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Etude des crédits du ministère de
l'Éducation
(Vingt heures treize minutes)
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'éducation est réunie pour
étudier les crédits budgétaires du ministère de
l'Éducation.
Les membres de cette commission sont M. Alfred (Papineau), M. O'Neill
(Chauveau) remplace M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Dussault
(Châteauguay), M. Fallu (Terrebonne), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys),
M. Le Moignan (Gaspé), M. Morin (Sauvé), M. Paquette (Rosemont),
M. Rivest (Jean-Talon). Les intervenants sont M. Bertrand (Vanier), M.
Charbonneau (Verchères), M. Desbiens (Dubuc), M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Brassard (Lac-Saint-Jean)
remplace M. O'Neill (Chauveau), M. Picotte (Maskinongé), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Il y aurait maintenant lieu de désigner un rapporteur.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, me
permettez-vous de proposer M. Dussault?
Le Président (M. Lacoste): Donc M. Dussault sera
rapporteur pour la commission. Unanimement.
J'appelle donc le programme no 1. M. le ministre pour des commentaires
généraux.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, avant de vous
décrire les réalisations du ministère de l'Education au
cours de l'année écoulée et de vous faire part des
réalisations auxquelles nous voulons consacrer nos énergies l'an
prochain, permettez-moi de vous présenter ainsi qu'aux membres de la
commission les membres de mon cabinet et les hauts fonctionnaires qui
m'accompagnent.
A ma droite se trouve le sous-ministre en titre de l'Éducation,
M. Jacques Girard et à ma gauche, puisque nous commençons par le
secteur primaire secondaire, M. le sous-ministre adjoint André Rousseau,
responsable de ce secteur.
Sont également présents M. Roland Arpin, sous-ministre
à la planification, M. Martial Lemay également de la
planification, M. Philippe Bédard, M. Bernard Guay et enfin de mon
cabinet, M. Clément Duhaime.
M. le Président, je ne sais si nous devrions convenir entre nous,
comme par les années passées, du cheminement de notre
étude des crédits. Il me souvient qu'au cours des années
passées nous procédions de la façon suivante. Nous
commencions par le secteur primaire et secondaire pour ensuite passer au
postsecondaire, c'est-à-dire à l'enseignement collégial,
public, à l'enseignement universitaire; ensuite, nous attaquions la
formation des adultes, l'aide financière aux étu- diants, la
planification, le bureau de la science et de la technologie. Par la suite,
ainsi que l'indique d'ailleurs le dossier de présentation technique,
à la table des matières, nous nous penchions sur l'enseignement
privé, ensuite la planification, plus tard l'administration, et ensuite
le secteur de la consultation. Nous terminions avec la consultation, je
m'excuse. Par la suite, nous faisions d'habitude l'étude des
crédits de l'Office des professions.
Est-ce qu'il conviendrait que nous suivions le même cheminement
cette fois-ci? Je le propose, en tout cas, si ça convient à tout
le monde.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Oui, M. le Président. De quelque façon
qu'on aborde les programmes, je pense que l'objectif de la commission
parlementaire est d'en étudier tous les éléments. Je suis
prêt à accepter la proposition du ministre sauf en ce qui concerne
les corporations professionnelles. Ce n'est pas à la même
commission parlementaire que nous allons étudier ces crédits, je
crois que c'est vendredi soir, lors d'une commission parlementaire
spéciale, celle des corporations professionnelles.
M. Morin (Sauvé): C'est exact, M. le Président.
Cela me vaudra cependant le plaisir de rencontrer une fois de plus le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je ne vous le fais pas dire!
M. Morin (Sauvé): ... puisqu'il est également
responsable du secteur des professions.
M. Lalonde: Je regrette. Correction, c'est le
député, non pas de D'Arcy McGee, mais le député de
Robert-Baldwin, M. O'Gallagher qui est le responsable de ce dossier. Il est
fort possible quand même que j'aie le plaisir de l'accompagner vendredi
soir.
M. Morin (Sauvé): Bon, très bien.
Le Président (M. Lacoste): Article 1. M. le ministre.
Remarques préliminaires
M. Jacques-Yvan
Morin
M. Morin (Sauvé): M. le Président, puisque nous
avons pu nous entendre sur le cheminement de la commission parlementaire,
permettez-moi de vous décrire les réalisations du
ministère de l'Éducation propres, dans notre esprit, à
assurer un second souffle à ce réseau, second souffle...
M. Lalonde: Excusez-moi, M. le Président, je ne veux pas
interrompre le ministre lorsqu'il sera lancé dans la lecture de son
texte. Est-ce qu'il a
une copie du texte? C'est la première fois que j'ai le plaisir
d'étudier les crédits de l'éducation depuis que le
ministre est en fonction; on me dit que généralement il y a un
texte assez substantiel à lire au début de l'étude des
crédits. S'il en avait une copie, on pourrait suivre et prendre des
notes.
M. Morin (Sauvé): Malheureusement, M. le Président,
je n'ai qu'une copie personnelle annotée.
M. Lalonde: Cela va.
M. Morin (Sauvé): II n'était pas prévu que
nous distribuions un texte écrit de mes observations liminaires,
lesquelles né sont pas toujours consignées par écrit.
Cependant, je ferai observer au député de Marguerite-Bourgeoys
que nous lui avons remis, je pense, depuis quelques jours, un cahier qui
contient la plupart des détails auxquels je vais me
référer quant aux réalisations du ministère et aux
projets de l'an prochain. Ce cahier, il devrait déjà l'avoir pour
le secteur primaire et secondaire et peut-être même l'a-t-il pour
tous les secteurs.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, on nous a
asséné justement, il y a quelques heures, cette brique en trois
volumes. J'en remercie le ministre. Naturellement, toutes les réponses
sont là. J'aurais espéré avoir ce document quelques jours
auparavant, je ne l'ai pas encore mémorisé complètement.
Mais il sera sûrement d'une aide très précieuse au cours de
notre étude.
M. Morin (Sauvé): Je suis sûr qu'à la fin de
nos crédits, le député de Marguerite-Bourgeoys le
connaîtra par coeur. Je lui ferai simplement observer qu'auparavant, il y
a plus de quatre ans, on ne prenait pas la peine de distribuer, à
l'étude des crédits, des documents de cette ampleur. Je pense que
nous avons innové en donnant à tous les membres de cette
commission le plus de renseignements possible avant même que
l'étude des crédits ne commence.
J'ai parlé du second souffle du réseau de
l'éducation, lequel est fondé sur la qualité de
l'enseignement et la participation de tous aux orientations et aux
décisions concernant l'école primaire et secondaire publique. En
effet, l'année 1979-1980 a connu une quantité importante,
j'oserais même dire une quantité impressionnante de
réalisations qui sont fort significatives pour l'avenir de
l'école primaire et de l'école secondaire. De fait, au cours des
derniers mois, nous avons commencé à élaborer
d'importantes mesures pédagogiques dans la foulée du pian
d'action. Nous avons conclu des négociations collectives qui se veulent
à la fois respectueuses des besoins du personnel scolaire et des
orientations de l'école primaire et secondaire. Nous avons posé
les premiers jalons d'un nouveau partage des responsabilités qui
distribuera les pouvoirs entre tous les partenaires concernés par
l'éducation des enfants et des adolescents. Enfin, nous avons
également poursuivi la réalisation de certaines priorités
déjà annoncées au cours des années
précédentes. Vous avez sûrement eu l'occasion de prendre
connaissance de ces mesures puisque certaines revêtaient un
caractère législatif et que d'autres ont connu une très
large diffusion.
Par contre, d'autres réalisations, quoique importantes, sont,
à toutes fins utiles, passées inaperçues. Si vous me le
permettez, je tenterai de dresser un bilan de ces réalisations qui se
situent pour la plupart dans la lignée des orientations que le
gouvernement a voulu donner à l'école primaire et à
l'école secondaire. Plusieurs ont cru, après avoir parcouru le
plan d'action, que l'école québécoise allait radicalement
se transformer du jour au lendemain par l'intervention magique d'une bonne
fée. Heureusement pour l'avenir des mesures que nous entendons mettre en
place, il a été décidé de prendre le temps
nécessaire à leur mise en oeuvre, temps de préparation
indispensable puisqu'il est garant du succès de leur implantation.
Il serait facile de trouver de nombreux exemples pour illustrer cette
importance du facteur temps dans notre démarche. En voici quelques-uns.
Comment instaurer des régimes pédagogiques renouvelés sans
tenir compte de la préparation des agents intéressés et de
la nature des conventions collectives à conclure? Comment
élaborer les organismes nouveaux sans au préalable consulter les
milieux intéressés, sans préparer des guides
pédagogiques, sans prévoir et appliquer des mesures de
perfectionnement pour le personnel enseignant? Comment assurer un partage de
responsabilités à tous les niveaux du système primaire et
secondaire sans consultation avec les partenaires concernés et sans
l'adoption de mesures législatives permettant d'en arriver
réellement à ce nouveau partage?
A l'énoncé de ces trois questions, vous comprendrez
facilement qu'il n'est pas question pour nous de brûler les
étapes, de négliger la mise au point d'instruments
pédagogiques indispensables au progrès de l'éducation.
Mais préparation ne signifie pas immobilisme, au contraire. Vous pourrez
voir se dessiner dans le bilan qui va suivre tout le renouveau que nous
souhaitons réaliser dans un temps tout de même fort restreint.
Parlons tout d'abord de la mise au point des régimes
pédagogiques. Dès la parution du plan d'action, une équipe
de spécialistes s'est vu confier la responsabilité
d'élaborer des projets de régime pédagogique pour
l'enseignement primaire et pour l'enseignement secondaire. Il va sans dire
qu'au cours de cette période d'élaboration, ces
spécialistes procédèrent à de nombreuses
consultations auprès des divers milieux appelés à
appliquer ces nouveaux régimes. Nous en sommes maintenant rendus
à la phase finale de l'élaboration de ces régimes. Depuis
la fin du mois de mars, nous avons entrepris l'étape définitive
de consultation qui se poursuivra jusqu'en juin. Les divers organismes
intéressés et le Conseil supérieur de l'éducation
sont maintenant appelés à émettre leur avis sur ces
régimes pédagogiques. Mais si nous prévoyons les rendre
publics
à l'automne 1980, ce n'est toutefois qu'en septembre 1981 que ces
nouveaux régimes seront appliqués pour la première fois
dans les écoles du Québec.
Qu'on me permette de rappeler que le plan d'action prévoyait des
programmes plus précis que ne le sont les actuels programmes-cadres,
lesquels, comme je l'ai souvent rappelé, étaient beaucoup plus
cadres que programmes. Certains ont vu là une mesure ajoutant des
contraintes nouvelles pour les enseignants et susceptibles de nuire à
l'adaptation de la pédagogie aux besoins des différents milieux.
Bien au contraire, nous avons voulu sauvegarder la souplesse de la
pédagogie tout en procurant aux enseignants qui en avaient bien besoin
les outils qu'ils réclamaient. Même si les nouveaux programmes
sont détaillés, et ils le sont, ils laissent une importante marge
de manoeuvre aux enseignants puisque seulement une partie du contenu de chaque
programme sera obligatoire. L'autre partie, facultative, indiquera à
l'enseignant les points qu'il pourra développer à titre de
complément pour répondre à certains besoins de sa classe,
puisque, d'autre part, les nouveaux programmes comporteront aussi des
indications méthodologiques dont l'utilisation sera laissée au
niveau local.
Les consultations que nous avons entreprises sur les nouveaux
programmes, en particulier sur le programme de français, ont permis aux
enseignants de constater qu'il n'était nullement dans notre intention
d'imposer une pédagogie uniforme à tout le Québec; bien au
contraire, la presque totalité des enseignants a exprimé sa
satisfaction à l'endroit de ce nouvel outil pédagogique qu'est le
programme détaillé.
Pour l'information des membres de la commission, je déposerai le
nouveau programme de français du moins à l'intention de
ceux qui ne craignent pas les briques les autres programmes soumis
à l'approbation des comités confessionnels du Conseil
supérieur de l'éducation, les projets de régimes
pédagogiques soumis à la consultation des organismes
intéressés et, pour peu que cela intéresse la commission,
je serais prêt à déposer également le calendrier
d'implantation de ces nouveaux programmes.
M. le Président, avec votre permission, je pourrais, d'ores et
déjà, faire distribuer aux membres de la commission le nouveau
programme de français, à titre d'exemple.
La mise en oeuvre du plan d'action on s'en souviendra
prévoyait la révision de tous les programmes de l'enseignement
primaire et de l'enseignement secondaire. De fait, l'année 1979-1980 a
été celle de la rédaction de nombreux programmes. Pour
l'enseignement primaire, huit programmes nouveaux ont été
élaborés et feront l'objet d'expériences en 1980-1981; ces
programmes concernent le français, les sciences de la nature,
l'éducation physique et les arts. Nous prévoyons compléter
cette révision de tous les programmes du primaire en 1980-1981. (20 h
30)
Pour l'enseignement secondaire, maintenant, neuf programmes ont
été révisés en 1979-1980 en plus de quatorze guides
pédagogiques complémentaires intéressant d'autres
programmes. Nous prévoyons intensifier nos efforts en 1980-1981 par la
rédaction de 31 autres programmes et par la publication des guides
pédagogiques complémentaires.
Il faut aussi rappeler que non seulement ce renouveau pédagogique
s'appuie principalement sur des programmes plus précis et des guides
méthodologiques détaillés, mais encore que des manuels de
référence guideront le maître dans son enseignement. C'est
pourquoi un devis technique, destiné aux éditeurs de manuels
scolaires, accompagne chaque nouveau programme. Ayant connaissance de ces
devis, les éditeurs pourront, dorénavant, adapter leur production
aux exigences des nouveaux programmes. Des crédits de l'ordre de $300
000 seront affectés l'an prochain au soutien des éditeurs qui
désireront préparer des manuels destinés à des
clientèles restreintes. Même si la rédaction de ces
programmes sera pratiquement chose terminée en 1980-1981, leur
implantation s'échelonnera encore sur quelques années. Voulant
éviter les erreurs du passé, nous nous devons de prévoir
toutes les conditions favorables au succès de ces programmes. Aussi la
diffusion de chaque programme sera-t-elle suivie d'une période de
sensibilisation et de perfectionnement des enseignants appelés à
le dispenser. Certes, nous voulons faire vite, mais nous voulons surtout faire
bien. Pour atteindre cet objectif, il faut y consacrer le temps et les
énergies qui s'imposent.
Je voudrais faire quelques commentaires, M. le Président, sur
trois politiques annoncées par le plan d'action et qui sont maintenant
en voie de réalisation. On se rappellera, en effet, que le plan d'action
devait être complété par l'élaboration de trois
politiques visant des clientèles particulières: les enfants en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage, les jeunes provenant de
milieux économiquement faibles et les étudiants inscrits en
formation professionnelle. Là-dessus, nous n'avons pas
chômé non plus. La politique que nous avons élaborée
à l'égard des élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage, par exemple, a été
publiée presque en même temps que le plan d'action.
Déjà d'importantes mesures les concernant ont été
prises dès l'an dernier. C'est ainsi que des commissions scolaires ont
bénéficié de crédits de $9 400 000 pour favoriser
l'intégration aux classes régulières de cette
clientèle et améliorer les services offerts à
celles-ci.
Ce budget a permis, entre autres, d'expérimenter 115 projets
pilotes et l'engagement, dans chacune des commissions scolaires, d'un
coor-donnateur des services à l'enfance en difficulté. L'an
prochain, les efforts pour venir en aide à cette clientèle seront
intensifiés et les crédits haussés à près de
$11 000 000.
C'est le 2 avril dernier que j'ai dévoilé les intentions
du ministère à l'égard des clientèles scolaires
moins favorisées, celles qui appartiennent aux milieux dits
économiquement faibles. Je n'ai pas l'intention de reprendre ici tous
les moyens d'action que nous entendons mettre à la disposition
de ces milieux pour améliorer les services offerts au niveau
préscolaire et au niveau primaire ou au secondaire ou encore pour aider
les parents par le biais de l'éducation des adultes.
Le document que nous avons diffusé est suffisamment explicite et
précis. Le ministère entend soutenir et généraliser
les efforts consentis jusqu'à maintenant pour réaliser les
projets éducatifs particuliers pour ces milieux.
L'an dernier, enfin au cours de l'année qui s'achève, les
divers projets d'intervention ont coûté $8 900 000 dont une bonne
partie consacrée au maintien de maternelles classes, comme on les
appelle, pour enfants de quatre ans, de même qu'au programme d'animation
du projet Passe-Partout et au programme des maternelles maisons et des
maternelles animation. Tenant compte des besoins particuliers de ces milieux et
des principaux objectifs de notre nouvelle politique, nous affecterons en
1980-1981 des crédits de près de $14 000 000 à des mesures
particulières touchant les milieux économiquement faibles.
Je dirai maintenant deux mots de la formation professionnelle. Tant le
plan d'action que le projet du gouvernement à l'endroit des CEGEP ont
fait mention de la nécessité d'adapter nos politiques de la
formation professionnelle aux besoins du milieu. Au cours de l'année
1979-1980 une équipe ministérielle composée de
représentants de l'enseignement secondaire, de l'enseignement
collégial et de l'éducation des adultes soutenue par la Direction
des politiques et plans a mis au point un document qui précise les
objectifs de développement à privilégier en matière
de formation professionnelle.
Nous en sommes maintenant à la période de consultation sur
les hypothèses de travail énoncées dans ce document,
conformément aux engagements que j'avais pris au sommet de Montebello.
Non seulement les responsables scolaires sont appelés à se
prononcer sur ces hypothèses, mais également le secteur de
l'entreprise, le secteur des syndicats et celui de la coopération.
En septembre prochain, cette première phase de discussions nous
conduira à confronter les opinions émises au cours d'un vaste
colloque qui regroupera tous les milieux intéressés. En tenant
compte de tous les avis exprimés, je prévois être en mesure
de soumettre au Conseil des ministres un énoncé de politique
dès la fin de l'année 1980.
J'ai noté tout à l'heure que l'idée d'adapter la
pédagogie aux besoins des communautés locales constituait un
principe inscrit dans le plan d'action. Lors de la parution de cet
énoncé de politique, on s'en souviendra, certains milieux se sont
montrés plutôt sceptiques devant la possibilité que le
gouvernement accorde des responsabilités accrues aux commissions
scolaires, aux écoles, aux parents et aux enseignants. Mais les
réalisations qui ont eu lieu au cours de l'an dernier sont venues
préciser nos intentions et ont permis l'adoption de mesures
concrètes permettant d'en arriver presque immédiatement à
un nouveau partage des responsabilités. Chacun des agents de
l'éducation intéressés dispose désormais d'une part
de pouvoirs de décision quand il est question de définir et de
mettre en oeuvre les orientations de l'école primaire et de
l'école secondaire.
Je dirai d'abord quelques mots des responsabilités accrues pour
les écoles. Prenant comme fondement de notre démarche le projet
éducatif de l'école, que je définirai comme une
démarche par laquelle une école précise ses objectifs
propres, se donne un plan d'action, le réalise et le révise
périodiquement avec la participation des élèves, des
parents et du personnel de l'école, il était normal que nous
commencions par nous occuper de l'école.
Le projet de loi no 71, entré en vigueur le 21 décembre
1979, constitue à cet égard le pivot de notre démarche. En
effet, ce projet de loi donne, pour la première fois dans l'histoire du
système scolaire québécois, des responsabilités
réelles à l'école et à sa direction, nouvelles
responsabilités qu'il faudra maintenant mettre à l'épreuve
avec, sans doute, quelques tâtonnements inévitables au
début, mais qui seront riches d'expérience et de sens dans la
mesure où, graduellement, les écoles et les principaux
partenaires qui s'y retrouvent apprendront à mettre en oeuvre un projet
éducatif respectueux des besoins divers des milieux que l'école
est appelée à servir.
Non seulement avons-nous voulu donner des responsabilités
réelles à l'école et à sa direction, mais il nous a
paru essentiel que ces responsabilités puissent être
partagées entre les principaux agents ou partenaires. C'est pourquoi
cette loi confère tout d'abord un mandat plus étendu à
l'actuel comité d'école. De plus, elle permet la création
d'un conseil d'orientation dans chaque école chargé de
définir et d'implanter le projet éducatif et de s'occuper de la
vie quotidienne de l'école. Ces conseils seront composés de la
direction, de représentants du personnel et des parents ainsi que, dans
le cas des écoles secondaires, des étudiants. Nous avons voulu
respecter, dans l'application de cette loi, le rythme de vie forcément
différent des diverses communautés locales. C'est pourquoi la
création des conseils d'orientation n'a pas été rendue
obligatoire. Toutefois, on peut s'attendre que d'ici quelques années,
chaque école possède son conseil d'orientation. D'ailleurs,
certaines commissions scolaires en font déjà l'expérience
à l'heure qu'il est et nous serons sûrement témoins,
dès l'an prochain, d'un certain nombre de percées dans la
direction des conseils d'orientation. Il semble bien qu'un bon nombre d'entre
elles voudront procéder à la création de leur conseil
dès cette année, en effet. C'est pourquoi le ministère de
l'Éducation accordera l'an prochain un soutien technique à ces
écoles.
Nous publierons, d'ici quelques semaines, d'importants documents sur le
projet éducatif. Certains préciseront la nature de la
démarche tandis que d'autres traiteront de la participation des parents
et du fonctionnement des conseils d'orientation. De plus, dans le cadre de
l'éducation des adultes, nous mettrons sur pied des programmes
d'information et de formation des parents. Les directions régionales
seront appelées à jouer un rôle d'animation et de soutien
dans l'éta-
blissement des conseils auprès des écoles qui en feront la
demande. Enfin, nous consacrerons une somme importante, une somme de $1 200 000
à des projets de création de conseils d'orientation l'an
prochain.
Tout en accordant à l'école des responsabilités
accrues, nous avons voulu, bien sûr, respecter la compétence
propre des commissions scolaires. Aussi a-t-il paru nécessaire de leur
conférer des pouvoirs plus étendus. Formé à l'issue
de la conférence Québec-commissions scolaires, le comité
mixte a assumé la responsabilité de mener à bien les
conclusions de cette conférence.
Tout au long de l'année dernière, ce comité s'est
penché sur trois questions: premièrement, l'avenir des
commissions scolaires; en second lieu, les responsabilités respectives
du ministère et des commissions; enfin, troisièmement, les
sources de financement et le mode d'allocation des ressources.
Quant aux deux premières questions, le comité mixte a
présenté de nombreuses recommandations au gouvernement, ce qui a
permis d'amorcer rapidement les changements prévus et de préciser
des responsabilités des commissions scolaires par le projet de loi no
71. Ce n'est pas sans une certaine fierté que je constate que cette loi
a été très favorablement accueillie tant par la
fédération des commissions scolaires que par la majorité
des représentants des autres milieux de l'éducation.
Je me permettrai de vous rappeler brièvement que les articles de
cette loi qui traitent des responsabilités des commissions scolaires
rendent plus précis leurs pouvoirs et devoirs, éliminent
certaines autorisations ministérielles requises pour divers actes
administratifs et apportent des modifications techniques qui rendront plus
facile l'administration des commissions.
Quant au troisième point, c'est-à-dire la nouvelle
méthode d'allocation des ressources nos travaux se poursuivront en
1980-1981. Vous vous rappelez sûrement que, dans le livre vert, nous nous
proposions d'éliminer les contrôles a priori que nous jugions trop
tatillons. Nous en avons discuté lors de la conférence
Québec-commissions scolaires, et le comité mixte a
consacré, l'an dernier, une bonne partie de ses travaux à cette
question. Les principes de cette nouvelle méthode qui font
présentement l'objet d'un consensus sont les suivants:
premièrement, tenir compte des priorités gouvernementales sans
négliger pour autant les priorités locales; deuxièmement,
simplifier et atténuer les contrôles a priori et remplacer par des
contrôles a posteriori axés sur la qualité des services
éducatifs; en troisième lieu, introduire la
transférabilité budgétaire; enfin, quatrièmement,
déterminer des facteurs permettant la péréquation
financière entre les commissions scolaires. (20 h 45)
Nous en sommes présentement à mettre au point le
calendrier d'implantation de ce nouveau mode d'allocation des ressources. Ce
calendrier a été quelque peu bousculé par la contestation
juri- dique de la loi 57 par les fédérations de commissions
scolaires. La Cour d'appel ayant donné raison au gouvernement en ce qui
concerne l'injonction qui prétendait nous empêcher de
procéder, nous avons pu avancer. Nous avons procédé, de
fait, à l'élaboration des règles budgétaires
conformément aux dispositions de la loi 57 et nous avons même
entrepris des consultations auprès des commissions scolaires.
L'année dernière a été marquée par
des mesures concrètes, propres à rendre vraiment efficace
l'intention du gouvernement de rendre aux écoles et aux commissions
scolaires des responsabilités réelles de prises de
décisions.
Il me faut dire quelques mots au sujet des négociations et de
leur heureux dévouement, à tout le moins sur le plan national. Ce
renouveau dans la gestion du système scolaire dont je vous entretenais
il y a un instant devrait être mis en oeuvre dans un climat propice au
cours des années qui viennent puisque nous avons réussi à
conclure au cours de l'année écoulée des conventions
collectives fort importantes. Vous me permettrez d'insister quelque peu sur le
déroulement et la nature des ententes'intervenues puisque, à plus
d'un titre, il s'agit d'une première couronnée d'un triple
succès. Le nouveau processus de négociation, tel qu'il est
décrit par le projet de loi no 55 devenu la Loi sur l'organisation des
parties patronales et syndicales aux fins des négociations collectives
et le projet de loi no 59 devenu la Loi modifiant le Code du travail ont permis
de raccourcir considérablement la durée des
négociations.
