faut-il en discuter. Alors, on a eu quelques discussions, Mme Brodeur et
moi, puis ça s'est très bien passé. C'est une femme pour laquelle j'ai
énormément d'estime, qui a un parcours absolument exceptionnel dans le monde de
l'éducation.
Et donc, Mme la Présidente, est-ce qu'il y aura des
rencontres entre le ministre de l'Éducation et l'éventuel dirigeant ou
dirigeante du... de l'Institut national d'excellence en éducation? Je crois
bien. J'espère. Maintenant, ce n'est pas
parce qu'on se rencontre puis ce n'est pas parce qu'on discute, ce n'est pas
parce que j'exprime le souhait que tel organisme, dans ce cas-ci le Conseil
supérieur, ou tel organisme, dans le cas de l'Institut national d'excellence,
se porte... se penche, dis-je, sur tel ou tel aspect du... tel ou tel enjeu du
monde de l'éducation... Ce n'est pas un problème, ça, Mme la Présidente, là.
Dans le monde de l'éducation, il faut travailler ensemble aussi, là, puis...
Alors, c'est
vrai que, dans les dispositions, là... je ne l'ai pas sous les yeux parce qu'on
n'était pas rendus là, là, mais je sais que je peux, par exemple,
formuler certaines demandes, je peux demander un avis, par exemple, sur les
programmes de formation à l'enseignement. Mais, du même coup, l'INEE doit
aussi, selon les missions... la mission qui
lui est confiée, conseiller le ministre sur toute question relative à
l'éducation et, à cette fin, me faire rapport sur l'état et les besoins
de l'éducation. Alors, ça va dans les deux sens. Je peux, oui, parfois,
formuler des demandes à l'INEE, et l'INEE va
aussi, de sa propre initiative, pouvoir procéder à des travaux qu'il partagera,
éventuellement, pas juste au ministre, mais qu'il partagera à la
population.
Et oui, il peut également décider, dans le cadre
de son mandat, de me conseiller et puis, oui, au point 10°, «exécuter tout
autre mandat que lui confie le ministre». Bien, Mme la Présidente, j'espère que
je peux parfois demander à l'INEE de
m'aider, là, puis d'aider le ou la ministre de l'Éducation qui me succédera un
jour, là, c'est normal. Cet
institut-là va dresser l'état des connaissances scientifiques, dresser l'état
des meilleures pratiques et participer à leur diffusion, participer à leur vulgarisation, participer à leur diffusion,
alors c'est sûr que, comme ministre de l'Éducation, c'est quelque chose
qui est pertinent à ma responsabilité.
Mme
Ghazal : O.K. Bien, juste pour être sûre, parce que, tu
sais, je ne veux pas... Là, je comprends, le ministre part sur des monologues, on dirait qu'il fait du
temps sur son propre projet de loi. Mais, en fait, moi, je fais juste, comme,
poser une question de façon générale. Le ministre, il m'a dit : Non, il
est pareillement indépendant. Mais je vais avoir,
de toute façon, à l'article 4, des amendements. Surtout, aussi, quand il
compare l'INEE et l'INESSS, on va voir, là, il y a le mot «indépendance» qui est dans le même article, là, sur la
mission et la gouvernance de l'INESSS, qui saute, qui n'est pas là pour
l'INEE, ça fait qu'on... je vais pouvoir en parler.
Mais moi, de
façon générale, de façon générale, ce que je trouve extrêmement inquiétant avec
l'INEE, c'est son manque d'indépendance, puis on va en parler un peu
plus loin, on n'est pas d'accord, visiblement, le ministre et moi, sur l'indépendance, puis aussi sur l'aspect idéologique.
C'est-à-dire que le ministre a dit qu'il y a une résistance au changement. Ce
n'est pas... Moi, ce que j'entends, ce n'est pas une résistance au changement,
c'est que ça dépend de quel changement. Le
changement qu'amène le ministre a l'air d'être idéologique. Après ça, lui, il
dit : Non, non, non, il peut y avoir plein d'autres études.
Cela dit, on parle
toujours de recherche avec les données probantes, les données probantes, les
données probantes. Je n'entends pas d'autre
type de recherche. Mais ce qui existe en ce moment, là, en ce moment,
aujourd'hui, il y a plein de recherches qui sont faites par le biais des
fonds de recherche du Québec qui financent plein de connaissances, il y a plein d'études, et ça utilise notamment toutes
sortes d'approches, notamment les données probantes. Puis il y a le...
on en a parlé tantôt, le CTREQ, donc, le Centre de transfert pour la réussite
éducative, dont l'objectif, c'est de diffuser la recherche, actuellement, qui
existe. Donc, j'essaie juste de comprendre ce que l'INEE vient faire avec ce
qui existe déjà, le CTREQ, qui diffuse des études qui sont financées par les
fonds de recherche du Québec.
Ça fait que c'est
comme si on met ça de côté, on met le CSE de côté, le Conseil supérieur de
l'éducation, puis on vient dédoubler ce que fait déjà le CTREQ pour ajouter
l'INEE. J'essaie juste de comprendre pourquoi est-ce que le ministre dit qu'on peut avoir toutes sortes d'études, ce n'est
pas idéologique, ce n'est pas uniquement les données probantes. Est-ce
qu'il peut me nommer d'autres types d'approches, de recherches en éducation qui
peuvent être utilisées par l'INEE, autres
que les données probantes? C'est quoi, les autres? Il dit : Tout autre
type. Ce serait quoi, les autres? J'aimerais ça qu'il m'en nomme.
M.
Drainville : Bien, les données probantes, Mme la Présidente, c'est
quoi, les données probantes? C'est les données
pour lesquelles on a des preuves probantes. «Preuves», «pruebas», en espagnol,
si vous voulez, c'est la même chose.
Alors, «pruebas», preuves probantes, c'est la même racine latine. Alors, Mme la
Présidente, oui, je fais étalage de
ma vaste culture, ici, n'est-ce pas, oui, le latin doit servir une fois de
temps en temps, Mme la Présidente, et mon séjour au Mexique aussi. Mais tout ça pour dire qu'une donnée probante, c'est
une donnée qui s'appuie sur une démonstration de son efficacité, bon,
disons ça comme ça, une preuve de son efficacité.
Alors, ça peut être,
Mme la Présidente, une donnée probante qui concerne les recherches à caractère
quantitatif, comme ça peut être des données probantes qui découlent de
recherches qualitatives. La donnée probante, l'idée,
le concept de données probantes, il s'applique à toutes les formes de
recherche. Ce n'est pas idéologique, le terme «données probantes». La
donnée probante, c'est une donnée dont on a pu démontrer qu'elle avait atteint
son résultat.
• (16 h 20) •
Mme Ghazal : C'est
quoi, les autres types de... Moi, je ne suis pas une experte là-dedans, là. On
a... je sais qu'on a eu des experts qui sont
venus, mais, le ministre, peut-être qu'avec son équipe, là, il a pu approfondir
ça beaucoup plus que moi. C'est quoi, les autres? Parce que le ministre
a dit : Il y a d'autres points de vue. C'est quoi, les autres points de
vue? Est-ce qu'il peut me nommer des écoles de pensée, disons, de la recherche
scientifique en éducation?
M. Drainville :
Bien, je viens d'en nommer deux,
là, Mme la Présidente, là. Une des inquiétudes qui a été exprimée par certaines critiques, c'est que l'INEE allait
favoriser un type de recherche, donc, la recherche qualitative... quantitative,
au détriment de la recherche qualitative.
Alors, la recherche
qualitative, c'est la recherche de contexte, mettons. Alors, une recherche
qualitative, ce ne sera pas une recherche
nécessairement quantifiée, son nom le dit, mais ça va être une recherche,
mettons, qui va porter davantage sur
l'esprit, l'environnement, l'expérience, l'expérience terrain, l'expérience
classe. Alors, la donnée quantitative
ou la recherche quantitative va chercher davantage à mesurer en fonction d'un
échantillonnage qui se veut le plus
grand possible pour pouvoir, par la suite, en arriver... en tirer des
conclusions. Bon, alors on parle, par exemple, de méta-analyse, et tout
ça.
Mais, Mme la
Présidente, moi, ce que je dis, là, c'est que l'INEE ne va pas favoriser la
recherche quantitative au détriment de la recherche qualitative. L'INEE
cherchera et s'intéressera à tous les types de recherche, Mme la Présidente. L'INEE, par définition, n'est pas
idéologique. L'INEE cherche, à travers les différents types de recherche,
à trouver qu'est-ce qui fonctionne et
qu'est-ce qui ne fonctionne pas. Et si ça fonctionne, à ce moment-là, si c'est
probant, si ça donne des bons résultats, on a intérêt, à ce moment-là, à
ce que cette pratique, par exemple, si on parle d'une pratique, soit partagée, soit diffusée, parce que si ça a bien fonctionné,
si on a un bon échantillonnage et on peut conclure que cette pratique a
très bien fonctionné, bien, on souhaite évidemment qu'elle soit connue par le
plus grand nombre possible parce qu'on
souhaite évidemment, ultimement, aider à la réussite éducative des élèves.
Donc, cette pratique-là est bonne, elle fonctionne bien, la donnée est
probante, eh bien, on la partage au plus grand nombre, et tout le monde peut en
bénéficier.
Mme Ghazal : ...du mur-à-mur. Si, par exemple, ça fonctionne à
un certain endroit, ça fait que là on dit : Ah, ça a fonctionné là,
on pense que c'est suffisant, donc on fait du mur-à-mur partout?
M. Drainville :
Non, justement, un des éléments
importants de la donnée probante, c'est justement de s'adapter aux
circonstances locales. Alors, il faut justement éviter le mur-à-mur.
Alors, par exemple,
Mme la Présidente, des instituts de recherche comme l'INEE, là, il y a
plusieurs pays qui se sont dotés de tels
instituts. La Grande-Bretagne s'est dotée d'un tel institut, la France s'est
dotée d'un tel institut, les États-Unis en ont quelques-uns, si je ne
m'abuse, mais en tout cas au moins un. Et donc, Mme la Présidente, c'est certain que l'un des mandats de l'INEE, ça va
être, oui, justement, d'aller voir qu'est-ce qui fonctionne bien à l'étranger
et de vérifier est-ce que ça pourrait s'appliquer chez nous, mais on ne va pas
prendre des pratiques qui proviennent d'une autre culture, d'un autre pays puis
de plaquer ça mur à mur dans nos classes.
Ce qu'on va faire, si on s'aperçoit
que telle ou telle recherche est très, très concluante puis que c'est concluant
non seulement dans un pays, mais il semble que ce soit concluant dans plusieurs
pays, bien, à ce moment-là, oui, on va vérifier est-ce que ça pourrait
s'appliquer chez nous. Et si on s'aperçoit que ça fonctionne bien chez nous,
bien, à ce moment-là, on dira : Ah! bien là, on a intérêt à ce que le plus
grand nombre possible d'enseignantes et d'enseignants puisse en bénéficier.
Mme Ghazal : ...le
centre de recherche... le Centre de transfert pour la réussite éducative, qui
n'est pas un organisme gouvernemental, mais qui est financé, ça, c'est les
universitaires qui font ça puis qui font pleins, pleins, pleins de recherches, eux, déjà, ils le font déjà,
puis ils diffusent la recherche, puis c'est financé par le gouvernement. C'est
quoi, la différence entre ce qu'eux font et ce que l'INEE va faire?
M.
Drainville : Si vous vous regardez à la page 32 du rapport, le
rapport est toujours le même, là, le rapport sur le groupe de travail, alors,
vous avez là un tableau qui est intitulé Évaluation sommaire des rôles,
et là, donc, les signataires du rapport
prennent les exemples du Centre de recherche interuniversitaire sur la
formation et la profession enseignante,
ils prennent l'exemple également du Centre de recherche et d'intervention sur
la réussite scolaire et il prend... ils prennent, dis-je, l'exemple du
Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec. Alors là, on voit les
rôles.
Alors là, le rôle du
CTREQ : «Promouvoir l'innovation et le transfert des connaissances en vue
d'accroître la réussite éducative au Québec;
accroître la synergie entre les acteurs de la recherche, ceux du terrain et les
organisations; contribuer au développement d'une culture scientifique et
d'innovation en éducation.» Et là le rôle de l'institut, donc, dans le prolongement de ce que je viens
d'énoncer : L'institut, donc l'INEE, dit, le rapport, «ne se spécialisera
pas dans l'innovation et la technologie». Donc, c'est un domaine que le
CTREQ continuera d'occuper. «L'institut travaillera avec le CTREQ», parce que ce sera l'un de ses partenaires. Et, dit le
rapport, «l'institut développera également une culture scientifique de
façon distincte en rendant compte de la recherche». Et là il y a un petit une
petite phrase en dessous : «Les rôles
sont essentiellement distincts et uniquement complémentaires en ce qui concerne
la diffusion de la recherche en éducation.»
Mais,
toujours selon ce rapport, donc, que je vous invite... dont je vous invite à
prendre connaissance, le CTREQ a sa mission, l'INEE a la sienne, ils seront
partenaires et vont travailler ensemble. Mais il y aura... même avec la
création de l'INEE, il y aura des rôles que le CTREQ sera le seul à exercer, il
aura encore son rôle à jouer. Mais il y aura du travail qui se fera, Mme la Présidente, comme je l'ai dit tout à
l'heure, il y aura du travail de collaboration. C'est une des valeurs
importantes du président de l'institut.
Mme la Présidente, il
faut cesser de voir l'INEE... Parce que c'est ça qui ressort beaucoup des
interventions, actuellement, des
oppositions, là, c'est comme si l'INEE était un méchant rival, là, qui arrive
sur leurs platebandes, là, et qui va venir menacer, d'une manière ou
d'une autre, leur existence ou leurs responsabilités. Mme la Présidente,
le réflexe protectionniste, là, de chasse gardée puis de défense de son
territoire, je ne crois pas que ça a sa place actuellement,
là. Là, Mme la Présidente, on a des gros enjeux en matière d'éducation, ai-je
besoin de le dire? Ai-je besoin d'affirmer,
Mme la Présidente, qu'on a des grands défis en matière d'éducation? On souhaite
se donner un instrument collectif qui va nous permettre de faire la recension
des meilleurs résultats obtenus dans le champ de l'éducation, identifier
les pratiques qui sont... qui fonctionnent, qui donnent des résultats et nous
permettent, une fois qu'on l'a fait, de les
partager avec le plus grand nombre. C'est ça qu'on propose, avec l'INEE, Mme la
Présidente. Alors là, je ne sais pas pourquoi est-ce que, tout d'un
coup, l'INEE devient le gros méchant loup dont on devrait se garder.
Mme la Présidente,
là, je comprends, là, qu'il y a des personnes qui sont dubitatives, perplexes,
préoccupées, inquiètes, là. Mais prenons un
pas de recul, là, puis regardons ce qu'on essaie de faire avec l'INEE, là, Mme
la Présidente, là. Puis on a un
rapport ici, là, qui est très bien fait, qui n'a pas été demandé par un
gouvernement de la CAQ, qui a été demandé par un gouvernement du Parti
libéral, par le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, un rapport qui a été
commandé, Mme la Présidente, je tiens à le
préciser, au terme d'un exercice démocratique. Parce que ce n'est pas arrivé,
Mme la Présidente, là... ce n'est pas tombé, là, du ciel, là, cette idée, là,
d'un INEE, là. En 2016...
• (16 h 30) •
Mme Ghazal :
...
M. Drainville :
Je vais juste terminer, Mme la Présidente. Madame...
Mme Ghazal :
...
La Présidente (Mme Dionne) : Mme
la députée, oui, le travail de tout le monde est important. Les questions
sont importantes, les réponses sont
importantes. Le temps est égal pour tout le monde, donc ça n'empiète pas sur
votre 20 minutes. Donc, je vous laisse...
Mme Ghazal : Juste... C'est parce que
j'ai juste envie d'avoir une discussion, en ce moment. Parce que, là, j'ai
l'impression qu'il n'y a pas de discussion.
M. Drainville :
...
La Présidente (Mme Dionne) :
Du tout. Non, non, non, du tout, du tout. Donc, je...
M. Drainville : ...là, l'étude
des crédits, c'est cumulé. Là, c'est différent.
Mme Ghazal :
Non, je sais, ça fait cinq ans que je fais ça...
La Présidente (Mme Dionne) : Non,
mais j'apporte le point de Mme la députée...
Mme Ghazal : ...je veux juste
avoir une conversation avec le ministre, parce que...
La Présidente (Mme Dionne) : Je
vous entends bien.
