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(Vingt heures trente-quatre minutes)
Le Président (M. Charbonneau): L'ordre formel de la
séance de ce soir est d'étudier les engagements financiers des
mois de février et mars 1984 du ministère de l'Éducation,
étant donné que les engagements financiers du ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu sont
considérés comme étant vérifiés.
Je pense qu'on avait à déposer des listes de
réponses obtenues.
Le mandat de la commission pour ce soir, je vous le rappelle, est de
vérifier les engagements financiers de la compétence de la
commission pour les mois de février et mars 1984 et d'approfondir ceux
du ministère de l'Éducation en présence du ministre, M.
Yves Bérubé.
Selon l'ordre du jour de la séance de ce soir, on
déposerait, dans un premier temps, la liste des réponses
obtenues; deuxièmement, une demande de renseignements
supplémentaires sur un engagement déjà
vérifié, en fait, les demandes de renseignements
supplémentaires qui pourraient venir des membres de la commission sur un
engagement déjà vérifié; troisièmement, nous
procéderons à l'étude des engagements financiers du
ministère de l'Éducation. Est-ce que cet ordre du jour est
adopté? Adopté.
Je vous rappelle, avant d'entreprendre l'étude des engagements
financiers, que chaque membre, sur chaque engagement, dispose de 20 minutes
pour parler. Ces 20 minutes peuvent ne pas être prises d'un bloc. Ceci
étant dit, on pourrait demander à la secrétaire de la
commission de déposer la liste des réponses obtenues. Chaque
membre de la commission en a reçu une copie le 24 mai dernier. Est-ce
qu'il y a des demandes supplémentaires d'information sur des engagements
déjà vérifiés?
M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, est-ce que je suis
enregistré pour remplacer quelqu'un?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, M. le
député.
M. Polak: Je suis invité par le député
d'Argenteuil. D'habitude, je remplace un membre senior de notre
équipe.
Le Président (M. Charbonneau): On avait déjà
fait la correction, M. le député de Sainte-Anne; vous remplacez
le député de Saint-Laurent.
M. Polak: Qui?
Le Président (M. Charbonneau): Le député de
Saint-Laurent.
M. Polak: Cela va très bien. M. Bérubé:
..., M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, vous n'avez
pas encore la parole.
M. Polak: Est-ce que tout est enregistré, M. le
Président?
Le Président (M. Charbonneau): J'espère que non, M.
le député.
M. Polak: On veut qu'à partir de maintenant tout soit
enregistré par le journal des Débats.
Le Président (M. Charbonneau): Étant maintenant
avisé par le spécialiste de l'Opposition dans l'étude des
engagements financiers, est-ce que vous avez des renseignements
supplémentaires à demander sur les engagements déjà
vérifiés?
M. Leduc (Fabre): Vous voulez dire ceux qu'on n'aurait pas
ici?
Le Président (M. Charbonneau): Non, ceux que vous avez
reçus et qui ont déjà été
vérifiés, selon l'ancien procédé. Si vous n'en
n'avez pas, on va procéder immédiatement à l'étude
des engagements pour lesquels on nous a convoqués.
M. Ryan: À propos du ministère de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu, ce que nous avons eu, ce sont des
précisions en réponse à une question qui avait
été posée. Est-ce qu'on nous a bien affirmé qu'il
n'y avait pas eu d'engagements financiers pour les mois de février et de
mars pour ce ministère-là?
Le Président (M. Charbonneau): Ce qu'on a indiqué,
M. le député d'Argenteuil, c'est que nous n'étudierions
pas cette fois-ci
les engagements financiers que nous avons reçus pour les mois de
février et mars du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, nous ne les étudierons pas cette
fois-ci, étant donné qu'ils ne présentaient, à leur
face, aucun problème particulier. Nous avons vérifié entre
autres avec le député de Laurier. Si jamais, par la suite, une
vérification plus en profondeur indiquait qu'on avait omis de fouiller
certaines questions en vertu des règlements, la prochaine fois, il sera
toujours possible de revenir.
M. Ryan: Je voudrais vous signaler qu'à ma connaissance je
ne les ai pas eus. Ah oui! Excusez, ils sont ici.
Le Président (M. Charbonneau): Ils sont à la fin.
Cela va?
M. Ryan: D'accord, cela va.
Le Président (M. Charbonneau): II n'y en pas pour le mois
de mars, me signale-ton.
M. Ryan: Quand la décision a-t-elle été
prise de ne pas questionner là-dessus?
Le Président (M. Charbonneau): La semaine dernière,
en séance de travail.
M. Ryan: À la réunion de travail dont
j'étais absent.
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela, c'est
exact.
M. Ryan: C'est bien, je me soumets.
Le Président (M. Charbonneau): Mais comme j'ai
indiqué à vos collègues, et en particulier au
député de Laurier...
M. Ryan: J'avais de belles questions.
Le Président (M. Charbonneau): ...et je vous l'indique
à vous, M. le député d'Argenteuil...
M. Ryan: Je trouvais que les subventions allaient pas mal...
Le Président (M. Charbonneau): ...si jamais...
M. Ryan: J'ai cherché en vain une subvention dans un
comté libéral. Je n'en ai pas trouvé une, mais je
m'abstiens.
Le Président (M. Charbonneau):
Écoutez, si cette question vous préoccupe à un tel
point, il sera toujours possible de revenir la prochaine fois, même si
les engagements sont considérés comme vérifiés.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Ceci étant dit, nous
allons passer aux engagements financiers des mois de février et mars
1984. Je n'ai pas de déclaration d'ouverture particulière
à faire à ce moment-ci. Oui, M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Vous parlez de février et mars 1984. Je
note qu'on a des documents qui font état de juin aussi.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, mais...
M. Leduc (Fabre): Pour moi - j'imagine que c'est le cas pour
quelques députés de l'autre côté aussi - si on
pouvait nous expliquer brièvement la méthodologie, sans que cela
ne prenne trop de temps, comment procèdent exactement les
ministères de façon méthodologique pour présenter
leurs états financiers?
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que...
M. Leduc (Fabre): J'ai des documents ici, c'est écrit "16
juin 1983" et vous me parlez de février et mars.
Le Président (M. Charbonneau):
Écoutez...
M. Leduc (Fabre): II y a plein de documents qui sont datés
de juin là-dedans.
Le Président (M. Charbonneau): Je veux bien qu'on aille
à l'école ce soir. Je m'inscris parmi les écoliers parce
que je n'ai jamais assisté aux séances d'étude des
engagements financiers.
M. Leduc (Fabre): C'est nouveau pour nous de vivre cette forme
de...
Le Président (M. Charbonneau): Ce que je propose, c'est
qu'on demande au doyen de la commission dans cette matière, le
député de Sainte-Anne, de nous expliquer comment cela
fonctionne.
M. Polak: M. le Président, rapidement, avec l'assentiment
de mon chef d'équipe ici, auparavant une commission des engagements
financiers s'occupait de tous les ministères. Par hasard, c'était
le président - excusez-moi - le ministre qui est ici ce soir et qui
était président du Conseil du trésor dans le temps qui
répondait au mieux de sa connaissance. On avait souvent de grands
débats...
M. Bérubé: C'était toujours à la
hauteur des questions, M. le Président.
M. Polak: Ce n'était pas continuel, mais le système
était comme cela. C'est très important, M. le Président,
de le savoir pour ceux qui n'ont pas suivi ce débat. Il faut toujours
d'abord lire . le libellé de l'engagement pour que ce soit inscrit aux
débats. Il ne faut pas dire: J'ai une question à poser concernant
l'engagement 1 ou l'engagement 3, parce que ce ne serait pas enregistré.
Il faut lire le libellé de la question. Ensuite, vous pouvez poser votre
question, par l'entremise du président, au ministre qui est ici. C'est
la première chose. Il faut suivre les numéros. Auparavant,
quelqu'un posait la question. S'il n'y avait pas de question concernant
l'engagement 1, quelqu'un disait: Je suis maintenant prêt à poser
une question concernant l'engagement 3. Si quelqu'un disait: Non, j'ai une
question à poser concernant l'engagement 2, on étudiait cet
engagement.
Je dois d'abord vous dire que c'était toujours plus ou moins le
privilège de l'Opposition. D'ailleurs, le ministre est ici, il est le
premier à le savoir. Nous posions les questions dans 90% des cas et les
ministériels dans 10% des cas. Cela a peut-être un peu
changé. J'ai étudié vendredi les engagements de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Cet après-midi,
j'étais membre de la commission des institutions. Cela varie un peu
d'une commission à l'autre. Je vois, par exemple, que le
député de Fabre commence à se montrer un peu. Je ne le
blâme pas, parce que sa position est un peu faible dans son coin.
J'étais là en fin de semaine et je sais qu'on est fort.
Le Président (M. Charbonneau): Pas de débat, M. le
député.
M. Polak: Excusez-moi de dire cela. Je ne veux pas devenir
partisan. Le ministre sait d'ailleurs qu'à Matane, je suis censé
faire un débat avec le ministre, lui et moi. J'attends encore
l'invitation, et il n'ose pas la faire.
M. Bérubé: Précisons, M. le
Président, qu'il y avait un congrès du Parti libéral
à Matane, mais, en fait, le député de Sainte-Anne brillait
par son absence et nous l'avons très regretté, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre! À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre!
M. Polak: J'ai travaillé dans Marie-Victorin.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! À
l'ordre! Je vous ai laissé aller...
M. Polak: M. le Président, excusez-moi.
M. Bérubé: En fait, on est...
Le Président (M. Charbonneau): Tout cela était sur
le ton de la blague, mais je ne veux pas que cela dégénère
trop rapidement.
M. Polak: M. le Président, je connais bien
l'ex-président du Conseil du trésor. Je sais comment il est.
C'est un homme combatif. Il sait comment nous fonctionnons.
Le Président (M. Charbonneau): Ceci étant dit, M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Polak: On procède numéro par numéro.
M. Bérubé: Si on vous dérange, on pourrait
s'en aller.
M. Polak: Évidemment, je suis très heureux que le
chef de notre équipe m'ait invité à venir ici ce soir pour
donner un petit coup de main.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Fabre.
M. Leduc (Fabre): J'apprécie les explications du
député de Sainte-Anne.
Le Président (M. Charbonneau): Je n'en doute pas.
M. Leduc (Fabre): J'ai compris que je devais lire - je n'avais
pas besoin de lui pour me le dire - et que je devais procéder
numéro par numéro. Je n'avais pas besoin de lui pour me le dire
non plus.
M. Polak: Avec intelligence. J'ai oublié de le dire.
M. Leduc (Fabre): Je ne sais pas s'il est allé dans le
comté de Fabre pour donner ce genre d'explications...