Quant à la conclusion même de ces ententes, ce fut la
première fois depuis fort longtemps que les dirigeants syndicaux
recommandèrent à leurs membres l'acceptation des offres
patronales. Je crois que cela fait une dizaine d'années que cela ne
s'est pas produit. Qui plus est, les ententes intervenues ont permis de
respecter les objectifs que le gouvernement s'était fixés tant au
point de vue pécuniaire que du point de vue de la qualité de
l'enseignement. Permettez-moi de préciser pourquoi je vois là un
triple succès.
On se rappellera que le projet de loi no 55 entré en vigueur le
23 juin 1978 modifiait sensiblement l'organisation des parties patronales pour
les fins des négociations collectives. Selon l'article 12, deux
comités patronaux ont été institués pour le secteur
primaire et le secteur secondaire: le comité patronal de
négociation des commissions scolaires pour catholiques et le
comité patronal de négociation des commissions scolaires pour
protestants. Ces deux comités composés de représentants
des commissions scolaires et du ministère de l'Éducation ont
rapidement permis la concertation directe du ministère et de ses
partenaires quant à l'élaboration du contenu des offres qui
furent présentées et discutées aux huit tables de
négociation que comportaient les secteurs primaire et secondaire.
En dépit du fait que nous faisions pour la première fois
l'expérience de ces nouveaux mécanismes, la démarche fut,
à tout prendre, couron-
née de succès. Les quelques faits suivants
l'établissent amplement, je pense. Premièrement, les offres ont
été déposées à toutes les tables de
négociation le 19 mars 1979, soit quelques semaines avant les
délais requis par le Code du travail. C'était la première
fois que cela se produisait depuis des années. Deuxièmement,
plusieurs rencontres eurent lieu entre les parties entre mars et mai 1979, ces
rencontres devenant plus fréquentes de septembre à la
mi-novembre, à quelques semaines de la fin de la
précédente convention. Troisièmement, les rencontres et
comités de toutes sortes se sont multipliés en décembre
1979. Malgré ces rencontres, les parties ont eu quelques
difficultés à s'entendre et le personnel a entrepris une
grève qui a duré trois semaines, on s'en souviendra.
Quatrièmement, en fin de compte, des ententes de principe sont
intervenues avec les enseignants dès le 9 février avec la
Fédération des professionnels non enseignants du Québec,
le 12 février avec le personnel de soutien de la CSN, le 18
février, et enfin, avec le personnel de soutien affilié à
la FEMSQ, le 14 mars.
Il faut en convenir, les mécanismes prévus à la loi
ont, somme toute, assez bien fonctionné puisqu'ils ont permis de
conclure dans une période de temps beaucoup plus restreinte que par le
passé des ententes satisfaisantes. En effet, à quelques
exceptions près, les syndicats d'enseignants ont engagé une
grève qui a duré onze jours tandis que les employés de
soutien de certaines commissions scolaires affiliées à la CSN ont
poursuivi leur grève pendant onze jours supplémentaires.
Toutefois, les débrayages de 1980 ont été moins
néfastes que ceux de 1975 puisqu'ils sont intervenus à
l'intérieur de quatre semaines alors qu'en 1975 des difficultés
et débrayages de toutes sortes ont duré pendant six mois.
Si cette période de négociations a connu un heureux
dénouement, ce n'est sûrement pas parce que le gouvernement a
décidé d'utiliser la contrainte. Au contraire, il s'agit bien
d'une entente véritable acceptée par la partie syndicale en
dépit des heurts qu'entraîne inévitablement toute
négociation de ce genre. Du côté du gouvernement et des
commissions, nous étions convaincus que certaines situations devaient
être corrigées, et c'est ce qui a été fait. A titre
d'exemple, je n'énumérerai que quelques aspects de ces nouveaux
contrats. Du côté des enseignants tout d'abord, il vaut la peine
de s'attarder quelque peu. Ceux-ci ont fait des gains appréciables dans
pratiquement tous les chapitres de la convention collective. A preuve, ces
quelques exemples: la sécurité d'emploi a été
grandement améliorée par la disparition de la mobilité
dite provinciale, la mobilité obligatoire est maintenant restreinte
on le sait à 50 kilomètres du lieu de travail.
Toujours au sujet de la sécurité d'emploi et des mouvements
d'enseignants, la nouvelle entente prévoit accorder aux enseignants qui
accepteront volontairement d'être déplacés au-delà
du cercle de 50 kilomètres une prime de déménagement assez
substantielle.
Enfin, tout enseignant non réengagé pour surplus de
personnel sera inscrit sur une liste de rappel que devra utiliser tout
employeur ayant des postes à combler.
Les bénéfices sociaux ont également connu des
améliorations notables par l'introduction de clauses spéciales
sur les droits parentaux, y compris les congés de maternité et de
paternité, par la bonification des autres congés sociaux et par
une amélioration sensible des régimes d'assurance-vie et
d'assurance-maladie ainsi que de l'as-surance-salaire. Nous avons
réajusté considérablement les primes d'éloignement
dans les régions excentriques: par exemple, dans le Grand-Nord, le
Nord-Ouest québécois, la Moyenne et Basse-Côte-Nord, les
Îles-de-la-Madeleine. Nous avons également réajusté
les frais de déplacement.
Dans le domaine de l'éducation des adultes, les ententes
prévoient l'augmentation du nombre de postes permanents qui doivent
être obligatoirement comblés et il y a une possibilité
accrue d'engagement de personnel à temps partiel. Enfin, le
régime syndical est amélioré par l'augmentation du nombre
de libérations pour activités syndicales et par
l'accélération du règlement des conflits fondé sur
un arbitrage sommaire avec un arbitre unique.
Du côté des professionnels non enseignants, il faut
convenir qu'il y a eu également des progrès importants. Cette
catégorie de personnel bénéficie maintenant des
mêmes avantages que les enseignants aux chapitres de la
sécurité d'emploi, des droits parentaux, des congés
sociaux et du régime syndical. On note également des
améliorations particulières: par exemple, au sujet de la
progression dans la carrière. Le passage à la classe 1 sera
maintenant fondé uniquement sur la compétence des individus et la
procédure d'avancement sera plus élaborée.
Les montants alloués au perfectionnement ont été
augmentés à $81 par professionnel non enseignant en plus d'un
ajout de $100 000 s'appliquant au perfectionnement dans les régions
éloignées.
En résumé, la sécurité d'emploi des
enseignants et des autres personnels scolaires ainsi que l'amélioration
de leurs conditions de travail constituent des acquis importants pour tout le
monde de l'enseignement. Non seulement avons-nous pu régler le
problème majeur de la sécurité d'emploi au cours de cette
ronde de négociations, mais les ententes conclues avec les instances
syndicales ont permis de respecter les objectifs que le gouvernement
s'était fixés tant au niveau de sa politique salariale qu'au
niveau de l'amélioration de la qualité de l'enseignement. Le
respect des objectifs du gouvernement, quant à la politique salariale, a
été précisé dans le discours du budget de mon
collègue, le ministre des Finances. Pour ma part, js tiens à m'en
tenir aux objectifs qui visent plus particulièrement la qualité
de l'enseignement. On se souviendra sûrement qu'au cours des
premières étapes de la négociation le plan d'action
intitulé "L'école québécoise" quelquefois
appelé le livre orange par cer-
tains dirigeants syndicaux est venu au premier plan des
débats. D'aucuns ont alors craint que la négociation ne
compromette la mise en oeuvre du renouveau pédagogique que nous
souhaitions obtenir par le plan d'action.
Tout compte fait, il n'en a rien été, puisque les ententes
conclues ont permis de respecter tous les principaux objectifs du plan
d'action. Par exemple, au chapitre des conditions de travail des enseignants,
nous avons insisté pour que ceux-ci préparent et donnent leurs
cours dans les limites des programmes autorisés, qu'ils assument les
responsabilités d'encadrement auprès des élèves,
évaluent le rendement et le progrès des élèves dans
un rapport communiqué à la direction de l'école et aux
parents et, enfin, surveillent la conduite des élèves et
contrôlent leurs absences et leurs retards. La CEQ s'est par contre
engagée à recommander à ses membres leur participation,
sur une base volontaire, aux activités du midi. C'était
l'intention du gouvernement d'inviter les enseignants à participer
à l'organisation pédagogique de l'école. A cette fin, nous
avons accepté de mentionner, dans les conventions collectives, que
l'implantation de nouvelles méthodes pédagogiques fait l'objet de
consultations. Nous avons voulu également respecter l'éthique
professionnelle des enseignants et précisant que les guides
pédagogiques préparés par le ministère de
l'Éducation sont des instruments mis à leur disposition à
titre indicatif et que, à l'exception des examens de fin d'étape
ou de fin d'année des commissions, les instruments de mesure de
l'apprentissage des élèves sont également mis à
leur disposition à titre indicatif.
Cette participation des enseignants est encore accrue, dans la
convention, par le fait que la commission consulte le syndicat relativement
à la mise en oeuvre ou à la poursuite d'une politique
d'intégration des élèves en difficulté d'adaptation
et d'apprentissage.
Compte tenu des masses salariales allouées au cours de la
dernière décennie, nous avons voulu apporter des correctifs
là où le besoin s'en faisait sentir. C'est ainsi que les heures
d'enseignement, en maternelle, passent, dès cette année,
dès l'année qui commence, de 23 heures à 22 heures et
demie, ce qui correspond à la demande syndicale. Au primaire, c'est en
troisième année d'application de la convention, soit en
1981-1982, que s'effectuera une réduction semblable. Les heures
d'enseignement, au niveau secondaire, demeurent de 22 heures pour la
durée de la convention. De plus, nous avons convenu de règles qui
permettent de déterminer un nombre maximum d'élèves par
groupe. Cette revendication majeure de la CEQ est toutefois assujettie à
certaines conditions. Par exemple, le manque de locaux, la situation
géographique de l'école ou l'absence de personnel
qualifié.
Nous avons défini l'encadrement, au niveau secondaire, en vue
d'aider l'élève à mieux s'intégrer à
l'école et à y développer un sentiment d'appartenance.
Cette notion d'encadrement ne doit pas être confondue avec la
récupération, la surveillance ou les activités
étudiantes. La surveillance des élèves devrait être
améliorée puisque, tel que prévu dans la convention,
l'enseignant assure efficacement la surveillance des déplacements des
élèves lors des entrées, c'est-à-dire à
l'accueil, et des sorties de l'école, lors du début et de la fin
des temps de récréation et lors des déplacements entre les
périodes.
Il m'est donc permis de conclure ces propos sur les ententes intervenues
avec les divers personnels du système primaire et secondaire sur une
note d'optimisme. La convention collective, que je viens de signer au nom du
gouvernement, et les objectifs financiers du gouvernement, ainsi que les
objectifs du plan d'action ont été pleinement
respectés.
Je voudrais maintenant dire quelques mots au sujet des autres objectifs
prioritaires du ministère. Plusieurs démarches ont
consisté à poursuivre les objectifs déjà
établis et décrits devant cette commission parlementaire au cours
des années antérieures, par exemple, en ce qui concerne le plan
de développement des langues, le développement de
l'éducation chrétienne, l'éducation physique et le sport
à l'école, l'enseignement des arts, le soutien aux commissions
scolaires amérindiennes, le soutien aux petites écoles et petites
commissions scolaires, l'application des politiques de perfectionnement des
personnels, etc. (21 heures)
Toutes ces réalisations n'épuisent pas, certes, l'ensemble
des activités du ministère et du réseau primaire et
secondaire, mais leur seule énumération et je me suis
contenté de l'essentiel illustre clairement le fait que le
renouveau pédagogique de l'école est véritablement
passé du niveau des intentions à celui de l'action, de la
réalisation au cours de l'année écoulée.
Un fait déterminant sur lequel je tiens à attirer
l'attention des membres de cette commission, c'est la baisse des
clientèles scolaires, phénomène qui s'est amorcé au
début des années soixante-dix et qui prend de plus en plus des
proportions considérables.
Au cours des années passées, le taux annuel de diminution
des clientèles du primaire et du secondaire s'établissait aux
environs de 4%. Toutefois, en raison d'une récente et
légère croissance de la natalité, les clientèles de
la maternelle et des premières années du primaire ont maintenant
tendance à s'accroître modestement. Cela sera sans doute de nature
à réjouir le coeur du député de Gaspé. C'est
pourquoi entre 1978-1979 et l'an dernier, le pourcentage de diminution de
l'ensemble des clientèles du primaire et du secondaire est passé
de 4% à 3,3%. Enfin, nos prévisions de clientèle indiquent
qu'entre 1979-1980 et l'an prochain, ce taux de diminution s'établira
à environ 3,2%. On peut donc parler d'un certain ralentissement de la
décroissance. Je me permets de signaler que ces prévisions
démographiques qui sont fondées sur la méthode des taux de
passage se rapprochent de plus en plus de la réalité des
clientèles scolaires. Les prévisions pour l'an dernier ne
comportaient qu'une différence de 2000
élèves par rapport aux clientèles totales du
primal-re et du secondaire, c'est-à-dire moins d'un élève
par école à travers le Québec, ce qui n'est pas mauvais
comme degré de précision.
J'aborde maintenant les crédits de l'enseignement primaire et
secondaire. Les crédits de ce programme passent à $2 934 000 000
pour l'an prochain par rapport à $2 131 000 000 au cours de
l'année écoulée. Ces augmentations proviennent
principalement des décisions sur la fiscalité scolaire et
municipale, ce qui représente $292 000 000, de la nouvelle
méthode de versement des subventions aux commissions scolaires, ce qu'on
appelle la formule 70-15-15, introduite l'an dernier qui représente $285
000 000. Enfin, cela est attribuable également à l'injection de
quelque $224 000 000 pour rétablir la base financière des
commissions scolaires.
Je voudrais maintenant apporter des précisions sur cette
injection de crédits additionnels et également sur les lacunes du
financement en vigueur jusqu'à maintenant. Je conclurai en vous
précisant les nouvelles méthodes d'allocation des subventions qui
permettront de résoudre les problèmes constatés. Tout
d'abord, le ministre des Finances, dans le discours sur le budget, faisait
état de la nécessité d'ajouter quelque $210 000 000 aux
crédits de l'an prochain pour le primaire et le secondaire et de
l'existence d'arrérages depuis 1976-1977. Ces montants correspondent
à un écart de $490 000 000 dont on a déjà fait
état à l'Assemblée nationale. Étant donné
les conclusions parfois hâtives qui ont été tirées
de cela, je pense qu'il serait de mon devoir de dire comment nous avons
l'intention de remédier à cette situation et quelles sortes de
règles budgétaires et d'allocations nous avons l'intention de
mettre en oeuvre au cours de l'année qui vient.
La méthode qui sera implantée à partir de la
prochaine année scolaire résulte des travaux entrepris en
collaboration avec les commissions scolaires, à la suite de la
conférence Québec-Commissions scolaires de janvier 1979.
Cette nouvelle méthode est de nature historique. Le budget qu'une
commission scolaire reçoit pour une année scolaire donnée
est déterminé au début de l'année par reconduction
de son budget de l'année précédente, mais en y apportant
les ajustements permettant de tenir compte de la variation d'année en
année des clientèles globales et de révolution normale des
coûts, c'est-à-dire l'indexation des conventions collectives, la
progression de l'expérience et de la scolarité des enseignants,
etc..
Le point de départ à partir duquel sont établies
les subventions allouées aux commissions scolaires pour les
années subséquentes est fondé sur la situation
particulière de chacune des commissions scolaires au moment choisi.
Cette méthode d'allocation permettra de cerner le système. En
effet, alors que dans le système en vigueur les commissions scolaires
étaient financées selon un mécanisme de facturation
ouverte, si je peux me permettre de m'exprimer de la sorte, dont le coût
ultime n'était connu qu'aux états financiers, dans le nouveau
système, les commissions scolaires recevront dès le début
de l'année une enveloppe budgétaire déterminée a
priori, laquelle sera ajustée une seule fois, le 30 septembre, une fois
connues les clientèles réelles.
La nouvelle méthode d'allocation facilitera l'utilisation des
budgets plutôt que des états financiers dans la prévision
des crédits par le ministère, ce qui réduira de trois ans
à un an la période de révision.
Enfin, la nouvelle méthode d'allocation des ressources permettra
de simplifier le processus même d'allocation en utilisant un minimum de
règles et de paramètres. En fondant le processus d'allocation sur
quelques paramètres seulement, il sera possible de réduire les
éléments de distorsion dont le système a été
repu jusqu'ici.
L'implantation de la nouvelle méthode d'allocation des
ressources, dont je déposerai un exemplaire à l'intention des
membres de la commission, amènera le ministère à amplifier
certains contrôles, en particulier ceux portant sur les
éléments utilisés pour l'établissement des
subventions aux commissions scolaires.
Il s'agira pour l'essentiel de mieux s'assurer de la quantité et
de la qualité des services que la commission scolaire a l'obligation de
fournir en vertu des lois et des règlements. Il s'agira également
de mieux s'assurer de la clientèle totale par niveau qui sera, on l'a
vu, le critère de base du calcul des subventions aux commissions
scolaires. Cela permettra également de s'assurer de la scolarité
et de l'expérience des enseignants, lesquelles servent à
déterminer l'évolution du salaire moyen. Et enfin, cela permettra
de s'assurer de tout objet particulier donnant ouverture à une
subvention spéciale en faveur d'une commission scolaire
particulière.
En conséquence, le gouvernement aura dorénavant un
meilleur contrôle de la situation engendrée en grande partie par
les insuffisances d'une méthode de financement tombée en
désuétude et disposera des outils nécessaires en vue de
garantir la qualité de la gestion des ressources financières
affectées à l'enseignement primaire et secondaire.
M. le Président, je pourrais m'étendre encore sur certains
aspects, mais je préférerais que nous puissions maintenant
étudier ensemble les crédits du secteur primaire et secondaire,
et cela me permettra de répondre éventuellement aux questions qui
pourraient m'être posées par les membres de cette commission. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, tout d'abord je vais demander
éventuellement au ministre s'il a aussi une déclaration
ministérielle de même nature à faire concernant les autres
programmes importants de son ministère.
Je comprends que l'enseignement primaire et secondaire couvre à
peu près 60% du budget, $3 000 000 000 sur $5 000 000 000, grosso modo,
mais on n'a rien entendu à propos du niveau collégial et
universitaire. Peut-être qu'il a l'intention, lorsque nous aborderons
chacun de ces programmes, de nous présenter les réalisations de
son ministère et aussi les intentions, les démarches qui sont en
cours, je présume.
M. Morin (Sauvé): C'est mon intention, M. le
Président, et j'ajouterai cela ne sera pas sans faire plaisir au
député de Marguerite-Bourgeoys que je serai beaucoup plus
bref pour les autres niveaux de l'enseignement que je ne l'ai été
pour le secteur primaire et secondaire qui a effectivement accaparé une
part fort substantielle du budget au cours de l'année
écoulée et ce sera encore plus exact l'an prochain.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... je ne me plaignais pas de la longueur des
interventions du ministre, je suis habitué. Après trois ans et
demi, vous savez, on s'y fait! Mais je voulais quand même être
sûr que ce n'était pas un oubli de sa part.
Le problème, lorsqu'on écoute le ministre et je
l'ai écouté attentivement c'est que c'est trop beau pour
être vrai! Il n'y a que des solutions. Lorsqu'on regarde un peu en
arrière, ce gouvernement et ce ministre ont déjà une
histoire. Je comprends que les carrières politiques sont plus ou moins
longues, mais, au ministère de l'Education, le ministre actuel a
déjà une histoire. Compte tenu de ce que nous avons appris
récemment, on se pose des questions sur l'exactitude des chiffres qu'on
nous propose. Avec la même assurance, la même
sérénité, le ministre, en 1979, en 1978, en 1977, nous
décrétait son budget, ses intentions, ses prévisions comme
on le dit dans le document qu'il nous a fait distribuer et je l'en remercie. Au
début, dans les notes préliminaires, je vous invite à
lire, à la page 1 des notes préliminaires, ce qui suit: "La
plupart des données fournies sont soit des estimations, soit des
prévisions. Les données relatives au passé
immédiat, 1979-1980, sont dans la plupart des cas des estimations tandis
que, pour l'année 1980-1981, il s'agit de prévisions. De plus,
les estimations utilisées pour l'année scolaire 1979-1980 ont
été établies sur la base des données connues en
octobre 1979". C'est important de se souvenir d'octobre 1979 car on sait
du moins, le ministre des Finances nous l'a dit lors de son discours sur le
budget que les véritables coûts du système primaire
et secondaire au Québec ont été connus en novembre 1979,
une date imprécise, mais c'est pendant le mois de novembre. Alors,
quelle confiance devons-nous accorder aux chiffres que le ministre de
l'Education nous propose actuellement? C'est une première raison
d'inquiétude.
D'ailleurs, dans le discours sur le budget le ministre de
l'Éducation aime beaucoup se référer à ses
collègues, s'appuyer sur ses collègues à la page
31, on dit ceci, et je cite: "II va de soi cependant, à la suite de la
révision qui a dû être faite du coût de l'enseignement
primaire et secondaire, et que nous avons longuement expliquée, que le
ministère est appelé à sabrer dans toute une série
de ses anciens programmes et que, dans ces conditions, la mise en place du plan
d'action soit plus lente que prévu et que des éléments
existants du budget soient appelés à de fortes
réductions". (21 h 15)
Où sont-elles, les réductions, M. le Président? Je
n'en ai pas vu dans le discours que nous a servi le ministre de l'Education
tout à l'heure. Où sabre-t-on dans toute une série
d'anciens programmes? Il faudrait quand même que le ministre des Finances
et le ministre de l'Education soient d'accord.
M. Morin (Sauvé): Nous le sommes.
M. Lalonde: II faudrait que les propos qu'ils nous tenaient
à l'Assemblée nationale, le 25 mars, à peu près
à la même heure, et le 3 juin de la même année se
ressemblent. Je n'ai pas vu de sabrage, ni de fortes réductions nulle
part. On annonce $100 000 ici, une augmentation de budget malgré une
réduction de clientèle d'environ 3,3%. Je demanderais au ministre
de bien réfléchir lorsque nous allons lui poser des questions un
peu plus tard.
Il n'y a donc pas de problèmes au ministère de
l'Éducation. On passe rapidement sur une grève, sur plusieurs
grèves d'ailleurs, où des centaines de milliers de
jours-élève, plus que jamais auparavant, ont été
perdus. Plus que jamais auparavant. Cela, on ne le dit pas, on n'a pas
quantifié ces pertes. On ne parle pas du tout ou à peu
près pas de ce qui s'est passé, de cet abus de pouvoir dont s'est
rendu coupable le ministre de l'Éducation il y a à peine quelques
heures à la CECM. On sait qu'un certain nombre de commissions scolaires
attendaient l'issue de la négociation à la CECM pour en arriver
elles-mêmes à conclure leurs négociations. Aucune
prévision de la part du ministre de l'Éducation sur ces
problèmes qui existent actuellement, au moment où on se parle. Il
n'y a que des solutions.
Et le trou! On parle d'un écart, d'un vieux système et,
pourtant, je rappellerai plus tard, lorsque nous arriverons à la
période de questions directes, au ministre de l'Éducation un
certain nombre de déclarations qu'il a faites à
l'Assemblée nationale alors qu'il a condamné, du revers de la
main, les commissions scolaires pour cet incroyable acte de mauvaise
administration dont il est responsable. Deux ou trois ans, disait-il que les
commissions scolaires prenaient avant de fermer leurs livres. Et pourtant
je pose maintenant la question au ministre en lui laissant le loisir de
répondre plus tard est-il vrai que, pour l'année scolaire
1976-1977, terminée le 30 juin 1977, la fameuse année de base,
195 commissions scolai-
res avaient remis leurs états financiers au ministère de
l'Éducation avant la fin du délai prévu par les
règles, soit le 31 octobre 1977? Est-il vrai que 45 autres commissions
scolaires ont remis au ministère de l'Éducation leurs
états financiers au mois de novembre 1977, que douze autres l'ont fait
au mois de décembre 1977, ne laissant que deux pauvres petites
commissions scolaires quelque part pour le faire en janvier 1978? Deux ou trois
ans, disait le ministre, avant de fermer les livres. Comment peut-on faire,
produire, remettre des états financiers vérifiés par des
vérificateurs indépendants si on ne ferme pas nos livres?
On dit, de part et d'autre, d'une commission scolaire à une
autre, que le ministère de l'Éducation prenait beaucoup plus de
temps à réagir, à revenir, à communiquer avec les
commissions scolaires quant à ces mêmes états financiers.
J'aurai des questions précises à poser au ministre de
l'Education, à savoir: Quel traitement le ministère faisait-il de
ces états financiers? Combien de temps le ministère de
l'Éducation prenait-il pour en faire l'examen? Combien de temps
prenait-il pour communiquer avec les commissions scolaires pour avoir des
détails additionnels, des précisions, au besoin? Combien de
personnes étaient-elles affectées à son ministère
à ce travail important? Comment se fait-il que ce ne soit arrivé
qu'en novembre 1979, deux ans après que le ministère eut
reçu les états financiers de 195 sur 254 commissions scolaires,
plus les 45 qui l'ont fait au mois de novembre? La presque totalité des
commissions scolaires avaient donc communiqué leurs états
financiers pour l'année 1976-1977, deux ans avant que le
ministère ne puisse découvrir le coût véritable de
l'enseignement primaire et secondaire au Québec.
