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Etude des crédits de l'Office des professions
du Québec
(Dix heures 19 minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
Nous allons commencer les travaux de la commission permanente des
corporations professionnelles qui a le mandat de faire l'étude et
l'adoption des crédits budgétaires relatifs aux corporations
professionnelles, c'est-à-dire du programme 11 de l'Education...
Sont membres de cette commission: M. Boucher (Rivière-du-Loup),
M. Fallu (Terrebonne), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Gagnon (Champlain), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Rivest (Jean-Talon) en remplacement de M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Laberge (Jeanne-Mance), en remplacement de M. Martel
(Richelieu), M. Morin (Sauvé), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M. Shaw
(Pointe-Claire).
Pourraient aussi intervenir: M. Blank (Saint-Louis), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Clair (Drummond), M. Grenier (Mégantic-Compton), M.
Lazure (Chambly), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), et M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Il faudrait voir immédiatement à la nomination d'un
rapporteur pour les travaux de cette commission. Quelqu'un a-t-il une
suggestion?
Des Voix: Le député de Champlain.
Le Président (M. Dussault): On suggère le
député de Champlain. Est-ce qu'il accepte?
M. Gagnon: Oui.
Le Président (M. Dussault): La commission est d'accord. M.
Gagnon (Champlain) sera le rapporteur de cette commission. Je laisse
immédiatement la parole à M. le ministre responsable des
corporations professionnelles.
Remarques préliminaires
M. Jacques-Yvan
Morin
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est un peu par
hasard que les crédits de l'Office des professions du Québec
viennent en onzième place parmi les crédits du ministère
de l'Education. En effet, l'office n'est pas rattaché au
ministère de l'Education. C'est un organisme autonome et c'est tout
simplement parce que le premier ministre a décidé que le ministre
de l'Education serait également responsable de l'application des lois
professionnelles, que les crédits de l'office ont été
rattachés à ceux de l'éducation. Il s'agit donc
d'ailleurs, comme le démontre l'existence d'une commission parlementaire
distincte, responsable des corporations professionnelles de
crédits qui sont tout à fait indépendants de ceux de
l'éducation.
Créé par le Code des professions le 6 juillet 1973,
l'office se compose de cinq membres nommés par le lieutenant-gouverneur
en conseil et j'ai à ma gauche, M. André Desgagnés, qui
est le président actuel de l'office.
Le 22 décembre 1978, en vertu de la Loi concernant certaines
dispositions législatives, nous avons, vous vous en souviendrez,
modifié quelque peu les dispositions de la loi relative à
l'office. Le secrétaire et les autres employés ont
été intégrés à la fonction publique. Ce
projet de loi qui portait le no 20 précisait également que
l'Office des professions pouvait ester en justice tant en demande qu'en
défense.
Quels sont les pouvoirs de l'Office des professions? Permettez-moi d'en
dire deux mots avant d'aborder la question des crédits. Cet office est
un organisme de surveillance dont la fonction principale est de voir à
ce que chaque corporation professionnelle s'acquitte convenablement de sa
tâche de protection du public. Pour remplir ce mandat, il dispose de
pouvoirs importants à l'endroit des 38 corporations professionnelles.
Les plus importants de ces pouvoirs sont les suivants: il nomme, après
consultation du conseil interprofessionnel et des groupes
socio-économiques, de deux à quatre administrateurs qui
siègent au bureau de chaque corporation professionnelle; l'office publie
deux fois par année les décisions rendues par les comités
de discipline et le Tribunal des professions; l'office doit non seulement
s'assurer que chaque corporation adopte un ensemble de règlements
régissant l'activité professionnelle, mais également il a
le pouvoir d'établir, à la place des corporations, les
règlements reliés directement à la protection et à
la sécurité du public, comme dans le cas de la déontologie
et de l'arbitrage des comptes, si ces corporations refusent d'adopter les
règlements dans les délais qui sont prévus; enfin,
l'office fait au gouvernement des recommandations qui touchent
particulièrement les règlements des corporations professionnelles
dont je dirai peut-être deux mots plus loin, les modifications
apportées aux lois régissant les corporations professionnelles et
la constitution de nouvelles corporations professionnelles ou encore la fusion
ou la dissolution de corporations existantes. Ce sont des pouvoirs
extrêmement importants à l'heure actuelle où il existe de
nombreuses demandes d'incorporation en vertu du Code des professions ou de
nombreux projets de fusion.
Chaque corporation professionnelle possède un certain nombre de
pouvoirs qui constituent autant de garanties pour la protection du public, du
moins devrait-il en être ainsi. Ainsi, avant d'admettre un candidat
à l'exercice de la profession, la corporation s'assure qu'il
possède les qualifications requises. La corporation adopte des
règlements relatifs à la conduite des membres, à la
publicité permise, aux normes de tenue des dossiers et des cabinets de
consultation. De plus, elle
contrôle l'intégrité de ses membres au moyen d'un
comité de discipline.
En ce qui concerne le contrôle de la compétence des
membres, chaque corporation est munie d'un comité d'inspection
professionnelle. Ce comité voit à ce que les membres
n'exécutent pas un travail pour lequel ils ne possèdent pas les
connaissances ou les aptitudes requises. Le comité réalise un
programme général d'inspection selon un programme annuel dont
sont informés tous les membres. Il peut également faire des
inspections particulières.
Chaque corporation organise également pour ses membres des stages
de formation continue leur permettant de mettre périodiquement leurs
connaissances au point, en collaboration avec les établissements
d'enseignement, les syndicats et les employeurs. Enfin, la corporation tient
à jour une liste officielle de ses membres et veille à ce que
personne n'exerce illégalement la profession. On utilise un titre
réservé, sans être membre de la corporation.
M. le Président, les crédits qui vous sont demandés
et qui doivent être approuvés par la commission parlementaire
seront cette année de $2 105 000. Ils étaient de $1 870 200 l'an
dernier. Nous nous trouvons donc devant une augmentation de 12,6%. Si l'on veut
bien jeter un coop d'oeil sur les documents qui sont déjà
parvenus aux membres de la commission, on verra que cette augmentation est due
pour une bonne part à la hausse des traitements, laquelle atteint 15%.
Bien sûr qu'il s'agit dans une très large mesure d'une hausse due
à l'indexation des traitements. Vous avez à la page 11 du
document qui vous a été distribué le détail des
augmentations, quelquefois même des réductions, car on aura
noté qu'il y a des réductions de frais, des compressions
budgétaires en ce qui concerne les communications, en ce qui concerne
l'entretien où l'on a tenu compte davantage du vécu et du
coût réel en se fondant sur les années passées.
Enfin, pour les fournitures, il y a également une légère
baisse.
Ces crédits, il va de soi, sont essentiels au bon fonctionnement
de l'office qui est véritablement la pierre d'angle de tout le
système des professions au Québec. Vous aurez pu remarquer
à la page 11 que le nombre des effectifs, le nombre des membres du
personnel reste exactement le même en 1979/80 qu'il l'était en
1978/79. Nous nous trouvons devant 8 cadres, 21 professionnels, 4 techniciens,
21 employés de bureau, pour un total de 54 personnes.
M. le Président, je suis disposé à répondre
à toutes les questions que les membres de cette commission pourraient
avoir à nous poser. Je suis accompagné du président de
l'office qui pourra également expliquer aux membres de la commission le
fonctionnement de l'office et répondre à toutes les questions
très précises ou techniques qui pourraient intéresser la
commission. Je vous remercie.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jean-Talon.
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: M. le Président, je suis heureux de participer
à ce début de commission. J'ai eu le plaisir de participer aux
crédits du ministère de l'Education, alors le hasard a voulu que
je m'inscrive dans le prolongement de cette onzième section des
crédits du ministère de l'Education.
Je voudrais évidemment souligner toute l'importance des
activités professionnelles dans le milieu et rappeler la mise en ordre,
au fond, de toutes les activités professionnelles qui ont
été effectuées en 1973. Cela a été une
réforme extrêmement importante qui a sans doute
réglé un certain nombre de problèmes, au moins au niveau
de la modernisation des activités professionnelles, mais qui en a, bien
sûr, créé un certain nombre d'autres. D'ailleurs, les
rapports annuels successifs de l'office démontrent que l'activité
professionnelle au Québec est en pleine transformation, en pleine
évolution. Le rôle de l'office, à cet égard, est
extrêmement important. (10 h 30)
Simplement comme remarque préliminaire, je voudrais indiquer
qu'il me semble un peu artificiel que l'Assemblée nationale soit
simplement saisie du problème des activités professionnelles
à l'occasion de l'étude des crédits. Cela fait maintenant
près de cinq ans qu'on a fait la réforme des activités
professionnelles et je me demande si le moment ne serait pas venu, pour les
parlementaires comme pour l'Office des professions et le milieu professionnel
en général, de regarder de plus près l'orientation
véritable des activités professionnelles au Québec. Je me
réfère plus particulièrement à la
déclaration je crois que c'était en fin de semaine
du bâtonnier qui soulignait le problème, la
nécessité qu'il y avait pour le milieu de se pencher et de
réfléchir véritablement sur le professionnalisme au
Québec. Le bâtonnier Pépin, je pense, a
évoqué cette possibilité et on constate que plusieurs
corporations professionnelles elles-mêmes organisent présentement
des colloques pour réfléchir sur la nature même de leurs
activités professionnelles dans le milieu. Je pense qu'aujourd'hui le
monde des infirmiers et des infirmières est précisément en
congrès sur cette question et je fais simplement la suggestion au
ministre et aux responsables de voir s'il n'y aurait pas moyen d'organiser
d'une façon ou de l'autre ou de susciter même, à
l'intérieur des différentes corporations professionnelles, une
réflexion davantage axée sur le rôle du professionnel dans
la société dans l'une ou l'autre des professions, parce que je
remarque que dans les rapports annuels je n'en fais pas reproche
à l'office c'est l'administration de la loi qui intéresse
davantage.
A ce titre-là, je constate que les députés et
probablement le ministre également... Quel est le rôle du ministre
par rapport à l'Office des professions? Je sais que ce rôle est
précisé à l'intérieur du Code des professions, mais
le degré d'indépendance et d'autonomie de l'office est
très large. Je n'en fais pas reproche au député de
Sauvé, néan-
moins avec la charge qu'il a d'ailleurs cela a toujours
été un peu comme cela je me demande s'il ne pourrait pas
faire la suggestion au premier ministre, qui songe de ce temps-ci à
remanier son cabinet, soit de dégager le député de
Sauvé de ses responsabilités dans le domaine de
l'éducation pour lui donner la tâche exclusive au niveau de
l'Office des professions, soit de désigner un ministre qui a une charge
administrative moins lourde pour s'en occuper très activement, parce
qu'on reçoit presque quotidiennement dans le courrier...
Je me rappelle le temps où je travaillais au bureau de
l'Opposition; presque chaque semaine, il y avait une corporation
professionnelle qui s'amenait et qui faisait appel au pouvoir politique,
c'est-à-dire aux élus du peuple, pour présenter son
dossier. On voit même ce matin dans les journaux, et plusieurs
députés l'ont vu, le problème des CGA. Cela arrive
très souvent et je me demande si le temps n'est pas venu, après
cinq ans d'expérience de cette loi, d'essayer de voir s'il n'y aurait
pas moyen de dégager des orientations de fond pour l'avenir.
Deuxièmement, sur le plan des orientations
générales, je constate dans les rapports et dans les orientations
pour l'année à venir de l'Office des professions que l'accent est
mis sur le plan de la protection du public, comme le veut d'ailleurs la loi,
sur le plan de la réglementation et de la mise en ordre de
l'activité professionnelle, des activités professionnelles en
tant que telles. Dans les notes qui nous ont été remises,
l'Office des professions nous indique qu'il entend proposer des modifications
législatives substantielles au Conseil des ministres. J'aimerais bien
savoir de quel ordre sont ces propositions.
Enfin, bien sûr, on s'intéresse énormément au
problème de l'information du public sur l'ensemble des activités
professionnelles. Je voudrais soulever deux points que je n'ai pas
retracés, mais qui me semblent assez importants. Le premier, ce sont les
rapports entre les professions et les universités en rapport avec les
programmes d'études. On sait qu'il y a eu un problème chez les
étudiants en notariat qui a illustré cela, mais, dans le milieu,
peut-être que le ministre de l'Education serait en mesure de nous dire
quelle est la nature de la collaboration qui s'est installée ou qui est
appelée à se développer avec l'Office des professions.
C'est le premier point.
Le deuxième point, qui fait écho à une certaine
insécurité dans le milieu des étudiants, c'est le
développement des activités professionnelles, en regard des
besoins réels du marché du travail. Dans les milieux de
l'éducation, dans le milieu des enseignants, il y a une espèce
d'inquiétude sur le contingentement de certaines professions et
j'aimerais bien entendre le ministre ou le président de l'Office des
professions nous parler de ce qu'ils font présentement pour faire en
sorte qu'autant au niveau de l'orientation des étudiants
vis-à-vis certains types d'activités professionnelles... Est-ce
qu'il y a des données précises sur les besoins auxquels le
marché peut subvenir quand on pense aux étudiants qui s'orientent
à l'intérieur des universités, de façon à
les assurer que si certaines professions sont saturées, on puisse dire
aux étudiants de ne pas s'orienter de ce côté et quels sont
les critères sur ce plan?
Enfin, j'aimerais bien entendre également le ministre sur les
suites qui ont été données à la commission
parlementaire, relatives au règlement touchant les infirmiers et les
infirmières et, deuxièmement, faire écho aux
problèmes des CGA qui, aujourd'hui, sont sur la place publique, dans la
mesure où la corporation peut faire publier une page qui explique le
problème précis des CGA.
Pour les remarques préliminaires, c'est de cet ordre. C'est
là-dessus que je voudrais surtout faire porter, quant à moi,
l'examen des crédits très rapidement. Sur le plan
mécanique, on peut simplement discuter et ensuite, on approuvera. Sur
les chiffres et tout ça, ce n'est pas tellement...
M. O'Gallagher: ... questions après.
M. Fontaine: J'aurais également quelques remarques
préliminaires à faire.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Je veux d'abord saluer la présence du
président de l'Office des professions. On n'a pas souvent l'occasion de
le rencontrer, mais c'est surtout lors de l'étude des crédits
qu'on le fait, et c'est toujours un plaisir.
Le ministre nous a expliqué le fonctionnement de l'Office des
professions. Mais également, comme le député de
Jean-Talon, je trouve qu'il n'a pas été tellement explicite,
quant aux projets d'avenir de l'Office des professions. On sait, par exemple,
par l'entremise des journaux, que l'Office des professions a l'intention de
proposer de nouvelles lois l'automne prochain. D'ailleurs, le rapport annuel de
l'Office des professions 1978/79 que je viens de recevoir, malheureusement,
nous évoque certaines possibilités dans ce sens. On nous dit,
à la page 3, par exemple, du rapport: "L'office compte entreprendre une
étude en vue de mieux circonscrire la notion de protection du public,
clef de voûte du système professionnel et d'identifier ses
diverses applications en droit". Cela évoque, certainement, des
possibilités de projets de loi qui pourront être
présentés à l'Assemblée nationale dans les
prochains mois.
