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Etude des crédits du ministère de
l'Education
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'éducation est réunie pour
poursuivre l'étude des crédits du ministère.
Les membres de la commission sont M. Alfred (Papineau), M. Goldbloom
(D'Arcy McGee), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M. Marquis
(Matapédia), M. Morin (Sauvé), M. Paquette (Rosemont).
Les intervenants sont M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Picotte
(Maskinongé), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Springate (Westmount).
Enseignement primaire et secondaire (suite)
Vous en étiez à la discussion concernant le programme 4,
enseignement primaire et secondaire. On me dit que la parole était au
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Oui. A la fin de notre séance, hier soir,
le ministre avait commencé à répondre à une de mes
questions sur l'intégration des commissions scolaires. Je crois que le
ministre avait manifesté le désir de compléter sa
réponse ce matin.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pourrais
résumer l'attitude du ministère à l'égard de
l'intégration scolaire de la manière suivante.
Premièrement, de façon générale, le
ministère, depuis que j'en suis titulaire, est favorable à
l'intégration des niveaux primaire et secondaire, pour des raisons avant
tout, d'ordre pédagogique. Il est bon, en vue d'assurer une meilleure
continuité entre ces deux niveaux d'études, qu'ils soient sous la
responsabilité d'un même organisme.
Depuis plusieurs années, on a constaté que le fait de
confier la gestion de l'école primaire à une commission scolaire
locale et, d'autre part, la gestion de l'enseignement secondaire à une
autre commission scolaire, celle-là régionale, avait pour effet
de créer un hiatus entre le primaire et le secondaire. C'est donc en vue
d'assurer une meilleure intégration de ces deux niveaux que j'ai
décidé, en arrivant au ministère, de favoriser
l'intégration scolaire.
Jusqu'ici, nous avons procédé, dans les faits, à
l'intégration de quelques commissions scolaires; on pourra vous donner
plus de détails, si vous le désirez. Peut-être une dizaine
de commissions scolaires, en tout, ont déjà été
intégrées. J'ai l'intention de continuer ce mouvement, mais,
voyant qu'il prend de l'ampleur plus que je ne l'avais prévu, voyant que
plusieurs dizaines de commissions scolaires sont intéressées par
l'intégration, voyant que les parents, de toutes parts, et les
commissaires, souvent, prennent l'initiative de demander l'intégration,
nous avons décidé, au ministère, d'énoncer notre
politique plus clairement; c'est ce qui se fait actuellement. (10 h 15)
Je m'apprête, d'ici à quelques semaines, à rendre
publique une politique plus précise à l'égard de
l'intégration. D'ici à ce que cette politique soit
énoncée, il me paraît hasardeux de pousser le mouvement. Je
préférerais, ayant noté que peu de commissions scolaires
sont prêtes pour juillet 1979, attendre que la nouvelle politique soit
rendue publique, qu'elle ait été comprise de tous les
intéressés, c'est-à-dire qu'on pourrait s'attendre que
plusieurs intégrations soient réalisées pour juillet
1980.
M. le Moignan: II y a environ deux mois, j'ai reçu un
appel téléphonique de la Commission scolaire régionale des
Bois-Francs, où il semblait y avoir un problème d'ordre interne,
où cinq ou six commissions scolaires désiraient
l'intégration et d'autres ne la désiraient pas. J'ai dit que je
prendrais des informations. C'est pour cela que j'ai posé cette...
M. Morin (Sauvé): Oui, il se peut que la consultation
n'ait pas été faite dans ce cas-là. On me signale
effectivement que c'est le cas. Naturellement, il faut que tout le monde soit
d'accord pour que l'intégration puisse avoir lieu, parce que certains
services peuvent rester en commun après l'intégration du primaire
et du secondaire. J'entends qu'entre diverses commissions locales, on peut
conserver certains services régionalisés. Pour en venir à
une solution comme celle-là, il faut absolument qu'il n'y ait pas de
zizanie entre les commissions scolaires. Autrement dit, il faut qu'elles
acceptent toutes le principe de l'intégration.
Il y a une autre condition aussi et elle n'est pas mince; c'est que
l'intégration, le changement des structures ne doit pas entraîner
de préjudices pour le personnel déjà au service des
commissions scolaires, soit la commission régionale, soit les
commissions locales.
C'est dire que les instances syndicales s'intéressent de
très près à l'intégration des commissions
scolaires; avec raison d'ailleurs, parce que, si nous n'y prenons garde, il se
pourrait que cela ait des conséquences fâcheuses sur le plan de
l'emploi. Nous voulons donc, dans chaque cas, qu'on nous assure qu'aucun
préjudice n'est porté aux intéressés. Le
député constatera que les conditions qui mènent à
l'intégration sont nombreuses, qu'elles sont délicates et
difficiles. C'est la raison pour laquelle j'ai pensé qu'un nouvel
énoncé de politique s'imposait.
M. Le Moignan: C'est facile de voir, à la suite de nos
discussions, que nous sommes tous d'accord pour dire que l'enfant,
l'étudiant, est au coeur de l'école. Quant à
l'éducateur, j'en avais mentionné un petit mot, c'est lui aussi
qui fait l'école. En face de l'enfant et de l'éducateur, on se
demande si les parents ont vraiment démissionné de leurs
tâches, de leurs obligations. On parle beaucoup de comités de
parents, de comités d'école, mais en fait, dans la pratique, quel
est le rôle que jouent les parents? Il y a peut-être des
exceptions, mais en général, d'après moi, le rôle
est assez minime, participation à l'école; je vois que vous
voulez le revaloriser. Par quel moyen allez-vous tenter d'amener
réellement les parents à s'impliquer?
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas si on peut
généraliser, dans un domaine où l'expérience des
commissions scolaires et des écoles varient beaucoup d'une région
à l'autre, voire d'une école à l'autre, au sein d'une
même commission scolaire. Si je prenais le risque d'une
généralisation, je dirais que la situation actuelle,
fondée sur la consultation des comités de parents et des
comités d'école est tout de même plus intéressante
pour les parents que celle qui régnait avant l'adoption des lois 27 et
71.
Il y a quelques années, les parents ne jouaient à peu
près aucun rôle, ni consultatif, ni décisionnel, dans les
commissions scolaires, dans les écoles. Les lois de ces dernières
années, qui datent déjà d'ailleurs d'une dizaine
d'années, je pense bien, ont habitué les parents à se
réunir et à discuter des problèmes de l'école. Les
lois leur ont donné un rôle consultatif. Cependant, on doit
constater, après ces quelques années, que dans certaines
régions, les parents ont pris non seulement toute la place que leur
laissaient ces lois, mais davantage, soit à l'initiative de la
commission scolaire, soit parce que les parents ont réclamé leur
place au soleil.
Le mouvement désormais me paraît irréversible, les
parents veulent prendre une place de plus en plus grande dans les questions
scolaires, et c'est normal. Les parents sont, avec les enfants, les premiers
clients de l'école, qu'elle soit publique ou privée. Ce sont eux,
les citoyens à servir. C'est la raison pour laquelle le livre vert, puis
le plan d'action, à la suite de la consultation à laquelle nous
avons procédé, fait une place plus considérable aux
parents que ce n'était le cas auparavant et ceci, de plusieurs
façons.
Premièrement, en obligeant les commissions scolaires à
consulter désormais les comités de parents et les comités
d'école sur certains sujets, alors qu'auparavant, il n'y avait pas
d'obligation de consulter. Donc, nous rendrions obligatoire cette consultation,
sur un certain nombre de sujets.
Deuxièmement, nous pensons qu'il y a lieu d'assurer la
présence des parents au sein des commissions scolaires, du conseil des
commissaires. Nous en avons parlé hier et le député de
Gaspé se souviendra qu'il existe un débat chez les parents
eux-mêmes en ce moment, en vue de savoir si, oui ou non, le parent qui
siégera au conseil des commissaires aura ou non le droit de vote. C'est
une question qui n'est pas encore tout à fait tranchée. J'attends
de mieux connaître l'opinion des parents sur ce point. Le gouvernement
décidera à ce moment-là ce qu'il convient de faire.
Enfin, il y a un troisième moyen d'assurer la présence des
parents dans la chose scolaire, et c'est la création éventuelle
selon le désir du milieu et selon le rythme et l'évolution
de chaque milieu d'un conseil d'orientation dans chaque école,
où siégeront non seulement les parents, mais la direction, les
enseignants et, pour ce qui est du second cycle du niveau secondaire, les
élèves.
M. Le Moignan: Mais votre ministère n'a jamais
participé à essayer de bâtir des statistiques pour avoir
une idée approximative du rôle dans les différentes
commissions scolaires régionales de la province, où la
participation des parents est plus ou moins active? Cela n'a pas
été fait?
M. Morin (Sauvé): Nous avons tout de même une
idée peut-être très générale, mais nous avons
une idée des endroits où la participation des parents a
été plus réelle ou plus suivie qu'ailleurs. Nous savons
également, de façon générale, nous connaissons les
endroits où il n'y a pas eu de participation des parents, ou encore,
où cette participation a été découragée.
On peut dire que dans certains coins du Québec, la participation
est entrée dans les moeurs. Ailleurs, ce n'est pas encore le cas. C'est
très variable. Cela dépend de l' évolution de chaque
milieu, cela dépend du degré de scolarisation de chaque milieu,
comme bien on le pense. Et il faut que les futurs projets de loi soient
suffisamment souples pour s'accommoder de l' évolution de chaque milieu
et des traditions de chaque milieu aussi.
On notera, par exemple, que chez nos concitoyens anglophones, les
traditions de participation sont plus anciennes et sans doute mieux
ancrées et que nous avons du chemin à faire, du côté
francophone, pour atteindre un même degré de participation. Il est
vrai évidemment que c'est une communauté moins nombreuse que la
nôtre, c'est une communauté minoritaire, donc qui a des habitudes
plus intégrées de participation, mais je pense que le
député de Gaspé sera d'accord avec moi pour penser qu'il
faut favoriser de toutes les façons possibles la participation des
parents. Il est vrai et le député de Gaspé est bien
placé pour le savoir que beaucoup de parents ont
démissionné de leur rôle d'éducateurs depuis un
certain nombre d'années et cela est dû à toutes sortes de
courants sociologiques qui traversent la société
nord-américaine et la société québécoise.
Mais je pense qu'il faut savoir lutter contre cette désaffection et je
pense qu'il faut intéresser, trouver le moyen d'intéresser les
parents à la chose scolaire et à l'avenir de leurs enfants.
M. Le Moignan: En parlant d'intégration, en parlant
d'écoles qui devaient être un peu l'image,
le reflet du milieu, hier, on a fait allusion, c'est-à-dire qu'on
a touché le problème des langues secondes, que ce soient les
langues française et anglaise. Je pense à un cas particulier,
c'est-à-dire que je prends un exemple, la Gaspésie, qui peut se
refléter dans les régions éloignées pour nos
anglophones. Vous savez que la clientèle anglophone, chez nous, est
également à la baisse. Je prends l'exemple des écoles de
Barachois, de Douglastown et de Gaspé. Il n'y a qu'un directeur pour ces
trois écoles. On doit transporter les élèves. Avez-vous
des problèmes sérieux, j'entends dans les milieux anglophones
comme chez nous ou dans le comté de Bonaventure peut-être
où, je pense, la clientèle est à la baisse et où
cela cause des problèmes pour l'avenir à cause du ratio de
principal-élèves, etc.?
M. Morin (Sauvé): Oui. Nous avons des problèmes non
seulement dans les milieux anglophones, M. le député, car toutes
les clientèles sont à la baisse, dans l'ensemble du
Québec...
M. Le Moignan: Mais, chez nous, le territoire est vaste.
M. Morin (Sauvé): ... peut-être un petit peu plus
à Montréal qu'ailleurs, et cela a des conséquences
considérables surtout dans les milieux où l'espace est grand
comme chez vous. Mais, tôt ou tard, toutes les régions du
Québec sont touchées par ces problèmes. C'est la raison
pour laquelle, l'an dernier, j'avais mis au point une nouvelle politique sur
non seulement les dernières écoles de quartier à la ville,
mais les petites écoles rurales ou semi-rurales.
Pour ce qui est de votre question précise, relative à la
Gaspésie, peut-être pouvons-nous ajouter quelques
détails.
Ces petites écoles sont maintenues dans le réseau
anglo-catholique et dans le réseau anglo-protestant par des mesures
particulières; celle qui est la plus utilisée, c'est l'ajout
d'enseignants. C'est déjà prévu dans les conventions
collectives.
Nous avons un comité au ministère de l'Education qui
examine ce que nous appelons les cas pénibles, c'est-à-dire les
cas où il faut retrouver un minimum de trois ou quatre enseignants pour
maintenir l'école ouverte et offrir une qualité, mais c'est
déjà prévu. Nous avons un nombre important d'enseignants
d'ajoutés dans les écoles primaires pour pouvoir en permettre le
maintien dans les villages.
M. Le Moignan: Oui, pour des régions
éloignées; je ne voudrais pas me faire propagandiste de
l'idée, mais au primaire, chez nous, je crois que les protestants
fonctionnent de façon autonome et les catholiques aussi. Est-ce que vous
y avez songé puisque, chez nous, le secondaire anglophone, catholique ou
protestant est dans la même polyvalente, à côté des
francophones? Est-ce que, du côté primaire par exemple, vous avez
déjà envisagé la possibilité, un jour, pour la
question du coût des transports, du nombre de professeurs pour des
classes très réduites, 15, 12 ou 20 au maximum parfois, de
fusionner tout ce monde?
M. Morin (Sauvé): Oui, il y a déjà de
nombreux exemples d'ententes entre commissions scolaires. La Loi de
l'instruction publique prévoit des ententes entre commissions scolaires
pour assurer à chaque groupe, les catholiques et les protestants,
d'avoir un service qui corresponde aux valeurs véhiculées dans
chacun des groupes, mais c'est déjà prévu dans la loi. Le
ministère de l'Education encourage ces ententes. Il s'agit là
d'initiatives de commissions scolaires.
M. Le Moignan: J'aurais une dernière question. Je vais
empiéter un petit peu sur le domaine du collégial, puisqu'on a
parlé des bibliothèques à la commission parlementaire des
affaires culturelles. C'est une suggestion qui a déjà
été faite l'an dernier ou il y a deux ans, lors de l'étude
des crédits des Affaires culturelles et peut-être aussi à
l'Education. Nous avons des polyvalentes qui ont des bibliothèques assez
bien montées, surtout dans nos CEGEP. Il y a un problème
très sérieux dans les régions éloignées.
Est-ce qu'un jour, il y a des études qui se feront entre le
ministère des Affaires culturelles, le ministère des Affaires
municipales peut-être et le ministère de l'Education pour donner
accès au public à ces bibliothèques de polyvalentes et de
CEGEP?
M. Morin (Sauvé): M. le député, je dois dire
que vous soulevez là une question importante et qu'en ce qui me
concerne, je favorise, mais vivement, la possibilité pour une commission
scolaire qui possède une bibliothèque, notamment au niveau
secondaire, d'ouvrir ses portes à la population. Dans le passé,
malheureusement, les municipalités qui avaient des bibliothèques
les gardaient pour elles; les écoles en faisaient autant et,
quelquefois, les paroisses qui avaient des bibliothèques, de leur
côté, faisaient preuve d'un certain exclusivisme. Nous favorisons
la mise en commun des services, non seulement d'ailleurs pour les
bibliothèques mais également, là où c'est possible,
pour les équipements sportifs, les plateaux de gymnastique, les
piscines. (10 h 30)
En ce qui concerne les bibliothèques, la chose est en marche.
D'abord, nous avons quelques expériences concluantes. Je pense, par
exemple, à une expérience à laquelle il a
été fait allusion publiquement récemment, qui est dans ma
propre circonscription, soit la bibliothèque de la polyvalente
Henri-Bourassa, qui est à la disposition de toute la population, et je
dois dire que les résultats sont intéressants. Il y a une
fréquentation populaire, pendant la journée, en plus de celle des
étudiants.
Nous pensons que c'est une solution qui devrait s'étendre. Il y a
de nombreuses polyvalentes qui ont des bibliothèques
intéressantes, qui pourraient être ouvertes à la
population. De plus, quand on met ensemble les ressources, les moyens, on
s'aperçoit qu'on peut enrichir une
bibliothèque beaucoup plus rapidement. On s'aperçoit aussi
qu'on peut concerter les efforts de toute la population, des
municipalités, des commissions scolaires, des services de loisirs, des
services de bibliothèque, comme il en existe dans certaines
municipalités, pour desservir beaucoup mieux la clientèle.
En ce moment, il existe un comité interministériel auquel
participent l'Education, les Communications et les Affaires culturelles. Ce
comité est en train d'ébaucher une politique qui nous permettra
de devenir systématiques dans l'organisation de bibliothèques non
seulement polyvalentes, mais utilisées par toute la population.
M. Le Moignan: Justement, parce qu'on parle tellement aujourd'hui
d'éducation des adultes, ces adultes, qui suivent des cours dans les
polyvalentes et dans les CEGEP, pourraient y avoir accès ainsi que le
reste de la population; ce serait là une économie pour la
province à tout point de vue. Cela rendrait...
M. Morin (Sauvé): Non seulement une économie, mais
ça veut dire...
M. Le Moignan: Cela enrichirait...
M. Morin (Sauvé): ... que les services seront meilleurs,
puisqu'on pourra mettre ensemble des fonds venant des municipalités, des
commissions scolaires, des services de loisirs, des communications. Nous
pourrons certainement améliorer de la sorte les services qui sont
offerts à la population et, en définitive, ce qui compte, c'est
la qualité des services.
M. le député, y a-t-il des coins dans votre
circonscription, par exemple, qui pourraient servir d'expérience pilote
dans un domaine comme celui-là?
M. Le Moignan: La ville de Gaspé ne possède pas de
bibliothèque municipale et il y a du monde dans Gaspé.
M. Morin (Sauvé): C'est à peine concevable, mais
c'est vrai de nombreuses municipalités du Québec.
M. Le Moignan: On en parle depuis des années, je leur
avais fait la suggestion, j'ai travaillé à un comité, il y
a quatre ou cinq ans. C'est un petit début, c'est une dame
bénévole. Je pense qu'il y aurait là une belle
expérience, c'est un milieu où il y a beaucoup de professeurs,
d'intellectuels, de professionnels et de gens qui s'abonnent à des clubs
de livres d'en dehors, qui font des échanges de livres, ça leur
coûte de l'argent.
M. Morin (Sauvé): Evidemment, chez vous, il y a la
bibliothèque du CEGEP qui n'est pas mauvaise; on peut même dire
qu'elle est excellente.
M. Le Moignan: C'est une très belle
bibliothèque.
M. Morin (Sauvé): Ce que nous disions des commissions
scolaires et des écoles secondaires il y a un instant, on peut le dire
aussi des CEGEP dans certaines régions. Il n'y a pas de raison que ce ne
soit pas la bibliothèque du CEGEP qui soit ouverte de la sorte. Il
suffit de choisir l'endroit le mieux situé, qui réponde le mieux
aux besoins de la population et de concentrer les efforts là-dessus.
M. Le Moignan: On a déjà fait des démarches
mais, à ce moment-là, c'était impossible à cause
des coûts, à cause du personnel supplémentaire. Selon les
ententes mentionnées il y a quelques instants, le tout pourrait se
concrétiser assez facilement.
M. Morin (Sauvé): Oui. L'une des difficultés, M. le
député, c'est souvent que la municipalité, les loisirs,
tout le monde seraient bien d'accord pour que la bibliothèque du
secondaire ou du collégial s'ouvre, mais ils ne veulent pas contribuer,
ils veulent que la commission scolaire fasse les frais de toute
l'opération ou que le collège fasse de même. Nous pensons
qu'il doit y avoir une contribution de la municipalité, il doit y avoir
une contribution, éventuellement, des loisirs, des communications,
peut-être pas une énorme contribution, mais qui permette d'engager
du personnel supplémentaire aux heures où cette
bibliothèque doit être accessible à la population.
Autrement dit, l'éducation est prête à ouvrir ses
portes, mais qu'on ne nous demande pas d'assumer seuls le fardeau financier.
C'est ce que nous disent les collèges et les commissions scolaires et je
pense qu'ils ont raison.
M. Le Moignan: C'était un peu le sens de ma question. Je
pense qu'il y aurait une belle étude à faire de ce
côté-là pour en arriver à des conclusions, parce que
nos municipalités, surtout celle de Gaspé, une ville monstre qui
affronte d'énormes difficultés financières parce que c'est
trop vaste, c'est trop grand, ont beaucoup plus de casse-tête
matériels qu'intellectuels quoique là, il y a tout de même
un grand désir chez nos élites.
Une dernière question, M. le Président. Si vous n'avez pas
la réponse, vous pourrez peut-être la déposer plus tard. Je
serais intéressé à savoir combien d'élèves
terminent leur secondaire ou quel est le pourcentage d'élèves qui
abandonnent en cours de route et combien d'élèves passent du
secondaire au collégial. Vous avez probablement des statistiques dans ce
sens.
M. Morin (Sauvé): Oui, nous avons...
M. Le Moignan: Et du collégial à
l'université. Ce sont peut-être des questions pour plus tard, mais
vous pourrez peut-être répondre en bloc.
M. Morin (Sauvé): Pour vous donner une réponse
très précise, je pense qu'il faut quand même effectuer
quelques calculs, mais nous avons les taux de passage du secondaire au
collé-
gial. Nous les avons et si vous voulez attendre quelques instants, M. le
député, je vais faire rassembler les chiffres et vous donner une
réponse assez précise. Votre question porte donc sur les taux de
passage et, en second lieu, sur l'abandon scolaire.
M. Le Moignan: Oui.
M. Morin (Sauvé): Je pense que nous avons des chiffres
également sur l'abandon.
