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(Onze heures trente-huit minutes)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! La
commission de l'éducation et de la main-d'oeuvre ayant quorum commence
ses travaux.
Je voudrais d'abord rappeler à nos invités le mandat de la
commission. Le mandat est d'examiner les orientations, les activités et
la gestion du fonds FCAC pour l'aide et le soutien à la recherche et,
à cet effet, entendre ses représentants.
Le comité directeur s'est réuni hier et la façon de
procéder serait la suivante: il y aurait d'abord un exposé des
porte-parole du fonds; le président et les gens qu'il désignerait
pourraient prendre la parole et faire une présentation. Par la suite,
les membres de la commission, en alternance, interrogeraient et discuteraient
avec les invités. Chacun des membres de la commission ne pourrait
excéder 20 minutes. Pour ce temps de parole, on va comptabiliser les
réponses des invités dans le temps du député qui a
posé la question.
Ceci dit, je voudrais souhaiter la bienvenue aux membres du fonds FCAC
et leur rappeler que, si la commission les a invités aujourd'hui
à venir les rencontrer, c'est dans le cadre du nouveau règlement
de l'Assemblée nationale et de la réforme parlementaire qui fait
en sorte que chaque commission parlementaire doit examiner annuellement les
orientations, les activités et la gestion d'au moins un organisme public
soumis à son pouvoir de surveillance. Étant donné que,
lors de l'étude des crédits, nous avions dû
écourter, pour ne pas dire écarter complètement
l'étude du fonds FCAC, nous avons pensé que cela pourrait
être un heureux retour des choses que le premier organisme que la
commission serait chargée d'examiner soit le fonds FCAC. À la
suggestion de la députée de Jacques-Cartier, les membres de la
commission ont choisi de vous inviter aujourd'hui pour engager cette
discussion.
Sans plus tarder, étant donné que nous aurons un temps
limité pour la discussion, je vais demander au président du
conseil d'administration du fonds FCAC, M. Paquette, de présenter les
gens qui l'accompagnent et de faire l'exposé ou de céder la
parole à celui qu'il désignera pour faire l'exposé
préliminaire. Auparavant, je pense que le député
d'Argenteuil, vice-président de la commission, aurait...
M. Ryan: Oui, M. le Président. D'abord, une remarque
très simple pour dire que l'Opposition est très heureuse de
pouvoir rencontrer les dirigeants du fonds FCAC. Nous en avions exprimé
le désir, lequel a été accepté aussi par les
membres du groupe ministériel. Cela sera instructif pour nous d'autant
plus que, comme vous l'avez rappelé tantôt, lors de l'étude
des crédits, nous n'avons pas eu le temps de rencontrer les dirigeants
du fonds FCAC et nous avions pris l'engagement à ce moment de compenser
cette omission dans les meilleurs délais. C'est pourquoi nous avons
insisté pour que la rencontre se fasse avant l'ajournement de
l'été.
Maintenant, comme le temps dont nous disposons pour la rencontre avec le
fonds FCAC est limité, nous aurons une séance en matinée
et une séance cet après-midi, à compter de 15 heures, je
crois.
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela.
M. Ryan: Je me demande si nous ne pourrions pas nous entendre
pour répartir la matière à discuter de la manière
suivante: j'ai regardé la documentation abondante qu'on nous a
communiquée et je remercie les responsables du fonds FCAC de nous avoir
communiqué cette documentation avant la rencontre. Je pense que la
matière pourrait se diviser à peu près comme ceci: si, ce
matin, les échanges pouvaient porter sur l'activité
générale du fonds, à la lumière du rapport de la
dernière année qui nous a été remis, et si nous
pouvions réserver les échanges de cet après-midi pour le
sujet majeur que constitue le plan triennal soumis au gouvernement par le fonds
FCAC pour les trois prochaines années, j'ai l'impression que ce serait
profitable. Maintenant, c'est une suggestion que je fais. De notre
côté, nous serions prêts à suivre cette
manière de travailler. Je ne sais pas si cela vous agréerait.
Le Président (M. Charbonneau): Je ne sais pas si le
député de Fabre et ajoint parlementaire du ministre de
l'Éducation a des commentaires particuliers.
M. Leduc (Fabre): Oui, M. le Président. De notre
côté - je me fais le porte-parole des députés
ministériels - nous sommes d'accord avec la proposition du
député
d'Argenteuil.
Je voudrais simplement ajouter que nous sommes également
très heureux d'accueillir les gens du conseil d'administration du fonds
FCAC cet après-midi. Je voudrais également les remercier pour les
documents qu'ils nous ont fait parvenir, documents que j'ai eu l'occasion de
lire hier soir et qui nous informent substantiellement sur la recherche au
Québec et au Canada et sur lesquels nous aurons l'occasion de
revenir.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. La seule
réserve que je verrais, selon le déroulement de la séance
de ce matin: si jamais on doit prolonger un peu cet après-midi sur le
programme qui vient d'être arrêté pour ce matin, on le fera
en tenant compte qu'on a un temps néanmoins limité. Donc, sans
plus tarder, M. Paquette, si vous voulez présenter les gens qui vous
accompagnent.
M. Paquette (Romain): Oe la part du fonds FCAC, nous voudrions
vous remercier de cette invitation que vous nous avez faite. Nous
espérons que nous pourrons apporter des éclaircissements à
toutes vos questions.
Sans plus tarder, de ma part, je vous présente les membres du
comité exécutif. À ma gauche, le directeur
général et président du comité exécutif, M.
Yvan Cliche; à ma droite, Mme Gauthier-Beauchamp, de l'Université
Laval; à la gauche de M. Cliche, Mme Renée Desautels, du
collège de Rosemont à Montréal; à sa gauche, M.
Jacques Léonard, du département de chimie de l'Université
Laval. (11 h 45)
Parmi les membres dont nous avons annoncé les noms, M. Gilles
Lapierre, directeur administratif du fonds FCAC, et M. Roland Stafford, qui
n'est pas encore arrivé, mais qui ne devrait pas tarder,
secrétaire-trésorier du fonds. D'autres membres du conseil
d'administration encore en place se trouvent présents dans l'auditoire,
étant donné que nous étions en session depuis le
début de la semaine et que cette session doit se prolonger au moins
jusqu'à demain soir, sinon jusqu'à vendredi matin. Donc, nous
sommes à votre disposition pour répondre à vos questions.
Nous avons décidé entre nous que M. Cliche nous servirait
d'interlocuteur principal, mais il est bien entendu que vous pourrez vous
adresser à chacun d'entre nous individuellement.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord, je vous remercie,
M. Paquette. Dans ce cas, je vais demander à M. Cliche; semble-t-il que
c'est lui qui ferait la présentation initiale. Je vous rappelle que le
mandat de la commission, c'est particulièrement d'examiner les
orientations, les activités et la gestion du fonds.
Présentation du fonds
M. Cliche (Yvan): Je serai bref au départ, permettant par
la suite des échanges plus productifs. Rapidement, le fonds FCAC est un
organisme qui a été créé en 1981, mais qui a un
passé qui remonte à, finalement, 1968...
Le Président (M. Charbonneau): Si vous êtes capable
de parler juste un peu plus fort pour les membres de la commission et pour ceux
qui sont derrière vous. C'est enregistré aux fins du journal des
Débats, mais il semble qu'il n'y a pas d'amplification du son.
M. French: ...
M. Cliche: Vous voulez que je le tienne près?
Le Président (M. Charbonneau): Sur table
d'écoute.
M. Cliche: Très bien. Je disais que le fonds FCAC, cela
voulait dire Formation de chercheurs et d'action concertée. C'est un
organisme qui, dans sa forme actuelle, troisième partie de la Loi sur
les compagnies, en vertu de la loi 19, sera transformé dans les
prochaines semaines en FCAR; donc, une société d'État.
C'est un organisme qui tire son origine des années soixante. On avait,
en 1968, des subventions de rattrapage pour les universités francophones
en matière de recherche, programme qui est devenu le programme FCAC
actuel à compter de 1970 et qui était rattaché au
ministère de l'Éducation, à la direction de l'enseignement
supérieur. Lorsque le gouvernement a publié sa politique, son
livre blanc pour une politique québécoise de la recherche
scientifique, il annonçait la transformation d'un certain nombre
d'organismes, dont le fonds FCAC et le secteur de la recherche en santé,
de même que le fonds de recherche agricole. Il annonçait leur
transformation en organismes subventionnaires autonomes, avec une
indépendance par rapport aux structures internes et centrales du
gouvernement. C'est ainsi qu'en 1981 notre organisme a été mis
sur pied avec un conseil d'administration formé initialement de 18
personnnes représentant tous les secteurs de la recherche, du milieu
étudiant, des associations scientifiques, etc. L'objectif visé
était de rapprocher des mécanismes l'attribution des subventions
des chercheurs eux-mêmes, les étudiants, de donner plus de
visibilité et de transparence à ce programme et d'alléger
les structures étatiques qui, autrefois, géraient directement,
comme je le disais, dans les structures centrales ces
programmes, réforme qui se modelait un peu sur le modèle
des organismes subventionnaires bien connus au fédéral que sont
le CRSNG, le CRSH ou le CRMC.
Notre organisme existe donc dans cette forme depuis trois ans. On peut
dire que cela a donné lieu, et les universitaires pourront en
témoigner, à une très grande participation et l'ensemble
de nos programmes a été profondément modifié,
amélioré et transformé sous l'impulsion de cet
accès plus direct du milieu aux orientations mêmes des politiques
de recherche que véhicule notre organisme.
Le mandat de notre organisme consiste essentiellement en un volet
principal. Il s'agit de gérer les programmes de subventions et de
bourses, c'est-à-dire de recevoir les demandes de subventions, d'en
faire l'analyse à l'aide d'une structure assez complexe de
comités de scientifiques et d'experts. Actuellement, le fonds repose sur
une structure d'une centaine de comités qui regroupent environ 1300
experts, dont un certain nombre viennent de l'extérieur du
Québec, pour s'assurer de l'objectivité et de la transparence des
processus de décision; le budget actuel du fonds est de l'ordre de 30
000 000 $. Cette année, on a reçu environ 7000 dossiers de
demandes de subventions et de bourses pour un total de 103 000 000 $. C'est
donc sur la base de ces processus assez complexes de comités que sont
prises les décisions de notre organisme qui, par la suite, recevant des
budgets de la part du ministère de l'Éducation, voit à
assurer le versement des subventions et des bourses à la fois aux
étudiants et aux chercheurs.
Donc, gérer des programmes de subventions, mais le livre blanc
disait également que le fonds devait, en collaboration avec le
ministère de l'Éducation et le Conseil des universités,
contribuer à l'analyse, au repérage comme à
l'amélioration des conditions qui sont faites à l'ensemble des
activités universitaires de recherche, c'est-à-dire qu'un
organisme comme nous, qui est en prise directe sur des comités, sur une
expertise dans différents domaines, propose au ministre de
l'Éducation des changements à la politique, modifications,
d'ailleurs, auxquelles nous avait demandé de procéder le ministre
de l'Éducation de l'époque, M. Laurin; donc, déjà
avant la loi 19, de préparer un plan triennal de nos activités,
ce qui a été confirmé par la loi 19. Ce qu'on a fait dans
ce cadre, cela a été de déclencher, à partir d'une
analyse qu'on avait faite et de certaines études qu'on avait fait
préparer par le Centre de recherche en développement
économique sur les besoins de la recherche universitaire et comment tout
cela se situait au niveau international... On a donc préparé un
document qui a été mis en consultation l'automne dernier. Je
pense qu'on l'a joint à la documentation qui vous a été
transmise et qui a donné lieu à une très vaste
consultation. Nous avons reçu 70 mémoires provenant de tous les
milieux, non seulement le milieu des chercheurs, aussi bien universitaires que
collégiaux, mais également de l'entreprise, des centres de
recherche industrielle, le Conseil du patronat, etc., ce qui nous permet
actuellement d'apporter la dernière main, si vous voulez, à ces
propositions qui seront transmises dès que le fonds sera
transformé, en vertu de la loi 19, en ce nouvel organisme qui
s'appellera le fonds FCAR, propositions qui seront transmises sous la forme de
propositions pour un plan triennal d'activités au ministre de
l'Éducation. Vous savez que de par la loi celui-ci doit demander l'avis
de son collègue de la Science et de la Technologie et le gouvernement
doit statuer sur cela. Je pense aussi que selon la loi le plan est
déposé à l'Assemblée nationale, avec les
décisions qui y sont également communiquées.
Voilà, en gros, quelle est notre organisation. Il y a, pour la
centaine de comités, une structure d'une quarantaine de personnes
permanentes dont la fonction est d'assurer le fonctionnement de ces
comités, de procéder aux études, aux analyses, d'assurer
le suivi, la gestion courante des nombreux dossiers de subventions et de
bourses dont on a la responsabilité d'assumer l'évolution et de
s'assurer également que les retombées se font, que les
progrès scientifiques puissent être étudiés
également par les comités qui siègent d'année en
année.
Je ne voudrais pas prolonger davantage; peut-être qu'on pourrait
permettre à mes collègues d'apporter des précisions
supplémentaires.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil, qui est vice-président, aurait une intervention
préliminaire. Mais simplement pour distinguer, vous dites que vous avez
30 000 000 $ de budget cette année. Quelle est la portion qui va
à l'administration et quelle est la portion qui est retournée aux
chercheurs?
M. Cliche: Oui, je vais vous dire cela très
précisément puisque le livre des crédits indique, pour
1984-1985, à l'élément 1 - je prends l'année
réelle du fonds parce qu'il y a une distinction entre l'année
financière du gouvernement et l'année scolaire - pour 1984-1985,
à l'élément 1, c'est-à-dire aux subventions, il
s'agit d'un montant de 19 052 800 $. À l'élément 2 que
sont les bourses - il s'agit d'un élément de programme distinct -
il y a un montant de 10 437 500 $.
M. Ryan: Excusez une minute. Pouvez-vous me dire à quelle
page c'était dans le
livre des crédits?
M. Cliche: Oui, j'ai le document du ministre de
l'Éducation ici sous les yeux. Au livre des crédits...
Des voix: ...
M. Ryan: Très bien. Est-ce que ce sont les mêmes
chiffres?
M. Cliche: Au livre des crédits, c'est le programme 9,
mais je n'ai pas la page, malheureusement. Pardon?
M. Ryan: Page 01. Il y a une différence, c'est
marqué 18 999 000 $ et vous avez parlé de 19 000 000 $.
M. Cliche: Dans le livre des crédits, il s'agit d'une
technicité puisque l'année budgétaire du gouvernement ne
correspond pas tout à fait à l'année scolaire. Il s'agit
de dix mois sur une année et de deux mois sur l'autre; c'est ce qui
explique la différence.
Alors, ce que j'ai dans le document du ministère, c'est deux
choses: il y a l'année scolaire, que sont les douze mois, et
l'année financière 1984-1985 qui se répartit sur deux
années. Il y a un report de 1983-1984 de 20% et 80% de la subvention est
sur 1984-1985. C'est ce qui donne les 18 999 300 $ pour ce qui est de la
recherche; ce sont en somme les subventions qui vont aux chercheurs, aux
universités et aux collèges. Dans les bourses, 10 427 900 $ et,
à la gestion, 2 246 000 $.
Le Président (M. Charbonneau):
Combien? 2 000 000 $?
M. Cliche: 2 246 000 $.
Le Président (M. Charbonneau): Pour l'année
scolaire, l'avez-vous?
M. Cliche: Pour ce qui est de l'année scolaire, il s'agit
de faire la somme entre...
Le Président (M. Charbonneau): M. Cliche, si vous ne
l'avez pas, on peut l'avoir...
M. Cliche: Oui, je l'ai cela ici, mais, si on concilie cela en
année scolaire, cela donne une série d'autres chiffres avec
quelques variations. Mais, comme vous avez mentionné le livre de
crédits, on peut...
Renseignements particuliers Crédits
budgétaires
Le Président (M. Charbonneau): L'ordre de grandeur, c'est
à peu près 28 000 000 $ pour l'aide à la recherche par
subventions, par bourses, et à peu près 2 000 000 $ pour
l'administration.
M. Cliche: C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): 28 000 000 $ ou 29 000 000
$.
M. Cliche: 28 000 000 $ ou 29 000 000 $.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je ne sais pas si M. Cliche a fini de répondre
à votre question.
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que oui.
M. Ryan: Dans la même ligne de préoccupations et
seulement dans le dessein de déblayer le terrain afin que nous
discutions des mêmes choses, j'aurais deux remarques à faire. Tout
d'abord, il y a une première clarification à établir. Dans
les documents budgétaires que le gouvernement avait
déposés au mois de mars, dans la publication intitulée
"Crédits, renseignements supplémentaires" où l'on donne
des commentaires sur les différents postes budgétaires, il y
avait des commentaires au chapitre qui traite du fonds FCAC qui ont pu induire
des gens en erreur, en particulier un titre qui, à mon point de vue,
était très tendancieux. On disait: Fonds pour la formation de
chercheurs et action concertée: 31 673 000 $, variation: 21,9%. Ce qui a
induit certains journaux à écrire que de tous les secteurs
relevant du ministère de l'Éducation, la recherche était
celui qui recevait le coup de pouce le plus fort et que cela allait
évidemment dans le sens des objectifs du gouvernement en matière
d'adaptation ou de défi technologique; on a eu droit à toute la
littérature d'usage.
Quand on lisait attentivement le texte, on se rendait compte de ceci: la
variation des crédits prévus pour 1984-1985 par rapport à
l'année précédente est de 21,9% attribuable principalement
- je pense que c'est le facteur que voulait évoquer le
député de Fabre tantôt - au changement du mode de
financement, mais c'est plutôt au changement du calcul de l'année
financière et administrative de l'organisme. Les crédits
prévus pour l'année 1984-1985 correspondent à 20% des
subventions de l'année scolaire 1983-1984 et à 80% des
subventions prévues pour l'année 1984-1985. Là, on vous
dit ceci: la variation des coûts de l'année scolaire 1984-1985 par
rapport à ceux de l'année précédente est de 0,3%,
ce qui veut dire trois dizièmes pour cent. Ce n'est pas du tout la
même chose que 21%.
M. le Président, il faut bien se rendre compte que les 21% sont
le résultat d'un exercice purement comptable qui ne veut rien dire au
point de vue pratique. Cela veut dire qu'on a pris deux mois d'une autre
année, qu'on les a affectés à l'année suivante
à des fins d'harmonisation, contre lesquelles je n'ai rien
personnellement, mais il faut bien se rendre compte que, sous l'angle des
ressources réelles dont dispose le fonds FCAC pour l'exercice actuel,
l'augmentation véritable est de 4%, je pense. D'ailleurs, c'est
écrit dans le livre des crédits: 4,6%. C'est un point que je
voulais clarifier. Je ne sais pas si nous sommes d'accord à ce sujet.
S'il y a des précisions à donner, on pourra les apporter. Je ne
veux pas éterniser la discussion là-dessus non plus. (12
heures)
Le deuxième point sur lequel j'aurais besoin de
précisions, c'est le suivant: dans les renseignements que nous
fournissait le cahier budgétaire, n'avait-on pas un tableau complet, par
grands postes, des sommes affectées au fonds pour l'exercice 1984-1985?
Si vous aviez pu nous fournir cela sur la base de tableaux comme ceux qui sont
en annexe à votre plan triennal, dont je ne veux pas anticiper
l'étude en ce moment... Je regarde à la page 96: Évolution
des enveloppes budgétaires en dollars courants.
Une voix: Tableau 2.
M. Ryan: Oui, on aurait pu prendre la page
précédente aussi, il n'y aurait pas eu d'objection. À la
page 95, ce que j'aimerais ajouter, c'est une colonne 1984-1985 pour les fins
de notre discussion; je pense que ce serait utile. Vous devez avoir tous ces
chiffres et on ne les a pas comme tels dans le cahier budgétaire, ce
qu'on aurait dû avoir normalement. Si vous aviez pu les donner, je les
aurais pris en note. Comme je n'avais pas d'espace à la page 95, je suis
allé à la page 96. Je vais vous dire pourquoi et, ensuite,
j'aurai des observations à faire. Est-ce que vous avez cela par
poste?
M. Cliche: Ce que vous voudriez, c'est qu'on actualise,
finalement, pour l'année en cours, la distribution selon les
différents postes budgétaires.
M. Ryan: Oui, mais, si vous ne l'avez pas tout de suite, vous
pourriez nous le remettre à l'heure du dîner. Je ne voudrais pas
prendre le temps de la commission uniquement pour ce point-ci, mais ça
m'apparaît très important, pour qu'on sache exactement où
on s'en va, de connaître le partage des sommes qui ont été
accordées à l'organisme.
M. Cliche: Remarquez là-dessus qu'il y a des domaines ou
des secteurs dont l'attribution, même dans un cas, aux centres de
recherche, ne s'est faite que ce matin puisqu'on était en réunion
du conseil d'administration. Si cela vous convenait, au moment du dîner,
on pourrait vous donner cette liste. Est-ce que ça vous
conviendrait?
M. Ryan: Très bien. Si vos services étaient assez
rapides - je ne sais pas s'ils ont apporté leurs calculatrices avec eux
- ils pourraient nous donner également la concordance avec le tableau 3;
le tableau 2 est en dollars courants et le tableau 3 est en dollars constants
de 1977-1978. Si on pouvait avoir cela, ça me permettrait de
compléter mes informations sur ces deux aspects complémentaires
qui sont évidemment très importants pour nous.
M. Cliche: On va examiner cela à l'heure du dîner
pour voir ce qu'on peut faire.
M. Ryan: Très bien.
M. Leduc (Fabre): Une question préliminaire dans la
même ligne que celle qu'a soulevée le député
d'Argenteuil. On retrouve un organigramme, conseil d'administration,
comité exécutif, directeur général, et vous avez
trois grandes sections; cela m'apparaît beaucoup plus près de ce
que vous vivez que les éléments 1, 2 et 3. Il apparaît ici
trois grands secteurs: l'aide aux chercheurs, le soutien à la recherche
et à la diffusion et les bourses, et on retrouve des subdivisions
à tout cela. Cela m'apparaît très clair. Pour nous qui ne
sommes pas très familiers avec tout cela, ce tableau nous permet de
suivre assez clairement les différents secteurs dont on va parler
aujourd'hui.
Pour nous aider à mieux comprendre l'importance de chacun des
secteurs pour vous, est-ce que vous pouvez nous dire - je vais prendre
l'année en cours, 1983-1984 -quel est le pourcentage des sommes
accordées à l'aide aux chercheurs, au soutien à la
recherche et aux bourses, afin de nous situer en termes de priorités
pour vous?
M. Cliche: Remarquez là-dessus que l'organigramme
présente les divisions administratives. Les deux permiers services, les
deux premiers secteurs que sont l'aide aux chercheurs et le soutien à la
recherche et à la diffusion, en somme, ce sont les subventions, ce qui
correspond à l'élément 1 du programme.
Le troisième service, les bourses, correspond à
l'élément 2, l'élément bourses.
M. Leduc (Fabre): D'accord, on a ce chiffre-là. C'est
à peu près le tiers qui est consacré aux bourses.
M. Cliche: Oui, c'est 10 000 000 $ sur les 29 000 000 $.
M. Leduc (Fabre): 10 000 000 $. Il reste à peu près
19 000 000 $ si on prend l'année 1984-1985, et même 1983-1984;
à peu près 19 000 000 $ pour l'aide aux chercheurs et le soutien
à la recherche et à la diffusion.
M. Cliche: C'est cela.
M. Leduc (Fabre): Ces 19 000 000 $ se décomposent à
peu près comment?
M. Cliche: Si on prend l'aide aux chercheurs, cette année
- je vais donner cela en chiffres très agglomérés - les
équipes...
M. Leduc (Fabre): Remarquez que vous pourriez nous donner cela
aussi à midi, si vous n'êtes pas en mesure de nous le donner tout
de suite. Ce que je voulais, c'est un peu plus global que ce que demandait le
député d'Argenteuil.
M. Cliche: Vous voulez en somme qu'on vous refasse le budget
transposé sur l'organigramme pour montrer dans quelle filière
administrative... Si on prend, par exemple, l'aide aux chercheurs, le budget
des équipes, en chiffres ronds...
M. Leduc (Fabre): On parle de 1983-1984?
M. Cliche: On parle de 1984-1985 -c'est encore mieux - c'est 10
000 000 $ en gros. Les actions spontanées, qui est le deuxième
volet, c'est 2 000 000 $; les actions concertées, 50 000 $.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que vous pourriez
répéter? Actions spontanées...
M. Cliche: Oui, 2 000 000 $ pour les actions spontanées;
les actions concertées sont de l'ordre de 50 000 $; ACSAIR, c'est 515
000 $.
M. Leduc (Fabre): Voulez-vous rappeler ce que c'est?
M. Cliche: ACSAIR, c'est le programme des collèges, 515
000 $. Les projets spéciaux, on n'a pas de provisions pour cela
actuellement; il s'agit de projets très particuliers.
M. Leduc (Fabre): Équipes et séminaires, vous ne
l'avez pas donné.
M. Cliche: Équipes et séminaires, 10 000 000 $.
Cela fait 12 500 000 $ à peu près dans ce secteur-là.
M. Ryan: Centres de recherche, est-ce que vous mettez cela
là-dedans, monsieur?
M. Cliche: C'est dans l'autre division, dans le soutien. On peut
maintenant regarder le soutien, si cela vous convient. Les centres de
recherche, c'est 3 800 000 $; les organismes de service à la recherche,
345 000 $; les revues scientifiques, 920 000 $; l'édition d'ouvrages
scientifiques, 270 000 $ et, finalement, la subvention générale,
1 200 000 $.
Pour ce qui est des bourses, ce n'est pas nécessairement
alloué par comité. J'ai dit globalement que c'était 10 000
000 $. Les bourses, c'est 10 400 000 $. J'y vais par chiffres très
agglomérés.
M. Leduc (Fabre): Ce serait intéressant pour les bourses -
cela rejoint peut-être ce que le député d'Argenteuil a
demandé - de l'avoir par catégorie: sciences humaines, sciences
naturelles, sciences médicales, arts et lettres et
pluridisciplinaire.
M. Cliche: On peut rechercher cela, mais cela ne correspond pas
à des divisions administratives, c'était pour indiquer les
grandes familles. C'est par concours qu'on a les montants. On pourrait
d'ailleurs vous laisser cela. C'était dans le rapport du comité
des bourses et cela se situe par niveau, vous voyez; par maîtrise,
doctorat, postdoctorat. Cela ne fonctionne pas par famille. Ce sont
évidemment des comités disciplinaires qui examinent cela. Cela
nous prendrait certaines recherches pour essayer de dégager cela. Si
c'était le voeu de la commission, je pourrais m'engager à faire
des recherches dans les prochains jours et à vous fournir les
éléments.
Le Président (M. Charbonneau): Toujours au niveau des
questions préliminaires pour des situations de fait, on mentionnait
tantôt environ 2 000 000 $ pour l'administration et le reste pour l'aide
à la recherche sous une forme ou sous une autre. Ces 2 000 000 $ se
répartissent de quelle façon, c'est-à-dire combien de
personnes travaillent au niveau du FCAC pour faire en sorte qu'on atteigne les
objectifs qu'on s'est donnés? Le personnel, c'est combien?
