Journal des débats (Hansard) of the Committee on Culture and Education
Version préliminaire
43rd Legislature, 2nd Session
(début : September 30, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Wednesday, October 29, 2025
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Vol. 48 N° 7
Special consultations and public hearings on Bill 109, an Act to affirm the cultural sovereignty of Québec and to enact the Act respecting the discoverability of French-language cultural content in the digital environment
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11 h (version non révisée)
(Onze heures treize minutes)
La Présidente (Mme Bogemans) :
Bonjour, tout le monde! Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la commission de la culture et de l'éducation ouverte. La commission est réunie
aujourd'hui afin de poursuivre les consultations particulières et les auditions
publiques sur le projet de loi n° 109, loi affirmant la souveraineté culturelle
du Québec et édictant la Loi sur la découvrabilité des contenus culturels
francophones dans l'environnement numérique. M. le secrétaire, il y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme
la Présidente, un remplacement. Mme Garceau (Robert-Baldwin) remplace M.
Fortin (Pontiac).
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
beaucoup. Ce matin, nous allons entendre l'Union des artistes qui est déjà avec
nous en visioconférence. Bonjour.
Mme Kontoyanni (Tania) : Bonjour!
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre présentation. Ensuite,
nous allons procéder à la période d'échange. Je vous invite donc à commencer
dès maintenant.
Mme Kontoyanni (Tania) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente, M. le ministre. Messieurs dames, les membres de
cette commission, merci de permettre à l'Union des artistes de réagir à ce
projet de loi. Alors, au nom des 13 000 artistes que nous représentons, je veux
d'abord souligner que le projet de loi n° 109 marque pour nous une étape
décisive pour la souveraineté culturelle du Québec et qu'en proposant d'inscrire
dans la Charte des droits et libertés de la personne le droit à la découvrabilité
et à l'accès à des contenus culturels francophones dans l'environnement
numérique. Le projet de loi, à nos yeux, reconnaît que la situation est
alarmante, qu'il est urgent de se donner les moyens nécessaires à la survie de
notre culture et que le statu quo...
Mme Kontoyanni (Tania) : ...est
devenu intolérable. La modification de la Charte des droits constitue pour nous
le socle de cette loi, parce qu'elle confère à la découvrabilité et à
l'accessibilité de nos œuvres un statut fondamental qui impose, on l'espère,
une obligation forte aux plateformes numériques et aux fabricants d'appareils
connectés. Pour l'instant, nous avons, bien sûr, besoin d'alliés dans cette
démarche, mais le gouvernement fédéral ne se positionne pas comme un allié
stratégique dans ce dossier. D'abord parce qu'il n'est pas intervenu pour
appuyer le développement d'un protocole additionnel à la Convention de l'UNESCO
de 2005 qui vise à protéger et à promouvoir la diversité des expressions
culturelles dans l'environnement numérique et face à l'intelligence
artificielle... à notre époque. En raison d'une certaine complexité
réglementaire aussi, c'est un euphémisme, à cause des enjeux aussi de la
définition du contenu canadien et des pressions des acteurs internationaux, le
gouvernement fédéral n'arrive pas non plus à appliquer la loi C-11 sur la
diffusion continue en ligne. Et, quant à l'intelligence artificielle
générative, qui constitue une menace importante pour notre culture, malgré une
certaine compréhension des doléances du milieu culturel, le ministère fédéral
de l'intelligence artificielle et de l'innovation numérique déclare prioriser
son développement plutôt que son encadrement. Aussi, devant le bouleversement
des habitudes de fréquentation des œuvres culturelles et malgré nos demandes
répétées pour la protection des artistes, la loi sur le droit d'auteur et le
régime de la copie privée ne sont toujours pas modernisés. Je vous mentionne
tout ça parce que ça nous indique clairement qu'à défaut de prendre rapidement
le destin de notre culture en main, le statu quo sera maintenu et qu'il est
intolérable. Or, justement, l'expérience du gouvernement fédéral avec la loi
C-11 qui peine toujours à être appliquée nous enseigne que les géants du
numérique réussissent trop souvent à se soustraire aux exigences des
différentes nations, des différents pays et ça nous amène à reconnaître, donc,
que l'application de cette loi doit comporter deux volets. Tout d'abord, bien,
ce que cette loi essaye d'imposer, l'obligation pour les entités concernées de
respecter la loi, de même que les mesures que nous prendrons face aux
résistances possibles. Et un deuxième volet qui est la responsabilité
collective d'agir ici, au Québec, pour renforcer son efficacité.
Pour ce qui est du premier volet, donc, la
loi en tant que telle, son champ d'application et les mesures qui seront
prises, vous comprendrez que nous ne sommes pas des juristes, donc pas des
experts qui vont vous donner une opinion d'expert, justement, qui va éclairer
les angles morts et vous donner les meilleures façons possibles de légiférer
pour les aborder, mais, ce sera une opinion du terrain, parce que toute loi en
culture, passez-moi l'expression, finit par nous rentrer dans le corps,
puisqu'elle a une incidence directe sur notre façon de travailler et sur nos
conditions de vie. Alors, ce sera une opinion connectée au terrain, donc
comment nous percevons les possibles impacts et répercussions sur la culture
québécoise et les artistes. D'abord, les médias sociaux, pour faire un tour
rapide des éléments qui nous qui nous ont sauté aux yeux tout d'abord.
Évidemment les médias sociaux, on est tous au courant, occupent une place
centrale dans les habitudes de consommation culturelle, surtout chez les
jeunes. Donc, pour nous, il faut y accorder une attention particulière à ces
joueurs qu'on pourrait appeler hybrides, comme, par exemple, YouTube, qui est
l'exemple le plus probant, d'être le numéro un pour l'écoute de notre musique,
mais de se définir comme un réseau social. D'un autre côté, Spotify, qui lui,
se définit vraiment comme une plateforme d'écoute en ligne, est en train de
glisser tranquillement vers une définition plus près du réseau social, en
permettant en ce moment des échanges de contenus et des discussions entre
utilisateurs. Pour nous, ce qui apparaît primordial là-dedans, c'est définir ce
qu'est pour nous du contenu culturel, qu'il soit diffusé sur les médias sociaux,
qu'il soit diffusé sur les plateformes en ligne, il nous apparaît important de
distinguer ce qui est sans intérêt national, produit par un individu,
utilisateur, versus des produits qui seraient vraiment d'un intérêt culturel et
qui sont diffusés amplement sur ces réseaux sociaux...
Mme Kontoyanni (Tania) : ...évidemment,
encadrer les algorithmes de recommandation et imposer des obligations de
découvrabilité même à ses joueurs hybrides, de la même façon qu'on cherche à le
faire chez les Netflix et Disney de ce monde. Notre recommandation, donc, à ce
sujet d'intégrer dans la loi, en tout ou en partie, les médias sociaux qui
agissent comme diffuseurs de contenus culturels que nous aurons préalablement
définis. En ce qui a trait aux réglementations à venir. La définition des
contenus culturels d'expressions originales de langue française. Ici, on
comprend très, très bien l'intention de rester large dans les contenus
francophones plutôt que les contenus québécois. Et on comprend très bien que
stratégiquement, c'est la bonne chose à faire pour créer les alliances et
respecter des ententes commerciales. Cependant, il nous apparaît prioritaire
d'établir, tout de même, clairement, ce qui, pour nous, quels sont les critères
qui vont définir ce qui est du contenu québécois? Non seulement pour identifier
plus facilement nos œuvres en termes de référencement, par exemple, pour
soutenir la découvrabilité de nos œuvres, spécifiquement, pour favoriser la
transparence des différents indicateurs dont nous aurons besoin pour vérifier
si la... l'efficacité de l'application de la loi. Voilà, je pense que j'ai fait
le tour pour ça. Ce qui est important pour nous, c'est de réussir à distinguer
notre contenu du contenu francophone général, de sorte à ce qu'on puisse voir
ce qui change avec l'application de cette loi pour nos contenus. C'est glisser
vers les quotas et les seuils de découvrabilité.
• (11 h 20) •
Il nous apparaît important qu'au moins un
seuil minimal de quota soit clairement identifié tout de suite. Il y aura,
j'imagine, évidemment besoin d'un travail pour établir un quota minimal juste,
qui permette de... qui permette la découvrabilité et l'accès à nos œuvres. Pour
nous, il est, il est possible non seulement d'établir ce quota, mais de faire
en sorte que nos œuvres québécoises, tout autant que les œuvres francophones,
soient suggérées dès le départ sur les pages d'accueil. Ce que ça permet, pour
nous, c'est de rendre notre contenu accessible, particulièrement aux gens qui
connaissent moins les productions de nos artistes et artisans. Donc, qui ont
plutôt l'habitude d'aller immédiatement vers des contenus étrangers. Donc, ça
nous apparaît important qu'il y ait tout de suite une page d'accueil qui
propose un catalogue de nos œuvres, que ce soit en musique ou en audio visuel.
Le contournement par l'utilisateur.
Évidemment, il y a une tendance très lourde, en ce moment, de se procurer des
appareils à l'étranger ou de se procurer des appareils qui nous permettent de
nous connecter à des plateformes sans passer nécessairement par des achats
québécois. Donc, en ce moment, ce qu'on dirait, c'est prévenir... prévoir des
mécanismes de conformité renforcés, incluant des obligations pour les... pour
les plateformes accessibles depuis le Québec, peu importe où on s'est procuré
l'appareil.
Vous parlez de la création d'un Fonds de
développement culturel du Québec destiné à soutenir la production, la diffusion
et la découvrabilité des contenus culturels francophones. On souhaite lier à ça
le principe de la copie privée. L'Union des artistes plaide depuis longtemps
auprès du gouvernement fédéral pour une modernisation du régime de la copie
privée, étant donné que les cassettes et les CD n'existent plus, surtout pas
chez les jeunes générations. Et comme le projet de loi s'applique aux
fabricants de téléviseurs et à tout fabricant d'appareils comportant une
interface permettant d'accéder à du contenu culturel en ligne.
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
dois vous arrêter. C'était tout le temps qu'on avait, malheureusement.
Mme Kontoyanni (Tania) : je
suis ouverte à vos questions.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Je cède la parole à M. le ministre.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci à vous deux. Merci d'être là, Mme Kontoyanni. Est-ce
que je comprends que vous alliez, essentiellement, nous lire les... les
recommandations, en fait, de nous énoncer les recommandations qui sont dans
votre mémoire, ou il y avait autre chose dans votre intervention? Parce que
s'il y a autre chose, je vous laisserais terminer. Si c'était essentiellement
de nous nommer les recommandations. J'irais peut-être tout de suite avec des
questions, parce qu'on a reçu votre mémoire dans les...
M. Lacombe : ...dernière
minute, je pense.
Mme Kontoyanni (Tania) : Oui.
M. Lacombe : Mais on a gelé
quand même sous les yeux. Donc, on... on va en prendre connaissance, là, puis
il vous restait quelques recommandations... bien voulez-vous les finir
rapidement?
Mme Kontoyanni (Tania) : Non,
si ce n'est que, puisque vous me donnez l'opportunité de le faire, d'insister
un peu sur le deuxième volet qui est « Ce
qu'on peut faire ici et maintenant »?
M. Lacombe : Oui.
Mme Kontoyanni (Tania) :
Alors, évidemment, le Groupe de travail sur l'avenir de l'audiovisuel du Québec
a déposé un mémoire qu'on a lu très favorablement, où il y a des mesures
extrêmement structurantes là-dedans, et... je crois qu'il faut les appliquer.
Je crois qu'il faut s'assurer actuellement de la qualité compétitive de nos
œuvres québécoises et là-dessus, ce que... ce que j'aurais à dire
principalement, c'est que... c'est une chose de découvrir et d'avoir accès à
nos œuvres, mais c'est autre chose de fidéliser notre public ou tout autre
public à l'international. Et je vais m'arrêter là parce que c'est vraiment
là-dessus que j'aimerais mettre l'accent, c'est qu'il faut aussi voir à la
fidélisation.
M. Lacombe : D'accord, je
comprends bien, puis vous avez raison de mentionner... bien, en fait, je suis
heureux que vous mentionniez les travaux du Groupe de travail sur l'avenir de
l'audiovisuel, à qui j'avais donné ce mandat de réfléchir l'avenir de
l'audiovisuel en peut-être partant d'une page blanche, bon on m'a rapidement
dit que c'était difficile de partir d'une page blanche parce qu'il y avait déjà
beaucoup de chapitres d'écrit, mais qu'on pouvait écrire un nouveau chapitre.
Donc, je suis heureux que vous le mentionniez parce qu'effectivement, je pense,
je le disais hier, que le projet de loi qu'on est en train d'étudier ensemble,
merci d'ailleurs pour votre contribution, c'est un des morceaux du casse-tête
de l'avenir de l'audiovisuel. Ce n'est pas la solution unique, mais ça fait
partie du casse-tête qu'on est en train de construire ensemble, puis il y a
évidemment beaucoup de morceaux qui se retrouvent dans les travaux du GTAAQ,
donc merci de l'avoir souligné.
Peut-être que je... je vous poserais
d'entrée de jeu une question sur... une question peut-être de précision,
puisque je n'ai pas eu l'occasion de prendre connaissance en détail de votre
mémoire sur ce que vous souhaitez que nous fassions au sujet du contenu
québécois spécifiquement, parce que je vous entends vous dites : On est
d'accord avec la stratégie d'y aller avec du contenu d'expressions originales
de langue française .
Bon, je le dis ailleurs, ça fait l'objet de beaucoup de discussions dans mon
équipe parce que moi-même, au départ, j'avais beaucoup de questions là-dessus.
Par contre, vous nous dites aussi qu'on devrait définir ce qui est du contenu
québécois dans les règlements, j'aimerais ça que vous nous expliquiez un peu
pourquoi c'est... c'est important pour vous qu'on fasse ça, si l'objet de la
loi ne concerne pas le contenu spécifiquement québécois, mais plutôt le contenu
d'expressions originales de langue française.
Mme Kontoyanni (Tania) : Parce
que je pense qu'au départ qu'on souhaite c'est que notre contenu québécois, nos
productions, rayonnent autant ici qu'à l'international, qu'on souhaite fidéliser
notre public à nos œuvres et que rien ne nous empêche, bon, pour ce qui est de
la définition, je pense que ça sert surtout à un bon référencement, à avoir les
bonnes données par la suite pour évaluer : « Est-ce
que ça a vraiment été bon pour notre contenu, l'application de cette loi?
Est-ce qu'il y a des failles qu'on doit revoir »?
Donc, pour nous, c'est vraiment une possibilité d'identifier clairement pour
l'utilisateur comment trouver, comment... avoir les références du contenu
québécois, puis aussi pour le gouvernement et pour le milieu de l'audiovisuel
dans son ensemble, comment voir l'efficacité de la loi et comment nous
améliorons notre présence ici et à l'international.
D'autre part, je crois que rien ne nous
empêche tout de même d'être bons joueurs avec toute la francophonie, mais pas
que. Et ça, on a des propositions aussi pour le leadership à exercer face aux
autres cultures nationales qui ont les mêmes enjeux que nous. Il y a moyen, je
pense, d'être avec la francophonie, mais d'exiger tout de même ici des pages
d'accueil avec un catalogue exclusivement québécois qui soit trouvable pour
l'utilisateur auquel il puisse avoir accès facilement. Et les deux? Est-ce que
c'est plus clair ou vous voulez que j'aille plus loin un peu?
M. Lacombe : Non, mais je...
je pense que c'est... que c'est plus clair, en fait, je vais résumer ce que je
comprends, puis vous pourrez me confirmer si c'est exact ou préciser davantage
ensuite. Donc, vous convenez que l'objet de la loi, ce sera le contenu d'expressions...
M. Lacombe :
... de
langue française, donc, ça, j'ai l'impression qu'on s'entend là-dessus, mais
vous nous dites, par ailleurs, ce serait intéressant de définir ce qu'est du
contenu québécois. Ça semble une évidence, mais vous et moi savons que ce n'est
pas très évident. Ottawa le sait aussi, ils sont en train de travailler
là-dessus depuis plusieurs années. Donc, vous souhaitez, par ailleurs, qu'on le
définisse dans notre réglementation pour qu'on soit capable de mesurer, on parlait
avec les gens de l'ISQ d'ailleurs, qu'on soit capable de mesurer si le contenu
québécois tire son épingle du jeu lorsqu'on parle de contenu d'expression
originale de langue française. Est-ce que je vous ai bien compris?
Mme Kontoyanni (Tania) : Exactement.
Pour moi, ça évite aussi, parce que c'est possible, aussi, que le contenu
québécois soit noyé dans le contenu francophone global, comme il l'est dans le
contenu anglophone. Donc, pour moi, c'est distinguer, un peu, nous donner les
outils pour vraiment bien comprendre ce qui se passe avec notre contenu.
• (11 h 30) •
M. Curzi (Alexandre) : Si je
peux me permettre de rajouter, M. le ministre, ça va aussi dans la vision, un
peu, des dernières années de l'Union des artistes. Tu sais, on a participé aux
travaux du MRI et c'était la position qu'on défendait, c'est-à-dire, de dire,
on doit s'inscrire dans une grande francophonie qui... qui grossit, en passant.
Donc, il y a des marchés, il y a des partenariats à faire, mais nécessairement,
il faut que le Québec soit un peu plus chauvin et prenne sa place au niveau de
son contenu. Donc, on le finance adéquatement, qu'on travaille notre contenu,
puis qu'on pousse notre contenu dans cette francophonie-là. Donc, c'est un peu
ça, ça va dans la même ligne, je crois. Puis, je pense que votre gouvernement
partageait un peu cette vision-là, en tout cas, au MRI. On semblait partager
cette vision-là.
M. Lacombe : Je comprends.
Bien ça, c'est toujours une discussion qui est très intéressante, là, puis, je
serais, je serais heureux d'en entendre parler davantage. J'imagine que c'est
costaud comme, comme proposition ou comme analyse. Mais on se parle souvent et
on se croise dans beaucoup d'événements, donc, on aura l'occasion d'en
reparler, j'imagine. Peut-être une question par rapport, toujours, à votre
mémoire. Puis vous l'avez, vous avez eu le temps de l'effleurer rapidement.
Donc, je vous amène juste avant le financement de la copie privée, c'est à
3.2.3, le contournement par l'utilisateur. Vous dites que vous recommandez de
prévoir des mécanismes de conformité renforcés, incluant des obligations pour
les plateformes accessibles depuis le Québec, peu importe où l'on s'est procuré
l'appareil. Ça, je vous avoue que j'ai de la difficulté à... à saisir les cas
de figure. Peut-être parce que je suis un citoyen respectueux de la loi et que
je suis assez traditionnel dans la façon de m'en procurer mes appareils. Mais
je sens qu'il y en a qui sont peut-être un peu plus coquins et c'est ce que
vous essayez de... de nous dire. Je ne sais pas, est ce que vous pouvez nous
expliquer un peu, le... un cas de figure où ça serait utile?
Mme Kontoyanni (Tania) : Bien, il y a
les appareils achetés sur des plateformes étrangères. Tout d'abord, ça, c'est
un des volets, donc qui ne vont pas avoir les plateformes québécoises suggérées
dans les télévisions et les téléviseurs intelligents. D'autre part, et ça, je
suis aussi dans l'ombre que vous, M. le ministre, il y a toutes sortes de
gadgets dont j'entends parler, que les gens se procurent pour se connecter à
des plateformes étrangères, mais qui deviennent l'interface de leur téléviseur.
Et là, ce que j'entends, c'est quand même une tendance qu'il y a, qui
s'accentue, en ce moment, notamment, auprès des gens qui consomment le sport
international. Alors, comme je ne suis pas une consommatrice de ces contenus,
c'est vraiment des échos que j'ai. Je me dis : ah tiens! Est-ce que c'est
un angle mort? Est-ce que c'est quelque chose qu'il faut fouiller un peu, voir
c'est quoi, les tendances? Quels sont ces espèces d'appareils, bon, qu'on...
j'ai entendu parler de... enfin, Alexandre, tu es meilleur que moi pour ça.
Les...
M. Curzi (Alexandre) : Bien.
Non, mais, je ne veux pas dire que je contourne quoi que ce soit, on ne va pas
là. Mais, en fait, l'exemple qu'on a, puis, sérieusement, on n'est pas des
spécialistes, on n'a pas eu le temps de creuser la question en quelques jours,
mais la référence qu'on avait, puis moi j'ai une référence personnelle dont je
peux vous donner l'exemple. Je fais partie d'un pool de sport, donc, je ne
nommerai pas le sport, mais bon, avec plusieurs amis, et la moitié de ces
gens-là ont encore ont... ont accès à des Firesticks, donc, qu'ils ont
commandé, qu'ils installent sur leur télévision qui leur permet d'avoir accès
aux sports génériques. Mais c'est sûr que sur cet élément là, de cet
appareil-là, ce qui apparaît quand il l'ouvre, c'est télé, Netflix, Amazon...
11 h 30 (version non révisée)
M. Curzi (Alexandre) : ...
puis, tu sais, je veux dire, donc, la question qu'on se posait c'est tous ces...
puis il y en a d'autres, là, je veux dire, ça, c'est un exemple que j'ai
personnellement, mais, donc, tous ces appareils-là qui sont achetés sur les
plateformes, comment vous allez réussir à imposer la réglementation? C'est un
peu ça, notre question, puis est-ce qu'on ne devrait pas y voir, puis quelle
est la façon de le faire? Bien, là, ça, ça vous appartient un peu. Vous
cherchez la plateforme de sport?
M. Lacombe : Bien, en tout
cas, l'objectif, là, puis l'esprit derrière la loi, c'est vraiment que ça s'applique
aussi à ces... à ces appareils-là. Donc, évidemment, le diable est dans les
détails, puis on aura beaucoup de plaisir à rédiger les règlements, effectivement,
mais... on prend bien note de ça, et là, on n'a aucune chance de savoir pour
quel sport vous tenez votre pool, c'est ça? Aucune chance?
M. Curzi (Alexandre) : Je
vais m'en tenir à ça pour aujourd'hui, Mme la Présidente, M. le ministre.
M. Lacombe : Vous nous
laissez sur notre faim. J'ai un collègue, je pense, ou deux collègues qui
veulent intervenir, puis j'aimerais ça me garder quelques secondes à la fin
pour... pour peut-être conclure avec vous.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
La parole est au député de Vanier-Les Rivières
M. Asselin : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour Mme Kontoyanniet M. Curzi. Je voudrais savoir, par
rapport aux médias sociaux, vous l'avez abordé relativement peu par rapport à dérive,
en tout cas, la tendance que Spotify fait, mais est-ce que tous les médias
sociaux devraient être visés d'après vous par la loi? Et puis... ou certains
médias en particulier? Et puis, est-ce que tous les contenus des médias sociaux
devraient être visés selon vous?
Mme Kontoyanni (Tania) : Effectivement...
comme je vous disais, on n'est pas des spécialistes dans la légifération. Sauf
que, il y a évidemment deux possibilités. Est-ce qu'on les inclut tous? Est-ce
qu'on inclut tous les joueurs et qu'on vient exclure certains contenus? Ou est-ce
qu'on exclut certains joueurs et qu'on intègre une partie de leur activité? Je
pense qu'il faut rester vraiment ouvert à ce... et être réaliste, que les
choses en technologie se développent non seulement constamment, mais
extrêmement rapidement et que plusieurs joueurs sont un petit peu rusés. Et on
voit actuellement que Spotify essaye de se plier davantage à des critères qui
sont plus près du réseau social. Est-ce que c'est pour fuir certaines choses?
Est-ce que c'est parce que... par la force des choses, tout va devenir... et
même Netflix un jour, pourrait devenir un réseau social? Donc, on souhaitait
mettre en garde devant cette réalité-là.
Effectivement, au niveau des contenus, il
y a le contenu qui est généré par un usager qui est un contenu vraiment
personnel et on sait très bien, là, à quel genre de vidéo je fais référence ou
de morceau où quelqu'un fait chanter son enfant, sauter son chat ou... bon... là
on est dans un contenu évidemment qui ne devrait pas être visé par la loi. Par
contre, les influenceurs, par exemple, y sont maintenant. Les créateurs de
contenus numériques sont maintenant, par exemple, dans les cartes de la SODEC.
Alors, est-ce qu'on peut encore parler dans tous les cas de... création de
contenu par un usager ou est-ce que tranquillement, ça va faire partie de la
culture québécoise, particulièrement chez les jeunes? Donc, notre principale
préoccupation en ce moment, c'est de ne rien échapper et surtout de bien
comprendre comment les jeunes ont le contact, comment se fait le contact des
jeunes avec notre culture et de bien encadrer ça.
M. Asselin : Parfait. Merci
beaucoup de ces précisions. Je vais laisser mes collègues qui ont beaucoup de
questions ou si ils vous interrogent.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Il reste moins de 2 minutes.
M. Lacombe : Il nous reste
moins de deux minutes, donc je vais... je vais peut-être juste terminer en
lisant votre conclusion que j'ai trouvée particulièrement intéressante. Vous
dites : « Le projet
de loi n° 109 est une mesure audacieuse, nécessaire et urgente. Cependant,
il ne suffira pas à lui seul. Il doit s'accompagner d'actions concrètes d'une
mobilisation collective et d'une volonté politique formelle. Si nous n'agissons
pas rapidement, la découvrabilité et l'accès aux œuvres québécoises seront
compromis, menaçant directement la survie de notre culture et, ultimement,
notre identité distincte elle-même ».
Je veux vous dire que je suis d'accord. Je pense que j'aurais pu écrire la même
chose et puis le signer. Donc, je pense qu'avec ce morceau-là du casse-tête qu'on
est en train d'étudier, mais aussi avec le groupe de travail sur l'avenir de l'audiovisuel,
quand on parle d'éducation à l'image...
M. Lacombe : … de soutenir
aussi les créateurs sur nos nouvelles plateformes, de notre projet de loi 108
qui s'en vient, du soutien aussi que je donne à ceux qui réclament, comme moi,
parce que je pense que c'est important, un filet social pour les artistes. Je
pense que si on additionne tout ça, on pourra et je ne pense pas que c'est
illusoire, moi, je pense que c'est très faisable, je pense qu'on pourra s'assurer
que notre culture continue de rayonner dans les prochaines décennies. Merci
beaucoup.
Mme Kontoyanni (Tania) : On
sera là pour vous épauler.
M. Lacombe : Merci, c'est
gentil.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
La parole est maintenant au premier groupe d'opposition.
• (11 h 40) •
Mme Garceau : Merci beaucoup.
Merci. Très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui. Mme Kontoyanni et
M. Curzi, merci d'être ici. On n'a pas eu la chance, évidemment, M. le
ministre l'avait mentionné, de prendre… de lire attentivement votre mémoire,
cependant j'avais pris connaissance du mémoire que vous avez déposé le 8
juillet 2024 qui reprend, je crois, corrigez-moi si j'ai tort, mais,
essentiellement, plusieurs éléments dans votre mémoire que vous avez déposé
aujourd'hui. Et j'entends votre préoccupation concernant… la… si je peux dire…
Dans la définition, parce que, là, il y a, là, une des questions principales et
une de vos préoccupations, c'est qu'il n'y a pas de définition dans la loi actuelle
de qu'est-ce qu'est le contenu culturel francophone québécois. Et, d'après
vous, il devrait y avoir cette définition dans la loi?