M. Drainville : Oui, mais j'ai
une conversation, j'ai une conversation, Mme la Présidente. C'est parce qu'actuellement, ce que j'entends, j'entends les
oppositions qui soulèvent, les unes après les autres, les objections qui
ont été soulevées en opposition à la création de l'INEE, qui se font les porte-voix
des critiques qui ont été exprimées. Très
bien, je vis très bien avec ça, Mme la Présidente, il n'y a pas d'enjeu. Mais
si vous me permettez, moi, je vais vous parler des raisons pour
lesquelles on le fait, plutôt que de ne discourir que des raisons pour
lesquelles on ne devrait pas, supposément, le faire.
Alors, moi, ce que je vous dis, Mme la
Présidente, c'est qu'en 2016 le gouvernement du Québec dirigé par Philippe Couillard a lancé une démarche de
consultation pour élaborer une première politique de la réussite éducative.
15 000 personnes ont participé à ce processus-là. Et, au terme de ce
processus-là, le ministre libéral de l'Éducation, Sébastien Proulx, voyant que,
dans les recommandations de l'exercice de consultation, il y avait cette idée de
créer un institut national d'excellence, il a décidé d'aller de l'avant, de
créer un groupe de travail pour que ce groupe de travail se penche sur,
justement, la création d'un organisme qui viserait à mettre en valeur et à...
«viserait à la mise en valeur et au
transfert des connaissances dans le milieu de l'éducation, à l'instar de
l'Institut national d'excellence en santé et services sociaux, pour
assurer le développement des expertises et des meilleures pratiques et
favoriser le développement des pratiques pédagogiques innovantes basées sur les
connaissances issues de la recherche».
Alors, ça, c'est le mandat que Sébastien Proulx
donne au groupe de travail. Ce n'est pas moi qui l'ai inventé. Et là le groupe
de travail se penche là-dessus, ils reviennent et ils disent : Savez-vous
quoi, l'INEE, c'est une bonne idée, on en a
besoin au Québec. Bon, moi, j'arrive comme ministre de l'Éducation, je regarde
le rapport, je dis : C'est bon, ce rapport-là; pourquoi est-ce qu'on ne
l'a pas fait? Ah! bien là, qu'est-ce que vous voulez, on arrivait en fin de mandat...
Bon, O.K., très bien. Mais le rapport est bon, les arguments qui sont donnés
pour créer l'INEE sont bons.
Et là, je veux dire, oui, il y a des groupes qui
sont opposés à la création de l'INEE. C'est sûr, ça, c'est normal en démocratie. Mais je n'ai pas trouvé, dans quelque
argument que ce soit jusqu'à maintenant, suffisamment de raisons pour me
convaincre que ce n'est pas une bonne idée. Ça reste une bonne idée, le rapport
reste bon, les arguments invoqués par le
rapport sont bons, et donc, Mme la Présidente, on souhaite aller de l'avant
avec la création de l'INEE, on pense qu'on va y gagner collectivement. Et
ultimement, qu'est-ce qui est en haut de la pyramide, M. le Président...
Mme la Présidente? Qu'est-ce qui est en haut de la pyramide? Réussite de
l'élève. Bien, moi, je pense que la création de l'INEE va contribuer à la
réussite de l'élève, et c'est pour ça qu'on souhaite aller de l'avant avec la
création de l'INEE. Il n'y a pas d'autre raison.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci,
M. le ministre. Mme la députée, à la limite, vous...
Mme Ghazal : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
mais vous pouvez... Si la réponse ne vous convient pas, vous pouvez reformuler votre question. Donc, c'est ça, comme
je vous dis, là, questions et réponses sont importantes pour tout le monde.
Mme Ghazal : Parfait. Ma question
est tellement loin que je ne m'en rappelle plus. Je pense, ça doit faire une demi-heure que je l'ai posée, là, je ne sais
plus. Écoutez, moi, j'ai une autre question maintenant pour le ministre.
Est-ce que le rapport qu'il tient en ses
mains, celui d'un autre gouvernement, est-ce qu'il proposait d'abolir le Conseil supérieur de l'éducation?
M. Drainville : Non, vous avez
raison, il ne le proposait pas.
Mme Ghazal : O.K., et pourquoi?
M. Drainville : Il proposait de le
maintenir. Remarquez qu'il y avait, dans le rapport...
Mme Ghazal : Il proposait même de le
maintenir?
M. Drainville : Oui, absolument.
Mme Ghazal : Excellent.
M. Drainville :
Absolument, mais, je vous dirais,
il y avait, dans ce rapport... Il y avait, dans ce rapport... Non, c'est
une très bonne question. Il y avait, dans ce rapport, Mme la Présidente,
différents points de vue... qui évoquait, donc, les différents points de vue
qui avaient été exprimés par des personnes, donc, qui ont participé à la
consultation du groupe
de travail, et il y avait plusieurs scénarios qui étaient évoqués. Un des
scénarios, Mme la Présidente, c'était effectivement
que le Conseil supérieur de l'éducation demeure et cohabite, donc, avec l'INEE,
mais il y avait également, dans ce rapport... il y a également, dans ce
rapport, l'idée que l'INEE soit créé à l'intérieur du Conseil supérieur de
l'éducation. Alors, nous, ce qu'on fait, Mme la Présidente, c'est qu'on
préserve les fonctions du Conseil supérieur de l'éducation à l'intérieur de
l'INEE.
Mme Ghazal : ...va
déposer des amendements pour suivre les recommandations du rapport, soit un ou l'autre? Parce que moi, je ne serais plus en train
de parler et d'avoir cette discussion-là à ce point-là. C'est-à-dire que,
oui, on va regarder l'INEE, son
indépendance. On va tout regarder ça, mais, pour faire sauver le temps de tout
le monde, là, si le ministre a décidé
de suivre ce que le rapport lui dit par rapport au Conseil supérieur de
l'éducation, qui est soit de le maintenir soit de faire en sorte qu'il
chapeaute l'INEE, un ou l'autre, ça me va, là, après ça, on peut discuter des détails, est-ce que le ministre a l'intention de
déposer des amendements pour aller dans le sens du rapport qu'il n'arrête
pas de nous citer?
M.
Drainville : Vous êtes d'accord avec l'idée que l'INEE...
Mme Ghazal : ...existe
en même temps que le...
M.
Drainville : ...existe à l'intérieur du Conseil supérieur, mais vous
n'êtes pas d'accord avec l'idée que les fonctions du Conseil supérieur existent
dans l'INEE. Ça, vous n'êtes pas d'accord avec ça?
Mme Ghazal : Moi,
ce que je veux, c'est que le Conseil supérieur de l'éducation, de la façon
qu'il existe maintenant, continue à exister.
Pourquoi? Parce que son mandat est beaucoup plus large. Il ne fait pas que
s'intéresser uniquement à ce qui se
passe dans la petite classe. Il s'intéresse aussi à ce qui se passe dans la
société de façon générale, dans les conditions socioéconomiques. Il a
un...
M.
Drainville : ...
Mme
Ghazal : Non, mais,
excusez-moi, ça fait 30 minutes que vous parlez. Moi, il faut que je
puisse continuer.
M.
Drainville : «Petite classe», je ne trouve pas que c'est une bonne
appellation.
Mme Ghazal : Bien,
voyons donc!
M. Drainville :
«La petite classe». Non, non,
mais ce qui se passe dans la classe, c'est l'essentiel, là, de ce qui se
passe en éducation, mais je ne voulais pas vous interrompre, allez-y.
Mme Ghazal : Bien
non, mais, si moi, je ne peux pas parler pendant 30 minutes, puis, chaque
mot, je me fais arrêter...
La Présidente (Mme
Dionne) : Allez-y...
Mme Ghazal : ...puis
j'ai oublié le fil, on ne pourra pas continuer...
La Présidente (Mme Dionne) : Mme
la députée, je parle, s'il vous plaît. Mme la députée, la parole est à vous,
continuez.
Mme Ghazal : Merci. Donc, une classe, ce n'est pas comme... je
veux dire, ce n'est pas juste un milieu de vie qui existe tout seul
comme ça dans les nuages. Je veux dire, la classe, elle est dans une école,
dans un quartier, dans une communauté, avec
des variables socioéconomiques qui sont différentes d'une classe à une autre,
avec un contexte différent dans une région,
dans une ville différente. Donc, de dire ce qui se passe dans une classe, une
petite classe — on
aimerait ça qu'il y ait moins d'élèves dans une classe, donc on peut dire «une
petite classe» — versus
dans une autre classe... On ne peut pas dire que tout est pareil. Il y a
plein d'autres variables qui rentrent en ligne de compte, et ça... le Conseil
supérieur de l'éducation tenait... tient en compte ces variables-là, ces
aspects-là, puis il pouvait aller sur tous
les sujets, tous les enjeux, parce que l'éducation, ce n'est pas juste une
classe, c'est aussi... ça a lieu dans une société, dans notre société.
Donc, il pouvait
regarder de façon beaucoup plus large, alors que l'INEE a un mandat beaucoup,
beaucoup plus restreint. C'est pour ça...
C'est de là que vient... Ce n'est pas juste une inquiétude. C'est-à-dire, c'est
une inquiétude justifiée, puis il ne
faut pas la qualifier en disant : Mon Dieu, c'est du... c'est une
inquiétude qui est... On veut le statu quo puis on a peur du changement. Il
faut arrêter de qualifier aussi ce que les gens disent. Si le Conseil supérieur
de l'éducation continuait à exister
tel qu'il est maintenant, puis qu'on crée l'INEE, qu'il soit à côté ou
chapeauté par le Conseil supérieur de l'éducation, c'est des détails
dont on peut discuter, bien, on serait ailleurs, là, on n'aurait pas la même
discussion actuellement.
Donc, moi,
j'aimerais ça, pour travailler de façon efficace... On parle d'efficacité dans
le système d'éducation. Ça serait le fun que notre commission aussi soit
efficace. Si le ministre a l'intention de suivre ce que le rapport dit, c'est-à-dire de maintenir le Conseil supérieur de
l'éducation, puis que l'INEE existe à côté, en dessous ou peu importe, bien, on n'aurait plus la même
conversation. Moi, je serais... je me dirais : O.K., c'est bon, il y a
quand même une avancée. Puis on pourrait, après ça, parler de l'INEE et
de son indépendance, d'autres détails, mais, au moins, le Conseil supérieur de
l'éducation serait maintenu. Puis ce qu'il fait, les rapports qu'il mettait en
place, puis la façon qu'il fonctionne aussi, les consultations extrêmement
larges, la façon totalement indépendante qu'il travaillait... qu'il travaille,
bien, c'est très, très précieux. Il ne faut pas l'abolir. Donc, j'aimerais
juste que le ministre nous le dise. Oui ou non, est-ce que le Conseil supérieur
de l'éducation va continuer à exister?
• (16 h 40) •
M.
Drainville : Mme la Présidente, le projet de loi prévoit que
l'INEE... que les fonctions, en fait, du Conseil supérieur de
l'éducation, en ce qui concerne l'éducation préscolaire, primaire et
secondaire, le projet de loi prévoit que ces fonctions sont transférées à
l'INEE, et ça tient toujours.
Et
j'aimerais, Mme la Présidente, souligner à grands traits que, quand on regarde
la Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation, on voit que, par
exemple, à l'article 10, «dans l'exercice de ses fonctions, le Conseil
supérieur de l'éducation peut donner aux
ministres des avis ou leur faire des recommandations sur toute question
relative à l'éducation». Bien, si
vous regardez, Mme la Présidente, le sixième paragraphe de l'article 5, la
mission de l'institut... le neuvième, pardon, neuvième paragraphe, la
mission de l'institut consiste à «conseiller le ministre sur toute question
relative à l'éducation et, à cette fin, lui faire rapport au moins tous les
deux ans sur l'état et les besoins de l'éducation».
On prend, Mme la Présidente, les... C'est
exactement le même libellé. Le conseil doit, au moins à tous les deux ans,
faire rapport au ministre sur l'état et les besoins de l'éducation. Alors, on
prend les fonctions du Conseil supérieur de
l'éducation et on les amène, on les fait basculer dans la mission de l'INEE
sans pour autant, Mme la Présidente, sans pour autant retirer au Conseil
supérieur de l'éducation ses fonctions en lien avec l'enseignement supérieur.
Il ne faut jamais oublier, Mme la Présidente, le Conseil supérieur de
l'éducation continue ses fonctions tel que c'est le cas présentement en ce qui
a trait à l'enseignement supérieur.
Mme
Ghazal : Pourquoi ce choix du gouvernement? Pourquoi? Juste
pour enlever, je vais dire, la suspicion... C'est-à-dire que le Conseil
supérieur de l'éducation déposait beaucoup, beaucoup de rapports qui étaient
tablettés, puis on ne suivait pas les
recommandations sur plein, plein d'enjeux, notamment sur l'école à trois
vitesses. Est-ce que le ministre a
décidé, a pris cette décision de dire : Tout ce que fait le Conseil
supérieur de l'éducation, on l'a mis dans ce petit paragraphe, là, dans un article, là, pour dire qu'il va
pouvoir... l'INEE va pouvoir conseiller sur toute l'éducation? Parce qu'on ne veut plus que le Conseil supérieur
de l'éducation parle de l'école à trois vitesses, à laquelle le ministre
ne croit pas, parce qu'en ce moment cette décision-là qui a été prise par le
gouvernement, par le ministre, de ne pas suivre la recommandation du rapport de
maintenir le CSE puis de dire : Bien, on va tout prendre ce qu'il faisait
déjà puis on va le mettre dans l'INEE, je
veux dire, pourquoi ce choix-là? J'aimerais ça savoir pourquoi,
fondamentalement, ce choix-là parce que moi, j'ai l'impression que c'est
parce qu'on ne veut plus que le Conseil supérieur de l'éducation rebatte les
oreilles du gouvernement avec l'école à trois vitesses. C'est l'impression que
ça donne.
M. Drainville : Mme la Présidente,
l'INEE va être autonome, va être indépendant. S'il souhaite produire un avis
sur l'école, la supposée école à trois vitesses, Mme la Présidente...
Mme Ghazal : ...
M. Drainville : Pardon?
La Présidente (Mme Dionne) : Un à la
fois, s'il vous plaît. Merci. Soyons courtois.
M. Drainville : Mme la Présidente,
la députée de Mercier dit : Ils n'auront pas le temps. Bien, écoutez, on
va les laisser faire leur travail, Mme la Présidente, et, de présumer de ce que
l'INEE fera ou ne fera pas, je trouve ça... en
tout respect, Mme la Présidente, je trouve ça un petit peu présomptueux, c'est
le cas de le dire, mais, Mme la Présidente, tout ce que je dis, moi,
c'est que les fonctions qui sont celles du Conseil supérieur de l'éducation
basculent dans le mandat de l'INEE, et, dans
certains cas, comme je viens d'en faire la démonstration, c'est carrément
l'article de la loi du Conseil
supérieur de l'éducation qui est carrément copié, là. On le reprend quasiment
mot pour mot et on le verse, donc, dans la mission de l'INEE, notamment
à l'article 5, alors...
Et, Mme la Présidente, je rappelle, et ça, c'est
important, là, la P.D.G. du Conseil supérieur de l'éducation va siéger au
conseil d'administration de l'INEE, et, comme je l'ai déjà indiqué, Mme la
Présidente, en tout, tout début de nos travaux, le président ou la présidente
de l'INEE va également siéger au conseil d'administration du Conseil supérieur
de l'éducation. Donc, on déposera un amendement en cette matière, donc, qui
fera en sorte justement que la dirigeante...
la première dirigeante du Conseil supérieur de l'éducation va siéger au C.A. de
l'INEE, et ce sera le cas aussi pour
le ou la première dirigeante de l'INEE, qui va siéger au Conseil supérieur de
l'éducation, au conseil d'administration du Conseil supérieur de l'éducation, justement, pour assurer la belle et
bonne collaboration entre les deux organismes.
Mme
Ghazal : Tous les groupes, tous, sauf peut-être une
personne, là, je pense, qui sont venus en commission ont dit, un à la suite de l'autre, un à la suite
de l'autre : Maintenez le Conseil supérieur de l'éducation. Puis le
ministre tient en ses mains un rapport qu'il n'arrête pas de citer, qui
disait qu'il faut qu'on garde le Conseil supérieur de l'éducation. Ça, c'est le
rapport qui dit qu'il faut créer un institut, qui dit ça, puis là le ministre
crée un institut, puis il n'écoute personne, et, en plus,
ne suit pas ce que le rapport lui dit, puis là il dit : Bien, on a repris
un petit paragraphe qu'on a mis puis on veut
que ça soit juste l'institut. J'essaie juste de comprendre pourquoi. Est-ce que
c'est comme pour faire des économies?