M. Polak: Oui.
M. Leduc (Fabre): ...aux électeurs du comté de
Fabre, mais...
Le Président (M. Charbonneau): Ce que je vous propose,
c'est la chose suivante: écoutez, cela fait déjà trois
quarts d'heure qu'on devait...
M. Leduc (Fabre): M. le Président, vous ne répondez
pas à ma question.
Le Président (M. Charbonneau): Ce que je vous dis, M. le
député de Fabre, c'est qu'on peut passer la séance de ce
soir à se faire expliquer une série de documents. Je
pense que ce qu'on a devant nous, ce sont des engagements financiers
numérotés. Pour certains de ces engagements, vous avez des
annexes. Je prends, par exemple, l'engagement financier no 11: Subventions
à diverses commissions scolaires locales et régionales. Vous
avez, par la suite, des listes qui sont jointes. Ce dont vous parliez
tantôt, c'est d'une série de listes qui ne sont pas toutes
possiblement appropriées à l'engagement financier, mais dans
lesquelles on peut retrouver les renseignements pertinents quant à
l'engagement qui est résumé au no 11.
Finalement, on a une série d'engagements, chacun étant
numéroté, certains avec des documents complémentaires. Ces
informations doivent servir aux membres de la commission pour questionner les
membres de l'Exécutif et vérifier finalement la teneur de ces
engagements. Je pense qu'on pourrait passer trois heures à expliquer
cela plus en détail, mais cela se résume à cela.
M. Ryan: M. le Président, je souhaiterais que nous
commencions, et je voudrais commencer.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, d'accord? Est-ce que
c'était la coutume - je pose ma question à l'ancien
président du Conseil du trésor, le ministre de
l'Éducation, et au député de Sainte-Anne, qui est
habitué d'avoir une déclaration d'ouverture
généralement de la part du ministre?
M. Polak: Non.
Le Président (M. Charbonneau): Non.
M. Bérubé: II nous fait plaisir de faire votre
éducation maintenant, M. le Président, mais il n'y en avait
pas.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre de
l'Éducation. Dans ce cas, je vais céder immédiatement la
parole au député d'Argenteuil.
M. Ryan: Merci, M. le Président. Je pense que, dans le
processus de réaménagement du travail des commissions
parlementaires, l'activité que nous entreprenons ce soir est
peut-être l'une des plus significatives qui puissent avoir lieu. J'ai des
doutes sur certains aspects de cette réforme. Je ne veux pas cependant y
faire obstacle. Dans la mesure où. on pourra prouver que mes doutes
n'étaient pas fondés, j'en serais très heureux, mais je
pense qu'un des éléments positifs de la réforme, c'est
cette possibilité qu'elle offre aux députés plus
particulièrement chargés de suivre un secteur sur le plan
politique de voir également comment les politiques se traduisent dans
des engagements financiers. Je pense que ces députés sont souvent
mieux placés pour poser des questions à propos d'un engagement
précis, parce qu'ils connaissent davantage le contexte des politiques
que traduisent ces décisions portant sur tel ou tel engagement
financier. (20 h 45)
II me semble que, pour être plus en mesure d'apprécier la
portée réelle de certaines politiques, il est bien important de
voir comment elles se traduisent aux plans administratif et financier. D'autre
part, pour faire ce travail, je pense qu'il est bon qu'il y ait une certaine
ligne commune d'une commission à l'autre. C'est dans cet esprit que
j'étais très heureux que le député de Sainte-Anne
puisse se joindre à nous, ce soir, en remplacement du
député de Saint-Laurent, qui m'a prié de l'excuser de son
absence...
Le Président (M. Charbonneau): Nous enregistrons.
M. Ryan: ...vu qu'il devait partir en voyage ce soir.
Le Président (M. Charbonneau): Nous l'envions tous
d'ailleurs;
La publication des manuels au niveau
collégial
M. Ryan: Alors, je voudrais tout de suite, sans plus de
préambule, engager la discussion sur le premier engagement inscrit sur
la liste de février 1984, qui se lit comme suit, M. le
Président...
M. Bérubé: Février, quel est le
numéro, M. le Président?
Le Président (M. Charbonneau): Oui. M. Ryan: ...le
numéro 148617:...
Le Président (M. Charbonneau): Oui, c'est bien.
M. Ryan: ..."Contrat de services pour la production d'un ouvrage
d'enseignement intitulé "Élément de biométrie"
à l'intention des étudiants du niveau collégial.
Fournisseur, le collège de La Pocatière; montant de l'engagement,
27 600 $; imputation budgétaire 1983-1984, 5520 $, et 1984-1985, 22 080
$."
Je voudrais demander au ministre, à ce sujet, quelle est la
politique du ministère de l'Education en matière d'adjudication
de contrats pour la publication des manuels au niveau collégial. En quoi
cette politique se distingue-t-elle au niveau collégial de la politique
qui est suivie aux niveaux primaire et secondaire?
M. Bérubé: On me dit que la différence
fondamentale avec le secteur du primaire et du secondaire, c'est que c'est
généralement le privé, les éditeurs qui voient au
financement de la production de manuels scolaires dans le cadre du nouveau
régime pédagogique où on a prévu, en fait, un
encadrement à l'intention des rédacteurs de volumes, de telle
sorte que ceux-ci sachent exactement les matières couvertes et la
façon de les traiter. Au niveau collégial, évidemment, il
n'y a pas de manuels scolaires proprement dits, mais il existe des manuels de
référence reliés à un programme donné. Dans
le cas du collégial, c'est fait en coproduction avec les enseignants des
collèges. Nous passons par un comité de documentation didactique,
qui regroupe des représentants du réseau et du ministère,
qui identifient les manuels qui doivent être produits et recherchent a
l'intérieur des collèges des ressources humaines pour les
rédiger.
M. Ryan: Je voudrais demander au ministre, à ce
sujet-là si, comme cela se fait aux niveaux primaire et secondaire, le
ministère émet une série de spécifications pour
décrire les besoins auxquels devra répondre l'ouvrage en
question. Deuxièmement, est-ce qu'il y a un appel qui est fait aux
différents collèges pour demander ceux qui seraient
intéressés à faire des propositions? Troisièmement,
est-ce qu'il existe un cadre d'analyse des propositions qui pourraient
être reçues? Et, dans l'hypothèse où les
réponses seraient affirmatives, est-ce qu'on pourrait déposer ou
faire suivre les documents qui répondent à cela?
M. Bérubé: Effectivement, il y a un cadre, je l'ai
sous les yeux en ce moment, qui prépare un devis de production, qui
identifie le cours, le programme. Par exemple, je pourrais vous fournir, dans
ce cas particulier, un document qui va vous montrer le cadre à
l'intérieur duquel l'auteur devra travailler. Évidemment,
à titre d'exemple, pour les fins du journal des Débats, on donne
les rôles des principaux responsables, celui du projet de la Direction
générale des moyens, la responsabilité du collège
proprement dit - dans ce cas-ci, c'est le collège de La Pocatière
qui aura à l'assurer, et on précise les étapes de
production et le partage des responsabilités entre le collège et
la direction. On précise le nombre de pages, les
échéanciers, l'état actuel de la documentation sur le
sujet. On identifie les clientèles potentielles; dans ce cas-ci, il y a
quatre collèges francophones: Sainte-Foy, La Pocatière,
Sherbrooke et Hauterive. On indique le nombre d'inscriptions,
l'évolution de la clientèle. On précise le marché
parallèle qui pourrait exister à la suite de la rédaction
d'un tel volume. Ceci peut donc permettre de donner à ce volume une
diffusion plus grande que la seule diffusion aux étudiants du programme
lui-même. On spécifie enfin les normes quant, par exemple, au
système d'unités et à la langue.
Il y a également toute une section sur les considérations
pédagogiques donnant les objectifs du cours, les caractéristiques
pédagogiques du manuel, le plan général du volume en
détail avec une véritable table des matières du cours
proprement dit. À titre d'exemple, chapitre I, la biométrie et
son objet devraient être à la page 16; le chapitre II,
l'organisation et la présentation des données seraient à
la page 38; le chapitre III, et ainsi de suite. Vous avez une description
complète de ce que devrait contenir ce volume, sur la base du programme
approuvé, au niveau collégial, dans le domaine.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre...
M. Bérubé: II y a un seul point auquel je n'ai pas
répondu. Est-ce qu'on procède par un appel de soumissions ouvert?
Là, je ne peux pas vous le dire, parce que c'est un comité qui
regroupe des représentants du réseau et des représentants
de la direction qui sélectionne les gens les plus en mesure de faire le
travail. On me dit qu'il n'y a pas d'appel de soumissions publiques. C'est
uniquement à partir de leur connaissance du réseau.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: M. le Président, aviez-vous quelque chose
à dire?
Le Président (M. Charbonneau): En fait, pour que cela soit
clair au procès-verbal, je voulais vous demander quels documents... Vous
avez demandé un certain nombre de documents, pourriez-vous
repréciser les documents, pour que cela soit clair et pour qu'on puisse
vérifier le suivi au niveau du secrétariat de la commission?
M. Ryan: Oui, j'ai parlé de deux documents particuliers en
m'appuyant sur les pratiques suivies aux niveaux primaire et secondaire.
D'abord, on émet un devis donnant les spécifications auxquelles
devront répondre ceux qui présenteront des soumissions pour tel
ou tel manuel.
M. Bérubé: II n'y a pas de soumissions.
M. Ryan: Non, je le sais bien. Je parle au primaire et au
secondaire, M. le Président. Si le ministre voulait écouter comme
il faut, il verrait qu'on se comprend
très bien parfois.
Alors, au primaire et au secondaire, c'est comme cela que cela se fait.
On émet un devis et les gens qui veulent faire des soumissions
l'examinent et essaient d'y répondre. Ensuite, une fois que les offres
ont été présentées, il y a tout un cadre d'analyse
établi par le ministère pour faire l'examen des propositions. Un
pointage très détaillé est fait à propos des
projets soumis.
Je voulais savoir si de telles choses existent au niveau
collégial, et le ministre a répondu à ma question de
manière satisfaisante. Je n'ai repris ce point que parce que vous
vouliez savoir exactement à quoi vous en tenir au sujet de la
question.
Le Président (M. Charbonneau): Parfait, merci.
M. Ryan: Maintenant...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Deux autres questions à ce sujet. Ma
première question visait évidemment le principe de la chance
égale. Y a-t-il vraiment un système comportant chance
égale pour tout le monde? Cela m'amène à une autre
question. Le ministre nous a dit qu'il y a un comité comprenant les
représentants du réseau et de la direction des collèges au
ministère, d'après ce que j'ai pu comprendre...
