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Etude du projet de loi no 24
(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'éducation est réunie pour
poursuivre l'étude article par article des deux projets de loi qui nous
restaient à étudier: le projet de loi no 24, la Loi sur le
Conseil des collèges et le projet de loi no 30, la Loi modifiant la Loi
de l'instruction publique.
Les membres de la commission sont: M. Alfred (Papineau) remplacé
par M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes); M. Goldbloom (D'Arcy McGee)
remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M. Jolivet (Laviolette)
remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Lacoste (Sainte-Anne), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M. Marquis
(Matapédia), M. Morin (Sauvé), M. Paquette (Rosemont).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Desbiens (Dubuc), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)...
M. de Bellefeuille: Remplacé par M. Alfred (Papineau).
Le Président (M. Marcoux): ... remplacé par M.
Alfred (Papineau); M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse; M. Picotte
(Maskinongé) remplacé par M. Rivest (Jean-Talon); M. Samson
(Rouyn-Noranda); M. Springate (Westmount) remplacé par M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce).
Comme nous abordons l'étude d'un nouveau projet de loi, je vous
suggérerais de nommer un rapporteur. Ça peut être le
même. M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Avant que nous abordions l'ordre du jour
d'aujourd'hui, j'aurais une directive à vous demander. Est-il possible
que cette commission fasse rapport à l'Assemblée qu'elle a
adopté article par article le projet de loi no 25 et lorsque ce sera le
cas pour la Loi sur le Conseil des collèges, la même chose quant
au projet de loi no 24?
Je crois que le règlement prévoit des rapports
intérimaires à l'Assemblée et j'aimerais vous demander
comment nous devrions procéder pour rendre effective cette
possibilité. Lorsque vous m'aurez donné votre directive, je
pourrai vous présenter le Conseil supérieur de l'éducation
qui a demandé, comme vous le savez, à être entendu et que
j'ai invité, présumant de l'accueil chaleureux qui lui serait
réservé, à venir assister à notre séance de
ce matin.
Le Président (M. Marcoux): Sur la première question
du rapport intérimaire, je crois que vous avez...
M. Forget: Oui, M. le Président. Là-dessus, je
pense que nous ne ferons pas de difficulté pour donner notre
consentement à ce qu'il y ait un rapport distinct sur l'adoption de la
loi 25.
Pour qu'on se comprenne bien, je pense qu'un tel consentement de notre
part et de la part de l'Union Nationale est nécessaire parce que le
mandat de cette commission portait indistinctement sur trois projets de loi et
que, normalement, le rapport devait porter lui aussi sur les trois projets de
loi dans un document unique. Nous n'avons pas, quant à moi du moins,
d'objection à ce que le rapport soit fait à la pièce, en
quelque sorte, mais je tenais à faire cette précision pour que
notre participation à cette décision ne soit pas mal
interprétée.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a
également consentement de l'Union Nationale?
M. Le Moignan: Je suis d'accord également, M. le
Président, pour hâter la bonne marche de nos travaux. (10 h
15)
Le Président (M. Marcoux): Comme il y a consentement, le
rapporteur des travaux de cette commission, le député de
Sainte-Anne, si je me souviens bien, fera rapport à l'Assemblée
nationale que la commission veut faire un rapport intérimaire indiquant
que le projet de loi no 25 a été étudié article par
article et adopté, dans les meilleurs délais.
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Quant à votre
deuxième...
M. Morin (Sauvé):... je vous remercie et je remercie
l'Opposition de son esprit de collaboration, mais je pose quand même la
question que je vous exposais il y a quelques instants: Est-ce que, de toute
façon, la commission ne pourrait pas le décider sur motion?
Le Président (M. Marcoux): Comme il y avait consentement,
je n'ai pas voulu prendre davantage le temps de la commission et trancher la
question de règlement. J'aurais pu le faire. Disons, si vous tenez
à ce que je le fasse...
M. Morin (Sauvé): Ce n'est...
Le Président (M. Marcoux): On lit à l'article
161.2: Une commission peut en tout temps faire à l'Assemblée des
rapports spéciaux ou intérimaires sur une motion qui ne peut
être faite qu'une seule fois au cours d'une séance.
C'est-à-dire que vous aviez le droit de faire une motion proposant qu'il
y ait un rapport intérimaire de fait disant que, pour un des trois
projets de loi, l'étude était complétée.
M. Morin (Sauvé): C'était simplement pour en avoir
le coeur net sur le plan de la procédure, M. le Président, mais
je remercie...
Le Président (M. Marcoux): Comme il y a un
consentement...
M. Morin (Sauvé):... infiniment les membres...
Le Président (M. Marcoux):... nous évitons le
processus de la motion.
M. Morin (Sauvé): Très bien. S'il en est ainsi, M.
le Président, nous pouvons maintenant procéder à
l'étude du projet de loi no 24, créant le Conseil des
collèges. On sait que de la part...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Morin (Sauvé): Sur un point de procédure?
Mme Lavoie-Roux: Oui, une directive. M. le Président, il
est évident qu'on a convoqué le Conseil supérieur de
l'éducation pour l'entendre. Le ministre dit: On aborde le projet de loi
no 24. En abordant le projet de loi no 24, chacun des membres de la commission
a un droit de parole de 20 minutes. Le Conseil supérieur de l'Education,
je me demande si on ne devrait pas lui donner priorité, comme dans une
commission parlementaire habituelle. Ensuite nous serions libres de faire les
remarques préliminaires que nous voudrions sur le projet de loi 24. En
d'autres termes, je ne voudrais pas qu'on perde notre droit de parole sur les
remarques préliminaires de la loi 24.
Le Président (M. Marcoux): Pour ma part, il est
évident que si la commission acceptait d'entendre le Conseil
supérieur, le droit de parole sur les remarques générales,
comme on le fait de façon régulière, ne serait pas
supprimé. Au contraire. Il est maintenu de façon
évidente.
M. Morin (Sauvé): Cela me paraît aller de soi,
effectivement, M. le Président, et le seul but de mon intervention est
d'annoncer à cette commission ce qu'elle sait déjà, que le
Conseil supérieur de l'éducation, après avoir pris
connaissance du projet de loi no 24, s'est posé un certain nombre de
questions quant à l'interprétation qu'il convenait de donner
à certains articles qui lui paraissent préjuger de la nature et
des fonctions éventuelles du Conseil supérieur de
l'éducation et qui lui paraissent comporter des dispositions qui
pourraient être interprétés de manière à
laisser croire que le Conseil supérieur pourrait être
réduit au rôle de conseil de niveau primaire-secondaire. Comme ces
questions m'ont paru réelles à la suite d'une rencontre que j'ai
eue avec le Conseil supérieur, séance tenante j'ai pris sur moi
de les inviter à la commission ce matin. J'espère que les autres
membres de la commission n'y verront pas un bris de privilège, mais il
m'était apparu la semaine dernière qu'ils étaient aussi
impatients que moi, sinon davantage, de l'entendre. C'est pourquoi le Conseil
supérieur est présent dans la personne de son président,
M. Jean-Marie Beauchemin et de plusieurs de ses membres qui
l'accompagnent. M. Beauchemin pourra les présenter s'il le
désire de façon que nous puissions nous faire une
idée exacte des revendications qu'il a mises de l'avant dans son
télégramme de la semaine dernière.
Je n'ai rien d'autre à ajouter pour l'instant. Nous pourrons tous
revenir sur le projet de loi no 24, sur les propos qui auront été
tenus devant nous dans les séances subséquentes. Je vous signale
simplement que j'ai demandé au conseil, étant donné que
nous devons accomplir encore pas mal de besogne sur le plan législatif,
d'essayer d'être le plus concis possible. S'il était possible
je pense que ce l'est de les entendre sur une période de
trois quarts d'heure ou une heure, je pense que nous pourrions hautement
bénéficier de leur présence. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplement
rassurer le ministre et lui dire que nous ne nous sentons frustrés
d'aucune façon quant à nos privilèges du fait qu'il ait
convoqué le Conseil supérieur de l'éducation parce que
ceci est un désir répété de l'Opposition
officielle. Je me réjouis, par contre, du fait que le ministre se soit
ravisé depuis vendredi dernier, alors qu'il était beaucoup moins
réceptif à ce désir que nous avions exprimé
antérieurement, mais une deuxième fois à la suite d'un
télégramme qui nous était parvenu vendredi dernier.
D'habitude, on dit que la nuit porte conseil. Il semble que la fin de semaine
ait porté conseil au ministre et nous sommes fort heureux d'avoir
l'occasion de pouvoir entendre le Conseil supérieur de
l'éducation au sujet d'un projet de loi qui le touche de très
près. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? Est-ce qu'il y a consentement de la part de l'Union Nationale
pour que nous...
M. Le Moignan: Oui.
Le Président (M. Marcoux): ... recevions le Conseil
supérieur de l'éducation?
M. Le Moignan: Consentement pour les raisons que nous avions
invoquées vendredi et nous sommes très fiers et très
heureux de voir que le Conseil supérieur de l'éducation est
présent ce matin.
Conseil supérieur de l'éducation
Le Président (M. Marcoux): J'inviterais M. Beauchemin
à nous présenter ses collègues. Selon les bonnes habitudes
des commissions parlementaires qu'il connaît, j'en suis sûr,
très bien, je l'inviterais à résumer le contenu de son
intervention en une vingtaine de minutes pour permettre le plus
d'échanges possible entre les membres de la commission et le conseil. M.
Beauchemin.
M. Beauchemin (Jean-Marie): Merci beaucoup, M. le
Président. Je voudrais, dès le début, vous remercier, M.
le Président, ainsi que M. le ministre de nous avoir invités
à cette rencontre. L'ensemble des membres du conseil, des membres de ses
commissions et de ses comités vous savent certainement gré de
cette rencontre.
Avant de vous présenter les membres qui m'accompagnent, je
voudrais tout de suite dire qu'il est inhabituel, bien sûr, pour le
conseil de se présenter en commission parlementaire. Le conseil a
toujours voulu éviter de se mêler à des débats
politiques. Il est sans doute dans l'ordre qu'une commission parlementaire
prolonge les débats de l'Assemblée nationale. Le conseil donne
habituellement ses avis directement au ministre pour la préparation des
règlements et des projets de loi. Si le conseil a décidé
de se présenter devant la commission parlementaire, c'est que nous
sommes dans une situation assez exceptionnelle parce que c'est le conseil
lui-même qui se trouve en cause par le projet de loi no 24. Le conseil
lui-même, réuni jeudi et vendredi dernier, comme l'a
mentionné le ministre de l'Education tout à l'heure, a
demandé d'être entendu en commission parlementaire. Nous vous
savons gré de nous avoir invités et de bien vouloir nous
écouter. Nous nous en tiendrons à la procédure telle
qu'indiquée.
M'accompagnent M. Raymond Paré, secrétaire du conseil, Mme
Azilda Marchand, présidente de la commission de l'enseignement
collégial et membre du conseil; M. Jean Proulx qui est membre du conseil
et qui préside la commission de l'enseignement élémentaire
au conseil; à ma droite, M. Marcel Pepin, membre du conseil; M.
Gaétan Daoust, membre du conseil et président de la commission de
l'éducation des adultes; M. Paul-Emile Gingras, membre du conseil et
président de la commission de l'enseignement universitaire au Conseil
supérieur de l'éducation; derrière moi, M. Jacques
Lamarche qui, jusqu'à assez récemment occupait aussi un poste de
secrétaire du conseil est actuellement directeur des communications au
conseil.
Nous avons, en nous présentant à la commission
parlementaire, deux objectifs qui nous ont été, à toutes
fins utiles, assignés par l'assemblée plénière des
membres du conseil de ces commissions et comités, qui a
été tenue la semaine dernière et qui a donné
l'occasion de présenter le télégramme que vous connaissez.
Ce matin, nous nous proposons, dans l'exposé, de vous dire ce qu'est
exactement la pensée du conseil concernant le Conseil des
collèges mais, tout particulièrement, sous l'angle de ses
répercussions sur l'avenir du Conseil supérieur lui-même.
En deuxième lieu, cela découle possiblement de la première
partie, nous allons vous suggérer des propositions d'amendement. Je
pense qu'il est dans l'ordre de le faire étant donné que la
commission parlementaire aborde l'étude article par article de ce projet
de loi. Sans d'autre préambule de ma part sur la pensée du
conseil, j'ai demandé à deux de mes collègues de vous
expliquer la pensée des avis de novembre et de février dernier.
D'abord, M. Jean Proulx va rappeler l'essentiel de l'avis du conseil.
Mme Lavoie-Roux: On était loin d'être sûr de
voir le conseil ce matin, alors, est-ce qu'on peut avoir des copies des deux
rapports pour remettre aux membres de la commission? J'en ai un, mais mes
collègues n'en ont pas.
M. Morin (Sauvé): Nous pourrions peut-être, M. le
Président, faire photocopier le document que j'ai ici en main, mais je
pense que la plupart des membres l'ont déjà. Oui, je vois qu'il y
en a deux de ce côté. Peut-être pourrait-on faire un partage
équitable? Quelle générosité! Je remercie le
service de recherche.
Le Président (M. Marcoux): Quant aux membres du parti
ministériel, il faudrait qu'ils fouillent...
M. Morin (Sauvé): De sorte que, M. le Président,
presque tout le monde a son exemplaire puisque nous l'avions abordé la
semaine dernière.
Le Président (M. Marcoux): Plusieurs avaient eu une bonne
présomption et avaient apporté le document.
Mme Lavoie-Roux: Les ministériels? Les ministériels
avaient peut-être eu un avis plus long que le nôtre.
M. Morin (Sauvé): Non, je regrette, M. le
Président. Je ne sais pas ce que veut sous-entendre le
député de L'Acadie, mais j'ajouterais, puisque Mme le
député soulevait la question tout à l'heure, que la
semaine dernière nous n'étudiions pas le projet de loi no 24,
nous étions dans le projet de loi no 25. Maintenant, nous avons
abordé le projet de loi no 24, portant création du Conseil des
collèges, et il n'est que juste dans cette perspective que nous
entendions le Conseil supérieur de l'éducation. Chaque chose en
son temps.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si je ne m'abuse, je
pense que le Conseil supérieur de l'éducation avait aussi quelque
chose à dire sur le projet de loi no 25 et non uniquement sur le projet
de loi no 24. Ils ne vous ont fait aucune réflexion sur le projet de loi
no 25?
M. Morin (Sauvé): En tout cas, pas dans nos tractations
récentes. Je pense que ce qui les intéresse, c'est le Conseil des
collèges et ses répercussions.
Le Président (M. Marcoux): M. Beauchemin.
M. Beauchemin: M. le Président, à la suite de la
question qui vient d'être posée, nous devons dire que ce matin
nous avons mandat, de par l'ensemble des membres, de parler du projet de loi no
24 et non pas de revenir sur le projet de loi no 25.
M. le Président, si la commission est prête, M. Jean Proulx
va résumer l'essentiel de la pensée du conseil.
M. Proulx (Jean): L'essentiel de notre avis du 9 février
pourrait se résumer en quelques mots. Nous disons oui à un
Conseil des collèges et même à des conseils de niveaux
à la condition qu'il existe quelque part un organisme qui soit
l'équivalent d'un Conseil supérieur de l'éducation, sur
lequel on pourra revenir un peu plus loin. Notre avis du 9 février
reconnaît l'existence de deux paliers de consultation, de deux ordres de
questions éducatives, deux niveaux de questions en matière
d'éducation, ce que, d'ailleurs, la commission Parent avait
déjà reconnu en créant un Conseil supérieur de
l'éducation avec des commissions plus spécialisées.
Ces deux niveaux de questions pourraient se résumer ainsi.
Premièrement, il semble que le ministre et le gouvernement ont besoin
d'avis spécifiques, d'avis plus techniques, plus
spécialisés, sur des questions scolaires propres à un
niveau en particulier, donc besoin d'avis spécifiques, nous
semble-t-il.
A côté de ces avis spécifiques nécessaires,
il nous semble que le ministre et le gouvernement ont aussi besoin d'avis sur
des orientations de fond, sur les grandes priorités en matière
d'éducation, sur des politiques générales en
matière d'éducation qui regroupent aussi bien le domaine scolaire
que le domaine non scolaire. (10 h 30)
Donc, premier point de notre avis, reconnaissance de ces deux paliers de
consultation dans la foulée, d'ailleurs, de la commission Parent qui
l'avait reconnu, il y a longtemps.
Deuxièmement, conséquemment, nous reconnaissons la
nécessité de deux types d'organismes consultatifs, deux niveaux
de travail. Le premier niveau c'est évidemment celui des conseils qu'on
a appelés sectoriels ou conseils de niveau, dont le mandat est
précisément de donner des avis au ministre sur des
problèmes plus spécifiques à un niveau et des
problèmes plus techniques propres à un niveau d'enseignement.
Il nous paraissait aussi évident que ces conseils de niveau
seraient davantage un lieu de compétence et d'expertise que le Conseil
supérieur lui-même. Comme exemples de problèmes de niveaux,
il y a la composition des conseils d'administration des collèges, un
régime pédagogique particulier, des objectifs de niveaux, la
répartition des ressources, enfin, etc., un ensemble de problèmes
qui concernent les différents niveaux.
Le deuxième type d'organisme qui nous semble nécessaire,
c'est un conseil de l'éducation national dont les fonctions seraient les
suivantes. Il nous semble que ce conseil de l'éducation national devrait
avoir pour fonction très claire et très nette une fonction de
représentation du milieu; ce serait une sorte de commission
d'enquête permanente pour déceler les besoins en éducation
au sein même de la population et au sein de la socié- té en
constante évolution. Donc, une fonction de représentation non
exclusive d'une fonction d'expertise, mais une fonction de
représentation qui devrait être prédominante dans un
Conseil supérieur de l'éducation.
Il nous semble que ce conseil de l'éducation national ou Conseil
supérieur de l'éducation devrait être un lieu où
soient donnés des avis de coordination non seulement entre les niveaux
scolaires, mais même entre le domaine scolaire et le domaine non scolaire
de l'éducation; que ce soit en quelque sorte un lieu qui pourrait
être considéré comme un sommet éducatif, un lieu de
concertation en éducation. Une autre fonction, évidemment,
très importante que nous pensons que le conseil de l'éducation
national devrait assumer, c'est de donner des avis sur les orientations
d'ensemble, sur les grandes politiques éducatives et ceci, en
conformité avec les différents livres blancs parus
dernièrement dans une perspective d'éducation permanente, dans la
perspective de l'élaboration d'une cité éducative et dans
la perspective d'un développement culturel de la communauté
québécoise. Des exemples de ces questions d'orientation
d'ensemble qui sont déjà traitées en particulier au
conseil: le problème des valeurs, par exemple, dans les projets
éducatifs; le problème de l'égalité des chances qui
dépasse largement le monde scolaire; le problème de la
qualité de l'éducation qui dépasse tous les niveaux
scolaires; le problème de l'éducation des adultes dans une
perspective d'éducation permanente, c'est évident que cela
dépasse non seulement les niveaux, mais l'ensemble de l'institution
scolaire; le problème de la confessionnalité du réseau
public; le problème de ce qu'on appelle maintenant l'école
parallèle, c'est-à-dire, par exemple, la télévision
comme moyen de formation, comme moyen d'éducation; tous les
problèmes d'éducation populaire, etc. C'est simplement pour
donner quelques exemples de problèmes qui dépassent chaque niveau
et qui dépassent même le monde scolaire. Donc, en
résumé, deux types d'organismes, des conseils de niveau, mais qui
devraient s'articuler avec un conseil de l'éducation national.
Evidemment, en dernier lieu, dans notre avis, nous prévoyons des
liens que nous avons appelés fonctionnels et organiques, le plus
possible, entre ces conseils de niveau et un conseil de l'éducation
national. C'est évident qu'en termes de liens fonctionnels ce seraient
des liens d'information absolument nécessaires, des liens administratifs
aussi sur lesquels nous sommes en train de réfléchir
présentement au conseil, des liens de type organique aussi par le mode
d'une représentation. Chacun des organismes de niveau, à notre
avis, devrait être représenté au sein du Conseil de
l'éducation national. C'est évident, par ailleurs, que le conseil
de l'éducation national, pour nous, ne devrait pas être
formé que de la somme des représentants des différents
niveaux, mais il devrait avoir en son sein les représentants de ces
différents niveaux scolaires.
En terminant, je dirais tout simplement qu'il nous semble que le projet
de loi no 24 devrait ga-
rantir l'existence d'un conseil supérieur avec un mandat aussi
large, mandat de fonction de représentation, de coordination et d'avis
sur des politiques éducatives d'ensemble. Il ne nous semble pas, pour
l'instant, que le projet de loi no 24 nie ce conseil mais il ne garantit pas
non plus l'existence d'un tel conseil. Or, c'est l'essentiel de notre avis: oui
à un Conseil des collèges, oui à des conseils de niveau,
à condition qu'il existe un Conseil supérieur de
l'éducation ou un Conseil de l'éducation nationale.
M. Beauchemin: Merci, M. Proulx. M. Gaétan Daoust va
formuler la suggestion d'amendement que j'ai annoncée
antérieurement. M. Daoust.
M. Daoust (Gaétan): M. le Président,
l'interprétation qui a été donnée au conseil et
dans ses commission et comités, c'est-à-dire ses 150 personnes,
de même que parfois dans le public, comme cela a été
reflété dans certains journaux, c'est que la création d'un
Conseil de collège avait pour effet de réduire le Conseil
supérieur de l'éducation à un Conseil de l'enseignement
élémentaire et secondaire. C'est peut-être une
interprétation abusive; elle est fondée d'une part sur des
déclarations explicites et implicites et, d'autre part, sur une certaine
lecture du projet de loi no 24, notamment à l'article 16, où l'on
dit: "Le conseil peut, avec le Conseil des universités et le Conseil
supérieur de l'éducation, préparer et soumettre au
ministre de l'Education des rapports conjoints sur des questions
d'intérêt commun concernant l'éducation."
Normalement, dans une énumération, on cite des choses
d'une même nature. Une lecture ou une interprétation
spontanée de cet article laisse entendre ou peut laisser entendre que le
Conseil des collèges dont il est question dans le projet de loi, le
Conseil des universités et le Conseil supérieur de
l'éducation avec lesquels ce conseil à créer se
coordonnera, sont de même nature. Il nous paraîtrait beaucoup plus
explicite et conforme aux voeux des membres du Conseil supérieur de
l'éducation et de ses commissions de diviser cet article de façon
qu'il soit bien clair que les trois conseils dont il s'agit sont, d'une part,
pour deux d'entre eux des conseils de niveaux: le Conseil des collèges
et le Conseil des universités, et, d'autre part, un Conseil
supérieur de l'éducation à modifier peut-être, mais
dont il serait dès l'abord entendu qu'il n'est pas un conseil de
niveaux, mais qu'il a pour fonction, d'une part, d'assurer la coordination si
elle est nécessaire entre les niveaux d'enseignement et avec le concours
des conseils de niveaux et, d'autre part, de soumettre au ministre des avis qui
débordent les niveaux, comme il vient d'être dit, pour toucher les
questions extrêmement importantes qui sont celles de l'éducation
extrascolaire.
L'amendement que nous voulons suggérer pourrait se lire comme
suit: Le Conseil des collèges peut, avec le Conseil des
universités, préparer et soumettre au ministre de l'Education des
rapports conjoints sur des questions d'intérêt commun et, avec le
Conseil supérieur de l'éducation, des rapports conjoints sur
toute question relative à la coordination, d'une part, entre les niveaux
d'enseignement et, d'autre part, entre le système scolaire et
l'éducation non scolaire.
Un amendement de cette nature rendrait clair que même si l'on
crée un Conseil des collèges, ce contre quoi le Conseil
supérieur de l'éducation n'a pas fait d'objections, il n'en
demeure pas moins qu'un conseil d'éducation nationale ou un conseil
supérieur de l'éducation dont il est question dans cet article
conserve un mandat qui déborde les questions de
l'élémentaire et du secondaire, concerne l'ensemble des niveaux
et toute question relative à l'éducation non scolaire.
M. Beauchemin: Peut-être que d'autres de mes
collègues aimeraient aussi dire quelques mots. M. Gingras.
Le Président (M. Marcoux): Pourriez-vous
répéter votre proposition d'amendement?
M. Daoust: Répéter l'amendement? Il consiste tout
simplement à diviser en deux l'article de façon à
expliciter le caractère spécifique de chacun de ces conseils. Le
Conseil des collèges peut avec le Conseil des universités
préparer et soumettre au ministre de l'Education des rapports conjoints
sur des questions d'intérêt commun et, avec le Conseil
supérieur de l'éducation il s'agit toujours du Conseil des
collèges qui le peut avec le Conseil supérieur de
l'éducation des rapports conjoints sur toute question relative
à la coordination, d'une part, entre les niveaux d'enseignement et,
d'autre part, entre le système scolaire et l'éducation non
scolaire.
Le Président (M. Marcoux): Donc, d'ici à ce que
nous abordions l'étude article par article, on verra après
à le transcrire et à le photocopier.
M. Daoust: Cela va?
Le Président (M. Marcoux): Merci beaucoup.
M. Daoust: M. Gingras.
M. Gingras (Paul-Emile): J'ajouterai simplement comme
explicitation à ce que M. Daoust vient de dire que ce qui
préoccupe l'ensemble des comités, commissions et le Conseil
supérieur lui-même, c'est de voir les textes et les
déclarations faites prêter facilement à
l'interprétation que le Conseil supérieur de l'éducation
va devenir, à côté du Conseil des collèges et du
Conseil des universités, un conseil des écoles. Le Conseil
supérieur, après avoir longuement discuté de cette
question, est en principe favorable à la création de conseils
sectoriels, mais il croit à l'existence, en dehors de ces conseils
sectoriels, à un conseil de l'éducation nationale, un conseil
supérieur. Ce qui prête encore à l'interprétation
dans les textes et dans les déclarations, c'est que le rôle que
l'on soupçonne être éventuellement celui du Conseil
supérieur de l'éducation se limiterait à un rôle de
relations in-
tersectorielles. Le conseil supérieur, comme l'a dit Jean Proulx
précédemment, se voit cette fonction de coordination et de
concertation des conseils sectoriels, mais il se voit aussi un rôle dans
d'autres dimensions. Actuellement, dans les déclarations faites et dans
les textes, il n'y a absolument rien qui assure que l'avenir du Conseil
supérieur s'en va positivement de ce côté. Au contraire. Il
y a plutôt des gestes qui commencent à démembrer le
conseil. On joue sur l'avenir du conseil en lui enlevant sa Commission de
l'enseignement collégial. Demain, il est facilement prévisible,
en lisant le rapport Angers, qu'une refonte de la Loi du Conseil des
universités enlèvera au conseil sa Commission de l'enseignement
supérieur. Mais l'avenir du conseil semble se jouer par
réduction. Le conseil, à ce moment-ci, étant donné
l'importance qu'il accorde à son existence et à son niveau de
préoccupation, tient à saisir l'Assemblée nationale de ce
problème fondamental pour l'avenir de l'éducation au
Québec.
M. Beauchemin: Merci, M. Gingras. M. le Président, au lieu
de poursuivre des exposés, l'essentiel étant dit, nous sommes
prêts à répondre aux questions qu'on pourra nous poser. (10
h 45)
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie beaucoup ainsi
que tous vos collègues. M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je me
réjouis tout d'abord permettez-le moi d'entendre à
nouveau le Conseil supérieur de l'éducation appuyer la
création d'un Conseil des collèges, à la condition qu'il a
mentionnée tout à l'heure, celle qu'il existe l'équivalent
d'un Conseil supérieur de l'éducation pour traiter des questions
de politique générale, y compris celles qui sont liées au
domaine non scolaire et qui transcendent les différents niveaux de notre
système d'éducation.
J'aurais une première question qui est celle de la coordination
du travail du Conseil des collèges avec celui du Conseil
supérieur de l'éducation. Il y a quelques instants, après
l'exposé général, on nous a proposé une
modification de l'article 16. Je voudrais être bien sûr que je
saisis ce qu'on entend par cette modification et j'aimerais demander à
l'un ou l'autre des intervenants comment il conçoit, dans le concret, la
coopération entre le Conseil des collèges et le Conseil
supérieur de l'éducation, notamment lorsque des questions
soulevées par le Conseil des collèges transcendent le niveau
collégial proprement dit.
M. Beauchemin: M. le Président, je pense qu'il faut
d'abord affirmer, en réponse à la question, que nous voyons une
complète autonomie de chaque conseil, et tout particulièrement du
Conseil des collèges dans le champ de sa compétence,
c'est-à-dire dans le champ de l'éducation collégiale. En
ce qui concerne toute question qui pourrait dépasser ce champ de
compétence, l'amendement proposé par M. Daoust viendrait
suppléer, viendrait donner un pouvoir au Conseil des collè- ges
et je serais porté à dire un devoir de se concerter avec les
autres conseils et avec le Conseil supérieur de l'éducation. Mais
je laisserai à M. Daoust le soin d'expliquer davantage cette partie qui
est explicite dans son amendement.
M. Daoust: M. le Président, le conseil a, jusqu'ici,
débattu des principes. Bien sûr que la création de conseils
de niveau pose, de façon plus aiguë encore, un problème qui
était déjà présent au fonctionnement du Conseil
supérieur de l'éducation qui comportait des commissions de
niveau. Avant de le soumettre comme avis, nous avions proposé qu'un
comité conjoint soit créé, comité conjoint
comportant des représentants du ministre, du Conseil supérieur de
l'éducation, du Conseil des universités et du Conseil des
collèges à créer, si c'était possible, et qui
proposerait, en tenant compte des intérêts de chacun de ces
conseils, de mécanismes permettant cette coordination tant au niveau des
services administratifs que du fonctionnement même, de la concertation
qui doit s'opérer lorsqu'il y a un problème d'inter-niveau.
L'avis du 9 février que vous avez devant les yeux comportait, à
la page 10, la proposition suivante: que soit formé un groupe de travail
composé, entre autres membres, des représentants du ministre de
l'Education, du Conseil supérieur de l'éducation, du Conseil des
universités et de milieux impliqués, qui aura pour mandat de
concrétiser, dans des structures administratives et des mesures
législatives, les liens jugés nécessaires entre les divers
organismes de consultation. Nous ne sommes pas allés plus loin dans
cette concertation, dans l'explicitation ou l'examen de la façon dont se
structurent ces relations-là, conscients de ce que, en l'occurrence, le
Conseil supérieur de l'éducation n'était pas le seul agent
impliqué et ayant à protéger des intérêts et
son autonomie dans cette concertation.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai eu
l'occasion de rencontrer récemment, il y a peut-être dix ou quinze
jours peut-être un peu davantage, je ne sais plus, le temps passe
si vite en ce moment un comité du Conseil supérieur de
l'éducation dont faisaient partie, je pense, le président, bien
sûr, mais également Mme Marchand et M. Proulx.
Nous avons examiné ensemble l'avis du conseil ou ce qui pourrait
éventuellement tenir lieu d'avis du conseil quant au mécanisme
qui permettrait aux organismes de consultation dans le domaine de
l'éducation de se concerter et quant à la façon dont on
pourrait s'assurer qu'à côté des conseils de niveau il
existe un conseil supérieur de l'éducation ou un conseil de
l'éducation nationale, comme l'appelait M. Proulx. Vous en étiez,
à ce moment-là, à votre troisième version, je
pense, d'un document de travail. Est-ce que vous avez pu avancer dans ce
travail de consultation? Est-ce que je puis rn'attendre à recevoir assez
bientôt un avis du Conseil supérieur de l'éducation sur
tout le domaine de la consultation dans le secteur de l'éducation?
M. Beauchemin: M. le Président, dans la
présentation du projet évoqué par M. le ministre, il est
bien dit que le document de travail vise à illustrer la pensée du
conseil telle qu'affirmée par l'ensemble du conseil en février.
Vous retrouvez, d'ailleurs, en ce qui concerne le Conseil des collèges
et le Conseil de l'éducation, dans ce document de travail mot à
mot les objets de consultation distincts que le conseil a acceptés en
février pour le Conseil des collèges, d'une part, et pour le
Conseil de l'éducation, d'autre part. Ce travail a été
poursuivi à partir de la fin d'avril, alors que nous avons
rencontré M. le ministre et nous nous sommes arrêtés le 4
mai dernier à une huitième version. Pourquoi autant de versions?
D'abord, parce que le comité sur l'avenir des organismes de consultation
formé par le conseil et qui est ici représenté
pratiquement en son entier par M. Proulx, Mme Marchand, M. Gingras et
moi-même, fait des consultations à gauche et à droite pour
savoir ce qui serait le mieux comme composition, comme mécanismes de
coordination, etc. Depuis la rencontre avec le conseil en février, le
comité de consultation rencontre, soit comme comité, soit par ses
membres individuellement, différents groupes de personnes,
différentes fédérations, différentes associations
pour enrichir son projet.
Depuis que nous avons présenté au ministre le document de
travail 5 ou 6, nous n'avons pas eu de rencontre avec le conseil de telle sorte
qu'aujourd'hui nous ne pouvons pas dire que les mécanismes qui sont
prévus dans ce document de travail sont présentement la
pensée du conseil, à l'exception toutefois je le
répète des objets de consultation qui y sont inscrits,
parce que ce document part des principes et même du détail
élaboré en ces points par le conseil lui-même. Le conseil,
à sa plénière, la semaine dernière, a soumis
à tous les membres certains aspects de ce document de travail no 8 dont
je fais état pour connaître la pensée de nos membres, des
comités confessionnels et des commissions avant de retourner au conseil
sur ces questions, par exemple: Est-ce que les comités confessionnels
doivent être rattachés à un conseil de
l'élémentaire-secondaire ou plutôt, rattachés
à un conseil de l'éducation, la dimension religieuse faisant
possiblement partie du projet global éducatif du Québec? Voici
comment je répondrais à la question. Je pense que Mme Marchand
voudrait ajouter quelque chose ainsi que M. Proulx.
Mme Marchand: M. le Président, je pense que, si les
travaux du comité ne se sont pas poursuivis comme nous le souhaitions,
c'est qu'il est quand même arrivé des événements de
deux natures. D'abord, je pense que, pour que le comité puisse
poursuivre du travail positif, il doit être assuré de certains
principes de base, soit de l'existence même des conseils et de leur
mandat, d'une part.
Deuxièmement, il est arrivé un autre facteur à
savoir qu'il y a eu la déposition du projet de loi no 24, des
déclarations en Chambre. De part et d'autre, il se fait des
interprétations. Je serais tentée de vous dire de faire
écho aux interprétations de M. et Mme Tout-le-monde qui, dans
leur esprit, à la suite des différents événements,
nous disent, quand nous les rencontrons: Le Conseil supérieur de
l'éducation va disparaître. J'admets que c'est peut-être
exagéré, mais c'est ma perception. Dans ce cadre, nous avons
senti le besoin de proposer cet amendement précisément pour
garantir l'existence même et le mandat du Conseil supérieur de
l'éducation et pouvoir poursuivre des travaux d'ordre administratif et
d'ordre de relation. Une chose a été clairement
désignée dans notre avis de février, cela répond
à la question de tout à l'heure, à savoir que si nous
acceptions la création de contrôles sectoriels relevant
directement du ministre, c'est que nous acceptions que ces conseils soient
parfaitement autonomes, donc, ne relèvent pas du Conseil
supérieur de l'éducation. Par ailleurs, le Conseil
supérieur de l'éducation continue d'exister, il est aussi
autonome et relève aussi du ministre de l'Education.
M. Proulx (Jean): J'ajouterais que le document de travail qui
circule au conseil, qui s'intitule projet de loi sur les organismes
consultatifs en éducation, s'attache à essayer de préciser
le mandat des différents conseils, leur composition, les modes de
nomination et surtout aussi les rapports fonctionnels et organiques dont nous
parlions dans notre avis du 9 février. Donc, il s'attache à
préciser ces choses, mais toujours en supposant ou en
présupposant l'existence d'un Conseil supérieur de
l'éducation avec le mandat large que nous avons essayé de
définir tout à l'heure. Donc, je pense que c'est important
à signaler. C'est évidemment une réflexion sur tout le
mécanisme des rapports, des compositions et des nominations, mais il
présuppose l'existence d'un Conseil supérieur avec le mandat que
nous lui avions donné.
M. Beauchemin: M. Pepin voudrait ajouter, M. le
Président.
M. Pepin (Marcel): M. le Président, j'aimerais demander au
ministre s'il ne serait pas prêt à donner suite à la
recommandation que nous lui faisions à la page 10 tel que cité
par Gaétan Daoust précédemment. Cette recommandation, nous
la faisions au mois de février. Je pense que si on lui avait
donné suite, il aurait été plus facile pour le conseil,
parce que là on avait travaillé avec le représentant du
ministre de l'Education, du Conseil des universités, des milieux
impliqués. On aurait pu aller un peu plus rapidement. Je me demande si
aujourd'hui le ministre ne pourrait pas nous dire qu'il serait d'accord pour y
donner suite et ainsi, ce que nous avons fait déjà comme travail
pourrait être apporté comme contribution et cela permettrait
d'obtenir un meilleur éclairage.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je
répondrai d'emblée à cette question. Une fois le Conseil
des collèges créé, parce que je crois que les
membres de ce conseil voudront également mettre leur grain de sel
dans cette discussion, je crois qu'il sera opportun de créer un groupe
de travail pour tenter de voir quelle structure administrative et quel lien
pourrait être nécessaire entre les divers organismes de
consultation. J'attendrai d'avoir nommé les membres du Conseil des
collèges. Je ne voudrais pas nous mettre dans une situation où
ceux-ci une fois nommés viendraient protester de ce que nous n'avons pas
su attendre qu'ils fussent nommés pour les consulter au même titre
que les autres.
Je ne suis certainement pas fermé à l'idée d'un
comité de travail, d'autant qu'à ce moment,
présumément, nous aurons devant nous votre version du document de
travail telle qu'elle aura été adoptée par le Conseil
supérieur de l'éducation. Je présume et j'aimerais bien
que ce document de travail aboutisse un jour ou l'autre à un avis du
Conseil supérieur de l'éducation. J'avais cru comprendre que
c'était destiné à devenir un avis. J'ose espérer
qu'il en sera ainsi, parce que je vous ai dit que j'attendrais cela avant
d'envisager des réformes de structures. (11 heures)
M. Pepin: Est-ce que vous me permettriez, M. le ministre?
M. Morin (Sauvé): Je vous en prie.
M. Pepin: Merci, M. le ministre. Je pense qu'on peut donner un
avis. Une fois qu'on aura donné un avis, on va être gelé
avec l'avis. On peut se déplacer et dire: On va épouser d'autres
thèses. Mais il me semble que, pour donner un avis valable ou le plus
valable possible, il nous faut travailler avec d'autres. Je comprends fort
bien, nous ne voulons pas éliminer les représentants du futur
Conseil des collèges si l'Assemblée nationale l'adopte. Je ne
sais pas si l'Assemblée va l'adopter ou non, vous non plus, on ne le
sait pas. Vous savez que ma position c'était contre, mais je ne reviens
pas là-dessus, ce n'est pas mon problème. Mais je pense quand
même que, si vous voulez avoir un avis le plus valable possible, il faut
travailler avec les autres niveaux et avec vos représentants à
vous. Si vous nous laissez travailler seuls, on va prendre position et, une
fois qu'on aura pris position, nos délégués à ce
comité vont avoir tel mandat. Je pense qu'il faut être plus souple
que cela.
M. Morin (Sauvé): Néanmoins, je tiens à
avoir votre avis, parce que cela pourrait servir de base de discussion. Je
tiens à avoir cet avis, parce qu'autrement le terrain sera trop mouvant
pour que nous puissions avoir des discussions utiles.
M. Pépin: II ne faudrait pas qu'il soit miné non
plus.
M. Morin (Sauvé): J'ai donc demandé à votre
président de me faire parvenir cet avis le plus vite possible; le plus
tôt je l'aurai, le plus tôt nous pourrons nous mettre au
travail.
M. Beauchemin: Si vous me permettez, M. le Président,
j'ajouterais un mot sur cette question. Il est assez présomptueux et
peut-être même dangereux pour le conseil de donner un avis complet
comme il serait désirable, parce qu'à ce moment et le
document de travail en fait état nous devons prendre certaines
décisions sans avoir l'avis des principaux intéressés.
Alors, dans la pensée du conseil, il était dangereux d'imaginer
un avis de détail sans, je dirais, travailler, par exemple, avec le
Conseil des universités; sans cela on risque d'arranger, comme on dit
couramment, le Conseil des universités sans trop savoir, ou avoir
certaines informations dont nous avons besoin, sans quoi on peut se faire
traiter d'ignorants sur certains aspects.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pourrions-nous
convenir de ceci? Vous compléteriez votre document de travail et nous
lui conserverions ce titre, si vous le désirez. Ce ne serait pas un avis
définitif du conseil, mais un document de travail qui pourrait servir
à tout le monde. Par la suite, quand il y aura eu concertation avec les
autres niveaux, alors vous pourriez nous fournir un avis. Est-ce que cela
serait de nature à faciliter les choses?
M. Beauchemin: Oui, je pense que ceci est dans l'ordre du respect
des autres groupes et je pense que le conseil y accédera facilement.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, en ce qui me
concerne, je suis tout à fait prêt à fonctionner de cette
façon. Pour l'instant, j'en ai terminé et je
préférerais laisser la parole à mes collègues de la
commission.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je tiens à
remercier les membres du Conseil supérieur de l'éducation d'avoir
insisté pour se présenter à cette commission parlementaire
qui discute présentement de deux projets de loi, dont un en particulier
pourrait avoir des répercussions importantes pour le Conseil
supérieur de l'éducation lui-même.
J'ai plusieurs questions à vous poser. Evidemment, certains ont
interprété le désir de l'Opposition officielle de
rencontrer le Conseil supérieur de l'éducation comme un
désir de politiser des choses. J'avais donné l'assurance et je la
redonne encore aujourd'hui, c'est qu'on se prépare à prendre des
décisions importantes, et je ne veux pas qu'on les prenne par la porte
d'en arrière mais par la porte d'en avant. Le Conseil supérieur
de l'éducation, par sa constitution même, la loi qui le
régit en fait un organe de la population. En a-t-il fait suffisamment un
organe de la population? Je vous poserai la question tout à l'heure,
mais cela me semble extrêmement important.
J'ai quelques questions à vous poser, je ne veux pas vous mettre
dans une situation difficile, mais je voudrais quand même, étant
donné que
vous êtes un organisme indépendant, que je suis certaine
que les seuls intérêts qui vont vous guider également, ce
sont les intérêts de la population dont vous êtes les
représentants... Vous serait-il apparu plus sage que soit d'abord
modifié le Conseil supérieur de l'éducation quant à
sa constitution, ses objectifs, ses fonctions, enfin toutes les
modalités auxquelles on peut penser, avant de créer le Conseil
des collèges? Pour ma part, j'ai l'impression que l'on marche un peu
à l'envers. Il y avait d'abord des commissions au Conseil
supérieur de l'éducation, commissions de l'enseignement
collégial, de l'enseignement élémentaire, secondaire,
universitaire, etc.
Est-ce que d'après vous il aurait été plus sage de
redéfinir si c'était nécessaire, toute la fonction du
Conseil supérieur de l'éducation et ses objectifs avant de
s'attaquer à créer des conseils particuliers ou des conseils
sectoriels?
M. Beauchemin: Cette question-là, M. le Président,
a été longuement débattue à partir de novembre au
conseil. Je pense que je peux affirmer que je peux affirmer qu'il est beaucoup
plus facile et logique pour l'esprit d'avoir un paysage global avant de placer
dans ce paysage certains éléments comme le Conseil des
collèges. D'ailleurs, ceci a fait l'objet de certaines dissidences et
tout particulièrement celle de M. Gaétan Daoust. M. Daoust peut
ajouter quelque chose, je pense, sur cette question qui l'a lui-même
préoccupé.
M. Daoust: M. le Président, j'ai cru devoir, pour la
première fois depuis que je siège au conseil, soumettre une
dissidence écrite assez élaborée. J'étais
effectivement de cet avis qui n'était peut-être pas partagé
par l'ensemble du conseil, qui se rendait aux arguments en faveur de la
création d'un Conseil des collèges avant même de recevoir
le rapport de la commission d'étude sur les universités et avant
même que nous ayons, de la part du ministère de l'Education et du
ministre, une vue d'ensemble des politiques éducatives qui doivent
régir l'ensemble du système et l'ensemble de l'éducation
au cours des prochaines années.
Le gouvernement a estimé le ministère a
estimé préférable de procéder d'une autre
manière, de nous soumettre d'abord une politique de niveau primaire et
secondaire, ensuite une politique de niveau collégial et incessamment
une politique, j'imagine, d'enseignement supérieur à la suite du
rapport de la commission Angers.
J'estimais, pour avoir travaillé, d'une part, au niveau
collégial et au niveau universitaire, et m'être occupé
longuement de l'éducation des adultes, qui pose chaque jour des
problèmes de coordination extrêmement importants et qui ne sont
pas des problèmes administratifs et encore moins des problèmes
théoriques, qui sont des problèmes très concrets
d'étudiants adultes qui constituent désormais la majorité
des étudiants au Québec dans le système scolaire et qui ne
s'accommodent que très difficilement de l'existence ou d'un
système d'éducation qui est défini par niveau, que si cela
va bien pour des jeunes, dont on dit que normalement, naturellement, ils
passent d'un niveau à l'autre, quand, dans la vie on revient
étudier, porteur de toute une expérience et surtout de
problèmes très spécifiques qui naissent de cette
expérience, on s'accommode moins facilement de cette
division-là.
J'estimais qu'il était urgent, par exemple, de définir au
Québec une politique d'enseignement post-obligatoire et non pas des
politiques d'enseignement collégial et ensuite d'enseignement
universitaire. J'estimais en conséquence que ce besoin-là
n'était pas satisfait par la présentation de politiques de
niveau, à la suite desquelles, on nous l'a répété
récemment, on aurait des politiques verticales. Par exemple, en
éducation des adultes, quand vous avez commencé par
définir des politiques d'enseignement primaire et secondaire, sans vous
occuper des adultes et c'est dit explicitement qu'on a
délibérément omis de s'en occuper. C'est dit dans la
préface ou le préambule au livre vert, et dans le livre blanc sur
l'enseignement collégial on nous dit que c'est très important,
mais que ça fait encore l'objet de discussions et de réflexions,
on est porté à penser et je pense qu'on est
justifié de le penser qu'une fois ces politiques de niveaux
élaborées et une fois engagés les budgets, on n'aura,
comme politique d'éducation des adultes, que des politiques
résiduelles.
C'est après coup, après avoir fait les jeux qu'on s'occupe
d'une population désormais devenue majoritaire dans nos institutions
d'enseignement postobligatoire. Je trouve cela malheureux. Peut-être
qu'un certain type de cohérence, et je la respecte, amène les
responsables de l'éducation au Québec, parce que c'est plus
facilement tangible, que cela touche des choses plus concrètes, à
procéder de la sorte. Encore une fois, je trouve cela malheureux et, en
conséquence, j'étais contre non pas le principe et la
nécessité de la création d'un Conseil des collèges,
mais contre la création d'un Conseil des collèges à ce
moment-ci en raison du défaut pour le moment d'une politique plus
globale qui nous permette de voir un peu où se situe le CEGEP à
l'intérieur de cette politique et où se situent les
universités.
M. Beauchemin: M. le Président, si vous me le permettez et
sans doute que mon collègue, Gaétan, me le permettra,
l'explication qui vient d'être donnée vise la dissidence d'un
membre. Le conseil en a débattu très longtemps, c'est une
question fondamentale, mais le conseil a pris la décision d'appuyer la
fondation d'un Conseil des collèges. C'est pour cela que, dans l'avis de
février, il est affirmé que nous croyons à la
nécessité d'un Conseil des collèges. Cette affirmation
vient d'autres éléments aussi, d'éléments internes,
d'expériences que nous avons avec nos commissions, expériences
qui nous amènent depuis 1974, même si nous ne l'avons pas
demandé officiellement, à penser à des modifications
fondamentales aux relations entre commissions et conseil. Là-dessus, je
pense que Mme Marchand pourrait vous donner plus d'éclairage encore.
Mme Marchand: M. le Président, la position du Conseil
supérieur de l'éducation faisait suite à une étude
de la commission de l'enseignement collégial qui s'était
prononcée en faveur de la création d'un Conseil des
collèges. Il serait peut-être bon de savoir pourquoi. D'abord, il
y a deux éléments majeurs. Il faut dire que c'était dans
la foulée de la présentation du livre blanc et que les membres de
la commission étaient très conscients qu'il y avait un mandat et
un rôle, un fonctionnement à donner à ce Conseil des
collèges, qui serait très important pour l'avenir des
collèges et qu'il était peut-être justifié qu'on
forme le plus tôt possible le Conseil des collèges afin de les
faire participer à cette mise en place et à la préparation
de certaines orientations que devrait prendre ce conseil. C'est une des raisons
majeures. Il faut bien remarquer que les membres de la commission, à mon
sens, sont des gens de même nature que ceux qui vont créer le
Conseil des collèges et qu'ils l'ont fait d'une façon
complètement désintéressée puisque ce sont tous des
spécialistes de niveau, sauf deux ou trois personnes qui sont de
l'externe des collèges à cette commission.