On nous dit également "Compte tenu des nouvelles conditions
d'exercice des professions, dont le salariat, et des difficultés que
disent éprouver les corporations à titre réservé,
l'office entend poursuivre avec diligence son étude des divers modes de
contrôle et de réglementation des personnes exerçant un
métier ou une profession, de façon à évaluer
l'occasion de modifier ou d'adapter les deux modes de contrôle d'une
profession, prévus au Code des professions, le titre
réservé et l'exercice exclusif, voire d'en suggérer
d'autres, s'il y a lieu.
En parlant de ce sujet, on nous informait par la voie des journaux qu'il
y aurait un deuxième souffle de la réforme des professions qui
serait entrepris bientôt et que cela se traduirait l'automne prochain par
un train de changements législatifs, visant à une protection
accrue des consommateurs de services professionnels et impliquant des pouvoirs
d'intervention plus grands de l'Etat dans le fonctionnement interne des
corporations.
Alors, il serait important que le ministre de l'Education, qui est le
ministre responsable de l'Office des professions, évoque un peu plus
précisément quelles sont les modifications que le gouvernement
veut adopter dans ce domaine.
On nous parle également que l'Office des professions se propose
de privilégier l'information des consommateurs. Je suis bien content
qu'on nous parle d'information là-dedans, parce qu'on a depuis quelques
mois, à l'Assemblée nationale, parlé beaucoup de
publicité gouvernementale. Ici on emploie le mot "information". Je ne
sais pas si l'expression qu'on a employée est voulue, mais je le
souhaite, parce que c'est véritablement le rôle d'un gouvernement
ou d'un de ses organismes que de faire de l'information et non pas de la
publicité ou de la propagande. Il y a une question qu'on doit se poser,
par exemple. L'office dit vouloir privilégier l'information, alors qu'on
remarque que dans l'étude des crédits, l'an dernier, on avait
$137 500 et cette année on a diminué ces crédits à
$100 000. Je me demande comment on va pouvoir privilégier l'information
si le budget est diminué d'un autre côté. On pourrait
peut-être nous donner des explications là-dessus.
Quant aux problèmes auxquels font face différents ordres
professionnels, moi aussi je voudrais attirer l'attention du ministre sur la
question des CGA. J'ai personnellement rencontré les dirigeants de cet
organisme professionnel et on m'a présenté un mémoire bien
complet. Les mémoires ont été également
présentés au ministre de l'Education et il y a aussi une
étude qui est censée avoir été faite par l'Office
des professions sur ce cas, mais il semble que le tout traîne en longueur
et j'aimerais bien que le ministre responsable ou le président de
l'office nous donne certaines explications quant aux dates auxquelles on
pourrait penser pour avoir une solution au problème des CGA. Pour
l'instant, ce sont les quelques commentaires que j'ai à faire. J'aurai
des questions plus précises quant à l'étude de chacun des
éléments.
Le Président (M. Dussault): II y avait aussi M. le
député de Terrebonne.
M. Elie Fallu
M. Fallu: Merci, M. le Président. J'ai quelques remarques
liminaires pour ma part également. Le rapport, que malheureusement nous
n'avons reçu que ce matin, qui doit être déposé cet
après-midi à l'Assemblée nationale...
M. Morin (Sauvé): II n'a pas encore été
déposé en Chambre, M. le Président. C'est un peu
spécial que nous l'ayons avant le dépôt en Chambre.
M. Fallu: Même un peu dérogatoire aux habitudes
parlementaires, mais, puisque nous sommes ici entre parlementaires...
M. Morin (Sauvé): Cela s'est fait dans le passé.
C'était pour que les députés soient pleinement
renseignés.
M. Fallu: Je suis d'ailleurs fort aise de l'avoir en main ce
matin.
Quelques remarques, s'il vous plaît! La première, il s'agit
de la formation des professionnels. Lors de la première commission
parlementaire à laquelle j'ai assisté il y a déjà
trois ans maintenant, je m'étais permis un certain nombre de remarques
sur la formation des professionnels, non pas la formation du début de la
profession, mais la formation permanente, la formation récurrente.
Je crois que l'Office des professions devrait orienter un certain nombre
d'études, de recherches dans ce domaine. Il ne s'agit pas d'arriver
nécessairement à une réglementation qui soit uniforme ou
à un mode d'orientation, mais plutôt à la protection du
public, en pensant à la protection du public, inciter, pour ainsi dire,
les corporations professionnelles ou les ordres à mettre en place, selon
leur convenance personnelle, selon des rites d'apprentissage, selon des
méthodes d'apprentissage, selon des formules qu'ils jugeront à
propos, les mécanismes opportuns pour arriver à une formation
récurrente. Je crois même que dans cette pensée il faudrait
prévoir, au point de vue strictement économique, certaines
facilités, parce que, si on fait le tour des professions, on se rend
compte que la formation permanente est très diversifiée,
très diverse.
Pour certaines professions, c'est la faculté universitaire qui
assume, à toutes fins utiles, l'éducation récurrente; pour
certaines autres, il y a tellement d'opposition entre la faculté ou
l'école universitaire et la profession ou l'ordre que personne ne se
parle. Je ne veux pas citer ici publiquement de cas, mais je pense que certains
les reconnaîtront. De ce fait, la profession doit mettre sur pied des
mécanismes d'ordre privé je ne mets pas en doute la
compétence mais dont la fragilité de survie est à
peu près constante. Donc, c'est une remarque d'ordre
général que je voulais apporter. (10 h 45)
Une seconde remarque. Il est un fait que l'Office des professions est
encore, après quelques années, à faire une mise en place.
On nous dit qu'un certain nombre de règlements des professions sont
adoptés. Il en reste encore un certain nombre. On sait que la plupart,
maintenant, doivent être dans la machine ou sur le point d'aboutir. Je
crois, d'ailleurs, qu'à tous égards, c'est allé
relativement rondement, on n'a pas à chicaner personne à ce
sujet. Au contraire, je crois qu'on a vu, d'année en année,
l'office et les professions en arriver à des ententes. Il en reste
encore quelques-unes qui sont litigieuses, ne seraient-ce que celles des
CGM, encore une fois, pour le reste, l'application se fait assez bien.
Or, il est arrivé ceci, M. le Président, que pendant la
mise en place de la loi, loi, d'ailleurs, je crois, qui, au départ
était plus qu'excellente, était remarquablement bien faite, il a
dû mais c'est l'adaptation au réel quotidien y avoir
des amendements, comme il devra y en avoir bientôt, sans doute.
Je serais intéressé, notamment, à voir arriver
outre ce que l'office lui-même nous annonce dans son rapport,
à la page 3 certaines modifications qui sont d'ordre pratique et
qui, j'allais dire reviennent pour des parlementaires, reviennent même
avec un certain agacement. Nous recevons, pas quotidiennement, mais assez
souvent, des représentations de professions et je veux bien croire qu'on
ne fasse guère plus qu'une loi par année ou une loi à tous
les deux ans, pour ajuster la loi générale, mais je crois qu'il
faudrait que la prochaine fournée soit un peu plus
généreuse. On a passé à travers la loi 25, il y a
un an maintenant, certaines modifications qui traînaient dans le paysage.
Je sais que pour ma part, j'ai reçu assez fréquemment des
représentations, que ce soient les physiatres versus
physiothérapeutes, les recommandations du Conseil interprofessionnel,
des recommandations qui nous viennent de l'Ordre des techniciens en radiologie,
des précisions à apporter par rapport à la profession
médicale. Les opticiens d'ordonnance également, nous ont fait
parvenir à un moment ou l'autre, des remarques sur leur profession, sans
parler de l'Ordre des ingénieurs versus certaines associations
professionnelles. Evidemment, puisqu'il faut les citer, allons-y pour les CGA,
puisque c'est à la mode ce matin. Je crois qu'il y aura peut-être
c'est vraiment à l'état de suggestion une petite
loi omnibus qui pourrait, comme ça, à chaque année,
liquider nos contentieux, je ne sais trop quoi, ou à tous les deux
ans.
On sent que depuis que la loi 25 je crois que c'était bien
le numéro qu'elle portait; la dernière que nous ayons
votée ici à l'Assemblée nationale la loi 20, il
s'est accumulé un certain nombre de petits dossiers. Il faut savoir une
chose, c'est que dans notre société, les professionnels sont des
gens qui ont des moyens de se défendre, qui ont des moyens de faire
connaître leurs problèmes qui dépassent peut-être
largement ceux de la plupart des petites gens ou des associations autres, bona
fide. Ils ont des moyens qui sont assez lourds. Ils ont des contacts. Ce sont
des gens que nous connaissons. Ils sont relativement bien abouchés avec
les parlementaires. Ce sont des gens que nous avons j'allais dire
quelquefois assez facilement sur le dos mais sans vouloir que ce soit
trop péjoratif, à la limite.
Donc, M. le ministre, ce n'est peut-être pas nécessairement
une loi omnibus que je vous demande, mais pour certains cas qui deviennent
agaçants dans notre société, de voir à
accélérer les ajustements qui semblent devenir opportuns.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: J'ai seulement des questions et j'aimerais mieux
attendre l'optique du ministre et je poserai des questions plus précises
sur les détails après.
Le Président (M. Dussault): D'accord, si vous le voulez.
M. le ministre.
Réponse du ministre
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si, comme l'a
fait observer le député de Jean-Talon, les professions ou
certaines professions s'interrogent à l'heure actuelle sur l'avenir du
professionnalisme, c'est avant tout parce que l'office, lui-même, a
publié l'an dernier, un ouvrage important de réflexion, portant
sur l'avenir du professionnalisme. La plupart des questions qu'on voit agiter
à l'heure actuelle, sur la place publique, sont évoquées
dans ce rapport.
Par exemple, après quelques années d'application du Code
des professions, doit-on multiplier les professions? Chaque fois que certains
citoyens ont acquis une compétence particulière à la suite
de leurs études, soit au niveau collégial, soit au niveau des
universités, doit-on, automatiquement, leur réserver un titre,
doit-on leur concéder l'usage exclusif de certaines compétences
ou encore leur octroyer l'usage exclusif de certains actes professionnels?
Doit-on, au contraire, penser que la profession telle qu'elle est
définie au code doit être réservée à certains
actes professionnels et pas à d'autres?
Quelles sont les limites du professionnalisme? Doit-on corporatiser
toute la société dès qu'un groupe a défini un acte
comme étant le sien? On imagine que cela est une question philosophique
et sociale autant qu'une question législative. C'est d'ailleurs la
raison pour laquelle j'avais recommandé au gouvernement de nommer
à la présidence de l'office, non seulement un juriste, mais un
homme habitué, de par ses fonctions antérieures, à
réfléchir sur le plan philosophique à ces questions tout
à fait cruciales pour l'avenir de la société. Ce ne sont
pas des questions qui intéressent seulement les professions, cela
intéresse, à vrai dire, les structures sociales toutes
entières.
J'invite donc toutes les professions à réfléchir
sur le document qui a été publié l'an dernier par l'Office
des professions et qui est tout à fait crucial pour l'avenir du
professionnalisme. Le jour n'est pas loin où nous devrons sans doute
revoir certaines dispositions fondamentales du Code des professions. Nous le
ferons à la lumière des débats qui ont cours en ce moment
au sein des professions. Mon seul regret est que certaines professions ne
s'interrogent pas le moins du monde sur ces graves problèmes. Je
constate que le Barreau s'est penché là-dessus depuis quelque
temps. Quelques autres professions l'ont fait également, mais certaines
professions sont beaucoup plus
soucieuses de statu quo que d'évolution dans ce domaine.
Je remercie le député de Jean-Talon de s'être
soucié du poids de mes responsabilités. Effectivement, quand on
est déjà responsable de l'éducation, il y a des jours
où les questions professionnelles paraissent bien lourdes. Cependant,
j'imagine que le premier ministre, en me confiant ces responsabilités, a
vu les liens particuliers qu'elles peuvent avoir en ce moment, au stade
où nous nous trouvons dans l'évolution des professions, avec
l'éducation. Plusieurs des questions qui ont été
évoquées par les députés tout à l'heure
portent justement sur les liens entre profession et éducation, par
exemple, la question des stages, qui à l'heure actuelle soulève
beaucoup de problèmes, non seulement dans les professions, mais dans les
universités ou encore dans les collèges, la question de savoir si
les diplômés de l'école de technologie supérieure
doivent avoir accès à la profession d'ingénieur et
à quelles conditions, les rapports entre le professionnalisme et les
universités. Toutes ces questions montrent qu'il y a entre
l'éducation et les professions, la responsabilité des
professions, des liens extrêmement étroits. C'est la raison pour
laquelle j'ai accepté ces responsabilités et sans doute, quand le
premier ministre estimera que les problèmes qui peuvent exister entre
profession et éducation auront été réglés
à sa satisfaction, sans doute voudra-t-il confier le dossier à un
autre membre de son conseil. C'est possible. Vous me permettrez cependant d'en
déférer au premier ministre. C'est lui qui décide de ce
genre de chose.
Pour ce qui est des modifications législatives, nous en avons eu
déjà quelques-unes à vrai dire mineures il y a quelques
mois, à la fin de 1977, si ma mémoire est bonne, avec le projet
de loi no 20 et nous allons sans doute, à l'automne, procéder
à une série de modifications plus importantes cette fois qui nous
donneront l'occasion de réfléchir en profondeur sur les questions
évoquées, notamment, par le député de Jean-Talon et
le député de Nicolet-Yamaska, de même que par le
député de Terrebonne.
Laissez-moi vous dire cependant deux mots de la question des liens entre
les professions et les universités. On sait que récemment
l'office a présenté à la commission d'étude sur les
universités un mémoire, puisque cette commission d'étude
doit se pencher sur la formation qui est dispensée dans les
universités. Compte tenu du mandat qui a été confié
à cette commission d'étude sur les universités, il
était très important que l'office fasse connaître ses
commentaires sur la formation des professionnels régis par le code.
Le service de la recherche de l'office a travaillé pendant
quelques mois sur la question du rôle des corporations professionnelles
en matière de formation. Cela a abouti à un mémoire qui a
été présenté à la commission, la CEU, le 26
mars. Ce mémoire va d'ailleurs être publié incessamment et
dans quelques instants je demanderai au président, Me Desgagné,
de vous donner un aperçu de son contenu. Il en est d'ailleurs question
brièvement dans le rapport du président, mais peut-être
voudra-t-il être plus spécifique.
Il existe un problème sur lequel j'ai eu à me pencher de
façon encore plus précise et qui est celui des stages de
formation professionnelle dans le cas des physiothérapeutes et des
ergothérapeutes. Je sais que de nombreux députés ont
entendu parler de ce problème. Il y a eu un lobby extrêmement
actif pendant quelques semaines et il serait peut-être bon que je
décrive au moins brièvement le problème. Les
règlements des corporations professionnelles des
physiothérapeutes et des ergothérapeutes exigent des candidats
à la profession un internat de quatre mois, lequel doit être
effectué après l'obtention du diplôme. Or, le
ministère des Affaires sociales a décidé en avril 1977 de
mettre fin au financement direct de ces internats et les candidats
n'étant plus sous la compétence des universités, aucune
source de financement n'était donc disponible pour ces internats.