M. Bérubé: Oui, la Direction générale
des moyens éducatifs.
M. Ryan: ...Ah oui! Très bien. Pourrais-je savoir quels
sont les représentants du réseau à ce comité et
comment ils sont nommés?
M. Bérubé: Il faudra le demander.
M. Ryan: Vous pourriez nous donner ces renseignements?
Le Président (M. Charbonneau): La liste de ces
personnes...
M. Bérubé: La liste des représentants du
réseau et leur mode de sélection et de nomination?
Le Président (M. Charbonneau): Ces documents seront
transmis à la secrétaire de la commission.
M. Ryan: Une deuxième question, M. le Président. Le
montant de l'engagement, les 27 600 $, on nous dit que c'est pour la production
d'un ouvrage d'enseignement. Production jusqu'à quel stade, comprenant
quoi exactement? Est-ce qu'on pourrait avoir le contenu détaillé
de ce que contient ce montant? Est-ce qu'il comprend l'impression? Est-ce que
ce sont seulement des honoraires pour des recherches et travaux de
rédaction?
M. Bérubé: C'est la production de manuscrits.
M. Ryan: La production de manuscrits. M. Bérubé:
Oui.
M. Ryan: A-t-on une idée... La question qui
m'intéresse ici, c'est de savoir, en fin de compte, combien ce manuel
coûtera. À "Élément de biométrie", il y a 27
600 $ pour la production de manuscrits. Ce sont des frais de rédaction
et de copie, disons de recherche. On utilise ce mot à tous les propos.
Est-ce qu'on a une idée, du côté du ministre, de ce que
cela va coûter pour l'amener sur la table des élèves dans
les institutions collégiales?
M. Bérubé: L'impression proprement dite?
M. Ryan: Quel sera le tirage, approximatif de cet ouvrage?
M. Bérubé: C'est très aléatoire.
M. Ryan: Quelle va être la durée?
M. Bérubé: C'est très aléatoire, car,
comme il s'agit d'un manuel qui ne s'adresse qu'à quatre
collèges, pour un programme très précis, il est possible
que cela ne fasse jamais l'objet d'une autre impression que la photocopie, ce
type de reproduction. Donc, le mécanisme de reproduction n'est pas
précisé ici. J'essaie de voir la clientèle en question.
Voyez-vous, le nombre d'étudiants réguliers inscrits aux cours,
est de 195 en 1983-1984. Alors, il est douteux que l'on procède à
un tirage très sophistiqué d'un tel manuel puisque le volume en
serait très faible. Toutefois, ce qu'on me dit, aussi, c'est que ce
manuel pourrait servir, par exemple, à des techniciens de la faune. Si
son utilisation devait s'étendre, il est possible qu'un éditeur
décide de prendre à sa charge l'impression. Donc, j'aurais
tendance à dire que, dans le cas d'un texte comme celui-ci, il va
simplement être reproduit à partir d'une matrice originale qui
peut être composée au traitement de texte, dans un format
relativement propre et de qualité. Je doute qu'on procède
à l'impression d'un volume comme tel.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais demander justement si on a
déjà arrêté des projets quant au mode de
publication? Est-ce que ce sera polycopié ou imprimé quant au
nombre de copies qui seront mises en
circulation à l'occasion d'un premier tirage et quant au
coût d'un premier tirage?
M. Bérubé: D'accord. On va poser la question
à la direction. Quel est le mode de diffusion prévu pour ce
manuscrit, c'est-à-dire mode d'impression et volume d'impression,
tirage? Les coûts?
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Sainte-Anne, sur l'engagement 1.
M. Polak: Juste une question additionnelle, M. le ministre, sur
le même engagement. Le libellé de l'engagement parle du contrat
négocié. Le député d'Argenteuil a
déjà posé une question là-dessus. Dans la
discussion qu'on a eue avec le ministre, dans le passé, il était
bien entendu qu'il y aurait un contrat négocié seulement dans des
cas vraiment exceptionnels, comme des cas d'urgence, ou s'il n'y avait tout
simplement pas d'autre fournisseur disponible. Ce sont vraiment les deux
grandes raisons. Quelle était la raison pour que, dans un contrat,
même s'il s'agit d'un montant - je le réalise, parce que le
ministre nous a déjà répondu l'an passé, qu'il
s'agit de 27 000 $ sur le budget total, arrêtez donc de parler de
"peanut", je parle du principe et non pas d'un montant - quelle était la
raison pour laquelle on a procédé par le biais d'un contrat
négocié? Est-ce qu'il s'agit d'un cas d'urgence? Est-ce qu'on ne
pouvait pas avoir un autre entrepreneur? Quelle était la raison?
M. Bérubé: D'accord. Dans le cas d'un service de
type professionnel, la confection, par exemple, d'un manuel pédagogique
est véritablement un acte professionnel et on ne procède pas par
soumissions publiques. Je sais que le député de Sainte-Anne
favorise, en fait, ces mécanismes de soumissions publiques, qui sont des
mécanismes intéressants. La prochaine fois qu'il se fera
opérer pour l'appendicite, en y allant par soumissions publiques, il
m'en parlera.
M. Polak: Je connais plusieurs médecins et j'aimerais bien
choisir, si cela arrive. M. le Président, je voudrais juste prendre
exception. La réponse du ministre... Savez-vous, je l'ai connu comme
président du Conseil du trésor. Il parle d'un ton un peu
méprisant. Je lui ai posé une question. Quelle était la
raison? Je ne parlais pas d'appendicite. D'ailleurs, je n'ai pas de
problème de ce côté-là, pas encore. Je lui ai
demandé quelle était la raison pour laquelle on procédait
par le biais d'un contrat négocié? Donc, donnez-moi une
réponse. Est-ce que le collège de La Pocatière a
été favorisé, pour quelque raison que ce soit? Je ne le
sais pas. Je suis d'accord avec le député d'Argenteuil qui l'a
dit, tout à l'heure, je suis certain qu'avec les coupures que les
collèges ont subies, il y a maintenant beaucoup de collèges qui
seront bien intéressés à gagner 27 600 $ pour faire un tel
travail. Ils seront capables de le faire. Donc, quelle est la raison pour
laquelle on a dérogé à la méthode usuelle? Je ne
parie pas d'un contrat par soumissions publiques dans les journaux.
Ce n'est rien de cela. On aurait pu faire circuler une lettre. C'est
très facile de prendre une indication du ministère pour faire
envoyer une lettre à ce collège. Voici: voulez-vous faire une
soumission sur le contrat suivant, le no 1. D'ailleurs on reviendra
bientôt sur l'engagement no 2. C'est intéressant, il y a beaucoup
de ces contrats-là. (21 heures)
M. Bérubé: M. le Président, il y a quatre
collèges francophones qui donnent le cours, Sainte-Foy, La
Pocatière, Sherbrooke et Hauterive. Le comité dont on parle et
qui est chargé d'identifier des auteurs potentiels pour
différents programmes, différents cours, lorsqu'il se voit
confier ce mandat de concevoir un texte pour ce programme de biométrie,
M. le Président, ce n'est pas compliqué. Comme il y a quatre
collèges, les membres du comité ont simplement à faire les
appels par téléphone pour savoir, d'une part, où sont les
ressources. Dans le cas présent, le collège de La
Pocatière est reconnu pour avoir une expertise particulièrement
bonne dans le domaine, et j'imagine que c'est à partir de cette
expérience du collège qu'on a décidé de faire appel
à ses professeurs.
Vous n'êtes pas sans savoir que nos collèges ne sont pas
tous spécialisés dans les mêmes domaines, que vous avez des
domaines de spécialisation plus poussés dans certains
collèges. Je pense, par exemple, au collège de
Rivière-du-Loup, qui est très spécialisé dans les
techniques de loisirs. Je pense au collège Lévis-Lauzon qui veut
s'orienter du côté de la robotique. En d'autres termes, les
collèges ont des expertises. Je pense à celui de Thetford-Mines,
dans le domaine des mines. Il est clair qu'à partir d'une
clientèle qui est relativement limitée, soit 46 collèges,
il est très simple pour un comité qui a identifié le
besoin d'un texte de se renseigner pour savoir quel est le groupe qui a le plus
de possibilités de fournir un texte valable.
Deuxièmement, comme il s'agit d'un travail professionnel, on ne
va pas en soumissions publiques pour un tel travail, parce qu'on ne choisit pas
un manuel sur la base de ce qui coûte le moins cher. La blague que je
faisais au député de Sainte-Anne, elle était plus
sérieuse que pensait le député de Sainte-Anne. Cela
m'étonnerait que le député de Sainte-Anne décide de
se faire opérer sur la base du plus bas
soumissionnaire. J'aurais peur que le médecin opère
à la hache plutôt qu'au scalpel. C'est normal. En fait, dans le
cas de travail professionnel, jamais le gouvernement ne procède par
soumissions publiques, car le critère n'est pas un critère de
prix, c'est généralement un critère de qualité, de
connaissances dans ce domaine, de la capacité à réaliser
le travail et le prix a relativement peu d'incidence.
Pourquoi négocie-t-on le prix? C'est parce que,
évidemment, à force de donner des contrats de ce type avec
différents collèges, on finit par avoir une idée de ce
qu'on est prêt à payer par page, par exemple, pour la production
d'un manuel. C'est donc à partir de standards de coûts; dans ce
cas-ci, c'est 60 $ la page, je pense. C'est le prix que l'on paie depuis deux
ou trois ans au gouvernement pour de tels contrats. '
Donc, la soumission publique ne repose pas sur le plus bas
soumissionnaire, mais, au contraire, on procède davantage à
partir de l'expertise dont dispose le comité, surtout qu'il y a peu de
gens au Québec capables d'écrire un tel volume et ils sont connus
de tous.
M. Ryan: Est-ce que je dois comprendre, d'après ce que dit
le ministre, qu'il y aurait seulement des professeurs de collège qui
seraient capables de produire des manuels à l'intention des
élèves de collège? Est-ce qu'il ne peut pas arriver que
des professeurs d'université aient aussi la compétence pour le
faire? Est-ce qu'il n'y a pas beaucoup de manuels au niveau collégial
qui sont l'oeuvre de professeurs d'université?
M. Bérubé: Oui, et j'imagine que le comité
doit également faire appel à des professeurs d'université
aussi, lorsqu'il y a une expertise dans un domaine.
M. Ryan: Vous ne sauriez l'affimer?
M. Bérubé: Je n'affirme jamais rien avant d'en
avoir fait une vérification exhaustive.