M. Cliche: Oui, actuellement, il y a quarante personnes au niveau
de la permanence: il y a les chargés de projets, la direction, les
analystes, etc. J'ai expliqué qu'il y avait aussi, à
côté, ce qui est très important, la structure d'expertise,
c'est-à-dire cent comités, et c'est évidemment la
permanence qui fait fonctionner cela, qui sous-tend cela, qui assure le
secrétariat de ces comités. C'est une centaine de comités
et j'ai dit que c'était, en gros, cette année, environ 1300
experts qui oeuvrent dans ces
différentes structures.
Le Président (M. Charbonneau): Et les comités, ceux
qui font partie des comités, est-ce qu'ils sont
rémunérés à même le budget?
M. Cliche: Ils ne sont pas rémunérés pour
faire le travail et on paie les frais de déplacement, de
réunions, de salles, etc. En somme, ils ne reçoivent pas
de...
Le Président (M. Charbonneau): Et les quarante personnes,
la majorité, c'est quoi? Ce sont des employés permanents?
M. Cliche: Au sens du FCAC, on n'a pas de permanence, on a un
protocole avec nos employés. Ce sont donc des employés qui sont
nommés pour des périodes qui sont renouvelables et, en
réalité, ils ont une stabilité puisque les
opérations demeurent. Je peux, d'ailleurs, vous donner la nomenclature
et vous indiquer cela très précisément. Il y a 4 cadres au
niveau du fonds, 12 1/2 personnes-année professionnelles et 24
employés de soutien pour un total de 40,5 personnes.
Le Président (M. Charbonneau): Combien d'employés
de soutien?
M. Cliche: 24.
Le Président (M. Charbonneau): 24. Est-ce que les
conditions salariales sont équivalentes à celles de la fonction
publique?
M. Cliche: Oui, ce sont des normes équivalentes et on
respecte les politiques gouvernementales là-dessus.
Le Président (M. Charbonneau): Par foi ou par obligation?
Je ne le sais pas, je me pose la question bien naïvement.
M. Cliche: Non, mais remarquez que, comme cela émarge aux
fonds publics, je pense qu'il va de soi qu'on utilise les mêmes normes.
On a dû recruter du personnel assez spécialisé. Plusieurs
de nos employés sont détenteurs de doctorats et de
maîtrises, évidemment, étant donné la nature de nos
activités, et on a dû recruter plusieurs de ces gestionnaires au
sein des universités elles-mêmes pour assurer une bonne
connaissance des dossiers parce que c'est un travail - je pense, par exemple,
aux professionnels - extrêmement précis et méticuleux. Vous
avez à formuler des jugements d'ordre scientifique. Alors, il faut
connaître non seulement les processus, la méthodologie et la
terminologie, mais aussi le style. Ce sont donc aussi ces personnes qui sont en
contact avec les chercheurs pour expliquer, faire le lien entre les
comités et, notamment, les améliorations que les chercheurs
doivent apporter à leurs demandes, à leurs dossiers, etc.
Le Président (M. Charbonneau): Je comprends que le fonds
est permanent depuis trois ans, depuis 1981, mais est-ce qu'il y a des
règles administratives écrites qui ont été
élaborées par la direction du fonds ou approuvées par le
conseil d'administration? Est-ce qu'il existe des procédures
administratives?
M. Cliche: On a un plan d'organisation qui a été
adopté à la suite de deux études, dont une avait
été faite par la Direction générale de
l'administration et l'analyste de la Direction générale de
l'administration du gouvernement concluait, d'ailleurs... Je peux même le
déposer, si vous le voulez. (12 h 15)
Le Président (M. Charbonneau): Oui, il me semble que cela
pourrait être utile.
M. Cliche: ...qui établissait les grandes divisions
administratives qui sont à l'intérieur de l'organisme
actuellement. Je vais vous lire la lettre de l'analyste qui disait: L'analyse a
porté sur les besoins fonctionnels, structurels, hiérarchiques,
etc., lesquels besoins se résument à 46 personnes-année
pour un budget d'environ 2 000 000 $; cela était le 3 mars 1981. "Il va
de soi que la structure - je cite l'analyste - proposée peut être
qualifiée de légère et de souple. Cela est dû
à l'utilisation de la notion de chargé de projet,
c'est-à-dire l'attribution à tout le personnel professionnel d'un
volume de travail avec échéancier de production. Cette notion
s'appuie sur le modèle de gestion par objectif, laquelle favorise
l'utilisation maximale de toutes les ressources." Cela a été fait
en mars 1981; c'était avant que ne soit confiée à notre
organisme la gestion du volet des centres de recherche qui est venue
après, de même que de nouvelles actions concertées, etc.
C'était donc un plan - je peux le déposer, si vous le voulez -
d'organisation préliminaire qui établissait tout ce qui est
hiérarchique, les cadres qu'on a recrutés par la suite. Il y a eu
par la suite une étude beaucoup plus importante, parce que, à la
suite de cela, on a procédé à l'informatisation de notre
gestion. Lorsqu'on était au ministère, cela se faisait à
la plume et au crayon, avec un système qui était un peu ancien,
et on en a profité pour informatiser notre gestion. Une fois
l'informatisation faite, on a revu le design d'organisation puisque ce sont des
changements qui modifient profondément la nature et la structure
d'organisation du travail. On a confié au bureau de consultation en
gestion de l'Université Laval le soin de faire une étude
complémentaire que je peux aussi déposer et qui est assez
volumineuse. Cette dernière s'intitule: "Le plan d'organisation
du fonds à caractère plus définitif" et a
été adopté par le conseil d'administration par la suite.
Elle précise dans le détail, par des études temps et
mouvement, les besoins d'effectifs, etc. Est-ce que vous voulez que je
dépose...
Le Président (M. Charbonneau): Je ne sais pas si les
membres de la commission souhaitent avoir ces documents.
M. Ryan: Ce ne serait pas mauvais.
Le Président (M. Charbonneau): Si vous pouvez en
déposer une copie au secrétariat de la commission, Mme
Giguère...
M. Cliche: Très bien.
Le Président (M. Charbonneau): Mais au-delà de
cela, ce qu'il m'intéressait aussi de savoir, c'est s'il y a des
règles particulières. On sait qu'on est dans une période -
et on l'a été encore plus il n'y a pas si longtemps que cela - de
compressions, de contrôle serré des dépenses. Est-ce qu'il
y a des règles particulières qui ont été
données par la direction ou par le conseil d'administration, par
exemple, sur la façon de dépenser, les déplacements, etc.,
choses qui prises individuellement ne sont pas très importantes, mais
qui, au total, quand on y regarde, sont des postes qui peuvent amener des
dépassements à ... Est-ce qu'il y a des directives
particulières?
M. Cliche: Si vous voulez parler des placements, au début,
les subventions étaient versées de façon plus large et
cela permettait d'effectuer des placements et d'obtenir certains revenus
d'intérêt. Maintenant, avec la nouvelle charte des paiements en
douze versements, il est évident que cela donne très peu de marge
de manoeuvre de ce côté.
Pour ce qui est des autres règles et des autres normes, on a une
politique, par exemple, pour ce qui est des déplacements, qui a
été adoptée par le conseil d'administration, qui est
exactement celle qui est appliquée par le Conseil du trésor pour
ses organismes publics. Cela nous crée certaines difficultés, si
vous soulevez le problème, parce qu'avant cette politique on avait une
politique plus nuancée qui nous permettait, par exemple, de payer le
transport en automobile ou même par avion pour un universitaire qui
évitait ainsi de coucher à Québec. Souvent, il s'agit de
personnes très expertes et qui ont des déplacements rapides
à faire. Depuis qu'on applique cette politique, on sent plus de
réticence à accepter de participer à nos comités
étant donné que les personnes qui acceptent de siéger aux
comités le font gratuitement, mais on applique cela maintenant de
façon intégrale.
Le Président (M. Charbonneau):
D'accord. Pour le moment, cela complète un peu les informations
préliminaires. Est-ce qu'il y a d'autres membres qui veulent poser des
questions préliminaires? Sinon, je vais passer la parole au
député d'Argenteuil. Mme la députée de
Jacques-Cartier, vous avez des questions préliminaires?
Mme Dougherty: Oui, j'ai plusieurs questions qui touchent le
budget. Je ne sais pas si vous considérez que ce sont des questions
préliminaires, mais ce sont des demandes pour des renseignements
supplémentaires.
M. Ryan: Juste avant qu'on passe à cela, une autre
question préliminaire. Il se- rait important de préciser le
statut exact du fonds à l'heure actuelle. À la suite de
l'adoption de la loi 19, le fonds FCAC devait changer de nom et quelque peu de
statut. Ce changement-là a-t-il été effectué?
Deuxièmement, au point de vue de la provenance des fonds, le fonds FCAC
continue-t-il à recevoir ces fonds directement du gouvernement sans
passer par le fonds chapeau qui était prévu dans la loi 19?
Pouvez-vous me dire où on en est exactement et quand vous pensez, si ce
n'est déjà fait, passer sous le nouveau régime
défini par la loi 19?
M. Cliche: Très bien. Tout à l'heure, dans mon
introduction, j'ai dit qu'on était encore régi par la
troisième partie de la Loi sur les compagnies, qu'on procéderait
prochainement à la transition du fonds pour se conformer aux
dispositions de la loi 19...
M. Ryan: Je m'excuse, M. le Président, juste une question
d'information. Serait-il possible que vous me donniez une copie des lettres
patentes qu'avait émises le gouvernement en 1981?
M. Cliche: Oui, c'est noté.
M. Ryan: Pardon?
M. Cliche: C'est noté.
M. Ryan: Très bien.
M. Cliche: On va vous les remettre.
Le Président (M. Charbonneau): Nous aussi, on va les
remettre.
M. Cliche: On va les remettre à la commission.
M. Ryan: Si je comprends, vous avez
été constitués en tant que société
sans but lucratif...
M. Cliche: C'est cela.
M. Ryan: ...et répondant au ministre de
l'Éducation.
M. Cliche: C'est exact. M. Ryan: Très bien.
M. Cliche: Alors, pour expliquer le changement de statut - on
doit rencontrer prochainement, d'ailleurs, M. Bérubé à cet
effet - on avait demandé, notre organisme, un avis juridique.
D'ailleurs, c'est Me Jules Brière qui avait fourni cet avis juridique
sur la transformation et ses conséquences. La recommandation du
conseiller juridique était de dire que cela devait s'effectuer en deux
étapes pour des raisons de sécurité juridique. Dans un
premier temps, on pourrait relever l'article de la loi qui dit qu'un fonds peut
attribuer des subventions, mais en fonction d'un plan triennal approuvé
par le gouvernement. En d'autres termes, lorsque notre organisme sera le FCAR,
il pourra attribuer les fonds dans la mesure où il disposera d'un plan
approuvé par le gouvernement, c'est-à-dire qui indique les
programmes, les objectifs, les enveloppes, etc.
Notre conseiller nous disait que procéder à l'inverse,
c'est-à-dire que, si la transformation avait été
très rapide et qu'on était devenu le FCAR au moment où on
attribuait nos subventions, cela aurait été nous placer dans une
situation d'illégalité et qu'une personne qui se serait vu
refuser sa subvention ou sa bourse aurait pu attaquer notre décision sur
cette base. Donc, il recommandait dans un premier temps que le FCAC demeure
pour la durée des opérations actuelles et attribue lui-même
les subventions, ce qui ne créait pas de problème juridique, et
que dans un deuxième temps ou en parallèle on crée le FCAR
qui verrait à faire approuver ses règlements. En d'autres termes,
on promulguerait l'ensemble des articles qui touchent à la mise en place
du FCAR, à l'exception d'un article, la disposition transitoire qui
abolit le fonds FCAC, et que dans un deuxième temps, dans le courant du
mois de juin, comme c'est le cas une fois les subventions attribuées, on
mette en place le FCAR et qu'on abolisse les lettres patentes du fonds FCAC. Ce
qui veut dire que pour cette année cela a permis d'éviter les
hiatus et des problèmes dans la transition qui aurait pu être plus
abrupte qu'elle ne l'a été, mais que la transformation, les
contacts que l'on a avec le cabinet du ministre de l'Éducation devrait
se faire maintenant que l'année sera terminée dans les prochaines
semaines. Quant à la provenance des fonds, bien entendu que notre
organisme reçoit la totalité de ses fonds à même le
programme budgétaire du ministère de l'Éducation, qui est
le programme 9.
Quant à la fondation pour la science et la technologie, j'ai
assisté à une première réunion de cet organisme qui
a eu lieu il y a quelques mois à Montréal. Il ne semble pas qu'on
reçoive cette année des fonds de transfert de cet organisme. Je
pense qu'il a comme intention de proposer un certain nombre de mesures au
gouvernement pour accroître l'assiette des fonds qui pourront être
affectés à la recherche.
M. Ryan: Seulement une dernière question. Ce qui
m'intéresse, c'est la nature des rapports entre le fonds et le ministre
de l'Éducation qui en est responsable. D'après la charte
actuelle, tous les membres du conseil d'administration sont nommés par
le ministre. La charte ne prévoit pas de conditions spéciales au
chapitre de la consultation préalable des milieux
intéressés. C'est un conseil de neuf ou douze membres, je ne le
sais pas, nommés directement par le ministre de l'Éducation.
Est-ce que la charte prévoit des responsabilités
spéciales envers le ministre autres que la production d'un rapport
annuel? Je crois comprendre, par exemple - on a inscrit cela, je pense, dans la
loi 19 - que le ministre peut donner des directives, à un moment
donné. Pourriez-vous nous dire ce qu'ont été les rapports
avec le ministre de l'Éducation au cours des trois premières
années d'existence du fonds? Est-ce que vous le rencontriez souvent?
Comment cela se passait-il exactement?
M. Cliche: Je peux vous dire que les rapports ont
été, jusqu'à présent, assez suivis. Le fonds a
été créé en 1981. Cette année-là,
d'ailleurs, le ministre de l'Éducation avait donné un budget
très opportun, un accroissement de l'ordre de 4 000 000 $, je pense,
à notre organisme, ce qui avait permis une poussée en avant assez
importante. Le ministre avait rencontré le conseil d'administration, il
s'informait régulièrement des choses. D'ailleurs, grâce
à son intervention, un certain nombre d'écueils administratifs,
qui étaient quand même assez nombreux, ont pu être
évités.
Vous comprendrez que décentraliser à l'intérieur
d'un ministère un organisme de ce type pose quand même certains
problèmes, ne serait-ce qu'au niveau des transports, par exemple, des
budgets, reconstituer des provisions appropriées là-dessus. Il
fallait obtenir à temps les crédits budgétaires pour
satisfaire à nos obligations. On doit dire là-dessus - et mes
collègues pourront témoigner de cela - que les rapports ont
été assez fréquents. Le ministre était venu
à notre
ouverture. Je pense qu'il avait accordé, en tout cas, en termes
budgétaires - je pense que c'est un bon indicateur - à venir
jusqu'à maintenant une priorité assez claire. Malgré les
compressions budgétaires dont les universités ont quand
même subi les conséquences, notre organisme, pendant cette
période, a été protégé de ces compressions.
On a même connu un certain nombre d'augmentations assez
significatives.
Le Président (M. Charbonneau): Le député
d'Argenteuil parlait des rapports suivis. Est-ce qu'il y avait aussi des
contacts avec la haute administration du ministère de
l'Éducation? Quel est le lien? Est-ce qu'il y a un sous-ministre adjoint
avec lequel vous êtes en contact plus régulièrement ou si
c'est directement avec le ministre?
M. Cliche: En réalité, on dépend d'un
ministre de tutelle, qui est le ministre de l'Éducation - c'est clair -
qui nous envoie des lettres, répond à nos demandes de
modifications de programmes sous la forme d'une lettre qui équivaut, en
somme, à des directives. Il nous dit oui à une chose, non
à telle autre chose pour telle ou telle raison. Dans la
réalité des faits, il est bien entendu que des relations
horizontales s'établissent, notamment avec le sous-ministre adjoint au
postsecondaire dont le champ d'intervention tombe dans le nôtre. Cela
veut dire qu'on a des contacts très fréquents de ce
côté-là sur l'ensemble d'un dossier.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de Jacques-Cartier, vous aviez quelques questions?
Mme Dougherty: D'abord, vous gérez des fonds pour d'autres
ministères. Il y a quelques subventions d'autres ministères
gérées par le fonds FCAC. Est-ce que ces fonds sont inclus dans
le budget du fonds FCAC? Est-ce qu'ils sont dans les crédits d'autres
ministères? Ce n'est pas clair. Énergie et Ressources,
Transports, il y en a plusieurs. (12 h 30)
M. Cliche: Là-dessus, il faut distinguer. Pour les bourses
prioritaires, par exemple, je pense que c'est le cas, c'est
intégré à notre budget, les Transports, et ainsi de suite.
Pour ce qui est d'un autre programme, par exemple, le programme de soutien
à l'emploi scientifique, programme qui a été mis de
l'avant par le ministère de la Science et de la Technologie, le fonds
forme le comité, évalue les dossiers et transmet au ministre ses
avis et recommandations. C'est donc dans le budget du MST et c'est le ministre
de la Science et de la Technologie qui annonce la décision au
récipiendaire. Il y a aussi d'autres cas d'action concertée
où les fonds - je pense que c'est le cas, d'ailleurs, pour l'action
concertée sur la sécurité routière -sont
transférés à notre organisme qui doit les gérer.
C'est un comité mis de l'avant par le fonds qui, évidemment,
comporte certains représentants de la Régie de l'assurance
automobile du Québec et cela fonctionne par transfert de fonds d'eux
à nous. Dans le cas de ces actions concertées - d'ailleurs,
d'autres sont à l'étude actuellement - cela fait l'objet d'un
protocole d'ententes bilatérales entre les organismes au moment
où on met de l'avant une telle mesure. Certaines fois, les
ministères tiennent à annoncer eux-mêmes les subventions
dont ils gardent les fonds. Certaines autres fois, ils préfèrent
qu'on se charge de l'administration et nous transfèrent les fonds. Dans
tous les cas où on accepte de participer, on se charge nous-mêmes
de diriger les évaluations scientifiques sur la base du
mérite.
Mme Dougherty: En ce qui concerne le fonds de santé, il me
semble que c'est beaucoup plus petit que votre fonds. Il y a une espèce
de dédoublement de fonction. Est-ce qu'il y a de la concertation entre
les deux fonds pour s'assurer qu'il n'y a pas de demandes qui tombent entre les
deux fonds?
M. Cliche: Oui, le problème se pose pour la santé
comme il se pose aussi pour le domaine de l'agriculture qui a son fonds. Dans
le domaine de la santé - j'ai été membre du conseil
d'administration jusqu'à il y a quelque temps - il y a une semaine, je
pense, on a rencontré le Dr Carrière, qui est président du
fonds de santé, pour déterminer, justement, par rapport à
notre plan triennal d'activité, où se situait la ligne de
démarcation entre les équipes de chercheurs biomédicaux et
le fonds FCAC. Le Dr Carrière nous a dit qu'il avait l'intention de
proposer le développement d'un tel programme. Donc, le FCAC, dans la
formulation définitive de son plan, va reconsidérer certaines
propositions qu'il avait avancées là-dessus de façon que
les interventions soient vraiment complémentaires. Sa mission est
très claire dans la loi: il s'occupe du perfectionnement et de la
formation des chercheurs dans le domaine de la santé, ce qui lui donne
une primauté sur cette mission dans ce secteur précis.
Avec l'Agriculture, on a une longue tradition d'échanges
puisqu'on siège au CRESAQ, le Conseil de recherche des services
agricoles du Québec, et le directeur de la recherche siège
également à notre comité-conseil pour les équipes
et les séminaires. Le départage est assez clair dans ce
cas-là puisque le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation a des priorités assez affirmées, assez
pointues, alors que le FCAC s'occupe davantage de soutenir les recherches
à caractère plus fondamental. Il nous arrive
fréquemment, d'ailleurs, de réacheminer un dossier de
l'Agriculture vers le FCAC, et même l'inverse. Le fonds en santé
n'a pas encore de programme d'équipe, il a des subventions
d'infrastructure. On a prêté l'an dernier, d'ailleurs, un de nos
directeurs de service pour aller participer à cette opération.
Pour ce qui est des bourses, cela m'apparaît assez complémentaire
comme mode d'intervention. On a des relations suivies, bien entendu, avec ces
organismes comme, d'ailleurs, avec les conseils fédéraux de
recherche.
Mme Dougherty: Autre question générale. J'essaie de
déterminer l'impact sur votre fonds des coupures budgétaires dans
les universités en général. Est-ce que le résultat
des coupures constantes dans les universités a été
d'augmenter ou de diminuer les demandes pour vos fonds? Est-ce qu'il y a un
effort de compenser par des équipes de recherche dans les
universités, par exemple? Est-ce qu'on cherche plus dans le fonds, pour
compenser les coupures, l'infrastructure générale?
M. Cliche: Dans le document de discussion pour établir
notre plan de développement, on a fait état de la
problématique qui confronte le développement de la recherche au
Québec. On a fait d'ailleurs référence aux études
du Conseil des universités qui sont assez éloquentes sur le
sujet. Maintenant, de là à établir un rapport de
causalité entre les coupures et les demandes au niveau du fonds FCAC,
c'est plus délicat. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a quand
même, depuis quelques années, un accroissement assez important des
demandes et des montants qui sont demandés au fonds FCAC. Je crois que
cette année le total des demandes est de 103 000 000 $ et pour l'an
dernier c'était de 80 000 000 $, ce qui montre un accroissement en ce
qui concerne la pression de la demande de 23 000 000 $ en un an.
Remarquez qu'il y a d'autres facteurs qu'il faut considérer. On
essaie au Québec -en tout cas, actuellement - de rendre plus
compétitifs les chercheurs québécois et de les inciter
à faire davantage de demandes auprès des organismes
subventionnaires québécois et des organismes subventionnaires
fédéraux. Vous savez que c'est un problème. Notamment, du
côté des chercheurs francophones, on constate qu'il y aurait
matière à des améliorations en accroissant le nombre de
demandes. Donc, on peut considérer qu'une des causes, c'est
peut-être aussi que la valorisation des ressources de recherche au
Québec s'intensifie par des politiques plus opérantes, par des
mesures plus dynamiques au sein du réseau des universités.
Mme Dougherty: Avez-vous des chiffres qui démontrent
l'évolution des demandes par rapport au taux de réussite, au taux
des subventions au cours des années? Naturellement, depuis 1981.
M. Cliche: En somme, le taux de succès...
Mme Dougherty: Le taux de succès par rapport aux demandes
et pas uniquement le nombre de demandes, le nombre en termes de valeur
pécuniaire parce que la valeur pécuniaire augmente aussi,
j'imagine. Cela m'amène à une autre question, c'est la question
de l'indexation. Est-ce que les subventions du fonds FCAC sont automatiquement
indexées? Est-ce que le budget reconnaît une certaine indexation
automatiquement, comme les fonds du fédéral, je crois, qui sont
indexés automatiquement?
M. Cliche: Vous voulez dire les budgets de subventions qu'on
reçoit du gouvernement? Remarquez que, nous, on ne fait que redistribuer
ce qu'on reçoit, suivant les années. Je peux vous signaler, par
exemple, pour ce qui est des équipes et des séminaires de
recherche, qui est notre programme de base, que cela faisait deux ans que
l'enveloppe qui était impartie aux 700 demandes d'équipes, qui
regroupent d'ailleurs 3000 chercheurs et 5000 étudiants - il y a
beaucoup de monde derrière cela - cela faisait deux ans qu'on n'avait
pas pu indexer l'enveloppe des équipes et des séminaires de
recherche; on l'a fait cette année. Je pense, M. Léonard, que
dans le domaine des bourses vous pourriez compléter.
M. Léonard (Jacques): Cette année, dans le domaine
des bourses, l'augmentation du budget consacré aux bourses a
été de 0,5% pour une augmentation qui se situe aux environs de 5%
de la demande. De fait, si nous considérons le taux de réussite
des bourses, cela a décru de l'année 1982-1983 de 34% pour, cette
année, descendre jusqu'à 25%. On parle d'un taux de
réussite global, qui comprend les renouvellements, parce que vous savez
que nous accordons des bourses gui s'étendent sur plus d'une
année. Évidemment, le paiement des bourses s'effectue en trois
versements, pour les trois sessions de l'année. Si les étudiants
veulent continuer, ils font des demandes de renouvellement. Ce pourcentage de
l'ordre de 25% comprend les demandes de renouvellement et, habituellement, le
taux de succès dans les renouvellements est de l'ordre de 100%; à
moins réellement d'incidents graves, les renouvellements sont
accordés.
Cependant, si nous considérons les nouvelles demandes, ceux qui
veulent entrer
dans le système, en ce qui concerne le programme
général, le taux de succès est d'environ 13%.
Le Président (M. Charbonneau): Le taux de
succès...
M. Léonard (Jacques): ...est de 13%, considérant le
nombre de demandes, le nombre de bourses offertes.
Le Président (M. Charbonneau): Ah bon!
M. Léonard (Jacques): Le montant des bourses n'a pas
évolué depuis deux ans, le montant de la bourse accordée
à chaque étudiant ou étudiante.
Mme Dougherty: Est-ce que vous donnez priorité aux
renouvellements?
M. Léonard (Jacques): Oui, parce que nous pensons que, si
nous accordons une bourse à quelqu'un qui entreprend des études
de maîtrise ou de doctorat, ce sont des études qui, au niveau de
la maîtrise, s'étendent sur environ deux ans et, au niveau du
doctorat, c'est encore plus long. Ces bourses, compte tenu du petit nombre qui
est accordé, sont des bourses qui sont accordées, d'après
nos évaluations, aux meilleurs. Je pense que, si l'on accorde une
bourse, on doit assurer un suivi à ceci de sorte que, en
priorité, on accorde les renouvellements.
Mme Dougherty: Autre question générale:
Voudriez-vous décrire pour nous comment le FCAC est différent des
fonds fédéraux en termes de but? D'après tout ce que j'ai
lu, il me semble que le but du FCAC est de s'orienter principalement vers la
formation de chercheurs, peut-être une espèce de
préparation pour augmenter le succès au niveau
fédéral. Est-ce que j'ai raison? Et voudriez-vous décrire
exactement dans quelle mesure le FCAC est différent et spécifique
à un certain besoin qui n'est pas comblé par les fonds
fédéraux?
M. Cliche: D'abord, les fonds fédéraux sont des
conseils disciplinaires. Vous en avez un pour la médecine, un pour les
sciences naturelles et le génie, et un autre pour les sciences humaines,
alors que le FCAC est un organisme transdisciplinaire puisqu'il touche à
la fois aux sciences naturelles et au génie, aux sciences humaines dans
leur totalité, les humanités, les sciences sociales et,
jusqu'à un certain point, même au domaine de la santé.
Même si on n'a pas les équipes, il reste que le domaine de la
santé est admissible à nos autres volets, dont le volet important
des centres de recherche. Déjà, c'est une première
distinction.
