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Etude du projet de règlement
concernant les actes médicaux
et infirmiers autorisés
(Deux heures neuf minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des corporations professionnelles se
réunit pour faire l'étude du projet de règlement
concernant les actes médicaux et infirmiers autorisés.
Sont membres de cette commission: M. Boucher (Rivière-du-Loup),
M. Fallu (Terrebonne), M. Le Moignan (Gaspé) en remplacement de M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska), je suppose; M. Gagnon (Champlain), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Goldbloom (D'Arcy McGee) en remplacement de M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys); M. Martel (Richelieu), M. Morin (Sauvé), M.
Blank (Saint-Louis) en remplacement de M. O'Gallagher (Robert-Baldwin), M. Shaw
(Pointe-Claire).
Pourraient aussi intervenir: M. Bédard (Chicoutimi), M. Clair
(Drummond), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Laberge (Jeanne-Mance), M.
Lazure (Chambly), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier) et M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Oui, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, au cours de sa
dernière séance, la commission parlementaire qui siège
pour étudier les projets de règlement portant sur la
délégation des actes médicaux et infirmiers, a entendu les
Ordres professionnels, la Corporation professionnelle des médecins,
l'Ordre des infirmières et des infirmiers, ainsi que la Corporation
professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires. Nous n'avions
malheureusement pu terminer l'étude de tous les mémoires,
l'audition de tous ceux qui avaient demandé à être
entendus. Aujourd'hui, il nous reste donc à entendre six organismes:
l'Association des hôpitaux de la province de Québec, l'Association
des centres d'accueil du Québec, la Fédération des
affaires sociales, la Fédération des infirmières et
infirmiers du Québec, la Fédération des syndicats
professionnels d'infirmières et d'infirmiers du Québec, et enfin,
la Corporation des techniciens inhalothéra-peutes du Québec.
J'ose espérer que nous pourrons terminer l'audition de ces
mémoires avant ce soir, avant la fin de la séance ce soir,
puisque aucune autre séance n'est prévue. Il nous est
arrivé, à maintes reprises, dans le passé dans nos
commissions parlementaires, d'entendre non seulement six, mais huit et dix
mémoires. Je n'ai donc aucun doute qu'il nous sera possible d'entendre
tous les mémoires qui sont prévus pour la journée
d'aujourd'hui.
Toutefois, je vous demanderais, M. le Président, étant
donné que nous aurons à notre disposition, en somme, cinq heures
à peu près d'ici ce soir, de faire en sorte qu'après trois
quarts d'heure, une heure, nous passions au mémoire suivant s'il est
possible. Je ne veux certainement pas bousculer les membres de cette
commission, ni du côté de l'Opposition ni du côté du
gouvernement, mais je crois qu'il faut, en toute justice, viser à
entendre tous ceux qui ont demandé à comparaître devant
cette commission car le gouvernement va devoir maintenant trancher un certain
nombre de questions relatives à cette délégation d'actes
médicaux et infirmiers.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, je vais
régulièrement faire appel à la brièveté des
intervenants. Je suis sûr de pouvoir compter sur la collaboration de tous
les membres de cette commission.
Avant de débuter, je voudrais quand même vérifier la
présence des groupes. Je demanderais s'il vous plaît aux
porte-parole de signifier leur présence. L'Association des
hôpitaux de la province de Québec, présente; l'Association
des centres d'accueil du Québec, présente; la
Fédération des affaires sociales, présente; la
Fédération des infirmiers et infirmières du Québec,
présente; la Fédération des syndicats professionnels
d'infirmiers et d'infirmières du Québec, présente; la
Corporation des inhalothérapeutes du Québec, présente.
Nous avons devant nous le premier groupe. J'invite le porte-parole
à se présenter et à nous présenter ses
collègues.
Association des hôpitaux du
Québec
M. Pleau: A ma gauche, Mme Labrèche, M. Bourré, Mme
Gosselin, M. Choinière et M. Tremblay. Je me présente: Paul
Pleau, président de l'Association des hôpitaux.
Le Président (M. Dussault): M. Pleau, je vous invite
à présenter votre mémoire en vous demandant de le faire le
plus possible en dedans de vingt minutes, merci.
M. Pleau: L'Association des hôpitaux de la province de
Québec est heureuse de présenter à la commission
parlementaire des corporations professionnelles son mémoire sur les
projets de règlement concernant la délégation de certains
actes médicaux et infirmiers. Notre association attache une très
grande importance à ces projets de règlement. A cet effet, nous
avons déjà soumis au ministre responsable de l'application des
lois professionnelles des mémoires. De plus, nous avons établi,
au cours des récents mois, de nombreux contacts avec l'Office des
professions, le ministère des Affaires sociales et les corporations
professionnelles concernées. Ces échanges ont permis une
meilleure compréhension des points de vue réciproques et ont
amené certaines améliorations au projet de règlement.
Cependant, plusieurs dispositions des projets actuels nous
préoccupent au plus haut point sous l'angle de leur impact
administratif, sur le fonctionnement des établissements que nous
représentons et sur la continuité de soins auprès des
bénéficiaires. (14 h 15)
Avant d'aborder le contenu des projets de règlement, nous croyons
nécessaire de bien préciser la perspective dans laquelle se situe
l'Association des hôpitaux de la province de Québec. Nous tenons,
en tout premier lieu, à préciser aux membres de la commission
parlementaire que nous ne voulons en aucune façon nous impliquer dans
des domaines qui relèvent de la compétence d'autres organismes ou
groupements. Tout d'abord, nous croyons fermement que la
délégation des actes médicaux et infirmiers demeure un
champ d'action relevant des corporations professionnelles elles-mêmes.
Sous ce chapitre, nous n'aspirons nullement à jouer un rôle
d'arbitre entre les parties. Nous ne voulons pas, non plus, nous placer dans
une perspective qui serait celle d'un organisme comme l'Office des professions.
Nous ne visons pas, non plus, par nos propositions, à défendre,
à supporter ou à infirmer les positions que certains groupes
professionnels ou autres pourraient défendre même s'ils oeuvrent
à l'intérieur des établissements hospitaliers. Dans le
même ordre d'idée, l'Association des hôpitaux ne
représente pas au premier chef les bénéficiaires, bien que
les centres hospitaliers aient des obligations vis-à-vis de ceux-ci.
L'association représente les établissements hospitaliers,
c'est-à-dire ceux qui auront précisément à
être confrontés avec les conséquences éventuelles de
ces règlements. Nous nous préoccupons donc, et avant tout, de
l'impact sur l'organisation et sur le fonctionnement des centres hospitaliers.
Cet impact sera de toute première importance et il est aisé de le
réaliser quand nous songeons que les professionnels de la santé
oeuvrent, pour plusieurs d'entre eux, en quasi-exclusivité, dans des
établissements publics. Dans l'accomplissement de cette tâche,
nous devons être conscients de l'extrême diversité des
hôpitaux répartis aux quatre coins du Québec. Nous sommes
le porte-parole d'établissements éloignés comme
Notre-Dame-de-Lourdes du Blanc-Sablon. Nous représentons les grands
hôpitaux urbains comme l'hôpital Notre-Dame de Montréal et
l'Hôtel-Dieu de Québec. Nous comptons parmi nos membres des
centres hospitaliers d'enseignement, des centres hospitaliers de soins
généraux, de soins prolongés, des centres hospitaliers
psychiatriques, des centres hospitaliers ayant un département de
santé communautaire et enfin, des établissements à
vocations multiples comme le Centre de santé de l'Archipel dans les
Iles-de-la-Madeleine. Est-il besoin de préciser que chaque
établissement a ses particularités, son organisation, ses
structures, son mode de fonctionnement, ses ressources, son histoire et son
environnement? Ne pas en tenir compte et surtout, ne pas le faire valoir dans
nos représentations auprès des instances décisionnelles
serait manquer à notre devoir de défendre les
intérêts de nos membres.
Les établissements sont d'abord des employeurs au sens du Code
civil. La responsabilité conjointe qu'ils assument à titre
d'employeurs pour les dommages causés par une faute commise par un
employé dans l'exécution de ses fonctions est le corollaire de
l'autorité qu'ils doivent exercer. En second lieu, les
établissements ont des responsabilités très
spécifiquement définies dans la loi sur les services de
santé et les services sociaux et dans son règlement. Cette loi
donne droit à toute personne de recevoir des services de santé et
des services sociaux adéquats sur les plans, à la fois
scientifique, humain et social avec continuité et de façon
personnalisée compte tenu de l'organisation et des ressources des
établissements qui dispensent ces services.
Le règlement adopté en vertu de la loi exige que tout
centre hospitalier doit s'assurer que toute personne qui nécessite des
soins d'urgence reçoive le traitement requis par son état. Ce
même règlement rend le conseil d'administration responsable de
l'ensemble des activités de l'établissement. La
responsabilité première d'un centre hospitalier est donc de
dispenser des services de qualité à la population dans toutes
sortes de contextes. Par le fait de desservir toute la population du
Québec, les centres hospitaliers doivent tout autant que les
corporations professionnelles se préoccuper de l'intérêt
public dans la responsabilité qu'ils ont de dispenser les services de
santé auprès de 6 millions de Québécois.
Pour être en mesure d'offrir des soins de qualité à
la population, les centres hospitaliers doivent organiser les services de telle
manière qu'ils soient accessibles en tout temps à toute personne
les nécessitant. Ils doivent être également efficaces et
continus. Il ne faudra pas limiter la capacité des centres hospitaliers
de s'assurer que partout à travers la province les malades puissent
recevoir tous les soins requis selon leur état de santé dans les
meilleures conditions possible, et ce, 24 heures par jour.
Vous concevez sans doute comme nous que les tâches qui incombent
aux centres hospitaliers sont nombreuses et complexes et que, pour mener
à bien leur mission, ils doivent disposer des ressources
nécessaires et doivent pouvoir les utiliser de façon maximale.
Or, sur ce plan, le réseau hospitalier fait face à plusieurs
contraintes. D'une part, il faut réaliser que certaines
catégories de personnel puissent être difficiles à recruter
à plusieurs endroits du Québec. D'autre part, il faut aussi
admettre la réalité qui fait que le réseau hospitalier est
aux prises avec de sérieuses contraintes financières et des
ressources de plus en plus limitées.
Il faut enfin ajouter que sur le plan des ressources humaines, nos
établissements membres sont liés par des conventions collectives
qu'ils doivent respecter. Toutes ces responsabilités ont des exigences.
Voilà pourquoi nous tenons à sensibiliser les membres de cette
commission parlementaire sur les deux principales exigences qui
découlent des responsabilités propres aux établissements
hospitaliers et de la diversité de ces
derniers. Ces exigences sont les suivantes: il faut que les
règlements éventuellement adoptés soient flexibles et
évolutifs. A l'intérieur de ce contexte, nous entendons vous
faire part maintenant de notre position sur la dernière version des
projets de règlement.
Nombre d'employés oeuvrant dans nos centres hospitaliers posent
actuellement certains actes médicaux et infirmiers, lesquels font
maintenant l'objet d'une délégation dans les projets de
règlement. Cette pratique s'était avérée
impérative afin d'offrir de façon continue des services de
santé aux bénéficiaires et ainsi respecter l'objectif
fixé par la loi sur les services de santé et les services
sociaux. Cette pratique s'est développée dans un contexte bien
précis, propre à chacun des établissements.
C'est ainsi que les conseils d'administration de nos centres
hospitaliers, en collaboration avec les conseils de médecins et
dentistes et les directeurs de soins infirmiers, ont permis à ces
employés d'exécuter ces actes en fonction de protocoles, ou,
suivant le cas, de procédés de soins
préétablis.
Ces employés avaient d'ailleurs fait l'objet d'une
évaluation quant à leur habileté à exécuter
ces actes. L'absence de réglementation n'a pas été sans
créer certaines difficultés. Notre association accueille donc
favorablement la présente initiative. Jusqu'à maintenant les
aménagements pratiques qui se sont développés au sein des
établissements ont permis une fonction harmonieuse. L'uniformisation qui
découlera des règlements proposés devra se faire avec
flexibilité et sans nuire au bon fonctionnement des
établissements, en permettant à chaque partie d'exercer ses
responsabilités propres à l'intérieur de l'encadrement
proposé.
Les règlements soumis ne nous semblent pas offrir toutes ces
garanties. Nous croyons que dans leur forme actuelle ils pourront compromettre
à plusieurs égards la dispensation de services de qualité
aux bénéficiaires ainsi que l'efficacité
administrative.
Les articles 19 de la Loi médicale et 12 de la Loi des
infirmières et infirmiers obligent le Bureau des corporations
visé à déterminer parmi les actes constituant l'exercice
exclusif de leur profession ceux qui peuvent être posés par des
classes de personnes autres que leurs membres.
Nous reconnaissons que cette obligation appartient aux corporations.
L'Association des hôpitaux s'interroge sur une délégation
restreinte dans certains cas aux seules personnes membres des corporations
à titre réservé, comme c'est le cas, entre autres, des
inhalothérapeutes, des puéricultrices ou
garde-bébés.
Nous sommes d'avis que la notion de classe devrait se
référer aux personnes ayant reçu la même formation,
indépendamment du fait qu'elles soient membres ou non d'une corporation
à titre réservé. En conséquence, la notion de
classe devrait inclure, au même titre, les infirmières auxiliaires
et les infirmiers diplômés, les technolo-gistes médicaux et
les techniciens de laboratoire.
Dans le cas contraire, cela créerait, dans les centres
hospitaliers que nous représentons, un problème pratique, dans
certains cas, majeurs. En effet, à l'heure actuelle, ces personnes,
membres ou non de la corporation à titre réservé, font le
même genre de travail, incluant, s'ils sont jugés habiles,
l'exécution d'actes médicaux ou infirmiers. On peut d'ores et
déjà prévoir, si des modifications ne sont pas
apportées au niveau des règlements, que de nouvelles classes
d'employés devront être créées à
l'intérieur des conventions collectives.
De plus, une personne pourra passer d'une classe à l'autre, selon
qu'elle demeure ou non membre de sa corporation. En conséquence, la
répartition des tâches des employés sera de plus en plus
difficile et mettra en danger la continuité de soins que nous devons
assurer aux bénéficiaires. Nous vous soulignons également
que les immobilisations plâtrées qui font l'objet d'une
délégation spécifique aux proposés, aux
mécanismes en orthopédie, sont également
exécutées par les mécaniciens en orthèses et
prothèses et par les préposés aux
bénéficiaires II. Si le champ d'activités de ces derniers
est limité, en n'exécutant plus cet acte, les petits centres
hospitaliers, notamment ceux des régions éloignées, seront
lourdement taxés.
Il nous paraît donc nécessaire que certains de nos
employés puissent poser certains actes en fonction de leur formation et
non sur le principe d'une adhésion à une corporation
professionnelle, lorsqu'elle existe. Nous reconnaissons que la liste des actes
et les conditions prescrites prévus aux annexes des projets de
règlement relèvent de l'expertise des corporations
impliquées. Nous désirons toutefois que soit
précisé, parmi les actes médicaux prévus aux
annexes B et C, quels sont ceux qui sont également des actes infirmiers
en se référant au principe de pratique exclusive concurrente.
Cette précision, en reconnaissant que certains actes
médicaux sont également de la compétence des
infirmières, évitera des problèmes d'ordre organisationnel
et permettra une utilisation maximale de nos ressources.
A quelques reprises, l'Association des hôpitaux a posé deux
questions à l'Office des professions, la première à savoir
si un établissement, afin d'assurer la protection du public, serait en
droit d'établir des conditions particulières relativement
à l'expérience et à la compétence requise d'un
professionnel pour lui permettre d'exécuter un acte
délégué.
Dans le même ordre d'idée, un établissement
pourrait-il restreindre la délégation des actes prévus aux
annexes pour tenir compte des ressources de son milieu? Sujet à ce que
les corporations déterminent la formation requise par une personne et la
liste des actes délégués, nous jugeons impératif
qu'un centre hospitalier puisse se voir reconnaître, à
J'intérieur des règlements, la possibilité de restreindre
tant les personnes formant une classe que ceux des actes prévus aux
annexes qu'elles peuvent poser. Ce droit des centres
hospitaliers n'exige pas des corporations une
sous-délégation de leurs responsabilités mais plutôt
une reconnaissance de nos responsabilités concurrentes.
A ce sujet, nous devons souligner que les centres hospitaliers
interviennent dans l'exercice de la pratique médicale en octroyant ou
refusant des privilèges à un médecin. Ils se doivent,
comme employeurs et tel qu'expliqué dans notre introduction,
d'intervenir dans la description des fonctions de leurs employés et, par
conséquent, de limiter l'exercice de leur profession ou métier
selon leur organisation et les ressources dont ils disposent.
L'Association des hôpitaux doit porter à l'attention de la
commission parlementaire que certains centres hospitaliers situés dans
une région éloignée ou ceux ayant une vocation
particulière, entre autres ceux de soins prolongés, ne sont pas
toujours dotés d'un conseil de médecins et dentistes.
Si l'évaluation de l'acte médical relève d'un
conseil de médecins et dentistes dans un centre hospitalier, la
responsabilité ultime appartient au conseil d'administration et
même s'il ne possède pas de conseil de médecins et
dentistes.
En conséquence, la notion d'établissement doit être
élargie afin de donner à ces centres hospitaliers les moyens pour
qu'ils déterminent des conditions locales, des ordonnances permanentes
ainsi que les protocoles.
La notion de contrat de services proposée dans la dernière
version du projet de règlement constitue, selon nous, une
hypothèse intéressante. Elle tente de résoudre certains
problèmes déjà soulevés par l'Association des
hôpitaux. Bien que cette notion n'ait pas fait l'objet d'un examen
exhaustif par notre association, nous constatons qu'elle soulève de
sérieux problèmes d'application.
D'abord, la Loi sur les services de santé et les services sociaux
ne permet pas, à l'heure actuelle, à un conseil d'administration
dans un centre hospitalier d'intervenir auprès de son conseil des
médecins et dentistes pour l'obliger à contrôler et
à apprécier des actes médicaux ou à préparer
des règlements et ou procédure pour le bénéfice
d'un autre établissement. Il y aurait lieu de connaître les
intentions du législateur quant aux solutions qu'il pourrait apporter
à cette première difficulté et quant aux dispositions
administratives qui pourraient en découler. (14 h 30)
Ensuite, dans le cas des règlements. Afin d'éviter toute
ambiguïté, la notion devrait être introduite, si elle est
maintenue, au niveau de la définition d"'établissement", et non
être rattachée à celle de "conseil des médecins et
dentistes".
Il demeure, toutefois, de prime importance d'introduire une disposition
permettant aux centres hospitaliers d'exercer adéquatement la
responsabilité décrite plus haut sous ce titre, sans quoi, en
pratique, une suspension des activités dans plusieurs
établissements pourrait en résulter.
Toujours au niveau des règlements qui seront adoptés en
vertu de la Loi médicale, des modifica- tions ont été
apportées dans la version maintenant proposée au niveau des
définitions "surveillance immédiate" et "surveillance sur place".
Si l'acte exécuté comporte un risque qui oblige le médecin
à exercer une surveillance immédiate ou sur place auprès
de l'infirmière, comment celle-ci pourrait-elle exercer une telle
surveillance pour ce même acte, si tel acte est posé par une autre
personne?
Quant aux actes prévus à l'annexe A, nous ne comprenons
pas pourquoi l'infirmière auxiliaire diplômée ne pourra y
contribuer et y participer que sous I» surveillance, sur place, d'au
moins un infirmier ou une infirmière ou d'un médecin. L'infirmier
auxiliaire ou l'infirmière auxiliaire ou auxiliaire diplômé
devra, pour être déclaré habile, avoir reçu la
formation requise et se limiter à certains actes
délégués à l'annexe A, compte tenu, entre autres,
des conditions locales. Aucun contrôle supplémentaire ne devrait
être exigé, puisqu'il a déjà répondu à
toutes ces exigences. Dans le cas contraire, ceci conduirait à une
duplication excessivement coûteuse du personnel infirmier pour les
centres hospitaliers.
L'Association des hôpitaux tient aussi à souligner que ces
règlements posent, à court et à moyen termes, des
problèmes d'application. Le curriculum de certains cours actuellement
dispensés par le ministère de l'Education n'oriente pas
adéquatement les étudiants vers un travail adapté aux
conditions fonctionnelles des centres hospitaliers. En conséquence, la
formation académique, quant aux actes médicaux ou infirmiers,
faisant l'objet de délégation au niveau des projets de
règlement devra être adaptée, uniformisée au niveau
de toute la province. D'autre part, pour rendre ces règlements vraiment
opérationnels, une formation en cours d'emploi devra être
dispensée afin de permettre aux classes de personnes visées par
ces règlements, d'acquérir l'habileté pour exécuter
ces actes. Il faudra aussi tenir compte d'un délai raisonnable afin de
permettre aux établissements d'établir des conditions locales,
protocoles ou ordonnances permanentes, et/ou procédés de soins
pour certains actes actuellement non délégués dans
certains établissements.
Nous croyons opportun également que soit introduite une clause
qui permettra aux personnes présentement habilitées par les
centres hospitaliers de continuer d'exécuter les actes prévus aux
annexes, et ce, s'ils demeurent dans l'établissement.
L'apparition de certaines professions dans le domaine des sciences de la
santé, de même que la révolution, ont, dans les faits,
résulté des nombreux développements technologiques. Ces
développements ont amené de multiples délégations
d'actes d'un groupe professionnel à un autre et l'encadrement
réglementaire inexistant a, en quelque sorte, facilité cette
évolution. L'Association des hôpitaux tient à porter
à l'attention des membres de la commission parlementaire cet aspect de
la question. Il ne faudrait pas que les nouveaux règlements restreignent
cette évolution et que notre population soit privée de
l'élargisse-
ment de ces techniques par l'absence de délégation
additionnelle. Le comité de révision des actes,
créé par chacune des corporations, peut reconnaître, en
proposant des amendements à son règlement, cette
évolution. Elle ne nous semble pas susceptible de l'initier. En
conséquence, une autre formule qui ne s'adresserait pas à une
classe, mais à un individu, devrait être mise de l'avant. Cette
possibilité pourrait être réservée à des
individus oeuvrant, par exemple, au sein des établissements
consacrés à l'enseignement et à la recherche.
L'Association des hôpitaux de la province de Québec a
voulu, par son mémoire, sensibiliser les membres de la commission
parlementaire des corporations professionnelles quant aux
responsabilités des centres hospitaliers, responsabilité
d'employeur d'abord qui doit s'assurer de la qualité des actes
posés par ses employés et qui a des droits conséquents;
responsabilité spécifique ensuite, en vertu de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux, d'assurer des services de
santé de qualité à la population du Québec.
Nous avons aussi insisté sur le fait que ces
responsabilités s'exercent dans le cadre de contraintes
financières, humaines et organisationnel-les, contraintes
renforcées par cette diversité caractéristique de nos
établissements. Ces deux éléments, 'diversité et
responsabilité, amènent deux exigences; l'une est relative
à la flexibilité, l'autre au caractère évolutif que
doivent avoir les règlements à venir. Nous avons
précisé, à l'intention de la commission parlementaire,
comment il serait possible d'assurer cette flexibilité par divers moyens
notamment la notion d'habileté, celle d'établissements et de
contrats de services.
Nous ayons aussi soulevé certains problèmes relatifs
à la notion de surveillance et d'autres qui découlent de
l'application future des règlements. Nous avons enfin insisté
pour que ces règlements permettent une évolution
nécessaire au dynamisme des professions elles-mêmes et à la
population. L'ensemble de ces observations sont d'ailleurs reprises dans une
annexe au présent document par la voie de recommandations
particulières quant aux modifications à être
apportées à certains articles des projets de
règlement.
L'Association des hôpitaux veut avant tout que les droits des
corporations, des centres hospitaliers et de tous les intéressés
soient respectés. Il ne faut surtout pas oublier que le premier
intéressé demeure le bénéficiaire. C'est pourquoi
l'Association des hôpitaux estime que le gouvernement doit donner
à chacun les moyens d'assurer une prise en charge pleine et
entière de ses responsabilités propres.
La liste des recommandations. Notre première recommandation est
que les règlements soient modifiés afin de permettre aux
auxiliaires diplômés, aux techniciens de laboratoire, aux
mécaniciens en orthèse et prothèse et aux
préposés aux bénéficiaires M de poser les actes
délégués au même titre que les infirmiers et
infirmières auxiliaires, les technologistes médicaux et les
préposés aux mécaniciens en orthopédie.
La deuxième recommandation: Que soient précisés
parmi les actes médicaux prévus aux annexes B et C ceux qui
constituent également les actes infirmiers.
La troisième recommandation: Que les règlements soient
modifiés de façon à reconnaître à tout centre
hospitalier le droit d'intervenir par ses conditions locales dans
l'élaboration des conditions particulières qui tiennent compte de
son organisation et de ses ressources avant qu'une personne qui exerce dans son
établissement soit reconnue habile.
La quatrième recommandation: Que la définition
d'établissement prévue au règlement
déléguant les actes médicaux soit élargie afin de
permettre à tout centre hospitalier d'établir des conditions
locales, des ordonnances permanentes et des protocoles.