Ce sont des questions, M. le Président, que le ministre a
laissées sans réponse, lors de sa présentation. J'aurais
aimé qu'il fasse preuve de beaucoup plus de réalisme, de
franchise, qu'il nous dise que oui, il y a des problèmes, oui, cela
coûte $500 de plus, apparemment, d'après le ministre des Finances,
par élève au Québec qu'en Ontario annuellement, et quelle
disposition, quelle démarche le ministre s'apprête à
prendre pour réduire ce coût tout en conservant, sinon en
améliorant, la qualité de l'enseignement qui, dit-il, est sa
priorité numéro un.
J'aurai des questions sur le problème de la CECM. Comment le
ministre de l'Education s'ap-prête-t-il à assurer une
qualité d'enseignement au moins égale à celle du
passé, à la CECM? La solution qu'il a imposée à la
CECM prévoit-elle qu'un professeur de mathématiques, par exemple,
de secondaire I puisse être affecté à l'enseignement des
mathématiques en secondaire V sans aucune période, sans aucun
programme de recyclage ou d'études additionnelles? Comment peut-il nous
assurer que la qualité de l'enseignement de la plus considérable
des commissions scolaires que nous avons au Québec soit assurée
après avoir imposé de la façon dont il l'a fait la
solution, la convention collective à la CECM?
Son plan d'action, pour venir aux secteurs primaire et secondaire de
façon générale, son plan d'action... Est-il exact que son
plan d'action ait été mis en échec dans des parties
importantes? Est-il exact, alors qu'il vient nous dire que, d'une façon
générale, tout va très bien, qu'il a été mis
en échec par les négociations? J'aurai des questions tout
à fait précises à lui poser à ce
moment-là.
Le projet éducatif, naturellement, qu'en est-il? Il est possible
qu'on ne puisse actuellement en évaluer les résultats. Il faut
dire que la loi no 71 a quand même été adoptée il y
a seulement quelques mois. Je comprendrais que le ministre n'ait pas de
réponse précise, mais j'aimerais quand même avoir autre
chose que de bonnes intentions et des voeux pieux.
Il serait fastidieux et trop long je ne veux pas l'être; je
sais que le député de Gaspé et chef de l'Union Nationale
veut dire quelques mots et il est attendu, je pense, à une autre
commission parlementaire un peu plus tard de faire la liste de toutes
les questions que nous avons à poser au ministre non seulement en ce qui
concerne l'élément 04 que nous abordons, mais aussi en ce qui
concerne le niveau collégial et les universités. Quand le
ministre va-t-il enfin réagir de façon précise à
toutes les démarches qui ont été faites pour la
réforme qu'il nous a annoncée au niveau universitaire?
L'enseignement privé, qu'en est-il? Je pourrais faire la liste des dates
où le ministre s'est engagé à nous donner enfin une
réponse précise en ce qui concerne l'enseignement privé.
Encore, nous sommes rendus en juin 1980 nous terminerons la session dans
quelques semaines près de trois ans et demi après
l'entrée en fonction du ministre actuel, et nous n'avons rien de
précis.
Réellement, M. le Président, le ministre de
l'Éducation c'est l'expérience un peu
désagréable que j'ai depuis qu'on m'a confié la
tâche de représenter l'Opposition officielle en matière
d'éducation n'a jamais de problème. Il affirme et
réaffirme que tout va bien, pensant que la réalité va
changer à force d'affirmer qu'elle est bonne, qu'elle est belle et que
tout est beau. J'ai eu des interlocuteurs différents dans d'autres
dossiers, plus réalistes, qui n'avaient pas peur d'avouer qu'il y avait
des problèmes, qui ne peinturaient pas en rose tout ce qu'ils
touchaient. Ce n'est pas dans ces remarques préliminaires que nous
pourrons trouver des réponses, mais je dis au ministre que j'attends des
réponses précises. Par exemple, mettre sur le dos des commissions
scolaires, dans un procès expéditif et sommaire, le trou de $500
000 000, c'est trop vite. Le ministre aura des réponses à donner
sur le comportement de son ministère en ce qui concerne le traitement
des états financiers. J'attends des réponses précises.
Aussi, on pourrait passer, par exemple, la table des matières et
la liste des programmes du ministère. La formation des adultes, on n'en
a pas entendu parler; l'aide financière aux étudiants, je
comprends que le ministre aura des choses à nous dire un peu plus tard;
l'enseignement privé, j'en ai parlé; la recherche, nous aimerions
savoir ce que le ministre fait dans la recherche scientifique: par exemple,
est-ce qu'il a abandonné complètement
toute initiative ou laisse-t-il à son collègue, le
ministre d'État au Développement culturel, toute initiative dans
ce domaine? Il me semble que le ministre de l'Éducation, étant
quand même responsable du domaine de tout le secteur universitaire,
aurait des suggestions à faire et des initiatives à prendre. Il
devrait faire preuve d'un peu d'imagination. La recherche scientifique, M. le
Président, dans une province qui, en nombre de personnes, n'est pas
énorme, mais qui a quand même des moyens et des ressources
financières et humaines considérables, vous savez que c'est de ce
côté-là que nous devons, actuellement; en 1980, faire
porter nos efforts. Qu'est-ce que le ministre de l'Education propose dans son
budget en 1980-1981?
J'arrête là ces propos, M. le Président, pour
laisser le député de Gaspé s'exprimer ici, mais j'aurai
des questions tout à fait précises à poser au ministre sur
ces sujets.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé. (21 h 30)
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Je comprends
très bien qu'avec ce vaste monde de l'enseignement ou de
l'éducation, nous ne nous attendions pas ce soir à ce que le
ministre couvre les neuf programmes et qu'il entre dans chacun des
détails, parce que la soirée aurait déjà
été trop courte pour lui. Il a insisté sur l'enseignement
primaire et secondaire. Je comprends un peu pourquoi; c'est que, à
l'étude des crédits, d'habitude, surtout cette année, le
nombre d'heures étant assez bref, il va être assez difficile de
parcourir en détail tous ces programmes.
On sait très bien aussi que la clientèle scolaire, dans sa
très grande majorité, se trouve là, à la base
même de l'enseignement et de l'éducation, au primaire et au
secondaire. Le ministre devait commencer quelque part; alors, il commence
là.
Je voudrais revenir sur certains points touchés par le ministre
tout à l'heure et peut-être aussi lui poser certaines questions.
Le premier point que je voudrais relever, c'est certainement celui de
l'enseignement privé. Comme le député de
Marguerite-Bourgeoys l'a mentionné à différentes reprises
à l'Assemblée nationale et même en commission
parlementaire, ce sujet fut abordé et je sais que le ministre nous a
donné presque invariablement les mêmes réponses, soit qu'il
fallait s'occuper du secteur public. Je n'ai aucune objection, la masse des
étudiants est là-dedans.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que ça vous
intéresse, le secteur public, M. le député?
M. Le Moignan: Oui, M. le ministre, je suis très
intéressé au secteur public, très intéressé
à tous les aspects de l'éducation. Je comprends que le ministre
peut dire qu'il y a $30 000 000 de plus environ cette année pour
l'enseignement privé à comparer au chiffre de l'an dernier. Si ma
mémoi- re est bonne, je pense que c'est environ ça $30 000 000.
Au sujet de l'enseignement privé, je sais très bien que le
gouvernement maintient sa politique de subvention, du moins depuis le
début, mais le ministre nous a fait part, à différentes
reprises, de son intention de nous communiquer la politique réelle,
définitive du gouvernement sur le sujet. Cela devait venir il y a deux
ans, l'an dernier et au printemps. Finalement, nous sommes rendus en 1980 et
nous n'entendons parler de rien. Je pense que c'est important, parce qu'il y a
une certaine insécurité qui existe dans le domaine de
l'enseignement privé et on sait que ce secteur, même s'il contient
moins d'élèves, est un secteur qui est important. Il suffit de
regarder tous les autres pays, que ce soit la France, l'Allemagne, l'Italie,
etc., mais surtout en France, où il y a des millions de jeunes qui sont
dans l'enseignement privé. Je ne parle pas ici de l'aspect financier,
parce que, si on s'arrêtait à ce seul aspect, on sait très
bien que l'État économise de l'argent grâce au secteur
privé, parce que ceux qui envoient des enfants dans ce secteur paient
automatiquement leurs impôts et leurs taxes à l'école
publique de la même façon.
Je comprends très bien qu'on nous a déjà
donné comme argumentation la question de la qualité de
l'enseignement, mais si l'enseignement privé est là pour stimuler
l'école publique, à ce moment je crois que l'école
publique n'y perdra absolument rien et, au contraire, qu'elle pourra continuer
aussi de se développer.
Il y a de nombreux problèmes. Le ministre a dit tout à
l'heure que ça allait mieux, qu'il y avait de grands progrès.
Tant mieux si c'est ça, tant mieux s'il y a moins de grèves, s'il
y a moins de jours d'éducation perdus. Nous le verrons quand nous aurons
les chiffres comparatifs avec l'année 1978-1979 et peut-être avec
certaines années antérieures. A ce moment, on pourra voir
où nous en sommes réellement.
Je voudrais que le ministre, en cours de route, nous précise s'il
y a, oui ou non, une politique sur l'enseignement privé. Quand va-t-elle
être déposée, quand allons-nous connaître les
intentions réelles du gouvernement sur le fameux projet de loi qui nous
est annoncé depuis déjà nombre de mois et je dirais
même d'années?
Le ministre a touché un autre point, tout à l'heure, de la
réforme fiscale; il a mentionné le loi 57. Je sais qu'il y a
beaucoup de critiques et il a relevé certains points. Le fait que le
champ d'impôt foncier qu'occupaient les commissions scolaires ait
été transféré aux municipalités crée
des problèmes. Le député de Marguerite-Bourgeoys a
mentionné ce fameux trou de $500 000 000. Je ne veux pas m'arrêter
du tout à cela non plus, mais, pour les commissions scolaires, ce qui,
je pense, est très important, c'est toujours la question d'autonomie,
aussi longtemps que les commissaires pourront jouer un rôle
là-dedans et qu'ils ne seront pas simplement soumis au contrôle
complet de l'État. Si l'État doit s'infiltrer de plus en plus
dans ce domaine, je crois que cela va être néfaste pour l'avenir
de l'enseignement, chez nous, au Québec.
Le ministre a mentionné également l'école en milieu
économiquement faible. Je suis bien d'accord avec lui et je crois que
là encore il serait illusoire de penser à réaliser
là de grands progrès si on ne réussit pas à obtenir
une plus grande participation des parents. Les parents sont aussi des agents
d'éducation. On l'a déjà remarqué dans le
passé. Je pense que c'est la même chose dans beaucoup de milieux
au Québec, les parents ont beaucoup de difficultés à
s'intégrer. Je cause des fois avec des comités d'écoles,
des représentants de commissions scolaires, et on déplore le fait
qu'en dépit de toutes les invitations, de nombreuses manifestations ou
réunions, les parents s'en remettent trop peut-être à la
direction de l'école. Ce phénomène existait il y a nombre
d'années. Il semble, ici encore, que même si les parents sont des
agents d'éducation, je ne dis pas tous les parents, plusieurs parents,
de nombreux parents ne semblent pas réaliser le rôle qui leur
appartient dans le milieu de l'éducation.
J'en ai causé dernièrement avec certains parents, ils font
une confiance aveugle à l'école; d'autres par contre vont
critiquer beaucoup l'école, vont critiquer les enseignants, mais ne se
rendent jamais sur place, pour réaliser de visu ce qui se passe à
l'intérieur de l'école. Je comprends que le ministère a
fait certainement des efforts. On a mentionné tout à l'heure les
conseils d'orientation, les conseils d'écoles, il n'y a aucun doute que
si on répondait à tous ces voeux, à tous ces
désirs, l'éducation s'en porterait certainement mieux ici, au
Québec. S'il est possible d'intéresser davantage les parents,
leur montrer le rôle qu'ils ont à jouer dans l'éducation,
je pense que cela pourrait opérer un changement de mentalité.
Quand on pense aux parents actuels, il faut penser aussi peut-être aux
futurs parents, tous les jeunes qui passent par notre système
d'enseignement et qui, demain, auront à apporter aussi leur contribution
sur tous les aspects de la société. Il y a des parents qui
parfois doutent de leur métier de parents, ils ne semblent pas le
prendre tellement au sérieux. J'ai remarqué, il y a quelque
temps, que le Conseil du statut de la femme a entrepris toute une campagne
contre le sexisme dans toutes les classes de la société; si on en
fait, c'est une chose qui semble réussir assez bien d'après
certains commerciaux, certaines publicités à la TV, je pense
qu'on pourrait aussi, de la même façon, sensibiliser les parents
à leur rôle d'éducateurs.
J'ai vu, il y a quelque temps, des jeunes; il y avait deux ou trois
petites filles et on leur posait des questions sur leurs devoirs, sur leurs
leçons, sur les classes. L'une, entre autres, disait: Moi, mes parents
ne s'intéressent pas, mes parents ne me posent jamais de questions, mes
parents ne savent pas du tout ce qui se passe à l'école. Ce n'est
pas le ministère de l'Éducation qui va régler tous les
bobos de ce côté, mais comme je dis, si on peut intéresser
davantage les parents, on pourra peut-être, grâce à ces
conseils d'orientation, la loi 71 mentionnée tout à l'heure par
le ministre, il a dit qu'il avait certaines tentatives... Je pense que les
efforts entrepris n'ont pas donné encore tous les succès
escomptés.
Il serait peut-être bon que le ministre nous dise où en
sont rendus ces conseils d'orientation, s'il y a plusieurs commissions
scolaires qui les ont adoptés jusqu'à ce jour et, ensuite,
quelles sont les statistiques et ce que les statistiques prouvent en fait
d'efficacité là où les conseils d'orientation ont
réellement vu le jour, où les conseils d'orientation travaillent
sur une base vraiment fonctionnelle.
Le ministre a parlé également de la baisse de la
clientèle scolaire. Je sais que c'est très inquiétant.
J'ai lu certains articles dans les journaux à ce sujet, au sujet du
nombre de jeunes. Je sais qu'un article, entre autres, mentionnait 13 000
jeunes, c'était un article de Mme Caldwell, je pense, et on donnait
certaines causes, ce qu'on appelait du décrochage des jeunes qui
abandonnent les écoles. Cela explique peut-être le problème
qui a été mentionné à l'Assemblée nationale
et que les commissions scolaires connaissent toutes, le nombre
d'élèves qu'on inscrit en septembre à l'école et
qui souvent ne se rendent pas, ne s'inscrivent pas, effectivement. Et on arrive
avec des milliers d'élèves de plus d'inscrits qu'il y en a en
réalité dans les écoles. Mais je sais que c'est un
problème un peu dans tous les milieux, même si le ministre nous a
donné certains chiffres tout à l'heure, cette baisse de
clientèle scolaire, étant donné qu'il y a une baisse aussi
de la natalité.
A ce moment, il y a beaucoup de causes qui peuvent expliquer cela, selon
certaines études qui ont été faites; on dit que c'est
l'écoeurement, les jeunes sont fatigués, tannés
d'étudier ce n'est pas la majorité mais il y a des
difficultés psychologiques là-dedans, il y a des besoins
économiques; il y en a d'autres qui abandonnent aussi pour essayer
d'entrer sur le marché du travail, et on s'aperçoit que cela ne
donne pas encore là tout ce que l'on aimerait pouvoir y trouver, y
rencontrer.
Le ministre a également fait allusion à la
pédagogie. J'ai ici un petit extrait de la revue Éducation de
septembre 1979, qui dit ceci: "Chez nous, la pédagogie n'a jamais
vraiment été l'objet d'admiration; même avant 1969, le
cliché selon lequel le professeur était une sorte de raté
n'ayant pas réussi à compléter ses études
classiques ou universitaires était largement répandu."
Grâce à Dieu, je pense que la situation a évolué, et
on a certainement dans nos écoles, chez la majorité de nos
professeurs, un réel désir aujourd'hui d'être de vrais
enseignants, de vrais pédagogues. On rencontre beaucoup de professeurs
qui sont vraiment amoureux de leur travail et qui le considèrent comme
une vraie vocation. Maintenant, sur la cause des problèmes, te ministre
a parlé tout à l'heure de la sécurité au travail;
on sait que, chez de nombreux professeurs l'insécurité est une
menace qui plane constamment; avec la baisse de la clientèle scolaire
d'année en année, le nombre de professeurs continue de diminuer;
ce qui est très difficile pour eux, c'est d'essayer de se faire
reclasser dans le système. Ceci a entraîné les
problèmes que l'on connaît dans la négociation des
conventions collectives. Comme on le sait, il y a déjà deux ou
trois ans, en commission parlemen-
taire, on avait parlé d'environ 200 000 élèves de
moins au primaire et au secondaire en 1986; tout ceci crée de nombreux
problèmes d'embouteillage. Au cours des conventions, les demandes et les
réclamations des professeurs sont peut-être faciles à
expliquer quand on veut diminuer le nombre d'élèves par classes,
quand on veut essayer d'affecter les professeurs à d'autres
tâches; bien, il me semble qu'à ce moment, l'État qui est
employeur doit un peu, je pense, comme dans toutes les autres compagnies,
essayer de recycler, non pas de caser dans le mauvais sens du mot, mais de
reclasser les professeurs, de leur donner des fonctions un peu aussi en
fonction de leurs aptitudes, de leur expérience. Il arrive encore de
malheureux cas où des professeurs ayant de nombreuses années
d'expérience à leur crédit s'en vont parfois, pour combler
des vides, enseigner des matières dans lesquelles ils ne
possèdent aucune spécialité. Ces choses se rencontraient
il y a 30 ans passé, on les voit encore aujourd'hui et on nous dit: II
faut bien le faire, parce qu'autrement on serait obligé de
libérer ce professeur ou de le limoger, on le met dans le chemin. Pour
éviter cela, on lui donne certaines matières, des heures de cours
qui ne correspondent pas tellement à ses priorités et on sait
très bien qu'il ne donnera pas à ce moment, le résultat
que l'on devrait attendre de lui.
Il y a beaucoup d'autres choses que nous allons voir, je pense bien, au
fur et à mesure des programmes, et j'aimerais que le ministre nous en
dise un mot ce soir, si c'est possible, parce que, comme le
député de Marguerite-Bourgeoys l'a mentionné, je devrai
malheureusement aller à une autre réunion à 10 heures. Je
ne demande pas au ministre de me répondre illico presto, cela peut aller
à la prochaine réunion. Je vous laisse peut-être avant de
quitter tout à l'heure la question que j'ai posée concernant
l'enseignement privé. J'aimerais ensuite savoir de la part du ministre
plus tard aussi les montants qui seront donnés aux commissions scolaires
en subventions directes afin de compenser les sommes qui étaient
prélevées avant la loi 57 par le biais de l'impôt. J'ai une
dernière question aussi concernant une explication que j'aimerais avoir
plus tard, si le ministre peut nous brosser un tableau de la manière
dont fonctionnent de façon pratique les conseils d'orientation. J'en ai
parlé un peu tout à l'heure, et c'est une expérience que
nous avions mentionnée; nous étions favorables à cette
idée, à ce moment. Cela vient de commencer, mais, en cours de
route, si l'expérience se généralise, quels fruits
va-t-elle porter? (21 h 45)
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre. M.
Jacques-Yvan Morin
M. Morin (Sauvé): On pourrait résumer les
interventions de mes collègues de l'Opposition en disant que le
rôle de l'Opposition est de soulever les problèmes et celui du
gouvernement est de tenter de les résoudre.
M. Le Moignan: ... ne commencera pas ici.
M. Morin (Sauvé): Exactement. C'est la raison pour
laquelle je m'inscris en faux contre l'affirmation du député de
Marguerite-Bourgeoys qui insinuait tout à l'heure que nous
évitons de mentionner les problèmes. Il est vrai que je m'attache
aux solutions, mais là où il y a solution, c'est sans doute qu'il
y avait problème et nous en avons résolu plusieurs au cours de
l'année écoulée comme, d'ailleurs, au cours des
années qui ont précédé.
On a fait allusion, un peu pêle-mêle mais,
évidemment, ce sont des commentaires liminaires de la part de mes
collègues de l'Opposition, à un très grand nombre de
questions. Le député de Marguerite-Bourgeoys, à lui seul,
en a soulevé cinq ou six importantes et une pléthore d'autres
moins importantes relatives aux pertes en jours-élève, au rythme
de dépôt des états financiers, au plan d'action et aux
réductions budgétaires. Le député de Gaspé
est revenu sur son sujet de prédilection, l'enseignement privé.
Heureusement que par la suite il a laissé entendre qu'il existait
également un système d'enseignement public.
M. Le Moignan: On est au courant de cela, oui.
M. Morin (Sauvé): Cela fait plaisir de voir que,
néanmoins, vous vous attachez quelque peu aux problèmes de
l'enseignement public. Quant à dire, comme vous l'avez affirmé,
que l'enseignement privé vit dans l'incertitude, c'est une affirmation
un peu grosse étant donné les $30 000 000 additionnels qu'ils
vont toucher cette année. Je pense que l'enseignement privé ne se
plaint pas à l'heure actuelle, loin de là. Nous aurons l'occasion
d'y revenir d'ailleurs puisque vous trouverez dans les crédits un
chapitre consacré spécifiquement à l'enseignement
privé; c'est à ce moment-là, d'ailleurs, que je compte
étudier plus en profondeur la question avec le député de
Gaspé s'il veut bien nous faire l'honneur de revenir à la
commission au cours des jours qui viennent. On aura l'occasion de regarder cela
longuement s'il le désire.
M. le Président, me permettez-vous d'aborder quelques-unes des
questions que le député de Marguerite-Bourgeoys a
effleurées? Par la suite, il pourra, s'il le désire, revenir sur
celles qui l'intéressent plus particulièrement et sur lesquelles
je n'aurais pas fourni d'explication qui lui paraîtrait
satisfaisante.
Tout d'abord, pour ce qui est des pertes en jours-élève
question qu'il a mentionnée et sur laquelle il a insisté
je tiens à lui faire observer que son affirmation, à
savoir que ce furent les pires pertes qu'on n'ait jamais vues, est
inexacte.
M. Lalonde: Combien de jours-élève, à peu
près?
M. Morin (Sauvé): Je vais comparer avec les années
de négociation précédentes. En 1972, lors des
négociations, la grève générale avait eu une
durée de deux semaines à travers le territoire. En 1975, le
nombre de jours perdus et imputables aux négociations c'est
encore à l'époque du gouvernement dont faisait partie le
député de Marguerite-Bourgeoys la perte moyenne je
vous expliquerai pourquoi j'emploie cette expression a été
d'environ dix jours, mais les débrayages de 1975 se sont
échelonnés à travers le territoire sur une période
de six mois. Les grèves n'ont pas été le seul moyen de
pression qui a été utilisé en 1975. Si le
député a quelque mémoire, il se souviendra que, par
moments, la grève était illégale, d'ailleurs, et qu'elle
n'affectait pas toutes les écoles au même moment.
Par exemple, les journées de grève proprement dites ont
été inférieures à une semaine, mais de nombreux
autres jours ont été perdus sur l'ensemble du territoire et
c'était imputable aux différents moyens de pression. On avait
dénombré environ 80 moyens de pression différents alors
que, cette fois-ci, il n'y a eu qu'un moyen de pression qui était la
grève.
Parmi les moyens de pression, je pourrais signaler les maladies
collectives, le boycottage de certaines activités comme la surveillance,
l'encadrement. On se souviendra que les enfants arrivaient à
l'école le matin avec l'autobus scolaire et puis étaient
immédiatement rembarqués et réexpédiés chez
eux. Nous n'avons pas connu, cette fois-ci, ce type de harcèlement
multiforme, les sessions d'étude, les refus de remettre les
résultats, les débrayages d'étudiants. Bref, je dois dire
et il me fait plaisir, même, de le dire que la
grève, cette année, au cours des négociations de cette
année, qui a pris onze jours, a été une grève
comment dire propre. Elle a été nette et elle a
frappé partout en même temps, de sorte que le réseau n'a
pas été désorganisé pendant six mois comme cela a
été le cas au moment où nous étions sous le charme
du précédent gouvernement.
M. Lalonde: Combien de millions de jours-élève
avez-vous?
M. Morin (Sauvé): Je ne l'ai pas pour toutes les
années mais je pense qu'on peut l'établir.
M. Lalonde: Non, cette année.
M. Morin (Sauvé): On peut l'établir, ce ne sera pas
trop difficile. Je sais que, cette année, pour 1980, il s'agit de 15 000
000 de jours de grève, de jours-élève.
M. Lalonde: Cela comprend aussi la CECM?
M. Morin (Sauvé): Non, la CECM n'a frappé que la
CECM; c'est local.
M. Lalonde: Oui, mais...
M. Morin (Sauvé): N'est-ce pas?
M. Lalonde: ... quand même, c'est 100 000
élèves par jour.
M. Morin (Sauvé): Pour la CECM, évidemment, c'est
un peu plus grave mais la CECM, heureusement, n'est pas tout le
Québec.
M. Lalonde: Ajoutez 1 000 000.
M. Morin (Sauvé): Et il faudrait évidemment faire
des pondérations pour voir ce que représente la grève de
la CECM par rapport à l'ensemble du réseau. Les
négociations locales, il y a eu notamment Laurenvale qui a
été très coûteux. Au fait, à part Laurenvale
et la CECM, dans les autres commissions scolaires, cela a été des
grèves d'une journée et demie, de quatre jours, de ce genre.
Tandis que dans le cas de Laurenvale et de la CECM, il s'agit effectivement de
grèves qui, cumulativement, atteignent 25 jours.
