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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de l'éducation reprend ses
travaux. Son mandat est d'examiner les crédits du ministère pour
l'année financière 1982-1983.
Les membres de cette commission sont: M. Brouillet (Chauveau), M.
Champagne (Mille-Îles), M. Chevrette (Joliette) remplacé par M.
Payne (Vachon); M. Cusano (Viau), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Mme
Dougherty (Jacques-Cartier), M. Hains (Saint-Henri), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Laurin (Bourget), M. Leduc (Fabre), M. Paquette
(Rosemont).
Les intervenants à cette commission sont: M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. French (Westmount), Mme Harel (Maisonneuve), M. Paré
(Shefford), M. Polak (Sainte-Anne) remplacé par M. Dauphin (Marquette);
M. Proulx (Saint-Jean), M. Rochefort (Gouin), M. Ryan (Argenteuil), M.
Saintonge (Laprairie).
Une voix: M. le Président, je m'excuse, c'est le
député de Gaspé qui remplace M. Chevrette (Joliette).
Le Président (M. Rodrigue): Plutôt que par M. Payne
(Vachon), M. Chevrette (Joliette) est remplacé par M. LeMay
(Gaspé).
M. Paré: Au lieu d'être intervenant, je vais
remplacer M. de Bellefeuille comme membre.
Le Président (M. Rodrigue): Vous remplacez
monsieur...?
M. Paré: M. de Bellefeuille.
Le Président (M. Rodrigue): M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes) remplacé par M. Paré
(Shefford).
Administration générale (suite)
Au moment de la suspension de nos travaux, hier, nous en étions
à l'examen des crédits du programme 1. Est-ce que d'autres
députés veulent intervenir sur le programme 1?
Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: M. le Président, sur le programme 1, nous
ne sommes pas satisfaits des réponses que nous avons reçues, mais
nous sommes prêts à adopter les programmes 1 et 2 sur
division.
Le Président (M. Rodrigue): Vous parlez des
éléments 1 et 2 ou des programmes 1 et 2? Je m'excuse,
pourriez-vous me préciser cela? Les programmes 1 et 2, sur division?
Mme Dougherty: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): Le programme 1, incluant ses
éléments 1, 2, 3 et 4, est adopté sur division. Le
programme 2, incluant ses éléments 1, 2 et 3, est adopté
sur division. J'appelle l'étude du programme 3. Est-ce que des
députés...
Mme Dougherty: Le programme 4.
Enseignement primaire et secondaire public
Le Président (M. Rodrigue): Le programme 4, vous avez
raison. J'appelle l'étude du programme 4.
Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: M. le Président, nous avons deux sujets
primordiaux à discuter, d'abord, la langue et, deuxièmement, le
régime pédagogique. Nous aurons peut-être d'autres
questions.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Saint-Henri.
Remarques générales
M. Hains: M. le Président, c'est avec une sincère
admiration que j'ai écouté hier le discours liminaire du ministre
de l'Éducation. Vous êtes vraiment un fin discoureur, M. le
ministre, souvent retors, mais toujours suave! Évidemment, comme membre
de l'Opposition, je trouve un grand écart entre votre discours et la
réalité. Je sais que vous vous attendez que je relève les
faiblesses et les failles du système plutôt que de louanger vos
réalisations. C'est déjà fait d'ailleurs, car votre
discours était vraiment un magnificat à vos propres et brillantes
performances.
Le député de Marguerite-Bourgeoys hier a bien
démontré que les effets des coupures budgétaires
sévères et improvisées dont se
voit affligé le secteur de l'enseignement primaire et secondaire
mettent en évidence l'écart réel qui existe entre les
espoirs qu'a fait naître la volonté de renouveau et les moyens
employés, imposés pour que ce rêve devienne
réalité.
Les politiques gouvernementales en éducation ont conduit et
conduisent encore à une certaine dégradation des services
offerts, contrairement aux prétentions du ministre de l'Éducation
qui, paradoxalement, dit vouloir donner un second souffle à la
réforme des années soixante. L'énumération sommaire
des effets immédiats des coupures qu'a subies et que subit encore le
système nous peint un tableau très éloquent de recul au
Québec pour la prochaine décennie. Comme l'insinuait hier le
député de Rosemont, afin de ne pas tomber moi-même dans un
délire partisan, je me permets de citer ici une étude de la CEQ
lors de son colloque de l'automne dernier qui avait pour but de faire le point
sur la situation de l'éducation au début des années
soixante. La centrale de l'enseignement avait livré alors publiquement
quelques exemples de sabotage des renseignements primaires et secondaires. Les
voici.
Réduction à leur plus simple expression des services
professionnels aux élèves, diminution ou réduction
à certains endroits de conseillers d'orientation, de
bibliothécaires, de psychologues, etc.
Diminution du soutien pédagogique aux enseignants et enseignantes
par la disparition de nombreux conseillers pédagogiques dans
différentes matières et par la réduction draconienne des
budgets des plans ministériels de perfectionnement alors que le
ministère s'apprête à imposer des nouveaux programmes pour
l'ensemble des disciplines.
Multiplication des fermetures d'options dans les écoles où
l'on offre l'enseignement professionnel. Multiplication encore des fermetures
d'écoles qui créent parfois des conditions difficiles de
fréquentation scolaire.
Rationnement du matériel didactique aux étudiants et
étudiantes. Aucun achat de nouveaux volumes, par exemple, pour les
bibliothèques.
Coupures dans les transports scolaires qui résultent en la
réduction d'activités et amènent le support par les
parents, souvent, de nouveaux coûts.
Reniement des droits des enfants réclamant des exemptions
à l'enseignement religieux, suite à la réduction des
subventions versées pour fournir des services de qualité à
ceux qui en font la demande.
Abolition du programme de soutien à la participation des parents
en dépit du fait que le MEQ a toujours dit vouloir favoriser cette
participation des parents.
Anéantissement, presque, de tout espoir d'élargissement de
l'éducation préscolaire et attaque au peu de service
déjà en place.
Disparition des classes de préscolaire de quatre ans dans les
milieux économiquement faibles.
Suppression des classes d'accueil pour les enfants de quatre ans.
Suppression d'une partie aussi du préscolaire de cinq ans
à temps plein.
Intégration sauvage, quelque peu, des enfants en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage dans les classes
régulières.
Remise sine die de la politique sur l'âge d'admission en
première année, etc.
Cette liste n'est pas exhaustive, M. le ministre, mais nous permet
néanmoins d'affirmer que lorsque des ministres prennent la peine
d'effectuer des tournées de la province pour expliquer à la
population qu'on peut couper des millions en éducation sans sabrer dans
les services, on peut se demander vraiment s'ils sont sérieux ou s'ils
cherchent seulement à nous faire rire pour faire oublier la
réalité.
Outre les effets négatifs des politiques gouvernementales de
coupure, un certain nombre de problèmes dont se préoccupent
soucieusement les agents d'éducation existent encore dans les
écoles primaires et secondaires. Des opinions recueillies par le
comité d'étude de notre formation politique sur la
restructuration scolaire dans les diverses régions du Québec, il
appert qu'on doive retenir en priorité les problèmes suivants:
l'abandon scolaire, la formation professionnelle, l'intégration des
enfants en difficulté d'apprentissage, l'enseignement de l'anglais,
langue seconde et la qualité du français écrit.
L'abandon scolaire. Le plus évident, mais aussi le plus tragique
des signes de dysfonctionnement de l'école publique est sans aucun doute
le phénomène de l'abandon scolaire. De plus, un abandon scolaire,
soulignons-le, représente un coût social non négligeable.
Selon un document officiel du MEQ, ce dernier verse 3600 $ par année
pour chaque élève inscrit à une commission scolaire. S'il
y a abandon en cours d'année, ce montant devient de ce fait un
investissement social qui a cessé d'être productif. Une
récente étude du service de la recherche de votre
ministère révèle que même avant d'avoir atteint la
fin de la scolarité obligatoire, des milliers de jeunes ont
déjà quitté l'institution scolaire. Chaque année,
dit-on, environ 45 000 jeunes ne parviennent pas à obtenir un
diplôme d'études secondaires avant l'âge de 20 ans. Par
ailleurs, sachant que très peu d'entre eux réussissent à
obtenir un tel diplôme à travers le système régulier
d'enseignement à l'âge de 20 ans ou plus, on ne prend guère
de risques en concluant que dans chaque classe d'âge de 40 000 à
45 000 jeunes sur 130 000 n'obtiennent pas un diplôme d'études
secondaires à travers ce système. Ces départs massifs font
chuter vertigineusement
le taux de fréquentation scolaire. De 98% chez les quinze ans, il
passe à 87% chez les seize ans, 65% chez les 17 ans, 40% chez les 18 ans
et à un dramatique 27% chez les 19 ans. Ainsi, en quatre ans, la
débandade est presque totale et un seul jeune sur trois s'inscrit au
cégep.
Une des conséquences de cette désaffection pour
l'école est facile à tirer. Seule la moitié des
élèves entre secondaire 1 et secondaire V réussit à
obtenir un diplôme d'études secondaires, c'est-à-dire un
élève seulement sur deux. Parallèlement au
phénomène du "dropout" apparaît celui de
l'absentéisme qui témoigne encore du manque
d'intérêt des jeunes pour l'école. Selon l'étude
précitée, chaque étudiant du secondaire s'absente en
moyenne cinq jours par année et un étudiant sur quatre ne se
présente pas en classe durant au moins 20 jours par année, soit
11% du temps de la classe. Au cours des récentes années, tant les
institutions que le ministère de l'Éducation ont
développé divers moyens éducatifs pour dépister,
pour prévenir l'abandon scolaire. Mais déceler les candidats
à l'abandon n'est pas tout. Des interventions s'imposent mais demeurent
encore isolées au moment où nous parlons. Aussi me fait-il
plaisir de louer l'initiative de ma commission scolaire, à
Montréal, qui a ouvert en septembre dernier une école de jour
pour décrocheurs dans le nord de la ville. Avant la création de
cette école pour décrocheurs, il y avait peu de
possibilités d'un retour à l'école pour un
déserteur scolaire.
La qualité des services d'aide personnelle à
l'étudiant est de première importance dans la lutte à
l'abandon scolaire. Malheureusement, ces services sont les plus touchés
par les compressions budgétaires décrétées par
Québec. La société québécoise tout
entière a consenti de lourds sacrifices depuis 20 ans pour que des
milliers de jeunes, qui aujourd'hui se détournent de l'école,
puissent avoir accès à une éducation de qualité. Il
est urgent que le ministère redouble d'énergie pour contrer ce
phénomène qui interpelle l'école mais qui pose aussi un
sérieux problème de conscience à la société
tout entière.
L'enseignement professionnel. Le phénomène de l'abandon
scolaire illustre combien l'école demeure un efficace système de
sélection et d'élimination, et l'un des plus sûrs outils
qu'utilise l'école pour éliminer une partie de sa
clientèle est l'existence du secteur professionnel long et court. Pour
bon nombre d'élèves, l'aboutissement du secteur professionnel
constitue bien plus une voie d'évitement ou de garage,
conséquence des faibles résultats obtenus en français, en
mathématiques ou en sciences, qu'un véritable choix
effectué en fonction de leurs aptitudes pour un métier
donné. Bon nombre d'entre eux quittent quelques mois ou quelques
années plus tard sans préparation professionnelle, reconnue ou
sans avoir obtenu de diplôme de formation professionnelle mais les
problèmes à résoudre en formation professionnelle ne
s'arrêtent pas là.
Rappelons les plus évidents: les élèves en
difficulté qui ont les capacités nécessaires ne jouissent
pas des conditions leur donnant accès à des programmes de
formation professionnelle; le cloisonnement du système scolaire, passage
du professionnel court au professionnel long, du secondaire professionnel au
collégial, du collégial à l'université, et
l'exigence de certains préalables dans les matières dites
académiques rendent très souvent difficile l'acquisition d'un
niveau supérieur de formation. La faiblesse de la formation pratique
aussi n'est pas sans rapport avec le manque de liens étroits avec le
monde du travail. Enfin, on note l'absence d'orientation en regard de la
coordination gouvernementale dans ce dossier, plusieurs ministères se
préoccupant de la formation professionnelle, son encadrement
échappant ainsi, notamment, au ministère de l'Éducation.
La formation professionnelle a toujours été le parent pauvre du
système d'éducation au Québec. Qu'on songe seulement que
la recherche pour les développements en pédagogie et dans la
formation des maîtres n'a reçu qu'une part infime des budgets
dévolus à ses activités par le passé. L'adoption
d'un énoncé de politique gouvernementale relatif à la
formation professionnelle est donc une responsabilité à laquelle
le gouvernement ne saurait plus se dérober. Le ministre nous disait
espérer lors des études des crédits l'an dernier pouvoir
présenter à la population dès l'automne 1981 un nouveau
projet de politique qui serait soumis à la discussion publique. À
quel moment le ministre compte-t-il rendre public ce projet de politique fort
attendu sur l'enseignement professionnel? Doter le Québec d'une
main-d'oeuvre ouvrière de qualité pour assurer son
développement, voilà qui justifie amplement l'impatience des
agents des milieux économiques et de l'éducation relativement
à l'élaboration d'un projet de politique qu'on n'en finit plus
d'attendre.
Autre sujet, l'intégration des enfants en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage. Depuis le livre orange sur l'école
québécoise, l'intégration des enfants inadaptés
dans les classes régulières fait dorénavant partie des
objectifs officiels du système scolaire. La manière dont se
déroule toute cette opération délicate, si l'on en croit
une recherche menée par la CEQ sur le sujet, mérite un examen,
sinon une évaluation sérieuse. Selon le syndicat, dans
l'ensemble, les enfants réintégrés souffrent autant de
marginalisation à l'intérieur de leur nouvelle classe qu'ils
pouvaient en souffrir auparavant
et ils ne reçoivent plus maintenant les services disponibles. Et
je continue à citer: II devient difficile de faire en sorte qu'un enfant
reçoive des services spéciaux. Les mesures
suggérées par un professionnel sont appliquées si une
place est disponible dans la classe qui devrait recevoir l'enfant, si les
budgets le permettent et si les ressources sont suffisantes. B: Le nombre
d'enfants intégrés dans une même classe n'est pas
limité et le nombre d'élèves par classe n'est pas
diminué pour tenir compte des enfants en difficulté. Il arrive
même qu'on retrouve plus d'une catégorie d'enfants en
difficulté intégrés dans une même classe. C: Dans
certains milieux, lorsque des mesures de rééducation sont
prévues, il arrive que le manque de personnel en orthopédagogie
oblige à constituer des listes d'attente et les enfants ne peuvent
bénéficier de services que lorsqu'ils sont en tête de
liste. Les étudiants et étudiantes qui ont besoin d'un service
particulier ou de mesures d'appui pédagogique les reçoivent
parfois sur le temps du dîner, le soir ou le samedi. Parfois, on leur
offre de les dispenser d'un cours qui serait très important pour
récupérer dans des matières jugées cependant encore
plus importantes.
L'intégration des enfants en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage dans des classes régulières ne constitue pas,
évidemment, une mauvaise politique en soi. Toutefois, elle doit
respecter un certain nombre de règles, tel que le faisait valoir
récemment l'Alliance des professeurs de Montréal dans un document
intitulé: Pour une éducation à la mesure de l'enfant.
Voici ce que l'on suggère: A: L'intégration doit être
précédée par une période de sensibilisation,
d'information et de préparation des agents de l'éducation. B:
L'intégration devrait être réalisée avec
l'assentiment et la participation de l'enfant et de ses parents, après
avoir déterminé les besoins spécifiques qu'il requiert. C:
L'intégration devrait être accompagnée d'un ratio
allégé maître-élèves de façon à
ne pas surcharger l'enseignant. L'intégration appuyée par des
moyens de soutien du matériel, humain et matériel adéquat
et enfin mise en oeuvre dans des classes où l'enseignant est volontaire
et bien préparé.
Les politiques gouvernementales en éducation conduisent non
seulement quelquefois à une dégradation des services offerts par
les écoles publiques, comme nous venons de le voir, mais dans ce cas
précis souvent, elles frappent de plein fouet une clientèle qui
est démunie, celle des enfants en difficulté d'apprentissage.
L'intégration ne se fera pas sans grincements tant que les services dans
les classes spéciales ne correspondront pas aux besoins des
étudiants. (10 h 30)
L'enseignement de l'anglais, langue seconde. La question de la
qualité et de l'efficacité de l'enseignement de l'anglais comme
langue seconde préoccuppe énormément les parents
francophones depuis longtemps, surtout lorsqu'ils comparent les
résultats du système scolaire de langue française sur ce
point avec l'efficacité des moyens présumés des classes
d'immersion pratiquées dans le secteur anglophone depuis un certain
nombre d'années. S'il faut féliciter le ministère pour
l'effort qu'il a déployé pour le renouvellement des programmes
d'anglais, langue seconde, au primaire et au secondaire, on ne peut manquer
cependant de dénoncer le fait que les conditions minimales, essentielles
à leur réalisation, professeurs, spécialistes, temps
d'enseignement requis, moyens d'enseignement, etc., ne leur sont pas
accordées actuellement.
Dans une lettre adressée en septembre dernier au ministre de
l'Éducation, la société pour la promotion de
l'enseignement de l'anglais, qui regroupe quelque 700 membres provenant des
divers secteurs de l'enseignement, considère même que
l'enseignement de l'anglais, langue seconde, est en péril. Les
interrogations soulevées par cet organisme sont fort pertinentes et
méritent que le ministre fournisse des explications publiques. Comment,
disent-ils, M. le ministre, pourrons-nous faire en sorte que les nouveaux
programmes d'anglais, langue seconde, qui seront lancés sous peu
puissent porter les fruits escomptés quand les conseillers
pédagogiques disparaissent massivement des commissions scolaires?