Par ailleurs, comme vient de le dire le président, cela remet
aussi et les membres étaient très conscients, et des
commissions et du conseil en cause le fonctionnement même des
organismes du conseil. Donc, pour être plus expéditif et plus
efficace, très souvent, il aurait été
préférable que certains avis puissent passer directement d'une
commission au ministre, ce qui n'était pas prévu
généralement dans nos constitutions. Donc, pour toutes ces
raisons, on croyait, d'une part, qu'il y avait un besoin de créer ce
conseil pour qu'on puisse le consulter et, d'autre part, qu'au niveau du
fonctionnement, de l'autonomie même de ce conseil, cela pourrait
être plus efficace, plus expéditif. Mais on était aussi
conscient, par exemple, que ce n'était pas un blâme pour le
Conseil supérieur de l'éducation parce que cela suppose qu'il y
aura des ressources humaines et financières différentes de ce
qu'on a au Conseil supérieur de l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ceci m'amène
à ma deuxième question que vous avez quand même
abordée passablement. Via les conditions du Conseil supérieur de
l'éducation, on aurait pu croire ou espérer que ces commissions
sectorielles puissent remplir de telles fonctions avec ce qu'on projette
d'accorder comme pouvoirs au Conseil des collèges. Une chose que je
voudrais établir au point de départ: les membres de ma formation
politique ont voté pour le principe du Conseil des collèges parce
qu'il est évident qu'à chaque niveau il y a des besoins. (11 h
15)
Voici ma question précise. Pourquoi les commissions n'ont-elles
pas été capables de remplir les fonctions qui normalement leur
étaient dévolues? Est-ce pour des raisons financières?
Est-ce parce que les gens étant beaucoup plus spécialisés
au niveau de chacune des commissions, des rapports de pression pouvaient
s'exercer entre le
Conseil supérieur lui-même et chacune de ces commissions?
C'est parce que là, on va créer une autre structure qui va quand
même être coûteuse. Y a-t-il des raisons importantes? Je
pense que tout le monde s'entend pour dire que chaque niveau a ses
problèmes particuliers. Là-dessus, il n'y a pas de
problème. Alors comment les aborde-t-on de la meilleure façon,
à des coûts qui soient raisonnables, tout en
s'assurantd'atteindrelesobjectifsqu'on se propose? Qu'est-ce qui n'a pas
fonctionné au niveau des commissions du Conseil supérieur de
l'éducation qui fasse qu'on sente le besoin de créer des conseils
sectoriels? Est-ce pour des raisons d'autonomie, des raisons de manque de
ressources ou autres?
Mme Marchand: Deux petites raisons me viennent à
l'idée qui pourront être complétées par un de mes
collègues. Il faut dire que, d'une part, il y avait déjà
un Conseil des universités dans le paysage. Cela supposait quand
même qu'on s'en allait vers des structures un peu semblables. D'autre
part, peut-être que traditionnellement, au Conseil supérieur de
l'éducation, on a pris très au sérieux notre rôle
consultatif, un point, c'est tout. Tandis qu'il semble qu'on s'oriente un peu
vers un rôle je ne veux pas le qualifier d'ordre un peu
plus fort, plus vigoureux, un peu plus administratif. Et c'est peut-être
une des raisons pour lesquelles on s'est dit: Un conseil qui aurait un mandat
clairement défini peut peut-être aller plus loin dans les
conditions actuelles que les commissions au Conseil supérieur de
l'éducation. Ce qui nous amenait, évidemment, après avoir
établi des principes, à revoir un peu le fonctionnement.
M. Beauchemin: Je pense qu'on aurait pu procéder à
un redressement des commissions pour atteindre les mêmes buts que le
projet de loi qui est devant nous présentement, en modifiant la Loi du
Conseil supérieur, en précisant et en donnant des devoirs
précis à chacune des commissions et en leur donnant l'autonomie
dont elles ont besoin pour être efficaces, rapides, pour répondre
à des demandes d'avis venant du ministère.
M. Gingras a aussi quelque chose à ajouter là-dessus.
M. Gingras: Pour avoir expérimenté la situation
d'une commission de l'enseignement supérieur à côté
du conseil pendant les sept dernières années et avoir
périodiquement rencontré les membres du Conseil des
universités, je pense que je suis de ceux qui ont favorisé la
création de conseils de collèges comme de conseils des
universités quitte à les réformer, parce qu'il y a
vraiment deux types de questions à discuter autour des tables. Je pense
que la composition du Conseil supérieur qui se voulait essentiellement
le porte-parole de l'opinion publique auprès du ministre sur les
consultations pour les choses d'intérêt général a
fait qu'autour de la table, il y a eu un constant malaise depuis la
création du conseil, en tout cas, depuis les sept ans que j'y suis.
Lorsqu'une question très spécifique, très technique,
spécialisée
concernant un niveau vient sur la table, vous avez des experts qui
parlent s'il y en a et pendant ce temps, M. ou Mme Tout-le-Monde
a de la difficulté à s'intégrer dans ce genre de
discussion.
Par ailleurs, lorsqu'une commission particulière a
étudié assez à fond un problème très
technique, disons de financement de publications universitaires dans le milieu,
cette question, rendue au niveau du Conseil supérieur ne passait pas
facilement la rampe non plus. Il nous est apparu c'est ce qui est la
base de notre avis du 9 février qu'il y aura toujours deux
niveaux de consultations nécessaires et que ces niveaux doivent faire
l'objet d'organismes autonomes responsables. Le président et moi vous
disions qu'on aurait pu travailler la Loi du Conseil supérieur de
l'éducation compte tenu de l'expérience et faire de la Commission
de l'enseignement collégial un conseil des Collèges autonome avec
les responsabilités qu'on peut lui confier et enlever cette
responsabilité au Conseil supérieur de l'éducation. Qu'on
fasse des organismes distincts va probablement clarifier davantage les choses
après expérience faite.
Mme La voie-Roux: M. le Président, au tout début,
quand M. Proulx a fait sa présentation, il a tenté de situer le
problème de l'éducation permanente ou de l'éducation des
adultes. Je pense que c'était M. Proulx, si je ne m'abuse; en tout cas,
un d'entre vous. Une question très spécifique m'intéresse
au sujet de la création du Conseil des collèges. On y
prévoit une commission de l'évaluation et une commission de
l'enseignement professionnel, strictement pour le niveau collégial. Il
me semble qu'il y a là deux problèmes qui transcendent le niveau
collégial. Ils sont très apparents au niveau collégial,
mais ils le sont à tous les niveaux, particulièrement si on parle
de l'enseignement professionnel au niveau scolaire, au niveau collégial
et même au niveau universitaire. Est-ce que vous êtes d'accord
qu'immédiatement on attache deux commissions très
spécifiques, mais strictement au niveau collégial? Je peux me
tromper, vous êtes des experts ou, enfin, vous connaissez les milieux. Il
y a des gens du milieu collégial et autres. Est-ce qu'il ne devrait pas
s'agir de deux commissions qui soient constituées de telle façon
qu'elles puissent articuler tous les niveaux à l'égard des
problèmes particuliers qu'on y rencontre? Je pense
particulièrement à l'enseignement professionnel. Ce pourquoi je
fais de l'association avec l'éducation permanente, c'est que
l'éducation permanente aussi, dont on parle peu dans le livre blanc et
nulle part ailleurs, transcende un niveau particulier.
M. Beauchemin: M. le Président, les trois sujets
évoqués par le député de L'Acadie sont des sujets
qui concernent tous les paliers, bien sûr, et qui transcendent les
niveaux. Nous ne sommes pas des experts, tous des experts, mais nous en
comptons au moins un sur l'évaluation. Je lui laisse le soin de
répondre à votre question. M. Gingras.
M. Gingras: Le conseil, au mois de février, à
l'article 5.2c a donné sa position sur le problème de
l'évaluation en disant que ce serait le rôle du Conseil des
collèges de proposer des mesures d'évaluation appropriées
comme moyen de favoriser l'atteinte des objectifs relatifs à la
qualité de l'enseignement et la poursuite de la mission sociale des
établissements dans leur milieu, attendu qu'un Conseil des
collèges à caractère consultatif n'assumerait pas
directement la fonction de l'évaluation, ni, contrairement à ce
que propose le projet du gouvernement, n'en fournirait non plus les services.
Je pense qu'il y a là les éléments essentiels de la
position du conseil, c'est-à-dire que nous croyons que tout conseil de
niveau, dans ses conseils qu'il donne au ministre, doit tenir compte de la
situation existante pour faire l'état et le conseil, lui, a besoin
d'évaluer une situation. Alors, il ne peut pas échapper à
une mission, au fond, de l'évaluation de situations.
D'autre part, je suis d'avis que le conseil doit dire au ministre
quelles devraient être les orientations d'une politique
d'évaluation dans un secteur déterminé, et cela devrait
être le rôle particulier de tous les conseils. Là où
la question est plus délicate, c'est de savoir si un conseil de niveau
doit devenir un corps d'inspecteurs et évaluer les politiques des
institutions et faire des rapports aux collèges en plus de faire rapport
au ministre. Là, je dis: Nous sortons peut-être d'une dimension
conseil pour entrer dans une dimension administration. A ce moment-là,
se pose tout le problème de la responsabilité en
évaluation du ministère de l'Education, la Direction de
l'enseignement collégial dans le cas, des collèges
eux-mêmes et d'un Conseil des collèges. La troisième
dimension au problème, c'est celle de fournir aux collèges des
services.
Evidemment, ce n'est pas moi qui vais reprocher au gouvernement,
après dix ans de travail dans ce secteur particulier de
l'évaluation, de promouvoir l'évaluation des pratiques
institutionnelles. Nous en avons grand besoin. Cela répond à un
besoin de la base qui est exprimé partout et le climat est mûr, je
pense, pour qu'il se fasse quelque chose. Cependant, il faudrait distinguer le
rôle conseil au ministre, le rôle évaluation de situation
pour fonder des conseils au ministre et l'organisation d'un service aux
institutions. Là, c'est plus grave d'avoir, parallèlement, trois,
quatre ou cinq services au niveau des universités, au niveau des
collèges, au niveau des écoles, au niveau des institutions
parascolaires.
Je pense qu'il y aurait quand même lieu et je pense que
ceux qui sont venus en commission parlementaire les 4 et 5 juin vous l'ont,
d'un commun accord, assez bien recommandé plutôt que de
grossir la fonction de chacun des conseils de niveau, d'avoir quelque part un
centre d'évaluation qui alimente les conseils sectoriels et les
institutions pour faire ce que le conseil ou les institutions ont à
faire chacun dans leur domaine respectif.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a quelqu'un qui pourrait
commenter sur la commission de l'enseignement professionnel?
M. Beauchemin: Mme Marchand?
Mme Marchand (Azilda): J'aurais seulement une remarque dans ce
sens, qui correspond peut-être un peu à vos préoccupations.
Sans mettre en doute je ne veux pas justement la qualifier, que ce soit
une commission ou autre chose le besoin qu'il y ait une étude
particulière de l'enseignement professionnel au collégial, il
reste très clair que c'est un besoin qui doit exister à tous les
paliers. Par conséquent, il y aura quand même un besoin au Conseil
supérieur de l'éducation, sinon aux commisions d'un groupe de
travail qui va se pencher sur le sujet. Je ne sais pas si cela répond un
peu à votre question. C'est de l'ordre des préoccupations
sectorielles et aussi de l'ensemble.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question. Je ne sais pas si
le ministre a donné jusqu'à maintenant une garantie très
claire qu'il y aurait un conseil qu'on l'appelle supérieur de
l'éducation ou qu'on l'appelle conseil national de l'éducation.
Il a dit: J'attends encore vos derniers avis sur les mécanismes et tout
cela, mais comment pensez-vous que vous allez pouvoir fonctionner? On
enlève la Commission des collèges; il reste la Commission de
l'éducation des adultes; il reste encore, je pense, la Commission des
universités, si je ne m'abuse, ou est-ce qu'elle est disparue?
M. Beauchemin: Non, elle existe encore. Elle remplit une fonction
que n'a pas remplie tellement jusqu'à maintenant le Conseil des
universités. Nous avons toujours pris contact avec le président
et le secrétaire du Conseil des universités à chaque
année durant au moins les cinq dernières années pour
établir un plan d'activité, un programme de travail qui ne double
pas si vous voulez le travail de l'un ou l'autre des
conseils.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que pour fonctionner vraiment selon la
philosophie que vous développez, dans le deuxième ordre de
consultation, ce serait important que vous vous départissiez de toutes
les autres commissions qui existent présentement parce que vous allez
rester boiteux? Vous avez le Conseil des collèges où il est
totalement parti, c'est-à-dire la commission et le Conseil des
collèges. Les autres? On a une commission des adultes et on n'a pas
encore de politique d'éducation permanente ou même de politique
d'éducation des adultes très cohérente. Pendant combien de
temps allez-vous cheminer comme cela? Est-ce que cela vous crée des
problèmes ou si cela ne vous en crée pas? Je pense que vous
êtes venus nous dire ce matin que dans votre propre articulation, votre
propre fonctionnement, cela va vous créer des problèmes.
Là, vous perdez un membre complet. Les autres restent toujours en
suspens jusqu'au moment où on décidera qu'ils sortent. Est-ce que
vous avez réfléchi à ces choses? Est-ce que cela vous
convient? Est-ce que vous voulez faire des recommandations dans un avenir
prochain?
M. Beauchemin: Vous touchez justement là si vous
voulez la base même du document de travail que nous
élaborons. Nous cherchons à avoir une vue d'ensemble, une
politique globale de la consultation en éducation, une politique qui
tienne compte des deux plans dont le conseil a fait état en
février. Les trois objets de consultation que vous avez
mentionnés: L'enseignement professionnel, l'éducation des adultes
et l'évaluation, sont trois objets que nous attribuons jusqu'à
maintenant dans un document de travail à un conseil de
l'éducation. Mais dans ce document de travail, dans ce plan global, on
essaie de prévoir la collaboration des autres conseils à des
travaux sur des questions comme celles-là. M. Gingras, qui a
l'expérience de ce chevauchement, va ajouter quelque chose, je
pense.
M. Gingras: Je pense qu'on ne peut pas vous dire aujourd'hui
autre chose que ce que le document de travail dit à l'heure actuelle
parce qu'il n'y a pas eu de discussion approfondie au niveau du conseil
même. Si vous prenez le document de travail au point où il en est,
je pense qu'il y a un des articles qui dit: A côté du Conseil des
collèges, du Conseil des universités et du Conseil des
écoles, il y a un Conseil de l'éducation qui a telles fonctions.
(11 h 30)
A l'intérieur de ce conseil, il n'y a pas de commissions
permanentes. Et l'expérience longuement vécue nous pousse,
à ce moment-ci, à faire cette proposition au conseil, encore une
fois; ce n'est pas une proposition du conseil au ministre, à ce
moment-ci. En élaborant le document de travail, ceux qui y participent,
le comité de la consultation dont nous sommes ici quatre membres, sont
davantage favorables à la constitution de groupes de travail ad hoc pour
les questions d'intérêt commun qui doivent être l'objet
premier du conseil supérieur, laissant les commissions, au fond, aux
conseils sectoriels.
Mme Lavoie-Roux: Monsieur, est-ce que le Conseil supérieur
de l'éducation a fait une évaluation ce n'était
probablement pas votre rôle; c'est le rôle du ministère ou
du gouvernement de le faire du point de vue des coûts que
l'organisation ou la mise en place des structures sectorielles peuvent
impliquer? Est-ce que cela vous semble, au point de vue de l'utilisation des
ressources financières, la meilleure façon de procéder ou
si vous avez des suggestions à faire?
M. Beauchemin: Le conseil comme tel n'a pas fait encore une
analyse des coûts tel que vous en parlez, mais le président, en
tout cas, du conseil, lui, comme administrateur du conseil, a essayé de
prévoir ce que peut coûter chacun des conseils à partir de
l'expérience soit du Conseil des universités ou soit du Conseil
supérieur. Je pense qu'un
conseil a besoin pour fonctionner au minimum de quinze personnes, plus
le personnel auxiliaire, bref, d'environ un demi-million. Mais la Commission de
l'enseignement collégial, par exemple j'ai des chiffres plus
précis nous demande, y compris le partage des coûts
généraux d'administration, au très gros maximum tout
près de $200 000. Il y a des coûts directs imputables à la
commission, mais il y a des coûts indirects, comme l'administration du
centre de documentation que partagent les commissions, bien sûr, et les
comités confessionnels. Je ne suis pas prêt, à ce
moment-ci, mais, pour que cela fonctionne d'une façon efficace, compte
tenu des objets de consultation, des demandes de consultation, c'est aux
environs d'un demi-million tout compris. C'est le paiement des honoraires qui
coûte le plus cher effectivement, ainsi que les frais de voyage des
membres; c'est là que le gros du budget est dépensé, du
côté des frais pour les membres.
On l'oublie souvent: le Conseil supérieur comprend huit
organismes. Ce n'est pas un conseil comme les autres de quinze personnes. Le
conseil comprend 24 personnes, mais, en plus de cela, en vertu de la loi, nous
avons cinq commissions comprenant quinze personnes qui doivent, en vertu de la
loi, se réunir au moins quatre fois par année. Nous avons aussi
les deux comités confessionnels qui émargent au même budget
et qui partagent les services. Les deux comités confessionnels ont,
comme vous le savez, des tâches administratives aussi; si vous voulez,
ils préparent des règlements, ils font la reconnaissance, etc. En
réalité, le budget global du conseil, qui est de $1 490 000 pour
l'année en cours, doit se partager entre huit organismes. Il y a
vraiment là des économies. Je ne sais pas si je réponds
à la question.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est peut-être difficile de
répondre d'une façon plus précise. Quel est, selon vous,
dans la perspective de la création de conseils sectoriels,
l'équilibre à établir entre la représentation des
secteurs et le nombre global de membres du conseil lui-même qui
continuerait d'exister?
M. Beauchemin: Je dirais que la première chose importante,
c'est que les membres soient nommés en fonction des objets ou en
fonction du mandat qu'ils devront accepter ou qu'ils accepteront en acceptant
d'être membres. Si les mandats ou les objets de consulation sont des
objets spécialisés, par exemple, si on demande à un
conseil des avis sur le financement de l'enseignement, je pense qu'à ce
moment, une des qualités fondamentales de la majorité des
membres, je ne dis pas la totalité, c'est de connaître un peu le
milieu collégial afin de pouvoir comprendre.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, je me suis mal exprimée,
c'est la formation du Conseil supérieur de l'éducation qui
subsisterait et non pas la formation du Conseil des collèges.
M. Beauchemin: Mutatis mutandis, j'allais simplement dire que
suivant les objets de travail du Conseil de l'éducation, qui sont les
objets qui transcendent chacun des niveaux, et la liaison avec le public, il
est très important d'avoir des membres qui saisissent le pouls de la
population, mais aussi qui ont une vue globale de l'ensemble de
l'éducation. Il y a dans l'avis, si je ne me trompe pas, de
février, des indications à 5.3 assez
précises à ce sujet. Il n'y a pas lieu de songer à des
spécialistes de matières ni uniquement à des
professionnels oeuvrant à divers types dans les collèges tout en
comptant... Je m'excuse, un autre article concernant le conseil de
l'éducation, 4.3.
Je ne sais pas si vous voulez que je le lise, mais l'article 4.3 de
notre avis de février répond directement à la question qui
est posée.
Mme Lavoie-Roux: Normalement, est-ce que vous croyez qu'il
devrait y avoir un équilibre en faveur de gens ne provenant pas de
secteurs spécialisés.
M. Beauchemin: Certainement.
Mme Lavoie-Roux: dans quelle proportion?
M. Pepin: Madame, quant à la proportion, je ne sais pas
encore, mais je suis sûr d'après l'expérience que je vis au
Conseil supérieur que s'il y a changement de structures comme on tend
à vouloir le faire, il faudra qu'au Conseil national de
l'éducation il n'y ait pas uniquement ce que j'ai appelé des
professionnels de l'éducation. Il faut éviter que ce monde se
retrouve de nouveau ensemble et uniquement dans un style un peu corporatif, non
pas parce que ces gens le veulent, mais parce qu'ils sont pris avec leurs
préoccupations. Il ne faudrait pas éliminer des professionnels,
mais dans quelle proportion? Je ne saurais le dire. Quand on arrive d'un milieu
comme le milieu syndical d'où je viens, on est surpris d'entendre ce
langage un peu hermétique. Cela se comprend. De même quand on
parle d'une convention collective, c'est un langage aussi hermétique.
Quand on parle de l'éducation, c'est aussi un langage très
hermétique. J'ai plutôt l'impression que s'il y avait un conseil
qui transcende tous les niveaux, il faudrait y avoir plus de personnes qui ne
sont pas des professionnels de l'éducation. D'ailleurs, à la
limite, si on y réfléchissait, peut-être uniquement des
personnes qui n'en sont pas, ayant cependant des aviseurs qui en sont. Cela
pourrait être une piste à travailler, mais je n'ai pas encore de
réponse définitive.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je suis très heureux, M. le
Président, qu'à la suite de votre télégramme de la
semaine dernière, le ministre de l'Education nous fournisse l'occasion,
ce matin de vous entendre ici en commission parlementaire. On comprend
très
bien les inquiétudes que le projet de loi no 24 suscite
auprès des membres du Conseil supérieur de l'éducation.
J'aurais peut-être deux ou trois petites questions pour obtenir certaines
précisions. D'abord, M. Pepin mentionne quelques lignes de sa dissidence
on ne parlera pas de cela, il est un homme libre, comme tous les autres
de votre conseil votre crainte, c'est de voir le Conseil
supérieur de l'éducation affaibli par l'adoption du projet de loi
no 24. Vous aimeriez que ce conseil soit unifié, fort et autonome.
Etant donné les réticences qui se manifestent dans votre
groupe et étant donné que Mme Marchand a mentionné tout
à l'heure le fait de garder la Commission de l'enseignement
professionnel au lieu de créer un Conseil des collèges.
J'aimerais savoir, M. Pepin, comment vous voyez ce Conseil des collèges
face à votre existence actuelle, où vous semblez tout de
même jouer un rôle dans le moment. Qu'est-ce que le nouveau Conseil
des collèges vient faire pour affaiblir vos positions ou pour diminuer
un peu le rôle et le mandat que vous avez?
M. Beauchemin: Vous posez la question à M. Pepin?
M. Le Moignan: A M. Pepin ou à un autre...
M. Pepin: Je vais répondre avec ma dissidence tout
simplement; je m'excuse pour la majorité du conseil, mais je vais vous
dire ce que je pense tout simplement. J'ai livré une bataille au conseil
pour qu'on s'oppose à la création du Conseil des collèges,
non pas que je ne croyais pas qu'il n'y aurait pas lieu d'avoir un lieu
spécialisé pour traiter du Conseil des collèges. Je me
suis dit, à la lecture des événements, que le Conseil
supérieur lui-même doit rester très unifié et que,
si on crée plusieurs conseils de niveau, et avec même un conseil
qui va devenir transcendant de tous les niveaux, le ministre ou le
ministère pourra choisir ses avis. A un niveau, ça va pouvoir
faire son affaire possiblement et, rendu au grand conseil, non. Alors de quel
avis va-t-il s'agir? Il me semble qu'avoir autant de personnes nommées
à divers conseils ça va les affaiblir tous les uns et les autres.
Je croyais que le Conseil supérieur je n'aime pas le mot
"supérieur", parce que je pense que, dans le temps de M. Duplessis, il
nous disait: II y a Conseil supérieur du travail; comme il n'y a pas
d'hommes supérieurs au Québec, on va abolir le conseil
supérieur. Je pense qu'il faudrait changer évidemment...
M. Le Moignan: Vous n'étiez pas là à ce
moment-là?
M. Morin (Sauvé): Une pensée comme cela ne nous a
jamais effleurés à l'endroit du Conseil supérieur de
l'éducation...
M. Pepin: Ah bon!
Mme Lavoie-Roux: Je suis bien contente de vous l'entendre dire,
M. le ministre.
M. Pepin: Moi aussi je suis très heureux. Je pense donc
qu'on va affaiblir le conseil lui-même en créant divers conseils
de niveaux. J'avais pensé qu'une nouvelle structuration aurait pu se
faire pour donner beaucoup plus de force au conseil. J'estime, dans
l'état actuel de l'éducation au Québec, que le
ministère de l'Education est devenu un corps très lourd, et
personne ne peut faire grief du fait que le ministère de l'Education
c'est un gros ministère. Il y a beaucoup de choses à faire. Alors
il me semblait qu'on avait besoin d'un contrepoids très fort à
côté du ministère de l'Education et cela, pas parce que les
uns sont mauvais et que les autres sont bons, il n'y a pas de tueurs dans la
société de ce côté-là, mais je pensais qu'il
valait mieux avoir un contrepoids très fort à côté
du ministère de l'Education, qui doit donner son avis très
autonome et très libre. Si vous multipliez les conseils, je pense que
vous allez affaiblir ce type de consultations. Cependant, cet avis n'est pas
retenu par la majorité des membres du conseil. J'ai tenu quand
même à donner mon avis, ma dissidence par écrit pour dire
exactement dans quelle position je me trouve et ce que je pense de la
situation. Je me rallie cependant à la décision majoritaire du
conseil. J'accepte la démocratie tout simplement.
M. Le Moignan: Si je posais la même question à M.
Beauchemin, étant donné l'évolution qui se fait,
étant donné votre présence ici aujourd'hui, étant
donné certaines réticences ou oppositions dans beaucoup de
niveaux du milieu de l'enseignement, à preuve certains
télégrammes qui nous arrivent de certains CEGEP, par exemple, qui
demandent le retrait de la loi 24 et de la loi 25 pour obtenir une meilleure
consultation populaire avant l'adoption de ces projets de loi. Comment
voyez-vous, M. Beauchemin, le Conseil des collèges tel que
proposé, en fonction du rôle que vous accomplissez en ce
moment?
M. Beauchemin: M. le Président, la tâche m'est
très facile de répondre à la question. Je partage l'avis
du conseil tel que donné en février et il nous apparaît
essentiel qu'il existe des conseils pour aider le ministère à
planifier et à administrer l'ensemble ou chacun des réseaux.
Autrement dit, il y a un besoin précis qui commande, à notre
avis, et je partage entièrement encore une fois l'avis global du
conseil.
Pour répondre aux demandes, pour l'avoir vécu
moi-même comme sous-ministre autrefois, le ministère a besoin
d'avis techniques spécialisés, et le conseil le reconnaît.
Mais nous sommes ici ce matin, parce que nous croyons qu'il est essentiel aussi
qu'il y ait à côté de ça, en pleine autonomie, un
conseil de l'éducation pour s'occuper de problèmes qui
transcendent les niveaux et pour éviter la division de la pensée
sur différents sujets entre différents conseils
spécialisés. (11 h 45)
Mais il est très important aussi de ne pas laisser cela on
l'a mentionné tout à l'heure mais
j'insiste là-dessus uniquement aux professionnels de
l'éducation et quand on parle des professionnels de
l'éducation, on parle d'administrateurs aussi bien que de professeurs de
l'éducation car on veut que la population puisse librement
s'exprimer sur des problèmes. Un conseil comme le Conseil
supérieur de l'éducation en a fait d'ailleurs l'expérience
durant les quatre ou cinq dernières années au moins. Même
au début il fait des audiences pour écouter la population, il
fait des visites régulièrement dans les écoles. Il a tenu
des audiences auprès de la population des différents secteurs. Le
conseil reçoit aussi les différentes fédérations et
associations qui existent pour entendre leur point de vue avant de donner des
avis. Les avis du conseil, dans toute la mesure du possible, sont basés
sur ce que la population ou les organismes intéressés nous
disent. M. Gingras.
M. Gingras: J'aimerais ajouter un élément
d'éclaircissement qui tablerait sur des expériences
concrètes. J'ai beaucoup de respect pour le Conseil des
universités et je pense que sa vocation est essentielle, comme celle du
Conseil des collèges. Cependant, il y a des terrains sur lesquels nous
travaillons beaucoup plus facilement au Conseil supérieur de
l'éducation qu'au conseil des universités. Je prends, par
exemple, les préoccupations de la commission de l'enseignement
supérieur ou du Conseil supérieur de l'éducation; elles
touchent les universités périphériques, la formation
fondamentale et la fonction sociale de l'université. Je ne pense pas que
ces trois sujets le sous-ministre de l'Education était à
Trois-Rivières avec le conseil, la semaine dernière, et le
recteur de l'université nous a dit que c'étaient vraiment trois
de ses préoccupations en principe et en pratique seront
abordés par le Conseil des universités avec la même
attention la fonction sociale que par la commission de
l'enseignement supérieur, préoccupé que le conseil est des
problèmes de programmes, des problèmes de financement, des
problèmes de recherche et préoccupé de la présence
des intérêts des gens qui siègent au conseil aussi, qui
sont très différents de ceux du Conseil supérieur de
l'éducation.
Si je prends un autre exemple, je vous dirais: Vous allez recevoir un
avis du Conseil des universités sur le livre vert, sur la recherche
scientifique, et vous allez en recevoir un venant de la commission de
l'enseignement supérieur, du Conseil supérieur de
l'éducation. Je pense que ce serait honnête de regarder les deux
types de recommandations que vous allez recevoir là-dessus. Je pense
qu'ils se sont inspirés de deux types de préoccupations qui
incarnent bien... Je serais très surpris que, venant du Conseil des
universités, il n'y ait pas une note qui privilégie, comme
à la commission Angers, certaines dimensions, qu'il ne faut pas oublier,
d'enseignement et de recherche dans les universités et des besoins des
universités, de ressources, etc., pour améliorer leur affaire.
Tandis que nous allons certainement insister davantage de la part du public sur
la façon dont nous percevons la situation de la recherche scientifique
dans les universités et nous serons peut-être plus critiques que
le Conseil des universités ne peut l'être face à un
problème comme celui-là.
Je pense que cela peut signifier, même sur des objets qui
apparemment sont communs, des abordages dont l'un est plus technique et l'autre
plus voix du peuple auprès du ministre. Je pense que le ministre peut
tirer partie des deux types d'avis. A la condition, encore une fois, qu'on
réussisse à se concerter. Une concertation, cela se fait avec la
bonne volonté des deux parties en présence.
M. Le Moignan: M. Gingras vient de mentionner le Conseil des
universités. On nous a remis la semaine dernière des documents
très importants. Vous avez le Conseil supérieur de
l'éducation, vous avez le projet de loi no 25 qui est au début de
son cheminement, à ses premiers balbutiements, ce n'est pas encore
très clair. Vous avez vous-même tout à l'heure fait une
motion concernant l'article 16; on ne sait pas de quelle façon ce sera
accepté, oui ou non. A ce moment-là, je comprends très
bien qu'avec le projet de loi no 24 qui s'en vient tranquillement vous ayez des
doutes, et tout le monde a des doutes dans les milieux de
l'éducation.
Il y a quelque temps je pense que M. Beauchemin était
présent dans différents mémoires, différents
groupes nous ont parlé de l'évaluation. Certains ne voulaient pas
que le Conseil des collèges, cette évaluation leur
échappe; d'autres par contre voulaient la conserver telle quelle. Alors,
que pensez-vous des discussions qui ont eu lieu à ce moment-là
sur l'évaluation? Je pense que vous étiez présent.
M. Beauchemin: Oui, j'étais présent, mais, à
ce sujet, je pense que le plus autorisé de nous pour refléter la
pensée du conseil, c'est M. Gingras.
M. Gingras: Encore une fois, je pense que nous ne pouvons pas
facilement sortir de la proposition que nous avons faite dans notre avis du
mois de février au paragraphe 5.3, page 10. La position du conseil,
c'est d'essayer, au moment où on mettra en place au Conseil des
collèges ces mécanismes, cette organisation et ces nominations de
personnes, de bien distinguer les fonctions et la responsabilité parce
que l'article 18 de la loi est extrêmement dense et tout le mandat de la
commission d'évaluation est raccourci. Cela peut prêter à
toutes sortes d'interprétations quand on dit: Adresser au conseil et aux
collèges des avis que lui suggère l'examen des politiques
institutionnelles d'évaluation et fournir des services
d'évaluation de programmes et de pratique. Donc, il y a là un
large défi. Pour avoir travaillé auprès des
collèges depuis bon nombre d'années à essayer de fabriquer
quelques petits instruments d'évaluation de pratique institutionnelle
avec une équipe, je pense que la tâche est extrêmement
lourde. Elle est difficile. Il faudrait peut-être sérier l'ordre
des priorités dans ces travaux. Il me semble qu'au départ il y a
quelque chose que présuppose
l'article 18, qui est d'avoir dans une institution une politique
institutionnelle d'évaluation. Avant de les examiner, il faut qu'il en
existe. La première tâche du Conseil des collèges ne
serait-elle pas d'essayer d'orienter le ministre vers la fabrication d'une
politique institutionnelle d'évaluation, tout en continuant, comme le
livre blanc sur l'enseignement collégial le laisse prévoir, les
recherches et la préparation des instruments de travail qui peuvent
aider à la sensibilisation du milieu parce qu'on est sur un terrain
difficile? Donc, la position du conseil est d'aller, d'abord, dans un ordre de
priorités, conseiller le ministre sur le type d'évaluation et sur
les moyens d'évaluation qu'il faudrait donner au Québec.
M. Le Moignan: Vous nous avez proposé un amendement
à l'article 16. Ceci laisse-t-il entendre que vous n'aurez pas d'autres
amendements ou en avez-vous d'autres à nous suggérer
également aujourd'hui?
Une Voix: M. Pepin.
M. Pepin: A ma connaissance, il n'y aura pas d'autre amendement
à proposer. Nous allons à ce que nous croyons le plus important,
l'article 16, et vous devez maintenant avoir le texte en main. Nous n'avons pas
cru utile de vous présenter d'autres amendements. Aussi, si vous me le
permettez, sur la question de l'évaluation, j'aurais seulement quelques
mots à dire. Je reconnais la compétence de M. Gingras et mon
incompétence en la matière. Je peux vous dire qu'il me semble,
quand même, qu'il faut prendre avec une grande circonspection la question
de l'évaluation. L'évaluation, c'est du contrôle. Si vous
entendez contrôler l'enseignement au Québec, cela sera
extrêmement dangereux. On peut bien contrôler, mais on peut aussi
mal contrôler. On peut faire disparaître, par exemple, tous les
cours de philosophie qui ne feront pas notre affaire avec le mode
d'évaluation. Je suis très circonspect. C'est pour cette raison
que, dans ma dissidence, d'ailleurs, j'ai écrit une note disant que le
conseil n'avait rien à voir, quant à moi, avec la question de
l'évaluation.
M. Beauchemin: M. Proulx.
M. Proulx (Jean): Je voudrais simplement rappeler deux choses. En
fait, ce qu'on exige, ce qu'on demande ici, c'est une certaine assurance, une
garantie vis-à-vis d'un Conseil supérieur de l'éducation
avec le mandat large qu'on a essayé de lui définir dans notre
avis, en particulier, du 9 février. Evidemment, on a
suggéré pour cela un amendement à l'article 16. Cela
pourrait être autre chose. Mais ce qu'on demande, c'est qu'il y ait une
garantie dans la Loi sur le Conseil des collèges. Deuxièmement,
une réflexion pour répondre à la question de M. le
député sur l'intention d'évaluation qui circule au
gouvernement. Je pense que nous, contrairement à certains organismes
corporatistes, qu'ils soient patronaux ou syndiqués, nous sommes
d'accord, au conseil, avec l'in- tention d'évaluation du gouvernement et
du ministre en particulier. Ce sur quoi nous ne sommes pas d'accord, c'est sur
les mécanismes proposés, la commission d'évaluation.
On pense qu'il devrait plutôt y avoir un centre
d'évaluation indépendant et qui fonctionne de façon
autonome par rapport à un Conseil des collèges, même qui
recoupe les différents niveaux et qui soit un lieu qui serve tous les
niveaux. Cela est une question de mécanisme de trouver le meilleur
moyen. Mais sur l'intention de l'évaluation, là-dessus, il n'y a
aucune ambiguïté au conseil. On est d'accord. Il est temps que l'on
procède à des évaluations sérieuses.
M. Le Moignan: Je vous remercie beaucoup. M. Beauchemin:
Mme Marchand.
Mme Marchand: En fait, c'est un peu ces positions-là que
je voulais rappeler. Le but de notre rencontre ce matin étant uniquement
sur une assurance que le Conseil supérieur de l'éducation
persisterait à avoir avec son mandat tel que défini, par
ailleurs, je trouve malheureux, avec le ministère, qu'il y ait un
tollé général de la part des milieux collégiaux
à savoir de se prononcer contre le projet de loi no 24. C'est vrai que,
dans ce temps-là, il y avait aussi, dans le tableau, le projet de loi no
25. Je pense que, précisément, la pierre d'achoppement, c'est la
question de l'évaluation. Si je dis que je trouve cela malheureux, c'est
qu'après la réflexion que nous avons faite à la commission
et au conseil, particulièrement à la commission formée de
gens venant des milieux des collèges, on avait tellement
espéré que, dans cet organisme-là, ce soit un endroit
où il puisse y avoir véritablement des concertations, des
études et que ce mécanisme-là favorise le
développement des collèges et ne vienne pas perturber le climat
actuel. Alors, dans cet esprit-là, même si on n'a pas à
répéter notre position, parce que la position du conseil sur le
rôle du Conseil des collèges, vous l'avez dans l'avis, ce n'est
pas ce qu'on est venu défendre aujourd'hui. Il vaudrait la peine qu'on
s'y intéresse afin de ne pas avoir, au départ, tout le milieu
contre le projet de loi. A ce moment-là, on peut se demander ce qu'il en
adviendra.
M. Le Moignan: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Merci, M. le Président, j'aimerais poser
quelques questions additionnelles relativement à cette question de
l'évaluation. Tout à l'heure, en réponse à une
question de ma collègue de L'acadie, Mme Marchand a indiqué
du moins, me semble-t-il que si, dans le passé, la
commission collégiale du Conseil supérieur de l'éducation
n'a pas donné une entière satisfaction au point de vue même
de ses propres membres qui n'étaient pas satisfaits de leur impact, de
leur influence, je crois qu'on nous a dit que c'était
probablement parce que cette commission collégiale n'avait pas
suffisamment d'autonomie, suffisamment de force et d'impact peut-être
même sur le plan administratif. Il semble qu'une des façons
d'avoir un impact auquel on faisait allusion, c'était cette
possibilité d'intervenir au niveau de l'évaluation. Très
clairement, de toute façon, dans le projet de loi no 24, on donne cet
impact, ce rôle dans l'évaluation au Conseil des collèges.
Le Conseil supérieur de l'éducation nous dit: Oui, nous sommes
d'accord avec la création d'un collège. Pourtant, à votre
paragraphe 5.2c, vous dites: Nous ne sommes pas d'accord avec l'attribution au
collège d'une fonction d'évaluation qui donnerait au Conseil des
collèges, dans le fond, un impact administratif. J'ai un peu de mal
à me retrouver dans l'enchaînement du raisonnement. Si la
commission collégiale du Conseil supérieur de l'éducation
n'a pas pu assumer toute la vocation que vous auriez voulu lui voir assumer,
parce qu'elle n'avait pas cette fonction, que, par contre, vous êtes
d'accord avec la création d'un Conseil des collèges qui, lui,
aurait cette vocation-là, comment pouvez-vous être en
désaccord avec la prise en charge, par le Conseil des collèges,
de la fonction qu'il vous manquait justement et qui semble avoir
été une des sources de vos difficultés?
Mme Marchand: Est-ce que je peux répondre rapidement? Sur
la question de l'évaluation, je tiens à vous dire que la
commission d'enseignement collégial et le conseil étaient
parfaitement d'accord avec ce qui est là puisque c'est le texte de la
proposition de la commission qui a été adoptée par le
conseil. Quand j'ai dit tout à l'heure qu'on avait toujours vu nos
commissions dans un rôle de conseil, on a l'impression c'est une
interprétation encore, on peut me corriger que, dans les
fonctions que le projet de loi no 24 veut donner au Conseil des
collèges, il y a plus que uniquement un rôle de conseil. (12
heures)
On a bien des comités au Conseil supérieur qui ont un
pouvoir administratif; alors est-ce que le terme conseil veut dire la
même chose pour tout le monde? Est-ce qu'à un moment donné,
de par certaines de ces fonctions qu'on lui donne, il ne devient pas un peu une
régie administrative ou quelque chose du genre? Je pense que c'est
vis-à-vis de cela que le milieu réagit.
M. Forget: Peu importent les mots que l'on donne à tous
ces organismes, ma question ne porte pas sur le vocabulaire, elle porte sur
l'affirmation que vous avez faite tout à l'heure quand on vous a
demandé l'expérience de la commission collégiale. Est-ce
qu'elle est satisfaisante ou non? Peut-être que j'ai mal compris mais
j'ai cru comprendre que c'était une expérience qui n'était
pas totalement satisfaisante parce qu'il lui manquait certains prolongements;
non?
Mme Marchand: Regardez dans les débats parlementaires tous
les points sur lesquels on dit que le ministre doit demander avis au conseil.
Si on regarde ce qui s'est produit par le passé au conseil
supérieur à sa commission d'enseignement collégial, il n'y
a pas eu beaucoup d'avis demandés. C'est une garantie que la commission
n'avait peut-être pas pour autant.
M. Forget: Donc, ce que vous regrettez si l'on peut dire
dans le rôle de la commission collégiale, c'est qu'elle n'a
pas effectivement été consultée par le ministère de
l'Education sur les programmes d'enseignement, par exemple, etc.
Mme Marchand: En partie; je vous ai dit tout à l'heure
pourquoi on pensait que cela devenait peut-être nécessaire et
intéressant qu'il y ait un Conseil des collèges dans cette
optique.
M. Forget: Est-ce qu'il n'y avait pas déjà dans la
loi créant le Conseil supérieur de l'éducation des
dispositions qui faisaient en sorte que le ministre devait consulter le Conseil
supérieur de l'éducation sur les programmes d'enseignement,
même au niveau collégial?
M. Beauchemin: Effectivement, il y a des dispositions mais, en
pratique, nous avons eu très peu de demandes d'avis depuis quatre ou
cinq ans. Ceci n'empêche pas le conseil, qui en a le pouvoir, de prendre
l'initiative lui-même et de fournir des avis au ministre. C'est ce que
nous avons fait à quelques reprises durant les dernières
années. On comprendra facilement que, pour prendre certaines initiatives
et surtout celle que vous évoquez qui nécessite l'utilisation
d'experts ou les conseils de spécialistes, il nous faut avoir des
ressources humaines et financières. Il nous faut aussi penser qu'au
conseil supérieur ce n'est que depuis quatre ans que chaque commission a
une personne, un professionnel à temps plein à son service. Tous
les membres, y compris les présidents, mes collègues qui sont
ici, ne sont pas à plein temps. Ils viennent simplement présider
leurs réunions, les préparer, etc. Si nous avions eu beaucoup
plus de ressources, nous aurions pu faire davantage de notre propre initiative
j'insiste là-dessus et, évidemment, vous savez
comme moi qu'il y a des contraintes financières que le conseil subit
lui-même. Ceci m'amène simplement à ouvrir une petite
parenthèse: Le conseil lui-même, concernant ses ressources, devra
avoir beaucoup plus d'autonomie qu'il n'en a présentement. Il devrait en
discuter directement avec le ministre.
M. Forget: Donc, si j'essaie de résumer ce que vous venez
de nous dire, c'est qu'au niveau des textes de loi, qu'il s'agisse du Conseil
supérieur de l'éducation par sa commission collégiale ou
qu'il s'agisse du futur Conseil des collèges, essentiellement les
mêmes pouvoirs, les mêmes textes existent ou existeront dans les
deux cas; que, si le Conseil supérieur de l'éducation n'a pas pu
jouer le rôle qu'on envisage pour le Conseil des collèges, c'est
qu'il n'a pas bénéficié des ressources qui lui auraient
permis de prendre des initiatives ou qu'il n'a pas été
consulté par le ministre aussi
souvent qu'il eût été souhaitable qu'il le soit.
Est-ce que c'est cela qu'il faut tirer comme conclusion?
M. Marchand: En fait, si je me réfère à
l'avis du mois de février, il y a aussi la difficulté de la
dualité de mandats qui favorisait cette situation dans le sens que le
conseil supérieur et ses commissions, de par la loi, avaient presque un
double mandat, un mandat d'expertise, d'orientation de tout le secteur de
l'éducation et, en même temps, un mandat de donner des avis
techniques sur un niveau.
Il arrivait très souvent que, justement, les demandes d'avis
portaient sur des points très spécifiques et très
techniques. Le règlement no 7, par exemple, on en a entendu parler trop
de fois au Conseil supérieur de l'éducation, je pense. Comme
résultat pratique, à la commission je prends cet exemple
quand nous avons reçu le livre blanc très attendu, nous
avons entrepris une étude de l'ensemble des orientations
proposées, ce qui prend beaucoup de temps. Pendant qu'on était
dans cette réflexion d'orientation générale du milieu
collégial, il aurait probablement été difficile, avec les
moyens techniques et financiers que nous avions, de donner un avis très
spécifique sur le financement, par exemple, ou le partage des programmes
à travers le réseau collégial. Je ne sais pas si je situe
un peu la difficulté qui se posait dans les limites actuelles, la
dualité de mandats du Conseil supérieur de l'éducation.
Notre avis demande que ces mandats soient non seulement précisés,
mais séparés.
M. Forget: Sur un autre point, pourriez-vous nous expliquer
brièvement la distinction qu'il peut y avoir entre le Conseil des
collèges ou une formule analogue telle qu'elle se retrouvait, disons,
dans le rapport Nadeau et celle qui se retrouve dans la loi 24? Est-ce qu'il y
a des différences qui vous apparaissent essentielles entre les deux
recommandations?
M. Beauchemin: On est chanceux d'avoir parmi nous un membre de
cette commission, M. Paul-Emile Gingras, qui je pense, peut répondre
à votre question.
M. Gingras: M. le Président, ce sont beaucoup de questions
de grande dimension qui sont posées sur une politique
d'évaluation, sur une conception différente d'un conseil des
collèges d'après le rapport Nadeau. Il n'est pas facile,
brièvement, de répondre. Le rapport "Le collège" avait
structuré l'essentiel de ses avis au ministre sur l'organisation d'un
collège par programmes. Le Conseil des collèges devenait le lieu
de la concertation entre des institutions assez autonomes structurées
par programmes, mais on sentait le besoin, au niveau de la nation, au niveau
des frontières du Québec, de discuter de cette coordination entre
interinstitutionnels. Essentiellement, le Conseil des collèges du
rapport Nadeau était le lieu de coordination, de concertation, de recom-
mandations au ministre sur la distribution des ressources, la
répartition des effectifs, l'implantation des programmes. C'était
un lieu de conseil, par-delà les travaux du ministère et
par-delà les intérêts des collèges particuliers, de
concertation qui se plaçait. Je pense qu'on est dans un contexte assez
différent parce que les collèges sont demeurés assez
substantiellement ce qu'ils étaient avant le rapport Nadeau, même
si on a ajouté un assez bon nombre de recommandations du rapport, mais
le conseil actuel a des missions beaucoup plus spécifiques que Nadeau ne
lui en donnait quand il tombe, par exemple, en évaluation de pratique
institutionnelle. J'ai l'impression que nous allons faire un conseil lourd. On
ne remplit pas le mandat du Conseil des collèges tel que
spécifié ici sans avoir un support lourd.
On ne fabrique pas des instruments d'évaluation. On
n'évalue pas les politiques institutionnelles d'évaluation avec
assez de profondeur pour ne prendre que cet aspect sans compter les autres
mandats, sans avoir un personnel de soutien assez important. Je suis favorable
à ce que cela existe, ce genre de conseil de concertation et ce genre de
conseil qui a les missions qu'il y a là, avec les réserves que le
Conseil supérieur a faites. Mais je pense qu'on est dans des contextes
très différents. Le conseil du rapport "Le collège" a
été un conseil beaucoup plus léger et beaucoup plus
exclusivement consultatif pour le ministre que le conseil actuel des
collèges qui vous est proposé.
M. Forget: Dans le fond, tenant compte des remarques que vous
faites relativement à l'opportunité d'avoir un institut ou un
organisme d'évaluation qui serve pour tous les niveaux, qui ne soit pas
de la juridiction propre du futur conseil des collèges, ce qui resterait
de fonctions à un conseil de collèges se rapprocherait donc un
peu plus, si je comprends, des recommandations à cet effet du rapport
Nadeau, c'est-à-dire qu'il servirait de lieu de concertation et de
coordination, mais pas de point d'implantation pour une structure quasi
administrative d'évaluation.
M. Gingras: M. le Président, je ne voudrais pas
interpréter ici une pensée que le conseil n'a pas
explicitée plus. Nous avons des opinions personnelles, je pense,
à ce moment-ci.
M. Forget: Quelle est la vôtre là-dessus, comme vous
avez travaillé sur le rapport Nadeau?
M. Gingras: Au plan du conseil, nous en sommes à ce que
nous avons dit à l'article 5.2c. Aller plus loin...
M. Forget: Mais quant à vous?
M. Gingras: Si vous me posez la question personnellement, je suis
censé répondre, je suppose.
M. Forget: Si vous le voulez; vous n'êtes pas
obligé.