M. Le Moignan: En attendant, M. le Président, si vous
voulez passer à un autre intervenant.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
On sait qu'on a un temps restreint, on a beaucoup de questions à
poser, les réponses sont extrêmement longues. On vient d'entendre
un exposé du ministre de l'Education qui nous a été
donné à deux reprises, qui nous a été donné
au ministère des Affaires culturelles la semaine dernière. Si on
veut vraiment passer à plus de questions, il faudra que les
réponses soient un peu raccourcies. Je m'excuse, mais cela n'en finit
plus.
M. Morin (Sauvé): D'un autre côté, il ne
faudrait pas qu'on accuse le ministre de l'Education de ne pas répondre
entièrement et pleinement aux questions. Quand on me pose...
Mme Lavoie-Roux: II répond longuement, mais pas toujours
entièrement.
M. Morin (Sauvé): Quand on me pose une question de la part
d'un député, je tiens pour acquis que c'est une question
intelligente et qu'elle mérite qu'on y réponde pleinement. Je
n'ai pas l'intention de changer d'attitude là-dessus. Si on me pose des
questions complexes, forcément il faut que j'y réponde.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. On continuera la semaine
prochaine.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, dans la foulée des
préoccupations dont nous avons discuté hier concernant
l'autonomie pédagogique des enseignants, j'aimerais savoir quelle est la
politique du ministère face aux chefs de groupe de matières dans
les écoles? Dans les propositions patronales, à la table des
négociations, on constate qu'on maintient la possibilité de
dégager des enseignants, jusqu'à 40% de leur tâche, pour
agir comme chefs de groupe auprès de leurs collègues, mais ces
nominations sont à la discrétion de la direction de
l'école.
Je me pose la question, est-ce qu'il ne serait pas
préférable qu'il y ait plus de chefs de groupe, quitte à
ce qu'ils soient dégagés de façon moins importante de leur
tâche d'enseignement et que ceux-ci soient élus par le corps
professoral. Il me semble que le chef de groupe est essentiellement un
enseignant plutôt qu'un cadre. J'aimerais connaître votre
orientation sur cette question.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais simplement dire d'abord,
pour esquisser la réponse à votre question, je demanderais un
complément d'information par la suite, que la démarche de chef de
groupe n'est pas la seule que nous ayons dans nos écoles. C'est l'une de
celles qui peut être choisie par la commission scolaire, mais il peut y
avoir d'autres démarches. Justement, dans le plan d'action, nous faisons
appel à d'autres démarches pour que les commissions scolaires,
dont les besoins ne sont pas les mêmes les écoles, dont les
besoins ne sont pas les mêmes puissent opter pour des solutions
qui correspondent à leurs besoins.
Je vais essayer maintenant de vous faire donner quelques explications
supplémentaires sur la question. Quand vous regardez le relief des
écoles secondaires, puisque les chefs de groupe étaient
prévus pour les écoles secondaires, nous avons actuellement 50%
des écoles secondaires du Québec qui ont moins de 225
élèves. Il y a un certain nombre d'écoles c'est
très limité, c'est moins de 40 écoles qui ont plus
de 1500 à 2000 élèves. Ce qui veut dire que les
modèles doivent être très diversifiés. Le
modèle collégial ou universitaire avec des chefs de
département, des chefs de groupe et des équipes par discipline,
c'est un modèle qui peut facilement être implanté dans les
plus grands centres, mais lorsque l'on parle des petites ou des moyennes
écoles, on a retrouvé un très grand nombre de types
d'encadrement différents à l'intérieur du Québec.
Cela explique pourquoi, dans l'offre du gouvernement, cette notion de chef de
groupe peut être maintenue, mais faire l'obligation, comme on le faisait
dans le passé, pouvait créer des problèmes dans
l'encadrement et du personnel et des élèves dans les
écoles, puisque plusieurs écoles nous ont recommandé
et des équipes de maîtres d'autres options
plutôt que celle du chef de groupe.
M. Paquette: D'accord, M. le Président, mais j'y vois
quand même un problème. A ce moment-là, le modèle
départemental appliqué au niveau secondaire apparaît comme
l'exception plutôt que la règle, alors qu'à mon avis ce
devrait être l'inverse. Je comprends qu'on puisse faire des exceptions
à la règle générale lorsqu'il y a trop peu
d'élèves dans l'école et que des conditions pratiques
empêchent l'application du principe de la nomination d'un chef de groupe
par les collègues et d'une vie d'équipe départementale.
Pour exprimer cette préoccupation, il me semble qu'on devrait faire de
cette optique départementale la règle plutôt que
l'exception, quitte à s'adapter aux conditions et laisser la
possibilité aux administrations locales de s'adapter aux conditions
locales qui peuvent être difficiles.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que, jusqu'à
maintenant, dans la majorité des écoles secondaires du
Québec, dans les grosses écoles, il y a des
chefs de département. Ils ne sont pas nécessairement
élus, il y a de nombreux endroits où on prévoit une
consultation et d'autres endroits où il y a une forme d'élection
dans certaines écoles, mais ce n'est pas la règle
générale. Cette demande n'a pas été faite
formellement jusqu'à maintenant et on ne l'a pas traitée telle
quelle.
M. Paquette: J'ose espérer qu'on tiendra compte de la
suggestion que je fais. Dans un autre ordre d'idées, dans la
foulée des accords de la baie James et des lois qui ont
été adoptées par l'Assemblée nationale, l'an
dernier, on a créé deux commissions scolaires qui sont, en
principe, sous le contrôle des autochtones, la Commission scolaire Crie
et la Commission scolaire Kativik. J'aimerais savoir quel est le degré
d'autonomie qui sera accordé à ces commissions scolaires; je
pense qu'il y a là un principe extrêmement important...
Mme Lavoie-Roux: ... référendum.
M. Paquette: Je vais peut-être proposer qu'on en tienne un
autre dans le nord. Dans le cadre du principe, je pense qu'on doit
reconnaître une certaine autodétermination des populations
autochtones du nord du Québec. Dans quelle mesure, en termes de
programmes, ces commissions scolaires devront-elles appliquer les programmes
que le ministère est en train de préparer? J'imagine qu'il y a
également une nécessité d'adapter les manuels pour qu'on
ne retrouve pas ce qu'on retrouvait dans les pays francophones d'Afrique,
où les Africains étudiaient des passages où on leur
parlait de leurs ancêtres les Gaulois. Je n'aimerais pas que cela
s'applique au Québec, face aux populations autochtones.
D'autre part, il y a le problème de la langue d'enseignement. La
langue d'enseignement sera-t-elle le français, quelle place fait-on aux
langues et aux cultures autochtones dans ces commissions scolaires, qui
gère les commissions scolaires, comment les commissaires seront-ils
élus, est-ce qu'il y a un régime d'administration
différent? Finalement, est-ce qu'il y a un régime
pédagogique différent? Les conditions qui prévalent dans
le nord sont très différentes de celles qui prévalent dans
le sud.
M. Morin (Sauvé): Les commissions scolaires Crie et
Kativik, à bien des égards, sont en avance sur le sud. C'est
là, par exemple, qu'on voit apparaître d'ores et
déjà des comités de parents aptes à prendre des
décisions, alors que, dans le sud, nous tentons de favoriser la chose et
on n'en est pas encore là. Nous tentons du moins de favoriser la
création de conseils d'orientation dans les écoles auxquels
participeraient les parents.
Donc, le principe auquel se réfère le
député, celui de l'autonomie, inspire depuis le début
toute la démarche gouvernementale, je dois dire d'ailleurs, tant sous
l'ancien gouvernement que sous le nouveau, à l'égard des
autochtones du Nouveau-Québec. Au ministère de l'Education, notre
politi- que est de faire en sorte que ces commissions scolaires
répondent vraiment aux besoins spécifiques des populations du
Grand-Nord. Leurs besoins, comme l'indique le député, ne sont pas
les mêmes, sur le plan pédagogique comme sur bien d'autres plans,
que ceux des populations du sud, les populations au sud du 55e
parallèle. (10 h 45)
Pour ce qui est maintenant des détails, je vais m'enquérir
et vous demander de répondre à la question du
député.
Au ministère de l'Education, nous créons, au cours de
l'exercice financier actuel, un service pédagogique pour répondre
aux besoins des commissions scolaires du nord, et également, aux besoins
particuliers, ou d'adaptation, ou d'examen, de régimes
pédagogiques ou de situations particulières, à
l'intérieur des réserves du Québec. Ce service utilisera
les personnes qui viennent de ces milieux. Nous n'augmenterons pas le nombre de
fonctionnaires, nous utiliserons des services, par locations de services, par
contrats avec la commission scolaire Crie et la commission scolaire Kativik,
plus particulièrement.
Il s'agit d'abord de la formation des maîtres, il s'agit d'adapter
nos règles de certification des enseignants, tant les enseignants dans
les réserves, puisqu'on ouvre des écoles dans les
réserves, que les enseignants des commissions scolaires Crie et Kativik,
et évidemment, il y a toute l'adaptation des programmes d'étude
et du régime pédagogique, des contenus également des
programmes.
Le service est créé, nous avons déjà un
directeur général qui a été nommé, un
coordon-nateur des affaires amérindiennes au ministère de
l'Education, qui collabore évidemment avec le SAGMAI et nous aurons
notre service pédagogique qui sera mis sur pied d'ici le 1er
juillet.
M. Paquette: Au niveau de la langue d'enseignement, j'imagine que
la langue d'enseignement est le français. Quelle place fait-on à
l'enseignement de la langue seconde, et à l'enseignement, surtout, des
langues et des cultures autochtones? Est-ce qu'il y a des choses qui sont
déterminées à ce point de vue?
M. Morin (Sauvé): En ce qui concerne la langue
d'enseignement, la convention prévoit un choix, par les
collectivités locales, ce qui veut dire qu'il y a actuellement des
écoles où on utilise la langue autochtone pour l'enseignement de
certaines disciplines et même pour tout un degré, dans les
premières années du cours primaire, tout
particulièrement.
Mais le contenant, soit le régime pédagogique qui doit
être adapté, et le contenu, soit les programmes, et
évidemment l'ensemble des instruments utilisés, c'est pour cette
raison qu'il faut prévoir non seulement une adaptation, mais aussi des
traductions dans les langues autochtones, pour répondre
véritablement à l' évolution culturelle de ces
autochtones, tant dans les réserves qu'à l'intérieur de
ces deux commissions scolaires.
Puis-je donner un exemple supplémentaire au député?
Lors de la rencontre que nous avons eue entre le gouvernement du Québec
et les communautés indiennes, il y a quelques mois, nous avions pris
l'engagement de les consulter au sujet du contenu des programmes d'histoire.
Voilà une question qui les touche de très près, puisque,
bien sûr, la version des faits qu'on retrouve dans les manuels d'histoire
traditionnels n'est pas, c'est le moins qu'on puisse dire, des plus favorables
aux Amérindiens. Je sais qu'un effort considérable a
déjà été tenté pour rectifier la
perspective. Je pense aux manuels de MM. Lacoursière et Vau-geois, qui
consacrent, au tout début, des chapitres importants à
l'Amérique française, avant la venue des Européens. Mais,
apparemment, ce n'est pas encore suffisant, du point de vue des
Amérindiens et des Inuit, et nous avons pris l'engagement de les
consulter. Nous sommes donc prêts à aller très loin dans
l'adaptation des contenus de programmes aux besoins spécifiques des
Amérindiens.
M. Paquette: M. le Président, une dernière question
dans un autre ordre d'idées encore. Pour ce qui concerne la politique
d'achat gouvernementale, le ministère de l'Education, avec son budget
qui représente le quart du budget québécois, si on inclut
celui des commissions scolaires, possède un pouvoir d'achat
extrêmement important. J'aimerais savoir où on en est rendu pour
ce qui concerne la politique d'achat du gouvernement du Québec quant
à son application non seulement par le ministère, mais par les
commissions scolaires. Les commissions scolaires sont des corporations
indépendantes du ministère. Jusqu'à quel point
seront-elles tenues d'acheter leur fourniture et leurs équipements au
Québec?
D'autre part, pour ce qui concerne le manuel scolaire, est-ce qu'on a au
ministère l'intention de confier, d'orienter la production des manuels
scolaires vers les maisons d'édition québécoises?
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de la politique d'achat,
le ministère de l'Education a participé activement au
comité interministériel qui a été mis sur pied par
le ministère de l'Industrie et du Commerce et des mesures
spécifiques ont été prises dans chacun des trois
réseaux, universitaire, collégial, mais, comme on parle du
primaire-secondaire, c'est sur le primaire-secondaire que l'on va insister et
il n'y a aucune politique coerci-tive qui ait été adoptée.
Par ailleurs, plusieurs réunions ont été tenues et nous
ont permis de constater que les commissions scolaires pratiquaient
déjà sur une large échelle l'achat québécois
et donnaient la priorité aux produits québécois.
On pourra vraisemblablement, dans six ou sept mois, avoir des
statistiques plus précises, mais il y a des démarches
particulières qui ont été faites dans certaines
régions où, au-delà des commissions scolaires, il y a eu
des services mis en commun, commissions scolaires-CEGEP et même
universités.
M. Paquette: Et pour ce qui concerne les manuels scolaires?
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui concerne les manuels
scolaires, la politique d'achat ne s'applique pas, mais nous avons mis au point
une politique d'aide à l'édition, ici au Québec, pour ce
qui est de tous ces nouveaux manuels dont nous voulons disposer pour chaque
matière.
Bien sûr, ces subventions à l'édition, par la force
des choses, vont être dirigées sur des éditeurs d'ici. Nous
n'avons pas envisagé le cas, du moins pas à ma connaissance,
où des éditeurs étrangers viendraient se mettre sur les
rangs. Je ne crois pas que cela se pose dans les faits. Si cela devait se
poser, alors il faudrait sans doute définir nos attitudes à cet
égard.
M. Paquette: Je n'ai pas d'autres questions pour le moment.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je n'avais pas
terminé hier mes questions sur l'enfance en difficulté
d'apprentissage. J'avais convenu de laisser la parole au député
de Gaspé.
J'aimerais demander au ministre quel soutien il va accorder aux
enseignants qui sont actuellement en poste dans les classes
régulières. Hier, in a tenu compte des démarches qui
seront faites pour le pré-scolaire et pour, appelons-le le
post-scolaire, pour les étudiants plus âgés. On a
parlé de coordonnateur au niveau d'une commission de 4000
élèves et moins. On a dit aussi que les universités
seraient averties afin d'introduire cette dimension importante dans les cours
à venir, etc., mais puisqu'il s'agit quand même de procéder
à l'intégration des étudiants ou des élèves,
quelles sont les mesures concrètes qui sont prises auprès des
professeurs en place pour leur donner l'appui dont ils ont besoin? Cette
question, je l'avais hier, mais je voyais ce matin un article dans le Devoir
je ne sais pas si c'était le Devoir où on
s'inquiétait de cette intégration quant aux moyens qui sont mis
à la disposition des professeurs présentement en poste et qui, on
le sait, ont une longue tradition justement d'avoir écarté les
enfants. Je ne voudrais pas les accuser, c'est le système qui
était comme cela, mais, finalement, ils ne les ont pas eus dans leurs
classes, d'une façon générale.
M. Morin (Sauvé): Pour répondre à la
question, j'aimerais distinguer les clientèles. S'il s'agit d'enfants en
difficulté légère d'apprentissage c'est la
première clientèle à réintégrer là
où on l'avait mise de côté les ressources que
l'actuelle convention prévoit pour les services appropriés aux
enfants, et, par conséquent aussi, pour l'aide aux enseignants, ne
devraient évidemment pas disparaître dans la prochaine. C'est une
question de négociation, mais je me fie à la fois à
l'équipe patronale et à l'équipe syndicale pour
sauvegarder ce qui est déjà acquis. Donc, il n'y a pas, à
l'heure actuelle, dans la convention de ratio maître-élèves
pour les difficultés légères d'apprentissage, mais il y
avait une ressource ajoutée qui était un enseignant par tant
d'enseignants au niveau élémentaire pour couvrir cette
clientèle.
Dans la pratique, des commissions scolaires ont commencé. Je
disais l'an dernier qu'il y avait à peu près 25% des enfants, et
surtout des enfants en difficulté légère d'apprentissage,
qui étaient déjà servis par dénombrement flottant.
Ces clientèles ont continué d'être servies de cette
façon, et donc la majorité des commissions scolaires ici,
à quelques exceptions près, ont affecté à l'enfance
en difficulté pour les services d'orthopédagogues dans les
écoles les ressources additionnelles prévues par la convention
collective.
Pour les autres enfants en difficulté grave d'apprentissage ou
pour les enfants handicapés physiques, mentaux ou
mésadaptés socio-affectifs, le ratio actuel permet des ressources
de 1-8, 1-6 ou des ressources ad hoc dans le cas des déficiences
visuelles ou auditives sur autorisation du ministère. Ces ressources
suivent et doivent suivre les enfants quand il y a une intégration,
elles ne doivent pas disparaître dans la nature. Donc, l'école qui
intègre des enfants en difficulté doit pouvoir compter pour les
professeurs qui reçoivent l'enfant dans la classe, comme pour
l'élève lui-même, lorsqu'il a besoin encore de services
particuliers, sur les effectifs enseignants spécialisés qui
auraient été consacrés exclusivement à cette
clientèle si la clientèle était dans des classes
spéciales, d'une part.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): A l'heure actuelle, il n'y a pas dans le
plan de provisions additionnelles, au niveau des effectifs enseignants
spécialisés pour l'aide à l'enseignant ou pour l'aide
à l'enfant. La politique fait explicitement référence
à l'utilisation de la technique du dénombrement flottant qui est
exactement ce que je viens d'expliquer.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec vous qu'un certain nombre
de professeurs qui sont présentement affectés à des
groupes de huit ou de douze pourront suivre les étudiants. J'ai deux
questions précises. D'une part, les enfants ne seront pas prêts
à être intégrés tous en même temps.
M. Morin (Sauvé): C'est clair.
Mme Lavoie-Roux: Deuxièmement, ils ne seront pas tous
intégrés au même niveau.
M. Morin (Sauvé): C'est clair aussi.
Mme Lavoie-Roux: Votre professeur, ce n'est pas donnant donnant.
Ce n'est pas un échange, comme, par exemple, on prend huit enfants pour
les intégrer dans la classe de troisième année...
M. Morin (Sauvé): II ne faudrait surtout pas faire
cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est justement. Il reste qu'il va y avoir un
manque de ressources de toute évidence...
M. Morin (Sauvé): Non.
Mme Lavoie-Roux:... parce que votre professeur qui, probablement,
devra continuer de s'occuper d'autres enfants qui ne seront pas
immédiatement prêts à l'intégration pourra
peut-être à l'occasion donner de l'appui au professeur qui
reçoit un ou deux élèves qui ont été
réintégrés, mais je ne crois pas qu'on ait là les
instruments suffisants pour donner aux enseignants réguliers, des
classes régulières, l'aide dont ils ont besoin pour vraiment
réussir cette intégration.
M. Morin (Sauvé): II faut bien s'entendre. La politique
dit bien qu'il faut planifier l'intégration. La commission a la
responsabilité d'analyser le niveau où elle en est dans son
effort d'intégration. Dans certaines commissions scolaires, c'est
déjà fort avancé, ailleurs, ce n'est même pas
commencé. Elle doit aussi analyser l'utilisation des ressources rendues
disponibles par le fait de la disparition d'une classe spéciale. Vous me
dites que tous les enfants ne peuvent pas être intégrés en
même temps, je l'espère, parce que cela signifie que, lorsqu'on
l'intègre, on a fait d'abord une analyse de l'enfant...
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela que je l'ai dit, d'ailleurs.
(11 heures)
M. Morin (Sauvé): ... et si, par exemple, sur vingt-quatre
enfants, vous en avez huit qui sont prêts pour l'intégration,
c'est le professeur qui a été affecté à ces huit
enfants comme spécialiste qui devrait aider les quatre ou cinq ou six ou
huit professeurs qui reçoivent ces enfants prêts pour
l'intégration. S'ils ne sont pas prêts, il ne faut pas
intégrer do façon sauvage.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais votre professeur
spécialisé, vous lui demandez de faire deux tâches.
M. Morin (Sauvé): Non.
Mme Lavoie-Roux: Vous lui demandez de continuer de s'occuper de
ces quatre qui sont en classe...
M. Morin (Sauvé): Non. Mme Lavoie-Roux: Non?
M. Morin (Sauvé): Non, le professeur
spécialisé, ou il va être titulaire d'une classe
spéciale...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... certains d'entre eux vont rester
titulaires de classes spéciales...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé):... d'autres vont devenir des ressources,
je dirais, volantes, ou des ressources...
Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Morin (Sauvé): ... surtout auprès des
enseignants qui reçoivent de tels enfants, accidentellement, pour des
cours de récupération, mais qui ne devront pas comporter un
honoraire couvrant la semaine entière, ce qui suppose aussi qu'on puisse
regrouper les enfants pour de tels services.
Mme Lavoie-Roux: Ma question précise est la suivante:
Pouvez-vous nous dire si, à ce moment-ci, les classes
régulières ont les ressources nécessaires pour que cette
intégration puisse se faire? Parce que, comme le disait le
député de Gaspé tout à l'heure, je veux bien
protéger tout le monde, mais c'est d'abord l'enfant qu'il faut
protéger, pour assurer que, dans cette transition je ne parle pas
d'un ou de deux enfants, mais dans tout ce programme d'intégration
a-t-on actuellement, à l'intérieur des classes
régulières, les ressources dont les professeurs ont besoin pour
réunir cette intégration.