Mme Kontoyanni (Tania) : Non,
d'après moi, ça devrait être une réglementation parce que les contenus
évoluent, les contenus évoluent, par exemple, comme je le disais tout à
l'heure, le… les créateurs de contenus numériques, ce qu'on peut appeler des
influenceurs, par exemple, ou simplement des créateurs de contenus, est une
nouvelle partie de la culture québécoise. Alors, je pense que les contenus vont
évoluer avec les années et que la réglementation, ce qui est important dans la
réglementation, c'est de définir des critères clairs. Par exemple, est-ce que
c'est du contenu financé par de l'argent public, par exemple? Est-ce que c'est
une production individuelle ou est-ce que c'est une production d'artistes et
artisans? Est-ce que, donc, c'est une production professionnelle ou amateur?
Tout ça, sont des critères qui ne sont pas définis actuellement. Donc, les
balises ne sont pas encore là. Ce qu'on prétend surtout, c'est que c'est
important de le faire en amont de l'application de la loi pour être bien clair
sur ce qu'on cherche à documenter.
Mme Garceau : OK, ça je le
comprends, et vous l'avez mentionné en détail également dans votre projet… dans
le mémoire du 8 juillet 2024, mais j'ai pris dans votre mémoire déposé
aujourd'hui, concernant la définition des contenus culturels d'expressions
originales de la langue française, et vous mentionnez votre préoccupation en ce
qui a trait, à défaut d'établir, évidemment, clairement les critères pour
définir ce que… ce qu'est un contenu québécois, le contenu québécois risque de
se retrouver noyé dans l'ensemble du contenu francophone. Moi, j'aimerais vous
entendre sur l'objectif et, évidemment, surtout pour l'UDA, c'est d'avoir cette
visibilité, de promouvoir la culture francophone québécoise. Est-ce qu'on ne
devrait pas prioriser, dans le cadre législatif, cette priorité du Québec de
découvrir la culture francophone québécoise?
Mme Kontoyanni (Tania) : Assurément.
Comme je le disais, je crois qu'il faut avoir deux axes d'application pour
cette loi, mais pour l'instant, à peut-être court ou moyen terme, je pense que
la stratégie d'établir des partenariats avec la francophonie, d'abord, mais
au-delà de ça, je pense également que le Québec devrait avoir un leadership,
représenter un leadership mondial, parce qu'il y a beaucoup de petites cultures
comme la nôtre, que ce soit la Suède, les pays scandinaves, les… sont confrontés
aux mêmes enjeux. Il y a un envahissement de la culture américaine et des…
Mme Kontoyanni (Tania) : ...la
technologie, et ils ont, ils accaparent ces joueurs étrangers, l'attention de
toutes les populations. Alors, je pense que dans un premier temps, il faut être
bon joueur, aller chercher des partenariats dans la francophonie qui soient
solides, promouvoir leurs contenus autant que leur demander de promouvoir le
nôtre. Mais on doit avoir, en parallèle, une stratégie qui vise notre contenu
d'abord et avant tout, parce qu'on a un public à fidéliser. On a non seulement
le public international, c'est pour ça que j'insiste tellement dans le mémoire
sur la qualité compétitive de nos œuvres, mais on a aussi à aller chercher
notre public à nous. C'est... notre priorité première devrait être ça. Donc, en
parallèle, je pense qu'il faut développer une stratégie en ce sens.
M. Curzi (Alexandre) : Cela
dit, on pense, à l'Union des artistes, qu'il n'y a rien de... que... c'est
concevable que quelqu'un ouvrirait, par exemple, la plateforme Netflix, puis
qu'on lui pousserait du contenu québécois, puis qu'il y aurait aussi du contenu
francophone qui serait poussé. À terme, il n'y a rien d'impossible dans cette
situation-là. Pour aller dans le même sens que ce que Tania vient de dire.
Mme
Garceau : Juste pour pousser un petit peu votre pensée en termes de,
parce que je regarde l'ancien mémoire et c'était très clair, les mesures que
vous vouliez voir dans un projet de loi afin de vraiment, si je peux dire,
protéger, valoriser et faire rayonner la culture francophone québécoise. Et
donc, je voulais voir avec vous, est-ce que l'ensemble de ce projet de loi,
d'après vous, respecte ou atteint cet objectif ou ces objectifs que vous aviez
prévu, surtout dans votre, dans votre mémoire de juillet 2024? Parce que,
qu'est ce qui est venu me chercher un peu, c'était tellement bien défini, la
façon que vous aviez détaillé les mesures que vous vouliez voir dans le projet
de loi, en termes de protéger, valoriser, respecter les artistes du Québec,
améliorer les conditions socio-économiques des artistes, assurer une meilleure
référence des œuvres québécoises sur les plateformes numériques, accélérer et
faciliter la découvrabilité des contenus culturels québécois et favoriser la consommation
de produits culturels québécois par la population québécoise. Donc, je sais que
vous parliez qu'il y ait comme un genre de stratégie parallèle. Mais, pour
pousser, un petit peu, si je peux dire, l'enveloppe, est-ce qu'il ne devrait
pas y avoir dans les règlements, afin d'atteindre ses objectifs, surtout en
termes de la culture francophone québécoise, de la prioriser? Si on va mettre,
évidemment, un droit, ça va être dans la charte et, donc, dans notre cadre
législatif distinct, que ça soit quand même priorisé dans les règlements.
Mme Kontoyanni (Tania) : Priorisé
dans les règlements, c'est vraiment ce qu'on propose, actuellement. Qu'est-ce
qui peut être inclus, vraiment, dans une loi? Je vais être très honnête avec
vous, je ne le sais pas, mais ce à quoi vous touchez en mentionnant les
objectifs qu'on avait mis dans notre premier rapport, c'est exactement ce que
j'appelle ce qu'on peut faire ici et maintenant, en dehors même de cette
loi-là. Alors, fidéliser notre public, c'est la première des choses. Et pour
faire ça, notre compétition, ce sont les œuvres internationales, non seulement
qui ont accès à des budgets inimaginables pour nous, mais qui ont accès à des
mécanismes de promotion énormes comparé à ce que nous on a pour promouvoir nos
œuvres. Donc, la qualité compétitive, c'est une notion cruciale dans ce
contexte-là. Et actuellement, j'aimerais bien, si vous me le permettez, vous
amener un exemple concret. Je dirais que la dernière production québécoise qui
jouit d'un succès critique populaire, dont la qualité est reconnue est
peut-être Empathie, l'émission Empathie. Alors, je me suis bien informé, parce
que je savais qu'ils n'avaient pas accès à un budget plus gros que les autres
productions qu'on voit sur nos télés. Alors, c'est le travail en amont qui a
servi. C'est-à-dire qu'il y a eu un temps alloué à la préproduction, donc qui
n'augmente pas, pendant ce temps, les frais de production, qui sont de plus en
plus élevés depuis la pandémie. Il y a eu un travail en amont, donc les...
Mme Kontoyanni (Tania) : ...
mi acteur me disait qu'ils ont eu deux lectures de tout le scénario tous
ensemble et qu'alors il y avait une cohésion qui se créait, on se... c'est
comme ça qu'une œuvre de qualité se prépare. Les grosses productions, c'est ce
qu'ils font, beaucoup de travail en amont. Cependant, et l'Union a fermé les
yeux là-dessus parce qu'on comprenait bien à quel point c'était important pour
les acteurs, ça a été bénévole ce travail. Parce que la production n'avait pas
le budget pour payer ces lectures, or, on comprenait très bien que les acteurs,
eux, ils avaient besoin de le faire. Les acteurs sont nos membres. Est-ce que
la qualité de nos œuvres doit se faire sur le dos des artistes? Non. Il doit y
avoir un financement cohérent à travers toute la chaîne de production, du
diffuseur au figurant, pour que nos œuvres réussissent à accoter la compétition
qui nous vient de l'étranger.
• (11 h 50) •
M. Curzi (Alexandre) : Si je
peux me permettre de rajouter pour... oh excusez-moi... pour PL 109, tu sais,
nous on n'est pas des juristes, encore une fois, puis on n'est pas des
législateurs, donc, tu sais, de vous poser la question de... On a joué dans le
film de C-11 où ça s'est tellement complexifié que ce n'est pas encore passé et
notre peur en ce moment c'est de se dire bon, ce n'est peut-être pas parfait,
en tout respect pour monsieur le Ministre, là, ce n'est peut-être pas parfait,
mais en même temps, il faut le faire. Parce que, là, le bateau, il n'est pas en
train de se demander, s'il va couler, il coule le bateau. Sur le terrain, on le
sait. Donc... la réponse à votre question est très simple, c'est-à-dire, il
faut que ça passe. Rapidement. Il faut qu'on agisse rapidement au Québec.
Mme Garceau : Donc, donc, on
est tous d'accord, il n'est pas parfait. Donc, je sais que vous n'êtes pas
juriste, mais vous êtes très... des acteurs très importants, vous êtes sur le
terrain, qu'est-ce qui manque d'après vous? Qu'est-ce qui manque pour bonifier
le projet de loi pour atteindre vos objectifs?
Mme Kontoyanni (Tania) : Qu'est-ce
qui manque dans le projet de loi, je ne le sais pas. Ce qui manque, et, pour
moi, c'est très clair, c'est ce qui peut soutenir ce projet de loi. Et ça, ça
ne peut passer que par une cohérence dans le financement des œuvres, une
transparence, une solidarisation de tous les joueurs du secteur de
l'audiovisuel, donc de la musique aussi. Les musiciens font les frais des
nouvelles façons de consommer la culture depuis le début des années 2000. Il
faut que nous prenions exemple sur ce qu'ils ont vécu et régler leur situation
et ne pas risquer le naufrage, comme l'image que proposait mon collègue. Il y
a... On résiste, on résiste très fort les artistes, créateurs et interprète,
mais le barrage est en train de céder, là. Donc, il faut que cette loi soit
très forte, qu'elle s'impose, qu'on réussisse à ne pas patauger dans la mare
comme le fait actuellement la loi C-11, mais vraiment prendre le taureau par
les cornes et sauver notre culture. Vous savez, les artistes qui constituent
notre conseil d'administration, la première... le premier mandat qu'ils m'ont
donné, c'est de défendre avec tous les moyens possibles la culture francophone
au Québec. C'est ça qu'ils craignent avant de craindre même leur condition, la
diminution de leurs conditions de travail. Parce que, s'il n'y a plus de
culture, il n'y a plus d'artistes et sans artistes, pas de culture non plus.
M. Curzi (Alexandre) : Je
peux mepermettre de rajouter à ce que Tania vient dire, moi, je
pense... Les réseaux sociaux, faire fi de cette réalité-là, ça serait une
erreur fondamentale. Maintenant, et après ça, quelle que soit la forme, quel
que soit le texte, est-ce qu'après ça on donne des dérogations? Je ne sais pas
comment ça se gérer, mais si on n'est pas devant la parade, on va être
derrière. Puis les années nous ont appris, les dernières années nous ont appris
que quand on est derrière, c'est long de rattraper la parade. Eh, une autre
image. Donc, je dis, préparons-nous pour tout ce qui s'en vient, parce que pour
l'instant on a ça, mais il y a d'autres choses qui s'en viennent sur les
plateformes, sur les réseaux. Donc, il faut être prêt à accueillir toutes ces
nouvelles formes de diffusion.
Mme Garceau : Oui, parce que
ça, vous le mentionnez aussi, c'est un point que vous avez souligné dans vos
deux mémoires, l'aspect des réseaux sociaux qui vous préoccupe énormément, et
avec raison, parce qu'on voit l'évolution et tous ceux et celles qui ont des
enfants, on est très, très au courant de l'influence, la grande influence et
c'est tellement facile maintenant pour nos jeunes d'y avoir accès. Et, donc,
quel est votre message à ce sujet là? Parce qu'il tend à y avoir une exclusion,
là ...
Mme Garceau : ...en ce qui a
trait aux médias sociaux.
Mme Kontoyanni (Tania) : Il
ne faut pas les exclure. Comme je le disais tout à l'heure, je ne sais pas quel
est le meilleur moyen. Est-ce que c'est de... d'inclure tous les joueurs,
également les joueurs hybrides, ou de les inclure dans la loi seulement pour
une partie de leur activité? Mais une chose est sûre, c'est que ça évolue
continuellement et que ça évolue très vite. Et vous avez raison, c'est pour
notre jeunesse d'abord et avant tout qu'on est préoccupé parce que c'est en ce
moment leur seul lien avec notre culture québécoise francophone, donc la
musique particulièrement, les consommer sur YouTube, un média social donc... on
invite en fait à la prudence de... de voir... voir les choses venir. Je sais
bien qu'on ne peut pas légiférer sur des choses qui ne sont pas encore là, mais
je pense que moyen de rester ouvert.
Mme Garceau : Bien... donc,
votre recommandation, parce que ça, c'est... ce que vous souhaitiez que le
ministre... dans... on va le dire, dans l'étude détaillée de ce projet de loi,
je regarde votre recommandation qui est liée aux médias sociaux, ça serait
d'intégrer à la loi, en tout ou en partie, les médias sociaux qui agissent
comme diffuseurs de contenus culturels. Vous... que ça soit prévu dans le
projet de loi.
Mme Kontoyanni (Tania) : Oui.
Idéalement, oui.
Mme Garceau : Je voulais
voir... il y a un aspect, oui, à la page quatre de votre mémoire concernant les
quotas et les seuils de découvrabilité. Vous avez une recommandation liée à
ça : « Imposer dès
maintenant un quota minimal clair pour garantir la présence significative des
œuvres francophones ».
Vous suggérez quoi comme quota? Est-ce que vous avez...
La Présidente (Mme Bogemans) :
36 secondes... le mot de la fin.
Mme Kontoyanni (Tania) : Là,
vous me posez une question bien difficile... là, vous me posez une question
bien difficile. Parce que j'imagine que... il y aura...
La Présidente (Mme Bogemans) :
C'est tout le temps qu'on avait.
Mme Kontoyanni (Tania) : ...
des experts qui vont se prononcer là-dessus qui vont pouvoir dire : « Bien, est-ce que c'est
25 %? Est-ce que c'est 30 %? Ou est-ce que c'est 10 %?...
La Présidente (Mme Bogemans) :
Merci.
Mme Kontoyanni (Tania) : ...
moi, si vous me demandez, ça serait 30 %.
Une voix : Merci beaucoup.
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
de votre présente et de votre contribution à nos travaux. Donc, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 h.
Mme Kontoyanni (Tania) :
Merci à vous.
(Suspension de la séance à 11 h 57)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 09)
La Présidente (Mme Bogemans) : Donc,
à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de la culture et de l'éducation
reprend ses travaux. Nous poursuivons les consultations particulières et les
auditions publiques sur le projet de loi 109 affirmant la souveraineté
culturelle du Québec et...
La Présidente (Mme Bogemans) : ...
édictant la Loi sur la découvrabilité des contenus culturels francophones dans
l'environnement numérique. Donc, cet après-midi, nous allons entendre les
personnes et les représentants des organismes suivants, soit la Fédération
nationale des communications et de la culture qui est avec nous en
visioconférence, L'Association québécoise de l'industrie du disque et du
spectacle et de la vidéo, L'Association des créatrices et créateurs de contenu
du Québec et l'Association québécoise de la production médiatique. Donc, je
souhaite la bienvenue à la représentante de la Fédération nationale des
communications et de la culture. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour faire votre exposé. Par la suite, nous aurons une période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite, donc, à commencer
dès maintenant.
• (15 h 10) •
Mme Charette (Annick) : ...avec
un micro ouvert, ça va mieux. Alors, je remercie la commission de nous donner
l'opportunité de nous exprimer sur ce projet de loi. Mon nom est Annick
Charette, je représente la Fédération nationale des communications et de la
culture, la Fédération nationale des communications et de la culture est une
organisation syndicale qui regroupe près de... en... 86 syndicats du monde des
médias et de la culture au Québec et au Nouveau-Brunswick notamment, et nous
œuvrons en fait, à la valorisation du travail de nos membres, bien sûr, mais
aussi depuis quelques années, beaucoup aussi sur le maintien de nos milieux de
travail et l'opportunité que nous avons, de faire grandir notre spécificité
québécoise et francophone dans ces milieux de travail.
Alors, je vais peut-être commencer mon
exposé en mettant quelques chiffres sur la table, on... on nous consulte dans
un contexte, par exemple auprès des trois quarts de la population québécoise et
c'est un nouveau paradigme. Elles sont de 15 ans et plus, donc 73 %
vivent au sein d'un ménage abonné à une plateforme non québécoise de diffusion
numérique des contenus. C'est donc, une domination qui s'installe face à nos
traditionnels vecteurs de contenu qu'était la télévision, etc... la radio, etc.
Selon l'Observatoire de la culture et des communications du Québec, le revenu
médian d'artistes de travailleurs de la culture s'élève à... s'élevait en 2020
à 26 000 $ par année, soit environ 56 % inférieur au... au revenu
médian de l'ensemble des citoyens du Québec. C'est important pour moi de vous
le... de vous le faire savoir, parce que quand on parle de la culture, on parle
généralement moins de ces artisans pour parler d'un écosystème ou de
producteurs ou de sociétés qui font de l'argent avec la culture, mais des
principaux vecteurs de la culture, c'est quand même les créateurs et les
artisans et les travailleurs de la culture qui font naître des expressions
culturelles qu'on veut bien protéger, qu'on veut bien faire valoir.
Au deuxième trimestre de 2025, Netflix a
vu son... son bénéfice, bondir de 45 % pour atteindre 3.1 25
milliards de dollars, tandis que son chiffre d'affaires... s'établissait à
11.1 milliards, soit une progression de 16 % par an. Ce n'est pas le
cas de l'ensemble de notre écosystème, croyons-le.
Promouvoir la visibilité des contenus
culturels francophones revient également à un connaître et à valoriser le
travail de ceux et celles qui les créent. La souveraineté culturelle ne peut se
construire au détriment des créateurs, créatrices. Elle doit se faire de façon
holistique afin de préserver les intérêts de l'industrie, mais avant toute
chose, soutenir l'écosystème francophone d'ici dans une spécificité qui lui
appartient.
Le projet de loi n° 109 est, selon
nous, l'occasion de véritablement protéger et de renforcer l'écosystème actuel.
Nous proposons, donc, des amendements pour enfin d'en faire... non seulement
une loi sur la découvrabilité, mais une loi sur la dignité économique des
travailleurs et travailleuses de la culture. La FNCC-CSN accueille
favorablement la reconnaissance légale du droit de la découvrabilité. Elle y
voit, donc, une occasion de renforcer la présence culturelle québécoise en
ligne et de mieux soutenir la diversité de la créativité locale. Nous insistons
toutefois sur l'importance d'une coordination étroite avec les gouvernements du
Canada et du Québec afin d'éviter la création de zones grises susceptibles
d'entraîner des conflits de compétences ou d'interprétation divergences de ce
qui affaiblirait la loi actuelle qu'on nous propose.
Nous constatons que, dans sa forme actuelle,
le projet de loi ne prévoit pas de recours individuel contre une plateforme
numérique lorsque le contenu d'une personne morale, organisation ou physique,
un individu n'est pas adéquatement mis en valeur. Il est dit au
chapitre 4 que pour assurer l'atteinte des objectifs de la présente
loi, le gouvernement peut, par règlement, établir des critères permettant de
déterminer ce qui consiste du contenu culturel... ce qui constitue du contenu
culturel d'expressions originales de la...
Mme Charette (Annick) : …langue
française. Dans sa formulation actuelle, ce pouvoir est vraiment, vraiment,
trop vague et laisse plusieurs possibilités d'interprétations et je dirais de
sous valorisation de la réalité de ce que c'est que de la créativité.
Au chapitre quatre, il faut impérativement
inscrire dans le projet de loi des critères minimaux d'inclusion. Ces critères
devront privilégier la présence prioritaire d'œuvres québécoises afin d'éviter
l'effet de dilution dans des contenus étrangers, francophones, mais étrangers.
Nous proposons également d'inclure une notion qui est absente du projet de loi,
mais que j'ai pu constater dans ma pratique professionnelle, qui est, par
exemple, j'appellerais… que je nommerais des exigences de traçabilité. Par
exemple, puis c'est un exemple que j'ai… qui est facile à trouver, la série M'entends-tu,
qui est une série, essentiellement, québécoise écrite par des créateurs
québécois, produite par un producteur québécois, interprétée par des artistes
québécois, donc la série M'entends-tu, c'est une œuvre québécoise qui a
été financée et licencée localement par un diffuseur, à son origine, diffuseur
étant Télé-Québec, dans ce cas-ci, est présentée sur Netflix en anglais sous le
titre Can You Hear Me, accompagnée de la mention série… une série de
Netflix. Cette réappropriation par une plateforme qui ne détient qu'une licence
de diffusion, fausse la perception du public et invisibilise les talents et les
mesures de soutien local… locaux. Toute production francophone québécoise
devrait être en découvrabilité, être présentée et référencée sous son titre
d'origine en priorité et être identifiée comme étant une production d'ici et
non pas une série Netflix. Nous recommandons également d'élargir le périmètre
de la découvrabilité à d'autres types de contenus culturels qui participent à
la vitalité de l'expression québécoise et de la créativité, tels que les livres
numériques sans audio et les jeux vidéo, pour ne nommer que ceux-là.
Au sujet des… au chapitre cinq, au sujet
des mesures de substitution, nous croyons que ces ententes pourraient ouvrir la
porte à des dérogations discrétionnaires au détriment des artistes locaux ou
favoriser la déréglementation. C'est pourquoi nous suggérons de rendre
obligatoire la consultation des parties concernées avant la signature de toute
entente de substitution… de substitution. Par ailleurs, l'ensemble des accords
particuliers, ainsi que leurs impacts prévus devraient être rendus publics afin
d'assurer la transparence et la reddition de comptes. Si on veut une adhésion
forte à cette loi-là, on doit avoir une possibilité de la regarder vivre.
Le bureau est donc… Au chapitre six, le
bureau de la découvrabilité est composé uniquement de fonctionnaires désignés
par le ministre, sans représentation des acteurs du milieu culturel. Nous
comprenons que l'application de la loi relève des personnes nommées par le
ministre, qui sont chargées d'en assurer le suivi professionnel et continu.
Cependant, pour nous, il est important que le milieu culturel puisse également
donner son avis sur l'écosystème et soutenir les fonctionnaires par un regard
vu de l'intérieur, nous proposons de revoir la composition du bureau afin d'en
faire un organisme tripartite : gouvernement, industrie et travailleurs.
En ce qui concerne le rapport, l'échéance
de trois ans nous semble bien longue si la nécessité de correctifs est
constatée. Un rapport… Le rapport devrait être produit annuellement afin de
préserver l'adhésion à la qualité et à la crédibilité de l'analyse produite. De
même, le rapport devrait aussi comprendre des indicateurs socioéconomiques, des
effets de la politique de la découvrabilité sur la santé de l'écosystème de
production et les conditions de pratique des travailleurs et travailleuses.
Dans sa mouture actuelle, le texte législatif ne rend pas accessibles au public
les données transmises par les plateformes au gouvernement. Cette absence de
transparence empêcherait toute vérification indépendante de la part des acteurs
du milieu et des chercheurs. Cela amoindrit la confiance à l'égard du processus
de reddition de comptes souhaité.
Au chapitre dix, celui des ordonnances, le
projet de loi 109 confère au ministre des pouvoirs discrétionnaires étendus en
matière d'ordonnances. Cependant, aucune consultation élargie n'est requise avant
l'émission d'une telle ordonnance. Encore une fois, nous recommandons, pour une
meilleure adhésion à la vision et aux décisions du ministre, la création d'un
comité consultatif permanent réunissant les acteurs du milieu et de rendre la
consultation de ce comité obligatoire avant l'adoption d'une ordonnance.
Au sujet du Fonds de développement
culturel du Québec, dont la mission serait de soutenir la production de
contenus culturels d'expressions originales de langue française en ligne, ainsi
que la découvrabilité de ces contenus, pour une mission aussi large, un
financement adéquat et…
Mme Charette (Annick) : ...visible
est-il prévu? Non. Il faudrait éviter que ce fonds dépende de décisions
budgétaires annuelles et de revenus issus de sanctions dont, par leur nature
même, sont incertains. Mais surtout, je pense qu'il est nécessaire d'en valider
la nécessité et l'existence dans la perspective actuelle du rapport élaboré par
le Groupe de travail sur l'avenir de l'audiovisuel et auquel nous souhaitons
que le législateur porte attention afin d'avoir une vision concertée de la
production culturelle québécoise. À cet égard, toute organisation syndicale du
monde de la culture et des médias, comme l'Organisation syndicale du monde de
la culture et des médias, nous proposons d'établir des balises d'allocation
transparentes qui privilégient le soutien des créateurs individuels et les
petites productions, l'amélioration des conditions de travail, des salaires et
la formation et le perfectionnement professionnel.
• (15 h 20) •
La Présidente (Mme Bogemans) :
C'était tout le temps dont on disposait pour la présentation. C'est
maintenant... la parole est au ministre pour 16 minutes 30.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bien, en fait, je comprends que, essentiellement, vous
passiez à travers le mémoire, donc, on l'a sous les yeux, donc, on est à même
de voir les 11 recommandations qu'il contient. Est-ce qu'il y avait une mise en
contexte supplémentaire que vous vouliez faire? Si, si tel est le cas, je vous
laisserais terminer. Mais sinon, si le mémoire on l'a reçu, là, je pense que
les collègues l'ont aussi.
Mme Charette (Annick) : Oui,
mais je peux vous ajoutez à ça que j'avais une question subsidiaire n'est pas
dans le mémoire, qui est peut-être un...
M. Lacombe : Allez-y.
Mme Charette (Annick) : Alors,
ma question, c'était : pourquoi n'est-il aucunement tenu en compte les
réseaux sociaux tels YouTube et autres dont... à l'exclusion du contenu auto
généré par les utilisateurs, bien sûr, qui permettent la création de chaînes de
diffusion spécifiques proposant un contenu professionnel? Ça n'est pas contenu
du tout dans la loi, ça m'a interpelé. Et je dirais, pour terminer, que ça
prend une vision globale, en ce moment, active sur les mesures de soutien qu'on
fait pour l'écosystème québécois de production. Parce que la découvrabilité,
c'est une mesure structurante, mais elle doit être abordée dans une vision
globale. Parce que la spécificité québécoise, ce n'est pas juste un écosystème
de production. Ce n'est pas juste la découvrabilité, c'est l'ensemble de ces
facteurs-là. Puis si on ne maintient pas en place les travailleurs de la
culture, si on n'a pas d'incitatifs pour valoriser l'ensemble du travail de
création dans le contexte québécois. On en a, on l'a abordé la semaine dernière
dans cette autre... ça. Je pense que la spécificité québécoise va se diluer
parce qu'on commence à manquer de référents collectifs, puis c'est ça qu'on
doit encourager, la production de choses qui vont être signifiantes pour la
société québécoise, qui vont être un référent qui va se créer. Parce que, pour
le moment, non seulement on est dilué en termes de découvrabilité, mais on est
dilué en termes de, comment je dirais, de capacité de s'auto regarder parce
qu'on arrive avec des productions qui répondent souvent au plus petit
dénominateur commun, dans un but de répandre ces productions-là dans des
systèmes qui sont mondiaux. Mais on doit être spécifique, on doit créer quelque
chose qui ressemble au Québec, sinon, on devient...
M. Lacombe : On doit se voir
à l'écran.
Mme Charette (Annick) : Oui,
ça doit se voir. Ça doit être encouragé, sans doute. Oui, ça, ça doit être
encouragé à la base avec les créateurs et les travailleurs de la culture.
M. Lacombe : Est-ce que vous
pouvez répéter ce que vous avez dit? Vous avez dit on...vous pensez que ça ne
peut pas être seulement ça, qu'il faut que ça soit plus large. Comment vous
avez dit ça? Vous venez juste de dire : il ne faut pas seulement que ce
soit la découvrabilité, il faut que ce soit tout un...