M. Gingras: Moi, je pense que le Conseil actuel des
collèges a une fonction d'évaluation que la commission Nadeau ne
lui avait pas confiée, mais qui se rapproche de son idée. Dans la
commission Nadeau, nous disions ceci: Nous serions prêts à
accréditer un collège qui nous ferait la preuve qu'il a mis en
place des mécanismes d'évaluation pour s'évaluer. Ceci est
sensiblement près, au fond, comme politique, de ce qu'il y a dans la loi
actuelle sur le Conseil des collèges. L'orientation demeure
fondamentalement bonne, je pense, personnellement. Vous demandez aux
collèges d'avoir des politiques d'évaluation et, si on s'oppose
à cela, personnellement, je dis qu'on n'est pas en saine
démocratie.
Deuxièmement, vous demandez à un organisme de regarder
l'état des politiques d'évaluation, de voir la pratique
institutionnelle et de conseiller le ministre là-dessus. J'en suis
encore. Là où je freine un peu, c'est que je dis: Cela devient un
service aux collèges, cela devient un institut ou un centre en
même temps. Là aussi où je freine, c'est lorsque ce groupe
de travail qui conseille le ministre sort de son pouvoir consultatif au
ministre, se retourne vers les collèges et donne des avis aux
collèges. Je dis que c'est délicat à manoeuvrer.
Connaissant un peu les collèges pour y avoir passé ma vie, je
pense que vous êtes sur un terrain délicat.
M. Forget: J'aimerais essayer d'établir une question de
fait. L'avis que le Conseil supérieur de l'éducation a
émis en février se situe bien avant le dépôt de la
loi à l'Assemblée nationale, qui est venu à la fin de mai.
Est-ce que cet avis, vous l'avez rendu sur la base d'une connaissance
préalable d'un avant-projet de loi ou est-ce que c'est un avis qui a
été rendu sur la base du livre blanc comme tel?
M. Beauchemin: C'est sur le livre blanc.
M. Forget: Donc, au moment où vous avez
délibéré là-dessus, vous ne connaissiez pas le
texte du projet de loi?
M. Beauchemin: D'aucune manière.
M. Forget: Je vois. Je n'ai pas d'autres questions.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, votre
correspondance.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: J'aurais une seule question. Mme Lavoie-Roux: Je
suis méchante.
M. Fallu: C'est un peu sur le tard que vous arrivez à
donner votre avis sur l'article 16 d'ailleurs, c'est le but propre et
unique de votre comparution ce matin sur la création d'un Conseil
des collè- ges, c'est-à-dire d'un conseil
spécialisé ou d'un conseil de niveau. Il ressort de toutes nos
conversations ce matin que, si le Conseil supérieur ou le conseil de
l'éducation national ne se transforme pas lui-même en conseil de
niveau il semble bien que vous ne le souhaitiez pas il faudra
pour le moins, peut-être, envisager et cette fois vous avez
peut-être une chance de donner un avis préalable de
créer un conseil spécialisé de niveau
élémentaire et secondaire. Est-ce que vous entendez
réfléchir à ce sujet et donner un avis au ministre?
M. Beauchemin: M. le Président, depuis février que
nous y réfléchissons et que nous travaillons et que nous
consultons. L'état de notre pensée à ce sujet,
pensée du comité chargé au nom du conseil de faire ce
travail, est consigné dans le document de travail que nous avons remis
au ministre déjà et qui est disponible. On y voit l'articulation
d'un conseil de l'éducation avec trois conseils de niveau: Conseil des
collèges, bien sûr, Conseil des universités et Conseils
élémentaire et secondaire. (12 h 15)
Nous ne disons pas, parce que pour le moment on n'est pas très
avancé, s'il ne faudra pas un conseil de l'éducation des adultes
aussi? Peut-être, on n'en sait rien à ce moment-ci, mais je
réponds à votre question en disant que déjà, on a,
sous forme de projet de loi, de telle sorte qu'on ne laisse pas à
l'arbitraire de l'interprétation autant que possible le texte, on l'a
formulé sous forme de projet de loi, article par article, comment
l'articulation pourrait se faire et quels seraient les objets distincts de
consultation et la composition, compte tenu des objets de consultation.
M. Pepin: Si vous me permettez?
Le Président (M. Marcoux): Oui, M. Pepin.
M. Pepin: Sur la même question, M. Fallu. On est
peut-être tardif, mais le 9 février nous disions toutes les choses
que nous disons aujourd'hui. La reconnaissance de deux plans distincts de
consultation, la création de conseils de niveaux tel qu'un conseil de
collèges, on le donne comme exemple, donc, ça présume
qu'il peut y avoir un conseil des écoles, mais le maintien d'un conseil
d'éducation attentif à l'éducation. Je pense qu'on
n'était pas tardif à ce moment-là, nous avions
déjà annoncé nos couleurs.
M. Fallu: Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'aimerais revenir très brièvement. J'ai
lu attentivement les parties de votre avis du mois de février au
paragraphe 4.1 et au paragraphe 5.2 où vous définissez
respectivement la vocation du Conseil supérieur de l'éducation et
la vocation du Conseil des collèges. Je ne suis pas un
spécialiste ou un technicien de ces questions-là, mais
pour un profane, je suis incapable de voir une distinction. Bien sûr, il
y a des mots différents qui sont utilisés. Je vais vous donner un
exemple. Au premier paragraphe, sur le mandat du Conseil de l'éducation
dans l'hypothèse où il existe un Conseil des collèges,
vous parlez des questions fondamentales que pose l'éducation en milieu
scolaire. Dans l'autre paragraphe, relativement au Conseil des collèges,
ce sont les objectifs généraux et l'élaboration des
programmes d'enseignement. J'imagine que les objectifs généraux
et l'élaboration des programmes d'enseignement ça va se rattacher
grandement aux questions fondamentales en milieu scolaire. Si ce n'est pas
ça une question fondamentale, je me demande bien ce que c'est. Mais si
on poursuit, on voit que le paragraphe b) du Conseil supérieur de
l'éducation, de son mandat, ce seraient les liens à
établir entre l'éducation et les autres activités visant
le développement culturel. On a dans le mandat du Conseil des
collèges le développement des établissements en accord
avec leurs fonctions sociales, leur responsabilité de contribuer
à une plus grande égalité des chances, la question de
l'innovation pédagogique. Là encore, il me semble qu'on ne peut
pas définir ces objectifs-là dans le milieu collégial,
d'égalité des chances, d'innovation pédagogique sans se
référer à l'ensemble de la société. Ce n'est
quand même pas un vase clos. Le troisième alinéa des deux
définitions, c'est la coordination entre les niveaux d'enseignement dans
le cas du Conseil supérieur de l'éducation, mais c'est
également la coordination avec d'autres secteurs ou niveaux
d'enseignement dans le cas du Conseil des collèges.
Alors, il me semble que vous vous inscrivez dans une dialectique qui
peut devenir assez byzantine dans la distinction des rôles parce que,
encore une fois, il me semble qu'on fait une distinction sans
différence. Je me demande jusqu'à quel point cette
démarche-là ne réflète pas une donnée de
base dont vous avez cru devoir tenir compte, qui serait le fait que lorsque
vous avez publié votre avis, vous aviez déjà en face de
vous une orientation gouvernementale exprimée dans un livre blanc. Je me
demande si une des prémisses de votre avis, ce n'est pas que
déjà le gouvernement s'est prononcé, a donné une
orientation et qu'il faut en quelque sorte aménager les
conséquences de cette décision qui n'est pas remise en
question.
Encore aujourd'hui, vous vous adressez devant nous, après la
deuxième lecture; vous savez que le principe de la création d'un
collège est accepté par l'Assemblée nationale et j'ai
l'impression que vous tenez largement pour acquis le fait que ce principe n'est
plus discutable. Parce qu'autrement, encore une fois, étant donné
ce que vous avez dit tout à l'heure, ce que Mme Marchand en particulier
a dit tout à l'heure, il n'y a rien que la commission collégiale,
avec le conseil, ne pourrait faire avec un peu plus de ressources que celles
qu'on lui a données dans le passé. Cela m'amènerait
à conclure que dans le fond, sans le dire, par politesse envers le
gouvernement et l'Assemblée nationale, qui s'est déjà
prononcée là-dessus, vous ne remettez pas en question le principe
mais non pas parce que vous n'êtes pas nécessairement en
désaccord avec le principe mais parce qu'il vous semble que cette
étape est déjà dépassée.
M. Beauchemin: M. le Président, je pense que la question
est de taille et je me dois de répondre que depuis que la trajectoire a
été établie et nourrie, si je puis dire... Depuis la
fondation du Conseil des universités, pour répondre à un
besoin d'avis spécialisés, à aller jusqu'au livre blanc,
bien sûr, en passant par la recommandation même du Conseil
supérieur de l'éducation, dans le rapport Nadeau, concernant la
formation d'un Conseil des collèges, c'est bien certain qu'on s'est
surtout inscrits dans cette trajectoire. Vous dire que nous n'avons pas eu la
liberté de sortir de cette trajectoire, ce serait faux. Mais le conseil
a discuté de ce point que vous mentionnez; M. Daoust a fait état
largement ce matin de sa dissidence qui porte justement dans le sens de votre
question, mais le conseil s'est carrément branché, il a
décidé à s'inscrire dans la trajectoire qui existe depuis
1970, je pense.
M. Forget: Mais c'est une... oui.
M. Pepin: Si vous me permettez, M. Forget. Si vous lisez ma
dissidence, vous vous retrouverez un peu dans ce que vous venez de dire.
M. Forget: Si je comprends bien, les recommandations du Conseil
supérieur de l'éducation visant le Conseil des collèges,
antérieures à la loi et antérieures au livre blanc, ne
sont pas contraires à la formation d'un Conseil des collèges mais
un Conseil des collèges sensiblement différent de celui que nous
offre le projet de loi no 24 et, en particulier, n'incorporant pas une mission
de contrôle administratif, de l'évaluation, etc. C'est le gros
élément de différence par rapport à votre position
traditionnelle.
M. Beauchemin: Je dois dire, M. le Président, que le
projet de loi no 24 ou la fondation d'un conseil spécialisé
répond aussi à un besoin senti au conseil depuis plusieurs
années de redressement du travail des commissions, un perfectionnement
de ces commissions, de ce travail. Evidemment, arrive cette proposition du
gouvernement qui rentre dans ce besoin inscrit dans le fonctionnement du
conseil. Je l'ai mentionné antérieurement, on aurait pu
procéder autrement que par la fondation d'un nouvel organisme mais,
graduellement, changer les organismes existants en précisant leur
mandat, en faisant appel à eux, en leur fournissant les ressources. On
serait arrivé au même but, si vous voulez. Mais un ou l'autre, le
conseil a dit: On est d'accord puisqu'il existe déjà un conseil
spécialisé.
Le Président (M. Marcoux): Mme la député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: La question que je voudrais vous poser a trait
directement au fonctionnement du Conseil supérieur de
l'éducation. Elle déborde peut-être un peu la question de
la création des collèges. Selon l'esprit dans lequel il avait
été créé, le Conseil supérieur de
l'éducation devait être et je pense que j'utilise des
termes qui ont été utilisés par d'autres le
contrepoids du pouvoir politique et du pouvoir des technocrates. C'était
l'esprit, je pense, dans lequel le Conseil supérieur de
l'éducation avait été créé. Dans quelle
mesure, à votre avis, le Conseil supérieur de l'éducation
se sent-il libre de ses gestes, de ses opinions? En d'autres termes, dans
quelle mesure se sent-il libre des pressions politiques?
Je ne voudrais pas du tout, en posant cette question, faire allusion au
sujet qui nous préoccupe aujourd'hui ou à des choses qui ont pu
entourer votre présentation ici aujourd'hui, mais, à votre
expérience générale. Deuxièmement, y a-t-il des
suggestions que vous aimeriez faire pour assurer cette plus grande
indépendance à l'égard du pouvoir politique quel qu'il
soit?
M. Beauchemin: Pour la question de la liberté, de
l'autonomie de pensée du conseil, j'ai heureusement l'expérience
des quinze ans de vie du conseil. Je me suis retrouvé dans toute
l'existence du conseil, sauf pendant six mois, autour de la table. J'en suis
aujourd'hui le président et je suis heureux de pouvoir témoigner
que le conseil a toujours été libre de formuler sa pensée
et de la rendre publique. Je n'ai jamais subi, comme président
mes prédécesseurs non plus de pressions pouvant influencer
la pensée du conseil.
En ce qui concerne les suggestions que vous aimeriez avoir de notre
part, il serait assez présomptueux pour moi aujourd'hui, comme cela,
à la légère ou plutôt à la volée, de
les énumérer. Déjà, vous en voyez plusieurs qui
sont imbriquées dans le projet, dans le document de travail, que ce soit
concernant la nomination des présidents, que ce soit concernant les
relations d'un groupe à l'autre, que ce soit aussi concernant
l'administration d'un secrétariat commun de telle sorte que pour
l'ensemble des conseils, on puisse bénéficier des travaux des
différents conseils, qu'il y ait coordination et information d'un
conseil à l'autre, évidemment, surtout pour qu'au niveau du
secrétariat, il y ait vraiment un personnel je peux mentionner,
par exemple, un centre de documentation pour éviter, bref, qu'il
y ait répétition de services qui peuvent être
partagés à un coût moindre par différents conseils.
Par exemple, un centre de documentation, l'administration du budget, c'est la
même chose d'un conseil à l'autre. Quant à la direction des
communications, je pense que chaque conseil a besoin d'une direction des
communications pour faire valoir ses avis devant la population. Pour faire ce
travail et pour organiser les visites, etc., il est essentiel que chacun des
conseils puisse compter sur les services de spécialistes dans le
domaine. Je dois dire que nous avons réussi depuis deux ou trois ans
à instaurer pareils services communs à l'intérieur
même du conseil supérieur, mais advenant l'adjonction, au niveau
des services, d'autres conseils, il serait important que ces services soient
étoffés par un plus grand nombre de professionnels parce que la
tâche est très grande. Je ne voudrais pas prolonger
là-dessus, évidemment, mais je vous réfère au
document de travail. J'espère que vous l'avez tous. Vous retrouvez
là une quantité de suggestions.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une autre question. La
Commission de l'éducation des adultes du Conseil supérieur de
l'éducation a-t-elle participé à l'élaboration de
la position du conseil à l'égard de la création des
collèges ou a-t-elle essayé d'aborder cet aspect de
l'enseignement collégial qui constitue l'enseignement des adultes ou
l'éducation permanente? Je pense que l'un n'est pas l'autre, mais comme
les gens les confondent souvent...
M. Beauchemin: M. Daoust est le président de cette
commission. Il est évidemment membre du conseil aussi. Il va vous
répondre.
M. Daoust: La commission n'y a pas participé, si
participer signifie soumettre des documents particuliers sur cette question. La
commission y a participé en la personne de son président. La
position que j'y ai prise, je peux dire ici qu'elle reflète assez bien
celle des membres de cette commission qui, bien sûr, adoptent, sur la
conception de l'éducation et le problème de la consultation en
matière d'éducation, des positions dont on peut s'attendre
qu'elles soient différentes et qui sont, de fait, assez
différentes de celles qui émanent des milieux des personnes
impliquées dans les problèmes scolaires. (12 h 30)
D'autre part, devant le déroulement des événements
et attendant la réaction du ministre au projet que lui soumettait le
conseil, la commission a préféré s'occuper d'autres
problèmes qui nous paraissaient plus urgents, notamment en fonction de
la préparation qu'on nous dit désormais assurée d'une
politique d'éducation aux adultes, mais elle entreprendra cet automne
d'examiner le problème qui n'est pas facile, de s'assurer quelles que
soient les structures qu'on adopte en matière de consultation et
d'éducation au Québec que l'éducation des adultes fasse
aussi l'objet d'une consultation sérieuse. Je n'ai pas
d'hypothèse préétablie, mais, quelle que soit la position
qu'on adopte, si on a un seul Conseil supérieur de l'éducation
avec des commissions qui ont été définies comme
étant des commissions de niveau, le programme d'éducation aux
adultes qui n'est pas de niveau est à peu près fatalement
traité de façon marginale. Que l'on supprime les commissions et
qu'on ait des conseils de niveau, chacun avec son autonomie, le probière
reste entier et peut-être plus aigu.
C'est, d'une part, ce que j'ai essayé de refléter en
exprimant ma dissidence. A défaut et en l'absence d'une politique
globale, il nous semble, enfin, à l'expérience de la pratique de
l'éducation des adultes, soit dans les institutions d'enseigne-
ment, soit au ministère de l'Education, que l'éducation
des adultes est toujours traitée après coup, que bien des
décisions se prennent qui ont des implications directes sur
l'éducation des adultes sans que le milieu ait été
consulté. D'où l'importance qui nous paraît
considérable de s'assurer qu'un organisme puissant, un organisme fort
permette une consultation du ministre en matière d'éducation des
adultes. Les jeux se font ailleurs, ils se font différemment, ils se
font en fonction d'une conception de l'éducation qui s'inspire du
système scolaire.
L'autre problème est résiduel, il vient après, il
vient toujours en second lieu. Là, il y a différents
modèles qui peuvent exister. Il y a des pays qui se sont dotés,
par exemple, d'un conseil de l'éducation populaire marginal au
système scolaire. La France s'était dotée d'un conseil
comptable au premier ministre lui-même à son début de
l'éducation permanente et qui s'inspirait notamment de
préoccupations et de politiques de main-d'oeuvre. Cela aussi
était marginal en fonction de sa loi de 1971 sur l'éducation
continue. Différents modèles existent, mais je pense que, de la
façon dont se développent les choses, on va forcément,
quelles que soient les positions qu'on adopte, être amenés
à traiter de l'éducation des adultes après que les jeux
auront été faits au niveau scolaire.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce qui vous apparaît avec la
création du Conseil des collèges, telle que proposée?
M. Daoust: C'est ce qui m'apparaissait déjà au
Conseil supérieur de l'éducation dont j'estimais
là, c'est un avis très personnel, encore que j'aie
été substantiellement d'accord avec les avis soumis par le
conseil que, tel que créé par la loi, divisé en
niveaux scolaires, il se rendait très difficile la tâche
d'élaborer des politiques globales d'éducation. S'il pouvait y
arriver, c'était parce que, aux commissions, était enlevée
une autonomie, ce qui leur rendait à elles le travail plus
difficile.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'ai une brève question à poser à
M. Gingras au sujet du service d'évaluation des collèges,
à l'article 18: "Elle offre également aux collèges un
service d'évaluation de leurs programmes d'enseignement ou d'un aspect
quelconque de leur pratique institutionnelle." Vous avez mentionné
tantôt que c'est un aspect sur lequel vous avez peut-être certaines
réserves. J'aimerais énormément que vous précisiez
un peu ce point. Est-ce que ce sera une espèce de dédoublement
avec les services du ministère même? Est-ce que cela va aller en
contradiction avec les autres responsabilités, les autres parties du
mandat du conseil? J'aimerais comprendre un peu mieux votre opinion sur cet
aspect. Je présume que ce service n'est pas offert par le Conseil
supérieur de l'éducation actuellement. C'est quelque chose de
nouveau. J'aimerais avoir simplement une petite explication.
M. Gingras: Dans l'avis du conseil au mois de février, il
était simplement dit que le Conseil des collèges, au paragraphe
5.2c, n'offrirait pas les services. Il nous semblait au conseil que le
rôle d'un conseil était de conseiller et non pas de partager
l'administration et encore moins d'être un lieu de recherche ou de
service. Alors, c'était la ligne d'argumentation.
Il me semble que la distribution des responsabilités actuellement
entre le ministère, le conseil et les collèges à propos
d'une expression comme celle-là, offrir un service d'évaluation,
reste à étudier ou à approfondir. J'avais toujours cru
qu'on pouvait rendre des services aux collèges par l'intérieur du
ministère de l'Education. Il y a là des banques de
données, il y a là des professionnels et il me semblait que cela
allait de soi que les services de mesure et d'évaluation des
différentes directions, se concertant quelque part au ministère
de l'Education, pouvaient mettre sur pied un certain nombre de services. J'ai
toujours cru aussi qu'il y avait lieu au Québec de faire comme à
peu près tous les pays l'ont fait actuellement, de mettre sur pied des
centres spécialisés de recherche en évaluation ou de
service d'évaluation. Vous en avez à peu près dans tous
les Etats américains, vous en avez dans plusieurs provinces
canadiennes.
Il me semble qu'il n'existe pas au Québec de centre de service et
de recherche. Service et recherche sont d'ailleurs deux dimensions. Ici on dit:
Le conseil assure les services et les offre. Peut-être qu'il y aurait
lieu d'interpréter cette offre de services dans le sens que le conseil
suggère au ministre la façon de mettre sur pied des services qui
répondent aux besoins après avoir fait l'analyse des politiques
d'évaluation. Il nous semble au conseil en tout cas qu'il serait
préférable de rester au niveau de la consultation du ministre
face aux pratiques d'évaluation, face à la difficulté,
à l'absence, aux erreurs ou aux besoins et que le ministre, par la
suite, voit à mettre sur pied au Québec les services
appropriés soit à l'intérieur de son ministère,
soit à l'extérieur de son ministère en créant ce
que plusieurs d'ailleurs ont recommandé en venant devant la commission
parlementaire les 4 et 5 juin, ces lieux particuliers de services, de
techniques et de recherche.
M. Scowen: M. Gingras, l'expression "un aspect quelconque de la
pratique institutionnelle" est assez large; cela dépasse pour moi
au moins la question de l'enseignement comme tel. J'imagine que si je me
trouvais président de cette organisme, je me trouverais dans
l'obligation, par exemple, d'offrir un service juridique, un service de
comptabilité, un service d'ingénierie. Qu'est-ce que cela veut
dire? J'ai le mandat, je suis obligé de m'organiser pour offrir ces
services aux collèges. Est-ce que je dois m'organiser pour leur offrir,
par exemple, des services juridiques, des services
d'ingénierie, de comptabilité, de consultation sur les
questions pratiques relativement aux ordinateurs? Quelle est la pratique
institutionnelle?
M. Gingras: Pour moi c'est clair. C'est à titre vraiment
personnel que je vous réponds. Il y avait une longue tradition au
Québec d'évaluation qui était réduite à
l'évaluation des apprentissages par les examens ministériels ou
par d'autres méthodes locales d'évaluation. Quand on parlait
évaluation, c'était l'évaluation des apprentissages des
étudiants. C'était l'évaluation des étudiants au
fond qui existait. Progressivement, le mouvement s'est répandu au
Québec où on disait: Pourquoi toujours regarder l'étudiant
pour juger de la qualité de la formation qui existe au Québec. Il
y a des institutions qui sont responsables de cette formation qui est
donnée dans l'institution. Tranquillement on a élargi le concept
d'évaluation, comme cela se passe ailleurs dans les pays d'Occident,
à celui de l'institution elle-même et de ses pratiques, de ses
activités de toutes ces réalités. A ce moment-là,
cela comprend l'enseignement, les services qui sont offerts, les
priorités que l'institution poursuit et l'ensemble des résultats
atteints, les ressources qui sont mises en place comme le personnel ou les
différentes autres ressources de dimension financière. Nous qui
oeuvrons dans le champ de l'évaluation sommes heureux de voir que
maintenant, lorsqu'on parle d'évaluation, on parle de politiques
institutionnelles d'évaluation qui recouvrent l'ensemble des pratiques
institutionnelles et non plus seulement, selon la tradition. Nous appuyons
alors ce mouvement.
Là où nous discutons, c'est uniquement le type de services
qu'on doit rendre. J'entends, à votre question plus précise, que
ce sont moins des services juridiques qu'on pourra offrir à la maison
que les services qui seraient requis s'il se posait juridiquement un
problème d'évaluation au plan juridique. Il faudrait demeurer
comme service à ceux qui l'évaluent. C'est d'ailleurs un
mouvement actuellement déjà amorcé au niveau
collégial, où des équipes subventionnées par des
collèges mêmes et par le ministère de l'Education depuis
cinq ans essaient de rendre des services aux institutions. Ce mouvement est
accepté dans le milieu et par le milieu à la condition que le
milieu sente qu'il est pour lui. Ce qu'il faut de plus surveiller dans cet
article 18, c'est la perception que le milieu a ou va avoir de
l'atmosphère ou de la philosophie qui va présider à cet
examen des politiques institutionnelles d'évaluation parce que,
derrière les mots, il peut y avoir une volonté de contrôle,
il peut y avoir une volonté de service aux institutions.
Selon l'orientation que vous allez prendre, vous allez avoir un
mouvement qui va appuyer tout cela et le Conseil des collèges va se
trouver chez lui; ou, si c'est dans l'autre direction, vous allez avoir,
à la façon dont les collèges savent le faire comme les
universités, des difficultés en place.
M. Scowen: En résumé, le président du con-
seil doit se doter des ressources nécessaires, finalement,
d'évaluer les pratiques institutionnelles dans le sens large des CEGEP
et doit offrir ses services d'après cet article.
M. Gingras: D'après cet article, il devrait mettre sur
pied ce qui est dit là. Offrir aux collèges un service
d'évaluation. Cela peut être compris au sens d'un groupe d'experts
qui est là. Cela peut être compris dans un sens très
technique. C'est pour cela que je dis: Attention, les deux paragraphes de
l'article 18 sont extrêmement concis et peuvent prêter à de
multiples interprétations.
M. Scowen: Merci.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais demander au conseil s'il a
examiné la fonction du Conseil des collèges par rapport à
un enseignement privé. Est-ce que vous pensez, par exemple, que le
Conseil des collèges devrait couvrir d'une façon intégrale
tout le secteur d'enseignement privé? Est-ce que vous avez
réfléchi à ce problème?
M. Beauchemin: Au risque de me faire corriger par mes
collègues, je pense pouvoir répondre que pour le Conseil
supérieur, depuis toujours, l'enseignement privé entre dans son
mandat et est aussi de sa compétence. D'une même manière,
je dirais que le conseil envisage que le Conseil des collèges s'occupera
aussi de l'enseignement privé. Evidemment, nous souhaitons que ce
conseil, comme le Conseil supérieur, s'en préoccupe d'une
façon très objective et en évitant la compétition
entre deux secteurs. Je ne sais pas, je regarde mes collègues, est-ce
que cela interprète bien la pensée du conseil? Oui?
Mme Lavoie-Roux: Une autre question. Le projet de loi
prévoit que les membres des commissions, si elles sont retenues telles
quelles nous autres on souhaite bien que le ministre apporte des
modifications soient nommés par le ministre lui-même
après consultation, si vous voulez. Vous autres qui avez vécu une
expérience différente ayant nommé vous-mêmes les
membres de vos commissions, c'est peut-être une question difficile pour
vous.
M. Beauchemin: C'est une question difficile dans le sens
où nous ne nous y sommes pas arrêtés comme conseil.
Individuellement, on peut avoir une opinion. J'en ai une évidemment
moi-même là-dessus, mais à titre personnel, je tiens
à le préciser. Je crois qu'il est extrêmement important
pour les membres de quelque conseil que ce soit qu'ils aient le plus de
liberté possible, le plus d'autonomie possible. Pour moi, cela va aussi
loin qu'on devrait trouver un moyen pour qu'ils soient nommés en dehors
de toute suggestion ou décision gouvernementale. Je vais très
loin, mais ceci
me paraît important, si on pense qu'un conseil c'est un pouvoir
consultatif pour aider le ministre de l'Education, en l'occurence, ou le
gouvernement, pour avoir une opinion très objective avant de prendre
quelque décision que ce soit, parce que le ministre, bien sûr,
consulte le pouvoir administratif représenté par l'ensemble des
fonctionnaires et, bien sûr, il consulte aussi les formations politiques
et tout particulièrement la sienne. Mais au-delà de cela, et
c'est cela qui est l'esprit du rapport Parent, il est important qu'il puisse
obtenir une voix la plus objective, la plus impartiale possible. Cela peut
aller dans certains cas aussi loin que la nomination des membres par des
mécanismes ou des agences de nomination au-dessus de tout
soupçon.
Mme Lavoie-Roux: Dernière question.
M. Beauchemin: Mais je tiens à préciser que c'est
une pensée purement personnelle que je viens d'exprimer.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y en a d'autres qui auraient une
pensée à exprimer?
Mme Marchand: Oui, disons que je voudrais faire
référence à l'article 2c où on dit que les trois
personnes de l'extérieur seront nommées après consultation
des associations les plus représentatives du monde des affaires, du
travail, de la coopération. J'aimais mieux quand on avait l'expression
"organismes socio-économiques". Je dis pourquoi, c'est une opinion
personnelle. On a dit, à un moment donné, qu'il était
acquis que dans ces commissions ou dans ces conseils, il devrait y avoir un
nombre équilibré je ne dis pas équivalent de
femmes et d'hommes. Si on consulte le monde des affaires, le monde du travail,
le monde de la coopération, j'ai peur qu'on trouve peu de femmes. Quand
il s'agit du Conseil des collèges, par-dessus le marché, si on va
voir l'administration dans les collèges, les directeurs de service dans
les collèges, où nous avons fait des visites nous ont dit: On est
bien d'accord sur le principe, mais pour pouvoir le réaliser, ouvrir des
postes aux femmes, il faudrait perdre les nôtres, nos postes.
Je veux simplement rappeler qu'on devrait conserver cette
préoccupation dans la formation des groupes.
M. de Bellefeuille: Est-ce que je pourrais vous poser une simple
question? Est-ce que c'est l'avis du conseil que Mme Marchand vient
d'exprimer?
Mme Marchand: Je vous ai dit que c'était personnel et
qu'en plus on en a discuté...
M. de Bellefeuille: Je le regrette madame.
Mme Marchand: ... au conseil. On est d'accord, on tente de faire
un gros effort. Aux commissions, actuellement, c'est presque en nombre
égal. Au conseil, cela relève du ministre, on transmet donc le
voeu que cela se continue.
M. Pépin: Pour ma part, je préfère qu'on
garde les mots "travail et affaires" et on peut nommer des femmes. A la
présidence de l'AFNEQ, chez nous, c'est une femme, et la
vice-présidente, c'est une femme aussi. Je voulais simplement le dire.
Je sais trop ce que cela veut dire "socio-économique", les
résultats ont été là, on a fait faire des
statistiques, cela va toujours du même bord.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, puisque Mme Marchand a
pris ma dernière question, à savoir les trois personnes
nommées après consultation, je me demandais si, également,
soit à partir du b) ou à partir du c), vous ne trouveriez pas
souhaitable que soit identifié de façon précise dans le
projet de loi quelqu'un qui émane de l'éducation des adultes ou
également des organismes d'éducation populaire où, je
pense, il y aurait de bonnes chances de retrouver plus de femmes qu'à
l'intérieur du monde des affaires. Est-ce que ça vous
semble...
Mme Marchand: II s'agit de la constitution du Conseil des
collèges?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je parle des collèges.
Mme Marchand: On est assez d'accord que ce soit un conseil qui
est plus technique et qui est plus de niveau. Cela n'exclut pas qu'aux
collèges il doive y avoir une préoccupation en éducation
populaire. En tout cas, il y aurait tout un débat à faire sur le
terme "éducation populaire" et tant que la politique d'ensemble de
l'éducation des adultes ne sera pas plus clairement définie,
jusqu'à maintenant on l'avait située plutôt au niveau des
commissions scolaires, même si je sais qu'à l'université il
s'en fait.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne trouvez pas qu'à ce moment-ci ce
soit utile d'introduire cette notion de représentants du monde de
l'éducation des adultes et des organismes d'éducation populaire
alors que tout le livre blanc pas tout, mais une partie sur
l'enseignement collégial, justement, met l'accent sur cette notion
d'éducation permanente, etc? Cela doit quand même se retrouver
dans ces groupes-là.
Mme Marchand: Cela ne nuirait certainement pas.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est l'opinion des autres? En ont-ils?
M. Pepin: Je n'ai pas compris...
Mme Lavoie-Roux: Sur le bien-fondé de spécifier
dans le projet de loi, quant à la formation du conseil, un
représentant de l'éducation des adultes ou des organismes
d'éducation populaire.
M. Pepin: Je n'ai pas assez réfléchi à la
question pour vous donner une réponse spontanée.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais faire observer tout de
même que l'article actuel ne l'exclut absolument pas.
M. Beauchemin: Là-dessus, M. le Président, mon
expérience m'indique qu'on est mieux de ne pas préciser dans un
projet de loi un certain nombre venant de tel groupe ou tel groupe, parce qu'il
y a d'autres facteurs, d'autres critères qui doivent jouer, par exemple,
la représentation géographique. On a fait état, bien
sûr, du sexe des membres. Il y a tellement de facteurs qui jouent et
surtout, quand on fait des consultations auprès de différents
organismes, il faut, autant que possible, respecter les suggestions venant
d'organismes. Si le ministre ou ceux qu'il nomme sont enfermés dans des
prescriptions très précises, à ce moment-là, c'est
beaucoup plus difficile de faire les nominations qui conviennent dans une
situation donnée, dans une année donnée.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, me
permettrez-vous de remercier les membres du conseil et leur président
qui sont venus répondre à nos questions ce matin. Je voudrais
simplement terminer en disant ceci: II doit exister un organisme de
consultation dont les fonctions transcendent les divers niveaux de
l'éducation au Québec. C'est un principe sur lequel, pour ma
part, je n'ai jamais eu le moindre doute. Il reste, évidemment, à
savoir comment on doit bâtir le système de consultation pour qu'il
en soit ainsi.
Il est important également que soient membres de cet organisme
des personnes qui ne sont pas des professionnels de l'enseignement. Je suis
également persuadé de cela; l'expérience nous l'enseigne.
Il doit y en avoir, bien sûr, qui viennent du monde de l'enseignement
parce que c'est utile au moment de discuter de choses concrètes, mais il
doit également y avoir des gens de l'extérieur. C'est une
exigence de la conception de plus en plus large qu'on se fait de
l'éducation comme transcendant les niveaux et comme devant
nécessairement avoir des contacts avec ce qui est extérieur au
monde de l'éducation au sens strict du mot.
Voilà ce que je voulais dire à nos invités, M. le
Président, avant qu'ils ne nous quittent et je tiens à les
remercier d'être venus ce matin devant cette commission
parlementaire.
Le Président (M. Marcoux): M. le président...
M. Beauchemin: M. le Président, est-ce que vous me
permettez deux mots avant que nous ne quittions? D'abord, pour vous remercier
et remercier le ministre de nous avoir invités aujourd'hui devant la
commission parlementaire et remercier aussi l'ensemble de cette commission pour
l'accueil et le climat serein et objectif qui nous a été
réservé. Je pense que l'ensemble des membres du conseil que nous
représentons vont en être extrêmement heureux.
Un deuxième mot pour évidemment souhaiter que le projet de
loi, lorsqu'il sera adopté, contienne des dispositions ou fasse
état de modifications ou d'amendements qui donnent écho à
nos inquiétudes concernant l'existence d'un Conseil supérieur de
l'éducation. Nous sommes venus ce matin en proposant des modifications
à l'artile 16; c'est un moyen. M. le ministre vient de nous donner
certaines assurances. Nous souhaitons avoir, au nom de l'ensemble des membres
que nous représentons et l'ensemble de la population que nous voulons
servir, des déclarations très fermes à ce sujet, le plus
rapidement possible.
Je vous remercie beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que M. Pepin veut ajouter un mot.
M. Pepin: Si vous me permettiez, je pense que l'amendement,
celui-là ou un autre, doit être adopté. J'interprète
mon mandat ici en disant que, s'il n'y a pas un tel amendement ou quelque chose
qui s'y rapproche, il me semble que le projet de loi, pour nous, n'est pas
acceptable; pas pour moi, en tout cas. Je voudrais dire qu'ici, c'est pas mal
plus tranquille que les commissions du travail.
Le Président (M. Marcoux): Pourtant, on travaille autant.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais également remercier les
membres du Conseil supérieur de l'éducation d'être venus ce
matin. Je pense que, pour nous, cela éclaire certains points qui
causaient des problèmes. Je pense que cela aura peut-être aussi
convaincu le ministre que même des membres de l'Opposition sont capables
de recevoir le Conseil supérieur de l'éducation sans faire de
partisanerie politique, comprenant très bien le rôle très
spécial qui est dévolu au Conseil supérieur de
l'éducation. Peut-être dans l'avenir, quand il y aura d'autres
problèmes touchant l'éducation qui se présenteront, si
vous jugez opportun de venir, sentez-vous en confiance de venir. Je vous
remercie.
M. Beauchemin: Nous avons aussi la garantie que nous recevrons un
accueil aussi chaleureux à l'avenir, aussi.
Le Président (M. Marcoux): Je remercie le Conseil
supérieur de l'éducation. Avant de revenir au projet de loi 24,
à la suite d'un conseil qui a été donné par un
conseiller parlementaire, quant à la question qui a été
soulevée par le ministre ce matin sur le rapport intérimaire, je
voudrais être clair sur le sens de la proposition du ministre et de la
décision que nous avions prise. Le ministre avait proposé qu'il y
ait un rapport intérimaire. Il y avait eu consentement et on me dit
qu'il serait
nécessaire et utile de préciser que ce consentement est un
consentement à la motion du ministre afin de faire un rapport
intérimaire concernant la fin de l'étude article par article et
l'adoption du projet de loi 25 en commission parlementaire pour que ceci ne
suscite pas de débat à l'Assemblée nationale.
M. Forget: On consentait. On consent donc à la motion et
j'imagine que la motion est adoptée.
Le Président (M. Marcoux): Elle est adoptée. C'est
cela, en vertu de l'article 161.2. Maintenant, comme il est 12 h 57 ou 12 h 58
et... Oui?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'aimerais
saisir ces trois minutes pour faire distribuer les amendements que nous nous
proposons d'apporter au projet de loi no 24 et qui répondent, dans une
certaine mesure, aux observations qu'on nous a faites jusqu'ici. Il n'est pas
impossible que j'en ai d'autres par la suite, particulièrement en ce qui
concerne l'article 16. Je dois me pencher là-dessus d'ici cet
après-midi. Et avec votre permission, si on pouvait faire distribuer ces
projets...
Le Président (M. Marcoux): C'est déjà
fait.
M. Morin (Sauvé): C'est déjà fait. Je
n'aurais pas d'objection à ce que nous abordions l'article 1 et les
interventions générales dès que la commission reprendra
ses travaux cet après-midi.
Le Président (M. Marcoux): A l'inverse, on va adopter les
interventions générales avant et l'article 1 après.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Le Président (M. Marcoux): Selon notre bonne habitude.
Oui, c'est cela.
M. Morin (Sauvé): Mais vous pouvez appeler le projet de
loi...
Le Président (M. Marcoux): Oui. M. Morin
(Sauvé): ... et l'article 1.
Le Président (M. Marcoux): De toute façon, le
projet de loi est appelé depuis que nous avons commencé à
entendre nos invités. Il n'a pas besoin d'être appelé. La
commission ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 12 h 59
Reprise de la séance à 16 h 45
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'éducation est réunie pour
poursuivre l'étude article par article du projet de loi no 24, Loi sur
le Conseil des collèges.
Les membres de la commission sont: M. Alfred (Papineau); M. Goldbloom
(D'Arcy McGee) remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M. Jolivet
(Laviolette) remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Lacoste
(Sainte-Anne), Mme Lavoie-Roux L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M.
Marquis (Matapédia), M. Morin (Sauvé), M. Paquette
(Rosemont).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse; M. Picotte
(Maskinongé) remplacé par M. Rivest (Jean-Talon); M. Samson
(Rouyn-Noranda); M. Springate (Westmount) remplacé...
Mme Lavoie-Roux: Par M. Goldbloom (D'Arcy McGee).
Le Président (M. Marcoux): ... par M. Goldbloom (D'Arcy
McGee). Avant d'appeler l'article 1, est-ce que M. le ministre a des remarques
générales?
Projet de loi no 24
Remarques générales
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez-moi
simplement de rappeler qu'à la suite de notre rencontre de ce matin avec
le Conseil supérieur de l'éducation, il est apparu clairement que
cet organisme endosse la création d'un Conseil des collèges. Bien
sûr, il n'était pas sans s'inquiéter du sort
réservé, dans cette perspective, au Conseil supérieur
lui-même, ou encore à l'une ou l'autre de ses commissions.
Depuis plusieurs mois, j'ai fait savoir au Conseil supérieur
qu'à mon avis, il doit exister un organisme dont les fonctions
transcendent tous les niveaux de l'éducation. Je l'ai également
assuré qu'il me paraissait important que soient membres de cet organisme
des personnes qui ne sont pas des professionnels de l'éducation, de
sorte que les hésitations que pouvaient avoir certains membres du
Conseil supérieur à l'endroit du projet de loi ne portent pas sur
la création de l'organisme, du nouvel organisme proprement dit, mais sur
certains aspects du projet de loi. Notamment, on se souviendra qu'on nous a
fait des observations sur l'article 16, sur lequel je reviendrai
éventuellement.
Il ressort de l'entretien que nous avons eu ce matin que si l'on met de
côté ces préoccupations fort légitimes quant
à l'avenir du Conseil supérieur, le projet de loi sur le Conseil
des collèges non seulement ne soulève pas de problème
majeur, mais, au contraire, il est urgent qu'il soit adopté.
Au seuil de l'étude article par article, je voulais simplement
rappeler ces bonnes dispositions du Conseil supérieur de
l'éducation et de la grande majorité de ses membres, qui a
adopté l'avis du mois de mars je crois qu'il est daté plus
exactement du 9 mars par une écrasante majorité, puisque
le nombre de voix favorables était de quinze, tandis que le nombre de
voix défavorables était de quatre.
Cela étant, M. le Président, sans plus tarder, je vous
demanderais que nous passions à l'étude article par article de ce
projet de loi. J'ai d'ailleurs l'intention de présenter, dès le
tout premier article, une modification qui précise la compétence
du conseil à l'égard des établissements visés par
la Loi de l'enseignement privé et de présenter quelques autres
modifications qui sont destinées à répondre à
certaines des observations qui nous ont été faites la semaine
précédente en commission parlementaire alors que divers
organismes ont comparu pour nous faire part de leurs réactions à
l'ensemble du projet de loi qui est devant cette commission.
Je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre ne nous
apprend rien quand il dit que le Conseil supérieur de l'éducation
se déclare d'accord avec le principe de la création d'un Conseil
des collèges. Nous savions tous ça, parce qu'il y avait l'avis du
mois de février dans lequel il disait oui à un Conseil des
collèges, mais non sans un Conseil supérieur de
l'éducation ou un conseil de l'éducation.
Je pense que ce n'était pas la raison principale pour laquelle
nous entendions ce matin le Conseil supérieur de l'éducation.
Evidemment, c'est bien naturel pour le ministre de dire: Voyez-vous? J'ai
l'approbation du Conseil supérieur de l'éducation. Il est venu
ici parce qu'il s'inquiétait de sa survie de Conseil supérieur de
l'éducation et il a fait valoir la nécessité d'un conseil
d'un autre niveau avec des fonctions particulières. Il semble que, sur
ce point précis, même si ça n'est pas encore très
clair, le ministre a donné certaines garanties, en tout cas qu'il
continuait de procéder à des consultations et peut-être
apportera-t-il quelques modifications, tel que l'a suggéré le
Conseil supérieur de l'éducation, ce matin, à l'article
16.
Alors, je pense que c'était surtout la raison principale pour
laquelle le conseil avait demandé de se faire entendre. Mais il reste,
malgré tout ça, que le Conseil supérieur de
l'éducation, ce matin, a émis, non pas sur le principe même
de la création du collège, mais sur ses structures, sur son
articulation avec les autres organismes consultatifs, des points
d'interrogation sérieux. Quant aux structures présentées,
il a exprimé des appréhensions quant à la lourdeur, si on
considère les deux commissions qui y seront rattachées et ce
qu'elles doivent, même au départ, comporter de personnel. On a
parlé, en particulier, de la commis- sion d'évaluation qui, pour
se doter de tous les outils dont elle aura besoin, etc., sera,
évidemment, quelque chose d'assez coûteux et on a indiqué
que, si on devait parler d'évaluation, cette commission devrait se
préoccuper également des problèmes d'évaluation aux
autres domaines de l'éducation, que ce soit l'enseignement scolaire ou
que ce soit l'enseignement universitaire et je pense que, du côté
de l'enseignement professionnel heureusement qu'on n'a pas abordé
le sujet de la confessionnalité; on ne s'en serait plus sorti! on
a également indiqué la nécessité de penser à
une commission qui, peut-être, transcenderait strictement le niveau
collégial.
Je pense qu'il est exact que le Conseil supérieur de
l'éducation n'est pas contre le principe de la création d'un
collège, ce que nous savions déjà. Mais je pense qu'il se
pose des questions assez identiques à celles que l'Opposition officielle
a posées en deuxième lecture. Quels vont être les
coûts? Quels vont être les rôles respectifs de chacun des
organismes de consultation qui existe? Quelle est l'articulation qu'on
prévoit pour chacun? Quel est le rôle que l'on veut faire jouer
à la commission d'évaluation ou peut-être davantage
l'extension qu'on veut lui donner ou le champ d'application qu'elle devra
couvrir? C'est la même chose pour l'enseignement professionnel. On avait
soulevé des questions au sujet de la survie du Conseil supérieur
de l'éducation. Au moins, je pense que, s'il était dans les
intentions du ministre ou du gouvernement de le diminuer et de le
réduire à un conseil des écoles, même si ceci,
à mon sens, n'a pas été affirmé d'une façon
formelle par le ministre, il reste qu'il y aura certainement matière
à réflexion de la part du ministre.
M. le Président, je n'ai pas d'autres remarques. Je pense
qu'elles viendront au fur et à mesure de l'étude article par
article.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je n'ai pas de remarques particulières, M.
le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Merci. J'en viens à des conclusions
peut-être un peu plus pessimistes que mon collègue de L'Acadie
après ce que j'ai entendu ce matin.
M. Morin (Sauvé): Vous avez toujours été un
peu plus croque-mort.
M. Forget: Est-ce un terme parlementaire, M. le
Président?
Le Président (M. Marcoux): II n'y a pas de sot
métier, si je me souviens bien.
M. Forget: II n'y a pas de sot métier.
Mme Lavoie-Roux: Quelqu'un vient de me souligner que le ministre
prend le député de Saint-Laurent pour un miroir.
M. Forgei: En effet, c'est une bonne remarque.
M. Morin (Sauvé): II a enlevé sa barbiche.
M. Forget: C'est une très bonne remarque. Effectivement
mon pessimisme relatif, il faut s'entendre d'ailleurs, est attribuable au fait
qu'à aucun moment, ce matin ou précédemment, n'a-t-on fait
la preuve qu'il était nécessaire d'établir une nouvelle
structure, une structure additionnelle à celles qui existent
déjà dans le monde de l'éducation, et Dieu sait qu'elles
sont nombreuses. Tout au plus a-t-on cherché à ménager en
quelque sorte la chèvre et le chou par des discussions qui sont
très subtiles dans les rôles de tel et tel organisme par rapport
à tel autre, et plus spécifiquement dans le rôle du Conseil
supérieur de l'éducation relativement au rôle du Conseil
des collèges. Non seulement, donc, sommes-nous placés devant la
perspective de voir bientôt apparaître une structure qui est
superflue, mais sommes-nous également assurés que la logique de
la démarche gouvernementale produira un autre enfantement d'ici peu,
c'est-à-dire un conseil des écoles dont la création est
inscrite sur le mur, pour employer le mot de la Bible, je crois. Il est clair
que l'on devra...
M. Morin (Sauvé): ... qu'il fût mort-né?
M. Forget: II sera peut-être mort-né, mais cela,
évidemment, l'avenir le dira. Il est un fait que le nouveau Conseil
supérieur de l'éducation, qui se voit affublé d'un
rôle de coordination de tous les niveaux d'enseignement et de toutes les
préoccupations relatives à l'enseignement, sera bien mal en point
au départ, puisqu'il ne sera même pas capable d'assurer vraiment
la coordination des avis et des conseils relativement à l'enseignement.
En effet, alors qu'on donne au Conseil supérieur de l'éducation
le rôle de voir à ce que tout ce réseau d'institutions
d'enseignement ait des fonctions qui soient complémentaires les unes par
rapport aux autres, qu'elles soient en continuité les unes par rapport
aux autres, c'est-à-dire des écoles aux collèges, des
collèges à l'université, il n'aura aucun pouvoir de
coordonner les avis qui parviendront au ministre sur les différents
sujets.
On se demande bien comment les institutions d'enseignement pourraient
être coordonnées lorsque les avis qui leur sont relatifs ne le
sont pas eux-mêmes. C'est sur la voie du morcellement que le ministre
s'est engagé et il y trouvera sans aucun doute, de même que ses
successeurs éventuels, de nombreux avantages politiques, selon la
vieille formule de diviser pour régner. Il lui sera possible, c'est ce
qu'on nous a souligné ce matin d'ailleurs, de choisir parmi les avis
ceux qui sont les plus appropriés, les plus sérieux, comme disait
le ministre la semaine dernière en parlant du Conseil supérieur
de l'éducation dans son ensemble. D'ail- leurs, j'ai regretté,
pour faire une parenthèse, M. le Président, que le ministre, dans
les questions qu'il a adressées au Conseil supérieur de
l'éducation, ne lui demande pas s'il se considérait comme un
organisme sérieux, parce que le ministre s'était
déjà prononcé là-dessus et il aurait
été intéressant d'avoir l'avis du Conseil supérieur
de l'éducation sur cela.