La cinquième recommandation: Que la notion de contrat de services
soit précisée au niveau du règlement
déléguant les actes médicaux de façon à
permettre la réalisation de notre recommandation 4 et que l'Association
des hôpitaux soit consultée dans le cadre de cet exercice.
La sixième recommandation: Que le règlement
déléguant les actes médicaux soit modifié de
façon qu'une surveillance immédiate ou une surveillance sur place
ne soit exercée que par un médecin, comme c'est le cas pour une
surveillance à distance.
La septième recommandation: Que soit révisé le
curriculum de certains cours afin que les étudiants reçoivent au
niveau de la province une formation théorique leur permettant
d'exécuter les actes médicaux ou infirmiers
délégués par les projets de règlement et que soient
dispensés des cours aux classes de personnes visées par ces
règlements afin que celles-ci acquièrent l'habileté pour
exécuter les actes qui leur sont délégués.
La huitième recommandation: Qu'un délai raisonnable soit
prévu en cas d'option de ces règlements et de leur entrée
en vigueur afin de permettre aux centres hospitaliers d'adapter les
règlements aux procédures nécessaires à leur
application.
La neuvième recommandation: Que soit ajoutée aux
règlements une clause qui permettrait aux personnes présentement
habilitées par les centres hospitaliers de continuer d'exécuter
les actes prévus aux annexes et ce, tant qu'elles seront
employées de l'établissement.
La dixième recommandation: Qu'une formule soit
élaborée et que des modifications soient apportées tant
à la Loi médicale qu'à la Loi des infirmiers et
infirmières afin de permettre à un individu et non à une
classe de personnes d'exécuter, suivant certaines conditions, un acte
non délégué par le règlement.
M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je désire
remercier l'Association des hôpitaux du Québec de nous avoir
soumis ce mémoire détaillé et, pour
ma part, j'aurais une ou deux questions à poser à ses
représentants. A la page 7 de votre mémoire, M. Pleau, vous nous
parlez des inconvénients résultant de l'absence de
réglementation. A l'heure actuelle, comme vous le savez, nous ne sommes
que devant un projet de règlement, bien qu'on me rapporte que dans
certains coins du Québec, dans vos établissements, les projets
sont déjà en voie d'application. Pourriez-vous me dire
brièvement, puisque vous ne vous êtes pas étendu sur cet
aspect de la question, quel genre de difficultés l'absence de
réglementation peut entraîner pour les centres hospitaliers?
M. Pleau: Je pense qu'il y a d'abord une question très
large. C'est que la question des règlements, au niveau des actes
eux-mêmes, il faut dire que cela fait quand même quelques
années qu'on en parle. Qu'on le veuille ou non, dans le milieu, au
niveau des professionnels eux-mêmes, il s'est développé un
certain goût d'établir des règlements, à partir de
ce qui s'était écrit tant du côté des
médecins que des infirmières. L'absence de règlements dans
une situation comme celle-là, alors que les positions des parties sont
connues, peut poser un certain nombre de problèmes pour
l'établissement. C'est un problème dans le sens le plus large.
L'autre problème que cela peut poser et c'est peut-être
d'ordre plus particulier cela a été la question, par
exemple, de l'assurance-responsabilité et la question que les gens
pourraient se poser de faire telle ou telle chose compte tenu qu'ils avaient
déjà, par le truchement de leurs ordres, une certaine
connaissance des choses à faire ou à ne pas faire. Je pense que
ce flottement dans lequel on vit jusqu'à un certain point peut, dans des
cas très particuliers, avoir causé et de fait, cela a
causé et cela cause encore beaucoup de problèmes.
M. Morin (Sauvé): Voulez-vous dire, par exemple, que
l'absence de réglementation peut entraîner des difficultés
sur le plan de la responsabilité civile pour des infirmières ou
infirmiers qui poseraient un acte médical ou encore pour d'autres
classes de personnes qui poseraient des actes infirmiers qui ne leur seraient
pas délégués mais qu'ils exerceraient dans les faits.
Est-ce à cela que vous faites allusion?
M. Pleau: Certainement dans certains cas. Et je pense qu'une des
réactions de la part de plusieurs établissements a
été de procéder par voie d'exception, c'est-à-dire,
dès que la question se posait, de mettre en place tout le
mécanisme du conseil d'administration, conseil des médecins,
personnes concernées, de façon à l'assurer qu'un acte
soi-disant délégué puisse se faire dans des conditions
particulières. Je pense d'une façon toute particulière aux
grands hôpitaux où on retrouve des unités
spécialisées comme les soins intensifs, les soins coronariens
où les gens ont à poser des actes dans des conditions très
particulières et où il y a fallu, dans bien des cas,
établir une certaine réglementation qui assurait, jusqu'à
un certain point les individus lorsqu'ils posaient ces actes.
M. Morin (Sauvé): Une seconde question, si vous le voulez
bien. Vous nous avez fait tout un plaidoyer pour la flexibilité de la
réglementation que le gouvernement s'apprête à adopter.
Cette flexibilité pour vous serait mise en oeuvre par la
possibilité de restreindre l'application de la réglementation,
soit quant aux actes, soit quant aux personnes pouvant poser ces actes, si je
vous ai bien suivi.
C'est une suggestion qui nous est venue de plusieurs coins et qui nous
intéresse. Mais vous-même avez soulevé le cas de l'absence
d'un conseil des médecins et dentistes. Vous nous dites: "En
dépit de l'absence de ce conseil, il faudrait que tout
établissement puisse procéder à l'application des
règlements en fonction des besoins et des circonstances locaux."
Est-ce que vous mesurez bien ce que signifie la définition des
circonstances locales et l'application particulière du règlement
et éventuellement la modification du règlement pour fins
d'application locale par un hôpital qui n'aurait pas un conseil des
médecins et dentistes? Comment ferait-il pour s'assurer que son
application de la réglementation est conforme à la prudence et
est conforme surtout à une analyse méticuleuse, précise de
la compétence de chaque personne appelée à poser des actes
délégués?
M. Pleau: Je pense qu'on a soulevé dans notre document la
difficulté que peut représenter cette question. Elle est
réelle. Ce sur quoi on s'appuie, c'est qu'il nous paraît que si,
dans un établissement de plus grande dimension, d'une part, il faut
faire intervenir l'établissement, on ne voit pas pourquoi on ne ferait
pas intervenir l'établissement dans un petit centre, même s'il n'y
a pas de conseil de médecins, l'obligeant ainsi, à mon point de
vue c'est une opinion qu'on peut discuter à suivre une
certaine règle du jeu. Cela ne peut pas se faire seul. On sait, au
départ, je pense, que la notion, à mon point de vue, de contrat
de service, c'est ce que cela voulait dire, c'est que, à l'endroit
où il n'y a pas cet encadrement, on devait faire intervenir des
établissements plus grands. Or, à mon point de vue, la notion
doit s'établir d'établissement à établissement.
Sans cela, il faut peut-être changer un certain nombre d'autres
règles du jeu, y compris certaines choses qu'on retrouve dans la loi,
c'est-à-dire sur la notion de ce qu'est un établissement, son
sens vis-à-vis du Code civil, etc. C'est la première
démarche. (14 h 45)
La deuxième démarche, c'est de faire intervenir
également les professionnels, pas seulement les établissements,
mais aussi les corporations professionnelles, j'imagine, une fois qu'on
s'installe dans cette notion de contrat de service. Finalement, il faut
immédiatement, qu'il y ait une surveillance des gens en place ou de
l'établissement. Ce n'est pas l'établissement qui est
éloigné, si consi-
dérable soit-il, qui peut l'exercer. Il faut que ce soit
exercé par un ensemble. Que ce soit un conseil d'administration ou peu
importe, il faut que ce soit exercé par un groupe qu'on retrouve
à l'intérieur d'un petit établissement comme dans un
autre. Je pense qu'il faut quand même se rendre à
l'évidence que vous avez, dans des régions
éloignées, un seul chirurgien. Prenons le cas d'un seul
chirurgien. Comment voulez-vous encadrer, sur le plan professionnel, un seul
chirurgien, quand on sait comment on peut pratiquer la chirurgie de nos jours,
quand, dans un grand établissement, vous pouvez avoir dix ou quinze
chirurgiens? Permettre à un chirurgien d'opérer la chirurgie,
ça veut dire quoi, dans un établissement de 50 lits ou de 25
lits? Il faut qu'il y ait une espèce d'expertise ou de jugement de ses
pairs, pas trop éloigné, qui devra s'exercer autour de ce
bonhomme, un encadrement autant d'ordre pratique que d'ordre professionnel.
Evidemment, sur le plan juridique, n'étant pas avocat, je peux me
perdre facilement dans les notions, mais je me dis que, sur le plan pratique,
c'est ça la réalité; et ce qu'on recherche, c'est la
protection du public. Si on vise cette protection, on doit s'assurer que le
gars qui fonctionne isolément doit avoir certaines garanties de
fonctionner normalement.
M. Morin (Sauvé): Croyez-moi, ce n'est pas tellement le
juriste qui peut vous être utile pour régler ces
problèmes.
M. Pleau: Non, mais la loi, par exemple, traduit ça.
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, le juriste intervient
pour mettre ça en forme, mais il doit prendre conseil. Ce n'est pas lui
qui peut trouver toutes les solutions à des problèmes aussi
complexes. De là, d'ailleurs, ces audiences.
Une dernière question, puisque nous avons déjà pris
pas mal de temps, et je ne voudrais pas que l'Opposition manque de temps pour
vous poser ses questions, vous êtes donc d'avis, si je vous ai bien
compris, que le conseil de l'hôpital peut prendre des mesures pour
nuancer ou restreindre l'application des règlements, même en
l'absence d'un conseil des médecins et dentistes, et vous pensez que le
conseil de l'hôpital a la compétence nécessaire pour poser
ces actes, pour prendre ces décisions?
M. Pleau: Pas seul. Je pense qu'il faut se rattacher à la
notion de contrat de service.
M. Morin (Sauvé): Vous pensez donc que la notion de
contrat de service, en dépit des critiques que vous faites peser sur
cette notion, peut être utile?
M. Pleau: Oui.
M. Morin (Sauvé): Bien. M. le Président, je passe
les armes au docteur député de D'Arcy McGee.
M. Pleau: J'aimerais peut-être ajouter un mot.
Mme Gosselin (Ghislaine): Si vous me permettez, je suis Me
Gosselin. Au niveau des contrats de service, nous étions bien heureux de
voir cette notion introduite au niveau des règlements. Toutefois, nous
ne pourrions l'appliquer dans nos centres hospitaliers, compte tenu des
responsabilités même d'un conseil des médecins et dentistes
dans un établissement. Le conseil d'administration qui possède un
conseil des médecins et dentistes ne peut requérir de ce conseil
de préparer des conditions locales pour un autre établissement.
Le chapitre 48 n'a pas été rédigé en fonction de
ça et ce sont les problèmes pratiques du contrat de service qu'on
a voulu soulever à l'intérieur du mémoire.
M. Morin (Sauvé): Merci.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Ce n'est pas lancer
des fleurs à l'organisme qui est devant nous en ce moment, de dire que
dans un débat, un examen comme celui que nous faisons du projet de
règlement, le mémoire de l'Association des hôpitaux du
Québec, porte-parole de ceux qui y détiennent la
responsabilité administrative, est nécessairement un document
important. J'ai deux commentaires ou questions à formuler.
Je voudrais d'abord poser une question par rapport aux recommandations
nos 3 et 4, qui portent sur les conditions particulières et sur les
conditions locales, les ordonnances, les protocoles qui peuvent être
créés ou qui peuvent exister dans de tels établissements.
Il me semble, et je l'ai déjà dit quand cette commission
parlementaire s'est réunie la première fois, je suis d'accord
avec cette thèse que les établissements devraient avoir un
certain degré de liberté pour établir des règles de
régie interne. Il me semble quand même que si l'on accordait
à chaque établissement une parfaite liberté à cet
égard, nous nous trouverions un jour devant une situation où les
attributions des médecins, des infirmières, des auxiliaires
varieraient entre établissements à un point tel où la
personne qui quitterait un établissement pour s'incrire au personnel
d'un autre pourrait se trouver dans une situation qu'elle n'aurait jamais
connue.
Je voudrais avoir votre avis sur la responsabilité de
coordination qui devrait exister. A quel niveau votre organisme situerait-il
cette responsabilité: au niveau de l'Association des hôpitaux du
Québec, au niveau des corporations professionnelles, ou au niveau du
gouvernement? Qui devrait assurer le minimum de coordination nécessaire
pour que les conditions locales, les règles locales ne nous
mènent pas vers une pagaille totale dans le domaine?
M. Pleau: Je pense qu'au départ, on l'a soulevé
dans notre mémoire, le premier point, une fois qu'on a dressé une
liste d'actes délégués, comme on vient de l'adresser dans
le règlement, le
premier point de départ, c'est d'établir la concordance
entre la formation qu'on donne à ces gens et ce qui se fait dans le
milieu. Je pense que c'est le premier élément et on le
soulève dans le mémoire, actuellement, le fait d'avoir
dressé la liste n'est pas une garantie, pour nous, de penser que tous
les gens peuvent poser ces actes demain matin. Je pense qu'il y a un
élément important.
Les corporations professionnelles, c'est bien clair, ont un rôle
important à jouer. Notre intervention sur le plan local, les conditions
locales, c'est de penser que l'établissement peut limiter par le haut,
comme par le bas, certaines choses, parce que les gens qui oeuvrent dans le
milieu, que ce soient les médecins, l'infirmière,
l'infirmière-auxi-liaire, ça forme un tout. Il faut éviter
toute pagaille, même si les règlements établissent que les
gens peuvent faire certaines choses. A mon point de vue, dans une institution,
établir certaines règles du jeu, cela me paraît
fondamental.
Vous savez, pour prendre un exemple connu, que les hôpitaux qui
forment les médecins, sont des hôpitaux dits d'enseignement
universitaire. Parmi les gros où on reçoit des étudiants
en médecine ou des étudiants d'un autre groupe, prenons les
étudiants en médecine, quatrième années,
cinquième année, on fait poser à ces gens un certain
nombre de gestes qui, dans bien d'autres hôpitaux, sont posés par
les infirmières. Il faut déterminer, dans ce milieu, que ces
gestes seront posés par l'étudiant en médecine ou le
médecin, résident interne. On dit, et c'est une condition locale,
ce n'est pas parce que l'infirmière ne peut pas le faire, elle est
capable de le faire, sauf que si on veut entraîner les gens, si on a une
responsabilité de formation et d'enseignement, ce sont les
étudiants qui devront faire cela.
L'intervention, je pense, du no 4 dans lequel on dit, nous: On ne peut
pas éloigner trop l'établissement de ce
règlement-là, c'est tout cela. Il faut qu'il intervienne non pas
sur l'habileté, non pas sur la compétence, mais sur la
façon dont les gens devront faire les choses à l'intérieur
de l'établissement.
M. Goldbloom: M. Pleau, je vous remercie de cette réponse.
Je vous pose ma deuxième et dernière question. Je vous avoue que,
quand j'ai lu votre mémoire et quand je suis arrivé à
prendre connaissance de votre recommandation no 1, les cheveux me sont
dressés sur la tête, parce que ce texte, cette recommandation se
lit comme suit: Que les règlements soient modifiés afin de
permettre aux auxiliaires diplômés, aux techniciens de
laboratoire, aux mécaniciens en orthèses et prothèses et
aux préposés aux bénéficiaires II de poser les
actes délégués au même titre que les infirmiers et
infirmières auxiliaires, les technologis-tes médicaux et les
préposés aux mécaniciens en orthopédie. Mes cheveux
ne se sont recouchés, ne sont redescendus que quand je suis
arrivé à votre recommandation no 7 où vous dites: "II faut
réviser le curriculum et il faut dispenser des cours aux classes de
personnes visées par ces règlements afin que celles-ci
acquièrent l'habileté pour exécuter les actes qui leurs
sont délégués".
Il me semble que cela est d'une importance absolument fondamentale et
l'importance que j'y attache, c'est que, par votre recommandation no 7, vous
reconnaissez que dans le moment, dans l'état actuel des choses, il y a
des gens qui ne sont pas habilités, qui n'ont pas la compétence
pour poser les actes en question. C'est une reconnaissance qui me semble
extrêmement significative. J'aimerais vous amener à expliciter le
point de vue de l'AHPQ sur ces questions de curriculum et de cours à
donner.
M. Pleau: C'est sûr que cela peut paraître d'abord un
peu paradoxal. Il reste quand même que notre recommandation no 1
reflète jusqu'à un certain point la réalité. Je
dois cependant avouer que, vis-à-vis des infirmiers et
infirmières auxiliaires, je fais une réserve importante, puisque,
lors de cette dernière réunion de la commission parlementaire, on
nous a dit que presque 18 000 personnes, aux alentours de 19 000,
étaient membres de la corporation. Cependant je ne crois pas que dans
les autres secteurs ce soit nécessairement la même
réalité.
De toute façon, cela a fait l'objet de discussions à un
autre niveau. Au niveau des conventions collectives, présentement, vous
savez qu'on a le système des doubles appellations. Il y aura
sûrement d'autres gens pour faire les représentations qui
s'imposent, mais actuellement peut permettre à un technologiste
médical membre de la corporation comme à un technicien
diplômé de laboratoire de poser les mêmes gestes dans un
hôpital. C'est cela la réalité.
Enfin, il y avait cette recommandation. Il y avait aussi la
recommandation no 9. Il y a toutes sortes de situations. Nous autres, on dit
ceci: Si on ne fait pas un examen suffisant de la question, on peut se
retrouver dans une position plus difficile que celle que le règlement
voulait résoudre. C'est la première chose.
La deuxième chose, on dit: Si cela devait arriver, il faudra
probablement se donner le temps pour que les gens puissent s'ajuster à
l'intérieur des règlements. Aller dire à un
préposé bénéficiaire II que demain matin il ne peut
plus faire de plâtre parce qu'il n'est pas dans les règlements,
alors que cela fait dix ans, quinze ans ou vingt ans qu'il le fait, il faut
quand même admettre que dans la pratique des choses, dans le quotidien
des choses, ce sera assez difficile et cela va soulever certainement des
problèmes d'ordre pratique. Nous autres, il nous apparaissait que
évidemment, demander à l'Office des professions qu'il n'y ait pas
de titres réservés, c'est leur paire de manche on a
pensé que la recommandation no 1, comme la 9 et la 7, il fallait, en
tout cas, l'examiner en haut lieu.
M. Goldbloom: II faut les prendre dans leur ensemble.
M. Pleau: C'est cela.
M. Goldbloom: Je n'ai pas voulu prendre les recommandations
isolément. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Merci. M. le
député de Gaspé. (15 heures)
M. Le Moignan: J'aurai une seule question. Comme c'est la
première fois que je siège à cette commission
parlementaire, que je remplace un collègue, et après avoir
écouté votre intéressant mémoire, je vois qu'il y a
tout le dilemme, tout le problème de la santé que vous examinez
à la suite d'autres groupes. Je me souviens très bien qu'au cours
du mois de mars, vous aviez donné une conférence de presse
manifestant une certaine inquiétude face aux coupures budgétaires
annoncées à ce moment par le ministre des Affaires sociales, et
que vous aviez réclamé une action concertée de tous les
intéressés. Vous aviez fait une excellente suggestion ou une
invitation, celle de tenir un sommet sur la santé. Ma question serait
celle-ci: Est-ce que le ministre a donné suite à votre
invitation? Dans ce sommet sur la santé, alors qu'on sait qu'il y a
tellement d'intérêts divergents et que votre but est d'essayer
d'unifier ce monde, de mettre de l'accord parce qu'en somme, ce qui est
important, c'est de sauvegarder la santé du public est-ce que
vous avez eu des suites à cela et quelle est votre réaction,
à la suite de la réponse ou de la non-réponse du
ministre?
M. Pleau: Si je peux répondre, je pense que le ministre a
certainement manifesté un intérêt à cette question.
Je pense que cela pourrait, éventuellement, rejoindre, peu importe la
forme, l'inquiétude des divers intervenants dans le secteur de la
santé, et à moyen terme. Il n'a certainement pas dit non à
cela. Au contraire, il a manifesté de l'intérêt, ne me l'a
pas dit à moi, mais il l'a dit publiquement. Donc, cela a autant
d'importance, sinon plus.
M. Le Moignan: Ce qui veut dire, en définitive, à
la suite de cette commission parlementaire, quelle que soit la forme que le
ministre peut donner, je pense que cela pourrait permettre à toutes les
parties d'en venir peut-être à une meilleure entente, toujours
pour le bien des personnes visées qui sont les patients dans les
circonstances. Je vous remercie.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Gaspé. M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Je pense que c'est l'Association des hôpitaux
qui est le plus en mesure de répondre à mon interrogation.
J'aimerais comprendre quelle est l'importance relative de l'application d'une
délégation aussi généreuse, aussi large des actes
médicaux, en regard de la situation qui existe dans le réseau des
affaires sociales du Québec. J'aimerais mieux comprendre l'importance
des effectifs médicaux en regard de la nécessité ou non de
déléguer des actes médicaux. Est-ce qu'en ce qui a trait
à l'inégalité qui existe, qu'on reconnaît exister
actuellement au Québec dans les effectifs médicaux au sein des
institutions, un moins grand nombre de médecins, par exemple, peut avoir
une influence sur l'urgence, sur la nécessité plus large de
reconnaître ou d'étendre la délégation d'actes?
Est-ce que cela a une influence directe, à votre point de vue, la
composition des effectifs médicaux?
M. Pleau: Dans les faits, c'est sûr qu'il y a une relation
directe entre les effectifs médicaux et la délégation
d'actes. Dans la pratique des choses, peu importe que les gens aient le droit
de le faire ou pas, il est bien clair qu'on souffre sur le plan des effectifs
médicaux du manque de deux ou trois catégories de personnes qu'on
ne retrouve pas ou à peu près pas dans les régions
éloignées. Pour en nommer une: les anesthésistes. C'est
connu publiquement que même dans certains grands centres, dans des
régions comme Trois-Rivières, cela pose certains
problèmes. Imaginez, sur la Basse-Côte-Nord, qui endort les
malades s'ils doivent être opérés? Je ne suis pas
allé voir, mais je suis à peu près sûr que c'est
probablement une femme, une infirmière, un médecin ou un
omnipraticien, mais les règles du jeu entre les effectifs et les actes
délégués comme tels, c'est bien clair que cela a une
relation directe dans certains secteurs. Cela a une relation aussi importante
dans les grands centres parce qu'on se préoccupe de cela, mais à
l'autre extrémité, c'est qu'il va permettre à un
chirurgien de faire exactement sa chirurgie, va l'empêcher de
déborder à gauche et à droite, et c'est la même
chose pour les gens à d'autres niveaux, parce que tu as la ressource, tu
as ce qu'il faut. C'est pour cela que les conditions locales, pour moi,
m'apparaissent importantes, de voir, de visualiser à partir des
professionnels qui oeuvrent traditionnellement dans ces milieux. Il faut
retenir que ces gens travaillent presque uniquement dans les
hôpitaux.
M. Gosselin: Est-ce que cela n'accentue pas l'importance de ne
déléguer les actes médicaux qu'à une
catégorie très bien formée pour ce faire, et donc de
réserver ces délégations d'actes aux infirmières
diplômées? Est-ce que l'argument que vous m'apportez là ne
va pas dans le sens d'accréditer ou de rendre plus exclusive à
cette catégorie mieux formée que sont les infirmières
diplômées, la délégation d'actes?
M. Pleau: Je ne crois pas, parce qu'on a parlé des
infirmières, mais j'aurais pu vous parler des techniciens. Dans le fond,
le règlement... On aurait pu parler d'autres catégories; on parle
d'ailleurs d'autres catégories de professionnels. Le règlement
est une voie qu'on a choisie; on aurait pu en choisir peut-être d'autres
aussi. Evidemment, depuis quatre ou cinq ans, on a choisi la voie des
règlements et de désigner d'une façon exhaustive une
série d'actes. A ce moment-là, c'est bien clair qu'il faut
choisir entre les divers professionnels qui vont travailler là-dedans,
mais je peux vous dire, pour vous donner un exemple, que le
prélèvement sanguin, dans bien des endroits actuellement, ce sont
des techniciens qui le font et, dans bien d'autres endroits, ce sont les
infirmières qui
font cela. C'est une tradition du milieu qui a défini que
c'était tantôt les uns et tantôt les autres, mais, avec le
règlement, il faut peut-être choisir à ce moment-là;
il faut s'ajuster à ce qui est décidé par voie de
règlement mais cela ne reflète pas nécessairement la
réalité de tout ce qui se passe dans la province.
Le Président (M. Dussault): Merci. M. le ministre, pour
conclure.
M. Morin (Jacques-Yvan): M. le Président, je veux
remercier l'AHPQ de sa contribution aux débats; nous en ferons le plus
grand cas comme de tous les mémoires qui nous sont soumis. Je vous
remercie, messieurs.
Association des centres d'accueil du
Québec
Le Président (M. Dussault): Je remercie l'Association des
hôpitaux et j'invite l'Association des centres d'accueil du Québec
à prendre place devant la commission.
J'invite le porte-parole de l'Association des centres d'accueil à
se présenter et à nous présenter ses collègues.