Comment sera-t-il possible de donner suite aux étapes prévues
pour l'information, l'animation et le soutien pédagogique indispensables
à la compréhension et à l'application judicieuse des
programmes d'étude si l'encadrement spécialisé pour y
parvenir est mis en disponibilité? Comment continuer à poursuivre
des efforts investis dans le perfectionnement des maîtres qui accuse un
retard certain en ce qui a trait aux compétences linguistiques minimales
si tous les plans de perfectionnement disparaissent comme par enchantement?
Comment continuer à faire en sorte que les travaux d'avant-garde
menés par votre ministère, de concert avec le milieu, dans le
domaine de l'élaboration des programmes portent des fruits réels
et dépassent l'étape de programmes cités en exemple par
d'autres provinces, voire par d'autres pays, quand toutes les ressources dans
le domaine de l'innovation et de la rénovation se sont elles aussi
maintenant volatilisées?
Le Président (M. Rodrigue): II faudrait conclure. Votre
temps est écoulé.
M. Hains: Oui, encore une petite minute. En dépit du fait
que l'enseignement de l'anglais, langue seconde, est un terrain
presque miné au plan sociopolitique au Québec, le ministre
doit avoir le courage de proposer une telle politique dans le but d'offrir
à tous les Québécois qui le veulent la possibilité
d'acquérir à l'école publique, au secondaire comme au
collégial, une maîtrise satisfaisante de l'anglais. Je termine.
J'aurais voulu parler du français écrit mais le temps me
manque.
Conclusion. Parce que nous venons de rappeler au ministre quelques
conséquences désastreuses des politiques de son gouvernement en
matière d'éducation, il ne faudrait pas croire que le Parti
libéral du Québec s'inscrit en faux contre la
nécessité de faire face à la décroissance et contre
le fait que le ministère de l'Éducation, comme les autres
secteurs d'activité, doit lui aussi fournir un effort au chapitre de la
compression et des dépenses publiques. Seulement, la
détérioration de la qualité de l'enseignement primaire et
secondaire s'aggrave quelquefois dangereusement et il nous semble
nécessaire, M. le ministre, de revoir les implications réelles
des dernières coupures budgétaires sur la qualité
pédagogique dans les écoles et surtout de prévoir les
effets des futures coupures dans le même ministère. Merci.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Mille-Îles.
M. Lalonde: Si le député de Mille-Îles me le
permet, j'aurais une question urgente à poser au ministre. Il s'agit
d'une information que je viens d'avoir selon laquelle il y aurait une dizaine
de milliers d'étudiants qui manifesteraient pour la troisième
journée consécutive à Montréal. Il y aurait des
bris de propriété; des menaces et des manoeuvres pour tenter de
faire sortir d'autres élèves. Apparemment, d'après ce que
j'ai entendu dire, les policiers ont fait quelques douzaines d'arrestations. Je
me demande si le ministre ne pourrait pas s'informer de l'exactitude des
informations que j'ai eues et en informer la commission dans les meilleurs
délais.
M. Laurin: Nous vérifierons immédiatement.
M. Lalonde: Naturellement, M. le Président, vous comprenez
qu'il s'agit de cette manifestation à l'égard de la note de
passage qui est passée de 50% à 60% dans le nouveau régime
pédagogique. Si le ministre pouvait profiter de cette commission pour
rassurer ou, enfin, expliquer la position qu'il a. Il semble que ce ne soit pas
clair, que les étudiants n'aient pas encore compris.
M. Laurin: D'accord.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne: Merci, M. le Président. J'aurais quelques
questions à poser au ministre de l'Éducation sur trois sujets,
entre autres, les services de garde en milieu scolaire. Le développement
des services de garde en milieu scolaire a connu un très grand
succès depuis quelques années. La syndicalisation des personnels
affectés à la garde en milieu scolaire devient de plus en plus
pénible dans le sens où les salaires demandés par
certaines unités syndicales augmentent les tarifs journaliers qui
viennent à la charge des parents qui utilisent ce service de garde. Le
parent à faible revenu a particulièrement de la difficulté
à contourner et à faire face à ces montants exigés
face à la syndicalisation du personnel affecté à la garde
en milieu scolaire.
On sait que le gouvernement a fait un grand effort, entre autres, dans
le cadre de la loi 77 pour améliorer le service de garde soit en milieu
scolaire ou dans l'entreprise privée. On s'aperçoit que le
service de garde en milieu scolaire a connu un très grand succès
si on en juge par la croissance des budgets accordés. Si on regarde
l'année 197B-1979, 53 000 $ étaient consacrés aux services
de garde en milieu scolaire et, en 1981-1982, 1 867 000 $. On s'aperçoit
que le nombre d'enfants gardés a aussi augmenté d'une
façon très appréciable.
La question que je veux poser face à cette situation de la
syndicalisation est celle-ci: Comment le ministère de l'Éducation
entend-il contourner cette difficulté pour rendre accessible le service
de garde à la plus grande clientèle possible, surtout la
clientèle des personnes à faible revenu? Ma deuxième
question est celle-ci: Comment le ministère de l'Éducation
entend-il favoriser davantage ce service de garde en milieu scolaire?
Question de directive, M. le Président. Est-ce que je pourrais
revenir pour mes deuxième et troisième questions?
Le Président (M. Rodrigue): Certainement.
M. Champagne: D'accord.
Le Président (M. Rodrigue): Si vos questions sont
prêtes, pourriez-vous les poser? Le ministre en prend note.
M. Champagne: J'aimerais entendre la réponse. Ensuite, je
poserai mes deuxième et troisième questions.
Le Président (M. Rodrigue): II y a toujours
possibilité de revenir.
M. Champagne: Merci.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Viau... à moins que vous préfériez répondre tout de
suite. Préférez-vous attendre?
M. Laurin: Cela m'est égal.
M. Lalonde: M. le Président, on pourrait peut-être
s'entendre là-dessus. Comme le député de Mille-Îles,
je préférerais que le ministre réponde aux questions
immédiatement après qu'elles soient posées. Autrement, il
va avoir une série de 123 questions, il va prendre 4 heures et demie de
suite et il va perdre notre concours.
M. Laurin: Effectivement, le député de Saint-Henri
m'a posé beaucoup de questions, il a fait beaucoup de critiques.
Répondre adéquatement à chacune de ses questions
demanderait beaucoup de temps. Pour éviter de passer trop de temps
à répondre, je pense que je vais me faire aider par mon
sous-ministre adjoint au secteur primaire et secondaire qui va peut-être
répondre plus brièvement que je le fais habituellement.
M. Lalonde: C'est unanime, M. le Président.
M. Laurin: Je veux d'abord remercier le député de
Saint-Henri de son exposé très bien structuré. Je le
remercie pour les fleurs, les roses qu'il m'envoie dans lesquelles j'ai quand
même découvert quelques épines.
M. Lalonde: Le pot s'en vient.
M. Laurin: Le pot viendra probablement.
M. Lalonde: Est-ce que je peux vous interrompre? Je m'excuse
auprès du ministre. Le député de Saint-Henri a dû
quitter pour quelques minutes, pour une intervention à faire en
Chambre.
M. Laurin: Ah bon!
M. Lalonde: Ce n'est pas parce qu'il voulait s'absenter.
M. Laurin: J'ai déjà été dans
l'Opposition, je sais qu'on doit changer de mousquet souvent, comme Madeleine
de Verchères, pour faire croire qu'on est nombreux ou qu'on a beaucoup
de choses à dire.
M. Lalonde: Comme Madeleine de Verchères ou bien
comme...?
M. Laurin: Le député de Saint-Henri, lui aussi,
reprend le refrain d'une détérioration ou d'une
dégradation des services, mais je pense qu'il a été mal
inspiré de reprendre à son compte le plaidoyer négativiste
que la Centrale des enseignants du Québec fait
régulièrement dans la lutte qu'elle mène au gouvernement
pour le maintien de ses avantages. Parce que dans ce plaidoyer de la CEQ il y a
aussi, à l'exemple de l'exposé du député de
Marguerite-Bourgeoys d'hier, beaucoup d'erreurs, beaucoup de déformation
et beaucoup d'exagération.
M. Lalonde: Tous les autres font des erreurs, sauf vous!
M. Laurin: Cela me prendrait un peu de temps pour les relever
toutes, mais je pense que sur ce point je vais demander à M. Rousseau de
répondre à certaines questions. Est-ce vrai qu'il y a eu une
réduction des services professionnels ou du soutien pédagogique,
particulièrement en ce qui concerne les conseillers pédagogiques,
aussi marquée au cours de la dernière année?
Sur cela, de 1979 à 1982 les statistiques démontrent que
la baisse de clientèle de la population scolaire a été de
6,2%, alors que les commissions scolaires ont mis en disponibilité 4,9%
du personnel professionnel non enseignant qui assume actuellement dans les
commissions scolaires les responsabilités, tant d'animation
pédagogique que d'implantation des régimes pédagogiques ou
des programmes d'études. Ce qui veut dire qu'il s'agit là de
décisions locales. Nos règles budgétaires prévoient
une diminution qui correspond à une diminution de clientèle. Il y
a un certain nombre de compressions qui ont été ajoutées
mais l'ensemble des règles, puisqu'il y a transférabilité
totale, nous amène à indiquer que leur impact en ce qui concerne
le personnel dont on a fait état, est inférieur à l'impact
dû à la diminution de la clientèle.
En ce qui concerne la détérioration des plans de
perfectionnement pour les enseignants, je pense que je peux dire que s'il y a
eu diminution, la faute n'en incombe sûrement pas au ministère
parce que les sommes prévues pour le perfectionnement des enseignants
sont inscrites dans la convention collective que nous avons signée. Le
gouvernement prévoit une somme de 141 $ par enseignant. Il est vrai
qu'il y a moins d'enseignants, donc les sommes ont peut-être pu diminuer;
mais, il reste que les sommes prévues sont considérables et n'ont
pas varié depuis trois ans.
Comment ce perfectionnement se fait-il? Là, le ministère
n'en est pas entièrement responsable puisque les projets de
perfectionnement sont établis conjointement par les enseignants et par
les commissions scolaires. Le ministère a très peu à dire
sur cela.
II y a une autre forme de perfectionnement aussi, qui est l'implantation
des régimes pédagogiques; mais, là aussi, le nombre de
journées pédagogiques est prévu par les conventions
collectives. Je crois, au contraire, que les journées
pédagogiques consacrées à l'implantation des nouveaux
programmes ont fortement augmenté, vu l'introduction du nouveau
régime pédagogique. Mais, est-ce que cela se fait aussi bien que
cela pourrait se faire avec la régularité ou l'intensité
voulue? Cela, je ne peux l'assurer parce que cela ne relève pas de la
juridiction du ministère. Je ne sais pas si M. Rousseau veut ajouter
quelque chose sur ce sujet.
Le Président (M. Rodrigue): M. Girard.
M. Laurin: II y a également un programme de
perfectionnement des maîtres de l'enseignement du français qui
existait depuis six ans et pour lequel nous avons diminué les
crédits, étant donné qu'un très grand nombre de
professeurs de français avaient eu l'occasion de se perfectionner. Par
ailleurs, dans le même temps où l'on diminuait les fonds
accordés au programme de perfectionnement des maîtres de
l'enseignement du français, on mettait sur pied un programme de
perfectionnement des maîtres de l'enseignement professionnel, ce qui est
actuellement une priorité, en faisant un essai à
l'Université du Québec, à Trois-Rivières et un
essai à l'Université de Sherbrooke pour les maîtres de
l'enseignement professionnel long et nous songeons à des programmes de
perfectionnement à l'enseignement supérieur pour les
maîtres de l'enseignement professionnel court. Il y a donc eu un
transfert des programmes de perfectionnement des maîtres pour
l'enseignement du français vers les maîtres de l'enseignement
professionnel, ce qui était demandé et ce qui correspond à
l'une des priorités dans le cadre de la nouvelle politique de
l'enseignement professionnel. (10 h 45)
J'ajouterais, peut-être, qu'en ce qui concerne les plans de
perfectionnement qui accompagnaient généralement les suites
d'évaluation plutôt négative de certains enseignements,
comme par exemple l'enseignement du français, et bien, ces programmes
ont été maintenus et ont réalisé les objectifs qui
étaient poursuivis, en ce sens que le plan de développement des
langues en français, langue maternelle au primaire, prévoyait que
21% des enseignants du primaire iraient chercher un certain nombre de
crédits pour pouvoir réaliser les objectifs des programmes. Ainsi
21% des enseignants du primaire ont suivi ces cours de perfectionnement
jusqu'en 1979. Par après, à la suite de la consultation sur le
livre vert, plutôt que d'accompagner chacun des programmes d'une
obligation de fréquenter l'université ou encore d'entreprendre
une scolarité spécifique pour ce programme, étant
donné le taux de scolarité de nos enseignants, étant
donné également l'intérêt qu'ils avaient d'oeuvrer
avec de meilleurs outils, il a été convenu que pour chacun des
programmes - et j'ai ici un exemple, le programme de français - les
équipes d'enseignants qui ont oeuvré à la conception et
à la réalisation de ce programme et qui oeuvrent à son
implantation, prépareraient des guides pédagogiques pour
permettre aux professionnels enseignant dans les écoles primaires comme
dans les écoles secondaires, de se les approprier eux-mêmes, avec
les moyens qui puissent leur permettre d'être autonomes dans leur propre
apprentissage, par rapport aux éléments nouveaux. Ainsi pour
chacun des programmes du primaire, nous avons complété des guides
pédagogiques et ils sont très nombreux. Ici, en français,
seulement pour la question de la littérature de jeunesse, nous avons
publié trois guides. Il y a également des guides pour
l'apprentissage du français écrit, pour la communication orale.
C'est la même chose en mathématique, en science de la nature, en
histoire et géographie et en économie, au niveau de
l'enseignement primaire.
Déjà, nous avions ces guides pour d'autres types
d'enseignement, comme l'enseignement moral ou l'enseignement religieux.
Ce qui veut dire que l'implantation des programmes peut se
réaliser à la fois par des cours ou par des sessions de
perfectionnement, mais étant donné la dispersion des enseignants,
pour assurer l'égalité des chances, nous croyons qu'aussi il y a
avantage à ce que les enseignants aient en main des outils pour qu'ils
puissent eux-mêmes s'approprier les objectifs de ces programmes et les
réaliser.
Quant à la fermeture des options professionnelles, cette critique
m'étonne beaucoup. On sait que les nouveaux régimes
pédagogiques prévoient un report de la formation professionnelle
à la troisième année et même à la
quatrième année du programme secondaire, en vue de donner aux
étudiants une formation générale plus solide. On peut donc
reporter les options professionnelles, mais je ne sache pas qu'on en ait
diminué le nombre sauf si cela est exigé par une
décroissance de la clientèle ou par un meilleur
aménagement géographique des options en fonction de la
clientèle. Mais là, encore une fois, il y a des décisions
qui doivent être prises par les commissions scolaires ou conjointement
entre les commissions scolaires et le ministère de l'Éducation.
Sur un plan plus technique, je demanderais au sous-ministre adjoint de
faire
le point.
Je n'ai pas d'autres points à ajouter sur cette question.
Au contraire, je crois plutôt que le nombre des options
professionnelles augmente en ce sens que nous poursuivons constamment des
études sur un meilleur lien à établir entre les
priorités du développement économique du Québec et
l'enseignement. Par suite de ces contacts, de ces études, de ces
recherches qui sont faites, il arrive régulièrement que dans
certaines régions où on renouvelle les programmes d'options
professionnelles ou on aménage dans une direction différente, des
options existantes, de façon, encore une fois, à offrir des
programmes qui correspondent aux aptitudes et aux goûts de
l'étudiant, en même temps qu'aux priorités du
développement économique du Québec et en particulier au
développement de l'industrie.
Quant aux fermetures d'écoles, je vous rappelle que mon
prédécesseur a établi une politique en vue d'en diminuer
le nombre, mais cette politique n'a pas eu tous les résultats
escomptés, en ce sens qu'elle ne reposait pas sur les assises juridiques
appropriées, en ce sens que cette responsabilité revient d'abord
aux commissions scolaires. C'est aux commissions scolaires qu'il appartient
d'évaluer les seuils au-delà desquels une école doit
rester ouverte ou fermée. Les commissions scolaires, comme je
l'expliquais, hier, reçoivent une enveloppe à même laquelle
elles établissent leurs propres besoins et décident d'approprier
ces fonds à une école ou à l'autre selon les
critères qu'elles ont établis.
C'est d'ailleurs un des buts de la réforme scolaire que de
diminuer et même d'abolir, pour une période de cinq ans, toute
fermeture d'école. La réforme scolaire, aussi, entend proposer un
nouveau système pour le maintien ou l'abolition des écoles,
où ce sont les écoles qui auront le mot le plus important
à dire, soit par l'opinion qu'elles émettront, soit en
concertation au sein de la nouvelle commission scolaire, le ministère
s'engageant à respecter cet avis. Je suis conscient du drame que causent
à beaucoup de parents les fermetures d'écoles. J'ai eu à
vivre ce drame dans mon comté comme probablement plusieurs
collègues. C'est justement a la suite de tous ces incidents dramatiques
que le gouvernement pense à décréter un moratoire de cinq
ans sur les fermetures d'écoles, car l'école constitue une sorte
de levain dans le milieu où elle est implantée et il ne faudrait
pas décider du maintien ou de la fermeture d'écoles uniquement
pour des raisons financières, étant donné le rôle
pédagogique, social et culturel extrêmement important que joue une
école et étant donné l'intérêt qu'il y a pour
les parents à envoyer leurs enfants dans des écoles le plus
près possible du domicile.
Quant au rationnement du matériel didactique et de la diminution
des crédits affectés aux bibliothèques scolaires dont on
se plaint qu'ils ont diminué d'une façon marquée,
là aussi je demanderais à M. Rousseau de faire le point.