M. Morin (Sauvé): II y plusieurs ressources dont les
professeurs ont besoin. Je ne suis pas capable de vous affirmer qu'à
l'heure actuelle, aujourd'hui, toutes les écoles de tout le
Québec ont les ressources nécessaires, parce que tout
dépend de la façon que la commission scolaire utilise les
ressources que la convention des enseignants lui apporte et cette utilisation
est fort variable d'un milieu à l'autre.
Si on planifie vraiment cette intégration... Là encore une
fois, je ne parle vraiment que des troubles légers d'apprentissage.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon!
M. Morin (Sauvé): Mais j'ai dit que je divisais. Parce
qu'on ne peut vraiment pas parler de la même façon.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça. Quand vous parlez des troubles
légers...
M. Morin (Sauvé): Bon, d'accord.
Mme Lavoie-Roux: ... d'abord, il y a déjà le
dénombrement flottant qui est existant...
M. Morin (Sauvé): C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: ... c'est presque déjà une
pratique qui est là depuis quelques années.
M. Morin (Sauvé): C'est ça. C'est pour ça
que je veux distinguer.
Mme Lavoie-Roux: Mais...
M. Morin (Sauvé): Alors, si vous...
Mme Lavoie-Roux: ... moi, je vous parle de l'ensemble des
enfants.
M. Morin (Sauvé): D'accord. Pour la première
partie, je pense que la réponse suffit.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Morin (Sauvé): Maintenant, quand il s'agit de troubles
graves d'apprentissage, de troubles graves du comportement, de handicaps
physiques ou mentaux qui rendent vraiment difficile l'intégration, la
première question à se poser, c'est: Pour l'enfant, est-ce qu'il
vaut mieux garder la ressource spéciale en milieu spécial ou si
cet enfant est prêt à s'intégrer dans une classe?
Là, les ressources particulières dont on a besoin varient avec le
handicap.
Parler d'intégrer un handicapé physique qui n'a aucun
problème intellectuel dans une école ordinaire et dans une classe
ordinaire, ça ne pose habituellement aucun problème au professeur
qui le reçoit si son développement scolaire est régulier,
mais ça peut poser à l'école des problèmes
d'escalier ou d'ascenseur; ça peut poser des problèmes de
moniteurs ou de transport, mais ça ne pose pas de problème au
niveau des enseignants. C'est pourquoi j'ai fait la distinction.
Il y a donc des handicaps qui ne demandent pas véritablement
d'adaptation de la part de l'enseignant, sauf d'une aide autre... Cela peut
être du personnel de soutien, du personnel de support, et si je parle de
mésadaptation socio-affective, du personnel vraiment
spécialisé en comportement. Ces personnels, actuellement, ne sont
acquis que par les budgets de l'enveloppe 2 dont vous parliez hier.
Il est évident qu'au fur et à mesure que l'on va planifier
l'intégration et les projets pilotes sont, en particulier, pour
cela aussi il va falloir identifier, pour chaque type de
clientèle, les ressources minimales dont une école a besoin pour
faire l'intégration. Mais là, on parle d'un autre type de
personnel et, à l'heure actuelle, les écoles qui ont fait ces
intégrations, particulièrement à l'intérieur
d'ententes entre établissements du ministère des Affaires
sociales et commissions scolaires, ont reçu, du ministère des
Affaires sociales ou du ministère de l'Education, des ressources
additionnelles spécifiques accordées par la voie de ce qu'on a
appelé le comité opérationnel qui étudie toute
demande au mérite et qui a accordé des postes, aussi bien de
psycho-éducateurs que de moniteurs, d'aides ou de spécialistes de
la réadaptation dans certains cas.
Chaque cas est vraiment différent. C'est pourquoi il est
difficile, à l'heure actuelle, de donner vraiment une règle
générale. Les deux années d'expérimentation ont
précisément, pour un de leurs objectifs, de définir quels
sont les services minimaux dont une école a besoin pour
intégrer
tel ou tel type d'enfant en difficulté, excluant les
difficultés légères d'apprentissage.
Mme Lavoie-Roux: A ce moment-ci, sauf pour les cas de
difficultés d'apprentissage mineures, c'est à titre
d'expérimentation, sur deux ans, pour la progression.
M. Morin (Sauvé): Oui. Le ministère reçoit,
indépendamment des projets pilotes, ou peut recevoir des demandes
spéciales et on en reçoit tous les jours. Par exemple, à
l'élémentaire, je pense à un cas, sur la rive sud
où on a demandé un budget additionnel pour assurer une aide pour
pouvoir intégrer un handicapé physique qui n'avait pas d'autre
problème que son handicap physique. Il y a un budget spécifique
au ministère, rattaché au comité opérationnel qui
permet de faire face aux demandes de personnel additionnel.
Mme Lavoie-Roux: Même pour la prochaine convention
collective, vous ne pouvez pas dire, à ce moment-ci, ce qui devrait
être prévu pour vraiment répondre aux besoins des
enseignants qui, peut-être là, on a déjà une
année ou deux devront vivre la convention, à moins que la
convention ne soit que pour deux ans. Est-ce qu'on prévoit des choses
dans la prochaine convention collective?
M. Morin (Sauvé): La convention va sûrement
prévoir, si j'en juge par les offres, une tâche maximale pour les
enseignants, d'une part, mais elle ne peut pas prévoir une ressource
autre que des enseignants dans une convention collective d'enseignants. Je
pense que la réponse doit être dans nos plans spécifiques
que nous sommes à mettre...
Mme Lavoie-Roux: Où en êtes-vous dans le
comité d'étude du MAS et du MEQ quant au processus
d'intégration de ces enfants?
M. Morin (Sauvé): Vous parlez...
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous donner un exemple concret, mais je
vous le donne sous toute réserve. Il semble qu'il y aurait
peut-être une pression assez forte de certaines institutions du MAS pour
accélérer ce processus d'intégration; je comprends leur
motivation, jusqu'à un certain point. Est-ce qu'il y a des institutions
qui, à ce moment-ci, prévoient une intégration presque
totale de leurs enfants aux classes régulières?
M. Morin (Sauvé): Je comprends mal votre question. Les
ententes entre le MAS et le MEQ touchent des enfants qui sont dans des centres
d'accueil. A l'heure actuelle, tous les centres d'accueil sont couverts par une
entente entre le ministère de l'Education et le ministère des
Affaires sociales, la commission et l'établissement.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas des centres d'accueil qui ont
été fermés suite à cette politique?
M. Morin (Sauvé): Absolument pas.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Il ne faut pas entrer dans
une...
M. Morin (Sauvé): II y a des centres d'accueil qui ont
changé de clientèle, mais cela ne dépendait pas des
ententes et nous avons essayé de nous ajuster.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas entrer dans une foule de
détails parce qu'on ne s'en sortira pas. Une dernière question
touchant ce domaine. L'école Joseph-Charbonneau doit ouvrir en
septembre; j'ai toujours eu un certain faible pour l'école
Joseph-Charbonneau.
M. Morin (Sauvé): Je vous comprends, moi aussi.
Mme Lavoie-Roux: Est-il exact que le personnel d'encadrement qui
doit être prévu et qui relève du budget du ministère
des Affaires sociales, un budget de $500 000 n'aurait pas été
prévu. Est-ce qu'il y a un fondement à ça ou non?
M. Morin (Sauvé): Au niveau des handicapés
physiques, pour toute école pour handicapés physiques, c'est vrai
non seulement de Joseph-Charbonneau mais aussi de Victor-Doré. Vous
savez fort bien qu'à l'heure actuelle, c'est encore le ministère
de l'Education qui subventionne même les services de santé et les
services sociaux à Victor Doré...
Mme Lavoie-Roux: Bon! Alors, les avez-vous vos $500 000 au
budget?
M. Morin (Sauvé): Bon! Je veux simplement dire...
Mme Lavoie-Roux: Ce sera plus simple.
M. Morin (Sauvé): ... que nous avons agi comme
ministère vis-à-vis de l'école Victor-Doré parce
que c'était un cas historique, nous avons continué d'assumer cela
jusqu'à ce que le ministère des Affaires sociales
l'intègre à son budget. Je pense bien que cette année,
comme l'année prochaine, selon les dispositions budgétaires, le
ministère va continuer ou ne continuera pas, selon que ça
été prévu ou non au budget des Affaires sociales. Je ne
pourrais pas répondre.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous autres, vous les avez les $500 000
à votre budget si le MAS ne les a pas prévus.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que l'an
passé nous avons compensé, même si nous avions prévu
une intégration. Cette année, nous verrons selon le budget
adopté par le ministère des Affaires sociales, s'il ne les a pas,
nous continuerons à compenser, c'est ce que nous faisons depuis trois
ans, au moins.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez les $500 000, d'accord. Est-ce que
j'ai encore quelques minutes?
Le Président (M. Marcoux): Encore cinq minutes et,
ensuite, ce sera le député de Pointe-Claire.
M. Le Moignan: Sur le même sujet...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ça fait
deux rondes complètes sur le premier programme 4, nous avons eu hier une
ronde de tout le monde sur le premier programme. Ce matin, c'est vraiment du
temps supplémentaire que nous prenons sur ce programme.
Le Président (M. Marcoux): Oui, mais, au sens strict, on
peut interpréter que chaque député aurait droit à
20 minutes par élément de programme. Alors, comme vous traitez du
programme dans son ensemble, encore cinq minutes à Mme le
député de L'Acadie, ensuite, M. le député...
Mme Lavoie-Roux: Le député de Gaspé avait
une question supplémentaire.
M. Le Moignan: Une question supplémentaire très
courte sur le même sujet.
Le Président (M. Marcoux): Oui, M. le député
de Gaspé.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on perd moins de temps quand
on...
M. Le Moignan: Je voudrais demander à Mme Baron ou au
ministre: Puisque, la plupart du temps, les enfants qui ont de la
difficulté d'apprentissage vont trouver la cause de leur comportement
soit dans la cellule familiale ou, encore, dans le milieu social
inadéquat, je voudrais savoir quelle relation existe entre le milieu
scolaire et le milieu "problème"?
M. Morin (Sauvé): Dans tous les problèmes qui
touchent la famille, c'est le ministère des Affaires sociales qui a la
responsabilité d'apporter la ressource, il y a des CLSC pour ça,
il y a des services sociaux. De toute façon, les commissions scolaires
ne peuvent pas engager de personnel des services sociaux, pas plus que le
personnel de santé, c'est la responsabilité du MAS. Il doit y
avoir une collaboration entre l'école et la famille, mais si le
problème est vraiment familial, l'école n'est pas
habilitée, ce n'est pas son mandat d'aller régler le
problème familial. Elle s'efforce d'en tenir compte dans les services
qu'elle donne.
M. Le Moignan: Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: M. le Président...
M. Alfred: Sur le même sujet...
Le Président (M. Marcoux): Après le
député de Pointe-Claire, vous avez plusieurs sujets, M. le
député...
M. Alfred: Non, c'est sur le même sujet.
Le Président (M. Marcoux): Vous avez un seul sujet?
Tantôt vous m'avez demandé la parole aussi.
M. Alfred: Non, je laisse tomber.
Le Président (M. Marcoux): Vous laissez tomber. Sur le
même sujet, M. le député de Papineau.
M. Alfred: Oui, le problème posé par Mme le
député de L'Acadie est tellement important que je demande: Est-ce
qu'on a prévu des fonds disponibles pour la formation permanente des
professeurs qui auront à recevoir ces élèves à
intégrer? D'une part, cette intégration, toute louable qu'elle
soit, va supposer, bien sûr, qu'on doive préparer les professeurs
à recevoir l'élève à être
intégré et, d'autre part, à mettre des soutiens permanents
pour ce professeur-là qui doit surveiller cette intégration.
Est-ce qu'on prévoit un plan de formation permanente, de stages pour ces
professeurs, pour le soutien? Je pense que cette question, posée par
madame, est très importante.
M. Morin (Sauvé): Je pense que la réponse à
cette question a déjà été donnée hier, pas
par moi, mais je la répète. Il y a d'abord un changement dans les
programmes des universités pour la formation ou le perfectionnement des
maîtres, de sorte que ceux qui désirent améliorer leur
compétence pourront choisir ces cours plutôt que d'autres, d'une
part. Deuxièmement, il ne faudrait pas non plus faire une montagne de la
question de l'intégration. (11 h 15)
Encore une fois, distinguons. Les troubles légers
d'apprentissage, vous êtes un enseignant, je vous l'ai indiqué
hier, je suis sûr que vous avez vu dans vos classes, comme j'en ai vu
dans les miennes, des enfants en difficulté légère
d'apprentissage. Si on répond immédiatement à leur
difficulté, on n'attendra pas qu'ils aient deux ans de retard scolaire,
ce qui était la définition minimale pour un trouble léger
d'apprentissage. Il faut instrumenter. Nos programmes seront plus
précis, ça suppose que les manuels devront aussi prévoir
des exercices correctifs, devront prévoir de l'enrichissement, mais
aussi de la rééducation.
L'école devrait avoir, par les ressources prévues pour
cela, même dans la dernière convention, des
orthopédagogues. Elle devra avoir des orthopédagogues,
c'est-à-dire un personnel spécialisé en troubles
d'apprentissage. L'enseignant devrait normalement développer son
expertise là-dedans, d'autant plus qu'il n'y aura plus trois voies, donc
les enseignants devront faire face à de nouveaux défis, pour
lesquels il faut les aider, mais je doute qu'il faille les obliger à
retourner encore une fois à l'université.
Personnellement, ce n'est pas la proposition que je faisais.
M. Alfred: Ma question, ce n'est pas de les faire retourner
à l'université, mais de prévoir des stages de formation
pour les sensibiliser à ce problème.
M. Morin (Sauvé): D'accord. Ce que nous avons
indiqué dans les plans, c'est pourquoi d'ailleurs nous avons remis
à la commission scolaire la responsabilité de préparer
cette intégration, c'est qu'il y a déjà des sommes
considérables pour le recyclage et le perfectionnement des maîtres
qui pourraient fort bien être utilisées pour ces stages de
préparation à l'intégration des clientèles en
difficulté. D'autre part, il faut aussi prévoir des interventions
ad hoc et une aide ad hoc auprès d'enseignants qui seraient
appelés, par exemple, à intégrer un déficient
visuel instrumenté évidemment, ou un déficient auditif.
Là, c'est vraiment un professeur en particulier qu'il faut
préparer et ça devra se faire, par les équipes qui sont
déjà en place au ministère des Affaires sociales, je
pense, par exemple, au Centre de réadaptation des handicapés
visuels et bientôt, dans les centres de réadaptation des
handicapés auditifs, dont l'un des mandats est précisément
d'aider le milieu familial et le milieu scolaire à faire face à
cette intégration.
M. Alfred: Je vous remercie. M. Shaw: Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Un instant, j'avais dit, avant
de céder la parole au député de Gaspé, que si Mme
le député de L'Acadie voulait continuer pour cinq minutes...
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je voudrais aborder le problème
de l'encadrement. Je pense qu'il faut dénoncer le fait que tout ce qu'on
prévoit pour l'encadrement, dont pourtant on fait beaucoup état,
dont le ministre a souvent fait état dans ses déclarations, dans
les questions dans le livre vert, dans le plan d'action, etc. c'est $1 100 000.
On sait que, partout, le problème de fonctionnement et d'humanisation
des écoles, non seulement les polyvalentes, mais même les
écoles secondaires ordinaires, est relié à la question du
développement de cette relation enfants-professeurs ou de cet
encadrement de l'école.
Je pense que je ne saurais assez dire combien la somme qui est
prévue, soit $1 100 000, pour 35 personnes aux directions
d'écoles, pour faire de l'encadrement, est une somme nettement ridicule
et insuffisante. On aura beau parler de décrocheurs,
d'absentéisme, de se faire tous les plus beaux discours qu'on voudra,
tant et aussi longtemps que c'est avec cette parcimonie qu'on essaiera de
répondre au problème d'encadrement des étudiants, je pense
que c'est vraiment se payer des mots. Le ministre va dire qu'il y a eu des
expériences d'encadrement, mais, cette fois, ces expériences sont
dues à l'ancienne convention collective qui a été
signée, sous l'ancien gouvernement, M. le ministre, comme d'ailleurs le
programme pour les petites écoles est aussi le résultat de SOPEP
qui est de l'ancien gouvernement c'est le temps qu'on vous le dise,
parce que selon vous il ne s'est rien passé avant 1976 mais vous
êtes au pouvoir, vous nous parlez d'encadrement, tout ce que vous
trouvez, c'est $1 100 000 pour 35 directeurs ou adjoints, appelez-les comme
vous voudrez, pour encadrer les élèves.
Je voudrais également dénoncer le fait qu'encore une fois,
le gouvernement qui dit: On veut décentraliser, on veut donner des
responsabilités aux commissions scolaires, envoie une directive: II faut
que ça s'applique à tel type d'école. Laissez donc les
commissions scolaires décider là où l'école
présente le plus grand problème et où, même avec ce
nombre extrêmement restreint de personnes, cette personne devrait
travailler. Mais c'est encore à l'intérieur de normes
définies par le ministère et à partir de directives que ce
petit nombre de personnes supplémentaires va être mis à la
disposition des commissions scolaires.
Je voudrais savoir quels sont les plans réels du gouvernement
touchant l'encadrement. Hier, quand le ministre m'a répondu et m'a
laissé entendre qu'il ne s'était rien passé avant 1976, la
seule chose, a-t-il dit, qui avait été faite par le gouvernement
actuel et sur laquelle il a mis le plus d'insistance ce n'est pas la
seule chose, puisque j'en ai mentionné d'autres cela a
été son programme de français, pour lequel je le
félicite. Je ne l'ai pas regardé, mais je le félicite.
Et sur toutes les autres choses, on nous dit: Nous sommes sur le point
de, nous sommes sur le point de, nous sommes sur le point de. On vous demande,
depuis des années, on l'a demandé à l'ancien gouvernement,
il a essayé d'y répondre par la convention collective, et cela se
révèle insuffisant. Il faut des ajouts d'encadrement et tout ce
qu'on trouve comme réponse, c'est $1 100 000, pour toutes les
écoles de la province.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous ne sommes
pas sur le point de. Nous avons effectivement mis plus de $1 million pour
solutionner ce problème. Le député de L'Acadie aura beau
dire que c'est insuffisant...
Mme Lavoie-Roux: C'est évident.
M. Morin (Sauvé): ... il faut commencer quelque part.
C'est vrai que les besoins sont plus considérables, je le reconnais
volontiers. C'est vrai que les demandes qui nous parviennent sont
considérables. Cette année, compte tenu de toutes les
priorités que nous avons mises de l'avant, nous avons
dégagé cette somme, qui demeure importante, pour répondre
aux besoins de plus grosses écoles, celles-là qui posent le plus
de problèmes au point de vue de l'encadrement, au niveau de la direction
notamment.
C'est un début, c'est un début important. Bien sûr,
dès les années qui viennent, nous allons élargir la
possibilité financière d'assurer cet encadrement. De plus, ce que
Mme le député ne mentionne pas, mais qui est bien clair dans le
plan d'action, c'est qu'encadrement se réfère non seulement
à la direction... On pense toujours à la
direction quand on est dans une commission scolaire, bien sûr, et
je reconnais là les antécédents de Mme le
député...
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai mentionné, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Mais il y a également la question
des titulaires, qu'on doit mentionner...
Mme Lavoie-Roux: Mais elle n'est pas là.
M. Morin (Sauvé): ... qui, dans son esprit, est
très importante.
Mme Lavoie-Roux: Elle est sur le point de.
M. Morin (Sauvé): Non, elle n'est pas sur le point de.
Dans la convention collective qui va être négociée, dont on
a commencé la négociation, il en est question.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une réalité.
M. Morin (Sauvé): Et il y aura, dès septembre
prochain, dans plusieurs commissions scolaires parce que nous laissons
un peu de souplesse, nous laissons aussi les commissions scolaires
décider ce qui leur convient le mieux il y aura, dès
septembre prochain, la possibilité de nommer des titulaires au premier
cycle du secondaire. Ce n'est pas sur le point d'être fait, cela se fait.
Cela va se négocier.
Mme Lavoie-Roux: Mais ce n'est pas l'année qui vient, M.
le ministre.
M. Morin (Sauvé): Bien oui! Mme Lavoie-Roux: En
septembre? M. Morin (Sauvé): En septembre.
Mme Lavoie-Roux: Si la convention est signée.
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, il vaudrait mieux
qu'elle soit signée.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous nous dites qu'elle sera
signée pour septembre 1979.
M. Morin (Sauvé): Un instant. Nous avons des fonds qui,
sans doute, vont nous permettre déjà, que la convention soit
signée ou non, de faire un pas dans cette direction. Si la convention
est signée, ce sera d'autant plus facile. Si l'ancien gouvernement avait
fait des efforts remarquables dans ce domaine, j'admettrais plus volontiers
qu'il nous critique pour ce que nous tentons de faire. Mais comme cela n'a pas
été le cas, qu'on nous laisse faire proprement notre travail et
qu'on n'essaie pas de nous bousculer.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement. Quand on met 35 professeurs, dans toutes les écoles de
la province, faire l'encadrement, comme effort supplémentaire du
gouverne- ment, qu'on ne vienne pas le mettre en opposition avec les efforts
d'encadrement qui ont été faits à la dernière
convention et qui se révèlent insuffisants. Là-dessus, je
suis d'accord avec le ministre. Et je n'accepterai plus que le ministre
déforme les faits.
M. Morin (Sauvé): Je pense que, de part et d'autre...
Mme Lavoie-Roux: De part et d'autre...
M. Morin (Sauvé): ... il y a probablement des malentendus.
Chacun, bien sûr, voit davantage ce qu'il a fait, plutôt que ce que
les autres ont fait.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas moi qui l'ai fait, je n'y
étais pas.