M. Ryan: On en a des exemples sous le nez.
L'idée que nous voulons faire ressortir ici, M. le
Président, c'est que le ministère doit se rendre compte de la
nécessité de faire appel à l'éventail le plus large
possible de ressources, dans tous les cas de ce genre. Il y a toujours un
danger à faire ce que l'on appelle de l'"in-breading" à
l'intérieur d'un réseau qui doit être surveillé de
très près. On doit prendre toutes les précautions
nécessaires pour éviter que cela se fasse sous la forme de
l'"in-breading".
M. Polak: M. le Président, dernière question
additionnelle. Je voudrais dire au ministre que, pendant quinze minutes, il a
répondu convenablement. Il a dit que le collège de La
Pocatière a une spécialité dans ce domaine, etc., mais
qu'il arrête de patiner. Même si c'est pour lui un nouveau
ministère et qu'il ne connaît pas tellement la matière, je
sais qu'il n'est pas au Conseil du trésor et qu'il n'a pas
l'habileté de répondre comme auparavant. On comprend cela; on lui
donne une chance. Il apprend la matière en même temps que nous.
Qu'il donne donc la réponse dès qu'il la connaît.
Le Président (M. Charbonneau): J'ai l'impression que
l'évaluation des questions et des réponses est une question
d'opinion et de jugement. Je vous laisse votre opinion et je laisse au ministre
le soin de juger et de votre intervention et de la façon dont
lui-même répond. S'il n'y a pas d'autre question sur ce premier
engagement, nous considérerons que l'engagement a été
vérifié et nous allons passer au suivant.
M. le député de Fabre.
M. Ryan: Sur chaque engagement, nous avons tous un droit de
parole de 20 minutes.
Le Président (M. Charbonneau): Si on veut être
strict, sur chaque engagement, tout le monde a 20 minutes. Je fais
vérifier une autre question dont je vous parlerai un peu plus tard.
M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): L'engagement 148728: Contrat de services pour
la réalisation...
M. Polak: M. le Président, question de règlement.
Le député de Fabre a dit tout à l'heure qu'il n'avait pas
besoin du député de Sainte-Anne pour lui dire comment cela se
passe dans le comté de Fabre. Je lui dis d'oublier ce
numéro-là, ça ne veut rien dire. Lisez le libellé
du no 2 et tout le monde va bien comprendre. Le ministre connaît cela et
moi aussi.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je n'ai fait que me
conformer aux directives du député de Sainte-Anne, qui nous a
bien dit qu'il fallait lire et qu'il fallait procéder numéro par
numéro.
M. Polak: Du côté droit de la feuille et non du
côté gauche.
M. Leduc (Fabre): Pour que le député de Sainte-Anne
comprenne bien quel est le numéro de l'engagement...
Le Président (M. Charbonneau): Étant donné
que l'ambiance est détendue et que tout le monde envie le
député de Saint-Laurent, je vous rappelle qu'on n'a pas un
temps illimité pour procéder à l'étude des
engagements. Je vous prie de poser vos questions.
Étude chez les jeunes de secondaire IV
M. Leduc (Fabre): II s'agit de l'engagement 148728, l'engagement
no 2, M. le député. "Contrat de services pour la
réalisation d'une étude visant à mieux connaître le
cheminement éducatif et la culture des jeunes de secondaire IV ainsi que
la perception qu'en ont l'école et la famille. Fournisseur: Centre de
sondage de l'Université de Montréal. Montant de l'engagement: 98
661 $."
Mes questions sont les suivantes: Est-ce qu'on a l'habitude au
ministère de faire de telles études? Pourquoi le secondaire IV?
Est-ce qu'on le fait pour les différents niveaux du secondaire? On veut
avoir la perception du cheminement éducatif de la culture des jeunes du
secondaire IV. Pourquoi le secondaire IV? On fait appel au centre de sondage de
l'Université de Montréal pour réaliser une étude.
Est-ce qu'il y a une raison particulière? S'il s'agit d'une étude
sur la culture des jeunes, sur leur cheminement éducatif, est-ce qu'on
ne pourrait pas faire appel à une faculté d'éducation,
à des spécialistes en éducation? S'agit-il simplement d'un
sondage plutôt que d'une étude? Je me demande pourquoi le Centre
de sondage de l'Université de Montréal. Est-ce qu'on a l'habitude
de faire appel à des centres de sondage? Pourquoi l'Université de
Montréal?
Le Président (M. Charbonneau): Vous apprenez vite, M. le
député.
M. Bérubé: En réponse à la
première question, je ne pourrais pas dire que c'est fréquent
mais, depuis quelques années, en fait depuis 1980, on a mené
quelques études, dont quatre plus connues, sur les valeurs des jeunes de
16 à 20 ans, sur un profil socioculturel des jeunes de 15 à 20
ans. On a examiné la réaction des garçons et des filles
face à la télévision, à l'école, à la
rue, à la drogue, si l'on veut. L'objectif est donc de mieux
connaître l'univers socioculturel de nos jeunes. Rappelons que
l'Organisation de la coopération du développement
économique, tout récemment, dans son document de travail, posait
la question de l'évaluation de l'avenir de l'enseignement dans des
conditions sociales, économiques et techniques nouvelles. L'objectif du
ministère est donc d'arriver à mieux cadrer, par exemple, des
phénomènes comme le décrochage chez les jeunes, comme la
mauvaise performance. Tout récemment, le Conseil supérieur de
l'éducation, par exemple, soulignait un phénomène
observé chez les jeunes filles qui ont tendance, au niveau du secondaire
V, à décrocher par rapport à une certaine pratique
d'excellence dans des matières scientifiques jusqu'au secondaire IV et,
à partir du secondaire V, subitement, dévient vers des options
cul-de-sac. Il y a des comportements socioculturels comme cela dans une
société qu'il faut comprendre, qu'il faut connaître, si on
veut pouvoir modifier nos régimes pédagogiques, nos manuels, de
manière à pouvoir mieux cadrer nos enseignements avec
l'état de cette jeunesse. Cela est, par conséquent, une des
fonctions du ministère, qu'il accomplit d'ailleurs avec brio, n'est-ce
pas?
Deuxièmement, pourquoi le secondaire IV? D'abord, ce serait aussi
bête et méchant que cela, c'est qu'il fallait bien choisir une
année. À choisir les comportements, par exemple, d'un groupe
d'âge de dix ans à vingt ans, on risque d'être peu utile
parce que, comme on le sait, l'adolescent est dans une phase d'évolution
très rapide à ce moment-là. Il y a une énorme
différence entre une adolescente de 17 ou 18 ans et un jeune de 13 ou 14
ans. Il faut donc tenter de saisir au vol une période de mutation. Il
faut donc choisir une année limitée. Si on avait choisi
secondaire V, vous auriez posé la question: Pourquoi le secondaire V? Si
on avait choisi le secondaire III, pourquoi le secondaire III? Disons qu'il
faut saisir un temps fugace de l'évolution de notre adolescence. Le
secondaire IV n'est peut-être pas un mauvais choix. On sait que les
premières années de secondaire, le jeune sort directement de
l'école primaire, il n'est pas encore vraiment entré dans sa
phase d'adolescence plus délicate, ou il est en croissance plus rapide.
Donc, le secondaire IV nous donne peut-être un portrait de l'adolescence
en changement, en grande mutation. C'est peut-être cela l'objectif, je
présumerais. C'est certainement une période critique en tout
cas.
Pourquoi l'Université de Montréal? D'abord parce que c'est
un organisme d'éducation. J'ai regardé les raisons tantôt,
mais je dois vous avouer que je n'ai pas trouvé cela absolument fort
comme raison, je peux vous les donner. D'abord, ce que l'on dit, c'est que la
direction de la recherche ne peut pas compter sur les ressources requises. Il
faut donc aller à l'extérieur. C'est le premier argument.
Deuxièmement, il y a des difficultés méthodologiques pour
une telle enquête qui nécessitent un élément de
recherche, ce qui les amène à s'adresser plutôt à un
organisme spécialisé en recherche plutôt qu'en
administration de sondages. Il y a un autre argument, à savoir que le
centre de sondage a effectué des recherches... Ah oui! C'est vrai,
tiens! Il y a peut-être un élément important. Sur la
constitution de l'équipe, ce qui confirme essentiellement le
deuxième argument que j'avais indiqué, le responsable du projet a
déjà réalisé des
études sur les médias et sur les questions scolaires.
Il y a également le chercheur principal qui a fait effectuer des
études sur le problème de l'adaptation scolaire et
également sur le secteur professionnel à l'intérieur de
l'INRS-éducation. Un des chercheurs juniors qui travaillent à
mi-temps sur le projet a fait des études sur la télévision
payante et sur les écoles alternatives. Il s'agit donc d'une
équipe de recherche en sondage qui s'est intéressée au
secteur de l'éducation.
M. Leduc (Fabre): Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Bérubé: C'est plus par la composition de
l'équipe que sur autre chose qu'on peut porter un jugement.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil. (21 h 15)
M. Ryan: Oui, M. le Président. C'est un projet
d'envergure, un sondage de 100 000 $. C'est une entreprise importante parce
que, d'habitude, les sondages que commandent des journaux, des organismes
divers qui comportent quand même des questions assez
élaborées, cela exige des montants généralement
moins élevés que ceux-là. Sauf le fameux sondage que le
gouvernement avait fait avant le référendum, celui-là
avait coûté très cher. C'est le sondage politique que M.
Claude Morin avait commandé, et qui a induit le gouvernement en erreur
quant à la manière de poser sa question et d'organiser le
cheminement de cette étape.
M. Bérubé: Je suis un peu en accord avec le
député d'Argenteuil là-dessus, M. le Président.
M. Ryan: M. le Président...
M. Bérubé: Effectivement, si le
député d'Argenteuil est convaincu qu'à avoir bien
posé la question, nous aurions obtenu un oui, je suis d'accord avec lui
que la majorité des Québécois serait d'accord.
M. Ryan: ...j'ai été interrompu sans avis
préalable et sans intervention de votre part; vous êtes
censé protéger les droits des membres!
Je reviens à la question que je voulais soulever. Il me semble
que c'est un contrat important. Avant de poser ma question, je voudrais
seulement avoir une précision. Qu'est-ce que veulent dire les chiffres
(01-02), après le montant de 14 000 $? Est-ce que cela aurait
été versé durant les deux premiers mois de l'exercice
financier 1983- 1984?
M. Bérubé: C'est le
programme-élément.
M. Ryan: Ah! Le programme-élément, très
bien.
M. Bérubé: Regardez au CT, vous devriez avoir la
confirmation.
M. Ryan: Est-ce que vous pourriez nous indiquer, puisque telle
est la réponse...
M. Bérubé: C'est bien cela, le programme 01,
élément 02.
M. Ryan: ...si c'est la même classification pour 1984-1985
dans les crédits du ministère?