Mme Charette (Annick) :
Oui, j'ai dit, je vais vous le répéter, la découvrabilité, c'est une mesure
structurante, mais elle doit être abordée avec une approche qui maintient notre
capacité de production de façon engagée, non seulement dans le domaine de
l'audiovisuel, aussi, mais dans celui de la musique, dans toutes les formes de
productions culturelles, afin de maintenir notre capacité à produire du
référent commun. Ça, c'est vraiment...
M. Lacombe : D'accord.Mais
je suis d'accord avec vous. Diriez-vous que, on a eu cette discussion là avec
d'autres partenaires, aussi, depuis le début des consultations particulières,
puis l'image que j'utilise, un peu, l'image du casse-tête, et je réfère au
projet de loi un peu comme un morceau du casse-tête. Mais diriez-vous qu'avec
ce morceau-là, donc, le projet de loi sur la découvrabilité, l'autre, un autre
morceau, le projet de loi n° 108, qui vient modifier la loi sur la SODEC,
notamment, pour donner à nos entreprises culturelles l'accès à des capitaux,
pour peut être faire des acquisitions, consolider leur activité, etc. Jumelé au
soutien qu'on a donné, au soutien bonifié qu'on a donné au CALQ, les travaux du
Groupe de travail sur l'avenir de l'audiovisuel, l'appui que je...
M. Lacombe : ... souhaite
aussi donner aux artistes qui veulent se doter d'un statut...
Une voix : ...
M. Lacombe : ...exact,
souffler les braises. Le travail qu'on fait, donc, pour le... pour le...
j'allais dire le statut de l'artiste, ça, c'était dans le précédent mandat,
mais on l'a fait, c'est un, je pense, un autre des morceaux du casse-tête, le
travail qu'on fait pour le filet social, aussi, je pense que le fédéral doit
jouer son rôle là-dedans, mais on appuie ce chantier-là. Ce qu'on fait sur la
scène internationale, le casse-tête commence quand même... il commence de moins
en moins à manquer de morceaux, là, le travail n'est pas terminé, mais
diriez-vous que c'est sur la bonne voie?
Mme Charette (Annick) : Bien,
moi, je salue la volonté que vous avez là-dedans. Je salue le... comme je vous
ai dit, le travail du comité qui a été fait. Je salue les projets de loi, le
travail du comité, mais je pense qu'on est ici sous l'influence de... de forces
qui sont très grandes, qui ne sont pas autodéterminées par le Québec, ni même
par le Canada, je devrais dire ça, et qu'on doit avoir une vision évolutive
constante des enjeux qui nous sont soumis. Moi, je pense que la meilleure
garantie qu'on peut avoir pour préserver notre capacité et notre milieu, c'est
d'avoir cette vision ouverte et de se dire qu'on doit travailler ensemble parce
qu'on n'a plus les moyens de ne pas se soutenir, que ce soit des politiques
issues de votre gouvernement ou que ce soient des politiques issues du Canada,
il faut toujours les regarder avec la lorgnette de ce qu'on... de ce qu'on
préserve ici, mais on doit avoir une volonté du milieu de travailler dans le
même sens avec vous, avec les autres partis, mais surtout avec cette vision que
nous avons de notre spécificité. C'est vraiment ce qui...
M. Lacombe : C'est clair.
Mme Charette (Annick) : ... ce
qui m'appelle en ce moment.
M. Lacombe : Bien, je sens
actuellement cette volonté-là. Je me rappelle quand je suis arrivé, on était
beaucoup dans l'urgence. Je pense qu'on l'est encore, mais... mais on était
vraiment dans un sentiment d'urgence, avec des demandes historiques auxquelles
on nous demandait d'accéder, entre autres celle-là, de bonifier le crédit d'impôt
pour la production de séries de films québécois et je sens qu'au départ, les
gens voulaient vraiment qu'on ajuste à court terme. Et on l'a fait, là. On l'a
fait il y a deux ans en bonifiant le crédit d'impôt, premièrement, ou il y a
trois ans, même. Mais... et au départ, les gens étaient peut-être un peu plus
réfractaires à réimaginer le système. Mais là, aujourd'hui, je sens que, à la
suite de la publication du rapport du groupe de travail sur l'avenir de
l'audiovisuel, on a cette... ce consensus, je dirais, on a ce... cette volonté
de travailler tous ensemble et il y a certains groupes qui vont dire : « Oui, nous, on serait allé un
petit peu plus loin là-dessus, un petit peu moins loin là », un autre groupe va dire le
contraire. Mais, somme toute, tout le monde se dit : « C'est un bon rapport, il faut
aller de l'avant. Est-ce que vous partagez cette idée-là?
Mme Charette (Annick) : Absolument.
Moi aussi, j'ai... j'ai peut-être des réserves sur certains points. J'ai... il
y en a d'autres... il y a d'autres points que j'aimerais beaucoup, beaucoup,
beaucoup qui évoluent rapidement, mais, la grande qualité du rapport, je dois
vous avouer que c'est celle d'avoir une vision globale. C'est enfin, puis ça,
je... je suis assez vieille dans ce milieu-là pour me dire : « J'ai entre les mains un projet
qui est peut-être difficile, qui n'est peut-être pas si évident, mais au moins
il propose-t-il une vision »?
Et cette vision-là, mais je pense qu'on doit s'asseoir et en discuter parce
qu'on part... on a un point de départ, puis est-ce qu'on sait où on va arriver?
Je ne sais pas, mais au moins, si... si on en discute, si on le met sur la
table, qu'on en valorise les bons... les bons coups, puis que tu sais, on fait
un test de la réalité avec ça...
M. Lacombe : Exact.
Mme Charette (Annick) : ...
je pense que c'est ce qu'on doit faire.
M. Lacombe : On sait où on
s'en va, on sait quelle est la destination, on ne sait pas exactement encore le
chemin qu'on va emprunter, si il sera très court, un peu plus long... si la...
les routes seront belles. Mais... je suis content de vous entendre dire ça.
Tantôt vous parliez de... donc, de travailler ensemble, on vient d'avoir cette
conversation-là. Je pense qu'avec le milieu ça va... ça va bien, cette discussion-là,
mais la recommandation numéro 1 de votre mémoire, ce n'est pas la 10ᵉ, là,
c'est la première. Vous dites : « Assurer
une coordination étroite entre les gouvernements du Québec et du Canada ». Qu'est-ce que vous pouvez
nous dire de plus là-dessus? Parce qu'on est tous pour la vertu. J'ai tendu la
main à de multiples reprises à mes homologues qui se sont succédés à Ottawa, et
je vous dirais que...
Mme Charette (Annick) : Oui.
M. Lacombe : ... il faut être
deux pour danser. Donc, c'est parfois un peu difficile, puis d'ailleurs, pour
la petite histoire, c'est à la suite de refus du gouvernement fédéral de
prendre en considération les objectifs du Québec, puis les demandes du Québec,
que j'ai décidé d'aller de l'avant avec le dépôt, de notre côté, d'un projet de
loi québécois. Donc, je pense que ça remet un peu les choses en perspective,
mais quand vous dites, donc, cette collaboration, comment vous la voyez? Et
puis, qu'est-ce qu'on fait quand un des deux partenaires n'a peut-être pas
envie de danser?
Mme Charette (Annick) : Ah
là, là, vous me posez une question à laquelle je pense que tous les
gouvernements, ou en tout cas vos prédécesseurs, ont voulu trouver une réponse,
ce n'est pas moi qui vais vous la donner, mais... en fait c'est ma...
Mme Charette (Annick) : …
façon, pour moi, moi, quand j'ai appris que vous travailliez sur un tel projet,
j'ai souri, en même temps, bien je me suis dit : Oh là OK, ça va… ça va
être intéressant à regarder aller. Et, ce commentaire-là, ça ne s'adresse pas
qu'à vous, il s'adresse aussi au côté fédéral, parce que je vais pouvoir en
parler avec eux.
M. Lacombe : C'est ce que je
voulais que vous disiez, là.
Mme Charette (Annick) : Bien
oui. Vous me connaissez, je suis cohérente. Non, non, c'est certain, parce que,
pour moi, la spécificité de ce qu'on a au Québec et l'urgence qu'on a d'agir
sur la protection de cette spécificité est… prégnantes, là, et moi, je… c'est
sûr que je vous parle, à vous, et, on commence à bien se connaître, là-dessus on
dialogue pas mal, mais je fais la même chose du point de vue fédéral. Et vous
êtes… bien certain que je vais faire valoir la nécessité qu'on a de maintenir
une telle vision, mais j'avais vraiment hâte de voir la loi, parce que j'étais
sceptique au début dans sa… comment elle pouvait se… vivre, ou en tout cas, se
contourner dans l'environnement où il y a certaines responsabilités qui tienne,
etc.
• (15 h 30) •
M. Lacombe : Est-ce que… On a
des invités qui sont venus nous partager leur point de vue sur cette
question-là, également, un peu plus tôt cette semaine, est-ce que vous trouvez
que les projets de loi cohabitent bien? Mais en fait, il y a un projet de loi
qui a été adopté à Ottawa, il y a notre projet de loi qui est sur la table,
est-ce que vous trouvez que les deux pourraient bien cohabiter? Est-ce que vous
trouvez qu'ils sont complémentaires?
Mme Charette (Annick) : Mais,
encore une fois, je vais vous répondre que les projets de loi, surtout ceux du
fédéraux, sont soumis à des vents qui… qui viennent un peu outre-frontière. Et,
il y a… Ce que moi je constate du côté fédéral, c'est qu'il y a des impératifs
économiques qui parlent plus fort que celui de la culture et que, encore une
fois, c'est notre force de conviction que nous devons faire valoir pour
protéger les secteurs culturels. En ce moment, je… c'est vraiment une
préoccupation majeure à cet égard-là, puis je ne pense pas, puis là, c'est
vraiment une opinion personnelle, puis je n'ai pas la réponse, puis comme je
vous dis, vous auriez certainement… vous avez… vous êtes certainement mieux
placé que pour moi… que moi pour le… en avoir rien, mais je ne crois pas qu'on
doit se désincarner par rapport aux préoccupations fédérales, mais on doit
s'incarner par rapport aux nôtres, puis les faire valoir.
M. Lacombe : D'accord. Merci
pour cette réponse-là. Je vous amènerais ensuite, je ne vais pas faire la
liste, mais la recommandation numéro deux, aussi. Vous en avez parlé rapidement
dans votre présentation : créer des mécanismes de recours pour les
personnes morales et physiques lésées par les pratiques des plateformes
numériques, établir un mécanisme de compensation directe pour les artistes
affectés par le non-respect des obligations de découvrabilité. Je vous avoue
que j'ai… Je me pose un peu la question sur la nécessité… C'est-à-dire, dans
votre esprit, ce que vous nous dites, c'est que les personnes et les
entreprises actuellement n'auraient pas les… recours parce qu'elles peuvent, si
leurs droits sont lésés actuellement, projet de loi ou non de notre part, ils
peuvent quand même faire valoir leurs droits. Si une de leurs productions, je
ne sais pas si ça… ce à quoi vous faites référence, mais se retrouveraient sur
la plateforme sans qu'elle ait acquis les droits ou…
Mme Charette (Annick) : Oui,
bien, en fait, les recours, c'est… C'est sûr que les ayants droit, ce sont les
producteurs ou les ayants droit de la chaîne de droit qui sont les
investisseurs, les producteurs qui ont acheté des droits ou qui ont acheté la
force de travail des artistes, mais, en même temps, c'est… ce n'est pas non
plus les artistes ont... En termes de visibilité, leur travail est important
pour eux, aussi, puis je pense que, ou les organisations, je pense que si, dans
vos ordonnances, dans vos ordonnances, il n'est pas tenu compte de leur…
comment je pourrais dire… de ce qu'ils souhaiteraient être soutenus dans la
façon qu'ils ont d'exister dans l'écosystème maintenant qui est multipartite
avec les Netflix de ce monde, bien, je pense qu'ils pourraient vous demander de
les considérer, de dire que, bien, qu'ils ne sont pas, ils n'ont pas été… ils
n'ont pas été… valorisés. Bien, c'est un peu le truc de la… Ça réfère aussi un
petit peu, peut-être, à la traçabilité, là. Tu sais, la traçabilité dont je
vous ai dit quand…
M. Lacombe : Mais la
traçabilité, j'ai bien, ça, j'ai bien compris, là, c'est-à-dire vous dites, on
veut que, quand un produit original québécois, bien, en fait, pas un… mais
qu'un… qu'une série québécoise, quand elle se retourne… quand elle se retrouve,
mon Dieu la journée est longue, sur Netflix, vous voulez que ce soit bien
identifié que c'est un produit québécois ou un produit, bon, francophone
original, plutôt que de voir un titre en anglais. Ça, je comprends bien le sens
de ça, mais c'est la recommandation numéro deux, elle est très précise, puis je
vous avoue que je ne la comprends pas très bien parce que vous dites que…
15 h 30 (version non révisée)
M. Lacombe : ...le projet de
loi, dans sa forme actuelle, ne prévoit pas de recours individuel contre une
plateforme numérique. Lorsque le contenu d'une personne morale, donc, par
exemple une entreprise, ou physique, un individu, n'est pas adéquatement mis en
valeur. Donc, je fais juste me demander... pouvez-vous me donner un cas... un
cas d'espèce? Un exemple? Je n'arrive pas trop à saisir, c'est un peu comme si
vous, mon interprétation, c'est un peu comme si vous nous dites : je suis
producteur de séries télé dans la vie et là je trouve que mes séries télé ne
sont pas assez mises de l'avant sur Netflix malgré l'adoption de la loi. Donc
je m'adresse aux... là, ce que vous dites, c'est qu'il n'y a pas de recours
prévu. Il faudrait qu'il puisse y avoir un recours pour dire : je trouve
que mes séries ne sont pas assez mises de l'avant. Est-ce que c'est ce que je
comprends?
Mme Charette (Annick) : Oui,
mais le recours n'est pas vis-à-vis la plateforme, mais vis-à-vis le
législateur qui ne fait pas nécessairement respecter sa propre loi.
M. Lacombe : Mais le contenu
de cette personne-làpourrait ne pas être mis de l'avant, mais, par
ailleurs, il pourrait y avoir, là je vous dis absolument n'importe quoi, mais
15 % de contenu, ou 20 %, ou 5 %, peu importe où on mettra la
barre, l'entreprise, le diffuseur, la plateforme, en fait, pourrait très bien
respecter la loi, mais qu'une entreprise ne voit pas ses produits pour autant
être disponibles. Là, vous voudriez qu'ils aient un... Je n'essaie pas de vous
mettre en boîte, j'essaie juste, c'est quand même la recommandation numéro deux,
puis je vous avoue que je ne la comprends pas, puis elle me semble importante,
là, dans votre mémoire.
Mme Charette (Annick) : Oui,
en fait, c'est exactement ce que vous décrivez. C'est-à-dire que si vous savez,
pour la diffusion sur des plateformes, tout ça, je le répète souvent, ce sont
des produits qui étaient offerts aux plus petits dénominateurs communs ou des
produits d'exception qui sont vraiment... ça. Mais il y a un ensemble de
produits qui pourraient vouloir être visible sur ce type de plateformes là, qui
sont sur ce type de plateformes là, mais qui ne seront pas valorisées dans les
exigences de la loi parce qu'elles ne correspondent pas à un standard universel,
puis que des gens comme, des plateformes telles Netflix, souhaitent un standard
universel. Ça fait que les gens qui pourraient se sentir lésés dans la non-mise
en valeur de leur propre produit parce qu'ils sont un produit plus différent ou
plus, trop spécifiquement québécois, pourraient vous interpeller.
M. Lacombe : OK, d'accord, je
comprends. Mais, merci. Merci beaucoup pour ces explications puis on aura peut-être
l'occasion de s'en reparler.
La Présidente (Mme Bogemans) : parfait.
Donc, la parole est maintenant à la députée de Bourassa sauvé pour 12 minutes
23.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Charette. Merci beaucoup pour votre exposé.
Mme Charette (Annick) : Bonjour.
Mme Cadet : Oui. Donc, puisque
nous n'avons que 12 minutes et 23 secondes, je voulais peut-être poursuivre,
donc, sur votre deuxième recommandation, parce que je vous avouerais que moi
aussi je me questionnais à propos de celle-ci pendant que vous présentiez. Là,
vous nous dites, en fait, que ce serait un recours à l'encontre du législateur.
Je vous laisse élaborer.
Mme Charette (Annick) : À l'application
de la loi, à la personne qui applique la loi, évidemment, pas celui du ministre.
Mais si la loi, c'est sur la découvrabilité, en fait, c'est sur la valorisation
de produits qui pourraient... producteurs. Tu sais, il y a des gros producteurs,
il y a des petits producteurs, des productions qui ont un... comment je
pourrais dire, un plus grand «reach», comme on dit en bon français, que d'autres,
puis peut-être que...
Une voix : Rayonnement.
Mme Charette (Annick) : Oui, c'est
ça, puis, peut être que des producteurs de produits qui soient trop
spécifiquement québécois ou trop... dont le niveau ne pourrait pas être
considéré comme, voilà, un niveau de production qu'on souhaite mettre de l'avant,
parce que c'est universel, parce que ça correspond à des codes, puis, c'est un
petit peu pour le déclenchement de la production. On a le même problème d'analyse,
comment je pourrais dire, de spécificité, qui pourrait être... se sentir non...
moins mis de l'avant, qui pourrait recourir, dire : excusez-moi, mais dans
votre comptabilité, vous comptabilisez juste les gros produits et non pas, mettons,
les blockbusters québécois si on peut les appeler comme ça, et non pas les
produits d'un niveau plus standard ou plus spécifiques, ou plus...
Mme Cadet : Niché?
Mme Charette (Annick) : Oui, c'est
ça.
Mme Cadet : D'accord. OK, je
pense que je comprends mieux votre préoccupation, ici. Puis juste pour bien,
pour bien saisir le tout, le projet de Loi, donc, propose l'introduction du
droit à la découvrabilité dans la Charte québécoise. Donc, à ce moment-là, donc,
est-ce que si tu... évidemment, c'est sûr que ça a été présenté, donc, la
volonté du législateur ou la volonté, donc, du gouvernement, donc, qui a été
présenté. Donc, donnait, donne l'impression qu'il s'agit, donc, d'un recours,
qui est plus accessible ou justifiable, donc l'individu, le consommateur. Mais
est-ce qu'un tel droit, selon vous, pourrait aussi ouvrir la porte à ce que des
créateurs puissent eux-mêmes se dire, bien...
Mme Cadet : … mon droit à la
découvrabilité de mon propre contenu a été lésé en vertu de la Charte.
Mme Charette (Annick) : Oui,
ça pourrait arriver, ça pourrait arriver… Ça, ça serait intéressant parce que
dans le… contexte de créateurs, aussi, il y a des autoproduits, surtout en
musique, il y a des gens qui font de l'autoproduction, etc. Puis, si on peut,
ils n'ont pas de recours pour faire valoir un droit de découvrabilité égale à
des choses qui soient plus soutenues dans le milieu, ou plus visibles, ou plus
mises en marché, parce que c'est… ils sont soutenus par une infrastructure plus
large, bien, je pense que les individus pourraient, devraient, pouvoir dire,
pourquoi nous notre groupe n'est pas… et ça pourrait, ça pourrait valoir pour
un groupe aussi francophone québécois qu'il soit d'une spécificité plus grande,
que ce soit, mettons, une région, la Gaspésie, ou la musique traditionnelle,
ou… tu sais… Je pense qu'il y a des groupes qui ne sont pas représentés par des
intérêts généraux supérieurs, qui pourraient vouloir se prétendre à une découvrabilité
plus grande ou des individus qui pourraient avoir un recours, une parole.
• (15 h 40) •
Mme Cadet : OK, merci. Je
vais aborder peut-être un aspect qui ne se retrouve pas dans votre rapport,
vous l'avez mentionné à la fin de votre présentation, c'est la question
d'exclusion des médias sociaux. Si vous nous avez entendus hier et même ce
matin, si je ne m'abuse…
Mme Charette (Annick) : Malheureusement,
non, j'étais en réunion.
Mme Cadet : Mais non, il n'y
a pas de souci. En fait, vous n'êtes pas les premiers à mentionner cette…
cette, j'allais dire omission, ou, dans cet état de fait là, dans le rapport.
Donc, selon vous, il devrait y avoir une inclusion des diffusions qui sont
faites sur… les médias sociaux, sur la définition de qui est présentée au
projet de loi.
Mme Charette (Annick) : En
fait, quand je parle des médias sociaux, ici, je ne parle pas du contenu
autogénéré par les utilisateurs qu'on exclut totalement de la chose, mais tel
YouTube, par exemple, qui a des chaînes identifiées de diffusion identifiée et
qui présente du contenu professionnel, pourquoi ipso facto exclut-on ces
chaînes, de telles chaînes d'un… d'une loi sur la découvrabilité?
Mme Cadet : Donc, comme…
comme vos prédécesseurs, donc, si… je sais que vous dites vous n'avez pas
entendu, là, mais c'est un peu le discours qu'on a entendu de la part de
différents intervenants qui nous ont dit bien évidemment, donc, l'objectif,
leur objectif, en nous présentant ces recommandations, ce n'est pas de viser le
contenu, disons amateur ou ce qui est présenté…
Mme Charette (Annick) :
Autogénéré.
Mme Cadet : … autogénéré, mais
c'est vraiment de viser, donc, du contenu, on va dire entre guillemets,
professionnel, là, maintenant cette définition-là est à… parfaire, mais ce que
vous dites, donc, c'est quand les plateformes utilisent, ou quand les
diffuseurs, ou les entreprises des plateformes numériques utilisent… ont des
comptes et génèrent du contenu, donc… qui n'est pas autoproduit, mais du contenu,
donc, qui est financé et qui est diffusé de façon professionnelle sur ces
plateformes-là, qu'elles devraient être visées d'une manière ou d'une autre par
le projet de loi?
Mme Charette (Annick) : Absolument.
Quant à l'applicabilité… c'est quand même particulier, l'univers des médias
sociaux.
Mme Cadet : C'est sûr que le
modèle d'affaires est différent… de celui des plateformes numériques, donc,
comme législateurs, donc, il faudrait réfléchir un peu plus longuement à la
façon de pouvoir appliquer cette obligation-là à des… à ce type d'entreprise.
Mme Charette (Annick) : Oui.
Mme Cadet : Je vous entends
bien, je vais poursuivre avec votre… votre rapport, donc, par la suite, vous
nous disiez, donc, en matière, donc, de réglementation, donc, vous avez bien
répondu… vous avez répondu à la question, donc, sur les exigences de
traçabilité ici, mais vous nous dites, il faudrait inscrire dans le projet de
loi des critères minimaux d'inclusion. Donc, les critères devraient privilégier
la présence d'œuvre québécoise afin d'éviter l'effet de dilution dans des
contenus d'outre-mer. Qu'est-ce que vous voulez dire par critères minimaux
d'inclusion, ici?
Mme Charette (Annick) : Bien,
en fait, l'inclusion, ici, ce serait plus, et c'est quand même quelque chose
qui est fréquent, mais ça devrait être inscrit dans la loi, ce qu'est la
définition d'un contenu québécois spécifique et non pas… tu sais, est-ce que
les contenus, c'est… On a la même chose avec les contenus… comment je pourrais
dire ça, pour les crédits d'impôt et, ou, pour, par exemple, l'accès aux fonds
médias du Canada, qu'est-ce qu'un contenu spécifique? Est-ce que c'est tant de
pourcentage de contenu créatif? Les créatifs… les, comment dire… les ayants…
les personnes mises en actions, que ce soit les interprètes, que ce soit les
réalisateurs, que ce soit la propriété, notamment, des… la propriété des
producteurs, est-ce que c'est canadien? Est-ce que c'est québécois? Est-ce que
c'est francophone? Etc. Est-ce que les interprètes en sont? Est-ce que des
directeurs artistiques en sont? Est-ce que les producteurs… l'ensemble des
personnes créatives, notamment, devraient définir ce qu'est un contenu
québécois francophone et pas juste...
Mme Charette (Annick) : ... la
propriété ou le titre... ou...
Mme Cadet : OK, je
comprends... OK... je pense que je saisis bien de ce que vous voulez dire ici,
là, ce que... étant donné que le projet de loi, donc, permet au gouvernement
par règlement, d'établir les critères qui permet de déterminer ce qui constitue
du contenu culturel, expressions originales de langue française, bien, selon
vous, donc, ces critères-là, donc devraient être représentatifs, là, de ce que
vous voyez, là, dans les différentes demandes de financement, quant à la
définition, donc, de contenu local, donc... dans toute la chaîne de valeur de
la... de la création de la production audiovisuelle ou musicale, c'est ce que
vous nous dites.
Mme Charette (Annick) : C'est
un peu normal pour moi de vous prétendre ça, parce que moi je représente des
travailleurs de la culture. Donc, c'est sûr que quand on veut faire la
reconnaissance d'un produit spécifique, je pense que ça doit passer par ses
artisans, tu sais... pas juste par la propriété du producteur ou par...
Mme Cadet : Donc, l'ensemble
de la chaîne de valeur, donc, de la production jusqu'aux artisans, OK...
Mme Charette (Annick) : Oui,
exactement.
Mme Cadet : ... je
comprends... je... je saisis bien votre recommandation ici, je vais poursuivre,
donc, vous recommandez également d'élargir le périmètre de la découvrabilité à
d'autres types de contenus culturels, comme les livres numériques non audio et
le jeu vidéo... ici... c'est sûr, donc, il y a, donc, un... une certaine base,
là, qui est prévue dans le cadre du projet de loi. Donc, j'imagine que la
question, donc, des critères minimaux, pardon, donc, des critères minimaux
d'inclusion, donc, vous les... vous les verriez aussi être appliqués à d'autres
types de contenus culturels?
Mme Charette (Annick) : Absolument,
absolument... ça n'empêche pas les collaborations... mais en même temps, ça
nous... ça... ça met en valeur aussi le minimum de force de travail créative du
Québec, là... ça... ça oblige à... avoir ce regard-là, parce que, c'est sûr, quand
on parle, on est dans des... tu sais, moi je connais... plusieurs domaines, là,
mais mettons celui du jeu vidéo, il y a des convergences, puis il y a des
spécificités, puis il y a des morceaux qui sont créés en plusieurs endroits
pour être mis ensemble, pour être... mais si on veut reconnaître un... bien un
label de... de Québécois là-dessus, il faut quand même qu'il y a un minimum
là-dessus. C'est comme en... quand on fait de l'animation, par exemple.
L'animation, c'est toujours fragmenté, des gros produits d'animation sont
toujours fragmentés, mais est-ce qu'on peut, avant de prétendre qu'ils sont
Québécois, vérifier que la plupart des... des... des artistes et artisans qui y
ont travaillé, certains un minimum vital en tout cas, soient... soient de la
force de travail du Québec et non pas juste des fragments. Surtout, les forces
créatives, là... ce qui détermine à la fois l'histoire, le récit... la... la...
l'ensemble des paramètres qui en font quelque chose qui est spécifique, parce
que c'est de ça qu'on parle...
Mme Cadet : Parfait, c'est
clair.
Mme Charette (Annick) : ...
la spécificité.
Mme Cadet : Je vais peut-être
vous amener maintenant sur la partie de votre rapport qui porte sur les
mécanismes de consultation. Vous en...
Mme Charette (Annick) : Oui.