Mais cela n'a pas été mis en doute, parce que le ministre
a cru pouvoir lire dans l'avis du conseil une approbation de ses politiques.
Souvenons-nous, cependant, que c'est une approbation pleine de qualifications
et de réserves. On nous a bien dit qu'il n'y a aucun vice, dans le
fonctionnement passé du Conseil supérieur de l'éducation,
que quelques ressources additionnelles n'auraient pas pu guérir. C'est
une leçon fort importante pour l'avenir, parce que le ministre sera
condamné à consentir des ressources additionnelles pour le
fonctionnement d'une nouvelle structure pour des dépenses strictement
à caractère administratif, alors qu'effectivement
peut-être, des ressources additionnelles, sur la base d'un organisme qui
fonctionne déjà, aurait permis de rejoindre les mêmes fins.
(17 heures)
Je ne peux pas donc dire avec beaucoup de plaisir qu'il y a un consensus
pour qu'il y ait la création de ce Conseil des collèges. C'est un
consensus qui a les allures d'une résignation devant une démarche
qui est déjà inscrite dans le livre blanc, qui est
déjà inscrite dans une législation approuvée en
deuxième lecture et qu'un conseil consultatif, qui donne ses avis, non
pas à l'Assemblée nationale, mais au ministre, doit un peu
prendre comme les paramètres de ses propres travaux.
Cependant quand, de façon indépendante, le Conseil
supérieur de l'éducation en est arrivé à des
conclusions relativement aux collèges cela aussi on nous l'a dit
ce matin dans le rapport Nadeau on a suggéré un organisme
beaucoup plus léger, beaucoup moins structuré et beaucoup moins
lié à des tâches administratives et à des
tâches de contrôle. C'est donc un appui qui, à ce
moment-là, avait un autre sens que ce que le ministre a voulu lui donner
par la suite.
M. le Président, je pense que nous aurons l'occasion, lors de
l'étude article par article du projet de loi, de faire ressortir un
certain nombre des imprécisions qui demeurent, non seulement dans la
loi, mais même dans toute tentative pour se conformer à la lettre
et à l'avis du conseil qui, encore une fois, est un avis qui n'est pas
entièrement indépendant, puisqu'il est calqué, en quelque
sorte, sur les données du problème qui lui sont fournies,
c'est-à-dire une intention gouvernementale qu'il ne s'est pas cru la
mission de contester.
Je pense que nous avons peut-être, dans ce projet de loi, et dans
le livre blanc lui-même, avec tous les malentendus ou les
imprécisions qui l'entourent, une assez bonne illustration de l'usage
que fait le ministre des avis et des conseils qui lui parviennent de conseils
consultatifs, de comités consultatifs ou de conseils
supérieurs.
M. Morin (Sauvé): Le meilleur usage.
M. Forget: Le meilleur usage, selon lui, mais pas
nécessairement le meilleur usage selon un avis
désintéressé et indépendant. Il ne peut pas nous
démontrer que la formule qu'il a retenue découle rigoureusement
d'un avis qu'il a reçu. Pourtant c'est la première
législation importante, c'est même la première
législation en quelque dix ans portant sur les collèges.
Alors qu'on vise à modifier les collèges, non seulement
par le projet de loi 24 que nous étudions aujourd'hui, mais par le
projet de loi 25 que nous avons étudié la semaine
dernière, on doit bien se rendre compte que les orientations qui ont
été prises n'ont fondamentalement rien à voir avec les
avis provenant des organismes consultatifs.
Je veux bien croire que le ministre va consulter relativement au projet
de règlement sur la qualification du personnel enseignant ou
relativement à la procédure d'appel dans le cas d'admission des
étudiants, tous des sujets, sans aucun doute, d'une fort grande
importance, mais, s'il le fait dans le même esprit que celui qu'il a
démontré dans la préparation de ces deux projets de loi
dont la commission parlementaire a eu à s'occuper, je pense que c'est
tout un point d'interrogation qu'il pose lui-même, non pas sur
l'existence des conseils, mais sur leur utilité. Des conseils qui ne
sont pas suivis, M. le Président, n'ont pas nécessairement une
grande valeur si, systématiquement, fois après fois, ils ne sont
pas suivis. Si on ne consulte pas le Conseil supérieur de
l'éducation avant même de définir des orientations dans des
livres blancs et dans des projets de loi, mais qu'on lui demande après
coup, a posteriori, s'il est d'accord ou non, je pense que l'on fausse le
processus de consultation.
Il y a, dans l'existence de conseils, une sauvegarde que le
législateur, à l'origine, a voulu placer lorsqu'il a
été décidé... On se souvient, au moins par les
livres d'histoire, quel traumatisme politique, ou presque, a causé la
décision de créer un ministère de l'Education au
Québec, pour toutes sortes de raisons. Mais ceux qui l'avaient fait
avaient voulu qu'il y ait un contrepoids.
Je ne pense pas que l'on puisse dire et ce n'est pas une critique
que j'adresse au Conseil supérieur de l'éducation, mais davantage
un jugement que l'on peut porter sur peut-être les ressources qui lui ont
été données, le statut peut-être trop ambigu qui lui
a été donné, peut-être la trop grande
hétérogénéité qui le caractérise
après maintenant quinze ans de fonctionnement du ministère
de l'Education, que le Conseil supérieur a véritablement
joué son rôle de contrepoids de tout un régime
bureaucratique extrêmement centralisé, extrêmement
puissant.
Loin de renforcer, loin de vouloir restaurer l'équilibre, le
ministre, par sa pratique, c'est-à-dire son manque
d'intérêt assez évident pour une consultation
préalable et des avis préalables en provenance du conseil, au
moment de légiférer, par une attitude générale qui
se révèle de bien d'autres façons, et par sa
négligence à prendre des mesures qui seraient susceptibles de
renforcer l'action du conseil, montre que cet équilibre n'est pas
près d'être établi. C'est dommage, dans la mesure où
l'objectif initial était valable, et je pense qu'il l'était.
Le domaine de l'éducation est probablement trop important pour
être déterminé par les aléas de la vie politique
essentiellement. On sait que les gouvernements se succèdent rapidement.
Indépendamment des craintes qui ont pu animer ceux qui, à
l'origine, ont poussé pour la création d'un Conseil
supérieur de l'éducation, je pense que ces craintes se situaient
probablement davantage du côté du maintien de l'enseignement
confessionnel, par exemple. Il existe aussi, à d'autres égards,
des raisons extrêmement sérieuses, dans un réseau aussi
important que celui de l'éducation, de maintenir une source
indépendante d'évaluation et de réflexion. Je ne pense pas
que l'on va assister, au cours des prochaines années, à un
renforcement d'une structure qui est déjà trop faible. Encore une
fois, on éparpille l'autorité morale qui devrait être celle
du Conseil supérieur de l'éducation. On divise ce qui devrait
être une opinion cohérente et bien coordonnée dans tous ses
éléments en différents éléments, sous
prétexte de conférer des tâches semi-administratives
à des conseils de niveau.
Toute cette histoire ne se terminera pas par une amélioration de
l'équilibre au niveau du ministère de l'Education, au contraire,
par une plus grande confusion. La centralisation que nous avons
dénoncée lors de l'étude de la loi 25 aurait pu trouver sa
justification dans le fait qu'au moins les vraies décisions qui se
prennent au niveau du ministère sont prises dans un contexte de
discussions, d'analyses, de critiques auxquelles le ministre et le
ministère lui-même s'exposent en provenance d'un Conseil
supérieur de l'éducation véritablement indépendant,
énergique, efficace et disposant d'une image d'ensemble du tableau de
l'éducation au Québec. Ce n'est certainement pas le cas. La
constatation que l'on peut faire relativement au projet de loi 24 renforce tous
les arguments que nous avons exposés lors de l'étude du projet
25. La décentralisation qu'on a remarquée là,
c'est-à-dire au niveau de la structure des collèges et de leurs
relations avec le ministère de l'Education est d'autant plus grave qu'il
n'existe pas d'équilibre au niveau supérieur.
M. le Président, ce sont là les raisons de mon pessimisme
relatif. Mes autres remarques, je les garde pour la discussion article par
article.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je cède mon droit de parole au
député...
Le Président (M. Marcoux): Au député de
Jean-Talon?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Brièvement, je veux simplement redire au
ministre qu'à l'examen de ses projets de loi 24 et 25 placés sous
le titre de la réforme des collèges je pense l'avoir
déjà dit au ministre ce qui me semble un peu
déroutant et assez décevant dans ces projets de loi, sans faire
référence spécifiquement aux préoccupations et aux
réserves à tout le moins, extrêmement sérieuses que
les différents intervenants ont déjà adressées au
ministre sur ces projets de loi, c'est que, bien que sous le titre de la
réforme des collèges, on se rend compte que, ce n'est pas
véritablement une réforme.
On a vu, à l'occasion du projet de loi no 25, comment, par
exemple, sur le problème central de la composition des conseils
d'administration, ce qui apparaissait être le problème no 1, le
fonctionnement des conseils d'administration, la soi-disant réforme du
ministre n'a pas changé l'approche de base des conseils d'administration
des CEGEP. Bien au contraire, elle a renforcé, par le projet de loi no
25, le problème soulevé par des membres qui siègent au
conseil d'administration et qui ont des intérêts corporatifs, si
vous voulez, divergents et le conseil d'administration demeure le lieu de ces
tensions.
Là, on arrive au niveau du projet de loi no 24, où on
propose la constitution d'un Conseil des collèges, un conseil
consultatif qui va donner des avis au ministre ainsi qu'aux collèges, ce
qui, de prime abord, peut être une initiative allant de soi. Mais, encore
là, comme mon collègue de Saint-Laurent vient de le souligner, on
voit que ça pose tout un problème pour le Conseil
supérieur de l'éducation, non seulement concernant sa
présence ce qu'il était d'abord, puisqu'il a été,
sauf erreur, créé par une loi spéciale, une loi
différente de celle du ministère de l'Education au début
de la réforme. Donc, il y avait, dans l'intention du législateur,
une volonté très nette de faire en sorte que la fonction de
consultation confiée au Conseil supérieur de l'éducation
en soit une, en quelque sorte, de chien de garde, sur l'ensemble du
réseau, de la mise en marche, au début bien sûr, de la
réforme scolaire. En même temps, tout au long de son
déroulement, il devait signaler au gouvernement les failles ou les
faiblesses de la réforme scolaire.
Je ne cacherai pas au ministre que je ne suis peut-être pas en
mesure de porter un jugement définitif sur l'efficacité
réelle du Conseil supérieur de l'éducation, mais j'aurais
aimé, à l'occasion de la création d'un autre conseil
consultatif qui s'adressera plus spécifiquement aux collèges
qu'au niveau du ministère de l'Education et même au niveau du
Conseil supérieur de l'éducation, qu'on ait les
éléments de base, les éléments sérieux d'une
analyse assez élaborée sur le rôle effectif qu'a rempli le
Conseil supérieur de l'éducation ou que remplit, face au
ministère de l'Education, un organisme de ce genre.
J'ai lu avec intérêt un article que le ministre a sans
doute lu ici, dans la revue Prospectives, où M. Claude Fortier signe un
article qui s'intitule: Le Conseil des collèges, un nouveau venu dans
une pièce encombrée. C'est bien là la préoccupation
majeure, je pense, qu'est venu présenter au ministre l'ensemble des
groupes. Je pense que c'est loin d'être clair, les mandats respectifs du
conseil par rapport aux autres organismes consultatifs du milieu de
l'éducation et, pour ma part, ce qui m'apparaît peut-être
l'élément premier que je voudrais signaler dans ce court
commentaire de départ, c'est qu'il me semble qu'on n'a pas eu encore,
comme on ne l'avait pas eu non plus sur les conseils d'administration, de la
part du ministre, une opinion fondée sur l'expérience de dix ans
dans le monde de l'éducation sur le rôle véritable que
jouent ou que devraient jouer des conseils consultatifs.
J'ai l'impression qu'on crée un autre conseil consultatif, le
Conseil des collèges, dans ce que le ministre appellerait
peut-être la foulée des idées du début des
années soixante, mais je pense qu'à l'occasion de la
présentation de projets de loi aussi importants, il aurait
été primordial, de la part du ministre, de nous donner une
opinion, l'opinion du gouvernement ou l'opinion du ministère, sur le
rôle réel que peuvent jouer des conseils consultatifs et, sur
cette base-là, de dessiner peut-être un profil de conseil
consultatif, un profil d'organisme qui garde un droit de regard sur l'ensemble
du réseau, dans le cas du Conseil supérieur de
l'éducation, ou sur certains niveaux d'enseignement, peut-être
qu'on aurait eu une façon beaucoup plus concrète d'analyser les
fonctions propres qu'on a données au conseil et, deuxièmement, de
nous faire une idée beaucoup plus précise de la valeur
réelle de tel conseil. (17 h 15)
A première vue, bien sûr, tout le monde peut certainement
accepter que des gens nommés, qui seront sans doute très
compétents, donnent des avis de temps à autre au ministre sur le
fonctionnement des collèges. Je pense bien qu'il n'y a pas tellement de
problèmes là-dessus. Mais, d'un autre côté, si tant
est qu'on fait ou qu'on prétend faire en ce moment une réforme
des collèges, j'aurais aimé qu'on nous dise pourquoi c'est
nécessaire, absolument nécessaire, de créer un conseil;
pourquoi c'est nécessaire de le créer dans la même forme
que celle qui a présidé à la création du Conseil
supérieur de l'éducation et, troisièmement, surtout, de
nous donner davantage de détails ou enfin, de prendre au moins des
précautions élémentaires au niveau de l'ensemble des
organismes consultatifs dans le domaine de l'éducation de façon
que ce soit beaucoup plus clair que ce ne l'est présentement, ce que
vient au juste faire ce nouveau venu dans la pièce encombrée des
organismes consultatifs dans le domaine de l'éducation.
Si on regarde l'ensemble des mémoires qui ont été
présentés en commission parlementaire, si on regarde tout ce qui
est survenu au niveau du Conseil supérieur de l'éducation, les
hésitations que le conseil a manifestées, les réserves,
etc., ses attitudes qu'on connaît, au cours des derniers
jours, je pense qu'il y a suffisamment d'éléments pour que
le ministre et le gouvernement précisent davantage la nature et les
fonctions propres aux organismes conseils, surtout, comme le disait le
député de Saint-Laurent, face à une machine aussi
organisée et aussi bureaucratisée que le ministère de
l'Education.
Ce sont les remarques préliminaires que je voulais faire au
début de l'étude du projet de loi 24.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il y aurait une question
préliminaire que je voudrais poser au ministre. A-t-on fait une
estimation des coûts de la structure qu'on s'apprête à
mettre en place, tant pour le Conseil des collèges que pour les deux
commissions? Ce matin, j'entendais si j'ai bien compris le
Conseil supérieur de l'éducation nous dire que sa commission de
l'enseignement collégial avait des coûts estimés à
environ $200 000. C'est ce que j'ai cru comprendre ce matin de son
intervention.
J'aimerais avoir s'il y a eu une estimation de la part du
ministère de l'Education, quant au coût des nouvelles structures
qui seront mises en place.
M. Morin (Sauvé): Dans le projet que nous avons soumis,
que nous avons dû soumettre au Conseil du trésor, avant de
présenter au Conseil des ministres le projet de loi, nous avons
établi le coût de fonctionnement du Conseil des collèges et
de ses commissions à $500 000. C'est le montant qui a été
prévu. Je ne sais pas si les dépenses atteindront ce montant,
mais nous avons voulu que le montant fût suffisant pour assurer la mise
en marche de l'organisme. Si la commission de l'enseignement collégial
est abolie, nous pourrons retrouver une partie de l'argent que nous devons
consacrer au Conseil des collèges.
De plus, nous comptons, comme le souhaite d'ailleurs le Conseil
supérieur de l'éducation, regrouper les services des trois
conseils, les regrouper, par exemple, pour ce qui est de la
bibliothèque, de certains services, comme la photocopie, la polycopie,
de sorte que nous pensons réaliser des économies lors de la
fusion de ses services administratifs.
J'ai l'intention d'amener les conseils à cohabiter dans un
même immeuble, de façon qu'ils se parlent et qu'ils apprennent
à travailler ensemble, ce qui n'a pas été le cas
jusqu'ici.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je sais également
que le ministre ne nous a pas dit comment il voyait s'articuler tous les
conseils consultatifs relatifs à l'éducation.
Est-ce que, même s'il n'a pas décidé de façon
définie ce que sera le Conseil supérieur de l'éducation,
on peut penser quand même qu'il y aura, éventuellement, si ce
n'est pas à l'automne, ce sera incessamment, un conseil des
écoles, comme il y a présentement un Conseil des collèges
et un Conseil des universités?
M. Morin (Sauvé): Je ne suis pas fixé
là-dessus. Je sais que le Conseil supérieur favorise l'existence
de conseils de niveau et notamment la création d'un conseil de
l'enseignement primaire et secondaire, mais, avant de me décider, de le
suivre sur ce terrain, j'attendrai qu'il m'ait remis l'avis ou le document de
travail qu'il a promis lors de la rencontre que nous avons eue il y a quelques
semaines. Ce n'est qu'après avoir pris connaissance de ce document de
travail et de ses conclusions que je serai à même de
décider sur quel chemin je compte m'engager.
Mme Lavoie-Roux: Quelle réflexion a-t-on donnée
jusqu'à maintenant au sort qui serait réservé à la
commission pour l'éducation des adultes? Est-ce que, là aussi
je pense que tout le monde reconnaît que ça peut
transcender tous les niveaux on est avancé dans cette
réflexion au sein du ministère ou du conseil
interministériel de développement culturel?
M. Morin (Sauvé): Nous reconnaissons le fait qu'il devra
exister un certain nombre d'organismes qui auront une compétence
transcendant les divers niveaux d'éducation. Le cas de
l'éducation des adultes est un exemple de cela, puisqu'on trouve des
programmes d'éducation des adultes non seulement au niveau secondaire,
mais également au niveau des collèges et des universités.
Il faudra donc, après avoir établi les conseils de niveau, si
nous nous engageons par hypothèse dans ce chemin, que nous voyions
comment on peut traiter des problèmes qui intéressent plusieurs
niveaux d'enseignement.
Mme Lavoie-Roux: Pour le moment, dans un avenir relativement
prochain, la commission de l'enseignement de l'éducation des adultes
continue.
M. Morin (Sauvé): Elle continue, oui. Que je sache, le
conseil ne l'a pas abolie.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je n'ai pas d'autres questions.
Constitution et composition du conseil
Le Président (M. Marcoux): S'il n'y a pas d'autres
interventions, j'appellerais l'article 1. Est-ce que vous considérez,
comme vous l'avez fait antérieurement, que les amendements
proposés par le ministre constituent le nouveau texte de loi?
M. Forget: Oui, à moins que quelqu'un n'ait des
objections.
Le Président (M. Marcoux): II y a un amendement
intégré à l'article 1.
M. Morin (Sauvé): Nous ajouterions un paragraphe pour
répondre à la question qui a été
soulevée au moment des auditions et pour répondre en
particulier à la question suivante: Est-ce que la compétence du
conseil s'étend non seulement aux CEGEP, mais également aux
institutions visées pas la Loi de l'enseignement privé? Nous
pensions que la chose était claire puisque le projet de loi parle d'un
Conseil des collèges, mais nous nous sommes rendu compte qu'il valait
mieux le dire expressément et c'est l'objet de ce nouveau
paragraphe.
L'article premier crée donc le Conseil des collèges et
définit l'étendue de sa compétence.
Mme Lavoie-Roux: Dans les fonctions qui sont dévolues au
Conseil des collèges, il y a des fonctions de coordination, de projets
de création de nouveaux collèges, de nouveaux programmes
d'enseignement, de répartition par collège des programmes
d'enseignement, etc. Il est encore discuté, au niveau du gouvernement
du moins, on imagine que ça se discute encore, à moins
qu'il n'ait pris une décision et qu'il ne la rende pas publique
que, dans le cas de l'enseignement privé, le programme du Parti
québécois était que les institutions d'enseignement
privé devraient être éventuellement, sur une période
de cinq ans je n'ai pas le programme devant moi graduellement
intégrées au secteur public.
Est-ce qu'à partir de cette résolution ou de cette partie
du programme du Parti québécois, étant donné
qu'actuellement la compétence du conseil s'étendra aux
collèges d'enseignement privé, et compte tenu des
responsabilités, des sujets sur lesquels le ministre de l'Education
consultera le conseil, est-ce qu'on pourrait, par ce biais, réaliser
cette intégration graduelle au secteur public des institutions
d'enseignement privé?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il n'y a aucun
lien entre l'article premier, et en particulier la modification que je viens de
proposer, et la question du sort que l'enseignement privé. Il s'agissait
tout simplement de dire bien clairement que tant que les institutions
privées existeront, ça peut être pour une très
longue période, la compétence du Conseil des collèges s'y
appliquera. Pour ce qui est, pour être plus précis, de la
compétence du Conseil des collèges à l'égard des
établissements privés, il faut tenir compte d'une autre
modification qui se trouve dans votre polycopié et qui modifie l'article
14b. Nous ajoutons à la fin de l'article 14, l'alinéa suivant:
"Les paragaphes b), d), e) et f) ne s'appliquent pas aux institutions
visées par la Loi de l'enseignement privé." Le paragraphe b) vise
les projets de création des nouveaux collèges, d), le plan de
répartition par collège des programmes d'enseignement, e), les
politiques d'allocation entre les collèges du montant global des
crédits annuels accordés pour l'enseignement collégial, et
f), le plan et les règles de répartition entre les
collèges des budgets d'investissement.
Donc, ces questions ne relèvent pas du Conseil des
collèges puisqu'elles relèvent, comme on le sait, de chaque
établissement privé.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, je dois dire que je n'avais pas vu les
amendements. On nous a remis ça ce midi et je ne les ai pas
regardés à l'heure du lunch. Je pense que ceci répond
à ma question, sauf... même le paragraphe b), même pas pour
la création de nouveaux collèges. Ce serait toujours possible
qu'avec l'assentiment du ministère de l'Education un nouveau
collège d'enseignement privé puisse être
créé. D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article...
M. Rivest: Est-ce que le ministre pourrait dire, par rapport
à l'enseignement privé, le rôle de la commission
d'évaluation? La commission d'évaluation va avoir...
M. Morin (Sauvé): Elle sera disponible pour tous les
établissements puisque, comme nous venons de le dire, la
compétence...
M. Rivest: De la même manière que pour les
collèges d'enseignement...
M. Morin (Sauvé): Le service sera ouvert à tous les
collèges. Ils pourront requérir...
M. Rivest: J'aime l'emploi du vocable disponible, parce que le
ministre sait que les intervenants avaient certaines réserves sur la
disponibilité ou les services que la commission d'évaluation
pourrait rendre aux collèges, dans la mesure où certains ont
perçu les pouvoirs, on y reviendra plus tard, de la commission
d'évaluation. Etant donné qu'elle s'attache pas seulement aux
réseaux, mais bien aux institutions elles-mêmes, elle pourrait
constituer une entrave au principe de la liberté ou de l'autonomie des
collèges.
M. Morin (Sauvé): Je pense que cette préoccupation
était fort mal fondée.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 1, avec
l'amendement... Mme le député de L'Acadie, sur l'article 1?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: La commission d'évaluation examinera ou
analysera les politiques institutionnelles. Ce ne sont plus les examens comme
dans le cas des institutions privées de l'enseignement secondaire, il y
a quand même un contrôle du ministère par les examens.
Est-ce que je me trompe en disant qu'on va récupérer ce
contrôle par l'analyse des politiques institutionnelles avec tout ce que
cela comporte, parce que cela comporte plusieurs éléments? (17 h
30)
M. Morin (Sauvé): Je saisis mal la portée de la
question que vous me posez. De quel contrôle parlez-vous exactement?
Mme Lavoie-Roux: Par l'analyse des politiques
institutionnelles...
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous allez récupérer...
M. Morin (Sauvé): Les politiques institutionnelles
d'évaluation. Nous nous comprenons bien.
Mme Lavoie-Roux: Ce contrôle de la qualité de
l'enseignement dans les institutions privées, à l'heure actuelle,
au niveau secondaire, vous le faites par les examens du ministère?
M. Morin (Sauvé): Oui, mais nous n'avons pas l'intention
de soumettre les collèges privés ou publics à des
examens.
Mme Lavoie-Roux: Non. Mais par le truchement de l'analyse des
politiques institutionnelles, je pense qu'on peut arriver aux mêmes fins,
à savoir s'il y a des examens, comment on fait l'évaluation des
étudiants...
M. Morin (Sauvé): Ce ne sera pas mauvais que les
collèges privés tombent sous la compétence du Conseil des
collèges. Je crois qu'ils le souhaitent d'ailleurs. Ils sont venus nous
dire, l'autre jour, qu'ils étaient fort préoccupés de
savoir si cela s'appliquait aux établissements privés. Vous vous
en souviendrez. Les représentants d'une association
d'établissements privés sont venus nous faire part de leur
inquiétude à ce sujet. Et c'est justement pour répondre
à cette inquiétude que nous avons rédigé cet
article, pour qu'il soit bien clair que nous voulons répondre à
leur souhait de voir la compétence du conseil s'étendre aux
établissements privés.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Merci.
M. Rivest: M. le Président, j'ai ici le mémoire de
l'Association des collèges. Je comprends les réponses du
ministre, mais je tiens quand même à indiquer quelles
étaient les préoccupations de l'Association des
collèges...
M. Morin (Sauvé): ...
M. Rivest: A propos justement des collèges privés,
sur la commission d'évaluation, ils disaient: Nous n'avons pas
d'objection à ce que soit mise en place une commission
d'évaluation, à condition qu'elle soit uniquement chargée
de procéder à l'examen des politiques institutionnelles
d'évaluation et de la mise en oeuvre de ces politiques et d'adresser au
seul conseil les avis que lui suggère un tel examen.
M. Morin (Sauvé): C'est juste. Nous avons fait un
amendement, justement, pour répondre à cette observation.
M. Rivest: C'est cela que j'ai compris. "Nous nous opposons
très fermement, cependant, à ce que cette éventuelle
commission d'évaluation adresse aux collèges en cause des avis
qui lui suggéreraient un tel examen. Si le Conseil des collèges a
pour mandat de conseiller le ministre de l'Education et non pas les
collèges, on ne voit pas comment une commission de ce conseil aurait
pour mandat"... C'est corrigé.
M. Morin (Sauvé): J'ai fait une modification
précisément pour répondre à cette...
M. Rivest: C'était la préoccupation des
collèges.
M. Morin (Sauvé): C'est juste.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 1 avec
l'actuel amendement sera adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 2.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, avec l'article
2, nous abordons la composition des membres du conseil. On se souviendra ce
matin que nous avons eu un entretien avec le Conseil supérieur à
ce sujet. En réponse à une question du député de
L'Acadie qui se demandait s'il ne devrait pas y avoir également une
précision à l'égard d'un représentant du monde de
l'éducation des adultes ou de l'éducation populaire, le conseil a
répondu que cela ne paraissait pas souhaitable et qu'il convenait de se
soucier notamment d'une bonne répartition régionale. C'est ce que
nous avons à l'esprit, notamment dans le paragraphe b), où nous
prévoyons que le conseil sera composé de huit personnes issues du
milieu collégial, nommées après consultation des
collèges et des associations les plus représentatives du milieu
collégial.
Naturellement, nous aurons le souci de nous assurer que toutes les
régions du Québec soient représentées à
travers cet article. De même, on verra siéger, à
côté du président, prévu au paragraphe a), les
personnes prévues au paragraphe c), qui seront au nombre de trois et
nommées après consultation des associations les plus
représentatives du monde des affaires, du travail et de la
coopération.
Ce matin, le député de L'Acadie, je crois, a tenté
de savoir s'il ne vaudrait pas mieux inscrire l'expression
"socio-économique" à la place "du monde des affaires, du travail
et de la coopération" et la réponse a été
divisée.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas moi qui ai posé la question,
M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Non, je ne sais plus qui a posé
la question ce matin. Etait-ce le député de Saint-Laurent?
Etait-il éveillé à ce moment-là?
Mme La voie-Roux: Je pense que c'est venu du Conseil
supérieur de l'éducation.
M. Rivest: Est-ce que c'est la question qui vous a plu ou la
réponse?
M. Morin (Sauvé): La réponse...
Mme La voie-Roux: Je pense que c'est le Conseil supérieur
de l'éducation qui a posé la question.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. Je crois que c'est Mme le
député de L'Acadie qui a invité les membres à nous
faire part de leurs observations personnelles et il y a eu une observation de
Mme Marchand, à savoir qu'elle aurait préféré que
ce soient ou que ce fussent les socio-économiques.
M. Marcel Pepin, qui est également membre du conseil, a dit qu'au
contraire il fallait garder les expressions que nous avons dans le paragraphe
c), parce que si on disait "socio-économiques", on savait bien à
peu près qui cela pouvait signifier...
Mme Lavoie-Roux: Ils sont tous du même
côté.
M. Morin (Sauvé): ... probablement les
représentants de chambres de commerce et du conseil du patronat, contre
lesquels d'ailleurs, bien sûr, je n'ai rien, puisqu'ils sont
prévus dans le monde des affaires.
Au paragraphe d), nous prévoyons que seront membres du conseil
une personne du milieu universitaire nommée après consultation
des universités et une autre provenant du milieu de l'enseignement
secondaire nommée après consultation des associations les plus
représentatives des commissions scolaires.
C'est une tentative de s'assurer que la charnière existe, qu'une
charnière existe entre le conseil et les autres paliers d'enseignement.
Enfin, il y aura c'est bien naturel, comme c'est le cas d'ailleurs pour
tous les autres conseils consultatifs dans le domaine de l'éducation
un fonctionnaire du gouvernement. Le président de la Commission
de l'enseignement professionnel et le président de la commission
d'évaluation sont également membres du conseil.
Voilà, M. le Président. Je puis vous assurer que le dosage
a été établi après moult discussions avec
l'ensemble du milieu. Merci.
M. Le Moignan: Le président du conseil provient de quel
milieu?
M. Morin (Sauvé): Le président du conseil peut
venir de n'importe quel milieu.
M. Le Moignan: II est nommé par...
M. Morin (Sauvé): II est nommé par le
gouvernement.
M. Alfred: C'est l'article 3.
M. Morin (Sauvé): Oui, comme d'ailleurs le
président du Conseil supérieur de l'éducation et comme le
président du Conseil des universités.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il est vrai que les
représentants du Conseil supérieur de l'éducation n'ont
pas montré beaucoup d'enthousiasme pour qu'il y ait... Ce que je
regrette, au fond... On peut avoir chacun ses opinions, n'est-ce pas? C'est par
l'échange des opinions que...
M. Alfred: Du choc des idées jaillit la
lumière.
Mme Lavoie-Roux: Je n'en suis pas sûre, mais en tout cas!
Mais, à tout événement, quand je vois que, hors les huit
personnes du milieu collégial, il n'y a que trois personnes qui, en
fait, sont nommées après consultation des associations les plus
représentatives du monde des affaires, du travail et de la
coopération, cela laisse vraiment de côté ou cela n'assure
rien comme représentation au monde de l'éducation des
adultes.
Je reviens à ce que je disais l'autre jour. Enfin, si on regarde
ce qui est au livre blanc et l'importance qu'on veut donner à
l'éducation des adultes au niveau collégial et aussi tout ce
développement de l'éducation permanente, je pense qu'il aurait
été souhaitable quand même qu'on assure la présence
de quelqu'un du milieu des adultes. En tout cas, à tout
événement, je vais laisser passer.
Je vais quand même faire une motion, M. le Président, pour
rendre ce conseil le plus démocratique possible. Vous avez
remarqué que, ce matin, on n'a fait aucunement allusion à
l'indépendance du conseil pour des raisons que, je pense, de part et
d'autre, sans les exprimer, on a bien comprises. Il s'agissait justement de
respecter le rôle que la loi a dévolu au Conseil supérieur
de l'éducation, qui est censé être un rôle
apolitique, mais la courte expérience des derniers jours m'a
donné des indications dans le sens qu'il voulait bien demeurer
apolitique mais que certains respectaient peut-être plus difficilement
son caractère apolitique. Toutefois, je pense qu'il est important que,
quelque conseil de l'éducation que ce soit, qu'il soit universitaire,
élémentaire, collégial ou autre, ou supérieur
à plus forte raison, on essaie d'assurer le plus possible
l'indépendance des membres à l'égard du pouvoir politique.
C'est pour cela que je vais faire motion pour que le paragraphe a) du premier
alinéa de l'article 2 soit modifié en ajoutant après le
mot "président" les mots "élu par l'ensemble des membres du
conseil".
Le paragraphe amendé se lirait comme suit: "a) le
président élu par l'ensemble des membres du conseil". Je vois
déjà l'objection qu'on va m'apporter. C'est un poste à
temps plein. Si on laisse le soin aux membres d'élire entre eux le
président, il se peut qu'on ne se retrouve avec personne qui ne veuille
assumer ce poste de président à temps plein. Ceci a
déjà été dit au sujet d'autres organismes. Il reste
que, néanmoins...
Le Président (M. Marcoux): Avant que vous ne continuiez,
l'amendement est recevable et reçu.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie. J'étais tellement
convaincue que je continuais...
M. Morin (Sauvé): II était recevable, mais il n'est
pas reçu.
Le Président (M. Marcoux): Je n'ai pas dit
"adopté".
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on dit qu'il y aura huit
personnes du milieu collégial nommées après consultation
des collèges et des associations les plus représentatives du
milieu collégial. Il y a également une personne du milieu
universitaire. On imagine que, normalement, cette personne, de même que
celle provenant des milieux scolaires ou de l'enseignement secondaire, ne se
verra pas dans le rôle du président. Je pense que les huit
personnes du milieu collégial pourraient facilement trouver parmi elles
une personne qui accepte cette présidence du conseil pour une
période de cinq ans. Je pense qu'à ce moment on assurerait
en tout cas, c'est un moyen parmi d'autres; je pense qu'il faudrait en ajouter
d'autres quant à la façon dont on nomme les gens une plus
grande indépendance du conseil par rapport au pouvoir politique. Cela me
semble extrêmement important. Je pense que cela n'exclut personne,
même de la catégorie c), parce que quelqu'un qui vient du monde du
travail, qui vient du monde des affaires, de la coopération, rien
n'indique que quelqu'un, dans ces milieux, s'il est vraiment
intéressé, n'accepterait pas, pour une période de cinq
ans, comme on peut accepter d'être président de tout autre
organisme pour une période donnée, refuserait d'accepter ce poste
de président. Il me semble que permettre aux membres du conseil
d'élire leur propre président, ce serait assurer, dans une
certaine mesure au moins, l'indépendance du conseil, et consacrer en
quelque sorte cette responsabilité que les membres nommés doivent
assumer dans leurs fonctions ou dans les fonctions qui leur sont
dévolues comme membres du Conseil des collèges.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je voudrais appuyer avec enthousiasme cette
proposition qui serait peut-être la mesure concrète la plus
susceptible, avec le temps, de hausser le prestige, la
crédibilité et l'influence morale d'un conseil en lui permettant
de désigner, parmi ses membres, celui ou celle qui est le plus
susceptible, du jugement de tous les autres, d'assumer avec excellence, brio,
conviction et compétence les fonctions de président. Rien n'est
plus dommageable, après avoir sollicité les avis à gauche
et à droite pour des nominations à des organismes officiels comme
celui dont on envisage la création, que de voir le gouvernement
et tous les gouvernements successivement peu- vent être
blâmés de s'être laissés entraîner sur cette
pente faire une nomination qui est souvent déterminée par
des considérations largement étrangères au but d'assurer
le maximum d'influence et d'efficacité à l'organisme en
question.
Le ministre a peut-être déjà quelqu'un en vue, M. le
Président, et c'est probablement avec un embarras extrême qu'il
accueille l'amendement du député de L'Acadie. Il ne pourra plus,
dans une telle optique, promettre à qui que ce soit le poste de
président, un poste prestigieux, à première vue, du moins.
Il ne pourra plus lui promettre ce poste et lui dire: Ecoute, l'affaire est
réglée, abandonne donc cette fonction ou cette autre fonction...
(17 h 45)
M. Morin (Sauvé): M. le Président, sur une question
de privilège, si vous permettez...
M. Forget: ... peut-être même au sein du
ministère de l'Education.
M. Rivest: II n'y en a pas, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): ... ou une question de
règlement...
M. Rivest: II n'y en a pas en commission.
M. Forget: Le ministre pourra intervenir à la fin de mes
remarques.
M. Morin (Sauvé): Non, mais, vraiment, je ne peux pas
laisser passer ça, M. le Président. Je veux rassurer le monde de
l'éducation...
M. Forget: Ah non! je regrette, M. le Président. J'ai le
droit de parole...
Le Président (M. Marcoux): Non, mais il y a une question
de règlement qui est soulevée.
M. Alfred: Le règlement donne droit.
M. Forget: En vertu de quel article, M. le ministre?
M. Morin (Sauvé): En vertu de l'article 60, paragraphe
1.
Le Président (M. Marcoux): Un instant! Un instant!
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je veux rassurer
le monde de l'éducation. Je n'ai jamais offert ce poste au
député de Saint-Laurent. Jamais!
M. Forget: Nous nous en doutions, M. le Président. Nous
nous en doutions.
Le Président (M. Marcoux): Et je vais vous lire, pour
votre information personnelle, le paragraphe 1 de l'article 60: L'avis doit
paraître au feuilleton au plus tard la veille du jour où la motion
est présentée.
Mme Lavoie-Roux: Mais, ce qui me console...
M. Morin (Sauvé): Je me suis trompé
d'alinéa, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: J'avais des illusions. Je pensais que vous
connaissiez mieux votre règlement que moi. Mais ça semble aussi
bien.
Le Président (M. Marcoux): La parole est au
député... Oui?
M. Morin (Sauvé): Je me suis trompé
d'alinéa. M. Fallu: Question de règlement... M. Alfred:
... M. le député...
Le Président (M. Marcoux): Question de règlement,
oui.
M. Fallu: Non, je ne voudrais pas être méchant
envers le député de Saint-Laurent, loin de là...
M. Forget: Bien sûr.
M. Fallu: ... surtout que tout se passe ici dans la joie, dans la
sérénité, dans l'abondance verbale, mais c'est autre
chose.
Il est de coutume que nous fassions...
Mme Lavoie-Roux: ... droit de parole.
M. Fallu: Nullement. Au contraire, je voudrais que nous
l'orchestrions davantage. Il est de coutume que nous fassions un premier tour
de table au moment de la présentation d'une motion et qu'il n'y ait pas
d'accumulation, donc, d'intervention d'un même côté de
table. Donc, mon intervention est à l'effet de vous demander, M. le
Président...
Le Président (M. Marcoux): Je vais vous répondre
immédiatement.
M. Fallu: Oui, volontiers. Vous avez donc saisi.
Le Président (M. Marcoux): Lorsqu'on aborde un article la
première fois, je fonctionne selon les demandes de parole. Comme
personne n'avait sollicité la parole autre que le député
de Saint-Laurent, j'ai toujours respecté la règle dont vous
parlez...
M. Alfred: Pardon, M. le Président! Je l'avais
sollicitée...
Le Président (M. Marcoux): Pardon?
M. Alfred: Mais je cède quand même mon droit de
parole...
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Marcoux): En tout cas, vous ne vous
étiez pas fait remarquer. Je m'excuse.
M. Alfred: Excusez-moi, M. le Président, pour une fois, je
n'étais pas visible.
M. Rivest: Ni remarqué, ni remarquable.
M. Alfred: Excusez-moi, M. le Président, une fois...
Excusez-moi. Question de règlement!
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! M. le
député de Gaspé.
M. Rivest: Vous n'êtes pas remarqué, ni remarquable,
mon cher collègue.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président...
M. Le Moignan: M. le Président...
M. Alfred: Excusez-moi, non, je défends mon... Pour une
fois, M. le Président, je n'étais pas visible.
M. Le Moignan: Non...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gaspé, une question de règlement également?
M. Le Moignan: Question de règlement, et ça
répond au ministre qui a dit qu'il n'avait pas l'intention de nommer le
député de Saint-Laurent, parce que l'article 5 dit qu'un membre
de l'Assemblée nationale ne peut devenir membre du conseil ou le
demeurer.
M. Forget: Ah! Voilà son alibi! Une Voix: Qui?
M. Le Moignan: C'est pour ça que les membres de
l'Assemblée nationale sont éliminés.
M. Morin (Sauvé): Nous avons fait mettre cette disposition
dans la loi précisément pour éviter les pressions du
député de Saint-Laurent.
Mme Lavoie-Roux: Mais, ç'aurait pu faire un poste pour les
back-benchers qui attendent un poste de ministre.
M. Forget: C'est ça, ou d'autres personnes.
M. Rivest: Ou le député de Maisonneuve, non? Ah,
tiens, tiens! Le député de Maisonneuve...
Le Président (M. Marcoux): La parole est au
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Merci, M. le Président. Croyez bien que je
n'avais absolument pas à l'esprit de faire quelque pression que ce soit
pour obtenir une telle nomination, mais j'envisageais des personnes qui sont
peut-être plus près du ministre et qui lui causent un embarras
encore plus considérable que votre humble serviteur et dont il
souhaiterait
assurer un passage gracieux vers d'autres fonctions, par ce pouvoir de
nommer à un poste rémunéré des collaborateurs, des
collègues. Dieu sait avec quelle intention un tel pouvoir peut
être utilisé! Mais très sérieusement, c'est un
pouvoir qui, dans son exercice, dans les faits agit souvent pour
démotiver. C'est la première décision qui est prise dans
la création d'un conseil consultatif et c'est souvent la première
décision qui en préfigure un grand nombre d'autres et qui
commence, dès le départ, à démotiver ceux qui
viennent d'être nommés.
Si on leur fait confiance pour conseiller le ministère de
l'Education, le gouvernement du Québec, quant à l'avenir de nos
institutions d'enseignement, à plus forte raison, les autres membres
sont-ils capables de juger qui, parmi eux, peut présider leurs
délibérations.
Je sais qu'en soulevant une telle question, M. le Président, je
touche un point qui est sensible actuellement au sein du gouvernement. On vient
de vivre de l'autre côté toutes les difficultés que suscite
la nomination ou l'élection à un poste à l'exécutif
rémunéré et on sait combien suscite de convoitises...
M. Rivest: Vous parlez de Mme Harel.
M. Forget: Mme Harel, je crois, oui. On sait combien suscite de
convoitises un poste rémunéré, même dans
l'exécutif d'un parti politique qui n'a qu'un statut vulgaire à
comparer à un conseil de l'éducation ou un conseil des
collèges. Alors, combien plus convoité sera ce poste et il peut
se faire des cabales au sein d'un Conseil des collèges, mais il ne
faudrait pas être plus pessimiste qu'il ne le faut. Après tout,
ceux qui s'occupent de l'éducation ont peut-être un
tempérament moins fougueux que Mme Harel et les membres, en
général, des partis politiques et peut-être sont-ils moins
assoiffés de pouvoir, au sein d'un tel organisme, qu'on peut
l'être au sein d'un parti politique.
Alors, j'inviterais le ministre à tenir compte des
différences qui existent entre l'exécutif du Parti
québécois et le Conseil des collèges et de ne pas se
laisser guider par une expérience récente, cuisante et
malheureuse de son parti dans ce domaine, mais faire véritablement
confiance aux membres qu'il va désigner, d'ailleurs, après
consultation, pour faire un choix qui serait grandement de nature à
rendre plus crédible tout ce qu'il prétend vouloir faire avec un
Conseil des collèges, C'est donc un projet d'amendement
extrêmement sérieux que l'on pourra faire accompagner d'autres
suggestions d'amendement dans ce même esprit de renforcer toujours
davantage la confiance et le sérieux avec lequel le conseil va se mettre
à la tâche.
J'espère que le ministre nous écoute, M. le
Président, qu'il considérera à son juste mérite une
recommandation comme celle que nous faisons et qu'il fera sienne la motion du
député de L'Acadie.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: ... oui, Papineau d'abord. Mme Lavoie-Roux: II
a abdiqué.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau, M. le député de Terrebonne et, ensuite, M. le
député de Gaspé.
M. Alfred: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention le député de L'Acadie. Comme d'habitude, Mme
le député voulait tuer le temps. Comme d'habitude, Mme le
député...
M. Rivest: C'est une chanson, ça.
M. Alfred: ... ne croit même pas dans son amendement...
Mme Lavoie-Roux: Je n'y crois pas, voulez-vous que je vous en
fasse la démonstration?
M. Alfred: ... je suis sûr qu'elle en a dix à
proposer dans le but de tuer le temps. Nous sommes habitués à ce
petit jeu de Mme le député de L'Acadie. Elle a appris vite
à jouer. Quant au député de Saint-Laurent, il a
employé des termes, des substantifs comme prestige, comme
crédibilité, et comme influence morale...
Mme Lavoie-Roux: Vous nous faites perdre notre temps.
M. Alfred: Je dois vous dire...
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est le député de Papineau,
M. le Président, qui fait perdre le temps.
M. Alfred: ... que j'ai veinement tenté de chercher la
logique qui sous-tend l'argumentation et du député de L'Acadie et
du député de Saint-Laurent. Cependant, comme c'est le jeu
démocratique, nous acceptons de souffrir les deux maux du
député de L'Acadie et du député de Saint-Laurent et
je vous remercie. C'est très douloureux, je vous remercie et je vais
vous écouter encore.
Mme Lavoie-Roux: Vous pouvez vous retirer, si c'est trop
douloureux.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Terrebonne.
M. Rivest: Terrebonne.
M. Fallu: Je ferai valoir quelques arguments historiques, mais
rapidement, et ils sont de l'histoire récente, de 1964 et 1968,
c'est-à-dire de l'époque de la création du Conseil
supérieur de l'éducation et de l'époque de la
création du Conseil des universités. Je rappellerai notamment
l'article 8 du Conseil supérieur de l'éducation qui dit
textuellement: "Le lieutenant-gouverneur en conseil désigne parmi les
membres du conseil et j'ajoute entre parenthèses qu'il a
lui-même déjà désignés un
président et un vice-président, l'un de foi catholique et l'autre
de foi protestante,
c'est-à-dire que, peu importe la formulation, c'est du pareil au
même. C'est une loi donc du 13 mai 1964. Quant au Conseil des
universités, je lis à l'article 5: "Le conseil se compose des
membres suivants, nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil sur la
recommandation du ministre de l'Education. Petit a)...
Une Voix: Est-ce qu'on a bien dit petit "tas" ou petit "a"?
M. Alfred: Les deux se disent.
M. Rivest: Le ministre a une prononciation...
M. Alfred: On dit: Les deux se dit ou se disent.
Mme Lavoie-Roux: II faut une longue respiration. Petit a).
M. Rivest: II est excellent, le ministre...
M. Fallu: Dans un cas comme dans l'autre, comme dans le
troisième...
M. Rivest: ...
M. Fallu: ... à savoir autant dans le cas du Conseil
supérieur que dans le cas du Conseil des universités et dans le
cas du futur Conseil des collèges, ce personnel doit être dans un
premier cas, à demi-temps; dans un second cas, à temps plein,
nommé pour cinq ans et, dans un troisième temps, également
sans doute, bien que ce ne soit pas spécifié, à temps
plein ou pour le moins à mi-temps. Ce qui veut dire que les arguments du
député de Saint-Laurent n'ont aucun fondement historique dans la
tradition de nos lois. Voilà, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: On va vous démontrer autre chose.
M. Forget: Sauf une exception. M. Alfred: Laquelle? Mme
Lavoie-Roux: Attendez. M. Forget: Attendez.
M. Fallu: Voilà donc, M. le Président, ce qui met
fin à une argumentation qui pourrait être beaucoup plus
longue.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je voudrais ajouter
quelques mots seulement. J'ai la même inquiétude, quand on lit
l'article 2; le conseil se compose des membres suivants, nommés par le
gouvernement: a) le président On ne sait pas d'où il vient. Quand
je regarde l'amendement soumis par le Parti libéral, élu par
l'ensemble des membres du conseil, à ce moment-là, je verrais
très bien le président provenant du milieu collégial. Je
crois que ceci est très important, parce que le gouvernement peut nommer
n'importe qui, il peut le prendre en dehors du milieu de l'éducation;
ça peut être une créature politique, ça peut
être un président non désiré par l'ensemble du
conseil, et je voudrais mettre le ministre en garde à ce moment-ci.
Je pense que ce serait très important, puisqu'on veut former un
Conseil des collèges, de ne pas marcher à l'aveuglette et de
s'assurer que le président, qui est l'homme clé... Il ne faut pas
que le président soit un petit "tas", mais qu'il soit un homme et, en
dépit des arguments historiques et des autres lois... Cela peut
être une femme, M. le Président.