M. Bérubé: J'ose présumer. Des voix:
Oui.
M. Ryan: Très bien. Pour un contrat de cette importance,
est-ce que vous ne trouvez pas qu'il eût été
préférable de définir en termes généraux les
besoins du ministère et de faire appel, peut-être, à trois,
quatre ou cinq maisons différentes, leur demandant des soumissions, afin
que le ministère soit en mesure de choisir la soumission la meilleure au
point de vue qualitatif et d'avoir une certaine idée quant au prix?
Parce que, lorsque l'on fait affaires avec un fournisseur unique de services,
on est évidemment tributaire du prix qu'il va nous faire sous la raison
bien connue des honoraires qui s'imposent.
J'ai entendu les raisons qu'a évoquées le ministre
tantôt pour justifier le choix du Centre de sondage de
l'Université de Montréal. Je n'ai pas de rapport
détaillé quant à l'activité du Centre de sondage de
l'Université de Montréal, mais ce que j'en ai vu dans le
passé indique qu'il fait des sondages comme d'autres maisons de sondage
et que sa spécialité n'est pas la recherche en profondeur. La
recherche en profondeur se fait dans les facultés, dans les
différents services de l'université. Il me semble que celui-ci se
spécialise justement dans les entreprises de sondage de l'opinion. Je
voudrais savoir avec plus de précision pourquoi, dans une entreprise
aussi importante, l'on décide de marcher seulement avec une maison, de
manière prédéterminée en somme, au lieu d'explorer
les possibilités du marché de manière à obtenir la
meilleure proposition possible.
M. Bérubé: Le problème vient du fait que ce
n'est pas un vulgaire sondage.
D'abord, il faut construire un échantillon, ce qui n'est pas une
mince affaire lorsqu'on fait
affaires avec une clientèle qui est quand même restreinte.
Il faut faire une analyse de type, un peu monographique des milieux dans
lesquels ces jeunes vivent, car leurs comportements et leurs réponses
vont dépendre énormément du milieu social d'où ils
proviennent. S'agit-il d'un milieu urbain, d'un milieu de banlieue ou d'un
milieu rural? Il faut donc élaborer à ce moment-là des
outils de recherche, effectuer des observations, des entrevues de groupes, des
entrevues individuelles sur le terrain pour bien saisir le problème
avant de pouvoir concevoir le sondage lui-même. C'est donc
véritablement une recherche sur des comportements de jeunes qui va
au-delà de simplement l'administration d'un questionnaire un peu aveugle
pour avoir une opinion de quelqu'un. Il s'agit ici d'en arriver à
percevoir une culture de jeunes; une culture implique beaucoup plus que les
opinions. Donc, il y a un élément de recherche là-dedans
qui est important.
Quant à la question du député d'Argenteuil
concernant la méthode d'attribution de travaux professionnels de ce
genre de recherche, lorsqu'on procède par appel d'offres, c'est
généralement parce que le bassin potentiel de gens susceptibles
d'offrir des services est grand. Par conséquent, il faut procéder
avec une certaine discrimination, il faut également s'efforcer de
répartir de la façon la plus équitable possible l'ensemble
des contrats gouvernementaux.
L'objectif d'équité m'apparaît fondamental lorsqu'on
parle de contrats de construction, de contrats d'ingénierie
standardisés, de contrats de cartographie où on donne un grand
volume où les firmes ont des expertises assez équivalentes. Il
faut donc à ce moment-là s'assurer qu'il y a une
répartition la plus équitable possible.
L'objectif d'équité ne peut cependant pas être le
seul objectif qui anime un gouvernement quand il accorde des contrats de
recherche ou des contrats de nature professionnelle. À ce
moment-là, effectivement, pour la plupart de ces contrats de recherche,
à peu près jamais on ne procède par soumissions. Presque
toujours, on procède par la négociation directe, pour la simple
raison que le bassin d'expertise est tellement limité que cela ne sert
à rien de se lancer dans un appel de propositions dont on connaît
de toute façon la réponse, puisqu'on connaît les
intervenants dans le secteur. Donc, on connaît leurs ressources, on sait
qui ils sont, on connaît leur capacité et, par conséquent,
on n'a pas besoin de se lancer dans un appel de soumissions publiques
vis-à-vis de gens dont on connaît la capacité de remplir le
contrat. Alors, il s'agit simplement, à ce moment, de l'exercice d'un
jugement normal de l'administration qui, à partir de ses connaissances,
sélectionne les gens les plus valables.
À l'examen des caractéristiques des ressources humaines
qui seront responsables de ce projet, il est clair que le ministère a
identifié des gens qui s'y connaissent, puisqu'ils ont dans le
passé effectué des travaux de ce type.
M. Ryan: Est-ce que je dois comprendre qu'au jugement du
ministre, les centres de recherche des facultés d'éducation, les
centres de recherches sur l'opinion, comme celui qui existe à
l'Université McGill, sous la direction de M. Pinard et de M. Hamilton,
des maisons privées comme SORECOM et CROP n'avaient pas a priori les
qualifications nécessaires pour soumettre des propositions très
intéressantes au gouvernement, et respecter les préoccupations
que vient d'évoquer le ministre? Est-ce qu'il veut nous dire que, dans
le jugement souverain du ministère, il était décidé
d'avance qu'il y avait une institution qui pouvait réaliser un travail
comme celui-là et aucune autre?
M. Bérubé: Non. En fait, l'intervention du
député d'Argenteuil est essentiellement correcte, sauf sur le
terme "a priori". Le ministère n'a pas décidé a priori, le
ministère a décidé a posteriori, c'est-à-dire
après analyse de la situation et a pris sa décision au meilleur
du jugement de l'administration.
M. Ryan: Est-ce qu'on peut avoir décidé a
posteriori, justement, lorsqu'on n'a même pas demandé les
propositions des autres? C'est ce que je trouve vraiment curieux. Je trouve que
c'est un exemple de décision a priori. A posteriori, cela postulerait
qu'on a demandé, puis qu'ensuite, sur la base des propositions ou des
suggestions qu'on a reçues, qui peuvent d'ailleurs s'étager
à différents paliers de présentation, suivant les
exigeances du client, je trouve que c'est un bon exemple de procédure a
priori. Je ne veux pas faire de procès pour celui-ci, mais je voudrais
insister pour que le ministère examine de plus près la
possibilité de donner une chance égale sur des contrats
d'importance. Je ne dis pas, si cela était un sondage de 5000 $, je
comprends très bien. Mais quand on est rendu à une entreprise,
à un projet de 100 000 $, il me semble que, plutôt que de
décider du haut de votre grandeur, cette fois, on vous le donne à
vous, parce que vous avez le genre, le nombre de feuilles de route qui font
notre affaire, donc, cette fois, c'est à vous, fiez-vous à nous,
nous serons équitables, est-ce que ce ne serait pas plus juste et plus
équitable en soi qu'on donne la chance aux gens de présenter des
canevas et qu'ensuite le ministère juge avant de donner sa commande sur
la foi des canevas
présentés, des qualifications des présentateurs? Je
pense que cela va de soi. Je m'inquiète de cette procédure et je
voudrais savoir si c'est la procédure dans laquelle entend s'enliser le
ministère ou s'il est prêt à regarder des procédures
plus larges, à la lumière de qualifications correspondantes que
peuvent présenter non pas des maisons innombrables, mais des maisons
assez nombreuses pour être capables de se faire entre elles une
concurrence de bon aloi.
M. Bérubé: M. le Président, un des bons
critères pour évaluer si la procédure suivie par le
ministère est valide, c'est de surveiller, d'abord par la correspondance
que nous recevons, les réactions des chercheurs dans le domaine qui,
à un moment donné, peuvent se plaindre de ce que le
ministère privilégie tel ou tel groupe, par exemple, au
détriment de tel autre groupe.
D'ailleurs, ce sont les très nombreuses critiques que le
gouvernement libéral recevait autrefois quant à ses attitudes de
patronage qui ont amené l'implantation de Rosalie au gouvernement. On
sait à quel point le gouvernement libéral de M. Bourassa avait
comme habitude d'aller chercher des ristournes auprès des compagnies qui
recevaient des contrats gouvernementaux pour pouvoir financer la caisse
électorale du Parti libéral.
M. Ryan: M. le Président.
M. Bérubé: Or, on sait que ceci entraînait
énormément de critiques face à cette approche
inéquitable de répartition des contrats. C'est la réaction
de l'ensemble des intervenants du milieu qui a amené le gouvernement
à introduire le fichier central des fournisseurs et à corriger
cette situation.
Losqu'on s'inquiète des règles d'équité,
c'est relativement facile de s'assurer que la procédure est
équitable, en vérifiant l'état général de
l'opinion publique. Or, M. le Président, je n'ai jamais reçu de
lettre de qui que ce soit, à date, et je ne pense pas, en tout cas, que
le ministère en ait reçu beaucoup concernant des critiques
à l'égard du ministère sur sa façon d'octroyer des
contrats de recherche.
Cependant, si les intervenants du milieu devaient, à intervalles
réguliers, souligner -je ne veux pas dire "réguliers", mais de
temps à autre - un mécanisme qui s'apparente de trop près
aux procédures qui étaient très à la mode à
l'époque du Parti libéral, à ce moment-là, je pense
que le député d'Argenteuil aurait raison. Cela signifierait qu'il
existe effectivement un bon nombre de chercheurs au Québec susceptibles
de fournir le service, avec des antécédents, une taille
d'équipe et une infrastructure qui pourraient fournir le service
adéquat. À ce moment-là, se voyant continuellement
éliminés du domaine par une décision arbitraire de
l'administration, évidemment, ils s'adresseraient, comme c'est normal,
directement au cabinet du ministre ou au ministre, ou lui écriraient de
manière à protester. On s'en apercevrait, à ce moment, et
on pourrait donc se rendre compte qu'il y a lieu, dans un cas particulier,
d'exercer un contrôle plus sévère. Mais les pratiques
administratives mises de l'avant par le ministère n'entraînent pas
le genre de critiques qu'on entendait à l'époque où M.
Bourassa administrait les finances publiques au Québec. Ce qui
m'amène, à ce moment-là, à penser que la
procédure est probablement assez valable.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je vous signale que le ministre
s'est écarté passablement de l'objet de nos discussions auquel je
m'étais tenu rigoureusement. Puisqu'il a fait cet excursus je vais
simplement lui citer quelques exemples qui montrent que, lorsqu'on est dans une
cage de verre, il faut toujours faire attention à ce qu'on fait.