Le maintien des stages était donc compromis. Il s'agissait de
savoir, M. le Président, si les internats devaient être maintenus
ou pas. Dans l'affirmative, devaient-ils être sous la
responsabilité des universités ou sous la responsabilité
de la corporation professionnelle? Dans ce dernier cas, qui aurait la
responsabilité du financement? Evidemment, on tenait pour acquis que le
financement devait venir du gouvernement et non pas des professions. Quelle a
été l'action de l'office et quelles ont été les
décisions gouvernementales à ce sujet? Cela nous paraissait
soulever tout le problème des stages, pas seulement pour les
physiothérapeutes et les ergothérapeutes, mais dans d'autres
professions, et la décision que nous avons à prendre sur ces deux
cas a évidemment des conséquences en chaîne sur d'autres
professions qui, à l'heure actuelle, obligent leurs candidats qui
veulent avoir accès à la profession à participer à
de tels stages. Nous avons pensé qu'il y avait des actions à long
terme et des actions à court terme que nous devions entreprendre.
Tout d'abord, à long terme, j'ai demandé à l'office
et au Conseil des universités de me soumettre un avis sur la question et
ceci avant le 1er décembre 1979 au plus tard. J'estime, en effet, que
c'est une question tellement importante que je ne puis la trancher seul. Je
dois avoir l'avis du Conseil des universités et de l'office des
professions. L'office doit également dégager les critères
qui permettraient de juger des demandes des corporations professionnelles
concernant les conditions supplémentaires et d'évaluer les
diverses formes que peuvent prendre ces conditions supplémentaires de
formation. (11 heures)
En effet, on sait qu'il pourrait exister une tendance de plusieurs
corporations à augmenter les exigences de formation. Sans doute,
officiellement, par souci de protéger le public, mais peut-être
aussi, dans certains cas, par souci de restreindre l'accès à la
profession. Il y a donc là une question sociopolitique importante sur
laquelle le ministre doit se pencher et se faire éclairer le mieux
possible, car il ne faudrait pas aboutir au résultat où toutes
les professions feraient de la
surenchère et exigeraient des stages de plus en plus nombreux et
de plus en plus longs, de sorte qu'il deviendrait de plus en plus difficile
d'avoir accès aux professions, de sorte que les services professionnels
devenant de plus en plus rares, ceux-ci peut-être connaîtraient une
certaine appréciation pécuniaire. Loin de moi de penser que ce
serait là l'objectif principal poursuivi par les professions, mais cela
pourrait être un danger auquel je ne saurais demeurer insensible. Le
Conseil des universités étudiera donc de façon
particulière le rôle des universités dans la formation
professionnelle par rapport au rôle que doivent jouer d'autres organismes
comme les corporations d'employeurs.
A court terme, il y avait évidemment un problème de
financement puisque les Affaires sociales s'étant retirées,
l'Education demeurait, dans une certaine mesure, aux prises avec un
problème de financement. A court terme, l'internat sera poursuivi en
1979 grâce à la modification du régime des prêts et
bourses afin de rendre les étudiants stagiaires admissibles. Nous avons
donc modifié le régime des prêts et bourses de
manière à nous substituer aux responsabilités
évacuées par le ministère des Affaires sociales.
L'inscription des étudiants aux universités sera maintenue
jusqu'à la fin du stage supplémentaire qui se fera dans les
établissements hospitaliers pour qu'ils deviennent admissibles,
naturellement, aux prêts et bourses.
Je vous avouerai que mon intention n'est pas de laisser traîner ce
problème indéfiniment. J'attends pour le 1er décembre
prochain les rapports que j'ai mentionnés il y a un instant, et je
compte apporter une solution définitive à cette question au
début de l'année 1980.
On m'a également posé une question elle venait, je
pense, aussi bien du député de Terrebonne que du
député de Nicolet-Yamaska, que de celui de Jean-Talon sur
les problèmes des professions dans le domaine des sciences comptables.
Vous me permettrez, M. le Président, sans vouloir abuser de la patience
de la commission, d'essayer de faire le point rapidement là-dessus pour
qu'ensuite les questions puissent se faire plus précises. Le
président de l'office pourra également ajouter quelque
lumière à celle bien modeste que je tenterai d'apporter.
Il existe trois corporations professionnelles dans le domaine des
sciences comptables. Tout le monde connaît l'Ordre des comptables
agréés, ceux qu'on appelle les CA, qui ont une profession
d'exercice exclusif. Tandis que la Corporation professionnelle des comptables
généraux licenciés, ceux qu'on appelle les CGA, de
même que la Corporation professionnelle des comptables en administration
industrielle, mieux connus sous le nom de RIA, oeuvrent à titre
réservé seulement.
Les discussions ont commencé en 1972 sous l'ancien gouvernement
et elles ont été rompues également à cette
époque, en décembre 1974. Elles portaient sur la
possibilité de regrouper les trois corporations. A compter de novembre
1975, on a mis sur pied un comité de travail composé de l'Office
des professions et des trois corporations concernées. Le 14 janvier
1977, l'office en est venu à certaines conclusions dont il m'a fait part
et qui ont été soumises aux trois professions concernées,
sans grand succès, dois-je dire.
On proposait tout d'abord le regroupement des professions comptables en
deux corporations, désormais, au lieu de trois. Une première
corporation, celle des comptables agréés, aurait traité de
ce qu'on appelle la comptabilité publique et elle aurait groupé
tous les CA et certains CGA qui faisaient de la comptabilité publique.
Une deuxième corporation, qui aurait été celle des
comptables de gestion d'aucuns disent de "management" dans le
domaine de la comptabilité de gestion aurait regroupé et les RIA
et certains CGA n'ayant pas la responsabilité de faire de la
comptabilité publique. Cette nouvelle corporation aurait
été comme l'ancienne CGA et l'ancienne RIA, à titre
réservé.
On aurait admis, dans l'ordre des CA, non seulement, d'ailleurs, des
CGA, mais certains RIA qui travaillent depuis un certain temps dans la
comptabilité publique, sur simple examen du dossier. Puis, l'office
suggérait, recommandait qu'il y ait entre les deux professions ce qu'on
appelle des passerelles transitoires ou permanentes d'admission des CGA et des
RIA à titre réservé, vers l'ordre des CA à titre
exclusif. Enfin, l'office recommandait d'abroger les exceptions contenues
à l'article 29 de la Loi des CA et qui, aux yeux des CGA et des RIA
constituaient des obstacles.
Enfin, il y aurait eu une nouvelle définition des
activités de comptabilité de gestion explicitement permises aux
membres de la nouvelle corporation de gestion. Il s'est passé que les CA
et les RIA ont accepté cette proposition, tandis que les CGA l'ont
rejetée le 26 mars 1977. L'immense effort qui avait été
fait par l'office, de même d'ailleurs que par le ministre, s'est donc
soldé par une impasse, en raison du refus des CGA. C'est donc à
l'heure actuelle un dossier à reprendre. L'office a décidé
de le rouvrir récemment et le président de l'office, Me
Desgagnés, a rencontré à tour de rôle les
représentants des trois corporations professionnelles afin
d'évaluer les éléments qui permettraient peut-être
de reprendre des discussions interrompues depuis le printemps 1977. Les trois
corporations n'ont pas modifié leur position sur la proposition de
regroupement, mais deux d'entre elles ont demandé des modifications
législatives aux articles du Code des professions qui les concernent. La
Corporation professionnelle des comptables en administration industrielle a
proposé de changer son nom en celui de Corporation professionnelle des
comptables en "management" j'imagine que ce serait plutôt en
"gestion" pour éviter l'anglicisme et la Corporation
professionnelle des comptables généraux licenciés a
demandé que ses membres soient autorisés à rendre des
services de tenue de livres, de comptabilité publique et de
vérification publique, donc à partager avec les CA certaines
responsabilités de vérification publique.
Devant cette situation, le gouvernement, à la
recommandation de l'office, étudie l'opportunité
d'effectuer une étude sur l'exercice de la profession comptable au
Québec, afin de sortir de cette impasse. Je dois dire que
j'apprécierais énormément recevoir ce matin l'avis de mes
collègues de cette commission et, en particulier, des membres de
l'Opposition qui auraient des arguments à faire valoir dans un sens ou
dans l'autre, qui pourraient nous éclairer sur ce qu'il faut bien
appeler un dilemme depuis le 26 mars 1977.
M. le Président, le député de Nicolet-Yamaska a
fait allusion au dossier législatif et je puis le rassurer, nous nous
acheminons pour l'automne vers des modifications assez importantes du Code des
professions beaucoup plus fondamentales que celles que nous avons vues ensemble
au projet de loi no 20 il y a quelques mois.
Par exemple, on voudra définir un système disciplinaire
plus limpide que celui que nous connaissons actuellement. Je ne puis parler que
des objectifs parce que, quant aux détails, cela n'a pas encore franchi
le cap du Conseil des ministres et les décisions n'ont donc pas encore
été prises même si l'office et le ministre se sont mis
d'accord sur un certain nombre de principes. Nous recherchons également
une meilleure protection des consommateurs et nous tentons de définir
quels pourraient être les liens entre la protection des consommateurs qui
relève, vous le savez, d'un ministère distinct du mien, d'une
part, et, d'autre part, l'Office des professions et les professions
elles-mêmes qui doivent s'assurer que les consommateurs sont aussi bien
protégés pour les services qu'ils rendent qu'ils le sont
lorsqu'il s'agit de l'achat de biens de consommation. A l'automne, donc, nous
nous trouverons devant un certain nombre de nouvelles dispositions
législatives tendant à réaliser ces objectifs.
M. le Président, pour ce qui est des questions tout à fait
fondamentales soulevées par le député de Terrebonne et
notamment celle de la formation des professionnels, formation permanente ou
récurrente des membres des professions, il en est question dans le
rapport du président. Il en a également été
question vous le savez dans le mémoire qui a
été soumis par l'office à la commission d'étude sur
les universités. Il est certain que c'est là un problème
important auquel nous devrons songer activement au cours des mois et des
années qui viennent. Aux Etats-Unis, en effet, certaines professions
commencent à obliger leurs membres à retourner aux études
pour être sûrs constamment qu'ils soient au plus haut niveau de
compétence, cela en vue, bien sûr, de protéger le public
autant que de protéger le professionnel, le membre de la profession,
contre lui-même. Les comités d'inspection professionelle dans
chaque profession permettent de détecter certaines failles et de
définir les besoins en formation continue. Cependant, cela ne peut pas
prendre la place d'une politique générale, laquelle n'existe pas
encore. La formation continue à l'heure actuelle, fait l'objet du mandat
des comités mixtes qui veulent assurer la coordination des
établissements de formation et des corporations en matière de
formation continue.
M. le Président, j'ai tenté de faire le tour
brièvement des dossiers qu'on a évoqués au cours des
interventions des membres de cette commission. Il est vrai qu'il existe
pour utiliser le vocabulaire du député de Terrebonne un
certain nombre de petits dossiers qui sont fort tra-cassiers et qui font
l'objet de "lobbies" bien légitimes de la part de certaines professions,
ou encore de certains citoyens que veulent avoir accès à des
professions, ou encore de professions qui se trouvent en conflits
d'intérêts les unes avec les autres. Bien sûr, on se
souviendra des anciennes commissions parlementaires de 1973 à 1976. Il
en était déjà question à cette époque. On se
souviendra que ce n'était pas chose facile que de régler des
conflits d'intérêts, des conflits interprofessionnels dus à
des champs fermés d'exercice. Bien sûr, dès que le
législateur choisit de fermer un champ, de le rendre exclusif, voire de
réserver le titre, automatiquement, il éveille des
appétits. Automatiquement, il frustre aussi, il aboutit à
frustrer certaines personnes qui prétendent que leur formation ou leur
expérience les habilite à faire partie d'une profession qui leur
est close, de sorte qu'on conviendra qu'il faut là-dedans une
très grande dose de prudence. On a évoqué des cas
précis qui font l'objet de publicité, je dois dire, fort bien
calculée quant au jour de sa parution. Nous avons à coeur de
régler ce problème comme d'ailleurs tous les autres conflits
interprofessionnels. Mais on conviendra qu'il y a là matière
à prudence. (11 h 15)
M. le Président, puis-je inviter le président de l'office
à ajouter quelques commentaires? Je sais qu'il a pris des notes tout
à l'heure et qu'il aimerait peut-être compléter les
renseignements dont j'ai voulu faire part aux membres de cette commission.
Le Président (M. Dussault): M. le Président de
l'office.
M. Morin (Sauvé): Merci, M. le Président, de me
fournir l'occasion de m'adresser à ce forum privilégié
qu'est la commission parlementaire sur les corporations professionnelles. Je ne
voudrais pas abuser, cependant, de cette permission, d'autant plus que le
ministre vient de faire un tour d'horizon, je pense, assez complet en rapport
avec les observations faites par les collègues de cette commission. Je
voudrais cependant peut-être préciser ce qu'il en est de la
position de l'office sur la question de la formation. En effet, la formation
est un des problèmes, parmi les nombreux problèmes qui assaillent
l'office, qui a particulièrement préoccupé l'office cette
année. Nous avons commis un mémoire, comme le ministre l'a dit,
à la commission d'études sur les universités, en
comprenant fort bien que la formation, en ce qui concerne les professionnels,
ne se situe pas nécessairement uniquement au niveau universitaire
puisqu'il y a des professionnels qui viennent des CEGEP et
même du niveau secondaire. En plus, il y a aussi des initiatives
de formation continue qui ne relèvent d'aucune institution ou d'aucun
établissement de formation.
Quoiqu'il en soit, ceci étant dit, l'office, dans son
mémoire, dont vous avez un résumé assez substantiel dans
le rapport annuel aux pages 15 à 20, a donc produit, a fait
connaître ses orientations sur ce problème précis. Au
passage, je m'excuse d'avoir dû vous transmettre le rapport annuel dans
des délais qui ne sont pas parlementaires. Nous sommes, ici un peu
victimes de notre célérité, en quelque sorte, puisque le
rapport annuel touche l'année qui vient de se terminer et que la
défense des crédits arrive assez tôt dans l'année.
Quoiqu'il en soit, je pense qu'il peut quand même vous être utile.
Fermons cette parenthèse.
Disons, pour ce que nous avons fait sur la question de la formation, que
nous avons d'abord établi un cadre d'analyse de toute cette question qui
se situe autour de la notion de protection du public qu'a invoquée le
député, M. Fontaine. Nous avons, pour une première fois,
analysé un peu le contenu de ce qu'est cette notion fondamentale, mais
quand même un peu imprécise du Code des professions, qu'est la
protection du public. Nous avons pensé y découvrir une double
dimension, à savoir un désir pour le législateur d'assurer
la qualité des services professionnels d'une part, et, d'autre part, un
désir pour le législateur d'assurer une accessibilité des
services professionnels. Dans la protection du public, je pense que nous avons
ces deux dimensions. Nous avons analysé toute la question de la
formation autour, à partir de cette notion qui reste quand même
imprécise, mais un peu plus précise qu'elle ne l'était de
la protection du public. Nous avons examiné à tour de rôle
ce qui doit être acquis pour que la formation assure des services
professionnels de qualité, d'une part, et ce qui doit être acquis
pour que la formation assure des services professionnels accessibles.