M. Forget: ...
M. Alfred: Au sens philosophique.
M. Le Moignan: Au sens générique, parce qu'on a
parlé de femmes ce matin avec le Conseil supérieur de
l'éducation, mais je pense que ce serait très important que le
ministre considère l'amendement qui est proposé et je verrais
très bien cela. Si huit personnes sont issues du milieu
collégial, peut-être que ces gens auraient intérêt
à choisir quelqu'un qui soit vraiment au courant des problèmes de
l'éducation. C'est tout ce que je voulais dire.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, M. le ministre a dit
tantôt... Je pense que l'amendement du député de L'acadie
vise une chose qui est quand même fondamentale et le ministre a eu beau
faire tous les discours qu'il a bien voulu faire pour parler de l'autonomie du
conseil face au gouvernement, je pense qu'il y a une proposition
extrêmement sérieuse qui garantirait cette autonomie. D'autant
plus qu'il ne faut quand même pas oublier que le gouvernement, à
l'article 6, fixe la rémunération, les avantages sociaux et les
autres conditions de travail du président.
Je pense que le lien entre l'article 2, qui donne au ministre le pouvoir
de nommer le président, et l'article 6, où le gouvernement, et
plus spécifiquement le ministre, fixe la rémunération, les
avantages sociaux et les autres conditions de travail, fait craindre
sérieusement que le ministre devrait entendre, au lieu de
décréter simplement, au départ, qu'il s'en tiendra
à son texte. Si on prend l'exemple de la Commission des écoles
catholiques de Montréal, on sait que le président le
député de Saint-Laurent a parlé d'autres formes
d'exécutif est élu. Le ministre aime souvent faire
allusion à mon passé. Je lui dis très gentiment, pour
l'informer, que les tentations du pouvoir sont telles que, parfois, les
présidents ainsi désignés peuvent subir des
contraintes.
D'ailleurs, je rappelle au ministre que l'Assemblée nationale a
siégé, une nuit durant, lorsque le
gouvernement, pour la CECM, pour le projet de loi 67, avait voulu
prendre trop d'ascendant sur le conseil d'administration. Il y a aussi une
tradition, une historicité dans le monde de l'éducation que je
voudrais quand même rappeler, surtout dans le contexte du
caractère indépendant et autonome que le ministre, verbalement,
reconnaît au Conseil des collèges, par rapport au ministère
de l'Education. Je pense que la proposition du député de
L'Acadie, dans ce sens-là, ne casse absolument rien, mais s'inspire
beaucoup plus du raisonnable et de la prudence élémentaire dont
le ministre devrait faire preuve pour présenter un projet de loi et pour
assurer la crédibilité de ce nouvel organisme de consultation
qu'il met sur pied dans le monde de l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il faut demander la suspension des
travaux?
Le Président (M. Marcoux): Pas besoin. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 heures.
Reprise de la séance à 20 h 13
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs!
La commission de l'éducation poursuit l'étude article par
article du projet de loi 24, Loi sur le Conseil des collèges.
Il y avait un amendement devant nous qui visait à faire en sorte
que l'article 2, paragraphe a), se lise "le président élu par
l'ensemble des membres du conseil"; à la place de: "le
président;". La motion d'amendement sera-t-elle adoptée?
M. Forget: Attention! M. le Président. J'aimerais bien
connaître la réponse que le ministre peut articuler aux arguments
qu'on a fait valoir, mais avant de lui abandonner la parole, j'aimerais lui
souligner enfin souligner pour le bénéfice du journal des
Débats qu'une telle procédure d'élection n'est pas
sans précédent dans le monde de l'éducation. C'est
désormais une tradition que le président de la Commission des
écoles catholiques de Montréal, par exemple, pour ne nommer que
cette commission-là, élise son président. C'est une
tradition qui n'est pas très vieille. On sait que, dans le passé,
lorsqu'il y avait un changement de gouvernement à Québec, comme
par hasard, la tradition voulait que le président de la CECM se retire,
trouve des raisons personnelles ou des raisons de santé pour faire le
vide. Mais je crois que cette tradition-là a été rompue,
du moins il y a eu deux élections en bonne et due forme depuis 1971 qui
ont permis à cet organisme d'assumer son rôle de façon
beaucoup plus autonome, face au gouvernement, que ce n'était le cas
antérieurement. (20 h 15)
Je suis sûr que ceux qui sont plus familiers que moi encore avec
le monde de l'éducation peuvent citer d'autres exemples
d'élections à un poste d'importance. C'est une dimension
extrêmement importante d'un tel conseil, parce que, finalement, le
président élu qui est rémunéré, qui est donc
à temps plein, est effectivement la cheville ouvrière d'un
conseil comme celui-là. C'est la seule personne, sauf les permanents
salariés qui sont, à toutes fins utiles, les fonctionnaires du
conseil, qui peut donner un style personnel à un conseil, qui peut lui
donner ou non un véritable impact sur le travail qu'il a à faire
et la façon de remplir son mandat.
C'est un amendement qui a une très grande importance à nos
yeux. J'aimerais bien, avant qu'on ne vote sur cette question, que le ministre
indique le plus clairement possible quelles sont les raisons qui l'incitent
à ne pas l'appuyer.
M. Alfred: Est-ce que vous avez envie de pleurer, Mme
Lavoie-Roux?
Mme Lavoie-Roux: Vous n'en avez pas assez? Merci.
M. Alfred: Avez-vous appris la nouvelle, Mme le
député?
Mme Lavoie-Roux: Non. Laquelle?
M. Alfred: Terre-Neuve est encore dérougie.
M. Le Moignan: Pas vrai?
M. Alfred: Ils sont encore battus.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les conservateurs qui sont
entrés.
M. Alfred: Oui, 33 conservateurs, malgré Jamieson. C'est
épouvantable, le rouge est banni du Canada.
M. Le Moignan: Je propose une motion tout de suite.
M. Alfred: Franchement, je ne comprends rien. M. le
Président, c'est terrible!
M. Le Moignan: Est-ce que vous avez une motion de
prête?
M. Alfred: De condoléances?
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau, vous faites un peu de diversion. M. le député de
Saint-Laurent.
M. Le Moignan: C'est une nouvelle, c'est très
réjouissant.
M. Forget: J'avais terminé. Je demandais tout simplement
au ministre d'avoir l'amabilité de nous donner une réponse
articulée à cet amendement que nous considérons comme
très sérieux.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, quand
j'étais petit, on nous racontait un conte de Grimm, qui s'intitulait
"Sept d'un coup". En votre absence, Mme le député, votre
collègue...
Mme Lavoie-Roux: ... rien manqué.
M. Morin (Sauvé): ... a abattu sept minutes d'un seul
coup.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce qu'il disait?
M. Morin (Sauvé): Sept pleines minutes d'un seul coup,
comme on aplatit les mouches. Je voudrais commenter néanmoins certains
types de ses propos qui constituaient la répétition de ce qu'il
avait déjà dit trois fois avant l'ajournement de la
séance.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne comprenez pas très
rapidement!
M. Morin (Sauvé): Oui, je sens que...
M. Alfred: Vous savez que nous avons l'esprit agile.
Mme Lavoie-Roux: Heureusement!
M. Morin (Sauvé): La question qui est soulevée est
celle de savoir si le président sera nommé par le gouvernement ou
élu par les autres membres. On aurait beau me citer les exemples de
commissions scolaires qui élisent leur président, ce qui est une
fort bonne chose, nous parlons de conseils auprès du ministre. Pour ce
qui est du Conseil supérieur, tout comme pour le Conseil des
universités, créé par le gouvernement
précédent, au moins pour ce qui est du Conseil des
universités, la tradition est que le président, qui doit
travailler de très près avec le gouvernement, bien sûr, qui
en est le conseiller, soit nommé par le gouvernement. Les autres
membres, eux, sont nommés, mais seulement après consultation,
soit des collèges, des associations les plus représentatives du
monde des affaires, du travail et de la coopération.
De même, certaines personnes sont choisies par les
universités et d'autres par les commissions scolaires. Donc, le milieu a
amplement l'occasion de se faire valoir, de faire nommer les personnes qui lui
paraissent les plus aptes à remplir ces rôles de conseil
auprès du gouvernement. Le président, dans ce cas-ci comme dans
les deux autres cas, sera nommé par le gouvernement. Je dois dire que le
gouvernement antérieur, tout comme le présent, n'a pas toujours
eu la main malheureuse puisque ça nous a tout de même donné
des présidents comme Germain Gauthier ou Mme Paule Leduc. C'est donc un
système qui a donné satisfaction jusqu'ici et je ne vois pas de
motif valable de changer le système.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... c'est fort évident que le ministre ne
changera pas d'idée et j'ignore les arguments que mon collègue de
Saint-Laurent a fait valoir, sauf que, dans la réalité des
choses, et même si le ministre va dire qu'on l'a
répété quatre fois, ça vaut la peine de
répéter quatre fois si je dis les mêmes choses.
J'aimerais quand même citer une occasion où le premier
ministre actuel du Québec était fort heureux dans ses
commentaires, lors d'une élection où, justement, le conseil
d'administration élisait lui-même le président de
l'organisme, de voir que, par ce truchement, cedit conseil d'administration
pouvait échapper à la mainmise du pouvoir politique sur son
administration.
Je pense que ce n'est pas inventé de toutes pièces. Je ne
dis pas le contraire; dans le cas de M. Gauthier et de Mme Leduc, ce fut de
fort bons choix, mais il reste que, si on croit à la démocratie
vraiment, si on croit aux habiletés et au bon jugement des personnes qui
forment un conseil d'administration, on devrait leur laisser exercer ce choix.
La seule raison que le ministre peut nous donner pour le conserver tel quel,
c'est qu'il veut, je le regrette je dis vous; c'est la même chose
dans d'autres cas garder l'autorité de décider
lui-même qui sera le président.
Avant-hier ou vendredi, le ministre nous disait qu'il avait
déjà des idées sur qui serait membre du conseil, qui
serait président. D'ailleurs, ça m'a un peu
inquiétée, parce que la loi prévoit qu'il doit consulter
un tas de monde avant d'avoir des idées préconçues. Il
reste que la seule défense du gouvernement ce serait un autre qui
serait là et non pas le gouvernement actuel, je dirais exactement la
même chose c'est de garder la mainmise sur les personnes qui vont
exercer des fonctions d'autorité. Tout ce que je peux souhaiter, parce
que ça me semble fort évident que le ministre ne changera pas
d'idée, c'est que les personnes qui seront nommées sachent se
tenir debout. Le rôle d'un président est extrêmement
important et ce n'est pas toujours sûr que les gens puissent se tenir
debout, M. le Président. On voit des présidents qui sont plus
faibles, il y en a d'autres qui sont plus facilement l'objet de pressions
politiques. Je pense qu'il n'y a pas de doute là-dessus.
Mais ce gouvernement qui, de toute façon, veut la mainmise sur
tout, lui qui parle de démocratisation, qui parle de respecter l'opinion
des gens, d'être, en tout cas, tous les slogans qu'on entend, il n'y a
peut-être pas de gouvernement qui veuille garder plus totalement la
mainmise sur tout ce qui constitue un conseil, une société d'Etat
que le gouvernement qui est en face de nous. On en a un autre exemple; je le
dis très sérieusement. Je ne remplis pas le temps, M. le
Président, parce que je pourrais continuer jusqu'à 20 h 45. C'est
tout ce que j'ai à dire là-dessus, mais ce me semble fort
évident.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, franchement, Mme le
député de L'Acadie charrie.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas très élégant,
comme vocabulaire.
M. Alfred: J'aurais accepté, M. le Président,
qu'elle arrive avec d'autres arguments. Mais quand elle dit, par exemple, au
nom de la démocratie, de la démocratisation, etc., il faut faire
ceci, il faut faire cela, elle ne croit pas ce qu'elle dit. J'accepte qu'elle
parle pour remplir le temps...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement. Pas plus ici qu'en haut, même si je n'y attache pas
vraiment beaucoup d'importance, le député de Papineau n'a pas le
droit de m'imputer des... J'y crois sincèrement et profondément,
M. le Président.
M. Alfred: Ce sont des arguments qui sont faux. Quand, M. le
Président, Mme le député dit, par exemple: On veut avoir
une mainmise sur ceci, on veut avoir un mainmise sur cela, bien, au nom
même de la responsabilité...
M. Forget: ... ne fait pas de conseil.
M. Alfred: ... on fait ça... M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes le gouvernement, fichez-nous
donc tous dehors et vous allez pouvoir exercer tous les pouvoirs que vous
voulez.
M. Alfred: M. le Président, je ne veux même pas
faire un filibuster.
Mme Lavoie-Roux: Ha, ha, ha!
M. Alfred: Mme le député de L'Acadie a osé
même mettre en doute la compétence des autres membres.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est même pas vrai...
M. Alfred:... ils sont faibles... C'est inconcevable de la part
de Mme le député de L'Acadie de tenir un tel langage. Ce que je
ne comprends pas, c'est que ce parti qui passe pour un parti sain, sans tache,
immaculé, a passé six ans... Le Parti libéral n'a rien
fait pour réformer l'enseignement, il n'a rien fait. Tout cet argument
que vous tenez, vous autres... M. le Président, est-ce que M. le
député de Saint-Laurent était au pouvoir pendant six ans?
Qu'a-t-il fait?
Le Président (M. Marcoux): Je vous rappelle à la
pertinence... A l'ordre!
M. Forget: II me ferait plaisir de lui répondre, pourvu
que vous me le permettiez, M. le Président.
M. Le Moignan: Consentement. M. Alfred: Non, M. le
Président...
Le Président (M. Marcoux): Je n'ai pas besoin de vous
demander la parole, je peux la prendre.
J'ai dit: A l'ordre, un instant! L'amendement vise à ceci:
à la place de lire "le président", on lirait: "le
président élu par l'ensemble du conseil." Vous parlez de
l'ensemble de la réforme scolaire, etc., je pense que c'est un peu
éloigné...
M. Alfred: Oui, c'est-à-dire que...
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement. Au nom de la
démocratie, je vous en prie, laissez-lui son droit de parole. Il est
fort éloquent.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau, vous avez la parole, mais je vous prierais de vous en tenir à
l'amendement.
M. Le Moignan: ...
M. Alfred: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: ... de ne pas faire ça trop long.
M. Alfred: Non, mais c'est sérieux, d'ailleurs
l'argumentation du député de Saint-Laurent, y compris celle de
Mme le député de L'Acadie n'ont rien apporté de
convaincant, n'ont rien apporté qui pourrait nous faire changer
d'idée sur l'article qui est là. Le participe passé
"élu" c'est ça, le participe passé
amené par Mme le député de L'Acadie, n'a d'autre but que
de nous faire perdre du temps. Dois-je vous dire que je ferme la
parenthèse pour appeler au vote?
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement
proposé par Mme le député de L'Acadie que je ne relirai
pas, parce que je pense l'avoir lu trois fois depuis dix minutes, sera
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Appel nominal.
Le Président (M. Marcoux): M. Alfred (Papineau).
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Forget (Saint-Laurent).
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Fallu (Terrebonne).
Mme Lavoie-Roux: Absent.
Le Président (M. Marcoux): Lacoste (Sainte-Anne).
M. Lacoste: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Le Moignan
(Gaspé).
M. Le Moignan: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Marquis
(Matapédia).
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Morin (Sauvé).
M. Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Paquette (Rosemont).
M. Forget: Absent.
Le Président (M. Marcoux): Alors, l'amendement est
rejeté par quatre voix...
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes arrivé pour sauver la
situation.
Une Voix: Par les cheveux.
Le Président (M. Marcoux): ... contre trois. Nous revenons
maintenant à l'article originel, article no 2. Est-ce que l'article no 2
sera adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président. Nous avons au
paragraphe a) un autre amendement.
Le Président (M. Marcoux): Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Nous avons, au paragraphe a) de l'article 2, un
autre amendement. Que le paragraphe a) du premier alinéa de l'article 2
soit modifié, en ajoutant après le mot "président", les
mots "après consultation des autres membres". Le paragraphe
amendé se lirait comme suit: "Le président, après
consultation des autres membres...".
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est recevable.
Mme Lavoie-Roux: Je vais être très brève
là-dessus. On a essayé, par le premier amendement, de convaincre,
mais sans succès, le gouvernement que ce serait peut-être une
façon de démocratiser le rôle du président et de le
mettre à l'abri le plus possible du pouvoir politique ou des pressions
politiques. Evidemment, on a échoué. Je présente cet
amendement comme étant un second choix mais, quand même, je crois
qu'il pourrait contribuer dans une certaine mesure à faire respecter
davantage ce principe d'autonomie et d'indépendance du conseil en
demandant au ministre, lorsqu'il nomme le président, qu'il s'arroge le
droit de nommer le président, de le faire au moins après
consultation des autres membres du Conseil des collèges.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y aurait d'autres
personnes qui voudraient intervenir sur l'amendement? M. le
député de Gaspé. (20 h 30)
M. Le Moignan: Je partage entièrement l'avis, toujours au
nom de la démocratie, de Mme le député de L'Acadie. Je
trouve cela bien logique, dans un conseil d'une telle importance. Si le
gouvernement nomme le président, il faudrait tout de même que ce
président soit agréé par l'ensemble, par tous les membres
qui auront à travailler avec lui dans ce conseil d'administration. Quand
j'ai mentionné cet après-midi que j'avais des
préférences même le président pourrait sortir
du milieu collégial je crois qu'à ce moment cela donnerait
beaucoup plus de crédibilité.
Si le président est nommé après consultation des
autres membres, cela n'empêche pas le ministre d'exercer ses droits,
à ce moment-là, s'il tient à le nommer. Il peut faire sa
consultation. On sait qu'un ministre ne doit pas être tellement
lié par une consultation, mais cela donne des apparences de grande et de
sage démocratie, comme dirait mon ami de Papineau. A ce
moment-là, je pense que le tout serait sauvegardé. J'appuie donc
cette motion sans plus.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je voudrais moi aussi appuyer la motion, M. le
Président. Je ne répéterai pas les arguments que j'ai fait
valoir tout à l'heure, mais vous remarquerez que le ministre s'est
soigneusement abstenu de donner quelque garantie que ce soit quant au choix de
ce président. Il n'y a aucune consultation qui est prévue pour sa
désignation. Ce sera un choix strictement personnel du ministre.
Il me semble que le moins qu'on puisse demander, c'est qu'un certain
garde-fou existe dans la désignation du président Cela s'est vu,
malheureusement, que des postes analogues à celui-ci soient
utilisés pour trouver une sortie élégante à un
fonctionnaire que l'on veut muter, pour ne pas dire un fonctionnaire qui est
déjà sur une tablette, selon l'expression bien connue au sein de
la fonction publique.
Ce genre de nomination est extrêmement dommageable et,
malheureusement, il faut constater que, dans le passé, cela a
été une issue trop facile et cela a contribué à
dévaloriser la notion de conseil consultatif comme nous en avons
plusieurs dans l'administration publique; mais on ne peut pas dire que, de
façon générale, ils ont véritablement joué
le rôle qui leur était destiné dans l'esprit de ceux qui
ont conçu cette formule et une large part de blâme revient
à un mode de nomination qui laisse trop de place à l'arbitraire
et aux convenances de lieux et de personnes qui n'ont rien à voir avec
les objectifs poursuivis.
Le ministre ne nous a donné aucune assurance; il fait des
consultations quant aux autres membres, ceux qui seront nommés à
partir des recommandations du milieu collégial, du milieu universitaire,
des associations patronales et syndi-
cales, mais, relativement au président, ce qui est assez
extraordinaire encore une fois, c'est l'homme charnière, c'est la
personne charnière dans le fonctionnement du conseil c'est une
nomination purement personnelle.
Le ministre nous a dit tout à l'heure: II faut qu'il travaille
avec le ministre. Il faut donc qu'il y ait compatibilité, il faut que ce
soit un choix qui soit agréable au ministre. Je ne crois pas, M. le
Président, qu'on puisse vraiment baser ou justifier l'arbitraire en ces
termes, parce qu'il ne s'agit pas d'un membre du cabinet du ministre. Il ne
s'agit pas même d'un fonctionnaire qui est, d'après la Loi de la
Fonction publique, un employé subordonné du ministre, il s'agit
d'un organisme créé par une loi de l'Assemblée nationale
pour donner un avis indépendant et autonome au gouvernement.
Le critère de choix ne peut pas être la
compatibilité de caractère ou la compatibilité sur le plan
idéologique ou politique. Cela ne peut être que les qualifications
indiscutables sur le plan professionnel de l'individu en question, sa
disponibilité et aussi son intention de faire prévaloir les
perceptions, les opinions et les recommandations du milieu que doit exprimer un
conseil, en dépit de l'opposition ou d'intentions contraires de la part
du gouvernement. C'est là qu'est toute la valeur d'un conseil
consultatif, c'est de représenter un autre son de cloche, un autre son
de cloche qui est autonome, indépendant et qui a beaucoup de
crédibilité. Ce n'est pas en nommant, en faisant nommer par le
ministre, selon un processus absolument discrétionnaire, cette
personne-là qu'on obtiendra un véritable rôle. Je pense que
c'est le test, la pierre de touche de tout l'édifice qu'est en train
d'édifier le ministre. Si, instruit de l'expérience des autres
conseils consultatifs gouvernementaux, il ne choisit pas d'aller plus loin que
cela, cela indique très clairement qu'il y a énormément de
parades, ce qui est simplement pour l'image et les apparences dans ce projet de
loi, et reflète bien peu les intentions réelles de faire guider
les politiques gouvernementales par non seulement des initiatives qui
émanent du parti au pouvoir, mais de faire éclairer ces
initiatives par des avis véritablement indépendants
exprimés avec vigueur, avec force. Cela ne peut pas être le cas
d'une créature du ministre telle que veut en faire le ministre actuel de
ce poste de président du Conseil des collèges.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne sais si le
député de Saint-Laurent interprète la volonté des
autres à travers sa propre expérience, mais en ce qui me
concerne, je n'accepte pas qu'il me prête les intentions comme il le fait
depuis quelques instants, comme s'il s'agissait là d'un choix personnel
que j'exercerais discrétionnairement et en vue de placer je ne sais trop
qui dans ce poste.
Je ne sais pas si le député de Saint-Laurent est dans ses
habitudes, mais ce ne sont pas les miennes. Tout d'abord, je dois dire que ce
ne sera pas là mon choix personnel, puisque l'article dit bien que les
membres de ce conseil sont nommés par le gouvernement. Donc...
M. Forget: Allons donc! Qui va faire la recommandation?
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas si le gouvernement auquel
a appartenu le député de Saint-Laurent laissait passer toutes ses
recommandations sans les regarder et sans même y prêter attention.
Ce n'est pas le cas du gouvernement actuel. Il faut justifier chacune de ses
recommandations et c'est ce que j'aurai à faire devant le Conseil des
ministres.
Comme il s'agit d'un organisme important et sur lequel nous comptons
beaucoup pour le renouveau dans les collèges du Québec. Il va de
soi que si je ne présente pas au gouvernement une personne qui se classe
parmi les toutes premières pour le souci qu'elles ont de la
qualité de l'enseignement dans les CEGEP, cette personne ne sera pas
reçue, de sorte que l'accusation implicite contenue dans les propos du
député de Saint-Laurent ne tient pas et je ne l'accepte pas. Pour
les raisons que j'ai indiquées tout à l'heure et pour
éviter de me répéter, comme lui-même a
désespérément tenté d'éviter de se
répéter depuis un instant, je ne recommencerai pas toute
l'argumentation que j'ai faite à l'encontre du premier amendement. Les
mêmes raisons militent en faveur du rejet de ce second amendement.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Seulement pour réagir aux derniers propos du
ministre, ne soyons pas naïfs! Il est clair que lorsque le ministre de
l'Education et vice-premier ministre va devant ses collègues
présenter, selon sa meilleure opinion, le candidat qui lui paraît
le plus approprié pour occuper ce poste, son choix va être
entériné, sinon il n'aurait plus qu'à démissionner,
parce que cela voudrait dire que ses collègues ne lui font plus
confiance. Tout le monde sait très bien comment ces choses se passent.
Je suis persuadé que ce sera un choix essentiellement personnel du
ministre. Il ne donne par ailleurs, aucun gage de vouloir suivre un processus
régulier qui le contraindrait à faire un choix et à le
justifier beaucoup plus sérieusement que ce ne sera le cas dans un
contexte comme celui-là. Alors, ne soyons pas naïfs. Tout le monde
sait très bien de quoi il s'agit. Je sais bien que le ministre va
essayer de faire le meilleur choix possible, mais parmi les candidats qu'il
connaît et parmi les candidats qu'il croit acceptables à ses yeux,
ce jugement ne peut pas manquer d'être coloré par le fait qu'il
est le ministre et qu'il ne veut personne, à ce poste, qui deviendrait
un embarras, qui deviendrait un critique trop sévère ou trop
indépendant. Cela ne peut pas se faire qu'il adopte vis-à-vis de
ce choix une attitude si détachée, si dégagée de
toute considération personnelle, puisqu'il occupe le siège de
ministre,
qu'il puisse faire une recommandation qui serait jugée par
d'autres comme étant nécessairement la meilleure. C'est se payer
de mots que de faire une telle affirmation. Franchement, le ministre se vante
de façon déraisonnable en tentant de nous faire croire qu'il est
capable de faire de pareilles recommandations, alors qu'il est, dans le fond,
personnellement impliqué.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, cela m'étonne
qu'on ne puisse pas convaincre le ministre d'accepter cet amendement. Je pense
que, de plus en plus, dans des postes qui sont importants, où les
présidents doivent avoir une image de crédibilité à
toute épreuve, on procède par consultation. Evidemment, il ne
s'agit pas ici du président de l'Assemblée nationale, mais on
accepte de consulter les autres partis politiques, quand il s'agit de nommer le
Protecteur du citoyen. Ce sont des postes qui demandent beaucoup de
crédibilité. C'est heureux que, de plus en plus, pour tous ces
nouveaux postes qui sont créés et qui requièrent cette
crédibilité, le gouvernement accepte de consulter.
Je voudrais simplement dire en passant là, M. le
Président, vous pourrez dire que je ne suis pas pertinente, parce qu'en
fait, je suis fort consciente que je reviens sur le premier amendement, mais ce
sera très court, je vous en avertis, ce n'est même pas la
peine...
Le Président (M. Marcoux): Si c'est pour mieux
définir votre pensée sur le deuxième amendement.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça. Mais on se souviendra qu'au
moment de la loi 71, où il s'agissait de créer le conseil
scolaire de l'île et que le gouvernement du temps un mauvais
gouvernement, sans aucun doute s'arrogeait le droit de nommer le
président et le vice-président. D'ailleurs, c'est même un
autre mauvais gouvernement, car la première fois, ce fut fait par
l'Union Nationale...
M. Le Moignan: Est-ce possible qu'il y ait un mauvais
gouvernement?
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. Forget: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ce fut fait par l'Union Nationale et,
malgré tout, il ne modifia pas sa loi. L'autre gouvernement, qui est
arrivé avec la loi 71 c'était la loi 62 dans le temps
s'est finalement rangé aux avis qu'il avait reçus,
imaginez-vous donc, de l'Opposition du temps...
M. Forget: Bien oui...
Mme Lavoie-Roux:... oui, et qui avait fait une grande bataille
avec laquelle j'étais d'accord, parce que, moi aussi...
M. Forget: II faudrait citer cette argumentation.
Mme Lavoie-Roux: ... je l'ai faite, cette bataille, pour que,
justement, le président et le vice-président soient non pas
nommés par le gouvernement, mais élus. C'est simplement pour vous
dire que ça m'étonne beaucoup de voir l'attitude rigide du
gouvernement quand il s'agit de nommer, dans le domaine de l'éducation,
quelqu'un qui a besoin de toute la crédibilité nécessaire
pour s'acquitter de son rôle.
C'est tout ce que je voulais dire, M. le Président, et je
comprends mal... En fait, le ministre a répondu à ce qu'il
considérait un mauvais argument de la part du député de
Saint-Laurent, mais il ne nous a pas dit pourquoi il ne peut pas faire la
nomination de ce président après consultation des autres membres
du conseil, pourquoi il s'oppose à ceci.
Vous ne tenez pas à répondre, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): C'est parce que ce n'est pas la
procédure usuelle pour le Conseil des universités, ni pour le
Conseil supérieur de l'éducation, et je ne vois pas de
nécessité de faire une distinction entre les présidents de
ces divers organismes, M. le Président.
Le jour où nous déciderons de faire une modification comme
celle-là, nous la ferons pour les trois présidents et pas pour un
seul.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, M. le Président, c'est assez
amusant. Il fait déjà une innovation avec le Conseil des
collèges, il abolit la commission collégiale au sein du Conseil
supérieur de l'éducation, alors que ce n'est pas encore fait pour
le Conseil... Il innove. Mais, pour les traditions qui le servent, il est moins
prêt à innover. Je pense que le ministre de l'Education, a
déjà dit que les traditions, ça doit changer. Je pense
qu'ici, il y aurait une occasion pour le ministre d'innover, surtout qu'il est
à la veille peut-être de modifier un peu, du moins, les fonctions
du Conseil supérieur de l'éducation et qu'il aura là une
autre occasion. (20 h 45)
II aurait également une occasion, et il nous a laissé
entrevoir qu'il faudra apporter des modifications pour le Conseil des
universités dans le sens que la Commission de l'université sera
abolie du conseil... Je pense que c'est le premier geste qu'il pose où
il peut montrer sa bonne volonté, une façon de
démocratiser et de rendre plus adaptée la composition de tous les
conseils de l'éducation.
Je n'ai pas autre chose à ajouter.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement proposé par
Mme le député de L'Acadie visant à ajouter après le
mot le "président", "après consultation des autres membres" et
ceci à l'article 2, paragraphe a) sera-t-il adopté?
M. Alfred: Rejeté.
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal.
M. Morin (Sauvé): Appel nominal, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des questions...
Le Président (M. Marcoux): M. Alfred (Papineau).
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Forget (Saint-Laurent).
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Jolivet (Laviolette),
remplacé par M. Fallu (Terrebonne). M. Fallu (Terrebonne).
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Lacoste (Sainte-Anne).
M. Lacoste: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Le Moignan
(Gaspé).
M. Le Moignan: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Marquis
(Matapédia).
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Morin (Sauvé).
M. Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Paquette (Rosemont).
Une Voix: Absent.
Le Président (M. Marcoux): La motion est rejetée
à cinq contre trois.
M. Fallu: ... M. le Président, à l'article 2. M.
Alfred: J'appuie la motion.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 2?
M. Forget: Nous avons un autre amendement à a). Encore!
Avec un article aussi imparfait, étonnez-vous que nous n'en soyons
rendus qu'à trois. M. le Président...
M. Alfred: ... l'imperfection...
M. Forget:... le conseil, nous dit-on, le Conseil des
collèges devra intégrer son action, coordonner son action
à celle du Conseil supérieur de l'éducation que le
ministre a déclaré ne pas vouloir supprimer. Fort bien. Comment
se fera cette coordination? Par quel canal? Par quel moyen se fera cette
coordination? Est-il normal, M. le Président, que la coordination se
fasse simplement par correspondance, par échange de documents? Ou ne
serait-il pas plus approprié qu'il y ait, dans la composition des deux
conseils, une certaine interpénétration, c'est-à-dire que
certains membres, peut-être pas plus d'un, du Conseil supérieur de
l'éducation soient également, d'office en quelque sorte, membres
du Conseil des collèges et qu'en retour, un membre du Conseil des
collèges soit également désigné d'office par le
Conseil supérieur de l'éducation, qu'il y ait en quelque sorte
échange d'au moins un membre dans les deux directions, de manière
qu'il y ait au Conseil des collèges quelqu'un qui connaisse bien le
travail du Conseil supérieur de l'éducation et vice versa.
Je ne sais pas si le gouvernement, en proposant l'alinéa e),
c'est-à-dire qu'un fonctionnaire du gouvernement doit faire partie du
Conseil des collèges, visait cette fin? Il n'y a rien qui nous permette
de savoir si le même fonctionnaire serait désigné
auprès de chacun des conseils, mais il y a lieu de croire que ce ne
serait pas le cas. Il s'agit plutôt d'assurer la liaison entre le
ministère, par exemple la Direction générale de
l'enseignement supérieur, et le Conseil des collèges,
plutôt que de coordonner les différents conseils entre eux.
Or, si on ne les coordonne pas, il est à craindre qu'ils
développent des programmes qui fassent double emploi, des travaux, des
recherches, des consultations qui soient faites, menées en
parallèle sur à peu près le même sujet et il
m'apparaît, M. le Président, que la meilleure façon, encore
une fois, d'assurer ou d'éviter un pareil chevauchement, c'est une
interpénétration des deux conseils, de manière que
l'information puisse couler dans les deux sens, le plus librement possible, et
qu'au sein même des délibérations sur un sujet quelconque,
l'un et l'autre conseil puissent bénéficier des lumières
de l'un de leurs membres.
Dans ce contexte-là, nous allons proposer un amendement qui a
pour but de substituer au fonctionnaire du gouvernement une personne
désignée par le Conseil supérieur de l'éducation.
Il me semble que c'est un amendement qui parle par lui-même, qui
n'engendre d'aucune manière une addition ou un alourdissement du Conseil
des collèges parce que ça n'ajoute pas un membre nouveau,
ça permet au contraire de maintenir une taille raisonnable et ça
permet également de maintenir, avec un choix raisonnable dans la
désignation, un équilibre identique quant au nombre de personnes
qui viennent du milieu collégial
et celles qui viennent d'autres milieux. Donc, je pense que
l'équilibre à la fois quant au point de vue du nombre total et
quant à la composition du Conseil des collèges n'est pas
modifié ainsi, mais cela nous permet d'avoir une personne qui est
véritablement indépendante.
L'ennui, M. le Président, de la présence d'un
fonctionnaire du gouvernement, c'est de créer une situation où un
fonctionnaire est appelé à participer à des avis
adressés au ministre. Je crois que c'est une situation assez curieuse
que de permettre à un fonctionnaire de délibérer
publiquement avec des membres du public qui sont membres du Conseil des
collèges et d'être amené à se prononcer sur des
questions qui sont soumises, en vertu de la loi, au Conseil des
collèges. Qu'il s'agisse des programmes d'enseignement, quels que soient
les autres sujets, d'ailleurs fort nombreux, pour lesquels il doit y avoir une
consultation obligatoire, la loi dans sa rédaction actuelle, à
l'alinéa e), amène nécessairement un fonctionnaire
à se prononcer sur les politiques du ministère.
Or, qui pourrait bien être ce fonctionnaire? Je pense qu'il est
assez évident que le fonctionnaire sera désigné, bien
sûr, par le ministre parmi ceux qui sont admissibles, c'est-à-dire
tous les fonctionnaires du gouvernement. Parmi tous ceux qui sont admissibles,
le ministre va être appelé à choisir presque
inévitablement un fonctionnaire qui est très près de
l'administration des programmes collégiaux. Je pense que ça va
à peu près de soi. Il est même possible que ce soit
quelqu'un qui se situe au niveau de sous-ministre adjoint ou de directeur
général. Je pense que cela se fait dans certains conseils
où le représentant du ministère est pris à un
niveau assez élevé de la hiérarchie de la fonction
publique.
C'est donc parfois la même personne qui va être l'auteur
d'un projet de règlement, d'un projet d'ordonnance quelconque qui, en
vertu de la loi, doit être soumis au Conseil des collèges, qui va,
au moment où son projet est terminé et a été
approuvé par le ministre, peut-être avec quelques retouches, avec
quelques corrections, va se précipiter dans l'ascenseur «en
changeant de chapeau et va devenir tout à coup membre d'un conseil qui,
en vertu de la loi, doit donner son avis au ministre. C'est demander beaucoup
à un seul homme que de préparer des règlements et,
après, d'en juger là-propos, l'opportunité ou le
bien-fondé. Je pense que c'est en quelque sorte une espèce
d'injustice pour l'individu en question qui est appelé à faire
des contorsions mentales assez extraordinaires pour distinguer entre son
rôle de fonctionnaire et son rôle de conseiller indépendant.
C'est également le mettre dans une situation difficile, si jamais c'est
un fonctionnaire qui n'a pas été principalement impliqué
dans la préparation d'un document quelconque venant du ministère
et qui doit, tout à coup, prendre une position qui n'est pas identique,
qui n'est pas celle que le ministère a définie. En effet, il
s'agit là de quelqu'un qui est dans la ligne hiérarchique, qui
doit normalement accepter que la position du ministère est
définie telle que le ministre l'a définie de façon
officielle et l'a communiquée au conseil.
S'il veut être honnête avec ses convictions, il va
être appelé, dans ces circonstances, à déjuger son
ministère et donc à prendre, vis-à-vis de ses
collègues et de son patron, le ministre, une attitude fort gênante
et qui est une cause d'embarras pour lui. Peut-être ne prendra-t-il pas
cette attitude, quelles que soient ses opinions et, à ce moment, il
s'agit d'un membre qui n'a pas beaucoup d'utilité. Quoi qu'il en soit,
quelles que soient les difficultés pour l'individu lui-même ou
pour le fonctionnement efficace de l'organisme, il nous semble qu'il y aurait
grand avantage à remplacer ce fonctionnaire par une personne
désignée par le Conseil supérieur de l'éducation.
C'est la raison pour laquelle je présente la motion d'amendement
suivante: Que le premier alinéa de l'article 2 soit modifié en
remplaçant le paragraphe e) par le suivant: e) Une personne
désignée par le Conseil supérieur de
l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: M. le Présidentl
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Evidemment, je voudrais appuyer la motion du
député de Saint-Laurent. Je pense que, ce matin, nous avons
entendu suffisamment de représentations voulant que la question de
l'articulation entre les conseils de secteurs et le Conseil supérieur de
l'éducation soit assurée. Il me semble que, compte tenu du fait
que nous aurons là une personne du milieu universitaire, nous aurons
également une personne de niveau scolaire et qu'éventuellement,
quelles que soient les modifications qui seront apportées au Conseil
supérieur de l'éducation, je pense que le ministre a reconnu, du
moins implicitement, je dirais presque explicitement, l'importance de la
coordination entre les différents secteurs. Il y en aura peut-être
d'autres qui s'y ajouteront éventuellement dans le secteur de
l'éducation des adultes, mais, à tout événement,
dans les secteurs que l'on reconnaît toujours sans difficulté,
élémentaire, secondaire, collégial et universitaire, le
fait qu'il y aurait une personne du Conseil supérieur de
l'éducation qui siégerait au Conseil des collèges
permettrait justement de faire ce lien. Même si on prévoyait des
représentants de chacun des secteurs au Conseil supérieur de
l'éducation, le fait d'avoir à l'inverse quelqu'un du Conseil
supérieur de l'éducation qui soit au niveau des collèges
faciliterait certainement la coordination et la compréhension entre le
Conseil sectoriel et le Conseil supérieur de l'éducation.
Je ne reviendrai pas sur toute l'argumentation que mon collègue
de Saint-Laurent a faite quant à la présence d'un fonctionnaire.
Il est vrai que le Conseil des universités à qui j'ai posé
la question m'a dit qu'il jugerait opportun la présence d'un
fonctionnaire. Je pense que Mme Leduc l'a signalé, je lui ai posé
la question. Tant mieux, si c'est le cas, mais je ne suis pas certaine qu'on
doive
instituer cela en principe. Chaque fois qu'il y a une commission qui est
créée, il doit y avoir un fonctionnaire du gouvernement. Au
moins, il devrait y avoir un fonctionnaire sans droit de vote, si on tient
à tout prix à la présence d'un fonctionnaire. Il ne fait
pas de doute qu'un fonctionnaire puisse être un trait d'union entre un
conseil et le ministère de l'Education, dans un sens ou dans l'autre,
interpréter de part et d'autre certaines politiques ou, enfin, les
disponibilités du ministère et ainsi de suite. Mais il reste
qu'il faut balancer ceci contre le fait que le fonctionnaire peut souvent se
trouver dans une situation difficile à l'égard du ministre ou
d'autres hauts fonctionnaires du ministère de l'Education. (21
heures)
Je pense que lui-même trouvera difficile le rôle qu'il a
à remplir et se trouvera souvent dans une situation fausse. On l'a vu
dans d'autres cas, avant même que ce gouvernement soit au pouvoir. A des
conseils de transition, on avait mis des fonctionnaires qui ne trouvaient pas
que c'était un rôle très facile. Mais il ne faut pas, d'un
autre côté, alourdir le fonctionnement du conseil en y ajoutant
trop de personnes, il y a déjà tout près de 16 personnes
à ce conseil. Compte tenu du fait que la présence d'un
représentant du Conseil supérieur de l'éducation
m'apparaît plus importante et permet la présence d'un membre qui
soit beaucoup plus libre et beaucoup plus autonome, non pas subjectivement,
mais autonome au point de vue de la pensée, et compte tenu du contexte
dans lequel ces conseils fonctionnent et des relations qu'ils doivent avoir
avec le ministère de l'Education, je demanderais au ministre de
considérer sérieusement la motion de mon collègue, le
député de Saint-Laurent, pour que le fonctionnaire du
gouvernement soit remplacé par un membre désigné par le
Conseil supérieur de l'éducation.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: C'est peut-être un mérite je ne dis
pas au député de Saint-Laurent dont je respecte l'intelligence
que discuter de cette motion, de la motion elle-même, que de la discuter
très longuement... On sait très bien qu'elle fait partie...
M. Forget: II n'est quand même que neuf heures, on a le
temps.
M. Fallu: Cela fait partie du temps qui passe, du temps qui
court, du temps qui fuit. Bref, on fera appel à Villon un de ces jours,
peut-être à Ronsard, pour nous faire un sonnet quelconque sur le
temps qui passe. Et peut-être tantôt sur la vieillesse.
J'aimerais cela, je vous l'avoue honnêtement, être dans
l'Opposition quelquefois, parce que cela devient drôlement lyrique. C'est
ainsi par exemple que si j'étais dans l'Opposition, je crois que ce
n'est pas cette motion que je ferais. Je ferais plutôt motion pour que
dans le Conseil supérieur de l'éducation, comme dans le Conseil
des universités on puisse ajouter qu'un membre soit nommé
après consultation du monde de la coopération, puisque, à
l'époque, en 1968, on n'y pensait pas. C'était l'époque.
Aujourd'hui, onze ans après, on y pense maintenant, on s'est rendu
compte que le monde de la coopération faisait partie de notre
univers...
M. Forget: Que l'air est pollué.
M. Fallu: Cela fait partie des millions de dollars qui se
brassent au Québec. C'est important. A l'époque toujours, au lieu
de nommer comme cela des fonctionnaires les années
soixante-quatre, c'était le temps des grandes années
lumières, c'était le temps de la belle jeunesse du
député de Jean-Talon... Il faisait ses premiers apprentissages
à l'époque. On nommait à ce moment-là...
M. Rivest: Question de règlement.
M. Fallu: J'arrive. On nommait à ce moment-là non
pas un fonctionnaire...
M. Rivest: Parlez donc de la motion. M. Fallu: Je parle de
la motion.
M. Rivest: Parlez donc de la motion au lieu de faire perdre le
temps à la commission.
M. Alfred: Allons donc, M. le député de Jean-Talon!
Soyez sérieux.
M. Fallu: C'est la motion qui fait perdre du temps à la
commission. On a eu à l'époque non pas un fonctionnaire au
Conseil supérieur de l'éducation, mais le sous-ministre de
l'Education c'est l'article 7 de la loi et ses sous-ministres
associés, qui étaient d'office membres du conseil, sans droit de
vote.
O tempora! o mores!
M. Forget: ... de la fonction publique, à
l'époque.
M. Fallu: On temporal o mores! dix ans après, même
quatorze ans après...
M. Forget: C'était avant l'époque de Louis
Bernard.
M. Fallu: On nommait, et c'était l'époque de
l'Union Nationale...
M. Forget: C'est fini, cela.
M. Fallu: On nommait, à cette époque, article 5 du
Conseil des universités, deux fonctionnaires du gouvernement.
M. Forget:...
M. Fallu: Aujourd'hui, autres temps, autres moeurs...
M. Forget:... avant le Christ et après le Christ. C'est
avant Louis Bernard et après Louis Bernard.
M. Fallu: On nomme maintenant des gens venant du milieu de la
coopération et plus qu'un seul fonctionnaire du gouvernement. M. le
Président, s'il fallait avoir une certaine logique là-dedans, il
faudrait non pas faire motion pour que l'une des personnes
désignées soit membre du Conseil supérieur de
l'éducation, il faudrait plutôt revoir les lois
antérieures. Non seulement les revoir comme je viens de l'indiquer, mais
dans combien d'autres dimensions. Il faudrait ainsi que l'Opposition nous fasse
plutôt la suggestion de revenir très rapidement, quelque temps
à l'automne, peut-être même cet été, avec une
mesure spéciale, avec l'appel de la Chambre, en vertu d'une motion
d'urgence, débattre d'ailleurs pendant quatre heures, dit-on, pour qu'on
puisse aussi inclure dans le Conseil des universités quelqu'un qui soit
représentatif du milieu des commissions scolaires. On a oublié
cela. M. le Président, il y a onze ans.
Vous m'excuserez, M. le Président, je ne me moque pas de la
commission, je ne me moque pas de l'intelligence du député de
Saint-Laurent, mais je me moque néanmoins de la motion qui est nettement
dilatoire en l'occurrence, car je crois que l'article no 2, tel qu'il nous est
présenté actuellement, est déjà d'une très
grande ouverture par rapport à ce que nous avons connu au Québec
comme mécanisme dans nos lois, dans nos conseils, soit le Conseil
supérieur ou le Conseil des universités. Voilà quelque
chose qui fait éclater, quelque chose qui met l'ensemble des agents en
rapport les uns avec les autres.
J'ai oublié, à ce titre, de souligner le dernier
paragraphe qu'on a tendance à oublier. Peut-être que ces gens
auront une motion tout à l'heure de division, de fraction ou de renvoi
ou je ne sais trop quoi pour que, maintenant, ce ne soit plus le
président de la commission de l'enseignement professionnel ou le
président de la commission d'évaluation qui fasse
également partie du conseil. On va sans doute vouloir suspendre
l'article soi-disant parce qu'on n'a pas encore accepté l'article 18. Je
leur en donne le conseil, cela leur fera une belle motion dilatoire, M. le
Président.
M. Forget: II devrait y avoir une "motion de rebut", monsieur,
dans le règlement.
M. Fallu: "Une motion de rebut", une personne
désignée par le Conseil supérieur de l'éducation.
"Motion de rebut", M. le Président, qu'on passe au vote.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, je n'avais pas l'intention
d'intervenir sur cette motion avant l'intervention du député de
Terrebonne. Je veux simplement lui rappeler qu'à peu près tous
les mémoires au niveau de la commission parlementaire ont insisté
sur la nécessité d'une coordination efficace entre les
différentes instances consultatives au niveau du ministère de
l'Education et que la proposition du député de Saint-Laurent n'a
strictement pour but que de répondre à cette préoccupation
des milieux de l'éducation. Le député de Terrebonne, au
lieu de faire des facéties parlementaires, aurait dû
s'intéresser au mérite de la motion et, s'il s'y était
intéressé, M. le Président, il aurait
épargné à cette commission les cinq ou six minutes de
temps qu'il vient de lui faire perdre.
M. Fallu: ... avant ce soir, M. le député de
Jean-Talon, parce qu'elle n'existait pas, elle vient d'être
improvisée.
M. Alfred: M. le Président, est-ce qu'on vote ou bien
est-ce qu'on passe?
M. Le Moignan: Non, non.
M. Alfred: Est-ce qu'il veut parler? J'avais demandé la
parole.
Le Président (M. Marcoux): Pardon? M. Alfred:
J'avais demandé la parole.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gaspé avait aussi demandé la parole.
Mme Lavoie-Roux: II exige la parole, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Oui, M. le Président. Quand on lit le
paragraphe e) de l'article 2, on propose: "un fonctionnaire du gouvernement".
Comme le député de Terrebonne vient de le mentionner, c'est un de
moins que l'Union Nationale. Ce gouvernement-là a donc fait des
progrès. Au lieu de deux, il n'en propose qu'un seul, excepté que
l'Union Nationale, dans ses fonctionnaires, choisissait le premier du bord,
l'homme compétent et ne le choisissait pas en fonction de la politique:
l'Union Nationale en était tellement détachée; tandis
qu'actuellement on n'a pas la même garantie.
Je trouve qu'inviter un membre du Conseil supérieur de
l'éducation qui n'est pas fonctionnaire... Je veux protéger le
ministre, le mettre à l'abri de la critique. Quand on pense aux
fonctionnaires, cela peut être dangereux. Vous n'êtes pas des
fonctionnaires vous autres, vous êtes des cadres supérieurs. On ne
parle pas deux autres, quand on parle de fonctionnaires. On ne peut pas les
toucher, ceux-là.
M. Rivest: II y a de bons fonctionnaires comme les gouvernements;
il y a de bons et de mauvais gouvernements.
M. Le Moignan: Ce sont des cadres supérieurs, on ne peut
pas les attaquer et on ne veut pas les attaquer, mais je trouve qu'il y a un
immense progrès sur la loi 68 qui était de l'Union Nationale et
un immense progrès sur la loi 64 qui
appartenait aux libéraux. Il y a du pour et du contre dans cette
chose-là. Mais, avec le président qui est nommé par le
gouvernement et un autre fonctionnaire nommé par le gouvernement, cela
fait un trait d'union un peu serré. C'est là que cela devient un
peu dangereux.
Personnellement, je préférerais qu'on s'adresse au Conseil
supérieur de l'éducation et, sur désignation, d'une
personne nommée par le Conseil supérieur. Là, on aurait un
conseil qui serait beaucoup plus valable.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, je dois vous dire que
l'article est complet. Je me permets de le lire, pour le bénéfice
de l'Assemblée. Ce conseil se compose: a) du président; b) huit
personnes du milieu collégial...