Par la suite, le FCAC, il faut bien comprendre l'origine de cela. C'est
né à la fin des années soixante, au moment où le
Québec se donnait un certain nombre d'instruments pour influencer
davantage, si vous voulez, son devenir, son destin. On avait créé
le CRIQ, vous vous rappelez l'Université du Québec, une
série d'institutions ont été créées. Dans la
foulée de ces événements, on a créé les
subventions de rattrapage pour les universités francophones qui,
finalement, étaient très en retard dans le développement
de la recherche. Et, en 1970, comme je l'ai expliqué, c'est devenu le
FCAC, Formation de chercheurs et d'action concertée. L'objectif
était de développer le potentiel de la recherche
québécoise. Cela a permis de développer un certain nombre
d'équipes. D'abord, le créneau des équipes nous
était particulier, alors que le CRSNG donnait des subventions
individuelles. S'étaient donc regroupés les chercheurs dans des
groupes pour mieux développer nos possibilités, également
nos chances de succès. Cela a donné des résultats assez
importants et cela a permis de lancer un certain nombre d'équipes de
chercheurs.
Je pourrais, d'ailleurs, dire ceci: actuellement - parce que le FCAC est
très complémentaire, c'est un organisme qui est
complémentaire des autres interventions - je pourrais dire, par exemple,
que dans le total des revenus qu'obtiennent les 600 équipes qu'on
subventionne, dans le cadre du volet des équipes et des
séminaires, le FCAC est pour 20% des revenus totaux de ces
équipes, ce qui signifie que les mêmes équipes obtiennent
80% de leur revenu à l'extérieur du FCAC, c'est-à-dire les
organismes subventionnaires fédéraux, les ministères
fédéraux et les ministères québécois,
subventions et commandites. Par exemple, dans le domaine des sciences
naturelles et du génie, c'est encore plus mince. La part du FCAC est de
14% en ce qui concerne les équipes. (12 h 45)
Donc, si je prends le programme de base du FCAC, cela a
été de développer le potentiel - il y a eu
émergence d'un certain nombre d'équipes importantes - mais aussi
de subventionner et de maintenir le subventionnement aux bonnes équipes.
Les bonnes équipes doivent dans nos règles s'efforcer d'obtenir
des subventions auprès des autres organismes subventionnaires, faute de
quoi, dans nos mécanismes, elles seront -d'un terme que les
universitaires ont peut-être souvent reproché, mais, enfin, je
trouve que c'est le meilleur - on procède à un certain sevrage
progressif, si vous voulez, pour inciter ces équipes à obtenir,
une fois devenues concurrentielles, du subventionnement à
l'extérieur. Il reste que les conseils fédéraux... Je
pense au CRSNG qui s'est lancé aussi beaucoup du côté des
recherches beaucoup plus appliquées et
beaucoup plus orientées avec le programme PRAY, etc., domaines
au sujet desquels le FCAC n'est pas encore très implanté. On
avait des propositions dans ce sens au niveau de notre document de travail,
dans le cadre de la préparation de notre plan. Fondamentalement,
c'était axé sur la formation, comme vous le dites très
bien, formation de chercheurs, formation des ressources humaines. Il faut voir
aussi son lien par rapport au ministre de l'Éducation. Le rôle de
notre organisme, c'est de soutenir ces responsablités en matière
de formation de chercheurs et d'experts. On peut donc dire que la presque
totalité des interventions du FCAC sont vraiment centrées autour
de ce grand objectif qui est de former et de développer les ressources
humaines québécoises dans le domaine de la recherche. C'est le
cas par les bourses, c'est le cas par les subventions. Il y a quelques volets
dont les montants - vous avez pu le noter - sont beaucoup moins importants et
qui sont les revues scientifiques, les organismes de service à la
recherche, qui sont des volets de support au niveau des services ou, encore, de
support à la diffusion, comme c'est le cas des revues scientifiques, par
exemple, mais qui sont beaucoup moins importants. Le coeur de notre
intervention, c'est vraiment la formation des ressources humaines et la
formation des chercheurs.
Mme Dougherty: Est-ce que peux en avoir une autre?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, il n'y a
pas...
M. Cliche: Je pense que M. Paquette voulait compléter ma
réponse, si vous le permettez.
M. Paquette (Romain): On a insisté sur le rôle de
complémentarité du FCAC depuis quelques instants. Peut-être
qu'il serait bon d'ajouter que nous nous considérons comme initiateurs.
Nous voulons essayer de repérer les meilleures équipes, les
meilleurs étudiants, les aider à s'orienter et, finalement, les
amener à s'adresser aux organismes fédéraux. Notre
rôle de complémentarité doit être dosé aussi
avec le rôle initiateur qui est le nôtre. C'est le dilemme dans
lequel nous nous trouvons constamment.
Mme Dougherty: Une autre question pour élargir nos
renseignements ici. Compte tenu que les demandes au FCAC augmentent chaque
année, avez-vous des chiffres qui démontrent combien... Est-ce
que les chiffres du budget accordé pour l'année 1984-1985 sont
effectivement ce que vous avez demandé? Ou avez-vous demandé plus
d'argent? J'imagine que vous avez demandé plus d'argent, parce que cela
est dans la ligne de votre...
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y en a qui en
demandent moins?
Mme Dougherty: ...votre plan de développement.
Effectivement, il n'y a pas d'augmentation ici. Je ne vois pas la ventilation
du nombre et des valeurs de chaque bourse, etc., mais effectivement c'est le
statu quo en termes de dollars. Est-ce que vous avez les chiffres qui
démontrent exactement ce que vous avez demandé en nombre et en
valeurs au gouvernement?
M. Cliche: Remarquez que les demandes, c'est une chose, les
choix, c'est autre chose. On avait demandé des crédits
additionnels pour couvrir plusieurs de nos interventions. Ce que vous voulez
avoir, c'est ce que nous avons demandé par volet. Nous avions
demandé 7 000 000 $ additionnels qui étaient justifiés et
ventilés de la façon suivante: on proposait d'ouvrir un concours
spécifique dans le domaine des équipes de recherche à
caractère biomédical. Comme on ne voulait pas faire cela au
détriment des autres équipes et des autres secteurs, on avait
demandé 1 000 000 $, mais, comme je vous l'ai expliqué, il semble
que cela va se développer dans le cadre du fonds en santé du
Québec.
Au niveau des centres de recherche, on avait demandé 500 000 $
pour pouvoir subventionner cinq nouvelles unités et on proposait de
greffer à ce volet un programme d'attachés de recherche pour
lequel on prévoyait 900 000 $.
Au niveau des bourses, concernant d'abord les stages postdoctoraux - on
a évoqué un peu la question tout à l'heure; c'est un
domaine important, les avis récents du Conseil des universités
vont d'ailleurs dans ce sens-là - on demandait 480 000 $ pour pouvoir
augmenter le nombre de bourses dans ce secteur.
En ce qui concerne la maîtrise et le doctorat, on voulait
augmenter à la fois la valeur de ces bourses et leur nombre. Pour la
valeur, on demandait 1 350 000 $ et, quant au nombre de bourses, un montant de
2 400 000 $.
Programme ACSAIR
Finalement, il y avait aussi la question du programme ACSAIR qui veut
dire: Aide aux chercheurs des collèges et aux chercheurs sans
affiliation institutionnelle reconnue. D'abord, on demandait 500 000 $ pour
procéder à la rémunération des chercheurs des
collèges privés et des chercheurs non affiliés. Je veux
signaler en passant cette ouverture au milieu collégial de la recherche,
qui correspondait à
l'objectif du livre blanc qui était d'utiliser et de valoriser la
totalité des potentiels en recherche. Alors, ce qui s'est passé,
c'est que, dans le cas des collèges publics, une formule a
été trouvée lors de la dernière négociation
avec les enseignants et qui a permis d'identifier un certain nombre de charges
à même la masse des postes salariaux qui permet d'affecter
à la recherche un certain nombre de postes. Par exemple, cette
année, on a reçu pour les projets des chercheurs des
collèges publics 35 charges d'enseignement. Les besoins étaient
de 45, mais les charges ont été de 35.
En ce qui concerne les collèges privés, comme il n'existe
présentement aucune formule équivalente, le problème que
cela pose, c'est que, en somme, ils sont admissibles au programme, mais on n'a
pas les moyens pour permettre le dégagement éventuel de ces
professeurs. C'est la raison pour laquelle on demandait une enveloppe
spéciale pour permettre une admissibilité réelle aux
professeurs des collèges privés, que ce ne soit pas uniquement
une admissibilité de principe. C'est la raison pour laquelle on
demandait ces 500 000 $, de même que pour les chercheurs non
affiliés. En ce qui concerne le programme ACSAIR, on souhaitait avoir un
nombre de charges accrues, charges qui émargent au budget de
l'enseignement collégial du ministère de l'Éducation.
C'est en gros...
Le Président (M. Charbonneau): Vous avez un document sur
cela? Est-ce qu'il serait possible de le déposer?
M. Cliche: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): L'avez- vous
déjà communiqué aux membres de la commission?
M. Cliche: Non, je ne l'avais pas communiqué. Ce
n'était pas un document qui... mais je peux le faire.
Le Président (M. Charbonneau): Compte tenu de la question
et des réponses que vous venez de donner, ce serait peut-être
utile que les membres de la commission l'aient en leur possession.
M. Ryan: Pouvez-vous compléter la liste? J'ai pris cela en
note, je m'excuse, parce qu'on était déjà très
avancé. Vous ajoutez "biomédical" dans le budget des subventions
aux équipes; 1 000 000 $, vous avez dit, n'est-ce pas? Ensuite, pour les
centres de recherche, vous voulez mettre 500 000 $ de plus?
M. Cliche: C'est cela.
M. Ryan: Pour les programmes de bourses, il y avait 480 000 $,
plus 1 350 000 $?
M. Cliche: M. Ryan, pour les centres, il y avait deux choses: il
y avait la création...
M. Ryan: Pardon?
M. Cliche: Pour les centres, il y avait deux choses: 500 000 $
pour la création de nouvelles unités.
M. Ryan: 900 000 $ pour les attachés de recherche.
M. Cliche: Qu'on voulait greffer aux centres de recherche.
M. Ryan: Très bien.
M. Cliche: Mais, depuis, il y a eu quand même certains
développements du côté des actions structurantes qui sont
venus après, si vous voulez, ces demandes.
M. Ryan: Oui, on va en reparler. Voulez-vous continuer
rénumération? Ensuite, pour les bourses, il y avait 480 000 $ au
postdoctoral.
M. Cliche: C'est cela.
M. Ryan: 1 350 000 $ pour maîtrise et doctorat.
M. Cliche: C'est cela, pour augmenter la valeur de ces bourses,
et 2 400 000 $ pour augmenter leur nombre.
M. Ryan: Plus 1 350 000 $.
M. Cliche: Pour augmenter la valeur des bourses.
M. Ryan: Oui, et 2 400 000 $ pour le nombre.
M. Cliche: 2 400 000 $ pour augmenter le nombre de bourses.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Charbonneau): ...
M. Cliche: Dans le cadre de la revue des programmes, très
exactement le 19 août 1983.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela avait
donné lieu par la suite à une rencontre avec le ministre ou des
autorités du ministère de l'Éducation?
M. Cliche: Avec M. Laurin, il y avait eu des discussions, oui. Je
pense qu'il y avait eu préparation d'un mémoire du ministre
de
l'Éducation au Conseil du trésor. Ceci était
intégré dans d'autres demandes, si je me souviens bien.
M. Ryan: Cela donnait un total de plus de 7 000 000 $.
M. Cliche: C'était notre demande, oui.
M. Ryan: 7 000 000 $ combien?
M. Cliche: 7 130 000 $.
Le Président (M. Charbonneau): Le député de
Mille-Îles avait quelques questions. J'ai l'impression qu'il va commencer
et qu'il va être obligé de poursuivre à 15 heures.
M. Champagne: Est-ce que je retiens mon droit de parole?
Le Président (M. Charbonneau): C'est à votre
goût. Il reste cinq minutes, vous pouvez commencer.
M. Champagne: D'accord. J'aime mieux retenir mon droit de parole
jusqu'à 15 heures, si vous n'avez pas d'objection.
Le Président (M. Charbonneau): Non.
M. Ryan: Je pourrais faire quelques observations
générales à ce moment-ci. Je pense que ce ne serait pas
mauvais, quitte à revenir après, M. le député de
Mille-Îles.
Une chose que je voudrais signaler, parce qu'on entend toutes sortes de
propos à ce sujet, c'est que je ne sais pas si l'année 1984-1985
sera une année de transition et qu'on saura davantage à quoi s'en
tenir par la suite, mais, en fonction de l'augmentation du coût de la vie
et de l'augmentation des demandes à la fois pour des subventions et des
bourses, je pense qu'on peut dire que l'année 1984-1985 est une
année de régression pour le fonds FCAC. Il faut l'inscrire
clairement. On vient d'avoir des précisions quant aux demandes qui
avaient été présentées par les autorités du
fonds. On n'a jamais été saisis de cela, nous. Évidemment,
au stade où cela a été présenté, je pense
que ça ne nous concernait pas directement, mais il est très
important que nous en soyons informés pour qu'on soit en mesure de
porter un jugement informé sur la politique suivie par le gouvernement.
Il va falloir qu'on demande des explications au gouvernement de ce
côté-là.
Il y a une chose qu'on va soulever cet après-midi. Pendant qu'on
coupe les vivres à celui-là... D'ailleurs, des mesures ont
été prises au cours de l'année sur lesquelles j'aimerais
vous poser des questions cet après-midi. Il y a eu des mesures de
compressions budgétaires très sévères, des
nouvelles modalités administratives qui ont été
imposées au fonds qui lui rendent l'existence infiniment plus difficle.
Pendant ce temps, on multiplie les mesures d'aide à la recherche
parallèle. On est en train de créer deux systèmes de
soutien de la recherche, un qui sera encadré par un organisme
subventionnaire répondant aux règles habituelles qui
régissent ce genre d'organisme, et un autre qui va relever beaucoup plus
de la discrétion ministérielle. Si on ajoute à cela le
programme de compressions budgétaires dans les universités depuis
cinq ans, complété par des mesures ad hoc qui viennent
également s'ajouter ici et là, on est en train de
développer une politique où l'activité au niveau de
l'enseignement et de la recherche universitaire sera de plus en plus
déterminée par le pouvoir discrétionnaire des ministres,
alors qu'on avait cru s'orienter vers des politiques de subventions statutaires
ou de subventionnement encadré qui protégerait justement
l'enseignement universitaire et la recherche contre les ingérences et
l'influence indue du pouvoir politique. C'est un sujet de préoccupation
très sérieux pour moi.
Je constate, à mesure qu'on entre un peu dans le sujet, qu'on
commence à soulever une partie du voile. Je pense que c'est très
important qu'on le fasse en toute indépendance et avec le maximum de
collaboration possible. Cela prouve la nécessité de rencontres
comme celle-ci prévues dans le rôle des commissions
parlementaires. Je pense que c'est un volet du rôle des commissions
parlementaires qui sera extrêmement utile.
Une chose que je voudrais souligner en complétant cette
intervention, c'est que j'ai été bien intéressé par
les chiffres que j'ai trouvés à la page 97 du plan triennal. Ce
sont des chiffres qui nous donnent l'évolution en dollars constants des
sommes que nous affectons au Québec à la recherche et à la
formation de personnes de niveaux maîtrise, doctorat et postdoctorat...
Page 97, M. le député de Fabre. Cela est donné en dollars
constants et, tôt ou tard, il faudra bien qu'on revienne à cette
norme-là. On peut se gargariser de chiffres en dollars courants à
des fins de propagande politique. Je pense qu'on peut le faire des deux
côtés, soit pour prouver que les choses ont été bien
faites ou pour tenter de soutenir qu'elles ont été mal faites. Je
pense bien qu'il faut revenir à une norme de dollars constants à
partir d'un point de comparaison sur lequel on puisse s'entendre.
Si on prend les sommes qui ont été consacrées
à l'activité du fonds depuis 1980-1981 en dollars constants, on
constate qu'il y avait eu une augmentation intéressante en 1981-1982;
c'est l'année qui a suivi l'incorporation de la société,
si je comprends bien. Ensuite, les deux dernières années, ce
n'est pas spécialement reluisant: en 1982-
1983, on est ramené à 15 891 000 $; en 1983-1984, à
16 530 000 $ et, pour la prochaine année, ce sera à peu
près du même ordre, peut-être 16 800 000 $, quelque chose
comme cela. Je ne sais pas si on pouvait le faire en dollars constants, comme
je l'ai demandé plus tôt pendant l'heure du déjeuner; cela
me rendrait bien service.
Si on regarde ce qui se faisait en 1977, 1978 et 1979, avant
l'institution de ces structures, on s'aperçoit que les sommes
étaient à peu près les mêmes. Je pense qu'il y a un
problème pour nous. On ne peut pas dire d'un côté que le
Québec est le plus avancé de tout le Canada et en même
temps se trouver en face de chiffres qui nous laissent craindre que la
progression n'ait été beaucoup moindre que ce que les
données superficielles invoquées souvent par le personnel
politique pourraient laisser croire. Je termine mon intervention
là-dessus, mais cela va préparer quelques autres questions sur ce
point après que le député de Mille-Îles aura
usé de son droit de parole.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ce, je vais clore la
séance de ce matin en vous invitant à revenir à 15 heures
cet après-midi et en vous remerciant de votre collaboration.
M. Cliche: Merci. (Suspension de la séance à 13 h
3)
(Reprise de la séance à 15 h 17)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît! À la séance de cet après-midi, je vous
rappelle que nous avons le mandat d'examiner les orientations, les
activités et la gestion du fonds FCAC pour l'aide et le soutien à
la recherche et, à cet effet, d'entendre ses représentants, ce
que nous faisons depuis ce matin.
Je signale que le député de Trois-Rivières, M.
Vaugeois, remplacera le député de Matapédia, M.
Marquis.
M. Ryan: Il est absent.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que M....
M. Ryan: Est-ce qu'un absent peut remplacer un absent?
Le Président (M. Charbonneau): Un député m'a
signalé son intérêt pour venir un peu plus tard.
Pouvez-vous le remplacer?
M. French: Je remplace peut-être quelqu'un, j'ignore les
membres de la commission.
Le Président (M. Charbonneau): Disons que le
député de Westmount remplacera le député de
Saint-Laurent.
M. Ryan: Le député de Saint-Laurent, oui.
M. French: Le député de Westmount a quand
même une sous-commission sur la réforme parlementaire à 16
heures. Alors, c'est pour 40 minutes.
Le Président (M. Charbonneau):
Considérant son intérêt...
M. French: Le député de Westmount est un client
potentiel du fonds FCAC. C'est pour cela qu'il est ici.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, on ne vous donnera
pas la parole, étant donné que vous êtes en conflit
d'intérêts. Le député de Mille-Îles avait
demandé la parole à la fin de la séance de ce matin. Je la
lui cède donc.
M. Champagne: Merci beaucoup, M. le Président. Je veux
m'étendre un peu sur l'histoire du budget. J'ai remarqué dans les
documents qu'en 1978-1979 le budget attribué était de 16 000 000
$ et qu'en 1984-1985 il est d'environ 32 000 000 $. Cela veut dire qu'en
l'espace de six ans, le budget a doublé. Une première
constatation. Je voudrais...
M. Ryan: Pouvez-vous nous donner la page de cela?
M. Champagne: Vous prenez les sources de tableaux,
premièrement le tableau ici, à la page... Je ne sais pas s'il y a
une page, entre autres. En annexe 92, après, vous avez à peu
près... Je n'ai pas trouvé les chiffres exacts, mais vous avez,
dans ce tableau 2, 1977-1978, 15 000 000 $, et vous avez, pour 1983-1984, 29
000 000 $. Je ne sais pas pourquoi toute cette différence. Cela arrive
à peu près à ces chiffres. Cela veut dire qu'en l'espace
de six ans, M. le député d'Argenteuil, le budget attribué
au fonds, pour l'aide à la formation de chercheurs et l'action
concertée, a doublé.
Je voudrais aussi souligner quelque chose et c'est ma
préoccupation: Comment se fait-il, M. Cliche, que, cette année,
vous avez un budget de 31 000 000 $ et que vous avez eu des demandes pour la
valeur de 103 000 000 $? Comment expliquez-vous cette forte demande? Est-ce que
ces demandes sont en progression depuis quelques années? Est-ce que,
l'an passé, c'était 50 000 000 $ et qu'il y a eu un bond?
J'aimerais savoir quelle est l'augmentation des demandes d'année en
année et comment vous l'expliquez. C'est une première
question.
M. Cliche: L'an dernier, c'était 80 000 000 $ de
demandes.
M. Champagne: L'année d'avant?
M. Cliche: On va chercher le montant. L'an dernier, en 1983-1984,
c'était 80 000 000 $ et, en 1984-1985, c'est 103 000 000 $.
M. Champagne: J'aimerais voir s'il y a une espèce
d'augmentation ou de courbe.
M. Cliche: On vérifie parce qu'on n'a pas tous ces
chiffres, on n'avait pas prévu ces questions.
M. Champagne: Comment expliquez-vous cette grande demande et
cette augmentation subite en l'espace d'un an de 80 000 000 $ à 103 000
000 $, soit 23 000 000 $ de plus de demandes?
M. Cliche: J'ai signalé ce matin le fait qu'il y avait
quand même des actions qui se mènent de façon à
valoriser davantage les activités de recherche au sein des
établissements, d'une part. Donc, les chercheurs sont plus actifs qu'ils
ne l'étaient, il y a davantage de demandes. J'ai signalé aussi le
fait que des programmes nouveaux sont nés, notamment, le programme
d'accessibilité aux professeurs des collèges qui, quand
même, date de trois ans, ce qui draine également une partie des
demandes de subvention.
Il y a aussi le fait que, dans les universités, par les temps qui
courent, je pense qu'on exploite les différents programmes qui peuvent
exister de façon à obtenir un financement pour développer
la recherche. Vous n'êtes pas sans savoir que les enveloppes
universitaires ont connu des compressions de 300 000 000 $ sur une
période, je crois, de cinq ans ou quelque chose du genre. Il est bien
entendu que, dans cette perspective, les programmes externes ou les programmes
spécifiques qui visent à apporter des crédits
additionnels, évidemment, sont sollicités davantage dans cette
période.
Recommandations au sujet du financement
M. Champagne: Maintenant, qu'est-ce que vous recommandez cette
année à la commission parlementaire ou au ministre? Vous faites
des recommandations au ministre, vous avez des demandes de 103 000 000 $, vous
avez 31 000 000 $; quelles seraient vos recommandations au sujet du
financement?
M. Cliche: C'est une très bonne question. On a
examiné, d'ailleurs, au conseil d'administration, si on avait à
répondre à la question, ce qu'on devrait faire cette
année...
M. Champagne: Qu'est-ce que vous recommandez comme montant?
M. Cliche: ...pour améliorer la situation qu'on
connaît. Je vais vous donner des indications à ce sujet. Il y
aurait, quant à nous, quatre actions prioritaires qui pourraient
être faites, si on voulait améliorer la situation actuelle;
d'abord, dans le développement des ressources humaines, qui est la base
de tout le système, c'est la pyramide, ce sont les agents du
système.
En ce qui concerne les bourses, on a signalé ce matin que le taux
de succès avait chuté de 33 1/3% à 24,8%. Si on voulait au
moins cette année, en 1984-1985, plutôt que 24,8%, redresser le
taux de succès à ce qu'il était l'an dernier,
c'est-à-dire 28,2%, il faudrait accorder 180 bourses de plus à la
maîtrise et au doctorat. Pour une bourse moyenne de 8000 $, ceci
représente un montant de 1 440 000 $. Je pense qu'il est inutile
d'insister sur la nécessité d'accroître le taux de
diplomation au Québec étant donné les études que
l'on connaît qui démontrent notamment que, pour un nombre
égal d'habitants, les universités québécoises ne
décernent que 2,44 doctorats comparativement à 3,73 dans
l'ensemble du Canada et que cette proportion, qui est très importante,
passe même à 1,35 si on ne considère que les
universités francophones.
Par ailleurs, voici un autre aspect en réponse à votre
question: il y a la question des bourses postdoctorales. Le livre blanc, un
projet collectif, prévoyait une augmentation substantielle des sommes
allouées aux bourses postdoctorales afin de stimuler le perfectionnement
du potentiel de recherche qui a déjà fait ses preuves.
D'ailleurs, les auteurs du livre blanc, que vous connaissez, déploraient
qu'en 1978-1979 on n'ait accordé que 21 bourses. Comme il n'y avait
alors que 55 candidats, cela représentait un taux de succès de
38,2%. Ces intentions ne se sont pas encore concrétisées puisque,
en 1984-1985, il n'était possible d'offrir que 20 bourses à 117
candidats de sorte que le taux de succès a chuté jusqu'à
17%. Des représentations ont été faites par nous. On y
revient, d'ailleurs, dans le cadre de nos propositions triennales, pour
augmenter le nombre de bourses à 40 et hausser le montant des bourses de
14 000 $ à 19 000 $. En maintenant le montant des bourses à 14
000 $, il faudrait 15 bourses supplémentaires pour faire passer le taux
de succès de 17% à 30%, ce qui est encore déjà
très faible, ce qui est encore inférieur au taux de
succès, finalement, si on remonte en arrière, de 1978-1979. C'est
ce qui impliquerait, cette mesure, un montant de 210 000 $ en ce qui concerne
les bourses
postdoctorales.
Un deuxième sujet possible serait des mesures qui touchent les
infrastructures de recherche. Le gouvernement insiste sur la
nécessité de maintenir et de créer des pôles
d'excellence au Québec en apportant un soutien spécifique aux
infrastructures de recherche. Cette année, 27 centres de recherche
recevront la deuxième ou la troisième tranche de leur subvention
triennale. Par ailleurs, 23 centres ont fait l'objet d'une évaluation
approfondie avec comités, visiteurs, expertises, à la suite de
quoi l'octroi de subventions sera recommandé pour dix centres dont cinq
étaient subventionnés en 1983-1984 et quatre avaient
déjà été subventionnés antérieurement
à 1983-1984. Il y a également un nouveau centre.
Pour arriver à faire ces recommandations cette année, le
comité des centres a dû attribuer des montants inférieurs
aux besoins des centres afin de rajuster les subventions en fonction des
besoins. Pour pallier cette difficulté, il faudrait un montant de 250
000 $, sans compter qu'à la suite de l'opération de cette
année, on doit refuser trois centres qui ont fait l'objet de
recommandations favorables de la part des comités visiteurs et qui
pourraient être subventionnés dans la mesure où une somme
additionnelle de 250 000 $ serait disponible à cet effet. Ceci veut dire
en somme qu'au niveau des infrastructures, pour pouvoir boucler notre
opération dans des conditions correctes, sans plus, il nous faudrait 500
000 $. En somme, 250 000 $ pour ajuster les subventions qu'on a dû couper
à un niveau nettement inférieur à ce qui serait
souhaitable et un autre montant de 250 000 $ pour subventionner des centres qui
ont fait leur preuve et qui sont excellents, et qui ne pourront l'être
faute de crédits suffisants de la part du fonds FCAC.
Un troisième point touche les actions spontanées. Vous
savez que notre organisme subventionne à la fois la recherche libre,
qu'elle soit fondamentale ou appliquée, qui est la base du
système universitaire et la recherche orientée en fonction des
priorités du Québec; c'est ce qu'on appelle dans nos programmes
les opérations de recherche thématique. Thématique veut
dire en fonction des priorités et des thèmes du virage
technologique, notamment. Or, au niveau des actions spontanées, il
s'agit de projets que les chercheurs québécois soumettent en
fonction des priorités du virage technologique. Ces projets sont
évalués, d'abord, par des comités de qualité et
ensuite par un comité de pertinence. Le comité de pertinence,
d'ailleurs, qui n'est pas un comité de pairs au sens strict du terme,
qui est formé de décisionnaires, de sous-ministres
gouvernementaux, de gens des sociétés d'État qui ont donc
une aptitude et une habilité à se prononcer en matière
d'opportunité.
