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Projet de loi no 25
(Onze heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'éducation est réunie pour
poursuivre l'étude article par article du projet de loi 24, Loi
créant le Conseil des collèges, et du projet de loi 25, Loi
modifiant la Loi des Collèges d'enseignement général et
professionnel, et du projet de loi 30, Loi modifiant la Loi de l'instruction
publique.
Les membres de la commission sont M. Alfred (Papineau), M. Goldbloom
(D'Arcy McGee) remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M. Jolivet
(Laviolette) remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Lacoste
(Sainte-Anne), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé)
remplacé par M. Goulet...
M. Goulet: M. le Président, je demanderais que M. Le
Moignan (Gaspé) soit remplacé par M. Brochu (Richmond), comme
membre de la commission pour la journée. Personnellement, comme
député de Bellechasse je serais intervenant à cette
commission, je ne sais pas à la place de qui... Je pense que
j'étais déjà intervenant, d'ailleurs.
Le Président (M. Marcoux): M. Le Moignan (Gaspé)
remplacé par M. Brochu (Richmond); M. Marquis (Matapédia), M.
Morin (Sauvé), M. Paquet-te (Rosemont).
Les intervenants sont M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm) remplacé par M. Jolivet (Laviolette); M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Oesbiens (Dubuc), M. Gos-selin (Sherbrooke),
M. Goulet (Bellechasse), M. Picotte (Maskinongé) remplacé par M.
Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Springate
(Westmount).
Je crois bien que le premier président a dû nommer un
rapporteur pour les travaux de cette commission.
M. Morin (Sauvé): Oui, M.le Président.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président, M.
Springate (Westmount) est remplacé par M. Rivest (Jean-Talon).
Le Président (M. Marcoux): M. Springate (Westmount) est
remplacé par M. Rivest (Jean-Talon).
Motions diverses
Vous aviez abordé l'étude du projet de loi 25, Loi
modifiant la Loi des Collèges d'enseignement général et
professionnel.
M. Morin (Sauvé): C'est exact, M. le Président.
Nous avions abordé l'étude de ce projet de loi article par
article, mais nous n'avions pas encore abordé le premier article du
projet de loi. Je vous propose que nous le fassions maintenant. Cet article a
pour effet de modifier l'article 2 de la Loi des Collèges d'enseignement
général et professionnel, loi de 1966 ou 1967.
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse, mais je dois
faire un appel au règlement. Il me semble que vous avez devant vous une
motion dont la commission n'a pas encore disposé. Je regrette de devoir
intervenir dans ce sens.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce bien la motion suivante:
Que cette commission accorde le droit de parole à tous les
députés, et ce pour toutes les séances de cette
commission?
M. Alfred: Vous ne voulez pas adopter le projet de loi?
M. Forget: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Marcoux): Oui, M. le
député.
M. Forget: II me semble, M. le Président, que notre
règlement je ne peux pas citer un article précis, mais je
pense qu'il se trouve dans les premiers chapitres de nos règlements
interdit que l'on se livre à des activités domestiques au
moment des séances de la commission parlementaire. Le
député de Rosemont est à prendre son petit déjeuner
à la table de la commission parlementaire. Je pense que c'est un manque
de décorum, et je fais appel à vous, M. le Président, pour
que vous demandiez au député de Rosemont, soit d'aller
déjeuner au restaurant ou de faire le sacrifice de ce repas matinal.
Dans quelques minutes, il sera temps d'aller luncher.
M. Paquette: Si je comprends bien, le député de
Saint-Laurent n'a pas déjeuné ce matin.
M. Forget: Oui, j'ai déjeuné ce matin, justement,
je l'ai fait chez moi, et non pas à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Marcoux): Votre question de
règlement est reçue sans autre plaidoyer.
M. Alfred: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Alors, nous allons revenir
à la...
M. Goldbloom: Nous lui souhaitons quand même bon
appétit.
Le Président (M. Marcoux):... première question de
règlement, soulevée par le député de D'Arcy
McGee.
M. Alfred: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Marcoux): Non, je veux dire que la motion
a été reçue, elle avait été discutée
par plusieurs. On me dit qu'il restait au député de D'Arcy McGee
à intervenir sur le sujet.
M. Goldbloom: II me restait quelques minutes, M. le
Président. Je ne m'en servirai pas au complet. Je dirai tout simplement
que l'importance de ce projet de loi et l'intérêt que portent tous
les députés à la chose de l'éducation
justifieraient la décision de la commission d'accorder à tous les
députés un droit de parole. Je ne voudrais pas que cette loi soit
perçue comme une mesure dilatoire, comme un facteur d'obstruction au
travail de la commission. C'est une reconnaissance bien sincère de
l'intérêt que portent tous les députés aux sujets
que nous avons à discuter. Je n'irai pas plus loin, je ne voudrais pas
que ce soit perçu comme une façon de retarder les travaux de la
commission. C'était une motion que la présidence a reçue
et qui a toutes les justifications, il me semble, pour que la commission
l'accepte.
Le Président (M. Marcoux): Comme il n'y a pas d'autres
intervenants, je pense que je vais appeler immédiatement aux voix.
Est-ce que cette motion visant à accorder le droit de parole à
tous les députés, et ce, pour toutes les séances de cette
commission, sera adoptée?
M. Alfred: Rejetée.
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Vote nominal. M. Alfred
(Papineau)?
M. Alfred: Fondamentalement contre.
Mme Lavoie-Roux: On est sûr que vous êtes contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Fallu (Terrebonne)? M.
Lacoste (Sainte-Anne)? Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Brochu (Richmond)? M.
Marquis (Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Morin (Sauvé)?
M. Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Marcoux): La motion est rejetée
par quatre voix contre 2. J'appellerais maintenant l'article 1.
Mme Lavoie-Roux: Avant d'appeler l'article 1, nous avions une
autre motion à présenter, et je la présente
immédiatement, pour pouvoir ensuite utiliser mon droit de parole sur
cette motion. Que cette commission invite le ministre de l'Education à
distribuer aux membres de cette commission, tous les projets de
règlement découlant du projet de loi no 25, et ce, avant que
cette commission entreprenne l'étude de l'article 1.
J'ai des copies de cette motion.
M. Morin (Sauvé): Puis-je dire tout de suite que cette
motion est sans objet, puisqu'il n'existe pas de tels projets de
règlement à l'heure actuelle. Alors, je ne pense pas qu'elle soit
recevable dans les circonstances, il n'existe pas de projet de
règlement. Donc, l'objet même de cette motion est inexistant.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que c'est sur la
recevabilité de la motion?
M. Goldbloom: Oui, M.le Président, sur la
recevabilité de la motion. Je comprends très facilement ce que le
ministre vient de dire. Il nous affirme qu'il n'existe pas de texte
déjà préparé de projet de règlement, mais,
M. le Président, on pourrait interpréter cette motion comme
voulant...
M. Morin (Sauvé): Faire perdre le temps de la commission,
bien sûr.
M. Goldbloom: Non, M.le Président. ... comme voulant
obtenir du ministre l'engagement qu'avant la fin des travaux de cette
commission, avant l'ajournement de l'été, avant la
troisième lecture du projet de loi, notamment, qui pourra se faire jeudi
de la semaine prochaine, le ministre fournisse aux membres de cette commission
les textes en question puisque le projet de loi en parle. Il faudra que le
ministre, une fois qu'il aura la loi entre les mains, une fois qu'il sera
chargé de sa mise en application, produise des règlements. Il
nous semble plus juste, M. le Président, que ceux qui sont
appelés à se prononcer sur le projet de loi, et c'est un argument
que nous offrons depuis l'arrivée du gouvernement actuel au pouvoir,
inspiré par les arguments présentés par la même
formation politique quand elle siégeait de ce côté-ci de la
table... Il était toujours question de dépôt de textes de
règlement...
Le Président (M. Marcoux): Parlez-vous toujours sur la
recevabilité de la motion?
M. Goldbloom: Oui, M.le Président.
Le Président (M. Marcoux): Parce que je crois que votre
collègue... Votre point semble porter sur la recevabilité de la
motion mais je crois que vous vous aventurez sur le contenu. Je demanderais au
député de Saint-Laurent, qui a demandé la parole, si
c'était sur la recevabilité de la motion sur le contenu.
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse...
M. Forget: Oui, M. le Président, sur la
recevabilité, mais je ne veux pas couper la parole à mon
collègue.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis prêt à
terminer rapidement mes remarques, mais elles étaient pertinentes. Elles
portaient sur la recevabilité de la motion.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, je ne dis pas que
vos remarques n'étaient pas pertinentes, j'inclinais à dire
qu'elles portaient sur le contenu une fois la motion reçue, donnant des
arguments favorables à la réalisation de la motion. Actuellement,
je...
M. Goldbloom: M. le Président, je comprends la nuance que
vous apportez à la considération de cette motion. Je devrai me
limiter donc à plaider, en toute simplicité, que le ministre
déclarant aujourd'hui qu'il n'a pas encore les textes des
règlements, ce n'est pas une raison pour rejeter la recevabilité
de la motion. Le ministre pourrait, avec la gentilhommerie qui le
caractérise normalement, presque toujours, nous dire: Je ne les ai pas
aujourd'hui, mais, puisque je compte avoir mon projet de loi au plus tard le 21
juin et que je devrai, à partir de ce moment-là, afin de pouvoir
mettre cette loi en application, produire les règlements, je vais faire
un effort pour présenter aux membres de cette commission des textes de
projets de règlement avant la fin de nos travaux.
M. Paquette: M. le Président, pourriez-vous ramener le
député de D'Arcy McGee à la pertinence du débat? Il
est censé parler sur la recevabilité.
Le Président (M. Marcoux): Alors, est-ce que...
M. Goldbloom: J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent, votre opinion...
M. Goldbloom: Je souhaite au député de Rosemont une
meilleure digestion.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, la nature de l'objection qu'a
faite le ministre de l'Education à la recevabilité n'est
elle-même pas recevable. Je veux bien qu'il nous dise ou qu'il fasse
l'aveu qu'il se donne des pouvoirs mais qu'il n'a pas encore imaginé la
façon de les utiliser et qu'il est donc incapable de déposer des
règlements, mais c'est son problème. La commission est tout
à fait libre et il est tout à fait légitime pour un membre
de la commission d'inviter le ministre à déposer les
règlements. Qu'il les ait ou qu'il ne les ait pas n'a rien à voir
avec l'argumentation, M. le Président. Au contraire, il serait
intéressant de savoir, une fois l'invitation formulée par la
commission, quelle réponse et avec quel degré de
persuasion et de conviction le ministre de l'Education pourra faire
à cette invitation. Ce n'est certainement pas une raison pour dire que
la commission n'a pas le droit de formuler une invitation.
Le Président (M. Marcoux): Sur la recevabilité M.
le député de Papineau.
M. Alfred: M.le Président, étant donné que
l'objet même de la motion est absent, je crois que la motion du Parti
libéral...
Une Voix: Même le proposeur est absent.
M. Alfred: ... est une motion dilatoire et superfétatoire
et, à entendre les députés de l'Opposition, je pense que
c'est de la vengeance. Ils essaient de refaire, en moins bon, ce que le
député... de répéter, peut-être, en moins
bon, ce qu'on avait fait lorsqu'on était dans l'Opposition. Je pense que
ce n'est même pas la trouvaille du sièele. Au plus vite, M. le
Président, passons donc au vote.
Le Président (M. Marcoux): Sur la recevabilité, Mme
le député de L'Acadie.
M. Paquette: Etes-vous suffisamment informé?
Le Président (M. Marcoux): Je suis suffisamment
informé...
M. Paquette: C'est parce que j'aurais parlé.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie que j'avais reconnue avant, et M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Deux minutes à peine, M. le
Président. Cette demande est justifiée compte tenu qu'on fait
référence à des règlements qui seront
édictés par le lieutenant-gouverneur en conseil à quelques
endroits dans le projet de loi. C'est tout ce que je voulais dire, ce n'est pas
une chose imaginée. Il n'est pas question de règlement dans le
projet de loi.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si on me permet
une ou deux observations. Les règlements ne seront pas prêts avant
probablement la seconde partie de l'été, c'est-à-dire le
mois d'août.
Nous souhaitons qu'ils soient prêts, au plus tard, pour la
rentrée de l'automne. Alors, naturellement, ils feront l'objet d'un
débat au Conseil des ministres, avant d'entrer en application...
Le Président (M. Marcoux): M.le ministre, je m'excuse. Je
ne veux pas me prononcer sur la qualité de vos propos, mais ils
concernent nettement le fond, plutôt que la recevabilité.
M. Morin (Sauvé): Vous avez raison, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Vous aviez un deuxième
point?
M. Morin (Sauvé): Je crois que cette motion n'est pas
recevable, puisqu'elle n'a pas d'objet, comme je tentais de le démontrer
il y a un instant. Une motion doit avoir un objet pour avoir quelque pertinence
dans un débat.
Je voudrais simplement dire à Mme le député de
L'Acadie que si elle veut recommencer le manège de vendredi, je serai
obligé de mettre sa bonne foi en cause...
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
M. Morin (Sauvé):... puisque je lui ai remis les
amendements on s'en souviendra vendredi soir, en tenant pour
acquis et elle se souviendra des conditions qui régnaient
à ce moment-là à la commission parlementaire que
nous viendrions à l'étude de ces amendements dès la
prochaine séance.
Je vois qu'on se prépare encore à nous faire perdre du
temps.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
M. Morin (Sauvé): Cette motion est d'autant moins
recevable, M. le Président, qu'elle est...
Le Président (M. Marcoux): La question de règlement
a priorité sur l'intervention que vous êtes à faire.
Mme Lavoie-Roux: Sur la dissertation.
M. Morin (Sauvé): Je m'incline, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre de l'éducation m'impute des
motifs, M. le Président. De toute façon, nous procéderons
comme nous l'entendons. Nous ne nous ferons pas dicter quoi que ce soit par le
ministre de l'Education. C'est un projet de loi important. Et dire et laisser
entendre que c'est une motion pour faire perdre le temps, quand tout la vie des
collègues va être conditionnée par le type de
règlements qui vont être faits, je refuse ce genre
d'interprétation et venir nous dire que ce n'est pas important, qu'on
fait perdre le temps... Si on avait voulu prendre du temps, le
député de Saint-Laurent aurait pu parler vingt minutes sur la
motion qui a été déposée vendredi dernier. Il ne
l'a pas fait, parce que je pense que la question était vidée.
Que le ministre ne nous impute pas des motifs parce que cela pourrait
être...
M. Morin (Sauvé): Pire.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'aidera pas les choses.
M. Morin (Sauvé): Nous avons tous compris ce dont il
s'agit. Il s'agit de faire perdre le temps de la commission.
M. Paquette: J'aurais un élément nouveau sur la
question de la recevabilité. Très sérieusement M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Pointe-Claire a demandé la parole. Je reviendrai ensuite. Sur la
question de règlement, le plus brièvement possible, parce que mon
idée est faite.
M. Shaw: Très brièvement, M. le Président.
On sait fort bien que les "statutory instruments", les règlements, ne
peuvent être examinés d'aucune autre façon, sauf à
la commission parlementaire qui étudie la loi. Vous avez certains
articles ici qui peuvent être ultra vires. Si les règlements ne
sont pas étudiés en vertu de la loi...
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse. Vous êtes
nettement sur le contenu justifiant l'à-propos de la motion. (12
heures)
M. Shaw: Non, c'est pour cela que...
Le Président (M. Marcoux): Sur la recevabilité, M.
le ministre. M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M.le Président, je voudrais simplement dire
encore une fois qu'il semble que cette motion est irrecevable, parce qu'il
s'agit d'un dépôt de document hypothétique dans le fond. Le
ministre nous dit qu'il n'existe pas et pour cause, on n'a pas encore
adopté ce projet de loi. On ne sait pas quels vont être les
pouvoirs réglementaires du ministre encore.
Le Président (M. Marcoux): Sur la motion comme telle,
comme la motion est une invitation, je l'assimile à un voeu et, en ce
sens, je la juge recevable. Si elle avait été une exigence,
à ce moment-là, elle mettait une condition aux travaux de la
commission à l'étude article par article. En somme, j'aurais
demandé, pour qu'elle soit recevable, qu'on biffe la dernière
partie en exigeant que ce soit avant l'étude de l'article 1, mais comme
cette commission "invite le ministre de l'Education à distribuer aux
membres de cette commission", je l'assimile à un voeu et, à ce
moment-là, je la juge recevable.
M. Morin (Sauvé): Si vous l'interprétez de cette
façon, M. le Président, nous sommes prêts à
l'adopter immédiatement pour ne pas faire perdre le temps de cette
commission.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
M. Morin (Sauvé): Nous allons voir les véritables
intentions du député de L'Acadie maintenant.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que cette
motion, comme vous venez de le reconnaître, était tout à
fait justifiée.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, j'ai dit qu'elle
était recevable.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président, elle
était recevable. Ce n'est pas, comme veut le laisser entendre le
ministre de l'Education ou le faire croire, une motion pour s'amuser.
M. Alfred: ...
Mme Lavoie-Roux: J'espère que le député de
Papineau ne commencera pas ses interruptions toutes les deux secondes.
M. Goulet: M. le Président, une demande de directive.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Lorsque nous débattons une motion, si vous
constatez que tous les membres de la commission sont d'accord pour adopter
immédiatement une motion, permettez-vous quand même que chaque
député la débatte, que chaque député, chaque
membre ait droit à ses vingt minutes? Même si on vient de vous
faire part que nous étions d'accord pour l'adoption, nous permettez-vous
quand même de la débattre?
Le Président (M. Marcoux): Evidemment, le règlement
s'applique. Dès qu'une motion est reçue, est un voeu, chaque
membre a droit à vingt minutes pour...
M. Goulet: Ce que je veux savoir dans votre directive, c'est que,
vu que sur la recevabilité vous avez interprété la motion
comme un voeu... D'après ce que j'ai compris, M. le Président
et je ne veux pas du tout mettre en doute votre décision
Le Président (M. Marcoux): D'accord.
M. Goulet:... c'est qu'on ne devrait pas aborder l'étude
de l'article 1 tant et aussi longtemps que les règlements ne seront
pas... J'aimerais savoir si on discute... Si c'est cela, les membres sont
prêts à l'adopter, mais je ne l'avais pas vu comme cela. Si c'est
votre façon de l'interpréter, je ne vois pas pourquoi on
discuterait deux jours de temps.
Le Président (M. Marcoux): L'interprétation que
j'en donne, c'est ceci: Si la motion est adoptée, c'est un voeu
exprimé à l'endroit du ministre de l'Education dans le sens qu'il
dépose des règlements autant que possible avant d'aborder
l'article 1. S'il ne peut pas le faire ou s'il ne veut pas le faire, cela
n'empêche pas la présidence d'appeler l'article 1 et les autres
articles et de passer à l'étude des autres articles, parce que,
lorsqu'on émet un voeu, la personne à laquelle s'adresse le voeu
peut y donner suite ou ne pas y donner suite. Cela n'irait pas contre l'avis,
contre l'ordre de la Chambre qui est que nous étudiions ce projet de loi
article par article.
Mme Lavoie-Roux: M.le Président, voici pourquoi nous avons
jugé important de faire cette motion. Le ministre se souviendra que tous
les groupes qui sont venus ici devant la commission parlementaire pour se faire
entendre sur le projet de loi 25 ont signifié le fait qu'ils
étaient extrêmement inquiets quant à la portée
très large qui pouvait être donnée à l'article
10.18: Le lieutenant-gouverneur en conseil peut adopter des règlements
généraux qui concernent tous les points qui sont ici et que je
n'énumérerai pas, mais ce qui rend difficile l'adoption de ce
projet de loi, c'est que le lieutenant-gouverneur se garde à peu
près tous les pouvoirs touchant le fonctionnement des
collèges.
Ce n'est pas une préoccupation que le député de
L'Acadie invente. C'est une préoccupation qui a été
exprimée ici par tous les groupes qui sont venus. Je pense que si nous
avions eu au moins le cadre général des règlements
à l'intérieur duquel le lieutenant-gouverneur en conseil voulait
agir, je pense que l'acceptation ou les corrections... C'est le principe
fondamental de la loi quant à la centralisation ou la
décentralisation que l'on veut accorder aux collèges. Il ne
s'agit pas d'une chose mineure.
Je pourrais faire également allusion aux règlements qui
sont prévus à l'article 14, mais qui, à ce moment, sont
quand même de portée plus limitée. C'est un autre type de
règlement. Je pourrais également, quoique le mot
"règlement" n'est pas inscrit tel quel. Vous avez, dans l'article 2,
"conclure, conformément aux normes générales que peut
établir le ministre..." Vous avez encore à l'article 2, non pas
une allusion au terme "règlement", mais à des normes
générales qui aussi sont tout à fait inconnues.
On pourra tout à l'heure, quand on reviendra à l'article
2, demander au ministre peut-être de préciser un peu
là-dessus, ce qu'il entend par cela, mais il reste que le principe
fondamental de la loi, qui est de garder centralisé au niveau du
gouvernement le fonctionnement des collèges par cette possibilité
qu'il se garde d'édicter de nombreux règlements, rend plus
difficile l'évaluation des intentions réelles du ministère
de l'Education, quant au fonctionnement à venir des collèges.
J'ai dit dans le discours de deuxième lecture qu'il est vrai
c'est d'ailleurs ce que le ministre à plusieurs reprises a
lui-même exprimé: J'ai tous les pouvoirs. Il les avait
indirectement, dans le sens que dans le passé, la loi 21
prévoyait la possi-
bilité de faire des règlements qui, dans la presque
totalité des circonstances, n'ont pas été faits par le
lieutenant-gouverneur en conseil, mais ont été faits à
partir de directives qui venaient du ministère de l'Education. A ce
moment, se trouvait peut-être une occasion de régulariser les
choses ce contre quoi on ne peut pas s'opposer mais
peut-être aussi d'élargir un peu les pouvoirs des collèges
et de tenter de décentraliser.
Quand vous voyez, dans les règlements, à l'article k), que
le ministre ou le lieutenant-gouverneur en conseil se réserve,
après avoir énuméré tout ce qu'il y a dans a), b),
c), d), e), f), 9). h), i), j), les pouvoirs connexes ou accessoires que peut
exercer un collège, c'est comme si, au cas où il en aurait
oublié, il ne faut surtout pas que le gouvernement ne puisse pas
intervenir à ce moment pour se donner les pouvoirs
supplémentaires auxquels peut-être il n'aurait pas pensé au
moment où il édictera les règlements dans les paragraphes
précédents.
M. le Président, pourquoi j'insiste sur cette motion? C'est
vraiment pour indiquer que le gouvernement qui, à ce moment, nous
indique les orientations qu'il veut prendre à l'égard des CEGEP,
aurait pu au moins prévoir, si ces règlements ne doivent pas
aller trop loin, ne veulent pas restreindre trop la latitude qu'on veut donner
au fonctionnement des collèges, je pense, aurait pu au moins nous donner
un cadre général à l'intérieur duquel il veut
fonctionner. Au lieu de lui faire...
D'ailleurs, je pense que le ministre l'a peut-être dit, ou s'il ne
l'a pas dit, il pourrait le dire, au lieu de voir l'Opposition lui faire des
procès d'intention qui n'ont pas du tout l'idée de centraliser,
on pourrait se baser sur des choses un peu plus solides que les intentions
exprimées par le ministre, mais qui ne peuvent pas se mesurer d'aucune
façon, parce qu'on est devant une absence totale de
règlements.
Il me paraît important, à ce moment-ci, de le souligner. Je
n'ai pas l'intention d'aller plus loin dans cette argumentation, mais je
regrette que le ministre interprète comme un désir de notre part
de bloquer les choses. Je sais que ça l'a rendu nerveux vendredi
après-midi, mais on ne voudra quand même pas revenir sur toutes
les circonstances qui ont entouré la session de vendredi
après-midi, parce que je ne suis pas sûre que c'est le
gouvernement qui, de la part du public, aurait le préjugé
favorable quand on a manqué à peu près à tous les
engagements qui avaient été pris et pour lesquels, d'ailleurs,
à ce moment-là, je n'ai pas blâmé le ministre...
M. Morin (Sauvé): M.le Président, je veux soulever
une question. J'aimerais savoir de quels engagements il s'agit? Je crois que ce
serait une bonne chose que vous précisiez votre pensée, madame,
plutôt que de laisser traîner je ne sais trop quel soupçon
dans l'air.
Mme La vote-Roux: Bon! D'abord, M. le ministre, je pense que, de
part et d'autre, vous et moi et peut-être je ne peux pas parler
pour l'Union
Nationale mais possiblement pour eux on avait convenu que ce
serait préférable que ceci soit remis à lundi et, de plus,
j'ajouterai qu'un recher-chiste de notre parti il est ici avait
même communiqué jeudi soir, vers minuit, si je ne m'abuse, avec le
bureau du leader du gouvernement et qu'à ce moment-là, on lui
avait dit: Non, il n'est pas question d'amener les projets de loi 24 et 25 et
on lui avait donné le menu pour la journée du lendemain. Enfin,
je ne veux pas y revenir pour épuiser le temps là-dessus, mais
avant que le ministre nous dise: Vous voulez étirer les choses, je pense
qu'il faut séparer la situation de vendredi après-midi
j'en ai assez dit là-dessus de celle qui existe aujourd'hui.
Aujourd'hui, notre seule préoccupation, c'est d'indiquer que le
gouvernement, qui dit: Je veux décentraliser, de toute évidence
ne décentralise pas si on s'en tient à l'article 10 et, s'il
voulait faire la démonstration ou donner des indications selon
lesquelles il voulait décentraliser, aurait pu nous remettre ou, au
moins, s'engager à dire: Nous y travaillons d'ici quelques jours, d'ici
la fin... Ce qui est arrivé dans d'autres cas, M. le Président,
dans le cas de la loi 101, au fur et à mesure que nous avancions, il y a
eu au moins certains règlements qui ont été
déposés.
On a eu la même chose au ministère de l'Immigration sur
l'étude de la loi 77 et d'autres lois où, parfois, les
règlements ne sont pas tous prêts, mais un certain nombre d'entre
eux sont prêts et, aujourd'hui, on nous dit: Bien... On sait d'abord que
la présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction qui,
normalement, devrait être le 22 juin ou, enfin, le 21, et on n'a aucune
idée du cadre de référence que le lieutenant-gouverneur en
conseil veut se donner.
J'arrête ici mes remarques et je peux simplement exprimer un
regret. Evidemment, le ministre dit: Je suis bien d'accord qu'un jour, je vous
les donne, les règlements. C'est bien beau, mais il sera trop tard et on
aura discuté d'un projet de loi sans en mesurer, d'une façon
précise, toutes les implications quant au fonctionnement éventuel
des collèges d'enseignement général et professionnel de la
province.
M. le Président, c'est tout ce que j'ai à dire sur cette
motion.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau, sur la motion.
M. Alfred: M. le Président, vous avez rendu votre
décision et comme votre décision est souveraine et indiscutable,
je ne la discute pas. Mais cependant, quand je lis la motion, je vois
premièrement une invitation. On invite le ministre... une obligation, et
ce, avant qu'on entreprenne l'article 1.
Vous avez demandé, M. le Président, avant de rendre votre
décision, à Mme le député de L'Acadie si elle
acceptait de biffer, avant qu'on entreprenne l'étude de l'article 1, et
cela n'a pas été fait. Donc, je vous demande... M. le
Président, à cause même du libellé de l'article,
nous devons voter contre l'amendement qui est demandé.
Le Président (M. Marcoux): Alors, comme je n'ai pas
d'autres intervenants, je vais demander aux membres de la commission s'il sont
prêts à voter sur la motion? Est-ce que la motion sera
adoptée?
M. Morin (Sauvé): Non, M. le Président... Une
Voix: Rejeté.
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Vote nominal.
Mme Lavoie-Roux: Parce que je considère que c'est assez
important.
Le Président (M. Marcoux): M. Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Contre. M. Gold-bloom (D'Arcy
McGee)?
M. Morin (Sauvé): Absent.
Le Président (M. Marcoux): M. Fallu (Terrebonne)? M.
Lacoste (Sainte-Anne)?
M. Lacoste: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M.Brochu (Richmond),
c'est-à-dire? M. Marquis (Matapédia)? (12 h 15}
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Morin (Sauvé). M.
Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Abstention.
Le Président (M. Marcoux): La motion est rejetée
cinq contre un.
Institution des collèges
J'appellerais maintenant l'article 1 de la loi no 25. Il y a un seul
paragraphe à l'article...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai fait
distribuer tous les projets d'amendement moins un qui requiert une autorisation
du Conseil des ministres et je les ai fait distribuer à tous les
députés, membres de cette commission vendredi. Nous sommes donc
prêts maintenant à aborder l'article 1 du projet de loi no 25.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le président
pourrait en avoir une série?
M. Morin (Sauvé): Ah oui, très volontiers. On vous
l'apporte à l'instant.
Le Président (M. Marcoux): Je n'en doutais pas.
M. Morin (Sauvé): L'article 1 propose de modifier
l'article 2 de la Loi des CEGEP et d'alléger cet article en laissant
tomber tout simplement un membre de phrase qui n'a plus sa raison d'être,
de sorte que le nouvel article 2 dirait tout simplement ce que dit l'ancien,
mais de façon allégée, de la manière suivante: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, sur la recommandation du ministre,
instituer, par lettres patentes sous le grand sceau, des collèges ayant
pour fin de dispenser l'enseignement général et professionnel de
niveau collégial". Je pense que cette modification est mineure et
qu'elle se passe de commentaires et je convierais tous les membres de cette
commission à l'adopter rapidement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis d'accord avec
l'interprétation du ministre, je n'ai pas d'objection à l'article
1. C'est plutôt une question. Peut-être devrais-je attendre
à l'article 6. C'est peut-être une question d'ordre
général et ce n'est probablement pas très grave si je la
pose ici. J'espère que le ministre ne l'interprétera pas comme un
désir d'obstruction.
M. Morin (Sauvé): Cela dépendra.
Mme Lavoie-Roux: Cela dépend. Si, chaque fois qu'on
s'oppose au ministre, on fait de l'obstruction, cela pourra arriver
fréquemment. Mais, plus sérieusement, l'article 6 du projet de
loi dit: "L'article 13 de ladite loi est abrogé". Ceci change, quand
même, le sens et la définition d'un collège. La question
pratique que je voulais poser est la suivante: Est-ce que le mot
"collège", tel qu'on le voit à l'article 1 ce serait
peut-être mieux de le reprendre à l'article 6, j'en conviens
est-ce qu'on peut encore parler d'une loi des collèges
d'enseignement au même titre que ce dont on parlait autrefois? Je ne suis
pas sûre de la signification du mot "collège" selon la
modification de l'article 6. Comme à l'article 1 on voit la "Loi des
collèges", je n'ai pas d'amendement là-dessus, je voudrais
seulement être bien sûre qu'on ne modifie pas fondamentalement ce
sens-là, parce qu'alors cela pourrait avoir une répercussion sur
le titre même de la loi quant à cela.
M. Morin (Sauvé): Je ne suis pas certain de comprendre
parfaitement la nature de la question posée par le député
de L'Acadie, M. le Président. Chose certaine, rien de fondamental n'est
changé dans la structure des collèges, dans leur existence. Si
Mme le député de L'Acadie veut...
Mme Lavoie-Roux: Je vais essayer d'être un peu plus
explicite.
M. Morin (Sauvé):... être plus précise, je
vais tenter de lui répondre.
Mme Lavoie-Roux: L'article 6 du projet de loi ne
déclarez pas que j'enfreins le règlement, M. le
Président...
M. Morin (Sauvé): Non, c'est pertinent, M. le
Président, je le reconnais volontiers.
Mme Lavoie-Roux: "L'article 13 de ladite loi est abrogé".
Dans l'article 13, on pouvait lire: "Les droits et les pouvoirs d'un
collège sont exercés par un conseil. Celui-ci est formé
des personnes qui font partie du collège".
Il nous apparaît que sans l'article 13 les membres du
collège doivent être désignés ensemble comme le
collège et non plus comme le conseil. On modifie d'une certaine
façon la portée juridique du sens qui était donné
originalement par la loi 21 au mot collège. Est-ce qu'il s'agit vraiment
de la même entité juridique ou est-ce que du fait qu'on modifie
cet article 13 on ne soustrait pas au collège certains pouvoirs qui
juridiquement lui étaient accordés en vertu des corporations
etc.
M. Morin (Sauvé): Je saisis mieux la question de Mme le
député de L'Acadie. Si Mme le député veut bien se
reporter à la page 5 du projet de loi no 25, à la première
page, elle verra, au bas de la page, que l'article 3 du projet de loi modifie
deux articles, le huitième et le neuvième de la loi sur les
CEGEP, et si elle veut bien regarder le début du nouvel article 8 qui se
trouve en haut de la page 7 du projet de loi, elle retrouvera une partie du
texte de l'article 13, celle qu'il convient de conserver pour préciser
les pouvoirs du conseil du collège...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Morin (Sauvé): ... de sorte que désormais le
texte se lira comme suit: "Un collège est administré par un
conseil composé des personnes suivantes, nommées par le ministre,
qui en font partie au fur et à mesure de leur nomination." Donc,
l'idée que le collège est administré par un conseil
demeure et nous précisons, bien sûr, s? composition et plus loin
ses pouvoirs alors qu'auparavant les pouvoirs du conseil étaient
beaucoup moins précis que ceux que nous allons lui accorder par le
présent projet de loi.
En plus de cela, il y avait une ambiguïté à l'article
13. On peut lire que les droits et les pouvoirs d'un collège sont
exercés par un conseil, ce qui est la disposition actuelle de l'article
8. Mais, ensuite, on disait: Celui-ci est formé des personnes qui font
partie du collège, ce qui était pour le moins ambigu. Dans le
nouveau conseil, tel que nous le définissons à l'article 8, les
personnes qui font partie du conseil ne sont pas nécessairement des
personnes à l'emploi du collège. Il y avait une
ambiguïté dans cette expres- sion. C'est la raison pour laquelle
l'article 13 est supprimé et remplacé par le nouvel article
8.
Mme Lavoie-Roux: Alors, en tout cas, je pense qu'on peut...
Le Président (M. Marcoux): Adopté le...
Mme Lavoie-Roux: Un instant, s'il vous plaît, M. le
Président. Je ne suis pas certaine que l'interprétation que le
ministre donne à l'article 6 du présent projet de loi ne vienne
pas modifier en quelque sorte les pouvoirs du collège tel qu'il
était constitué dans la loi originale. Pour ne pas prendre plus
de temps sur l'article 1 de toute façon, je suis bien prête
à ce qu'on l'accepte. On y reviendra à 6 et 13. Si, ensuite, il
faut remodifier des choses, on pourra toujours y revenir, mais c'est une
difficulté qui a été signalée par certains.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'ai écouté attentivement les
dernières paroles du ministre relativement au sens qu'il croit donner
à l'article 6 et à la modification contenue dans le nouvel
article 8 de la loi et je crois que le ministre passe assez rapidement sous
silence ce qui constitue une des parties de l'amendement inclus à
l'article 6. Il a raison de dire bien sûr, comme il l'a fait, qu'il y a
une ambiguïté lorsque dans l'article 13 de la loi qui est
abrogé par l'article 6 du projet, on fait allusion aux personnes qui
font partie du collège. C'est tout à fait vrai, c'est une
expression assez curieuse "qui fait partie du collège". On ne trouve
nulle part la définition. Il ne s'agit quand même pas d'une
corporation dans le sens classique du mot. Donc, cette modification est tout
à fait dans l'ordre. Cependant, l'article 13 de la loi que l'on abroge
disait bien: "les droits et les pouvoirs d'un collège sont
exercés par un conseil". Ceci est remplacé par une expression qui
n'a pas le même sens. Au nouvel article 8 de la loi, un collège
est administré par un conseil. Or, les mots "un collège est
administré par un conseil" et les mots " les droits et les pouvoirs d'un
collège sont exercés par un conseil" n'ont pas du tout le
même sens et je pense bien que le ministre, qui est un ancien professeur
de droit, n'est pas insensible à cette distinction qui est une
distinction fort importante.
En quoi consiste-t-elle cette distinction? Elle consiste essentiellement
à enlever au conseil l'exercice d'un certain nombre de droits, quand on
peut interpréter leurs exercices comme n'étant pas des actes
d'administration. Autrement dit, désormais, les conseils auront le
pouvoir d'administrer leurs biens, mais ils n'ont pas tous les droits et les
pouvoirs, ils n'ont pas l'exercice de tous les droits et pouvoirs de la
corporation au sens du Code civil que constitue le collège.
Quels sont ces droits et pouvoirs qu'ils ne pourront plus exercer?
Essentiellement, M. le Président, ce sont les pouvoirs de disposer des
actifs.
Un administrateur, c'est presque dans le langage courant... On sait
très bien que si on nomme quelqu'un pour administrer des biens, cet
administrateur n'a pas le pouvoir de céder des biens, d'en faire don, de
les vendre, de céder des hypothèses sur ces biens. Donc, ce sont
des pouvoirs qui n'appartiennent pas à l'administrateur. Ce sont des
pouvoirs qui appartiennent au propriétaire. Ces pouvoirs de disposition,
ce sont les pouvoirs dont on enlève l'exercice au conseil. Bien
sûr, sur un plan presque philosophique, on peut dire que le conseil jouit
de tous les attributs d'une personne morale, puisqu'il parle au nom du
collège qui est une personne morale au sens du Code civil, une
corporation au sens du Code civil.
Mais puisque le législateur intervient pour changer le
libellé énonçant les pouvoirs du conseil, il faut bien
donner un sens à cette modification. Le sens qu'il faut lui donner,
c'est que le conseil sera désormais restreint à des pouvoirs de
simple administration, c'est-à-dire vaquer, payer les comptes
d'électricité, les salaires, faire les réfections, les
réparations locatives, en quelque sorte, aux édifices.
D'ailleurs, on retrouve, de concordance avec cette interprétation
restrictive des pouvoirs du collège, du conseil, une disposition dans
les pouvoirs réglementaires qui, très logiquement, confère
au ministre, le pouvoir, c'est au paragraphe i) du nouvel article 18 de
la loi d'édicter par règlement "les conditions et modes
d'aliénation des biens meubles et immeubles excédentaires d'un
collège."
C'est donc dire que ces pouvoirs de disposer des biens ne sont plus
exercés par le conseil; ils sont exercés essentiellement par le
lieutenant-gouverneur en conseil par le gouvernement. C'est là un
changement dans la nature juridique du conseil qui est censé
présider aux destinées d'un collège, c'est en quelque
sorte une expropriation d'un droit et même des actifs du collège,
ce sont désormais, à toutes fins utiles, des biens
gouvernementaux, parce que seul le gouvernement peut prendre à leur
égard des décisions de disposition.
M. le Président, le ministre est irrité de mes propos,
mais ce n'est pas de l'invention. Qu'il nous explique le sens des mots et il
devra bien faire lui aussi cette distinction. Tout ça, c'est logique. Il
y a trois articles impliqués: on fait un nouvel article 8 où on
dit: le conseil administre, on abroge celui où on dit: le conseil a tous
les droits et pouvoirs du CEGEP, et à un autre article
subséquent, on donne effectivement au ministre le pouvoir de
déterminer les modalités de disposition des biens. C'est donc
dire qu'on a déplacé le centre de gravité du pouvoir
relativement aux biens des CEGEP. Plus un seul CEGEP ne peut désormais
même consentir une hypothèque sur ces biens, parce qu'il ne fait
qu'administrer ses biens, il n'exercera plus les droits et pouvoirs d'un
collège dans leur totalité.
Il devra se soumettre à des règlements que nous n'avons
pas, que le ministre dit n'avoir même pas élaborés. Nous
devons nous fier à sa parole, mais il semble étonnant que le
ministère de l'Education n'ait même pas conçu la
réglementa- tion à laquelle il veut cependant astreindre les
collèges. Il y a certainement, dans l'esprit des fonctionnaires, sinon
dans l'esprit du ministre, des objectifs. On ne modifie quand même pas
une loi pour dire qu'on pourra, un jour, si le coeur nous en dit, faire des
règlements. On a des objectifs bien précis à l'esprit ou
alors on fait des rêves, on fait de la fabulation. (12 h 30)
Si on a des objectifs précis, il devrait y avoir au moins des
esquisses de réglementation. On fait cela... J'imagine qu'on modifie
après des années la loi des collèges pour résoudre
des problèmes réels avec des solutions réelles qu'on a
déjà élaborées, qu'on a déjà
formulées, pour lesquelles il serait possible d'articuler un
raisonnement, une justification. On dit: C'est de la fantaisie. Non, cela
n'existera pas. C'est mentionné dans la loi et cette loi prévoit
que, justement relativement aux conditions de disposition des actifs,
d'aliénation des biens meubles et immeubles, etc., on aura des
règles très précises. Cela n'est pas très malin de
prévoir quelles seront ces règles. Ces règles seront
d'astreindre les collèges à des autorisations préalables,
par exemple, du ministre...
M. Morin (Sauvé): C'est déjà le cas, au cas
où vous ne le sauriez point.
M. Forget: C'est déjà le cas, mais on veut
s'assurer que nul n'y échappe. On veut s'assurer que dans la loi il soit
impossible d'y déroger de quelque façon que ce soit. Si le
ministre nous dit: C'est déjà le cas, c'est donc qu'il
légiférerait inutilement. Si tout le monde se conforme
déjà à ses normes, pourquoi légiférer? Pour
redire, dans un texte de loi, ce que tout le monde fait sans contestation, sans
doute et sans hésitation? Allons donc! cela n'est certainement pas un
objet sérieux pour un législateur que d'aller dire dans une loi,
ce qui est accepté unanimement, sans difficulté et sans aucune
espèce de contestation.
On veut s'assurer que non seulement de fait les collèges se
conforment aux ordonnances ministérielles et aux priorités
gouvernementales, on veut s'assurer qu'ils n'ont même pas le choix de ne
pas le faire. On veut s'assurer que de ce côté, ils ne puissent
pas dire: Ecoutez, nous avons quand même finalement le dernier mot, parce
que légalement nous détenons ces actifs, nous sommes les
propriétaires de ces actifs qui nous sont confiés au nom de
l'intérêt public pour les administrer et en disposer le cas
échéant, selon ce qui nous paraît être
d'intérêt public, mais nous ne jugeons que sur un cas
précis, nous apprécions différemment
l'intérêt public, de ce que fait le gouvernement, donc, nous
refusons d'utiliser nos pouvoirs de telle ou telle façon, ce qui ennuie
bien sûr à ce moment les fonctionnaires, ce qui ennuie
peut-être même à l'occasion le ministre, mais ce qui donne
malgré tout un point d'attache à cette notion de
décentralisation.
La décentralisation c'est très joli, mais il faut que ce
soit autre chose qu'une philosophie. Il faut que cela puisse s'ancrer dans des
pouvoirs réels
dont disposent, sans contestation juridique, les organismes qui sont les
sujets de cette décentralisation. Si on prend soin dans la loi de leur
enlever tous ces moyens d'affirmer leur présence, d'affirmer leurs
droits à des opinions divergentes de celles du ministère, on
pourra bien parler de décentralisation, mais cela ne voudra plus rien
dire.
M. le Président, je crois qu'il est évident que cette loi,
loin d'être une loi anodine qui laisserait intacts le statut et les
pouvoirs des conseils de collège, est effectivement une loi qui modifie
profondément la nature des pouvoirs que détiendront les conseils
à l'avenir et qui les place juridiquement, pas seulement de facto, dans
une situation de suggestion, de subordination totale, sans contestation
possible, devant des décisions majeures que peut vouloir prendre le
ministre. Plus on grignote ainsi le pouvoir des collèges, dans un
domaine comme celui-ci, plus on change le statut général du
conseil, plus on le met dans une situation de dépendance, même par
rapport à d'autres sujets parce que la décentralisation n'est pas
seulement telle ou telle décision qui est prise de telle ou telle
façon, c'et aussi toute une façon d'envisager les relations entre
le ministère et les organismes soi-disant
décentralisés.
A chaque fois qu'on enlève un pouvoir sur un sujet
déterminé, non seulement affecte-t-on la façon dont ce
sujet va être décidé, déterminé, mais on
donne carrément l'impression que ce qui reste à supposer
qu'il en reste des pouvoirs aux conseils des collèges c'est dans
le fond, l'exception à la règle générale dont il
faut presque s'excuser de devoir, à l'occasion, s'en servir face au
ministère.
M. le Président, la question qu'a posée le
député de L'Acadie au ministre n'a pas reçu une
réponse absolument limpide. Alors que la question portait
précisément sur ce changement très substantiel dans le
libellé des articles qui donnent les pouvoirs du conseil des CEGEP, le
ministre a argumenté en disant qu'il fallait supprimer une
ambiguïté portant sur un autre sujet. Je pense que c'est assez
regrettable de voir le ministre ne pas s'adresser de front à la question
qui était posée. Je suis sûr qu'il sait très bien
que c'était cela le sens de la question du député de
L'Acadie. Il a préféré faire porter le débat ou
essayer de faire porter le débat sur une chose tout à fait
secondaire, sans intérêt vraiment et sur laquelle nous sommes
d'accord avec lui. Mais le point principal il ne l'a pas mentionné et
d'ailleurs...
M. Morin (Sauvé): Je vois venir le député de
D'Arcy McGee, il va venir vous donner du renfort pour perdre le temps. Vous
commencez à manquer d'idées. Je pourrais peut-être vous en
donner quelques-unes pour vous aider à tuer le temps.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Forget: Je doute que le ministre puisse nous donner de bonnes
idées, M. le Président, mais s'il veut malgré tout
s'aventurer à nous en donner quelques-unes, nous les examinerons et nous
les accepterons sous bénéfice d'inventaire, comme disent les
notaires, en voyant si cela vaut la peine, si le passif n'est pas plus grand
que l'actif.
Mais il demeure que j'allais justement conclure en disant que la
façon dont il a répondu à mon collègue de L'Acadie
relativement à cette question, à ce déplacement du centre
de gravité, ce déplacement des pouvoirs, en parlant d'autre chose
et la façon dont il a présenté ce projet de loi ont un
grand air de familiarité. Il cherche désespérément
à désamorcer toute controverse, à faire paraître que
ce projet de loi n'est pas ce qu'il est vraiment: un changement important au
niveau de la distribution des pouvoirs entre son ministère et les CEGEP,
et en disant: Non, il s'agit là de choses de concordance.
Ce n'est pas du tout de la concordance. On change
délibérément les choses pour satisfaire le goût de
pouvoir d'une structure gouvernementale et c'est très réel. Le
ministre sait très bien que c'est très réel. Il y a une
rivalité très réelle, très connue entre la
structure bureaucratique gouvernementale et aussi les fonctionnaires des CEGEP,
la permanence des CEGEP. Il y a là un problème qui n'existe pas
seulement dans le secteur de l'éducation, mais qui existe ailleurs, et
c'est d'une naïveté invraisemblable que de penser que cela n'existe
pas, qu'on fait un procès d'intention ou Dieu sait quoi. Il sait
très bien que cela existe et il sait bien qui rédige les lois
aussi, qui met la main à la pâte quand il s'agit de trancher et de
vouloir faire les vierges offensées quand on lui dit: Ecoutez, il y a
là un changement dans la distribution des rôles, un changement si
profond que finalement on peut se poser la question. Je lui ai posé la
question au moment de la deuxième lecture: A quoi bon avoir des conseils
d'administration de CEGEP, si ce n'est pour s'en servir comme paravent,
à l'exercice secret du pouvoir ministériel.