Pour cette question, comme vous le savez, les allocations pour permettre
l'ensemble des dépenses, que ce soit d'énergie ou de
matériel didactique ou d'achat de livres de bibliothèqge,
constituent une allocation globale, transférable, mais au cours des deux
dernières années, nous avons indexé, à la
satisfaction des commissions scolaires, les coûts d'énergie, et
pour l'année 1982-1983, à la suite de la consultation sur les
règles budgétaires, le ministère de l'Éducation a
indexé considérablement les coûts d'énergie. En
plus, au cours de 1981-1982 et de façon récurrente pour
1982-1983, le ministère de l'Éducation a ajouté 6 000 000
$ à l'enveloppe "autres coûts", justement pour permettre le
renouvellement des manuels scolaires, des livres des bibliothèques et du
matériel didactique qui pouvaient être utilisés à
l'intérieur des écoles.
En ce qui concerne l'implantation des nouveaux programmes
d'études, lorsque les manuels scolaires auront été
approuvés - et nous en avons déjà un certain nombre en
instance d'approbation - il va de soi, tel qu'il a toujours été
indiqué, que l'enveloppe "autres coûts" se verra augmentée
d'un montant qui pourra permettre aux commissions scolaires de renouveler leur
inventaire dans les manuels scolaires. Sauf que ces manuels scolaires entreront
au cours des six prochaines années dans les écoles puisque
l'implantation ou les obligations à l'égard de l'implantation des
programmes s'étend sur les six prochaines années dans les
commissions scolaires.
Sur les bibliothèques scolaires?
C'est la même enveloppe et les 6 000 000 $ optaient pour les deux.
En plus, sur les bibliothèques scolaires, tel que prévu dans le
plan d'action, la Direction générale du matériel
didactique du ministère prépare actuellement un document qui
pourra permettre aux commissions scolaires de mettre en commun des services
pour assurer une meilleure utilisation des bibliothèques dans les
écoles primaires et dans les écoles secondaires.
La CEQ, par la voix du député de Saint-Henri, nous
reproche aussi une diminution du transport scolaire. J'ai plutôt
l'impression que le budget du transport scolaire augmente, je crois qu'il est
rendu à 191 000 000 $ actuellement. Je sais que les commissions
scolaires et le ministère aussi tentent d'aménager les
écoles de façon à réduire la
nécessité du transport scolaire, à la demande même
des parents. C'est une
demande qui nous a été souvent formulée lors de la
consultation sur le livre vert. Je crois quand même que les
crédits ont été augmentés à l'occasion des
nouveaux contrats qui ont été signés entre les commissions
scolaires et les transporteurs. Je ne crois donc pas, que le transport scolaire
soit inadéquat. Les critères n'ont pas changé, ils sont
demeurés les mêmes. Les sommes ont été
augmentées. Je ne sais donc pas d'où vient cette affirmation que
le transport scolaire soit inadéquat. Là aussi, je demanderais
à M. Rousseau d'ajouter quelques informations.
Je pense que, pour appuyer également ce que le ministre de
l'Éducation vient d'indiquer, il faut rappeler qu'au cours de l'automne
dernier, le gouvernement a adopté une législation qui propose que
les commissions scolaires financent le transport scolaire à même
une enveloppe qui pourrait être transférable à l'enveloppe
de l'éducation. La consultation qui a été entreprise par
le ministre des Transports, auprès des commissions scolaires, l'a
amené à proposer cette mesure législative, après
s'être rendu compte que les commissions scolaires étaient
très intéressées à une parfaite
transférabilité ou une totale transférabilité entre
les budgets de transport et les budgets venant du ministère de
l'Éducation. Puisque la consultation a conduit à cette
législation, nous pouvons également croire que les commissions
scolaires, pensent, par une gestion encore plus articulée de leur
système de transport, même possiblement, réaliser un
certain nombre d'économies pour pouvoir faire également des choix
en ce qui concerne tant les fermetures d'écoles que le transport des
étudiants.
J'ajouterais, enfin, que c'est une intention du ministère de
réduire au maximum le transport scolaire, à la demande, encore
une fois, des parents et particulièrement des parents qui ont des
enfants au primaire. Il est difficile pour les parents d'accepter que leurs
enfants passent, parfois des heures, le matin et le soir, dans des autobus qui
ne sont pas dotés d'une atmosphère particulièrement
pédagogique, en plus des fatigues qu'elles imposent aux enfants. C'est
la raison pour laquelle nous proposerons dans notre projet de réforme,
d'intégrer, là où c'est possible, des classes de
secondaire I et de secondaire II aux écoles primaires actuelles afin de
diminuer l'importance du transport scolaire. Je pense que cette mesure sera
éminemment pédagogique, répondra aux voeux des parents et
qu'elle constituera également un acquis sur le plan du
développement de l'enfant, aussi bien de son développement
personnel que de son développement social.
On nous reproche également d'avoir réduit, non pas le
droit à l'exemption, mais l'exercice du droit à l'exemption. On
en attribue uniquement la cause à une diminution des crédits. Nos
informations sont à l'effet que, là où il y a eu
réduction du droit à l'exemption, c'est bien plus en raison de
facteurs locaux où, par exemple, on ne s'est pas préoccupé
d'identifier le nombre exact d'enfants qui demandaient l'exemption et
d'organiser à leur intention des horaires et des classes qui leur
permettraient d'exercer ce droit. Là aussi, sur le plan strictement
budgétaire et même technique, je demanderais à M. Rousseau
de compléter ma réponse. (11 heures)
En ce qui concerne le dossier ou le financement par allocations
supplémentaires pour l'exemption de l'enseignement religieux, les
montants se sont accrus considérablement entre 1980-1981 et 1981-1982.
En 1982-1983, suite à la consultation sur les règles
budgétaires, nous avons convenu avec les commissions scolaires de placer
ces montants dans l'enveloppe de base. L'exercice du droit à l'exemption
relève d'un règlement du comité catholique. C'est la
responsabilité de la commission scolaire d'appliquer cette règle
pour ses écoles qui ont un statut confessionnel. Les mesures d'appoint
qui avaient été apportées par le ministère de
l'Éducation ont permis la mise en place de structures, la mise en place
de soutien, mais ne visaient aucunement à financer l'ensemble des
dépenses de l'exemption. C'était là des mesures d'appoint.
Elles demeurent, mais maintenant à l'intérieur de l'enveloppe
générale de l'allocation, ce qui veut dire qu'on ne retrouve plus
dans les rubriques d'allocations supplémentaires l'allocation touchant
l'exemption puisqu'elle a été glissée dans l'enveloppe de
base, suite à la consultation avec les commissions scolaires.
Quant à la participation des parents à l'éducation
de leurs enfants par le moyen des comités d'écoles ou des
comités de parents qu'on nous accuse d'avoir comprimée
également, je pense qu'elle fait l'objet d'une préoccupation
constante du ministère, il est possible là aussi que les
compressions budgétaires aient amené certaines commissions
scolaires à faire des choix qui diminuent les allocations
consacrées à ce chapitre, mais en ce qui concerne le
ministère, en tout cas, nos contacts avec la Fédération
des comités de parents ne font que s'intensifier, la collaboration
également ne fait que s'intensifier, et malgré les compressions
nous pensons que l'objectif doit demeurer le même et qu'on doit continuer
à faire en sorte que cette participation devienne plus effective, mais
là aussi je demanderais à M. Rousseau de compléter ma
réponse.
J'ajouterai sur cette question tout d'abord que le financement des
animateurs, des comités d'écoles et des comités de
parents, qui se trouvent à l'intérieur de
chacune des directions régionales et qui sont choisis avec la
collaboration de la Fédération des comités de parents, n'a
pas diminué; au contraire, la participation du budget interne du
ministère, à l'intérieur du budget 2, s'est accrue au
cours de 1981-1982, et sera également accrue au cours de 1982-1983.
Ajoutons à ceci, c'est une indexation d'environ 7% reliée, mais
il faut dire que ce ne sont pas des employés, des fonctionnaires, mais
bien des parents qui se partagent ce budget avec la collaboration de la
Fédération des comités de parents.
J'ajoute à ceci que la Direction générale de
l'éducation des adultes a planifié, au cours de l'année
dernière, des modules pour assurer une formation des parents dans les
commissions scolaires. Ces modules ont été préparés
avec des comités d'écoles et des comités de parents, et
également de concert avec la Fédération des comités
de parents. En 1982-1983, la Direction générale de
l'éducation des adultes expérimentera et répandra la
réalisation de ces objectifs. Ces programmes seront donc à la
disposition des parents et des commissions scolaires.
J'ajouterais également qu'à l'intérieur du budget
2, qui est déjà adopté, mais je pense que cela vient
compléter la réponse, la Direction générale du
développement pédagogique, toujours de concert avec la
Fédération des comités de parents, prépare,
à l'intention des parents, un résumé, pour ne pas dire une
traduction, des programmes d'études de manière à assurer
une meilleure participation des parents, non seulement dans l'activité
collective de l'école, mais également des parents dans leur
activité individuelle avec les enseignants.
Je demanderais aussi à M. Rousseau de faire le point sur nos
projets et nos réalisations en ce qui concerne l'éducation
préscolaire et de nous expliquer les raisons pour lesquelles nos projets
ne se réalisent pas aussi rapidement que prévu.
Dans le cas du préscolaire, l'enseignement au niveau des classes
maternelles, 5 ans, est maintenant généralisé depuis un
certain nombre d'années. Il n'y a pas eu de croissance,
évidemment à cause du coût de ces croissances pour
l'ensemble de la population. Cependant, en ce qui concerne les enfants de 4 ans
de milieux économiquement faibles, malgré les compressions
budgétaires de 1981-1982 et de 1982-1983, il n'y a pas de disparition de
classes de 4 ans en milieux économiquement faibles; il y a un maintien
des classes de 4 ans en milieux économiquement faibles. Nous aurions
prévu une croissance plus rapide, mais la rareté des ressources
nous a empêchés d'assurer cette croissance.
En ce qui concerne les classes d'accueil pour les enfants de 5 ans, le
budget s'accroît de 1981-1982 à 1982-1983 puisque, cette
année, nous avons dépensé 13 500 000 $. L'an prochain,
pour les classes d'accueil nous prévoyons un budget de 16,6%.
Il est exact que les classes d'accueil pour les enfants de quatre ans
ont été abandonnées. Nous avons maintenu les classes
d'accueil à temps plein pour les enfants de cinq ans, mais nous avons
également ajouté des services d'accueil pour les enfants qui sont
accueillis à d'autres niveaux, au niveau primaire comme au niveau
secondaire, et des services et des classes de francisation. Nous sommes en
train d'évaluer les résultats de ces programmes, mais,
jusqu'à ce jour, nous croyons que, puisqu'un bon nombre d'enfants de
quatre ans étaient intégrés dans une classe
française à cinq ans sans difficulté majeure, notre
expérience auprès des enfants de cinq ans, auprès des
maternelles à temps plein nous amènerait probablement à
conclure que le même pourcentage d'enfants pourront être
intégrés en première année dans les classes
françaises pour 1982-1983. Cependant, les résultats de cette
évaluation ne sont pas encore connus.
Reprenant une affirmation de la CEQ, le député de
Saint-Henri parle à son tour d'intégration sauvage. Il revient
sur la question à la suite de la tournée que l'équipe
libérale a faite dans certains comtés. Il pose tout le
problème de l'intégration des inadaptés à
l'école régulière.
Je rappelle au député de Saint-Henri que,
déjà il y a quelques années, le ministère a fait
connaître ses intentions dans son livre blanc sur l'enfance en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage. La philosophie de cette
intégration était très claire. Il s'agissait de mettre
fin, dans toute la mesure du possible, à la marginalisation, à la
"ghettoïsation", à la discrimination dont ces enfants
étaient les victimes. On y mettait l'accent sur la
nécessité de la scolarisation comme instrument indispensable pour
le développement maximal et intégral de ces enfants et on y
mettait aussi l'accent sur l'importance de la scolarisation pour l'insertion
sociale et le développement social de ces enfants.
Évidemment, il s'agit d'une nouvelle politique, et on sait que
toute nouvelle politique, surtout lorsqu'elle implique des changements majeurs,
ne peut s'implanter que lentement et qu'elle exige, pour une bonne
implantation, des efforts marqués sur le plan de l'information, sur le
plan de la sensibilisation également des divers agents, sur le plan de
la fourniture des instruments didactiques appropriés au plan du
perfectionnement. Le ministère en est très conscient et, depuis
que notre politique est publique, nous avons oeuvré dans ce sens et nous
avons tenté de nous assurer de la collaboration de tous les organismes
régionaux et locaux.
Je pense qu'on peut signaler des progrès remarquables dans cette
direction. Je disais hier que nous sommes en train de réussir
l'intégration des déficients légers au sein des classes
régulières. Je disais que nos derniers rapports nous indiquent
que 44% des déficients légers sont maintenant
intégrés dans les classes régulières et que ces
enfants peuvent compter sur un soutien pédagogique ou
orthopédagogique approprié.
Quand on compare le point d'où nous sommes partis il y a trois
ans et les résultats dont on peut faire état en 1982, je pense
qu'il y a lieu de se féliciter, tout en constatant cependant qu'il y a
encore beaucoup de travail à faire. Ce travail reste difficile, parce
qu'il implique toutes les mesures dont je viens de parler, mais, en plus, il
implique aussi un changement de mentalités, un changement d'attitudes,
il implique des efforts concertés, des motivations de la part de tous
les agents d'éducation et, la nature humaine étant ce qu'elle est
et les préoccupations syndicales aussi étant ce qu'elles sont, il
n'est pas toujours facile de progresser aussi vite que nous le voudrions dans
cette direction.
Je reconnais avec le député de Saint-Henri que
peut-être ces élèves sont intégrés dans des
classes où les conditions ne sont pas toujours très favorables.
Il peut se trouver un trop grand nombre d'enfants inadaptés dans la
classe, ce qui exige un effort marqué de la part du professeur, ce qui
peut aussi causer des problèmes sur le plan des relations sociales entre
les divers élèves de la classe.
Je reconnais qu'il peut encore exister des listes d'attente en ce qui
concerne les déficients légers, qu'il peut exister des besoins
particuliers aussi qui ne peuvent être comblés que par des
services encore plus abondants et plus spécialisés et plus
personnalisés. Je reconnais qu'il y a encore un travail de
sensibilisation et d'information à faire, que nous devons compter sur
une plus grande implication des parents, qu'il faut compter également
non seulement sur une motivation, mais également sur une formation plus
adaptée de la part des professeurs. Nous sommes très conscients
de ces problèmes. Mais je pense, malgré tout, que dans le peu de
temps qui s'est écoulé entre la parution de notre projet et les
réalisations il y a lieu plutôt de se réjouir que de
craindre. Je peux rassurer le député sur ce point: cette
préoccupation de l'intégration des élèves en
difficulté demeure une des priorités majeures du ministère
de l'Éducation. Sur ce point, je demanderais aussi à M. Rousseau,
sur un plan plus technique de faire le point sur les efforts
réalisés et les résultats que nous avons pu atteindre.
Comme on indiquait tantôt, le pourcentage d'enfants en
difficulté intégrés au primaire est devenu à 61%,
ce qui est une réalisation assez importante dans l'application de la
politique. Maintenant dès la parution de la politique, un budget
important avait été prévu pour permettre à un
nombre de commissions scolaires de réaliser 222 projets pilotes
d'intégration, des projets diversifiés qui avaient
été proposés tant dans le rapport COPEX que dans la
politique d'intégration des enfants en difficulté. Ces 222
projets ont été expérimentés au cours des
années 1979-1980 et 1980-1981. Au cours de l'année 1981-1982,
soit cette année, nous nous inspirons des résultats de ces
projets pilotes d'intégration d'enfants en difficulté et
également de cette nouvelle clientèle des 16-21 ans, que nous
retrouvons dans nos écoles secondaires. Nous nous inspirons des
résultats de ces recherches, actions dans les différents milieux
pour préparer des plans de services de concert avec le ministère
des Affaires sociales.
Aussi, étant donné une meilleure connaissance des besoins
réels pour faciliter cette intégration, le ministre de
l'Éducation et le ministre des Affaires sociales ont convenu de faire
revivre la mission MEQ-MAS de manière que l'on puisse réviser un
certain nombre de protocoles qui avaient servi de moyens de communication et
d'ententes entre les commissions scolaires et les centres d'accueil. Il y a un
certain nombre de protocoles qui devront être révisés et
cette révision se fera après avoir examiné l'ensemble des
résultats de la recherche et également les résultats et
les plans de services qui sont actuellement préparés avec le
ministère des Affaires sociales.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une question de
directive à vous demander. Ou plutôt rechercher avec le ministre
un semblant de calendrier de travail. Nous avons jusqu'à 13 heures. Il
est 11 h 15. Nous avons tout le programme 4 à couvrir.
Est-ce qu'il y aurait moyen de s'imposer une certaine discipline et de
dire qu'on va terminer les réponses...
M. Laurin: ... Quand les députés de
l'Opposition...
M. Lalonde: ... sans vous presser, sans vous presser.
M. Laurin: ... font état de critiques, qu'ils les
véhiculent abondamment, je crois de mon devoir de donner les faits
exacts qui rétablissent la situation et la vérité. La
vérité a ses droits. La population a le droit de l'entendre.
Donc, les réponses que nous donnons, que nous tentons d'abréger
dans toute la mesure du possible, sont fonction des questions qui nous sont
posées.