Par des actions spontanées, cette année... Le terme
spontané à l'origine voulait dire que les chercheurs pourraient
soumettre à des moments différents de l'année, mais
à plusieurs moments, des propositions, si on veut que ce soit un peu
spontané. Ce qui s'est passé, c'est que la première
année on a fait deux concours. La deuxième année, faute de
fonds, on a dû ne faire qu'un seul concours. Cette année, il ne
faut pas oublier qu'il s'agit vraiment de projets qui sont dans la ligne
directe du virage et qui sont, finalement, recommandés par un
comité formé de gens du gouvernement, donc très
habilités à se prononcer sur les priorités. D'ailleurs,
c'est un comité auquel notamment il y a l'expertise du ministère
de la Science et de la Technologie. Cette année, il nous manque 100 000
$ pour octroyer la totalité des subventions aux projets qui sont
hautement recommandés par ces instances. (15 h 30)
Si je fais à ce sommaire la question des collèges, qui
serait peut-être le quatrième point de notre intervention, c'est
que le ministère de l'Éducation nous a octroyé cette
année l'équivalent de 35 charges. J'ai expliqué ce matin
qu'il s'agissait d'une méthode à l'intérieur de la masse
des subventions de la direction de l'enseignement collégial. Il y a un
certain nombre de charges. Je pense qu'en tout c'était 150 pour un
certain nombre de missions dévolues à l'enseignement
collégial dont la recherche. On nous a octroyé 35 charges.
D'ailleurs, j'ai à côté de moi Mme Desautels qui est une
personne du milieu des collèges et qui était membre du
comité conseil chargé d'évaluer ces dossiers. Je pense
qu'il nous manquerait dix postes pour pouvoir libérer l'ensemble des
professeurs dont les projets méritent d'être
subventionnés.
En somme, si je me résume et montre ce dont j'ai parlé ce
matin, j'ai fait allusion au fait que le programme ACSAIR était ouvert
aux chercheurs des collèges et aux chercheurs non affiliés et
que, en ce qui concerne les chercheurs des collèges privés, comme
il n'y a pas de mesure permettant le dégagement des professeurs, ce qui
veut dire que, comme on n'a pas les enveloppes additionnelles, on peut
difficilement, vous comprendrez, prélever à même les
subventions qui vont aux universités ce qu'il faut pour affecter aux
collèges privés, cela veut dire que, faute d'une enveloppe
particulière, il est actuellement impossible d'opérationnaliser
cette accessibilité pour les chercheurs des collèges
privés. Également, en ce qui concerne les chercheurs sans
affiliation, peut-être que Mme Desautels pourrait compléter sur le
sujet, étant donné qu'elle était au comité. Les
chercheurs non
affiliés, cela veut dire, en somme, les chercheurs autonomes qui
ne sont pas membres d'une institution, ni collégiale ni universitaire,
puisque le livre blanc proposait comme objectif très important
l'accessibilité des subventions à tous les potentiels. On ne
voulait gaspiller aucun des potentiels en matière de recherche. Donc, le
programme est également ouvert à ce type de chercheurs. Mme
Desautels pourra préciser le problème que cela pose.
Mme Desautels (Renée): Les chercheurs non affiliés
regroupent une clientèle assez vaste et assez
hétérogène. Dans les chercheurs non affiliés, on
retrouve des jeunes qui, après avoir obtenu leur doctorat ou leur
postdoctorat, ne peuvent trouver d'emploi dans les universités
actuellement ou, encore, des jeunes qui ont commencé à avoir des
cours, qui ont été chargés de cours et qui, maintenant,
à cause des coupures budgétaires, se retrouvent sans emploi,
certains professeurs à la retraite et également des autodidactes
ou des chercheurs à la pige, de telle sorte que, lorsque ACSAIR
reçoit leur demande, elle se trouve à payer une
rémunération pour une recherche à temps plein. On avait
accepté un certain nombre de projets qui avaient reçu une
évaluation positive et on ne peut pas tous les honorer parce qu'il nous
manque environ 250 000 $ pour ces chercheurs non affiliés.
M. Champagne: Avez-vous ce tableau dans vos cahiers? J'aimerais
qu'on dépose pour les membres de la commission tout ce que vous avez dit
au sujet des besoins dans l'avenir. Ce serait très intéressant.
Mais vous n'avez pas répondu directement à ma question qui est
peut-être terre à terre: Au lieu de 31 000 000 $, les demandes
sont de 103 000 000 $. Que prévoyez-vous comme budget acceptable pour
avoir quelque chose de plus pour vous faire vivre?
M. Cliche: C'est ce que j'ai exposé. Il faudrait...
M. Champagne: Oui, vous l'avez exposé, mais maintenant,
c'est 250 000 $ ici et 210 000 $ là. Cela fait un total de combien?
M. Cliche: Je peux aller dans le détail. Si vous faites la
somme, je peux reprendre, si vous voulez, ce que j'ai dit.
M. Champagne: Oui. Quelle est la somme de tout cela?
M. Cliche: C'est 2 250 000 $. M. Champagne: 2 250 000
$. M. Cliche: Si j'ajoute...
Mme Desautels: Pour cette année. M. Champagne: Pour
cette année? Mme Desautels: 2 400 000 $.
M. Cliche: On peut dire 2 400 000 $ si on inclut les gens sans
affiliation institutionnelle.
M. Champagne: D'accord.
M. Cliche: En somme, il faudrait ajouter cela aux deux postes des
subventions: l'élément 1 et l'élément 2. Est-ce
clair?
M. Champagne: Oui, cela répond à ma question.
Maintenant, je ne pense pas que ce soit de votre domaine. Vous ne proposez pas
quand même des solutions de financement, c'est notre domaine.
M. Cliche: C'est cela.
M. Champagne: Vous nous lancez cela ici.
M. Cliche: En fait, il est bien entendu que ce sont les
parlementaires de l'Assemblée nationale qui tranchent les débats.
Actuellement, nous attribuons les fonds qu'on nous donne. La question que vous
nous avez posée est: Qu'est-ce qui nous manquerait pour qu'on puisse
faire un travail acceptable, compte tenu des 103 000 000 $?
Je voulais aussi vous signaler que tout à l'heure vous avez
soulevé un point et je m'en voudrais de ne pas vous le signaler: Ce
n'est pas un plan, il faut nuancer, c'est un document de consultation qui nous
a permis de recevoir des mémoires. D'ailleurs, on pourrait le donner,
peut-être pas le déposer parce que c'est quand même
très volumineux. On a reçu 70 mémoires. Il y a d'ailleurs
eu un colloque de l'Association des administrateurs de recherche, qui a
regroupé 200 chercheurs, qui s'est tenu l'automne dernier; mais, si vous
lisez très bien la page 87, vous verrez que, si on compare 1978-1979 aux
dernières années, 1983-1984, on observe une augmentation nominale
de 67% dans les subventions, mais si on dégonfle pour hausse de prix,
l'augmentation réelle est virtuellement nulle. Je cite le rapport:
Puisque, au cours de cette période, l'indice des dépenses
publiques, donc l'inflation, s'était accru de 70%. En d'autres termes,
les subventions - je voudrais être précis - ont peut-être
augmenté de 67%, mais l'inflation de 70%. Ceci veut dire en somme que,
pour un chercheur, en termes de dépenses, cela ne permet pas
nécessairement un accroissement du volume des activités.
Le Président (M. Charbonneau): Mais les 2 400 000 $ dont
vous venez de parler
étaient inclus dans les 7 000 000 $ que vous aviez
demandés initialement. Cela n'aurait-il pas été plus
habile de demander 2 400 000 $ plutôt que 7 000 000 $?
M. Cliche: Ce que j'ai dit, c'est que nos demandes additionnelles
visaient beaucoup plus de choses. Il y avait notamment l'intégration
d'un programme d'attachés de recherche. Pour le programme
d'attachés de recherche il aurait fallu faire des appels d'offres
spécifiques à l'époque; comme on ne l'a pas fait, on n'a
pas eu les demandes. La question à laquelle j'ai répondu est: Que
faudrait-il, en termes stricts, pour que notre activité de cette
année soit à peu près correcte, en somme, pour ne pas
atténuer davantage la chute qu'on observe dans les taux de succès
des bourses? Le problème qu'on a dans les centres de recherche, c'est
que, actuellement, il y a trois excellents centres qui sont sur la sellette et
qui ne pourront pas être subventionnés alors que, de l'autre
côté, par les actions structurantes il y aura un paquet de
nouvelles choses qui pourront naître. Ce que j'ai expliqué, c'est
qu'on répond à la question que vous nous posez comme
parlementaires: 2 400 000 $ permettraient de boucler l'année à
des conditions à peu près correctes.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ces 2 400 000 $, le
conseil d'administration ou la direction du fonds a-t-il soumis un rapport
particulier au ministre? Y a-t-il eu des recommandations particulières
de faites? Y a-t-il eu une analyse, pour chacun des projets qui ont
été énoncés tantôt, de
présentée au ministre?
M. Cliche: Je vais vous expliquer le fonctionnement, M.
Charbonneau. En tant qu'organisme subventionnaire, on reçoit un budget,
on reçoit les demandes, on les analyse et on a le pouvoir de les
subventionner à même les budgets qui nous étaient impartis.
On ne fait pas rapport au ministre sur les demandes qu'il faudrait
subventionner, ce n'est pas son rôle. D'ailleurs, j'expliquerai tout
à l'heure, si les questions me le permettent, la théorie du
partage des rôles en système démocratique entre les
organismes subventionnaires, l'Assemblée nationale, les organismes
à caractère plus exécutif parce que c'est important, c'est
au coeur du débat. Mais on a fait des démarches auprès de
l'enseignement collégial, par exemple, après les demandes
additionnelles. Dans les demandes additionnelles, on demandait 50 charges. Vous
connaissez le processus budgétaire gouvernemental: c'est dans la revue
de programmes que vous présentez vos demandes, mais vous ne faites pas
de rapports additionnels par la suite. Le gouvernement tranche, donc,
l'Assemblée nationale, et après on s'ajuste.
On a fait quand même des démarches particulières en
ce qui concerne la question des charges d'enseignement au niveau
collégial. Le président du comité-conseil pour le
programme ACSAIR, M. Inschauspé, qui est un directeur
général de collège, a même fait des démarches
très personnelles auprès de la direction de l'enseignement
collégial et les réponses qu'on a reçues évidemment
étaient de dire qu'on maintenait le nombre de postes, étant
donné les contraintes, à 35.
Pour les autres éléments, c'est de notoriété
publique, enfin, c'est connu des fonctionnaires et de l'administration du
ministère que les besoins du fonds sont ceux-là.
Je passe sous silence un autre point parce qu'on n'a pas encore
reçu les réponses définitives, c'est le problème
des investissements ou des équipements scientifiques qui ne
relèvent pas de notre budget, mais qui relèvent du plan
quinquennal des investissements universitaires et au sujet duquel on attend une
réponse du ministère, à savoir, quel sera le montant dont
on pourra disposer. Vous savez que la recherche doit être
effectuée par des équipements qui sont techniques, qui sont de
plus en plus sophistiqués et, d'ailleurs, pour lesquels il y a des
carences très importantes au Québec, carences dont on a
montré l'incidence au niveau de notre document de consultation.
Contribution du gouvernement fédéral
à la recherche
M. Champagne: Je voudrais aborder un autre point. C'est bien
sûr que votre fonds est autonome en soi mais vous devez aussi transiger
soit avec l'entreprise privée, je suppose, ou le gouvernement
fédéral. Or, le budget du gouvernement fédéral dans
la recherche - on dit tout le temps que le Québec a la part du pauvre -
considérant que l'an dernier... La population au Québec est de
26%; on dit que l'attribution pour ia recherche ici au Québec est de 16%
et que, en Ontario, elle est de de 52%. Malgré l'autonomie de votre
organisme qui voit à la complémentarité de certains
programmes fédéraux - je pense que c'est réciproque aussi
- comment voyez-vous une récupération beaucoup plus grande de nos
chercheurs des budgets qui sont attribués à la recherche au
Canada? Comment faire en sorte que votre organisme puisse inciter les
chercheurs à faire plus de demandes? Comment expliquez-vous cette
carence? Comment expliquez-vous que nous ne soyons que 16% ici au
Québec?
M. Cliche: C'est un problème assez important et assez
vaste. Je vais vous donner un début d'interprétation; je pense
que mes collègues pourront compléter parce qu'en sciences
humaines il y a d'autres
problèmes qu'il faut considérer.
Vous avez raison de dire que, si on désintègre dans les
subventions qu'on obtient ou que les chercheurs francophones obtiennent - c'est
très différent pour les chercheurs anglophones - il est clair que
selon les statistiques et selon les chiffres, bien que des études
récentes tentent de nuancer cela, notamment dans les opérations
thématiques, le taux de succès se compare; pour les francophones,
il peut être légèrement inférieur. En somme, cela
veut dire que, lorsqu'on se donne la peine de faire des demandes, il semble
qu'on obtienne les subventions. Le problème est d'inciter les chercheurs
à faire les demandes. C'est un problème que le fonds FCAC - je
m'empresse de bien circonscrire cela - ne peut pas régler dans sa
totalité. On ne peut pas penser qu'avec nos 30 000 000 $ et nos 18 000
000 $ de subventions on va résoudre le problème global des
universités. Nous ne sommes qu'un épiphénomène
à l'intérieur de cela; il faut bien comprendre que ce sont des
subventions directes alors que vous avez les subventions de base des
universités qui frisent 1 000 000 000 $ et qui couvrent l'ensemble des
missions; nous n'avons donc qu'une influence déterminante.
Vous savez que les universités sont également autonomes
dans leurs orientations, dans leur gestion. Le fonds FCAC n'est qu'un moyen
d'intervention parmi un ensemble de moyens dont s'est doté le
gouvernement. Ceci dit, ce qu'a fait le gouvernement du Québec a
été d'augmenter, d'essayer d'accroître le bassin des
chercheurs potentiels au Québec, notamment par l'ouverture aux
chercheurs des collèges. C'est une mesure qui visait
précisément à accroître... Pour des raisons
historiques, on a séparé au Québec une partie du
collégial qui ne se retrouve pas dans l'universitaire. En rendant
admissibles aux subventions les professeurs des collèges, on force le
système. Bien entendu, si Québec les rend admissibles,
tantôt le fédéral devra reconsidérer cela. Je sais
qu'actuellement des débats ont lieu à Ottawa et qu'on est en
train de considérer très sérieusement la
possibilité de trouver une formule, notamment en associant les
professeurs des collèges dans des formules avec les universités
pour rendre et prendre en considération les demandes qui viendraient de
ce milieu.
C'est quand même une mesure importante qui d'ici six ou sept ans
portera des fruits assez importants. L'autre aspect des choses, c'est que M.
Paquette a expliqué dans notre programme qu'on était initiateur
mais aussi complémentaire. J'ai expliqué qu'on ne donnait aux
équipes de recherche que 20% des fonds pour forcer les bonnes
équipes, une fois devenues compétitives, à aller chercher
des fonds auprès du fédéral. Elles obtiennent donc
d'autres sources 80% de leurs revenus. C'est donc dire que le fonds FCAC n'y
est pas pour la totalité des subventions.
Je pense aussi qu'à l'intérieur des universités, il
y a quand même des actions qui se font de plus en plus pressantes
auprès des chercheurs pour essayer d'accroître le nombre de
professeurs qui font des demandes de subventions. Il ne faut pas oublier que le
corps professoral au Québec vieillit; il y a d'ailleurs l'avis
récent du Conseil des universités sur la question. Il y a des
personnes qui ont été recrutées dans les années
soixante-dix qui n'étaient pas des chercheurs. Vous savez que la
productivité en recherche se fait avec beaucoup de nuances parce que -
mes collègues des sciences humaines vont me censurer - en sciences
naturelles, la productivité d'un chercheur se fait jeune. En sciences
humaines, c'est un peu différent. Des personnes qui ont
été recrutées dans le boom des années soixante-dix
sont entrées dans le système, ont fait de l'enseignement. On ne
recycle pas un professeur... On ne fait pas un chercheur à 45 ans; vous
savez que la moyenne s'accroît de façon assez importante. (15 h
45)
Un des problèmes des universités est de faire rentrer dans
le système des éléments nouveaux, des
éléments jeunes pour prendre la relève. Il y a donc des
problèmes structurels. Je ne voudrais pas trop insister
là-dessus, je voudrais passer la parole à mes collègues.
Je dirai en terminant qu'en sciences humaines il y a d'autres problèmes.
Il y a quand même un certain nombre de chercheurs qui, pour des raisons
différentes, en tout cas, ont toujours été
réticents à faire des demandes auprès du gouvernement
fédéral - je vous laisse le choix d'interpréter les
raisons - qui préfèrent transiger avec un organisme proprement
québécois. On est à les rééduquer pour ainsi
dire, à leur apprendre à aller chercher là où il se
trouve le résultat de leurs impôts et, par nos mécanismes,
les amener également à présenter des dossiers à
Ottawa.
M. Paquette, qui a siégé aux grands organismes
fédéraux et qui est d'ailleurs du secteur des sciences humaines,
pourra sans doute apporter des éléments complémentaires
intéressants sur la question.
Le Président (M. Charbonneau): Avant que M. Paquette ne
prenne la parole, je voudrais signaler à mon collègue de
Mille-Îles que le temps prévu pour ses interventions et les
réponses est écoulé, mais on va permettre à M.
Paquette de donner une réponse dans la mesure où cela pourrait
être condensé pour permettre à tout le monde de prendre la
parole. Éventuellement, vous aurez une autre occasion de revenir.
M. Paquette (Romain): Je veux juste
apporter une information différente de celle de M. Cliche. Le
récent rapport du Conseil des universités qui porte sur le
vieillissement du corps professoral démontre dans un de ses tableaux que
le ratio professeur-étudiants dans les universités du
Québec est plus élevé que dans la moyenne des
universités canadiennes et certainement plus qu'en Ontario.
Si vous ajoutez ce ratio au fait que le corps professoral va en
vieillissant, vous comprenez pourquoi une bonne partie du corps professoral est
prise par les tâches d'enseignement et prépare moins de demandes
qu'on ne le fait en Ontario ou dans le reste du Canada.
M. Champagne: Quels sont les moyens que vous prenez pour corriger
cette situation? Ce sont quand même les Québécois qui
paient des taxes au fédéral, c'est notre argent. Quels sont les
moyens que votre organisme entend prendre ou a pris pour pouvoir faire en sorte
que nos chercheurs québécois aient leur part?
M. Léonard (Jacques): Ce matin on faisait mention de la
façon dont on fonctionne dans le volet "Équipes et
séminaires". Dans ce volet, on demande aux gens de faire des demandes
dans d'autres organismes que le FCAC. Pour que les gens puissent obtenir des
subventions du FCAC, ils doivent faire la preuve qu'ils ont fait des demandes
et qu'ils sont subventionnés par d'autres ressources que le FCAC. C'est
quasiment une condition sine qua non pour obtenir une subvention dans ce
volet.
M. Champagne: Et peut-être aller chercher dans le secteur
prévu aussi a l'occasion.
M. Léonard (Jacques): Oui, on considère
l'ensemble.
Le Président (M. Charbonneau): Je m'excuse, mais si on
veut respecter les règlements ou les contraintes qu'on a, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Merci.
Une voix: Vingt minutes?
Le Président (M. Charbonneau): Ce ne sera pas 20 minutes
si on veut être équitable. Allez-y.
Le plan triennal du fonds
M. Ryan: Je voudrais simplement signaler de nouveau en
réponse à ce que disait le député de
Mille-Îles tantôt que, s'il lit attentivement les chiffres en
pensant en dollars constants plutôt qu'en dollars courants, il va se
rendre compte que l'effort consacré au développement de la
recherche et à la multiplication des bourses n'a pas augmenté
pour la peine au cours des sept ou huit dernières années. C'est
bien important de le signaler. D'ailleurs, je trouve une confirmation de cela
dans le plan triennal qu'a rédigé le fonds FCAC. Il examine ce
qui s'est fait en matière de subventions à des fins de recherche.
Il dit clairement: En 1982-1983, les subventions de recherche atteignaient 16
700 000 $ soit une augmentation nominale de 67% par rapport à 1978-1979,
ce qui va dans le sens de ce que disait le député de
Mille-Îles tantôt, mais, si on dégonfle pour les hausses de
prix ces données, l'augmentation réelle est virtuellement nulle
puisque, au cours de cette période, l'indice implicite des
dépenses publiques courantes en biens et services a augmenté de
70%. Il faut tenir compte de cela si on veut se rendre compte de ce que
procurent exactement les sommes mises à la disposition des organismes
subventionnaires. C'est pour cela que, de ce point de vue encore une fois, il
n'y a aucune espèce de justification pour quelque "pétage" de
bretelles que ce soit.
Je voudrais passer au plan triennal. Le temps s'écoule
très vite. Je pense que c'est là la question principale. Dans le
plan triennal que vous aviez établi, je vais d'abord vous poser une
petite question au sujet de ce plan. Le document que nous avons porte la date
d'octobre 1983. Vous dites l'avoir mis en circulation et l'avoir soumis au
jugement d'un certain nombre de personnes et d'organismes et avoir reçu
de nombreuses réactions. Est-ce que le document avait été
communiqué au ministre de l'Éducation, également?
M. Cliche: Si vous me le permettez, j'aimerais situer le statut
de ce document. Ce n'est pas un plan; c'est un document qui soumettait à
la discussion des milieux scientifiques un certain nombre de propositions et
une certaine analyse de la situation. Nous avons accepté des
mémoires jusqu'à la mi-février; on les a d'ailleurs avec
nous. Nous avons reçu 70 mémoires; il y a eu certaines
réunions avec des chercheurs. On a tenu des journées de
réunion... Il faut dire aussi que la période des mois de mars,
avril et mai, est une période infernale. Tous les rapports des
comités arrivent et on est pris dans la gestion des choses
quotidiennes.
On s'est réuni il y a quelque temps au niveau du conseil
d'administration pour essayer d'en arriver à tirer nos conclusions
à partir des mémoires et, aussi, en analysant une situation qui
à l'externe s'est pas mal modifiée. Beaucoup de programmes ont vu
le jour depuis que le document a été mis en circulation. Cela
implique donc un certain nombre d'ajustements de notre part. C'est ce
qu'on fait actuellement, de sorte que, d'ici l'été, on
compte être en mesure... On avait transmis au ministre de
l'Éducation - à l'époque c'était le Dr Laurin -
copie du document de même que des études qui l'accompagnaient. On
transmettra prochainement... J'ai expliqué ce matin que
légalement, par la loi 19 ce sera le rôle du FCAR, qui prendra la
relève du FCAC dans une transition harmonieuse, de transmettre, selon
l'article approprié de la loi, un projet de planification triennal au
ministre de l'Éducation.
On a déposé ce document à la commission parce qu'il
était public, qu'il était en circulation dans tout le
réseau universitaire, auprès des entreprises, auprès des
centres de recherche industrielle et auprès du milieu des
collèges. Ce n'est donc pas un document définitif; il s'agissait
de propositions dont l'essentiel sera sans doute très sûrement
retenu au niveau de la planification finale.
M. Ryan: ...ordre de grandeur, vous laissez entendre dans cette
version préliminaire du document qu'il faudrait que le budget du conseil
et du fonds soit augmenté d'à peu près 30 000 000 $ qu'il
est actuellement à 50 000 000 $ à compter de 1985-1986, quitte
à ce qu'il y ait des augmentations ensuite axées davantage sur
l'augmentation du coût de la vie. Est-ce qu'il y aura des changements
importants dans cet ordre de grandeur-là ou si cela restera à peu
près du même ordre?
M. Cliche: On n'a pas revu la question des recommandations
budgétaires définitives. Cependant, nos recommandations
étaient basées sur une étude, sur deux études, mais
la deuxième notamment était plus restreinte. Elle portait sur les
besoins de financement de la recherche universitaire et révélait
entre autres que, dans la période considérée, l'inflation
avait diminué la percussion des subventions de 70%. C'était pour
redonner un pouvoir d'achat réel aux subventions du fonds. Il y a un
certain nombre de programmes, notamment le volet industriel, où on avait
avancé des propositions. Il y a eu des interventions puisque nous avons
noté que le gouvernement avait réagi rapidement et favorablement
à un certain nombre d'hypothèses avancées à
l'intérieur de ce document de consultation puisque les stages, les
agents de liaison, les centres universités-industries semblent avoir
donné lieu, dans le plan de relance économique du gouvernement,
à un certain nombre de décisions.
Cela nous amène à réajuster nos dispositions
à ce sujet-là. Globalement, tout ce qui concerne le rattrapage
qui est fondé sur l'étude sur les besoins sera maintenu. Il est
trop tôt pour indiquer le montant final puisqu'on doit amputer de notre
document un certain nombre de choses qui semblent avoir été
développées dans un autre cadre. On va sûrement proposer
des augmentations assez substantielles compte tenu des études sur
lesquelles on s'appuie.
Tout à l'heure vous m'aviez posé la question des dollars
constants. J'ai la réponse; je ne sais pas si...
M. Ryan: Si vous avez les données, il serait excellent que
vous puissiez nous les fournir. Je vous signale que, si vos réponses
étaient un peu plus brèves, cela nous permettrait de poser plus
de questions. Au bout de 20 minutes, il m'éliminera du revers de la
main, à juste titre.
M. Cliche: Je serai bref, M. Ryan, et je vous dirai que, par
rapport au tableau, c'est à la page 95.
M. Ryan: On s'en va vite vers 18 heures.
M. Cliche: Vous avez le total en bas. M. Ryan: Oui.
M. Cliche: Pour 1984-1985, je mets cela en dollars
constants...
M. Ryan: Oui.
M. Cliche: ...c'est 15 990 000 $.
M. Ryan: En dollars constants, n'est-ce pas?
M. Cliche: Oui, pour 1984-1985.
M. Ryan: Pour les subventions, les 15 000 000 $.
M. Cliche: Pardon, c'est à la page 97, cela aussi.
M. Ryan: Page 97, d'accord.
M. Cliche: Vous avez, en bas, pour 1983-1984, 16 530 000 $.
M. Ryan: Oui.
M. Cliche: Si je donne les dollars constants pour 1984-1985 par
rapport aux chiffres de 1977, il s'agit de 15 990 000 $.
M. Ryan: Ce sera intéressant pour le député
de Mille-Îles. On avait, l'an dernier, 16 530 000 $.
M. Cliche: C'est cela.
M. Ryan: Là, on a 15 990 000 $.
M. Cliche: C'est cela.
M. Ryan: II y a une chose que je ne comprends pas. Je tiens
à le dire dans les termes les plus simples possible. Au moment où
on parle de dévoppement de la recherche, de virage technologique, de
tournants nouveaux et décisifs à prendre pour notre
société, vous autres, vous avez soumis au gouvernement pour la
présente année des demandes budgétaires qui comportaient
une augmentation d'à peu près 25% des subsides dont vous
disposiez. Le gouvernement, en dollars constants, vous donne moins.