M. Morin (Sauvé): M. le député pourrait
peut-être être plus intéressant. Il chasse tout le monde
avec des propos qui n'en finissent plus. Voyez nos invités s'en vont
alors que...
M. Goldbloom: Ils sont déçus de l'intransigeance du
ministre.
M. Forget: C'est cela. De toute façon, M. le
Président, ce n'est pas avec mes succès de foule que le ministre
va nous impressionner. Il reste que le problème est réel et il
n'y a pas répondu sincèrement, il n'a pas répondu
ouvertement à cette question et on est tout à fait
autorisé, avant d'aborder l'étude détaillée de
chacune des clauses, de soulever encore une fois cette question.
Nous y reviendrons d'ailleurs, parce que nous ne voulons laisser aucun
doute sur la nature de l'opération qui est en cours dans le moment
relativement aux CEGEP. C'est une opération qui est hypocrite, parce
qu'elle se fait à un moment et
dans un style qui s'assure que finalement il n'y a pratiquement aucun
débat sur ce qui est véritablement important dans cette
orientation. Ce qui est important, ce n'est pas seulement ce qui figure dans le
projet de loi, c'est aussi ce qui n'y figure pas, M. le ministre. Je ne veux
pas que vous croyiez qu'on attribue une importance démesurée
à ces changements comme tels. Il reste qu'il y a des changements
importants et celui qui modifie les pouvoirs des conseils...
M. Morin (Sauvé): Avez-vous oublié
l'opération GTX de votre ancien gouvernement? En fait d'hypocrisie.
M. Forget: Mais, M. le Président, est-ce que le ministre
ne prend pas dans le fond, ici, excuse qu'on a pu examiner, au niveau des
fonctionnaires, au niveau de...
Mme Lavoie-Roux: Cela fait trois ans que vous faites la
même chose.
M. Forget:... un certain nombre d'hypothèses, pour
s'excuser maintenant de les prendre à son compte dans un projet de loi
en disant: Voici ce qui est fait.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas plus pieux, votre...
M. Forget: II n'y a pas eu de changement à la Loi des
CEGEP, à ma connaissance, entre 1973 et 1976. Il y a eu une
période de réflexion où on aurait pu espérer
et je pense bien que les gens, dans le milieu, l'espéraient que
le ministre prolongerait et développerait en n'examinant pas seulement
les hypothèses retenues par GTX ou d'autres rapports, mais vraiment en
faisant une étude exhaustive du problème, ce qui n'a pas
été fait.
M. Morin (Sauvé): L'impuissance et l'inaction.
M. Forget: Le collège je ne sais pas quel
était le titre du livre blanc...
Mme Lavoie-Roux: Nadeau.
M. Forget: II y a eu le rapport Nadeau, mais il y a aussi eu le
livre blanc du ministre.
Mme Lavoie-Roux: Le livre blanc sur l'enseignement
collégial.
M. Forget: Ce n'est pas exactement un document emballant.
M. Alfred: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau.
M. Forget: De se protéger derrière d'autres
rapports, M. le Président, je pense qu'il s'agit là d'une autre
manifestation...
M. Alfred: Question de règlement.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, cela ne m'étonne pas
parce qu'il n'y avait pas de pédagogue dans le groupe libéral
précédent.
Le Président (M. Marcoux): Ce n'est pas une question de
règlement que vous soulevez.
M. Forget: On n'en a pas encore vu du côté
ministériel, à moins que le député de Papineau
veuille se décerner un diplôme de pédagogue.
M. Alfred: Ils ne savaient pas de quoi ils parlaient, les
libéraux d'antan.
M. Forget: Est-ce que c'est bien cela sa prétention?
M. Alfred: J'ai dit que les libéraux ne savaient pas de
quoi ils parlaient quand on parlait d'éducation.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre!
M. Forget: Je pense qu'il a mal dormi, celui-là, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent, si vous êtes prêt à conclure.
M. Forget: On peut même lui donner congé. Je ne
soulèverai pas la question de quorum si le député de
Papineau s'absente pour aller dormir aujourd'hui.
M. Alfred: Ne vous en faites pas, on vous attaque, M. le
Président. Quand vous étiez au pouvoir...
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre!
M. Alfred: Quand vous aviez Bienvenue comme ministre de
l'Education, vous n'aviez pas grand chose à offrir à la
population.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, M. le
député de Papineau.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas bien d'attaquer les absents!
M. Alfred: C'est vous qui les avez mis au pouvoir.
M. Forget: Ce n'est pas très noble d'attaquer les
absents.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
de...
Mme Lavoie-Roux: C'est trop facile!
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, très brièvement,
je voudrais savoir s'il est exact de dire qu'avant, ou selon la loi actuelle,
il fallait dispenser l'enseignement selon les normes ou règlements du
Conseil supérieur de l'éducation, et que maintenant on devra
dispenser l'enseignement selon les normes du ministre. Est-ce qu'il y a une
différence fondamentale? Si oui, quelle différence y a-t-il?
M. Morin (Sauvé): La différence se trouve dans un
autre projet de loi qui vient immédiatement après celui-ci, celui
créant le Conseil des collèges qui prend, en quelque sorte, la
place du Conseil supérieur de l'éducation à qui nous
devrons soumettre nos règlements, qui aura, pour les fins de
l'évaluation de ce qui se fait dans les collèges, une commission
d'évaluation qui sera à la disposition des collèges.
Il y a un changement de structure qui vient surtout de l'entrée
en scène du Conseil des collèges qui, désormais, va
exercer, en gros, les compétences qu'exerçait autrefois,
théoriquement, le Conseil supérieur de l'éducation. Pour
le reste, les pouvoirs du ministre ne sont pas augmentés, ils sont
diminués parce que nous en renvoyons plusieurs dans les collèges,
et nous soumettons le pouvoir de réglementation du ministre au Conseil
des collèges. Donc, il y a moins de risque d'arbitraire. De fait, le
ministre a moins de pouvoirs, quand on fait la somme de ces deux projets de
loi, le ministre a moins de pouvoirs qu'auparavant.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 1 sera
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): L'article 1 est adopté.
Il y a un projet d'insertion d'un nouvel article, l'article 1 a) qui se lirait
comme suit: L'article 3 de ladite loi est remplacé par le suivant: 3.
"Les lettres patentes désignent le nom du collège, le lieu de son
siège social et les six premiers membres nommés suivant le
paragraphe a) du premier alinéa de l'article 8. Elles peuvent aussi
contenir toute autre disposition conciliable avec la présente loi."
M. Morin (Sauvé): M.le Président, pour que la
procédure soit bien claire, j'imagine que le député de
L'Acadie n'a pas d'objection que nous partions du nouveau texte proposé
pour les fins de la discussion.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, je pense qu'on en avait convenu
vendredi. Je me souviens de ce dont on a parlé vendredi, M. le
Président, on était prêt à incorporer...
Le Président (M. Marcoux): Apporter des amendements.
Mme Lavoie-Roux: Oui... des amendements.
Le Président (M. Marcoux): ...
(12 h 45)
M. Morin (Sauvé): Je pourrais tout de même expliquer
qu'il y a un léger changement dans la rédaction de l'article 3 de
la loi existante qui prévoyait la nomination des cinq premiers membres,
selon la procédure décrite dans cet article. Désormais, ce
seront six membres parce que nous avons ajouté à l'article auquel
on peut se référer, à l'article 3 qui est au bas de la
page 5 du projet de loi, un nouvel article 8 qui décrit quelles
personnes feront partie du conseil d'administration. Comme nous avons
décidé...
Mme Lavoie-Roux: C'est cinq à six.
M. Morin (Sauvé): Exactement, nous avons porté le
nombre de cinq à six. C'est le seul objet de cette modification que nous
envisageons à l'article 3 de la Loi des CEGEP.
Mme Lavoie-Roux: Sauf, il y a quelque chose... on est rendu
à l'article 3.
Le Président (M. Marcoux): On va insérer entre
l'article 1 et l'article 2 un nouvel article.
Mme Lavoie-Roux: Bien non, ce n'est pas ça. On vient
d'adopter l'article 1.
Le Président (M. Marcoux): Ici, j'ai un projet qui dit:
Article à insérer après l'article 1 du projet de loi qui
se réfère à l'article 3 de ladite loi.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, parfait.
M. Morin (Sauvé): C'est ça. Nous l'avons
inséré là, parce que nous avons voulu tenir compte de la
structure actuelle de la Loi des CEGEP, donc modifier l'article 3 avant de
passer aux suivants.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Une question, M. le Président, au ministre. On
parle de lettres patentes et de la désignation dans les lettres patentes
des six premiers membres. Il s'agit de nouveaux collèges. On envisage le
cas où de nouveaux collèges seraient créés. Il ne
s'agit pas d'émettre des lettres patentes ou des lettres patentes
supplémentaires après l'adoption du projet de loi pour donner
suite aux nouvelles dispositions de la loi.
M. Morin (Sauvé): Exact, M. le Président. Il
s'agit, bien sûr, de nouvelles lettres patentes données à
l'occasion de la création d'un nouveau collège.
M. Forget: Je vois, mais ça ne s'applique pas aux
collèges qui existent déjà.
M. Morin (Sauvé): Non, ça ne s'applique pas
à des collèges qui existent déjà. Mais, par
exemple, si nous fractionnions un collège, par exemple, le
collège du Saguenay-Lac-Saint-Jean nous demande d'être
scindé en trois collèges: Jonquière, Chicoutimi, et
Saint-Félicien, dans ce cas, il s'agirait de créer de nouvelles
corporations. Donc, les lois générales même exigent qu'il y
ait des lettres patentes nouvelles.
M. Forget: D'accord. On n'envisage pas, suite à l'adoption
de cette loi, d'émettre des lettres patentes supplémentaires pour
tous les collèges existants?
M. Morin (Sauvé): Mais non, absolument pas, puisqu'ils
existent, ils fonctionnent. Nous n'allons pas interrompre le fonctionnement de
qui que ce soit.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le nouvel article
sera adopté?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): J'appelle maintenant l'article
2.
M. Morin (Sauvé): M.le Président, nous avons
proposé à l'article 2...
Le Président (M. Marcoux): L'article 2 auquel est
proposé un amendement.
M. Morin (Sauvé): Oui, auquel il est proposé un
amendement. Si vous voulez bien vous reporter, si vous voulez bien avoir vos
textes devant vous, pour qu'on puisse se comprendre. C'est le paragraphe a) du
projet de loi qui est remplacé par le suivant. Donc, il y a six lignes
du projet de loi qui sont remplacées par les six nouvelles lignes que
voici plus un addenda sur lequel je ferai des commentaires dans un
instant le paragraphe a) sera remplacé par le suivant: "a) par le
remplacement du paragraphe a) du premier alinéa, par les suivants: a)
Dispenser les enseignements pour lesquels il a reçu l'autorisation du
ministre qui peut réviser cette autorisation, après avoir pris
l'avis du conseil des collèges". Au lieu du paragraphe a) actuel, qui va
devenir a.1. Autrement dit, on ajoute ce nouveau paragraphe pour qu'il y ait
référence au conseil des collèges et pour qu'il soit clair
que les enseignements autorisés devront l'être lorsqu'il feront
l'objet d'une modification après avoir obtenu l'avis du conseil des
collèges.
Nous ajoutons c'est une petite correction pour la concordance, M.
le Président après les mots "conseils des
collèges", entre parenthèses "projet de loi no 24", simplement
pour que la concordance soit assurée. Je m'excuse. On ajouterait: du
conseil des collèges constitué en vertu de la Loi du conseil des
collèges, projet de loi no 24.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): C'est simplement pour que la
référence soit absolument claire. Voilà, M. le
Président, c'est pour être sûr que le conseil des
collèges sera consulté lorsqu'il s'agira de dispenser
l'autorisation de donner certains enseignements.
Mme Lavoie-Roux: M.le Président, sur ce 1er paragraphe a)
quand le ministre utilise le terme "les enseignements", cela recouvre quoi?
M. Morin (Sauvé): Cela recouvre naturellement d'abord et
avant tout les programmes. Comme vous le savez, le ministère approuve
les programmes des collèges et tout cela est publié dans un
annuaire. Certains enseignements sont donnés dans tous les
collèges, mais il y a aussi des enseignements qui ne sont donnés
que dans certains collèges.
Mme Lavoie-Roux: A ce moment-là, le ministre ne se
réfère-t-il pas dans des termes beaucoup plus larges
d'enseignement professionnel, d'enseignement général ou
d'enseignement des adultes, d'éducation permanente... Vous vous
référez vraiment à toute une série de programmes
d'enseignement possible. Je vous ai bien interprété, je
pense.
M. Morin (Sauvé): Je pense que c'est le cas.
Mme Lavoie-Roux: Dans la loi actuelle, M. le ministre, il ne me
semble pas qu'il était spécifié, dans la loi actuelle, que
le ministre se réservait cette autorisation.
M. Morin (Sauvé): Oui, j'avais ce pouvoir, mais je n'avais
pas à consulter le conseil des collèges qui va maintenant
être créé. Cet amendement a pour but de me contraindre
à prendre l'avis du conseil des collèges.
M. Forget: Quel était l'article qui donnait au ministre un
tel pouvoir?
M. Morin (Sauvé): Si on veut bien se référer
à la loi existante, article 15, attendez. Non, ce sont les
réunions du conseil. J'avais ce pouvoir en vertu de la Loi du conseil
supérieur de l'éducation, non seulement d'ailleurs pour les
collèges, mais aussi pour les commissions scolaires.
M. Forget: Comment était-ce formulé?
M. Morin (Sauvé): J'avais, d'après la loi, le
pouvoir de faire des règlements sur un certain nombre de choses et en
particulier sur les programmes.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant il faudrait avoir la Loi du conseil
supérieur de l'éducation. J'aimerais bien qu'on s'y
réfère d'une façon précise, à quel article
de la Loi du conseil supérieur de l'éducation.
M. Morin (Sauvé): C'est l'article 28 de la Loi du conseil
supérieur de l'éducation.
Le Président (M. Marcoux): Sur le texte?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, sur le texte. Nous
avons devant les yeux le texte corrigé et à la fin de
l'alinéa a), on voit entre parenthèses, projet de loi no 24. Ne
serait-il pas nécessaire d'ajouter "de 1979"? Je pense que c'est la
tradition, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): On pourra indiquer de quelle session il
s'agit, selon le procédé habituel.
M. Forget: M. le Président, je viens de prendre
connaissance de la loi 28 du Conseil supérieur de l'éducation. Il
y a effectivement, dans cet article, un pouvoir réglementaire sur avis
du Conseil supérieur de l'éducation qui touche un grand nombre de
points et en particulier les programmes d'étude dont il est question
actuellement. N'y a-t-il pas, cependant, une distinction qui doit être
faite entre le pouvoir pour un ministre de faire des règlements pour
donner un statut officiel, une reconnaissance officielle à des
programmes et, d'autre part, une autre loi qui fait une obligation
légale et donc qui fait une contravention du fait pour les
collèges de ne pas respecter cette obligation de suivre en tout point
les programmes officiels? On pourrait imaginer très facilement un
régime, M. le Président, dans lequel le ministre aurait ce
pouvoir de dire: Voici le programme officiel pour l'enseignement de la
géographie ou Dieu sait quoi, mais les collèges, face à
ces programmes officiels, ont le pouvoir de prendre d'autres moyens pour
arriver essentiellement aux mêmes fins. Ils ont le pouvoir de faire autre
chose, parce qu'ils ne font pas une contravention à quoi que ce soit
s'ils agissent autrement.
M. Morin (Sauvé): A quoi pensez-vous exactement?
M. Forget: Je pense à ce que je viens d'exposer, qu'il y a
une distinction qui doit être faite entre le caractère officiel,
le caractère de reconnaissance officielle donné à un
programme, ce qui est, semble-t-il, l'effet de l'article 28 du Conseil
supérieur de l'éducation, et l'obligation légale qui est
faite aux institutions d'enseignement de se conformer en tout à ces
programmes officiels. Il y a là deux étapes dans un raisonnement
et quand on franchit la deuxième étape, je pense qu'on est en
droit de dire: Voici une deuxième étape. On rend
exécutoires, on rend obligatoires des choses qui, par ailleurs,
jusqu'à maintenant, avaient un caractère officiel, bien
sûr, une reconnaissance officielle, mais qui ne constituaient pas une
obligation légale, contraignante sur les collèges.
M. Morin (Sauvé): Allons donc, M. le Président!
Est-ce que le député a bien lu l'article 28?
M. Forget: Oui, je l'ai bien lu.
M. Morin (Sauvé): Eh bien! Alors?
M. Forget: II permet cette lecture-là sans aucune
difficulté.
M. Morin (Sauvé): Et bien, ce n'est pas la lecture qu'il
faut en donner. Si je puis me permettre, M. le Président, le simple but
de cet article, c'est de faire passer les avis au Conseil des collèges,
alors que jusqu'ici c'était le Conseil supérieur de
l'éducation.
M. Forget: Faites-le dans la Loi du conseil des collèges,
ne le faites pas dans la loi des CEGEP et n'en faites pas une obligation
légale. C'est exprimé de façon très
différente dans la loi 25 de ce que c'est dans la Loi du Conseil
supérieur de l'éducation et vous avez justement une pièce
de loi parallèle qui devrait, dans le fond, pour être
complètement logique avec le raisonnement du ministre, reprendre mot
à mot, mais au bénéfice cette fois du Conseil des
collèges, les procédures édictées autrefois au
bénéfice du Conseil supérieur de l'éducation. Mais
non, ce n'est pas cela qu'on fait. Au lieu de le faire de cette
façon-là, bien qu'on ait toutes les occasions de le faire, on le
fait de façon très différente. On dit: Le CEGEP sera
astreint légalement à suivre les directives du ministre
relativement aux programmes, aux enseignements, non seulement aux programmes,
mais aux enseignements dans le sens le plus général du mot,
alors, qu'avant on disait: Le ministre, sur avis du conseil, peut dire que tel
programme est officiel. Il y a un monde entre les deux.
M. Paquette: M. le Président, peut-être dans le
même sens...
Le Président (M. Marcoux): M.le député de
Rosemont.
M. Paquette: J'avais une préoccupation un peu similaire.
Je me posais la question: Quelle est la différence entre les
enseignements et les programmes. La question revêt un caractère
concret, parce que certains CEGEP, je crois, ont l'autorisation de créer
des cours qui leur sont propres et on peut penser à toute l'action
communautaire des CEGEP, par exemple. Est-ce que le terme "les enseignements"
pourrait recouvrir ces cours? Je pense au CEGEP de Rosemont où on a
créé des cours de préparation à la retraite pour
les préretraités et retraités...
Mme Lavoie-Roux: Pour les femmes aussi, je pense.
M. Paquette: Oui, également.
M. Morin (Sauvé): Non, pour répondre au
député de Rosemont, nous pensions aux programmes et
c'était plus élégant de parler des enseignements. Si cela
peut clarifier les choses, on pourrait dire: dispenser des programmes
plutôt que des enseignements. Il n'y a aucune objection. Si cela
peut éclairer l'intention du gouvernement en proposant cet
amendement.
M. Forget: Ce serait déjà une amélioration,
je pense.
M. Morin (Sauvé): Nous sommes prêts à le
faire.
Le Président (M. Marcoux): Alors, la proposition se
lirait: Dispenser des programmes...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'objection, mais j'ai d'autres
questions.
Une Voix: II est 13 heures.
Mme Lavoie-Roux: II est 13 heures, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Comme il est 13 heures, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 heures.
Reprise de la séance à 15 h 18
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'éducation poursuit l'étude
article par article du projet de loi 25. Nous en étions à
l'article 2, et plus spécifiquement à la considération de
l'amendement proposé à l'article 2.
M. Morin (Sauvé): Encore une motion dilatoire?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous nous en souhaiteriez une, M. le
ministre?
M. Morin (Sauvé): Non.
Mme Lavoie-Roux: On peut s'occuper de ça pour ne pas vous
décevoir!
M. Forget: Et pour vous donner le temps de préparer vos
règlements.
Mme Lavoie-Roux: Si on remet ça jusqu'à l'automne,
on aurait peut-être une chance de voir les règlements.
M. Morin (Sauvé): Ah oui, pour ceux qui veulent travailler
au mois d'août.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne voulez pas travailler au mois
d'août? Vous avez annoncé au public que vous allez négocier
tout l'été.
M. Morin (Sauvé): ... négocier par
délégation. Vous allez l'être aussi.
Mme Lavoie-Roux: On était difficile. Vous connaissez
l'Opposition. A six, ça devait être quelque chose.
Le Président (M. Marcoux): Pouvons-nous poursuivre la
considération de l'amendement?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous
étions vous vous en souviendrez à l'article 2 du
projet de loi et, au moment où nous nous sommes quittés avec tant
de regrets, je venais d'accepter l'idée de remplacer le mot "enseignant"
par le mot "programme", puisque c'est exactement ce que nous avons dans
l'idée au nouveau paragraphe a) de cet article 2.
J'espère que cela est de nature à répondre aux
angoisses du député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne me sens pas du
tout angoissée. Loin de là. Je voudrais quand même revenir
sur l'article a). Pourquoi le ministre sent-il le besoin d'insérer cet
article... il va me rétorquer: Je l'avais déjà, le
pouvoir. Mais est-ce que par ce biais, vous n'avez pas un moyen de
contingenter, de restreindre les initiatives des collèges?
Vous ajouterez peut-être que vous allez faire ça
après avoir pris l'avis du Conseil des collèges. Mais on sait
fort bien, M. le ministre... et là-dessus, il y a des avis que vous
recevrez du collège et il y en a d'autres que vous ne recevrez pas. Cela
demeure toujours des avis. Cela ne vous enlève pas la latitude que vous
pouvez avoir ou exercer. Alors, ma question précise est celle-ci:
Pourquoi introduire cette disposition qui ajoute un effet de centralisation et
vient réduire l'autonomie des collèges?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je m'objecte
à la façon dont le député de L'Acadie
présente les choses. Cela n'a pas pour effet de centraliser, puisque je
possède déjà ces compétences en tant que ministre
de l'Education. Il s'agit simplement de faire la transposition de l'ancien
système qui prévoyait l'avis du Conseil supérieur de
l'Education, dans le nouveau système qui prévoit l'avis du
Conseil des collèges, Je tiens à ce que ce soit dans cette loi
des CEGEP, par souci de cohérence. Il n'y a pas là la moindre
intention centralisatrice. Il s'agit que les choses soient claires.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, évidemment, le
ministre nous redonne la réponse qu'il nous a donnée en
deuxième lecture ou lors du débat de deuxième lecture. Sa
réponse, quand on lui dit: peut-être que vous auriez des occasions
de décentraliser, de laisser les initiatives aux collèges, il
nous rétorque: Je ne centralise pas. Ce sont des pouvoirs que j'avais
déjà. Evidemment, si le ministre s'en tient toujours à ce
principe, c'est évident que tout ce qui est dans le projet de loi, il
n'y a à peu près rien qu'on puisse améliorer, parce qu'il
dit: J'avais tous les pouvoirs, mais ils étaient exercés d'une
façon; maintenant, je les encadre d'une autre façon, mais je me
conserve tous les pouvoirs.
Je pense que le ministre pourrait profiter de l'occasion qui lui est
donnée, justement, pour non seulement changer le cadre des directives et
de la centralisation, mais pour tenter de décentraliser. Le ministre ne
croit-il pas, par contre, que déjà, par le biais des budgets, il
a un certain pouvoir de surveillance, si vous voulez, un certain droit de
regard, parce que les budgets viennent quand même mettre ou encercler les
initiatives qui pourraient être extravagantes dans le sens de
créer de nouveaux programmes ou autres.
Je pense que tout ce qu'on fait, et ce que fait le ministre, c'est de
continuer la centralisation, de refuser l'occasion qui lui est donnée
et, il semble que la disposition du ministre à cet égard soit
finale et qu'il ne veuille pas examiner les choses autrement.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Rosemont.
M. Forget: Vous me reconnaîtrez après. Le
Président (M. Marcoux): Avec plaisir.
M. Paquette: M. le Président, avec la précision
qu'a apportée le ministre, ce matin, en remplaçant "dispenser les
enseignements" par "dispenser les programmes" cela m'apparaît d'une
compétence tout à fait normale.
Je vous assure, M. le Président, que j'aborde cette commission
parlementaire, dans le même esprit que le député de
L'Acadie. Moi aussi, j'aimerais qu'on décentralise certaines
compétences, mais pas celles-là, certainement pas
celles-là. Il faut juger les choses au mérite. Je pense qu'on se
plaint, à juste titre, d'une divergence et c'est très difficile
de coordonner l'emploi et les enseignements qui sont donnés dans les
CEGEP, les programmes qui sont offerts dans les CEGEP. On sait, par exemple,
que les techniciens en diététique ont une certaine
difficulté à se placer sur le marché du travail
actuellement.
S'il n'y avait pas cette disposition dans la loi, très claire, de
façon que les collèges également sachent dans quel
système ils s'insèrent, on pourrait assister à des
batailles interinstitutions où tout le monde déciderait d'entrer
en compétition pour avoir telle ou telle option. Je signale que le
contrôle budgétaire n'est certainement pas suffisant pour ce genre
de choses, parce qu'un CEGEP pourrait décider de sacrifier une option,
parce qu'il veut obtenir la clientèle d'un autre CEGEP. Cela peut se
présenter. Je pense qu'il y a des exemples concrets. J'ai entendu le
député de Jonquière poser une question sur...
Mme Lavoie-Roux: ... oui, les communications, c'est d'ailleurs ce
que j'avais en tête...
M. Paquette: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: ... entre autres choses, mais aussi l'aspect de
contingentement. Je m'excuse, je ne voulais pas interrompre le
député.
M. Paquette: M. le Président, il me semble que d'autant
plus que le ministre devrait consulter le conseil des collèges...
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez...
M. Paquette: ... et non seulement, que c'est une consultation
obligatoire, mais cela nous assure que les choses vont se faire d'une certaine
façon publiquement avec le plus large avis possible et que si jamais il
y a conflit et ça s'est présenté et ça va se
représenter entre des collèges qui veulent avoir le
même programme, on a la garantie qu'avant de prendre sa décision,
le ministre aura entendu des avis divers et il pourra agir dans le bien public.
Je pense que dans le cas des pouvoirs qui doivent être confiés au
ministre, on va se demander quels sont les pouvoirs vraiment essentiels pour
que le ministre puisse jouer son rôle de gardien du bien public
général. Il me semble que la répartition des options dans
les différents CEGEP fait partie de ses compétences.
Mme Lavoie-Roux: Je vais laisser à mon
collègue...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Morin (Sauvé): Vous auriez dû revenir,
madame.
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous des cigarettes, M. le ministre?
M. Forget: Je trouve amusante, M. le Président, la
réaction du ministre de l'Education, mais j'emploierai son vocabulaire.
Lorsqu'il a répondu au député de L'Acadie, il a dit: je
m'objecte à la manière dont le député de L'Acadie a
posé sa question. De la même façon, M. le Président,
je m'objecte à la façon dont le ministre veut nous faire croire
que les pouvoirs qu'il se donne par cette loi 25, il les a déjà.
A l'entendre je crois qu'on a cité ce qu'il a dit au moment de la
réplique en deuxième lecture le ministre de l'Education
agirait un peu comme une espèce de Roi-Soleil de l'Education: l'Etat
c'est moi, j'ai tous les pouvoirs, je ne peux pas en avoir plus, je les ai
déjà tous. Je sais que le ministre de l'Education est radieux,
mais ce n'est pas le Roi-Soleil, malgré tout. S'il rayonne, c'est
autrement, M. le Président.
Mais, sérieusement, il n'est pas exact du moins, le
ministre de l'Education, par la référence au texte qu'il a faite
de l'article 28 de la Loi du conseil supérieur de l'éducation
de dire qu'actuellement le ministre de l'Education a le droit
d'approuver, dans chacun des CEGEP du Québec, la dispensation de
programmes. Il rend officiel les programmes. Prenons un exemple, il y a un
programme de soins infirmiers, de techniques infirmières. Il est clair
que ce programme est officialisé par une approbation formelle du
ministère de l'Education, après avis du Conseil supérieur
de l'Education. Il y a une certaine description de ce
programme d'enseignement de techniques infirmières. Nous le
reconnaissons. C'est un pouvoir dont dispose le ministre à l'heure
actuelle. Cependant, un CEGEP en particulier a le choix de donner un
enseignement en techniques infirmières ou de ne pas en donner, à
l'intérieur, bien sûr, de son budget. Mais il a ce pouvoir de
choisir, de donner un enseignement ou un autre enseignement ou de ne pas le
donner. (15 h 30)
Le pouvoir que le ministre s'arroge par la loi 25, c'est de dire: Non,
messieurs du collège de Rosemont ou du collège Saint-Laurent,
vous n'avez plus le pouvoir de décider si oui ou non vous donnez cet
enseignement. Le ministre doit approuver la dispensation des programmes dans
chacun des CEGEP individuellement. Non seulement le ministre dit que les
techniques infirmières constituent un programme officiel avec tel et tel
genre de structure, de cours obligatoires, etc., mais il approuve le fait de la
prestation de cet enseignement, de ce programme dans un CEGEP en particulier.
C'est un pouvoir nouveau du ministre. Au moins, il faut que le ministre accepte
le fait indubitable qu'il s'agit pour lui d'un pouvoir nouveau. Il serait plus
profitable que le ministre nous démontre la nécessité de
ce pouvoir nouveau plutôt que de nous affirmer faussement qu'il ne s'agit
pas d'un pouvoir nouveau. Ecoutez, c'est une question de simple
honnêteté intellectuelle de dire: Oui, il y a un pouvoir nouveau,
mais nous le voulons, plutôt que de nous affirmer qu'il l'a
déjà, alors que c'est faux.
On nous fait un plaidoyer actuellement qui est basé sur une
fausseté, ou alors qu'on nous démontre que notre lecture de
l'article 28 de la Loi du Conseil supérieur de l'Education n'est pas
valable. Nous sommes prêts à accepter toutes les
démonstrations que ce pouvoir existe déjà, mais c'est en
réponse à nos questions que le ministre nous a dit: J'ai ce
pouvoir et il nous donne une référence. Nous lisons la
référence et nous n'y trouvons pas la chose que prétend y
voir le ministre. C'est écrit en français, c'est facile à
comprendre. Le ministre de l'Education n'a pas le pouvoir de prendre des
décisions quant à la distribution des programmes, quant au fait
que tel programme est donné dans un CEGEP en particulier ou n'est pas
donné. C'est un pouvoir du conseil d'administration du CEGEP. C'est un
pouvoir que le ministre veut lui enlever.
On a vu tout à l'heure qu'il lui enlevait le pouvoir de disposer
de ses biens. Là, il lui enlève le pouvoir de choisir parmi les
programmes officiels approuvés par le ministère de l'Education de
donner tel ou tel programme ou de ne pas donner tel ou tel autre.
Il a par ailleurs le pouvoir budgétaire, et le raisonnement du
député de L'Acadie est très valable: pourvu qu'un
collège respecte son enveloppe budgétaire, pourvu que, s'il
choisit de donner un enseignement, il le fasse conformément à un
programme officiel, approuvé par le ministre, que voulez-vous de plus?
Le ministre nous dit: Non, je veux encore quelque chose de plus. Je veux
pouvoir prendre des décisions à la place du collège. Je
veux en quelque sorte, Mme la Présidente c'est ça que
ça veut dire administrer le budget du collège à la
place du conseil d'administration, parce que, finalement, dans l'utilisation de
son enveloppe budgétaire, où sont les marges de manoeuvre,
où sont les degrés de liberté d'un conseil
d'administration de CEGEP, si ce n'est dans le choix de donner ou de ne pas
donner tel ou tel programme? Il n'y en a pas d'autres. Les conventions
collectives sont déterminées par le ministre de l'Education. Les
aménagements physiques sont déterminés par le
ministère de l'Education. Il ne lui reste plus que ce degré de
liberté, sont de choisir de donner ou de ne pas donner tel ou tel
enseignement, sachant d'ailleurs que, s'il décide de le donner, il devra
se conformer à un programme officiel. Il ne faut quand même pas
réduire ad absurdum la proposition selon laquelle les conseils
d'administration ont quelque chose à décider.
On évacue toutes leurs compétences. M. le
Président, je ne fais pas actuellement un plaidoyer pour que tout soit
décentralisé. C'est une question à la fois philosophique
et administrative sur laquelle il serait intéressant d'avoir un
débat. Il semble que le ministre ait adopté la filière
suivante: On va avoir des collèges d'Etat, mais la dernière chose
qu'il veut admettre, c'est que c'est ça qu'il est en train de faire.
Mais c'est un débat qui serait valable de dire: Le moment est venu au
Québec que nous ayons des collèges d'Etat, comme les
lycées français avec un directeur nommé par le ministre de
l'Education. Il pourrait bien y avoir une espèce de conseil consultatif
du personnel et des parents ou un conseil consultatif des membres de la
communauté locale avec des délégués des maires,
enfin, n'importe quoi, n'importe quelle formule consultative, mais,
malgré tout, une autorité clairement située au niveau du
ministère de l'Education, et il semble que ce soit l'option du
ministre.
Ce qu'on implore de sa part, c'est qu'il le dise de manière que
le débat puisse s'engager là-dessus. C'est peut-être un bon
principe d'organisation a priori. Il y a des Etats américains qui ont
des "State colleges" et ce ne sont pas des Etats sous-développés,
ce ne sont pas des minables. C'est un principe valable, mais quel est cette
espèce de réticence maladive à avouer clairement ce que
l'on veut faire?
Ce que nous essayons de souligner par ce débat, c'est justement
ce que le ministre cherche désespérément à cacher.
Ce n'est pas honteux, ce n'est pas une maladie honteuse, la centralisation. Si
c'est ça que le ministre veut, qu'il l'avoue. Il n'a pas à en
rougir. Mais, mon Dieu, qu'il le dise: Je veux enlever aux collèges le
choix de l'enseignement qu'ils donnent.
M. Alfred: Si vous vous adressiez à moi, qu'est-ce que
vous me diriez, à moi; je ne peux pas rougir.
M. Forget: Je ne sais pas en quels termes je m'adresserais au
député de Papineau. C'est une fort intéressante
hypothèse, M. le Président, mais
ça risque de nous faire tomber dans la non-pertinence, j'allais
dire dans l'impertinence, mais là, il y a une nuance subtile que je ne
voudrais pas exploiter aux dépens de notre aimable collègue de
Papineau. Il reste, M. le Président, que le débat
véritable c'est un débat qui devrait avoir lieu
c'est une question qui aurait dû être soulevée dans le livre
blanc du ministre. Le moment est-il venu d'avoir des collèges d'Etat?
Est-ce que notre expérience de la participation est suffisamment
probante pour qu'on aille plus loin dans cette voie ou qu'on fasse la ligne,
qu'on tire la ligne, comme on le dit, et qu'on adopte une stratégie
différente. Ce sont des questions valables, mais le ministre cherche
désespérément à éviter un débat de
fond. Il nous dit: J'ai déjà ce pouvoir. L'Etat c'est moi.
Mme Lavoie-Roux: J'ai tous les pouvoirs.
M. Forget: Mais voyons donc! L'Etat c'est le ministre de
l'Education. Ce n'est pas tout à fait vrai. Ce n'est pas tout à
fait vrai encore. Peut-être cela devrait-il être vrai.
Peut-être cela répond-il à des ambitions secrètes de
ses fonctionnaires ou de lui-même. Je n'en sais rien. Mais il ne s'agit
pas de faire un procès d'intention. Est-ce qu'il est bon que le ministre
décide de tout? Est-ce qu'il est bon que le ministre, dans le fond,
décide de l'allocation, de l'affectation du budget après avoir
déterminé sa masse, dise: Maintenant, tel collège a $2,5
millions ou $3 millions je ne sais pas quels sont les budgets des
collèges, mais ça doit être dans des chiffres de ce genre
non seulement c'est tel chiffre et les professeurs sont payés
selon des échelles que nous décidons, les enseignements se font
selon des programmes officiels approuvés par le ministre, mais en plus
de ça, c'est tel enseignement plutôt que tel autre qui va
être fait et ça aussi est une décision du ministre.
Mon Dieu! je trouve que si on me demandait d'être membre d'un
conseil d'administration de collège, je sais très bien quelle
serait ma réponse. Je n'ai pas de temps à perdre.
Mme Lavoie-Roux: C'est une raison de leur
désintéressement.
M. Forget: Je pense que c'est la réponse... ah! bien
sûr, on fait une fleur à certains citoyens, en disant: Ecoutez, on
va vous nommer. Mais sérieusement, M. le Président, dans un
contexte comme celui-là, on se moque du monde. Au moins qu'on leur
laisse un certain degré de liberté sur autre chose que de savoir
à quel endroit on va mettre le casse-croûte. Ce n'est pas
ça que les gens veulent décider aux conseils d'administration.
Est-ce qu'on va avoir un casse-croûte avec 200 pieds carrés ou 245
pieds carrés? Est-ce qu'on va l'exploiter nous-mêmes ou le donner
à un concessionnaire? Est-ce que c'est ça le contenu des
délibérations au conseil d'administration des CEGEP? Si c'est
ça, il faut s'en débarrasser. Est-ce qu'on va transformer notre
système de chauffage pour le faire au gaz naturel plutôt
qu'à l'huile? Est-ce que c'est de ça qu'on discute aux conseils
d'administration des CEGEP? Je serais curieux de le savoir.
L'air climatisé... le ministre nous souffle des suggestions qui
montrent très bien qu'on est rendu à un point de ridicule. On est
rendu à un point de ridicule quand des conseils d'administration
d'établissements d'enseignement supérieur en sont réduits
à discuter littéralement des détails de plomberie, parce
que ce n'est pas pour ça qu'ils ont été conçus. Je
suis sûr... D'ailleurs, je connais des gens qui siègent à
des conseils d'administration de CEGEP et ils me disent eux-mêmes leurs
déception parce que, quand ils sont nommés ordinairement, ce sont
des citoyens ordinaires qui n'ont pas une très grande connaissance du
milieu. Ils s'imaginent qu'ils s'en vont diriger quelque chose, qu'ils s'en
vont prendre des décisions. Quelle n'est pas leur déception de se
rendre compte qu'ils n'ont finalement rien à décider.
M. le Président, encore une fois, on accuse encore davantage une
tradition qui existe, qui est indéniable. C'est vrai que le ministre a
beaucoup de pouvoirs. Il ne les a pas encore tous. Il en a beaucoup; il veut
les accroître à nouveau. Qu'il nous dise, au moins, non pas qu'il
les a déjà ce qui est faux pourquoi il va dans une
direction, il prolonge dans la même direction, une tendance qui a
été à déplorer, par des gens qui, peut-être
de façon doctrinale, disent qu'il faut de la décentralisation. Je
ne suis pas de ceux-là; je suis prêt, avec un esprit ouvert,
à examiner les avantages et les désavantages de la
décentralisation. On parle très souvent de la
décentralisation au Québec, en s'inspfrant de modèles
français, par exemple, où on a une société de 55
millions d'habitants. Or, sur le plan géographique, évidemment,
le Québec c'est très grand, mais on sait très bien que les
neuf dixièmes sont un désert ou littéralement un
désert. Le reste, ce qui est habité...
De toute façon, ce sont les gens qui comptent, c'est la
population. On a une population de six millions. On ne peut pas faire avec une
population de six millions, se donner les mêmes structures qui sont
appropriées à une population de 55 ou de 60 millions. On ne peut
pas s'inspirer littéralement des mêmes exemples, parce qu'il y a
des régions dans des pays comme la France qui ont la grosseur du
Québec. Il faut quand même s'en rendre compte. Alors, on ne peut
pas s'équiper de la même façon. On ne peut pas avoir le
même luxe de détails dans nos institutions, et encore, même
dans des pays de population plus considérable que le nôtre, on a
des formules parfois plus centralisées qui fonctionnent très
bien. Il y a des "State colleges" dans l'Etat de Californie et dans l'Etat de
New York dont la population est égale à celle du Canada dans
chacun des cas.
Alors, il ne s'agit pas d'impossibilité humaine ou physique. Il
s'agit simplement de savoir qu'est-ce qui est le mieux dans les circonstances
et éviter de reprendre le débat sur la base que: Bien, il n'y a
pas de changement; ce sont des détails techniques; c'est un projet de
loi qui fait de la concordance des aménagements. Il y a des changements!
Pourquoi? C'est ce que nous demandons. Pour-
quoi faut-il enlever aux collèges les bribes de
responsabilités qu'ils ont encore? Est-ce qu'on porte sur leur
performance un jugement négatif jusqu'à maintenant? Non, on
regarde les documents du ministère. On se félicite, on se tape
dans le dos mutuellement, en disant: Tout va très bien. C'est
satisfaisant. C'est beau. Cela a bien été. Pourtant, sans
conséquence, sans logique, on conclut qu'il faut serrer la vis un peu
plus. Ce n'est pas convaincant, M. le ministre et M. le Président et,
encore une fois, et je conclus là-dessus, je ne peux pas accepter...
M. Morin (Sauvé): Est-ce que ça ne fait pas 20
minutes que le député parle maintenant?
M. Forget: Non, j'ai commencé à et demi, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Oui, à peine treize ou
quatorze minutes, parce que nous avons commencé la commission vers 15 h
20 et il y a Mme de député de L'Acadie qui est intervenue,
vous-même.
M. Morin (Sauvé): Etant donné la nature des
interventions du député, M. le Président, je vous
demanderais d'appliquer strictement la limite de temps.
M. Forget: Oui, mais le président n'aura même pas
cette responsabilité onéreuse, parce que, M. le Président,
je parle sans surveiller l'horloge, même si mes interlocuteurs la
surveillent.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
M. Forget: Je dis ce que j'ai à dire, tout simplement, et
je...
Mme Lavoie-Roux: Sans mettre votre compétence en question,
M. le Président.
M. Forget: En effet.
Le Président (M. Marcoux): La parole est au
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je m'élève, M. le Président,
contre les affirmations du ministre que je ne peux pas accepter, qui sont
fausses, à leur face même. On essaie de nous faire une fausse
représentation de la situation actuelle pour nous faire accepter plus
facilement des changements substantiels. Alors, c'est évidemment avec un
certain sentiment d'indignation que j'ai pris la parole. C'est peut-être
la raison pour laquelle je parle un peu plus longtemps que ne le souhaiterait
le ministre. Mais, il faut quand même souligner que quand on fait presque
une injure à notre intelligence, en nous affirmant des choses qui sont
contraires à la vérité, il est évident que
ça soulève chez nous une certaine émotion. Mais,
émotion mise à part, je pense, M. le Président, que le
ministre devrait nous expliquer pourquoi il pense que les pouvoirs qu'il n'a
pas, les quelques petites bribes de pouvoir qu'il n'a pas encore, il lui est si
désespérément nécessaire d'aller les
récupérer.
Le Président (M. Marcoux): Je vais appeler l'amendement...
Mme le député de L'Acadie. Nous étions prêts
à adopter l'amendement.
M. Alfred: Je me demandais si Mme le député avait
terminé.
Mme Lavoie-Roux: J'avais dit que j'interviendrais après le
député de Rosemont, non pas pour utiliser les 20 minutes
je veux bien rassurer le ministre parce qu'il ne faudrait pas qu'on
rende ce pauvre ministre incapable de s'acquitter de ses fonctions. L'argument
que l'on fait valoir ou que le député de Rosemont faisait valoir,
c'est qu'il ne faut pas une espèce de désordre ou une case
vous n'avez utilisé ces termes un peu plus exagérés que
ceux que le député de Rosemont a utilisés mais
qu'il faut une coordination, parce qu'il ne faudrait pas que dans tel
collège, on dispense tel genre de cours, etc., et que c'est là la
nécessité d'avoir cette disposition de...
M. Morin (Sauvé): En termes d'emplois pour les
étudiants.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais le principe auquel on touche, et
j'aimerais peut-être avoir le point de vue du ministre de l'Education
là-dessus, rejoint la question du contingentement qui était,
d'ailleurs, la question première que j'avais posée. Est-ce que
par ce biais, on ne se donne pas un outil de contingentement? Et je pense
qu'une partie de la réponse du député de Rosemont
rejoignait cette inquiétude.
La question de contingentement, M. le Président, est une question
sur laquelle on ne s'est jamais prononcé d'un côté ou de
l'autre de la Chambre. C'est une question que tout le monde a derrière
la tête. On s'inquiète, justement, devant le manque d'emploi,
devant la difficulté des jeunes à se placer. Est-ce que vraiment
on les oriente de la bonne façon? Est-ce qu'on ne devrait pas les
orienter vers tel domaine plutôt que vers tel autre? Cela pose les
principes fondamentaux. Si on veut appliquer le principe du contingentement aux
collèges, il faudrait aussi se poser la même question pour les
universités.
Là encore, c'est une question qui demeure sans réponse,
parce que personne ne veut y toucher de front. Pas parce que les gens ont peur
nécessairement, mais parce que la réponse n'est pas facile.
On peut faire le contingentement en fonction de données
échelonnées sur une période très courte. Il y a
l'évolution des choses, des institutions et on peut se retrouver avec un
manque de main-d'oeuvre dans un domaine où on estimait qu'il y avait
trop de candidats.
Il y a également un autre élément qu'a fait valoir
le député de Rosemont si je déforme sa
pensée, je n'ai aucune objection à ce qu'il me corrige
soit celui qu'il puisse s'établir une compétition
malheureuse entre différents collèges II y aurait même une
espèce de concurrence entre les collèges pour la
clientèle. Ce n'est pas une chose tout à fait imaginaire; c'est
fort possible. Encore là, fait-on des lois en partant de toutes les
exagérations que des institutions supérieures, ou dites
supérieures, de l'enseignement peuvent avoir? Ou fait-on assez confiance
aux gens pour dire: II vous faut des balises? On ne peut pas laisser
l'éducation s'en aller à la va-comme-je-te-pousse.
Il reste qu'on peut penser qu'autant les directeurs
généraux que l'ensemble du conseil d'administration d'un
collège pourraient exercer un certain jugement... Les dispositions sont
si serrées qu'on ne laisse même pas une marge de manoeuvre normale
au conseil d'administration, d'autant plus, et malheureusement je n'ai pas la
loi 24 devant moi, mais on fait allusion ici au Conseil des collèges...