M. Lalonde: Je ne veux pas que le ministre se sente
bâillonné par l'Opposition. Je veux simplement qu'il assure les
membres de cette assemblée, y compris les députés
ministériels qui ont des questions à poser, que d'ici à 13
heures, nous aurons le loisir de poser d'autres questions, parce qu'il peut
continuer avec ses deux savants sous-ministres de chaque côté,
à nous donner des réponses très intéressantes, mais
il y a une façon de le faire a l'intérieur d'un certain temps qui
nous permettrait de poser d'autres questions. (11 h 15)
M. Laurin: M. le Président, si le député de
Saint-Henri n'avait pas repris à son compte la litanie de
demi-vérités ou de fausses affirmations que véhicule la
CEQ, je ne me serais pas senti obligé de prendre tout ce temps pour y
répondre.
Le Président (M. Rodrigue): Le député de
Marguerite-Bourgeoys a bien indiqué qu'il ne soulevait pas une question
de règlement mais plutôt qu'il lançait une invitation au
ministre, alors il appartient au ministre, étant donné notre
règlement qui lui accorde tout le loisir de répondre...
M. Laurin: D'ailleurs, le sujet dont nous traitons, M. le
Président, est très important.
Le Président (M. Rogrigue): Alors, M. le ministre, si vous
voulez poursuivre votre intervention.
M. Laurin: J'aurais même quelque chose à ajouter
à ce que vient de dire M. Rousseau, parce que là nous venons de
traiter uniquement de l'intégration des déficients légers
dans les classes régulières, mais ceci ne tient pas compte de
toute la population qui présente des troubles d'adaptation et
d'apprentissage. Nous savons qu'une forte proportion de ces enfants
présente d'autres handicaps malheureusement beaucoup plus
marqués, beaucoup plus profonds, qu'il s'agisse d'un handicap physique,
psychologique ou social - il y a des enfants sourds, des enfants
multi-handicapés, des enfants qui souffrent de déformations
visuelles, des enfants autistiques, des enfants qui sont des
mésadaptés socio-affectifs - et il importe d'adopter pour chacun
de ces enfants un traitement particularisé qui répond aux
mêmes objectifs de développement et de scolarisation. Nous avons
établi en effet, au fil des années, que même pour ces
handicapés profonds, il ne faut pas renoncer à l'objectif de
scolarisation. C'est le but qu'on doit se fixer. Évidemment, pour
beaucoup d'enfants, des années d'efforts seront nécessaires avant
qu'ils soient en état d'être intégrés dans des
classes régulières et nous avons établi toute une
politique qui vise à préparer graduellement ces enfants en leur
offrant les services appropriés sur le plan de l'éducation, sur
le plan de la réadaptation, à les préparer à une
scolarisation qui est l'objectif que nous nous sommes fixé en vue de les
faire profiter au maximum des ressources de la collectivité. Et au cours
des deux dernières années, nous avons fait beaucoup d'efforts
dans ce sens, je pense par exemple aux écoles spécialisées
que nous avons au niveau secondaire pour les enfants sourds, à
Charlesbourg, à Québec et à Montréal à
l'école Gadbois, je pense aux efforts spéciaux pour les enfants
qui souffrent de déformations visuelles, je pense à tous les
efforts que nous avons faits pour la scolarisation des mésadaptés
socio-affectifs et je pourrais continuer en énumérant chacun des
handicaps, mais je demanderais quand même à M. Rousseau de dire
les efforts que nous avons faits et que nous entendons faire en ce qui concerne
les programmes spéciaux ou les services spéciaux que nous mettons
à la disposition de ces handicapés lourds.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Viau.
M. Cusano: On nous reproche à l'Opposition, comme l'a fait
hier le député de Rosemont, qu'on ne fait jamais de suggestions
concrètes. À l'étude des crédits l'année
dernière, lorsqu'on parlait de l'enfance inadaptée et de
l'intégration, j'avais soulevé la question de "reverse
integration" et je me rappelle très bien que le ministre nous avait dit
à ce moment que c'était un sujet assez intéressant et
qu'il allait considérer une étude sur le "reverse integration".
Des 222 projets dont vous parlez, est-ce qu'il y en a un qui a touché
the "reverse integration", est-ce qu'on pourrait en avoir les
résultats?
M. Laurin: Certainement. Vous voyez que les suggestions valables
sont toujours retenues. Pour faciliter cette intégration, il y a
évidemment l'action sur les enseignants, alors, tel que convenu à
l'intérieur de la politique, les programmes d'étude sont
accompagnés de guides pour faciliter la réalisation des
objectifs, les budgets de perfectionnement des enseignants affectés aux
classes qui intègrent les enfants en difficulté ont fait l'objet,
généralement, dans les commissions scolaires de
priorités.
En ce qui concerne l'intégration des étudiants,
l'accessibilité physique fait l'objet d'une priorité dans les
budgets du ministère de l'Éducation non seulement aux niveaux
primaire et secondaire, mais au niveau collégial. Au cours des deux
dernières années incluant 1982-1983, dont nous discutons
maintenant, c'est 5 000 000 $ qui permettent à chacune des
régions d'assurer l'accessibilité d'un certain nombre
d'écoles
primaires et secondaires pour les handicapés physiques. Aussi, en
ce qui concerne le matériel didactique, des subventions ont
été allouées par le ministère de l'Éducation
auprès d'organismes qui se sont donné comme objectif d'assurer
l'accessibilité du livre aux déficients visuels, tant par bandes
sonores que par traduction converto-braille ou autre. Un budget important de
l'ordre de 350 000 $ toujours dans le 2 a été affecté
à cette tâche.
Aussi, pour mieux assurer l'accessibilité au niveau
collégial, mais dans les suites du primaire et secondaire, deux
collèges ont été identifiés pour pouvoir accueillir
les enfants en difficulté qui terminent leur cours secondaire ou qui
veulent prendre des cours d'appoint au niveau collégial. Il s'agit du
Cégep de Sainte-Foy à Québec et du Collège du
Vieux-Montréal à Montréal. Ce sont là les
principaux éléments des suites au sommet sur la personne
handicapée et, à l'intérieur du ministère de
l'Éducation, il a été créé une table
horizontale qui vise à assurer la continuité des services d'un
secteur ou d'un réseau d'enseignement à l'autre, ce qui implique
aussi l'éducation des adultes et le réseau universitaire.
Pour terminer ce chapitre, M. le Président, je dirais que,
même sur le plan financier, le ministère fait un effort
considérable. Par exemple, nous avons augmenté de 4 400 000 $,
cette année, les crédits accordés à l'adaptation
scolaire en ce qui concerne les allocations spécifiques. C'est une
augmentation beaucoup plus considérable que celle que nous constatons
proportionnellement dans les autres chapitres. Je pense que cela
témoigne non seulement de notre intérêt, mais de la
cohérence et de la continuité de notre politique en
matière d'adaptation scolaire. Ceci fait le tour des critiques de la
Centrale des enseignants du Québec que le député de
Saint-Henri avait reprises à compte. Je pense qu'à la
lumière des réponses factuelles qu'il a reçues, il sera
beaucoup plus prudent l'an prochain et qu'il variera ses sources d'information
ou plutôt qu'il soumettra à son jugement critique que je respecte,
les affirmations qu'il aura pu recueillir ici et là, avant de les
soumettre à l'attention de la commission parlementaire. Mais le
député de Saint-Henri a touché également à
certains autres problèmes dont il a entendu parler, lors de la
mini-tournée dont nous parlait hier le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Pas mini, modeste. L'abandon scalaire
M. Laurin: II a touché à quatre autres sujets dont
l'intégration, que nous venons de traiter, donc, il nous reste trois
autres sujets à examiner. D'abord, celui de l'abandon scolaire,
là aussi, je pense que les statistiques du député de
Saint-Henri ne sont pas tout à fait à jour, parce que les
chiffres qu'il nous a cités ne correspondent pas à ceux que je
donnais hier en ce qui concerne, par exemple, le nombre d'abandons scolaires au
primaire et au secondaire. Loin de moi, cependant, l'idée de nous
féliciter de la situation. Je sais qu'il y a des abandons scolaires en
grand nombre. Je sais que l'absentéisme est beaucoup trop marqué.
Je suis bien d'accord avec le député là-dessus, mais c'est
un problème sérieux qu'il nous faut continuer d'examiner, mais
dont les causes remontent très loin et en tout cas bien au-delà,
bien en-deçà de la prise du pouvoir par le parti
québécois.
Il y a beaucoup de raisons à ces abandons scolaires.
Peut-être sans faire de longs développements sur chacun de ces
facteurs pourrions-nous citer le concept même de polyvalence, du fait
qu'on mettait ensemble des gens du général et du professionnel.
Il fallait quand même une période de rodage, une période
d'adaptation qui est en cours maintenant, mais qui ne s'est
réalisée que lentement. Il y a aussi la taille de certaines
polyvalentes, il y a eu l'introduction de nouvelles méthodes
pédagogiques, comme le nombre des options professionnelles ou même
des options en sciences générales, ce qui a conduit à
l'établissement de grilles-horaires et de grilles-matières qui
ont compartimenté l'enseignement, qui ont altéré la
relation éducative traditionnelle entre l'enseignant et
l'élève. Il y a eu les méthodes mêmes d'organisation
qui doivent prévaloir dans une école où il se trouve un
nombre aussi élevé d'étudiants. Il y a eu aussi certaines
préoccupations syndicales qui ont abouti à la réduction du
temps d'enseignement, à la réduction de la présence des
enseignants auprès des élèves.
En somme, nous pourrions faire des études très
approfondies pour expliquer cette tendance qui s'est manifestée surtout,
il y a quelques années, dans le sens de l'abandon scolaire et de
l'absentéisme. Ces études ont d'ailleurs été
faites, nous les examinons, et il est évident que nous n'avons pas fini
d'effectuer les transformations qui s'imposeront à la suite de ces
analyses, de ces études et de ces recherches. D'ailleurs, une des
raisons qui ont présidé à l'élaboration d'un projet
de réforme scolaire ont beaucoup à faire avec ce problème
de l'abandon scolaire. Nous pensons, en effet, qu'en personnalisant davantage
la relation maître-élève, en donnant une plus grande
importance à l'école, une plus grande autonomie à
l'école, un sens des responsabilités plus marqué à
l'école, que ce soit au niveau du budget, de l'organisation
pédagogique, des activités éducatives. Nous contribuerons
à renforcer les facteurs positifs
qui non seulement contribueront à une meilleure qualité de
l'enseignement, mais également à l'amélioration de cette
relation éducative qui nous paraît être le pivot d'une
éducation de qualité.
Donc, tout en admettant que le problème demeure, nous pensons
mettre en place des solutions plus profondes, plus radicales qui contribueront
à nous faire progresser dans la voie de la réforme, en ce qui
concerne l'absentéisme et l'abandon scolaire. D'ailleurs, je pourrais
dire que l'introduction d'un régime pédagogique constitue
également une orientation en ce sens. En améliorant la
qualité de l'enseignement, en améliorant le temps consacré
à la formation générale, en continuant nos efforts pour
améliorer la qualité de la formation générale, je
pense qu'on pourra motiver davantage l'étudiant, qu'on pourra
s'intéresser davantage à lui, à ses propres besoins,
à son insertion dans une société en constant
changement.
Donc, les régimes pédagogiques constituent un apport
très précieux au règlement à long terme de ce
problème de l'abandon scolaire. Il y en a encore trop et c'est la raison
pour laquelle je me réjouis que la CECM, en particulier, ait
instauré une école pour décrocheurs. Je souhaiterais que
d'autres commissions scolaires, également, aussi longtemps que le
problème durera, songent à des initiatives semblables. Mais le
député admettra avec moi que ce ne peut être qu'une
solution palliative et qu'il faut viser plus profond, il faut viser à la
correction du mal à sa racine même et c'est ce à quoi nous
nous employons. Déjà, cependant, nous constatons à la
suite du livre vert et du livre blanc, l'introduction des nouveaux
régimes pédagogiques, des nouveaux programmes plus précis,
plus qualitativement orientés en fonction d'une meilleure connaissance
de la pédagogie, que ce problème est quand même moins
marqué qu'il ne l'était il y a cinq ou six ans. J'ai
déjà dit, hier, que selon des études qui ont
été menées récemment au ministère de
l'Éducation, nous pouvons dire que 63 étudiants sur 100 terminent
maintenant leur secondaire avec un diplôme, ce qui est beaucoup plus
marqué que la situation qui existait il y a quelques années.
C'est déjà un progrès. Encore une fois, il ne s'agit pas
de s'endormir sur ses lauriers, il y a d'autres efforts dans ce sens. (11 h
30)
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pourrait nous donner une
idée de cette étude?
M. Laurin: Je vais demander à M. Girard de vous en parler
plus longuement.
M. Lalonde: Parce que les chiffres mêmes du
ministère, assez récemment, n'étaient pas du tout dans ce
sens.
M. Laurin: Ce sont, en fait, les dernières études
que nous avons fait faire pour savoir combien, dans un groupe de 100 personnes,
terminaient avec leur diplôme d'études secondaires. En fait, si on
reprend l'étude, on constate qu'au Québec, la scolarisation au
niveau primaire est atteinte à 100%, que l'inscription au niveau
secondaire est atteinte à 100%. L'on tente de voir combien, parmi ceux
qui s'inscrivent en première année du secondaire, terminent avec
leur diplôme d'études secondaires. Les dernières
études nous démontrent qu'en 1976, les diplômés du
secondaire, pour ce qui est des étudiants réguliers,
étaient de 54 sur un groupe de 100, donc 54%. C'est passé de 1976
à 1981 à 63%. Si on ajoute ceux qui, ayant quitté le
secondaire sans diplôme, reviennent à l'éducation des
adultes et obtiennent un diplôme secondaire, il y en avait 5% en 1976, il
y en a 8% en 1981. Ce qui fait que le taux de "diplômation" des
étudiants du secondaire est passé de 59 en 1976 à 71 en
1981. Si l'on veut faire une comparaison avec d'autres pays, on constate que le
Québec se situe à un niveau très acceptable, puisque les
comparaisons que l'on a commencé à faire nous indiquent qu'aux
États-Unis, le taux de "diplômation" au secondaire est de 75%, par
rapport à un taux de 71% au Québec. On constate que
l'augmentation, au cours des cinq dernières années, a
été très marquée. Il s'agit de prendre les moyens
maintenant pour que les 29% qui n'obtiennent pas leur diplôme
d'études secondaires l'obtiennent. Le ministre a indiqué, qu'en
particulier, cela pourrait se faire par une nouvelle politique de la formation
professionnelle.
M. Cusano: Oui, mais est-ce qu'il y a une distinction entre une
attestation et un diplôme dans vos statistiques?
M. Laurin: Non, il s'agit de ceux...
M. Cusano: Une attestation au fait que l'enfant ait
fréquenté l'école jusqu'en secondaire V, ne veut pas dire
qu'il est diplômé.
M. Laurin: Non, je parle bien de l'obtention du diplôme
d'études secondaires. À l'éducation des adultes, c'est
l'obtention d'un diplôme également, quoique, en éducation
des adultes, dans le cadre de l'obtention du diplôme, il peut y avoir une
reconnaissance d'équivalence pour des travaux que l'étudiant
aurait faits dans d'autres cadres ou sur le marché du travail.
M. Lalonde: Dans cette étude, est-ce que le
ministère a tenu compte du phénomène dont témoigne
le président du
Conseil supérieur de l'éducation, tel que rapporté
dans la Presse du vendredi, 30 octobre, à l'effet que le système
d'éducation secondaire, dans les écoles catholiques
françaises du Québec, n'atteint pas les buts proposés
jadis par les auteurs du rapport Parent, et je cite l'article: "En
réalité, la médiocrité des résultats est
effarente" c'est le témoignage du président "et pour les masquer,
le ministère de l'Éducation a développé une
méthode de majoration des notes dont le caractère hypocrite
n'échappe pas à la clientèle scolaire." C'est absolument
à faire dresser les cheveux sur la tête que de lire ce
témoignage d'un homme sérieux et bien placé pour le dire.
Autrement dit, s'il y a 71 étudiants sur 100 qui obtiennent ce
diplôme, soit par la fréquentation ordinaire ou la
fréquentation de l'éducation des adultes, est-ce que ce
diplôme-là est quand même comparable à ceux auxquels
le sous-ministre le compare?
M. Laurin: Le problème que vous soulevez, c'est celui de
la normalisation des notes qui est pratiquée par le ministère, au
niveau secondaire. C'est un phénomène qui existe non seulement au
Québec, mais partout. La docimologie et le phénomène de la
normalisation n'ont pas été inventés et ne sont pas
pratiqués uniquement par le Québec, c'est un
phénomène qui existe partout et qui se base sur les constatations
aux résultats des examens, de certains examens. Toute la question de la
majoration de la note de passage au secondaire, de 50% à 60%, est
reliée évidemment à cette question de normalisation. C'est
la raison pour laquelle l'application du régime pédagogique va se
faire par étapes et avec des moyens d'appui apportés aux
écoles, pour que la majoration de la note de 50% à 60%
corresponde véritablement à une augmentation de la
qualité. Les affirmations faites par le président du Conseil
supérieur de l'éducation ne correspondent pas parfaitement aux
données que nous avons au ministère et avec lesquelles M.
Rousseau est plus familier que moi.
M. Lalonde: Avant que M. Rousseau enchaîne, je voudrais
justement lui poser la question parce que M. Benjamin, tout d'abord, constate,
il dit: L'effrondement des valeurs scolaires, effectivement, est
général et on le cache d'une manière systématique;
les notes d'examens du ministère de l'Éducation du niveau
secondaire sont converties par le ministère, et celles données
par les enseignants eux-mêmes sont modérées; le tout sans
que les enseignants, les directions d'écoles, les commissions scolaires,
les parents et les étudiants puissent y comprendre quelque chose. Les
constatations sont importantes, je pense qu'elles méritent qu'on les
répète ici, M.