En ce qui concerne la première avenue, nous nous sommes rendu
compte que le Code des professions avait fait un nouveau partage sur la
question de la formation initiale puisque les corporations professionnelles se
voyaient, en principe, maintenant évacuées, dans la mesure
où il s'agissait de déterminer les diplômes qui donnent
accès à la profession en vertu de l'article 178 du code, mais
cependant, pas tout à fait évacuées puisque, par le biais
de l'article 92i du code, il pouvait déterminer des conditions
supplémentaires, donc, ajouter avant d'émettre le permis,
à la formation initiale, à la formation qui conduit au
diplôme, qui rentre, qui y donne accès, d'autres
éléments de formation. Nous avons perçu là un
désir du législateur d'assurer quand même aux corporations
professionnelles, voix au chapitre, quand il s'agit de déterminer les
contenus de formation.
C'est pourquoi nous avons conclu notre étude en disant qu'il
convenait peut-être d'assurer un peu plus de corps aux comités
mixtes qui existent, comme vous le savez, pour assurer une certaine
concertation entre les institutions et les établissements d'enseignement
et les corporations professionnelles, pour assurer pour employer une
expression anglaise que le ministre de l'Education va sans doute
répudier un "input", pour assurer que les programmes
d'enseignement ne s'éloignent pas trop de la réalité, ne
s'éloignent pas trop des besoins de la population, les corporations
professionnelles étant bien placées pour identifier les besoins
et les établissements d'enseignement étant mieux placés
pour satisfaire ces besoins en termes de formation.
Nous avons voulu, dans notre rapport sur la formation, suggérer
que les comités mixtes prennent un peu plus d'expansion ou un peu plus
de corps par différents moyens que nous avons identifiés. Nous
nous sommes aussi, par ailleurs, demandé s'il convenait de maintenir
je vais être assez bref des institutions telle
l'immatriculation qui est un peu anachronique dans le système actuel,
à notre avis, puisqu'il maintient aux corporations la possibilité
de déterminer non pas seulement les contenus mais de déterminer
les moyens d'accéder aux programmes de formation des pro-fessionels de
sorte que nous avons suggéré dans ce mémoire qu'on
abolisse dans certains cas quatre ou cinq corporations qui ont encore ce
pouvoir qu'on appelle le pouvoir d'immatriculation, qu'on élimine cela.
Voilà pour la formation initiale.
Quant à la formation continue, il y a un chapitre assez
substantiel, estimons-nous, dans ce mémoire. Nous suggérons, tout
en conservant le libéralisme ou la liberté pour les corporations
ou le professionnel de se recycler, de ne pas en faire une obligation
nécessairement législative. Vous savez que, dans le
système actuel, le comité d'inspection professionnelle peut en
faire une obligation. Nous maintenons ce système dans notre rapport.
Nous voulons maintenir ce système que la question du recyclage ou la
latitude du recyclage soit laissée à la discrétion ou au
jugement du professionnel mais, par ailleurs, nous estimons que des efforts
soutenus doivent être faits pour assurer que le professionnel se recycle
constamment ou se tienne à la page étant donné la
nécessité dans laquelle il se trouve de devoir constamment
refaire ses connaissances pour mieux satisfaire les besoins de la
population.
Nous avons aussi proposé des mesures précises en
matière de formation continue. Tout cela fera l'objet d'une publication,
comme l'a dit le ministre tout à l'heure, au cours des mois qui viennent
de sorte que vous connaîtrez l'orientation de l'office sur la question de
la formation.
Vous avez aussi soulevé et vous me permettez d'ajouter un
point à ce qu'a dit le ministre qui a aussi couvert la question
la question très fondamentale de l'avenir du professionnalisme.
Evidemment, l'office, par définition, n'est pas statique même si
nous sommes, par vocation, voués à l'application du code. Nous
avons aussi comme fonction de recommander au ministre des modifications
législatives, donc, de dépasser le code.
Pour ce faire, nous devons aussi nous pencher sur les problèmes
profonds qui confrontent le professionnalisme aujourd'hui, donc
réfléchir sur les orientations à donner au
professionnalisme. Notre réflexion se poursuit sur ceci. Nous avons
précisément chez nous, comme vous le constaterez au budget, des
effectifs du côté de la recherche. Nous sommes de plus en contact
constant avec le Conseil interprofessionnel du Québec. Nous avons des
contacts constants avec les chercheurs de l'étranger. Nous avons un
système de documentation qui est tenu à jour et qui collige toute
la documentation sur cette question. Notre réflexion se poursuit et je
pense qu'elle sera en mesure de produire des fruits dans un prochain
avenir.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le président
de l'office. J'ai en lice M. le député de Robert-Baldwin.
Discussion générale
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. A la page 8 du
document qu'on a reçu ce matin, j'ai quelques questions à poser.
Premièrement, il est mentionné la réalisation
terminée et la réalisation 1978/79 qui va se poursuivre. A
l'article 13, il y a "publication de l'étude sur les compagnies de
services professionnels". C'est aussi mentionné à l'article 4,
dans la deuxième partie de la page 8.
Pouvez-vpus exposer exactement le problème que vous
étudiez dans le moment?
M. Morin (Sauvé): II s'agit d'une étude qui avait
été commandée, suite aux représentations des
professionnels qui trouvaient intérêt à pouvoir exercer
sous la forme de compagnie avec d'autres professionnels et surtout avec des
professionnels du même secteur. Il y avait d'abord un
intérêt fiscal qui est en voie de disparaître. On ne sait
pas ce qui adviendra du projet de loi, mais un projet de loi est
déposé devant les Communes qui fait en sorte que cet
intérêt est maintenant diminué. Il reste que d'autres
intérêts subsistent.
L'étude de l'office cherchait à savoir comment concilier
cette technique de gestion ou d'exercice d'une profession avec les exigences
déontologiques de la profession. L'étude que nous avons
terminée et qui a été lancée à l'occasion du
dernier congrès du Barreau qui a eu lieu en fin de semaine
révèle qu'il y a possibilité de concilier les exigences
déontologiques et l'exercice de la profession sous cette forme. Cette
étude a fait l'objet d'une publication tout récemment, il y a
à peine quelques jours.
M. O'Gallagher: Est-ce que la publication est dans votre rapport
annuel?
M. Morin (Sauvé): Vous en avez un résumé
dans le rapport annuel, mais le volume vient de sortir des presses il y a
à peine quelques jours.
M. O'Gallagher: Je vais le lire avec intérêt. Ma
deuxième question concerne les tribunaux de discipline. Quel est...
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous l'avez eu, M. le
député, ce...
M. O'Gallagher: Non, je ne l'ai pas eu.
M. Morin (Sauvé): Nous allons le faire distribuer aux
membres de la commission, je pense que c'est important que vous preniez
connaissance de tout cela. C'est important...
M. O'Gallagher: C'est possible qu'une loi suive la publication ou
l'étude de ce document?
M. Morin (Sauvé): Nous en sommes au stade tout à
fait préliminaire; quand on en est au stade de l'étude, c'est
vraiment qu'on explore le terrain. Est-ce que cela mènera
éventuellement à des modifications législatives? Je ne
voudrais pas m'engager tout de suite là-dessus. J'avoue que le rapport
est si récent et si fraîchement sorti des presses que je n'en ai
pas encore pris connaissance moi-même. Avant de répondre à
la question du député, je vais essayer de le lire.
M. O'Gallagher: Ma deuxième question concerne les
tribunaux de discipline. Quelle est l'expérience de l'Office des
professions au point de vue judiciaire pour les cas qui ont été
portés à l'attention du tribunal et ceux qui sont allés en
appel à la Cour supérieure? En général, est-ce que
la loi 250 suffit pour toutes les causes qu'on voit aujourd'hui devant ces
tribunaux de discipline? Est-ce qu'il y a eu des cas où ces tribunaux
ont été accusés d'être anticonstitutionnels?
M. Morin (Sauvé): Vous me permettrez pour répondre
à votre question de distinguer deux problèmes. Le premier
problème est la constitu-tionnalité du Tribunal des profession;
cette question a été soulevée, du même que pour le
Tribunal des transports et ainsi de suite. Nous sommes dans le dossier et nous
attendons les résultats, c'est présentement en appel. Nous
suivons donc le dossier de la constitutionnalité du Tribunal des
professions; nous sommes impliqués là-dedans avec le
ministère de la Justice et le dossier chemine avec celui qui concerne le
Tribunal des transports en particulier.
Quant aux comités de discipline, l'autre volet de votre question,
je dois vous dire que notre expérience est très modeste parce
que, comme vous le savez, l'Office des professions n'a aucune juridiction en ce
qui concerne les plaintes. Nous allons aux informations. Habituellement les
corporations professionnelles nous fournissent l'information quand il s'agit de
savoir comment fonctionne ce mécanisme; cependant, nous n'avons aucune
information quant au fonctionnement de l'institution qu'on appelle le syndic
qui, comme vous le savez, est à l'origine des plaintes qui sont
acheminées devant le comité de discipline. C'est un premier tri
qu'il fait et à ce niveau, franchement, nous devons vous dire que nous
n'avons pas d'information ou de données précises. Les
données sont encore plus imprécises, en d'autres termes
pour être plus précis moi-même en ce
qui concerne l'institution du syndic qu'elles ne le sont en ce qui
concerne le fonctionnement des comités de discipline. Vous avez des
données assez intéressantes dans le rapport annuel
là-dessus, M. le député (11 h 30)
M. Rivest: Juste une question, monsieur. Est-ce que ces
données indiquent on les a, je suppose, dans le rapport ce
n'est pas le seul, mais ça peut être un critère
d'évaluation, le nombre, strictement en termes de volume des conflits
juridictionnels dont le ministre a parlé tantôt, entre diverses
professions? Est-ce que juste le volume de plaintes qui sont portées par
une corporation professionnelle contre une autre ou, enfin, contre des
individus qui sont accusés de poser des actes professionnels qui
dérogent, ce n'est pas une indication assez valable des
imprécisions qui existent actuellement dans la définition du
champ réservé à l'une ou l'autre des professions?
M. Morin (Sauvé): Nous pourrions cependant préciser
un peu la question. Généralement, je dirais même en
principe, il ne peut y avoir de poursuites d'un membre d'une profession par une
autre profession.
M. Rivest: Non, c'est au niveau des corporations
professionnelles...
M. Morin (Sauvé): Vous parlez donc de la poursuite d'une
corporation contre un de ses membres, à la suite d'un comité
disciplinaire.
M. Rivest: Oui, c'est ça. Par exemple, les CGA en ont eu
avec les CA, etc.
M. Morin (Sauvé): Je vais vous dire que devant les
comités disciplinaires ne vont pas les questions de juridiction entre
les corporations.
M. Rivest: Ce n'est pas ça que je veux. Une profession
contre une autre, par exemple, sur le plan d'un acte professionnel qui
appartient ou qui est réservé à une autre profession.
L'exercice illégal.
M. Morin (Sauvé): L'exercice illégal, et ainsi de
suite. Nous recueillons la jurisprudence là-dessus, mais ça se
passe devant les tribunaux ordinaires. Toutes ces questions sont...
M. Rivest: Mais vous n'avez pas une idée du nombre de
plaintes?
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Rivest: Dans certains secteurs, par exemple, les opticiens
d'ordonnances, les optométris-tes, les ophtalmologistes, je sais que
ça a été terrible à définir les champs de
juridiction.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. Cela a été
difficile. Maintenant, il ne s'agit pas, encore une fois, de poursuites d'une
corporation professionnelle contre une autre ou, souvent, contre les membres
d'une autre corporation professionnelle. Il s'agit de poursuites par une
corporation contre des individus qui exercent illégalement, selon ce que
soutient la corporation, les actes qu'ils posent. Il se peut aussi que les
actes posés illégalement le soient par des personnes qui
appartiennent à une autre corporation, mais j'imagine qu'il n'en est pas
nécessairement ainsi. Si vous jetez un coup d'oeil à la page 38
du rapport de l'office des professions, que je déposerai en Chambre,
vous avez une sorte de tableau récapitulatif du genre de poursuites
qu'on a trouvées, du moins ce sont les plaintes qui sont portées
à l'attention de l'office. Dans certains cas, j'imagine...
M. Rivest:... exercice illégal... pas beaucoup...
M. Morin (Sauvé): ... que ça doit aboutir devant
les tribunaux, mais pas nécessairement. Vous verrez que certaines
professions, comme les avocats, il y a eu plusieurs plaintes sur des questions
de conduite ou des contestations d'honoraires.
M. Rivest: Non, ce sont les audioprothésistes. Vous vous
trompez de ligne. Il n'y a pas de poursuites contres les avocats, voyons
donc!
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, oui. Mais les avocats, oui,
il y a des plaintes au sujet...
M. Rivest: Excusez-moi, oui.
M. Morin (Sauvé): ... tandis que les
audioprothésistes n'ont eu qu'une plainte pour la contestation
d'honoraires et une pour la publicité incorrecte.
M. Rivest: Mais je remarque que, sur le plan de l'exercice
illégal, il n'y a presque pas de plaintes.
M. Morin (Sauvé): Remarquez que ce n'est pas
exhaustif.
M. Rivest: Mais est-ce que ça peut être un
indice?
M. Morin (Sauvé): II faut être exact. Cela ne donne
pas vraiment un aperçu exact des cas d'exercice illégal, parce
que les cas d'exercice illégal vont probablement plutôt se
ramasser devant les tribunaux, tandis que là c'est pour vous donner une
idée du type de problème qui se présente. Ce sont les
plaintes déposées devant l'office.
M. Rivest: Toujours sur l'exercice illégal, avez-vous
à l'office des données du volume de plaintes qui sont
déposées devant les tribunaux?
M. Morin (Sauvé): C'est une préoccupation qu'on
vient de se donner de faire cette recherche systématiquement.
M. Rivest: Très souvent, les corporations professionnelles
nous donnent comme argument qu'elles sont prises dans des imbroglios
judiciaires à cause de l'imprécision des lois professionnelles au
titre de l'exercice des droits réservés ou exclusifs.
M. Morin (Sauvé): Evidemment, le député de
Jean-Talon sait à quel point il est difficile, puisque gouvernement
après gouvernement se sont escrimés avec ces problèmes de
définition de l'aire de compétence de chaque profession. Je dois
dire que, dans certains cas, il y a des chevauchements; on pense aux CA, aux
CGA et aux RIA dont on parlait tout à l'heure. Il y a des cas de
chevauchement à ce point que les deux professions piétinent les
mêmes plates-bandes, enfin, CA et CGA sont dans la vérification
publique. Même, souvent, on va voir des CGA qui font de la
comptabilité publique pour de grosses coopératives, mais qui ne
peuvent pas la faire pour de petites entreprises.
M. Fontaine: Ils le font pour les commissions scolaires
aussi.
M. Rivest: C'est d'ailleurs l'objet de leur demande pour
l'instant.