Mme Cadet : ... vous nous le
mentionnez dans la section de votre rapport qui parle du Bureau de la
découvrabilité des contenus culturels. Donc, ici, vous souhaitez, donc, qu'il y
ait un espèce, donc, de mécanisme ou d'entité avec représentation des acteurs
du milieu culturel, donc, qui ferait, donc, une certaine forme... et plus tard,
dans votre rapport, donc, notamment lorsque vous nous parlez, donc, des
ordonnances, donc, vous souhaitez aussi qu'il a un certain mécanisme de
consultation des acteurs du milieu... pour... afin de susciter une meilleure
adhésion du milieu culturel à la vision et décision du ministre. Donc,
peut-être vous entendre, donc, sur le rôle... les différents rôles que vous...
que vous souhaitez que les artisans du milieu culturel puissent s'occuper dans
la mise en œuvre du rapport.
Mme Charette (Annick) : Bien,
moi, je pense que la vitesse où évoluent les choses actuellement... la capacité
qu'on a d'avoir une vision globale et une rétroaction active sur les mesures de
soutien, comme la découvrabilité, ça met en scène l'ensemble des acteurs du
milieu qui portent un regard sur le milieu. Si on se fie juste à des
fonctionnaires, pas parce qu'ils font mal leur travail, mais il y a plein de
choses qui viennent à l'effet du milieu par différentes voies, que ce soit par
des rencontres ou des... du travail de... de... de développement, qui fait en
sorte qu'on constate des effets sur le milieu. La recommandation du rapport
pour les... sur les 3 ans de ramener ça... vient de là aussi, parce qu'il
y a... à la vitesse où évoluent les choses, il faut que la rétroaction soit
capable de se faire rapidement sur des mesures ou sur des visions. Donc, si le
ministre est bien recommandé ou le... pour une ordonnance par ses
fonctionnaires, je pense que le milieu est toujours un pas en avant parce qu'il
est soumis à d'autres types d'intrants et de visions, et de... il est capable
de voir aussi plus loin, parce qu'il y a... comment je pourrais dire... il est
actif, alors que les fonctionnaires sont réceptifs. Donc, je pense, le milieu
peut apporter un... un apport intéressant sur les recommandations des
fonctionnaires pour le ministre sur des ordonnances parce qu'ils sont à l'intérieur
de la chose et non...
Mme Charette (Annick) : ...en
observateur.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Merci beaucoup, Mme Charette, c'est tout le temps dont nous disposions. La
parole est maintenant au député de Jean-Lesage pour quatre minutes huit.
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Par rapport à la recommandation six, revoir la composition du
bureau pour en faire un organisme tripartite, vous venez d'en parler un peu. Je
me demande, les travailleurs, je comprends très bien, l'industrie, dans le
fond, vous parlez des producteurs, des compagnies qui font la production de
façon générale, vous ne parlez pas, par exemple, des plateformes numériques,
là?
Mme Charette (Annick) : Non,
non, pas du tout. Je parle des gens qui font la mise en œuvre des produits qui
sont diffusés, parce que c'est leurs intérêts qui sont à protéger, aussi.
• (15 h 50) •
M. Zanetti : Oui, exactement.
OK, parfait et bon, je suis bien d'accord avec vous. Puis, est-ce que vous
verriez ça comme, bon, tripartite? Donc, quelque chose qui... les gens de
l'industrie et les travailleurs ne seraient pas simplement, comme, consultés,
mais seraient vraiment, comme, partie prenante de façon permanente en déléguant
du monde là, ou comme une rencontre quelques fois par année où l'on fait l'état
des lieux... commentaire. Comment vous... quelle formule vous voyez là?
Mme Charette (Annick) : Bien,
en fait, je n'ai pas réfléchi à la formule. Moi, ce qui m'importe, c'est
l'apport, l'apport que les gens peuvent avoir dans... pour éclairer des
décisions, pour éclairer une volonté d'aller dans un, dans un chemin ou dans un
autre. C'est l'apport, tu sais, c'est l'opérationnalisation de cet apport-là.
Mais je pense que c'est important. Puis, c'est surtout important parce que,
comme je disais, on va, ça va tellement vite, que si le milieu est en amont de
ces décisions là, c'est les milieux...et qu'on prend et le milieu. Puis, je ne
veux pas juste parler des producteurs, c'est pour ça que je mets des
travailleurs là-dedans, parce que, en ce moment, c'est vraiment important de
soutenir la reconnaissance de l'investissement des créateurs parce qu'ils
désertent le milieu. Donc, si le milieu est déjà en amont des décisions,
comprends bien, il va y avoir une meilleure adhésion et on ne sera obligés d'y
revenir ou d'en discuter, ou d'en paramétrer, de reparamétrer des choses, parce
qu'il va y avoir une réaction. Ça fait que c'est sûr que la consultation, pour
moi, est toujours meilleure que la coercition, si je peux m'exprimer ainsi. La
coercition n'étant...même étant douce.
M. Zanetti : Mais très
intéressant, merci. Votre recommandation sept, aussi, je trouve, très
intéressant, là, essentiellement, le projet de loi, ici, vient travailler sur
la découvrabilité, donc la diffusion, la fin de la chaîne. Mais en même temps,
même si tous les canaux sont ouverts, tout est découvrable, mais que
finalement, il y a des enjeux au début parce qu'il n'y a pas assez de moyens
pour de la production et de la création, bien, en fait, ça ne marchera pas, ça
ne vaudra pas la peine, il n'y aura plus rien à découvrir. Je trouve
intéressant que vous liiez les deux.
Mme Charette (Annick) : Bien,
c'est clair. Mais c'est sûr que c'est mon... comment je peux dire, c'est ma
vision des choses. Je suis une syndicaliste, je protège des gens qui
travaillent. Mais, en même temps, moi, ce que je vois aussi, c'est que les
créateurs ont soutenu l'art et la création et la culture pendant, depuis des
années par leur force de travail, par acceptant des conditions de travail qui
sont plutôt limités parce qu'ils œuvrent à quelque chose qui est plus grand
qu'eux et que ça devrait être une rétribution en soi de pouvoir se réaliser
dans les vies, donc, d'être un comédien si on veut être un comédien, ou un
réalisateur si on veut être un réalisateur ou un musicien. Mais je pense qu'on
arrive à un point critique où ces gens-là ne peuvent plus vivre, ils ne peuvent
plus s'acheter un frigo pour mettre rien dedans parce qu'ils ne sont pas
capables d'acheter ce qui va dedans, en ce moment et que, moi, je pense que...
on doit, je reviens à ce que j'ai dit totalement au début, il y a là une
conjoncture dans laquelle on est qui doit faire en sorte qu'on se mette en
œuvre tous pour le meilleur profit de tous, et non pas seulement de ceux qui
ont le plus, le haut du panier monétaire, en ce moment.
M. Zanetti : Mais je vous
remercie beaucoup, ça fait le tour de mes questions.
La Présidente (Mme Bogemans) : Super.
Merci beaucoup pour la participation à vos travaux, à nos travaux. Pardon.
Donc, nous allons suspendre quelques instants pour accueillir les prochains
invités.
Mme Charette (Annick) : Je
vous remercie. Bonne fin de journée.
(Suspension de la séance à 15 h 53)
(Reprise à 15 h 56)
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
souhaite la bienvenue à l'Association québécoise de l'industrie du disque, du
spectacle et de la vidéo qui sont avec nous en visioconférence aujourd'hui.
Vous disposez, donc, de 10 minutes pour faire votre présentation. Par la
suite, nous allons procéder avec les échanges avec les membres de la
commission. Donc, vous pouvez commencer dès maintenant.
Mme Paré (Eve) : Mme la
Présidente, M. le ministre, mesdames et messieurs membres de la commission, je
vous remercie de donner la parole à l'ADISQ dans le cadre de cette consultation
sur le projet de loi n° 109, la Loi affirmant la souveraineté culturelle
du Québec et édictant la Loi sur la découvrabilité des contenus francophones...
culturels francophones dans l'environnement numérique. Comme je vous disais
plus tôt, je suis Eve Paré, directrice générale. Je suis accompagnée de Simon
Claus, directeur aux affaires publiques.
En temps normal, nous... nous nous serions
fait un devoir d'être présents parmi vous pour présenter nos observations. À
une semaine de la présentation de nos galas, il nous était impossible d'être
parmi vous. Je vous prie de ne pas y voir un manque d'intérêt de notre part
pour le sujet qui nous occupe aujourd'hui. Avant de parler d'indicateurs de
règlement ou de plateformes, il faut rappeler pourquoi nous sommes ici. Parce
que la musique n'est pas un produit comme les autres. Elle nous relie. Elle
accompagne nos deuils et nos célébrations. Elle unit les générations et
traverse les territoires. Dans un monde où les repères communs s'effritent, la
musique demeure l'un des derniers langages universels capable de créer un
sentiment d'appartenance. On l'a vu à quel point, récemment, la disparition de
Carl Tremblay a provoqué un... un élan collectif rare. Des foules entières se
sont rassemblées spontanément pour chanter, pleurer et se souvenir. Cet élan
n'est pas qu'émotif. Il rappelait la puissance de la musique comme ciment
social et comme miroir de ce que nous sommes. Or, ce lien si précieux
s'amenuise lorsqu'on cesse de découvrir nos propres artistes, lorsque les
algorithmes mondiaux remplacent la curiosité et lorsque nos voix francophones
sont enfouies sous un catalogue sans frontières. Voilà, donc, le cœur du projet
de loi n° 109, redonner à la culture la visibilité qu'elle mérite dans
l'univers numérique.
C'est un enjeu identitaire, économique et
humain. Parce que derrière chaque chanson qui cesse d'être découverte, il y a
un artiste qu'on n'entend plus. C'est pourquoi l'ADISQ appelle à agir
collectivement avec intelligence... sensibilité et persévérance pour que les
musiques d'ici continuent de faire battre le cœur du Québec. Depuis plus de
deux décennies, l'écosystème musical québécois vient de transformations profondes.
Les modes d'écoute se sont déplacés massivement vers les plateformes en ligne.
La recommandation algorithmique a remplacé pour une large part les choix
éditoriaux et l'espace numérique dominé par quelques entreprises mondiales...
tend à éclipser la présence de nos contenus francophones. Les chiffres sont
sans équivoque, malgré la richesse de la création d'ici, la part de notre
consommation des musiques francophones demeure famélique.
Pour les artistes, les producteurs, les
gérants et les maisons de disques d'ici, le défi n'est plus de créer, mais
d'exister dans toute cette abondance. La découvrabilité, ce n'est plus juste un
mot à la mode, c'est désormais une condition de survie culturelle. Face à cette
réalité, la réponse doit être collective et coordonnée. Les gouvernements, les
entreprises technologiques et les acteurs culturels doivent avancer dans la
même direction, assurer que les œuvres d'expression originales en français
demeurent visibles, accessibles et concurrentielles dans l'espace numérique. Le
projet de loi n° 109 vient compléter les réformes entreprises au
fédéral...
Mme Paré (Eve) : … dans une
logique de complémentarité. L'ADISQ salue plusieurs éléments du projet de loi.
L'application de la loi aux plateformes d'écoute en ligne, ainsi qu'aux
fabricants d'appareils connectés, de sorte que les interfaces soient par défaut
en français. Toutefois, nous considérons que les dispositifs audios doivent
également être couverts par la loi. Les pouvoirs réglementaires du gouvernement
permettant d'imposer des obligations de recommandation, de mise en valeur ou
d'affichage de contenus et d'établir des normes de métadonnées. La création
d'un bureau de la découvrabilité chargé du suivi des inspections et de la
reddition de comptes. Celui-ci devra toutefois être doté des moyens à la
hauteur de ses ambitions. Enfin, les ententes de substitution qui offrent une
certaine flexibilité tout en exigeant une équivalence mesurable des résultats.
• (16 heures) •
Les plateformes numériques, y compris
celles qui se présentent comme des médias sociaux, sont, de par nature,
hybride. Leur modèle d'affaires évolue à une vitesse fulgurante et leurs
frontières d'activités ne se… se déplace sans cesse, devenant de plus en plus
poreuse. Pour plusieurs d'entre elles, les contenus audios et audiovisuels
jouent un rôle central dans la création de valeur. C'est pourquoi il faut
adopter une approche fondée sur des activités réelles, plutôt que sur des
étiquettes qu'elles se donnent. Si une entreprise utilise, d'une façon ou d'une
autre, du contenu audio ou audiovisuel pour monétiser son audience, alors la
présente loi doit s'appliquer. La découvrabilité ne produit ses effets qu'à la
condition de conduire à une découverte effective des contenus francophones,
matérialisée par une écoute ou un visionnement. Cette dimension doit faire
l'objet d'une surveillance soutenue et mesurable. Nous recommandons la
publication de rapports minimalement sur une base annuelle s'appuyant sur des
indicateurs clairs : part d'exposition francophone, part de clics ou des
écoutes complètes, proportion des contenus mis de l'avant. Ces indicateurs
doivent être établis par règlement et rendus publics sur la base de
renseignements non personnels fournis par les entreprises visées. Une bonne
hygiène numérique reposant sur des métadonnées de qualité est un préalable pour
assurer une bonne découvrabilité d'un contenu culturel. Depuis plusieurs
années, le secteur s'est mobilisé pour standardiser les métadonnées de qualité,
notamment autour de MétaMusique. Ce chantier n'aurait pas été possible sans
l'appui du Ministère, cette démarche doit se poursuivre et être approfondie.
Nous recommandons que les critères de visibilité incluent la position et la
fréquence d'apparition des contenus francophones, couvrent également les
enceintes connectées : présence dans les pages d'accueil, ainsi que dans
les réponses aux requêtes vocales, visibilité dans les sections thématiques.
Si la flexibilité prévue au paragraphe six
de l'article 20 et à l'article 21 est bienvenue, la portée du pouvoir
d'exemption doit être strictement balisée afin de ne pas compromettre
l'atteinte des objectifs de la loi. Des balises claires s'imposent, reposant
sur la transparence, la reddition de comptes et l'équivalence de résultats.
L'ADISQ recommande ainsi que les ententes de substitution soient fondées sur
des critères publics évalués selon des indicateurs précis. Comme le précise
l'article 83. Les sommes versées doivent être affectées au Fonds de
développement culturel du Québec, qu'il s'agisse d'entente de substitution ou
de pénalités, ces montants sont versés en remplacement d'obligations prévues
par la loi. Il est donc essentiel que les plateformes numériques ne puissent
pas utiliser ces versements comme une voie d'évitement. Autrement dit, ces sommes
doivent refléter les ambitions réelles du projet de loi et non en réduire la
portée. Les sommes recueillies ne doivent pas retourner au Trésor public, elles
doivent plutôt être réinvesties dans le développement d'outils collectifs au
bénéfice du secteur concerné. Les outils qui favorisent la découvrabilité, la
visibilité et la pérennité de nos contenus culturels, en d'autres mots. Ces
ressources doivent revenir à la culture, là où elles pourront réellement faire
une différence. Le projet de loi 109 prévoit que le Ministre puisse obtenir des
renseignements non personnels pour documenter la présence et la consommation de
contenus, nous recommandons que le futur bureau de la découvrabilité travaille
avec l'Institut de la statistique du Québec et les associations sectorielles
disposant déjà d'expertise et de données. Cette gouvernance concernée de la
donnée permettra une intelligence d'affaires partagée et une mesure rigoureuse
des progrès. Le projet de loi 109 marque une étape historique, il traduit en mesures
concrètes la volonté du Québec d'affirmer sa souveraineté culturelle à l'ère
numérique, mais pour réussir, il faut des obligations mesurables, des données
fiables, des ententes transparences et une intelligence d'affaires concertée.
La musique n'est pas qu'une industrie, elle est un lien vivant entre nos
générations, elle façonne notre mémoire collective et nourrit nos identités.
Chaque chanson d'ici qui trouve son public contribue à faire vivre notre
langue, notre imaginaire commun. C'est pourquoi agir pour la découvrabilité,
c'est aussi protéger ce fil invisible qui unit les Québécois et les Québécoises
à travers le temps…
16 h (version non révisée)
Mme Paré (Eve) : ...l'ADISQ
offre toute sa collaboration pour la mise en œuvre de la loi et pour la
définition des règlements qui en découleront. Nous croyons profondément qu'en
conjuguant nos efforts, nous pouvons faire du Québec un modèle mondial de découvrabilité
culturelle. Je vous remercie pour votre attention et nous sommes prêts à
accueillir vos questions.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Parfait. La parole est maintenant à M. le ministre, pour 16 minutes 30.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bonjour à vous deux. Merci beaucoup de prendre le temps dans
cette semaine, qui... est probablement, est-ce que je me trompe, mais la plus
occupée de votre année au complet? Donc c'est... c'est vraiment la semaine
névralgique juste avant le gala de l'ADISQ. On a tous bien hâte de voir d'ailleurs.
Donc, merci de prendre le temps. Je pense que... je n'ai pas eu l'opportunité
de lire votre mémoire encore, mais on va... on va en prendre... on va en
prendre connaissance. Mais je vous... je vous lancerais peut-être sur ce dont
vous venez de parler. D'abord, vous dites qu'au-delà des étiquettes que
les... les plateformes se donnent, vous souhaitez qu'on agisse auprès des
entreprises dont les modèles d'affaires utilisent le contenu musical pour
monétiser une audience... contenu musical ou audiovisuel, là, vous avez précisé...
vous avez précisé ça tantôt. Je comprends le sens de tout ça, comment vous... comment
vous l'appliqueriez? Parce que c'est sûr que depuis le départ, on parle davantage
de Spotify, Apple Music... on parle aussi de YouTube Music, par exemple. Mais,
là, si on va vers une plateforme, je ne sais pas comme... comme Instagram, est-ce
que selon vous, c'est une plateforme qui devrait être visée? Est-ce que vous
pouvez nous donner peut-être quelques exemples pour qu'on conceptualise bien ce
dont vous voulez parler?
Mme Paré (Eve) : Je vais
laisser mon collègue Simon Claus vous répondre, M. le ministre.
M. Claus (Simon) : Bonjour.
Merci... merci de nous donner la parole. En fait, ce point-ci, je pense,
rejoint plusieurs points qui ont déjà été évoqués dans le cadre de ces
audiences, en particulier sur les réseaux sociaux. Ce que l'on dit dans notre
mémoire, ce que l'on dit dans nos représentations, c'est qu'il faut une approche
par activité plutôt que définir la nature d'une entreprise dans un contexte où
les frontières d'activité de ces entreprises sont extrêmement poreuses, sont
extrêmement mobiles. On a énormément parlé de YouTube... YouTube la plateforme
en ligne. Pour nous, YouTube, c'est un diffuseur de musique pour les
professionnels du secteur. C'est un diffuseur de musique. On a mené une enquête
récemment sur les habitudes de consommation musicale des Québécois. La première
plateforme d'écoute musicale, c'est YouTube. C'est des données qui... on est à
69 % des gens qui consomment de la musique en ligne, qui disent utiliser
YouTube devant Spotify à 56 %. C'est des données qu'on retrouve à l'échelle
mondiale. Je pense que même le responsable de YouTube dit que 2 milliards d'utilisateurs
viennent chaque mois sur YouTube pour découvrir de la musique, puis YouTube en
a lui-même bien conscience puisque la trajectoire de la plateforme reflète
cette incursion croissante qu'ils ont fait dans l'industrie musicale. Ils étaient
un pur média social en 2005 quand ils sont arrivés. 2008, on voit que la
musique est un des premiers contenus écoutés sur la plateforme, ou regardé sur
la plateforme. Et l'objectif de ces plateformes, c'est de la rétention des
internautes et on se rend compte que le contenu de qualité de professionnel
participe à la rétention de ses internautes.
En 2019, par exemple ils... VEVO, qui est
une chaîne destinée à diffuser le... catalogue des majors parce qu'ils ont
passé une entente avec les majors, avec d'ailleurs des taux de redevance plus
intéressants. Et... on le voit, donc, cette idée que cette trajectoire des...
de plateformes comme ceci n'est pas linéaire et va vers d'autres secteurs d'activité.
TikTok, aujourd'hui, oui, parle de réseau social, mais je peux vous parler de
plusieurs exemples, puis on pourra en parler longtemps, je ne vais pas m'éterniser,
mais ils ont... ils ont ressuscité MusicMuch avec... avec Bell... on espère
voir un jour MusiquePlus revenir. On voit le lancement d'une radio avec Sirius XM,
on voit le lancement d'une radio avec Stingray... ils développent une
plateforme de distribution qui s'appelle SoundOn. Aujourd'hui, on peut se
créer, comme sur Spotify, un compte TikTok « for
artist », qui permet aux
artistes et à leur équipe d'avoir des outils pour accroître leur visibilité.
Donc, on a quand même l'idée qu'on est sur une plateforme qui fait une
incursion de plus en plus assumée dans l'industrie musicale. Donc, c'est pour
ça que nous, l'idée est de dire : Il
faut une approche par activité ,
c'est un principe de... aussi neutralité technologique... Mme Guèvremont a
parlé des enjeux aussi, qu'ils y avaient de discrimination. Donc, cette idée de
ramener ça par...
M. Claus (Simon) : ...et avec
l'idée qu'on est sur un projet de loi où les objectifs doivent être forts. Et
c'est sûr qu'avec les règlements où on est plutôt censés être agiles et
réactifs, on pourra réussir à détricoter tout ça, même si ça sera un exercice
difficile. Mais on sera là, aussi, pour vous accompagner là-dedans.
M. Lacombe : Je comprends
bien. Je comprends mieux la... les nuances et les explications que vous nous
donnez. Tantôt, vous avez parlé, Mme Paré, de... quand on parle d'appareils
connectés, vous avez dit : on pense que ça doit aussi s'étendre aux dispositifs
audio. Qu'est-ce que, qu'est-ce que vous voulez dire, pouvez-vous préciser ça?
Vous ou M. Claus, je ne sais pas.
• (16 h 10) •
M. Claus (Simon) : Bien, mais
on... on... la loi s'intéresse aux téléviseurs connectés, puis on trouve ça
extrêmement intéressant et novateur, et c'est vrai que c'est des portes
d'entrée importantes pour les contenus audiovisuels. Mais je pense qu'on peut
faire la symétrie avec les enceintes connectées combinées aux logiciels et aux
assistants vocaux qui les animent, qui sont aussi des portes d'entrée
importantes pour les contenus audio dans l'environnement numérique. Et on pense
qu'il faut que nos citoyens aient sur... sur ces dispositifs un accès facile et
rapide, là encore, à du contenu francophone. Je vais vous prendre un exemple
qu'il y a... aurait aux États... au Royaume-Uni, il y a, l'an dernier, ils ont
passé le Media Act, qui crée un régime pour ce qu'ils appellent les Radio
Selection Services. Mais ce Media Act vise à imposer des obligations aux
fournisseurs d'assistants vocaux pour assurer un accès équitable et sans frais
aux radios britanniques qui promeuvent le contenu musical locaux. L'OFCOM est
chargé, justement, d'identifier ces RSS, puis, pour l'instant, en 2025, c'est
toujours en cours, mais ils ont identifié Alexa, Google Assistant, Siri. Voilà.
On pense que considérer ces enceintes connectées et les assistants vocaux qui
les accompagnent dans la portée de la loi, ça sert les objectifs que le
ministère s'est fixés.
M. Lacombe : Quand... quand vous
dites, là, j'atteins peut-être la limite de ma compétence technologique, mais
quand vous parlez d'assistants vocaux, ça, je comprends très bien. J'en utilise
moi-même à la maison, d'ailleurs, on peut syntoniser des chaînes radio, donc,
par internet, en se servant de nos assistants vocaux. Je le fais souvent, le
matin. Mais quand vous parlez d'enceintes connectées, qu'est-ce que, qu'est-ce
que vous voulez dire?
M. Claus (Simon) : On parle
du couplage, mais on est essentiellement sur les assistants vocaux. Si les...
les enceintes, la, la, comment dire, le produit, le hardware, le produit,
l'enceinte et auquel est rattaché un assistant vocal. Souvent, les assistants
vocaux sont directement installés sur l'enceinte par le fabricant.
M. Lacombe : Je comprends.
Donc, vous parlez à la fois du Homepod, par exemple, et du du logiciel, ou, en
fait, je ne sais pas comment Apple le qualifie, mais de Siri de sa... de sa
configuration.
M. Claus (Simon) : Tout à
fait.
M. Lacombe : D'accord, je comprends
bien. Je me demande si j'ai des collègues qui... qui voulaient poser des
questions. Je veux, je ne veux pas les empêcher d'en poser s'ils en ont. Ça va?
Bien, écoutez, encore une fois, je... je vous dirais, bien, que je vais lire
votre mémoire avec... vous nous avez envoyé un mémoire. Nous en avez-vous
envoyé un dans les dernières minutes ou pas, ou?
M. Claus (Simon) : On vous a
envoyé notre allocution, ce matin, qui résume les points qu'on vient de vous
exposer.
M. Lacombe : OK, donc, dans
l'allocution, parfait. Bon bien, super. Bien, écoutez, on a déjà eu plusieurs
discussions. Moi, je dirais que ça répond essentiellement aux questions que...
que je me posais et... et... je pense qu'on va qu'on va être correct. Bien, en
fait, je finirais avec une question puisqu'on a le luxe du temps, je ne sais
pas il nous reste combien de temps, là, mais...
La Présidente (Mme Bogemans) :
Vous avez le temps, sept minutes.
M. Lacombe : Il nous reste
sept minutes. Mais, sinon, on le donnera aux collègues qui n'ont jamais le
temps de poser leurs questions. Mais je vous demanderais qu'est-ce que vous
pensez, vous, du... du protocole additionnel pour lequel le Québec se bat à
l'UNESCO? Est-ce que vous êtes en faveur? Est-ce que vous pensez qu'on on doit
se donner cet outil-là, cet outil juridique international, pour qu'une loi
comme celle qu'on est en train d'adopter puisse avoir une... j'allais dire une
plus grande légitimité, quand c'est adopté par l'Assemblée nationale, je pense
que ça a toute la légitimité dont ça a besoin, mais avoir une plus grande
protection parce que cet outil juridique international existerait, qu'est-ce
que vous en pensez?
M. Claus (Simon) : Vous
voulez nous... nous mettre dans une position facile...
M. Claus (Simon) : … mais, si
vous voulez, je vous fais des réponses beaucoup plus longues, c'est… on a cette
capacité aussi. Je… je vais aller pour la réponse extrêmement facile, mais
pour… Nous sommes membres de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles,
nous trouverons ce protocole extrêmement important dans l'environnement actuel
international extrêmement complexe où… il est important de défendre l'exception
culturelle, notamment au niveau du numérique, et nous sommes solidaires avec la
position, aujourd'hui, que défend la CDEC.
M. Lacombe : Excellent. Bien,
je suis d'accord avec vous. C'est tout. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Merci à vous deux.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Parfait.
Mme Paré (Eve) : Je vous en
prie.
La Présidente (Mme Bogemans) : La
parole est maintenant à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Paré. Bonjour, M. Claus. Un grand plaisir de vous
recevoir aujourd'hui en commission parlementaire et nous avons également très
hâte de vous revoir à l'occasion du gala de l'ADISQ dans, dans une dizaine de
jours. C'est effectivement une période très, très occupée pour vous, mais
certainement pleine d'effervescence, donc… Très hâte de voir nos artistes rayonner.
Vous avez, dans votre allocution, vous avez témoigné, donc, de l'importance de
la captation de la donnée. Mme Paré, vous mentionniez, j'ai pris quelques
notes, parce que de notre côté non plus, nous n'avons pas pris connaissance de
votre mémoire ou de votre allocution, vous parliez de gouvernance concertée de
la donnée. Donc, j'aimerais peut-être, donc, vous donner l'occasion de nous… de
nous outiller, de nous… éclairer sur les ambitions que vous avez à l'égard du
législateur. Vous dites… mais nous, donc, il faudrait qu'on mette… qu'on ait
des infrastructures claires pour être capable de bien collecter les données,
mais qu'on soit capable d'utiliser, de s'appuyer sur les outils existants pour,
pour le faire, dans une certaine continuité.