Benjamin disait ceci tel que rapporté par le journal: Les
étudiants en sont rendus à nous dire qu'il est
préférable de ne pas être trop forts à
l'école, car ils estiment que la normalisation va les remonter; quant
aux enseignants - et c'est toujours M. Benjamin qui parle - ils
découvrent qu'avec ce système le taux d'échecs,
après normalisation, reste constant: 25% en sciences et 12% en
français. Il n'y a donc pas lieu pour eux de faire des efforts pour
redresser une situation, et il termine - et je demanderais au ministre ou ses
adjoints de répondre - en disant: et ce n'est pas la place aux
changements qui manque. M. Benjamin s'est dit d'accord avec les constatations
faites en avril dernier par le chercheur Réginald Grégoire selon
lesquelles le taux d'échec dans six examens uniformes du
ministère de l'Éducation, par exemple, est en croissance
très nette. En voie allégée par ailleurs, le taux
d'échec en français, au secondaire IV, est passé 10,8%, en
1974, à 66,4%, en 1977. En sciences, le taux d'échec a
récemment dépassé les 50%. Est-ce que vous êtes
d'accord avec ces chiffres-là?
M. Laurin: La seule chose que je voudrais ajouter, M. Lalonde,
c'est que les statistiques utilisées par M. Benjamin et par les autres
intervenants sur cette question datent, comme vous venez de l'indiquer, de
l'année 1977 et couvrent les années antérieures à
1977.
En 1982, au mois de janvier de cette année ou février,
nous avons publié, dans le journal Informeq du ministère, les
plus récents résultats sur le phénomène de la
normalisation et des échecs et il y a eu un progrès sensible
depuis 1977, c'est-à-dire une diminution des échecs. Mais je
voudrais tout simplement souligner que la normalisation, c'est une chose
valable en elle-même et qui a pour objet, au fond, de compenser les
effets néfastes qui peuvent résulter d'un examen
déficient, qui peuvent résulter d'un programme déficient,
qui peuvent résulter d'un enseignement insatisfaisant ou de tout autre
cause influant sur les apprentissages. Ce que cela pose, au fond, c'est le
problème de l'évaluation de la qualité des enseignements
un peu partout à travers le Québec, tant au niveau secondaire
qu'au niveau collégial. On s'applique précisément
actuellement à développer des politiques d'évaluation
sectorielle qui non seulement nous permettront de découvrir quelle est
la qualité des apprentissages dans une matière donnée,
mais même à pouvoir faire des comparaisons entre les
différentes régions du Québec. Et cela d'autant
plus...
M. Lalonde: Et les taux actuels, ce serait quoi?
M. Laurin: ... M. le Président que nous
avions affaire auparavant à des programmes-cadres très
imprécis, très flous, ce qui veut dire que la latitude qui
était accordée aux commissions scolaires ou aux enseignants
était très grande, que le ministère ne savait même
pas quel enseignement au juste était donné dans l'une ou l'autre
des commissions scolaires. Il y en a qui étaient fortes, il y en a qui
étaient faibles; et au fur et à mesure - ce que nous sommes en
train de faire - que nous remplaçons ces programmes-cadres par des
programmes normalisés à l'échelle du territoire, des
programmes uniformes au moins a 60%, non seulement la qualité de
l'enseignement est meilleure, mais elle est davantage uniforme et permet une
évaluation également plus systématique par les examens que
nous avons d'ailleurs perfectionnés et grâce à des
méthodes d'évaluation dont le dernier mot a été dit
lors de la présentation des régimes pédagogiques, il y a
maintenant près de 18 mois. Je pense que nous sommes en train de
corriger ce système-là par le nouveau régime
pédagogique, par l'introduction de nouveaux programmes, par notre
politique d'évaluation, et, déjà, nous commençons
à en recueillir les effets puisque nous recourons beaucoup moins souvent
qu'auparavant à la normalisation, mais encore une fois je pense que...
Je vous laisse.
M. Lalonde: Quels sont les taux actuels, j'aimerais qu'il le
dise?
M. Laurin: Disons qu'en 1977, sur 256 examens, nous avons
été forcés d'en normaliser 150, ce qui représentait
plus de 58%. En 1978 sur 205 examens, nous en avons normalisé 112, ce
qui représente 55%, en 1979 sur 191 examens, nous en avons
normalisé 77, ce qui représente 40%, en 1980 sur 177 examens,
nous en avons normalisé 55, ce qui représente 31% et en 1981, en
juin dernier, sur 171 examens, nous en avons normalisé 47, ce qui
représente 27%. En plus, lorsqu'il y a décision de normalisation,
c'est parce qu'il y a un écart important entre ce qu'on pourrait appeler
une médiane ou enfin une moyenne raisonnable et les résultats
concrets.
En 1977, sur les 150 examens qui ont été
normalisés, il y en avait 55 qui étaient dus à un
écart de 21%, alors qu'en 1981, en juin dernier, sur les 171 il y en a
2, soit 1%, où l'écart était important lors de la
conversion.
Je dois ajouter à ceci qu'il est tout à fait
étonnant que le ministère de l'Éducation, au début
des années soixante-dix ou à la fin des années soixante,
ait décidé, comme disait le ministre de l'Éducation, de
n'implanter que des programmes-cadres et qu'il ait conservé cette
décision de maintenir des examens uniformes pour l'ensemble du
Québec, à cause de la diversité, mais heureusement, que
nous n'avons pas fait comme huit autres provinces canadiennes qui le regrettent
toutes actuellement, parce qu'il ne reste que Terre-Neuve et Québec qui
ont des examens uniformes à la fin du cours secondaire, heureusement que
nous n'avons pas abandonné, malgré ce qu'on pourrait appeler
l'incohérence de 1970.
M. Lalonde: Oui, cela vous a permis de suivre, d'avoir un
thermomètre.
M. Laurin: Cela nous a permis de vérifier et la
décision d'avoir des programmes avec des objectifs plus précis,
comme il était dit tantôt, a été largement
inspirée par cette incapacité finalement de faire une
évaluation de l'ensemble de notre réseau à la fin du cours
secondaire, avec la situation que nous vivions. Cependant la situation
s'améliore grandement du fait que les commissions scolaires ont
implanté de plus en plus des programmes précis.
M. Lalonde: Avez-vous une idée du taux d'échecs
actuellement, comparé à ce qu'il était en 1977? On parlait
de 66% de taux d'échecs en français.
M. Laurin: C'est-à-dire que c'est très rare qu'en
1981, des examens aient dépassé 18% de taux d'échecs.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Viau.
Qualité de l'enseignement
M. Cusano: M. le Président, dans le milieu scolaire, la
recherche de la qualité d'enseignement ressemble beaucoup à la
recherche du bonheur. "It means different things to different people." Depuis
un certain nombre d'années, j'ai l'impression que le ministère
s'est concentré sur la scolarisation des professeurs pour les mener
à un niveau adéquat, sur l'amélioration des programmes,
comme le ministre l'a mentionné, de régimes pédagogiques,
de guides pédagogiques...
M. Laurin: Je voudrais d'abord répondre aux questions
qu'on a en banque.
M. Champagne: M. le Président, prenez note s'il vous
plaît avant d'aller plus loin. Il y a à peu près une heure
et demie, j'ai posé une question et j'avais annoncé que je
poserais d'autres questions. Je voudrais, premièrement, avoir une
réponse à cette question et, deuxièmement, avoir le
privilège de poursuivre mon questionnaire.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Mille-Îles, premièrement, le ministre est libre de répondre
aux questions ou non, il est libre des réponses qu'il donne.
Deuxièmement, vous êtes inscrit et c'est mon intention de
vous redonner un droit de parole, sauf que je veux quand même essayer de
respecter autant que possible un principe qui fait partie de nos traditions,
soit celui de l'alternance. M. le député de Viau.
M. Cusano: Je reviens à cette question de la
qualité de l'enseignement. Il me semble que, lorsque vous faites une
évaluation de l'acte pédagogique, de tout l'enseignement, vous
paraissez avoir oublié ce qui est primordial dans tout enseignement,
c'est-à-dire la supervision de l'acte pédagogique. C'est qu'on
semble laisser cela un peu à la discrétion de certains directeurs
d'école. Le ministère donne-t-il des fonds ou des moyens aux
commissions scolaires pour justement s'assurer d'une supervision de l'acte
pédagogique, pour que cela fasse partie de l'évaluation globale
d'un programme? Vous pouvez avoir le meilleur programme au monde et, si
l'interaction entre l'élève et le professeur est minime, je crois
que l'évaluation devient très incomplète. (11 h 45)
Le Président (M. Leduc): M. le ministre.
M. Laurin: Oui, je rappelle ce que je signifiais à votre
collègue tout à l'heure qu'en même temps que nous avons
rendu publics nos nouveaux régimes pédagogiques, nous avons
également rendu publique une nouvelle politique d'évaluation des
enseignements. Les principes de cette politique d'évaluation
étaient que le premier évaluateur, c'était l'enseignant
lui-même, et que cette évaluation devait être formative,
c'est-à-dire qu'elle ne devait pas viser simplement à consigner
des résultats, mais à identifier des causes de ralentissement
dans les apprentissages ainsi que les divers problèmes qui pouvaient
rendre difficiles ces apprentissages. Nous demandions à l'enseignant
d'assumer au départ ce rôle majeur. Dans cette politique de
l'évaluation, nous assignions aussi un rôle à la commission
scolaire de même qu'au ministère, mais au dernier chef. Comment
s'est implantée cette politique? Quels résultats avons-nous
jusqu'ici? Je laisserai le soin à M. Rousseau de répondre. Mais
il y a aussi un rôle que doivent jouer les organismes syndiqués
à cet égard, puisque déjà dans les conventions
collectives, nous attribuons des fonds pour le perfectionnement des
professeurs, il est bien évident que l'organisation professionnelle des
enseignants a aussi son rôle à jouer. Mais pour être plus
exact sur ces différents facteurs, je vais demander à M. Rousseau
de faire le point.
Donc, la politique de l'évaluation des apprentissages a
été lancée en février 1979 en même temps que
le régime pédagogique. Depuis ce temps, à toutes fins
utiles, dans les commissions scolaires, on a mis beaucoup plus de temps
à s'approprier cette politique et à réaliser des
politiques locales, que même pour faire l'implantation des programmes,
parce que cela a précédé même le lancement de la
majorité de nos programmes pour le primaire et pour le secondaire.
Aussi, le ministère de l'Éducation met au service des
écoles, plus particulièrement des commissions scolaires, mais
surtout des directeurs d'école, trois formes d'outils qui leur
permettent de faire l'évaluation de ce que vous appelez l'acte
pédagogique, et même de l'environnement de cet acte
pédagogique. C'est l'outil "PERPE", qui sert d'auto-évaluation
enseignant-élève avec la direction de l'école. Il y a
également L'école, ça m'intéresse, qui est un
questionnaire-sondage que les directeurs d'école peuvent utiliser ou que
les concepteurs du projet éducatif de l'école, de même
qu'un autre sur le vécu scolaire. Ce sont là des instruments qui
sont utilisés de plus en plus par les écoles et plus
particulièrement au secondaire.
J'ajouterai à ceci, que l'Université de Sherbrooke, par
les budgets du perfectionnement des directeurs d'école, a mis au point
un programme qui est actuellement offert aux directeurs d'école de
toutes les régions du Québec pour, justement, assurer une
meilleure planification du projet éducatif, mais surtout une meilleure
évaluation de l'ensemble des acquis à l'intérieur de
l'école pour pouvoir relancer des éléments de projets
éducatifs. Sur cette même question, j'ajouterais que pour chacun
de nos programmes d'études nous avons préparé un devis
d'évaluation qui mettra à contribution les enseignants, les
étudiants et les directions d'école et les services
pédagogiques des commissions scolaires, parce que les programmes
d'études doivent s'appliquer, mais également doivent être
évalués, de manière à ce qu'on ne se retrouve pas
comme lorsque le plan d'action a été lancé devant
l'obligation de retoucher à tous nos programmes d'études, mais
à tous les programmes d'études, de se transformer en chantiers
gigantesques alors que si nous avions eu des instruments d'évaluation
des programmes d'études au cours des années 1970, nous aurions pu
éviter, ce qu'on pourrait appeler ce changement majeur de l'ensemble des
contenus des programmes, mais plutôt nous assurer un rappel de certaines
parties de programmes d'études, si après évaluation on
s'est rendu compte qu'ils n'étaient pas adaptés ou bien à
l'âge des jeunes ou encore au cheminement qui est prévu à
l'intérieur des écoles primaires et secondaires.
M. Cusano: Je m'interroge plutôt sur le rôle du
professeur lorsqu'il donne son cours, parce que c'est beau de rêver en
couleur, de
penser que tout le monde fait un travail excellent. Je pense que c'est
normal qu'il y ait des professeurs qui soient excellents. Il y en a d'autres
qui sont de niveau moyen et il y a une certaine catégorie qui n'est pas
capable de livrer son message, et ce que je veux préciser, c'est de
savoir quelles actions sont prises lorsqu'une évaluation est faite et si
on peut dire que ce n'est pas le programme, que ce ne sont pas les
élèves, ni le niveau d'apprentissage qui sont en cause, mais cet
acte pédagogique, l'action pédagogique qui n'est pas un
succès à cause du professeur lui-même. Qu'est-ce qui est
fait à ce moment?
M. Laurin: Les trois outils dont je faisais état
tantôt permettent au directeur d'école, à l'enseignant et
à l'élève d'évaluer certains problèmes.
Maintenant devant le cas d'un enseignant qui ne répondrait pas à
l'ensemble des critères établis par le directeur d'école,
les modalités sont prévues dans les conventions collectives.
M. Cusano: On lui donne une promotion?
M. Laurin: Les conventions collectives ne prévoient pas
que...
M. Cusano: Ma question suivante alors serait: est-ce que dans les
négociations que vous allez entreprendre bientôt, vous avez
l'intention, justement, de donner plus de pouvoir aux directeurs
d'école, lorsqu'il s'agit de la compétence du professeur
lui-même?
M. Laurin: Comme je l'ai expliqué à votre
collègue hier soir, il est beaucoup trop tôt pour le gouvernement
de déposer des propositions que ce soit salariales ou normatives, mais
c'est sûrement un sujet sur lequel nous nous penchons à l'heure
actuelle.
Services de garde en milieu scolaire
M. le Président, je vous demanderais la permission d'interrompre
temporairement ma réponse au député de Saint-Henri,
à qui j'ai déjà répondu abondamment, pour passer
à la question que me posait le député de Mille-Îles
sur les services de garde. Je reviendrai ensuite aux deux autres questions que
je n'ai pas eu le temps de couvrir. Effectivement, M. le député,
comme vous l'avez souligné dans votre question, le développement
des services de garde dans le milieu scolaire qui a connu un bon succès,
est compromis actuellement, de même que le maintien du service dans
plusieurs écoles primaires est remis er question à cause des
conséquences de la syndicalisation des personnels affectés
à la garde scolaire. Les salaires demandés par certaines
unités syndicales, si on les accordait, augmenteraient les tarifs
journaliers chargés aux parents utilisateurs, et parfois d'une
façon marquée, surtout pour le parent à faible revenu qui,
souvent, a plus d'un enfant à l'école et qui serait incapable
d'absorber l'augmentation. Il y a d'autres problèmes aussi. Par exemple,
il y a certaines commissions scolaires qui retardent le classement de ce
personnel dans l'un ou l'autre des corps d'emploi déjà
déterminés dans les conventions de travail, étant
donné que le ministère et l'office des services de garde n'ont
pas encore défini de façon définitive, afin de mieux
pouvoir évaluer la situation, les qualifications, le statut et le plan
de classification de ce personnel de garde.
Je voudrais ici rappeler certains faits. Le gouvernement a
encouragé des commissions scolaires, surtout à partir de mars
1978, à soutenir les parents qui voulaient faire garder à
l'école leur enfant fréquentant l'école primaire. Il
s'agit des enfants avec une clé dans le cou, dont souvent les deux
parents travaillent et que les parents viennent reconduire à
l'école avant que ne débute les classes, qui doivent y rester
évidemment pour l'heure du dîner et qui doivent y rester
après trois heures en attendant que leurs parents aient fini de
travailler. C'était là une des priorités du
ministère et une des priorités que j'ai fortement poussées
lorsque j'ai accédé au ministère moi-même. Dans le
cas de la loi 77 qui est le cadre que nous avons à notre disposition
actuellement, concernant les services de garde à l'enfance, le
ministère de l'Éducation soutient le développement de ce
programme par des allocations supplémentaires aux commissions scolaires.
Il aide également à la gestion de ce programme par une
instruction et un guide d'organisation qui sont révisés
annuellement.
Je dois constater avec une grande satisfaction que le
développement de ce programme depuis 1979-1980 est remarquable. Par
exemple, en 197B-1979, nous avons engagé 53 315 $ et quinze commissions
scolaires ont dispensé le service. Il y avait un service de cette nature
dans 35 écoles qui ont permis de garder 2986 enfants. En 1980-1981, nous
avons engagé un budget de 934 500 $ dans 49 commissions scolaires et 143
écoles ont offert un service de garde à 5103 enfants. En
1981-1982, nous avons engagé 1 867 000 $ pour 66 commissions scolaires,
et 237 écoles avaient un service de garde et le dispensaient à
8045 enfants. Je pense que c'est là, dans les circonstances, une
progression qu'il faut signaler.
Le ministère de l'Éducation est demeuré constamment
attentif aux difficultés que pouvait connaître le
développement de ce nouveau programme. C'est pourquoi dans chaque
région administrative des responsables du programme dans les directions
régionales ont visité des écoles qui dispensaient ce
service, ont rencontré individuellement ou en groupe les
responsables du programme dans les commissions scolaires de leur
territoire.