Il faudrait aussi, pour que la comparaison puisse être exacte
comme on me le fait observer lorsqu'on fait le calcul de 1975,
lorsque nous étions sous l'empire du précédent
gouvernement, calculer aussi les négociations locales et les jours de
grève perdus à l'occasion des négociations locales.
Là, on s'apercevrait que l'année 1975 a été, de
loin, la plus catastrophique pour le système d'éducation. Comme
je l'ai dit tout à l'heure, pendant six mois à compter du mois
d'octobre, les difficultés n'ont pas cessé. Quand ce
n'était pas la grève, c'étaient des journées
d'étude; et quand ce n'étaient pas des journées
d'étude, c'étaient des maladies collectives et ainsi de suite. De
sorte que l'année 1975 a été vraiment on s'en
souviendra une catastrophe pour l'enseignement au Québec.
Je pense que cette fois-ci je ne veux pas dire qu'il n'y a pas eu
de problème cela a été plus net, plus propre, et
c'était surtout une grève légale, une grève permise
par la loi.
M. Lalonde: Une catastrophe plus propre, oui. 16 000 000 de
jours, quand même!
M. Le Moignan: En 1975, il y a combien de millions de jours,
avez-vous ces chiffres?
M. Morin (Sauvé): Non, je vais demander qu'on
l'établisse; seulement, cela va être difficile si on veut tenir
compte également des journées perdues au niveau local, parce
qu'il y en a eu énormément aussi, et comptabiliser tout cela,
quand vous pensez qu'il y a eu des débrayages sporadiques à
travers le territoire, cela devient très difficile à calculer.
Mais, enfin, s'il y a des chiffres disponibles, je les fournirai à la
commission; on va tenter d'établir la chose.
Je dirai maintenant quelques mots au sujet des états financiers
auxquels le député de Marguerite-Bourgeoys a fait allusion. Il a
dit que les états financiers de 1977-1978 étaient rentrés
plus rapidement en 1979.
M. Lalonde: Je m'excuse, M. le Président, j'ai
déjà, lors de questions en Chambre, fait état de la
rentrée des états financiers de 1979 mais, ce soir, mes questions
portaient sur l'année 1976-1977, la fameuse année.
M. Morin (Sauvé): Bon! Depuis, il faut dire que le rythme
de production de dépôt des états financiers s'est
amélioré d'année en année. Surtout depuis que nous
avons décidé d'appliquer les sanctions financières.
En effet, depuis 1976, les sanctions prévues pour les commissions
scolaires qui remettent leurs états financiers ou leurs sommaires de
personnel en retard s'appliquent. Je dois dire que cela a eu un certain effet.
Je vais vous donner une idée pour l'année 1976-1977 de ce qui
s'était passé et ensuite on verra comment les commissions
scolaires respectent de plus en plus les échéances en raison des
sanctions. Prenons donc l'année 1976-1977 qui intéresse le
député de Marguerite-Bourgeoys. Presque toutes les commissions
scolaires ont dû verser des amendes à cette occasion. Je mentionne
les plus grosses: la commission scolaire Des Monts, $11814; l'Amiante, $17575;
Louis-Fréchette, $58 977; Orléans, $7144;
Saint-Jérôme, $44 484; Chomedey-de-Laval, $48 640 c'est une
grosse commission scolaire qui touche beaucoup d'élèves
Mille-Iles, $10 337; Harrica-na, $24 266 d'amende; Du Golf, $18 064;
Jérôme-LeRoyer, sur l'île de Montréal, $48 322;
Châteauguay-Vallée, $16 763. Et je pourrais continuer ainsi.
Presque toutes ont dû payer. Western-Québec, $11 624; Lakeshore,
encore dans l'île de Montréal, $78 000 d'amende; Baldwin-Cartier,
$82 000 d'amende; Sault-Saint-Louis, $30 000; Sainte-Croix; $19 000; Verdun,
$36 000; le PSBGM, à Montréal, $86 000; la CECM, un montant
considérable de $780 000 d'amende. Pardon, je m'excuse. Je m'excuse, le
cumulatif, le total, c'est $1 592 000 d'amende.
M. Lalonde: Pour la CECM?
M. Morin (Sauvé): Pour la CECM.
M. Lalonde: Pour l'année 1976-1977?
M. Morin (Sauvé): 1976-1977, oui, parce que ces gens
avaient produit en retard le comment appelle-t-on cela? le
sommaire du personnel, le sommaire des élèves et ensuite les
divers états financiers. Le total, $1 500 000 d'amende en 1976-1977 et
enfin... Je pense que je puis résumer le tout en disant qu'en tout et
partout, rien que pour les amendes pour les jours de retard, en tout et
partout, atteignaient $1 783 000, en 1976-1977.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre...
M. Morin (Sauvé): Cela s'est amélioré depuis
lors et je vais dire pourquoi dans un instant. Avec ce système d'amendes
appliqué, cela a eu un certain effet.
M. Lalonde: Si le ministre me le permet, pourrait-il nous
expliquer de quelle façon ces amendes sont calculées? Est-ce en
fonction du nombre de jours de retard, premièrement?
Deuxièmement, est-ce en fonction du montant des emprunts temporaires,
des emprunts à court terme ou si c'est un montant simplement forfaitaire
par jour de retard? Quel est ce montant d'amende?
M. Morin (Sauvé): C'est un montant forfaitaire applicable
à chaque jour de retard...
M. Lalonde: Quel est ce montant?
M. Morin (Sauvé): ... et cela n'a rien à voir avec
les emprunts bancaires des commissions scolaires. Evidemment, il y a une
sanction implicite dans les emprunts bancaires, c'est qu'il faut payer
l'intérêt et je vous assure que les commissions scolaires n'aiment
pas beaucoup procéder à des emprunts quand elles peuvent
l'éviter.
M. Lalonde: Quel est ce montant d'amende, le montant
quotidien?
M. Morin (Sauvé): Je vais prendre conseil auprès de
mon sous-ministre pour ce qui est des montants d'amende.
Je vais lire la formule, je pense, parce que ce sera beaucoup plus
simple que de tenter de l'expliquer. C'était une lettre signée
par le sous-ministre de l'époque, M. Pierre Martin, et on lisait,
à la deuxième page, ce qui suit: "Nous vous demandons de prendre
les mesures nécessaires pour que les états financiers ainsi que
les autres formulaires d'accompagnement soient retournés dûment
complétés dans les meilleurs délais, soit au plus tard le
30 octobre 1977. (22 heures) "Nous vous avisons que le premier versement de la
subvention d'équilibre budgétaire 1977-1978 ne sera
effectué qu'après réception par le récipiendaire
indiqué ci-haut des documents ci-avant mentionnés. De plus, le
ministère de l'Education déclarera un montant inadmissible en
fonction des délais dans la réception de ces documents. Le
montant inadmissible sera établi pour la période de retard au
taux préférentiel provincial moyen appliqué à 20%
de la dépense normalisée révisée en 1976-1977,
excluant les répartitions admissibles dans le cas des commissions
scolaires locales". La formule de calcul est en annexe de la lettre qui avait
été adressée à ce moment-là.
M. Lalonde: Ce n'est pas une amende, disons, de $100 par jour ou
d'un montant forfaitaire. C'est un pourcentage, 20%, si je comprends bien, des
dépenses inadmissibles ou admissibles. Donc, c'est fonction aussi de
l'importance de la commission.
M. Morin (Sauvé): 20% de la dépense
normalisée révisée pour l'année 1976-1977.
M. Lalonde: On pense donc à $1 700 000 environ. C'est cela
le total, un peu moins de $2 000 000 000?
M. Morin (Sauvé): $1 783 451.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre peut nous dire combien de
jours de retard représentent $1 783 000 en fonction des 20% des
dépenses normalisées, etc., de cette formule un peu complexe?
M. Morin (Sauvé): Ecoutezl Je n'ai pas le nombre de jours
par commission, mais nous pouvons l'avoir, si le député veut bien
me dire l'année qui l'intéresse...
M. Lalonde: C'est 1976-1977.
M. Morin (Sauvé): ... parce que cela suppose des
recherches pour retrouver tout cela.
M. Lalonde: C'est-à-dire 1976-1977 parce que j'ai
posé une question précise au ministre.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Lalonde: Est-il exact qu'en 1976-1977, 195 commissions
scolaires sur 254, ce qui était à peu près le nombre
à ce moment-là cela a un peu diminué depuis ce
temps avaient produit leurs états financiers le ou avant le 31
octobre 1977? C'est important de savoir cela afin de savoir si le ministre
s'est traîné les pieds un peu en faisant le calcul du coût
de l'enseignement primaire et secondaire qui a été tellement
important lors des négociations de la dernière ronde.
M. Morin (Sauvé): On pourrait vérifier, à
partir du tableau des retards auxquels on vient de faire allusion, combien de
commissions scolaires avaient effectivement remis leurs états financiers
préalablement à la date fixée par la Loi de l'enseignement
public, soit le 31 octobre. Par ailleurs, je pense que ce qu'il est important
de comprendre, c'est que le nombre des commissions scolaires qui remettent
leurs états financiers en retard a assez peu d'importance puisque ce qui
est important, c'est la totalité des états financiers et la
consolidation qui est faite au ministère. Il aurait suffi qu'une seule
commission scolaire ayant le moindrement d'importance soumette ses états
financiers avec beaucoup de retard, ce qui est arrivé puisque vous avez
vous-même mentionné qu'au moins douze commissions scolaires
n'avaient remis leurs états financiers qu'en décembre 1977, pour
que tout le processus soit retardé. Ce qu'il faut bien comprendre quant
à la remise des états financiers, ce sont les faits suivants. Les
états financiers de l'année scolaire 1976-1977 doivent parvenir
au ministère de l'Éducation suivant la réglementation en
vigueur le 1er novembre 1977. Quand les états financiers sont
arrivés au ministère, on procède à l'analyse.
L'analyse, en général et à condition que tous les
états financiers soient entrés à la date prévue,
est terminée au printemps de 1978. Au printemps de 1978, il est
déjà trop tard pour se servir de ces états financiers pour
préparer la revue des programmes de l'année 1979-1980, puisque la
revue des programmes de l'année 1979-1980 se fait à l'automne de
1978 et que le budget est adopté au printemps de 1979. De telle sorte
que la première année où nous avons pu nous servir des
états financiers consolidés 1976-1977 et non pas des états
financiers préliminaires, c'est au moment de la préparation de la
revue de programmes de l'année 1980-1981, soit au mois de novembre 1979,
l'automne dernier.
M. Lalonde: Alors là, on va essayer de simplifier les
affaires.
M. Morin (Sauvé): Mais pas trop cependant parce que...
M. Lalonde: Ecoutez! Laissez-moi le faire.
M. Morin (Sauvé): ... si vous les simplifiez à
l'extrême, vous pourrez dénaturer les choses comme vous avez eu
tendance à le faire en Chambre à l'occasion.
M. Lalonde: Ecoutez! Dénaturer les choses, vous l'avez
fait quand vous avez mis sur le dos des commissions les retards de deux
à trois ans avant de fermer leurs livres, ce qui ne semble pas du tout
appuyé par la preuve et les faits.
Je vous pose la question précise: Est-il exact qu'environ 195
commissions scolaires avaient produit leurs états financiers avant le 31
octobre 1977? Est-il exact que 45 autres les avaient produits au mois de
novembre 1977? Et que les douze les ont produits en décembre, de sorte
que 252 sur 254... et je ne connais pas naturellement la magie ou les
mystérieuses façons de calculer du ministre de
l'Éducation. Mais si on ne peut pas avoir une idée assez
sérieuse du coût d'un réseau, quand on a 252 sur 254
commissions scolaires qui ont déjà produit leurs états
financiers, on aura des questions à poser au ministre sur la
façon dont il s'y prend pour faire des calculs. Est-il exact qu'avant la
fin de décembre 1977, 252 ou environ, je vous accorde une marge, c'est
de l'information que j'ai obtenue il y a quelques semaines à force de
chercher, parce que le ministre de l'Éducation m'avait dit, en
réponse à une question, en avril, qu'il nous donnerait ça,
mais on ne l'a jamais eu; il a peut-être été un peu
distrait...
Est-ce exact que la presque totalité des commissions scolaires
avaient produit leurs états financiers 1976-1977 avant la fin de
l'année 1977 et, à ce moment, si c'est exact, comment se fait-il
qu'on n'ait pu connaître le coût réel? D'ailleurs, le
vérificateur, dans son rapport préliminaire, se pose des
questions là-dessus aussi. Comment se fait-il qu'on n'ait pu
connaître le coût réel de l'année 1976-1977 avant
novembre 1979? Deux ans après!
M. Morin (Sauvé): On vient de vous l'expliquer.
M. Lalonde: Non, on m'a expliqué des choses, selon
lesquelles les prévisions budgétaires d'une année ne
pouvaient pas reposer sur les états de l'année
précédente, mais on est rendu à deux ans, quand
même, il faut expliquer ça au monde, le monde ne comprend pas
ça.
M. Morin (Sauvé): C'est justement pourquoi il faut changer
de système, M. le député. Je vais essayer, M. le
Président, avec votre permission, d'expliquer un peu plus longuement le
système et pourquoi nous voulons maintenant le changer. Cependant, je
commence par dire qu'on a expliqué au député de
Marguerite-Bourgeoys, tout à l'heure, que dans un système comme
celui-là, où les prévisions pour l'avenir sont
fondées sur les états financiers du passé, lorsqu'un
membre fut-il minime de commissions scolaires, si elles sont
importantes, s'il s'agit de la CECM, par exemple, ne fournit pas ses
états financiers à temps, on n'arrive pas à établir
des coûts moyens. Par exemple, quand on veut établir un coût
moyen, il faut avoir l'ensemble des données; s'il vous manque quelques
commissions scolaires importantes, vous êtes dans l'impossibilité
d'établir vos coûts moyens, tout ce que vous pouvez faire, c'est
spéculer.
M. le Président, on a expliqué au député,
tout à l'heure, longuement, je pense, et avec suffisamment de
précisions, que lorsqu'on a eu enfin tout 1976-1977 entre les mains, il
était déjà trop tard pour utiliser ces données pour
les prévisions qui devaient être établies à
l'automne 1978. Finalement, les données de 1976-1977 n'ont pu être
utilisées avec tous les paramètres, tous les chiffres dont on
avait besoin, qu'à l'automne 1979.
Discussion générale
M. Lalonde: Moi, je ne comprends pas ça. M. le
Président, je vais donner une précision au ministre: Est-il exact
aussi que, pour la même année 1976-1977, puisque le ministre parle
de commissions scolaires importantes, les huit commissions scolaires qui font
partie du conseil scolaire de l'île ont produit leurs états
financiers et les ont remis par autobus me dit-on le 15
décembre 1977? Il semble, par exemple, que le ministère serait
allé les chercher un peu plus tard, après Noël, mais
enfin...
M. Morin (Sauvé): Cela dépend à quel moment
ils sont arrivés.
M. Lalonde: Le 15 décembre 1977.
M. Morin (Sauvé): Je n'aime pas beaucoup les insinuations
du député.
M. Lalonde: Ce ne sont pas des insinuations, ce sont des
questions que je pose. Est-il exact que, pour les huit commissions scolaires du
conseil scolaire de l'île c'est considérable ces
états financiers pour l'année 1976-1977 ont été
remis le 15 décembre 1977 et laconsolidation que le conseil scolaire
fait lui-même aurait été remis le 20 décembre 1977?
Alors, ça veut dire qu'avant la fin de l'année 1977...
M. Morin (Sauvé): Si c'est exact...
M. Lalonde:... Cela veut dire qu'avant la fin de l'année
1977, il y aurait seulement deux commissions scolaires sur 254et cela ne
comprend pas laCECM qui fait partie du Conseil scolaire de l'île
qui n'auraient pas produit leurs états financiers avant le 31
décembre 1977. Comment se fait-il et là, je demande au
ministre d'être précis que ces nombreux fonctionnaires
n'ont pas pu prendre connaissance, faire l'analyse de ces états
financiers en janvier, février, mars, avril ce sont beaucoup de
jours ouvrables pour arriver, à un moment donné, à
un coût qui commence à surprendre le ministre et ses assistants,
ses collègues pour dire: Écoutez, c'est beaucoup plus cher qu'on
pense. Comment se fait-il que c'est seulement deux ans ou presque,
c'est-à-dire en novembre 1979, après que la presque
totalité des états financiers a été remise au
ministère qu'on a su combien cela coûtait et, par hasard,
c'était juste quelques jours, apparemment, après qu'on se soit
engagé à créer 1600 postes de plus lors de la
négociation.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour ce qui est
des dates, je vais m'en assurer, mais il est évident que, de toute
façon, à compter du moment où le député
lui-même admet qu'il s'agit de montants considérables, qu'il
s'agit d'états financiers portant sur des commissions scolaires qui
comptent parmi les plus nombreuses de notre système, si ces chiffres
arrivent juste avant Noël, ils ne sont pas d'une bien grande
utilité avant la reprise des travaux.
M. Lalonde: A quelle date, c'est le 3 janvier?
M. Morin (Sauvé): Après cela commence un long
travail et je vais avoir recours à M. Girard pour expliquer le processus
d'analyse de consolidation de ces centaines de rapports qui parviennent au
ministère.
M. Lalonde: J'aimerais aussi, avant que M. Girard commence
à répondre, qu'il nous donne des détails sur le nombre de
fonctionnaires qui sont affectés à ce travail, le temps moyen qui
est pris par chaque fonctionnaire pour ces états financiers et le
processus, toute la méthodologie d'analyse et de consolidation.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est des états
financiers 1976-1977, la consolidation s'est faite au cours du printemps 1977.
Comme certains états financiers étaient arrivés en retard,
au mois de novembre 1978 nous avions, comme pour les années
antérieures, une consolidation préliminaire des états
financiers 1976-1977, consolidation préliminaire dont on ne pouvait pas
se servir sans risque de se tromper. Tout comme pour les années
anté-
rieures, ce dont on s'est servi pour préparer les
prévisions budgétaires de l'année 1979-1980, ce sont les
états financiers consolidés de 1975-1976.
M. Lalonde: Je m'excuse de vous interrompre. Est-ce que cette
consolidation préliminaire que vous avez donc terminée quelque
part à l'automne 1978 témoignait d'une augmentation quelconque,
soit-elle considérable ou non, des coûts sur les
prévisions?
M. Morin (Sauvé): La consolidation ne permettait pas de
détecter ce qu'il a été possible de détecter de
deux façons à l'automne de 1979, c'est-à-dire, des
écarts considérables qui nous sont apparus une fois la
consolidation finale des états financiers 1976-1977 faite, ce dont nous
ne pouvions pas nous servir avant l'automne 1979 parce qu'à l'automne
1978, ce n'était que la consolidation préliminaire et, entre les
deux, le budget de 1979-1980 avait été adopté. C'est avec
l'analyse préliminaire des états financiers 1977-1978, donc ceux
de l'année subséquente, qu'on a pu vérifier que les
appréhensions que l'on avait à partir de la consolidation finale
de 1976-1977 se vérifiaient. Ayant constaté que les
appréhensions se vérifiaient, il y a eu une somme additionnelle
de $210 000 000 qui a été ajoutée dans le budget de
l'année 1980-1981 par le ministre des Finances, mais il est
peut-être bon de préciser que les écarts financiers
réellement constatés pour les années antérieures,
soit pour l'année 1976-1977 et pour l'année 1977-1978, les
écarts constatés sont de l'ordre de $37 000 000. (22 h 15)
C'est à partir d'écarts de $37 000 000 sur les
états financiers 1976-1977 et 1977-1978, parce que les écarts ne
sont pas plus que de $37 000 000 pour les deux années combinées,
que nous avons fait à l'automne des extrapolations, étant
donné la progression géométrique des chiffres, nous
permettant d'estimer que, pour l'année 1978-1979 et l'année
1979-1980, les écarts pourraient effectivement se chiffrer autour de
$200 000 000.
M. Lalonde: Combien de fonctionnaires étaient
affectés à l'analyse de ces états?
M. Morin (Sauvé): Le nombre exact des fonctionnaires
à la Direction générale de l'administration qui sont
affectés à l'étude des états financiers, me dit-on,
est de l'ordre d'une dizaine.
M. Lalonde: Alors, vous avez une dizaine de fonctionnaires qui ne
font que cela, ou dont c'est l'une des principales fonctions?
M. Morin (Sauvé): Dont la principale fonction est
d'analyser les états financiers des 255 commissions scolaires.
M. Lalonde: Alors, chaque fonctionnaire a à peu
près 25 états financiers à étudier, en moyenne,
disons.
Et cela prend de janvier, février, mars, avril, mai, juin,
juillet, août il y en a qui prennent des vacances, fatalement
septembre, octobre, novembre et là, on a une évaluation
préliminaire, vous dites. Vous avez des appréhensions seulement
à ce moment, et c'est seulement un an après? Expliquez-moi, M. le
ministre, qu'est-ce qu'ils font, pour prendre un an après qu'il y a eu
une consolidation préliminaire, cela a pris un autre douze mois à
dix fonctionnaires, à 25 états financiers chacun, pour savoir
quel est le véritable coût. Expliquez-moi la méthode.
M. Morin (Sauvé): Et encore, je crois que c'est
probablement moins de temps que cela n'en prenait, il y a quelques
années, du temps où vous étiez là. Parce que c'est
toujours ainsi que cela a fonctionné. C'est pas mal complexe, les
états financiers de 250 commissions scolaires, M. le
député.
M. Lalonde: Mais quand même! Donnez-nous des
détails, comment il se fait que cela a pris douze mois à dix
fonctionnaires pour 250 états financiers? Ils font d'autre chose,
naturellement, parce que les états financiers de l'année suivante
sont arrivés entre-temps, d'accord. Ils ne font pas que cela, mais il me
semble que cela n'entre pas dans le sens que cela a pris deux ans pour savoir
combien cela coûte.
M. Morin (Sauvé): Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que
les dix ou douze fonctionnaires on pourrait avoir le chiffre exact
demain matin qui analysent les états financiers doivent d'abord
analyser les états financiers. Une fois l'analyse terminée, ils
doivent préparer une consolidation des états financiers. Et au
moment où ils analysent les états financiers de 1976-1977 et
où ils préparent une consolidation pour les états
financiers de 1976-1977, ils doivent en même temps vérifier la
consolidation de l'année 1975-1976, pour préparer la revue de
programmes de l'année 1979-1980 ou 1980-1981 qui se fait à
l'automne. Or, quand nous parlons de la revue de programmes qui se fait
à l'automne, ce qui se fait à l'automne, ce sont les discussions
qui interviennent entre le ministère de l'Education et le Conseil du
trésor, comme pour tous les autres ministères. Mais les
données préliminaires sur lesquelles nous discutons, il faut les
avoir avant le mois de septembre ou le mois d'octobre, donc on les
reçoit au cours des mois de juillet, juin et mai. C'est que les deux
processus chevauchent l'un sur l'autre et que, pendant que l'on analyse les
états financiers qui viennent tout juste d'entrer, qu'on en
prépare une consolidation qui nous sert de façon
préliminaire pour la revue de programmes de deux ans à venir, il
faut en mê-me temps revérifier, déterminer les
paramètres pour l'année précédente, donc les
états financiers 1975-1976 qui, eux, ont servi effectivement à la
détermination du budget de l'année 1979-1980.
M. Lalonde: Mais lorsque le Vérificateur
général, dans son rapport préliminaire qui est mainte-
nant un document public, dit que, selon les informations obtenues
je cite à la page 5 les renseignements concernant le coût
définitif du système 1976-1977 c'est toujours celui dont
on parle auraient cependant pu être connus avant novembre 1979.
Est-ce que vous êtes d'accord sur cela, M. le ministre?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le fait est
qu'ils n'ont été connus de façon définitive
après consolidation qu'en novembre 1979. On aurait pu souhaiter que cela
se produise avant, mais cela n'a pas été possible.
M. Lalonde: Mais pourquoi?
M. Morin (Sauvé): A cause du processus que le
sous-ministre vous a décrit.
M. Lalonde: Mais le vérificateur dit que cela aurait pu
être...
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas une chose simple que de
vérifier 250 états financiers en même temps que vous
préparez une revue de programmes et que vous vérifiez à
nouveau les années antérieures, pour être sûrs de vos
chiffres. En plus de cela, il y a les discussions entre l'Éducation et
le trésor parce que, des fois, les deux ne sont pas d'accord sur les
chiffres. On pose des questions et on dit: Tel chiffre dans tel état
financier, voulez-vous aller le vérifier sur place? On demande des
explications. C'est un très long processus et c'est pour cela que nous
voulons le changer. Nous pensons que se fonder sur les états financiers,
comme nous l'avons fait depuis que le ministère de l'Éducation
existe et pendant les six années ou davantage, les huit ou dix ans
où c'est un gouvernement de votre parti qui a été au
pouvoir ce que nous voulons, c'est faire en sorte que ce système
d'états financiers soit changé par un système de budgets
prévus à l'avance sur la base historique que j'ai décrite
tout à l'heure dans mon exposé liminaire est un
système plein d'aléas, qu'il ne nous donne des chiffres fiables
qu'avec des mois, sinon des années, comme on vient de vous l'expliquer.
Cela a toujours fonctionné comme ça. On arrive à avoir des
chiffres exacts deux ans et trois ans après que les livres ont
été fermés. Cela ne peut plus marcher comme ça.
M. Lalonde: Alors, ce n'est pas à cause des commissions
scolaires qui ont fermé leurs livres deux ou trois ans après,
comme le disait le ministre.