Mme Paré (Eve) : C'est
vraiment le champ d'expertise de mon collègue, je vais laisser Simon vous
répondre.
Mme Cadet : Parfait.
M. Claus (Simon) : Bien, il y
aurait plusieurs éléments, mais c'est… ce que je peux dire en premier lieu,
c'est qu'on est… on est, comment dire, on est confronté depuis des années à une
situation d'asymétrie informationnelle vis-à-vis des entreprises en ligne et on
manque cruellement de données. On manque cruellement de données, on se
débrouille avec les moyens du bord pour essayer de mieux comprendre les
transformations de notre paysage musical, notamment en ligne, mais on a un
besoin d'information. L'idée, c'est de dire on va… avec cette loi, on vise des
objectifs, il faut s'assurer de l'atteinte des objectifs, donc il faut qu'on
ait accès à des informations de manière assez régulière, parce que c'est un
paysage qui évolue extrêmement vite, et qu'on puisse aussi développer une
intelligence d'affaires concertée autour des informations auxquelles on va
avoir accès, que ce soit du côté du Bureau de l'aide à la… découvrabilité, en
effet, mais que ce soit, vous l'avez… vous les avez entendus hier, que ce soit
du côté de l'Observatoire de la culture et des communications qui fait un gros
travail d'analyse aussi des dynamiques caractéristiques de notre secteur, mais
que ce soient également les professionnels qui, eux aussi, ont une expertise
spécifique de par leur regard et qui ont aussi besoin d'informations, ne
serait-ce que pour aider nos professionnels dans leurs stratégies d'affaires
aujourd'hui.
Mme Cadet : Et… et à cet
égard, donc, comment est-ce que vous trouvez que le… projet de loi tente de
répondre à cette asymétrie informationnelle?
M. Claus (Simon) : Bien, tout
va aussi.... Beaucoup de choses vont se décliner, évidemment, dans le
règlement. Il y a l'idée d'un rapport aux trois ans, nous, on trouve ça peut
être un peu léger et c'est pour ça qu'on le ramène au moins à l'idée d'une base
annuelle et, évidemment, la manière… les informations qu'on va aller chercher,
qui vont être déclinées, j'imagine, dans les règlements, seront… la nature des
informations qui seront cherchées sera importante.
Mme Cadet : D'accord, merci.
M. Claus, vous venez aussi, donc, de mentionner le Bureau et, évidemment, donc,
plus nous entendons différents experts à l'occasion des commissions… de ces
consultations particulières, donc, plus notre point de vue se raffine sur les
dispositions du projet de loi. Donc, vous avez été quelques-uns, donc, à parler
du mandat du Bureau, mais surtout, donc, à mentionner l'importance que
l'industrie puisse jouer un certain rôle, que ce soit, bon, bien, dans la
collecte de données, donc, l'Observatoire, donc, nous a fait ce plaidoyer-là
hier, vous venez de le mentionner, ou que ce soit, donc, les artisans, donc,
eux-mêmes, qui puissent, donc, également, donc, être consultés sur certains
aspects de la mise en œuvre du projet de loi…
Mme Cadet : ... je... vous
avez effleuré, donc, dans la présentation, donc, la question du bureau. Donc,
vous, quel rôle vous voyez l'industrie ou différents acteurs du terrain jouer
dans la mise en œuvre du projet de loi, que ce soit, donc, à l'intérieur du
mécanisme du bureau qui est créé dans le projet de loi ou à travers un autre
mécanisme de suivi?
M. Claus (Simon) : Peut-être,
en premier lieu, c'est que ce projet de loi, il a pour objectif de favoriser,
donc, la découverte... la découvrabilité, excusez-moi, des contenus
francophones originaux. Et donc, il vise le milieu culturel. C'est sûr que pour
être endossé par le milieu culturel, c'est toujours intéressant de l'impliquer.
Le milieu culturel a... milieu musical, milieu audiovisuel, donc, c'est des
gens à qui on parle beaucoup, a développé une expertise sur... notamment sur ce
qui se passe en ligne. Et je pense que cette expertise peut bénéficier au
bureau pour mieux atteindre ses objectifs. Par exemple, on parlait de l'OCCQ
hier. L'OCCQ, il y a des comités consultatifs composés de personnes issues du
milieu culturel. Je pense qu'avoir ce pouls du milieu culturel pour rester
connecté aussi à ces besoins, c'est important.
• (16 h 20) •
Mme Cadet : Parfait. Merci
beaucoup. Je vous amène maintenant sur la question des ententes de
substitution. Mme Paré, vous l'évoquiez dans votre présentation, donc vous...
vous parliez, donc, de la portée du pouvoir d'exemption, et selon vous, donc,
ceci devrait être strictement balisé. Effectivement, donc, lorsque l'on lit
les dispositions actuelles du projet de loi, on saisit que le gouvernement,
donc, a cette option-là, donc, de pouvoir négocier différentes ententes de
substitution. Je comprends que votre volonté, c'est que le cadre permettant,
donc, la négociation et la signature, donc, de telles ententes puissent être...
de façon transparente et que l'on puisse, donc, émettre des balises directement
dans le règlement.
Mme Paré (Eve) : Effectivement,
une des craintes, c'est de voir des entreprises choisir de payer plutôt que de
mettre des mesures qui permettent la découvrabilité, la mise en valeur des
contenus. Donc, c'est une façon de contourner ce qu'on tente de faire par la
loi. Donc, les ententes de substitutions, on est d'avis qu'il doit y avoir une
certaine transparence et qu'il n'y ait pas de façon d'acheter cette... cette
voie de passage.
Mme Cadet : Donc, par
exemple, donc, vous le disiez, donc, faudrait que les sommes... si je vous
cite, là : «Les sommes doivent refléter les ambitions réelles du projet de
loi, et qu'il ne s'agisse pas de voie d'évitement.» Est-ce que vous avez des...
un certain ordre de grandeur en tête ici?
Mme Paré (Eve) : Non, je n'ai
pas d'ordre de grandeur en tête, surtout pas à ce moment-ci, n'ayant pas une
vision claire de quelles sont les entreprises qui seraient visées par la loi,
là... je fais référence à la discussion concernant notamment YouTube et TikTok.
Donc, au niveau des pénalités, à première... à première vue, ça me semble très,
très sérieux, ce qui est... ce qui est envisagé. Par contre, on n'a pas de
clarté quant au... à quelle forme pourrait prendre les ententes de
substitution.
Mme Cadet : OK, je comprends.
Donc, vous dites, les sanctions administratives pécuniaires que l'on voit à la
fin du projet de loi, donc, pour vous, donc, cette forme-là, qui se retrouve
d'ailleurs, donc, dans... ailleurs dans notre environnement législatif, vous
dites donc ça... ça vous semble limpide et ça vous semble, donc, une voie
intéressante, mais vous avez une crainte, là, quant à la possibilité que les
ententes de substitutions, donc, ne soient pas de un, soumises de façon
transparente au groupe, là. On a entendu, donc, vos prédécesseurs, donc, nous
parler... l'évoquer, donc, dans leur présentation ainsi que dans leur mémoire
dire : Bien, il faudrait qu'il y aurait peut-être des... soit que
l'industrie soit consultée, ou que ce soit fait de façon transparente. Donc,
vous avez un peu, donc, le même type de préoccupation quant à ces ententes.
Ensuite...
Mme Paré (Eve) : Tout à fait.
Mme Cadet : Merci. Une autre
question que j'ai souvent posée dans le cadre de ces consultations, c'est la
question des indicateurs. Et vous, donc, dans votre présentation, vous nous
l'avez... vous nous avez nommé, donc, quelques indicateurs que vous verriez
pour dire : OK, bien, voici, donc, les critères précis de visibilité. Est-ce
que vous pouvez, nous les... nous les réitérer, puis prendre le temps
d'élaborer sur ces différents critères?
Mme Paré (Eve) : Je vais
céder la parole à Simon Claus.
Mme Cadet : Parfait.
M. Claus (Simon) : Peut-être
au... en préalable, dire que la découvrabilité il faut que... un projet de loi
sur la découvrabilité, il faut qu'il y ait une notion de découverte effective.
Je ne sais pas si je peux le dire comme ça, mais c'est de dire qu'on peut... on
doit pouvoir créer un lien entre des obligations...
M. Claus (Simon) : …découvrabilité
et des… des performances observables. Une entreprise peut très bien dire,
regardez, j'ai mis un bandeau francophone là, dans ma page d'accueil, j'ai sur
le… dans une «playlist», j'ai mis deux-trois chansons francophones, j'ai fait
des efforts en découvrabilité, mais finalement on n'est pas plus écouté ou pas
plus regardé. Donc, il faut vraiment qu'il y ait quelque chose… des résultats.
Donc, c'est à partir de là de dire comment on construit un cadre avec des
indicateurs clairs qui permet, justement, de suivre les efforts qui sont faits
par ces plateformes et les résultats que ça génère. On peut penser à ce qu'on
appelle des impressions, on peut penser à des expositions qu'on va dire
qualifié, on peut penser à des clics et, en bout de ligne, c'est sûr que l'idée
c'est d'avoir des écoutes, c'est ça le résultat et l'objectif final de ce
projet de loi là, c'est comment on arrive à cheminer vers des projets, vers ces
écoutes, en ayant des efforts sincères de ces plateformes pour la
découvrabilité. Il faut… on l'a dit aussi, en amont, on a des plateformes qui
sont hybrides, qui diffèrent selon leur modèle d'affaires, donc c'est sûr que
ces indicateurs peuvent varier suivant la plateforme à laquelle on s'intéresse,
puis, pour revenir à ce que je disais tout à l'heure également, on est dans une
situation d'asymétrie informationnelle, donc on ne veut pas que ces entreprises
nous révèlent leurs secrets, évidemment, mais il va falloir qu'elle ouvre un
petit peu le capot pour nous dire quels efforts elles peuvent faire en
découvrabilité et quels sont les outils qui fonctionnent dans ce cadre.
Mme Cadet : Parfait, vous
nous dites, donc, les entreprises, donc, devraient ouvrir un petit peu plus le
capot pour que vous puissiez avoir accès aux données et bien… et être en
mesure, donc, de proposer, donc, des indicateurs qui soient valides selon le
modèle d'affaire de chacune de ces entreprises.
M. Claus (Simon) : Tout à
fait.
Mme Cadet : Parfait. C'est
bien clair… à vos différents propos, donc, vous nous parlez, donc, de… donc…
soutenue, mesurable, donc, ça, c'est… c'est en lien avec votre recommandation,
donc, d'avoir, donc, un rapport annuel, donc, plutôt qu'aux trois ans, donc,
c'est bien… c'est bien ce à quoi vous faisiez référence à ce moment-là?
M. Claus (Simon) : Oui, au
minimum…
Mme Cadet : Parfait. Et…
Écoutez, donc, de mon côté, je ne sais pas si, en terminant… Il nous reste
combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bogemans) :
Il reste 40 s., mais je comprends qu'on aurait le consentement pour
redistribuer le six minutes qui restait sur la table au gouvernement entre les
deux partis de l'opposition. Donc, ça pourrait être un peu plus…
Mme Cadet : Consentement.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Consentement? Parfait.
Mme Cadet : Parfait.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Comme ça, ça sera un petit peu plus.
Mme Cadet : Bien oui, mais, à
ce moment-là, est-ce qu'il y a un élément sur lequel vous souhaiteriez élaborer
alors qu'il ne nous reste qu'un petit peu plus que 40 s. pour terminer votre
élocution?
M. Claus (Simon) : Bien…On
a… dans le portrait qu'on brosse, on parle… on parle des métadonnées, on a
évoqué MétaMusique qui est un… outil de gestion, d'indexation et de diffusion
des… métadonnées qui… aujourd'hui est un modèle, on peut le voir, le modèle,
dans le milieu culturel, la mesure 65 du GTAC fait référence à MétaMusique, au
MaMA, en France, il y a deux semaines, il a beaucoup été question de
MétaMusique comme un modèle. Je pense qu'il faut souligner le travail qui est
fait par une grosse équipe de seulement deux personnes pour mener à bien ce
projet et l'ensemble des organisations du… représentatives du milieu musical
qui sont autour de la table et qui ont à cœur la réussite de ce projet et
l'intérêt supérieur du milieu et je pense que c'est, à l'avenir, ce type, en
tout cas, d'initiatives qu'il faut continuer à porter, à supporter, parce que
c'est fondamental, justement, comme on le disait, dans… l'intelligence
d'affaires de nos entreprises et c'est un préalable important des… des
métadonnées de bonne qualité pour la découvrabilité.
Mme Cadet : Merci beaucoup M.
Claus. Donc, on m'a soufflé à l'oreille qu'on avait… donc, un peu plus… un peu
plus de temps, donc je vais peut-être… alors j'ai l'occasion de vous amener,
donc, sur… bien, encore une fois, sur la question du rapport, donc, vous nous
disiez un peu plus tôt, donc, pour vous, donc, c'est important que le rapport
soit annuel, plutôt qu'aux trois ans, donc, je viens de vous réitérer cette
question-là. À l'article 33 du projet de loi, on voit que toutes plateformes
numériques devraient, donc, fournir au ministre, donc, différents
renseignements non personnels relatifs à la présence, à la découvrabilité et à
la consommation de contenus que le Ministre demande et qui lui sont nécessaires
aux fins du premier alinéa, mais… dans le fond, ces données-là ne seraient pas
assujetties à la loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels, je vais peut-être…
Mme Cadet : ...donc, vous
entendre sur cet aspect-là, donc, de la disposition sur le... la difficulté
d'avoir accès publiquement, donc, aux données qui seraientt transmises au
ministre, surtout qu'on parle très précisément, dans le libellé du projet de
loi, de renseignements non personnels.
Mme Paré (Eve) : Bien, en
fait, il y a les données de chacune des entreprises, à ce que je comprends, qui
peuvent être, par moments, commercialement sensibles. Par contre, un portrait
global d'où on en est dans la découvrabilité de la part des écoutes. Simon
pourra parler plus largement des différents indicateurs qui, de façon agrégée,
serviraient le milieu.
Mme Cadet : Je comprends.
Merci, Mme Paré. Simon?
• (16 h 30) •
M. Claus (Simon) : Pas
grand-chose à... ajouter de plus. Je pense qu'il y a quand même un besoin de...
d'accès à cette information. Puis, il y a des... on parlait tout à l'heure d'observatoire
de la culture des communications. Il y a une expertise en matière
d'anonymisation des données qui existent aujourd'hui, qui sont sont capables de
rendre un portrait assez complet des dynamiques qui...caractérisent,
excusez-moi, un marché tout en maintenant une certaine confidentialité des
données. Donc, je pense qu'il faut s'appuyer sur ces expertises et, on le voit
du côté, par exemple, du Conseil du CRTC lorsqu'on veut accéder à certaines
informations et que, très vite, le secret des affaires est soulevé, des fois,
de manière peut-être un peu abusive. Et je pense que cette idée de secret des
affaires, cette idée de données sensibles, ça ne doit pas servir, servir
d'excuse pour que le public n'ait pas justement accès à ces données et voir
comment justement les objectifs de la loi sont atteints. Donc oui,
l'anonymisation est importante. La confidentialité des données sensibles est
fondamentale, mais, par contre, ça ne doit pas nuire à l'accès public de
certaines informations importantes pour s'assurer de l'atteinte des objectifs
de la loi.
Mme Cadet : Parfait. Écoutez,
de mon côté, je pense que ça fait le tour des différentes questions que
j'avais. Je vais prendre, encore une fois, le temps de vous remercier, Mme
Paré, M. Claus, pour vos interventions. Donc, nous avons très hâte de lire
votre, votre rapport, mais surtout, encore une fois, de vous revoir au gala de
l'ADISQ. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci,Mme Cadet.La parole est maintenant au député de Jean Lesage pour 5
min 40 s.
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente, bonjour. Merci beaucoup. Beaucoup de questions ont été posées,
déjà, mais j'ai une question sur l'avenir de l'argent issu des sanctions pécuniaires.
Vous en avez parlé un peu, mais bon, il y a des entreprises, peut-être, qui ne
respecteront pas la loi, peut être certaines qui auront des sanctions. Puis la
question, c'est... j'ai deux questions. D'abord, est-ce que vous vous
trouvez... bien en fait, où est-ce que, selon vous, devrait aller l'argent?
Vous avez évoqué l'idée qu'il doit y avoir des critères clairs, mais est-ce que
vous avez une idée plus précise ou un souhait par rapport à ça?
Mme Paré (Eve) : En fait, que
ce soient des ententes de substitutions ou des pénalités, les sommes seront
versées parce qu'il n'y aura pas respect des obligations de découvrabilité.
Donc, il y a... il y a là un tort qui est causé à l'industrie qui ne, qui n'est
pas en mesure de rejoindre son public comme la loi souhaite que ce soit. Donc,
ces sommes là, à mon avis, devraient revenir en soutien à l'industrie. Dans
l'allocution, j'évoquais la création d'outils collectifs qui servent l'ensemble
de l'industrie pour améliorer leur intelligence d'affaires. Mr. Claus parlait,
à l'instant, de MétaMusique, qui est une magnifique initiative issue du milieu
et qui a effectivement besoin de soutien financier. C'est un préalable à la
découvrabilité. Il y a d'autres initiatives qu'on pourrait imaginer, mais ces
sommes-là doivent revenir pour aider l'industrie à s'outiller adéquatement.
M. Zanetti : Donc,
essentiellement, l'argent devrait retourner aux différentes entreprises qui,
qui produisent du contenu culturel qui soit que ce soit de la musique ou autre
chose.
Mme Paré (Eve) : En fait,
ici, on est plus sur une idée d'outil collectif. Donc, si je prends l'exemple
de MétaMusique, autour de la table, il y a des représentants des associations
d'artistes, des sociétés de gestion, des associations professionnelles. Donc,
c'est vraiment un projet commun pour l'ensemble de l'industrie.
M. Zanetti : Une espèce de
table de concertation, finalement, pour établir des critères de redistribution
de cet argent-là, qui viendrait, finalement, vraiment pallier au tort qui a été
créé par d'éventuelles, disons, entreprises qui ne respecteraient pas la loi.
Mme Paré (Eve) : Je n'étais
pas dans un esprit de redistribution, ici. On est vraiment dans la création
d'outils qui vont aider...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Paré (Eve) : ...l'industrie
à se doter d'une... intelligence d'affaires, à pouvoir peaufiner les
stratégies, mais de façon collective et non pas individuelle.
M. Zanetti : OK, je
comprends, je comprends. Puis... est-ce que... je n'ai pas souvenir, là, puis je
n'ai pas eu le temps de regarder dans le projet de loi voir s'il y a des
montants qui sont établis, mais est-ce que selon vous ça doit être des gros
montants, ou est-ce que vous avez une opinion sur les montants qui doivent être
établis comme sanctions.
Mme Paré (Eve) : Bien, au niveau
des sanctions pécuniaires récentes prévues au projet de loi, difficile pour moi
d'en juger, mais ça m'apparaissait suffisamment sérieux pour être un désincitatif.
M. Zanetti : OK.
Mme Paré (Eve) : Maintenant,
au niveau des ententes de substitutions, c'est là où on a moins de visibilité
sur la forme que ça pourrait prendre.
M. Zanetti : Je comprends.
Parfait. Bien, je vous remercie, moi ça fait le tour de mes questions.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Parfait. Donc, je vous remercie beaucoup pour la participation à nos travaux.
Ça fait le tour du temps qu'on avait aujourd'hui. Donc, bon gala à vous.
Mme Paré (Eve) : Merci.
M. Claus (Simon) : Merci.
Mme Paré (Eve) : Au plaisir.
La Présidente (Mme Bogemans) : Nous
allons suspendre quelques instants, le temps d'accueillir les prochains invités.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 16 h 38)
La Présidente (Mme Bogemans) :
Je souhaite, donc, la bienvenue à l'Association des créatrices et créateurs de
contenu du Québec qui sont avec nous aujourd'hui. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour faire votre exposé. Par la suite, il y aura
une période d'échange avec les membres de la commission. Donc, vous pouvez
commencer dès maintenant.
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Donc,
bonjour à tous, je me présente, je suis Laurence Labrosse-Héroux, je suis
co-fondatrice de cette association ainsi que directrice générale. Je suis avec
mon collègue ici, Farnell Morisset qui est membre du CA de notre association et
lui-même créateur de contenu. Donc, c'est parfait, on va pouvoir tout explorer
ensemble aujourd'hui. Je vais commencer en vous faisant un petit portrait
de qui on est, comme c'est notre première fois en commission parlementaire,
ici. Puis, après ça, on rentrera dans le vif du sujet. Donc, dans le fond, on a
fondé l'Association des créatrices et créateurs de contenu du Québec il y a
environ deux ans. Le but, c'était de rassembler les créateurs de contenu sous
une communauté pour aussi construire éventuellement un discours commun.
À peu près un an et demi après nos
premières démarches pour aller chercher du membership, nous sommes à près de
1000 membres maintenant et on compte bien grossir ce nombre de plus en
plus. Et, dans le fond, on communique strictement en français à travers notre...
membrariat, à travers nos communications aussi...
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : ...et
nous sommes aussi le producteur du Gala Influence Création, qui est le gala des
créateurs de contenu du Québec, qui met en lumière, en fait, les créateurs de
contenu d'ici, qui, et qui reconnaît des créateurs de contenu qui font du
contenu en français, aussi. Donc, pour ceux qui ne le savent pas, pour être
nominé dans notre gala, il faut qu'il y ait plus de 70 % du contenu soit
fait en français sur les plateformes. Notre but, en fait, notre mission, c'est
de crédibiliser le métier de créateurs de contenus, de promouvoir la culture
québécoise sur le web, d'être un facilitateur vers le métier de créateur de
contenus, d'offrir une représentation publique et gouvernementale, donc, merci
beaucoup pour l'invitation, ça prouve qu'on est à la bonne place aujourd'hui,
et de s'impliquer activement dans les débats de société concernant notre
industrie, également.
• (16 h 40) •
Nos membres ont actuellement accès, à
travers leur plateforme sur acrea.ca, à différents outils : formation,
rabais commerciaux, et, évidemment, on a une communauté, on fait des petits
événements durant l'année, en plus du gala, également, et on a collaboré,
notamment, avec Revenu Québec pour faire une campagne de sensibilisation sur
comment faire tes impôts de créateurs de contenus, ce genre de choses là. Donc,
on fait vraiment des efforts, aussi, pour se rapprocher du milieu culturel en
général. Nos piliers stratégiques pour la prochaine année, c'est de continuer à
bâtir notre communauté, la structurer et lui donner de plus en plus d'outils.
C'est aussi le rayonnement culturel, donc, de faire reconnaître les créateurs
de contenu comme étant un pilier de la culture québécoise, ce qu'on croit
fortement être vrai et, évidemment, la pérennité. Donc, probablement qu'un de
nos défis les plus importants, actuellement, c'est le financement. Simplement
parce qu'on est une nouvelle association et on a tendance, en général, à tomber
entre deux chaises sur tous les programmes qui existent sur le marché pour
aider l'associatif, présentement, ou même le culturel. Finalement, on veut de
plus en plus prendre la parole sur tous les projets de loi qui nous concernent
ou peuvent toucher à la culture en général. Et on vous a préparé une petite
réflexion sur le projet de loi n° 109 que je vais laisser Farnell présenter
pour nous.
M. Morisset (Farnell) : Merci.
Oui, alors, on a un mémoire qu'on vous a déposé, il relativement court et
restreint, parce que, bien, d'abord, on accueille favorablement le principe
d'un droit à la découvrabilité des contenus francophones. On constate aussi
qu'on commence à avoir des efforts législatifs pour encadrer, pour faire la
promotion de la culture sur le numérique, ce qui est une très bonne chose. On
arrive à deux recommandations. Je vais commencer avec la première et je vais la
lire. La recommandation un, qui est que le gouvernement reconnaisse deux
catégories distinctes de plateformes numériques dans le déploiement de ces
critères de découvrabilité. Je contextualise un peu, le projet de loi actuel
est écrit d'une façon très large dans sa définition de ce qu'est une plateforme
numérique, et c'est une bonne chose, vu que la nature des plateformes
numériques, c'est qu'elles viennent dans toutes les tailles et tous les genres.
On croit, cependant, que, sans vouloir limiter la croissance possible future de
la réglementation, c'est important, à ce point-ci, de reconnaître qu'il y a
quand même deux grandes catégories qui se distinguent et qui doivent être
abordées de façon distinctive. La première, c'est ce qu'on appelle, nous, les
plateformes numériques fermées, puis ici, fermées, ce n'est pas péjoratif,
c'est simplement en contraste aux autres plateformes ouvertes. Fermées, dans le
sens où ce n'est pas n'importe qui qui peut créer du contenu et le rendre
automatiquement, facilement disponible sur ces plateformes là. Alors, on parle
de plateformes comme Netflix, comme Crave, des plateformes où il y a une
curation humaine dans le processus de décision ou de qu'est ce qui sera
disponible et qu'est ce qui sera vu. La plateforme numérique fermée, en
opposition aux plateformes numériques qu'on appelle les plateformes numériques
ouvertes, ça, c'est des plateformes numériques où il n'y a pas de curation
humaine. C'est-à-dire que les usagers peuvent, de façon presque automatique,
très rapidement, créer du contenu et le diffuser presqu'immédiatement sur ces
plateformes-là. C'est ce qu'on appelle souvent les médias sociaux, mais ça va
un peu plus loin que ça. On parle de plateformes comme YouTube, Instagram,
TikTok, plateformes de ce genre-là. Il y a peut-être une zone grise entre les
deux, mais la réglementation qui se développe pour les plateformes de nature
fermées, on croit, risque de ne pas très bien s'appliquer aux plateformes
ouvertes. Et ce serait important, dès l'emblée, de reconnaître ces deux types
de plateformes là et les réglementer de façon différente. Notre deuxième
recommandation, maintenant, qui touche un peu la première, c'est que le
gouvernement recommande une étude sur les habitudes de consommation de contenus
audiovisuels d'expression originale en français, spécifiquement sur les plateformes
numériques ouvertes. On remarque, comme je crois, vous tous, qu'il y a quand
même beaucoup d'efforts à...