D'un autre côté - je vais être obligé d'en
venir à cela assez vite, parce qu'il y a une foule de choses qu'on
voudrait examiner, mais qu'on n'aura pas le temps de vraiment approfondir - le
gouvernement lance un programme de 27 000 000 $ pour les trois prochaines
années pour le développement d'une quarantaine d'équipes
de recherche dans les universités. Je regarde votre programme. Il y a un
volet qui s'appelle "Équipes". Cela a l'air d'être des
équipes de recherche, à moins que je ne me trompe. Vous pourrez
me corriger là-dessus. Ensuite, il y a un autre volet qui s'appelle
"Recherches prioritaires"; un autre qui s'appelle "Recherches
thématiques"; un autre qui s'appelle "Centres de recherche". Vous dites
que vous avez des doutes à un moment donné dans votre document,
et le Conseil des universités avait dit la même chose, quant au
potentiel de notre bassin de ressources dans les universités. On peut
bien décider, lorsqu'on est au gouvernement, qu'on aura tant
d'équipes de plus ici, tant d'équipes de plus là, mais
vous dites: II faut avoir les ressources humaines pour faire cela. Est-ce qu'on
a des chercheurs? A-t-on les ressources humaines? Il y a un passage - je vais
le retracer - où vous dites, à la page 64, dans le plan triennal:
"La faiblesse des masses critiques de chercheurs dans certains domaines,
l'augmentation des coûts de la recherche, le besoin de procéder
à un renouvellement sélectif des appareillages de recherche, les
contraintes budgétaires affectant les établissements
d'enseignement supérieur, autant de facteurs justifiant
l'établissement de nouvelles concertations et un redéploiement
des ressources axé en fonction d'orientations favorisant une
valorisation accrue des ressources d'excellence."
Le programme fédéral
J'aimerais que vous nous disiez si vous avez une opinion
là-dessus. J'ai l'impression qu'il est en train de se faire une
développement parallèle. J'ajoute un autre exemple pour
compliquer le tableau, non pas à plaisir, mais parce que les
événements le compliquent. J'ai pris connaissance d'une
circulaire de M. Joyal, secrétaire d'État fédéral,
l'autre jour, qui était adressée aux universités.
C'était intitulé "Feuillet d'information". Pour eux, c'est
"Centres de spécialisation". On appelle le premier "Actions
structurantes"; l'autre "Recherches prioritaires", l'autre, des projets de
recherches thématiques. Je vais vous dire franchement que nous
commençons à avoir un peu de difficulté à suivre
tout cela. Je me demande si on ne s'en va pas... D'un côté, je
pense que le gouvernement fédéral va mettre 25 000 000 $ dans ce
projet qui vise à développer des centres d'excellence
universitaires...
Une voix: C'est pour le Canada
M. Ryan: ...pour le Canada, ce qui veut dire qu'il va y avoir au
moins 6 000 000 $ ou 7 000 000 $ pour le Québec, j'imagine. Le
gouvernement du Québec va mettre au moins 27 000 000 $ pour trois ans et
on annonce 43 000 000 $ pour la période subséquente. Il va mettre
cette somme. Cela commence à faire de l'argent. Cela fait 12 000 000 $
pour la subvention à des centres d'excellence. Cela sera à part
du fonds FCAC. Cela pose le problème que vous avez soulevé plus
tôt, la philosophie qu'on va suivre dans notre société en
matière de subventions. Va-t-on continuer à suivre une politique
reposant sur la subvention faite dans des conditions maximales
d'impartialité ou si, parce que les gouvernements ont des objectifs
pressants dont nous devons reconnaître la validité, d'autre part,
il ne faut pas s'en aller vers des voies parallèles? Je pose la question
en toute candeur, d'un certain point de vue, parce que j'ai l'impression que
les choses ne tournent pas rond là-dedans. (16 heures)
M. Cliche: Vous voulez qu'on vous donne notre avis
là-dessus?
M. Ryan: Oui, je l'apprécierais hautement.
Le Président (M. Charbonneau): Avec le défi que
vous pose le député d'Argenteuil, de la concision!
M. Cliche: Oui, c'est tout...
Le Président (M. Charbonneau): Ce genre de questions est
un véritable défi.
M. Cliche: C'est tout un programme, mais peut-être que le
rapprochement de certains événements peut expliquer une partie
des choses. Remarquez que, comme les priorités au fédéral
et au Québec sur les grands aspects de la technologie sont à peu
près les mêmes, au moins là-dessus, si les subventions sont
octroyées sur les bonnes équipes, les équipes excellentes
qui ont le potentiel, on pourrait dire que cela pourra au
moins consolider un certain nombre de pôles existants.
Bien entendu, on ne peut pas sortir subrepticement de sa poche une
brochette de chercheurs. C'est très long de former des gens à la
recherche au niveau du postdoctorat, et on n'a jamais vu des
générations spontanées de chercheurs. Donc, c'est un
travail de base au niveau du développement fondamental des ressources
humaines qu'il est important aussi de maintenir.
Il est aussi vrai que la société a des priorités et
que l'État a la responsabilité d'orienter la conduite des choses
pour satisfaire également ces priorités fondamentales.
Maintenant, comment le fait-on? La question est posée. On avait
parlé de développement parallèle. Remarquez que ce qui se
fait au Québec semble quand même un peu plus coordonné,
puisqu'on demande au fonds FCAC de procéder à la formation d'un
comité scientifique qui évaluera les propositions. Un lien
organique s'opérera donc entre cette évaluation et les
décisions que prendra le ministère, puisque cela ne relève
pas de notre budget. Ce sont des sommes prélevées à
même l'enveloppe des universités.
Au niveau du gouvernement fédéral - je n'ai pas tellement
vu l'interaction des conseils fédéraux dans la prise de
décision -on comprend que cela va largement, premièrement,
contribuer à la consolidation des bonnes équipes, des grands
centres et des pôles d'excellence considérés. De cette
façon, on est disposé à contribuer à l'action mise
de l'avant.
Peut-être que mes collègues auraient des observations
à ajouter, eux qui ont peut-être vécu dans les
universités la préparation de ces dossiers.
M. Ryan: Je vous poserais une question subsidiaire. Selon vous,
un programme comme celui de M. Joyal, un programme comme celui des actions
structurantes, aurait-il pu et dû, logiquement, s'intégrer dans
les programmes que vous avez ou s'intégrer dans le champ d'intervention
du fonds FCAC, au besoin sous le titre d'un nouveau programme?
Je voudrais avoir votre opinion bien franche là-dessus, parce que
c'est de nature à nous éclairer quant aux recommandations qu'on
peut formuler à l'intention du gouvernement.
M. Cliche: Je ne sais pas si cela va répondre tout
à fait à votre question, mais nous pensons qu'il y a une
espèce de théorie dans la démocratie, que j'appellerais la
séparation des pouvoirs. Le pouvoir législatif fait les lois, et
le pouvoir exécutif dirige les choses de la société vers
le budget de l'État, détermine des priorités et se fait
élire.
Vous avez aussi dans la démocratie le pouvoir judiciaire. Les
juges interprètent les lois en dehors des pressions des deux autres
systèmes, en toute objectivité, etc. Si j'avais à situer
un peu le rôle des organismes subventionnaires, c'est un peu cela. En
fait, on a été créé pour qu'on puisse, en tout
sérénité, en dehors des pressions du quotidien que vivent
les appareils ministériels avec, nécessairement, les pressions
qui s'exercent sur les processus, dépolitiser l'attribution des
subventions et des bourses et pour s'assurer, en mettant les étudiants,
les utilisateurs ou les chercheurs au premier rang de tous ces
mécanismes, que cela se fasse dans un cadre rigoureux, objectif,
etc.
Il est vrai qu'on a été créé pour
gérer des programmes de subventions. Dans notre projet ici, on proposait
de développer un mécanisme qui s'appelait les subventions
négociées. Les subventions négociées,
c'étaient des subventions à caractère un peu plus
structurant parce que, je pense qu'il ne faut pas s'illusionner, l'ère
des décisions qui sont uniquement appuyées sur une excellence
pure, l'excellence est fondamentale... Je pense que tout le monde se rend
compte qu'il y a aussi dans la société un certain nombre de
priorités. Donc, les organismes subventionnaires maintenant ne le sont
plus et le CRSNG a aussi des programmes thématiques. Ce ne sont pas
uniquement des organismes qui, pour prendre des expressions anciennes, sont des
tours d'ivoire. Ce sont quand même des organismes qui sont ouverts sur le
monde mais qui tendent, cependant, à fonder leurs décisions sur
des rationalisations, sur des expertises très précises. La
question, c'est que de toute manière M. Ryan, à toutes fins
utiles, en formant un comité de qualité, en somme, c'est la
"king'pin", c'est le coeur de l'affaire, on va faire la gestion de
l'évaluation de la qualité des propositions. Il y a un
comité important qui va siéger au niveau du ministère, qui
va déterminer l'opportunité et faire des choix.
Maintenant, pour répondre à votre question, si les
études, si les priorités existent, je pense qu'on peut
très bien donner des missions à des organismes subventionnaires,
d'autant plus qu'on a un pouvoir de directive qu'on peut exercer sur eux de
façon très précise. Et, lorsque vous recevez une directive
ministérielle comme organisme subventionnaire, vous êtes tenu de
livrer la marchandise - en tout point conforme. Je pense que cela ne trahit pas
les sentiments du conseil d'administration. On pourrait très bien
exercer des mandats beaucoup plus orientés à l'intérieur
de nos activités. D'ailleurs, on propose dans notre document de
développer, précisément, les activités de recherche
prioritaires.
M. Ryan: Actuellement, si je comprends bien la manière
dont les choses vont se passer, j'essaie de me mettre à la place d'un
responsable d'équipe dans une université, je
peux présenter un projet au Secrétariat d'État
fédéral et la formule est allée directement dans les
universités. Et là, au niveau fédéral, il y aura
des équipes d'adjudication qui seront formées, des équipes
d'examen des projets, mais la décision est prise par le
secrétaire d'État - c'est cela qu'on nous dit en toutes lettres
dans le document - par conséquent, par l'autorité politique. Si
le même professeur soumet un projet au fonds FCAC, au titre de l'un ou
l'autre de vos programmes, là, la décision va être prise
à l'intérieur d'un mécanisme décisionnel qui n'est
pas politique, qui est strictement technique et...
M. Cliche: Scientifique. C'est cela.
M. Ryan: S'il préfère recourir au programme
d'actions structurantes, là, son projet sera examiné par un jury
constitué par le fonds FCAC, lequel fera rapport à un
comité de niveau ministériel ou sous-ministériel et c'est
ce comité qui va faire les choix finalement. Si ce comité
décide que tel ou tel projet n'a pas d'intérêt
immédiat, il peut préférer un autre projet, il n'est pas
lié. En somme, la décision proprement dite s'en va du
côté de l'autorité politique et si la personne
décidait de recourir plutôt au Conseil de recherches en sciences
naturelles et en génie, ce serait la même procédure que la
vôtre...
M. Cliche: C'est cela.
M. Ryan: ...en gros. Moi, je trouve que c'est presque encourager
l'opportunisme chez les responsables d'équipes de recherche. Alors que
tout le monde se demande si on a un bassin pour mettre en oeuvre des projets
trop larges, des programmes trop larges, on les encourage à passer leur
temps à faire des démarches dans quatre, cinq directions
différentes et à faire de la surenchère, je dirais; ou, la
surenchère peut se faire de l'autre côté également,
mais c'est l'impression qui reste quand on prend connaissance de tout cela.
M. Cliche: Remarquez que...
M. Ryan: Vous autres, tantôt, vous avez dit: On aimerait
cela avoir la chance de vous donner notre philosophie. Est-ce que vous
êtes favorables à cela ou est-ce que des programmes de recherche
un petit peu élaborés, ou de soutien à la recherche,
élaborés comme ceux dont nous parlons, reposent sur des
décisions d'attribution qui soient prises par le pouvoir politique en
fin de compte?
M. Cliche: C'est sûr que, si vous demandez à des
gestionnaires comme nous d'organismes subventionnaires ce qu'on pense, on va
vous dire que si l'on assistait à une multiplication des programmes, il
est bien évident que cela pose un problème de coordination. Cela
peut être interprété aussi comme un certain manque de
confiance à l'endroit des organismes subventionnaires qu'on a
créés, cela peut être interprété de ces
différentes façons. Maintenant, la question, c'est que les
ressources collectives sont limitées au Québec;
c'est-à-dire, si vous avez 30 000 000 $, 40 000 000 $ ou 50 000 000 $
à investir en recherche, ce qui est très important, c'est de
faire l'investissement le plus judicieux possible dans l'intérêt
à long terme de la société et de la
collectivité.
Maintenant, c'est bien entendu que, dans la question de la recherche, il
y a des besoins de structuration, d'organisation. Le Conseil des
universités, dans ses avis, a noté cette dimension. Je ne crois
pas qu'au niveau de notre organisme on ne soit pas d'accord avec ces objectifs.
C'est dans le rôle, finalement, des instances où la philosophie
des organismes subventionnaires, cela correspond dans l'évolution des
choses à une certaine phase de maturité où on se croit
apte à déléguer certaines tâches de gestion, mais
qui sont très encadrées, puisque vous avez un plan de
développement que vous devez faire approuver. Il y a des enveloppes, il
y a des priorités, vous recevez des directives très
précises. Mais l'essence des organismes subventionnaires tels que
conçus au Québec, ce ne sont pas des organismes qui se
soustraient à l'orientation politique. Ce sont des organismes qui, tout
simplement dans leur gestion, sont transparents et agissent selon des
mécanismes d'objectivité, des mécanismes dont la
méthodologie est proprement scientifique. Ceci ne veut pas dire que les
organismes subventionnaires ne peuvent pas gérer des programmes,
même très orientés.
Nous avons dans notre cadre des actions concertées, par exemple,
avec la Régie de l'assurance-automobile, donc très
orientées vers la solution des problèmes très pratiques.
Actuellement, par exemple, il y a même un projet d'action
concertée qui est à l'étude dans le domaine des PME, donc,
des choses très appliquées et qui correspondent même
à partir de comités conjoints, ministères et fonds. Donc,
on peut gérer des choses aussi très orientées et
très appliquées. L'important, c'est de bien déterminer les
objectifs et de bien déterminer le cadre. Je pense que le point
fondamental, c'est de bien distinguer entre la gestion, la définition
des politiques, les arbitrages budgétaires, les lignes de
démarcation. Ce qui pose un problème - je pense que tous les
universitaires portent cela dans leur coeur, les chercheurs, vous les
interrogerez - c'est qu'ils deviennent inquiets dans la mesure où la
même organisation définit les objectifs,
définit les budgets et finalement prend les décisions sur
le projet lui-même. C'est à ce moment que cela devient un peu
délicat.
En d'autres termes, si vous assistiez au cours des prochaines
années à un développement d'une série de programmes
qui deviendraient peut-être beaucoup plus importants que ceux qui sont
confiés aux organismes subventionnaires, je pense que cela poserait un
problème de coordination et un problème aussi de logique par
rapport à des programmes permanents qu'on a mis en place. Vous savez,
les centres de recherche, c'est un programme qui a huit ou neuf ans
d'existence. Le programme des équipes, c'est un programme qui existe
depuis 1970. En fait, ce qui serait grave, ce serait de tarir les sources de
financement et d'évolution de ces programmes normaux, permanents qui
correspondent au fondement même du développement universitaire
à long terme pour orienter le financement vers des mesures beaucoup plus
symptomatiques.
Les bourses accordées
M. Ryan: Vu le peu de temps qu'il nous reste, je voudrais parler
des bourses un petit moment. À la page 45 du plan triennal il y a des
statistiques intéressantes et révélatrices en même
temps qui indiquent que le nombre de demandes de bourses est passé de
1978-1979 à 1983-1984 de 4300 à 5081, que le nombre de bourses
accordées est passé de 1544 à 1434, soit une baisse d'une
centaine alors que la clientèle des universités, nous le savons
tous, a augmenté d'une manière très sensible au cours de
ces six années. Le nombre des bourses accordées a diminué,
le nombre des demandes a augmenté, le taux de succès,
évidemment, a connu une chute assez substantielle. Avez-vous les
chiffres de 1984-1985? J'ai cru lire à un moment...
M. Léonard (Jacques): Les bourses offertes pour 1984-1985
seront de 1331.
M. Ryan: Oh! Encore plus bas? 1331.
M. Léonard (Jacques): 1331 bourses seront offertes en
1984-1985.
M. Ryan: Le nombre de demandes, est-ce que vous l'avez, M.
Léonard?
M. Léonard (Jacques): Le nombre de demandes cette
année a été de 5680. (16 h 15)
M. Ryan: Oh! Cela est très important. C'est de valeur que
le député de Mille-Îles soit parti à ce moment, ce
sont des chiffres qui auraient pu l'intéresser. Je pense que cela est
très important que vous nous le signaliez, cela explique un peu la
demande que vous aviez faite pour une augmentation des sommes inscrites au
budget autant en ce qui touche le montant des bourses que le nombre des
boursiers. Personnellement, je veux vous assurer que je suis tout à fait
derrière vous dans les demandes que vous faites. Il me semble que, s'il
y a un secteur où on doit accentuer les efforts, c'est bien
celui-là; c'est la formation des ressources humaines de base sans
lesquelles tous les programmes, qu'on les appelle structurants ou autrement,
qu'on voudra concevoir, à la longue, ne pourront pas produire les fruits
espérés, car on n'aura pas les ressources de base. Je
m'inquiète beaucoup de cette diminution qui doit vous étonner, M.
le Président, comme moi, parce que j'avais l'impression qu'on suivait
depuis quelques années une courbe ascendante de ce côté. Je
le regrette vivement.
De plus, il y a seulement un autre point que je voulais vous demander
pour le moment. En réponse à vos demandes de subventions accrues
d'une valeur totale de 7 130 000 $ que vous aviez soumises - pas 7 000 000 000
$, on n'est pas aux États-Unis - avez-vous reçu des
réponses écrites du gouvernement, vous a-t-on fourni des
explications et en quoi consistaient-elles, en gros? En particulier, il
faudrait d'abord savoir si ce sont des explications objectives qu'on vous a
données et deuxièmement, serait-il survenu en cours de route des
divergences philosophiques ou des divergences d'orientations qui auraient fait
en sorte que le gouvernement aurait dit: On ferme la chantepleure ici; on ne
donne pas plus de fonds de ce côté-là; on va
peut-être en mettre plus; on les orientera autrement? Quelle
réponse avez-vous reçue à ces demandes que vous aviez
présentées? Surtout, quelles explications avez-vous eues pour les
refus que vous avez essuyés?
M. Cliche: Ce qu'on a reçu à nos demandes, c'est
une lettre du 15 mars qu'en collaborateur me donne et qui dit: "Pour faire
suite à la demande budgétaire formulée par votre
organisme, il me fait plaisir de vous faire parvenir le budget
détaillé de 1984-1985, tel qu'il apparaîtra au livre des
crédits." Alors, on nous dit que le budget par élément
sera telle chose, mais on ne parle évidemment pas du sort qu'ont connu
nos demandes additionnelles. En somme, on ne donne pas d'explication, mais on
comprend par la lettre que c'est non, évidemment, parce que le budget
qu'on aligne là est un budget... J'ai cité ce matin le fait que
c'était un accroissement de... Oui, alors, le budget qu'on a
reçu, finalement, c'est à l'élément 1 qui est
l'élément sur les subventions. C'est un accroissement de 267 400
$, 1,4%; à l'élément 2, les bourses, c'est un
accroissement de 0,5%, ce qui veut dire que, pour les bourses, on a eu un
accroissement de 48 100 $ et, en ce qui
concerne l'élément 3 de la gestion, dans les livres des
crédits, cela apparaît comme une augmentation, mais par rapport au
réel de l'an dernier, c'est une diminution de 9,5%; ce qui donne
finalement une variation totale de 0,3% au niveau des budgets.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Pour commencer,
l'impression qui se dégage quand on entend le député
d'Argenteuil est que le gouvernement tient un beau discours sur la
nécessité d'entreprendre le virage technologique, de faire les
efforts nécessaires pour subventionner la recherche et le
développement, mais que derrière tout cela il n'y a pas de
chiffre et pas d'action. Il est important de corriger un certain nombre de
choses par mes remarques préliminaires. Je veux simplement rappeler - ce
sera vite fait et c'est important de le dire - que le budget du
ministère de la Science et de la Technologie est passé en
l'espace de deux ans de 2 600 000 $ à 56 000 000 $ dans le budget
1984-1985 dans le livre des crédits.
Le Parti libéral était d'accord pour voter avec nous sur
la formation et sur l'idée d'avoir un ministère de la Science et
de la Technologie; donc, il faut bien s'entendre que le rôle du fonds
FCAC s'introduit dans une politique globale et gouvernementale. Le fonds FCAC
fait un travail extraordinaire. On le reconnaît et on souhaite tous que
les fonds soient augmentés pour qu'il poursuive son travail et l'effort
qu'il fait, mais il y a d'autres pièces dont on doit tenir compte dans
l'ensemble. Il y a des efforts extraordinaires de faits.
Mme Dougherty: J'aimerais rappeler au député de
Fabre que, lors de l'étude des crédits du ministre de la Science
et de la Technologie, même si nous avons accepté l'augmentation
des crédits, en même temps, nous avons contesté le
déséquilibre entre cette augmentation et la non-augmentation des
crédits du ministère de l'Éducation.
Le Président (M. Charbonneau): Ce n'était pas une
question de règlement, mais le point étant marqué, vous
aurez l'occasion d'y revenir. Le député de Fabre peut maintenant
continuer.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Cela ne
m'empêche pas de dire ce que je viens de dire, et c'est réel. Il y
a une augmentation substantielle. Trouvez-moi une autre province ou un autre
pays qui, en l'espace de deux ans, a fait un effort aussi considérable
en science et en technologie. Par exemple, 42 000 000 $ en transferts aux
entreprises, aux institutions d'enseignement, aux organismes sans but lucratif
et aux entreprises et organismes d'État. La recherche...
M. Ryan: Le micro-ordinateur, cela nous fait avancer...
M. Leduc (Fabre): Oui, M. le député, vous ne voulez
pas admettre certaines choses que votre gouvernement n'a pas osé
faire.
Je voudrais rappeler aussi une autre chose au député
d'Argenteuil. Je tire cela, d'ailleurs, d'une allocution qu'a faite M. Cliche
devant l'Association des administrateurs de recherche universitaire du
Québec. Cette vérité, il est peut-être bon de se la
rappeler aussi: "...la part des revenus de recherche canadiens qui est
affectée aux universités québécoises - aux
universités -s'est érodée de façon constante depuis
1974-1975: de 28,1% qu'elle était à ce moment, elle est
passée à 25,3% en 1981-1982. C'est donc dire qu'en sept ans, la
part relative du Québec a diminué de 10%, alors que celle de
l'Ontario demeurait stable." C'est tout de même inquiétant de voir
les fonds diminuer du côté fédéral, des fonds qui
iraient aux universités québécoises.
Autre chose que je voudrais dire aussi. On a parlé des 40
équipes de recherche; j'aurai l'occasion de dire quelque chose.
M. Ryan: Voulez-vous répéter ce que vous avez dit,
M. le député? Je m'excuse, je n'ai pas très bien...
M. Leduc (Fabre): J'ai lu ce qui est à la page 5, au bas
de la page, dans l'allocution qu'a prononcée M. Cliche devant un
colloque organisé par l'Association des administrateurs de recherche
universitaire du Québec.
M. Ryan: Oui, mais vous avez dit que la part
fédérale était baissée à...
M. Leduc (Fabre): C'est dans le document, de...
M. Ryan: Si vous lisez comme il faut, ce n'est pas cela.
M. Leduc (Fabre): "...la part des revenus de recherche canadiens
qui est affectée aux universités québécoises s'est
érodée de façon constante depuis 1974-1975: de 28,1%
qu'elle était à ce moment, elle est passée à 25,3%
en 1981-1982. C'est donc dire qu'en sept ans, la part relative du Québec
a diminué de 10%, alors que celle de l'Ontario demeurait stable."
Mme Dougherty: ...les demandes, peut-être.
M. Leduc (Fabre): Non.
Mme Dougherty: C'est important, c'est compliqué, tout
cela.
M. Leduc (Fabre): C'est une constatation que je fais. Je
comprends que ça fait mal, mais - que voulez-vous? - c'est une
constatation. Autre chose que je voulais dire: Quand le député
dit que le ministère de l'Éducation ne fait pas les efforts
nécessaires, je voudrais lui rappeler qu'en plus du budget
accordé au fonds FCAC, même s'il n'a pas augmenté - on
regrette qu'il n'ait pas augmenté, on souhaite qu'il augmente
l'année prochaine - il reste qu'il y a 22 000 000 $ qui ont
été accordés aux universités cette année,
qui ont été ajoutés au budget de base des
universités pour subventionner les clientèles qui, au niveau des
deuxième et troisième cycles, se dirigeront vers les secteurs
indiqués comme prioritaires dans le domaine du virage technologique.
Donc, ce sont tout de même 22 000 000 $ qui s'en vont aux
universités pour un secteur prioritaire, le secteur de la recherche.
J'aurais une question à vous poser en rapport avec ce que vous
avez dit tout à l'heure. Vous avez parlé - c'est Mme la
députée de Jacques-Cartier qui a posé la question - du
rôle de complémentarité du fonds FCAC par rapport aux
subventions qui viennent du fédéral, c'est-à-dire des
conseils fédéraux. Vous avez parlé de
complémentarité de l'ordre 14% pour les équipes dans le
domaine des sciences naturelles et du génie, de 20% dans les autres cas.
Compte tenu que, si on prend un secteur vraiment prioritaire pour le
Québec de ce temps-ci, en tout cas, soit le domaine des sciences, du
génie, les chercheurs québécois doivent s'adresser au
Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie... Je regarde
la part du Québec qui est de 20% du budget du CRSNG alors que dans les
autres cas c'est de l'ordre de 24% pour ce qui est des sciences humaines; pour
ce qui est de la recherche médicale, c'est de l'ordre de 31%. Dans le
cas du génie et des sciences, c'est de l'ordre de 20%. Là, vous
me dites que vous n'accordez qu'une complémentarité de l'ordre de
14%.
Première question: Pourquoi simplement 14% compte tenu de la part
fédérale qui n'est que de 20%? Deuxième question: Est-ce
à dire que vous êtes obligés de soumettre vos
évaluations à un modèle ou à des orientations qui
sont fédérales ou qui sont dirigées par les conseils
régionaux compte tenu du fait que plus de 80%, 76% finalement des
budgets alloués à des projets viennent des conseils
fédéraux, donc, obéissent à des orientations
fédérales? Troisième question: Est-ce que, dans le cas des
subventions qui viennent des organismes fédéraux, il y a
consultation de la part des organismes fédéraux? Est-ce qu'on
vous consulte, vu que vous jouez un rôle complémentaire? Est-ce
qu'on consulte les universités québécoises, les chercheurs
du Québec, à votre point de vue? Ce sont tout de même des
fonds considérables qui viennent des conseils
fédéraux.
M. Léonard (Jacques): Pourquoi c'est seulement 14%? C'est
avant tout une question de budget.
M. Leduc (Fabre): Pourquoi c'est 20% dans le cas des autres et
14% dans des cas où c'est quand même un secteur prioritaire? Il
s'agit du secteur des sciences et du génie.