M. Le Moignan: Est-ce qu'il y a un président?
M. Alfred: ... c) trois personnes nommées après
consultation auprès des associations; d) une personne du milieu
universitaire...
M. Le Moignan: On n'a pas parlé des femmes...
M. Alfred:... e) un fonctionnaire du gouvernement.
M. Le Moignan: Vous n'aviez pas un amendement à nous
proposer?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Alfred: M. le Président, l'article est complet. C'est
la raison pour laquelle je vous demande d'appeler le vote pour battre
l'amendement du député de Saint-Laurent, et pour adopter enfin un
article, parce que le temps est précieux. Cela coûte de l'argent
aux contribuables. Chaque minute perdue, c'est de l'argent que les
contribuables perdent.
M. Le Moignan: Rendu à 23 heures, les minutes vont
compter.
M. Alfred: M. le Président, est-ce que vous voulez appeler
le vote?
Le Président (M. Marcoux): Tant que vous allez parler, je
ne pourrai pas le faire.
M. Alfred: Au moins ce que je dis est brillant!
Le Président (M. Marcoux): Le commentaire que j'ai fait
est un commentaire factuel; sur la brillance de vos propos, je m'interdis, dans
ma neutralité proverbiale et réglementaire, de me prononcer.
M. Alfred: Voulez-vous appeler le vote?
Le Président (M. Marcoux): La proposition
d'amendement...
Des Voix: Vote nominal.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que la proposition
d'amendement du député de Saint-Laurent, visant à
remplacer le paragraphe e) de l'article 2, où on lit actuellement "un
fonctionnaire du gouvernement", par "une personne désignée par le
Conseil supérieur de l'éducation" sera adopté.
Une Voix: Rejeté.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est rejeté
sur division. Nous revenons à l'article 2 original. M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Je voudrais proposer, étant donné la
similitude ou, enfin, les éléments de rapprochement qui existent
entre le Conseil des collèges et le Conseil supérieur de
l'éducation, en particulier pour appuyer le point qu'a soulevé le
député de Saint-Laurent sur l'indépendance du Conseil des
collèges vis-à-vis du ministère de l'Education, qu'un
fonctionnaire du gouvernement siège à un conseil consultatif,
cela ne constitue pas un précédent, dans la mesure où,
sauf erreur, au Conseil supérieur de l'éducation, le
sous-ministre et le sous-ministre adjoint y siègent. Je pense
qu'effectivement ils peuvent apporter à ces organismes une
expérience, ou enfin, une connaissance du milieu de l'éducation
qui peut certainement leur être utile. Je crois qu'il est très
important que ces conseils puissent, par eux-mêmes et d'une façon
absolument indépendante, prendre les décisions et qu'il n'y ait
pas, à ce titre, d'action ou enfin de participation directe de
ceux-là mêmes, des fonctionnaires du ministère de
l'Education, que le conseil, vis-à-vis de leurs politiques, est
appelé à surveiller.
Dans l'article de la revue Prospectives, que j'ai cité plus
tôt, on établissait très bien la fonction de ces conseils,
dans l'article de M. Claude Fortier, lorsqu'on disait, en parlant du Conseil
supérieur de l'éducation, qu'à l'époque, au moment
où on a adopté la Loi du Conseil supérieur de
l'éducation, et je cite: "On misait donc d'autant plus sur la fonction
de consultation qu'on craignait l'envahissement par le pouvoir politique et la
bureaucratie." La consultation devait servir de contrepoids. Qu'il y ait des
fonctionnaires au niveau des fonctionnaires du ministère de l'Education
qui participent aux délibérations, je pense que cela peut
être utile. Si je me réfère à la Loi du Conseil
supérieur de l'éducation, l'article 7, on définit
exactement le mandat et on justifie la présence de ces fonctionnaires.
Etant donné que la motion précédente n'a pas
été acceptée, je cite l'article 7 de la Loi du Conseil
supérieur de l'éducation: "Le sous-ministre de l'Education et les
sous-ministres associés sont d'office membres adjoints du conseil, mais
n'ont pas droit de vote." Dans le paragraphe suivant, on dit, en parlant de ces
fonctionnaires: "Ils doivent transmettre au conseil, à ses
comités et
commissions les renseignements disponibles que ceux-ci
requièrent. Donc, leur présence est une présence de
services et c'est dans ce sens-là qu'elle peut être
légitime. (21 h 15)
Ceci m'amène, M. le Président, à formuler la
proposition suivante: Que le paragraphe 1 du premier alinéa de l'article
2 soit modifié en ajoutant, après le mot "gouvernement", les mots
"sans droit de vote". On comprendra cette proposition. Je pense qu'elle est
tout à fait légitime. Elle est cohérente avec la Loi du
ministère de l'Education. Est-ce qu'elle est recevable? Oui, je
suppose.
Le Président (M. Marcoux): Elle est recevable.
M. Rivest: Bon! Alors, elle est cohérente avec la Loi du
Conseil supérieur de l'éducation et puis, chose importante,
même s'il n'est peut-être pas nécessaire, à ce
moment-ci on verra plus tard d'indiquer le rôle que doivent
remplir les fonctionnaires du gouvernement au sein d'un conseil consultatif,
néanmoins, je pense qu'en précisant et en établissant une
cohérence entre le Conseil supérieur de l'éducation et le
Conseil des collèges sur le plan du droit de vote, on marque très
clairement l'indépendance des membres d'un conseil consultatif à
l'endroit du ministère de l'Education et on souligne, d'une
façon, je pense, raisonnable, l'apport, sur le plan de l'information,
que peuvent apporter des gens du ministère de l'Education au sein d'un
conseil consultatif.
M. le Président, je ne sais pas ce que le ministre va penser
d'une proposition comme celle-là, mais il me semble qu'elle s'inscrit
très bien dans la logique même des corps consultatifs que l'on
crée pour surveiller le fonctionnement d'un ministère, donner des
avis au ministre. Imaginez-vous, dès lors que le Conseil des
collèges émettrait un avis à l'encontre d'une politique
gouvernementale, dans quelle position serait placé le fonctionnaire qui
aurait participé au vote approuvant un avis qui pourrait être
négatif à l'endroit des politiques du ministère de
l'Education.
La précaution qu'on avait prise lorsqu'on a adopté la Loi
du Conseil supérieur de l'éducation m'apparaît raisonnable
et c'est dans ce sens-là que je fais la proposition d'ajouter,
après les mots "un fonctionnaire du gouvernement", la précision
qu'on retrouve dans la Loi du Conseil supérieur de l'éducation,
"un fonctionnaire du gouvernement, sans droit de vote". Je pense que c'est une
proposition raisonnable.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'accepte la
proposition d'amendement.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que la proposition
d'amendement sera adoptée?
Des Voix: Vote nominal.
Une Voix: Pour voir si le député de Jean-Talon est
d'accord.
M. Rivest: M. le Président, pour bien démontrer la
logique de mon argument, je ne voterai pas sur ma proposition.
Des Voix: II n'a pas droit de vote...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le texte se
lirait de la manière suivante...
Le Président (M. Marcoux): Un fonctionnaire du
gouvernement, sans droit de vote.
M. Morin (Sauvé): Un fonctionnaire du gouvernement, sans
droit de vote.
Le Président (M. Marcoux): Sans droit de vote. Est-ce
qu'il y a d'autres propositions?
Mme La voie-Roux: Oui, M. le Président.
M. Rivest: M. le Président, je n'ai pas entendu le
député de Terrebonne parler du caractère dilatoire du
travail de l'Opposition. Est-ce qu'on ne pourrait pas permettre au
député de Terrebonne de nous servir les mêmes
facéties qu'il nous sert à chaque motion qu'on fait?
M. Fallu: On attend la prochaine, M. le député de
Jean-Talon.
Mme Lavoie-Roux: J'ai hâte de voir ce que vous allez faire
de la prochaine!
M. Rivest: Vous ne perdez rien pour attendre!
M. Morin (Sauvé): Si elle est dilatoire,
naturellement...
M. Alfred: Est-ce qu'il y en a une autre?
M. Fallu: Le dernier paragraphe, il s'agit de suspendre
jusqu'à l'article 18?
Mme Lavoie-Roux: Ah, ce serait fort intéressant que vous
la déclariez dilatoire.
M. Alfred: ...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux:... quand la Fédération des parents
des CEGEP est venue nous rencontrer et a présenté son
mémoire, elle a fait certaines remarques tant sur le projet de loi no 25
que sur le projet de loi no 24.
Sur le projet de loi no 24, on pouvait lire dans son mémoire:
Nous demandons aussi que dans la composition du Conseil des collèges, un
parent soit désigné comme membre pour siéger et ce,
après consultation avec la Fédération des associations de
parents des CEGEP du Québec.
Je m'attendais à trouver cette modification dans les amendements
que le ministre nous proposait, parce que je pense que je ne me trompe pas en
disant que le ministre, à cette suggestion qui venait de la
Fédération de parents, a dit: Savez-vous, c'est une proposition
à laquelle je suis sensible et je l'examinerai. Cela me paraît une
possibilité.
Alors, je vais présenter la motion tout de suite au cas où
le ministre l'accepterait tout de suite et elle se lirait comme ceci: "Que le
dernier alinéa...
Le Président (M. Marcoux): Paragraphe e).
Mme Lavoie-Roux:... de l'article 2 soit modifié, en
ajoutant à la fin, le paragraphe suivant f): Un parent nommé
après consultation de la Fédération des associations de
parents des CEGEP." Est-ce qu'elle est recevable, M. le Président?
Le Président (M. Marcoux): Recevable.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que
déjà le ministère de l'Education reconnaît le
bien-fondé de l'Association des parents, puisqu'elle reçoit une
subvention assez minime pour le... je pense qu'on a parlé de...
Une Voix: $40 000.
Mme Lavoie-Roux: $40 000 par année. Ces jugements sont un
peu subjectifs, mais ça n'a pas d'importance. Mais de toute
façon, c'est...
M. Fallu: J'ai dit $40 000; j'ai donné un chiffre.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas le point. Le point principal...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
Mme Lavoie-Roux: ... c'est que je pense que cette subvention du
gouvernement est une reconnaissance du bien-fondé d'une association de
parents au niveau des collèges. Mais ça, c'est simplement un
élément. Je pense aussi que... M. le Président,
voulez-vous rétablir l'ordre?
Le Président (M. Marcoux): Je demanderais à tous
les députés y compris le député de Jean-Talon de
redevenir calme.
M. Alfred: ... et surtout, de ne pas fumer.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie, je suis convaincu que tous les membres vont vous écouter
maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Ils ne sont pas obligés de
m'écouter, mais ils me distraient, M. le Président.
Une Voix: On vous entend.
M. Alfred: ... il n'y a jamais de règlement...
Mme Lavoie-Roux: Mais...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau, je vous en prie.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, je trouvais qu'il faut pour qu'il y
ait équité, que vous mentionniez aussi le nom du
député de Papineau, après avoir mentionné celui de
Jean-Talon.
M. Alfred: Pourquoi.
Mme Lavoie-Roux: Mais il n'y a pas une grande
démonstration à faire, M. le Président. Ou le ministre
veut ou il ne veut pas. Je pense que je n'ai pas besoin de le convaincre du
bien-fondé des réclamations des parents. Il y est ordinairement
toujours très sensible et c'est dans ce sens que je fais ma proposition.
Je pense que ça établirait un climat de confiance entre le
Conseil des collèges et les parents. Les parents ont souvent
été, non pas toujours sans fondement, très critiques de
l'enseignement collégial et souvent parce qu'ils étaient
peut-être dans l'ignorance de ce qui se passait. Je comprends qu'ils sont
au conseil d'administration des collèges, mais à ce moment on va
quand même créer un organisme important qui a des fonctions
très précises que je n'énumérerai pas, qu'on
retrouve entre 13 et 14. Cela me semblerait logique, d'autant plus que le
ministre s'était montré quand même sympathique à
cette suggestion des parents.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'était
ma ferme intention de faire en sorte que parmi les huit personnes du milieu
collégial, nommées après consultation des collèges
et des associations les plus représentatifs du milieu collégial,
il y eût au moins un parent. C'est dans cette catégorie que cette
personne se retrouverait.
Donc, je ne vois pas la nécessité de l'amendement
préconisé par le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Au moins ça nous aura
éclairé sur les huit, que parmi ces huit personnes il y en aura
une qui soit un parent. Mais je pense que c'est une garantie assez
aléatoire, parce que huit personnes du milieu collégial, je vous
assure que là j'accepte la promesse verbale du ministre et je ne la mets
pas en doute du tout. Mais il y...
Une Voix: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Elle est écrite. Il y a
déjà eu des choses de dites en commission parlementaire qui n'ont
pas engagé d'une façon finale des ministres qui les ont dites.
Alors, il y en a d'autres qui succéderont au ministre, ne serait-ce que
par l'usure de l'âge, après 20 ans. Il y aura certainement un
changement, même dans...
M. Alfred: Dans sept ans.
Mme Lavoie-Roux: ... les meilleures hypothèses, pour le
gouvernement actuel, pour le ministre
lui-même, mais, sérieusement, je maintiens ma motion parce
que huit personnes du milieu collégial... Quant à ça,
à chaque demande qui serait faite, il pourrait dire: Elle est contenue
dans les huit, elle sera choisie parmi les huit. Je tiens à ce que,
d'une façon précise, soit désignée ou retenue
l'idée qu'un parent soit membre du Conseil des collèges, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que quelqu'un
désire...
M. Alfred: Je demande le vote.
Le Président (M. Marcoux): Si personne ne désire
parler, c'est automatique.
Mme La voie-Roux: Si vous permettez. Si la crainte du ministre,
c'est que ceci alourdisse le conseil et que son intention était de
choisir, parmi les huit personnes, une personne qui soit un parent, on pourrait
peut-être, à ce moment-là, modifier huit par sept et
maintenir un parent à f), ce qui n'alourdirait pas. Ou encore qu'il
indique, de queque façon en b) huit personnes dont au moins une sera un
parent. Je pense qu'il faut qu'il l'indique quelque part parce que... Ecoutez,
personne ne se sentira lié par ça dans cinq ans.
M. Morin (Sauvé): De ce point de vue, j'aime mieux revenir
à la première proposition de Mme le député de
L'Acadie et j'accepte l'idée de l'inclure en d) et on décalerait
les autres paragraphes. Je crois que ce serait l'endroit idoine. Une personne
représentant les associations de parents du milieu collégial.
Mme Lavoie-Roux: ... sur consultation de l'association de...
M. Morin (Sauvé): C'est parce qu'il peut y avoir plusieurs
associations. Effectivement, il y en a plusieurs, elles ne sont pas toutes
regroupées...
Mme Lavoie-Roux: II y en a d'autres à l'extérieur
de la Fédération des parents.
M. Morin (Sauvé):... et c'est un peu la même chose
que dans le domaine primaire et secondaire, il y a plusieurs
fédérations, plusieurs associations. Enfin, il n'y en a pas
plusieurs, mais il y en a au moins deux.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est l'autre? Pour mon information...
M. Morin (Sauvé): II y en a une à Montréal
qui...
Mme Lavoie-Roux: La Fédération des associations de
parents des CEGEP du Québec, ça ne regroupe pas... Elle ne
regroupe pas tous les parents, mais il y en a une autre qui regroupe un certain
nombre d'associations de parents.
M. Morin (Sauvé): Une quinzaine.
Mme Lavoie-Roux: Une autre qui en regroupe une quinzaine.
M. Morin (Sauvé): Du moins, il y en a une qui en regroupe
une quinzaine...
Mme Lavoie-Roux: Celle-là en regroupe une quinzaine.
M. Morin (Sauvé): Et je ne sais pas combien il peut y en
avoir dans l'autre.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait quand même, M. le ministre, je
dis ça pour vous aider, que ce soient des associations de parents de
CEGEP, du milieu collégial.
M. Morin (Sauvé): Oui, on pourrait adopter le texte
suivant qui serait peut-être un peu plus précis: Un
représentant des parents nommé après consultation des
associations les plus représentatives de parents.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous pourriez
relire...
M. Morin (Sauvé): Un représentant des parents
nommé après consultation des associations les plus
représentatives de parents...
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez...
M. Morin (Sauvé): ... intéressés au niveau
collégial ou quelque chose comme ça. (21 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Au niveau collégial...
M. Morin (Sauvé): Les parents de niveau collégial,
c'est un peu bizarre.
Mme Lavoie-Roux: Les consultations des parents des CEGEP du
Québec. Cela va être bien...
M. Morin (Sauvé): II faut essayer d'être le plus
court possible. "Un représentant des parents nommé après
consultation des associations...
Le Président (M. Marcoux): ... les plus
représentatives du milieu... non.
M. Morin (Sauvé): Non. Des parents
intéressés au niveau collégial. Je pense que là,
tout le monde va comprendre de quoi il s'agit.
Le Président (M. Marcoux): Un représentant des
parents intéressés au milieu collégial?
M. Morin (Sauvé): Au milieu collégial. On sait ce
que ça veut dire. On peut peut-être suspendre deux minutes pour
que ce texte ne soit pas trop improvisé.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous seriez d'accord
pour l'inscrire en f) à la place, au lieu de tout décaler?
M. Morin (Sauvé): Je pense que c'est plus facile de
décaler, je crois que la place des parents devrait être en d) et
on décalerait les deux paragraphes suivants. Suspendons pendant qu'on y
travaille, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): On va suspendre l'article 2;
pas nécessairement tout l'article, on va suspendre cet amendement?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on va attendre la
version, c'est seulement que les associations des parents les plus
représentatives, ce n'est probablement pas cette formule qui sera
retenue, mais l'association qu'on ne jugera pas représentative. On va
attendre la version finale et je remercie le ministre de son ouverture.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau et ensuite M. le député de Jean-Talon.
M. Alfred: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Les parents de niveau collégial?
M. Rivest: Les associations de parents des collèges.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
M. Rivest: ... une loi sur les collèges, est-ce que
ça ne va pas de soi?
M. Alfred: Qu'est-ce qui va de soi?
M. Rivest: Que ce sont les parents intéressés au
niveau collégial.
Le Président (M. Marcoux): On a suspendu l'amendement, il
va y avoir une formulation définitive proposée... on
discutera...
Mme Lavoie-Roux: Je disais, des associations de parents
d'étudiants de niveau collégial.
Le Président (M. Marcoux): Je vous recommande de discuter
à partir de l'amendement définitif.
Mme Lavoie-Roux: On prendra votre version.
M. Alfred: M. le Président, étant donné
l'ouverture du ministre, et que le parti de l'Opposition officielle vient de
faire deux gains successifs, je suis sûr qu'ils vont mettre fin au
filibuster pour adopter l'article 2.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau, nous ne pouvons pas adopter l'article 2, parce qu'il y a un
élément de l'article 2 qui est suspendu. Je voudrais savoir s'il
y a d'autres questions ou commentaires sur l'article 2, tel qu'amendé ou
présumément demandé.
M. Rivest: Je voudrais poser une question au ministre...
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jean-Talon.
M. Rivest:... vous n'avez pas besoin de mettre "du milieu
collégial" dans l'amendement; ça va de soi, dans une loi sur les
collèges. Je pense que c'est de la redondance.
M. Morin (Sauvé): C'est ce que je pense aussi. J'essaie
d'alléger le texte.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est simplement un
commentaire que je fais sur le deuxième paragraphe, "le président
de la Commission de l'enseignement professionnel et le président de la
Commission d'évaluation sont également membres du conseil."
Evidemment, ceci a été inclus pour faire la concordance avec les
deux commissions que l'on prévoit créer. J'ai certaines
réserves, mais je ne ferai pas de proposition ou de motion de quelque
nature que ce soit. Je ferai mes remarques au moment où nous arriverons
aux commissions d'évaluation et de l'enseignement professionnel. Mais je
veux indiquer ici certaines réserves.
Le Président (M. Marcoux): Nous allons attendre quelques
secondes.
M. Morin (Sauvé): Je pense que nous avons un texte, M. le
Président, qui peut donner satisfaction aux membres de cette commission.
"Un représentant des parents nommé après consultation des
associations les plus représentatives des parents d'étudiants de
niveau collégial".
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, je l'accepte, il n'y a pas de
problème, mais je trouve que les associations de parents les plus
représentatives...
M. Morin (Sauvé): II peut y en avoir plusieurs et nous ne
pouvons pas, dans des circonstances comme celles-là, nous mettre
à choisir telle association plutôt que telle autre. Il faut avoir
égard à toutes.
Mme Lavoie-Roux: Non, parce qu'à ce moment-là, il
n'y en aura pas des plus représentatives, si elles sont toutes
pareilles.
M. Morin (Sauvé): Je veux dire à toutes celles qui
sont vraiment représentatives.
Mme Lavoie-Roux: On ne se chicanera pas. C'est déjà
un gros progrès.
Le Président (M. Marcoux): Je vais le relire une
dernière fois avant de passer à la mise aux voix. Il s'agirait
d'ajouter un nouveau paragraphe d) qui se lirait comme ceci: "Un
représentant des parents, nommé après consultation des
associations les plus représentatives des parents d'étudiants de
niveau collégial."
Est-ce que l'amendement proposé par Mme le député
de L'Acadie est adopté?
M. Alfred: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): A ce moment-là, une
proposition de concordance: Les paragraphes d) et e) deviennent respectivement
e) et f). Adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 2 tel
qu'amendé sera adopté?
M. Alfred: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Adopté sur division.
Article 3.
M. Forget: M. le Président, nous avons déjà
suffisamment argumenté pour que le poste de président du Conseil
des collèges en soit un qui ait un relief particulier, par un mode de
nomination qui serait autre chose que ce qui a été finalement
retenu.
Cependant, il y a plusieurs dimensions à l'indépendance
d'un poste qui dépend d'une nomination gouvernementale; en particulier,
même si nous n'avons pu obtenir gain de cause quant à
l'élection de ce président ou quant à sa nomination
après consultation des autres membres, il nous semble qu'à
l'article 3, il y a une autre occasion d'entourer le mandat du président
ou son mode de nomination de précaution pour le mettre à l'abri
d'une très grande tentation à laquelle fait face n'importe quel
président, celle de se définir ou de se situer, par rapport au
gouvernement, de manière à être bien perçu par le
gouvernement du jour et que sa renomination à l'expiration de son mandat
puisse se faire sans difficulté.
On sait que certains postes, auxquels on veut assurer une très
grande indépendance dans leur exercice, sont assortis d'une condition
par laquelle celui qui détient le poste le détient pour un mandat
unique, non renouvelable, de manière qu'il puisse prendre toute
décision en sachant que, quelle que soit son attitude, sa renomination
est exclue d'avance. Il ne peut donc pas se mettre dans les bonnes grâces
du gouvernement par des décisions, des avis ou des conseils qui
flatteraient les opinions du gouvernement, qui iraient dans le sens des
orientations ne serait-ce que suggérées par le ministre. Il
s'agit pour lui de faire son travail et comme il ne peut être
nommé une deuxième fois, il n'y a rien à espérer
d'une attitude plutôt que d'une autre.
Il me semble que si le ministre, dans l'hypothèse où il
ferait une bonne recommandation, malgré toutes les réserves que
nous ayons sur le processus de choix, s'il fait une bonne nomination, il peut
arriver que même une personne ayant toutes les qualifications requises se
laisse influencer, parce que, tout d'abord, c'est un emploi à temps
plein. Il s'agit donc, pour une personne qui occupe ce poste pour une
période de cinq ans, d'abandonner ses activités normales, de
faire le sacrifice d'une carrière qui peut être dans un tournant,
qui peut se développer de manière intéressante, et on sait
ce que veut dire un abandon de cinq ans. C'est une coupure assez
complète avec un milieu professionnel...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, est-ce que je
peux demander au député de quoi il s'agit. Je l'écoute
depuis tout à l'heure se promener de phrase en phrase, comme on se
promène dans un jardin anglais, sans trop savoir où on va
aboutir. Pourrait-il nous dire où il veut en venir et nous proposer son
amendement?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela qui l'inspire, M. le
Président.
M. Rivest: A l'automne, les jardins...
M. Forget: Je remarque, M. le Président, que le ministre a
besoin de vacances. Il a besoin de vacances. La fatigue de ces derniers jours
commence à se faire sentir de la façon la plus pénible.
J'ai expliqué au moins une fois, de façon succincte que le but de
cet amendement...
Ah! mais je vois que le député de Papineau aussi ressent
la fatigue...
M. Alfred: Je me demande de quoi vous parlez, moi aussi.
M. Forget: Ecoutez bien, vous allez le savoir. Un peu de
patience, M. le député...
M. Alfred: M. le Président, est-ce la bonne façon
de fonctionner?
M. Forget: ... et, pour une fois, je pense que vous allez
comprendre en même temps que le ministre.
M. Morin (Sauvé): J'aimerais que le député
ne nous regarde pas de cette façon, je me sens déjà un
pied dans la tombe.
M. Rivest: Qui féliciter, le député de
Papineau ou le ministre?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est un hommage au ministre...
M. Forget: Je suis sûr que chacun le considérera de
la façon qui lui paraît la plus flatteuse.
M. le Président, il est clair que j'ai indiqué que nous
avions échoué dans nos tentatives d'assurer
l'indépendance du président de la commission par son mode
de nomination mais qu'il existe d'autres moyens d'assurer au moins relativement
une indépendance dans l'exercice de ce poste, dans l'exercice des
fonctions qu'implique ce poste si celui qui l'occupe sait pertinemment que ce
mandat de cinq ans au maximum ne pourra pas être renouvelé. Je
m'étonne que le ministre de l'Education n'ait pas immédiatement
compris ce à quoi je faisais allusion, puisqu'il y a plusieurs exemples
de postes qui sont astreints à une telle limitation dans le temps,
c'est-à-dire que celui qui occupe la charge de président, sachant
qu'il ne peut pas être nommé à nouveau pour un
deuxième mandat ne sera pas tenté de se laisser guider dans son
travail par cet espoir d'une nouvelle nomination d'ailleurs
discrétionnaire de la part du ministre.
Le ministre ne dit pas que le mandat peut être renouvelé en
quelque sorte automatiquement, à moins qu'il ait à faire la
preuve d'une compétence, etc. On se rend très bien compte que,
non seulement c'est une nomination discrétionnaire, mais c'est une
renomination au terme de cinq ans qui est entièrement
discrétionnaire et sans aucune espèce de balise. Il nous
apparaît donc que, plutôt que de laisser la porte ouverte à
cette tentation considérable, il serait opportun que le mandat soit pour
un terme unique. Personnellement, je n'aurais pas d'objection à ce que
le terme soit augmenté même à sept ans, pourvu qu'il ne
puisse être occupé qu'une seule fois par la même personne.
De cette façon, un peu comme dans le cas des juges qui n'attendent pas
de promotion, parce qu'on sait très bien qu'un juge n'est pas promis
d'une cour à une autre dans notre système judiciaire
contrairement à d'autres systèmes et qu'il n'a donc pas à
faire plaisir au gouvernement dont dépend sa nomination, par analogie,
la certitude de ne pas pouvoir être nommé une deuxième fois
présente une garantie d'autonomie, d'indépendance dans l'exercice
de sa fonction.
Au moment où on m'a interrompu, M. le Président,
j'expliquais pourquoi cette tentation peut être considérable. Elle
est considérable parce que justement c'est un emploi à temps
plein. Un emploi à temps plein suppose qu'on abandonne tout autre
emploi. Je pense que c'est assez évident, mais si on me demande de le
préciser, il me ferait plaisir de le préciser à
l'intention du député de Sauvé comme à l'intention
du député de Papineau. Un emploi à temps plein dans ce
cas-ci veut dire un emploi exclusif.
Comme il s'agit probablement de quelqu'un qui serait issu du milieu
collégial, cela veut dire une interruption de carrière. Une
interruption de carrière, cela a des conséquences importantes
pour à peu près n'importe qui. On perd la main, on perd
l'habitude, on perd la connaissance quotidienne qu'on avait d'un champ
professionnel. On donne sa démission avant de quitter. Il y a toutes
sortes de règles...
M. Morin (Sauvé): ... professionnel comme la
"thanatologie". (21 h 45)
M. Forget: II y a toutes sortes de difficultés pour y
retourner. Je suis heureux de voir que le ministre est tourné vers des
pensées légères, au fur et à mesure que nous
avançons. Il n'a pourtant pas tellement vieilli pendant cette commission
parlementaire, à peine quatre ou cinq jours de plus. Je sais que c'est
une expérience éprouvante et il peut avoir le sentiment d'avoir
beaucoup avancé en âge, mais qu'il se rassure, le temps n'est pas
si long, le temps qui s'est écoulé depuis notre première
séance n'est pas si long. Il en verra la fin avant...
Une Voix: Avant le 24 juin.
Mme Lavoie-Roux: II s'agit de savoir si c'est avant le 20 et le
21 juin.
M. Le Moignan: Avant le 24 juin.
M. Forget: C'est un mystère, pour l'instant! Il donnerait
bien cher pour connaître la clé de l'énigme.
M. Rivest: S'il le mérite. On verra. Mme Lavoie-Roux:
...
M. Forget: M. le Président, je pense qu'il est clair qu'il
y a cette tentation de se ménager les bonnes grâces du
ministère. Il ne s'agit pas simplement du ministre. Les ministres
passent, mais le ministère demeure!
M. Morin (Sauvé): Ah oui! De la façon que vous
dites ça!
Mme Lavoie-Roux: II pensait que son mandat était
renouvelable comme ministre!
M. Forget: D'ailleurs, c'est une façon de faire participer
le président du conseil au sort qui attend le ministre de l'Education
dont le mandat aussi...
M. Morin (Sauvé): Auriez-vous objection à mettre
ces fleurs devant...
M. Forget:... est sujet à ne pas être
renouvelé. Nous avons un amendement qui est très simple.
Mme Lavoie-Roux: Le voilà!
M. Forget: Je pense que, si je le lis lentement, je ne devrais
pas avoir trop de mal à me faire comprendre du député de
Sauvé...
Mme Lavoie-Roux: Mais vous ne pouvez jamais être sûr
du député de Papineau.
M. Forget: Je ne suis pas sûr du député de
Papineau. On ne peut pas être sûr du député de
Papineau, mais, s'il me demande de le relire, j'espère que vous me le
permettrez. Cette motion d'amendement, à l'article, 3...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon demande déjà que vous le relisiez.
M. Alfred: II est lent d'esprit!
M. Forget: J'en prends avis! J'y penserai. J'ai toujours la
parole? Je vous remercie. Que l'article 3 soit modifié en ajoutant,
à la fin, les mots suivants: "ce mandat ne peut être
renouvelé". On pourrait aussi exprimer la même idée par un
amendement encore plus succinct, qui pourrait consister à
insérer, entre "une" et "période", le petit mot de cinq lettres,
"seule", pour "une seule période" qui ne peut excéder cinq ans.
Ce serait peut-être encore plus élégant. Je vais
peut-être transformer ma motion pour qu'elle se lise de la façon
suivante, arrivant ainsi à ce résultat remarquable, qui ne vous
aura pas échappé, d'avoir lu deux fois ma résolution, mais
en ayant changé ma résolution entre ces deux lectures.
Le Président (M. Marcoux): Sans qu'elle ne soit
demandée.
M. Alfred: J'admire votre souplesse d'esprit!
M. Forget: L'amendement se lirait de la façon suivante:
"Que le mot "seul" soit inséré entre le mot "une" et le mot
"période" dans la première ligne de l'article 3, lequel se lirait
ainsi: "Le président du Conseil est nommé pour une seule
période qui ne peut excéder cinq ans et il exerce ses fonctions
à temps plein."
M. Alfred: Excusez-moi, M. le Président. A cause du mot
"seule" que M. le député a ajouté, il faut changer le mode
du verbe.
Mme Lavoie-Roux: Vous voudriez le mettre au futur?
M. Rivest: Et le député de Papineau se fit
grammairien!
M. Alfred: "Qui ne puisse".
Mme Lavoie-Roux: Pour une période qui ne...
M. Alfred: "Une seule période qui ne puisse..." C'est
à cause de "seule", l'adjectif "seule" implique le subjonctif.
Le Président (M. Marcoux): Le français juridique
est quelque peu différent. Je pense...
M. Forget: Je n'ai pas d'objection à incorporer cette
suggestion dans mon amendement, si le député de Papineau nous
affirme qu'il s'agit là d'une meilleure rédaction.
Le Président (M. Marcoux): En français juridique,
ordinairement, il faut parler au temps présent. En tout cas, il y a un
conseiller juridique...
M. Rivest: Est-ce que mon collègue a terminé?
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Là-dessus, je voulais aussi ajouter aux
arguments d'indépendance le fait... Je ferai remarquer au ministre non
seulement le renouvellement du mandat du président, mais
également, à l'article 6, le ministre fixe le traitement, les
conditions de travail, et tout cela. C'est un autre élément
additionnel. C'est le premier point. Deuxième point: A temps plein, le
député de Saint-Laurent en a parlé.
Troisièmement, il ne faut pas que le ministre pense, je ne sais
pas, probablement sur les conseils du député de Papineau, qu'une
telle proposition est absolument exorbitante de l'ensemble de la
législation dans le domaine de l'éducation. Le ministre n'a
qu'à consulter la Loi du Conseil supérieur de l'éducation.
Je pense qu'on doit viser à faire une espèce de cohérence
avec ça pour constater qu'il y a des dispositions dans la Loi du Conseil
supérieur de l'éducation qui indique que le mandat des membres du
conseil ne peut être renouvelé qu'une fois. Mais ils sont à
demi-temps, n'est-ce pas, les gens du Conseil supérieur de
l'éducation? Ensuite, au niveau des comités protestants et
catholiques, une même disposition veut qu'on ne peut renouveler qu'une
fois le mandat, de même qu'au niveau des commissions de l'enseignement
élémentaire et secondaire, etc. Il y a également, dans la
loi même du Conseil supérieur de l'éducation, des
dispositions qui s'apparentent à la proposition du député
de Saint-Laurent.
Evidemment, on permet de renouveler une fois le mandat. Mais compte tenu
de la nécessité de maintenir l'indépendance du
président, que le président dépende du ministre ou du
gouvernement pour son salaire et son traitement, le fait qu'il travaille
à temps plein, qu'il est un employé à temps plein, ce que
cela peut représenter pour lui, je pense que, finalement, le fait que ce
n'est pas une proposition qui est dérogatoire à l'ensemble de
l'économie du droit dans le domaine de l'éducation et,
particulièrement au niveau des corps consultatifs, je demanderais au
ministre de considérer sérieusement la proposition du
député de Saint-Laurent. Je pense qu'il y a là
certainement une précaution qu'il devrait peut-être prendre, de
façon à maintenir l'autonomie et l'indépendance du conseil
qui est, encore une fois, je le rappelle en terminant, la préoccupation
première de tous les intervenants dans le domaine de l'éducation,
à propos de la création du Conseil des collèges. Le
ministre pourrait certainement examiner le problème ou, enfin, la
suggestion que propose le député de Saint-Laurent.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je serais
prêt à faire une partie du chemin qui m'est indiqué par le
député de Saint-Laurent et le député de
Jean-Talon.
Tout d'abord, le terme devrait être de cinq ans, pour que le
gouvernement ne puisse pas le nommer pour une période de moins de cinq
ans, comme cela est possible avec la rédaction actuelle. Je proposerais
donc, pour répondre indirecte-
ment à une partie de l'argumentation du député de
Saint-Laurent, de supprimer "une période qui ne peut excéder",
dans les deux lignes de l'article 3. Pour ce qui est, maintenant, de la
question du renouvellement, il me paraît qu'il devrait pouvoir être
renouvelé, mais pas plus d'une fois. Pourquoi? Parce que si on a un bon
président, cinq ans, c'est peu de choses. Nous savons que c'est peu de
choses, n'est-ce pas?
M. Rivest: Six, moi, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Six ans, c'est peu de choses aussi.
M. Rivest: Ah! regardez tout ce qui a été fait dans
six ans.
M. Morin (Sauvé): Regardez comment ça s'est
terminé.
M. Rivest: On a regretté la défaite de M. Lesa-ge
en 1966, après six ans de pouvoir.
M. Morin (Sauvé): Et, M. le Président, je suis
d'autant plus enclin à adopter le système du mandat renouvelable
une seule fois qu'il n'y a pas de limite pour ce qui est du président du
Conseil des universités et qu'il y en a une peut-être, je crois,
pour les membres du Conseil supérieur de l'éducation. De sorte
que je ne voudrais pas qu'on soit plus exigeant ou plus dur pour le
président du Conseil des collèges, surtout si, par hasard, nous
avions la main heureuse et nous nommions un bon président, il faudrait
qu'il puisse être renouvelé. S'il ne répond pas aux espoirs
du milieu, il ne sera pas renouvelé, forcément.
Est-ce que le député de Saint-Laurent accepterait cette
proposition? J'ai senti quelque approbation du côté du
député de Jean-Talon, et je pense que ce serait de nature
à répondre en partie à son attente.
M. Forget: Oui, je l'avoue, cela répond en partie. Il
reste que l'évaluation de ce qu'est un bon président et un moins
bon président, laisse subsister le problème, à savoir qui
évalue. Celui qui évalue est celui qui a reçu les conseils
ou les critiques, donc le problème demeure, dans une certaine mesure et
dans une mesure certaine. Malgré tout, c'est sans aucun doute moins
large comme possibilité que ce qu'il y a dans le texte actuel et, pour
cette raison, j'aurais mauvaise grâce de dire que je ne l'accepte
pas.
M. Morin (Sauvé): De sorte que, M. le Président, le
texte pourrait se lire comme ceci désormais: "Le président du
conseil est nommé pour cinq ans et il exerce ses fonctions à
temps plein. Son mandat ne peut être renouvelé qu'une fois".
Le Président (M. Marcoux): Ne peut être
renouvelé qu'une seule fois?
Une Voix: Qu'une fois.
Le Président (M. Marcoux): Qu'une fois. M. Alfred:
Qu'une seule.
Le Président (M. Marcoux): Qu'une seule fois ou qu'une
fois?
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, c'est redondant.
M. Rivest: M. le ministre, je m'excuse, mais vous êtes
redondant vous-même, parce qu'à l'article 4, vous dites "une seule
fois".
M. Morin (Sauvé): Bien oui, nous l'enlèverons.
M. Fallu: M. le Président, pourrais-je faire une
suggestion supplémentaire? Pourrait-on ajouter, comme dans le cas du
Conseil supérieur de l'Education: "Son mandat ne peut être
renouvelé consécutivement qu'une seule fois" à tout
hasard, pour ne pas à tout jamais entraver peut-être une
carrière seconde d'un président qui, à l'estimation de
tous, aurait été jugé absolument remarquable?
Le Président (M. Marcoux): Son mandat ne peut être
renouvelé consécutivement qu'une fois?
M. Fallu: Qu'une fois.
M. Morin (Sauvé): Si c'est acceptable, je l'accepte.
M. Rivest: Comment l'appelez-vous?
M. Fallu: M. le Président, pourrais-je, pendant que j'ai
la parole, ajouter un tout petit mot, s'il vous plaît?
Le Président (M. Marcoux): Bien oui.
M. Fallu: Merci infiniment, mais c'est vous qui êtes le
dispensateur de la parole. J'aimerais faire remarquer à nos
collègues que d'une façon générale, les
présidences d'organismes pendant un certain nombre d'années
avaient tendance à s'inscrire dans les lois en termes de dix ans. Dix
ans irrévocables, d'ailleurs, sinon, révocation par le Conseil
des ministres, et encore fallait-il le savoir. De toute façon, ces gens
y sont encore, ceux qui ont été nommés pour dix ans,
à moins qu'ils n'aient démissionné. Enfin, j'ignore les
détails. Vous avez sans doute remarqué également qu'il y a
une tendance à diminuer la durée de ces mandats. On a vu
certaines lois à époque récente créer des mandats
de sept ans. Dorénavant, les dernières lois qui ont
créé des mandats les ont mis de cinq ans. Si vous me permettez
une réflexion qui, je crois, ne m'est pas personnelle et fait partie
sans doute d'une réflexion d'une société, et que je crois
également extrêmement réaliste, puisque ces mandats sont
dévolus par le biais du Conseil des ministres ou de ministres, je crois
sage qu'on n'excède pas ce qui pourrait être, à toutes fins
utiles, une enveloppe globale d'un gouvernement...
Une Voix: Jamais!
M. Fallu: ... à savoir la période de quatre ou cinq
ans de durée statutaire d'un gouvernement qui fasse qu'un gouvernement
ou l'autre, soit-il au pouvoir ou renversé, doit-il à nouveau
prendre des décisions d'orientation sur des nominations qui sont,
disons-le, souvent d'essence politique. Je crois que c'est là par mesure
de prudence, pour ne pas lier justement à trop long terme des individus
à des fonctions déterminées. Enfin, je voulais donc
m'exprimer dans ce sens, M. le Président.
M. Rivest: Je veux m'inscrire en faux contre cette vision du
député de Terrebonne. Je pense que ces nominations ne sont pas
l'affaire et n'ont aucun rapport avec la survie d'un gouvernement.
M. Forget: ... également, je ne peux faire
autrement...
M. Rivest: Qu'ils assurent la continuité.
M. Forget:... M. le Président, que de m'inscrire en faux
contre cette théorie qui voudrait que les présidents des
sociétés d'Etat ou des organismes publics aient la même
durée de vie que le gouvernement. C'est la thèse du gouvernement
actuel. C'est la thèse de Louis Bernard, selon laquelle les hauts
fonctionnaires de l'Etat sont les créatures du gouvernement du jour et
ceci n'est pas acceptable pour nous. C'est une vision des choses, je le
reconnais, et c'est celle qui règne actuellement, mais c'est une vision
que nous répudions absolument.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je m'inscris en
faux contre les propos du député. Je ne prendrai pas le temps de
la commission en les réfutant mot par mot, mais ce sont des propos
indignes du député de Saint-Laurent. Il sait très
bien...
M. Forget: Pardon, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): ... à quoi s'en tenir
là-dessus. (22 heures)
M. Forget: M. le Président, je pense que le ministre de
l'Education a sûrement dépassé sa pensée. Il sait
très bien que, dans le débat qui nous oppose à son parti
sur cette question, nous avons pris à partie M. Bernard quand il a pris
sur lui de définir une nouvelle philosophie quant aux nominations aux
postes supérieurs de la Fonction publique. L'attitude que nous avons
adoptée face à ça a été appuyée
à l'extérieur du gouvernement, bien sûr, par à peu
près tous ceux qui se sont et même je peux dire
prononcés sur le sujet.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, à quoi
bon faire durer ce débat, s'il vous plaît?
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 3 tel
qu'amendé sera adopté? Je vais vous le relire une dernière
fois pour être certain que tout le monde s'entend: "Le Président
du conseil est nommé pour cinq ans et il exerce ses fonctions à
temps plein. Son mandat ne peut être renouvelé
consécutivement qu'une fois." Est-ce que l'article 3 tel
qu'amendé sera adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté.
M. Forget: Adopté. Je dirais même sur division,
même si nous reconnaissons qu'il y a là une
amélioration.
Le Président (M. Marcoux): Article 4.
M. Morin (Sauvé): A l'article 4, il y a quelques toutes
petites modifications de concordance. Au lieu de b), c) et d), il faut lire b),
c), d) et e), puisque nous avons ajouté "un parent" au paragraphe e),
pardon, au paragraphe d).
De même, il faudrait, dans la dernière ligne, enlever le
mot "seul", puisque le mandat ne peut être renouvelé qu'une fois,
cela est suffisamment explicite et, enfin, dans la ligne suivante, remplacer le
chiffre 13 par le chiffre 14 puisque nous avons ajouté la personne que
vous savez. Avec ces modifications de concordance, j'engagerais les membres de
cette commission à adopter cet article.
M. Rivest: Sur les propositions du ministre, permettez que
j'enregistre au journal des Débats le fait que le ministre de
l'Education vient de qualifier de redondante l'expression "seul" alors qu'il a
tenu l'Assemblée nationale pendant des mois pour qu'on inscrive dans la
Charte de la langue française, ou la loi 22, la première charte,
le mot "la seule langue officielle".
M. Morin (Sauvé): Oui, parce que, malheureusement, ce qui
n'était pas clair à l'époque, c'était que le
gouvernement du parti qu'on sait voulait dire...
M. Rivest: Comme dirait le député de Champlain:
"other days, other ways".
M. Morin (Sauvé):... voulait en venir à une
situation où il y aurait eu une langue officielle, mais en
réalité deux, de sorte que le mot "seul" avait pour objet de
faire sortir le lapin du terrier. Cela fut d'ailleurs effectué.
M. Rivest: Vous avez fait perdre le temps de la Chambre pendant
des mois et des mois là-dessus.
M. Forget: ... et le ministre vient de faire un aveu qui lui
coûte fort, que "seul" quand il est ajouté à "une" est
redondant et c'est une simple question de français.
M. Rivest: Et cela a coûté des centaines de milliers
de dollars aux contribuables Québécois, la discussion que le
ministre de l'Education a tenue comme chef de l'Opposition. Des centaines de
milliers de dollars.
M. Alfred: Je dois vous dire, M. le Président,
personnellement, que, pour une fois, j'aurais préféré le
mot "seul" une seule fois. Il est vrai que c'est la première fois que je
suis en désaccord avec le ministre.
M. Forget: ... il a dit tantôt d'enlever le mot.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 4 tel
qu'amendé sera adopté?
M. Rivest: Avec la remarque très pertinente que j'ai
formulée.
M. Morin (Sauvé): ...
Le Président (M. Marcoux): Article 5.
M. Morin (Sauvé): On voit qu'il s'agit là d'un
article tout à fait important: Un membre de l'Assemblée nationale
ne peut devenir membre du conseil ou le demeurer. Je ne sais pas si, en
écrivant ces lignes, j'avais à l'esprit le député
de Saint-Laurent. Non, je pense bien que ça visait tous les membres de
l'Assemblée; de même, nous prévoyons dans cet article que
les membres du conseil doivent être domiciliés au Québec.
Ce sont des dispositions habituelles, on les trouve dans les autres lois du
même genre.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: La question que je voulais poser au ministre... Dans
quelle loi? Est-ce que la Loi de la Législature ne règle pas ce
problème? Non? Dans la mesure où on...
M. Morin (Sauvé): Est-ce que je puis...
M. Rivest: M. le ministre, c'est parce qu'un membre de la
Législature ne peut en aucune façon, ni directement ou
indirectement, recevoir d'autres sommes que ce qui lui est permis en vertu de
la Loi de la Législature. Alors, ça disqualifierait le membre.
Cela existe dans d'autres lois?
M. Morin (Sauvé): Oui, par exemple la Loi du Conseil des
universités, à l'article 9: "Aucun membre du Conseil
législatif ou député à l'Assemblée
législative comme on les appelait à l'époque
ne peut devenir membre du Conseil des universités ou le demeurer." Et le
paragraphe second est exactement celui que nous avons retenu: "Les membres du
Conseil des universités doivent être domiciliés dans le
Québec."
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 5 sera
adopté?
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une motion. On a bien
étudié le projet de loi. Mais je n'en ferai pas une proposition
formelle. Cela aurait été une suggestion pour indiquer qu'une
personne qui est ou qui a été membre dé l'Assemblée
nationale ne peut devenir membre du conseil ou le demeurer. Cela fermerait la
porte à toute tablette au Conseil des collèges. Je n'en fais pas
une proposition formelle, c'est seulement une réflexion, M. le
Président. L'article 5 est adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 6.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous vous rendez compte que
ça pourrait vous empêcher de siéger au Conseil des
collèges, madame le député?
Mme Lavoie-Roux: J'aurai le même sort que les autres.
M. Morin (Sauvé): Mais je pense que...
Mme Lavoie-Roux: J'allais faire une exception pour le ministre de
l'Education.
M. Morin (Sauvé): Merci, merci, Mme le
député.
Le Président (M. Marcoux): Article 6. Mme Lavoie-Roux:
M. le...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est une
disposition pour ainsi dire habituelle, c'est celle qu'on retrouve presque mot
à mot dans la Loi du Conseil des universités, sauf que nous
ajoutons les avantages sociaux et autres conditions de travail du
président; autrement dit, nous sommes plus complets, nous ne parlons pas
que de la rémunération. Ce projet d'article 6 se lit donc comme
ceci: "Le gouvernement fixe la rémunération, les avantages
sociaux et les autres conditions de travail du président." C'est
d'ailleurs ce qui se passe pour la plupart des gens qui occupent des postes
semblables ou de niveau semblable dans la fonction publique et parapublique du
Québec.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aurais une motion.
"Que l'article 6 soit modifié en remplaçant, dans la
première ligne, la virgule après le mot
rémunération par le mot "et" et en retranchant, à la
deuxième ligne, les mots "et les autres conditions de travail."