Je pense qu'une des fonctions, de mémoire, du Conseil des
collèges sera de se prononcer sur, d'abord, la distribution des
ressources financières, enfin, de faire une certaine coordination
je suis certaine de ça entre les services que les
différents collèges... les projets de création de nouveaux
collèges, les projets de création de nouveaux programmes
d'enseignement... pardon... Enfin, il va pouvoir soumettre au ministre de
l'Education des recommandations sur toute question concernant l'enseignement
collégial, proposer les objectifs qui doivent être poursuivis pour
que soit assuré le développement de l'enseignement
collégial et les réviser périodiquement.
Ce sont quand même des fonctions propres au Conseil des
collèges, mais ça ne semble pas suffisant. Ni les conseils
d'administration des collèges eux-mêmes, ni le Conseil des
collèges ne semblent avoir suffisamment de maturité ou de
jugement pour pouvoir exercer ces fonctions sans qu'en plus le ministre vienne
lui-même dire: Mais tout ceci... vous pourrez dispenser un enseignement
on l'a corrigé: un programme pour lequel vous aurez
reçu mon autorisation, laquelle autorisation je réviserai
peut-être après avoir pris l'avis des conseils des
collèges.
Vraiment, il n'y a plus de marge de manoeuvre. On a parlé du
fonctionnement d'un conseil d'administration. On a parlé des limites
imposées nécessairement par le biais des budgets. On va adopter
par la loi 24, ou normalement on devrait l'adopter, le Conseil des
collèges. Mais il ne faut surtout pas qu'il y ait un trou quelque part.
Le ministre dit: J'ajoute le a). Je ne suis pas pour le relire, il est devant
nous.
C'étaient les remarques que je voulais faire et je pense que ce
n'est pas fait dans le but de dire: On ne veut pas marcher; on ne veut pas
adopter le projet de loi. Ce n'est pas ça qu'on a à l'esprit.
Je voudrais être claire. Je pense qu'on a quand même une
responsabilité de dire: Si on veut reconnaître les institutions ou
les collèges comme des institutions autonomes c'est censé
être des corporations autonomes au moins qu'on leur reconnaisse
une certaine autonomie, qu'on leur laisse un peu de marge de manoeuvre. Je
pense qu'ici dans le a), le ministre vient encore ajouter une contrainte qui ne
m'apparaît pas indispensable, compte tenu des trois balises ou enfin
appelons-les balises, je n'ai pas de meilleur mot qui va empêcher toute
extravagance. Il faut éviter de faire des lois pour régler un
problème. C'est vrai qu'il y a pu y avoir des abus là-dedans,
mais il faut quand même aussi se rendre compte que ce n'est pas le cas de
la majorité des collèges et c'est dans ce sens que je pense que
le ministre devrait réviser le bien-fondé de l'amendement a) de
l'article 2.
M. Forget: D'autant plus, M. le Président, que le ministre
lui-même n'est pas infaillible.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre de
l'Education.
M. Morin (Sauvé): Je peux assurer le député
de Saint-Laurent que je ne me prends pas pour le pape, ni même pour le
pape de la rue Saint-Sacrement et que je n'ai aucune prétention à
l'infaillibilité. Cependant, je crois savoir une ou deux choses au sujet
de ce projet de loi et comme je ne voudrais pas participer au "filibuster" de
mes propres projets de loi, on me permettra d'être bref.
Mme le député de L'Acadie a fait allusion à la
question des contingents. Cela n'a rien à voir avec le présent
article. Les contingents sont imposés lorsqu'ils doivent l'être
d'une manière tout à fait différente et non pas par la
voie réglementaire. Ils le sont pas la voie budgétaire avec
l'imposition de pénalité d'ordre financier en cas de
dépassement, c'est-à-dire, dans le cas où les contingents
ne sont pas respectés. C'est donc une toute autre affaire. Ce que nous
avons devant nous répond au fond à l'une des critiques de
l'Opposition, mais je sens bien qu'au fond, ce qu'ils voulaient je le
vois bien maintenant ce n'était pas améliorer le projet de
loi, c'était perdre le temps pour des objectifs politiques que je
respecte par ailleurs.
Nous avons, à sa demande, réfléchi à
l'article 15 du projet de loi et nous avons décidé de le
retrancher. Cet article 15 permettait de modifier l'article 25a de la Loi des
CEGEP et se lisait comme suit: Un collège doit soumettre chaque
année au ministère, avant la date que ce dernier prescrit,
l'ensemble des enseignements, les programmes autrement dit, qu'il entend
dispenser à ses étudiants lors de la prochaine année
scolaire. Ces enseignements ne peuvent être dispensés par le
collège tant qu'ils n'ont pas été autorisés par le
ministre. Effectivement, cette disposition qui forçait le collège
à revenir chaque année devant le ministère nous a paru
n'être pas essentiel au bon fonctionnement du système des
collèges. Il reste que le ministère doit pouvoir empêcher
les collèges de se faire la guerre pour obtenir tel ou tel programme. On
a vu cela dans le passé. On a vu récemment des collèges
tentant d'empiéter sur des programmes qu'ils voulaient dispenser
alors
que ces programmes étaient déjà, dans certains cas,
réservés à d'autres collèges pour des raisons qui
tiennent à l'organisation de l'ensemble étant donné qu'on
peut quelquefois se permettre, surtout pour des programmes très
coûteux, d'investir dans un CEGEP avec tout l'équipement
nécessaire et qu'on ne peut pas se permettre de le faire dans deux CEGEP
lorsqu'en particulier il s'agit de laboratoires ou d'instruments très
coûteux. On pense à l'aéronautique, on pense aux
ordinateurs, on pense aux media et aux communications, problème qui est
actuellement devant le ministère. Dans ces cas, il faut... Le
ministère a déjà le pouvoir de réglementer la chose
et d'y voir. Il ne faudrait pas le lui enlever parce qu'alors on risquerait de
voir des concurrences très dommageables s'instaurer entre CEGEP pour
obtenir tel ou tel enseignement que la planification générale du
ministère ou du gouvernement a prévu pour d'autres
collèges. De sorte que, M. le Président, je ne veux pas
entreprendre de répondre à chacun des points puisque je sais bien
dans quel esprit le député de Saint-Laurent, en particulier, a
fait son intervention et de toute façon, j'estime que le
député de Rosemont avait fort bien répondu tout à
l'heure à l'ensemble de son argumentation. Merci.
M. Forget: Question de règlement, M. le Président.
Article 96. Le ministre m'impute des propos et dit qu'il introduit cet
amendement à la demande de l'Opposition. Il faut quand même se
rendre compte que s'il enlève l'article 15, il réintroduit par le
paragraphe a) de ce nouvel article, aucun changement de substance. La
disparition du mot annuellement est une véritable plaisanterie parce
qu'il est bien clair qu'une fois les autorisations données, s'il y a
besoin de les changer, et ces besoins peuvent apparaître fort
possiblement à tous les ans, il faudrait alors demander une autorisation
annuelle pour les changer et que, de toute façon, s'il ne fallait pas le
faire, s'il n'y avait pas de changement dans les conditions et dans les
besoins, l'autorisation serait automatique à tous les ans même si
la loi en faisait formellement une exigence de périodicité
annuelle. Donc, il n'y a rien de changé. Ce sur quoi l'Opposition en
avait, ce n'était pas sur le caractère annuel de l'autorisation,
c'était sur son existence même et, là-dessus, il n'y a
absolument rien de changé.
M. Morin (Sauvé): Est-ce là un point de
règlement ou est-ce qu'on est encore en train de trouver d'autres moyens
de nous faire perdre notre temps?
M. Forget: M. le Président, j'aimerais que le ministre
soit un peu plus sincère...
Mme Lavoie-Roux: Point de règlement.
M. Forget: ... dans la façon dont il aborde l'étude
de ces projets de loi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que si nous voulions travailler dans
l'esprit que le ministre veut nous imputer, c'est-à-dire de ne pas faire
avancer le projet de loi, il y aurait bien d'autres formules, et on lui en a
fait la démonstration vendredi dernier. S'il avait voulu Non,
tenez-vous tranquille continuer de faire la même opération,
on aurait pu persister lorsqu'ils étaient dans l'Opposition, ils
ont enseigné beaucoup de trucs, paraît-il, me dit-on, pour faire
ce genre... on aurait pu continuer dans la même veine, mais nous
ne l'avons pas fait. Cependant, si à chaque fois qu'on critique le
ministre et qu'on essaie de plaider que telle chose devrait être
modifiée ou retranchée, c'est considéré comme de
l'obstruction de la part de l'Opposition, qu'on nous le dise et on va s'en
aller tout simplement, et le ministre adoptera son projet de loi tout seul.
C'est aussi simple que cela.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui veulent parler sur le projet d'amendement et
l'article 2?
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, c'est une question de directive, M. le
Président. Est-ce qu'on va procéder à ce moment-ci
paragraphe par paragraphe ou comment est-ce qu'on va-Le Président (M.
Marcoux): Disons qu'on décide à chaque fois. Cela
dépend. A la demande ou selon le désir des membres de la
commission. Disons qu'actuellement, on considère qu'on parle de
l'amendement, puisque depuis le début, on ne parle que de l'amendement.
Continuons. Est-ce que les membres de la commission sont prêts...
M. Forget: Si je comprends bien, l'amendement comprend le
paragraphe a) et le paragraphe a-1) ensemble?
Mme Lavoie-Roux: Non, séparément. M. Forget:
D'accord.
Mme Lavoie-Roux: II semble bien que ce soit
séparément.
Le Président (M. Marcoux): Disons qu'on les a
abordés jusqu'à maintenant...
M. Forget: Si c'est ensemble, avant que nous terminions sur ce
chapitre, j'aimerais demander au ministre, à titre de renseignement,
qu'est-ce qu'il entend par des normes générales que peut
établir le ministre quant aux conventions relatives à
l'enseignement que le collège a pour fonction de dispenser avec toute
institution d'enseignement ou tout autre organisme. C'est une rédaction
assez tortueuse et, comme de toute façon, le ministre approuve dans tous
les collèges, tous les enseignements, selon les programmes officiels
qu'il approuve lui-même et des budgets qu'il
approuve lui-même, je me demande qu'est-ce qui reste, en fait, de
normes générales pour déterminer les conventions pour
faire des choses qui sont de toute façon,
prédéterminées par le ministre.
M. Morin (Sauvé): Pourtant, M. le Président,
l'ancien ministre des Affaires sociales devrait spontanément savoir de
quoi il s'agit. Les collèges concluent constamment des accords,
notamment, avec d'autres institutions d'enseignement, bien sûr, mais
également avec, par exemple, des hôpitaux pour les fins de
certains stages, de certains enseignements. Mais, effectivement, ils ne peuvent
le faire qu'à l'intérieur d'un certain cadre
général déterminé par le ministre de l'Education,
mais dans lequel intervient également le ministre des Affaires sociales,
pour ce qui est de sa part, et lorsque ce sont les établissements
hospitaliers qui sont en cause. Il s'agit de faire en sorte que ces conventions
soient conformes à un certain nombre de principes d'ordre
général. (16 heures)
M. Forget: Cette réponse m'éclaire, mais en
même temps cela suscite une autre interrogation. C'est que dans la mesure
où il s'agit d'ententes entre des institutions d'enseignement et des
établissements de santé, par exemple, il y a évidemment
dans ce cas des ententes types. Les ententes types, jusqu'à maintenant,
ont été élaborées par des comités conjoints
des deux ministères, mais elles sont également approuvées
par les deux ministères. Or, par cette loi, le ministre de l'Education
se donne le pouvoir de faire une approbation, de dicter unilatéralement
les normes qui doivent régir, par exemple, les stages, les internats,
etc., en milieux cliniques. Il me semble qu'il serait au moins correct et
conforme à l'étiquette interministérielle de faire
peut-être un paragraphe distinct qui désignerait que dans le cas
d'ententes avec des établissements d'un autre réseau qui ne
dépend pas de celui de l'éducation, il est évident que ces
nonnes... parce que là on décrète dans une loi que c'est
le ministre de l'Education qui le fait et cela peut susciter des controverses
avec son collègue des Affaires sociales.
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas dans quelle mesure cela
peut rassurer le député de Saint-Laurent, mais les Affaires
sociales sont d'accord avec cette disposition. Nous en avons parlé avec
eux et bien sûr la coordination doit constamment se faire lorsqu'il
s'agit, par exemple, de stages qui sont à la disposition
d'étudiants de niveau CEGEP. Que le député de
Saint-Laurent ne s'inquiète pas, son successeur est au courant de ces
dispositions et il est pleinement d'accord. Il va de soi que le ministre de
l'Education ne peut pas agir seul dans un domaine comme celui-là. Il
faut qu'il se concerte constamment avec son collègue.
M. Forget: Cela ne va pas de soi si la loi dit le contraire, M.
le ministre, et la loi dit ici que les normes relativement aux stages cliniques
sont déterminées par le ministre de l'Education. Or, on sait, je
sais, peut-être que le ministre de l'Education ne le sait pas, qu'il y a
là une longue histoire de difficultés entre ces deux
ministères qui ont été réglées au cours dans
les années antérieures par justement l'acceptation qu'il y avait
une certaine parité. Or, dans les lois qu'administre son
collègue, le ministre des Affaires sociales, il n'y a pas de disposition
analogue qui permettrait au ministre des Affaires sociales de déterminer
les normes des contrats. Il doit, bien sûr, approuver le fait qu'il y a
de tels contrats. Il doit les approuver. Il n'a pas le pouvoir d'édicter
des normes qui s'appliquent de façon absolue à des contrats,
parce que le mot contrat l'indique très clairement, il doit y avoir une
rencontre de volonté sur les termes, les modalités, les
conditions du contrat et il n'est pas possible qu'une des parties s'arroge le
pouvoir de dire: Voici, ce sur quoi nous devons nous entendre. Il n'y a pas
dans les lois des affaires sociales encore une fois de pouvoir analogue. Donc,
la seule loi qui mentionne les normes relativement à des ententes
impliquant l'éducation et, par exemple, les services de santé,
c'est une loi de l'éducation. C'est introduire le germe de
difficulté qui, effectivement, n'existe pas dans les faits. Encore une
fois, c'est un autre exemple d'un désir de tout légiférer,
de légiférer même les choses pour lesquelles il n'y a
absolument aucun problème.
Est-ce que le ministre peut nous citer une fois où un CEGEP
aurait conclu des contrats de façon irresponsable relativement à
des stages cliniques? C'est un désir qu'on retrouve partout
d'empêcher l'exercice, dans le fond, du simple sens des
responsabilités alors qu'on n'est même pas capable de citer un cas
où cela aurait été utilisé à mauvais
escient. Qu'est-ce que c'est que ce désir d'enrégimenter tout le
monde? Il n'y en a pas de problème.
M. Morin (Sauvé): M.le Président, c'est exactement
le contraire. A l'heure actuelle les collèges ne peuvent faire aucune
telle convention, ne poser aucun geste sans mon approbation. Ce que je tente de
faire, c'est de dire: Bon, les collèges pourront négocier cela
eux-mêmes. Je vais mettre des normes générales, mais
à l'intérieur de ces normes générales qui, bien
sûr, feront l'objet d'une entente et d'une coordination entre le
ministère des Affaires sociales et le ministère de l'Education,
ou d'autres organismes, les collèges pourront les conclure ces
conventions. Autrement dit, ce que le député de Saint-Laurent
tente de nous faire prendre pour de la centralisation, c'est exactement le
contraire.
M. Forget: Je n'ai pas parlé, M. le Président, de
centralisation là-dessus.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le
député de Saint-Laurent a beau jeu de faire dire n'importe quoi
à l'article pour ensuite le démolir, mais qu'il ne nous prenne
pas pour des enfants d'école. Il est évident qu'il
interprète l'article de manière absolument idiote.
M. Forget: Alors, les idioties, M. le Président, ne sont
pas du côté qu'on pense parce que je n'ai pas dit qu'il s'agissait
de centralisation, mais il est
évident que si c'était une question qui peut être
décidée unilatéralement dans le monde de
l'éducation, par exemple, sans tenir compte d'un autre ministère
tel que le ministère des Affaires sociales, ce serait une modification
qui serait de nature à décentraliser l'exercice de ce pouvoir de
contracter.
Je suis tout à fait d'accord avec le ministre. Mais ce n'est pas
le problème que j'ai soulevé. Quand il se situe dans un contexte
de discussion avec un autre réseau sur lequel le ministre de l'Education
n'a pas d'autorité, le pouvoir d'autoriser après le fait une
entente en disant: Oui, cela ne contrevient pas à nos priorités,
à nos objectifs à nous de l'éducation, ne limite en rien
le pouvoir des partenaires des CEGEP, les centres hospitaliers, par exemple, de
dire: Nous voulons telle ou telle mesure. Mais quand d'avance il dit comment
seront conclues de telles ententes, il évince du même coup la
négociation entre les parties. Le ministre de l'Education n'a pas
juridiction jusqu'à maintenant sur, par exemple, le réseau de la
santé, mais par cet article, indirectement, il s'en donne une. Il ne
s'agit pas de centralisation, il s'agit de confusion des rôles.
Il fait des normes dans un domaine que la loi dit devoir être
contractuel. Les deux parties au contrat ne sont pas dans une même
relation de dépendance par rapport au ministre de l'Education. Donc, il
change le contexte dans lequel ces ententes se font. Les deux parties à
la négociation... un centre hospitalier va devoir lire les lois de
l'éducation, les directives, les normes ministérielles du
ministère de l'Education avant de savoir quel est le domaine
négociable, alors que ce n'est pas le cas dans le moment. Il y a des
indications, il y a des ententes types, mais il reste qu'il n'y a rien qui
formellement limite le pouvoir des parties d'en venir à des ententes
chacun en fonction de ses priorités.
Il y a là le germe d'une difficulté parce qu'on ne sait
pas, bien sûr, ce que sont ces normes. On ne le sait pas. Il n'a
même pas fait allusion à des ententes types. Il aurait pu
conclure, conformément à des ententes types agréées
conjointement par le ministre de l'Education et le ministre de tutelle
d'établissements ou d'autres organismes avec lesquels un CEGEP doit
entrer dans un lien contractuel, etc., énoncer de telles normes, etc. Il
ne le fait pas de cette façon. Il ne le fait pas par
référence au pouvoir d'autres organismes. Donc, il les met de
côté sur un plan juridique. Etant donné qu'il y a quand
même des tensions, des rivalités entre deux réseaux qui ont
chacun leur prestige, leurs traditions, leur façon d'envisager les
choses, il est presque inévitable qu'on se serve un jour de ce
libellé pour dire: Voici, l'éducation a le dernier mot dans ces
questions parce que c'est le ministre de l'Education qui seul a le pouvoir de
faire des normes quant aux ententes avec, par exemple, les hôpitaux pour
les stages cliniques. Ne nous faisons pas d'illusion, cet argument va
être utilisé. Je ne dis pas qu'il va être utilisé par
le ministre. Je ne taxe pas le ministre de mauvaise foi; il s'est livré
à notre égard à des propos très peu conciliants,
mais je ne le taxe pas de mauvaise foi. Mais quelque part dans la
hiérarchie, l'immense hiérarchie gouvernementale, on va dire:
Regardez les textes. Le législateur a dit que c'est le ministre de
l'Education qui décrète quelles doivent être les normes
générales qui doivent être suivies dans le cas des contrats
pour les stages. C'est sans aucun doute l'exemple le plus important parce qu'il
y a un tas de ces contrats, il y a toutes les techniques infirmières,
toutes les techniques de laboratoire, etc., enfin, toute l'option des sciences
de la santé dans les CEGEP entraîne nécessairement des
stages en milieu clinique.
Ces contrats sont toujours de négociation difficile. Si on change
le contexte juridique, encore une fois, cela va être un facteur de
perturbation alors que rien ne justifie d'intervenir dans ce secteur. Enfin,
nous avons la paix après des tracasseries sans nombre relativement
à ces questions s'échelonnant sur des années. Les
dernières années ont produit un modus vivendi qui est
accepté, qui n'est pas parfait, mais qui est accepté. Il a au
moins ce mérite. Voici qu'on veut le perturber sans raison, sans
motif.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire que je souscris aux remarques du
député de Saint-Laurent parce que, quand on regarde la Loi
actuelle des CEGEP, on voit que ceci est prévu. Un collège est
une corporation, etc., à l'article 6a, qui peut conclure avec toute
institution d'enseignement ou tout autre organisme des conventions relatives
à l'enseignement que le collège a pour fonction de dispenser.
Je ne comprends pas l'intention du ministre, à moins qu'il puisse
donner des explications supplémentaires; pourquoi introduit-il
"conformément aux normes que peut établir le ministre" alors
qu'il nous dit je ne veux vraiment pas essayer de déformer votre
pensée, mais ce que j'ai compris de vos réflexions, c'est que
déjà en fait, vous disiez les CEGEP n'avaient pas le droit
de le faire, la Loi des CEGEP prévoyait qu'ils puissent le faire:
conclure avec toute institution d'enseignement. Ce que vous y ajoutez, c'est
cette dimension nouvelle: Conformément aux normes
générales que peut établir le ministre. Je ne puis...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, M. le Président.
Simplement pour simplifier le débat avant que le député ne
s'engage trop loin. Est-ce que le député a lu la fin de cet
article, à partir du paragraphe qui se lit comme suit: Un collège
ne peut cependant acquérir, etc.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Un peu plus loin. Il ne peut non plus
exercer les pouvoirs mentionnés au paragraphe a) à e) sans
l'autorisation du ministre.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Vous l'aviez lu?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Vous avez la réponse à
votre question. C'est cela que nous faisons sauter.
Mme Lavoie-Roux: Vous faites peut-être sauter cela, mais
vous y introduisez une restriction nouvelle. Conformément aux normes
générales qu'il peut établir, le ministre...
M. Morin (Sauvé): Oui, parce qu'à l'heure actuelle
je dois approuver tout. Je ne veux plus à avoir à approuver
chaque contrat. Je veux simplement énoncer des normes
générales et que les collèges se débrouillent
à l'intérieur de ces normes générales.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous ne dites pas avec qui vous allez
établir ces normes générales.
M. Morin (Sauvé): Non, cela n'est pas nécessaire.
Nous nous sommes enquis auprès des affaires sociales et ils nous ont
donné leur approbation quant à la rédaction de ce
texte.
M. Lavoie-Roux: Ecoutez, le ministère des Affaires
sociales semble être un modèle dans ce domaine parce que quand on
regarde la concertation, par exemple, qui se fait au niveau des garderies entre
l'éducation, pour ne mentionner qu'un domaine, et le ministère de
l'Education, on sait fort bien qu'il y a là de nombreux conflits.
M. Morin (Sauvé): Pardon. Cela va même plutôt
bien, n'étaient les montants un peu insuffisants qui sont mis à
notre disposition par les affaires sociales. Je crois que nous nous entendons
très bien pour faire le maximum.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'opinion du ministre.
M. Morin (Sauvé): Justement.
Mme Lavoie-Roux: A tout événement, je pense que
j'aimerais faire un amendement dans le sens suivant, M. le Président. De
retrancher du paragraphe a-1): "Conformément aux normes
générales que peut établir le ministre", et de retenir:
"Conclure des conventions relatives à l'enseignement que le
collège a pour fonction de dispenser avec toutes institution
d'enseignement ou tout autre organisme".
M. Morin (Sauvé): Totalement inacceptable, M. le
Président. Ce sera mon seul commentaire.
M. Forget: M. le Président, j'aurais une question à
poser au ministre. Est-ce que dans les normes qu'il envisage vont se trouver
par exemple des normes relatives aux compensations financières qui sont
payables. Est-ce qu'il y a des arrangements financiers qui découlent de
pareilles ententes, par exemple, lorsqu'il s'agit d'enseignement en milieu
clinique, des arrangements financiers. Il vient de nous dire que relativement
aux garderies, il y a précisément des difficultés entre
l'éducation et les affaires sociales. Je sais également que
relativement à l'enseignement clinique en milieu hospitalier, il y a des
difficultés de financement. Il y a un différend, un contentieux
entre le ministère de l'Education et le ministère des Affaires
sociales. Est-ce qu'il faut comprendre que les normes en question vont
permettre au ministre de l'Education de trancher en sa faveur ce contentieux
entre l'éducation et les affaires sociales?
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je m'excuse auprès du député de
Saint-Laurent, c'est parce que j'aimerais savoir si vous avez
considéré l'amendement du député de L'Acadie
recevable, qui à mon avis, ne l'est pas.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement qui vise
à...
M. Paquette: Qui vise à biffer les mots
conformément...
Mme Lavoie-Roux: Conformément aux normes
générales que peut établir le ministre.
M. Paquette: Oui. Parce que l'amendement du député
de L'Acadie nous ramène à l'article original de la loi 21. A ce
moment, il suffirait que le député vote contre, puisqu'il
l'enlève de la proposition du ministre, ce qui modifie la loi
actuelle.
M. Forget: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Sur la recevabilité, M.
le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Le ministre a basé son raisonnement qu'il
s'agissait seulement d'un changement dans le libellé, dans les mots,
l'arrangement des mots, que ce pouvoir il l'a déjà. Donc, si ce
pouvoir il l'a déjà, le but de l'amendement n'est donc pas de le
lui donner. (16 h 15)
Ce qui distingue notre amendement du sien, c'est que nous
suggérons un réarrangement des mots, mais comme il a
déjà ce pouvoir et qu'il l'aurait encore, il semble donc que
notre amendement est recevable, puisqu'il ne change pas l'effet
général de la loi. Le ministre lui-même dit que l'effet de
la loi n'est pas de lui donner un pouvoir qu'il n'aurait pas
déjà. Donc, on ne peut rien faire à cet article pour lui
donner un autre effet, sauf de l'exprimer différemment.
M. Paquette: Question de règlement, M. le
Président. Simplement pour répondre à l'argumentation du
député de Saint-Laurent. Je pense
que l'amendement présenté par le ministre vise à
assouplir le mode d'exercice d'un pouvoir qu'il a déjà,
c'est-à-dire, que le ministre n'approuvera plus une à une les
conventions, mais qu'il va édicter des normes générales
face auxquelles les collèges pourront conclure des conventions. Par
conséquent, il y a vraiment un changement de substance par rapport
à la situation actuelle. Par contre, l'amendement du
député de L'Acadie nous ramène, en biffant les mots
"conformément aux normes générales que peut établir
le ministre", à l'article original, ce qui fait que cela revient
à écarter la proposition du ministre de toute évidence.
Par conséquent, M. le Président, l'amendement est
irrecevable.
M. Goldbloom: M.le Président...
Le Président (M. Marcoux): Sur la recevabilité.
M. Goldbloom: Sur la recevabilité de la motion. Il est
vrai que le ministre, en rédigeant ce qui paraît sur notre
papillon comme paragraphe a-1, a inséré les mots suivants:
Conformément aux normes générales que peut établir
le ministre, dans un texte qui existait déjà dans la Loi sur les
collèges d'enseignement général et professionnel, sauf
qu'en ce faisant, M. le Président, le ministre a choisi de refaire, de
reformuler le texte. Donc, si l'amendement du député de L'Acadie
propose de retrancher les mots, on ne revient quand même pas au texte
identique. On revient à un texte reformulé. Il faut croire qu'il
y avait une raison linguistique, peut-être, pour laquelle le ministre a
choisi une formulation différente. J'aimerais tout simplement
prétendre que l'argument offert par le député de
Rosemontà l'encontre de la recevabilité de la motion n'est pas
valide et que la motion d'amendement est recevable.
M. Alfred: M. le Président, sur la recevabilité de
l'amendement, je dois vous dire que je partage d'emblée l'argumentation
du député de Rosemont, d'autant que la formulation
présentée par le ministre montre la façon la plus normale,
la plus intelligente de régler les problèmes.
Le Président (M. Marcoux): Compte tenu...
Mme Lavoie-Roux: C'est un beau témoignage M. le
député de Papineau.
Le Président (M. Marcoux): Sur la base qui traite
principalement des arguments donnés par le député de
D'Arcy McGee, à savoir que si l'amendement n'était pas
jugé recevable et qu'à ce moment, on votait contre la
proposition, nous ne reviendrions pas à l'autre texte tel qu'il
était, je pense qu'il est plus simple pour la conduite de nos travaux de
juger l'amendement recevable. Plus simple, mais pas contradictoire. Pardon, je
ne répondais pas à votre question. Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je trouve que le
député de Papineau n'a pas de respect pour la
présidence.
M. Alfred: Je vous respecte, M. le Président. Je trouve
que vous avez beaucoup de sympathie pour l'Opposition, M. le Président,
mais je respecte votre décision qui est irrévocable.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M.le Président, je ne parlerai pas 20
minutes sur la motion. Ce n'est pas l'objet de la motion, je pense que le
problème de la portée de cet ajout ou enfin des mots qui seront
inclus dans l'amendement a-1 a été souligné amplement par
le député..., et je dois dire que présentement on est
porté peut-être à voir cela seulement en fonction du
ministère des Affaires sociales. Même si le ministre dit: Tout va
pour le mieux dans le meilleur des mondes, maintenant, dans nos relations avec
les ministères des Affaires sociales... Simplement pour revenir à
la question de garderies quand on sait, par exemple, que le ministère
des Affaires sociales refuse de subventionner la location de certaines
garderies et que c'est le ministère de l'Education qui doit prendre sur
lui, à certaines occasions, pour faire ce financement, ce n'est pas
encore pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais je voudrais
m'éloigner du ministère des Affaires sociales.
Le livre blanc sur les collèges... et je pense que probablement
il existe aussi déjà d'autres conventions qui sont conclues avec
des organismes, des employeurs, dans le monde du travail ou qui normalement
devraient éventuellement se multiplier dans le monde du travail si l'on
tient compte des intentions au plan professionnel de développer la
collaboration avec le monde du travail et qui pourraient avoir, à ce
moment, des implications avec le ministère du Travail. Peut-être y
en a-t-il déjà? Je ne le sais pas. Je pense que dans l'esprit du
livre blanc et de l'expansion qu'on veut accorder à tout, les relations
travail et formation professionnelle dans le milieu collégial, on peut
imaginer qu'éventuellement il faudra conclure ou discuter de normes
d'entente non seulement avec le ministère des Affaires sociales, mais
avec d'autres ministères, pour éviter... Même si tout le
monde agit de bonne foi, il est assez drôle que quand c'est le ministre
de l'Education qui, lui, met cela, c'est toujours dans la meilleure foi et avec
bonne foi, ce que je pense est probablement le cas. Il est beaucoup plus
soupçonneux quand il s'agit pour les collèges, eux, d'agir. Eux,
on les soupçonne de vouloir concurrencer les autres, on les
soupçonne de vouloir s'arracher de la clientèle, etc.
A tout événement, je pense que sans imputer de motifs ni
aux uns, ni aux autres, ni aux collèges, ni au ministère, quand
les choses sont claires, quand les choses sont précises, je pense qu'on
évite des situations de conflit. C'est évident
que quand deux autorités sont dans des situations qui peuvent
venir facilement en conflit, il vaut mieux que les choses soient
clarifiées et ceci dans le meilleur intérêt du bon
fonctionnement des ententes et de la signature de ces ententes, de ces
conventions.
Evidemment, inutile de vous dire que je supporte la motion.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement
proposé par le député de Saint-Laurent...
Mme La voie-Roux: Non.
Le Président (M. Marcoux): ... de L'Acadie visant à
biffer les mots "conformément aux normes générales que
peut établir le ministre", est-ce que cet amendement sera
adopté?
Une Voix: Rejeté.
Le Président (M. Marcoux): Rejeté sur division?
M. Morin (Sauvé): Rejeté.
Le Président (M. Marcoux): Nous revenons à la
proposition originale. Est-ce que la proposition d'amendement du ministre sera
adoptée? Le texte se lirait comme ceci, je vais le lire pour que ce soit
clair pour tout le monde.
M. Forget: C'est que j'ai un autre amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Vous avez un autre
amendement.
M. Forget: Oui.
M. Morin (Sauvé): Vous avez épuisé votre
droit de parole.
M. Forget: Je ne pense pas.
M. Alfred: De quelques minutes, M. le député.
M. Morin (Sauvé): Vous pouvez le passer au
député de D'Arcy McGee qui a encore 20 minutes vierges devant
lui.
M. Forget: M. le Président, nous tenons une
comptabilité très exacte des temps de parole utilisés et
à cause de l'avertissement que nous a fait le ministre, on m'informe que
j'ai encore deux minutes, ce qui est amplement suffisant pour faire la lecture
de cet amendement.
Le Président (M. Marcoux): Vous n'avez pas
épuisé votre droit de parole sur le paragraphe a-1, mais je vais
quand même lire l'amendement que nous discutons, parce que cela fait
longtemps qu'il a été rappelé. Il viserait à
remplacer à l'article 2 du paragraphe a), les deux paragraphes a) au
complet pour se lire comme ceci: Par le rempla- cement du paragraphe a) du
premier alinéa par le suivant: a) Dispenser les programmes pour lesquels
il a reçu l'autorisation du ministre qui peut réviser cette
autorisation après avoir pris l'avis du conseil des collèges
constitué en vertu de la Loi sur le conseil des collèges (1979,
chapitre à déterminer. Insérer ici le numéro de
chapitre du projet de loi). a-1) Conclure, conformément aux normes
générales que peut établir le ministre, des conventions
collectives relatives à l'enseignement que le collège a pour
fonction de dispenser avec toute institution d'enseignement ou tout organisme.
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, nous vouions tenter un autre
effort pour permettre au ministre de se sortir d'un mauvais pas
vis-à-vis de ses collègues responsables d'autres
ministères en suggérant l'amendement suivant qui affecterait le
paragraphe a-1: Que le sous-paragraphe a-1 soit modifié en
remplaçant dans la deuxième ligne les mots "peut établir
le ministre" par les mots "peuvent établir conjointement le ministre de
l'Education et tout autre ministre de tutelle des institutions et organismes
impliqués."
Le sous-paragraphe a-1 se lirait au complet de la façon suivante:
"Conclure, conformément aux normes générales que peuvent
établir conjointement le ministre de l'Education et tout autre ministre
de tutelle des institutions et organismes impliqués, des conventions
relatives à l'enseignement que le collège a pour fonction de
dispenser avec toute institution d'enseignement ou tout autre organisme." Ce
qui permettrait, M. le Président, d'éviter ces
difficultés. On pourrait citer ce texte désormais de
manière à nier la responsabilité d'autres ministres de
tutelle, comme le ministre des Affaires sociales, en prétendant à
juste titre que dans toutes les lois du Québec il n'y a qu'un seul
ministre qui est en mesure d'édicter des normes générales
relativement à de tels contrats.
C'est faire du ministre de l'Education une espèce de ministre
à responsabilité prééminente.
Le Président (M. Marcoux): Avant que vous ne continuiez
l'argumentation, est-ce qu'il y en a qui aimeraient intervenir sur la
recevabilité?
M. Paquette: C'est tout à fait inapplicable. M. Alfred:
Oui, c'est inapplicable; donc, c'est...
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est reçu.
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je ne m'étendrai pas
longtemps là-dessus. J'ai déjà expliqué les
difficultés que cela pouvait susciter. Il y a un contentieux. Le
député de L'Acadie a mentionné les problèmes qui
existent dans le domaine des garderies. Le ministre de l'Education sait
très bien que dans la ville de Québec même, le centre
hospitalier de l'Université Laval, d'une part, et l'Université
Laval, d'autre part, ont des difficultés
non résolues dont les conséquences financières se
chiffrent à plusieurs millions de dollars relativement à la
façon dont les coûts doivent être répartis entre les
établissements des Affaires sociales et les institutions d'enseignement.
Il y a donc là des difficultés très réelles qui ne
sont pas résolues et il est important que le ministre de l'Education ne
donne pas l'apparence de vouloir trancher indépendamment des
préoccupations de ses collègues des autres ministères.
Le Président (M. Marcoux): Deux cloches, c'est
probablement un vote. Est-ce qu'on pourrait aller vérifier?
M. Forget: Pour expliquer la remarque de Mme le
député de L'Acadie, il faudrait...
Le Président (M. Marcoux): Ordinairement, quand il y a
deux cloches... Je vais envoyer vérifier. Vous pouvez continuer.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'heure des Vêpres.
M. Forget: C'est l'heure des Vêpres, oui. M. le
Président, je pense qu'il n'y a pas de raison de m'étendre
davantage sur le sujet. Je crois que cet amendement parle de lui-même, il
n'est pas compliqué, il ne contribue pas à rendre plus difficile
la réalisation de l'objectif que s'est fixé le ministre. C'est
avoir des normes préalables plutôt qu'approuver chaque contrat
individuellement. Je suis tout à fait d'accord avec cela pourvu que,
dans les normes générales, on reconnaisse explicitement le
rôle d'autres ministères. Je ne suis pas rassuré du fait
que son collègue, dont l'attention n'a peut-être pas
été attirée avec une insistance très
particulière sur les conséquences possibles de cet article, se
soit déclaré généralement d'accord. Permettez-moi
de douter, M. le Président, qu'il s'agisse d'un argument qui ferme le
dossier de façon définitive. (16 h 30)
II faudrait, bien sûr, demander au ministre des Affaires sociales
d'être ici pour véritablement prendre connaissance des
implications possibles et pour pouvoir vérifier avec lui à
nouveau s'il a vraiment vu ces implications avant de donner son accord, si tant
est que le ministre de l'Education se réfère à autre chose
que l'accord assez général que se donnent les uns aux autres les
membres du Conseil des ministres lorsqu'ils présentent des projets de
loi au Conseil des ministres. Je ne crois pas qu'il s'agisse là d'un
argument, surtout que, quel que soit l'accord du ministre des Affaires
sociales, ce n'est pas un argument, puisque la loi dit ce qu'elle veut dire.
Elle peut être interprétée seulement par rapport au langage
qu'elle emploie et non pas par rapport à des intentions ou par rapport
à des accords tacites ou même explicites d'un ministre.
Si la loi donne au ministre de l'Education un pouvoir, elle le lui donne
à lui seul; désormais, c'est lui seul qui l'exercera, quelles que
soient les approbations et les opinions exprimées à ce sujet par
d'autres ministres. J'inviterais le ministre de l'Education à accepter
cet amendement qui est en toute bonne foi et qui permettrait d'éviter
que le problème que nous avons souligné se soulève dans
son application.
Le Président (M. Marcoux): Quelqu'un veut-il s'exprimer
sur l'amendement?
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: ... j'aimerais m'exprimer très
brièvement sur cet amendement que j'appuie.
Quand je suis devenu ministre, c'était comme adjoint au ministre
de l'Education. J'ai été chargé d'examiner un
problème qui existait dans certains collèges d'enseignement
général et professionnel: il s'agissait de l'enseignement de la
physiothérapie. Il y avait eu une entente pour que la
physiothérapie soit enseignée, si ma mémoire est
fidèle, au CEGEP de Sherbrooke, avec des possibilités
d'enseignement clinique dans les établissements hospitaliers, ce qui est
nécessaire pour l'enseignement de la physiothérapie.
Il y a eu un mouvement spontané, une initiative de la part d'un
autre CEGEP. Si ma mémoire est fidèle, il s'agissait de celui de
Chicoutimi. Il n'y a pas eu une situation convenable quant à
l'enseignement clinique et il n'y avait pas eu non plus ce fait
additionnel n'est pas pertinent à la discussion, pas directement
pertinent une autorisation explicite de la part du ministère. Il
arrivait que ma formation de médecin me permettait au moins de
comprendre les deux côtés du problème, mais il me semble,
en rétrospective, qu'il aurait été désirable
d'abord qu'il y ait eu des normes, quant à la conclusion d'ententes
entre les établissements d'enseignement comme tels et les
établissements de la santé et, deuxièmement, que les deux
ministères auraient pu avantageusement être impliqués dans
l'établissement de normes par rapport à ces éventuelles
ententes.
C'est cette petite expérience personnelle qui m'amène
à appuyer la motion d'amendement proposée par le
député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Marcoux): Comme il n'y a pas d'autres
députés qui désirent intervenir, est-ce que la motion de
sous-amendement proposée par le député de Saint-Laurent
sera adoptée?
M. Morin (Sauvé): Rejetée, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Rejetée sur
division.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Nous revenons à la
proposition du ministre.
Mme Lavoie-Roux: ... j'aurais une question à poser au
ministre. Quand il nous a expliqué l'objet
de l'amendement a-1, il a fait valoir qu'il voulait justement soustraire
à l'autorité du ministre la nécessité de faire
approuver des conventions, que c'était l'objet principal de ce a-1. Il
reste un point quand même qui demeure obscur pour moi, c'est quand on se
réfère à l'article 6 de la loi actuelle des CEGEP. Au
paragraphe de la nullité, on lit: "Tout contrat fait par un
collège sans l'autorisation requise du lieutenant-gouverneur en conseil
ou du ministre est nul."
Ceci, évidemment, je pense, touche beaucoup plus que les seules
conventions auxquelles le ministre fait référence dans son
amendement. Est-ce que ceci ne se trouve pas, du moins dans le cas des
conventions auxquelles il fait allusion, qui sont des conventions relatives
à de l'enseignement, est-ce que ce dernier paragraphe sur la
nullité, ne vient pas affaiblir l'argumentation qui, je le sais,
était de bonne foi de la part du ministre, de donner, au moins dans ce
domaine, plus de latitude aux collèges?
M. Morin (Sauvé): A l'intention de Mme le
député de L'Acadie, je répondrai que ce paragraphe, qui se
réfère à l'autorisation requise du lieutenant-gouverneur
en conseil ou du ministre, ne se réfère qu'aux paragraphes pour
lesquels une autorisation est requise, c'est-à-dire, si elle veut bien
se reporter au projet de loi no 25, la quatrième ligne avant la fin de
la page 5 du projet, c'est-à-dire aux paragraphes b) à e). Ce
n'est plus applicable au paragraphe a) comme ça l'était
auparavant.
M. Forget: Qu'arrive-t-il d'une convention une convention
relative à l'enseignement qui contreviendrait aux normes
préétablies par le ministre de l'Education? Est-ce à dire
qu'elle n'est plus, elle, sujette à nullité pour contravention
aux normes, alors qu'auparavant, elle était sujette à
nullité pour non-autorisation?
M. Morin (Sauvé): Elle ne serait pas nulle, elle serait
difficilement applicable, naturellement, puisque les deux ministères
auraient tôt fait de renoncer, de refuser de financer des stages ou des
ententes qui ne seraient pas conformes aux normes générales.
C'est ce qui se passerait dans les faits.
M. Forget: Au moins le ministère de l'Education. On peut
présumer que l'autre ministère pourrait ignorer le fait qu'une
institution d'enseignement ait contrevenu aux normes du ministère de
l'Education si, par ailleurs, un établissement de santé s'est
conformé aux priorités et aux politiques des Affaires
sociales.
Mme Lavoie-Roux: M.le ministre...
M. Morin (Sauvé): II faudrait faire une distinction entre
deux types de nullité. Il y a la nullité de plein droit, qui est
celle prévue par le dernier article et qui s'appliquera désormais
au paragraphe b-1e) et non plus au paragraphe a). Il y a aussi, comme le
député le sait, le fait qu'une entente qui ne serait pas conforme
à des normes générales est annulable de toute
façon, en vertu des normes générales du droit, mais elle
ne serait pas nulle de plein droit.
Mme Lavoie-Roux: Ma question va être moins subtile sur le
plan légal, que l'argumentation des deux honorables
députés qui ont des connaissances légales plus
avancées que les miennes. Je veux quand même que ce soit
très clair pour ne pas qu'il y ait de problèmes qui surgissent
après. Le ministre m'a dit: Non, il y a exclusion de l'article a),
puisque le deuxième paragraphe de l'article b) ne s'appliquera
désormais qu'aux paragraphes b) à e). De fait, l'article a) est
exclu, là-dessus, je suis d'accord avec le ministre. Mais quand vous
revenez au dernier paragraphe auquel je faisais référence, "tout
contrat fait par un collège sans l'autorisation requise du
lieutenant-gouverneur est nul", est-ce qu'on peut conclure que malgré
tout, ce n'est pas comme une clause plus universelle qui pourrait venir
affecter l'article a), puisque dans l'article a) on parle de conclure des
conventions conventions et contrats, ce n'est peut-être pas
synonyme dans le jargon légal mais est-ce qu'il ne pourrait pas y
avoir là un effet général qui viendrait affecter l'article
a)?
M. Morin (Sauvé): On pourrait peut-être laisser le
paragraphe tel qu'il est dans la loi actuelle.
M. Forget: De quel paragraphe le ministre parle-t-il? Du
paragraphe 1a?
M. Morin (Sauvé): Le dernier paragraphe. Si l'amendement
ne paraît pas recevable, laissons les choses telles quelles.
Mme Lavoie-Roux: Je ne voudrais pas que le ministre voie cela
comme un désir de lui faire opposition. Il y a des fois où,
très consciemment, je peux faire cela, mais dans le cas présent,
vous avez vos conseillers juridiques, vous avez des connaissances juridiques
que je n'ai pas, si vous me dites que le paragraphe a-1 est vraiment
étanche et qu'il ne peut être affecté d'aucune façon
par ce dernier petit paragraphe, tant mieux, laissons-le aller. Je veux juste
m'assurer que tel est bien le cas.
M. Morin (Sauvé): C'est bien le cas, mais il faudrait que
Mme le député comprenne qu'il y a des principes
généraux du droit qui sont applicables à toutes les lois
et que si une entente est conclue contrairement à des normes
générales qui sont proposées par le ministre...
Mme Lavoie-Roux: Alors, il pourrait être affecté par
cela.
M. Morin (Sauvé): ... en fonction de l'amendement que nous
allons adopter, alors, le ministre peut toujours annuler, mais ce n'est pas nul
de plein droit.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): C'est la différence.
Le Président (M. Marcoux): Pourrions-nous voter maintenant
sur la proposition d'amendement du ministre qui concerne les articles a) et
a-1?
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question. On a beaucoup
parlé de ces normes générales. Le ministre nous a
cité comme exemple des normes générales qui peuvent
exister dans le cas de conventions avec les hôpitaux. Peut-il, simplement
à titre d'information, nous dire dans quel autre domaine il existe de
telles conventions et est-ce qu'il y a un cadre général auquel le
ministère se réfère ou auquel les collèges peuvent
se référer et qui existe et qui pourrait nous être
remis?
M. Morin (Sauvé): II n'y a pas de cadre
général existant actuellement, c'est d'ailleurs la raison pour
laquelle je dois approuver toute entente, ceci en réponse à la
seconde partie de votre question. Pour ce qui est de la première partie,
oui, on pourrait donner comme exemple les ententes avec les commissions
scolaires, avec les municipalités, par exemple, pour l'emploi...
Mme Lavoie-Roux: L'équipement sportif.
M. Morin (Sauvé): ... de l'équipement sportif. A
l'heure actuelle, je dois approuver toutes ces ententes, ce qui n'a aucun sens.
Nous tentons donc de laisser plus de marge de manoeuvre à
l'intérieur de grandes normes générales aux CEGEP
lorsqu'ils voudront mettre en commun des équipements, par exemple, avec
la municipalité ou la commission scolaire.