M. Morin (Sauvé): Je veux dire ceci, M. le
Président: Le gouvernement tente de faire quelque chose, enfin, pour
résoudre ces problèmes d'encadrement, tant pour ce qui est des
directions que pour ce qui est du titulaire. Je ne sache pas qu'il ait
été question, sous l'ancien gouvernement par exemple, de revenir
au titulariat pour le premier cycle du secondaire. C'est une conclusion de la
consultation qui a fait suite au livre vert.
Mme Lavoie-Roux: Et au rapport POLY, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): C'est vrai qu'il en a été
question dans le rapport POLY...
Mme Lavoie-Roux:C'était sous l'ancien gouvernement.
M. Morin (Sauvé):... mais je ne sache pas qu'on ait fait
beaucoup pour mettre en oeuvre le rapport POLY et, notamment, ces
aspect-là.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez pris le pouvoir, faites quelque
chose.
M. Morin (Sauvé): C'est ce que nous faisons.
Mme Lavoie-Roux: Que cela se concrétise, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je viens
d'expliquer que c'est à se concrétiser à ce moment
même.
Mme Lavoie-Roux: Sur le point, d'accord. On y reviendra l'an
prochain.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci finalement, M. le Président. Je veux poser
une question au ministre sur le contenu du bill 96 qui est sur la liste de
projets de loi prévus pour la dernière session. Nous avons dans
le budget constaté que le 1er janvier 1980 tous les fonds pour
l'éducation viendront du ministère de l'Education.
Comment prévoyez-vous introduire un projet de loi qui va enlever
le droit de taxer la population aux commissions scolaires, sauf en
présentant à l'Assemblée nationale un projet de loi avec
les articles 9 et 10 qui étaient dans l'ancienne loi pour effectuer ce
changement?
M. Morin (Sauvé): Un premier point, M. le
député si vous le voulez bien. Le gouvernement ne retire pas
entièrement aux commissions scolaires leur pouvoir de taxation, ce qu'il
a fait, il a transféré aux municipalités l'impôt
foncier normalisé. Nous sommes en ce moment à discuter avec la
Fédération des commissions scolaires catholiques et avec le
Protestant School Board sous la présidence de Mme Miller et de M.
Paquet, les modalités du maintien en faveur des commissions scolaires et
des "school boards " du pouvoir de taxer la propriété
foncière pour des fins non subventionnées avec un plafond
cependant, parce qu'on ne voudrait pas que ce pouvoir de taxation soit
illimité.
Lorsque j'aurai reçu le rapport qui doit me parvenir incessamment
du comité mixte ministère-commissions scolaires, je pourrai
peut-être vous communiquer le résultat, ce sur quoi nous avons pu
nous mettre d'accord. C'est un premier point.
Le second point, c'est qu'il n'est pas besoin de loi pour modifier le
quantum du pouvoir de taxation des commissions scolaires. Cela se fait
simplement par le jeu des règles budgétaires et il a suffi que le
ministre des Finances énonce sa volonté pour que la
décision soit prise et applicable. La décision est donc prise,
elle est applicable. Le 1er janvier 1980 constitue la date charnière.
Après cela, le ministère devra compenser les commissions
scolaires pour l'impôt foncier normalisé transféré
aux municipalités, mais, comme je vous le disais, les commissions
scolaires vont garder un certain pouvoir de taxation foncière.
M. Shaw: Vous dites qu'elles vont garder... Premièrement,
vous êtes un avocat vous-même et un spécialiste du droit
constitutionnel. Vous savez fort bien que les commissions scolaires et les
commissaires d'écoles ont certains pouvoirs dans le domaine de taxation
depuis 1867. Comment prévoyez-vous enlever ce droit sans un jugement de
la Cour suprême pour vous donner ce droit?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, la question m'a
été posée lors de la rencontre Québec-commissions
scolaires. Est-ce qu'il existe des garanties constitutionnelles qui
permettraient aux commissions scolaires de garder à
perpétuité leur pouvoir de taxation tel qu'il existe en ce
moment? Je ferai remarquer au député que s'il existait une telle
garantie constitutionnelle, l'Etat ne financerait pas à I 'heure
actuelle 85% des dépenses des commissions scolaires. Elles devraient
aujourd'hui financer pleinement les activités scolaires. Ce n'est pas
$585 millions qu'elles iraient chercher, ce serait littéralement des
milliards pour financer l'éducation au Québec. La garantie
constitutionnelle n'a jamais porté sur le quantum, sur le niveau de
taxation. C'est la raison pour laquelle le gouvernement du Québec
finance déjà environ 85% des activités des commissions
scolaires. (11 h 30)
M. Shaw: C'est depuis 1964 seulement.
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr.
M. Shaw: C'est une modification à la loi, par le projet de
loi 71, de 1964, et cela n'a jamais été testé dans les
cours. Maintenant, on est dans une situation différente.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Shaw: Les commissions scolaires craignent que ce soit le
dernier coup à leur autonomie.
M. Morin (Sauvé): M. le député...
M. Shaw: S'il vous plaît, M. le ministre, je veux vous
donner...
M. Morin (Sauvé): Je vous en prie. Je n'avais pas
terminé mon explication, mais je veux bien que vous posiez une question
supplémentaire. Je compléterai ensuite mon explication sur
l'aspect constitutionnel, parce que je n'avais pas terminé.
M. Shaw: Je peux retenir cette question si vous devez
présenter bientôt un projet de loi pour expliquer la position du
ministère de l'Education dans ce domaine. Est-ce que vous
prévoyez présenter un projet de loi comme le 96 ou est-ce que
vous allez procéder seulement par l'action du ministère du Revenu
ou des Finances dans ce domaine?
M. Morin (Sauvé): C'est le ministre des Finances qui a
annoncé la décision récemment. Sa décision est
prise. Pour autant que nous sommes concernés à l'Education, elle
est irrévocable. D'ailleurs, pour avoir fréquenté
récemment les fédérations de commissions scolaires, je
crois qu'on se rend compte maintenant que cette décision correspond
à des impératifs de réforme fiscale et que c'est
nécessaire. Cependant, je ne ferai pas une équation entre
l'autonomie des commissions scolaires et l'autonomie fiscale. Prenons par
exemple l'institution bien connue au Québec que sont nos
universités. Elles n'ont aucun pouvoir fiscal. Elles ne peuvent pas
taxer pour un sou, et, pourtant, elles sont passablement plus autonomes, si
vous me le demandez, que nos commissions scolaires. On devrait même viser
à augmenter l'autonomie de nos commissions scolaires,
particulièrement dans le domaine de la gestion, pour se rapprocher
peut-être du modèle, sans aller jusque là, puisqu'au niveau
universitaire, les traditions d'autonomie sont plus anciennes et sont plus
accentuées aussi. Autrement dit, il ne faut pas confondre
fiscalité et autonomie de gestion. Ce vers quoi nous tendons, c'est une
plus grande autonomie de gestion des deniers qui seront à la
portée, qui seront au service des
commissions scolaires. C'est dans cette direction que le gouvernement se
dirige, que le gouvernement entend aller.
Revenons à la question constitutionnelle. Comment se fait-il que
les commissions scolaires et les "school boards" n'aient pas contesté
devant les tribunaux la loi de 1964? La réponse est très simple,
M. le député. Elle se trouve dans les avis que les juristes, les
avocats ont donnés aux commissions scolaires et aux "school boards",
à savoir que la garantie ne s'applique qu'aux écoles dissidentes.
Il en reste six au Québec. Ce n'est donc pas une bien grosse garantie
constitutionnelle. Comme cela ne s'applique, de surcroît, qu'au quantum,
on ne peut pas parler véritablement de garantie constitutionnelle. Si le
gouvernement avait aboli totalement l'impôt foncier au profit des
commissions scolaires, on pourrait peut-être penser qu'il y aurait
là une question à porter devant les tribunaux, mais alors, il n'y
aurait que ces six écoles dissidentes qui pourraient l'invoquer, parce
que c'est au bénéfice des écoles, et non pas des
commissions scolaires, que ces garanties existent.
M. Shaw: On peut continuer sur cela. C'est un jugement de votre
part.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais sérieusement
appuyé par l'opinion des experts.
M. Shaw: Continuons dans la même veine, parce qu'on dit que
maintenant, seulement 50% des montants qu'on va chercher par la taxe
foncière, vont être versés aux commissions scolaires.
Est-ce que c'est vrai ou pas?
M. Morin (Sauvé): Oui, puisque c'est seulement pour la
moitié de l'année.
M. Shaw: C'est seulement pour la moitié de
l'année.
M. Morin (Sauvé): Oui, entendons-nous, l'année
financière, puisque vous l'avez mentionné vous-même
le point tournant, c'est le 1er janvier 1980, ce qui est le milieu de
l'année financière. Donc, proportionnellement, le ministre des
Finances a décidé de verser la moitié de la somme.
M. Shaw: La moitié?
M. Morin (Sauvé): C'est normal, puisque cette
réforme n'entre en vigueur qu'à ce moment-là.
M. Shaw: Deuxièmement, vous avez parlé des
montants, des "non eligible expenses". La raison pour laquelle il y a une
certaine crainte parmi les anglophones, premièrement, c'est parce que
ça implique beaucoup de choses. Cela implique premièrement le
programme de "total immersion". Est-ce que vous allez accepter comme un
programme normal subventionné par le gouvernement le programme
d'immersion totale dans les écoles anglophones ou si ça va rester
comme un programme non admissible?
M. Morin (Sauvé): Vous savez que, jusqu'ici, ces
techniques d'immersion se font à titre expérimental et elles sont
financées à ce titre. Elles continueront de l'être au
même titre. Evidemment, peut-être convient-il... Je pense que la
question que vous voulez soulever, c'est celle du moment où ces
expériences seraient généralisées. C'est ça,
le sens de votre question?
M. Shaw: C'est parce qu'il y a une crainte qu'aussitôt que
le gouvernement contrôlera presque totalement tous les fonds scolaires,
il n'y aura pas de marge de manoeuvre pour les commissions scolaires avec leur
propre base de taxe, et que des directives du ministère puissent enlever
certains programmes qui sont en marche à cause d'une politique du
gouvernement.
M. Morin (Sauvé): Non, certainement pas. L'objectif
poursuivi par le ministère de l'Education, c'est de favoriser
l'apprentissage de la langue française dans les écoles anglaises
et, déjà, le plan d'action permet l'amorce de l'enseignement de
la langue française comme langue seconde à partir de la
première année et les formules diversifiées comme celles
dont vous faites état sont encouragées et elles sont
financées également. L'écart qui découle des
coûts supplémentaires dus à la situation
expérimentale est actuellement couvert par les crédits du
ministère de l'Education, par nos services de recherche et de
développement.
M. Shaw: Le programme d'immersion totale en anglais, dans mon
comté la Commission scolaire Baldwin-Cartier qui est
commencé, a reçu une réaction négative du
ministère de l'Education. Pouvez-vous me donner quelques renseignements
à savoir pourquoi vous avez résisté à cette
expérience?
M. Morin (Sauvé): II faudrait que je prenne connaissance
de ce dossier, mais nous pourrions apporter la réponse cet
après-midi.
Si vous voulez, M. le député, si vous êtes là
cet après-midi, j'aurai une réponse précise à vous
donner là-dessus.
M. Shaw: Une dernière question. Dans le réseau
anglophone, on se retrouve maintenant avec des enfants handicapés qui
n'ont pas de réseau au Québec, à cause d'une diminution du
nombre de places dans les écoles spécialisées pour les
handicapés. Nous voyons, dans beaucoup de situations, que l'on a fait
des "interboard agreements" avec des écoles spécialisées,
premièrement en Ontario. Est-ce que ce programme va être
continué ou est-ce que vous avez quelques réserves à ce
sujet? Parce que, moi, je connais deux cas personnellement, pour lesquels nous
n'avons pas reçu de subvention du gouvernement pour ces étudiants
qui n'ont pas... nous avons une longue liste de témoins qui disent qu'on
n'a pas
les programmes suffisants pour ces enfants au Québec. Est-ce que
vous allez, dans les circonstances qu'on vit maintenant, accepter que, dans
certains cas, des subventions pour envoyer les enfants à
l'extérieur du Québec soient continuées?
M. Morin (Sauvé): La politique est explicite à ce
sujet. Elle dit que la commission a la responsabilité de scolariser tous
les enfants de son territoire, soit directement, soit par le moyen d'ententes.
Elle parle aussi de bourses qui sont maintenues, même aux niveaux
élémentaire et secondaire, pour des enfants gravement
handicapés qui ne trouveraient pas, au Québec ou,
évidemment, dans la commission, les services dont ils ont besoin.
Maintenant, les règles administratives n'ont pas
été changées non plus, et les règles
administratives prévoient que la dépense est admissible,
c'est-à-dire que l'entente avec l'étranger, d'abord, doit
être approuvée préalablement, parce qu'il y a des ententes
aussi avec les Etats-Unis, pas seulement avec l'Ontario. Cette entente n'est
valide que si l'analyse du cas que le ministère fait prouve qu'il n'y a
pas de services disponibles au Québec. Il peut y avoir des services
ailleurs que dans la commission scolaire et il peut ne pas y en avoir. S'il n'y
en a pas, il y a actuellement des ententes qui sont approuvées; il y en
a d'autres qui n'ont pas été approuvées parce que la
démonstration n'a pas été faite à la satisfaction
du ministère que l'enfant dont il était question,
indépendamment des points de vue exprimés par l'une ou l'autre
des personnes citées dans le dossier, que le service pouvait
effectivement être donné au Québec, soit par le biais d'un
hôpital ou par le biais d'un établissement du MAS ou par d'autres
commissions scolaires. La politique précise et confirme très
officiellement que la commission a une responsabilité et que le
ministère reconnaît les dépenses de telles ententes
lorsqu'elles sont autorisées.
M. Shaw: Je vais prendre contact avec vous pour des cas
précis sur le sujet.
Une dernière question, M. le Président, sur le Blacklock
Report. Nous avons entendu dire, il y a deux ans, qu'il y aurait une forme de
diminution du nombre d'élèves dans le système anglophone
du Québec. Vous avez eu, récemment, un rapport de M. Blacklock
qui a pris la responsabilité d'étudier la situation.
Prévoyez-vous un changement dans la politique d'application de la loi
101 pour faire face à des statistiques présentées dans le
rapport de M. Blacklock?
M. Morin (Sauvé): Oui. M. le Président, nous avons
étudié d'assez près, vous le pensez bien, l'
évolution de la clientèle scolaire anglophone et francophone, non
seulement dans l'ensemble du Québec, mais aussi, en particulier, dans
l'île de Montréal, parce que je pense que c'est la région
qui intéresse le plus particulièrement le député.
Si on regarde l'évolution de la clientèle selon les langues
d'enseignement pour l'île de Montréal, de 1972 à 1978, on
constate que la diminution dans les clientèles est sensiblement la
même, à quelques points près, et pour la langue anglaise et
pour la langue française.
A partir de 1974, dans la foulée de la loi 22, il y avait eu une
augmentation brusque de la clientèle anglophone qui se traduit bien
statistiquement, une augmentation de quelques points de pourcentage.
C'était au lendemain de l'adoption de la loi 22. Depuis lors, les deux
courbes sont parallèles. J'imagine qu'à un moment donné,
elles vont se rejoindre; j'entends les courbes de diminution par rapport aux
effectifs existants. Ce sont des chiffres que nous avons au ministère,
ce ne sont pas les études, quelquefois assez peu sûres
statistiquement et fondées sur des hypothèses avec lesquelles
nous ne pouvons pas toujours être d'accord et auxquelles le
député fait allusion. (11 h 45)
Si on regarde les chiffres du ministère, je puis vous dire que
pour ce qui est de Montréal de 1972 à 1978, je le
répète, la clientèle prenons la clientèle
francophone d'abord passe bien sûr de 100% qu'elle était en
1972, puisque l'année de référence est 1972, et elle tombe
un petit peu en bas de 70%; tandis que pour les anglophones, elle passe
également de 100%, mais cette fois en haut de 75%. Donc, il y a encore
un avantage en faveur des anglophones, statistiquement parlant, dans
l'évolution des clientèles. C'est la réalité. Je
vous donne les chiffres de 1978, donc, après que la Charte de la langue
française fut entrée en vigueur.
Je pourrais aussi vous donner les clientèles totales maintenant
je pense que ça intéresse aussi le député
pour l'ensemble du Québec. Alors là, il y a eu, toujours
en 1974, une remontée assez spectaculaire du nombre d'enfants dans le
réseau anglophone, parce que beaucoup d'immigrants dans la
foulée des politiques du gouvernement précédent
sont allés à l'école anglaise ou encore parce que des
francophones même sont allés à l'école anglaise.
Depuis lors, les chiffres se rejoignent. L'évolution des
clientèles est la même en 1978, tant pour les francophones que
pour les anglophones. Par exemple je donne les chiffres que j'ai devant
moi si on prend l'année 1972 comme point de
référence, en choisissant donc les clientèles de ce
moment-là comme représentant 100% de la clientèle, les
francophones sont passés à peu près à 80, 81%, les
anglophones sont à 80%. Donc, c'est à peu près comparable
à quelques points près.
On me donne des chiffres maintenant qui sont encore plus précis.
La diminution en 1977-1978 a été de 4% pour les francophones et
de 6,5% pour les anglophones. En 1978-1979 elle a été pour les
anglophones de 8,48%, mais dans la région de Montréal
précisément, c'est de 9% pour les francophones aussi bien que
pour les anglophones.
Donc, on le voit, il n'y a pas d'écart catastrophique comme
certains le voudraient.
M. Shaw: Ce qui veut dire qu'il y a autant de francophones qui
veulent quitter le Québec que d'anglophones.
M. Morin (Sauvé): Allons, allons!
M. Shaw: M. le Président, il me ferait plaisir d'avoir
copie des chiffres que vous énoncez ce matin.
Mme Lavoie-Roux: Ils sont dans les livres.
M. Morin (Sauvé): Vous les avez à la page A-57 dans
votre cahier, M. le député.
M. Shaw: Je n'ai pas de cahier.
Le Président (M. Boucher): C'est parce que M. Shaw n'est
pas membre de la commission.
M. Morin (Sauvé): On devrait sans doute au moins... Ce
sont seulement les membres de la commission? Bon! Je n'ai pas d'objection
à ce qu'on donne une copie de cette page A-57 à M. le
député. Il y trouvera tous les chiffres. On pourrait aussi
peut-être lui donner les statistiques.
M. Shaw: Une dernière question, M. le Président,
qui implique notre région. Nous remarquons dans West Island, une
immigration très forte de francophones qui veulent demeurer dans un
milieu anglophone pour donner à leurs enfants l'occasion d'avoir
accès à une communauté anglophone. Pour cette raison, on
voit que vous avez une augmentation de demandes de classes dans les commissions
scolaires du secteur français de West Island. Premièrement, dans
le quartier Baldwin...
M. Morin (Sauvé): M. le député, est-ce que
je vous comprends bien? Vous êtes en train de me dire qu'il y a une
demande des francophones pour aller à l'école anglaise?
M. Shaw: Non, une demande pour les classes.
M. Morin (Sauvé): Parce que c'est le
phénomène inverse que nous connaissons dans West Island.
M. Shaw: Non, c'est une demande pour des "class rooms", parce
qu'il y a une augmentation forte de la population francophone dans la
région du West Island.
M. Morin (Sauvé): C'est d'accord, il y a aussi beaucoup
d'anglophones de l'ouest de l'île de Montréal qui veulent aller
à l'école française. Alors, cela augmente la demande.
M. Shaw: Vous avez, dans le projet de loi 96, un nouvel article
qui donne au gouvernement le pouvoir de contrôler presque totalement les
biens des commissions scolaires. Est-ce que vous avez l'intention de
procéder dans cette direction ou est-ce que vous allez continuer comme
cela se fait maintenant, pour essayer de trouver des moyens d'établir
une entente entre les "schoolboards" pour régler la demande de
classes?
M. Morin (Sauvé): M. le député, vous faites
une interprétation, à mon avis, abusive quand vous dites que le
projet de loi no 96 avait pour but de donner au gouvernement le pouvoir de
décision totale pour ce qui est de l'utilisation des écoles,
notamment des écoles qui sont vacantes. C'est inexact. C'est tout
à fait inexact. Simplement, nous voulons faire en sorte que le conseil
scolaire et les commissions scolaires de l'île de Montréal
tiennent compte de la politique du gouvernement, d'utiliser pleinement les
biens scolaires, les immeubles scolaires notamment, qui ne sont plus
utilisés, qui sont vacants. Donc, il ne s'agit pas d'enlever aux
commissions scolaires des écoles qu'elles utilisent, il n'en est pas
question.
Lorsque des biens deviennent excédentaires, alors le gouvernement
s'est donné une politique, il a un peu de difficulté à la
faire appliquer dans l'île de Montréal et nous pensons
bientôt proposer une législation pour faciliter les choses. Mais
il ne sera pas question de bousculer les commissions scolaires, surtout
lorsqu'elles utilisent des équipements. Il s'agira cependant de
faciliter le transfert d'une commission scolaire à une autre, qu'elle
soit protestante ou catholique, d'écoles excédentaires pour nous
permettre de répondre aux besoins de la clientèle.
M. Shaw: Pas d'autres questions, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Paquette: Je m'excuse, M. le Président, je regarde dans
le cahier les chiffres cités par le ministre; pour la région de
Montréal, je ne sais pas s'ils s'y trouvent, je ne les ai pas vus.
Mme Lavoie-Roux: Ils n'y sont pas pour la région de
Montréal.
M. Paquette: J'aimerais les avoir, si le ministre n'a pas
d'objection, quant aux clientèles.