L'article amendé se lirait comme suit: "Le gouvernement fixe la
rémunération et les avantages sociaux du président." Le
ministre a lui-même mentionné qu'à toutes fins pratiques,
c'était assez semblable à ce qui était prévu pour
le Conseil des universités. Je n'ai pas le texte du Conseil des
universités, mais je pense qu'il n'y était pas prévu "et
les autres conditions de travail du président". La raison pour laquelle
je propose cette motion, M. le Président, c'est... Que le gouvernement
fixe la rémunération, ça me semble tout à fait
régulier; à la limite, les avantages sociaux, quoique, là
encore, je voie toujours là un moyen d'intégrer à la
fonction publique des présidents qui sont pour des mandats quand
même limités et même pour un seul mandat, mais,
pour les autres conditions de travail du président, il me
paraît que celui qui sera choisi président... Surtout que le
ministre de l'Education s'en porte garant comme étant une personne
extraordinaire, je trouve un peu abusif qu'on tienne à ajouter: "et les
autres conditions de travail du président."
A moins que je ne comprenne pas ce que ceci recouvre comme
réalité, mais je pense que quelqu'un qui va être
président du Conseil des collèges, qui a une certaine
compétence, doit aussi avoir le sens des responsabilités
professionnelles. Je ne vois pas pourquoi on ajoute: "et les autres conditions
de travail du président". Je pense que, comme je vous le disais,
à moins que vous n'expliquiez ce que ça recouvre, je ne vois pas
la nécessité de ceci.
M. Morin (Sauvé): Ce que j'aimerais vous entendre dire,
madame, c'est quelles sont les raisons qui vous amènent à
proposer de retrancher cette expression, parce que les conseillers juridiques
du gouvernement nous ont demandé d'ajouter ce membre de phrase. Il
n'était pas dans notre projet initial.
J'imagine que, dans leur esprit, les conditions de travail comprennent
tout: rémunération, avantages sociaux, heures de travail. Il y a
aussi les heures de travail, j'imagine, les vacances. Ce doit être des
choses comme cela qu'ils visent pour être sûrs d'avoir couvert,
comme on dit, tous les angles. Si vous pouviez m'expliquer pourquoi vous voulez
l'enlever, je pourrais peut-être consulter les conseillers
juridiques.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai demandé de me dire ce que cela
recouvrait comme réalité, les autres conditions de travail. Vous
me dites, peut-être les heures de travail.
Est-ce qu'il ne s'agit pas d'avantages sociaux, si on parle de
vacances?
M. Morin (Sauvé): Non. Les avantages sociaux, d'habitude,
on veut dire par là les divers types d'assurance, ou autres avantages du
même ordre.
Mme Lavoie-Roux: On est heureusement passé des
"bénéfices marginaux" aux avantages sociaux. Alors, puisque l'un
n'est pas synonyme de l'autre, mais est un meilleur français que
l'autre, il reste que, dans mon esprit je ne sais pas si dans l'esprit
des autres c'est la même chose les avantages sociaux recouvrent
justement les vacances, les assurances s'il y en a, les fonds de pension s'il y
en a, les congés de maladie, s'il en existe. Je ne sais pas si ceci
s'applique dans le cas d'un président de conseil, mais en tout cas. Les
autres conditions de travail, cela me semble vraiment entrer dans les
détails de la vie quotidienne du fonctionnement de l'individu qui occupe
un poste de président.
M. Forget: Les horaires, par exemple, la supervision, les griefs,
toutes des conditions qui ne sont pas applicables à un président
de conseil.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, est-ce que je
pourrais faire une suggestion?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Je pense que nous devons consulter les
conseillers juridiques du gouvernement qui nous ont fait cette suggestion. Je
crois qu'ils avaient des raisons de le faire. Mais nous allons leur en parler.
Je proposerais que nous suspendions cet article pour l'instant, quitte à
y revenir aussitôt que nous aurons pu procéder à la
consultation.
M. Rivest: Juste avant la dernière remarque du ministre,
qui suggère de suspendre, la seule question que je veux poser, c'est
celle-ci: Cela revient assez souvent, indépendamment des "autres
conditions de travail". Est-ce qu'il y a une préoccupation du
ministère, même de l'ensemble du gouvernement, de maintenir sur ce
type de... je suppose que c'est par règlement. Comment est-ce que le
gouvernement fixe cela? Est-ce qu'il y a une cohérence entre cela?
Certaines personnes qui travaillent dans différents organismes
gouvernementaux, même en dehors du champ de l'éducation, est-ce
qu'il y a des barèmes? Est-ce qu'il existe un arrêté en
conseil cadre là-dessus? Non?
M. Morin (Sauvé): Pas à ma connaissance
là-dessus. Mais il se peut que les conseillers juridiques aient
décidé d'uniformiser les régimes peu à peu et
introduira dans chaque loi nouvelle qui se présente un certain nombre de
dispositions qu'on devrait retrouver partout.
M. Rivest: Oui, je sais cela parce que j'ai été
assez régulièrement au comité de législation et,
à plusieurs reprises, cette question est revenue. Le danger qu'il y
avait, c'était que le président avait toutes sortes de
considérations, cela devenait complètement disparate et les
conditions de travail, entendues au sens large, les avantages sociaux,
variaient et cela finissait par être injuste pour certaines personnes qui
acceptaient de servir dans le cadre de ces organismes.
M. Morin (Sauvé): Je puis vous dire que l'une des
tâches que le gouvernement a dû effectuer depuis deux ans, c'est de
tenter de mettre un peu d'uniformité et de rationalité dans la
rémunération accordée, par exemple, aux présidents
de sociétés d'Etat. Et il y est arrivé dans une certaine
mesure. De même, je pourrais parler des recteurs d'universités ou
des présidents d'universités. Il y avait beaucoup d'ordre
à mettre dans ce domaine. J'imagine que c'est cela qui est visé
par l'expression" les autres conditions de travail du président".
Toutefois je veux m'en assurer et je propose que nous suspendions l'article
jusqu'à ce que nous ayons la réponse.
M. Forget: M. le Président, je comprends que le ministre
veuille suspendre l'article, mais j'aimerais lui soumettre une autre
considération relative
au même article. On trouve dans des dispositions analogues, pour
certains autres postes, très sensibles ou très visibles,
où l'indépendance du titulaire est importante, une disposition
qui se lit à peu près comme suit: "Cette
rémunération et ces avantages ou conditions, une fois
fixés, ne peuvent être réduits". (22 h 15)
Je me demande si le ministre ne pourrait pas prendre en
délibéré également une disposition analogue qui
permettrait d'assurer qu'on ne réduise pas à $1 symbolique le
paiement des trois dernières années, à la suite d'un avis
catastrophique ou jugé comme tel du conseil.
M. Morin (Sauvé): Je veux bien consulter une fois encore
les conseillers juridiques. Le député voudrait-il
répéter la phrase qu'il proposait?
M. Forget: "Cette rémunération, ces avantages et
conditions une fois fixés ne peuvent être réduits". Ou on
peut mettre "diminués". Enfin, je ne sais pas lequel des deux verbes est
le plus français. Il y a un précédent à cela, par
exemple, dans la Loi de Radio-Québec, on détermine que la
rémunération et les avantages sociaux du
président-directeur général de Radio-Québec une
fois établis ne peuvent être diminués.
M. Morin (Sauvé): C'est une modification fondée sur
la méfiance, parce qu'à ma connaissance, cela ne s'est jamais
produit, une telle réduction.
M. Forget: C'est une garantie additionnelle que l'on retrouve
dans bien des lois. Je pense que le ministre est au courant que non seulement
ici, mais dans d'autres pays, c'est une règle. Dans le cas du
Vérificateur général, par exemple, cela existe en
Grande-Bretagne, au niveau fédéral, etc.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous allons
faire examiner ces propositions par les conseillers juridiques du gouvernement
et, selon l'avis qu'ils me donneront, je serai en mesure de donner à
cette commission une réponse un peu plus tard.
Le Président (M. Marcoux): L'article 6 est suspendu.
Article 7? L'article 7 sera-t-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Article 7... M. Forget:
Adopté.
M. Morin (Sauvé): Un instant! M. le Président. On
me fait observer que ce n'est pas complet. Il y a également le
président de la commission d'évaluation et le président de
la commission de l'enseignement professionnel qui sont nommés pour trois
ans, sur la recommandation du conseil, et ils sont
rémunérés par le gouvernement selon le second
alinéa de l'article 20. On dit que "le gouvernement fixe leur
rémunération, leurs avantages sociaux et leurs autres conditions
de travail". Il faudrait donc dans l'article 7 spécifier que "les
membres du conseil autres que le président, le président..." Non,
on pourrait dire: "ainsi que les présidents des commissions
d'évaluation et de l'enseignement professionnel ne sont pas
rémunérés". Je me répète: "Les membres du
Conseil autres que le président ainsi que..." Non, cela n'ira pas. Je
m'excuse, il faut le reprendre, parce que, si je dis cela...
Mais il va bien falloir... Je me reprends. "Les membres du Conseil
autres que le président et les présidents de la commission
d'évaluation et de la commission de l'enseignement professionnel ne sont
pas rémunérés".
M. Forget:... Est-ce qu'il y a une possibilité de nommer
d'autres présidents à d'autres commissions en vertu de la
loi?
Mme Lavoie-Roux: Oui, à la commission de...
M. Forget: Est-ce que ces présidents-là sont
rémunérés? Vous l'excluez là une fois pour
toutes.
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce qu'il y a des comités ad hoc
ou des commissions...
M. Morin (Sauvé): Ils ne seraient pas payés, ce ne
seraient pas des commissions permanentes comme celles-là. Ce sont les
deux seules commissions permanentes et il faudrait que l'Assemblée
nationale intervienne à nouveau pour créer une autre commission
permanente.
Le Président (M. Marcoux): L'article 7 tel
qu'amendé se lirait: "Les membres du Conseil autres que le
président et les présidents de la commission d'évaluation
et de la commission de l'enseignement professionnel ne sont pas
rémunérés. "Toutefois..." Est-ce que l'article 7 tel
qu'amendé sera adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 8?
M. Forget: II y a probablement de la concordance à faire
au deuxième alinéa.
M. Morin (Sauvé): Oui, effectivement, b), c), d) et e),
comme on le fait observer. Pour le reste, je pense que l'article parle par
lui-même.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 8 tel
qu'amendé sera adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté, merci. Article 9,
maintenant.
M. Forget: II y a une question à l'article 8 qui nous
vient à l'esprit, qui m'est suggérée. On parle seulement
de vacance, mais non d'incapacité d'agir. Est-ce que la même
règle ne devrait pas valoir à ce moment? On suggère qu'il
y a une rédaction qui se retrouve où, ordinairement, l'inca-
pacité d'agir est mentionnée dans le même souffle
que la vacance.
M. Morin (Sauvé): S'il y a incapacité d'agir, il va
y avoir absence.
M. Forget: Mais non vacance.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais c'est considéré
comme une vacance. L'absence qui peut résulter, par exemple, de
l'incapacité d'agir, du manque d'un nombre de réunions
déterminé par le règlement du conseil. C'est couvert.
M. Forget: Oui, d'accord.
M. Morin (Sauvé): Vous passez à l'article 9, M. le
Président?
Le Président (M. Marcoux): Article 9?
M. Morin (Sauvé): En cas d'incapacité d'agir du
président, il peut être remplacé par une personne
nommée pour exercer ses fonctions pendant que dure son
incapacité, par le gouvernement qui fixe sa rémunération,
ses avantages sociaux et ses autres conditions de travail. C'est la même
condition suspensive que tout à l'heure. Je propose que nous le
laissions de côté.
Le Président (M. Marcoux): Article 10? M. Forget: A
l'article 10, il y a un problème. M. Morin (Sauvé):
J'écoute le député.
M. Forget: Le problème semble être que le
secrétaire du conseil est nommé sur la recommandation du conseil,
mais par le gouvernement, donc par un arrêté en conseil qui fixe
sa rémunération et ses avantages sociaux, etc. Cependant, il
n'est pas nommé comme un membre de la fonction publique, mais il est
nommé comme un membre d'un personnel de cabinet, etc., ou comme un
sous-ministre. Cependant, s'il est destitué ou suspendu, la loi 97, la
Loi de la fonction publique, lui devient alors applicable.
M. Morin (Sauvé): C'est pour le protéger.
M. Forget: Oui, je comprends que cela le protège, mais si
on veut lui donner la protection de la loi, ne serait-il pas plus normal qu'on
le fasse nommer en fonction des procédures de la fonction publique,
parce que là, il y a une corrélation? La Loi de la fonction
publique doit protéger ceux, mais seulement ceux qui sont nommés
sous son empire.
M. Morin (Sauvé): Non, le législateur peut
décider d'accorder à des personnes autres que des fonctionnaires
un certain nombre de protections qui se trouvent dans la Loi sur la fonction
publique. On peut très bien l'étendre à des personnes qui
ne sont pas membres de la fonction publique.
M. Forget: Oui, le législateur, par définition,
peut tout faire, mais il me semble que le gouvernement vient justement et fort
heureusement de décider d'établir une distinction beaucoup plus
marquée entre le personnel de la fonction publique qui s'inscrit dans
une filière ininterrompue du moment du recrutement...
Le Président (M. Marcoux): On va suspendre. M.
Rivest:... des autres conditions de travail...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, quelques
explications, s'il vous plaît.
Le Président (M. Marcoux): Sur quel article?
M. Morin (Sauvé): Au fond, sur les articles 6, 9 et 10,
où on retrouve les mêmes expressions "autres conditions de
travail". C'est pour être en conformité de la nouvelle Loi de la
fonction publique. Les conseillers juridiques ont instruction, chaque fois
qu'il se présente une nouvelle loi, de bien spécifier
rénumération, avantages sociaux et conditions de travail. Il
s'agit d'une question de conformité, de politique
générale. Alors, c'était l'explication pour 6...
Le Président (M. Marcoux): 6, 8...
M. Morin (Sauvé): ... 6, 9 et 10.
Le Président (M. Marcoux):... 6, 9 et 10.
M. Morin (Sauvé): Maintenant, dans l'article 10, le
député...
Le Président (M. Marcoux): Alors, est-ce que l'article
6...
Mme La voie-Roux: ...
M. Forget: II y avait une autre question que j'avais
soulevée relativement à l'article 6, .c'est la
non-réduction des avantages. L'article 174, explicitement, a
établi cette protection.
Mme Lavoie-Roux: On l'a vu même dans les projets de loi,
l'an dernier, qu'on a adoptés. Je me demande si ce n'est pas dans la loi
9 sur les handicapés ou...
M. Forget: Oui, le président-directeur
général de l'Office des handicapés.
Mme Lavoie-Roux: On l'a dans la loi 9, M. le
Président.
M. Forget: II y a plusieurs précédents. Cela, c'est
une clause standard de poste qu'on veut protéger.
M. Morin (Sauvé): Alors, on va se renseigner sur... On
peut garder l'article 6 suspendu. On pourrait adopter l'article 9, M. le
Président, puisqu'il n'y avait, en somme, que cette question dans la
dernière ligne.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je me demande, juste
pour la clarté c'est une directive ne vaut-il pas mieux
retirer l'amendement qui a été fait à l'article 6,
à ce moment-là?
Le Président (M. Marcoux): Nous allons attendre...
Mme Lavoie-Roux: Ah oui, il n'est pas tout à fait
complété...
Le Président (M. Marcoux): Ah oui!
Mme Lavoie-Roux: Mais touchant les autres conditions...
Le Président (M. Marcoux): De toute façon, sur
l'amendement, oui, je pense que c'est la meilleure façon pour
l'amendement proposé par Mme le député de L'Acadie; ce
serait mieux de le retirer et on reste en suspens en ce qui concerne la
question d'ajouter un alinéa ou une phrase...
M. Forget: Exact.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): ... sur la réduction.
Alors, 6 est tel quel. L'amendement est retiré. L'article 9 est
adopté et nous sommes rendus à 10 où il y avait une autre
question.
M. Morin (Sauvé): L'article 6 est encore suspendu
jusqu'à ce que j'aie une réponse sur le second amendement du
député de Saint-Laurent.
Bon! Pour ce qui est de l'article 10 et de la référence
à l'article 97 de la Loi sur la fonction publique, il faut dire que cet
article 97, c'est l'ancien article 61 de la loi de 1965, l'ancienne Loi de la
fonction publique. Or, dans le Conseil des universités et la loi qui le
crée, le secrétaire du conseil est nommé, comme
indiqué ici, et on ajoute "il ne peut être destitué que
conformément à l'article 61 de la Loi de la fonction
publique".
Donc, il s'agit, en somme, d'une transposition du Conseil des
universités au Conseil des collèges et nous souhaiterions que le
même régime et les mêmes avantages, éventuellement
les mêmes privilèges conférés par la Loi sur la
fonction publique leur soient applicables.
M. Forget: Oui, mais il s'agit, M. le Président, de
choisir quelle analogie faire, puisque, dans la Loi du Conseil supérieur
de l'éducation, le secrétaire ou les secrétaires sont
nommés conformément à la Loi sur la fonction publique et
non pas par le lieutenant-gouverneur en conseil. Il y a donc un choix de
concordance.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne crois pas
que le secrétaire du Conseil des universités soit nommé
conformément à la Loi sur la fonction publique.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Oui, pourquoi dissocier, en regard de la Loi sur la
fonction publique, le pouvoir de nomination du pouvoir de destitution? Pourquoi
deux régimes différents?
M. Forget: C'est à l'article 13, M. le Président,
de la Loi du Conseil supérieur de l'éducation. Le
lieutenant-gouverneur en conseil nomme au conseil, conformément à
la Loi du service civil, mais ça, c'est une vieille rédaction...
C'est la loi...
M. Rivest: Nomme? Il n'y avait pas de dissociation entre la
nomination... C'était tout le régime de la Loi de la fonction
publique ou du service civil qui réglait ça.
M. Forget: C'est ça.
M. Rivest: Ici, c'est ça, le point du
député. Ici, on distingue la nomination. Cela voudrait dire que
ce serait le gouvernement, mais, dès qu'il s'agit de sa destitution ou
de la suspension, ça devient le régime applicable en vertu de la
Loi sur la fonction publique. Pourquoi la dissociation? Pourquoi dissocier les
deux fonctions?
M. Morin (Sauvé): La différence, c'est que les gens
du Conseil supérieur de l'éducation sont dans la fonction
publique, tandis que les membres, les secrétaires du Conseil des
universités et maintenant du Conseil des collèges ne sont pas
dans la fonction publique. Mais, si on veut les destituer, il faut suivre les
mêmes démarches pour leur...
M. Rivest: C'est pour les garanties que ça donne...
M. Morin (Sauvé): C'est pour les protéger... (22 h
30)
M. Rivest: Mais il y avait aussi des gens qui n'étaient
pas non plus dans la fonction publique, il me semble. Par exemple, je pense aux
employés de la protection civile. Enfin, plusieurs gens qui
échappaient à la Loi sur la fonction publique. Il me semble que
l'attitude générale du gouvernement a été de faire
en sorte on parle du conseil des universités qui est
antérieur que les gens qui occupent des fonctions comme
celles-là soient inclus dans la Loi sur la fonction publique, ce qui
importe au niveau de leur nomination, la procédure prévue par la
Loi sur la fonction publique, d'autant plus qu'on a une loi nouvelle sur la
fonction publique. Je ne sais pas si c'est...
M. Forget: ... on semble généraliser une exception
plutôt que de généraliser la règle
générale.
M. Morin (Sauvé): C'est exact, mais le choix qui a
été fait, c'est qu'ils ne soient pas membres de la Fonction
publique.
M. Forget: La raison pour ça?
M. Morin (Sauvé): Parce que ce ne sont pas des postes qui
ont la même stabilité que les postes
de la Fonction publique. Nous voulons qu'il y ait un certain roulement
et non pas garder éternellement des secrétaires en place dans ses
conseils.
M. Forget: Qu'on en fasse des contractuels et qu'on ne leur donne
pas la protection de la Fonction publique.
M. Morin (Sauvé): Pour la destitution, un instant. Pour la
destitution, c'est une action grave que de destituer quelqu'un.
M. Rivest: Je comprends le point de vue du ministre, s'il s'agit
du président ou des autres membres où on fixe la durée du
mandat. Mais nulle part, à moins que je fasse erreur, nulle part, dans
loi, on ne détermine la durée des fonctions du secrétaire.
On ne peut pas l'assimiler au président. Qu'on le fasse
régulièrement, comme c'est d'ailleurs l'esprit de la nouvelle Loi
sur la fonction publique.
M. Forget: Qu'on en fasse un poste temporaire, chacun sachant
qu'en prenant ce poste, il ne l'occupera que pour trois ou quatre ans. Il y a
des tas de postes sur la terre comme ça qui sont temporaires par leur
nature. Les gens savent très bien dans quoi ils s'engagent. Mais de
là à intégrer nécessairement dans la fonction
publique des gens qu'on nomme d'abord en sachant qu'ils seront là
temporairement, il me semble que c'est répéter l'erreur qui a,
hélas! été faite anciennement vis-à-vis du
personnel de cabinets. Je crois que c'est une erreur. Fort heureusement, le
gouvernement actuel s'est éloigné de cette pratique. Il semble
qu'on veuille la réintroduire pour une fin qui n'apparaît pas
évidente.
M. Morin (Sauvé): Nous serions prêts à
accepter une modification qui ferait en sorte que le secrétaire soit
nommé pour cinq ans. Je pense que ce ne serait pas déraisonnable.
Alors, nous pourrions rédiger la disposition comme ceci: le
secrétaire du conseil est nommé pour cinq ans...
Le Président (M. Marcoux): ... changé. M. Morin
(Sauvé): Exactement. M. Forget: ... plus besoin de la
fin.
M. Morin (Sauvé): Mais oui, puisque la destitution et la
suspension peuvent intervenir n'importe quand.
M. Forget: Pendant le mandat. M. Rivest: ... pour le
protéger.
M. Morin (Sauvé): Autrement dit, toutes ces fonctions
publiques ne sont exercées que quandiu se bene gesserit.
M. Rivest: Oui.
M. Forget: Sans doute.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement sera
adopté?
M. Rivest: Oui, il est renouvelable.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement sera
adopté?
M. Forget: Oui, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais ajouter une autre phrase
à la fin. "Son mandat peut être renouvelé...
Le Président (M. Marcoux): Après les
employés du...
M. Morin (Sauvé): A la fin du premier paragraphe.
Le Président (M. Marcoux): D'accord "son mandat peut
être renouvelé".
Est-ce que l'amendement visant à ajouter après "est
nommé, pour cinq ans, sur la recommandation du conseil", etc. est
adopté?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président, mais il n'y
a pas de virgule avant "pour cinq ans".
M. Rivest: Non?
Le Président (M. Marcoux): C'est vrai: "est nommé
pour cinq ans sur la recommandation..." et d'ajouter après le mot
"applicable", "son mandat peut être renouvelé". Est-ce que cet
amendement sera adopté?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 10 tel
qu'amendé...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le gouvernement se
réserve la possibilité d'ailleurs, on l'a vu à
l'article 6, de fixer la rénumération, les avantages sociaux et
les autres conditions de travail du secrétaire du conseil.
Evidemment, ceci est quand même très large, les autres
conditions de travail, ça peut autant toucher les conditions
concrètes, les horaires, etc., et ça peut aussi, jusqu'à
un certain point, toucher peut-être le mandat du secrétaire du
conseil. Alors, j'aimerais faire une motion pour que soit ajouté
après l'article 10, que soit inséré, entre l'article 10 et
l'article 11, un article 10a qui se lirait...
Le Président (M. Marcoux): Vu que c'est un nouvel
article...
Mme Lavoie-Roux: A 10a, au cas où vous voudriez le mettre
entre les deux. Je n'étais pas sûre où l'introduire, c'est
pour ça que je l'ai mis en 10a.
Le Président (M. Marcoux): Lisez-le et...
Mme Lavoie-Roux: Je vais le lire, ce serait de décrire le
mandat du secrétaire...
Une Voix: 10a.
Mme Lavoie-Roux: 10a.
M. Rivest: Je m'excuse, j'ai une question. Est-ce que 10 est
adopté?
Le Président (M. Marcoux): C'est justement, nous allons
entendre la lecture de la proposition d'amendement qui est à l'effet
d'ajouter peut-être un 10a...
M. Rivest: Je voulais seulement, si ma collègue me permet,
une précision au deuxième alinéa. Nomination, ici dans ce
sens-là, en vertu de la Loi sur la fonction publique, comprend
suspension et destitution, n'est-ce pas?
M. Morin (Sauvé): Oui. Autrement dit, la Loi sur la
fonction publique est applicable.
M. Rivest: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Le 10a serait pour définir ou au moins
donner un cadre aux fonctions du secrétaire du conseil et se lirait
comme suit: "Le secrétaire du conseil est affecté à temps
plein auprès du conseil. Il agit comme premier responsable des
études et recherches commandées par le conseil. Le
secrétaire rédige et conserve les procès-verbaux des
réunions du conseil." Le ministre n'a pas l'air intéressé,
mais, de toute façon, je vais le plaider.
On retrouve, à l'intérieur de la Loi du conseil
supérieur de l'éducation, l'article 14 qui définit les
fonctions des secrétaires. Je pense que c'est beaucoup trop
détaillé. Je sais qu'on ne le retrouve pas à
l'intérieur du Conseil des universités, mais il
m'apparaîtrait que, compte tenu des limites qui sont imposées par
la définition du gouvernement des autres conditions de travail, il
serait important qu'on inclue la définition du rôle du
secrétaire. C'est d'ailleurs également une recommandation faite
dans le document de travail du Conseil supérieur de l'éducation,
auquel on a fait référence plusieurs fois ce matin et dans lequel
le Conseil supérieur de l'éducation suggère que le
secrétaire du Conseil des collèges soit affecté à
plein temps auprès du Conseil des collèges. Il agit auprès
du président... comme premier responsable des travaux commandés
par le Conseil des collèges, notamment de la rédaction et de la
garde des procès-verbaux des réunions du conseil.
C'est un peu plus court que la formulation du Conseil supérieur
et je pense que ça situe bien, ça donne un cadre aux fonctions du
secrétaire du conseil.
M. Morin (Sauvé): Je sais que les intentions du
député de L'Acadie sont pures, je n'en ai jamais douté,
mais de là à inscrire dans la Loi des textes qui sont superflus
et qui vont venir alourdir la loi, en faire un document empesé,
lourdaud, de là à faire en sorte qu'on précise que le
président préside, que les membres participent et que le
secrétaire tient les procès-verbaux, il y a une limite,
madame.
Mme Lavoie-Roux: Dans la loi 25 vous avez bien mis que le
président préside.
M. Morin (Sauvé): Dans quel article de la loi 25?
M. Rivest: 4b.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait que je le retrouve...
M. Morin (Sauvé): Oui...
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai que vous l'avez indiqué,
d'ailleurs les gens étaient heureux, parce qu'apparemment,
jusqu'à maintenant, ça n'avait pas été
établi que le président avait un rôle de présider.
Vous vous souvenez, M. le ministre, je n'affirme rien de faux.
M. Morin (Sauvé): Je m'en souviens, c'était un cas
particulier.
M. Rivest: C'est d'ailleurs écrit en toutes lettres dans
le règlement de l'Assemblée nationale. Dans le règlement
même de l'Assemblée nationale, on a ce genre de rédaction
et de précision très utile.
Mme Lavoie-Roux: Au sujet de qui? M. Rivest: Du
président.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'aimerais
revenir à l'article 10, un instant, pour vous dire que la suggestion, je
crois que c'était du député de Saint-Laurent, que la
rémunération, les avantages et autres conditions ne puissent
être réduits, cela semble soulever des difficultés du
côté des conseillers juridiques. J'aimerais que nous le
suspendions jusqu'à demain matin. Je crois que nous devons nous
réunir demain matin après la période des questions. Donc,
l'article 6, que nous avons laissé en suspens tout à l'heure, et
l'article 10 seraient donc suspendus jusqu'à demain matin. Pour ce qui
est de la proposition de Mme le député de L'Acadie, de son
article 10a, je regrette infiniment, je ne demanderais pas mieux que
d'accommoder le député de L'Acadie, mais je ne puis l'accepter,
cela alourdirait inutilement le texte du projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: Je ne plaiderai pas plus longtemps, mais je
pense qu'il est utile, quelquefois, dans un conseil comme celui-là, que
les fonctions soient bien établies, au moins qu'on leur donne un cadre
général. Le ministre dit que cela alourdit, il donnait comme
exemple le fait que si on se mettait à dire que le président du
conseil
préside les réunions du conseil, ce serait alourdir. Il me
demandait tout à l'heure de lui citer l'article, c'était
l'article 7 de la loi 25. Je sais qu'on a voulu corriger une chose, parce qu'il
devait se présenter des situations où c'était confus,
à savoir qui présiderait ou qui ne présiderait pas. Je
pense qu'après un moment on pourra se poser les mêmes questions au
sujet des fonctions du secrétaire.
D'ailleurs, c'était dans la loi du Conseil supérieur de
l'éducation, c'est recommandé par le Conseil supérieur de
l'éducation encore une fois, aujourd'hui. On pourrait...
M. Rivest: C'est dans la Loi du Conseil supérieur de
l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: C'est dans la Loi du Conseil supérieur de
l'éducation. Alors, il faut en conclure que toutes les lois
antérieures étaient lourdes et contenaient des articles
inutiles.
M. Rivest: Non, il faut conclure que le ministre est
léger.
Le Président (M. Marcoux): Vous en avez fait une
présentation formelle, c'est ça?
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! j'ai fait une présentation
formelle. Je peux vous la remettre, vous l'avez eu, je pense?
Le Président (M. Marcoux): La motion du
député de L'Acadie vise à ce qu'il y ait un nouvel article
entre l'article 10 et l'article 11, l'article 10a, qui se lirait comme ceci:
"Le secrétaire du conseil est affecté à temps plein
auprès du conseil. Il agit comme premier responsable des études
et recherches commandées par le conseil; le secrétaire
rédige et conserve les procès-verbaux de l'union du conseil."
Est-ce que ce nouvel article sera adopté?
M. Morin (Sauvé): Non, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Rejeté sur division.
Article 11.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): II s'agit d'une disposition qu'on trouve
dans d'autres lois du même ordre, le conseil doit se réunir au
moins six fois par année, tout simplement pour s'assurer qu'il y a un
minimum de suivi dans les travaux du conseil.
M. Rivest: Est-ce que ma collègue... voulez-vous
intervenir? Je note que, contrairement encore à la Loi du Conseil
supérieur de l'éducation, on indique une fréquence,
ça pourrait être sept, ça pourrait être cinq, on a
choisi six, mais on ne fait pas mention de l'endroit de la réunion ou de
la possibilité pour le conseil de se réunir en d'autres endroits,
comme on l'avait au niveau du conseil... je vole l'amendement du
député de L'Acadie. Il y a, dans la Loi du Conseil
supérieur de l'éducation, une disposition qui dit à peu
près ceci, que je pro- pose on verra ce que le ministre en dira
soit que l'article 11 soit modifié en ajoutant à la fin,
l'alinéa suivant: "II peut tenir ses séances à tout
endroit au Québec." C'est la première chose.
Deuxième chose, j'aimerais que le ministre me réponde, il
n'y a de disposition sur le quorum nulle part dans la loi, si c'est couvert par
l'article 15 qui donne au conseil le pouvoir...
M. Morin (Sauvé): C'est ça. (22 h 45)
M. Rivest: Dans les lois de l'ami du ministre de l'Education, le
ministre des Communications, dans Radio-Québec, en particulier au niveau
des comités régionaux, le ministre des Communications a
accepté certains amendements qu'on lui a faits sur le quorum, mais c'est
la pratique générale je le signale au ministre dans
les lois, d'inscrire le quorum dans la loi.
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président, mais,
à notre avis, cela doit faire partie des règlements de
régie interne et il faut, sur ce plan comme sur beaucoup d'autres,
décentraliser un peu. Je n'en vois pas l'utilité, je pense que je
comprends la préoccupation du député, mais je crois qu'il
faut s'en remettre, là-dessus, au conseil.
M. Rivest: Je félicite le ministre pour la
décentralisation. Mais le premier point, sur l'endroit...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement...
M. Morin (Sauvé): C'est recevable, M. le
Président?
Le Président (M. Marcoux): Bien sûr, bien sûr.
M. Rivest: Cela comporte des dépenses.
Le Président (M. Marcoux): II faut interpréter cela
au sens large.
M. Morin (Sauvé): Dans le cas du Conseil supérieur,
nous précisions que le siège social du conseil doit être
situé au Québec, à Québec même, et c'est pour
cela que nous précision qu'il pouvait tenir des réunions en
dehors de la ville de Québec, à tout endroit du Québec.
Mais cela ne paraît pas utile, cette fois, de le préciser.
M. Rivest: Mais cela ne change rien, le fait que le conseil soit
au Québec.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai cru comprendre ce
matin, tant de la part du Conseil supérieur de l'éducation que du
ministre lui-même, qu'on a l'intention de mettre à la disposition
des différents conseils, du Conseil des collèges ou de tout autre
conseil qui pourrait être créé, les ressources du Conseil
supérieur de l'éducation, au point de vue de la documentation, au
point de vue du service de la polycopie ou autre. Je pense que c'est le
ministre qui a dit cela.
Ces ressources se trouvant situées dans la ville de
Québec, j'imagine, il est fort probable qu'on espérerait
même réunir les ressources du point de vue des services
auxiliaires, du personnel de soutien. Ceci exigera sans aucun doute que le
Conseil des collèges, même si ce n'est pas indiqué dans la
loi, ait son pied-à-terre à Québec. Dans ce
sens-là, je pense que la motion du député de Jean-Talon
devient utile. Il peut tenir ses séances à tout endroit du
Québec. Ce que le ministre nous laisse entendre, à ce moment-ci,
c'est que peut-être le siège social du Conseil des collèges
ne serait pas situé à Québec. Il sera certainement
situé au Québec, mais pas à Québec.
M. Morin (Sauvé): II sera situé à
Québec. M. Rivest: A Québec, bravo!
M. Morin (Sauvé): Dans la communauté urbaine.
M. Rivest: Bravo. Le député de Taschereau m'avait
demandé de bien obtenir cet aveu du ministre, qui le concerne.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que la motion
d'amendement proposée par Mme le député de L'Acadie sera
adoptée?
M. Morin (Sauvé): Non, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Rejeté sur division.
Est-ce que l'article 11 sera adopté?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 12.
Mme Lavoie-Roux: Cela a été rejeté?
M. Morin (Sauvé): Oui. A regret cependant.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez rejeté cela trop rapidement, M.
le ministre.
Le Président (M. Marcoux): Article 12.
Fonctions et pouvoirs du Conseil
M. Morin (Sauvé): M. le Président, cet article dit
que le conseil a pour fonctions de donner des avis au ministre de l'Education
sur les projets de règlements et les matières visées dans
l'article 14 ainsi que sur toute autre question concernant l'enseignement
collégial qui lui est déférée par le ministre. Il
fait rapport au ministre sur l'état et les besoins de l'enseignement
collégial.
On reconnaîtra là, à peu de chose près, des
dispositions qu'on retrouve dans la Loi du Conseil des universités. Cela
définit, en quelque sorte, la compétence, les fonctions du
conseil.
Si les membres de la commission ont des questions à me poser
là-dessus, j'y répondrai avec plaisir.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que l'article est assez
général et correspond aux mandats qui sont ordinairement
donnés aux conseils qui ont des fonctions consultatives.
M. Morin (Sauvé): C'est juste.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas, pour ma part, de questions
précises sur cet article.
Le Président (M. Marcoux): L'article 12 sera-t-il
adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 13.
M. Morin (Sauvé): "Dans l'exercice de ses fonctions, le
Conseil peut notamment: a) proposer les objectifs qui doivent être
poursuivis pour que soit assuré le développement de
l'enseignement collégial et les réviser périodiquement; b)
solliciter les opinions, recevoir et entendre les requêtes et suggestions
du public en matière d'enseignement collégial; c) soumettre au
ministre de l'éducation des recommandations sur toute question
concernant l'enseignement collégial; d) faire effectuer les
études et les recherches jugées utiles ou nécessaires
à l'accomplissement de ses tâches."
On reconnaîtra les fonctions générales qui peuvent
être exercées par le conseil et cela rejoint les textes qu'on
trouve au Conseil supérieur et au Conseil des universités. On
remarquera notamment le paragraphe b) qui permet au conseil de recevoir et
d'entendre les requêtes et les suggestions du public en matière
d'enseignement collégial. C'est un rôle tout à fait crucial
que celui-là qui permettra au conseil d'organiser des contacts avec la
population.
M. Rivest: J'aurais une question. Cela existe, n'est-ce pas, dans
la Loi du Conseil supérieur de l'éducation?
M. Morin (Sauvé): Oui, je cherchais l'article, il y a un
instant.
M. Rivest: II y a une procédure, j'imagine, établie
pour cela. Ce serait le règlement de régie interne.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Rivest: Disons qu'un organisme veut saisir le conseil des
règlements de régie interne qui donnent accès...
M. Morin (Sauvé): C'est presque textuellement
emprunté au Conseil supérieur de l'éducation, article 10,
sauf que nous avons ajouté le pa-
ragraphe d): "faire effectuer les études et les recherches
jugées utiles ou nécessaires à l'accomplissement de ses
tâches." Mais nous avons mis ailleurs une disposition qui se trouvait
dans cet article 10 du Conseil supérieur qui était la
régie interne.
Mme Lavoie-Roux: C'est vraiment le paragraphe a) qui est
nouveau.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est exact. Je m'excuse, M. le
Président, vous avez raison, par rapport au Conseil
supérieur...
M. Rivest: C'est nouveau?
Mme Lavoie-Roux: "proposer les objectifs...
M. Morin (Sauvé):... le paragraphe a) est nouveau:
"proposer les objectifs qui doivent être poursuivis pour que soit
assuré le développement de l'enseignement collégial et les
réviser périodiquement". Cela vient de la
Fédération des CEGEP, M. le Président. On se reportera au
mémoire de la Fédération des CEGEP. Nous avons retranscrit
textuellement le troisième alinéa du paragraphe 4.2 de son
mémoire. Malheureusement... Oui, c'est à la page 21 du
mémoire.
M. Rivest: Sauf que le mémoire a été
présenté après la rédaction du projet de loi.
Enfin, le ministre a su faire un bon discours.
M. Morin (Sauvé): II y a eu des versions
préliminaires.
M. Rivest: Ah! le ministre est au courant des versions
préliminaires du mémoire de la fédération.
Mme Lavoie-Roux: Non, cela a été des...
M. Morin (Sauvé): Oui, il nous a été
transmis. Cela fait longtemps que nous discutons de ces
questions-là.
Mme Lavoie-Roux: La consultation a été
entière, totale et complète.
M. Morin (Sauvé): Et continuelle.
Mme Lavoie-Roux: Et continuelle et sans aucun accroc.
Le Président (M. Marcoux): L'article 13 sera-t-il...
Mme Lavoie-Roux: Une minute! Un instant!
M. Rivest: C'est parce que le ministre a essayé de nous
entraîner dans un débat doucereux.
Mme Lavoie-Roux: Ne nous brusquez pas, surtout.
Le Président (M. Marcoux): Je pose une question, je ne
brusque personne.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si je vous
prends à brutaliser le député de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas parlé de brutalité,
j'ai parlé de brusquerie. Il y a une marge...
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous aimeriez être
brutalisée?
Mme Lavoie-Roux: Non, non plus.
M. Morin (Sauvé): II y a des femmes comme cela.
Mme Lavoie-Roux: Au moins j'aime avoir un choix.
M. Rivest: De quoi? De la brute?
Mme Lavoie-Roux: C'est inscrit au journal des Débats. M.
le Président, il y a bien autre chose qui est inscrit dans le journal
des Débats depuis quinze jours. Ce ne sera pas une première fois,
même à l'Assemblée nationale. J'aimerais que le ministre
nous dise quelle concordance il établit entre l'article 13a du projet de
loi et les objectifs qu'il a fixés dans le livre blanc sur
l'enseignement collégial. Je croyais que les objectifs de l'enseignement
collégial, du moins pour les deux ou trois années à venir
je ne peux pas présumer indéfiniment, j'imagine que cela
évolue toujours, même des objectifs... Quel sens faut-il accorder
à ces fonctions qu'il donne au conseil de proposer des objectifs, alors
qu'ils sont déjà proposés dans le livre blanc? Est-ce que
c'est dans l'intention de voir le conseil les réviser? Quel but
poursuit-il?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, les objectifs
qui sont décrits dans l'énoncé de politique, dans le livre
blanc, comme on dit quelquefois, peuvent servir pour plusieurs années
sûrement. Avant que nous les ayons réalisés pleinement,
d'ailleurs, il faudra certainement quelques années, mais viendra un
moment où le responsable du ministère de l'Education voudra voir
si ces objectifs ne doivent pas être repensés. Il pourra faire
appel au conseil, et même le conseil, de sa propre initiative, pourra
proposer les objectifs nouveaux. Il peut d'ailleurs les modifier, les
réviser périodiquement. Pour rassurer Mme le député
de L'Acadie sur la provenance de cet alinéa a), elle voudra bien
se...
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas à être inquiet.
M. Morin (Sauvé):... référer au paragraphe
b) de la Loi du Conseil des universités, article 3. Elle verra que c'est
le même texte. Nous avons simplement enlevé "à court et
à long terme".
M. Rivest: II y a aussi, M. le ministre, "notamment". C'est pour
ne pas rendre... Je crois que
dans la Loi du Conseil supérieur de l'éducation, c'est non
limitatif.
M. Morin (Sauvé): Cela l'est justement. Le mot
"notamment", de l'avis des conseillers juridiques...
M. Rivest: C'est nouveau. C'est limitatif?
M. Morin (Sauvé): ... a pour effet de ne pas limiter les
fonctions du conseil.
M. Rivest: Est-ce que cela causerait des problèmes? Par
exemple, dans la Loi du Conseil supérieur de l'éducation,
lorsqu'on disait ce que le conseil pouvait faire, il n'y avait pas "notamment"
et je pense bien que le conseil ne s'en est pas plaint.
M. Morin (Sauvé): Non, je ne pense pas, mais, tout de
même, puisque les conseillers juridiques nous le recommandent, nous
n'avons pas de raison de le leur refuser.
M. Rivest: Ah! Il faut leur faire plaisir.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que lorsqu'ils
proposent des choses sensées et que nous n'avons pas d'argument à
faire valoir contre, nous acceptons en général leurs suggestions,
tout comme nous le faisons à l'endroit de l'Opposition.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, au paragraphe b):
"Solliciter des opinions, recevoir et entendre les requêtes et
suggestions du public en matière d'enseignement collégial;"
évidemment, c'est restreint au secteur de l'enseignement
collégial. Le Conseil supérieur de l'éducation, même
s'il n'a plus sa commission ou n'aura plus sa commission d'enseignement
collégial, quand il entend les suggestions du public, il peut bien les
entendre lui aussi en ce qui touche chacun des niveaux, à quelque niveau
que ce soit. Je me demande si, à ce moment, on ne touche pas du doigt
justement cette difficulté de définir les rôles respectifs
de chacun, quand on parle de conseils consultatifs cela pourrait
être dans d'autres domaines aussi mais certainement à
l'éducation. Recueillir les suggestions du public, solliciter des
opinions, recevoir et entendre les requêtes en matière
d'enseignement collégial, je pense que c'est strictement du Conseil des
collèges. Je comprends que ce n'est pas aussi simple que cela de
partager les requêtes en matière d'enseignement collégial
et les suggestions du public en matière collégiale. Il y aura
certainement chevauchement entre les deux, parce que le Conseil
supérieur de l'éducation nous a décrit une fonction ou une
vocation, ce matin, qui était vraiment d'être l'antenne du public
en matière d'éducation dans quelque domaine que ce soit. Le
ministre ne voit pas de chevauchement de fonction entre le rôle du
Conseil et... (23 heures)
M. Morin (Sauvé): Je pense que vous
réfléchissiez, que vous n'aviez pas terminé, madame, je
m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Morin (Sauvé): Ecoutez! Je ne vois pas de
chevauchement. C'est tout simplement pour spécifier l'évidence
même que, dans le domaine de l'enseignement collégial, le conseil
doit pouvoir solliciter des opinions, tout comme le Conseil supérieur,
lui, peut les solliciter dans le domaine beaucoup plus vaste de
l'éducation en général. C'est la transposition du
paragraphe 10a de la Loi du Conseil supérieur de l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: Si, par hasard, il survenait non pas un
problème spécifique, parce qu'à ce moment-là c'est
évident qu'il relèverait du Conseil des collèges, mais
s'il y avait une opinion disons d'insatisfaction généralement
répandue ou qui se répandrait d'une façon
générale au sujet de l'enseignement collégial, à
qui reviendrait la tâche de faire cette évaluation de
l'insatisfaction générale au sujet de l'éducation dans le
domaine de...
M. Morin (Sauvé): Au collégial? Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Morin (Sauvé): Ce serait certainement le Conseil des
collèges.
Mme Lavoie-Roux: Le Conseil des collèges.
M. Morin (Sauvé): C'est pour ça qu'il est
créé, pour pouvoir canaliser éventuellement ces critiques,
les solliciter même.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Merci, M. le Président.
M. Rivest: J'ai une question à poser au ministre. A c)
faire effectuer les études et recherches qu'il juge... Excusez-moi. Je
me suis trompé.
Mme Lavoie-Roux: d).
M. Rivest: A d), pardon, faire effectuer les études et les
recherches jugées utiles ou nécessaires à
l'accomplissement de ses tâches.
On sait que, un peu plus loin dans le projet de loi, on crée une
commission d'évaluation, ainsi qu'une commission de l'enseignement
professionnel.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Rivest: C'est purement une précision. Je ne suis
même pas sûr de... Dans la mesure où on attribue au conseil
des fonctions spécifiques dans l'ordre des études et des
recherches...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Rivest: ... est-ce que le problème ne se posera pas de
savoir si, proprio motu, la commission d'évaluation, ainsi que la
commission d'enseignement professionnel pourront, elles aussi, faire des
recherches dans l'exercice des fonctions qui leur sont attribuées?
Peut-être que les gens de la commission vont se demander: Oui, mais, en
regard du mandat général qui est donné au conseil, je
comprends qu'il est plus large que le mandat spécifique qui est
donné aux commissions, est-ce qu'elles ne se poseront pas la question
à savoir si elles peuvent... Oui?
M. Morin (Sauvé): Oui, les commissions peuvent
faire...
M. Rivest: D'elles-mêmes?
M. Morin (Sauvé): ... des recherches d'elles-mêmes,
de leur côté aussi? Naturellement, il y aura des aspects
budgétaires. Elles devront tenir compte des disponibilités
budgétaires, comme c'est le cas pour le Conseil des universités
à l'heure actuelle, qui est obligé, quelquefois, de laisser de
côté des projets fort intéressants, parce que les
disponibilités budgétaires de l'année sont
épuisées.
M. Rivest: D'accord, oui, je crois... Oui, j'imagine, comme on le
signale, qu'étant donné qu'elles sont auprès du conseil,
il y aura une procédure d'approbation des initiatives qu'elles prendront
et qui seront vraisemblablement déterminées au moment où
on fera les règlements de régie interne. Je suppose que c'est au
Conseil des universités ou peut-être au Conseil supérieur
de l'éducation? C'est dans ce cadre-là que ça se joue?
M. Morin (Sauvé): Je pense, oui, que c'est comme ça
que ça va se dérouler.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'imagine que, compte
tenu de l'indépendance que l'on veut donner au conseil, celui-ci, dans
l'esprit du ministre, pourrait remettre en question les objectifs qui sont
fixés dans le livre blanc?
M. Morin (Sauvé): Mais oui...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Mais oui.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas s'il voudrait le faire
tout de suite, mais, enfin, hypothétiquement, oui.
Mme Lavoie-Roux: Bon! D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 13 sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): J'imagine qu'il ne remettrait pas en
cause...
Mme Lavoie-Roux: Leur propre existence.
M. Morin (Sauvé): ... leur propre existence, mais
hypothétiquement, ça pourrait aller jusque là.
Mme Lavoie-Roux: On ne sait jamais!
M. Morin (Sauvé): Si elles étaient prises d'une
folie d'autodestruction. Cela arrive.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 13 sera
adopté? Adopté. Article 14. Adopté?
M. Morin (Sauvé): A l'article 14, M. le Président,
il y a de petits amendements, si on veut bien se reporter aux textes
polycopiés. Il y a un nouvel article 14 qui fait en sorte que nous
remplaçons le paragraphe c). Au lieu de "les projets de création
de nouveaux programmes d'enseignement collégial," nous dirions
désormais; "les projets de création de nouveaux programmes
d'enseignement collégial qui sont établis par le ministre".
C'est pour spécifier qu'il s'agit de l'approbation de programmes
qui sont applicables à l'ensemble de l'enseignement collégial et
non pas à tel ou tel établissement. On se réfère
donc aux programmes généraux qui sont établis par le
ministre suivant ce que vous avons vu ailleurs dans le projet de loi 25. C'est
par opposition aux programmes institutionnels.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je me demande si le
ministre pourrait nous expliquer, dans son projet d'amendement, ce qu'il vise
en ajoutant le dernier membre de phrase: "qui sont établis par le
ministre". Il y a des projets de création de nouveaux programmes
d'enseignement collégial, mais qui sont établis par le ministre.
Cela semble presque en opposition. Ce sont des nouveaux et, s'ils sont
établis, ce ne seront pas des projets.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais je dois consulter, je suis
tenu de soumettre à l'avis du conseil ces projets de création de
nouveaux programmes que j'établis.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord. Oui, mais... les projets de
création de nouveaux programmes qui sont établis par le
ministre.