M. Morin (Sauvé): Soit dit en passant, on va
peut-être terminer d'abord la question qui est posée par le
député de Jean-Talon j'aimerais beaucoup qu'on me donne le
sentiment des membres de cette commission sur la question des CGA. J'aimerais
bien avoir des idées, s'il vous en vient à l'esprit, parce que
j'avoue que c'est très difficile à régler.
M. Rivest: Je comprends la question du ministre parce que,
tantôt, il a dit que le gouvernement étudiait la
possibilité de faire une étude sur les...
Je crois que le ministre fait un appel à tous...
M. Morin (Sauvé): Le gouvernement, à l'heure
actuelle, fait entreprendre une étude sur la question.
M. Rivest: Oui, mais il y a déjà eu des
études.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais elles n'ont pas mené
à des solutions.
M. Rivest: Non.
M. Morin (Sauvé): Malheureusement, elles ont mené
à des impasses.
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Sauvé): Je ne dis pas qu'il ne faudra pas,
à un moment donné, trancher le noeud gordien. Si, après la
nouvelle étude et les nouvelles tentatives faites en toute bonne foi de
rapprocher les professions pour voir si on ne peut pas mieux délimiter
leur champ d'exercice et peut-être les regrouper, les fusionner, il n'y a
pas moyen de régler le problème, il faudra peut-être que je
décide de recommander au gouvernement de prendre une décision. On
ne peut pas, je pense, rester dans l'indécision ou dans l'impasse
indéfiniment.
M. Rivest: Dans le mécanisme de la Loi des professions,
des lois professionnelles, pour les CGA, etc., il y avait je pense que
le ministre l'a évoqué tantôt, je n'en suis pas sûr
un champ exclusif et réservé aux CA et il était
précisé. Ensuite, on demandait aux trois groupes concernés
d'essayer de se concerter pour en arriver à un règlement
quelconque sous le patronage de l'office, ou quelque chose du genre.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que l'office en
était venu à des conclusions.
M. Rivest: Oui, et elle les a soumises aux trois... Est-ce que
l'office était...
M. Morin (Sauvé): L'office a soumis ses conclusions aux
trois professions en leur disant: II faudrait vous regrouper en deux
professions, il faudrait qu'il y ait des passerelles entre les deux professions
et, en gros, il faudrait que la comptabilité publique soit le territoire
d'une première profession, les CA, tandis que la comptabilité
dite de gestion serait la chasse gardée, le domaine
réservé pour parler plus précisément
de la seconde profession qui serait une profession dite de comptabilité
de gestion ou, comme d'aucuns le veulent, de management.
M. Rivest: Ce sont les CGA qui se sont finalement opposés
à ça?
M. Morin (Sauvé): Ce sont les CGA pour une raison... Je ne
voudrais pas parler à leur place, vous comprendrez que c'est un peu
délicat de tenter de rendre tous les arguments qui ont été
mis de l'avant. Mais, en espérant ne pas trahir leur pensée et en
ayant recours au président au besoin pour compléter la chose, je
dirais que les CGA nous ont dit: Pourquoi certains d'entre nous, qui ont fait
les mêmes études que tous les autres, feraient-ils partie des CA
à titre exclusif, parce qu'ils ont fait de la comptabilité
publique, tandis que les autres, qui n'en ont pas fait, resteraient à
titre réservé seulement et seraient unis ou fusionnés avec
la corporation des RIA? C'était leur objection: Puisque nous avons eu la
même formation, donnez-nous le même statut.
Dans la correspondance que je viens de recevoir de la Corporation
professionnelle des comptables généraux licenciés,
correspondance qui date du 8 mai, c'est la date de la nouvelle offensive
en faveur d'une solution on me demande cette fois un statut
d'égalité avec les CA, purement et simplement.
C'est une hypothèse que je n'écarte pas, comprenons-nous
bien; j'aimerais seulement avoir le sentiment des membres de cette commission.
Je crois que ça éclairerait aussi bien le président de
l'office que moi-même là-dessus.
Toutefois, je dois dire que la proposition exacte qu'ils nous font dans
leur lettre, la proposition de modification législative ne paraît
pas acceptable. Voici pourquoi: La modification suggérée demande
que les CGA aient les mêmes droits que les CA mais qu'ils conservent leur
profession à titre réservé. Autrement dit, on se
trouverait devant un illogisme je pense que c'est inacceptable en
principe où les membres d'une profession à titre
réservé exerceraient dans les plates-bandes d'une corporation
à titre exclusif. Vous voyez les conséquence où cela
pourrait nous mener. Il n'y aurait plus de protection en fait pour le titre
exclusif, puisqu'on sait que des gens qui ne se prévalent pas du titre
de comptable général licencié peuvent, néanmoins,
exercer certains droits, exercer leur profession s'ils ne s'affublent pas du
titre réservé. Donc, on verrait des personnes les
conseillers juridiques peuvent me conseiller, je réfléchis tout
haut qui ne font partie d'aucune corporation dans les faits posant des
actes qui sont aujourd'hui à titre exclusif.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre voit des objections à
ce qu'il y ait deux corporations à titre exclusif qui fassent le
même travail?
M. Morin (Sauvé): Si ma conclusion était que le
titre exclusif doit être donné et aux CA et aux CGA, j'aimerais
mieux qu'il n'y ait qu'une seule corporation. Il n'y a pas
intérêt, lorsque des membres de deux corporations ont une
formation équivalente, je ne dis pas qu'ils l'ont, cela reste
encore à déterminer de façon définitive par
hypothèse, exercent dans les mêmes champs et posent les
mêmes actes; il n'y a pas de raison de maintenir deux corporations. Il
vaut mieux qu'il n'y en ait qu'une seule. C'est pourquoi la solution qui avait
été proposée par l'office des professions n'était
pas si bête. On fusionnait, mais ceux qui voulaient faire de la
comptabilité publique s'en allaient dans l'exercice exclusif avec les
CA, tandis que deux qui ne faisaient pas de vérification publique mais
plutôt de la comptabilité de gestion, allaient rejoindre une
profession à titre réservé, avec un certain nombre de
RIA.
Cette solution semble inacceptable. Nous allons, en toute bonne foi,
essayer de trouver une nouvelle solution. Mais j'avoue qu'à
première vue cela ne paraît pas facile, surtout si on nous demande
de donner des droits exclusifs à des gens qui ne font pas partie d'une
corporation à titre exclusif. Vous comprenez qu'il y a là un
illogisme auquel je ne saurais souscrire.
M. Fontaine: Je pense qu'au cours des années, parmi les
membres d'une même corporation qui est celle des CGA, certains se sont
dirigés vers le management et d'autres ont fait de la
vérification publique, de la comptabilité publique et à ce
moment, ils se trouvent divisés.
M. Morin (Sauvé): Oui, ils se trouvent effectivement
à exercer deux types d'activité différents. De là,
d'ailleurs, la suggestion de l'Ordre des professions qui a été
refusée par les CGA. M. le député, si vous avez une
idée là-dessus, je serais très intéressé
à l'avoir. Je le dis autant pour les autres, d'ailleurs.
M. Fontaine: Les CGA qui n'ont pas fait de comptabilité
publique, ils ne l'ont pas fait quasiment par la force des choses. Ce serait
quasiment les punir de ne pas l'avoir fait en ne les admettant pas au
même titre que les autres. C'est probablement pour cela que les CGA on
refusé la proposition.
M. Morin (Sauvé): En plus de cela, il y a des comptables
agréés qui ne font, dans les faits, que de la comptabilité
de gestion. Mais nous n'allons évidemment pas les rétrograder du
titre exclusif au titre réservé. Cela n'est pas possible, il y a
des droits acquis qui entrent en ligne de compte. Si je vous comprends bien, M.
le député, à tout prendre vous seriez plutôt enclin
à donner raison aux CGA.
M. Fontaine: Oui, de sorte que ces gens puissent faire de la
comptabilité publique et, bien sûr, ceux qui n'en ont pas fait
depuis quelques années, par la force des choses, vont s'éliminer
automatiquement, à mon avis.
M. Morin (Sauvé): Mais où vont-ils aller.
M. Fontaine: A moins qu'ils ne se recyclent, mais ils vont s'en
aller dans la comptabilité de management.
M. Morin (Sauvé): Donc, dans une autre profession.
M. Fontaine: Ce qu'ils font actuellement, dans une autre
profession. Si on leur donne la possibilité par les passerelles dont
j'avais parlé tantôt de s'en aller dans une autre corporation. (11
h 45)
M. Morin (Sauvé): Oui, mais vous comprendrez facilement
que les passerelles sont rarement en faveur du titre réservé.
Tout le monde veut accéder au titre exclusif. Donc, je dois dire que la
passerelle est à sens unique dans les faits. Je n'ai pas eu connaissance
on me corrigera si j'erre qu'on m'ait demandé des
passerelles pour passer de l'exclusif au réservé. C'est toujours
le contraire, du titre réservé au titre exclusif. Bien sûr,
parce que dans un cas vous n'avez de protégé que le nom de la
profession, tandis que dans l'autre cas l'acte est protégé.
M. Fontaine: En fait, les CGA qui n'ont pas fait de
comptabilité publique depuis quelques années resteraient tout
simplement dans la même corporation professionnelle qui changerait
peut-être de nom avec les RIA.
M. Morin (Sauvé): Alors, M. le député, vous
appuyez l'office. En somme, c'était la solution de l'office, mais elle a
été refusée par les CGA. Alors, la question est: Qu'est-ce
qu'on fait maintenant.
M. Fontaine: C'est parce que l'office a proposé de
déterminer qui serait admissible à utiliser la passerelle et
à monter dans le domaine exclusif. Les CGA ont demandé que tout
le monde soit admissible.
M. Morin (Sauvé): C'est ça, exactement. La
dernière demande, celle du 8 mai, c'est que... Entendons-nous, ce n'est
pas d'être admis au CA, à la profession des CA; c'est de pouvoir
exercer la comptabilité publique, donc occuper le champ
déjà occupé par les CA, tout en restant une corporation
à titre réservé, d'où les ennuis et les
difficultés que j'ai soulignés tout à l'heure.
On me signale d'ailleurs que dans le mémoire, dans la proposition
de l'Ordre des comptables agréés... on me signale que
c'était la proposition de l'office qui est devenue celle des CA, de
l'ordre des CA. Il y avait une série de critères pour tenter de
cerner l'idée de comptabilité publique et qui devrait pouvoir
accéder à cette profession. On dit, par exemple, personne
exerçant de fait ou de droit, à une date à définir,
la comptabilité publique dans un domaine, si restreint soit-il, dans le
cas des membres de la Corporation professionnelle des comptables en
administration industrielle du Québec ou de la Corporation
professionnelle des comptables généraux licenciés du
Québec. On énumère ces personnes: toute personne qui,
depuis deux ans, est membre de la corporation et tire son principal moyen de
subsistance de l'exercice au Québec de la comptabilité publique;
deuxièmement, toute personne qui, depuis deux ans, est membre de la
corporation, est à l'emploi d'un cabinet de comptables
agréés du Québec et y remplit principalement des fonctions
de comptabilité publique; troisièmement, toute personne qui,
depuis deux ans, est membre de la corporation, est à l'emploi du
vérificateur de la province de Québec et du bureau de
Montréal de l'Auditeur général du Canada et y remplit
principalement des fonctions de vérification: Cela, c'est pour couvrir
le cas des fonctionnaires. quatrièmement, toute personne qui, depuis
deux ans, est membre de la corporation, est à l'emploi d'une personne
visée au paragraphe a) et y remplit principalement des fonctions de
comptabilité publique.
Donc, c'est une proposition qui n'était pas sans fondement. Elle
était même, je trouve, de la part des CA assez large. Cela
témoignait d'une ouverture d'esprit assez considérable. Mais
c'est ça qui a été refusé. Oui, bien sûr,
comme le fait observer le président de l'office, en contrepartie de
ça, l'article 29 devait tomber.
M. le député, je vois que vous auriez tendance à
vous rallier à cette solution qui était celle de l'office,
acceptée par les CA. Mais maintenant que les CGA l'ont refusée
depuis 1977, depuis plus d'un an, qu'est-ce qu'on fait? Quelle solution
favorisez-vous?
M. Fontaine: Ma position n'était pas tout à fait
celle que vous venez de mentionner. C'était que les CGA, en
général, toute la corporation soit admissible à exercer
les fonctions de vérificateur public, mais il y a une certaine
catégorie de ces gens qui n'en ont pas fait depuis plusieurs
années. Alors, je ne vois pas quel serait leur intérêt
à essayer d'en faire dans l'avenir. Prenez une commission... il aurait
intérêt à vouloir en faire.
M. Morin (Sauvé): Vous savez que les comptes
envoyés par un CA ne sont pas exactement les mêmes que les comptes
envoyés par un CGA. Donc, la profession à titre exclusif est plus
intéressante sur le plan financier que les autres.
M. Fontaine: Oui, je ne vois pas une commission scolaire employer
un vérificateur public, un nouveau vérificateur qui n'en aurait
pas fait depuis plusieurs années. Cela me surprendrait beaucoup qu'elle
emploie une personne comme cela. Je me dis qu'automatiquement ces
gens-là vont aller dans l'autre catégorie.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais le problème c'est
qu'ils n'y auraient pas intérêt. Ils auraient plutôt
intérêt, et c'est ce qu'ils nous disent en somme, à pouvoir
tous exercer la comptabilité publique parce que cela ne les exclut pas
d'exercer la comptabilité de gestion. A l'heure actuelle, il y a des CA
qui font de la comptabilité de gestion. Donc, l'intérêt des
CGA, comme j'imagine de certains RIA, c'est d'avoir accès à la
corporation à titre exclusif. Cela se comprend fort bien. D'ailleurs, ce
sont des aspirations légitimes.
Le Président (M. Dussault): J'avais en lice M. le
député de Terrebonne et peut-être M. le
député ensuite, je pense que vous n'aviez pas terminé
votre intervention. M. le député de Terrebonne.
M. Fallu: II y a une dimension, M. le Président, qu'on a
tendance à oublier dans ce dossier, je dirais même plusieurs. Il y
a d'abord les imbroglios qui sont créés par nos propres lois que
nous faisons ici à l'Assemblée nationale; nous jouons quelquefois
sur les mots en inscrivant "certifié" ou "vérifié". On
peut l'éprouver régulièrement. On trouve encore à
l'intérieur des règlements ces deux mots clefs qui font que les
professions se définissent des champs, donc il faudrait, pour
nous-mêmes, avoir plus de cohérence, très certainement.
Ce qu'on est porté à oublier, dans le dossier des CGA et
des CA, c'est l'évolution historique. Les CGA, à l'époque,
donc il y a de cela une vingtaine d'années, étaient, à
toutes fins utiles, inexistants. C'est une profession qui a poussé du
fait un peu inique, dans une société, presque abusif, pour ainsi
dire, d'une profession, c'est-à-dire celle des CA qui a imposé
à ces jeunes étudiants, à ceux qui étaient en voie
de formation, des stages qui frisent, pour être grossier, presque le
"cheap labor". On vous amène des gens dans le cabinet de CA et pendant
un certain nombre de mois, d'années, ils sont en quelque sorte des
petits valets. L'apprentissage du métier de CA est dur. Il
y a un internat qui est peut-être j'allais dire dans
certains cas, je l'ai vérifié sur place très
mesquin et abusif.