Au mois d'octobre dernier, le ministère de l'Éducation a
pris l'initiative de former un comité interministériel
composé des ministères de l'Éducation et des Affaires
sociales, de l'Office des services de garde et du ministère
d'État à la Condition féminine. Ce comité a pour
mandat de décrire la problématique, de préciser les
orientations privilégiées et de proposer des solutions
concrètes. Nous avons maintenant son rapport en main depuis le 25
janvier, et c'est sur la base de ce rapport que nous sommes a prendre
actuellement des mesures pour assurer le suivi à ses
recommandations.
Je suis bien d'accord que le problème des relations du travail
est aigu, particulièrement dans certaines commissions scolaires. Je dois
quand même ajouter que, dans la majorité des écoles
où le service est dispensé, et je m'en réjouis, une saine
collaboration a quand même pu s'établir, de part et d'autre, entre
tous les responsables. L'engagement des parents, surtout, aussi bien que la
collaboration des commissions scolaires ont été marqués
et, dans certains cas, remarquables.
Jusqu'ici nous n'avons pas, ccmme je viens de le dire, défini les
qualifications et le statut des personnes affectées à la garde
des enfants en milieu scolaire. Pourquoi? Parce que l'expérience nous a
démontré que les services de garde à dispenser à la
maternelle cinq ans, par exemple, ne sont pas les mêmes que ceux qui
peuvent satisfaire les élèves du primaire. Il faudra donc
apporter une solution distincte pour chacune des clientèles de la
maternelle et du primaire. Il nous faudra également tenir compte de
certains autres facteurs dans le plan de rémunération qu'il nous
faudra convenir avec les employés. Il nous faudra déterminer la
capacité de payer des parents utilisateurs et les conditions
particulières de travail des personnels de garde. Ce sont là des
facteurs complexes qu'il faut analyser jusque dans les détails, par
exemple, fluctuation des clientèles, diversité des horaires,
participation des parents utilisateurs à la gestion et à la
sélection des personnels, remise en question de ces services chaque
année, compte tenu de la variation des besoins. Au moment où nous
nous parlons, il nous apparaît opportun, sinon nécessaire, de
proposer des amendements à la loi 77. Il nous paraît aussi
nécessaire de pousser davantage l'étude de tous ces facteurs
très détaillés et ce n'est qu'après ce
temps-là que nous pourrons, je pense, statuer définitivement sur
les qualifications et le statut des personnels affectés à la
garde des enfants.
J'estime que nous pourrons en arriver à une solution au cours de
l'année 1982-1983 et que nous pourrons faire faire un nouveau saut
à cette politique de la garde en milieu scolaire que j'estime
personnellement une priorité du ministère. Nous y avons
consacré des sommes considérables. (12 heures)
Pour 1982-1983, M. Rousseau, qu'est-il prévu?
Je vais vous trouver cela.
De toute façon, c'est un budget que nous continuons de
privilégier parce que évidemment, la demande dépasse de
loin l'offre que nous pouvons faire actuellement, malgré les
progrès que nous avons constatés. Voilà pour les services
de garde dans les milieux scolaires.
M. Champagne: Merci beaucoup, monsieur.
M. Laurin: 2 000 000 $, cette année.
M. Champagne: 2 000 000 $, cette année.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Mille-Îles.
La note de 60%
M. Champagne: Alors, voici, j'avais annoncé d'autres
questions sur des sujets divers.
Ma question s'adresse au ministre ou au sous-ministre au sujet de la
note de passage de 50% à 60%; alors, on sait que l'évaluation est
changée au secondaire. Il y a beaucoup d'appréhension, surtout de
la part de la masse étudiante du secondaire I au secondaire V
inclusivement; ma question sur cette note de passage est la suivante: Quels
sont les objectifs poursuivis par le ministère, par les commissions
scolaires et les écoles pour avoir haussé justement de 50%
à 60% la note de passage? Et, je voudrais demander aussi: Est-ce que le
ministère ou les écoles ont prévu des mécanismes
d'intégration de cette note de passage de 50% à 60%? Parce qu'on
ne voudrait d'aucune façon léser les étudiants et
particulièrement les étudiants du secondaire V qui font leur
demande au cégep; alors, je voudrais une réponse à ces
questions, s'il vous plaît, après je reviendrai avec d'autres.
M. Laurin: Cette question s'inscrit dans le prolongement de celle
qu'ont posée le député de Saint-Henri, le
député de Marguerite-Bourgeoys et même le
député de Viau. Elle a trait à la normalisation, à
l'évaluation, à la politique d'examen du ministère, elle a
même trait au régime pédagogique que nous avons
publié et à la politique d'évaluation que nous avons
publiée en février 1981. Je pense que nous avons
déjà répondu partiellement à cette question,
mais le fait d'élever de 50% à 60% la note de passage
demande à être expliqué quant à ses motivations,
quant aux effets qu'elle peut avoir et quant aux aménagements que l'on
peut proposer, et je demanderais à M. Rousseau de nous éclairer
davantage sur ce point.
Dans le cadre de la consultation sur le livre vert, il avait
été convenu par un large consensus que tous les moyens devaient
être mis en oeuvre pour pouvoir améliorer la qualité, et
également augmenter le niveau de rigueur dans l'enseignement, dans les
écoles primaires qui étaient taxées de laxisme en ce qui
concerne les exigences et en ce qui concerne également le soutien aux
élèves.
Alors, on a donc prévu toute une série de mesures dont on
a fait déjà largement état en ce qui concerne les
programmes, en ce qui concerne une politique d'évaluation, et
également il est prévu que le taux de passage, comme c'est
déjà le cas au niveau collégial, comme ce fut le cas
pendant des décennies aux niveaux primaire et secondaire passe de 50%
à 60%. Ce passage doit nécessairement s'accompagner
premièrement d'une bonne connaissance de ce qu'on pourrait appeler les
sciences de l'évaluation pédagogique. Déjà par
notre politique, il s'agissait là d'un aboutissement. Nous croyons qu'il
y a un grand mouvement d'intérêt et également un mouvement
de compétence qui s'est développé à
l'intérieur de nos écoles sur la question de l'évaluation
pédagogique.
L'option qui était prise, c'est évidemment que durant
toute cette implantation des régimes pédagogiques, on puisse
rendre tous les enseignants aptes à répondre aux exigences de
cette nouvelle politique qui, finalement, amène les enseignants à
ne pas uniquement considérer les résultats d'évaluation
ponctuelle d'examens, mais bien un ensemble de dimensions
évaluées par eux.
Maintenant, les nouveaux programmes, leur spécificité, et
surtout une hiérarchisation des objectifs à réaliser
à l'intérieur de ces programmes devraient permettre à
l'enseignant d'être davantage en mesure de faire une évaluation
qui puisse correspondre à ce qu'il attendait de son groupe
d'élèves.
Tous ces outils donc mis à la disposition des maîtres
doivent normalement amener non seulement une amélioration de
l'enseignement, mais une amélioration des nombreux gestes à poser
pour réaliser une évaluation formative.
Il est clair que ce passage de 50% à 60% n'a jamais visé
l'objectif d'augmenter le taux des échecs scolaires. Pour pouvoir
augmenter la rigueur, pour pouvoir permettre la réalisation des
objectifs, nous croyons qu'il faut donc des enseignants bien outillés,
qu'il faut aussi du temps. Il faut comme mesure prévoir que certains
élèves passent plus de temps pour réaliser certains
objectifs, donc que le temps consacré à l'enseignement, que ce
soit du français ou des mathématiques, puisse être
diversifié selon les groupes d'élèves. C'est la souplesse
qu'apportait le régime pédagogique. Une première mesure
est d'outiller les maîtres; une deuxième est celle de permettre
beaucoup de diversités dans les temps consacrés aux
apprentissages.
Après une première expérience pour ce passage de
50% à 60%, nous nous rendons compte que ces mesures ont
été mises en place dans un certain nombre de commissions
scolaires, mais les résultats ne sont pas encore jugés
suffisamment satisfaisants, d'où la nécessité de
réfléchir et d'examiner comment réaliser cet objectif,
pour le passage de 50% à 60%, sans augmenter le taux
d'échecs.
En ce qui concerne le ministère de l'Éducation, il a un
outil qui est la normalisation. Il peut y aller progressivement. En ce qui
concerne les commissions scolaires, il y a des adaptations qui doivent
être faites. En plus des mesures qui ont été
identifiées, ces adaptations devront être réalisées
par les commissions scolaires, mais il faudra probablement permettre à
ces commissions scolaires d'appliquer cette mesure progressivement et non pas
d'un seul coup, en 1982-1983, tel que prévu dans le règlement
actuel.
L'éducation sexuelle
M. Champagne: Merci beaucoup, M. le sous-ministre, de cette
réponse.
Il y a un sujet qui a toujours été délicat par son
contenu, c'est l'éducation sexuelle à l'école. Depuis
1970, il y a eu toutes sortes de tentatives, d'expérimentations de
contenus de cours. Actuellement, M. le Président, nous avons
demandé par la Fédération des comités de parents de
consulter, justement, les parents au sujet d'un contenu de programme. Ma
question actuellement, c'est pour savoir où en est rendue la
consultation au sujet du contenu du programme de l'éducation sexuelle?
Deuxièmement, quand pensez-vous mettre en application ce nouveau
programme?
M. Laurin: Ce programme a connu quelques avatars. Comme chacun le
sait, il a fait la une des journaux depuis déjà deux ou trois
ans. L'introduction de ce programme dans le volet formation personnelle et
sociale répond à des besoins qui ont été
exprimés par plusieurs instances, qu'il s'agisse de la
Fédération des comités de parents, qu'il s'agisse des
commissions scolaires qui, à la suite d'un sondage, ont
révélé que 80% d'entre elles favorisaient l'introduction
de ce programme, qu'il s'agisse de la Centrale des enseignants du
Québec, qu'il s'agisse du
Conseil supérieur de l'éducation, qu'il s'agisse
même de l'Assemblée des évêques qui s'est
prononcée à deux reprises sur ce sujet. Tout le monde s'entend
donc sur la nécessité d'introduire un programme
d'éducation à la sexualité dans le curriculum des
écoles.
Autant l'éducation à la sexualité relève
d'abord de la responsabilité des parents, en raison des liens affectifs
très profonds et étroits qui se nouent entre les parents et les
enfants, et étant donné également l'importance des
premières années de formation d'un enfant, autant il devient,
à un moment donné, impossible pour les parents de pousser
davantage cette éducation et autant il devient nécessaire aussi
de la poursuivre dans un autre milieu, qui est le milieu scolaire, où
l'enfant évidemment commence son apprentissage social.
Il importe également de donner cette éducation à la
sexualité d'une façon qui corresponde à la maturation
même de l'enfant. Cet enseignement doit donc se conformer à ce que
nous savons des lois du développement psychoaffectif de l'enfant de
façon que l'enseignement corresponde au rythme de développement
et de maturation de l'enfant.
Il importe également que cet enseignement soit
intégré, c'est-à-dire qu'il ne se limite pas à un
enseignement biologique axé sur des connaissances anatomiques et
physiologiques puisque chez l'humain, qui n'est pas déterminé
comme l'animal, la dimension psychologique, affective, sociale, spirituelle est
très importante et que le but du développement est justement
l'intégration ou la subordination de toutes les autres dimensions en
fonction de la mission propre de l'être humain.
C'est en fonction de ces objectifs que le ministère de
l'Éducation a tenté d'établir un programme
d'éducation à la sexualité. Un premier document a donc
été rédigé, qui a été soumis par la
suite pour consultation auprès de certaines commissions scolaires. Ce
document, comme il arrive sporadiquement, qui devait être soumis à
la consultation des commissions scolaires a été rendu public.
À ce moment, il a suscité des réactions
passionnées, émotionnelles dans beaucoup de quartiers, au nom de
la défense de certains principes ou pédagogiques, ou moraux, ou
religieux.
À mon arrivée au ministère, j'ai pris connaissance
de ce programme. Je l'ai trouvé, pour ma part, susceptible
d'amélioration dans le sens de la poursuite des objectifs que je viens
de mentionner. J'ai donc demandé à l'équipe de
rédaction du ministère de réviser son travail, ce qui a
été fait. Lorsque j'ai eu en main la deuxième version de
ce projet, je l'ai relue, analysée et, encore une fois, j'ai
trouvé qu'elle ne répondait pas adéquatement aux objectifs
que je m'étais fixés. J'ai donc formé un comité
spécial du ministre chargé de réviser cette
deuxième version. J'ai fait appel, pour cela, non seulement à des
pédagogues mais aussi à des praticiens engagés soit dans
l'enseignement de cette matière, de la religion ou de la morale, ou
encore à des praticiens engagés dans le domaine des soins de la
santé. Dans le comité, il y avait des pédagogues, il y
avait des théologiens, il y avait un anglophone, des francophones, il y
avait des infirmières, il y avait des médecins. Ce comité
a poursuivi son travail durant plusieurs mois, non seulement pour examiner le
contenu du programme, mais aussi pour examiner certaines autres questions tout
aussi importantes, comme le moment d'introduction de tels volets d'enseignement
à tel moment de l'évolution d'un enfant. Par exemple, qu'est-ce
qu'il fallait introduire au premier cycle du primaire, au deuxième cycle
du primaire, au premier cycle du secondaire? Ce comité a
également étudié d'une façon plus spécifique
la participation des parents à l'éducation à la
sexualité en vue d'établir une continuité, une
articulation entre l'enseignement donné dans la famille et
l'enseignement donné dans l'école.
De même qu'il avait pour but d'étudier la participation
effective des parents à cet enseignement dispensé au sein
même de l'école, que ce soit au niveau de l'élaboration des
programmes ou des diverses activités éducatives reliées
à la dispensation du programme, que ce soit même à une
participation effective à l'enseignement, ce comité s'est
penché également sur le problème de la formation des
maîtres habilités à dispenser cet enseignement. Fallait-il
en confier l'exécution par exemple à des sexologues ou continuer
de la réserver à des enseignants spécialement
formés à cet effet mais pouvant compter sur l'appui de
spécialistes, comme cela arrive dans d'autres branches? Ce comité
s'est penché également sur la formation supplémentaire sur
laquelle pourraient devoir compter les enseignants qui dispensent cet
enseignement, que ce soit par le biais de journées pédagogiques
ou par des sessions de perfectionnement au sein même de l'école,
que ce soit aussi au niveau universitaire dans les programmes de formation
initiale ou dans les programmes de formation spécialisée.
Ce comité s'est enfin penché également sur la
question très importante du caractère obligatoire ou facultatif
de cet enseignement, sur la durée que devait revêtir cet
enseignement. Le comité a donc travaillé plusieurs mois et m'a
remis son rapport au mois de mars, je crois, et cette fois j'ai vu que le
programme pouvait véritablement être étudié d'une
façon valable, parce que c'était un programme dont le contenu
avait été largement amélioré en fonction des
objectifs
que je signalais tout à l'heure et que ce comité m'avait
présenté des avis très judicieux sur l'ensemble des autres
questions que je viens d'énumérer. Mais, comme nous voulions
garder le lien de continuité et d'articulation entre l'école et
la famille, nous avons pensé procéder à une
dernière consultation, d'une part auprès des commissions
scolaires, à qui nous avons envoyé le document et d'autre part,
auprès de la Fédération des comités de parents qui,
depuis plusieurs années manifeste une attention particulière
à ce problème. Cette consultation est actuellement en cours, elle
a été soigneusement préparée en collaboration avec
les comités de parents. Nous avons fait un résumé du
programme, nous avons fait une grille de lecture et d'analyse du programme,
nous avons fourni en somme aux parents les instruments nécessaires pour
qu'ils puissent se prononcer adéquatement et rapidement sur le
programme.
Nous pensons avoir en main les résultats de cette consultation en
juin 1982. Dès que nous l'aurons et compte tenu de l'avis que nous
recevrons, il devrait être possible de finaliser la rédaction du
programme et de le soumettre ensuite pour approbation aux comités
confessionnels, catholique et protestant, qui le renverront ensuite avec leur
opinion ou avis au ministre qui devra l'approuver. Si cette approbation devait
survenir au cours de l'été, j'aimerais bien que le programme
puisse être appliqué dès septembre 1982 dans les
commissions scolaires qui seront prêtes à le dispenser, sur une
base facultative. Il y aura, bien sûr, une période
d'expérimentation, d'implantation, de rodage, mais étant
donné l'importance de ce problème, étant donné
qu'il répond à un besoin fortement ressenti et de plus en plus
ressenti, comme je le disais au début de mon exposé, je crois
qu'il faudrait viser à rendre obligatoire ce programme, rodé,
amélioré, expérimenté, le plus rapidement possible,
dans le système scolaire québécois.
Le Président (M. Rodrigue): Mme la député de
Jacques-Cartier.
Régimes pédagogiques
Mme Dougherty: J'ai plusieurs questions sur le régime
pédagogique, mais avant d'aborder le régime pédagogique,
j'ai deux commentaires sur les réponses que le ministre a données
au député de Saint-Henri. Cela touche le point que j'ai
essayé de faire sur le problème majeur que nous avons, parce que
notre corps d'enseignants manque trop de ressources et comme résultat,
le reste du programme souffre.
In talking about the reduction of professionals, it was pointed out in
your answer that in fact, the percentage reduction of the non teaching
professionals was less than a loss in enrolment. Une voix: Less
or...?
Mme Dougherty: Less. In other words, the cuts had been something
like 4,9% - I think it was said - and the enrolment lost was 6,2%, talking
globally. Obviously, it is always looked globally. I think it is false to
reason in that way because it is not like the teaching force which drops
exactly in relation to the enrolment in the different sectors. When you are
dealing with professionals, you cannot do it that way.