Si le ministre n'a pas entendu les protestations des maisons qui
voulaient fournir des micro-ordinateurs au réseau scolaire, à la
suite de la manière cavalière, arbitraire et injustifiée
dont a procédé le gouvernement en novembre et en décembre
dernier, pour annoncer à Paris une décision prise on ne sait
où ni comment, je pense qu'il serait mieux pour le ministre de faire
plus que regarder son courrier chaque matin; d'ailleurs, il y répond de
manière passablement tardive, dans bien des cas, comme on l'a vu pas
plus tard qu'aujourd'hui.
Deuxièmement, je voudrais lui rappeler que peut-être il n'a
pas reçu beaucoup d'appels à son bureau aujourd'hui, mais, nous,
nous avons reçu de nombreuses réactions de citoyens bien
étonnés de voir comment un certain M. Pierre Allard, avec la
feuille de route qu'il semblait avoir, a été nommé de
manière tout à fait privilégiée, à des
fonctions exclusives à la Société des alcools du
Québec. Je ferme la parenthèse là-dessus, mais, puisque le
ministre l'avait ouverte, je voulais au moins lui donner un peu de la monnaie
de sa pièce. Cela ne change rien au débat de fond qu'on engage
ici.
Je lui ai posé une question honnête et droite, je pense,
à propos d'une façon de procéder qui ne m'apparaît
pas conforme en soi aux normes qu'on attend d'un bon gouvernement et qui
doivent l'inciter à explorer l'éventail des possibilités
avant d'accorder sa faveur ou la faveur d'un contrat à l'un ou l'autre
fournisseur. Il n'y avait pas autre chose là-dedans et je ne
voudrais pas m'éterniser sur le débat qui nous
entraînerait en dehors. On pourrait aller très loin
là-dedans et je ne pense pas que ce soit le moment de le faire. On le
fera, c'est un débat politique qu'on doit faire, mais ici j'ai
posé une question et cela finit là. (21 h 30)
J'en ai seulement une dernière à poser. Des pièces
ont dû être produites à l'appui de cette proposition du
Centre de sondage de l'Université de Montréal. Est-ce qu'on
pourrait nous déposer une copie du devis qui a été
présenté au ministère, à l'appui de cette
proposition, peut-être une copie de la demande de proposition qui a
été faite, si elle a été faite par écrit au
centre de sondage, pour qu'on voie exactement si les idées du
ministère étaient aussi précises qu'elles le sont a
posteriori? Est-ce qu'on pourrait déposer également des copies de
pièces des rapports de progrès accomplis? Je vois qu'il y a une
première subvention qui a été versée, un premier
paiement, je m'excuse, ce n'est pas une subvention, un premier versement qui
aurait été effectué en 1983-1984. J'aimerais qu'on sache
la date de ce paiement et peut-être comment on entend étaler les
paiements prévus pour l'année 1984-1985. Quand attend-on le
rapport de cette étude? Est-ce qu'il y a un rapport préliminaire
qui a été fait? Est-ce que le questionnaire ou les instruments
qui ont été conçus par le centre de sondage pourraient
nous être communiqués pour notre information afin que nous soyons
mieux en mesure de bien apprécier le bien-fondé de cette
dépense?
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, en fait, la
partie analyse et rapport s'étend de juillet au 15 décembre 1984.
Le rapport final est prévu pour le 14 janvier 1985. Il n'y a donc aucun
rapport. Cependant, je pense que l'on pourrait remettre, si le contrat a
été signé entre-temps, ces copies du contrat
détaillant les obligations du contractant.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait avoir une idée de la
grandeur de l'échantillonnage?
M. Bérubé: 500, je crois; 400. Attendez un peu!
M. Ryan: Comment cet échantillon est-il réparti
géographiquement et suivant les sexes, à travers le
Québec?
M. Bérubé: J'ai 400 à un endroit et j'ai...
500 personnes. C'est bel et bien 500.
Le Président (M. Charbonneau): Peut-être
juste...
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait avoir... Est-ce que le ministre
pourrait vérifier la possibilité d'avoir une copie du
questionnaire de l'instrument principal qui aurait été
conçu? Est-ce que ce sont toutes des entrevues individuelles ou est-ce
que ce sont des entrevues faites par la poste? Comment se fait
l'enquête?
M. Bérubé: II y a une partie terrain, M. le
Président, interview.
M. Ryan: Partie, est-ce que c'est sur...
M. Bérubé: II y a une partie, entrevue de groupe.
Deuxièmement, comme il s'agit d'une recherche, les moyens retenus par la
firme font évidemment partie de la recherche. En d'autres termes, je
pense qu'il y a confusion. Il ne s'agit pas d'un simple sondage ponctuel d'une
semaine, mais il s'agit d'une étude qui dure une année. Donc, il
y a le développement des instruments, l'identification des moyens
utilisés, l'application de ces moyens, collecte des données,
analyse et présentation d'un rapport. Donc, on ne peut pas parler, comme
tel, d'un questionnaire au sens classique des sondages. Toutefois, M. le
Président, quand l'étude sera terminée, je pense que
l'Opposition pourra demander qu'un rapport lui soit fourni. Évidemment,
c'est public.
M. Ryan: Un rapport d'étape, également?
M. Bérubé: Non, nous ne publions pas...
M. Ryan: Au point où nous en sommes, aujourd'hui.
M. Bérubé: Nous ne publions jamais les rapports
d'étape. Nous les publions à la fin.
M. Ryan: Je trouve cela assez cavalier, M. le Président.
Il me semble qu'un rapport d'étape indiquant où le travail en est
rendu, au moment où nous sommes appelés à confirmer ces
engagements financiers, serait tout à fait dans l'ordre. On ne demande
pas un rapport des découvertes qui ont pu être faites ou des
conclusions, mais un rapport sur le stade où on en est rendu dans la
réalisation du devis. Il me semble que c'est une demande tout à
fait élémentaire.
Le Président (M. Charbonneau): Encore une fois, je pense
que les membres de la commission peuvent à la fois poser des questions
et porter des jugements.
M. Bérubé: C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que le ministre
est libre de répondre et de donner son consentement, de
répondre
positivement ou négativement aux questions qui lui sont
posées ou aux jugements qui sont portés. J'aurais une question
dans cet ordre d'idées. Est-ce qu'il existe, soit au ministère de
l'Éducation ou ailleurs, au Conseil du trésor, un
mécanisme quelconque qui permet au gouvernement d'évaluer la
performance de l'ensemble des maisons de sondage qui sont accessibles?
Autrement dit, quand on donne un contrat à une maison de sondage, est-ce
qu'on est en mesure de vérifier si telle maison, dans le passé,
par rapport à des critères scientifiques de performance, a
mené des sondages qui sont scientifiquement valables? On sait qu'il y a
certaines maisons de sondage qui peuvent mener des sondages scientifiques, mais
les sondages ne sont pas tous d'égale valeur. Certains instruments
d'analyse sont plus contestables que d'autres. Compte tenu du fait que, non
seulement au départ, - 100 000 $ dans ce cas-là, on pourrait
prendre d'autres exemples - mais, par la suite, on va engager des actions sur
la foi des résultats, est-ce qu'il y a un mécanisme particulier
qui permet à un ministère, en l'occurrence le ministère de
l'Éducation, en ce qui nous concerne, de vérifier si on a affaire
à une maison qui est capable de nous donner des résultats sur
lesquels on va pouvoir s'appuyer par la suite pour poser des gestes
pédagogiques particuliers et importants?
M. Bérubé: Essentiellement, un tel mandat est
confié, dans le cadre d'une commandite, à une très
étroite supervision de la part de la direction du ministère qui
est intéressé par le résultat. C'est donc la direction du
ministère qui pourra porter un jugement sur la qualité du travail
fait.
Cependant, la procédure générale de recours au
fichier central, lorsqu'il s'agit de contrats de type plus routinier et non pas
de recherche... On peut distribuer des contrats d'ingénierie de type
classique en général en faisant appel au fichier central puisque
la spécialité y est identifiée. On a, à ce
moment-là, un nombre suffisamment important d'intervenants pour pouvoir
procéder à une sélection de type aléatoire.
Toutefois, dès qu'on intervient dans des domaines
ultraspécialisés - à titre d'exemple, s'il fallait
chercher au Québec un spécialiste en chimie colloïdale des
oxydes non conducteurs, il y en aurait un, il est assis devant vous, M. le
Président, et il n'y en a pas d'autre au Québec - c'est assez
difficile de recourir à un fichier central de fournisseurs.
Or, à l'intérieur du mécanisme du fichier central,
il y a une évaluation de la performance, qui peut entraîner une
réduction des probabilités d'un intervenant d'être choisi
lorsqu'on tire les noms au hasard. Ceci peut donc fonctionner dans le cas d'une
évaluation systématique de ceux qui offrent des services au
gouvernement. Dans le cas de contrats de recherche, il n'y a pas d'information
centralisée au gouvernement quant à la valeur des travaux. Il
peut se produire cependant que la firme en question fasse un mauvais travail et
que, dans leur rapport, les gens de la direction annotent mal la firme et
qu'ultérieurement on décide de ne pas retenir cette
firme-là pour d'autres travaux sur la base d'une performance
antérieure inadéquate. Je pense que si on a eu recours à
cette firme-là et à partir des curriculum vitae dont je parlais
tantôt, il est clair qu'on a eu recours à cette firme-là,
d'une part parce qu'il s'agit d'un centre de sondage rattaché à
une université, donc habitué à faire des études
plus sophistiquées, qui sont moins classiques, moins conventionnelles et
qui, d'autre part, peut s'engager dans des programmes de recherche.
Le Président (M. Charbonneau): Si je comprends bien, le
ministère de l'Éducation est équipé pour
évaluer la valeur scientifique des résultats qui lui sont
soumis.
M. Bérubé: C'est un bien gros mot. Si nous avions
toute l'expertise dont dispose le secteur privé, en toute
probabilité nous ferions la recherche nous-mêmes. La raison pour
laquelle on fait appel à une expertise externe, c'est qu'en
général on ne dispose pas de l'expertise proprement dite.