M. Léonard (Jacques): Oui, c'est que, dans le cas des
sciences humaines, au niveau fédéral c'est moins bien
structuré que dans le domaine des sciences naturelles et du
génie. Les subventions que vont chercher les chercheurs
québécois dans le domaine des sciences naturelles et du
génie en moyenne sont plus considérables que ce que les gens vont
chercher dans le domaine des sciences humaines.
M. Leduc (Fabre): Vous pensez ou vous êtes sûr?
M. Léonard (Jacques): La subvention moyenne
accordée aux équipes en sciences naturelles et en génie,
je pense qu'elle est sensiblement égale, que les gens se retrouvent en
sciences humaines ou en sciences naturelles et en génie, au niveau des
subventions moyennes. Cependant, la contribution du fonds FCAC, quand vient le
moment de chiffrer cela en pourcentage, elle s'avère plus faible que
dans le cas des sciences humaines. C'est la raison par laquelle on peut
expliquer ceci.
Maintenant, nous ne répondons qu'à environ 30% de la
demande en ce qui concerne les demandes qui sont faites dans le volet
"équipes et séminaires", par exemple, au fonds FCAC. Il faut dire
que la complémentarité aussi se manifeste dans le sens que la
plupart des subventions qui sont versées dans les équipes sont
utilisées pour soutenir des étudiants gradués. À ce
point de vue-là, je pense que c'est dans l'esprit du mandat du FCAC qui
porte surtout sur la formation de chercheurs.
Dans les sciences naturelles et en génie, ce que l'on fait en
gros dans les équipes de recherche, c'est qu'on utilise les subventions
fédérales pour faire fonctionner les laboratoires. Il faut bien
dire que l'équipement nous vient en très grande partie d'Ottawa.
Pour faire fonctionner l'achat de fourniture; tous les achats de services,
etc., on utilise l'argent d'Ottawa et on utilise essentiellement l'argent qui
nous vient du FCAC pour soutenir un certain nombre d'étudiants
gradués dans les laboratoires. De
façon générale, c'est le schème qui est
adopté par les gens de sciences naturelles et de génie.
Le Président (M. Charbonneau): M.
Paquette, je pense que vous avez un complément d'information. (16
h 30)
M. Paquette (Romain): Les budgets du CRSH et du CRSNG sont des
budgets d'ordre complètement très différents l'un de
l'autre. Le CRSH - si je me rappelle bien - c'est un budget de 50 000 000 $. Le
CRSNG est cinq, six et sept fois plus élevé. Lorsque vous parlez
de 24% pour les sciences humaines et de 20% pour les sciences naturelles, vous
vous référez à des chiffres absolus qui sont tout à
fait différents. Dans des circonstances semblables, les sciences
humaines qui s'adressent à nous ont des besoins beaucoup plus
élevés que les sciences naturelles qui peuvent aller chercher des
sommes, en chiffres abolus, beaucoup plus élevées à
Ottawa.
En plus de cela, l'état de développement de la recherche
en sciences humaines au Québec est en sous-développement
précisément par rapport aux sciences naturelles. Ceci n'est pas
suffisamment dit et ce n'est pas suffisamment connu. En conséquence,
nous qui devons couvrir tout l'éventail des disciplines qui se
présentent à nous, nous répartissons en proportion de la
demande et en proportion des besoins. Il s'adonne que nous satisfaisons
à 14% des besoins qui sont exprimés dans les sciences naturelles
et à un pourcentage plus élevé dans les sciences humaines.
Vous voyez la complémentarité. Les budgets à Ottawa sont
beaucoup plus élevés aux sciences naturelles qu'aux sciences
humaines.
M. Cliche: 14%, cela veut dire que ces équipes vont quand
même chercher la plupart de leurs revenus au fédéral. La
principale cause de l'écart dans la distribution des fonds, c'est
là où le Québec n'a pas l'équité, dans ce
qu'on appelle les subventions thématiques du fédéral. En
somme, ce sont les subventions structurantes, ce sont les subventions qui
fonctionnent sur les grands thèmes d'intérêt nationaux qu'a
définis le fédéral. De ce côté, certaines
interventions du Québec pourraient être opportunes. C'est pour
cela que certaines mesures qui visent à renforcer les capacités
de la concurrence du Québec sont intéressantes. C'est la raison
pour laquelle nous ne condamnons pas, au contraire, les actions structurantes
en termes d'objectifs. Il y a les montants, et la gestion, c'est autre
chose.
Vous avez évoqué la question du modèle
fédéral. En fait, il y a un avis du Conseil des
universités qui est en préparation justement sur la dynamique des
interventions fédérales au Québec. Il faudra attendre les
conclusions de cette étude importante.
Maintenant, en ce qui nous concerne, des chercheurs font des demandes de
deux types, il y a les demandes dans le domaine de la recherche libre et qui
correspondent aux besoins de développement des différentes
disciplines. Je ne pense pas qu'il y ait de modèle
fédéral, c'est un modèle scientifique qui correspond
à l'épistémologie des sciences elle-même. En somme,
les équipes qui font des demandes font sensiblement les mêmes
travaux aux deux niveaux. Elles obtiennent des sources diversifiées pour
faire évoluer leur projet. Je ne pense pas qu'il s'agisse de cela.
En ce qui concerne les subventions plus proprement thématiques -
mes collègues me corrigeront - il me semble que, finalement, les grandes
priorités de l'heure dans le domaine de la science et de la technologie
nous apparaissent relativement identiques aux deux niveaux actuellement. C'est
peut-être un modèle universel. D'ailleurs, on retrouve les
mêmes priorités aux États-Unis, au Japon actuellement, en
Europe, en France quant aux biotechnologies, etc. Tout le monde -c'est
peut-être un des problèmes - se tire vers les mêmes
objectifs.
Quant aux consultations du fédéral, je ne sais pas
à quoi vous faites allusion exactement, mais en ce qui concerne la prise
de décision sur les projets à l'intérieur du volet de
subvention, cela fonctionne comme nous avec des comités auxquels
siègent des gens du Québec, des gens de différentes
provinces canadiennes. Si c'est au niveau d'une consultation sur les objectifs
et sur la politique, on a eu certains échanges. Le fonds FCAC a
rencontré le CRSNG et le CRSH. On a donc des relations
fréquentes. On échange des informations sur des dossiers pour
éviter quelquefois de subventionner de part et d'autre les mêmes
choses. On harmonise, dans la mesure des possibilités, certaines de nos
interventions. En ce qui concerne la consultation sur les objectifs et la
politique, il y a un autre cadre, notamment le Conseil des ministres de
l'Éducation du Canada, le ministère de l'Éducation;
à ma connaissance, la sous-ministre adjointe au secteur postsecondaire
est en étroite relation avec les dirigeants de ces organismes puisque le
ministère a un rôle qu'il entend conserver au niveau de la
détermination des objectifs et de la politique. Je voudrais bien
préciser ces lignes de force.
Pour ce qui est de l'attribution des subventions, le
fédéral n'a pas à nous consulter. Il a ses propres
comités, il vérifie de quelle façon les projets... Mais
comme, de toute manière, dans ces jurys, des gens des deux niveaux
siègent, sur certaines subventions très importantes dans le
domaine des infrastructures comme les centres de
recherche, on échange même des observateurs entre les
conseils, de façon qu'il y ait au moins une certaine concertation ou une
certaine coordination dans nos interventions.
M. Leduc (Fabre): Sur la consultation, j'aurais aimé une
réponse plus précise, parce qu'il me semble que l'un des
éléments intéressants des 40 équipes dont on parle
et dont le député d'Argenteuil a parlé en se demandant
pourquoi cela ne serait pas géré par le fonds FCAC... Si on
regarde le document du ministère de l'Éducation à cet
égard - je suis sûr que le député d'Argenteuil l'a
lu - il s'agit de recherches universitaires, mais aussi de développement
économique.
On identifie très bien les secteurs de recherche prioritaires:
biotechnologie, informatique, nouvelle technologie électronique,
énergie, transport, agro-alimentaire, maîtrise sociale et
changements technologiques. Je ne sais pas... Enfin, vous dites que le
modèle est universel. C'est à voir. En tout cas, je me pose des
questions. Il me semble que chaque État doit tout de même
définir des créneaux assez particuliers à ce point de
vue.
Je voudrais rappeler aussi que, pour le choix des projets et des
endroits où on va impliquer et implanter ces équipes - ce n'est
peut-être pas assez ressorti - un processus d'évaluation et
d'approbation des propositions est mis en place, qui comprend le
ministère de l'Éducation et le ministère de la Science et
de la Technologie. Je trouve important, compte tenu du rôle qu'on veut
lui voir jouer au Québec, qu'il soit partie prenante de la consultation,
le président de la commission de la recherche du Conseil des
universités, le président du comité scientifique du fonds
FCAC... Je doute, en tout cas, vous ne m'avez pas rassuré à
savoir si le fédéral va aussi loin dans sa politique de
consultation pour des projets et pour l'implantation, à savoir à
quel endroit cela doit aller pour l'évaluation des projets.
Vous ne me rassurez pas, à moins que vous n'ayez une
réponse plus précise à me donner. Je trouve - et on ne met
pas assez l'accent là-dessus - qu'il y a un processus de consultation
pas mal élaboré et sur lequel on doit mettre l'accent à
cette commission. Vouliez-vous ajouter quelque chose?
M. Cliche: Tantôt, M. le député, j'ai dit
dans mes réponses - parce que M. Ryan avait soulevé la question
des actions structurantes aux deux niveaux - je pense avoir signalé
qu'au Québec on avait quand même créé un
système de référence à l'organisme subventionnaire
par le comité de qualité qu'on nous a demandé de
constituer. J'ai dit que c'était aussi la plaque tournante des
décisions. Donc, cela garantit quand même, je pense, le processus,
pour autant que les décisions seront fondées, évidemment,
sur les évaluations. Le président de notre comité agira au
nom du comité directeur.
Mais, à la question de savoir si c'est orthodoxe de
procéder de la sorte, c'est une autre histoire. Vous pourriez
procéder sous forme de directives très précises et les
objectifs pourraient être également atteints. À la question
qu'on nous a posée, je pense qu'effectivement, si j'avais
peut-être à m'avancer un peu plus et si j'avais, par exemple,
à comparer les deux interventions, celle du Secrétariat
d'État et celle du ministère de l'Éducation, mes
collègues du conseil d'administration du fonds seraient d'accord pour
dire que l'action du Québec est quand même plus rassurante que
celle du fédéral dans ce domaine.
Je pense que, en ce qui concerne les organismes fédéraux,
le lien entre les interventions du Secrétariat d'État et les
conseils fédéraux n'a pas été tellement suivi de
caractères très opérationnels. Il est entendu, de la
lecture qu'on en a faite, nous, qu'au fédéral il s'agit d'un
geste qui sera une année et tout le monde a compris que les 25 000 000 $
étaient prélevés à même les paiements de
transfert pour créer ces centres, alors qu'au Québec il s'agit
d'une action à plus long terme, d'un programme dégressif, qui
vise quand même, si je comprends bien les intentions du ministère,
à permettre la consolidation des groupes existant à
l'intérieur des universités et à accroître leurs
possibilités en se référant à un processus de
décision qui, en tout cas, fera appel à des expertises
scientifiques.
Maintenant, comme vous le savez, un organisme comme le nôtre rend
des comptes publics, ce qui veut dire que les recommandations qu'on fera
apparaîtront au rapport annuel. Alors, je pense que cela offre quand
même un certain nombre de garanties de ce côté.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Paquette (Romain): Au plan des ajustements, vous avez
constaté que nous n'avons pas encore remis notre plan de
développement. Il est bien entendu que l'arrivée sur la
scène provinciale des actions structurantes nous a amenés
à réviser notre propre plan, et une explication du retard est
précisément cette mise à jour que nous avons
été appelés à faire.
Nous savons comment nous ajuster aux actions structurantes. Nous pouvons
en mesurer l'impact dans quelques années et nous pouvons donc
prévoir des mesures pour assurer une certaine continuité. Il nous
faut bien avouer que nous ne savons pas comment nous y prendre à propos
des centres de spécialisation d'Ottawa.
M. Cliche: En fait, pour apporter une note complémentaire
à ce que M. le député de Saint-Laurent disait au sujet de
l'élaboration des actions structurantes, il y a quand même eu
certaines relations aussi. Le ministère nous a demandé, de
façon privée, notre avis. Voici la question: je pense qu'en
termes de fonctionnement on rapatrie au ministère des décisions;
en fait, l'autorité politique annoncera donc les subventions, le
ministère en assurera le suivi. On avait créé des
organismes subventionnaires; on revient un peu en arrière.
Malgré tout, le comité scientifique qui - on vous le
promet - sera solide et à toute épreuve, et hautement
crédible, assurera évidemment une caution très
importante.
Une voix: ...
Le Président (M. Charbonneau): ...que M. Paquette a
donné tantôt. Vous avez dit que le plan de développement
n'avait pas été remis. Tantôt, M. Cliche a indiqué
qu'il l'avait remis au ministre de l'Éducation. A-t-il été
remis ou non?
M. Cliche: Écoutez, je pense que c'est effectivement
confus. Le document qui est là est intitulé "Propositions
pour..." Il a été soumis à la consultation mais, si vous
voulez, par déférence par rapport à notre activité
de tutelle, on en avait transmis copie au ministre de l'Éducation qui
connaissait bien le statut du document, qui l'avait d'ailleurs eu en primeur,
ce document de même que les deux études complémentaires,
mais c'est déjà il y a plusieurs mois, à l'automne.
D'ailleurs, ce n'est sans doute pas étranger au plan de relance
économique. On a retrouvé dans le plan de relance plusieurs des
suggestions qui y étaient formulées. Donc, M. le
député, la question qui, je pense, préoccupe le milieu
universitaire dans son ensemble, je vais vous la dire, c'est qu'en fait il n'y
a plus d'argent pour les programmes permanents. Cette année, le fonds,
c'est progression zéro à peu près, 48 000 $ pour les
bourses et 267 000 $ pour l'ensemble des subventions, alors qu'à
côté se crée tout un canal où, finalement, semble
aller l'argent.
En fait, c'est un peu cela. Les programmes à long terme doivent
assurer la pérennité du système universitaire, la
formation, et c'est d'ailleurs la raison d'être des universités de
fonctionner à long terme. C'est une institution qui a des
responsabilités sociales importantes. Ce qui nous inquiète, c'est
de voir que, au moment où nos programmes stagnent, à
côté, on semble avoir mis toute la vapeur vers un autre type
d'intervention. Finalement, à la fin, cela fera quoi?
D'ici quatre ans, lorsque le programme s'atténuera, cela
rappliquera comme une vague à l'intérieur des programmes
réguliers. Est-ce qu'on disposera à ce moment-là des
ressources pour faire face à ces choses? La question fondamentale, c'est
la question de la cohérence du développement à long terme.
Les universités vous diront toujours, je le pense, que leur action, leur
intervention dans le temps, c'est quand même à long terme.
Vous ne fabriquez pas un chercheur dans les domaines de pointe en deux
ans. C'est une action à très long terme et cette action demande,
pour être efficace, que les universités également soient
dotées des budgets, des infrastructures et des facilités pour
qu'elles puissent accomplir leur mission. Je ne pense pas qu'on puisse cueillir
les pommes sans avoir engraissé le terreau et avoir vu à
l'écologie générale du système.
Au fond, le cri - un peu du coeur - du conseil du fonds FCAC, c'est
qu'on est devant des budgets qui sont freinés cette année avec
une augmentation importante de la demande et on n'a rien. À
côté, on gérera l'évaluation de qualité pour
un terrain qui nous apparaît très fertile où les fonds et
les accroissements ont été affectés. (16 h 45)
Je pense que je traduis le sentiment qu'a notre conseil. Par les
contacts quotidiens que l'on a avec le milieu universitaire, on peut vous dire
aussi que c'est ce que beaucoup de chercheurs et d'universitaires ont dans leur
coeur présentement.
Le Président (M. Charbonneau): M.
Paquette.
M. Paquette (Romain): Ceci vient après une période
où nous avions déclaré notre philosophie dans nos
propositions. Nous disions bien - ceci est exprimé à la page 6 de
nos propositions - que nous entendions consolider les acquis, tout en
prévoyant de nouveaux aménagements. Il s'agissait donc pour nous
de nous engager dans des actions prioritaires sans mettre en danger les acquis
que nous avions péniblement bâtis par le
Ce que nous craignons présentement, c'est de voir ces acquis mis
en danger alors que nous entreprenons une grande aventure; nous sommes tous
d'accord pour concéder qu'elle est très intéressante, mais
la base semble nous échapper. Nous n'avons plus les moyens de continuer
à garder ces acquis.
Le Président (M. Charbonneau): Une question que j'aurais
le goût de vous poser à ce moment-ci est celle-ci: Vous avez
indiqué, ce matin, que vous aviez des contacts assez fréquents
avec les autorités du ministère de l'Éducation. Est-ce que
vous en avez aussi avec le nouveau ministère de la Science et de la
Technologie, d'une part, et, d'autre part, est-ce que cette
problématique, que
vous exposez maintenant, que vous mettez en lumière, a
été discutée d'une façon valable avec l'une et
l'autre des autorités de ces deux ministères ou si, finalement,
c'est une espèce de cri du coeur ou de situation que vous n'avez jamais,
jusqu'à maintenant, pu exposer directement? Est-ce qu'il y a eu un
dialogue qui a fait en sorte que, de part et d'autre, on a pu se dire ce qu'on
avait à se dire?
M. Cliche: Écoutez, les dialogues sont constants, mais
nous avons fait nos demandes à l'automne. On a reçu les
réponses au mois de mars. Cela laisse peu de temps à l'expression
des grandes problématiques. On est en juin.
D'ailleurs, j'ai rencontré le ministre de la Science et de la
Technologie, il y a quelque temps. On a, bien entendu, des contacts. Chacun de
ces ministères a aussi ses priorités. Est-ce que, par exemple, le
ministre de la Science et de la Technologie, qui a ses propres programmes, ses
arbitrages, ses décisions, ses dossiers à défendre, etc.,
par rapport aux objectifs de FCAC, qui sont des objectifs extrêmement
liés aux finalités mêmes de l'éducation, de
l'enseignement supérieur et ainsi de suite... Au fond, la mission
fondamentale du FCAC, je tiens à le préciser, M. Leduc, c'est
vraiment de soutenir le rôle du ministre de l'Éducation. Donc,
c'est très relié aux finalités du système que
j'expliquais.
Donc, sur le plan des dialogues, c'est connu. D'ailleurs, nos
données sont publiques. On avait publié l'an dernier, je me le
rappelle, au moment de la loi 19, une première étude sur la
dynamique internationale des subventions; cela démontrait que les pays
qui étaient les leaders du développement technologique
étaient aussi les pays qui investissaient le plus dans leurs ressources
collectives, dans la recherche universitaire. C'étaient le Japon,
l'Allemagne, la Suisse, la Suède, etc. Donc, c'était connu au
moment où se sont prises les décisions budgétaires de
cette année.
Le Président (M. Charbonneau):
D'accord. Mme la députée de Jacques-Cartier.
Le FCAC et le virage technologique
Mme Dougherty: C'est exactement ces questions que j'aimerais
poursuivre. Je m'inquiète beaucoup de la philosophie qui est
développée au Québec. Au fédéral, dans une
certaine mesure, je vois la même chose. Pour l'information de mes
collègues d'en face, vous devriez lire la note du Conseil du
trésor du 9 février 1983, où on a examiné les
demandes du ministre de l'Éducation pour le FCAC. C'est très
clair, selon cette analyse, que, premièrement, le Conseil du
trésor a décidé que le FCAC fait très peu en ce qui
concerne le virage technologique. J'aimerais demander à M. Cliche de
clarifier cela dans un instant. Il a conclu qu'il semble que le niveau des
subventions de recherche -et je cite les notes du Conseil du trésor
-allouées aux universités avait déjà atteint un
niveau plus que suffisant et qu'advenant le besoin d'augmenter les sommes
consacrées à la recherche au Québec, il vaudrait mieux les
consacrer à d'autres intervenants. Donc, premier problème. Sa
recommandation était que soit refusée la demande de
crédits additionnels présentée par le ministère de
l'Éducation pour le fonds FCAC - c'est en février 1983 - que
chacun et tous les volets du FCAC soient réorientés en
profondeur, en fonction des objectifs prioritaires suivants, tels que
définis par le gouvernement dans son document "Le virage technologique".
C'est évident que c'est l'intention du gouvernement et, selon mon
impresssion, cette intention n'a pas changé. Le gouvernement semble
avoir décidé de subventionner d'autres organismes qui s'occupent
plus, selon son avis, du virage technologique.
Je m'inquiète pour plusieurs raisons. Premièrement: Je
crois que l'impression du gouvernement est fausse en ce qui concerne le
rôle, le mandat et les actions du FCAC. Deuxièmement: Mon
collègue d'Argenteuil a déjà parlé de
complexité, de dédoublement et du danger d'ingérence
politique directe.
Je m'inquiète parce que je me demande si c'est vraiment possible
pour un gouvernement d'identifier les priorités de l'avenir. J'aimerais
avoir votre opinion là-dessus parce qu'il y a un exemple flagrant, je
crois. Il y a dix ans, personne ne s'intéressait aux biotechnologies
comme priorité du gouvernement. Maintenant, c'est la rage de tout le
monde. D'accord? Personne ne s'y intéressait il y a dix ans. Il faut
quelquefois dix ou vingt ans. Il faut parler à long terme, il faut
penser à long terme. J'aimerais avoir votre opinion. Est-ce possible de
choisir des secteurs prioritaires à long terme?
Troisièmement: N'y a-t-il pas un danger qu'en renforçant
les actions structurantes, les interventions directes dans les
universités ayant pour effet d'orienter la recherche dans des directions
prioritaires... Est-ce que ce n'est pas une façon de contrôler
indirectement nos universités? Tout le monde dit que l'autonomie des
universités est très importante, que la recherche libre est
très importante. N'y a-t-il pas un danger, ici, qu'on puisse
contrôler de plus en plus? On coupe les budgets généraux
des universités et on ajoute des programmes spécifiques.
Graduellement on va étrangler les universités, on va
éliminer cette autonomie dont tout le monde parle et qui est
tellement importante pour les universités.
Finalement, dans le livre blanc sur la recherche scientifique, on a mis
beaucoup l'accent sur l'importance de maintenir un certain équilibre
entre la recherche libre et la recherche orientée. Il me semble que,
graduellement, on abandonne la philosophie du livre blanc parce qu'on risque de
dévaloriser cette base de recherche libre, qui est tellement importante,
pour renforcer et pour assurer l'avenir de l'autre aspect, l'avenir de la
recherche orientée.
Ce sont mes conclusions. J'aimerais avoir vos commentaires sur ces
questions, comme expert. Je suis généraliste, je ne suis pas
experte, mais je vois tous ces dangers dans la philosophie du gouvernement qui
est développée ici, au Québec, et au Canada.
M. Cliche: Sur le premier point, vous faites allusion à
une controverse parce que cela a même été public. On a
dû répondre, pour rassurer quand même la clientèle de
notre organisme, dans une lettre ouverte que j'avais signée dans le
Devoir, l'année dernière. Finalement, on avait rétabli les
faits parce que les analystes procédaient de façon très
sommaire en regardant les projets. On avait essentiellement deux chiffres dans
ce qu'on avait donné. D'abord, dans les équipes et les
séminaires de recherche... Parce que, autrefois, il y avait des
priorités là-dedans mais c'étaient des priorités
universelles, comme sciences naturelles, ressources naturelles; il y avait
l'éducation, ce n'était pas très développé
comme créneau d'intervention.
Dans les équipes et les séminaires, il y avait à la
fois un dilemme entre les priorités et la recherche libre. Ce qu'on a
fait, c'est de dire: On va éliminer les priorités à
l'intérieur de cela, mais on va créer un canal, un nouveau volet,
les opérations thématiques; là, on va traiter cela de
façon beaucoup plus judicieuse, avec des priorités beaucoup plus
restreintes puisque le gouvernement a développé quand même
des priorités, a défini les choses beaucoup mieux qu'elles ne
l'étaient auparavant. Aussi, on va développer des
mécanismes d'évaluation qui permettent de mieux traiter cela.
J'ai parlé, ce matin, des comités de qualité et de
pertinence, ce qui n'était pas le cas dans les équipes et les
séminaires. Les équipes et les séminaires sont donc un
volet de recherche libre, laquelle peut être aussi fondamentale
qu'appliquée. Ce que j'avais écrit dans le Devoir, c'est que, si
je reprenais la taxonomie de l'époque, on retrouvait que, même en
ayant enlevé les thèmes - vous savez, il y en a beaucoup qui font
de la prose sans le savoir, là-dedans comme dans d'autres choses - il y
avait 63% du budget des équipes qui allaient pour des projets qui
étaient dans les anciennes priorités, même en les ayant
enlevés, ce qui était légèrement supérieur
à ce qu'on observait quand les priorités étaient en place.
Cela montre quand même le caractère relativement inopérant
des anciennes priorités des années soixante-dix.
Ce que j'avais aussi écrit dans le Devoir - cela est très
important - c'est que, si je prends le budget total du FCA.C en subventions,
à l'heure actuelle, il y a 30% des subventions qui sont affectées
pour des projets dans des disciplines associées au virage technologique.
C'est quand même pas mal pour un organisme qui a une mission aussi
diversifiée, aussi générale que nous.
Maintenant, dans notre proposition de plan, une des orientations, c'est
de développer et d'accentuer le développement de la recherche
prioritaire, tout en maintenant et en développant une base de recherche
libre. Ce que l'on pense, c'est que le gouvernement a un rôle important
dans la société, un rôle de déterminer les grandes
orientations, les choix collectifs, les grandes priorités. Le rôle
de l'État est tout à fait très important. On ne peut quand
même pas laisser aller les choses dans un état de
libéralisme total, etc. C'est impossible dans une société
où les ressources sont limitées; tout le monde comprend cela.
Mais la question, lorsqu'on détermine des priorités, c'est
de le faire de façon responsable avec les expertises et peut-être
de façon assez pluraliste. En somme, de mettre tous les oeufs dans six
ou sept créneaux, ce serait très risqué et c'est ce
à quoi on avait exprimé nos craintes lorsque les données
de ces analyses avaient été rendues publiques, parce qu'on ne
peut jamais prévoir ce qui sera important dans dix ans. Les
Américains avaient, à un moment donné,
démantelé leurs équipes de physique nucléaire. Et
quand est arrivée la course à l'espace, il fallait reconstituer
les équipes qu'on avait pris autrefois une dizaine d'années
à constituer. (17 heures)
Donc, l'action en recherche universitaire, c'est à long terme. La
technologie de demain est dans les laboratoires universitaires d'aujourd'hui.
Et, au fond, la recherche libre, c'est la formation intellectuelle, la
formation des chercheurs, le développement des fonctions cognitives.
D'ailleurs, la recherche très orientée et très
appliquée, avec des produits à livrer dans des calendriers
précis, s'accommode souvent assez mal d'objectifs de formation de
chercheurs, puisque l'aléa des thèses crée des
problèmes de calendrier assez particuliers.