C'est quoi, la raison
qui fait que le ministre n'écoute pas tous les groupes? Parce que moi, je vais
vous le dire, là, pour qu'on n'étire pas la
discussion en longueur pour rien, moi, si le ministre maintient le Conseil
supérieur de l'éducation, bien, premièrement, je vais être contente
parce que moi, j'aimais beaucoup lire... bien, j'aime beaucoup lire leurs
rapports, puis je n'étais pas la seule, même si les gouvernements ne suivaient
jamais ou ne tenaient pas compte de leurs rapports, mais ce n'est pas une
raison que ce n'était pas très attendu, très, très attendu, puis c'était
important. Puis moi, je vais être obligée d'être contre puis de voter contre
l'institut, pas parce que je résiste au changement,
ce n'est pas ça, parce que je voterais pour, peut-être, si le Conseil supérieur
de l'éducation, comme le demandaient les groupes, puis comme c'est écrit
dans le rapport, était maintenu, mais là je vais être obligée d'être contre
l'institut, pas parce que je suis contre la science, c'est parce que je trouve
que la mission du Conseil supérieur de l'éducation est extrêmement importante.
Puis j'y ai vraiment,
vraiment pensé puis, à un moment donné, même, je disais à des gens : Ah!
je pense que le ministre... je sens, là, qu'il va mettre un petit peu d'eau
dans son vin puis il va maintenir le Conseil supérieur de l'éducation. J'ai eu
cet espoir-là. Je regardais le ministre quand il y avait les groupes qui
venaient, là, vers la fin puis j'avais
vraiment... sérieusement, j'avais cet espoir-là. Ça fait que, là, je me
dis : Bon, peut-être, le ministre va nous déposer un amendement qui
va nous surprendre, mais j'aimerais ça qu'il le dise, mettons. Est-ce qu'il y a
une ouverture de la part du ministre pour
revenir sur sa décision par rapport au Conseil supérieur de l'éducation juste
un petit peu ou, non, c'est terminé? Comme ça, je vais arrêter d'en
parler.
M. Drainville :
Mme la Présidente, je vais donner
la même réponse que j'ai donnée au cours de la dernière heure ou heure et demie. Les dispositions, telles
qu'elles sont prévues, sont maintenues. Puis, essentiellement, Mme la
Présidente, essentiellement, la question, c'est pourquoi? Bien,
essentiellement, pour des questions de... pour une question de cohérence. Moi,
je pense que d'avoir un endroit où on aura à la fois l'expertise en matière de
données probantes, l'expertise en matière de sciences de l'éducation, pratiques
pédagogiques éprouvées, et qu'on ait, par ailleurs, le rôle-conseil et qu'on
ait aussi cette expertise en matière d'encadrement ou de reconnaissance des
formations, je pense que d'avoir une masse critique comme celle-là, avec ses
différentes compétences, je pense que ça va nous donner une force de frappe
puis un lieu de très haut niveau où se retrouveront les différentes compétences
en matière d'éducation, et je pense que notre réseau d'éducation va être bien
servi par ça.
La Présidente (Mme
Dionne) : Mme la députée, juste pour votre information, il reste cinq
minutes.
Mme Ghazal : Merci.
C'est-à-dire que le ministre dit : Tout ce que le CSE fait, ça va être
l'institut qui va le faire plus tout le reste, c'est-à-dire la recherche, les
données et tout ce que l'institut doit faire.
• (16 h 50) •
M.
Drainville : Mme la Présidente, si vous me permettez, l'institut va
répertorier la recherche, va faire la synthèse
de la recherche, va reconnaître les formations continues, mais ne va pas
nécessairement produire lui-même les recherches
ou les formations. Il pourra, l'institut, donc, collaborer avec des centres de
recherche, avec des universitaires, avec
des centres spécialisés, et reconnaître les formations qui sont produites par
ces différents partenaires, et leur conférer une reconnaissance, et cette reconnaissance-là deviendra une espèce de
gage de qualité de... une sorte de gage d'excellence, et ce que l'on
souhaite... Comme je l'ai dit tout à l'heure, ce que l'on souhaite
éventuellement, c'est que ces formations reconnues puissent faire partie d'un
bassin de formations à l'intérieur desquelles nos enseignantes et nos
enseignants vont pouvoir choisir une formation continue qui conviendra à leurs
besoins, mais l'idée de l'INEE, ce n'est pas de produire des contenus de
formation continue.
Ils pourraient, dans
certains cas, j'imagine, là... Encore une fois, je me garde d'être trop
péremptoire, d'être trop définitif dans mes
propos, parce que, justement, je veux laisser une... Tu sais, je ne peux pas
dire : D'un côté, ils vont être
indépendants, puis dire d'emblée : Voici tout ce qu'ils vont faire avant
même qu'ils aient commencé à exister, là, mais, a priori, leur rôle, c'est davantage de dresser l'état des
connaissances dans toute la science de l'éducation, dresser l'état des formations produites, offertes, leur
conférer une reconnaissance et jouer ce rôle, donc, d'aviseurs en matière
d'éducation qui existe pour le conseil et qui sera dorénavant confié à l'INEE.
Mme Ghazal : ...dresser
l'état des connaissances et des formations, c'est beaucoup, là, tu sais, je
veux dire. Est-ce que, je ne sais pas, après
ça... parce que la façon que le Conseil supérieur de l'éducation fonctionne,
ils ont... Ils travaillent, je pense,
comme en comité sur certains enjeux, puis c'est immense comme travail. Je veux
dire, avant qu'un rapport du Conseil
supérieur de l'éducation soit produit, c'est comme énorme comme travail, comme
consultation, c'est beaucoup plus large, il y a des comités.
Comment
est-ce que l'institut, avec la même équipe... Je ne sais pas, est-ce que ça va
être le même nombre de personnes qui vont faire exactement le même
travail que le CSE, plus tout ce que le ministre vient de dire, dresser l'état des connaissances, lire les recherches,
voir celles qui sont bonnes, celles qui pourraient être appliquées, voir ça va
être quoi, les formations qui pourraient être suivies, les proposer,
tout ça? Ça devient immense. Je veux dire, c'est impossible que ce soit... à moins de dire qu'on va tellement embaucher
de monde que ça n'a pas de bon sens, qu'ils vont pouvoir tout, tout,
tout faire, ce qui m'étonnerait.
Donc,
c'est pour ça que je me dis : Oui, ils pourraient... C'est écrit, bien
oui, ils pourraient conseiller le ministre sur tout. Ça fait que c'est
très large. C'est exactement ce que fait le CSE, mais peut-être que ce
mandat-là où est-ce qu'il
pourrait faire ça, bien, il va être mis de côté parce que la mission
principale, ça va être la recherche, les données, ça va être les
formations, ça va être ce sur quoi ils vont se concentrer. Ça fait que tout cet
aspect-là que le Conseil supérieur de l'éducation fait, bien, il va être
délaissé, ça va être : Quand on aura le temps, on le fera. C'est ça, l'inquiétude, c'est que, oui, c'est écrit dans la
loi qu'ils peuvent le faire, mais ce n'est pas écrit : Il faut qu'ils le
fassent. Bien oui, ils pourront le faire, mais ils vont être tellement pris
dans tout le travail dont la mission de l'institut, c'est la mission
principale, que cette partie-là va être délaissée, au final, là.
M.
Drainville : Bien, Mme la Présidente, ce n'est pas... Comment dire? La
fonction de conseil, ce n'est pas : On
la fera si on a le temps, là. Quand on regarde la mission de l'institut au
neuvième paragraphe, «conseiller le ministre sur toute question relative à l'éducation et, à cette fin, lui faire
rapport — etc. — sur
l'état et les besoins de l'éducation», donc ce n'est pas «on le
fera si on a le temps». L'INEE devra s'acquitter de cette mission-là, Mme la
Présidente.
Et
par ailleurs la députée de Mercier fait référence au comité. Je l'invite à
prendre connaissance de l'article 12 : «L'institut constitue un comité scientifique et un comité consultatif
sur les programmes de formation à l'enseignement.» Les comités dont elle parle, là, qui sont si
importants au Conseil supérieur de l'éducation, et il y en aura, Mme la
Présidente, des comités, dans ce cas-ci, ce sont deux comités
statutaires, et rien n'empêche l'INEE, Mme la Présidente, et rien n'empêchera l'INEE de créer des comités ad hoc
pour s'acquitter d'autres mandats que l'INEE souhaiterait se donner.
Mme Ghazal : ...les comités, comment fonctionne le CSE, là, où
il y a aussi un aspect très démocratique sur la façon aussi de fonctionner, c'est comme des commissions :
Commission de l'éducation préscolaire et de l'enseignement, Commission de l'enseignement secondaire,
Commission de l'enseignement et de la recherche. O.K., ça, c'est les autres
commissions. Ça, ça n'existera plus, ces commissions-là? Ils fonctionnent en
commissions.
M. Drainville :
Mme la Présidente, si l'INEE
souhaite se donner des... souhaite se donner un comité ou des comités qui s'inspireront de ce que fait le Conseil
supérieur de l'éducation, l'INEE pourra tout à fait le faire, Mme la
Présidente, il n'y a pas d'enjeu.
Mme Ghazal : S'ils
ne le souhaitent pas, ils ne le feront pas. Bien, écoutez, moi, je ne sais pas,
parce que, là, on va voter article par article, si le ministre me disait que le
Conseil supérieur de l'éducation restait, moi, je voterais pour, mais là ce n'est pas parce que je suis
contre un institut puis contre la science. Ce n'est pas ça, l'idée, parce que
le ministre est du genre à qualifier les gens qui ne pensent pas comme
lui comme quoi ils sont fermés au changement. Ça peut être insultant. Moi, je
ne me sens pas insultée personnellement, mais ça peut être insultant pour les
gens qui travaillent dans le domaine de l'éducation quand ils amènent des
arguments, quand... Tous les groupes sont venus, et ce n'est pas tous des
groupes qui sont contre le changement, ils sont tous venus dire : Il faut
maintenir le Conseil supérieur de l'éducation parce que l'institut va avoir un
mandat précis. Puis, après ça, ils pourraient faire des affaires, mais je pense qu'ils vont se concentrer sur leur
premier mandat. Donc, moi, je ne sais pas comment voter pour l'Institut
national d'excellence en éducation quand je le sais, qu'il y a tout un mandat
du Conseil supérieur de l'éducation qui n'aura pas lieu. Ça n'aura pas
lieu.
M.
Drainville : Si je peux me permettre une suggestion très amicale...
puis je ne suis pas, comment dire, je ne suis pas ironique en disant ça, là. Je
ne suis pas ironique. Je comprends très bien le sens des propos de la députée
de Mercier. Je comprends son opposition à notre position sur le Conseil
supérieur de l'éducation, mais tout ce que je peux lui dire, c'est qu'on aura
très certainement l'occasion de s'en reparler parce que les dispositions
concernant le Conseil supérieur de l'éducation viennent plus tard. Il y aura,
Mme la Présidente, d'autres occasions pour discuter du Conseil supérieur de l'éducation. Ce n'est pas la fin de l'histoire. Ce
n'est pas parce qu'elle cesse de nous questionner là-dessus maintenant qu'elle ne pourra pas le
faire plus tard parce que les dispositions concernant le Conseil supérieur
de l'éducation viendront plus tard.
Donc, si elle
souhaite poursuivre ce dialogue sur le Conseil supérieur de l'éducation, elle
pourrait le faire à ce moment-là, mais je ne voudrais pas, Mme la
Présidente, qu'on s'empêche d'avancer dans l'étude du projet de loi, surtout pour un article qui dit : «Est créé
l'Institut national d'excellence en éducation». On s'empêche d'adopter un
certain nombre d'articles parce qu'on a, du côté de l'opposition, des
enjeux sérieux, des... comment dire, une position de principe très, très ferme
sur un aspect ou l'autre du projet de loi, Mme la Présidente. Il y aura, là...
parce que, dans le fond, ce qu'on a comme discussion depuis qu'on a commencé
cet après-midi, c'est une discussion d'ordre général sur le sens, la fonction, la raison d'être, les objectifs de l'INEE,
puis c'est très bien ainsi, Mme la Présidente, aucun enjeu, aucun enjeu, c'est normal. On a commencé comme ça
quand on a commencé à discuter des données. Donc, je n'ai pas de
problème.
Si
la députée de Mercier souhaite que nous continuions cette discussion-là sur le
Conseil supérieur de l'éducation, elle est tout à fait légitimée de le
faire, mais ce que je veux lui dire, Mme la Présidente, c'est qu'elle a
l'air... C'est parce que je veux la rassurer, là. Elle a l'air de dire, si je
comprends bien, que, si je ne la rassure pas sur le Conseil supérieur, elle va s'opposer au projet de loi. Moi, ce que
je lui dis, c'est : On peut très bien avancer dans l'étude du projet
de loi et on aura d'autres occasions de
reparler du Conseil supérieur de l'éducation parce qu'il y a des dispositions
qui visent spécifiquement le Conseil supérieur de l'éducation qui vont
faire l'objet de nos travaux plus tard, quand on va avancer dans le projet de
loi. C'est tout ce que je dis.
• (17 heures) •
Mme
Ghazal : J'écoute le ministre puis j'ai juste peur... J'ai
comme un dilemme. Si, par exemple, on finit toute la section sur
l'institut, l'INEE, puis là on se retrouve dans la section sur le Conseil
supérieur de l'éducation, puis là le ministre... puis moi, je voterais contre en me disant : Bien, il
me dit que lui veut l'abolir, puis que, là, le ministre nous surprend
agréablement en disant que, finalement, il veut maintenir sa mission, là, moi,
je vais être mal prise parce que j'aurais voté contre l'INEE, alors que
j'aurais voté pour sachant qu'il veut le maintenir. J'aimerais juste qu'il me
garantisse qu'il ne va pas changer de position. Quoique je voudrais qu'il
change de position, j'aimerais juste qu'il nous
le dise, parce que moi, je suis embêtée de comment voter, là. Moi, je vais
voter contre s'il me dit : Non, non, on ne change pas de position.
Mais, si on arrive dans la section «Conseil supérieur de l'éducation» puis,
finalement, il dit : Ah! finalement, on va le maintenir, là, je ne sais
pas si je suis capable de dévoter parce que, là, je serais pour l'INEE.
M.
Drainville : Je vais assumer mes votes puis je vais laisser la députée
de Mercier assumer les siens.
Mme Ghazal : ...le
ministre peut me dire : Dans la... au Conseil supérieur de l'éducation, il
n'y aura pas de changement, il n'y aura pas d'amendement, ou qu'il me
dise : Garde espoir, que je sache comment me gouverner?
M.
Drainville : Mme la Présidente, le projet de loi tel que déposé tient,
est maintenu. C'est ce que j'ai dit plus tôt et c'est ce que je redis.
Mme Ghazal : Très
bien. J'essayais de voir si je pouvais garder espoir, mais j'entends. Merci.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, Mme la députée. Oui, Mme la députée.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. Je me demandais si c'était
possible d'avoir la réponse à la question précédente au niveau du
financement du CTREQ.
La Présidente (Mme
Dionne) : Il y avait une question de posée concernant le financement
du CTREQ.
M.
Drainville : ...la réponse, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : Parfait.
M. Drainville :
On est en attente de la réponse.
Dès qu'on l'aura, on pourra la communiquer aux membres de la commission.
Mme Rizqy : C'est important parce que je vais vous référer au
mémoire au Conseil des ministres : «La création de l'institut exigerait de
nouveaux investissements publics. Dans le cadre du rapport publié en 2018, les
coûts avaient été estimés par le groupe de travail à
7 millions de dollars par année lorsque l'organisme serait pleinement
fonctionnel, 2024‑2025. Cette estimation
apparaît toujours plausible aujourd'hui au regard du modèle législatif proposé.
L'incidence budgétaire pourrait être moindre dans la perspective où des mesures
d'optimisation d'activités analogues actuellement financées par l'État étaient
mises en place.» Je veux vraiment comprendre cette phrase-là.
M. Drainville :
Mme la Présidente, est-ce que
j'ai bien compris? La députée de Saint-Laurent vient de citer le mémoire
au Conseil des ministres, un mémoire discuté au Conseil des ministres?
Mme Rizqy : C'est public, M. le ministre. Je n'ai pas de
secret des dieux. Remarquez que j'aimerais ça, mais j'ai senti qu'il y a
une inquiétude de la part du ministre. C'est sur le site.
M.
Drainville : J'ai eu peur pendant un instant...
Mme Rizqy : Là,
vous avez dit : Quel ministre a fuité, hein?
M.
Drainville : ...qu'elle allait m'entraîner sur le chemin...
Mme Rizqy : De
la perdition?
M.
Drainville : ...oui, de la perdition, exactement.
Mme Rizqy : Non.
M. Drainville : Oui, bien, Mme la
Présidente, optimisation, optimisation, il n'y a pas de... Mme la Présidente,
il n'y a pas d'engagement à... Il n'y a pas d'intention de diminuer le budget
de qui que ce soit, Mme la Présidente.
Mme Rizqy : ...dans
le mémoire qui a été présenté au Conseil des ministres.
M.
Drainville : Oui.