M. Cloutier (Pierre): M. le Président, M. le ministre, MM
les députés, je tiens à vous présenter Me Huguette
April-Morin et M. Gérald Henri, tous deux conseillers à
l'Association des centres d'accueil, ainsi que votre humble serviteur, Pierre
Cloutier, directeur général de l'association.
Le Président (M. Dussault): M. Cloutier, je vous
demanderais, selon le souhait des membres de la commission, de nous
présenter votre mémoire autant que possible en quinze minutes.
C'est d'ailleurs ce que je vais demander aux autres groupes qui vont se
présenter devant nous.
M. Cloutier: On y parviendra.
Le Président (M. Dussault): D'accord, merci.
M. Cloutier: L'Association des centres d'accueil est une
association issue de la fusion de l'Association des foyers pour adultes et de
l'Association provinciale des institutions pour enfants, fusion qui a eu lieu
en 1974. Notre association regroupe maintenant 325 établissements. Elle
dessert environ 30 000 bénéficiaires à l'aide de 20 000
travailleurs. Parmi ces 30 000 bénéficiaires, environ 20 000 sont
des personnes du troisième âge; 71% de ces 20 000 personnes
âgées sont considérées comme peu ou très peu
autonomes et sont susceptibles d'être directement touchées dans la
qualité des services qui leur seront offerts par les règlements
qui nous réunissent aujourd'hui.
Toutefois, il est essentiel de dire que l'ACAQ n'a pas le goût ni
l'intention d'être arbitre ou juge dans les différents litiges que
peuvent provoquer entre les groupes directement concernés les
règlements dont il est question ici. L'ACAQ tient à rappeler
à tous que sa seule raison d'être présente à cette
commission constitue la qualité des services aux
bénéficiaires en centre d'accueil et nous espérons que nos
prédécesseurs du mois dernier et les suivants le vivent aussi
intensément que nous.
Nous concevons notre responsabilité sur les trois points
suivants: une responsabilité provenant du ministre des Affaires
sociales, afin de desservir la clientèle qui nous est dévolue de
par la Loi sur les services de santé et services sociaux; une
responsabilité d'employeur vis-à-vis des individus qui nous
aident à accomplir notre mission et une responsabilité sociale
à titre d'établissements qui désirent servir la population
du Québec.
Si nous avons des responsabilités, nous avons aussi des droits.
Nous avons le droit d'oeuvrer dans un cadre juridique opérationnel qui
tienne compte du milieu des centres d'accueil. Nous avons le droit de composer
avec des individus et des groupements d'individus qui prennent leurs
responsabilités. Nous avons le droit de disposer des ressources humaines
et matérielles nécessaires pour offrir des services de
qualité et ainsi respecter les lois. 75%, entre parenthèses, des
centres d'accueil, n'ont pas d'infirmières la nuit et 65% des centres
d'accueil ou d'hébergement n'ont pas d'infirmières le soir, ce
qui comporte une incidence majeure sur tout le fonctionnement des
règlements. Nous avons aussi le droit que les conseils d'administration
aient suffisamment de contrôle sur les activités de leur
établissement pour pouvoir en répondre complètement. C'est
dans ce contexte que l'ACAQ se présente aujourd'hui devant vous. Notre
présentation procède à la fois des principes et de
certains points techniques qui nous apparaissent les plus importants dans votre
proposition de règlement. Nous traiterons des règlements 29 et 36
de façon regroupée et au besoin, des précisions seront
apportées sur celui des deux projets auquel s'adressent nos
interventions. Nous aimerions d'abord traiter de la notion
d'établissement. Les centres d'accueil, comme établissements, ont
l'ultime responsabilité face aux bénéficiaires, face
à la population et au ministre des Affaires sociales, d'offrir des
services de qualité et en quantité suffisante. Pour favoriser
l'amélioration de ces services, il nous apparaît essentiel de
pouvoir bénéficier des ordonnances permanentes, des protocoles
ainsi que des conditions locales. N'ayant pas de conseils de médecins et
dentistes dans les centres d'accueil, nous ne sommes pas
considérés comme un établissement tel que le
définit l'article 1.01e du règlement concernant les actes
visés par l'article 29 de la Loi médicale. Certes, on nous
répondra que l'article 1.01c du dernier projet de règlement nous
permettra, par l'intermédiaire d'un contrat de service avec un
établissement ayant un conseil de médecins et dentistes, de
bénéficier des ordonnances permanentes et des protocoles. Nous
croyons qu'un contrat de service avec un établissement ayant un tel
conseil de médecins et dentistes ne sera pas toujours possible, ni
même souhaitable dans certains cas, et ce, entre autres, pour les
raisons suivantes. Tout d'abord, la question de la situation
géographique. L'ensemble des centres d'accueil est réparti sur
tout le territoire québécois et parfois dans des régions
fort éloignées de certains centres hospitaliers. La vocation
fondamentale des centres d'accueil soit celle de préoccupations en
gérontologie et en gériatrie. Il ne faut pas faire de nos centres
d'accueil des centres hospitaliers. Dans la distribution des services à
une catégorie semblable de bénéficiaires, pourquoi
astreindre l'administration du centre d'accueil à une procédure
beaucoup plus complexe, n'ayant pas droit aux ordonnances permanentes? Plus
précisément 13% des personnes âgées, admises en
centres d'accueil, proviennent de centres hospitaliers ou de centres
hospitaliers à soins prolongés. En d'autres termes, M. Langlois
en centre hospitalier pour soins prolongés avait droit à un
certain nombre de délégations comme services et le lendemain,
parce qu'il se retrouve en centre d'accueil, il n'y a plus droit. Ce serait
donc un manque de continuité et un manque de suivi.
Ensuite, le contrôle du conseil d'administration du centre
d'accueil sur les activités de son établissement afin de pouvoir
en répondre complètement. Les ressources limitées des
centres hospitaliers, leur non-obligation à signer et à appliquer
un tel contrat. De plus, les conseils d'administration de centres hospitaliers
n'ont pas d'autorité formelle sur les conseils des médecins et
dentistes. L'AHPQ en faisait état plus tôt. Il faut dire aussi
qu'il n'est pas permis à l'article 75 de la loi 48 de former un conseil
des médecins et dentistes dans un centre d'accueil même si l'on a
plus que trois médecins ou dentistes dans ce même
établissement."
Pour toutes ces raisons, il nous apparaît important que les
centres d'accueil soient reconnus comme un établissement à
l'article 1.01e au même titre que ceux qui ont un conseil de
médecins et dentistes. Nous recommandons donc que le ou les
médecins oeuvrant dans les centres d'accueil aient l'autorité
d'établir des ordonnances permanentes, des protocoles et des conditions
locales ainsi que la liste des médicaments prévus à
l'annexe A du règlement 29 et à l'article A.1.18. (15 heures)
D'autre part, il semble nécessaire d'apporter des
précisions aux points suivants: à l'article 1.01c qui traite de
la définition des conseils des médecins et dentistes, lorsque
l'on parle de contrat de service, certaines questions sont laissées en
suspens. Les médecins du centre d'accueil devront-ils être membres
du conseil des médecins et dentistes du centre hospitalier? Comment le
conseil des médecins et dentistes peut-il surveiller à distance,
et parfois à très longue distance, l'application de la
délégation des actes? Quelle autorité le conseil des
médecins et dentistes d'un centre hospitalier a sur les activités
d'un centre d'accueil?
De plus, à l'article 1.01d qui traite de la façon dont on
établit les règlements du conseil des médecins et
dentistes, est-il question du conseil d'administration du centre d'accueil ou
de celui du centre hospitalier? La phraséologie est ambiguë.
A l'article 1.01e où l'on traite de la notion
d'établissement, il nous apparaît essentiel d'ajouter à cet
article, dans l'état actuel des choses, le membre de phrase suivant: "ou
un tel établissement qui, sans avoir de conseil des médecins et
dentistes, a conclu un contrat de service avec un établissement ayant un
conseil des médecins et dentistes."
A l'article 1.01 j où l'on traite de la définition des
protocoles, il nous apparaît nécessaire qu'une consultation
auprès des établissements n'ayant pas de conseil de
médecins et dentistes se tienne, puisque le milieu, les ressources
humaines et matérielles ainsi que les objectifs de ces
établissements sont très différents.
On veut traiter aussi ici de l'obligation d'être membre de la
Corporation des infirmières auxiliaires. Article 1.01 f. Si l'on
considère que le Code des professions stipule que la profession
d'infirmière auxiliaire en est une à titre réservé
et non à titre exclusif, si l'on considère que selon le
même code et les lois respectives concernant les ordres, il est
déclaré que les actes seront délégués
à des classes de personnes et non pas nécessairement à des
classes de professionnels membres de corporations, si l'on considère
qu'une infirmière auxiliaire et une auxiliaire diplômée
reçoivent la même formation, les deux devant détenir un
diplôme de fin d'études secondaires avec spécialisation en
services de santé d'une école secondaire reconnue par le
ministère de l'Education, il appert donc que ce ne sont pas pour des
raisons d'ordre juridique ni de formation que les projets de règlement
n'autorisent la délégation des actes qu'à des membres des
corporations. Pour quelle raison alors?
L'on peut s'interroger sur la logique qui sous-tend que les
infirmières auxiliaires devront être membres de la Corporation des
infirmières auxiliaires pour la partie seulement des actes
délégués puisque la profession d'infirmière
auxiliaire en restera tout de même une à titre
réservé, si l'on se réfère au mémoire de la
Corporation professionnelle des médecins, où il est
mentionné que le principal objet de cette délégation
était de régulariser une situation de fait qui existe depuis
plusieurs années dans le domaine de la santé. Il nous faut
admettre que par le passé et présentement, des auxiliaires
diplômés contribuent et participent déjà, tout comme
les infirmières auxiliaires, à certains actes cités aux
annexes. De plus, si l'objectif recherché est de s'assurer de la
compétence des personnes qui contribuent et participeront à poser
les actes délégués, nous croyons qu'il peut être
atteint sans qu'il y ait nécessité d'appartenir à la
corporation, les médecins de l'établissement et le responsable
des soins pouvant s'assurer de l'habileté des auxiliaires
diplômés à intervenir puisqu'il s'agit d'actes
médicaux ou infirmiers.
Par ailleurs, si comme demandé par la Corporation professionnelle
des médecins, l'Ordre des infirmières, l'AHPQ, le projet des
règlements était modifié pour permettre à
l'établissement la possibilité de restreindre tant les personnes
formant une classe, compte tenu de leur préparation et de leur
expérience, que ceux des actes prévus aux annexes, il nous
apparaît que l'objectif recherché
à savoir: s'assurer de la capacité de la personne à
poser les gestes, serait également atteint. A cet effet, le tout premier
projet de règlements faisait état de cette hypothèse.
Aussi, parce que l'ACAQ et le ministère des Affaires sociales
sont engagés avec des groupes d'employés dans des conventions
collectives et que ces conventions collectives n'exigent pas que les personnes
soient membres de la corporation des infirmières auxiliaires pour
occuper des emplois similaires, le présent règlement sera donc en
contradiction avec nos engagements actuels.
L'ACAQ, tout en favorisant I'adhésion à la corporation, ne
croit pas qu'il soit essentiel que l'infirmière auxiliaire appartienne
à une corporation pour profiter de la délégation
oroposée dans ce règlement, celle-ci pouvant être faite
à des personnes ayant reçu une formation identique, cette
dernière étant dispensée par le ministère de
l'Education.
Toutefois, si tel était le cas, il en résultera des
difficultés importantes d'application puisque l'on aura deux classes de
personnes dans une même catégorie de personnel: celles qui seront
membres de la corporation et qui pourront recevoir les actes
délégués et les non-membres de la corporation qui ne
pourront pas recevoir de délégation. Comment pourra-t-on
administrer des services continus devant une telle situation? D'autant plus
qu'à l'occasion il n'y aura qu'une infirmière auxiliaire
non-membre de la corporation en présence de nos
bénéficiaires. Je vous répète aussi les chiffres du
début: 71% des centres d'accueil n'ont pas d'infirmières la nuit
et 65% n'en ont pas le soir.
Des ajustements importants seront à faire avec les groupements
syndicaux et ces ajustements ne peuvent être autrement que
négociés. Devenir membre de la corporation des infirmières
auxiliaires risque d'être perçu comme une exigence de l'Etat
employeur et, historiquement, ce genre d'exigence a été aux frais
de l'employeur? Quel précédent créera-t-on alors pour
l'ensemble des autres professions?
On désire aussi traiter de la possibilité de retirer
certains actes délégués. L'article 3.04 stipule que, dans
des circonstances exceptionnelles, compte tenu de la protection du public et
des ressources du milieu, le Bureau de la corporation professionnelle des
médecins du Québec peut désigner, parmi les actes
prévus aux annexes, ceux qui ne peuvent être posés par les
personnes habilitées. Compte tenu de la rédaction de cette
disposition, laquelle ne précise ni ce qu'il faut entendre par
circonstances exceptionnelles, ni la portée de ces modifications,
à savoir s'appliqueront-elles à tous les établissements,
ni la façon dont on informera les établissements visés,
etc.; compte tenu, par ailleurs, des articles 19, 20 et 22 de la Loi
médicale ainsi que de l'article 93 du Code des professions, lesquels
prévoient les modalités à suivre pour l'adoption et
l'entrée en vigueur d'un règlement adopté par une
corporation, et compte tenu de l'article 4.04 du présent projet de
règlement, lequel prévoit la formation d'un comité de
révision des actes, l'ACAQ s'inter- roge sur la nécessité
et la légalité de cette disposition, laquelle permettrait au
Bureau de la corporation professionnelle des médecins du Québec
de retirer certains actes des annexes qui auraient été
délégués après consultation de l'Office des
professions du Québec, des corporations professionnelles auxquelles
appartiennent les personnes visées par ce règlement et
approbation du lieutenant-gouverneur en conseil.
La même situation existe d'ailleurs dans le règlement no
36.
Le degré de surveillance requise immédiate ou sur place.
L'utilisation de l'expression "le cas échéant" à l'article
1.01k et I apporte beaucoup de confusion et nous nous sommes permis de faire un
tableau vous décrivant les interprétations possibles du texte que
vous suggérez. Vous trouverez ce tableau à la page 21 de notre
mémoire et nous croyons qu'il y aurait lieu, afin d'éviter cette
situation, de préciser.
A l'article 36, en regard de la délégation des
infirmières, avec une exigence de surveillance à distance, des
difficultés très importantes se présenteront dans les
centres d'accueil. Le soir et la nuit, plusieurs centres d'accueil n'ont aucune
infirmière auxiliaire. Il faudra donc une infirmière en
disponibilité. Les coûts que cela risque d'entraîner sont
fort importants, d'autant plus que les problèmes de recrutement n'en
seront pas réglés pour autant.
D'ailleurs, est-il vraiment nécessaire qu'il y ait surveillance
à distance? Sur cet aspect, il y a conflit entre les règlements
29 et 36, c'est un point technique, pour ce qui est de la
délégation de l'acte nommé lavage vésical. Dans
l'article 29, annexe A, l'article a.1.03, l'auxiliaire pourrait contribuer et
participer à faire un lavage vésical avec surveillance sur place
d'une infirmière ou d'un médecin. Dans l'article 36, à
l'annexe A), article a.12, l'auxiliaire peut faire un lavage vésical
avec surveillance à distance de l'infirmière. Il y aurait
sûrement lieu de préciser.
Nos conclusions. Ces règlements, dans l'état actuel de
leur libellé, causeront des difficultés importantes d'application
dans notre milieu. Elles exigeront des investissements financiers très
importants de la part de l'Etat dans notre réseau, vu l'obligation, fort
probable, que nous aurons d'engager entre 350 et 400 infirmières de plus
que celles que nous possédons déjà. Ce sont des chiffres
approximatifs, bien sûr.
D'autre part, des règlements sont en contradiction avec certains
engagements que nous avons pris vis-à-vis de certains groupes
d'employés et nous aurons à les négocier avec eux. En
plus, on peut ajouter que, dans plusieurs cas où une infirmière
auxiliaire travaille en ce moment, soit de soir, soit de nuit ou même de
jour, nous n'avons pas besoin de deux personnes, soit d'une infirmière
pour surveiller l'auxiliaire, etc. Il faudra donc faire un choix entre
l'infirmière et l'auxiliaire, et dorénavant, avec un
règlement semblable, principalement engager une infirmière, on se
retrouvera avec une quantité importante d'infirmières auxiliaires
dont nous n'aurons plus besoin de re-
tenir les services, vu la quantité de services à donner,
étant donné, dans plusieurs cas, la petitesse de nos milieux.
Nous sommes donc tout à fait disponibles pour discuter avec vous
des différents aspects que l'on vient de vous énumérer. A
votre service.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. Cloutier.
M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: Je veux d'abord m'excuser de mon retard auprès
de ceux qui ont présenté un mémoire. J'ai dû
représenter le gouvernement à l'inauguration de la semaine du
bénévolat à Montréal.
Je veux d'abord apporter une réponse à une question
précise du représentant de l'Association des centres d'accueil,
en ce qui concerne l'article 1.01d. Dans le texte, on parle d'un conseil
d'administration de l'établissement et vous vous demandiez de quel
établissement il s'agissait. Il s'agit d'établissements où
il y a un conseil de médecins et dentistes ou d'un établissement
centre d'accueil. C'est ambigu, effectivement, et nous avons l'intention de
tirer ça au clair, de rendre cela très catégorique, il
s'agit du centre d'accueil, il s'agit de l'établissement centre
d'accueil qui emploie la ou les personnes qui pourront commettre ces actes.
Deuxièmement, vous soulevez certains problèmes qui vous
apparaissent concernant le contrôle à distance du conseil des
médecins et dentistes d'un hôpital donné, par rapport
à un centre d'accueil. Bien sûr, ce n'est pas la situation
idéale. Cependant, on peut retrouver des parallèles, des
analogies avec certaines situations qui existent actuellement et que vous
connaissez bien. Par exemple, depuis quelques années, à la suite
d'une opération qui s'appelle pavillonnement, il y a un certain nombre
de petits foyers, de petits établissements pour personnes
âgées en particulier, moins de 30, qui sont accrochés, qui
sont affiliés à un centre d'accueil public.
Un des avantages de cette association entre le pavillon de moins de 30
bénéficiaires avec un centre d'accueil public est de pouvoir
profiter du fait que les bénéficiaires du petit centre d'accueil,
du pavillon, puissent bénéficier de toute l'expertise du
personnel qui est dans le centre d'accueil public, qu'il s'agisse des
professionnels, médecins ou non-médecins, peu importe.
Donc, le ministère compte sur le centre d'accueil public pour
exercer cette surveillance à distance qui, d'après nous,
fonctionne assez bien. Je pense que, de la même façon, le Conseil
des médecins et dentistes d'un hôpital avec qui le centre
d'accueil aurait un contrat de service le plus simple possible, pourrait, je
crois, jouer un rôle équivalent à celui joué par le
centre d'accueil public vis-à-vis du pavillon. (15 h 30)
Dans beaucoup de centres d'accueil pour personnes âgées, il
serait un peu absurde de vouloir créer des conseils des médecins
et dentistes. Vous avez un centre d'accueil d'une cinquantaine de personnes
où il peut n'y avoir qu'un seul médecin ou quelques
médecins à temps très partiel. Je pense que ce serait
imposer un fardeau beaucoup trop lourd à ces quelques médecins de
mettre sur pied toute une structure équivalente à celle que l'on
retrouve dans les hôpitaux pour le fonctionnement des conseils des
médecins et dentistes.
Par conséquent, je pense qu'il faut revenir au concept de
complémentarité, complémentarité entre le centre
d'accueil et le pavillon et, de la même façon,
complémentarité entre un centre hospitalier et un centre
d'accueil. Je pense que c'est une composante, si vous voulez, qui rallie toutes
les associations d'établissements. C'est un objectif, dois-je dire, qui
rallie l'Association des centres d'accueil comme l'Association des
hôpitaux, cette complémentarité entre les divers
éléments du réseau des affaires sociales. Il nous
paraît que, dans ce contexte de complémentarité, il serait
possible d'avoir de ces ententes de services entre le centre d'accueil et
l'hôpital en ce qui concerne la surveillance à être
exercée par le conseil des médecins et dentistes.
Finalement, ma dernière remarque concernant l'affirmation que
vous faites au sujet de l'appartenance des infirmières auxliaires
à la corporation, il nous a toujours paru évident qu'il allait y
avoir peut-être que cela n'a pas été dit assez
clairement une clause grand-père, une clause grand-mère.
Je pense que nous l'avions dit lors de la première séance de
cette commission parlementaire. Il n'est pas exact de dire que, du jour au
lendemain, nous allons imposer, à toutes les infirmières
auxiliaires, l'appartenance à la corporation, puisque, pour celles qui
oeuvrent déjà dans le réseau, nous allons
reconnaître cet état de fait. Notre intention c'est de demander
aux futures auxiliaires qui entreraient dans le réseau d'appartenir
à la corporation. Evidemment, au passage, vous avez touché un peu
l'aspect formation des auxiliaires. Peut-être que mon collègue de
l'Education voudra relever un peu cet aspect de vos remarques. Je vous
félicite pour votre mémoire.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. Cloutier.
M. Cloutier: Si on me permet de faire quelques commentaires
à M. Lazure, dans le cas du pavillonnement dont vous citez l'exemple,
comme type de complémentarité, il y a quand même une notion
importante qui est l'obligation des deux parties de passer par ce
cheminement-là. Il est vrai, par contre, que je pense que
l'opération atteint ses objectifs en termes de
complémentarité et que cela s'est fait relativement bien, mais il
y a obligation et responsabilité formelles de la part du pavillon
d'être rattaché à un centre d'accueil et, inversement, les
centres d'accueil doivent convenir dans ces contrats de service-là,
d'une obligation sur le plan légal qui n'existe pas entre un centre
hospitalier et un centre d'accueil.
L'autre aspect qu'il serait peut-être intéressant
d'explorer pour le législateur, c'est la possibilité que les
centres d'accueil qui ont plus de trois médecins ou dentistes puissent
former, en touchant la loi 48, un conseil des médecins et den-
tistes. L'inquiétude que nous avons, c'est que l'expertise
développée en centres d'accueil du côté de la
gérontologie et de la gériatrie soit moins bien respectée
par des conseils des médecins et dentistes oeuvrant dans le secteur
hospitalier et particulièrement dans les secteurs d'hospitalisation
à courte durée, où la sorte de médecine, la
catégorie de médecins qui travaillent dans ces endroits-là
est très différente finalement. Je pense que, de plus en plus, au
Québec, on tend à développer une espèce d'expertise
du côté du troisième âge dans les soins de
santé. Je pense que les centres d'accueil dans ce sens-là ont
fait un bout de chemin important que nous désirons conserver.
D'autres façons aussi que le législateur pourrait regarder
cette expertise ou cette surveillance que vous désirez qui existe dans
la disposition des actes dont on parle, ce serait peut-être de former
à l'intérieur des règlements la possibilité pour
les centres d'accueil ou l'obligation pour les centres d'accueil, une ou deux
fois par année, en fonction de la décision que vous prendriez, de
s'attacher un groupe de consultants qui pourraient provenir de l'Ordre des
médecins, par exemple, et qui viendraient statuer sur la
délégation des actes, les protocoles, etc.
Cela ne change quand même pas à tous les jours, ces
règles du jeu. On pourrait les statuer annuellement. De cette
façon, nous serions sûrs de pouvoir avoir une expertise
médicale juste et on pourrait aussi respecter la spécialisation
qu'on a développée en centres d'accueil du côté de
la gérontologie et de la gériatrie, d'autant plus que cela
éviterait les problèmes de juridiction du conseil
d'administration du centre hospitalier sur le Conseil des médecins et
dentistes du même hôpital dont on faisait état tantôt,
et les mêmes problèmes de juridiction du centre hospitalier sur le
centre d'accueil. L'objectif serait atteint en termes d'expertise. Ce sont
d'autres commentaires qu'on peut ajouter.
Quant à la clause grand-père ou grand-mère, si vous
me permettez un commentaire, le problème administratif que cela pose,
c'est sur un même plancher, vous avez des gens qui ont droit à la
délégation des actes parce qu'ils sont du côté de la
grand-mère ou du grand-père ou inversement. Comment fait-on pour
distinguer ces gens quand vous déléguez les actes? Sur le plan
pratique, pour le chef d'équipe qui donne des services sur un plancher,
cela pose un problème.
M. Lazure: M. le Président, rapidement, pour ce qui est de
la clause, il faut vivre avec. Dans beaucoup de conventions collectives, on a
de ces clauses grand-père. On apprend à vivre avec. Je pense que
ce sont des inconvénients relativement mineurs.
Pour l'autre question, je voudrais, encore une fois... Tantôt,
j'ai dit des mécanismes relativement simples de supervision à
distance. Je voudrais répéter et mettre l'accent
là-dessus. Je pense qu'il faut que les centres d'accueil, aussi bien que
les hôpitaux, tous les établissements du réseau des
affaires sociales où ce règlement s'appliquerait, il faut qu'ils
comprennent très bien, ces établissements, que nous n'avons pas
intérêt à compliquer et à alourdir toute cette
mécanique des ententes de services. Dans ce domaine, nous sommes
prêts à collaborer de façon bien étroite avec votre
association des centres d'accueil et à trouver des mécanismes
très légers.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre de
l'Education.