A côté de cela on a les CGA qui ont donné une
structure d'accueil beaucoup plus souple et, les chiffres sont là,
depuis quelques années tout le monde s'est engouffré avec
exactement les mêmes études, massivement, dans la profession de
CGA. Le résultat, on le vit maintenant. On voit actuellement la bascule
des professions. Alors que la tradition aurait voulu que tout le monde aille
massivement vers une corporation à titre exclusif, on voit qu'à
cause d'une nécessité économique les étudiants en
fin d'études universitaires, les étudiants qui sont placés
devant des nécessités de stages au moment où ils sont le
plus mal pris financièrement, glissent vers la formation de CGA.
Regardons ces chiffres je prends les chiffres qui sont
publiés dans les quotidiens du matin en 1945, 711
étudiants contre 453 membres, et en 1979, 2500 membres, donc, il y a une
progression qui est relativement lente, devrais-je dire, mais à
côté de cela on voit 4500 étudiants. Voilà le
problème. Il y a un problème interne chez certaines professions.
Qui va le régler? J'imagine bien que ce n'est pas nous, commission
parlementaire, parce que ces mécanismes sont déjà en
place. Il est peut-être un peu tard pour agir.
Donc, il faut maintenant agir d'une autre façon. De quelle
façon? Je crois que la preuve a été faite en 1977, M. le
Président, que la formation des CA et des CGA était en tout point
équivalente je dis bien équivalente à
l'exception toujours de ces stages en cabinet qui d'ailleurs, se chiffrent par
un certain nombre de mois.
Pour le reste, à moins qu'on n'en fasse une preuve plus
évidente que celle que j'ai eue jusqu'à maintenant, je crois
qu'on aurait avantage à quoi? On a avantage à protéger le
public; c'est ça essentiellement le but de ce regroupement
professionnel. Comment mieux protéger le public? Est-ce en
définissant que, à la limite des êtres de raison, parce que
le contact entre comptabilité publique et comptabilité de gestion
est tellement proche l'une de l'autre, on voit mal que de tels projets soient
aussi différents l'un de l'autre?
La proposition qui est faite par les CGA vise, disent-ils, la protection
du consommateur, la protection du public. En fabriquant deux professions avec
les mêmes droits, qui se feraient concurrence, alors, à ce
moment-là, la seule protection du public ce n'est pas la
comptabilité, ce n'est pas la compétence; ce sont strictement les
honoraires. Il faut bien se le dire, il y aurait concurrence sur les
mêmes actes. C'est une forme de protection du public, mais je pense que
ça ne règle pas la question fondamentale qui est en cause,
à savoir les champs juridictionnels ou encore la formation. C'est
essentiellement ça qui est en cause, de telle sorte que je
reviens en 1977 peut-être y aurait-il lieu, avant même de
suggérer ou d'aller vers de nouvelles études, de réunir
à nouveau tous les intervenants j'allais dire une dernière
tentative ce qui amènerait un rapprochement. Sur quelles bases?
Il y en a quelques-unes qui ont été explorées; on pourrait
peut-être les fignoler davantage, penser à deux corporations,
je veux bien penser à une seule corporation je veux
bien aussi pourvu que l'intérêt du public... Il s'agit de
l'intérêt corporatif et non pas de l'intérêt du
public, entendons-nous bien, entre une ou deux corporations parce que la
compétence étant, presque à tous égards,
égales.
Qu'on revienne à une table de négociation entre les
parties et, je dirai en terminant que, si on ne s'entend pas, peut-être
devra-t-on refaire une étude, une étude qui porterait sur quoi?
Sur des données qui, à mon avis, sont déjà connues,
ce serait essentiellement la compétence, la formation et,
peut-être jusqu'à un certain point, tenter de définir ou
d'approcher un peu plus d'une définition de comptabilité publique
et de comptabilité de gestion, pourvu encore que les professions, dans
la pratique, arrivent vraiment à faire la distinction dans les cabinets.
Cela risque fort de ne pas arriver, à mon avis, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais dire
au député de Terrebonne que les suggestions qu'il nous fait sont
les bienvenues.
Comme je l'ai indiqué plus tôt, le président a
déjà pris contact avec chacune des trois professions
impliquées, mais il n'y a pas eu encore de rencontre
multilatérale. Je pense que c'est la prochaine étape. Celle-ci
consistera à réunir de nouveau tous les intervenants avec
l'Office des professions, pour tenter de trouver un compromis valable. Si
c'était impossible, il faudra sans doute que le gouvernement tranche le
noeud gordien.
Pour ce qui est du nombre d'étudiants, je pense qu'il faudrait
tenir compte évidemment on ne peut pas, dans une page de journal,
tout dire qu'il est bien certain que ce ne sont pas tous des
étudiants à temps complet; il y a énormément
d'adultes qui prennent des cours d'appoint et qui, quelques fois, viennent
chercher un diplôme de cette façon, ce qui contribue à
grossir le nombre des étudiants de façon assez spectaculaire.
C'est ce qui explique une croissance qui paraît presque exponentielle
quand on pense que, en deux ans, on passe de 2900 à 4500
étudiants. Il est évident que, à l'heure actuelle, il y a,
je crois à bon droit, beaucoup d'engouement pour les études dans
le domaine économique et dans le domaine de la comptabilité au
niveau des adultes.
M. Rivest: Est-ce que, éventuellement, ces
étudiants le ministre a peut-être raison ne risquent
pas d'aboutir à l'intérieur même si ce sont des
étudiants à temps partiel de faire une demande pour
devenir membres de la Corporation des CGA?
M. Morin (Sauvé): Mais bien sûr et, à
certains... (12 heures)
M. Rivest: C'est ça, mais c'est simplement le point que
veut faire la corporation. La réalité du problème
soulevé par le député de Terrebonne reste
extrêmement présente.
M. Morin (Sauvé): Je pense également qu'ils veulent
faire observer que sur les 7000 personnes qui pourraient prétendre au
titre de CGA, au titre réservé de CGA, à l'heure actuelle,
il n'y en a que 2500 qui sont membres de la corporation. Je crois que ça
également, c'est un problème qu'on retrouve dans toutes les
professions, presque toutes les professions à titre
réservé. On peut exercer cette profession sans prendre le titre
réservé. Vous comprendrez, alors, que pour ceux qui choisissent
de faire partie de la corporation, ça comporte certains
inconvénients.
M. Rivest: Je vais poser une question. Je viens d'en dire un mot
au député de Nicolet-Yamaska. Qu'est-ce qui arriverait aux CA qui
font de la comptabilité de gestion, si la solution de l'office ou celle
même des CA était acceptée?
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire qu'arriverait-il si on
proposait aux CA qui ne font pas de comptabilité publique de devenir
membres d'une corporation à titre...
M. Rivest: Ils conserveraient leur statut de CA, tout en faisant
simplement de la comptabilité de gestion. Je pense que c'est ça,
d'après ce que le député de Nicolet-Yamaska m'a dit.
C'était ça, le point de base des CGA, pour rejeter la proposition
de...
M. Fontaine: Du point d'achoppement des discussions, oui.
M. Morin (Sauvé): Ah oui, on y fait allusion dans le
document que je citais tout à l'heure au point 8, l'exercice de la
comptabilité publique par les comptables agréés,
exerçant la comptabilité de gestion ou de management. L'Ordre des
comptables agréés modifierait son règlement concernant le
stage de perfectionnement et la limitation du droit d'exercice, de
manière à prévoir que le bureau puisse, lorsqu'il
l'estimerait nécessaire pour la protection du public, imposer un stage
de perfectionnement à un comptable agréé qui, ayant
exercé principalement la comptabilité de gestion pendant cinq ans
ou plus, commencerait à exercer principalement la comptabilité
publique.
M. Rivest: C'est ceux qui étaient des CA qui
exerçaient la comptabilité de gestion et qui voulaient faire de
la vérification ou enfin de la comptabilité publique...
M. Morin (Sauvé):... qui voudraient revenir en
vérification.
M. Rivest: Mais ceux qui continueraient, tout en étant CA,
à faire de la comptabilité de gestion. C'est le point que le
député de...
M. Morin (Sauvé): C'est un titre réservé. Le
champ est accessible à tout le monde, la gestion.
M. Rivest: Mais pour les CGA, c'était le problème,
d'après le...
M. Fontaine: Oui, si les CGA ont refusé la proposition,
c'est parce qu'on demandait à une partie de leurs membres de rester dans
une corporation, à titre réservé. La contrepartie ne
venait pas du côté des CA, parce qu'on sait qu'il y a presque la
moitié des CA qui ne font que de la comptabilité de gestion. On
leur laissait la possibilité de demeurer dans une corporation
professionnelle, à titre exclusif. Or, il y avait deux poids, deux
mesures...
M. Morin (Sauvé): Je crois que ce que je viens de lire,
tend à démontrer qu'au contraire, la profession était
consciente de cette difficulté et qu'elle était prête
à imposer à certains CA qui n'avaient fait que de la
comptabilité de gestion, du perfectionnement pour pouvoir avoir
accès à la comptabilité publique.
M. Rivest: Mais en pratique, est-ce qu'il n'y a pas des individus
qui ne sentiraient pas la nécessité ou qui n'auraient pas la
motivation d'obtenir, de se perfectionner pour faire de la comptabilité
publique et qui continueraient, tout en étant CA, à faire
c'est, je pense, ce que le député veut évoquer à ce
moment les CGA demandaient la réciprocité, au fond. Les CGA
qui tomberaient dans la comptabilité publique, ce serait un
problème. Il faudrait que les CA qui ne feraient que de la
comptabilité de gestion reviennent simplement au niveau d'un titre
réservé.
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, M. le
député, mais vous connaissez la notion des droits acquis et il
n'est pas facile, je drais même que juridiquement, ça doit poser
des problèmes presque insurmontables de priver des gens qui ont un titre
exclusif et qui l'ont conquis de haute lutte pour les ramener à un titre
réservé, ouvert à ceux qui ont la compétence, mais
qui n'ont pas nécessairement subi, passé à travers tous
les obstacles qui mènent à un titre exclusif. Vous connaissez
l'importance des droits acquis.
M. Fontaine: Je sais.
M. Morin (Sauvé): Vous les invoquiez vous-même
récemment.
M. Fontaine: Pourquoi ne pas accepter la proposition des CGA en
leur permettant d'accéder tous à la profession a titre exclusif
et d'appliquer le règlement proposé par les CA pour les CGA qui
ne faisaient que de la comptabilité de gestion, en leur demandant de se
recycler en quelque sorte...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Fontaine:... s'ils veulent faire de la comptabilité
publique.
M. Morin (Sauvé): Vous appliqueriez ce règlement de
perfectionnement non seulement aux CA qui voudraient faire de la
comptabilité publique, mais aux CGA qui veulent faire de la
comptabilité publique. Mais justement c'était le but des
passe-
relies, comme le signale le président. C'était le but des
passerelles qui auraient permis, en tout temps, à un CGA qui serait
resté CGA ou à un membre de la profession regroupée des
CGA et des RIA d'avoir accès à l'Ordre des CA, grâce
à un perfectionnement ou à certaines conditions, de sorte qu'on
est de retour au dilemme. Est-ce que le député de Jean-Talon a
des idées là-dessus?
M. Rivest: J'ai des idées sur la discussion qu'on a eue ce
matin et sur la rencontre. Par ailleurs, ce que je voudrais avoir avant de me
former une opinion, c'est évidemment l'opinion définitive des CA.
Je ne voudrais pas donner un commentaire qui risquerait d'être plus ou
moins ex parte.
J'ai vécu personnellement les problèmes, du temps de M.
Castonguay, des définitions de fonction entre les différentes
professions. Là-dedans, je pense que l'expérience de 1973 a ce
titre est concluante, même si cela a créé des
problèmes. Le danger c'est de multiplier les études à n'en
plus finir et finalement tant qu'il n'y a pas une volonté des parties,
bien sûr... Mais par ailleurs, évidemment en 1973 on a
tranché dans le vif. Je me rappelle les optométristes, les
opticiens d'ordonnances. J'étais à l'époque au bureau du
premier ministre et c'était des pèlerinages sans arrêt.
Cela devait être épouvantable si on allait dans un sens ou dans
l'autre. C'était la mort de ceci ou de cela Finalement, la vie s'est
avérée plus forte que les prévisions.
Mon expérience me dit qu'il faut écouter, il faut demander
aux gens d'essayer de s'entendre au maximum. Je pense que, comme l'a
indiqué le ministre, un nouvel effort avec l'Office des professions est
certainement à tenter. Mais si, effectivement, cela crée des
problèmes, ou si c'est la réalité des problèmes...
Le danger là-dedans, c'est que très souvent il peut y avoir un
côté artificiel qui peut être facilement créé.
Est-ce que véritablement il y a des problèmes absolument
sérieux en termes de marché de travail, de revenus, de
débouchés? Cela aussi il faut vraiment le regarder et même
en termes de protection du public? Il y a des inconvénients de pratique
pour des individus, c'est clair. Mais une fois qu'on en est convaincu,
finalement après toutes ces rencontres, je pense qu'il n'y a pas d'autre
solution. Au lieu de faire une étude sur la possibilité
d'étudier... La remarque du ministre m'a fait un peu peur. Je comprends
le sens de sa démarche, mais à un moment donné il faut
trancher.
Ces lois, je pense bien que c'est l'expérience de 1973, sont des
lois qui sont appelées à être modifiées, à
être précisées, selon l'évolution. Parce que le
marché s'adapte aussi. Je pense que c'est cela une des conclusions
aussi. La demande de services s'adapte toujours à cela à
condition de ne pas brimer les individus qui sont engagés là.
Pour ce qui est des CGA, ce qui m'impressionne c'est le nombre effarant
d'étudiants et de jeunes qui sont dans ce secteur, qui s'engagent
là dans des voies d'apprentissage qu'a décrites le
député de Terrebonne et dont je suis bien conscient. Il va
falloir éviter, dans la solution qu'on apportera éventuellement,
de faire mal à ces gens. Ce sont des jeunes, ils s'en vont
là-dedans. Le nombre de 4500 m'impressionne beaucoup.
M. Morin (Sauvé): Le député de Jean-Talon,
avec lequel je ne suis pas en désaccord, sera conscient aussi du fait
qu'il y a derrrière tout cela des questions touchant les honoraires
professionnels. Si par hasard, on devait regrouper indistinctement CA et CGA,
du jour au lendemain, la comptabilité publique coûterait fort cher
au Québec parce que le coût des services augmenterait de
façon assez rapide, je pense.
M. Rivest: Oui, mais vous pouvez le reprendre à l'envers
et dire à ce moment: Pour un même acte professionnel fait par un
CA, sur le plan de l'individu qui requiert le service, s'il y a une injustice
aussi, il paie plus cher parce que c'est un CA, alors que les mêmes
services lui sont rendus par un CGA...
M. Morin (Sauvé): Exactement.
M. Rivest: ... et il le paie moins cher.
M. Morin (Sauvé): C'est un bon argument.
M. Rivest: Enfin...
Le Président (M. Dussault): II y avait toujours sur la
liste, M. le député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Seulement deux courtes questions, M. le
Président.