Mme Rizqy : Donc, c'est quoi, les
mesures d'optimisation?
M. Drainville : Mesures d'optimisation, Mme la Présidente, si... comme on vient de l'exposer tout à l'heure, là, s'il y a des aspects du travail qui est
réalisé par certains organismes existants qui sont partagés par l'INEE, bien, à
ce moment-là, c'est possible, Mme la Présidente, qu'on s'entende pour
dire : Bien, il y a certaines parties de ton mandat que je vais récupérer. Puis, à ce moment-là, bien,
on collaborera pour éviter les chevauchements et les dédoublements. Moi,
c'est ce que je comprends, là.
Mme Rizqy : Donc,
par exemple, ça pourrait...
M.
Drainville : Dans le mot «optimisation», bien, dans ma tête à moi, Mme
la Présidente, en tout cas, chose certaine,
c'est qu'il n'est absolument pas question de se servir de l'INEE pour couper
les vivres à qui que ce soit, là. Je ne suis pas du tout, du tout, du
tout là-dedans, là.
Mme Rizqy : O.K.
Peut-être pas vous...
M. Drainville :
Je pense que... c'est ça, c'est
plus dans une logique d'éviter les chevauchements ou les dédoublements.
Mme Rizqy : ...du
CTREQ, je vous ai demandé : Est-ce que c'est le ministère de l'Éducation
qui le finance? La réponse, vous m'avez dit que c'était vous qui le financiez.
M.
Drainville : Bien, ce que j'ai dit, c'est qu'il y a une partie du
financement qui provient du MEQ, mais là on
est en train de vérifier quel est le montant que nous versons au CTREQ, que nous
versons actuellement au CTREQ.
Mme Rizqy : Parce que si... au début, début de notre
conversation, de notre échange, vous avez dit qu'il y avait déjà de la
recherche, vous l'avez consenti, qui était faite au CTREQ, mais que l'INEE
allait en faire aussi, alors qu'il y a 20 ans...
M.
Drainville : C'est que l'INEE va répertorier les recherches, va
dresser l'état des recherches, va procéder à la synthèse des recherches. C'est
le mandat, d'ailleurs, le rapport le... l'écrit comme ça. Objectif n° 1 :
«Dresser la synthèse la plus exhaustive et
objective possible de l'état des connaissances scientifiques disponibles au
Québec et ailleurs sur toute question
concernant la réussite éducative.» Ça, c'est l'objectif numéro un du... de
l'INEE, selon le rapport qui en a proposé la recommandation.
Et ça reste vrai, Mme
la Présidente, le premier mandat de l'INEE, ça va être de «dresser le portrait
le plus exhaustif possible de l'état des
connaissances», notamment en matière de pratiques pédagogiques, pour, par la
suite, si les données sont probantes, si on est capable de démontrer que telle
ou telle pratique atteint les résultats pour lesquels elle a été créée,
que cette pratique-là puisse être étendue, partagée le plus possible, au sein
de notre réseau scolaire, pour venir en aide aux enseignantes et aux
enseignants, et donc pour favoriser la réussite scolaire des élèves.
Mme Rizqy : Bien,
est-il possible que ce ne soit pas le MEQ qui finance le CTREQ?
M. Drainville :
Écoutez, Mme la Présidente, je
n'ai pas le budget sous les yeux, là, mais je prends pour acquis que le MEQ met des sous. Est-ce qu'il y a d'autres
ministères qui mettent des sous dans le CTREQ? C'est bien possible. Là,
on vient de me... alors, ministère de l'Économie?
Une voix : ...
M. Drainville :
O.K. Alors, on vient d'avoir des
chiffres, si je comprends bien, c'est ça? Donc, pour 2023‑2024,
le ministère de l'Éducation a financé pour environ 70 000 $ le CTREQ.
Et le ministère de l'Économie également finance le CTREQ, c'est bien ça?
Mme Rizqy : Le
70 000 $, c'est
le ministre de l'Économie qui a donné ce montant?
M.
Drainville : Non, le 70 000 $, c'est le ministère de
l'Éducation. Ah! On m'informe, Mme la Présidente, que le ministre... donc le ministre de l'Économie? Le ministère de
l'Économie le finance, mais là ce qu'on me dit, c'est que... cet
après-midi, donc, c'est ça?
Une voix : ...
M. Drainville :
O.K. Récemment, le ministère de
l'Économie a annoncé au conseil d'administration du CTREQ qu'il mettait
fin à son financement en juin 2024.
Mme Rizqy :
...quand on s'est parlé, à
4 heures, vous m'avez dit que ça... on maintenait. Alors, qu'est-ce qui
est arrivé?
M. Drainville : Bien, je vous
parlais du financement du ministère de l'Éducation, là.
Mme Rizqy : Bien
là, M. le ministre...
M.
Drainville : Non, mon financement... non, mon financement au
ministère... Mme la Présidente, je ne connais pas par coeur le budget de
tous les organismes... de tous les organismes...
Mme Rizqy : M. le ministre, vous ne
trouvez pas ça particulier?
M. Drainville : Que?
Mme
Rizqy : Puis je ne pose jamais une question quand on... je
ne connais pas la réponse, soit dit en passant, là.
M. Drainville : C'est très bien,
c'est très bien.
Mme Rizqy : Vous ne trouvez pas ça
particulier? Je vous pose la question si le financement du CTREQ va être
conservé, vous me dites oui à 4 heures, une heure plus tard, le temps de
faire des vérifications, on apprend qu'il y a deux semaines votre collègue,
sans même vous en parler, parce que vous-même... Puis je vous connais assez
bien maintenant pour savoir quand vous êtes
réellement surpris versus quand vous feintez la surprise. Visiblement, vous
êtes surpris. Donc, vous n'étiez pas au courant que votre collègue vient
de saper le budget du CTREQ?
M. Drainville : Oui. Non, mais...
non, je ne l'étais pas, Mme la Présidente.
Mme Rizqy : Mais c'est quand même
grave, M. le ministre.
M.
Drainville : Bien, pourquoi c'est grave? Ce n'est pas mon
financement dont il est question, Mme la Présidente, c'est le
financement... Moi, ce que je dis, c'est que mon financement...
Mme Rizqy : Mais...
M.
Drainville : Laissez-moi terminer, s'il vous plaît. Le
financement du ministère de l'Éducation, Mme la Présidente, on m'en
informe, là, à l'instant, il est de 70 000 $ pour 2023‑2024. Je n'ai
aucunement l'intention de réduire le
financement du CTREQ. Et j'apprends, et j'apprends à l'instant, que le
ministère de l'Économie aurait informé le conseil d'administration du CTREQ de
la fin de son financement en juin 2024. Alors, Mme la Présidente,
j'apprends cette nouvelle-là, et donc je la communique en toute
transparence aux membres de la commission, mais je vois... Moi, ce que je vous dis, Mme la Présidente, c'est
que le ministère de l'Éducation finance le CTREQ, et puis moi, je n'ai
pas l'intention de diminuer le financement du CTREQ. Puis c'est...
• (17 h 10) •
Mme Rizqy : ...M. le ministre.
M. Drainville : C'est ce que j'ai
dit, et je le redis.
Mme Rizqy : Bien, si vous permettez,
on va revenir, là. Ma question, je ne vous l'ai pas posée par hasard. Et je
vous ai lu la phrase suivante : «L'incidence budgétaire pourrait être
moindre dans la perspective où des mesures d'optimisation d'activités analogues
actuellement financées par l'État étaient mises en place.» Ce mémoire est signé
par vous, M. le ministre. L'État, en e
majuscule, inclut non seulement le MEQ, mais inclut aussi le MEI. Moi, je
comprends que le superministre de l'Économie ne vous a... l'a dit au
conseil d'administration du CTREQ. Là, vous semblez surpris, mais, lorsque vous avez signé le mémoire, vous n'avez pas écrit
«financé par le ministère de l'Éducation», vous avez signé «par l'État»,
ce qui inclut l'ensemble des ministères.
M. Drainville : Mme la Présidente...
Mme Rizqy : Alors, si vous
permettez...
M. Drainville : ...je ne suis pas
responsable du financement du ministère de l'Économie au CTREQ. Je suis
responsable du financement du ministère de l'Éducation au CTREQ.
Mme Rizqy : ...
M. Drainville : Et là la députée de
Saint-Laurent essaie de m'imputer la responsabilité du financement du ministère
de l'Économie.
La Présidente (Mme Dionne) :
Un
à la fois, s'il vous plaît.
M.
Drainville : Mme la Présidente, moi, ce que je dis, c'est que je
n'ai pas l'intention de diminuer le financement du ministère de l'Éducation. Puis là, bien, si elle veut questionner le
ministère de l'Économie concernant son financement
au CTREQ, elle peut lui poser la question en Chambre, si elle le souhaite, puis
ce sera au ministre de l'Économie de répondre à la question, Mme la Présidente.
Mme Ghazal : ...
La Présidente (Mme
Dionne) : Non, Mme la députée, vous avez terminé votre temps.
Je vous laisse
poursuivre.
Mme Rizqy : Bon, alors, pourquoi vous avez signé, dans votre
mémoire, «l'État» avec un e majuscule? C'est votre mémoire dont il est
question.
M.
Drainville : Oui, mais, Mme la Présidente, c'est de mon financement
dont il est question. Je suis ministre de
l'Éducation, Mme la Présidente, et je ne suis pas ministre de l'Économie, ça
fait que je vais répondre aux questions concernant le financement du ministère de l'Éducation. Alors, je vous
réinforme que nous versons 70 000 $ au CTREQ en 2023‑2024
et je n'ai pas l'intention, Mme la Présidente, de diminuer le financement du
CTREQ, ça ne fait pas partie de mes intentions. Alors là...
Mme Rizqy : ...dans votre mémoire, vous avez fait un choix de
mots. Vous n'avez pas marqué «actuellement financé par le ministère de l'Éducation du Québec», vous avez choisi le
terme «État» au sens large, ce qui inclut l'ensemble des ministères, incluant le MEI. Or, le CTREQ,
vous comprendrez que, si on ampute son budget, bien, ça va faire pas mal
de difficultés pour continuer de faire sa recherche. Donc, quand vous avez
écrit «actuellement financé par l'État, étaient
mises en place des mesures d'optimisation», que voulez-vous dire, que vous,
indirectement, allez saper le budget du CTREQ?
M.
Drainville : Mme la Présidente, je ne suis pas responsable des crédits
du ministère de l'Économie. Chaque ministère est responsable de ses crédits,
c'est le principe de la responsabilité ministérielle, que connaît bien la députée de Saint-Laurent. Alors, si elle
souhaite me questionner sur les sous que nous versons au CTREQ, c'est tout
à fait légitime de le faire, et j'ai répondu au fur et à mesure où on reçoit
l'information.
Là, j'apprends, Mme
la Présidente, qu'en plus des deux contrats, là, dont deux contrats de
30 000 $, plus ou moins
30 000 $, plus un 10 000 $, là, qui totalisent le
70 000 $ dont je parlais tout à l'heure, il y aurait également un
contrat en cours du côté de la
division des données numériques avec le CTREQ. Il y aurait un autre contrat,
apparemment, avec le CTREQ, là, du côté des données numériques, c'est un
montant... bon, là, ça vient de rentrer, un montant maximal de
250 000 $, c'est ce qui est écrit ici. Alors... bon.
Mme Rizqy : Ça,
c'est quel montant, c'est... à être adopté?
M. Drainville :
Ça, c'est un contrat entre le
CTREQ et le service de M. Lehoux, là, la direction de M. Lehoux, là,
des données numériques. Bon, alors, là, puis ça, ça s'ajoute aux deux contrats
de 70 000 $ dont je vous parlais tout à l'heure, là.
Ça fait que, Mme la
Présidente, on finance, le ministère de l'Éducation finance le CTREQ, puis
c'est très bien ainsi, puis on va continuer à financer le CTREQ. Puis là ce que
monsieur... c'est que le ministère de l'Économie décide, là, Mme la Présidente, qu'on s'adresse au ministère de l'Économie,
là, moi, je ne suis pas ministre de l'Économie, je suis ministre de
l'Éducation, là.
Mme Rizqy : M.
le ministre de l'Éducation?
M.
Drainville : Oui.
Mme Rizqy : Le
CTREQ, ce n'est pas sous votre responsabilité?
M. Drainville :
Bien oui, en partie, parce que je les finance, mais c'est un...
Mme Rizqy : O.K. Parfait. Oui. Alors, si vous permettez, M. le
ministre, connaissez-vous la solidarité ministérielle?
M. Drainville :
Mais c'est un partenaire, Mme la
Présidente, c'est un partenaire, ce n'est pas un... Je n'ai pas de lien
direct avec le CTREQ.
Mme Rizqy : M.
le ministre, ma question, connaissez-vous la solidarité ministérielle?
M.
Drainville : Mme la Présidente, la députée de Saint-Laurent, comment
dire, essaie tant bien que mal de... essaie tant bien que mal de faire lever
une histoire qui, à mon sens à moi... qui, à mon sens à moi...
Des voix :
...
La Présidente (Mme Dionne) : ...s'il
vous plaît! S'il vous plaît, laissez parler les gens. C'est important, là, ce
qu'on fait ici, en commission. Donc, j'aimerais pouvoir entendre et les
questions et les réponses. Donc, M. le ministre... Une intervention, M.
le député?
M. Poulin : Oui,
mais rapidement, Mme la Présidente, et en tout respect pour la députée de
Saint-Laurent, c'est une parlementaire que
j'apprécie énormément, je pense qu'on est très loin de l'article qu'on est en
train d'étudier présentement, on est dans la solidarité ministérielle
puis dans une subvention dans un organisme quelconque, là. Je pense qu'on peut
revenir à ce pour quoi on est réunis aujourd'hui.
La Présidente (Mme
Dionne) : J'entends bien...
Mme Rizqy : La
création de l'INEE, c'est la base même de cet article-là, et je sais que,
malheureusement, vous n'avez pas eu
l'occasion d'entendre les différents groupes qui sont venus durant la
consultation particulière, mais ces différents groupes là ont dit :
Bien, il ne faudrait pas que ça se fasse au détriment des autres qui existent
déjà, qui font déjà de la recherche. Et soucieux... parce que je sais que vous
êtes dans un comté, en Beauce, que vous êtes très soucieux en Beauce des
deniers publics bien investis. Il ne faudrait quand même pas avoir des doublons,
hein?
M. Poulin : Non, mais mon CTREQ est très bien financé, puis on
les aide énormément, puis on investit beaucoup, mais je pense qu'on est
là pour étudier la création de l'INEE, puis il faut y aller à ce niveau-là.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le député. J'entends bien, toutefois,
l'interprétation large d'un article est
quand même permise avec ces explications. Par contre, je vous dirais qu'il
reste... il vous reste cinq minutes de parole, donc, Mme la députée.
Donc...
Mme Rizqy : ...ici, on coupe le financement de
70 000 $ du MEI, le gouvernement du ministère de l'Éducation met un autre 70 000 $, donc c'est la
moitié qui a été enlevée, là. Est-ce que le ministre s'engage à pallier le
définancement du MEI?
M.
Drainville : Mme la Présidente, les chiffres continuent de rentrer en
temps réel, là. Là, on a un potentiel du
côté, là, des données numériques, Mme la Présidente, là, on a deux
contrats pour un potentiel de 650 000 $ avec le CTREQ, là. Là,
on a commencé à 70 000 $, là on est rendus à 70 000 $ plus
650 000 $, c'est bien ça?
Une voix : Oui.
M.
Drainville : Alors, Mme la Présidente, peut-être que la députée de
Saint-Laurent doit continuer à parler du
CTREQ, parce qu'au fur et à mesure où on avance les contrats continuent de
s'additionner. Bon, je fais un peu d'esprit de bottine, mais tout ça
pour dire, Mme la Présidente, que, visiblement, là, le CTREQ, c'est un
partenaire avec lequel nous avons un lien de confiance et que nous appuyons en
argent sonnant et trébuchant. Et je ne doute aucunement, Mme la Présidente, que
ces activités, pour lesquelles le CTREQ a une expertise, vont se poursuivre
avec la création de l'INEE. Je ne doute aucunement de ça, Mme la Présidente.
Et
donc la députée de Saint-Laurent peut émettre des hypothèses, mais les faits
sont les suivants : nous contribuons au financement du CTREQ, et,
pour ma part, je n'ai aucune intention de diminuer le financement du CTREQ.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci, M. le ministre.
Mme Rizqy :
Ce n'est pas ça que vous avez inscrit dans votre mémoire que vous avez signé.
«Mesures d'optimisation», comme fiscaliste, ça veut dire réduction. C'est ça,
une optimisation, pour les fiscalistes. Alors...