M. Morin (Sauvé): Je me contenterai d'ajouter un seul
point, commentant l'un des passages de votre mémoire. Il est clair que
nous devrons, après l'adoption de ces dispositions
réglementaires, nous entretenir avec les corporations et avec les
universités, de la formation des modifications qui pourraient en
résulter pour la formation des principaux intéressés.
Commençons par régler le problème du règlement,
ensuite, on verra dans quelle mesure il faut s'adapter au niveau de la
formation. Nous n'en sommes pas encore tout à fait là, mais nous
l'avons à l'esprit. Nous gardons cette dimension du problème dans
la tête. Nous y verrons sans doute dans les mois qui vont suivre
l'adoption du règlement.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. J'ai une seule
question, M. Cloutier. Non, j'en ai peut-être deux, parce que d'abord, je
voudrais vous demander ceci: Nous avons devant les yeux un mémoire qui
comporte treize pages. Pourtant, vous avez fait allusion à la page 21 de
votre mémoire...
M. Cloutier: Ah bon!
M. Goldbloom: ... avec un tableau comparatif de quelque chose.
Pourrons-nous obtenir l'autre document, pas nécessairement à
l'instant même, mais... Vous avez semé une petite confusion.
M. Cloutier: On parle bien du même règlement,
c'est-à-dire celui traitant de l'article 29, et non pas 36. Je m'excuse,
s'il y a eu confusion...
M. Goldbloom: Ah bon! Parce que...
M. Cloutier: ... je pense que celui-ci possède au moins 21
pages.
M. Goldbloom: ... ce que j'ai devant les yeux porte justement sur
l'article 36, mais je n'ai pas l'autre.
M. Cloutier: Ah bon! Cela relève moins de ma
juridiction.
M. Goldbloom: Très bien. Ma question porte justement sur
l'annexe à ce mémoire qui nous a été
distribué et qui porte sur l'article 36. Les chiffres qui paraissent
à l'annexe ont été cités au
cours de votre présentation. Vous avez bel et bien dit que 75%
des centres d'accueil n'ont pas d'infirmiers ou d'infirmières en service
la nuit, et 65% n'ont pas d'infirmiers ou d'infirmières en service le
soir.
Ma question est double: D'abord, est-ce que c'est une situation à
laquelle il faut se résigner? Deuxième question: Sinon, quelle
est la solution? Est-elle d'habiliter les personnes qui assurent le soin des
malades pendant la soirée et la nuit à poser les actes en
question? Est-elle de fournir à ces personnes une formation
additionnelle pour qu'elles puissent, en toute sécurité, poser
ces actes? Ou est-elle de convaincre les autorités en place d'accorder
aux établissements en question la possibilité de recruter des
infirmières et des infirmiers pour assurer que le soin des malades se
fasse par de telles personnes professionnelles le soir et la nuit?
M. Cloutier: Qu'il faille se résigner, je pense que c'est
non, II ne le faut jamais.
M. Goldbloom: Merci, je suis heureux de cette réponse.
M. Cloutier: La seule question que je comprends et qu'il est
important de solutionner, c'est: Qu'est-ce que les Québécois ont
le goût d'investir dans leurs services de santé et services
sociaux? Personnellement, et à l'Association des centres d'accueil, la
meilleure qualité de services sera toujours ce qu'il faut. Que ce soit
au moyen du recyclage ou par du nouveau recrutement, en tant que gestionnaire
qui a à distribuer des services, cela me pose moins de problèmes
en termes de choix. L'important, c'est l'objectif et je pense que les deux
moyens sont bons.
Il s'agit, pour le législateur et l'Etat, de décider ce
qu'on investit et comment on procède. Ce que je peux vous apporter comme
témoignage, c'est la situation actuelle et vous faire constater ce qui
se passe dans les centres d'accueil en ce sens et vous dire notre désir
d'assurer la meilleure qualité de services possible avec les outils dont
on nous dotera. Il faut aussi que j'ajoute qu'en ce moment il y a un certain
mouvement de bonification en termes de qualité de personnel qui est en
train de se passer. L'Association des centres d'accueil, l'an passé, a
fait des représentations importantes pour vous avertir qu'on avait
besoin, dans les centres d'accueil, de plus de personnel et surtout de
personnel mieux qualifié. Ce processus est engagé; il
s'établit sur une période de trois ans. Cela ne va même pas
si mal puisqu'on pense être capable d'atteindre les objectifs
prévus en deux ans et on est dans cette phase de correction, si on peut
dire. Mais cela bouge de ce côté. Je ne sais pas si cela
répond suffisamment à votre question, mais il m'apparaît
que le vrai problème est ce qu'on décide d'investir dans nos
services de santé et services sociaux.
M. Goldbloom: Je vous remercie bien sincèrement de cette
réponse, d'abord parce que vous avez déclaré que la
situation que vous avez décrite n'en est pas une à laquelle il
faut simplement se résigner et, deuxièmement, parce que vous avez
reconnu, dans votre réponse, qu'il existe des différences de
formation entre diverses catégories de personnes et qu'il faut en tenir
compte en évaluant les besoins des malades par rapport aux soins requis.
Merci.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Rapidement, M. le Président, pour rejoindre la
préoccupation exprimée par le député de D'Arcy
McGee, à laquelle le représentant de l'ACAQ a parfaitement bien
répondu, j'ajouterais que ce plan échelonné sur trois
années nous permettra d'augmenter le personnel dans les centres
d'accueil de façon assez appréciable. Il y a beaucoup de
rattrapage à faire de ce côté parce que les
bénéficiaires des centres d'accueil pour personnes
âgées sont plus malades qu'elles ne l'étaient autrefois,
donc elles demandent plus de personnel et du personnel plus qualifié
dans certains cas. L'an passé, nous avons dépensé $300 000
pour la formation du personnel en cours d'emploi dans les centres d'accueil
pour personnes âgées et nous avons octroyé
l'équivalent de $6 millions sur une base annuelle pour augmenter le
personnel. Nous voulons continuer cette injection de nouvelles sommes d'argent
pendant encore deux années de façon à pouvoir passer d'un
ratio de personnel qui était de 0,5% pour un bénéficiaire
pour en arriver à au moins 0,7%, sinon 0,8%, d'ici deux années.
J'ai souvent dit que si nous refusions de continuer le rythme très
rapide de l'augmentation des coûts dans les hôpitaux
généraux, une des raisons est que nous voulons garder l'argent de
développement dont nous pouvons disposer, nous voulons en garder une
large partie pour augmenter le personnel dans les centres d'accueil pour
personnes âgées et dans les hôpitaux pour malades
chroniques. (15 h 45)
Fédération des affaires sociales
Le Président (M. Dussault): II n'y a pas d'autre
intervenant. Je remercie l'Association des centres d'accueil du Québec
de sa contribution aux travaux de cette commission et j'invite la
Fédération des affaires sociales à se présenter
devant la commission.
J'invite le porte-parole de la Fédération des affaires
sociales à se présenter et à nous présenter ses
collègues.
Mme Lavoie-Clément (Gabrielle): M. le Président,
messieurs les ministres, messieurs les députés, j'aimerais tout
d'abord présenter les personnes qui m'accompagnent. A ma gauche, M.
Jacques Lavoie, qui est le trésorier général de la
Fédération des affaires sociales. A ma droite, Mme Céline
Tremblay, qui est une infirmière autorisée. A la droite de Mme
Tremblay, M. Gérard Bérubé qui est un infirmier
auxiliaire. Maintenant, une
petite précision pour indiquer que les brefs commentaires que
nous entendons faire maintenant sont présentés à titre de
complément au mémoire qui avait été produit en juin
1977 lors de la présentation du projet de l'Ordre des infirmiers et
infirmières et de sa publication dans la Gazette officielle. Les
présentes remarques sont...
Le Président (M. Dussault): Permettez-moi de vous demander
de vous présenter, s'il vous plaît.
Mme Lavoie-Clément: Pardon. Je suis Ga-brielle
Lavoie-Clément. Je suis conseiller juridique à la
Fédération des affaires sociales.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Maintenant, puis-je
vous demander, s'il vous plaît, de vous en tenir vraiment aux quinze
minutes de la présentation?
Mme Lavoie-Clément: Nous allons faire un effort dans ce
sens.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie.
Mme Lavoie-Clément: A titre de supplément au
mémoire de la Fédération des affaires sociales sur le
règlement de l'Ordre des infirmières et des infirmiers du
Québec déterminant, parmi les actes visés à
l'article 36 de la Loi des infirmières et infirmiers, ceux qui peuvent
être posés par les classes de personnes autres que des
infirmières et infirmiers, il est peut-être utile dans un premier
temps de rappeler brièvement que la Fédération des
affaires sociales est un organisme qui représente une couche
relativement importante et diversifiée du personnel oeuvrant dans le
réseau des affaires sociales tant au niveau des centres hospitaliers,
universitaires, de soins aigus ou prolongés, que des centres d'accueil,
des CLSC ou des centres de services sociaux. C'est ainsi que nous
représentons à la fois des professionnels, du personnel de
soutien, des employés de bureau, des infirmières
autorisées et des infirmiers autorisés, des techniciens de
radiologie, de laboratoire et autres, des préposés, des
éducateurs, des infirmiers et infirmières auxiliaires, des hommes
de métiers et même quelques médecins, ce qui totalise
environ 75 000 personnes.
S'il peut paraître à certains curieux qu'à titre
d'organisation syndicale vouée à la défense et à la
promotion des intérêts socio-économiques de ses membres, la
Fédération des affaires sociales ait demandé et soit
admise à s'asseoir dans la présente enceinte, il faut
reconnaître que l'exercice actuellement en cours est relatif au
départage des activités professionnelles entre les corporations
concernées et loin d'être étranger aux
préoccupations quotidiennes de ceux et celles qu'il affecte à
titre de salariés. Il suffit de s'attarder aux répercussions que
des changements de ce titre sont susceptibles d'introduire au niveau de
l'organisation du travail, dans la mesure où ils ont pour effet de
modifier le contenu de tâches d'un ou plusieurs groupes visés, de
provoquer la revalori- sation ou la dévalorisation de certaines
fonctions ou encore de resoulever la délicate question de la
responsabilité civile professionnelle. Ce départage des actes
médicaux ou hospitaliers conditionne le travail quoditien de chacune des
catégories de personnes visées et, dans le secteur que nous
occupons, l'opération intéresse plusieurs milliers de
personnes.
A titre de bref rappel historique, les auxiliaires formés dans
les écoles traditionnelles consultaient les mêmes volumes de
nursing que les infirmières et les infirmiers. C'est ainsi que
s'exprimait l'Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec
dans le document introductif de son projet de règlement et
présenté il y a quelque temps à ses membres, soit au cours
de juin 1977. Dans le sillage des infirmiers et infirmières
effectivement et depuis toujours, les infirmiers et infirmières
auxiliaires ont été préparés et initiés sous
le contrôle même de l'Association des infirmières
jusqu'à une époque relativement récente à occuper
un champ d'activité important dans le secteur du nursing. Leur formation
et leur entraînement les destinaient à jouer ce rôle
précieux d'auxiliaires, tant auprès de l'infirmière que du
médecin. Par ailleurs, en l'absence de dispositions législatives
suffisamment explicites, le partage des actes infirmiers entre les diverses
catégories de personnel infirmier variait suivant les besoins et
l'organisation des institutions de même que suivant les politiques du
ministère de la Santé de l'époque.
De fait, précisément, les politiques ministérielles
de spécifications des fonctions du personnel de nursing n'ont pas
toujours rendu justice à la formation des infirmiers auxiliaires en
particulier. Ainsi, le guide intitulé "Classifications et fonctions du
personnel infirmier dans les hôpitaux", publié en 1967 par le
ministère de la Santé, loin de constituer une juste
reconnaissance des aptitudes spécifiques de cette catégorie de
personnel, a largement contribué à faire de l'infirmier
auxiliaire le parent pauvre du nursing.
En 1973, comme on le sait, la Loi médicale et la Loi des
infirmières et infirmiers vinrent heureusement mettre un terme au
silence du législateur en imposant pour l'une, à l'Ordre des
médecins, le devoir de déterminer parmi les actes visés
à l'article 29 ceux qui suivant certaines conditions prescrites peuvent
être posés par des classes de personnes autres que des
médecins. On trouve l'équivalent en ce qui concerne l'Ordre des
infirmières dans le cadre de la Loi des infirmières et infirmiers
du Québec. Plus récemment, en réponse aux attentes de
toutes et tous, l'Ordre des infirmières et des infirmiers du
Québec, emboîtant ainsi le pas à l'Ordre des
médecins je réfère à la publication dans la
Gazette officielle du 31 mars 1976 concrétise finalement son
obligation dans un projet de règlement publié le 8 juin 1977 dans
la Gazette officielle du Québec, document qui, ajouté au
mémoire du ministre responsable des corporations professionnelles, est
l'objet des considérations ci-après.
Parmi les principes qui, quant à nous sont susceptibles de nous
guider dans l'examen de la
question sous étude, disons que l'accès des infirmiers et
infirmières auxiliaires au statut de corporation supposait la
présence marquée des éléments suivants retenus
entre autres par le Code des professions comme facteurs devant permettre de
déterminer la constitution d'une corporation et nous
référons à l'article 25 du Code des professions qui
prévoit a) que les connaissances requises des personnes pour exercer
lesdites activités et b) le degré d'autonomie dont jouissent les
personnes appelées à exercer ces activités sont des
facteurs qui sont pris en considération lorsqu'il s'agit de
déterminer la constitution d'une corporation.
L'importance des connaissances requises constituant, d'une part, un
facteur de détermination de l'importance des fonctions à
être exercées et, d'autre part, le degré d'autonomie venant
qualifier l'exercice des activités, il nous paraît que ces
principes doivent servir de guide dans la détermination des
activités à être déléguées aux
personnes relevant des corporations impliquées.
Relativement à la notion de personnes habilitées,
rappelons encore une fois que notre propos n'est pas de chercher à
influencer de quelque façon la destinée de l'une ou l'autre des
corporations concernées. Par ailleurs, on remarque à l'examen des
projets de règlements que la désignation spécifique de la
personne qui est habilitée à poser les actes mentionnés en
annexe ou à participer, au sens du projet de la Corporation des
médecins, nous renvoie à la définition apparaissant
à l'article 1, soit celle d'infirmier, infirmière auxiliaire,
d'inhalothérapeute ou de technologiste médical. Faut-il entendre
alors que l'intention des projets relativement aux personnes visées est
d'autoriser l'exercice ou la participation à l'exercice des actes
mentionnés en annexe aux seules personnes inscrites au tableau de leur
corporation et partant, de faire passer par le biais d'un règlement
lesdites corporations de corporations à titre réservé
qu'elles sont, à corporations à titre exclusif? Point n'est
besoin à cet égard d'insister sur le fait que le droit exclusif
d'exercer ne peut être conféré à une corporation que
par une loi. Nous référons ici aux articles 26, 27 et 38 du Code
des professions.
En conclusion, sur ce point, il y aurait lieu que les articles
pertinents des projets de règlement soient formulés de
manière à assurer l'exercice ou la participation à
l'exercice des actes prévus aux annexes, à toute personne qui
détient pour le groupe des infirmiers et infirmières auxiliaires
un diplôme de fin d'études secondaires avec la
spécialisation appropriée d'une école reconnue par le
ministère de l'Education ou détenir un diplôme d'une
école alors reconnue à l'époque par la Commission des
gardes-malades auxiliaires du Québec ou par l'AIIPQ ou, le cas
échéant, par le ministère de l'Education ou dont
l'équivalence en compétence était reconnue par
l'Association des infirmières de l'époque.
Quant aux technologistes médicaux, les personnes visées
devraient être celles qui ont reçu la formation théorique
et pratique dispensée par une école de technologie
médicale ou une institution de niveau collégial reconnue
officiellement par le ministère de l'Education.
Au cas contraire, la présente commission comprendra que nous
manifestions quelque inquiétude au sujet des quelques milliers de nos
membres qui ne seraient pas actuellement inscrits au tableau de leur
corporation et que la loi n'oblige actuellement pas à ce faire pour
pouvoir exercer leur profession. Il serait injustifiable que plusieurs milliers
d'infirmiers, infirmières auxiliaires ou technologistes médicaux
se trouvent discriminés dans l'exercice de leurs activités
spécifiques ou assujettis à l'application de conditions plus
onéreuses que les autres en conséquence du seul fait qu'ils ne
sont pas actuellement membres de leur corporation.
Relativement à la question des conditions locales requises pour
poser un acte: sur cet aspect de la question, c'est-à-dire la
détermination des conditions locales requises de la personne
habilitée par la loi pour poser les actes prévus au projet de
règlement de l'Ordre des infirmiers et infirmières du
Québec, le principal changement introduit par le mémoire du
ministère responsable de l'application des lois professionnelles porte
sur la reconnaissance des conditions locales particulières à
chaque établissement et requises pour poser un acte. Or, la
démarche des différentes corporations impliquées s'inscrit
dans un contexte où, précisément, l'étendue des
activités des infirmiers et infirmières auxiliaires fluctuera,
non seulement d'un établissement à l'autre, mais souvent
même d'un département à un autre du même
établissement ou d'un corps de travail à l'autre, et variera soit
au gré de politiques institutionnelles ou départementales ou de
leur absence, soit même en raison de la pénurie réelle ou
artificielle au niveau des autres catégories de professionnels.
De nombreux exemples nous en sont donnés quotidiennement. Si on
prend par exemple, le cas d'un auxiliaire ou d'une auxiliaire qui, parce qu'il
travaille le soir ou la nuit, se trouve seul à assumer la
responsabilité d'un département, par exemple un
département de psychiatrie, cette personne sera autorisée
à exercer des fonctions que le personnel de jour, dans le même
établissement, dans le même service, ne sera pas
éventuellement autorisé à exercer. De la même
façon, dans certains établissements, l'exercice de certaines
fonctions sera permis dans un service donné, ne le sera pas dans le
service voisin ou même, à certains moments, l'exercice de
certaines activités est permis sur la tête de certains
individus.
Ce que nous espérions, entre autres, du présent projet,
c'est qu'il assure enfin l'uniformisation du droit pour les infirmiers et
infirmières auxiliaires à la pratique de certains actes dits
délégués. Or, loin de corriger cette disparité,
toute relative qu'elle soit, la section 3 du projet de règlement relatif
à l'article 36 de la Loi des infirmières et infirmiers risque de
perpétuer une situation qui est déplorée depuis
déjà de trop nombreuses années par nos membres. D'autant
plus que les professionnels visés possèdent tous
la même formation de base et que, d'autre part, les
établissements de santé disposent, à l'intérieur
des contrats collectifs de travail, des moyens susceptibles de leur permettre,
de leur assurer la mise en place de stages en cours d'emploi qui pourront
éventuellement être requis dans la perspective d'une
généralisation et d'une uniformisation du droit de pratique pour
l'infirmier et l'infirmière auxiliaire à travers les
établissements de santé du Québec.
Relativement à la question de surveillance qui apparaît
dans le projet de règlement de l'Ordre des infirmiers et
infirmières: Si l'on admet que, entre autres, le degré
d'autonomie caractérise l'exercice des activités de l'infirmier
ou infirmière auxiliaire, le fait que ces membres aient
été constitués en corporation le confirme. On peut
difficilement consentir à ce que l'exercice de telles activités
soit assujetti à la surveillance, fût-elle indirecte, d'une autre
catégorie de professionnels, les infirmières en l'occurrence.
Imposer un cadre général de surveillance, quant à nous,
implique une subordination de l'infirmier ou infirmière auxiliaire
à l'endroit de l'infirmier ou infirmière autorisé, alors
que la formation du premier, d'ailleurs confirmée par la pratique,
permet l'exercice en toute autonomie des activités professionnelles
mentionnées en annexe. Qui plus est, l'annexe A introduit, par la notion
de surveillance, une autre notion indissociable de la première, soit la
notion de responsabilité, l'obligation de surveiller, impliquant
nécessairement qu'on assume la responsabilité de l'acte qu'on est
chargé de surveiller. (16 heures)
C'est, en quelque sorte, inscrire à ce seul titre et d'office
l'infirmier et l'infirmière dans la ligne hiérarchique de ceux
qui peuvent être appelés à répondre des actes, plus
spécifiquement dits hospitaliers, qui sont posés dans un
établissement de santé du Québec. Le retour à la
formulation apparaissant au projet original de l'Ordre des infirmiers et
infirmières, dans lequel aucune mention n'était faite des
conditions particulières reliées à la surveillance, nous
semble sur ce point constituer la solution la plus appropriée. D'autant
plus qu'à l'intérieur du cadre du projet de règlement de
l'ordre, la ligne hiérarchique de contrôle, la ligne de
responsabilité administrative était clairement établie aux
articles 4.01, 4.02 et 7.03.
Sur un autre aspect du projet de règlement, à savoir les
catégories de personnes relevant du nursing ou des soins infirmiers qui
ne sont pas touchées par les projets. Plusieurs catégories de
personnes sont touchées par la question de la délégation
des actes médicaux ou infirmiers sans qu'aucun des projets de
règlement n'y fasse allusion. Bien sûr il est question, au projet
réglementant la délégation des actes visés,
à l'article 19 de la Loi médicale, des proposés, des
mécaniciens en orthopédie. Il importe de se rappeler que les
fonctions exécutées dans ce domaine sont regroupées sous
des titres comme ceux de préposé en orthopédie,
préposé senior en orthopédie, orthési-te,
prothésiste, mécanicien en orthèses et prothèses.
Tout titre qui s'accompagne de description de tâches très
particulières et reliées au nursing est consacré dans les
différents contrats collectifs de travail auxquels sont assujettis nos
membres.
On est fondé également de s'inquiéter du sort qui
est réservé aux techniciens en circulation extracorporelle, par
exemple, les techniciens en réadaptation qui travaillent au niveau de la
physiothérapie, les préposés de toutes sortes, en
orthopédie, en inhalothérapie, en physiothérapie et (ou)
en ergothérapie, les techniciens en salle d'opération, etc. Un
certain nombre de classifications qui sont mentionnées dans les
différents contrats de travail et comportent des descriptions de
fonctions qui rattachent ces catégories de salariés à du
nursing ou à des soins infirmiers.
En conclusion, nous pensons que les projets de règlement relatifs
aux articles 29 de la Loi médicale et à l'article 36 de la Loi
des infirmières et infirmiers devraient traduire une volonté
réelle et ferme des corporations d'assurer le droit à une
pratique généralisée et uniforme des actes médicaux
et hospitaliers qu'elles se proposent de déléguer. A ce chapitre,
nous pensons, comme il paraît dans le mémoire qui a
été déposé en 1977, que les puéricultrices
et les gardes-bébés, en vertu de la pratique connue et
répandue dans les établissements de santé et de la
formation que ces catégories de salariés ont pu obtenir au moment
de leur cours, nous pensons que ces catégories de puéricultrices
et de gardes-bébés sont habilitées à exercer dans
les départements de pédiatrie et dans les pouponnières les
activités qui sont exercées par les infirmiers et
infirmières auxiliaires dans les autres services des
établissements de santé du Québec.
Deuxièmement, à titre de conclusion, nous pensons que les
projets de règlement devraient consacrer, in fine, la
responsabilité du médecin quant à l'acte dit
médical et la responsabilité de l'établissement quant
à l'acte dit infirmier ou hospitalier. Troisièmement, les projets
de règlement devraient tenir compte dans l'élaboration finale des
pratiques non seulement tolérées ou admises, mais
également des actes dont le partage est consacré dans les
contrats collectifs de travail.
Le Président (M. Oussault): Je vous remercie. Est-ce que
vous avez terminé, Mme Lavoie-Clément? Oui? M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Madame, je voudrais vous remercier de
nous avoir présenté fort clairement le point de vue de votre
organisme. Il y a un point sur lequel je voudrais vous poser une question,
puisque vous semblez, jusqu'ici du moins, être le seul organisme qui ait
adopté cette position. Il s'agit des conditions locales de
délégation, du rôle qui serait joué par les centres
hospitaliers, notamment à l'égard de la possibilité de
restreindre l'application des règlements quant aux actes et quant aux
personnes.
Si j'ai bien compris la position de votre organisme, vous nous dites que
cela introduirait des distinctions, des différences entre des
person-
nes appartenant à des mêmes catégories de
professionnels et que ce n'est pas souhaitable. Pourtant, d'autres organismes
sont venus au mois de mars et encore aujourd'hui nous démontrer qu'au
sein même d'une même profession, il existe, dans la
réalité, des gens qui sont aptes à poser certains actes et
d'autres personnes qui sont moins aptes à poser les mêmes actes.
Chez les médecins, par exemple, pour parler des membres de l'Ordre des
médecins, ceux-ci ne sont pas habilités partout à poser
les mêmes actes. Vous savez que certains types d'opérations, par
exemple, ne peuvent pas être exécutés par tous les
médecins. Il y a donc un contrôle à l'intérieur
même de la profession, en fonction des critères de la
déontologie, j'imagine, un contrôle qui s'exerce sur les actes
posés par les membres. Est-ce qu'il n'est pas exact que ces distinctions
existent dans la réalité des choses et, s'il n'était pas
possible, localement, de restreindre l'application du règlement, quelle
serait la solution pour s'assurer que tous les membres qui,
théoriquement, ont les mêmes compétences, quelles seraient
les précautions qu'on pourrait utiliser pour s'assurer qu'en pratique,
tout le monde est apte à poser les actes délégués?