M. Morin (Sauvé): Non, c'est la consolidation qui
intervient deux ou trois ans après.
M. Lalonde: Ah bon!
M. Morin (Sauvé): Et lorsque, de surcroît, les
commissions scolaires nous ont remis leurs états financiers en retard,
l'un aggrave l'autre et c'est de cette façon qu'on n'arrive pas à
établir des chiffres.
M. Lalonde: Ces retards, vous le savez à moins que
vous n'ayez des renseignements différents des miens ne sont pas
aussi graves que ce que le laissait penser le ministre lorsqu'il a dit, le 26
mars 1980, à 15 h 27: "Cela prend deux ou trois ans avant que les
commissions scolaires ferment leurs livres". Cela donnait, avouez-le, M. le
ministre, à penser que c'étaient les commissions scolaires qui
prenaient deux ou trois ans avant de fournir les renseignements. Est-ce que
vous retirez cela?
M. Morin (Sauvé): Ce qui est exact, c'est que ça
prend deux et trois ans avant que la consolidation de tous les états
financiers qui nous sont parvenus soit complète et, plus que cela, soit
fiable.
M. Lalonde: Bon, alors, vous retirez...
M. Morin (Sauvé): Parce que ce n'est pas toujours
fiable.
M. Lalonde: Si je comprends bien, vous vous rétractez?
M. Morin (Sauvé): Un instant. L'année 1976...
M. Lalonde: Est-ce que vous retirez vos propos?
M. Morin (Sauvé): Cela dépend du contexte. Il
faudrait lire tout le paragraphe. Je ne me souviens pas de cela.
M. Lalonde: Je vous cite: "Cela prend deux ou trois ans avant que
les commissions scolaires ferment leurs livres." Journal des Débats, 26
mars 1980.
M. Morin (Sauvé): C'est avant que le ministère
ferme les livres...
M. Lalonde: Alors, vous vous rétractez.
M. Morin (Sauvé): ... à partir des états
financiers qui nous parviennent très souvent en retard. Bon.
M. Lalonde: Je vous remercie.
M. Morin (Sauvé): Prenons l'année 1975-1976, je
crois, sur laquelle on a dû se fonder pendant quelque temps pour
établir des prévisions pour l'avenir. Il y avait eu à
l'automne 1976, on s'en souviendra, des grèves considérables qui
avaient, je pense, contribué à fausser considérablement
les chiffres. C'est une des raisons pour lesquelles on ne pouvait pas se fier
sur la consolidation de ces états financiers; elle nous a donné
des moyennes qui étaient inexactes. Peut-être puis-je demander au
sous-ministre de vous donner plus de détails là-
dessus. On s'est rendu compte qu'on ne pouvait pas se fier sur ces
chiffres; c'est seulement l'année suivante qu'on a eu une idée
précise.
M. Lalonde: Vous vous êtes fié pendant une
année à ces chiffres, si je comprends bien.
M. Morin (Sauvé): Un instant.
C'est en 1976-1977 souvenons-nous qu'il y a eu des
grèves, comme le disait M. le ministre, et la convention collective a
été signée au mois d'octobre 1976, ce qui veut dire que
les commissions scolaires ont connu tant les salaires réels que
l'ensemble des contraintes de cette convention à la fin de l'automne. Il
y a donc eu des réaménagements dans leur propre organisation
financière. Les états financiers de l'année scolaire
1976-1977 étaient très imparfaits. Par exemple, pour de la
suppléance pour certaines priorités, certaines commissions
scolaires les avaient imputées au chapitre de la suppléance,
d'autres les avaient imputées au chapitre d'allocations
spécifiques. Prenons l'exemple du français.
Au plan technique, les états financiers étaient
très imparfaits et il faut dire que c'était l'année
d'application d'une nouvelle convention, l'année de mise en place de
nouvelles règles. Sans chercher du tout les coupables, il arrive que
c'était une année vraiment complexe. Ces états financiers
étant imparfaits, lorsqu'ils arrivent, ils sont d'abord analysés
commission scolaire par commission scolaire pour, ensuite, en faire une
première consolidation sommaire, provisoire. Lors de cette
première consolidation, si vous vous rendez compte que dans une
commission scolaire il y a 11% de suppléance; 11% de la masse salariale
imputés à la suppléance, alors que dans la moyenne
nationale on est à 5%, il faut retourner à la commission scolaire
pour vérifier pourquoi il y a un si grand écart. Souvent, on se
rend compte que c'est dû strictement non pas à des erreurs, mais
à des imputations financières qui ne correspondent pas à
ce que la présentation des états financiers exigeait.
C'est pour cela qu'il faut toujours mettre beaucoup de temps, parce que,
lorsqu'on voit des écarts importants, il faut aller questionner
après avoir fait une première consolidation provisoire, pour
faire les réaménagements d'états financiers lorsque c'est
nécessaire, d'imputations budgétaires. En outre, c'était
la pire année parce que les règles du jeu, pour une année
scolaire qui débute le 1er juillet, ont été connues pour
65% du budget vers le 1er novembre, la convention collective ayant
été signée, je crois, le 14 ou le 15 octobre 1976.
Alors, il ne faut pas se surprendre qu'il y ait eu des retards et que
l'analyse et la consolidation, cette année, aient pris du temps comme
par les autres années mais, cette fois, c'était pour une raison
qui était vraiment conditionnée par le fait que les règles
du jeu n'étaient pas connues avant.
En septembre 1978, lorsque s'amorce la préparation des
crédits, il est clair que nous n'avions pas ces données. Nous
aurions pu les avoir avant novembre 1979; nous aurions pu les avoir entre
novembre 1978 et novembre 1979, mais à quoi servent ces données?
Ce sont des données qui servent à préparer le budget de
l'année suivante. Ce qui veut dire qu'il n'y a rien qui pousse nos dix
ou douze fonctionnaires à accélérer le processus parce que
nous n'avons pas besoin des données avant le début de l'automne
et, pour une consolidation plus formelle, en novembre, lorsque les
crédits, l'établissement du budget est amorcé de
façon définitive.
M. Lalonde: Est-ce que je peux vous suggérer que cela peut
servir à autre chose comme, par exemple, à décider si on
accorde 1600 nouveaux postes lors d'une négociation collective?
M. Morin (Sauvé): M. le Président... M. Lalonde:
Le ministre des Finances...
M. Morin (Sauvé): ... cela fait plusieurs fois je
crois en Chambre, une fois ou deux, et à nouveau aujourd'hui que
le député de Marguerite-Bourgeoys insinue ou tente d'insinuer que
les chiffres dont nous avons eu la certitude en novembre 1979 sont venus,
semble-t-il, dans son esprit, consciemment de notre part après avoir
accordé quelques centaines de postes au chapitre de la
négociation.
M. Lalonde: Quelques centaines?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'affirme
que ce soit clair une bonne fois pour toutes que si nous avions
connu les chiffres avant de faire nos offres finales qui, je crois, sont
intervenues vers le 21 novembre, elles auraient été bien
différentes. Nous ne les connaissions pas; nous n'avions pas de
certitude et nous avons fonctionné au mieux de notre jugement en
fonction des revendications des syndiqués de l'enseignement. Et...
M. Lalonde: Combien coûtent 1600 postes, d'après
vous, pour l'année courante et pour toute...
M. Morin (Sauvé): Ce doit être de l'ordre de
27...
M. Lalonde: 40?
M. Morin (Sauvé): II faut multiplier 1600 professeurs par
un petit peu plus que $30 000 maintenant.
M. Lalonde: Cela fait dans les $45 000 000 pour la
première année? Pour la deuxième, est-ce possible que ce
soit plus, à cause de l'indexation? Je m'excuse, je n'ai pas
terminé. Est-ce que c'est possible?
M. Morin (Sauvé): Moi non plus, je n'avais pas
terminé, M. le député.
M. Lalonde: Est-ce possible que ce soit plus? Autrement dit, pour
la période de la convention collective, c'est possible que ce soit dans
les $100 000 000; $30 000 000 la première année, peut-être
$35 000 000 la deuxième; enfin, on frise les $100 000 000 de plus. Ce
n'est pas an trou de $500 000 000 qu'on a; c'en est un de $600 000 000?
Alors...
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
M. Lalonde: ... est-ce que, au fond, cette connaissance n'aurait
pas été très utile? Comme le ministre vient de l'avouer,
s'il avait connu le coût réel de 1976-1977, il n'aurait pas
donné les 1600 postes. Donc, il aurait été utile. Il dit:
On ne l'a pas fait sciemment. D'accord, je ne lui prête pas de motifs,
pas du tout.
M. Morin (Sauvé): Je suis heureux d'entendre cela.
M. Lalonde: Non. Mais, je veux dire, par exemple, dans le
même souffle, que l'incompétence n'excuse rien non plus. (22 h
30)
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je m'excuse. Les
fonctionnaires ont fait leur travail comme ils le font depuis toujours.
M. Lalonde: Ne mettez pas cela sur le dos des fonctionnaires.
Vous êtes responsable devant cette Assemblée nationale de tout ce
que vous faites.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est moi qui ai
la parole, je pense. Je ne permettrai pas au député de
Marguerite-Bourgeoys d'insinuer que les fonctionnaires n'ont pas fait
convenablement leur travail.
M. Lalonde: Pas du tout. C'est le ministre qui est
responsable.
M. Morin (Sauvé): Ah! Le ministre, évidemment, se
fonde comme ses prédécesseurs et comme votre gouvernement sur des
données que lui fournissent ses fonctionnaires.
M. Lalonde: Ne vous cahez pas derrière les fonctionnaires.
Ne vous cachez pas derrière l'ancien gouvernement.
M. Morin (Sauvé): Or, je n'ai aucune raison de douter de
l'efficacité et de l'honnêteté de mes fonctionnaires. En
l'occurrence, je tiens à l'affirmer publiquement. Les insinuations du
député de Marguerite-Bourgeoys n'y changeront rien. M. le
Président, si le gouvernement précédent nous avait
laissé une année 1975-1976 un peu plus propre, cela aurait
été sans doute différent, mais ils ont tellement
bâclé les négociations de 1976 juste avant
l'élection du 15 novembre...
Mme Lavoie-Roux: Voyons donc!
M. Lalonde: Vous pouvez parler de bâclage!
M. Morin (Sauvé): Cela a été tellement
bâclé, M. le Président...
M. Lalonde: Vous avez réglé, vous pensez, les
négociations, alors que la CECM... Cela a sauté. Il a fallu que
vous fassiez un coup de force. Ce n'est pas terminé.
Mme Lavoie-Roux: Elle n'a même pas les données.
M. Morin (Sauvé): Je pense que c'est moi qui ai la parole.
M. le Président, au moment d'aller en élections à
l'automne 1976, le gouvernement de M. Bourassa a littéralement
bâclé les négociations pour s'en débarrasser et
c'est l'une des causes des difficultés que nous avons eues par la suite,
des règles ouvertes dans les conventions collectives, des centaines de
postes mis sur la table pour régler sans aucun travail de
préparation. C'est ce dont nous avons hérité.
Mme Lavoie-Roux: Comme vos 1500 postes?
M. Lalonde: 1600 postes.
Mme Lavoie-Roux: 1600 postes?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, revenons-y, aux
1600 postes. Ces 1600 postes le ministre des Finances ne me les aurait sans
doute pas accordés s'il avait eu les chiffres fiables sous les yeux,
mais, entendons-nous bien, ces 1600 postes vont améliorer l'enseignement
au Québec. Ils coûtent cher.
Mme Lavoie-Roux: Comme ceux de l'ancien gouvernement.
M. Lalonde: Comme ceux de l'ancien gouvernement. Voyons!
M. Morin (Sauvé): Oui, sauf que si j'entrais dans le
détail et peut-être que le député de
Marguerite-Bourgeoys voudra m'y forcer des postes qui ont
été accordés en novembre 1976, on constaterait que c'est
pour des clientèles bien particulières et que ce n'était
pas la CECM qui en avait bénéficié, par exemple. Si vous
désirez les détails, je peux entrer là-dedans.
M. Lalonde: Pas d'objection.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ces 1600 postes
ont été concédés et à mon avis, bien que le
ministre des Finances et président du Conseil du trésor ne les
aurait sans doute pas concédés au ministre de l'Education qui
était en négociation à ce moment-là, je dois dire
que cela ne va pas faire en sorte que l'enseignement soit plus mauvais, au
contraire. Cela va tout simplement donner des
possibilités d'avoir moins d'élèves par classe.
Cela va donner la possibilité d'améliorer l'enseignement encore
davantage. Seulement, évidemment, il y a toujours une question de
coûts et il y a des limites à cela. Si on avait eu tous les
chiffres sous les yeux avant le 21 novembre, sans doute qu'on n'aurait pas pu
se montrer aussi généreux, mais, cela étant dit, encore
une fois, ce n'est pas au détriment de l'éducation que cela s'est
fait. C'est malheureusement au détriment des contribuables.
M. Lalonde: On arrive à cet aveu, M. le
Président.
M. Morin (Sauvé): Forcément. C'est au
détriment des contribuables. Il n'y a personne qui va contester cela.
C'est tout simplement qu'il y a plus d'enseignants dans le système
d'éducation et tant mieux pour les élèves, mais les
contribuables en font les frais, naturellement.
M. Lalonde: Vous êtes comptable aux contribuables, vous le
savez.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le ministre des Finances disait dans son discours:
Des étudiants qui ont déménagé sont par milliers
comptés à deux endroits. Le ministre de l'Éducation
peut-il nous donner des détails là-dessus? Est-il exact qu'il y
en a des milliers et comment se fait-il que...
M. Morin (Sauvé): Une dizaine de milliers. M. Lalonde:
Une dizaine de milliers? M. Morin (Sauvé): Oui. M.
Lalonde: Pas plus que cela?
M. Morin (Sauvé): Non, une dizaine de milliers, M. le
Président, et encore, c'est grâce aux progrès de
l'informatique...
Mme Lavoie-Roux: ... par année.
M. Morin (Sauvé): ... que nous avons réussi
à nous rendre compte de cela. C'est le ministère qui depuis deux
ans maintenant, je pense, a mis sur pied un nouveau programme, justement, pour
dépister ces cas qui n'étaient pas dépistés
auparavant du temps de votre gouvernement.
M. Lalonde: Est-ce que le ministère a...
M. Morin (Sauvé): On peut soupçonner qu'il y a
depuis des années des milliers de cas comme cela qui n'étaient
jamais repérés et c'est pour améliorer le système
que nous avons créé ce programme informatique. Si le
député veut me permettre de répondre pleinement à
sa question, il aura toute la réponse qui convient. Je pense qu'on
pourrait peut-être ajouter plus de détails sur les aspects
techniques de la chose.
Cet écart de 10 000 élèves environ entre ce que
nous appelons le sommaire de l'école, c'est-à-dire le nombre
global d'élèves par catégorie dans chaque école, et
les fiches individuelles, c'est-à-dire les codes permanents qui
identifient chaque élève, représente un écart de 10
000 pour l'année 1978-1979. Mais il faut bien comprendre qu'il n'y a pas
eu de subvention pour ces 10 000 élèves. Nous demandons aux
commissions scolaires de concilier les chiffres entre les fiches individuelles
et le sommaire de l'école. Alors, si nous avons 1200 fiches
individuelles pour une école et si le directeur d'école et le
directeur général de la commission scolaire ont
déclaré 25 élèves de plus ou de moins, nous leur
demandons de concilier. Alors, on nous fait la preuve et nous le faisons
depuis deux ans ce genre de conciliation nous prouve qu'il y a des
déménagements le 29, le 30, le 31. Des enfants quittent
l'école, se retrouvent dans une autre commission scolaire, cela
entraîne un écart. Sur 1200 000 enfants, l'écart, pour
l'année 1978-1979, est d'environ 10 000 et c'est nous qui l'avons
déclaré...
Découvert. ... découvert et déclaré au
vérificateur qu'il y avait cet écart et que nous allions faire la
conciliation au cours de l'année qui vient.
M. Lalonde: Dans quelle mesure cet écart aurait-il pu
avoir un impact sur le trou de $500 000 000? Je comprends mal parce que s'il y
a plus d'élèves inscrits qu'il n'y en a réellement
à l'étude, à ce moment-là, c'est plutôt une
diminution des subventions qui va s'ensuivre plutôt qu'une
augmentation.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-.dire que dans les
calculs de prévisions, si on prévoit 10 000 élèves
de plus, cela fait plus d'enseignants pour une même masse salariale.
Donc, cela baisse le salaire moyen. La masse étant le numérateur
et le nom de l'instituteur étant le dénominateur, la fraction
entraîne un salaire moyen inférieur, ce qui vient créer des
difficultés. Sauf que le ministère de l'Éducation et le
gouvernement n'ont pas financé parce que c'est aux états
financiers, à l'analyse et à la consolidation que l'on donne
à chaque commission scolaire le nombre d'élèves qu'elle
avait lorsque la commission a concilié et que l'on certifie le nombre
d'instituteurs auquel la commission scolaire avait droit en tenant compte des
catégories pour chacun des ratios.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai une question là-dessus. Vous me
permettez?
M. Lalonde: Oui, une question.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est au sujet du nombre d'élèves.
Le PSBGM et la CECM ne vous font-ils pas parvenir une bande informatique qui
contient
justement l'identification et le nombre de leurs élèves?
Ne recevez-vous pas cela au ministère?
M. Morin (Sauvé): Nous recevons la bande pour les fiches
individuelles et la bande...
Mme Lavoie-Roux: Depuis quand recevez-vous cela?
M. Morin (Sauvé): Dans le cas de la CECM, pour le sommaire
des élèves par bande, je ne pourrais pas vous dire à quel
moment.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Morin (Sauvé): Je pourrais le trouver.
Mme Lavoie-Roux: Mais cela fait un an, cela fait deux ans.
M. Morin (Sauvé): Ah non! cela fait plus longtemps que
cela pour la bande, pour le sommaire. Mais pour les fiches individuelles,
cependant, cela fait deux ans seulement.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Vous, depuis quand l'avez-vous? Vous en
avez eu, vous aussi, une bande pour faire les comparaisons, pour faire la
conciliation.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Quand faites-vous connaître aux
commissions scolaires les écarts et les dédoublements entre votre
bande informatique et celles qui vous proviennent des commissions scolaires? Si
vous ne les avertissez pas, comment peuvent-elles le corriger puisque c'est
juste tout récemment que vous vous en êtes aperçus?
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que pour
l'année 1978-1979, ce rapport qui est théoriquement daté
du 30 septembre, mais qui nous parvient évidemment beaucoup plus tard
c'est vers le mois de novembre qu'on reçoit les rapports
définitifs des commissions scolaires...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais les années
antérieures.
M. Morin (Sauvé): Je prends l'année 1978-1979,
c'était l'an dernier.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Morin (Sauvé): La conciliation s'est faite
immédiatement. Nous avons immédiatement avisé le PSBGM et
la CECM de cet écart et ils ont fait la conciliation. Pour
l'année 1979-1980, pour cette année évidemment,
nous avons eu la grève de CIMEQ au début de l'année
nous faisons actuellement la conciliation de ces chiffres et ce sont les
commissions scolaires qui le font avec beaucoup d'intérêt
d'ailleurs parce qu'elles ont, elles aussi, intérêt à
concilier les chiffres de leurs écoles.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Mais vous aviez cela depuis plus de deux
ans.
M. Morin (Sauvé): C'est la première année
où on a pu l'utiliser. L'année 1978-1979, c'est la
première année où, par informatique, on conciliait les
deux systèmes. La première fois que nous l'avons fait,
c'était en 1978-1979 et nous l'avons identifié auprès du
Vérificateur général en disant: Grâce à ce
nouveau système de croisement automatique, on a détecté,
pour la première fois, ce qui avait pu se produire.
Mme Lavoie-Roux: Cela vous a pris plus d'un an pour leur faire
connaître.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que le
Vérificateur général a été nommé par
le ministre des Finances, au mois de janvier, et c'est à ce moment qu'il
est venu au ministère. C'est alors que nous avons déclaré
que nous en avions identifié 10 000 et que nous comptions rectifier les
subventions aux commissions scolaires en fonction des doubles inscriptions
découvertes; mais c'était la première fois qu'on
réussissait, premièrement, à découvrir les doubles
inscriptions.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous aviez reçu ces bandes qui
existaient depuis deux ans, dites-vous.
M. Lalonde: 1978-1979.
M. Morin (Sauvé): Mais la première année
où nous avons réussi à identifier les doubles
inscriptions, c'est en 1978-1979.
Mme Lavoie-Roux: Parce que vous n'aviez pas fait la
vérification avant?
M. Morin (Sauvé): Parce qu'avant nous n'avions pas le
sytème informatique qu'on a mis au point.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous venez juste de les
découvrir au mois de décembre.
M. Morin (Sauvé): Non, on ne vient pas juste de les
découvrir. J'ai dit qu'elles ont été
déclarées au mois de décembre au Vérificateur
général; ce qu'on a dit au Vérificateur
général d'ailleurs ce n'était pas au mois de
décembre, c'était au mois de janvier c'est: Nous avons
découvert, pour la première fois, pour l'année 1978-1979,
un phénomène de double inscription grâce à un
nouveau système d'informatique, ce phénomène de double
inscription, nous allons en tenir compte. C'est ce que nous avons fait, mais la
première fois où on a eu les données en main, c'est pour
l'année 1978-1979, au cours de l'année dernière.
M. Lalonde: Vers quelle date avez-vous eu ça?
M. Morin (Sauvé): C'est vers le mois de décembre
que nous recevons...
M. Lalonde: 1979?
M. Morin (Sauvé): Pour 1978; pour 1979, il faudrait que je
vérifie la date exacte, parce qu'on a eu un peu de difficulté
à cause de SIMEQ.
Il faut tenir compte du fait que tout l'automne 1979 a été
marqué par une grève prolongée du service d'informatique,
mais le député s'en souviendra ça nous a
causé de très graves ennuis, notamment pour les bulletins des
élèves, pour la paie des enseignants, pour un tas de choses, il a
fallu...
M. Lalonde: C'est effrayant, je le sais, c'est une
catastrophe!
M. Morin (Sauvé): La grève du SIMEQ a
été vraiment un obstacle considérable pour le
ministère de l'Education, c'est indéniable et je ne le souhaite
à personne.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des autres commissions scolaires qui
sont enregistrées sur SIMEQ, l'enregistrement se faisait juste à
un endroit?
M. Morin (Sauvé): Voici, c'est que...
Mme Lavoie-Roux: Les données étaient
enregistrées au ministère par le SIMEQ?
M. Morin (Sauvé): II faut bien comprendre que le
ministère de l'Education n'a pas accès au dossier individuel des
élèves...
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire qu'on envoyait de mauvais
noms?
M. Morin (Sauvé): Non, les dossiers des
élèves et les bandes magnétiques appartiennent aux
commissions scolaires. Nous n'avons pas accès directement à ces
bandes. Les commissions scolaires nous fournissent des listes des
élèves ou par bandes magnétiques, avec un programme
particulier, ou par des listes manuelles: les listes, soit les sommaires
d'écoles, le nombre d'élèves par école et les codes
permanents des élèves, soit les fiches individuelles qui
n'indiquent que le nom, l'adresse et le code permanent de
l'élève. Nous n'avons aucune autre information. Je pense que
c'est la Charte des droits et libertés de la personne qui empêche
la commission scolaire de nous communiquer d'autres informations. Elle ne nous
dit pas: Pierre, Jean, Jacques est déficient moyen ou autre, nous
n'avons pas ces informations.
Mme Lavoie-Roux: Non, les noms...
M. Morin (Sauvé): Pour 1978-1979 je peux
répondre à votre question nous avons reçu les
fiches individuelles et le sommaire de l'école pour la CECM et le BEPGM,
dès le 1er décembre. Pour 1979-1980, pour l'année en
cours...
M. Lalonde: C'est décembre 1978?
M. Morin (Sauvé): C'est décembre 1978, pour
1978-1979; pour 1979-1980, nous avons reçu ces données au
début de février 1980.
M. Lalonde: Alors vous connaissiez ces données, en
décembre 1978, pour l'année 1978-1979; vers quelle date avez-vous
fait la vérification d'après vos propres listes, parce que, si je
me souviens bien, vous avez déclaré, pour employer votre
expression, au vérificateur qu'en janvier 1980 cet écart
était de 10 000 élèves, alors que vous connaissiez les
données des commissions scolaires en décembre 1978?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le
Vérificateur général a reçu le mandat. Il s'est
présenté et il nous a demandé les explications, on les lui
a données, mais, auparavant, nous avions communiqué ces chiffres
et ces découvertes aux commissions scolaires en demandant de concilier
le tout.
Mme Lavoie-Roux: A quel moment leur avez-vous demandé
cela?
M. Morin (Sauvé): On va vérifier ce point mais cela
devait être au moment où, on a découvert ou peu
après...
M. Lalonde: Découvert quoi? Le trou?
M. Morin (Sauvé): Découvert les doubles
inscriptions. Ne faites pas l'innocent, M. le député.
M. Lalonde: Ecoutez, M. le Président, le ministre
s'énerve un peu, soyez calme. Evidemment, il emploie des gros mots. Non,
si je ne connaissais pas le cheminement difficile qu'il a suivi ces derniers
temps, peut-être que je lui en tiendrais rigueur; maintenant, je vais
passer l'éponge, mais la question n'est pas d'être innocent ou
non, c'est d'essayer de s'y retrouver dans vos chiffres et dans vos dates.
M. Morin (Sauvé): Je vois que vous n'y arrivez pas en
dépit de tous nos efforts.