M. Forget: J'ai posé la question tout à l'heure,
mais nous n'avons pas eu de réponse. Peut-être ma question
s'est-elle perdue? Quel genre de normes générales, quels sont les
principes qui devraient guider les CEGEP dans la conclusion d'ententes aux yeux
du ministre? Par exemple, dans le cas de partage des coûts, est-ce qu'il
y a une ligne de pensée qui pourrait être énoncée
là-dessus?
M. Morin (Sauvé): Oui, mais de façon très
générale puisque nous n'avons pas encore vraiment
rédigé ces normes et nous ne le ferons qu'après
consultation avec les collèges, les commissions scolaires et aussi les
Affaires sociales, lorsque celles-ci sont en cause, mais on peut imaginer, par
exemple, qu'un des principes serait qu'il doit y avoir frais partagés
lorsqu'une entente est conclue pour l'utilisation d'un gymnase avec une
municipalité et non pas, par exemple, à titre gratuit, compte
tenu des heures d'utilisation de chacune des parties ou qu'il y ait une
contrepartie; elle peut avoir une autre nature qu'une contribution
financière. C'est à ce genre de dispositions que nous pensons,
mais d'ordre très général.
Le Président (M. Marcoux): J'appelle maintenant le
vote...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais poser une
question supplémentaire au ministre. Il parle de normes très
générales. Evidemment, je pense au domaine des équipements
sportifs. Est-ce que, par exemple, dans le domaine des commissions scolaires,
ce ne sont pas les commissions scolaires qui fixent elles-mêmes ces
normes générales de convention avec les municipalités ni
même avec les collèges. (16 h 45)
M. Morin (Sauvé): Avez-vous terminé votre
question?
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'ai terminé. Je pense... Non
seulement je le pense, mais j'en suis certaine, j'ai vécu cette
expérience; des conventions ont été signées, dans
les termes que vous mentionniez, avec des municipalités et même
avec d'autres commissions scolaires, avec d'autres organismes. Les institutions
elles-mêmes ou les commissions scolaires elles-mêmes ont
établi ces normes générales de fonctionnement et la
justification de ma question est: Pourquoi faut-il que dans le cas des
collèges ces normes générales soient établies par
le ministère?
M. Morin (Sauvé): Tout simplement parce qu'il peut y avoir
un impact financier considérable. Supposons qu'une entente est conclue
pour plusieurs années. Nous voulons savoir exactement d'avance combien
d'années. Il faut qu'il y ait des normes générales sur la
durée des ententes, que ce soit révisible en temps et lieu.
Mme Lavoie-Roux: Encore une fois, par le biais des budgets, vous
allez avoir un droit de regard là-dessus. Les commissions scolaires,
vous y aviez un droit de regard par le biais des budgets.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Par exemple, si on signe une entente qui
implique un déboursé de $100 000 par année, il va y avoir
un contrôle là-dessus, mais c'est sur la procédure à
suivre, sur les normes de l'entente...
M. Morin (Sauvé): Les normes vont porter, bien sûr,
surtout sur les matières d'enseignement. Ce que j'approuve à
l'heure actuelle et que je n'aurai plus à approuver, à condition
que des normes générales soient définies, ce sont surtout
des conventions portant sur l'enseignement. Bien sûr, on m'a
demandé d'autres exemples, j'en ai donné.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais même dans le monde de
l'enseignement, je pense aux infirmières auxiliaires, est-ce que ce ne
sont pas des ententes qui sont discutées directement de commissions
scolaires à hôpitaux ou à institutions du
réseau de services de santé? Si elles impliquent des
coûts...
M. Morin (Sauvé): Dans le cas des collèges, vous
connaissez les dispositions de la loi, vous les avez sous les yeux, ce doit
être approuvé par le ministre et quelquefois par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Si cela ne l'est pas, c'est nul.
Mme Lavoie-Roux: L'impression que j'ai, je pense, est correcte
dans le cas des commissions scolaires.
M. Morin (Sauvé): Dans le cas des commissions scolaires,
le régime est différent.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): Le régime est différent,
mais elles ont un pouvoir de taxation. Donc, elles prennent la
responsabilité, si elles concluent une entente qui coûte plus cher
que prévu ou qui est malhabile sur le plan des stipulations, la
commission scolaire devra taxer, tandis que le collège n'a pas de
pouvoir de taxation; ses revenus font l'objet de subventions.
Mme Lavoie-Roux: La taxation, cela laisse quand même un
pouvoir d'autonomie.
M. Morin (Sauvé): Je pense que cela se passe comme
ça dans les faits, mais la question de Mme le député de
L'Acadie va me forcer à me pencher sur la question de façon plus
exacte.
Je vois que l'article 226 de la Loi de l'instruction publique a
été modifié récemment. Je n'ai pas le texte exact,
mais on m'en indique la teneur: Avec l'autorisation du ministre, les
commissaires et les syndics peuvent conclure des conventions à des fins
scolaires avec toute personne, institution ou corporation. Je vais être
obligé, effectivement la question de Mme le député
me le suggère d'examiner la pratique récente de certaines
commissions scolaires pour voir si elles n'auraient pas enfreint cet
article.
Mme Lavoie-Roux: C'est une modification qui remonte à
quand, M. le ministre?
M. Morin (Sauvé): La Loi de l'instruction publique, vous
le savez...
Mme Lavoie-Roux: Elle a été tellement...
M. Morin (Sauvé): ... est très ancienne. La
dernière modification je vais vous le dire dans un instant
remonte à 1971.
Mme Lavoie-Roux: 1971.
M. Morin (Sauvé): Je vois que Mme le député
de L'Acadie va me forcer à regarder toutes les ententes conclues par la
CECM depuis quelque temps.
Mme Lavoie-Roux: Je vais me retrouver dans une
illégalité passée.
M. Alfred: Vous allez payer pour cela, j'espère.
Mme Lavoie-Roux: Certainement. Mais maintenant, ce genre
d'entente sert de modèle à bien d'autres. Ce n'était pas
si mal d'avoir pu prendre l'initiative ou de l'avoir fait ici.
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas si la CECM va être
très touchée de la façon dont vous venez de soulever ce
problème, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs cela ne s'applique pas uniquement
à la CECM. Ce que je pense et que j'ai toujours cru, quand cela implique
des déboursés, c'est qu'il y a un droit de regard de la part de
ceux qui paient les déboursés et je pense que c'est normal, mais
c'est que partout on laisse si peu d'initiative quand on établit
toujours des normes et des normes. Et je peux vous dire, avec certitude, que
les premières conventions qui ont été signées par
exemple le député de Bourassa serait si heureux
d'être ici dans le domaine sportif avec l'école
Calixa-Lavallée et Montréal-Nord ont été des
conventions dont les normes ont été établies localement.
Je suis sûre que les déboursés ont été
approuvés provincialement. Mais c'est que l'initiative, la formulation
et cela je pense que c'est bon je pense que c'est l'initiative
qu'il faut laisser aux instances locales.
M. Morin (Sauvé): Ils l'auront avec cet article. Mme
Lavoie-Roux: Bien non.
M. Morin (Sauvé): Ils n'auront même plus besoin de
venir chercher mon approbation pour chaque convention.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous établirez quand même
les normes générales. Enfin, passons.
Le Président (M. Marcoux): Si je comprends bien, on est
prêt à passer au vote sur l'amendement qui se lira comme suit: a)
Par le remplacement du paragraphe a) du premier alinéa par les suivants:
"a) dispenser les programmes pour lesquels il a reçu l'autorisation du
ministre qui peut réviser cette autorisation après avoir pris
l'avis du conseil des collèges constitué en vertu de la Loi sur
le conseil des collèges (1979), chapitre à déterminer qui
sera ici le numéro de chapitre du projet de loi no 24; a-1 conclure,
conformément aux normes générales...", et là le
texte est le même que celui que vous avez dans le projet de loi. Est-ce
que cet amendement proposé par le ministre sera adopté?
M. Alfred: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté?
Nous allons poursuivre la discussion sur le paragraphe b).
M. Morin (Sauvé): Sur le paragraphe b), M. le
Président, nous proposons de remplacer le deuxième alinéa
de la loi existante par le suivant: "Sauf à l'intérieur des
limites financières fixées par règlement, un
collège ne peut cependant acquérir, construire, louer, agrandir,
transformer ou aliéner un immeuble sans l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil; il ne peut non plus exercer les pouvoirs
mentionnés aux paragraphes b) à e) du premier alinéa, sans
l'autorisation du ministre". Vous aurez noté que ceci est beaucoup plus
souple que la disposition existante qui, elle, interdit à un
collège de poser les actes dont j'ai fait mention sans l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil et a pour effet d'annuler toute convention ou
tous les pouvoirs qui seraient exercés sans l'autorisation du ministre
pour tous les paragraphes de l'article 6, y compris le paragraphe a). Nous
avons donc laissé tomber le paragraphe a) et nous avons ajouté
également la disposition qui veut que, désormais, le
collège pourra acquérir, construire, etc. à
l'intérieur des limites financières fixées par
règlement.
C'est donc un assouplissement de la règle existante en vue d'une
plus grande décentralisation.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement sera
adopté sur le paragraphe b).
M. Forget: J'aurais une question. Je félicite le ministre
de suivre les traces de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux qui a été amendée dans ce sens, il y a quelques
années. C'est effectivement la seule mesure, je ne dirais pas de
décentralisation, mais d'assouplissement des contrôles, puisque,
effectivement, on permet à l'intérieur de certaines limites...
Les limites sont fixées de manière qu'il s'agisse de petites
décisions, mais les petites décisions sont les plus nombreuses.
Alors, cela allège sensiblement le travail de surveillance du
ministère de l'Education. Mais justement pour être bien sûr
que c'est là l'intention, j'imagine que le ministre a à
l'idée, à l'esprit, les limites financières justement
à l'intérieur desquelles une telle discrétion sera
laissée au collège... Dans le cas des affaires sociales, si ma
mémoire est bonne, par règlement, il s'agit de $25 000.
M. Morin (Sauvé): Nous n'avons pas encore fixé les
limites dont il est question dans cet article puisque la loi ne nous y autorise
pas. Si la commission parlementaire accepte les nouvelles dispositions et si
l'Assemblée nationale les accepte en troisième lecture, nous
mettrons des limites financières qui pourraient être de cet
ordre.
M. Forget: Le ministre est imprudent. Ordinairement, quand un
ministre introduit un amendement de cette nature, il sait très bien quel
usage il va en faire et il a une idée très précise du
montant, de la limite en question. Il est évident que le Conseil du
trésor examine les implications financières des lois. Parmi les
questions soulevées par le Conseil du trésor aux
ministères qui pilotent les projets de loi, il y a tout de suite la
question: Quelle est la limite que vous avez à l'esprit, quel est le
nombre de décisions et la masse budgétaire impliquée? Les
ministères doivent s'exécuter et faire part au Conseil du
trésor de leurs projets parce qu'il est évident qu'on ne se donne
pas comme ça, en l'air, des clauses qui échappent aux
contrôles qui existent déjà sans savoir exactement
où on s'en va.
Le ministre a donné, sans vouloir le faire formellement,
l'indication que ce serait $25 000.
M. Morin (Sauvé): Je n'ai rien dit de plus que de dire que
ce pourrait être de cet ordre-là, et pour une raison très
simple, c'est que le Conseil du trésor a aussi son mot à dire
là-dedans. Le ministère de l'Education peut toujours proposer, ce
n'est pas lui qui dispose. L'ancien ministre des Affaires sociales sait
très bien de quoi je parle.
Mme Lavoie-Roux: L'homme propose et Dieu, dispose.
M. Forget: Je n'ai jamais eu de difficulté de la nature
soulevée par le ministre de l'Education; les recommandations que je
faisais au Conseil du trésor étaient acceptées.
M. Morin (Sauvé): Invariablement!
M. Forget: Oui, invariablement!
M. Morin (Sauvé): Je reconnais bien là la gestion
laxiste de l'ancien gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président... M. Forget: II y
d'autres interprétations.
Mme Lavoie-Roux:... il y en a d'autres qui ont le tour! Je
comprends que le ministre ne se soit pas engagé, c'est un ordre de
grandeur qu'il a donné, soit $25 000. Cela me semble difficile
mon collègue de Saint-Laurent pourra me désavouer si
ça devait être de l'ordre de $25 000, d'acquérir ou de
construire quoi que ce soit. Louer, ça peut aller, mais comment
agrandir, transformer ou aliéner aliéner, c'est
différent avec un montant de $25 000? Peut-être pour des
réparations d'urgence ou de l'équipement neuf dans un
laboratoire. Cela me semble très minime comme montant. Est-ce que c'est
ce que vous avez en vue, acquérir, construire, louer, agrandir,
transformer?
M. Morin (Sauvé): Mme le député a
répondu à sa question dans une large mesure. Avec $25 000, ou un
montant de cet ordre bien administré, non pas à la manière
de certains gouvernements qu'on a connus dans le passé, je pense qu'on
peut faire beaucoup de choses avec un tel montant.
Mme Lavoie-Roux: Quand même! Allons donc, M. le ministre,
n'exagérons rien!
Le Président (M. Marcoux): Alors, est-ce qu'on peut
adopter l'amendement?
M. Forget: Ceci n'est pas enregistré au journal des
Débats, mais on remarque le sourire abondant du ministre alors qu'il
fait de pareilles affirmations.
Le Président (M. Marcoux): Et de tous les autres membres
de la commission?
M. Forget: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ma question avait quand même un objectif.
Il semble que le ministre ait confirmé le point d'interrogation que
j'avais à l'égard d'un montant qui, s'il était de l'ordre
de $25 000, paraîtrait assez dérisoire. C'est simplement pour
l'inviter à demander au ministre des Finances ou au Conseil du
trésor d'être un peu plus généreux. Peut-être
que du temps de l'ancien gouvernement, $25 000 étaient suffisants, mais
aujourd'hui, avec l'inflation, on pourrait augmenter un peu. Ce n'est pas
beaucoup, $25 000.
M. Morin (Sauvé): Je vais tenir compte des observations du
député de L'Acadie. Auparavant, je devrai vérifier si la
CECM a effectivement respecté la loi dans les ententes qu'elle aurait pu
conclure depuis quelques années.
Le Président (M. Marcoux): Là, vous revenez
à l'amendement précédent. Je préférerais
qu'on continue sur le paragraphe b).
Mme Lavoie-Roux: Puisque le ministre a pris l'initiative de
revenir sur un sujet qui était clos...
Le Président (M. Marcoux): Oui, mais vous avez vu que je
l'ai arrêté immédiatement.
Mme Lavoie-Roux: Je peux au moins réagir, puisqu'il s'est
adressé à moi directement.
Le Président (M. Marcoux): Non, non, parce qu'à ce
moment-là on continue le processus...
Mme Lavoie-Roux: Ce sera très court, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Si vous êtes assez
astucieuse pour l'intégrer à votre discours sur le paragraphe
b).
Mme Lavoie-Roux: Attendez une minute! Vous me demandez cela, je
vais essayer... Ce que je voulais dire je compte sur votre indulgence,
M. le Président, ce sera très court c'est que quand j'ai
soulevé ce problème, à savoir si on n'imposait pas aux
collèges une disposition qui était inexistante pour les
commissions scolaires, ce n'était pas dans le sens que le ministre joue
l'inspecteur ou le contrôleur. C'était dans le sens que si une
telle disposition existait pour les commissions scolaires, on devrait, au
moins, pour des corporations dites autonomes, la prévoir. C'était
le sens de ma remarque. Si le ministre veut jouer à l'inspecteur, cela
le regarde et cela regarde ses fonctionnaires.
Le Président (M. Marcoux): Si je comprends bien, on peut
maintenant adopter le paragraphe b)?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Paragraphe b),
adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 2 tel
qu'amendé sera adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté. M. Forget: Sur
division.
Le Président (M. Marcoux): Adopté, avec amendement
sur division.
M. Morin (Sauvé): Par amendement, vous faites allusion
à la référence que nous avons ajoutée.
Le Président (M. Marcoux): II y a eu le mot "programme".
On a élaboré, etc.
M. Morin (Sauvé): C'est cela.
Composition du conseil
Nous passons à l'article 3 qui modifie les articles 8 et 9 de la
loi existante.
Le Président (M. Marcoux): Vous avez des propositions
d'amendements.
M. Morin (Sauvé): C'est exact.
Le Président (M. Marcoux): Vous en avez même qui
concernent plusieurs paragraphes.
M. Morin (Sauvé): Je pense que vous les avez sous les
yeux. L'article 8 de la loi est celui qui prévoit la composition des
conseils d'administration des collèges. A l'heure actuelle, comme vous
le savez, ce conseil d'administration comporte cinq personnes qualifiées
de socio-économiques, nommées par le lieutenant-gouverneur en
conseil, sur recommandation du ministre de l'Education et après
consultation du milieu. Le Conseil des ministres a décidé de
porter le nombre des socio-économiques à six, mais de
prévoir, en vue d'assurer une meilleure charnière avec le niveau
d'enseignement qui suit le collège, de même qu'avec celui qui
précède le collège, de faire en sorte qu'une personne soit
nommée parmi celles
qui sont recommandées par les institutions d'enseignement
supérieur, et celles qui sont recommandées par les commissions
scolaires régionales du territoire principalement desservi par le
collège, ou à défaut, par les commissions scolaires de ce
territoire. C'est la première proposition qui ne touche qu'au paragraphe
a) du projet de loi no 25 à l'article 8.
En second lieu, nous voulons ajouter le mot "secret" après le mot
"scrutin" dans tous les paragraphes où on voit apparaître le mot
"scrutin" entre les paragraphes b) et e) du projet de loi actuel. Autrement
dit, les trois enseignants, le professionnel non enseignant, les parents
d'étudiants et les trois étudiants seront élus au scrutin
secret pour siéger au conseil d'administration du collège. De
plus, il y a un dernier amendement à cet article, qui fait sauter la
dernière phrase du dernier paragraphe. On remplacerait donc, en somme,
le quatrième alinéa du projet de loi, à la page 7, par le
texte suivant: "Les assemblées de désignation des personnes
prévues par les paragraphes b) à e) du premier alinéa sont
convoquées et présidées par l'officier que
désignent les membres du conseil en fonction". Nous laissons tomber la
dernière phrase, à la suite de représentations qui nous
ont été faites, notamment pendant la commission parlementaire la
semaine dernière, alors qu'on nous a laissé entendre que le
scrutin par la poste pouvait donner lieu à des abus et était
d'une complication excessive. Nous nous rendons à ces arguments et nous
supprimons le scrutin par la poste.
Cependant, pour nous assurer que les représentants des parents,
des étudiants, des professionnels non enseignants et des enseignants
sont véritablement représentatifs de leur milieu, nous avons
prévu que le scrutin serait secret.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M.le Président, on sait que parmi les
représentations qui nous ont été faites au moment des
auditions en commission parlementaire, un des sujets principaux, sinon le
principal dont on a fait état, c'est celui de la composition du conseil
d'administration. Il semblait y avoir unanimité à savoir que les
conseils d'administration avaient été la principale pierre
d'achoppement du bon fonctionnement des collèges. Je suis prête
à reconnaître qu'il s'agit là d'un problème majeur,
il n'y a aucun doute, bien que je ne pense pas qu'on puisse l'isoler comme
étant la seule difficulté qui puisse expliquer, la seule
réalité qui puisse expliquer toutes les difficultés que
les collèges ont connues. Il n'en demeure pas moins vrai qu'il y a eu,
et je pense que ceci a été reconnu par un grand nombre
d'intervenants... J'aimerais ici me référer je prends
celui-ci au hasard, je pourrais retrouver les mêmes réflexions ou
des réflexions analogues dans d'autres mémoires à
celui de la conférence des présidents des conseils
d'administration de CEGEP qui parle justement de la composition des conseils
d'admi- nistration et qu'il désigne ou qualifie de clef de voûte
de toute réforme. On dit: "Vu sous tous ses angles, le bilan des
conseils d'administration actuels est largement négatif." Les
présidents ont signalé la situation de conflit dans laquelle se
trouvaient souvent les personnes qui siégeaient au conseil et qui
provenaient de l'intérieur de l'institution et que souvent c'est
l'évaluation qu'on en faisait, c'est la même évaluation que
l'on a eue de la part des parents, que l'on a eue de la part des
Fédérations des CEGEP le fait que ces personnes venant de
l'intérieur, se trouvant souvent en conflit d'intérêts,
quand arrivaient sur la table des discussions qui pouvaient les toucher de
près, ceci avait été une raison de heurts dans le
fonctionnement des collèges.
Je lis ici: Déjà, en 1974, un groupe d'administrateurs et
d'ex-administrateurs du CEGEP Maisonneuve écrivaient ce qui suit: "Dans
beaucoup de cas et en particulier dans les moments de crise, le conseil est
devenu un lieu où les groupes d'intérêt se
définissent comme porteurs d'étendards et défenseurs de
leurs mandataires. Des blocs se forment, qui se liguent ou s'affrontent, selon
les intérêts de l'heure. Les professeurs et les étudiants
se retrouvent généralement d'un côté de la
barrière, et les autres groupes de l'autre côté. En
certains cas, les membres de l'extérieur sont pris à
témoin des querelles internes et assistent en spectateurs à des
matchs entre la direction, d'une part, les étudiants ou les professeurs,
d'autre part. Ce diagnostic brutal fut repris, à peu de choses
près, par le rapport Nadeau. La Fédération des parents,
l'ex-président du CEGEP Maisonneuve et même le gouvernement
actuel, à la page 71, sans être aussi explicite, réalisent
fort bien ou expriment fort bien que le fonctionnement des conseils
d'administration et parfois les situations conflictuelles ou de conflit
d'intérêts, devrais-je dire, dans lesquelles les membres du
conseil d'administration se sont retrouvés, n'ont pas favorisé
son bon fonctionnement."
Je ne continuerai pas la lecture du mémoire. Je pense que les
représentations qui ont été faites, c'est pour qu'il y ait
une représentation de l'extérieur où les gens normalement
n'ont pas ou ne devraient pas avoir de conflits d'intérêts.
D'ailleurs, c'est prévu dans le projet de loi 25. Probablement que cela
devait exister, mais peut-être pas d'une façon aussi
précise que dans la loi 21 actuelle, soit que les gens venant de
l'extérieur ne doivent pas non plus se trouver en conflit
d'intérêts. Ils ont fait des recommandations très fortes
voulant qu'il y ait un équilibre différent qui soit
établi, qui permette que plus de gens provenant de l'extérieur
fassent partie du conseil d'administration plutôt que ce soient des gens
venant de l'intérieur.
Le ministre de l'Education, devant ces représentations, a fait
valoir qu'on avait voulu instaurer dans les CEGEP une gestion participative
où chacune des composantes du CEGEP siégerait au conseil
d'administration et que son gouvernement n'avait pas l'intention de modifier ce
principe. Quant au principe même, à savoir que chacune
des composantes qui travaillent à l'intérieur du CEGEP ou
qui fonctionnent à l'intérieur du CEGEP se retrouve au conseil
d'administration, je suis d'accord.
Enfin, il y a une tradition qu'on peut perfectionner. Avec
l'expérience, il y a peut-être certains points qui se sont
adoucis, mais il reste que la demande de ce nouvel équilibre ou d'un
équilibre qui favorise davantage les représentants de
l'extérieur par rapport aux représentants de l'intérieur
me semble une demande légitime. La composition du conseil qui nous est
soumise par le ministre établit, si je ne m'abuse, une parité
entre ceux qui viennent de l'intérieur et ceux qui viennent de
l'extérieur. Je pense que c'est 10-10; on est rendu à vingt
membres, avec le sixième que le ministre ajoute, quant aux personnes
venant de l'extérieur, nommées par les corps
intermédiaires, etc.
Les gens qui sont venus devant nous nous ont également fait
valoir que, pour des circonstances dont ils ne sont pas toujours responsables,
du fait qu'un représentant du milieu des groupes
socio-économiques peut être appelé à s'absenter pour
des circonstances incontrôlables plus souvent que les gens dont le milieu
de travail se situe à l'intérieur du collège,
l'équilibre était facilement rompu et qu'on se retrouvait devant
une situation où même cette parité ne pouvait pas
être maintenue ou observée.
On a aussi fait valoir je pense que cela rejoint les remarques
antérieures que nous faisions que, finalement, compte tenu
je ne peux pas accuser le ministre actuel, je pense que c'est une situation de
fait qui existe depuis la création des collèges du fait
que les conseils d'administration ont si peu de latitude, souvent certains,
voyant leur rôle limité à un rôle honorifique
plutôt que ce soit un véritable rôle d'administrateur avec
des pouvoirs réels, sont portés à se
désintéresser. La conclusion ou l'observation
générale... Je ne pense pas qu'il y ait eu de voix dissidentes
là-dessus, quoiqu'il me faudrait en toute honnêteté relire
sur ce point particulier le mémoire qui venait de la CEQ. Je ne peux
pas, de mémoire, me souvenir de ce qu'elle a dit sur ce point. (17 h
15)
Ma première remarque est vraiment dans le sens que je regrette.
Même si le ministre a ajouté une personne de l'extérieur,
on arrive quand même dans une situation qui ne corrigera peut-être
pas ce qu'on voulait corriger. Nous avons des propositions à faire qui
sont différentes ou quelque peu différentes de la proposition du
ministre, ce n'est plus un amendement de ce qui est dans le projet de loi; on
l'intègre au projet de loi.
Avant d'arriver à la composition même de ce que,
croyons-nous, pourrait peut-être assurer un meilleur fonctionnement du
conseil d'administration, je voudrais revenir sur le premier paragraphe de
l'article 3.8 et faire une motion voulant que le collège soit
administré par un conseil composé des personnes suivantes,
nommées par le ministre, qui en feront partie au fur et à mesure
de leur nomination.
Dans le paragraphe a), le premier amendement que je voudrais apporter,
c'est qu'au lieu de cinq, je suis prête à accepter six personnes
d'ailleurs, cela fait partie de la loi nommées
après consultation, donc: Que le sous-paragraphe a) du premier
alinéa du paragraphe 8 de l'article 3 soit modifié, en
remplaçant dans la première ligne les mots "après
consultation" par les mots "sur recommandation".
M. Morin (Sauvé): M.le Président, je vais vous
expliquer pourquoi cette proposition d'amendement ne peut pas être
applicable dans les faits. C'est que nous consultons un très grand
nombre d'organismes dans chaque territoire desservi par le CEGEP,
jusqu'à trente et quarante et même sans doute cinquante
organismes. Si les cinquante organismes nous recommandent pour utiliser
le vocabulaire du député de L'Acadie quelqu'un, nous
n'allons pas mettre cinquante, quarante ou soixante personnes au conseil. Donc,
c'est inapplicable dans les faits. Cela ne peut pas être autrement que
par voie de consultation.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, il est évident que le
ministre soulève un point qui est apparemment, du moins, une
difficulté réelle, mais sa réponse fait également
ressortir que le texte, dans sa formulation actuelle, ne donne effectivement
presque aucune garantie, puisque à force de consulter des gens, il n'y a
pas de nom dans l'annuaire téléphonique qui ne sortira pas du
chapeau magique de la consultation. Dans un contexte comme celui-là, les
garanties que le législateur cherche à créer et dont il
cherche à entourer l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire de
nomination, s'évanouissent au moment même où on en explique
le fonctionnement. Il est clair que si on peut consulter n'importe qui et son
frère, on finira par donner effectivement au ministre la
discrétion la plus absolue.
On souhaiterait que le ministre soit peut-être plus imaginatif,
dans le bon sens du mot, pour découvrir une procédure de
consultation qui déboucherait, qui pourrait déboucher sur une
concertation des consultés et une véritable recommandation. A ce
moment, on serait plus qu'en face d'une espèce de "smorgasbord" de
recommandations, une espèce dé buffet de recommandations ou de
consultations parmi lesquelles le ministre pourrait piquer et mettre sur son
assiette les noms qui lui semblent les plus appétissants. Qu'il y ait,
au contraire, un véritable menu comportant un certain nombre de plats
qui font un ensemble cohérent et qui sont offerts au choix du ministre,
et sur la base duquel le ministre peut dire: Voici, il y a eu une consultation
qui a produit une espèce de consensus, quelque chose de
cohérent.
On demande, autrement dit, au ministre, de choisir entre le buffet et la
table d'hôte dans ses consultations. S'il prend la table d'hôte, il
aura là un ensemble de noms qui seront l'objet simultané de la
consultation, parce qu'il y a aussi le phéno-
mène suivant, c'est que si on consulte un grand nombre
d'organismes, ils vont chacun pour soi déterminer que leur candidat
favori est madame ou monsieur Untel, ou alors donner plusieurs noms, mais sans
savoir ce qui apparaît, les noms qui apparaîtront sur d'autres
listes. Ce serait une meilleure réflexion du milieu que de réunir
ces groupes-là et de leur dire: Ecoutez, considérez ensemble
différentes listes de manière que les préférences
des uns soient tempérées par les préférences des
autres, en tiennent compte, et qu'on aboutisse à une liste qui soit
véritablement une image, un reflet de la réalité
sociologique qu'on veut exprimer par une telle consultation.
Par exemple, il y a des mécanismes, ce n'est pas sans
précédent, je m'excuse de toujours citer des exemples qui sont
tirés de mon expérience dans le domaine des affaires sociales, il
y a, par exemple, dans la nomination des membres des conseils régionaux,
plus qu'une consultation, c'est une désignation, une nomination par les
maires de la région administrative. On ne dit pas: Le ministre des
Affaires sociales consulte les maires de la région pour nommer les
membres du conseil d'administration d'un conseil régional de la
santé et des services sociaux. On dit: Les maires de la région
constituent un collège électoral, de la même façon
que les parents. Il y a plusieurs parents aussi, on pourrait bien les consulter
individuellement, les parents des 2000 élèves d'un CEGEP, et
dire: On a consulté les parents, puis là, le ministre choisit
parmi les 2000 noms ceux qui font son affaire. Ce serait une farce. La
même chose vaut pour d'autres types de consultation. De la même
façon pour les maires, on pourrait consulter les 2000 maires de la
région administrative de l'Outaouais, il y en a peut-être 2000, il
y en a peut-être 800, il y en a peut-être 350.
M. Alfred: Je m'excuse, question de règlement, M. le
Président. Le député de Saint-Laurent induit la Chambre en
erreur, parce qu'il sait que lui-même avait regroupé d'une
façon éhontée et avec beaucoup de tordage de bras les
municipalités et les maires, donc, on a peut-être une trentaine de
maires au lieu de 800.
M. Morin (Sauvé): Vous parliez des maires des
municipalités, je m'excuse, je pensais que vous parliez des mères
de famille.
M. Forget: Non, je parle des maires des municipalités,
bien sûr, les édiles municipaux, M. le ministre.
Ces maires, on peut les consulter individuellement, on peut aussi les
consulter en groupes et on peut pousser la consultation au point de leur
demander de désigner, comme c'est le cas dans le domaine des conseils de
santé et de services sociaux, de désigner trois
représentants qui sont choisis par les maires en leur capacité
collective. C'est, dans le fond, le sens, si je comprends bien, de
l'amendement, l'esprit même de l'amendement du député de
L'Acadie, c'est de dire: II faudrait qu'il y ait une recommandation de noms,
non une simple consultation. On pourrait même aller plus loin, ce serait
facile et on pourrait faire un autre amendement, ce que nous ne ferons pas,
pour dire qu'il devrait y avoir une nomination dans le même sens qu'on le
fait pour les autres articles, c'est le personnel enseignant, il n'est pas
consulté, il fait une recommandation, il se réunit et
décide de noms qu'il va recommander au ministre. La même chose
pourrait se faire pour les organismes socio-économiques. D'ailleurs, ils
sont désignés, c'est exactement ce que l'on retrouve dans les
lois sociales relativement, par exemple, à la consultation auprès
des maires; ce n'est pas une consultation, à vrai dire, c'est une
désignation, une nomination par les maires réunis en
collège électoral. On a un certain nombre d'organismes, le
ministre dit 50 ou 60, je pense que c'est peut-être un nombre, on
n'exagère pas?
M. Morin (Sauvé): Nous avons beaucoup élargi la
consultation. Auparavant, elle était restreinte à certains
organismes qui faisaient l'affaire du gouvernement, et on s'en tenait
surtout... Le député sait très bien à quoi je fais
allusion.
Mme Lavoie-Roux: Cela change quoi dans les faits?
M. Morin (Sauvé): Nous avons élargi la consultation
et il n'est pas rare que nous consultions jusqu'à 40, 60 organismes.
M. Forget: Je suis persuadé qu'à force de consulter
beaucoup de monde, le ministre va finalement faire exactement ce qui lui
plaît, et l'élargissement de la consultation, c'est exactement le
contraire que de donner le pouvoir aux citoyens, c'est de le leur enlever et de
se donner un excellent prétexte pour faire ce que l'on veut.
M. Morin (Sauvé): Allons donc.
M. Forget: Mais si, mais si, on n'est pas naïf, on n'est pas
naïf. Quand on dit: On élargit la consultation... D'ailleurs, s'il
y a des problèmes dans...
M. Morin (Sauvé): Vous appliquez vos propres
schèmes de pensée aux autres.
M. Forget: On n'a pas besoin de le faire, c'est tellement
évident et transparent ce que votre gouvernement fait, M. le ministre,
qu'on peut tout de suite en voir la signification. La signification, c'est
très clair, c'est que, si on se borne à quelques organismes qui
ont un certain poids, une certaine évidence, on risque d'avoir des
recommandations embarrassantes, mais, si on consulte 60 organismes, mettez-en
120, cela va encore mieux. Avec 120 organismes pour nommer cinq ou six
personnes, vous êtes sûr d'avoir la liberté d'action la plus
totale. C'est ce à quoi on assiste. C'est une plaisanterie. C'est une
plaisanterie. Le mot est d'ailleurs du ministre de l'Education, d'accord dans
un autre contexte, mais il a été utilisé
aujourd'hui même; c'est une plaisanterie cette consultation.
M. Alfred: Qu'est-ce que vous proposez en retour, votre
recommandation n'étant pas inacceptable?
M. Forget: Que ce soit un processus qui donne au ministre un
choix beaucoup plus étroitement défini qui
rétrécisse la discrétion du ministre, mais qui la donne
aux organismes qui ont véritablement un poids dans la
société. Cela forcerait le ministre à montrer ses
couleurs. Il faudrait qu'il dise, bien sûr, quels sont les organismes
auprès de qui il va faire la consultation.
M. Alfred: Non, je pense que dans ces consultations-là,
tous les organismes ont la même valeur.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, à
l'ordre!
M. Alfred: Nous, du Parti québécois... M. le
Président, question de règlement.
Le Président (M. Marcoux): Ce n'est évidemment pas
à sa face même une question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Marcoux): Vous intervenez sur le fond et
cela me fera plaisir de vous reconnaître très bien dans les
quelques minutes qui viennent.
M. Alfred: Ne pensez-vous pas que le député, M. le
Président, me donnera la chance de parler un peu, étant
donné qu'il a le verbe facile?
Mme Lavoie-Roux: Vous avez le droit à vingt minutes, M. le
député.
Le Président (M. Marcoux): J'en suis convaincu. Avec ou
sans l'accord du député de Saint-Laurent, je me ferai un devoir
de vous reconnaître.
M. Forget: Je donnerai mon accord avec le plus grand
enthousiasme, M. le Président. Il est toujours intéressant de
savoir ce que les ministériels ont derrière la tête.
D'ailleurs, c'est la plupart du temps le seul endroit où ils peuvent
mettre les choses qu'ils ont à dire, derrière la tête,
étant donné que de les placer ailleurs serait beaucoup plus
embarrassant.
Il demeure que ce que nous cherchons, c'est un mécanisme qui
rétrécisse essentiellement la discrétion absolue du
ministre de poursuivre la consultation jusqu'à ce que, le hasard ou la
providence l'aidant, des noms intéressants soudainement apparaissent au
profit, au bénéfice... au cours de cette consultation.
Ce n'est pas vrai que tous les organismes ont un poids analogue. Le
ministre sait très bien qu'il évalue à leur mérite
respectif les recommanda- tions venant d'un petit groupe qui réunit
quinze personnes et d'un autre qui peut en réunir plusieurs centaines.
C'est certainement une dimension qu'il faut mesurer. Il y a des groupes qui,
dans le fond, ne sont que des clubs sociaux dans le sens étroit du mot.
D'autres assument des responsabilités ou regroupent des gens qui
assument des responsabilités dans notre société, assument
des rôles sociaux importants et il faut bien tenir compte de leur
opinion. Jusqu'à quel point le ministre est-il prêt à les
désigner plus nommément de manière à leur donner
une véritable entrée, un droit de cité dans la
désignation des responsables des CEGEP? C'est autre chose et sans aucun
doute plus compromettant que de parler des groupes socio-économiques,
mais c'est une expression qui, quant à moi, me laisse extrêmement
songeur, les groupes socio-économiques. C'est quoi exactement un groupe
socio-économique ou plutôt, parce que c'est la meilleure question,
qu'est-ce que ce n'est pas? Qu'est-ce que ce n'est pas un groupe
socio-économique? Dans le fond, un parti politique, c'est un groupe
socio-économique, je pense.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau aimerait vous poser une question, est-ce que vous êtes
consentant?
M. Forget: Je suis d'une ouverture d'esprit remarquable à
cette heure-ci, M. le Président.
M. Alfred: Que je sache, l'expression "socio-économique"
ne commence pas le 15 novembre 1976.
M. Forget: Je n'ai pas compris.
M. Alfred: Je comprends mal que le député de
Saint-Laurent ne comprenne pas la définition du mot
"socio-économique". Est-ce que ce terme "socio-économique" ne
date que du 15 novembre 1976?
M. Forget: Non, ce que je vous dis reflète non seulement
une réflexion spontanée, mais exactement, comme le suggère
le député de Papineau, le fruit d'une expérience. C'est
que, lorsque nous faisons une consultation et j'ai été
placé devant ce problème moi-même on fait une
consultation... (17 h 30)
Dans le cas, par exemple, des Affaires sociales, il y a la même
expression. On consulte les groupes socio-économiques, mais on ne sait
jamais jusqu'à quel point on a fait une consultation adéquate,
parce que c'est une liste indéfiniment extensible, élastique. On
ne sait pas vraiment à qui adresser les invitations, on le fait d'une
façon très vague. Dans les cas des Affaires sociales, cela se
faisait par voie d'annonces dans les journaux faites par les conseils
régionaux qui prenaient les initiatives de cette consultation, qui
attendaient de voir les fruits de la consultation leur être
communiqués et qui, dans la plupart des cas, faisaient
une analyse de ces recommandations et les transmettaient au ministre des
Affaires sociales.
Je peux dire, comme point de référence, pour le ministre
de l'Education qui a fait quelques allusions assez déplaisantes
relativement à la façon dont les nominations se faisaient, je
peux dire et tout ceci est dans les dossiers du ministère des
Affaires sociales; s'il en doute, il demandera à son collègue de
vérifier que, dans les cas où les conseils
régionaux ont pris sur eux de grouper par ordre de priorités les
recommandations qui étaient faites par ces groupes
socio-économiques, j'ai entériné, sans dire un mot et sans
faire une seule exception, l'ordre de priorités qui avait
été déterminé par les conseils régionaux qui
étaient les organismes de consultation. Ce n'était même pas
le ministre qui faisait la consultation, c'était un organisme
lui-même représentatif et auquel je ne nommais personne.
C'étaient des gens nommés, élus, c'est-à-dire
désignés par différents groupes. Là, il y avait
plusieurs lignes de défense. Il y avait une consultation qui
était faite non pas par le ministre, mais par un autre organisme. S'il y
avait un ordre de priorités dans les recommandations dans le cas
où le conseil régional le voulait, parce que la loi ne
l'obligeait pas à le faire, j'ai pris pour principe auquel je n'ai pas
dérogé de faire les nominations dans l'ordre de priorités
désigné par les conseils régionaux.
Il y avait quand même beaucoup de garanties. Malgré tout,
dans ce contexte-là, il est arrivé des cas, comme il y a beaucoup
d'établissements dans le monde des affaires sociales, où aucun
groupe socio-économique n'a cru bon de faire de recommandation. Cela
s'est produit plus d'une fois. Il a fallu faire un nouvel appel d'offres en
quelque sorte, de nouvelles sollicitations dans les journaux pour dire:
Ecoutez, il y a des gens nommés là. S'il vous plaît,
quelqu'un, recommandez-nous du monde! Dans certains cas, même un
deuxième et un troisième appels sont restés sans
résultat. Le grand problème, c'est qu'on ne sait pas à qui
s'adresse l'invitation. On ne peut quand même pas se mettre à
téléphoner tout le monde de la province et dire: Vous
considérez-vous comme un groupe socio-économique? La
responsabilité ne repose sur personne et n'importe quel groupe qui a une
charte, qui a un nom ou qui a un papier à lettres s'intitule "groupe
socio-économique" aux fins de la loi et nous recommande parfois des
noms. Evidemment, quand cela se passe à des centaines de milles d'ici,
comment savoir au ministère quelle est la valeur de ces gens-là?
On a créé des précédents sous l'ancien gouvernement
si on veut le dire, c'est vrai de consultation auprès de
groupes non suffisamment définis. Le temps est peut-être venu de
réfléchir là-dessus et de se dire: Finalement, à
l'expérience, c'est quoi? Mon expérience est la suivante:
Qu'est-ce que sont les groupes socio-économiques? Ce sont...
Le Président (M. Marcoux): II vous reste trois
minutes.
M. Forget: Oui. Ce sont, par exemple, dans les milieux ruraux en
particulier, les cercles de fermières, l'AFEAS, les caisses populaires,
les organisations agricoles, les clubs sociaux et, dans les cas où cela
existe, les chambres de commerce. Si on tombe dans les régions un peu
industrialisées, il y a aussi les syndicats. Je pense que c'est cela
qu'on veut dire.
Vous avez également le club de chasse de la belle rivière
à tel endroit. Est-ce que c'est un groupe socio-économique? La
question se pose. Mais si on veut prolonger la consultation, quand on tombe
dans les milieux urbains, là, c'est la ribambelle, il y en a. Il y a les
clubs de bridge, il y a tout. Comment s'arrêter une fois que c'est
pensé?
M. Morin (Sauvé): Vous consultiez les clubs de bridge
quand vous étiez ministre?
M. Forget: Non, mais il y en a. On ne les consultait pas, parce
qu'on n'a pas à prendre l'initiative, sauf que ces suggestions-là
arrivent. Elles arrivent au ministère. On dit: Peut-être pas les
clubs de bridge, mais je vous avoue que certaines associations, on ne sait
même pas ce qu'elles font, si cela existe.
M. Paquette:... des représentants de clubs de bridge.
M. Forget: Pardon?
M. Paquette: Est-ce que vous avez déjà choisi des
représentants de clubs de bridge?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Forget: Non, je donne un exemple de ce qui peut arriver.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs... comment cela peut-il...
M. Forget: C'est la raison pour laquelle, quand le ministre de
l'Education me dit: On a élargi, au lieu de s'adresser à vingt,
on s'adresse à cinquante et à soixante. Je vous dis qu'au 60e et
au 61e, on est très près du club de bridge. C'est pourquoi ce
n'est pas un approfondissement de la démocratie. C'est une dilution d'un
principe, une dilution au point de lui faire perdre son sens.
Si on veut dire qu'on consulte les syndicats et qu'on prend leurs
recommandations, mon Dieu, qu'on le fasse. J'ai observé, par exemple,
qu'au ministère des Affaires sociales je ne sais pas si c'est la
même chose au ministère de l'Education on considère
que les syndicats, aux fins de la désignation de membres de conseils
d'administration, sont des groupes socio-économiques.
Le Président (M. Marcoux): Vingt secondes.
M. Forget: II n'y a rien qui l'interdit dans la loi, M. le
Président. A ce moment-là, il faut se poser la question: S'ils
peuvent nommer des gens, recommander des gens, à titre de syndicats,
comme membres du public "at large", est-ce qu'aussi ils vont nommer des
gens syndiqués à l'intérieur de la boîte? Est-ce
qu'il y a une contradiction ou pas? Je pense que ce sont des questions
vis-à-vis desquelles un ministre et un gouvernement doivent
définir des attitudes.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: C'est-à-dire, M. le Président, je ne
voudrais pas contribuer bien sûr à la prolongation des
débats.
Mme Lavoie-Roux: A quoi?
M. Alfred: Du moins, les questions soulevées par le
député de Saint-Laurent nous permettront un jour d'arriver
à une consultation plus vaste en vue d'en arriver à une
véritable élection pour cela, mais tel n'est pas le cas
aujourd'hui. Je ne pense pas qu'on puisse régler ce problème
aujourd'hui d'autant plus que l'amendement proposé par Mme le
député de L'Acadie ne résoud pas le problème non
plus. Je comprends que le problème soulevé par le
député de Saint-Laurent peut avoir cette importance. Je comprends
aussi que le ministre de l'Education a élargi la consultation, mais je
pense que ce n'est pas le moment d'en arriver à résoudre ce
débat-là. L'amendement doit être rejeté, parce que
cela ne corrige rien, mais j'admets qu'il y a un problème que nous
arriverons à résoudre dans un avenir... je ne sais pas, pour une
meilleure représentativité de la population qui ne pourra se
faire que par une élection.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, de deux choses l'une, ou
bien on veut créer un mécanisme qui sera utile, qui aura une
utilité pratique, ou bien c'est pour la forme, c'est en fonction d'une
déclaration quelconque faite et répétée que l'on
veut consulter. Je pense bien que, quand un ministre fait des nominations,
quand il en recommande au Conseil des ministres, ce qui est
généralement le cas, il consulte. Il consulte peut-être
deux ou trois personnes de sa connaissance. Il consulte peut-être deux ou
trois organismes, mais, généralement, de nos jours, un ministre
ne fait pas de recommandation absolument de son propre cru, mais quand on veut
élargir la consultation... Je peux en témoigner, M. le
Président, j'ai été appelé à proposer des
noms pour le Conseil exécutif de l'environnement, il y a quelques
années et je dois avouer que les choses se sont passées à
peu près comme mon collègue de Saint-Laurent les a
décrites, c'est-à-dire que nous avons constitué,
confectionné une liste de plus de 50 organismes qui étaient
actifs dans le domaine de la protection de l'environnement, des organismes
notamment bénévoles qui avaient exprimé leur désir
d'être consultés et d'autres qui n'avaient pas exprimé ce
désir et que nous jugions être méritoires, que nous jugions
mériter d'être consultés.
Nous nous sommes retrouvés, M. le Président, avec une
liste qui, si ma mémoire est fidèle et je ne voudrais pas
exagérer comprenait au moins 150 noms. Nous avons eu toute la
latitude possible, comme l'a dit le député de Saint-Laurent, pour
choisir, à l'intérieur de cette énorme liste des gens qui
faisaient notre affaire. J'ai essayé de choisir des personnes objectives
et compétentes.
M. le Président, je comprends que nous devons suspendre?
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, M. le
député de D'Arcy McGee, de vous interrompre. Il vous restera
exactement 17 minutes à la reprise de nos travaux. Je crois qu'il serait
sage de suspendre les travaux de la commission jusqu'à 20 heures.