Est-ce que la souplesse n'est pas nécessaire dans l'application d'un
règlement qui, s'il était appliqué à la lettre et
sans distinction, pourrait amener des personnes plus ou moins qualifiées
à poser des actes qui pourraient entraîner des conséquences
graves? Est-ce qu'il ne faut pas distinguer la théorie de la
réalité des choses?
On me faisait remarquer, je ne sais plus à quelle occasion, que,
quelquefois prenons le cas d'une infirmière auxiliaire, vous en
avez beaucoup dans votre organisme une infirmière auxiliaire
d'expérience peut être plus apte à poser un acte qu'une
jeune infirmière diplômée, fraîche émoulue du
CEGEP. Je prends cet exemple pour vous montrer à quel point la
compétence de chaque personne doit être prise en ligne de compte.
Si elle ne l'est pas, qu'est-ce que vous proposez pour tenir compte de cette
dimension inéluctable de la réalité?
Mme Lavoie-Clément: Effectivement, il y a une
réalité qu'on ne peut nier, c'est la réalité qui
veut que, d'un service à l'autre, par exemple, la nature des
activités qui sont exercées peut changer dans un même
établissement. Qu'il s'agisse d'une spécialité comme, par
exemple, la gynécologie obstétrique, si on la met en
parallèle avec la spécialité ou le service d'urologie,
effectivement, la personne qui oeuvre dans un service donné va
développer une "familiarisation", une expérience dans
l'exécution de certaines activités et cette expérience, si
on la veut, pratique ou concrète n'aura pas la même importance
pour celui, par exemple, qui oeuvre dans le service voisin depuis un an, deux
ans, trois ans ou six ans; ce qui fait que, d'une année à
l'autre, il y a des personnes dont l'expérience est plus
matérielle, concrète et plus développée dans un
secteur que dans un autre secteur. Ce que nous souhaitons voir éviter
par un projet de règlement comme celui-là, c'est une
consécration d'individus qui fasse en sorte que, par exemple, les
chances d'accès à un autre service dans un même
établissement soient freinées, parce que compte tenu des chances
ou des moyens que rétablissement déploie pour faciliter le
rafraîchissement dans certaines techniques, des personnes n'ont pas
l'occasion de pratiquer beaucoup, et que ces conditions locales n'aient pas
pour effet d'entraver ou de freiner les possibilités, par exemple, d'un
infirmier ou d'une infirmière auxiliaire d'évoluer à
travers son champ d'activité, dans la mesure où, par exemple, les
conditions locales qui seraient faites dans un établissement seraient
sélectives et feraient en sorte qu'on offrirait à une partie
seulement des individus la possibilité de rafraîchir leurs
connaissances pratiques de l'exécution de certaines tâches.
C'est possible que ces plans de rafraîchissement, si on veut, sont
concrétisables. Les contrats collectifs de travail prévoient des
modalités de formation en cours d'emploi. Formation, le mot est gros, il
ne s'agit même pas de formation, il s'agit peut-être de stage de
rafraîchissement au niveau de certaines techniques. Il y a toutes sortes
de possibilités d'introduire ces stages, par roulement, par exemple
progressivement, sur un certain nombre de mois ou d'années ou au fur et
à mesure que des salariés sont appelés à
évoluer d'un service à l'autre.
Ce qui nous paraît à être évité, c'est
qu'entre autres un infirmier ou une infirmière auxiliaire, parce qu'il
travaille dans un service donné, soit reconnu par son
établissement comme ayant droit de poser un certain acte et que, parce
qu'il change de service, par exemple, n'ait plus droit de poser cet acte, au
sens strict du droit de poser l'activité ou d'exercer l'activité.
C'est une autre question, quant à nous, que la nécessité
qui pourrait survenir pour cet individu de se soumettre à un certain
stage de rafraîchissement en vue d'être capable de se
refamiliariser avec des activités pour lesquelles il aurait perdu la
main au fil des années.
M. Morin (Sauvé): Je pense que vous indiquez la solution
vers laquelle nous serions enclins. Vous parlez de formation en cours d'emploi,
en mettant le mot "formation" entre guillemets, bien sûr. Je pense que
c'est cela, la solution, et non pas de reconnaître d'emblée
à tout le monde toutes les compétences et toutes les
capacités. C'est d'abord de voir à ce que chacun ait l'occasion
d'aller chercher un perfectionnement, un complément de formation et,
ensuite, bien sûr, cela étant, je pense qu'il serait difficile de
refuser à cette personne le droit de poser l'acte reconnu par le
règlement. C'est ce côté qu'il faut chercher. Je pense
comme vous là-dessus.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Moi aussi, je veux féliciter les auteurs du
rapport, du mémoire. Il y a quelques questions que je veux poser. A la
toute fin de vos remarques, dans vos conclusions, vous dites, si je
comprends bien: Laissons la responsabilité des actes
médicaux aux médecins et confions aux établissements la
responsabilité des actes infirmiers. Je voudrais que vous explicitiez un
peu plus votre pensée là-dessus. Comme je le comprends, cela
voudrait dire que vous voulez que le règlement confie des
responsabilités accrues aux établissements, aux conseils
d'administration des établissements. Cela nous ramène au
thème général des conditions locales. Est-ce que c'est le
sens de votre pensée?
Mme Lavoie-Clément: Plus précisément, M. le
ministre, à l'intérieur même du cadre des
réglementations, le pouvoir des différentes instances
administratives qui ont à assumer la responsabilité de l'exercice
des actes médicaux ou hospitaliers apparaît dans les projets de
règlements. On parle du coordonnateur ou de la coordonnatrice des soins,
on parle du chef de service ou de la directrice des soins infirmiers, par
exemple. C'est dans la ligne hiérarchique du bas en haut et cela peut
peut-être nous mener au conseil d'administration ou au directorat
général dont relève la responsabilité des soins
infirmiers. C'est à ces personnes qui sont mandatées
spécifiquement pour représenter l'établissement sur le
plan administratif et dans la ligne de hiérarchie qui est tracée
dans le secteur des établissements de santé qu'on retrouve
l'expression de cette responsabilité. On s'inscrit un peu dans le cadre
de la relation maître-préposé du Code civil. Dans la mesure
où on parle de surveillance, de responsabilité, on donne à
des gens une autorité d'assumer une partie de cette
responsabilité qui est dévolue au maître et commettant
pour, éventuellement, la faute, s'il en est, des préposés.
On s'inscrit dans la ligne hiérarchique administrative d'un
établissement. C'est dans ce sens que nos remarques portent.
Quant à nous, et nous représentons un certain nombre
d'infirmiers et infirmières autorisés, nous ne souhaitons pas
qu'ils aient à porter ne serait-ce qu'une partie de ce fardeau, si on
veut, de la responsabilité hospitalière de l'acte infirmier,
à ce seul titre d'infirmier ou infirmière. C'est différent
lorsqu'ils exercent leurs fonctions à titre de directeur ou directrice
des soins infirmiers, ou de coordonnateur ou coordonnatrice des soins ou de
chef de service. C'est dans ce sens. (16 h 15)
M. Lazure: Je vous remercie de votre clarification; c'est
très clair. Je dois dire que j'y concours comme ex-directeur
général d'un hôpital; je ne peux pas faire autrement
qu'être d'accord avec vous. D'autre part, j'avais de la difficulté
à réconcilier vos dernières remarques ce que vous
venez de rendre plus claires avec vos remarques du début
où vous sembliez dire que, dans le projet actuel, ce que nous
présentons va créer des complications dans la lignée
hiérarchique. Dans le début de votre exposé, vous avez
parlé de problèmes dans la lignée hiérarchique; je
n'ai pas tellement bien compris ce que ces problèmes étaient
à vos yeux.
Mme Lavoie-Clément: C'est dans la mesure où, par
exemple, dans le projet de l'Ordre des infirmiers et infirmières, en
annexe, il est question d'assujettir l'exercice des activités de
l'infirmier ou de l'infirmière auxiliaire à la surveillance de
l'infirmier ou de l'infirmière autorisé/e, surveillance, si on
veut, à distance mais surveillance quand même. Dans la mesure
où on introduit cette notion de surveillance par l'infirmier ou
l'infirmière, on inscrit alors l'infirmier ou l'infirmière comme
tel/le dans la ligne de la responsabilité administrative de l'acte.
M. Lazure: Oui, mais est-ce qu'il n'y a pas toujours une
infirmière autorisée quelque part dans cette lignée
hiérarchique entre l'infirmière auxiliaire et la directrice des
soins infirmiers? Il y en a toujours que je sache.
Mme Lavoie-Clément: II y en a toujours. Effectivement, M.
le ministre, il y a quelque part un infirmier ou une infirmière qui,
dans la lignée hiérarchique, exerce une fonction de
responsabilité de l'acte hospitalier mais ce n'est pas à son seul
titre d'infirmier ou d'infirmière. Si on prend l'article 4.02 qui fait
l'énumération de ces gens qui s'inscrivent dans la lignée
hiérarchique, on parle de l'infirmière ou de l'infirmier
responsable des soins infirmiers ou dans un centre hospitalier sur rapport du
coordonnateur en soins infirmiers à la suite d'une recommandation de
l'infirmière ou de l'infirmier-chef de qui relève une personne,
le directeur des soins infirmiers. On trace à l'article 4.02 la
lignée hiérarchique de la responsabilité de l'acte mais
loin de nous d'admettre que l'infirmier ou l'infirmière
autorisé/e, à ce seul titre, s'inscrit dans la hiérarchie
de la responsabilité administrative et ceci dit sans d'aucune
façon vouloir dévaloriser l'importance du rôle de
l'infirmier ou de l'infirmière.
M. Lazure: Je comprends bien ce que vous voulez dire.
Mme Lavoie-Clément: L'infirmier ou l'infirmière
peut être un infirmier ou une infirmière soignant/e qui à
ce titre, n'a aucune responsabilité dans la lignée
hiérarchique de la responsabilité. Pour l'infirmière qui
est chef d'équipe aussi, son niveau de responsabilités est
très bien identifié particulièrement dans les contrats de
travail.
M. Lazure: Merci.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je vais faire quelques
commentaires et je vous inviterai, madame, à faire les vôtres en
réponse aux miens.
J'ai reçu et lu le mémoire qui nous a été
distribué et qui porte la date de juin 1977. Au tout début, les
trois premières lignes constituent une citation tirée d'un
document de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec et se
lisent comme
suit: "Les auxiliaires formés dans les écoles
traditionnelles consultaient les mêmes volumes de nursing que les
infirmières et les infirmiers". C'est une affirmation que je peux
accepter facilement; mais je me sens obligé de faire le commentaire que
si j'avais obtenu un diplôme de bibliothécaire et si, avec ce
diplôme, j'avais obtenu un poste dans un grand hôpital ou dans une
faculté de médecine, je serais en mesure de consulter tous les
volumes que toutes les professions de la santé utiliseraient dans leur
formation mais je ne vous suggérerais pas de me prendre par exemple
comme orthophoniste. Même avec ma formation de médecin, quant
à cela je ne vous suggérerais pas de me prendre comme
orthophoniste.
J'ai eu un peu de misère à établir le lien entre
cette citation et la substance de votre mémoire. Vous avez mis un
certain accent sur le fait que des personnes qui exercent en milieu hospitalier
ou autre, assument certaines responsabilités, mais ne s'insèrent
pas facilement dans les cadres qui ont été établis et qui
portent comme titre infirmiers et infirmières, auxiliaires et les
autres. Il est évident que nous avons traversé pendant une longue
période de notre histoire une époque où les
établissements, les principaux établissements notamment,
étaient de caractère privé et quand on avait besoin de
quelqu'un pour assumer une certaine responsabilité, une certaine
fonction, on allait chercher une personne qui était
intéressée et qui semblait avoir une formation convenable. Depuis
lors, nous avons structuré toute cette question professionnelle et nous
avons défini par des lois quels sont les attributions, les champs
d'activités professionnelles de ceux qui oeuvrent dans le domaine de la
santé.
Il est vrai que certaines personnes s'insèrent difficilement
à l'intérieur de ces cadres. Nous avons, en discutant d'un
mémoire antérieur, parlé d'une clause grand-mère ou
grand-père et nous avons dit: II faut une certaine souplesse. Il ne faut
pas priver ces personnes du jour au lendemain de la possibilité de
gagner leur vie parce que leur formation ne correspond pas, suivant les
critères d'aujourd'hui, aux responsabilités qu'elles assument
dans les établissements en question. Je pense que nous sommes tous
d'accord sur la nécessité d'une telle souplesse, mais pensons
toujours dans l'intérêt du malade: II y a des gens qui posent des
actes dans des établissements et qui le font d'une façon
très consciencieuse, mais qui n'ont quand même pas toute la
formation en biochimie, en pharmacologie, en physiologie, que l'on souhaiterait
et il n'est pas question de congédier ces personnes. Il n'est pas
question de leur dire: Vous n'avez plus la compétence que vous aviez
auparavant après un certain nombre d'années d'exercice de ces
activités. Mais dans l'intérêt du malade, il faut quand
même des critères. Il faut, notamment depuis que l'Etat joue le
rôle beaucoup plus important dans le domaine de la santé qu'il
joue depuis quelques années, établir des cadres et chercher
à situer chaque professionnel de la santé à
l'intérieur de l'un ou l'autre des cadres.
Ce sont les préoccupations qui m'animent à la lecture de
votre mémoire et à l'écoute de votre présentation
et de vos réponses aux questions du ministre. Je ne voudrais pas que
nous soyons injustes à l'endroit de personnes consciencieuses qui se
dévouent au soin des malades, mais je ne voudrais pas non plus que nous
tirions de cette situation qui me paraît transitoire, la conclusion qu'il
faut accepter des choses qui ne sont pas conformes à ce que le
législateur et les professions ont consciencieusement établi
comme cadres à l'intérieur desquels il faudrait un jour un
jour pas trop lointain pouvoir identifier chaque membre de
l'équipe de la santé.
Ce sont les commentaires que je voulais faire. Si vous en avez en
retour, je les écouterai avec beaucoup d'intérêt.
Mme Lavoie-Clément: M. le Président, messieurs les
ministres, messieurs les députés, loin de nous l'intention de
vouloir contester la valeur de la démarche qui a été
entreprise par les corporations et qui, peut-être dans un avenir assez
rapproché, va déboucher sur l'adoption d'un projet de loi. C'est
une démarche que nos membres attendaient depuis des années et qui
est l'aboutissement des espoirs de plusieurs années. Si on parle de dix
ans, on est conservateur, je pense.
Maintenant, la valeur de cette démarche n'est absolument pas mise
en cause ici. Nous l'endossons, nous l'épousons dans la mesure où
elle correspond à la capacité de nos membres de satisfaire
à ces exigences. Par ailleurs, il reste que les catégories de
personnes dont il est question à la fin des remarques que nous avons
soumises précédemment sont des catégories de personnes
pour lesquelles l'habileté et la capacité à exercer
certaines fonctions ont été reconnues par les
établissements locaux. La formation, pratique du moins, ou même
théorique a été vérifiée par les
établissements de santé en question.
Lorsqu'il est question des préposés en orthopédie,
par exemple, ou des mécaniciens en orthè-ses ou prothèses,
ou du préposé senior en orthopédie, dont le titre et la
fonction sont définis à l'intérieur d'un
établissement de santé du Québec, cette situation a
été identifiée par les parties locales,
c'est-à-dire les parties négociantes au contrat collectif. Ce
sont des situations pour lesquelles l'établissement lui-même qui
était en cause a reconnu la capacité de l'individu à
exercer les fonctions qu'on lui reconnaît, qu'on lui attribue, de la
même façon que, lorsqu'on parle du technicien en salle
d'opération, il s'agit de la classification d'une personne ou de
quelques personnes qui ont été considérées dans un
établissement de santé particulier du Québec aptes
à exercer certaines fonctions qui sont décrites au contrat
collectif de travail, personnes pour lesquelles l'habileté et la
formation ont été reconnues comme étant valables en regard
des activités qu'on leur demandait de poser.
Alors, ce sont des situations qui ont été
consacrées au niveau des établissements locaux. C'est
effectivement, jusqu'à un certain point, des cas qui ne peuvent se
généraliser et la demande
n'est pas dans ce sens. La demande veut que, si les
réglementations relatives à la délégation des actes
médicaux ou hospitaliers ne couvrent pas par une clause où
autrement la réalité de ces établissements, ces situations
disparaissent. Ce sont des catégories de personnes à qui on va
devoir retirer les activités qu'on leur reconnaissait jusqu'ici; on leur
reconnaissait la formation et l'habileté à exercer ces
activités.
Nous alléguons que ce serait injuste à l'égard de
ces catégories de personnes.
Le Président (M. Dussault): II n'y a pas d'autres
intervenants. Je remercie la Fédération des affaires sociales de
sa contribution aux travaux de la commission.
J'invite immédiatement la Fédération
québécoise des infirmiers et infirmières à se
présenter devant la commission.
J'invite le porte-parole de la fédération à se
présenter et à nous présenter sa ou son
collègue.
Fédération québécoise des
infirmiers et infirmières
Mme Gosselin (Ginette): M. le Président, M. le ministre,
MM. les députés, à ma gauche, Pierre Cloutier, conseiller
juridique de la fédération. Ginette Gosselin, présidente
de la fédération.
Le Président (M. Dussault): Mme Gosselin, je vous
prierais, s'il vous plaît, autant que possible, de vous en tenir à
quinze minutes de présentation!
Mme Gosselin: Cela devrait être possible.
Le Président (M. Dussault): Merci.
Mme Gosselin: D'autant plus que plusieurs des remarques que nous
faisons à l'intérieur de notre mémoire ont
déjà été faites. Alors, nous n'insisterons pas
particulièrement sur celles-là.
La fédération est un regroupement de syndicats qui
totalise 7000 à 7500 infirmières dans les régions
mentionnées dans le mémoire.
Quoique d'accord qu'il était devenu urgent de voir
légaliser une situation relativement complexe au niveau de la
détermination même du partage des tâches et par
conséquent du champ de responsabilités y afférent, la
fédération déplore le fait qu'il n'ait pu y avoir entente
entre les différentes corporations concernées et qu'en
définitive les infirmières se verront imposer les vues du
gouvernement à ce sujet.
Les projets de règlement ci-haut mentionnés sont, quant
à nous, souvent truffés d'articles, de définitions et de
principes imprécis et/ou ambigus que nous aimerions voir
corrigés. (16 h 30)
La définition donnée à l'expression "personne
habilitée" à l'article 1.01 i du règlement, concernant les
actes visés à l'article 29 de la Loi médicale, laisse
croire qu'il pourrait s'agir d'habilitation de personne à personne,
alors qu'il va sans dire, nous l'espérons, qu'il s'agit de personnes
habilitées, soit les infirmières.
Nous ne voyons pas l'intérêt non plus d'inclure le
deuxième alinéa de l'article 2.02 si ce n'est que dans le but
d'assurer une porte de sortie au médecin et/ou au centre hospitalier,
advenant qu'il y ait des complications suite à l'acte posé par
l'infirmière. Le médecin ou l'hôpital pourrait toujours
s'en sortir en dernier ressort en prouvant que l'infirmière avait mal
jugé ses connaissances et sa préparation. Il ne s'agit pas
seulement de poursuites légales, il s'agit des actes qu'on peut poser au
jour le jour et qui pourraient ne rien entraîner de semblable, mais qui
engageraient quand même notre responsabilité.
Nous croyons que la section 4, intitulée Application du
règlement, ajoute une autre structure de contrôle et de
surveillance aux infirmières en plus de celle qui existe
déjà dans les hôpitaux par le biais de la direction des
soins infirmiers et de celle prévue à la Loi des
infirmières et infirmiers. De plus, nous croyons que l'application de
cet article a indirectement pour effet de conférer aux médecins
un pouvoir de sanction analogue à celui jusque là
réservé aux directions de personnel d'hôpitaux.
Nous partageons l'opinion de l'Ordre des infirmières et
infirmiers quant à la véritable portée de l'article 5.02
du règlement concernant les actes visés à l'article 29 de
la Loi médicale. En effet, la contribution et la participation aux actes
énumérés à l'annexe A dudit règlement
doivent se faire, en ce qui concerne les auxiliaires, sous la surveillance sur
place ou immédiate des médecins lorsque ladite annexe l'exige ou,
quant aux autres actes, sous la surveillance au moins sur place d'une
infirmière.
Compte tenu des définitions données aux termes
"surveillance sur place" et "surveillance immédiate", il nous faut
conclure qu'il ne s'agit pas de contribuer et participer au sens où on
l'entend généralement, mais bel et bien de poser l'acte. Si tel
est le cas, nous nous opposons à ce que le rôle de
l'infirmière ne devienne que celui de surveillante des
infirmières et infirmiers auxiliaires.
De plus, si le but de ce projet de règlement est de permettre
l'embauche de salariés moins bien payés qui permettront aux
administrations d'hôpitaux de combler leur déficit et de
répondre à un certain plan de redressement budgétaire,
qu'on le dise explicitement et ouvertement.
Par ailleurs, nous trouvons étrange de retrouver certains actes
dans les deux annexes des règlements. Ainsi, à l'annexe A du
règlement concernant les actes visés à l'article 29 de la
Loi médicale, nous retrouvons à 1.03 l'acte consistant à
"faire un lavage vésical avec ou sans médication". Or, le
même acte apparaît aussi à A-12 de l'annexe A du
règlement concernant les actes visés à l'article 36 de la
Loi des infirmières et infirmiers-Cette fois, les conditions prescrites
sont différentes. Il y a également au moins un autre article, un
autre acte qui se retrouve dans les deux règlements et dont les
conditions prescrites sont différentes, il s'agit d'administration des
médicaments.
Enfin, nous nous opposons à ce que le projet de règlement
concernant les actes visés à l'article
29 de la Loi médicale soit adopté avec comme conditions
obligatoires pour poser les actes prévus aux articles A-1.24 et A-1.25,
le fait d'être détenteur d'une maîtrise en nursing
psychiatrique dans un cas et de posséder une formation postscolaire en
nursing psychiatrique dans l'autre cas. Nombre d'infirmières posent
présentement les actes prévus à ces articles 1.24 et 1.25
et cela, sans remplir les conditions ci-haut prescrites. Qu'arrivera-t-il
d'elles si ce projet de règlement est ainsi adopté? Seront-elles
déplacées, mises à pied? De plus, qui prendra ces
patients-là en charge? Qui posera les actes que ces infirmières
font actuellement?
De plus, ces conditions sont contraires à certaines des
dispositions contenues dans le décret qui nous tient lieu de convention
collective. Compte tenu de ces représentations, nous désirerions
voir les règlements en cause modifiés, de façon que les
droits acquis de longue date par les infirmières soient
préservés.
Le Président (M. Dussault): Merci, Mme Gos-selin. M. le
ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: Je veux féliciter Mme Gosselin et son groupe
pour la qualité du rapport que ce groupe nous présente
aujourd'hui. Je voudrais aussi lui dire que mon collègue et moi n'avons
pas désespéré d'en arriver à un texte qui
rallierait et qui obtiendrait le consentement des corporations. Nous n'avons
pas désespéré de ce côté-là et c'est
un des objectifs de cette commission parlementaire, qui siège pour la
deuxième journée, d'écouter des propositions qui nous
viennent de différents groupes et d'en arriver à des formules qui
pourraient rallier tous les groupes concernés.
Je voudrais, pour la quatrième ou sixième fois, je ne sais
plus, relever une affirmation que vous semblez faire dans votre mémoire,
concernant les aspects économiques du projet de règlement. Je
voudrais répéter qu'il n'est pas du tout dans l'intention du
gouvernement de profiter de la légalisation de ce projet qui
traîne depuis plusieurs années, de l'actualisation de ce projet,
de la réalisation de ce projet de règlement, pour, si vous
voulez, économiser des dollars, soi-disant en embauchant des
infirmières auxiliaires à la place des infirmières
autorisées. Je pense que c'est vraiment fausser le débat que de
laisser entendre je suis gentil qu'on pourrait avoir une
arrière-pensée économique et financière
derrière ce projet. C'est absolument faux. Je pense que c'est dommage
que cela ait été introduit à la même période
que les négociations dans le secteur parapublic.
Je conviens que la coexistence des deux démarches, la
démarche des négociations d'une part et la démarche du
projet de règlement d'autre part, puisse amener les gens à croire
qu'il y ait une relation entre les deux, mais il n'y en a pas.
En ce qui concerne les exigences de maîtrise en nursing
psychiatrique et l'autre d'un baccalauréat postscolaire, nous en avons
discuté brièvement lors de la première journée de
la séance de la commission parlementaire, et c'est un des points
où mon collègue de l'Education et moi, nous sommes en
pourparlers. Je pense qu'il est possible d'avoir une révision de ces
exigences qui peuvent paraître trop fortes à prime abord.
Je voudrais vous demander ce que vous voulez dire exactement quand vous
parlez d'un pouvoir de sanction de la directrice des soins infirmiers qui
deviendrait analogue au pouvoir de sanction du directeur du personnel; je n'ai
pas très bien saisi.