M. Drainville :
Moi, ce que j'ai répondu tout à l'heure, Mme la Présidente, c'est que mon
optique, c'est d'éviter les chevauchements, d'éviter les dédoublements. Alors,
on crée un nouvel institut, Mme la Présidente. C'est normal, la députée de Saint-Laurent le sait, ça a toujours fonctionné
comme ça et ça fonctionnait certainement comme ça sous les gouvernements du Parti libéral, tu crées un
nouvel organisme, c'est normal, Mme la Présidente, que, quand tu crées
un nouvel organisme, quand tu lances une nouvelle initiative, tu dois évidemment
regarder les activités du... de tout l'écosystème autour, en relation avec les
activités du nouvel organisme que tu crées, pour éviter qu'il y ait
dédoublements ou chevauchements.
Alors, si on peut
insérer l'INEE dans cet écosystème-là, Mme la Présidente, et qu'au terme de
cette création il y ait des discussions pour
éviter qu'il y ait des doublons, pour éviter qu'il y ait des chevauchements ou
des dédoublements, bien, c'est normal
qu'on les ait, ces discussions-là, Mme la Présidente. Mais ce que je dis, c'est
que cet exercice n'a pas pour objectif de mener à une diminution du
financement du CTREQ. Je ne sais pas combien de fois je vais devoir le répéter, Mme la Présidente, ce n'est pas mon
objectif. Je ne suis pas dans une logique de rationalisation du financement
en matière d'éducation, là. Je ne crée pas
l'INEE pour couper le financement à d'autres organismes autour, là. On crée
l'INEE, Mme la Présidente, parce qu'on pense que ça va être bon pour la
réussite éducative des enfants, à terme, et puis, donc, on voit ça comme un investissement en éducation. Ce n'est
pas une manière de diminuer l'argent, de diminuer le budget affecté à
d'autres organismes, là, ce n'est pas ça du tout, là.
• (17 h 20) •
Mme Rizqy :
Alors, ma question...
La Présidente (Mme Dionne) : Mme
la députée, il vous reste moins de quatre minutes.
Mme Rizqy : Pouvez-vous vous engager
à venir pallier au définancement de votre collègue le ministre de l'Économie,
en Innovation, en injectant le 70 000 $ de plus qu'il va manquer à
partir de juin 2024?
M. Drainville : Mme la
Présidente, on n'est pas ici pour discuter du budget d'un organisme ou d'un
autre. Les budgets seront discutés lorsqu'on
aura déposé le budget. Le budget en matière d'éducation fera l'objet d'un
exercice budgétaire comme il se doit.
Là, je pense avoir été clair, Mme la Présidente, le ministère de l'Éducation
verse des sommes importantes au CTREQ. J'ai donné quelques exemples. On parle,
là, de deux contrats de 30 000 $, plus un autre
10 000 $, plus des sommes qui
pourraient totaliser 650 000 $. C'est bien ça? Bon, alors, c'est des
sommes, donc, qui proviennent du secteur de M. Lehoux, qu'on a bien
connu, et conseiller, d'ailleurs. Je n'ai pas eu l'occasion, quand on a terminé
le bloc Données, Mme la Présidente, de
saluer le travail de M. Lehoux. Alors, j'en profite pour le faire à
l'instant. Et donc, de son secteur, il y a actuellement au moins deux
contrats pouvant totaliser 650 000 $, là, en lien avec les activités
du CTREQ. Bon, puis on est toujours en train de faire la cueillette
d'informations, parce qu'évidemment on est des gens transparents, Mme la Présidente, puis on veut donner une réponse qui
soit la plus complète et la plus précise possible.
Mme Rizqy : M. le ministre,
êtes-vous d'accord que le potentiel 650 000 $, je reprends votre
terme tantôt, c'est pour de la gestion de données, qui serait octroyée par
contrat par M. Lehoux, et non pas pour de la recherche?
M. Drainville : Oui.
La question, Mme la Présidente, c'était le financement. La question,
c'était : Est-ce que vous financez, vous, le ministère de l'Éducation, le
CTREQ? J'ai dit : Oui, on le finance. Vous le financez à quelle hauteur?
J'ai dit : On va aller chercher les informations. Depuis que les
informations rentrent, on les donne littéralement en temps réel au fur et à mesure où on les obtient. Et donc
j'ai donné une réponse très précise et très transparente à la question de la
députée de Saint-Laurent.
Maintenant,
Mme la Présidente, je pense que le temps est venu de rappeler, comme l'a si
bien fait mon collègue de Beauce-Sud, le temps est venu de rappeler que
nous sommes ici pour étudier la création de l'INEE. Je pense avoir répondu aux questions sur le financement du CTREQ.
Je pense que c'est clair, on est là, on va rester là, et là j'aimerais ça, Mme
la Présidente, si possible... en tout respect pour les membres de cette
commission, si c'était possible de retourner à l'article 1 :
«Est créé l'"Institut national d'excellence en éducation".» Est-ce
que c'est possible, ça?
Mme
Rizqy : Oui, mais moi, je parle... je cite de passages de
mémoires qui parlent explicitement de la création de l'INEE. Je cite votre mémoire, M. le ministre,
je ne peux pas être plus dans la création de l'INEE que quand je cite vos propres mots. Ce n'est pas ma signature qu'il
y a dans le mémoire, c'est votre signature. C'est marqué : Le ministre de
l'Éducation, votre prénom et votre nom de famille, pas le mien.
M. Drainville : Oui, j'ai répondu.
Mme Rizqy : Mais non...
M. Drainville : Plusieurs fois,
même.
Mme Rizqy : ...non, parce que je
vous ai demandé que voulait dire l'optimisation...
M. Drainville : ...j'ai répondu.
Mme
Rizqy : ...puis vous y
répondez à chaque fois en me disant : Les informations rentrent au
compte-gouttes. Trouvez-vous ça
normal que, lorsque vous prenez une décision aussi importante... que vous
prenez le temps d'inscrire dans votre mémoire que ça pourrait avoir des
incidences sur d'autres budgets de l'État, mais vous ne connaissez pas
la portée de cette incidence, alors que je dois vous questionner puis tirer
l'information, là, pour finalement apprendre qu'on vient de saper la moitié du
budget du CTREQ, la moitié, là, 70 000 $ du ministère de l'Éducation
puis l'autre 70 000 $ du MEI, selon vos propres chiffres que vous
nous avez donnés? Bien, tantôt, vous avez dit deux contrats de
30 000 $ et 10 000 $...
M. Drainville : Oui, ça, c'est...
Mme
Rizqy : 30 000 $
fois deux, plus 10 000 $, ça donne 70 000 $, plus le
70 000 $ du ministère de l'Éducation.
M.
Drainville : Mme la Présidente, 70 000 $, c'est ce
que le ministère de l'Éducation donne comme contrats.
Mme Rizqy : Oui, c'est ce que vous
avez dit tantôt. Vous avez dit, par la suite, le MEI...
M. Drainville : Au CTREQ...
La
Présidente (Mme Dionne) : Un à la fois, s'il vous plaît! Bon, si les
échanges se compliquent, vous vous adresserez à la présidence, mais j'aimerais
ça qu'on n'interrompe pas...
Mme Rizqy : ...pour le ministère de l'Éducation et pour le
MEI, ils ont répondu : Deux contrats de 30 000 $ plus
10 000 $, ça, ça donne 70 000 $.
M. Drainville :
Non, ce que j'ai dit, Mme la
Présidente, c'est que, selon l'information qui m'était... qui m'a été transmise,
à 16 h 42, le MEI a annoncé récemment au C.A. du CTREQ la fin de son
financement à l'organisme en juin 2024.
Je n'ai pas parlé de 70 000 $. Le 70 000 $, c'est le
70 000 $ que le ministère de l'Éducation a donné comme
contrats au CTREQ, et à cela s'ajoutent d'autres contrats pour lesquels j'ai
informé la commission, deux contrats qui totaliseraient un potentiel de
650 000 $.
Mme Rizqy : Tantôt,
lorsque vous avez parlé, M. le ministre, vous avez dit :
70 000 $ pour le ministère de l'Éducation,
vous avez donné un chiffre rond. Par la suite, quand on parlait du MEI, c'était
deux 30 000 $ plus 10 000 $. Est-ce que vous voulez
rectifier?
M.
Drainville : C'est le 70 000 $. Deux 30 000 $ et
plus 10 000 $...
Mme Rizqy : Alors,
c'est combien...
M.
Drainville : ...ça, c'est le 70 000 $ du ministère de
l'Éducation.
La Présidente (Mme
Dionne) : S'il vous plaît! C'est très difficile pour la transcription
quand on parle un par-dessus l'autre. Donc, s'il vous plaît, finissez vos
phrases, puis après... sinon vous vous adressez à la présidence. Merci. Vous
pouvez poursuivre.
M.
Drainville : ...je ne sais pas, Mme la Présidente, combien d'argent le
ministère de l'Économie verse au CTREQ, là,
je n'ai pas ces chiffres-là, là, puis ça ne me regarde pas, ce n'est pas mon...
ce n'est pas ma responsabilité ministérielle,
là. Alors, si la députée de Saint-Laurent veut savoir combien le ministère de
l'Économie donne, elle peut s'adresser au ministère de l'Économie, elle
peut poser la question au ministre de l'Économie. C'est possible, mais moi, je n'ai pas ces chiffres-là, là. Je ne suis
pas responsable des crédits du ministère de l'Économie, je suis responsable des crédits du ministère de l'Éducation. Et donc
je suis très transparent, deux fois 30 000 $ plus 10 000 $,
plus deux autres contrats, en lien avec le numérique, pour un potentiel de
650 000 $. C'est l'information factuelle transmise en temps réel,
en toute transparence.
La Présidente (Mme
Dionne) : Il vous reste deux minutes, Mme la députée.
Mme Rizqy : Tantôt,
vous avez admis que le CTREQ tombait sous votre chapeau.
M. Drainville : Non, j'ai dit que le
CTREQ était financé par le ministère de l'Éducation et j'ai dit qu'on allait vérifier
à quelle hauteur, et c'est ce qu'on a fait depuis.
Mme Rizqy : Alors,
le CTREQ, là, ça ne relève pas de vous?
M. Drainville :
Bien, le CTREQ est un organisme
pour lequel je verse du financement, mais je n'ai pas de lien organique
avec le CTREQ.
Mme Rizqy : La
recherche qui est faite par le CTREQ, ça aide qui, au Québec? Quels ministres
ça aide?
M.
Drainville : Bien, Mme la Présidente, le... si on verse un contrat au
CTREQ, c'est pour obtenir un résultat. Alors, quand on paie pour un contrat, on
obtient un résultat. Dans le cas de ces trois contrats, en tout cas, deux fois
30 000 $, plus un autre 10 000 $, là, je... il faudra voir
le détail de ce 10 000 $ là, mais, chose certaine, si je verse un
contrat au CTREQ, c'est parce que j'obtiens, en retour, que le ministère de
l'Éducation obtient, en retour, un résultat,
un rapport de recherche, je ne sais trop, je n'ai pas ces détails-là. Alors, en
ce sens-là, les connaissances qui sont
produites par le CTREQ, en vertu de ces contrats-là, vont bénéficier au
ministère de l'Éducation puis, éventuellement, à la mission Éducation.
Mme Rizqy : O.K.
Quand vous allez sur le site du CTREQ, des projets préscolaires, primaires,
secondaires, postsecondaires, c'est pas mal dans votre cour, M. le ministre.
M. Drainville :
Bien sûr. Puis j'imagine,
j'imagine, Mme la Présidente, sans l'avoir, encore une fois, vérifié, là, mais
j'imagine que, quand on verse des contrats au CTREQ, c'est notamment pour
étudier des questions qui sont liées aux mandats du ministère de
l'Éducation, donc c'est bien possible que ça concerne l'éducation préscolaire,
primaire ou secondaire. C'est sûr, ça.
• (17 h 30) •
Mme Rizqy : ...confirme,
c'est sur leur site Web. Moi, ce que je ne comprends pas, c'est que votre
mémoire, que vous avez présenté au Conseil des ministres... c'est impossible qu'aujourd'hui vous me
regardiez puis vous me dites que vous n'avez pas l'information de l'impact de
la création de l'INEE sur les autres acteurs qui existent déjà, que ce
soit CTREQ ou le conseil supérieur. C'est impossible.
Vous... Moi, j'ai accès seulement à la partie
publique. Vous savez, j'aurais bien aimé avoir accès à l'autre partie, parce
que je fais le pari suivant, c'est que la partie qui n'est pas publique, ce
sont les incidences financières. C'est ce
qu'on a appris, là, à force de poser des questions, que le MEI se désengageait.
Et bizarrement le MEI se désengage la
même année que l'INEE arrive. Il n'y en a pas, de hasard dans la vie, M. le
ministre, et c'est pour ça, précisément, que c'est vous qui avez inscrit la
lettre... en toutes lettres : «L'incidence budgétaire pourrait être
moindre dans la perspective où des
mesures d'optimisation d'activités analogues, actuellement financées par
l'État, étaient mises en place.» Alors, je pense sincèrement...
M. Drainville : ...Mme la
Présidente, là, écoutez, la députée de Saint-Laurent peut faire...
Mme Rizqy : Je pense sincèrement...
La Présidente (Mme Dionne) : Un
instant. Laissez terminer Mme la députée. Il vous reste 30 secondes.
Mme Rizqy : Je pense sincèrement,
là, puis... qu'en ce moment on est en train de déshabiller Pierre pour habiller Paul. Non seulement on déshabille le
conseil supérieur, mais on déshabille clairement CTREQ pour quelque chose qui
n'est pas encore avéré. Alors, nous, vous comprendrez qu'on va voter contre.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
M. le ministre.
M. Drainville : Bien, Mme la
Présidente, je vais laisser la députée de Saint-Laurent, comment dire, formuler
ses hypothèses. Elle fait des affirmations,
je la laisse à ses affirmations. Moi, ce que je vous dis, Mme la Présidente,
c'est que nous contribuons au financement du CTREQ, et nous avons l'intention
de continuer à contribuer au financement du CTREQ, et on le fait pour des sommes quand même importantes. Par
ailleurs, Mme la Présidente, la députée me dit... en tout cas, est assez affirmative, là, quand elle
dit que le CTREQ relève de nous. CTREQ est un OBNL, Mme la Présidente,
il n'y a pas de lien organique entre le ministère de l'Éducation et le CTREQ.
C'est un OBNL, et nous contribuons à son financement, et nous avons l'intention
de contribuer à son financement à l'avenir aussi.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Il vous reste 13 secondes, Mme la députée. Ça va?
Mme Rizqy : ...
Mme Ghazal : Juste...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui, il
vous restait 10 secondes, Mme la députée.
Mme Ghazal : Est-ce que le ministre
s'engage, par son budget à lui, de compenser cette perte-là?
M.
Drainville : Mme la Présidente, le budget de l'Éducation sera
voté en temps et lieu, lorsqu'il y aura budget, mais là on finance le
CTREQ, et les engagements que nous prenons, nous allons les respecter.
La Présidente (Mme Dionne) : Cinq
secondes, Mme la députée.
Mme
Ghazal : Bien, je trouve ça extrêmement inquiétant. Ça me
donne encore une autre raison de voter contre.
La
Présidente (Mme Dionne) : Donc, le temps étant écoulé pour cet article,
est-ce que l'article 1 est adopté?
Une voix : Vote par appel nominal.
La Présidente (Mme Dionne) : Très
bien, Mme la députée. Donc, nous allons procéder.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Drainville (Lévis)?
M. Drainville : Excusez-moi, on me
parlait à l'oreille.
La Secrétaire : Pour, contre, abstention.
M. Drainville (Lévis)?
M. Drainville : Pour.
La Secrétaire : Mme Tremblay
(Hull)?
Mme
Tremblay : Pour.
La Secrétaire :
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Pour.
La Secrétaire :
M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin :
Pour.
La Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Pour.
La Secrétaire :
M. Émond (Richelieu)?
M. Émond :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Rizqy (Saint-Laurent)?
Mme Rizqy :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Contre.
La Secrétaire :
Et Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
La Présidente (Mme
Dionne) : Abstention. Donc, l'article est adopté.
Nous allons
maintenant à l'article 2. M. le ministre, je vous laisse en faire la
lecture.
M.
Drainville : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors,
article 2 : «L'Institut est une personne morale, mandataire de
l'État.
«Ses
biens font partie du domaine de l'État, mais l'exécution de ses obligations
peut être poursuivie sur ses biens.
«L'Institut n'engage
que lui-même lorsqu'il agit en son nom.»
Commentaires :
Cet article vient confirmer la qualification de l'institut comme mandataire de
l'État.
Quant
à ses biens, quoique la propriété de ceux-ci revienne à l'État, l'article
précise que les biens de l'institut... détient aux fins... détenus aux fins de
la réalisation de sa mission pourront être donnés en garantie dans l'exécution
de ses obligations. L'article autorise donc l'exécution de ses
obligations sur ses biens.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Des interventions sur
l'article 2?