À ce moment-là, il n'est pas facile, pour quelqu'un qui n'est pas
un spécialiste en la matière, de porter un jugement absolument
sûr sur un travail de recherche comme celui-ci. Je pense qu'il faut
accorder une certaine confiance à ces universitaires qui ont
derrière eux un passé de recherche dans le domaine et qui,
certes, peuvent se tromper. Je ne serais pas étonné, si on devait
fouiller dans les thèses de doctorat produites par toutes les
universités dans le monde, qu'on en découvre un grand nombre qui
n'aient pas de valeur après coup mais, au moment où on les a
faites, on était à la fine pointe de la recherche et cela
semblait être du bon travail. Je pense qu'il faut laisser le temps juger
de l'évaluation de la qualité d'un travail scientifique.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, évidemment le
député d'Argenteuil a pas mal couvert la matière, mais
j'ai quand même deux ou trois petites questions à poser au
ministre. Je ne pense pas qu'il ait répondu de manière
satisfaisante au fait qu'on a encore une fois ici renoncé au principe
d'un contrat négocié. Quand on prend le libellé du contrat
- soyons très honnêtes - ce n'est pas trop
spécialisé. On demande une étude pour voir la
perception qu'ont des jeunes de secondaire IV de l'école, de la
famille et de la culture. C'est pas mal général. Il ne faut pas
dire, quand on voit le libellé de cette question, que c'est seulement le
centre de sondage de l'Université de Montréal qui peut
répondre à cette question. Le ministre a répondu à
beaucoup de questions posées par le député d'Argenteuil
qu'il y avait un bassin d'expertise. Même s'il est vrai qu'il y a un
bassin d'expertise et que ce bassin d'expertise est constitué par le
centre de sondage de l'Université de Montréal, cela voudrait dire
que vous ne donnerez jamais une chance à un autre entrepreneur, parce
que vous retomberez toujours dans le même bassin et donnez le contrat
à celui qui a déjà l'expertise. Cela va contre le principe
de donner la chance à un autre entrepreneur d'acquérir une
connaissance dans le métier et d'obtenir des contrats du
gouvernement.
Deuxièmement, le ministre a parlé du fichier central. On
n'a pas utilisé le fichier central ici, parce qu'on est allé
directement chez l'entrepreneur en question, le Centre de sondage de
l'Université de Montréal. Le ministre a dit ensuite: "Je n'ai
jamais reçu de lettres de protestation." Mais, évidemment, c'est
parce que personne ne savait que vous aviez octroyé un contrat de 100
000 $ au Centre de sondage de l'Université de Montréal. On a
déjà eu le même cas avec les pantalons pour la police
provinciale. On a dit: Donnez-nous une chance de propager la nouvelle parmi
ceux qui fabriquent des pantalons, on va vous donner la liste des
manufacturiers qui sont intéressés. Mais vous donnez des contrats
négociés et personne n'est au courant. On a vu l'affaire des
enveloppes dans lesquelles on met une lettre en réponse à un
assisté social. Il nous a dit: il y a seulement un entrepreneur qui peut
le faire. M. le Président, mon oeil!
Ceci dit, avec tout le respect que je dois à l'ancien
président du Conseil du trésor, quand il dit: On n'a jamais
reçu de lettre de protestation. Non! C'est à vous de prendre
l'initiative. C'est à vous de faire circuler le message à
l'Université McGill, à l'Université de Montréal et
à l'Université de Sherbrooke et de dire: Voici "une job", un
contrat de services - ce n'est pas trop compliqué - pour voir la
perception qu'ont des jeunes du secondaire IV de l'école et de la
famille. Même moi, je pourrais répondre, et je ne suis pas trop
intelligent. Je dis donc que, pour 100 000 $, vous avez passé outre
à tout cela. Je voudrais savoir pourquoi vous y avez renoncé.
S'il vous plaît, l'affaire du bassin d'expertise, je ne l'accepte
pas.
M. Bérubé: M. le Président, je suis
absolument d'accord avec le député de Sainte-Anne. Je suis
convaincu qu'il devrait faire partie de l'échantillonnage des jeunes
adolescents du secondaire IV.
M. Polak: Un peu plus loin que cela, le secondaire V.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va pour cet
engagement?
M. Polak: Non, cela ne va pas, M. le Président. J'ai
posé une question au ministre en toute sincérité. On a
procédé encore une fois par contrat négocié. Je
sais qu'on a déjà eu un débat avec le ministre il y a un
an et il a admis lui-même ne pas aimer procéder par le biais de
contrats négociés, à moins qu'il y ait une raison toute
spéciale, soit à cause de la spécialité ou parce
qu'il n'y a pas d'autre entrepreneur disponible. J'ai n'ai pas eu de
réponse ici. Ces deux motifs ne jouent vraiment pas. Qu'il soit
honnête et qu'il dise: Je vais prendre des mesures la prochaine fois. Le
député d'Argenteuil a raison. Je vais informer dans une petite
lettre - cela ne coûte pas cher d'envoyer une lettre -
l'Université McGill, l'Université de Sherbrooke,
l'Université d'Ottawa. Il y a plusieurs universités. On peut leur
demander: Seriez-vous intéressée à avoir un petit contrat
de 100 000 $? C'est tout ce qu'on demande. Êtes-vous prêt, M. le
ministre, à faire circuler cette petite lettre à cinq ou six
institutions qui sont reconnues dans le domaine du sondage?
M. Bérubé: M. le Président, le
problème du député de Sainte-Anne, c'est qu'il confond
deux choses. Il y a d'une part le processus de sélection du contractant,
c'est une chose. La deuxième partie, c'est la négociation comme
telle du contrat. De toute évidence, il confond les deux. Même
s'il y avait un processus ouvert d'appel de propositions, dans la mesure
où il s'agit d'un contrat de type professionnel, les méthodes,
les approches peuvent être très différentes et,
évidemment, une fois qu'on a identifié l'entreprise, il faut
négocier avec elle les conditions du contrat. Donc, on n'a pas le choix,
il faut de toute façon négocier le contrat. Le
député de Sainte-Anne ne réalise peut-être pas qu'en
fait il y a deux types de contrats possibles. Il y en a peut-être
d'autres, mais il y a ceux que je qualifierais de deux grands types, le premier
consiste à avoir un devis très précis quant au contenu et
à demander une proposition de prix. Là, sur la base de la
proposition, on choisit; évidemment, il n'y a pas de négociation
de contrat puisque cela consiste simplement à entériner ou non la
proposition qui a été faite. (21 h 45)
Lorsque l'on parle de travail de nature professionnelle, il est bien
évident que la personne qui donne le contrat, n'ayant pas l'expertise,
ne peut pas entrer dans le détail de la proposition et définir
tous les gestes
professionnels qui devront être posés. Dans ces conditions,
il n'est pas possible de définir un devis détaillé sur
lequel on puisse demander une proposition de prix. Donc, on doit
procéder par contrat négocié. Il y a donc deux
façons d'y arriver: soumissions ou contrat négocié. Or, ce
que le député de Sainte-Anne critique, d'ailleurs a priori,
puisqu'il n'en a pas la moindre idée, ce qu'il critique, c'est le mode
d'identification du contractant et non pas le type de contrat
négocié ou par soumissions.
Je dois lui dire qu'il ne sert à rien, lorsque l'on est dans des
domaines aussi spécialisés, de faire appel à des processus
d'appel de propositions quand le jugement que l'on va porter va en être
un essentiellement sur les capacités de l'équipe à
réaliser le travail et sur toutes sortes de considérations qui
sont beaucoup plus rattachées à la capacité des gens
d'offrir un service qu'au contenu même du service qu'ils offrent. Dans
ces conditions, M. le Président, on procède d'une façon
générale à partir de connaissances que l'on a du domaine
et des gens qui sont capables de faire le travail.
S'il s'avère que le ministère a tendance à toujours
privilégier un chercheur universitaire alors qu'il y en aurait plusieurs
qui pourraient faire le travail, cela finit par se savoir et, à ce
moment-là, il pourrait y avoir lieu de demander au ministère de
voir à diversifier ses sources d'information. C'est tout à fait
plausible, mais cela ne m'apparaît pas le cas, parce qu'il y a
très peu de contrats dans ce genre de données par le
ministère de l'Éducation. Par conséquent, on ne peut pas
parler de problème d'équité.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'engagement 2?
M. Ryan: Oui, seulement un point et c'est une question que j'ai
déjà posée. Est-ce que le ministre a pris l'engagement de
nous communiquer les pièces pertinentes au sujet de ceci?
M. Bérubé: Sur le contrat, oui.
M. Ryan: Oui, le contrat. Et s'il y avait des rapports
d'étapes quant au cheminement du projet et non pas quant au contenu des
découvertes qui...
M. Bérubé: Non, M. le Président.
M. Ryan: Est-ce que c'est un non catégorique...
M. Bérubé: Oui, catégorique.
M. Ryan: ....sans même avoir vérifié?
Pardon?
M. Bérubé: Oui, catégorique.
M. Ryan: Catégorique. On va le noter. Le ministre...
M. Bérubé: Je ne voudrais pas que vous preniez la
mauvaise habitude.
M. Ryan: ...estime que le gouvernement ne doit jamais fournir de
rapport d'étape à l'Opposition sur des projets d'une telle
importance.
M. Bérubé: Non. Il s'agit de ne pas compliquer
inutilement la tâche de l'administration. Comme le rapport final sortira
quelque part en janvier, à ce moment-là, M. le Président,
ce sera un rapport public et, par conséquent, il sera disponible
à l'Opposition.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Ryan: Est-ce que, dans le guide pour les interviews, soit
individuelles ou de groupes, on pourrait y annexer quelques pièces de
cette nature à l'information qu'on va nous donner?
M. Bérubé: Je pense que oui. M. Ryan:
Merci.
M. Bérubé: Ce que l'on pourrait faire, c'est de
voir à demander à la firme qui fait le sondage de l'incorporer
dans son rapport. Je pense que c'est une bonne note. Je vais la transmettre aux
autorités du ministère pour qu'on s'assure que la firme puisse
répondre à la question du député d'Argenteuil dans
son rapport final.
M. Ryan: Mais cela m'intéresse beaucoup moins. Je n'ai pas
besoin de la recommandation du ministre pour cela; je pourrai le dire à
la firme quand je verrai le rapport final. Je n'ai pas besoin d'une
intervention du ministre à ce moment-ci, pas du tout.
M. Bérubé: Dans ces cas-là, M. le
Président, on ne demandera pas aux autorités du ministère
d'effectuer la demande.
M. Ryan: M. le Président, ce que je demande...
M. Bérubé: Si le député d'Argenteuil
est insatisfait, ce n'est pas grave.
M. Ryan: ...c'est ceci: Pouvons-nous avoir connaissance des
principaux instruments de travail qui ont été mis au point pour
la réalisation de ce projet, oui ou non?
M. Bérubé: Non, M. le Président.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Bon:
M. Ryan: Cela en fait un de plus pour le droit à
l'information!
M. Bérubé: Certainement, M. le Président.
Mais je ferai remarquer...
M. Ryan: Un de plus.
M. Bérubé: ...que c'est ce gouvernement-ci qui a
adopté une Loi sur l'accès à l'information et certainement
pas le gouvernement libéral précédent.