M. Morin (Sauvé): C'est dans le texte que nous avons
donné les chiffres en question. Je vais essayer de vous donner la page
exacte. Nous allons trouver la page exacte et vous la donner.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
D'Arcy McGee. On va vous la donner.
M. Paquette: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Quelle page?
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Morin (Sauvé): Page A-57, mais il y a peut-être
aussi d'autres indications.
Mme Lavoie-Roux: A-57, c'est le tableau, ce n'est pas
Montréal.
M. Morin (Sauvé): Nous allons tenter de vous indiquer
où cela se trouve. Il y a aussi quelques
statistiques qui ne se trouvent peut-être pas dans ce cahier, on
pourrait les faire photocopier et vous les donner.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais d'abord
enchaîner sur ce même sujet, parce que je remarque quand même
que la page A-57 du cahier indique que le pourcentage du nombre total des
élèves représenté par les anglophones passe de
16,7% en 1976/77 à 15,7% en 1978/79. Il y a donc une diminution
relative. Le ministre, si je l'ai bien compris, a indiqué, il y a
quelques instants, que cette baisse se situe notamment à
l'extérieur de l'île de Montréal. Il a dit que la baisse du
côté anglophone sur l'île de Montréal est comparable
au pourcentage de la baisse du côté francophone. Si cela est vrai,
la baisse devient plus spectaculaire dans les autres régions de la
province. Donc, il y a des raisons valables pour la population anglophone
d'être inquiète.
Il y a aussi, M. le Président, le fait que la perte subie par la
population anglophone ne se mesure pas par ces seuls chiffres. Au bout du
processus, au départ de chaque niveau du système, en
commençant notamment par le niveau secondaire, il y a une migration vers
l'extérieur qui a été documentée par plusieurs
auteurs. Le ministre pourra me dire qu'il ne voit pas d'un très bon oeil
la qualité scientifique de certaines études. Il l'a
déjà dit, si j'ai bien compris; en ce qui concerne les
projections faites par M. Blacklock, du Bureau métropolitain des
écoles protestantes de Montréal. Il y a l'étude du
professeur Gary Caldwell, de l'Université Bishop's, qui a indiqué
qu'il y a beaucoup de jeunes qui s'en vont. Ce qui veut dire, M. le
Président, que si la population de langue anglaise diminue, ce n'est pas
nécessairement au niveau des écoles élémentaires et
secondaires que l'on pourra en faire le diagnostic, que l'on pourra en
établir la mesure.
M. le Président, si j'en parle, c'est parce que le gouvernement a
cru bon imposer des restrictions sévères à l'accès
à l'école de langue anglaise et a dit : II faut imposer ces
restrictions, parce qu'il y a une tendance vers un déséquilibre
dans la population scolaire et dans la population en général.
Il me semble que si le gouvernement a cru qu'il y avait un
déséquilibre et a voulu imposer des mesures pour le redresser, il
a obtenu un effet qui dépasse ce qui aurait pu être jugé
nécessaire. Je ne commente pas la nécessité. Je ne veux
pas lancer tout un débat sur l' évolution démographique et
surtout pas en ce moment sur la loi 101. Mais je dois me poser
aujourd'hui la question: Est-ce que les mesures très restrictives
imposées par la loi 101 demeurent toujours nécessaires aux yeux
du gouvernement? A mes yeux, et vous le savez, M. le Président, elles
n'étaient jamais nécessaires.
M. Morin (Sauvé): Je le sais bien, M. le
député et votre question n'a pas de quoi m'étonner.
Cependant, on doit constater que la légère baisse dans le
pourcentage des anglophones, par rapport aux francophones, est un des effets
souhaités, non pas pour la baisse elle-même, mais pour le
transfert des immigrants vers l'école française, est un des
effets que désirait le gouvernement. Ce n'est pas aveuglément
qu'il a proposé désormais d'envoyer à l'école
française les enfants des immigrants.
Je sais bien que votre parti n'est pas d'accord et qu'il voudrait que
ces enfants aillent où ils veulent, mais ce n'est pas le choix...
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
M. Morin (Sauvé): Je sais bien que vous n'êtes pas
d'accord sur ce que je viens de dire. Vouspourrez le dire par la suite. Ce
n'est pas une question de règlement. Vous aurez tout le loisir de
commenter.
Mme Lavoie-Roux: Dites les choses telles qu'elles sont. (12
heures)
M. Morin (Sauvé): Je constate que la Charte de la langue
française fait sentir ses effets. Et c'est une bonne chose. Cela
n'enlève rien aux anglophones de vieille souche, qui conservent tous
leurs droits minoritaires, qui conservent leurs écoles sous leur propre
autonomie, sous leur propre administration, ce qui, on devra le constater,
n'est pas le cas des francophones vivant partout ailleurs au Canada. Donc, les
droits minoritaires des anglophones sont respectés par la Charte de la
langue française. Ceux qui se sont déplacés et qui vont
désormais à l'école française, ce sont les enfants,
ce sont les écoliers, enfants des nouveaux venus au Québec. J'ai
pu constater d'ailleurs l'effet remarquable de la charte récemment,
lorsque je suis allé rendre visite à l'Ecole
Barthélemy-Vimont dans une région de Montréal qui
s'appelle Parc Extension. Il y avait là environ 300 à 350
élèves, si ma mémoire est bonne, dont 20%, je crois,
étaient des Québécois de vieille souche. Tous les autres
étaient de nouvelle souche, des Québécois de nouvelle
souche. Je vous dirai que j'ai été fort impressionné de
voir les enfants de 26 nationalités parlant 16 langues, et je n'ai pas
compté les couleurs, qui se trouvaient dans cette école
française, heureux d'y être et apprenant le français.
C'était remarquable à voir. C'est un des effets de la Charte de
la langue française et c'est un des effets que le gouvernement a
souhaité, délibérément. C'est un choix du
gouvernement avec lequel on peut être d'accord ou ne pas être
d'accord.
Je sais bien que le député de Pointe-Claire n'est pas
d'accord avec cela, lui qui est l'avocat du libre choix, mais le gouvernement
en a décidé autrement et je crois que, là-dessus, il est
fortement appuyé par la population du Québec. Ce sont les
observations que j'ai à faire sur les chiffres qu'invoquait le
député de D'Arcy McGee.
Je voudrais faire observer, en terminant, que le Québec est la
seule province où, à l'heure actuelle, la minorité
augmente en nombre. C'est tout de même frappant.
M. Shaw: ... certains chiffres.
M. Morin (Sauvé): J'attire votre attention sur des faits
qui ont été mentionnés en Chambre ces jours-ci.
Québec est la province qui a enregistré le plus faible taux de
départs récemment. Il ne faut pas non plus penser que l'effet de
la charte a été de chasser du monde. Il a pu y avoir des
départs, c'est possible, je crois que ce ne sont pas des chiffres
importants. Si j'avais un conseil à donner à mes collègues
anglophones là-dessus, je leur dirais de parler un peu à la
presse anglophone qui, constamment, fait peur au monde, et les premières
victimes de la presse anglophone du Québec, ce ne sont pas les
Québécois, ce sont les anglophones à qui on raconte je ne
sais trop quoi et qui, bien sûr, sont quelquefois apeurés par leur
propre presse.
M. Goidbloom: M. le Président, celui qui vous parle, et
vous le savez et le ministre le sait, n'a pas l'habitude de tenir des propos
démagogiques en cette Chambre ou aux commissions parlementaires et ce
n'est pas dans cet esprit que j'aborde la question.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas votre habitude, mais gare
à vous que cela ne vous arrive à l'occasion.
M. Goidbloom: M. le Président, je laisse passer...
Mme Lavoie-Roux: On ne pourra jamais vous épauler, M. le
ministre.
M. Goidbloom: ... sans commentaire la remarque
désobligeante du ministre, elle n'est pas à la hauteur de ses
interventions habituelles. Gare à lui quant à la qualité
et à la hauteur de ses interventions. Restons au-dessus de la ceinture,
M. le Président.
Je voudrais citer à mon tour quelques chiffres. J'ai eu
accès à un document de planification du Bureau
métropolitain des écoles protestantes de Montréal. La
comparaison...
Je reprends, M. le Président, maintenant que le ministre est en
mesure de m'écouter. J'ai eu accès à un document de
planification du Bureau métropolitain des écoles protestantes de
Montréal qui fait des projections pour l'année scolaire 1983-1984
et cela par comparaison avec l'année scolaire 1978-1979, celle qui va se
terminer d'ici quelques semaines. Cette planification se fait par bassin de
population. Il y en a dix. Je voudrais citer des chiffres pour faire une
illustration de la perspective qui est celle du milieu anglophone,
anglo-protestant sur le plan scolaire, sur le plan de la population
scolaire.
Dans le premier bassin, où il y a actuellement six écoles
élémentaires et une école secondaire; dans cinq ans, on
prévoit trois écoles élémentaires, une école
secondaire.
Deuxième bassin: sept élémentaires, deux
secondaires; prévision pour d'ici cinq ans: quatre
élémentaires, une secondaire.
Troisième bassin, situation actuelle: quatre écoles
élémentaires, deux écoles secondaires; prévision
pour 1983-1984: deux écoles élémentaires, deux
écoles secondaires.
Quatrième bassin: onze écoles élémentaires,
dont deux qui dispensent en secondaire I, un programme d'immersion totale en
français, et quatre écoles secondaires; prévision pour
d'ici cinq ans: cinq écoles élémentaires, deux
écoles secondaires.
Cinquième bassin: six écoles élémentaires,
deux secondaires; prévision: trois élémentaires, une
secondaire.
Sixième bassin: quatre élémentaires, une
secondaire; prévision: deux élémentaires, aucune
secondaire.
Septième bassin: quatre élémentaires, une
secondaire; prévision: deux élémentaires, une
secondaire.
Huitième bassin: huit écoles élémentaires,
deux secondaires, et parmi les écoles élémentaires, une
qui dispense un programme d'immersion en français; prévision:
quatre élémentaires, deux secondaires; l'Ecole
spécialisée disparaît, ou le programme, au moins.
Neuvième bassin: sept élémentaires, deux
secondaires; prévision: quatre élémentaires, une
secondaire.
Dixième bassin: sept élémentaires, trois
secondaires; prévision, quatre élémentaires, deux
secondaires.
Le total: 64 écoles élémentaires aujourd'hui, et
dans cinq ans, 33 écoles élémentaires, une diminution de
presque 50%; au niveau secondaire, 21 écoles actuellement, 13
prévues d'ici cinq ans.
J'aimerais justement que le ministre nous fournisse les chiffres
comparables pour le milieu francophone, pour que nous puissions voir si le
rythme de fermeture d'écoles doit être le même du
côté francophone que du côté anglophone.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je serai
disposé à donner tous les chiffres nécessaires, du moins
ceux qui nous sont connus, puisque cela relève des commissions
scolaires, le plus tôt possible, et sans doute avant la fin de ces
crédits.
Je vais simplement répondre de façon
générale que les phénomènes auxquels il se
réfère sont dus, tant du côté francophone que du
côté anglophone, à la dénatalité. Le PSBGM
m'a fait connaître effectivement sa planification, parce que c'est moi
qui lui ai demandé, ainsi qu'aux autres commissions scolaires, de
planifier les dernières écoles de quartier, parce que nous savons
tous que la dénatalité est en train de jouer au Québec de
façon absolument draconienne.
Il faudrait que le député sache que du côté
de la CECM, s'il ne l'a pas lu dans les journaux, des dilemmes d'une
égale ampleur se posent aux commissaires.
Mme Lavoie-Roux: ... en banlieue.
M. Morin (Sauvé): II est question de fermer 30
écoles à la CECM d'ici quatre ou cinq ans et, pour ce qui est de
la CECQ, puisque nous parlons de
phénomènes urbains la dénatalité
étant plus forte encore dans les centres urbains qu'ailleurs le
passage de 36 000 élèves à 17 000 élèves
coupe la clientèle par la moitié. Donc, forcément,
là aussi il va y avoir des déchirements, des décisions
déchirantes à prendre sur les fermetures d'écoles.
Je tiens donc à dire au député de D'Arcy McGee que
ce n'est pas un phénomène qui frappe exclusivement l'école
anglaise. Cela frappe également l'école française. Cela ne
frappe pas non plus uniquement l'école protestante. Cela frappe
l'école catholique. Ce sont des tendances sociologiques qui
caractérisent toute la population québécoise, quelle que
soit son origine.
S'il y a des fermetures, elles dépendent essentiellement des
décisions de chaque commission scolaire, compte tenu de nos politiques
favorables au maintien de la dernière école de quartier, compte
tenu du programme SOPPEC qui, vous le savez, est décrit dans les
conventions collectives et qui tend à donner des ressources
supplémentaires dans le cas des petites écoles. C'est à la
lumière de cet ensemble de politiques que chaque commission scolaire
fait sa planification et décide de fermer tant d'écoles parce que
sa clientèle diminue, mais qu'on ne vienne pas voir là les effets
de la loi 101.
Mme Lavoie-Roux: Ah! ah!
M. Morin (Sauvé): La loi 101 agit, mais marginalement, sur
ces chiffres.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais...
Mme Lavoie-Roux: C'est incroyable, mais c'est vrai.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais demander au
ministre de bien vouloir fournir aux membres de cette commission parlementaire
les chiffres comparables pour toutes les commissions scolaires et la raison de
cette demande est simple. Le ministre invoque des changements en perspective,
des diminutions de la clientèle et du nombre d'écoles pour, par
exemple, la Commission des écoles catholiques de Montréal. S'il
ne nous fournit pas les chiffres pour la Commission scolaire Baldwin-Cartier,
par exemple, et pour les commissions scolaires de la rive sud de
Montréal, de la ville de Laval, de la rive nord, nous n'aurons pas un
portrait valable, parce qu'il y a le député de
Pointe-Claire en a témoigné une certaine migration de la
population vers la banlieue.
Alors, M. le Président, pour que nous puissions en juger, pas
simplement par des impressions et pas simplement par des opinions, mais par des
chiffres qui vont nous donner... Après tout, l'argumentation s'est
reposée sur des prévisions démographiques. M. le
Président, nous sommes en train de vivre les effets des diverses
mesures. Je ne veux pas dramatiser. Je ne veux pas faire des
déclarations. Je demande au ministre de nous fournir des chiffres qui
nous permettront de tirer des conclusions.
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président, c'est
très volontiers que je fournirai aux membres de cette commission et au
député de D'Arcy McGee des chiffres sur l' évolution
démographique.
Je ne pourrais pas, cependant, leur dire parce que les
commissions scolaires ne nous ont pas toutes fait parvenir leur planification
ou leurs décisions combien de fermetures d'écoles cela
signifie, parce qu'il y a une marge de manoeuvre à l'intérieur de
laquelle chaque commission scolaire peut se situer. La même
évolution démographique peut amener une commission scolaire, qui
veut réduire ses coûts de façon draconienne, à
fermer beaucoup d'écoles, ou une autre qui veut se taxer pour maintenir
plus d'écoles ouvertes ou qui veut invoquer le programme SOPPEC ou qui
invoque la politique du ministère sur le maintien de la dernière
école de quartier peut amener cette commission scolaire à
maintenir plus d'écoles ouvertes. Il y a donc une marge de manoeuvre et
le ministère entend respecter l'autonomie de chaque commission scolaire
dans ce domaine.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre aurait-il, par
hasard, des prévisions quant aux augmentations de coûts du
transport scolaire par rapport aux fermetures d'écoles?
M. Morin (Sauvé): Je pense qu'il faudrait demander ces
chiffres au ministère des Transports, qui est responsable de cette
question, comme vous le savez. Cependant, si le député veut
obtenir des chiffres de cette nature, je peux demander que les recherches
soient faites, à la condition, évidemment, que ce ne soient pas
des recherches tellement considérables qu'elles demandent de mobiliser
des équipes entières. Si c'est de l'ordre du raisonnable, je suis
disposé à faire faire ces recherches. Cependant, je crains
qu'elles ne doivent s'échelonner sur quelques semaines, peut-être
davantage, cela dépendra d'un ministère qui n'est pas le mien.
(12 h 15)
M. Goldbloom: Mais il...
M. Shaw: Une petite question. Pouvez-vous nous fournir des
chiffres sur la base de la natalité? Vous avez dit...
M. Morin (Sauvé): Sur la base de?
M. Shaw: De la natalité, pas seulement au Québec,
mais partout au Canada, parce que ce phénomène ne se produit pas
seulement au Québec.
M. Morin (Sauvé): C'est occidental.
M. Shaw: Je veux faire la comparaison entre le nombre de
personnes qui sont impliquées dans la réduction de la population
scolaire et les chiffres de la baisse de natalité et,
deuxièmement, la baisse causée par l'exode des
Québécois.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Morin (Sauvé): Je peux demander qu'on essaie de faire
ces calculs. Cependant, vous supposez que nous avons une information en
provenance des autres provinces ou de l'ensemble de l'Amérique du Nord.
Je ne sais pas dans quelle mesure notre direction des études
économiques et démographiques possède ces chiffres.
Peut-être en possède-t-elle certains, peut-être pas les
autres. Je ne voudrais pas prendre d'engagement. Ce que je peux promettre au
député de D'Arcy McGee, c'est que la direction des études
économiques et démographiques pourra nous donner des chiffres sur
l'évolution des clientèles dans nos commissions scolaires au
cours des années qui viennent. Je pense que nous avons des courbes,
elles ne sont peut-être pas toutes établies, mais je vais voir
à ce qu'elles le soient.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie, est-ce qu'il y a consentement du député de D'Arcy
McGee?
M. Goldbloom: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais tellement a-jouter quelques mots sur
cette question. Evidemment, le ministre a fait état du fait que nous
étions la province où il y avait le moins de migration vers les
autres provinces, du moins d'après les dernières statistiques. Ce
qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'il n'y a pas eu de distinction sur la
nature de cette migration. Etait-elle de langue française ou de langue
anglaise? C'est une chose importante. On sait fort bien que la population
française est moins mobile, forcément, à cause de la
langue, que la population anglaise.
M. Morin (Sauvé): C'est vrai qu'étant donné
le traitement qu'elle doit subir dans les autres provinces, elle n'a pas
tendance à être mobile.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que là-dessus... M.
Morin (Sauvé): En vérité.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ferai part, M. le ministre, que je
connais des enfants francophones et je les connais très bien
qui, à cause du chômage au Québec, ont dû
partir pour Edmonton et ils sont dans des écoles françaises,
à Edmonton, à temps plein. Ceci ne diminue en rien tous les
autres faits très concrets qu'on a déplorés depuis des
années à l'égard des minorités dans les autres
provinces, mais il y a malheureusement trop de francophones qui doivent partir
à cause du chômage, mais ça, c'est à
côté du sujet.
M. Morin (Sauvé): Dans les capitales, d'habitude,
effectivement, il y a eu une évolution depuis assez récemment; je
dirais même que cette évolution est devenue très
perceptible depuis un certain jour de novembre 1976...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je vous dirai...
M. Morin (Sauvé): ... mais ça s'est limité
aux capitales. Allez en dehors d'Edmonton et vous verrez que la situation n'est
pas brillante.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je peux vous dire que, dans le cas
d'Edmonton, il y avait là des écoles françaises bien avant
l'arrivée au pouvoir du Parti québécois. On entrerait dans
une foule de détails... Je connais même, ça peut
peut-être vous intéresser, je ne sais pas s'ils considèrent
ça comme une capitale... C'est normal que les gens aillent vers les
capitales parce que les emplois sont là. Je pourrais dire la même
chose pour d'autres qui sont à Calgary, et ce n'est pas une
capitale.
M. Morin (Sauvé): Dites plutôt que c'étaient
des écoles bilingues, ce serait plus exact.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est une école totalement
française.
M. Morin (Sauvé): Depuis récemment, certaines des
écoles bilingues sont devenues totalement françaises,
effectivement.
Mme Lavoie-Roux: On entre dans un débat où il
faudrait aller chercher les données.
M. Morin (Sauvé): II y a des rapports là-dessus,
Mme le député, du Conseil des ministres de l'Education du Canada,
qui donnent tous les détails.
Mme Lavoie-Roux: Quoi qu'il en soit, ce n'est pas le point
principal. Quand nous avons discuté de la loi 101, vous vous souviendrez
que nous avions fait valoir, devant le ministre d'Etat aux affaires
culturelles, que les migrations interprovinciales s'étaient toujours
soldées, sauf pour deux années de mémoire, je
dirais peut-être 1972 et 1973; enfin, ça n'a pas d'importance
par un déficit pour le Québec, de telle sorte qu'il
sortait toujours plus de gens qu'il en entrait. Ceci ne justifiait pas la
clause Canada. Je pense qu'aujourd'hui, avec les chiffres qui sont devant nous,
et j'espère que le ministre nous... Les prévisions
démographiques, on peut les faire facilement jusqu'en 1985, le ministre
en conviendra. Vous les avez avec une marge d'erreurs quand même minime,
vous pouvez les faire.
Nous avions également fait valoir au ministre d'Etat au
développement culturel que, depuis la loi 22 et si vous relisez
le journal des Débats, vous le retrouverez, M. le ministre tous
les enfants, les nouveaux arrivants qui passaient par les classes d'accueil,
qui n'étaient ni francophones ni anglophones, s'intégraient aux
écoles françaises, et jamais le ministre d'Etat au
développement culturel n'a répliqué à cette
remarque que je lui ai faite à quelques reprises, parce que, justement,
elle était fondée; j'avais les statistiques en main et on les lui
a présentées. J'aimerais que le ministre
de l'Education... Il y a ici une personne que je ne nommerai pas, mais
que le ministre connaît fort bien et que je connais également fort
bien; il l'a d'ailleurs utilisée comme conseiller, lui ou le ministre
d'Etat au développement culturel, pour examiner certains aspects
constitutionnels, entre autres de la loi 101, et dont la position sur cette
question en particulier de la clause Canada a toujours été
identique à la nôtre. Je pense que c'est un bon sympathisant du
gouvernement; c'est tout à fait correct, je n'ai aucune objection; il y
en a des deux côtés. On avait eu recours à lui pour
examiner la loi 101, j'en a d'ailleurs demandé un rapport au feuilleton.