M. Lalonde: Vous n'y êtes pas arrivé
vous-même. Cela vous a pris deux ans pour connaître le
coût...
M. Morin (Sauvé): J'ai l'impression, M. le
Président, qu'il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas
entendre.
M. Lalonde: Ce que je sais, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... c'est que le ministre des Finances a dit et a
écrit: "Si l'on avait su, au moment où ces offres ont
été formulées je parle des offres de 1600
enseignants ce que l'on sait maintenant sur le coût réel de
l'enseignement primaire et secondaire j'aurai l'occasion de
revenir longuement sur cette question un peu plus tard une telle
offre n'eût jamais été faite". C'est une chose que le
ministre des Finances a écrite, donc, je la prends pour
avérée.
M. Morin (Sauvé): M. le Président... M. Lalonde:
Deuxièmement...
M. Morin (Sauvé): ... je m'excuse, mais on est en train de
tout mêler.
M. Lalonde: Non, non.
M. Morin (Sauvé): Cela n'a rien à voir avec ce dont
nous parlions immédiatement avant.
M. Lalonde: Cela a quelque chose à voir, vous allez voir,
cela a beaucoup à voir. Deuxièmement, il y a une chose que je
sais et je prends cette information du Vérificateur
général, c'est que "Selon les informations obtenues, les
renseignements concernant le coût définitif du système
1976-1977 auraient cependant pu être connus avant novembre 1979".
Troisièmement, ce que je sais aussi, c'est que les explications qu'on a
eues ce soir ne nous éclairent pas beaucoup. On dit: On n'a pu savoir.
Ce qu'on sait, c'est que le coût préliminaire était connu
en novembre ou enfin à l'automne 1978 et que cela a pris un an. J'ai
posé des questions sur la méthodologie...
M. Morin (Sauvé): De façon non fiable.
M. Lalonde: Oui, mais un an, douze mois, avec les milliards dont
ce ministère dispose pour donner des services à la population, un
an pour connaître le coût réel une fois que le coût
préliminaire est déjà connu et qu'on a des
appréhensions dit-on tout à l'heure, cela, M. le
Président, je regrette, mais on n'a pas fait beaucoup de progrès
aujourd'hui.
M. Morin (Sauvé): Nous allons recommencer
l'explication.
M. Lalonde: Pourquoi ce coût préliminaire n'a-t-il
pas été connu avant novembre 1979?
M. Morin (Sauvé): Nous allons répéter les
explications.
M. Lalonde: Dites-moi en détail comment il se fait que
cela a pris un an à votre ministère pour avérer les
chiffres préliminaires et connaître le coût définitif
qui, s'ils avaient été connus, auraient épargné au
trésor québécois le coût de 1600 postes pendant
toute une convention collective de trois ans qui, d'après les
renseignements qu'on nous a donnés, se chiffrent par plus de $100 000
000.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Le coût préliminaire pour
l'année 1976-1977 était connu à l'automne de 1978. Ce
coût préliminaire des états financiers 1976-1977
correspondait à la consolidation finale des états financiers de
l'année 1975-1976. Pourquoi correspondait-il à la consolidation
finale de l'année 1975-1976? Précisément parce que toutes
les données imputables à la convention collective 1976 qui a
été signée pour le secteur primaire secondaire en octobre
1976 ne paraissaient pas dans la consolidation préliminaire et ne sont
parues dans la consolidation finale que nous avons eue en novembre 1979. Et
là, la consolidation finale des états financiers 1976-1977
présentant des écarts nous avons soupçonné que ces
écarts pouvaient se confirmer. Nous avons vérifié la
consolidation finale, comme on le fait chaque année, de 1976-1977 qui a
servi à la détermination du budget 1980-1981, avec la
consolidation préliminaire des états financiers 1977-1978.
Evidemment, la consolidation préliminaire des états financiers
1977-1978 révélait que les écarts allaient se confirmer
puisque durant l'année subséquente à 1976-1977, donc
1977-1978, les éléments convenus lors de la convention de
1976-1977 avaient tous été consolidés et
appliqués.
Je pense qu'il faut absolument comprendre la façon dont on
fonctionne, c'est-à-dire que le budget de l'année 1979-1980 est
préparé sur la base des états financiers consolidés
de 1975-1976 et des états financiers préliminaires de 1976-1977.
Le budget de l'année 1980-1981, celui qui a été
présenté dans le discours du budget du mois de mars 1979 est
préparé sur la base des états financiers consolidés
1976-1977 et des états consolidés préliminaires de
1977-1978. Les états financiers préliminaires 1977-1978
corroboraient des éléments d'écarts qui sont apparus de
façon définitive dans les états financiers de 1976-1977
mais qui n'apparaissaient pas dans les états préliminaires
1976-1977 et la conciliation avec 1975-1976, comme il y avait eu des
écarts importants entre les deux années, qui n'apparaissaient pas
non plus, puisqu'à ce moment, tous les éléments nouveaux
de 1976-1977 résultant de la convention collective, laquelle convention
encore une fois, n'avait été signée qu'en octobre 1976,
lesquels éléments sont apparus en retard dans les états
financiers des commissions scolaires par la force des choses, joints au fait
qu'en plus, au cours de l'année 1976-1977 qui, décidément
est une mauvaise année, était la première année de
l'implantation du nouveau système d'information financière. Ceci
a, comme on l'a dit tantôt, provoqué des imputations
budgétaires mauvaises, à certains postes, qu'il nous a fallu
revérifier avec les commissions scolaires tout au long du printemps
1978.
M. Lalonde: Oui, mais on est rendu en novembre 1979 quand vous le
connaissez.
M. Morin (Sauvé): Je tente d'expliquer
précisément qu'on ne pouvait pas faire autrement, étant
donné la façon dont le système fonctionne.
M. Lalonde: Vous aviez une méthodologie qui ne vous
permettrait pas d'avoir la réalité et cela
vous ne vous êtes pas rendu compte qu'il y avait des
problèmes de connaissance de la réalité...
M. Morin (Sauvé): Bien sûr qu'on se rendait compte,
et c'est pourquoi, depuis 1975-1976, on a tenté d'apporter des
correctifs à la méthode qui existait depuis un temps
immémorial pour financer les commissions scolaires. On l'a tenté
en perfectionnant nos systèmes d'informatique, on l'a tenté en
exigeant la remise des états financiers à la date prévue
par le règlement et en imposant des pénalités aux
commissions scolaires qui ne remettaient pas leurs états financiers
à temps.
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que la situation qu'on
décrit pour 1976-1977 était bien plus
détériorée pour les années antérieures. Cela
fait quatre ans, cinq ans ou six ans qu'on tente d'améliorer le
système d'allocations des ressources aux commissions scolaires. On a
pris de nombreux moyens, j'en ai cités: les systèmes
d'informatique, les états financiers. Ce qui est paru net à
l'automne 1979, c'est que malgré les moyens qui avaient
été pris pour rendre le système en existence depuis
toujours plus efficace, ces moyens n'étaient pas suffisants et
permettaient à nouveau des écarts, d'où la décision
de préparer, en l'espace de deux mois, un nouveau système
d'allocations des ressources financières aux commissions scolaires qui a
abouti dans la préparation de nouvelles règles
budgétaires, lesquelles règles budgétaires sont
simplifiées par rapport aux précédentes
plutôt que d'avoir 24 règles, on n'en a plus que 3
lesquelles règles s'appuient sur une base historique exactement ou
semblable à ce qui se passe dans le réseau universitaire, ce qui
nous permet pour la première fois cette année de donner à
chaque commission scolaire un budget qu'on va discuter avec elle. Ce budget
préliminaire fermé sera rediscuté à l'automne et
rouvert pour un seul paramètre, la clientèle.
M. Lalonde: Merci, mais...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde:... j'aimerais revenir sur le rapport du
vérificateur qui dit que les renseignements, concernant le coût
définitif du système 1976-1977, auraient cependant pu être
connus avant novembre 1979. S'ils avaient été connus en septembre
1979, à ce moment-là... Lui-même dit qu'ils auraient pu
être connus. S'il avaient été connus en septembre 1979,
l'offre de 1600 postes n'aurait pas été faite.
M. Morin (Sauvé): Oui, sauf ceci.
M. Lalonde: Est-ce que j'ai raison? Quand l'offre a-t-elle
été faite?
M. Morin (Sauvé): C'est tout simplement qu'il y a eu des
dernières vérifications à faire, surtout après
discussions entre le trésor et l'Éducation et cela, ça
prend des semaines et des semaines.
Sans doute, cela aurait pu, surtout si on avait connu le
résultat... C'est toujours facile d'ergoter par la suite, après,
surtout quand...
M. Lalonde: Le vérificateur n'ergote pas, à moins
que le ministre veuille qualifier les rapports du vérificateur
d'ergots...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il y a une chose
importante, si le député veut bien me permettre de parler.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): II y a une chose importante dont il faut
se souvenir. Quand on a découvert la chose, quand on s'est rendu compte
qu'en dépit de nos nouveaux contrôles le système des
états financiers ne fonctionnait pas bien, nous l'avons dit publiquement
et immédiatement. On a demandé au Vérificateur
général d'aller vérifier les choses immédiatement.
On l'a mis sur la table, le ministre des Finances a pris le taureau par les
cornes et il a dit: Voici le problème. Comparons cela à ce qui
s'est passé il y a quelques années, alors que vous aviez
accumulé un déficit, au dire du même Vérificateur
général, de $524 000 000. Vous l'avez peut-être
oublié; nous sommes encore en train de le payer, il nous reste encore
$66 000 000 à payer sur vos balivernes de l'époque.
M. Lalonde: II ne s'est pas fait les yeux fermés. Voyons
donc! La différence, c'est qu'on le connaissait et qu'on l'a dit; de
plus, cela n'a pas pris le Vérificateur général pour le
dire.
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): ... j'affirme que jamais le gouvernement
antérieur n'a rendu publics ces chiffres; jamais. C'est cela la
différence entre...
M. Lalonde: Vous affirmez? M. Morin (Sauvé):
Oui.
M. Lalonde: Vous souvenez-vous d'une conférence de presse
de M. Raymond Garneau, après les élections?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, jamais...
M. Lalonde: II était encore ministre des Finances. Enfin,
j'aurai la date précise.
M. Morin (Sauvé): Jamais l'ampleur du
déficit...
M. Lalonde: Faites attention à vos affirmations.
M. Morin (Sauvé): ... n'a été connu.
M. Lalonde: Vous avez retiré des paroles tout à
l'heure; vous devrez peut-être en retirer demain.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, allez.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si le
député de Marguerite-Bourgeoys n'est pas satisfait de mes
explications, qu'il prouve qu'elles sont inexactes, qu'il montre que le
ministre des Finances à l'époque avait dit toute la
vérité, on verra bien. Nous avons découvert, en arrivant
aux affaires, $524 000 000. Le ministre des Finances n'a pas fait un scandale
avec cela, il l'a payé; il en reste encore $66 000 000 d'ailleurs qui
comptent dans le chiffre qu'on a à payer actuellement. Donc, le
député de Marguerite-Bourgeoys est mal placé pour faire la
leçon; nous avons hérité du système que
lui-même et son gouvernement avaient à l'époque, somme
toute, laissé en place. Mais nous avons estimé, nous...
M. Lalonde: Vous deviez tout corriger.
M. Morin (Sauvé): ... qu'il est temps maintenant de
changer le système, étant donné qu'en fonctionnant avec
les états financiers, on ne peut pas sortir de ces difficultés.
Désormais, nous fonctionnerons sur une base budgétaire. Le budget
sera approuvé avant et rouvert une seule fois au 30 septembre et,
après, la commission scolaire doit se tirer d'affaire avec le budget et
les paramètres qui auront été discutés. Je dois
dire que les règles financières ont été
établies par le gouvernement; nous sommes en train d'en discuter avec
les commissions scolaires à l'heure actuelle.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marg uerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... les explications du ministre ne sont pas
très lumineuses; malheureusement, on devra attendre le rapport du
vérificateur pour avoir toute la vérité là-dessus
et les détails en ce qui concerne, par exemple, la méthodologie.
Cela m'apparaît tellement incroyable que cela prenne un an pour
vérifier des coûts préliminaires.
Est-ce que le ministre pourrait nous donner une indication de la date
où le Vérificateur général déposera son
rapport?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je puis le
demander au Vérificateur général, à supposer que ce
ne soit pas une question impertinente à lui poser. Je ne sais pas
à quel moment il peut faire rapport. Je sais qu'en ce moment il est
débordé de travail. Je l'ai vu par les journaux puisqu'on lui a
demandé de prendre l'initiative de plusieurs enquêtes depuis
quelque temps, mais je puis tenter de m'informer et de savoir quand on peut
recevoir le rapport complet.
Cependant, je dois dire que le rapport préliminaire est
déjà très utile. Je constate que le député
de Marguerite-Bourgeoys en a pris connaissance. Nous en avons pris connaissance
et, déjà, nous nous attelons à la tâche de
répondre aux diverses observations du vérificateur, mais il n'y a
qu'une seule solution véritable pour sortir de ces ornières,
c'est d'abandonner le vieux système des états financiers et de se
donner un système à base de budgets, et de budgets fermés,
qui va nous permettre d'avoir une idée de ce qui se passe dans
l'année même et non plus d'avoir à attendre deux ou trois
ans après avoir une idée du coût du système.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais que le
ministre nous donne quelques chiffres sur les écarts qu'on a
constatés dans le nombre d'enfants classifiés comme enfants
inadaptés parce que vous aviez dit en Chambre, si ma mémoire est
bonne, que dans certaines commissions scolaires on avait même
dépassé de 28%, si je me rappelle bien...
M. Morin (Sauvé): Non, 15%...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez mentionné 28% quelque part.
M. Morin (Sauvé): ... 18% et...
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela a diminué aussi.
M. Morin (Sauvé): II faut voir de quoi il s'agit...
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce que c'était 28%. Il faudrait
vérifier.
M. Morin (Sauvé): ... si c'est le nombre d'enseignants qui
sont consacrés à cela ou si c'est la clientèle.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. On sait que...
M. Morin (Sauvé): Cela dépend de quoi on parle. Je
vais demander, d'ailleurs...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, de toute façon, je voudrais
avoir les chiffres.
M. Morin (Sauvé):... qu'on me donne les chiffres
précis. (23 heures)
Nous pouvons vous les fournir pour toutes les commissions scolaires.
Cela varie entre 2% et 18% pour les enfants. En ce qui concerne le personnel,
cela va jusqu'à 24% de l'effectif dans certaines commissions
scolaires.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, est-ce que vous pouvez nous donner
la cause de ceci? Est-ce que c'est parce qu'ils avaient été mal
classifiés? Enfin, est-ce qu'il y a eu des abus au plan diagnostic, au
plan de la classification des enfants? La
moyenne pour la province est peut-être de x% et vous vous
retrouviez avec des écarts assez prononcés.
M. Morin (Sauvé): La moyenne est de 9%. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): 8,9%, environ 9%. Il faut dire qu'il y
a, depuis, l'intégration des enfants.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! Fort intéressant, c'est fort
différent du discours que le ministre a prononcé à
l'Assemblée nationale.
M. Morin (Sauvé): Attendez, s'il vous plaît!
Attendez que nous ayons terminé.
Mme Lavoie-Roux: Oui, allez.
M. Morin (Sauvé): Depuis l'intégration des enfants
dans le cadre des ententes MEQ-MAS, il y a eu évidemment une
augmentation de ce qu'on pourrait appeler les cas lourds, mais il y a une
constance. On retrouve à peu près les mêmes pourcentages en
ce qui concerne les handicapés graves. Mais en ce qui concerne les
troubles légers d'apprentissage, nous sommes passés de 0%, en
1972-1973, à à peu près 37 000 ou 34 000 au cours de
1978-1979. Ce qui veut dire que c'est à l'égard de ce type de
clientèle que nous avons véritablement découvert que les
moyens scientifiques n'existent pas nécessairement. On ne pourra pas
nécessairement dire qu'il y a des abus. Il y a peut-être des abus
dans certains lieux, sauf que la croissance a été telle qu'il
faut questionner environ une vingtaine de commissions scolaires très
précisément, qui sont passées de 0 à 250 troubles
légers d'apprentissage d'une année à l'autre pour tomber
à 22 l'année suivante. Nous avons une vingtaine de cas de
commissions scolaires qu'il faudra vraiment questionner pour les troubles
légers d'apprentissage, de même que pour ce que l'on appelle dans
le jargon les déviations multiples, ceux qui ont plus d'un handicap.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce que l'accroissement, de 1971
à 1978, si je vous ai bien compris... Qu'il y ait eu des abus, des
erreurs là-dessus, je suis prête à vous le concéder,
mais il reste que, quand même, dans une grande partie de la province, ou
dans un grand nombre de commissions scolaires, il y avait peu de services
à l'enfance exceptionnelle de développer, même dans des
régions pas tellement éloignées des grands centres. Qu'il
y ait eu cette croissance, je pense que c'était peut-être normal;
qu'on en ait abusé, c'est une autre chose.
J'aimerais aussi savoir, dans le cas de ce dont vous parliez tout
à l'heure, le micmac, s'il s'agit là des commissions scolaires
où vous avez enregistré la plus forte hausse du nombre d'enfants
qui sont... enfin dans le pourcentage que vous avez mentionné tout
à l'heure?
M. Morin (Sauvé): Dans les troubles légers
d'apprentissage. Evidemment, de créer des troubles graves, c'est un peu
plus délicat, mais des troubles légers d'apprentissage, qu'est-ce
que vous voulez, on peut tous en découvrir 50 demain matin.
Mme Lavoie-Roux: Vous parliez de 24% tout à l'heure, c'est
où ces 24%?
M. Morin (Sauvé): C'est en termes de personnel, les
24%.
Mme Lavoie-Roux: Oui, vos 18%?
M. Morin (Sauvé): Dans quelles commissions scolaires?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Je pourrai vous fournir la liste avec
les pourcentages, c'est public.
D'ailleurs, Mme le député, c'est un peu cette croissance
exponentielle qui nous a amenés à faire notre politique
d'intégration des enfants en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage.
Mme Lavoie-Roux: ... avant que vous arriviez. Le rapport
était là, vous l'avez eu sur...
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire c'est le rapport
COPEX.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Le rapport COPEX, mais la politique
n'était pas faite et le milieu nous le réclamait, vous savez,
avec insistance. Heureusement, au ministère on en avait le souci et Mme
Baron en particulier a tenu, appuyée, je dois dire, par son ministre,
à faire aboutir cette politique parce que vraiment certaines commissions
scolaires abusaient de la faculté qu'elles avaient de classer des
enfants parmi les inadaptés. Évidemment, il y avait des avantages
à le faire, ils vous sont connus, je pense. Quand on peut classifier des
enfants dans la catégorie des inadaptés, cela signifie qu'on a
moins d'élèves par classe, donc plus de professeurs, donc il y
avait un coût là. C'est la raison pour laquelle... Je ne devrais
pas dire que c'est pour des raisons financières qu'on a fait la
politique d'intégration, c'est parce qu'on marginalisait, mais si cela
peut avoir un effet d'assainissement financier, ce sera tant mieux. Je sais que
d'aucuns pensent que c'est uniquement pour des raisons d'ordre financier.
Mme Lavoie-Roux: Pour les deux; au moins vous êtes assez
honnête pour le dire!
M. Morin (Sauvé):... c'est surtout parce qu'on
marginalisait quelquefois des élèves surdoués et parce que
c'étaient des élèves remuants on les envoyait dans des
classes allégées ou dans des
classes spéciales, avec le résultat que, non seulement
ça coûtait cher, mais que l'enfant surdoué, quelquefois, se
ramassait dans des classes qui n'étaient pas faites pour lui, des
classes qui étaient souvent faites pour des enfants sousdoués. M.
le Président, je voulais signaler ça au passage, ce n'est pas
pour rien qu'on a fait cette politique, c'était justement pour essayer
de résoudre encore une partie de ces problèmes. Qu'on n'aille pas
dire que le gouvernement n'a pas tenté de les résoudre.
M. Lalonde: II y aurait seulement une chose, M. le
Président, pour sortir du trou, étant donné qu'on n'en
connaît pas beaucoup les raisons. Est-ce que le ministre accepterait, pas
déposer, parce qu'on ne peut pas faire une motion de dépôt
de document en commission, mais de distribuer aux membres la fameuse
évaluation préliminaire, la consolidation préliminaire de
1976-1977, qui aurait été connue en novembre 1978? Le
pourrait-il, dans un effort de franchise et de clarté?
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, ce sont les chiffres des
commissions scolaires, il va falloir que je vérifie avec le
trésor pour savoir si ces chiffres sont publics; c'est la seule
réserve que j'aie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que les commissions scolaires ne
déposent pas leurs états financiers publiquement?
M. Morin (Sauvé): J'imagine que la règle doit
exister que les chiffres qui parviennent au trésor et aux Finances sont
des chiffres confidentiels; il va falloir que je vérifie en tout cas si
on peut déposer ces chiffres publiquement.
M. Lalonde: Ce sont des organismes publics.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que les commissions scolaires ne
déposent pas publiquement leurs propres états financiers?
M. Morin (Sauvé): Oui, elles le font effectivement...
Mme Lavoie-Roux: Alors, à ce moment, c'est public!
M. Morin (Sauvé): Seulement, dans les chiffres qu'elles
fournissent au trésor, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas
nécessairement rendues publiques avec les états financiers, il y
a beaucoup d'autres renseignements; je veux simplement vérifier, avant
de m'engager, que je ne vais pas manquer à quelque règle interne
des Finances ou du trésor.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, peut-être que ceci
a été dit avant que je n'arrive, alors je m'excuse si, par
hasard, c'est de la répétition: Est-ce que vous avez fourni une
ventilation de vos $500 000 000? Parce que vous savez, on a parlé
d'enfants doubles, on a parlé d'enfants plus ou moins exceptionnels, je
voudrais quand même savoir qu'est-ce que ça représente;
là, il y a les $210 000 000 auxquels on a fait allusion pour...
M. Lalonde: Non, ça, c'est pour cette année.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je suis en
mesure de vous donner ces chiffres. Evidemment, ce montant de quelque $490 000
000 paraît considérable si on le prend en bloc et je pense qu'il
faut en examiner les composantes pour avoir une idée plus juste de ce
qu'il représente. Selon le système traditionnel de financement
dont on parle depuis quelques instants, système qui a été
en vigueur jusqu'à maintenant, il n'y a véritablement
arrérage que pour les années pour lesquelles les états
financiers des commissions scolaires ont été approuvés par
le ministère, en l'occurrence 1976-1977 et 1977-1978; on ne peut parler
d'arrérages, à proprement parler, que pour ces deux années
pour l'instant. Sur le montant total de $490 000 000, il n'y a que $36 000 000
qui s'expliquent par des arrérages véritables et calculés
de façon certaine. Lorsqu'on y ajoute le solde non encore
remboursé des arrérages accumulés par le
précédent gouvernement, arrérages qui sont d'environ $66
000 000, on arrive à un niveau d'arrérage de quelque $102 000
000. Il ne faut pas oublier que, dans ces $90 000 000, il reste un
résidu de vos $524 000 000 de déficit dont vous nous aviez fait
cadeau en arrivant.
Ce montant se compare assez bien, je pense, avec la dette qui nous a
été laissée avec les ajustements apportés pour
tenir compte des états financiers 1974-1975 et 1975-1976.
Je continue à décomposer l'écart avec les
éléments suivants: J'ai mentionné les $36 000 000
d'arrérages véritables. Il y a $230 000 000 d'arrérages
prévisibles qui ne sont pas encore des arrérages, mais on les
calcule comme étant de l'ordre de $230 000 000 pour la portion du
coût des subventions des années scolaires 1978-1979 et 1979-1980
normalement payables avant les crédits de 1980-1981. Il s'agit d'une
évaluation de ce qui sera dû aux commissions scolaires le 31 mars
1980, si les prévisions actuelles du ministère sur les
coûts des subventions se réalisent. Donc, ce montant reste sujet
à révision, mais on pense qu'il est de cet ordre.
Ensuite, il y a également, en sus des $230 000 000
d'arrérages prévisibles, $224 000 000 pour les
réajustements à introduire aux crédits de l'année
qui vient, 1980-1981. Donc, ce n'est pas, à proprement parler, un
écart non prévu; cette fois il est prévu et on l'ajoute,
abstraction faite de la récupération pour les grèves. Il
va y avoir un peu de récupération pour les grèves, mais
enfin, cela ne modifiera pas tellement le chiffre global, pour tenir compte de
l'impact sur les tranches des années scolaires 1978-1979, 15%, vous
savez, le système 70-15-15, pour 1979-1980, 15%, et pour 1980-1981, 70%
qui sont normalement payables au budget de 1980-1981.
Ces $224 000 000 contiennent un montant de $181 000 000 pour
l'année scolaire 1980-1981 qui
n'est pas encore commencée. Il serait, je pense, pour le moins
abusif de qualifier ce montant de dette puisqu'il s'agit d'un montant
prévu, ce que le ministre des Finances appelait une bosse plutôt
qu'un trou. Vous me demandiez les montants, je pense que vous les avez
maintenant.
M. Lalonde: Tout cela, c'est la description comptable. Je
remercie le ministre. Maintenant, le sous-ministre André Rousseau qui
vous accompagne avait, lors d'une allocution donnée le 21 mars 1980,
fait la description des principaux éléments qui rendent compte de
l'écart. Je cite le texte de l'allocution qui m'a été
remis: Les principaux éléments qui rendent compte de
l'écart dans les prévisions et de leur importance relative sont,
premièrement, l'évaluation des clientèles pour $52 000
000; le taux de vieillissement des enseignants pour $170 000 000; la correction
de la sous-estimation du salaire moyen des enseignants découlant des
imperfections des états financiers de 1976-1977; l'impact des
grèves; erreur de $150 000 000 dans la conversion d'effectifs en nombre
d'hommes-année; imputations erronées, etc.; enfin, la
révision des intérêts à court terme, $60 000 000
découlant des erreurs précédentes. Est-ce que ces chiffres
se sont avérés ou s'il y a eu des vérifications qui les
ont modifiés?