Mme Gosselin: D'abord, sur la première partie de votre
intervention, je dois vous dire que nous sommes très heureux d'apprendre
que ce n'était pas l'intention de faire des économies par le
biais de ce règlement. Beaucoup de choses auraient pu nous amener
à le croire. Enfin! Précisément sur votre question, nous
parlons de la possibilité que le conseil des médecins et
dentistes des établissements obtienne, par le biais des
règlements, un pouvoir de sanction analogue à celui qui existe
déjà pour la directrice des soins infirmiers, le directeur du
personnel, son adjoint, notre corporation professionnelle qui, par ses
comités, a aussi droit de surveiller l'exercice du travail des
infirmières, bref, d'amener une autre structure de surveillance aux
salariés que nous sommes et qui en ont déjà suffisamment,
croyons-nous.
M. Lazure: Concrètement, pouvez-vous nous donner un
exemple, si le règlement était appliqué tel que
proposé aujourd'hui, ce qui ne sera pas le cas, mais si c'était
le cas, par hypothèse, le genre de situation où le conseil des
médecins pourrait agir vis-à-vis de vos salariés à
la façon d'un préfet de discipline ou d'un directeur de
personnel?
Mme Gosselin: L'article 4.03 du projet de règlement fait
en vertu de la loi médicale, dit que "sur rapport du conseil des
médecins et dentistes, une personne habilitée oeuvrant dans un
établissement à l'effet que cette personne ne remplit pas les
conditions prescrites, rétablissement doit enjoindre cette personne de
ne plus poser l'un ou plusieurs des actes". Alors, cette personne ne peut plus
poser ces actes, jusqu'à ce qu'elle satisfasse aux conditions
requises.
Disons que je travaille en hémodialyse, par exemple.
D'après le conseil des médecins et dentistes, je n'ai pas ce
qu'il faut pour continuer à travailler là. Etant donné que
dans le département d'hémodialyse, il ne se fait que de
l'hémodialyse, on devra me déplacer, on devra faire quelque
chose, n'est-ce pas?
M. Lazure: Oui, je comprends ce que vous voulez dire. Cela nous
amène peut-être à parler deux minutes des conditions
locales. J'aimerais bien savoir ce que vous pensez d'une certaine orientation
qu'on a soulevée tantôt avec le groupement qui vous a
précédé et aussi avec l'Association des hôpitaux, si
je comprends bien, d'une certaine orientation qui accentuerait, qui
augmenterait les pouvoirs des autorités locales pour juger
de l'aptitude ou des capacités de tel ou tel individu, que
l'individu soit une infirmière autorisée vis-à-vis des
actes médicaux, une infirmière auxiliaire par rapport à
d'autres actes, pour décider, dis-je, si ces personnes-là sont
habilitées, sont autorisées, de par leur formation, de par leur
expérience, leurs compétences, au fond, de jouer le rôle
d'arbitre, si vous voulez, localement.
Mme Gosselin: Quant à nous...
M. Lazure: Seulement pour compléter ma question, je
rejoins votre exemple de tantôt. L'exemple que vous donniez tantôt
du déplacement d'une personne, on peut dire que c'est une sanction
c'est un peu comme cela que vous l'avez décrit mais on
peut dire aussi que c'est l'appréciation par les autorités de
l'établissement que cette personne n'a pas ou la formation ou
l'expérience requise pour accomplir tel acte. C'est pour cela que je
débouche sur les autorités.
C'est cela, toujours dans l'optique d'une protection du public. Je
comprends que les droits garantis par le contrat collectif d'un groupe de
travailleurs doivent être préservés, mais nous voulons
aussi en même temps protéger les droits du public et s'assurer que
la personne qui va accomplir tel ou tel acte a la préparation voulue
pour l'accomplir.
Mme Gosselin: Nous croyons que les personnes habilitées
à poser les actes dans les établissements devraient l'être
par catégorie. Les infirmières peuvent faire ceci, les
infirmières auxiliaires, etc. Il ne devrait pas y avoir d'habilitation
personne par personne. Nous ne croyons pas que cela aille non plus à
l'encontre de la protection du public. Nous avons eu je parle pour le
groupe que je représente, les infirmières la même
préparation de base et il appartient à l'institution, au fur et
à mesure que les techniques changent ou qu'elles s'améliorent, de
fournir au personnel, par !e biais de la formation en cours d'emploi, le
recyclage, etc., d'apporter à l'infirmière les connaissances
nouvelles pour lui permettre de continuer à faire son travail. C'est
dans ce sens-là qu'on voudrait que ce soit fait et non pas choisir les
personnes selon la compétence ou l'habileté du moment, mais de
donner à chacun, selon le poste qu'il veut obtenir, le
département où il veut travailler, la chance d'avoir les
connaissances, s'il ne les a pas déjà, qui lui permettront de
travailler adéquatement dans le service où il veut aller
travailler. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre.
M. Lazure: Oui, j'ai compris, mais cette appréciation du
degré de préparation pour poser tel acte, il n'est pas
nécessaire qu'elle soit posée ou que ce jugement soit posé
par une tierce personne, en l'occurrence un organisme ou le conseil des
médecins. L'autre hypothèse pourrait vouloir dire qu'une
directrice c'est donc une infirmière, si on revient aux
infirmières que vous représentez des soins infirmiers,
quitte à ce que son jugement soit confirmé par la direction
générale ou le conseil d'administration, déciderait,
à la lumière de l'expérience et de la formation de telle
ou telle infirmière que certaines ne sont pas habilitées à
poser tel acte. Même si, globalement et de façon
générale, la catégorie infirmière serait
habilitée à poser cet acte-là, l'infirmière en
chef, si vous voulez, pourrait, pour des raisons valables, établir que
telle ou telle infirmière n'est pas habilitée à le faire.
(16 h 45)
Mme Gosselin: Les mécanismes qu'on a déjà
dans nos conventions collectives permettent à quelqu'un, à une
infirmière, puisqu'on parle de nous, qui aurait obtenu un poste dans un
service, de bénéficier d'une période d'essai. Il semble
qu'au cours de cette période, la personne qui a obtenu un tel poste,
puisse bénéficier de la formation qui, peut-être, lui
manquerait, et une fois cette période terminée, on voit si elle
convient ou non au poste, bref, dans le respect des conditions collectives en
vigueur.
M. Lazure: On se rencontre. Cela va. Votre réponse me
satisfait.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. J'ai une question.
Elle porte sur ces deux alinéas, vers la fin de votre mémoire,
qui ont trait à la maîtrise en nursing psychiatrique et à
la formation postscolaire dans le même domaine. Vous affirmez que nombre
d'infirmières posent présentement les actes prévus
à ces articles 1.24 et 1.25, et cela, sans remplir les conditions
ci-haut décrites. Il y a deux conclusions que l'on peut tirer de cette
déclaration. Je voudrais vous demander laquelle est la vôtre.
On pourrait dire, en conclusion: Donc, il faudra laisser de
côté cette notion de maîtrise ou de formation post-scolaire
en ce domaine, parce que déjà, il est démontré que
de nombreuses infirmières sont en mesure de prodiguer convenablement de
tels soins sans avoir ce genre de formation. Ou bien, on pourrait tirer la
conclusion: Donc, il faudra appliquer une clause grand-mère,
grand-père et ne pas pénaliser celle qui, de bonne foi, aurait
appris, en cours de travail, en cours d'expérience professionnelle,
à prodiguer de tels soins; on ne devrait pas les pénaliser, mais
on reconnaîtra à l'avenir que la maîtrise ou la formation
post-scolaire sera nécessaire pour les nouvelles personnes qui viendront
assumer des responsabilités dans ce domaine et dans ce genre
d'établissement.
J'aimerais vous demander quelle est la conclusion à laquelle la
fédération voudrait en venir.
Mme Gosselin: La première, M. le député.
M. Goldbloom: La première? Mme Gosselin: Oui.
M. Goldbloom: La réponse est que...
Mme Gosselin: II nous semble que les personnes qui, actuellement,
posent ces actes, le font bien, ce qui tend à prouver que ce sont des
choses qui s'apprennent et qui peuvent se faire sans détenir
obligatoirement une maîtrise en nursing psychiatrique ou un diplôme
d'études post-scolaires. Nous optons pour maintenir qu'il ne devrait pas
apparaître de telles exigences, d'autant plus qu'il semble que même
pour un certain temps pour combien de temps, je n'en sais rien
le post-scolaire même de psychiatrie ne se donnera plus.
M. Goldbloom: Par votre réponse, vous m'avez
inspiré une deuxième question et vous avez répondu
déjà à la moitié de ce que je voulais vous
demander. Si vous recommandez que la maîtrise ou la formation
post-scolaire ne soit plus exigée, serait-il justifié de
continuer d'offrir de tels programmes de formation? Vous avez dit: Le
postscolaire, non. Vous ne vous êtes pas prononcée sur la
maîtrise. La question que je dois vous poser est la suivante: Si l'on est
quand même pour maintenir l'existence d'un tel programme de formation,
quelle devra être la reconnaissance additionnelle que l'on accordera
à la personne qui aura obtenu sa maîtrise en nursing
psychiatrique?
Mme Gosselin: On ne veut pas dire qu'il faudrait suspendre ces
cours et si, pour le postscolaire, il semble que ce soit suspendu
momentanément ou définitivement je n'en sais rien
ce n'est pas parce qu'on l'a demandé ou quoi que ce soit, cela s'est
produit comme cela. Je pense que ces cours peuvent demeurer pour ceux qui y
sont intéressés. On parle de formation post-scolaire en
psychiatrie précisément parce qu'on réfère à
des actes posés dans le traitement des malades psychiatriques, mais cela
pose le problème de toute la spécialisation en
général. Nous sommes des généralistes, si on peut
dire, et il nous semble qu'il serait bon de continuer de cette façon.
Nous ne croyons pas qu'il faille accorder, dans la détermination des
actes à poser et dans le choix des postes à accorder, une
importance primordiale au fait de détenir ou non un diplôme
d'étude post-scolaires en psychiatrie dans le cas qui nous
intéresse.
M. Goldbloom: Y a-t-il des actes dans ce domaine qui ne sont pas
énumérés aux articles 1.24 et 1.25, pour lesquels vous
accepteriez que la maîtrise ou la formation post-scolaire soit
exigée?
Mme Gosselin: Je dois dire que je n'en ai pas cherché.
M. Goldbloom: Mais de façon générale vous
diriez que dans le domaine de la psychiatrie, toute infirmière qui s'y
intéresse et qui acquiert une certaine expérience pratique
devrait être habilitée à poser tous les actes.
Mme Gosselin: Oui.
M. Goldbloom: Quant aux postes de commande, de
responsabilité supérieure et hiérarchique, diriez-vous la
même chose ou accepteriez-vous que pour avoir la responsabilité
primaire d'un service de psychiatrie, on puisse exiger une maîtrise, par
exemple?
Mme Gosselin: Ne connaissant pas très bien les
tâches de ces personnes, je ne saurais répondre à cette
question.
M. Goldbloom: Mais il y a d'autres domaines où il y a des
programmes de formation postscolaire ou de maîtrise, si vous les
connaissiez un peu mieux et que vous vouliez vous prononcer là-dessus...
Ce n'est pas la question de la psychiatrie, c'est le principe.
Mme Gosselin: Nous ne croyons pas qu'il faille en faire un
critère absolu.
M. Goldbloom: Donc, si vous aviez une soeur, une fille, une amie
qui était infirmière, pour quelle raison conseilleriez-vous
à cette personne de faire une maîtrise? Cela lui donnerait quoi,
d'après ce que vous venez d'énoncer?
Mme Gosselin: Pour son intérêt personnel.
M. Goldbloom: Mais aucun avantage pécuniaire ou
professionnel?
Mme Gosselin: II y a déjà dans les conventions
certains avantages pécuniaires reconnus.
M. Goldbloom: Par rapport à...
Mme Gosselin: Aux études post-scolaires, mais il n'y a pas
vraiment d'avantages en termes de reconnaissance de droit à poser ou
à faire certaines tâches.
M. Goldbloom: Ou à occuper des postes de
responsabilité supérieure?
Mme Gosselin: Ou à occuper certains postes. Quant aux
responsabilités supérieures, je ne saurais le dire.
M. Goldbloom: Merci.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le ministre des
Affaires sociales.
M. Lazure: Juste une réaction. J'ai sursauté un peu
quand Mme Gosselin nous disait que les cours post-scolaires en psychiatrie
n'existaient plus. Comme un des pionniers qui, au tout début, a
participé à l'élaboration de ces cours, cela
m'inquiète. On a vérifié auprès de la
présidente de l'Ordre des infirmières et on me dit que cela
continue toujours; au CEGEP Maisonneuve à Montréal, le
post-scolaire en psychiatrie continue, par
exemple, et dans un autre petit CEGEP. Alors, c'est ce que l'Ordre des
infirmières nous dit. On va quand même vérifier; le
ministre de l'Education et moi-même allons vérifier chacun de
notre côté.
M. Morin (Sauvé): Je n'ai pas entendu parler de cela.
M. Lazure: Comme on n'en a pas entendu parler et comme ministre
des Affaires sociales responsable du réseau, il me paraît clair
que ce cours post-scolaire doit continuer et que nous avons besoin d'avoir
cette ressource additionnelle pour le perfectionnement d'un certain nombre
d'infirmières.
Mme Gosselin: Vous pouvez vérifier. C'est ce qu'on a
entendu la semaine dernière.
Le Président (M. Dussault): II n'y a pas d'autre
intervenant. Je remercie la Fédération québécoise
des infirmiers et infirmières de sa contribution et j'appelle la
Fédération des syndicats professionnels d'infirmiers et
d'infirmières du Québec à se présenter devant la
commission.
Je prie la porte-parole de la fédération de se
présenter et de nous présenter ses collègues.
Fédération des syndicats
professionnels d'infirmières
et d'infirmiers du Québec
Mme Gauthier (Patricia): Oui, je me présente. Patricia
Gauthier, présidente de la Fédération des SPIIQ. A ma
droite, je présente Aline Michaud, qui est conseillère technique
à la fédération et aussi coordonnateur des relations de
travail. A ma gauche, Mme Marcelle Marchand, qui est administrateur au conseil
fédéral.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Je vous remercie. Je
vous prie, comme je l'ai fait pour les autres, de présenter votre
mémoire en quinze minutes, s'il vous plaît.
Mme Gauthier: Je ne crois pas qu'il y ait de problème.
Le Président (M. Dussault): Merci.
Mme Gauthier: M. le Président, MM. les membres de la
commission parlementaire des corporations professionnelles, le 31 janvier
dernier, était porté à notre connaissance le
dépôt des projets de règlement concernant ce qu'il est
convenu d'appeler, d'une part, les actes médicaux autorisés et,
d'autre part, les actes infirmiers autorisés. Inutile de souligner que
l'étude du contenu des règlements a suscité de nombreux
commentaires et débats dont vous avez été, M. le ministre,
le témoin privilégié. Vous vous souviendrez sans aucun
doute du télégramme que nous vous faisions parvenir le 1er
février dernier. Les commentaires se sont faits désapprobateurs
dans la mesure de l'impact négatif qu'aurait sur la profession en
général et plus particulièrement sur la pratique
quotidienne l'adoption de tels règlements.
La mobilisation des infirmières et infirmiers, le 13 mars
dernier, démontre l'importance du sujet que nous entendons discuter avec
vous à la présente commission de négociation...
Des Voix: Ah, ah!
Mme Gauthier: Mes excuses, à la commission parlementaire.
Ce sont les termes qu'on est habitué de dire!
M. Lazure: Vous faites un peu rire ce qu'il y a de psychiatre en
moi.
Mme Gauthier: Nous traiterons donc ici seulement des points qui
nous sont apparus les plus pertinents. La Fédération des
syndicats professionnels d'infirmiers et d'infirmières du Québec
représente plus de 13 000 infirmières et infirmiers dans les
établissements de santé au Québec et, à ce titre,
en tant qu'organisme syndical, son rôle dans le cadre de la
défense des intérêts socio-économiques de ses
membres, se situe plus particulièrement dans la négociation et
l'établissement des conditions de travail propres à la profession
infirmière. De par ses objectifs mêmes, le rôle de la
fédération des SPIIQ est différent et distinct du
rôle dévolu législativement à l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec. Cependant, nous sommes
conscients que les membres que nous représentons sont à la fois
des salariés et des professionnels appartenant à une corporation.
En cela, les intérêts ne peuvent être divergents sur le
contenu des règlements qui nous occupent aujourd'hui. Au surplus, nous
désirons réitérer notre appui à l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec sur l'ensemble des propos
qu'il a tenus jusqu'à présent.
M. le ministre, nous n'aurions pas cru devoir être dans
l'obligation de faire valoir encore une fois l'importance du rôle et de
la formation de l'infirmière. Cela nous semblait être acquis
depuis longtemps déjà. Ce sont les règlements
proposés par l'Office des professions qui nous y obligeront, encore que
nous escomptons que le gouvernement, lui, l'a depuis toujours
réalisé. Les millions qu'il investit dans la formation et le
perfectionnement professionnel des infirmières n'en sont-ils pas la
preuve? Au surplus, la consécration légale de la profession
depuis plusieurs années ne fait que confirmer le caractère
irremplaçable des membres de la profession dans le domaine de la
santé. Cette consécration, il faut bien le dire, reflète
la traduction de la réalité en ce qui concerne la pratique des
soins infirmiers.
Notre rôle en est un d'identification et d'évaluation des
besoins de santé, de coordination et de surveillance des soins à
prodiguer, soins d'ailleurs dont nous assumons la responsabilité dans
leur mise en oeuvre. Comment pourrait-il en être ainsi sans que le
législateur n'ait reconnu la compétence et la qualité de
la formation académi-
que et pratique de l'infirmière? Il a d'ailleurs confié de
façon exclusive à l'ordre en 1973 d'assumer le maintien de la
qualité de cette formation et de cette compétence. Pourquoi
vouloir aujourd'hui confier à tout le moins en partie cette même
tâche aux professionnels individuellement et aux médecins plus
précisément par le biais d'une réglementation concernant
les actes visés à l'article 29 de la Loi médicale. (17
heures)
Bien sûr, a toujours existé une zone grise résultant
de la difficulté de cerner hermétiquement le champ d'exercice de
chacune des professions exclusives de la santé. Les auditions lors de la
commissions parlementaires sur les diverses lois corporatives et le Code des
professions ont abondamment mis en relief cette réalité. Certains
membres de la présente commission parlementaire s'en souviendront. Nous
avions cru toutefois que les articles 29 et 36, respectivement de la Loi
médicale et de la Loi des infirmières et infirmiers, avaient
uniquement pour objet de mieux cerner et encadrer le contenu des zones
grises.
Dans cette optique, nous avions d'ailleurs, sur le plan syndical,
amorcé de réglementer, par protocole d'entente au niveau des
établissements, la pratique des actes dits médicaux par les
infirmières. Cela, d'ailleurs, correspondait à des besoins,
exigences et nécessités de plus en plus pressants et
réalistes, non seulement en termes de types de soins, mais aussi et
surtout en termes de responsabilité civile et professionnelle.
Toutefois, à notre grand désenchantement, les
résultantes de l'application de ces articles de loi débordent
largement et malheureusement ces objectifs. Une première constatation
qu'il nous est permis de faire en regard de la réglementation
concernée est qu'elle ramène au niveau de simples techniques de
soins la pratique des soins infirmiers, ignorant et omettant par-là les
notions de jugement à porter dans le cadre de l'évaluation des
besoins et des soins dans le contexte général d'une pratique
professionnelle.
Ainsi, une personne habilitée exerçant dans un
établissement doit poser les actes conformément aux conditions
locales déterminées par cet établissement. Pourrait-on
imaginer qu'il y ait pu ici se glisser quelques considérations
financières?
Qu'en est-il maintenant et qu'est-il advenu de l'exigence de la
vérification d'une préparation requise chez les personnes
à habiliter à poser certains actes? L'article 2.02 du
règlement des médecins semble prôner l'inverse de la
formation institutionnalisée et vérifiée. "La personne
habilitée doit s'assurer qu'elle possède les connaissances et la
préparation suffisantes." Soutenir une telle approche, c'est
méconnaître et vouloir sciemment ignorer la réalité
des relations de travail et au travail.
Ceci voudrait dire en pratique que le salarié pourrait se trouver
devant une situation où un autre patron, le médecin, lui
ordonnera de faire un chose laissant au salarié le devoir de s'assurer
qu'il possède les connaissances et la préparation suffisantes
pour le faire.
Depuis quand les salariés peuvent-ils se permettre de refuser
d'exécuter les décisions et les assignations surtout provenant
des médecins? Dans ce domaine, les nombreux cas de mesures
disciplinaires sont éloquents. Ceci, sans compter les problèmes
découlant de la responsabilité civile et professionnelle. Il a
toujours été étonnant de constater le peu de
responsabilité qu'admettaient assumer les médecins à la
suite d'actes posés sous leur gouverne et directive.
Nous n'exprimons pas par-là un désaccord sur le principe
de la délégation ou de l'autorisation de l'acte, nous
désirons souligner que, dorénavant, le médecin responsable
du bénéficiaire devrait contrôler l'exécution de
l'acte selon les règlements projetés. Ce contrôle et cette
surveillance ont toujours été le fait de notre profession et plus
particulièrement, il va sans dire, eu égard aux actes
dérivant des soins infirmiers quant aux techniques utilisées et
aux modalités d'exécution. Ce contrôle exercé
traditionnellement par les infirmières autorisées sur les actes
posés par les infirmières auxiliaires cesserait de
prévaloir. Il est étonnant de constater que les médecins
auraient la liberté du contrôle et de l'évaluation des
actes à être posés par les infirmières dont une
partie leur appartient de droit, alors qu'on soustrait aux infirmières
autorisées le contrôle et la surveillance des actes
délégués aux infirmières auxiliaires. C'est faire
fi des structures organisationnelles et opérationnelles existantes.
Ce sont d'ailleurs aussi celles qui sont traduites dans les conventions
collectives au chapitre des titres d'emploi et, que nous sachions, le
gouvernement est partie à cette convention collective.
En dernier lieu, l'article 5.02 du règlement des médecins
rendrait inapplicable la pierre angulaire et le fondement même de la
convention collective. En effet, la base de la convention collective, vous vous
en souviendrez pour en avoir convenu, messieurs du gouvernement,
s'établit comme suit: "L'ensemble des fonctions exercées par un
salarié à l'intérieur d'un centre d'activités et
contenues dans l'une ou l'autre des titres d'emploi prévus à la
présente convention." C'est la définition du poste; le lien doit
donc se faire intimement avec le titre d'emploi qui se lit comme suit:
"Infirmière: Personne qui assume la responsabilité d'un ensemble
de soins infirmiers et/ou collabore à l'administration de
procédés thérapeutiques, préventifs, diagnostiques
et de recherche... dirige, surveille et coordonne les activités...
organise les soins."
Or, pour exercer ces fonctions, l'on exige, de par la convention
toujours, que l'infirmière possédé les qualifications
pertinentes et en relation avec la nature de la fonction, l'habileté et
la compétence clinique. Non seulement s'agit-il du fondement de la
convention collective, mais il en est tel au seul motif que la convention
cherche à cerner et à représenter la
réalité.
Est-il besoin de continuer le raisonnement? Vous percevrez facilement,
messieurs de la commission parlementaire, que le fait de permettre
que les infirmières auxiliaires participent et contribuent aux
mêmes actes que nous, défie systématiquement la
réalité et annihile la portée de l'essence de la
convention collective. C'est faire une équation de nivellement entre les
titres d'emplois, donc, entre les professions.
Or, on voudrait nous faire croire que les règlements
projetés sont dans l'intérêt supérieur des
professions, des salariés et des bénéficiaires. Il devient
donc essentiel de réaliser, pour les membres de la commission
parlementaire, que recommander l'adoption de règlements tels que
proposés dans leur formulation actuelle équivaudrait, pour le
gouvernement, à nier et à contredire à leurs racines
mêmes les positions qu'il a exprimées et soutenues fermement
jusqu'à présent en ce qui a trait au contenu des conventions
collectives. Ce serait favoriser le chaos et l'affrontement.
A moins que les motivations sous-tendant la réglementation soient
d'une autre nature? Nous verrions nos arrières-pensées
confirmées si les règlements étaient adoptés selon
ce qui est proposé par l'office. En effet, les motivations
réelles apparaîtraient les préoccupations
budgétaires en fonction des ressources du milieu, les postes
vidés de leur contenu et réduits en nombre, donc, l'application
de politiques restrictives de gestion. Dans cet ordre d'idée, l'Ordre
des infirmières et infirmiers a raison d'affirmer: La protection du
public, nous, on y croit!
Est-ce qu'il est permis de bafouer une profession qui a su
défendre, depuis tant d'années, la santé d'une population
qui est en droit d'attendre ce qu'on est en droit d'appeler des soins de
qualité.
On peut répondre à vos questions avec Mme Michaud.
Le Président (M. Dussault): Bien. M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais vous
rassurer, s'il est possible, qu'il n'a jamais été question de
bafouer une profession, comme vous le dites. Au contraire, le but de ces
règlements ultimement, c'est de reconnaître que la
délégation d'actes médicaux est possible à
certaines conditions, bien sûr, mais qu'elle est possible et qu'elle
vient confirmer, d'ailleurs, ce qui existe souvent dans la
réalité. Ce n'est certainement pas bafouer une.profession que de
lui reconnaître des responsabilités sans doute plus grandes que
celles que sa propre loi constitutive lui reconnaîtrait
d'emblée.