Il avait dit que, si on fermait la porte de l'école anglaise aux
anglophones des autres provinces, ce vers quoi on s'en allait, c'était
en quelque sorte vers un étranglement de la communauté anglophone
du Québec.
Je pense que c'est ce qui est en train de se réaliser et ce sera
intéressant de voir les statistiques en 1985. On voit déjà
un léger mouvement. Tout à l'heure, le ministre a admis qu'avec
la loi 101, il y a eu, à cause des frères et soeurs, certaines
dispositions qui ont amené cette recrudescence. Mais cela ne peut se
faire sentir que pendant un nombre X d'années. Alors, à long
terme, si la loi 101 continue de s'appliquer telle quelle quant à la
clause Canada, je pense que cela va être une diminution beaucoup plus
considérable que les premiers chiffres que nous avons devant nous,
à peine deux ans après l'application de la loi 101.
D'ailleurs, c'est peut-être la phrase la plus malheureuse que
j'aie entendue du premier ministre, quand on lui avait démontré
ceci, il avait dit quelque part dans une assemblée, ce fut
rapporté en toutes lettres, sur ce problème qui pouvait survenir
à la communauté anglophone: "they can exercise their loins." En
bon Québécois: Ils n'ont qu'à faire des petits s'ils ne
veulent pas disparaître.
C'était là une remarque indigne d'un premier ministre.
D'autre part, quand on connaît le problème de
dénatalité que vit la communauté francophone et que
probablement, dans notre monde moderne, vit également la
communauté anglophone, c'était vraiment un argument de dernier
ressort, que tout ce qu'on pouvait faire pour rassurer la communauté
anglophone, qui, à bon droit, comme d'ailleurs d'autres minorités
s'inquiètent dans d'autres provinces ou d'autres pays, est de leur dire:
Faites des petits si vous voulez survivre.
M. le ministre de l'Education, le même conseil pourrait être
donné à toute la communauté québécoise,
quant à ça. Les remarques de mon collègue de D'Arcy McGee,
je les endosse. Le gouvernement devrait scruter, d'une façon le plus
juste possible, la plus rationnelle possible, ses statistiques et voir dans
quelle mesure on veut que finalement, la communauté anglophone du
Québec devienne, à toutes fins utiles, une communauté
très marginale et qu'on ne lui reconnaisse plus, dans les faits
c'est ce qui arrivera ce qu'on lui reconnaît dans les grands
discours quand on dit qu'elle est une des communautés importantes du
Québec.
On a ici devant nous le rapport du Conseil supérieur de
l'éducation. Il y a le rapport du comité protestant. On a ici le
sous-ministre...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pense que
madame ne pourra pas se plaindre, par la suite, de la longueur de ma
réponse, elle qui invoquait tout à l'heure la longueur de mes
réponses au député de Gaspé. Si nous nous
acheminons vers une série de discours comme cela, il ne faudrait pas
s'étonner que, par la suite, je ressente moi-même le besoin de
répondre en long et en large à tout ce que vous êtes en
train de dire.
Mme Lavoie-Roux: A tout événement, j'arrive au
dernier point. Il y a ici le rapport du Conseil supérieur de
l'éducation. Il y a un rapport qui provient du comité protestant
du CSE. En appendice: L'Etat et les besoins de l'éducation dans les
milieux scolaires protestants. On a ici le sous-ministre de foi protestante.
J'aimerais quand même voir si ce qui est affirmé ici doit
être infirmé ou confirmé. Je ne lirai pas tout, mais je
lirai ceci, on termine, ce n'est pas très long: "Dans ce contexte, et
à la lumière des études démographiques
révisées du ministère de l'Education, prouvant que
même l'hypothèse préconisée par le Conseil
supérieur de l'éducation au sujet de la langue d'enseignement
aurait pour effet d'augmenter la fraction francophone de la population du
Québec, le comité protestant croit que les restrictions de
l'accès aux écoles anglaises pèsent trop lourd sur le
système scolaire et réclame du gouvernement une modification du
chapitre 8 de la Charte de la langue française."
Il semble avoir basé cette recommandation sur les études
démographiques du ministère de l'Education. Est-ce qu'il s'agit
de démagogie de la part du comité protestant du Conseil
supérieur de l'éducation?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous
n'étions pas d'accord avec les chiffres du comité protestant.
Nous avons même eu des discussions avec eux là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Morin (Sauvé): Je ne crois pas que ces chiffres
étaient exacts, c'est tout. Je pense que, du côté
anglophone, malheureusement, il s'est glissé une attitude de crainte
devant l'avenir, ce qui fait qu'on a tendance, quel que soit l'organisme
représentatif qui parle, à surestimer constamment les chiffres.
J'ai donné les chiffres tout à l'heure. J'ai montré que la
diminution est la même, en gros, pour tout le monde, et qu'elle est
attribuable avant tout à la dénatalité.
C'est l'un de mes prédécesseurs à
l'Assemblée, M. François Cloutier, qui disait et je l'ai
entendu le dire à l'Assemblée même: Mais, ils n'ont
qu'à faire des enfants. Le député de D'Arcy McGee s'en
souviendra.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'était pas plus noble.
M. Morin (Sauvé): C'était évidemment une
réponse simpliste à un problème complexe. Ce n'est pas en
invitant les gens à faire des enfants qu'on règle le
problème, quoiqu'on peut souligner de cette façon, j'imagine,
qu'il y a là un problème réel.
C'est par des politiques natalistes, comme le gouvernement entend s'en
donner, puisque ces questions sont à l'étude ces temps-ci, qu'on
arrive à corriger des phénomènes comme ceux-là. Et
les politiques natalistes s'appliqueront aussi bien aux anglophones qu'aux
francophones. Elles s'appliqueront à tous les citoyens du
Québec.
Donc, Mme le député, je dois vous dire que nos chiffres ne
nous permettent pas de soutenir les thèses que vous avancez dans le sens
que la communauté anglophone est en voie de perdition. C'est inexact, ce
n'est pas ce que disent les chiffres et les faits et j'aurai l'occasion de vous
en communiquer de plus précis qui vous donneront, j'espère, non,
je ne l'espère pas, qui devraient vous donner tous les apaisements
requis. Je ne l'espère pas, parce que je sais qu'il se glisse
là-dedans une bonne dose d'émotivité, comme cela est
naturel, comme cela est normal.
Pour ce qui est maintenant des classes d'ac-ceuil, je ferais remarquer
tout simplement à Mme le député qu'elles ont connu une
croissance spectaculaire depuis la Charte de la langue française. Cette
année seulement, à cause des politiques du ministère de
l'Education...
Mme Lavoie-Roux: Vous y accueillez les enfants de canadiens et
non seulement les immigrants.
M. Morin (Sauvé): Cette année seulement, nous
sommes passés de 3647 à 6568 élèves dans les
classes d'accueil. C'est donc un progrès tout à fait remarquable
et qui va, j'espère, continuer. J'espère que nos classes
d'accueil vont accueillir des enfants néo-québécois de
souche récente de plus en plus nombreux. C'est toute l'idée de la
Charte de la langue française. C'est la volonté du
gouvernement.
Pour ce qui est de la clause Canada, je ne pense pas qu'il soit question
de la modifier. Nous avons offert un troc fort civilisé, ma foi, aux
autres provinces. Nous avons dit: Traitez vos citoyens francophones comme nous
traitons nos citoyens anglophones et, alors, nous pourrons nous entendre et
éventuellement reconnaître aux anglophones du Québec les
mêmes droits que vous reconnaîtrez aux francophones hors du
Québec, dans les provinces à majorité anglophone. C'est
fort civilisé, c'est évidemment destiné à faire
évoluer la situation. Elle a commencé à évoluer,
mais nous n'y sommes pas encore tout à fait. Si Mme le
député a pu consulter le rapport du Conseil des ministres de
l'Education déposé l'an dernier devant la Conférence des
premiers ministres des provinces, elle a pu constater que la situation des
anglophones du Québec est infiniment supérieure sur le plan
scolaire et à tous égards à la situation des francophones
des autres provinces. (12 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai reconnu, M. le ministre. Je l'ai dit
tout à l'heure, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je suis heureux de vous l'entendre
reconnaître expressément.
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai dit expressément, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Cela étant, nous ne pensons pas
qu'il y ait lieu pour l'instant d'abandonner le projet gouvernemental de faire
évoluer la situation dans les autres provinces en leur demandant
d'accorder à leurs citoyens francophones les droits que nous
reconnaissons aux anglophones.
M. Goldbloom: M. le Président, un dernier commentaire. Le
fait demeure que le milieu anglophone au Québec ne peut croître
que par son seul taux de natalité. Le milieu francophone peut
croître par son taux de natalité et par l'ajout de personnes
venant de l'extérieur. Il y aura à l'avenir une disproportion,
c'est inévitable.
M. le Président, j'ai déjà dit que le gouvernement
a vu ce qui paraît être, à ses propres yeux un
déséquilibre. Il a voulu redresser ce déséquilibre
et est allé trop loin dans l'autre sens, a créé un
déséquilibre qui est injuste à l'égard d'un
élément important de la population qui a contribué
à faire du Québec ce que le Québec est aujourd'hui, qui va
continuer de faire du Québec de demain une meilleure
société et qui devrait être sur un pied
d'égalité avec les autres citoyens de cette province quant
à la possibilité de continuer cette participation. Parce que,
s'il y a une disproportion progressive, s'il y a une baisse proportionnelle
avec les années ce qui est inévitable à cause du
fait que je viens d'invoquer la participation de ces gens diminuera avec
le temps, ce qui, à mon sens, sera regrettable.
M. le Président, ce n'est pas parler contre d'autres personnes
que de parler en faveur d'un élément important de la
société québécoise qui a fait une contribution et
qui veut continuer de la faire.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je veux
simplement ajouter, très brièvement, dans l'espoir que ce
débat pourrait prendre fin, au moins pour l'instant je crois bien
qu'on en entendra parler encore dans l'avenir, bien sûr je voulais
simplement dire que c'est de choix délibéré que le
gouvernement a décidé d'envoyer les enfants des nouveaux venus au
Québec à l'école française. Cela a un impact, qui
n'est pas considérable, mais cela a un impact sur les clientèles
scolaires. Cela est voulu par le gouvernement. C'est un choix
délibéré.
J'aimerais bien que le député de D'Arcy Mc-Gee, dont la
sollicitude s'étend tout à fait légitimement à la
communauté anglophone du Québec,
soit aussi sensible au fait que dans les provinces anglophones, non
seulement nous n'avions pas à maintenir nos proportions, mais le taux
d'assimilation est catastrophique pour les francophones. Quand il partagera le
souci du gouvernement du Québec sur ce point, nous pourrons
peut-être reparler de tout cela.
M. Goldbloom: M. le Président, on peut partager la
même préoccupation sans tirer nécessairement les
mêmes conclusions quand au troc proposé par le gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pense bien
que si... Je ne peux pas empêcher les libéraux de vouloir modifier
la Charte de la langue française. Si telle est leur volonté
éventuelle, qu'ils le fassent savoir à la population. C'est elle
qui jugera.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, excusez-moi. Hier,
j'avais dit que je remettrais cette copie du plan provisoire d'un programme
d'histoire nationale. On en a fait faire plusieurs copies pour les membres de
la commission qui sont intéressés. Je vais leur faire de la
publicité, ils vont être chanceux. Je pense qu'ils les ont
là-bas. On va vous les donner.
M. Morin (Sauvé): De notre côté, nous avons
promis un certain nombre de chiffres, M. le Président. Je vais essayer
de les donner à la commission le plus vite possible.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Shaw: Vous avez un autre chiffre, dans ce
problème...
Le Président (M. Marcoux): II est 12 h 30. Est-ce que le
programme 4, si je comprends bien, ne sera pas adopté?
M. Goldbloom: Pas encore, M. le Président. Mme
Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Marcoux): Alors, la commission ajourne
ses travaux sine die.
Suspension de la séance à 12 h 36
Reprise de la séance à 16 H 58
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'éducation est réunie pour
étudier les crédits du ministère de l'Education pour
l'année 1979/80.
Les membres de la commission sont M. Alfred (Papineau), M. Goldbloom
(D'Arcy McGee), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M. Marquis
(Matapédia), M. Morin (Sauvé), M. Pa-quette (Rosemont).
Les intervenants sont M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Picotte
(Maskinongé), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Springate (Westmount).
A l'ajournement, à midi, nous en étions toujours au
programme 4?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee avait demandé la parole. M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Je ne l'avais pas demandée, M. le
Président, mais je viens de le faire...
Mme Lavoie-Roux: II l'a obtenue. Le Président (M.
Boucher): Ah bon!
M. Goldbloom:... et je suis heureux que vous me l'accordiez. Je
veux interpeller le ministre. Le ministre, M. le Président, est un homme
cultivé et sa formation...
M. Morin (Sauvé): In cauda venenum
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas le cas du député de
D'Arcy McGee.
M. Le Moignan: Vous le voyez venir.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis certain qu'à
la base de sa formation poussée, il y a eu quelques
éléments, quelques cours dans le domaine scientifique. Je suis
certain, d'autant plus qu'il est responsable des professions, qu'il est
sensible au principe de l'évaluation scientifique des mesures qui sont
instaurées pour le bien de la population et notamment pour la protection
ou l'amélioration de la santé de la population. Quand il s'agit
du traitement d'une maladie extrêmement grave, d'une maladie mortelle, on
a beaucoup d'hésitations à...
M. Morin (Sauvé): Etes-vous sûr que vous êtes
dans la bonne commission parlementaire, docteur?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: II vous a interpellé, M. le
Président. (17 heures)
M. Morin (Sauvé): Je me demande si cela ne relève
pas des Affaires sociales.
M. Goldbloom: Non, je suis...
Programme lait-école
M. Morin (Sauvé): A moins qu'il ne veuille en venir... je
sais où il veut en venir, il veut en venir au lait.
Mme Lavoie-Roux: Exactement.
M. Goldbloom: On ne peut rien cacher au ministre, M. le
Président.
M. Morin (Sauvé): J'aurais dû me douter.
M. Goldbloom: M. le Président, je disais, en guise de bref
préambule, que quand on fait face à une maladie grave et
même mortelle, on hésite beaucoup à diviser les personnes
souffrant d'une telle maladie en deux groupes et d'en faire un groupe
expérimental et un groupe de contrôle pour comparaison. Mais,
quand il ne s'agit pas d'une maladie de cette nature, de cet ordre, il y a un
principe fondamental que si l'on veut évaluer l'effet d'une mesure
quelconque, on prend deux groupes et l'on fait subir à l'un le
traitement en question et l'on garde l'autre comme contrôle, comme groupe
témoin, pour savoir si, effectivement, par comparaison à un tel
groupe, celui qui a été traité a démontré de
l'amélioration.
M. le Président, j'insiste sur ces principes pour une raison qui
est simple mais fondamentale. Nous avons tendance à dire: II est
évident que telle chose, telle mesure, serait bonne, mais ce n'est pas
toujours vrai. Nous avons tendance à dire: Le lait est un aliment
fondamental, un élément indispensable (ce n'est même pas
vrai) de l'alimentation des êtres humains et, notamment, des enfants et
l'on dit: Puisque le lait est une bonne chose à donner aux enfants, il
faut assurer que tous les enfants en prennent à l'école et l'on
dit: On n'a pas besoin de faire des études là-dessus, on sait que
le lait est bon, donc, si l'on en donne aux enfants, ce sera un geste utile, un
geste qui aura pour effet d'améliorer leur santé, leur
état de nutrition.
Il faut quand même regarder, avec plus d'objectivité et
moins d'émotivité que cela l'opportunité de donner
à tous les enfants du lait quotidiennement à l'école. L'an
dernier, nous en avons parlé et, M. le Président, soyez
rassuré, je n'ai pas l'intention de faire un long débat
là-dessus cette année mais je voudrais quand même
demander au ministre, puisque, l'an dernier, comme j'ai été sur
le point de le dire, il nous a assuré qu'il y aurait une
évaluation du programme, que le programme ne serait pas poursuivi
indéfiniment, ne serait pas automatiquement, sans esprit critique,
étendu à toutes les commissions scolaires, toutes les
écoles, tous les enfants, sans que nous soyons en mesure de juger si,
effectivement, c'est une bonne chose ou non...
Donc, je voudrais demander au ministre ce qu'il peut nous dire
aujourd'hui. Y a-t-il eu une évaluation? Si oui, quel a
été le protocole d'étude qui a servi à
l'évaluation du programme lait-école? Comment la comparaison
s'est-elle faite entre le groupe qui a reçu le lait et celui qui ne l'a
pas reçu? Y a-t-il eu des conclusions qui pourraient nous guider quant
à la poursuite du programme à l'avenir?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, à la
suite de l'intervention du député de D'Arcy McGee, l'an dernier,
laquelle portait sur le même sujet, les ministères
intéressés par cette question se sont penchés sur la
question de savoir si c'est une bonne chose que de distribuer du lait
gratuitement dans les écoles, ainsi que le gouvernement l'a
organisée depuis deux ans.
Une évaluation a été faite, en particulier par le
sous-ministre des Affaires sociales, et, de son côté, le
ministère de l'Agriculture s'est enquis des résultats de cette
distribution auprès d'un certain nombre d'organismes, pour savoir si les
gens étaient satisfaits de la chose ou s'il y avait des correctifs
à apporter à la distribution. La conclusion qui semble se
dégager de tout cela, pour un ministère comme le mien, qui assure
la distribution, essentiellement, et qui doit se fier aux avis qui lui sont
donnés, par exemple, par le ministère des Affaires sociales ou
encore le ministère de l'Agriculture, les avis que nous avons
reçus nous confirment dans le fait que, tant socialement que sur le plan
alimentaire, la distribution gratuite du lait est une excellente chose.
Je vais tenter de vous citer...
Mme Lavoie-Roux: De nous convaincre.
M. Morin (Sauvé):... certains éléments qui
me permettent d'affirmer la chose. Tout d'abord, le ministère de
l'Agriculture s'est documenté auprès de certains organismes, et
notamment auprès des parents, puisque, vous le savez, il convenait de
s'assurer que les parents soient d'accord avec cette distribution.
Et afin de connaître le degré de satisfaction des parents,
dont les enfants recevaient le lait quotidiennement, on a demandé
à la Fédération des comités de parents du
Québec, quelle était son appréciation du programme
lait-école.
La fédération a affirmé que les parents sont
satisfaits du programme et qu'ils souhaitent son expansion. Vous savez que l'an
dernier, nous n'avions pas réussi à couvrir tout le réseau
des écoles. Cette année, nous espérons nous rendre dans
toutes les écoles du Québec, pour assurer la distribution
gratuite du lait.
Les parents ont même observé, selon le rapport du
ministère de l'Agriculture, une augmentation de la consommation du lait
à la maison, depuis la distribution du lait en classe. Par contre, la
fédération suggère qu'on étudie la
possibilité de substituer au lait d'autres produits laitiers. Elle
voudrait qu'on élargisse la gamme des produits. Je pense que le
ministère de l'Agriculture est sensible à cette suggestion.
Du côté du ministère des Affaires sociales, il y a,
en date du 24 août 1977, une lettre dont copie
nous a été communiquée, adressée par les
Affaires sociales, à l'Agriculture. Dans cette lettre, on indique ce
qui, peut-être, pourrait nous amener à des
réaménagements dans la distribution du lait. Mais le principe
lui-même, sur le plan de la santé et sur le plan social, ne semble
pas être remis en question. Au contraire, le sous-ministre des Affaires
sociales tient à féliciter l'Agriculture d'une initiative aussi
louable que celle qui a été prise à l'égard de
l'amélioration de l'état nutritionnel des jeunes
Québécois.
En ensuite, on attire l'attention de l'Agriculture sur quelques
détails. Ils sont importants. Je voudrais dire au député
de D'Arcy McGee que, pour ma part, j'ai pris connaissance de cet avis des
Affaires sociales avec beaucoup d'intérêt.
On soutient que le groupe cible, c'est-à-dire les
élèves du niveau primaire n'ont pas été choisis en
fonction des besoins nutritionnels réels. Ce serait plutôt, nous
dit-on, les adolescents et surtout les filles et non les jeunes enfants
qui ont une consommation insuffisante de produits laitiers.
C'est pourquoi on suggère qu'il soit tenu compte, dans le choix
des groupes cibles de ce facteur. Je pense que, du côté de
l'Agriculture, on veut tenir compte de cet avis des Affaires sociales, mais il
faudrait, pour en être sûr, que j'aie le temps de poser quelques
questions aux responsables de ce programme au ministère de
l'Agriculture.
On ajoute également qu'il a été
démontré à maintes reprises dans les enquêtes au
Québec et ailleurs que les élèves de milieux
défavorisés ne consomment pas autant de lait que les autres.
C'est d'ailleurs aussi vrai de certains autres produits frais, comme les fruits
et légumes. On suggère donc d'améliorer le choix des
groupes cibles en fonction des milieux défavorisés qu'on souhaite
voir bénéficier du lait-école.
En résumé, dit la lettre, le ministère des Affaires
sociales recommande fortement que la distribution du lait-école dans les
écoles de niveau primaire soit limitée aux seuls
élèves qui en ont réellement besoin, ceux du milieu
défavorisé. Pour les élèves des autres milieux, des
mesures générales d'éducation élémentaire et
une bonne publicité suffiront à maintenir la consommation de lait
à un niveau satisfaisant au plan nutritionnel, soit 2 1/2 tasses par
jour de lait ou de produits laitiers équivalents.