On a fait allusion, tout à l'heure, au cas des
diplômés de l'Ecole de technologie supérieure.
M. Morin (Sauvé): C'est ça.
M. O'Gallagher: Apparemment, ces diplômés
représentent dans le moment une soixantaine de personnes et demandent
l'accès à l'Ordre des ingénieurs, sans passer tous les
examens universels que les 20 000 membres de l'Ordre des ingénieurs ont
déjà passés et que les étudiants, qui
représentent quelques milliers, vont sans doute être
obligés de passer bientôt pour avoir accès à l'Ordre
des ingénieurs.
Où en est rendue cette étude dont vous faites mention
à la page 9?
M. Morin (Sauvé): Vous me demandez, en somme,
l'état du dossier?
M. O'Gallagher: Oui, l'état du dossier.
M. Morin (Sauvé): Bon, fort bien! Vous savez
peut-être que la direction de l'ETS, avec l'appui de l'Association des
étudiants, de l'Association des diplômés et d'une bonne
douzaine de dirigeants d'entreprises, a réclamé l'admission des
diplômés de l'école qui est une constituante de
l'Université du Québec, qui est donc de niveau universitaire
à l'Ordre des ingénieurs.
Le but visé était d'en arriver à départager
leurs tâches de celles des ingénieurs et de celles des techniciens
professionnels. On sait les incidences de la définition des tâches
au niveau des unités syndicales dans les secteurs public et parapublic,
c'était un des aspects importants de ce problème.
L'Ordre des ingénieurs, de son côté, a entrepris une
étude globale des rapports entre techniciens, diplômés en
technologie et ingénieurs et devait me faire parvenir un rapport, sur la
situation des bacheliers de l'ETS, vers la fin de mai 1978.
Je pense que je devrais le recevoir, mais nous ne l'avons pas encore
reçu. Le 30 mars 1978, dans l'avis qui m'a été remis par
l'office, on concluait à la nécessité de modifier
l'article 5 de la Loi des ingénieurs, en vue de permettre explicitement
aux bacheliers en technologie, en particulier à certains de ces derniers
qui n'exercent pas sous l'autorité d'ingénieurs, d'effectuer des
travaux de génie pour lesquels ils sont formés j'insiste;
des travaux pour lesquels ils sont formés sans risque de
poursuite de la part de l'Ordre des ingénieurs.
A plus long terme, l'office, dans cet avis, me disait qu'il faudrait
redéfinir les champs d'exercice respectifs des ingénieurs, des
techniciens et des techniciens supérieurs.
Depuis lors, j'ai tenté je dois le dire de
rapprocher les parties; j'ai tenté de rapprocher l'ETS et l'Ordre des
ingénieurs. Nous avons étudié certaines hypothèses,
après avoir constaté que la formation de l'ETS n'est pas loin
d'être équivalente à celle des ingénieurs, en
particulier si on compare, notamment, les cours suivis à
l'Université McGill avec ceux de l'ETS, on est amené à la
conclusion que la différence est infinitésimale, parce que les
exigences qu'on a pour les jeunes qui sortent de McGill ne sont pas les
mêmes que pour ceux qui sortent de l'Ecole polytechnique. Je sais que
McGill songe à augmenter les exigences, mais il reste que, à
l'heure actuelle, on peut comparer favorablement les études de l'ETS
à celles que font les diplômés de l'Université
McGill.
M. O'Gallagher: Mais...
M. Morin (Sauvé): Si vous permettez, M. le
député, je termine le tableau général et ensuite on
pourra entrer dans les détails.
M. O'Gallagher: Oui.
M. Morin (Sauvé): Cependant, l'Ordre des ingénieurs
a fait une enquête auprès de ses membres et, en dépit du
fait que plusieurs industries nous avaient signalé l'appui qu'elles
entendaient apporter aux diplômés de l'ETS, l'Ordre des
ingénieurs s'est montré réfractaire à l'idée
d'admettre les diplômés de l'ETS. (12 h 15)
Je leur avais fait la suggestion de les admettre dans une section
particulière de l'Ordre des ingénieurs et je n'ai pas eu de
réponse claire sur cette hypothèse. A l'heure actuelle, l'office
a réussi à former un comité dont il fait partie et auquel
participent l'Ordre des ingénieurs et l'Ecole de techno- logie
supérieure. Ce comité discute, en ce moment. C'est un
comité multilatéral où on confronte les points de vue et,
d'après ce que j'en sais d'une façon tout à fait
générale, parce que je ne puis pas faire un rapport précis
sur des discussions qui ont cours en ce moment on progresse. Il pourrait
y avoir une solution du côté, par exemple je donne
ça à titre d'hypothèse, parce que les conclusions ne sont
pas fermes encore de la longueur du juniorat, ce qu'on appelle le
juniorat. Voilà, M. le Président.
M. O'Gallagher: Seulement pour préciser, le comité
examinateur de l'Ordre des ingénieurs a trouvé que les standards
de l'Ecole de technologie supérieure ne rencontrent pas les exigences de
l'ordre. Est-ce qu'il y a une date...
M. Morin (Sauvé): Les écoles de génie ont
des standards très différents de l'une à l'autre et, de
cela, ils en parlent moins dans leurs rapports.
M. O'Gallagher: Je ne suis pas nécessairement d'accord
avec vous, M. le ministre. Les examens à travers le Canada et les
Etats-Unis sont pas mal standards pour tous les ingénieurs, pour
l'Amérique du Nord. Mais est-ce qu'il y a une date limite pour ce groupe
d'ingénieurs et les représentants de l'ETS à
présenter leurs rapports. Attendez-vous ce rapport bientôt ou
est-ce que la date n'a pas encore été fixée pour
présenter un rapport?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il n'y a pas de
date limite. Il est tellement important de favoriser un rapprochement des
parties que je ne voudrais pas qu'il y ait d'épée de
Damoclès sur la tête de ce comité. Je crois que ça
n'aboutirait pas nécessairement à faire avancer les travaux. Il
s'agit d'une question délicate qui met en jeu des intérêts
considérables, qui met en jeu je voudrais le signaler le
développement économique du Québec car, si nous avons
suffisamment d'ingénieurs de conception au Québec, nous n'avons
pas suffisamment, du point de vue du développement industriel,
d'ingénieurs d'application, tels que ceux qui sont formés
à l'ETS. C'est la raison pour laquelle personnellement, je favorise
fortement un rapprochement entre l'ETS et l'Ordre des ingénieurs. Je ne
veux pas, d'autre part, imposer de date limite, mais voilà une autre
question que je suis décidé à trancher, d'ici quelques
mois. S'il n'y avait pas d'entente possible, eh bien, je crois qu'il faudrait
sans doute s'acheminer vers une décision du Conseil des ministres.
M. O'Gallagher: Ma dernière question, M. le
Président. Dans votre budget, à l'article 10, concernant les
transferts, sans doute des subventions aux corporations, quelles sont les
corporations qui reçoivent des subventions à l'ordre de $175
000?
M. Morin (Sauvé): Vous l'avez dans le rapport annuel, M.
le député, à la page 47. Je crois qu'on
vous donne la liste... 48 et 49, pardon. Vous avez le tableau avec les
chiffres. Vous avez, dans la première colonne, les corporations qui ont
bénéficié de subventions et ensuite, d'année en
année, l' évolution du montant des subventions. Bien sûr,
il y a des critères dans l'octroi de ces subventions. Ce n'est pas fait
arbitrairement. On tient compte notamment du nombre de membres. Vous noterez
qu'en 1978-1979, il y a eu des subventions pour l'inspection professionnelle,
pour la formation continue dont parlait plus tôt le député
de Terrebonne, et vous avez les totaux dans la dernière colonne, pour un
chiffre global de $155 300.
Les critères de distribution ont fait l'objet d'un
règlement de 1975, parce que le gouvernement voulait être
sûr que ces montants qui sont mis à la disposition de l'office
pour distribution aux professions, soient répartis de façon
objective. Ces critères sont: que le nombre de membres soit
inférieur à 1500, que la cotisation annuelle de ses membres soit
d'au moins $75; autrement dit, qu'il y ait un effort financier de la part de la
corporation elle-même. Enfin, l'octroi d'une subvention lui parait
nécessaire pour défrayer les dépenses occasionnées
par l'application des dispositions du code concernant la discipline,
l'inspection professionnelle, etc. Je n'entre pas dans tous les détails,
puisque ce sont des critères publics.
Enfin, je voudrais signaler les priorités de l'office pour
l'année qui vient. Elles se trouvent à la page 76 du 5ième
rapport annuel de l'Office des professions du Québec. C'était
pour l'année écoulée, je m'excuse, et non pas pour
l'année qui vient. L'office avait déjà informé les
corporations que la priorité serait donnée à l'inspection
professionnelle et aux demandes de subventions des corporations qui
prévoient mettre au point des méthodes pour évaluer les
résultats de leurs programmes subventionnés. Donc, en ce moment,
l'office estime qu'il y avait du côté de l'inspection
professionnelle certaines lacunes, et il a tenté d'aider les
corporations et en particulier celles qui n'ont pas beaucoup de membres,
à régler ce problème grâce à des subventions.
On voit que la plus haute, dans ce domaine, a été de $16 000.
Elle a été accordée aux physiothérapeutes. La
moindre a été de $2500 et elle a été
accordée aux orthophonistes et audiologistes.
M. Rivest: Dans le document du ministre, je voudrais très
rapidement signaler deux problèmes. Le premier c'est le rôle et
les conclusions que tire l'Office des professions relativement aux
problèmes vécus par les étudiants en notariat
particulièrement à l'Université Laval.
M. Morin (Sauvé): Dans toutes les régions.
M. Rivest: Oui, dans toutes les régions, parce que mon
attention a été, ces derniers mois, concentrée davantage
sur la région de Québec, vous comprenez.
M. Morin (Sauvé): Vous avez reçu certaines visites
empressées.
M. Rivest: Non, cela a eu ses bons côtés, parce que
plusieurs étudiants en notariat ont pu participer... Je les en remercie
d'ailleurs.
M. Morin (Sauvé): Mais vous n'insinuez pas, M. le
député, que certains étudiants en notariat auraient pu
participer à votre campagne dans l'espoir d'obtenir quelque
ristourne.
M. Rivest: Absolument pas.
M. Morin (Sauvé): Je me demandais quelle était la
portée de vos propos.
M. Rivest: C'étaient des propos d'intérêt
public. C'est le premier commentaire. Le deuxième commentaire: je
remarque que dans les réalisations terminées en 1978-1979, il y a
l'article 6, présentation de deux projets de règlement relatifs
à l'autorisation des actes médicaux et infirmiers. Le mot
"terminé" risque d'inquiéter probablement certains membres de
l'Ordre des infirmiers et infirmières. J'aimerais plus directement
demander au ministre ou au président de l'office, les suites
concrètes qui ont été données ou qui sont sur le
point d'être données aux travaux de la commission
parlementaire.
M. Morin (Sauvé): La commission parlementaire, vous le
savez, s'est réunie pendant deux pleines journées. Elle a entendu
une quinzaine d'organismes. Nous allions à cette commission avec le plus
d'ouverture d'esprit possible et, effectivement, nous avons appris un certain
nombre de choses. Bien sûr, non pas de grandes vérités mais
de petites vérités dont il faut savoir tenir compte, à
l'occasion.
Nous nous apprêtons l'Office des professions y travaille en
ce moment à apporter des modifications au projet de
règlement qui avait été rendu public dans la Gazette
officielle. Notamment, pour ce qui est des questions de surveillance, la
commission parlementaire nous a permis de nous rendre compte qu'il y avait des
besoins de précision. Je compte voir l'Office des professions ces
jours-ci, certainement au cours des dix jours qui viennent, pour mettre le
point final, avec le concours du ministère des Affaires sociales qui est
très intéressé aussi, puisque cela touche le
fonctionnement des centres hospitaliers, les CLSC, et bon nombre d'autres
établissements. Ce qui signifie que le Conseil des ministres devrait
être saisi d'un mémoire final d'ici quelques semaines.
C'est bien mon intention de régler le problème. Je crois
que nous avons entendu tout le monde, nous avons réfléchi
à tout ce qui nous a été dit. Mais comme le disait tout
à l'heure le député de Jean-Talon, dans un autre contexte,
il vient un moment où il faut trancher. Pour ainsi dire, il est
impossible de mettre tout le monde d'accord sur le plan théorique,
étant donné les intérêts en cause. Il est certain
que les infirmiers et infirmières agréés aussi bien que
les infirmiers et les infirmières auxiliaires n'ont pas des
intérêts qui convergent totalement dans un pareil dossier. Il
faut que le gouvernement, s'inspirant du bien commun tel qu'il le
perçoit, et après avoir entendu toutes les parties, décide
quelle sera la solution. Je pense que nous trouverons des solutions qui, sans
nécessairement plaire à tout le monde et son père, seront
plus équitables que celles qu'on voyait dans le projet rendu public dans
la Gazette officielle du Québec.
M. Rivest: M. le Président, seulement un dernier
commentaire ou simplement sous la forme d'une invitation. C'est que dans la
décision définitive que le ministre nous annonce, je comprends
qu'il y a un aspect professionnel qui est difficile à trancher. Il y a
aussi je ne sais pas si c'est l'office ou le Conseil des ministres
le fait de tenir compte des remarques, à mon avis, très
pertinentes de M. Pleau de l'Association des hôpitaux. Dans ce type de
règlement, très souvent les règlements sont uniformes
à l'échelle de la province pour les établissements
hospitaliers, surtout dans les régions excentriques et il y a des
difficultés d'application pratique. Est-ce que sur le plan de la
flexibilité et de la souplesse, pour certains types
d'établissements ou des établissements dans certaines
régions, c'est une dimension qui a semblé retenir l'attention du
gouvernement?
M. Morin (Sauvé): Nous n'avons pas été
insensibles au mémoire qui nous a été soumis par cette
association. Nous explorons le moyen d'introduire le plus de souplesse possible
dans le mécanisme proposé par le règlement. La
difficulté était d'éviter de tomber sous le coup d'une
maxime que le député de Jean-Talon connaît bien, puisqu'il
a fait des études de droit et qu'il a même été mon
élève, "Delegatur non potest delegare". Je pense que nous avons
trouvé une solution. Je pense que nous pourrons passer à
côté des périls de la maxime "Delegatur". Cependant, je
dois avouer que cela a nécessité pas mal de cogitation de la part
des juristes. Je pense qu'on y est maintenant.
M. Rivest: Faites attention parce que cela coûte cher.
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire les juristes.
M. Rivest: Non, non, quand vous passez â
côté.
M. Morin (Sauvé): C'est à titre exclusif.
M. Rivest: II y a un coût à faire de la
flexibilité, je replaide à l'envers.
M. Morin (Sauvé): Oui, il y a un coût, bien
sûr. Nous en tenons compte aussi. Je pensais que le député
faisait allusion au coût des services de professionnels à titre
exclusif.
M. Rivest: Non, non.
M. Morin (Sauvé): Comme le sont les juristes, les avocats
du moins.
Le Président (M. Dussault): II n'y a pas d'autre
intervenant. Est-ce que la commission est prête...