Il ne faut jamais oublier que la mission fondamentale de
l'université est vraiment la formation. La formation doit être
quand même assez large et assez ouverte. D'ailleurs, on est dans une
ère de recyclage, où personne ne peut être vraiment
sûr d'être
constamment à faire le même métier. Donc, cela prend
une formation générale assez ouverte et assez polyvalente.
Les gouvernements doivent s'appuyer sur des études
éclairées. On crée notamment des conseils pour pouvoir
éclairer les choix collectifs et déterminer, à
l'intérieur des priorités, ce qui est très important, les
créneaux à privilégier, compte tenu des avantages
comparatifs d'une société donnée. Cela prend donc des
études économétriques assez poussées pour
déterminer, à l'intérieur d'un domaine, ce qu'on doit
faire en tenant compte des ressources naturelles d'une société,
etc. Mais ce sont des stratégies, évidemment, qu'il appartient
à l'État de développer.
Nous sommes d'accord avec le principe des priorités. On pense que
c'est le rôle de l'État, dans la mesure où il ne met pas
tous les oeufs dans six ou sept créneaux et qu'il ne prive pas tout le
développement d'ensemble des domaines pour n'avoir
privilégié que quelques créneaux.
Finalement, vous parlez de la question de l'influence des actions
structurantes sur les universités. Bien sûr, si vous injectez
-c'est quoi le budget? C'est 35 000 000 $ et, même, cela va aller
jusqu'à 73 000 000 $ -73 000 000 $, c'est plus du double du fonds FCAC
à l'heure actuelle, cela aura une répercussion très
importante. C'est sûr que cela favorisera un accroissement et une
consolidation des équipes dans les secteurs prioritaires. Est-ce que
cela contrôlera les universités? Cela les forcera sûrement,
les amènera et les incitera puissamment à se structurer et
à structurer des groupes tactiques et stratégiques autour des
secteurs prioritaires.
Est-ce que tout cela est négatif? Cela devrait notamment amener
une amélioration du taux de succès du Québec pour
l'obtention des subventions thématiques des conseils
fédéraux. Il faut quand même reconnaître cet
avantage. Ce que j'ai signalé tout à l'heure, c'est le
problème... C'est très bien de développer des
priorités et je pense que c'est légitime et important, mais
est-ce qu'on doit tout mettre là-dedans et ne pas maintenir la
pérennité du système et des fonctions universitaires
fondamentales à plus long terme? Il serait un peu embêtant d'en
arriver à une situation un peu trop malthusienne là-dessus.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais vous
demander...
Mme Dougherty: ...M. le Président... Le
Président (M. Charbonneau): Ah oui!
Mme Dougherty: ...j'aimerais... avec mon collègue
d'Argenteuil.
Le Président (M. Charbonneau): II n'y a pas de
problème. Le député d'Argenteuil aura tout le loisir de...
Je veux juste poser...
M. Ryan: ...encore.
Évaluation de la performance des
chercheurs
Le Président (M. Charbonneau): ...une question. On a
insisté beaucoup, jusqu'à maintenant, sur les budgets ou le
manque de fonds pour répondre à un certain nombre d'objectifs. Je
constate néanmoins qu'au-delà de cette problématique, il y
en a une autre qu'on n'aborde pas ou qu'on n'a pas abordée
jusqu'à maintenant, celle de la performance, qu'on ne donne pas assez
d'argent et que néanmoins, on en donne beaucoup. Toute proportion
gardée, 30 000 000 $, ce ne sont pas des pinottes.
Je voudrais savoir quels sont les mécanismes qu'on s'est
donnés pour s'assurer que, quand on donne de l'argent à des
équipes de recherche pendant des années, ce qui serait
intéressant de connaître de votre part... Sans doute que certaines
des équipes que vous subventionnez le sont depuis le début de
l'existence du fonds. Je ne mets pas nécessairement en cause cette
pratique, compte tenu du fait que la formation intervient, ce n'est pas juste
la performance en termes de productivité, mais aussi la formation des
chercheurs mêmes.
Néanmoins, est-ce qu'on évalue, d'une façon ou
d'une autre, l'efficacité des équipes qu'on met en place? Est-ce
qu'on s'assure que les gens ne s'assoient pas dessus? Bien sûr, ces
équipes ne sont pas entièrement et, peut-être même,
majoritairement subventionnées par le FCAC, mais est-ce que,
néanmoins, il y a une sorte d'intérêt signifié et
significatif pour l'importance qu'on doit accorder à la performance?
M. Cliche: D'accord. Là-dessus, le système
universitaire de subventions se qualifie de ce que l'on appelle un "rat race".
Il y a une course qui est d'ailleurs très dure. Très souvent les
taux de succès sont relativement faibles. Maintenant, une équipe
qui obtient une première subvention, soit qu'elle soit en
émergence, soit que ce soit une bonne équipe, est soumise
à un processus d'évaluation récurrent. D'ailleurs, dans le
cadre du fonds, une des questions et un des aspects que les chercheurs nous
reprochent souvent, c'est d'être constamment à remplir des
formulaires et à repasser au crible des pairs et des comités qui
se réunissent d'année en année.
La performance des équipes est donc scrutée annuellement
par des jurys. Il y a des subventions qui sont accordées à
l'occasion pour deux ou trois ans, mais globalement je pense que la masse
des
subventions est allouée pour des subventions annuelles. Il y a
donc une évaluation par un jury des performances des équipes qui
doivent faire des choix budgétaires compte tenu des enveloppes qui sont
imparties. L'évaluation se fait donc en termes de productivité.
Les critères habituels de la productivité sont les publications
scientifiques reconnues par les systèmes scientifiques. C'est aussi la
productivité en termes de formation de chercheurs. Au fond, on pourrait
indiquer des chiffres qui sont d'ailleurs dans les documents de la
défense de crédits qu'on avait déposés.
Oui, on subventionne 600 équipes de recherche. Il y a 3000
chercheurs - c'est le noyau de base - et 5000 étudiants qui sont quand
même accrochés autour de cela. Si on faisait une relance, par
exemple, du FCAC on verrait qu'au Québec il y a quand même pas mal
d'étudiants et de chercheurs qui ont été formés
grâce à ce système. Donc, en termes d'évaluation,
j'oserais dire qu'il y a peu de personnes qui sont aussi évaluées
par les organismes subventionnaires que les chercheurs et que, par exemple, si
on appliquait le régime aux fonctionnaires, ce serait sans doute une
très bonne chose. On aurait sans doute des moyens d'accroître
certains aspects de la productivité. Effectivement, la règle,
vous la connaissez, il y a cette phrase anglaise: "Publish or perish". En
somme, si on ne produit pas là-dedans, ce n'est pas très long
qu'on est déclassé et rapidement éliminé des listes
de subventions.
Je ne sais pas si M. Léonard qui préside le comité
des bourses, qui est un chercheur éminent, qui connaît bien les
disciplines de la chimie, prenons les sciences naturelles, pourrait sans doute
apporter quelques compléments sur ce sujet.
M. Léonard (Jacques): Je ne peux que corroborer ce que
vient de dire M. Cliche. Si on considère, par exemple, le volet
"équipes", chaque équipe est évaluée en fonction de
sa production scientifique, de ce qui est produit dans les périodiques
où les articles sont scrutés par des évaluateurs, en
fonction du nombre d'étudiants qui font partie des équipes, en
fonction du nombre de maîtrises et de doctorats qui sont octroyés
à l'intérieur d'une équipe, en fonction des contrats qu'on
va chercher en dehors du programme FCAC.
Il y a donc tout un ensemble de critères d'évaluation et,
ceci, périodiquement. Dans le cas de meilleures équipes, on peut
allouer des subventions nominalement de deux ou trois ans, c'est-à-dire
qu'au lieu de soumettre un rapport détaillé à chaque
année, on peut se contenter de soumettre un rapport sommaire pendant
deux ou trois ans, mais pas plus de trois ans. Au bout de trois ans, cela donne
lieu à une évaluation en détail des performances d'une
équipe.
On accorde actuellement ces subventions à des équipes qui
ont fait leur preuve, à des équipes assez grandes où on
peut être assuré d'une stabilité.
Maintenant, concernant l'effet du fonds FCAC, si on considère
certaines équipes qui sont là depuis le début, si on
considère leur performance, par exemple au niveau du
fédéral, on s'aperçoit que dans tous les cas ces
équipes sont des gens qui ont maintenant, au niveau du
fédéral, une performance bien supérieure à celle
qui existait au programme du FCAC du temps où c'était
relié au ministère. C'est quelque chose de tangible et si on
parle d'aller chercher notre quote-part à Ottawa, ce sont de bons
exemples où une action du Québec a permis à des gens, en
se regroupant parce que, ceci aussi, c'est un aspect unique du programme FCAC,
c'est de demander aux gens de se regrouper... À ce niveau-là, on
a pu réaliser dans nos universités des économies, alors
qu'avant le FCAC, chaque chercheur travaillait dans son petit laboratoire,
avait ses appareils, etc. En regroupant les chercheurs, on a pu rationaliser
l'utilisation des équipements. Maintenant c'est heureux, parce qu'avec
le coût des équipements, cela voudrait dire qu'il y aurait des
chercheurs qui ne pourraient plus fonctionner parce que, seuls, ils n'auraient
pas pu aller chercher à Ottawa ce qu'ils vont chercher maintenant.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que, par ailleurs,
vous avez des mécanismes ou des critères qui garantissent que,
lorsqu'il y a des choix, des jurys, des gens de la même équipe ou
affiliés aux mêmes équipes ne se retrouvent pas un peu en
situation de conflit d'intérêts, être juge et partie, parce
que le bassin de chercheurs, au Québec, n'est pas énorme? On est
6 000 000, on n'a pas des tonnes de chercheurs. La preuve, c'est qu'on
déclare qu'on n'en a pas encore assez. Alors, j'imagine qu'il doit y
avoir une marge qui est délicate et qu'il faut se donner des
mécanismes particuliers pour éviter des situations que tout le
monde déplorerait.
M. Léonard (Jacques): C'est prévu dans le cadre de
nos évaluations...
M. Cliche: M. Paquette et peut-être aussi Mme
Gauthier...
Mme Gauthier-Beauchamp (Madeleine):
Je vais répondre à cela. Justement, on pense qu'on
s'évalue entre nous, question de famille, d'autoreproduction, mais on
s'assure, par exemple, dans le cas des équipes et séminaires,
qu'il y ait au moins un expert dans chacun des comités
d'appréciation - au moins un expert - qui vienne de l'extérieur
du Québec pour éviter cela. Au niveau des
centres, on fait appel à des experts qui viennent des plus
grandes universités américaines pour autant que nos moyens nous
le permettent. On va chercher des gens du MIT, plutôt de l'Est que de la
Californie -vous comprendrez bien - ou de France, mais il reste que ce sont
vraiment des noms qui sont incontestables. Maintenant, au niveau des
équipes et séminaires, quand quelqu'un du groupe, parce que c'est
assez difficile, souvent, d'avoir de bons évaluateurs choisis dans la
communauté universitaire québécoise et qui, en même
temps, ne feraient pas de demandes, cela, c'est inévitable... Alors, on
s'assure de différents mécanismes comme de faire appel à
des experts externes pour évaluer ces cas particuliers. Peut-être
que d'autres peuvent ajouter d'autres mécanismes, mais il y a
ceux-là.
M. Paquette (Romain): En plus de cela, nous voyons au
renouvellement de nos comités à raison, à peu près,
de 1/3 par année.
Une voix: Ce ne sont jamais les mêmes.
M. Paquette (Romain): Ce ne sont jamais les mêmes. Donc,
tous les trois ans, les comités se trouvent à avoir
changé.
Une voix: Entièrement.
M. Paquette (Romain): Si par hasard un membre d'un comité
est associé à une équipe, il doit sortir de la
pièce où les délibérations se font au moment
où on étudie la demande en provenance de l'institution
d'où le chercheur vient. Donc, il y a tout un ensemble de
mécanismes sous le chapitre de déontologie qui ont
été mis en place et que nous surveillons avec beaucoup de
soin.
M. Cliche: D'ailleurs, dans la structure, il y a les jurys. Il y
a même un comité chien de garde qui s'appelle le
comité-conseil. Ces gens ne sont pas membres des comités. Ils
assistent aux délibérations des comités. Autre chose:
C'est vrai qu'il faut faire très attention au Québec - la
société est restreinte - à l'"inbreeding" et à
l'auto-régénérescence. Maintenant, il y a une autre
dimension: Comme les mêmes équipes sont aussi
évaluées au fédéral, on a le résultat de ces
évaluations, parce qu'à nos comités siègent des
gens qui siègent au fédéral, si bien que si tu ne passes
jamais là-bas... C'est impossible parce que tout se rejoint. Donc, cela
contribue à atténuer certains biais qui pourraient se produire de
ce côté.
M. Paquette (Romain): II s'agit de mécanismes qui vont en
s'améliorant. Vous comprendrez qu'il y a quelques années notre
banque d'experts était assez faible.
Maintenant, notre banque d'experts commence à être bien
nourrie...
Une voix: 5000 noms.
M. Paquette (Romain): ...et nous avons réussi à
trouver des experts en milieu anglophone qui peuvent comprendre la façon
que nous avons, nous, de parler entre nous de sorte que c'est de plus en plus
facile à mesure que le temps avance.
Malheureusement, nous nous sentons un petit peu remis en question avec
ce qui se passe présentement.
Le Président (M. Charbonneau): Dans quel sens? Je ne
comprends pas très bien.
M. Paquette (Romain): Eh bien, c'est ce qui a été
dit il y a quelques instants.
Le Président (M. Charbonneau):
D'accord, en ce sens-là, oui. J'avais l'impression que vous
doutiez de l'à-propos de mon interrogation sur la
déontologie.
M. Paquette (Romain): Non, non, nous nous sentons remis en
question par la mise en place de programmes parallèles et
peut-être même, éventuellement, de fonds parallèles.
(17 h 15)
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que le message a
été bien compris.
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: J'ai quelques questions avant de faire certaines
remarques générales parce que nous approchons de la fin de la
rencontre. Il va falloir qu'on essaie de tirer certaines conclusions, au moins
chacun de notre côté.
Je voudrais vous demander ceci à propos du plan triennal: Selon
l'article 83 de la loi 19, un fonds - y compris le vôtre -doit chaque
année, à la date que le ministre responsable fixe, lui
transmettre un plan triennal de ses activités. Comme le fonds FCAC n'a
pas encore été transformé légalement sous la forme
prévue par la loi 19, je dois présumer que vous n'avez
reçu aucune indication du ministre quant à la date où il
souhaite recevoir le plan triennal. Je reviens avec la question que j'avais
posée plus tôt ce matin: Quand le passage d'un régime
à l'autre va-t-il se faire, selon vous? Est-ce que vous avez des
indications quant à un échéancier?
M. Cliche: Oui. Je sais que je dois rencontrer M.
Bérubé dans les prochains jours. Je sais que son intention est,
maintenant que les subventions sont annoncées, que le fonds FCAC ait
terminé son travail pour l'année en cours. Ce qui était
important était que le FCAC, pour des
raisons juridiques que j'ai expliquées, attribue les subventions
cette année. Autrement, on aurait un imbroglio juridique.
Maintenant que c'est terminé, le ministre de l'Éducation
devrait prendre l'initiative - je pense que son dossier est prêt - pour
faire la transformation. Comme nous avons travaillé par anticipation
depuis deux ans, on est prêt à déposer très
rapidement le plan; on est au niveau de la formalisation finale. Cela veut dire
qu'un -ou le premier - des premiers dossiers qu'aura à recevoir le
nouvel organisme FCAR sera le plan triennal qu'il lui appartiendra de remettre
au ministre de l'Éducation conformément à l'article
83.
Comme les prochaines subventions ne seront attribuées qu'au
printemps prochain, cela laisse tout le temps voulu pour procéder
à l'examen du plan et lui donner son approbation formelle de
façon que, lorsque le nouvel organisme FCAR attribuera les subventions,
ce sera en fonction du plan, donc, dans la légalité, sans poser
de difficultés.
M. Ryan: Très bien. Je souhaite que tout cela se fasse le
plus vite possible et que le nouveau régime commence pour que le
débat puisse s'engager sans délai autour du plan triennal de
développement qui me semble bien plus important que tout le reste.
Juste une question pour notre information avant que je fasse certaines
observations générales. Le ministre de l'Éducation a
dévoilé au début de décembre -si mes souvenirs sont
bons - les intentions du gouvernement relativement au programme d'actions
structurantes. C'est la première fois que nous en avons entendu parler
publiquement. D'ailleurs, à notre surprise, c'est tombé un peu
comme un oiseau qui venait du ciel, on voyait mal le rapport avec d'autres
éléments du financement des universités dont je parlerai
tantôt. Est-ce que le fonds FCAC avait été consulté
par le ministre de l'Éducation avant cette annonce ou si vous l'avez
été par la suite concernant les modalités d'implantation
du programme?
M. Cliche: Quelle date dites-vous que c'était?
décembre?
M. Ryan: Décembre, oui. La première annonce dont je
me souvienne c'est au mois de décembre.
M. Cliche: Je vais vous dire une première chose. Le livre
blanc "Pour une politique québécoise de la recherche
scientifique" qui a été publié en 1980 prévoyait
l'élaboration d'un programme d'actions structurantes qui devait relever
du ministère de l'Éducation. C'est donc écrit. On parlait
d'un programme budgétaire de première importance si je veux
reconnaître ce qui était formellement écrit.
M. Ryan: La réponse est non.
M. Cliche: Pour ce qui est du reste, la consultation sur les
modalités s'est effectuée après le mois de
décembre.
M. Ryan: Avez-vous compris?
M. Cliche: Si je complète ma pensée, cela s'est
fait après le mois de décembre mais avant la publication de la
brochure qui décrit les actions structurantes.
Remarques générales M. Claude
Ryan
M. Ryan: C'est bien le moins. Ce que je veux préciser pour
qu'il n'y ait aucun malentendu dans l'esprit de mon collègue de Fabre,
c'est que nous savions déjà qu'avant cette annonce qui a
été faite le 8 ou le 10 décembre, le Conseil des
universités n'avait pas été consulté, ni même
informé. Nous apprenons aujourd'hui que le fonds FCAC ne l'avait pas
été davantage. Il l'a été par la suite parce qu'il
a fallu envisager une tuyauterie pour faire fonctionner tout cela. Là,
on est allé le voir et on a rédigé une brochure qui est
calquée d'ailleurs sur celle que le FCAC met déjà en
circulation pour ses autres programmes, sauf que l'esprit n'est pas le
même dans cette brochure que dans les autres. Je tenais à
préciser ces points pour qu'on voie la manière improvisée
et anarchique dont procède le gouvernement dans ce secteur dont nous
discutons. On ne peut pas faire une preuve plus claire que celle-là. Je
ne pensais pas d'ailleurs que cela s'était passé comme cela;
j'espérais qu'on me dirait autre chose.
Le Président (M. Charbonneau): Vraiment?
M. Ryan: À la suite de tout ce qu'on a découvert
depuis un an, un an et demi, cela ne vous étonne plus.
Je voudrais dire une chose pour commencer, M. le Président. Dans
ce que nous discutons aujourd'hui, ce qui est fondamentalement en cause, c'est
toute la politique du gouvernement en matière de financement des
universités. Ce n'est pas pour rien que dans son esquisse de plan
triennal qui sera finalisée, souhaitons-le, le plus tôt possible,
le fonds FCAC consacre toute sa première partie à une
énumération des problèmes qui se posent actuellement en
matière de financement des universités. Il est évident
que, si vous avez un financement inadéquat des universités, cela
va affecter énormément le développement de la recherche,
la formation de personnes de
niveau maîtrise, doctorat, etc., si l'enseignement n'est pas ce
qu'il devrait être dans une faculté de sciences, dans un
département de chimie. Il est évident que le nombre de
détenteurs de maîtrise ou de doctorat qualifiés qui
sortiront de là sera inférieur et ceux qui en sortiront n'auront
peut-être pas une aussi bonne formation qu'ils auraient pu avoir si la
qualité de l'enseignement avait été de tout premier niveau
et soutenue par les ressources que cela postule.
Depuis un certain nombre d'années, le gouvernement pratique en
matière de financement universitaire une politique malthusienne qui est
extrêmement dommageable pour l'avenir de notre collectivité. Je
voudrais rappeler à ce sujet-là - non pas invoquer le conseil
d'administration du fonds FCAC qu'on a assez mis à charge aujourd'hui
à propos de certains sujets - l'avis du Conseil des universités
dans son dernier rapport annuel de 1982-1983 qui a été
déposé à l'Assemblée nationale il y a environ un
mois, si mes souvenirs sont bons, dans lequel on dit: "Faut-il le rappeler, les
dépenses par étudiant inscrit dans les universités
québécoises sont parmi les plus basses au pays." Il y a seulement
le ministre de l'Éducation qui n'a pas lu cela. Il continue de
répéter partout qu'on est plus haut qu'ailleurs.
Deuxièmement, les coupures imposées en cinq ans atteignent
presque le tiers de l'enveloppe budgétaire de cette année. Disons
que l'enveloppe budgétaire de cette année est d'environ 900 000
000 $; cela veut dire 300 000 000 $ de coupures budgétaires au cours des
dernières années. On aura du rattrapage à faire. Je
comprends qu'il y avait peut-être quelques tapis qui étaient trop
épais ici ou là dans certains bureaux de recteurs, mais de
manière générale on a pratiqué une série de
coupures qui ont engendré des conséquences extrêmes. On
pourrait continuer l'énumération, mais je pense que cela ne
donnerait rien. Je voudrais simplement ajouter ce que dit le conseil: Le
gouvernement se gargarise en disant oui, mais nos clientèles ont
augmenté dans les universités; c'est une véritable
floraison d'inscriptions que nous avons dans les universités. C'est
tellement vrai que la politique du gouvernement encourage cela justement. Il
crée toutes sortes de cours plus ou moins artificiels pour multiplier
les inscriptions parce que cela augmente les chances d'avoir accès aux
subventions qui sont calculées sur une base per capita
d'étudiants équivalents temps plein. On en met et on en met.
Certaines universités en ont mis par milliers. Elles ont augmenté
leurs subventions de manière formidable. Ce n'est pas cela qui augmente
la qualité de la vie de l'enseignement et de la recherche universitaire
chez nous.
Il faut se rendre à l'évidence. Il est temps
d'arrêter ces choses par des politiques beaucoup plus sérieuses.
Il y a des retards en matière de renouvellement des équipements
-vous en parlez, vous avez un programme très modeste là-dessus -
mais les besoins sont autrement considérables que ce qui est
envisagé dans votre programme. Je l'ai déjà
souligné à maintes reprises, mais je le souligne encore
aujourd'hui; si vous n'avez pas de bons laboratoires, si vous n'avez pas les
machines les plus évoluées, c'est évident que la
qualité de la formation qui sera donnée à vos chercheurs,
la qualité des travaux qui vont sortir de là et leur aptitude
à concourir à des fonds axés sur de la recherche
orientée ou thématique au niveau fédéral sera moins
grande, non pas qu'ils sont moins bons, mais parce qu'ils ont grandi dans un
milieu où les possibilités de donner tout leur potentiel ne se
prêtait pas au développement et à la mise en oeuvre de ce
potentiel-là. Cela n'est pas la faute d'Ottawa, M. le
député de Mille-Îles; ce n'est pas la faute de M. Untel ou
de M. Untel. Je pense qu'il y a un certain nombre de fautes dont il faut que
nous assumions nous-mêmes la responsabilité si nous voulons
avancer. Nous ne pouvons pas faire toute notre carrière - on peut faire
deux mandats avec cela - en passant son temps à mettre la faute sur le
dos des autres. À un moment donné, il faut assumer nos
responsabilités.
Je constate, pour en revenir à notre sujet - c'est
l'arrière-plan sur lequel s'inscrit une deuxième déviation
qui est en train de se produire - que la notion même d'éducation
est en train d'être faussée au Québec, au Canada
également, par les soi-disant priorités économistes. Je
dis bien "économistes" et non pas "économiques";
économistes, c'est par des gens qui ne voient que la dimension
économique. Ils sont tellement aveuglés par cela qu'ils vont
finir par nous faire du tort, même au plan économique.
L'éducation, c'est beaucoup plus large que la formation de gens
en fonction de telle ou telle carrière immédiate ou de tel ou tel
besoin immédiat, exprimé par tel ou tel groupe d'employeurs. Je
pense que la jonction entre l'éducation et l'économie est
très importante, mais on est rendu à un point où on est
tenté, de plus en plus, de subordonner les priorités de
l'éducation aux priorités de l'économie, avec le
résultat dangereux que toute une catégorie de disciplines vont
être traitées en parents pauvres et notre développement
culturel général risque de s'en trouver très
sérieusement affecté.
J'étais très désireux d'entendre le point de vue du
fonds FCAC que nous avions déjà rencontré l'an dernier
à l'occasion des débats de la commission parlementaire sur la loi
19. Nous avions eu une rencontre que j'avais
trouvée instructive. J'étais très
intéressé de savoir ce qui s'était passé depuis.
J'ai appris, avec beaucoup de regret, qu'un certain nombre de glissements se
sont produits au cours de la dernière année qui donnent lieu
à des inquiétudes, dans l'esprit de l'observateur
extérieur, sur les perspectives d'avenir de ce
côté-là.
Je voudrais souligner, M. le Président, qu'ayant
étudié l'esquisse de plan triennal je trouve que c'est un
document sérieux pour les raisons suivantes: d'abord, on nous dit qu'en
matière de recherche, on peut bien faire tous les grands plans qu'on
voudra, mais, finalement, qu'il faut bâtir sur l'acquis. C'est la base
sur laquelle on a décidé d'élaborer le document: on va
bâtir sur l'acquis. On ne fera pas de grands échafaudages, on ne
fera pas de plans. On aurait bien pu arriver avec des chiffres astronomiques,
on est resté dans l'ordre de proportions qui m'appaissent très
raisonnables. On dit: II faut tenir compte également des possibles
là-dedans. Si on est dans une société X, qui est rendue
à un stade Y de son développement, même si on propose des
choses très audacieuses, il y a des chances qu'il y ait beaucoup de
gaspillage là-dedans. Mieux vaut être un peu plus modeste et
adopter une perspective de progression graduelle.
C'est ce que je trouve dans le document qu'on nous a soumis. Si le
gouvernement avait des réserves sérieuses -vous avez posé
des questions tantôt, M. le Président, qui m'intéressaient
vivement sur la performance; il est très important pour nous
d'être bien informés au point de vue de la performance - ou des
raisons de dire: Nous ne sommes pas satisfaits de la performance de ce fonds.
Par exemple, il a favorisé uniquement les sciences humaines, il ne s'est
pas occupé des sciences naturelles. Ou bien il s'est occupé
uniquement de certaines disciplines ésotériques, il ne s'est pas
occupé des disciplines de base ou encore il a eu un biais dans le choix
des bénéficiaires de son programme de bourses ou de subventions,
il faudrait en être informé et l'enregistrer. Ce serait
peut-être une raison suffisante pour que le gouvernement retire sa
confiance à l'organisme ou la diminue d'une manière sensible. On
n'a eu aucune indication de cette nature. Les quelques fois où j'ai eu
l'occasion de parler du fonds FCAC avec le ministre de l'Education, j'ai
entendu, à deux reprises, des remarques élogieuses. L'ancien
ministre de l'Éducation avait fait des remarques élogieuses
à plusieurs reprises. Lors de l'étude des crédits du
ministère sous le nouveau ministre, moi-même j'ai
déploré que nous n'ayons pu rencontrer le fonds. Le ministre a
dit qu'il partageait l'opinion que j'avais émise voulant que l'action de
cet organisme soit très satisfaisante.