M. Morisset (Farnell) : …de
recherche sur les habitudes de consommation des jeunes, mais aussi des moins
jeunes, sur les contenus numériques. Cependant, à notre lecture de ce qui est…
disponible présentement, c'est des études, des recherches, qui se penchent
surtout sur ce que nous on qualifie de plateformes fermées. Alors, on va
parler, par exemple, que, bon, de plus en plus, les jeunes vont délaisser la
télé traditionnelle, même si elle se trouve sur Tout.tv ou sur Netflix, par
exemple. On a les débuts d'informations qui semblent indiquer que les jeunes et
les moins jeunes ne délaissent pas, ou certainement beaucoup moins, la culture
québécoise sur les plateformes ouvertes. Là-dessus, on n'a pas d'informations
complètes, mais on a des informations qui nous proviennent de l'industrie, donc
il y a… certaines questions de billet comme de quoi, par exemple, de 95 à 90…
98 % de l'auditoire des créateurs québécois sont Québécois. Et on parle,
dans certains cas, de créateurs qui ont une énorme portée. On en a, par
exemple, listé quelques-uns, Emy Lalune qui a 1,7 million d'abonnés, qui fait
essentiellement des sketchs humoristiques, Adam Paradisio 3,5 millions
d'abonnés, qui fait du vidéo dramatique en ligne, Cocotte, qui fait ce qu'on
pourrait appeler du « life style », un peu… 1,5 million, Émilie
Cuisine, qui fait la cuisine, 1,7 million, sur YouTube, 450 000 abonnés,
sur YouTube c'est énorme. L'histoire nous le dira… On peut en penser à
plusieurs, ce qui nous donne l'impression qu'il y a une forte présence de
consommation de contenus culturels francophones québécois par des Québécois sur
les plateformes numériques ouvertes, mais on n'a pas suffisamment de données
encore pour en être certain, on pense que ce serait très important d'aller
chercher cette information-là, d'aller chercher ces données-là avant de
commencer à légiférer les plateformes numériques ouvertes et fort probablement
que ce qu'on apprend de ces recherches-là va être aussi applicable aux efforts
pour faire reconnaître la culture québécoise sur l'ensemble des plateformes
numériques, ouvertes ou fermées. C'est nos seules deux recommandations, on ne
veut pas s'improviser représentants… des plateformes. On est ici en tant que
représentant de créateurs de contenus sur ces plateformes-là, alors, nos enjeux
sont un peu plus limités à ça, mais on croit que c'est ce qui est important à
reconnaître dans ce projet de loi ci et on est ouverts à vos questions.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Merci beaucoup. La parole… vouliez-vous ajouter quelque chose?
Une voix : Non.
La Présidente (Mme Bogemans) :
OK, parfait. La parole est maintenant à M. le ministre, pour 16 min 30 s.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bienvenue à vous deux. Bonne première intervention à
l'Assemblée nationale, c'est la première fois que vous venez en commission
parlementaire. Très heureux. Vous savez que je trouve que vous avez un rôle
très important en ce moment. J'ai eu l'occasion de vous le dire, peut-être plus
en privé, en fait, puis, là, je profite de la tribune pour dire que je trouve
que vous jouez un rôle important parce que c'est une industrie qui est une
industrie d'avenir, l'industrie que vous représentez, la création de contenu,
une industrie qui a besoin de se structurer, aussi, donc, vous le savez plus
que moi, c'est la raison pour laquelle vous avez mis cette association-là sur
pied. Et c'est une industrie qui a besoin de parler d'une voix commune, aussi,
parce que je pense que le gouvernement a un rôle à jouer. Vous savez, on est en
train de travailler avec le groupe de travail, notamment sur l'avenir de
l'audiovisuel, justement pour nous assurer que ce soit une industrie, donc un
domaine de création, qui ne tombe pas entre deux chaises parce que, pas que,
mais beaucoup des plus jeunes Québécois se divertissent, s'informent, par le
biais de créateurs de contenus, donc bienheureux, bref, que vous soyez là, je
trouve que c'est une présence qui est structurante pour l'industrie, puis qui
est éclairante aussi pour les… pour la prise de décision que nous devons… à
laquelle, bien, on est… astreint, évidemment. Donc, merci d'être là. Je… je
partirais tout de suite la discussion, parce que vous avez effectivement deux
recommandations, donc, on va aller avec la première, cette notion-là de
plateforme numérique ouverte et fermée, c'est intéressant, c'est la première
fois qu'on nous le présente de cette façon-là. Je… vous demanderais, d'entrée
de jeu, donc, dans votre esprit, la loi devrait s'appliquer à YouTube, qui est
pour vous une plateforme numérique que… vous qualifiez d'ouverte. On devrait
appliquer, donc, ce même principe de découvrabilité à une plateforme ouverte
comme YouTube, de la même façon qu'on l'applique… qu'on l'appliquerait aussi à
Netflix. Pouvez-vous, peut-être, juste creuser un peu plus là-dessus? Ça…
peut-être que pour vous c'est une évidence, mais c'est… je vous dirais que ce
n'est pas comme ça que le projet de loi, au départ, a été réfléchi, donc, je
serais curieux, peut-être de vous entendre davantage là-dessus.
M. Morisset (Farnell) : Le
projet de loi, dans son écriture actuelle, donne une grande flexibilité à la
définition de c'est quoi…
M. Morisset (Farnell) : …
plateforme numérique. En effet, ça ne semble pas être ça l'intention originale,
mais, dans la définition elle-même, on inclut, entre autres, toutes plateformes
numériques qui offrent des services permettant d'accéder à du contenu culturel
en ligne déterminé par règlement du gouvernement. Alors, le journal aurait la
capacité très facilement d'inclure YouTube, par exemple. Donc, de facto,
YouTube est un peu déjà inclus dans le projet de loi. À voir si ça va être
l'intention du gouvernement par la suite d'appliquer des règlements
spécifiquement à YouTube, ça, c'est à la discrétion du gouvernement. Ce qu'on
croit, par exemple, c'est qu'avant de légiférer sur le sujet, il y a une
importance d'aller chercher l'information pour voir c'est quoi l'ampleur
actuelle de la consommation de contenus culturels francophones sur une
plateforme comme YouTube, TikTok, Instagram pour avoir un portrait complet
spécifique aux plateformes numériques ouvertes et ne pas, peut-être, faire
l'erreur de faire un amalgame des informations qu'on a, qui sont assez claires,
de l'état des choses sur les plateformes numériques fermées et croire qu'on
peut le calquer sur les plateformes numériques ouvertes.
M. Lacombe : Puis, vous
faites abstraction, vous, de l'étiquette réseaux sociaux, donc, parce que, je
dirais, de notre perspective, la façon dont on a élaboré le projet de loi,
c'était en se disant, bon, les réseaux sociaux ne font pas partie de l'équation
pour l'instant. On a eu des discussions là-dessus avec d'autres partenaires qui
sont venus nous voir qui, eux, réfèrent systématiquement au terme réseau
social, vous, vous allez complètement ailleurs, je serais curieux de comprendre
pourquoi.
• (16 h 50) •
M. Morisset (Farnell) : Le
terme réseau social, je crois, est largement inclus à l'intérieur du terme
qu'on… développe, puis on… l'a développé, on n'a pas pris ça de… ce n'est pas
quelque chose qui existe dans… la culture là-dessus. Mais, le terme réseaux
sociaux lui-même est un peu vague, ce n'est pas clair si YouTube est un réseau
social. J'ai l'impression que dans l'imaginaire populaire, quand on pense aux
réseaux sociaux, on va penser plus à Facebook, TikTok, Instagram, qu'on va
penser à, par exemple, YouTube. Alors on voulait un terme qui englobait la
relation avec la production et la diffusion de contenu qui n'était pas
nécessairement limitée à… le type d'interaction que les usagers vont avoir sur
la plateforme.
M. Lacombe : À notre sens, la
façon dont on a rédigé le projet de loi, puis, là, on me dit que c'est
l'article 3, là, je ne connais pas encore tous les articles par cœur, les
numéros d'articles, on en excluait les… on exclut les médias sociaux et, à
notre sens, YouTube est un… est considéré comme un média social, donc, là, je
comprends que vous nous dites que vous n'êtes pas en accord avec cette
perspective-là, donc, selon vous, d'abord, on ne devrait pas parler de média
social, on devrait parler, ou de médias sociaux, on devrait parler de
plateformes ouvertes, de plateformes fermées, donc, c'est comme ça que vous
l'abordez, puis vous nous dites, après ça, il faut que YouTube, entre autres,
ou les plateformes ouvertes, plus généralement, fassent partie du champ
d'application de la loi, parce qu'il y a du contenu qui est là, puis le
principe de découvrabilité devrait s'appliquer de la même façon.
M. Morisset (Farnell) : On ne
propose pas nécessairement que YouTube, les réseaux sociaux, soient inclus dans
le projet de loi. On constate à la lecture qu'ils le sont potentiellement déjà.
Alors, vu que ce projet de loi là va exister et probablement être un modèle de
développement de futur projet de loi, on trouvait important de s'assurer que
cette distinction-là soit bien claire. Si ce n'est pas l'intention d'inclure
les projets… d'inclure les plateformes, ce qu'on appelle les plateformes
ouvertes, ce serait un bon moment pour clarifier la distinction entre les deux
types de plateformes et clairement exclure les plateformes ouvertes, si c'est
ça l'intention du projet de loi. L'écriture actuelle entretient la possibilité
que les… médias sociaux et les autres plateformes ouvertes soient incluses.
M. Lacombe : Donc, bien…
c'est juste que, clairement, l'article 3 on dit : «ne sont pas visés par
la présente loi un média social ou une plateforme numérique dont l'objet
principal est d'offrir du contenu autochtone», donc je…
M. Morisset (Farnell) : Oui,
alors une plateforme qui n'offre pas du contenu autochtone serait
potentiellement incluse.
M. Lacombe : «et une
plateforme»… oui, «ne sont pas visés par la présente sur un média social et une
plateforme numérique». Bref, je fais juste signifier que… puis j'entends bien
ce que vous me dites, puis c'est intéressant, donc on va le prendre en
considération, mais la façon dont le projet de loi a été rédigé, puis cet
article-là fait en sorte que les réseaux sociaux ne sont pas couverts par… la
loi. Et… à notre sens, YouTube est considéré comme un média social, donc, je
comprends que vous nous dites il faudrait qu'il y ait cette porte ouverte,
après ça libre à nous comme gouvernement d'y aller tout de suite, mais il faut
se garder la porte ouverte, est-ce que je résume bien?
M. Morisset (Farnell) : C'est…
on demande une clarification. Que présentement le terme plateforme numérique
est très large, ce qui est normal, si c'est l'intention de ne pas appliquer le
projet de loi...
M. Morisset (Farnell) : ... à
YouTube, aux plateformes ouvertes. Ce serait un très bon moment pour clarifier
cette distinction-là et clarifier dans le projet de loi si c'est l'intention ou
pas d'inclure les plateformes ouvertes.
M. Lacombe : Je comprends.
Donc, vous nous dites : «Ce n'est pas clair, clarifions». Bon, je note ça.
Ensuite... mais... mais je vous... je vous repose quand même la question,
vous... vous nous dites ça, mais une fois, quand on se dit «Parfait, il faut
que le projet de loi soit clair», vous penchez de quel côté? Êtes-vous...
êtes-vous plus d'un côté ou de l'autre? Est-ce que vous pensez que ça doit être
couvert ou pas? Il y a... quelques autres partenaires avant qui nous ont donné
leur avis sur la question, mais je serais curieux de savoir, vous, ce que vous
en pensez... parce qu'il y a... une distinction vraiment, là, à notre sens,
entre les deux plateformes. Je ne sais pas si vous pensez que ça devrait ou pas
être couvert.
M. Morisset (Farnell) : On ne
fait pas de recommandation d'un sens ou de l'autre dans le mémoire et on n'a
pas le... on n'a pas l'intention d'en faire une non plus.
M. Lacombe : D'accord, je
comprends bien.
Une voix : ...
M. Lacombe : ... oui il y
avait... c'est à l'article quatre. Oui, c'est ça. OK, d'accord. Super. Autre
question que je vous poserais toujours dans cette relation-là, puis
comprenez-moi bien, c'est parce que c'est... vous êtes les premiers à nous en
parler, puis je trouve ça intéressant. Je veux vraiment bien comprendre. Donc,
plateforme ouverte, plateforme fermée... vous venez de nous expliquer un peu ce
que vous voulez dire plus en détail là-dessus. Et Spotify, vous les incluez
dans les plateformes... je ne veux pas dire de folies... ouvertes?
M. Morisset (Farnell) : Spotify
est un cas intéressant qui est probablement une zone grise qui démontre à quel
point ce n'est pas des catégories clairement distinctes. Il y a des façons
d'utiliser Spotify qui sentent... qui tendraient à en faire une plateforme
ouverte. Il y a des façons de l'utiliser qui tendraient à en faire une
plateforme fermée. Alors, même à l'intérieur des propositions qu'on fait, c'est
la nature des plateformes numériques. Elles sont très flexibles, elles prennent
toutes sortes de formes différentes. Alors, dans le mémoire, on fait référence
à Spotify comme un exemple de plateforme ouverte dans certains cas, mais il y a
des façons aussi de voir Spotify comme une plateforme fermée.
M. Lacombe : Puis,
pouvez-vous nous expliquer pourquoi? Parce que... est-ce que c'est... parce que
dans certains cas, les utilisateurs, c'est plus facile pour eux de verser leur
contenu musical sur Spotify que sur Apple Music par exemple?
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Non,
je dirais que même la plupart des gens qui utilisent Spotify vont aussi
téléverser sur Apple Music. Je pense que le cas de Spotify, c'est justement que
les gens vont poster à plusieurs endroits le même contenu sur différentes
plateformes. Quand on parle de plateformes ouvertes, fermées, c'est juste de
dire que si demain matin tu fais un film, tu ne peux pas être sur Netflix, tu
sais. Alors que sur Spotify, théoriquement, tu pourrais mettre ta musique à...
tu sais, n'importe quel moment. Ce qui nous intéresse...
M. Lacombe : Sur YouTube, par
exemple?
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Exact.
Ce qui nous intéresse nous plus, c'est que dans à... il me semble, à la
prémisse de ce projet de loi là, les données sur lesquelles ça avait été fondé,
la loi sur la découvrabilité, c'était des données spécifiques à des plateformes
fermées et/ou Spotify, OK. Donc... étant donné que nous, on représente beaucoup
plus l'autre partie des gens, c'est-à-dire les plateformes ouvertes comme on
parle en ce moment, on serait intéressé à savoir c'est quoi la consommation de
contenu francophone dans notre univers. C'est pour ça qu'on fait une deuxième
recommandation exactement là-dessus, parce qu'on a l'impression que le portrait
est très différent. Bien sûr, c'est basé sur des impressions comme il n'y a pas
d'études, mais essentiellement, ça vaudrait vraiment la peine de faire cet
effort-là, d'aller chercher l'information sur la consommation de contenu
francophone sur les plateformes ouvertes, incluant par exemple YouTube.
M. Lacombe : On a certaines
données sur YouTube, mais vous avez raison quand vous dites que le portrait
n'est peut-être pas aussi complet qu'il pourrait l'être. Puis je suis assez
d'accord que plus on a de données, plus on est capable de prendre de bonnes
décisions, ça, c'est clair. Mais, tantôt, est-ce que j'ai bien compris? Vous
nous avez dit que 98... 99 % des visionnements des créateurs de contenu
québécois venaient du Québec...
M. Morisset (Farnell) : On parle
plutôt des abonnés. Et ça, c'est...
M. Lacombe : Des abonnés?
M. Morisset (Farnell) : Oui...
et ça, c'est un chiffre qui... qui nous... qui nous provient de... encore une
fois, un snapshot loin d'être très complet. On sait que dans certains cas, ça
va jusqu'à 95 à 98 %...
M. Lacombe : ... même à un...
tantôt vous parliez, là, de créateurs, là, qui ont 1,5 million de... ce
sont... 99% de...
M. Morisset (Farnell) : On
n'a pas les chiffres pour... je ne pourrais pas vous dire, par exemple, si...
de tous les abonnés d'Emy Lalune... 1,7 million, ils sont 98 %... on
n'a pas cette information-là.
M. Lacombe : D'accord...
M. Morisset (Farnell) : … je
peux vous dire que moi, dans mon cas, c'est dans le coin de 95 % de mes
deux cents quelques milles abonnés, mais, je veux dire, je suis un exemple,
c'est sûr que les expériences sont très différentes en fonction des… différents
créateurs.
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : De
mon côté, je pense, éventuellement, plus tu avoisines les 1 million, 2
millions, plus tu es à l'extérieur du Québec, ça, c'est bien sûr. Puis, il faut
aussi comprendre que dans les plateformes, c'est… mais, par contre, c'est en
français quand même, tu sais, parce qu'on parle de francophonie ici, quand
même. Dans les abonnés… Mon Dieu, j'ai perdu mon idée.
M. Morisset (Farnell) : Dans
les abonnés des créateurs québécois, on a certainement une très forte présence
des… de Québécois.
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Mais,
tu sais, si on compte les plus petits créateurs, les gens qui ont du 10,
15 000, probablement que c'est beaucoup plus local à ce moment-là. Et, le
portrait, il est basé sur tout le monde, tu sais, donc les petits créateurs
autant que les plus grands créateurs. Puis, essentiellement, tu sais, les
chiffres qu'on a présentement, ça a été des données qui ont été faites par des
études des plateformes directement, mais il n'y a aucune vraiment étude
indépendante qui a fait un portrait global du Québec et dans ses habitudes de
consommation.
• (17 heures) •
M. Lacombe : D'accord. Il
nous reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bogemans) :
Il reste 2 min 50 s.
M. Lacombe : 2 min 50 s. Je
vais… je vais conclure, puis, après, je vais laisser la parole à un de mes
collègues qui veut vous poser une question. Donc, ce serait intéressant,
peut-être, de poursuivre la conversation, parce que, quand même, vous nous
invitez à documenter sur les… la consommation sur les plateformes ouvertes,
puis, ensuite, à apprécier les résultats, mais après la question, et là on est
en train d'étudier le projet de loi, c'est peut-être le bon moment de se la
poser, malgré tout, c'est est-ce qu'on applique ou pas la loi à ce que certains
appelleraient des médias sociaux? Nous c'est comme ça qu'on l'a vu et on a
décidé de ne pas le faire, mais est-ce qu'on applique les mêmes principes de
découvrabilité à ces plateformes ouvertes, donc aux réseaux sociaux, pour la
dire autrement, je trouve que c'est une… bonne question. C'est un peu embêtant,
c'est clair, mais merci pour votre contribution.
M. Morisset (Farnell) : Merci,
oui, et on dirait là-dessus l'information est primordiale pour ne pas, dans un
élan de bonne volonté, réglementer une industrie qui va peut être très bien
sans…
M. Lacombe : Vous nous
enjoignez à prendre notre temps pour nous assurer de… bien documenter ça avant
de prendre une décision là-dessus.
M. Morisset (Farnell) : Exact.
M. Lacombe : Super.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait,
merci beaucoup. Donc la parole est maintenant à…
Une voix : …
La Présidente (Mme Bogemans) :
Oh, excusez-moi. C'est mon erreur.Oui, M. le député de Vanier-Les
Rivières.
M. Asselin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, merci de votre temps. C'est une première que les créateurs
québécois qui créent du contenu soient invités, puis je suis content que vous
soyez des nôtres. Quel rôle est-ce que l'ACRÉA, vous pensez, au-delà du projet
de loi, pourrait jouer dans le futur pour repérer des habitudes de consommation?
Parce qu'il y a énormément de Québécois qui créent du contenu, mais de quelle
façon est-ce que l'habitude de consommer du contenu pourrait vous interpeler?
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Mais,
en réalité, on ne connaît pas nos membres, actuellement, parce qu'on n'a pas
assez de ressources et de temps pour faire le portrait de notre propre
industrie, donc, ça serait de définir qui sont les créateurs de contenus,
qu'est-ce qu'ils font? Est-ce qu'ils ont un autre «job» la fin de semaine? Est-ce
qu'ils travaillent temps plein? Ils font combien par année? C'est quoi les
projets qui les intéressent? C'est… on a vraiment un travail de fond à faire
sur l'industrie de la création de contenus pour la définir, pour la structurer
et pour la comprendre, et on travaille là-dessus tous les jours.
M. Asselin : Donc il y a de
l'ouverture pour que vous puissiez faire ça.
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Oh,
bien sûr, nous, on a un rôle de…
M. Asselin : Il y a même des
députés qui créent du contenu.
M. Morisset (Farnell) : On
les aime.
M. Asselin : Hé!
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) :
Exact. Ils servent à… informer la population et, pour nous, la création de
contenus, c'est juste un autre, un nouveau moyen de communiquer, on… La
culture, pour nous, elle se passe dans la communication, que ce soit à la télé,
à la radio ou dans les journaux, à l'écrit, en parlant à ton voisin ou bien en
faisant des pauses sur TikTok, ça reste un moyen de communication.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Maintenant, la parole est vraiment à la députée de Bourassa-Sauvé, je suis
désolé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente.Bonjour, Mme Labrosse-Héroux, M. Morisset, nous sommes
vraiment heureux de pouvoir vous accueillir ici. Donc, effectivement, donc,
bravo pour cette première intervention en commission parlementaire, je pense
que votre propos était très clair et… surtout… très éclairant sur l'industrie,
comme vous l'avez mentionné, sur laquelle nous avons, donc, très peu de données.
Je vais à mon tour revenir sur votre première recommandation parce qu'elle est
fort, et vous êtes, donc, les premiers à nous définir l'enjeu…
17 h (version non révisée)
Mme Cadet : ...donc, des
plateformes numériques, donc, fermées et ouvertes, vous l'avez mentionné M.
Morisset, là, vous êtes... vous avez créé un peu ce... cette nomenclature-là
pour bien définir les plateformes, et j'aime bien, vous me dites : les
plateformes ouvertes sont celles où la publication... ou la diffusion est
essentiellement instantanée et automatisée. Si je vous ai bien... si j'ai bien
saisi, donc... l'essence de vos échanges avec le ministre, donc, vous nous
dites, vous ne penchez pas, donc ni d'un bord ni de l'autre. Vous souhaitez que
l'intention du législateur soit clarifiée et... et à cet égard, j'avais aussi
la même interprétation que celle qui a évoqué le ministre que le projet de loi,
il semblait clair quant à l'exclusion des médias sociaux. Mais en fait, là, en
vous entendant bien, vous nous dites, en fait, le défi de clarté n'est pas tant
sur le plan législatif, mais plus considérant la nature flexible des modèles d'affaires
des plateformes elles-mêmes. Et c'est dans ce sens-là que vous dites qu'il y a
une espèce de continuum dans lequel les plateformes pourraient se... se trouver
et qui rendrait caduque, par exemple, l'exclusion que l'on retrouve à l'article
3 du projet de loi?
M. Morisset (Farnell) : Il y
a un travail de... de définition, mais ici, je pense que c'est important de
réaliser... on est... on voit ce projet de loi-ci comme étant un peu le début
des efforts de réglementation totalement légitimes de la création numérique. Et...
ce... un très petit changement ici, pourra avoir d'énormes impacts dans les
années qui suivent, en fonction des lois de la réglementation qui va se
développer autour de ça. Alors, par exemple, le projet de loi ne définit pas c'est
quoi un média sociaux. Présentement, je pense que dans l'imaginaire
populaire, oui, on a peut-être une très bonne compréhension, mais déjà avec l'exemple
de YouTube, moi j'ai l'impression qu'il y a... plusieurs de nos membres qui...
n'imaginent pas YouTube comme un média sociaux de la même façon qu'ils vont
penser à Instagram. Et éventuellement les... l'encadrement et les définitions
qu'ils vont être développés dans ce projet de loi ci vont faire des petits dans
d'autres projets de loi et on aimerait que ce soit le plus clair possible dès
le début.
Mme Cadet : OK, je comprends.
Je vous dirais, donc, qu'à l'article 4 du projet de loi, donc, on nous indique
qu'on entend par un média social : une plateforme numérique dont l'objet
principal est de permettre aux utilisateurs de partager du contenu et d'interagir
avec celui-ci et avec d'autres utilisateurs... donc en vous entendant, c'est
pour ça que je revenais, donc, sur l'aspect... sur le... le terme de la clarté,
là. Vous dites, donc, faudrait qu'on soit en mesure, donc, de mieux clarifier
les assujettis, parce qu'une plateforme comme Substack, là... vous mentionnez
dans votre mémoire Substack... vous êtes les premiers, donc, à le faire, donc,
il peut y avoir autant, donc, du contenu professionnel que du contenu... j'utilise
le terme professionnel parce que celui que nous a partagé, donc, certains
autres intervenants, mais le contenu... qui est de la... finalité, donc, d'un
certain modèle d'affaires versus, donc, du contenu, donc, qui serait partagé,
donc, librement par des usagers qui n'ont pas la prétention de monétiser, donc,
leurs pratiques de diffusion de contenu sur ces plateformes-là.
Donc, pour vous, donc, puisqu'il y a une
certaine hybridité, donc, à ces plateformes, à ce moment-là, donc elle... certaines
pourraient se sentir visées ou assujetties, et d'autres ne pas se sentir
assujetties, là. C'est un peu ce que vous nous partagez?
M. Morisset (Farnell) : Je
dirais qu'on croit que la notion de plateforme ouverte et fermée est un peu
plus utile quand on va parler de réglementation que la notion de média social
versus autres types de plateformes numériques. Je pense que c'est plus là, la
nuance qu'on veut apporter.
Mme Cadet : OK, d'accord.
Autrement, j'ai aussi été frappé par le... les statistiques que vous avez
énoncées, puis Mme Labrosse-Héroux, vous le mentionnez, vous n'avez pas
nécessairement accès à l'ensemble des données de vos membres, mais votre... la
prétention, donc, dans le rapport, c'est qu'il semblerait que la consommation de
contenu d'expressions originales en français se porte relativement bien sûr les
plateformes numériques ouvertes... en fait, j'ai envie de vous demander,
pourquoi?
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Bien...
puis, là, ça passe aussi, je pense, par le chemin d'un créateur de contenu au
Québec sur le Web, mais il y a des plateformes de base qui sont déjà un peu
plus aptes à aller chercher une découvrabilité facilement. Donc, exemple, je vous
dirais que le chemin en ce moment, classique, c'est quelqu'un se part un compte
sur TikTok qui fait du contenu, va aller chercher des vues là, il va amener son
public sur Instagram, va commencer à faire des collaborations et quand il va
être rendu à un certain niveau, va avoir un compte YouTube. Évidemment, tout le
monde ne suit pas ce chemin-là, mais je dirais que la grosse majorité, c'est
ça, sachant qu'à la fin, les gros créateurs ont des comptes YouTube, mais...
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : ...ne
se font pas nécessairement découvrir par YouTube et ont généralement du
multiplateforme, et chaque créateur de contenus a toujours une plateforme qui
va être beaucoup plus performante qu'une autre, soit par la forme du contenu
qui est posté ou, tu sais, le public qu'il essaie de rejoindre ou peu importe.
Puis c'est vraiment important de comprendre ça pour commencer à légiférer dans
ce milieu-là, j'ai l'impression. Donc, et ça, ça va... ça va soit du fait que
plus il y a des usagers sur une plateforme, plus c'est difficile de percer ou
devenir viral, si on peut dire. Donc, exemple, un marché comme Facebook, qui
est quand même ultra saturé parce qu'il existe depuis plusieurs, plusieurs
années, c'est quand même beaucoup plus difficile, maintenant, de devenir un
créateur de contenu viral sur Facebook que sur TikTok, et sur TikTok, c'est
théoriquement de moins en moins vrai, là. Voilà.
Mme Cadet : Et pourquoi c'est
de moins en moins vrai?
• (17 h 10) •
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Parce
qu'il y a de plus en plus d'usagers, tout simplement. Mais les... est-ce que
quand je regarde des créateurs de contenu québécois qui postent sur TikTok,
puis que je vais dans les commentaires, je suis capable de voir tout de suite
qu'il y a beaucoup de Québécois? Absolument. Juste par la façon dont les
commentaires sont construits ou écrits, on peut tout de suite lire si c'est un
public français québécois, si c'est un public français de France, et,
éventuellement, aussi, passer un certain niveau, nos créateurs de contenu les
plus gros ont un public énorme en France et dans tous les autres pays
francophones. La preuve de ça, c'est que notre première année du gala, on a eu
des votes dans... des votes du public pour nos nominations dans plus de 135
pays sur la planète. C'était la première fois qu'on faisait un gala, on avait
0 $ en marketing. Là, c'était juste... c'était juste nos créateurs qui ont
posté sur leur plateforme, qui ont créé 91 000 votes à travers la planète.