M. Rivest: Seulement mes notaires.
Le Président (M. Dussault): ... à adopter.
M. Morin (Sauvé): Sur les notaires, oui j'allais
l'oublier, pourtant c'est une question importante. Les étudiants en
droit notarial, vous le savez, contestent le fait que la Chambre des notaires
leur impose un examen de contrôle supplémentaire par rapport
à ceux qui sont exigés au cours de la période de formation
professionnelle. (12 h 30)
II s'agit d'un débat de fond ce n'est pas une simple
question d'intérêt de la part des étudiants sur
l'opportunité pour la Chambre des notaires de tenir des examens
professionnels. Vous pouvez tout de suite imaginer que cela a des
conséquences pour les autres professions. En dépit de l'existence
depuis 1970 d'un protocole d'entente entre la Chambre des notaires et les
facultés de droit touchant la formation professionnelle des futurs
notaires, la chambre a maintenu l'exigence de son examen d'admission.
En février 1979, les étudiants ont rencontré le
comité de la formation en notariat et ils ont obtenu que des solutions
à moyen et à long terme puissent être mises en application,
mais la chambre n'a cependant pas accepté de supprimer
immédiatement les examens. Les étudiants ont alors
présenté une demande de médiation à l'Office des
professions et l'office étudie présentement cette demande de
médiation. Après avoir recherché, s'il est possible, un
consensus entre les parties, il suggérera au gouvernement d'apporter,
s'il y a lieu, des modifications à la loi et à la
réglementation de la Chambre des notaires.
En d'autres termes, l'Office des professions s'emploie, à l'heure
actuelle, à trouver un terrain d'entente; s'il n'en trouve pas, nous
devrons trancher dans le vif.
M. O'Gallagher: Sur la même question, combien
d'étudiants en notariat ont raté les examens de la Chambre des
notaires? Quelle est l'expérience?
M. Morin (Sauvé): II y a deux groupes d'étudiants
en notariat en cause ici. Il y a ceux-là, ceux qui ont raté leurs
examens passés, et ceux qui se présentent une première
fois à l'examen, donc qui sont finissants de quatrième
année présentement. Je pourrais vous dire les chiffres de chacun
de ces groupes.
M. O'Gallagher: Quel est le pourcentage des finissants
d'université qui se sont présentés à la Chambre des
notaires et qui ont raté les examens et combien ont réussi?
M. Morin (Sauvé): Je pense que le chiffre cette
année a été de 21%.
M. O'Gallagher: Les arpenteurs-géomètres sont dans
le même cas. Les étudiants en arpentage qui ont fini à la
faculté d'arpentage de l'université passent les examens de
l'Ordre des arpenteurs-géomètres. Dans le cas des arpenteurs, il
y a moins de 50% qui réussissent les examens de l'ordre. Cela veut dire
qu'il y a quelque chose qui ne marche pas, soit que les cours ou que les
étudiants ne sont pas assez bien préparés pour satisfaire
aux normes minimales de l'ordre.
M. Fontaine: Ou les examens sont trop sévères.
M. Rivest: Ou il y a trop de professionnels.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, nous
dépassons de trois minutes le temps permis pour les travaux de la
commission. Dois-je en conclure que vous avez l'intention de faire l'adoption
des crédits dans de courts délais?
M. Fontaine: On peut le faire immédiatement.
M. Rivest: J'ai juste une remarque générale en
guise de conclusion. Tantôt, une fois que vous... cinq minutes.
Le Président (M. Dussault): D'accord, vous avez la parole
M. le député de Robert Baldwin, à moins que vous ayez
terminé.
M. O'Gallagher: J'ai terminé, vous pouvez adopter
les...
M. Fontaine: On peut adopter les crédits.
Le Président (M. Dussault): Vous aviez une intervention,
M. le député de Jean-Talon?
M. Rivest: Oui, simplement une intervention, qui est plus une
question. Je ne sais pas si le ministre peut nous donner des indications, ou le
président de l'office. On a parlé d'amendements substantiels au
Code des professions et peut-être à certaines lois. Bien
sûr, je voudrais savoir de quelle nature seraient ces amendements. Est-ce
qu'il y aura des décisions effectives prises prochainement quant aux
nouvelles corporations professionnelles? Il y a une vingtaine de demandes
devant l'office. Deuxièmement, est-ce que sur le plan de on a
parlé des problèmes des CGA, etc. la définition des
aires de compétence ou de juridiction des différentes
corporations professionnelles, on peut s'attendre à des décisions
à ce moment? Est-ce que ces amendements toucheront ça?
Troisièmement, au titre des suites à être
données aux documents de l'office sur la formation professionnelle,
est-ce qu'on va progresser de ce côté?
Quatrièmement, j'en ai parlé au début, mais je
voudrais également voir l'office s'intéresser à l'
évolution des professions en regard des besoins du travail. Je sais
qu'au niveau du ministère de l'Education, il y a plusieurs études
qui sont conduites. La seule question que je pose, c'est de savoir si l'office
est présent. J'imagine qu'il est intéressé à ce
genre d'étude et, dans l'avenir, est-ce que ça ne pourrait pas
constituer une de ses orientations par l'intermédiaire du conseil
interprofessionnel ou du service de recherche, de façon que plusieurs
étudiants... Quand on voit 4500 étudiants dans le domaine des
CGA, parfois ça m'inquiète un peu pour la demande: J'imagine
qu'il va être question de tout ça, mais à quel moment
est-ce que ce sera présenté? Est-ce que c'est ce type de
préoccupation qui a amené le gouvernement et l'office à
dire qu'il y aurait des amendements substantiels?
M. Morin (Sauvé): Pour commencer par la dernière
question que vous avez soulevée, celle de la formation par rapport aux
possibilités d'accueil du marché du travail, le gouvernement en a
parlé à deux reprises récemment, notamment dans le plan
d'action sur l'enseignement primaire-secondaire ainsi que dans
l'énoncé de politiques sur les collèges, car c'est
à ce niveau que la question se pose de la façon la plus
concrète et non plus au moment de l'accès aux professions.
Sur ce plan, le gouvernement essaie de décontingenter le plus
possible. Même si c'est inévitable dans certaines professions, il
a hérité de contingents qu'il ne peut que maintenir, mais nous
avons essayé de décontingenter le plus possible. Autrement dit,
tous les contingents sont remis en question chaque année. Par exemple,
dans le domaine de l'informatique, nous avons décidé, cette
année, de faire sauter le contingentement, parce qu'il ne nous
paraissait plus légitime, il ne nous paraissait plus justifié par
les circonstances.
D'autre part, nous sommes persuadés que c'est plutôt
grâce à une bonne information et à une bonne orientation
professionnelle qu'on peut régler ces problèmes plutôt que
par des contingents, encore que le contingent soit quelques fois la seule
façon de venir à bout du problème, puisqu'il peut y avoir
2000 demandes pour 100 ou 200 postes disponibles sur le marché du
travail.
Notre effort, donc, va porter surtout sur l'information scolaire et
professionnelle. Au cours des années qui viennent, nous allons faire des
efforts considérables pour que les jeunes soient mieux informés
des possibilités du marché du travail et de la formation qu'ils
veulent acquérir. Il faut le dire, à l'heure actuelle: ça
laisse à désirer.
C'est donc plus de ce côté que le gouvernement cherche des
solutions, à l'heure actuelle, plutôt que de demander à
l'Office des professions de penser à des contraintes qui soient encore
plus exigeantes que celles qu'on connaît pour l'entrée dans les
professions.
Ce n'est pas à ce niveau que le problème devrait
être réglé, c'est avant, au moment même de
l'acquisition des connaissances.
M. Rivest: Mais l'office sera invité ou a probablement
déjà été invité à s'inscrire dans la
démarche que nous décrit le ministre?
M. Morin (Sauvé): Je dois dire que l'office n'a pas
été invité à le faire, mais spontanément il
s'est penché sur certains aspects de cette situation.
D'ailleurs, si M. le Président veut ajouter quelques
détails, je lui cède volontiers le micro pour un instant. Je
reviendrai ensuite sur d'autres questions soulevées par le
député de Jean-Talon.
Un mot uniquement pour ajouter que dans le rapport sur la formation vous
constaterez que nous avons aussi pris cette orientation.
M. Rivest: D'accord.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour ce qui est
du dossier législatif, qui n'est pas encore devant le Conseil des
ministres, qui est devant moi à l'heure actuelle, puisque l'office a
terminé son travail à toutes fins utiles, je suis à y
travailler moi-même et à préparer la chose pour le Conseil
des ministres. Les décisions devraient venir, j'imagine, normalement
vers le mois de juin, ce qui voudrait dire que nous serions en mesure de
présenter un projet de loi à l'automne.
Je ne veux donc pas, pour l'instant, étant donné que j'y
travaille et que le Conseil des ministres ne s'est pas prononcé, vous
dire le contenu exact, mais j'ai indiqué plus tôt quels
étaient les objectifs. Je pense que, pour l'instant, ça peut
montrer sur quelles pistes nous travaillons.
Le système disciplinaire, ai-je dit, doit être plus limpide
et vous voyez déjà poindre un certain nombre de modifications
portant sur la publicité de certaines décisions des tribunaux ou
encore des comités disciplinaires parce que, à l'heure actuelle,
il y a une sorte de secret qui plane là-dessus qui fait que les gens ne
savent pas exactement quelles sont les conséquences, les sanctions qui
sont appliquées aux membres des professions qui contreviennent à
la déontologie ou qui se rendent coupables d'actes illégaux.
En second lieu, je vous donne les deux grands objectifs, il y en a
d'autres subsidiaires, bien sûr, comme la question, je crois, vous me
corrigerez, M. le Président, si ma mémoire me fait
défaut... je crois que nous voulons permettre, par exemple, aux
étudiants en notariat qui ont échoué à plusieurs
reprises de pouvoir se présenter au-delà de trois échecs.
Il y aura des modifications mineures de cet ordre-là, mais l'autre
grande préoccupation, l'objectif majeur de l'automne, c'est une
meilleure protection des consommateurs sur le plan des services professionnels.
Je sais que c'est une préoccupation qui a été
énoncée par les députés de l'Opposition plus
tôt aujourd'hui.
En ce qui concerne les demandes de constitution en corporation
professionnelle en vertu du Code des professions, depuis l'adoption du Code des
professions, au mois de juillet 1973, 33 groupements ont soumis à
l'office une demande de constitution en corporation sous l'empire du code.
L'office a confié à un comité interne composé du
vice-président, du secrétaire et des directeurs du service des
affaires juridiques et du service de la recherche le mandat de rencontrer les
groupe- ments en question afin d'établir les recommandations qui
s'imposent. Les demandes sont appréciées en fonction des facteurs
qui sont énurnérés à l'article 25 du Code des
professions ainsi que de l'article 26 touchant l'exercice exclusif. L'office
tient aussi compte des conclusions de son étude sur l' évolution
du professionnalisme au Québec, bien sûr. Il a aussi
examiné le mouvement nord-américain qui depuis cinq ans tend
à remettre en question la nécessité d'adopter ou de
maintenir, dans l'intérêt du public, une législation et une
réglementation des métiers et des professions, mouvement
radicalement exprimé par ce qu'on appelle les "sunset laws" les lois du
crépuscule, qui prévoient la dissolution automatique à
dates prédéterminées de programmes et d'organismes dont
lintérêt public n'est plus prouvé.
Quelle action a été prise par l'office et par le
gouvernement? L'office s'est déjà prononcé sur les
demandes de l'Association d'acupuncture du Québec, de l'Association de
l'immeuble du Québec et de la Corporation des techniciens professionnels
et de l'Association des technologistes agricoles. Au début du
présent exercice financier, l'office m'a fait parvenir des
recommandations à l'égard de 21 demandes de constitution et
remettra au cours de l'année son avis sur sept autres demandes. Il y a
une demande qui a été retirée également. Je dois
donc, au cours des mois qui viennent, me prononcer là-dessus et faire
une recommandation au Conseil des ministres. Vous savez que l'office a
recommandé notamment l'intégration de quatre groupes à des
corporations existantes, ce qui, évidemment, est une solution fort
élégante pour peu qu'elle soit acceptable. C'est une
recommandation toute récente qui date du 23 avril 1979, donc...
M. Rivest: ... il y a les CGA?
M. Morin (Sauvé): Non, je pense que le CGA était
traité à part. C'est une autre question. C'est un autre dossier.
Je puis vous énumérer les professions dont il s'agit. C'est celle
des Conseillers sociaux du Québec, l'Association des
psycho-éducateurs du Québec, la Société des
décorateurs-ensembliers... Je m'excuse, cela fait partie des 21 groupes
que j'ai mentionnés il y a un instant.
Voici la liste des 21 demandes sur lesquelles nous allons avoir à
nous prononcer bientôt et sur lesquelles l'office nous a fait parvenir un
avis: l'Association des approvisionneurs du Québec, la Guilde des
comptables commerciaux, l'Institut des auditeurs publics
accrédités, l'Institut des conseillers en administration du
Québec, l'Association des architectes-paysagistes du Québec,
l'Association des biologistes du Québec et l'Association des
microbiologistes, l'Association des mesureurs de bois licenciés,
l'Association professionnelle des surintendants de la construction, la
Société des décorateurs-ensembliers du Québec, que
je mentionnais il y a un instant, la Corporation des bibliothécaires
professionnels du Québec, la Société des traducteurs du
Québec, la Fédération des associations de musiciens
éducateurs du Québec,
l'Association des psycho-éducateurs du Québec, la
Corporation des conseillers sociaux du Québec, l'Association des
archivistes médicaux du Québec, l'Association des inspecteurs en
hygiène publique du Québec, la Corporation des techniciens
inhalo-thérapeutes du Québec, l'Association des
orthothérapeutes du Québec, l'Association des prothésistes
et orthésistes du Québec, l'Association des puéricultrices
du Québec, l'Ordre des naturothéra-peutes du Québec.
Voilà la liste des 21. J'aurai donc à prendre connaissance de
l'avis de l'office et à prendre les décisions qui s'imposeront.
(12 h 45)
En général, pour des questions comme celles-là, je
suis porté à tenir compte de l'avis de l'office.
M. Rivest: Comme politique générale, un peu comme
vous le disiez au début, c'est de ne quand même pas
multiplier...
M. Morin (Sauvé): Eviter de multiplier les corporations
professionnelles.
M. Rivest: Sans ça, vous n'en finirez plus. Même
à première vue, dans la liste, je vois qu'il y en a qui sont loin
de l'esprit du Code des professions. Il me semble en tout cas.
M. Morin (Sauvé): Je note et je prends acte de ce que dit
le député de Jean-Talon. C'est d'ailleurs une des conclusions de
l'Office des professions.
Le Président (M. Dussault): Je pose la question: Est-ce
que les crédits relatifs à l'organisation et à la
réglementation des professions sont adoptés?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Cela met fin
à nos travaux. Le rapporteur de cette commission fera rapport à
qui de droit.
J'ajourne les travaux de cette commission sine die.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez-moi de
remercier tous les députés qui ont participé à ces
travaux et qui l'ont fait de manière si diligente que nous avons pu
procéder avec célérité. Merci.
Fin de la séance à 12 h 47