Si c'est le cas, je continue mes remarques au sujet de l'esquisse de
plan triennal. J'ai trouvé qu'il y avait une recherche
d'équilibre entre la recherche libre et la recherche orientée qui
est bonne. Je ne crois pas que ce serait une bonne chose que de séparer
complètement les deux. J'ai vu que dans la littérature
ministérielle il y a une tendance à dire: Ils font une bonne job
dans le secteur de la recherche libre. Continue là-dedans, c'est
très bien. Sauf que la recherche orientée, cela nous regarde, il
faut que cela tombe immédiatement sous l'autorité du pouvoir
politique. Je crois que c'est une distinction dangereuse. Si on allait
institutionnaliser cette distinction, je crois qu'on l'y condamnerait à
l'ésotérisme, à un rôle de plus en plus abstrait,
détaché de la vie réelle. Ce seraient des subventionneurs
de disciplines jugées secondaires par les gens qui se targuent d'esprit
pratique. Il y aurait vite un déséquilibre qui se produirait dans
l'attribution des ressources. (17 h 30)
D'autre part, les critères d'objectivité,
d'impartialité et de rigueur qui doivent présider aux
décisions en matière de recherche orientée pourraient s'en
trouver beaucoup affectées également. Je trouve que la recherche
d'un équilibre entre ces deux formes de recherche est très
importante dans le programme d'aide à la recherche scientifique que se
donnera le Québec. Si on pouvait avoir cette recherche
d'équilibre à l'intérieur d'une structure qui porte en
elle-même des garanties d'objectivité et de compétence, de
participation des éléments les plus qualifiés du milieu,
ce serait infiniment supérieur à l'espèce de
parallélisme qui semble en voie de s'installer.
Je voulais formuler ces observations, car elles peuvent être de
nature à provoquer notre réflexion de ce
côté-là. Je veux vous assurer, M. le Président, que,
nous, du côté de l'Opposition, allons examiner cette question de
très près au cours des prochaines semaines et que nous mettrons
le gouvernement en demeure de préciser ses orientations bien davantage
qu'il ne l'a fait jusqu'à maintenant.
Il y a aussi le problème de la cohésion entre toutes les
formes d'activités qui visent à soutenir la recherche et la
séparation qui existe de facto entre les interventions
fédérales dans ce domaine et les interventions du gouvernement
québécois. J'étais heureux d'entendre M. Cliche et M.
Paquette nous dire tantôt qu'il y avait eu des rapports entre les
organismes subventionnaires fédéraux et le fonds FCAC, qu'il y
avait eu des échanges au niveau des orientations générales
ces derniers temps. M. Cliche a aussi ajouté qu'il y avait des
échanges assez fréquents concernant les demandes de subventions
ou de bourses qui, parfois, peuvent être adressées aux deux
organismes, qui ont pu être examinées par un
organisme, rejetées par celui-ci et, ensuite, soumises à
d'autres. Je sais bien qu'on ne peut pas régler les problèmes du
fédéralisme ici, mais il me semble qu'on doit profiter de
l'occasion pour signaler qu'il est très important dans un domaine comme
celui-ci qu'une harmonisation plus grande des interventions des uns et des
autres soit faite. Je ne serais pas prêt à soutenir que le
gouvernement fédéral n'a aucune responsabilité
là-dedans; je ne souscris pas à la thèse péquiste
voulant qu'on puisse ériger un mur de séparation. Je pense qu'il
y a une responsabilité de la part du gouvernement fédéral
de promouvoir des conditions propices à la recherche au Canada, parce
qu'il y a des domaines de compétence tellement nombreux qui
relèvent du gouvernement fédéral qu'il ne peut pas faire
abstraction d'une certaine responsabilité là-dedans. Cette
responsabilité doit s'exercer, me semble-t-il, dans le respect des
cadres institutionnels qui découlent du partage des compétences
au Canada, si on a des universités qui relèvent de la
compétence provinciale.
Je ne trouve pas convenable, ni même acceptable que le
gouvernement fédéral, par l'intermédiaire d'un ministre,
vienne procéder à un programme comme celui-ci, puis injecter son
intervention dans le mécanisme décisionnel quotidien, sans
s'occuper de voir comment cela s'arrimera avec les autres formes d'intervention
gouvernementale qui peuvent émaner de Québec. Je déplore
profondément l'absence...
M. Champagne: Quel est ce document?
M. Ryan: II en a été question pendant une de vos
absences.
M. Champagne: Pouvez-vous le citer quand même?
M. Ryan: Oui, oui, c'est le feuillet d'information qui a
été adressé à toutes les universités
canadiennes décrivant le programme d'encouragement au
développement de centres de spécialisation dans les
universités qui sera financé par le Secrétariat
d'État du Canada au cours de la prochaine année à l'aide
d'un budget de 25 000 000 $.
Je pense que de ce côté-ci tout ce qui peut être fait
pour favoriser des échanges et une collaboration est infiniment
préférable à la poursuite d'une guerre verbale qui ne fait
qu'envenimer les choses et rendre plus difficile l'essor véritable de la
recherche.
Je termine aussi en disant qu'il n'y a pas dans le contexte actuel du
Québec et du Canada de défi plus important que celui de
l'avancement de la recherche, de l'encouragement ordonné à la
formation des personnes qualifiées qui pourront mener à bien des
programmes de recherche, à la création des conditions favorables
au développement de la recherche. Je souligne qu'il est grandement temps
que nous mettions un terme au programme malthusien qui a été
suivi par le gouvernement actuel au cours des cinq dernières
années dans ce domaine. Il y a des interventions ponctuelles. Je suis
prêt à concéder au député de Fabre que sur
tel ou tel point particulier il y a eu des efforts sincères, mais on
regarde le problème dans son ensemble parce que toutes les dimensions se
tiennent finalement. Il y a un redressement qui doit être fait. Le
témoignage du Conseil des universités et celui du fonds FCAC,
dans le premier chapitre de son esquisse de plan triennal, sont plus
éloquents, me semble-t-il, à ce sujet que toutes les autres
considérations que je pourrais faire.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je suis d'accord
avec le...
Le Président (M. Charbonneau): Avant de terminer, le
député de Trois-Rivières me signale qu'il voulait parler.
Je veux donc vous dire à tous les deux, si vous voulez tous les deux
prendre la parole, qu'il faudra le faire dans le délai de 20 minutes.
Autrement, un des deux ne pourra pas parler.
M. Leduc (Fabre): II n'y a aucun problème. Étant
donné que le député de Trois-Rivières s'est joint
à nous cet après-midi, je voudrais lui permettre... Je lui
cède une partie du droit de parole que j'ai, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): En lui signalant que, si le
député de Fabre veut prendre la parole pour le mot de la fin ou
en réplique au député d'Argenteuil, il faudra le faire
à l'intérieur des 20 minutes. M. le député de
Trois-Rivières.
Diffusion des publications scientifiques et
techniques
M. Vaugeois: Bien que les questions qui ont été
abordées jusqu'à maintenant me paraissent fondamentales, je vais
prendre un biais qui n'a peut-être pas été touché.
J'espère que je n'obligerai pas les gens à des redites. Je
voudrais partir des problèmes de diffusion des résultats de la
recherche. Vous soutenez de façon importante l'édition d'ouvrages
scientifiques. Je pense que vous rêvez d'une collection de vulgarisation
scientifique ou vous êtes en train de l'amorcer, je ne sais pas
très bien. Ma question serait sous l'angle suivant: supposons qu'on
réussisse assez bien à mieux diffuser, à accroître
les publications de vulgarisation
scientifique. Le moyen qu'on privilégie jusqu'à
maintenant, c'est l'imprimé. Je voudrais connaître l'état
de votre réflexion sur le soutien à d'autres formes de diffusion
que celle qui passe par l'imprimé. Il ne suffit pas de publier pour que
les ouvrages deviennent accessibles. C'est une chose que de publier et c'est
une autre chose que de diffuser ce qui est publié et de le rendre
accessible.
Or, au Québec, ces dernières années, on a fait un
rattrapage important, tout n'a pas été négatif, il y a eu
un rattrapage important du côté des bibliothèques
publiques. Les bibliothèques publiques se sont ouvertes à
différents médias; on a dépassé l'imprimé.
Certaines bibliothèques, celle de Québec en particulier, sont
devenues des bibliothèques multimédias. Souvent, par ailleurs,
nous ne produisons pas beaucoup sous d'autres formes que l'imprimé
traditionnel.
La première partie de ma question serait: Quel est l'état
de votre évaluation, de votre réflexion ou de votre action pour
soutenir une diffusion et une vulgarisation sous d'autres formes que
l'imprimé? Deuxièmement, est-ce que vous avez une
évaluation quant au développement des bibliothèques au
sens large qui se trouve en milieu d'enseignement? Autant les
bibliothèques publiques, à mon avis, se sont
développées de façon significative ces dernières
années, autant on constate que certaines bibliothèques
d'institutions ont hérité de fort peu.
Pour être concret, je vais prendre dans la région de
Montréal le cas de certaines bibliothèques de cégeps qui
se permettent maintenant de fermer les fins de semaine et de renvoyer leurs
étudiants aux bibliothèques publiques qui sont
débordées par des étudiants, alors qu'elles ne sont pas
préparées à recevoir des étudiants du
collégial ou de l'université. La bibliothèque du
cégep qui a de beaux locaux, qui est bien dotée, qui a de beaux
équipements n'a malheureusement pas le budget pour rester ouverte la fin
de semaine. De toute façon, elle a des budgets d'acquisition qui sont
devenus ridiculement faibles. Quand on compare la situation des
bibliothèques au Québec avec celles des autres provinces
canadiennes ou des États-Unis, on se rend compte qu'on est encore en
arrière. Quand on regarde les bibliothèques des maisons
d'enseignement, on se rend compte que, là aussi, on est dangereusement
en arrière. Il ne suffit pas de publier et de diffuser, il faut aussi
que cela soit accessible. Ma question a deux volets: les formes de diffusion et
l'accessibilité à ce qui est diffusé.
M. Cliche: Vous vous référez à notre
proposition d'une collection de vulgarisation.
On doit vous dire que lors de la consultation cela a été
assez contesté, le fait que ce soit notre organisme qui s'avance
là-dessus, alors qu'on a l'intention de retirer cela et de s'en remettre
plutôt à certains médias - je pense à certaines
revues qu'on subventionne - aux revues de vulgarisation qui peuvent faire ce
travail. Notre souci, c'était de s'assurer qu'il y ait une
dissémination des résultats des recherches importantes par
rapport au souci de l'accessibilité. Ce qu'on voulait faire dans cette
collection, c'était de donner une plus-value, finalement, à des
rapports de recherches parfois assez abstraits, mais on peut y parvenir par une
autre façon que de faire cela de nous-mêmes.
Les autres formes que l'imprimé, c'est d'ailleurs une des
questions primordiales avec l'avènement des nouvelles technologies et
nous sommes en train de faire une étude sur la question. Entre autres,
dans le cadre de nos volets de diffusion actuellement, dans le cadre des revues
scientifiques, on a, depuis l'an dernier, incité les demandeurs à
innover en procédant à certaines expériences pilotes qui
pourraient, par la suite, orienter l'évolution de nos programmes dans ce
sens. D'autant plus qu'en recourant à des méthodes de technologie
nouvelle, il pourrait y avoir des réductions de coûts et une
sélection beaucoup plus... Mais cela pose quand même le
problème de l'accès par les réseaux informatiques. On
étudie cette question, mais c'est important et je pense, effectivement,
que ce sera une donnée fondamentale qui va transformer à l'avenir
les publications.
Vous avez parlé des bibliothèques publiques qui se sont
améliorées. Je peux vous dire que les bibliothèques
universitaires, elles, " se sont gravement détériorées et
cela a été étudié par le Conseil des
universités. Je n'insiste pas là-dessus, parce qu'il y a de
très graves lacunes et vous savez très bien que dans la recherche
universitaire les études supérieures nécessitent des
collections spécialisées, etc. Il y a de très graves
lacunes et mes collègues pourront également vous signaler
cela.
C'est très important le problème de
l'accessibilité, le problème de la diffusion de l'information
scientifique et technique. Il y a aussi, en dehors de notre organisme dont la
mission est de gérer les programmes de subventions, des organismes qui
vont prendre le relais. On parle, notamment, des réseaux d'information
scientifique et technique. Les actions du ministère de la Science et de
la Technologie de ce côté-là sont assez
intéressantes, notamment toute la question qui dépasse le niveau
de la diffusion, mais qui touche le problème de l'innovation et du
développement, ce qui est fait, par exemple, dans le cadre de l'AQVIR
pour la valorisation industrielle de la recherche. En somme, ce sont des
actions qui vont prendre le relais, si vous voulez, sur les subventions.
Conclusions
Le Président (M. Charbonneau): Si cela ne vous
dérange pas trop, on va laisser la parole au député de
Fabre qui va conclure.
M. Michel Leduc
M. Leduc (Fabre): M. le Président, le temps ne nous le
permet pas, mais je pense qu'on n'a pas passé suffisamment de temps au
plan triennal, c'est-à-dire à examiner le plan triennal, et je
l'aurais souhaité. J'aurais eu beaucoup de questions à poser sur
certains éléments que vous proposez dans le plan triennal.
Finalement, je pense que vous pourrez répondre quand même,
malgré tout. Je vais essayer de ramasser cela un peu dans le temps, dans
un temps restreint, le temps qui m'est alloué.
D'abord, j'ai quelques remarques préliminaires. Ce sur quoi je
m'entends avec le député d'Argenteuil, et sans difficulté,
c'est sur les éloges que vous méritez. Je pense que
là-dessus il y a unanimité des deux côtés et de la
part du ministère de l'Éducation. Le député
d'Argenteuil a parlé de l'attitude de l'ancien ministre de
l'Éducation. Je pense que c'est très vrai et que c'est
également partagé par l'actuel ministre de l'Éducation,
sauf qu'il vient d'arriver en fonction et je pense qu'il faut lui laisser le
temps de bien prendre connaissance de tous les dossiers, et celui du fonds FCAC
est un dossier considérable et important. Je pense qu'il faut laisser le
temps au ministre non seulement de bien connaître le dossier, mais aussi
de prendre contact avec tous les éléments du plan triennal.
Donc, les éloges sont très mérités. Je pense
que sur l'action que vous faites il n'y a absolument aucun doute et nous sommes
heureux de vous avoir entendus aujourd'hui, de nous avoir également
permis de poser des questions et d'avoir apporté un éclairage
fort important à nous, députés, qui sommes
submergés par toutes sortes de dossiers, surtout dans le domaine de
l'éducation. (17 h 45)
Je retiens, de ce que vous avez dit, des points positifs quant à
la collaboration qui existe entre l'organisme et le ministère de
l'Éducation, mais aussi entre votre organisme et le nouveau
ministère de la Science et de la Technologie. Cela me semble
extrêmement important parce que plusieurs craintes avaient
été soulevées quant aux liens qui pourraient exister entre
le rôle du ministère de la Science et de la Technologie et le
rôle des différents fonds, que ce soit celui de
l'éducation, de la santé ou de l'agriculture, et le rôle
que joue et qu'est appelé à jouer de plus en plus le
ministère de la Science et de la Technologie.
Une question me vient à l'esprit et j'arrive plus
précisément au plan triennal que vous avez soumis. Je redis que
je pense qu'on n'a pas passé suffisamment de temps sur ce plan. Dans vos
demandes, finalement, il y a un certain nombre de demandes et je commence par
celle-ci: vous avez demandé pour 1984-1985 des crédits
additionnels d'environ 7 000 000 $ pour pouvoir compléter, dans certains
cas, et, si je comprends bien, élargir votre champ d'intervention dans
un certain nombre de domaines. Je m'interroge sur cette ouverture dans un
certain nombre de champs d'intervention. Compte tenu de ce que vous avez dit
précisément comme étant ce qui me semble être votre
priorité et une priorité aussi pour Québec, dans nos
universités, l'accent qu'on doit mettre, et à cet égard
votre organisme joue un rôle important, dans l'allocation des bourses
pour les stages postdoctoraux, au niveau de la maîtrise et du doctorat,
au niveau aussi des collèges, à cet égard, il y a des
demandes que vous faites et il me semble qu'à travers les discussions
qu'on a eues vous avez dit que c'est une cible très bien
identifiée à partir de laquelle il n'y a aucun doute que vous
avez un rôle primordial à jouer. Je m'interroge quand même
et j'arrive aux interrogations que soulève un certain nombre de
modifications que vous proposez dans votre plan triennal; je pense, entre
autres, à l'intervention dans le secteur biomédical. Je
m'interroge parce qu'il existe un fonds de recherche dans le domaine de la
santé. Il me semble que ce champ, les chercheurs des secteurs
biomédicaux pourraient très bien faire appel à l'autre
fonds de recherche. En tout cas, il pourrait à tout le moins y avoir une
collaboration entre vous et cet autre fonds de recherche.
Je m'interroge aussi sur les demandes que vous faites pour ce qui est du
volet organismes de services à la recherche; vous proposez la
création d'un programme d'équipement majeur. On sait que ceci
pourrait très bien venir en contradiction ou, en tout cas, en conflit
avec les plans quinquennaux d'investissements du ministère de
l'Éducation. Comment harmoniser ces deux secteurs d'intervention? Ce
sont des questions que vos demandes soulèvent.
Je pense également au soutien, à la collaboration entre
les établissements d'enseignement supérieur et l'entreprise. On
sait que le ministère de la Science et de la Technologie a
commencé à exercer une action dans ce domaine. Sa volonté
est de plus en plus claire de vouloir occuper ce champ. Enfin, je m'interroge.
Il me semble qu'il faut clarifier la situation encore une fois en fonction de
la cible prioritaire qui est la vôtre. De même, le programme de
création d'emplois scientifiques dans les entreprises. On touche encore
une fois le domaine des entreprises. Là aussi, le
ministère de la Science et de la Technologie a
démontré sa volonté d'intervenir, d'occuper ce champ.
Finalement, l'impression qui peut se dégager, les questions que
j'aurais aimé traiter plus à fond, c'est: pourquoi cette
volonté d'ouvrir davantage, alors que vous-mêmes avez dit que vos
principales actions, vos principaux efforts portent précisément
sur la formation des chercheurs aux niveaux de la maîtrise et du
doctorat, au niveau postdoctoral également? Ce sont les quelques points
d'interrogation. Évidemment, compte tenu de l'heure, on ne pourra pas
aller très à fond, mais quand même, j'aimerais avoir votre
réaction avant de terminer.
Le Président (M. Charbonneau): M.
Cliche, brièvement, malheureusement.
M. Yvan Cliche
M. Cliche: Oui. Je vais faire cela très rapidement. Cela
aurait été intéressant de discuter, mais peut-être
sur le vrai plan lorsqu'on le déposera, parce que je vous rappelle que
ce n'est pas le plan. C'est une esquisse, ce sont des propositions. C'est un
document de consultation qui a été déposé l'automne
dernier, donc, bien avant le plan de relance économique. J'ai
expliqué tout à l'heure qu'on doit l'actualiser et l'ajuster par
rapport à cela et qu'on soumettra prochainement ce qui va être le
plan qui tient compte de la consultation et qui avalise également les
décisions que le gouvernement a prises depuis. J'ai dit tout à
l'heure qu'on avait noté avec beaucoup d'intérêt que le
gouvernement avait déjà retenu plusieurs des mesures qui sont
identifiées ici à l'intérieur de son plan de relance
économique, et on s'en réjouit.
Lorsque vous parlez des interventions dans le secteur biomédical,
j'avais expliqué qu'on avait avancé cette hypothèse,
question aussi de savoir - parce que nous recevons également des
demandes au niveau des centres là-dedans - quelle était
l'intention du fonds en santé. J'ai dit qu'on avait rencontré le
président du fonds en santé, qui m'avait déclaré
qu'il voulait démarrer un programme d'équipe, ce qui veut dire
que nous allons retirer cette proposition. J'ai dit que c'était un
document de travail. Donc, j'ai déjà expliqué que ce n'est
pas un secteur dans lequel on va s'orienter considérant que, finalement,
le fonds en santé, dont c'est la mission spécifique, va s'occuper
de cette question.
M. Leduc (Fabre): Oui, je m'excuse, mais cela faisait partie de
votre demande de 7 000 000 $.
M. Cliche: Oui, parce que la demande de 7 000 000 $ était
même antérieure au plan et on avait eu des revendications de la
part du secteur biomédical pour développer un tel programme,
puisque le fonds en santé n'avait pas de programme d'équipe. Il
n'avait que des programmes de chercheurs-boursiers, mais il y a eu un
changement de conseil au complet à la direction du fonds en
santé. Depuis, on voit les choses différemment et, donc, on va
tenir compte de cela.
En ce qui concerne les organismes de services à la recherche et
le volet d'équipements majeurs, l'Ontario a lancé un programme
d'urgence de 10 000 000 $ pour les équipements et, nous, je pense
qu'actuellement... M. Stafford, quel est le montant qu'on donne pour les
équipements au FCAC?
M. Stafford (Roland): 1 900 000 $.
M. Cliche: 1 900 000 $. Je pense qu'aux dernières
nouvelles le ministère veut nous rabattre cela à 1 200 000 $ pour
cette année. En fait, c'est peut-être une primeur, mais c'est ce
que j'ai entendu dire; j'espère que cela ne se concrétisera pas.
Vous comprenez que 1 200 000 $, par rapport à nos budgets de
fonctionnement, c'est relativement peu. Quand vous parlez de contradiction avec
les plans quiquennaux, au contraire, nos demandes viennent s'inscrire dans le
plan quiquennal et lui donner une forme en reliant les équipements
à des projets spécifiques. C'est l'inverse qui serait aberrant,
à savoir d'avoir des plans très généraux qui ne
soient pas reliés à des projets. D'ailleurs, toute l'action du
ministère venant même depuis très longtemps identifier des
enveloppes de recherche, c'est de relier davantage les activités
à des budgets. Pour une fois qu'on le fait, je pense que c'est
très bien. C'est inutile de donner des subventions de fonctionnement
s'il n'y a pas les équipements. Il faut relier les deux choses. C'est
aussi indissociable que les deux parties d'un tout. Donc, le volet
d'équipements majeurs, c'est vraiment très important au
Québec et, dans l'esquisse de plan, on citait des chiffres qui
démontrent qu'on est très en retard en ce qui concerne la
dotation des équipements et des infrastructures.
Le lien entre l'enseignement supérieur et le secteur industriel,
c'est qu'au moment où on a fait cela, les nouvelles interventions du
gouvernement - je pense aux programmes de stage et à la question des
agents de liaison - les centres universités-industries n'avaient pas
été annoncés. En fait, on a repris dans ces exposés
gouvernementaux des choses qu'on n'était peut-être pas les seuls
à avoir dites, mais qu'on avait quand même dites avant. Il est
évident que, de même que pour le biomédical, on est en
train de revoir cela et d'actualiser cela.
Quant à la philosophie qui est derrière
cela, elle est aussi exposée dans notre document. On a dit que la
recherche et la recherche scientifique étaient perçues avec les
années comme un instrument du développement économique et
non plus uniquement comme un pur exercice philosophique et théorique. Au
fond, ce que nous avons voulu actualiser dans ce plan, c'est ce lien
indissociable entre l'enseignement, entre la formation à la recherche
universitaire et le développement scientifique. Je pense que cela
correspond très bien à l'idéologie du présent
gouvernement. On a voulu tout simplement, en tant qu'organisme responsable,
faire une bonne lecture des événements et essayer de proposer des
éléments qui avaient peut-être comme inconvénient de
présenter une vue un peu horizontale des choses, mais je pense que le
lien - d'ailleurs, comme le veut le sens même de votre commission - c'est
le lien entre l'éducation et la main-d'oeuvre, le même qu'entre la
recherche et le développement économique. C'était donc
dans cette perspective qu'étaient faites les propositions qui
étaient là. Maintenant, on tiendra évidemment compte des
décisions qui ont été prises depuis dans la formalisation
du dossier final.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. Cliche. À
ce moment-ci de nos travaux, je pense qu'il me reste, à titre de
président, d'abord, à vous remercier, vous, M. Paquette, et les
gens qui vous accompagnent d'avoir bien voulu accepter si rapidement notre
invitation. Je peux dire, au nom des membres de la commission, qu'on a fait du
bon travail aujourd'hui. On a certainement mis en relief un certain nombre de
problématiques et de situations de fait qui méritaient
d'être mises en relief. Je pense que la députée de
Jacques-Cartier avait raison d'insister pour qu'on ne laisse pas le fonds FCAC
dans l'ombre ou la pénombre à cause d'une étude de
crédits qui nous obligeait à ne pas accorder de temps particulier
pour ce programme du ministère de l'Éducation.
Je pense aussi que la suite pourra être donnée de
façon différente, selon la volonté des membres de la
commission. Chose certaine, il n'est pas interdit de penser aussi que
l'intérêt des membres de la commission pourra
éventuellement nous amener à demander à nouveau de vous
revoir pour approfondir certaines dimensions. Vous avez vous-mêmes
parlé, entre autres, du plan final de développement qui sera
éventuellement soumis. Je ne doute pas, à la lumière des
questions, des interventions des deux côtés que les
députés voudront y revenir ou qu'on y reviendra d'une
façon ou d'une autre au cours des prochaines semaines. Finalement, je
pense qu'il aura été utile de faire cet exercice aujourd'hui.
J'imagine - je le vois à ma gauche me faisant des signes - que le
vice-président de la commission a également quelques mots
à ajouter.
M. Ryan: Oui, un mot très bref, M. le Président,
soyez sans inquiétude. Je voudrais remercier les dirigeants du fonds
FCAC de la rencontre instructive que nous avons eue avec eux et de la bonne
documentation qu'ils nous ont communiquée en préparation de cette
discussion. J'aimerais ajouter les deux remarques suivantes: tout d'abord, en
réponse à ce que disait tantôt le député de
Fabre, je voudrais dire que je partage entièrement le regret qu'il
exprimait quant à l'impossibilité dans laquelle nous nous sommes
trouvés d'examiner chacun des volets du programme de
développement que le fonds FCAC a esquissé. J'avais
espéré que nous aurions pu le faire aujourd'hui. Malheureusement,
le temps était trop limité. Je voudrais dire au
député de Fabre que, si les députés du
côté ministériel le veulent, nous serons disponibles pour
que la commission rencontre à nouveau le fonds FCAC en vue d'une
discussion volet par volet de son programme d'orientation et que nous n'aurons
absolument aucune objection, bien au contraire.
Dans la même veine, je voudrais émettre le voeu que,
lorsqu'il aura été saisi du plan triennal du fonds FCAC par cet
organisme, le ministre de l'Éducation, avant de prendre une
décision, estime qu'il pourrait être utile de consulter la
commission parlementaire de l'éducation et de la main-d'oeuvre
là-dessus. Cela pourra peut-être l'aider à prendre des
décisions qui seront encore plus de nature à bien servir le
Québec et ses besoins réels.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ces propos, encore une
fois, merci à nos invités et à la prochaine.
(Fin de la séance à 17 h 59)