Mme Rizqy : Oui. Au niveau du statut juridique, donc, vous
dites : Une personne morale, j'imagine, de droit public, j'imagine,
personne morale de droit public.
Des voix :
...
M. Drainville :
C'est la conséquence d'être un
mandataire de l'État, c'est d'être un mandataire de droit public. En passant,
Mme la Présidente, la personnalité juridique, là, et le statut de mandataire de
l'État de l'INEE, c'est... sont semblables à ceux de l'Institut national
d'excellence en santé et en services sociaux. C'est la même chose.
Mme Rizqy : ...vous
voulez entendre par le deuxième alinéa : «Ses biens font partie du domaine
de l'État, mais l'exécution de ses obligations peut être poursuivie sur ses
biens»? Quels biens?
M.
Drainville : Bien, je ne sais pas, là, ça peut être des biens
matériels, par exemple, ça peut être des actifs qui sont détenus par l'INEE.
Alors, comme je le disais dans le commentaire, tout à l'heure, là, les biens de
l'institut pourraient servir de garantie
dans l'exécution de ses obligations. Donc, j'imagine... Là, je vais transférer
ça à notre ami le légiste Alexandre, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce qu'il y a consentement pour donner la parole à M. le
légiste?
Des voix :
Consentement.
La
Présidente (Mme Dionne) : Allez-y, la parole est à vous. Veuillez vous
présenter et ensuite nous exposer vos faits.
M. Guyon Martin
(Alexandre) : Alexandre Guyon Martin, avocat pour le ministère de
l'Éducation.
Ce n'est pas
mon domaine d'expertise, donc vous m'excuserez, si je ne réponds pas parfaitement
aux questions, mais je peux quand même essayer de vous éclairer un peu. En
fait, le statut de mandataire de l'État est donné à un organisme soit en
fonction du fait qu'il remplit certains critères jurisprudentiels, notamment
avec l'exercice de ses fonctions, est-ce que c'est une fonction qui est proche
de celle de l'État ou un peu plus éloignée, ou on peut l'exprimer directement
dans la loi. Donc, dans ce cas-ci, c'est ce qui a été fait.
Donc, en tant
que mandataire de l'État, on confère à l'organisme les immunités, les immunités
de la couronne, par exemple, les
immunités de poursuite. Par contre, en le ramenant dans le giron de l'État, en
le constituant mandataire, on veut
par contre exclure les biens qu'il pourrait détenir de l'exécution de ses
obligations. Donc, s'il fait l'objet d'une poursuite, on veut s'assurer que,
finalement, l'exécution de l'obligation qui en découlerait ne se fasse pas
directement, par exemple, sur le fonds consolidé du revenu, mais à même
les biens qui... On limite la responsabilité, en fait, de l'organisme aux biens
qu'il détient.
Mme Rizqy : Et ici, «biens», ça
inclurait quoi exactement?
M. Guyon Martin (Alexandre) : En
fait, c'est les biens qu'on peut lui conférer, dans le fond, qu'il pourrait lui-même acheter, par exemple, s'il est
propriétaire d'un immeuble. Là, je n'ai pas d'exemple, là, puis on a des
interactions avec, par exemple, la Société québécoise des
infrastructures ou... Donc, c'est un peu flou, on est vraiment plus dans le
concret que dans le juridique. Donc, je...
Mme Rizqy : ...le mot «biens», vous
faites référence à des biens matériels?
M. Guyon Martin (Alexandre) : Il n'y
a pas de limite, en fait, biens matériels, je le comprendrais comme, par
exemple, impliquant les sommes d'argent qu'il détient.
Mme Rizqy : O.K. Les données.
Une voix : Ça n'a pas rapport, Mme
la Présidente.
Mme Rizqy : En cas de poursuite,
oui, ça a rapport.
M. Guyon Martin (Alexandre) : C'est
vraiment, en fait, un... une disposition qui concerne la responsabilité civile, donc on serait davantage dans le domaine
de... comment dire, dommages-intérêts, à ce moment-ci. Donc, le fait que
des données puissent être considérées comme un bien... puis là je ne me
prononce pas sur la question, je n'ai pas eu l'occasion d'y réfléchir, je ne
pense pas que ce soit un enjeu ici, dans la mesure où on est vraiment... Par
exemple, un contrat qui ne serait pas
respecté, est-ce qu'on peut le faire exécuter? Est-ce qu'on réclame une somme
d'argent pour le préjudice qui a été causé par la non-exécution? On est
vraiment plus dans ce domaine-là.
• (17 h 40) •
Mme Rizqy : L'enjeu, au niveau des
données, c'est que c'est la commodité, présentement, dans le monde, la plus importante. On disait que le pétrole, c'était
le bien le plus important, au XXe siècle, maintenant, c'est les données.
Je me pose la question... Lorsque les données sont, par la suite, traitées,
donc anonymisées, et qu'on a justement, peut-être,
je ne sais pas... si, d'aventure, l'INEE fera affaire avec d'autres entreprises
et aura peut-être des contrats, et, sur ces contrats, il y aura une
valeur attribuée à ces contrats-là, basée sur les données. Alors, je me pose la
question, comment on peut s'assurer... puis je fais l'exercice en même temps que
vous, là, juste pour s'assurer que tout ce qui a trait aux données, est-ce que
les recettes générées par les données ne puissent pas être, à ce moment-là,
exécutoires.
M. Drainville : ...instants, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
certainement.
La commission suspend ses travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 17 h 41)
(Reprise à 18 h 09)
La
Présidente (Mme Dionne) :
La commission reprend maintenant
ses travaux. Donc, M. le ministre, je vous laisse poursuivre.
M. Drainville : Oui, merci,
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, écoutez, les conclusions auxquelles nous en venons, là, c'est que l'institut n'a pas le
droit de se livrer à des activités lucratives. Elle n'a pas ce pouvoir-là en vertu
de la loi qui crée l'institut, et donc c'est
une personne morale mandataire de l'État, on ne lui donne pas le droit de vendre
ou de générer des activités lucratives. Et donc, comme l'institut n'a pas ce
pouvoir, il ne peut pas y avoir d'activités lucratives.
L'institut est financé à 100 % par l'État. Donc, il n'y a aucune raison,
Mme la Présidente, il n'y a aucune raison... outre
le fait que l'institut n'a pas le pouvoir d'exercer des activités lucratives,
il n'y a pas de raison de se livrer à des activités lucratives puisque
l'institut est financé à 100 % par l'État.
• (18 h 10) •
Et
donc de vendre, par exemple, là, on discute, là, on jase, comme on dit, là,
mais mettons que l'institut dresse l'état des connaissances
scientifiques sur un sujet x, mettons, la gestion de la classe dans les milieux
de l'éducation, basée sur l'état des données scientifiques ici, au Québec, et
possiblement dans d'autres pays, dans d'autres systèmes scolaires, bon,
mettons, et là, au terme de cet exercice-là, l'institut génère un document qui,
donc, dresse l'état des connaissances en matière de gestion de la classe, bon,
alors, si jamais... alors, il aura propriété intellectuelle sur ce document-là, et, d'ailleurs, il y a d'ailleurs une
disposition qui prévoit, justement, d'adopter une politique relativement
au droit de propriété intellectuelle, c'est l'article 11. Maintenant,
l'institut ne pourrait pas vendre cette propriété intellectuelle à des fins
lucratives pour la simple et bonne raison qu'on ne lui donne pas le pouvoir de
le faire parce que l'institut est financé à 100 % par l'État. Et donc
de... mettons, encore une fois, on jase, là, mais mettons que quelqu'un quelque
part voudrait utiliser ce document, là, qui trace l'état des connaissances en
matière de gestion de la classe, bon, bien, de donner à l'INEE le pouvoir de
pouvoir facturer ses droits intellectuels sur ce document-là, ce serait comme
de demander au contribuable qui a déjà financé une première fois l'institut de
payer une seconde fois, si jamais ce document-là devait servir, je ne sais pas,
moi, à être vendu, je ne sais pas, moi, là, dans un... en libre marché par un
éditeur, ou je ne sais trop, là.
Alors, comment dire,
les documents, les connaissances qui seront générées par l'INEE, Mme la
Présidente, ce ne sont pas des connaissances
qui visent à être... à faire l'objet d'une quelconque activité commerciale.
L'idée de l'INEE, c'est de
s'acquitter de sa mission et, dans sa mission, il n'apparaît nulle part qu'il
doit utiliser ses travaux pour générer des revenus. Ce n'est pas prévu
et, comme ce n'est pas prévu, ce n'est pas permis. Voilà.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Oui, Mme la députée.
Mme Rizqy : L'enjeu
est mal cerné. Je ne vous parle pas des recettes potentielles, je vous parle
des biens qui peuvent avoir une valeur,
nonobstant qu'on soit une activité dite commerciale ou pas. L'INEE, une fois
qu'il est créé, c'est marqué «l'exécution de ses obligations peut être
poursuivie sur ses biens.» Et là c'est pour ça que je posais des
questions, à savoir, les biens, ici, on entend quoi. Et des biens, on m'a dit
comme réponse, au sens large, au sens large,
ça pourrait, par exemple, inclure... Vous vous rappelez, dans l'exemple de
Val-des-Cerfs, ils ont fait l'acquisition d'un logiciel auprès de chez
Raymond Chabot. Donc, il y a eu une acquisition qui a été faite. Ce logiciel a
généré de l'intelligence artificielle, des nouvelles données, tout ça. Il y a
une valeur sur ses biens. L'alinéa 2 porte sur les biens qui font partie
du domaine de l'État mais dont «l'exécution de ses obligations peut être
poursuivie sur ses biens».
Pourquoi j'attire
votre attention là-dessus? C'est que, lorsqu'on lit, dans le Code civil du
Québec, 916 : «Les biens s'acquièrent par contrat, par succession, par
occupation, par prescription, par accession ou par tout autre mode prévu par la
loi.
«Cependant, nul ne
peut s'approprier par occupation, prescription ou accession les biens de
l'État, sauf ceux que ce dernier a acquis
par succession, vacance ou confiscation, tant qu'ils n'ont pas été confondus
avec ses autres biens.» J'attire votre attention sur la dernière phrase :
«Nul ne peut non plus s'approprier les biens des personnes morales de droit
public qui sont affectés à l'utilité publique.»
Donc, nous, on est
dans le droit public, on est dans la dernière phrase, et là, ça, ça été déjà
interprété : «Que les biens détenus par
une personne morale de droit public à titre de mandataire sont insaisissables
sauf si sa loi particulière le permet et aux conditions prévues.» Donc,
je vais répéter : «Que les biens détenus par une personne morale de droit public à titre de mandataire de l'État sont
insaisissables sauf — et
je dis bien "sauf" — si
sa loi particulière le permet et aux conditions prévues.»
Moi, je veux juste
comprendre une chose, ici, on a une personne morale de droit public, mandataire
de l'État, pourquoi qu'on permet l'exception
que ses biens soient saisissables, alors que la règle générale serait
«insaisissables»?
M.
Drainville : M. le légiste va apporter des précisions, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui, allez-y.
M. Guyon Martin
(Alexandre) : Oui, en fait, ce n'est pas... L'effet de la disposition
n'est pas de les rendre saisissables, c'est, en fait, de lui, au premier
alinéa, conférer l'immunité, donc l'immunité que vous avez mentionnée,
notamment. Il faudrait, je crois, les viser... Pour rendre des biens, en vertu
de la loi, saisissables, ce n'est pas cette disposition-là qui, de manière
générale, fait en sorte qu'on les sépare... qu'on sépare les biens de
l'institut du reste des biens de l'État aux fins de l'exécution de ses
obligations n'a pas pour effet de les rendre saisissables.
Mme Rizqy : Je
ne suis pas certaine, parce que ça a déjà été interprété, par exemple, au
niveau municipal ou dans le cas
d'Hydro-Québec de façon très large. Alors, c'est pour ça que je me
demande : Est-ce qu'on devrait peut-être, puis là je hasarde, je
n'ai pas la réponse, je la pose, la question à voix haute, juste enlever «mais
l'exécution de ses obligations peut être poursuivie sur ses biens»? Parce que,
quand on lit, moi, ma compréhension, c'est qu'on vient d'ouvrir la possibilité
de saisir des biens, alors que la règle générale, dès lors qu'on est une
personne morale de droit public, c'est insaisissable, tel qu'écrit à 916.
Alors, c'est pour ça, j'ai juste cette
crainte-là, puis je ne sais pas si la voie de passage serait tout simplement
d'enlever puis de terminer «ses biens font partie du domaine de l'État», point.
Parce que, quand on ajoute «mais l'exécution de ses obligations peut être poursuivie sur ses biens», écrit
de cette façon large, moi, ça me donne, personnellement, l'impression que ça pourrait être saisissable. Puis
peut-être aussi que j'ai tort, ce n'est pas mon champ d'expertise, là,
moi, je suis avocate fiscaliste, là.
Donc, c'est pour ça
que je me pose la question à voix haute, parce que je pense que notre objectif
commun, c'est que... si ma compréhension est bonne, c'est que notre objectif
commun, c'est que la règle générale s'applique, c'est-à-dire «insaisissables»,
tel que prévu à 916.
M. Guyon Martin
(Alexandre) : Hydro-Québec est une entreprise du gouvernement, donc
n'est pas un organisme autre que budgétaire, comme il est proposé pour l'INEE, comme
c'est...
Mme Rizqy : Hydro-Québec
est unepersonne morale de droit public.
M. Guyon Martin (Alexandre) : ...qui
est un... qui est aussi une entreprise de l'État. Donc, ce que je dis, c'est
qu'il y a possiblement une distinction que je ne connais pas, parce que ce
n'est pas non plus mon domaine d'expertise, puis aussi pour...
Mme Rizqy : C'est sûr à 100 % que... La loi constituante
d'Hydro-Québec, c'est sûr à 100 %, Hydro-Québec est une personne morale de droit public mandataire
de l'État. Ça, j'en suis persuadée, mais peut-être que... Évidemment,
elle, elle a des objectifs commerciaux, là, puis on est content, on reçoit des
redevances, on aime ça, mais, au niveau de
la lecture, parce que, quand qu'on lit 916, on ne regarde pas, par la suite, la
mission de la personne morale de droit public,
on regarde uniquement les personnes morales de droit public, et ça, c'est une
définition. Et nous... Autant Hydro-Québec est une personne morale de
droit public, l'INEE va devenir une personne morale de droit public. Alors, si... Moi, au fond, là, c'est juste par
précaution, pour s'assurer que la règle générale s'applique. Ma crainte, c'est que
je ne voudrais pas que, plus tard dans l'aventure, on ait, un jour, à devoir
aller se battre devant le tribunal pour dire : Bien, le logiciel que...
par exemple, qui a été acquis à même des fonds publics, bien, soit, un jour,
saisissable, que les données... Les données, ça, je pense qu'on... Non,
données, quant à moi, ça tomberait dans le domaine public, d'utilité publique,
là, mais, en tout cas...
M.
Drainville : Je m'excuse, mais l'INEE puis le dépôt, là, des données,
ça n'a comme pas rapport, là. Je ne comprends pas pourquoi la députée fait
référence...
• (18 h 20) •
Mme Rizqy : Tantôt, quand j'ai posé la question, c'est que
c'était une interprétation large au niveau des biens.
M.
Drainville : O.K. Mais, Mme la Présidente, honnêtement, je ne
m'attendais pas à passer autant de temps sur
cet article-là. Je veux juste dire que la Loi sur l'Institut de technologie
agroalimentaire du Québec prévoit exactement le même libellé.
«L'institut est une personne morale, mandataire de l'État. Les biens de
l'institut font partie du domaine de l'État,
mais l'exécution de ses obligations peut être poursuivie sur ses biens.
L'institut n'engage que lui-même lorsqu'il
agit en son nom.» Ça, c'est l'Institut de technologie agroalimentaire du
Québec. Ensuite de ça, il y a l'Institut national de santé publique du
Québec, même chose : «L'institut est une personne morale, mandataire de
l'État. Ses biens font partie du domaine de
l'État, mais l'exécution de ses obligations peut être poursuivie sur ses biens.
L'institut n'engage que lui-même
lorsqu'il agit en son nom.» L'INESSS, donc, l'Institut national d'excellence en
santé et services sociaux : «L'institut est une personne morale,
mandataire de l'État. Ses biens font...».
Alors, Mme la
Présidente, c'est la même formulation qui a été reprise, là, ici. Mais si on
est pour passer encore tout ce temps-là pour
discuter de ça, Mme la Présidente, on va suspendre l'article puis on va passer
à autre chose, là, parce que là,
honnêtement, à ce rythme-là, on n'en sortira pas, là. Alors, si la députée de
Saint-Laurent, Mme la Présidente, souhaite que l'on suspende l'article
pour passer à autre chose, on va suspendre l'article, là.