Loin de bafouer une profession, nous voulons, par ces règlements,
confirmer la compétence que les membres de cette profession ont pu
acquérir au cours des années. Ces considérations
m'amènent à vous demander de commenter un passage de la page 5 de
votre mémoire, madame. Vous nous dites que l'article 2.02 du
règlement de la délégation des actes médicaux
semble prôner l'inverse de la formation institutionnalisée et
vérifiée. Vous faites allusion au passage qui dit que la personne
habilitée doit s'assurer qu'elle possède des connaissances et la
préparation suffisantes.
Dans notre esprit, cette phrase n'est que la consécration de la
déontologie. Il nous paraît que quelle que soit la formation
reçue par une personne, si elle ne se sent pas compétente pour
poser un acte qu'on lui demande de poser, elle doit toujours refuser de le
poser. C'est une règle d'application générale à
l'ensemble des professions et on la trouve dans maints codes de
déontologie. Elle s'applique aux médecins aussi bien qu'aux
infirmières, qu'aux auxiliaires, qu'à toute catégorie de
techniciens du domaine de la santé et ce n'est pas vouloir rabattre la
formation institutionnalisée et vérifiée que de rappeler
une règle fondamentale de la déontologie. Bien sûr, il faut
s'assurer que la formation reçue par chaque personne est idoine, il faut
s'assurer qu'elle a été vérifiée, cette formation
institutionnalisée et nous ne touchons pas à ces
règles-là. Tout ce que nous voulons ajouter ici, c'est simplement
cette règle de déontologie.
Ce qui m'amène à considérer ce que vous dites
à la page 6 de votre mémoire. Vous dites et je cite: "Depuis
quand les salariés peuvent-ils se permettre de refuser d'exécuter
les décisions et les assignations surtout provenant des médecins?
Fin de la citation.
Je vais vous poser une question là-dessus. Est-ce qu'il n'arrive
pas, est-ce qu'il n'est pas arrivé que, recevant l'ordre d'accomplir une
tâche pour laquelle elle n'est pas préparée, une
infirmière ait refusé d'accomplir un acte? Est-ce que
l'infirmière ne devrait pas avoir à tout le moins cette
possibilité de refuser d'exécuter une décision ou une
assignation, si, déontologiquement parlant, elle ne se sent pas apte
à poser l'acte? C'est ma première question.
Mme Gauthier: Avant d'y répondre, tout à l'heure,
vous parliez au point de vue de la formation institutionnalisée. Notre
inquiétude là-dedans je raccroche ça aux conditions
locales c'est de savoir comment s'appliquerait cette chose, s'il
arrivait des situations et on pense qu'il peut arriver des situations
où les conditions locales ne permettent pas à une
infirmière de pratiquer certains gestes. Pour certaines raisons,
localement, l'administration décide de ne pas les faire poser, mais il
peut arriver qu'elle change d'institution. Est-ce que le fait qu'elle dit que
ça revient à elle de décider si elle est apte à
poser ou non le geste, ça peut être reconnu par le médecin
ou par l'administration comme une raison suffisante de ne plus poser le
geste?
C'est pour ça qu'on raccroche ça à des cas, pour
revenir à votre dernière question, le fait de refuser de poser
certains actes. Il y a eu des exemples, et Mlle Michaud pourrait apporter des
commentaires, de cas d'arbitrage où on sait très bien que,
lorsqu'on arrive pour faire témoigner des médecins sur certaines
choses, ils se dégagent très facilement de leur
responsabilité. C'est pour ça qu'on apporte des points
d'interrogation là-dessus.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais c'est une autre question cela,
la responsabilité du médecin. La
question que je vous posais portait sur la possibilité pour une
infirmière, par exemple, ou une infirmière auxiliaire la
règle vaut pour tout professionnel de la,santé de dire:
Non, cet acte-là, vous me demandez de le poser, mais je ne peux pas le
poser parce que je ne le connais pas bien.
Mme Gauthier: C'est parce que, au point de vue des conditions
locales, lorsque l'infirmière jugera qu'elle n'est pas apte à le
poser, est-ce que cela répondra justement aux critères de
l'administration ou du médecin, si le médecin devient le
"superviseur" direct? Peut-être que je peux laisser Mlle Michaud...
Mme Michaud (Aline): M. le ministre, je voulais ajouter que ce
qui est assez intéressant, c'est que, sans cette réglementation,
il y a eu une évolution dans les centres hospitaliers de la seule
présence 24 heures sur 24 des infirmières; ce sont elles qui
assumaient, qui ont dû accepter, sinon il y avait des situations contre
lesquelles elles ne pouvaient rien, le médecin n'était pas
trouvable ou il était chez lui, à distance, et les
infirmières ont dû assumer, ce qui a fait évoluer. C'est
pour cela que le projet de règlements existe. C'est peut-être pour
régler une partie de ces problèmes-là. A ce que je sache,
en 1973, étant ici à la commission parlementaire, je me rappelle
qu'à ce moment-là, on parlait des problèmes des
infirmières qui oeuvraient le soir et la nuit sans la présence de
médecins ou d'internes, par exemple dans les régions plus
éloignées. C'est cette évolution historique qui fait
qu'aujourd'hui, on arrive à vouloir réglementer et, si vous
voulez, normaliser un peu ce problème-là. C'est pour cela aussi
qu'il y a eu des protocoles d'entente, auxquels j'ai participé en
partie, dans plusieurs établissements de santé, parce que les
infirmières étaient prises dans un huis clos. Si elles disaient
non, c'était leur conscience propre qui en prenait un coup, si elles
disaient oui, elles pratiquaient dans ce qu'on appelle
l'illégalité. Cela a été la situation depuis des
années.
Aujourd'hui, on dit: Pourquoi se pose-t-on la question? Nous autres, on
a voulu penser à quelque chose de temporaire, selon les conditions
locales, mais on se dit: Si on veut normaliser, pourquoi ne pas, par
étape, aller vers une forme d'instutionnalisation effectivement de la
préparation de l'infirmière pour poser ces actes-là?
Un autre point que je voulais souligner, on mentionne aussi qu'on
pourrait avoir un troisième patron. Encore là, ce n'est pas qu'on
en veuille aux médecins, ce n'est pas cette position-là, mais il
y a eu un cas récemment à Port-Cartier où un infirmier a
été congédié. L'hôpital était
éloigné et il n'y avait pas d'interne. Il y avait un
médecin de garde. Il est arrivé cela a été
mis en preuve, l'audition est publique maintenant, la sentence est rendue
que le médecin était introuvable. L'infirmier ou
l'infirmière a dû poser l'acte. Finalement, ce qui est ressorti
lors de l'audition, c'est que, à cause de la situation du peu de
présence de soir et de nuit des médecins, les infirmières
étaient rendues à poser des actes dits médicaux. Un seul a
été congédié pour cela. Pourquoi le tribunal a-t-il
été clément? Parce que la situation, selon la preuve, a
démontré que les médecins n'étaient pas là.
Ce sont des situations réalistes, vécues quotidiennement.
M. Morin (Sauvé): Je suis obligé de vous donner
raison sur ce dernier exemple. Si une infirmière ou une auxiliaire se
trouve dans des circonstances comme celles que vous avez décrites et que
le médecin ne peut pas être rejoint, c'est son devoir de faire au
mieux de ses connaissances pour sauver la vie d'un patient. C'est une
règle générale de responsabilité civile, qui ne
s'applique pas seulement aux professions, mais qui s'applique à tout le
monde. Même une personne qui n'a aucune compétence doit essayer de
sauver une autre personne avec les connaissances qu'elle a. On ne pourra pas
lui tenir rigueur d'avoir fait une faute si elle a fait de son mieux en
l'absence du médecin.
Mme Gauthier: Cela n'empêche pas que les administrations
posent des gestes de mesures disciplinaires quand même. C'est cette
inquiétude dont on parle. C'est une ouverture à des mesures
disciplinaires.
M. Morin (Sauvé): Justement, je me demande si le passage
de l'article 2.02 n'est pas fait pour protéger une personne qui estime
qu'elle n'est pas apte à poser tel acte, bien sûr, si le
médecin est présent ou si l'infirmière est
présente. Si elle n'est pas présente, à ce moment, chacun
est tenu, de par les règles du droit civil, de faire de son mieux. C'est
une autre affaire.
Mme Michaud: M. le ministre, je répondrai là-dessus
sans vouloir être vraiment méchante que sauf peut-être dans
les centres d'accueil, l'infirmière est toujours là, ce qui n'est
pas le cas du médecin.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que nous pouvons quand même
convenir que les règles de déontologie s'appliquent de toute
façon?
Mme Michaud: Nous sommes d'accord avec les risques
inhérents à notre profession, que les règles de
déontologie sont présentes, sauf que quand on veut normaliser, on
veut s'assurer... Je pense, M. le ministre, que cela a d'ailleurs
été souligné par la fédération qui nous a
précédées aussi, la notion de responsabilité
où elle se situe. M. Goldbloom a également posé la
question à l'AHPQ qui a su dévier et ne pas y répondre.
Qui devrait être responsable, à un moment donné? Je pense
que, soit l'hôpital, en termes de conditions au niveau local, on voudrait
qu'il s'assure ou qu'il assure que les gens dans le milieu pratiqueront avec la
formation requise. Pour éviter que la personne ait toujours à se
poser l'article 2.02 tous les jours. C'est dans ce sens, le sens de notre
institutionnalisation, c'est dans ce sens.
M. Morin (Sauvé): Oui. Nous, on pensait répondre en
partie à cette difficulté. On est en train d'en discuter en ayant
plus d'égards pour les conditions locales, comme la corporation est
venue nous le dire, d'ailleurs. On pense que cela aussi serait de nature
à rendre l'application des règlements un petit peu plus
sensée, compte tenu des réalités qu'on trouve au niveau
local. Je ne sais pas si vous êtes d'accord. J'ai cru percevoir que vous
n'étiez pas d'accord avec cette idée des conditions locales.
Mme Michaud: Bon, c'est cela. D'une part, on veut s'assurer, dans
un premier temps, que l'établissement assure les meilleures conditions
possibles pour que les personnes soient le mieux protégées
possible dans les actes qu'elles posent, mais d'autre part, dans un
deuxième temps, qu'on tienne compte, dans la préparation, des
vocations d'établissement, c'est-à-dire qu'on en arrive à
des préparations en fonction des vocations, par exemple: Etablissements
psychiatriques, centres d'accueil, et les catégories
d'établissements. C'est cette forme d'institutionnalisation à
deux volets qu'on voyait, c'est-à-dire en arriver à
catégoriser, si vous voulez, une forme de formation. Pour éviter
que l'infirmière qui passe d'un hôpital à un autre d'un
même type, ait à se redéfinir en tant qu'"habile
à".
M. Morin (Sauvé): Oui, mais ce n'est pas exclu, ce que
vous venez de dire.
Mme Michaud: C'est pour cela qu'on est ici aujourd'hui quand
même. On se pose des questions et on veut aussi présenter ce qui
nous intéresse et voir ce qui se passe dans les milieux. C'est ce que
j'ai voulu faire ressortir aussi.
M. Morin (Sauvé): Je vous remercie.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Rapidement, je dois répéter encore une
fois, puisque la présidente de la Fédération des SPIIQ a
soulevé l'aspect financier, qu'il n'est pas du tout dans notre intention
de vouloir économiser les sous des contribuables aux dépens des
postes d'infirmières dans les hôpitaux.
Mme Gauthier: Si le fait d'avoir tenu des commissions
parlementaires nous fait prendre publiquement conscience de cette
réalité, tant mieux; mais je pense que tout à l'heure,
vous avez répondu à l'autre fédération que
c'était dommage que cela arrive en même temps qu'une
négociation. Je dis que cela n'arrive pas en même temps qu'une
négociation, cela arrive en même temps que les restrictions
budgétaires des plans de redressement dans les hôpitaux.
M. Lazure: Non, je vous ferai remarquer...
Premièrement...
Le Président (M. Dussault): Si vous me permettez, M. le
ministre, je voudrais rappeler aux gens dans l'assistance qu'il n'est pas
permis de manifester.
M. Lazure: Je ne puis m'empêcher de passer une minute et
demie là-dessus parce que c'est le plus gros mythe qu'on puisse
imaginer, le mythe qui veut que les soi-disant restrictions budgétaires
dans les hôpitaux aient commencé depuis un an ou deux avec le
gouvernement actuel. Ce que vous appelez les restrictions budgétaires,
c'est la modération des pourcentages d'accroissement des coûts
annuels d'année en année.
Mme Michaud: Oui.
M. Lazure: Est-ce que vous me permettez?
Mme Michaud: Oui.
M. Lazure: Le rythme d'accroissement actuel cette année
sera encore entre 9% et 10% de l'accroissement des budgets de l'ensemble des
hôpitaux. Je vous rappelle aussi, pour votre mémoire, que $2
milliards vont aller au budget des hôpitaux $2 milliards, pas $2
millions, ni $200 $2 milliards vont aller au financement des
hôpitaux et que les hôpitaux vont recevoir plus d'argent cette
année que l'an passé. Ce ne sont pas des coupures
budgétaires. Ce que vous appelez des coupures budgétaires, c'est
quand un gouvernement, le nôtre ou le précédent, qui a fait
la même chose, dit à un hôpital qui demande un budget de $48
millions: Nous regrettons, nous pensons que $47 millions seulement sont
justifiés. Alors, l'hôpital, malheureusement, se tourne de bord
souvent et dit aux gens: II y a des restrictions budgétaires.
Ceci étant dit, dans le cas d'un certain nombre d'hôpitaux
qui ont accumulé des déficits depuis 1974, depuis la nouvelle
politique du gouvernement établie en 1974 de ne plus payer les
déficits des hôpitaux, il y a des hôpitaux qui ont pris cela
au sérieux; au-delà de 50% n'ont jamais accumulé de
déficits. Il y a d'autres hôpitaux qui se sont permis de prendre
cela à la légère et qui ont accumulé des
déficits. Pour ces hôpitaux à déficit, nous avons
dû faire ce qu'on appelle des plans de redressement budgétaire qui
vont vouloir dire, au fur et à mesure qu'il y aura des départs
naturels, fermeture d'un certain nombre de postes, environ 2000 pour l'ensemble
de tous les hôpitaux du Québec mais, à côté de
cela, il faut parler aussi de l'ouverture d'environ 5000 postes dans des
centres d'accueil pour personnes âgées.
Concernant le respect des conventions collectives puisque le
ministre des Affaires sociales est intimement soucieux de cela,
préoccupé par cela je pense qu'il faut nous donner le
même souci du sens des responsabilités vis-à-vis ce respect
des conventions collectives que vous en avez vous-mêmes vis-à-vis
la convention. Vous voulez la respecter; nous voulons respecter la convention
collective. Que je sache, il n'y a rien
dans ce projet de règlement qui va à rencontre des
conventions collectives mais je m'engage à regarder cela au peigne fin,
encore une fois, et vous pouvez être certaines que ce n'est pas notre
intention de passer par la bande et enfreindre ou briser certaines dispositions
de vos conventions collectives.
Finalement, aussi, cette question de la déontologie
soulevée par mon collègue. Il me semble que, comme toile de fond,
comme approche générale, nous nous rejoignons quand vous dites,
vous et la fédération précédente: Nous voulons
institutionnaliser vous appelez cela institutionnaliser, rationaliser
nous voulons que ce soit la catégorie de personnel qui s'appelle
infirmières autorisées qui se voie confier telle ou telle
tâche et non pas des individus. Là-dessus, on se rejoint de
façon générale mais il me semble que de façon
particulière et c'est là qu'on parle de conditions locales
dans des cas particuliers, on doit faire preuve suffisamment de
souplesse pour que des individus, des infirmiers et des infirmières
autorisées, dans les deux sens d'ailleurs, d'une part puissent
être exemptés de poser tel ou tel acte parfois à leur
demande même parce qu'ils ne se sentent pas habilités, ou aptes,
ou préparés pour les poser et parfois, à la demande de la
direction des soins infirmiers, donc, à la demande de la direction de
l'hôpital. Je pense que cette nuance si vous voulez cette
souplesse qu'on apporterait par le biais des conditions locales ne vient pas
nier le principe général d'une institutionnalisation de certaines
tâches confiées à une catégorie de personnel et, en
même temps, laisse une porte ouverte, autant pour l'employé que
pour l'employeur, à certains cas d'exception qui ne seraient pas
habilités, soit à leur demande ou au jugement des employeurs,
à poser de tels actes.
Mme Michaud: C'est pour cela, M. le ministre, qu'on parle
d'établissements vocationnels. Il est entendu que si on parle d'un
centre hospitalier ultraspécialisé, la formation peut, à
ce moment-là, peut-être se cloisonner ou être plus
spécialisée mais si on parle de centres hospitaliers
généraux, je pense que l'infirmière ayant une formation de
base quand même à caractère scientifique et, ayant ce
supplément, est capable à mon sens de répondre aux besoins
de l'établissement et de travailler à peu près
partout.
D'ailleurs, je crois que là-dessus sans vouloir lancer une
petite note de méchanceté... d'où le voeu de
mobilité de l'employeur sur cet aspect. Je voulais quand même, M.
le ministre, apporter ici une petite précision quand on parle de
formation scientifique de l'infirmière. A la lecture des
règlements on le mentionne dans notre mémoire on
parle de ramener à de simples techniques de soins et ce n'est pas vide
de sens ce qu'on dit là. Si on considère que l'infirmière
a quand même une formation scientifique et l'autre fois, sur des
comparaisons de formation, on arrivait à quelque 300 heures de
différence. Je pense ici qu'on a oublié une partie de la
formation au niveau collégial. On devrait ajouter 1125 heu- res, ce qui
fait pour l'infirmière 3870 heures de formation professionnelle par
rapport à 2400 heures pour l'auxiliaire, plus les sciences propres
à la santé. Je voulais faire cette distinction parce qu'on a fait
des comparaisons de formation d'ordre professionnel. Au niveau collégial
on va chercher des connaissances naturellement plus poussées, plus
scientifiques. C'est un peu ce que je regrette au niveau de la
réglementation: on semble vouloir traiter les actes en termes
techniques. Ce qui m'amène à dire qu'on est d'accord sur la
position de l'ordre selon laquelle l'infirmière est capable de
surveiller directement ce qui se fait au niveau des auxiliaires; c'est le
pendant, en fait, de ce qu'on retrouve dans les actes médicaux
délégués.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, depuis plusieurs minutes
nous parlons de considérations fondamentales et il est bon que nous nous
y soyons arrêtés. A l'instar de celle du ministre de l'Education,
responsable des professions, mon attention a été attirée
particulièrement par la page 5 de votre mémoire. Là, vous
citez l'article 2.02 qui se lit comme suit: "La personne habilitée doit
s'assurer qu'elle possède les connaissances et la préparation
suffisantes." Le ministre nous dit que cette phrase est l'expression d'un
principe de déontologie. Je suis d'accord avec lui. J'accepte son
interprétation. Je la trouve quand même partielle et
limitée et je partage, Mme Michaud, l'inquiétude que vous
exprimez, soit que cette interprétation ne soit la seule à
découler de cette courte phrase.
Il me semble que l'on devrait aller plus loin et dire que non seulement
la personne doit avoir la responsabilité de s'assurer qu'elle
possède les connaissances et la préparation suffisantes, mais les
autorités compétentes doivent également assumer la
responsabilité d'assurer que la personne qui est affectée
à certaines responsabilités a la préparation et la
formation nécessaires. Il me semble que cela est fondamental et que
c'est la contrepartie de l'interprétation valide donnée par le
ministre. Il me semble donc que les deux aspects devraient être
traités.
Mme Michaud: M. Goldbloom, cela rejoint ce que je disais sur la
responsabilité au niveau des conditions locales et aussi sur
l'orientation ou l'évolution vers une préparation en regard de la
vocation des établissements; je tiens compte aussi qu'il y a des
corporations professionnelles qui, jusqu'à maintenant, ont eu la
responsabilité de voir à ce que la formation des professionnels
qu'elles représentaient était de qualité et que les gens
étaient aptes et, donc, habiles à travailler dans
différents milieux. De même, j'ajouterai que par le biais des
conventions collectives on assure aussi, d'où... D'ailleurs, on a
alloué un certain nombre de montants assez importants pour permettre aux
infirmières de se former. Il est sûr que
les institutions sont en place pour assurer cette formation, sauf qu'en
ce qui nous concerne nous ne pouvons obliger l'établissement à le
faire, c'est sous forme consultative. En somme, ce que je voulais souligner,
c'est qu'on soit assuré que l'établissement le fasse et utilise
les bonnes voies pour le faire et les institutions existantes.
M. Goldbloom: II me reste deux commentaires, M. le
Président. En haut de la page 5 du mémoire, je trouve une phrase
qui, à mon sens, va au coeur, non seulement de la discussion qui entoure
le mémoire même, mais au coeur de toute la discussion que nous
avons depuis le début de ces deux séances de la commission
parlementaire. Je pense qu'il vaut la peine que je cite cette phrase: "Une
première constatation qu'il nous est permis de faire en regard de la
réglementation concernée est à l'effet qu'elle
ramène au niveau de simples techniques de soins, la pratique des soins
infirmiers, ignorant et omettant par-là les notions de jugement à
porter dans le cadre de l'évaluation des besoins et des soins dans le
contexte général d'une pratique professionnelle."
Je trouve que c'est une phrase lapidaire et que nous devrons, nous tous,
membres de cette commission, la conserver en mémoire en évaluant
les recommandations que nous voudrons faire aux ministres quant à la
rédaction éventuelle et définitive du
règlement.
Enfin, je voudrais faire le commentaire suivant, M. le Président.
La dernière fois que nous nous sommes réunis, il a
été suggéré à plusieurs reprises que nous
devrions accorder aux établissements une certaine souplesse dans
l'établissement de règles de régie interne quant au
partage des responsabilités entre les diverses professions de la
santé. Il y a dans ce même paragraphe une question qui est
posée et qui me fait réfléchir. Le ministre des Affaires
sociales nous assure, pour maintenant la septième ou la huitième
fois peut-être, que ce n'est pas sur une base d'économie que le
projet de règlement a été mis de l'avant. Le
mémoire souligne la possibilité que si la souplesse
accordée aux établissements individuels était trop large,
peut-être à ce niveau, indépendamment de la politique et de
la volonté du ministre et du gouvernement, une attitude pourrait se
glisser dans les pratiques d'embauche et d'attribution de
responsabilités qui pourrait finir par être une mesure
d'économie, et cela au détriment de l'intérêt du
malade.
Je voudrais vous remercier d'avoir attiré notre attention vers ce
danger, cet écueil qui existerait certainement. Cela diminue dans une
certaine mesure mon enthousiasme personnel pour la thèse de la souplesse
et la liberté que l'on accorderait aux établissements pour
décider des affectations des responsabilités.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre. Oui, Mme la
présidente.
Mme Gauthier: J'aimerais quand même qu'on me donne
l'occasion d'apporter certaines préci- sions et même des exemples
quand on a peur vraiment de l'ouverture face aux conditions locales. Il s'est
même passé, il y a quelques mois, quant au début des
restrictions budgétaires dans les hôpitaux que, devant couper $13
000 sur un département, le premier geste qu'on pose, c'est de couper
l'infirmière tout de suite. C'est arrivé déjà et
lorsqu'on entend dire aussi, du côté des médecins, qu'on
économise $5000 en engageant un auxiliaire à la place d'une
infirmière, la frousse nous prend, vous savez.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: M. le Président, encore une fois, à la
fois à cause des toutes dernières remarques de Mme la
présidente et des remarques de mon collègue de D'Arcy McGee, je
suis obligé de répéter que ce souci économique a
été complètement absent. C'est mon collègue, le
titulaire de l'Education et des professions, qui a été l'artisan
principal de ce projet. Nous avons été consultés aux
Affaires sociales comme d'autres groupements ont été
consultés. Nous avons apporté une certaine contribution, mais le
gros, l'essentiel de ce projet émane, comme il se doit, de l'Office des
professions et du groupe du ministre titulaire et jamais, jamais, je puis vous
en assurer encore une fois et c'est la dernière fois que j'ai
l'occasion de le dire probablement jamais je n'ai demandé
à mon collègue de l'Education d'introduire des changements par
souci d'économie. Jamais je ne l'ai fait et jamais je ne le ferai.
Maintenant si vous me dites que certains administrateurs hospitaliers,
pour réduire les dépenses de leur budget, veulent menacer
jusqu'à un certain point la qualité des soins en
remplaçant, lorsque ça n'est pas indiqué et
justifié parce qu'il arrive des fois où c'est
justifié une infirmière par une infirmière
auxiliaire, je vous dis que nous allons surveiller de près une telle
tendance, mais je ne suis pas convaincu qu'elle existe. Au contraire, M. le
Président, je peux vous assurer que depuis près de deux ans et
demi que je suis en poste c'est la tendance inverse qu'on a pu déceler,
à savoir que dans plusieurs hôpitaux le nombre de postes
d'infirmières auxiliaires a diminué constamment depuis deux ans
et demi et que dans nombre d'hôpitaux, surtout les grands hôpitaux
des villes de Québec et Montréal, on a profité du
départ d'une auxiliaire ou d'une puéricultrice pour la remplacer
par une infirmière autorisée.