Mme Cadet : Wow! C'est
vraiment impressionnant.
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Puis
ça, c'est tout en français.
Mme Cadet : Donc, à cet
égard, avec les chiffres que vous avez avancés... puis là, je comprends, vous
nous dites que vous n'avez pas nécessairement de chiffre officiel parce que
vous n'avez pas les ressources pour être en mesure de documenter vous-même,
donc, tout ce qui se passe sur ce qu'on appelle communément les médias sociaux
là, sur les plateformes numériques ouvertes. Mais, dans cet esprit, selon vous,
donc, quelles sont les attentes en matière de découvrabilité de contenus de la
part des créateurs qui sont, donc, des usagers réguliers des différentes
plateformes numériques ouvertes?
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Je
ne sais pas s'ils ont vraiment des attentes. Je pense qu'ils s'intéressent
énormément à la chose et qu'eux-mêmes se considèrent comme des vecteurs de
culture francophone et québécoise. Tu sais, Cocottee, elle s'est fait inviter
au GP Explorer en France par Squeezie, qui est un des plus gros streamers de la
planète sur Twitch, en tout cas, du moins, français. C'est la seule Québécoise
qui a coursé dans la course du GP Explorer, elle a fait imprimer le drapeau du
Québec sur son casque, là. Pour moi, c'est comme les... ou Mounir, qui était à Tout
le monde en parle, cette semaine, pour aller parler de c'est quoi sa
nouvelle vision de la culture. C'est un gars extrêmement intelligent et il a
une opinion là-dessus depuis des années. Il était au rapport de la GTAAQ,
aussi, il était présent. Tout le monde s'y intéresse quand on leur pose des
questions, parce qu'on sondequand même nos membres, du moins les plus gros,
avec les ressources qu'on peut quand on peut, on se fait répondre tout de
suite, là. Il y a une participation, il y a... le mot culture revient maintes
et maintes fois dans leurs entrevues de podcast. Eux, ils ont l'impression
qu'ils sont déjà des vecteurs de la culture québécoise. Après, c'est à nous de
les reconnaître comme tels.
M. Morisset (Farnell) : Si
vous me permettez, aussi,je parle en tant que créateur de contenu
moi-même, qui est souvent en communication avec d'autres, je dirais, côté
attentes, certainement une inquiétude, c'est que la réglementation se fasse
d'une main un peu trop forte, un peu trop rapide, sans très bien comprendre la
réalité de notre monde.
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Oui,
parce que, ça, c'est quelque chose qui est très précieux aux créateurs de
contenu. Le créateur du... la création de contenu, c'est accessible à tous et
il n'y a aucune barrière à l'entrée, en ce moment. Puis, je pense que dans
notre vouloir de structurer l'industrie, il faut quand même faire attention à
cette réalité-là.
Mme Cadet : Donc, selon vous,
quel est l'avenir, quel est l'avenir de votre industrie?
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : C'est
vraiment... je ne sais même pas par où commencer.
M. Morisset (Farnell) : On
aimerait le savoir.
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) :
Exactement. Je pense que, tu sais, pour l'instant, c'est de continuer de
recruter le plus de monde possible pour être capable de sonder notre industrie,
de leur parler le plus souvent possible, de leur poser des questions, de les
sonder, de les faire participer, aussi. Juste le fait qu'on soit invités
aujourd'hui, on va faire... nous, on fait du contenu pour dire qu'on est au
projet de loi n° 109...
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : ...
le fait que le ministre ait présenté un prix aux dernières... à notre
dernière... voyons...
Une voix : ...
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) :
...au dernier gala, exact. Ça... Je voyais des gens dans la salle, pas qu'ils
avaient les larmes aux yeux, mais, tu sais, tu voyais qu'il y avait une grande
reconnaissance au sein du public d'enfin se faire voir comme quelqu'un, quelque
chose qui était sérieux et que ce n'est pas juste un passe-temps, tu sais.
Donc, tout est à construire dans notre industrie. Par contre, est-ce qu'il y a
beaucoup d'avenir? Je pense que oui, parce que l'intérêt est là. Je veux dire,
le gala a eu 31 millions d'impressions sur le Web... les médias traditionnels,
pardon, la dernière fois, 65 millions sur le Web, ça, c'est 96 millions
d'impressions pour un événement dans lequel on a investi 0 $. C'est
juste... en communications, là. C'est juste les créateurs de contenus qui ont
parlé notre événement. On sent qu'il y a un besoin de se rassembler, de parler
d'un esprit commun, donc... petit train va loin.
Mme Cadet : Merci. Je trouve
vos interventions extrêmement fascinantes, je vous remercie d'avoir pris le
temps de nous étayer la réalité des créateurs de contenu. Moi, ce que je
comprends, c'est qu'il y a une grande demande de légitimité, donc, de
légitimité de la part des institutions, puis des autorités, qu'elles soient
politiques ou qu'elles soient issues du milieu culturel, donc, on va dire
traditionnel, et qu'il y a une volonté, donc, d'interaction, mais surtout
d'intégration des créateurs de contenu à notre propre écosystème culturel
québécois parce que, manifestement, donc, nos créateurs sont très fiers de
pouvoir porter notre drapeau ici ou ailleurs.
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Absolument.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
merci à vous.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
La parole est maintenant au député de Jean-Lesage pour 4 min.
M. Zanetti : Merci beaucoup,
c'est super intéressant. Il y a beaucoup d'autres intervenants dans le projet
de loi qui, bien, qui viennent dire qu'il faudrait inclure les plateformes
numériques ouvertes, puis, parce que c'est un lieu de la culture, puis, de plus
en plus, puis j'ai l'impression qu'un projet de loi sur ces sujets-là, ça ne
passe pas souvent. Tu sais, donc, faut en profiter maintenant parce que, sinon,
peut-être que le prochain coup c'est dans 10 ans et qu'il y aura une mise à
jour, puis dans 10 ans, le monde va être complètement différent. En même temps,
j'entends que vous dites, bien, on n'est pas sûr d'avoir une position à savoir
si on veut que ça le soit. Peut être que oui, peut être que non, j'entends...
Je présume aussi que l'idée est de dire, pour vérifier si y a un problème, il
faudrait avoir des données, on n'a pas les données. Puis, en même temps, vous
dites, bien, on essaye d'en avoir des données, tout ça. Moi, ma question,
c'est, parce qu'il y a beaucoup de données dont vous avez sûrement besoin que,
bien, c'est des compagnies qui ne veulent pas nécessairement les donner, il y a
du secret industriel là-dedans tout ça, y a-tu... Est-ce que vous avez tous les
outils pour obtenir des données, pour avoir un portrait vraiment de la création
de contenu au Québec, ou est-ce que ça vous prendrait un... un outil législatif
de plus pour, comme, pouvoir exiger certaines données que, sinon, on... vous
n'êtes pas capables de les obtenir de même, par de gré à gré.
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Honnêtement,
les membres sont extrêmement généreux, en ce moment, sur leurs propres
informations. On travaille beaucoup avec la SODEQ, en ce moment, pour
possiblement un projet pilote là-dessus et j'ai dû sonder quelques créateurs de
contenu sur s'ils sont incorporés, s'ils font un minimum d'argent par année,
combien coûtent leur coûts de production, qu'est ce qu'ils feraient s'il y
avait du financement public, tu sais... Les plus gros m'ont répondu en à peu
près trois minutes, là, en DM Instagram. C'est ça notre réalité. Donc, ça
peut... ça peut paraître drôle, dit de même, mais on voyait déjà qu'il y avait
un intérêt à répondre à cette question extrêmement rapidement, parce qu'ils
savent qu'est-ce qui pourrait s'en venir pour eux, tu sais. Puis, ça fait que,
je pense que sonder nos propres membres fonctionnerait, sans même passer par
des données externes. Je n'ai pas vraiment besoin que, tu sais, TikTok me
partage ses propres données, je peux demander à Emy Lalune directement, tu
sais.
M. Zanetti : Je comprends.
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) :
Voilà.
M. Zanetti : Pour ce qui est,
par exemple, des métadonnées, comme, pour avoir un portrait de, disons, je ne
sais pas si le verbe consommer est le bon, mais, est-ce que, ce que visionne,
ce que regarde, ce qu'apprécie le public québécois, est-ce qu'il y a, comme...
on est capable de le voir en musique sur les plateformes, mettons, bien, il n'y
a vraiment pas beaucoup de contenu québécois ou francophone qui est écouté? Là,
on... pour avoir ces métadonnées-là, peut-être, ça pourrait être intéressant de
voir, après ça, si... peut-être que la... il n'y a absolument aucun problème de
découvrabilité pour les créateurs de contenu québécois. Peut-être que oui,
peut-être que non, on ne sait pas. Puis, s'il y en a un problème, puis qu'on
légiférait, ça irait clairement dans le sens de favoriser la découvrabilité des
créateurs créatrices de contenu québécois, ça fait que j'imagine...
M. Zanetti : ... mon préjugé,
c'est qu'il serait probablement en faveur. En même temps, j'entends la crainte
de : Oui, mais là, ils doivent se dire que nous autres, si on ne comprend
rien de tout ça et qu'on risque de faire des affaires pas bonnes, tu sais,
qu'ils sont comme pas ajustés à la réalité, fait que... en tout cas, c'est un
beau dilemme, là. Moi, j'ai l'impression qu'on va... y va avoir des
propositions en ce sens-là, tu sais, qui est comme le début de quelque chose
comme une légifération peut-être, avec des règlements plus finement établis en
collaboration avec ceux qui... celles et ceux qui connaissent ça, donc, vous
autres, mettons.
• (17 h 20) •
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) : Si
je peux me permettre, j'ai rencontré beaucoup, beaucoup d'organismes culturels
dans les derniers six mois pour parler de culture et essayer de bâtir des
ponts, puis presque tout est à refaire, OK? Donc, c'est plate à dire comme ça,
mais quelque chose qui fonctionne, modelé dans l'UDA, présentement, on ne peut
pas l'exporter dans notre réalité simplement parce qu'il n'y a pas de ponts directs
à bâtir, tu sais. Je vous donne un exemple avec l'UDA, très simple,
mais... l'UDA... les cachets de l'UDA, si je ne me trompe pas, sont basés sur
des budgets de production. Nos budgets de production sont beaucoup moins élevés
que les budgets de production télé. Fait que, là, le cachet est un peu
désuet... comme ça. Là, en ce moment, nous, notre problème, c'est plus que
quand tu fais une pub pour un... ou que tu fais du contenu, bien à 10 000 vues
ou 3 millions, tu es payé le même cachet. Fait que, là, est-ce que... on... on
légifère à la performance, si oui, comment on fait ça? Ensuite de ça, quelqu'un
qui part un... un balado qui n'est même pas rémunéré pour faire son propre
balado... il va tu payer 400 $ le musicien qui passe sur son balado? Bien,
non, il ne fait pas d'argent... comme il y a tellement de...
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
vous ai laissé aller, déjà...
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) :
Oui...
La Présidente (Mme Bogemans) :
presque une minute au-dessus du temps.
Mme Labrosse-Héroux (Laurence) :
Je suis désolé. Mais bref, vous comprenez ce que je veux dire.
La Présidente (Mme Bogemans) : Donc,
merci beaucoup de votre participation, c'est très intéressant. Maintenant, on
va suspendre quelques instants pour accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 17 h 22)
(Reprise à 17 h 25)
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
souhaite la bienvenue à l'Association québécoise de la production médiatique.
Vous disposez de 10 minutes pour faire votre présentation. Par la suite, il y
aura une période d'échange avec l'ensemble des députés. Donc, vous pouvez
commencer dès maintenant.
Mme Messier (Hélène) : Merci.
Bonjour et merci à tous de nous recevoir. Je suis Hélène Messier, présidente
directrice générale de l'Association québécoise de la production médiatique et
je suis accompagnée de mes collègues, Annie Provencher, responsable des
affaires réglementaires et de la veille stratégique, et Anne-Valérie Tremblay,
responsable du financement et des services aux membres. L'AQPM regroupe,
représente et conseille plus de 150 entreprises québécoises de production
indépendantes en cinéma, télévision et en web, soit la vaste majorité des
entreprises du Québec produisant et coproduisant des contenus audiovisuels pour
tous les écrans en langue française, anglaise et autochtone. Les membres de
l'association sont titulaires des droits sur une variété imposante de contenus
culturels de langue originale française. Fermement ancrée dans l'identité
québécoise, l'AQPM est donc heureuse de participer aux travaux entourant le
projet de loi n° 109 et de réitérer son appui à ses objectifs.
Mme Tremblay (Anne-Valérie) : En
déposant le projet de loi n° 109, le gouvernement reconnaît à juste titre l'influence
croissante des plateformes numériques et des appareils connectés sur la manière
dont les Québécoises et les Québécois accèdent aux contenus culturels. Dans un
environnement où l'offre est quasi illimitée, la découvrabilité des contenus
audiovisuels québécois de langue originale française est devenue un enjeu de
premier ordre pour notre industrie. Le projet de loi arrive ainsi à point
nommé, mais il doit également s'inscrire dans une stratégie plus large d'appui
à la création des contenus audiovisuels nationaux, à leur production et à leur
promotion, comme le préconise le rapport du Groupe de travail sur l'avenir de
l'audiovisuel au Québec, déposé en septembre dernier.
L'AQPM rappelle que pour que la production
audiovisuelle québécoise de langue originale française soit visible pour les
auditoires, elle doit avant tout exister. Ça signifie qu'une offre abondante de
contenus de qualité, bien financée et diversifiée, doit être disponible sur
tous les écrans. Les œuvres télévisuelles et cinématographiques nationales
doivent bénéficier de moyens financiers leur permettant de se démarquer auprès
des publics nationaux et étrangers, particulièrement celui de la jeunesse.
Conséquemment, l'AQPM se réjouit de la portée du projet de loi n° 109, qui
tient compte de l'évolution des habitudes de consommation de contenus
audiovisuels. Nous saluons, notamment, son application aux téléviseurs
connectés, à l'instar d'autres juridictions dans le monde. Considérant que plus
de 3 adultes québécois sur 4 possèdent une télévision connectée et que 9 jeunes
Québécois sur 10 résident désormais dans un foyer équipé de ce type d'appareil,
l'ampleur de leur pénétration dans les foyers ne pouvait être ignorée. La
présence ou l'absence d'un service sur un téléviseur connecté peut avoir un
impact décisif sur son accessibilité et sa visibilité auprès des Québécoises et
des Québécois.
Mme Provencher (Annie) : Au
même titre que la télévision connectée, les médias sociaux sont aussi de plus
en plus ancrés dans les habitudes de consommation de contenus audiovisuels,
particulièrement chez les jeunes. En effet, près de 7 Québécois adultes sur 10
ont visionné une vidéo sur YouTube de façon mensuelle en 2025, alors que pour
les Québécois de 2 à 17 ans, cette proportion grimpe à 8 jeunes sur 10. Il
s'agit de la même proportion que celle des jeunes Québécois ayant visionné un
service de vidéo sur demande par abonnement, comme Netflix, est plus élevée que
celle concernant l'écoute de la télé traditionnelle à l'aide d'un téléviseur
par des jeunes Québécois. L'examen des fonctionnalités de YouTube illustre,
d'ailleurs, de manière éclairante le double rôle occupé par certains médias
sociaux, à la fois comme espace d'interaction entre utilisateurs et comme
plateforme d'offre de contenus culturels. YouTube héberge, par exemple, de
nombreuses chaînes et contenus, parmi lesquels certains sont mis de l'avant.
Afin de rappeler les objectifs du projet de loi, des chaînes présentes sur
YouTube qui proposent du contenu de langue originale française telle que celle
de Radio-Canada, Télé-Québec et Noovo, pourraient figurer parmi celles qui
devront bénéficier d'une découvrabilité accrue sur YouTube. Étant donnée
l'importance des médias sociaux, particulièrement chez les jeunes, il est donc
impératif pour l'AQPM que le projet de loi énonce clairement qu'il s'applique
aux médias sociaux dans le cadre de leurs activités, lorsque ces dernières sont
similaires à celles offertes par les plateformes en ligne qui sont incluses...
Mme Messier (Hélène) : Le
projet de loi cible de façon large les contenus d'expressions originales de
langue française. Il nous semble important de relever que pour le secteur de
l'audiovisuel, il existe un danger réel que les contenus québécois soient noyés
dans un océan de productions originaires de France et d'autres pays produisant
des œuvres en langue originale française, notamment sur les grandes plateformes
étrangères. Ainsi, si le gouvernement souhaitait imposer un seuil de contenus
audiovisuels en langue originale française, il n'y aurait aucune garantie que
les diffuseurs en ligne choisiraient des œuvres québécoises pour répondre à ces
exigences. L'AQPM recommande, donc, que le gouvernement prévoit dans ses
règlements des mesures applicables de façon spécifique aux œuvres québécoises
pour s'assurer de la découvrabilité du contenu national. Il ne doit absolument
pas fermer la porte à cette opportunité de mettre en valeur le contenu qui nous
distingue comme société.
• (17 h 30) •
De plus, on retrouve dans le projet de loi
une mention relative aux contenus disponibles dans une version française. Nous
nous étonnons d'une telle inclusion qui semble élargir ainsi la portée du
projet de loi aux œuvres sous-titrées ou doublées en français. Favoriser la
découvrabilité d'œuvres créées originalement dans une autre langue que le
français ne rencontre pas les objectifs de la loi, et c'est pourquoi nous
recommandons de supprimer ces références.
Le projet de loi propose également la
possibilité pour une plateforme numérique de conclure une entente prévoyant des
mesures de substitution aux obligations de la loi. Étant donné le large
éventail de mesures possibles et leurs répercussions sur les différents...
secteurs culturels visés, l'AQPM estime important que celle-ci soit l'objet
d'un processus public afin de s'assurer qu'elle réponde adéquatement aux
objectifs du projet de loi.
Enfin, l'AQPM salue l'attention exprimée
par le ministre de demander aux entreprises visées de lui fournir des
renseignements qui lui permettront de suivre l'évolution de la présence de
la... de la présence, de la découvrabilité et de la consommation des contenus
culturels d'expressions originales de langue française dans l'environnement
numérique au Québec.
L'AQPM estime toutefois que le délai prévu
de trois ans pour faire rapport au gouvernement de cette évolution est beaucoup
trop long et ne permet pas de pouvoir réagir rapidement aux nombreux
changements qui transforment en continu l'environnement numérique. L'AQPM
recommande que ce rapport soit déposé par le ministre au gouvernement à une
fréquence annuelle. Il ne faut pas manquer notre cible qui est de protéger et
de mettre en valeur le contenu culturel de langue originale française, produit
ici au bénéfice de nos créateurs, de notre industrie et des auditoires nationaux.
Nous sommes maintenant prêtes à répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
La parole est maintenant à M. le ministre, pour 16 minutes 30.
M. Lacombe : Merci beaucoup.
Merci à vous trois d'être... d'être avec nous. C'est toujours un plaisir
d'échanger avec vous, à l'AQPM. Vous êtes des... des professionnels qui
connaissez bien le milieu. D'ailleurs, je tiens à vous souligner que mon équipe
m'a dit beaucoup de bien de votre mémoire, qui est très complet et très professionnel.
Donc, merci... merci pour la qualité de ce que vous avez déposé.
Je commencerais peut-être avec une
première question sur... sur les médias sociaux parce que vous suggérez
d'inclure les plateformes numériques, donc, incluant un média social qui offre
un service de visionnement ou un service d'écoute. Et j'ai envie de vous
demander, c'est une discussion qu'on a... avec beaucoup d'intervenants depuis
le début de la commission à cette question des médias sociaux. Qu'est-ce qui
serait couvert, selon vous, sur ces médias sociaux? J'aimerais peut-être vous
entendre un peu plus là-dessus.
Mme Messier (Hélène) : Annie.
Mme Provencher (Annie) : Oui,
à notre avis, ce qui devrait être couvert, c'est justement les activités qui
s'apparentent à celles offertes par des plateformes comme Netflix et Prime. Par
exemple, sur YouTube, on retrouve des carrousels, des sections, des onglets
thématiques. On pense que des obligations de visibilité pourraient être
appliquées dans ces portions-là... des activités de YouTube par exemple...
surtout YouTube, mais il ne faut pas oublier qu'il y a TikTok aussi... présente
aussi... des... des types de contenus qui se professionnalisent, donc, les
obligations de visibilité qui pourraient s'appliquer, donc... à Netflix ou Prime
pourrait... notre avis s'appliquer de la même façon à YouTube, par exemple.
YouTube, au-delà des chaînes qu'il propose, il recommande aussi des contenus
dans ses onglets. Si on fait une recherche, il va nous... faire apparaître une
recherche de contenus dramatiques qui va nous faire apparaître les contenus
dramatiques que son algorithme nous propose, donc, on pourrait...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Provencher (Annie) : ...
prévoir une mesure qui ferait en sorte que l'algorithme pourrait privilégier,
comme le commissaire de langue française disait précédemment aujourd'hui, en
fonctionnant avec les algorithmes, on pourrait privilégier certaines formes de
contenus, comme des contenus de langue française, ou québécois de langue
française.
Mme Messier (Hélène) : Comme
le commissaire l'a souligné, la loi est très large et prévoit un cadre qui est
très large et c'est très bien parce que ça conserve toute l'agilité de la loi
qui va être adaptée au fur et à mesure que la réglementation va être... va être
présentée, va être proposée par le gouvernement. Et je pense que c'est
important, donc, de ne pas fermer cette porte-là pour justement avoir cette possibilité,
qu'on le fasse maintenant ou qu'on le fasse un peu plus tard, de pouvoir
inclure certaines portions des activités des médias sociaux dans... avec des
obligations de visibilité, de découvrabilité.
M. Lacombe : Je comprends, puis
j'aurais une question, justement, pour vous, par rapport à ce que le Commisaire
nous a dit, je voudrais vous... Je vais vouloir vous entendre sur une de ces
propositions, mais, juste pour terminer sur ce point-là, quand vous dites, bon,
YouTube, je pense qu'on le conçoit bien, qu'on le conceptualise bien, on le
visualise bien. Si on parle de TikTok, d'Instagram, de Snapchat, par exemple,
où il y a des contenus vidéo qui sont proposés, souvent, qu'on peut faire
défiler, est-ce que, dans votre esprit, ça devrait aussi s'appliquer, là? Et,
si oui, de quelle... de quelle façon, comment vous l'imaginez?
Mme Messier (Hélène) : Je
pense que ça peut se faire d'une façon similaire, puis, oui, c'est important
parce qu'on peut quand même faire des... De plus en plus, on s'en va vers des
formats très courts pour intéresser les jeunes et je pense que c'est important,
justement, dans les algorithmes, notamment, de recommandation, de pouvoir avoir
des obligations que, je ne sais pas moi, sur tant de pourcentage, sur tant de
recommandations, on est peut-être tant de pourcentage de contenu francophone
qui soit recommandé. Oui, on trouve ça tout à fait important, c'est... c'est
des plateformes, même pas d'avenir, c'est des plateformes actuelles qui sont
déjà très utilisées, c'est là que se retrouvent les jeunes, alors, c'est le
public qu'on veut sensibiliser à la culture québécoise, alors ça, nous semble
très important de les inclure, puis d'avoir des discussions, justement, au fil
des temps, au fil du temps, puis c'est une préoccupation qui est mondiale, donc
on va aussi apprendre les règlements, ils ne seront pas établis dans trois mois,
donc, mondialement, on commence à s'intéresser à ces questions-là et je pense
qu'il y a des solutions qui vont se dessiner pour pouvoir les réglementer.
M. Lacombe : Mais il y a
quand même des défis qui sont... qui sont très différent sur ces plateformes-là.
Souvent, quand on fait défiler le contenu, il y a des... il y a des vidéos,
donc en format très court, verticaux, là, vous voyez ce que je veux dire, quand
on les fait défiler, qui, souvent, n'ont pas, c'est-à-dire, n'ont pas de parole,
souvent ça va être une mise en situation avec, bon, une trame musicale, il va y
avoir des vidéos qui vont être un peu plus cocasses... Comment, à ce moment-là,
on établit ce qui est une production originale de langue française si on n'y va
pas avec la territorialité. Donc là, il y a quand même un défi qui m'apparaît
très, très différent de ce à quoi on s'attaque à la base avec le projet de loi,
avec les grandes plateformes de diffusion. Je ne sais pas si vous avez un avis
sur cette question-là, parce que vous me dites qu'on devrait, vous venez de
nous dire qu'on devrait s'atteler à cette tâche-là, aussi. Je serais curieux de
voir comment vous le conceptualiser, encore une fois.
Mme Messier (Hélène) : On
pourrait peut-être revenir, éventuellement, sur la notion de territorialité,
parce que je nuancerai avec ce que le professeure Guèvremont vous a dit hier, mais,
indépendamment de ça, il y a quand même des instances, que ce soit la SODEQ,
que ce soit le CRTC, on a des définitions de contenus pour identifier ce qui
est par exemple un contenu québécois, un contenu canadien et ça peut partir,
par exemple, des créateurs, des principaux créateurs. Qui est le détenteur de
la propriété intellectuelle? Qui sont les principaux interprètes? De quelle
nationalité sont les principaux interprètes? Donc, il y a quand même des
critères qu'on peut développer qui existent déjà, en se basant, notamment, sur
les principaux postes créatifs et sur la propriété intellectuelle. Je ne sais
pas si une de mes collègues veut rajouter quelque chose, mais...
M. Lacombe : Mais sinon, moi,
je serais curieux de vous entendre, tout de suite, sur ce que professeure
Guèvremont nous a parlé hier, parce que c'est quand même... Je suis curieux de
savoir ce que vous avez à dire là-dessus, parce que c'est quand même à la base
de l'architecture du projet de loi, cette notion-là, à l'effet qu'on est mieux
de ne pas viser la territorialité, donc les contenus québécois, mais plutôt d'y
aller avec la langue, pour, entre autres, respecter les accords commerciaux que
le Canada a signés. Qu'est-ce que vous avez, oui, à dire là-dessus?
Mme Messier (Hélène) : Oui, j'ai
un avis là-dessus. Je pense que le projet de loi vous permet...
Mme Messier (Hélène) : ...mais
déjà, parce que vous avez, à l'article 20, sixièmement, cette possibilité d'avoir
des mesures spécifiques pour certains types de contenus. Alors, je pense que
dans votre réglementation, vous pourriez déjà avoir des règlements spécifiques
pour le contenu québécois. Ce que nous disent les accords de commerce, dans le
fond, c'est qu'on a... on a l'exception culturelle, oui, le commissaire en a
parlé, aussi, de l'article 20, sixième alinéa. À la fin, on prévoit qu'on peut
faire des mesures, des normes particulières pour certains types de contenus
spécifiques. Alors, à notre avis, vous avez déjà cette possibilité, si vous
vouliez l'utiliser, qui apparaît dans la loi, de distinguer certains contenus,
types de contenus, de langue française. Sinon, bien, si vous ne vous partagez
pas cette interprétation-là, on aimerait aussi que vous vous laissiez la porte
ouverte.