Mme Rizqy : Juste pour vérifier, parce qu'effectivement, pas
parce que quelque chose existe dans d'autres lois... Je n'ai peut-être pas... je n'ai pas la prétention
d'avoir siégé dans ces autres lois. Moi, j'attire votre attention au niveau d'aujourd'hui,
le droit applicable avec la jurisprudence applicable. Puis c'est ça, mon rôle.
Ça ne me dérange pas, on peut passer tout de suite à l'article 3. Puis je
ne veux pas faire non plus du temps. Moi, je vais voter... Moi, je peux même voter tout de suite. Je peux même vous dire :
Je vais voter sur division, ça ne me dérange pas. Je voulais l'attirer, votre attention, là-dessus, parce que je pense
qu'on devrait tout simplement enlever... Et c'est, dans ce cas-ci, qu'il est
question de logiciels, d'algorithmes, il est question d'algorithmes, il est
question de l'intelligence artificielle. Je ne pense pas que ça soit
saisissable.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, Mme la députée. Oui, M. le ministre.
M.
Drainville : Je vais proposer qu'on suspende l'article, et on va voir
si on peut aller chercher une réponse plus
complète qui répondra au questionnement de la députée de Saint-Laurent, si ça
se trouve, Mme la Présidente, j'imagine que ça se trouve, là. Mais,
voilà, c'est ma suggestion.
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre
l'article 2?
Mme
Rizqy : Consentement. Puis je pense que ma collègue, elle
aimerait peut-être passer à l'article 4 avec... Non?
Mme Ghazal : Bien,
en fait, je vais avoir des amendements à l'article 4, mais...
Mme Rizqy : ...je t'aurais
laissée...
Mme Ghazal : Très bien. Bien, merci,
c'est gentil. Non, non, on peut continuer tranquillement.
La
Présidente (Mme Dionne) : Donc, on suspend l'article 2. Nous serions
rendus à l'article 3. M. le ministre, je vous laisse faire la
lecture.
M.
Drainville : Oui. Alors : «L'institut a son siège sur le
territoire de la Ville de Québec. Un avis de l'adresse du siège est publié à la
Gazette officielle du Québec. Il en est de même de tout déplacement dont
il est l'objet.»
Commentaires :
Cet article énonce que le siège de l'institut est sur le territoire de la Ville
de Québec. Il précise également qu'un avis concernant l'adresse de ce
siège est publié à la Gazette officielle du Québec.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Des commentaires, interventions sur l'article 3?
Mme Rizqy : Adopté. C'était bien
vite, hein?
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
pas d'autres interventions? S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que
l'article 3 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Dionne) : Adopté.
Donc, nous sommes à l'article 4.
M. Drainville : Alors, nous avons un
amendement, Mme la Présidente. Donc, on va d'abord lire l'article, c'est bien
ça, puis, par la suite, déposer l'amendement.
La Présidente (Mme Dionne) : On a...
M. Drainville : Vous l'avez reçu?
La Présidente (Mme Dionne) : Oui, on
a reçu l'amendement sur Greffier.
M. Drainville : C'est bon? Est-ce
qu'on procède d'abord à la lecture de l'article?
La Présidente (Mme Dionne) : Oui, on
va procéder à la lecture de l'article puis, après, on procédera à la lecture de
l'amendement.
M. Drainville : Très bien,
alors :
«L'institut a pour mission de promouvoir
l'excellence des services éducatifs de l'éducation préscolaire et de
l'enseignement primaire et secondaire.»
Alors, j'aurais peut-être dû dire :
«Chapitre II
«Mission et fonctions
Article 4 :
«L'institut a pour mission de promouvoir l'excellence des services éducatifs de
l'éducation préscolaire et de l'enseignement primaire et secondaire.
«Il exerce cette mission dans le respect des
valeurs de rigueur, d'objectivité, de transparence ainsi que de coopération
avec les organismes qui peuvent y contribuer.»
Donc, commentaires : Cet article énonce la
mission de l'institut et précise les valeurs qui doivent guider celui-ci dans
la réalisation de sa mission.
Et là, Mme la
Présidente, je déposerais l'amendement suivant, donc, article 57,
article 4 de la Loi sur l'Institut national d'excellence en
éducation.
À
l'article 4 de la Loi sur l'Institut national d'excellence en éducation,
proposé par l'article 57 du projet de loi :
1° remplacer, dans le premier alinéa, «des
services éducatifs de l'éducation préscolaire et de l'enseignement primaire et
secondaire» par «dans le domaine de l'éducation»; et
2° remplacer, dans le deuxième alinéa, «,
d'objectivité, de transparence», par «scientifique, d'objectivité, de
transparence, d'indépendance, d'ouverture, de probité, d'équité, d'utilisation
efficace des ressources».
Alors,
commentaires : L'amendement proposé vise d'abord à préciser que la mission
de l'Institut national d'excellence en éducation s'étend à la formation
professionnelle et à l'éducation des adultes. Le domaine de l'éducation comprend l'éducation préscolaire,
l'enseignement primaire et secondaire, ainsi que la formation professionnelle
et l'éducation des adultes.
L'amendement proposé vise ensuite à ajouter aux
valeurs que l'Institut national d'excellence en éducation doit respecter dans
le cadre de sa mission.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 4,
l'amendement?
Mme Rizqy : On
avait aussi un amendement qui allait dans la même ligne que vous, M. le
ministre, mais nous, on voulait nommer
services éducatifs préscolaires, enseignement primaire, secondaire, formation
professionnelle, formation générale des adultes... Je pense que c'est
préférable de les nommer. C'est que, souvent, la FGA puis la FP, on les oublie,
ils sont... On ne prend jamais la peine de... Éducation, tout le monde pense
primaire et secondaire puis préscolaire, mais rarement on pense à FGA puis la
FP. Moi, je pense que votre amendement est très bon, mais je vous inviterais
peut-être à garder la nomenclature pour que, justement, on mette l'emphase sur
ce qu'on oublie trop souvent, la FGA puis la FP.
M.
Drainville : Mme la Présidente, le légiste va nous éclairer là-dessus,
s'il vous plaît. M. Alexandre.
La Présidente (Mme
Dionne) : Allez-y, M. le légiste.
M. Guyon Martin
(Alexandre) : Oui, en fait, comme le ministre l'a lu en commentaire,
le domaine de l'éducation comprend tous ces services-là. Puis, en fait, la
mission de l'INEE, une fois que cela va être déterminé par la loi, donc, que ce soit indiqué de la manière...
en référant au domaine de l'éducation ou en les nommant tous, la mission
sera exactement la même, là, sur le plan juridique.
Mme Rizqy : Moi,
je suis 100 % d'accord avec vous, là. Moi, ce n'est pas de point de vue
juridique, vous avez déjà 100 % raison,
c'est d'un point de vue purement message politique qu'on veut envoyer, de
nommer correctement tout les différents champs d'éducation. Parce qu'ils
sont tous importants et que, trop souvent, malheureusement, on oublie la FP
puis la FGA.
M.
Drainville : Non, non, mais qu'on l'ajoute, Mme la Présidente. On va
s'arrêter puis on va faire un petit amendement, et puis on va l'ajouter, comme
ça, on va être capables de passer à autre chose. Est-ce que la députée de
Saint-Laurent... Parce que je sens...
Une voix : ...
M. Drainville :
Oui, bien, enfin, on va... non
seulement on va le laisser, mais on va ajouter formation professionnelle
et formation adulte.
Mme Rizqy : Je comprends que, quand
on parle d'objectif, transparence, d'indépendance, d'ouverture, de probité, d'équité, d'utilisation efficace des ressources
ainsi que coopération qui peuvent y contribuer, ça, vous reprenez essentiellement
le commentaire dans le mémoire de la FSE, n'est-ce pas?
M. Drainville :
Ah! oui, entre autres, la FSE, mais si vous regardez tous les commentaires
qui ont été faits par les personnes qui
étaient critiques ou hésitantes à appuyer la création de l'INESSS, il y en a
beaucoup qui... de l'INEE, dis-je, il y en a beaucoup qui souhaitaient que la
valeur d'indépendance soit affirmée. Donc, on a fait un peu la recension
des différentes observations qui ont été faites quant aux valeurs de
l'institut, et on a décidé, donc, de bonifier cette disposition. Ça s'inspire également du texte de l'INESSS. Si vous allez
voir du côté de l'INESSS, vous allez retrouver une disposition qui s'inspire. En fait, vous allez retrouver dans la
disposition que vous avez sous les yeux un texte qui s'inspire, un
libellé qui s'inspire de ce que vous allez retrouver du côté de l'INESSS. L'INESSS
dit : «[L'INESSS] exerce cette mission
dans le respect des valeurs d'excellence, d'indépendance, d'ouverture, de
rigueur scientifique, de transparence, de probité et d'équité envers
ceux qui utilisent les services de santé — etc.» Donc, il y a de ça
aussi, mais regardez, ça ne me dérange pas de dire que la FAE nous a... la FSE
nous a... fait partie des groupes qui nous ont inspirés, mettons.
• (18 h 30) •
Mme Rizqy :
Non, mais c'est correct. C'est de bon augure. Ça démontre une écoute...
M. Drainville :
Oui, oui, oui.
Mme Rizqy : ...puis un suivi. La
différence, c'est que, dans l'INESSS, «équité» est rattachée à quelque chose,
«équité» est rattachée aux patients, à ceux
qui utilisent le service. Est-ce que... Puis dans la proposition c'était
marqué, c'est ça, «l'équité envers les élèves». Est-ce qu'on prend la
peine de venir le préciser?
M. Drainville : Honnêtement, de le
préciser, moi, dans mon esprit, l'équité, ce n'est pas seulement envers les
élèves, là, c'est l'équité envers le monde de l'éducation. Donc, si on commence
à en faire l'énumération, ça risque... ça risque d'être très long. Mais
je pense que, je dirais, l'équité envers les élèves...
Mme Rizqy : Je n'ai pas d'autre enjeu
par rapport au deuxième alinéa, tout simplement. Je vous arrête là, M. le ministre.
M. Drainville : D'accord.
D'accord. Donc, on va travailler sur un amendement. Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Dionne) : M. le ministre, j'aimerais, juste avant, voir si
Mme la députée de Mercier a des interventions sur l'amendement.
Mme Ghazal : Non, pas tout de
suite.
La Présidente (Mme Dionne) : Parfait.
M.
Drainville : Alors, ce que je suggérerais, Mme la Présidente,
pendant que nous travaillons sur l'amendement qui va compléter le premier... le premier alinéa pour aller dans le sens
de la suggestion de la députée de Saint-Laurent, je suggérerais, avec le consentement de la
commission, que nous suspendions 4, en attendant l'amendement, pour pouvoir
passer à l'article 5 si le consentement...
La
Présidente (Mme Dionne) : Donc, est-ce qu'il y a consentement pour suspendre
l'amendement et l'article 4 et aller tout de suite à
l'article 6?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Dionne) : Alors,
nous serions à l'article 6. Donc, l'article 4 et son amendement sont
suspendus. M. le ministre, je vous laisse faire la lecture.
M. Drainville : Très bien, Mme
la Présidente. J'attends qu'il apparaisse.
Une voix : ...puis là, on s'en va à
6.
La
Présidente (Mme Dionne) : On a suspendu, dans le fond, l'amendement et
l'article 4, le temps que la correction se fasse, et il a été
proposé de passer à l'article 6 en attendant, et non pas 5.
Une voix : Non, parce que...
La
Présidente (Mme Dionne) : M. le ministre, les articles n'apparaissent pas,
c'est seulement que les amendements. Donc, c'est...
M. Drainville : D'accord.
Alors, je procède à la lecture.
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
allez-y.
M. Drainville : «L'institut
doit donner son avis sur toute question relative aux domaines ou matières de sa
compétence qui lui est soumise par le ministre.
«L'avis de l'Institut contient des
recommandations, sauf si la nature de la demande ne s'y prête pas.»
Cet article...
Alors, commentaires : Cet article permet au ministre de soumettre à
l'institut toute question qui relève de sa compétence. L'institut doit
alors donner son avis au ministre.
Mme Rizqy : Petite questionlà-dessus.
Est-ce que l'avis, par la suite, est automatiquement publié?
M. Drainville : Ça, c'est une
très bonne question. On va suspendre, Mme la Présidente, juste le temps de
préciser cela.
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission suspend ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 h 34)
(Reprise à 18 h 35)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend ses travaux. Donc, M. le ministre, je vous laisse
poursuivre.
Des voix : ...
M. Drainville : Oh! on va suspendre
deux instants, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission suspend quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 h 36)
(Reprise
à 18 h 37)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, M. le ministre, je vous
laisse poursuivre sur la question.
M. Drainville :
Alors, la... Merci, Mme la
Présidente. Alors, la réponse, c'est oui et c'est contenu à
l'article 11, troisième paragraphe, si vous regardez : «Le conseil
d'administration exerce notamment les fonctions suivantes : [...]rendre
publics, sur le site Internet de l'Institut et de toute autre manière qu'il
juge appropriée, la synthèse et les recommandations respectivement visées aux
paragraphes 2° et 3° de l'article 5 de même que, 60 jours après
les avoir transmis au ministre, les avis et les recommandations formulés en
application de l'article 6 — qui est celui dont nous sommes saisis.»
Alors, évidemment,
60 jours, bien, je suis sûr que la députée de Saint-Laurent comprend très
bien que si je demande un avis à l'institut, ça peut porter sur une question
qui pourrait éventuellement commander une réponse de toute nature, administrative,
politique, peu importe, et donc je pense qu'on veut laisser au ministre le
temps de prendre connaissance de l'avis et puis de décider comment il va le
gérer par la suite. Donc, je pense que c'est une disposition qui est normale,
là.
La Présidente (Mme
Dionne) : D'autres interventions? Donc, est-ce que l'article 6
est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
Dionne) : Adopté. Est-ce que nous sommes prêts à revenir à
l'article 4 ou on poursuit avec l'article 7?
Des voix :
...
M.
Drainville : O.K. Non, on n'est pas prêts encore, Mme la Présidente.
Alors, afin d'être conséquent avec la suggestion de la députée de
Saint-Laurent, est-ce qu'on continue avec l'article 7, hein?
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce qu'il y a consentement pour poursuivre à
l'article 7?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme
Dionne) : Donc, allez-y, M. le ministre.
M.
Drainville : Très bien, merci. «Un organisme public au sens de la Loi
sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des renseignements personnels
(chapitre A-2.1) qui détient des renseignements dont la nature est
reliée à la mission de l'Institut doit fournir à ce dernier les renseignements
non personnels qu'il demande et qui sont nécessaires à l'application de la
présente loi.
«L'organisme visé au
premier alinéa fournit à l'Institut, dans la mesure du possible, toute l'aide
nécessaire lorsque les renseignements demandés doivent faire l'objet d'une
collecte ou d'une compilation.»
• (18 h 40) •
Alors,
commentaires : Cet article propose de permettre à l'institut d'exiger à
tout organisme public au sens de la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels des
renseignements qu'ils détiennent et qui sont reliés à la mission de l'institut.
Dans
le fond, Mme la Présidente, c'est une disposition qui vise à favoriser la
collaboration entre les organismes. On parle bien, donc, de
renseignements non personnels ici.
Je tente une
hypothèse, là, par exemple, on veut... on demande à l'INEE ou encore l'INEE se
donne comme mandat de tracer l'état des connaissances sur un sujet lié,
évidemment, à l'éducation, qui pourrait être en lien, par exemple, avec la maîtrise de la langue française,
mettons, bon, et il y a des organismes publics, centres de services scolaires,
par exemple, qui ont... qui ont procédé à des analyses ou qui ont procédé à une
recherche sur la maîtrise de la langue de
leurs étudiants à un certain niveau, mettons, bon, alors, à ce moment-là, la
disposition permettrait, donc, à l'INEE de se tourner vers cet organisme
et de lui demander, donc, de lui transférer des renseignements non personnels
qui sont liés, donc, à la recherche que l'INEE fait sur, par exemple, la
maîtrise du français chez les élèves. Je tente cette explication, je ne sais
pas si ça se tient. Il me semble que ça se tient. Ça pourrait être d'autres
renseignements...
Une voix : ...
M.
Drainville : Pardon, M. le légiste?
Une voix : ...
M. Drainville : Non?
O.K., très bien. Ça pourrait être d'autres renseignements non personnels, Mme
la Présidente, qui sont en... qu'un organisme x, y, z a en sa possession
et qui pourrait aider, donc, l'INEE à s'acquitter d'un état de connaissances
dans tel ou tel domaine.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci, M. le ministre. Des interventions?