I just want to give you an example. If a board - and this would be a
board that would be relatively well off with nonteaching professionals - had
one psychologist, one speech therapist - there are very very few but they are
very important - one counsellor to develop second language, one counsellor for
first language, another one to look after exceptional children, another one
looking after the "formation professionnelle" and another one specializing in
the development, the evaluation and the implantation of the "régime
pédagogique", and you had to cut. If you had to cut in proportion to a
loss in enrolment, let us take, in the English sector where it is worse, 10%,
which one of those "conseillers pédagogiques" goes? You lose a whole
service, that is the problem. You cannot deal in statistics when you are
dealing with professionals.
Now, the next thing, this notion of transferability. The transferability
is held out as the answer to everything; it is not. What used to happen is that
we had 1 $ in education and each nickel was labelled for certain purposes.
Forget about inflation. Now, we have 0,75 $ and the ministry says: Go and do
what you want with it. That is the situation. So transferability and autonomy
mean nothing when you do not have enough resources. I think that there is too
much talk about this panacea of transferability. I have lived with it as the
chairman of a school board and I know the problems are very very real. When you
talk about the desirability of keeping schools open, and I agree, and the
social benefits and so on, when you have to decide whether you are going to
keep a psychologist and a speech therapist for the whole system versus closing
a school or saving a school, the janitor, the oil and so on, you decide to
transport the children because you are hurting the whole system by unloading
your professionals instead of keeping your school. That is the reality at the
local level. So this transferability in keeping schools open, there is no way
we are going to keep schools open unless somebody puts up the money. So you can
have all the policies you like, it is got to have money behind it.
Now, the "régime pédagogique"...
M. Laurin: Je suis bien d'accord. Je pense qu'on peut essayer de
répondre à cela tout de suite et vous pourrez continuer ensuite.
Comme je le disais hier, les régimes pédagogiques sont
très importants pour nous, et si nous voulons qu'ils réussissent,
nous entendons bien établir les conditions propres à cette
réussite. Ces conditions ne sont pas uniquement financières,
comme je le disais hier soir, elles exigent aussi concertation, participation,
consultations constantes, mais j'admets, avec la députée de
Jacques-Cartier, que l'élément financier est aussi important.
Justement, hier, je disais que nous entendons consacrer au cours de
l'année qui vient près de 45 000 000 $ à l'implantation de
ces régimes pédagogiques.
En particulier, en ce qui concerne le soutien pédagogique qui
fait l'objet de la question de ce matin, nous avons déjà
accordé aux commissions scolaires 10 000 000 $ en 1981-1982, pour
l'implantation des régimes pédagogiques, et nous entendons
fournir encore 10 000 000 $ en 1982-1983. Ce budget supplémentaire, je
le rappelle, s'ajoute aux allocations qui sont versées aux commissions
scolaires pour la fonction d'animation pédagogique. Je rappelle aussi
que, même si la population scolaire a diminué de 6,2%, la
réduction du nombre de personnes affectées à temps complet
à l'animation pédagogique n'a, elle, diminué que de
4,9%.
Je sais que les problèmes que soulève la
députée sont réels, mais je veux quand même lui
signaler, avant de donner la parole à mon sous-ministre, M. Girard, et
à M. Rousseau que nous avons prévu quand même cette taille
différente des commissions scolaires, les plus petites ayant plus de
difficulté à implanter les régimes que les plus
élevées. Nous l'avons prévu dans les allocations
financières que nous versons aux commissions scolaires et les
commissions scolaires plus petites sont moins affectées par les
réductions que les plus grosses à cet effet. Nous avons aussi
encouragé certaines petites commissions scolaires à se regrouper
pour pouvoir dispenser ensemble les services d'animation pédagogique,
mais quand même, je voudrais que M. Girard et M. Rousseau
complètent ce que j'ai à dire là-dessus.
Sur la question de la nouvelle méthode d'allocation des
ressources et sur l'autonomie accrue qu'elle donne aux commissions scolaires,
je pense qu'on peut affirmer qu'incontestablement, les commissions scolaires le
reconnaissent, la nouvelle formule de financement leur donne de fait des
responsabilités plus grandes et une autonomie plus grande. Vous affirmez
que cette autonomie ne signifie rien lorsque les budgets sont en
décroissance.
Par ailleurs, il faut se rappeler, et la preuve en a été
faite au cours des dernières années, que les commissions
scolaires jouissaient de budgets qui en fait étaient largement
supérieurs aux besoins auxquels elles avaient à faire face. Vous
savez comme moi que l'application des ratios dans les conventions collectives
antérieures à celle de 1979 générait un nombre de
professeurs au-delà de ce dont les commissions scolaires avaient
besoin.
Avec l'introduction des nouvelles dispositions dans la convention
collective de 1979, le calcul ne se fait plus à partir des ratios, mais
à partir du nombre d'élèves par classe et de la
tâche moyenne des enseignants. La preuve que plusieurs commissions
scolaires avaient plus d'argent qu'elles ne pouvaient en dépenser, c'est
que dans le cadre de la nouvelle méthode d'allocation des ressources, au
cours des années 1979-1980, 1980-1981, et on est en train
d'étudier les états financiers pour l'année 1981-1982, on
constate - j'aurai les chiffres tantôt - qu'un grand nombre de
commissions scolaires font des surplus. Bien sûr, certaines d'entre elles
ont utilisé le pouvoir de taxation, mais plusieurs ne l'ont pas
utilisé encore jusqu'au maximum, à 6%. Donc, les commissions
scolaires font des surplus; ça m'apparaît être là un
signe que l'argent qu'elles reçoivent suffit amplement à couvrir
les besoins.
Par ailleurs, l'on peut reconnaître que la situation varie d'une
commission scolaire à l'autre. Certaines sont effectivement dans une
situation financière meilleure que d'autres. La nouvelle méthode
d'allocation des ressources est au fond une méthode qui, à
plusieurs égards, s'apparente à celle que nous avons dans les
réseaux universitaires et s'appuie sur une base historique,
c'est-à-dire que nous avons pris en compte une année de base;
rien n'empêche, à partir d'analyses plus systématiques de
la situation de différentes commissions scolaires, de corriger les bases
de certaines d'entre elles, comme cela a été fait dans d'autres
réseaux; je pense notamment au réseau universitaire, à la
correction de la base pour ce qui est de l'Université Concordia. Donc,
c'est une voie d'avenir. Ce qui est certain c'est que la nouvelle
méthode donne plus de responsabilités aux commissions scolaires,
les habilite à faire des choix qui répondent vraiment aux besoins
du milieu, même si la transférabilité n'est pas totale, on
le reconnaît, mais elle est amplement plus grande qu'elle ne
l'était antérieurement. Cela pour ce qui touche la nouvelle
méthode d'allocation des ressources budgétaires et l'autonomie
des commissions scolaires.
Pour ce qui est des personnels professionnels, il y a plusieurs chiffres
qui ont été cités depuis hier. J'ai ici un petit tableau
qui indique le nombre de professionnels, dans les réseaux primaire et
secondaire, rattachés directement aux élèves; ça
exclut ceux qui ne donnent pas des
services qui sont directement rattachés aux élèves.
Nous en avons un total de 3174, ce qui donne environ un professionnel par 350
élèves. Donc, la situation ne s'est pas
détériorée, comme on le prétendait hier.
Évidemment, le plus grand nombre de professionnels se retrouve - je ne
vais pas citer tous les chiffres - chez les conseillers en orientation,
où il y en a 545 chez les psychologues, où il y en a 468 chez les
conseillers en information scolaire, où il y en a 37, chez les
animateurs de pastorale, 449, chez les animateurs d'activités
étudiantes, 70, les spécialistes en moyens techniques
d'enseignement, 91. Donc, on constate que le nombre de professionnels,
malgré les coupures qui ont été faites dans ce secteur,
étant donné les contraintes des conventions collectives, n'a pas
mis en péril la qualité de l'éducation.
Le total cumulatif des surplus - je reviens à la première
remarque que je faisais - dans les commissions scolaires, au 30 juin 1981, est
évalué à 63 000 000 $ et celui des déficits, en
contrepartie, pour les commissions scolaires qui se retrouvent dans une
situation plus serrée, se monte à 14 300 000 $. Donc, on ne peut
pas prétendre que les compressions budgétaires ont mis les
commissions scolaires dans une situation difficile. Ce que l'on peut dire c'est
que l'une ou l'autre d'entre elles le sont, mais l'ensemble des commissions
scolaires ont des budgets équilibrés et un bon nombre d'entre
elles font des surplus. De fait les surplus accumulés au 30 juin 1981
sont de l'ordre de 63 000 000 $. (12 h 30)
Mme Dougherty: Merci. On pourra peut-être poursuivre ce
débat une autre fois. J'ai des questions à poser sur le
régime pédagogique. Cela n'a pas été soulevé
par les autres intervants.
First of all, as for the cost of the texts that will be supplied by the
school boards for the new courses, in your estimates of the cost which I
received from you, you anticipate for this year that there will not be any,
but, I think, looking down the road, there is one school board which has 30 000
children, that looking at one course at grade 8 level and using a very
conservative figure of that particular textbook of 8 $ per copy - this is a
geography history course at grade 8 - the cost of one course, putting it in
across the school board, is 25 000 $. Now, for forty courses, for the the
school board, that brings you up to 1 000 000 $. That is for 30 000 $, and if
you extrapolate that to the 1 103 000 children there are in this province, you
get about 33 000 000 $. Here is my first question: Is the Government prepared
to provide the 33 000 000 $ over the next two or three years to the school
boards to pay for these texts?
Now, I will run down each question and then I will be finished.
The next question is..."
M. Laurin: Je peux peut-être essayer de répondre
à celle-là tout de suite...
Mme Dougherty: D'accord.
M. Laurin: ... je pense, pour ne pas perdre l'impact de votre
question. Je demanderais à M. Rousseau, étant donné qu'il
s'agit d'un cas particulier " touchant aux manuels, de vous apporter les
précisions.
Actuellement, les commissions scolaires dépensent 15 000 000 $
par année pour l'achat de manuels scolaires. Ces 15 000 000 $ demeurent
dans l'enveloppe. Nous avons ajouté, l'an dernier, 6 000 000 $ dans
l'enveloppe "autres coûts" justement pour prévoir cet impact. Cela
a pu...
Mme Dougherty: Pour les textes ou... Vous avez mentionné 6
000 000 $ pour les...
M. Laurin: Pour les "autres coûts", pour l'ensemble, en y
incluant les manuels scolaires, sauf que cela a pu dégager une marge de
manoeuvre ou assouplir l'effet de compressions dans d'autres secteurs, puisque,
évidemment, les programmes sont lancés depuis 1979, 1980 et 1981,
mais les manuels scolaires qui les accompagnent ne sont pas encore
approuvés.
Il faut ajouter que, même si on parle de programmes plus
précis, si on fait exception pour un certain nombre de programmes comme
le programme de français langue maternelle ou d'anglais langue
maternelle, si on fait exception, dis-je, d'un certain nombre de programmes
qui, à toutes fins utiles, n'étaient pas appliqués,
pensons à l'histoire au primaire, pensons à la géographie
au primaire, il y avait très peu d'écoles primaires qui
réalisaient tous les objectifs des programmes. Si on excepte un certain
nombre de programmes, il faut dire que, pour la majorité des programmes,
leur spécification à un objectif n'entraîne pas un
changement de cartes. Ce n'est pas de nouveaux manuels scolaires qui devront
accompagner tous les nouveaux programmes.
À toutes fins utiles, il n'y a qu'un certain nombre de programmes
qui s'accompagneront de nouveaux manuels et ce sera surtout au primaire, parce
que, au secondaire, un nombre important de programmes avaient été
précisés et les manuels scolaires correspondaient aux objectifs
de ces programmes. Nous savons qu'il y a 15 000 000 $ d'achats, ces 15 000 000
$ demeurent et nous avions prévu, au moment où les commissions
scolaires seraient obligées en une seule année d'acheter un
nouveau manuel pour la langue maternelle et pour les mathématiques,
qu'il
faudrait investir peut-être 10 000 000 $, mais cette situation
n'est pas celle qui va se réaliser. Pour 1982-1983, des nouveaux manuels
peut-être en français et en mathématiques arriveront, mais
ce ne sont pas toutes les commissions scolaires qui vont les acheter au
même moment. Il faut évaluer avec elles leurs véritables
besoins, considérant qu'elles ont déjà 15 000 000 $ dans
l'enveloppe de base pour acheter des manuels scolaires.
Mme Dougherty: D'accord.
M. Laurin: Comme la députée le constate, il y a un
décalage entre la publication d'un nouveau programme et la
préparation du manuel qui sera fourni à l'élève
pour l'aider à acquérir les fondements de ce nouveau programme,
parce qu'il y a des étapes à suivre, des devis
pédagogiques à établir, des consultations avec les
éditeurs intéressés et ce décalage dans le temps
peut évidemment causer certains problèmes pour
l'établissement du budget.
Nouveaux programmes
Je profite cependant de l'occasion pour faire un cadeau à
l'Opposition, un cadeau que je lui avais promis hier. Timeo Danaos et dona
ferentes ne s'applique pas, en l'occurrence.
M. Lalonde: Donner et retenir ne vaut, vous savez.
M. Laurin: Je voudrais profiter de l'occasion pour déposer
tous les nouveaux programmes...
M. Lalonde: C'est très intéressant!
M. Laurin: ... que nous avons rédigés au cours de
1981-1982. J'ai dit hier que tous les programmes au niveau primaire
étaient complétés et que nous sommes en voie de
compléter les programmes au niveau secondaire également. Pour
vous montrer que ça correspondait à la réalité, je
vous ai apporté ce cadeau et je dis à mes collègues que
s'ils veulent en avoir des copies - je ne pouvais pas en apporter des caisses
pour tout le monde...
M. Lalonde: On vous en enverra.
M. Laurin: ... on pourra vous fournir, à votre demande,
une copie de chacun de ces programmes.
Une voix: Cela nous intéresse beaucoup.
M. Laurin: Cela pèse plus lourd que les pétitions
que vous nous apportez.
M. Lalonde: On va regarder cela tout de suite.
Le Président (M. Rodrigue): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: M. le ministre, on m'a dit que les programmes de
sciences sociales sont très rigoureux et je vous en félicite.
M. Laurin: Merci.
Mme Dougherty: Ce qui m'inquiète, c'est le programme des
sciences.
M. Laurin: Programme?
Mme Dougherty: Science programs and mathematics. Those who have
seen those programs, who work in the schools, tell me that they are very very
weak. I think the problem is that: in trying to establish a uniform program
across the system, the danger is that you hit the lowest common denominator and
this is a deterioration of challenge and quality for the better students,
students that can do something better. I think that, given the policy of the
ministry, which I believe is to support the development of science and
mathematics, and given the needs of the work force and the growing need for
technologists and computer technology, in which Québec is way behind,
there is going to be a serious gap in the capacities of our human resources. We
are going to have to import technologists and have more and more people out of
work, because this computer technology thing is going to eat up half of our
human resources in the work field. I think that there is a serious problem here
because the more we water down the science courses, the less interest the
people have in continuing and so on.
I think you understand the question. What is going to be your policy
with respect to science in our schools?
M. Laurin: C'est justement en raison des arguments que
présente la députée de Jacques-Cartier sur l'importance de
l'enseignement des sciences dans le développement optimal de l'enfant et
de l'importance d'une formation générale solide en sciences pour
l'insertion dans une société en mutation technologique constante
que nous avons changé la politique il y a quelques années.
Vous vous rappelez qu'auparavant l'enseignement des sciences
était plus ou moins obligatoire. En fait, il n'était pas
tellement obligatoire. Chacun selon ses goûts, ses aptitudes, ses
tendances privilégiait les options scientifiques. Mais, justement, nous
pensons que tous les Québécois doivent avoir une formation
générale solide en sciences.
Évidemment, il faut inclure cela dans le régime
pédagogique, il faut inclure cela aussi dans la partie du régime
pédagogique qui traite de l'enseignement obligatoire. Il faut
éviter de fourrer trop de choses dans le régime
pédagogique de façon que cela devienne invivable ou impossible
à matérialiser.
Il reste, cependant, que l'introduction des sciences comme
matière obligatoire correspond à un impératif que personne
ne peut nier. Cela va avantager sûrement 85% de la population
étudiante. Cela va peut-être pénaliser les 15% qui,
auparavant, pour suivre leurs goûts, leurs aptitudes, choisissaient,
à titre de matière optionnelle, d'une façon
privilégiée les sciences. Ils pouvaient y consacrer plus de temps
et pouvaient peut-être compter sur ce qu'on appelle en anglais un
"exposure" non seulement plus long à l'enseignement des sciences, mais
avec des professeurs qui pouvaient leur consacrer plus d'attention. C'est en ce
sens que j'ai lu, moi aussi, depuis quelques mois, certains articles qui disent
que le nouveau régime pédagogique va pénaliser un grand
nombre d'étudiants. Il faut donc apporter des nuances. Cela va
peut-être pénaliser ceux des étudiants qui, dans l'ancien
régime pédagogique, optaient pour un enseignement intensif au
niveau des sciences. Mais, en contrepartie, ce que les articles ne soulignaient
jamais, cela va avantager quand même la grande majorité des
étudiants. Nous pensons en tout cas qu'une solide formation
générale en sciences, poursuivie assez longtemps, ne
pénalisera pas non plus ces 15%, parce qu'ils auront amplement
l'occasion, dans la poursuite du cours secondaire, peut-être en suivant
des cours de secondaire VI, comme nous l'avons dit, dans certaines
matières, ou en poursuivant leurs études au collégial ou
à l'université, d'acquérir un enseignement scientifique ou
des connaissances scientifiques qui correspondent à leurs goûts
aussi bien qu'à leurs aptitudes.
Encore une fois, il y a des problèmes d'aménagement que
l'introduction d'un régime pédagogique axé sur des
principes différents peut causer. Je sais que le problème de
l'enseignement des sciences, aussi bien que celui des mathématiques,
fait problème actuellement.