M. le Président, il y a peut-être lieu de mieux choisir les
groupes cibles, de réorienter la distribution du lait-école, mais
nous avons observé une chose, c'est que la distribution du lait est un
instrument extrêmement efficace de sensibilisation des enfants à
une alimentation plus saine et on se rend compte qu'en leur proposant le lait,
on les éduque également à consommer des produits frais,
des fruits et des légumes. En conséquence, il ne faut pas
s'étonner que la Fédération des comités de parents
souhaite que ce programme prenne de l'expansion. Ils ont remarqué, comme
je l'indiquais il y a un instant, une augmentation de la consommation du lait
à la maison depuis que le lait est disponible en classe. C'est donc un
excel- lent prétexte pour amorcer une réflexion sur la
nécessité d'une saine alimentation.
M. Goldbloom: M. le Président, je remercie le ministre de
ces renseignements. Il va sans dire que, quand il invoque l'objectif de
sensibiliser nos enfants à des notions de saine alimentation, nous ne
pouvons que l'appuyer quant à cet objectif. Mais il comprendra aussi
que, dans le domaine de la santé, on doit, dans une certaine mesure, se
méfier des témoignages. Combien de fois a-t-on vu des projets de
recherche clinique où l'on a pris deux groupes de personnes et où
l'on a donné à l'un un médicament, et à l'autre ce
que l'on appelle un placebo, c'est-à-dire un médicament ou un
produit de même apparence, mais sans effet pharmacologique. Combien de
fois a-t-on vu, chez les personnes qui prenaient un produit sans effet
pharmacologique, un témoignage du genre: "L'effet était
merveilleux, je me sentais beaucoup mieux."
Quand le ministre nous dit qu'un organisme représentant les
parents lui a donné un encouragement disant que c'est un excellent
programme, il faudra quand même que l'on aille plus loin. J'aimerais
demander au ministre s'il y a eu un effort de fait, et je parle d'un effort
rigoureusement scientifique, pour déterminer les habitudes alimentaires
des enfants avant l'instauration du programme? Y a-t-il eu des comparaisons
chiffrées quant à la consommation de lait entre le groupe cible
et un groupe qui ne recevait pas de lait et qui aurait pu servir de
comparaison? (17 h 15)
Y a-t-il eu, par exemple, puisque je crois connaître la
réponse à cette première question, et je crois qu'elle est
négative, mais une fois le programme instauré, y a-t-il eu un
projet d'étude où l'on a pesé les enfants avant et
après l'écoulement d'une certaine période de temps pour
déterminer si ceux qui recevaient du lait, engraissaient plus rapidement
ou moins rapidement peut-être que les enfants qui n'en recevaient pas, et
cela par rapport à un souci que nous avons de plus en plus depuis un
certain nombre d'années? C'est le souci d'éviter
l'obésité chez les personnes. Nous en avons parlé l'an
dernier. Il me semble que ce serait un geste responsable, de la part des
autorités en place, de suivre l'évolution du poids des enfants
pour savoir s'il y a une différence entre les deux groupes. Si oui,
est-ce que le rythme de progrès du poids des enfants qui
reçoivent du lait additionnel est un rythme acceptable ou un rythme
inquiétant par rapport à une obésité possible?
M. le Président, je termine cette question en portant un fait
à l'attention du ministre. C'est que, depuis à peine quelques
années, deux, trois ou quatre années, c'est un ordre de grandeur
que je lui donne, les spécialistes en pédiatrie et les
spécialistes en nutrition qui sont leurs collaborateurs essaient
d'amener les parents à ne pas donner à manger aux
bébés de la nourriture solide avant l'âge de six mois et la
raison est pour éviter que ces enfants ne prennent l'habitude de trop
manger et que ne soient développées dans leurs tissus des
cellules que l'on pourrait appeler cellules obèses.
M. Morin (Sauvé): Adipeuses.
M. Goldbloom: Adipeuses, d'accord. M. le Président, je ne
voudrais pas... Je constate, M. le Président, que j'avais raison au
début de mes remarques. Le ministre a une formation scientifique, je
l'en félicite.
M. le Président, je ne dis pas que je suis
nécessairement...
Mme Lavoie-Roux: ... ou il a du vocabulaire, un des deux.
M. Goldbloom: Un des deux, oui. ... Je ne dis pas que je suis
nécessairement parfaitement d'accord avec cette nouvelle théorie.
Je pense qu'il y a un phénomène de pendule là-dedans. Le
peuple pourra revenir vers un certain milieu. Mais c'est quand même
significatif que l'on essaie de diminuer la consommation de produits
alimentaires pour les bébés afin d'éviter que ne soit
déclenché un processus qui pourrait mener vers
l'obésité.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le
député de D'Arcy McGee pose ses questions comme si, toute la
journée, on installait les enfants des écoles sous des robinets
et qu'on les forçait à ingurgiter du lait. Il s'agit d'un
berlingot par jour, M. le Président. Ce n'est donc pas de la
surconsommation. C'est tout juste les amener à y goûter, puisque,
dans certaines familles, vous le savez, on n'y touche même pas, soit
parce qu'on n'a pas les moyens, soit parce qu'on n'a pas été
éduqué à cela.
Ce n'est pas comme s'il y avait un abus. C'est tout simplement qu'il y a
des enfants qui ne boivent jamais de lait, qui ne mangent jamais de fruits
frais ni de légumes frais. N'agissons pas comme s'il y avait un
péril d'empoisonnement à consommer du lait, ce serait tout de
même un peu fort. J'aimerais que l'ex-ministre nous donne ses couleurs
sur le fond, est-ce qu'il désire que nous arrêtions la
distribution du lait? L'an dernier, c'est un peu la conclusion à
laquelle il en venait. Si c'est cela, j'aimerais le savoir parce que cela
clarifierait sa question.
M. Goldbloom: M. le Président, je me permets de
répondre immédiatement. Je trouve, premièrement, que le
gouvernement n'a pas agi avec toute la sagesse et la prudence qu'il aurait
dû utiliser, en instaurant ce programme sans instaurer, en même
temps, un protocole d'évaluation scientifique.
M. Morin (Sauvé): Bon.
M. Goldbloom: Deuxièmement, je ne suggère pas au
gouvernement de retirer ce programme. Je lui suggère toujours la
même chose, de prendre un échantillonnage raisonnable. Je ne dis
pas que le gouvernement devrait mettre tous les écoliers du
Québec sur une balance à tous les jours; je lui dis tout
simplement qu'il devrait prendre un échantillon raisonnable de la
population scolaire et suivre l'évolution de deux groupes dont l'un
recevrait le lait et l'autre n'en recevrait pas, afin d'être en mesure de
publier, comme organisme responsable, un document scientifique sur les
résultats du programme, ce qui semble impossible dans les conditions
actuelles de poursuite de ce programme.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que le Conseil supérieur de
l'éducation a suggéré, également.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il faut bien
comprendre qu'il y avait une certaine urgence à éduquer les
enfants québécois, surtout dans certains milieux, à une
alimentation plus saine. Ce n'est pas comme si, auparavant, les enfants
n'avaient rien bu. Le malheur, c'est qu'ils buvaient toutes sortes de boissons
gazeuses dont je ne pense pas qu'on puisse dire, sur le plan scientifique,
qu'elles soient meilleures que le lait pour les enfants. Le
député de D'Arcy McGee qui est médecin sait fort bien
à quel point certaines de ces boissons peuvent être nocives, ces
boissons gazeuses, ces aliments pleins de produits chimiques dont on se sert
pour assurer leur conservation et qui sont distribués dans plusieurs de
nos écoles depuis fort longtemps. Heureusement, tant à
Montréal qu'ailleurs, le conseil scolaire, la CECM ont fait des efforts
pour sortir des écoles ces produits plus ou moins frelatés.
Nous ne pouvions pas, puisque le programme existe depuis un an et demi
seulement, nous lancer dans une vaste analyse où on aurait fait passer
les enfants par une balance à leur sortie, le soir, avant de monter dans
l'autobus pour, le matin, passer sur la même balance.
M. Goldbloom: Pourquoi pas?
M. Morin (Sauvé): M. le Président... Une Voix:
On va acheter des balances.
M. Morin (Sauvé): Les frigos coûtent
déjà très cher, mais je ne voudrais pas non plus pousser
un argument de cette nature trop loin. Je conviens avec le député
de D'Arcy McGee qu'il faut se donner des garanties scientifiques. D'ailleurs,
le ministère des Affaires sociales a procédé à des
consultations auprès d'un certain nombre d'experts et de médecins
et les avis sont contradictoires. Il semble bien que la majorité ait dit
qu'à tout prendre, c'était une saine initiative que de faire
consommer aux jeunes du lait plutôt qu'un certain nombre d'autres
boissons. Il est vrai qu'il y a un médecin que le député
de D'Arcy McGee nous a cité amplement, je pense, l'année
dernière, qui n'est pas du même avis et qui estime que le lait est
dangereux pour les enfants.
M. Goldbloom: Non, non, M. le Président,
n'exagérons pas!
M. Morin (Sauvé): C'était ça que vous nous
disiez en somme.
M. Goldbloom: Non, c'est une question de proportion.
M. Morin (Sauvé): Enfin, écoutez, vous pourrez nous
expliquer ce qu'il en est exactement. Et si vous me répondez que c'est
une question de proportion, je vous réponds: Exactement. Si les enfants
buvaient deux gallons de lait par jour, ce serait une affaire, mais c'est un
berlingot, M. le député. Il n'y a vraiment pas péril en la
matière.
M. Goldbloom: Le ministre revient une deuxième fois
à son affirmation que ce n'est qu'un berlingot de lait. Je voudrais
attirer son attention sur un article publié le 14 avril de cette
année, dans le journal Le Nouvelliste de Trois-Rivières,
signé Ginette Gagnon et intitulé: "Dans les écoles du
territoire de la Commission scolaire Chavigny, distribution du lait suspendue".
Il y a deux éléments là-dedans, le premier qui a
sûrement été porté à l'attention du ministre
et qui a sûrement provoqué de sa part une intervention
vigoureuse...
Mme Lavoie-Roux: Et rapide.
M. Goldbloom: ... et rapide, c'est que l'on a souligné que
les parents et les enfants se plaignaient de la mauvaise qualité du lait
distribué. Mais ce n'est pas là le point que je veux
soulever.
Je cite une partie d'un paragraphe de cet article: "Le dernier sondage
effectué dans les écoles indiquait que 73% des jeunes buvaient du
lait, mais avec les problèmes qui persistent, la consommation tend
à diminuer. Alerté, le comité de parents a cru qu'en
invitant les enfants à apporter à l'école des biscuits
pour prendre avec le lait, on réussirait à remonter la pente,
mais la commission scolaire a fait savoir que le problème était
tout autre et qu'on allait s'y attaquer sans tarder." Fin de la citation.
Si le ministre me permet de terminer, je suis informé, mais je
n'ai pas de documentation là-dessus, que, dans d'autres écoles,
les enfants apportent avec eux des sachets de poudre de chocolat et
introduisent dans le lait la poudre de chocolat et consomment alors une
quantité plus élevée de calories et de matières
grasses et le reste. Donc, dans certains cas, ce n'est pas simplement un
berlingot de lait.
Je termine mon intervention. Je ne veux pas poursuivre le débat
plus loin, mais je veux souligner le fait que le médecin que j'ai
cité, qui occupe une chaire de pédiatrie et qui est
président du comité de nutrition d'un organisme
pédiatrique de notre pays, a souligné simplement le fait que j'ai
essayé de souligner l'an dernier, que je ramène sur la table;
c'est que quand on instaure un tel programme de façon universelle ou
quasi universelle, on donne du lait à des enfants qui en ont besoin et
l'on en donne à d'autres qui n'en ont pas besoin. Une discrimination
aurait été souhaitable et surtout et c'est le point
fondamental dont je ne démordrai pas il serait bon que nous ayons
une étude scientifique.
Le ministre dit, avec raison, que c'est mauvais que les enfants
consomment des boissons gazeuses, et donc que le fait de leur offrir du lait
peut diminuer leur consommation de boissons gazeuses. Il me semblerait tout
à fait désirable, souhaitable que l'on ait des chiffres qui
démontreraient qu'avant le programme, les enfants consommaient en
moyenne une quantité x et qu'une quantité moindre est aujourd'hui
consommée par les enfants, puisqu'on leur donne du lait à la
place.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne
m'étonne pas que si la qualité du lait laisse à
désirer dans une région ou dans une commission scolaire ou
même dans une école, les enfants le refusent et que les parents
s'en plaignent. C'est bien normal, et il va falloir que le ministère de
l'Agriculture voie à ce que l'approvisionnement soit de première
qualité. D'ailleurs, il essaie de le faire, et j'imagine que, pour un
cas de lait de mauvaise qualité, il y en a des centaines où le
lait est de bonne qualité.
D'ailleurs, la satisfaction générale des parents, telle
que reflétée par la Fédération des comités
de parents, nous l'apprend. On souhaite que le programme soit étendu,
parce qu'on s'aperçoit que ça contribue à modifier les
habitudes alimentaires des jeunes. Je conviens cependant que le moment est venu
de se pencher là-dessus. D'ailleurs, le ministère de
l'Agriculture est du même avis. Il a décidé de faire une
évaluation de l'impact alimentaire du programme et même...
d'ailleurs, nous sommes en contact M. le sous-ministre Girard est en
contact avec le ministère de l'Agriculture, pour que nous soyons
associés à cette évaluation.
De même, le ministère de l'Agriculture se propose de faire
une table ronde d'experts pour tenter de voir si, sur le plan scientifique, on
peut évaluer l'impact du programme. J'imagine que, d'ici quelques mois,
ça fera à peine un an et demi ou deux que dure le programme, on
sera en mesure de pouvoir mettre en marche, de pouvoir se livrer à une
évaluation, et, si la chose s'avère nécessaire sur le plan
scientifique, à procéder à des études plus
poussées comme celles que le député de D'Arcy McGee nous
suggère.
J'ai pris bonne note de ce qu'il m'a dit et je m'en entretiendrai avec
le ministre de l'Agriculture. D'ailleurs, le député de D'Arcy
McGee pourra peut-être en glisser un mot également au ministre de
l'Agriculture, à moins qu'il ne l'ait fait lors de l'étude des
crédits de ce ministère.
M. Goldbloom: Je n'ai pas eu l'occasion de le faire, M. le
Président. J'aimerais que le ministre inclue dans ses consultations son
collègue des Affaires sociales, c'est très important. M. le
Président... (17 h 30)
M. Morin (Sauvé): Ils font partie d'un comité mixte
des trois ministères.
M. Goldbloom: Merci. M. le Président, mon dernier mot sur
le sujet: je voudrais qu'il soit bien
compris que je ne suis ni pour ni contre le lait; je me fait
l'apôtre de la rigueur scientifique en ce qui concerne la santé et
la nutrition de nos enfants.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie, sur le même sujet.
Mme Lavoie-Roux: Je vais être très brève.
J'avais posé la question de la nécessité de
l'évaluation avant même que le projet soit en marche à
l'Assemblée nationale, à l'été 1977. Le ministre de
l'Agriculture en a entendu parler, il n'y avait pas pensé. Depuis, il
n'a pas agi. Ce n'est pas ça le fond de ma question. Y a-t-il des
efforts faits, compte tenu des budgets disponibles, pour aider les commissions
scolaires ou les écoles à établir une politique
alimentaire?
Ma position, vous la connaissez. C'est sûr que, dans les milieux
défavorisés où il n'y a pas de lait, c'est bon. Mais avant
de dépenser des millions pour en donner à des enfants qui n'en
ont pas besoin, je pense qu'il y a des priorités à
établir. Est-ce qu'on veut établir un programme alimentaire
où il y aurait des subventions pour certains aliments autres que le
lait, par exemple dans les cafétérias, tel que cela existe dans
toute l'île de Montréal? On pourrait peut-être parler
là d'une politique alimentaire qui vient vraiment faire une
éducation véritable des enfants.
M. le ministre, si vous ne le savez pas je ne pourrais pas vous
donner le nombre dans un très grand nombre de commissions
scolaires du Québec et je parle évidemment du secondaire;
pour les enfants de l'élémentaire, c'est différent
où il y a des cafétérias, les commissions scolaires
doivent faire leurs frais et, à cause de cela, les menus qui sont
présentés aux élèves sont loin de susciter une
éducation à l'alimentation et peuvent même contrer tous les
efforts qui seraient totalement bénéfiques de la distribution du
lait à des enfants.
C'est uniquement cette question. Cela fait trois ans que je vous la
répète. C'est cela, le fond du problème. Si on a tant de
millions de dollars à dépenser, il faut les dépenser
à bon escient. Je n'ai rien d'autre à ajouter.
M. Morin (Sauvé): Madame le député sait
qu'au niveau du Conseil scolaire de l'île de Montréal, il s'est
fait de très grands efforts, avec une contribution financière qui
atteint quelques millions de dollars...
Mme Lavoie-Roux: Et qui est payée à même
l'inadmissible de l'île de Montréal.
M. Morin (Sauvé): C'est cela, qui est payée
à même l'inadmissible, pour tenter d'obtenir une certaine
évolution dans les habitudes alimentaires des jeunes. Le
ministère n'a pas versé de montant pour cette initiative; il n'a
pas l'intention de le faire non plus, quoiqu'il encourage beaucoup les
commissions scolaires à se pencher sur cette question, à en tenir
compte lorsqu'elles octroient, par exemple, des contrats de service dans le
domaine de l'alimentation.
Le font-elles toutes? C'est une autre affaire. J'avoue que là, je
rejoins les préoccupations de décentralisation de Mme le
député de L'Acadie. Le ministère ne peut pas être
celui qui octroie tous les contrats d'alimentation. Il peut exhorter, et il le
fait. Il exhorte les commissions scolaires à être conscientes de
ces problèmes. Il leur rappelle que l'école est un lieu où
l'on doit apprendre, non seulement un certain nombre de connaissances, mais
où les habitudes alimentaires font partie de l'éducation totale
que les enfants doivent recevoir.
Cela étant, il n'est pas sûr que toutes les commissions
scolaires en tiennent compte autant qu'elles le devraient. Il faut le
reconnaître. Nous essayons de progresser d'année en année,
de les sensibiliser le plus possible à la chose.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que le ministre
ne m'a pas tout à fait comprise. Je sais qu'il m'a comprise, mais, selon
son attitude, il passe toujours un peu à côté.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas très gentil,
cela.
Mme Lavoie-Roux: Non. Mais quand même, avec moi, vous
êtes à l'abri de passablement d'interpellations que vous pourriez
recevoir, non pas du député de D'Arcy McGee, mais de certains
autres.
Ce que je dis, c'est que, si la politique du lait coûte cher, et
je pense que cela va aller chercher $14 millions...
M. Morin (Sauvé): $7 millions.
Mme Lavoie-Roux: Mais quand elle sera rendue universelle, ce sera
combien? Admettons $7 millions.
M. Morin (Sauvé): Cela fera $9 millions en tout,
peut-être.
Mme Lavoie-Roux: Cela importe peu. M. Morin (Sauvé):
$7 millions en tout.
Mme Lavoie-Roux: C'est que ce montant qui, quand même, est
dépensé à partir du fonds consolidé de la province
qu'il vienne du ministère de l'Agriculture ou d'un autre
ministère ce montant-là, est dépensé pour
une distribution de lait dont on n'est pas certain que ce soit le meilleur
usage. Ce que je suggère, c'est qu'en même temps et
parallèlement, il y ait une politique alimentaire qui pourrait
être substituée au lait, une politique alimentaire qui serait plus
rationnelle pour les différents milieux. Vous dites: Vous insistez et
vous insistez. Je ne vous demande pas d'aller choisir les concessionnaires pour
les cafétérias des commissions scolaires, ce n'est pas du tout ce
que j'ai voulu dire. Quand on a une somme minime d'argent à
dépenser, il faut établir ses priorités le plus
rationnellement possible et là où cela rend davantage service. Je
n'ai plus rien à dire sur cela.
M. Laplante: Sur le même sujet, est-ce que je pourrais
donner seulement...
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet, M. le
député de Bourassa avait demandé la parole.
M. Laplante: C'est seulement pour en venir, M. le
Président... C'est un appui que je suis obligé de donner au
député de L'Acadie. On manque, je pense, un peu le bateau
actuellement en donnant une éducation sur une saine alimentation
à l'intérieur des écoles. Disons qu'à
Montréal, actuellement, d'accord, c'est bien planifié par le
conseil de l'île pour essayer de donner à un bas prix une saine
alimentation aux élèves. Mais ce qui se produit en province
actuellement, c'est qu'après qu'on ait eu des professeurs en nutrition
qui essayaient de donner aux élèves une saine alimentation, on
leur demande, après cela, le prix d'un repas de $1.80 à $2 dans
les cafétérias, ce qui fait que les enfants ne sont plus capables
de manger à ce prix-là et, c'est exact, ils vont dans un
restaurant de hot dogs, de hamburgers. Je pense qu'au niveau des Affaires
sociales, si on veut être compréhensifs, parce qu'on dit qu'une
saine alimentation, cela part du berceau, on aurait beaucoup à gagner
pécuniairement et dans la santé du peuple
québécois, en commençant par l'école, en
subventionnant, en aidant les commissions scolaires, soit par le biais des
Affaires sociales ou du ministère de l'Agriculture, à exiger des
élèves un prix abordable pour la nutrition. C'est
là-dessus, mais je reviendrai, M. le Président, tout à
l'heure pour ne pas enlever le droit de parole au député de
Gaspé.
Mme Lavoie-Roux: Je remercie le député de Bourassa
de son appui.