Mme Rizqy : Est-ce
que ça pourrait être, par exemple, de demander à Revenu Québec le revenu moyen
d'un bassin précis, géographique? Évidemment, pas les noms, mais juste... Parce
que tous les enfants sont dans un bassin autour d'une école, généralement, donc
on est capable de sortir, extraire des données pour avoir le revenu moyen.
M. Drainville :
Sur Revenu Québec, Mme la
Présidente, ça... là, je vais laisser le légiste faire ses consultations,
Mme la Présidente. L'exemple peut-être plus
immédiat, là, qui nous vient à l'esprit, ça pourrait être, par exemple, des
organismes comme le ministère de la Famille ou l'Institut national de santé
publique qui pourraient avoir en leur possession des recherches qui concernent
le thème de l'intervention précoce. Alors, quand on intervient précocement auprès d'enfants qui ont des besoins particuliers,
on augmente les probabilités que cet enfant-là réussisse son parcours scolaire. Bon. Alors, mettons qu'on aurait... on
déciderait de demander à l'INEE, ou l'INEE se donnerait pour mandat de faire l'état des connaissances sur la question
de l'intervention précoce auprès des enfants, bon, il pourrait se tourner
vers le ministère de la Famille ou encore
vers l'INSPQ pour leur demander s'ils ont des renseignements ou des recherches sur
ce thème-là, ça pourrait être la même chose pour le ministère de la Santé, ça
pourrait être la même chose pour l'Institut de la statistique, Mme la
Présidente.
Alors, c'est une
disposition de portée générale qui vise à permettre à l'INEE, donc, de former
ces partenariats ponctuels avec d'autres organismes publics. Donc, c'est un
levier de collaboration, Mme la Présidente.
Sur Revenu Québec, là,
je ne sais pas si M. le légiste Alexandre a une réponse...
Une voix : ...
M.
Drainville : On va suspendre 30 secondes, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci. La commission suspend ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
18 h 46)
(Reprise à 18 h 51)
La
Présidente (Mme Dionne) :
La commission reprend ses
travaux. Donc, nous en étions à l'article 7. M. le ministre, c'est
à vous.
M. Drainville :
Oui. Alors, écoutez, Mme la
Présidente, l'Agence de revenu a son... comment on dit ça, M. le
légiste, a son...
Une voix : ...
M. Drainville :
...a son propre régime. Et là on
va devoir s'enquérir : Est-ce que le régime de l'Agence du revenu du Québec ferait en sorte qu'une demande de l'INEE pourrait
éventuellement enclencher un processus de collaboration ou pas? Honnêtement, on n'a pas la réponse à ça.
Donc, ce que je suggère, Mme la Présidente, c'est que nous procédions... si la députée de Saint-Laurent est d'accord, que nous
procédions à l'adoption de 7, et on va lui revenir avec la réponse, si ça lui
convient.
Mme Rizqy : Aucun
souci. J'ai une dernière question avant l'adoption. Lorsqu'on indique «dans la
mesure du possible», c'est évidemment selon
la capacité de l'organisme, parce que faire une collecte, c'est une chose, mais
des fois la compilation peut être plus exigeante. Alors, qui va
déterminer la mesure du possible?
M.
Drainville : Ça va faire l'objet d'une discussion entre l'INEE puis
l'organisme. Mettons, l'Institut de la statistique... mettons, l'Institut de la
statistique a procédé à une compilation de données qui... pas une compilation, une collecte de données qui pourrait être
intéressante pour les travaux de l'INEE, et, à partir de cette collecte-là, ils
ont fait une compilation qui ne correspond pas tout à fait à ce que
l'INEE... à ce dont l'INEE a besoin pour les fins de sa recherche, mettons. Alors, à ce moment-là, l'INEE pourrait demander à
l'institut : Écoutez, seriez-vous d'accord pour faire une
compilation supplémentaire qui nous permettrait de l'intégrer... qui nous
permettrait d'intégrer, donc, cette compilation-là aux travaux que nous menons
pour dresser l'état des connaissances dans tel ou tel domaine? Bon, l'Institut de la statistique pourrait dire :
Bien, écoutez, non, on n'a pas les ressources pour ça, ou encore : Oui,
mais ça va prendre un certain temps, ou encore : Oui, mais
avez-vous des sous pour nous dédommager?
Alors
là, c'est dans le cadre de cette discussion-là que la... que la mesure du
possible sera ou pas réalisée. Je ne pense pas qu'on est dans un mode
péremptoire, là, Mme la Présidente, là, tu sais, l'organisme visé fournit à
l'Institut, dans la mesure du possible, toute l'aide nécessaire. Encore
une fois, Mme la Présidente, c'est un article qui vise à marquer la
collaboration, qui vise à signaler que l'institut va fonctionner en mode
collaboration. C'est comme ça que je l'interprète.
Mme Rizqy : Parfait. Il y a une
petite affaire que je ne comprends pas. Le premier aliéna, c'est des
renseignements que l'organisme
détient déjà qui sont visés, mais le deuxième, on parle aussi de faire l'objet
d'une collecte. Donc, ça... est-ce que ça va plus loin ou c'est moi qui
a une mauvaise compréhension du texte?
M. Drainville :
Non, vous avez une bonne compréhension du texte. Dans le premier cas,
effectivement, ce sont des renseignements
qui sont détenus par l'organisme. Dans l'autre cas, ce sont des renseignements
qui pourraient effectivement faire l'objet d'une collecte ou d'une
compilation. Je trouve que l'exemple de l'Institut de la statistique, dans ce
cadre-là, est un bon exemple. Ça fait que l'INEE demande, l'Institut de la
statistique doit, dans la mesure du possible, apporter l'aide nécessaire à
l'INEE dans le cadre éventuel d'une collecte ou d'une compilation.
Mais
on ne veut pas, Mme la Présidente... comment dire, le mandat de l'INEE, il est
très important, là, mais ce qu'on veut marquer par ce deuxième alinéa
là, c'est le fait que l'INEE, dans le cadre de ses travaux, doit respecter,
dans le fond, la compétence et le champ d'exercice des organismes avec lesquels
il va transiger. Et donc il n'est pas question ici d'inscrire une obligation.
On ne veut pas obliger les organismes qui... dont l'INEE pourrait avoir besoin
pour une collecte ou une compilation, on ne veut pas les placer dans une
situation où l'INEE pourrait, à tout bout de champ, demander à l'Institut de la
statistique ou à peu importe quel organisme d'exiger tels ou tels travaux,
telle ou telle collecte ou compilation. Ça
fait que je pense, de la manière que c'est fait, Mme la Présidente, ça
dit : Assoyez-vous puis entendez-vous, dans la mesure du possible.
Mme Rizqy : Puis
même si c'est marqué de façon plus exécutoire, «fournit toute l'aide nécessaire
pour la collecte ou la compilation», tantôt,
vous avez dit que l'organisme pourrait, par exemple, dire : C'est
possible, par contre, ça va prendre
un peu plus de temps, et voici les frais, là, il pourrait... donc, ce n'est pas
nécessairement à titre gratuit, là.
M. Drainville :
Non, parce qu'on sait, par
exemple, que l'Institut de la statistique fournit des services à d'autres
organismes et à d'autres ministères, mais
qu'il y a parfois une facture qui est reliée à ça. Donc, on ne peut pas exclure,
Mme la Présidente, je donne l'exemple de
l'Institut de la statistique, on ne peut pas exclure que l'Institut de la
statistique rende des services à
l'INEE comme... comme il le fait déjà pour d'autres ministères, et qu'il y ait
des frais de reliés à ça.
Mme Rizqy : O.K.
Pas d'autre enjeu pour moi.
M.
Drainville : Ça va?
Mme Rizqy : Oui.
M.
Drainville : Très bien.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 7 est
adopté?
Des voix :
Adopté.
M.
Drainville : Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : Nous sommes rendus à...
Mme Rizqy : ...de voir qu'est-ce qu'on peut voir comme
articles. Pouvez-vous me donner une seconde, voir quel...
M.
Drainville : ...notre amendement, Mme la Présidente.
Mme Rizqy : O.K.
Tantôt, il y avait eu une entente avec la députée de Mercier.
La Présidente (Mme
Dionne) : Un instant, un instant, un instant. Donc, à moins qu'il y
ait consentement pour autre chose, on
passerait à l'article 8. Nous, on a reçu un amendement pour
l'article 8, c'est bien ça, ce dont vous faites référence?
M.
Drainville : Non, c'est à l'article 4, mais c'est vrai...
La Présidente (Mme
Dionne) : Parce que concernant l'article 4, oui, on...
Mme Rizqy : Puis
il y avait une entente, parce que la députée de...
M.
Drainville : Oui, c'est ça.
Mme Rizqy : ...la députée de Mercier vous avait demandé de...
parce qu'elle a des amendements à l'article 4. Voulez-vous qu'on
adopte votre amendement à l'article 4?
M. Drainville : Mais qu'on n'adopte
pas l'article.
Mme Rizqy : Exactement.
M. Drainville : C'est ça.
Mme Rizqy : Comme ça, je pense que
ça permettrait...
M. Drainville : On respecterait
l'engagement.
Mme Rizqy : Exactement.
M. Drainville : Voilà.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Vous ne
pouvez pas prendre la parole. Désolée.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui, on
va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 h 58)
(Reprise à 19 heures)
La Présidente (Mme Dionne) :
La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, suite à l'adoption de
l'article 7, nous passerions à l'article 9. Donc, est-ce qu'il y a
consentement pour se rendre à l'article 9?
Des voix : Consentement.
M. Drainville : Oui, consentement,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Donc, M. le ministre, je vous laisse faire la lecture.
M. Drainville : «Le
président-directeur général exerce ses fonctions à temps plein et de manière
exclusive.
«En cas
d'absence ou d'empêchement du président-directeur général, le conseil
d'administration peut désigner un membre du personnel de l'Institut pour
en exercer temporairement les fonctions.»
Commentaires :
Cet article propose que le P.D.G. de l'institut exerce ses fonctions à temps
plein et de manière exclusive et prévoit les règles en cas de vacance
temporaire.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Des interventions?
Mme Rizqy : Alors, le P.D.G., lui,
va être nommé... de l'INEE, par... en vertu de l'article 8, c'est bien ça?
M. Drainville : Pardon?
Mme Rizqy : Le P.D.G., lui, est
nommé en vertu de l'article 8, n'est-ce pas?
M. Drainville : Oui, exact.
Mme Rizqy : Parce que, là, vu
qu'on... là, on a sauté l'article 8, alors, au niveau de la nomination,
dans un premier temps, je vais me permettre, avec consentement, tu sais,
comme... juste qu'on le lise en même temps dans notre tête, là, avoir en tête l'article 8. Le... Il y a un conseil
d'administration, il va être composé de neuf personnes, tel que stipulé
présentement, et, au niveau de la nomination du P.D.G., deuxième alinéa, ces
membres sont nommés... Non.
M. Drainville : Pour les fins de la
discussion, Mme la Présidente, je tiens à informer la commission et la députée de Saint-Laurent en particulier que nous
allons déposer un amendement à l'article 8, pas maintenant, là, mais
plus tard, qui va... qui va proposer de
modifier la composition du conseil d'administration, suite à certaines des représentations qui ont été faites pendant les
consultations. Mais... mais oui, effectivement, on ne touche pas au P.D.G.,
par contre.
Mme Rizqy : Puis le P.D.G. est nommé
par le conseil d'administration ou par vous?
M.
Drainville : Non, le P.D.G., c'est Emplois supérieurs.
Mme Rizqy : O.K.
Alors, moi, c'est le deuxième alinéa qui me pose problème.
M.
Drainville : Deuxième alinéa de 9?
Mme Rizqy : De
9.
M.
Drainville : Oui.
Mme Rizqy : «En
cas d'absence ou d'empêchement du P.D.G., le conseil d'administration peut
désigner un membre du personnel de
l'Institut pour en exercer temporairement les fonctions.» Temporairement, ça
peut être long, M. le ministre. Donc,
si les Emplois supérieurs nomment quelqu'un, puis, pour x raisons, il
arrive de quoi, il me semble qu'on devrait avoir une limite temporelle
pour que ça revienne au niveau, là, de... d'une nomination en bonne et due
forme si la personne est dans l'impossibilité d'agir ou d'occuper sa fonction,
là.
M.
Drainville : Et vous suggérez...
Mme Rizqy : Je
ne connais pas les autres lois, mais il me semble que, lorsqu'on a fait la loi...
c'était avec Mme Guilbault, je pense, c'est la loi n° 1 ou la loi
n° 2 de la deuxième... la première... de 2018, là, la législature de...
dernière législature, on avait mis une limite de temps, et je ne me rappelle
pas si, de mémoire, c'était six mois.
M. Drainville :
Là, j'ai sous les yeux la
disposition concernant l'INESSS. L'INESSS, c'est exactement la même disposition, sauf qu'ils ont enlevé le mot
«temporairement». Enfin, ils ne l'ont pas enlevé, là, le mot «temporairement» n'apparaît
pas.
Mme Rizqy : Si vous me donnez 30 secondes, je vais
retourner voir c'était... c'était la loi n° 1 ou la loi n° 2 qui
avait été adoptée, puis on avait fait une modification parce qu'on... le...
C'est comme si, au fond, on pouvait... Ah! ç'est ça, c'était nomination aux
deux tiers, et on pouvait...
M.
Drainville : Peut-être pour l'agent... le D.G. ou la D.G. de la Sûreté
du Québec?
Mme Rizqy : Oui,
mais qu'il faut avoir quelqu'un de façon temporaire, mais on n'était pas venu
définir «temporaire», puis finalement on est
venu fermer... il y a eu un amendement qui a été fait pour mettre une limite de
temps, mais là je ne m'en rappelle pas, est-ce que c'était six mois ou
12 mois, ma mémoire me fait défaut présentement, pour ne pas que le... en
fait, le temporaire devienne permanent, là.
M.
Drainville : Oui, bien...
Mme Rizqy : C'est
la loi n° 1 ou la loi n° 2.
M.
Drainville : Voulez-vous prendre un instant pour le vérifier?
Mme Rizqy : Oui,
s'il vous plaît.
M.
Drainville : On peut suspendre, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) :
Merci. La commission suspend ses travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à
19 h 04)
(Reprise à 19 h 09)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend ses travaux. Donc, nous en étions à l'article 9. M. le
ministre.
M. Drainville :
Oui. Alors, Mme la Présidente, on
va aller, comment dire, consulter les Emplois supérieurs pour voir un petit peu quelles sont les différentes options
qui s'offrent à nous. L'objectif visé par la députée de Saint-Laurent est
bien légitime, Mme la Présidente, alors on va aller voir un peu du côté des
Emplois supérieurs, là, quelles sont les différentes
possibilités, puis on pourra, demain, en reparler. Ça fait qu'on pourrait
suspendre l'article 9 en attendant le résultat de nos
consultations.
• (19 h 10) •
La Présidente (Mme
Dionne) : Donc, est-ce qu'il y a consentement pour suspendre
l'article 9?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme
Dionne) : Alors, c'est suspendu. Nous serions rendus à
l'article 10.
M.
Drainville : Oui. Alors, article 10 : «Le quorum aux
réunions du conseil d'administration est de la majorité des membres,
dont le président.»
Commentaires :
Cet article... Woup! Voyons! Commentaires : Cet article prévoit le quorum
requis pour la tenue des réunions du conseil d'administration de
l'institut.
La Présidente (Mme Dionne) : Des
interventions sur l'article 10?
Mme Rizqy : Juste une petite
question au niveau de la tenue de la réunion : Est-ce que ça peut être
aussi en mode virtuel? Parce qu'on avait eu
cette discussion-là, dans le réseau de l'éducation, le conseil d'administration
des centres de services scolaires.
M. Drainville : Ce sera dans le
règlement de régie interne, Mme la Présidente, donc ce sera à eux de décider
s'ils peuvent le faire ou pas.
Mme Rizqy : D'accord.
La
Présidente (Mme Dionne) : D'autres interventions sur l'article 10?
Donc, est-ce que l'article 10 est adopté?
Des voix : ...
M. Drainville : Adopté, Mme la
Présidente, et, comme il est 19 h 11 et que nous devons terminer à
19 h 15, je fais la proposition que nous suspendions jusqu'à demain.
La Présidente (Mme Dionne) : On peut
ajourner.
M. Drainville : Ah! ce n'est pas le
bon mot, «suspendre», non?
La
Présidente (Mme Dionne) : Suspendre, c'est lorsqu'on a plusieurs séances
dans une journée; ajourner, c'est jusqu'aux prochains travaux, lorsque
ce sera...
M. Drainville : C'est bien noté, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Peu
importe, j'ai bien compris votre message. Donc, est-ce qu'il y a...
M. Drainville : Jusqu'à demain pour
ajourner, oui, c'est ça.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a consentement pour ajourner les travaux?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Alors, j'ajourne les travaux sine die. Alors, sur ce, bonne soirée.
(Fin de la séance à 19 h 12)