M. Ryan: Oui et qui a le plus caché...
M. Bérubé: Alors quand le Parti libéral
voudra nous donner une leçon, M. le Président, il pourra faire
état de ses capacités à gérer de façon
transparente l'administration de l'État. Mais, malheureusement, le Parti
libéral n'est pas en mesure de nous donner cela.
M. Ryan: Ce gouvernement est celui qui a le plus
systématiquement, depuis plusieurs mois, refusé de fournir des
informations pertinentes sur des questions qui étaient manifestement
d'intérêt public. Ce refus est enregistré encore une
fois.
M. Polak: Ah oui!
Le Président (M. Charbonneau): Chacun ayant dit ce qu'il
avait à dire, avant de passer à l'étude de l'engagement 3,
je vais vous soumettre immédiatement un problème d'horaire et les
membres de la commission auront à décider.
Selon les règlements que j'ai fait vérifier tantôt
par un conseiller en droit parlementaire, il faut la double majorité
pour procéder, étant donné les décisions que nous
avions prises à une autre séance pour étudier les
engagements financiers soumis à notre attention. On m'a indiqué
tantôt que le ministre avait avec, je pense, les centrales syndicales,
une réunion prévue pour 22 heures. Y aurait-il moyen de...
M. Polak: Il est occupé jusqu'à minuit.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, je le sais, mais je
vous soumets le problème et on aura à décider. Laissez-moi
terminer, s'il vous plaît. Donc, de deux choses l'une: ou les membres de
la commission sont consentants, de part et d'autre, à libérer le
ministre vers 22 heures et à reprendre l'étude des engagements
lors d'une autre séance que l'on fixerait maintenant ou après
consultation avec le ministre et les membres de la commission, à un
autre moment, soit cette semaine ou d'ici les deux prochaines semaines. Si nous
n'avons pas cette double majorité, ce double consentement, nous serons
obligés de demander au ministre de rester avec nous jusqu'à la
fin de la séance, qui avait été prévue pour 24
heures.
M. Champagne: M. le Président, il me semble qu'à la
dernière séance de travail qu'on avait ici, en cercle
fermé, il avait été convenu de passer environ deux
à trois heures sur les engagements financiers. Je me suis rallié
à cette proposition de deux à trois heures. On avait prévu
de commencer à 20 heures et de finir à 23 heures, si ma
mémoire est bonne. Que ce soit une demi-heure de plus... Mais je ne
voudrais pas m'embarquer avec une proposition qui fait en sorte qu'on va
éterniser cela et qu'on va avoir des questions durant cinq jours. Je
veux savoir où l'on s'en va.
On avait convenu, la dernière fois -j'étais à la
table, à moins qu'il y ait eu d'autres discussions - que c'était
deux à trois heures de discussions d'information. Là, on me dit
que c'est jusqu'à minuit. Qui a pris cette décision?
Le Président (M. Charbonneau):
Excusez-moi. Pour vous rappeler ce qui avait été
décidé en séance de travail, on avait indiqué qu'on
prendrait une séance et que, étant donné que nous
étions avec le régime de fin de session, cette séance
pourrait se prolonger jusqu'à minuit, d'une part. D'autre part, le
règlement - je pense que même le ministre avait été
averti et les membres de la commission également - était de 20
heures à minuit au maximum.
Ce que je vous dis ce soir et ce que je vous dis maintenant, et je
voudrais que ce soit bien clair, c'est qu'on a deux choix: ou on file
jusqu'à minuit et nous sommes obligés de demander au ministre
d'annuler sa réunion ou de la reporter à minuit, ou encore, si
nous voulons lui faciliter la tâche, nous pouvons décider ici,
à double majorité, de reprendre ces deux heures à un autre
moment qui conviendrait à la fois au ministre et aux membres de la
commission. Voilà le choix que nous avons.
Je vous dis que, pour décider d'une autre séance, j'ai
besoin, selon le règlement, d'un double consentement. C'est une
décision qui se prend à la double majorité. Si je n'ai pas
cette décision, je suis obligé de demander au ministre de
l'Éducation de se conformer à l'avis dont nous lui avons fait
part, c'est-à-dire que la séance d'étude des engagements
financiers, la seule séance qu'on aurait sur ces engagements, se
prolongerait jusqu'à minuit.
Voilà le problème que nous avons. Je vous le soumets et
j'espère qu'on ne passera
pas une demi-heure à en discuter. Je ne sais pas si...
M. Bérubé: J'ai un seul problème, M. le
Président. En fait, il était indiqué à mon agenda
"jusqu'à 22 heures". Je ne sais pas d'où vient ce 22 heures plus
particulièrement.
Le Président (M. Charbonneau): J'en suis conscient, M. le
ministre, c'est pour cela que je soumets le problème aux membres de la
commission.
M. Bérubé: Mais, j'ai un petit problème.
Effectivement, à l'heure actuelle, est commencée une rencontre
avec la CSN et la FTQ, à laquelle je devais me joindre à partir
de 22 heures. Je ne pensais pas y passer beaucoup de temps. Néanmoins,
par politesse pour les gens qui se sont déplacés, ici à
Québec, et qui sont en réunion, présentement avec de hauts
fonctionnaires du ministère, il se devait que j'aille au moins les
rencontrer. Ce que l'on pourrait peut-être convenir, si vous voulez
prolonger jusqu'à minuit, c'est qu'il y ait ajournement d'une
demi-heure, le temps que vous preniez un 7-Up, un Coke ou un Pepsi, enfin, je
ne voudrais pas me prononcer sur la nature de votre boisson.
Le Président (M. Charbonneau):
Écoutez, il semble, après consultation rapide, que les
membres préféreraient un arrangement avec vous pour que l'on
trouve, d'ici à la fin de la session, une autre séance de deux
heures qui vous permettrait d'aller à votre rendez-vous sans être
obligé de revenir. Les membres auraient peut-être la chance...
Donc, écoutez, de deux choses l'une, je vais demander à la
secrétaire de la commission de faire le tour afin de voir quel est le
moment qui conviendrait à tout le monde et je ferai l'avis en
conséquence.
M. Leduc (Fabre): C'est parce que le ministre vient de dire qu'il
allait faire un tour. Je ne sais pas. On pourrait peut-être finir ce
soir. Si on reprenait vers onze heures, si l'Opposition était d'accord
pour trois heures.
M. Ryan: Nous ne sommes pas d'accord.
M. Leduc (Fabre): Comme mon collègue le disait, la
dernière fois qu'on s'est rencontré, je pense qu'on avait convenu
de quelque chose comme trois heures. D'après les questions qu'on voit,
il me semble que trois heures seraient suffisantes.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau):
Écoutez, je ne veux pas porter de jugement sur cela.
M. Ryan: Je refuse cet arrangement. Je propose que la...
M. Bérubé: M. le Président, compte tenu de
la qualité des questions, non pas de la quantité des
questions...
Le Président (M. Charbonneau):
Écoutez, je ne voudrais pas qu'on engage des débats sur la
qualité et tout cela: de deux choses l'une, ou on décide de
poursuivre jusqu'à 24 heures ou on reprend cela dans une séance
de deux heures. Je pense qu'on a fait deux heures, même pas tout à
fait. On pourrait convenir de se revoir à un moment qui conviendrait
à tous les membres de la commission pour encore deux heures. L'avis
étant de deux heures, il ne serait pas question d'en faire quatre. Je
pense...
M. Bérubé: M. le Président, je vous le dis
tout de suite, je pourrais être disponible à dix heures trente
pour continuer, de même que je serais disponible à un autre
moment. Je pense qu'il doit être possible d'arranger mon agenda, en fin
de session où j'ai tendance à me dégager, justement, des
fonctions administratives pour être plus disponible pour
l'Assemblée nationale. Par conséquent, j'imagine que cette autre
option est possible.
Le Président (M. Charbonneau): Une autre session de deux
heures, à un autre moment.
M. Ryan: On va revenir.
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que, de l'autre
côté, on préférerait prendre une autre séance
de deux heures plutôt... Dans ce cas-là, voici la
décision.
M. Ryan: Si cela pouvait être cette semaine, cela serait
préférable.
Le Président (M. Charbonneau):
Écoutez, ce que je vais faire, c'est que je vais demander
à la secrétaire de la commission de faire le tour et je ferai
l'avis comme le prévoit le règlement. Le président peut
convoquer... Je convoquerai donc en étant assuré d'avoir à
la fois le quorum et la présence du ministre. Est-ce que cela va? Nous
sommes à dix heures et je pense que cela ne sert à rien
d'entreprendre l'étude d'un autre engagement, à ce moment-ci.
Donc, nous allons ajourner la séance - je ne sais pas si c'est sine die
- sine die. Il y aura un autre avis de convocation qui sera transmis aux
membres de la commission.
M. Polak: Est-ce que vous fixez la date maintenant?
M. Ryan: Non, c'est réglé.
Le Président (M. Charbonneau): Non, non. Il y aura une
consultation faite par la secrétaire de la commission. Il y aura un
avis...
M. Polak: Mais le ministre, je l'ai connu aux engagements
financiers de l'an passé. Vous êtes mieux de le "poigner" tout de
suite cette semaine, autrement, vous n'allez jamais y réussir.
Le Président (M. Charbonneau): Non, non, on a une
obligation. Il y a obligation de le faire avant la fin de la session. Est-ce
que cela va?
M. Ryan: On avait été prévenu qu'il
n'était pas disponible au-delà de dix heures.
Une voix: Vous aviez été prévenu, vous!
M. Leduc (Fabre): II y a les Affaires sociales. Attention! Ne
mettez pas cela en conflit avec les Affaires sociales.
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela, mais...
M. Polak: Les engagements financiers, pour demain, est-ce
annulé?
M. Leduc (Fabre): La semaine prochaine.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Non, mais, Max,
c'est...
M. Polak: Donc, demain, en principe, c'est disponible.
Le Président (M. Charbonneau): Lucie va faire le tour et
elle va vérifier.
M. Polak: C'est M. Ryan qui décide. Si moi je ne peux pas,
c'est lui qui viendra tout de même. Je suis seulement ici comme
adjoint.
Une voix: Toi, tu es assistant de la discipline.
Le Président (M. Charbonneau): C'est bien.
Une voix: Pauvre Max!
Une voix: M. Ryan va passer à travers tout seul. Il sait
comment tu as fait cela.
M. Polak: J'ai bien confiance. Les autres commissions se
passaient comme cela...
Une voix: Peut-être qu'ils ont besoin de toi dans d'autres
commissions.
M. Polak: ...mais ici ce n'est pas la même chose. Ici je
suis juste...
Une voix: Si vous êtes bien initiés ce soir...
M. Polak: ...réparateur adjoint des bicyclettes!
(Fin de la séance à 22 heures)