Mme Lavoie-Roux: Bonne idée.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Vous le faites
très gentiment, contrairement à certaines autres interruptions
dont nous sommes victimes de temps en temps.
Suspension de la séance à 17 h 41
Reprise de la séance à 20 h 24
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs. Je
cède avec plaisir la parole au député de D'Arcy McGee qui
allait nous entretenir de l'amendement visant à remplacer les mots
"après consultation" par les mots "sur recommandation".
M. Goldbloom: M.le Président, effectivement...
Le Président (M. Marcoux): Vos inquiétudes vont
tomber bientôt, un de vos collègues arrive.
M. Goldbloom: ... j'ai commencé mon intervention
là-dessus, en vous indiquant que le problème est réel. Je
vous ai fait part d'une expérience que j'avais vécue
moi-même.
Peut-être que, si nous avions en face de nous un gouvernement qui
avait emprunté un autre style et qui ne s'était pas vanté,
n'avait pas insisté tellement sur la consultation, nous serions en
mesure...
M. Saint-Germain: Voyons, voyons, Victor.
M. Goldbloom: ... d'accepter plus facilement une formule par
laquelle le ministre nommerait tout simplement les personnes qui lui
sembleraient les plus compétentes et nous aurions tenu pour acquis que
le gouvernement aurait consulté raisonnablement et nous aurions
évalué les nominations faites; nous les aurions peut-être
critiquées dans certains cas, notamment et l'opinion publique
aurait fait de même si le gouvernement avait nommé de
fidèles serviteurs politi-
ques à de tels postes; nous aurions dit et l'opinion
publique aurait été d'accord avec nous c'est du
patronage.
Je vous avoue que je suis fermement convaincu, depuis mon
expérience de l'autre côté de la Chambre, de l'autre
côté de la table, qu'un ministre doit prendre ses
responsabilités et doit s'exposer, en les prenant, à se faire
juger par la suite et que c'est normal qu'il en soit ainsi, mais, comme je l'ai
dit il y a quelques instants, quand un ministre se vante de son esprit
démocratique et de sa volonté d'agir suivant les
préférences du milieu et quand il va jusqu'à mettre dans
un projet de loi que le milieu sera consulté, à ce
moment-là, nous nous disons que si le ministre veut consulter, qu'il
consulte. Mais s'il prend la peine de faire inscrire quelque chose dans la loi,
il donne à ces consultations une signification, il se lie, dans une
certaine mesure, par ces consultations, parce que, une loi, c'est un texte
exécutoire; on doit faire quelque chose, parce que la loi l'exige.
M. Morin (Sauvé): ... que la loi interdise de faire
quelque chose, auquel cas il faudrait naturellement s'abstenir de poser le
geste.
M. Goldbloom: Ne pas le faire, c'est cela. M. Morin
(Sauvé): C'est tout à fait cela.
M. Goldbloom: M. le Président, cela m'inquiète
toujours de me trouver sur la même longueur d'onde que le ministre. C'est
encore pire pour moi de devoir admettre qu'il a raison, parce qu'il a
effectivement raison sur ce point. Je peux, tout comme le ministre, insister
pour que non seulement il consulte mais qu'il écoute les opinions
exprimées et en tienne compte dans les nominations qu'il va faire. Moi
aussi, je peux affirmer que c'était ce que j'allais ajouter, deux
secondes après.
M. le Président, le ministre me comprend et vous me comprenez,
quand on prend la peine de faire inscrire quelque chose dans une loi, c'est
pour imposer une obligation. Si l'on veut dire que le ministre est libre de
faire telle ou telle chose, on n'a pas besoin de mettre cela dans la loi, parce
que le ministre est toujours libre. Nous vivons en pays libre et si le ministre
veut consulter une personne ou cent personnes, un organisme ou cent organismes,
il est libre de le faire. S'il prend la peine de rédiger un texte de loi
qui lui impose une certaine consultation, c'est donc autre chose que
l'expression de sa liberté de consulter. Et nous, nous disons que le
ministre doit être conséquent avec lui-même. S'il demande
que la loi exige une consultation, qu'il donne à cette consultation un
impact réel, de par la loi, sur les nominations qu'il va faire. (20 h
30)
M. le Président, je comprends les difficultés que pourrait
poser pour le ministre la formule que nous proposons. Le ministre en a fait
état lui-même. Il a dit: Si je suis obligé d'en tenir
compte, si je suis obligé de suivre des recommandations, il faudra que
j'aie un nombre raisonnable de recommandations. Autrement, il n'y a plus de
sens. Et j'en ai donné l'illustration en vertu de ma propre
expérience.
Le ministre va dire: Si je suis tenu de recevoir et de respecter des
recommandations, si les recommandations dépassent, en nombre et par
marge importante, les postes que je dois combler, ce n'est plus logique, ce
n'est plus raisonnable, ce n'est plus une consultation valable. Comment
pourrais-je respecter les recommandations, à moins d'augmenter
considérablement le nombre de postes, ce qui ne serait pas utile, ne
serait pas fonctionnel, dans le contexte actuel.
M. le Président, je peux comprendre cela, mais je suis en
même temps convaincu que le ministre, qui en d'autres circonstances
cela me fait peut-être de la peine de l'admettre a fait
preuve de beaucoup d'intelligence et même d'imagination, serait en mesure
de trouver une formule qui grouperait des recommandations...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je crois que le
député est à court d'idées pour tuer le temps. Je
pourrais peut-être lui en suggérer quelques-unes. Vous pourriez
parler, je ne sais pas, du temps qu'il fait dehors, du crépuscule.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, nous sommes quand
même liés par la pertinence du débat, beaucoup plus que les
législateurs américains, par exemple, qui peuvent effectivement
parler du temps qu'il fait, lire la Bible et même l'annuaire du
téléphone. Nous ne sommes pas...
M. Forget: Le crépuscule serait un sujet approprié
dans une troisième année d'un gouvernement.
M. Goldbloom: Oui, c'est vrai, M. le Président. M.
Morin (Sauvé): II y aura l'aurore.
M. Goldbloom: Vous voyez comme c'est un travail d'équipe
de notre côté de la table.
M. le Président, je ne voudrais pas m'éterniser sur le
sujet. Je suis convaincu que le ministre, avec un peu d'imagination, serait en
mesure, M. le Président...
M. Saint-Germain: Est-ce que tu ris ou si tu pleures?
M. Goldbloom: II ne m'aide pas du tout!... de trouver une formule
qui lui permettrait de grouper les recommandations, de structurer un organisme,
à même ces recommandations et ainsi donner un sens pratique
à ce que nous recommandons.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous voulez que
j'appelle la motion aux voix tout de suite?
M. Forget: Ce serait probablement approprié, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Voici ce qu'est la motion: Que
le sous-paragraphe a) du premier alinéa du paragraphe 8 de l'article 3
soit modifié en remplaçant dans la première ligne les mots
"après consultation" par les mots "sur recommandation". Est-ce que cette
proposition sera adoptée?
Une Voix: Rejeté, sur division.
Le Président (M. Marcoux): Rejeté sur division.
M. Forget: Rejeté, sur division.
Le Président (M. Marcoux): Nous revenons à
l'article 8 tel que proposé par le ministre.
M. Morin (Sauvé): M.le Président, avant que nous
procédions à l'adoption de l'article, je voudrais vous faire part
d'un changement dans le dernier paragraphe c), je voudrais en donner lecture.
Les membres de cette commission verront l'esprit dans lequel est
proposée cette modification dont j'aurais dû vous donner lecture
plus tôt. La séance a été interrompue, la
séance a été suspendue, et c'est ce qui fait que je ne
vous ai pas donné lecture du texte en question.
Au paragraphe c), nous remplacerions le quatrième alinéa
par le suivant: Les scrutins prévus au lieu des assemblées
de désignation des personnes, etc. par les paragraphes b)
à e) du premier alinéa sont tenus au lieu de convoquer
et présidés le reste est tel quel par
l'officier que désignent les membres du conseil en fonction. Ce ne sont
plus des assemblées de désignation, ce sont des scrutins secrets,
comme on l'a précisé plus tôt.
Le Président (M. Marcoux): Tout en biffant "cet officier
peut aussi procéder par voie de scrutin...
M. Morin (Sauvé): Nous laissons tomber la dernière
phrase, comme je l'avais indiqué plus tôt, puisqu'il n'y a pas de
scrutin par la poste, à la suite des représentations qui ont
été faites par l'Opposition là-dessus.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que je peux appeler
immédiatement le premier amendement visant à remplacer le
paragraphe a), qui se lirait dorénavant comme ceci: "Six personnes dont
quatre nommées après consultation des institutions publiques,
d'enseignement collégial et des groupes socio-économiques du
territoire principalement desservi par le collège, une personne
nommée parmi celles recommandées par les institutions
d'enseignement supérieur, et une personne nommée parmi celles
recommandées par les commissions scolaires régionales du
territoire principalement desservi par le collège, ou, à
défaut, par les commissions scolaires de ce territoire."
Est-ce que ce premier paragraphe sera adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté.
M. Forget: M. le Président, il y a un problème de
procédure, c'est que nous aurions un amendement à lui proposer,
et nous l'adoptons avant d'adopter ce qui pourrait tenir lieu de
sous-amendement. Si je comprends bien, le ministre demande la substitution d'un
article par un autre.
M. Morin (Sauvé): Seulement à la fin, mais ce n'est
pas de cela dont nous parlons.
Le Président (M. Marcoux): On s'est entendu pour que les
amendements du ministre soient considérés comme le texte du
projet de loi. J'ai un paragraphe a) ici, que je viens de vous lire. Je vous
demandais si vous étiez prêts à l'adopter.
M. Forget: De le considérer comme étant le
texte.
Le Président (M. Marcoux): Oui.
M. Forget: Non, on ne serait pas prêts à l'adopter,
parce qu'on a un amendement à lui proposer, à ce texte, en
particulier.
M. Paquette: M. le Président, je voulais justement vous
faire préciser cette chose. Si je comprends bien, vous considérez
que tous les amendements présentés par le ministre font partie
intégrante du projet de loi et sont donc des motions principales.
Le Président (M. Marcoux): C'est ce qu'on m'a dit qui
avait été convenu entre les parties.
M. Paquette: Je suis d'accord avec cela.
M. Forget: D'accord. Moi aussi, c'est ce que je cherchais
peut-être indirectement à faire préciser.
M. Morin (Sauvé): Entre le député de D'Arcy
McGee et moi-même.
Le Président (M. Marcoux): Vous avez un amendement
à proposer.
M. Forget: Nous avons un amendement à proposer, M. le
Président, que je lirai immédiatement: "Que le sous-paragraphe a)
du premier alinéa du paragraphe 8 de l'article 3 soit modifié en
remplaçant, dans la première ligne, le mot "quatre" par le mot
"trois", et en ajoutant, dans la septième ligne, après le mot
"supérieur", les mots "une personne nommée parmi celles
recommandées par les organismes volontaires d'éducation
populaire".
Le sous-paragraphe a) du premier alinéa du paragraphe 8 de
l'article 3 se lirait donc comme suit: "Six personnes, dont trois
nommées après consultation des institutions publiques
d'enseignement collégial et des groupes socio-économiques du
territoire principalement desservi par le collège, une personne
nommée parmi celles re-
commandées par les institutions d'enseignement supérieur,
une personne nommée parmi celles recommandées par les organismes
volontaires d'éducation populaire, et une personne parmi celles
recommandées par les commissions scolaires régionales du
territoire principalement desservi par le collège ou, à
défaut, par les commissions scolaires de ce territoire."
On sait, M. le Président, le rôle que jouent les organismes
volontaires d'éducation populaire. Il semblait à l'Opposition
officielle que, parmi tous les groupes que l'on veut consulter, et le ministre
nous a dit qu'ils sont très nombreux, qu'ils sont peut-être 50 ou
60, il y a des groupes qui, malgré tout, s'intéressent plus
directement à l'éducation que d'autres. Il y a, bien sûr,
des groupes comme, soit la chambre de commerce ou l'AFEAS...
Le Président (M. Marcoux): Je vous dis
immédiatement que je juge l'amendement recevable et que le temps...
M. Forget: Merci. Il y a des groupes, comme la chambre de
commerce ou l'AFEAS non, l'AFEAS, je pense bien que là, c'est un
des organismes la chambre de commerce ou un syndicat ou un club social,
d'une part, et il y a des organismes qui font, de la poursuite de fins
éducatives, leur raison d'être. Comme la consultation
s'élargit de plus en plus largement, selon le voeu du ministre, il
serait normal peut-être de faire une place particulière pour que
les OVEP bénéficient d'une consultation
privilégiée.
Ceci est d'autant plus opportun, peut-être, que dans la
dernière année, les OVEP ont été la cible je
pense que le mot n'est pas trop fort d'une opération
budgétaire de la part du ministère de l'Education...
M. Morin (Sauvé): Effectivement, les crédits ont
presque doublé.
M. Forget: II serait approprié que cet
intérêt manifesté par le ministère de l'Education
à ces organismes d'ailleurs, il y a eu plusieurs
péripéties dans cette manifestation d'intérêts, on
s'en souviendra que cet intérêt si intense du ministère
pour ces organismes se retrouve au niveau des structures. Il y a un effort qui
est complémentaire à celui des institutions d'enseignement et en
particulier, des CEGEP, quoiqu'ils ne soient pas les seuls à être
actifs dans le domaine de l'éducation des adultes, par exemple. Mais il
y a, malgré tout, un intérêt particulier à ce que
ces organismes complémentaires aux organismes officiels, aux
institutions officielles soient appelés à participer plus
étroitement à la désignation des responsables au sein du
réseau des collèges au Québec.
Alors, c'est là, M. le Président, le motif de cet
amendement qui s'inspire, comme l'amendement précédent,
même peut-être cette fois, de façon plus spécifique,
du désir de circonscrire la consultation à des organismes qui
acquerraient ainsi une espèce de statut semi-officiel dans l'ensemble,
la panoplie des organismes intéressés à l'éduca-
tion. Je pense encore une fois, que c'est particulièrement
approprié.
Alors, M. le Président, je n'ai pas personnellement l'intention
de disserter là-dessus. Je pense que l'amendement parle par
lui-même et j'inviterais le ministre à le considérer
sérieusement, parce qu'il ne modifie en rien l'équilibre qu'il
veut établir, par ailleurs, dans la distribution des sièges entre
les gens de l'intérieur et ceux de l'extérieur. Il permet donc de
respecter l'économie générale de la composition du conseil
d'administration, tout en donnant une reconnaissance semi-officielle à
des organismes qui ont des raisons toutes particulières de
bénéficier d'une telle reconnaissance, parce qu'ils sont
attachés aux objectifs mêmes qui sous-tendent tout l'effort
d'éducation au Québec.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ma
réponse sera courte. Les organismes d'éducation populaire sont
fort importants. Les crédits qui leur sont alloués augmentent
sans cesse, mais le nombre de demandes est passé en trois ans de 250 ou
240 à 900. C'est le principal problème des OVEP d'avoir trop, de
connaître un trop grand succès, de sorte que nous ne suffisons
plus à la demande, mais reconnaître leur importance dans,
notamment, ce qui est de l'éducation des adultes, ce n'est pas admettre
qu'ils doivent être privilégiés comme groupe, par rapport
à d'autres organismes non moins importants qui s'occupent
d'éducation des adultes. (20 h 45)
Je pense, dans la région de Sherbrooke, à un organisme
comme Fer-de-Lance avec ses multiples ramifications. Il y a également
d'autres organismes qui s'occupent d'éducation des adultes, fort
nombreux, fort actifs, et je ne vois pas la raison pour laquelle nous
donnerions la priorité à ce groupe par rapport aux autres.
Je ne suis pas sûr non plus qu'il y en ait dans toutes les
régions, presque toutes, à ma connaissance, mais pas
nécessairement dans toutes. Ensuite, il y a aussi la difficulté
de distinguer un OVEP d'autres organismes socio-économiques qui font de
l'éducation populaire, mais qui ne sont pas classifiés comme des
OVEP. De plus, les OVEP s'intéressent surtout à ce qui se fait
dans les commissions scolaires, beaucoup plus que ce qui se fait dans les
CEGEP. Mais la principale raison, M. le Président, c'est vraiment que
nous ferions preuve d'un favoritisme inexplicable à l'endroit des OVEP
et que d'autres organismes fort nombreux viendraient nous demander des comptes
et des explications. Pour ces raisons, je ne puis malheureusement accepter
l'amendement qui est proposé.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse...
Mme Lavoie-Roux: Allez-y, M. le député de Rosemont,
ça m'est égal.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Ce sera relativement bref. Je comprends le sens de
la proposition, enfin il y a deux sens: il y en a un, je pense que le
député de Saint-Laurent a trouvé une mine
inépuisable d'amendements, c'est bien évident, avec cet article,
mais je pense quand même qu'on est ici pour discuter sur le fond aussi,
j'espère qu'on va le faire de plus en plus. Je pense que c'est une
proposition qui est utile. Je pense que les CEGEP ont un rôle
privilégié en ce qui concerne l'éducation permanente,
parce que d'abord, ils sont représentés dans toutes les
régions et ils se situent immédiatement après
l'enseignement obligatoire. Ce sont des organismes bien équipés
pour jouer ce rôle, ils le jouent déjà amplement et on peut
prévoir qu'avant bientôt, les étudiants adultes seront
aussi nombreux qui les étudiants en formation initiale. Je pense donc
que c'est un organisme qui est particulièrement apte à
développer le concept d'éducation permanente et à servir
de pôle de développement communautaire dans un milieu.
En ce sens, je reconnais aussi les arguments du ministre, mais je me
demande si on ajoutait: "par les organismes préoccupés
d'éducation permanente" plutôt que de spécifier les OVEP en
particulier. On n'aurait pas un amendement beaucoup plus souple, mais qui,
quand même, permettrait d'avoir à chacun des conseils
d'administration au moins une personne qui se préoccupe
d'éducation permanente. On pourra dire que le DSP ou le directeur
général peut jouer ce rôle. Il y aurait un étudiant
adulte, mais souvent le DSP et le directeur général sont beaucoup
plus préoccupés de formation initiale que d'éducation
permanente, ça dépend des institutions.
Avec un amendement comme celui-là, on aurait peut-être la
possibilité d'avoir à chaque conseil d'administration une
personne préoccupée d'éducation permanente. Je ne sais pas
si le député de Saint-Laurent accepterait d'intégrer dans
la suggestion à son amendement, c'est-à-dire de remplacer
organismes volontaires d'éducation populaire par organismes
préoccupés d'éducation permanente.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je suis heureuse de voir l'ouverture d'esprit du
député de Rosemont. Je pense que, de notre côté, on
voudrait bien essayer de trouver une formule qui nous satisfasse de part et
d'autre et je le dis de façon très sincère. La seule
objection que je ferais à la formulation du député de
Rosemont, je vais la lui poser sous forme de question, par votre entremise, M.
le Président: Est-ce qu'il n'y a pas "danger " que, quand on parle
d'organismes préoccupés d'édu- cation des adultes
finalement, ça peut être les commission scolaires, les CEGEP
eux-mêmes est-ce que la définition ou cette formulation
n'est pas trop large et, finalement, mettrait de côté, ou est-ce
qu'on pourrait facilement s'en servir pour mettre de côté les gens
ou les personnes qui viennent d'organismes d'éducation populaire?
Si vous me donnez quelques minutes, je ne prendrai pas beaucoup de
temps. Il reste qu'il y a plusieurs raisons qu'on peut invoquer en faveur d'une
telle motion. C'est d'abord cette préoccupation... Et je pense qu'on a
maintenant le ministre préoccupé d'éducation permanente.
On a de plus en plus cette préoccupation de l'éducation
permanente et d'essayer de l'imbriquer en partie dans les structures qu'on a et
ceux qui, je dirais, sont la clientèle la plus importante ou qui
pourraient s'avérer la plus importante dans ce contexte de
l'éducation des adultes, sont probablement tous les organismes
d'éducation populaire.
On voit que, dans la proposition ou l'amendement du ministre, il y a une
préoccupation d'avoir quelqu'un des institutions d'enseignement
supérieur, d'avoir quelqu'un des commissions scolaires et il y a des
gens du collège, etc., et les autres pourront venir souvent. Quand on
parle de groupes socio-économiques, le collège pourra
décider qu'il a peut-être besoin de quelqu'un qui est relié
au monde du travail, qui est relié au monde syndical, qui est
relié au monde des affaires, selon les priorités qu'un
collège se donne. Si bien qu'on ne trouvera pas,
représenté à l'intérieur, quelqu'un qui vient des
groupes d'éducation populaire et qui ajouterait cette dimension moins
académique, moins formaliste, quels que soient les autres milieux que
j'ai identifiés, que quelqu'un qui vient justement de ces groupes
d'éducation populaire.
J'aurais un deuxième motif qui est peut-être moins pur,
mais qui peut être utilisé; c'est qu'un grand nombre de ces
organismes d'éducation populaire ont comme préoccupation la
formation ou le recyclage ou l'éducation des femmes; si on pense aux
AFEAS... Cela ne veut pas dire que les hommes en sont exclus, je ne voudrais
pas non plus en faire une question d'homme ou de femme, mais c'est quand
même une dimension que je tiens à souligner, parce qu'une grande
partie de leur clientèle se recrute auprès des femmes.
Et on a besoin, au niveau des CEGEP, en dépit des efforts que le
ministre d'Etat au développement culturel a dit qui étaient faits
à ce niveau et je sais qu'il admettra bien que la situation est
loin d'être parfaite. Je pense qu'il l'avait admis lors du débat
du vendredi, mais qu'il se faisait des efforts de quelqu'un qui est
là et qui est sensibilisé à la dimension de
l'éducation communautaire, de l'éducation permanente, et en y
ajoutant cette dimension qui, je l'admets bien, a fait un certain bien, je
pense que ce sont là des raisons qui militent en faveur de la
présence d'une personne provenant des OVEP.
Je voudrais essayer de trouver un point de conciliation avec la
proposition. Et je pense que c'est également le désir du
proposeur de la motion. Je pense que c'est tellement large que, finale-
ment, il pourrait ne pas s'y retrouver. C'est là mon
inquiétude, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la motion? Est-ce que la motion d'amendement, qui est la
suivante...
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Avant de voter sur cette motion, il y a quand
même un problème qui est soulevé par l'amendement. Est-ce
qu'on en a partout, dans tous les milieux, de ces organismes? Qu'est-ce qui
arrive si on n'en trouve pas et s'il n'y en a pas suffisamment? C'est pour cela
que je voulais l'élargir.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais justement reprendre cet argument
qu'avait utilisé le ministre de l'Education. Il y a 45 ou 48
collèges au Québec je ne sais pas s'il y a des exceptions
qui sont situés dans des agglomérations urbaines, pour la
plupart, et avec tout le développement des groupes, féminins,
entre autres, je serais fort étonnée qu'on puisse me nommer un
collège. Justement, le ministre signalait qu'il y a maintenant 900
demandes de groupes d'éducation populaire. Je serais fort
étonnée, si on regarde simplement les initiatives des
différents organismes, AFEAS, Cercle des fermières ou autres,
qu'on n'en trouve pas un qui soit à proximité suffisante des
CEGEP pour, sur cette base, les éliminer uniquement sur cette base d'un
conseil d'administration des CEGEP. Il y en a peut-être un sur la
Côte-Nord je n'y suis jamais allée qui est
peut-être isolé et qu'il n'y a pas de groupe d'éducation
populaire...
M. Lessard: II y en a sur la Côte-Nord.
Mme Lavoie-Roux: C'est par ignorance que je disais cela, je le
posais plutôt sous forme de question.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, je ne suis pas prêt
à m'encarcaner dans l'amendement présenté par le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, mais c'est un amendement du
député de Saint-Laurent.
M. Alfred: Encore pire.
M. Forget: Je suis ravi d'en partager la paternité avec le
député de L'Acadie. Elle se porte à sa défense avec
une éloquence remarquable.
M. Alfred: Les OVEP, par définition, sont des groupes
à caractère provisoire, ils n'ont pas de caractère
permanent. D'autre part, ces groupes dépendent des subventions
gouvernementales, ils vivent des subventions gouvernementales.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Alfred: C'est-à-dire qu'il y a un montant.
Mme Lavoie-Roux: Pas nécessairement.
M. Alfred: Les OVEP vivent des subventions gouvernementales.
M. Forget: Pas plus que les commissions scolaires.
M. Alfred: En tout cas, ce sont des programmes temporaires, etc.
Je ne pense pas que nous puissions nous engager dans des choses provisoires,
circonstancielles, temporaires, momentanées. Personnellement, je pense
que, malgré la bonne volonté du député de
Saint-Laurent, nous ne pouvons pas accepter un tel amendement.
M. Forget: Un peu de générosité, M. le
député de Papineau, Ce n'est rien d'autre dans le fond.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M.le Président, plus j'examine la
chose et croyez-moi, je l'ai retournée dans tous les sens
et plus nous avons de la difficulté à cerner le groupe dont on
parle. Si on parle d'universités et de commissions scolaires, ces
institutions sont suffisamment bien connues et identifiées. On peut en
dresser la liste. Si on parle d'OVEP, si on parle d'organismes qui se soucient,
qui se préoccupent de l'éducation des adultes, alors la liste est
infinie. Elle ne sera jamais close, parce que tout le monde se soucie, pour
ainsi dire, tous les organismes sociaux se soucient de l'éducation des
adultes, les chambres de commerce, l'UPA, tous les syndicats.
Mme Lavoie-Roux: II ne sait pas ce qu'est un OVEP.
M. Morin (Sauvé): On se met à doubler les listes et
il n'y a pas de fin à cela, de sorte que ce n'est pas administrable.
C'est la raison pour laquelle, je pense, je devrai, à regret, parce que
je pense que l'idée était généreuse...
L'idée était certainement généreuse, mais on ne
peut pas la mettre en oeuvre sans un énorme déploiement de moyens
administratifs.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais soulever une
question de règlement, très brièvement, et ce n'est pas
soulevé par les remarques du ministre. Nous avons un problème que
je soumets à la commission. Nous avions parmi nos collègues
inscrits comme membres de la commission au début de la journée le
député de Jean-Talon qui est retenu malheureusement à une
autre commission. Je demanderais la permission de la commission pour que le nom
du député de Jacques-Cartier lui soit substitué. C'est un
ancien commissaire d'école qui s'intéresse aux choses de
l'éducation et qui serait ravi de pouvoir participer à la place
du député de Jean-Talon.
M. Morin (Sauvé): Je n'en doute pas, mais cela ne s'est
jamais fait à ma connaissance dans une commission à laquelle je
participais. Je me souviens, il n'y a pas si longtemps, j'étais de ce
côté de la table, jamais on ne m'a accordé un tel
privilège, jamais.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Forget: Cela s'est déjà fait.
Une Voix: On l'a fait pour le député de... Le
Président (M. Marcoux): Comme il n'y a...
Mme Lavoie-Roux: II est intervenant, on ne demande pas le droit
de vote. (21 heures)
Le Président (M. Marcoux): Comme il n'y a pas de
consentement...
Une Voix: ... non plus.
Mme Lavoie-Roux: Ah! c'est l'absence de consentement de la part
du ministre.
Le Président (M. Marcoux): Du ministre et du
député de Papineau, si j'ai bien entendu.
Mme Lavoie-Roux: Là, on peut y compter. M. Alfred:
Non, je suis contre.
Le Président (M. Marcoux): Votre demande est
refusée. La parole était au ministre.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Morin (Sauvé): Voilà, M. le Président. Je
conclus que, malheureusement, en dépit du caractère
généreux de cette proposition que je reconnais volontiers, je ne
vois pas comment nous pourrions administrer un tel critère.
M. Forget: Cela ne vous empêche pas, M. le ministre, de
retenir le critère de socio-économique comme étant
éminemment administrable et extensible à l'infini. Or, on vous
suggère tout simplement une autre définition qui permet de
privilégier dans cette consultation un groupe que vous pourrez
désigner à votre guise dans le fond. Personne ne s'en
formalisera...
M. Morin (Sauvé): Justement.
M. Forget: S'il s'agit d'octroyer un privilège, il ne
s'agit pas de les exclure, et, semble-t-il, s'ils ne sont pas
considérés comme des OVEP, vous les consulterez à titre
socio-économique à ce moment.
M. Morin (Sauvé): Ils le sont déjà.
M. Forget: Ils ne sont pas assurés. Comme vous avez dit
que vous consultez 50 ou 60 organismes, finalement, ils sont noyés dans
une masse.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on semble s'acheminer
vers un refus. Je voudrais quand même prendre deux ou trois minutes pour
dire que je le regrette beaucoup, parce qu'il semble qu'une des vocations des
collèges, c'est justement d'être au service de la
communauté, dans son sens le plus large possible. Les collèges
sont censés avoir une vocation communautaire. On pourrait dire la
même chose des écoles. Dès le départ, les
collèges avait été conçus dans cet esprit. Les
objectifs n'ont pas toujours été atteints. On est resté
bien souvent en deçà de cet objectif, mais il me semble qu'il y a
des efforts qui sont déployés. On devrait continuer d'en
déployer pour permettre justement aux collèges de répondre
aux besoins de l'ensemble d'une communauté. Je pense qu'ici à
cette table, ce serait intéressant de demander au ministre d'Etat au
développement culturel quelle est sa conception de l'éducation
permanente. On sait que cela ne tourne pas toujours rond, très bien,
entre le ministre de l'Education et le ministre d'Etat... Ecoutez, je peux bien
exprimer une opinion. Si elle n'est pas fondée, je m'en réjouis,
parce que peut-être on va finir par aboutir à quelque chose, mais
je ne veux quand même pas m'éloi-gner... Je suis prête
à admettre que là-dessus...
M. Alfred: Question de règlement, M. le Président.
Il ne faudrait pas que l'intervention de Mme le député de
L'Acadie lui fasse avoir la même réponse que M. Ryan a eue
lorsqu'il parlait des relations entre M. Burns et M. Lévesque.
Mme Lavoie-Roux: Je ne vois ce à quoi il fait allusion,
mais, en tout cas...
M. Alfred: Ses relations avec René Garneau.
M. Paquette: II parlait de décisions à la
René Garneau.
M. Alfred: René Garneau.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je le sais fort bien, mais vis-à-vis
de moi, je...
M. Alfred: Nous vous demandons de vous mêler de vos
affaires et de nous laisser nous débrouiller entre nous autres,
même si on a des problèmes... de navets.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je veux bien me mêler de mes affaires.
D'ailleurs, on n'a pas fait cette motion dans le sens de se mêler de vos
affaires, si cela peut vous rassurer.
Le Président (M. Marcoux): Vous connaissez la
réponse.
Mme Lavoie-Roux: J'ai dit que je prendrais seulement deux ou
trois minutes, si le député de Papineau peut se contenir pendant
deux ou trois minutes, ce sera simple. J'ai décrit ce qui
m'appa-raissait être la vocation des collèges. On crée ou
on tente de créer une occasion où peut-être les
collèges pourraient s'imbriquer et s'articuler davantage dans la
communauté et mieux servir la communauté en y ayant quelqu'un qui
ne vient pas d'un milieu sophistiqué, intellectuel, dont toutes les
préoccupations sont strictement d'ordre académique, même si
cela peut être une de leurs préoccupations, mais qui a cette
perspective sur les besoins d'un milieu.
Je suis prête à me mettre dans ce groupe avec n'importe
lequel des députés qui sont ici. Souvent, nous sommes loin de
ça et souvent, les gens qui viennent des universités, qui
viennent des commissions scolaires et qui viennent des collèges, en tant
que professionnels de ces milieux, par la force des choses, sont coupés
de cette réalité. Je pense que vous auriez là,
vis-à-vis de cette préoccupation de l'éducation
permanente, vis-à-vis de cette préoccupation de la
communauté, un porte-parole qui apporterait certainement une dimension
nouvelle, une dimension plus originale et une dimension qui ne pourrait
être qu'à l'avantage des objectifs à plus long terme que
l'on souhaite voir atteindre par les collèges.
Je termine ici. Je ne suis pas pour faire un discours d'une demi-heure.
Je n'ai convaincu personne et je trouve seulement que c'est fort regrettable.
M. le Président, s'il n'y a pas d'autres personnes qui s'expriment, je
demanderais un vote nominal.
Le Président (M. Marcoux): Comme il n'y a pas d'autres
personnes qui ont manifesté leur désir de parler, j'appelle le
vote. "Que le sous-paragraphe a) du premier alinéa du paragraphe 8 de
l'article 3 soit modifié en remplaçant, dans la première
ligne, le mot "quatre" par le mot "trois" et en ajoutant, dans la
septième ligne, après le mot "supérieur", les mots "une
personne nommée par celles recommandées par les organismes
volontaires d'éducation populaire".
Quels sont ceux qui sont pour l'amendement proposé par le
député de Saint-Laurent?
M. Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Fallu (Terrebonne)? M.
Lacoste (Sainte-Anne)?
M. Lacoste: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Brochu (Richmond)?
Une Voix: Absent.
Le Président (M. Marcoux): M. Marquis (Matapédia)?
M. Morin (Sauvé)?
M. Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Pour.
Le Président (M. Marcoux): La commission n'est pas
arrivée à se décider.
Mme Lavoie-Roux: Ah là, franchement...
M. Morin (Sauvé): II n'y a pas d'autres
députés qui ont droit de vote?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Forget: C'est le président qui doit trancher.
Le Président (M. Marcoux): Le président peut
constater que la commission n'est pas arrivée à se
décider. A ce moment-là, c'est trois à trois.
M. Forget: Un match nul. M. le Président, on aimerait
peut-être une suspension, parce que, quant à
l'interprétation du règlement, il nous semble que, sujet à
vérification, le président est tenu de se prononcer.
Le Président (M. Marcoux): Le président peut
s'abstenir de voter.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je laisse ça entre les mains des
spécialistes.
Le Président (M. Marcoux): Je peux m'abste-nir; c'est une
façon de voter, s'abstenir.
M. Forget: C'est peut-être une question de formulation, M.
le Président...
Le Président (M. Marcoux): Oui. M. Forget:
Mais...
Le Président (M. Marcoux): Vous préféreriez
que je me prononce?
M. Forget: L'article 149 dit que le vote en commission a lieu
à main levée, à moins qu'en commission élue, un
membre demande l'enregistrement des noms...
Le Président (M. Marcoux): Quel article?
M. Forget: 149. Le président ne vote pas, sauf en cas
d'égalité des voix. Donc, le président doit voter.
Maintenant, le règlement, bien évidemment, ne dit pas dans quel
sens le président doit voter, mais je pense que, formellement, il
devrait y avoir un vote plutôt que la constatation d'une absence de
décision.
Le Président (M. Marcoux): Pour trancher, si ça
peut simplifier et accélérer, je vote contre.
M. Forget: Vous allez consigner ceci au procès-verbal?
Le Président (M. Marcoux): Oui. L'amendement est
rejeté.
Nous revenons à la proposition principale, toujours au paragraphe
a).
Mme Lavoie-Roux: On est prêt à adopter le paragraphe
a), M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Paragraphe a), adopté.
Paragraphe b), avec l'amendement "scrutin secret".
M. Morin (Sauvé): Qui s'applique, M. le
Président...
Le Président (M. Marcoux): Bien oui.
M. Morin (Sauvé): ... puis-je vous le rappeler, aux
paragraphes...
Le Président (M. Marcoux): De b) à e).
M. Morin (Sauvé):... b) à e) du premier
alinéa.
Le Président (M. Marcoux): On peut procéder...
Comme ça, ça va être plus simple. Est-ce que l'amendement
visant à ajouter le mot "secret" après le mot "scrutin", aux
paragraphes b), c), d) et e), est adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que cet amendement est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Forget: II est considéré comme faisant partie du
projet de loi.
Le Président (M. Marcoux): II y avait un amendement... Il
faut adopter le paragraphe b) d'abord. Est-ce que le paragraphe b) sera
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Trois enseignants?
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Nous avons une motion d'amendement qui se lirait
comme suit: "Que le sous-paragraphe b) du premier alinéa...
M. Paquette: Question de règlement. Est-ce une coutume
d'adopter les articles paragraphe par paragraphe? On a quatre alinéas
dans cet article, le premier comportant cinq points: a), b), c), d), e). Je
trouve embêtant qu'on adopte ça morceau par morceau, parce que
ça forme un tout, tout ça.
Le Président (M. Marcoux): De toute façon, c'est
une façon différente d'appeler qui arrive au même
résultat. On a adopté un amendement qui s'applique à
quatre des alinéas ou quatre des paragraphes et supposons que j'appelle
les quatre paragraphes d'un seul coup. Avant, je demande s'il y a d'autres
amendements ou s'il y a d'autres députés qui désirent
prendre la parole. A ce moment, le député de Saint-Laurent prend
la parole après le député de L'Acadie et propose un
amendement à un paragraphe. Alors, c'est le même résultat.
Les deux se font. Lequel des deux désirez...
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai recommencé à lire la motion
d'amendement.
Le Président (M. Marcoux): Un amendement proposé au
paragraphe b).
Mme Lavoie-Roux: De l'article 3. Que le sous-paragraphe b) du
premier alinéa du paragraphe 8 de l'article 3 soit modifié en
remplaçant dans la première ligne le mot "trois" par le mot
"deux" et en ajoutant à la première ligne après le mot
"collège", les mots "l'un représentant le secteur
général et l'autre le secteur professionnel". Le sous-paragraphe
amendé se lirait comme suit: "Deux enseignants du collège, l'un
représentant le secteur général et l'autre le secteur
professionnel désignés par voie de scrutin secret par les
enseignants". Est-ce que c'est recevable, monsieur?
Le Président (M. Marcoux): Oui, l'amendement est
recevable.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que je peux parler sur ma
motion.
Le Président (M. Marcoux): Bien, oui.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends que le député de
Papineau prend une part active aux travaux de cette commission parlementaire et
nous nous en réjouissons. Sa sagesse nous est sûrement très
utile. J'allais dire plus sérieusement mais c'était
sérieux ce que je disais que l'intention de cet amendement, c'est
d'abord d'assurer que des enseignants des deux secteurs du collège
siègent au conseil d'administration. Je ne saurais dire avec pertinence
si, dans tous les collèges, dans le passé, on s'est toujours
assuré de la présence, au sein des enseignants qui
siégeaient
au conseil, d'un représentant de chacun des secteurs
d'enseignement du collège.
Je ne voudrais pas faire une longue intervention sur la
nécessité qu'on soit assuré que les deux secteurs des
collèges y soient représentés. On a longuement
parlé ou d'autres ont parlé avec probablement beaucoup plus de
pertinence que je ne saurais le faire des difficultés qui ont eu lieu ou
qu'on a vécues dans les collèges pour faire cette conciliation
entre le professionnel et le général. Je pense qu'il y a eu
certains progrès, mais c'est encore une situation qui demande toute
l'attention qu'on peut y apporter et qui demande qu'on crée des
mécanismes qui puissent assurer cette équivalence de
représentation, si vous voulez, à l'intérieur du conseil
d'administration.
Certains s'étonneront que nous réduisions de trois
à deux le nombre d'enseignants. Je peux bien laisser présager le
prochain amendement et je ne le fais pas de façon formelle.
M. Paquette: Bien...
Mme Lavoie-Roux: ... non, c'est parce qu'on veut quand
même, et compte tenu de l'esprit du livre blanc sur les collèges
à savoir qu'on devrait assurer une présence paritaire de toutes
les composantes du collège et sachant qu'il y en a une qui a
été laissée de côté nous y reviendrons
alors, à ce moment, ça nous oblige à une
diminution, évidemment, dans ce groupe. Il y a eu des questions de
soulevées quant au désir du gouvernement d'assurer la gestion
participative. J'ai appris depuis quelque temps qu'on parle de gestion
participatoire, je ne sais pas exactement la différence entre les deux
termes, j'avais été habituée à la gestion
participative dans le milieu où j'étais, mais, à tout
événement, ça n'a pas d'importance pour la motion qui est
devant nous. (21 h 15)
Là-dessus, je l'ai dit un peu plus tôt cet
après-midi, nous sommes d'accord que cette tradition tradition
des fois a un sens péjoratif que cet effort de faire participer
toutes les composantes du collège au conseil d'administration est un
effort qui doit être continué, et même encouragé le
plus possible.
Que nous maintenions deux enseignants, j'aurais plus souhaité en
garder trois, mais il y avait aussi la question d'équilibre à
conserver et nous aurons l'occasion d'y revenir plus tard, c'est la raison pour
laquelle nous diminuons à deux, mais j'insiste également beaucoup
sur cette représentation des deux secteurs d'enseignement de nos
institutions collégiales. Je n'ai rien d'autre à ajouter, c'est
le sens de la motion, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: Encore une fois, je me vois dans l'obligation de voter
contre, pour deux raisons. Premièrement, et la raison la plus grave,
c'est que Mme le député de L'Acadie fait une distinction entre
les professeurs du collège et, en faisant cette dichotomie entre les
professeurs du professionnel et les professeurs du général, elle
popularise quelque chose qui a, bien sûr, existé dans le
passé, mais qui tend à disparaître, et les professeurs dans
le collège se considèrent, qu'ils enseignent au collégial,
au professionnel ou au général, sur un pied
d'égalité. Je pense que lorsque les professeurs se
réunissent pour se choisir des représentants, ils ne font pas la
distinction entre les professeurs du général et les professeurs
du professionnel.
Alors, je trouve qu'accepter un tel amendement, c'est accepter qu'il y
ait une discrimination au collège entre les professeurs du professionnel
et les professeurs du général. Bien sûr, c'est à
l'état latent.
Deuxièmement, je ne pense pas que les professeurs acceptent de
bon aloi une telle idée de dire: Vous devez en choisir un du
professionnel, vous devez en choisir un du général, parce qu'il y
a des professeurs du collège, et je pense que les professeurs sont assez
matures, adultes, pour se choisir des représentants qui les
représentent, d'une part, et, d'autre part, je ne vois pas pourquoi,
bien sûr, vous enlevez un enseignant. Qu'est-ce que vous avez
derrière la tête? Quand vous savez...
Mme Lavoie-Roux: Des desseins très méchants, M. le
député de Papineau.
M. Alfred: ... excusez-moi, je suis en train de scruter ce que
vous avez derrière la tête quand vous enlevez un enseignant.
Si l'école, par exemple, a comme moteur, l'étudiant, mais
aussi l'enseignant, je me demande ce que vous avez derrière la
tête pour réduire le nombre d'enseignants, car la chose
pédagogique est d'abord et avant tout entre les mains de l'enseignant.
C'est lui qui a appris la pédagogie, c'est lui qui doit, avec les
étudiants, créer une ambiance pédagogique pour amener les
étudiants à devenir des êtres compétents.
Alors, premièrement, je suis contre cette dichotomie que vous
faites, que je trouve discriminatoire à la limite, et,
deuxièmement, je m'interroge sérieusement sur l'idée que
vous avez derrière la tête pour réduire le nombre
d'enseignants dans la représentation collégiale.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Très brièvement, je pense que c'est un
amendement qui n'apporte rien, à mon avis. Au contraire, d'abord il est
extrêmement difficile de distinguer entre un enseignant au professionnel
et au général. Vous avez des professeurs de mathématiques
qui enseignent surtout au professionnel, mais un peu au général,
vous avez des professeurs de sciences, de chimie. Je ne pense pas qu'il y ait
une telle distinction. Pour ma part, j'aurais tendance à laisser aux
enseignants le soin de choisir leurs propres représentants. Faisons
confiance à leur intelligence, ils vont équilibrer ça
dans différentes matières et ils vont s'assurer que tous
les secteurs de la population du corps professoral seront
représentés. D'autre part, la réduction de trois à
deux aurait peut-être pu être utile dans un autre contexte si on
avait, par exemple, renforcé les pouvoirs de la commission
pédagogique, mais je pense qu'actuellement, il serait difficile de le
faire.
Il y a aussi l'équilibre à préserver entre les
internes et les externes. Je pense que le ministre nous est arrivé avec
un amendement qui équilibre le nombre d'internes et le nombre d'externes
sur le conseil d'administration. C'est pour ça que je trouve
extrêmement difficile d'y aller à la pièce, parce que de
toute façon, je serais contre la réduction du nombre
d'enseignants; ça ne change rien en ce qui me concerne.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M.le Président, s'il faut prendre
la proposition d'amendement à la lettre et constater qu'on y parle d'un
secteur général et d'un secteur professionnel, je suis
obligé de dire que techniquement ça n'existe pas dans le CEGEP.
Il y a des enseignements qui sont de nature professionnelle, des enseignements
qui sont de nature générale et il y a des enseignants qui
enseignent des deux côtés. De plus, je vous rappellerai qu'au
temps où les CEGEP ont été créés, ils ont
été fondés pour assurer la polyvalence des enseignements
et la contiguïté du secteur général, et du secteur
professionnel. C'est aller à l'encontre de l'idée même qui
fonde les CEGEP que de proposer qu'on sépare ce qu'on tente d'unir
depuis des années.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je veux bien que l'on se
réfugie, si on veut, derrière des fictions. Mais il reste qu'il
ne faut pas être très familier avec nos collèges pour se
rendre compte qu'en dépit de la fiction selon laquelle il n'y a qu'une
catégorie de professeurs et qu'il y a une homogénéisation
complète de l'enseignement collégial, en dépit de ces
fictions, il y a quand même une réalité. Le mariage entre
le professionnel et le général ne s'est pas fait aussi
complètement et harmonieusement qu'on l'aurait voulu et qu'on continue
de le vouloir. Ce n'est pas nécessairement en prenant nos rêves
pour des réalités que nous allons aider justement le
collège à intégrer harmonieusement des composantes qui ont
une longue tradition de vie séparée avant la création des
CEGEP et qui même depuis leur formation, ont manifesté, l'une
à l'égard de l'autre, énormément de
réticence, de rivalité, toutes sortes de problèmes
d'interrelation.
Il existe une telle réalité que des professeurs dont la
vocation se définit exclusivement ou quasi exclusivement dans
l'enseignement professionnel et d'autres professeurs de CEGEP dont la vocation
se définit dans l'enseignement général. Il n'y a pas
beaucoup de passage entre les deux et si les institutions se veulent
polyvalentes, les hommes sont beaucoup moins polyvalents que les institutions.
C'est inévitable. Chacun a son bagage de connaissances,
d'expérience, d'habileté et c'est se moquer que de
prétendre que le problème n'existe plus et qu'on peut, encore une
fois, prendre le mythe pour la réalité.
Je cite ici un passage du livre blanc sur les collèges du
Québec qui indique que la continuité des secteurs
général et professionnel, cet autre aspect majeur de la
polyvalence, on parle bien de secteur dans un document du ministère de
l'Education, "n'a pas donné non plus tous les fruits
espérés. Trop d'étudiants du secteur général
quittent le CEGEP sans s'être frotté le moindrement aux
réalités du monde technique et trop de jeunes du secteur
professionnel ne sont pour ainsi dire jamais exposés aux disciplines du
secteur général ou encore, dans le cas des cours obligatoires de
philosophie et de français, l'expérience qu'ils en ont est plus
ou moins adaptée à leurs besoins de formation. De surcroît,
le gouvernement constate que dans certains milieux l'enseignement professionnel
ne reçoit pas la considération qui lui est due, ce qui ne
favorise guère l'échange et l'osmose que la commission Parent
souhaitait établir entre les deux voies de formation."