M. Morin (Sauvé): II y a eu quelques révisions,
mais maintenant, l'ordre de grandeur est exact. Ceci a été
présenté au moment où on donnait l'information aux
directeurs généraux des commissions scolaires et cela s'est
avéré après vérification.
M. Lalonde: Je vous remercie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre fait souvent
allusion aux arrérages dont ils ont hérité en 1976, je ne
suis pas certaine, je le vérifierai. Peut-être que les
sous-ministres le savent, il y avait eu, dans le budget 1976-1977...
M. Lalonde: Un budget supplémentaire.
Mme Lavoie-Roux:... le paiement d'une partie de ces
arrérages. Il me semble que c'était de l'ordre de $46 000 000, si
ma mémoire est bonne.
M. Lalonde: C'était un budget supplémentaire.
Mme Lavoie-Roux: Un budget supplémentaire. Alors, à
ce moment, on savait quand même quel était le coût
réel de ces arrérages. Il y avait eu déjà, je
pense, une admission, contrairement à ce que le ministre dit, du fait
qu'il y avait des arrérages à payer. Enfin, je vérifierai
ceci. Oui?
M. Morin (Sauvé): Je vous engage à vérifier,
effectivement, parce que si le ministre de l'époque avait admis $46 000
000, il n'avait pas admis le total. Il n'a jamais rendu public le total de ce
qui était dû.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Maintenant, je voudrais demander
peut-être, M. le ministre, qu'un de vos assistants pourrait
répondre si ces arrérages sont imputables entre les
années disons 1970 et 1972 ou 1976, peu importe, sur le nombre sur
lequel ils s'étendaient en partie en tout cas au fait qu'il y
avait eu l'intégration des commissions scolaires? Il y a eu tout le
phénomène de la diminution, enfin, l'impact de la loi
est-ce que c'était 71 ou si je me trompe 27, vous avez raison,
qui a créé les comités de parents, parce que là,
quand même, vous êtes passés de quelque 1500 commissions
scolaires à 230 ou 250.
M. Morin (Sauvé): 250.
Mme Lavoie-Roux: 250. Alors, je pense qu'à ce
moment-là on a trouvé... Enfin, il y a eu des
réajustements importants à faire et qui ont dû
s'étendre sur un certain nombre d'années, qui m'apparaissent une
partie d'explication, en tout cas. J'aimerais avoir, comme information,
objectivement, ce qui en est de... Cela a dû créer un impact
quelconque au plan financier.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que l'analyse des
états financiers et la consolidation prenaient beaucoup plus de temps au
moment où l'information qui nous était fournie par les
commissions scolaires était complexe. Or, quand nous avions 1500
commissions scolaires, c'était évidemment plus complexe. Mais
depuis 1971, il n'y en a pas 1500. Mais, nous avions un système de
subventions avec des normes qui étaient très complexes.
Souvenez-vous des $24 par élève pour les manuels scolaires, $11
pour la pastorale. Ce qui veut dire que l'analyse des états financiers
nécessite la vérification pour chacune de ses règles.
Alors, en 1976, parmi les systèmes d'amélioration, il y avait eu
ce qu'on a appelé le SIF, le système d'information
financière simplifié. C'était un moyen pour régler
ce problème de retard dans l'analyse d'états financiers.
Là, nous avions 24 règles plus une trentaine d'allocations
spécifiques. Mais, déjà, analyser et vérifier 24
règles et une trentaine d'allocations spécifiques, c'était
encore long.
Alors, dans le nouveau système, en plus de mettre le poids sur le
budget, nous avons trois règles.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. Ce n'est pas ça ma question, M.
le Président. Cela, le ministre nous l'a expliqué et j'y
reviendrai tout à l'heure. Mais, c'est parce que je trouve que le
ministre revient continuellement en nous disant: C'était effrayant, il y
avait des arrérages épouvantables, etc., pour excuser les
difficultés qu'il a rencontrées cette année quand il est
parvenu à établir le coût plus réel de
l'éducation. Ce que je vous ai demandé puisque le ministre parle
d'approche historique, je pense qu'historiquement, il y a quand même
eu... Je ne veux pas excuser l'ancien gouvernement, je n'y étais pas.
Mais, je pense qu'il faut quand même situer de nouveau les choses dans un
contexte historique. Et, je pense que le
processus de la loi no 27 qui a été passé en 1971
ou 1972, avant que l'opération ne soit complétée de cette
intégration des commissions scolaires, c'était compliqué.
Cela ne s'est pas fait parce qu'on avait passé la loi no 27. Alors, je
pense qu'il y a eu une partie de ces arrérages-là, plus que ce
que vous venez de mentionner, qui est encore plus complexe parce qu'on avait un
tas de données particulières pour chaque rubrique du budget et
des normes très précises pour chacun, ce qui explique les
difficultés. Le ministre de l'Éducation nous rappelle ça
à satiété: L'ancien gouvernement avait aussi mal
administré que nous.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire qu'il ne l'avait pas
dit publiquement. C'est surtout ça qu'on peut lui reprocher et que c'est
en arrivant aux affaires que le ministre des Finances a découvert le pot
aux rosés. Si cela avait été dit publiquement...
M. Lalonde: Je vous corrigerai là-dessus.
M. Morin (Sauvé): J'ai bien hâte que vous le
fassiez.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Alors...
M. Morin (Sauvé): Et, Mme le député, ce qui
compte, c'est que maintenant qu'on sait tout ça, ce qui s'est
passé avant 1976 et depuis 1976, il est temps...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est vous qui parlez toujours de ce
qui s'est passé avant.
M. Morin (Sauvé): Oui, parce qu'effectivement, c'est le
vieux système qui fait ça. Et c'est le vieux système qu'il
faut corriger maintenant et c'est à ça qu'on s'est attelé.
Et c'est la raison pour laquelle le ministre des Finances a
décidé de mettre ça devant le public pour que tout le
monde se rende compte, les commissions scolaires les premières, que le
système ne peut plus durer. Je sais bien que chez les commissions
scolaires, certaines vont prétendre qu'on s'en prend à leur
autonomie en changeant le système, mais ce n'est pas le cas. Je pense
qu'on va avoir un système plus efficace qu'auparavant et elles vont
être les premières à nous remercier d'avoir enfin un
système fermé, sûr. Elles sauront ce sur quoi elles peuvent
compter et elles devront fonctionner à l'intérieur de ces
montants-là. Ce ne sera plus un système de facturation ouverte
où personne ne savait jamais où on était rendu, sauf trois
ans après.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, si on peut améliorer, on n'a
pas d'objection; on va même vous appuyer.
M. Morin (Sauvé): Ah! je suis heureux d'entendre cela.
Mme Lavoie-Roux: Bien, écoutez, si votre système
est meilleur, tant mieux!
M. Morin (Sauvé): Mais, faites attention, peut-être
que vous dites là des choses que ne partage pas le député
de Marguerite-Bourgeoys.
Mme Lavoie-Roux: Non, non...
M. Lalonde: Au contraire, nous allons vous appuyer pour
améliorer cela. Après avoir...
Mme Lavoie-Roux: Si cela peut empêcher d'autres
trous...
M. Lalonde:... creusé un trou de $500 000 000 sans le
voir, pendant trois ans, on va sûrement appuyer toutes les
méthodes que vous pourriez implanter...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, la
différence, encore une fois, c'est qu'auparavant, le gouvernement
antérieur avait creusé un trou et il ne s'en vantait pas. Nous,
dès qu'on la découvert, il a été mis devant le
public immédiatement. C'est toute la différence.
Mme Lavoie-Roux: Immédiatement? Après quatre ans
quand même, immédiatement!
M. Lalonde: Heureusement que le ministre des Finances...
M. Morin (Sauvé): C'est une philosophie d'administration
publique, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Après quatre ans, c'était presque
le temps, parce qu'on est à la veille de découvrir un autre trou,
si vous ne l'aviez pas annoncé, que vous avez caché.
M. Morin (Sauvé): Ne présumez pas trop de la
chose.
Mme Lavoie-Roux: Ah! bien non! De la chose, oui... Non, je n'ai
pas fini... C'est trop long...
Une Voix: On a tout le temps, il est 10 heures.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, cela ne fonctionne pas. Quelqu'un nous
a joué un tour, il a reculé l'horloge.
Pour revenir à votre nouvelle approche de comptabilité
budgétaire pour les commissions scolaires, est-ce que vous pouvez nous
déposer... Vous devez avoir un document là-dessus, sur ce que va
être cette...
M. Morin (Sauvé): Une nouvelle règle...
Mme Lavoie-Roux: Oui, et peut-être qu'elles sont dans les
gros livres. Je ne les ai pas...
M. Morin (Sauvé): Non, mais je pense qu'on peut les porter
à la connaissance de la commission. Cela pourrait être fait demain
matin.
Mme Lavoie-Roux: Oui, alors cela va être fait. Bon.
M. Morin (Sauvé): Elles sont actuellement devant chacune
des 255 commissions scolaires, pour consultation.
Mme Lavoie-Roux: Bien. Evidemment, on n'a pas vu cette
règle en détail, mais le ministre disait que, au 30 septembre,
toutes les commissions scolaires devront présenter leur budget, leurs
chiffres...
M. Morin (Sauvé): Avant ça.
Mme Lavoie-Roux: Avant ça. Mais les seules modifications
possibles, je ne sais pas à quel moment donné, à l'automne
suivant ou au moment de la consolidation, ce sera eu égard à la
clientèle. C'est qu'après le 30 septembre, elles ne pourront pas
apporter de dépenses nouvelles, sauf à leur corps
défendant.
M. Morin (Sauvé): Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que
nous allons désormais procéder sur une base
budgétaire...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, c'est ça.
M. Morin (Sauvé): Le ministère va faire 255
budgets, un pour chacune des commissions scolaires. Elles vont les
préparer de leur côté. Nous allons en discuter ensemble et
convenir d'un budget. Ce budget doit être respecté, sauf pour un
paramètre, celui des clientèles. Le 30 septembre, si la
commission scolaire dit: Effectivement, j'ai plus d'étudiants, on
réajuste le budget.
Une fois que le budget a été réajusté, la
commission scolaire doit s'en tenir à l'intérieur de son budget.
Là, on introduit la même règle que pour les autres
réseaux, le réseau collégial ou le réseau
universitaire. Si la commission scolaire fait un déficit, le
déficit est à sa charge; si elle fait un surplus, le surplus est
conservé par elle. La commission scolaire garde le droit de percevoir,
pour des fins non subventionnées, un impôt local jusqu'à
concurrence de 6%, sans référendum, mais avec
référendum au-delà de 6%.
Mme Lavoie-Roux: Oui, comme principe, c'est bien beau. Qu'est-ce
que vous faites, par exemple, de la suppléance? Est-ce que la
suppléance peut être évaluée avant qu'elle ait eu
lieu?
M. Morin (Sauvé): Je pense que ce qu'il faut bien
comprendre dans un budget de base historique, et là, si vous me
permettez, je me référerai au budget des universités qui
est sur une base historique depuis une dizaine d'années, la base
historique qui est choisie, pour une année donnée, pour implanter
un système ne peut pas être parfaite. Cette base historique
correspond mieux à certains établissements, moins bien à
d'autres établissements. La base historique n'est pas figée dans
le béton. Des réajustements peuvent être faits au cours des
années subséquentes. Cela nous permettra de faire des coûts
moyens.
Actuellement, dans les universités, il n'y a pas un seul
coût moyen par étudiant, par université, étant
donné la base historique et étant donné les
particularismes propres à chaque université. Mais on constate, et
on le verra quand on arrivera au programme universitaire, une tendance pour
chacune d'entre elles à se rapprocher du coût moyen. Donc,
vraisemblablement, la même tendance se démontrera, deviendra
évidente dans le cas des commissions scolaires. Cela ne veut pas dire
qu'une commission scolaire ne pourra pas faire la démonstration que
l'année de base qui lui a été appliquée
était particulièrement désavantageuse pour elle. La
commission scolaire pourra faire une démonstration. Il y aura discussion
avec le ministère et les possibilités de réajustement ne
sont pas exclues.
Mme Lavoie-Roux: Elles vont avoir cette possibilité.
M. Morin (Sauvé): II y a toujours une possibilité,
au cours des années subséquentes, de réajuster
après constatation que l'année de base avait vraiment
désavantagé.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais pas pour l'année qui est
terminée?
M. Morin (Sauvé): A ce moment-là, ce qui est fait,
cela peut être le redressement de la base d'une commission scolaire pour
les années subséquentes.
Mme Lavoie-Roux: A ce moment-là, s'il y a vraiment eu une
mauvaise base budgétaire attribuée à une commission
scolaire, pour un an en tout cas, jusqu'à ce qu'il y ait rajustement,
c'est elle qui en portera le coût. Vous avez d'abord la
suppléance, vous avez aussi tous les congés de maternité.
N'oubliez pas que...
M. Morin (Sauvé): Les congés de maternité
font partie, cependant, des dépenses admissibles.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais si une personne demande un
congé supplémentaire, par exemple...
M. Morin (Sauvé): II est évident que, pour la
première année, des questions comme la sécurité
d'emploi dans un rayon de 50 kilomètres, c'est à évaluer.
Il faudra, bien sûr, voir, à la fin de l'année, si
l'évaluation était juste ou ne l'était pas.
Mme Lavoie-Roux: Supposons que, non pas par mauvaise
volonté, votre évaluation de la première année ait
été erronée à cause de certains facteurs que vous
n'avez pu prévoir ou que vous n'avez pas prévus d'une
façon exacte, pour cette première année, permettriez-vous
des ajustements financiers ou si ce serait seulement pour l'année
subséquente?
M. Morin (Sauvé): II pourrait y avoir ajustement pour des
cas comme celui que je viens de souligner, la sécurité d'emploi,
au terme de la première année, si on devait constater que la
sécurité d'emploi telle que prévue a donné des
résultats
différents. Il faudra que la commission scolaire fasse une
démonstration; si la démonstration est acceptable, il pourra y
avoir rajustement.
Mme Lavoie-Roux: Mais pas pour la suppléance.
M. Morin (Sauvé): Pour la suppléance...
Mme Lavoie-Roux: II y a beaucoup de suppléance dans les
commissions scolaires et je ne pense pas que cela joue de la même
façon au niveau universitaire.
M. Morin (Sauvé): Pour la suppléance, il faudra
voir dans les faits comment cela va se présenter, mais je pense qu'il
faut bien comprendre le principe de base et que si, dès la
première année, on accepte tous les rajustements, on n'atteindra
pas les buts escomptés. Si une commission scolaire a un taux de
suppléance largement supérieur au taux de suppléance
constaté nationalement, on lui posera des questions. Si, effectivement,
elle a mal utilisé ses suppléants ou qu'elle a engagé un
trop grand nombre de suppléants par rapport à l'utilisation
qu'elle aurait pu faire des professeurs en disponibilité, on dira: On ne
pense pas que l'administration que vous avez faite justifie une subvention
additionnelle au titre de la suppléance. On constate, au titre de la
suppléance, qu'il y a des écarts, qui peuvent être
inquiétants, d'une commission scolaire à l'autre.
Mise en tutelle de la CECM
M. Lalonde: J'aurais une question, M. le Président,
concernant le règlement à la Commission des écoles
catholiques de Montréal. On a vu dans les journaux, il y a quelques
jours, que le ministre s'est servi de l'article 14 de la Loi de l'instruction
publique pour mettre en tutelle la plus grande commission scolaire du
Québec pour des fins très précises, non pas pour en
suspendre l'administration actuelle pour maladministration ou pour en corriger
le fonctionnement, mais simplement pour forcer la Commission des écoles
catholiques de Montréal à signer une convention collective que
les commissaires élus refusaient de signer.
Je voudrais demander au ministre quelle justification il peut nous
proposer pour s'être servi de cet article 14 qui prévoit la mise
en tutelle d'une commission scolaire dont l'administration laisse à
désirer ou, enfin, s'il y a des cas de fraude, de maladministration ou
des choses comme cela pour simplement s'introduire par un coup de force, au nom
du gouvernement, dans une tutelle, comme le disent les
éditorialistes...
M. Morin (Sauvé): Pas tous.
M. Lalonde: Un ou deux, ceux qui ont eu le loisir de s'exprimer;
ils sont encore tellement étonnés de cette réaction
exagérée du gouvernement que tous ne se sont pas encore
exprimés. Comment le ministre peut-il justifier l'usage de cet article,
qui est normal, qui est au service du gouvernement, et du ministre en
particulier, pour s'introduire dans le processus normal de la
négociation d'une commission scolaire? Pourquoi n'a-t-il pas... Est-ce
que, à ce moment-là, il ne prenait pas partie de façon
évidente pour l'une des parties en cause dans la négociation,
c'est-à-dire pour l'Alliance des professeurs, au lieu de voir simplement
au fonctionnement des écoles, parce que c'était cela la raison
principale de l'intervention du ministre, à savoir que les écoles
ouvrent, que l'enseignement reprenne pour que les élèves ne
perdent pas leur année, objectif que nous partageons entièrement.
Pourquoi n'a-t-il pas simplement fait l'intervention normale d'un gouvernement
à ce moment-là, que ce soit par l'injonction, que ce soit par une
loi spéciale qu'on aurait pu passer la semaine dernière
d'ailleurs? On était en congé, on aurait pu revenir ici à
un avis de douze heures, cela nous est déjà arrivé.
Là, il a pris parti pour le syndicat, à ce moment-là. Sur
quelle base? Pour forcer la Commission des écoles catholiques de
Montréal à signer une convention collective que la Commission des
écoles catholiques de Montréal ne se croyait pas justifiée
de signer, au nom de la qualité de l'enseignement en particulier.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour comprendre
comment nous en sommes venus à utiliser l'article 14, qui me
confère non seulement le droit de nommer un enquêteur lorsque
j'estime que c'est nécessaire, mais, également, le droit au
gouvernement de nommer un administrateur, un tuteur comme le dit la langue
courante, il faut se reporter au rapport de l'enquêteur qui résume
assez bien la situation d'impasse dans laquelle nous nous trouvions. Il faut
rappeler que les négociations locales entre la CECM et l'Alliance ont
commencé le 3 août 1979.
M. Lalonde: Je m'excuse d'interrompre le ministre. Il se
réfère à un rapport d'enquêteur. Il dit que pour
comprendre, il faut connaître le rapport de l'enquêteur. Nous ne
l'avons pas. Est-ce qu'il pourrait le faire distribuer aux membres de la
commission.
M. Morin (Sauvé): Volontiers, M. le Président. J'en
ai un exemplaire que je pourrais remettre, à moins que demain nous ne
puissions en faire faire d'autres exemplaires, mais je suis prêt à
en remettre un exemplaire immédiatement aux représentants de
l'Opposition. C'est à la page 22, à la dernière page du
rapport de l'enquêteur, que les conclusions apparaissent, lesquelles ont
amené le gouvernement à nommer l'administrateur. Mais je rappelle
quelques dates. Le 3 août 1979, les négociations locales
débutent et il y a eu 42 séances. Ce sont des négociations
qui durent, donc, depuis un certain temps. Plusieurs mois plus tard, le 30
avril, les deux parties, tant le syndicat que la CECM, demandent la
conciliation qui leur est accordée. Le rapport de conciliation est
déposé le 7 mai: refus de la CECM, refus du rapport de
conciliation.
Comme il avait été prévu et admis par les deux
parties que la conciliation pouvait se transformer en médiation, c'est
effectivement ce qui se produit le 11 mai et Me Blain est nommé par le
ministre du Travail pour effectuer cette médiation. Quatre jours plus
tard, la CECM met fin à la médiation et même si elle est
invitée, à plusieurs reprises, à se représenter
à la table de médiation, elle le refuse. De sorte qu'on se trouve
rapidement à avoir épuisé toutes les possibilités
de règlement. Pire que cela, et on pourra le lire dans le rapport de
l'enquêteur, la CECM refusant la médiation, pose un geste dont
l'enquêteur dit que tout spécialiste des relations de travail ne
le pose qu'avec des sueurs froides dans le dos. La CECM s'enferme dans son
carcan d'offres finales et globales. Refusé...
M. Lalonde: C'est tout à fait la même chose.
M. Morin (Sauvé): En pleine médiation, cela ne
s'est jamais vu. C'est la première fois que cela se produit, il y avait
encore la médiation, elle avait été rompue
unilatéralement par la CECM. Ce qui est un précédent en
fait de relations de travail. D'où les conclusions de l'enquêteur,
Me Bouchard: premièrement, la CECM a abordé cette
négociation avec une intransigeance qui engage gravement sa
responsabilité dans le conflit actuel. Il convient toutefois de
souligner un effort positif de négociation malheureusement tardif et
insuffisant déployé durant la présente enquête.
Deuxièmement, la CECM a élaboré une
stratégie statique qui témoigne de sa méconnaissance du
milieu syndical. Le président a manifesté, à des moments
critiques, un manque de cohérence dans la transmission de certaines
informations et décisions, et l'enquêteur donne des exemples de
cela aux pages 14 et 15 de son rapport. Enfin, le conflit de travail qui
paralyse les écoles de Montréal doit cesser dans les plus brefs
délais. La CECM est impuissante à y mettre fin, se trouvant
emprisonnée dans des offres finales et globales refusées
massivement par les enseignants et ayant mis fin unilatéralement
à la médiation.
L'intervention d'un tiers est de toute évidence
nécessaire, conclut l'enquêteur, la CECM s'y étant en
quelque sorte résignée par son refus de souscrire au rapport de
médiation accepté par l'alliance. Car l'alliance, même si
au début elle n'acceptait pas le rapport de médiation, a fini par
l'accepter.
En conséquence, l'enquêteur nous faisait deux
recommandations: premièrement, suspendre les pouvoirs des commissaires
de la CECM en ce qui concerne la négociation et la signature du
renouvellement de la convention collective avec l'Alliance des professeurs de
Montréal. Deuxièmement, il nous recommandait de nommer un
administrateur avec mandat de signer aujourd'hui, si possible, avec l'alliance
la traduction en clauses normatives du rapport de médiation de M. Yvon
Blain, l'entente provinciale intervenue entre le comité patronal de
négociations des commissions catholiques et la Centrale de
l'enseignement du
Québec le 26 mai 1980, de même qu'un protocole de retour au
travail et de rouvrir les écoles le 2 juin 1980, au matin, si possible,
bien entendu.
C'est en nous fondant sur ce rapport, M. le Président, concluant
à une impasse totale, fondé sur le fait que le syndicat avait eu,
en définitive, une tenue correcte tout au long du processus d'ajustement
des rapports de travail: acceptation de la conciliation, acceptation de la
médiation, acceptation des rapports qui ne lui donnaient pas
entièrement raison, puisqu'il a dû faire des concessions... Tandis
que de l'autre côté, l'enquêteur nous révèle
une attitude rigide qui semble résulter d'une méconnaissance de
la façon dont se déroulent des négociations normales entre
commissions scolaires et syndiqués.
De plus, M. le Président, nous savions, d'après le rapport
de médiation, que l'Alliance avait accepté l'arbitrage sur un
certain nombre de points importants, notamment l'enfance en difficulté,
enfin, l'utilisation du critère de capacité et du critère
d'ancienneté dans le domaine de l'enfance en difficulté:
l'orthopédagogie.
Mme Lavoie-Roux: Dans tout le domaine ou juste une partie?
M. Morin (Sauvé): Tout le domaine. Mme Lavoie-Roux:
De l'orthopédagogie.
M. Morin (Sauvé): Si ça peut vous rassurer... de
même que l'enseignement professionnel. C'est une très grosse
concession de la part de l'enseignement professionnel...
Mme Lavoie-Roux: Long ou court?
M. Morin (Sauvé): Long. Oui, bien sûr, parce qu'il y
a des spécialistes, comme vous le savez, beaucoup plus nombreux dans ce
domaine. Enfin, l'arbitrage sommaire dans le cas du secondaire: les
spécialités de natation et de musique. C'est ce mandat que
contenait explicitement le rapport de médiation que nous avons
donné à l'administrateur, pour utiliser le langage juridique de
la loi, de l'article 14, lorsque j'ai décidé, lorsque le
gouvernement m'a autorisé à nommer un administrateur pour exercer
pendant le temps requis les pouvoirs de la commission relativement à la
conclusion et à la signature de la convention collective.
Je voudrais revenir un instant sur certains aspects qui ont
soulevé des problèmes, semble-t-ii, et notamment le comportement
de la CECM. Voici quelques passages du rapport de l'enquêteur qui
démontrent ce qu'il appelle "une étrange conception des relations
de travail à la CECM "
La même journée, dit-il c'est la journée
où ils avaient refusé la médiation "la CECM prend
l'une de ses décisions les plus condamnables. Elle rompt
unilatéralement la médiation qui venait à peine de
commencer et elle le fait de la pire des manières, soit sous forme
d'ultimatum". A un syndicat qui, à deux reprises, a accepté de
retirer ses avis de grève, elle adresse une sommation d'an-
nuler le troisième avant deux heures de l'après-midi;
à un syndicat qui tient du ministre du Travail lui-même
l'assurance que le président de la CECM avait accepté la
définition restrictive de la médiation devant porter non pas sur
les principes de la capacité, mais sur les modalités
d'application. Je continue la citation: "La bouchée ne s'avalait pas
facilement. Pourtant ce syndicat acceptera de laisser le médiateur
offrir à la commission, quelques heures plus tard, de surseoir, une
troisième fois, à la grève, pourvu que la médiation
se poursuive. Le refus opposé par la CECM à cette proposition
défie tout entendement. C'est en vérité un acte
d'irresponsabilité pure. Voici un employeur qui, sans autre obligation
que celle de continuer à négocier et de poursuivre une
médiation qu'il avait acceptée, refuse d'exempter la population
de Montréal d'une grève à tous égards
catastrophique".