• (17 h 40) •
Si j'en reviens aux accords commerciaux,
les accords commerciaux qu'on signe, évidemment, on vise plus l'ACEUM, là,
parce que la menace, c'est la réaction américaine. Alors, on a une exception
culturelle. Techniquement, l'exception culturelle permet au Québec, permet au
Canada d'adopter les mesures culturelles qu'elle, qu'il souhaite bien, que les
niveaux de gouvernement souhaitent adopter pour protéger leur culture. Le
problème n'est pas là, donc, on pourrait le faire en fonction de la langue, en
fonction du territoire, en fonction, parce que le CRTC, c'est ce qu'il fait,
puis il détermine du contenu canadien. Puis à l'intérieur de ça, il va
déterminer des contenus autochtones, des contenus des minorités, des contenus
de langue française. Mais il s'attarde aux œuvres canadiennes, donc il fait
déjà une réglementation par territoire. Ce qu'on craint, c'est l'utilisation de
la clause de représailles. Puis, ce que semble dire le professeur Guèvremont,
c'est qu'on est plus à risque de se faire taxer de discrimination, donc, on
utilise la mesure de représailles si on y va par territoire plutôt que par
langue. Je pense que de toute façon, à partir du moment où on attaque, où on
essaie de réglementer quoi que ce soit dans le modèle d'affaires des
plateformes américaines, on est à risque. Peu importe ce qu'on va faire, peu
importe que ce soit par territoire, peu importe que ce soit par langue. Si on
regarde en Europe, ils ont agi à l'intérieur, ils n'ont pas de clause de représailles.
Ils ont agi avec des critères linguistiques, la plupart du temps européens,
puis, après ça, linguistiques, ils distinguent entre les contenus espagnols,
les contenus français, les contenus flamands. Mais ça n'a pas empêché M. Trump
de dire qu'il souhaitait que cette réglementation-là soit abolie. Donc, je
pense qu'on a des craintes qui sont, qui ne sont pas justifiées, que ça soit
pire d'avoir une législation qui soit par territoire ou qui soit par langue,
parce que, de toute façon, à partir du moment où les plateformes américaines
vont se sentir menacées que ce soit par les biais des accords de commerce, par
le biais de tarifs, par le... le biais d'intimidations, comme ils l'ont fait
sur la taxe sur les services numériques, ça va poser problème et ils risquent
d'y avoir une contestation, qui soit soit devant les tribunaux, soit en
fonction des accords mondials de commerce. Donc, je ne pense pas qu'une mesure
nous protège nécessairement mieux qu'une autre. Et je pense que le Québec
devrait être audacieux et s'affirmer culturellement pour défendre, en
particulier, le contenu québécois à l'intérieur d'un quota plus grand d'oeuvres
d'expression française générale, mais avec des particularités pour le contenu
québécois.
M. Lacombe : Excellent! Bon,
bien, c'est une bonne analyse, comme vous nous y avez habitués, Mme Messier,
donc, c'est intéressant, on prend note de ça. Il me reste cinq minutes. Je ne
sais pas si j'aurais des collègues qui voudront poser une question, mais je
vais y aller avec une... je vais aller avec une autre question, peut-être une
précision. Vous nous dites, et c'est la recommandation numéro 3 dans votre
liste de recommandations, la page 19, à la fin, considérant l'évolution rapide
des modèles d'affaires des acteurs de l'environnement numérique, le
gouvernement devrait exercer une veille en continu lui permettant d'évaluer si
un média social offre des services permettant d'accéder à du contenu culturel
en ligne. Qu'est-ce que, qu'est-ce que vous voulez dire, exactement, quand vous
dites en continu? Bon, ça... pouvez-vous développer un peu là-dessus?
Mme Messier (Hélène) : Annie?
Mme Provencher (Annie) : Bien,
ça a un lien avec les obligations de rapport, en fait, que... le rapport qui
sera déposé en vertu de l'article 33, à travers les données...
M. Lacombe : Donc, à chaque
année.
Mme Provencher (Annie) : À
chaque année, oui, parce que, bon, on parle beaucoup de YouTube, qui est un
média social qui nous paraît vraiment, évidemment, reprend des fonctions de,
des plateformes comme Netflix, mais peut être qu'il y en aura d'autres qui vont
ajouter des fonctionnalités, des...
Mme Provencher (Annie) : ...
d'offres bonifiées. Et ça, ça change... ça change de façon continue. Netflix
vient d'annoncer qu'une portion qui permet des échanges entre utilisateurs.
Donc, c'est... c'est le point, là, qu'on... qu'on avançait, là, avec cet
article 3.
Mme Messier (Hélène) : On
pense qu'une réaction de trois ans serait une réaction trop...
Mme Provencher (Annie) : Oui.
Mme Messier (Hélène) : ...
tardive, si on publie...
M. Lacombe : OK.
Mme Messier (Hélène) : ... des
données aux trois ans, alors c'est...
Mme Provencher (Annie) :
Exactement.
Mme Messier (Hélène) : ...
c'est relié à ça, notamment.
M. Lacombe : Donc, notre
proposition était trois ans. Vous, vous proposez un an, puis quand vous dites
«en continu»... «l'évaluation en continu» pour vous, dans le rapport, avec
votre proposition de le faire à chaque année... c'est ce que vous voulez dire,
là, évaluation en continu?
Mme Messier (Hélène) : Oui,
mais, on a aussi un Bureau de la découvrabilité qui est quand même chargé de
mesurer si les objectifs sont atteints. Donc, ça pourrait être une des
fonctions de... du Bureau de la découvrabilité de faire de la veille ou ça
pourrait être une des fonctions de l'Observatoire de la culture aussi. Donc,
tous ces gens-là recueillent de l'information sur les pratiques culturelles et
je pense qu'on doit veiller particulièrement à ces pratiques-là.
M. Lacombe : Vous avez bien
raison. Merci beaucoup à vous trois. Je vais laisser la parole à un de mes
collègues de ce côté-ci. Merci beaucoup.
Mme Messier (Hélène) : Parfait.
La Présidente (Mme Bogemans) : M.
le député de Saint-Jean.
M. Lemieux : Combien de temps,
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bogemans) : 3
minutes 15.
M. Lemieux : Merci, c'est
parti.
La Présidente (Mme Bogemans) :
3 minutes 10.
M. Lemieux : Mesdames,
Messieurs... bonsoir. Bien, oui, on est presque bonsoir. Bonjour, Mesdames.
Mesdames, Messieurs, prenez le pas personnel, mais vous avez tellement bien
expliqué la partie commerciale... risques... tout ça. Quand je me suis mis à
penser aux groupes qui étaient là avant, puis d'autres groupes avant
celui-là... est-ce qu'on... pas qu'on ne fait pas fausse route... est-ce qu'en
focusant beaucoup sur la découvrabilité, puis à qui... sur quelle plateforme...
on ne perd pas un peu de vue le contenu lui-même? Est-ce que... est-ce qu'il
n'y a pas un moment où on devrait regarder si le contenu il est... pas payant
entre guillemets, mais commercialisable et, donc, fait l'objet de profits...
ou... potentiellement... je connais du monde qui font des fortunes sur...
YouTube, mais d'autres qui n'ont jamais vu une cenne puis qu'ils ne la verront
probablement jamais non plus.
Il y a plusieurs catégories. Sans
vouloir faire de snobisme de contenu, puis il y a des gens extrêmement
populaires qui ne vont pas chercher de l'argent nécessairement avec leur
contenu, puis qui mériteraient peut-être d'être découverts à travers la
planète, mais en attendant, ils font ça... ils ne font pas ça pour ça. Est-ce
qu'il y a cette dimension-là? Puis, je ne veux pas parler de qualité parce que,
là, ça nous amène ailleurs, mais par rapport à la culture, par rapport aux
plateformes fermées. Quand on arrive dans des plateformes à la YouTube, est-ce
qu'on n'est pas un peu dans un... dans des eaux un petit peu... pas troubles,
mais plus difficiles à suivre et, donc, plus difficiles à gérer pour un projet
de loi?
Mme Messier (Hélène) : Oui,
c'est ce que je... c'est ce à quoi je pensais quand j'écoutais les intervenants
précédemment. C'est très difficile à définir qu'est-ce qu'on voudrait capturer
parce que pour les... je pense, les créateurs numériques, l'Internet, c'est un
espace de liberté. Et il faut qu'on réussisse à conjuguer ça avec les
obligations aussi de livrer un contenu qui respecte les lois, qui n'est pas...
qui n'enfreint pas les lois sur le droit d'auteur. On parle de filet social
pour les artistes, bien, le contenu professionnel que mes membres produisent,
bien, il est encadré par 18 ententes collectives. Donc, c'est compliqué de dire
comment on fait pour... je ne dis pas que le problème est simple. Ce que je
dis, c'est qu'il faut laisser la porte ouverte et je pense qu'elle l'est déjà
dans le projet de loi actuel, pour se dire, on va se pencher sur ces
questions-là, éventuellement... sur les questions de médias sociaux. J'ai dit
que la porte était ouverte, la porte n'est pas ouverte, les médias sociaux sont
exclus. Je pense qu'il faut les inclure pour justement se poser ces
questions-là.
M. Lemieux : Au cas où, sans
nécessairement... faire appliquer toutes les règles aux médias sociaux, mais
que le ministre puisse se garder dans des règlements, la capacité de le faire.
Mais ça me ramène, je vous écoute puis je suis en train de me dire c'est comme
la fameuse affaire, ça, de : «Qu'est-ce qu'un journaliste»? Et puis, on ne
l'a jamais trouvé, fait qu'on l'a jamais fait. Parce que si...
Mme Messier (Hélène) : Est-ce
qu'Infoman est un journaliste ou non...
M. Lemieux : Voilà.
Mme Messier (Hélène) : ... ou
est-ce que Guy A. est un journaliste ou non, oui.
M. Lemieux : Oui, sauf qu'Infoman,
il est à la TV, il est cher payé, puis en plus, il y a une équipe de production
syndiquée puis toute l'affaire. C'est là où je me demande si il n'y a pas une
notion qu'on devrait essayer de trouver sur ce que c'est que cette création-là.
Une étiquette qui me... permettrait de dire : «Bien, c'est pour... c'est
pour faire de la commercialisation potentielle», ou «C'est pour faire des
profits à brève échéance», mais pas nécessairement dans la dimension où on
l'entend quand on parle d'ententes internationales.
La Présidente (Mme Bogemans) : ...
c'est tout le temps qu'on avait...
Mme Messier (Hélène) : Je
pense qu'il va falloir trouver des mesures adaptées. Si on regarde au CRTC dans
la Loi sur la diffusion en ligne, on a essayé d'établir des critères justement,
d'expectative de revenus de... on a essayé de mettre des critères aussi, mais
je pense qu'il va falloir...
La Présidente (Mme Bogemans) :
C'est... je suis désolé...
Mme Messier (Hélène) : que ça
soit défini...
Mme Messier (Hélène) : ...les
gens concernés.
La Présidente (Mme Bogemans) : Vous...
vous pourrez probablement continuer avec le prochain groupe, mais la parole est
maintenant à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Messier, bonjour, mesdames.
Mme Messier (Hélène) : Bonjour,
Mme Cadet.
• (17 h 50) •
Mme Cadet : Oui, merci
beaucoup pour votre présentation, puis, effectivement, pour votre mémoire
extrêmement étoffé. Je vais, moi aussi, poursuivre la lancée, donc, sur la
question des médias sociaux, là, un peu à l'instar de nos précédents
intervenants. Donc... vous nous dites, donc, il y a, donc, une... vous nous
préciser dans votre mémoire que la question de l'inclusion, de l'exclusion des
médias sociaux, là, nonobstant, la définition qui en est faite dans le mémoire
peut prêter flanc, donc, à une certaine confusion et vous nous... présenter
certaines propositions d'amendement dans votre mémoire, mais je vais peut-être
vous amener, donc, sur la question du comment, donc, aussi. Donc, oui, donc on
parle, donc, d'une ligne, donc, très, très mince, avec des médias sociaux, des
plateformes numériques ouvertes, peut-être, pour reprendre les termes de
l'ACRÉA, comme YouTube ou Instagram, etc., et, je me pose la question depuis
tantôt sur... disons qu'on laisse... qu'on se laisse une porte ouverte pour
pouvoir les inclure dans le projet de loi, que ces plateformes, donc, auraient
à s'enregistrer, donc, auprès du ministre afin, donc, de leur proposer, donc,
une certaine forme d'encadrement. J'ai abordé peut-être un sujet, donc, qu'on a
peut-être moins exploré, en fait, quel type de contenu de langue française,
selon vous, donc, devrait être découvert. Est-ce que, selon vous, donc, on
devrait parler exclusivement de productions financées, là, de productions
professionnelles financées, ou est-ce que, par exemple, donc, le contenu des
créateurs de contenus, là, comme on vient d'entendre, le contenu, disons moins
professionnel... qui est rédigé en langue française, qui créé en langue
française, devrait aussi être rendu visible par ce type... selon vous.
Mme Messier (Hélène) : La
question à 100 000 $ : qu'est-ce que du contenu professionnel?
Qu'est-ce que du contenu qui est moins professionnel? J'avoue que j'aurais de
la misère, à ce stade-ci, à tracer une ligne dans le sable. Je ne sais pas,
Annie, si tu as une suggestion par rapport aux lectures que tu as pu faire,
mais c'est sûr que ce n'est pas... ce n'est pas facile, mais je pense qu'on est
quand même capable, à partir du moment, notamment, où ça génère des revenus, à
partir du moment où on engage des acteurs professionnels, où il y a un
encadrement... Mais, je pense qu'on sait instinctivement que des vidéos de
chats ne sont pas des contenus professionnels, donc on le sait qu'il y a des
contenus qui sont destinés, je dirais, à circuler plus librement, mais en même
temps, j'entends des créateurs numériques, puis avec raison, qui veulent être
reconnus, qui veulent être possiblement financés, alors, en contrepartie,
qu'est-ce qu'ils vont offrir comme critères de professionnalisation? Parce que,
si on les finance, il va falloir établir ce genre de critères là. Le Fonds des
médias du Canada a commencé à financer certains contenus, donc, est-ce que
c'est en termes d'auditoire, en termes de portée? Écoutez, pour le moment, je
ne sais pas.
Mme Cadet : Mais vous
comprenez ma... oh, allez-y, allez-y, oui.
Mme Provencher (Annie) : Oui,
bien, au niveau fédéral, avec la loi sur la radio diffusion qui a été
modernisée, on a tenté de circonscrire un contenu qui serait professionnel,
dans le projet de loi C-11, donc, ça, avec ces critères, est-ce que ça génère
des revenus? Je ne les ai pas en tête exactement, mais il y a trois critères
qui avait été établi pour essayer de cibler ces contenus-là.
Mme Cadet : Merci... J'allais
simplement complété en disant si vous comprenez ma question, on sait qu'ici,
depuis deux jours, puis on entend, puis à juste titre, je pense que la
réflexion est extrêmement intéressante, on se pose la question sur l'inclusion
ou l'exclusion des médias sociaux comme plateforme en tant que telle, puis on
entendu professeure Guèvremont nous dire qu'il y aurait peut-être un motif de
discrimination, aussi, si on tend à définir différents types de plateformes
numériques, mais, a contrario, je dis, donc, disons qu'on a, donc, qu'on se
dit, donc, qu'on les inclut dans la portée du projet de loi et que ce serait
des plateformes qui seraient appelées à être enregistrées auprès du ministre,
de là découle la question sur les obligations par la suite, donc... oui, donc,
peut-être que ces plateformes-la seraient appelées à s'enregistrer, mais,
maintenant, donc, quels types de contenus devraient être découverts? Est-ce que
c'est l'ensemble du contenu francophone? Est-ce qu'on se créerait, donc, c'est
cette ligne-là qui est manifestement poreuse entre le contenu qui est... qui
est professionnel ou non...
Mme Cadet : ... donc, de
contenus financés. Puis, si je vous entends, vous dites, donc, la question,
elle est quand même... nous sommes dans une période où ce sont, donc, des
concepts qui sont appelés à se définir et à se préciser. Et à ce stade-ci, on
n'a pas toujours toutes ces réponses.
Mme Messier (Hélène) : Non,
effectivement, on n'a pas toutes ces réponses, puis il y a plusieurs nations...
pays qui se penchent aussi sur ces questions-là, sur l'encadrement des médias
sociaux. Bien, je pensais à la recommandation du commissaire d'y aller par le
biais des algorithmes. Je pense que ça peut être des recommandations de
contenus similaires francophones. Il y a, peut-être, des façons de procéder en
disant : si, moi, je recherche, sur YouTube, tel type de contenus et qu'on
m'en propose plusieurs recommandations, à ce moment-là, une obligation que
parmi ces recommandations, il y ait du contenu francophone qui soit proposé,
sans nécessairement qualifier ce contenu-là, mais juste pour offrir une plus
grande variété, puis l'offrir en langue française. On peut, peut-être,
commencer par la simplicité, donc, par quelque chose de relativement simple à
appliquer, sans porter de jugement sur la qualité ou la nature du contenu.
Mme Cadet : Merci. Puis j'en
prends note. J'aime la recommandation de similarité. On a peut-être quelque
chose qui se... qui s'apparente plus au type de pratique ou de, j'allais dire,
de navigation, là, comme sur le web, mais d'usage des... mais, disons, des
jeunes qui sont sur les médias sociaux. Je vais aussi, donc, par la suite
continuer, donc, la réflexion qui a été entamée avec la partie gouvernementale,
donc, sur votre proposition de contenu québécois d'expressions originales de
langue française, donc, je vous ai entendu, donc, vous nous dites : de
toute manière, le... le libellé actuel ou la volonté législatives, ici, est
attaquable. Donc, il y a eu une volonté de protéger le plus possible la volonté
législative avec ce parapluie en utilisant, donc, la question de la langue
plutôt que de la territorialité. Donc, selon vous, ça ne change pas grand-chose
qu'en fait, que la mesure contre les représailles...
Mme Messier (Hélène) : Et
c'est ce qu'a fait le Canada, la territorialité. Mais on se souvient d'une
audience auquel on a participé au CRTC, avec mes collègues, et Paramount était
là. Et quand on a dit à Paramount qu'il pourrait peut-être avoir des
obligations de dépenses en contenu francophone, il a dit, carrément : moi,
je n'en ferai pas, ce n'est pas mon modèle d'affaires, donc je vais le
contester. Alors, et là, on parlait de langue. Alors, ce n'était pas le fait
que ce soit du contenu canadien, c'était le fait que c'était du contenu de
langue française. Alors, moi, je me dis que si les plateformes décident qu'une
mesure... ils ne veulent aucune mesure d'encadrement. Donc, s'il y a une mesure
d'encadrement, ils risquent de la contester, peu importe le moyen qu'ils vont
utiliser. Alors, je me dis, défendons nos valeurs, ce à quoi on tient vraiment
et on est très généreux en acceptant tous les contenus de langue française, et
déjà, c'est très généreux. En France, ils ont des obligations de contenu en
langue française, ils ne reconnaissent pas le contenu québécois en langue
française, ils reconnaissent le contenu européen en langue française. Donc, on
va offrir un avantage à plein de contenu de langue française sans obtenir la
réciprocité d'aucun de ces pays-là non plus. Alors, je trouve déjà qu'on fait
un grand acte de générosité, puis, qu'à l'intérieur de ça, on a des mesures
plus spécifiques pour avoir un sous-quota d'œuvres québécoises de langue
française. Ça me semble la moindre des choses.
Mme Cadet : Vous ne pensez
pas qu'on obtiendrait la réciprocité des Européens?
Mme Messier (Hélène) : On, à
ce moment-là, on... pas pour l'instant, en tout cas, ça ne semble pas, puis on
me donnait des chiffres, les obligations qui... qu'il y a, présentement, dans
la loi française de... faites aux plateformes a... leur a valu un titre, Annie,
tu me l'as dit, 860 millions, je pense... 81?
Mme Provencher (Annie) : 171
millions d'euros ont été investis depuis 2021, depuis que les plateformes
ont des obligations à respecter en France.
Mme Messier (Hélène) : Et
moi, mon inquiétude, c'est qu'on soit noyés, parce que si Netflix a le choix
entre mettre en évidence Lupin, pour lequel il a participé au financement, ou
Les Filles de Caleb, qu'il a acheté sur la base du catalogue dans lequel il n'a
pas mis un sou dans la création et la production, bien, on peut deviner que
c'est Lupin qu'il va choisir de mettre de l'avant. Puis, c'est normal, il a
investi personnellement là-dedans. Et là, ils ont investi pour des centaines de
millions de contenus en français...
Mme Messier (Hélène) : ... en
France, les trois plateformes principales Amazon, Disney et Netflix, donc, ils
vont privilégier ce contenu-là, si on leur dit que vous avez le choix de puiser
dans toute la banque d'œuvres francophones.
Mme Cadet : Puis ça, ça nous
amène aux mesures de substitution qui se trouvent dans le projet de loi. Vous
avez probablement entendu l'ADISQ un peu plus tôt, qu'il nous disait, bien, il
faudrait que... les... les ententes, donc, conclues soient... bien, d'abord,
donc, bon... bon... transparentes, ça c'est une chose, mais aussi qu'on puisse
avoir, donc, des... des éléments, donc, assez... assez robustes pour que les
plateformes décident de ne pas se défiler devant leurs différentes obligations
en utilisant...
Mme Messier (Hélène) : Oui.
Mme Cadet : ... donc, des
mesures de substitution.
• (18 heures) •
Mme Messier (Hélène) : Il
faut aussi que ça soit public... qu'on puisse... le milieu puisse se prononcer
parce qu'on a... nous, on a joué là-dedans avec l'entente Netflix avant qu'on
ait la loi sur la diffusion continue en ligne. Vous vous souviendrez peut-être
que la ministre du Patrimoine de l'époque, Mélanie Joly, avait signé une
entente avec Netflix. On avait demandé de pouvoir être consulté, on ne l'a pas
été.
Il y a eu très peu d'obligations pour le
contenu francophone. Ça a donné très peu de résultats de création de contenu
francophone et en plus, il y avait une obligation de dépense pour du contenu
original fait au Canada. Est-ce qu'on a eu de Netflix? C'est du contenu
américain fait au Canada parce qu'on avait dit du contenu original produit au
Canada. Donc, ils ont produit du contenu américain et original au Canada et ils
ont ainsi satisfait leurs... leurs obligations plutôt qu'avoir du contenu
original canadien produit au Canada. Et juste le petit mot qui manquait a fait
toute la différence parce qu'ils ont fait finalement ce qu'on appelle, nous, la
production de service, donc, de la production d'œuvres étrangères. Ils l'ont
fait sur le sol canadien. Ils ont rempli leurs obligations de cette façon-là et
ce n'était pas ça le but, c'était d'avoir plus de contenu original canadien. Et
c'était une espèce d'entente de substitution en attendant qu'on ait une
réglementation par le CRTC.
Donc, on se méfie un peu et on voudrait
être consulté pour être sûr que ça a les bons impacts et que c'est bien
formulé, sans impact négatif, là, sur les secteurs qui sont concernés.
Mme Cadet : Parfait... OK, je
comprends c'est pour ça que vous dites, donc : «l'objet... l'entente
devrait faire l'objet d'un processus de consultation publique préalable et dont
pas juste...
Mme Messier (Hélène) : Exact.
Mme Cadet : ... que les
mesures soient consignées dans un registre public par la suite». Donc, ça,
c'est... c'est très clair, puis aussi, donc, vous dites, donc : «les
ententes devraient être réévaluées avant la fin de l'échéance», là, aussi.
Mme Messier (Hélène) : Oui,
on pense qu'on doit mesurer effectivement, s'il y a un respect des ententes,
comme les ententes peuvent être d'une durée de cinq ans. Si je me souviens
bien, on veut s'assurer qu'elles vont être conformes aux objectifs qui étaient
poursuivis pendant toute leur durée. Parce qu'on l'a dit, le milieu change
énormément vite. Alors, on veut s'assurer qu'il y a une révision, puis si tout
va bien, bien, on continue. Mais sinon on peut peut-être être appelé à réviser
ces... ces mesures-là, oui.
Mme Cadet : Parfait.
Bureau... quelques intervenants, donc, ont parlé du mandat du Bureau. Certains
intervenants sont venus nous parler de l'importance, peut-être d'avoir un
organisme tripartite ou de... d'utiliser, donc, les leviers actuels pour
s'assurer que l'industrie soit consultée... sur la mise en œuvre du projet de
loi. Donc, vous, qu'est-ce que vous pensez du mandat du Bureau à l'intérieur du
ministère de la Culture?
Mme Messier (Hélène) : On n'a
pas relevé ça comme étant un irritant majeur. Je pense que c'est important
qu'il y ait une consultation avec le milieu. Je pense que c'est Simon Claus de
l'ADISQ qui soulevait qu'à l'Observatoire de la culture, il y a un comité
consultatif, à la SODEC, il y a des comités consultatifs par secteur aussi qui
se prononcent sur les différentes mesures pour chacun des secteurs. Je pense
que ce qu'on privilégie, c'est une façon de consulter ou d'avoir un comité
consultatif qui... que le bureau va consulter de façon régulière. Pour nous,
pour le moment, ce serait quelque chose qui serait satisfaisant.
Mme Cadet : Donc, avec... de
consultations, notamment sur les mesures de substitution... essentiellement,
vous nous dites, donc, oui, vous trouvez que l'industrie, donc, a un rôle à
jouer, mais vous avez... vous y allez de façon peut-être plus... ponctuelle,
là, ou avec des mandats beaucoup plus précis, là, plutôt que... d'avoir, donc,
un rôle en continu, comme de jouer... de comme de faire en sorte, là, que des
acteurs externes, là, puissent mettre en œuvre le projet de loi de façon plus
régulière, comme le propose le projet de loi avec le Bureau.
Mme Messier (Hélène) : Exact.
Mme Cadet : Parfait! Je vais
peut-être vous laisser, donc, le temps terminer, donc, sur ce que vous nous
disiez un peu plus tôt sur l'article 20, alinéa 6. On dit, effectivement,
donc : «le gouvernement peut par règlement déterminer des exceptions aux
obligations prévues par la présente loi ou ces règlements en vigueur aux
plateformes numériques, aux fabricants, aux téléviseurs, aux appareils
connectés ou aux contenus, là, vous faisiez référence aux contenus...
18 h (version non révisée)
Mme Cadet : ... plus précisément.
Pouvez-vous, donc, étayer comment est-ce vous interprétiez cet article-là,
parce que, moi non plus, je n'étais pas certaine de comprendre votre
interprétation.
Mme Messier (Hélène) : On dit
à l'article six que oui, mais il y a une partie, on dit le gouvernement peut
établir des normes différentes selon qu'il s'agit de contenus audiovisuels, et
tout ça, il peut également établir des catégories de contenus pour lesquels il
peut déterminer des normes différentes. Alors, pour nous, donc, la dernière
ligne, vraiment, donc, pour nous, le contenu québécois d'expression française
serait un contenu différent pour lequel on pourrait établir des normes
différentes, donc avoir des obligations plus grandes ou différentes pour le
contenu québécois, je pense que cette porte-là existe déjà et le commissaire le
soulevait aussi... la grande latitude donnée par cette ligne dans le paragraphe
six de l'article 20.
Mme Cadet : D'accord, parfait.
Donc, on était au deuxième alinéa de l'article 20, ici.
Mme Messier (Hélène) : Oui,
la dernière ligne.
Mme Cadet : Je comprends, je
comprends... J'avais en tête, donc, l'alinéa... bien, en fait, le paragraphe
précédent du premier alinéa, quand vous parliez du petit paragraphe sixième, je
pense que c'est la raison pour laquelle il y avait eu, peut-être, une petite
confusion.
Une voix : ...
Mme Cadet : Il reste 10 s.?
Alors, merci beaucoup, merci pour votre temps, c'était très clair. Merci.
Mme Messier (Hélène) : Ça fait
plaisir.
La Présidente (Mme Bogemans) : Donc
je vous remercie beaucoup pour votre contribution à nos travaux, mesdames. La
commission ajourne ses travaux jusqu'à jeudi 30 octobre, après les avis
touchant les travaux de commission où elle poursuivra son présent mandat.
Merci, bonne soirée.
(Fin de la séance à 18 h 06)