Mme Lavoie-Roux: Cela n'a pas été
inventé.
M. Forget: C'est à la page 24 du document publié
par le ministre de l'Education lui-même. Pour avoir rencontré un
certain nombre de professeurs de CEGEP, de l'enseignement professionnel en
particulier, il s'agit de voir, dès qu'ils sont en confiance
évidemment, ils sont peut-être plus en confiance quand ils parlent
à des gens qui ne sont pas du gouvernement il faut voir la
frustration, la mauvaise humeur, la déception qui est la leur dans un
certain nombre de cas, du rôle de protégés, de mis en
tutelle dans lesquels certains d'entre eux se voient.
Pour toutes sortes de raisons mais qui ont leurs racines très
loin dans le passé, protéger un poste au conseil d'administration
au bénéfice des professeurs de l'enseignement professionnel, il
me semble que ce n'est que justice pour des gens qui souvent, parce qu'ils
n'ont pas de diplôme, parce qu'ils n'ont pas la facilité
d'articuler leur point de vue de la même façon que les professeurs
de français ou de philosophie, ont la difficulté de tirer leur
épingle du jeu dans les assemblées délibérantes et
de se faire valoir sur le même pied que les autres. Cela ne veut pas dire
qu'ils n'ont pas un apport extrêmement important à fournir et il
me semble qu'il faudrait, pour cela, leur ménager une place.
Il n'y a pas de secret, il n'y a pas de conjuration, il n'y a pas de
sinistre complot derrière l'idée de réduire de trois
à deux la place des enseignants. Il y a un amendement qui viendra
bientôt, mais on peut bien en dire le sens au moins de façon
générale, qui vise à laisser également aux membres
du personnel de soutien qui comprend, bien sûr, comme aime à le
dire le ministre de l'Education, les ba-
layeurs et les concierges, mais qui comprend aussi du personnel
d'administration, du personnel affecté, sur le plan technique, aux
classes, justement, dans le secteur professionnel ou dans le secteur des
disciplines scientifiques, un rôle d'appoint important dans un
collège.
Et pourquoi n'auraient-ils pas, eux aussi, droit au chapitre? Je pense
que la notion selon laquelle le personnel, dans son ensemble, est
adéquatement et suffisamment représenté par les
professeurs, plutôt que par le reste du personnel, a déjà
été mise en doute par la décision du ministre de faire une
place au personnel professionnel non-enseignant. Il a donc fait une exception.
On pourrait bien dire aussi que tout le personnel salariéd'un
collège se désignera des représentants. Pourtant, le
ministre fait une exception en faveur des professionnels.
Nous voulons faire une exception en faveur des enseignants, dans le
secteur professionnel, professionnel entendu dans un sens bien
différent, bien sûr, et aussi des employés de soutien qui
ne sont pas seulement des concierges et des balayeurs, mais qui sont
également un tas de gens qui ont un impact direct ou indirect dans le
processus d'éducation.
Il me semble qu'il n'y a rien d'horrible dans des propositions comme
celles-là. Au contraire, elles participent à l'esprit qui,
semble-t-il, devrait animer une gestion participative ou participatoire,
c'est-à-dire une gestion qui implique, jusqu'à un certain point,
mais de façon aussi égale que possible, tous les agents qui sont
actifs au sein du collège et ceux qui sont intéressés
à la vie du collège de l'extérieur. Il y a un certain
principe de parité qui fait énormément de sens. On peut,
bien sûr, se poser des questions plus philosophiques sur le rôle du
conseil d'administration vis-à-vis le ministère, etc., mais
tenant pour acquis que le conseil a un rôle X qui est
déterminé par ailleurs, pourquoi ne pas tenir compte des
réalités, en tenir compte de la façon la plus impartiale
possible, et en tenant compte de toutes les traditions, de tout l'historique de
relations parfois difficiles, entre deux secteurs qu'on a mariés de
force, il faut bien le dire. On n'a pas demandé leur avis à tous
ces gens, au moment de la réforme; on l'a fait pour les meilleurs motifs
du monde, en espérant que ce serait bénéfique, dans la
réalité vécue. On sait combien souvent cela n'a pas
été aussi rose qu'on l'aurait voulu. Je n'ai aucune
hésitation à mentionner que même dans le secteur de la
rémunération, alors qu'idéalement, tout le monde
était couvert par la même convention collective, avec les
mêmes échelles et les mêmes règles, on sait
très bien que la réalité était différente.
Comme les échelles salariales étaient basées, dans une
certaine mesure, sur des diplômes formels, les gens qui étaient
dans l'enseignement professionnel, dans des disciplines professionnelles, et
qui misaient beaucoup plus sur leur expérience que sur les
diplômes ont, dans le passé, été
pénalisés. Des modifications successives sont intervenues dans
des conventions collectives. Je ne suis pas en mesure d'affirmer,
au-delà de tout doute, que tous ces problèmes ont
été éliminés, mais cela illustre bien que
même des règles uniformes, appliquées uniformément,
n'ont pas un impact égal sur des groupes qui sont différents.
Quand même on répéterait, jusqu'à la fin des temps,
qu'ils sont légalement, juridiquement, mythologiquement identiques, ils
ne sont pas réellement identiques. Le législateur doit tenir
compte de ces différences, sous peine d'être taxé d'une
certaine... c'est presque du cynisme, à la limite, que de dire à
des gens qui sont inégaux: Vous êtes égaux en droit, donc,
arrêtez de vous plaindre. A un certain moment, cela n'est pas très
satisfaisant. Nous n'aurions pas de loi contre la discrimination, parce que
dans le fond, le Code civil et le Code criminel sont les mêmes depuis une
génération, deux ou trois, même, pour tout le monde. Cela
n'a pas empêché la discrimination de s'effectuer. (21 h 30)
II faut tenir compte de la situation réellement différente
des gens si on veut que même des lois uniformes s'appliquent
uniformément. C'est le sens de notre proposition. Ce n'est rien de plus
sinistre comme complot et, quand on dit réduire de trois à deux,
il y a une suite à cette histoire-là. Evidemment, on est
obligé de l'aborder chapitre par chapitre ou amendement par amendement
pour s'y retrouver et s'y comprendre, mais le but est de respecter
l'équilibre général que le ministre a voulu instaurer
entre les gens de l'extérieur. Comme on veut suggérer les
employés de soutien, il faut bien le prendre quelque part. Il semblait
que c'était l'endroit logique pour le faire. De toute façon,
c'est dans cet esprit-là que l'amendement est fait.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, encore une fois, je pense que
l'argumentation du député de Saint-Laurent dénote un
mépris pour les professeurs des secteurs professionnels. Par exemple, je
dois assurer le député de Saint-Laurent que les professeurs au
niveau du CEGEP n'accepteront jamais qu'on arrive avec une telle dichotomie au
niveau des enseignants. Je pense que le député de Saint-Laurent
arrive avec des mythes. Bien sûr. Dans le passé, autrefois, on
avait les cours classiques, les cours scientifiques, etc. Cela date de
longtemps. Je lui ai dit, malheureusement, qu'il n'a pas suivi
l'évolution dans les collèges. Même si, par exemple, dans
les rapports on fait mention qu'on n'a pas obtenu les résultats
escomptés, cela ne dénote pas la réalité. Quand je
vous parle... Tout à fait.
Mme Lavoie-Roux: Quand même, M. le Président...
M. Forget: C'est une affirmation du ministre.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! A l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: ... c'est un rapport qui a été
produit il y a un an, huit mois maintenant.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, Mme le
député de L'Acadie!
Mme Lavoie-Roux: Ce ne sont pas les Chevaliers de Colomb qui ont
préparé cela.
M. Alfred: M. le Président, je dois vous dire que j'ai
enseigné au niveau secondaire et j'ai enseigné au niveau
collégial. Je dois vous dire qu'il y a dix ans, il y avait cette
dichotomie dont parle M. le député de Saint-Laurent, mais depuis
longtemps, cette situation a changé, même au niveau secondaire,
encore plus au niveau collégial. Je pense que cela dénote du
mépris pour les enseignants que de leur dire: Vous devez choisir untel,
untel, untel, parce que vous n'êtes pas assez intelligents pour
élire des gens qui vous représentent.
Je dois encore annoncer autre chose. Dois-je dire au
député de Saint-Laurent qu'il y a des professeurs qui enseignent
au professionnel qui s'assument aussi bien que le député de
Saint-Laurent et qui n'ont pas peur du tout. On trouve d'ardents syndicalistes,
bien sûr, dans le secteur professionnel et ce sont des gens qui
s'assument très bien. Je pense que le député de
Saint-Laurent se leurre lorsqu'il prétend bien sûr qu'il doit lui
même faire le choix pour les enseignants parce qu'ils ne sont pas
capables de choisir pour eux-mêmes les représentants qui vont
assumer leur représentativité au sein du collège. Encore
une fois, l'argumentation du député de Saint-Laurent, même
s'il arrive avec des termes mythologiques, ceci, cela, etc., ne nous convainc
pas, et nous avons foi dans l'ensemble des professeurs qui composent les
collèges et ces professeurs vont se choisir des représentants
capables de les représenter au niveau du collège. Ce n'est pas
à nous comme législateurs de leur dire: Vous devez choisir cela,
vous devez choisir cela. A un moment donné, vous allez tout faire pour
eux.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Oui, M. le Président, très
brièvement, même si je n'ai pas dérangé tellement
les travaux de cette commission par mes propos vous comprenez que je
n'ai pas suivi les travaux de cette commission parlementaire et je suis ici en
attendant mon collègue de Gaspé, M. le Président, je
voudrais parler en faveur de cet amendement, quant à la dernière
partie de l'amendement. Quant à la première partie, à
savoir changer le mot "trois" par le mot "deux", quant à moi, je
préférerais que le mot "trois" demeure, mais je trouve
très intéressante l'idée d'inclure obligatoirement un
représentant de l'un ou l'autre des secteurs. Je pense que le but de
l'amendement c'est d'inclure surtout, de s'assurer qu'il y ait au moins un
représentant du secteur professionnel. Cela peut également
vouloir dire au moins un représentant du secteur général,
car il faut l'avouer, M. le Président, le secteur professionnel, dans
les CEGEP, dans les collèges, comme dans l'ensemble des écoles
secondaires, a toujours été, depuis le mariage, le soi-disant
mariage, a toujours été et est encore... Là-dessus,
j'abonde dans le même sens que le député de Saint-Laurent
et je ne suis pas tout à fait d'accord avec les propos du
député de Papineau, car le secteur professionnel a toujours
été considéré, depuis ce mariage, comme l'enfant
pauvre de l'enseignement.
L'idée de l'inclure obligatoirement me sourit. C'est pour cela
que je voulais me prononcer en faveur de cet amendement. On se rappelle que,
lors de ce mariage, et, personnellement, je le sais pour l'avoir vécu,
les enseignants du secteur professionnel ont été les grands
perdants et le sont encore aujourd'hui. Il faut vraiment aller dans les CEGEP y
oeuvrer, également au niveau des écoles secondaires, mais on est
ici pour parler des CEGEP. Le secteur professionnel a été le
grand perdant. Si le mariage semble fait sur papier, je dois vous dire qu'il ne
l'est pas tout à fait dans la réalité, en tout cas dans
certains CEGEP, non pas qu'il y ait de la discrimination, je n'irais pas
jusqu'à affirmer qu'il y a de la discrimination entre un groupe ou
l'autre, mais ce qui arrive, c'est que, dans un CEGEP, bien souvent, le nombre
est supérieur la plupart du temps, les gens du secteur
général à celui de l'enseignement professionnel,
et, d'office, ils s'assurent toujours qu'ils ont des représentants au
conseil d'administration, chose que le secteur professionnel n'est pas toujours
assuré d'avoir.
Personnellement, l'idée me sourit. Maintenant, j'aimerais qu'on
garde le chiffre de trois représentants, mais qu'il y en ait au moins un
d'un secteur. Je ne présenterai pas de sous-amendement, naturellement,
mais je lance l'invitation à Mme le député de L'Acadie ou
au député de Saint-Laurent, à celle ou celui qui a
proposé la motion, le député de L'Acadie, je crois. Sa
motion pourrait peut-être être changée en disant à
peu près ceci: Trois enseignants du collège, dont au moins un du
secteur général ou professionnel. Après cela, vous
continuerez la motion de la façon que vous l'avez libellée, ce
serait pour le nombre de trois, mais s'assurer qu'il y en ait au moins un de
l'un ou l'autre des secteurs. Voilà mes quelques commentaires. C'est
pourquoi j'appuierai la motion. Pardon?
Le Président (M. Marcoux): Pour bien rendre votre
pensée, il faudrait dire "de l'un et l'autre".
M. Goulet: Je n'ai pas compris.
Le Président (M. Marcoux): Pour bien rendre votre
pensée, il faudrait dire "de l'un et de l'autre".
M. Goulet: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Ce n'est pas "l'un ou
l'autre".
M. Goulet: S'assurer qu'il y en ait au moins un.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Une seule observation, M. le
Président. Je sais que l'idée sous-jacente à la
proposition du député est généreuse et bien
inspirée, mais les enseignants eux-mêmes ne se divisent pas dans
ces catégories. Quand on leur demande ce qu'ils font dans la vie, ils ne
nous disent pas: J'enseigne au secteur professionnel, puisqu'il se peut
très bien qu'ils enseignent dans les deux secteurs, et
général et professionnel. Ils ne font pas cette distinction entre
eux. Ou bien, si on la fait, ils la considèrent comme quelquefois un peu
dérogatoire, je ne sais pas pour quelle raison, de sorte que je ne peux
pas malheureusement accepter l'idée du député.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si je n'ai pas
répondu à l'invitation du député de Bellechasse,
c'est que j'espérais qu'il y aurait une ouverture du côté
du ministre et qu'on pourrait essayer tous ensemble de concilier cela.
Evidemment, j'ai entendu dire à plusieurs reprises que cela ne se divise
pas d'une façon automatique entre les professeurs du
général et les professeurs du professionnel. Là-dessus, ce
n'est pas un argument que je peux réfuter d'une façon absolue. Il
y a une part de vrai là-dedans. J'essaie de discuter d'une façon
honnête. Cela me semble regrettable. Maintenant que le ministre a fait
son lit ou son nid, il y a fort peu de chance qu'il revienne sur sa
décision. Je pense que c'est quand même malheureux.
Le député de Bellechasse a souligné ce qui se
passait au niveau scolaire dans l'enseignement professionnel. Je suis
prête à affirmer ici qu'une des raisons pas la seule
du développement plus pénible du secteur professionnel, en face
du secteur dit académique ou général, dans les deux
niveaux, je mettrais scolaire et collégial, cela a été
justement... d'abord, il y a plusieurs raisons: II y a le fait qu'il y a moins
de traditions, cela s'est développé plus tardivement, mais je ne
veux pas insister là-dessus, une des raisons, c'est que vraiment
je pense que le député de Rosemont va me rejoindre
là-dessus ... Il y aurait peut-être une meilleure
formulation que de dire "professionnel" le professeur de mécanique
automobile.
Ce qui était vraiment du professionnel relié au monde du
travail, à la technique, a toujours été très
pauvrement représenté à l'intérieur des conseils
d'administration de l'enseignement collégial. On n'a pas les
données en main. J'aurais souhaité les avoir et ce sera
peut-être une recherche qu'on pourra nous donner à l'étude
des crédits l'an prochain, parce qu'on ne pourra pas l'avoir pour ce
soir pour le citer comme preuve à l'appui, mais il reste que tous les
témoignages que j'ai entendus... Là, je ne parle pas des groupes
qui sont venus devant nous; je n'ai même pas abordé la question
avec eux pendant qu'ils étaient ici, mais des témoignages au
cours des années ont été que l'enseignement professionnel
était toujours pauvrement représenté d'une façon
générale, moins représenté dans les conseils
d'administration des CEGEP. Il y a eu est-ce que c'est encore la
même chose? traditionnellement plus de professeurs de
l'enseignement académique ou de l'enseignement général
qui, non pas par discrimination à l'égard des autres... Je ne
veux imputer de motifs à personne, mais peut-être parce que,
d'abord, on sait qu'ils ont peut-être, au point de vue de la
verbalisation, des idées, des facilités de s'exprimer, etc. ils
se sont toujours assurés qu'ils y soient. C'était normal,
d'ailleurs, je ne le leur reproche pas. Mais je trouve qu'on a là une
occasion d'essayer de faire cette meilleure jonction à
l'intérieur des collèges entre le secteur professionnel et le
secteur général.
S'il y avait eu une autre possibilité que le ministre aurait bien
voulu nous indiquer dans cette direction, on n'était pas accroché
à cet amendement. C'est le meilleur qu'on pouvait formuler. On manque
peut-être d'imagination, mais, si le ministre de l'Education avait une
autre façon d'aborder ce problème et de corriger cette situation,
et ceci, dans le but de tenter de réaliser cet objectif très
précis qu'a l'enseignement collégial, écoutez, on
retirerait celui-là et on en prendrait un autre. C'est vraiment une
préoccupation et, même si le député de Papineau
fait, je ne devrais même pas le souligner, une vague allusion à
cette espèce d'information qu'on trouve à l'intérieur d'un
rapport quelconque, je ne le relirai pas. Le député de
Saint-Laurent l'a fait. Il lit au moins aussi bien que moi.
C'est très clair. C'est sûr que, si on avait ici des
témoignages de professeurs, des témoignages d'administrateurs, ce
serait dans ce sens-là. D'ailleurs, M. le Président, on pourrait
faire la même chose à l'égard des étudiants, parce
que ce sont aussi deux groupes très fermés. Ce sont deux groupes
très fermés à l'intérieur des écoles. Ce
sont deux groupes très fermés à l'intérieur des
CEGEP, où il y a peu de communications, mais, évidemment, pour
les étudiants, nous ne le ferons pas, ils ne sont pas là en
permanence. Ils sont là en passant, si on peut dire, de passage, alors
que les professeurs sont permanents. Je trouvais qu'on avait là une
occasion je ne le cache pas de revaloriser l'enseignement
professionnel, de lui redonner sa place, de permettre cette association dans la
discussion, dans le dialogue, dans les objectifs qu'un collège se fixe.
Mais le ministre, je le regrette, fait le choix de ne pas souscrire à
cette requête que nous lui faisons. Comme je le répète
encore une fois, s'il a une option à nous proposer qui lui sourit
davantage, c'est l'objectif qui nous importe, et je pense que c'est dans ce
sens-là que j'ai fait cet amendement, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je veux revenir encore, si
vous me le permettez, avec quelques
commentaires, toujours en faveur de cette motion. M. le
Président, bien humblement, je vais inviter le ministre à y
réfléchir pour beaucoup de raisons, mais j'aimerais qu'avec ce
projet de loi, on puisse s'assurer qu'il y ait au moins un représentant,
au moins une voix de l'un et de l'autre des deux secteurs, de l'un et de
l'autre des deux groupes au conseil d'administration.
Tel que formulé, on peut se retrouver, dans les faits, sans aucun
représentant du secteur professionnel, comme on pourrait se retrouver
sans aucun représentant du secteur général. C'est possible
aussi. (21 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Goulet: Ce qui peut arriver, c'est qu'on se retrouve sans
aucun représentant du secteur professionnel, puisque la plupart, je dis
bien la plupart, des enseignants du secteur professionnel sont moins
intégrés aux collèges que les représentants du
secteur général. Ce n'est pas la faute du secteur
général, mais il faut vivre vraiment dans un collège pour
savoir ce qui se passe. J'invite le ministre à y
réfléchir, de façon à s'assurer qu'il y en ait au
moins un, parce que, là, on peut se retrouver facilement avec trois
représentants d'un secteur et aucun de l'autre. Je ne vois absolument
pas le mal qu'il y a là-dedans. Ce n'est pas de la discrimination envers
l'un ou l'autre des deux groupes. C'est tout simplement pour s'assurer que le
mariage, justement, si le mariage est fait sur papier, va être fait
également dans les faits.
Je ne sais pas si le député de Saint-Laurent a
enseigné au niveau des collèges. Je l'avoue franchement, je ne
suis pas toujours d'accord avec le député de Saint-Laurent, mais
je l'écoutais tout à l'heure et, dans ses propos, je pense qu'il
a très bien fait état de la situation dans les collèges,
même si on croit que le mariage est très bien fait depuis dix ans,
il faut y avoir vécu pour s'apercevoir que ce n'est pas vrai dans les
faits.
Je ne vois pas le mal qu'on peut déceler, qu'on peut trouver dans
le fait qu'il y ait au moins un représentant de l'un et l'autre des
secteurs. Là, ce qui peut arriver et je puis vous nommer au moins
un CEGEP où j'ai eu l'occasion d'enseigner, où ce sont toujours,
en tout cas, dans le cas, je pourrais dire que ce seraient des
représentants du secteur général qui seraient sur le
conseil...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas de statistiques, mais c'est...
M. Goulet: ... d'administration. Je ne vois pas le mal à
s'assurer qu'il y en ait au moins un. Que le secteur général soit
en majorité, qu'il y en ait deux, je reviens toujours à ce que je
disais au début, je serais pour trois personnes. Maintenant,
l'Opposition libérale, a proposé deux, mais je suis encore pour
qu'il y ait trois personnes. Que l'un ou l'autre des groupes soit en
majorité, je n'ai rien contre cela, mais j'aimerais vraiment, M. le
Président, que vous incitiez le ministre à reconsidérer sa
décision oui, changez votre vote de façon à
s'assurer qu'il y ait au moins un représentant du professionnel.
Mme Lavoie-Roux: L'honorable député de
Papineau.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, rapidement, je pense que le
problème soulevé par le député de Saint-Laurent est
un faux problème. Dois-je lui dire que, moi-même, j'ai
été professeur au professionnel court et quand nous nous
réunissions, l'ensemble des professeurs, pour discuter, bien sûr,
de problèmes de nos étudiants, nous étions ensemble. Le
professeur qui enseigne l'ébénisterie et moi, nous nous
rencontrions. Nous avions le même élève. Donc, il y a eu
échange entre lui et moi. Je faisais partie des professeurs du
professionnel court. Il n'y avait pas, par exemple, Jean Alfred enseignant le
français aux élèves du professionnel court et l'autre
professeur. Mais nous avions le même élève. Le
problème pédagogique de cet élève
intéressait autant le professeur qui enseignait
l'ébénisterie que moi-même. Donc, je pense que vous
êtes arrivés, en 1979, avec de vieux problèmes d'il y a
vingt ans. Avec la révolution tranquille, les CEGEP ont
évolué. Nous sommes ensemble et quand j'étais professeur
au professionnel court, je ne me sentais pas diminué par ce que
j'enseignais.
M. Forget: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Alfred: Oui, M. le député.
M. Forget: Très brièvement, dans le collège
dans lequel vous avez enseigné, il y avait des
délégués du personnel enseignant au conseil
d'administration. Est-ce que c'étaient des professeurs du professionnel
ou des professeurs du général?
M. Alfred: Je vous dis que j'enseignais au professionnel court,
au niveau secondaire.
Mme Lavoie-Roux: Mais il était dans le scolaire... il
n'était pas...
M. Alfred: Non, madame en a fait la mention tout à
l'heure. Donc, on est considéré comme un ensemble de professeurs
travaillant avec les mêmes élèves. Quand on se
réunit dans la même salle pour discuter des problèmes
pédagogiques, on est ensemble, on n'est pas divisé et quand on se
réunit pour élire un comité, on est ensemble. La plupart
du temps, on ne tient pas compte du collégial, du professionnel pour
élire quelqu'un.
M. Forget: Je ne sais pas si le député de Papineau
est conscient du fait que, dans les CEGEP il y en a deux dans mon
comté.
M. Alfred: Encore une fois, pour terminer, M. le
député, nombreux sont... même le député
de
Rosemont pouvait enseigner au secteur professionnel. Alors, je pense que
vous arrivez avec un faux problème.
M. Forget: Ouais!
Le Président (M. Marcoux): Comme je n'ai pas d'autres
intervenants, je vais appeler le vote. La proposition d'amendement est la
suivante: Que le sous-paragraphe b) du premier alinéa du paragraphe 8 de
l'article 3 soit modifié en remplaçant dans la première
ligne, le mot "trois" par le mot "deux" et en ajoutant dans la première
ligne, après le mot "collège", les mots "l'un représentant
le secteur général et l'autre le secteur professionnel". Le
sous-paragraphe amendé se lirait comme suit: b) "Deux enseignants du
collège, l'un représentant le secteur général et
l'autre le secteur professionnel, désignés par voie de scrutin
secret par les enseignants". Est-ce que cette motion d'amendement sera
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal.
Le Président (M. Marcoux): Vote nominal. M. Alfred
(Papineau).
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Forget (Saint-Laurent).
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Fallu (Terrebonne), M.
Lacoste (Sainte-Anne).
M. Lacoste: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Brochu (Richmond).
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Marquis (Matapédia),
M. Morin (Sauvé).
M. Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Marcoux): La motion est rejetée,
quatre voix contre trois.
Nous revenons à la proposition principale. Avant de donner la
parole à qui la demandera, tantôt le député de
Rosemont spécifiait... Il m'avait presque demandé une directive
à savoir si on étu- diait tous les paragraphes ensemble ou non.
J'éprouve le besoin de compléter ma réponse en disant que
j'ai dit que le résultat était le même au bout, mais,
à ce sujet, en fait, ce sont vraiment les membres de la commission qui
ont l'initiative, c'est-à-dire que les membres de la commission peuvent
proposer une proposition globale d'amendement ou proposer des propositions
d'amendement point par point. Dans ce sens là, ce n'est pas le
Président qui a l'initiative. En ce qui concerne la conduite des
travaux, qu'on l'aborde paragraphe par paragraphe ou ensemble, le
résultat est le même au bout, mais l'initiative appartient
vraiment aux membres de la commission.
Est-ce qu'il y a... Je vais maintenant appeler le paragraphe b).
Sera-t-il adopté?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président. Mme
Lavoie-Roux: Sur division. Une Voix: Sur division.
Le Président (M. Marcoux): Adopté sur division. Le
paragraphe c) sera-t-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si le ministre veut dire un
mot...
M. Morin (Sauvé): C'était le paragraphe c)...
Le Président (M. Marcoux): Un professionnel non
enseignant.
M. Morin (Sauvé): Le professionnel non enseignant. En ce
qui nous concerne, nous pensons qu'il est essentiel que ces personnes qui
oeuvrent dans le collège et qui sont de plus en plus nombreuses au fur
et à mesure que nous développons les services aux
étudiants, ces professionnels non enseignants qui sont soit des
conseillers pédagogiques, des psychologues, une variété
d'autres personnes, ont droit d'être représentés au conseil
d'administration du CEGEP.
Autrefois, ils étaient peu nombreux et on les a en quelque sorte
oubliés dans la nomenclature il y a quelques années. Maintenant,
ils sont devenus une réalité, dans le CEGEP de 1979, et c'est la
raison pour laquelle nous voulons qu'ils soient pleinement
représentés grâce à la présence d'un des
leurs au conseil d'administration.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Nous voterons en faveur du paragraphe c) sur
cette base que nous retrouvons d'ailleurs dans le livre blanc, que toutes les
composantes des collèges doivent avoir une représentation
paritaire au niveau du conseil d'administration. Le ministre a tout à
fait raison de souligner qu'eux, comme les autres, d'ailleurs, jouent un
rôle important, ils ont des contacts réguliers ou enfin
peut-être pas aussi fréquents que les enseignants,
c'est-à-dire pas d'une façon aussi conti-
nue avec les étudiants qu'ils peuvent apporter au conseil
d'administration la dimension des services aux étudiants, la dimension
des problèmes étudiants, quoique ce ne soit pas strictement la
leur; dans ce sens-là, je pense que c'est heureux qu'on leur fasse une
place au conseil d'administration comme étant une des composantes du
collège, nous souscrivons à l'article c, je pense que c'est
heureux qu'ils y soient maintenant.
M. Forget: M. le Président, pour indiquer également
que nous appuyons ce paragraphe, j'aimerais cependant souligner que, tout en
reconnaissant la légitimité de vouloir inclure toutes les
composantes, il reste qu'il est remarquable qu'on le fasse de façon
distincte dans ce cas-ci. On n'a pas changé, ce qui eut
été plausible, la définition du groupe parmi lequel quatre
représentants devaient être désignés. On aurait
très bien pu changer, à l'article 8, paragraphe b), de l'ancienne
rédaction, quatre personnes, nommées pour trois ans, sont des
professeurs du collège; on aurait pu dire quatre personnes,
nommées pour trois ans, sont des salariés professionnels du
collège, laissant aux salariés professionnels le soin de
désigner entre eux si ce seraient des professionnels enseignants ou non
enseignants.
Le ministre a jugé bon de garantir une place aux professionnels
non enseignants. C'est en utilisant ce précédent, en quelque
sorte, que nous avons formulé l'amendement de tout à l'heure
comme l'amendement qui va suivre bientôt. C'est donc dire que, sur la
question du style de rédaction, nos propres amendements se sont
inspirés du modèle créé par le ministre
lui-même, parce qu'il a fait un choix, dans ce modèle, de
protéger certaines parties, certaines composantes et de ne pas
protéger certaines autres composantes. C'est ça qui nous
paraît discriminatoire dans la façon de rédiger les
amendements relatifs à la composition du conseil d'administration.
Pourquoi des professionnels tels que les psychologues, les orienteurs,
etc., qui sont présents, bien sûr, en nombre de plus en plus grand
dans les CEGEP, devraient-ils ainsi être protégés alors que
les professeurs des techniques professionnelles ne sont pas
protégés? Cela ne peut découler que d'une notion selon
laquelle n'ont droit de protection particulière relativement à
leur accès au conseil d'administration que ceux qui sont en haut de la
pyramide et non pas ceux qui sont en bas de la pyramide. C'est une notion assez
particulière de la protection que l'Etat doit assurer à certains
groupes pour leur assurer une représentation. On s'attendrait que ce
soit plutôt l'inverse, qu'on dise que ceux qui peuvent le mieux tirer
leur épingle du jeu, dans un contexte général, vont se
tirer d'affaires tout seul. Ils n'ont pas besoin que l'Etat leur ménage
une place au conseil d'administration. Mais ceux qui, dans cette concurrence
ouverte, auront peut-être plus de mal à s'en tirer devraient
bénéficier d'une protection.
Il me semble que cela aurait été l'autre façon de
raisonner qui eut été la plus naturelle, la plus
appropriée. On ne peut faire autrement que de s'étonner de la
philosophie qui préside à la rédaction de ces textes
relativement à la participation. C'est une philosophie élitiste,
très certainement, puisqu'on ne protège que les groupes les plus
professionnellement qualifiés, ceux qui sont au sommet de la pyramide.
Les autres, soit qu'on les laisse de côté, tout simplement, comme
les employés de soutien, soit que, comme les professeurs des disciplines
professionnelles, on leur dise: Ecoutez, débrouillez-vous et, comme on
sait par expérience qu'ils se débrouillent relativement moins
bien, ça implique un certain jugement de valeur, M. le Président,
sur le rôle et la participation... J'ai toujours le droit de parole, M.
le Président?
M. Paquette: Voulez-vous le ramener à la pertinence du
débat, M. le Président?
Le Président (M. Marcoux): Je considère qu'à
partir du moment où on parle d'un des éléments de la
constitution des conseils d'administration, il y a certainement une philosophie
sous-jacente à cette composition; je pense que le député
de Saint-Laurent illustrait sa pensée.
M. Forget: C'est tout à fait pertinent. C'est ça,
vous avez très bien compris, M. le Président. Je comprends aussi
très bien, pour ma part, l'agacement profond du député de
Rosemont, à souligner d'un trait rouge; c'est sûrement un trait
rouge: tout ce que nous disons depuis quelques jours est rouge, d'après
les membres de la majorité ministérielle. C'est une nouvelle
mode, une nouvelle façon de s'exprimer de l'autre côté.
Alors, d'un trait rouge, nous soulignons effectivement une philosophie que
répudierait sans aucun doute le député de Rosemont. Je
l'ai entendu, à de nombreuses occasions, exposer ses profondes
convictions sociales et il est clair qu'une attitude élitiste de la part
du ministre de l'Education lui répugne, dans le fond. Et il est
agacé que nous soulignions l'existence d'une telle orientation, parce
qu'il doit bien, à cause de la discipline du parti, y souscrire
malgré lui. (22 heures)
Mais tenant compte de ses sentiments, de sa frustration et de sa rage
impuissante, M. le Président, je ne peux faire autrement, malgré
tout, que...
Le Président (M. Marcoux): ... le paragraphe c).
M. Forget: II y a une philosophie, mais ce n'est pas une
philosophie que nous partageons. Mais malgré tout, dans ce cas
précis du paragraphe c), nous sommes prêts à l'adopter.
Le Président (M. Marcoux): Adopté à
l'unanimité?
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Paragraphe d). Il n'y a pas
d'amendement proposé?
M. Morin (Sauvé): II n'y a pas d'amendement
proposé.
Le Président (M. Marcoux): Adopté?
M. Morin (Sauvé): Et je propose l'adoption
immédiate et intégrale.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie veut parler sur le paragraphe d).
Mme Lavoie-Roux: Je pourrais disserter longtemps sur le
rôle des parents. Je ne veux pas faire perdre de temps à la
commission. Je pense que ce qui sera beaucoup plus éloquent qu'un long
discours sur la motion d'amendement que je désire présenter.
Elle parle par elle-même: "Que le sous-paragraphe d) du paragraphe
"8. de l'article 3 soit modifié en remplaçant, dans la
première ligne, le mot "quatre" par le mot "cinq".
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est recevable.
M. Morin (Sauvé): Assurément, M. le
Président, je n'en doute pas, comme l'eût été la
proposition d'en mettre trois ou six, ou dix, ou trente. En l'occurrence, notre
philosophie est d'assurer le caractère paritaire de cet organisme qui
nous semble à la fois devoir refléter les besoins du
collège lui-même et de ceux qui y travaillent, d'une part, mais
également les besoins, les aspirations du milieu dans lequel le
collège vit.
Le nombre de quatre parents auquel s'additionneront les six personnes
nommées, comme on l'a vu tout à l'heure au paragraphe a), font un
total de dix personnes représentant l'extérieur. Cela nous
paraît raisonnable et je ne vois aucune raison d'augmenter le nombre des
parents.
D'autre part, il serait utile, je pense, pour les fins du débat,
que l'Opposition nous fasse part de ses autres amendements si elle en a. Si les
députés de cette commission voulaient faire une place aux
employés de soutien au sein du conseil, je serais disposé
à leur faire cette place, à condition, bien sûr, que nous
prenions cette place à même une catégorie de personnes
identifiées ailleurs dans l'article. Je ne ferai allusion à
aucune possibilité précise pour l'instant, mais j'aimerais
connaître la pensée des membres de cette commission, tant du
côté ministériel que du côté de l'Opposition,
sur ce que pourrait être la composition idéale du conseil, si nous
maintenions le principe de parité, d'une part, et si nous faisions une
place aux représentants des employés de soutien, d'autre
part.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je suis extrêmement
heureux de l'ouverture que le ministre manifeste. Je pense depuis longtemps que
les employés de soutien doivent être représentés au
con- seil d'administration. On y trouve des gens qui sont à même
d'apporter au collège une dimension que les autres catégories de
personnel ne peuvent apporter. On retrouve, parmi les employés de
soutien, les techniciens de laboratoire, les appariteurs, qui sont en contact
constant avec la clientèle du CEGEP que sont les étudiants. Les
techniciens en audio-visuel, eux aussi, sont en contact avec les
étudiants, avec les enseignants. Les employés de bureau de toutes
catégories, la plupart du temps l'acheteur du collège, qui joue
un rôle extrêmement important, les techniciens en sports et en
loisirs. Il y a aussi les ouvriers à l'entretien.
Je pense que, en plus, les employés de soutien font partie
d'organismes syndicaux différents des professionnels non enseignants et
des enseignants, ce qui leur confère une certaine cohésion
également. Autrement dit, ils peuvent se rejoindre facilement et faire
en sorte que leur représentant soit vraiment un représentant de
l'ensemble des employés de soutien.
Evidemment, j'aurais tendance, contrairement au député de
L'Acadie, à plutôt réduire le nombre de parents, mais, par
contre, il faut préserver le principe de la parité des
représentants internes et externes au collège. Par
conséquent, M. le Président, je pense qu'on devrait
peut-être revenir à la loi actuelle et faire en sorte qu'il y ait
deux étudiants. Je pense que les étudiants sont très bien
représentés à la commission pédagogique, là
où c'est particulièrement vital pour eux. Je pense que la
commission pédagogique dans nos CEGEP joue un rôle
extrêmement important. Je pense que, si nous avions deux
étudiants, avec cette différence, par rapport au projet de loi
actuel, que l'un serait un étudiant adulte et l'autre un étudiant
régulier, nous aurions une bonne représentation
équilibrée, autant quant à la dimension interne et externe
que pour ce qui concerne les différentes catégories d'internes.
On aurait des représentants de toutes les catégories de
travailleurs du CEGEP et également des représentants des
étudiants et de la direction.
M. le Président, je souhaite qu'on ajoute un employé de
soutien et qu'on retranche un étudiant, tout en préservant la
dimension que l'un est inscrit à l'éducation des adultes à
titre régulier.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je constate que nos
efforts, au moins dans une certaine mesure, n'auront pas été
vains.
M. Paquette: M. le Président, je pense que ce sont les
efforts des employés de soutien eux-mêmes qui se
représentent très bien.
Mme Lavoie-Roux: Laissez-moi finir, je vous en prie. Il reste que
déjà ce problème, je l'avais soulevé au moment de
l'étude des crédits du ministère de l'Education, alors que
j'avais demandé au ministre de l'Education s'il était dans son
intention que le personnel de soutien soit représenté dans
le conseil d'administration des CEGEP. J'avais eu une réponse
négative et nous n'avions pas discuté davantage. On savait que
ces projets de loi s'en venaient de toute façon.
Je pense que nous avons donné au moins quelques avertissements,
ce soir, que nous ferions une bonne lutte sur ce principe-là. Je pense
que cela a été annoncé amplement. Je suis contente que le
ministre permette au député de Rosemont de pouvoir
rétablir sa crédibilité vis-à-vis des syndicats.
Cela, au moins, mériterait une bonne riposte, n'est-ce pas?
M. Paquette: Cela n'a pas besoin d'être rétabli.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas grave, c'est vrai.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Rosemont a tout
à fait raison de dire que, si nous n'avions reçu je pense
que je n'exagère pas en disant au moins dans les deux ou trois derniers
mois; il a certainement eu la même correspondance des
représentations, à ma connaissance, de six ou sept groupes, enfin
cinq ou six, on ne se chicanera pas, de représentants de syndicats de
personnel de soutien dans différents collèges...
M. Paquette: De tous les collèges.
Mme Lavoie-Roux: ... de tous les collèges, en tout cas, je
ne sais pas, il y en avait qui étaient regroupés, mais des
représentations multiples alors on ne se chicanera pasde la
part des syndicats de soutien des collèges dans le sens qu'ils voulaient
avoir une représentation au conseil d'administration des
collèges... Je disais donc que le député de Rosemont avait
raison de dire que c'était grave, au fait qu'il nous y avait
sensibilisé, qu'on se retrouvait nous mêmes avec une motion en ce
sens.
Evidemment, nous avons même eu des représentations qui nous
ont été faites dans les deux derniers jours c'est
probablement le cas aussi du député de Rosemont parce
qu'évidemment le syndicats de soutien étaient extrêmement
déçus que, finalement, on se retrouve avec un projet de loi
duquel ils étaient exclus. Je pense que les remarques antérieures
du député de Saint-Laurent, dans le sens que ceci était
significatif d'un certain élitisme, étaient loin d'être
sans fondement.
D'ailleurs, des mauvaises langues ont répété que le
ministre ne comprenait pas ce qu'iraient faire des concierges dans cette
galère. Comme le député de Rosemont l'a signalé
lui-même, il y a les concierges qui sont importants eux aussi, parce que
je vous assure qu'ils peuvent créer ou détruire une
atmosphère. Il faut avoir eu une grève de concierges pour se
rendre compte que ce ne sont pas des quantités négligeables, bien
au contraire, dans un collège ou dans une institution d'enseignement ou
toute institution publique. Il y a également du personnel
rattaché à l'administration, enfin, dans des tâches
administratives qui ne sont pas de cadres. Il y a des appariteurs, il y a des
techniciens qui sont peut-être moins en évidence, si on peut dire,
auprès des étudiants, mais qui ont peut-être des contacts
souvent plus amicaux et plus fréquents, selon les options des
étudiants, avec un bon nombre d'étudiants. D'ailleurs, tout la
vie du collège les concerne. Je pense que c'est cela. Ils sont
impliqués au même titre que les autres dans la vie du
collège. Tout ceci pour dire que nous nous réjouissons que le
ministre songe à les introduire. Cela semble presque être chose
faite.
Comme je veux indiquer au ministre notre intention très
honnête d'avoir voulu bonifier le conseil d'administration, il nous
restait deux amendements; il y avait celui des parents et il y avait celui du
personnel de soutien qui, évidemment, nous obligeait à modifier
un autre groupe qui était le groupe des étudiants. Cette motion
rejoint dans la suggestion que le député de Rosemont vient de
faire. On est prêt à faire une proposition globale. On ne
reviendra pas sur ceux qu'on a adoptés. Dans les cas qui suivent, nous
maintenons quand même la proposition de cinq parents, mais j'y reviendrai
tout à l'heure.
Le Président (M. Marcoux): Ce serait peut-être mieux
de... Pourquoi ne pas y venir tout de suite.
Mme Lavoie-Roux: Elle est sur la table, je l'ai mise sur la
table.
M. Paquette: Discutons de celle-là.
Le Président (M. Marcoux): C'est cela que je veux dire,
venir tout de suite à la proposition sur les parents.
M. Morin (Sauvé): Par souci d'ordre, il faudrait d'abord
décider du paragraphe d), portant sur les parents. Ensuite, on pourrait
s'entendre pour qu'il y ait deux étudiants, comme c'est le cas
d'ailleurs actuellement. Ensuite, sur un nouveau paragraphe f) qui dirait: Un
membre du personnel de soutien du collège désigné par voie
de scrutin secret par les membres du personnel de soutien. Le tour serait
joué. Je pense qu'il faut d'abord vider la question des parents.
Mme Lavoie-Roux: Je reviens sur cette motion.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que je voulais quand même
faire part de nos intentions pour ce qui suivait. Je pense que là, c'est
clair.
Le Président (M. Marcoux): On a laissé de la
liberté pour peut-être faire le tour du sujet d'un coup.
Mme Lavoie-Roux: La raison pour laquelle nous insistons pour
qu'il y ait un parent de plus, c'est d'abord que je pense que cela correspond
à
une demande des parents eux-mêmes, quand ils sont venus en
commission parlementaire. Egalement, ils doivent être
représentés en nombre au moins égal à ceux des
groupes socio-économiques, même s'il y en a un de moins, de toute
façon, puisque dans les groupes socio-économiques, ils sont six.
Ici, il y a cinq parents. Il y a aussi le fait, et cela, on semble l'oublier
trop facilement, que la moyenne d'âge des étudiants des CEGEP est,
en général, de 17,18 et 19 ans je pense que cela se situe
à l'intérieur de cette fourchette et qu'à 17 ans,
les parents en ont encore, dans la majorité des cas, la
responsabilité totale, et même à 18 ans, et même
à 19 ans, et que les parents veulent s'impliquer. Ce sont ceux qui,
d'ailleurs, sont les plus critiques de la façon dont les collèges
fonctionnent quand il y a des problèmes qui surgissent à
l'intérieur des collèges. (22 h 15)
II y a aussi, et là-dessus, je pense qu'il y a une
différence d'option entre les ministériels et la formation
politique que nous représentons. Nous, nous ne pouvons pas oublier que,
successivement, des groupes sont venus ici dire: Pour que le collège ou
le conseil d'administration fonctionne et connaisse moins de difficultés
qu'il en a connu dans le passé, on souhaite non seulement on
souhaite, mais on disait même que c'était le noeud du
fonctionnement des conseils d'administration qu'il y ait un nombre
supérieur de membres provenant de l'extérieur que de ceux
provenant de l'intérieur.
J'ai eu l'occasion d'en expliquer les raisons au tout début, au
moment où on a commencé à discuter du conseil
d'administration. Je ne veux pas y revenir.
Mais, c'est quand même une expression d'opinion qui a
été développée ici par la presque totalité
des groupes et des gens, parfois, en ont fait le seul point de leur
mémoire en disant: On essaiera de corriger autre chose, mais ceci nous
semble fondamental. A certains égards, j'ai peut-être
trouvé même que certains groupes le rendaient trop fondamental.
Mais je pense que ça reste quand même un problème
réel qui est exprimé. J'ai lu certains extraits cet
après-midi; je ne les relirai pas. Je pourrais en tirer d'autres des
mémoires d'autres organismes qui sont venus devant nous et, à
plusieurs reprises, au cours des années, ceci a été
mentionné.
Pour toutes ces raisons, je pense que, là-dessus, le ministre de
l'Education devrait souscrire à cette idée, lui, qui était
si heureux de mettre un parent au conseil des commissaires, il devrait
être heureux aussi de leur donner plus de poids au conseil
d'administration des CEGEP.
Dans le livre vert sur l'enseignement élémentaire et
secondaire, le gouvernement disait que l'école doit être le plus
près possible de l'idée ou, enfin, des aspirations des parents.
Je pense que, dans une certaine mesure, à cet âge, les
étudiants sont beaucoup plus autonomes quand ils arrivent au niveau
collégial que quand ils sont au secondaire, mais remarquez bien que,
quand on aura un secondaire VI et qu'on parlera de CEGEP I, quant au nombre
d'années d'études, ce sera assez similaire. Je pense que
d'essayer de faire une plus grande place aux parents, même au niveau
collégial, c'est un principe auquel le ministre de l'Education devrait
souscrire.
Il y a deux raisons. On veut faire une place plus grande aux parents et,
deuxièmement, on pense aussi que ça ne sera pas la parité
parfaite, telle que le souhaite le gouvernement; ce n'est peut-être pas
nécessairement ce que chacun souhaite, mais vraiment ce qui peut assurer
le meilleur fonctionnement possible des conseils d'administration. La preuve
semble avoir été faite et la démonstration par beaucoup
d'organismes, par beaucoup de gens qui vivent la vie des collèges, qui
ont vécu les conseils d'administration, qu'il est souhaitable, compte
tenu des absences plus fréquentes des gens de l'extérieur, etc.,
qu'il y ait... On a parlé de deux tiers à un tiers. Là, je
pense que ce n'était pas réaliste et c'était vraiment
donner un poids trop grand aux gens de l'extérieur par rapport aux gens
de l'intérieur. Mais, ici, il s'agira, je pense, d'une personne de plus
qui sera de l'extérieur, par rapport au nombre de l'intérieur?