M. Laplante: Cela m'a poigné.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est l'appui ou les
remerciements?
M. Morin (Sauvé): Vous avez créé une forte
émotion chez le député de Bourassa.
M. le Président, je voudrais dire au député de
Bourassa que nous nous entretenons de ces questions avec les Affaires sociales.
Nous le faisons d'ailleurs depuis plusieurs années. Je pense que
l'ancien gouvernement...
Mme Lavoie-Roux: Nous autres aussi, cela fait plusieurs
années.
M. Morin (Sauvé): Oui, l'ancien gouvernement en parlait
lui aussi avec les Affaires sociales. Le grand problème, c'est
évidemment la question des coûts, parce qu'il y a 400 000 enfants,
400 000 jeunes qui mangent dans les cafétérias ou apportent leur
boîte, comme certains le font, le midi, au Québec. Si nous devions
intervenir, je pense que ce nombre augmenterait encore beaucoup. Les sommes en
cause pourraient facilement devenir et seraient, dès le premier jour,
faramineuses. C'est la raison pour laquelle le ministère des Affaires
sociales hésite à s'engager sur cette voie, mais nous tentons,
à l'Education, d'obtenir sa coopération et de voir si on ne peut
pas quand même faire un effort dans ce sens-là.
M. Laplante: Est-ce que je pourrais vous faire une petite
proposition, M. le ministre, là-dessus?
M. Morin (Sauvé): Oui, sûrement, avec l'appui du
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: La mienne.
M. Laplante: Oui, parce que, à un moment donné, il
n'est plus question de parti pour moi, quand on parle d'une chose aussi
importante que la nutrition de l'enfant; je pense que cela dépasse la
philosophie des partis. On serait peut-être capable, par l'entremise des
Affaires sociales, de faire un relevé des visites chez le médecin
des enfants seulement au point de vue de troubles gastriques, seulement dans ce
secteur. Combien coûtent à l'Etat les visites chez le
médecin seulement pour les jeunes qui ont des troubles gastriques? Si on
est capable de dépenser $18 millions en valiums au Québec, on est
capable de dépenser $10 millions en saine nutrition pour l'habitude de
nos enfants.
M. Morin (Sauvé): Je note l'intervention du
député de Bourassa. Il semble bien que lui et le
député de L'Acadie soient faits pour s'entendre.
M. Laplante: Dans ce secteur-là, oui.
M. Morin (Sauvé): Impressionné par ces hautes
autorités scientifiques, je vais poursuivre le dialogue avec les
Affaires sociales dans ce sens.
Mme Lavoie-Roux: Pas d'ironie, M. le ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, ce serait une entente
sectorielle en plus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: II y a environ 30 minutes que nous nous promenons
dans la voie lactée et je voudrais soulever une dernière question
sur le sujet. J'aimerais savoir du ministre ou de ses adjoints si la voie
lactée il n'y a pas d'étoiles, c'est difficile va
d'ouest en est et où s'arrête-t-elle dans l'est, votre
distribution de lait dans les écoles? Est-ce que vous avez
atteint...
M. Morin (Sauvé): Evidemment, toutes les régions
veulent pouvoir bénéficier de ce programme de l'Agriculture. Nous
ne faisons que fournir les frigos, à l'Education.
M. Le Moignan: Est-ce que les frigos sont rendus loin?
M. Morin (Sauvé): Les frigos, cette année, couvrent
le Québec, je crois. Nous en sommes maintenant à couvrir tous les
coins du Québec. Il y avait des jaloux l'an dernier parce que nous
avions commencé par certaines régions. On nous a
réclamé l'extension du programme à tout le Québec
et, avec les montants que vous allez voter lorsque nous adopterons le programme
4, ce sera chose faite.
Mme Lavoie-Roux: Je vous promets qu'on va l'adopter, M. le
ministre.
M. Le Moignan: C'est pour quand? Est-ce pour cette semaine, le
programme 4?
M. Morin (Sauvé): Je le souhaite. En tout cas, il faudrait
que la distribution du lait, donc l'achat des réfrigérateurs soit
fait au cours des mois qui viennent.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Vous me corrigerez, M. le Président, si je
suis dans l'erreur, on me dit qu'on peut poser des questions
générales sur l'élémentaire et le secondaire.
Depuis 1974, il y a une préoccupation que j'ai, qu'on avait aussi
à ce moment dans une commission scolaire, c'est le recrutement
d'élèves dans les secteurs professionnels. Actuellement, on
pensait avoir à corriger cette chose. L'an passé, j'en ai
parlé à la même commission. L'Ecole de l'hôtellerie
recrute encore des élèves du secondaire IV pour faire le
secondaire V à l'intérieur du cours collégial de
l'hôtellerie. La même chose se produit encore en imprimerie dans un
CEGEP de Montréal. Pourtant, avec la dénatalité, le nombre
d'élèves que les commissions scolaires s'arrachent actuellement,
je trouve curieux aujourd'hui qu'il n'y ait pas encore de prise de position du
ministère là-dessus ou d'ordre formel, à
l'intérieur de ces deux instituts de niveau collégial que sont
l'Ecole de l'hôtellerie et surtout le CEGEP Ahuntsic de Montréal,
pour que les élèves puissent faire leur secondaire V à
l'intérieur de leur polyvalente. Je ne sais pas si...
M. Morin (Sauvé): En ce qui concerne le niveau
collégial, maintenant, il est clair que, même dans les options qui
touchent l'alimentation, il faut avoir un CES, un Certificat d'enseignement
secondaire, pour pouvoir y accéder. Cela, c'est pour le niveau
collégial.
En ce qui concerne l'Institut d'hôtellerie, il y a
déjà l'institut à Montréal, et du fait que le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche prévoit
une ouverture dans la région de Québec, nous avons
immédiatement pris des mesures pour pouvoir rencontrer ce
ministère et, actuellement, il y a un comité
interministériel qui veut régler ce problème de
l'accessibilité à l'Institut d'hôtellerie, mais nous
développons, jusqu'en secondaire V et même en secondaire VI, parce
que des commissions scolaires ont appliqué le plan d'action avant qu'il
soit lancé officiellement, l'option de cuisine professionnelle. Il y a
actuellement un développement de ce secteur alimentation dans nos
écoles polyvalentes.
M. Laplante: Mais est-ce que ça voudrait dire qu'au niveau
du CEGEP Ahuntsic actuellement, on ne recrute plus d'élèves dans
les polyvalentes pour...
M. Morin (Sauvé): II faut avoir un CES...
M. Laplante: II faut un secondaire IV pour entrer au secondaire
V. Dans l'hôtellerie, vous vous apprêtez actuellement à en
faire le même...
M. Morin (Sauvé): Pour l'Institut d'hôtellerie,
d'abord, il y a peu de concurrence dans la région de Montréal
avec les écoles polyvalentes, parce qu'il y a beaucoup de demandes
même d'étudiants qui ont déjà fait une
première année de collégial ou qui ont terminé leur
secondaire V.
M. Laplante: C'est qu'il va en chercher encore.
M. Morin (Sauvé): Pardon?
M. Laplante: II va en chercher encore, des élèves
du secondaire IV, des brillants, comme on les appelle, qu'on trie sur le volet.
On vide les écoles, de ces élèves, et on forme un
secondaire V à l'intérieur de l'école d'hôtellerie.
Moi, je trouve ça inadmissible pour le ministère de l'Education
qu'il soit divisé en deux comme ça, qu'un institut puisse donner
des cours de secondaire V, aux dépens des commissions scolaires. (17 h
45)
M. Morin (Sauvé): II faut bien comprendre que l'Institut
d'hôtellerie de Montréal recrute 60 candidats en première
année. Il a de 350 à 400 demandes cette année. Sur ce
nombre de candidats qui arrivent en première année, c'est en
minorité qu'ils viennent du secondaire.
M. Laplante: Je crois qu'ils sont de trop, même une
minorité.
M. Morin (Sauvé): Mais nous avons notre comité
interministériel pour clarifier cette question.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Education physique
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais bien qu'on
finisse à 18 heures le programme 4. Je vais débouler une
série de questions.
La première touche le programme d'éducation physique. Je
voudrais demander au ministère quel a été le coût du
sondage qu'il a fait, auprès de
quelle clientèle il a fait ce sondage et quelles questions ont
été posées et quels ont été les
résultats?
L'autre question touche l'éducation physique. Si vous me
permettez ici, je vais quand même devoir ne pas nommer celui de qui ces
remarques proviennent pour le protéger quand même... Il s'agit
d'un haut fonctionnaire d'une commission scolaire et, incidemment, il ne s'agit
pas de la CECM au cas où des gens le soupçonneraient. Il s'agit
d'une commission scolaire de l'extérieur de Montréal où on
est extrêmement critique à propos de la publicité que le
ministère de l'Education a faite au sujet de ces PEP, parce que, d'une
part, on ne touchait pas vraiment au problème fondamental, même si
on veut promouvoir l'éducation physique, il est évident que la
plupart des écoles ne sont pas équipées au point de vue de
gymnases et d'équipement sportif. Ma question précise est:
Quelles sont les prévisions du ministère, en fonction de
l'établissement, avec un échéancier, de gymnases
appropriés pour que les étudiants puissent avoir des programmes
d'éducation physique vraiment adaptés?
Je lis ce que cette personne m'écrivait: "Le battage publicitaire
que le ministère de l'Education" je dois vous dire que je le
partageais, c'est pour cela que je le lis "fait présentement sur
l'éducation physique dans les écoles primaires montre bien, une
fois de plus, que le gouvernement a décidé de nous en jeter plein
la vue. Cette publicité laisse sous-entendre que les commissions
scolaires sont bien pourvues en gymnases et que les gens ont besoin de se faire
tordre les bras pour donner de l'éducation physique dans les
écoles primaires. Tout cela est faux. Les gens du milieu, parents,
instituteurs et administrateurs savent très bien que ce qui manque pour
donner deux heures d'éducation physique par semaine aux écoliers
du primaire, c'est, entre autres choses, des plateaux, des professeurs et du
temps."
Là, on évaluait à $120 000 le coût de la
publicité, vous pourrez nous le dire exactement. "Nous savons que nos
enfants ont besoin de PEP et nous savons également... que ce
gouvernement aime la publicité." Je ne connais pas l'individu qui m'a
envoyé cela; alors, je ne peux même pas vous dire son
allégeance politique, je pense que c'était quelqu'un qui
était vraiment inquiet de cette question.
M. Morin (Sauvé): C'est un de vos correspondants anonymes,
si je comprends bien?
Mme Lavoie-Roux: Je ne peux pas le nommer parce qu'il s'agit d'un
directeur général d'une commission scolaire et je ne veux pas
qu'il subisse des représailles, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Oh! Mme Lavoie-Roux:
Ecoutez...
M. Morin (Sauvé): C'est une insinuation très
malveillante.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, passons, cela va prendre du temps.
Je comprends que le ministère projette de continuer cette
promotion de l'éducation physique, mais est-ce qu'on va donner aux
écoles... Voici la question précise que je vous ai posée:
Quelles sont vos prévisions de développement d'équipements
d'éducation physique dans les écoles élémentaires
ou primaires?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, effectivement,
nous reconnaissons que toutes les écoles ne sont pas suffisamment
équipées; certaines le sont. C'est la raison pour laquelle ce
programme PEP a été mis au point, pour stimuler les jeunes. Dans
celles qui ne sont pas suffisamment équipées, nous devons
intervenir avec certaines sommes d'argent pour leur fournir les
équipements ou encore pour assurer le transport des écoliers vers
les équipements.
Mme Lavoie-Roux: A la condition qu'il y en ait.
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr. Mais dans bien des
cas, il y a des équipements qui ne sont pas utilisés, parce que
les écoliers ne pouvaient pas être transportés. On nous a
donc fait beaucoup de représentations de la part des commissions
scolaires démontrant qu'ils avaient besoin des moyens de transport. Nous
avons donc consacré un montant important je pourrais m'as-surer
de ce qu'il était exactement au transport des écoliers
vers les équipements.
Il y a des chiffres dans le cahier je n'ai pas pu les retrouver
qui étaient prévus au plan quinquennal des investissements
tant pour l'année 1978/1979 que pour 1979/1980. Si ma mémoire est
bonne, dans le cas de la première année, c'était $4 400
000 l'an dernier, et $4 200 000 cette année. Mais entendons-nous bien,
ce n'est pas nécessairement pour la construction de gymnases ou de
plateaux, mais c'est destiné d'abord et avant tout, au primaire, pour
l'aménagement des cours extérieures, pour permettre aux enfants
de sortir et de jouer au moment des récréations.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est déjà excellent
qu'on tente d'aménager les cours extérieures, mais il faut quand
même réaliser qu'avec le climat que nous avons, en mettant les
choses au mieux, rendu au 1er novembre mettons ça même
encore mieux, je vais être optimiste, rendu au 15 novembre la cour
d'école est difficilement utilisable et, au printemps, il faut
pratiquement attendre, je ne pense pas exagérer en disant au 1er ou au
15 avril, si bien que le coeur de l'année scolaire, finalement la cour
ne peut être utilisée. Ce que je veux dire au ministre, c'est
qu'il semble y avoir nécessité, je ne vous demande pas de
construire demain matin 500 gymnases dans la province, mais qu'on nous dise au
moins qu'il y a un échéancier quelconque...
Une autre question pourriez-vous me donner
l'échéancier des dépenses en capital pour toutes les
constructions d'écoles que vous prévoyez dans le système
d'éducation, que ce soit au niveau universitaire, au niveau CEGEP ou au
niveau scolaire pour l'ensemble de la province?
M. Morin (Sauvé): Nous pouvons certainement vous donner
cela, puisque nous avons des
plans, comme vous le savez, qui tentent de prévoir quelques
années d'avance les constructions, quels seront les montants
consacrés aux constructions.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais l'échéancier des
dépenses en capital annuellement, parce que vous savez que lorsqu'on
commence une école et qu'on prévoit $8 millions, finalement
ça s'échelonne sur trois ou quatre ans.
M. Morin (Sauvé): Nous pouvons vous fournir ces
chiffres.
Mme Lavoie-Roux: Parfait. Une autre question. J'aurais eu le
goût j'y reviendrai au moment des CEGEP de parler des
milieux défavorisés. Inutile de vous dire que je pense que c'est
une bien maigre pitance qu'on leur accorde, mais je vais laisser faire mes
commentaires généraux. On est à la veille
peut-être après quelque temps de réflexion de quelques
années de finalement produire cette politique pour les milieux
défavorisés. Pouvez-vous me dire si on fait une consultation
auprès des commissions scolaires, particulièrement celles qui
sont impliquées davantage depuis au moins cinq, six, huit ou neuf ans,
à l'égard des milieux défavorisés?
M. Morin (Sauvé): Oui, madame.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce une consultation auprès des
autorités des commissions scolaires?
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire les commissaires?
Mme Lavoie-Roux: Les commissaires.
M. Morin (Sauvé): Que je sache, oui. Il y a une
consultation qui se fait, elle doit même être en cours en ce
moment.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut confirmer que c'est une
consultation auprès des commissaires?
M. Morin (Sauvé): J'ai eu notamment l'occasion de
rencontrer récemment le Conseil scolaire de l'île de
Montréal et nous avons convenu qu'il y aurait consultation sur cette
nouvelle politique des milieux défavorisés.
Mme Lavoie-Roux: Alors, elle n'a pas eu lieu.
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas, elle est peut-être
commencée, je peux m'enquérir.
A ce jour, la politique, qui est dans un tas de documents
préliminaires, mais un document préliminaire avancé,
relativement organisé, a fait l'objet de consultations auprès de
quatre groupes, un groupe de personnes de l'éducation, pas des
commissaires, de la région de Rimouski, un groupe de la région de
Québec, un groupe d'experts externes à l'éducation, des
personnes des services sociaux, des milieux d'affaires, des groupes
spécialisés en rééducation, une quinzaine de
personnes qui ont particulièrement des intérêts dans ce
domaine et qui y ont travaillé à des titres divers. Cela avait
également fait l'objet d'une consultation à l'INRS Education, un
groupe d'experts en recherche.
Le ministre s'est engagé, auprès du conseil scolaire de
l'Ile de Montréal, à consulter également les commissaires,
le temps venu, sur ce document de politique.
Mme Lavoie-Roux: On m'assure que les commissaires n'ont pas
été consultés. Je ne vous fais pas de cachette. C'est dans
la région de Montréal, là où les plus grands
efforts ont été déployés, je pense qu'il serait
tout à fait normal que les commissaires soient consultés, ils ne
l'ont pas été. Il y a eu certains lecteurs
privilégiés, mais les commissaires n'ont pas été
consultés.
M. Morin (Sauvé): M. le ministre a écrit aux
conseillers scolaires leur disant qu'ils seraient consultés, comme
conseil scolaire, comme conseil.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, on va attendre.
M. Morin (Sauvé): II y a un engagement écrit du
ministre sur cette consultation.
Mme Lavoie-Roux: Une autre question sur l'application de la loi
101. Je voudrais savoir quel est le nombre d'enfants qui ont obtenu leur
certificat d'admissibilité à l'école anglaise, le nombre
de ceux qui ont été refusés par ce qu'on appelle le
comité de surveillance, l'ancien comité de... le bureau de
surveillance. Je vais vous passer ma question, ça va être bien
plus simple.
M. Morin (Sauvé): Si vous voulez des chiffres, nous
pouvons vous les trouver.
Mme Lavoie-Roux: II y a une dernière question qui, je
pense, n'est pas là, et qui m'intéresse au plus haut point. Quel
est le nombre d'enfants qui se trouvent présentement dans une classe ou
une école de langue anglaise, alors que, selon les dispositions de la
loi, ils devraient se trouver dans des écoles françaises? On se
souviendra que, l'an dernier, on avait eu une discussion assez émotive
sur toute l'affaire. Le ministre parlait de quelques centaines, et moi, je
parlais de quelques milliers...
M. Morin (Sauvé): Très émotivement,
d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Peu importe. De quelques milliers, et c'est moi
qui avais raison, M. le ministre...
M. Morin (Sauvé): Ah non!
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Ah oui!
M. Morin (Sauvé): Je regrette infiniment, et
j'espère que vous aurez des preuves pour prouver vos avancés.
Mme Lavoie-Roux: L'an dernier, certainement.
M. Morin (Sauvé): Vous n'en aviez pas davantage l'an
dernier.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous nous dire quels sont les chiffres
pour cette année? Je pense qu'il reste encore peut-être une couple
de milliers d'enfants qui ne sont pas dans les classes où ils devraient
être.
M. Morin (Sauvé): Pas selon les chiffres que nous
avons.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je vous dis, M. le ministre, c'est que la
loi 101 ne s'applique pas mieux, du point de vue de l'admission à
l'école, que ne s'appliquait la loi 22, sauf qu'à ce moment-ci,
vous avez la complicité du Mouvement national français et toute
la série d'associations ultranationalistes qui trouvaient plaisir
à faire la guerre à l'ancien gouvernement.
Mais je voudrais qu'on me donne les chiffres des enfants qui se trouvent
dans un secteur différent de celui où ils devraient se trouver.
Vous allez peut-être m'arriver avec 500. Mais soyez bien sûr de vos
chiffres.
M. Morin (Sauvé): Ne nous laissons pas aveugler par la
partisanerie sur ces questions, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: C'est la réalité, M. le
Président. Ce n'est pas la partisanerie.
M. Morin (Sauvé): Je pense que nous avons les chiffres.
Ils sont évidemment, dans une certaine mesure, approximatifs, puisqu'il
s'agit souvent de clandestins. Mais, tout de même, nous avons une
idée de quoi il s'agit, parce que la CECM nous a fourni les chiffres. A
moins que Mme le député n'insinue que la CECM trompe le
ministre.
Mme Lavoie-Roux: La CECM procède avec les moyens du bord.
Et, puisque vous parlez de la CECM, j'allais l'oublier. Elle a engagé un
certain nombre de personnes, du genre enquêteurs, pour ne pas dire autre
chose. Est-ce que le ministère va payer les frais encourus par la CECM
pour procéder plus avant?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, est-ce que nous
procédons à l'adoption du programme 4?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres sont
d'accord pour adopter le programme 4?
Mme Lavoie-Roux: Je suis prête, avec une certaine
réserve. On a convenu ce matin que toute la question... La gestion des
commissions scolaires, du point de vue décentralisation, on pourrait la
reprendre au moment où on abordera la question de la table entre le
gouvernement et les commissions scolaires.
M. Morin (Sauvé): Volontiers.
Mme Lavoie-Roux: La question de la décentralisation n'a
pas été touchée du tout. A ce moment-là, si vous me
le permettez, la seule question qui me resterait, enfin, une des seules, c'est
que le ministre nous définisse d'une façon un peu plus claire sa
conception du conseil d'orientation pour lequel il prévoit un budget de
$500 000, car les gens s'interrogent sur le fonctionnement de ce conseil. Je
voudrais revenir sur ce sujet.
Le Président (M. Boucher): Le programme 4 est-il
adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux à 10 heures demain matin.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une dernière question. Je
m'excuse. Qu'arrive-t-il à l'école Gen-tilly, à Longueuil,
où il y a un problème de santé, c'est-à-dire non
pas l'école, mais les enfants, où, apparemment, la ventilation
fait défaut... Je vous réfère à la revue du
ministère, enfin à la revue de presse du 11 avril 1979, à
l'Ecole Gentilly de Longueuil. Il faudrait faire des modifications. La
commission scolaire n'a pas l'argent, le ministère n'a pas l'argent et
on se renvoie la balle. Si on pouvait me donner une réponse à
cette question-là.
M. Morin (Sauvé): Très volontiers.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux à 10 heures, demain matin.
Fin de la séance à 18 heures