M. Morin (Sauvé): C'est qu'il y a des programmes qui sont
établis par les établissements eux-mêmes et ceux-là,
on ne veut pas les soumettre au Conseil des collèges; ce sont seulement
ceux que le ministre établit lui-même qui sont soumis au Conseil
des collèges. Le reste est décentralisé.
Je pourrais vous référer à la page 107 de la
version polycopiée de l'énoncé de politique où on
dit: "Quant aux programmes locaux que les collèges pourraient instituer
pour répondre à des besoins particuliers, ils comporteront un
nombre variable de crédits. Cette latitude vise à stimuler la
créativité des collèges et à rendre souple
l'organisation de tels programmes spéciaux." Dans ces cas-là, il
n'y a pas à soumettre ces programmes
locaux au Conseil des collèges. Mais, lorsque c'est le ministre
qui établit de nouveaux programmes d'enseignement collégial,
comme c'est déjà son pouvoir, alors il doit soumettre cela au
Conseil des collèges.
Mme La voie-Roux: Je comprends. Je m'excuse, c'est que je
trouvais qu'il y avait une espèce de contradiction puisqu'on
créait de nouveaux programmes qui étaient établis par le
ministre. C'est quand vous décidez d'en établir de nouveaux
qu'à ce moment-là, ces projets seront soumis.
M. Morin (Sauvé): Oui et non pas ceux des
collèges...
Mme Lavoie-Roux: Qui sont déjà établis ou
ceux qui seraient déjà implantés.
M. Fallu: "Et qui seraient mis sur pied par les collèges."
Ils ont une autonomie de création de programmes, les
collèges.
Mme Lavoie-Roux: Sont élaborés par le ministre.
Ceux-là...
M. Morin (Sauvé): Elaborés.
Mme Lavoie-Roux: ... ne proviennent pas... J'aimerais mieux le
mot "élaborés" qu'"établis". "Etablis", c'est comme un
état de fait. Mais enfin, je comprends le sens de ce que vous dites.
M. Morin (Sauvé): Je pense qu'élaborés peut
très bien convenir. Oui, je pense que...
Mme Lavoie-Roux: C'est...
M. Fallu: M. le ministre, je vous conseillerais de garder un
terme plus fort, parce qu'un programme peut toujours être
élaboré par le ministre, mais être mis en application
à titre de programme de collège. La différence est
très profonde entre les deux.
M. Morin (Sauvé): Ah oui, oui! je crois que le
député de Terrebonne a raison. Le mot "élaborés"
est beaucoup moins fort et ne semble pas du tout s'imposer tandis que, quand le
ministre établit un programme, il doit le soumettre, bien sûr, au
Conseil des collèges, mais il est établi.
Je préfère m'en tenir au mot "établi", M. le
Président, avec votre permission. Dans ces matières, j'aime
toujours avoir l'avis de ceux qui ont vécu ces problèmes de
l'intérieur, et le député de Terrebonne en est un.
Mme Lavoie-Roux: Si vous les avez établis, les avez
fixés, si vous préférez, je vois difficilement que vous
alliez en consultation sur ces nouveaux programmes, puisqu'ils sont
établis.
M. Morin (Sauvé): Etablis, mais je dois, cha-aue fois que
j'établis un nouveau collège...
Mme Lavoie-Roux: On n'est pas pour se chicaner, cela peut
être une incompréhension de ma part.
M. Morin (Sauvé): il y a un paragraphe b) aussi, sur le
polycopié. Comme vous l'aurez observé, on ajoute à la
fin...
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les écoles privées.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est pour les écoles
privées, cette concordance, et j'ai indiqué plus tôt
pourquoi.
M. Fallu: M. le Président, question
d'éclaicissement au ministre.
Le paragraphe b) de la motion d'amendement s'applique donc à d)
de l'article 14.
M. Morin (Sauvé): II s'applique à b), d), e) et
f).
M. Fallu: Oui. C'est à propos du paragraphe d) que
j'aimerais avoir un éclaircissement. Je lis donc. Le paragraphe d) ne
s'applique pas aux institutions visées par la Loi de l'enseignement
privé. J'aimerais, pour la compréhension de tous, y compris la
mienne, bien savoir si, de ce point de vue, on éviterait des
écueils qui sont arrivés dans le passé comme, par exemple,
le fait d'accorder des programmes d'enseignement collégial à des
collèges privés, alors que le réseau public ne les a pas
encore.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas à moi de répondre,
mais vu que le ministre est occupé ailleurs, on peut se parler.
M. Fallu: Oui, je veux bien.
Mme Lavoie-Roux: Mon impression est que les collèges
d'enseignement privé je pense particulièrement à
Marie-Victorin, peut-être parce que je suis plus familière avec
Marie-Victorin qu'avec d'autres ont quand même pris des
initiatives très heureuses que d'autres collèges auraient pu
prendre mais n'ont pas prises, pour une foule de raisons. Je me demande si on
devrait, somme toute, pénaliser l'initiative ou la
créativité d'un collège. Je ne fais pas de plaidoyer pour
l'école privée; cela viendrait de l'école publique que la
même règle s'exercerait, à l'inverse. Un collège
privé pourrait se trouver défavorisé par rapport à
ce collège public qui a eu plus d'imagination. Je pense qu'il ne faut
pas, parce qu'il n'est pas établi dans un collège public, enlever
l'initiative à un collège privé.
M. Fallu: Si on peut continuer un tout petit moment le
dialogue...
Mme Lavoie-Roux: On s'excuse, M. le ministre, mais vous
étiez occupé à un petit dialogue; alors on en a
profité.
M. Morin (Sauvé): J'ai suivi tout cela, parce que j'ai
quelque chose à dire. Je vais laisser parler le
député.
M. Fallu: Cela irait à rencontre d'un des articles de la
Loi des collèges qui stipule que l'enseignement collégial est
gratuit. A ce compte-là, comme parent je me mets en situation, si
vous le permettez je devrais être dans l'obligation d'envoyer mon
enfant dans un collège privé, pour suivre un cours X, qui ne
serait pas encore dans un programme de collège public. Il y a, du point
de vue de la démocratie scolaire au niveau collégial, une
distorsion. Je n'ai rien contre l'intia-tive d'un collège qui va de
l'avant. Mais il faut s'assurer qu'au même moment un programme de
même nature est aussi offert dans au moins un des collèges public,
un des CEGEP.
Mme La voie-Roux: Là-dessus, je pense que je peux vous
suivre.
M. Fallu: Nous avons terminé...
Mme Lavoie-Roux: II reste que dans le cas de Marie-Victorin, si
je ne m'abuse, ce qui s'est produit, est-ce qu'il n'y a pas eu une sorte
d'unification de ressources provenant des communautés religieuses? Ce
qui fait qu'ils ont pu mettre à la...
M. Fallu: C'est vrai pour un programme. Mais ce n'est pas vrai
pour un autre, notamment, qui s'adressait aux municipalités. Mais cette
distorsion a été corrigée par la création d'un
programme au CEGEP de Drummondville.
M. le Président, vous nous excuserez de notre aparté. (23
h 15)
M. Morin (Sauvé): Oui. Est-ce que je puis faire un
commentaire, M. le Président? Effectivement, le problème
soulevé par le député de Terrebonne est réel. Il
s'agit de savoir si les collèges privés vont pouvoir
échapper au plan de répartition des enseignements.
A l'heure actuelle, si nous le disions maintenant, en ne faisant pas
exception du paragraphe d), nous nous trouverions à amender
indirectement la Loi de l'enseignement privé. J'aime mieux, si tel est
notre choix, que nous le fassions au moment où nous énoncerons
notre politique de l'enseignement privé. Ce sera un des
éléments, mais, à ce moment-là, on le fera
clairement et carrément devant la population.
Mme Lavoie-Roux: Je vous félicite, M. le ministre, j'aime
mieux cela, moi aussi. Qu'on le fasse demain, si on veut, mais qu'on le fasse
par les voies régulières.
M. Rivest: Est-ce que je peux, M. le Président... Dans la
foulée de la dernière remarque du ministre, on sait que
l'Association des collèges, dans son mémoire, avait
indiqué au ministre: "Aussi longtemps que nous ne serons pas
fixés sur la position du gouvernement à l'endroit des
collèges privés, de la commission consultative de l'enseignement
privé, on ne voit guère, pour le moment, comment les projets de
règlement, les matières visées à l'article 14,
puissent vraiment concerner les institutions collégiales
privées".
Le ministre a répondu, je pense, en partie à cette
préoccupation par l'amendement qu'il a apporté, excluant les
paragraphes b), d) et e).
Mme Lavoie-Roux: Presque tous.
M. Rivest: Mais, au niveau du paragraphe a) qui
réfère à la Loi des collèges, est-ce que, dans
cette même veine, il ne serait pas préférable pour le
ministre d'attendre la politique de l'enseignement privé? Je signale,
entre autres, que pour la comptabilité et tout cela, il n'y a pas
tellement de problèmes, mais pour l'engagement du personnel de
direction, c'est quand même un aspect important pour les collèges
privés.
M. Morin (Sauvé): Je ne crois pas que...
M. Rivest: Oui, les projets de règlement visés dans
les paragraphes b) et c) du premier alinéa, si je lis bien, le
paragraphe c), c'est l'engagement du personnel de direction.
M. Morin (Sauvé): Non, la qualification du personnel
pédagogique.
M. Rivest: J'ai la mauvaise référence. Il est
clairement exclu?
M. Morin (Sauvé): C'est clair.
M. Rivest: C'est un problème que vous allez régler
au niveau de la politique générale de l'enseignement privé
pour la qualification?
M. Morin (Sauvé): Non, la qualification, c'est
déjà dans la loi. A l'heure actuelle, il y a des
règlements applicables à la qualification du personnel dans les
collèges privés comme dans les collèges publics.
Mme Lavoie-Roux: C'est normal. M. Rivest: C'est
d'accord.
M. Morin (Sauvé): Je pense bien, de même pour les
programmes... Le paragraphe a), cela fait allusion à l'ensemble qu'on
avait vu, les programmes d'étude, l'admission des étudiants, la
qualification du personnel, etc.
Mme Lavoie-Roux: Cela couvre beaucoup de choses aussi.
M. Rivest: C'est l'ancienne présidente de la CECM qui
vient de parler.
Mme Lavoie-Roux: Je ne comprends pas l'allusion, mais en tout
cas.
Une Voix: Le secteur public.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
M. Morin (Sauvé): II vous en veut d'avoir
été dans le secteur public et d'y avoir exercé des
responsabilités.
Mme Lavoie-Roux: Cela lui aurait fait un peu de bien.
M. Rivest: Au contraire, je suis allé dans le secteur
privé et ce n'est pas mal.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, seulement une petite
chose que je voudrais faire clarifier. Si je comprends bien, les paragraphes
b), d), e), f) ne s'appliquent pas aux institutions visées par la Loi de
l'enseignement privé. Le problème que vient de soulever, si j'ai
bien compris, le député de Terrebonne, c'est que le paragraphe c)
ne se trouve pas exclu de l'enseignement privé. Il y a eu la
réaction du ministre, mais c'était par rapport au paragraphe d).
Le paragraphe c) aussi aurait une répercussion sur les...
M. Morin (Sauvé): Non, les programmes valent pour tous,
madame, déjà c'est le cas.
Mme Lavoie-Roux: Mais la création de nouveaux
programmes?
M. Morin (Sauvé): Oui, cela vaut aussi. A l'heure
actuelle, cela vaut aussi. S'il fallait que... Bien sûr, ils ont le droit
de créer des programmes institutionnels comme les autres, mais les
programmes d'ensemble que vise le paragraphe c)...
Mme Lavoie-Roux: Ah! c'est l'ensemble quand on parle de cours
fondamentaux à diverses formations.
M. Morin (Sauvé): C'est cela, ce sont les dispositions
générales établies par le ministre.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que je trouverais quand même
ce serait dans le paragraphe d) regrettable que des initiatives
heureuses soient découragées.
M. Morin (Sauvé): Ah non!
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'il ne faut pas oublier que ce
sont eux qui ont pris l'initiative dans le cas des techniques de garderie,
comme on les appelle, je pense. D'ailleurs, je ferais remarquer au ministre que
je trouve quand même un peu regrettable et je suis sûre
qu'il va remédier à la situation que, dans le cas des
techniques de garderie, il n'y a que deux collèges privés et
qu'un seul collège public qui les donnent. C'est Marie-Victorin, et un
autre privé, peut-être Cap-Rouge, mais je le dis sous toute
réserve. Il n'y a que Saint-Jérôme qui le donne dans le
secteur public. C'est quand même un domaine qui est appelé
à se développer. Il y a Vanier, en anglais.
M. Morin (Sauvé): II y a Vanier maintenant. C'est à
l'étude en ce moment.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le premier
amendement proposé par le ministre, à l'effet d'ajouter "qui sont
établies par le ministre" sera adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté. Dans le second
alinéa, avant de procéder à l'adoption...
Le Président (M. Marcoux): Oui, je...
M. Morin (Sauvé):... il faudrait préciser, b), d),
e) et f) du premier alinéa.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement du
ministre proposant d'ajouter un nouvel alinéa et se lisant comme suit:
"Les paragraphes b), d), e) et f) du premier alinéa ne s'appliquent pas
aux institutions visées par la Loi de l'enseignement privé, 1968,
chapitre 67", est-ce que ce nouvel alinéa sera adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté. Mme Lavoie-Roux:
Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Est-ce que
l'article 14 tel qu'amendé sera adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Attendez une minute! D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Article 14 adopté avec
amendement.
M. Morin (Sauvé): Bien.
Le Président (M. Marcoux): Article 15.
M. Morin (Sauvé): L'article 15, nous y avons fait allusion
tout à l'heure. Il s'agit de la capacité du conseil de se donner
des règlements de régie interne pour la conduite de ses affaires.
C'est une disposition tellement usuelle qu'il n'est point besoin
d'insister.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 15 sera
adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Morin (Sauvé): Nous voici à l'article 16.
Mme Lavoie-Roux: On a hâte de voir les modifications que
vous avez à nous proposer.
M. Morin (Sauvé): Oui, je vais vous faire circuler
immédiatement...
Une Voix: La surprise!
M. Morin (Sauvé): Voici la décision. Nous proposons
que l'article soit retranché du projet de
loi, parce que tout ce qu'on nous a proposé, notamment ce matin,
anticipe beaucoup trop sur l'avenir pour que cela puisse vraiment être
utile. D'autre part, nous ne pouvons pas, dans le projet de loi des
collèges, régler des problèmes qui sont ceux du Conseil
supérieur. Nous réglerons les problèmes du Conseil
supérieur en leur temps, c'est-à-dire notamment lorsque j'aurai
reçu l'avis du Conseil supérieur sur son propre avenir.
Le Président (M. Marcoux): Si je comprends bien, comme les
amendements du ministre font partie de la loi, l'objet de la discussion prend
fin.
Mme Lavoie-Roux: On peut quand même faire une remarque
générale.
M. Morin (Sauvé): Oui, je serais très
intéressé à entendre Mme le député de
L'Acadie.
Le Président (M. Marcoux): Oui, sûrement!
Mme Lavoie-Roux: On pourrait peut-être faire un peu
l'autopsie de toute cette démarche du Conseil supérieur de
l'éducation. Cela pourrait aller au moins jusqu'à minuit.
Le Président (M. Marcoux): Que de temps
d'épargné...
Mme Lavoie-Roux: Non...
Le Président (M. Marcoux): Vous avez dit: On pourrait.
Mme Lavoie-Roux: Je ne serai pas longue, je vous rassure.
M. Morin (Sauvé): Attendez que le député de
Saint-Laurent soit là pour prononcer le mot "autopsie".
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il l'a prononcé? M. Morin
(Sauvé): C'est vous...
Mme Lavoie-Roux: Non, le député de Saint-Laurent
n'a pas du tout de tendance morbide comme cela! Si on commence à
examiner l'air de tout le monde... Je demande au député de
retirer ses paroles.
M. Fallu: Je ne prête nullement au député de
Saint-Laurent d'acrimonie, de haine, ni de passion.
M. Rivest: On peut faire motion pour mettre des photos. On
pourrait peut-être imager le journal des Débats de la photo du
député de Terrebonne, pour vérifier ses propos.
Mme Lavoie-Roux: Ce ne sera pas long, M. le Président, ce
sera très court. On a fait la démonstration, par le retranchement
de cet article, que, si le ministre s'était rendu immédiatement
à notre requête de vendredi midi dernier je pense que cela
s'est situé entre midi et 13 heures nous aurions
évité beaucoup de tension, nous aurions évité
beaucoup de difficultés. Nous aurions même épargné
du temps. D'autant plus que ce que le Conseil supérieur de
l'éducation demandait depuis le début je suis sûr
qu'on avait passé le message au ministre bien avant qu'on ne vienne ici
en commission parlementaire c'était de retrancher l'article
16.
Mais, ce matin, devant le ministre, le conseil s'est contenté
d'un article modifié qui apparaît plus modéré aux
yeux du ministre, mais, de toute façon, les résultats sont les
mêmes puisqu'on retranche l'article; c'était la motion
d'amendement que nous avions avant même que le Conseil supérieur
de l'éducation se présente. On voulait évidemment avoir
son appui devant les résistances du ministre de l'Education. C'est tout
ce que j'avais à dire, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): J'appelle maintenant l'article
17.
M. Rivest: M. le Président, je veux ajouter mes
commentaires pour signaler comment l'entêtement relatif, dans le temps,
du ministre a occasionné un retard à la commission et à
nos travaux, mais, néanmoins, on doit reconnaître et
apprécier cette retraite du ministre, parce qu'il faut appeler...
M. Morin (Sauvé): Ne confondons pas "retrait" et
"retraite", M. le député.
M. Rivest: Non, je parlais de la retraite de sa manoeuvre, une
manoeuvre de retraite.
M. Morin (Sauvé): C'est tout simplement que le Conseil
supérieur m'a persuadé que cet article créait plus de
difficultés qu'il n'en résolvait. Je demeure cependant
persuadé qu'il a lu entre les lignes des choses qui ne s'y trouvaient
pas et, si je le laisse tomber, c'est parce que j'ai le sentiment qu'à
tout prendre, il faudra, de toute façon, que les conseils coordonnent
leurs interventions et leurs avis sur des questions d'intérêt
commun. C'est le bon sens et ça va presque sans le dire. Puisque
ça va sans le dire, ne le disons pas! Laissons tomber l'article 16.
M. Rivest: M. le Président, je veux simplement ajouter que
nous avons dû le dire à maintes reprises au ministre avant qu'il
en vienne à cette conclusion pour laquelle nous le
félicitons.
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): J'appelle l'article 17.
M. Morin (Sauvé): Oui, s'il vous plaît. Nous
abordons une autre question intéressante avec l'article 17, M. le
Président. Auprès du conseil, une commission d'évaluation
et une commission de l'enseignement professionnel sont établies.
Nous avons voulu que ces deux commissions soient établies par la
loi, puisque, dans notre esprit, deux des fonctions essentielles du Conseil des
collèges seront de procéder à l'examen des politiques
institutionnelles d'évaluation des collèges, de la mise en oeuvre
de ces politiques. De même, nous pensons que la présence d'une
commission de l'enseignement professionnel, chargée de présenter
des avis au conseil sur les questions touchant l'enseignement professionnel,
nous pensons que la création d'une telle commission est essentielle,
étant donné, comme vous le savez, les difficultés
nombreuses qui caractérisent cet aspect du travail des CEGEP.
C'est la raison pour laquelle il nous a paru que nous devions instituer,
dans la loi, ces deux commissions et les articles suivants, d'ailleurs, 18
à 22, apportent des détails sur le travail, sur le fonctionnement
de ces deux commissions.
La commission d'évaluation pourra également offrir aux
collèges un service d'évaluation de leurs programmes
d'enseignement ou d'un aspect quelconque de leur pratique institutionnelle.
Nous avons, dans l'énoncé de politique, spécifié
que cette commission d'évaluation ne constituait pas et ne devait pas
être perçue comme un inspectorat, mais qu'elle est à la
disposition des collèges.
Si je me suis résolu à cette façon d'organiser les
choses, c'est que j'ai eu, dans le concret, l'expérience d'un CEGEP de
la région de Québec et, à la suite de requêtes qui
me sont parvenues des parents et du conseil d'administration du collège
en question, cela m'a amené à créer de toutes
pièces une commission ad hoc, présidée par M. Arthur
Tremblay, ancien sous-ministre de l'Education, pour étudier certains
aspects de la pédagogie du CEGEP dont j'ai parlé et de faire
rapport au conseil d'administration qui, éventuellement, bien sûr,
s'en entretiendra avec le ministre de l'Education. (23 h 30)
J'ai dû créer ce mécanisme ad hoc, alors que,
littéralement, rien dans la loi ne m'y autorisait. Heureusement, la loi
ne m'interdisait pas de le faire, de sorte que j'ai pu créer ce
mécanisme et je crois savoir que le rapport considérable qui sera
déposé devant le conseil d'administration d'ici quelques jours
sera une contribution importante à l'évaluation
pédagogique. Cette expérience m'a fait penser qu'il serait bon
d'avoir un mécanisme permanent auquel les collèges pourraient
avoir recours s'ils en éprouvent le besoin, et facultativement. Mais ce
même organisme, de toute façon, est chargé de
procéder à l'examen des politiques institutionnelles
d'évaluation des collèges. Il a donc double fonction. Il peut
s'adonner de lui-même à cet examen des politiques
institutionnelles d'évaluation, mais il peut être appelé
également à fournir un service d'évaluation des programmes
d'enseignement ou des pratiques institutionnelles si un collège le lui
demande. Après quoi, il devra faire rapport au conseil lui-même et
non pas au collège. Nous avons corrigé le projet de loi sur ce
point à la suite des observations de l'Opposition.
Voilà, c'est par manière de présentation
très générale et je pourrai répondre à
toutes les questions des membres de la commission.
Mme Lavoie-Roux: Cette question de l'évaluation ou de
cette commission d'évaluation est peut-être, à certains
points de vue, mise à part la création du Conseil des
collèges qui sous-tend cela, l'aspect le plus important de tout ce
projet de loi. Jusqu'à un certain point, on a presque l'impression
là-dessus, je suis prête à admettre que c'est une
interprétation personnelle, quoique d'autres aient eu cette même
perception que c'est ce besoin d'évaluer que le ministre
ressentait il n'était pas le seul, d'ailleurs qui a
finalement justifié la création du collège. D'ailleurs, je
pense que tous les organismes qui sont venus devant nous et qui ont
abordé la question du Conseil des collèges ne se sont pas
arrêtés, ou très peu, je pense, de façon
générale, au principe de la création du Conseil des
collèges ou encore de sa formation etc., mais ils se sont
arrêtés à toute cette question, en particulier, de
l'évaluation.
Je pense que le ministre n'est pas naïf. Il sait que ceci
crée de la résistance dans le milieu...
M. Morin (Sauvé): Surtout chez les gens qui,
évidemment...
Mme Lavoie-Roux: ... vont être évalués...
M. Morin (Sauvé): ... tournent autour du CADRE ou sont
employés du CADRE.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre pourrait,
là-dessus, expliciter sa pensée? Pourquoi eux plus que les
autres?
M. Morin (Sauvé): Parce qu'ils se voient volontiers dans
le rôle d'organisme de recherche dans le domaine de l'évaluation
et de conseil dans le domaine de l'évaluation pour tous les niveaux de
l'enseignement.
Mme Lavoie-Roux: C'est une hypothèse que j'ai faite,
disons. Je ne veux pas entrer dans les détais. Mais il reste qu'il n'y a
pas qu'eux. D'abord, il faut quand même reconnaître qu'ils ont fait
un travail qui, jusqu'à maintenant, ne devait pas être si mauvais
puisque le ministère de l'Education y a abondamment eu recours et, si je
ne me trompe, il a encore recours à CADRE pour certaines... Est-ce que
je m'abuse là-dessus?
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Oui, abondamment.
M. Morin (Sauvé): Abondamment serait beaucoup dans les
circonstances.
Mme Lavoie-Roux: II y a eu recours et il y a encore recours.
Ecoutez, abondamment, c'est relatif, je suis bien d'accord avec vous
autres.
Pour définir les indicateurs de qualité, c'est ce que j'ai
cru comprendre.
M. Morin (Sauvé): Nous avons un contrat avec le CADRE pour
ces fins.
Mme Lavoie-Roux: A tout événement, je pense qu'on
va laisser le CADRE de côté. Il y a eu des objections de sa part,
mais il y a aussi beaucoup d'objections de la part de ceux qui feront l'objet
de l'évaluation, le CADRE mis à part.
M. Morin (Sauvé): Avez-vous lu en fin de semaine, dans
l'article du philosophe Jacques Dufresne, le passage qu'il a consacré
à cela?
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne l'ai pas lu.
M. Morin (Sauvé): Je vous le recommande; je ne l'ai pas
avec moi, mais...
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que c'est parce que
j'étais à l'Assemblée nationale. J'ai vu la lettre ouverte
le vendredi, je pense, le jeudi ou le vendredi, qui provenait de la CSN, la
FNEQ. Ils n'ont pas envoyé de mémoire, mais cela reflétait
le télégramme qu'ils ont envoyé. Il ne faut pas se
scandaliser de ça, parce que c'est normal que les gens trouvent
difficile de se faire évaluer. On a eu l'an dernier l'exemple de
l'Association des directeurs d'école. Ce n'était pas sans
fondement, c'est parce que les outils ne sont pas faciles à
développer. Mais je pense qu'ils ont fait la preuve et ce n'est
pas un blâme à l'endroit du ministère de l'Education
dans le cas de l'Association des directeurs d'école, qu'il n'y avait pas
encore d'outils très adéquats. J'aimerais peut-être savoir
même du gouvernement, parce que je pense qu'il y a aussi une politique
d'évaluation des cadres, si elle est en vigueur. Je me souviens d'avoir
eu à l'appliquer, mais peut-être qu'il y a eu beaucoup de
progrès depuis ce temps, il y a deux ou trois ans; il y a maintenant
trois ans.
M. Morin (Sauvé): Nous avons réussi à
régler la question du recours en cas de renvoi qui, vous le savez, il y
a deux ans, posait encore de très graves problèmes. En ce moment,
je pense qu'on a réussi à peu près à régler
cela.
Mme Lavoie-Roux: Même ça c'est encore très...
peut-être pas...
M. Morin (Sauvé): Ce qui pose de graves
difficultés, c'est évidemment le système de
l'évaluation au mérite.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
M. Morin (Sauvé): Enfin, nous avons avancé, mais on
ne peut pas dire que le dossier soit entièrement
réglé.
Mme Lavoie-Roux: Et même la question de recours, ce que
vous avez expliqué il y a quelques jours, c'est que vous l'avez
maintenant instauré de quelque façon à l'intérieur
du ministère. On sait qu'il existe aussi, à l'intérieur du
ministère des
Affaires sociales, ce mécanisme de recours et on a eu un exemple
là, je ne mets pas de blâme sur qui que ce soit: l'ancien,
le nouveau, le prochain gouvernement c'est tout un domaine
extrêmement difficile et périlleux mais cela ne justifie pas qu'on
ne s'y attaque pas quand même. Enfin, toute cette introduction pour dire
que écoutez, si je voulais blaguer un peu si on avait, par
exemple, un système d'évaluation pour les députés,
je vous assure qu'ils trouveraient beaucoup de retouches à faire. C'est
vrai que vous allez me rétorquer: C'est le public.
M. Morin (Sauvé): Oui, il y en a une à tous les
quatre ou cinq ans.
Mme Lavoie-Roux: Mais encore, est-ce que cela correspond vraiment
à une évaluation du "mérite" individuel du
député ou pas davantage...
Une Voix: Du gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: ... à un mérite ou non du
gouvernement.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est un mérite collectif du
gouvernement, je pense bien.
M. Rivest: Cela me fait penser une parenthèse si le
ministre me le permet la veille, je crois, probablement le 28 avril, le
premier ministre avait déclaré que dans le domaine de
l'évaluation, l'élection de Jean-Talon constituerait le
critère par excellence d'évaluation de la performance du
gouvernement. Je ne sais pas s'il est de CADRE, mais ça me semble un
excellent évaluateur, ce premier ministre.
M. Morin (Sauvé): Je pense que l'ensemble de ceux qui
étaient concernés par cette élection en ont tiré
les conclusions...
M. Rivest: ... c'est entre parenthèses, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): ... qui s'imposaient. Il faut savoir par
moment faire le point, bien sûr. C'est ce que nous avons fait.
Mme Lavoie-Roux: Bon, mais tout ceci dit, et on pourrait
continuer avec des exemples et des exemples, il reste qu'une
représentation qui a été faite, qui a été
faite ce matin par le Conseil supérieur de l'éducation et je
pense qu'il va falloir que je vérifie dans le mémoire que j'ai
lu, mais j'en ai lu pas mal et comme ça fait déjà quelque
temps, je pense que même à l'intérieur de ce
mémoire, cette remarque était faite quant à la
nécessité que ce conseil d'évaluation ou cette commission
d'évaluation soit indépendante par rapport au Conseil des
collèges.
En tous les cas, même si on pouvait trouver je le dis sous
toutes réserves, parce que c'est le ministre qui a quand même fait
cet avance CADRE en conflit d'intérêts ou enfin ayant
peut-être un jugement un peu biaisé sur la question, c'est
peut-être plus ça que le ministre a voulu dire, il reste que
tout...
M. Morin (Sauvé): Je vous avouerai que, ce matin, je n'ai
rien dit, mais j'ai trouvé quelque peu étonnant que le directeur
du CADRE se fasse porte-parole de cette opinion pour le Conseil
supérieur de l'éducation; je vous avoue que ça m'a un peu
choqué. C'est un employé, oui c'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas le directeur du CADRE, n'est-ce
pas? Qui est le directeur du CADRE?
M. Morin (Sauvé): C'est l'un des directeurs à
l'emploi du CADRE.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce qu'on ne retrouve pas une opinion un
peu semblable dans le mémoire du Conseil supérieur de
l'éducation?
M. Morin (Sauvé): Dans le mémoire du Conseil
supérieur de l'éducation, on se prononce contre un conseil qui
fournirait lui-même les services. C'est la raison pour laquelle nous
avons décidé de former une commission distincte du conseil, parce
que nous pensons qu'effectivement, c'est un rôle hautement technique et
hautement spécialisé. Quand j'ai rencontré le conseil, je
lui ai demandé si cela répondait à la critique dont il
avait fait état dans son mémoire et à propos de laquelle
d'ailleurs on ne donnait pas de motivation bien entendue. On dit ne pas penser
que le conseil devrait cumuler ces fonctions, mais on ne dit pas vraiment
pourquoi, on n'explique pas vraiment pourquoi. Mais j'ai senti qu'il y avait
là une différence d'opinion et qu'on aurait bien voulu qu'il y
ait un certain service général d'évaluation ou de
recherche en évaluation qui aurait pu, naturellement, être, comme
par hasard, le CADRE.
M. Rivest: Le ministre me permettrait-il une question? C'est
vrai, j'accepte la remarque du ministre, mais je veux quand même la
réduire. Tantôt, il était question d'analyse et de
recherches dans les fonctions qui étaient dévolues au conseil.
J'ai posé la question au ministre à savoir quels seraient le
rapport et la liberté d'initiative de la commission. L'évaluation
reste sous ce rapport; il a bien pris soin de préciser que, en raison
des règles de régie interne qui seront établies, le
conseil, en tant que tel, approuvera les initiatives de la commission
d'évaluation. Dans cette mesure, la remarque du ministre, qui vient de
dire que, pour répondre aux voeux du Conseil supérieur de
l'éducation, il avait décidé de créer une
commission d'évaluation au sein du conseil, je l'accepte. Je sais qu'il
y a peut-être une différence de degré, mais il reste tout
de même que ce sera effectivement le Conseil des collèges qui
aura, en dernière analyse en tout cas, l'autorité dans la mesure
où il aura à approuver et peut-être à autoriser les
initiatives de la commission d'évaluation.
M. Morin (Sauvé): Oui, et, de plus, certaines de vos
recommandations, la semaine dernière, avaient pour effet de mettre
encore davantage la commission d'évaluation sous la coupe du conseil,
puisque je ne pourrai nommer les membres de la commission qu'après
recommandation du conseil. Donc, il faudrait savoir ce qu'on veut.
M. Rivest: D'abord, le pouvoir de nomination, c'est une chose;
après ça, les gens exercent leur fonction. J'imagine que c'est
toute la philosophie même et, à ce compte, il ne faudrait pas que
le gouvernement nomme les membres du Conseil des collèges, parce que si
on prenait l'argument du ministre... Mais j'ai simplement voulu souligner que
je sais que, de toute façon, au point de vue pratique, vous pourriez
difficilement régler ça. Il y aurait peut-être d'autres
façons de le régler, mais, en termes pratiques, pour atteindre
les objectifs du Conseil supérieur de l'éducation, il faut qu'une
commission d'évaluation soit un moyen; ça, je le reconnais avec
le ministre, mais ce que j'ai voulu indiquer par ma question et les
commentaires que j'ai faits, c'était que, effectivement, ça
restera extrêmement ténu, parce que les initiatives de la
commission seront approuvées par le conseil et ce sera lui qui,
finalement, sera dispensateur de services.
M. Morin (Sauvé): Là, il y a des nuances, je pense,
qu'on doit ajouter à ce que vient de dire le député.
Naturellement, le conseil fera ses règles de régie interne, mais
il ne pourra pas enlever à la commission des compétences que nous
avons eu le soin de définir dans la loi. (23 h 45)
Quand nous disons: La commission d'évaluation est chargée
de procéder à l'examen des politiques institutionnelles... le
conseil ne pourra pas empêcher la commission de procéder de cette
façon, comme elle l'entend. Donc, elle aura une certaine dose
d'autonomie. Elle doit cependant faire rapport au conseil et, de cette
façon, le conseil évaluera les travaux de la commission.
M. Rivest: Le budget est souvent la mesure la plus
concrète de la liberté d'initiative d'un organisme comme la
commission d'évaluation par rapport aux collèges. J'imagine que
c'est le conseil, comme on l'indique, qui approuvera.
M. Morin (Sauvé): Qui approuvera le budget de la
commission.
M. Rivest: Je sais que cela n'est pas facile à trancher,
le ministre peut me répondre. Je ne veux pas dire que cela n'est pas
correct, mais je veux simplement souligner qu'il y a une certaine
fragilité dans la structure proposée. Remarquez que c'est
peut-être la meilleure par rapport à d'autres, si on pouvait en
imaginer d'autres. Mais cela ne répond pas totalement à la
préoccupation du Conseil supérieur de l'éducation, au
titre des fonctions du Conseil des collèges, sur le plan de la
"dispensation" je ne sais pas si c'est français des
services.
M. Morin (Sauvé): II faut bien être conscient que
nous franchissons ici une étape. Il se peut bien qu'au moment où
nous repenserons, avec l'aide de l'avis du conseil, l'avenir du Conseil
supérieur, la création encore hypothétique d'un conseil de
niveau pour le secteur primaire et secondaire, nous décidions qu'il
devra y avoir également une commission d'évaluation à ce
niveau.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que oui.
M. Morin (Sauvé): Mme le député pense que
oui et je suis enclin à penser que nous y viendrons. Mais, d'ici
là, il va quand même s'écouler plusieurs mois et nous
voulons mettre en place ce dispositif du Conseil des collèges et de la
commission d'évaluation parce qu'il y a un problème bien
caractérisé à ce niveau.
Par la suite, il se peut qu'on crée d'autres commissions
d'évaluation et qu'on les amène à travailler ensemble;
puisque les trois conseils vont travailler ensemble, cela n'est pas impossible
que les commissions d'évaluation elle aussi travaillent ensemble, mais,
comme il s'agit d'un travail hautement spécialisé, chacune
à son niveau, tout en se regroupant, peut travailler sur des questions
comme des indicateurs de qualité qui, j'imagine, peuvent à
certains égards transcender les niveaux.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que oui, l'instrumentation...
M. Morin (Sauvé): Tout cela est ouvert pour l'avenir, tout
cela reste ouvert. Je peux vous assurer que nous ne nous coulons pas dans le
béton. Mais je crois qu'il ne faut pas tarder à mettre cette
commission d'évaluation en route le plus tôt possible.
Mme Lavoie-Roux: Je veux dire au ministre que nous ne sommes pas
contre une commission d'évaluation. Nous ne sommes pas contre les
efforts du ministre de vouloir évaluer. On réfléchit un
peu à haute voix là-dessus, j'ai essayé de le faire
à l'étude de deuxième lecture. Pour que l'opération
connaisse au moins un certain succès au début, espérant
que cela ira en s'améliorant, je demeure convaincue qu'il faut
créer des conditions minimales. Il faut diminuer les résistances,
quelles que soient les motivations: personne n'aime à se faire
évaluer, certains ont peut-être certaines ambitions; tout cela est
dans l'ordre des hypothèses. Mais la réalité est qu'il y a
eu des efforts d'évaluation de déployés dans le
passé est-ce que je me trompe? au sein du ministère
de l'Education ou de la DIGEC en particulier. Parce que ce problème
d'évaluation...
M. Fallu: Surtout au sein des collèges... Mme
Lavoie-Roux: Même au sein des collè- ges eux-mêmes, ce
qui est encore mieux, je reviendrai là-dessus.
M. Fallu: J'insiste sur l'adverbe "surtout", surtout au sein des
collèges eux-mêmes. Cela n'est pas par accident que c'est
arrivé dans les collèges. L'évaluation n'a pas
été historiquement à l'état du réseau. Il y
a eu des phénomènes de prises en main locales qui, par la suite,
sont passés d'un collège à l'autre ou par le biais de
communications entre départements, quelque institution que ce soit au
niveau des collèges, qui ont fini par créer une tache d'encre
à travers le réseau. Il n'y a eu, dans l'évaluation, ma
foi de Dieu, presque rien qui soit venu d'en haut.
Il est venu des choses d'en haut, mais involontairement, que ce soit les
universités qui évaluaient les collèges, qu'ils aient
même vérifié avec des cotes très précises
pour entrer en médecine, cotes qu'ils n'ont jamais publiées, mais
qui existent néanmoins, que ce soit les parents qui évaluaient
les institutions, qui ont fait, par exemple, qu'ils ont donné
spontanément des cotes et le résultat est là. D'ailleurs,
on voit des CEGEP à peu près vides dans des bassins de
population, alors que le CEGEP voisin est rempli. Il y a eu ces mouvements de
population sur des territoires absolument extraordinaires en fonction des cotes
attribuées essentiellement aux enfants ou aux parents. Cela fait partie
de l'évaluation. On a tendance à l'oublier quelquefois.
L'opinion publique n'est pas nécessairement une mauvaise
évaluatrice là-dedans et elle vous donne des fichues de
leçons. Des institutions qui, en deux ou trois ans, vont être
complètement déclassées mettront quelquefois plusieurs
années avant de se refabriquer une image, pour ainsi dire. Cela fait
partie de l'évaluation qu'on a vécue. Elle n'est pas
structurée, celle-là, mais elle est là néanmoins
dans la population. Les industries ont évalué les techniques et
même, elles sont allées très loin, je vous le jure.
Certaines industries hautement spécialisées, par exemple, ont
coté la qualité des étudiants fournis par l'une ou l'autre
des institutions et se sont passé entre elles, dans leurs
réseaux, ces évaluations.
On sait, par exemple, que les étudiants restent sur le carreau
ou, encore, qu'on engage en priorité les étudiants de certains
CEGEP dans des domaines professionnels, notamment. Cela fait partie de
l'évaluation encore. Je m'excuse, je me suis presque emporté.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Fallu: C'est chaleureux de parler de...
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, je pense qu'en deuxième
lecture j'ai essayé de démontrer dans une certaine mesure que
cette question de l'évaluation n'était pas une
préoccupation nouvelle. Elle avait été sous-jacente et
tout le temps à l'évolution des collèges. Ce n'est pas un
thème nouveau; ça fait longtemps qu'on parle d'évaluation
et toutes ces choses, mais on semble penser
que ce n'est pas suffisant. Je suis portée à être
d'accord sur ça, parce que justement on prévoit une commission
d'évaluation.
Alors, je disais au ministre: qu'on ait une commission
d'évaluation, d'accord. Mais qu'on la crée dans un cadre qui
permette aux gens d'accepter d'abord de l'utiliser, et c'est dans ce sens qu'on
ne peut pas mettre complètement de côté la suggestion qui a
été faite par plusieurs et, je pense, des intérêts
différents. Que cette commission d'évaluation soit
indépendante du Conseil des collèges, et, comme le disait le
ministre, je vais utiliser ses termes, vous définissiez tout à
l'heure, le Conseil des collèges ou la commission d'évaluation va
se donner un examen des pratiques institutionnels. De leur côté,
les collèges pourront également faire appel à la
commission d'évaluation pour obtenir de l'instrumentation pour
poursuivre leurs objectifs de pratique institutionnelle, j'imagine.
Il y a cette résistance, au départ, des gens à se
faire évaluer. Là, on ne mettra pas des personnes
individuellement, même les institutions elles-mêmes et tout ce qui
représente les institutions. Je demeure convaincue que c'est un obstacle
à la bonne utilisation à l'appel volontaire, et le plus large
possible, aux instruments d'une commission qui a aussi le rôle
d'évaluer les pratiques institutionnelles. C'est un aspect qui me semble
fondamental. Pourquoi n'a-t-on pas réussi à évaluer aussi
bien qu'on a voulu jusqu'à maintenant? C'est beaucoup une question de
manque d'instrument, mais aussi une question de résistance qui est venue
de la part des institutions, et peut-être des institutions qui avaient le
plus de problèmes. Je ne voudrais pas cataloguer Limoilou d'une
façon particulière. On le connaît d'une façon
générale, mais il a été très difficile
d'entrer quelqu'un dedans qui puisse faire une évaluation valable.
Cela a été difficile d'entrer, dans le CEGEP de Limoilou,
une équipe qui puisse y faire une évaluation. Je suis prête
à reconnaître au ministre le mérite qu'il a eu. Il semble
avoir été capable de réussir l'opération, ou
l'équipe qui est entrée semble avoir été capable de
réussir l'opération. En tout cas, c'est ce que je présume.
Il faudra peut-être attendre le résultat.
D'autres s'y sont essayés de bonne foi aussi et apparemment
est-ce que la technique, le contexte, etc., ont été
différents? n'ont pu réussir; il y a eu des équipes
à l'intérieur, ça a été mis en tutelle et on
n'a pas eu de résultat. Maintenant, ceci ne veut pas dire, même si
on a le résultat d'équipe, que ça va changer le CEGEP de
Limoilou du jour au lendemain. Encore là, il faudrait être prudent
dans les termes qu'on utilise à l'égard du CEGEP de Limoilou.
Si le ministre me le permet, je voudrais lui raconter une petite
anecdote. J'étais lors de la campagne de Jean-Talon, à la
Champenoise c'était un vendredi, un samedi ou un dimanche soir
il y avait des étudiants qui étaient à la
réception; des étudiants, comme, je suis sûre, le ministre
de l'Education les aimerait; ils avaient l'air intelligents, bien
disciplinés, avec beaucoup d'entregent, sans exagération, ils
avaient...
M. Morin (Sauvé): Des péquistes, quoi!
M. Rivest: Non, j'ai été l'élève du
ministre! Le ministre m'aimait beaucoup!
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, faites attention, parce que,
M. le ministre, vous ignorez peut-être que ceux qui vous ont le plus
supporté ça aussi, c'est une généralisation
et ça demanderait peut-être des nuances et vous ont
donné beaucoup d'appui au moment des prêts et bourses, ce furent
surtout des étudiants libéraux.
M. Morin (Sauvé): Oh, horreur!
Mme Lavoie-Roux: Non, voulez-vous que je vous en apporte la
preuve vivante?
M. Rivest: Pas seulement les étudiants; j'avais un chef de
secteur, le meilleur chef de secteur, qui est directeur de département
à Limoilou...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais...
M. Morin (Sauvé): Mais, blague à part, je pense que
les lignes de partage ne se sont pas faites selon les lignes de parti, parce
que je connais également des jeunes qui s'intéressent à
d'autres partis et qui ont pris également des attitudes fort
nuancées dans l'affaire des prêts et bourses.
Mme Lavoie-Roux: Tant mieux! Chacun des partis a des jeunes qui
réagissent d'une façon rationnelle, d'une façon
réfléchie et tant mieux pour notre système
démocratique. Mais...
M. Rivest: Une question, s'il vous plaît. En rapport avec
l'étude de M. Tremblay, le ministre nous a dit tantôt que ce
serait déposé prochainement. La seule question que je veux poser
est: Est-ce que M. Tremblay le connaissant un peu, j'imagine qu'il a
constaté des faits, etc. donne des critères sur le plan
analyse? Vous ne le savez pas encore, dans la mesure où vous n'avez pas
eu le rapport.
M. Morin (Sauvé): Je ne connais pas le contenu de son
rapport. Il paraît qu'il est considérable, plusieurs centaines de
pages, et j'ai vraiment hâte d'en prendre connaissance; ce sera sans
doute un modèle du genre, connaissant la personnalité de ceux
qui...
M. Rivest: Cela va être significatif.
M. Morin (Sauvé): Oui, je le crois, étant
donné la personnalité de ceux qui faisaient partie de
l'équipe de trois personnes qui a mené cette étude. Je
pense même que ce sera un document â mettre entre les mains de la
commission d'évaluation le plus tôt possible.
Mme Lavoie-Roux: C'est d'ailleurs fort dommage qu'on n'ait pas eu
ce document avant de procéder à l'étude des projets de loi
24 et 25, parce que...
M. Rivest: On peut peut-être retarder de quelques
jours.
Mme Lavoie-Roux: Non, je pense que...
M. Rivest: Peut-être que ça justifierait notre
motion de report! C'est une suggestion que je fais.
Mme Lavoie-Roux: Bon, écoutez, d'accord.
M. Morin (Sauvé): Non, permettons à Mme le
député de terminer ses considérations puisqu'il n'est pas
tout à fait minuit encore.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que j'ai essayé de souligner
je l'ai fait en deuxième lecture et je le refais la
nécessité qu'il y ait une commission d'évaluation
indépendante ou qu'elle ne soit pas rattachée aux conseils des
collèges, même si on dit: Elle est auprès des conseils des
collèges.
Il y a une autre raison que le ministre lui-même a
invoquée; il pense que la suggestion... Ce n'est peut-être pas ce
que vous avez dit, mais il a dit que la suggestion venait de CADRE. Je pense
que c'est reconnu le ministre le reconnaît lui-même
que cette commission devrait transcender les niveaux, que c'est un
problème qui se situe à chaque niveau. Il nous dit: Nous ne
sommes pas fermés; au fur et à mesure que chacun des niveaux
développera sa commission d'évaluation, il y a certains outils
qui pourraient être communs.
Je vous demande si, en la créant indépendante et non pas
strictement en fonction des collèges que vous ne faciliterez pas
davantage cette unité dans toute cette question d'évaluation. Une
fois que des gens sont habitués à penser en fonction d'un
secteur, je pense que, quand il s'agit d'en intégrer d'autres, à
d'autres niveaux, l'opération devient plus compliquée. Je
comprends que vous vous sentez pressé de le faire au niveau des
collèges, mais l'exemple que vous nous avez donné, c'est le CEGEP
de Limoilou où on a manqué d'instruments pour intervenir. Dans le
moment, cela ne vous empêcherait pas de créer une commission de
l'évaluation et quand même de produire... Les instruments ne sont
pas produits plus vite et on ne s'en servira pas plus rapidement, pour autant
qu'il y ait une commission d'évaluation qui est mise sur pied.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais simplement vous dire ceci,
qu'il faut que cette commission soit rattachée à un organisme qui
en soit responsable et cela ne peut pas être le ministère de
l'Education. Ce serait perçu, à juste titre, comme une sorte
d'inspectorat.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela ne pourrait pas être
rattaché à une université? Est-ce que cela pourrait
être rattaché à une université? C'est presque aussi
difficile à dire que le petit a).
M. Morin (Sauvé): Du point de vue des collèges,
c'est probablement la proposition la moins acceptable et celle qui
éveillerait le plus d'hostilité, que ce soit à une ou des
universités. Ce serait sans doute l'un des moyens les plus sûrs de
faire en sorte que cela n'aboutisse pas. Il faut que cela vienne du milieu des
CEGEP eux-mêmes, il faut que les experts soient, j'imagine, pour la
majorité, pris dans le milieu des CEGEP, qui possèdent
suffisamment de bonnes têtes pour s'occuper de ses propres affaires. Si
on essaie de le soumettre à un autre niveau d'enseignement, alors,
là, nous aurons des problèmes.
M. Fallu: Je crois avoir aidé un peu le ministre en
deuxième lecture à définir comment doit naître,
comment doit s'articuler...
Mme Lavoie-Roux: Comment cela doit mourir?
M. Fallu: Non, je pense que la vie est prête...
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est une blague.
M. Morin (Sauvé): Le député de Saint-Laurent
n'est pourtant pas là.
Mme Lavoie-Roux: Vous le trouvez aussi morbide que cela?
M. Fallu: ... à surgir. Il faut essentiellement que les
conditions d'existence viennent de la base, que cela vienne essentiellement du
milieu.
Le Président (M. Marcoux): II est minuit, la commission
ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 0 h 3