C'est ça, oui? Je pense que, là, on ne peut pas parler d'un
déséquilibre qui va dans le sens des souhaits qui ont
été exprimés d'établir un équilibre d'un
tiers deux tiers. Cela semblait, pour ma part, exagéré. Je pense
que, de part et d'autre, qu'on soit de l'intérieur ou de
l'extérieur, il y a des efforts de compréhension mutuelle, de
tolérance mutuelle qu'on doit avoir et tout n'est pas noir d'un
côté et blanc de l'autre. Mais il reste que la
réalité est que, si on veut corriger, si on veut permettre un
meilleur fonctionnement des collèges, ce fut une des plus grandes
contestations du projet de loi no 25 de la part des organismes qui sont venus
devant nous.
En tant qu'Opposition officielle, nous devons nous faire les
porte-parole quand même d'une unanimité qu'on a eue, je pense que
notre désir d'ajouter un parent est totalement légitime, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député,
dans l'ordre, j'avais... C'est vrai que c'était orienté vers une
discussion qui n'était pas limitée aux parents, mais qui
concernait le personnel de soutien, à moins que je ne retienne vos
interventions. Il y avait le député de Papineau et le
député de Matapédia. Je ne sais pas si vous
préférez attendre.
M. Alfred: Mon intervention, M. le Président, se limitait
au personnel de soutien, parce que...
Le Président (M. Marcoux): Je la retiens à ce
moment.
M. Alfred: Non, je n'ai qu'une phrase pour la terminer.
C'est-à-dire que le député de Rosemont avait fait part de
son intention de présenter un amendement pour que le personnel de
soutien soit représenté au conseil d'administration de
l'école et je m'apprêtais à lui donner mon appui
là-
dessus. Il était prêt à convaincre le ministre de ce
soutien.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que M. le
député de Matapédia préfère intervenir tout
de suite?
M. Marquis: On est rendu où?
Le Président (M. Marcoux): On est sur les parents encore.
Il y a un amendement visant à augmenter le nombre de parents de quatre
à cinq. Mais, à l'occasion de cet amendement, nous avons
élargi le débat et... Oui.
M. Marquis: Si vous le permettez, j'aimerais m'exprimer
là-dessus. M. le Président, je voulais d'abord ajouter ma voix
à celle du député de Rosemont en ce qui concerne
l'ouverture, afin de nommer un représentant du personnel de soutien,
tout en reconnaissant que je suis d'accord sur le principe de la parité
dont il a été question auparavant. Mais, en ce qui concerne le
personnel de soutien, pour appuyer mon collègue de Rosemont, ayant eu
l'occasion d'être dans les cadres d'une polyvalente et aussi dans les
cadres d'une commission scolaire, j'ai été à même de
constater que le personnel de soutien... Je pense que ça vaut pour un
collège également, même si je n'ai pas eu
l'expérience du collège; les secrétaires, les techniciens,
les magasiniers, les ouvriers d'entretien, les surveillants, etc., je crois que
ce sont des gens qui, dans une institution d'éducation, peu importe le
niveau, ont quelque chose à dire, qui sont intimement liés aux
activités qui se déroulent dans une institution d'enseignement.
Très certainement, et à la suite également du
député de L'Acadie, je crois qu'ils ont leur place, surtout avec
l'ouverture que le ministre a faite tantôt de la possibilité de
les inclure dans le conseil d'administration, parce qu'on a tous reçu
des représentations à cet effet et je suis heureux de m'associer
à une telle revendication et de l'appuyer.
Evidemment, si ça doit... Sans me prononcer sur le partage, si on
doit enlever une personne nommée dans le socio-économique par
rapport aux parents, je me réserve ça pour plus tard. Mais je
suis quand même heureux de constater que, dans la représentation
des étudiants, même si ça devait enlever un étudiant
de l'institution, le fait de donner une place au personnel de soutien, je
voudrais donner mon appui au projet de loi là-dessus, quand on parle
d'inclure un adulte, un étudiant adulte, parce que je n'ai pas
été président d'une commission scolaire comme Mme le
député de L'Acadie. Elle a eu son expérience de ce
côté, mais mon expérience a été très
variée et, en plus de ce que j'ai dit précédemment, j'ai
également dirigé le service de l'éducation des adultes de
ma commission scolaire...
Mme Lavoie-Roux: On est pour...
M. Marquis: c'est tout à fait... Je suis très
heureux de voir qu'on fait une place à un adulte, à un
étudiant adulte à ce niveau. Alors, je pense que c'est dans le
projet de loi et je l'appuie entièrement. Ce sont des gens qui ont un
mot à dire, parce que j'ai dirigé le service de
l'éducation des adultes. J'ai été également un
étudiant adulte dans une institution, c'est-à-dire dans une
université et on a également des choses à dire de ce
côté.
Donc, en résumé, pour ne pas prolonger le débat,
j'appuie d'abord l'ouverture que le ministre a faite, mon collègue de
Rosemont et Mme le député de L'Acadie, en ce qui concerne
l'entrée d'un représentant du personnel de soutien, tout en me
déclarant d'accord sur les autres points que je viens de mentionner.
Quant à savoir si on doit mettre un socio-économique de
moins au profit d'un parent de plus, je pense que, pour le moment,
j'évite de me prononcer. On verra ce qui va se dérouler par la
suite.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'on ne devrait
pas mettre un socio-économique de moins et un parent de plus. J'aimerais
vous lire l'extrait du rapport de la Commission de l'enseignement
collégial du Conseil supérieur de l'éducation à
propos du projet gouvernemental à l'endroit des CEGEP. Contrairement
à ce qu'a dit le député de L'Acadie quant à la
solution de tous les maux, j'exagère, mais elle a presque dit ça
que la solution de tous les maux du CEGEP se retrouverait dans la participation
accrue de tous les parents au conseil d'administration, je vais simplement vous
lire cette citation où on dit ceci: "malgré ses
difficultés de fonctionnement, les trois principes mis de l'avant par la
commission Parent nous semblent devoir inspirer encore aujourd'hui un
législateur soucieux du bon fonctionnement de ces institutions
juridiques. Il convient de maintenir en premier lieu le principe de la
participation de citoyens de milieu régional on ne parle pas des
parents, en qui l'Etat et les autres citoyens ont confiance à
l'administration du bien collectif que sont les collèges. Leur
participation mieux définie peut encore constituer un gage
d'administration saine et efficace qui compte sur l'aide du ministère et
qui s'appuie sur la structure socio-économique régionale."
On a fait longuement état du rôle du CEGEP non seulement
dans la formation initiale, mais comme pôle de développement
communautaire et je pense qu'à l'âge où sont rendus les
étudiants du CEGEP, la participation des parents au conseil
d'administration me semble un peu artificielle. Je dirais même que quatre
c'est peut-être trop, mais il ne faudrait pas commencer à
s'embarquer... On pourrait faire des amendements à la chaîne et
finalement il faut se brancher; il y en a quatre actuellement. Pourquoi ne pas
maintenir le statu quo et surtout maintenir l'équilibre entre la
représentation externe et interne. Si on ajoute un parent, on va avoir
un externe de plus qu'un interne. A moins
de conserver trois étudiants, mais là, on se retrouverait
avec un conseil d'administration de 22 personnes, et déjà 20
personnes c'est beaucoup. Je pense qu'il ne faut pas augmenter le nombre total
de membres du conseil d'administration non plus.
Je parlais de l'âge des étudiants. Les étudiants du
CEGEP arrivent à seize ou dix-sept ans et la moitié des
étudiants ont l'âge adulte, ont le droit de vote et la
participation des parents est extrêmement difficile à stimuler
probablement parce que rendus à cet âge-là, les parents
disent: mon fils ou ma fille sont suffisamment grands pour suivre leurs
intérêts. Je reconnais qu'il y a un certain nombre de parents qui
veulent continuer à s'impliquer et il ne faut pas leur restreindre
l'accès des conseils d'administration des CEGEP, mais de là
à l'augmenter, M. le Président. On se rend compte que dans tous
les CEGEP il est extrêmement difficile de réunir le quorum des
assemblées de parents pour élire le choix des
représentants et je conçois qu'au secondaire ce soit très
important et le ministre, dans son plan d'action, a mis extrêmement
d'accent sur la participation des parents aux écoles
élémentaires et secondaires. Je trouve cette politique
excellente, mais au niveau des CEGEP, c'est une autre question. Je pense qu'il
ne faut pas restreindre la participation des parents, mais il ne faut pas
l'augmenter.
Déjà nous avons six représentants
socio-économiques. Je pense que l'avenir des CEGEP est plutôt
là et aussi sur le dynamisme des employés et des étudiants
qui sont également représentés au conseil
d'administration. Je pense donc qu'on doit se prononcer contre
l'amendement.
Une Voix: ...
M. Morin (Sauvé): Non, j'allais simplement vous demander
d'appeler le vote, à moins qu'il y ait d'autres interventions, mais
je...
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Terrebonne avait sollicité...
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas eu l'opinion du ministre sur la
motion.
M. Morin (Sauvé): Si, vous l'avez eue tout à
l'heure, vous n'étiez peut-être pas présente au moment
où je me suis exprimé, mais j'ai bien indiqué que les
choses devaient rester telles qu'elles sont dans la proposition actuelle.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Terrebonne. (22 h 30)
M. Fallu: Loin de moi l'idée de vouloir retarder les
travaux. Toutefois j'ai encore entendu et avant de plaider sur l'article
d), vous me permettrez une remarque de fond tout à l'heure, Mme
le député nous parler en termes de relations d'externes et
d'internes, comme s'il s'agissait d'une relation d'équilibre, de
parité ou de quoi que ce soit. Je pense qu'ayant vécu, je vais
même personnaliser un peu le débat, toute ma carrière,
depuis le séminaire jusqu'au CEGEP, à travers la formation en
institution et tout ça, je dois dire que l'équilibre ne se fait
pas entre internes ou externes. L'équilibre se fait entre des groupes.
Si on veut bien, on va les identifier, sans aucune agressivité
d'ailleurs, puisque telle est la vie quotidienne.
L'équilibre se crée de la façon suivante: ce sont
les administrateurs de l'interne qui, règle générale
je ne fais pas de politique, je ne fais qu'une observation
s'appuyant sur les parents et les socio-économiques et les
cooptés, font, à la longue, à l'usure, peut-être
bien quelquefois, finissent par faire une sorte de front commun contre un autre
front commun qui se développe, contre un autre équilibre qui se
développe à l'interne qui est minoritaire. Ce sont les
professeurs ou encore, quelquefois, ce sont les étudiants, quand ils
acceptent de participer, qui, à l'occasion, font front commun.
A la limite, il arrive, l'expérience nous l'apprend, que l'un ou
l'autre des parents, l'un ou l'autre des cooptés ou l'un ou l'autre des
socio-économiques, sur un point ou l'autre, règle
générale et pas davantage, va se ranger du côté du
bloc ou de ce qui, occasionnellement, est un bloc professeurs-étudiants,
rien de plus. Il y a, profondément, dans l'exercice de la vie des
collèges, je ne voudrais pas que le mot ait un sens péjoratif, ce
qui apparaît comme une sorte de mainmise de l'interne, mais d'un certain
interne, c'est-à-dire le directeur général, le directeur
des services pédagogiques qui, s'appuyant sur un groupe externe, va,
à toutes fins utiles, dominer je ne voudrais pas, encore
là, que ce mot ait l'air péjoratif le paysage politique.
Voilà l'analyse ou la lecture qu'on doit faire de la vie
quotidienne.
Si vous me permettez un jugement, telle a été la
composition qui a été donnée au CEGEP, il y a 11 ans, par
la loi 21. On sait que c'était dans un autre cadre de rapports. Ce
n'était d'ailleurs pas dans un cadre de rapport de forces que
c'était donné, mais dans un cadre de participation apolitique
où les gens n'étaient là que comme des professeurs, des
étudiants, des parents.
Il s'est développé une dynamique, à travers les
années, qui a été mouvante, changeante, qui a
été disparate, d'une institution à l'autre, qui a eu une
tendance à se faire, à se défaire. Il n'y a pas toujours
eu ces solidarités syndicales, devrais-je dire, ces mandats syndicaux,
comme de la part des parents, il n'y a pas toujours eu unanimité. Il
s'est développé une dynamique et on est à un point X par
rapport à un point Y, d'où on est parti. L'institution
étant ce qu'elle est, je ne crois pas qu'on ait fait la preuve qu'on
doive, pour le moment, remettre en cause, profondément, ce dynamisme,
remettre en cause ces équilibres qui sont, à toutes fins utiles,
des déséquilibres. Car s'il fallait changer quelque chose, je
dirais que le modèle qu'on devrait emprunter, bien loin d'être
celui que nous ont proposé les intervenants, serait plutôt un
modèle de type universitaire. J'aimerais, à titre de
parenthèse, rappeler la composition de l'Université Laval, dans
laquelle il n'y a que quatre
externes; c'est dominé, complètement, par l'interne. Ce
sont toutes les composantes de l'université qui s'expriment, et comme
ça, à tour de rôle, le professeur devient recteur, devient
administrateur, très provisoirement d'ailleurs.
Voilà donc toute une autre dynamique et ça fonctionne. Ce
n'est pas parce que ce sont des professeurs d'université,
syndiqués d'ailleurs, qui cessent de l'être momentanément
du fait d'une charge déterminée, qu'ils sont, pour tout
ça, de mauvais administrateurs.
Si ces rapports de force se sont installés à travers les
conseils d'administration des collèges, dans la vie de nos
collèges, c'est que les syndiqués, pour ne prendre que ce groupe,
par exemple, et on sait que, dorénavant, avec ce qu'on vient d'indiquer
ce soir, nous aurons trois groupes de syndiqués: les professeurs, les
professionnels, les PNE, et les soutiens, ce sont trois groupes de citoyens
qui, probablement, sur un certain nombre de matières, feront front
commun. Je dis probablement. Je le dis sous réserve, parce que la vie
nous apprend qu'il n'en a pas toujours été ainsi à
l'intérieur des institutions. Ils vont faire front commun contre quelque
chose. Le défi, puisque, pour moi, la réforme que nous faisons ce
soir est provisoire, c'est un rajustement pour les prochains dix ans. Et, dans
dix ans, nous-mêmes ou un autre gouvernement devrons relire l'histoire
des dix dernières années et réévaluer la situation.
Peut-être, je vous dis honnêtement en moi-même, en tout cas,
ce soir, que je serais prêt à accepter qu'on donne
carrément le pouvoir à l'interne, comme dans les
universités.
Je crois que la société n'est pas prête à
cela. Je crois que les gens ne sont pas prêts à cela, que ce
soient les parents, que ce soit un peu tout le monde. On n'est pas prêt
à cela. Laissons couler. Pour le moment, on n'a fait que rajuster
très faiblement, on ne fait que de très légères
retouches, sans changer les équilibres, d'aucune nature, parce que la
dichotomie apparente d'externe et d'interne, comme je le disais au
départ, est trompeuse.
Si vous me permettez, j'arrive maintenant à la question des
parents. Vous savez, j'ai eu l'occasion de le dire dans mon discours de
deuxième lecture, si on avait eu à s'arrêter sur la loi 21
il y a cinq ou six ans, ce seraient très certainement les parents qu'on
aurait boutés dehors des conseils d'administration des collèges,
ils n'y étaient pas. Pourquoi y sont-ils? Certes parce qu'il y a toute
une dynamique qui s'est développée chez les parents, à
travers les comités de parents, au niveau élémentaire, au
niveau secondaire.
Mais il y a aussi une autre dynamique et il ne faudrait pas l'oublier.
Ce sont quelque $40 000 qui sont versés par le gouvernement, pour
soutenir les associations de parents. Ils sont venus nous dire qu'ils
étaient un peu à court. Ce n'est pas à moi à
analyser la chose ce soir, on verra cela aux prochains crédits. Mais
s'ils ont quelque vitalité actuellement, comme associations, s'ils sont
en mesure de susciter de la participation dans les collèges, c'est parce
qu'il y a eu un choix d'un gouvernement qui a voulu soutenir les parents. Je
dis les soutenir, pour qu'au moins, les quatre parents qui sont prévus
dans la loi puissent être, en quelque sorte, un petit peu
représentatifs, pour qu'à la limite, les assemblées de
parents n'aient pas l'air des fantômes. C'est au moins cela.
Je dis: Laissons cela tel quel et on avisera. Peut-être que, dans
dix ans, ce seront massivement les étudiants, les professeurs, les PNE,
les soutiens, et peut-être pensera-t-on, à ce moment-là,
à laisser, à la limite, quelques socio-économiques, pour
donner un peu de perspective extérieure. Mais je crois qu'on n'y est pas
encore.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je suis bien content d'avoir
entendu l'intervention du député de Terrebonne, parce que je
pense qu'il a mis le doigt sur ce qui sous-tend en grande partie ce genre
d'exercice de "fine tuning", d'ajustement à la marge dans le nombre de
tels ou tels représentants, de tels ou tels groupes. Derrière
toute cette mécanique ou cette arithmétique des
représentations, il y a effectivement un problème plus
fondamental qui est posé, c'est la conception que l'on se fait d'une
structure d'autorité légitime, pour les collèges, pour ne
mentionner que les collèges. Evidemment, le problème se pose dans
d'autres institutions de caractère public.
On entend, de l'autre côté et je le dis sans aucune
ironie, mais je pense que les choses se présentent comme cela la
voix d'ex-enseignants qui nous disent avec beaucoup de conviction, et je suis
sûr, très sincèrement, que leur modèle à eux,
c'est un modèle d'autogestion. C'est-à-dire un modèle
d'autogestion essentiellement, puisqu'on nous cite l'Université Laval
où, à la limite, la représentation des milieux
extérieurs à l'université et, toute proportion
gardée, si on l'applique au CEGEP, des milieux extérieurs au
CEGEP, serait réduite à l'état de pur symbole. Il est tout
à fait légitime et fort intéressant d'ailleurs d'entendre
énoncer ce point de vue, parce que je pense qu'il constitue un des
pôles entre lesquels on doit choisir, peut-être pas aujourd'hui,
peut-être pas à l'occasion de cette loi-ci, fort évidemment
pas à l'occasion de cette loi-ci, parce que ce n'est pas la direction
que prend le gouvernement, mais c'est un des pôles.
Personnellement, je suis loin d'être persuadé que
l'intérêt de la société dans son ensemble
s'identifie avec les intérêts de personnes que les circonstances
placent à l'intérieur d'un organisme quelconque. Qu'il s'agisse
d'un organisme privé ou d'un organisme public, je ne suis jamais
impressionné par l'affirmation que ce qui est bon pour la General Motors
est bon pour les Etats-Unis. Ce n'est pas plus vrai. Ce qui est bon pour ceux
qui travaillent et qui gagnent leur vie dans le CEGEP X, ce n'est pas
nécessairement bon pour le Québec, mais il est fatal que ceux qui
travaillent et gagnent leur vie dans une institution croient que leur
intérêt coïncide avec l'intérêt de la
collec-
tivité dans son ensemble. Mais ce n'est jamais vrai, ce n'est
jamais vrai, sauf par un hasard providentiel qui se produit une fois tous les
mille ans. De façon générale, ce n'est pas le cas. Des
gens qui travaillent dans un milieu quelconque, qu'il s'agisse d'un CEGEP,
qu'il s'agisse d'un fabricant de voitures, qu'il s'agisse de l'Assemblée
nationale elle-même, ont leurs petits égoïsmes, leurs
intérêts, leurs préoccupations de carrière et de
promotion, leur confort, leurs vacances, toutes sortes de préoccupations
qui n'ont rien à voir avec l'intérêt de la
société dans son ensemble.
Je serais, quant à moi, complètement en désaccord
avec un modèle d'organisation des institutions publiques qui serait
basé sur la notion de l'autogestion, c'est-à-dire que ceux qui
sont là gouvernent.
M. Paquette: M.le Président...
M. Forget: Si vous voulez, après; je n'ai pas interrompu
le député de Terrebonne et...
M. Paquette: D'accord. Non, je ne veux pas vous interrompre.
M. Forget: Non, d'accord, mais je n'oublierai pas et je vous
répondrai sans hésitation d'ailleurs. C'est un des pôles.
Je pense que, de toute manière, ce genre de débat est
peut-être un peu académique pour l'instant, non pas parce que ce
n'est pas ce que le projet de loi nous propose, mais que, dans la mesure
où les conseils d'administration ne décident pas de grand-chose,
mais sont plutôt là comme un élément pour
légitimer, par l'appel à des principes de participation,
l'utilisation du pouvoir gouvernemental, je pense qu'on peut, dans le fond,
mettre toute cette discussion-là entre parenthèses et y revenir
dans un autre contexte politique. Il demeure qu'il faudra bien un jour se poser
la question, si jamais on prend au sérieux la notion de
décentralisation: Est-ce que c'est dans un modèle d'autogestion
ou est-ce dans un modèle où, effectivement, comme il s'agit
d'établissements publics, c'est le public, c'est, dans le fond, la
population, le citoyen, non pas en tant que salarié de tel ou tel
établissement, mais en tant que citoyen, qui doit avoir non pas
seulement une participation paritaire, mais la totalité des pouvoirs de
décision? Bien sûr, dans la société dans laquelle on
vit, avoir la totalité des pouvoirs de décision, cela ne veut pas
dire agir sans consultation et de façon dictatoriale; cela veut dire,
bien sûr, intéresser et faire participer, de façon
réelle et significative, ceux qui font leur métier d'une
occupation ou d'un service donné.
Quoi qu'il en soit, comme le modèle qui nous est offert est un
modèle de parité, il nous faut indiquer, je pense, sans aucune
espèce d'ambiguïté, que la parité ne saurait
être un principe que nous acceptons. Pas plus que nous n'acceptons le
modèle d'autogestion, la parité, qui apparaît comme une
espèce de compromis entre les deux pôles, ne nous apparaît
pas plus acceptable, parce que ce n'est qu'un compromis. Ce n'est pas un
principe d'organisation, c'est un compromis entre deux pôles
opposés entre lesquels on ne veut pas ou on ne peut pas trancher. (22 h
45)
II nous apparaît que s'il faut donner une
préférence, elle doit être clairement du côté
d'un contrôle des gens de l'extérieur, parce qu'il est bien connu
c'est une expérience que j'ai pu faire moi-même, que j'ai
pu vivre moi-même que même lorsqu'il y a parité
numérique, les gens de l'intérieur ont un avantage
considérable sur les gens de l'extérieur. Ceux de
l'intérieur valent plus, dans le fond, ont nécessairement plus de
poids sur les décisions que ceux de l'extérieur. D'abord, ils
sont organisés, indépendamment des structures officielles des
CEGEP ou des universités, etc. Ils sont organisés dans des
associations professionnelles. Le député de Terrebonne, avec
raison, nous disait: La plupart du temps, ils font front commun. Ils arrivent
à un conseil d'administration, non pas comme des individus, avec leur
libre arbitre, très souvent, mais avec un mandat dont ils sont
responsables devant un autre organisme. Lorsqu'on demande à un
socio-économique de siéger à un conseil d'administration,
qu'il s'agisse de la Société Saint-Jean-Baptiste ou de l'AFEAS,
cette personne ne s'imagine pas qu'elle doit faire rapport de ce qu'elle a dit,
des décisions prises, et aller chercher des directives quant à
son comportement sur le conseil d'administration du CEGEP. Quand on nomme des
employés, très souvent, on sait bien ce qui se passe. D'ailleurs,
le député de Terrebonne l'a dit: C'est un fait d'observation. Les
gens arrivent avec leurs ordres de marche. Cela ne se fait pas
nécessairement très formellement, mais il y a suffisamment de
mots d'ordre qui circulent, surtout quand il y a des problèmes
importants. Evidemment, quand il s'agit de parler de la climatisation,
peut-être qu'on laisse la fantaisie individuelle à son cours, mais
s'il s'agit de quelque chose qui est plus intéressant et plus important,
il y a des ordres de marche.
Dans n'importe quelle assemblée délibérante
d'ailleurs, on le voit à l'Assemblée nationale la seule
façon d'être efficace, c'est de s'organiser en groupes. Je pense
bien que l'histoire des députés indépendants par rapport
aux députés faisant partie des formations politiques, illustre
abondamment ce que je veux dire par cela. Il n'y a pas d'autre façon,
dans une assemblée délibérante, d'avoir un poids. Or, on
se trouve, effectivement, dans des assemblées
délibérantes, où un certain nombre seulement est
organisé. C'est comme s'il y avait un Parlement avec un seul parti
organisé qui n'est pas nécessairement majoritaire, mais qui fait
face à une série d'indépendants. On sait tout de suite ce
qui arriverait. On n'aurait pas besoin de plus que 25 députés
probablement à l'Assemblée nationale pour contrôler toute
l'affaire, si les autres agissaient comme des indépendants. Ce ne serait
pas très malin. Je vous garantis qu'on peut prédire d'avance.
Dans une situation comme celle-là, qui est vraiment celle qui est
vécue dans les CEGEP, qui est vécue aussi dans d'autres
organismes publics,
il faut piper les dés un peu du côté des
indépendants, si on veut que les indépendants aient chances
égales. Les indépendants, ce sont largement les gens de
l'extérieur. Pourquoi y a-t-il un avantage aussi pour les gens de
l'intérieur. C'est qu'en plus d'être organisés, ils ont
l'information et l'expertise. C'est un auteur bien connu dont j'essaie de
trouver le nom, je pense que c'est Thomas Hobbes, un fameux auteur politique du
XVIIe siècle qui a dit: La connaissance, c'est le pouvoir.
L'information, c'est le pouvoir. Effectivement, ceux qui sont à
l'intérieur ont l'information, donc, ils ont le pouvoir.
Pour ces raisons, on ne peut pas souscrire à la parité
numérique, parce que la parité numérique ici, je
serais appelé, non pas à citer un auteur célèbre,
mais notre leader du gouvernement actuel, qui, lors des contestations
étudiantes, il y a une quinzaine d'années, disait...
Mme Lavoie-Roux: IIn'est pas déjà si vieux que
cela?
M. Forget: Oui, il est déjà aussi vieux que cela.
D'ailleurs, je pense que je fais secrètement sourire le ministre de
l'Education qui était professeur, à ce moment, et qui a sans
doute entendu scander les slogans dans les corridors de l'Université de
Montréal, avec, comme chef de file, le député de
Saint-Jacques maintenant, et qui disait: La participation, c'est se faire
fourrer. Il y avait derrière tout cela une philosophie qui n'est pas
très éloignée de celle que je défends.
Effectivement, il y a dans tout cela l'information, les professeurs, leur
prestige, etc., dans le contexte de la participation étudiante.
M. Morin (Sauvé): Vous avez toujours eu un
tempérament de contestataire et de radical. C'est bien connu.
M. Forget: Ce n'est pas moi qui le disais.
M. Paquette: Mais il est contre la contestation, il est contre
l'autogestion, si je comprends bien. Qu'est-ce qui reste?
M. Forget: Pardon? Je n'ai pas compris la question.
M. Paquette: J'ai dit que vous êtes contre la participation
et vous êtes contre l'autogestion.
M. Forget: Je ne suis pas contre la participation. Je suis contre
une autogestion, je l'ai dit tout à l'heure. Pour ce qui est de la
cogestion, M. le Président, à condition qu'on puisse savoir de
quoi il s'agit, je n'ai pas d'objection, mais encore faut-il s'entendre
justement sur l'équilibre des groupes en présence et l'argument
que je développe depuis le début je croyais être
clair, mais je veux bien le répéter c'est
qu'effectivement, la parité qui nous est présentée
maintenant, semble-t-il, pour la première fois par le gouvernement
actuel comme étant le principe de base, d'abord, ce n'est pas un
principe. Ce n'est qu'un compromis. Deuxiè- mement, c'est une
parité fictive, parce que les groupes en présence ne sont pas
dans le même état d'organisation et ne disposent pas de la
même formation. Donc, ils ne sont pas véritablement égaux.
Même s'ils sont égaux en nombre, ils ne sont pas égaux en
fait.
Dans des circonstances comme celles-là, vous comprendrez que nous
sommes amenés à appuyer les groupes qui se sont
présentés en commission parlementaire, qui représentaient
justement les groupes de l'extérieur et qui ont dit: II y a un
problème. On se fait bulldozer. On se fait dominer par les gens de
l'intérieur, même s'il y a une équivalence approximative
dans le moment, et nous voudrions voir se redresser l'équilibre dans le
sens de privilégier, sur le plan numérique, les gens de
l'extérieur. Je pense que c'est une argumentation... C'est le minimum
acceptable quant à nous, que de privilégier les gens de
l'extérieur, parce que, encore une fois, les gens de l'extérieur
sont plus les expressions ou les véhicules de l'intérêt
public que ceux de l'intérieur. Ceci, c'est indéniable.
Ceux de l'intérieur sont quand même ceux qui gagnent leur
vie, qui profitent matériellement et autrement des décisions qui
sont prises. Ils ont partie liée à toutes les décisions.
Ils sont juges et parties. Encore une fois, ce n'est jamais la même chose
que leur intérêt et l'intérêt public. Il ne faut pas
s'en cacher. Bien sûr, on peut solliciter leur collaboration, leur avis,
leur point de vue, en tenir compte, mais, en définitive, ce qui doit
prévaloir au conseil d'administration, ce n'est pas le confort, les
aspirations, les désirs de carrière, etc., des gens qui
travaillent au sein d'un organisme, ce sont les objectifs mêmes de cet
organisme qui sont au service de la société. Pour cette raison,
M. le Président, nous croyons que d'augmenter de un le nombre des
parents sur le conseil d'administration contribue à redresser un
équilibre, peut-être pas complètement, peut-être pas
parfaitement, mais c'est un pas dans la bonne direction. C'est un pas que
j'appuie moi-même avec toute la force qu'il m'est possible de donner
à cet appui, parce que je pense que c'est seulement dans cette direction
qu'on peut s'éloigner de la conception du conseil d'administration comme
une espèce de table de négociation. C'est une impression qui se
dégage assez clairement des propos qu'a tenus le député de
Terrebonne.
Si on envisage le conseil d'administration comme une table de
négociation, ce que l'on fait implicitement, c'est qu'on signe
l'arrêt de mort de la participation. Parce qu'il est évident que
si les conseils d'administration ne sont que des tables de négociation,
on ne peut pas, au nom de l'intérêt public, leur confier les
décisions véritablement importantes qui relèvent du monde
de l'éducation, et ce qui arrive, c'est que ces décisions... Le
ministre de l'Education, tout en tolérant cette espèce de
confusion dans les rôles, est amené à accroître de
plus en plus ses pouvoirs, parce qu'il hésite à faire confiance
à une structure qui est basée essentiellement, fondamentalement,
sur une méprise, quant à la nature de l'organisme. Une
table de négociation ne sera jamais un lieu où peuvent
être assumées des responsabilités.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous voulez vous
garder un peu de temps pour répondre au député de Rosemont
qui avait une question?
M. Forget: J'avais terminé, M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Ahbon!
M. Forget: ... et j'allais justement dire quelle était la
question que le député de Rosemont avait à l'esprit?
M. Paquette: M.le Président, après tout ce temps,
je vais être obligé de faire un petit préambule. Le
député de Saint-Laurent nous a dit tantôt qu'il
était totalement opposé à tout mécanisme de
cogestion.
M. Forget: D'autogestion.
M. Paquette: Même d'autogestion.
M. Forget: D'autogestion. Je n'ai pas parlé de
cogestion.
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas parlé de cogestion.
M. Paquette: D'autogestion, d'accord. Vous avez raison. Vous avez
dit d'autogestion.
Je pense qu'il était sous-ministre aux Affaires sociales quand la
loi 65...
M. Forget: Oui.
M. Paquette:... a été adopté et n'est pas
sans ignorer que sur les conseils d'administration des centres hospitaliers,
sauf erreur, il y a une majorité de représentants du personnel.
Il n'y a que deux socio-économiques et deux représentants des
usagers. Je me demande comment on peut concilier ça, alors que
lui-même était sous-ministre et que maintenant, il se dit
violemment opposé à tout système d'autogestion.
M. Forget: Je félicite le député de Rosemont
de son attention, M. le Président. Effectivement, c'est à la
lumière de cette expérience que je parle. Ce n'est pas
basé sur des choses que j'ai apprises en assistant aux classes de
catéchisme. J'ai appris ça par l'expérience vécue.
S'il est intéressé, je pourrais même lui faire parvenir un
texte que j'ai délivré en public, il y a quelques semaines,
où j'ai exposé quelle était la leçon que je tirais
de cette expérience avec laquelle je ne suis plus d'accord dans la forme
dans laquelle elle a été tentée. Il y a des choses
extrêmement valables qui ont été faites, mais il y a
évidemment des corrections à apporter. Je pense que c'est tout
à fait pertinent. Je remercie le député de Rosemont
de...
M. Paquette: J'ai une question subsidiaire. Est-ce que vous
êtes d'accord avec les conseils d'administration des CLSC où on
retrouve, cette fois, sauf erreur, une majorité d'usagers? A ce moment,
si nous adoptions cette solution, il faudrait donner la majorité aux
étudiants sur les conseils d'administration des CEGEP.
M. Forget: Je crains de devenir non pertinent si je me laisse
entraîner, mais, justement, le texte auquel j'ai fait allusion que je
ferai parvenir demain au député de Rosemont, traite
spécifiquement des conseils d'administration dans les affaires sociales
en général, mais des CLSC en particulier, et il est
évident que si on me donne deux secondes, il est évident que ce
que j'ai dit relativement à l'inégalité fondamentale entre
les usagers et les professionnels s'applique dans ce cas, même avec, non
pas une majorité, parce que ce n'est pas cinq par rapport à
quatre. C'est cinq dans un groupe plus large. Donc, il n'y a pas la
majorité là non plus. Mais c'est un groupe substantiel. Mais,
même avec un groupe substantiel qui n'est pas la majorité, on
s'est rendu compte que les professionnels, les salariés professionnels
de ces établissements ont dévoré littéralement les
citoyens sur ces conseils d'administration. Ils les ont fait servir sans
souvent que ce soit visible à ceux qui vivaient l'expérience,
à leurs fins, plutôt qu'aux fins que visaient les
représentants du public.
Je pense que c'est justement pour cela qu'à mon avis, il
m'apparaît que la parité numérique, ce n'est même pas
la parité réelle. Il faut plus que ça si l'on veut
vraiment que les usagers aient un impact réel. A moins que ça, on
se paie de mots. Ce n'est qu'un symbole creux, je crois.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais revenir
brièvement sur cette question de la représentation des parents
et, en même temps, sur ce problème que le gouvernement
décide ou semble choisir de laisser subsister, quant à cette
fameuse question de parité entre l'interne et l'externe. Je ne
reviendrai pas sur tous les témoignages que le ministre a entendus aussi
bien que moi lors des auditions parlementaires.
Mais, j'aimerais faire allusion à un article signé de M.
André Leblanc qui est actuellement à l'Ecole nationale de
l'administration publique à l'ENAP, et dans lequel il se prononce sur le
conseil d'administration: "Pourquoi et pour qui?" C'est le titre de l'article
qui est dans la revue Prospectives de février, je pense, et qui,
à ce moment, réagissait non pas au projet de loi, parce qu'il
n'existait pas, ou enfin, il n'était pas officiel, mais se prononce sur
le livre blanc sur l'enseignement collégial. Il fait certaines
observations, et c'est difficile de ne pas y souscrire. Je ne le fais pas dans
un esprit partisan heureusement, le député de Papineau est
parti, parce que je le verrais grimper dans les rideaux mais dans un
esprit vraiment construc-
tif, pour, encore une fois, inviter le gouvernement à
réfléchir sur la position finale qu'il prend et je pense que
c'est un grand défi que je tente de relever et, probablement, à
toutes fins utiles, ce sera inutile. (23 heures)
Mais je tiens à le faire quand même pour que le
gouvernement soit bien conscient de ce qu'il va faire, et surtout pour indiquer
combien, pour nous, ce problème de la composition du conseil
d'administration et de ce meilleur équilibre établi entre
l'interne et l'externe nous semble important...
M. Leblanc, se référant au livre blanc où en page
71 il y a une admission... Je ne condamnerai pas le gouvernement pour cette
admission, je pense qu'objectivement, on peut tous la faire: "Les conseils
d'administration ne peuvent se contenter d'être de simples comités
de gestion et encore moins l'arène où s'affronteraient les
visées partisanes, voire les intérêts des groupes de
pression". Il y a là, je pense, une reconnaissance d'un problème
réel que je ne crois pas que le député de Terrebonne ait
exclu non plus.
D'une part, il y a cette admission. Quand on regarde la page 72, on y
voit une autre référence au programme du Parti
québécois: "Le gouvernement a longuement réfléchi
à cette question du choix d'un modèle de conseil
d'administration, d'autant plus que le programme du parti qu'il
représente, le Parti québécois, entend assurer la
participation paritaire des enseignants, des étudiants, des
administrateurs à la gestion administrative du CEGEP. Tout en suivant de
près ce principe de parité dans la représentation des
groupes internes du collège, le gouvernement estime néanmoins que
la collectivité a le droit strict de participer aux décisions
concernant un établissement dont elle est, en dernière analyse,
responsable en même temps que bénéficiaire". Cela,
il faut bien se le dire, ce sont quand même les contribuables qui, par
leurs taxes, défraient le coût des établissements
d'enseignement. "Le CEGEP n'appartient pas seulement à ceux qui y
travaillent ou qui vont y chercher une formation, il est plutôt un bien
collectif, et à ce titre la communauté pour laquelle il a
été institué ne saurait être absente de son conseil
d'administration".
C'est assez intéressant de voir le développement du
problème, l'exposé du problème et l'espèce de
réflexion j'allais dire à haute voix, mais c'est
peut-être une voix écrite que le gouvernement fait. C'est
pour lui un problème et on le sent soupeser le pour et le contre. Ce qui
me frappe, c'est qu'il y a cette référence au programme du parti.
Quand il en arrive, après toutes ces hésitations, ces
considérations dans un sens ou dans l'autre, à prendre une
décision dans les faits par un projet de loi, décision qui
était d'ailleurs déjà incluse à peu près
dans les mêmes termes mais dans le livre blanc, il prend une
décision qui essaie de dire: C'est vrai qu'il y a un problème, on
l'a vu pendant un petit bout de temps, mais on ne peut pas y faire face tel
quel.
Je voudrais donner ici, non pas mon interpré- tation, mais
l'interprétation de M. Leblanc qui repasse une partie de ces choses et
qui dit: "Le gouvernement est conscient de ces difficultés, toutes ces
réalités ne sont pas étrangères au gouvernement.
Les conseils d'administration ne peuvent se contenter de cinq comités de
gestion et encore moins l'arène où s'affronteraient les
idées partisanes, voire les intérêts des groupes de
pression". Cela, c'est tiré des collèges de Québec.
Voilà qu'arrive son interprétation: "Comment peut-on, à la
fois, être conscient d'un problème majeur et faire ensuite tout ce
qui est possible pour l'aggraver? C'est comme si on dénonçait ou
regrettait les conséquences de ce qu'on a soi-même
préconisé. A moins que d'autres raisons que la raison ignore
obligent le gouvernement... j'aimerais que le député de
Terrebonne m'écoute. Ce ne sont pas mes paroles, ce sont les paroles des
autres; je vous dirais bien: Ne m'écoutez pas...
M. Fallu: Je ne sais pas si j'aurai le temps de m'expliquer parce
que l'heure avance, et c'est une longue conversation qu'il faudrait avoir
ensemble, j'ai l'impression.
Mme Lavoie-Roux: Mes propos, je vous pardonnerais bien de ne pas
les écouter, mais ce sont les propos d'un autre beaucoup plus
autorisé, j'en suis certaine. "Comment peut-on, à la fois,
être conscient d'un problème majeur et faire ensuite tout ce qui
est possible pour l'aggraver? C'est comme si on dénonçait ou
regrettait les conséquences de ce qu'on a soi-même
préconisé. A moins que d'autres raisons que la raison ignore
obligent le gouvernement à légiférer dans une direction
contraire au sens et au bien commun. Il nous fournit lui-même une piste
en faisant référence au programme du parti qu'il
représente j'y ai fait référence tout à
l'heure. Même si cette raison est plus ou moins acceptable compte tenu du
fait qu'un gouvernement doit représenter l'ensemble des citoyens, c'est
la seule à l'auteur, il lui semble que ce soit la seule raison
qu'on puisse retenir pour expliquer la disposition prévoyant une
représentation qui, â ce moment-là, était
majoritaire de l'intérieur et qui, présentement, je dirais, est
paritaire entre l'intérieur et l'extérieur". Je ne citerai pas le
reste.
Il apparaît que le gouvernement a choisi cette formule,
peut-être parce qu'elle correspondait au programme du parti. On sent
qu'il a eu de fortes hésitations à se rallier dans les faits,
dans la réalité des choses, dans la constitution du conseil
d'administration à ce que le parti mettait de l'avant. Ce que je lui
demande de considérer je pense bien que c'est peine perdue
c'est qu'il est encore temps de réaliser ou d'essayer de mesurer quelles
seront les répercussions sur le fonctionnement des conseils
d'administration.
Je dois dire que, en partie, je souscris à cette
interprétation de M. Leblanc; en tout cas, elle n'est certainement pas
sans fondement. Ce n'est pas un reproche que je fais au gouvernement, il a un
parti, il a un programme. On l'a d'ailleurs vu modifier d'autres points du
programme de son
parti politique. Vous savez, on aime bien dire: Le gouvernement
déchire une nouvelle page, a déchiré une autre page de son
programme.
M. Paquette: II y en a déjà la moitié de
réalisé.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, même le ministre de
l'Education à qui on posait une question, une fois, avait dit, en
réponse au député de Jean-Talon du temps vous me
corrigerez votre prédécesseur, M. le député
de Jean-Talon.
M. Paquette: Dans le temps qu'il y avait un député
de Jean-Talon.
Une Voix: Vous voulez dire dans le bon temps?
M. Rivest: Ne commencez pas, vous.
Mme Lavoie-Roux: ... avait répondu je cite de
mémoire: Ecoutez, ce qui est écrit dans un programme, ce sont des
intentions. Ce qu'on fait, c'est une autre chose.
M. Morin (Sauvé): II m'arrive rarement de soulever une
question de privilège...
Mme Lavoie-Roux: Soulevez-la, cela me fera plaisir de me
corriger.
M. Morin (Sauvé): C'est une interprétation vraiment
fort abusive.
Mme Lavoie-Roux: Tout à fait libre. Qu'avez-vous dit, M.
le ministre?
M. Morin (Sauvé): II faudrait retrouver les textes, mais
ce n'était pas cela parce que ce n'est certainement pas ce que je
pense.
Mme Lavoie-Roux: Je vais prendre la peine de le retrouver, ce
sera facile.
M. Morin (Sauvé): Je serais heureux que vous le
retrouviez.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est au moment du problème des
prêts et bourses.
M. Morin (Sauvé): Cela vous permettrait de me citer plus
exactement.
M. Paquette: Les prêts et bourses? Ah bon!
Mme Lavoie-Roux: Cela me ferait plaisir de vous citer plus
exactement; d'ailleurs, je l'ai dit avec beaucoup de réserve. Entre le
message qu'on m'envoie et celui qui est reçu, il y a tout un
mécanisme autour de cela, mais je pense que je ne suis pas tellement
loin de la réalité, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Oui, un mécanisme de
réception.
Mme Lavoie-Roux: A tout événement, même
si...
Le Président (M. Marcoux): ... commencer à
conclure?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je vais conclure. M. le Président,
vous en conviendrez, on a barguiné pas mal de choses. On aurait pu
arriver successivement avec trois autres amendements, on vous a dit: On les met
tous sur la table! Alors, accordez-moi cinq minutes supplémentaires.
Le Président (M. Marcoux): Je n'exerce pas de pression
indue.
M. Rivest: On fait bon ménage.
Mme Lavoie-Roux: On fait bon ménage, il faut continuer
comme cela.
Je ne reproche pas au Parti québécois d'avoir un
programme, il est le gouvernement au pouvoir, et qu'il essaie dans la mesure du
possible de réaliser son programme, c'est tout à fait
légitime. Ce que je veux dire, c'est que parfois, quand on arrive dans
la réalité, qu'on est obligé de légiférer,
à ce moment-là, il faut tenir compte de l'ensemble du bien
commun, il faut être attentif à toutes les représentations,
pas uniquement de celles qui viennent des militants du parti, mais
également d'autres sources qui viennent du milieu. Je dis que le
gouvernement peut, à ce moment-là, réviser son programme
et vraiment tenter de légiférer dans l'intérêt du
bien commun.
A ce moment-ci, je pense que le gouvernement, sur ce point particulier,
ne légifère pas dans l'ensemble du bien commun. Je veux seulement
donner un autre exemple, si vous me le permettez là, je ne serai
pas pertinente, M. le ministre, sauf par comparaison. Il y a une page, par
exemple, sur la restructuration scolaire. Elle n'est pas encore
déchirée, mais elle se tourne difficilement.
M. Paquette: On ne peut pas tout faire la même
année.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est bien cela.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que les membres de la
commission sont prêts à passer au vote sur les motions
d'amendement?
Des Voix: Oui.
M. Rivest: Auparavant, je voudrais simplement intervenir quelques
instants.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il a le droit de parole, celui-là.
Vous n'avez pas voulu...
Une Voix: Pas plus qu'une heure et demie, j'espère.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas voulu, M. le Président,
le ministre a refusé... on a voulu lui donner un successeur et il a
refusé.
M. Rivest: Je pense que je peux...
Le Président (M. Marcoux): Je suis convaincu que vous
seriez heureux qu'on puisse adopter l'article 3 avant minuit.
Mme Lavoie-Roux: Certainement, on va l'adopter avant minuit.
Le Président (M. Marcoux): II va falloir voter
tantôt.
Mme Lavoie-Roux: Ce ne sera quand même pas avant 23 h
50.
Le Président (M. Marcoux): Non, mais il y a un vote... On
m'avait dit que, vers 23 heures, il y aurait probablement un vote.
Mme Lavoie-Roux: Cela a dû être suspendu. Le
Président (M. Marcoux): Ahbon!
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a trop de députés
ministériels qui sont allés se coucher.
M. Rivest: M. le Président, vous pouvez être
confiant, je viens à peine d'adopter un article constituant un conseil
d'administration s'inspirant de la même philosophie participatoire que
celui-là même que nous sommes en train d'étudier.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'on peut savoir si
vous avez voté pour?
M. Rivest: J'ai participé à la discussion, mais,
à la commission où j'étais, je n'avais malheureusement pas
le droit de vote. Je pense répondre à la question qui, sans
doute, effleure votre esprit: Si vous aviez eu droit de vote, comment
auriez-vous voté? Nous avons eu la même discussion que celle
même que nous avons eue ici. Il s'agit de la constitution du conseil
d'administration de Radio-Québec.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que nous pourrions nous
référer au journal des Débats et à votre
intervention dans l'autre commission?