J'ajouterais un autre élément. Il y a aussi des querelles
d'école là-dedans. Il est très rare de pouvoir contenter
à la fois tout le monde et son père, surtout dans
l'élaboration de programmes de plus en plus spécialisés.
Je ne m'attends pas à pouvoir concilier les tenants de telle ou telle
école, que ce soit sur le plan de l'importance respective à
accorder à l'enseignement de telles sciences, ou que ce soit
également sur les contenus et la progression des contenus, ou que ce
soit également sur l'aspect de l'enseignement des mathématiques
ou des sciences qu'il faut privilégier. Nous avons tenté, bien
sûr, dans nos programmes, de faire le mieux possible. Ces programmes
peuvent être modifiés, peuvent être amendés; nous
sommes en consultation actuellement, dans ces domaines, en particulier avec les
associations professionnelles mises en place qui continuent à nous
fournir des avis et de l'expertise. Il faudra quand même laisser un
certain temps de rodage à ces programmes, mais il n'est pas dit du tout
que nous refusons de les amender, de les modifier ou de les améliorer
à la lumière des avis qui nous seront faits. Sur un plan plus
technique, j'aimerais demander à M. Rousseau de compléter ma
réponse.
Si on prend l'enseignement des sciences, le nouveau régime
pédagogique crée obligation à toute école de
réaliser des objectifs scientifiques au primaire, ce qui est nouveau. Il
existe donc un programme de sciences de la nature qui vise à apprivoiser
le jeune avec la méthode scientifique et également avec ce qu'on
pourrait appeler un contenu minimal de connaissances dans son environnement
scientifique, ce qui est neuf comme obligation. Au secondaire, il y a un cours
obligatoire en sciences au premier cycle et au deuxième cycle, comme on
l'indiquait tantôt; le cours qui est obligatoire pour tous ne peut pas
être de même contenu que le cours qui n'était suivi que par
10% ou 15% des élèves en option, sauf que les options demeurent
pour ces élèves; ils auront tous une obligation d'avoir une
formation générale en sciences expérimentales comme en
sciences humaines. En mathématiques, le nouveau régime
prévoit une obligation à tous les degrés du secondaire, ce
qui n'était pas le cas. Un nombre important d'élèves ne
prenaient pas de mathématiques en secondaire V, alors que, maintenant,
le nouveau régime l'impose à tous les degrés; en plus, il
y a aussi des options dont une option dont le programme sera lancé
incessamment, dont nous sommes assez fiers; c'est l'option d'initiation
à l'informatique, en plus, évidemment, des cours à option
pour les mathématiques.
Aussi, il existe au ministère de l'Éducation ce que nous
appelons le CLESEC, c'est-à-dire le comité de liaison entre le
secondaire et le collégial, et les programmes du collégial qui
sont en révision seront en continuité avec ceux du secondaire.
Vous avez fait allusion aussi à la faiblesse du Québec, dans
votre intervention, dans ce que vous avez appelé la "computer
technology". Évidemment, nous sommes très conscient de
l'importance de l'informatique et de la télématique pour les
générations actuelles et surtout celles qui nous suivront. Et,
comme vient de le souligner M. Rousseau, cette préoccupation est
tellement présente que, même au niveau du secondaire, nous
tentons
de combler ce besoin actuellement. Et cela est vrai au niveau
collégial. Je ne sais pas si je vous apprendrai quelque chose en disant
qu'il y a actuellement 26 collèges sur 46 qui donnent des options en
informatique. Nous sommes aussi en train de réviser notre programme
d'enseignement de l'informatique a l'éducation des adultes pour
répondre au besoin des adultes, de plus en plus nombreux, qui viennent
faire du recyclage ou du perfectionnement dans ces domaines au niveau
collégial. (12 h 45)
Cela ne veut pas dire, encore une fois, qu'on est satisfait de la
situation. Nous continuerons à faire des efforts dans ce sens, mais je
voulais juste signaler que nous sommes parfaitement conscients de l'importance
non seulement des sciences et des mathématiques, mais aussi de
l'informatique pour les générations futures. Nous prenons
déjà les mesures pour combler ce besoin. Nous reviendrons au
collégial.
Mme Dougherty: The next question relates to second language for
English students. I think that there is a great deal of concern in the
allotment of hours in the "régime pédagogique" in article 43 and
article 27 at the secondary level. The allotment of second language is the same
for French children and English children and I do not think it is realistic. If
the English children are going to have to bear the burden of bilingualism in
future, which is fine, then the English children have to have much more French
than is allotted. Two hours per week is not enough.
Now, in the immersion programs - and I presume the immersion programs
are going to be able to continue - the children take other subjects in French
and so on. But, in the regular program, even the regular program that we have
now in the English schools - it is inadequate. For many schools, this is
cutting the French allotment to one third, compared to what they even get now.
Two hours is not enough, at the elementary level, of French per week. At the
high school level, it is four credits, it is given the same emphasis as art and
geography. Now, four credits - I think it is 25 hours per credit, 100 hours a
year - is not enough French for English children at the high school level. That
has to be revised and I think it is imperative.
I think it is particularly imperative, in view, of the Minister's own
words, in relation to the debate about the language tests. The Minister has
said - and I believe this is correct, as it was reported in the papers, I think
you said it in the House -that the language tests will stay until the
Anglophones do more in their schools about teaching their children French. You
cannot have it both ways. Either you help the
Anglophone students to do something about it or, you know, you have to
up the standards, so that the standards of children graduating from high school
are sufficient by high to automatically meet the requirements of the language
tests. I want to know what the Minister is prepared to do about that.
M. Laurin: Je crois quand même que le régime est
différent pour l'enseignement du français, langue seconde, de
celui de l'enseignement de l'anglais, langue seconde. Par exemple, les
commissions scolaires anglophones peuvent commencer l'enseignement du
français, langue seconde, dès la première année du
cours primaire, alors que pour l'enseignement de l'anglais, langue seconde,
cela ne commence qu'en quatrième année. Déjà, c'est
un gros changement.
De plus, dans les régimes pédagogiques, le
ministère n'établit des régimes obligatoires que dans une
certaine proportion et il laisse une marge de manoeuvre aux commissions
scolaires qui peut varier selon les matières, mais il y a une marge de
manoeuvre. Le régime pédagogique, la grille horaire, en
particulier, n'est pas à ce point contraignante qu'elle ne permette pas
aux commissions scolaires d'ajouter des cours ou un enseignement
répondant davantage à leurs besoins. C'est d'ailleurs un des buts
du régime pédagogique, que le projet de réforme scolaire
que nous allons lancer bientôt ne fera qu'accentuer. Donc, il y a une
marge de manoeuvre pour les commissions scolaires. Je ne sais pas si elles
l'utilisent à fond.
Il y a aussi la question des méthodes pédagogiques. Il y a
encore des querelles qui ont cours entre la validité ou
l'efficacité plus grande de certains programmes d'enseignement de la
langue secondaire par rapport à d'autres comme, par exemple, j'ai lu
plusieurs articles très savants sur les mérites respectifs de
l'immersion, comparé à l'enseignement intensif de la langue
seconde, survenant à une époque où l'enfant est
particulièrement capable d'en profiter, comme, par exemple, vers la fin
de la cinquième année ou de la sixième année. Je ne
veux pas trancher ces querelles d'école entre les tenants de
l'immersion, comme M. Lambert de McGill, puis les tenants de l'enseignement
intensif, particulièrement M. Bibeau, de l'Université de
Montréal. Je ne pense pas qu'il revient au ministère de trancher
dans ces questions-là.
Il y a aussi un autre facteur qui est important, c'est celui de
l'environnement francophone. Si l'enseignement du français langue
seconde était donné dans un environnement davantage francophone,
peut-être qu'on arriverait à d'autres résultats. C'est
peut-être la raison pour laquelle un de mes prédécesseurs,
M. Saint-Pierre, déjà dès 1971 préconisait que dans
les écoles anglaises
on puisse dispenser une partie de l'enseignement régulier en
langue française.
Donc, il y a plusieurs facteurs dont il faut tenir compte, mais je suis
bien d'accord avec la députée de Jacques-Cartier que les
commissions scolaires doivent intensifier, augmenter l'enseignement du
français langue seconde. Nous, nous croyons qu'à
l'intérieur du régime pédagogique elles ont l'espace et le
temps nécessaire pour cela. Je sais que cela peut causer certains
problèmes, mais là aussi je demanderais à M. Rousseau de
vous en parler à un autre plan.
L'organisation du temps consacré à l'enseignement des
matières et l'autorité totale de la commission scolaire en autant
qu'elle réalise des objectifs... Et on pourrait aussi ajouter que nos
programmes d'étude ont été modifiés à la
suite d'une vaste recherche. D'ailleurs, le résultat de cette recherche
a été ajouté aux programmes qui viennent de vous
être remis. Nous avons fait faire une recherche sur les besoins
langagiers des jeunes en langue seconde, ce qui veut dire que les objectifs ont
donc été modifiés également.
Mme Dougherty: I am happy to hear that you are going to give them
that kind of flexibility, because if you read the schedule in article 43, the
hours assigned to the different subjects, it does not look at the elementary
school that there is that much "marge de manoeuvre". If you want to take it
away from... I do not want to pursue this anymore, but I wanted to hear you say
that you are going to allow that kind of flexibility, because there is no
way... I think we have to improve the programs, not decrease the programs.
I just want to mention two other things. I think that the English
community feel very discriminated against because of the taking away of the
"classes d'accueil" opportunity. I think the Government should look at that one
again. Again for the same reasons, why should not the English community have
all the advantages to become bilingual that the new immigrants have? They have
the same requirements to integrate, to be productive citizens, and so on.
Otherwise, we are just going to add to the exodus.
M. Laurin: Je pense que je peux dire à la
députée que les occasions, les chances qu'ont les anglophones au
Québec d'accéder au bilinguisme sont bien meilleures que celles
que les francophones ont dans n'importe quelle autre province du Canada.
Pourtant les francophones de l'Ontario et du Manitoba ont réussi
à atteindre très rapidement le bilinguisme parce que
accéder au bilinguisme n'est pas seulement la responsabilité de
l'école; il y a aussi - et c'est sûrement le premier facteur - la
motivation de la personne elle-même.
Mme Dougherty: Vous avez raison.
M. Laurin: D'ailleurs, c'est cette motivation qui explique
pourquoi presque tous les francophones qui habitent dans les autres provinces
ont accédé rapidement au bilinguisme. Quand on est vraiment
motivé à apprendre une autre langue, on en prend les moyens, que
ce soit en écoutant des films, en écoutant des disques, en lisant
des journaux d'une autre langue ou en faisant des voyages; en profitant en
somme de toutes les occasions qu'une société bien
organisée offre pour se familiariser avec cette langue. Jusqu'à
il y a quelques années cette motivation n'existait guère dans la
population anglophone du Québec. Je constate avec plaisir qu'elle ne
fait qu'augmenter au cours des années. D'autant que cette connaissance
de l'autre langue, le français, devient absolument nécessaire, ne
serait-ce que pour des raisons d'emploi, des raisons économiques, des
raisons de participation à la vie politique ou culturelle du
Québec.
Je pense cependant que le Québec offre actuellement, par son
système scolaire, beaucoup plus de chances qu'ailleurs pour faciliter
cette connaissance, cet apprentissage d'une deuxième langue. Je sais que
ce n'est pas encore parfait. Nous avons quand même plusieurs programmes
que nous tenterons d'améliorer. Le ministère de l'Immigration et
des Communautés culturelles a aussi un certain nombre de programmes et
je sais que mon collègue, M. Godin, tente par tous les moyens d'obtenir
des budgets pour augmenter ses crédits. Nous continuerons, avec la
collaboration des commissions scolaires, de tout mettre en oeuvre pour
intensifier cette connaissance de l'autre langue par la population anglophone,
parce que c'est là un objectif que je partage avec la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: "Mr. Minister, one of the things that we are very
conscious of and I think that people become more and more conscious of are the
hundreds of millions of dollars that have been coming in from the Federal
Government on the bilingual grants."
M. Laurin: II accorde beaucoup moins que ce qu'on lui envoie sous
forme d'impôts.
Mme Dougherty: "I think it is about time that those were used for
the purposes intended, both for first language and second language, for French
and English children. I think it is imperative that we step up. Sure we are
doing more than in other provinces, but we have got to do still more than and
those grants are there and, I think that they should be put for the purpose
they were received.
Now, the next..."
M. Laurin: Mais savez-vous pourquoi le fédéral nous
envoie plus d'argent au Québec pour l'enseignement du bilinguisme qu'il
en envoie aux autres provinces? C'est parce que cela consacre l'effort immense
qu'a fait le Québec depuis plusieurs années pour un enseignement
intensifié de la langue seconde, ce qu'aucune autre province du Canada
n'a fait jusqu'ici. Donc, il ne fait que consacrer les pratiques qui sont les
nôtres depuis plusieurs années d'ouverture eu égard
à l'enseignement de l'autre langue. Nous négocions avec lui
actuellement pour...
Mme Dougherty: "Its a social necessity."
M. Laurin: ... que ces sommes soient accrues, parce qu'elles sont
inférieures même à l'effort que nous faisons. Nous
tenterons d'augmenter cette contribution du fédéral qui nous
apparaît tout à fait justifiée en l'occurrence.
Mme Dougherty: Bien, I have one other question about language.
The "régime pédagogique" allows English children to have French
immersion. Good, because there is a special clause there where they can teach
other subjects in the language. Why is it not the same privilege - I hate to
call it a privilege - opportunity allowed to French children who want
immersion? Now, there is a case in point that you are aware of, I am sure, the
Baldwin Cartier School Board. Your ministry told them that they have to face
this program out or cease to offer it. It is an immersion program that has been
valuated and very very successful to give French children, at levels 5 and 6,
grades 5 and 6, an immersion. Why does the ministry not see this as an
opportunity and not rely on bill 101, which says it is illegal? After all, we
are talking about education and, if this is an education opportunity, why does
the ministry want to cut it off?
M. Laurin: D'abord, parce que, comme je l'ai dit tout à
l'heure, la méthode d'immersion comme enseignement intensif d'une langue
seconde fait encore problème. C'est un sujet de contestation entre
certaines écoles de pensée et, comme je l'ai dit tout à
l'heure, il n'appartient pas au ministère de trancher dans ces querelles
d'écoles. Mais, deuxièmement - c'est la raison la plus importante
- c'est parce que les besoins de la majorité en ce qui concerne
l'acquisition d'une langue seconde ne sont pas du tout les mêmes que les
besoins d'une minorité et, en particulier, la minorité anglophone
pour l'acquisition de la langue de la majorité au Québec,
c'est-à-dire le français.
Les besoins de la majorité sont différents. Autant il peut
être utile, opportun et, particulièrement pour certains
élèves qui se destinent soit à une profession ou à
des contacts industriels avec d'autres pays, de connaître une autre
langue, autant il n'est pas aussi nécessaire pour une grande
catégorie de citoyens québécois francophones
d'acquérir la connaissance d'une langue seconde.
M. Lalonde: Demandez cela aux parents.
M. Laurin: Pour cette raison, je pense qu'on ne peut pas
établir une comparaison exacte entre les citoyens appartenant à
une minorité et à une majorité.
Troisièmement, le gouvernement a cru nécessaire, pour des
raisons sur lesquelles je ne veux pas revenir, d'établir la loi 101, ne
serait-ce que pour contrer les tendances intégratrices, assimilatrices,
annexionnistes de l'école anglaise chez nous, qui se comportait non pas
comme une école de la minorité, mais comme une école de la
majorité américaine. Cette loi 101 a eu des résultats dont
la population, sondage après sondage, s'estime satisfaite. Les mesures
que vous reprenez à votre compte iraient directement à l'encontre
d'un article essentiel de cette loi 101. On ne peut pas permettre, dans le
domaine de l'éducation particulièrement, qu'une mesure soit mise
en pratique qui va à l'encontre de la loi 101. (13 heures)
En ce qui concerne également le régime pédagogique,
celui-ci a voulu tenir compte de la diversité culturelle en ce qui
concerne les anglophones, mais il reste qu'il doit tenir compte aussi des
besoins de la majorité francophone. À l'intérieur du
régime pédagogique tel qu'il a été conçu,
cette mesure ne se trouverait pas à s'insérer d'une
façon...
Le Président (M. Rodrigue): J'indique aux membres de la
commission qu'il nous reste quelques instants seulement avant de passer
à l'ajournement.
À ce stade, je vais vous demander si le programme 4 ainsi que ses
éléments 1, 2 et 3 sont adoptés.
M. Lalonde: Non, M. le Président. Je voudrais tout d'abord
vous demander: Est-ce que le programme 3 aurait été techniquement
adopté?
Le Président (M. Rodrigue): Non.
M. Lalonde: Non. Je vous remercie. Parce qu'on s'était
entendu pour l'aborder plus tard.
Le Président (M. Rodrigue): Les
programmes 1 et 2 ont été adoptés.
M. Lalonde: Programmes 1 et 2, adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Nous en sommes au programme
4.
M. Lalonde: Programme 4. Nous avons quelques autres questions
à poser avec la permission du ministre. On vient de m'informer que, cet
après-midi, le ministre a une occupation qui l'empêche
d'être avec nous. On ne peut pas s'en passer; alors, je pense qu'on va
consentir...
M. Laurin: Je pourrais arriver, mais peut-être vers 17
heures...
M. Lalonde: On me dit 17 h 30. M. Laurin: ... 17 h 15.
M. Lalonde: On vient de me dire qu'on pourrait siéger
demain après-midi, selon l'ordre de la Chambre. J'ai aussi
demandé un temps de deux heures quelque part la semaine prochaine, mais
on vous consultera à ce propos.
Le Président (M. Rodrigue): D'accord. La commission
élue permanente de l'éducation ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 02)