Je pense qu'il ne faut pas faire peur au monde. Je ne nie pas que ce
soit arrivé dans certains cas, mais il ne faut pas alarmer la
population. Je peux vous assurer qu'il n'y aucun mouvement de la sorte dans le
réseau hospitalier qui se dessine, que ce soit face à ces
règlements ou pour d'autres considérations; il n'y a aucun
mouvement de remplacement des infirmières autorisées par des
infirmières auxiliaires.
Si on revient à la question soulevée par le
député de D'Arcy McGee quant à la phrase
lapidaire de la page 5, je pense qu'il y a de ces énoncés
qui font de bons slogans parfois et qui sont lapidaires. Souvenons-nous de la
racine M. le député de Gaspé va m'aider avec sa
formation latine ça veut dire pierre. C'est toujours dangereux de
lancer des pierres et une phrase lapidaire est toujours dangereuse parce
qu'elle est incomplète. Elle frappe l'imagination au premier abord.
Quand on dit qu'on rabaisse au niveau des simples techniques toute une
tradition qui s'appelle les soins infirmiers, je dis: C'est faux. Les
règlements ne font pas ça, ni dans la lettre ni dans leur
intention. Je pense qu'il faudra arrêter, à un moment
donné, surtout si on revient à notre préoccupation
principale à tous et à toutes, qui est de trouver un terrain
d'entente, une formulation qui soit acceptable par la plupart des groupes, il
va falloir arrêter de se lancer des pierres.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, mon vieil ami mon
jeune vieil ami et confrère, le ministre des Affaires sociales,
ne m'a pas écouté aussi attentivement qu'il aurait pu le faire.
Je n'ai pas jeté de doute sur sa volonté, sur son affirmation,
à savoir que ce ne sont pas des considérations d'ordre
économique qui ont présidé au lancement de ce projet de
règlement. Tout ce que j'ai fait, et je pense que c'était
justifié de le faire, c'est souligner que si nous accordions trop de
latitude aux établissements individuels, ces derniers pourraient
profiter d'une telle situation pour économiser et cela ne serait pas
dans l'intérêt des malades. Donc, c'est simplement une mise en
garde, une demande de surveillance de l'application...
M. Lazure: ... cru relever, on va surveiller cela de
près.
M. Goldbloom: ... du règlement.
Deuxièmement, je n'ai pas voulu lancer de pierres. J'ai d'autres
occasions de le faire à d'autres sujets; celui-ci ne se prête pas
au lancement de pierres. Si j'ai cité cette phrase, c'est encore une
fois en guise de mise en garde: le ministre affirme que ce n'est pas vrai; je
voudrais être certain que, dans l'application du règlement, il se
chargera d'assurer la population et les professions intéressées
que ce ne sera jamais vrai.
Le Président (M. Dussault): Alors, il n'y a pas d'autres
intervenants. Je remercie la Fédération des syndicats
professionnels d'infirmiers et d'infirmières du Québec de sa
participation à nos travaux et j'invite immédiatement la
Corporation des inhalothérapeutes du Québec à se
présenter devant la commission.
Monsieur, je vous prie de vous présenter et de présenter
vos collègues.
Corporation des inhalothérapeutes du
Québec
M. Vézina (Jocelyn): Merci, M. le Président, MM.
les ministres, MM. les membres de cette commission, j'aimerais vous
présenter les gens qui sont avec moi aujourd'hui. A mon extrême
droite, M. Jules Parent, administrateur de la corporation, M. Richard
Lévesque, vice-président de la corporation, M. Laurent
Saint-Onge, secrétaire général, et, à mon
extrême gauche, M. Claude Valois, trésorier de la corporation, de
même que Me André Thauvette, conseiller juridique.
Le Président (M. Dussault): Et vous-même. M.
Vézina: Jocelyn Vézina, je suis président.
Le Président (M. Dussault): M. Vézina, je vous
demande de faire l'effort de nous présenter votre propos en quinze
minutes.
M. Vézina: Ce sera très court, M. le
Président. La Corporation des techniciens inhalothérapeutes du
Québec regroupe 912 membres répartis sur tout le territoire du
Québec. Elle a obtenu une charte en vertu de la troisième partie
de la Loi des compagnies du Québec et ses lettres patentes ont
été émises le 21 octobre 1969.
La corporation est administrée par un conseil d'administration de
quinze membres et un comité exécutif de six membres.
Avant 1969, les inhalothérapeutes du Québec étaient
regroupés au sein de la Canadian Society of Respiratory Technologists,
dont les lettres patentes ont été émises en
décembre 1964. Cette association compte environ 1500 membres.
Il convient enfin d'indiquer que l'American Association for Respiratory
Therapy a été fondée en 1947 et qu'elle compte environ 30
000 membres répartis à travers les Etats-Unis. La corporation
suit de très près les activités de l'association
américaine et ses standards sont comparables à ceux de cette
association.
On pourrait résumer ainsi ce qu'est l'inhalo-thérapie.
C'est une activité professionnelle reliée à la fonction
cardio-respiratoire. L'inhalothérapie s'étend bien au-delà
de la thérapie par inhalation et comprend notamment des fonctions
connexes à la prévention, au diagnostic, à
l'anesthésie et à la réanimation. Lorsqu'il a pour objet
un patient, l'acte d'inhalothérapie est toujours posé en
exécution d'une ordonnance. Parce que relié à la fonction
cardio-respiratoire, l'acte d'inhalothérapie est souvent posé
dans un moment critique de la vie d'une personne humaine.
La formation de l'inhalothérapeute est de niveau collégial
et s'étend sur trois années. Le programme technique
d'inhalothérapie et d'anes-thésie est en vigueur au Québec
dans les cinq collèges suivants: Québec, Chicoutimi, Rosemont,
Sherbrooke et Vanier.
L'enseignement proprement dit porte principalement sur les notions de
base nécessaires à la
compréhension de la fonction cardio-respiratoire, d'une part, et
sur le fonctionnement des divers appareils utilisés en
inhalothérapie et en anesthé-sie, d'autre part.
Des éléments de biologie, de pharmacologie et les
différentes pathologies pulmonaires sont également
enseignées. La formation est complétée par un enseignement
pratique et clinique. Il faut également noter que
l'inhalothérapeute exerce sa profession en tout lieu et principalement
dans les services d'inhalothérapie des établissements sous la
responsabilité médicale de l'anesthésiste, du pneumologue
ou d'un autre spécialiste de la fonction respiratoire. Tous les services
de l'établissement ont recours à l'inhalothérapeute: la
clinique d'urgence, les soins intensifs, la médecine pulmonaire, la
chirurgie, l'anesthésie, la clinique externe, les services de soins
à domicile, les sections de recherche des services.
Commentaires de la corporation concernant le projet de règlement.
Afin d'assurer au public que les actes délégués soient
toujours soumis au secret professionnel, à la déontologie et au
contrôle de la compétence, on a limité la
délégation d'actes aux seuls membres de corporations.
L'exception à cette règle se retrouve au paragraphe m) de
l'article 1.02 du projet de règlement: il s'agit de
"l'inhalothérapeute". Dans ce cas, les actes autorisés peuvent
être posés tant par les membres de la corporation que par les
détenteurs du "diplôme d'études collégiales en
techniques d'inhalothérapie et d'anesthésie". (17 h 45)
La corporation s'oppose à l'approbation par le
lieutenant-gouverneur en conseil du paragraphe m) de l'article 1.02 du projet
de règlement tel que rédigé. Non seulement s'agit-il d'une
marque de non-confiance à l'endroit de la corporation et de ses membres,
mais cette situation crée un réel danger pour le public.
Si cette façon de réglementer est uniquement reliée
à la question du statut de la corporation, que le législateur ou
le lieutenant-gouverneur en conseil agisse sans délai pour corriger la
situation.
Bien que les actes qui nous sont délégués puissent
appartenir au domaine de la médecine, ils ne constituent cependant pas
l'ensemble de nos activités. Quel est le statut de ces autres actes?
Pourrons-nous, après l'entrée en vigueur du règlement,
continuer à exercer notre profession en toute
sécurité?
Ces questions soulèvent non seulement le problème du
statut de la corporation et de ses membres dans l'organisation de la
santé au Québec, elles posent également, quant à
nous, la pertinence de reconnaître un champ d'exercice ou de le
préciser par voie de règlement.
M. le Président, messieurs les ministres et messieurs les
députés, nous sommes ouverts à vos questions.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M.
Vézina. M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier le groupe
des inhalothérapeutes. Je vais simplement relever une remarque, une des
dernières remarques du porte-parole pour ce qui touche l'exigence, qui
n'apparaît pas au règlement, d'appartenir à une
corporation. Effectivement, cette exigence-là, on la retrouve partout.
Il est bien sûr qu'en temps et lieu parce que vous savez fort bien
que ce n'est pas possible maintenant lorsque l'Office des professions et
le ministre titulaire des professions auront pris une décision sur votre
demande de reconnaissance soit comme corporation complètement distincte,
soit comme un groupement associé à une corporation
déjà existante, il faudra appliquer la même règle
que nous appliquons, par exemple, aux infirmières auxiliaires, quand
nous disons que, dorénavant, les infirmières auxiliaires, celles
qui arrivent sur le marché du travail, devront faire partie, devront
être inscrites au tableau de la Corporation des infirmières
auxiliaires.
Je pense que, dans l'intention...
M. Morin (Sauvé): Et avec la même clause
grand-père.
M. Lazure: Et avec aussi la clause grand-père dont on
parlait tantôt.
M. Vézina: Désirez-vous que je fasse un
commentaire?
M. Lazure: Si vous voulez.
M. Vézina: Lorsqu'on connaît les mécanismes
qui font que l'avis parvient au ministre et qu'ensuite, le ministre prend la
décision, nous avons effectivement reçu ce matin une copie de
l'avis qui a été transmis au ministre.
Cependant, cela tombe la même journée que cette commission,
après avoir regardé d'une façon très rapide le
règlement, c'est encore à la phase embryonnaire lorsqu'on parle
d'intégration ou de formation d'une autre corporation, de telle sorte
que si on se base sur l'expérience antérieure, les
démarches qu'on a dû faire, on peut facilement penser que cela
pourra prendre encore plusieurs mois avant de se concrétiser. D'ici
à ce temps, le projet, je suppose, des actes médicaux
délégués sera déjà adopté et en
vigueur. Ce qui veut dire qu'à ce moment, certaines catégories de
la population qui recevront des services d'inhalothérapie n'auront pas
la même protection du public que les autres corporations qui sont
inscrites ou prévues au projet de règlement.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais préciser que j'ai
reçu également tout récemment l'avis que m'a fait parvenir
l'Office des professions du Québec sur la demande de constitution en
corporation professionnelle sous le Code des professions, de la Corporation des
techniciens inhalothérapeutes du Québec. C'est un hasard, mais je
crois qu'il n'est pas inutile que cet avis nous parvienne justement avant que
vous n'ayez l'occasion de venir nous rencontrer. Au fond, c'est un heureux
hasard. Pour que la situation soit bien claire pour tous ceux qui
écoutent ce débat, je me permets de lire le paragraphe, le
dispositif essentiel de l'avis de l'Office des professions, qui est très
succinct et qui va nous apprendre ce que l'office pense de cette demande de
constitution en corporation sous l'empire du Code des professions. Je cite:
"L'examen du dossier soumis par les inhalothéra-peutes ne permet pas
à l'office de recommander que ces techniciens soient constitués
en corporation autonome, au sens du Code des professions. L'office est d'avis
que ces professionnels devraient ou se regrouper avec une corporation du
secteur des techniques de la santé déjà existante ou
constituer un élément d'une nouvelle corporation regroupant
éventuellement tous les professionnels du secteur des techniques de la
santé."
Bien entendu, ayant reçu cet avis, je m'en vais maintenant me
tourner vers vous d'ici quelques semaines et nous allons tenter, avec l'Office
des professions, de trouver un terrain d'entente qui permettrait de vous faire
passer sous l'empire du Code des professions par le truchement de l'une des
solutions qui sont suggérées par l'office. Effectivement, pour ne
rien vous cacher, avant qu'on trouve le terrain d'entente, cela pourrait tout
de même prendre quelques mois. Je ne serais pas étonné que
cela aille à l'automne avant qu'on trouve une solution, à moins
que vous ne nous disiez d'emblée que vous vous rattachez à l'une
ou à l'autre des suggestions de l'office, mais même là,
supposons que vous vous rattachiez à l'idée d'une nouvelle
corporation regroupant éventuellement tous les professionnels du secteur
des techniques de la santé, avant que nous n'ayons constitué
cette corporation, que nous ayons mis tout le monde d'accord, cela pourrait
effectivement prendre quelques mois.
Cela étant, le ministre responsable de l'Office des professions,
du Code des professions ne va tout de même pas exclure les
inhalothérapeutes de l'application du règlement. Ce n'est pas
cela que vous venez me demander sûrement. Je pense que ce serait un pas
en arrière que de vous exclure de l'application du règlement de
délégation. Comme le règlement de délégation
ne peut pas non plus tarder indéfiniment cela fait quoi
maintenant cela fait au moins quatre ans qu'on en parle, on en parlait
sous l'ancien gouvernement déjà...
M. Lazure: On ne faisait qu'en parler.
M. Morin (Sauvé): En tout cas, il est temps d'aboutir. Je
pense d'ailleurs que l'Opposition est d'accord avec nous sur ce point, il est
temps d'aboutir.
M. Goldbloom: Cela allait si bien jusqu'à maintenant.
M. Morin (Sauvé): Je vous pose la question. Ce que vous
êtes venus nous dire, ce n'est sûrement pas de retarder
l'application du règlement de délégation aux
inhalothérapeutes d'ici à ce qu'on ait réglé le
problème du passage sous l'empire du Code des professions, à
moins que ce soit cela que vous soyez venus me dire mais je ne je pense
pas.
M. Vézina: M. le ministre, d'abord, lorsque nous avons
préparé notre mémoire, nous étions censés
être entendus le 19 mais, à cause de circonstances
extraordinaires, cela a été remis. Il est évident que nous
n'avions pas reçu l'avis de l'office et que nous ne connaissions pas,
enfin, cela n'a pas transpiré, ce que l'office voulait faire concernant
notre demande de reconnaissance sauf qu'évidemment...
M. Morin (Sauvé): C'était un secret bien
gardé; moi-même je n'ai pas eu connaissance de cet avis, je ne
l'ai vu qu'à mon retour de voyage récemment.
M. Vézina: Nous, on l'a eu ce midi seulement, à 12
h 15, en arrivant à Québec. Evidemment, je ne peux pas faire de
commentaires là-dessus étant donné qu'on n'en a pas fait
une étude exhaustive. Cependant, je pense qu'il était quand
même important que les membres de cette commission soient au courant des
problèmes que cela soulève. Si vous vous en souvenez, M. le
ministre, au moment où j'ai lu le mémoire, j'ai quand même
posé une question et, malheureusement, je n'ai pas encore reçu de
réponse. Cependant, je ne doute pas que vous vouliez y répondre.
J'ai demandé, en ce qui concerne les actes médicaux
délégués qui ne constituaient pas l'ensemble de nos
activités, ce qui arriverait après l'adoption du
règlement. J'ai posé la question: Quel est le statut de ces
autres actes? J'aimerais bien avoir une réponse étant
donné que vous venez tout juste de nous dire que cela pourra prendre
encore des mois. Alors, d'ici ce temps, M. le ministre, il faudra vivre avec le
règlement et j'aimerais avoir une réponse.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais bien comprendre la
portée de la question pour être sûr de vous donner une
réponse précise. Le règlement ne parle que d'actes
médicaux délégués. Quand vous nous parlez des
autres actes que vous posez déjà, à quoi faites-vous
allusion exactement? Je pense que je le sais, mais je voudrais avoir une
réponse précise de vous.
M. Vézina: D'accord. Je parle de deux catégories
d'actes. La première est un acte médical que l'on pose
actuellement et qu'on pose depuis un bon bout de temps, mais qui n'est pas
inscrit dans le règlement, en ce qui concerne l'annexe C, les
inhalothérapeutes.
M. Morin (Sauvé): Lequel acte?
M. Vézina: Je vais vous donner un exemple. Ce n'est pas de
façon quotidienne, mais je vous donne un exemple. Supposons qu'on arrive
avec un patient dans un service de soins intensifs et
qu'il y a une canule de trachéotomie qui se déplace
accidentellement. C'est l'inhalothérapeute qui est à
côté avec le respirateur qui fait la toilette bronchique du
patient. La canule de trachéotomie se déplace donc
accidentellement. C'est nous qui avons la garde des soins respiratoires avec
l'infirmière. Alors, la canule se déplace actuellement. Ce qu'on
fait, on appelle l'infirmière pour replacer la canule de
trachéotomie, si on se fie aux règlements, tels qu'ils se passent
actuellement.
M. Lazure: Actuellement, vous la replacez vous-même dans
certains cas?
M. Vézina: C'est un exemple que je vous donne.
M. Lazure: Oui, oui.
M. Vézina: Je peux vous donner l'autre exemple de
l'installation d'un tube de Levine, supposons en anesthésie. Ce n'est
pas inclus dans l'annexe C. Cependant, c'est un acte médical, puisqu'on
le retrouve dans d'autres annexes.
M. Lazure: Qui est posé de façon assez commune,
courante, par vos gens?
M. Vézina: Depuis qu'on est en anesthésie, on peut
dire que c'est assez commun quand même.
M. Morin (Sauvé): Faites-vous cela même quand il y a
une infirmière dans les parages?
M. Vézina: En ce qui concerne les techniques
d'anesthésie, les techniciens en anesthésie sont des
inhalothérapeutes, ce ne sont pas des infirmières.
M. Lazure: Mais il y a quand même des infirmières
dans l'entourage habituellement.
M. Vézina: Oui, mais le technicien en anesthésie
travaille avec l'anesthésiste.
M. Lazure: D'accord.
M. Vézina: L'infirmière travaille habituellement
avec les chirurgiens.
M. Lazure: On essaie, mon collègue et moi, d'avoir des
réponses. Vous dites que, de façon très commune,
très courante, l'inhalothérapeute pose ces deux actes.
M. Vézina: Je vous dis "commune". Les canules de
trachéotomie, cela ne s'enlève pas tous les jours. Je dis que
cela arrive.
M. Lazure: Commune à l'intérieur des fois où
on pose des canules?
M. Vézina: Exactement. M. Lazure: Bon!
M. Vézina: Je vais vous donner un exemple. Evidemment, on
n'a pas fait l'exercice d'éplucher tous les actes, parce qu'on l'a
déjà fait antérieurement et on a déjà
communiqué même avec l'Office des professions, mais c'est la
question que je pose actuellement. Est-ce qu'il va y avoir des...
M. Morin (Sauvé): Je suis prêt à examiner
cela avec vous et avec peut-être aussi les corporations
intéressées. Je pense que ce serait important qu'on en parle aux
infirmières, si vous n'y avez pas d'objection. Tout de même! On
est prêt à faire cela et, maintenant qu'on a l'avis de l'Office
des professions, il va falloir qu'on s'en parle là-dessus, des suites
à donner à cela.
M. Thauvette: Est-ce qu'on peut tenir pour acquis, M. le ministre
aussi, que les questions de cette période transitoire un peu
délicate vont également être discutées avec la
corporation pour voir à ce que tout cela se passe le plus doucement et
harmonieusement possible?
Morin (Sauvé): Oui.
M. Thauvette: Est-ce qu'on peut tenir cela pour acquis aussi que
le texte qui est présentement soumis au gouvernement va être
également considéré dans cette espèce de
période transitoire avec laquelle on va avoir à vivre?
M. Morin (Sauvé): Je puis vous dire que nous allons avoir
égard à la période transitoire. Je puis vous dire aussi
que nous avons appris beaucoup de choses durant ces deux journées,
certaines que nous savions déjà ou que nous soupçonnions
mais qui se sont trouvées confirmées et que nous ne pourrons pas
ne pas en tenir compte dans la nouvelle rédaction des règlements.
Les règlements vont être certainement modifiés dans la
foulée des commissions parlementaires. On ne pourra peut-être pas
donner raison à tout le monde, parce que d'ailleurs, il y a des gens qui
se sont contredits devant nous. On va essayer de trouver le juste milieu et de
trouver les solutions qui, à la fois, respectent la compétence
professionnelle et la protection du public.
Cela va être un exercice périlleux par moments, c'est
évident, dans de nombreux articles. Nous marchons sur la corde raide. Il
faut le faire, parce qu'il y a de gros intérêts de tous les
côtés qui sont en jeu. Je peux vous dire que l'exercice nous a
appris beaucoup de choses et qu'on va en tenir compte. Pour ce qui est de vos
problèmes particuliers en tant qu'inhalothérapeutes, nous allons
devoir nous en reparler en nous fondant sur cet avis de l'Office des
professions.
M. Vézina: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Je n'agirai pas sans vous avoir
consultés ni avoir consulté les autres professions
concernées.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
D'Arcy McGee. (18 heures)
M. Goldbloom: M. le Président, le mémoire des
inhalothérapeutes est court et explicite. Je pense que sa lecture et la
discussion qui l'a suivie nous ont permis de voir assez clairement quelles sont
les préoccupations de leur corporation professionnelle. Je n'ai pas de
questions additionnelles à poser. Je voudrais me dire d'accord sur ce
que le ministre responsable des professions vient de dire, à savoir que
ces séances de la commission auront été très
instructives, très utiles, étant donné la nature du
document que nous étudions. Le ministre ne sera pas obligé de
revenir devant cette commission parlementaire pour en faire une autre
discussion.
Il va sans dire que, de ce côté-ci de la table, nous n'y
aurions pas d'objection, si le ministre croyait qu'une telle discussion
pourrait être utile. Il s'est engagé à tenir compte, dans
toute la mesure du possible, des opinions émises, des
préoccupations exprimées. Nous devons l'en remercier et nous
devons espérer que le résultat sera aussi satisfaisant que
possible à autant de groupes intéressés que possible.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: J'ai écouté votre mémoire
avec beaucoup d'intérêt, comme les mémoires
précédents d'ailleurs, même si j'ai été
passablement tranquille cet après-midi, laissant aux spécialistes
de la santé le soin de discuter sur des questions qui sont très
techniques. Je suis bien content de tout ce que j'ai pu apprendre et, comme le
ministre vient de vous l'assurer, pour le bien de tous les groupes
intéressés, dont les intérêts sont souvent
très très différents. J'espère que les
améliorations qu'on apportera, surtout dans un domaine si délicat
que celui de la santé, seront de nature à rendre justice et
satisfaction à tous. J'avais juste une petite question à vous
poser. Vous dites qu'il y a 912 membres dans votre corporation, est-ce que je
dois comprendre que les 912 sont employés à plein temps? Est-ce
qu'ils ont tous de l'emploi soit dans les hôpitaux ou dans des cliniques
privées ou est-ce qu'il y a place encore dans la province je sais
que ça n'existe pas dans mon coin, les inhalothérapeutes, je ne
pense pas ... Dans la Gaspésie vous en avez aussi, oui?
M. Vézina: Oui, ça existe dans votre coin.
M. Le Moignan: Oui?
M. Vézina: Oui.
M. Le Moignan: Comme ça, vous êtes...
M. Vézina: C'est parce que vous avez une bonne
santé... Je suppose je ne voudrais pas vous faire dire des choses
que vous n'avez pas dites que vous voulez savoir à peu
près le pourcentage de chômage qu'il y a ou si tous les gens sont
employés...
M. Le Moignan: Je demande si votre profession est accessible
elle a ses clients dans cinq écoles, dans cinq collèges
et s'il y a des ouvertures, des débouchés prometteurs pour
ceux qui s'y avancent?
M. Vézina: Je crois que de plus en plus la profession est
prometteuse, elle offre d'excellentes perspectives, mais, évidemment,
avec les contraintes budgétaires des hôpitaux, dans toutes les
professions du domaine médical, je pense qu'il y a eu quand même
un certain ralentissement des ouvertures de postes et, évidemment, on ne
fait pas exception à la règle. Sauf qu'on peut dire que la
majorité de nos gens travaillent actuellement et dans les
hôpitaux, dans les services de soins à domicile. Il y en a
quelques-uns qui travaillent en clinique; dans les services d'anesthésie
aussi.
M. Le Moignan: Comme le ministre vient de vous le dire, rien
à craindre du côté budgétaire.
Le Président (M. Dussault): Je remercie la Corporation des
inhalothérapeutes du Québec.
La liste est terminée. Cela met fin aux travaux de la commission.
Est-ce que M. le ministre veut apporter une conclusion?
M. Morin (Sauvé): Je veux simplement remercier tous les
groupes qui se sont donné la peine de se déplacer, de venir
à Québec pour nous éclairer, les membres de cette
commission. Nous en avions besoin, c'est maintenant chose faite. Maintenant que
vous avez fait votre travail, nous allons essayer de faire le nôtre.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. M. le
rapporteur de la commission, M. le député de Champlain, je pense,
fera rapport à l'Assemblée nationale. J'ajourne les travaux de
cette commission sine die.
Fin de la séance à 18 h 5