M. Rivest: Oui, sans doute, mais j'aimerais vérifier
auparavant, si vous me permettez, ce que mes collègues ont dit ici en
mon absence, de façon à m'assurer qu'il y a bien concordance.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais nous pourrions verser votre
intervention dans l'autre commission en annexe au débat de ce soir. Je
pense que tous les députés à cette table seraient d'accord
pour offrir au député de verser au débat de ce soir sa
contribution dans l'autre commission.
M. Fallu: Si on peut économiser du temps, des
énergies, et même des fonds à l'Etat, j'en serai bien
heureux.
M. Rivest: Est-ce que le ministre me permettrait de placer le
post-scriptum suivant: Mutatis mutandis.
M. Morin (Sauvé): Et habeas corpus.
M. Rivest: Non, il y a un aspect que je voudrais souligner.
D'abord, j'endosse pleinement les préoccupations qui ont
été signalées à l'occasion de l'étude des
mémoires, en particulier celui des parents, des présidents de
CEGEP, sur le rapport externe et interne dont vous avez sans doute
discuté ce soir avec beaucoup d'intérêt. J'arrive à
un moment, dans cette discussion, où je constate que, d'après la
réaction du ministre, il semble que le gouvernement va maintenir ses
positions. Est-ce que j'ai bien interprété les sentiments de la
commission ou de la partie ministérielle? Vous allez maintenir la
formule qui est proposée au niveau du conseil d'administration,
c'est-à-dire...
M. Morin (Sauvé): Nous avons effectué quelques
modifications en votre absence, M. le député.
M. Rivest: Oui, on m'en a informé. Ce n'est pas
très gentil d'avoir procédé en mon absence.
M. Morin (Sauvé): Nous n'avons pas songé un instant
que vous pourriez vous joindre à nous, par la suite, pour prolonger le
débat, de sorte que...
M. Rivest: Non, j'ai justement un argument neuf à vous
apporter. J'endosse les préoccupations qui ont été
formulées par les parents, les directeurs de CEGEP, lors de
l'étude des mémoires à la commission parlementaire, cela,
c'est clair; je pense que l'expérience pratique des CEGEP a
établi toutes les difficultés que posait cette formule au niveau
du conseil d'administration. Deuxièmement, je sais que, dans d'autres
organismes, en particulier dans le domaine social, cette formule de composition
du conseil d'administration a également soulevé des
problèmes très concrets. J'entendais tantôt le
député de Saint-Laurent dire qu'il a justement vécu cette
expérience et il en a témoigné devant la commission. (23 h
15)
Je pense que c'est un excellent témoin qui aurait dû
recevoir beaucoup plus d'audience pratique qu'il n'en a malheureusement
reçu jusqu'à maintenant de la part des membres
ministériels de cette commission. Néanmoins, son
témoignage est celui de l'expérience et, de façon assez
révélatrice, rencontre les préoccupations que des
intervenants, tout de même privilégiés dans le domaine des
collèges, sont venus apporter au ministre de l'Education au sujet de la
composition du conseil d'administration.
Bien sûr, l'idée à la base, c'est de faire
participer les intervenants du milieu au niveau du conseil d'administration.
Or, le député d'Outremont a signalé, par exemple, d'une
façon analogue, le domaine des sociétés d'Etat à
vocation industrielle,
commerciale qui n'ont pas cette formule de gestion où les
employés sont représentés les employés dans
le sens, ici, des enseignants ou même des clients, dans le sens des
étudiants au sein du conseil d'administration, mais où,
dans le cadre des fonctions de certains types de fonctions de ces
sociétés d'Etat, en particulier au niveau des programmes de
développement de ces sociétés d'Etat, étant
donné la volonté du gouvernement actuellement d'assujettir les
programmes de développement, un contrôle gouvernemental et
même parlementaire force les conseils d'administration des
sociétés d'Etat à vocation industrielle et commerciale
à soumettre un plan de développement.
Une des conséquences et des constatations pratiques qui ont
été faites, en particulier dans le domaine de Marine Industrie,
c'est que cela a amené le conseil d'administration, où le
syndicat n'est évidemment pas représenté, à
s'inscrire directement dans le processus de définition du plan de
développement d'une société d'Etat comme celle de Marine
Industrie. Là, ils se sont inscrits directement dans les choses qui
comptent et non dans les choses administratives et courantes,
c'est-à-dire dans les choses où ils peuvent avoir des
intérêts immédiats. On sait qu'un des problèmes au
niveau des conseils d'administration des collèges, c'est qu'on dit,
à tort ou à raison, que les enseignants vont là
très souvent pour améliorer leurs conditions de travail. On
pourrait imaginer d'autres formes de participation des clients ou enfin des
intervenants dans le milieu qui ne seraient pas des modes de participation
formels au niveau de la composition elle-même des conseils
d'administration, mais qui pourraient s'inscrire peut-être sur des choses
beaucoup plus concrètes, peut-être pas à court terme, mais
qui pourraient s'inscrire dans des programmes de développement, si tout
est qu'il y a des programmes de développement pour un collège ou
dans des orientations générales. Là, les enseignants
eux-mêmes, en tant qu'enseignants, participent en tant que tels et ils ne
paralysent pas l'administration des collèges, chose que l'on semble
reprocher à la formule qui est proposée actuellement au niveau
des collèges.
Evidemment, tout cela, ce ne sont pas les mêmes boîtes. On
parle de collèges et, dans l'exemple que je donne, on parle de
sociétés d'Etat, mais, tout de même, il y a une
participation qui a été beaucoup plus directe et beaucoup plus
appréciée par les travailleurs, par exemple, de Marine Industrie
que le fait d'avoir un ou deux représentants dans un conseil
d'administration où, finalement, ce sont des choses très
administratives. Je ne suis pas assez familier avec l'ensemble du
fonctionnement pratique des collèges pour savoir s'il y a un moment ou
s'il y a des occasions vraiment précises où on définit les
orientations futures d'un collège, mais je suis convaincu que, si on
associait les travailleurs, enfin les enseignants, pour parler d'un
collège, et les étudiants à la définition, de
concert avec le conseil d'administration, non pas sur une base formelle, mais
de concert avec lui, des orientations du collège ou même des
procédures ou d'une réflexion sur l'évaluation
elle-même, si le conseil d'administration, sur certains types de
fonctions, associait en tant que tels les enseignants ou les étudiants,
je suis convaincu qu'on obtiendrait une forme de participation qui serait
beaucoup plus riche pour les deux parties, et surtout dans la perspective des
enseignants, comme dans la perspective des administrateurs, qui serait beaucoup
plus productive pour l'institution elle-même et qui n'aurait pas
l'inconvénient d'une paralysie stratégique ou d'une paralysie au
niveau des intérêts sur les questions de gestion courante,
là où semble être le problème qu'ont
souligné, en particulier, les parents.
Là-dessus, je ne sais pas si le ministre pourrait ne pas
s'inspirer de ce qui se fait ailleurs dans le gouvernement. Le gouvernement n'a
pas accordé, dans les institutions, les sociétés d'Etat,
au niveau des conseils d'administration, la gestion participative, mais, par
contre, le gouvernement vient de vivre une forme... C'est tout récent,
cela s'est passé encore en commission parlementaire, il y a quelques
jours. Les syndiqués sont venus dire qu'ils avaient
apprécié beaucoup plus cette forme de participation qu'une forme
de participation formelle, comme on le fait actuellement dans le projet de loi
de Radio-Québec et ce qu'on fait actuellement dans le projet de loi, ce
qu'on confirme dans le projet de loi des collèges d'enseignement
professionnel.
Je ne demande pas au ministre de me dire: Je vais faire cela ce soir ou
je ne le ferai pas, mais, pour l'avenir, je me demande si le ministre pourrait
penser à ces types, qui ne seraient pas des modèles un peu
gratuits et un peu artificiels. Après cela, on fait une espèce de
mathématiques pour savoir s'il doit y en avoir plus de l'un et plus de
l'autre. Là, on présuppose déjà, dans la
composition, qu'il va y avoir une espèce de paralysie. On hésite
à savoir de quel côté on doit donner la majorité
à ces externes ou à ces internes, parce que c'est de cela qu'on
discute. En discutant de la façon qu'on discute actuellement les
conseils d'administration, on suppose que cela va être ainsi, parce que
l'hésitation dont parlait le député de L'Acadie, c'est de
savoir si on va faire tomber cela du côté des internes ou du
côté des externes. Je pense qu'il y a une motion d'amendement de
notre part qui fait tomber cela du côté des externes, mais,
même là, je le dis en toute déférence pour mes
collègues...
Le Président (M. Marcoux): Pour votre information, je
pense que cela peut être utile, la motion d'amendement, c'est de faire
augmenter le nombre de parents de quatre à cinq.
M. Rivest: D'accord, peu importe.
Le Président (M. Marcoux): Actuellement, c'est une des
motions qui...
M. Rivest: Je trouve cela court, surtout si le ministre a
entrepris une réflexion avec tout le milieu. Là-dessus, cela a
été un des points chauds qu'on en soit arrivé finalement
à des choses aussi
peu originales, alors qu'on peut trouver, en prenant d'autres secteurs,
d'une façon analogique, dans d'autres domaines, des formes de
participation qui garantissent l'idée de la participation sans tomber
dans des choses comme celles-là qui, on le sait très bien, ne
régleront absolument rien. Les problèmes qui existent dans les
CEGEP, avec la nature du conseil d'administration qu'on propose, ce ne sera pas
une réforme. C'est évident. Chacun va faire un appel à la
bonne foi des uns et des autres. On va faire confiance, on va faire tout cela.
Les gens qui vont être là vont être les mêmes gens, en
gros. Deuxièmement, ce seront les mêmes intérêts qui
vont s'affronter. On va revivre les mêmes problèmes. Après
cela, on viendra dire qu'on a fait une réforme des CEGEP. On n'aura pas
fait une réforme véritable des CEGEP, en tout cas, certainement
pas au niveau des conseils d'administration. On aura passé à
côté du problème.
Le Président (M. Marcoux): Je n'ai pas eu d'autres
demandes d'intervention. Je vais appeler le vote sur l'amendement de Mme le
député de L'Acadie. "Que le sous-paragraphe d) du paragraphe 8 de
l'article 3 soit modifié en remplaçant, dans la première
ligne, le mot "quatre" par le mot "cinq". Est-ce que l'amendement sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): Rejeté, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Nominal. M. Alfred
(Papineau)?
M. Alfred: Contre.
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas entendu l'argumentation.
M. Alfred: Allons donc, madame!
Le Président (M. Marcoux): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Fallu (Terrebonne)?
M. Fallu: Contre.
Mme Lavoie-Roux: II a failli...
Le Président (M. Marcoux): M.Lacoste (Sainte-Anne)? Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour. M. Morin (Sauvé): ...
Le Président (M. Marcoux): M. Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M.Marquis
(Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Morin (Sauvé)?
M. Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Marcoux): La motion est rejeté par
cinq voix contre trois.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes beaucoup de monde de l'autre
côté?
M. Alfred: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, il y en avait très
peu.
Le Président (M. Marcoux): C'est parce qu'on discute de la
participation actuellement. J'ai senti...
M. Rivest: M. le Président, vous avez la preuve. Si on
avait eu une décision à prendre, imaginez-vous, nous, les
minoritaires...
Le Président (M. Marcoux): Vous étiez minoritaires,
si j'ai bien compris.
M. Rivest: ... on commencerait à faire des
stratégies pour passer à côté de votre
décision. C'est ce qui va arriver dans les conseils d'administration de
CEGEP, j'en suis convaincu.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'on peut passer aux
autres...
M. Morin (Sauvé): Nous passons, si vous le voulez bien, au
paragraphe e)...
Le Président (M. Marcoux): Non, il faudrait d'abord
adopter... Actuellement, nous avons rejeté l'amendement
proposé...
M. Morin (Sauvé): A l'amendement, c'est exact.
Le Président (M. Marcoux): ... mais nous n'avons pas
adopté le paragraphe d. Est-ce que le paragraphe d est
adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté. Mme Lavoie-Roux:
Sur division.
Le Président (M. Marcoux): Adopté sur division.
M. Morin (Sauvé): Bien.
Le Président (M. Marcoux): J'appelle maintenant le
paragraphe e. Un amendement a été déposé devant
moi, que je... M. le ministre va le lire.
M. Morin (Sauvé): Effectivement, dans la perspective
où nous nous plaçons, qui est celle d'ajouter un membre du
personnel de soutien dans un paragraphe f) qui viendrait aussitôt
après, nous pensons qu'il convient d'inscrire dans le projet de loi non
plus trois étudiants, mais de revenir à la situation
antérieure qui était, vous le savez, de deux étudiants, en
s'assurant que l'un de ces étudiants est un étudiant adulte.
Vous savez que le nombre des adultes augmente constamment dans les
CEGEP. A certains endroits, ils sont maintenant presque à
égalité. On nous prédit même que le temps n'est pas
loin où il y aura plus d'étudiants adultes que d'étudiants
réguliers dans les collèges du Québec. De sorte que je
présenterais...
Le Président (M. Marcoux): Un nouveau paragraphe.
M. Morin (Sauvé): ... la modification, le nouveau
paragraphe e) suivant: "deux étudiants à temps complet du
collège, dont l'un est inscrit à titre d'étudiant adulte,
désignés, par voie de scrutin secret, respectivement par les
étudiants réguliers et par les étudiants inscrits à
titre d'étudiants adultes".
Le Président (M. Marcoux): Je vais relire le texte du
nouveau paragraphe proposé par le ministre.
M. Rivest: Est-ce que le ministre a dit qu'il ajouterait un
paragraphe f) pour les employés de soutien?
Le Président (M. Marcoux): Oui, c'est annoncé
depuis une heure ou deux. Le paragraphe...
Mme Lavoie-Roux: Annoncé par l'Opposition. M. Morin
(Sauvé): Non, par...
Le Président (M. Marcoux): Demandé par
l'Opposition, annoncé par le gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Demandé par l'Opposition, annoncé
par le ministre. On l'a annoncé à deux reprises.
Le Président (M. Marcoux): II y a une double
paternité dans le cas du nouveau paragraphe qu'il y aura
tantôt.
M. Rivest: Double paternité, ça ne fait pas des
enfants forts!
Le Président (M. Marcoux): Alors le paragraphe... A la
demande...
Mme Lavoie-Roux: Mais la maternité est ici. Il y avait
aussi une maternité...
M. Rivest: Je comprends que le député de Rosemont
ne soit pas professeur de biologie, mais bien de mathématiques.
Mme Lavoie-Roux: II y avait une maternité.
Le Président (M. Marcoux): A la demande du
député de Jean-Talon qui voudrait entendre à nouveau
l'amendement, le nouveau paragraphe, le paragraphe e) se lirait: "deux
étudiants à temps complet du collège, dont l'un est
inscrit à titre d'étudiant adulte, désignés, par
voie de scrutin secret, respectivement par les étudiants
réguliers et par les étudiants inscrits à titre
d'étudiants adultes.
M. Rivest: Bon, d'accord.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que nous sommes
prêts... Est-ce que les députés...
M. Rivest: Non, j'ai juste une remarque qui ne sera pas
très longue à faire. Vous voyez, ce que je disais tantôt
sur la participation sur le conseil... Voyez ce que le ministre fait. A quoi
est-ce que ça consiste finalement? C'est de troquer des
intérêts d'étudiants, n'est-ce pas? On diminue d'un pour en
donner aux employés de soutien... Donc, oui, c'est ce que vous
faites...
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, à
l'ordre!
M. Rivest: Donc, vous maintenez le vice fondamental des conseils
d'administration, qui est de concevoir les conseils d'administration comme des
gens qui représentent des intérêts particuliers. C'est le
problème majeur que tout le monde a dénoncé. Vous ne
faites pas une réforme des conseils d'administration des CEGEP en
faisant ça. Remarquez que deux ou trois, peu importe pour les fins de la
discussion, mais dans la nature des choses, vous ne réformez pas les
conseils d'administration, vous étirez les intérêts des uns
pour diminuer ceux des autres, vous en ajoutez...
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, M. le
député de Jean-Talon.
M. Alfred: Question de règlement.
Le Président (M. Marcoux): ... règlement que je
vais entendre. D'abord, le député de Papineau.
Mme Lavoie-Roux: Ah! il est revenu!
M. Alfred: Dois-je vous dire que Mme le député de
L'Acadie était d'accord avec le ministre?
M. Rivest: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: Mais ça n'enlève pas... Question
de règlement.
Le Président (M. Marcoux): Ce n'est évidemment pas
le cas... A l'ordre! A l'ordre! Je vais d'abord me prononcer sur la
première question de règlement, avant d'en entendre une
deuxième du député de Terrebonne, si j'ai bien compris. La
première question de règlement n'était...
Mme Lavoie-Roux: Et une troisième du député
de L'Acadie.
Le Président (M. Marcoux): ... évidemment pas une
question de règlement. A cet effet, vous m'aviez dit que vous respectiez
d'emblée les décisions de la présidence. Je vous
inciterais à multiplier les questions de règlement qui sont des
questions de règlement, M. le député de Papineau. M. le
député de Terrebonne.
Mme Lavoie-Roux: ... c'est prendre un grand risque.
M. Fallu: C'est uniquement pour comprendre la marche du
débat. Je sais que le député...
Le Président (M. Marcoux): Je récapitule. Il y a
une proposition...
M. Fallu: ... de Jean-Talon s'est inscrit comme...
Le Président (M. Marcoux): II est intervenant avec le
droit de parole...
M. Fallu: ... intervenant ce soir, donc il a droit de
parole...
Le Président (M. Marcoux): Non, pas ce soir, il est
inscrit depuis ce matin, 11 h 30.
M. Rivest: J'interviens depuis le matin.
M. Fallu: Mais, j'aimerais savoir à quel titre il
intervient à ce moment précis et sur quel article.
M. Paquette: A titre provocateur.
M. Rivest: J'ai demandé la parole sur l'amendement du
ministre, c'est aussi simple que ça. (23 h 30)
Le Président (M. Marcoux): Sur le nouveau paragraphe
proposé par le ministre.
M. Rivest: Pour ma réputation de...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous soulevez
toujours votre question de règlement?
Mme Lavoie-Roux: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie, sur votre question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: C'est le fait que même si je me suis
prononcée en faveur de l'amendement, ceci n'enlève pas le droit
de parole à mon collègue de Jean-Talon.
M. Rivest: Non, moi aussi, je ne mets pas... ce que je
disais...
Le Président (M. Marcoux): Tout est très clair,
tout est très clair...
M. Fallu: Qui a la parole? M. Rivest: C'est moi.
M. Paquette: Encore faudrait-il qu'il ait quelque chose à
dire.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent, vous avez la parole.
M. Rivest: De Saint-Laurent?
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jean-Talon.
M. Morin (Sauvé): C'est ce que vous aviez dit de mieux
depuis quelque temps, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Vous ennuyez-vous du député de
Saint-Laurent?
M. Rivest: Une remarque préliminaire...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je reviens à ma remarque sur la question de
règlement, je pense que vous m'aviez donné la parole, parce que
les questions de règlement ont semblé laisser croire à la
commission que j'avais pris la parole...
Le Président (M. Marcoux): Je vous l'avais
déjà donnée.
M. Rivest:... sans votre permission, chose que je ne me
permettrais pas de faire, étant donné que le
règlement...
Le Président (M. Marcoux): Cela vous est peut-être
déjà arrivé, mais...
M. Rivest: Pardon?
Le Président (M. Marcoux): J'ai déjà
présidé des commissions auxquelles le député de
Jean-Talon participait.
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a pas eu beaucoup, ça ne fait
pas longtemps.
M. Rivest: Ce que je veux dire...
Le Président (M. Marcoux): II est très actif.
M. Rivest: ... c'est de répéter, à
l'occasion de l'amendement, le point fondamental de cette question de la
composition des conseils d'administration. C'est que l'amendement
apporté par le ministre, deux, bon, d'accord, etc., tout ça,
maintient absolument intégralement dans la pratique la nature des
conseils d'administration de CEGEP, c'est-à-dire une composition
d'intérêts particuliers d'intervenants, que ce soient les
étudiants, les parents, les professionnels, les enseignants, les
administrateurs, tous les intérêts sont clairement
identifiés et on les étend même, non sans raison, puisque
l'on s'inscrit dans cette philosophie, au paragraphe f), on va les
étendre au personnel de soutien.
Ce que je dis, ce que j'ai compris des représentations des
différents groupes qui sont venus, d'une part ceux qui voulaient
diminuer la représentation des uns parce qu'ils étaient
paralysants, et les autres ont voulu diminuer la représentation des
autres, parce que les autres étaient paralysants, les parents ont dit:
Cela prend moins d'étudiants, par contre, ça prend plus de
parents, et les enseignants disent: Non, ça prend plus d'enseignants, au
contraire. On maintient exactement la même philosophie qui a
été jugée par un certain nombre d'intervenants dans le
milieu comme étant paralysante pour les CEGEP.
Je pense qu'au niveau du ministère de l'Education, les
dispositions du livre blanc se réfèrent à ça, sans
doute qu'on a vu qu'il y avait des difficultés considérables de
concevoir des conseils d'administration sur cette base. Je veux simplement
dire, à l'occasion de la proposition d'amendement du ministre, que le
ministre ne pourra pas dire, lors de la réforme des collèges,
qu'il a opéré une réforme véritable du conseil
d'administration, de la composition du conseil d'administration et de son
fonctionnement, parce que le problème identifié demeurera, de par
sa nature, le même. Je dis qu'il me semble... j'aurais souhaité...
remarquez que je n'ai pas moi-même la solution magique, j'ai donné
d'autres formes de participation, il me semble qu'au niveau du ministère
de l'Education, on aurait pu faire un effort en distinguant peut-être un
certain nombre d'actes d'un conseil d'administration, on aurait pu faire un
effort pour assurer une autre forme de participation qu'une forme
représentative d'intérêts particuliers.
On a fait cette expérience dans les sociétés
d'Etat, qui sont quand même des conseils d'administration qui ont
à coeur le progrès et le développement de leurs
institutions, on l'a fait, on a vécu une expérience
concrète, cela a été discuté ici à
l'Assemblée nationale, cela a été le témoignage
donné à l'occasion du plan de reconversion de Marine Industrie.
Les représentants syndicaux sont venus dire leur satisfaction d'avoir pu
participer à une telle chose, les administrateurs, par la voie de M. Guy
Coulombe, sont venus dire exactement la même chose, et les gens ont senti
que, de part et d'autre, on pouvait participer au développement de
l'institution et on n'a pas été paralysé à Marine
Industrie ou on n'est pas paralysé sur les gestes de gestion courante
qu'un conseil d'administration doit prendre alors qu'on sait qu'au niveau des
CEGEP, la déception des intervenants, c'est que les conflits
d'intérêts, pas les conflits, c'est que la présence
d'intérêts divergents paralyse les conseils d'administration sur
des questions d'administration courante. Je pense que c'est sur...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que les membres de la
commission sont prêts à adopter le paragraphe e)?
M. Rivest: Pardon?
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que les membres de la
commission sont prêts à adopter le nouveau paragraphe e)?
M. Morin (Sauvé): Nous sommes prêts, M. le
Président.
M. Rivest: Je voudrais que...
M. Morin (Sauvé): Nous sommes prêts à
voter.
Le Président (M. Marcoux): Le nouveau paragraphe e) est
adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté. Mme Lavoie-Roux:
Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le nouveau paragraphe f). M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Etant donné que nous avons
adopté ce paragraphe e) dans la composition qui a été
suggérée tout à l'heure, nous serions d'accord pour
ajouter un paragraphe f) qui serait rédigé comme suit: "Un membre
du personnel de soutien du collège désigné par voie de
scrutin secret par les membres du personnel de soutien."
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le nouveau
paragraphe f) sera adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président. Je voudrais exercer
mon droit de parole.
M. Rivest: Voulez-vous relire l'amendement?
Le Président (M. Marcoux): Oui, cela me fera plaisir de le
relire, pour le bon entendement de tous. La proposition est d'ajouter un
nouveau paragraphe, le paragraphe f), qui se lirait comme suit: "Un membre du
personnel de soutien du collège désigné par voie de
scrutin secret par les membres du personnel de soutien."
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, inutile de vous
dire...
M. Morin (Sauvé): Essayez encore.
Mme Lavoie-Roux: Même le président m'interrompt, M.
le Président.
Le Président (M. Marcoux): C'est la première fois
que je vous interromps depuis le début de la soirée.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais faire un voeu
ou vous suggérer de demander une directive au président de
l'Assemblée nationale. Passé 23 heures, nos travaux deviennent
plus difficiles. Il pourrait peut-être réfléchir
là-dessus. Mais, plus sérieusement...
M. Rivest: ...
M. Paquette: ... le député de Jean-Talon.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je disais que nous
sommes heureux de souscrire à cette motion du ministre. Nous l'avions
déjà annoncé au moment où nous faisions une motion
au paragraphe b), pour expliquer au député de Papineau, entre
autres, que nous n'avions pas de plan machiavélique, mais qu'au
contraire, il nous apparaissait important que toutes ies composantes du
collège soient représentées au conseil d'administration.
Ceci avait également été confirmé par le
député de Saint-Laurent. Cette motion du ministre vient
répondre à un désir des membres de ce syndicat dans les
différents collèges et répond également à un
voeu que nous avions exprimé.
Je n'ai rien d'autre à ajouter, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Le nouveau paragraphe f) sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
M. Rivest: Je veux faire encore mon effort pour convaincre le
ministre...
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, il avait
été appelé et il a été adopté.
M. Morin (Sauvé): Vous pourriez intervenir sur le
paragraphe suivant, vous pouvez disserter sur à peu près
n'importe quoi. Je suis sûr que vous allez pouvoir faire valoir vos
idées à l'occasion du paragraphe qui traite du directeur
général, du directeur des services pédagogiques et des
autres personnes qui sont appelées à faire partie du conseil
d'administration des CEGEP. Je crois qu'effectivement, le président
avait appelé l'article.
M. Rivest: Oui, M. le Président, dans un esprit de
collaboration avec le ministre, je crois que je vais me rendre à son
désir.
Le Président (M. Marcoux): Je n'en doutais pas. Et, par
esprit de concordance, ce n'est pas votre esprit, nous avions
déjà adopté un amendement qui indiquait...
Mme Lavoie-Roux:... le président a de la difficulté
aussi.
Le Président (M. Marcoux): ... qui indiquait qu'au mot
"scrutin" serait joint le mot "secret".
M. Morin (Sauvé): Oui.
Le Président (M. Marcoux): Pour les paragraphes de b)
à e). Je vous propose, par concordance, de l'indiquer de b) à f).
Est-ce que c'est adopté?
M. Rivest: Est-ce que cela nous donne ouverture à une
intervention?
Une Voix: Non.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas nécessaire, à
vrai dire, M. le Président, à moins que vous n'insistiez, parce
que nous avons proposé l'amendement avec le mot "secret".
Le Président (M. Marcoux): D'accord?
Mme Lavoie-Roux: M.le Président, je peux quand même
faire un court commentaire.
Le Président (M. Marcoux): Sur ce mot "secret"?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Marcoux): II avait déjà
été adopté et on me dit que tout est conforme. On l'a
adopté dans le paragraphe f), du premier coup.
Mme Lavoie-Roux: C'était pour faire un compliment au
ministre, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Ce n'est sûrement
pasà l'encontre du règlement.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Morin (Sauvé): Mais je n'y tiens pas plus que cela, M.
le Président.
Mme Lavoie-Roux: Je me le tiens pour dit, vous n'en aurez plus
jamais. Passons, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Oui. Le paragraphe suivant: "Le
directeur général, le directeur des services pédagogiques
et la personne responsable des services aux étudiants du collège
sont également membres du conseil." Est-ce que ce...
M. Paquette: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
discuter des trois derniers paragraphes en bloc?
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais des explications du ministre
là-dessus.
M. Alfred: En bloc.
Mme Lavoie-Roux: Je vous avertis tout de suite, on a une motion
sur le dernier.
M. Paquette: Vous pouvez la faire quand même.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait peut-être prendre les deux
autres et arriver au dernier par la suite.
M. Paquette: Non, on peut les prendre tous les trois et... En
tout cas! Vous pouvez faire votre amendement quand même.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que ce n'est vraiment pas
relié aux premier et deuxième paragraphe, la motion que nous
avons.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que, comme nous
avons nous-mêmes proposé un amendement au dernier paragraphe, je
serais d'accord pour que nous considérions les deux suivants ensemble et
ensuite, on pourrait discuter du dernier.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Rivest: M. le Président, si c'est la procédure
retenue, je n'ai pas besoin d'intervenir.
Le Président (M. Marcoux): Les deux paragraphes suivants
sont adoptés? Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Une minute! Je veux les adopter, mais on
pourrait peut-être poser quelques questions, n'est-ce pas? On ne les
jugera peut-être pas pertinentes, mais elles m'apparais-sent importantes.
Qu'arrive-t-il dans le cas des collèges où il n'y a pas de
directeur des services aux étudiants? Evidemment, je comprends l'esprit,
c'est qu'on veut les inciter à avoir un tel poste, mais dans le cas des
collèges qui sont plus petits, au plan budgétaire, cela
représente probablement une dépense de l'ordre, je ne sais pas,
de $40 000, sans exagération.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ceci est
à rapprocher d'un souhait maintes fois exprimé, à l'effet
qu'il y ait dans chaque collège un directeur des services aux
étudiants. Les parents avaient souhaité justement que le
directeur de ces services, qui est très près des besoins des
étudiants, fasse partie du conseil d'administration. Là où
il n'y en a pas, cela veut dire qu'ils vont, à toutes fins utiles,
être obligés d'en nommer un.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même, M. le
Président, que le ministre m'assure... Je ne suis pas contre, vous
n'avez pas besoin de faire de plaidoyer pour. Il reste que, quand même,
au plan budgétaire, cela peut vouloir dire à peu près $40
000, entre $35 000 et $40 000. Je pense que ce n'est rien
d'exagéré, avec toutes les autres dépenses que cela peut
impliquer, les secrétaires, etc., les frais supplémentaires. Dans
un petit collège, est-ce qu'on va donner les ressources? C'est cela le
sens de ma question, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Oui, l'espoir, M. le Président,
c'est que chaque collège se donnera un directeur des services aux
étudiants. C'est d'ailleurs l'un des principes qui sous-tendent
l'énoncé de politique sur les collèges. Nous pensons que
ces services doivent être développés. Bien sûr, cela
signifie qu'il doit y avoir un responsable de ces services. C'est la raison
pour laquelle nous pensons, premièrement, qu'il doit y avoir un
responsable dans chaque collège et, deuxièmement, que ce
responsable doit siéger au conseil d'administration.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est sûrement
dû à l'heure, parce qu'il me semble que la question que j'ai
posée est très simple. Si vous me dites que cela ne pose pas de
problème, dites-le moi. Je dis: II y a des CEGEP où,
actuellement, il n'en existe pas, parce que ce sont de petits CEGEP. Cela veut
dire des dépenses supplémentaires du point de vue de l'engagement
de ce monsieur ou de cette dame et l'engagement probablement d'une
secrétaire. C'est tout ce que je demande.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il y a sept
CEGEP actuellement où il n'y a pas officiellement de directeur des
services aux étudiants, mais il y a, dans ces CEGEP, des personnes qui
s'occupent de services aux étudiants, de sorte que les collèges
vont être amenés, justement par ces dispositions, comme par,
d'ailleurs, le livre blanc, par l'énoncé de politique, à
nommer un directeur des services aux étudiants.
Mme Lavoie-Roux: J'ai compris, cela explique peut-être
certaines choses. M. le Président, j'imagine que dans les CEGEP
où il n'y en existe pas, si on fait exception du CEGEP auquel vous
faisiez référence, c'est probablement un professionnel qui
remplissait cette fonction, un parapédagogi-que. Vous dites qu'au plan
financier, cela ne présentera pas de problème pour les CEGEP?
M. Morin (Sauvé): Non.
Mme Lavoie-Roux: J'espère qu'ils diront la même
chose. Il reste que cela fait quand même une plus grosse structure au
niveau supérieur. C'était ma question, c'est tout.
Le Président (M. Marcoux): Le deuxième
alinéa et le troisième alinéa sont adoptés?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): M.le Président, comme vous le
savez, j'ai présenté plus tôt un nouveau paragraphe pour
bien indiquer que ce ne sont pas les assemblées de désignation
qui sont convoquées et présidées par l'officier que
désignent les membres du conseil, mais les scrutins prévus par
les paragraphes b) à f) il faudra bien spécifier
que ce n'est plus b) à e), mais b) à f) qui sont
tenus et présidés par l'officier que désignent les membres
du conseil en fonction. En d'autres termes, nous pensons que ces scrutins qui
seront secrets pourraient se développer, pourraient avoir lieu selon
diverses modalités et ne pas avoir lieu nécessairement au cours
d'une assemblée. Ils pourraient s'échelonner, par exemple, sur
toute une journée, de façon à être sûr que les
élus représentent vraiment la base. Je pense que cela
répondra déjà, en partie, à certaines
préoccupations dont nous faisait part tout à l'heure le
député de Jean-Talon, dont je n'épouse pas, par ailleurs,
toutes les idées, parce qu'il y a eu, de la part du gouvernement, dans
ce dossier de la composition du conseil d'administration, un choix
délibéré qui correspond, sans doute, à
l'idée que nous nous faisons de la participation, idée qui n'est
pas la même, de toute évidence, que celle du député
de Jean-Talon.
M. Rivest: J'ai un amendement à proposer à... Tel
qu'amendé par le ministre, cela va, je pense que c'est un bon amendement
de...
M. Paquette: M. le Président, je m'excuse, j'étais
un peu inattentif. Est-ce que la dernière phrase fait partie de
l'amendement? Elle est biffée.
M. Morin (Sauvé): Elle est biffée.
Le Président (M. Marcoux): Elle est biffée.
M. Rivest: M. le ministre, je vais le lire ou je peux vous
expliquer le sens de l'amendement que j'ai l'intention de proposer. L'officier
que désignent les membres du conseil en fonction, étant
donné que dans les paragraphes b), c), d), e) et f), ce sont des membres
qui vont être élus, on se réfère aux gens du
paragraphe a) qui vont désigner l'officier. Est-ce exact?
M. Morin (Sauvé): Non, cela dépend de qui est
membre du conseil...
M. Rivest: Oui, c'est cela.
M. Morin (Sauvé):... au moment où on appelle le
scrutin.
M. Rivest: Oui, d'accord. Pas nécessairement, d'accord. Je
comprends. L'objet de mon amendement, c'est qu'au lieu de désigner un
officier, pourquoi ne pas désigner le secrétaire
général du collège? J'aurais un amendement à
proposer en ce sens. Pourquoi créer un officier d'élection?
Mme La voie-Roux: ...
M. Rivest: II a tout, il a pas d'intérêt personnel
là-dedans. Je vais au moins le présenter et on verra
après. Est-ce que je peux le présenter?
Mme La voie-Roux: Oui.
M. Rivest: L'amendement se lirait comme suit, l'alinéa
amendé se lirait comme suit: Les scrutins et on reprend les
corrections dans le texte du ministre...
Le Président (M. Marcoux): Les scrutins prévus par
les paragraphes b) à f) du premier alinéa sont tenus et
présidés par le secrétaire général du
collège.
M. Rivest: C'est cela. Cela intègre l'amendement du
ministre? Oui. Par le secrétaire général du
collège. Je le propose formellement et on verra.
M. Morin (Sauvé): M.le Président, je suis à
même de répondre immédiatement à la proposition du
député de Jean-Talon, dont je reconnais, par ailleurs, le
caractère pratique. Je sais qu'il est inspiré, dans cet
amendement, par des considérations d'ordre pratique. Ce sont
également des considérations de cet ordre qui nous ont
amenés à choisir plus de souplesse dans l'énoncé de
ce paragraphe. En effet, si nous devions inclure la notion de
"secrétaire général", le poste de secrétaire
général dans cette loi, alors qu'elle ne s'y trouve pas, il
faudrait la décrire, donc revenir au premier article et décrire
qui est le secrétaire général et rendre la structure des
CEGEP encore plus rigide qu'elle ne l'est. Nous avons
préféré nous en remettre au conseil d'administration qui
nommera la personne qui lui paraît la plus apte à conduire ces
scrutins secrets.
M. Rivest: En pratique, certains CEGEP désigneront le
secrétaire général.
M. Morin (Sauvé): II pourrait arriver effectivement qu'ils
désignent le secrétaire général, mais il pourrait
aussi arriver qu'ils désignent une personne qui leur paraît plus
apte à faire marcher ces scrutins secrets.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous retirez
l'amendement?
M. Rivest: A moins que ma collègue de L'Acadie n'ait
d'autres remarques, je n'ai pas d'objection à...
Le Président (M. Marcoux): A retirer l'amendement?
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est retiré.
Nous revenons au paragraphe tel que proposé par le ministre. Est-ce que
le quatrième alinéa sera adopté?
Mme Lavoie-Roux: D'accord, le dernier. M. Morin
(Sauvé): Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): C'est cela. Nous abordons
maintenant le premier alinéa de l'article 9 dudit projet de loi.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai un texte
que j'aimerais vous lire et qui en est simplement un de concordance. Au lieu de
dire a) à c), il faudrait désormais dire a) à c) et dans
f).
Mme Lavoie-Roux: Ajouter le...
M. Morin (Sauvé): f) est inscrit en caractère
italique pour être bien sûr que les employés de soutien sont
également mentionnés dans l'article dont nous abordons maintenant
l'étude.
Mme Lavoie-Roux: Et les étudiants qui n'y sont que pour un
an?
M. Morin (Sauvé): C'est exact. Pour deux ans. Enfin...
Mme Lavoie-Roux: Qui sont pour un an? M. Alfred: Les
étudiants. M. Paquette: Les étudiants.
Mme Lavoie-Roux: Les étudiants, pour un an, c'est ce que
je dis.
M. Paquette: Et les parents pour deux ans.
M. Morin (Sauvé): Et les parents pour deux ans.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour faire la concordance...
Le Président (M. Marcoux): Cet alinéa sera-t-il
adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté. Mme Lavoie-Roux:
Adopté.
M. Morin (Sauvé): Ensuite, le second alinéa, je
pense que c'est le bon sens même qui le dit, qui le dicte. Le mandat de
ces membres énumérés de a) à c) et dans f) ne peut
être renouvelé consécutivement qu'une seule fois. Bien
sûr, c'est pour s'assurer que le roulement est suffisant tout en
s'assurant aussi qu'il y a une certaine continuité dans les conseils
d'administration.
A plusieurs reprises, depuis que je suis au ministère, lorsque
j'ai eu à nommer des membres des conseils d'administration, les
collèges m'ont demandé de renouveler certains membres, justement
pour assurer cette continuité. Je me suis rendu à leur
désir à plus d'une reprise.
D'un autre côté, il ne faut pas que la continuité
soit telle qu'elle mène à l'ossification ou à la
création de postes quasi permanents. C'est la raison pour laquelle il
nous paraît que les mandats ne doivent pas être renouvelés
plus qu'une seule fois, consécutivement, bien sûr.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Mais cela n'exclurait pas, je pense, tel que
c'est formulé, la possibilité qu'un parent, à des
étapes différentes... Par exemple, à un moment
donné, il a un enfant au CEGEP. Il y a un laps de temps qui peut
être même de sept ou huit ans et il peut ensuite se retrouver comme
parent.
M. Morin (Sauvé): Ah oui! Il pourrait même
être étudiant au tout début.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Je parlais en... C'est parce que,
parfois, ils ont acquis une expérience. Cela ne les exclut pas?
M. Morin (Sauvé): D'ailleurs, le mot
"consécutivement" permet à quelqu'un de revenir après
s'être absenté.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, parfait. M. Paquette: II n'est
pas là pour rien.
Le Président (M. Marcoux): Cet alinéa sera-t-il
adopté?
M. Fallu: C'est l'expérience qui me dicte cette question.
Il arrive que des parents tentent, après la fin de leur mandat comme
parents, de se faire nommer comme socio-culturels. Est-ce que le paragraphe
leur permettrait... Est-ce que c'est consécutivement selon la même
catégorie? J'imagine bien que... ou s'il faut avoir recours à la
loi de l'interprétation?
M. Morin (Sauvé): Je pense que c'est "en tant que parents
socio-économiques" et ainsi de suite.
Mme Lavoie-Roux: La qualité...
M. Morin (Sauvé): Donc, cela permettrait de passer...
M. Rivest: Cela permettrait...
M. Morin (Sauvé): Oui, l'interprétation que j'en
donne est celle-là, puisque c'est leur mandat, mais sous-entendu "en
tant que".
M. Rivest: Ce serait intéressant d'introduire cela dans la
réforme de la Loi électorale, le principe que le ministre a
qualifié de bon sens. Le mandat ne peut être renouvelé
consécutivement qu'une seule fois.
M. Morin (Sauvé): Pour les députés? Ce ne
serait pas une mauvaise idée.
M. Paquette: Dans le cas où on serait là trop
longtemps.
M. Morin (Sauvé): A condition que nous puissions nous
mettre d'accord sur la chose, de part et d'autre de l'Assemblée, et
qu'un tel projet ne connaisse pas le sort que certains projets, par
exemple, sur le registre des électeurs, ont connu
récemment.
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez voter l'article 3, soyez
prudents!
Le Président (M. Marcoux): Le deuxième
alinéa est-il adopté?
M. Morin (Sauvé): M.le Président, je ne voulais pas
ouvrir la boîte de Pandore.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous avez de ces tentations auxquelles
vous succombez facilement.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le troisième
alinéa sera adopté? Le deuxième alinéa est-il
adopté d'abord?
M. Morin (Sauvé): Le deuxième alinéa devrait
l'être.
Le Président (M. Marcoux): Oui.
M. Morin (Sauvé): Le troisième se lit comme ceci:
"Toutefois, deux des trois premiers membres visés dans le paragraphe b)
qui se réfère aux enseignants du premier
alinéa de l'article 8 sont respectivement nommés pour un et deux
ans." Le but de cela, c'est la continuité justement, qu'il y ait
renouvellement partiel tous les ans, en quelque sorte.
Le Président (M. Marcoux): Adopté? M. Morin
(Sauvé): Adopté.
M. Rivest: Seulement une question. Est-ce que ces arbitrages,
deux ans, un an, roulement, contenus dans l'entente de l'article 9
évidemment, c'est un peu arbitraire, on pourrait discuter longtemps
est-ce qu'il y a eu des représentations qui ont étâ
adressées au ministère de l'Education sur le fait que pour les
enseignants, il y a deux modes, il y en a un qui est pour un an, l'autre pour
deux ans? Est-ce qu'il y a eu des demandes, autrement dit? Non, c'est le
ministère-Compte tenu de la pratique, d'un objectif de renouveau, de
souplesse et, dans certains cas, de plus grande stabilité, c'est ce qui
guide le...
M. Morin (Sauvé): Exactement. Il n'y a pas eu de
démarche, à ma connaissance.
M. Rivest: Vous dites que cela ne crée pas de tension
lorsqu'un groupe part en grand, parce qu'il y a seulement deux ans...
M. Morin (Sauvé): Non, je ne pense pas.
M. Paquette: Simplement sur cet article, ce ne sera pas
très long, pour ne pas prolonger indûment...
Mme Lavoie-Roux: II est minuit, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Si vous voulez l'adopter avant
minuit, il reste deux minutes.
Mme Lavoie-Roux: II nous reste vingt minutes de droit de parole
sur l'ensemble de l'article.
M. Paquette: Simplement, quand on dit: Deux des trois premiers
membres, c'est simplement lors de la création d'un nouveau CEGEP?
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Paquette: Est-ce que cela veut dire que la rotation se
poursuit par la suite?
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Paquette: On parlait de donner la possibilité aux
enseignants tantôt d'équilibrer leur choix. L'assemblée des
enseignants se réunit et elle choisit, en équilibrant, j'imagine,
en fonction des options.
M. Morin (Sauvé): C'est exact.
M. Paquette: Je me demande si c'est utile de maintenir cette
chose.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 3 tel
qu'amendé sera adopté?
M. Rivest:... qu'on convienne qu'il est minuit.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous savez que j'ai
vingt minutes de droit de parole.
Le Président (M. Marcoux): Vous en avez déjà
utilisé quelques-unes.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas sur l'ensemble de l'article.
Le Président (M. Marcoux): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous m'avez dit tout à l'heure qu'il me
restait 17 minutes.
Le Président (M. Marcoux): ... paragraphe?
Mme Lavoie-Roux: Vous m'interrompez! D'abord, il nous faut le
consentement pour continuer au-delà de minuit. Il faudrait d'abord le
consentement.
Le Président (M. Marcoux): II reste environ trente
secondes.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas sûre de pouvoir faire cela
en trente secondes.
M. Morin (Sauvé): Nous consentons à ce que vous
puissiez continuer.
Mme Lavoie-Roux: Parfait. J'avais assuré le ministre que
nous adopterions l'article 3 ce soir.. Tout ceci pour vous dire que je
n'utiliserai pas mon droit de parole de vingt minutes. Je voudrais, encore une
fois, signaler très brièvement je vous assure que ce sera
60 secondes que la composition du conseil d'administration a
été améliorée quant à l'augmentation d'une
personne des groupes socio-économiques, quant à la nomination
d'un représentant du syndicat du personnel de soutien. Par contre, nous
devrons, en dépit de ces améliorations, adopter sur division
l'article 3. (Minuit)
Nous avions fait un amendement au paragraphe a), touchant la
représentation d'une personne venant des groupes d'éducation
populaire et, compte tenu de la vocation communautaire qui est fort
expliquée, et très longuement, dans le livre blanc...
M. le Président, j'ai de la misère à me
concentrer.
Le Président (M. Marcoux): Je vous écoute.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, je ne parle pas pour eux, je parle
pour le journal des Débats, M. le Président. Alors, ils peuvent
continuer.
Il y avait également ce désir, de notre part, d'essayer
d'assurer un meilleur équilibre de l'en- seignement
général et de l'enseignement professionnel au conseil
d'administration. Nous avons tenté également de défendre
ce principe d'une représentation supérieure des personnes venant
de l'extérieur, qui reste toujours le problème de fond du
fonctionnement des conseils d'administration des collèges,
c'est-à-dire un des aspects importants du mauvais fonctionnement des
conseils d'administration des collèges.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, en dépit, comme
je le disais tout à l'heure, de certaines améliorations qui ont
été apportées, c'est sur division que nous devrons adopter
l'article 3 du projet de loi no 25.
Le Président (M. Marcoux): L'article 3 sera adopté
sur division?
M. Morin (Sauvé): L'article 3 sera adopté, comme
vous le dites, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'a pas pris plus de 60 secondes.
Le Président (M. Marcoux): Article 3 adopté. Si le
leader nous le permet, nous commencerons demain à l'article 4.
La commission ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 0 h 2