Je pourrais citer d'autres passages comme ceux-là qui nous
démontrent, qui ont démontré au gouvernement qui s'est
penché sur cette question au cours de sa réunion de dimanche,
puisqu'il se trouvait par hasard à se réunir dimanche, qu'il n'y
avait pas d'autre solution, étant donné, d'autre part, que la fin
de l'année est en vue, que les examens pointent à l'horizon dans
une semaine, une semaine d'aujourd'hui, ou huit jours d'aujourd'hui, qu'il
était absolument nécessaire, au dire des pédagogues, que
la révision se fasse avant les examens, que les élèves ne
pouvaient pas rentrer la veille de l'examen pour se trouver devant les
questionnaires. C'est pour ces raisons, donc, à la fois l'impasse du
point de vue des relations de travail et l'urgence de la rentrée sur le
plan pédagogique, que nous avons pris cette décision.
Cette décision, j'avais, je pense, le droit de la proposer au
gouvernement et celui-ci avait le droit, en vertu de l'article 14 de la Loi de
l'instruction publique, de la prendre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense qu'il est utile de
répéter qu'en ce qui concerne l'objectif de la démarche,
nous sommes parfaitement d'accord qu'il y avait urgence que les écoles
ouvrent leurs portes. Cette urgence là, même, j'irais plus loin,
existait non pas seulement le premier juin je pense que c'est la date de
la nomination de l'administrateur, la tutelle, le dimanche...
Mme Lavoie-Roux: Le samedi. M. Morin: Le premier juin.
M. Lalonde: ... premier juin mais cette urgence existait
même auparavant, soit le 26 mai. Le 26 mai, vous avez la CECM qui propose
l'arbitrage du différend et l'Alliance qui refuse. Il me semble, tout
d'abord, que déjà, les 26 et 27 mai, il y avait urgence. Pourquoi
le ministre n'a-t-il pas considéré l'autre solution de convoquer
l'Assemblée na- tionale et d'assurer un retour au travail, tout d'abord?
Le gouvernement actuel l'a déjà fait. Il a fait des lois
spéciales, deux ou trois, il me semble, en peu de temps d'ailleurs. Il a
la main tout à fait alerte à ces retours au travail
forcés, le gouvernement actuel. Ces retours au travail forcés
qu'il dénonçait quand il était dans l'Opposition alors
qu'il disait aux syndiqués: Lâchez pas, les gars! Le ministre, il
me semble, aurait dû considérer cette possibilité,
déjà, dès le 26 mai, lorsque l'Alliance a refusé
l'arbitrage, et imposer, tout d'abord, un retour au travail s'il n'y avait pas
d'autres possibilités, naturellement. Une autre chose que je voudrais
savoir une réponse plutôt à ma question c'est
combien de temps l'enquête a duré, la date de la nomination de
l'enquêteur et la date de son rapport. (23 h 45)
M. Morin (Sauvé): C'est évident que l'urgence est
une notion difficile à cerner. Il est évident que l'urgence
existait depuis le début. Au fond, dès le premier jour d'une
grève, il y a urgence. Mais le processus de règlement normal
était en cours et nous avons espéré jusqu'au dernier
moment que la CECM adopterait des attitudes plus comment dire
conscientes de la façon dont on conduit des négociations de
travail aujourd'hui.
Nous avons pensé que la CECM finirait par accepter le rapport de
médiation qui nous paraissait acceptable au ministère et
conciliable avec la convention nationale signée il y a quelque temps.
Nous avons espéré en vain et c'est vraiment à la
dernière limite que nous avons décidé d'intervenir.
M. Lalonde: C'est le fait que le ministre dit que le processus
normal de négociation était en cours alors qu'il vient d'avouer,
enfin de reconnaître que la CECM s'était déjà
retirée de la négociation le 15 mai. Là, je parle du 26
mai, 11 jours plus tard. C'était encore en cours, le 26 mai, le
processus normal.
Mme Lavoie-Roux: Mystère et boule de gomme.
M. Lalonde: La CECM vient de se retirer, de poser un geste
absolument incroyable d'après le ministre, irresponsable, intransigeant.
Cela fait 11 jours que ce geste intransigeant et irresponsable est posé
et le ministre ne s'en rend pas compte.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous avons voulu
donner toutes les chances aux deux parties, et à la CECM en particulier,
de se rapprocher et de conclure à l'amiable. Nous avons donné le
bénéfice du doute en particulier à la CECM jusqu'à
l'extrême limite. Et, c'est quand l'enquêteur nous a fait rapport
de ses attitudes et de l'impasse totale dans laquelle se trouvaient les parties
que nous avons décidé d'intervenir. Et, à ce
moment-là, il fallait le faire rapidement parce que effectivement
ça n'avait que trop traîné.
M. Lalonde: Oui, cela avait traîné. Je pense que le
ministre de l'Éducation s'était traîné les pieds
aussi.
M. Morin (Sauvé): Oui, parce que le ministre du Travail
essayait constamment de relancer la médiation pour aboutir.
M. Lalonde: Oui, mais le ministre du Travail savait très
bien que non seulement la CECM s'était retirée de la
médiation le 15 mai, mais que, le 16, la CECM avait fait un geste que
votre enquêteur qualifie d'incroyable, de faire des offres finales, un
ultimatum.
M. Morin (Sauvé): Surtout la rupture de la
médiation.
M. Lalonde: C'était le 16 mai, dix jours...
Déjà le 15 mai, c'était fait ça. Alors, de geste
irrémédiable en geste irrémédiable, le ministre de
l'Éducation, qui devait quand même être au courant... En
fait, tous, ici, nous avons lu ça dans les journaux. Je ne sais pas ce
qu'il faisait, le ministre de l'Éducation à ce moment-là,
mais il ne s'en est pas occupé, pas suffisamment en tout cas. Parce que
déjà c'était une impasse; enfin, tous les
éléments de l'impasse étaient apparents à quiconque
ne lisait que les journaux.
M. Morin (Sauvé): C'est inexact.
M. Lalonde: Imaginez-vous pendant ce temps-là, à
part ça, le ministre du Travail avait ses gens qui étaient
là, qui suivaient la situation. Alors, le médiateur a
continué d'ailleurs, d'après ce que vous dites, à tenter
de réparer les pots cassés. Et, le 26 mai, la CECM propose
l'arbitrage; refus de l'Alliance, autre élément d'impasse.
Pourquoi attendre une semaine complète pour se retrouver un dimanche
incapable, naturellement, de convoquer la Chambre qui, de toute façon,
se réunissait deux jours plus tard? Là, il était
réellement trop tard. Il me semble que la mauvaise décision,
c'est le ministre qui l'a prise lorsqu'il a nommé l'enquêteur au
départ au lieu de convoquer l'Assemblée nationale
déjà mercredi ou jeudi. Bon, premièrement.
M. Morin (Sauvé): Vous voulez sortir un marteau-pilon pour
tuer une mouche.
M. Lalonde: Bien, marteau-pilon... Or, c'était une mouche?
C'était une mouche? Alors, les 100 000 enfants que vous auriez
déçus, cet après-midi, c'était une mouche?
M. Morin (Sauvé): Cela aurait pris du temps. Convoquer
l'Assemblée nationale, M. le député, c'est une entreprise
considérable.
M. Lalonde: 100 000 enfants, ce n'est pas suffisant.
Mme Lavoie-Roux: Vous nous convoquez dans huit heures, voyons
donc.
M. Lalonde: Oui, vous nous avez convoqués pour
Hydro-Québec et des choses comme cela et je vous assure qu'on
était là le lendemain. Oui, on était là et on
serait venus.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne sais pas
de quoi...
M. Lalonde: Cela s'est réglé, bien oui, ça
s'est réglé et on a littéralement piétiné
l'autonomie d'un organisme aussi important que la Commission... Je comprends
que ça préoccupe peu les députés.
M. Morin (Sauvé): L'adoption d'une loi spéciale
n'aurait pas eu cet effet-là naturellement.
M. Lalonde: Cela aurait simplement assuré le retour au
travail. C'est ça qui est important, c'est que les enfants aient pu
terminer leur... Mais, ça aurait permis aussi...
M. Morin (Sauvé): Mais ils y sont en ce moment à
l'école, les enfants.
M. Lalonde: Cela aurait permis aussi, par exemple, à la
CECM de prendre ses responsabilités de personnes élues par le
peuple pour les prendre. Que ça plaise ou non au ministre la
façon dont elles les prennent, elles sont responsables devant leurs
électeurs. Je ne veux pas juger du mérite à savoir quel
était le bon geste de l'alliance ou la CECM.
De toute façon, on n'est pas en mesure de le savoir, on n'a
même pas le rapport de l'enquêteur qui va nous être
distribué dans quelques minutes. Le ministre n'a pas répondu
à ma question, à quelle date l'enquêteur a-t-il
commencé son enquête?
M. Morin (Sauvé): C'était, si ma mémoire est
bonne, le 28 mai. Il a été nommé mercredi, le 28 mai.
M. Lalonde: II a fait une enquête, il a commencé le
28 mais, je ne sais pas à quelle heure il a été
nommé.
M. Morin (Sauvé): Oui, il a commencé le 28,
à la fin de la journée.
M. Lalonde: Les 29, 30, 31, trois jours d'enquête.
M. Morin (Sauvé): Et un rapport important, comme vous
allez le voir.
M. Lalonde: Combien de fois a-t-il rencontré la CECM?
M. Morin (Sauvé): Je ne pense pas que le rapport en fasse
mention, mais je sais qu'il a rencontré les deux parties...
M. Lalonde: Votre enquêteur...
M. Morin (Sauvé): ... plusieurs fois, a communiqué
avec elles par téléphone également à plusieurs
reprises.
M. Lalonde: Est-il exact qu'entre-temps, la CECM avait
accepté, tout intransigeante qu'elle fût, de remplacer ses
négociateurs par ceux...
M. Morin (Sauvé): C'est exact.
M. Lalonde: ... qui étaient proposés par
l'enquêteur ou le ministre, je ne sais pas?
M. Morin (Sauvé): C'est exact, mais... M. Lalonde:
Quelle intransigeance.
M. Morin (Sauvé): ... ça n'a pas amené le
déblocage qu'escomptait l'enquêteur. Je pense qu'on sentait qu'on
s'enlisait, qu'on risquait d'entrer dans des négociations qui auraient
pu durer des jours, sinon des semaines.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre a obtenu une opinion juridique
des jurisconsultes du gouvernement...
Mme Lavoie-Roux: ... de l'enquêteur.
M. Lalonde:... sur la validité d'une convention collective
signée par un tuteur nommé en vertu de l'article 14?
M. Morin (Sauvé): La démarche du gouvernement a
été étudiée à de nombreuses reprises par les
juristes gouvernementaux. L'opinion des juristes est à l'effet que le
gouvernement avait le droit de poser ce geste et que la signature par
l'administrateur, dans le domaine des conventions collectives ou dans le
domaine financier ou dans quelque domaine que ce soit, cette signature est
valable et s'impose à la commission scolaire.
M. Lalonde: Vous avez une opinion écrite à cet
effet.
M. Morin (Sauvé): Non, mais j'ai plusieurs opinions
orales.
M. Lalonde: Ah bon, orales, ah oui.
M. Morin (Sauvé): Oui, parce que nous avons
travaillé tout le temps avec nos conseillers juridiques, non seulement
ceux du ministère, mais ceux de la Justice.
M. Lalonde: Je comprends, mais de toute façon, ceux du
ministère font partie du ministère de la Justice.
M. Morin (Sauvé): Je veux dire ceux qui sont
rattachés plus précisément au ministère de la
Justice, le député sait très bien ce que je veux dire.
M. Lalonde: C'est important, il me semble que le ministre aurait
dû faire preuve de plus de prudence, étant donné que ce
coup de force peut entraîner des retombées très graves. Si
la CECM se mettait à penser que la convention collective signée
par un administrateur, en vertu de l'article 14, qui ne semble couvrir que des
gestes d'administration et de fonctionnement, si quelqu'un se mettait à
penser qu'il y a une invalidité possible là-dedans, le ministre
se serait mis les deux pieds dans les plats.
M. Morin (Sauvé): N'importe qui peut penser ça,
tout comme n'importe qui peut penser qu'une loi spéciale se serait
heurtée à des difficultés constitutionnelles, par
exemple.
M. Lalonde: Oui, mais on a des cas nombreux.
M. Morin (Sauvé): On peut penser n'importe quoi, vous
savez.
M. Lalonde: On a des cas nombreux. Un instant, j'espère
que le ministre ne pense pas n'importe quoi. J'espère qu'il a fait
preuve...
M. Morin (Sauvé): Je vous écoute et j'ai
l'impression que vous vous laissez aller à des
élucu-brations.
M. Lalonde: Ah, parce que vous n'y avez pas pensé. Pour
vous, ce sont des élucubrations, la possibilité de contestation
de cette convention collective.
M. Morin (Sauvé): Absolument pas, ça peut arriver,
mais je crois que nous sommes sur un fondement solide.
M. Lalonde: Oui, mais il me semble que l'administrateur, bon
père de famille, dans le sens du code civil, devrait penser à
ça au départ, et s'armer au moins d'une opinion juridique bien
écrite...
M. Morin (Sauvé): L'avis de tous nous...
M. Lalonde: ... parce que c'est un geste, M. le ministre, vous
allez le reconnaître, tout à fait exceptionnel, et le
caractère exceptionnel de ce geste soulève des
inquiétudes...
M. Morin (Sauvé): Comme une loi spéciale.
M. Lalonde:... énormes parmi la population et à bon
droit.
M. Morin (Sauvé): Oh! oui, oh! oui.
M. Lalonde: Et à bon droit. On dirait que le ministre, ne
s'étant pas occupé de cette situation, se réveillant un
jour, a réagi de façon exagérée, comme on dit en
anglais, "over reacted", et est arrivé avec la massue, alors qu'il y
avait d'autres gestes beaucoup plus raisonnables, beaucoup plus usuels, qu'il
était trop tard, naturellement, pour utiliser. Il me semble que le
ministre aurait dû agir avec beaucoup plus de circonspection et de
prudence. C'est grave, de guillotiner un organisme démocratique, ne
serait-ce que pour deux jours, les commissaires qui sont élus...
M. Morin (Sauvé): Nous ne l'avons pas guillotiné,
nous lui avons donné de la tête.
M. Lalonde: C'est cela. Un enquêteur, après trois
jours d'enquête maison, en catimini, sans rapport public, vous dit que M.
Untel est irresponsable. Est-ce que vous allez faire une requête en
interdiction? Soyez logique avec vous-même. Je trouve cela absolument
incroyable. Et le ministre rit, en plus de cela. Imaginez-vous! C'est
épouvantable.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, me donnez-vous
la parole maintenant?
M. Lalonde: C'est épouvantable, parce que vous avez
violé le processus normal de la négociation. Vous l'avez
violé.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le gouvernement
a choisi ce moyen après avoir vérifié sa
légalité et sa constitutionnalité. Nous l'avons fait avec
nos conseillers juridiques à nos côtés et nous avons
estimé que c'était le geste le plus opportun et le plus efficace
dans les circonstances.
Il ne faut pas oublier que si cela n'avait pas été la fin
de l'année, avec les examens qui sont en vue, peut-être que le
gouvernement aurait pu choisir d'autres moyens. Mais devant l'impasse qui
serait survenue si les examens avaient été ratés par les
enfants, étant donné qu'on ne pouvait pas les retarder dans
l'ensemble du Québec pour la CECM, cela aurait été une
catastrophe. Il aurait fallu refaire d'autres examens, parce qu'une fois
utilisés à travers tout le Québec, on ne peut plus les
utiliser dans une commission scolaire qui n'a pas passé les examens le
jour dit. Et la conséquence aurait été qu'il aurait fallu
prendre un temps considérable pour rédiger de nouveaux examens,
lesquels seraient survenus sans doute après le 24 juin. Mais quand? Le
député devrait peut-être réfléchir à
ces questions.
M. Lalonde: J'ai réfléchi, je regrette. Et j'ai dit
que pour l'objectif on était d'accord. Vous n'avez pas pris les
dispositions à temps.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne sais pas
si le député aurait agi avec plus de rapidité encore.
C'est son droit de prétendre qu'il aurait agi sans
réfléchir et en allant encore au plus vite. Nous avons pris le
temps qu'il fallait, en consultant les juristes. Il ne faut pas oublier
qu'après les offres finales et globales de la CECM, il fallait laisser
le temps au syndicat de réagir.
Mme Lavoie-Roux: II a réagi très vite.
M. Morin (Sauvé): II a réagi dans les deux
jours.
Mme Lavoie-Roux: Moins que cela.
M. Morin (Sauvé): En plus de cela, il y a eu la
proposition d'arbitrage faite par la CECM. Je tiens à dire deux ou trois
mots là-dessus: II ne faut pas oublier que cela venait à
l'encontre de toutes les règles du jeu établies, cette
proposition de la CECM. Cela démontrait même qu'elle avait assez
peu de connaissance, en définitive, des mécanismes habituels de
la négociation.
Il ne faut pas oublier que l'Alliance avait accepté la
médiation, que la CECM l'avait rompue. Il ne faut pas oublier que la
CECM, quand elle parle d'un arbitrage, elle ne parle pas du type d'arbitrage
qui a été convenu dans la convention collective. Elle parle d'un
arbitrage sur toute la question de la capacité.
Or, pourquoi le syndicat aurait-il accepté un tel arbitrage,
alors que la conciliation et, de façon plus nuancée, la
médiation lui avaient donné raison sur certains points, M. le
Président?
Mme Lavoie-Roux: Etiez-vous d'accord avec le rapport du
conciliateur, M. le ministre?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ce qui importe
et c'est la seule question sur laquelle nous ayons à nous
prononcer c'est: Est-ce que la convention collective qui a
été signée par l'administrateur paraît correcte aux
yeux du gouvernement? La réponse est oui.
M. Lalonde: Est-ce que vous avez examiné la convention
collective signée par votre administrateur?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président.
M. Lalonde: A quelle date cela a-t-il été
signé?
M. Morin (Sauvé): Longuement, pendant tous les jours qu'a
duré l'enquête, les sous-ministres de l'Education ont suivi le
processus pas à pas pour être bien sûrs que les textes qui
seraient proposés soient conciliates avec l'entente nationale.
M. Lalonde: L'administrateur a été nommé
à quelle date?
M. Morin (Sauvé): Nous avons vu tout à l'heure
qu'il avait été nommé le 28 mai.
M. Lalonde: C'est l'enquêteur. L'administrateur?
M. Morin (Sauvé): L'administrateur a été
nommé le 1er juin.
M. Lalonde: Vers quelle heure?
M. Morin (Sauvé): Au début de l'après-midi,
je pense.
M. Lalonde: Au début de l'après-midi et il a
signé cela le...
Mme Lavoie-Roux: Mais quand la commission l'a-t-elle su?
M. Morin (Sauvé): Je ne me souviens plus de l'heure parce
qu'il y avait plusieurs points à l'ordre du jour. C'est dans le courant
de l'après-midi.
M. Lalonde: Dans le courant de l'après-midi et il a
signé la convention collective dans la nuit.
M. Morin (Sauvé): Aux petites heures du matin, le
lendemain.
M. Lalonde: Alors, il connaissait bien la convention collective.
Il venait d'être nommé administrateur.
M. Morin (Sauvé): II la connaissait. Il avait pris
connaissance du texte pendant toute la journée. Il n'a pas
accepté...
M. Lalonde: Une journée pour un administrateur, alors que
la Commission des écoles catholiques, pendant des semaines, n'a pas
réussi à s'entendre là-dessus.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse.
M. Lalonde: C'était le factotum du ministre, quoi!
(Minuit)
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, il s'agit d'une personne
fort versée dans les relations de travail et en particulier...
M. Lalonde: Une demi-journée.
M. Morin (Sauvé): ... dans les négociations du
secteur de l'éducation, puisque, ne vous en déplaise, il avait
participé aux trois dernières négociations, y compris
celles organisées par votre gouvernement.
M. Lalonde: Une demi-journée pour prendre connaissance
d'une convention collective qui était très controversée et
c'est le ministre qui l'a autorisé à la signer.
M. Morin (Sauvé): Mais, M. le Président, on oublie
qu'il n'y avait plus que quelques articles qui faisaient difficultés, le
reste était accepté par la CECM.
M. Lavoie-Roux: Non, mais c'était tout de même
important.
M. Lalonde: De grandes difficultés.
M. Morin (Sauvé): Sans doute.
Mme Lavoie-Roux: C'était très important.
M. Morin (Sauvé): Mais nous avons nommé une
personne à laquelle votre gouvernement a fait confiance dans les
négociations de 1972 et de 1976.
M. Lalonde: Puis cela prouve quoi?
M. Morin (Sauvé): Cela prouve une chose...
M. Lalonde: Cela prouve que le ministre se cache encore
derrière quelqu'un.
M. Morin (Sauvé): ... cela prouve que M. Duchesne
connaissait très bien les questions liées à
l'éducation et en particulier aux relations de travail en matière
d'éducation.
M. Lalonde: Lui, en douze heures, a réglé un
problème que la CECM n'avait pas pu régler depuis qu'elle avait
commencé à négocier.
M. O'Neill: C'est qu'il était meilleur que la CECM.
M. Lalonde: Elle a commencé à négocier le 17
janvier. Au 30 avril, il y avait déjà 283 heures de
négociation. Lui, en douze heures, il a signé tout cela.
Mme Lavoie-Roux: II a signé sans regarder, voyons donc. Il
ne l'a même pas lue.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il faut bien
comprendre. Le député ne semble pas comprendre comment les choses
se déroulent.
M. Lalonde: Comment elles se déroulent, c'est que vous
avez...
M. Morin (Sauvé): II peut bien penser, M. le
Président; il ne faut être grand clerc pour le savoir, que ces
questions se discutaient depuis des semaines et qu'on en était à
examiner les virgules et les parenthèses...
Mme Lavoie-Roux: On en reparlera des virgules.
M. Morin (Sauvé): ... et que tout le monde connaissait ces
textes quasiment par coeur. Ce n'est pas comme s'il avait eu à
découvrir un monde en deux heures; ces textes-là avaient
été débattus par l'Education, par la CECM, par le syndicat
depuis des semaines.
Mme Lavoie-Roux: Vous discutez des capacités au
ministère de l'Education?
Le Président (M. Lacoste): II est maintenant minuit.
M. Morin (Sauvé): Bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: C'était du ressort du local.
M. Morin (Sauvé): Mais nous avions adopté le
principe.
M. Lalonde: Non pas les modalités.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais non pas ce que cela contenait.
M. Lalonde: Cela fait bien.
Le Président (M. Lacoste): Nous ajournons nos travaux.
M. Morin (Sauvé): Je veux bien ajourner nos travaux, sauf
que le député de L'Acadie vient de dire une chose qui est
inexacte.
Le Président (M. Lacoste): Y a-t-il consentement pour
prolonger?
Mme Lavoie-Roux: Oui, il faut qu'il rectifie, d'accord.
Le Président (M. Lacoste): Consentement.
M. Morin (Sauvé): Pour les négociations locales, le
ministère ne s'est résigné à intervenir
qu'après l'échec de la médiation et de la conciliation par
le ministère du Travail. Ce n'est donc pas à titre de premier
intervenant que nous sommes apparus dans le dossier, c'est parce que le
processus normal avait échoué.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le Président, je pense que ce
n'était pas inexact ce que j'ai dit, parce que le ministre vient de
confirmer que, justement, sur la question de la capacité qui
était le fond du litige, vous aviez laissé aux
négociations locales le soin de tenter de le définir ou de
s'entendre avec l'Alliance. Quand vous nous dites que ce monsieur des relations
de travail il est sans doute un as, je ne le connais pas, il est
certainement un as, il était là sous l'ancien gouvernement
qu'il savait cela depuis longtemps, mais, si on n'en avait pas discuté
au niveau provincial, comment pouvait-il être au courant?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, on en avait
discuté au niveau provincial à plusieurs reprises, lorsqu'on a
établi dans la convention nationale les critères de
capacité et d'ancienneté. Vous pensez bien que ces
choses-là se discutaient depuis des mois, ligne par ligne et virgule par
virgule. Le député de L'Acadie sait bien comment se
déroulent les négociations.
Mme Lavoie-Roux: Mais si cela avait tout été
négocié au niveau provincial, pourquoi était-ce rendu au
niveau local?
M. Morin (Sauvé): Mais cela n'avait pas été
négocié entièrement au niveau national, parce que la
convention renvoyait, le décret du gouvernement renvoyait à la
négociation locale seize points de négociation.
Mme Lavoie-Roux: Dont les capacités.
M. Morin (Sauvé): La CECM et l'Alliance s'étaient
entendues sur quinze points et il restait la capacité à
définir. C'est là-dessus qu'il y avait grève et c'est
là-dessus qu'il y avait impasse totale.
Le Président (M. Lacoste): La commission ajourne ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 0 h 5